Le CEO de BICS, filiale de Proximus, démis
de ses fonctions
Ma eo Ga a a été licencié, ce vendredi, à la suite d’un conflit interne.
Plusieurs sources ont confirmé à notre rédaction, ce vendredi soir, la démission de Ma eo Ga a, après trois ans en tant que CEO de BICS. Son départ a également été annoncé dans un communiqué interne à la direction et au personnel de BICS. Haroun Fenaux, le porteparole de Proximus, a confirmé que Ga a «a qui é l’entreprise ce vendredi», mais refuse de donner des détails sur les raisons de son départ. Dans l’un des communiqués internes que nous avons pu consulter, aucune raison n’est donnée pour le départ de Ma eo Ga a. Selon nos informations, les tensions ont commencé à s’accumuler il y a plusieurs mois. Une dissension était survenue entre BICS et Telesign, une autre branche internationale du groupe, concernant les facturations réciproques. Cela s’est produit après que Telesign a demandé à BICS une note de crédit pour certaines prestations.
Ce débat a pris de l’ampleur lorsque les CEO et CFO de BICS au sein de Proximus ont signalé des transactions qu’ils estimaient artificielles. Une enquête interne a alors été menée en coulisses. Mais le comité d’audit de Proximus, au sein duquel Deloi e était impliquée, a conclu que ces allégations étaient infondées.
Ce e conclusion a été soutenue par le conseil d’administration de Proximus, a appris notre rédaction. Selon le rapport d’audit, il n’y avait pas de transactions artificielles, mais des opérations commerciales réelles entre BICS et Telesign.
La collaboration avec le CEO de BICS a été
interrompue, mais le CFO, qui a aussi dénoncé ces transactions selon lui litigieuses, reste en poste. Selon une source bien informée, il y aurait d’autres motifs pour le renvoi de Ga a.
Proximus envisage de me re en place une procédure de médiation interne afin d’éviter que les différends commerciaux entre filiales n’aboutissent à des signalements de ce type.
Le développement de la position hors Benelux est l’un des principaux axes de la stratégie de Guillaume Boutin, visant à réduire la dépendance vis-à-vis du marché belge. BICS, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 1,05 milliard d’euros l’année dernière, soit près d’un cinquième du groupe, est essentiellement une plateforme de communication mondiale, notamment pour d’autres opérateurs de télécommunications. Telesign (497 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023) fournit des logiciels aux entreprises numériques pour interagir avec leurs clients et utilise les données de BICS. Proximus a une longue tradition de problèmes internes à son sommet. Didier Bellens et Dominique Leroy en avaient déjà fait les frais.
Proximus a une longue tradition de problèmes internes à son sommet. Didier Bellens et Dominique Leroy en avaient déjà fait les frais.
Éditorial
Serge QuoidbachUkraine: une 3e année de tous les dangers pour l’Europe
Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, la situation sur le terrain ne prête guère à l’optimisme. L’Europe tergiverse alors que pointe une troisième année déterminante pour son avenir.
C’
était le 24 février 2022. Les troupes de Poutine fondaient sur l’Ukraine par le nord, l’est et le sud. Deux ans plus tard, la guerre s’étend le long d’un front gelé de plus de mille kilomètres, un front que la Russie a percé il y a quelques jours à Avdiïvka, verrou du Donbass, témoin de l’affaiblissement de la défense ukrainienne et de la détermination inassouvie du Kremlin. Il y a aussi ce blocage de l’aide américaine de 60 milliards de dollars par les partisans de Donald Trump. On croyait d’ailleurs l’Otan remise en selle, mais le candidat républicain a anéanti en une phrase le message de cohésion que l’alliance transatlantique brandissait depuis deux ans.
Autant de faits, de manquements, d’urgences qui montrent nos difficultés à peser sur le destin de l’Ukraine. Et sur celui de l’Europe tout entière.
En l’absence du grand frère américain, les Vingt-Sept sont incapables de remplir le trou béant de munitions dont l’Ukraine a urgemment besoin. Depuis janvier, l’aide militaire est à l’os. L’Europe avait promis un million d’obus l’année passée, elle n’en a fourni que la moitié. Or l’Ukraine en a besoin de cinq fois plus ce e année.
Les partenaires se chamaillent autour de la Facilité européenne pour la paix, un instrument financier visant à soutenir les forces armées ukrainiennes. L’Allemagne rechigne à y adjoindre des financements qu’elle déploie déjà en direct. La France et la Grèce veulent imposer un «buy European» alors que l’Europe n’arrive déjà pas à suivre. Face au blocage, la Première ministre danoise a annoncé que son pays allait livrer la totalité de son artillerie et invite ses collègues à en faire autant. En vain. À plus long terme, l’Europe commence à percevoir le danger russe à ses propres frontières.
Les dépenses militaires des alliés européens de l’Otan devraient a eindre l’équivalent de 380
milliards de dollars en 2024, un bond spectaculaire de 25% par rapport au niveau léthargique qui prévalait avant l’invasion. L’effort reste faible, hélas, face à une Russie qui s’est mise en économie de guerre, consacre près d’un tiers de ses dépenses publiques au secteur militaire et peut compter sur le soutien sans faille de l’Iran et de la Corée du Nord. Que dire de la Belgique qui n’entend pas arriver aux fameux 2% de son PIB avant… 2035.
Deux ans après l’invasion en Ukraine, l’Europe ne semble toujours pas avoir pris la mesure de sa fragilité. Ce e troisième année de guerre qui débute sera pourtant celle de tous les dangers, avec un Poutine désinhibé par une victoire électorale annoncée en mars prochain, un Donald Trump en pole position pour la Maison-Blanche et une Europe potentiellement gangrénée à l’issue des élections de juin par des partis extrêmes très ambigus face à la Russie. Pour l’heure, l’adage est plus que jamais prégnant: si l’Europe veut la paix, elle doit préparer la guerre. Et vite.
Quelles conséquences aura le succès mitigé du bon d’État?
Avec 146 millions d’euros en un jour, le bon d’État à un an peinera à a eindre les 6 milliards espérés. Le plan de financement devra probablement être modifié.
Les débuts en mode mineur du bon d’État à un an auront des conséquences. Au terme de la première journée de souscription, les investisseurs particuliers se sont engagés à acquérir des bons d’État à un an à concurrence de 146 millions d’euros et des bons à trois ans à hauteur de 5 millions.
Avec plus de 150 millions d’euros collectés en 24 heures, la campagne de souscription est plus qu’honorable si on la compare à des émissions de bons d’État antérieures. Mais l’objectif de 6 milliards d’euros qui avait été fixé par l’Agence fédérale de la de e semble hors de portée. Et le résultat final sera manifestement très loin du succès
historique de l’automne dernier. Pour rappel, pour le bon d’État à un an de septembre 2023, plus de 3 milliards d’euros avaient été obtenus dès la première journée de souscription et, au terme de la campagne, le placement avait rapporté 21,9 milliards d’euros à la Trésorerie. Les prémices du bon d’État à un an actuel laissent plutôt entrevoir une levée de fonds de l’ordre d’environ 1 milliard d’euros en tout.
Objectif hypothéqué
Ce ne serait déjà pas si mal. La campagne de souscription de décembre 2023, qui ne portait que sur des bons à 5 et 8 ans, avait permis de collecter à peine 42 millions d’euros. Celles de mars et juin 2023, chacune avec des bons à 3 et 10 ans, avaient rapporté respectivement 262 millions et 128 millions d’euros. La campagne en cours est
La France propose la création d’un produit d’épargne européen
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, veut lancer un produit d’épargne européen afin de mobiliser les capitaux privés au service de la croissance.
Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a proposé vendredi la création d’un «produit d’épargne européen» avec les États de l’UE qui le souhaitent, afin de mobiliser les capitaux privés au service de la croissance. «Lançons dès 2024 un produit d’épargne européen dont nous définirons les caractéristiques, le rendement, avec les États volontaires», a déclaré M. Le Maire, avant une réunion avec ses homologues des Vingt-Sept à Gand. Il a évoqué la possibilité qu’une poignée de pays participent à ce e initiative pour construire une union des marchés de capitaux en Europe. «Ce sera peut-être deux, trois, quatre, cinq États, peu importe. Mais comme il est impossible de démarrer tout de suite à 27, démarrons à quelques-uns», a dit le ministre français, sans préciser quels pourraient être les États volontaires.
Intérêts divergents
L’UE souffre de la fragmentation de ses marchés capitaux, morcelés entre les différents pays membres. Elle discute depuis des années de propositions pour bénéficier d’effets d’échelle comparables au marché américain. Mais ces débats achoppent sur des intérêts divergents au sein des Vingt-Sept. «Il y a chez moi beaucoup d’impatience (…). Je ne viens pas pour publier le 10e, 15e ou 20e communiqué sur l’Union des marchés de capitaux dans lequel il n’y a rien ou presque rien», a lancé Bruno Le Maire. Des marchés de capitaux efficaces perme ent aux entreprises de financer plus facilement leurs projets et aux particuliers de trouver de meilleures offres d’investissement. Outre le produit d’épargne européen, Bruno Le Maire, a proposé aux gestionnaires d’actifs, aux
banques et bourses européennes «une supervision européenne volontaire qui pourrait être exercée par l’autorité des marchés financiers européens». Il a également mis sur la table un projet de «garantie pour la titrisation», de façon à ce que «les titres arrêtent de peser sur le bilan des banques» et qu’elles puissent ainsi», prêter plus aux particuliers et aux entreprises». «Nous avons une bataille décisive devant nous, c’est la croissance», a-t-il encore affirmé, évoquant le décrochage de l’UE par rapport aux États-Unis. «Personne ne peut accepter que la croissance européenne soit un point en dessous de la croissance américaine», a-t-il dit.
«Comme il est impossible de démarrer tout de suite à 27, démarrons à quelques-uns.»
BRUNO LE MAIRE
MINISTRE FRANÇAIS DES FINANCES
Le ministre allemand des Finances Christian Lindner a cependant rejeté l’initiative française. La France et l’Allemagne ont signé récemment une tribune commune pour relancer le projet d’union des marchés de capitaux, a rappelé Bruno Le Maire, «mais c’est bien quand les actes rejoignent les paroles», a-t-il raillé. «Je plaide pour une union non à plusieurs vitesses, comme le dit mon ami Bruno, mais à pleine vitesse, c’est-à-dire qui avance rapidement avec les 27 (…), l’objectif doit être d’avancer ensemble», lui a répondu Lindner.
donc loin de se profiler comme un flop. Sauf que, comme elle est axée sur un bon d’État à un an, l’Agence de la de e en espérait davantage. Ce e administration, chargée de gérer le refinancement de la de e fédérale, avait plaidé pour une réduction du précompte mobilier à 15% pour ce bon à un an, comme ce fut le cas en septembre. Mais le gouvernement n’a finalement pas trouvé d’accord à ce sujet. Le rendement net du placement à un an, de 2,10%, est donc moins a rayant qu’escompté.
Dans ces conditions, il sera très difficile, pour l’Agence de la de e, d’a eindre le plafond de 6 milliards d’euros qui avait été annoncé.
De plus, compte tenu des réticences au sein de l’exécutif fédéral au sujet du précompte réduit, il est probable que les bons d’État qui seront émis en juin ne bénéficieront pas non plus d’un avantage fiscal. Or, la loi ne prévoit pas de possibilité de réduire le précompte au-delà de juin.
Dès lors, une lourde hypothèque plane sur l’objectif de 13,5 milliards d’euros d’emprunts via des bons d’État à un an en 2024, inscrit dans le plan de financement de l’Agence de la de e.
Par conséquent, il est plausible que
En image
BNPPF PROPOSE UN MEILLEUR TAUX SUR SON COMPTE À TERME
BNP Paribas Fortis a lancé une action temporaire pour dissuader les clients de souscrire au bon d’État d’un an. La banque propose jusqu’au 1er mars un rendement net de 2,205% sur un compte à terme d’une durée d’un an. Cette o re est réservée aux clients particuliers souhaitant investir au moins 1.000 euros. Le compte à terme d’un an de BNPPF constitue une alternative attrayante au bon d’État d’un an, lequel o re un rendement net de 2,10%. La période de souscription pour le bon d’État se termine également le 1er mars. En règle générale, les quatre grandes banques ne communiquent pas sur les taux d’intérêt o erts sur les comptes à terme. Par ailleurs, certains clients de KBC qui souscrivent au bon d’État d’un an se voient même proposer par la banque de souscrire à un compte à terme de même durée et de même taux, selon nos informations.
WOUTER VERVENNE
l’Agence décide, en cours d’année, de modifier ce plan de financement pour tenir compte d’un apport ne ement moindre des particuliers dans le refinancement de la de e à court terme de l’État belge.
Composer avec une concurrence bancaire accrue
Cela impliquerait soit une augmentation du recours aux certificats de Trésorerie, titres à court terme destinés aux investisseurs institutionnels (banques, fonds d’investissement, etc.), soit une modification du rapport entre l’ende ement à court terme et la de e à long terme, soit encore une combinaison de ces deux stratégies.
L’avenir dira comment la Trésorerie gérera ces impondérables. En a endant, pour la campagne de bons d’État en cours, l’Agence de la de e doit composer avec une concurrence bancaire accrue. Ce vendredi, BNP Paribas Fortis a lancé un compte à terme à un an rapportant 2,205% net, soit plus que le bon à un an (lire ci-contre). D’autres banques proposent aussi des placements concurrençant le bon d’État. Le succès de ce dernier risque de n’en être que plus mitigé.
Le module spatial privé Odysseus s’est posé sur la Lune
L’entreprise américaine Intuitive Machines a fait part vendredi de bonnes nouvelles concernant sa sonde lunaire, qui «se porte bien» au lendemain de son alunissage, le premier d’un appareil américain depuis plus de 50 ans et une réussite inédite pour une société privée. La sonde Odysseus d’Intuitive Machines s’est posée sur la Lune à 23h23 GMT jeudi, au terme d’une descente finale pleine de rebondissements, après une défaillance de son système de navigation et une communication compliquée juste après l’a errissage. La jeune société, fondée en 2013 et basée à Houston, au Texas, travaille désormais à récupérer les premières images prises depuis la surface lunaire et les premières données scientifiques, a-t-elle indiqué. L’appareil transporte notamment des instruments scientifiques de la Nasa, qui souhaite explorer le pôle sud de la Lune avant d’y envoyer ses astronautes dans le cadre de ses missions Artémis. Il s’agit du premier a errissage d’une sonde américaine sur la Lune depuis la fin du mythique programme Apollo, en 1972. L’Inde et le Japon ont récemment réussi à s’y poser grâce à leurs agences spatiales nationales, devenant les quatrième et cinquième pays à le faire, après l’Union soviétique, les États-Unis et la Chine. Mais plusieurs entreprises (israélienne, japonaise et américaine) avaient jusqu’ici échoué à reproduire la même prouesse. La Russie a également raté un alunissage cet été. © REUTERS
La première ministre danoise Mette Frederiksen et le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy visitent le cimetière des défenseurs, à Lviv, pour rendre hommage aux militaires ukrainiens tombés au combat, vendredi 23 février. © REUTERS
Après deux ans de guerre, l’Ukraine jauge ses soutiens
À l’aube d’une troisième année de résistance, les alliés de l’Ukraine se mobilisent pour réitérer leur soutien à Kiev.
FRÉDÉRIC ROHART
L’Ukraine entre en mauvaise posture dans sa troisième année de guerre face à l’agresseur russe. Elle manque d’hommes et de munitions et essuie des défaites sur la ligne de front – même si elle n’a pas d’incidence stratégique, la récente prise de la petite ville d’Avdiïvka assombrit ce sinistre anniversaire. L’horizon est obscurci par une aide américaine bloquée au Congrès et par la crainte de voir le plus puissant allié de l’Ukraine dirigé, dans quelques mois, par Donald Trump. Dans ce contexte, toutes les marques de soutien étaient bonnes à prendre pour franchir le cap des deux ans de guerre. Chuck Schumer, le chef de la majorité démocrate au Sénat américain, se rendait vendredi en Ukraine, où il devait s’entretenir avec le président Volodymyr Zelensky. «Nous allons gagner ce combat, et l’Amérique n’abandonnera pas les Ukrainiens», a-t-il assuré.
«Si Poutine ne paye pas le prix de la mort et de la destruction qu’il répand, il continuera.»
JOE BIDEN PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS
Surtout, le président ukrainien a reçu à Lviv
Me e Frederiksen. La première ministre danoise plaide haut et fort pour le renforcement du soutien militaire à l’Ukraine, et elle joint le geste à la parole, elle qui vient d’annoncer le transfert de toute l’artillerie du Danemark à l’Ukraine, et qui espère voir des F-16 danois dans le ciel ukrainien avant l’été. Elle a notamment appelé les Européens à accélérer leur réarmement: «Le Danemark et l’Europe doivent se réarmer davantage, et ça doit se faire plus vite», a-t-elle dit vendredi.
La Danoise a signé avec Volodymyr Zelensky un accord de sécurité bilatéral. Les Pays-Bas et l’Italie ont également indiqué qu’ils signeraient prochainement des accords de sécurité de ce type avec Kiev, alors que l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni l’ont déjà fait.
«Ce sont des garanties de force qui fonctionnent déjà et qui resteront disponibles pour l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle rejoigne l’Otan», a souligné Zelensky.
Payer le prix
Dans une tribune commune, les dirigeants des institutions européennes, Ursula von der Leyen (Commission), Charles Michel (Conseil) et Roberta Metsola (Parlement), ont réitéré l’engagement de l’Union aux côtés de l’Ukraine. «Plus que jamais, nous restons unis et fidèles à notre promesse de soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire.» Ce samedi 24 février,
les dirigeants des pays du G7 doivent s’entretenir par visioconférence avec Volodymyr Zelensky. Ils devraient solennellement réitérer leur soutien à l’Ukraine, appeler la Russie à retirer ses forces «sans condition» de son territoire, et s’engager à augmenter leur aide militaire. Européens et Américains ont par ailleurs marqué ce deuxième anniversaire en adoptant de nouvelles sanctions contre la Russie et les entreprises étrangères qui l’aident à contourner les sanctions. «Si Poutine ne paye pas le prix de la mort et de la destruction qu’il répand, il continuera», a indiqué le président américain Joe Biden, dans un communiqué.
Glorification et pilonnage De son côté, le président russe a marqué sa volonté de «renforcer les forces armées», à trois semaines de l’élection présidentielle qu’il prévoit de remporter avec un score stalinien. Il s’est exprimé à l’occasion de la célébration annuelle du jour des «défenseurs de la patrie», qui commémore la création de l’Armée rouge.
Dans un message vidéo, Vladimir Poutine a rendu hommage aux «participants de l’opération spéciale», que la propagande russe dépeint en libérateurs d’Ukrainiens prétendument opprimés par un pouvoir néo-nazi.
Sur le terrain, l’armée russe poursuivait ses frappes, à coups de drones et de missiles, notamment dans la zone d’Avdiïvka et de Mariïnka, dans la banlieue de Donetsk (sud-est).
Les loyers deux fois moins sensibles au PEB que le prix de vente
Le loyer au mètre carré d’un appartement à Bruxelles augmente «seulement» de 16% entre un PEB G et un PEB A.
MATHILDE RIDOLE
«Le gain de loyer est quasiment nul en passant d’un PEB G à un PEB D, seul le fait de dépasser ce e le re permet réellement d’augmenter le loyer», pointe Alexandre Verdonck, fondateur de la société de données immobilières Smartblock, qui a chiffré l’impact des performances énergétiques des habitations en Belgique sur le prix de vente et les loyers. Il en ressort que le loyer est deux fois moins sensible que le prix de vente au PEB. Le fait de réaliser des travaux de rénovation énergétique n’est donc pas forcément bénéfique pour le propriétaire-bailleur en quête de rendement, puisqu’il ne réalisera le gain qu’au moment de revendre son bien. «Si le propriétaire d’un bien cherche à augmenter son rendement et donc ses loyers, il n’a quasiment aucun intérêt à rester sous la le re D, il doit viser au minimum la le re C en Région bruxelloise», admet Alexandre Verdonck.
Ainsi, le loyer au mètre carré d’un appartement à Bruxelles augmente en moyenne de «seulement» 16% entre un PEB G et un PEB A passant de 13,5 euros/m² à 15,9 euros/ m². Le prix quant à lui croît de 34% entre le meilleur et le moins bon score énergétique. Un appartement avec un PEB A à Bruxelles
Pour que le bénéfice à la revente soit au moins égal au coût des travaux, le propriétaire doit s’assurer que le coût par mètre carré ne dépasse pas l’accroissement de valeur du bien.
se vend au prix de 4.589 euros/m² en moyenne contre 3.015 euros/m² pour un PEB G.
Plus d’impact sur le prix des maisons Pour que le bénéfice à la revente soit au moins égal au coût des travaux, le propriétaire doit s’assurer que le coût par mètre carré ne dépasse pas l’accroissement de valeur du bien. «Masteos, un conseiller en investissement immobilier en France, estime que le coût pour améliorer son PEB d’une le re se chiffre entre 200 et 300 euros/m²», explique le directeur de Smartblock, qui rappelle toutefois que le coût des travaux peut fortement varier selon l’état général du bien et les finitions choisies. Sur ce e base, passer d’un PEB G à D permet d’augmenter la valeur d’un bien de 348 euros/m². Cela signifie que le budget travaux d’énergie, pour un appartement de 90 m², ne doit pas dépasser 31.320 euros. En outre, la corrélation entre le prix de vente et la consommation énergétique d’un bien est ne ement plus forte pour les maisons que pour les appartements, relève encore Smartblock. «Cela s’explique par le fait que le retour sur investissement est plus court dans le cas d’un appartement», rappelle Alexandre Verdonck.
Les assurances groupe ont facilement a eint le taux minimum de 1,75% en 2023
En 2023, tous les assureurs ont pu octroyer le minimum légal de 1,75% sur les primes d’assurance groupe. Certains ont même fait mieux.
MURIEL MICHEL ET PETER VAN MALDEGEM
Alors que plus de 90% des réserves en assurance groupe sont investies dans des produits de branche 21 qui offrent une sécurité, grâce au taux minimum légal de 1,75% que les employeurs sont tenus de garantir, en 2023, tous les assureurs ont octroyé ce taux, voire plus. Certains, dont le leader du marché, AG Insurance, ont fait mieux, en complétant avec une participation bénéficiaire. «Nous avons pu ajouter
un rendement complémentaire de 0,75% sur l’accroissement moyen des primes (cash investi en 2023). Le rendement total net moyen sur l’accroissement, l’année dernière, s’élève donc à 2,50%, au moins, explique Benoit Halbart, managing director employee benefits/health care. Le taux d’intérêt garanti pour les nouvelles primes est fixé à 1,75% depuis le 1er janvier 2024». Ainsi, Bâloise a offert un rendement global (brut) de 2,25% sur certaines primes. Chez Allianz, le rendement des contrats Opportunity était de 2%. Pour les produits Stability, qui offrent des garanties plus élevées, le rendement est resté à 1,25%. Chez Belfius, les polices d’assurance de groupe ont dégagé un rendement brut de 1,95% qui, sur une base nette, est aussi
légèrement supérieur à 1,75%. Chez KBC Assurances, le rendement net est de 1,75%. P&V/Vivium communiquera les rendements la semaine prochaine.
Alors que les taux d’intérêt garantis pour les nouveaux dépôts végétaient ces dernières années entre 0% et 0,5% en raison de la faiblesse des taux d’intérêt, les assureurs ont versé jusqu’à 1,75% par an, avec l’appui de la participation aux bénéfices. Des taux d’intérêt garantis de 3,25% peuvent encore s’appliquer aux dépôts plus anciens.
Mais depuis la remontée des taux d’intérêt du marché, la plupart des assureurs proposent à nouveau des taux d’intérêt garantis à 1,75%. Les employeurs ont ainsi l’assurance qu’ils n’auront pas à compléter. Un soulagement. En raison de la forte hausse des
FONDS DE PENSION: +9,8% EN 2023
Les fonds de pension belges ont réalisé un rendement moyen de 9,8% en 2023, grâce à une politique d’investissement à long terme dans l’économie réelle. Sur près de 40 ans, le secteur a réalisé, en moyenne, un rendement nominal de 6,2% (3,9% après inflation), communique PensioPlus, l’association belge des fonds de pension d’entreprises. Ces chi res attestent de l’importance du deuxième pilier pour soutenir financièrement les pensions.
«Les fonds de pension o rent une protection solide à long terme du pouvoir d’achat contre l’inflation», commente Ann Verlinden, CEO de PensioPlus. «100 euros investis en 1985 représentent aujourd’hui – après application des rendements moyens historiques du secteur – 431 euros (1.034 euros en termes nominaux). En termes réels, on récupère près de quatre fois son dépôt (et plus de dix fois en termes nominaux)», explique-t-elle.
taux d’intérêt à long terme, le taux minimum légal sera probablement plus élevé en 2025. Il sera définitivement fixé en juin.
Branche 23
AG Insurance propose également des produits de Branche 23. «C’est le client qui choisit ce qui est le plus approprié. Soit, il opte pour la sécurité de la Branche 21. Soit, il privilégie la Branche 23, espérant un return supérieur à long terme, ce qui implique d’accepter une volatilité plus importante sur le court terme. Notre fonds ‘Rainbow Green’ (50% d’actions, 50% d’obligations), a affiché un return de 12,88% sur 2023, très similaire à celui des fonds de pension», conclut Benoit Halbart.
Les quatre grands investisseurs publics belges adoptent le même outil de mesure des performances en durabilité des entreprises dans lesquelles ils investissent. Les banques belges pourraient suivre.
Les invests publics adoptent le même thermomètre de la durabilité
MAXIME PAQUAY
Ils accordent leurs violons. Finance&Invest Brussels, Wallonie Entreprendre, PMV, et la SFPI, les quatre grands invests publics de Belgique, annoncent à L’Echo qu’ils adoptent la même méthode de mesure de la durabilité des entreprises: l’Impact Scoring Platform de la scale-up bruxelloise Greenomy. Quels sont les enjeux? Quel est l’intérêt de ce e adoption commune? Avec quelles perspectives? Explications en trois temps.
1 De quoi parle-t-on?
Par les différents volets de son Green Deal, l’Europe renforce les exigences imposées aux entreprises en matière de «reporting» de durabilité. En ligne de mire, la volonté de favoriser les investissements durables au détriment de ceux qui le sont moins – ou qui ne le sont pas du tout. Encore faut-il, pour y parvenir, que les acteurs du financement mesurent la durabilité réelle des entreprises.
C’est là qu’interviennent les outils d’évaluation des critères ESG (pour Environnement, Social et Gouvernance) des entreprises, et, en l’occurrence, l’Impact Scoring Platform développé par Greenomy. Concrètement, il s’agit d’un formulaire en ligne incluant des questions sur les émissions de CO2, l’usage de l’eau, la consommation d’énergie, ou la politique de mobilité, par exemple.
Le questionnaire est simplifié par rapport à la technique et complexe réglementation et adapté secteur par secteur. L’Impact Scoring Platform permet d’établir le profil de la durabilité d’une entreprise, en ligne avec les normes européennes.
Le projet d’adoption commune a démarré il y a un peu plus d’un an. Jusque-là, les quatre invests avaient chacun travaillé dans leur coin sur une méthode d’évaluation de la durabilité – souvent un questionnaire maison.
«On se substitue surtout à l’envoi par les financeurs de questionnaires Excel ou Google Forms», explique d’ailleurs François-Guillaume de Lichtervelde, Chief of Staff chez Greenomy. Chaque invest a entre-temps signé un contrat pour l’utilisation de la licence de la scale-up – pour environ 30.000 euros par an, par invest.
«On adopte le même thermomètre. Cela ne veut pas dire que nous ferons la même interprétation de la température affichée», estime Olivier Vanderijst, CEO de Wallonie Entreprendre. Chaque invest restera maître de sa stratégie d’investissement.
2. Quel intérêt?
Le premier intérêt de voir les quatre grands invests publics belges adopter le même langage en matière de durabilité, est
«Ce qu’il fallait éviter, c’est que les entreprises voient les critères ESG comme un fardeau.»
PIERRE HERMANT CEO FINANCE&INVEST BRUSSELS
que cela devrait faciliter la vie des entreprises. «Ce qu’il fallait éviter, c’est que les entreprises voient les critères ESG comme un fardeau, avec dans chaque région un vocable différent et un score différent pratiqué par les invests», résume Pierre Hermant, CEO de finance&invest brussels.
En adoptant un seul questionnaire (celui de Greenomy, choisi face à des concurrents tels que Reporting21 et Wequity), l’idée des investisseurs publics est de répondre aux exigences réglementaires, tout en allégeant au maximum la charge administrative des entreprises.
Un deuxième intérêt est statistique.
L’adoption du même outil va perme re de comparer les entreprises entre elles au sein d’un même secteur. «Grâce à la complémentarité de nos portefeuilles, il sera possible de déterminer ce qui, au sein d’un secteur bien précis, constitue un bon bulletin ou non pour une entreprise», précise encore Olivier Vanderijst.
3. Quelles perspectives?
Pour les entreprises, le signal est clair: devenir sérieux quant aux informations ESG dont elles disposent et sur lesquelles elles communiquent, n’est plus en option. Ce e adoption commune pourrait en outre créer une référence sur le marché du financement.
«Nous voudrions en tout cas suggérer aux banques d’utiliser le même outil. Cela permettrait aux entreprises de ne remplir qu’un seul questionnaire pour toutes leurs demandes financières en Belgique», espère Michel Casselman, CEO de PMV (ParticipatieMaatschappij Vlaanderen).
«Des discussions sont en cours», reconnaît-on à la Fédération belge du secteur financier, «avec plusieurs fédérations patronales (dont Agoria, l’UWE, Unizo, la FEB et le Voka, NDLR) en vue d’adopter une approche commune de la récolte des données ESG. Nous en sommes à une première étape: définir les données dont nous avons besoin», tempère Tom Van den Berghe, directeur finance durable chez Febelfin. «Le choix définitif de l’outil n’est pas encore arrêté.»
Chez Greenomy, enfin, l’ambition est clairement affichée: imposer un standard ESG au niveau européen. Une adoption de son outil par les banques belges serait à cet égard un fameux bond en avant.
La Commission critique face au manque d’ambition climatique belge
La Commission européenne n’est pas satisfaite du projet de Pnec belge, qui ne suffit pas à a eindre les réductions d’émissions demandées pour 2030.
Mieux vaut tard que jamais: fin novembre, la Belgique avait remis, avec cinq mois de retard, son projet de Plan national énergie-climat mis à jour pour la période 20212030 (Pnec). Ce vendredi, la Commission européenne lui a adressé ses recommandations.
Le bulletin est très mitigé: le plan est censé baliser la trajectoire belge vers les objectifs européens de décarbonation, mais dans l’ensemble, il «n’élabore pas suffisamment comment ces objectifs seront effectivement a eints».
Le froncement de sourcils de la Commission était largement anticipé, puisque la Belgique ne s’est pas mise sur les bons rails pour atteindre sa part de l’objectif de réduction d’émissions européen pour 2030, à savoir réduire de 47% ses émissions de gaz à effet de serre (hors grandes industries) par rapport à 2005.
La Belgique étant ce qu’elle est, l’objectif est malmené par des objectifs régionaux insuffisants: la Flandre prévoit -40%, la Wallonie -46,5% et Bruxelles -48,7%. Et, somme toute, on raterait le coche de 4,4 points de pourcentage (47%42,6%).
Renouvelable: où est le plan?
les investissements privés nécessaires pour a eindre les objectifs énergétiques et climatiques», notamment une répartition des besoins d’investissements.
En miroir, la Commission demande aux autorités belges d’«expliquer en détail comment et à quelle échéance la Belgique prévoit d’éliminer progressivement les subsides aux énergies fossiles». Selon le Fonds monétaire international, la Belgique leur consacrerait 13 milliards d’euros de subsides, directs et indirects.
La Commission s’attache à me re en valeur des «éléments positifs» du projet de Pnec, au point sur les émissions liées à l’a ribution des terres, sur les politiques d’incitation aux consommateurs,
-51%
Les projets de plans nationaux permettraient d’atteindre en 2030 une réduction d’émissions de 51%. C’est insu isant: l’objectif est d’atteindre -55%.
ou encore, de participation du public au travers de consultations.
Mais cela cache mal une liste d’insuffisances longue comme le bras.
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Alors que l’Union européenne s’est fixé l’objectif contraignant d’atteindre 42,5% d’énergie renouvelable à la fin de la décennie, la Commission demande à la Belgique d’«augmenter significativement l’ambition d’une part des sources d’énergies renouvelables d’au moins 33%». On est loin du compte. Alors que le renouvelable pesait 13,7% de la consommation en 2022, elle n’a eindrait selon le projet de Pnec que 21,7% à la fin de la décennie. La Commission a end de la Belgique qu’elle présente un plan de long terme pour le déploiement des technologies renouvelables sur les dix années à venir. Le plan belge manque par ailleurs de précision sur les moyens qui seront déployés. La Commission demande de «spécifier les réformes et mesures pour mobiliser
On poursuit donc: le Pnec n’est pas assez a entif au principe de priorité à l’efficacité énergétique. Il ne prévoit pas d’amélioration en matière de sécurité énergétique. Il est trop vague en matière d’adaptation au changement climatique (Et pour cause: le centre censé éclairer les pouvoirs publics belges sur ce point, le Cerac, doit être lancé en avril prochain). Et il manque de profondeur en manière de transition juste.
Bref, il y a du pain sur la planche. La Belgique, comme les autres États membres, est censée tenir compte de ces recommandations avant de reme re son plan final, pour le 30 juin.
À l’échelle européenne, les projets de plans nationaux sous leur forme actuelle perme raient d’atteindre, en 2030, une réduction d’émissions de 51% – ce qui est insuffisant, puisque l’objectif est de réduire les émissions d’au moins 55%.
Laurence Massart renouvelée comme présidente de la cour d’appel de Bruxelles
Le Conseil supérieur de la justice (CSJ) a annoncé, ce vendredi, sur son site internet, le renouvellement du mandat de la première présidente de la cour d’appel de Bruxelles, Laurence Massart. Il s’agit d’une victoire sur toute la ligne pour celle qui a acquis une renommée nationale en présidant le procès des a entats de Bruxelles et Zaventem du 22 mars 2016.
L’alternance linguistique rompue
En effet, le ministre de la Justice d’alors, Vincent Van Quickenborne (Open Vld), avait refusé en juin 2023, le renouvellement du mandat de la haute magistrate, pour des raisons d’équilibre linguistique dans les postes de chef de corps à Bruxelles, considérant que le poste devait revenir à un candidat néerlandophone. Laurence Massart avait contesté la décision
en justice, au civil et devant le Conseil d’État, obtenant gain de cause à deux reprises en fin d’année. L’alternance linguistique entre les hauts postes bruxellois a provoqué d’importants remous au sein de la magistrature, ces dernières années. Il est à noter que les plus grands postes de la magistrature dans la capitale – procureur général, président de la cour d’appel, procureur du Roi et auditeur du travail – sont (ou seront) désormais aux mains de magistrats francophones, rompant ainsi avec l’usage de l’alternance. Dès son intronisation à la tête de la cour d’appel, en 2019, Laurence Massart avait été vertement critiquée pour sa faible maîtrise du néerlandais. Dans son communiqué publié sur son site, le CSJ met en avant la «vaste expérience et ses nombreuses compétences». J.
«Si ce projet aboutit, nous aurons de l’énergie pour des milliers d’années»
Grâce aux start-ups, aux milliards investis et à l’appel du CEO d’OpenAI, Sam Altman, la fusion nucléaire semble plus imminente que jamais.
Dans la ville de Greifswald, en Allemagne, les scientifiques accomplissent des progrès prome eurs.
«
Bienvenue dans le cauchemar de tous les plombiers», plaisante Peter Kallmeyer, ingénieur électricité. Nous sommes à Greifswald, une ville du nord de l’Allemagne, près de la Pologne. Face à nous se dresse le Wendelstein 7-X, une installation expérimentale de fusion nucléaire de l’Institut Max Planck de Physique des plasmas. Un enchevêtrement de tuyaux, d’appareils de mesure, de systèmes de refroidissement et de chauffage nous cache pratiquement la machine proprement dite... La porte de sécurité, un colosse de béton de près de deux mètres d’épaisseur, est ouverte. Ces jours-ci, la machine est à l’arrêt pour une mise à niveau. Le Wendelstein 7-X est l’un des quelque 100 réacteurs à fusion nucléaire qui existent dans le monde. Il est à l’avantgarde d’une course qui a ire de plus en plus d’a ention et d’argent. Ce e course,
c’est celle qui vise à faire de la fusion nucléaire une source d’énergie commercialement viable. Durant des décennies, on a dit en plaisantant que le succès de la fusion nucléaire viendrait «toujours dans trente ans». En d’autres termes, qu’on n’y arriverait jamais. La complexité scientifique se heurte aux limites des capacités humaines, comme dans le cas des ordinateurs quantiques, des simulations cérébrales ou des voyages intergalactiques...
«À quel prix»?
...Mais le ton change. L’an dernier, des avancées significatives ont été réalisées et des records ont été ba us dans plusieurs centres de recherche, dont celui de Greifswald. Pour l’heure, aucune de ces prestations ne se rapproche d’une véritable production d’énergie. Il faut toujours plus d’énergie pour déclencher les réactions que celles-ci n’en produisent. De plus, ces réactions sont encore peu nombreuses, et elles produisent à peine assez d’électricité pour faire fonctionner quelques ordinateurs portables ou grille-pains. Mais elles prouvent que les
«La fusion nucléaire est possible et on pourra l’utiliser comme source d’énergie. La seule question qui se pose, c’est: ‘À quel prix?’»
scientifiques maîtrisent de mieux en mieux le processus.
Personne ne peut plus affirmer qu’il ne sera jamais possible de construire une centrale basée sur la fusion nucléaire. «On me demande souvent si cela va réussir», explique le professeur Robert Wolf, l’un des directeurs de l’Institut Max Planck. Il observe la machine de Greifswald depuis une plate-forme de maintenance en surplomb. «La fusion nucléaire est possible et on pourra l’utiliser comme source d’énergie. La seule question qui se pose, c’est: ‘À quel prix?’» Ce coût est lié à ce que nous voyons à Greifswald: des machines extrêmement complexes sont nécessaires pour rendre la fusion possible. Il faut non seulement les installer, mais aussi les entretenir. Il a fallu 15 ans pour construire le Wendelstein 7-X, tout a été calculé au millimètre près. Son coût: 1,5 milliard d’euros. Une fois la machine en place, le carburant est bon marché. «Il faut du deutérium et du tritium, deux isotopes d’hydrogène. Leur fusion libère de l’énergie», explique Kallmeyer. «Le deutérium se trouve dans l’eau de mer et est disponible en quantité illimitée. Le
tritium peut être obtenu à partir du lithium, dont il existe sur terre des réserves pour plusieurs milliers d’années. D’autant que la fusion nucléaire nécessite très peu de moyens: avec trois grandes bouteilles d’eau de mer et le lithium d’une ba erie d’ordinateur portable, on peut théoriquement fournir de l’électricité à un ménage moyen pendant trois ans. Donc, si ce projet aboutit, nous aurons de l’énergie pour des milliers d’années.»
Le soleil comme exemple
En soi, l’idée n’a rien de farfelu. La fusion nucléaire est la source d’énergie la plus naturelle de l’univers: elle fournit environ 99 % de l’énergie totale. C’est grâce à elle que les étoiles produisent de la lumière et de la chaleur depuis des milliards d’années. Le soleil est en fait une grande centrale nucléaire, à ceci près que les noyaux atomiques sont fusionnés au lieu d’être scindés comme nous le faisons déjà aujourd’hui.
Les avantages potentiels de la fusion nucléaire sont gigantesques. Contrairement aux combustibles fossiles, la fusion nucléaire ne produit pas d’émissions nocives. Le processus ne génère pas non plus de déchets radioactifs à longue durée de vie comme la fission nucléaire. Il est sûr, car il n’y a pas de risque d’accident nucléaire dû à une réaction en chaîne incontrôlée. Enfin, la quantité d’énergie qu’elle permet de produire est inouïe. Ce e promesse suscite de plus en plus d’intérêt, surtout en raison des préoccupations liées à l’approvisionnement en énergie et au changement climatique. D’ailleurs, c’est à Greifswald, tout près du Wendelstein 7-X, que débouchent les deux
gazoducs russes Nord Stream. Tout un symbole... En raison de la guerre en Ukraine, l’approvisionnement en gaz via Nord Stream a été interrompu. Un peu plus loin, une vieille centrale nucléaire est en cours de démantèlement depuis 30 ans. «La guerre nous aide à comprendre que nous devons investir davantage dans de nouvelles sources d’énergie. Mais ce n’est même pas l’élément déclencheur le plus important», précise Jozef Ongena, expert belge en fusion nucléaire. Ce directeur de recherche au Laboratoire de physique des plasmas de l’École royale militaire à Bruxelles a été étroitement associé aux expériences avec le Wendelstein 7-X, comme à de nombreux autres projets dans le monde. Une équipe placée sous sa direction a mis au point un nouveau type d’antenne chauffante qui a été testé avec succès à Greifswald pour la première fois en 2023. «Les besoins en énergie augmenteront considérablement au cours des prochaines décennies. Si nous voulons tout électrifier, nous aurons désespérément besoin d’une énergie propre comme la fusion nucléaire. Nous n’avons pas d’autre choix», conclut Ongena. Même son de cloche à Silicon Valley, où une foule de grands noms se convertissent ouvertement à la fusion nucléaire.
Lors du Forum économique mondial de Davos en janvier dernier, le CEO d’OpenAI, Sam Altman, l’a déclaré à son tour: «Nous avons besoin de la fusion nucléaire». Le fait que le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) nécessitent des quantités massives d’énergie n’y est certainement pas étranger.
Pétris d’ambition
Altman, qui ne possède pas lui-même d’actions OpenAI, a injecté 375 millions de dollars de sa poche dans Helion, une start-up qui fait des recherches sur la fusion nucléaire. Il est ainsi de loin l’actionnaire le plus important de ce e entreprise fondée en 2013. Au total, Helion a déjà levé 570 millions de dollars, notamment auprès de Peter Thiel, l’investisseur qui a cofondé le service de paiement en ligne PayPal. Helion est sans doute l’acteur le plus ambitieux dans le domaine. Au printemps de l’année dernière, la start-up s’est engagée à fournir à Microsoft, partenaire d’Altman chez l’OpenAI, 50 mégawa s d’énergie de fusion d’ici 2028. Les experts sont stupéfaits: le fait qu’une entreprise prome e de fournir ce e l’énergie si rapidement est sans précédent. «Personne n’y comprend rien», affirme Ongena. «Le projet tout entier baigne dans le flou. Ils ne donnent qu’une brève description de la manière dont ils veulent procéder». Helion explique qu’elle agit ainsi parce qu’à ses débuts, elle a vu des copies apparaître en Chine peu de temps après la publication d’un article. Ongena est dubitatif: «Personne ne sait comment l’entreprise va pouvoir se montrer à la hauteur de ses prétentions.»
Lors de sa création en 2013, Helion avait promis d’a eindre la neutralité énergétique en 2017. Ce e échéance a été largement dépassée, même si cela n’est pas inhabituel dans un domaine de recherche où l’on travaille avec autant de technologies expérimentales. D’autres entreprises ont aussi fait des promesses qu’elles n’ont pas su tenir. La société canadienne General Fusion, dans laquelle l’investisseur flamand GIMV a injecté des fonds en 2020, a manqué de nombreuses étapes impor-
tantes depuis sa création en 2002.
Le moment SpaceX
La construction du réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER) à Cadarache, dans le sud de la France, qui est le plus grand projet de fusion jamais conçu, accuse également du retard. Et son coût, évalué au départ à 6 milliards d’euros, dépasse aujourd’hui les 20 milliards d’euros, ce qui fait d’ITER le projet scientifique le plus coûteux après la construction de la station spatiale internationale ISS. La recherche sur la fusion est un processus qui se fait à coups d’essais et d’erreurs, explique Ongena. «C’est une approche darwinienne: on tente quelque chose, on rectifie le tir et on poursuit chaque fois en retenant le meilleur. En ce sens, toute initiative est bienvenue. En tant que scientifiques, certaines idées nous font rire, mais je souhaite sincèrement à chaque nouvelle start-up de réussir. C’est ensemble que nous devons y parvenir.»
Les dernières années ont été marquées par des progrès indéniables dus à l’augmentation de la puissance de calcul. Celle-ci a été rendue possible par une meilleure technologie informatique, des supraconducteurs et de meilleurs aimants mis au point grâce à des percées dans la technologie des matériaux, ainsi qu’à une grande coopération internationale.
43
En cinq ans, le nombre de start-ups qui ont pris le train de la fusion nucléaire a presque doublé pour atteindre 43, si l’on en croit la Fusion Industry Association.
Mais aujourd’hui, Ongena espère une accélération grâce à un «moment SpaceX» pour le secteur. Tout comme la société américaine, SpaceX a forcé des portes pour l’agence spatiale américaine NASA – et par extension pour l’ensemble du secteur spatial – grâce à un nouveau type de fusées, les entreprises privées peuvent donner un coup d’accélérateur au développement de nouvelles technologies. «Nous devons construire et tester. Agir au lieu de passer des années à discuter. Avec les entreprises privées, c’est beaucoup plus rapide.» Quoi qu’il en soit, la dynamique s’accélère. En cinq ans, le nombre de start-ups qui ont sauté sur le train de la fusion nucléaire a presque doublé pour a eindre 43, si l’on en croit la Fusion Industry Association.
Ensemble, elles ont levé 6 milliards de dollars. Ces jeunes pousses sont extrêmement importantes dans la course à la technologie gagnante qui sera la plus apte à fonctionner à l’échelle commerciale. Mais l’affaire est loin d’être gagnée. En gros, il existe aujourd’hui deux façons de fusionner des noyaux atomiques. La fusion par confinement inertiel consiste à presser li éralement les particules les unes contre les autres au moyen de puissants lasers. C’est par ce procédé que
des chercheurs américains ont récemment affirmé avoir généré pour la première fois plus d’énergie qu’il n’en fallait pour une réaction de fusion. Mais très honnêtement, l’énergie nécessaire pour charger le laser n’a pas été prise en compte.
L’autre méthode est celle du confinement magnétique, qui consiste à chauffer le combustible. «Dans des conditions normales, les particules ne fusionnent pas», explique Jozef Ongena. Mais à des températures extrêmement élevées, le deutérium et le tritium se transforment en plasma, une espèce d’état gazeux composé de particules chargées libres. C’est dans cet état que les particules peuvent fusionner. Dans le soleil, ce e réaction de fusion se produit à 15 millions de degrés. Mais comme la pression est plus faible sur Terre, des températures de 100 millions de degrés et plus y sont nécessaires. «Aucun matériau au monde ne peut supporter de telles températures sans fondre ou être irrémédiablement endommagé. C’est pourquoi des aimants sont utilisés pour maintenir ensemble le plasma brûlant et l’éloigner de la paroi du réacteur.»
Deux types de réacteurs
La fusion par confinement magnétique s’obtient par deux types de réacteurs. L’un est le tokamak, en forme de donut, une invention russe des années 1950. C’est le modèle adopté par l’installation ITER à Cadarache.
L’autre est le stellarator impliquant un champ magnétique torsadé complexe, système utilisé à Greifswald. Si le tokamak est de conception plus simple et est plus facile à construire, le stellarator permet quant à lui d’assurer plus facilement la stabilité du plasma et peut en principe fonctionner en continu. «On ne sait pas encore lequel des deux systèmes est le meilleur», explique Ongena. «C’est pourquoi nous les développons actuellement en parallèle.»
Le prome eur Commonwealth Fusion Systems (CFS), un spin-off du prestigieux Massachuse s Institute of Technology (MIT) à Boston, a levé plus de 2 milliards de dollars depuis sa création en 2018, un budget comparable à celui du Wendelstein 7-X. Une grande partie de ce financement provient de Breakthrough Energy Ventures, un fonds d’investissement créé par Bill Gates et qui compte de nombreux investisseurs de renom, du fondateur d’Amazon Jeff Bezos au PDG d’ArcelorMittal Aditya Mi al en passant par le fondateur d’Alibaba Jack Ma. «CFS progresse à toute allure», constate Ongena, qui travaille avec l’entreprise. «Son concept est audacieux, il utilise des aimants d’un
Les nouvelles initiatives, les unes plus audacieuses que les autres, nourrissent l’optimisme.
type totalement nouveau, trois fois plus puissants que ceux utilisés jusqu’à présent.
D’après la physique, un champ magnétique plus puissant entraîne davantage de réactions de fusion». Depuis deux ans, CFS construit son propre réacteur à fusion, dont les premiers essais devraient avoir lieu d’ici quelques années. Ils devraient déboucher sur un projet commercialement viable dans les années 2030.
L’entreprise britannique Tokamak Energy, qui emploie plus de 150 scientifiques, souhaite également expérimenter un nouveau type d’aimants pour développer des réacteurs tokamaks plus compacts.
L’an dernier, l’allemand Proxima Fusion, issu de l’Institut Max Planck de physique des plasmas, a levé 7 millions d’euros pour me re au point un nouveau modèle de stellarator, tandis que le canadien General Fusion entend faire des essais avec une combinaison d’aimants et de pression mécanique sur le plasma.
Une retenue croissante
Les nouvelles initiatives, les unes plus audacieuses que les autres, nourrissent l’optimisme. La majorité des start-ups interrogées par la Fusion Industry Association croit que la fusion nucléaire perme ra de fournir de l’électricité au réseau d’ici une dizaine d’années.
Les milieux universitaires font preuve quant à eux d’une plus grande retenue. Selon Jozef Ongena, la réalisation d’un modèle de démonstration à grande échelle d’une centrale à fusion nucléaire d’ici à 2050 serait déjà une belle prouesse. Pour en arriver à une véritable industrie, il faudrait encore a endre plusieurs décennies supplémentaires.
Le professeur allemand Robert Wolf est lui aussi plus modéré. «Soyons honnêtes: six milliards de dollars pour de nouvelles initiatives dans le secteur privé, c’est beaucoup d’argent, surtout en matière de recherche scientifique. Mais si on compare cela avec les investissements industriels, le tableau est complètement différent».
Microsoft a investi 13 milliards de dollars dans la société d’IA OpenAI. Et Amazon a injecté à lui seul 73 milliards de dollars dans la recherche et le développement en 2022. Les budgets du secteur de l’énergie se chiffrent en milliards. Au-delà de l’aspect financier, on peut se demander si les intérêts politiques ne vont pas faire obstacle à la cruciale coopération internationale. Pendant des décennies, la recherche sur la fusion a été une science sans frontières. ITER est le fruit d’une collaboration entre 35 pays et, même après le début de la guerre en Ukraine, la Russie reste un partenaire actif. Une nouvelle installation de recherche au Japon, mise en service en décembre, a été construite en collaboration avec l’Europe. Enfin, Ongena parcourt le monde pour partager son savoir-faire, tant avec ses collègues chercheurs qu’avec des start-ups.
neutron proton
Tritium
(issu du lithium, entre autres des batteries d’ordinateurs portables)
1
ÉNERGIE
Neutron
La recherche sur la fusion est un processus qui se fait à coups d’essais et d’erreurs.
La technique de fusion nucléaire la plus avancée est celle par confinement magnétique. Les isotopes d’hydrogène sont chau és jusqu’à l’état de plasma.
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Ensuite les isotopes d’hydrogène fusionnent entre autres en hélium et libèrent de l’énergie Le processus n’implique aucune émission de gaz à e et de serre et les produits de la fusion ne sont pas radioactifs.
«Si nous voulons tout électrifier, nous aurons désespérément besoin d’une énergie propre comme la fusion nucléaire.»
JOZEF ONGENA ÉCOLE ROYALE MILITAIRE À BRUXELLES
Mais alors que les gouvernements –des États-Unis à la Chine – dégagent des budgets toujours plus importants pour la fusion nucléaire, la réticence à collaborer se fait sentir de plus en plus. Kristel Crombé, professeure de physique à l’université de Gand et membre de l’équipe d’Ongena qui a mis au point l’antenne chauffante, en a récemment fait l’expérience lors d’une conférence. «Nous discutions avec des Chinois et soudain ils nous ont dit : ‘Désolés, nous ne pouvons rien dire de plus’. Mais ils ont pris des photos de toutes nos découvertes. Cela ne se produisait jamais auparavant.»
Fermeture du JET
Il y a quelques mois, la fermeture du JET a également été annoncée. Le JET est la principale infrastructure de recherche sur la fusion nucléaire du monde. Ce e installation située près d’Oxford a été construite dans les années 1980 dans le cadre d’une collaboration entre l’Europe et le Royaume-Uni.
En octobre, le réacteur a établi un nouveau record mondial en produisant pendant cinq secondes 69 mégajoules (MJ) d’énergie, soit suffisamment pour faire fonctionner cinq cents ordinateurs portables pendant une heure.
Le JET aurait encore pu rendre pendant plusieurs années d’importants services à la recherche sur la fusion, notamment en a endant la réception d’ITER. Mais les Britanniques préfèrent tout miser sur la construction de leur propre machine. «Ce e décision risque de nous faire perdre des années. C’est un désastre pour la recherche», affirme Ongena.
Avec ses collègues, il fait une ultime tentative pour intercéder auprès de l’Europe et des Britanniques, afin qu’un compromis soit trouvé et que le JET puisse rester ouvert plus longtemps. «J’en perds le sommeil», glisse-t-il.
Économie & Politique Belgique
François De Smet
«Il est temps que DéFI se libère de l’emprise d’Olivier Maingain»
LES PHRASES CLÉS
«Si rester implique qu’Olivier Maingain continue à essayer de nous tuer chaque jour, ce sera ingérable et il y aura un choix à faire.»
«Il agit en mode terre brûlée. Je m’interroge sur ses priorités et ses souhaits réels.»
«Si le conseil général ne vote pas cette liste, il faudra en établir une autre. Il n’y a aucune autre manière de s’en sortir.»
C’est un homme visiblement fatigué que nous rencontrons ce jeudi après-midi à la Chambre: François De Smet répond en effet aux questions de L’Echo en pleine tourmente. Mardi, son prédécesseur à la présidence de DéFI conviait la presse (dans son dos) pour accuser durement son collaborateur direct d’avoir manipulé les résultats du vote qui, en conseil général dimanche, avait installé la liste régionale bruxelloise pour les élections de juin. Abdullah Mohammad doit démissionner, estime le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert.
Dans la foulée, une «erreur matérielle» constatée dans le cadre de la rédaction d’un PV était annoncée par le parti. Dix votes mal comptés qui ne perme aient plus à la liste de trouver les 60% de suffrages qu’il lui fallait. Et le linge sale des amarantes était lavé en public, révélant l’état désastreux des relations entre Olivier Maingain et François De Smet.
«Il est sorti dans la presse en disant qu’il y a eu tricherie alors qu’on était en train de gérer ça en interne», déplore le président actuel qui fut, rappelons-le, installé à la tête du parti par Olivier Maingain lui-même. «À chaque étape, chacun a fait ce qu’il devait faire, les accusations contre mon chef de cabinet, je ne les laisse pas passer. Vraiment, c’est une découverte fortuite. L’erreur a été commise la veille et on ne pouvait pas la cacher, c’est trop grave, donc un conseil général aura bien lieu et il pourra, s’il le souhaite, revoter la liste. S’il ne vote pas ce e liste, il faudra en établir une autre. Il n’y a aucune autre manière de s’en sortir. Ça se terminera là où ça a commencé: devant les militants.» Cela d’ici le 17 mars, précise le président de DéFI.
Comment interprétez-vous l’a itude d’Olivier Maingain? Tient-il absolument à ce e liste votée dimanche?
Au premier abord, elle est incompréhensible parce qu’il formule une accusation extrêmement grave envers mon chef de cabinet sans avoir aucun élément de preuve. Il n’est jamais venu au parti pour compter lui-même les bulletins. Il part d’emblée de l’hypothèse d’une malhonnêteté au lieu de vérifier s’il y a eu erreur. En l’occurrence, pas de mon collaborateur, mais de la commission électorale.
Qu’un collaborateur ouvre une urne le lendemain d’un vote peut créer un malaise, non? Après la proclamation, il n’y a plus d’enjeu. Mon chef de cabinet a constaté la matérialité des choses, il s’est couvert en appelant d’autres gens. Les bulletins ont été recomptés à plusieurs. La rationalité impose d’adme re qu’au-delà de tout doute raisonnable, le scrutin n’est pas correct. Le collaborateur n’a fait que son travail pour rédiger un procès-verbal. Le plus plausible, c’est que l’un ou l’autre membre de la commission électorale se soit trompé.
Une volonté de tricherie lors du comptage de dimanche est-elle possible? Ce n’est pas impossible. Ça impliquerait alors un membre de la commission électorale. Mais contrairement à mon prédécesseur, je ne pars pas du postulat de la malhonnêteté des gens. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que le décompte réel des bulletins ne correspond pas à ce qui est exigé statutairement et que ce e liste n’a pas de légitimité démocratique. Je n’explique pas la virulence d’Olivier Maingain. Il devrait formuler des excuses vis-à-vis de mon chef de cabinet, ainsi qu’aux militants. À coups d’intimidation et de menaces, il met en péril une bonne partie du travail des militants qui, depuis des semaines, des mois, des années, sont sur le terrain.
Il accuse votre chef de cabinet d’antisémitisme lors d’une campagne haineuse à Schaerbeek en 2012.
C’est extrêmement étrange ce e pratique consistant à réduire un individu à un ou deux de ses statuts Facebook d’il y a dix ou 15 ans. On évolue tous. Il n’y a rien d’antisémite dans les propos d’Abdullah. Il y a parfois peut-être de l’immaturité, mais
homme politique chevronné, visionnaire, dont on utilise toujours les analyses. Et à côté de ça, il y a un autre Olivier Maingain qui s’est installé peu à peu et qui est très fort sur des coups politiques, sur WoluweSaint-Lambert, sur une logique clanique.
Olivier Maingain a menacé de qui er le parti si le vote de dimanche n’était pas confirmé. À vous entendre, il n’aura pas gain de cause. Souhaitez-vous son départ? S’il y a crise, c’est justement parce que ce parti se libère de l’emprise d’Olivier Maingain. Et en soi, c’est bien, il est temps, mais on a besoin de lui. Moi, je préférerais infiniment qu’il reste, qu’il retrouve la raison, qu’il trouve le moyen de présenter des excuses à mon chef de cabinet, qu’il adme e qu’il y a un problème et qu’on peut revoter, que tout le monde aille dans le même sens et soutienne la liste, quelle qu’elle soit, une fois qu’elle sera votée et qu’on passe à autre chose. Mais si rester implique qu’il continue à essayer de nous tuer chaque jour, ce sera ingérable et il y aura un choix à faire.
L’exclusion?
C’est lui qui menace de partir, ce n’est pas moi qui menace de l’exclure, mais je ne céderai pas, ni sur mon chef de cabinet, ni sur le vote.
Vous parlez d’emprise. C’est de ça qu’il s’agit aujourd’hui?
Il a été président du parti pendant 20 ans et je crois qu’une partie de lui reste dans l’idée qu’il doit pouvoir avoir une influence forte sur tout ce qui s’y fait. Mais ce n’est pas le cas. La présidence d’un parti, ce n’est jamais qu’un poste temporaire.
Votre présidence en est affaiblie. J’ai espéré souvent un soutien plus franc, mais j’en ai fait mon deuil. Aucun autre président de parti n’a eu un prédécesseur qui intervenait aussi régulièrement et fortement contre les intérêts du parti. Un dossier a fait vraiment la bascule: c’est l’aba age où Olivier Maingain a clairement milité contre une ordonnance déposée par des députés DéFi. Mes homologues ont des prédécesseurs qui sont, soit discrets, soit soutenant. Si Olivier avait marché avec nous, je suis sûr qu’on serait à deux ou trois points de plus dans les sondages. Il agit en mode terre brûlée. Je m’interroge sur ses priorités et ses souhaits réels. Et tout le monde est surpris et tétanisé. Je n’ai jamais reçu autant de messages de soutien, de l’externe, mais aussi de l’interne, en ce compris de militants historiques qui ne comprennent plus.
La présence d’une personnalité comme Emin Özkara sur votre liste n’est pas en contradiction avec la lu e contre le communautarisme dont vous vous targuez?
«Olivier Maingain devrait formuler des excuses vis-à-vis de mon chef de cabinet, ainsi qu’aux militants.»
c’est tellement facile. Richelieu disait «isolez-moi six phrases du plus honnête des hommes et je vous le fais pendre». En 2007, Olivier Maingain a traité Yves Leterme d’autiste. Vais-je prendre ce e citation pour dire qu’il méprise les personnes qui ont un trouble autistique? Vais-je prendre deux trois déclarations incendiaires sur le nationalisme flamand pour dire qu’il est raciste, anti-flamand? Il a d’abord essayé de dire que mon collaborateur était malhonnête. Ensuite, on s’a aque à son passé. Est-ce qu’Olivier Maingain, par tweet, nous expliquera bientôt que mon directeur de cabinet a volé des Kinder Surprise à l’âge de cinq ans? Je ne sais pas où ça va s’arrêter. On est dans l’irrationnel.
Comment qualifieriez-vous vos relations avec Olivier Maingain?
Complexes et très difficiles. J’ai toujours de l’estime. Je continue à penser qu’Olivier Maingain est l’homme politique le plus doué de sa génération. Un homme qui est venu me chercher, avec qui ça démarrait bien et avec qui on a eu des discussions fantastiques. J’ai presque envie de vous dire que, quelque part, il me manque. C’est comme si on en avait deux en fait. Il y a un
Je vous invite vraiment à aller faire connaissance avec lui. On a discuté de tous les sujets qui fâchent, l’aba age, le génocide arménien, etc. Et j’ai découvert d’abord quelqu’un d’assez affable, qui revendique un électorat qui dépasse de bien loin la communauté turque. C’est quelqu’un qui est parti du PS, notamment à cause des questions communautaires. À titre d’exemple, il participe à la reconstruction de villages arméniens en Turquie.
Reconnaît-il le génocide arménien?
Il faut lui poser la question directement, il vous répondra sans doute qu’il faut aller vers un processus par lequel la Turquie reconnaît le génocide, mais qu’il faut le faire par étapes pour que ça marche. Mais il le sait très bien et il assume qu’il rejoint un parti qui reconnaît le génocide. Il comprend qu’il faut l’étourdissement préalable. DéFI doit aussi s’ouvrir à la diversité. Il nous a amené du monde, il a rouvert une section à Saint-Josse.
Il est aussi indispensable à votre majorité à Schaerbeek.... Ça peut jouer parce qu’il est aussi intéressé par un rôle local. Mais l’idée, c’est de montrer qu’on a aussi une diversité chez nous. Et sincèrement, il y a une distance réelle entre l’Özkara qu’on croit connaître et l’Özkara qui est.
La communauté portuaire tacle
Bruxelles-Mobilité
LE RÉSUMÉ
La Communauté portuaire bruxelloise avait attaqué le réaménagement de l’axe A12-Van Praet devant le Conseil d’État, sans succès. Une autre action, intentée par deux entreprises de la zone du port, est en cours.
Aujourd’hui, laCPB estime qu’aucune donnée chi rée ne porte sur le temps de parcours complet.
De son côté, BruxellesMobilité défend le sérieux de ses études.
La Communauté portuaire bruxelloise (CPB), persuadée que le réaménagement de l’axe routier du Nord-Ouest de Bruxelles – entre la fin de l’A12 et le pont Van Praet – va nuire à l’accessibilité de la zone portuaire, avait échoué à demander la suspension du permis de réaménagement devant le Conseil d’État. Après avoir réétudié le dossier, la CPB a décidé de faire intervention volontaire dans une action introduite devant le tribunal de première instance par les sociétés Van Moer Logistics et De Meuter. Pour justifier ce e intervention, la CPB apporte une nouvelle pièce au dossier.
Devant le Conseil d’État, la CPB avait échoué à prouver que le réaménagement de cet important axe routier aurait pour conséquence de diminuer la capacité d’absorption des véhicules sur les voiries concernées avec, pour conséquence, un allongement considérable du temps de parcours pour les poids lourds souhaitant rejoindre la zone portuaire de Bruxelles. Le Conseil d’État, se basant sur une expertise du bureau Tractebel Engineering et sur des micro-simulations dynamiques de trafic, avait estimé que la capacité des flux de véhicules serait maintenue et que le temps de parcours ne serait pas réduit.
Le permis attaqué devant le Conseil d’État prévoyait la circulation de transit en sortie de Bruxelles sur l’avenue des Croix du Feu et le basculement de la circulation vers l’avenue Van Praet avec une bande de circulation vers le centre-ville et deux bandes en direction de la ville.
Dans un arrêt rendu au début du mois de décembre, le Conseil d’État avait affirmé que ces affirmations étaient contredites par le rapport d’incidence ayant débouché sur l’octroi du permis de réaménagement. Un autre rapport d’analyse estimait par ailleurs que la situation future ne serait pas affectée de façon négative. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et Fabrice Thiels, secrétaire permanent de la CPB, a analysé les rapports d’incidence et toutes les
Formation
Pour la Communauté portuaire, rien ne permet à Bruxelles-Mobilité ou à la Région bruxelloise de se prononcer sur l’impact du réaménagement de l’axe A12-Avenue Van Praet. © DOC
études réalisées par Bruxelles-Mobilité afin de justifier le réaménagement de cet axe important et son constat est sans appel: Bruxelles-Mobilité n’a réalisé aucune étude chiffrée reprenant le temps de parcours du tronçon de 3,3 kilomètres visé par le réaménagement. À cet égard, la CPB a fait dresser un rapport par
l’étude d’huissiers Aecetia.
Pour la Communauté portuaire, les choses sont claires: rien ne permet à Bruxelles-Mobilité ou à la Région bruxelloise de se prononcer sur l’impact du réaménagement de l’axe A12-Avenue Van Praet et les inquiétudes concernant l’accessibilité de la zone portuaire bruxelloise pour les
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Les nouveaux enjeux de la formation professionnelle
De physique à digitale, de formelle à informelle, d’orientée “contenu” à orientée “contexte”: chez Cefora, la formation professionnelle évolue à grande vitesse. Pour l’entreprise comme pour l’employé, l’enjeu est de rester agile dans un monde en changement permanent.
Dirigeants et employés ont-ils tous pris conscience de l’importance de l’apprentissage tout au long de la vie?
Gisèle Dedobbeleer (en charge de la communication RH chez Actiris et administratrice de l’ASBL Epsilon): “Beaucoup d’organisations ont longtemps considéré le concept de lifelong learning comme moins stratégique que d’autres aspects de la politique RH et organisationnelle. Depuis une quinzaine d’années cependant, il est monté en puissance, et le Covid a encore accéléré les choses.”
Jérôme Robyns (Head of Learning & Tools chez Cefora): “La disparition des carrières linéaires en accentue le besoin. Des études montrent que, là où il fallait autrefois en moyenne 20 ans pour rendre certaines compétences obsolètes, il n’en faut plus que deux ou trois. Et à l’heure où nombre de baby-boomers partent à la pension, la rétention devient un vrai sujet, tout comme la transmission du savoir.”
Comment la digitalisation a-t-elle changé la donne?
J.R.: “Aujourd’hui, 40% de nos formations sont entièrement digitales. Le reste combine présentiel et distanciel. La formation asynchrone, où l’on ne rassemble pas tout le monde en même temps dans une classe, permet d’aller chercher des contenus de son côté et de communiquer avec les autres apprenants de façon informelle et à des moments libres.”
camions étaient bel et bien fondées.
Ce rapport d’huissiers a été versé comme pièce dans le cadre d’une procédure engagée par les sociétés
Van Moer Logistics et De Meuter devant le Conseil d’État néerlandophone. Ces mêmes entreprises ont intenté une action en cessation devant le tribunal de première instance
néerlandophone. Forte de ce constat d’huissiers, la CPB a décidé de se joindre à ce e action afin de contester ce réaménagement voulu par la Région bruxelloise.
Critiques sans fondement
Du côté de Bruxelles-Mobilité, on tient à souligner le sérieux avec lequel le dossier a été mené, expliquant que «les critiques relatives à l’expertise «mobilité» de demande de permis sont sans fondement». De même, Bruxelles-Mobilité explique avoir «travaillé en concertation et transparence totale avec la communauté portuaire».
Dénonçant un «rapport d’huissier tout à fait partiel», l’administration régionale précise que le «critère temps de parcours fait bel et bien partie des critères d’analyse» tout en ajoutant que toutes les études concernant ce projet de réaménagement de l’axe A12-Van Praet ont été contre-analysées par le bureau d’étude de la communauté portuaire.
L’administration estime que ce rapport d’huissier «n’apporte aucun élément au débat et ne peut en aucun cas servir d’argument remettant en cause les expertises de mobilité», a précisé son porte-parole avant de conclure «qu’au moment de déposer la demande de permis, la communauté portuaire était satisfaite du projet amendé».
Jérôme Robyns (Cefora) et Gisèle Dedobbeleer (Epsilon). © Marco Mertens
«En tant que partenaire de la commission paritaire 200, nous voyons augmenter la demande pour les compétences transversales.»
Jérôme Robyns
G.D.: “Une fois mis en ligne, chacun peut activer un contenu à n’importe quel moment.
Et quand des sessions en présentiel ont lieu, on peut autoriser chacun à acquérir les prérequis par le biais de capsules; les participants arrivent alors à la formation en groupe avec un niveau de connaissances plus uniforme, et l’on peut avancer plus vite. Pour autant, la dimension sociale du présentiel demeure souvent très appréciée par les apprenants.”
Chacun est ainsi plus libre de se former à son rythme… G.D.: “Oui, mais cela ne va pas de soi dans toutes les organisations. Le défi, c’est aussi d’outiller les managers afin qu’ils jouent un rôle de relais, de stimulant et de modèle, en permettant de libérer du temps pour que chacun puisse se former – y compris euxmêmes.”
J.R.: “Un autre enjeu est de déplacer le focus du contenu vers le contexte. On trouve des
masses de contenus partout, bons ou mauvais. Or, être compétent, ce n’est pas forcément être bardé de connaissances, mais pouvoir agir efficacement en situation de travail. La vraie plus-value d’un département formation réside dans sa capacité à bien saisir ces situations individuelles.”
«Le défi, c’est aussi d’outiller les managers afin qu’ils jouent un rôle de relais et de modèle, en permettant de libérer du temps pour que chacun puisse se former – y compris euxmêmes.»
Gisèle Dedobbeleer
Comment, plus largement, instiller une culture de l’apprentissage en entreprise?
J.R.: “Pour qu’une formation ait un impact, l’implication des RH est indispensable afin de la concevoir, de la susciter et de la valoriser dans une perspective de développement. Mais il faut surtout un réel engagement de l’apprenant comme du manager. Enfin, cela dépendra aussi d’une culture de l’échange et du mentorat à tous les niveaux.”
G.D.: “La formation est une question de performance, mais aussi de durabilité. Le Deal pour l’emploi devrait inciter les dirigeants à réfléchir de façon plus stratégique au développement des compétences de leurs employés.”
Lisez l’article complet et regardez la vidéo du débat ici:
Économie & Politique Belgique
Une augmentation du salaire minimum à 2.800 euros pour le PS. Un différentiel d’au moins 500 euros net entre ceux qui travaillent et les autres pour le MR. Les salaires sont au cœur de la campagne.
L«a bataille des salaires sera pour les socialistes la priorité des priorités», a annoncé le président du PS dimanche dernier, lors du congrès qui lançait la campagne de son parti. Premier angle d’a aque des socialistes: porter le salaire minimum brut à 2.800 euros, au lieu de 2.000 euros environ actuellement. La proposition est comparable, à l’euro près, à celle du PTB. Le PS va toutefois un pas plus loin, en prévoyant d’ancrer dans la loi de 1996 sur la compétitivité un «mécanisme structurel d’augmentation du salaire minimum, au-delà de l’indexation», pour éviter un décrochage par rapport au salaire médian. Ecolo veut aller dans le même sens, mais via une réforme fiscale qui ferait gagner 350 euros net par mois à ceux qui sont au salaire minimum.
«Je ne peux que me réjouir du fait que les partis politiques mènent le débat sur le sujet de manière relativement sérieuse», réagit Mark Delanote, professeur de droit fiscal à l’UGent, et qui a piloté le travail préparatoire pour la réforme fiscale sur laquelle le gouvernement De Croo n’est pas parvenu à s’accorder. «Tous les partis semblent reconnaître la nécessité d’une réforme, poursuit-il. C’est d’autant plus grave qu’il n’ait pas été possible de dégager une position plus unanime sur le sujet ces dernières années.»
«L’importance a achée aux salaires n’est toutefois pas la même pour tous les partis, note Jean Faniel, directeur du Crisp (Centre de recherche et d’information socio-politique). Au PS, c’est la première section du premier chapitre du programme, tout comme au MR. Chez Ecolo, cela vient dans la seconde partie. Chez les Engagés ou chez DéFI, la question apparaît beaucoup plus loin dans le programme.»
Davantage pour ceux qui travaillent De salaire minimum, il n’est pas question dans le programme du MR. Là, l’accent est clairement mis sur le différentiel entre ceux qui travaillent et les bénéficiaires d’allocations sociales, un différentiel que le parti libéral veut porter à 500 euros net par mois au moins – un incitant puissant pour rechercher activement un emploi, argumente-t-il.
La différence entre ceux qui travaillent et les autres, c’est aussi un des axes forts du programme des Engagés, qui prône l’introduction d’un «bonus bosseur». Il démarrerait à 450 euros par mois, puis serait dégressif, et remplacerait le bonus à l’emploi actuel. DéFI va dans le même sens: il plaide pour un bouclier social qui fait que personne ne se
retrouve avec moins de 1.300 euros net pour vivre, et un salaire minimum de 1.800 euros net, pour «encourager à l’activité et à l’emploi».
Quand on fait remarquer au parti amarante que 1.800 euros net, c’est moins que le salaire minimum actuel pour un isolé, il répond que ses chiffres datent d’un certain temps déjà, et doivent être indexés pour arriver à un salaire minimum de 2.000 euros net pour un isolé.
Convergence sur les bas et moyens salaires
Cela, ce sont les chiffres mis en vitrine. Si on va voir plus en détail les mesures concrètes préconisées, on découvre une certaine convergence sur les bas et moyens salaires, même si c’est avec des intensités très variables et un spectre plus ou moins large.
Les solutions avancées combinent mesures précises et réforme plus large de l’impôt des personnes physiques. Du côté des mesures précises, le MR veut un bonus d’activité pour les bas et moyens salaires, qui pourrait prendre la forme d’une augmentation du forfait de frais déductibles, et qui conduirait à un gain d’au moins 200 euros net par mois. Et particularité, il s’appliquerait à tous, salariés, indépendants, fonctionnaires, ou dirigeants d’entreprise. Le MR veut, en parallèle, revoir les mécanismes fiscaux «perme ant aux allocataires sociaux d’échapper à l’impôt qui frappe les travailleurs».
«Tous les partis semblent reconnaître la nécessité d’une réforme. C’est d’autant plus grave qu’il n’ait pas été possible de dégager une position plus unanime ces dernières années.»
MARK DELANOTE PROFESSEUR DE DROIT FISCAL À L’UGENT
À côté du relèvement du salaire minimum, le PS annonce, lui, une augmentation des bas et moyens salaires de 300 euros net par mois, grâce à une réduction d’impôt fédérale sur les revenus professionnels, avec un crédit d’impôt qui remplace le bonus à l’emploi pour renforcer la différence avec ceux qui sont au chômage – on y revient.
Un crédit d’impôt, c’est aussi ce que prône Ecolo, mais en ce qui le concerne, pour combiner les deux objectifs: augmentation du salaire minimum, et revalorisation des bas et moyens salaires. Les Verts précisent que ce crédit d’impôt dégressif s’arrêterait à 4.000 euros brut par mois.
Le «bonus bosseur» des Engagés toucherait un public beaucoup plus large, puisqu’il n’arriverait à zéro qu’à 8.000 euros brut mensuels.
«Un des défis est d’éviter les pièges à l’emploi, une question très difficile qui dépasse le simple aspect fiscal, et les partis ont différentes propositions dans ce domaine, observe Mark Delanote. D’un point de vue purement fiscal, le bonus à l’emploi ou ses déclinaisons nouvelles sont probablement le moyen le plus logique de lu er contre ces pièges, et plusieurs partis vont dans ce sens. Mais lors de la modulation de ces primes, il faudra veiller à éviter les pièges à la promotion.»
Une réforme fiscale, mais laquelle? Pour le reste, tous les partis francophones représentés à la Chambre veulent une réforme fiscale de l’impôt sur les personnes physiques. Ainsi, c’est en ciblant les réductions d’impôt sur les bas et les moyens salaires, puis en augmentant la progressivité de l’impôt et en la couplant à une globalisation des revenus que le PTB veut assurer le soutien aux bas et moyens salaires. Il ne donne pas de chiffres, mais précise que «ceux qui perçoivent de très hauts revenus, comme les ministres qui gagnent plus de 250.000 euros par an, verront leur imposition augmenter». Le PS se dit lui aussi pour un renforcement de la progressivité des taux, en me ant davantage à contribution le capital. Ecolo veut quant à lui renforcer l’effet distributif en faisant contribuer davantage les très hauts revenus.
De l’autre côté du spectre politique, le MR souligne qu’il n’est pas question pour lui d’augmenter la redistribution fiscale, un mécanisme qui fonctionne déjà trop largement à ses yeux. «10% de plus hauts revenus paient presque la moitié des impôts des personnes physiques», argumente-t-il. Il propose de réduire les charges fiscales des travailleurs et des entrepreneurs de 10 milliards d’euros, avec un relèvement des tranches d’imposition pour que la fiscalité sur le travail soit en ligne avec celle des pays voisins. Il évoque un bouclier fiscal à 50% sur les revenus du travail, mais concrètement, il entend par là supprimer la tranche d’imposition à 50%.
Les Engagés prônent une réforme fiscale sur le travail plus ambitieuse encore – leur vice-président Yvan Verougstraete la chiffre à 20 milliards d’euros. Là aussi, il y aurait révision des tranches d’imposition, et plafonnement des taux à 45%.
DéFI, lui, conserve le taux de taxation de 50%, mais ne l’applique qu’au-delà de 60.000 euros brut par an, au lieu de 42.370 actuellement.
Notons encore que plusieurs partis veulent également augmenter la quotité exemptée d’impôt – à 1.000 euros par mois au PS, à 1.263 euros au MR et 1.287 euros chez DéFI.
«La question de la redistribution est un point important, estime Mark Delanote. C’est dans l’ADN des partis de gauche de plaider pour plus de redistribution, alors que les partis de droite ont un discours différent. Personnellement, j’ai toujours pensé qu’une réforme fiscale ne devait pas, en soi, servir a priori à changer la redistribution. Le but essentiel doit être de réétablir la neutralité dans la taxation de revenus comparables.»
Voitures de société et chèques-repas
Autre élément constitutif de la rémunération pour un nombre croissant de Belges: les avantages en nature. Le PS veut privilégier le salaire en euros plutôt que les instruments alternatifs comme les chèques-repas ou les voitures de société, en instaurant un plafond en montant absolu, qui sera défini en concertation avec les partenaires sociaux.
Quatre partis vont plus loin. Ecolo veut me re fin progressivement à la voiture-salaire et à la carte essence, en les remplaçant par du cash ou un budget mobilité durable. Le PTB demande également le remplacement des voitures de société par du salaire. Et DéFI et les Engagés, qui disent vouloir supprimer les niches fiscales, citent explicitement comme exemple les voitures de société.
Le MR, lui, dit ne pas vouloir ouvrir un débat sur la suppression des voitures de société «tant qu’une réforme fiscale globale perme ant d’augmenter le revenu net des travailleurs n’aura pas été mise en œuvre». Il veut aussi augmenter le montant maximum des chèques-repas, actuellement de 8 euros, à 15 euros, et étendre le système à d’autres avantages, comme la pratique d’un sport.
Revoir la norme salariale
Dernier élément majeur en matière de salaire: la loi de 1996 sur la compétitivité. Ecolo parle de la «corriger», pour redonner de l’espace à la négociation salariale, notamment en améliorant le calcul de la marge, mais aussi en rendant ce e marge indicative, comme c’était le cas précédemment.
Il rejoint là le PTB et le PS, qui veulent aussi étendre ce e indexation des salaires aux secteurs qui n’en bénéficient pas encore.
«Plusieurs propositions du PS et du PTB s’inspirent de celles avancées par la FGTB, remarque Jean Faniel. On peut faire l’hypothèse que sous la pression du PTB, le PS soigne son électorat syndical, comme le faisait déjà le PTB.»
À l’inverse, le MR souligne explicitement que ce e loi de 1996 et le mécanisme d’indexation automatique des salaires, qu’il souhaite préserver, font partie d’un équilibre. Pas question d’y toucher pour les libéraux, en clair.
Les Engagés, eux, entendent la «moderniser», en autorisant des écarts pour les entreprises aux bénéfices importants. «Sur ce e loi de 1996, qui est au cœur du bras de fer entre fédérations d’employeurs et syndicats, les positions entre parts de gauche et de droite restent sensiblement différentes, conclut Jean Faniel. Les partis de gauche veulent laisser davantage de place à des hausses de salaires négociées. Les Engagés proposent seulement d’entrouvrir la porte. Et le MR ne le veut pas.»
Fin du statut de cohabitant: tous gagnants?
LE RÉSUMÉ
Partis de gauche et monde associatif voudraient que l’on supprime le statut de cohabitant
Ce statut pénalise bien souvent les femmes, et est en décalage avec les réalités sociales actuelles.
Sa suppression pourrait néanmoins aggraver le phénomène des pièges à l’emploi
Le coût budgétaire serait de 1,9 milliard d’euros
«Supprimer le statut de cohabitant, c’est réparer une injustice incroyable: dans les années 70, face à la crise, on a choisi de faire des économies sur les allocations des femmes. C’est fou!» Ariane Estenne préside le MOC (Mouvement ouvrier chrétien), qui a mené campagne ces deux dernières années, avec son homologue socialiste (PAC), en faveur d’une suppression de ce e étrangeté de notre sécurité sociale.
Le statut de cohabitant traduit une logique familialiste et paternaliste héritée de l’après-guerre. Celle selon laquelle un «chef de famille» (l’homme) est le dépositaire principal des revenus du ménage et prime sur les «personnes à charge» (femmes et enfants). Suite au choc pétrolier dans les années 70, trois statuts sont créés: chef de famille, isolé et cohabitant. Les montants des allocations de remplacement dépendront donc de la situation familiale de chacun.
Si l’on prend pour exemple le revenu d’intégration, on constate que ce que touche un cohabitant sans personne à charge (825,61 euros) est bien inférieur au revenu d’un isolé (1.223,84 euros) ou d’un chef de famille (1.673,65 euros).
Premières victimes: les femmes
Une situation qui tourne très souvent au désavantage des femmes. La plateforme associative «Stop statut cohabitant» a listé les arguments en faveur d’une réforme. Il s’agit d’une question d’égalité: un cohabitant cotise de la même manière et ses droits sont pourtant moindres. Ce statut engendre des situations de dépendance ou au contraire pousse à s’isoler. Il génère aussi des intrusions de l’État dans la vie privée, des «contrôles du nombre de brosses à dents» pour vérifier que le statut déclaré correspond bien à la situation familiale. Par ailleurs, les modèles familiaux ont évolué: colocation, logement intergénérationnel... L’habitat groupé revêt un enjeu environnemental. Le système actuel est en décalage avec ces nouvelles réalités et avec la question climatique. Il convient donc de changer de modèle et d’individualiser les droits sociaux, argumentent les associations.
«C’est une mesure qui perme rait de répondre à différents enjeux en même temps. En me ant fin à ce e injustice vieille de 50 ans, on rétablit aussi de la confiance envers notre système démocratique», plaide Ariane Estenne. Il n’y aurait donc que des avantages à revoir le système actuel? Au niveau politique, plusieurs partis en sont également convaincus. À
l’automne dernier, le groupe PS à la Chambre a déposé une proposition de loi destinée à abolir le statut de cohabitant. À ce stade, elle n’a pu obtenir le soutien d’une majorité de parlementaires. L’idée figure donc à nouveau en bonne place du programme électoral socialiste en vue des élections législatives du 9 juin. On la retrouve également chez Ecolo et les Engagés. Le MR est moins emballé. S’il reconnaît que le modèle actuel est dépassé, il plaide pour une refonte plus large du système, pointant la limitation dans le temps des allocations de chômage. Par ailleurs, argumente le député libéral Christophe Bombled, «si notre objectif est d’a eindre un taux d’emploi de 80% et de réintégrer les femmes sur le marché du travail, augmenter les allocations sociales pour celles qui restent à la maison ne semble pas être la solution adéquate. Et les travailleurs à faibles revenus risquent finalement de gagner moins qu’un allocataire!»
Nouveaux pièges à l’emploi?
La question des pièges à l’emploi, largement commentée ces derniers mois dans le contexte des pénuries d’emploi et lors du débat sur la réforme fiscale, est abordée dans le rapport rendu par la Cour des comptes en mars 2023 à la demande du Parlement. Il examine en détail les impacts – budgétaires notamment – de la suppression du statut de cohabitant.
«En mettant fin à cette injustice vieille de 50 ans, on rétablit aussi de la confiance envers notre système démocratique.»
ARIANE ESTENNE PRÉSIDENTE DU MOC
C’est particulièrement le cas pour les chômeurs. «La situation des chômeurs de longue durée serait ne ement plus avantageuse, puisqu’ils auraient presque droit à un doublement de leur allocation. Ce e évolution pourrait aggraver les pièges à l’emploi pour ces chômeurs. D’autres raisons expliquent toutefois leur éloignement du marché de l’emploi», note la Cour. Les allocations d’insertion seraient également doublées. «Pour ce e catégorie, le risque de piège à l’emploi pourrait donc être accru de manière significative.»
Au total, 585.000 personnes seraient concernées par un alignement des différentes allocations pour cohabitants (chômage, maladie invalidité, Grapa, RIS...) sur celles des personnes isolées. Le coût est estimé à 1,9 milliard d’euros. Une paille en regard de l’enjeu sociétal d’une telle mesure, estiment les associations. «Il faut quand même aller les chercher», réplique Christophe Bombled.
La Cour des comptes estime que des effets retours sont à prévoir, sur la consommation intérieure et la fiscalité indirecte notamment. Elle n’est cependant pas en mesure de les chiffrer.
Économie & Politique Belgique
L’idée, lancée il y a peu par Jean-François Tamellini (FGTB), à laquelle s’associe aujourd’hui l’économiste Bruno Colmant, perme rait selon eux de responsabiliser la Wallonie.
Colmant et Tamellini appellent la Wallonie à lancer un bon d’État
FRANÇOIS-XAVIER LEFÈVRE partie des canaux d’épargne. La création monétaire de la Banque centrale européenne s’est arrêtée. Les États vont devoir faire face pour leur propre financement qui mécaniquement ne va faire qu’augmenter. Il faudra faire appel à l’épargne nationale.»
L’a elage est pour le moins ina endu. Jean-François Tamellini, leader de la FGTB en Wallonie et Bruno Colmant, économiste, ancien banquier et père des intérêts notionnels du temps où il travaillait dans un cabinet ministériel libéral, se retrouvent aujourd’hui côte-àcôte pour défendre l’idée d’un bon d’État en Wallonie.
Front commun
Le rendez-vous est pris au siège du syndicat, rue Haute à Bruxelles. «C’est moi qui ai contacté Bruno», commence Jean-François Tamellini. «C’est vrai, on a croisé le fer à diverses reprises, on ne partage pas tous les sujets. Il y a récemment eu ce e proposition de bon d’État wallon faite au gouvernement régional. La réponse du ministre du Budget Adrien Dolimont (MR) a été un peu expéditive. Je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de reprendre contact avec Bruno pour savoir ce qu’il pense de l’idée de lancer un bon d’État en Wallonie.»
Voilà pour la genèse. Les deux hommes s’apprécient visiblement et à force d’avoir déba u autour du sujet, ils font front aujourd’hui pour pousser le projet.
Au-delà de toute la saga qui a animé le bon d’État au niveau fédéral ces derniers jours, Bruno Colmant juge le timing particulièrement opportun pour lancer le débat. Notamment en prélude de la prochaine législature. «Je pense que l’idée du bon d’État wallon doit être creusée. Il faut en parler parce que le contexte institutionnel peut changer en Belgique, parce qu’immanquablement les États et les Régions vont devoir se réapproprier une
Leur projet n’a pas encore fixé tous les détails techniques comme la question du taux ou du précompte, ni même celle de la maturité du bon. «Tout cela est très technique et il faudra y répondre», reconnaît Jean-François Tamellini. «Il faudra aussi tester le marché», ajoute Bruno Colmant. «Et commencer par un bon à court terme pour voir quel est le montant des souscriptions, quelle est l’a itude des gens. Et pour les précomptes, il faut se donner les mêmes avantages et inconvénients que l’État. On ne peut pas différencier, évidemment.»
Diktat bancaire versus projet mobilisateur
Le leader de la FGTB donne surtout à l’opération «une dimension politique. Il s’agit de diminuer la dépendance par rapport au marché financier». Il s’en prend au «diktat bancaire». Bruno Colmant se montre plus modéré sur ce e question. «La solidité d’une Région ou d’un pays est fondée sur sa capacité d’épargne domestique. C’est pour ça que la Belgique a un bon rating, malgré un ende ement public important. Je ne suis pas sûr qu’il y a un diktat.» Jean-François Tamellini insiste malgré tout. «La cellule de la de e wallonne a récemment dit qu’il y avait un intérêt à proposer des formules qui limitent la dépendance aux marchés financiers. Avec la fin des transferts financiers qui se profile à partir de 2025, il faut pouvoir être prêt à proposer quelque chose», assure-t-il.
«Je pense que l’idée du bon d’État wallon doit être creusée. Il faut en parler parce que le contexte institutionnel peut changer en Belgique.»
À la FGTB, on croit ainsi que la banque ne doit plus être au centre du jeu. «Il faut renégocier les taux d’intérêt sur la de e publique wallonne et perme re à la Wallonie de poursuivre dans une dynamique qui soit positive. L’Espagne l’a fait sous un gouvernement de droite. Il faut changer la dynamique politique. Les réactions d’Alexia Bertrand (secrétaire d’État au Budget, NDLR) et d’Adrien Dolimont vont plutôt dans l’intérêt des banques», regre e Jean-François Tamellini. Bruno Colmant calme malgré tout l’optimisme de son partenaire. «Les banques n’ont pas l’agilité en matière de taux d’intérêt qu’on peut leur prêter parce que les banques ont des grands bilans à gérer avec des dépôts à court terme, des crédits à plus long terme. Et les banques, finalement, sont des pourvoyeuses de crédits, notamment à la Région wallonne. C’est en cela qu’il serait sain pour la Région wallonne de diversifier ses sources de financement par un bon d’État wallon.» Au-delà du projet de bon d’État régional, reste ce e question: à quoi va servir la souscription? Sur ce point, Colmant et Tamellini s’accordent sur un projet. Pour la FGTB, «le produit d’un bon d’État wallon servirait à financer le programme de relance de la Wallonie. Il y a une dynamique positive qui a été enclenchée avec le plan de relance. Ma crainte est de voir ce e dynamique se casser en 2025 avec le début de la fin des transferts (diminution de 60 millions par an, de façon cumulative jusqu’en 2035, NDLR). Il n’y aura pas un deuxième plan de relance qui va arriver dans les prochaines années. On sent plutôt que c’est l’inverse. On doit amener une réflexion sur la façon de capter des moyens pour prolonger les effets du plan de relance et poursuivre la dynamique. La Wallonie doit pouvoir continuer
à investir dans la création de logements sociaux, dans la rénovation, dans l’économie circulaire, dans les ba eries, dans l’hydrogène. Alors, évidemment que tout le monde ne peut pas acheter des bons d’État wallons, 25 % de la population n’a pas d’épargne, mais c’est dans l’intérêt général de la population afin d’éviter des plans d’austérité», indique Jean-François Tamellini.
Bruno Colmant insiste sur «la responsabilisation régionale». «Il faut arrêter ce langage misérabiliste sur la Wallonie. On sait que la Wallonie est dans une situation compliquée, avec un PIB en croissance molle. Il faut lancer un projet mobilisateur. Ce n’est évidemment par le bon d’État qui va apporter une solution, mais c’est le projet qui se trouve derrière et qui doit être collectif, solidaire et de croissance. Parce qu’il faut quand même de la croissance pour arriver à assurer la confiance des personnes qui vont financer ce bon d’État.» Confiance écornée par Belfius La confiance du citoyen envers l’éme eur sera évidemment déterminante pour mobiliser l’épargne. L’histoire de la Caisse wallonne d’investissement a montré par le passé que la Région pouvait être un piètre gestionnaire avec l’épargne récoltée auprès de ses citoyens.
«C’est pourquoi il sera important de bien expliquer aux citoyens dans quoi seront affectés leurs moyens. Cela devra être pour des projets porteurs. À partir du moment où on sollicite l’épargne populaire, il faut bien montrer à quoi sert l’argent et quel sera l’aboutissement. Cela ne peut pas être quelque chose qui est nuageux. Aujourd’hui, le fait d’avoir les syndicats, les fédérations d’employeurs, les environnementalistes, et le gouvernement ensemble pour co-construire le plan de relance est un élément plutôt rassurant pour les investisseurs et les citoyens. Le bon d’État, c’est un outil pour justement répondre à cet intérêt général. Aujourd’hui, les planètes me semblent alignées pour pouvoir réussir», rassure Bruno Colmant. L’économiste ne minimise pas pour autant les difficultés financières de la Wallonie. «La Wallonie a un tracé d’endettement qui n’est pas bon, qui a temporairement été réduit par rapport au PIB wallon parce qu’il y a eu de l’inflation, mais il est clair qu’il y a un manque de croissance global pour absorber de manière naturelle cet ende ement. Il faut de la croissance, et donc un projet. Mais j’y crois très fort.» La feuille de route dessinée, il reste maintenant à voir quel parti politique soutiendra l’idée après les élections. La prochaine coalition régionale sera déterminante pour leur projet. Tout cela fait évidemment beaucoup d’inconnues pour le bon d’État wallon. D’autant que la banque Belfius a fait part de ses craintes quant à la possibilité de voir le PTB monter dans le prochain exécutif avec le risque d’assister à une envolée de l’ende ement wallon.
N’est-ce pas un signal qui devrait refroidir d’éventuels souscripteurs alors que le président de la FGTB, Thierry Bodson, a récemment appelé à une coalition avec le PTB? «Belfius est une banque systémique. Elle doit gérer ses risques de concentration, c’est-à-dire les concentrations de crédit qu’elle donne à différentes contreparties. Moi qui suis un ancien banquier, je trouve l’a itude de Belfius lisible et cohérente», dit Bruno Colmant. Jean-François Tamellini refuse pour sa part de politiser le débat et assure ne pas plaider pour une arrivée du PTB au pouvoir en Wallonie. «La FGTB wallonne n’appelle pas à une coalition en citant des partis. On appelle simplement à avoir la coalition la plus progressiste qui soit.» Le mot de la fin revient à Bruno Colmant. «Il faudra un gouvernement qui intègre les contraintes sociales et qui reconnaisse le besoin d’entrepreneuriat. Il faut surtout éviter qu’un chômeur devienne un chômeur de longue durée.»
En RDC, le groupe rebelle du M23 aux portes de Goma
LE RÉSUMÉ
En République démocratique du Congo, les groupes rebelles, principalement le M23, sont tout proches de Goma, capitale du Nord-Kivu
Félix Tshisekedi, président congolais, refuse de négocier avec le Rwanda, qui soutient les rebelles.
La communauté internationale, dont la Belgique et les États-Unis, tentent de forcer les discussions
Le ballet diplomatique international s’est encore accéléré ce e semaine pour calmer les tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Les combats opposant l’armée congolaise au M23, soutenu par Kigali, se sont intensifiés ces dernières semaines à l’est de la RDC.
Le M23 est aujourd’hui aux portes de Goma, capitale du Nord-Kivu. Ou plutôt l’AFC, l’Alliance Fleuve Congo, qui réunit plusieurs composantes, dont le M23. Ils ont pour objectif «un changement de régime en RDC, l’établissement d’un État de droit, des élections crédibles, des députés élus et non nommés», explique Bob Kabamba, professeur de sciences politiques à l’Université de Liège.
Conglomérat de groupes armés
Ce e situation chaotique plonge ses racines dans les années Mobutu et s’est nourrie des ressentiments des Tutsis venus du Rwanda à l’égard des Hutus congolais, dont ils se sont sentis rejetés.
Après plusieurs crises et apaisements, le M23 avait repris les armes fin 2021 et s’était emparé de larges pans de la province du Nord-Kivu, comme ant diverses exactions et faisant fuir plus d’un million de personnes.
L’armée congolaise, épaulée par des troupes d’Afrique de l’Est, puis d’Afrique australe, ainsi que par deux sociétés militaires privées (une française et une roumaine), ne parvient pas à rétablir la stabilité dans ce e zone où gravite une myriade de groupes armés.
Or, aucun pays n’a intérêt à ce que la situation dégénère, par crainte de voir toute l’Afrique centrale déstabilisée. D’où les efforts des États-Unis, de la Belgique, de la France, de l’East African Community et de son pendant d’Afrique de l’Ouest, de l’Union africaine...
Le processus de Luanda tente de réconcilier les deux voisins, tandis que le processus de Nairobi œuvre à désarmer les groupes armés.
Pourquoi ne pas négocier?
«La situation des prochains jours dépend de la capacité à imposer le dialogue», résume Bob Kabamba. «Du côté de la RDC, on ne veut pas négocier avec le M23. Le président Tshisekedi avait taxé, durant la campagne électorale, Kagame de Hitler. Il a aussi dit qu’il allait a aquer le Rwanda. Avec ce discours, il est difficile de réunir les gens autour de la table.»
Selon l’analyse du professeur de l’ULiège, le président congolais ne cèdera à la pression internationale que s’il n’y a pas d’autre solution. «Si l’AFC prend une part significative du territoire... Or, elle est en position de force. Si Goma tombe, Bukavu suivra ainsi que d’autres villes.»
«Mais actuellement, à Kinshasa, c’est plutôt la course aux postes ministériels, ils pensent plus à décrocher des positions rentables qu’à ce
Des milliers de personnes ont fui l’avancée du M23 en se réfugiant à Goma, aujourd’hui cible des rebelles. «Si Goma tombe, Bukavu suivra ainsi que d’autres villes.»
BOB KABAMBA PROFESSEUR À L’ULIÈGE
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
CONGOBRAZZAVILLE ANGOLA
Kinshasa 300 km
SUD SOUDAN Kisangani
NORD KIVU
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
La Commission va débloquer 137 milliards d’euros pour la Pologne
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, s’est dite impressionnée par les efforts de la Pologne «pour restaurer l'État de droit», depuis le retour au pouvoir de Donald Tusk.
AFP
L’exécutif européen va proposer sous peu de débloquer des fonds de relance et de cohésion destinés à la Pologne, à hauteur de 137 milliards d’euros. «Nous sommes impressionnés par vos efforts et ceux de la population polonaise pour restaurer l’État de droit comme colonne vertébrale de votre société», a exprimé ce vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elle a applaudi le plan d’action présenté par le gouvernement polonais aux 27 ce e semaine.
«Sur base des réformes lancées et des avancées immédiates sur le plan de l’indépendance judiciaire, j’ai de bonnes nouvelles: le collège va proposer deux décisions la semaine prochaine, sur des fonds européens pour la Pologne qui sont aujourd’hui bloqués. Ces décisions libéreront jusqu’à 137 milliards d’euros, de Next Generation EU et des fonds de cohésion».
d’indépendance des juges, un prérequis pour obtenir les subventions et prêts.
Mais les réformes judiciaires controversées du précédent gouvernement polonais ont aussi freiné l’accès de Varsovie à des dizaines de milliards de fonds de cohésion, des budgets censés réduire l’écart entre régions plus riches et plus pauvres en Europe.
Les réformes judiciaires controversées du précédent exécutif ont freiné l’accès de Varsovie à des dizaines de milliards de fonds de cohésion.
Lubumbashi Goma
Bukavu
SUD KIVU
ZAMBIE TANZANIE BURUNDI RWANDA OUGANDA
Volte-face avec Tusk
Une trentaine de milliards correspond à des budgets réservés à Varsovie dans le cadre de la Facilité pour la reprise et la résilience, l’instrument de financement postcovid au cœur du plan de relance mis en place par l’UE. Jusqu’ici, la Pologne n’a pas obtenu de première tranche de financement, car son plan de relance exige certaines garanties en matière
Le revirement européen suit le retour au pouvoir de l’europhile Donald Tusk, après des années dominées par les eurosceptiques du parti Droit et justice, accusés d’avoir détricoté les garants de l’indépendance du système judiciaire à coups de réformes régulièrement épinglées par la Cour de Justice de l’UE. Donald Tusk avait fait du retour en grâce de la Pologne auprès de l’UE une de ses priorités. Ce e semaine, il avait présenté aux ministres des Affaires européennes des 27 une feuille de route de réformes visant à répondre aux préoccupations de l’UE sur l’État de droit.
ALLEMAGNE
Feu vert à la légalisation du cannabis récréatif
qui se passe à l’est du pays. Goma est à 2.000 kilomètres de Kinshasa...»
Le président congolais semble plutôt réarmer ses troupes, pour appuyer l’option militaire. «Mais depuis quelques jours, le M23 n’avance plus sur le terrain, alors qu’il est aux portes de Goma.» Une tempérance de la part des rebelles pour laisser place à la discussion? «Tous les cadres politiques de l’AFC ne sont pas des Tutsis, il y a des Hutus, des gens de toutes les provinces», insiste Bob Kabamba.
La vie à Goma est déjà difficile. Les voies de communication sont coupées, sauf la route par le Rwanda, la voie aérienne et par bateau. Les denrées alimentaires coûtent de plus en plus cher aux deux millions d’habitants auxquels s’ajoutent des milliers de réfugiés.
«Si le M23 prend Goma, il aura besoin de la confiance de la population, et donc de rassurer les civils», explique Bob Kabamba.
Les minerais de sang
Un paramètre économique pourrait intervenir. Lundi, l’UE et le Rwanda ont conclu un protocole d’accord pour favoriser les chaînes de valeur «durables» pour les matières premières critiques. Il s’agit des minerais de sang: tantale, étain, tungstène, or, niobium, lithium... Ce texte en rend plus d’un perplexe. Le prix Nobel de la paix 2018 et ex-candidat à la présidentielle,
«Du côté de la RDC, on ne veut pas négocier avec le M23.»
BOB KABAMBA PROFESSEUR À L’ULIÈGE
Le parlement allemand a donné, vendredi, son feu vert définitif à la légalisation du cannabis récréatif, adoptant une loi phare pour le gouvernement d’Olaf Scholz, mais qui fait l’objet de nombreuses critiques. Lors d’un vote au Bundestag, le texte a été adopté à 407 voix pour et 226 voix contre, entérinant une légalisation à compter du 1er
Denis Mukwege, a dénoncé un «paroxysme du cynisme en matière de géostratégie», minant «la crédibilité des institutions internationales».
Félix Tshisekedi s’est aussi insurgé, signalant que ce protocole «encourage le pillage des ressources naturelles congolaises par le Rwanda». Voilà qui complique plus encore les tentatives diplomatiques... La République démocratique du Congo recèle en effet quantité de matières premières stratégiques pour la transition écologique. «Le secteur minier est contrôlé à 90% par la Chine, qui ne se mêle pas des problèmes internes tant que ses intérêts économiques ne sont pas menacés», pose Bob Kabamba. «Mais les ÉtatsUnis vont-ils laisser la Chine contrôler à ce point la transition de l’économie mondiale? Ils ont, dans ce conflit, un intérêt à se montrer, une carte à jouer!»
L'ONU dénonce «des violations grossières des droits humains»
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a dénoncé vendredi «les violations grossières» des droits humains «par toutes les parties», en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, réclamant que justice soit faite et que les responsables rendent des comptes. «La justice est une condition préalable pour mettre fin aux cycles de violence et pour que les Palestiniens et les Israéliens puissent prendre des mesures significatives vers la paix», a déclaré le haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
Madbouli.
Économie & Politique
Monde
Permis de travail suspendus, check-points renforcés, touristes volatilisés, taxes non versées: plus de quatre mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, la Cisjordanie subit une crise économique d’une ampleur inédite.
En Cisjordanie, une crise économique sans précédent
Il suffit de passer la porte de son magasin pour qu’Alaa Zakarnen explose: «Vous voyez toutes ces vestes? Je les ai achetées pour 100 shekels chacune (environ 25 euros) et je suis contraint de les revendre 50 shekels seulement pour en tirer un peu de liquidités! En pleine crise économique, les gens gardent le peu d’argent qu’ils ont pour acheter du pain plutôt que des vestes», exulte ce commerçant palestinien de 33 ans, qui tient une boutique de vêtements pour hommes dans le centre de Jénine, une ville du nord de la Cisjordanie occupée. Depuis le mois d’octobre, ses étagères restent pleines à craquer de vêtements de contrefaçon qu’il avait fait venir de Chine en prévision de la saison hivernale. Mais les clients sont si rares et si pauvres qu’il s’est même mis à vendre à crédit. «Lui, là, il me doit encore 300 shekels pour ses achats», dénonce Alaa, mi-exaspéré, mi-amusé en désignant son neveu d’un geste de la main. «Oui, c’est vrai, concède Ibrahim, 25 ans. Mais qu’est-ce que tu veux que je te dise, je suis au chômage!» Le jeune homme a bien tenté de vivoter de petit boulot en petit boulot, mais la guerre en a décidé autrement. «Je vendais des fruits et des légumes dans la rue jusqu’à ce qu’un bulldozer écrase mon échoppe lors d’un raid de l’armée israélienne», dit-il en sortant son téléphone pour montrer des images de ses oranges et caro es éparpillées sur l’asphalte.
«65% de l’économie de Jénine dépend de ces visiteurs extérieurs qui n’ont désormais plus accès à nous à cause de la fermeture de la ‘frontière’.»
MOHAMMED KAMIL DIRECTEUR DE LA CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE JÉNINE
Étranglée par les check-points et les a aques des colons, régulièrement ba ue par les opérations militaires israéliennes, Jénine fait face à une pénurie criante de consommateurs, en particulier des Palestiniens citoyens d’Israël, habitués à venir ici pour faire leurs achats à moindres frais.
«65% de l’économie de Jénine dépend de ces visiteurs extérieurs qui n’ont désormais plus accès à nous à cause de la fermeture de la ‘frontière’. Ça représente un manque à gagner énorme. Et à cause des violences, même les habitants des environs n’osent plus venir parce qu’ils ont peur. En tout, les volumes des ventes ont diminué de 80%, révèle Mohammed Kamil, le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de Jénine. La situation était déjà très compliquée avant, mais depuis le 7 octobre, nous traversons la pire crise économique de l’histoire de Jénine.»
Des permis de travail suspendus Dans l’atmosphère enfumée du café «cinéma», plusieurs groupes de jeunes hommes jouent aux cartes en buvant du thé, tout en gardant un œil distrait sur l’écran de leur portable au cas où ils recevraient une alerte les informant d’un nouveau raid de l’armée.
Faute de mieux, la plupart d’entre eux sont ici tous les jours ou presque. «Moi, lui et lui, on est tous sans travail», souffle Mujahed Jehada, 28 ans, qui doit faire face, comme 30.000 autres travailleurs locaux, à la suspension du permis qui lui perme ait d’aller offrir ses services en Israël ou dans les colonies. Des permis spéciaux que les travailleurs de Cisjordanie se sont vu immédiatement retirer suite aux massacres perpétrés par le Hamas qui ont coûté la vie à quelque 1.200 personnes côté israélien.
Pour financer les travaux, il emprunte à des proches plusieurs dizaines de milliers d’euros, confiant qu’il pourra les rembourser rapidement grâce à son salaire généreux de serveur dans un café situé sur la côte. «Je n’ai désormais plus le droit d’aller travailler en Israël et c’est impossible de trouver du travail ici», assure ce diplômé en comptabilité de l’Université arabe américaine de Jénine. «Je suis au chômage depuis le début de la guerre et les gens qui m’ont fait un prêt commencent à m’appeler pour récupérer leur argent.»Son ami Hamza, 31 ans, vit, lui, sur les fonds qu’il avait mis de côté en prévision d’un projet d’émigration vers la Belgique: «avec les économies qu’il me reste, je peux encore tenir un mois ou deux. Après ça, je ne sais pas comment je vais faire.» En tout, ce sont près de 200.000 travailleurs de Cisjordanie qui se sont vu retirer leur permis suite au 7 octobre. Une mesure de sécurité, d’après l’Etat hébreu.
Une «punition collective», selon Raja Khalidi, directeur de l’Institut de recherche sur la politique économique de la Palestine (MAS).«La suspension des permis, les consommateurs palestiniens d’Israël et de Jérusalem qui ne viennent plus, les incursions de l’armée à Jénine, Tulkarem et Naplouse qui sont autant de ‘mini-Gaza’, le renforcement des check-points, un climat d’affaires plein d’incertitudes: toutes ces vagues, mois après mois, ont créé une situation désastreuse», résume cet économiste de renom. À cela, il faut aussi ajouter les revenus liés aux taxes et impôts qu’Israël a confisqués.
En vertu des accords d’Oslo, l’Etat hébreu perçoit diverses taxes
pour le compte de l’Autorité palestinienne qui lui sont ensuite reversées. Mais depuis le début de la guerre, Israël retient une partie importante de ces revenus: environ 150 millions d’euros par mois sur les 190 millions que l’Autorité palestinienne devrait recevoir, gelant notamment les fonds qui auraient dû servir à payer les salaires et les pensions de ses fonctionnaires résidant à Gaza.
«C’est difficile de comprendre à quoi jouent les Israéliens. L’effondrement de l’économie palestinienne engendrerait fatalement un effondrement sécuritaire, ce qui n’est pas dans leur intérêt», souligne un diplomate européen en poste à Jérusalem. La Norvège, qui préside le groupe des donateurs internationaux pour la Palestine, a toutefois annoncé il y a quelques jours avoir négocié un accord temporaire pour débloquer ces rece es de dédouanement, qui représentent 65% des revenus de l’Autorité palestinienne. L’église de la Nativité, située sur le lieu de naissance supposé de Jésus-Christ, est si vide que chaque murmure,
chaque pas résonne comme un cri. «Je crois que je suis le seul touriste à Bethléem», s’étonne un touriste japonais croisé à l’entrée de ce lieu de culte.
Des salaires bloqués, des taxes impayables
Au quatre étoiles «Grand Hôtel», le gérant, Farès Fouad Bandak, ne prend même plus la peine d’allumer les lumières. Dans la pénombre, une photographie de Jacques Chirac, venu visiter cet établissement alors qu’il était maire de Paris, fait face à deux ascenseurs flambant neufs. «Nous venions de faire de grands travaux de rénovation durant l’été. Nous étions très optimistes, nous avions prévu d’obtenir de bonnes rentrées durant la saison hivernale pour nous perme re de rembourser nos de es», précise ce quinquagénaire, enfoncé dans l’un des fauteuils du lobby.
Il raconte que dans la nuit du 6 au 7 octobre, ses 104 chambres étaient toutes remplies de touristes allemands, grecs et polonais qui se sont volatilisés en moins de 48 heures. «Depuis lors, l’hôtel est resté complètement vide, à l’exception du réveillon de Noël. Des journalistes sont venus pour une nuit et c’est tout», se désole-t-il.
«Durant la pandémie de Covid-19, nous étions sous l’eau et nous commencions seulement à respirer à nouveau. Puis un tsunami est arrivé. Le secteur du tourisme, c’est le pire: les clients sont les premiers à déguerpir et les derniers à revenir.»
À la mairie, on précise que 5.000 travailleurs locaux dépendent d’une industrie touristique aujourd’hui moribonde. Ce à quoi il faut ajouter 17.000 travailleurs qui se sont retrouvés au chômage suite à la suspension de leur permis
Pour le jeune homme, bonnet noir et barbe hirsute, ces restrictions n’auraient pas pu tomber à un pire moment. Lorsque la guerre démarre, il est en pleine lune de miel, occupé à mener de grands travaux dans la maison de ses parents pour ajouter un étage qui pourra l’accueillir avec son épouse, selon une pratique commune. Une femme marche dans une rue détruite du camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.
et 14.000 à 15.000 fonctionnaires et pensionnés qui, jusqu’à présent, ne touchent qu’une partie de leur salaire en a endant qu’Israël débloque les fonds destinés à l’Autorité palestinienne.
«Aujourd’hui, le ministère palestinien des Finances doit environ 20 millions de shekels (5 millions d’euros) à la municipalité de Bethléem. En plus de ça, nous
80%
Les volumes des ventes ont diminué de 80% à Jénine, selon la Chambre de commerce et d’industrie de la ville.
avons également 27 millions de shekels de taxes et impôts que les résidents doivent à la municipalité, mais comme tout le monde est en difficulté, ils n’ont pas les moyens de faire ces paiements pour le moment», expose Anton Salman, le maire de la ville, en sortant d’une réunion consacrée à ce e crise économique.
Las, il rappelle que lorsque les revenus des taxes seront débloqués, que les travailleurs palestiniens pourront retourner en Israël et que les touristes referont la file devant l’église de la Nativité, il restera toujours une «économie sous occupation» qui peine à subvenir aux besoins de la population.
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Les coulisses
Par la rédaction
Le fiscaliste et sa réforme
► Mark Delanote, professeur à l’Université de Gand et avocat pour Delanote.law, était l’invité mercredi du Belgian Finance Center (BFC) où il a été accueilli par Sonja Ro iers, la nouvelle présidente, et Bruno Colmant, son prédécesseur. Sujet du jour «Réforme de la fiscalité en Belgique: comment me re en place un système équitable». Mark Delanote (photo) n’est autre que le coordinateur du groupe de travail sur la réforme fiscale qui avait préparé en 2022 une note de vision à destination du ministre des Finances Vincent Van Peteghem. Mais ce e vaste réforme fiscale, on le sait, n’a pas abouti. Delanote a rappelé qu’il avait mené sa mission avec une série d’universitaires de renom provenant de toutes les régions du pays. Plusieurs piliers avaient été pris en
compte: efficience, redistribution, sécurité juridique et simplicité. Mais le fiscaliste avoue qu’il a été déprimé par certains commentaires. Pour rappel, certains politiciens l’ont même qualifié de communiste parce qu’il souhaitait taxer tout ce qui ne l’était pas encore actuellement. Ce qui était totalement faux, confie le professeur gantois qui se dit d’ailleurs plutôt de tendance libérale. Il a indiqué qu’il avait même été pris à partie par quelques individus très fâchés lors d’une conférence à Finance Avenue
À la «Une» du Financial Times
► Ce e photo a fait la «Une» mardi de toutes les éditions du Financial Times, en Europe, en Asie et aux États-Unis. On y voit la ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib recevoir la veuve de l’opposant russe Alexeï Navalny. La photo a été prise par Dirk Waem de l’agence Belga. Ioulia Navalnaïa est intervenue devant les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne réunis à Bruxelles. Elle a été longuement applaudie à la
La meilleure voiture électrique, c’est le train...
distinguer un drapeau belge en arrière-plan. Et heureusement, le nom du photographe Dirk Waem est quant à lui bien mentionné. Bravo à lui.
Le B19 se donne des ailes
► D’Uccle à Charleroi, il n’y a qu’un pas... Libéré de la gestion opérationnelle de ses murs ucclois, confiés il y a un an et demi au club de sport voisin (David Lloyd), John-Alexander Bogaerts consacre depuis son énergie au développement de son cercle d’affaires B19. Il s’appuie pour ce faire sur une directrice générale pour Bruxelles et la Wallonie en la personne de Nathalie Ducobu, une équipe renouvelée pour Anvers et Gand, François Fornieri pour l’activité liégeoise et les frères Lhoist pour la présence au Luxembourg. Sa communauté de 1.650 membres pourra toutefois se réunir ailleurs encore. Une inauguration organisée par Mediafin (L’Echo et De Tijd). Ils lui reprochaient de ne pas évoquer les dépenses de l’État. Il avait rétorqué que ce n’était pas à lui de discuter des dépenses de pension, de sécurité sociale ou de défense. «Je suis d’accord sur le fait que les dépenses de l’État doivent être gérées de manière efficace. Mais ma note portait sur la structure de la fiscalité. Et rien d’autre».
fin de sa brève allocution où elle a réaffirmé son engagement à poursuivre le combat de son mari. «Je lui ai assuré mon plein soutien, celui de la Belgique et de l’Union européenne», a commenté Hadja Lahbib. Seul petit bémol peut-être, le nom de la ministre libérale n’est mentionné nulle part dans la légende de la photo publiée par le FT. Les seuls commentaires cités sont ceux de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. Le lecteur a entif aura toutefois pu
Souvent critiqué, Georges Gilkinet n’a pas froid aux yeux. Présent au sommet de la Febiac, le ministre fédéral de la Mobilité a participé à un débat devant un parterre de spectateurs pas spécialement acquis à sa cause. «Good Move» ou manque de bornes de recharge en Wallonie, le ministre a dû subir une série de critiques sur des problèmes qui ne sont pas de sa compétence, mais que de nombreux participants associent au mouvement écologiste. Ancien journaliste automobile, Julien Matagne, des Engagés, a ainsi pesté sur le ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry, qui «ne fait rien pour les bornes depuis quatre ans et demi». Georges-Louis Bouchez a demandé de «laisser les ingénieurs travailler» et plaidé pour «une neutralité technologique», estimant qu’à terme, «on aura peut-être six ou sept types de motorisations». Un discours qui parle aux anciens de la Febiac, mais qui correspond moins à ce qui a été décidé au niveau européen. Si le ministre Gilkinet a confirmé que la voiture continuerait à faire partie de la mobilité, il n’a pas changé son discours pour autant. «Ma voiture électrique préférée, c’est le train», a dit le vice-Premier provoquant le brouhaha parmi quelques participants bruyants. Alors qu’il regardait plus tard les voitures électriques présentées dans le prestigieux skyhall de l’aéroport national, il n’a pas manqué de demander aux exposants: «Pourquoi ne faites-vous pas de plus petites voitures?» «Moi, dans le passé, j’avais une Volkswagen Fox. Je préfère les petites voitures», nous soufflera plus tard le ministre.
d’une nouvelle antenne est en effet prévue pour début mars à l’aéroport de Charleroi, fort d’une conférence animée par le maître des lieux, Philippe Verdonck. Le secrétaire d’État à la Relance et carolo, Thomas Dermine (PS), n’aura donc plus à l’avenir à courir jusque Mont-Saint-Guibert, où il était invité mercredi dernier. On pourrait dire la même chose du Namurois Maxime Prévot (Les Engagés), à compter de la mi-avril. Une autre base est également prévue à l’aérodrome de Temploux, entend-on. Sous la houle e d’Olivier de Spoelberch, qui compte parmi les actionnaires de référence d’AB InBev, et du CEO Benjamin de Brocqueville, une mue profonde a été enclenchée. Objectif? Relancer l’activité aérienne, mais aussi «développer un véritable pôle économique en a irant des entreprises et de l’événementiel». La boucle sera bientôt bouclée.
Le chien d’Alexia Bertrand dans la jungle parlementaire
C’est passé un peu inaperçu, mais, cette semaine, un membre du gouvernement est tombé. L’information a filtré jeudi en séance plénière de la Chambre. Priée de justifier son refus de soutenir fiscalement le bon d’État à un an, Alexia Bertrand (Open Vld) s’est rendue à la tribune en traînant les pieds. Littéralement. La secrétaire d’État était visiblement ralentie par quelque douleur plantaire, si bien qu’elle crut devoir se justifier en précisant, non sans humour, que ce n’était «pas le bon d’État qui (lui) cassait les pieds», mais bien… son chien. En la faisant trébucher, l’animal avait dû faire mal à la libérale (homéotéleute o erte par la maison...). On rassure tout de suite: Madame Bertrand reste parfaitement alerte; en e et, par deux fois, elle a voulu reprendre la parole avant que toutes les questions parlementaires lui aient été adressées, ce qui lui a valu une petite remontrance de la présidente Éliane Tillieux («Vous êtes bien pressée, madame la secrétaire d’État!»). L’assemblée étant une véritable jungle, ce genre de micro-incident attire vite les sarcasmes, comme Alexia Bertrand a pu en faire l’expérience. Christophe Lacroix (PS), l’un des députés dont l’intervention avait été ainsi très légèrement di érée, ne résista pas à l’envie de lui recommander la patience en ces termes: «Madame la secrétaire d’État, l’attente accroît le désir… ». Maxime Prévot opta quant à lui pour le tacle assassin: «Madame la secrétaire d’État, j’aurais souhaité que vous témoigniez du même empressement pour les épargnants.» Une véritable jungle, on vous l’avait dit.
(Les Engagés)
«Nous avons de plus en plus de mal à imaginer notre avenir»
Deux ans de guerre en Ukraine
> Anna Colin Lebedev: «Le pouvoir russe est déstabilisé de toute part»
> Le lent basculement de l’Europe vers une économie de guerre
> «L’Ukraine ne se rendra jamais», reportage à Kiev
Regards
Deux ans après le déclenchement de la guerre ouverte de Vladimir Poutine contre l’Ukraine, la chercheuse Anna Colin Lebedev dépeint un régime fragile dans une société qui fait le gros dos. Frédéric Rohart
Anna Colin Lebedev
«Le pouvoir russe est déstabilisé de toute part»
Pour Anna Colin Lebedev, la répression politique en Russie est un signe de fébrilité qui ne trompe pas: le pouvoir est inquiet de son assise, conscient que s’il tient bon, c’est grâce à de fragiles emplâtres. Née à Moscou, elle a qui é l’Union soviétique à quatorze ans, quand sa famille a obtenu l’asile politique en France. Politologue et sociologue, elle a vécu et travaillé en Ukraine et en Biélorussie, et est aujourd’hui enseignante-chercheuse à l’université Paris Nanterre. Elle est notamment autrice de «Jamais frères? Ukraine et Russie, une tragédie postsoviétique» (Seuil, 2022).
En deux ans, ni l’échec initial de l’invasion, ni les pertes humaines, ni les sanctions n’ont semblé affaiblir Vladimir Poutine: est-ce que ce e guerre le renforce?
Le pouvoir russe ne s’est pas effondré et le pays montre une certaine résistance aux difficultés énormes qu’il rencontre. Mais quand on observe les dynamiques à l’intérieur du pays, on constate une déstabilisation très profonde. Beaucoup d’indicateurs montrent un régime qui a besoin de mobiliser énormément de ressources pour tenir. Pour tenir économiquement, pour tenir politiquement, pour tenir l’adhésion de la population. Et cela, sans même parler de ce qu’il se passe sur la ligne de front. Donc, non: on n’observe certainement pas un renforcement et une stabilisation du pouvoir.
Quels sont les éléments de déstabilisation dont vous parlez?
Le régime politique russe n’a pas été façonné pour les missions qu’on lui demande d’accomplir aujourd’hui. C’était un régime autoritaire basé sur une distribution de rentes, elles-mêmes basées sur les ressources dont disposait l’État. La loyauté des élites et de la population reposait sur une relative prévisibilité et stabilité de la réception de leur petite partie de la rente.
Aujourd’hui, le pouvoir russe est déstabilisé de toute part.
Plusieurs secteurs de l’économie sont en grandes difficultés. Même si les entreprises russes ont de grandes capacités d’adaptation, la stabilité et la prévisibilité ont volé en éclats.
Par ailleurs, la guerre a mis en danger de mort quelques centaines de milliers de Russes sur le front, et toute la population masculine craint une reprise de la mobilisation. La situation actuelle présente aussi un coût très important pour les élites politiques et administratives, qui se sont trouvées enfermées à l’intérieur de la Russie.
Pour ces trois groupes, les milieux économiques, les Russes ordinaires et les élites politico-administratives, c’est une situation de grande instabilité que le pouvoir doit sans cesse colmater.
Comment le régime pérennise-t-il la loyauté des Russes?
Un pouvoir qui tient bien en place n’a pas besoin de répression: il tient par l’allégeance. Quand on voit les répressions politiques s’accroître en Russie, ce sont des signaux de fébrilité d’un pouvoir inquiet de son assise. Le pouvoir russe cherche donc à ne renoncer ni à la promesse de stabilité, ni à la promesse de prospérité.
La promesse de stabilité passe par une minimisation de la guerre dans l’espace public: la consigne est donnée de parler le moins possible de la guerre, «tout est sous contrôle, il y a des victoires, vous n’avez pas à vous inquiéter». Par ailleurs, le régime injecte des sommes énormes dans la société. Les soldes données aux comba ants ne cessent d’augmenter – certains vont toucher en un mois l’équivalent de ce qu’ils gagnaient en un an de salaire civil! Et on injecte de l’argent dans la sphère militaro-industrielle, avec beaucoup de commandes publiques.
Avec quel argent?
L’économie est maintenue à flot grâce au pactole que l’État russe a constitué par la vente d’hydrocarbures et de matières premières, un peu avec notre aide, donc. C’est une économie gonflée aux stéroïdes, mais cet État russe n’a pas beaucoup de nouveaux revenus.
Pour emporter l’adhésion, est-ce qu’il a adapté sa manière de diffuser son récit?
Jusqu’il y a peu, le pouvoir russe reposait sur des postulats
Deux ans de conflit: l’économie belge face à l’épreuve ukrainienne. Un podcast spécial du Brief à écouter en ligne.
idéologiques très vagues. La ligne politique du parti Russie Unie était simplement le soutien à tout ce que le pouvoir voudra. Aujourd’hui, il y a une volonté d’introduire de l’idéologie dans la tête des jeunes Russes, notamment via l’éducation. Mais on ne sait pas grand-chose de l’imprégnation de ces idées dans la population. Prenez ces débats radicaux à la télévision russe, où on parle de 3e guerre mondiale et de lâcher la bombe atomique: les audiences de ces émissions ont continuellement baissé depuis le début de la guerre, et les chaînes en ont remplacé un certain nombre par des émissions de divertissement parce qu’elles ont besoin de revenus publicitaires... C’est un indice qui invite à ne pas faire une évaluation trop directe de l’impact.
L’Union soviétique avait une idéologie très forte, qu’on imaginait fortement imprégnée dans la population. Les gens scandaient les slogans qu’il fallait scander, parlaient avec les éléments de langue de bois avec lesquels il fallait parler. Mais le jour où l’URSS s’est effondrée, c’est comme si ce e idéologie n’avait jamais existé...
L’idéologie de Poutine est-elle forte et cohérente?
On n’est pas encore en présence d’une idéologie complète et structurée. Ce qui manque clairement, c’est un projet d’avenir – certains disent avec ironie que le seul projet d’avenir proposé par le poutinisme, c’est le passé. Le pouvoir russe propose à la population de se sacrifier pour la bonne cause, sans que la bonne cause ne soit vraiment définie. Et il cherche à construire ce discours sur des valeurs qui ne sont pas partagées par les Russes.
Les valeurs de sacrifice de soi au nom du collectif, c’est précisément ce que les Russes ont cherché à fuir ces trente dernières années, s’a achant au contraire à construire leur bien-être individuel.
Le pouvoir cherche aussi à s’appuyer sur des valeurs qu’il emprunte à l’Église orthodoxe, mais elles ne sont pas partagées par les Russes, qui ne sont pas du tout pratiquants et connaissent mal les préceptes de l’église.
Comment expliquer alors le peu de réaction visible de la part de la population russe?
Les réactions de la population russe sont difficiles à percevoir, pourtant elles sont là. Je ne vois pas du tout une population passive, mais une population active en permanence là où elle est efficace: dans l’adaptation, la mise en place de stratégies de contournement. Les Russes sont convaincus de l’inefficacité de la confrontation frontale avec le pouvoir. L’expérience de ces trente dernières années et l’expérience soviétique leur disent que, dans ce contexte, sortir dans la rue ne peut que vous me re en danger. Il n’y a pas d’histoire de succès notable d’une protestation de rue qui aurait réussi.
Quelles sont les stratégies de contournement dont vous parlez? Utiliser un éventail d’astuces pour éviter d’être mobilisé, par exemple: en donnant un pot-devin, en n’habitant pas à l’endroit où on est officiellement enregistré, en travaillant au noir pour disparaître des registres... Voire en s’affichant en militant pro-guerre: monter dans la cabine du bulldozer est aussi une manière de ne pas être écrasé.
Après la mort d’Alexeï Navalny, que reste-t-il de la résistance, au régime? L’opposition anti-guerre pro-démocrate est,
pour l’essentiel, forcée au silence ou à l’exil. Beaucoup de ses membres les plus actifs sont à l’étranger, et sont inaudibles à l’intérieur du pays.
En revanche, les mécontentements sont nombreux, on voit émerger des protestations dans des lieux improbables, pour des causes improbables. Et on peut se demander l’effet qu’aura le retour des comba ants. Jusqu’à présent, les seuls qui sont revenus du front sont ceux qui étaient recrutés par le groupe Wagner en prison. Tous les autres, qu’il s’agisse des militaires sous contrat de la première vague de comba ants ou des 300.000 mobilisés que la Russie prétend avoir sur la ligne de front, on refuse de les faire revenir dans la vie civile.
Peut-être, en partie, parce que le récit de la guerre qu’ils raconteront sera très différent de celui que le pouvoir cherche à promouvoir. La protestation contre le pouvoir poutinien ne sera pas forcément une confrontation entre le bien et le mal, les démocrates contre le pouvoir en place: on ne peut pas exclure d’autres mouvements qui s’opposent au pouvoir.
«La protestation contre le pouvoir poutinien ne sera pas forcément une confrontation entre le bien et le mal.»
Susceptibles de faire radicalement évoluer le pouvoir du Kremlin?
Le pouvoir du Kremlin va évoluer pour des raisons triviales: tout le sommet du pouvoir est aujourd’hui dans la même tranche d’âge, qui arrive dans ses dernières décennies de vie. Et on ne sait pas grand-chose des générations qui suivent, parce que le régime n’a pas assuré de succession. On verra émerger d’autres acteurs avec d’autres priorités. Et il faut prendre en compte les dynamiques régionales: dans certains cas, la perception que les dirigeants locaux ont de leur propre autonomie est en train de changer. La région de Belgorod, régulièrement a aquée par l’armée ukrainienne, est dirigée par un gouverneur, Vyacheslav Gladkov, qui a été nommé en tant que représentant insipide du pouvoir central. Or, aujourd’hui, il a une cote de popularité de plus de 90%, c’est inédit. Donc, on voit émerger des acteurs politiques: même s’ils ne vont pas essayer de renverser le pouvoir, les équilibres sont en train de changer. À force de déséquilibrer un meuble, on ne sait pas à quel moment il peut basculer.
En a endant, l’armée russe avance: le déséquilibrage que vous décrivez ne risquet-il pas de venir trop tard pour l’Ukraine?
Il y a deux ans, la Russie cherchait à faire débarquer ses forces armées dans la banlieue de Kiev. Les unités blindées qui cherchaient à traverser le pays avaient dans leurs bagages des uniformes d’apparat pour pouvoir participer à une parade dans le centre de la ville de Kiev. Aujourd’hui, la Russie avance par quelques dizaines ou centaines de mètres: il faut reme re ça en perspective.
La situation sur le front est-elle due à la performance de la Russie, ou à la contre-performance de notre soutien à l’Ukraine? Il y a des deux. Avec le temps, l’armée russe apprend, et gagne en agilité. Plus on maintiendra l’Ukraine dans ce e position, plus il y aura du temps pour que l’armée russe se restructure, s’améliore, et soit prête à a aquer plus.
«On n’est pas encore en présence d’une idéologie complète et structurée. Ce qui manque clairement, c’est un projet d’avenir.»
Quel regard portez-vous sur la manière dont l’Europe a réagi ces deux dernières années pour soutenir l’Ukraine?
Ce que je regarde, ce sont les effets sociaux des sanctions contre la Russie. On aurait dû anticiper la capacité d’adaptation des entreprises russes.
Les Russes, pour monter leur business dans les années 1990, le faire vivre dans les années 2000, et faire face aux sanctions et contre-sanctions à partir de 2014, ont appris des savoir-faire que nos entreprises n’ont pas, en termes de réseaux de contournement et autres rideaux de fumées. Un autre effet qu’on n’a pas anticipé, ce sont les vagues de sanctions sur ce qu’on a appelé à tort les «oligarques russes»...
Il n’y a pas d’oligarques en Russie?
Non, il n’y a pas d’acteurs économiques suffisamment puissants pour peser sur la vie politique. C’est le politique qui définit l’économique, pas l’inverse. L’usage du terme oligarque indique notre erreur: nous avions pensé qu’en sanctionnant ces acteurs-là, on les inciterait à peser sur le régime. Ça a eu l’effet inverse. Face aux sanctions, les acteurs économiques se sont sentis coincés en Russie. Les sanctions ont donc consolidé les élites autour de Poutine. Il faudrait s’interroger sur la manière dont on peut indiquer aux élites russes que leur retour dans le monde européen est encore envisageable.
La Russie a lancé un mandat d’arrêt contre la Première ministre estonienne Kaja Kallas: est-ce une confirmation que les visées impérialistes russes ne s’arrêtent décidément pas à l’Ukraine? Dès le début de la guerre, beaucoup de pays qui composaient avant la périphérie de l’Union soviétique se sont sentis indirectement menacés. Ne serait-ce qu’à cause de la rhétorique de la protection des russophones qui accompagnait l’agression: des minorités russophones, il y en a dans tous les pays d’ex-URSS, du fait de la politique linguistique et migratoire soviétique. Dans beaucoup de ces pays, on s’est demandé: est-ce que Moscou ne viendra pas, un jour, «libérer» nos russophones à nous? Certains se sont sentis plus vulnérables que d’autres, les pays baltes, la Moldavie notamment.
Ce qui est frappant, c’est que la Russie disposait d’un soft power puissant sur ses anciennes périphéries, elle avait une carte incroyable à jouer. Mais la guerre contre l’Ukraine a sonné la fin de ce soft power. Et l’a aque contre l’Estonie est encore une manifestation belliqueuse. La Russie ne peut pas reconstruire l’Union soviétique parce qu’elle ne cherche pas à susciter chez ses voisins une adhésion à un projet. Le pouvoir russe sait qu’il ne peut plus gagner les cœurs dans son voisinage.
Jusqu’où est-il prêt à aller?
Vladimir Poutine semble avoir une grande constance dans ses discours, mais le pouvoir ne cesse de s’adapter à notre réaction. Depuis le début de la guerre, on parle de «ligne rouge»: devait-on fournir de l’armement offensif plutôt que défensif à l’Ukraine, puis des chars allemands, puis des avions…? Les actions réelles de l’État russe dépendent de la résistance qu’il rencontre en face. Donc, il faut faire la distinction entre ce que le Kremlin déclare vouloir faire, et ce qu’il est prêt à faire sur le terrain.
En l’occurrence, il répète que l’Ukraine est un enjeu existentiel pour la Russie, ce qui renvoie à la rhétorique nucléaire…
Je ne prendrai pas la responsabilité de dire ce qui est une vraie ligne rouge ou non. Je constate juste qu’on a un pouvoir qui serait prêt à dire «victoire» pour des choses qui sont très loin de ses objectifs initiaux. Les Russes ne cessent de se féliciter d’avoir conquis Avdiïvka: ils présentent comme un triomphe la prise de contrôle de quelques kilomètres carrés d’une ville détruite. Comment voyez-vous la suite?
Si Poutine écoutait sa population, il chercherait à faire marche arrière dans la guerre. Les enquêtes d’opinion ne valent pas grand-chose dans une société autoritaire, mais en posant des questions astucieuses, on peut avoir des réponses intéressantes. «Si demain, Vladimir Poutine décidait d’arrêter les actions armées et de signer un accord de paix, est-ce que vous le soutiendriez?»: les trois quarts des Russes répondent «oui» aujourd’hui. Les Russes ne sont pas a achés à la poursuite de ce e guerre.
Mais, en même temps, si Vladimir Poutine prend le pouls de son propre régime, il constate que c’est par la guerre qu’il se maintient. La société russe a end d’eux qu’ils terminent ce e guerre au plus vite. Mais c’est ce e guerre qui leur permet de maintenir les mécontentements sous contrôle. Ce sont des signaux contradictoires, le poids de l’événement sera important.
L’élection présidentielle du mois prochain pourrait-elle influer le cours de la guerre?
Beaucoup d’experts russes critiques du pouvoir craignent que, une fois Poutine confirmé pour un nouveau mandat, il pourra se laisser aller à un durcissement de la guerre: une nouvelle campagne offensive, une nouvelle mobilisation peut-être. Je ne sais pas quoi penser de ces peurs.
Regards
Formatée pour des petites séries, l’industrie européenne de l’armement doit passer à une production à grande échelle. Une opportunité, mais également un défi inédit, notamment pour les entreprises belges.
Le lent basculement de l’Europe vers une économie de guerre
Configurée depuis la fin de la Guerre froide pour une production en temps de paix, l’industrie de la défense européenne doit faire face à un défi: multiplier ses cadences de fabrication pour répondre à la contrainte d’un conflit de haute intensité extrêmement gourmand en matériels et en munitions. En raison de l’enlisement de l’affrontement, l’aide d’urgence à l’Ukraine s’est, en effet, transformée en soutien massif et pérenne, avec des délais de livraison qui doivent être raccourcis. De surcroît, malgré les embargos, le réarmement russe s’est avéré bien plus rapide que prévu, soutenu par des fournitures d’équipements iraniens et de munitions nord-coréennes. Ainsi, les Russes disposeraient de stocks de munitions huit fois supérieurs à ceux des Ukrainiens. Ces derniers consomment 40.000 munitions chaque semaine. C’est le nombre d’obus d’artillerie de gros calibre (155 mm) que le fabricant français Nexter (groupe KNDS) pouvait sortir de ses usines chaque année jusqu’à présent. C’est dire si la base industrielle de défense du Vieux Continent n’était pas prête à affronter un tel changement de paradigme. Pour les munitions plus petites, c’est encore pire: 80% des achats se font hors Europe, notamment au Brésil.
Taille critique insuffisante
Les industriels européens de la défense savent fabriquer des équipements extrêmement performants, dans quasiment tous les domaines. Mais ils sont loin d’avoir la taille critique et les moyens de production des entreprises américaines, qui ont opéré de spectaculaires regroupements dans les années nonante.
Selon le dernier classement de l’Institut suédois Sipri, les cinq premières sociétés de défense sont américaines. Si on laisse de côté le cas spécifique du britannique BAE Systems, très imbriqué avec les USA, la première entreprise européenne, l’italien Leonardo, n’apparaît qu’au 13e rang, devant Airbus. Si certains rapprochements transeuropéens – Airbus, KNDS, MBDA – ont eu lieu, la fragmentation reste forte.
Il y a par exemple davantage de fabricants de véhicules blindés en Europe que de constructeurs automobiles. Dans ce secteur, les rumeurs de consolidation vont bon train après l’annonce de la reprise d’Arquus par John Cockerill, et la renaissance du programme de char allemand Leopard II, que de nombreux pays cherchent à
acquérir au plus vite. Habituées à produire des petites séries, les sociétés européennes connaissent donc des difficultés à passer en économie de guerre, à l’exception du fameux obus de 155 mm, le calibre d’artillerie standard de l’OTAN. Nexter ambitionne de hisser sa production en 2025 à 100.000 obus par an, grâce à une nouvelle installation d’usinage en Belgique, sur le site de Mecar à Petit-Roeulx-Lez-Nivelles, où sont investis plus d’une quinzaine de millions pour faire face également à la hausse des commandes pour d’autres produits.
Nouvelle usine Rheinmetall
De son côté, l’allemand Rheinmetall a récemment donné le premier coup de pioche d’une nouvelle usine sur le plus important complexe industriel de défense du pays, à Untelüss. Rheinmetall, qui vient également de créer une co-entreprise avec une société ukrainienne, parle de sortir 700.000 obus de 155 mm par an de ses différentes usines européennes. À terme, l’Europe, qui compte aussi le norvégien Nammo et BAE Systems, vise une production annuelle de deux à trois millions de gros obus pour l’Ukraine et la reconstitution de ses stocks. C’est gigantesque, mais on en est encore éloigné, avec seulement la moitié du million d’unités promis à Kiev l’an dernier. L’année 2024 risque donc d’être à nouveau compliquée pour l’armée ukrainienne.
Doubler les capacités
Pour produire des obus, il faut des poudres. Dans ce domaine, un regroupement avait déjà eu lieu avec la création il y a vingt ans d’Eurenco, né de la fusion de la division poudres et explosifs de la SNPE avec Nexplo Industries, une société commune reprenant les activités du même type du suédois Saab et du finlandais Patria.
Ce leader européen possède un site en Belgique à Clermont: les anciennes Poudreries Réunies de Belgique, une usine spécialisée dans la poudre de petit calibre, qui va bénéficier d’un investissement de 40 millions d’euros pour doubler ses capacités. L’un de ses clients est la FN Herstal qui, elle aussi, est davantage sollicitée par mes gouvernements belge et néerlandais au profit de l’Ukraine.
L’entreprise détenue par la Région wallonne a conclu avec l’État fédéral un accord stratégique sur 20 ans pour assurer la fourniture d’armes légères et de munitions à l’armée belge et aux autres pays européens. La France et les Pays-Bas pourraient rejoindre ce partenariat.
«L’Ukraine ne se rendra jamais»
Malgré l’échec de la contre-offensive, les doutes sur l’aide occidentale et la fatigue de la guerre, les Ukraniens gardent espoir, a constaté L’Echo lors d’un reportage en Ukraine. Vincent Georis, à Kiev
«L’
alarme retentissait depuis longtemps. Comme le ciel était dégagé, j’étais plutôt relax. Je préparais le petit-déjeuner des enfants. Puis, d’un coup, un missile a touché notre immeuble. Les fenêtres ont volé en éclat. J’ai vu de la fumée se dégager. Tout était en feu», raconte Svetlana Ilchuk, 50 ans, au milieu des décombres de son appartement situé au 13e étage d’un bâti de l’ère soviétique, au sud-ouest de Kiev.
«J’ai eu si peur. J’ai commencé à prier, j’ai tout fait pour empêcher le feu de se propager», poursuit-elle. C’était le 7 février, à l’aube. Le missile russe tombé sur ce quartier-dortoir a tué cinq civils. Svetlana et ses trois enfants ont survécu. «Les pompiers nous ont sauvés, après plusieurs heures. Mais la fille de nos voisins est morte à l’hôpital de ses brûlures.»
L’immeuble est ravagé. On y sent encore l’odeur âcre de l’incendie. «Nous sommes hébergés chez des amis», dit-elle. Son logement ne sera pas reconstruit avant la fin de l’année.
Pour toute indemnité, elle a reçu 10.000 hryvnia (240 euros), versé par l’ONU, pour chaque membre de la famille. «Que voulez-vous faire avec ça? Quant au gouvernement ukrainien, il nous inonde de paperasse et ne donne rien», lâche-t-elle. Oubliée par l’État, elle a l’espoir chevillé au corps. «D’autres vivent pire que nous. Nous vaincrons la Russie. Nous vaincrons les ténèbres, j’en suis convaincue», dit-elle.
Deuxième anniversaire
Nous sommes à Kiev, à la veille du 24 février, la date du sinistre anniversaire de l’invasion russe. Les autorités ukrainiennes ont
«Un missile était tombé à l’arrière de la maison. Ma voiture était pulvérisée.»
prévu une cérémonie de commémoration, en présence du Premier ministre belge Alexander De Croo et de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Deux ans après avoir repoussé l’envahisseur avec brio, la capitale ukrainienne n’est pas en paix. La contre-offensive a échoué, les Russes me ent la pression sur le front, l’aide américaine tarde, l’Europe peine à débloquer un soutien militaire de 20 milliards d’euros. Derrière les regards fiers, un appel pressant se fait sentir: «ne nous oubliez pas!»
La guerre sévit partout Comme le reste du pays, Kiev encaisse des frappes de missiles et de drones russes. Les Patriot américains offrent une bonne protection, mais certains projectiles passent à travers les mailles du filet. Avec des conséquences dramatiques.
Serguei, un habitant du district de Solomianski, au centre de Kiev, en fait l’amère expérience. Le 2 janvier, son immeuble a été bombardé. Nous le rencontrons au pas de sa porte défoncée par l’impact. «Je préparais mes enfants pour l’école. Il y avait une alerte, mais on est tellement habitués», dit-il. «Soudain, les murs ont tremblé, j’ai couru dehors… Un missile était tombé à l’arrière de la maison. Ma voiture était pulvérisée», dit-il. Trois personnes ont été tuées par l’impact. Depuis lors, Serguei vit de la solidarité de bénévoles.
Nous prenons congé. La sirène de mon application Air Alarm se déclenche. «Un Mig russe», lâche Vitaly, notre «fixeur». Alors que l’armée résiste aux assauts russes à l’Est, la bataille peut paraître lointaine dans le Nord et l’Ouest. Mais la guerre est bien là. Et les alertes aériennes le rappellent. Autre signe visible de la guerre: chaque jour, les camions réfrigérés ramènent des dizaines de corps de soldats morts au combat. Les enterrements se succèdent. Les faire-part funéraires circulent, de plus en plus nombreux, sur les réseaux sociaux. Personne ne veut mourir dans l’anonymat.
Incursions russes
La guerre sème aussi la mort dans le Nord. Les villages frontaliers sont bombardés par l’artillerie russe. La frontière avec la Russie et la Biélorussie est tellement vaste qu’il est impossible d’en contrôler tous les points. Des groupes de diversion russes, formés de cinq à sept comba ants, s’infiltrent dans les oblasts ukrainiens de Tchernihiv et Soumy, pour tirer sur les civils et semer la peur.
© SERGEI SUPINSKY - AFP - BELGA
masse, de la Tchétchénie à la Géorgie, en passant par la Syrie, l’Ukraine et les dizaines d’opposants assassinés. C’est ainsi que le Kremlin installe «sa paix», sur les cendres des territoires conquis. S’il est des peuples sombrant dans ce e paix narcotique, où on lâche prise pour survivre, l’Ukraine n’en fait pas partie. «Ne vous y trompez pas. La guerre continue. Nous reprendrons notre territoire. Et si l’Europe nous oublie, la Russie vous rappellera qu’elle existe», avertit Fedoruk.
La société fragmentée
© VINCENT GEORIS
Dans les villes, on traque les espions russes. N’importe quel individu prenant un peu trop de photos dans la rue devient suspect. Une autre plaie, le commerce des armes russes ramenées du front, s’aggrave, nourrissant le crime organisé.
Boutcha revit
Peu avant notre arrivée, un missile balistique est tombé en banlieue de Kiev dans le district de Boutcha, creusant un immense cratère à la lisière d’une forêt. Les toits et les fenêtres de maisons du village voisin, Buda-Bynetska, ont été soufflés. Nous nous rendons sur place. Anatoly Fedoruk, le maire de Boutcha, nous accorde un entretien.
«Aucun village, aucune ville n’est à l’abri d’un tir russe. À chaque alarme, les gens ont la peur au ventre», explique-t-il.
Ce e anxiété est renforcée depuis quelques mois par la raréfaction de l’aide occidentale. Les livraisons d’arme à l’Ukraine se tarissent, suite au blocage d’un paquet de 60 milliards de dollars par les républicains au Congrès américain. La perspective d’une réélection de Donald Trump obscurcit encore plus l’avenir des Ukrainiens. Du moins, vu d’Europe. «Nous ne croyons pas que l’aide cessera si Trump est élu», tacle Anatoly Fedoruk. «L’aide occidentale est très importante pour nous, mais vous devez comprendre que l’Ukraine ne se rendra jamais! Les Européens ne reçoivent qu’une petite partie de l’information. Nous qui vivons près des Russes, nous savons que si nous ne les arrêtons pas, ils iront plus loin. Ils envahiront l’Europe», résume-t-il.
Lors des 33 premiers jours de l’invasion, les soldats russes ont tué 509 habitants de Boutcha. Hommes, femmes et enfants furent aba us à bout portant dans la rue, sur le pas de leur porte ou contre un mur. L’artillerie russe détruisit plus de 4.000 immeubles. «Ces crimes sont durs à oublier. Nous a endons les jugements de la Cour internationale de Justice», poursuit le maire de Boutcha. «Mais nous allons mieux. Nous avons reconstruit 80% des habitations, et nous aurons terminé pour la fin de l’année. Je vais vous surprendre: Boutcha est bien plus belle qu’avant la guerre, et c’est ce qu’il y a de mieux pour ramener l’espoir chez ses habitants.»
Son optimisme tranche avec l’image d’un pays affrontant seul une guerre qui serait oubliée du monde. Un oubli que la propagande russe cherche à renforcer en Occident. Vladimir Poutine est passé maître dans l’art d’effacer des crimes de
«Si l’Europe nous oublie, la Russie vous rappellera qu’elle existe.»
ANATOLY FEDORUK MAIRE DE BOUTCHA
Les Ukrainiens oscillent entre espoir et chutes de moral. À ce rythme, les divisions sociales s’approfondissent. En deux ans, le fossé s’est creusé entre ceux partis au front et les autres, restés chez eux. À Kiev, les fêtes de la jeunesse dorée contrastent avec la boue des tranchées de l’Est, où les 500.000 soldats mobilisés depuis deux ans a endent la relève. En face, Moscou jouit d’une réserve inépuisable de chair à canon qu’elle je e en première ligne.
Des rumeurs rapportent des cas de mobilisations forcées suite au manque de volontaires. «La mobilisation est un processus difficile, mais l’armée ukrainienne continue à recruter. Le problème est moins important que la propagande russe veut le faire croire», nuance Serguei Kuzan, président du Centre ukrainien de Sécurité et de Coopération, un analyste très couru à Kiev.
La chute récente d’Avdiïvka noircit encore plus le tableau. Mais l’importance stratégique de ce e prise est faible, et le prix payé disproportionné. Le blogueur russe Alexei Morozov, dit «Murz», a annoncé sur Telegram que 16.000 soldats de son camp ont péri dans la bataille. D’après Kiev, c’est sept fois plus que le nombre de soldats ukrainiens tombés. L’annonce n’a pas plu à Moscou. Murz a été retrouvé «suicidé» mardi.
«Depuis cinq mois, nous sommes à zéro aide militaire, et cela touche notre moral», poursuit Kuzan. «Nous manquons d’obus et de missiles antiaériens. L’entretien des blindés américains est difficile. Si cela continue, nous allons devoir chercher d’autres moyens pour soutenir notre armée. Pour chaque obus que nous n’avons pas, l’ennemi avance, et nos hommes meurent.»
Sur le terrain, l’armée ukrainienne rationne ses munitions. Elle tire environ 2.000 obus par jour, soit cinq fois moins que son adversaire. Serguei Kuzan reste optimiste. «Le conflit ne peut s’éterniser, car la Russie a épuisé un tiers de ses réserves datant de l’ère soviétique. Elle devrait arriver au bout de ses capacités en 2026, alors que son industrie tourne déjà au maximum», dit-il.
En position défensive
La contre-offensive ukrainienne s’est écrasée sur un mur de défense russe de 1.500 kilomètres, constitué de champs de mines, d’artillerie et de milliers de drones tueurs. L’armée ukrainienne est passée, ce e semaine, en mode défensif. «Nous construisons une ligne de défense pour tenir jusqu’à la fin de l’année. Si nous recevons des armes en suffisance de l’Occident, nous pourrons lancer une contre-offensive en 2025», estime Oleksandr Musiienko, directeur du Centre d’Études militaires et légales de Kiev. Mais le temps presse. «L’Europe doit suppléer en urgence à l’aide américaine. Nous avons besoin d’artillerie, de F-16, de missiles SCALP et TAURUS», insiste-t-il. «Nous traversons une
période très risquée, durant laquelle les Russes pourraient avancer.»
L’Europe sous influence
Le Kremlin multiplie les pressions sur l’Occident pour bloquer l’aide à l’Ukraine. «Nos renseignements montrent que la Russie mène une guerre hybride en Europe où elle fait du lobbying pour empêcher de nous livrer des obus», dit Serguei Kuzan. «L’influence de Moscou se fait aussi sentir en Belgique, où le groupe russe NLMK pèse sur le gouvernement pour éviter les sanctions. Nous avons des rapports précis sur ce sujet.»
Les services ukrainiens ont épinglé plusieurs députés européens d’extrême droite, de l’AfD allemand et du RN français, servant les intérêts de la Russie. «L’Europe doit être avertie qu’en 2024, la Russie va essayer de déstabiliser la société européenne avec ces partis», ajoute Kuzan. «Si nous tombons, l’Europe sera la suivante. La Russie pourrait commencer ses a aques en envoyant des forces armées anonymisées dans les pays baltes», dit-il.
L’économie stabilisée
Pour que l’armée ukrainienne tienne, l’économie ukrainienne doit tourner. Nous l’avons constaté à Kiev, les commerces sont ouverts et les affaires continuent. L’aide occidentale massive soutient l’économie. La croissance avait chuté de 21% après l’invasion, puis elle est montée à 5% en 2023 par rapport à 2022.
«Ce e année, nous devrions connaître une croissance proche de zéro, peut-être légèrement supérieure grâce aux bonnes récoltes agricoles», explique Hlib Vyshlinsky, directeur du Centre pour la Stratégie économique. Les entreprises européennes sont les bienvenues, «en particulier celles de défense».
«Si nous ne recevons plus d’aide américaine, dans un premier temps, cela affectera la confiance des affaires, réduira les investissements et provoquera un afflux de réfugiés en Europe», poursuit-il, «mais le plus gros problème se posera en 2025, car nous aurons épuisé une partie de l’aide européenne.» À ce e épée de Damoclès s’ajoutent les dommages directs et indirects causés par la machine de guerre russe, évalués à 655 milliards de dollars.
Utiliser les avoirs russes
Comment l’Ukraine va-t-elle tenir? Le risque conjugué d’une victoire de Trump et d’une montée de l’extrême droite en Europe, lors de ce e année électorale, rend les choses imprévisibles. Kiev espère que l’Europe restera à ses côtés. Vyshlinsky avance un plan B: utiliser les avoirs russes gelés, environ 200 milliards d’euros, logés dans la société de dépôt belge Euroclear.
«Le meilleur scénario serait que la Belgique transfère les avoirs russes à la Commission européenne pour qu’il serve à éponger les dommages de guerre», plaide-t-il. «Je ne comprends pas pourquoi ce serait un problème. Des avocats américains ont démontré qu’il est juridiquement tenable de dire que cet argent serve à dédommager un pays agressé qui se trouve dans une détresse humanitaire.»
En a endant, les Ukrainiens ne lâchent rien. «L’Ukraine ne sera jamais aussi bonne ou aussi mauvaise qu’il y paraît», ironise-t-il. «Si tout le monde fait ce qu’il doit, l’Europe, les États-Unis et les dirigeants ukrainiens, alors l’Ukraine peut gagner la guerre», conclut-il.
Regards
Les prix Batibouw!
Voici la liste des gagnants des prix Batibouw qui seront a ribués ce dimanche lors de la clôture du salon. Le prix pour «la meilleure colloc’ du vivre-ensemble» sera a ribué à Georges-Louis Bouchez qui, en souhaitant accueillir sous son toit Youssef Handichi, ex-PTB, et Emir Kir, ex-PS, révèle une volonté d’ouverture, très éloignée de sa campagne «À Bruxelles, il y a 50 nuances de gauche ou nous!» Désormais, le MR est contre la gauche, tout contre. Merci Georges-Louis.
Le prix a ribué à «un geste fort en faveur de la sobriété énergétique» sera remis à la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole de Moor, qui a laissé la justice s’emparer de son congélateur et d’une machine à café dans les bureaux de son cabinet. Comme quoi, le non-accueil de migrants peut cacher un geste pour la planète, modeste certes, mais il n’y a pas de grand ou de petit geste. Merci Nicole.
Le prix pour «la préservation des ressources naturelles» récompensera Charles Michel qui, ayant renoncé à sa campagne aux Européennes, perme ra d’économiser une astronomique quantité de papier (tracts, flyers, panneaux
Des idées claires et distinctes
cartonnés à son effigie, roll up) sans oublier les tonnes de CO2 occasionnées par l’envoi de pubs sur le web et les déplacements d’une équipe de campagne. Merci Charles.
Le prix pour «le meilleur boost en faveur du secteur de la construction» sera décerné à Donald Trump qui en déclarant «Si je suis élu, je laisserai la Russie envahir tout pays de l’Otan qui n’aura pas payé sa contribution» pousse à l’installation à travers toute l’Europe de bunkers et de murs aux frontières. Merci Donald.
Le prix pour «la meilleure maîtrise de l’énergie» sera a ribué à la start-up «Arctic Ice» qui est parvenue à acheminer par cargo vers les Émirats une eau gelée issue de la fonte des glaciers! Pêchée dans un ord et transportée vers les bars et restaurants de luxe de Dubaï, ce e eau agrémentera les cocktails en glaçons d’une pureté inégalable! Un exploit technique doublé d’une lueur d’espoir: il est encore possible de trouver des glaçons qui n’ont pas été contaminés par les polluants dus aux activités humaines. Céline Tellier désire organiser un Teams avec le boss de la start-up. Merci Arctic Ice.
Le prix spécial climat «Je diminue mon empreinte écologique» sera remis à Joe Biden, qui en mêlant lieux où il se rend et noms des présidents rencontrés redessine une carte du
Le prix pour «la préservation des ressources naturelles» récompensera Charles Michel.
monde qui diminuera sensiblement les distances parcourues lors de ses futurs voyages. Ainsi, ayant confondu le président égyptien et mexicain, si le président des États-Unis veut voir Al-Sissi, il ira saluer Andrés Manuel Lopez Obrador à Mexico City, c’est tout proche! Lors d’un sommet de l’Asie du Sud-Est, Joe la Gaffe a parlé du président cambodgien en le nommant président colombien. Du coup, s’il retourne un jour au Cambodge, il ne volera qu’au-dessus du continent américain! Ayant affirmé que même si «Poutine encercle Kiev, il ne gagnera jamais le cœur du peuple iranien», si Biden retourne voir Zelensky, il économisera ces milliers de kilomètres qui séparent la capitale ukrainienne de l’Iran. Vu l’importance de la flo e aérienne accompagnant le président des États-Unis, l’économie est incommensurable.
Merci Joe.
Et enfin, le prix pour «la promotion des caissons d’isolation sensorielle» sera a ribué à Georges Gilkinet qui, cherchant à faire comprendre sa nouvelle tarification de la SNCB plus complexe encore que la résolution d’un Rubik’s Cube, a poussé nombre de nave eurs, de jeunes et de seniors à acheter ce caisson de flo aison qui leur perme ra de retrouver calme et sérénité. Merci Georges.
Dans cette chronique mensuelle, Luc de Brabandere, philosophe d’entreprise et fondateur de l’agence CartoonBase, analyse un mot utilisé couramment dans les entreprises.
Norme
Dans les entreprises, les normes sont omniprésentes. Normes comptables, normes de sécurité, normes européennes, normes de pollution, le mot revient sans cesse dans les réunions ou les discours. Mais au fond, qu’est-ce qu’une norme?
Une méthode fréquente pour définir les choses est celle du genre proche et de la différence spécifique. Dans ce cas-ci, le résultat tombe très vite. La norme est le genre et les espèces en sont les standards, les calibres, les gabarits, les protocoles, les codes, les références, les canons, les étalons, les bornes, les critères et autres formats.
En latin, «norma» veut dire équerre, c’est ce qui sert à redresser, qui permet que les choses soient droites. Et le droit ne peut se faire ni se dire sans… règles. Le sens propre et le sens figuré du mot ont tendance à se confondre. Il y a un consensus pour adme re que les normes sont très utiles. À ce titre, on leur a dédié en 1947 un temple: l’ISO, l’International Organisation for Standardisation. Logiquement ce e institution aurait donc dû s’appeler l’IOS, mais les grands prêtres de la normalisation ont voulu donner l’exemple et lui donner des initiales qui ne privilégient aucune langue en particulier. Une norme est nécessairement le résultat d’un consensus…
Accorder ses violons
Quand il s’agit de norme, une partie de la discussion est inévitablement technique. On essaye de s’accorder sur des chiffres et des abréviations, on convient d’un calendrier et de procédures. En 1955, par exemple, les membres de l’ISO en charge de la musique ont défini la note «la» au-dessus du do central par une fréquence de 440 Hz.
L’ISO est toujours une organisation non gouvernementale, elle regroupe plus de 150 pays et on y retrouve sans surprise autant de négociateurs que de lobbymen. Il suffit de voir aujourd’hui le nombre de prises informatiques différentes et de logiciels incompatibles pour voir que l’ISO a encore quelques belles années devant elle. Mais le débat technique en cache un autre beaucoup plus fondamental. Accorder un piano et accorder sa confiance relèvent de deux démarches très différentes, l’une est objective, l’autre est subjective. Quand le mot norme devient synonyme de valeur, d’idéal, de modèle à suivre ou de pratique à laquelle il faut se conformer, on bascule alors dans un autre monde, on passe de règles de fonctionnement à des règles de vie.
Descriptif ou normatif
Le questionnement philosophique peut s’organiser en deux ensembles différents.
Dans le premier, l’objectif des questions est de
En latin, norma veut dire équerre, c’est ce qui sert à dresser, à redresser. L’équerre permet que les choses soient droites.
Et le droit ne peut se faire ni se dire sans… règles.
comprendre comment les choses sont, dans le second le but des questions est plutôt d’établir comment les choses devraient être. Dans le premier ensemble, la philosophie est dite descriptive, dans le second, on qualifie la philosophie de prescriptive. Les deux groupes sont vastes, variés et multidisciplinaires.
Dans le premier, le rôle du philosophe est de clarifier. Qu’est-ce qui est réel? Qu’est-ce qu’une langue? Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux? Quelle est la différence entre mathématique et logique? On y trouve des disciplines comme l’argumentation, mais aussi l’épistémologie, la métaphysique ou la linguistique.
Dans le second groupe, le rôle du philosophe est de guider. Qu’est-ce qui est bien, qu’est-ce qui est mal? Qu’est-ce qui est juste? Qu’est-ce qui est beau? Quelle est la différence entre égal et équitable? On y trouve des disciplines comme l’éthique et la morale, la théorie de la Justice ou l’esthétique. La cloison entre les deux mondes n’est pas étanche. Les normes techniques sont établies en fonction des
convictions éthiques de leurs auteurs, et en retour les comportements se positionnent par rapport aux normes établies.
«Je ne peux pas me plaindre»
Le langage peut parfois rajouter à la confusion. Prenons, par exemple, le jugement «Je ne peux pas me plaindre». On peut l’entendre de trois manières différentes, les deux premières sont descriptives.
> Il n’y a pas de procédure administrative qui pourrait me perme re d’introduire une plainte.
> Je vis dans une organisation ou un pays où il est interdit de se plaindre.
La troisième est prescriptive.
> Quand je vois la chance que j’ai par ailleurs, il serait indécent de vouloir encore plus.
La notion de norme se retrouve certes dans les deux groupes, mais le mot «normal» s’y comprend de deux façons totalement différentes. Quand la météo compare les températures glaciales du jour aux «normales» saisonnières, il s’agit d’une démarche mathématique. Un historique mémorisé sert de base aux calculs des écarts entre une situation existante et ce qu’on a pu observer dans le passé. La «norme» est alors la moyenne objective des températures relevées aux mêmes dates les années précédentes et tout écart important est qualifié d’a-normal. On est dans le jugement de fait, et la «norme» est objective et technique.
Retour à l’anormal
Quand on entend, par contre, qu’il n’est pas «normal» que par grand froid des personnes doivent dormir dans la rue, cela n’a plus rien à voir avec les statistiques. Le mot «normal» devient synonyme de juste, de recommandable, voire d’impératif. On est ici dans le jugement de valeur, et la «norme» en est subjective et éthique.
La différence entre les deux points de vue est grande. Les embouteillages systématiques à Bruxelles aux heures de pointe peuvent ainsi être qualifiés en même temps de situation normale (parce que c’est chaque fois comme cela) et de situation anormale (parce que ce ne devrait évidemment pas être comme cela).
Il en va de même pour l’ensemble de la société. Avant le Covid-19, beaucoup de choses n’étaient pas normales. Le dérèglement climatique, la fracture sociale, la situation des migrants, le délitement de l’Europe, tout cela n’avait rien de normal. Et il ne fallait donc pas de retour à l’anormal. Quand on en entend l’expression «hors normes», dans un cas, on pense à un bagage qu’on ne peut prendre en cabine lors d’un voyage en avion, et dans l’autre au très beau film de qu’Éric Toledano et Olivier Nakache ont consacré aux autistes.
Chronique
Giles Daoust Entrepreneur et écrivainLa lecture peut sauver la planète
Le salut de l’humanité commence par l’augmentation du niveau de conscience des populations des pays de niveau 4, autrement dit les plus riches. À cet égard, la lecture va concourir à élever le niveau intellectuel du débat environnemental.
Ceux qui me suivent savent que je suis convaincu de l’importance capitale de la lecture. Aujourd’hui je vais aller plus loin, et défendre que la lecture peut sauver la planète.
Pour parler de lecture, partons des livres.
Dans «Le bug humain», Sébastien Bohler insiste sur la responsabilité du comportement humain dans le défi climatique. Ce sont nos 5 grands besoins «innés» (se nourrir, se reproduire, glaner de l’information et de la reconnaissance sociale, en faisant le moins d’efforts possible) qui provoquent toute une série de réactions en chaîne: surconsommation, pollution, destruction… Dans «Où est le sens», Bohler fait le lien avec la perte de vitesse progressive de la religion, de la morale et des valeurs humaines, provoquant une perte de sens et un individualisme excessif qui accentuent encore nos comportements toxiques.
Dans «Factfulness», Hans Rosling découpe le monde en quatre par niveaux de revenus: niveau 1 (moins de 2 USD par jour, 1 milliard de personnes), niveau 2 (entre 2 USD et 8 USD par jour, 3 milliards), niveau 3 (entre 8 USD et 32 USD, 2 milliards), niveau 4 (plus de 32 USD, 1 milliard). Mais les pays de niveau 4 sont aussi ceux qui consomment le plus, polluent le plus, et détruisent donc le plus la planète. Sans compter que les pays de niveau 3 (citons la Chine) polluent également beaucoup… pour fabriquer des produits destinés au pays de niveau 4.
Comme le démontre Vaclav Smil dans son génial «How the World Really Works», le défi climatique est d’une complexité si gigantesque, aux innombrables interconnexions, qu’aucun coup de bague e magique politique, scientifique ou entrepreneurial ne pourra le «résoudre». D’après Bohler, la seule manière pour que les citoyens des pays de niveau 4 adoptent des comportements moins destructeurs pour la planète, est d’augmenter leur niveau de conscience, ce qui nous aidera aussi à retrouver le sens.
Pour sauver la planète, il faudra que tout le monde s’y me e, et ce sont les pays les plus riches qui doivent montrer l’exemple
(impossible de demander aux pays de niveau 1 et 2 de faire des efforts supplémentaires alors qu’ils vivent dans la misère; les pays de niveau 3 sont trop occupés à essayer de se hisser au niveau 4, et de quel droit pourrions-nous le leur reprocher alors que nous l’avons fait avant eux?)
Le salut de l’humanité commence donc par l’augmentation du niveau de conscience des populations des pays de niveau 4. Autrement dit, il faudrait qu’émerge une sorte de «niveau 5» qui ne serait pas un niveau économique supérieur, mais un niveau de conscience supérieur.
Le problème, c’est que même parmi les politiques, scientifiques et entrepreneurs qui ont à cœur l’avenir de la planète, on constate parfois un manque de connaissance des vrais enjeux, des vrais chiffres et des vrais mécanismes socio-économiques, scientifiques, technologiques et géopolitiques. D’où une série de décisions, recommandations et projets qui ne tiennent pas vraiment la route, ou dont l’impact environnemental ne justifie pas la dépense colossale qu’ils nécessitent.
Je ne prétends en aucun cas disposer des réponses adéquates. Tout ce que je peux affirmer, c’est que j’ai découvert dans les livres cités ici et dans bien d’autres encore («Le monde sans fin» de Blain et Jancovici, «Drawdown» de
Il faudrait qu’émerge une sorte de «niveau 5» qui ne serait pas un niveau économique supérieur, mais un niveau de conscience supérieur.
Pour l’Europe et le monde, il faut que l’Ukraine l’emporte
Nous ne perme rons pas que l’agression russe vis-à-vis de l’Ukraine soit récompensée, au contraire, nous nous mobiliserons contre elle. La seule façon de parvenir à une paix juste est de redoubler le soutien à l’Ukraine.
Le 24 février 2022, le jour où la Russie a fait entrer des centaines de milliers de soldats en Ukraine, a marqué le début d’un séisme géopolitique majeur. Depuis deux ans, l’Europe connaît la sinistre réalité de la plus grande guerre d’agression qu’ait connue le continent depuis la Seconde Guerre mondiale, accompagnée d’atrocités horribles et généralisées. Ce que fait la Russie est un exemple classique d’agression impériale et coloniale dans le style du XIXe siècle. L’Ukraine subit ce dont de nombreux autres pays ont cruellement souffert par le passé. Pour la Russie, ce e guerre n’a jamais eu pour objet la neutralité de l’Ukraine, l’élargissement de l’Otan, la protection des russophones ou tout autre prétexte inventé.
Dmytro Kuleba, Ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine
Josep Borrell
Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne
Paul Hawken, «How to Avoid a Climate Disaster» de Bill Gates, etc.) des points de vue qui ont enrichi ma réflexion et qui m’ont fait voir avec beaucoup de perplexité une série de décisions politiques, d’avis scientifiques et de projets entrepreneuriaux pourtant bien intentionnés.
Oui, la lecture peut sauver la planète, en élevant le niveau intellectuel du débat environnemental et en nous aidant à trouver des solutions équilibrées, significatives et économiquement viables. Le rêve serait que ce «niveau 5» devienne le maître étalon en termes de succès: durable, doté d’un niveau de conscience supérieur et plus seulement fondé sur les critères économiques ou sociaux.
Mon raisonnement par rapport à la lecture ne vaut d’ailleurs pas que pour l’environnement: intelligence artificielle, enseignement, économie, histoire, psychologie, neurologie… Lire à propos de ces sujets et bien d’autres encore nous aide à devenir de meilleurs humains. La lecture est un élément majeur du «lifelong learning» qui peine à s’ancrer dans les habitudes, et une manière tellement plus saine d’occuper son temps libre que les réseaux sociaux, le «binge watching» et nombre de divertissements qui manquent cruellement de substance.
Le président russe Vladimir Poutine a affirmé à plusieurs reprises que l’Ukraine n’existait pas en tant que nation et que l’identité ukrainienne était artificielle. La guerre vise simplement à anéantir un pays indépendant, à conquérir des terres et à rétablir une domination sur un peuple qui a décidé d’être maître de son destin. L’ambition impériale de la Russie est probablement familière à de nombreuses nations dans le monde, soumises dans le passé à l’oppression d’un régime colonial.
Les conséquences de l’agression russe contre l’Ukraine ont été ressenties bien au-delà de l’Europe. Ce e guerre a affecté la sécurité alimentaire et les prix de l’énergie, et s’est accompagnée de campagnes massives de désinformation et de déstabilisation politique. Ces ondes de choc ont été véritablement mondiales.
La force ne doit pas faire le droit
Poutine inaugure un monde de plus en plus transactionnel. Il a déployé le groupe Wagner en Afrique, déstabilisé d’autres pays par des coups d’État et exercé une coercition économique en utilisant l’arme de la faim – offrant des céréales qu’il avait lui-même rendues rares en brûlant systématiquement les champs en Ukraine, en ciblant les infrastructures de stockage et en bloquant les voies d’exportation maritimes. La guerre et ses conséquences concernent donc tous les pays. Si la Russie l’emportait, cela enverrait le message très dangereux que «la force fait le droit». Toutes les puissances agressives du monde seraient tentées de suivre le chemin tracé par la Russie. Si l’agression finit par payer, pourquoi tous ceux qui ont des revendications territoriales à l’encontre de leurs voisins n’agiraient-ils pas en conséquence? C’est pourquoi il est dans l’intérêt de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine que l’Ukraine l’emporte. Ce e guerre n’est pas celle de «l’Occident contre les autres». Soutenir l’Ukraine n’est pas être «pro-occidental». Il s’agit de rejeter la guerre et la terreur. Il s’agit de défendre des relations internationales fondées sur le respect mutuel et de
Cette guerre n’est pas celle de «l’Occident contre les autres». Il s’agit de rejeter la guerre et la terreur. Il s’agit de défendre des relations internationales.
soutenir le droit des Ukrainiens à la sécurité et à la liberté. L’Ukraine et l’Union européenne partagent une vision des relations internationales au XXIe siècle qui est exactement opposée à celle de la Russie de Poutine. Notre vision est fondée sur le droit international, le respect et le bénéfice mutuel, plutôt que sur la coercition, la corruption et la peur.
Personne n’a plus intérêt que nous à me re fin rapidement à ce e guerre et à ramener la paix sur notre continent. Pour y parvenir, l’Ukraine a proposé une formule de paix en dix points que l’UE soutient pleinement. Celle-ci ne propose pas seulement la fin des hostilités, mais elle comprend également des dispositions visant à renforcer la sécurité alimentaire, la sûreté nucléaire, la protection de l’environnement, la sécurité énergétique, la justice internationale, les droits de l’homme et le respect de la Charte des Nations unies.
Sombre passé
Ce e formule est la seule proposition sérieuse sur la table, et nous appelons tous les pays engagés pour la paix à se joindre à nous pour la me re en œuvre. L’Ukraine organise actuellement un sommet mondial pour la paix en Suisse, et l’UE soutient activement ce processus. Des dirigeants du monde entier s’efforceront de
parvenir à un accord sur une vision commune d’une paix juste en Ukraine, fondée sur la Charte des Nations unies. La Russie se verra alors présenter ce e position consolidée représentant la majorité mondiale, ce qui ne lui laissera pas d’autre choix que de s’engager de bonne foi. Alors que la guerre entre dans sa troisième année, notre message est un message de résilience face à l’agression et à la terreur. Nous ne pouvons pas perme re et nous ne permettrons pas que l’agression soit récompensée au XXIe siècle; au contraire, nous nous mobiliserons contre elle. La seule façon de parvenir à une paix juste est de redoubler le soutien à l’Ukraine. C’est ce qu’a fait l’UE ces derniers mois, et elle va encore accroître son aide en 2024. Notre objectif commun est de faire en sorte que l’Ukraine puisse renverser le cours de la guerre en sa faveur afin de parvenir à une paix juste le plus rapidement possible. Le soutien du monde est essentiel pour parvenir à ce résultat. Il est dans l’intérêt de tous que le droit international soit respecté et que la coopération internationale soit la priorité absolue. Il ne doit pas y avoir de retour au sombre passé de l’agression militaire, de l’impérialisme et du colonialisme. Ni en Europe ni dans aucune autre région du monde.
Copyright: Project Syndicate, 2024.
Regards Interview
Paolo Giordano
«Nous avons de plus en plus de mal à forger notre avenir, voire simplement à l’imaginer»
La rigueur d’un scientifique associée à l’acuité bienveillante d’un homme de le res. C’est grâce à ce singulier mélange de qualités que le romancier et docteur en physique théorique italien, Paolo Giordano, né à Turin, en 1982, a su gagner une réputation internationale. Dès son premier roman, «La Solitude des nombres premiers», publié en 2008 et vendu à des millions d’exemplaires, il est devenu un observateur a entif et très sollicité des enjeux sociaux contemporains. Dans un petit café du centre-ville romain, inondé de soleil, il s’interroge sur la capacité de réaction de nos sociétés, confrontées à la perte inexorable des points de repère du passé.
Vous avez déclaré que «nos sociétés peuvent tout se perme re sauf de ralentir leur course en avant». En êtes-vous toujours convaincu?
J’ai écrit ces lignes au tout début de la pandémie de covid lorsque notre pays, plongé dans un étrange climat de négation et de refoulement, refusait même l’idée d’un arrêt des activités économiques et sociales. Dans la fébrile Lombardie, le slogan était «Milan ne s’arrête pas». Ce mécanisme psychologique de suppression de l’évidence frappait même ceux qui étaient bien conscients de la complexité périlleuse de ce e période. Nous avons finalement été tous contraints d’immobiliser nos vies, mais est-ce que ce drame nous a rendus plus éclairés ou structurellement différents? J’en doute.
Il nous a empêchés, comme vous l’avez vous-même soutenu, de concevoir nos lendemains comme une simple continuation de notre passé…
Les évènements des dernières années, la pandémie tout comme les conflits qui ensanglantent notre présent, soulignent la véracité de ce e intuition. Je crois fermement que le cadre géopolitique et existentiel, forgé après la Seconde Guerre mondiale, auquel nous étions tous habitués et que nous considérions immuable et pérenne, n’est plus. Vers quoi allons-nous?
Je dois adme re que, même si ce e interrogation est très présente dans mes réflexions, je ne saurais pas y apporter une réponse. L’histoire récente a marqué la fin de la pensée gradualiste, selon laquelle notre futur ne pouvait être que la conséquence cohérente de ce qui l’avait précédé. C’est l’enjeu de la prévisibilité des choses qui en sort complètement bouleversé: nous avons de plus en plus de mal à forger notre avenir, voire tout simplement à l’imaginer. Cela concerne aussi bien l’évolution des conflits militaires actuellement en cours.
À ce propos, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a récemment déclaré que «les hésitations occidentales peuvent être fatales à son pays». Et pourtant l’Occident semble hésiter de plus en plus…
Le mot «fatal» est parfaitement juste. Grâce à mes voyages en Ukraine, j’ai compris à quel point les ambiguïtés et les procrastinations occidentales ont des conséquences immédiates sur les affrontements sur le terrain. Un retard dans la livraison de munitions se traduit automatiquement en un nombre supérieur de pertes ukrainiennes au front. Nous avons encore du mal à comprendre, dans un Occident embourbé dans des débats souvent légitimes, dans quelle mesure nos décisions ou nos indécisions ont des répercussions directes dans les pays ravagés par la guerre.
Affichons-nous, en Europe, une certaine fatigue face à ce conflit?
Le mot «fatigue», s’il est utilisé pour définir nos sociétés qui ne connaissent pas directement les affres de la guerre, m’a toujours paru sinistre. De quoi serions-nous fatigués?! Ce sont les Ukrainiens qui se ba ent chaque jour et c’est à eux seulement que revient le droit de décider de leur avenir, sans que nous intervenions dans leurs décisions, avec ce soupçon de paternalisme qui a parfois caractérisé notre approche du conflit.
C’est en raison de ce contexte mondial en pleine mutation que nous avons du mal à avoir une vision claire de l’avenir?
Oui, et ceci est très perceptible dans les domaines artistique et culturel. L’art, qui vibre au rythme des soubresauts du quotidien, réagit plus rapidement que d’autres domaines face aux changements. Et cela nous fait comprendre que nous vivons une époque dans laquelle il est difficile de s’autoriser à concevoir des projets à long terme. Notre horizon s’est irrémédiablement rétréci. Ce n’était pas ainsi il y a seulement dix ans.
«De quoi serions-nous fatigués?! Ce sont les Ukrainiens qui se battent chaque jour.»
Les péripéties de notre temps nous ont-elles montré que nous sommes des êtres condamnés à la solitude ou, au contraire, que nous existons seulement en relation à l’autre?
La pandémie a révélé l’interconnexion absolue, à tous les niveaux, qui existe à l’échelle planétaire. Ce que nous avons vécu a touché les nations riches comme les pays pauvres, toutes les classes sociales et les personnes de tous âges. Nous avons été confrontés à un phénomène intergénérationnel, supranational et souvent imperméable aux différences de revenu. Et, pourtant, de ce que nous avons vécu résulte une tendance croissante à l’isolement. Il s’agit là de la vraie maladie de notre temps, un fléau très répandu et extrêmement dangereux, qui nous gue e tous, notamment les nouvelles générations.
Croyez-vous que ce e «maladie de l’isolement» soit un phénomène social destiné à perdurer?
Il n’est pas nécessaire d’analyser les données fournies par les unités psychiatriques de nos hôpitaux pour prendre conscience de ce e problématique. Notre capacité d’observation directe suffit. Et, face à ce phénomène, nos sociétés se
«Nous vivons une époque dans laquelle il est di icile de s’autoriser
découvrent impuissantes. Or, pour apporter des solutions à ce e maladie de notre temps, on ne peut pas faire endosser toutes les responsabilités aux seuls spécialistes, psychothérapeutes, psychiatres et enseignants. La prise en charge doit être collective.
Vous aviez justement déclaré qu’il est grand temps de «repenser complètement nos systèmes éducatifs»…
Le mot «complètement» me parait soudain très fort, mais je confirme ce propos. Il est vraiment étrange que l’éducation offerte aujourd’hui à nos jeunes soit très semblable à celle dont nous avons bénéficié, vous et moi. Le monde de notre enfance ne ressemble en rien à celui du présent. La culture, la méthodologie pour décrypter le réel demeurent les mêmes, mais les nouvelles générations sont appelées à interagir avec des écosystèmes nouveaux et extrêmement complexes. Il est donc nécessaire d’offrir aux adultes de demain les instruments, cognitifs et technologiques, pour appréhender et gérer le monde qui viendra.
Pourquoi sommes-nous si défaillants dans ce domaine? Parce que le thème de l’éducation n’est pas à la mode, ce n’est pas un sujet privilégié des débats sociétaux et politiques. Et pourtant, nos jeunes sont si vulnérables. Ils doivent se confronter avec un marché du travail épouvantable, ils sont soumis à une pression sélective abrutissante qui, le plus souvent, les anéantit au lieu de les former. Qu’est-ce qui a fondamentalement changé par rapport au passé pour les jeunes d’aujourd’hui?
C’est le concept même de «conséquentialité» qui a changé, c’est-à-dire la relation, que nous croyions automatique et pérenne, entre l’effort et le résultat. Désormais, l’application, la ténacité et la résilience ne se convertissent plus nécessairement en un succès espéré ou mérité. C’est, je crois, la remise en cause de ce mécanisme qui provoque tant d’angoisse chez les nouvelles générations. Or c’est à nous, adultes qui tenons les rênes de la société, de rétablir un peu d’équilibre. Encore faudrait-il comprendre par quoi commencer… Ce qui est certain, c’est que la responsabilité de cet ajustement revient à nos dirigeants politiques qui semblent, pourtant, rester sourds face à ces problématiques.
Vous soulignez souvent que nous avons épuisé la capacité de nous indigner face aux drames du passé. Avons-nous peut-être perdu aussi la capacité de nous indigner face à ceux du présent?
L’opinion publique semble aujourd’hui agir et réagir au rythme de pics émotionnels très prononcés, suivis par des périodes de refoulement aussi fortes. Il serait, toutefois, erroné de penser que nous sommes devenus insensibles. Nous sommes tout simplement trop sollicités. Par le passé, une certaine distance entre nous et le monde préservait notre équilibre. Nous n’étions confrontés aux évènements d’actualité qu’à de brefs moments de la journée...
Aujourd’hui, le monde palpite sans cesse dans nos cœurs, nos poches, nos écrans. Dans quelle mesure ce e surexposition est-elle viable et bénéfique?
Pourrions-nous perdre notre capacité de compassion pour l’autre? C’est un risque réel. Nous oscillons entre des élans d’indignation sincère nous faisant souffrir, nous angoisser, nous révolter, et des périodes de mise à distance. Et c’est dans ces moments-là que la énième vidéo me ant en scène une ville bombardée ne devient tragiquement qu’un bruit de fond. Ce n’est pas notre sens moral qui est à blâmer, nous activons tout simplement un mécanisme de défense. Et malgré cela, nous sommes souvent habités par un profond sentiment de culpabilité, comme si la poursuite de nos activités quotidiennes relevait d’une indécence face à la douleur d’autrui.
EVS veut devenir numéro un mondial de son secteur
Entreprendre
Rassurer le personnel et les clients, mantra des nouveaux affiliés Delhaize
Quarante-cinq des 128 Delhaize franchisés sont déjà gérés par un indépendant.
Leur priorité: rassurer le personnel par le dialogue et aguicher le client par la qualité du service.
magasins, consistant à les scinder en entités distinctes.
Certains n’y croyaient guère, mais en moins d’un an, Delhaize sera parvenu à trouver un repreneur pour ses 128 supermarchés intégrés. De distributeur, l’enseigne au lion se mue donc en une sorte d’hybride associant le statut de grossiste («partenaire B to B» dit-on en interne) et de société dédiée à la valorisation commerciale d’une marque qui, contre vents et marées, reste emblématique dans le monde fort peuplé de la distribution belge. On notera au passage qu’avec la reprise du parc Delhaize, plus de quatre supermarchés belges sur dix (1.704 sur 3.749) sont désormais détenus par un entrepreneur indépendant. De quoi faire bisquer les syndicats. Dans le cas de Delhaize, ils fustigent en particulier les manœuvres de repreneurs de plusieurs
Objectif: éviter la présence d’organes de concertation, et donc des syndicats, et tomber dans la commission paritaire 202.01 (entreprises d’alimentation «moyennes», dont les franchisées), moins favorable que la 202 (en gros, les supermarchés intégrés).
Quelques accrocs
À ce jour, 45 des nouveaux magasins «affiliés» sont effectivement passés sous gestion indépendante. Sur le terrain, tout indique qu’à ce stade, la transition se déroule assez sereinement, à l’exception de certains magasins où le climat reste tendu. «C’est comme si on partait pour une nouvelle aventure. Ce n’est pas l’enfer prédit par les syndicats ni le paradis promis par la direction», résume ce cadre d’un Delhaize bruxellois. Selon lui, les relations sociales dans les différents points de vente seront tributaires
de l’aptitude des nouveaux gérants à gérer l’instauration d’une plus grande polyvalence au sein du personnel et la coexistence d’employés dont le statut ne sera plus uniforme.
Car si le personnel en place garde ses acquis, les nouveaux entrants ne bénéficieront plus des mêmes avantages. À commencer par une plage de travail étalée sur six jours au lieu de cinq jours.
«Le paiement des heures tardives est déjà supprimé pour les nouveaux entrants et pour les étudiants qui travaillent le dimanche», dit une employée chevronnée d’un Delhaize du Brabant wallon. Qui reconnaît par contre que la boutique «tourne rond» et que les stocks excédentaires appartiennent au passé.
La transition n’est pas dénuée d’accrocs. Normal, estime-t-on chez Delhaize. «Il y a encore des choses qu’il faudra affiner lors du passage des 83 supermarchés restants sous statut affilié. Mais dans l’ensemble, les choses se passent bien», assure Roel Dekelver, porte-parole de l’enseigne.
Huiler des rouages grippés par le climat social
Une chose est sûre, les nouveaux repreneurs sont présents sur le terrain et me ent les mains dans le cambouis pour huiler des rouages parfois sérieusement grippés par la dégradation du climat social. Nous avons rencontré les nouveaux patrons des Delhaize de Bouffioulx (Châtelet) et de la chaussée du Rœulx, à Mons. Qui partagent la
«Il a fallu apprendre à se connaître.» KATHLEEN
même motivation, et deux priorités: rassurer le personnel par le dialogue et une présence sur le terrain, et ramener le client qui s’était détourné d’une marque à l’image sociale passablement dégradée.
La maison Delhaize, ils connaissent.
Montoise pur jus, Kathleen Vanlangendonck, qui a repris avec son mari le Delhaize de la chaussée du Rœulx, gère depuis dix ans celui de Nimy et exploite avec une de ses filles un nouvel AD Delhaize à Antoing, dans le Tournaisis. À Bouffioulx, Benoît Barbier peut s’appuyer sur une expérience de plus de vingt ans au sein de la maison Delhaize, que ce soit comme directeur de supermarché, responsable de district ou, plus récemment, des magasins Proxy de Bruxelles et de Wallonie.
Depuis le 11 octobre, il est passé de l’autre côté de la barrière et est devenu entrepreneur. «J’ai toujours travaillé dans le commerce de détail. Cela faisait un moment déjà que j’envisageais de me lancer comme indépendant. Franchir le pas de l’entrepreneuriat était pour moi une évidence. J’ai vu la reprise du Delhaize de Bouffioulx comme une opportunité à saisir», raconte ce fidèle de l’enseigne au lion.
Si les autres opportunités ne manquaient pas (la franchisation des Mestdagh en a este), Benoît Barbier ne se voyait pas changer de crémerie. «La fidélité est une de mes valeurs. Et surtout, j’avais le sentiment que je serais plus efficace au sein d’un ensemble que je connais
Le sens des affaires
Maxime
Paquay
Chaque semaine, la rédaction vous propose son regard sur un enjeu entrepreneurial d’actualité.
Industriels et agriculteurs, même combat
On n’a encore jamais vu un capitaine d’industrie bloquer le rond-point Schuman avec un tracteur. Et les agriculteurs sont plutôt rares à pratiquer le lobbying en col-cravate auprès des institutions européennes. À chaque secteur son langage pour se faire entendre. Mais sur le fond, des parallèles évidents peuvent être tracés entre les plaidoyers des agriculteurs et ceux des industriels.
D’abord, les tracasseries administratives en prennent pour leur grade. «Il faut un nouvel état d’esprit législatif qui évite d’avoir à sur-rapporter, assure une cohérence, et conserve un lien avec les réalités de terrain», estiment les 70 CEO de géants de l’industrie réunis ce e semaine à Anvers pour faire part de leurs revendications: dix «actions urgentes» à entreprendre pour restaurer la compétitivité de l’industrie européenne. On croirait réentendre les témoignages d’agriculteurs, quelques jours plus tôt – décrivant la surcharge de paperasse et de contrôles «déconnectés de la réalité», dont leur quotidien est affecté.
Ensuite, il y a les distorsions de concurrence face à l’international. Quand les agriculteurs fustigent les produits importés sur le sol européen sans être soumis aux normes de production locales, l’industrie assure que, si elle décline en Europe, c’est parce qu’elle y est de moins en moins compétitive. Et de pointer du doigt les coûts de l’énergie élevés et les contraintes réglementaires plus drastiques qu’ailleurs.
«Le bâton régulatoire européen des taxes carbone frappe une industrie déjà déclinante», analyse même en substance le patron d’Ineos. Ce qui nous amène à un troisième parallèle: les deux secteurs souffrent dans l’opinion publique d’une image de pollueur, du CO2 aux intrants et pesticides en passant par les PFAS, mais jugent (une partie des acteurs en tout cas) que les normes environnementales européennes risquent d’accélérer leur déclin – avec un Green Deal au casting, dans le rôle de l’épouvantail.
Ne nous trompons pas de combat. L’idée n’est pas tant d’aider deux secteurs à survivre que de contribuer à faire émerger de nouvelles manières de faire au sein de ces secteurs. Pour ceux qui travaillent la terre comme pour ceux font tourner des laminoirs ou craquent l’éthane, il y a un blason à redorer. Et cela ne se fera pas en évacuant l’enjeu environnemental. Imaginons d’ailleurs qu’on libère agriculteurs et industriels de toutes les tracasseries qui les embêtent tant, il n’en demeure pas moins qu’ils font face à des tâches titanesques: apprendre à faire avec moins de ressources et se décarboner. Il n’est pas ici question d’innovations incrémentales, à la marge, pour être juste un chouïa plus compétitif que le voisin américain ou asiatique. Il est bien question de redessiner les processus de production en profondeur.
Nous devons apprendre à reconsidérer (dans les deux sens du terme) l’industrie comme l’agriculture, mais plier face à des revendications de court terme ne suffira pas à redéployer deux secteurs qui ont besoin d’une nouvelle perspective.
Il faudra déployer, convenons-en, une bonne dose d’argent public et une simplification des règles administratives existantes – la seule voie possible pour faire accepter de nouvelles règles environnementales. Heureusement, l’Europe a les ressources suffisantes pour faire émerger un tissu économique plus robuste et plus durable. Industrie et agriculture doivent changer de boussole, et nous devons les y aider. Même combat.
Rassurer le personnel et les clients, mantra des nouveaux affiliés Delhaize
bien». Le voilà donc aujourd’hui à la tête d’un supermarché de 2.000 mètres carrés qui emploie une cinquantaine d’équivalents temps plein.
Inquiété, mais pas freiné par le climat social
La dégradation du climat social entraînée par l’annonce de la franchisation du parc de magasins Delhaize l’a bien sûr inquiété. «Mais cela ne m’a pas freiné. Si je l’ai fait, c’est parce que je pense que la seule solution durable était celle-là. Et je ne voulais pas rester bloqué sur le contexte de l’époque parce que je croyais en la capacité de rebond et d’adaptation d’une large partie du personnel», explique le quadragénaire.
Marc et Kathleen Vanlangendonck se sont eux aussi posé des questions avant de se jeter à l’eau. Leur expérience d’affiliés Delhaize les a convaincus du potentiel d’un magasin implanté dans un environnement favorable, mais qui a perdu une grosse part de ses rece es avec l’annonce de la franchisation.
Comme Benoît Barbier, Kathleen Vanlangendonck, qui n’a repris les rênes du Delhaize montois que le 25 janvier, a dû commencer par rassurer le personnel (64 collaborateurs actifs). À sa demande, la reconversion du magasin intégré, encadrée par Delhaize durant six semaines en moyenne, a été retardée pour éviter une transition durant la période des fêtes.
«Les collaborateurs étaient inquiets. Il a aussi fallu apprendre à se connaître. J’ai donc consacré beaucoup de temps à des entretiens individuels avec tous les collaborateurs pour cerner leurs a entes», raconte-t-elle. Si les équipes, dont l’expertise est bien nécessaire, sont restées en place, Kathleen Vanlangendonck a beaucoup travaillé sur une révision de l’organigramme. «J’ai aussi instauré une plus grande polyvalence, ce qui était une des a entes du personnel».
L’ouverture du dimanche, un service au client
Son confrère carolo parle de son côté d’une «période d’observation et de méfiance», qu’il doit avoir surmontée «en expliquant, en étant présent et en effectuant des tâches du quotidien pour faire comprendre aux gens que j’étais là pour m’investir pleinement dans un projet».
Comme bon nombre d’autres Delhaize nouvellement franchisés, les magasins de Mons et de Châtelet sont désormais ouverts le dimanche matin, uniquement avec du personnel volontaire. À Mons, les employés qui travaillent le dimanche peuvent avoir congé le
À
«Les gens comprennent qu’ils travaillent désormais au développement d’une PME et l’acceptent.»
samedi. L’objectif premier n’est pas tant de redresser le chiffre d’affaires que d’améliorer le service au client.
«Ma première tâche, c’est de reme re l’expérience d’achat à niveau en identifiant ce que le client recherche et ne trouve pas chez nous. Je pense en particulier à l’offre de produits locaux. La base, c’est un magasin propre et rangé où le client peut trouver 100% de sa liste de courses», dit Benoît Barbier. Sa collègue montoise abonde dans le même sens, en insistant aussi sur la nécessité de redresser le chiffre d’affaires, mis à mal durant le conflit social, et par ricochet gonfler les marges. Pour les nouveaux affiliés Delhaize, qui échangent régulièrement des informations, il s’agit de réaliser des économies tout en gardant un personnel payé aux conditions d’«avant».
Un nouveau magasin
Il faut donc serrer la vis ailleurs. Dans plusieurs Delhaize, à Bruxelles notamment, des départs naturels n’ont pas été remplacés. Le Delhaize de Mont-Saint-Pont, à Braine-l’Alleud, a quant à lui décidé de se passer de société de ne oyage et de faire assurer à tour de rôle le ne oyage par le personnel.
Une solution qu’applique en partie la nouvelle gérante du Delhaize de la chaussée du Rœulx. «Nous louons une machine autotractée et confions le balayage du magasin aux employés, et nous sollicitons une société de ne oyage pour les bureaux et les locaux sociaux», explique Kathleen Vanlangendonck.
Mais l’enjeu central reste l’expérience client. À Bouffioulx comme à Mons, les nouveaux gérants se préparent doucement à un changement majeur: la construction d’un nouveau magasin, mieux dimensionné et surtout plus conforme aux normes environnementales d’aujourd’hui.
À Mons, le nouveau Delhaize, un peu plus petit que l’actuel (plus de 2.500 m2), devrait être opérationnel d’ici deux ans. À Châtelet, le nouveau magasin, de surface équivalente, devrait sortir de terre à la mi-2025. Dans les deux cas, Delhaize prend en charge la construction avec un promoteur, les affiliés assumant les aménagements intérieurs.
Malgré les obstacles qui restent à surmonter, les deux nouveaux affiliés partagent le même optimisme, basé sur le potentiel de leur magasin et sur l’état d’esprit des salariés.
«Les gens comprennent qu’ils travaillent désormais au développement d’une PME et l’acceptent. L’équation de base, c’est de garder l’expertise du personnel. Certains ne l’ont pas accepté et sont partis vers d’autres opportunités. Je le respecte tout à fait», souligne Benoît Barbier.
Proximus passe la barre des 6 milliards d’euros de revenus
ARNAUD MARTIN
L’opérateur a passé un cap symbolique. Ce vendredi, il présentait ses résultats financiers pour l’année 2023. Il en ressort une hausse du chiffre d’affaires de 2,2%, faisant passer pour la première fois les revenus au-dessus des 6 milliards d’euros (6,042). L’activité a principalement été portée par l’activité domestique, en hausse de 4,2%, soit une évolution légèrement au-dessus des prévisions du groupe. Fin du trimestre dernier, Proximus comptait 2,26 millions de clients internet, dont 397.000 raccordés à la fibre. Sur le dernier trimestre, le groupe a vu arriver 16.000 nouveaux clients internet, «notre plus forte croissance trimestrielle en cinq ans». Le nombre d’abonnés mobile est, lui, désormais de 4,973 millions clients. L’Ebitda du groupe s’installe, lui, à 1,826 milliard d’euros, soit une baisse de 2,2% par rapport à l’année précédente, ce qui est également proche des anticipations
LE RÉSUMÉ
Proximus a enregistré en 2023 un chi re d’a aires de 6,042 milliards d’euros pour un ebitda de 1,826 milliard d’euros.
L’opérateur annonce aussi avoir passé son pic d’investissement dans le déploiement de la fibre.
annoncées en septembre dernier. Du côté international, Proximus voit ses revenus du côté de chez BICS, dont le CEO s’est fait congédier ce vendredi après des bisbilles internes (lire en Une du journal), diminuer de 7,2%.
Pic d’investissement dépassé
Du côté international, Proximus voit ses revenus du côté de chez BICS diminuer de 7,2%. «Chez Telesign, on constate aussi une baisse importante de la marge (-4.9%) et du chiffre d’affaires (-15.8%), lors du dernier trimestre de l’année. Une situation qui n’est pas problématique pour le CEO. «À taux de change égal, la différence est limitée», indique le patron. «Le revenu n’est, par ailleurs, pas un indicateur très légitime pour l’analyse des résultats de Telesign. L’activité SMS recule et diminue les revenus sans influencer négativement nos marges. On s’a end d’ailleurs à ce qu’elle soit à deux chiffres pour l’année prochaine», confirme le patron. Proximus précise avoir aussi franchi
un cap important du côté des investissements. «En ce qui concerne le CAPEX annuel du groupe, nous avons maintenant dépassé le pic de 2023 et prévoyons de limiter nos investissements à environ 1,2 milliard d’euros en 2024.» Ces derniers sont utilisés en priorité pour le déploiement du nouveau réseau de fibre optique. Là où c’est désormais possible, environ un tiers des clients passent de l’offre classique à la fibre. Un résultat très satisfaisant, selon le patron. «Dans la première année qui suit l’installation de la fibre, on voit une adoption de 66% par nos clients. C’est un taux très élevé. Avec le déploiement qui progresse, le challenge se trouve de notre côté, afin de maintenir un tel niveau, alors que les demandes ne font qu’augmenter», indique le CEO.
Un réseau commun
Guillaume Boutin, le CEO de Proximus, a par ailleurs profité de la communication des résultats pour rappeler son souhait d’investir avec
Le bulletin 2023 de Cofinimmo teinté de rouge à cause de la hausse des taux
La SIR spécialisée en soins de santé Cofinimmo a publié ce vendredi des résultats contrastés pour 2023, entre bonnes performances opérationnelles, mais résultat net dans le rouge.
MAXIME DELRUE
Cofinimmo termine 2023 sur des performances opérationnelles en hausse, mais fait les frais des augmentations de taux qui jouent sur la valeur de ses immeubles. C’est ce qui ressort des résultats annuels que la Société immobilière réglementée (SIR) a publié ce vendredi matin.
L’opérationnel d’abord. Le résultat immobilier de Cofinimmo est en hausse, pour a eindre 338,9 millions d’euros, contre 317,5 millions un an plus tôt. Par action, l’entreprise rapporte des revenus (selon la norme EPRA) de 7,07 euros, dépassant ainsi le consensus Bloomberg qui s’établissait à 6,92 euros. À périmètre inchangé, les loyers ont augmenté de 5,5%. Le taux d’occupation reste élevé, à 98,5%, contre 98,7% un an plus tôt. La durée résiduelle moyenne des baux est de 13 ans.
C’est au niveau du résultat net que les choses se compliquent. Il est dans le rouge, à -55,5 millions d’euros, contre +482,9 millions un an plus tôt. Ce plongeon est principalement dû à des éléments comptables, à savoir des revalorisations à la baisse des immeubles en
portefeuilles pour -219,3 millions d’euros ainsi qu’à une perte de -79,5 millions d’euros sur la variation de la valeur d’instruments financiers. Il s’agit là d’une conséquence de la hausse des taux mise en œuvre par les banques centrales pour juguler l’inflation. En effet, la valeur d’un actif immobilier est définie par les revenus qu’il génère divisés par le rendement a endu par l’investisseur. Pour rester a ractif, le rendement suit le mouvement de la hausse des taux, faisant grimper le dénominateur. Les loyers augmentent, mais pas assez vite que pour compenser l’augmentation du rendement attendu. Mécaniquement, la valeur des bâtiments diminue.
Le bureau boit la tasse
Tous les segments ne sont pas touchés de la même manière. Ainsi, les bâtiments en soins de santé, qui représente 75% du portefeuille (contre 70% fin 2022), ont enregistré une baisse de 2,2% de leur valeur, détaille Cofinimmo. Plus grave, les bureaux ont vu leur valeur dégringoler de 5,8%, et même de 6,1% dans le quartier central de Bruxelles.
Les bureaux font l’objet d’une défiance importante des investisseurs institutionnels, entre taux de vacance en forte hausse aux États-Unis, et changement de paradigme dans la façon de travailler après la pandémie de coronavirus. Comme annoncé, Cofinimmo a
fait sortir pour 303 millions d’euros d’actifs de son portefeuille en 2023 tout en investissant pour 338 millions. Un mouvement qui va continuer ce e année, avec 320 millions d’investissements prévus et des désinvestissements qui devraient s’élever à 270 millions d’euros.
Ces mouvements dans le portefeuille devraient avoir un effet limité sur le taux d’ende ement. Celui-ci est passé de 45,6% fin 2022 à 43,8% fin 2023 (grâce principalement à l’augmentation de capital d’octobre dernier) et devrait rester autour de 44% en décembre prochain.
Dividende stable en 2024
L’actionnaire de Cofinimmo peut s’attendre à un dividende pour l’exercice 2023 de 6,20 euros brut par action, qui sera proposé à l’assemblée générale le 10 mai prochain. Le dividende de l’exercice 2024 devrait être identique, annonce Cofinimmo.
La SIR prévoit, pour 2024, un tassement du résultat de ses «activités clés», à 235 millions d’euros, contre 241 millions fin 2023. Compte tenu de l’augmentation du nombre d’actions en circulation, le résultat par action de ces mêmes activités devrait passer de 7,07 euros à 6,40 euros fin 2024.
Vendredi matin, le marché a d’abord réagi positivement à ces nouvelles, l’action prenant près de 2% à l’ouverture, pour ensuite dégringoler et perdre 1,6% à la clôture.
GBL embarque dans l’accélération des données en Israël
Six mois après y avoir investi dans la détection logicielle du cancer, GBL remet le couvert en Israël. Le holding des Frère-Desmarais soutient l’accélérateur de données DustPhotonics.
la concurrence dans un réseau commun. «Après l’annonce du régulateur belge en octobre dernier, les discussions menées actuellement en vue de conclure des accords de collaboration pour la fibre à l’échelle du pays représentent, elles aussi, une évolution positive», précise-t-il. Ce dernier a d’ailleurs confirmé être en discussion avec les autres opérateurs pour plancher sur la question.
Pour ce qui est du déploiement de la 5G, Proximus indique avoir couvert 40% de la Belgique. L’opérateur compte payer la deuxième partie de son dividende de 1,2 euro par action en avril prochain. Il a également confirmé son intention de le diminuer à 0,6 euro par action à partir de l’exercice 2024. «Proximus confirme son ambition de renouer avec la croissance de son ebitda sous-jacent du groupe, conformément à sa stratégie bold2025, et table sur une croissance jusqu’à 1 % pour 2024», indique Proximus, qui espère également conclure le rachat de l’indien Route Mobile en avril ou mai.
Booking.com rappelé à l'ordre
Le 6 mars prochain, la nouvelle réglementation européenne visant à mieux encadrer les géants du net entrera en vigueur. L’autorité de concurrence espagnole n’a pas a endu pour enquêter sur Booking.com.
DOMINIQUE LIESSE
À la veille de l’introduction de la loi européenne sur les marchés numériques (Digital Market Act-DMA), les acteurs technologiques sont scrutés sous tous les angles: Apple pour sa politique sur les app, TikTok et ses usagers mineurs... Désormais, c’est au tour de Booking.com Pour la filiale espagnole du géant néerlandais de la réservation d’hôtels en ligne, les conclusions de l’enquête de l’autorité de la concurrence espagnole CNMC pourraient aboutir à une amende de 530 millions de dollars (490 millions d’euros) pour pratiques anticoncurrentielles. La CNMC enquêtait depuis un certain temps sur Booking.com, qu’elle soupçonnait des pratiques déloyales à l’égard de certains hôtels et des agences de voyage locales.
me re fin au «Far West» numérique: un volet pour réguler le marché (DMA), un autre pour réguler les acteurs (Digital Service Act).
Le 6 mars prochain, le Digital Market Act entrera en vigueur. 22 plateformes numériques seront ainsi contraintes d’améliorer la qualité de leurs recherches et de garantir une concurrence équitable avec les plus petits acteurs.
Android et iOS sont, par exemple, obligés d’accepter d’autres navigateurs que Safari et Google Chrome. Des acteurs comme TikTok sont, eux, appelés à davantage protéger les utilisateurs mineurs. Certes, Meta et son rival chinois TikTok ont tenté de s’opposer à l’introduction du DMA. Ils ont été déboutés par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).
LES PLAINTES CONTRE LE DSA RECUEILLIES PAR L’IBPT
L’Institut belge des postes et des télécommunications (IBPT) recueillera les plaintes émises en Flandre contre le règlement européen sur les services numériques (DSA) et les transmettra aux régulateurs des États membres, indique le ministre flamand des Médias, Benjamin Dalle.
Avec le développement de l’internet mobile et du cloud hier, et de l’intelligence artificielle demain, les données numériques connaissent une croissance effrénée. Leur traitement, stockage et transmission sont assurés par les nombreux data centers du globe. Tout ce qui est à proximité s’y fait grâce à des circuits électriques; au-delà de dix mètres, tout passe par la fibre optique (et donc la lumière). Pour augmenter la rapidité tout en diminuant le coût et la consommation engendrée par les échanges, une technologie s’impose peu à peu: la «photonique intégrée sur silicium». Utilisant les procédés de fabrication de l’industrie microélectronique, elle intègre l’optique au sein même du circuit électrique. Elle est considérée comme une technologie d’avenir critique pour les applications de communications et de calcul à très haute vitesse.
Israël pour vivier Fondée en 2017, la jeune pousse israélienne DustPhotonics entend se tailler une part du gâteau. Elle lève pour ce faire 24 millions de dollars (22 millions d’euros) auprès de différents investisseurs de renom, parmi lesquels Exor Ventures
Pour augmenter la rapidité et réduire coût et consommation, la «photonique intégrée sur silicium» s’impose peu à peu dans les data centers.
(Cowboy, Mistral AI, Upway…), le bras capital-risque de la famille Agnelli (Ferrari, Juventus, Stellantis, The Economist...). Un nom résonne en Belgique parmi ses soutiens: Sienna Venture Capital. Méconnu du grand public, ce véhicule n’est autre que la branche dédiée au soutien de jeunes pousses de GBL. Au-delà de renforcer son exposition aux acteurs technologiques disruptifs (on parle de «deep tech» dans le jargon), ce nouvel investissement signe là une deuxième opération en peu de temps en Israël pour le holding des familles Frère-Desmarais. Ce dernier y investissait en effet dans la détection logicielle du cancer en septembre. Il y est également présent dans le mieux manger (Incredo) et l’irrigation intelligente (SupPlant).
Vers un second revers pour Booking «Nous sommes déçus par le projet de décision de la CNMC et sommes en profond désaccord avec ses conclusions», a déclaré la société, indiquant son «intention de faire appel de ce e décision sans précédent, si elle devient définitive». Si l’amende se confirme, ce serait un second revers financier pour Booking.com. Fin du mois dernier, il avait été contraint par le tribunal de La Haye à s’affilier à un fonds de pension pour le secteur du voyage aux Pays-Bas, soit un coût supplémentaire de 276 millions dollars. Le groupe s’y opposait, arguant qu’il était une plateforme technologique. Cette possible amende et les coûts d’affiliation au fonds de pension ont déjà été actés dans les comptes du 4e trimestre publiés jeudi. Booking Holding affiche ainsi un bénéfice net en recul de 82% à 222 millions de dollars, soit 32 dollars par action, certes supérieurs aux a entes. L’action reculait toutefois dans les échanges d’après-bourse. En décembre 2020, la Commission européenne présentait son projet de législation visant à
Ce vendredi, le Parlement flamand a adopté l’accord de coopération qui désigne l’IBPT comme coordinateur des services numériques. À ce titre, il recevra les plaintes et les transmettra aux autorités compétentes.
Qu’en est-il pour Bruxelles et la Wallonie? L’IBPT est entrevu comme le «digital service coordinateur» pour l’ensemble du pays. Il sera toutefois appelé à collaborer avec les régulateurs flamand, wallon et germanophone des médias, nous explique-t-on à l’IBPT. Le cabinet du ministre de l’Économie Pierre-Yves
a soumis cette nouvelle mission de l’IBPT à l’avis du Conseil d’État qui ne s’est pas encore prononcé.
Un entrepreneur belge crée un hub pour télétravailleurs dans une station de ski
Andy Stofferis veut a irer les télétravailleurs à Lenk. Ce e station de ski suisse menacée par le réchauffement climatique cherche à se réinventer via l’entrepreneuriat et le nomadisme digital.
GILLES QUOISTIAUX
Le village suisse de Lenk accueille une nouvelle communauté de travailleurs à distance. L’entrepreneur belge, Andy Stofferis, vient d’y installer un hub pour freelances et employés en manque de grands espaces. Sur place, ces travailleurs nomades ont accès à une infrastructure comprenant espaces de coworking, logements, salle de sport, etc., le tout dans un environnement naturel dépaysant. Ils s’installent à Lenk pour une durée comprise entre un et trois mois. Après une première édition organisée l’automne dernier, Andy Stofferis a ouvert les inscriptions pour une deuxième édition, qui débute mi-mars.
Avec ce système de «workation» (entre travail et vacances), l’entrepreneur cible les travailleurs qui peuvent pratiquer leur profession à distance, depuis n’importe quelle localisation. Il peut s’agir de freelances, mais aussi d’employés ou d’entrepreneurs.
Une start-up et son équipe de quatre personnes va venir s’installer à Lenk pendant plusieurs mois. Le programme a déjà accueilli des développeurs, des designers, des marketeurs, un business angel... Des familles ont déjà fait des demandes, des couples aussi. Mais il s’agit généralement de travailleurs qui viennent sur place en solo. «Les participants sont a irés par la montagne. Ils sont là pour être inspirés et pour recharger leurs ba eries», explique Andy Stofferis.
Nomades digitaux
Le fondateur et dirigeant de la société Sendabee est actif dans le monde des «nomades digitaux» depuis plusieurs années. Ces profils numériques travaillent exclusivement à distance et s’installent dans des espaces proposant des bureaux partagés aux quatre coins du monde. Ils changent de lieu de travail plusieurs fois par an et peuvent passer l’hiver en Thaïlande, l’été en Suède, le printemps au Mexique et l’automne en Afrique du Sud. Le réseau de l’entrepreneur est donc très international. Les participants à son programme viennent de Belgique, bien sûr, mais aussi d’Égypte, des États-Unis, d’Italie, de Roumanie... Un développeur freelance italien, un créatif américain travaillant chez Google à San Francisco, une Belgo-Égyptienne employée à l’ambassade de Belgique... se sont déjà croisés dans la bourgade suisse. Au-delà des freelances et des nomades digitaux, Andy Stofferis espère a irer des employés
Fracture
«Je
suis persuadé que les entreprises vont proposer ce type de formule à titre d’incentive pour leurs employés.»
ANDY STOFFERIS SENDABEEdésireux de changer d’air pour quelques semaines ou quelques mois. Il était en passe de faire venir une équipe de 17 personnes pendant un mois, mais cela n’a finalement pas abouti. «Je suis persuadé que les entreprises vont proposer ce type de formule à titre d’incentive pour les employés méritants, ou tout simplement pour ceux qui souhaitent changer de lieu de travail pendant quelque temps», avance Andy Stofferis.
Le hub à Lenk est sans doute moins glamour que la plage de Copacabana ou l’île de Ko Samui. Mais le décor alpestre a aussi son public. C’est en tout cas ce qu’espèrent les autorités de Lenk. La municipalité cherche à développer des alternatives au ski alpin. Les sports d’hiver représentent la plus grande force d’a raction de ce village comptant 2.300 habitants. Comme partout dans les Alpes, la station de ski de Lenk (185 kilomètres de piste) est touchée par le réchauffement climatique. Les conditions d’enneigement
sont de plus en plus aléatoires. Le domaine, qui culmine à 2.400 mètres, cherche des pistes de reconversion. Une des idées est d’a irer une nouvelle activité économique via l’entrepreneuriat, le travail à distance et les nomades digitaux. C’est ce qui a incité la société immobilière locale Ferienlenk, qui détient des hôtels, des restaurants et des logements à Lenk, à contacter Sendabee.
Animer la station toute l’année
Le défi est d’animer le village toute l’année. Pour cela, il faut trouver le moyen de faire venir les touristes même quand il n’y a pas de neige. Ou alors, a irer une nouvelle espèce de travailleurs actifs, à savoir les travailleurs nomades, qui s’expatrient pendant une période limitée. Pour pallier la désertion de la station en dehors de la période d’affluence hivernale, le hub de télétravailleurs propose ses services au printemps et à l’automne. En hiver, les logements sont loués à des skieurs.
Les nomades digitaux commencent à investir les lieux à partir de la mi-mars, ce qui leur laisse encore quelques semaines pour pratiquer le ski. Les programmes étant proposés en dehors de la saison haute, les prix s’avèrent abordables pour les télétravailleurs. Pour un studio et l’accès au coworking, les tarifs démarrent à 1.000 francs suisses (environ 1.000 euros) pour une période de trois mois.
Les deux premières éditions combinées ont séduit une cinquantaine de participants. Les débuts sont modestes, mais Andy Stofferis n’est pas inquiet. «C’est un projet de long terme. Nous avons la capacité d’accueillir jusqu’à 300 personnes. Mais construire une communauté active de travailleurs à distance, cela va prendre du temps», indique l’entrepreneur. Ce projet à peine lancé, Andy Stofferis est déjà en quête d’une deuxième implantation. Il a engagé des contacts à la Côte d’Azur pour ouvrir un futur hub de travailleurs à distance.
numérique en entreprise: les ouvriers en première ligne?
Une jeune pousse bruxelloise, Plugnotes, veut comba re la fracture numérique dans les entreprises. Elle concerne surtout les employés de terrain avec une solution «No Code».
Les entreprises n’ont jamais possédé autant d’outils numériques qu’aujourd’hui. Logiciel de gestion, de comptabilité ou de suivi de production; il y en a pour tous les goûts. Et pourtant, 50% des employés se sentent dépassés par les solutions numériques en place dans leur entreprise et les ouvriers se considèrent «victimes de fracture numérique», selon une étude menée par Randstad dans notre pays. Un chiffre interpellant qui s’explique par une utilisation encore très importante du papier dans
beaucoup de PME belges. «Il y a encore quelques mois, on remplissait les documents de mal-livraison à la main, on les imprimait et puis on les scannait et enfin, on les envoyait par mail. Ça nous prenait énormément de temps», explique Michael Winant, responsable de la réception des marchandises chez Facq, leader belge du sanitaire et chauffage.
«Le papier, il est encore très présent dans nos PME, 80% d’entre elles auraient encore des flux basés sur le papier», nous explique Camille de Bruyn. Elle est à la tête de Plugnotes, une jeune pousse qui propose une solution pour digitaliser les tâches opérationnelles qui ont été laissées de côté lors de la digitalisation des PME, comme la gestion des stocks, les contrôles de qualité ou de productivité ou les entretiens de machines. «Les employés du terrain, le monde ouvrier, continuent de
travailler sur papier et à passer plusieurs heures à retranscrire des informations dans des logiciels», explique-t-elle.
Sa solution Plugnotes est ce qu’on appelle une solution «No Code». «Cela veut dire qu’elle ne demande pas de développement en interne, on la construit avec les utilisateurs finaux en fonction de leurs besoins et ensuite, ils peuvent se débrouiller sans nous.»
40.000 euros pour une solution sur-mesure
Ce e fracture numérique est aussi une question de gros sous. Les développements informatiques nécessaires pour installer des outils de gestion peuvent vite a eindre des sommes importantes, ensuite les entreprises rechignent à investir encore pour inclure tout le monde. 78% des projets de digitalisation
80%
Selon Camille de Bruyn de Plugnotes, 80% des PME auraient encore des flux basés sur le papier.
tombent à l’eau, par manque de ressources budgétaires, selon les derniers chiffres disponibles chez nous.
Le budget moyen nécessaire au développement d’une solution sur-mesure est estimé à environ 40.000 euros.
«Les outils informatiques ne sont pas dessinés par des employés de terrain, c’est imaginé dans des bureaux», ponctue Camille de Bruyn qui estime que l’utilisation de Plugnotes revient en moyenne à moins de 5.000 euros par an pour une entreprise.
Un gain de temps
«On a longtemps travaillé sur des feuilles de production en papier. Je perdais tous les jours trois heures de mon temps à faire de l’encodage», raconte Jonnathan Lecomte, responsable emballage chez Verbau, spécialiste belge du dessert surgelé, une
entreprise accompagnée par Plugnotes. Au-delà de l’usage encore important du papier qui demande des heures d’encodage ensuite, il y a des freins très basiques. «Beaucoup d’employés de terrain n’ont pas d’adresse mail.»
Plugnotes, qui a déjà accompagné une centaine d’entreprises, propose une solution de formulaire numérique qui vient remplacer le papier utilisé par les employés de terrain. Elle n’est pas là pour concurrencer des outils comme Odoo ou SAP, mais vient en complément pour digitaliser ce qui ne l’est encore que rarement.
La jeune pousse lancée en 2019 et active dans toute la Belgique a levé 800.000 euros en novembre 2022 et vient d’obtenir une subvention de la Région de Bruxelles-Capitale de 100.000 euros pour accompagner des entreprises locales.
À tous ceux qui ont ignoré cette annonce l’année dernière :
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La durabilité. Vous l’avez sûrement déjà intégrée au sein de votre business mais à partir de 2025, vous devrez aussi en rapporter. Voilà pourquoi L’Echo et Vlerick Business School organisent la formation Take the Lead in Sustainability Management, dotée d’un certificat officiel Vlerick. Vous y découvrirez comment intégrer les nombreux aspects de la durabilité au sein de votre entreprise mais aussi comment en rendre compte. Ainsi, vous pourrez ignorer cette annonce l’année prochaine.
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Serge Van Herck, CEO d’EVS
«Les années sans grands événements sportifs ne doivent plus freiner notre croissance»
En 2023, EVS a à nouveau ba u les a entes du marché en signant les meilleurs résultats de son histoire. L’entreprise liégeoise, spécialisée dans les technologies vidéo en direct, dispose en outre de prises de commandes qui n’ont jamais été aussi élevées, dépassant même son chiffre d’affaires, soit 192,9 millions d’euros contre 173,2 millions.
À la tête d’EVS depuis quatre ans et demi, Serge Van Herck estime que ces résultats montrent qu’EVS est en bonne voie pour devenir numéro un mondial de son secteur.
Comment expliquez-vous ces résultats supérieurs à vos a entes et à celles des analystes?
C’est le fruit de notre stratégie PlayForward, mise en place fin 2019. On s’était mis des objectifs de croissance avec notre portefeuille de produits, des innovations et un focus sur tels types de clients. Malgré le covid, cela a commencé à produire des effets dès 2021. Et cela continue aujourd’hui. En outre, Axon, le spécialiste néerlandais de l’infrastructure de réseaux de diffusion acquis en 2020, commence à vraiment bien contribuer à notre croissance. Il y a aussi eu l’inflation qui a entraîné des hausses des prix de nos produits, mais malgré cela, nous enregistrons une augmentation de volumes, ce qui montre que nous bénéficions d’un important «pricing power».
De nouveaux produits expliquent-ils aussi la croissance?
En effet. En 2022, nous avons lancé une nouvelle fonctionnalité, ExtraMotion, basée sur de l’intelligence artificielle générative, qui a produit ses effets en 2023. Elle permet de faire des ralentis à partir de n’importe quel type de caméra alors qu’avant, il fallait des caméras spécialisées. L’IA, on travaille dessus depuis cinq ans avec une quinzaine d’ingénieurs. En septembre 2023, on a aussi présenté à l’IBC d’Amsterdam (le salon européen des technologies vidéo, NDLR) notre solution ViaMap, une plateforme de gestion de contenus vidéo qui a déjà généré plusieurs commandes.
Pour la première fois, vous affichez un chiffre d’affaires plus élevé en année impaire, sans grand événement sportif. C’est un palier important pour EVS? Oui, car notre ambition est d’avoir un cycle de croissance régulier qui ne soit plus freiné par des années sans grands événements sportifs comme les JO, la Coupe du monde, ou l’Euro de football. C’est nécessaire pour arriver à nos ambitions de croissance. Les années paires garantissent certes un certain revenu (minimum 7,4 millions en 2024), mais comme le reste de notre business devient de plus en plus important, l’impact de ces années paires diminue mécaniquement.
Vous avez annoncé, lors du dernier Investor Day, en novembre 2023, vouloir doubler vos revenus d’ici 2030 pour devenir numéro un mondial de votre secteur, avec 350 millions de chiffre d’affaires. N’est-ce pas téméraire d’annoncer cela?
Devenir numéro un, c’est une ambition que nous avions déjà annoncée en 2019. Aujourd’hui, nous sommes quatrième, mais quand j’observe notre trajectoire, je me dis que c’est tout à fait possible. Rappelez-vous: en 2020, on était à 88 millions de revenus. Trois ans plus tard, on en est déjà à 173 millions. Et nous prévoyons entre 180 et 195 millions ce e année. Nous sommes donc en phase avec nos projections de croissance. Je pense qu’on a la capacité d’y arriver, mais cela passera aussi par des acquisitions.
Précisément, la dernière, Axon, remonte à 2020, n’est-il pas temps de passer à l’action?
Nous sommes très sollicités. En 2022, nous avons examiné une vingtaine de dossiers. Je n’ai pas fait le compte l’an dernier, mais nous en avons également reçu beaucoup. Cependant, aucun ne nous a réellement convaincus. Il faut pour cela que la cible soit complémentaire avec nos solutions existantes et qu’elle enrichisse notre portefeuille de produits pour nos clients. Car le but n’est pas d’aller dans d’autres secteurs, mais de rester dans notre cœur de marché.
La situation géopolitique internationale est-elle inquiétante pour EVS, active un peu partout dans le monde? Actuellement, les immenses marchés russe et ukrainien vous échappent… En effet, mais nous avons pu compenser ce e perte par une croissance dans les autres régions. Aujourd’hui, la pression est surtout sur nos flux logistiques. Des composants viennent d’Asie et la situation en Mer rouge, avec les a aques des Houtis, font augmenter les délais de livraison. Pour l’instant, on a suffisamment de stocks.
Comment conciliez-vous le fait que vous devez investir, notamment dans la R&D et des acquisitions, tout en conservant une bonne rentabilité et la rémunération a rayante de l’actionnaire? On garde une politique constante de dividende de 1,1 euro par an. On le confirme encore ce e année. Le bénéfice par action est de 2,65 euros. Si on y enlève 1,1 euro pour
LES PHRASES CLÉS
«Malgré la hausse de nos tarifs, nous enregistrons une augmentation de volumes, ce qui montre que nous bénéficions d’un important ‘pricing power’.»
«Devenir numéro un c’est une ambition que nous avions déjà annoncée en 2019. Aujourd’hui, nous sommes quatrième mais quand j’observe notre trajectoire, je me dis que c’est tout à fait possible.»
«En 2022, on a examiné une vingtaine de dossiers. Je n’ai pas fait le compte l’an dernier, mais nous en avons également reçu beaucoup Cependant, aucun ne nous a réellement convaincus. »
l’actionnaire, cela nous fait encore 1,55 euro pour continuer à investir. En outre, nous n’avons quasiment pas de de es, ce qui nous aide aussi pour d’éventuelles transactions dans le futur.
Une augmentation de capital sera-t-elle nécessaire pour de nouvelles acquisitions? Il faudrait pour cela que nous nous portions acquéreurs d’une très grosse entreprise!
Même si la cible potentielle devait peser 50 ou 100 millions, nous pourrions le faire sans devoir procéder à une augmentation de capital. A ention, je n’ai pas dit que nous aller acheter une entreprise d’un poids pareil!
Outre la difficulté à trouver la bonne cible, le principal défi d’EVS n’est-il pas aussi de trouver le bon personnel? Vous évoluez dans un secteur très pointu.
Comparé à d’autres sociétés techs en Belgique qui se plaignent de ne pas trouver du personnel qualifié, on a moins ce souci. On jouit clairement de notre bonne réputation d’autant que nous sommes reconnus comme «Top employer». Peu de sociétés disposent de ce e certification en Belgique. Nous avons aujourd’hui une trentaine de postes ouverts après avoir recruté une centaine de personnes en 2022 et quasiment autant en 2023. Nous sommes aujourd’hui 622 chez EVS.
Où en sont vos projets dans la 5G après l’expérience menée cet hiver à la Grand-poste à Liège?
On a en effet utilisé la 5G d’Orange pour transporter du flux vidéo à haute vitesse vers la Grand-poste pour faire la production d’une pièce filmée au Théâtre de Liège. La plateforme est aujourd’hui en place et est utilisée régulièrement. Cela nous a permis de confirmer au client qu’on peut utiliser notre technologie dans un environnement 5G.
EVS a mis au point un système d’assistance vidéo à l’arbitrage des matchs de football (VAR), mais il n’est pas utilisé en Belgique.
Pourtant, le système actuel est très contesté... C’est l’exception qui confirme la règle. On est le numéro deux mondial de ce e technologie
VAR et beaucoup de grands championnats européens utilisent les solutions d’EVS. En Belgique, la Pro League a opté pour un concurrent il y a quelques années. Mais nous sommes persuadés que notre technologie est d’un meilleur niveau. Cela dit, les erreurs du VAR sont davantage dues à l’interprétation humaine qu’à la technologie!
Les analystes saluent «des résutats exceptionnels»
À l’image des investisseurs, les analystes sont unanimement positifs à l’égard des chiffres annuels publiés par EVS. «Ces résultats sont une solide confirmation de la reprise de l’histoire de croissance de la société.»
XANDER VLASSENBROECK
Sur le marché belge, rares sont les actions qui suscitent autant d’enthousiasme que celles du spécialiste liégeois des technologies vidéo en direct EVS, dont le cours de bourse a doublé en trois ans. Et à juste titre, apparemment, puisque la société, dont la capitalisation frôle le demi-milliard d’euros, vient d’enregistrer une nouvelle année record. En 2023, ses revenus ont dépassé les 173 millions d’euros, pour un résultat d’exploitation (ebit) de 41 millions et un bénéfice net de près de 37 millions. Tous ces chiffres dépassent les estimations du marché, qui a dès lors fait bondir le titre de près de 7% à la Bourse de Bruxelles ce vendredi.
EVS profite aussi de la révolution de l’IA
Comme l’explique Guy Sips chez KBC Securities, «le chiffre d’affaires a augmenté de 17% sur un an, malgré l’absence de grands évènements au cours de l’exercice». 2023 était en effet une année impaire, donc sans Coupe du Monde, Euro de football ou JO, qui représentent habituellement des opportunités de revenus pour le groupe.
Pour Alexander Craeymeersch de Kepler Cheuvreux, «EVS a été en mesure de traduire l’amélioration de son portefeuille de produits, y compris sa technologie de ralenti basée sur l’IA, en des résultats exceptionnels». Car en plus de la hausse des ventes, la rentabilité progresse, la marge brute ayant
grimpé à 69,7%. «Cela s’explique par l’impact positif des augmentations des prix et un volume plus élevé de software (logiciels) par rapport au hardware (produits physiques)», analyse Guy Sips, qui note que la société a ribue aussi la hausse des marges à une part plus importante de revenus liés aux services. Quant aux perspectives, celles-ci s’avèrent solides. «Le carnet de commandes a eint un niveau record de 153 millions d’euros, dont plus de 100 millions rien que pour ce e année», souligne Michael Roeg, chez Degroof Petercam.
Ce dernier se réjouit de ce e croissance, «qui devrait alimenter une nouvelle hausse des revenus et bénéfices en 2024», sans oublier les contrats supplémentaires conclus après la clôture de l’exercice. EVS prévoit de son côté un chiffre d’affaires compris entre 180 et 195 millions d’euros ce e année.
Malgré un bémol constaté au niveau de la position de trésorerie, plus faible qu’a endu, David Vagman, analyste chez ING, conclut que «ces résultats sont une solide confirmation de la reprise de l’histoire de croissance de la société». Une bonne raison pour les quatre brokers qui suivent EVS de rester fermement à l’achat, avec un potentiel de hausse moyen de 14%.
Entreprendre
RoadCo, la start-up qui veut aider les scale-ups
C’est l’histoire de trois (jeunes) amis qui ont décidé à la mi-2022 de monter une start-up, RoadCo, afin d’aider des entreprises, souvent jeunes elles aussi, à définir le modèle de travail qui leur convient le mieux.
Retour en arrière: la pandémie a poussé les entreprises à me re en pratique, souvent avec succès, le travail à distance. Mais une fois la pandémie terminée, il a été pour le moins compliqué pour ces entreprises de ramener les employés en présentiel. Le monde a changé. Certaines sociétés exigent désormais une présence de deux, trois ou quatre jours dans leurs bureaux. Des modèles d’organisation hybrides ont été mis en place, perme ant d’effectuer une partie du travail au bureau, et l’autre en dehors de celui-ci. Mais beaucoup d’entreprises cherchent encore la formule réellement gagnante, celle qui permet à la société d’être performante tout en offrant de la flexibilité à ses employés. Car l’enjeu pour pas mal de sociétés est également d’a irer les jeunes talents et surtout de les conserver.
«On ne travaillera plus jamais comme avant» Pendant le confinement, comme beaucoup d’autres employés, Diego de Lichtervelde, qui travaillait à la Bank of New York à Bruxelles, a découvert les avantages de pouvoir travailler à distance. Mais dans le monde post-covid, il s’est heurté à la résistance de son employeur face à ses demandes d’une plus grande flexibilité dans l’organisation de son travail. C’est de là qu’est née l’idée, avec les deux autres cofondateurs, de vouloir aider les sociétés qui veulent transformer leur organisation pour répondre aux nouvelles demandes des employés.
Les deux autres cofondateurs de RoadCo sont Laurent Wibaut et Lina Benmehrez. Le premier a notamment travaillé pour l’entreprise GSK, la seconde est déjà connue des lecteurs de L’Echo, puisqu’elle y rédige régulièrement des chroniques sur le futur du monde du travail. Lors de
LE RÉSUMÉ
La start-up RoadCo veut aider les entreprises, surtout les scale-ups, à définir le modèle de travail qui leur convient le mieux (travail à distance, modèle hybride...).
Des études ont montré qu’une majorité des employés aspirent aujourd’hui à une plus grande flexibilité de leurs horaires et de leurs lieux de travail.
ses études d’ingénieur de gestion à la Louvain School of Management, elle a effectué sa thèse sous la direction du professeur et philosophe d’entreprise Luc de Brabandere. À la fin de ses études, elle est devenue son assistante académique dans le cadre d’un cours à la Solvay Brussels School sur l’art de penser dans un monde digital. Ceci a abouti à la publication d’un livre «Be Logical, Be Creative, Be Critical» écrit à quatre mains. Lina Benmehrez se dit également passionnée par l’impact investing (investissement à impact social). C’est dans ce domaine qu’elle a fait ses premiers pas professionnels dans un fonds géré par Piet Colruyt. Elle est toujours active aujourd’hui au sein de l’équipe d’investissement du
La namuroise Sunrise fait son lit dans la télémédecine américaine
Fondée en 2015, Sunrise intègre l’équivalent d’une clinique du sommeil dans un dispositif de quelques grammes à peine. Pour accélérer la commercialisation de sa solution de diagnostic de l’apnée du sommeil, approuvée depuis l’an passé par la FDA aux États-Unis notamment, la start-up namuroise récoltait un peu plus de 20 millions l’an dernier, auprès d’Amazon, entre autres. Une première conséquence de l’opération se donne désormais à voir. La jeune pousse reprend en effet la plateforme de télémédecine Dreem Health. Basée en Californie, ce e dernière lui offre l’accès à des partenaires que sont les assureurs
avis financiers
Aetna et United Healthcare. «Nous voulons être aux côtés de nos patients à chaque étape, ce qui signifie d’aller au-delà du diagnostic», résume Laurent Martinot, CEO et cofondateur de Sunrise. C’est que l’enjeu américain est de taille. On n’y dénombrerait à ce jour qu’un seul médecin du sommeil pour 60.000 habitants. «La recherche tend à démontrer que la qualité du sommeil aggrave, voire déclenche certaines maladies graves. On a donc besoin d’un diagnostic plus tôt et sur plus de nuits. Pourtant, plus d’une personne sur deux souffrant d’apnée du sommeil ne le sait pas», conclut le CEO.
AVIS AUX TITULAIRES DE SHARE WARRANTS de L. & A. Investments Limited constituée en vertu des lois fédérales du Canada sous le numéro 012600-4 (la Société) —
Tout détenteur de Share Warrants de la Société est prié de contacter la société par écrit avant le 5 juin 2024 afin de recevoir de plus amples informations concernant la procédure de vérification et d’enregistrement desdits Share Warrants en vue d’une assemblée générale des actionnaires qui se tiendra en 2024. Veuillez contacter : L.&A. Investments Limited, c/o Quentin de Bournonville, Avocat, Galerie du Roi, 27, B-1000 Bruxelles.
Impact Group. Selon elle, c’est une certitude, on ne travaillera plus jamais comme avant, la tendance est irréversible.
«Des études ont montré qu’une majorité des employés aspirent aujourd’hui à une plus grande flexibilité de leurs horaires et de leurs lieux de travail» indique-t-elle. «Ils ont pris l’habitude de travailler à domicile et certains se sont même délocalisés, parfois à l’étranger, sans que cela ne nuise à leur productivité».
Mais le travail hybride, déplore-telle, reste trop souvent encore de l’ordre du bricolage dans les entreprises. Elles ne se posent pas la question de savoir quel modèle hybride est le plus adapté à leur situation, quels sont les outils de
«Le travail hybride reste trop souvent encore de l’ordre du bricolage dans les entreprises.»
LINA BENMEHREZ COFONDATRICE DE ROADCOLe leaseur d’occasions Lizy refait le plein pour 11,5 millions d’euros
La start-up bruxelloise récolte 11,5 millions pour sa conquête de l’Europe. Marc Coucke et D’Ieteren reme ent au pot, le fonds de relance flamand embarque dans l’aventure.
Fondée en 2019 par un ex-consultant de McKinsey et un spécialiste des applications mobiles, Lizy a le mérite de toujours exister, plaisante Sam Heymans, le premier de deux cofondateurs rencontré à Bruxelles. «C’est déjà pas mal quand on sait qu’une start-up sur deux disparaît endéans ce laps de temps.» Toutefois, les réjouissances sont évidemment plus larges pour le jeune patron et ses équipes. En effet, cinq ans après sa création, la plateforme bruxelloise de leasing de voitures d’occasion peut désormais se targuer d’être parvenue à se tailler une place de choix au sein du plat pays, puisqu’elle y est leader. 3.500 véhicules en circulation y portent sa pa e, de quoi lui perme re d’enregistrer un chiffre d’affaires de plus de 10 millions d’une part, pour un excédent brut d’exploitation (ebitda) «bien positif» pour la première fois en 2023 d’autre part.
Ce succès, l’entreprise le doit d’abord à sa formule, composée de contrats plus courts et moins chers d’une bonne centaine d’euros en
moyenne que pour des voitures neuves, introduite sur le marché belge à un moment où très peu d’acteurs s’y intéressaient. Elle le doit ensuite à son premier actionnaire et mentor au travers de son incubateur
Lab Box, D’Ieteren, rejoint il y a un an et demi par le célèbre homme d’affaires flamand Marc Coucke au travers de son véhicule Alychlo.
«Un grand potentiel d’avenir»
Fort de ce e assise, et d’un financement bancaire de 32 millions d’euros obtenu en 2022 pour l’acquisition de voitures, Lizy a depuis voulu réitérer en France. La société est soutenue à cet effet par le capital-risqueur hexagonal New Alpha, entré au capital à l’occasion du même tour de table (de 8,5 millions d’euros) que Coucke. Aucun chiffre n’est toutefois communiqué quant à l’avancement rencontré à ce stade. Tout au plus, Sam Heymans évoque un marché requérant «une autre approche». «La France n’est pas seulement plus grande, le leasing y est également moins répandu au sein des entreprises, notamment du côté des PME. En Belgique, une entreprise de 50 collaborateurs peut facilement avoir 50 véhicules; outre-Quiévrain, on est plus autour de cinq. Nous devons donc y viser des acteurs proportionnellement plus grands.»
La demande croissante en voitures électriques abordables contribue à accélérer les choses pour la jeune pousse.
communication à utiliser, comment respecter une frontière entre la vie privée et la vie professionnelle, comment s’assurer que les employés ne s’installent pas dans une routine de travail à domicile et s’isolent progressivement…
La cible des scale-ups
Dans un premier temps, RoadCo leur propose un travail d’audit qui doit perme re de dresser une sorte de cartographie de la société concernée. Suivent alors des recommandations qui doivent permettre à la société de mieux organiser le travail, de définir ce qui peut être fait (ou pas) en télétravail et de renforcer une collaboration optimale au-delà de lieux de travail définis.
La cible principale de RoadCo, souligne Lina Benmehrez, ce sont les «scale-ups», des sociétés qui sont passées à un échelon supérieur à celui des «start-ups» en termes d’activité et de croissance. Ce sont des sociétés qui typiquement emploient une centaine de personnes appartenant souvent à la génération Z et demandeuses de flexibilité. Ce sont aussi des sociétés dont les dirigeants n’ont pas toujours le temps de plancher sur la meilleure organisation possible du travail. D’où l’intérêt d’un regard extérieur.
Co-worker entre domaines et châteaux
Outre cette activité de conseil, RoadCo propose aussi un réseau de maisons, domaines et châteaux en Belgique, en France ou encore au Maroc pour «co-worker» et accueillir de façon agréable les «Road-Collars». Car selon ses concepteurs, un nouveau type d’employé a vu le jour. Ce n’est plus un «White-Collar», un col blanc, vissé à son siège devant son écran dans les bureaux d’une entreprise, mais un «Road-Collar» qui peut travailler d’où bon lui semble, de manière autonome et flexible. RoadCo se charge d’installer tout le matériel nécessaire pour co-worker chez des propriétaires, ravis de leur côté de pouvoir louer leur bien en dehors des vacances. Oui, le traditionnel «métro-boulot-dodo» est bel et bien enterré…
Pour la suite, d’autres géographies sont étudiées, comme les PaysBas. Histoire de l’aider à transformer ces plans en réalité, un nouveau financement vient d’être conclu, a-ton appris. Au-delà de prêts bancaires d’un montant non divulgué, la jeune pousse bruxelloise vient de lever 4 millions d’euros auprès de ses actionnaires historiques, complétés d’un prêt subordonné de 7,5 millions du fonds de relance de la Région flamande (Welvaartsfonds). Ce e dernière dit voir «un grand potentiel d’avenir» dans le projet porté par Sam Heymans et son cofondateur Vincent Castus.
Une dizaine de personnes vont pouvoir être recrutées, soit un quart des effectifs actuels. Lizy table par ailleurs sur le doublement de son chiffre d’affaires cette année. À terme, l’entreprise vise un leadership européen. «Le potentiel est énorme», embraie Heymans. Après tout, la demande croissante en voitures électriques abordables contribue à accélérer les choses. Environ la moitié des contrats de Lizy concernaient l’an dernier des modèles électriques ou hybrides. Depuis janvier, ce chiffre a a eint les 60%. «Il y a un effet boule de neige», sourit Marc Coucke. «Les entreprises veulent économiser, mais sans comprome re la durabilité.»
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«Changemakers»
30 entreprises pionnières dans la sauvegarde de l’environnement
Hydroscan lu e contre les fuites d’eau et les inondations
En Belgique, entre 15 et 20% de l’eau potable est encore perdue en raison de fuites dans les conduites de distribution. Avec sa détection de fuites, la société d’ingénierie de Louvain, Hydroscan, vise à réduire ces pertes de moitié.
STEELTOBE
S> L’Echo et De Tijd ont sélectionné 30 entreprises belges qui, par leurs initiatives et leurs activités, génèrent un impact positif sur l’environnement.
> Ces 30 entreprises ont réussi à nous persuader que leur business model, leur production, leurs services, créent un nouveau paradigme au cœur même de leur secteur. Et que cette nouveauté, non seulement améliore leur relation à l’environnement, mais peut également servir de base pour un changement d’échelle de leurs activités.
> Depuis le mardi 6 février, un jury professionnel rassemblé autour de Steven Van Passel, professeur en économie de l’environnement de l’université d’Anvers, cherche, parmi les 30 profils présentés, deux entreprises, l’une déjà établie et lancée dans un parcours de transformation, et l’autre émergente, start-up ou scale-up, au cœur d’un processus visant à rapprocher écologie et économie. Les abonnés de L’Echo et De Tijd pourront ensuite élire leur propre «changemaker» dès le 27 février
> D’ici là, nos rédactions auront présenté chacune des 30 entreprises nominées.
ur chaque hectolitre d’eau potable produit en Flandre, seulement 85 litres arrivent effectivement au robinet. Plus de 15% sont perdus en route dans des conduites de distribution vieillissantes et fuyantes. En Wallonie, les pertes dues aux fuites a eignaient même 21,5% en 2020. C’est un problème que l’entreprise louvaniste Hydroscan veut résoudre. Elle a développé une technologie perme ant de détecter et de traiter les fuites dans le réseau de distribution de manière beaucoup plus ciblée grâce à l’analyse des données. Hydroscan se vante que sa plateforme de surveillance intelligente NRWCockpit déclenche des alarmes plus rapidement et aide à localiser et à réparer la fuite avec plus de précision. Elle met également des spécialistes à la disposition des compagnies d’eau pour les conseiller. «Avec Imec et De Watergroep, nous avons lancé un projet pour localiser immédiatement les fuites jusqu’au niveau de la rue en combinant différentes données et en utilisant l’IA», explique Patrick Swartenbroekx. «Cela permet de réduire énormément les coûts et les pertes d’eau. Sinon, cela revient à chercher une aiguille dans une bo e de foin. Avec la crise climatique et l’augmentation des périodes de sécheresse, il est crucial que nous utilisions notre eau de manière plus économe.»
En Flandre, la technologie a été lancée en 2020, une année où la perte d’eau était encore de 17,1%. Grâce aux efforts intensifs des compagnies d’eau et d’Hydroscan, le niveau de fuite était descendu à 15,3% d’ici 2022. Pour Patrick Swartenbroekx, ce n’est
que le début. «Il devrait certainement être possible de réduire ce e perte de moitié et de la ramener à moins de 10%.»
D’ici 2028, lorsque la détection de fuites sera entièrement opérationnelle chez les compagnies d’eau De Watergroep, Pidpa et Vivaqua, Hydroscan prévoit de réduire la perte d’eau belge de 18 millions de mètres cubes par an. Cela équivaut à la consommation annuelle de plus d’un demi-million de ménages. D’ici 2030, la société entend réaliser des économies d’eau annuelles de 765 millions de mètres cubes dans le monde entier.
Parallèlement, Hydroscan souhaite également s’a aquer au problème croissant des inondations. «Nous n’en sommes encore qu’au début», déclare son patron. «En raison du changement climatique, les inondations comme celles de Pepinster vont se produire chaque année. Nous devons mieux nous préparer.»
Hydroscan a ainsi développé un outil d’alarme, Flood4cast, pour prédire précisément quand et où des inondations peuvent survenir en raison de fortes précipitations. En Belgique, la technologie sera bientôt déployée dans toute la province du Brabant flamand. Elle est déjà utilisée en Allemagne et au Vietnam.
HYDROSCAN
> Hydroscan a été fondée en 2003 à Louvain. Elle compte aujourd'hui des bureaux à Anvers, Gand et Gembloux, mais aussi en France, en Allemagne et au Vietnam.
> Le cofondateur et CEO Patrick Swartenbroek possède la majorité des parts.
> Chi re d'a aires (2023): 5,3 millions d'euros.
> 45 travailleurs.
Le pivot d’une économie circulaire est le recyclage, qui consiste à réutiliser au mieux les matières qui en sont issues. C’est le modèle économique sur lequel repose l’entreprise de traitement des déchets Renewi, née en 2017 de la fusion du britannique Shanks et du néerlandais Van Gansewinkel. Leader de la transformation des déchets d’entreprise dans notre pays, l’entreprise collecte environ 3 millions de tonnes de déchets par an. «En Belgique, 79% des déchets d’emballage sont déjà collectés pour être recyclés. Il reste donc à s’occuper des 21% restants, ce qui laisse une belle marge de progression», explique Mark Thys, qui dirige Renewi en Belgique. «Nous pouvons récupérer 70% de ces déchets et les réutiliser comme matière première dans l’économie», ajoute-t-il. Selon Mark Thys, la demande de matériaux recyclés est en hausse. «Mais leur transformation doit être de qualité pour faire un bon usage de ces matières secondaires. Il faut s’approcher du niveau des matières brutes originelles.»
Pour assurer durablement leur commercialisation, les matériaux recyclés doivent également pouvoir rivaliser en termes de prix avec les matières premières d’origine. «Dans notre environnement en Flandre, nous pouvons y arriver sans grande difficulté», estime Mark Thys. «Il s’agit de rationaliser autant que possible le processus de production pour être compétitif. Sur le plan macroéconomique, c’est beaucoup plus difficile. La Chine, par exemple, subventionne ses entreprises pour qu’elles produisent des ‘plastiques vierges’ et les introduisent en Europe à des prix défiant toute concurrence.» Renewi est ainsi bien placé pour percer dans «les pays où les réglementations écologiques sont sévères», explique Mark
Thys. En Flandre, des normes de recyclage plus strictes pour les déchets d’entreprise ont été instaurées l’année dernière, ce qui devrait réduire la masse de déchets d’au moins 15%. «La Flandre est à l’avant-garde de ce e politique. Les Pays-Bas, l’Allemagne et la Scandinavie sont également des régions intéressantes. Mais pour que notre entreprise soit compétitive, les réglementations doivent encore être renforcées.»
L’an dernier, afin d’optimiser le tri et de doubler sa capacité, Renewi a mis en service une nouvelle installation basée sur l’IA à Gand. Une même ligne de tri est en cours de construction à Puurs. À terme, Renewi envisage de créer des sites à l’étranger – dans les pays où elle est déjà bien implantée – pour poursuivre son expansion. «En Italie, malheureusement, nous ne pouvons rien faire. La mise en décharge y est toujours moins chère que l’incinération, et l’incinération y est moins chère que le recyclage. Nous sommes tout simplement trop chers là-bas. Mais cela aussi changera un jour. Grâce au Green Deal européen, nous constatons que de plus en plus d’entreprises frappent à notre porte. On ressent une véritable prise de conscience écologique.»
Marchés
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Le nivellois Maniak, premier de cordée de l’escalade belge
Fondé en 2018 par deux fans d’escalade, le groupe Maniak a ouvert quatre salles en cinq ans. De quoi en faire le plus grand acteur du territoire. Pour son dernier projet, le groupe a pris ses quartiers dans une église.
Installé en plein cœur du zoning de Nivelles, le bâtiment de Maniak ne détonne guère. Il n’est pas spécialement plus haut que les autres. Seuls sa terrasse et ses parasols aux couleurs d’une célèbre marque de bière indiquent que son activité est un peu différente de celle de ses voisins EY et Accent.
Inaugurée en 2018, l’installation nivelloise est la première salle d’escalade d’un groupe wallon lancé par Martin Simon et Nicolas Mathieu.
Lorsqu’ils décident de construire une salle d’escalade au milieu d’un zoning, c’est notamment pour répondre à leur propre demande. «Je suis fan d’escalade de voie, et Nicolas, de bloc.
Du côté de Nivelles, il n’y avait aucune offre.» Ils décident donc de remédier à leur problème local. Puis de faire pareil un peu plus loin.
En l’espace de cinq ans, le duo a ouvert quatre salles et est aujourd’hui l’acteur le plus important du marché belge. Une ascension fulgurante, arrivée sans doute un peu plus vite que prévu.
«Notre volonté était de proposer aux gens un abonnement donnant accès à plusieurs salles, ce qui ne se fait pas actuellement. Du coup, il nous en fallait plus qu’une», se marre Martin Simon.
La deuxième ne tardera donc pas à sortir de terre. «Nous avons discuté de la lancer seulement trois mois après avoir ouvert la première. À l’époque, notre organisation n’avait pourtant encore rien à voir. Au même moment, on se chargeait encore nous-mêmes d’aspirer les tapis», sourit le cofondateur. Une bonne opportunité les poussera à se lancer dans l’aventure à Charleroi. Sauf que trois mois après, le virus le plus célèbre du XXIe siècle s’installe en Belgique et ferme le pays entier. «Le covid nous a poussés à fermer trois, puis huit mois. On rembourse encore aujourd’hui un crédit qu’on a contracté à l’époque pour nous en sortir», glisse Nicolas Mathieu.
Le genre de situation qui pousserait plus d’un entrepreneur à reprendre sa respiration avant de repartir à l’assaut du marché. Les deux fondateurs préfèrent, eux, reprendre la gestion d’une salle à Braine-l’Alleud, là où ils ont appris à grimper.
Inspirés par le vide du confinement Avec trois salles sous gestion, les deux entrepreneurs gagnent rapidement en expérience et optimisent leur gestion. «La période de vide qu’a amenée le covid nous a permis d’optimiser notre gestion et notre comptabilité. Quand on en est arrivé à aller ne oyer la poussière derrière les murs d’escalade, on s’est dit qu’on avait sans doute fait le tour et qu’on pouvait se relancer dans un autre projet», sourit Martin Simon. Il sera le plus complexe. Leur quatrième salle d’escalade, ils ont décidé de l’installer dans une église en partie désacralisée, à Forest. Le projet, encore un peu plus fou que les autres, est ce e fois mené en partenariat avec Kyril Wi ouck, le fils d’Éric Wi ouck, l’un des hommes les plus riches du pays. «Pour être honnêtes, on n’était même pas au courant. Nous l’avons rencontré en falaise. C’est bien après, lors de discussions pratiques sur le projet, qu’on a appris son origine», explique Martin Simon. «Mais cela n’a absolument pas influencé le projet. Nous sommes aujourd’hui à 50% dans la salle», explique-t-il. Sur chaque projet, le duo préfère se passer d’investisseurs et mise sur les banques, quelques soutiens privés et un coup de pouce de Sambrinvest.
La mise en place de ce nouveau projet fut évidemment un véritable défi. «Nous avons eu bien plus de difficultés pour ce e salle que pour toutes les autres. Même notre première salle, où nous n’avions pas la moindre expérience, fut un chantier plus facile. Si on se fie aux normes de construction actuelles, le bâtiment ne devrait pas tenir debout», sourit Nicolas Mathieu. S’installer dans une église a toutefois le
sérieux avantage d’a irer les projecteurs. «On a rapidement fait le buzz. On est passé dans des médias partout dans le monde. Nous avons notamment eu un reportage sur la télévision nationale lituanienne et dans le Los Angeles Times», explique le cofondateur.
Depuis son ouverture l’été dernier, la salle ne désemplit pas. Les trois autres tournent plutôt bien aussi. Au total, Maniak compte environ 15.000 grimpeurs par mois sur ses quatre salles. Toutes (sauf celle de Charleroi) proposent de la voie et du bloc. Une offre complémentaire forcément réfléchie. «Le bloc est plus rentable, car il demande moins d’investissements de base, mais aussi dans la pratique de tous les jours. Les voies
«On rembourse encore aujourd’hui un crédit qu’on a contracté à l’époque pour nous en sortir.»
ont également une limite physique alors que sur un même tracé de bloc, on peut avoir 200 passages sur la journée», explique Nicolas Mathieu qui n’observe pas encore de tassement de l’intérêt pour le sport. «Sur Nivelles, par exemple, nous étions jusqu’il y a peu sur une croissance avoisinant 15 à 20% par an. On est maintenant autour de 5%.»
Nouvelle ambition bruxelloise
Aujourd’hui, le groupe dégage approximativement deux millions d’euros de chiffre d’affaires et compte 22 employés. Deux tiers des revenus sont issus des entrées, et le reste provient de l’offre horeca. Du côté de la rentabilité, Maniak a enchainé les passages dans le rouge et le vert, suivant les périodes normales et la gestion des crises du covid et de l’inflation. «Désormais, on est, a priori, reparti dans le vert, même si maintenant on a bien compris qu’on ne pourra jamais tout anticiper», explique Martin Simon.
Vu leur parcours, les deux entrepreneurs ont évidemment encore un projet dans leurs cartons. «On travaille sur l’ouverture d’une salle du côté d’Ixelles. On n’en est toutefois qu’à la demande de permis, on évite donc de trop s’avancer. Il s’agit d’un projet à moyen terme qui pourrait prendre plusieurs années à se concrétiser.» Le projet d’ouverture serait toutefois le dernier des deux entrepreneurs. «On ne souhaite pas être une chaîne», assurent les deux cofondateurs qui ne se considèrent donc pas comme ce type d’acteur. «On estime qu’on n’en est pas une tant qu’on peut encore grimper dans toutes nos salles en une semaine», sourient-ils.
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Un décalage entre bourse et économie, est-ce une bulle?
Où creuser pour trouver les pépites de la ruée vers l’IA?
À l’image des fabricants de pelles et de pioches qui furent les grands gagnants de la ruée vers l’or, ce sont les fournisseurs d’équipement nécessaire à l’essor de l’intelligence artificielle (IA) qui profitent le plus de la frénésie boursière qu’elle suscite. Nvidia en est le parfait exemple, mais il n’est pas seul.
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©FILIPYSENBAERT
Depuis un an et demi, les marchés boursiers sont pris par la fièvre de l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle (IA). Mais cet amour fou ne s’alimente pas de rêves ou de vains espoirs. Le rallye boursier lié à l’IA s’appuie bel et bien sur une véritable vague d’investissements gigantesques visant à stimuler la productivité ou simplement à nous faciliter la vie.
Le cabinet d’études Statista estime ainsi que les entreprises ont dépensé, à l’échelle du monde, plus de 200 milliards de dollars dans l’IA générative en 2023, soit un bond de près de 50% en un an, avec en tête les secteurs de la banque et de la vente au détail. Le marché, estimé à 306 milliards de dollars en 2024, passerait à 1.800 milliards de dollars d’ici à 2030.
À la pointe de ce développement, on retrouve les grands noms de la technologie tels que Microsoft, Alphabet, Meta, Amazon ou Oracle. Ils utilisent des applications d’IA comme supports à leurs ventes et à leurs centres cloud. Mais les entreprises qui en tirent le plus grand profit pour l’instant sont celles qui fournissent l’équipement nécessaire à l’essor de l’IA. Tels les fabricants des «pioches et des pelles» de la ruée vers l’or en Californie au milieu du XIXe siècle, qui ont fourni les outils indispensables aux centaines de milliers de chercheurs d’or.
Aujourd’hui, le principal fournisseur de la cour des grands de la tech est sans conteste Nvidia. L’entreprise détient le quasi-monopole des puces puissantes et ultra-rapides nécessaires aux immenses parcs de serveurs qui font tourner les modèles d’apprentissage de l’IA. Ce mois-ci, Nvidia a ainsi dépassé Alphabet, la maison mère de Google, et le géant du commerce électronique Amazon en termes de capitalisation boursière. Seuls Microsoft, Apple et Saudi Aramco valent (encore) davantage. Mercredi soir, les résultats trimestriels de Nvidia ont pulvérisé les a entes, pourtant déjà élevées. Le chiffre d’affaires a augmenté en un temps record de 265% pour a eindre 22,1 milliards de dollars. Le bénéfice par action a été multiplié par plus de 5 pour a eindre 5,16 dollars, alors que le consensus du marché n’était «que» de 4,60. Les investisseurs a endaient aussi fiévreusement les perspectives pour ce e année. Et là aussi, ils ont été bluffés, avec une prévision de ventes de 24 milliards de dollars pour le trimestre en cours. Après ces annonces, le cours de l’action a grimpé de 16% pour établir un nouveau record. Et plus spectaculaire encore, la capitalisation boursière de l’entreprise s’est bonifiée de 277
milliards de dollars, ce qui représente la plus forte augmentation jamais enregistrée en une séance pour une société cotée. Multipliée par cinq depuis le début de l’année, la valeur de Nvidia a même franchi le cap des 2.000 milliards de dollars à l’ouverture de Wall Street ce vendredi.
«Certains investisseurs sont à présent pris de vertige, estimant que l’action Nvidia est trop chère. Erreur fatale de raisonnement. Comme les bénéfices de Nvidia augmentent encore plus vite que le cours de son action, ce e dernière est en réalité devenue moins chère», fait remarquer James Demmert, stratégiste en chef chez Main Street Research. «Depuis le milieu de l’année dernière, le ratio cours/bénéfice de Nvidia est en baisse. Il ne s’agit en aucun cas d’une bulle spéculative. Les chiffres justifient ce e ascension fulgurante.»
«Si le marché a bien conscience que ce e croissance ne peut durer éternellement, les chiffres lui démontrent en tout cas que l’IA pénètre tout le monde des affaires», renchérit David Wagner d’Aptus Capital. «Les années 2024 et 2025 seront également très porteuses à cet égard. L’IA est là pour durer.»
Et Peter Garnry, économiste en chef de Saxo Bank, de pointer les marges bénéficiaires plantureuses de Nvidia: «Le groupe dégage une marge ne e de 55,6%. Aucune autre entreprise technologique dont la valeur de marché est supérieure à 100 milliards de dollars n’est aussi rentable.»
Jensen Huang, CEO et cofondateur de Nvidia, voit les choses en grand: «Nous vivons une révolution qui nous fait passer de l’informatique générale à l’informatique accélérée. Que ce soit pour la vitesse, l’efficience énergétique et les coûts, tout s’améliore considérablement. Tous les data centers du monde seront modernisés. Nos superordinateurs sont les usines génératrices d’IA de ce e révolution industrielle.»
Pour en profiter à plein, Nvidia peut en tout cas s’appuyer sur de puissants avantages compétitifs comme sa taille et son expérience
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Où creuser pour trouver les pépites de la ruée vers l’IA?
dans les jeux vidéo, qui nécessitent des puces informatiques similaires. Mais d’autres acteurs tentent de s’approprier une part de ce gâteau lucratif. AMD se présente comme le principal concurrent. Mais, au-delà des promesses, les résultats ne suivent pas. Les commandes de ses puces MI300, destinées à damer le pion à Nvidia, restent inférieures aux a entes. Et ses prévisions de ventes de puces dans l’électronique et les consoles de jeu font également pâle figure.
Un trio d’acteurs très prome eurs
«Nvidia est une entreprise formidable, mais le cours de son action intègre un scénario très optimiste», tempère l’analyste Timm Schulze-Melander de la maison d’investissement Redburn Atlantic. «Certains fournisseurs de puces IA semblent plus intéressants. En particulier, les acteurs actifs dans la technologie GAA (Gate All Around), qui permet aux transistors d’établir des contacts de tous les côtés, ont une avance substantielle. Ils augmentent fortement la puissance de calcul.»
Le trio de tête dans ce domaine est constitué des fabricants de plaque es KLA Corp, ASM International et Lam Research. Ces trois entreprises disposent d’une avance technologique et sont beaucoup plus diversifiées que l’univers de l’IA, ce qui leur confère un profil de risque moins élevé. Au cours des 3 à 5 prochaines années, le trio devrait être en mesure d’afficher une croissance supérieure des bénéfices.
«Le secteur des puces va connaître une montée en puissance cyclique à partir de la seconde moitié de 2024. Nous voyons les premières pousses vertes dans les marchés finaux», poursuit Timm Schulze-Melander. «Nous constatons également que les fabricants de puces veulent poursuivre leur intégration verticale, pour moins dépendre des fournisseurs, ce qui les amènera à acheter plus de machines. Applied Materials peut en bénéficier.» L’analyste pointe encore la surcapacité dans le secteur en estimant qu’elle pourrait bientôt être comblée.
Applied Materials est le plus grand fournisseur mondial d’équipements pour semi-conducteurs après la société néerlandaise AMSL, qui occupe une position unique et est l’une des valeurs préférées de Colombia Threadneedle. Harry Waight, gestionnaire d’actifs, explique: «ASML est l’acteur dominant dans le domaine des machines de lithographie sophistiquées pour la fabrication des puces. Sans ces machines qui dessinent des circuits sur les semi-conducteurs à l’aide de la lumière, la miniaturisation des puces est impossible. Chacune de ces machines coûte des centaines de millions de dollars, pèse 180 tonnes et est transportée vers les clients dans 40 conteneurs sur plusieurs avions. Une fois sur place, une équipe d’ASML est nécessaire pour la maintenance. Les machines sont si sophistiquées que, depuis la Lune, elles pourraient toucher votre pouce avec un laser.»
L’action ASML se traite à 46 fois les bénéfices, mais, du fait de son quasi-monopole, la société est rarement bon marché en bourse. Sa technologie est si complexe que la barrière à l’entrée pour les concurrents est presque infranchissable.
L’action du groupe Besi, le troisième fabricant de puces néerlandais de l’indice AEX, a bondi jusqu’à 15% jeudi, après d’excellents résultats
dont une hausse de 37% de ses bénéfices. L’entreprise basée à Duiven pointe le boom de l’IA pour expliquer la forte demande pour ses machines sophistiquées.
Besi est le leader mondial de l’«hybrid bonding», un processus de collage complexe à la fin de la chaîne de fabrication des puces, au cours duquel les puces et les plaque es sont ne oyées, reliées par des fils, recouvertes d’une couche protectrice et emballées. Les puces d’intelligence artificielle à haute performance nécessitent ce e nouvelle technologie qui permet davantage d’interconnexions que le «wire bonding» traditionnel.
Besi cote à 50 fois les bénéfices. De nombreux analystes trouvaient déjà son cours trop élevé lorsque l’action, qui a été très cyclique dans le passé, se situait à la moitié de son niveau actuel.
Marc Hesselink, analyste chez ING, est à l’achat sur le titre: «Le carnet de commandes s’étoffe plus que prévu, même si les prévisions pour le premier trimestre sont un peu moins toniques. Besi estime que nous nous trouvons à nouveau dans les premiers stades d’une progression cyclique. Les nouveaux systèmes de collage hybrides offrent des marges plus élevées, ce qui soutiendra les résultats.»
Le plus gros client de Besi est le géant taïwanais de la fabrication de puces TSMC. Harry Waight est un fan: «Tous les trois mois environ, la puissance de calcul nécessaire pour entraîner les grands modèles d’IA double. Les puces
nécessaires à cet effet - y compris la plupart de celles de Nvidia - sortent des usines de TSMC.»
Les entreprises qui conçoivent de concert les puces d’IA ont également une bonne cote auprès des investisseurs. Comme la société britannique ARM Holdings, dont la technologie est présente dans 99% des smartphones. L’entreprise se positionne déjà pour les puces d’IA de la prochaine génération, qui ne fonctionnent pas à partir d’un serveur, mais s’intègrent directement dans des appareils tels qu’un smartphone ou un appareil photo. L’entreprise de l’écurie Softbank du milliardaire japonais Masayoshi Son évoque une demande «immense».
L’action a déjà pris plus de 60% ce e année, ce qui s’explique aussi par son flo ant réduit. À peine un dixième des actions est coté en bourse. À 108 fois les bénéfices prévus pour ce e année, ARM est follement chère. Son homologue du secteur, Synopis, est un peu moins risqué, à 40 fois les bénéfices.
Super Micro Computer Super Micro Computer (SMC) évolue désormais à des niveaux boursiers stratosphériques. Ce e année, son cours a déjà grimpé de 158% en à peine deux mois. Et depuis 2020? Multiplié par 35! SMC est le passage obligé pour les parcs de serveurs haut de gamme. L’entreprise développe et fabrique les serveurs, jusqu’aux cartes mères, au refroidissement et aux racks. Elle possède des usines dans la Silicon Valley, à Taïwan et aux Pays-Bas. L’entreprise entretient de bonnes relations avec Nvidia, ce qui lui permet de se procurer facilement les dernières puces. L’année dernière, Charles Liang, le patron de SMC, et Jensen Huang, le CEO de Nvidia, ont présenté en duo les nouveaux produits des deux entreprises. Les serveurs d’intelligence artificielle ont besoin de cinq à six fois plus de puissance de calcul que les serveurs ordinaires.
En décembre, le magazine Barron’s a épinglé SMC comme l’une des trois meilleures actions susceptibles de bénéficier de l’essor de la construction de data centers IA, aux côtés de Nvidia et du fabricant d’infrastructures de serveurs Vertiv. À l’époque, l’action se négociait à un modeste 15 fois les bénéfices prévus pour 2024. Depuis, le cours de l’action a doublé et SMC est l’une des valeurs qui font le plus de buzz sur les réseaux sociaux. «Si son parcours ressemble à celui d’un météore, son décollage est justifié», estime Tae Kim, analyste tech chez Barron’s. «Le consensus des analystes et les propres prévisions de Super Micro Computer se sont révélés bien trop conservateurs. SMC a revu ses prévisions à la hausse dès la mi-janvier, puis à nouveau à peine deux semaines plus tard. Les ventes devraient augmenter de 40% pour a eindre 14,5 milliards de dollars ce e année. Selon le management, la demande reste bien supérieure à l’offre. SMC jouit d’une excellente réputation auprès des principaux fabricants de puces. Intel et AMD se
sont d’ailleurs réjouis de leurs bonnes relations avec Super Micro Computer lors de la présentation de leurs derniers produits.»
Dans quelle mesure, la flambée du cours de SMC se justifie-t-elle? Tae Kim cite une maxime bien connue de Steve Mandel, fondateur du groupe de fonds spéculatifs Lone Pine: «Pour les entreprises en hypercroissance, estimez les bénéfices dans deux ans. Achetez l’action si son cours se traite à 25 fois (ou moins) ces bénéfices futurs.» Pour Super Micro Computer, cela reviendrait à 32 dollars de bénéfice par action. Si l’on multiplie ce chiffre par 25, on obtient 800 dollars, soit un niveau inférieur au cours actuel de l’action, qui est proche de 1.000 dollars. Le détenteur de parts SMC doit en tout cas avoir le cœur bien accroché. À la fin de la semaine dernière, le cours de l’action a chuté de 20% en une seule séance, juste après avoir a eint un record. En cause: l’avis mitigé («conserver») avec lequel Wells Fargo avait entamé son suivi du titre. Mais, jeudi, l’action avait rebondi de 30%.
«Les machines ASML sont si sophistiquées que, depuis la Lune, elles pourraient toucher votre pouce avec un laser.»
HARRY
WAIGHT COLOMBIA THREADNEEDLEVertiv, le troisième «top pick» de Barron’s, s’est développé à coups de fusions et d’acquisitions. Au départ, tout petit fabricant de climatiseurs pour salles informatiques, il emploie désormais 27.000 personnes dans 130 pays. Vertiv fournit des systèmes d’énergie et de refroidissement, de monitoring et d’autres infrastructures informatiques pour les data centers et les télécommunications. Ce e action a également vu son cours doubler ces derniers mois.
«À 27 fois les bénéfices, Vertiv est une voie alternative bon marché pour participer à la révolution de l’IA», estime Goldman Sachs. Avec 91% de recommandations d’achat, c’est l’un des acteurs de l’IA les plus prisés par la communauté des analystes.
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Pour les entreprises en hypercroissance, estimez
En 2017, Vertiv a vendu sa branche Asco, spécialisée dans les interrupteurs de grande puissance, au français Schneider Electric pour 1,25 milliard de dollars. Ce e entreprise profite également à plein de la construction de data centers, comme fournisseur principal de systèmes d’alimentation électrique. «L’IA est un catalyseur important de la demande pour nos produits. Nous voyons ainsi nos ventes en Amérique du Nord augmenter très fortement», a indiqué l’entreprise la semaine dernière. L’essor des centres de données et des réseaux électriques leur a permis de compenser le ralentissement dans le secteur de la construction.
«À 26 fois les bénéfices prévus pour 2024, l’action Schneider n’est pas trop chère, vu son statut d’entreprise la plus performante de son secteur», affirme l’analyste Alasdair Leslie de la Société Générale. «Nous voyons un potentiel de hausse des revenus et des marges avec la poursuite de l’électrification de la société en général et des progrès de l’IA.»
Autre fournisseur de la révolution IA: Arista Networks, qui fabrique des commutateurs de réseau perme ant aux milliers de serveurs dans les racks des data centers de communiquer entre eux plus rapidement à très grande échelle.
Mais toutes les entreprises ne satisferont pas les a entes les plus élevées. Celles qui y échoueront seront massacrées en bourse. Voyez. C3.ai, dont le cours a triplé au début du boom de l’IA simplement parce que les deux le res magiques figurent dans son nom. Le cours de son action végète actuellement à 85% en dessous de son record d’il y a trois ans. L’entreprise a développé une plateforme pour concevoir des applications d’IA, mais accumule les pertes.
«L’IA est la prochaine révolution technologique, mais de nombreux titres qui y sont liés ont a eint les proportions d’une bulle», avertit Yanev Suissa, fondateur du groupe de capital-risque SineWave Ventures, dans une interview accordée à Bloomberg. «Je m’a ends à ce que ce e bulle éclate dès ce e année.»
Peter Garnry (Saxo Bank) recommande de prendre une partie de ses bénéfices: «Les investisseurs devraient commencer à envisager de réduire un peu leur exposition à la technologie américaine à la lumière des récentes progressions des actions du secteur.» Pour l’instant, le rallye se poursuit. «Tant que la musique joue, continuez à danser», a dit le patron de Citigroup, Chuck Prince. Mais dansez peut-être un peu plus près de la sortie.
La semaine de Marc Lambrechts
Un décalage entre bourse et économie. Est-ce une bulle?
Le Stoxx 600 européen et le Nikkei japonais au plus haut de leur histoire! Pour la bourse japonaise, cela n’était plus arrivé depuis près de 35 ans. Les marchés boursiers ont ba u des records en Europe et au Japon et pourtant les économies de ces deux régions du globe ba ent plutôt de l’aile, étant marquées par un net ralentissement de la croissance.
Ce décalage entre le comportement de l’économie et celui des marchés boursiers peut troubler au premier abord. Mais au premier abord seulement. Car il faut bien se rendre compte que les indices boursiers ne sont jamais le parfait reflet d’une économie locale. Les indices sont composés d’actions de grandes sociétés qui sont le plus souvent actives à l’international. Les indices peuvent aussi être tirés vers le haut par quelques valeurs seulement. C’est le cas par exemple aux États-Unis où les Sept magnifiques (Amazon, Apple, Alphabet, Meta Platforms, Microsoft, Nvidia et Tesla), surfant sur la vague technologique, ont poussé les indices américains vers des records. Ce e semaine, c’est surtout Nvidia qui a, elle seule, enflammé les marchés, grâce à d’excellents résultats liés à une demande sans cesse croissante de puces pour l’intelligence artificielle (IA), son patron parlant même d’un point de basculement (tipping point) pour l’IA.
Aux États-Unis, il n’est pas question pour l’instant de récession, l’économie continuant à bien tourner. Ce n’est pas le cas de l’Europe. Alors faut-il réellement s’étonner du record du Stoxx 600? Non, parce que l’indice vient à
peine d’effacer ses lourdes pertes encourues en 2022. Et il est aussi porté par quelques valeurs vede es internationales, comme ASML ou Novo Nordisk.
Le cas du Japon est plus spécifique. Près de 35 ans ont été nécessaires pour effacer des table es le record de 38.915 points a eint en clôture le 29 décembre 1989.
Comment expliquer l’envolée de plus de 40% de l’indice Nikkei au cours des douze derniers mois? On peut citer, comme facteurs explicatifs, la réforme des sociétés nippones, la faiblesse des taux d’intérêt, la baisse du yen, le
Il faut bien se rendre compte que les indices boursiers ne sont jamais le parfait reflet d’une économie locale.
désintérêt pour la Chine qui profite amplement au Japon et aussi le fait que Warren Buffe s’est intéressé à certaines actions du pays du Soleil levant.
Mais cet épisode de 35 ans montre aussi que l’explosion d’une bulle spéculative peut faire de lourds dégâts. Vous connaissez le célèbre adage boursier: les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. En 1989, les ratios cours/ bénéfices, critère de valorisation par excellence, a eignaient des chiffres à donner le
tournis, soit le niveau de 70 à Tokyo. Quand les taux d’intérêt ont commencé à grimper au Japon, la bulle a li éralement explosé. Le Nikkei a dégringolé successivement tous les paliers: 30.000, 20.000, 10.000… Le 10 mars 2009, il s’est arrêté à 7.054,98, soit plus de 80% plus bas qu’en 1989 ! Krach boursier, krach immobilier et crise bancaire... Le Japon a mis des décennies à s’en reme re.
Doit-on craindre aujourd’hui une bulle, surtout aux États-Unis? Les analystes de Bank of America soulignent que les Sept Magnifiques ont enregistré une hausse de 140% au cours des douze derniers mois. Ce e ascension n’est pas très éloignée des 150% de la bourse japonaise dans les années 1980. Mais elle reste encore à distance des 190% des valeurs Internet (les dotcom) en 1990-2000.
En termes de valorisation, le rapport cours-bénéfice des «Magnificent 7» est de 45.
C’est évidemment loin d’être bon marché, mais c’est moins que le niveau de 70 du Nikkei en 1989 ou les 65 de l’indice Nasdaq Composite en 2000. Surtout, les Sept (dont il faut peut-être retirer Tesla qui est à la traîne) sont de vraies machines à cash, ce qui était loin d’être le cas des actions «dotcom» en 2000.
Le plus grand danger dans le contexte actuel, c’est peut-être un emballement spéculatif général, avec la peur de rater le train haussier, le FOMO (fear of missing out). Nous n’y sommes pas encore, même si le parcours boursier de Nvidia a parfois de quoi surprendre. Toute déception sur les résultats ou sur les taux d’intérêt risquerait alors d’être durement sanctionnée.
Le chi re
3%
Le taux du livret français restera gelé jusqu’en 2025
Il n’y a pas qu’en Belgique où l’on débat des conditions des livrets d’épargne. C’est le cas aussi en France avec le fameux Livret A qui o re un taux relativement attrayant de 3%. Ce taux régulé, lié aux taux monétaires et à l’inflation, aurait dû grimper à 4% en août dernier. Mais la Banque de France et le ministre des Finances Bruno Lemaire ont décidé de bloquer le taux à 3%, notamment pour des raisons de stabilité financière. Les banques françaises qui distribuent le produit voyaient d’un très mauvais œil le fait de passer à 4%, ce qui aurait pu leur coûter quelques milliards d’euros. L’an dernier, Paul Cassia,
La figure
Jordan Belfort recommande à tout particulier d’investir en fonds indicés ou en exchange-traded funds (ETF) où les frais sont réduits.
professeur de droit à l’Université Panthéon-Sorbonne, avait demandé l’annulation du gel du taux du Livret A à 3%, un gel qui doit durer jusqu’en janvier 2025. Le Conseil d’État a rejeté cette semaine ce recours du professeur Cassia, par ailleurs administrateur au sein d’Anticor (une association citoyenne contre la corruption et pour l’éthique en politique). Le Conseil d’État a validé l’argument des «circonstances exceptionnelles», avancé par la Banque de France. Une des craintes était que le taux du Livret A, qui sert de référence pour les taux du crédit du logement social, allait rendre ce dernier plus onéreux. Même si l’on ne réside pas en France, il est possible d’ouvrir un Livret A (avec un montant limité à 22.950 euros). Pour un résident belge, il faut toutefois déclarer ce livret dans sa déclaration d’impôt, les revenus étant taxés à 30%. À 3%, les conditions sont donc égales à celui du dernier bon d’État.
Les «bons conseils» du fameux Loup de Wall Street
«C’est une période de ma vie dont je ne suis pas fier. Depuis plusieurs années, j’essaie de rattraper mes errements passés en aidant des dizaines de millions de personnes, dans le monde entier, à améliorer leur vie et leurs finances…» Ainsi s’exprime Jordan Belfort, 61 ans, dans son dernier livre traduit en français «Investir. Mes secrets pour gagner en Bourse» (Talent Éditions). Celui qui est appelé «Le Loup de Wall Street» veut aujourd’hui aider le petit investisseur. Le même petit investisseur qu’il a grugé dans les années 1990 en faisant la promotion de «penny stocks», des actions qui ne valent presque plus rien sur les marchés et dont il gonflait artificiellement les cours. Belfort a fait 22 mois de prison pour fraude, escroquerie et blanchiment d’argent. Son livre «The Wolf of Wall Street», qui raconte sa vie, a été adapté au cinéma, avec Leonardo DiCaprio dans son rôle de «golden boy». Jordan Belfort s’attaque désormais à «la machine à surfacturer de
La situation est très différente entre, d’une part, l’Europe et le Japon et, d’autre part, les États-Unis. Mais, a ention, une bulle n’est pas l’autre. Jordan
Wall Street», un «monstre géant suceur de sang», qui remplit ses poches avec des commissions et honoraires démesurés. À l’instar de Warren Bu ett, il conseille à tout particulier de surtout investir en fonds indicés (ou en ETF) sur l’indice S&P 500 où les frais sont réduits. Il se méfie aussi des conseils de certains médias, dont la chaîne de télévision financière CNBC. En particulier de Jim Cramer, qu’il présente comme un «bonimenteur en chef, dont l’émission est d’une telle toxicité pour l’investisseur lambda qu’il est di icile de l’expliquer avec des mots». Quand le loup montre ses crocs...
La semaine prochaine
Des records en pagaille sur les marchés boursiers
Plusieurs indices boursiers à travers le monde évoluent désormais à un nouveau plus haut historique, alors que de plus en plus d’investisseurs craignent de manquer le rally.
Les actions européennes ont enregistré une performance hebdomadaire positive pour la cinquième semaine consécutive. Ce qui a permis au Stoxx Europe 600 de dépasser son précédent record, datant du 5 janvier 2022, et de se rapprocher de la barre symbolique des 500 points.
Ce n’est pas le seul indice boursier à se négocier à un nouveau plus haut historique. À la Bourse de Tokyo, le Nikkei 225 a ba u son record vieux de plus de 34 ans, tandis qu’à Wall Street, le Dow Jones, le Nasdaq 100 et le S&P 500 ont gravi de nouveaux sommets. Encore.
L’étincelle qui a allumé le feu de joie sur les marchés est sans conteste la publication des résultats de Nvidia, mercredi soir. Le géant américain des puces électroniques profite pleinement de l’engouement autour de l’intelligence artificielle, tant en bourse que dans ses activités, à tel point que son chiffre d’affaires pour le quatrième trimestre 2023 a bondi de 265% à 22,1 milliards de dollars. Il a ainsi pulvérisé les a entes des analystes. Et s’est même permis de relever ses ambitions pour le trimestre en cours. En réaction, le titre a bondi de 16,4% jeudi, gonflant sa capitalisation boursière de plus de 275 milliards de dollars. Du jamais vu. Le précédent record était détenu par un autre des Magnificent Seven, Meta, dont la valeur en bourse s’était envolée de 197 milliards de dollars début février après la publication de résultats trimestriels supérieurs aux prévisions.
«Le mot ‘énorme’ est un euphémisme»
«Le mot ‘énorme’ est un euphémisme», a commenté Frank Vranken, stratégiste chez Edmond de Rothschild (Europe) dans une note publiée vendredi matin. «Les résultats de ces sociétés sont devenus plus importants que les données macroéconomiques américaines, et aussi importants que l’inflation américaine.»
L’euphorie déclenchée par Nvidia s’est en effet propagée à l’ensemble des marchés, au-delà du secteur de la technologie. «En ce moment, le
marché ne semble plus avoir qu’une crainte: la FOMO, la fameuse Fear Of Missing Out», constate Philippe Gijsels, stratégiste chez BNPP Fortis, sur le blog de la banque. «La crainte de ne pas posséder dans son portefeuille des actions de Nvidia ou du moins des Magnificent Seven ou du complexe technologique, et de voir ses amis, ses voisins et sa famille s’enrichir alors que l’on se trouve soi-même sur la touche.»
Ce fin observateur des marchés financiers ne sait pas dire, pour l’instant, si nous nous trouvons dans une phase d’exagération. Il appelle toutefois à «une certaine prudence».
Le holding familial belge
D’Ieteren est moins cyclique que sa principale activité (la distribution automobile, en Belgique, avec 25% du marché) grâce à sa part de 50% dans Belron, le leader mondial de la réparation de vitres automobiles qui tire 60% de ses rentrées aux États-Unis. D’Ieteren est intéressant en raison de ses perspectives de croissance significatives, de sa décote par rapport à la valeur sous-jacente de ses actifs et du fait que la famille D’Ieteren/Perrier détient 60% des actions. À ces facteurs s’ajoutent un dividende en hausse et un programme d’achat d’actions de 100 millions d’euros.
Novo Nordisk
L’euphorie déclenchée par Nvidia s’est propagée à l’ensemble des marchés, au-delà du secteur de la technologie.
«Techniquement, le marché est toujours résolument suracheté. (...) Cela signifie donc qu’à un moment donné nous finirons par assister à un retour à la réalité, à une pause ou même à une correction. Cependant, ces moments sont difficiles à repérer lorsque tout le marché est en proie à la FOMO et qu’il faut à chaque pas faire a ention à ne pas se laisser piétiner par les taureaux en furie…»
Fait plutôt surprenant, ce ne sont pas les valeurs technologiques (-0,08%) qui ont mené la tendance en Europe ce e semaine, mais bien la chimie (+3,5%) et l’automobile (+3,48%). Celui-ci a notamment été porté par le bond de l’action Mercedes-Benz à la Bourse de Francfort.
Le constructeur allemand a pourtant publié des résultats décevants, actant un recul de ses ventes au cours des trois derniers mois de 2023.
Qui plus est, ses perspectives à court terme ne sont guère alléchantes, avec une baisse de sa rentabilité et des difficultés toujours présentes en Chine. Mais le groupe a su charmer les investisseurs en annonçant un programme de rachats d’actions propres à hauteur de 3 milliards d’euros.
Quels perdants, ce e semaine?
Ce vendredi, la banque britannique Standard Chartered a également joué la carte de la séduction, affirmant vouloir redistribuer «au moins 5 milliards de dollars» à ses actionnaires sur les trois prochaines années. «La restitution du capital aux investisseurs semble être une priorité ces jours-ci» en Europe, note Frank Vranken.
Toutes les valeurs n’ont pas participé au rally boursier. À commencer par le secteur des ressources de base (-2,95%). La faute au géant suisse Glencore qui a vu son bénéfice net dégringoler de 75% en 2023 en raison de la «normalisation» des marchés de l’énergie et la chute des prix de certains métaux. Pointons enfin la déroute d’Agfa-Gevaert (-11,1%) à la Bourse de Bruxelles. Le titre se négocie à son plus bas niveau depuis son IPO, à près de 1 euro. Un triste record alors que ce spécialiste de l’imagerie doit publier ses résultats annuels le 13 mars prochain.
L’agenda macroéconomique se remplira au fur et à mesure au cours des prochains jours, la semaine débutant timidement avec quelques indicateurs de confiance avant de se terminer en apothéose avec les chiffres sur l’inflation aux États-Unis et en zone euro. Les investisseurs seront particulièrement a entifs à l’indice des prix des dépenses personnelles de consommation (Personal Consumption Expenditures ou PCE), l’indice d’inflation préféré de la Réserve fédérale américaine, dont les données pour le mois de janvier seront publiées ce jeudi. Après les «bons» chiffres de décembre, qui ont montré un recul de l’indice PCE «core» à 2,9%, les économistes espèrent un nouveau ralentissement de l’inflation de base à 2,8% sur un an. Soit son plus bas niveau depuis mars 2021.
Il sera aussi question d’inflation vendredi avec les données préliminaires pour le mois de février en zone euro. Les experts de Bloomberg Economics prévoient que l’inflation tombera à 2,6%, contre 2,8% en janvier. «La baisse devrait être généralisée dans les secteurs de l’alimentation, des biens de consommation et des services, compensant une certaine pression à la hausse dans le secteur de l’énergie.»
L’inflation de base devrait également diminuer, passant de 3,3% à 2,9%.
Au niveau des résultats d’entreprise pour le quatrième trimestre 2024, la saison se termine à Wall Street. Les chiffres de Berkshire Hathaway, le holding du célèbre investisseur Warren Buffe , seront dévoilés ce samedi.
L’actualité sera par contre plus chargée à la Bourse de Bruxelles. Des poids lourds du Bel 20 sont a endus au rapport: Ageas et UCB présenteront ses résultats mercredi; AB InBev, Ackermans & van Haaren et Argenx jeudi. Les analystes s’a endent notamment à ce que le géant brassicole fasse état d’une hausse d’environ 6% de ses revenus pour la période entre octobre et décembre. Citons également CFE, DEME, Recticel, Bpost, Bekaert parmi les autres sociétés belges qui doivent publier leurs chiffres trimestriels et annuels ce e semaine.
Novo Nordisk , groupe pharma danois, produit des médicaments contre le diabète et l’obésité, développés à partir du GLP-1, une hormone qui stimule la sécrétion d’insuline après un repas. Novo Nordisk détient une part de marché de 54% dans ce e niche, mais les concurrents se bousculent au portillon.
Novo Nordisk conserve un grand pouvoir de fixation des prix pour des produits en forte demande avec, à la clé, un rendement sur fonds propres de 88%. Son bilan en béton lui permet des rachats ciblés, des investissements d’expansion, des programmes de rachat d’actions et une politique de dividende généreuse.
Meta
Meta domine les réseaux sociaux avec, entre autres, Facebook, Instagram et Whatsapp, où il mise gros sur l’IA. Son bénéfice par action a bondi de 78%. L’augmentation des rece es publicitaires et du nombre d’utilisateurs, ainsi que les applications prome euses de l’IA rendent le groupe intéressant. En plus, il a mis de côté 80 milliards de dollars pour racheter ses propres actions.
Après Alphabet, Meta est l’action Magnificent Seven la moins chère sur la base de son PER (23). Malgré des plans d’investissement importants, Meta versera désormais un dividende trimestriel.
Microsoft
Microsoft fixe les prix, innove et est leader sur le marché. Son action est un must dans tout portefeuille. Aujourd’hui, l’activité cloud basée sur l’IA est le principal moteur de croissance, mais d’autres activités telles qu’Office, Windows et LinkedIn se développent toujours.
Le lancement de Copilot, qui vise à intégrer l’IA dans les systèmes informatiques afin d’améliorer la productivité, est un franc succès. Avec l’acquisition d’Activision Blizzard et de la division Xbox, Microsoft veut devenir le numéro un du jeu vidéo. Fort de son solide «pricing power», Microsoft est acyclique.
Vinci
Vinci est le leader mondial de la construction et de la gestion d’autoroutes, d’aéroports et d’infrastructures énergétiques dans 120 pays. Son marché domestique, la France, représente 43% du chiffre d’affaires, mais la croissance est la plus forte à l’international. L’augmentation du nombre de passagers et de son carnet de commandes a dopé son résultat opérationnel de 23% en 2023. Avec Vinci, vous misez sur les besoins en infrastructures, notamment pour la transition énergétique. Vinci affiche une solide trésorerie, un beau programme de rachat d’actions et un coquet rendement du dividende (+/-4%).
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Finances personnelles & immobilier I L’ECHO samedi 24 février 2024
Réduction et aménagement du temps de travail: quel impact sur les collaborateurs?
Diminuer son temps de travail sans perte de salaire, prendre un 4/5ème, compacter son temps de travail sur quatre jours... Quelles sont les implications pour les collaborateurs?
Le week-end dernier, le PS lançait sa campagne électorale avec, notamment, ce e annonce forte: «Nous voulons une semaine de quatre jours en 32 heures, sans perte de salaire.»
Justement, à partir du 5 mars, des entreprises volontaires vont participer, pour une période de six mois, à une expérience pilote encadrée par le Bureau fédéral du Plan et l’Université de Gand, visant à évaluer l’impact d’une telle organisation.
Passer à quatre jours de travail par semaine, payés cinq, revient à réduire la durée hebdomadaire du travail de 20% à rémunération inchangée. Ce n’est pas anodin.
Notre objectif n’est pas de nous prononcer sur le fond du dossier, mais de déterminer quelles sont les implications d’une telle (ré)organisation pour les travailleurs qui seront «embrigadés» dans l’aventure. Mais aussi de cerner les différences avec les autres formules d’aménagement ou de réduction du temps de travail existantes, et leurs conséquences sur les collaborateurs concernés.
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La semaine de quatre jours (32 heures) à salaire égal
©MONTAGEWVB/SHUTTERSTOCK
En réalité, la semaine de quatre jours avec réduction du temps de travail et sans perte de salaire existe depuis près de 20 ans. Elle ouvre le droit à des réductions de cotisations pour les employeurs, libres d’introduire une réduction collective du temps de travail en dehors du cadre de l’étude. Le succès de l’expérience pilote dépendra évidemment en grande partie de l’adhésion du personnel. «La plupart des entreprises intéressées consultent leur personnel avant de décider de participer. Lors d’un webinaire organisé pour présenter l’expérience, un chef d’entreprise a livré son témoignage sur la semaine de quatre jours (32 heures), en France. Au départ, plusieurs travailleurs étaient réticents, mais un ou deux ans après l’introduction de ce nouveau régime, seuls deux sur un millier le sont encore», explique Maritza Lopez Novella, Senior Researcher Labour Market au Bureau du Plan. De façon générale, ajoute-t-elle, «les témoignages sont très positifs après la période de test, même si, au départ, il y a quelques réticences. L’avantage du test, c’est qu’il est toujours possible de revenir en arrière si cela ne se passe pas bien...».
> Modalités pratiques
Dans le cadre de l’étude, les entreprises ont le choix entre plusieurs modalités, à leur meilleure convenance: jour «off» variable ou fixe, semaine de quatre jours avec réduction du temps de travail à 32 heures, 34 heures, etc. La réduction du temps de travail peut s’appliquer à toute l’organisation ou à certains départements ou groupes de travailleurs. Les entreprises peuvent se retirer à tout moment de l’expérience.
> Congés annuels
Les salariés qui travaillent à temps plein ont droit à quatre semaines de congé par an. Dans un régime de 38 heures sur cinq jours, cela signifie qu’ils ont droit à quatre semaines de cinq jours, soit 20 jours de congé par an. Dans un régime de 32 heures sur quatre jours, ces personnes ont toujours droit à quatre semaines de congé, mais ce e fois de quatre jours. Il en va de même pour les personnes à temps partiel dont le nombre de jours de congé est calculé au
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Réduction et aménagement du temps de travail: quel impact sur les collaborateurs?
prorata de leur durée du temps de travail», explique le Bureau du Plan. Si des jours de RTT sont accordés au sein de l’entreprise pour respecter une durée de travail hebdomadaire moyenne de, par exemple, 38 heures par semaine (douze jours RTT dans le cas d’un régime de 40 heures/semaines), ils ne seront évidemment plus d’application si l’entreprise réduit collectivement la durée du travail sous les 38 heures/semaine.
> Congé parental ou en crédit temps
La réduction collective du temps de travail n’a pas d’impact sur le montant de l’allocation d’interruption. «Par contre, leurs prestations sont adaptées. Si l’entreprise réduit le temps de travail de 38 à 32 heures, un collaborateur à mi-temps dans le cadre d’un congé parental, qui ne travaillait plus que 19h/38h, passerait à 16h/32h par semaine», détaille le Bureau du Plan.
> Temps partiel
Cas 1 Le temps partiel correspond à un nombre défini d’heures de travail par semaine (exemple: 30,4 heures). Si l’entreprise passe à un régime de 32 heures semaines au lieu de 38, le salarié à temps partiel continue à travailler 30,4 heures par semaine, mais sa rémunération doit être augmentée proportionnellement pour éviter toute discrimination par rapport à ses collègues qui travaillent à temps plein.
Par
Cas B. Le temps partiel est exprimé par une fraction d’un emploi à temps plein. exemple, le 4/5 d’un temps plein de 38 heures par semaine. Si l’entreprise passe à un régime de 32 heures par semaine au lieu de 38, le collaborateur à temps partiel continue à 4/5e temps. Sauf que suite à la réduction collective du temps de travail, cela correspond en principe à 26 heures de travail (à moins qu’il ne bénéficie proportionnellement de jours RTT). S’il est rémunéré sur une base horaire ou mensuelle, il devra être augmenté proportionnellement. Si son salaire est forfaitaire, il ne sera pas modifié.
Quid des avantages extralégaux?
> Pension La réduction collective du temps de travail n’a d’effet ni sur le montant, ni sur la date de prise de cours de la pension.
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Horaire presté sur 4 jours au lieu de 5 (Deal pour l’emploi)
Il ne faut pas confondre la réduction du temps de travail à salaire égal avec une mesure, lancée fin novembre 2023, dans le cadre du «Deal pour l’emploi», qui consiste à concentrer ses prestations sur quatre jours au lieu de cinq dans
«Les avantages extra légaux sont déterminés au niveau du secteur ou de l’entreprise. Il faut donc vérifier ce qui a été convenu. Souvent, c’est l’emploi à temps plein qui est pris en compte pour l’octroi des avantages extralégaux et un prorata est prévu pour les travailleurs à temps partiel», indique le secrétariat social Securex.
La technologie mobile évolue constamment. Devrez-vous bientôt changer de smartphone pour surfer ou téléphoner de manière fluide, rapide et efficace?
Partout dans le monde, les opérateurs mobiles débranchent tour à tour leurs réseaux 3G. Aux ÉtatsUnis, par exemple, la 3G est totalement désactivée depuis l’été 2022. Et la Belgique ne fera pas exception à ce phénomène.
Début 2024, Orange a commencé à abandonner son réseau 3G. «Nous travaillons par zones afin de désactiver complètement la 3G sur l’entièreté du territoire belge dans le courant de l’année 2025».
Chez Telenet/Base, ce processus démarrera en septembre 2024 et
s’étalera sur plusieurs mois. «D’ici à fin 2024/début 2025, le signal devrait avoir entièrement disparu», indique Coralie Miserque, porteparole. De son côté, Proximus s’engage à garantir une couverture 3G complète jusqu’à la fin de ce e année.
Bien que la plupart des utilisateurs mobiles ne subiront aucun impact (car ils utilisent déjà les réseaux 4G et 5G), «d’autres devront prendre des mesures pour que leur expérience mobile puisse se poursuivre sans heurts», prévient Coralie Miserque.
Smartphone 2G/3G
Vous disposez d’un appareil 2G/3G, par exemple l’iPhone 4? Dans ce cas, vous pourrez continuer à passer des appels grâce au réseau 2G, mais la qualité pourrait être inférieure.
Vous pourrez aussi continuer à
le but de contribuer à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Dans ce cadre, ouvert aux seuls travailleurs à temps plein, on preste 38 heures réparties sur quatre jours à raison de 9,5 heures par jour ou 40 heures maximum, réparties sur quatre jours, à raison de dix heures par jour.
percevait un salaire de 3.000 euros bruts dans le cadre d’un temps plein, le travailleur recevra un salaire au prorata lorsqu’il commence à travailler à 4/5e, soit 2.400 euros, et percevra des allocations d’interruption de l’Onem pour le jour de congé parental», explique Els Vanderhaegen.
> Congés
Le collaborateur peut demander de passer à un régime hebdomadaire variable, ce qui lui perme ra de travailler moins une semaine et de compenser par un horaire plus chargé la semaine suivante. Les parents séparés peuvent ainsi mieux gérer la garde alternée. «Cela implique qu’on organise le temps de travail en cycles récurrents (de deux semaines ou plus). Ces cycles ne doivent pas nécessairement être organisés en semaines allant du lundi au dimanche. Toute période de sept jours consécutifs entre en ligne de compte», précise
«Dans le cadre d’une semaine répartie sur quatre jours, le collaborateur peut opter pour un régime hebdomadaire variable.
SD Worx.
Cela permet de travailler moins une semaine et de compenser par un horaire plus chargé la semaine suivante.»
Pour les vacances annuelles, les travailleurs en congé parental ne bénéficient pas de l’assimilation de la partie non prestée. Leurs droits sont établis sur la base des prestations à temps partiel.
> Pension
Les personnes qui réduisent leurs prestations dans le cadre d’un régime de crédit temps ou d’un congé thématique et qui perçoivent une prime de l’Onem, continuent à se constituer des droits de pension comme si elles travaillaient à temps plein.
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Le travail à temps partiel (4/5e)
L’initiative d’adapter son temps de travail revient toujours au travailleur. L’employeur n’est pas tenu d’accepter, mais il doit invoquer des motifs valables (fonctionnement et à la bonne organisation de l’entreprise). En cas d’accord, un contrat individuel écrit fixe les modalités pratiques, la date de début du nouveau régime de travail. Une demande est acceptée pour une durée de six mois maximum, renouvelable.
SD WORX PRESTATAIRE DE SERVICES DE RESSOURCES HUMAINES
> Congés
Dans un système classique de travail à temps partiel, le travailleur choisit de réduire son temps de travail. «S’il preste 38 heures et perçoit un salaire mensuel de 3.000 euros brut, lorsqu’il commence à travailler à 4/5e, son salaire est calculé au prorata (2.400 euros). Il ne bénéficiera par contre d’aucune allocation», précise l’experte de Securex.
Le travailleur continue à prester à temps plein et acquiert donc tous les droits d’un travailleur à temps plein, même si ses prestations sont réparties sur quatre jours. «Mais a ention, il aura droit à un maximum de quatre semaines de vacances, soit 16 jours sur une semaine de travail de quatre jours», note Els Vanderhaegen, experte juridique chez Securex.
Si le travailleur prend congé durant sa semaine «light», cela devra faire l’objet d’un accord avec son employeur. «En cas de congé, la période pourrait simplement être reportée. Les périodes alternées ne doivent d’ailleurs pas nécessairement correspondre à des semaines calendrier», selon Jean-Luc Vannieuwenhuyse, expert juridique chez SD Worx.
> Pension Les droits à la pension sont maintenus.
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Le congé thématique et crédit temps (4/5e)
Dans le cas d’un congé thématique, prenons l’exemple du congé parental avec réduction des prestations de 1/5e pendant 20 mois (qui peut être fractionné en périodes de cinq mois ou par un multiple: dix, quinze ou 20 mois).
«Le travailleur à temps plein qui effectuait 38 heures sur cinq jours passera à 30,4 heures sur quatre jours, avec un jour de congé parental. S’il
> Congés
Pour les travailleurs à temps partiel, le nombre de jours de vacances est calculé au prorata. Avec un contrat de travail à 4/5ème, vous aurez donc droit à 16 jours de vacances si vous avez travaillé durant toute l’année précédente.
> Pension
Si vous passez à temps partiel (hors congés thématiques ou crédit temps), votre salaire mensuel diminuera et vous vous constituerez dès lors moins de droits à la pension. Le montant de la pension dépend en effet (notamment) du niveau de vos revenus (plafonnés) au cours de votre carrière.
Le travail à temps partiel a aussi une influence sur l’âge de la retraite. Le nombre de jours travaillés est en effet déterminant pour l’âge auquel on peut prendre sa pension (anticipée). Une «année» ne compte pour la carrière qu’à partir d’un tiers d’un horaire complet (104 jours à temps plein).
La pension complémentaire est par ailleurs affectée. Les versements à l’assurance groupe sont réduits proportionnellement. Si l’on réduit son activité d’un cinquième, il n’y aura que le paiement des quatre cinquièmes des primes de l’assurance groupe. Le travailleur à temps partiel touchera donc un capital moins élevé au moment de la pension.
Que signifie la fin de réseau 3G pour vous?
surfer mais à des vitesses très lentes. «Pour une expérience mobile optimale, nous allons donc conseiller à notre clientèle de se procurer un appareil plus récent compatible avec la 4G et la 5G», ajoute-t-elle.
Orange précise par ailleurs que son réseau 2G restera en service au moins jusqu’à 2028.
Smartphone 4G, non-VoLTE VoLTE? Ce sigle est la contraction de «Voice over LTE». Et «LTE» est un synonyme de 4G. Il s’agit donc de la technologie qui permet de téléphoner sur le réseau 4G, tout en assurant un son haute définition.
Les iPhones 5 et 6 sont des smartphones qui peuvent se connecter au réseau 4G mais qui ne peuvent pas l’utiliser pour passer des appels.
La fin du réseau 3G signifie que ces smartphones ne subiront pas d’impact sur la qualité du surf, mais
«Certains utilisateurs devront prendre des mesures pour que leur expérience mobile puisse se poursuivre sans heurts.»
CORALIE MISERQUE PORTE-PAROLE DE TELENET/BASE
que leurs utilisateurs devront par contre avoir recours au réseau 2G pour passer des appels, ce qui pourra avoir un impact sur la qualité de ces derniers.
En outre, «les utilisateurs de ce type de smartphone ne pourront plus appeler et surfer en même temps», prévient Coralie Miserque. C’est le cas, par exemple, d’une personne qui utilise son carkit pour téléphoner, tout en utilisant l’application Waze».
Smartphone 4G/5G
Il peut arriver que la fonction VoLTE ne soit pas activée par défaut. Si tel est le cas, il faudra ajuster les paramètres de votre smartphone.
Par exemple, si vous utilisez un iPhone, rendez-vous dans «Réglages» > «Données cellulaires» > «Options» > «Voix & données». Si l’option «5G/4G/LTE» apparaît, votre
appareil mobile est alors pleinement compatible avec les réseaux 4G et 5G, tant pour le surf que pour les appels.
Pour les appareils Android, le chemin d’accès diffère d’une marque à l’autre.
Modèle de smartphone
Si vous n’avez aucune idée du modèle de votre smartphone, vous pouvez facilement trouver cette information dans les paramètres, ou sur base de numéro IEMI de votre smartphone. Pour cela, composez le *#06# et introduisez le code à 15 chiffres reçu sur iemi.info. Enfin, Telenet/Base précise que dans les communications personnalisées qui seront envoyées dans le courant du mois de mars, l’opérateur expliquera à chaque client dans quelle situation il se trouve et ce qu’il y a lieu de faire.
Selon la Région où vous habitez et peu importe le système de partage d’énergie auquel vous participez, votre fournisseur peut vous réclamer des frais administratifs.
Quels frais facturent les fournisseurs pour le partage d’énergie?
Vous êtes client chez Engie, vous participez à un système de partage d’énergie et votre contrat d’énergie sera renouvelé dans le courant du mois de mars? Dans ce cas, ce fournisseur d’énergie vous facturera désormais des frais administratifs annuels de 121 euros, sauf si vous habitez en Région bruxelloise (voir plus loin).
De fait, depuis le 1er décembre 2023, Engie facture un forfait pour tout nouveau contrat participant à une forme de partage d’énergie se trouvant en Wallonie ou en Flandre.
Pour rappel, il est question de partage d’énergie lorsque le propriétaire d’un système de production (par exemple un ménage équipé de panneaux photovoltaïques) ne peut pas consommer à lui seul l’énergie produite. Dans ce cas, le surplus d’énergie injecté sur le réseau peut être racheté par son fournisseur d’énergie et/ou partagé (avec un voisin ou d’autres personnes dans la Région).
Le but de ce partage est de perme re à l’ensemble des bénéficiaires de faire diminuer leur facture d’énergie.
«Pour les clients existants, l’instauration de ce forfait se fera lors du renouvellement de contrat, ou si vous décidez de le changer avant son renouvellement», précise Engie. «Les premières le res de renouvellement de contrat comprenant ce coût supplémentaire ont été envoyées fin décembre et concernent donc les contrats renouvelés qui débutent en mars 2024.»
Jusqu’à 150 euros par an Engie n’est pas le seul fournisseur à prévoir de tels frais (voir tableau). Selon les cas, la note peut grimper jusqu’à 150 euros par an, notamment chez Luminus ou Mega. Mais contrairement à Engie, ces deux fournisseurs ont opté pour une facturation au prorata du nombre de jours pendant lesquels le partage d’énergie est actif. C’est pareil pour Octa+, sauf que la tarification se fait sur une base mensuelle et se chiffre à 9 euros, soit 108 euros sur une base annuelle.
La généralisation de tels frais est vivement critiquée par Testachats, surtout qu’ils concernent tant les producteurs d’énergie à l’origine du partage que les bénéficiaires. «Cela rend immédiatement le partage d’énergie solaire beaucoup moins intéressant, alors qu’il s’agit d’une solution durable et sociale. Pourquoi donneriez-vous votre électricité gratuitement à votre voisin si votre fournisseur d’énergie vous présente une facture de 150 euros pour le faire?»
Ceci dit, le partage d’énergie ne doit pas nécessairement être gratuit. Vous pouvez convenir avec votre voisin que celui-ci vous paie – par exemple – 10 cents/kWh d’électricité fournie. Ce qui reste pour lui ne ement moins cher qu’un tarif fixe ou variable. Mais cela signifie que pour rentrer dans vos frais de partage d’énergie, il faudra au moins lui livrer 1.500 kWh d’électricité par an.
Des frais administratifs «énormes»
Pour les fournisseurs, de tels frais sont actuellement nécessaires pour couvrir les énormes frais administratifs dus au partage d’énergie. «En tant
que fournisseur, nous nous retrouvons à travailler avec des fichiers Excel manuellement au lieu d’avoir les informations codées et structurées via le système MIG6 (Atrias) qui nous perme rait de faire la facture automatiquement et par conséquent de diminuer voir de supprimer ces frais administratifs», explique Jean-Louis Letraublon, manager chez Octa+.
Ceci dit, TotalEnergies ne facture à ce stade aucun frais pour le partage d’énergie. «Même si les communautés d’énergie génèrent des surcoûts de gestion significatifs, nous ne les répercutons pas, car le nombre de ces groupements est actuellement encore limité», indique Greet Roosen pour TotalEnergies Power & Gas.
Les frais liés au partage d’énergie concernent autant les producteurs d’énergie à l’origine du partage que les bénéficiaires.
«Si le développement de ces communautés se poursuit et génère des frais trop importants, nous réévaluerons alors la situation. En cas de changement, nous informerons bien entendu les parties concernées en premier lieu et à l’avance, comme toujours.»
L’exception bruxelloise
En revanche, ces frais administratifs ne sont pas appliqués aux partages d’énergie qui ont lieu dans la Région de Bruxelles-Capitale. «Pour nos clients bruxellois, nous ne facturons pas ce e prestation, car nous recevons déjà les volumes corrigés immédiatement de Sibelga (le gestionnaire des réseaux de distribution d’électricité et de gaz naturel, NDLR)», explique Stéphane Cornet, son porte-parole.
«La facturation est entièrement automatique. Nous ne devons pas non plus intervenir pour le démarrage du partage d’énergie. C’est le client qui s’en charge avec Sibelga et nous en sommes informés par la suite.»
Contribuez au succès du partage d’énergie à Bruxelles
Un tarif fixe moins cher qu’un tarif variable? C’est possible, à condition de devenir membre d’une communauté d’énergie et d’être équipé d’un compteur intelligent.
Il y a désormais six communautés d’énergie (CE) à Bruxelles. De fait, depuis mi-février, Brugel, le médiateur du marché bruxellois de l’énergie, a annoncé qu’une nouvelle autorisation venait d’être octroyée à la CE Sun-Job d’Uccle. Depuis avril 2022, et depuis la mise en place d’un cadre légal, tous les ménages bruxellois qui le souhaitent ont la possibilité de participer à un partage d’énergie, que ce soit par le biais d’un partage de pair à pair (entre deux participants) au sein d’un même bâtiment ou encore, par le biais d’une CE.
Croissance du partage d’énergie
Et le nombre de ces partages d’énergie ne cesse d’augmenter. Il y a actuellement 23 partages d’énergie au sein d’un même bâtiment (contre six en mai 2023), tandis que les échanges de pair à pair sont passés de 10 à 27.
Alors que les CE sont désormais au nombre de six, l’obtention de la première autorisation pour une CE – l’ASBL «Illuminons notre quartier»– date seulement du 26 mai 2023. «Et ce n’est pas fini, d’autres demandes d’autorisation sont en cours d’analyse au sein de notre service juridique», indique Brugel.
Grégory Van Eerdenbrugghe, l’un des membres fondateurs de ce e première CE, confirme le succès du partage de l’énergie. «Nous sommes déjà 80 membres actifs, dont 30 consommateurs. Nous comptons déjà également une trentaine de futurs membres, en a ente de leur compteur intelligent, de la signature de leur contrat, etc.» Contrairement aux autres CE bruxelloises (voir ci-dessous), le périmètre géographique de l’ASBL «Illuminons notre quartier» s’étend à toute la Région de Bruxelles-Capitale. Cela signifie que n’importe quel ménage bruxellois – équipé ou non de panneaux photovoltaïques (PV) – peut y participer, à condition d’être équipé d’un compteur intelligent.
Sur demande, Sibelga remplace gratuitement votre compteur.
Gain financier «Notre but reste de garder le tarif le plus stable possible, mais au vu de la diminution constante des prix sur le marché de l’énergie, nous nous sommes adaptés», explique Grégory Van Eerdenbrugghe. «Désormais, pour ceux qui ont des PV, nous facturons le tarif d’injection à 8,5 cents/kWh (contre 11 cents au lancement de l’ASBL)». C’est le montant perçu pour chaque kWh injecté dans le réseau. Le tarif d’injection des fournisseurs d’énergie oscille actuellement entre 3 et 4 cents/kWh. «Et nous vendons ce e électricité aux membres de la CE à un tarif fixe de 11,5 cents/kWh (contre 14 cents en mai 2023).» À titre de comparaison, le tarif fixe proposé par Engie (en monohoraire) à Bruxelles s’établit à 17,4 cents/kWh, hors taxes et frais de réseau. Même son tarif variable est supérieur à celui de la CE et s’établit à 13,8 cents/kWh.
Concernant les frais de réseaux, ceux-ci sont uniquement facturés aux membres qui consomment de l’énergie. Mais ils ne seront jamais supérieurs aux frais de réseaux applicables et réclamés par le fournisseur d’énergie.
Participation
Vous souhaitez rejoindre une CE? Les quatre autres organisations citoyennes sont Courant Alternatif (Ixelles), Quartier Chromé (Schaerbeek), Coin du Balai (Watermael-Boitsfort) et Gissolar (Berchem-Sainte-Agathe).
Si vous souhaitez créer votre propre CE (ou un autre système de partage d’énergie bruxellois), surfez sur le site energysharing.brugel.brussels pour y retrouver toutes les informations nécessaires.
«La Région de Bruxelles-Capitale offre également un service gratuit dédié aux porteurs de projet», précise Brugel. «Ce service d’accompagnement sur mesure est organisé par le facilitateur ‘Partage et communautés d’énergie’» de Bruxelles Environnement.
Reme re le bien que vous louez en l’état, avant la sortie, permet d’éviter certaines déconvenues et de récupérer votre garantie locative.
Comment récupérer votre garantie locative sans encombre?
MATHILDE RIDOLE
Julie et François louent depuis deux ans et demi un appartement dans le centre de Waterloo. Le couple a fait une offre sur une petite maison à cinq kilomètres de là quelques semaines plus tôt. Une fois l’offre acceptée et le compromis signé, ils ont donné leur renom à leur propriétaire. Ils qui eront l’appartement dans trois mois exactement pour s’installer dans leur nouveau nid.
Mais Julie et François n’ont pas toujours été très a entifs à l’entretien de l’appartement. Traces sur les murs, coups dans les portes, salissures incrustées sur la terrasse extérieure… S’ils qui ent le bien sans le ne oyer et rafraîchir quelques pièces, le propriétaire devra mandater une société pour effectuer toutes ces tâches. Il risque donc de prélever un montant sur leur garantie locative.
La garantie locative, bloquée sur un compte la plupart du temps, sert en effet à indemniser le propriétaire en cas de dégâts locatifs. Ce e garantie financière est donc constituée par le locataire au profit du propriétaire jusqu’au terme du contrat de bail, et correspond en général à deux mois de loyers, tant en Région bruxelloise qu’en Wallonie.
Le propriétaire ne peut pas pour autant se l’approprier comme bon lui semble. «Les deux parties (propriétaire et locataire, NDLR) doivent se me re d’accord lors de l’état des lieux de sortie, ce qui permet de la débloquer. Dans le cas contraire, elle reste bloquée et il faut parfois porter l’affaire devant le juge de paix pour trouver une solution», explique Ludovic Guiot, directeur de Trevi/Honesty Wallonie.
Grille indicative de la vétusté
Pour éviter ce genre de situation, le gouvernement wallon a approuvé le 8 février dernier une nouvelle grille indicative de la vétusté naturelle des logements. «Elle devrait perme re de prévenir les litiges entre propriétaire et locataire, au moment de la sortie du logement ou lorsque
«Les deux parties (propriétaire et locataire, NDLR) doivent se mettre d’accord lors de l’état des lieux de sortie pour débloquer la garantie locative.»
LUDOVIC GUIOT DIRECTEUR TREVI/HONESTY WALLONIE
certains éléments du bien doivent faire l’objet d’une réparation. L’outil propose une juste répartition du paiement des travaux de réfection», explique le ministre wallon du Logement Christophe Collignon (PS).
Il est stipulé dans le décret wallon du bail d’habitation du 15 mars 2018 que les réparations occasionnées uniquement par la vétusté, l’usure normale et la force majeure sont à charge du propriétaire tandis que les dégradations rapides liées au mauvais entretien du logement sont par contre assumées par le locataire.
«Toute la complexité est de mesurer ce e vétusté, car il est normal qu’un bien se dégrade à travers les années. Il existe déjà des grilles utilisées par les experts mandatés pour réaliser les états des lieux afin de calculer l’amortissement de la peinture, des électroménagers et autres équipements et le préjudice en termes de coûts», explique Ludovic Guiot. Il illustre: «Par exemple, on estime que la durée de vie d’une peinture est de neuf ans. Passé ce délai, les travaux de peinture sont donc à charge du propriétaire. Si, par contre, au bout de deux ans, les locataires ont laissé des traces sur un mur ou l’autre, c’est alors eux qui sont contraints d’effectuer les travaux de rafraîchissement.»
Sanitaires, menuiseries, électroménager, extérieur...
L’entretien des sanitaires est également un point important lors de l’état des lieux de sortie. «Tous les deux ans, l’occupant d’un bien doit changer les joints de silicone des équipements sanitaires (douche, bain…). Il doit ne oyer correctement les toile es, car il arrive qu’elles soient irrécupérables et que le propriétaire soit contraint de les remplacer, ce qui fait vite grimper la note», indique l’agent immobilier.
Dans les cas où le logement est équipé d’un système de ventilation (double-flux, par exemple), le locataire est chargé du ne oyage et du changement des filtres. S’il a donné des coups dans les menuiseries (portes, etc.) ou effectué des trous dans le plafonnage pour
accrocher des cadres, ceux-ci doivent être réparés.
«Lorsqu’un électroménager est en panne, le locataire doit directement en faire part à son propriétaire et ne pas a endre l’état des lieux de sortie afin d’éviter tout malentendu. Il faut alors évaluer l’état de vétusté de l’appareil selon la grille indicative, ou, s’il n’a pas dépassé le délai de vétusté, s’assurer que la panne n’est pas liée à un mauvais entretien», explique Ludovic Guiot.
Ce qui vaut pour l’intérieur vaut pour l’extérieur: un jardin non entretenu ou des traces de pots de fleurs sur la terrasse doivent être remis en l’état.
Par contre, si le locataire a de sa propre initiative peint un mur dans une autre couleur ou installé un potager, «il peut en discuter avec son propriétaire pour savoir s’il est intéressé de garder ce e installation ou ce e couleur. S’il ne l’est pas, le locataire doit alors enlever le potager et/ou repeindre le mur dans la couleur d’origine», détaille Ludovic Guiot.
L’agent immobilier et José Garcia, président du Syndicat des locataires, conseillent d’anticiper cet état des lieux. «Lorsque les locataires peuvent se le perme re, nous leur recommandons d’effectuer une pré-visite avec un spécialiste de notre service technique comme un expert, un architecte, qui pourra déterminer objectivement les dégâts, le ne oyage et les travaux à effectuer pour l’état des lieux de sortie», avise José Garcia. «Les locataires ne mesurent pas toujours ce qui doit être remis en ordre pour libérer le bien. Avec une rencontre préalable, ils recevront des conseils et pourront effectuer eux-mêmes les petits travaux et le ne oyage. Cela leur coûtera ne ement moins cher que si le propriétaire doit payer une entreprise pour effectuer ces tâches», pointe Ludovic Guiot.
Un expert pour objectiver
Les grilles utilisées par les experts perme ent de calculer le montant de ces travaux (tarif horaire pour le ne oyage, la main-d’œuvre, prix au mètre carré pour la peinture, etc.)L’expert est donc une tierce partie qui évalue et chiffre de manière objective, ce qui permet que personne ne soit floué.
Si les locataires n’ont pas remis le bien en l’état et que les dégâts dépassent le montant de la garantie locative, «soit tout le monde se met d’accord sur le montant final et le locataire sortant paie la différence directement ou via un plan de paiement sur plusieurs mois soit ils ne sont pas d’accord, la garantie reste bloquée et ils devront aller devant le juge de paix. Mais on conseille toujours de trouver un arrangement, car les parties ont des intérêts communs», raconte l’agent immobilier. Par exemple, si l’expert a budgétisé pour 3.000 euros de travaux et que la garantie ne s’élève qu’à 2.000 euros, «propriétaire et locataire peuvent faire un effort et par exemple couper la poire en deux».
Whispering Sons
«Avec ‘The Great Calm’, nous avons enregistré le disque que nous avions en tête.»
The Last Dinner Party «Nous ne cherchons pas à être provocatrices»
Rencontre avec The Last Dinner Party, la nouvelle sensation rock de l’année avec un premier album, «Prelude to Ecstasy», et un concert à Werchter... ROCK ●● OOO «Prelude to Ectasy» The Last Dinner Party (Universal). Concert le 6 juillet, à Werchter.
Déjà adoubées par les Rolling Stones ou Nick Cave, les cinq filles de The Last Dinner Party impriment le tempo de ce e année 2024 avec un premier album, «Prelude to Ecstasy», sorti le 16 février dernier (relire notre critique un brin acerbe sur lecho.be), un concert archi sold-out au Botanique, le 21, et Werchter, le 6 juillet.
Garde-robe médiévale, références à la li érature de Virginia Woolf, esthétique gothique et pop épique sont notamment au programme de ce e formation londonienne dont les chansons doivent autant à Kate Bush qu’à ABBA, sans oublier Queen et Arcade Fire.
Nous avons rencontré à Bruxelles deux des membres du groupe, Lizzie Mayland (guitare) et Emily Roberts (lead guitare et flûte), dont l’enthousiasme ne semble pas feint.
Seriez-vous plus décadentes que baroques?
Emily: Le baroque est l’une des esthétiques ou de vibe de notre musique, mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres.
Vous avez donc enregistré l’album dans une ancienne église, ce qui paraît également décadent?
Lizzie: C’est surtout un studio magnifique, très limpide et épuré. Pas une église catholique avec des candélabres partout. Le son y était riche et luxuriant, notamment sur «Prelude to Ecstasy» l’instrumental classique introductif, interprété par un orchestre symphonique. Ce lieu a procuré de la vie et donné du corps à notre musique.
C’est quoi le sublime qui émane de la li érature du 19e siècle et dont vous vous réclamez?
Lizzie: Mon Dieu! Vous testez nos connaissances li éraires. (Rires) Il vaudrait mieux le demander à Georgia qui a étudié la li érature romantique anglaise du 19e siècle, ce qui n’est pas mon cas. Cela réfère sans doute au transcendantal, à ce qui nous dépasse… On trouve un élément spirituel dans le sublime, pas forcément religieux, qui peut être corporel, et en effet une sorte de
Comment expliquer le peu de groupes féminins dans le rock?
Lizzie: Plus il y aura de femmes et de personnes homosexuelles, transgenres ou non-binaires comme moi sur scène, plus grand sera le nombre de personnes qui se sentiront représentées dans le rock et qui auront le sentiment que ce e musique leur est destinée. Le public rock peut être assez intimidant pour les femmes. C’est comme s’il y avait toujours été question de ces conneries autour du sexe. Les hommes ont été autorisés à jouer avec le genre et à utiliser la féminité de manière subversive, ce qui n’a pas été le cas pour les femmes. Ce n’est que du patriarcat institutionnalisé!
La phallocratie régnerait dans l’industrie du rock? Lizzie: Je ne sais même pas s’il existe une industrie du rock. Qu’en penses-tu Emily?
Emily: La misogynie est présente pratiquement partout, également dans toute l’industrie du rock. Mais bon, nous, on s’en est bien tirées!
(Rires) Lizzie: Nous avons croisé beaucoup d’hommes condescendants dans la scène rock, au niveau des salles alternatives et chez les ingénieurs du son. Ils sont souvent pleins d’a priori et puis, ensuite, sur le ton de la surprise, vous lâchent: «Ah, mais c’est que vous êtes vraiment douées...». Je me souviens d’une anecdote: quelqu’un vérifiait
le son, et a dit à Georgia: «Waouw, tu possèdes même des pédales pour ta basse». Beaucoup de mecs plus âgés de l’industrie nous prennent de haut. Mais nous avons la chance de côtoyer une équipe de personnes formidables en qui nous avons totalement confiance.
«Le baroque est l’une des esthétiques de notre musique, mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres.»
EMILY ROBERTS LEAD GUITARE ET FLÛTESe produire dans une «petite» salle comme le Botanique, à Bruxelles, ou jouer, dans un grand festival comme Werchter, l’été prochain, c’est complètement différent?
Emily: C’est plus angoissant de jouer devant quelques personnes que dans un grand festival comme Werchter.
Lizzie: Nous avons débuté dans de petits lieux qui procurent beaucoup d’énergie: vous pouvez regarder le public dans les yeux, alors que dans les festivals, vous apercevez juste les personnes des premiers rangs. Cela vire très vite à une sorte de masse impersonnelle qui bouge et qui, on l’espère, danse. Je suis donc souvent plus nerveuse lors de concerts de petite ou moyenne envergure, car on y ressent davantage l’énergie dans la salle. Dans un festival, le public est plus décontracté: les gens s’installent dans le chapiteau pendant un moment, puis ils repartent pour aller voir autre chose. C’est un autre type de «bête» à dompter. (Rires)
La provocation (notamment sur «Nothing Ma ers», ou vous chantez «I will fuck you like nothing ma ers») est-elle un atout, à l’instar de ce que font Lady Gaga ou Madonna?
Lizzie: J’adore Lady Gaga, mais nous ne cherchons pas à être provocatrices. Nous tentons juste de nous exprimer d’une façon authentique et d’être de meilleures versions de nous-mêmes, en particulier Abigail, à travers sa présence sur scène, sa façon de chanter et l’intensité des paroles: elle s’empare de thématiques qui peuvent paraître au départ banales, et les élève à un niveau théâtral. Cela peut paraître provocateur, car c’est juste une version plus intense d’une émotion humaine. En fait, nous essayons simplement d’explorer nos propres expériences et de les transformer en art…
Culture Musique
Rencontre avec Whispering Sons, fleuron du rock belge, qui signe un 3e album sans temps mort, «The Great Calm», avant une tournée à guichets fermés et un concert de gala à Werchter.
Whispering Sons
«Nous avons enregistré le disque que nous avions en tête»
Sur la ligne de front du rock belge, Whispering Sons est désormais une tête de série incontestable. Guidé par la voix charismatique de la chanteuse Fenne Kuppens, le quintet bruxellois fait feu de tout bois. À l’heure du troisième essai, le groupe capitalise sur les acquis du passé, dansant notamment avec le fantôme de Joy Division, pour mieux chasser les esprits malveillants et résister, vaille que vaille, au cynisme du monde moderne.
Interceptés sur un temps de midi, entre un sandwich et des dates de concert qui affichent complet aux quatre coins du pays, Fenne Kuppens et le guitariste Kobe Lijnen nous confient les secrets de fabrication de «The Great Calm».
Pour finaliser le nouvel album, vous êtes partis sur l’île de Vlieland, aux Pays-Bas.
Comment êtes-vous arrivés là-bas?
ROCK
Kobe Lijnen: Nous avons découvert l’existence de cet endroit en jouant un concert dans le cadre du festival Into The Great Wide Open. En sortant de scène, quelqu’un nous a dit qu’il était possible de louer un gîte pour enregistrer sur l’île. C’est ce que nous avons fait en janvier 2023. Nous sommes arrivés sur place avec tout notre matériel et nous avons aménagé l’espace selon nos besoins.
«The Great Calm» Par Whispering Sons [PIAS] Recordings.
Les concerts:
le 6 mars, 4AD, Diksmuide (complet).
Le 17 mars, Cactus, Brugge (complet).
Le 20 mars, Botanique, Bruxelles (complet).
Le 22 mars, De Roma, Anvers (complet).
Le 23 mars, Reflektor, Liège.
Le 7 juillet, Festival Rock Werchter.
Fenne Kuppens: Nous sommes restés deux semaines sur l’île dans un co age en bois, situé à 200 mètres de la mer. Avant cela, nous avions travaillé plusieurs jours du côté d’Eindhoven, dans un studio super équipé. C’était rafraîchissant de sortir de ce e atmosphère professionnelle pour faire les choses à notre manière, en pleine nature. Nous sommes arrivés sur l’île au cœur de l’hiver. Il n’y avait personne. Pas l’ombre d’un touriste. Nous avions besoin de nous isoler pour terminer le disque. Pour ça, une île quasi déserte, c’est l’idéal!
«The Great Calm» se veut plus lumineux que ses prédécesseurs. Vous présentez d’ailleurs l’album comme une quête vers un monde apaisé. Le contexte international a-t-il joué un rôle dans l’élaboration des nouvelles chansons?
F.K.: Nous nous sommes toujours défendu de devenir l’ambassadeur d’un quelconque message politique. Mais les textes que j’écris ne sont pas imperméables à l’état de la planète.
Même si les paroles endossent des émotions personnelles, en adoptant volontiers un ton introverti, je vis la même réalité que tout le monde. À l’évidence, nous traversons une période agitée. Impossible d’esquiver ce e vérité... Je suppose que, d’une manière ou d’une autre, notre musique est là pour établir un lien entre des ressentis personnels et l’actualité du monde.
Votre nom de scène s’inspire d’une chanson de Moral, un trio danois du début des années 1980. Ce groupe culte du de la cold wave est-il la clé pour comprendre votre musique?
K.L.: Lorsque nous avons formé le groupe, il y a plus de dix ans, dans la cave de mes parents,
plusieurs d’entre nous écoutaient de la new wave et des disques portés sur les synthés et la guitare. À l’époque, notre ba eur adorait Moral et, en particulier, le morceau «Whispering Sons». Il a suggéré qu’on fasse une reprise. En jouant ce titre, nous avons ressenti une forme d’osmose, comme si la magie opérait entre nos cinq personnalités. C’est pour ce e raison que l’on s’appelle Whispering Sons. Du reste, je ne connais pas trop l’univers de Moral. Au sein du projet, nous écoutons tous des trucs différents. Moi, par exemple, je suis un féru du jazz des années 1950 et 1960. J’écoute Orne e Coleman, Miles Davis, Pharoah Sanders, etc. J’aime l’énergie qui se dégage de ce e musique.
F.K.: Pour ma part, j’aime beaucoup l’ambient et l’électro d’avant-garde. Ce sont des propositions instrumentales qui ne rencontrent pas vraiment notre esthétique. D’ailleurs, je n’ai absolument rien écouté durant l’écriture de notre nouvel album. J’avais besoin de silence pour m’immerger pleinement dans le monde de Whispering Sons.
«The Great Calm» marque une véritable rupture avec «Several Others». Avec le recul, pensez-vous que votre précédent album était trop minimaliste?
K.L.: Je me dois d’être critique. Après le succès rencontré par le premier album («Image», en 2019, NDLR), nous avons entamé le processus de composition dans la précipitation. Nous étions réellement impatients de proposer de nouveaux morceaux au public. Mais ils n’étaient pas suffisamment aboutis… J’apprécie toujours le minimalisme du deuxième album, mais je suis convaincu qu’il aurait gagné en efficacité si nous avions pris davantage de recul et plus de temps en studio.
F.K.: Avec le premier album, personne ne t’a end. Donc, assez naïvement, tu oses tout, sans te poser de questions. À l’arrivée, «Image» a rencontré son public et une belle a ention médiatique. On ne va pas se mentir: on ne s’y a endait pas. Par la suite, on cherche inévitablement à transformer l’essai. Mais ce n’est pas facile. Parce qu’il faut composer avec la pression. Celle que l’on s’impose, mais aussi celle qui vient de l’extérieur...
Composez-vous en songeant aux réactions du public, à l’éventualité de remplir des salles et des festivals à l’étranger?
«Les textes que j’écris ne pas sont imperméables à l’état de la planète. À l’évidence, nous traversons une période agitée.»
FENNE KUPPENS CHANTEUSE
F.K.: C’est terriblement malsain, mais j’éprouve énormément de difficultés à me détacher de ces réalités. En tant qu’artiste, tu cherches toujours à te réinventer, à te surpasser, à produire un disque différent et, si possible, meilleur que le précédent. Dans la phrase créative, je me pose beaucoup de questions. Je suis en lu e permanente avec moi-même. Cela étant, pour «The Great Calm», nous avons réussi à nous couper du monde. Nous nous sommes réfugiés sur une île et nous avons entièrement autoproduit l’album. Nous avons enregistré le disque que nous avions en tête.
K.L.: Pour cet album, nous avons pris le temps de réfléchir à notre façon de travailler. Nous avons détesté la période de pandémie. Mais elle nous a sans doute laissé le loisir de concevoir «The Great Calm» comme on l’entendait.
Vous insistez sur l’importance de la poétesse new-yorkaise Louise Glück. Quelle place tient la lauréate du prix Nobel de li érature 2020 sur ce disque? F.K.: Ma relation à l’œuvre de Louise Glück est étrange... Je la connais très mal. Je sais qu’elle est décédée il y a quelques semaines. Mais ce n’est
absolument pas un hommage. Au moment d’entamer l’écriture de l’album, j’avais ébauché un texte pour une chanson intitulée «Cold City». Au même moment, je suis passé m’acheter des livres à la librairie. C’est là que j’ai mis la main sur «Averno», un recueil de poèmes signé Louise Glück. Les thèmes abordés dans cet ouvrage étaient similaires à ceux que je développais dans «Cold City». À partir de là, j’ai eu le sentiment d’être sur la bonne voie. Comme si Louise Glück avait validé mon travail et la direction générale du nouvel album. La poche e de votre album est illustrée par une image du photographe belge Wouter Van de Voorde. Existe-t-il un lien entre ce e photo et vos chansons? F.K.: Wouter Van de Voorde est un photographe belge qui vit aujourd’hui en Australie. J’apprécie beaucoup son travail. Pendant la conception de l’album, je lui ai parlé d’une chanson relative à une voiture. C’était assez métaphorique. Il était question de conduire à travers les souvenirs de l’enfance. Wouter m’a alors montré la photo de l’habitacle d’une voiture calcinée. L’image m’a plu. Car le feu et la destruction sont des thèmes
Culture
CD La sélection
qui reviennent dans nos chansons. Par ailleurs, j’aimais la proposition visuelle. Ce e photo sublime une réalité contrastée. Elle pose un regard conscient, sans s’a arder sur le passé. Personne ne veut vraiment savoir ce qui est arrivé au conducteur… Alors, on prend l’image pour ce qu’elle est, en acceptant la situation et sa beauté paradoxale. Ce sentiment d’acceptation traverse à peu près tout le nouvel album. Dans une époque obnubilée par les réseaux sociaux, tout est souvent question d’ego. Dans ce contexte, de plus en plus d’artistes font de la musique en solo. Nourrissez-vous une sorte de romantisme à l’idée de faire partie d’un groupe?
F.K.: Sans doute un peu. (Sourire) J’ai la certitude que ce e musique n’existerait pas sans l’investissement total de cinq personnes. Créer des chansons en groupe, quand ça fonctionne, ça provoque une satisfaction indescriptible. Mais cela implique d’écouter les autres, de dialoguer, de se faire confiance et d’investir des heures et des heures de travail en équipe. Être cinq et sur la même longueur d’onde, c’est un sentiment extrêmement gratifiant.
Enregistré entre le confort d’un studio d'Eindhoven et un espace de travail improvisé sur une île perdue au large de la mer du Nord, «The Great Calm» ouvre
optimiste et confiant en l'avenir («Walking, Flying»).
Énergie du désespoir
Parfaitement équilibré, toujours sous tension, ce nouvel album est l'expression d'une formation en pleine possession de ses moyens. D'une voix androgyne, hantée par les esprits de Ian Curtis et de David Bowie, la chanteuse Fenne Kuppens met son amour de la littérature anglaise en musique. Là où le groupe Whispering Sons se contentait autrefois de broyer du noir, «The Great Calm» se montre plus
Presque enjoué par moments («The Talker»), cet essai o re d'autres visages à Whispering Sons, sans jamais altérer une personnalité qui doit autant à The Cure qu'à Interpol. «The Great Calm» fixe l’époque droit dans les yeux: le panorama est préoccupant, souvent sombre, parfois angoissant. Imprégné par ce contexte, l’album oppose une voix défiante, des guitares angulaires, une rythmique martiale et quelques notes pianotées au cœur du chaos. Toujours renforcées par de puissantes lignes de basse, les chansons de Whispering Sons se dépensent sans compter. Preuve qu’avec l’énergie du désespoir et d’excellentes intentions, on peut accomplir de grandes choses.
N. A.
Planqués sous l’enseigne MGMT (dites «management»), Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden rencontrent un succès planétaire, dès 2007, avec des titres bricolés sous un arc-en-ciel d’influences multicolores. Enrobées de synthé, leurs chansons butinent des idées chez les fines fleurs du rock psychédélique, mais aussi chez les Beach Boys, les Beatles ou les Bee Gees. À l’arrivée, le duo new-yorkais triomphe un peu malgré lui. Moyennement à l’aise avec la célébrité, MGMT se réfugie alors derrière des disques aventureux qui, à l’occasion, ravivent la flamme à la surprise générale. En 2018, le morceau «Little Dark Age» anticipait ainsi la pandémie avec une mélodie new wave ultra-virale. À l’heure du cinquième album, MGMT se faufile encore entre star-system et rock alternatif. Produit par Patrick Wimberly (Beyoncé), mixé par le fidèle Dave Fridmann (Flaming Lips), le nouveau «Loss of Life» invite Christine and the Queens à chanter sur «Dancing in Babylon», décalcomanie paresseuse du «Time After Time» de Cyndi Lauper. Ailleurs, le duo tire son épingle du jeu en marchant sur les traces d’Oasis («Mother Nature») ou de Paul Simon («Nothing to Declare»). Souvent dans sa zone de confort («Bubblegum Dog»), MGMT rassure les fans de la première heure, sans jamais réinventer le fil à couper le beurre. N.A.
En trois lettres, à jamais gravées dans les mémoires, Can a révolutionné l’histoire de la musique. Formé à Cologne en 1968, ce quatuor est aux origines du krautrock, une variante du rock progressif tru ée d’embryons électroniques, de jazz, de funk et de guitares répétitives. Des artistes comme David Bowie, Radiohead ou Thee Oh Sees ont tous, un jour ou l’autre, reconnu l’influence de Can. Au printemps 1970, en promenade à Munich, les musiciens allemands aperçoivent un saltimbanque. Guitare à la main, celui-ci donne de la voix en échange de quelques pièces. Son nom? Damo Suzuki. Venu du Japon, il rêve de devenir dessinateur. Mais cette prestation improvisée sur le trottoir va tout changer. Intronisé chanteur de Can, il guide la troupe pendant trois ans, enregistrant au passage quelques albums incontournables. Captée le 12 mai 1973 sur la scène parisienne de l’Olympia, l’alliance entre Can et Suzuki atteint des sommets. En transe sur un amas de groove psychédélique, le chanteur prêche dans un anglais extraterrestre, ensorcelant la foule tel un chaman en proie à des visions mystiques. Édité pour la première fois, ce concert d’anthologie surgit dans l’actualité quelques jours après le décès de Damo Suzuki. Emporté par un cancer le 9 février. Il avait 73 ans. Une étoile de plus sous la voûte des musiques cosmiques. N.A.
L’élégance discrète de la flûte baroque ne lui vaut pas souvent la Une discographique. On saluera donc avec enthousiasme le nouvel album d’Anna Besson. Elle y propose le célèbre opus V de l’italien Corelli (1653-1713) ainsi que des sonates de son cadet français Jean-Baptiste Quentin (1690-1742). Génie incontesté de la nouvelle forme sonate, Corelli allait connaître un immense succès avec son opus V, matrice de l’idéal des «Goûts Réunis», cette fusion harmonieuse des styles italiens et français. Quant aux sonates de Quentin, elles témoignent du triomphe du goût ultramontain. Anna Besson maîtrise les deux styles avec une élégante autorité jusque dans les passages les plus périlleux, en particulier dans l’ornementation des mouvements lents de Corelli. Même éloquence dans les pièces italianisantes de Quentin, qu’elle pimente subtilement de grâces à la française particulièrement bienvenues. La flûtiste réussit un véritable tour de force en restituant à son instrument l’esprit et le brio de ces
Adjugé l Marché de l’art Nos coups de cœur
ÉPATRICK DEROM GALLERY «Léon Spilliaert: Wanderer through Silence»
douard Derom, fils de Patrick Derom, fait savoir que les 21 œuvres exposées, peintures et dessins, proviennent du plus jeune petit-fils de Léon Spilliaert, Johan van Rossum, troisième enfant de Madeleine Spilliaert, fille unique de l’artiste. «Elles sont toujours restées dans la famille. Nous avons travaillé avec Anne Adriaens-Pannier, conservatrice et historienne de référence de l’artiste (qui fut aussi la cheville ouvrière de l’exposition exceptionnelle au Musée de l’Hermitage à Lausanne en 2023, NDLR), pour publier un livre rappelant les premiers soutiens de Spilliaert, des amis et galeristes, de son vivant, avant un relatif e acement après sa mort dans les années 1950 et 1960, puis un retour en force grâce aux e orts inlassables de sa fille Madeleine pour promouvoir l’œuvre de son père, notamment avec Francine-Claire Legrand, à qui l’on doit la première rétrospective au Musée d’Art moderne à Bruxelles en 1972.»
L’exposition présente surtout des œuvres sur papier divisées en cinq sections retraçant l’insolite des œuvres de jeunesse (autour de 1904) aux extérieurs oppressés et aux intérieurs aux multiples reflets, des portraits de femmes «au foulard» de 1910, des marines à l’encre de chine et lavis, ou plus tard à la gouache comme cette marine lumineuse de 1934, aux lignes abstraites annonçant étonnamment le Rothko des années 1940, des paysages des Hautes Fagnes et enfin une série d’arbres, thème majeur chez Spilliaert, depuis ses premiers fusains des années 1890, jusqu’à l’admirable «Troncs noirs» de la dernière année (1946), déjà abstrait. À ce jour, 13 des 21 œuvres sont vendues. Pourquoi Spilliaert n’a-t-il pas un marché à l’égal d’un Ensor? «Sans doute», estime Édouard Derom, «parce que, si son principal collectionneur privé hors de Belgique est new-yorkais, il n’est pas encore aussi connu aux États-Unis qu’en Europe. C’est pourquoi Anne Adriaens-Pannier, que nous épaulons, travaille à des projets d’expositions américaines, qui devraient renforcer son aura». JFHG
Jusqu’au 13 avril. Infos sur patrickderomgallery.com.
Adominants.
End, où
Freud
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grandi, et
Entre
nord, où
a travaillé. Attiré par les lieux de transformation et de transit, recomposés dans «Demolition of YMCA Building No. 2, Spring» (1971) ou «Outside Kilburn Underground Station, November» (1984), il montre sa ville d’après-guerre en mutation. D’autres sites cristallisent des souvenirs, comme «Red Brick School Building, Winter» (1982), bâtiment scolaire familier des enfants anglais de l’après-guerre, ou l’église voisine de «Christ Church, Spitalfields, Early Summer» (1992). Il saisit ces lieux disparus ou existants d’un coup de pinceau chargé, mouvementé, dans une lumière sombre ou di use. Sa technique fondée sur un geste puissant et l’empâtement trouble étonnamment la réalité: les corps des passants dans la rue «coulent» contre un mur, l’avant d’une voiture est «enfoncé» par l’espace où elle s’avance. On songe à l’expressionnisme de Kokoschka, ou aux huiles peintes par Soutine à Céret, où tout est déformé par le vent.
Quant à ses «traductions» de maîtres inspirés par Goya, Courbet ou le Titien, longuement fréquentés à la National Gallery, ce sont de merveilleux dessins expressionnistes, aux traits insistants. Il écrivait en 1987: «Par des visites répétées, j’ai essayé de comprendre pourquoi certaines images ont un e et transformateur sur l’esprit.» JFHG Jusqu’au 30 mars. Infos sur xavierhufkens.com.
Artiste éclectique, l’ancienne partenaire de John Lennon a toujours conçu son art en accord avec le public, qui est appelé à interagir avec une grande partie de ses œuvres. Une grande rétrospective lui est consacrée jusqu’en septembre à la Tate Modern, à Londres.
Johann Harscoët, à LondresYoko Ono, la musicalité de l’esprit
Une pomme se décompose dans une période allant de un à six mois. Ce processus serait un spectacle en soi s’il était plus rapide. Sa lenteur en fait un art. C’est en tout cas ce qu’a voulu croire Yoko Ono en 1966, lorsqu’elle a exposé «Apple» dans une minuscule galerie située dans le sous-sol d’une librairie, à Londres.
Si le fruit vert de 2024, actuellement exposé à la Tate Modern, est forcément différent de celui d’origine, la légende qui est a achée à ce e œuvre est intemporelle et ironique: la veille de l’ouverture de l’exposition de 1966, un grand homme à l’allure désinvolte et au regard espiègle avait eu le privilège d’être l’un des premiers visiteurs et de juger par lui-même si l’art éphémère valait le détour. Dans le doute, n’importe qui aurait discrètement passé son chemin sans commentaire. Pas lui. La créatrice avait suivi du regard le cheminement de ce personnage qui était par ailleurs une star planétaire. «Et alors il a vu la pomme», a-t-elle raconté quelques années plus tard. «Il n’a rien dit. Il l’a juste saisie et a mordu dedans. L’installation venait d’être faite, la pomme était toute fraîche... Il m’a regardée avec un air satisfait. J’étais tellement furieuse, je ne savais pas quoi dire. Je me suis demandé comment ce e personne pouvait ainsi jouer avec mon travail. Il a dû comprendre l’expression de mon visage, alors il a juste dit ‘Je suis désolé’ et a reposé la pomme sur le support».
L’homme, qui n’avait pas compris, ou pas voulu comprendre l’une des premières œuvres de Yoko Ono, était évidemment John Lennon. Ainsi est né l’un des couples les plus créatifs du siècle dernier.
serrer la main sans voir le visage de l’autre. Ou comment communiquer de façon non conventionnelle... pour mieux communiquer. Elle invite aussi à se positionner à deux devant des projecteurs puissants pour faire communiquer les deux ombres, et (re)découvrir une proximité saine. Dans le même esprit, avec «Bag Piece» (1964), elle suggère à deux personnes de se glisser ensemble sous une grande couverture fine et opaque, pour redevenir juste un esprit, «montrer votre autre face e, sans race, sans sexe, sans âge».
L’art de Yoko Ono est plus vivant que jamais.
Ce e œuvre a peut-être inspiré, à la fin de ce e même décennie, les fameux «Bed-ins for Peace», ces conférences de presse organisées au lit et en pyjama, dans leur chambre d’hôtel, pour protester contre la guerre au Vietnam.
Pionnière dans l’art conceptuel et participatif
Le chanteur n’avait pas a endu de rencontrer sa deuxième épouse pour devenir l’un des deux principaux membres des Beatles. L’influence de Yoko Ono sur son cheminement artistique et spirituel, jusqu’à son décès tragique en 1980, a toujours été évidente. Mais ce n’est que récemment, en 2017, qu’elle a officiellement été reconnue comme la coparolière d’«Imagine», 46 ans après sa composition. Lennon avait lui-même avoué quelques années plus tard avoir omis de créditer sa compagne par simple «machisme». Revoir le sublime clip de ce e chanson, réalisé plus de dix ans avant la révolution visuelle de la chaîne MTV, ne laisse pourtant guère de doute sur le rôle moteur de l’artiste plasticienne, chanteuse, compositrice, cinéaste, écrivaine. C’est tout le mérite de l’exposition qui lui est consacrée jusqu’au 1er septembre, dans huit immenses salles de la Tate Modern.
Bien au-delà de ses engagements pour la paix dans le monde, celle qui vient de fêter ses 91 ans a été une pionnière dans l’art conceptuel et participatif. Art plus vivant que jamais et qui semble se renouveler avec la même inexorabilité que la décomposition de la fameuse pomme. Le public est invité à s’approprier cet art, comme il le faisait déjà il y a soixante ans avec «Cut Piece», lorsque les spectateurs étaient conviés à découper ses propres vêtements avec des ciseaux, alors qu’elle restait imperturbable.
Avec «Painting to Shake Hands» (1961), deux personnes sont invitées à se positionner derrière une toile percée en son milieu, et à se
Yoko Ono en 1967 avec
Obsession pour la paix dans le monde Recherche de l’harmonie et de la paix, toujours, comme cet envoi de glands d’arbres à planter à 96 chefs d’État, dont quelques réponses manuscrites sont exposées. La recherche de l’esthétique n’a pas été la priorité de Yoko Ono, comme le rappelle cet écran géant figurant 200 paires de fesses très dissemblables filmées en gros plan. Le mini-film a été censuré à l’époque, même s’il visait déjà à promouvoir la paix dans le monde, une obsession très certainement liée au traumatisme des
EXPOSITION
●●●●● «Yoko Ono: Music of the Mind»
Tate Modern, à Londres, jusqu’au 1er septembre 2024. Infos sur tate.org.uk.
Culture
Alain Cofino Gomez
«Il faut rapprocher le citoyen du lieu culturel»
Au 140 de l’avenue Eugène Plasky à Bruxelles, un nouveau directeur a pris ses fonctions. Nous avons posé trois questions à Alain Cofino Gomez.
INTERVIEW ERIC RUSSON
Lbombardements américains sur Tokyo, et des deux lâchers de bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, alors qu’elle n’avait que douze ans.
L’expo se conclut par l’une des œuvres les plus récentes et les plus significatives de Yoko Ono: une barque échouée, évoquant la tragédie des migrants, au milieu d’une salle blanche où les visiteurs peuvent utiliser des feutres pour écrire des messages sur la petite embarcation, sur les sols et sur les murs. Pacifisme, politique, conflit israélo-palestinien, humour, spiritualité, philosophie… et finalement très peu de références aux milliers de noyés. Comme si l’art de Yoko Ono avait au final été mieux pris en compte que ses cris et ses SOS.
SCÈNES
e 140 s’est choisi un nouveau directeur pour cinq ans après le départ discret d’Astrid Van Impe. Alain Cofino Gomez qui a déjà pris ses fonctions depuis le 15 février est né en 1967 à Bruxelles. Cet auteur, dramaturge et me eur en scène a commencé à écrire pour le théâtre dès le début des années 90. Ses textes (comme «Peaux de chats», «La terreur, chronique de la création», «De Sang Froid» ou «Après les Troyennes») ont été présentés tant en Belgique que dans toute la francophonie. Alain Cofino Gomez a toujours eu le souci de présenter des ateliers d’écriture dans des écoles, des maisons de jeunes ou des prisons. Depuis 2015, il dirige le Théâtre des Doms, vitrine de la création de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Avignon, dédiée à sa promotion et sa diffusion durant le festival d’été bien entendu, mais aussi pendant toute l’année. Dans le prolongement de ce e mission, Alain Cofino Gomez prend aujourd’hui les rênes du 140, espace d’accueil et de découverte créé par Jo Dekmine en 1963, lieu dédié à tous les arts vivants, de la danse à l’humour, en passant par le théâtre et toutes les formes de musique.
Quel projet artistique avez-vous pour le 140?
Chaque lieu a un ADN. La question n’est pas d’en être respectueux ou pas: il est là. C’est un endroit où on amène des curiosités qui viennent d’ailleurs. Mais c’est aussi un endroit – et Astrid
Van Impe a développé ça – qui vit dans le tissu des créateurs et créatrices de la Fédération.
Ce qui va rester, c’est ce e pluridisciplinarité. Ce qui va changer, c’est mon langage artistique. J’ai envie d’aller plus vers les formes hybrides, des spectacles dans lesquels la question du pluridisciplinaire est totalement assumée, j’ai envie aussi d’aller vers la marionne e pour adultes. Des objets qu’on anime, des objets spectaculaires. Il y a des spectacles de marionne es pour adultes qui sont magnifiques. Il y aura une place pour les compagnies de ce pays à travers des choses qu’on va explorer. On fera un travail de diffusion, mais aussi, beaucoup plus, un travail de résidence de création ou d’exploration.
Allez-vous poursuivre votre travail sur les nouveaux publics?
Est-ce que diriger le 140 est une suite logique à votre fonction à la tête des Doms pendant 9 ans? Oui et non. Les missions sont un peu inversées. Aux Doms, il s’agissait d’amener les créations de la Fédération Wallonie Bruxelles à l’international. Au 140, c’est d’amener l’international à la Fédération. J’aime ce mouvement-là. Aux Doms, on travaille sur un public particulier, celui des programmateurs et programmatrices. Au 140, on va travailler sur un «vrai» public. Et ça me plaît. Je ne dis pas que ça me manquait aux Doms, mais j’aime l’idée d’aller vers ces aspects nouveaux. Alors il y a un lien entre les deux, c’est sûr. Et ce n’est pas pour rien que Jo Dekmine était au CA des Doms.
Parcours fléché
En adaptant pour la scène «La Femme gelée» d’Annie Ernaux, Magali Pinglaut et Pascale Oudot tissent des liens féministes entre les générations.
THÉÂTRE
Le fil conducteur du focus
«Les BienVeilleuses» au Théâtre Le Public est la violence faite aux femmes, dont celle qui se passe derrière les volets fermés, dans le secret des couples et des familles. À travers du théâtre, de la musique, du slam, de la poésie, des ateliers d’écriture et des rencontres avec les victimes mais aussi le personnel médical, judiciaire ou policier, ce
Oui, une des énergies que je veux développer, c’est de ramener le public, les citoyens, les habitants, les voisins, dans le lieu de théâtre. Depuis la crise du covid, on a beaucoup été vers la population, chez eux. Et là, il faut rapprocher le citoyen du lieu culturel, qu’il retrouve le chemin du lieu de théâtre. Il faut raccourcir ce chemin. On a besoin de gens qui viennent «habiter» dans le théâtre. Quand j’ai déposé mon projet, je lui ai donné un titre. C’était «Occupation hybride». C’est l’occupation du théâtre par les citoyens avec les citoyens.
© J VAN BELLE - WBI
mini-festival entend autant libérer la parole que trouver des chemins pour sortir de cet engrenage de la domination masculine et de la violence qui peut l’accompagner.
Même s’il n’y est pas question directement de violence domestique, «Arrêt sur images» de Magali Pinglaut et Pascale Oudot décortique le chemin qui peut y mener en se basant sur «La femme gelée», troisième roman publié par Annie Ernaux en 1981. L’écrivaine, qui a reçu le Nobel de Li érature en 2022, y parle des modèles féminins et masculins qui se sont succédé dans les différentes étapes de sa vie, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte, en passant par ces années charnières où l’adolescente
THÉÂTRE ●●● OO
«Arrêt sur images»
Théâtre le Public, à Bruxelles, jusqu’au 2 mars. Dans le cadre du focus
«Les BienVeilleuses» qui a lieu jusqu’au 23 mars. Infos sur theatrelepublic.be
devient femme. Il y a les grandsmères, les tantes, le père et la mère, couple de parents modernes qui ne fonctionnaient pas du tout en accord avec le modèle pratiqué dans les années 50, à savoir les tâches ménagères pour maman, les pieds sous la table pour papa. Dans ce e autofiction, Annie Ernaux dresse le portrait d’une condition féminine cadrée par un patriarcat qui les cantonnait à un rôle de mères et de ménagères et les empêchaient, malgré leurs rêves, d’être libres et indépendantes, les enfermant dans une posture de prisonnières subissant le système.
«Libérer la femme»
Sur scène, Magali Pinglaut et Pascale Oudot, amies de longue date, tissent un lien entre ces femmes du passé et celles d’aujourd’hui, mélangeant de larges extraits du texte originel avec des souvenirs personnels et leurs vécus respectifs. Elles s’approprient les mots d’Annie Ernaux à telle enseigne qu’au fil du récit, on ne sait plus si elles parlent d’elles ou de la vie de l’autrice.
Le spectacle est présenté dans une forme théâtrale basique, avec un dispositif scénique assez simple que vient agrémenter un écran sur lequel sont projetées de vieilles photos de famille et (moment très drôle) des publicités d’un autre âge dans lesquelles des marques d’électroménager prétendaient «libérer la femme». Leur amitié et l’énergie qu’elles développent pendant un peu moins d’une heure trente constituent, avec le message qu’elles délivrent, l’atout majeur de cet «Arrêt sur images» qui pratique un féminisme inclusif et joyeux.
Le choix de Sophie
Sophie Creuz Critique li éraireLes fausses confidences
Avez-vous le foie solide? Ce roman est pour vous, qui se décline en apéritifs, sherry ou champagne, en bons vins corsés pour se conclure immanquablement par un armagnac millésimé. Sans dérogation. Ce qui met à mal les table es de chocolat et la ligne de flo aison de Tom, jeune avocat engagé par Peter Stotz. Voyant sa fin venir, le vieux financier, incontournable en politique comme dans le secteur des affaires, mécène richissime, grand amateur d’opéra et homme d’influence, vit reclus dans sa propriété, rognée par les promoteurs.
Son seul souci est de préparer sa biographie en ne gardant que l’essentiel, ce pour quoi il engage Tom, sondé au fond des yeux davantage que pour ses états de services. À charge pour ce dernier de trier, et surtout jeter, la paperasse accumulée d’une vie exposée, que Stotz juge lui-même sans intérêt. Rompu à l’exercice de la mémoire et des jeux de miroir, Martin Suter (1948) n’a cessé d’explorer, au fil de quatorze romans, les doubles-fonds d’existences dites enviables. Les milieux bancaires suisses ont souvent été son terrain, depuis son premier roman «Small World» et la «Face cachée de la lune», et plus encore l’art de s’en échapper. Un milieu que
Anima, le festival qui nous en met plein la tête
Parce qu’elle débride tous les imaginaires, l’animation est vraiment le remède qu’il nous faut. Anima, la grande messe mondiale visionnaire et salutaire, du 23 février au 3 mars.
SYLVESTRE SBILLE
La Terre brûle: savants et philosophes de conjurer les puissants d’enfin changer de modèle et d’ouvrir la porte à d’autres récits, à commencer par la décroissance et la poésie, pour un futur plus vert et plus ouvert. Et si Anima, en plus d’être un grand festival de dessins animés, nous secouait les esprits avec de nouvelles réalités? En tout, on a end plus de 40.000 spectateurs (y compris grâce au festival décentralisé partout en Wallonie), pour quelque 260 films, 17 conférences et 31 pays représentés. À vos marques!
Science-fiction
«Je préfère l’avenir au passé, disait Hugo, parce que c’est là que j’ai décidé de vivre le restant de mes jours»… Fort de ce e maxime, Anima nous a concocté plusieurs programmes: 8 longs-métrages iconiques sélectionnés par la Cinémathèque (dont la plupart datent du début des
années 2000), une soirée «La planète sauvage» de René Laloux.
Et bien sûr quelques best-of, avec les «Classics» (Méliès en tête) et les plus aventureux «Scravengers», où on nous promet des robots (mais amoureux), des écosystèmes aliens (ils ont tout compris, eux), et des voyages interplanétaires (mais pas pour enrichir les déjà trop riches).
Programmes spéciaux
Fan de Raoul Servais, le réalisateur culte de «Taxandria» (qui vient de nous qui er)? Tu te rendras sans a endre à la projection prévue à cet effet, «Raoul Servais au-delà des clichés», où son œuvre phare sera précédée de courts-métrages maison. Sinon, pourquoi pas le classique «L’homme qui plantait des arbres» d’après Jean Giono et avec la voix suave de Philippe Noiret (là aussi accompagné de quelques courts bien sentis)…
Ou alors quelques «Queer Stories», qu’on nous présente comme «bien plus qu’une simple compilation», carrément une «célébration de la fierté queer». Miam!
Et bien sûr les classiques…
Les classiques, chez Anima, c’est quoi? C’est la crème de la crème mondiale, tout bonnement. Ici, beaucoup d’appelés, peu d’élus, et donc… zéro déchet. «C’est du Belge», décliné en plusieurs projections, dont des films d’école «New Talents», mais aussi de «Real Life Stories», une sélection «Girls Girls Girls», et bien sûr les «Best of Shorts» (internationaux), tous en compétition pour décrocher une statue e synonyme de consécration.
À cela on ajoute les longs-métrages, que ce soit pour adultes et ado, ou pour enfants. On devra choisir entre ra raper des reprises («Mon ami Robot», dont on vous a déjà dit tout le bien qu’il faut en penser), et des nouveautés super a endues – et pas seulement la star mondiale «Kung Fu Panda 4». «Mars Express» de Jérémie Perin fera ainsi office de film d’ouverture…
Du 23 février au 3 mars 2024. Infos sur animafestival.be
fréquenta cet ancien chroniqueur de magazines sur papier glacé, et pour lequel il a moins de fascination qu’une certaine sympathie.
Roman à tiroirs secrets
De son ancien métier, Martin Suter garde le sens d’accrocher son lecteur qui ne boude pas le plaisir de savourer par procuration des plats gourmets, des vues imprenables (quoique gâchées par le béton) de Singapour à la Grèce, ou le confort d’hôtels de luxe, qui hélas, sacrifient l’authentique au goût international. Des sacrifices, il en est question dans ce roman à tiroirs secrets. Quelles blessures n’apparaissent jamais dans les procès-verbaux des conseils d’administration? Le lecteur le découvre au rythme ondoyant d’une histoire en trompe-l’œil, délivrée avec la souplesse d’un maître hôtel glissant sur un parquet.
«Melody». Le titre révèle d’emblée qu’il s’agira d’une femme, jeune et belle, tant qu’à faire, de vingt ans la cade e d’un Stotz ébloui. Martin Suter y ajoute un zeste sacrilège puisque la ravissante est issue de l’immigration, d’une famille intégriste qui me ra des bâtons dans les roues de la fortune et de la destinée. En dire davantage serait gâcher le nœud d’une intrigue que se déploie autour d’une disparue, avec la dextérité d’un Hitchcock traquant le souvenir de Rebecca.
L’écrivain s’amuse à donner à chacun la
Il y a du Dürrenmatt dans la critique de l’hypocrisie suisse allemande et son mirage de la réussite, mais sans la hargne.
Le coin BD
BD indépendante, bulle d’indépendance!
liberté que n’octroient pas toujours la naissance, les circonstances ou le milieu. Qui était Melody, dont le portrait peint par Stotz est partout dans la maison? Icône vénérée depuis quarante ans, à travers laquelle nous découvrons les mensonges que chacun se raconte pour vivre à l’abri, au plus près de sa vérité profonde.
Suspens ina endu
Le charme de «Melody» tient au savoir-faire de Martin Suter qui soigne les décors, la mise en place, les rituels bourgeois surannés qui ourlent ce suspens ina endu. Prétexte à dire bien des choses sur ce que l’argent achète et surtout n’achète pas.
Il y a du Dürrenma dans la critique de l’hypocrisie suisse allemande et son mirage de la réussite, mais sans la hargne. L’élégance désuète de Peter Stotz et de Martin Suter, fidèles au costume trois-pièces, suffit à dénoncer, sans hausser le ton, tout ce qui détruit le beau, le vrai et l’amour, ou le sauve.
«Minuscule folle sauvage» fera du bien aux plus grincheux
Quand on feuille e pour la première fois «Minuscule folle sauvage», on croit d’abord avoir affaire à un carnet de notes rempli de petits croquis mignons et quelques réflexions décousues sur le féminisme et l’anxiété, et on craint d’avoir dans les mains la version papier d’un compte Insta d’une artiste de la Gen Z. Mais parfois, il faut savoir me re son cynisme de côté, s’installer confortablement dans un fauteuil avec une tisane et prendre le temps de lire. Parce que c’est dans une ambiance douille e qu’on appréciera toute la profondeur de ce livre intelligent et réconfortant.
À la fois sensible sans être mièvre, intime sans inciter la pitié, la première BD de Pauline de Tarragon (alias Pi Ja Ma sur Instagram) retrace le cheminement d’une enfant qu’on disait un peu sauvage, d’une adolescente qui se pensait un peu folle et d’une adulte qui, après une descente aux enfers, apprend qu’elle a un trouble borderline. Un diagnostic qui aidera l’autrice à enfin recomposer de manière plus saine et plus vivable son quotidien et ses relations, elle qui avait toujours préféré fuir les autres mais détesté être seule.
Dans la lignée du travail de Julie Delporte pour ses compositions entre livre illustré et bande dessinée, et de celui de Mirion Malle dans sa façon d’aborder la santé mentale avec douceur, Pauline de Tarragon, qui par ailleurs est aussi chanteuse, musicienne et autrice de li érature jeunesse, développe son propre style avec un dessin candide et tout à fait joyeux.
NELLE CERNERO
BD ●●●● O «Minuscule folle sauvage» Pauline de Tarragon, La ville brûle, 112 p., 20 €.
Gaming
On joue aussi à L’Echo!
Après un développement au long cours plus chahuté, le jeu de pirates d’Ubisoft manque d’ambition. Mais c’est surtout le manque de vie de son univers qui désole.
«Skull and Bones» boit la tasse
La licence
que l’on contrôle est envoyé par le fond. On se réveille donc, couvert de sel, sur un débris flo ant. Bien vite, on prend le contrôle d’une embarcation plus proche de la barque que de la goéle e. Pied à terre, on rencontre une poignée de marchands qui nous enjoignent à accomplir nos premiers contrats: récolter des ressources sur une île à travers une mini-épreuve de rythme, couler un bateau ou une flo e entière pour piller leurs cales ou encore transporter des marchandises d’un port à l’autre.
Très vite, on se rend compte de la plus désarmante limite de «Skull and Bones». Dans ce jeu de piraterie, ce n’est pas un pirate que l’on incarne, mais bien un bateau. On ne s’escrime pas au sabre, on ne fait pas passer les mutins par la planche. On ne barbote même pas dans l’eau. On déplace un navire, on tire à boulets rouges et c’est tout.
«Monkey Island» toujours aussi emblématique
«Return to Monkey Island», conclusion de l’aventure du pirate le plus célèbre du jeu vidéo. ©
Dans «Skull and Bones», ce n’est pas un pirate que l’on incarne, mais un bateau. On ne s’escrime pas au sabre, on ne fait pas passer les mutins par la planche. On déplace un navire, on tire à boulets rouges et c’est tout.
THOMAS CASAVECCHIAOn peut reprocher énormément de choses à la série des «Assassin’s Creed», mais pas leur générosité dans le dépaysement. Chacun de ces jeux est une expérience presque touristique dans laquelle on explore l’Histoire comme un enfant émerveillé. Quand Ubisoft, le studio qui produit ces jeux depuis maintenant 17 ans, nous emmène en Égypte antique, on se retrouve bien vite à explorer les pyramides et à crapahuter dans le désert à dos de chameau. Quand on incarne une guerrière viking dans l’Angleterre du IXe siècle, on prend un malin plaisir à piller les monastères trop proches du fleuve sur lequel glisse notre drakkar. «Assassin’s Creed» est un jeu «carte postale». Un véritable voyage, tant historique que géographique, à peu de frais. À ce petit jeu du fantasme historique, le quatrième épisode, «Black Flag», sorti en 2013, est un de ceux qui a le plus marqué. Normal, c’est au cœur de l’âge d’or de la piraterie qu’il plonge son public. En plein cœur de la mer des
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«Skull and Bones»
Développé et édité par Ubisoft, disponible sur PlayStation 5, Xbox Series et PC, 80 €.
Caraïbes, on incarnait Edward Kenway, un jeune Écossais en quête d’aventure devenu pirate puis propulsé au rang de capitaine. À toute allure, son deux-mâts fendait les eaux turquoise au large de Cuba ou de la Jamaïque. On explorait avec lui des îles plus ou moins désertes, et l’on comba ait au nom de la liberté. Bien sûr, en tant que pirate, on passait aussi le plus clair de son temps à envoyer des navires marchands par le fond avant de partir à l’abordage d’autres vaisseaux.
Mise à flot difficile
Pas avares en grand spectacle, ces combats ont plu. À tel point qu’Ubisoft a vite envisagé d’en faire un jeu multijoueur en ligne à part entière. Le projet «Skull and Bones», pensé pour faire parler la poudre en haute mer, était né. Depuis, il a été repoussé à huit reprises, maintes fois repris à zéro et reconceptualisé. Ce n’est jamais bon signe. Une décennie après, entre deux vagues de blockbusters, le voilà qui émerge enfin des flots. Mais il peine à convaincre.
Après une séquence d’introduction un poil bordélique durant laquelle on essuie plusieurs salves de boulets de canons anglais, le galion
«Sea of Thieves», le prince des pirates
Le jeu de Rare est l’éléphant dans la pièce quand on parle de jeu vidéo de piraterie. Lancé en 2018, le jeu est toujours aussi populaire. Sous l’impulsion de Microsoft, il s’apprête même à débarquer sur d’autres consoles.
La comparaison est cruelle. Elle est aussi sans appel: «Sea of Thieves» est un bien meilleur jeu de piraterie que ne l’est «Skull and Bones». À sa sortie, pourtant, le jeu de Rare («Banjo-Kazooie», «Perfect Dark»...) publié par Microsoft n’avait, lui non plus, pas suscité d’enthousiasme débordant en raison d’un contenu un poil trop svelte et répétitif. Sa base était en revanche déjà très solide. Seul ou avec quelques amis, on embarque sur un galion plus ou moins modeste en fonction de la taille de l’équipage. Une des très grandes forces de «Sea of
Thieves» est le fait que l’on incarne un véritable moussaillon et que l’embarcation ne se dirige pas toute seule. Quelqu’un doit définir le cap tandis qu’un autre membre de l’équipage doit tenir la barre et qu’une autre personne gère les voiles. En cas de choc contre un récif, il faudra colmater la brèche et écoper. Évidemment, il y a plus de postes que de membres d’équipage et il faut tout gérer en même temps.
Sauf si en bon pirate tire-au-flanc, on préfère écluser le tonneau de rhum qui traîne dans la cale et jouer un air d’accordéon assis sur la proue.
Explorer des îles au trésor Naviguer dans «Sea of Thieves» est déjà amusant en soi, mais au fil des ans, le jeu n’a cessé de s’étoffer. Désormais, il regorge d’activités et de missions scénarisées. Mais ce qui donne le plus clair avantage de «Sea of Thieves» sur
JEU VIDÉO
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«Sea of Thieves»
Développé par Rare, édité par Xbox Studios, disponible sur console Xbox et PC, sur PlayStation 5 à partir du 30 avril, 40 € (inclus sans surcoût dans l’abonnement Gamepass).
Pas le naufrage a endu On pourrait se satisfaire de ce e expérience qui n’est pas sans charme. Manœuvrer dans la tempête pour ne pas subir de plein fouet une vague scélérate tout en canardant des navires ennemis procure de réelles sensations. Mais ces moments de grâce sont trop peu nombreux et ne parviennent pas à faire oublier la répétitivité de l’ensemble. Un manque de variété d’autant plus criant qu’«Assassin’s Creed: Black Flag» proposait la panoplie complète du corsaire il y a plus de dix ans.
Le jeu n’est sans doute pas le naufrage a endu et ses mécaniques fonctionnent. Mais il manque une bonne dose de folie pour être recommandable. Étant donné qu’il se pratique en ligne, il n’est pas impossible qu’Ubisoft étoffe considérablement sa copie et lui insuffle la vie qui lui manque tant. Il n’est pas impossible non plus que «Skull and Bones» soit abandonné à la dérive. En l’état, il est un océan de la profondeur d’une pataugeoire.
Autre salle, mais ambiance pas si différente: «Secret of Monkey Island» n’a que peu de rapports avec les deux jeux précédemment cités, il n’en est pas moins incontournable dès lors que l’on aborde la piraterie dans le jeu vidéo. Créé en 1990, le jeu est un classique parmi les classiques. Un des plus dignes représentants des point’n’click de la grande époque.
On y contrôle Guybrush Threepwood, un jeune homme qui rêve de devenir pirate et devra accomplir une série de tâches pour être accepté comme tel. Pour parvenir à faire progresser l’histoire, il va falloir se creuser les méninges et résoudre une série d’énigmes aussi tordues qu’hilarantes en combinant des objets de manière le plus souvent absurde.
Au-delà de ces énigmes tirées par les cheveux qui ont fait la gloire du studio LucasArt, pendant vidéoludique à Lucasfilm, c’est l’écriture des dialogues qui prête énormément à sourire, voire à la franche hilarité.
Humour intact
«Skull and Bones», c’est la possibilité de sortir du bateau à tout moment et d’explorer les nombreux secrets enfouis sur chaque île du jeu. On peut suivre une carte au trésor, trouver les trois arbres mentionnés sur le parchemin humide et déterrer le coffre enfoui entre leurs racines. Il faudra aussi se manier du sabre et du mousquet contre les squele es animés qui défendent ces trésors ou contre d’autres joueurs qui voudront s’en emparer. Bref, le jeu respire le fun, mais aussi la folie. En tanguant au fil de l’eau, on n’est pas à l’abri d’une rencontre avec un kraken ou un vaisseau fantôme. Dans l’univers cartoon du jeu, un nuage noir à l’horizon ressemblera à une tête-de-mort. Se rapprocher de ce e tempête, c’est la promesse d’embarquer pour une sacrée aventure. Comme c’est le cas à chaque connexion aux serveurs.
Si culte soit-il, le jeu accuse son âge même si un remake l’a rendu disponible en 2009 sur les ordinateurs modernes. Heureusement, avec «Return to Monkey Island» la licence est revenue en 2022 sur PC et consoles et sur mobile en 2023, dans un ultime épisode créé par les développeurs et scénaristes originaux. Bien entendu, il est conseillé de jouer aux précédents épisodes avant de se lancer dans le jeu, mais ce dernier sait heureusement se montrer accueillant avec les nouveaux venus. Le jeu apporte son lot de modernités, réalise quelques très belles piroue es scénaristiques. Mais surtout, son humour reste intact et ses énigmes sont plus tordues que jamais. Dans «Secret of Monkey Island», il faut accepter de rester bloqué des jours, voire des semaines durant sur un puzzle retors. Il y a deux semaines, No Clip, la chaîne de documentaire spécialisée dans le jeu vidéo a réalisé un long et riche film sur ce retour en fanfare. Un document riche qui montre à quel point les créateurs du jeu ont voulu préserver l’ADN de la série dans ce dernier baroud d’honneur. Et force est de constater que les vieux briscards de l’industrie ont su une dernière fois donner à leur public ce qu’il a endait tout en ménageant ses surprises. T.C.
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MATHILDE RIDOLE JOURNALISTE MON ARGENT ÉDITO
Renouvellement
EN 2024, le marché immobilier, comme le guide que vous tenez dans les mains, se caractérise par son renouvellement. Selon les prévisions économiques, les taux ne reviendront plus au niveau plancher qu’ils ont connu. Il est donc inutile d’a endre une diminution des prix. Les règles du jeu ont changé, et elles sont à présent assimilées par les candidats à l’achat.
Il en va de même pour le certificat de performance énergétique (PEB). Au fil du temps, il s'est imposé comme un précieux sésame pour indexer le loyer, louer ou vendre un bien, obtenir un meilleur taux d’emprunt ou des primes à la rénovation. Il sera encore plus influent dans le futur. En Région bruxelloise, par exemple, les passoires énergétiques (PEB F et G) seront interdites dès 2033. Ensuite, ce sont les bâtiments de catégorie E et D qui ne seront plus tolérés à partir de 2045. La Wallonie a également défini un calendrier pour améliorer les performances énergétiques de son parc résidentiel.
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Par exemple, à partir du 1er juillet 2026, tout nouvel acquéreur aura pour obligation d’a eindre le niveau D dans les cinq ans suivant l’achat d'un bien.
Il va de soi que ces échéances auront un impact sur les prix de l’immobilier et qu’elles creuseront l’écart entre les logements économes en énergie et les passoires thermiques. Les propriétaires des premiers conserveront leur toit, tandis que les détenteurs des seconds se lanceront dans des travaux ou se résoudront à vendre. Quant aux candidats à l’achat, ils sont déjà confrontés à un choix (du moins, s'ils en ont les moyens): me re le prix pour se garantir une tranquillité d'esprit ou payer leur bien moins cher et s’engager, tôt ou tard, dans des travaux.
Propriétaires, vendeurs, acheteurs, investisseurs doivent intégrer dès aujourd’hui tous ces éléments dans l’équation, car le compte à rebours est lancé pour renouveler durablement notre marché immobilier. Bonne lecture!
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FÉVRIER 2024
6 En quelques mots
8 Localisation
La localisation, critère clé pour réussir un investissement locatif, conditionne le rendement et l'a lux des candidats locataires.
16 Interview
Le marché immobilier a tourné au ralenti l’année dernière. Céline Janssens (Stadim) voit 2024 comme l’année d’un retour à l’équilibre.
22 En chi res
Alors que les prix de l'immobilier ont atteint des sommets en 2023, le nombre de transactions a considérablement chuté. Voici les chi res les plus marquants.
24 Témoignage
Ancien fonctionnaire de police, Quentin Neruez est devenu multipropriétaire et génère des revenus locatifs de 1.500 euros nets par mois. Son prochain projet? Investir à l'étranger.
31 Stratégie
L'immobilier propose deux options aux investisseurs: acheter une nouvelle construction ou un bien existant. Que choisir?
42 Rendement
Lorsque l'on est propriétaire, les frais s'accumulent. En tant que bailleur d'un immeuble, vous devez impérativement déduire vos dépenses des loyers perçus avant d’évaluer la rentabilité nette de votre investissement.
46 Témoignage
Ancien joueur professionnel au Standard de Liège, Arnor Angeli s'est tourné vers l'immobilier dès son plus jeune âge. Aujourd’hui, il accompagne des futurs investisseurs belges.
49 Questions de lecteurs
Immeuble de rapport, donation immobilière, réduction de loyer... Nous répondons à vos questions.
54 Reportage
En quoi la «réception provisoire» consiste-t-elle? Pourquoi est-elle si importante? L’architecte Vincent Van Den Broecke, avec qui nous avons réalisé une visite d'expertise, répond à nos questions.
62 Fiscalité À quel risque fiscal s’exposent les investisseurs trop actifs sur le marché immobilier? Quel impact les élections de 2024 auront-elles sur la fiscalité immobilière?
66 Parole à l'expert
«La fiscalité immobilière sous le prisme des élections», chronique d'Adrien Bortolotti, avocat spécialisé en droit fiscal.
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Situé à proximité du Jardin Botanique et du centre-ville de Bruxelles, le site emblématique du couvent des Jésuites est réhabilité en un projet polyvalent. Dans ce cadre historique unique, 57 appartements neutres en énergie fossile vont voir le jour, ofrant de magniiques vues sur le Jardin Botanique ou sur le vaste jardin en intérieur d’îlot. Découvrez l’ofre variée d’appartements d’exception ainsi que les opportunités d’investissement dans ce quartier en pleine expansion.
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EN QUELQUES MOTS
Le gain de loyer est quasiment nul en passant d’un label G à un label D. Seul le fait de dépasser la le re D permet réellement d’augmenter le montant d’un loyer.»
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Large marché locatif Zone résidentielle Entre l’aéroport de Bruxelles et le quartier européen Parking souterrainLe Hainaut et Bruxelles en tête des opportunités locatives
La localisation, critère clé pour réussir un investissement locatif, conditionne le rendement et l'a fflux des candidats locataires.
MATHILDE RIDOLE
L’investisseur doit considérer de nombreux critères avant de placer ses billes sur le marché immobilier: l'état du bien, la performance énergétique, la fiscalité, mais aussi la localisation, qui déterminera une série d’autres paramètres comme le prix d’achat, le montant des loyers, le rendement et le potentiel locatif du bien.
1.
PRIX: DU SIMPLE AU TRIPLE
SELON LA COMMUNE
© FILIP YSENBAERT
Par exemple, un propriétaire qui investit en ville est certain de trouver rapidement des locataires. Seul bémol: les prix y sont souvent ne ement plus élevés qu’à la campagne, ce qui impacte le rendement. À l'inverse, à la campagne, les prix sont inférieurs à ceux du marché et offrent un meilleur rendement. Néanmoins, le risque de vide locatif est plus élevé, car les candidats locataires sont généralement moins nombreux. Où, dès lors, placer le curseur?
«La localisation reste le b.a.-ba de l' immobilier. Lorsqu’on investit, on le fait d’abord dans du foncier, on achète un terrain. A fortiori, la valeur de ce terrain dépend de la localité», rappelle Nicolas Jacquet, fondateur de OWN Group, société spécialisée en investissement immobilier. «Le terrain, d’un point de vue comptable, ne subit jamais de dévalorisation».
Selon la localité, le prix d’une habitation peut très fortement varier. Prenons l'exemple d’un appartement à Dison (province de Liège), la commune la moins chère de Belgique. D'après la plateforme de données immobilières Realo, le prix moyen d'un appartement dans ce e commune se chif-
fre en moyenne à 135.088 euros. À Ixelles, la commune la plus chère de la Région bruxelloise, le prix moyen d'un appartement est de 433.291 euros, soit plus de trois fois le prix d'un appartement à Dison. Notons cependant que même si les prix sont en moyenne plus chers en Région bruxelloise que dans le reste du pays, des disparités subsistent entre les communes du nord et du sud de la capitale. Par exemple, il faut débourser entre 373.000 et 433.000 euros pour un appartement dans les communes du sud, alors que les prix se situent entre 250.000 et 277.000 euros au nord.
En Wallonie, le Hainaut affiche les prix les moins élevés du marché immobilier. À Charleroi, Mons ou encore Tournai, les principales villes hennuyères, un appartement coûte entre 157.000 et 188.000 euros. Dans les provinces de Luxembourg, de Namur et de Liège, le prix moyen d’un appartement dans les chefs-lieux, à savoir Arlon, Namur et Liège, s’élève respectivement à 269.789 euros, 257.160 euros et 227.040 euros. Le Brabant wallon affiche des prix supérieurs, en raison de sa proximité avec la capitale. Par exemple, un appartement coûte 355.659 à O ignies-Louvain-la-Neuve et 363.647 euros à Waterloo.
Sur base de ce constat, l’investisseur peut penser qu’il vaut mieux opter pour les villes du Hainaut, moins chères. Mais un prix bas se conjugue souvent avec un loyer bas. A contrario, un propriétaire demandera un loyer plus élevé lorsque le logement est plus cher à l’achat. Mais il existe des exceptions à ce e règle...
2.
DES LOYERS TRÈS ÉLEVÉS À BRUXELLES
Sur base des chiffres de Realo le loyer moyen pour un appartement de 90 m² dans les villes du Hainaut varie de 798 euros/mois pour Tournai (8,86 euros/ m²) à 830 euros à Charleroi (9,2 euros/m²) et 891 euros à Mons (près de 10 euros/m²). En comparaison, dans le Brabant wallon, les loyers dépassent la barre des 1.000 euros à O ignies-Louvain-la-Neuve et à Waterloo (voir graphique 1). Il en va de même pour Arlon, où un locataire doit débourser 1.050 euros pour un bien de la même superficie (11,6 euros/ m²). Namur et Liège coûtent légè-
«La localisation reste le b.a.-ba de l'immobilier. Lorsqu’on investit, on le fait d’abord dans du foncier, on achète un terrain. A fortiori, la valeur de ce terrain dépend de la localité.»
NICOLAS JACQUET
rement moins cher, avec des loyers de 936 euros et 867 euros pour la même surface.
En Région bruxelloise, les loyers ont flambé de 8,6% en 2023 (tous biens confondus) par rapport à 2022, selon les dernières données de la Fédération des agents immobiliers francophones (Federia). Un appartement se loue en moyenne 1.205 euros (+8,1%) dans la capitale. Pour un studio, comptez 800 euros (+9,4%). Parmi les 19 communes bruxelloises, Woluwe-Saint-Pierre (1.413 euros), Uccle (1.376 euros) et Ixelles (1.351 euros) restent les plus chères. Seules quelques communes proposent un loyer inférieur à 1.000 euros (Je e, Ganshoren, Anderlecht, Saint-Josse-ten-Noode, Berchem-Sainte-Agathe et Molenbeek-Saint-Jean).
À la campagne, les loyers sont généralement plus accessibles. Plusieurs communes comme Tenneville, en province de Luxembourg ou encore, Cerfontaine dans le namurois, affichent des loyers compris entre 490 euros et 600 par mois, en corrélation avec un prix d’achat plus bas. De rares communes proposent un loyer élevé lorsque les prix d’achat sont bas. C’est le cas, par exemple, de Clavier et Wasseiges, en province de Liège ou encore, de Walhain (Brabant wallon) et Quiévrain (Hainaut), où les loyers se situent dans une fourche e de 955 à 1.070 euros/mois pour un appar-
tement de 90 m². À l’inverse, les loyers à Neupré, Trois-Ponts, Libin et Marchin sont bas tandis que les prix de vente de ces biens sont élevés.
3. RENDEMENT PLUS ÉLEVÉ OÙ LE PRIX EST PLUS BAS
Sur base des deux points précédents – prix et loyers – , nous avons calculé le rendement brut d’un appartement dans les différentes communes wallonnes et bruxelloises (graphiques 2 et 3). Les plus rentables se situent principalement dans le Hainaut. À Quiévrain, le rendement brut dépasse 9% (voir graphique page 17). Les communes hennuyères de Dour, Colfontaine et Aiseau-Presles affichent des rendements autour de 8%. Ils sont légèrement inférieurs dans les villes principales: 6,9% à Charleroi, 5,49% à Tournai et 5,88% à Mons.
De l’autre côté, dans certaines communes où les prix à l’achat sont très élevés, mais pas les loyers, le rendement brut dépasse à peine le taux d’inflation de référence de 2%. C’est le cas à Trois-Pont (Liège), où il s’établit à 1,68% ou encore à Saint-Léger (Luxembourg) avec 2,6%.
Les rendements dans les communes bruxelloises se situent dans la fourche e moyenne (4-5%). Au nord de la capitale, Koekelberg, Anderlecht, Bruxelles-Ville, ou encore Molenbeek-Saint-Jean proposent un rendement entre 5,3% et 5,7%. Les communes du Sud, plus chères à l’achat, off rent un rendement légèrement plus comprimé: 4,36% à Uccle, 4,43% à Ixelles ou encore 4,10% à Woluwe-Saint-Pierre.
4.
PLUS DE LOCATAIRES DANS
LES VILLES
En investissement, que ce soit sur le marché des actions ou sur le marché immobilier, le rendement et le risque sont étroitement liés. On parle souvent de «couple rendement-risque». Plus le rendement est élevé, plus le risque est élevé, et inversement.
Investir à Quiévrain ou dans une commune du Hainaut pour obtenir 8% de rendement s’avère plus risqué qu’à Ixelles ou Uccle, où le rendement est de l’ordre de 4%. Le risque de vide locatif est en effet su-
Loyer d’un appartement, 2
Communes bruxelloises Communes wallonnes
Clavier
Charleroi Charler
Estaimpuis uis
1. QUELLES SONT LES COMMUNES LES PLUS RENTABLES? s bas,
Loyers bas, prix d'achat bas
Prix d’achat d’un appartement,
Sourc ealo
2. TOP 10 DES COMMUNES OÙ INVESTIR EN WALLONIE
Sources: Realo (2018-2023), SPF Finances (2023) Quiévrain
Fontaine-l'Evêque Châtelet
Saintain
BruxellesVille SaintGilles
Waterloo Josse-ten-te Noode ood
Arlon rlo
Namur Nivelles
Liège Mons M
Tournai ai To Tournrnanai na
Tenneville nevil nev
Loyers élevés, prix d'achat élevés
Etterbeek Ixelles
WoluweWolu eSaintain
Lambert mb WoluweSaint-Pierre
Trois-Ponts Uccle
OttigniesLouvain-laNeuve
La Hulpe
4. LES PROPRIÉTAIRES SONT MOINS NOMBREUX DANS LES VILLES
Part des ménages non-propriétaires de leur logement
périeur dans les communes plus excentrées que dans les villes, où les candidats-locataires sont généralement plus nombreux.
Nous avons donc étudié la proportion de propriétaires et de non-propriétaires dans les différentes communes wallonnes et bruxelloises (voir graphique 4). Le but était de déterminer où les plus grandes parts de locataires se localisent.
La Région bruxelloise compte de loin le plus grand taux de locataires (61%). Dans certaines communes, comme à Bruxelles-Ville, Saint-Gilles, Ixelles, E erbeek et Saint-Josse-ten-Noode, ce taux dépasse même la barre des 70%.
Les locataires sont également plus nombreux dans les chefs-lieux des provinces wallonnes que dans le reste de la Région. Ainsi, 58,8% des ménages sont locataires à Liège, 50% à Namur, 45% à Charleroi, 46,5% à Arlon et «seulement» 38,6% à Wavre. D’autres communes affichent également une proportion de propriétaires relativement basse, offrant un réel potentiel locatif pour les investisseurs. C’est le cas de Mons, où plus de 47% des ménages sont locataires, mais aussi de Tournai (42%), O ignies-Louvain-la-Neuve (54%), Nivelles (46%) ou encore Florennes (57%), Dinant (47%) et Ciney (44%).
Dans certaines communes, le nombre de propriétaires est très élevé. Cela laisse peu de possibilités aux investisseurs d’y
Les communes les plus rentables se situent principalement dans le Hainaut. À Quiévrain, le rendement brut dépasse 9%.
trouver des locataires et augmente le risque de vide locatif. À La Bruyère, entre autres, seuls 18% des ménages sont locataires. Il en va de même pour Musson (17%) , Saint-Léger (21%), Nandrin (18,3%) ou encore Héron (17%) et Musson (17,91).
5.
LÀ OÙ IL FAIT BON INVESTIR
En tenant compte de ces quatre paramètres pour chaque commune (prix, loyer, rendement et part de ménages locataires), nous avons obtenu un indice perme ant de classer les communes de manière objective. Plus l’indice est élevé, plus l’investissement est intéressant (les valeurs de cet indice vont de 0 à 1). En Région bruxelloise, c'est Koekelberg (0,82) qui renseigne le meilleur indice, à égalité avec Saint-Josseten-Noode, suivie de Ganshoren (0,81). C’est
dans le nord de la Région bruxelloise que le potentiel est le plus intéressant pour les investisseurs. Les communes les plus chères (Woluwe-Saint-Pierre (0,52), Uccle (0,57) et Ixelles (0,62)) se trouvent dans le bas du classement, mais affichent un meilleur score que bon nombre des communes wallonnes. Elles se situent aussi dans le milieu du classement général (Wallonie et Région de Bruxelles-Capitale confondues).
En Wallonie, le haut du classement est dominé par une série de communes hennuyères (Charleroi, Quiévrain, Châtelet, Farciennes, Fontaine-l’Évêque, Mons) et quelques localités liégeoises. À l’inverse, une série de communes représente peu d’intérêt pour les investisseurs: Montde-l'Enclus, Neupré, Saint-Léger, Braives, Héron, A ert ou encore Marchin.
En conclusion, le propriétaire en quête d’un rendement intéressant et d'un investissement sécurisé a intérêt à privilégier la Région bruxelloise ou certaines communes du Hainaut. Il doit aussi veiller à éviter les petites localités où la plupart des ménages sont propriétaires. ■
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Diversifier son patrimoine, la clé d’un investissement réussi
Tout investisseur un tant soit peu averti vous le dira: diversifier son patrimoine relève du bon sens: cela permet de réduire le risque. En e et, comme le dit l’adage, mieux vaut ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Parmi les di érents produits d’investissement, l’investissement immobilier fait o ce de bon élève : rentable, sûr et pérenne. Au premier rang de la classe: l’investissement immobilier neuf, à conditions, bien sûr, de choisir judicieusement son bien et son partenaire.
À ce titre, le Groupe Thomas & Piron propose non seulement une palette de produits (achat d’une maison neuve dans un lotissement, construction d’une ou plusieurs maisons, construction d’un immeuble à appartements ou de bureaux, surfaces commerciales, kots, achat d’un appartement neuf,…) mais aussi toute une série de localités spécifiquement adaptées à l’investissement.
La localisation, critère numéro 1
Les professionnels de l’immobilier et, par extension, tous ceux qui s’y intéressent de près, savent que trois critères sont décisifs dans toute transaction immobilière: la localisation, la localisation et la localisation! Car, si un bien peut être rénové et optimisé, il ne pourra pas être parachuté ailleurs. Investir dans l’immobilier, c’est avant tout cibler une localité et un quartier.
En la matière, les experts du Groupe Thomas & Piron recommandent de se tourner non seulement vers les grandes villes, comme Bruxelles ou Namur, par exemple. Leur popularité et leur statut de capitale garantissent d’excellents placements immobiliers. Mais aussi vers les villes secondaires et quartiers périphériques, où le Groupe Thomas & Piron développe plusieurs projets. Ils représentent des opportunités à ne pas négliger.
En survolant la carte de la Wallonie, David Beghin, Manager Ventes, épingle plusieurs communes comme Seraing, Fleurus, Nivelles, Boncelles ou Sambreville.
«Parce qu’elles font l’objet d’une politique de travaux publics ambitieuse ou de projets de rénovation urbaine, voire parce que l’o re y est insu sante et ne répond pas à la demande.»
Mais surtout, insiste-t-il, parce qu’elles sont équipées ou proches d’un centre urbain pourvu en commerces, services et facilités. «C’est le premier élément à considérer», assure-t-il. En seconde position, il pointe les perspectives d’emploi et la mobilité (accès aux grands axes autoroutiers, bonne desserte en transports en commun…).
Les investisseurs en quête de bonnes a aires pourront aussi s’intéresser aux quartiers en devenir, à Liège et à Charleroi, par exemple.
Loyer chaud et plus-value à la revente
Contrairement aux placements boursiers et à tout autre actif financier, l’investissement immobilier garantit généralement une plus-value à la revente, en plus de permettre un rendement tout au long de l’investissement. La plus-value à la revente est, bien sûr, conditionnée par le fait d’envisager l’investissement sur le long terme et d’agir en tant que tel. Plusieurs facteurs entrent en compte, parmi lesquels: l’évolution du marché immobilier, les qualités intrinsèques du bien et son état général.
Autre critère important à prendre en compte : son impact énergétique. Dans ce cadre-là, le neuf a la cote auprès des investisseurs. «Comme les maisons ou les immeubles neufs sont déjà aux normes, énergiquement très performants et équipés d’un bon système de ventilation, ils subissent moins vite que les autres l’usure du temps. Leurs propriétaires sont exemptés de travaux pendant de longues années, indique notre expert.»
Partant de ce constat, une notion nouvelle émerge, celle du loyer chaud, qui s’ajoute au loyer payé au bailleur pour l’occupation de son bien. «Le loyer chaud, c’est la somme des charges énergétiques dont doit s’acquitter le locataire auprès des fournisseurs d’énergie, définit David Beghin. Comme le budget des ménages n’est pas extensible, plus le loyer chaud est élevé, plus le propriétaire doit revoir son loyer à la baisse.»
Une pénalité doublée par la récente interdiction d’indexation du loyer pour les «passoires énergétiques», ces logements qui pâtissent d’un certificat PEB dans le rouge. «Sans oublier l’obligation de rénovation énergétique dictée par l’Europe, prévient encore David Beghin
Inflation contre hausse des taux d’intérêt
La récente remontée des taux d’intérêt hypothécaires, associée à l’augmentation des coûts des matériaux de construction et de la main-d’œuvre, a créé une certaine inquiétude sur le marché immobilier belge. Face à cette situation, la question de la rentabilité de l’investissement immobilier se pose.
Il est toutefois crucial de considérer que la majorité des salaires bénéficient d’une indexation, à l’instar des loyers qui tendent à suivre cette même dynamique. En tenant compte de cette réalité, les experts s’accordent sur le fait qu’envisagé sur le long terme, l’investissement immobilier, et en particulier dans l’immobilier neuf, demeure une option rentable.
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«Plus aucun investisseur en immobilier ne peut penser que les performances énergétiques ne le concernent pas»
Déserté par certains investisseurs qui ont mis leurs projets sur pause, le marché immobilier a tourné au ralenti l’année dernière.
Céline Janssens (Stadim) voit 2024 comme l’année d’un retour à l’équilibre.
MATHILDE RIDOLE
RETAIL, logistique, marché des bureaux «satellites»… Céline Janssens, partenaire chez Stadim, bureau d’expertise en immobilier, voit des opportunités sur plusieurs segments de l’immobilier en 2024.
Les investisseurs en immobilier ontils été refroidis par la hausse des taux d’intérêt en 2023?
QUI: Céline Janssens
QUOI: Partenaire et gestionnaire chez Stadim, elle est responsable de la gestion quotidienne, de l'organisation générale et de l'évaluation des portefeuilles immobiliers plus importants en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg.
Il faut remettre les choses dans leur contexte. En 2020, à la sortie de la crise sanitaire, tout le monde avait peur d’investir dans le retail et les bureaux. Ceux qui n’avaient jamais regardé au marché résidentiel, plus particulièrement les investisseurs institutionnels, se sont tournés vers ce segment. Les transactions étaient
très nombreuses. Pléthore de fonds résidentiels ont été créés durant ce e période. Les taux étant au plancher, l’argent était presque gratuit et le rendement a ractif.
Le marché immobilier était donc en pleine forme, jusqu’à ce que…
En effet, le niveau d’inflation et les taux d’intérêt sont cruciaux pour l’immobilier. En octobre 2022, l’inflation s’élevait à 12%, avant de retomber à 1,3% en décembre 2023. Nous estimons chez Stadim qu’à moyen terme, elle sera comprise entre 2% et 2,5%. Entretemps, les taux d’intérêt, qui tournaient autour de 1,5%, ont augmenté à 3,5% en moyenne fin 2023, suite aux hausses
successives des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE).
Cela a provoqué un arrêt assez brutal du marché de l’immobilier et engendré beaucoup d’incertitudes. Le marché est devenu illiquide. Les investisseurs institutionnels ont arrêté d’acheter et de vendre. Dans le métier, nous utilisons un terme: «They are all si ing on their hands». En d'autres termes: «On ne bouge pas et on regarde comment cela évolue».
D’autres facteurs ont également perturbé le marché, à savoir la situation géopolitique et les coûts de construction, qui ont fortement augmenté au cours des trois dernières années. Même si le prix des matériaux de construction se sont stabilisés, ils restent très hauts et impactent le rendement sur le neuf et sur les immeubles à rénover.
Pourtant, selon les chiff res récents de la BNB, certains investisseurs ont continué à acheter. Ce sont plutôt les investisseurs privés et le private equity qui ont maintenu le marché à flot, avec de plus petites transactions et des volumes plus faibles. Les autres se sont tournés vers d’autres produits d’investissement. Si vous pouvez acheter une obligation à 4% avec un risque moindre, vous en profitez pour diversifier votre portefeuille, en achetant, par exemple, aussi de l’immobilier papier.
D’ailleurs, en 2023, les vraies opportunités sur le marché de l’immobilier se trouvaient en bourse. Les belles décotes sur les SIR (sociétés immobilières réglementées) ont permis à certains investisseurs d’en profiter. Entretemps, elles ont repris de la valeur, mais cela reste encore intéressant en 2024, car elles n’ont toujours pas retrouvé leur valeur de marché. Rappelons aussi qu’elles offrent un dividende a ractif, de l’ordre de 5% à 6% bruts.
Est-ce le retour du «cash is king» pour celui qui veut rester dans la brique?
C’est évident qu’en apportant plus de fonds propres et en réduisant ainsi le montant du crédit, l’effet de la hausse des taux sur le rendement net sera amoindri. Mais il faut s’assurer que le rendement sur fonds propres, au vu du risque pris, en vaille la peine, sachant que le marché obligataire peut vous offrir également plus de 4% de rendement en prenant moins de risques.
Reste-t-il des opportunités à saisir en immobilier?
Tous les segments de l’immobilier n’ont pas souffert de la même manière du changement de contexte. Par exemple, le retail (commerces, NDLR) et la logistique ont connu une bonne année 2023.
Les commerces ont historiquement subi l’essor du shopping en ligne, puis le covid a accéléré la tendance. Au lieu d’en souffrir progressivement sur dix ans, cela s’est fortement accéléré sur un an. Les transactions ont diminué et les rendements ont été impactés. Ce e période est désormais derrière eux et les centres-villes en Région bruxelloise, en Flandre et en Wallonie ont fait mieux en 2023 que précédemment.
De l’autre côté du spectre, le marché des bureaux a a eint son niveau de transactions le plus bas depuis 20 ans. Mais l’investisseur privé pourrait y trouver son compte, car les grandes villes de province ont maintenu leur niveau d’activité.
Elles sont moins dépendantes des «big deals» comme la Région de Bruxelles-Capitale, où se situent les institutions européennes. Avec l’essor du télétravail, les entreprises sont de plus en plus intéressées de louer des petits bureaux «satellites» dans plusieurs localisations.
En outre, le manque de bâtiments de qualité sur le segment des
«La polyvalence des immeubles, surtout de bureaux, est un critère qui gagne en importance. Un immeuble facilement convertible en résidentiel, en cas de crise sur le marché des bureaux, est un investissement plus sûr.»
bureaux pousse à la hausse les loyers des nouvelles constructions qui répondent aux critères ESG (environnement, social et gouvernance). La polyvalence des immeubles, surtout de bureaux, est aussi un critère qui gagne en importance. Un immeuble facilement convertible en résidentiel en cas de crise sur le marché des bureaux est un investissement plus sûr.
Le résidentiel est donc toujours la valeur refuge de l’immobilier?
Certainement, mais il est devenu moins évident de rentabiliser son investissement sur ce segment également. La capacité d’emprunt a baissé de 17% en raison de la hausse des taux, faisant fléchir le nombre de crédits octroyés de 30%. Il est moins facile de trouver un équilibre sur ce marché. C'est d’autant plus vrai en raison des
objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050. Certains propriétaires devront rénover leur bien pour améliorer le certificat de performance énergétique (PEB) dans les années à venir. On sent déjà son impact sur les prix de vente.
Chaque marché anticipe le PEB à son rythme. L’effet se fait déjà plus sentir en Flandre qu’en Wallonie, par exemple, puisque les nouveaux propriétaires sont déjà contraints d’isoler leur habitation dans les cinq ans suivant leur achat si le PEB est inférieur à un PEB E. Les banques sont aussi a entives au PEB des biens pour lesquels elles octroient des crédits. Dans certains cas, elles se montrent plus strictes ou conditionnent l’octroi du prêt à des travaux d’économie d’énergie.
Les locataires sont aussi conscients de l’importance du PEB depuis la crise énergétique. Aujourd’hui, on constate qu’ils restent
moins longtemps dans un logement énergivore que dans un bien isolé, ce qui engendre plus de gestion locative pour le propriétaire-bailleur. Et même si la demande sur le marché locatif est très dynamique pour le moment, l’offre en logements de qualité, économes en énergie, reste limitée et pousse les loyers de ces biens à la hausse. Il y a donc du potentiel de ce côté pour l’investisseur en immobilier.
Certains préfèrent encore acheter de l’ancien plutôt que du neuf, car cela coûte moins cher. Mais finalement, ce calcul n’est pas toujours bon. Le rendement brut de l’ancien sera certainement meilleur, mais ce n’est pas toujours le cas pour le rendement net et c’est pourtant celui-là le plus important. Il y a souvent plus de frais dans l’ancien, des rénovations à prévoir à terme, de turn-over et un risque de vide locatif plus élevé. Aujourd’hui, plus aucun investisseur en immobilier ne peut penser que les performances énergétiques ne le concernent pas.
Faut-il dès lors vendre les passoires énergétiques que l’on détient en portefeuille?
C’est peut-être le moment de se poser la question de vendre ces biens, en effet. Dans tous les cas, je ne conseille pas d’acheter une unité dans une grosse copropriété où il faudra l’accord de tous les copropriétaires pour rénover.
On constate d’ailleurs que ce problème est fréquent. Certains investisseurs veulent rénover leur bien, même s’ils le louent facilement. Mais ils sont confrontés au refus d’autres copropriétaires. Bloqués dans leur démarche et sachant qu’ils seront un jour confrontés aux échéances légales, ils finissent par vendre leur unité, de sorte
«On ne verra la reprise des transactions que sur les chiffres de 2025, et pas sur ceux de 2024.»
que seuls les copropriétaires qui ne souhaitent pas investir dans l’immeuble y restent. Ainsi, l’immeuble finira par perdre en qualité et en valeur et par a irer de moins bons candidats-locataires.
Ce genre de copropriété risque, surtout pour les bâtiments plus anciens, de tirer à la baisse leurs quartiers et c’est une tendance di fficile à changer, on le voit déjà dans certains quartiers. Les investisseurs en résidentiel ont plutôt intérêt à acheter un petit immeuble de rapport ou une unité dans une copropriété neuve.
Mais la localisation, malgré l’importance du PEB, reste un critère essentiel. En effet, si la valeur du terrain est élevée, ce qui est le cas dans les bonnes localisations, la valeur résiduelle l’est aussi. Une bonne localisation sécurise un investissement et limite l’effet des mauvaises performances énergétiques sur le prix du bien.
Le marché devrait-il se détendre en 2024?
Je n’ai pas de boule de cristal, mais je pense que nous avons a eint le pic de la hausse des taux d’intérêt. La grande question est de savoir quand, et si la BCE baissera ses taux directeurs. Même si nous n’en avons pas la certitude, cela devrait être environ à la moitié de l’année, vers juin-juillet. Le marché reprendra dans la foulée, sans plus jamais retrouver les taux planchers de 2019-2021. Il deviendra plus liquide au troisième trimestre de 2024 et les investisseurs institutionnels devraient alors faire leur retour. On retrouvera un marché plus équilibré, plus normalisé, comme avant la période de covid.
Mais un deal, un achat, prend environ six mois jusqu’à la signature finale. On ne verra donc la reprise des transactions que sur les chiffres de 2025 et pas sur ceux de 2024. ■
TVAà6%ou12%
Rendementgaranti pendant15ans
Exonérationdu précompte immobilier
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EN CHIFFRES
En 2023, le prix moyen d’un appartement en Belgique s'élevait à 264.792 euros, soit 1,6 % de plus qu'en 2022. Les nouvelles constructions sont devenues 5,7% plus chères et leur prix moyen a atteint 325.724 euros en moyenne contre 255.156 euros (+1,8 %) pour les immeubles existants.
264.792€
94 m²
En 2023, la taille moyenne d'un appartement proposé sur Immoweb était de 94 mètres carrés. Pour les maisons, la moyenne était de 197 mètres carrés.
12.500.000€
Au 1er février 2024, la propriété la plus chère mise en vente sur Immoweb était proposée au prix de 12.500.000 euros. Le bien, situé à Uccle, dispose d'une surface habitable de 1.450 mètres carrés, de 14 chambres et de 8 salles de bain.
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Alors que les prix de l'immobilier ont atteint des sommets en 2023, le nombre de transactions a considérablement chuté. Voici les chi res les plus marquants.
En 2023, une maison en Belgique coûtait 322.780 euros en moyenne. C'est 1,1% de plus qu'en 2022.
1.205€
Selon Federia, le prix moyen du loyer d'un appartement en Région bruxelloise était de 1.205 euros en 2023.
210.472 transactions
En 2023, 210.472 logements (maisons et appartements confondus) ont été vendus. Cela représente une baisse de 15,2% par rapport à 2022, soit 38.000 transactions de moins.
4.124.312
Au 1er janvier 2023, 4.124.312 Belges étaient (co)propriétaires d’au moins un bien.
322.780€
9.024
En 2022, 9.024 contribuables belges étaient propriétaires d'une maison de vacances ou d’une résidence à l'étranger
Une bouffée d’oxygène au coeur de
Bruxelles
Investissez dans des appartements modernes au coeur de la vibrante capitale
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QUI? Quentin Neruez, 34 ans.
QUOI? Ancien fonctionnaire de police, il est devenu multipropriétaire et génère des revenus locatifs de 1.500 euros nets par mois. Son prochain projet? Investir à l'étranger.
«Ce n’est pas l’argent qui fait le projet, mais le projet qui fait l’argent»
ANCIEN FONCTIONNAIRE de police, Quentin Neruez achète sa première habitation en 2014: un appartement deux chambres à Woluwe-Saint-Pierre, d'une valeur de 220.000 euros, qu’il rénove luimême dans le but d'y habiter. Quatre ans plus tard, il plaque tout et fait le tour du monde. «Je décide de louer mon appartement. Une agence immobilière estime sa valeur locative à 1.500 euros/mois», raconte le propriétaire. Les mensualités du crédit contracté cinq ans plus tôt, à un taux de 2,56% sur 20 ans, s’élèvent à 1.300 euros, ce qui lui permet de dégager un petit rendement.
De retour de son périple, Quentin retrouve un travail à mitemps en tant que gérant d’entreprise. Il décide de développer en parallèle ses activités immobilières. «Je me renseigne et comprends qu’il serait judicieux de refinancer mon crédit». Fin 2019, période des taux planchers, il entreprend des négociations avec sa banque. «Mon taux baisse de 1,5% et le crédit s’étale sur dix années supplémentaires. Mes mensualités sont drastiquement réduites à 635 euros», chiffre l’investisseur.
Quatre maisons à Charleroi. La même année, les revenus tirés de son travail à mi-temps et de son logement lui perme ent de négocier un nouvel emprunt. Ce montant finance l’achat d’un lot de quatre maisons à Charleroi, vendues au prix de 280.000 euros. Ces maisons, déjà louées, génèrent un loyer de 2.200 euros, tandis que son emprunt lui coûte 1.200 euros.
De gros travaux sont à prévoir. Il décide de les réaliser luimême et d'y injecter une grande partie de son rendement. En plus d'un crédit rénovation qui lui coûte 900 euros par mois, Quentin rénove une maison après l’autre, ce qui diminue également ses revenus locatifs. Mais l'investisseur reste confiant: une fois rénovées, les maisons (et les loyers dégagés) changeront la donne.
Entre-temps, Quentin achète, avec son épouse, et à proximité d’une haute-école dans le Namurois, douze kots pour la somme de 400.000 euros. «Cet immeuble me demande
plus de travail en raison de la nature de ses locataires», admet Quentin. «Toutes les unités étaient louées la première année, pour 4.300 euros de loyers mensuels. Mais suite à des soucis avec des locataires festifs, il est maintenant loué à 50% de sa capacité. Nous avons décidé d’en écarter certains, qui e à réduire temporairement le rendement, mais avoir des locataires plus qualitatifs, c’est un gain de temps et d’énergie énorme», explique-t-il.
À l’étranger. Quentin ne peut pas encore vivre de ses loyers, qui lui rapportent 1.500 euros nets chaque mois. Ce e somme lui permet néanmoins de payer son loyer, car il souhaite rester locataire. «Le cours de la vie évolue. On se met en couple, on fait des enfants, puis ils qui ent le foyer. On a parfois envie de plus grand, de plus petit, de vivre à la campagne, puis en ville… Je préfère garder ma mobilité et ma flexibilité».
Aujourd’hui, Quentin aimerait investir à l’étranger, malgré les taux plus élevés. «Le taux d’intérêt n’a jamais été très important pour moi. Il est toujours possible de refinancer un emprunt. Le crédit coûte plus cher, mais cela a permis de rééquilibrer le marché. On peut à nouveau négocier les prix». Acheter à l’étranger implique toutefois de réfléchir autrement. «Je dois me re une nouvelle stratégie en place, car je ne pourrai pas hypothéquer mon bien à l’étranger si j’investis au Mexique ou à Bali». Pas de quoi l’inquiéter: «Lorsque le projet est intéressant, on trouve toujours le moyen de le financer. Ce n’est pas l’argent qui fait le projet, mais le projet qui fait l’argent.»
MATHILDE RIDOLE
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*Woluwe Gate - Boulevard de la Woluwe 2 (6ème étage) 1150 Woluwe-Saint-Pierre, Belgique
Woluxe“Les investisseurs en immobilier élaborent à nouveau des plans de bataille”
Les acteurs de l'immobilier devraient investir près de 4 milliards d'euros dans l'immobilier commercial belge cette année. Avec un accent placé sur l'immobilier logistique. “Les investisseurs internationaux se rendent de plus en plus compte que la Belgique est une destination de choix”, explique Arnaud Smeets au sein de la société de courtage immobilier CBRE.
Entre vouloir et faire, il peut y avoir un monde de di érence. Et dans le secteur immobilier, le fossé qui sépare ces deux dimensions est souvent creusé par les taux d'intérêt. C'est ce que démontre une enquête annuelle réalisée par la branche belge de CBRE, un prestataire mondial de services dans le domaine de l'immobilier commercial et de l'investissement immobilier. L'enquête évalue les projets de plus de 30 promoteurs nationaux et internationaux au tournant de chaque année.
“L’année dernière, il a été très di cile de convaincre les comités d’investissement d’acheter des biens immobiliers.”
Arnaud Smeets, directeur des marchés des capitaux au sein du courtier immobilier CBRE
Début 2023, ils prévoyaient encore d'investir 4,7 milliards d'euros dans l'immobilier commercial belge. À la fin de cette même année, il s'est avéré que le compteur était resté bloqué à 2,7 milliards d'euros. Les taux d'intérêt en sont la principale explication. “Ils ont augmenté à une vitesse sans précédent l'année dernière”, souligne Arnaud Smeets, directeur des marchés des capitaux chez CBRE. “Ce facteur a évidemment eu un impact majeur sur le financement et l'évaluation de l'immobilier.”
La situation des taux d'intérêt est importante pour les sociétés immobilières, car
elles doivent rembourser des emprunts et contracter de nouveaux crédits. Lorsque les taux d'intérêt sont bas, comme avant 2020, elles peuvent emprunter jusqu'à plusieurs fois leurs bénéfices. En revanche, lorsque les taux d'intérêt sont élevés, la pression est énorme. “L'année dernière, il a été très di cile de convaincre les comités d'investissement d'acheter des biens immobiliers”, se souvient Arnaud Smeets. “Ils se sont montrés particulièrement prudents.”
Danger des taux d'intérêt élevés
Dans un rapport publié en décembre, CBRE a averti que certaines sociétés immobilières ne parviendraient pas à refinancer entièrement, dans les années à venir, les emprunts contractés entre 2019 et 2022. Le courtier estime qu'il manquera 176 milliards d'euros au secteur immobilier européen. Des accidents ne sont pas exclus. Pour certains promoteurs immobiliers, les taux d'intérêt élevés ont même entraîné la banqueroute, les banques ne voulant plus accorder de prêts. La victime la plus connue est le holding immobilier autrichien Signa, qui s'est e ondré en novembre. Arnaud Smeets ne craint pas de problèmes similaires en Belgique. “Ici, les banques continuent de prêter, même si elles sont devenues plus prudentes et examinent les dossiers de manière plus critique. Il est vrai que les banques n'ont pas envie d'accumuler toutes sortes de biens immobiliers au bilan. On perçoit une volonté claire de trouver des solutions pour les parties qui sont en diculté aujourd'hui.”
Bientôt une baisse des taux d'intérêt?
Une baisse des taux d'intérêt o rirait une bou ée d'oxygène au secteur. Actuellement, le taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) est toujours de 4%, le niveau le plus élevé de son histoire. “Il est évident qu'une baisse des taux d'intérêt bénéficierait au marché”, acquiesce Arnaud Smeets. “La première baisse est attendue avant l'été. Il convient néanmoins qu’elle soit systématique, avec la quasi-certitude que les taux d'intérêt ne feront que baisser davantage.” Le risque existe que la BCE se montre trop entreprenante et réduise les taux d'intérêt trop rapidement, autorisant ainsi un retour de l'inflation. “Si la banque centrale doit soudain faire volte-face et relever à nouveau les taux d'intérêt, le marché des investisseurs immobiliers s'en verra complètement perturbé”, craint Arnaud Smeets. “L'incertitude en matière de financement a un e et paralysant.”
“La hausse sans précédent des taux d'intérêt l'année dernière a évidemment eu un impact majeur sur le financement et la valorisation de l'immobilier.”
Arnaud Smeets, CBRE
Bureaux et entrepôts en tête de liste
Lui-même ne voit pas l'avenir en noir, cependant. À ses yeux, le ciel s'éclaircit déjà: “Je sens, dans mes conversations avec le secteur, que de nouveaux plans de bataille sont en cours d'élaboration.” À en juger par les plans d'investissement figurant dans la dernière enquête de CBRE, le marché est en train de se redresser après une année dicile. En e et, les promoteurs et investisseurs interrogés prévoient d'injecter 3,9 milliards d'euros dans l'immobilier commercial belge cette année.
En tête de liste figure l'immobilier logistique, c'est-à-dire les entrepôts. L'enquête révèle que près de 1,6 milliard d'euros de plans d'investissement ont été prévus pour cette année. “La Belgique est un site de premier plan en Europe occidentale en termes de logistique, et de plus en plus d'investisseurs internationaux s'en rendent compte”, analyse Arnaud Smeets. “L'accès aux terrains est toutefois limité, des acteurs tels que WDP et Montea détenant une grande part du marché.”
Les bureaux figurent également en bonne place sur la wishlist des investisseurs, avec des investissements prévus pour cette année qui dépassent 1,1 milliard d'euros. Le télétravail a gagné en popularité depuis la pandémie, ce qui pourrait réduire la demande d'espaces de bureaux. Malgré tout, Arnaud Smeets voit deux raisons pour lesquelles ce scénario ne se produira pas de sitôt. Premièrement, la vapeur commence déjà à
s'inverser. Un nombre croissant d'entreprises demandent à leur personnel de venir travailler à nouveau davantage au bureau, note-t-il. “Ensuite, on observe une pénurie d'espaces de bureaux à Bruxelles. Un marché à deux vitesses est en train d'émerger. Avec, d’un côté, les bureaux haut de gamme qui répondent à toutes les exigences en matière de durabilité et pour lesquels les investisseurs sont encore prêts à délier les cordons de la bourse, et de l’autre, une majorité de bureaux qui sont de qualité inférieure, ce qui a un impact sur les prix. Pourtant, ici aussi, la demande reste soutenue, conséquence de la politique drastique de Bruxelles en matière de permis de construire, qui pèse sur l'o re.”
Écologisation de l'immobilier
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“Les investisseurs internationaux se rendent de plus en plus compte que la Belgique est une destination de choix.”
Arnaud Smeets, CBRE
durables à court terme n'est pas évident, car cela nécessite de gros investissements”, nuance Arnaud Smeets. “En raison de l'augmentation des taux d'intérêt, ces investissements sont devenus beaucoup plus coûteux et, en parallèle, le prix des matériaux a crû de manière significative en raison de la vague d'inflation.”
Si l'écologisation en est un aspect majeur, elle n'est pas la seule composante de la politique ESG dont les investisseurs et promoteurs tiennent compte, désormais. Outre l’aspect environnemental de leurs décisions, ils en examinent les implications sociales et de gouvernance. Or, ces deux dernières composantes sont encore moins bien définies que la première, avance Arnaud Smeets. “Il est clair que le secteur s'interroge toujours sur les facteurs de durabilité dans ces domaines. Par exemple, nous constatons que certains investisseurs immobiliers ne veulent pas louer de bureaux à des entreprises qui fabriquent du tabac ou des armes.”
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FAUT-IL ACHETER UNE NOUVELLE CONSTRUCTION SUR PLAN
OU PRIVILÉGIER UN BIEN EXISTANT?
L'immobilier propose deux options aux investisseurs: acheter une nouvelle construction ou un bien existant. La première option met le propriétaire à l'abri des tracas pendant plusieurs années, tandis que la seconde implique très probablement d'effectuer des rénovations. Que choisir?
Avec un bien flambant neuf, les chances que vous soyez rapidement confronté à de nouvelles dépenses sont plutôt faibles. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles les investisseurs privilégient ce e option lorsqu'ils souhaitent générer des revenus locatifs. Vous devrez néanmoins tenir compte d'un certain nombre d'éléments. D'ailleurs, ce point est aussi valable pour les biens existants. Et pour cause. Vous voulez un retour sur investissement. Des travaux minutieux sont essentiels si vous souhaitez réaliser une plus-value à la revente. Et non, il ne suffit pas d'investir dans une nouvelle cuisine ou dans une nouvelle salle de bains pour augmenter la valeur de votre bien. Faisons le point.
Vous achetez un appartement sur plan
Les acquéreurs qui investissent dans un appartement sur plan sont protégés à di fférents niveaux par la loi Breyne. Mais la vigilance reste de mise. Voici onze points d'a ention.
SONJA VERSCHUEREN1
Devrai-je payer la TVA ou des droits d’enregistrement?
Lorsque vous achetez sur plan, vous faites (généralement) l’acquisition d’un terrain sur lequel sera construit une maison ou un appartement appartenant à un vendeur professionnel. Ce e transaction doit se réaliser sous le régime de la TVA. Le prix d’achat du bien sera donc majoré de 21% (le taux de TVA ordinaire).
Toutefois, les promoteurs immobiliers opèrent souvent à travers deux entités juridiques: l’une qui vend le terrain, l’autre qui vend les nouveaux immeubles. Si le terrain et le bâtiment sont vendus par deux entités différentes, vous ne payerez la TVA que sur les briques.
Le terrain sera néanmoins soumis aux droits d’enregistrement. «C’est plus avantageux parce que le taux des droits d’enregistrement est plus bas», explique le notaire Carol Bohyn, porte-parole de notaires.be. En Wallonie et en Région bruxelloise, les droits d’enregistrement sur l’achat d’un terrain sont de 12,5%. En Flandre, ils sont de 12%.
2Quels sont les autres frais d’achat?
Pour protéger l’acheteur, la loi Breyne encadre strictement le paiement du logement. Ce e loi protège l'achat d'une maison sur plan ou à construire, et ne s'applique que si la propriété est située en Belgique et si elle est destinée à l'habitation. Ainsi, le promoteur est tenu d’indiquer le prix total de la maison ou de l’appartement sur plan. En principe, ce montant ne pourra plus être majoré, sauf des frais de l’acte authentique et des coûts clairement communiqués.
«Les frais de l’acte authentique sont généralement les mêmes que pour l’achat d’un bien immobilier existant», explique la notaire. «Toutefois, les frais de notaire pour un achat sur plan sont légèrement inférieurs. Pour un appartement neuf de 400.000 euros – 275.000 euros pour la construction et 125.000 euros pour le terrain – les frais avoisinent 2.700 euros. Pour une maison sur plan, ils sont d'environ 2.500 euros.»
Un achat sur plan implique cependant davantage de formalités administratives: «La loi stipule, entre autres, que le promoteur doit fournir une garantie bancaire afin que les travaux convenus soient réalisés, même en cas de faillite. Pour passer l’acte, nous avons besoin d’une a estation du dépôt de ce e garantie», précise Carol Bohyn.
Aux honoraires du notaire s'ajoutent des frais administratifs et des taxes. Dans l’exemple ci-dessus, la facture du notaire s’élèvera à environ 4.500 euros, en plus des droits d’enregistrement sur le terrain et de la TVA de la construction.
«Dans l'acte, le notaire confirmera que toutes les dispositions relatives à la loi Breyne ont été respectées», explique Carol Bohyn.
3 Pourrai-je encore annuler la vente?
Il est courant d’ajouter des conditions suspensives dans un compromis de vente. Si ces conditions ne sont pas remplies dans un certain délai, l’accord est résilié. Cela peut fonctionner dans les deux sens. Par exemple, si le promoteur n’obtient pas de permis de construire, la transaction sera annulée. Il
en sera de même si vous n’obtenez pas le crédit qui finance votre achat. Pour autant, bien entendu, que ces deux cas de figure aient été stipulés comme conditions suspensives dans le compromis.
4 Dois-je verser un acompte?
«Un acompte est généralement prévu, mais ce n’est pas toujours le cas», explique l’avocat Jan Roodhooft (Lawyers Roodhooft). La plupart du temps, les promoteurs immobiliers demandent que vous versiez un acompte. Mais ce montant est limité par la loi Breyne. «Concrètement, aucun paiement ne peut être demandé avant la signature d’un contrat de vente. Si le promoteur demande un acompte après la signature du contrat, celui-ci ne peut dépasser 5% de la somme totale», confirme l’avocat Michael Vloeberghs (Monard Law). «Auparavant, cela pouvait parfois aller jusqu’à 30%, mais la loi interdit désormais de tels pourcentages.»
5 Quand devrai-je régler le solde du montant de l’achat?
Contrairement à l’achat d’un logement existant, vous réglerez le montant de l’achat sur plan en tranches successives. «La loi vous oblige à payer le bien au fur et à mesure de l’avancement des travaux», explique Jan Roodhooft. Vous ne payez donc que ce qui a déjà été construit, jamais plus. C’est important si le promoteur fait faillite pendant les travaux. «De ce e manière, la partie déjà construite reste en dehors de son patrimoine.»
«L’étalement des tranches doit être clairement précisé dans l’acte», poursuit Jan Roodhooft. Par exemple, après la pose des fondations et de la dalle, lorsqu’un étage supplémentaire est achevé, lorsque le toit est en terminé, après le placement des fenêtres, lorsque les travaux d’électricité sont terminés, et lorsque la salle de bain et la cuisine sont installées. «Chaque fois que vous réglez une nouvelle tranche, un architecte doit délivrer une a estation de conformité des travaux.»
Concrètement, dès la signature de l’acte chez le notaire, vous devrez payer le prix du terrain, déduction faite de l’éventuel acompte que vous avez réglé auparavant. Si les travaux ont déjà commencé, vous devrez également payer, au moment de la signature de l’acte, la structure déjà construite. Et par la suite, vous effectuerez les paiements par tranches auprès du promoteur.
6 Puis-je ne pas payer une tranche si je ne suis pas satisfait des travaux?
Rien ne vous l’interdit, mais vous risquez de ne pas recevoir les clés de votre logement à la fin des travaux. En règle générale, vous devez avoir payé toutes les tranches avant la réception de votre logement (voir plus loin). «Vous pouvez toutefois payer la dernière tranche sur place, juste avant de recevoir les clés», explique Jan Roodhooft. «Vous pouvez aussi essayer de placer le solde sur un compte bloqué aux deux noms. De ce e façon, le promoteur immobilier verra que vous avez l’argent - vous montrerez ainsi votre bonne foi - et vous garderez un moyen de pression pour vous assurer que vous obtiendrez satisfaction à l’égard des problèmes que vous avez soulevés.»
«Dans le pire des cas, lorsqu’il y a trop de défauts, vous pouvez également refuser la réception provisoire. Cela doit se faire par le re recommandée», précise Michael Vloeberghs. «L’argent est le moyen de pression le plus important», admet l’avocat. «Mais cela doit rester proportionnel. Vous ne pouvez pas vous abstenir de régler 100.000 euros parce qu’il manque une poignée de porte.»
7Sur quelle période les travaux peuvent-ils s’étaler?
«L’article 7 de la loi Breyne exige que le contrat mentionne une date de début et un délai d’exécution», explique Michael Vloeberghs. Généralement, le vendeur indiquera une période assez large, exprimée en jours ouvrables. Pour les immeubles d’habitation, une période de 400 jours ouvrables – plus de deux ans – est habituelle.
«Mais qu’entend-on par jour ouvrable?» poursuit Jan Roodhooft. Lorsqu’il gèle ou qu’il neige, il n’est pas toujours possible pour les ouvriers de travailler. Ces jours d’intempéries ne sont pas comptabilisés comme des jours ouvrables. L’IRM (meteo.be) publie des tableaux officiels sur ces jours. D’autres événements imprévus peuvent également entraîner des retards dans les travaux. «Il n’est donc pas facile de calculer la date officielle de fin des travaux», selon lui.
«La loi prévoit un dédommagement si votre logement sur plan n’est pas achevé à temps. Ce e indemnité doit être au moins égale à la valeur locative du bien achevé», précise Michael Vloeberghs. En général, les indemnités accordées sont limitées et ne correspondent pas toujours à la valeur locative du bien. «C’est en fait trop peu», note-t-il. «En principe, vous pourriez donc négocier un montant plus élevé.»
«Mais il est important de savoir que vous n’obtiendrez pas l’indemnisation automatiquement. Si la période d’exé-
cution a expiré, vous devez d’abord me re le promoteur en demeure pour pouvoir prétendre à l’indemnisation», explique Jan Roodhooft.
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La loi Breyne s’applique-t-elle aussi aux maisons casco?
Non. «Pour relever de la loi Breyne, le bien doit remplir cinq conditions. La première est que le bâtiment doit être destiné à l’habitation. Cela suppose que le bien soit fini, sinon il n’est pas possible d’y vivre. Or, ce n’est pas le cas d’une habitation casco (un bien dont seul le gros œuvre est terminé)», explique M. Vloeberghs.
«Si seul le grenier reste à aménager, la maison peut tomber sous le coup de la loi Breyne, mais pas si vous souhaitez aménager vous-même la cuisine ou la salle de bains», ajoute Jan Roodhooft. «C’est logique: une cuisine ou une salle de bains doit avoir été installée pour pouvoir habiter normalement le bien».
La loi vise également à empêcher un entrepreneur de s'organiser de telle sorte qu'il «distribue» les différents travaux entre différents entrepreneurs faisant, en réalité, partie d'une même entreprise.
Toutefois, si l’acheteur ne peut faire appel qu’à un entrepreneur lié au promoteur pour effectuer les aménagements après la réception du bien casco, la loi Breyne est de rigueur.
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Des majorations de prix sont-elles autorisées?
Ce e éventualité est également régie par la loi. «Un arrêté royal spécial stipule que les prix peuvent être révisés, non seulement à la hausse, mais aussi, en principe, à la baisse», précise Michael Vloeberghs. «Mais a ention: un promoteur ne peut adapter ses prix que si le contrat le prévoit. Et même dans ce cas, une telle clause n’est pas un chèque en blanc», souligne-t-il.
«Les majorations de prix ne peuvent pas être répercutées une par une. La loi impose des limites strictes. Ainsi, le prix du terrain ne peut pas bouger. Seules les fluctuations des prix des matériaux, des matières premières et des produits utilisés, ainsi que les fluctuations des salaires et des charges sociales peuvent être répercutées», précise Jan Roodhooft. Un maximum de 80% de la valeur du bâtiment peut être révisé. Si la révision du prix se fait sur la base de l’évolution des salaires et des charges sociales, elle peut être calculée sur un maximum de 50% du prix du bâtiment.
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Comment se déroulera la réception?
Cela se passe toujours en deux temps: d’abord la réception provisoire, puis la réception définitive un an plus tard, lorsque les travaux auront subi les affres des quatre saisons. «Lors de la réception provisoire, vous recevez la clé du bâtiment. C’est également à ce moment-là que l’on constate tous les défauts visibles et que l’on examine son bien sous toutes les coutures», explique Jan Roodhooft. «Je conseille toujours aux acheteurs de faire appel à un expert. Même si cela coûte un peu cher, le jeu en vaut la chandelle» (lire page 54)
Toutes les remarques seront consignées dans un rapport officiel signé par les deux parties. L’objectif est de résoudre tous les problèmes au bout d’un an, lors de la réception définitive.
«Vous pouvez toujours refuser la réception. Non pas s’il manque la clé d’une des portes intérieures, mais par exemple si le système de sécurité incendie n’est pas encore opérationnel», précise encore Jan Roodhooft.
C’est également au moment de la réception provisoire que l’on effectue le relevé des compteurs d’eau, d’électricité et/ou de gaz. La consommation ultérieure sera dès lors facturée à l’acheteur. Veillez également à souscrire une assurance incendie à ce moment-là.
Si vous avez acheté un appartement sur plan, les parties communes devront également être achevées. Cela se fait également en deux phases. En principe, elles doivent être réceptionnées en premier, mais il arrive que l’on déroge à ce e règle.
11 Que se passe-t-il en cas de défauts découverts plus tard?
En cas de défauts graves susceptibles de me re en péril la stabilité du bâtiment, vous pouvez engager la responsabilité de l’architecte et de l’entrepreneur pendant dix ans, à compter de la réception des travaux. Ce e responsabilité décennale commence normalement à courir à partir de la réception définitive du bâtiment, mais, en pratique, elle prend cours souvent à partir de la réception provisoire. Cela dépend de ce qui a été convenu dans le contrat. ■
Comment augmenter la valeur d'un bien existant?
Toutes les rénovations n’impactent pas le loyer ou la valeur d’un logement de la même manière. D'autres stratégies de location peuvent également changer la donne.
MATHILDE RIDOLE
Selon le dernier baromètre des notaires, le prix d’un appartement neuf en Belgique s’élève en moyenne à 325.150 euros, contre 255.026 euros pour un bien existant. La fiscalité qui s’applique à un achat immobilier est également plus lourde pour le neuf que pour l’ancien. Dans le premier cas, l’acquéreur doit s’acqui er de la TVA à 21%. Pour le second, des droits d’enregistrement de 12,5% s'appliquent en Région bruxelloise et en Wallonie (12% en Flandre).
Sur ce e base, l’investisseur pourrait penser qu’il a intérêt à opter pour de l’ancien. Mais ce serait sans considérer certains facteurs en sa défaveur. Outre l’état général du logement, un mauvais niveau de performance énergétique pourra impacter le rendement, voire dévaloriser le bien. De fait, le propriétaire d'un logement énergivore sera, tôt ou tard, obligé de réaliser des travaux écoénergétiques.
Rappelons que les propriétaires belges devront progressivement améliorer la performance énergétique de leur immeuble pour tendre vers la neutralité carbone à l’horizon 2050. Chaque Région a déterminé ses propres échéances. Par exemple, en Région de Bruxelles-Capitale, les passoires énergétiques (PEB G et F) seront interdites dès 2033. Ensuite, ce sont les bâtiments de catégories E et D qui ne seront plus tolérés à partir de 2045. En Wallonie, les logements mis en location à compter de 2025 devront afficher un PEB F au minimum. Le délai est porté à 2027 pour les biens déjà loués.
Aujourd’hui, le score PEB influence déjà le prix d’un logement. Par exemple, en Wallonie, une maison avec un PEB A coûte environ 60.000 euros de plus que son équivalent avec un PEB G. L’investisseur qui achète ou détient un immeuble ancien a-t-il intérêt à renouveller son bien pour se garantir un PEB A? Le retour sur investissement en vaut-il la peine? Quelles sont les manières de créer de la plus-value sur son bien immobilier?
1Réaliser des travaux d’embellissement
Effectuer des travaux de rénovation permet d'augmenter la valeur d'un bien, mais ce n’est pas toujours une sinécure. «Il faut avoir du temps, de l’énergie, des compétences et accepter de prendre des risques, car il y a toujours des imprévus», explique Nicolas Vincent, cofondateur de BuyerSide, société de conseil en investissement immobilier.
Deux types de travaux perme ent d’augmenter la valeur d’un bien immobilier: les travaux esthétiques et les travaux énergétiques.
Les peintures, l'installation d'une nouvelle cuisine ou d'une nouvelle salle de bain, l'ajout de placards intégrés, de stores et de luminaires font partie de la première catégorie. «L’embellissement d’un bien crée l’effet coup de cœur et incite le candidat-locataire à prendre ce logement plutôt qu’un autre», explique le conseiller.
«L’amélioration de l’aménagement intérieur se répercute plus rapidement sur le loyer que les travaux techniques. Ces derniers (rénovation de la toiture, nouvelle chaudière…) influencent plutôt la valeur de l’immeuble. L’acheteur y sera moins sensible qu’aux éléments esthétiques», analyse l’expert.
«L’idéal est de réaliser ces deux types de travaux. Mais il faut rester dans une équation cohérente. Il ne sert à rien d’investir dans une cuisine haut de gamme si le loyer n’augmente pas en proportion. D'autres investissements sont ne ement plus rentables: agencer une cuisine, une salle de bain, amé-
nager des rangements, installer un éclairage optimal, une double vasque ou encore, une douche à l’italienne.
Si l’installation d’une nouvelle cuisine permet d’augmenter le loyer de 100 euros par mois (1.200 euros par an), il faut diviser ce montant par le rendement actuel (celui avant l’installation d’une nouvelle cuisine) pour connaître le budget que l’investisseur peut allouer à ce e nouvelle cuisine sans impacter son rendement. «Dans notre exemple, si le rendement est de 4,5%, le budget cuisine ne peut pas dépasser 26.660 euros TVAC (1.200/4,5%)», illustre Nicolas Vincent..
2
Réaliser des travaux énergétiques
Les rénovations énergétiques visant à améliorer le score PEB d’un logement n’offrent pas forcément un retour sur investissement rapide. Ces travaux se répercutent moins facilement sur le loyer. «C’est plutôt le locataire qui en profitera directement, puisque c’est souvent lui qui paie les factures d’énergies», admet Nicolas Vincent.
Ainsi, SmartBlock, société spécialisée dans les données immobilières, estime que le loyer est deux fois moins sensible aux variations du niveau de PEB que le prix de vente. «On observe que le gain de loyer est quasiment nul en passant d’un label G à un label D. Seul le fait de dépasser la le re D permet réellement d’augmenter le loyer», explique son fondateur, Alexandre Verdonck.
En moyenne, pour un appartement en Région bruxelloise, le loyer au mètre carré augmente «seulement» de 16% entre un PEB G et un PEB A, passant de 13,5 euros/m² à 15,9 euros/m². Le prix, quant à lui, croît de 34% entre le meilleur et le moins bon score énergétique. Un appartement avec un PEB A dans la Région bruxelloise se vend au prix de 4.589 euros/m² contre 3.015 euros/m² pour un PEB G.
«Augmenter le PEB aura un effet deux fois plus important sur le prix de vente que sur le loyer. Le gain sera principalement réalisé lors de la revente», explique Alexandre Verdonck. «Si le propriétaire cherche à augmenter son rendement et donc ses loyers, il n’a quasiment aucun intérêt à rester sous la le re D. En cas de rénovation énergétique, il faut viser au minimum la le re C en Région bruxelloise», admet l’expert. Pour que le bénéfice soit au moins égal au coût des travaux, il faut s‘assurer que leur coût par mètre carré ne dépasse pas l’accroissement de valeur du bien. «Masteos, un conseiller en investissement immobilier en France, estime que le coût pour améliorer son PEB d’une le re se chiffre entre 200 et 300 euros/m²», pointe Alexandre Verdonck. Sur ce e base – qu’il faut prendre avec des pince es étant donné
que le coût des travaux peut varier selon l’état général d’un bien et les matériaux choisis – passer d’un PEB G à D permet d’augmenter la valeur d’un bien de 348 euros/m² Pour un appartement de 90 m², le budget ne doit donc pas dépasser 31.320 euros pour les rénovations énergétiques.
SmartBlock relève également que la corrélation entre le prix de vente et la consommation énergétique d’un bien est beaucoup plus forte pour les maisons que pour les appartements.
«Cela s’explique par le fait que le retour sur investissement est plus court dans le cas d’un appartement. En effet, le coût des travaux est souvent plus faible, car ventilé entre les copropriétaires de l’immeuble. L’isolation des façades coûtera moins cher à un propriétaire que pour une maison. En contrepartie, les travaux étant soumis au vote des copropriétaires en assemblée générale, les propriétaires ont moins de liberté sur la nature et le timing des travaux», analyse Alexandre Verdonck.
3
Changer sa stratégie de location
Pour augmenter ses loyers, l’investisseur peut aussi appliquer une nouvelle stratégie de location. «Plusieurs options sont possibles. Le nombre de chambres peut être augmenté, par exemple en créant une troisième chambre dans un appartement deux chambres, si l’agencement le permet. Outre l’augmentation du loyer, cela permet également d’augmenter la valeur du bien», illustre Nicolas Vincent de BuyerSide. L’appartement peut aussi être meublé. En général, cela permet d’augmenter le montant du loyer et de booster son rendement. Une autre option consiste à louer en «colocation». Là encore, le loyer total sera plus élevé en louant à la chambre. Par exemple, pour un appartement trois chambres de 350.000 euros, soit 400.000 euros tout frais compris, l’investisseur obtiendra un rendement brut de 3,6% dans le cas d’une location ‘classique’ pour un loyer de 1.200 euros/ mois. S’il le loue meublé, le rendement grimpe à 4,2% (1.400 euros/mois de loyer), et même à 4,5% en cas de colocation (1.500 euros/mois de loyer). A ention toutefois, lorsque vous louez un bien meublé, le fisc distingue deux types de revenus: les revenus immobiliers et les revenus mobiliers. Sauf si le bail fi xe lui-même la partie immobilière et la partie mobilière, le fisc part du principe que 40% du loyer porte sur les meubles, et 60% sur l’immeuble. Du loyer perçu sur les meubles, on peut déduire forfaitairement 50% de frais, le solde est imposé distinctement à 30% (plus centimes additionnels communaux).
4
Sécuriser le produit en réduisant son rendement
«Pour augmenter la valeur d’un bien, il faut le sécuriser. Le fait de signer un bail à long terme permet, par exemple, de sécuriser les revenus locatifs à long terme. L’investisseur appréciera ce e sécurité de revenu et sera même prêt à accepter un rendement plus faible et donc, à payer un prix plus élevé pour l’actif. En faisant baisser le risque, il pourra aussi vendre son bien plus cher et créer de la plus-value», explique Nicolas Vincent.
Toujours pour créer de la plus-value, «l’investisseur devra idéalement acheter lorsque le marché est baissier, ce qui est actuellement le cas, et vendre lorsque les prix remontent».
Réaliser des travaux de rénovation impacte le rendement mais permet de revendre le bien plus cher. «Les immeubles en parfait état se vendent toujours mieux», indique le conseiller en investissement.
5 Changer le produit
Enfin, l’expert recommande d’analyser le potentiel de développement du bien. L’immeuble est-il une dent creuse? Peut-on potentiellement y ajouter des étages ou l’agrandir via une extension moyennant un permis d’urbanisme? Peut-on construire une arrière-maison en fond de jardin? Les combles sont-ils aménageables? ■
Quels investissements faut-il éviter?
À la revente, le coût de certains équipements ne sera jamais valorisé. Il est donc important de privilégier la sobriété et les équipements indispensables plutôt que de personnifier le logement – c’est d’autant plus vrai pour un bien donné en location – ou d’installer des gadgets coûteux. C’est le cas, par exemple, des équipements domotiques (télévision connectée, thermostat connecté, home cinéma, alarme connectée…). Un jacuzzi en je e plein la vue, mais ne fait pas grimper le prix d’un bien. «Repeindre ou investir dans les caves, changer les portes sont également des éléments auxquels le locataire et le candidat-acheteur ne sont pas sensibles», ajoute Nicolas Vincent.
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Comment calculer correctement votre rendement?
Lorsque l'on est propriétaire, les frais s'accumulent. En tant que bailleur d'un immeuble, vous devez impérativement déduire vos dépenses des loyers perçus avant d’évaluer la rentabilité nette de votre investissement.
Monter un plan financier en béton est un vrai plus pour l’investisseur immobilier.
Cela lui permet d’ouvrir plus facilement les vannes des banques, mais aussi de se garantir un rendement conforme à ses a entes, une fois son immeuble loué.
Mais la hausse des taux d’intérêt, combinée aux prix relativement stables de l’immobilier, implique d’affi ner ses calculs. Pour savoir ce qu’un investissement vous rapportera, il faut procéder en deux étapes.
1 LE RENDEMENT BRUT
Le rendement brut est déterminé par le rapport entre le loyer annuel et le prix d’achat total, donc le prix de vente ainsi que les frais annexes (droits d’enregistrement, frais de notaire, prix des travaux éventuels…). Par exemple, pour un appartement de 400.000 euros (prix d’achat de 350.000 euros + frais de 50.000 euros), qui rapporte un loyer de 1.200 euros par mois, soit 14.400 euros/an, le rendement brut s’élèvera à 3,6% (14.400/400.000).
2 LE RENDEMENT NET
Le rendement net, quant à lui, «ne se calcule pas selon une formule toute faite», indique Nicolas Jacquet, fondateur de la société de conseil en investissement immobilier OWN Group. Il correspond au rendement brut duquel sont déduits des frais, charges et impôts liés à l’immeuble, qui ne peuvent pas être facturés au locataire. En outre, leur montant dépend «de paramètres propres au bien et parfois, aux choix du propriétaire», ajoute le conseiller.
● Fiscalité
Parmi ces frais, on retrouve, pour chaque immeuble, le précompte immobilier annuel (calculé sur base du revenu cadastral indexé) ou encore, la taxation des revenus immobiliers, soit sur base du revenu cadastral, soit sur base des loyers réellement perçus ou, si vous détenez une grande quantité d’immeubles, sur vos revenus professionnels (lire en page 62)
● Assurances
La prime d’assurance-incendie est aussi à charge du propriétaire, même si le locataire est obligé d’en souscrire une en Wallonie et en Flandre. Les frais liés à l’entretien et à la maintenance du bien s’ajoutent au calcul. Seul l’entretien quotidien du bien (réparation d’un interrupteur, d’une poignée de porte, d’un joint sanitaire, du détartrage d’un robinet et autres entretiens obligatoires) est à charge du locataire.
● Travaux
Les travaux plus lourds, comme le remplacement d’une chaudière, d’un ascenseur dans les communs, des châssis, d’une toiture, ou encore des problèmes d’humidité ou de vétusté sont aussi assumés par le propriétaire. Leur montant peut être très élevé. Par exemple, un ascenseur coûte souvent plus de 30.000 euros. Il est donc d’autant plus important, avant de se lancer dans un achat, de prendre connaissance des trois derniers procès-verbaux des précédentes assemblées générales de copropriété, afin d’y repérer les éventuels travaux votés.
Pour calculer le rendement net, il faut également tenir compte d’une estimation de vide locatif. Ce vide représente les mois de loyers perdus lorsque le bien est inoccupé, alors que vous devez continuer à rembourser votre emprunt.
L'ESSENTIEL
• Le rendement d'un investissement immobilier ne dépend pas uniquement du prix d'achat et du loyer. La plus-value après la vente o re également un rendement supplémentaire.
● Vide locatif
En moyenne, les banques évaluent le vide locatif à 20% des revenus locatifs. Ces retards de paiement influencent le rendement. Tant en raison du manque à gagner, qu’en raison des procédures enclenchées pour recouvrer les impayés, voire expulser un locataire. Mais Nicolas Jacquet relativise. «Anticiper le vide locatif relève de l’extrême prudence, mais cela n’a pas toujours lieu d’être lorsque le bien est très liquide», confie-t-il. «Certains logements, lorsqu’ils sont très bien situés et lorsqu’ils répondent à une demande très large, ne
subissent presque jamais de vide locatif», ajoute-t-il.
● Gestion locative
Si le bailleur décide de me re son bien en gestion locative et/ou de le louer via une agence immobilière, il faut également déduire ces coûts du rendement brut. Passer par une agence immobilière coûte en principe un mois de loyer. La gestion locative coûte quant à elle entre 8 et 10% des loyers.
DEUX CAS CONCRETS
La société de conseil en investissement BuyerSide a évalué le rendement d’un investisseur qui achète un appartement neuf ou existant d’une chambre dans la commune d’Ixelles.
L’appartement neuf, qui est encore en construction, est affiché au prix de 338.500 euros, alors que l’ancien coûte 285.000 euros. Dans notre exemple, l’investisseur parvient à négocier 10% du prix. «Ce n’est pas toujours le cas, ce taux peut varier, par exemple à 5% du prix. Le vendeur (particulier ou promoteur, NDLR) peut aussi parfois être inflexible. Dans ce cas, aucune marge de négociation ne sera possible. Dans le contexte actuel, les promoteurs ont plus de mal à écouler les ventes, il y a donc un peu plus de marge», rassure Nicolas Vincent, cofondateur de BuyerSide.
La TVA à 21% s’applique sur le neuf, tandis que des droits d’enregistrement de 12,5% seront à payer sur le bien existant. Concrètement, avec les frais de notaire et quelques petits travaux pour le bien plus ancien, le prix d’achat total s’élève dans son cas à 296.127,50 euros. L’appartement neuf coûtera quant à lui quelque 75.000 euros de plus à l’investisseur (371.673 euros).
Sur base d’un loyer mensuel de 1.250 euros pour un bien neuf (un prix justifié par un meilleur PEB, des finitions plus récentes, etc.) et de 1.050 euros pour un bien existant, les rendements bruts s’élèveront respectivement à 4,04% pour le neuf, et à 4,25%. «La fiscalité et le prix d’achat creusent l’écart entre les rendements, tandis que les loyers les rééquilibrent», analyse Nicolas Vincent.
La différence de rendement est encore plus minime sur le rendement net. «Les assurances sont identiques, mais les frais an-
nuels et les frais de maintenance sont plus élevés pour l’existant. Par contre, le revenu cadastral, et donc le précompte immobilier, sont souvent moins élevés pour l’ancien que pour les nouvelles constructions, ce qui équilibre également le rendement», explique le conseiller. De fait, le rendement net du bien existant s’élève à 3,66%, tandis que le neuf affiche un rendement de 3,56%.
Le neuf a l’avantage de répondre aux prochaines normes concernant les per-
formances énergétiques (PEB), puisque le résidentiel devra afficher une neutralité carbone à l’horizon 2050. «Mais actuellement, c’est surtout le locataire qui profite d’une bonne performance énergétique, puisque c’est lui qui paie les factures de chauffage et d’électricité», pointe Nicolas Vincent. «C’est donc un choix propre au propriétaire qui veut être tranquille pour les années à venir, ou qui est conscient qu’il devra un jour réaliser des travaux». ■
VIVRE ENSEMBLE N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI FACILE.
Situé au cœur de Tubize, Grand Central n’est pas un projet comme les autres. Dans un même cadre de verdure vont se côtoyer des appartements, une résidence-services, une maison de repos et des espaces réservés aux services à la personne. L’occasion unique pour plusieurs générations de vivre côte à côte en parfaite harmonie.
Situé à quelques minutes à pied de la gare et du centre-ville, Grand Central s’annonce comme le départ d’une vie plus agréable et plus confortable. Dans ce clos, priorité à la mobilité douce et aux espaces partagés qui favoriseront les rencontres entre tous les habitants.
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QUI? Arnor Angeli, 32 ans.
QUOI? Ancien joueur professionnel au Standard de Liège, il s'est tourné vers l'immobilier dès son plus jeune âge. Aujourd’hui, il accompagne des futurs investisseurs belges.
«Le taux d’intérêt est la dernière chose que je considère lorsque j’investis»
ANCIEN JOUEUR PROFESSIONNEL au Standard de Liège, Arnor Angeli réalise son premier investissement immobilier alors qu’il n’a que 22 ans. Sans expérience à l’époque, il comprend vite qu’il n’en tirera aucun rendement. «Je louais cet appartement à Anderlecht pour 850 euros par mois alors que mon crédit me coûtait 700. En ajoutant les charges de copropriété, les frais et les taxes, je suppléais encore de ma poche», se souvient-il.
Toujours motivé à trouver sa voie dans l’immobilier, Arnor part se former en France. «Aucune formation n’existait encore chez nous. Durant deux ans, j’ai donc investi en moi et suivi des formations». Il décide alors de vendre ce premier investissement manqué. «J’ai fait une belle plus-value. Je suis reparti d’une page blanche, avec 70.000 euros en poche, et j’ai appliqué la méthodologie qu’on m’avait enseignée. C’est là que j’ai déclenché une série d’enchaînements», explique Arnor Angeli.
Une stratégie sur quatre piliers. L’ancien sportif enseigne désormais lui-même ce e méthodologie grâce à un accompagnement qu’il propose aux futurs investisseurs belges. Cet accompagnement repose sur quatre piliers fondamentaux.
«Le premier est la maîtrise des leviers bancaires. Autrement dit, le fait de savoir ficeler un dossier répondant aux a entes des banques pour limiter l’apport en fonds propres et utiliser un maximum le levier du crédit».
Le second consiste à trouver des biens non commercialisés, du «off market». Ensuite, «l’exploitation doit être pensée pour générer du haut revenu, ce qui n’est pas le cas dans la location résidentielle classique. La colocation ou des modes d’exploitation hybrides perme ent de tirer un loyer 1.5 à 3 fois supérieur à un loyer classique», chiffre-t-il.
Le dernier pilier consiste à me re en place «des processus de gestion autonomes, le but étant de dégager du temps pour trouver et financer des biens».
Ne pas s’arrêter là. Arnor a ainsi fait croître progressivement son patrimoine immobilier. «J’ai commencé par acheter des appartements à l’unité que je louais en colocation. Grâce aux revenus que j’en tirais, les banques m’ont fait de plus en plus confiance. J’ai ensuite pu acquérir des immeubles et des maisons. Mon parc a alors grandi de manière beaucoup plus rapide», détaille l’investisseur de 32 ans.
Aujourd’hui, il continue de développer son parc immobilier en société, avec plusieurs acquisitions chaque année. Et même s’il peut en vivre, Arnor ne souhaite pas s’arrêter là. «À 32 ans, il est encore possible de faire d’autres choses», d’où son idée d’accompagner celles et ceux qui souhaitent générer des revenus à travers l’immobilier.
«Faire de l’actif» La hausse des taux d’intérêt ne l’inquiète pas vraiment. «Le taux d’intérêt est la dernière chose que je considère lorsque j’investis. On s’enrichit sur la plus-value latente, le cash-flow et l’effet de levier. En déposant 50.000 euros sur la table, je récupère 100.000 à 200.000 euros en valeur d’actif. Donc je ne stopperai pas de faire de l’actif tant qu’on m’autorise à en faire».
MATHILDE RIDOLE
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IMMEUBLE DE RAPPORT
J’ai acheté un immeuble de rapport il y a quatre ans. Je souhaite le revendre. Vais-je payer une taxe sur la plus-value?
La taxe sur la plus-value immobilière s’élève à 16,5% en Belgique. Si vous revendez un bien plus de cinq ans après son acquisition, vous ne devrez pas la payer. Pour votre habitation familiale, vous êtes toujours exempté d’une éventuelle taxe sur la plus-value réalisée. Ici, étant donné qu'il s'agit d'un immeuble de rapport que vous me ez en location et que la revente intervient avant la fin de la période de cinq ans, la plus-value réalisée fera bien l'objet d'une taxe. À noter que le délai s'apprécie en comparant la date de l’acte notarié d’achat et celle de l’acte authentique de vente.
Concernant le calcul de la taxe, la plus-value taxable équivaut à la différence entre le montant payé lors de l’achat de l’immeuble et son prix de revente. Mais pour déterminer le prix d'achat, on tient compte de plusieurs éléments qui viennent au final «réduire» le montant de ce e plus-value.
Ainsi, le montant payé lors de l’achat correspond au prix payé par le vendeur, majoré des éléments suivants: les frais (droits d’enregistrement, frais d’actes, etc.) qui peuvent être fixés forfaitairement à 25% du prix d’achat augmentés de 5% par année complète entre l’achat et la revente, ainsi que du montant des travaux qui ont été réalisés dans l’immeuble vendu. Le prix de vente, lui aussi, équivaut au montant obtenu par le vendeur, diminué des éventuels frais engagés dans la vente (frais de publicité, etc.). ID
DONATION IMMOBILIÈRE
Mon père vit à Bruxelles et a 90 ans. Je suis l'unique héritier d'un bien immobilier. En cas de donation immobilière, combien de temps fautil pour ne pas devoir payer les frais de succession en cas de décès?
En cas de donation d’un bien immobilier, vous payez automatiquement des droits de donation puisqu’un acte notarié est nécessaire. Etant donné que ce e donation a donné lieu au paiement de droits de donation, les héritiers ne paient pas de droits de succession en cas de décès. En Wallonie et en Flandre, si vous décédez moins de trois ans après avoir fait ce e donation, elle sera réintégrée dans la succession. Ce n’est pas le cas en Région bruxelloise.
Les droits de donation s’élèvent à 3% jusqu’à 150.000 euros, 9% entre 150.000 et 250.000 euros, 18% de 250.000 à 450.000 euros et 27% audelà. ID
BAIL
J’ai signé un bail de neuf ans avec mon locataire. Celui-ci veut partir après un an. Que puis-je lui réclamer comme indemnités, en sachant que le bien se trouve en Wallonie?
«En Wallonie, la loi (notamment l'article 55§5 du Décret wallon relatif au bail d'habitation) prévoit qu'un locataire peut résilier son bail (de neuf ans) à tout moment, moyennant un préavis de trois mois», selon le Syndicat des locataires. Cependant, si
le locataire résilie le bail pendant la première période de trois ans, il devra payer une indemnité de résiliation à son bailleur.
Le montant de ce e indemnité est fixé à trois mois de loyer si le bail est résilié au cours de la première année de location, deux mois de loyer si le bail est résilié au cours de la deuxième année, et un mois de loyer si le bail est résilié au cours de la troisième année. «Ce e indemnité est calculée sur la base du dernier loyer, sans les provisions ou forfaits de charges», précise l’organisation.
Dans le cas présent, étant donné que le locataire souhaite qui er son logement au cours de la deuxième année du bail, en plus de respecter un préavis de trois mois, il devra également payer une indemnité de résiliation équivalente à deux mois de loyer. «Par ailleurs, ce e indemnité est légalement due même si le bien est immédiatement reloué», poursuit le Syndicat des locataires. Néanmoins, rien n'empêche le locataire d'essayer de négocier avec le bailleur afin que celui-ci renonce à ce e indemnité. «Il peut notamment invoquer les raisons de sa résiliation du bail, le marché locatif local ou sa situation financière difficile. Mais il est important de noter que la marge de négociation dépend de la bonne volonté du bailleur. Autrement dit, si le bailleur est intransigeant, le locataire n'aura pas d'autre choix que de payer l'indemnité de résiliation», conclut l’organisation. ID
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Vous avez eu le déclic pour la bourse? Vous cherchez des infos pratiques pour consolider votre stratégie? Tracker vous propose des témoignages d’investisseurs qui, comme vous, ont décidé de se lancer. Un partage d’expériences utile, accompagné d’avis d’experts, pour vous accompagner face aux nouveaux défis de l’investissement.
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RÉDUCTION DE LOYER
Puis-je réduire le prix de mon loyer en a endant que le propriétaire du bien que j’occupe règle certains problèmes? En effet, cela fait deux mois que nous y habitons. Cependant, l’état des lieux n’a toujours pas été fait et nous l’avons averti des ennuis qui me ent à mal notre confort.
Selon Patrick Willems, secrétaire général du Syndicat National des Propriétaires et des copropriétaires (SNPC), «le locataire doit être vigilant en réduisant de manière unilatérale le montant du loyer. Toutefois, ce mécanisme existe et se fonde sur le principe de l’exception d’inexécution, qui permet à une partie de ne pas exécuter ses obligations lorsque l’autre partie est en défaut d’exécuter les siennes.»
Mais prudence. «Pour qu’un locataire puisse, de sa propre initiative, diminuer le montant du loyer pour le dommage subi, il doit préalablement avoir averti le bailleur des griefs relatifs au logement. De même, le locataire doit limiter son inexécution à l’ampleur des dégâts subis.»
«A ention, le bailleur pourra toujours me re les locataires en demeure de payer le loyer repris dans le bail. À défaut d’exécution de la part des locataires, la partie la plus diligente saisira le juge de paix pour obtenir l’exécution des obligations.»
En ce qui concerne le défaut d’état des lieux d’entrée, «il existe une présomption en faveur du locataire qui est censé rendre les lieux loués dans l’état dans lequel il les a reçus. Par conséquent, aucun dégât locatif ne pourra lui être reproché à l’échéance du bail au moment de la remise des clefs.» CS
TROUBLES DE VOISINAGE
Je loue un appartement dans un immeuble qui en comprend trois au total. Ils appartiennent tous au même bailleur. Un des autres locataires occasionne d’importants troubles de voisinage. Que puis-je faire?
● En qualité de locataire
Si vous rencontrez ce e situation en tant que locataire, vous pouvez porter plainte pour nuisances de voisinage excessives, explique Hanne Weemaes, avocate chez Stappers Lawyers. Les voisins doivent être tolérants, mais ils peuvent prendre des mesures dans les cas de figure les plus extrêmes.
Néanmoins, porter plainte ne suffira pas à expulser un locataire. «Un juge ne peut jamais expulser l’autre locataire sur la base d’un trouble de voisinage», explique l’avocate. «Il peut toutefois exiger l’arrêt des nuisances excessives et condamner le voisin qui les cause à verser des indemnités. Il peut également lui imposer une compensation que le plaignant pourra utiliser pour réduire les nuisances.»
Lorsque le juge évalue le caractère excessif des nuisances, il se base toujours sur l’ensemble des circonstances factuelles parce qu’aucune définition générale ne s’y rapporte. Par exemple, il prendra en compte le moment de la journée, la fréquence et l’intensité des nuisances.
«Vous avez tout intérêt à rassembler autant de preuves que possible», explique Hanne Weemaes. «Prenez des photos et des enregistrements sonores et, si vous faites appel à la police, demandez-lui de dresser un procès-verbal. Les e-mails que vous envoyez à votre voisin peuvent
également contribuer à prouver les nuisances subies.»
L’assurance protection juridique permet souvent de couvrir les coûts d’une plainte au tribunal, tels que les honoraires d’avocat et les frais de justice. Si vous n’êtes pas assuré, vous devrez payer vous-même ces honoraires. Mais si le tribunal vous donne raison, les frais de justice et une partie des honoraires d’avocat vous seront remboursés.
● En qualité de bailleur
Dans les trois Régions, un bailleur peut saisir le tribunal et demander la résiliation du bail pour manquement au contrat. «Cela concerne souvent un défaut de paiement, mais il peut aussi s’agir d’autres fautes, telles que des dommages», explique Hanne Weemaes.
Là encore, vous devez être en mesure de prouver qu’il y a eu manquement. Et le tribunal décidera si cela suffit pour expulser quelqu’un de son logement. «On peut faire valoir, par exemple, que les autres locataires envisagent de chercher un autre logement en raison des nuisances excessives, ce qui pourrait vous faire perdre de l’argent», commente Hanne Weemaes.
Si vous avez conclu un bail à long terme, vous pouvez également résilier le contrat sans motif. Mais vous ne pouvez le faire qu’à la fin de chaque période triennale, moyennant un préavis de six mois et une indemnisation de neuf ou six mois de loyers. JH
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QUESTIONS DE LECTEURS
TRAVAUX DANS
UNE COPROPRIÉTÉ
J’habite au rez-dechaussée d’un immeuble et je souhaite isoler mon plancher. Cela ne peut se faire qu’en isolant le plafond des garages situés en dessous. Dois-je obtenir l’autorisation des propriétaires de ces garages ou seulement celle de l’assemblée générale?
«Un copropriétaire a le droit de disposer librement de sa parcelle privée», explique Kristophe Thijs, de la fédération des courtiers en immobilier CIB. «Cela signifie qu’il a le droit d’apporter des modifications ou des améliorations mineures à son bien. Ce faisant, il ne doit pas toucher aux parties communes de l’immeuble. Si c’est le cas, il doit demander l’accord de l’assemblée générale.»
«Si les travaux affectent ou traversent également une autre parcelle privée, il est conseillé de demander l’autorisation au copropriétaire. Vous éviterez ainsi d’envenimer vos relations avec vos voisins», recommande Kristophe Thijs.
«Cela dépend aussi fortement de ce qui figure dans les statuts de la copropriété», avertit l’expert. «Il est important de les consulter et de vérifier s’ils contiennent des restrictions ou des conditions.» JH
DROIT DE PRÉFÉRENCE
Je suis propriétaire d’un appartement en Région bruxelloise que je souhaite vendre, mais le bien est occupé par un locataire. Dois-je lui proposer la vente en priorité? Si oui, comment faire pour éviter les problèmes et prouver que la loi a été respectée?
Le droit de préférence est applicable en Région bruxelloise depuis le 6 janvier.
S’il s’agit d’un bail à long terme (d’une durée supérieure à trois ans), le propriétaire a pour obligation de proposer le vente au locataire en priorité. La mesure vise à faciliter l’accès à la propriété pour les locataires installés depuis longtemps dans un logement. Elle stipule qu’un propriétaire qui souhaite vendre un bien ne peut le faire qu’après l’avoir proposé au locataire. Dans le cas d’une vente, le bailleur doit préalablement informer son locataire de son intention par voie de recommandé (avec accusé de réception). Il doit aussi mentionner le prix et les conditions de la vente, tout en notifiant au locataire son droit de préférence. Les notaires et les agents immobiliers ont l’obligation de s’assurer que le locataire a été prévenu. Il disposera alors d’un délai de 30 jours pour répondre favorablement ou non à l'offre. Si le locataire refuse ou ne réagit pas dans les 30 jours, le bien sera mis sur le marché.
Mais ce n'est pas tout. Si le bien est proposé à un autre acquéreur à un prix inférieur ou à des conditions plus avantageuses, le locataire devra en être informé. Il aura alors sept jours supplémentaires pour exercer son droit de préférence.
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Ce droit de préférence exclut toutefois certains cas. Il ne vise, entre autres, pas les baux de résidence principale de courte durée (d’une durée inférieure ou égale à trois ans).
Si le propriétaire ne respecte pas le droit de préférence de son locataire, ce dernier pourra intenter une action en subrogation contre l’acquéreur. En d'autres termes, cela signifie que la vente pourra être annulée.
Afin d’éviter les procédures complexes, le notaire Olivier de Clippele, président du Syndicat national des propriétaires et des copropriétaires (SNPC) de la Région bruxelloise, recommande aux propriétaires ayant l’intention de vendre à court ou moyen terme d’éviter de louer.
En cas de vente d’un bien loué, il conseille aux bailleurs «d’obtenir au plus vite un accord avec le locataire et de signer un document, après l’offre de préférence, pour prouver que la loi a été respectée et éviter tout problème.» EK
Tour du propriétaire sous l'oeil avisé d'un architecte
VINCENT VAN DEN BROECKE NOUS LIVRE SES CONSEILS POUR DÉJOUER LES PIÈGES LES PLUS FRÉQUENTS LORS D'UNE RÉCEPTION PROVISOIRE
QUI? Vincent Van Den Broecke, architecte. QUOI? Il est fondateur de Blanco Architecten et administrateur chez Metier Experten. Vincent Van Den Broecke off re aux particuliers son regard d’expert indépendant lors de la réception provisoire d'un logement neuf.
La réception provisoire d'une nouvelle construction est un moment chargé d’émotions. Vous recevez les clés du logement dans lequel vous allez enfin pouvoir emménager. Mais en quoi la «réception provisoire» consiste-t-elle? Pourquoi estelle si importante, et quels sont les pièges à éviter? L’architecte Vincent Van Den Broecke, avec qui nous avons réalisé une visite d'expertise, répond à nos questions.
C’est par une rare après-midi ensoleillée du mois de janvier que nous rencontrons Vincent Van Den Broecke, fondateur de Blanco Architects et administrateur de Metier Experten. Lorsqu'il ne travaille pas dans son cabinet d’architecte, il off re son regard d’expert indépendant aux particuliers qui souhaitent réaliser la réception provisoire de leur bien en bonne et due forme. Lorsque je lui ai demandé, il y a quelques semaines, s’il souhaitait être notre guide, il n’a pas hésité: «On ne soulignera jamais assez l’importance d’un expert indépendant», a-t-il répondu.
«L’objectif d’une réception provisoire est de me re à disposition du propriétaire un logement habitable. Par exemple, s'il n’y a pas d’eau chaude, la réception provisoire ne peut avoir lieu.»
C’est à Auderghem, en Région bruxelloise, que nous allons effectuer notre visite. «Un environnement verdoyant dans une commune prisée». C’est ainsi que se présente le projet de deux immeubles de 140 appartements économes en énergie. Les chemins et les jardins entre les bâtiments sont joliment aménagés, mais la rangée de camionne es blanches, stationnées dans une rue secondaire, trahit ce e tranquilité, car les travaux ba ent encore leur plein.
«ON NE PEUT PAS NOUS EMBOBINER»
Nous sommes sur le point de rencontrer les propriétaires d’un appartement de trois chambres, logé au quatrième étage. Alors que nous nous dirigeons vers l'entrée du bâtiment, Vincent Van Den Broecke engage la conversation: «La réception provisoire a eu lieu il y a quelques semaines. Le parquet comportait des rayures profondes. Il a été convenu avec l’entrepreneur que tout serait remplacé. Je suis curieux de savoir si cela a déjà été fait», nous confie-t-il.
La porte de l'immeuble s’ouvre sur le hall. Les nouvelles boîtes aux le res sont encore recouvertes de carton. Nous composons le numéro 14 sur l’écran de l'interphone. «C'est ici que la visite de contrôle commence, en testant la sonne e», lance Vincent Van Den Broecke. Une fois la première étape de la visite validée, nous nous dirigeons vers l’ascenseur, qui nous mène à l'appartement. Le propriétaire nous ouvre. Il nous prie de couvrir nos chaussures d'une housse de protection. «Vous préférez peut-être les enlever?», nous demande-t-il. De fait, le parquet vient d'être remplacé, nous sommes donc priés de faire a ention.
En principe, lors d’une réception provisoire, l’acheteur, le promoteur, l’entrepreneur et l’architecte du projet sont présents. «En tant qu’experts, nous ne faisons que noter et formuler des commentaires pour l’acheteur. Ce qu’il advient de ces
commentaires ne relève pas directement de notre responsabilité», précise Vincent Van Den Broecke. «Néanmoins, nous jouons souvent un rôle de facilitateur. Lors de la réception provisoire, on ne peut pas nous embobiner car nous sommes en mesure de réfuter des informations erronnées. Pour cet appartement, le promoteur nous avait d’abord proposé de ne remplacer que les planches endommagées, mais cela aurait pu entraîner des différences de couleurs. Nous avons donc convenu de remplacer tout le parquet», avance l'architecte.
UN PROCÈS-VERBAL COMPLET
Une réception provisoire peut-elle être entérinée si le parquet doit encore être remplacé? «S’il ne s’agit que de quelques planches, cela n’empêche pas le propriétaire d’occuper les lieux, ce n’est donc pas un problème. S’il faut remplacer tout le parquet, c'est une autre histoire. Cela dépend non seulement du délai d’exécution, mais aussi du caractère acceptable et/ou réaliste pour l’acheteur. L’objectif d’une réception provisoire est de me re à disposition du propriétaire un logement habitable. S’il n’y a pas d’eau chaude, si l’électricité ne fonctionne pas ou si les égouts ne sont pas raccordés, la réception provisoire ne peut avoir lieu. Il arrive également que la cuisine ne soit pas encore installée ou que la douche ne soit pas encore carrelée. Dans ces cas-là, toute réception provisoire est exclue.»
Les manquements et les défauts visibles sont notés dans un procès-verbal signé par les deux parties. En général, on convient aussi du moment où les problèmes doivent être résolus. Ces délais sont consignés dans le procès-verbal de la réception provisoire.
ENLEVER TOUS LES REVÊTEMENTS
Le soleil d’hiver traverse les grandes fenêtres de l’appartement. La lumière laisse entrevoir des taches incrustée dans les vitres. «Ce n’est pas de la saleté, mais un défaut dans le verre. La vitre doit encore être remplacée, mais le logement est habitable», confie Vincent Van Den Broecke. «La réception provisoire peut avoir lieu. Le délai d’a ente pour une nouvelle fenêtre est d’environ douze semaines. L’autre fenêtre présente des petites rayures». J’apprends également qu’une réception provisoire ne nécessite pas un net-
1. Nous avons visité un nouveau projet de construction de 140 appartements économes en énergie, à Auderghem. 2. En raison de rayures préexistantes, le parquet a été remplacé dans tout l'appartement. 3. Vincent Van Den Broecke teste tous les robinets, une étape essentielle dans la réception provisoire. 4. Dans toutes les pièces, les portes, le sol, le plâtre, la menuiserie et les prises sont vérifiés. 5. Un défaut dans les vitres n'empêche pas la réception provisoire.
«Le bien ne doit pas nécessairement être impeccable. Il peut y avoir un peu de poussière, mais tous les matériaux de protection doivent être enlevés.»
mur. «Lorsque l'enduit n’est pas assez uniforme ou trop granuleux, nous demandons d’y remédier. Il doit être lisse, en respectant des normes spécifiques, mais les tolérances sont si larges que son examen n’entraîne que rarement, voire jamais, un rejet.»
Et le diable se cache dans les détails. Ici, les expressions telles que «prêt à peindre» ou «prêt à être enduit» ont toute leur importance. Dans le cas d'un appartement «prêt à peindre», le peintre sera autorisé à travailler directement sur un enduit non traité. Si l’appartement est «prêt à être enduit», cela signifie qu’une première couche d’apprêt a déjà été appliquée. Dans ce cas, il est conseillé d’a endre un à deux ans avant de peindre.
Par ailleurs, un bâtiment neuf se tasse, ce qui peut provoquer des fissures de tassement dans l’enduit. On observe souvent ce phénomène aux endroits où deux matériaux (comme la maçonnerie et une poutre en béton) se rencontrent. «Ces fissures sont toutefois inoffensives, même si de nombreux acheteurs s’en inquiètent».
toyage approfondi des lieux. Il suffit que le logement soit «bien brossé», comme stipulé dans le cahier des charges.
À quoi faut-il donc prêter a ention? «Commencez par examiner l’état général du bien. Cela vous donne immédiatement une idée du sérieux de l’entrepreneur. Le bien ne doit pas nécessairement être impeccable. Il peut y avoir un peu de poussière, mais tous les matériaux de protection doivent être enlevés. Nous constatons souvent que le parquet est encore recouvert d’un film. Il faut l’enlever. Dans le cas contraire, ce serait comme acheter un chat dans un sac», explique Vincent Van Den Broecke. Il est en effet fréquent que l’on découvre des taches de peinture ou de plâtre sur le revêtement.
JOUER AU DÉTECTIVE
Ensuite, chaque pièce de l’appartement est examinée. Nous commençons par la première chambre à coucher. «Nous commençons toujours par les sols. Nous ne comparons pas les dimensions des différentes pièces avec celles indiquées sur les plans dont dispose l’acheteur. Le cahier des charges indique généralement que des écarts sont toujours possibles», explique Vincent Van Den Broecke. Dans la chambre à coucher, qui est complètement vide, quelques points sont à vérifier. Toutes les prises, tous les interrupteurs et tous les éclairages prévus sont-ils présents? Les caches sont-elles bien fixées et bien droites?
«L’enduit est aussi un problème fréquent», explique Vincent Van Den Broecke en fro ant le
Nous examinons ensuite les portes intérieures. «Il faut vérifier que la peinture des portes ne présente aucun défaut ou dommage, et veiller à ce que toutes les clés prévues soient bien restituées», explique Vincent Van Den Broecke. «Il faut également s’assurer que les menuiseries extérieures ne sont pas endommagées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les fenêtres doivent s’ouvrir facilement et la fonction oscillo-ba ante doit pouvoir s’actionner sans difficulté. Il n’est pas rare que les menuiseries extérieures aient besoin d’être retouchées, car il est inévitable qu’une construction neuve se tasse un peu». Tous ces contrôles seront répétés dans toutes les pièces.
LA VENTILATION FONCTIONNE-T-ELLE?
Nous passons ensuite dans la plus petite pièce de l'appartement, les toile es. «Il faut toujours ouvrir tous les robinets et vérifier que l’évacuation ou le siphon ne fuit pas. Contrôlez également le bon raccordement du réservoir de la chasse d’eau.» Ici, pas de parquet, mais un sol carrelé. «Vérifiez que le joint entre le sol et la plinthe est bien étanche». Dans la salle de bains également, le robinet et le siphon de l’évier doivent être testés. «Actionnez également la buse de la douche et vérifiez que le joint entre le carrelage et la paroi de la douche est bien étanche. Dans le cas contraire, de l’eau risque de s’infiltrer entre les joints à chaque fois que vous prenez une douche.»
Les maisons neuves doivent être équipées d’un système de ventilation qui évacue l’air humide, mais ce n'est pas toujours le cas. «La ventilation est souvent problématique. Nous constatons qu’elle ne fonctionne pas ou du moins, partiellement.» Pour la tester, nul besoin de disposer d’un équipement de
1. Toutes les armoires doivent être ouvertes afin de vérifier si les planches et les poutres posées sont conformes à ce qui était prévu. 2. Lors d'une réception provisoire, il est impératif de vérifier l'état de la sonnette. 3. Les drains et les siphons ne doivent pas fuir. 4. Il faut également veiller à ce que tous les éclairages soient conformes.
1. La balustrade de la terrasse doit être solidement fixée. Notez toutefois qu'en principe, ce critère n'est pas inclus dans la réception provisoire. 2. Les menuiseries extérieures ont parfois besoin d'être retouchées. Il faut donc être attentif à ce point.
«En règle générale, la réception des parties communes doit avoir lieu avant celle des appartements, de sorte que l’on puisse accéder en toute sécurité aux parties privatives.»
professionnel. «Le plus simple est de tenir une feuille de papier toile e contre l’extracteur. Si elle colle à l'extracteur lorsque celui-ci est actionné, c’est que le système fonctionne.» La chambre principale, qui dispose de sa propre salle de bains, sera inspectée de la même manière.
Prochain arrêt: la cuisine, où le robinet et le système d’évacuation sont aussi à vérifier. Mais ce n'est pas tout. «Allumez tous les appareils: le réfrigérateur, les plaques de cuisson, le four et la ho e pour voir s’ils sont alimentés en électricité». Toutes les armoires doivent être ouvertes afin de vérifier si les planches et les poutres posées sont conformes à ce qui était prévu. Enfin, il faut aussi veiller à ce que le plan de travail ne soit pas endommagé.
COMPTEURS À ZÉRO
Vincent Van Den Broecke accède à la terrasse et vérifie si la balustrade est solidement fixée. «En principe, tout ce qui se trouve à l’extérieur ne fait pas partie de la réception provisoire de l’appartement, mais de la livraison des parties communes. Cela concerne donc également la terrasse et la façade. La réception provisoire des parties communes et le suivi de la visite relèvent des tâches du syndic», explique Vincent Van Den Broecke. «En règle générale, la réception
des parties communes doit avoir lieu avant celle des appartements, de sorte que l’on puisse accéder en toute sécurité aux parties privatives. Mais dans la pratique, c’est souvent l’inverse qui se produit, car il n’est pas rare que les murs du couloir soient endommagés lors des déménagements. C’est pourquoi les parties communes ne sont peintes qu’après la réception de tous les appartements.»
C’est là que réside une différence importante avec les maisons, où l’enveloppe extérieure — comme le toit et les façades — doit faire l’objet d’un examen approfondi lors de la réception provisoire. Pour une maison, il faut également examiner de près l’aménagement extérieur, le raccordement au réseau d’égouts et la récupération des eaux de pluie.
Dernière étape: la pièce où se situent les installations techniques. «Examinez toujours le circuit électrique. Vérifiez si toutes les étique es sont bien a achées et si le schéma du circuit est indiqué.» Passez également la main sur les collecteurs d’eau afin de vous assurer qu’il n’y a pas de fuites. «Les compteurs d’eau et d’électricité sont enregistrés lors de la réception provisoire. À partir de là, les coûts ne sont plus à charge de l’entrepreneur, mais du propriétaire», avertit Vincent Van Den Broecke.
Mais l'inspection ne s'arrête pas là. «S’il y a une place de parking , un 'box' de garage ou une cave, une inspection s’impose également. Et pour cause. Les finitions des portes ou des murs au sous-sol laissent souvent à désirer. Pressé par le temps, l’entrepreneur néglige parfois les derniers détails.»
Notre visite touche à sa fin. Le propriétaire vient nous saluer. Il sollicite l'architecte pour un dernier détail. C'est vrai, l’avis d’un professionnel a toujours le don de rassurer. Mais ce regard critique n'est jamais gratuit... Selon le bien, une expertise coûte entre 300 et 500 euros, ce qui représente néanmoins une dépense justifiée pour un lieu où l’on passera une bonne partie de notre vie. ■
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À quel risque fiscal s’exposent les investisseurs trop actifs sur le marché immobilier?
Si le fisc estime que vos opérations immobilières s’apparentent à une activité professionnelle, il peut requalifier vos revenus immobiliers en revenus professionnels. Mais l’administration fiscale a irme ne pas mener de contrôles ciblés actuellement.
Vous donnez un appartement en location, vous vous en sortez bien, votre emprunt est remboursé grâce au loyer et vous dégagez même de la marge. Votre investissement est rentable, vous décidez donc d’investir à nouveau dans d’autres appartements, dans une maison de rapport, dans des garages… Bref, l’immobilier est devenu un peu plus qu’un passe-temps. Le fisc risque-t-il de considérer que vous exercez une activité professionnelle et de taxer vos revenus immobiliers comme tels?
DIFFÉRENCE
Si vous percevez des revenus locatifs, en tant que personne physique, vous êtes imposé sur ces revenus non pas sur base des loyers réellement perçus, mais sur base du revenu cadastral indexé du bien, majoré de 40%, pour autant que le bien ne soit pas affecté à une activité professionnelle. Ce e base imposable, a priori plus favorable que les loyers réels, est ensuite taxée au taux marginal, c’est-à-dire à votre taux d’imposition le plus élevé. Ce taux est compris entre 25% et 50% mais si vous percevez d’autres revenus (pension, salaire, etc.), vous arriverez rapidement au taux de 50%. Cependant, si vous remboursez un emprunt contracté pour financer un bien immobilier (achat, rénovation, etc.) – et même s’il ne s’agit pas d’un crédit hypothécaire – vous pouvez déduire de votre base imposable les intérêts que vous avez déboursés au cours de l’année. Ceci permet de réduire, voire d’annuler votre imposition si vous remboursez beaucoup d’intérêts.
En revanche, si vos revenus sont requalifiés par l’administration fiscale comme revenus professionnels, «vous devenez, en gros, un commerçant. Dans ce cas, vous êtes taxé sur base des loyers réellement perçus, desquels vous pouvez déduire tous
les frais liés à la gestion immobilière. La taxation se fait à des taux progressifs, par tranche», explique l’avocat Aurélien Bortolo i. Si vous décidez d’exercer votre activité en société, vous êtes alors taxé à l’impôt des sociétés au taux de 25% ou de 20% si vous respectez certains critères.
Di fficile de dire, dès lors, s’il est plus intéressant de percevoir des revenus immobiliers ou des revenus professionnels. «Cela dépend: si l’on vient d’acquérir les immeubles, on pourra alors déduire davantage. On pourrait se retrouver en perte fiscale et donc ne pas payer d’impôts. En revanche, si les bâtiments sont déjà anciens, il existe très peu ou pas d’amortissements possibles. Mais dans les deux cas, on doit payer des cotisations sociales, majorations et intérêts. Cela fait très mal», prévient l’avocat. De fait, si l’activité est considérée comme professionnelle, il faut prendre le statut d’indépendant.
CRITÈRES FLOUS
Mais comment savoir si votre activité immobilière risque d’être considérée comme «professionnelle» par le fisc? Comme l’explique Florence Angelici, porte-parole du SPF Finances, «les revenus provenant de biens immobiliers sont considérés comme des revenus professionnels si les biens immobiliers concernés sont affectés à l'exercice d'une activité professionnelle et si les revenus sont perçus dans le cadre de l’exercice d’une activité professionnelle».
Mais qu’entend le fisc par «activité professionnelle»? «De manière générale, une activité doit être considérée comme professionnelle si elle présente un caractère suffisamment régulier et intensif, c'est-àdire si elle est caractérisée par un ensemble d'opérations fréquentes et liées entre elles pour constituer une occupation continue et habituelle, qui sort du cadre d’une ges-
L'ESSENTIEL
• Si vous louez ou vendez beaucoup de biens immobiliers, l'administration fiscale peut vous considérer comme un investisseur immobilier professionnel. Cela a une incidence sur l'impôt que vous devez payer sur les revenus fonciers.
• L'administration fiscale utilise certains critères pour déterminer si vous êtes un investisseur immobilier professionnel. Il s'agit notamment du nombre de transactions immobilières, de la fréquence et de l'importance de ces transactions, de la manière dont vous organisez ces transactions et du temps que vous y consacrez, du montant que vous avez investi et du recours éventuel à des emprunts.
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16,5%
Une taxe de 16,5% est due sur les plus-values immobilières réalisées dans un délai de cinq ans (sauf dans le cas de la revente de l’habitation familiale)
40%
En tant que personne physique, vous êtes imposé sur base du revenu cadastral indexé du bien, majoré de 40%, pour autant que le bien ne soit pas a ecté à une activité professionnelle.
tion normale de patrimoine privé, même si elle peut n'être qu'accessoire ou à temps partiel».
Et pour considérer que ces opérations sortent de la gestion du patrimoine privé du contribuable, l’administration fiscale apprécie au cas par cas en se basant sur l’ensemble des circonstances de fait. Voici une liste non exhaustive des critères pris en considération: le nombre, la fréquence et l’importance des opérations (achats, ventes, locations), le lien qu'elles présentent entre elles, l'organisation et le temps que les opérations impliquent, l'investissement réalisé par le contribuable, les moyens utilisés (bureau, personnel, publicité, méthodes commerciales,...), le recours à l’emprunt et le lien entre l'activité professionnelle principale du contribuable et l'activité immobilière. Selon l’avocat Thierry Litannie, «c’est surtout ce dernier critère, c’est-à-dire si le contribuable exerce une activité professionnelle liée à l’immobilier, qui est à la base des offensives du fisc».
CONTRÔLES CIBLÉS?
Selon cet avocat, «il n’y a pas toujours de justice ni de cohérence. Un propriétaire peut avoir 300 kots et l’administration fiscale ne lui demande rien, alors qu’elle
Déclarez vos plus-values
Ces dernières années, le fisc a renforcé les contrôles sur les contribuables qui réalisent des plus-values immobilières. Il s'agit en l'occurrence de particuliers qui ont acheté plusieurs biens dans un laps de temps relativement court et qui les ont ensuite revendus rapidement avec une belle plus-value.
25%
Si vous décidez d’exercer votre activité en société, vous serez alors taxé à l’impôt des sociétés au taux de 25% ou de 20% si vous respectez certains critères.
2.478
En 2023, 2.478 Belges ont reçu une lettre du SPF
Finances demandant que les plus-values réalisées soient correctement déclarées dans la déclaration d'impôts.
«Un propriétaire peut avoir 300 kots et l’administration fiscale ne lui demandera rien, alors qu’elle va chercher des problèmes à des contribuables qui possèdent dix unités»
THIERRY LITANNIE AVOCAT
va chercher des problèmes à des contribuables qui possèdent dix unités»…
Cependant, il n’y aurait pas à proprement parler un ciblage des contrôles visant les multipropriétaires actuellement. «Les actions liées aux revenus immobiliers actuellement en cours visent tant les contribuables qui possèdent plusieurs immeubles que les propriétaires d’un seul bien. En l’occurrence, les risques fiscaux consistent à ne pas déclarer le revenu cadastral d’un bien situé en Belgique ou à
50%
Les plus-values considérées comme des revenus professionnels sont taxées au taux marginal du contribuable, qui varie entre 25% et 50%.
l’étranger, les revenus locatifs, une plus-value taxable (voir encadré), les revenus mobiliers pour les locations meublées, etc.», indique Florence Angelici. Elle a ffi rme par ailleurs que la requalification des loyers en activité professionnelle pour des opérations qui dépassent le cadre de la gestion normale d'un patrimoine privé ne fait pas partie d'une action spécifique. «Ces cas peuvent néanmoins se présenter dans le cadre de nos actions. Si tel est le cas, il est demandé de vérifier si les opérations immobilières s’écartent ou non de la gestion normale d’un patrimoine privé», précise-t-elle.
L’avocat fiscaliste Aurélien Bortolo i reste un peu sceptique. «La requalification des revenus immobiliers? J’appelle cela le monstre du Loch Ness. On a toujours entendu quelqu’un qui lui-même connait quelqu’un qui, lui, a vu la bête un soir de brouillard… Bref, personne ne sait si c’est vrai et comment finit l’histoire». Concrètement, son cabinet a reçu six ou sept cas à défendre en huit années, dont trois ou quatre en 2022. Il retient trois cas vraiment significatifs. Celui d’un contribuable au chômage qui avait acheté dix immeubles en dix ans avec de l’emprunt hypothécaire. «Il percevait 150.000 euros de loyers et avait une gestion professionnelle de ses locations: il savait qui payait quand, avec des rappels stricts de paiement, un relevé des factures et des travaux à faire, etc.»
Pour rappel, une taxe de 16,5% est due sur les plus-values immobilières réalisées dans un délai de cinq ans (sauf dans le cas
En 2023, 2.478 Belges ont ainsi reçu une lettre du SPF Finances demandant que les plus-values réalisées soient correctement déclarées dans la déclaration d'impôts. Ce groupe cible recevra également une demande en 2024.
de la revente de l’habitation familiale). Mais les contribuables qui réalisent souvent ce type d’opérations courent le risque de voir l’administration fiscale considérer ces plus-values comme des revenus professionnels. Les plus-values sont dans ce cas taxées au taux marginal du contribuable, qui varie entre 25% et 50%.
Plus récemment, il a eu affaire à un influenceur qui partageait avec sa communauté ses opérations d’achat-revente. Reste un cas qu’il ne comprend pas: «Monsieur a vendu son entreprise pour environ 4 millions d’euros. Il réinvestit une partie de ce e somme dans des kots étudiants, 30 appartements pour 1 million d’euros. Le couple n’a pas d’enfants et perçoit des revenus d’environ 20.000 euros nets par mois tous les deux. Ils sont requalifiés…Dans ce cas, c’est juste que les locations rapportent trop. En fait, il n’y a aucun critère légal, ni clair du SPF Finances. C’est le western dans ce e matière». ■
PAROLE À L'EXPERT
AURÉLIEN BORTOLOTTI
AVOCAT FISCALISTE
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La fiscalité immobilière sous le prisme des élections
ROBERT ET BERNADETTE sont retraités. Ils ont investi dans deux appartements bruxellois (au PEB F). Ils perçoivent 30.000 euros de revenus locatifs par an.
Ils doivent supporter deux impôts: l’impôt fédéral (IPP) sur les revenus immobiliers et le précompte immobilier. À l’IPP, le couple est taxé à 45%. Ils paient 4.387 euros d’impôts. Le précompte immobilier, lui, est calculé sur la base du revenu cadastral. Son montant dépend du taux imposé par la Région et des centimes décidés par la province, l'agglomération ou la commune où le bien se situe. En 2024, Robert et Bernade e devront débourser 3.507 euros d’impôts pour leurs deux appartements. Après impôts, le couple percevra donc 22.105 euros, sans compter les charges de copropriété, les frais d’assurances, les grosses réparations, etc.
Mais 2024 est une année électorale. Chaque parti évoque des pistes de réflexion sur la fiscalité immobilière. Les Engagés souhaitent maintenir le calcul de la taxation des revenus immobiliers à l’IPP sur la base du revenu cadastral. Ils veulent aussi inciter les propriétaires à isoler leur logement loué, ce qui leur perme rait de déduire (à l’IPP et au précompte immobilier) leurs investissements, notamment dans les économies d’énergie ou dans les énergies renouvelables. Le parti centriste veut annualiser le paiement des droits d’enregistrement sur une période de 20 ans et instaurer leur reportabilité. Il propose de réduire la TVA à 6% sur les écomatériaux utilisés dans la construction neuve. Le MR, de son côté, n’entend pas augmenter la charge fiscale des propriétaires (notamment sur les loyers) et souhaite opérer des corrections pour baisser l’impôt sur la détention et la transmission immobilière. Le PTB, lui, veut instaurer une taxe sur les grandes fortunes (mobilière et immo -
bilière) qui ciblera les gros multipropriétaires et les promoteurs immobiliers. Ce e taxe devrait s'appliquer au patrimoine mobilier dans un premier lieu.
Les écologistes entendent développer et élargir les mécanismes perme ant de bénéficier, dans certains cas, d'une baisse d'impôts suite à l'amélioration du PEB d’un bien après achat. Ecolo veut aussi que le précompte immobilier soit calculé sur base de la valeur vénale du bien (le prix de vente de la dernière transaction). Le parti est également favorable à la portabilité des droits d'enregistrement. Le PS, quant à lui, n’a pas encore communiqué ses objectifs.
Aider les propriétaires à rénover À la lecture des propositions, on se demande d’abord si les partis maîtrisent encore les ficelles de la fiscalité immobilière. Ont-ils compris que quatre niveaux de pouvoirs s’entremêlent et qu’il leur faudra accorder leurs violons, entre autres, pour réformer le calcul du précompte immobilier? Force est de constater que ce n’est pas à l’ordre du jour. Pourtant, une telle mesure soulagerait le portefeuille de nombreux propriétaires. À cela s’ajoute l’objectif de réduction d’empreinte carbone du parc immobilier. En Région bruxelloise, les passoires énergétiques (PEB F et G) seront interdites dès 2033. Des primes à la rénovation existent, mais elles ne suffisent pas. N’y a-t-il pas d’autres leviers régionaux qui pourraient soutenir les propriétaires? Certains partis tentent de se montrer inventifs, d’autres devront revoir leur copie et proposer des mesures fiscales concrètes. À défaut, Robert et Bernade e risquent de se retrouver démunis face aux objectifs énergétiques.
■
Adrien Bortolotti est avocat spécialisé en droit fiscal au Barreau de Liège-Huy.
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