Eva Edel : « LA DIGITALISATION DE NOTRE PROFESSION VA PRENDRE DU TEMPS MAIS ON VA Y ARRIVER ! » L’Union Professionnelle des Sages-Femmes Belges et l’Association Francophone des Sages-Femmes Catholiques ont mené en 2020 une grande enquête sur leur métier en collaboration avec le SNI et l’UNPLIB. Parmi les questions posées figuraient celles concernant la digitalisation de leur profession. Les répondantes (dont 66,67 % sont des indépendantes complémentaires), avaient ainsi expliqué à hauteur de 66,17% ne pas disposer de logiciel métier. Les raisons invoquées : le prix trop onéreux et le manque d’intuitivité informatique de la part des sages-femmes. Des avis partagés par les deux fédérations professionnelles.
Digital Professions Libérales : Quels sont les rôles de votre fédération ? Eva Edel : Notre fédération est là pour représenter, défendre et promouvoir notre profession. La digitalisation a été notre principal cheval de bataille depuis plusieurs années. Il nous est demandé de nous informatiser mais la plupart d’entre nous sont des indépendantes complémentaires et ne peuvent pas se permettre financièrement ni de s’équiper ni de s’acheter un logiciel métier. On ne peut pas nous demander d’engager un investissement plus important que nos rentrées. Les primes télématiques, à cause de conditions restrictives d’octroi, n’ont été obtenues que par une vingtaine de professionnelles en fédération francophone et bruxelloise. Il faut aussi ajouter que ces logiciels ne prennent pas en compte la réalité de la pratique. Autant de freins à la digitalisation.
Eva Edel
Membre du Conseil d’administration Union Professionnelle des Sages-Femmes Belges et Association Francophone des Sages-Femmes Catholiques
c’est encore plus cher et donc de nouveau impayable pour la plupart. Le carnet de liaison de l’enfant entre tous les professionnels de santé (ONE, médecins, sages-femmes) est édité par l’ONE sous forme papier. Si les sages-femmes doivent transcrire les données dans un logiciel et dans le carnet, cela fait perdre beaucoup de temps. Donc moins de temps à consacrer aux parents.
D.PL. : Votre profession par ses spécificités devrait-elle rester hors du cadre de toute digitalisation ? E.E. : Non, je ne pense pas. La digitalisation dans les hôpitaux a pris du temps, ce sera la même chose pour les indépendantes avant qu’elle n’entre dans les pratiques. La fédération entend souvent des sages-femmes expliquer qu’elles ne sauteront vraiment le pas du numérique que lorsqu’il sera obligatoire. Il faut aussi que la digitalisation soit facile à mettre en place sur le terrain. A domicile, nous devons déjà prendre en charge une maman, son ou ses bébés, alors si en plus il faut s’assurer de la bonne connexion, d’avoir un matériel facilement transportable, etc., cela va devenir très compliqué. Pour certaines, ça prend moins de temps d’écrire les informations et de les classer dans un dossier sous format papier. Et si on veut un logiciel hors connexion Internet,
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