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Les perspectives : projet de sol, projet de l’espace urbain

Les perspectives : projet de sol, projet de l’espace urbain Ou delà de l’épisodicité des bâtiments-manifestes, en général les éco-villes ou les éco-quartiers sont une formule efficace qui doit être saisie pour affirmer l’importance de raisonner sur un concept plus large de durabilité : non seulement liée aux performances énergétiques des bâtiments, mais tension continue qui se manifeste dès la prise en compte attentive des éléments naturels dans les formes de l’urbain (Codisposti 2018), et de leur relation avec les éléments naturels extérieurs à ces formes, dont la fonction de fourniture des ecosystem services doit être renforcée (Rovai et al. 2013). La smart city est sans aucun doute une métaphore fertile pour souligner l’importance de travailler à des réseaux intelligents, à l’Internet des objets (donc aussi des bâtiments), à l’intelligence distribuée, à l’économie circulaire (Ratti 2014). Il faut cependant intégrer ces aspects particuliers et partiels, et peut-être conformes à une conception néo-rationaliste, en intégrant dans le projet urbain le territoire d’affection (cf. le chapitre Le projet de la biorégion urbaine dans cet ouvrage) en incluant le temps avec ses incertitudes comme élément de projet, en prenant sur la voie de la résilience, c’est-à-dire qu’il inclue le temps et ses incertitudes comme élément de projet. Que la conception de cette ville soit donc complexe, progressive, ouverte aux différences, capable de relever les défis d’aujourd’hui caractérisés par la durabilité environnementale, mais aussi l’apparition de la pauvreté, l’insuffisance de justice spatiale, le besoin de beauté (Talia 2018). Ces conditions sont nécessaires, mais comme le souligne Palermo, l’urbanisme « s’il n’est pas né, est devenu un ‘art des présupposés’. En effet, il dicte des normes, dessine des visions, trace des schémas de conception (de plus en plus flous d’ailleurs). En d’autres termes, il définit des conditions liées aux actions effectives de gestion/transformation du territoire que d’autres acteurs devront ensuite développer, dans les délais et selon les modalités fixées. Mais les exigences et les temps de la société contemporaine poussent dans une direction différente. L’importance sociale d’une institution et d’une discipline se mesure de plus en plus à sa capacité d’action effective. L’urbanisme est-il en mesure d’apporter de nouvelles contributions directement opérationnelles, légitimes et efficaces, aux transformations urbaines ? Autrement dit, il est possible de tracer un passage effectif de la prise en charge des présupposés à l’action qui affecte directement les pratiques réelles ? Je considère ce défi décisif pour le sort futur de la discipline » (Palermo 2019, p. 3). L’attention portée à la structure physique des contextes spécifiques (à l’empreinte au sol de leur développement tridimensionnel, à la conception des surfaces horizontales entre les volumes construits) est l’occasion d’étudier la genèse et les problèmes des lieux en les référant aux dimensions historiques et socio-économiques spécifiques (Secchi, Ingallina 2006

; Secchi, Grillet-Aubert 2009 ; Secchi, Viganò 2012) ; mais aussi d’affirmer comment, dans le projet, il est nécessaire de récupérer une connaissance environnementale (dans sa durabilité et sa résilience), contextuelle (dans la relation avec le site) et multi-échelle (dans la capacité d’affecter à plusieurs échelles dans le même horizon de conception), caractérise les positions d’autres urbanistes et architectes, comme celles d’Alberto Magnaghi (Fantini 2001 ; Magnaghi 2004, 2007). En tenant compte des trois dimensions décrites ci-dessus, le projet de sol devient la colle qui permet de reconnaître la relation entre les choses, est la trame qui donne un sens et une reconnaissance à la ville et à ses parties : « dans le projet de sol, les parties n’existent pas seulement pour elles-mêmes, elles sont placées dans une trame de sens » (Bianchetti 2013, pp. 394-395). L’attention aux dynamiques de formation de l’espace urbain et à ses résultats dans le corps des villes italiennes interroge donc directement la nature du projet urbanistique (Secchi 1997) : il s’applique à un large éventail de dimensions et de champs. Il s’occupe de la requalification et de la régénération physique des zones urbaines dégradées, y compris du point de vue économique et social, et se charge parfois des mécanismes de péréquation (de redistribution des ressources) et de l’amélioration des conditions d’accessibilité et de mobilité. Il se concrétise à travers une localisation attentive et une mixité des différentes activités fonctionnelles à toutes les échelles d’intervention, et met en champ des mécanismes de relation, aussi bien spatiales qu’économiques, entre les espaces publics et les espaces privés, de ces derniers en exigeant une contribution accrue à l’élévation de la qualité générale. Le patrimoine de signes déposé au sol par incrément suggère également des directions possibles de projet d’espaces qui, à leur tour, produisent de nouvelles interprétations et perceptions : la qualité de la conception de l’espace public découle de la capacité d’interpréter physiquement les exigences de la citoyenneté. Systèmes de signes, emplacement de mobilier urbain, matériaux des pavage, solutions de continuité entre altitudes et surfaces, rapport entre surfaces horizontales et scènes verticales, utilisation des matériaux verts et naturels, mettent au centre du projet les corps des gens (Paba 2010), dans un nouvel humanisme pragmatique qui doit être plus attentif aux espaces de vie, en générant un dessin urbain « du particulier au général ».

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