ALGÉRIE BOUTEFLIKA CONTRE-ATTAQUE
Hebdomadaire international indépendant • 53e ann!e • no 2749 • "u 15 au 21 #epte$bre 2013
CAMEROUN mALAIsE dANs LEs RANgs
TUNISIE BEN jAAFAR, L’éQUILIBRIsTE
jeuneafrique.com
Spécial 14 pages
CÔTE D’IVOIRE
La nouvelle vie des
(ex-)rebelles Fofi! Kouakou, Ch!rif Ou#$ane, Wattao… Le# ancien# co$zone# "e la %uerre civile ont pri# "u %alon et "e la re#pectabilit!. Enquête sur une reconversion, entre appareil #!curitaire et blin%-blin% people. ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE DE L’OUEST France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1 100 MRO • Norvège 45 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1 700 F CFA • ISSN 1950-1285
FINANÇONS ENSEMBLE L’ACCÈS À LA PROPRIÉTÉ POUR TOUS
EMPRUNT OBLIGATAIRE par appel public à l’épargne DU 16 septembre 2013 AU 18 octobre 2013 CAISSE RÉGIONALE DE REFINANCEMENT HYPOTHÉCAIRE DE L’UEMOA
CRRH-UEMOA 6%* 2013-2023 NOMBRE DE TITRES VALEUR NOMINALE MONTANT DE L’ÉMISSION PRIX D’ÉMISSION DURÉE
2 000 000 10 000 FCFA 20 MILLIARDS 10 000 FCFA 10 ANS
*Net d’impôts et taxes dans tous les pays de l’UEMOA
Consortium Chef de file :
Cette opération a été autorisée par le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers sous le n° EOP/13-02 Syndicat de Placement : ACTIBOURSE - AFRICABOURSE - BIBE FINANCE & SECURITIES - SGI BENIN - SBIF - AFRICAINE DE BOURSE ATLANTIQUE FINANCES NSIA FINANCES - BICI BOURSE - BNI FINANCE - CITICORP SECURITIES WEST AFRICA - EDC INVESTMENT CORPORATION - SOGEBOURSE - HUDSON & CIE - PHOENIX CAPITAL MANAGEMENT SGI CORIS BOURSE - SGI MALI - SGI NIGER - CGF BOURSE - IMPAXIS SECURITIES - SGI TOGO
Éditorial François Soudan
3 PHOTOS DE COUVERTURES : ÉDITION INTERNATIONALE ET MAGHREB & MOYEN-ORIENT : ONS ABID POUR J.A. ÉDITION AFRIQUE DE L'OUEST : LUC GNAGO/REUTERS ; NABIL ZORKOT. ÉDITION AFRIQUE CENTRALE : VINCENT FOURNIER POUR J.A.
Vous retrouverez Ce que je crois de Béchir Ben Yahmed le 29 septembre, dans le numéro 2751
Patience et bijoux de famille
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A PATIENCE, DIT PLUTARQUE, a beaucoup plus de pouvoir que la force. » Si l’adage est exact, la négociation sur le démantèlement des armes chimiques syriennes initiée par la diplomatie russe est porteuse d’espoir, à condition de s’armer de… patience. Au mieux, en effet, il faudra en passer par une résolution de l’ONU, un striptease circonstancié – liste de sites à l’appui – de la part d’Assad, plusieurs vérifications des inspecteurs internationaux et la destruction des stocks avant de solder ce qui n’est qu’un des aspects, sans doute le plus insoutenable, du drame syrien. Sommé lui aussi, il y a dix ans, de livrer son arsenal non conventionnel, le Libyen Kaddafi avait joué le jeu et même au-delà, offrant aux agents de la CIA et du MI6 les clés de ses casernes et le CV de ses fournisseurs. Malgré cela, six mois avaient été nécessaires pour inventorier et détruire sa panoplie létale. Or Kaddafi était bien seul, alors que le raïs de Damas a derrière lui la Russie, la Chine, accessoirement l’Irak et la Corée du Nord, et surtout l’Iran, dont l’appareil sécuritaire est à ce point intégré au sien qu’on l’imagine mal se résoudre à en fournir tous les secrets.
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Confidentiel
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L A SEM A IN E D E J EU N E A F RIQ U E
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Algérie Bouteflika contre-attaque William Ruto Jeune loup en cage Paulo Gomes Cap sur la politique Compétitivité Maurice double l’Afrique du Sud Palmarès Rim la sublime Maroc Un petit supplément d’âme États-Unis Au pays de Condi Tour du monde
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G RA N D A N G L E
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CAMEROUN Malaise dans les rangs
Qu’y a-t-il au bout de la patience ? La victoire ! C’est ce que se dit ce diable de Robert Mugabe, qui vient de refermer, en formant un gouvernement uniquement composé de ses vieux fidèles, la parenthèse d’une cohabitation imposée par l’Occident. Qu’on le veuille ou non, cet autocrate nonagénaire a renforcé son pouvoir, laminé son opposition et humilié les prêcheurs anglo-saxons de la bonne gouvernance, tout en savourant le hero’s welcome que Zuma, Obasanjo et l’Union africaine lui ont réservé. Derrière lui se profile une Afrique boostée par la croissance et les appétits de ces alliés de substitution que sont la Chine, le Brésil, l’Inde, la Turquie et les émirats du Golfe. Comme Mugabe, ils sont nombreux à vouloir profiter de cette nouvelle guerre froide pour dire basta au moralisme occidental, à la Cour pénale internationale (CPI) et aux ONG. Et nombreux à mettre le doigt là où cela fait mal : « Traiteznous comme vous traitez les Chinois. » Qui, il est vrai, exige de Pékin la tenue d’élections libres et l’alternance au pouvoir ?
Soucieux de ne pas s’aliéner l’armée, le président Biya s’efforce de répondre aux doléances, tout en renforçant sa sécurité personnelle.
La patience, hélas, peut aussi être la forme polie du désespoir. La Centrafrique est tombée si bas que ses habitants rêvent tout haut d’être mis sous tutelle de l’ONU, de la France ou de n’importe qui, pourvu que ce ne soit pas celle de leurs propres dirigeants. Si bas que Paris et les capitales de la région se mordent les doigts d’avoir lâché Bozizé pour une bande d’écumeurs de savane. Si bas que, le jour de l’investiture du président autoproclamé Djotodia à Bangui, les parures et les décorations qu’il portait étaient des faux grossiers, made in China, refilés en douce par le directeur du Trésor chargé de les acheter. Judes-Alex Ketté, c’est son nom, a empoché les 900 000 euros et fourgué à son chef des bijoux en toc. Prière de ne pas en rire, mais d’en pleurer. l
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A F RIQ U E SU BSA H A RIEN N E
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Législatives Aux urnes Guinéens ! Sahel Interview de l’ex-otage canadien Robert Fowler Côte d’Ivoire Comzone un jour, comzone toujours
JEUNE AFRIQUE
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M AG H REB & M OYEN - O RIEN T
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Tunisie Interview de Mustapha Ben Jaafar, président de l’Assemblée nationale constituante Tribune Quelle révolution syrienne ? Maroc Tram tram quotidien Égypte Introuvable troisième voie
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Dans Jeune Afrique et nulle part ailleurs
DOSSIER LA RSE, CERCLE VERTUEUX OU MIROIR AUX ALOUETTES ? Respecter l’environnement et prévenir les risques sociaux, tout en dopant ses bénéfices… Tous les décideurs en rêvent.
LE PLUS
de Jeune Afrique
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CÔTE D’IVOIRE COMZONE UN JOUR, COMZONE TOUJOURS En moins de trois ans, les anciens chefs de guerre venus du Nord se sont fait une place dans l’appareil sécuritaire. Mais ils sont toujours dans le viseur de la justice internationale.
POLITIQUE Ressacs et micmacs
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INTERVIEW Issa Ngendakumana, ministre de la Gouvernance ÉCONOMIE Besoin d’un sérieux coup de fouet
SPÉCIA L 14 PAG ES
TOURISME Les bungalows du lac
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BURUNDI
Sur la voie de l’ouverture JEUNE AFRIQUE
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JON ARNOLD/HEMIS.FR
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BURUNDI SUR LA VOIE DE L’OUVERTURE Le pays semble s’engager sur le chemin de la réconciliation. De là à ce qu’elle tienne jusqu’aux prochains scrutins…
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TUNISIE MUSTAPHA BEN JAAFAR Le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC) appelle majorité et opposition à négocier une solution à la crise. Entretien exclusif avec un homme de consensus se voulant au-dessus de la mêlée.
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EUROPE, AMÉ R I Q U E S, AS I E
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Italie Feu à volonté! Jeux de la Francophonie Une polémique française Allemagne Merkel imbattable? Parcours Lamya Essemlalin, justicière de la mer États-Unis L’impromptu de Casper
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LE PLUS DE JE U N E A FR I Q U E
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Burundi Sur la voie de l’ouverture
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ÉCON OMIE
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Patronat-politique Les liaisons dangereuses Les indiscrets Sénégal Falémé : cadeau ou fardeau ? Agroalimentaire Pierre Castel : le patron, c’est toujours lui
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46 ITALIE FEU À VOLONTÉ ! Jamais le pays de Michel-Ange n’avait eu de ministre noir. La nomination de Cécile Kyenge, originaire de RD Congo, a suscité des réactions xénophobes d’une violence inouïe.
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Interview Elizabeth Littlefield, PDG de l’Overseas Private Investment Corporation Baromètre
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D O SSIER
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Responsabilité sociétale des entreprises
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C U LT U RE & M ÉD IA S Histoire Interview de Benjamin Stora, historien Musique Louangeurs à louer Livres Le roman-photo de Jo’burg La semaine culturelle de Jeune Afrique V O U S & NO U S Le courrier des lecteurs Post-scriptum JEUNE AFRIQUE
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Centrafrique Dologuélé: objectif présidentielle
VINCENT FOURNIER/J.A.
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ncien Premier ministre d’Ange-Félix Patassé (et ex-patron de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale), Anicet Dologuélé devrait faire son grand retour à Bangui le 19 septembre. Se sentant menacé, il avait quitté la capitale centrafricaine peu avant la chute de François Bozizé, en mars. Ses biens avaient été largement pillés lors de l’arrivée des rebelles de la Séléka. Dologuélé, qui a créé son parti, l’Union pour le renouveau centrafricain, et fondé l’ONG humanitaire Espoir et avenir, est un prétendant sérieux à l’élection présidentielle, au premier semestre 2014, et un concurrent non négligeable pour Martin Ziguélé, autre « héritier » de Patassé. À Bangui et pour ses déplacements à l’intérieur du pays, il devrait bénéficier d’une protection de la Fomac, la force d’interposition d’Afrique centrale. l
p Anicet Dologuélé, l’ancien Premier ministre centrafricain.
Djotodia rêve de New York
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n discours à la tribune des Nations unies, Michel Djotodia, le président centrafricain autoproclamé, en rêvait. La semaine dernière, il avait donc entrepris les démarches en vue de se rendre à l’Assemblée générale,
JEUX DE LA FRANCOPHONIE UN RWANDAIS DANS LA NATURE
On sait que plusieurs athlètes de RD Congo, de Djibouti et de Côte d’Ivoire ont profité des Jeux de la Francophonie (Nice, 7-15 septembre) pour jouer les filles de l’air. On sait moins qu’un footballeur rwandais, Abdul Rwatubyaye (17 ans), est dans le même cas. Sans attendre le début de la compétition, le jeune homme a mis à N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
fin septembre à New York. Problème : les ambassadeurs en poste à Bangui lui ont expliqué que la majorité des pays membres de l’ONU risquaient fort de lui interdire l’accès à la tribune, et que son Premier ministre, Nicolas Tiangaye, aurait davantage
profit un stage de préparation à Antibes pour disparaître, le 31 août. « J’avais donné quartier libre à toute l’équipe, cet après-midi-là, mais il a prétexté une grande fatigue pour rester dans sa chambre. Quand nous sommes revenus, il avait filé en laissant toutes ses affaires, ne prenant avec lui que son portable », explique Richard Tardy, le sélectionneur français du Rwandais. On est depuis sans nouvelles
de chances d’être autorisé à s’y exprimer. Vexé, et sous la pression de la communauté internationale (il a dû se résoudre à prononcer la dissolution – théorique – de la Séléka, le 13 septembre), Djotodia a alors renoncé à se rendre à New York. Il n’y enverra que son ministre des Affaires étrangères. l
du jeune Rwatubyaye, qui n’a même pas pu emporter son passeport. AFFAIRE TALON LA TRAQUE SE POURSUIT EN EUROPE
Ancien bâtonnier de Paris et avocat de Boni Yayi, le chef de l’État béninois, Me Christian Charrière-Bournazel va déposer dans le courant de la semaine deux plaintes contre Patrice Talon. L’une à Bruxelles pour trafic d’influence et
tentative d’assassinat – car c’est dans la capitale belge que l’homme d’affaires aurait comploté avec le médecin et la nièce de Yayi afin de l’empoisonner. L’autre, contre X, à Genève, pour blanchiment de capitaux, puisqu’on soupçonne que l’argent du complot a pu transiter par la Suisse. Parallèlement, la France doit se prononcer le 18 septembre sur la demande d’extradition de Talon vers le Bénin. JEUNE AFRIQUE
Retrouvez notre rubrique « Les indiscrets », consacrée aux informations confidentielles économiques, en page 83.
Politique, économie, culture & société
MALI ÉTATS-UNIS : 1 ; FRANCE : 0 Les Français enragent. Malgré leur engagement militaire et financier au Mali, le marché très convoité du soutien logistique de la Minusma est en train de leur passer sous le nez. De bonne source, c’est la société américaine Supreme Group, dont le siège est à Dubaï, qui serait sur le point d’être retenue par la division « Procurement » des Nations unies pour ravitailler les quelque 12 000 Casques bleus en cours de déploiement. Plusieurs entreprises françaises sont en lice, mais leur concurrente américaine a déjà fourni des prestations aux Casques bleus dépêchés dans les Balkans, au Moyen-Orient, dans la Corne de l’Afrique, au Tchad et en Côte d’Ivoire.
JUSTICE INTERNATIONALE LE TCHAD, BON ÉLÈVE
C’est un accord de « réinstallation de témoins » que le Tchad a signé, le 9 septembre, avec la Cour pénale internationale (CPI) – et il n’est pas peu fier d’être le premier pays
Espagne ¡Viva Sassou! EN SÉJOUR DE REPOS depuis la fin d’août sur la Costa del Sol espagnole (son retour à Brazzaville était attendu le 14 septembre), le président Sassou Nguesso a fait des heureux chez les habitants de Carratraca, non loin de Málaga.Venu quelques jours en famille profiter des sources thermales de ce village de 800 âmes, DSN a tenu à remercier de son accueil la maire, Marian Fernandez Espejo, en lui remettant un don de 10000 euros. Une somme que les villageois se sont répartie après avoir exprimé dans les médias locaux leur gratitude au président. Amateur de foot, le chef de l’État a également profité de cette escapade pour assister à la victoire du Barça sur Málaga, le 25 août, au stade de la Rosaleda. l
d’Afrique francophone à le faire. Cela signifie que, dans l’hypothèse où la CPI souhaiterait installer hors de leur pays d’origine des témoins ou des rescapés de crimes jugés à La Haye, elle peut désormais solliciter l’aide de N’Djamena. C’est la Cour ou un pays tiers (la France, par exemple) qui prendra en charge les frais occasionnés par leur réinstallation, leur protection et leur éventuel changement d’identité. À l’évidence, les autorités de N’Djamena, à qui le bureau du procureur de la CPI a plusieurs fois reproché de ne pas s’être engagées à exécuter le mandat d’arrêt lancé contre le Soudanais Omar el-Béchir, souhaitent ainsi manifester leur bonne volonté.
COMORES LES AMBITIONS DU GÉNÉRAL SALIMOU
Aprèsunexilvolontairedeprès de dix mois en France qui lui a notamment permis de passer des examens médicaux et de profiter de sa famille installée dans la région parisienne, le général Mohamed Amiri Salimou devrait rentrer au pays le 19 septembre. Lavé de tout soupçon dans l’affaire de l’assassinat du colonel Ayouba (en juin 2010), qui lui avait valu son éviction de l’armée et son placement en résidence surveillée pendant deux ans, l’ancien chef d’état-major avait quitté les Comores quelques jours après sa libération, en novembre 2012. Mais son retour pourrait n’être que de courte durée. Le général, qui ambitionne d’être
nommé à la tête de la brigade est-africaine de la Force africaine en attente (FAA), va-t-il faire ses valises pour Nairobi? Après l’Ouganda et le Burundi, c’est au tour des Comores de diriger, à partir de 2014 et pour deux ans, cette brigade sousrégionale. Or Salimou fait partie de la short list (provisoire) des candidats que Moroni envisage de présenter aux organespolitiquesdelarégion, en décembre. Parmi les autres prétendants figure Mohamed Saïd Abdallah Mchangama, l’ancienministre(etex-gendre) du président Djohar. Un temps pressentis, Mohamed Bacar Dossar, l’ancien directeur de cabinet du président Sambi, et Houmed Msaïdié, l’ancien ministreduprésidentAzali,ont pour leur part décliné l’offre. LE CHIFFRE
1,3 MILLIARD de tonnes de nourriture se perdent chaque année dans le monde en raison de pratiques inadéquates à toutes les étapes du processus, de la production à la consommation. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) évalue le gâchis à 750 milliards de dollars.
CRÉDIT PHOTO
ONS ABID POUR J.A.
Tunisie La vengeance du cheikh
p L’islamiste Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha. JEUNE AFRIQUE
LEADER DU PARTI ENNAHDHA, Rached Ghannouchi est décidément rancunier. Lors des funérailles de Hassen Bergaoui, l’ancien maire de Monastir (et militant destourien) victime d’une crise cardiaque, début septembre enTurquie, en tentant de sauver son fils, membre du parti islamiste, de la noyade, le « cheikh » a refusé de prendre place à l’intérieur de la mosquée Habib-Bourguiba, tant est forte sa détestation de l’ancien président. Pour ne rien arranger, un Monastirien qui, à l’évidence, ne le porte pas dans son cœur, lui a lancé au visage un retentissant « Yahia Bourguiba ! » (« vive Bourguiba »). Sur le coup, Ghannouchi n’a pas réagi. Mais quelques heures plus tard, son contradicteur a été passé à tabac. Simple coïncidence, évidemment. l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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La semaine de Jeune Afrique
ALGÉRIE
Bouteflika
Affaibli, mais pas hors jeu… En procédant au plus vaste remaniement de ses trois mandats et en plaçant ses hommes à tous les postes clés, le chef de l’État reprend la main. En ligne de mire : la présidentielle de 2014. CHERIF OUAZANI
J
«
e ne serai pas aux trois quarts président », avait pour habitude de répéter Abdelaziz Bouteflika lors de son arrivée au pouvoir, en 1999. Visiblement, il se tient à ce principe, malgré l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui le contraint depuis le 27 avril à se déplacer en fauteuil roulant, à suivre une pénible rééducation (deux équipes de spécialistes, l’une française et l’autre britannique, s’y attellent) et à déserter ses bureaux d’ElMouradia. Adversaires et détracteurs en sont pour leurs frais: paralytique ou pas, aphasique ou non, le chef de l’État a repris la main. Le 11 septembre, quatre mois et demi après son évacuation d’urgence vers l’hôpital parisien du Val-de-Grâce, il a procédé au plus large remaniement ministériel de ses trois mandats. Qu’on en juge. Parmi les ministres limogés, un seul, Mourad Medelci, est officiellement « appelé à d’autres fonctions » ; les autres, dont certains étaient en poste depuis plus d’une décennie, ont été jetés comme des kleenex. Les quatre portefeuilles régaliens (Intérieur, Défense, Justice et Affaires étrangères) changent de titulaire. La promotion simultanée de quatre walis (préfets) au sein de l’exécutif constitue une première dans l’histoire de l’Algérie indépendante. Enfin, le Front de libération nationale (FLN), principale force politique du pays, voit lui échapper cinq maroquins, avec le départ d’Abdelaziz Ziari, Amar Tou, Rachid Harraoubia, Moussa Benhamadi et Rachid Benaïssa, tous caciques de l’ex-parti unique. Autre surprise de ce remaniement, l’éviction de deux chefs de formations alliées. Mohamed Saïd, islamiste et rival malheureux de Bouteflika lors de la présidentielle de 2009, ainsi que Belkacem Sahli, secrétaire général N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
u Le président à Zeralda (près d’Alger), en décembre 2012.
L’événement
contre-attaque de l’Alliance nationale républicaine (ANR) et unique trentenaire (il a 38 ans) de l’équipe sortante, ont été remerciés. Le maintien d’Abdelmalek Sellal à la tête de l’exécutif ne change rien au constat : l’acte posé par Abdelaziz Bouteflika le 11 septembre constitue une véritable révolution de palais à sept mois d’une échéance 4 WALIS électorale cruciale, la présidentielle DEVIENNENT d’avril 2014, où le chef de l’État n’est pas MINISTRES censé briguer un quatrième mandat. Du moins est-ce ce que sa déclaration Abdelmalek Boudiaf du 8 mai 2012 (« Ma génération doit (wali d’Oran) passer la main ») et son état de santé ministre de la Santé laissaient présager. Aux ministères de l’Intérieur et de Noureddine Bedoui (wali de Constantine) la Justice, Bouteflika a nommé deux ministre de la Formation hommes réputés très proches de lui : et de l’Enseignement Tayeb Belaïz (lire encadré p. 10), avec professionnels rang de ministre d’État, et Tayeb Louh. Le message est clair : il a l’intention de Mohamed el-Ghazi contrôler le prochain scrutin, qui sera (wali d’Annaba) organisé par le premier et supervisé ministre de la Réforme par le second. et du Service public
DENIS ALLARD/REA
Abdelwahab Nouri (wali de Tlemcen) ministre de l’Agriculture
ÉTOILES. L’autre changement signifi-
catif concerne la Défense. Sans lâcher ce portefeuille, Bouteflika, à qui la Constitution confère le statut de chef suprême de l’armée, se sépare de son ministre délégué de toujours, le général major Abdelmalek Guenaïzia, dernier « janviériste » aux affaires [ce terme désigne les officiers qui avaient décidé, le 11 janvier 1992, d’interrompre la tenue des législatives dont la victoire était promise au Front islamique du salut]. Il le remplace par l’octogénaire Ahmed Gaïd Salah, qui cumule désormais ses fonctions de chef d’état-major avec celles de vice-ministre de la Défense. Homme lige du chef de l’État, Gaïd Salah voit ses étoiles de général de corps d’armée briller davantage. Bouteflika aurait par ailleurs signé trois décrets non publiables privant le tout-puissant département du renseignement et de la sécurité (DRS) de trois importantes prérogatives (presse et information, sécurité de l’armée et police judiciaire de l’armée), dorénavant sous la tutelle du chef d’état-major. Simple réorganisation technique, ou volonté d’affaiblir Mohamed Mediène, alias Tewfik, l l l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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La semaine de J.A. Algérie RAMTANE LAMAMRA, L’AFRICAIN cas l’opinion d’Abderrezak Mokri, le chef des Frères musulmans algériens, pour qui « le risque de déstabilisation de l’Algérie ne vient ni de la rue ni de l’opposition, mais de la guéguerre à laquelle se livrent les différents clans du système ».
RIJASOLO/AFP
L
e nouveau chef de la diplomatie est sans doute le ministre algérien le plus connu en Afrique : il était, depuis cinq ans, à la tête du commissariat Paix et Sécurité de l’Union africaine. Originaire d’Amizour, dans la région côtière de Béjaïa, Ramtane Lamamra, 61 ans, est un énarque spécialiste du « multilatéral » selon le jargon diplomatique. Sa polyvalence lui a permis d’occuper des postes stratégiques (représentant de
l’Algérie à l’Agence internationale de l’énergie atomique, puis aux Nations unies, ambassadeur à Washington) et de traiter plusieurs dossiers sensibles. Médiateur dans les conflits opposant le Mali au Burkina (1985) et leTchad à la Libye (1987), il s’est également penché sur le cas du Sahara occidental, s’attirant l’inimitié du voisin marocain. En Algérie, en revanche, sa nomination est des plus consensuelles. l CH.O.
l’autre général de corps d’armée et omnipotent patronduDRSdepuisvingt-troisans?Ilyaquelques mois (voir J.A. n° 2737), nous avions évoqué les relations difficiles du président avec des services de renseignements qu’il accusait d’alimenter en sous-main une campagne de presse hostile à Saïd Bouteflika, son frère et conseiller spécial. Serait-ce le début d’une guerre de tranchées ? C’est en tout lll
SÉRAIL. D’autres s’interrogent sur le décalage entre ces décisions cruciales pour l’avenir du pays et les images d’un Bouteflika cloué à son fauteuil, hagard, incapable de prononcer une phrase de manière audible en présence de Béji Caïd Essebsi, l’ancien Premier ministre tunisien, le jour du remaniement. Selon Abdelaziz Rahabi, ex-ministre de la Culture et de la Communication, et ex-ambassadeur en Espagne, « l’Algérie vit un scénario à la Bourguiba, avec un président malade concentrant tous les pouvoirs et dont les prérogatives constitutionnelles sont exercées par son entourage ». Certains peinent en effet à imaginer Bouteflika, qui n’est plus entouré que par sa famille et ne reçoit même plus ses proches collaborateurs d’El-Mouradia, prendre seul des décisions de cette importance. Pour un vieux connaisseur des arcanes du sérail, « il est fort peu probable que le président ait procédé à un aussi large remaniement sans concertation avec le DRS, donc avec le général Tewfik, ne serait-ce que pour examiner les enquêtes de moralité qui précèdent toute nomination aux plus hautes fonctions de l’État ». Nul ne sait si Abdelaziz Bouteflika est en mesure de convoquer le nouveau gouvernement pour un Conseil des ministres qui ne s’est plus tenu depuis décembre 2012, ni si la nouvelle équipe d’Abdelmalek Sellal soumettra son programme à la représentation nationale (les deux chambres du Parlement). Mais si l’on s’en tient à l’unique déclaration du Premier ministre après le remaniement, son gouvernement se bornera à mener le programme économique du président à son terme. On ne parle plus de réviser la Constitution. l
TAYEB BELAÏZ, L’HOMME LIGE
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atif de Maghnia, aux confins du Maroc, le nouveau ministre de l’Intérieur, 65 ans, est un ancien de la maison, puisqu’il y a débuté comme juriste au milieu des années 1970 – il dirigeait alors ses services extérieurs. Il entame ensuite une longue carrière de magistrat: vingt-cinq années au cours desquelles il occupera
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le poste de président de cour (à Oran, puis Sidi Bel-Abbès) avant de finir conseiller à la Cour suprême. Il doit son entrée en politique à son parrain de toujours, l’ancien président Ahmed Ben Bella, qui le recommande chaudement à Bouteflika. Ce dernier le désigne, en 1999, membre de la Commission nationale de
la réforme de la justice, avant de le nommer, en 2003, ministre de l’Emploi et de la Solidarité nationale, puis garde des Sceaux. Désormais pilier du système Bouteflika, Belaïz accède, en 2012, à la présidence du Conseil constitutionnel. De quatrième personnage de l’État, il devient aujourd’hui ministre… CH.O. d’État. l
FAROUK BATICHE/AFP
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JEUNE AFRIQUE
La semaine de J.A. Les gens t À la Cour pénale internationale, à La Haye, le 10 septembre.
AFP PHOTO/MICHAEL KOOREN
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William Ruto Jeune loup en cage Le procès du vice-président kényan s’est ouvert devant la CPI. Accusé de crimes contre l’humanité pour son rôle dans les violences postélectorales de 2007-2008, il plaide non coupable.
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n ce matin frisquet du 10 septembre, à La Haye (Pays-Bas), un homme d’État en exercice comparaît devant la Cour pénale internationale (CPI). Une première dans l’Histoire. William Kipchirchir Samoei arap Ruto, vice-président du Kenya depuis avril, est inculpé de trois chefs de crime contre l’humanité : meurtre, déportation ou transfert forcé de populations, et persécution. On l’accuse d’avoir planifié les violences de 2007-2008 qui suivirent la victoire électorale contestée de Mwai Kibaki, le président sortant, issu de l’ethnie kikuyue. Des attaques avaient alors été lancées contre des membres de cette communauté installés chez les Kalenjins – l’ethnie de William Ruto – dans la vallée du Rift (Ouest). En représailles, les Kikuyus s’en étaient pris aux Kalenjins établis sur leur
Ruto, 46 ans, est un ambitieux. Pour ses détracteurs, il est colérique et d’une arrogance inouïe. Il est aussi, dit-on au Kenya, un homme très riche, dont le nom a été associé à des affaires de corruption. Issu d’un milieu modeste, il décroche, en 1990, un diplôme en botanique à l’université de Nairobi. Il rencontre alors le président Daniel arap Moi, qui, comme lui, est un Kalenjin, fréquente assidûment les églises évangéliques et ne boit pas d’alcool. Désormais au service de son mentor, Ruto crée une organisation de la jeunesse. On y distribue beaucoup d’argent pour inciter ses membres à soutenir Moi et la Kanu (Kenya African National Union). D’aucuns suggèrent que le protégé du président se serait servi au passage. Quoi qu’il en soit, Moi est réélu en 1992 et l’ascension de Ruto commence : il devient député, ministre de l’Intérieur, secrétaire général de la Kanu. En 2006, il annonce son intention de se présenter à la présidentielle de 2007 et se rapproche de Raila Odinga, l’ennemi juré de Moi. Il rejoint sa coalition, l’Orange Democratic Movement (ODM), mais en perd les primaires face à Odinga, qui est investi candidat. La victoire de Mwai Kibaki met le pays à feu et à sang. Le calme revenu, Ruto devient ministre de l’Agriculture
territoire. Bilan : plus de 1 000 morts et de 500000 déplacés, selon Human Rights Watch. La responsabilité de Ruto dans ces événements lui avait été signifiée par la CPI à la fin de 2010. Pour l’intéressé, tout cela Très ambitieux, n’est que « fiction ». DENTS SERRÉES. À l’ouver-
il se voyait déjà futur numéro un du pays. Aujourd’hui, son rêve s’éloigne…
ture de l’audience, l’accusé, crâne rasé, costume gris, cravate rouge rayée, s’assied à côté de ses avocats. Impassible, même si, parfois, il se balance légèrement sur sa chaise, plisse le front, secoue la tête ou pince les lèvres, il écoute l’exposé des charges. À Chile Eboe-Osuji,le juge-président, il indique d’une voix claire qu’il plaide « non coupable ». Et lorsque Fatou Bensouda, la procureure générale de la CPI, fait sa déclaration liminaire, il serre les dents, mais ne bronche pas.
dans le gouvernement de coalition que dirige Odinga après un accord conclu en avril 2008 avec le président Kibaki. Cinq ans plus tard, il rompt son alliance avec Raila Odinga pour en former une nouvelle avec Uhuru Kenyatta. Le duo a remporté le scrutin d’avril dernier, et Ruto est devenu vice-président. En attendant, espère-t-il, de devenir le prochain numéro un. Mais échappera-t-il à son destin ? l TSHITENGE LUBABU M.K.
NOMINATIONS
MAHAMADOU CAMARA PRÉSIDENCE MALIENNE Le Franco-Malien, ancien du Groupe Jeune Afrique, a été nommé directeur de cabinet, avec rang de ministre, d’Ibrahim Boubacar Keïta, dont il était le porte-parole pendant la campagne. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
MAHMOUD SALEH PRÉSIDENCE SÉNÉGALAISE Ce conseiller du président Macky Sall a été promu, le 12 septembre, directeur de son cabinet politique, avec rang de ministre. Ancien haut fonctionnaire, il a aussi été conseiller d’Abdoulaye Wade. JEUNE AFRIQUE
EN HAUSSE
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AMR MOUSSA
Venu de la Banque mondiale et du privé, cet économiste chevronné brigue la présidence bissau-guinéenne.
L’ancien candidat à l’élection présidentielle égyptienne a été élu, le 8 septembre, président du Comité des 50, qui a entamé les travaux de révision de la Constitution suspendue par l’armée lors de la déposition de Mohamed Morsi.
UN PHOTO/JENNY ROCKETT
Paulo Gomes Cap sur la politique
P
KENNETH THOMPSON
MAXPPP
JOYCE BANDA
JEAN-PIERRE DOLLÉ-WAYA
DIBERT-BEKOY DR JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN/AFP
EUROPEAN UNION
Le chef d’état-major centrafricain a été limogé par le président de la transition, Michel Djotodia, le 10 septembre, après la reprise des combats dans l’Ouest entre les partisans du chef de l’État déchu, François Bozizé, et les ex-rebelles de la Séléka. MARIO SEMEDO
q Un candidat « en dehors des jeux de pouvoir ».
JEUNE AFRIQUE
La chef de l’État malawite a vendu le jet présidentiel acquis par son prédécesseur. Les 15 millions de dollars ainsi recueillis seront affectés à l’aide aux populations les plus pauvres du pays et à la lutte contre la malnutrition. EN BAISSE
MARASME. Son mot d’ordre ? « Arbitre. » Soucieux de se
placer au-dessus de la mêlée, en surplomb d’une armée prompte aux excès et d’une classe politique qui a « perdu toute crédibilité », ce candidat indépendant se veut « un acteur irréprochable, en dehors des jeux de pouvoir ». Même s’il ne sera pas en mesure d’occuper le terrain aux législatives, Paulo Gomes s’estime le mieux placé pour concevoir un plan de transformation économique susceptible de sortir le pays du marasme. « En Guinée-Bissau, conclut-il, une grande partie de l’instabilité politique a des racines économiques. » l MEHDI BA, à Dakar
Défenseur de Nafissatou Diallo dans l’affaire DSK, il devrait devenir procureur de Brooklyn (un poste électif aux États-Unis). Il a gagné la primaire démocrate contre le procureur sortant (en poste depuis vingt-trois ans), qui a jeté l’éponge.
ANDREW COWIE/AFP
our annoncer sa candidature à la présidentielle, il a choisi le 12 septembre, jour anniversaire de la naissance d’Amílcar Cabral, fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Si Paulo Gomes s’est fait un nom loin du marigot politique bissau-guinéen, cet économiste chevronné de 49 ans entend rappeler qu’il est issu d’une lignée dévouée au mouvement de libération ayant conduit à l’indépendance. Après un passage dans l’administration, à la planification stratégique puis aux Finances, il a mis le cap sur Washington, où il a occupé, à la Banque mondiale, la fonction de directeur exécutif pour l’Afrique subsaharienne. Il est par ailleurs le président de Constelor Investment Holdings et siège au conseil d’administration de plusieurs sociétés. C’est en brandissant cette « expérience nationale et internationale », son « réseau » et sa « capacité de mobilisation de ressources au service de [s]on pays » qu’il entend créer la surprise lors des élections prévues le 24 novembre, face à son principal concurrent, Carlos Gomes Jr, ancien Premier ministre issu du PAIGC. « Depuis un an, j’ai entamé un processus de consultations à travers le pays, confie le candidat à J.A. J’en ai tiré la confirmation que la population souhaitait me voir exercer des responsabilités au plus haut niveau. »
La Fédération cap-verdienne de football (FCF), qu’il préside, a été sanctionnée par la Fifa pour avoir aligné un joueur suspendu lors d’un match qualificatif pour le Mondial 2014. Le Cap-Vert a été remplacé par laTunisie pour le dernier tour des qualifications. LAKSHMI MITTAL La Cour internationale d’arbitrage de Paris a restitué au Sénégal ses droits sur le gisement ferreux de Falémé, concédé à ArcelorMittal en 2007. Les investissements promis par le groupe n’ont jamais été réalisés (lire pp. 84-85). N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
ILS ONT DIT
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La semaine de J.A. Décryptage
LIONEL CIRONNEAU/AP/SIPA
Compétitivité Maurice double l’Afrique du Sud
« Personne ne veut s’attaquer à ce sale problème du racisme. Les Noirs n’ont pas demandé à venir en Amérique. Ils y sont arrivés en esclaves. » LEE DANIELS Réalisateur américain, auteur du Majordome
« Je suis un homme politique en convalescence. Plus je la prolonge, plus j’ai de chances d’éviter une rechute. » AL GORE Ancien vice-président des États-Unis, Nobel de la paix 2007
« Les accidents de la route constituent une perte colossale pour notre économie, équivalant à deux points de PIB. » AZIZ RABBAH Ministre marocain de l’Équipement et du Transport
DANS L’ÉDITION 2013-2014 de son « Rapport global sur la compétitivité », le World Economic Forum (WEF) évalue 148 pays, dont 40 africains. Si la Suisse, Singapour et la Finlande forment toujours le trio de tête, 11 pays du continent figurent parmi les 100 premiers de ce classement établi à partir d’une centaine d’indicateurs, dont la qualité des institutions, les infrastructures, la santé, l’enseignement, la maturité technologique et la taille de l’économie. Maurice, au 45 e rang, détrône l’Afrique du Sud (53e), qui pâtit notamment de « l’inefficacité de son marché du travail ». Suivent le Rwanda (66e) et le Botswana (74e). Trois des économies africaines jugées les plus compétitives sont situées dans le nord du continent : le Maroc (77e), la Tunisie (83e) et l’Algérie (100e).
Si le rapport attribue la bonne santé de la zone subsaharienne (près de 5 % de croissance moyenne en 2012) à « la hausse des investissements, à un marché des matières premières favorable et à l’amélioration du cadre macroéconomique », il rappelle qu’une grande partie des économies du continent restent tributaires de leurs ressources naturelles. Pour le WEF, seules huit d’entre elles (Afrique du Sud, Cap-Vert, Égypte, Maurice, Namibie, Tunisie, Seychelles et Swaziland) sont dynamisées par de réels « gains de productivité ». Et aucune n’a encore rejoint le club très fermé des économies « portées par l’innovation », qui comprend la plupart des pays de l’OCDE, mais aussi le Qatar, Hong Kong et les Émirats arabes unis. l NICOLAS TEISSERENC
Palmarès Rim la sublime
GÜNTER GRASS Écrivain allemand, Nobel de littérature 1999
« Gorée est dans mon sang, tatouée dans ma chair. Dans le bus, quand une Africaine s’assied près de moi, le thiouraye, le parfum de séduction dont les femmes s’aspergent, me fait décoller et me donne envie de manger du poulet yassa. » LÉA SEYDOUX Actrice française (qui a vécu à Dakar)
DR
REX FEATURES/REX/SIPA
« Celui qui a cinq cents amis sur Facebook n’a pas d’amis. »
LE SITE WORLD ACTUALITY a publié, le 6 septembre, son top 50 des femmes les plus belles du monde 2013. Parmi elles, sept Africaines. La mieux classée (8e) est la mannequin tunisienne Rim Saidi (photo), qui devance par exemple l’actrice italienne Monica Bellucci (22e). S’y ajoutent trois top-modèles : les SudAfricaines Tanya Manganyi (11e) et Candice Swanepoel (47e), et la Canado-Somalienne Yasmine Warsame (31e). Autres reines de beauté, l’actrice éthiopienne Liya Kebede (36e), deux chanteuses, la Marocaine Sofia El Marikh (15e) et l’Égyptienne Amal Maher (37e). Enfin, hors d’Afrique, une surprise: Amira al-Taweel (18e), une princesse saoudienne… dévoilée. l HABY NIAKATE JEUNE AFRIQUE
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La semaine de J.A. Décryptage
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Maroc Un petit supplément d’âme ANAÏS PACHABÉZIAN/BABEL
Après un rapport critique du Conseil national des droits de l’homme sur la manière dont les migrants sont traités, le gouvernement va revoir sa politique d’immigration. p On estime à 20 000 le nombre des clandestins vivant dans le royaume.
R
abatopèreunvirageà180degrés sur le dossier des migrants. Intervenant après des mois de polémique sur fond d’actes racistes (dont le meurtre d’un Sénégalais, en août) et de violences policières, une « nouvelle politique d’immigration » a été annoncée à l’issue d’une réunion présidée, le 10 septembre, au palais royal de Casablanca par Mohammed VI, en présence de Fouad Ali El Himma, son bras droit, d’Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement, et des ministres de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de la Justice. La veille, le roi avait salué les recommandations du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), une instance dont il nomme le président et que le Conseil
constitutionnel a soustrait au contrôle du Parlement. Le rapport, dont l’élaboration a pris plusieurs mois, critique directement la politique actuelle et les carences de la législation. Il relève « de nombreuses violations des droits » des migrants lors des opérations de refoulement à la frontière (avec l’Algérie et la Mauritanie). « HUMANISTE ». Jusque-là, le gouver-
nement a toujours défendu le travail de l’administration, indiquant que la police, la gendarmerie royale et les forces auxiliaires agissent « dans le cadre de la loi ». En demandant que la politique migratoire soit gérée de manière plus « humaniste », le roi montre que le message a été reçu. Concrètement, le gouvernement est invité à mettre en œuvre des procédures pour
LE DESSIN DE LA SEMAINE
JE FAIS UN RÊVE !
la régularisation des sans-papiers, « au cas par cas et selon des critères précis », qui restent à définir. On estime à près de 20000 le nombre de clandestins vivant au Maroc. Les associations actives sur le terrain plaident pour que la durée de résidence prise en compte pour la régularisation n’excède pas cinq ans, et insistent sur le respect des droits des enfants nés au Maroc (éducation, santé, accès à la nationalité…). Concernant le droit d’asile, un communiqué conjoint des ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de la Justice évoque le « lancement immédiat d’un processus de mise à niveau du cadre juridique et institutionnel », conforme « aux normes internationales ». l YOUSSEF AÏT AKDIM
Kichka • Israel Channel 1 • Israël
JE FAIS UN CAUCHEMAR !
ÉTATS-UNIS AUTRE TEMPS, AUTRE NOBEL
THE NEW YORK TIMES SYNDICATION
DURE PÉRIODE POUR BARACK OBAMA. En quelques jours, le président américain est passé du statut de leader du « monde libre », prêt à punir Bachar al-Assad, à celui de boxeur battant en retraite, après la proposition russe de placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international. Le Prix Nobel de la paix 2009, pris dans le cauchemar syrien, est encore bien loin du rêve de fraternité de son prédécesseur (de 1964) Martin Luther King. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
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À
KARWAI TANG/WIREIMAGE
10 h 22, le 15 septembre 1963, 26 enfants pénètrent dans l’église baptiste de la 16 e rue, à Birmingham (Alabama), pour préparer le sermon « The Love That Forgives » quand une bombe secoue le bâtiment. Quatre adolescentes africaines-américaines, Addie, Denise, Carole et Cynthia, meurent sur le coup. Les responsables de ce crime, des suprémacistes blancs proches du Ku Klux Klan, ne seront pas inquiétés avant de nombreuses années, John Edgar Hoover, le patron du FBI, ayant donné l’ordre de dissimuler les preuves. Cinquante ans plus tard, dans une interview télévisée accordée le 6 septembre au révérend Al Sharpton (visible sur http://tv.msnbc.com), Condoleezza Rice, l’ancienne secrétaire d’État de
George W. Bush, évoque ce drame pour la première fois. « L’église de mon père se situait à environ 2 miles [3,2 km] de la 16e rue, et c’était comme si le sol avait tremblé. J’avais 8 ans et, comme tous les enfants de mon âge, je me suis demandé : “Pourquoi ces gens nous haïssent-ils tant ?” » L’église visée était un point de ralliement des militants pour les droits civiques, dont Martin Luther King, et des enfants de la Children’s Crusade contre la ségrégation. « Grandir dans la grande ville la plus ségrégationniste des États-Unis, surnommée Bombingham en raison de sa violence, c’était comme vivre dans un monde parallèle. Nous n’avions aucune relation avec les Blancs. Mais, dans notre petit voisinage de la classe moyenne, quelques familles et enseignants tenaient à nous montrer que notre horizon n’était pas limité. » EN TROMBE. Salles de cinéma ou restaurants réservés aux Blancs, brigades de protection (auxquelles participait son père) contre les Night Riders du Klan… Rice raconte l’Amérique raciste d’il y a cinquante ans. « Un jour que nous rentrions de chez mes grands-parents, une bombe a explosé. Mon père nous a poussés dans la voiture et a démarré en trombe, en disant : “Je vais prévenir la police.” Ma mère lui a répondu : “Prévenir les flics ? C’est probablement eux qui ont posé la bombe !” » Des parents à qui Condi rend hommage : « Ils m’ont convaincue que, si je le voulais, je pouvais devenir présidente des États-Unis. » Et elle ajoute : « Nous sommes toujours attirés par les modèles qui nous ressemblent, mais si j’avais attendu qu’une femme noire spécia liste de l’Union soviétique soit mon modèle, j’attendrais encore… » l NICOLAS MICHEL
t L’ancienne secrétaire d’État de George W. Bush s’est confiée sur la chaîne de télévision MSNBC.
DIAPORAMA SONORE
Une journée avec Titi, une Falasha reine de beauté d’Israël
SÉBASTIEN LEBAN
Condoleezza Rice a grandi à Birmingham, Alabama, dans les années 1960. Le racisme et la violence battaient leur plein. Elle raconte, pour la première fois.
JEUNEAFRIQUE.COM
LE TWEET Melinda GATES @melindagates
« L’accès des femmes à des postes à responsabilité n’est pas une question secondaire. C’est le meilleur levier dont nous disposons pour combattre les problèmes de société. » Coprésidente de la Fondation Bill et Melinda Gates
VIDÉO
Staff Benda Bilili Ils sont de retour ! Et Jeune Afrique les a surpris en répétition
C.MACPHERSON_CRAMMED_DISCS
États-Unis Au pays de Condi
À LIRE AUSSI L’iPhone low cost, vous l’attendiez, c’est raté ! N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
La semaine de J.A. Tour du monde partis dits bourgeois (droite et centre droit) a en effet remporté la majorité absolue des suffrages et des sièges au Parlement. Leader du Parti conservateur, Erna Solberg devrait être appelée à former le nouveau gouvernement, le mois prochain. Le FrP, formation xénophobe dont l’extrémiste Anders Breivik (l’auteur de la tuerie de l’île d’Utoya, en juillet 2011) fut membre jusqu’en 2006, devrait, pour la première fois, être associé au pouvoir. KCNA/AFP
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p Kim Jong-un et son ami américain, le 27 février à Pyongyang. CORÉE DU NORD
Dennis Rodman, idiot utile
E
x-star de la NBA (il fut trois fois champion avec les Detroit Pistons et les Chicago Bulls), le basketteur Dennis Rodman (52 ans) n’a jamais été un modèle d’équilibre. Ses cheveux peroxydés, ses piercings, ses tatouages qui prolifèrent, son alcoolisme récurrent, ses dépressions, ses revers de fortune, ses psychodrames conjugaux et sa liaison tempétueuse avec Madonna sont une forme d’aveu: ce garçon veut désespérément être aimé. Bad as I Wanna Be (« Plus méchant, tu meurs »): le titre de son autobiographie dit tout. Ses compatriotes ayant l’affection trop parcimonieuse à son goût, Rodman, par dépit, a entrepris de séduire le plus irréductible de leurs ennemis: l’autocrate nord-coréen Kim Jong-un, qui, bien sûr, a sauté sur l’occasion. C’est bien simple, les deux hommes ne se quittent plus. « Lors de mon dernier séjour à Pyongyang, j’ai tenu Ju-ae, sa petite fille, dans mes bras », s’attendrit le bad boy. Aux dernières nouvelles, il va tenter d’aider l’équipe nord-coréenne de basket-ball à se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio, en 2016. Et il tente de mettre sur pied à Pyongyang, au début de l’an prochain, deux matchs de gala avec une équipe de vieilles gloires américaines. Attendrissant, non? l CHINE
Shi Tao, comme Snowden BIEN AVANT Edward Snowden, une autre affaire avait crûment mis en lumièrel’extrêmecomplaisancedesgéants de l’internet à l’égard des États. En 2004, ShiTao,unjournalistechinois,avaitenvoyé des e-mails à un groupe dissident aux États-Unis. L’information ayant promptement été transmise à Pékin par Yahoo!, N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Shi Tao avait été interpellé et, en avril 2005, condamné à dix ans de prison pour trahison et divulgation de secrets d’État. D’après le Pen International, le dissident, qui est aussi poète, a été relâché le 23 août. NORVÈGE
La gauche balayée LA COALITION de centre gauche au pouvoir en Norvège depuis 2005 a subi un cinglant revers lors des législatives du 9 septembre. Une coalition de quatre
12,3 % LE CHIFFRE
DU PRODUIT INTÉRIEUR BRUT : c’est ce que représentent les fortunes cumulées des 124 Brésiliens les plus riches, selon le palmarès annuel de la revue Forbes. Soit 544 milliards de réaux (179 milliards d’euros). La répartition des revenus au Brésil est l’une des plus inégalitaires au monde. RUSSIE
Farce moscovite FER DE LANCE de l’opposition au président Poutine, le blogueur Alexeï Navalny, 37 ans, avait été condamné en juillet à cinq ans de prison pour des faits de malversations qu’il jure fabriqués de toutes pièces, mais néanmoins autorisé à briguer la mairie de Moscou en attendant son procès en appel. Lors du scrutin du 8 septembre, il a obtenu 27,2 % des voix : une performance pour un candidat qui n’a pas eu accès aux médias pendant la campagne. Naturellement, Sergueï Sobianine, le candidat du Kremlin, a été déclaré vainqueur avec 51,3 % des suffrages. Et naturellement, Navalny dénonce une « farce électorale », réclame un second tour et appelle ses partisans à manifester. INDONÉSIE
Des Miss Et des policiers LES CONCURRENTES du concours de Miss Monde ne défilent pas cette année en bikini mais en sarong, le vêtement traditionnel indonésien ! C’est la conséquence la plus visible des pressions exercéesparlesmusulmansconservateurs, JEUNE AFRIQUE
ARRÊT SUR IMAGE
Josep Lago • AFP
ESPAGNE
Via Catalana LE 11 SEPTEMBRE À 17 H 14 (jour et heure nullement indifférents puisque c’est le 11 septembre 1714 que Barcelone tomba aux mains des Bourbons pendant la guerre de succession d’Espagne), une chaîne humaine a serpenté du nord au sud de la Catalogne – 400 km au total – tandis que des centaines de milliers de manifestants hurlaient : « Independencia ! » Un référendum d’autodétermination pourrait avoir lieu l’an prochain.
révulsés par ce « déballage honteux de pornographie ». Lors de la cérémonie d’ouverture, le 8 septembre, une centaine de policiers en armes ont été mobilisés par crainte de troubles. Les organisateurs souhaitent que la finale, le 28 septembre, puisse se tenir à Jakarta, la capitale. Pour l’instant, les éliminatoires sont décentralisés sur l’île de Bali, où les hindouistes sont majoritaires. MEXIQUE
Tous contre les réformes! NEUF MOIS après son entrée en fonction, le président Enrique Peña Nieto a présenté un programme de réformes énergétiques, fiscales et éducatives qui suscite une levée de boucliers. Depuis plusieurs semaines, les manifestations de protestation se succèdent. Celle des enseignants, le 8 septembre, a donné JEUNE AFRIQUE
lieu a des heurts avec les forces de l’ordre. La fronde est menée par Andrés Manuel López Obrador, chef de file d’une partie de l’opposition de gauche.
la crise économique et de la multiplication des affaires de dopage impliquant des sportifs espagnols. AUSTRALIE
JEUX OLYMPIQUES
Tokyo, dans un fauteuil À TORT OU À RAISON, les membres du Comité international olympique (CIO) se sont laissé convaincre que la situation après la catastrophe nucléaire de Fukushima était « sous contrôle » et, par 60 voix contre 36 pour Istanbul, ont confié à Tokyo l’organisation des JO de 2020. La Turquie a sans nul doute payé son implication dans la crise syrienne, ainsi que la brutale répression des étudiants de la place Taksim, à Istanbul, en mai et juin derniers. Quant à Madrid, éliminé dès le premier tour de scrutin, il n’a pu surmonter le double handicap de
Tiens, voilà le moine fou VICTOIRE PAR KO pour le conservateur Tony Abbott, alias le moine fou, face au travailliste Kevin Rudd, Premier ministre sortant, lors des législatives anticipées du 7 septembre en Australie. Cet ancien boxeur de 55 ans – il court encore le triathlon – fut aussi, dans une autre vie, séminariste, raison pour laquelle, sans doute, il est farouchement opposé à l’avortement et au mariage pour tous. Bien qu’éduqué à Oxford, il ne se signale pas par l’excessive distinction de ses manières. N’a-t-il pas comparé un jour le sourire de Julia Gillard, l’ancien chef du gouvernement, à un « mange-merde » ? N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Grand angle
Malaise dans CAMEROUN
Insécurité aux frontières, incertitudes de l’après-Biya, matériel et moral en berne… L’armée traverse une vraie crise d’identité. Voyage à l’intérieur de la Grande Muette.
L
e président, sa succession, l’armée… Trois mots dont l’association relève de l’interdit dans un pays en plein doute. Quand ils acceptent de livrer le fond de leur pensée, les acteurs du monde politique comme ceux de la société civile exigent de conserver l’anonymat. Car, officiellement, le pays est gouverné, la succession n’est pas ouverte et l’armée sera républicaine N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
GEORGES DOUGUELI, envoyé spécial
– c’est-à-dire loyale – jusqu’au bout. Point final. En acceptant la disgrâce d’une poignée de « dauphins » présumés, le président Paul Biya a tenté d’imposer le silence. Mais le bal des prétendants pour 2018 a continué. Depuis sa prison, où il purge une peine de vingt-cinq ans pour détournement de fonds, l’ancien ministre Marafa Hamidou Yaya a annoncé sa candidature. Au sein du gouvernement, d’autres avancent masqués. Tous les matins, les manchettes JEUNE AFRIQUE
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de la « presse à gages » affichent les nouvelles du front de la bataille pour le Graal d’Etoudi. Dans son palais, Paul Biya laisse se poursuivre, non sans malice, ce jeu de dupes. Mais les ambitions politiques sur fond de replis identitaires font craindre le pire. L’armée sera-t-elle le dernier rempart face à un éventuel dérapage ? Plus que jamais, entre fantasmes et incertitudes nourris par un aprèsBiya aux allures de triangle des Bermudes, les Camerounais s’interrogent. Par tradition, l’armée camerounaise cultive le secret sur ses activités, son équipement et les courants d’opinion qui la traversent. Peut-être est-ce un JEUNE AFRIQUE
p Soldats camerounais de la Fomac à Bangui, en janvier 2013.
BEN CURTIS/AP/SIPA
les rangs héritage de son passé trouble, à l’image de l’histoire du pays. Pendant la Première Guerre mondiale, les militaires camerounais font partie de l’armée allemande, jusqu’à sa défaite, en 1916. Ils seront ensuite rappelés pour servir sous les drapeaux des colons français et britanniques. Dès 1940, le futur maréchal Leclerc enrôle les « tirailleurs » camerounais aux côtés des troupes de la France libre. Plus tard, à partir de 1954, l’armée coloniale se charge du maintien de l’ordre, alors que les activistes de l’Union des populations du Cameroun (UPC), parti nationaliste, commencent à se faire entendre. En 1960, lorsque le pays accède à l’indépendance, l l l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Grand angle Cameroun
MABOUP
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avec à sa tête Ahmadou Ahidjo, 200 000 « upécéistes » restent dans le maquis. L’action que mènent alors conjointement les forces françaises et camerounaises contre la rébellion est le premier exemple d’uneassistancemilitaireopérationnelle fourniepar la France à un pays africain. Trois ans après l’indépendance, 300 officiers français assuraient encore le commandement d’unités de l’armée camerounaise. Entre 1955 et 1964, guérilla et contre-guérilla font rage. L’ambassade britannique fait état de 61000 à 76000 morts. « On était obligé de couper la tête des rebelles, qu’on exposait ensuite dans les villages », confiait le général Pierre Semengué, ancien chef d’état-major, dans une interview en décembre 2007. S’il assume aujourd’hui cette sanglante répression, son homologue anglophone, James Tataw, lll
p Le président Biya lors de la fête de l’armée, à Bamenda, en décembre 2010.
sous-lieutenant dans l’armée britannique jusqu’en 1960, préfère garder le silence. Son passé tourmenté a fait de l’armée un concentré de contradictions. Aux yeux de la population, elle est à la fois proche et lointaine, familière et redoutée. Censée garantir la stabilité du pays et protéger les institutions, elle inspire au pouvoir autant de confiance que de méfiance. Il faut dire que l’histoire la plus récente a de quoi alimenter la hantise des coups de force. Le 6 avril 1984, une partie de la gendarmerie attaquait la présidence, forçant Biya, au pouvoir depuis deux ans, à se retrancher dans un bunker. Trois jours de combats furent nécessaires pour faire échouer le putsch. Bilan officiel: 70 morts et 1300 prisonniers, dont un nombre indéterminé furent jugés, condamnés l l l
À BAKASSI, LA PAIX DES BRAVES
L
e 14 août, le Cameroun a définitivement recouvré sa souveraineté sur la péninsule de Bakassi. La fin d’un conflit vieux de vingt ans avec le voisin nigérian, qui convoitait ce bout de terre pétrolifère.Yaoundé redoutait en effet que le Nigeria, peuplé de 170 millions d’habitants et avec qui il partage quelque N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
2000 km de frontière, ne soit tenté d’élargir son espace vital. Dans les années 1980, lorsque le baril de pétrole atteint un niveau record pour l’époque (41 dollars), la dispute pour les zones pétrolifères du delta du Niger tourne à la confrontation armée. Le 16 mai 1981, première escarmouche: cinq
soldats nigérians sont tués par les troupes camerounaises. La guerre devient quasi totale lorsque, en décembre 1993, le dictateur nigérian Sani Abacha ordonne l’annexion de Bakassi, qui se solde par 120 morts camerounais. La riposte, baptisée opération Delta, est soutenue par la France
(en équipement, maintenance et conseillers).Yaoundé ne cède pas malgré son infériorité numérique, et les combats continuent durant quinze ans de manière sporadique. L’affaire se règle en 2002 en faveur du Cameroun à la Cour internationale de justice de La Haye. l G.D. JEUNE AFRIQUE
Malaise dans les rangs
INTERVIEW
Victorin Hameni Bieleu « L’armée n’a plus les moyens de défendre le pays »
JEUNE AFRIQUE : L’armée camerounaise s’acquitte-t-elle correctement de ses missions ? VICTORIN HAMENI BIELEU : La mis-
sion d’une armée est de défendre le pays et d’y faire régner la sécurité. Or, aujourd’hui, celle du Cameroun est moins destinée à parer aux agressions venues de l’extérieur qu’à protéger une seule personne. Regardez la parade militaire de la fête nationale : l’armement de haute qualité de la Garde présidentielle et du Bataillon d’intervention rapide (BIR) tranche avec celui, obsolète, de l’armée. On a l’impression que la préoccupation première est de décourager toute tentative de coup d’État. L’armée n’a donc plus les moyens de défendre le territoire en cas d’agression extérieure ?
C’est évident. Elle est encore moins opérationnelle si on la compare à celle du Tchad, par exemple. Les unités spéciales ne peuvent-elles pallier cette faiblesse ?
Elles ne peuvent pas tout faire. Le BIR n’était au départ qu’une unité de l’armée de terre. C’est aujourd’hui une armée complète, avec des moyens aériens et marins, qui assure par exemple la sécurité de nos côtes, alors que cette mission est normalement dévolue à la marine nationale. La base navale de Douala n’existe plus, elle est devenue un cimetière de bâtiments de la marine ! Selon WikiLeaks, le président Biya a accusé l’ancien chef d’état-major de la marine [le vice-amiral Guillaume Ngouah-Ngally] de l’avoir laissée dépérir. Les autres corps ne JEUNE AFRIQUE
sont pas mieux lotis, comme en atteste l’état de délabrement du matériel de l’armée de terre à Yaoundé.
quelques-uns. Il est vrai que même sous l’ancien président Ahmadou Ahidjo, ce système existait déjà. Mais il y avait alors un plus grand souci d’équilibre.
Le budget est-il bien utilisé ?
Le budget de la Défense est de 194 milliards de F CFA [295 millions d’euros] en 2013, et la part consacrée au fonctionnement (92,85 %) est exorbitante comparée à la maigreur de celle prévue pour les dépenses en équipement. Dans ce fonctionnement, les salaires (65,21 %) et les dépenses de consommation (22,36 %) se taillent la part du lion. Cela favorise la corruption, comme l’a montré le scandale des détournementschezlesmagistratsmilitaires. Pendant ce temps, sur le terrain, les soldats mangent des sandwichs… Les hommes sont-ils bien formés ?
Les nouvelles générations d’officiers sont très bien formées. Mais la question n’est pas là. L’armée doit être le reflet de toutes les composantes sociologiques et ethniques du pays. Ce n’est pas le cas à l’heure actuelle*. Il ne faut pas qu’un jour, en cas de conflit, les Camerounais refusent de se sacrifier pour défendre leur drapeau parce qu’ils auront l’impression de défendre les privilèges de
Est-ce par crainte d’un coup de force que le pouvoir a écarté d’anciens généraux ?
Les gens ont des peurs injustifiées. Les quelques généraux mis à la retraite n’ont jamais menacé qui que ce soit. Qu’est-ce qui explique l’affaiblissement de cette institution ?
Les militaires craignaient Ahmadou Ahidjo. Avec Paul Biya, le rapport est différent. Le président a confié la réforme de l’armée aux seuls militaires [avec le renfort de conseillers français] et l’a entérinée en 2001 par décret. Le Parlement a été contourné, ce n’est pas normal. La politique de défense nationale ne peut pas être définie par les seuls militaires. l Propos recueillis par GEORGES DOUGUELI
* Une source interne au ministère de la Défense contredit cette affirmation. Selon elle, sur 2 300 officiers, 480 proviennent de l’Ouest, 500 du Centre, le reste étant réparti entre les 8 autres régions.
L’ancien professeur est l’auteur de Politique de défense et sécurité nationale du Cameroun (L’Harmattan, 2012).
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Spécialiste des questions de défense, cet ancien enseignant de l’École militaire interarmées de Yaoundé est le président de l’Union des forces démocratiques du Cameroun.
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Grand angle Cameroun l l l à mort et fusillés. En octobre 2007, Rémy Ze Meka, alors ministre de la Défense, fait arrêter 21 militaires et deux civils, soupçonnés d’atteinte à la sûreté de l’État. Faute de preuves, ils seront finalement libérés. Le 23 décembre 2012, un soldat de la Garde présidentielle tire un coup de feu au passage du cortège du chef de l’État, sans le viser. Un court instant, on craint une tentative d’assassinat. Fausse alerte : ce n’était pas un complot, mais un soldat mécontent, désireux d’attirer l’attention.
PORTRAITS
Les hommes du président Pour s’assurer la loyauté de l’armée, Paul Biya compte sur eux.
Jean Mendoua 57 ans, contre-amiral, chef d’état-major de la marine nationale
STRESS GÉNÉRAL. Car l’armée subit aujourd’hui
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vant de prendre en charge la force militaire navale en 2011, cet officier du Sud a commandé pendant dix ans la Garde présidentielle, où il a passé vingt-sept ans de sa carrière. L’ancien de l’École des fusiliers marins de Lorient et de l’École des troupes aéroportées de Pau, en France, revient dans son corps d’origine, dont la flotte est en cours de rénovation. l
Raymond Beko’o Abondo 41 ans, chef de bataillon, commandant de la Garde présidentielle
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ulu du Sud, ce diplômé (en 1997) de l’académie militaire d’Evelpidon à Athènes, en Grèce, rejoint la Garde présidentielle (GP) en 1999 et commande notamment le 2 e Groupement d’intervention. Par la suite, il dirige pendant cinq ans la batterie d’artillerie sol-air de cette unité. Avant de prendre les rênes de la GP, il travaillait comme assistant du conseiller technique à la présidence chargé des forces spéciales. l
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une pression considérable, dans un contexte régional trouble. Les canons tonnent aux frontières du pays. Dans l’Extrême-Nord, les soldats doivent parer à l’infiltration des insurgés islamistes de Boko Haram, en guerre contre les forces nigérianes. Dans l’Est, la désintégration de la République centrafricaine est encore plus préoccupante. Des centaines de militaires fidèles à l’ex-président François Bozizé sesontrepliésdanslarégion,désarmésetcantonnés pour certains, armés et en errance pour d’autres. Face à la montée de l’insécurité, Yaoundé a créé une base aérienne à Bertoua, à 350 km à l’est, et activé la 11e Brigade d’infanterie motorisée, qui comprend des bataillons positionnés le long de la frontière. Plus au nord, la puissance de feu inattendue des braconniers soudanais a forcé Yaoundé à envoyer l’armée pour arrêter le massacre des éléphants dans les parcs nationaux. Cestressgénéralattiselacraintedevoirapparaître un nouvel Amadou Haya Sanogo (capitaine malien putschiste) ou un Moussa Dadis Camara. « Le vrai danger, c’est la frustration des jeunes officiers mécontents,quinesontpaspromusaugradeauquel ils pourraient légitimement prétendre », confie un spécialiste du sujet. Très sensible à toutes les questions de sécurité – celle du Cameroun, mais aussi celle de son propre pouvoir –, Paul Biya cherche des solutions pour éviter qu’un tel scénario ne se produise à ses dépens. « Les insatisfactions liées aux questions de confort et de carrière sont prises au sérieux », assure un conseiller du ministère de la Défense. En mars 2011, dix nouveaux généraux ont été nommés, parmi lesquels Jean Mendoua, 57 ans, et Martin Chomu Tumenta, 59 ans (voir portraits ci-contre). Quatre généraux parmi les plus anciens ont été admis en deuxième section (semi-retraite), dont les emblématiques Pierre Semengué et James Tataw. Longtemps verrouillé, l’accès au grade de général est désormais plus ouvert. Depuis la réforme de l’armée de 2001, le passage à celui de capitaine se fait en cinq ans (au lieu de sept). Pour s’assurer de leur loyauté, Biya cajole les officiers supérieurs. Les généraux bénéficient d’un traitement avantageux, et certains d’entre eux font ensuite carrière dans les affaires. Fin 2010, le président annonçait en outre des mesures susceptibles d’améliorer le bien-être des militaires. l l l
PHOTOS : MABOUP
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JEUNE AFRIQUE
Malaise dans les rangs
Edgar Alain Mebé Ngo’o
Martin Chomu Tumenta
56 ans, ministre de la Défense
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JEAN-PIERRE KEPSEU
l met en œuvre les réformes annoncées par Paul Biya aux militaires. Originaire du Sud, ce fringant administrateur civil a fait ses armes au sein du corps préfectoral avant d’intégrer, en 1997, la présidence de la République comme directeur du cabinet civil du chef de l’État. Sept ans plus tard, cet homme à poigne devient l’un des « Messieurs Sécurité » du régime. Il prend la tête de la police entre 2004 et 2009. Il y inflige un nombre record de suspensions temporaires aux policiers indélicats et fait révoquer plusieurs officiers corrompus. La méthode plaît à Paul Biya, qui le promeut le 30 juin 2009 à son poste actuel. Sa connaissance des arcanes de la présidence facilite le traitement des dossiers sensibles, comme la récente mise à la retraite de quatre généraux parmi les plus âgés. l
Mahamat Ahmed 60 ans, général de brigade, commandant du corps des sapeurs-pompiers
59 ans, général de brigade, commandant de la IIIe région militaire interarmées
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atif du Nord-Ouest anglophone, ce diplômé de l’École militaire interarmées (Emia) est aussi passé par l’École de guerre de Paris. Il est à la tête de la région militaire qui englobe le grand nord du pays, où pèsent les menaces des coupeurs de route et des islamistes nigérians de Boko Haram. Cet instructeur de commandos parachutistes a été l’un des acteurs de la libération, en avril, de la famille française Moulin-Fournier, enlevée sur une route de l’ExtrêmeNord par un groupe se revendiquant de Boko Haram. l
Bouba Dobekreo Colonel, coordinateur général du Bataillon d’intervention rapide (BIR)
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C K
otoko de l’Extrême-Nord, ce parachutiste courtois et cultivé est un produit de l’École militaire interarmées de Yaoundé. Par la suite, il poursuit sa formation en Chine, à l’École de guerre de l’université de défense nationale de l’Armée populaire de libération. Promu général en 2011, il a fait sa carrière dans l’armée de terre, mais aussi dans les services centraux, où il a occupé à deux reprises le poste stratégique de chef du secrétariat militaire du ministre de la Défense, notamment entre 2005 et 2007. l JEUNE AFRIQUE
et officier, né il y a une cinquantaine d’années dans l’Extrême-Nord, a été formé à l’Emia et en Chine, avant de coordonner l’activité des Rambo du BIR. Il est réputé compétent et discret. l G.D. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Grand angle Cameroun Certaines, à l’instar d’une mutuelle prenant en charge la totalité des dépenses de santé des soldats dans les hôpitaux militaires, sont déjà en place. Les primes d’alimentation des hommes de troupe ont également été revues à la hausse : 1 130 F CFA (environ 1,70 euro), au lieu de 850 F CFA, par jour et par homme en temps normal, et 2 000 F CFA, au lieu de 1 500, en mission. Le ministère de la Défense a par ailleurs négocié avec les banques des prêts à 3,5 % (alors que le taux normal est fixé à 7 %) pour faciliter l’accès des militaires à la propriété foncière. Prudent, Paul Biya s’est aussi assuré qu’aucun commandant de région militaire ne puisse mettre en mouvement des troupes ou des chars sans son autorisation. L’accès aux armes et aux munitions est strictement réglementé. Les unités d’élite proches du Palais ont, de leur côté, bénéficié d’une formation plus poussée… Une armée à deux vitesses (lire ci-dessous), dichotomie classique en Afrique lll
Effectifs :
40 000
hommes, dont
34 700
dans l’armée de terre,
2 000
dans l’armée de l’air,
2 500
dans la marine nationale
800
et sapeurs-pompiers
SOURCE : MINISTÈRE DE LA DÉFENSE
subsaharienne. Depuis 1984, la formation et l’encadrement de la Garde présidentielle est confiée à des officiers contractuels israéliens. Le plus connu d’entreeux,lecolonelAbrahamAviSivan,décédéen 2010 dans un accident d’hélicoptère, fut également l’un des concepteurs du Bataillon d’intervention rapide, force spéciale qui dispose de crédits fournis par la Société nationale des hydrocarbures. Ces deux unités d’élite dépendent directement de la présidence. Selon un officier, toujours sous le couvert de l’anonymat, « tout est calibré pour permettre à ces deux unités de tenir un siège de l’armée régulière pendant plusieurs jours, en dépit de leur infériorité numérique ». Républicain pour les uns, prétorien pour les autres, le génome de l’armée demeure inconnu. En revanche, sa propension historique à se mêler de politique en fait un acteur incontournable par les temps incertains qui s’annoncent. Et les casernes résonnent déjà de l’écho des luttes de pouvoir. l
Grand corps malade Matériel insuffisant, actes d’indiscipline, corruption… Depuis quelques années, la situation se dégrade.
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ommes et matériel semblent sur une pente glissante. Certes, la plupart des équipements de l’armée de terre (une cinquantaine de blindés à roues AML-90 de fabrication française, une vingtaine de transporteurs de troupes V-150 et une dizaine de blindés légers RAM) gardent une certaine valeur, malgré leur âge avancé. Robustes, ils sont plus simples à entretenir et plus mobiles que les blindés chenillés. Mais leur disponibilité opérationnelle, tout comme celle d’une partie des pièces d’artillerie, est globalement médiocre : manque de pièces de rechange, d’entretien… L’armée de l’air n’est pas épargnée, elle qui ne possède qu’une dizaine d’Alpha Jet et de MB-326K Impala, quelques hélicoptères de combat Mi-24 (seuls deux semblent opérationnels sur les trois acquis) et sept hélicoptères de transport et d’assaut. L’aviation de transport est un peu mieux lotie, avec trois C-130 Hercules et un CN-235 acheté récemment, appareils précieux pour le déploiement rapide des troupes. La marine compte pour sa part une dizaine de patrouilleurs, ce qui est loin d’être suffisant. Des efforts sont néanmoins en cours, avec l’acquisition de véhicules légers tactiques Zibar N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
BEN CURTIS/AP/SIPA
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p À Bangui, en janvier.
Mk2 israéliens ou d’hélicoptères d’assaut Mi-17 auprès de la Russie, fin août. DEUX VITESSES. Reste les hommes, 40 000 au total. Les cadres militaires ont la réputation d’être correctement formés, notamment dans les écoles militaires françaises ; la troupe est considérée comme bien entraînée. Et nombreux sont les militaires à souhaiter que leur armée soit plus professionnelle. Toutefois, les actes d’indiscipline se multiplient, y compris au sein des unités d’élite (Bataillon d’intervention rapide, Garde présidentielle), pour des questions de primes non versées. L’idée d’une armée à deux vitesses s’est par ailleurs installée. D’un côté, les unités d’élite, mieux équipées, mieux entraînées;
de l’autre, les unités régulières, accusées de brutalité et de corruption. La multiplication des programmes de formation et d’équipement (États-Unis, Chine, Israël, France…) s’est de plus soldée par la superposition de doctrines différentes, l’incompatibilité des matériels de transmission et la naissance de rivalités entre les corps. Cette situation est inquiétante, alors que la menace prend de l’ampleur. Face à des frontières devenues poreuses, la réactivité de l’armée est critiquée. Enfin, les fuites depuis des sources sécuritaires lors de l’affaire des otages français, entre février et avril 2013, démontrent qu’il existe des lacunes en matière de respect du secret, élément pourtant crucial dans le domaine de la défense. l LAURENT TOUCHARD JEUNE AFRIQUE
CELLOU BINANI/AFP
Afrique subsaharienne
p À Conakry, le 7 septembre. Les adversaires d’Alpha Condé veulent faire du scrutin un tour préliminaire à la présidentielle de 2015.
LÉGISLATIVES
Aux urnes Guinéens!
Il aura fallu presque trois ans avant que le mirage devienne réalité. Trois ans de tensions et de bras de fer politique… Pour que tout soit prêt pour l’élection du 24 septembre, le pouvoir et l’opposition ont mis de l’eau dans leur vin. Et c’est tout un pays qui retient son souffle.
JEUNE AFRIQUE
CHRISTOPHE BOISBOUVIER
A
près l’accord miraculeux du 3 juillet, la Guinée va-t-elle voter sereinement le 24 septembre ? Tout ne tient qu’à un fil, et le fichier des élections législatives est toujours au cœur d’un bras de fer entre l’opposition et le pouvoir guinéens. On imagine l’inquiétude du médiateur de l’ONU, Saïd Djinnit. Il y a deux mois, il a arraché un compromis. D’un côté, l’opposition s’est résolue à laisser Waymark poursuivre le recensement électoral, bien que cet opérateur sud-africain ait été choisi N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Afrique subsaharienne en avril 2011 sans appel d’offres. De l’autre, le pouvoir a accepté que Waymark soit placé sous la surveillance d’un comité d’« experts électoraux » et que les Guinéens de l’étranger puissent voter. L’accord est astucieux, mais il manque un ingrédient: la confiance entre les deux camps. Et jusqu’à l’installation des députés, tout peut déraper. FIEF. Depuis la présidentielle de 2010, c’est mani-
feste. Nombre de Malinkés de Haute-Guinée se reconnaissent dans le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) du président Alpha Condé, et beaucoup de Peuls de Moyenne-Guinée dans l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de l’opposant Cellou Dalein Diallo. Du coup, dans ces deux régions, les listes d’électeurs sont scrutées à la loupe. Fin août, l’opposition a constaté que le nombre des bureaux de vote et des inscrits augmentait en Haute-Guinée, alors qu’il stagnait, voire diminuait dans son fief de Moyenne-Guinée. Aussitôt, elle a interpellé la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et exigé une correction des listes et une nouvelle répartition des bureaux de vote. Elle a même menacé de reprendre ses marches. Cette année, les violents heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont fait plusieurs dizaines de morts. À Conakry, tout le monde retient son souffle et espère que les dernières propositions de compromis vont être acceptées par les deux camps. « Notre souhait, dit Cellou Dalein Diallo, c’est d’aller aux élections, pas à l’affrontement. » Pourquoitantdetensions?Àcausedufichier,bien sûr, mais pas seulement. À l’origine, les législatives devaient avoir lieu au début de 2011, juste après la présidentielle de novembre 2010. Mais Alpha Condé avait eu tant de mal à battre Cellou Dalein Diallo (52,5 % au second tour, après un premier tour où il n’avaitobtenuque18,2%desvoix)qu’ilasoupçonné l’opérateur français Sagem d’avoir sous-inscrit les Malinkés de Haute-Guinée et sur-inscrit les Peuls
CELLOU BINANI/AFP
p Le président Alpha Condé (à dr.), le 3 juillet, alors qu’un accord vient d’être trouvé pour l’organisation des législatives.
de Moyenne-Guinée. Exit donc Sagem. Le temps de recruter Waymark et de remanier les listes… les mois ont passé. Surtout, l’opposition s’est requinquée et a menacé de boycotter un scrutin décrit comme biaisé. La communauté internationale s’en est mêlée, et les négociations ont traîné. Aujourd’hui, le RPG ne peut plus profiter de la dynamique de 2010 pour gagner à coup sûr. Il est face à l’usure du pouvoir. « C’est vrai qu’on prend le risque d’être confronté à un bilan », reconnaît Albert Damantang Camara, porte-parole du gouvernement et ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. Bref, pour Alpha Condé, ces élections à mi-mandat sont périlleuses. Et l’augure d’un scrutin serré électrise la campagne. L’électricité, c’est justement l’un des sujets polémiques du jour. « Alpha Condé n’a pas tenu ses
QUAND LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE S’EN MÊLE
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n’oublie jamais d’écouter les conseils des ambassadeurs en poste à Conakry, et notamment ceux du chef de la délégation de l’Union européenne (UE). Arrivé en Guinée juste avant la présidentielle de 2010, le Belge Philippe Van Damme, 53 ans, connaît tout le monde. Ouvert et disponible, il est d’autant plus incontournable qu’il détient les cordons de la bourse. Au titre I/ A F P
59 ans, l’Algérien Saïd Djinnit est un diplomate chevronné. Avant de s’occuper de la Guinée, il a montré son savoir-faire au Burundi, dans la guerre Éthiopie-Érythrée et à la tête du département paix et sécurité de l’Union africaine. Chef du bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest depuis cinq ans, il est le principal artisan de l’accord du 3 juillet entre l’opposition et le pouvoir guinéens. Mais le médiateur algérien
U B IN A N
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C E LL O
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u Saïd Djinnit, médiateur de l’ONU en Guinée.
du dixième Fonds européen de développement (FED), qui couvre la période 2008-2013, l’UE a mis 174,3 millions d’euros à la disposition de la Guinée. Mais pour l’heure, elle n’a décaissé que 34,4 millions d’euros au titre de l’aide d’urgence. Le reste ne sera débloqué que si la Guinée organise des élections législatives « libres et transparentes ». l CH.B. JEUNE AFRIQUE
Aux urnes Guinéens ! promesses. Avec lui, il y a moins d’eau, moins d’électricité, moins de pouvoir d’achat, moins de sécurité, moins d’unité nationale », clament les leaders de l’opposition. « Faux, rétorque Albert DamantangCamara.Aucungouvernementguinéen n’a jamais autant investi dans l’électricité que le nôtre. Quand le barrage de Kaleta sera fini [un ouvrage hydroélectrique construit par les Chinois et dont la mise en service est prévue en 2016], la Guinée pourra même approvisionner ses voisins. Nous avons maîtrisé l’inflation et réussi à réduire le prix du riz à 185 000 francs guinéens (environ 20 euros) le sac de 50 kg. Nous avons réformé le secteur de l’armée et donné aux magistrats le statut qu’ils réclamaient depuis 1991. » Alpha Condé est donc obligé de défendre son bilan deux ans avant la fin de son mandat. BLOCAGE. Pour gagner, son parti, le RPG, décoche
une nouvelle flèche. « L’opposition est agressive. Il y a quelques mois, elle a manifesté aux cris de : “Alpha démission !” Si elle prend l’Assemblée, elle refusera de voter des lois pour nous empêcher d’avoir des résultats, s’inquiète Albert Damantang Camara. Je viens de signer avec les Saoudiens une convention de 23 millions de dollars (17,3 millions d’euros) pour la construction de quatre écoles régionales des arts et métiers. Si l’opposition était majoritaire à l’Assemblée, je suis sûr que celle-ci ne l’aurait pas validée. On ne peut pas gouverner perpétuellement par ordonnance face à une Chambre hostile. La cohabitation, ce sera le blocage. » Côté UFDG, Cellou Dalein Diallo réplique : « Si nous gagnons, nous ne serons pas là pour bloquer ce qui va dans l’intérêt du pays. Nous trouverons un gentleman agreement et, si un projet de loi est bon, nous voterons pour. Simplement, Alpha Condé veut tout contrôler : la commission électorale, la justice, les organisations professionnelles… Il vaut mieux un contre-pouvoir qu’un pouvoir absolu. Et si mon parti dispose d’au moins un tiers bloquant, il pourra empêcher la modification des lois organiques. » En fait, chacun sait que ce scrutin est la première mi-temps du grand rendez-vous de 2015. « L’opposition veut en faire le tour préliminaire de la présidentielle », lance le porte-parole du gouvernement. « C’est vrai que je serai candidat en 2015 et que 2013 est un test majeur pour mobiliser les gens », avoue Cellou. Même enjeu pour les autres ténors de l’opposition, notamment pour Sidya Touré, le leader de l’Union des forces républicaines (UFR), et pour Lansana Kouyaté, le chef du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN). Dans ces élections mixtes (38 sièges à pourvoir au scrutin uninominal, 76 au scrutin de liste), les principaux opposants se sont partagé les 38 circonscriptions afin de présenter un front uni contre l’alliance présidentielle RPG Arc-en-Ciel. La bataille sera chaude. l JEUNE AFRIQUE
EN VÉRITÉ
Opinions & éditoriaux François Soudan
Enfin une vraie élection
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N GUINÉE, l’Histoire avance avec des prudences de félin. Après la première élection présidentielle libre depuis l’indépendance (2010), il aura fallu attendre trois ans pour qu’enfin le mirage des législatives devienne réalité. On imagine mal en effet, en dépit des inévitables crispations de dernière minute, que le scrutin du 24 septembre puisse une nouvelle fois être reporté. Rarement processus électoral aura été aussi contrôlé que celui-ci : la sécurisation du fichier et celle des opérations de vote ont été validées de bout en bout par un comité technique de suivi, au sein duquel cohabitent les représentants du pouvoir et de l’opposition ainsi que ceux de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la francophonie, le tout sous supervision onusienne – difficile de faire plus électoralement correct. Autant dire que celui qui prendrait cette fois l’initiative de faire capoter les premières législatives démocratiques depuis cinquante-cinq ans ne serait suivi ni par la communauté internationale ni par la majorité des Guinéens.
Ce sera le premier scrutin législatif libre organisé… depuis cinquante-cinq ans !
Au demeurant, et même si elle conteste les données du rééquilibrage des inscriptions en faveur de l’électorat de Haute-Guinée, ce fief du président Alpha Condé qui fut, en 2010, pénalisé par l’ancien fichier électoral, l’opposition a jusqu’ici su faire preuve d’esprit de responsabilité, à la mesure des concessions consenties par le pouvoir. « Personne ne veut voir se reproduire les dérapages passés et personne ne comprendrait que des déclarations politiciennes viennent à nouveau raviver les tensions », avertit le Sénégalais Ousmane Paye, conseiller et émissaire d’Abdou Diouf à Conakry. Le 24 septembre donc, environ 5 millions d’électeurs seront convoqués devant les urnes pour élire 114 députés parmi 1 800 candidats, sur la base d’un scrutin mixte juxtaposant majoritaire et proportionnelle. Sans être devin, on sait à l’avance que le résultat en sera largement bipolaire, le parti d’Alpha Condé et ses alliés l’emportant en Haute-Guinée et vraisemblablement en Guinée forestière, tandis que celui de Cellou Dalein Diallo devrait rafler la mise en Moyenne-Guinée. Conakry et la Basse-Guinée, où Sidya Touré a implanté sa formation, joueront le rôle d’arbitre. Logiquement, l’opposition a placé sa campagne sur le thème du bilan, à ses yeux négatif, du chef de l’État, en préfiguration de l’échéance présidentielle de 2015. « J’y suis prêt, confie Alpha Condé à J.A. Les Guinéens ne sont pas amnésiques, ils savent comment mes adversaires ont géré ce pays sous les militaires : un désastre. » Bilan contre bilan, arguments contre arguments et non plus ethnie contre ethnie : enfin une vraie élection ! l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Lire l’intégralité de l’interview de Robert Fowler
Afrique subsaharienne u Kidnappé au Niger, il a été détenu au Mali par la katiba de Mokhtar Belmokhtar.
SAHEL
Robert Fowler « Ma saison en enfer » Enlevé en plein Sahara en 2008, le diplomate canadien raconte les quatre mois qu’il a passés aux mains des jihadistes dans un livre paru en français le 11 septembre.
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e14décembre2008,enfind’aprèsmidi, les diplomates canadiens Robert Fowler et Louis Guay font route vers Niamey quand un pickup,sortidenullepart,leurbloquelaroute. Deux hommes armés en jaillissent et les kidnappent. S’ensuit un pénible voyage de plusieurs jours à travers le Sahara… Les voilà otages d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. De leurs quatre mois dans le désert, Robert Fowler tirera un récit (Ma saison en enfer, 130 jours de captivité aux mains d’Al-Qaïda), disponible en français depuis le 11 septembre.
THE CANADIAN PRESS/SEAN KILPATRICK/AP/SIPA
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Elles étaient distantes. Ils étaient trente et un – leur chef, Mokhtar Belmokhtar, inclus. Quatre parlaient très bien français et quatre autres le maniaient correctement. Nous n’échangions qu’avec ces huit personnes. Ils parlaient beaucoup de religion, essayaient de nous convertir. Il y avait aussi Omar Ould Hamaha, un proche de Belmokhtar, son officier de liaison avec nous, les otages. Tout ce qu’on a appris sur nos ravisseurs, c’est grâce à nos discussions avec cet homme, que nous avions surnommé Omar Un. Comment le décririez-vous ?
JEUNE AFRIQUE: Quel a été le moment le plus difficile de votre captivité ? ROBERT FOWLER: J’ai plusieurs fois cru
que j’allais être tué. Un jour, nos ravisseurs ont commencé à creuser un fossé dans le
C’est lui qui dirigeait le petit commando qui nous a enlevés. C’est un Arabe bérabiche du Nord-Mali, assez petit, qui parlait français. Il avait un air sévère, mais il était assez bavard et venait nous voir de temps
mais j’ai eu l’impression qu’il comprenait cette langue. Avez-vous pu observer comment s’organisait le recrutement au sein de la katiba?
Très peu. Mais Omar Un nous a un jour raconté que c’était très facile. Que les pères de la région venaient offrir leur fils comme un don à Dieu. Comment étaient les relations des jihadistes avec les tribus locales ?
Elles étaient bonnes. Chaque fois que nos ravisseurs croisaient quelqu’un, ils s’arrêtaient,discutaientouprenaientlethé. On nous a annoncé un jour que l’Algérie avait offert 100 dollars [75 euros] pour toute information permettant de localiser les jihadistes. Personne n’a jamais rien dit. Quel était le quotidien de la katiba ?
J’ai eu très peur de finir comme Daniel Pearl, le journaliste exécuté en 2002. sable. J’ai pensé qu’il s’agissait de notre tombe, à Louis et à moi. Pendant ces cent trente jours de captivité, j’ai eu peur. Peur que ça finisse comme pour Daniel Pearl, le journaliste du Wall Street Journal exécuté au Pakistan, en 2002. On nous a fait faire quatre vidéos. Chaque fois que j’entrais dans la tente, je regardais par terre pour voir s’il y avait une bâche en plastique. La bâche, c’était le signe qu’ils ne voulaient pas tacher leur tapis en nous tuant. Quelles étaient vos relations avec vos ravisseurs ? N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
en temps. Il était très religieux et faisait office de prédicateur. Il avait beaucoup voyagé : au Maghreb, en France, en Inde, au Pakistan… Et Mokhtar Belmokhtar ?
Il était le chef incontesté de la katiba, profondément respecté par ses hommes. Il s’est toujours montré très froid. Pour lui, tout était une question de business. Il n’est jamais venu nous demander comment on allait. Pas un mot non plus sur les négociations. Il ne nous parlait jamais en français, il avait recours à un interprète,
Deux ou trois hommes armés nous surveillaient en permanence. Les autres s’occupaient de leurs véhicules, nettoyaient leurs armes, partaient s’entraîner dans les rochers, s’exerçaient aux embuscades… Il y avait aussi les prières quotidiennes. Plusieurs d’entre eux récitaient, seuls ou en petits groupes, des sourates du Coran pendant des heures. La religion était tout pour eux. Ils étaient persuadés qu’ils allaient mourir pour la cause et qu’ils se retrouveraient au paradis, bercés par des fleuves de miel et de lait. Avez-vous suivi l’évolution des négociations pour votre libération ?
Louis et moi en discutions pendant des heures. Le résultat était toujours assez déprimant, parce que nous ne voyions JEUNE AFRIQUE
Coulisses
Afrique subsaharienne
pas d’issue heureuse. Nos ravisseurs ne nousdisaientrien,maisnoussavionsqu’ils ne faisaient pas confiance aux autorités canadiennes. C’est pour cela qu’ils ont cherché un négociateur dans la région. Ils nous ont dit que personne ne voulait faire le job, jusqu’à ce que Blaise Compaoré, le président burkinabè, accepte. Et l’artisan de cette libération a été Moustapha Chafi, un conseiller de Compaoré…
Oui, il est venu nous chercher dans le désert, avec Baba Ould Cheikh, le négociateur dépêché par Bamako. Comment s’est déroulée votre libération?
Onze jours se sont écoulés entre le moment où on nous a dit qu’on allait être libérés et notre libération. C’était horrible. Mais finalement, Belmokhtar a réussi à convaincre ses hommes que la récompense en valait la peine. Le dernier jour, ils ont organisé une grande cérémonie de départ, sans doute pour que l’on puisse témoigner de leur nombre et de leur confiance. Ils ont rassemblé 19 véhicules équipés de mitrailleuses. Plus de cent moudjahidine étaient alignés, en rang, et ont prié. Abou Zeid était là. Je le voyais pour la première fois. On nous a conduits vers deux hommes, que nous ne connaissions pas non plus. Le plus petit m’a tendu la main et demandé : « Est-ce qu’on vous a dit que vous étiez libres ? » C’était Chafi. Puis les choses se sont envenimées, parce qu’Abou Zeid ne voulait pas laisser partir deux touristes occidentales qu’il retenait en otage. Il a eu une altercation avec Belmokhtar, qui a eu le dernier mot. On est tous partis, et on ne s’est arrêtés que trente kilomètres plus loin pour prévenir Blaise Compaoré, avant de reprendre la route jusqu’à Gao. Qui a payé pour votre libération ? Le Canada ? Les Nations unies qui vous employaient ?
Je n’en ai aucune idée. Le Premier ministre canadien a dit qu’aucune rançon n’avait été versée, mais des documents indiquant le contraire ont été retrouvés à Tombouctou après l’arrivée de l’armée française. Il y avait notamment une lettre d’Abdelmalek Droukdel à Belmokhtar, lui signifiant sa mise à l’écart d’Aqmi. Droukdel y affirmait que Belmokhtar n’avait obtenu que 700 000 euros pour notre libération, ce qu’il trouvait bien trop peu. l Propos recueillis par BENJAMIN ROGER JEUNE AFRIQUE
AFRICOM SANS DOMICILE FIXE Et si l’Africom, le commandement de l’armée américaine pour l’Afrique, qui n’a jamais trouvé de pays hôte sur le continent, installait son siège… aux États-Unis? L’idée n’est pas nouvelle, mais elle semblait avoir été abandonnée en début d’année lorsque le département de la Défense avait décidé de laisser le siège à Stuttgart, en Allemagne. Mais dans un rapport de 32 pages, le Government Accountability Office, le puissant organisme d’audit et d’investigation du Congrès, propose d’étudier la possibilité de faire revenir au pays une bonne partie des 1 637 agents (dont le commandement) de l’Africom. Principal argument: le coût. Un rapatriement permettrait d’économiser entre 45 et 52 millions d’euros par an et de créer 4300 emplois aux États-Unis. En réponse à cette note, le département de la Défense rappelle que la décision de laisser l’Africom en Europe répondait à la volonté du commandement militaire, guidé par des impératifs opérationnels, mais il ne ferme pas la porte à un rapatriement. l
CONGO BRAZZA SUR LE RETOUR Brazzaville a trois mois pour restituer la dépouille de Pierre Savorgnan de Brazza. Ainsi en a décidé, le 11 septembre, la cour d’appel de Paris qui avait été saisie par les descendants de l’explorateur. Son corps avait été inhumé à Brazzaville en 2006, mais l’accord passé à l’époque prévoyait notamment la construction d’un dispensaire ainsi que le goudronnage d’une piste… Des engagements qui n’ont pas été tenus, selon les plaignants.
ZIMBABWE ON N’ARRÊTE PAS LE PROGRÈS Réélu le 31 juillet, Robert Mugabe a annoncé la composition de son gouvernement – rien que des fidèles, puisque le scrutin lui a permis de se débarrasser de MorganTsvangirai, son grand rival.
En installant la nouvelle équipe, le 10 septembre, le président zimbabwéen (89 ans, dont trentetrois au pouvoir) a promis de « faire progresser » un pays que des années de crise financière et économique ont mis à genoux. Et que ni la réforme agraire ni l’indigénisation des entreprises – décidées par le même Mugabe – n’ont jusqu’à présent aidé.
KENYA JUSQU’À PLUS SOIF Ce sont d’immenses réserves d’eau souterraines qui viennent d’être découvertes au Kenya. Repérées grâce à des relevés satellites dans le nord du pays, une région souvent frappée par de terribles sécheresses, elles contiendraient plus de 250 milliards de mètres cubes d’eau, quand le pays tout entier n’en consomme pas plus de 3 milliards par an. Une aubaine! N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Afrique subsaharienne
CÔTE D’IVOIRE
Comzone un jour, Ils ont pris du galon et, pour certains, se sont habitués aux flashs des magazines people. En moins de trois ans, les anciens chefs de guerre venus du Nord se sont fait une place dans l’appareil sécuritaire. Mais ils sont toujours dans le viseur de la justice internationale. ABDEL PITROIPA,
L
envoyé spécial, et
e treillis est neuf et la barbe taillée avec soin. Il n’est plus le redoutable chef rebelle qui administrait la région militaire de Vavoua-Séguéla, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, mais du haut de son so 1,90 m, Issiaka
BAUDELAIRE MIEU,
–placéssoussesordressontchargés de sécuriser Abidjan et patrouillent en véhicules blindés. Elle est loin la « grande époque » des Forces nouvelles (FN), dont Wattao avait été le chef d’état-major adjoint. Ce nouveau poste, l’ancien comzone le considère comme une com juste rétribution. Pendant la crise postélectorale, il s’est engagé aux po côtés d’Alassane Ouattara lorsque celui-ci luttait encore pour que soit
à Abidjan
Ouattara, alias Wattao, impose toujours le respect. En mars, il a été officiellement nommé commandant adjoint du Centre de coordination des opérations décis décisionnelles (CCDO). Les 750 hommes – militaires, gendarmes et policiers
Issiaka Ouattara, plus connu sous le nom de Wattao.
Fofié Martin Kouakou.
Gaoussou Koné, alias Jah Gao.
Afrique subsaharienne
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comzone toujours ENRICHIS. Cuisinier anonyme avec
tout juste le grade de caporal aux premières heures Zakaria Koné.
Chérif Ousmane, surnommé Papa Guépard.
de la rébellion, en 2002, Wattao est l’un des personnages les plus truculents de la République. C’est un client assidu – et généralement bien entouré – des hauts lieux de la nuit abidjanaise. Il fréquente, avec une égale régularité, le Toa, LeMix Discothèque ou le Life Star, et la presse se régale de ses frasques. En avril, il a posé avec son chien Husky en une de Life, « le » magazine people ivoir ivoirien. Comme lui, le les anciens maîtres du Nord se sont nt considérablement enrichis. Pendan ant près de dix ans, beaucoup ont tir tiré profit de l’exploitation du cacao, du café, du bois, du
coton, de l’or et des diamants. Ils se sont approprié des entreprises, ont perçu de juteuses taxes sur le trafic routier et les services publics, et ils l’assument. « C’était une rébellion, martèle Wattao. Fallait-il compter sur Gbagbo ? Il n’y avait plus d’administration et nous étions à la fois maires et préfets. Nous avions des jeunes gens qu’il fallait nourrir, entretenir et habiller. » BOÎTES DE NUIT. Tout cela a-t-il
changé ? Pas vraimen vraiment. Selon un rapport des Nations unies publié en avril, les anciens comzones ont étendu leurs activités l l l
Zoumana Ouattara, autrement dit Zoua.
Ousmane Coulibaly, dit Ben Laden.
CRÉDITS : NABIL ZORKOT POUR J.A. - KAMBOU SIA/AFP - LUC GNAGO/REUTERS
reconnue sa légitimité de président élu. À la télévision, le 11 avril 2011, c’est lui que l’on voit aider Laurent Gbagbo à passer une chemise hawaïenne dans une chambre du Golf Hôtel. Plus tard, Wattao confiera s’être caché pour pleurer après ces instants où la déchéance d’un dirigeant, certes combattu, symbolisait un peu celle d’une nation.
Afrique subsaharienne Côte d’Ivoire t Le 11 avril 2011. Ce jour-là, c’est Wattao, l’ancien comzone de VavouaSéguéla, qui aide le prisonnier Gbagbo à enfiler une chemise au Golf Hôtel.
AFP
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l l l prédatrices à l’ensemble du territoire. Non contents d’exercer une influence grandissante dans l’appareil sécuritaire, ils ont ouvert des boîtes de nuit à Abidjan, investissent dans l’événementiel et mènent une concurrence effrénée aux footballeurs professionnels dans les achats immobiliers. Beaucoup ont aussi des biens au Burkina voisin, où a été fomentée leur rébellion. À Ouagadougou, où vit l’une de ses trois épouses, Wattao possède plusieurs villas, fréquente les discothèques (sa préférence va au Golden, au Calypso ou au Mask) et circule en Lamborghini jaune. La seule du pays. « Veut-on que je sois mendiant ? s’emportet-il. On ne peut pas empêcher chacun d’avoir son business. Le mien, c’est d’acheter des voitures, de les revendre et de faire des bénéfices. Pourquoi veut-on m’empêcher d’être heureux ? » Heureux, l’ancien patron du bataillon Anaconda semble l’être.
Il parraine des artistes locaux et s’affiche dans les concerts de zouglou et de coupé-décalé, toujours vêtu avec une extravagance assumée. Son cousin, Morou Ouattara, partage son goût pour la fête. Ancien comzone de Bouna devenu membre des Forces spéciales, il aime se prélasser au Live 7, un établissement qui appartient à Salif Traoré, alias A’Salfo, du groupe Magic System. La question de l’avenir des comzones s’est posée dès avril 2011. L’ONU et les chancelleries occidentales ont fait pression pour qu’ils quittent l’uniforme ou qu’ils soient envoyés à l’étranger comme attachés militaires, mais Alassane Ouattara pouvait difficilement risquer de se les mettre à dos. Il ne tenait pas non plus à s’aliéner ces hommes en qui il a confiance. Ils ont donc intégré la nouvelle armée, issue de la fusion des factions rebelles et des Forces de défense et de sécurité (FDS) qui, bon gré
mal gré, ont fait allégeance au nouveau chef de l’État. Ensemble, ils constituent les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), et les hommes qui étaient placés sous le commandement des comzones y sont toujours nombreux (entre 3500 et 4000, selon les estimations). Ils sont nombreux aussi dans les Forces spéciales, créées du temps où Guillaume Soro était Premier ministre. REDOUTÉ. Pour les chefs, les
promotions se sont succédé dès août 2011. Surnommé Papa Guépard, Chérif Ousmane, ancien comzone de Bouaké, a été fait commandant en second du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR). Le redouté Fofié Martin Kouakou n’est plus le comzone de Korhogo, dans l’extrême-nord du pays, mais il y dirige désormais la Compagnie territoriale (CTK). C’est à lui qu’avait été confiée la surveillance du prisonnier Gbagbo avant que celui-ci ne soit transféré à la prison de la Cour pénale internationale (CPI). Quant à Losséni Fofana, l’ex-comzone de Man, plus connu sous le nom de Cobra, il dirige le Bataillon de sécurisation de l’Ouest (BSO). En septembre 2012, Ousmane Coulibaly, autrefois chargé d’Odienné et affublé du sobriquet Ben Laden, est bombardé préfet de la région côtière de San Pedro. En novembre de la même année, Zakaria Koné, qui avait été le maître de VavouaSéguéla avant Wattao, est devenu le commandant en second du
SUR LE TERRAIN, LA RELÈVE EST ASSURÉE
L
orsqu’ils ont accepté leurs nouvelles fonctions au sein de l’appareil sécuritaire, les anciens comzones ont eu bien soin d’assurer leurs arrières. Et de placer à leur suite des hommes fidèles, qui ont repris la gestion de leurs « business ». Surnommé Vetcho, Hervé Touré est aujourd’hui le numéro deux des services de renseignements de la N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
présidence. En homme prudent, il a installé à sa place son homme de main, le lieutenant Amadou Koné (alias Sampaio), qui contrôle une grande partie du Sud-Est, de Grand-Bassam jusqu’à Noé, à la frontière ghanéenne. À Issia, dans l’Ouest, Losséni Fofana a passé le relais au lieutenant Bakary Fofana. Et c’est un de « ses petits » que Wattao a
placé à San Pedro : le capitaine Béma Ouattara. Lui est désormais le commandant des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) pour toute la région. Cette nouvelle génération de comzones, qui s’est construite sur le modèle de ses aînés, ne répond pas toujours aux ordres de la hiérarchie, notamment aux
instructions du général Soumaïla Bakayoko, le chef d’état-major des armées. Dans les faits, ils continuent aussi de retarder le redéploiement de la police et de la gendarmerie (ils n’y ont pas intérêt), et dans les villes, autorités locales et commerçants sont souvent à la merci du bon vouloir de ces nouveaux roitelets. l B.M. JEUNE AFRIQUE
EMANUEL EKRA/AP/SIPA
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Bataillon d’artillerie sol-air (Basa) à Akouédo. Recasés dans l’appareil de l’État, les anciens chefs de guerre aspirent aujourd’hui à une nouvelle légitimité et prônent l’ordre moral. Ils se sont entourés de communicants et de conseillers financiers. Certains, presque analphabètes du temps de la rébellion, ont pris des cours de français, quand d’autres ont choisi de se faire coacher. Mais les organisations de défense des droits de l’homme les accusent toujours d’exactions et souhaitent qu’ils rendent des comptes pour leurs actes passés. Même chose pour la CPI, qui a annoncé l’année dernière qu’elle allait enquêter sur tous les crimes commis depuis le 19 septembre 2002, date de la tentative de coup d’État contre Gbagbo. Les comzones pourraient-ils un jour se retrouver dans le box des accusés ? « Ça n’est pas près d’arriver, répond un proche du chef de l’État. Mais Alassane Ouattara a transmis des consignes très claires pour qu’ils rentrent dans le rang et qu’ils ne fassent plus de vagues. » COLLIMATEUR. Hormis quelques
cas isolés, il semble avoir été entendu. Chérif Ousmane, Losséni Fofana et Fofié Kouakou, tous trois dans le collimateur des ONG, fuient les médias. Dans le JEUNE AFRIQUE
p À Yopougon (Abidjan), en mai 2011. Pour l’ancien maître de Bouaké, Chérif Ousmane (au centre), c’est une consécration.
camp d’Akouédo, dont il dirige le premier bataillon d’infanterie depuis août 2012, le commandant Zoumana Ouattara (alias Zoua) fait profilbasetditvouloirseconcentrer sur son travail. L’ancien comzone de Mankono (Centre-Nord) est calme et affable. Proche de ses hommes, il partage leurs repas et s’enorgueillit de leurs victoires sportives. Dans un français châtié, il explique que « si des opérateurs économiques ont
Ouattara sait ce qu’il leur doit. Il sait aussi qu’il ne peut pas risquer de se les mettre à dos. été mis à contribution », c’est qu’il fallait lutter contre la discrimination dont était victime le Septentrion. MYSTIQUE. À Abobo, où il est désormais le commandant en second du bataillon des commandos parachutistes, Gaoussou Koné reprend les mêmes arguments. Surnommé Jah Gao, un pseudonyme dont l’a affublé son ami d’enfance, le reggaeman Tiken Jah Fakoly, il est l’ancien comzone de la région de Boundiali (NordOuest). Il fait partie de ceux qui, le 24 décembre 1999, ont destitué le président Bédié – l’un des rares encore en vie. Une longévité que ce grand mystique croit tenir de ses gris-gris et autres amulettes
dont il ne se sépare jamais. Lui aussi est satisfait de sa nouvelle affectation. Et lui aussi aime les paillettes : il a épousé la chanteuse Affou Keïta, dont les autres comzones aiment moquer les goûts réputés dispendieux. Ils ont parfois pu s’agacer des déclarations de Ouattara promettant qu’il n’y aurait pas d’impunité pour les auteurs d’exactions, mais en public, les anciens comzones ne jurent que par le chef de l’État, qui ne commet pas l’erreur de les sous-estimer. Et comment se positionnent-ils dans les luttes pour sa succession ? Beaucoup sont restés fidèles à Guillaume Soro, devenu président de l’Assemblée nationale. La garde rapprochée de ce dernier est, pour l’essentiel, constituée d’hommes de Morou Ouattara. On y retrouve aussi des éléments réputés loyaux à Wattao, également proche de Soro. Mais le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko, autre prétendant supposé à la succession, a lui aussi ses relations, et cultive son amitié avec Zakaria Koné ou Chérif Ousmane. Il a réussi à mettre un pied dans l’armée et à se rapprocher de Wattao grâce à la création du CCDO, dont nombre d’éléments sont des policiers qui lui sont proches… Compte tenu de leur influence, actuelle et sans doute future, mieux vaut avoir les comzones avec soi. l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Maghreb & Moyen-Orient
TUNISIE
Mustapha Ben Jaafar
« La politique est l’art du compromis »
Homme de consensus se voulant au-dessus de la mêlée, le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC) appelle majorité et opposition à s’asseoir sans préalable autour d’une table pour trouver une solution négociée à la crise.
L
Propos recueillis à Tunis par
’
FRIDA DAHMANI
assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet a plongé la Tunisie dans une crise politique sans précédent et fait trembler sur ses bases la troïka dirigeante (Ennahdha, Ettakatol, Congrès pour la République, CPR), contestée de toutes parts. Après six semaines de sit-in au Bardo et de médiations diverses, la situation est toujours bloquée, même si les négociations menées dans le cadre du dialogue national lancé par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica, patronat), la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et l’Ordre national des avocats ont permis d’arracher des concessions à la majorité. Laquelle accepte désormais le principe d’un gouvernement de compétences non partisan… une fois que la Constituante aura bouclé ses travaux, au plus tard le 23 octobre. Mais échaudée par le double discours d’Ennahdha, l’opposition continue d’exiger la démission immédiate du gouvernement d’Ali Larayedh. Pour Mustapha Ben Jaafar, ce blocage est le résultat d’une sévère crise de confiance qui risque de laisser des traces durables si l’on ne parvient pas rapidement à une solution de compromis. JEUNE AFRIQUE: Vous avez frappé un grand coup le 6 août en suspendant l’activité de l’Assemblée nationale constituante (ANC), avant d’appeler, le 4 septembre, les députés qui s’étaient retirés à revenir. Pourquoi ces deux décisions ? Comment ont-elles été accueillies par vos partenaires de la troïka ? MUSTAPHA BEN JAAFAR : Le 6 août, le pays
était en ébullition. Les germes de la discorde se N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
répandaient rapidement. Dans la rue, des rassemblements se faisaient face, séparés par une barrière de « barbelés » et de préjugés. Mon principal souci a été de désamorcer la crise et d’œuvrer à l’instauration d’un climat propice au dialogue. Les résultats sont là : les tensions se sont apaisées. Jamais les rencontres n’ont été aussi nombreuses. Même ceux qui s’ignoraient se sont parlé plusieurs fois. J’ai moi-même multiplié les contacts avec les différents partenaires, en écartant tout protocole. Aux rencontres bilatérales ont succédé des débats plus élargis, et on a vu se développer des échanges multilatéraux entre les organisations chargées du dialogue national [UGTT, Utica, LTDH, Ordre national des avocats] et l’ensemble des partis politiques. C’était la bonne décision. Elle n’a pas été du goût de tous, notamment de certains partenaires de la troïka, mais tout le monde a compris l’utilité de cette mesure et son intérêt pour le pays. Le dialogue national est dans l’impasse. Qui est responsable de ce blocage ?
Certains semblent se réjouir de ce blocage, comme s’ils ne voulaient pas parvenir à une issue. Chercher des coupables est la meilleure manière de faire perdurer la crise. Aujourd’hui, on constate que les positions se sont rapprochées et que les conditions d’un aboutissement du dialogue sont réunies. Toutes les parties s’accordent sur le fait que l’exécutif actuel doit céder la place à un gouvernement de compétences dirigé par un indépendant. C’étaitlademandeprincipaledel’opposition.L’ANC, elle, poursuivrait son travail, avec comme mission la finalisation de la Constitution, l’installation de l’Instance supérieure indépendante pour les élections [Isie], l’élaboration de la loi électorale et, peut-être, la mise en place de la justice transitionnelle. Il faut qu’avant les élections tous ceux qui l l l
ONS ABID POUR J.A.
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t Dans son bureau de l’Assemblée, le 9 septembre.
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Maghreb Moyen-Orient Tunisie l l l sentent peser sur eux une sorte d’accusation floue soient rassurés afin que l’on puisse jeter les bases d’une véritable réconciliation nationale. Sur ces deux points, il n’y a pas de dissensions. La cause principale du blocage réside dans une crise de confiance qui n’est pas nouvelle. Mais elle a été exacerbée par l’assassinat de Mohamed Brahmi et par la perspective d’élections déterminantes pour les cinq prochaines années. Plus ce scrutin se rapproche, plus on veut s’assurer qu’il se déroulera dans les meilleures conditions de neutralité et de transparence. Chacun veut des garanties. La crise de confiance n’est pas unilatérale. Autant l’opposition que la majorité veulent avoir l’assurance qu’il n’y aura pas d’entourloupe. La majorité est prête à céder la place à un gouvernement de compétences. Elle a compris la nécessité d’apaiser l’opinion, mais elle veut s’assurer que le processus constitutionnel ira à son terme, qu’on adoptera la Constitution et éventuellementlaloiélectorale,et,surtout,queladatedes élections sera fixée. On reproche à l’actuelle majorité de s’accrocher au pouvoir, mais elle craint la même chose de la part de ses successeurs. « Garantisseznous que cette situation ne va pas s’éterniser et que les élections se dérouleront à une date raisonnable en concertation avec l’Isie, qui aura été élue », c’est la demande de la troïka.
Pourquoi avez-vous choisi d’intégrer la troïka et quel bilan tirez-vous de cette alliance que beaucoup ont jugée contre-nature, notamment au sein de votre propre parti?
Nous avons opté pour une sorte d’opposition de l’intérieur, car nous jugions toute attaque frontale inutile. Par cette approche mesurée, nous souhaitions nous familiariser les uns avec les autres, comprendre ce que chacun voulait et attendait. Au lendemain du 23 octobre 2011, il n’y avait pas d’autrealternativepourconstituerungouvernement disposantd’unemajoritéstableàmêmedeconduire la transition. J’aurais préféré que cette coalition rassemble un maximum de partis et je reste persuadé que, si nous avions été écoutés, les équilibres au sein de cette coalition auraient été meilleurs. Avant la tragédie du 25 juillet, nous étions à deux doigts de boucler le parcours. Nous étions à vingt-quatre heures de la finalisation de la composition de l’Isie et nous aurions aujourd’hui adopté la Constitution en tenant compte des remarques qui avaient été émises. Avec la Commission des consensus, qui rassemble toutes les sensibilités politiques, nous avions pratiquement résolu la plupart des différends sur certains points de la Constitution. Vous avez déclaré que l’activité de l’ANC était coordonnée à celle du gouvernement actuel. Pourtant, la démission du gouvernement Jebali n’a pas eu d’impact sur le travail de l’ANC.
Ces deux moments n’ont qu’un seul point commun: ils succèdent à l’assassinat de deux hommes N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
politiques. Hors la gravité de ces faits, les situations sont différentes. La démission de Jebali a été volontaire. Pendant les deux mois qui ont précédé l’annonce de son départ, la troïka était en train de discuter d’un remaniement ministériel. Il y avait déjà une sorte de prédisposition mentale à un changement de l’équipe gouvernementale dans le sens d’une ouverture à toutes les familles politiques afin d’élargir l’assiette de la majorité. L’assassinat de Chokri Belaïd a précipité les choses et mis la barre encore plus haut. D’où l’idée de réunir un gouvernement de compétences. Le 25 juillet, la situation était tout à fait différente. Nous étions arrivés au terme des discussions pour résoudre les litiges autour du texte constitutionnel proposé le 1er juin. Nous étions dans les cent derniers mètres de la phase de transition. C’est ce qui a habilité la majorité à dire : « Ce processus institutionnel, laissez-nous le terminer. Nous en avons eu la responsabilité pendant près de deux ans, ce n’est pas à un mois de son aboutissement que nous devons en être empêchés. » Il faut bien comprendre que le lien entre l’ANC et le gouvernement n’est pas d’ordre idéologique, mais de nature pratique. Le processus de transition touchant aujourd’hui à sa fin, il faut rassembler tous les partenaires autour d’une table afin que le gouvernement s’engage sur une date de départ et qu’en parallèle l’ANC reprenne son travail. Avec le retour de tous dans l’hémicycle, l’adoption de la Constitution et de la loi électorale n’excéderait pas le mois.
L’exécutif actuel doit céder la place à un gouvernement de compétences dirigé par un indépendant. L’ANC est l’instance légitime et souveraine. Pourquoi le gouvernement se comporte-t-il comme s’il avait les coudées franches et ne devait rendre de comptes à personne ?
Vous faites allusion à ce que je considère comme un abus de langage. On a entendu le président de la République donner des instructions à l’ANC sans que cela soit dans ses prérogatives, et personne ne s’en est ému. Les propos du gouvernement procèdent davantage d’un souci plus général de l’intérêt du pays que de la volonté de faire cavalier seul. Et on ne peut faire fi de toutes ces plénières où l’ANC a interpellé l’exécutif ou certains de ses membres, parfois sans ménagement, sur tel dossier ou tel événement. D’un autre côté, il faut admettre que ce gouvernement dispose d’une majorité confortable qui lui permet de travailler relativement à son aise. C’est la démocratie, c’est le résultat des urnes. Mais ce gouvernement ne fait pas ce qu’il JEUNE AFRIQUE
HAMMI/SIPA PRESS
Mustapha Ben Jaafar
p Arrivant à l’ANC avec le président Moncef Marzouki et le Premier ministre Ali Larayedh, le 25 juillet, à Tunis.
veut, l’ANC a bloqué certains projets de loi ou réclamé qu’ils soient amendés. Quand les élections pourront-elles raisonnablement se tenir ?
Une fois l’Isie installée, les normes internationales assurent qu’il faut un minimum de six mois pour organiser des élections, ce qui serait raisonnable, mais nous ne sommes pas à un ou deux mois près. Pour rassurer tout le monde, nous pouvons situer cette échéance entre mars et mai 2014. Il appartiendra aussi à l’Isie de confirmer la faisabilité des élections dans cet intervalle. Le gouvernement et la majorité réclament la présence d’observateurs internationaux, le plus nombreux possible, pour suivre en amont et en aval l’organisation et le déroulement des élections, et le dépouillement des bulletins. Comment sera gérée la période allant de la fin des travaux de l’ANC aux législatives ?
Les experts nous le diront. Nous les consulterons, car les dispositions transitoires font partie de la Constitution qui sera adoptée. Ces règles définiront le rôle de l’ANC en attendant que le nouveau Parlement soit élu. Théoriquement, l’ANC cesse son travail à ce moment-là, mais on peut concevoir qu’elle continue de travailler et qu’elle délègue le législatif au gouvernement ou au président de la République. Ce sont des dispositions techniques avec différents cas de figure possibles.
JEUNE AFRIQUE
constant d’être à égale distance des uns et des autres. Agressions et dérapages verbaux envers l’institution m’ont fait réagir, jamais contre des personnes ou un mouvement politique mais contre des faits précis. Un travail a été accompli, le résultat est là. On nous reproche le temps perdu, c’est un fait indiscutable, mais c’est parce que notre règlement intérieur a été conçu sur un mode angélique. On en a vu de toutes les couleurs. Mais les raisons objectives du retard sont à imputer aux missions multiples, en sus de la Constitution, dont s’est chargée l’ANC, notamment à son rôle de contrôle du gouvernement et du législatif. Nous avons choisi de partir d’une feuille blanche. Nous aurions pu soumettre en quelques mois un travail d’experts à la Constituante, cela aurait été plus rapide. Mais la procédure adoptée nous permet aujourd’hui de dire que la Constitution, avec ses qualités et ses défauts, est un projet totalement intériorisé par les Tunisiennes et les Tunisiens. Jamais nous n’avons eu de débat aussi large. Êtes-vous satisfait d’un projet de Constitution comportant des articles qui menacent la nature civile de l’État et opèrent des discriminations entre Tunisiens ?
Les gens les plus avertis admettent que la mouture à laquelle nous sommes parvenus, après trois versions, est un bon texte. Ce n’est pas uniquement l’avis de constitutionnalistes tunisiens, mais aussi celui de la commission de Venise et du club de Madrid. Cela ne veut pas dire que le texte ne soit pas perfectible, au contraire. À travers la Commission des consensus, nous avons découvert des points à revoir. Aujourd’hui, on peut dire que c’est la Constitution « des libertés », puisque tout ce qui était objet de litige sur ce chapitre a été enlevé. Il n’y aura plus d’article 141, qui disposait que « l’islam est religion d’État ». Dans ce sens, nous avions entamé, avant le 25 juillet, des discussions sur le préambule en tenant compte des différentes concessions. On nous a reproché de nous aligner sur la position de la majorité, mais les résultats démontrent que nous avons su avancer par le dialogue. Je ne m’offusque pas quand on me dit que je suis un homme de compromis; la politique, c’est l’art du compromis. Comment analysez-vous le paysage politique actuel ?
On vous a reproché d’avoir fait trop de compromis. Comment se sont déroulés ces mois au perchoir?
Il est en pleine recomposition. Les résultats des prochaines élections seront totalement différents de ceux du 23 octobre 2011. Mais je tiens à souligner que la bipolarisation de la scène politique est inquiétante. C’est un phénomène dangereux qui peut conduire à une scission qui ne sert pas du tout l’intérêt du pays et ne rassure pas sur l’avenir du processus de transition.
Mieux vaut avoir les nerfs solides ! Ma première mission a été d’être un facilitateur et de permettre la réalisation de compromis avec comme souci
Lors du Conseil national du 18 août, Ettakatol a été ferme quant à ses exigences, similaires à N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Maghreb Moyen-Orient Tunisie celles de la société civile, à savoir la formation d’un gouvernement de compétences, la dissolution des Ligues de protection de la révolution, la révision des nominations partisanes afin de garantir la neutralité de l’administration et la reprise en main des mosquées. Ces points sontils toujours non négociables ?
Que ferez-vous après le 23 octobre 2013 ?
Je continuerai de servir mon pays. La Tunisie est faceauxmêmes défisqueceux de l’après-révolution. La relance de l’économie et l’édification de la démocratie nécessitent un consensus très large. Après les prochaines élections, une entente devra se réaliser autour d’un nouveau projet de développement. Les résultats des urnes seront déterminants pour définir cette coalition. Mais il y aura forcément une coalition. Aucun parti ne pourra gérer seul le pays d’une manière satisfaisante.
Ils sont essentiels et non négociables. Évidemment, on ne peut les imposer, mais ils font l’objet d’un large consensus parmi les forces politiques et l’opinion publique. Le Front du salut exprime un mécontentement. Quelles réponses apporter aux revendications de la rue, de la société civile et de l’opposition ?
Citez-moi un seul point sur lequel les forces du Front du salut ont exprimé une quelconque satisfaction ! C’est l’attitude qui a prévalu depuis le 23 octobre 2011. À peine le gouvernement avait-il été constitué, en janvier 2012, qu’on appelait déjà à son départ. S’il y a de réels motifs de mécontentement, il y a aussi un jeu politique. On donne dans la polémique de manière parfois caricaturale. La gestion d’une situation totalement nouvelle dans un climat de liberté quasi totale n’est pas chose aisée. Les cinq gouvernements qui se sont succédé depuis la chute de Ben Ali ont été confrontés aux mêmes problèmes. L’objectivité commande d’admettre que la situation s’est globalement améliorée. On ne peut pas comparer la situation de janvier et février 2011 à celle d’aujourd’hui, même s’il y a eu des pics de tension et des erreurs de gouvernance. Le mécontentement né de la situation sécuritaire, de la fragilité de l’économie et du chômage est fondé. Ces problèmes, liés aussi à la crise de confiance, ne peuvent être résolus que par un retour d’un minimum de confiance. N’importe quel gouvernement aura à affronter ces problèmes. Je m’interdis d’accuser un « partisan » de manquer de compétence ou de patriotisme. Mais il est clair qu’un gouvernement non partisan rassurerait davantage. Avez-vous des regrets ?
Je regrette que notre appel à une coalition plus large au lendemain des élections de 2011 n’ait pas eu l’écho qu’il méritait. Beaucoup de choses auraient changé, surtout en matière de gouvernance. Cela nous aurait permis d’éviter certaines erreurs et de mieux apaiser l’opinion en évitant les tiraillements à caractère partisan. Nous aurions gagné beaucoup de temps, y compris pour les travaux de l’ANC, qui ont souffert des crispations et des jeux de postures. Le deuxième regret est qu’avec un gouvernement disposant d’un consensus national l’ANC aurait pu se consacrer essentiellement à la Constitution. On aurait gagné un an. Dans le cadre d’un jeu classique majorité/ opposition, elle a dû jouer un rôle de contrôle du gouvernement. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
S’il était une chose que vous auriez eu le pouvoir de changer ces derniers mois, quelle serait-elle ?
Les assassinats politiques. Ce n’est pas dans nos traditions. On aurait évité ces moments de tension qui ont retardé la marche du pays. Mais cela nous a permis de réaliser qu’il fallait plus que jamais nous retrouver autour d’une table et que l’intérêt du pays rendait nos différences secondaires. Cela fait un mois et demi que Mohamed Brahmi a été assassiné. Qu’avons-nous fait depuis? L’opposition
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a demandé la dissolution de l’ANC et la démission du gouvernement. On peut dire légitimement que l’ANC ne reflète pas les changements qui se sont entre-temps opérés, mais que des démocrates demandent la dissolution d’une assemblée élue démocratiquement est paradoxal. Que la majorité fasse des concessions, revienne sur ses lignes rouges et accepte finalement, sous quatre semaines, de boucler le processus institutionnel et de mettre fin à la mission du gouvernement, cela aurait dû contenter tout le monde, mais l’opposition continue d’exiger des garanties. Elle est en droit de le faire, mais, pour cela, il faut se mettre autour d’une table sans intermédiation pour rétablir un seuil de confiance. Ettakatol avait appelé à un gouvernement d’union nationale en 2011. Aujourd’hui, c’est une réalité incontournable car, même autour d’un gouvernement de compétences, un consensus national est nécessaire. l
p Ben Jaafar a lui-même multiplié les contacts. Ici avec Maya Jribi, secrétaire générale d’Al-Joumhouri (Parti républicain).
JEUNE AFRIQUE
Maghreb Moyen-Orient
TRIBUNE
Opinions & éditoriaux
Quelle révolution syrienne?
P SAMIR TAÏEB Porte-parole d’Al-Massar (parti de gauche tunisien)
OUR LES DÉMOCRATES ARABES, le régime de Bachar al-Assad était parmi les plus honnis. Sa chute aurait marqué la fin d’une époque et ouvert de nouvelles perspectives pour l’ensemble de la région. Dans le flux des révolutions de 2011, la tentation de croire à un printemps syrien a été forte. Mais à peine né, le soulèvement populaire a été tué dans l’œuf ; très vite, sous la pression de forces régionales, les mots d’ordre de « liberté », « dignité » et « justice sociale » ont fait place à des slogans idéologiques où il était question de religion et de volonté divine. Le peuple syrien, qui n’avait jamais formulé de telles revendications, n’avait plus qu’à choisir entre la peste et le choléra. Qu’il réchappe de l’une ou de l’autre, les séquelles sont déjà lourdes : la population est divisée, l’infrastructure économique gravement endommagée, le patrimoine ravagé. Il appartiendra aux générations futures d’effacer tous ces stigmates. Mais encore faut-il que la Syrie conserve sa souveraineté. Le pays n’a pas été le théâtre d’une révolution mais d’événements nés d’une realpolitik orchestrée par la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite pour neutraliser l’Iran, avec les ÉtatsUnis et la Russie en chefs marionnettistes. On peut même dire que le premier mouvement de cette révolution présumée laïque et démocratique était un leurre tant il a été rapidement pris en otage par ces rivalités fratricides et régionales. L’Occident n’y a rien compris, ou a feint de ne pas comprendre, au point d’adopter des positions absurdes. Au prétexte de destituer Bachar, les Occidentaux ont soutenu les extrémistes religieux et les jihadistes, dont ils combattent par ailleurs l’idéologie, fournissant ainsi des armes qui se retourneront tôt ou tard contre eux. À vouloir coûte que coûte la perte d’un dictateur, qu’ils choyaient quelques mois auparavant, ils se sont rangés du côté des ennemis de la démocratie. L’Armée syrienne libre, qui manque cruellement de moyens, a été réduite à peu de chose, tandis que les ultra-religieux étaient organisés et soutenus, notamment par Al-Qaïda. Bien évidemment, enjeux économiques et régionaux obligent, les exactions commises au nom d’un wahhabisme rampant ont été absoutes. Les rapports de force politiques ne sont jamais à un paradoxe près. L’axe Washington - Tel-Aviv - Riyad s’est
abrité derrière des prétextes humanitaires pour prendre en tenailles le Hezbollah, allié de Damas et avant-garde de la résistance anti-israélienne. L’éviction, aussi rapide qu’inattendue, de l’émir du Qatar Hamad Ibn Khalifa Al Thani s’inscrit dans cette logique : couper le Hezbollah de ses soutiens et le priver au maximum de ressources extérieures. Dans ce contexte régional tendu et fluctuant, laTurquie se verrait bien jouer le rôle de l’Iran. Et Israël, qui lorgne avec convoitise le Liban, est au bout du compte le vainqueur du conflit. La révolution syrienne est bel et bien finie, et depuis longtemps. LaTunisie ne l’a pas compris, qui a lancé trop vite les concertations des « amis de la Syrie », trahissant un manque de discernement diplomatique, d’autant qu’elle n’a pas pris position contre une éventuelle intervention occidentale, alors que 1 900Tunisiens sont morts dans cette guerre. Le résultat est aussi triste que terrible. Nos fils, armés par les puissances dites démocratiques, tuent nos frères. Les Arabes sont devenus les ennemis des Arabes, faute de lucidité et de maturité politique. Dans cette
Faute de maturité politique, les Arabes sont devenus les ennemis des Arabes.
JEUNE AFRIQUE
manipulation, qui dépasse largement le cadre syrien et régional, la seule issue est une solution négociée.Tout comme l’opinion internationale, nous gardons à l’esprit les précédents irakien et libyen, et rejetons catégoriquement une intervention militaire. Mais ne soyons pas naïfs ; ce n’est pas la pression anti-interventionniste qui a fait reculer Obama, mais une forme de réalisme. Car on a beau dénoncer et expliquer, les leaders du monde restent sourds à tout argument qui n’irait pas dans le sens de leurs intérêts. Nous ne sommes plus, si tant est que nous l’ayons jamais été, dans un contexte où il s’agit de soutenir une révolution. Ce n’est qu’un prétexte pour mettre à genoux un pays clé de la région et substituer à son régime un pouvoir favorable aux États-Unis et neutre vis-à-vis d’Israël. Mais l’Iran et la Russie ne l’entendaient probablement pas de cette oreille. À preuve, Bachar n’est pas tombé. l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Maghreb Moyen-Orient une inauguration le « 12/12/12 » (comme prévu) par le roi Mohammed VI, en présenceduchefdugouvernement,Abdelilah Benkirane, et du Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault. La venue de l’ancien maire de Nantes, première ville française à avoir remis en service un tramway urbain, n’était pas seulement symbolique. Deux entreprises françaises sont étroitement associées au projet. Il s’agit d’Alstom, qui a livré les rames et fourni l’installation électrique, et de RATP Dev, qui gère l’exploitation du réseau. Une exportation réussie du savoir-faire français, saluée comme il se doit par Jean-Marc Ayrault devant une assemblée de grands patrons marocains et français, rassemblés à quelques mètres du lieu de l’inauguration.
MAROC
Tram tram quotidien Inauguré en grande pompe il y a neuf mois, le tramway de Casablanca s’est désormais fondu dans l’espace urbain. Reportage au fil de la T1, qui relie le quartier de Sidi Moumen à la corniche d’Aïn Diab.
A
nnoncé par un petit carillon, un serpent rouge et vert s’arrête à quelques dizaines de mètres de la gare de CasaVoyageurs, quelques retardataires farfouillent dans leur poche à la recherche de la dernière pièce de 50 centimes pour acheter un billet. Les plus malins, porteurs d’une carte d’abonnement, sont déjà à bord. Trop tard pour le client devant le distributeur automatique, le tramway s’ébranle. Qu’à cela ne tienne, le train suivant est annoncé dans cinq minutes. Le temps de retenter sa chance avec cette satanée pièce. Un des agents fait patienter d’autres clients qui attendent, les redirige vers un autre distributeur, il contrôle aussi lefranchissementdelabarrièrequipermet de valider son ticket. À bord, l’ambiance est plutôt calme en cette après-midi estivale. « Ah ! soupire Aymane, ça fait du bien ! Ça nous change des horribles bus de mon enfance. » Tout le monde apprécie la climatisation, une bénédiction : le mercure affiche 34 °C à l’extérieur. Nettoyées tous les jours, les rames sont impeccables, mais on ne peut pas en dire autant des abords des stations. Si le tramway de Casablanca offre pour la première fois un service de transport de masse de qualité internationale, les mentalités, elles, n’ont pas changé du jour au lendemain.
Durant quatre longues années de travaux, les Casablancais ont maudit ce tramway censé révolutionner leurs déplacements et qui était surtout synonyme de poussière, de bouchons et de difficultés de stationnement. Sans aller jusqu’à provoquer l’hostilité générée par le projet de ligne à grande vitesse entre Tanger et Rabat (stoptgv.com),ilad’abordétéaccueilliavec scepticisme. Les critiques qui ont émaillé son douloureux enfantement témoignent d’uncertainétatd’espritcasaoui.Maiselles se sont vite tues à la naissance du bébé. Jusqu’à l’été 2012, la plupart des riverains interrogés répondaient avec aplomb qu’« il ne sera[it] jamais prêt à temps ». La faute aux délais allègrement malmenés dans
TEST RÉUSSI. Moins d’une semaine après sa mise en service, le tramway était confronté à son premier test. Le derby local de football entre le Wydad et le Raja, souvent émaillé de violences, allait-il réduire à néant l’image d’un moyen de transport propre, silencieux et civilisé ? Les hordes de hooligans s’abattant sur le Rames impeccables et centre-ville allaient-elles ne climatisées, tarifs compétitifs, faire qu’une bouchée des rames flambant neuves ? Et dispositif de sécurité dissuasif… puis quelle idée d’habiller de d’autres projets d’envergure ? « La faute rouge ces mêmes voitures, au risque de aussi à une bonne dose de mauvaise foi provoquer l’ire des Rajaouis, qui – comme en tout cas, puisque les grands projets chacun sait – voient vert. Le jour J, la d’infrastructure sont souvent réalisés dans présence remarquée des forces de l’ordre les temps », avance, pour sa part, Leïla, n’a pas surpris les habitués. La ville est consultante en organisation. quasiment en état de siège, deux fois Pour le tramway, on a craint le pire par an, à chaque derby. Les riverains du avec la défaillance de certains contraccomplexe Mohammed-V, un stade de plus tants, mais les efforts de tous ont permis de 65 000 places situé en plein quartier résidentiel, se barricadent, mettent leur voiture à l’abri, imposent le couvre-feu à femme et enfants. Des milliers de tifosis se dirigent par longues cohortes au stade, le plus souvent à pied, escortés par des fourgons de police, toutes sirènes hurlantes. Miracle, le tram fonctionne ce jour-là. Normalement. « Il ne s’est rien passé », se souvient Réda, journaliste sportif. Caméras de surveillance embarquées dans les voitures et installées sur les quais, policiers en uniforme et en civil placés dans chaque module de rame, le dispositif de sécurité est suffisamment dissuasif. En réalité, le tramway fait déjà partie du paysage. Les longs travaux ont habitué les Casaouis à sa venue ; les aménagep Mohammed VI et Jean-Marc Ayrault lors de l’inauguration, le 12 décembre 2012. ments de voirie, plus de 200 000 mètres AZZOUZ BOUKALLOUCH/AFP
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JEUNE AFRIQUE
GUILLAUME MOLLÉ POUR J.A.
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p Une solution de choix pour rejoindre des axes d’ordinaire très engorgés.
FICHE TECHNIQUE
1 e lign e é s i l réa
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4 s pôle e g n a h d’éc bus
de trottoirs entièrement refaits, et les panneaux de signalisation ont préparé le terrain. Sur certains tronçons, le changement est spectaculaire. Une partie du boulevard Mohammed-V (anciennement boulevard de la Gare) est devenue piétonne. Sur cette artère, un vieux tramway circulait déjà jusqu’aux années 1950. Les façades d’immeubles, dont certaines, de style Art déco, sont classées, ont été ravalées. Une invitation à se réapproprier une partie du patrimoine architectural de la ville, menacée de destruction (voir J.A. no 2638). Certains se réjouissent de cette gentrification progressive. Pour l’heure, le centre-ville reste très délabré, mais ceux qui sont convaincus du potentiel bobo du quartier ont déjà commencé à s’intéresser au prix du mètre carré, notamment les agences immobilières. Ce qui fait sourire Hassan, un habitué des lieux : « Avant, quand je levais la tête pour regarder les immeubles, les gens me prenaient pour un fou. » JEUNE AFRIQUE
6 ams dirh pour t icke un t
600 m
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31 km
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Long de 31 km, le tracé de la ligne T1 – de Sidi Moumen à la corniche d’Aïn Diab – réunit des quartiers que tout sépare. Cet été, le tramway a été très prisé des plagistes, qui ont supporté le long détour pour profiter de la climatisation. Surtout, l’argument du prix s’est révélé convaincant. Contrairement aux idées reçues, le transport coûte cher dans une ville comme Casablanca, où les transports publics sont insuffisants. La commune, qui a étudié les habitudes de la population, avait conclu il y a quelques années que les gens se déplaçaient surtout à pied, dans une ville tentaculaire. Le prix du billet a été fixé par le conseil de la ville à 6 dirhams (0,50 euro) le voyage. À ce tarif, l’équilibre d’exploitation n’est pas assuré, et la mairie doit en subventionner une partie. À titre de comparaison, le billet de bus coûte de 3,5 à 4 dirhams, le déplacement moyen en petit taxi de 10 à 12 dirhams. Surtout, Casa Tramway propose à ses usagers des
48 ions stat
250000 ers sag pas pacité a e en c rnalièr jou
6 à 6,5 milliards ms irha t de d semen l a estis glob d’inv
formules d’abonnement avantageuses : 230 dirhams mensuels pour un nombre de voyages illimité et 150 dirhams pour les publics scolaire et étudiant. EMPLOIS. Même s’il ne remplace pas (encore) les autres modes de transport, le tramway reste une solution de choix pour rallier certains axes d’ordinaire très engorgés. Pour rejoindre le marché informel de Derb Ghallef, premier marché informatique et d’habillement de la ville, il est imbattable. De même qu’il dessert l’avenue Hassan-II, siège des grandes banques et compagnies d’assurance. Pour les étudiants souhaitant gagner les facultés du sud de Casablanca, c’est un secours appréciable. Dans le quartier de Sidi Moumen, célèbre pour avoir fourni les kamikazes du 16 mai 2003, la société d’exploitation a choisi d’installer son centre de maintenance, avec 1 200 emplois créés. l YOUSSEF AÏT AKDIM, envoyé spécial N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
VIRGINIE NGUYEN HOANG/HANSLUCAS
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ÉGYPTE
Introuvable troisième voie Hostiles par principe à l’arbitraire et à la violence, ils dénoncent à la fois les Frères musulmans, l’armée et les caciques de l’ancien régime. Mais leurs initiatives ne rencontrent que peu d’écho.
L
a lutte implacable que se livrent les Frères musulmans égyptiens et l’armée tendrait à confirmer la vieille thèse selon laquelle le monde arabe serait éternellement condamné à choisir entre un régime autoritaire, militaire ou civil, et une théocratie. Pourtant, une troisième voie, authentiquement démocratique, existe, incarnée par un ensemble hétéroclite et désuni de gauchistes, de libéraux et de militants des droits de l’homme, qui rejettent les deux termes de l’alternative. « Dans une large mesure, il s’agit de ceux qui ont combattu tour à tour Moubarak, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) et Mohamed Morsi », explique Reem Daoud, du groupe Militaires menteurs, qui, durant la première période de transition, organisait dans la rue des projections dénonçant les exactions de l’armée. Signe des temps, l’organisation a été rebaptisée « Militaires menteurs, au nom de la religion » pour souligner aussi son opposition aux islamistes. Ces partisans de la troisième voie, dont toutlemondechantaitleslouangesaulendemain de la révolution, sont aujourd’hui minoritaires. Leur neutralité affichée est accueillie avec méfiance par les deux autres camps, chacun les accusant de rouler pour leurs adversaires. Le 1er août, N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
une délégation de représentants d’ONG égyptiennes se faisait ainsi violemment expulser du sit-in de Rabaa al-Adaweya, organisé par les Frères dans l’est du Caire. Lesdites organisations avaient pourtant pour objectif de prouver aux autorités que les manifestants ne cachaient pas d’armes dans leur campement. « Les gens ne comprennent pas que l’on puisse être à la fois contre les Frères et contre l’armée. Ils ont une vision manichéenne de la situation ; tout est soit blanc, soit noir », déplore le blogueur et journaliste Wael Abbas. MINORITÉ. Mais ces accusations ne sont
p Manifestation du groupe La Troisième Place, le 30 juillet, au Caire.
président Morsi avant sa destitution. « La plupart de ceux qui se présentent sous la bannière de la troisième voie sont en réalité principalement hostiles à l’armée », accuse Mohamed Waked, figure de la révolution et membre du Front national pour la justice et la démocratie, selon lequel « seule une minorité est réellement opposée aux deux, mais elle est très marginale et n’a pas d’impact ». De fait, les diverses initiatives lancées par la troisième voie peinent à mobiliser. Des activistes ont ainsi invité les citoyens opposés aux deux bords à se mettre à leurs fenêtres le soir et à taper dans une casserole pour exprimer leur désaveu. Le tintamarre escompté se fait encore attendre… « La majeure partie de
pas totalement infondées. Fin juillet, des militants ont ainsi organisé une série de manifestations sous Leur neutralité affichée est accueillie la bannière de « La Troisième Place » avec méfiance par les deux camps. pour distinguer leur mobilisation de celle de la place Al-Tahrir, la population se mobilise uniquement jugée promilitaires, et de celle de Rabaa lorsque ses conditions de vie sont en jeu, al-Adaweya, pro-islamistes. Au-delà du explique Alaa al-Din Arafat, chercheur faible engouement suscité par cette initiaassocié au Centre d’études et de docutive – quelques centaines de participants mentation économiques, juridiques et tout au plus –, on a pu noter la présence sociales (Cedej). Or, depuis le 30 juin, la situation économique s’est sensiblement parmi les organisateurs du mouvement améliorée. » Pourtant, d’après Arafat, la Hazemoon, partisan du prédicateur salafiste Hazem Abou Ismaïl, qui avait troisième voie pourrait jouer un rôle au cas où les choses se dégraderaient de ouvertement apporté son soutien au JEUNE AFRIQUE
Coulisses nouveau : « Les gens sont certes contre les Frères, mais ils ne sont pas prêts pour autant à se laisser duper par l’armée. Si la situation ne s’améliore pas, ils se demanderont à quoi a servi le départ de Morsi. » Une position partagée par Omar Kamel, vidéaste et membre de l’association Non au jugement militaire des civils, très active lors de la première phase de la transition : « Même ceux qui soutiennent l’armée contre les Frères ne veulent pas vraiment d’un régime militaire. Ils sont conscients que nous sommes dans une période transitoire. Et sont patients parce qu’il y a un conflit armé et parce que, jusqu’à maintenant, la feuille de route a été respectée. Mais si le pouvoir militaire manque à ses engagements, ils redescendront manifester. » « FOULOUL ». Nonseulementlesnouvelles
autorités mènent un combat sans merci contre les Frères, assimilés aux « terroristes»d’Al-Qaïda,maislesmédias,publics et privés, ont adopté une ligne éditoriale qui semble tout droit sortie des officines du régime. Au point que de nombreux Égyptiens craignent un retour aux pratiques arbitraires de l’ancien régime et à la répression de tout type d’opposition. « Il y a la guerre entre les appareils de sécurité et les Frères musulmans, mais il y a aussi, en arrière-plan, le conflit qui oppose les révolutionnaires aux caciques [fouloul] de l’ancien régime et dont l’on verra les prolongements au sein du gouvernement etducomitéconstitutionnel»,ajouteOmar Kamel. On reproche ainsi aux autorités d’avoir renforcé, début septembre, les prérogatives des services de sécurité des universités, leur accordant le droit de rédiger des procès-verbaux contre les étudiants et de les transférer directement au parquet. Une décision qui, selon ses détracteurs, aurait pour but de mettre fin à la vie politique bouillonnante des milieux étudiants.Demême,desONGégyptiennes ont dénoncé le jugement, le 3 septembre, de 52 islamistes devant des tribunaux militaires, une pratique déjà critiquée par la société civile lors de la première phase de la transition. Mais Mohamed Waked se veut confiant : « Aujourd’hui, les caciques sont inquiets parce qu’ils se sentent marginalisés, alors qu’ils croyaient que le mouvement du 30 juin leur avait redonné tous leurs droits. Ils s’activent, mais, pour le moment, leurs efforts n’ont pas eu les résultats escomptés. » l TONY GAMAL GABRIEL, au Caire JEUNE AFRIQUE
Maghreb & Moyen-Orient NON, tu ne l’es PAS !
SALUT, JE SUIS HASSAN ROHANI, NOUVEAU PRÉSIDENT de l’Iran, ET JE SUIS MODÉRÉ…
G U IDE SUP RÊME IRAN-ISRAËL « JOYEUX ROCH HACHANA ! » « Israel loves Iran. » La campagne lancée début 2012 par des pacifistes israéliens aurait-elle fini par toucher les dirigeants iraniens ? « Alors que le soleil est sur le point de se coucher ici à Téhéran, je souhaite à tous les Juifs, et plus particulièrement à ceux d’Iran, un heureux Roch Hachana », aurait écrit le nouveau président iranien, Hassan Rohani, sur un compte Twitter à son nom, le 4 septembre. L’authenticité de ces vœux a été mise en doute mais, quelques heures plus tard, son ministre des Affaires étrangères tweetait à son tour « Joyeux Roch Hachana ». À la fille de Nancy Pelosi, ex-présidente de la Chambre des représentants américains, qui lui demandait de « mettre un terme à la négation de l’Holocauste », il a répondu: « Celui dont on a pensé qu’il le niait est maintenant parti », faisant allusion à l’ex-président Ahmadinejad. Bien sûr, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui avait vu en Rohani « un loup déguisé en brebis », n’y a perçu que ruse et fourberie. l
DROIT DUTRAVAIL TEL-AVIV À L’AMENDE Salaire de misère, non-paiement des heures sup, surcharge de travail, congés inexistants… Selon une enquête menée la semaine dernière par les services de l’État juif, 90 % des commerces deTel-Aviv violent allègrement les droits des travailleurs étrangers. Décidées à mettre un terme à cette dérive, les autorités ont diligenté, depuis le début de l’année, 1700 enquêtes visant des employeurs indélicats.
YÉMEN SOS JOURNALISTES Human Rights Watch recense au moins vingt cas de journalistes yéménites victimes de menaces ou de violences – dont un assassinat – depuis le départ du président Ali Abdallah Saleh, en février 2012. Longtemps harcelés par les forces
de sécurité de l’ancien régime, les médias sont désormais la cible des nostalgiques de l’ère Saleh, des conservateurs religieux, des sécessionnistes du Sud ou encore des rebelles chiites houthis.
LIBAN SÉCURITÉ 2.0 À nouveaux conflits, nouvelles technologies. Face à l’angoisse suscitée par les multiples débordements libanais de la crise syrienne, des développeurs libanais ont créé plusieurs applications pour smartphones cartographiant anicroches ou séismes sécuritaires. Une bombe fait trembler un quartier? Une rafale d’AK47 strie la nuit de Beyrouth? Les abonnés peuvent suivre en temps réel « là où ça ne va pas », i. e. là où on ne va pas. Revers de la médaille: le système indique aussi aux belliqueux là où il faut aller faire le coup de feu. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Europe, Amériques, Asie
ITALIE
Feu à volonté! Jamais le pays de Dante et de Michel-Ange n’avait eu de ministre noir. La nomination, en avril, de Cécile Kyenge, originaire de RD Congo, a suscité des réactions xénophobes d’une violence inouïe.
R
ome, le 4 septembre. Ministre italienne de l’Intégration et de la Jeunesse, Cécile Kyenge reçoit au 19, Largo Chigi, dans le quartier historique, à deux pas du palais Chigi, siège du gouvernement. Il est 17 heures, les touristes déambulent dans les ruelles, slaloment entre les trésors antiques. La Ville éternelle ressemble à sa caricature : belle, brûlante (il fait encore 30 °C), vertigineuse… N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
HABY NIAKATE, envoyée spéciale à Rome
L’immeuble abrite plusieurs ministères. Celui de Cécile Kyenge est au deuxième étage. Au bout d’un long couloir, son immense bureau à dorures et capitons paraît surgir d’un autre siècle. « Et encore, vous n’avez pas tout vu, il y en a un autre à côté ! » plaisante la ministre dans un français teinté d’italien et de swahili, sa langue natale. Sur son bureau, une pile de dossiers annotés et le dernier numéro du magazine Vanity Fair. Un garde du corps à cravate rose est debout dans un coin. Dans un autre, sa coordonnatrice de cabinet chronomètre le rendez-vous. Prévenue de la présence d’un photographe, une assistante déboule pour un ultime raccord de maquillage. La ministre fait un geste de la main : « Non, non, vous pouvez rester ! » Elle se tient droite à présent, mains croisées, regard fixe. Son mètre cinquante JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie
SIMONE CERIO/PARALLELOZERO POUR J.A.
ce n’est que plus tard que j’ai compris que ça ne l’était pas. » En 1982, elle s’inscrit à l’université de Kinshasa. « C’était sous Mobutu, les premiers signes des crises à venir étaient déjà perceptibles. Dans les amphithéâtres, nous étions plus de six cents. Je me levais très tôt pour être bien placée. » La même année, elle obtient une bourse pour poursuivre ses études à l’étranger. « Je serais allée au bout du monde s’il l’avait fallu. Ça aurait pu être le Japon, ce fut l’Italie. » À 18 ans, la jeune Zaïroise débarque à Rome en toute légalité. Mais elle ne touchera finalement pas la bourse prévue, en raison d’inextricables problèmes administratifs. Il lui faut donc travailler pour financer ses études de médecine à l’université catholique du Sacré-Cœur, puis à celle de Modène, en Émilie-Romagne, où elle se spécialise en ophtalmologie. Elle y rencontre Domenico, un ingénieur qu’elle épouse en 1994, ce qui lui permet d’obtenir la nationalité italienne. Aujourd’hui âgée de 49 ans, Cécile Kyenge ne souhaite pas commenter la vie politique et économique de son pays natal, dont « la réalité lui est désormais étrangère », et n’imagine pas s’y installer un jour à nouveau. « Ma vie est ici », dit-elle. Elle a deux filles étudiantes, Maisha et Giulia, dont les photos trônent derrière elle sur une commode. « Dans ma vie actuelle, ce sont elles qui me manquent le plus. Le week-end dernier, pour les voir, j’ai été obligée de les emmener avec moi en déplacement à Venise ! »
disparaît presque dans l’immense chaise dans laquelle elle a pris place. Un claquement de doigts, Cécile Kyenge cède la place à la ministre de l’Intégration. On ne rigole plus. En termes laconiques, elle évoque son enfance en RD Congo. Oui, elle est née à Kambove, au Katanga. Et oui, c’était le 28 août 1964. Son père est polygame. Ses nombreuses épouses, dont la mère de Cécile, morte il y a quelques années, lui ont donné trente-huit enfants. « Je les connais tous, même s’ils sont à présent éparpillés à travers le monde », commente la ministre, qui « assume complètement le fait d’appartenir à une telle famille », mais qui, à titre personnel, désapprouve la polygamie. Elle a toujours rêvé de devenir médecin. Enfant, il lui fallait parcourir de longues distances pour aller à l’école. « À l’époque, ça me paraissait normal, JEUNE AFRIQUE
p Dans son bureau au ministère de l’Intégration et de la Jeunesse.
BRUTAL. L’apprentissage ministériel de Cécile Kyenge a été brutal. Le 28 avril, Enrico Letta, le nouveau président du Conseil, la nomme au ministère de l’Intégration (et, deux mois plus tard, de la Jeunesse). Première Noire à accéder à une responsabilité gouvernementale en Italie, elle comprend vite que cela ne plaît pas à tout le monde. Les militants et même certains dirigeants de la très xénophobe Ligue du Nord rivalisent d’insultes racistes à son endroit : « orang-outan », « négresse »… Quand ils ne jettent pas des bananes sur son passage. Elle s’attendait à ce genre de réactions. Quand elle est arrivée en Italie, les immigrés étaient encore peu nombreux. Elle se souvient qu’à l’époque certains patients refusaient d’être examinés par elle en raison de la couleur de sa peau. Mais elle a quand même été surprise par la violence de certaines déclarations. Et si les lettres de soutien affluent au ministère, elle reçoit aussi des menaces de mort et doit vivre sous la protection de quatre gardes du corps. « On a découvert que le racisme n’était pas l’apanage des excités des stades de football, mais qu’il pouvait s’étaler publiquement, en toute impunité, dans la bouche d’élus censés représenter le peuple », commente Flavie Ngah, une journaliste camerounaise installée en Italie l l l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Europe, Amériques, Asie Italie q Avec notre collaboratrice, à Rome, le 4 septembre.
SIMONE CERIO/PARALLELOZERO POUR J.A.
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l l l depuis treize ans. La ministre a-t-elle songé à démissionner ? « Jamais, jure-t-elle, car il ne s’agit pas seulement de moi, mais d’une cause qui me dépasse. » Cette cause, c’est celle des immigrés et de leurs enfants, qui représentent près de 8 % de la population italienne. « Pour qu’ils puissent trouver leur place dans la société et se faire entendre de Florilège manière citoyenne », dit-elle. Dès la fin de ses de l’abjection études, elle s’est engagée dans différentes associations de défense des droits des « C’est un choix de immigrés. Par la suite, elle a coordonné merde. Elle a une tête de la « Journée sans immigrés », qui, chaque femme au foyer. » 1er mars, visait à démontrer le poids écoMario Borghezio, député nomique de ces derniers. européen, le 30 avril, à la
C’est que, dès sa prise de fonctions, Cécile Kyenge n’hésite pas à aborder les sujets qui fâchent: le droit du sol, qu’elle souhaite instaurer ; la simplification des procédures administratives pour la naturalisation ; l’abolition du délit d’immigration clandestine ; la révision de la politique des visas… Elle planche aussi sur l’organisation d’une grande campagne contre le racisme, souhaite mettre à contribution les acteurs du milieu culturel pour changer l’image des immigrés et rêve de réformer le contenu des manuels scolaires. « L’Italie doit trouver son propre modèle d’intégration, estimet-elle. Il ne s’agit pas de copier, mais de s’inspirer de ce qui se fait de bien en France, en Angleterre ou aux États-Unis, où l’immigration est plus ancienne. Il faudra du temps pour radio « La ministre Kyenge doit rester CARACTÈRE. Une de ses camarades de faire évoluer les mentalités. » chez elle, au Congo. C’est une l’époque raconte : « Malgré sa réussite, 17h40, le tic-tac du chronomètre s’arétrangère dans ma maison. » Cécile n’a jamais été bling-bling. Elle ne souriait rête, l’entretien est terminé. La ministre et ne riait que rarement, parlait peu de sa vie priest attendue à la mairie d’Ostia, dans la Erminio Boso, ancien sénateur et député, sur Radio 24, le 3 mai vée et paraissait constamment sur ses banlieue de Rome, où, le matin même, gardes, mais sans jamais renoncer des activistes d’extrême droite ont « Pourquoi personne ne la viole à ce qu’elle croyait juste. Elle a une déposédesmannequinsmaculésdefaux jamais, pour qu’elle comprenne ce force de caractère qui lui permet sang porteurs de l’inscription : « L’immigration, que ressent la victime de ce crime de faire ce qu’elle fait si bien en ce c’est le génocide des peuples! Kyenge démission! » horrible ? » moment : essuyer les plâtres. » Sur place, le déploiement médiatique et policier est Dolores Valandro, conseillère C’est en 2004 qu’elle se lance en impressionnant. Cécile Kyenge débarque telle une municipale, politique. Elle est élue conseillère rockstar. Dans la salle, des élus locaux, des jeunes, « J’aime les animaux, sur Facebook, municipale de Modène sous les coudes membres du PD comme Khalid Chaouki, mais quand je le 13 juin leurs des Démocrates de gauche, premier député musulman d’Italie… Quand son vois une image de qui, trois ans plus tard, prendront tour vient de prendre la parole, elle se lève d’un Kyenge, je ne peux le nom de Parti démocrate (PD). Son bond, parle sans notes pendant un quart d’heure et m’empêcher de ascension est fulgurante : conseillère provintermine sous un tonnerre d’applaudissements. On penser à un orangciale en 2009, députée en février 2013… À ceux qui lui offre des fleurs, les portables s’allument, chacun outan, même si je ne jugent que son ministère n’est qu’un gadget, elle veut sa photo avec « Cécile ». Mais il est 20 heures, dis pas qu’elle en soit répond qu’elle « lance des débats qui atteignent son staff s’impatiente, la ministre s’engouffre dans un. » aujourd’hui le Parlement ». C’est vrai même si une voiture. A-t-elle conscience d’être devenue Roberto Calderoli, les députés et les sénateurs qui acceptent de la un symbole ? « Oui, dit-elle, mais je mesure aussi vice-président du Sénat soutenir publiquement sont bien peu nombreux. le poids qui pèse sur mes épaules. Je sais que italien, le 13 juillet Y compris dans son propre parti ! beaucoup attendent mon premier faux pas. » l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie JEUX DE LA FRANCOPHONIE
Une polémique française Banlieusards, une chanson interprétée à Nice, le 7 septembre, par Kery James, un rappeur d’origine haïtienne, a suscité les protestations indignées de Christian Estrosi et d’Éric Ciotti, les deux champions de la droite locale, paladins inlassables de la lutte contre l’insécurité. Pas de quoi fouetter un chat, pourtant.
L
ors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de la Francophonie, le 7 septembre à Nice, quand le rappeur français Kery James entonne les paroles de Banlieusards, l’une de ses chansons les plus connues, personne, strictement personne, ne réagit. Ni le président François Hollande ni ses hôtes, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Sénégalais Macky Sall et le Libanais Michel Slimane. Ni même le maire de la ville, Christian Estrosi, et le président du conseil général des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti. Et lorsque le rappeur lance « C’que la France ne nous donne pas, on va lui prendre », c’est tout juste si l’on entend les sifflets d’une partie du public, qui ne connaît manifestement pas la suite : « J’veux pas brûler des voitures, mais en construire, puis en vendre. » C’est par un tweet qu’Éric Ciotti déclenche la polémique : « Hollande et [la ministre de la Francophonie Yamina] Benguigui imposent une chanson scandaleuse et inappropriée sur la révolution des banlieues aux Jeux de la Francophonie », écrit-il. Très vite, Estrosi lui emboîte le pas et s’enflamme contre « une chanson qui appelle à la révolution dans les banlieues ».
dont les élections ont été reconnues sans réserve par Paris. Cette saillie n’a évidemment pas échappé à la vigilance de Benguigui. Ellemême d’origine algérienne, la réalisatrice de Mémoires d’immigrés, l’héritage maghrébin ne cesse de plaider pour la
dignité des Français issus de l’immigration. Interrogée par Jeune Afrique, fin août (J.A. no 2747), au sujet du maire de Nice, elle avait estimé que c’étaient ses déclarations qui n’étaient « pas compatibles avec la démocratie ». Avant d’ajouter, énigmatique : « Nous allons nous assurer que la
PAS COMPATIBLES. Les deux hommes
n’en sont pas à leur coup d’essai. Élus de terres très à droite où les rapatriés d’Algérie constituent une part substantielle de l’électorat, ils ratent rarement l’occasion d’une déclaration provocatrice. Surtout sur leurs sujets de prédilection : l’immigration et la place de l’islam en France. En juillet, au lendemain d’une visite de Hollande à Tunis pour appuyer « la transition démocratique », Estrosi avait ainsi affirmé qu’islam et démocratie n’étaient « pas compatibles ». Et qu’importe s’il s’apprêtait à accueillir dans sa ville, deux mois plus tard, Macky Sall et Alassane Ouattara, deux présidents musulmans BEBERT BRUNO/SIPA
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u Alix Mathurin, alias Kery James, lors de l’ouverture des 7es Jeux de la Francophonie, le 7 septembre. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie jeunesse francophone puisse s’exprimer lors de ces Jeux. Qu’elle le fasse à Nice sera un beau symbole. » Alors que Kery James ne figurait pas dans le programme initial de la cérémonie, ses services sont intervenus, quelques jours avant la date fatidique, pour le proposer. « La ministre voulait intégrer la jeunesse francophone dans toute sa diversité, explique l’un de ses conseillers. Le choix de Kery James était approprié, puisqu’il proposait de venir avec une chorale de vingt-cinq jeunes ayant des origines dans tout l’espace francophone. » C’est sans doute cette intervention qui conduira Estrosi à affirmer :
« Le président de la République et sa ministre ont imposé ce chanteur […], sans aucune concertation. » C’est pourtant faux, comme le reconnaît Bernard Maccario, directeur général du Comité national des Jeux, proposé à ce poste par Estrosi en personne : « L’État est partie prenante de l’événement, et je ne me suis pas opposé à la présence de Kery James, explique-t-il. Mais cela ne veut pas dire que Christian Estrosi ait personnellement validé sa venue. » PARADOXE. Yamina Benguigui, elle, a assumé ce choix dans les colonnes de Nice-Matin. « Sa chanson est une
magnifique apologie d’une jeunesse francophone qui aspire à une révolution des esprits pour se réapproprier le savoir, donc la réussite. » Car, et ce n’est pas le moindre des paradoxes de cette affaire, à lire l’intégralité de la chanson – choisie par l’artiste –, on a du mal à reconnaître « l’appel à la révolution dans les banlieues » décrit par le duo Estrosi-Ciotti. C’est même tout le contraire : « On n’est pas condamnés à l’échec / Pour nous c’est dur, mais ça ne doit pas devenir un prétexte ». À se demander si les deux élus avaient réellement écouté les paroles. l PIERRE BOISSELET
UN RAPPEUR BIEN ASSAGI
« Si le savoir est une arme, soyons armés » « Regarde-moi, j’suis noir et fier de l’être J’manie la langue de Molière, j’en maîtrise les lettres Français parce que la France a colonisé mes ancêtres Mais mon esprit est libre et mon Afrique n’a aucune dette.
(…)
protéger Qu’a-t-on fait pour les nôtres s que les Des mêmes erreur nôtres ? viennent nos Regarde c’que de petits frères ec scolaire D’abord c’est l’éch la colère L’exclusion donc civières La violence et les tière La prison ou le cime amnés à l’échec On n’est pas cond r, mais ça ne Pour nous c’est du prétexte doit pas devenir un e arme, soyons Si le savoir est un i nous serons armés, car sans lu désarmés. »
p Extraits de Banlieusards, la chanson de Kery James qui rend folle la droite niçoise. JEUNE AFRIQUE
A
u cours de sa très longue carrière – plus de vingt ans –, Kery James n’a certes pas toujours été un saint. Le voir aujourd’hui impliqué dans cette polémique a donc quelque chose d’assez stupéfiant. Car le rappeur s’est beaucoup assagi depuis le tournant des années 2000. « Aujourd’hui, c’est quelqu’un qui fait très attention à tout ce qu’il dit. Un peu trop, même, à mon goût », assure le réalisateur Philippe Roizès, qui lui a consacré un long documentaire intitulé Les Quatre Visages de Kery James. Né en Guadeloupe en 1977 dans une famille originaire d’Haïti, Alix Mathurin (son nom de naissance) arrive en métropole à l’âge de 7 ans et ne tarde pas à découvrir la banlieue : il grandit à Orly, au sud de Paris, dans une pièce de 30 m2 qu’il partage avec sa mère et sa sœur. À la Maison des jeunes et de la culture (MJC) locale, il découvre le rap et se fait
remarquer par l’un des pionniers français du genre, l’artiste d’origine tchadienne MC Solaar. Sur le premier album de ce dernier, Qui sème le vent récolte le tempo, on peut déjà entendre la voix de Kery James. Il a 13 ans. Dans la foulée, il cofonde le groupe Ideal-J et le collectif de rappeurs Mafia K’1 Fry. C’est à cette époque que ses textes sont les plus marqués par la révolte. « Jusqu’à la fin des années 1990, c’est un rappeur délinquant », rappelle Roizès. Un événement le fait définitivement changer de perspective : l’assassinat de l’un de ses amis, le rappeur Las Montana, en mai 1999. Kery James rompt avec ses fréquentations d’alors, arrête pour un temps la musique, prend le prénom Ali et se convertit à l’islam. Il revient à la scène avec un son différent (les instruments à vent et à cordes, qu’il considère désormais comme contraires à la religion, sont écartés) et,
surtout, un discours radicalement neuf. Lui qui accusait la société et les hommes politiques d’être responsables de la dérive d’une partie de la jeunesse rejette désormais la victimisation et appelle son public à se prendre en main. À cette époque, il refuse d’interpréter son ancien répertoire. Depuis, il assume de nouveau son passé, a en partie renoué avec la révolte et écrit des textes bruts et polémiques, comme sa « Lettre à la République », sortie début 2012. Morceau choisi : « À tous ces racistes à la tolérance hypocrite / Qui ont bâti leur nation sur le sang / Maintenant s’érigent en donneurs de leçons / Pilleurs de richesses, tueurs d’Africains / Colonisateurs, tortionnaires d’Algériens / Ce passé colonial, c’est le vôtre. » « Banlieusards », le titre qu’il a interprété à Nice, appartient à la partie la plus sage de son répertoire. l P.B. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Europe, Amériques, Asie
JULIAN STRATENSCHULTE/AFP
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ALLEMAGNE
Merkel imbattable?
p Panneaux électoraux à Hanovre, le 9 septembre.
mains. » Réseaux sociaux et caricaturistes s’en donnent à cœur joie ! FaceaurouleaucompresseurdelaCDU, Peer Steinbrück, le candidat social-démocrate, a longtemps fait figure d’outsider. La bons résultats sur la croissance, le taux CDU reste largement en tête avec 40 % des de chômage et les réformes », argumente intentions de vote, quand le SPD se borne Markus, un jeune militant. à remonter légèrement (25 %). Mais le duel Le symbole de cette personnification télévisé du 1er septembre entre Merkel et du scrutin ? Une affiche de 70 mètres de Steinbrück a légèrement changé la donne. large sur 20 mètres de haut accrochée « Toutes les enquêtes montrent que le leader du SPD a clairement répondu aux questions, avec Le programme des chrétiensdes chiffres et des arguments démocrates, c’est la chancelière, précis, alors que la chancelière s’est contentée d’annonces son bilan, sa popularité. très floues, analyse Martin sur un hôtel en construction près de Koopmann, politologue et directeur de la gare centrale de Berlin. Elle montre la fondation Genshagen. Steinbrück est les mains de la chancelière, jointes sur très compétent sur le plan économique et financier, mais il est handicapé par son son ventre dans une posture qui lui est image. Les gens ne le voient pas comme habituelle, avec ces simples mots : « Le un homme d’État. » futur de l’Allemagne entre de bonnes
À une semaine des législatives et malgré sa prestation en demiteinte lors du seul duel télévisé de la campagne, la CDU, son parti, surclasse toujours les sociaux-démocrates du SPD dans les sondages.
E
n ce samedi après-midi, sous un soleil radieux, la petite place d’Oranienbourg, au nord de Berlin, se colore d’orange. Affiches, chapeaux ou glaces à l’eau, tout est aux couleurs de la CDU. Dans ce fief de la gauche situé dans l’ex-Allemagne de l’Est, plusieurs centaines de militants et de curieux sont venus soutenir leur chancelière, en campagne pour un troisième mandat. « Vous me connaissez », répète Angela Merkel dans tous ses meetings – elle en a tenu cinquante-six à travers le pays. Cela n’a échappé à personne : le programme des chrétiens-démocrates, c’est elle, son bilan, sa popularité… « Elle mène une politique efficace, pragmatique, avec de N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie On en oublierait presque que les Allemands ne se prononceront pas sur le choix d’un chancelier, comme dans un scrutin direct. Mais qu’avec leurs deux voix – l’une pour un candidat, l’autre pour un parti – ils élisent leurs députés au Bundestag, qui se chargent ensuite de former des coalitions et de désigner un chancelier. Au total, trentequatre partis participent à la consultation. Ils présentent 4 451 candidats dont les visages souriants et les slogans s’étalent sur tous les murs du pays. Mais beaucoup restent inaudibles. Les partis de second plan n’ont guère de chances d’exister qu’à l’ombre des grands appareils. « Merkel s’est installée dans le rôle de la présidente. Or je rappelle qu’il s’agit d’élections législatives. Où sont passés les Verts, le FDP, Die Linke ? » s’interroge Claudia Roth, coprésidente des Grünen (Verts), lors d’une réunion publique dans une rue commerçante, à Berlin. De fait, avec 10 % des intentions de vote, le parti écologiste semble voué à une association avec le SPD. « Mais nous ne faisons pas campagne pour lui ! s’emporte Roth. Nous avons des différences sur la politique énergétique, sur la sécurité des données personnelles ou sur la politique fiscale. » TROP À GAUCHE. De la même manière,
les libéraux du FDP, alliés traditionnels de la CDU, sont en retrait, alors qu’ils constituent l’une des clés du scrutin. S’ils dépassent les 5 % et entrent au Parlement, comme les sondages le laissent à penser, la coalition au pouvoir a de grandes chances d’être reconduite pour quatre ans. Enfin, Die Linke (8 % des
répondre directement aux questions des électeurs. C’est sur la question sociale que va se jouer le scrutin : salaire minimum, retraites, politique familiale insuffisante, système de santé à deux vitesses… Car si les exportations se portent bien et que l’Allemagne a tiré son épingle du jeu DÉSABUSÉ. Comme dans nombre de lors de la crise, les Allemands l’ont payé pays européens, l’abstention est ici un au prix fort. Près de 8 millions d’entre vrai problème. À quinze jours du scrutin, eux touchent moins de 8 euros bruts de l’heure. Et parfois beaucoup moins la moitié des Allemands ne savent pas comme dans la coiffure (3,80 euros) ou encore s’ils se rendront aux urnes. Et la boucherie (5,50 euros). Les salariés à encore moins pour qui ils vont voter. 400 euros par mois sont légion. Attablé avec sa femme à la terrasse Le SPD fait donc campagne pour un salaire minimum Peer Steinbrück est handicapé généralisé à 8,50 euros bruts par son image. On ne le voit de l’heure et une retraite minimum de solidarité à 850 euros. pas comme un homme d’État. La CDU aussi réclame un salaire minimum, mais par branche, d’un café, Helmut, 70 ans, se montre par exemple totalement désabusé. « On après accord entre les partenaires prendra ce qui viendra. On peut même sociaux. « Sur beaucoup de questions, les positions des deux partis sont très cocher le bulletin les yeux fermés », proches, et les électeurs ont du mal ironise-t-il. à les différencier, commente Martin Conscients de ce désintérêt, tous les partis se mobilisent pour la bataille Koopmann. Depuis quatre ans, Merkel finale. « Bien sûr, Merkel est en tête, mais a tout fait pour recentrer la CDU, tandis rien n’est joué avant le 22 septembre, à que le SPD continue de pâtir de sa par18 heures. D’ici là, le programme reste ticipation au gouvernement entre 2005 inchangé : distribution de tracts dans et 2009 aux côtés des chrétiens-démole métro, porte-à-porte et réponse aux crates. » À l’époque, Steinbrück était courriers », explique Jan-Marco Luczak, d’ailleurs le ministre des Finances de candidat CDU qui recevait ce jour-là Merkel… « C’est pourtant mieux d’avoir le soutien d’Ursula von der Leyen, la un candidat de gauche qui est à l’aise ministre du Travail, lors d’un meeting avec l’argent et qui connaît les finances avec chansons traditionnelles, bière publiques », plaide Mechthild Rawert, et bretzels. Même son de cloche du candidate du SPD dans la capitale. Plus côté du SPD. Mais Steinbrück priviléque quelques jours et les jeux seront gie les petits rassemblements, afin de faits. l GWÉNAËLLE DEBOUTTE, à Berlin intentions de vote) ne parvient pas à sortir de la marginalité. Trop à gauche, ses promesses – salaire minimum à 10 euros de l’heure, retraite à 65 ans au lieu de 67, égalité de traitement entre l’Est et l’Ouest – sont jugées assez largement irréalistes.
PIRATES ET TROUBLE-FÊTE
I
ls sont trente-quatre partis à présenter des candidats aux élections législatives. Des indépendants aux formations régionales, il y en a pour tous les goûts. La plupart restent inconnus au niveau national, mais quelques-uns sont parvenus à capter l’attention des médias. C’est le cas d’Alternative für Deutschland (AfD), un parti anti-euro fondé au mois d’avril. Composé de déçus de la JEUNE AFRIQUE
politique européenne de Merkel, il souhaite que l’Allemagne renonce à la monnaie unique. L’un de ses fondateurs, Alexander Gauland, candidat dans le Brandebourg, s’en explique : « En raison de la crise, la haine entre les pays est revenue à un niveau sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. L’euro divise plus qu’il ne rassemble, l’Europe peut fort bien exister sans lui. »
Crédité de 3 % des intentions de vote, l’AfD juge ce score fortement sousévalué et ne désespère pas de jouer les trouble-fête. Il vient d’ailleurs d’ouvrir la porte à une coalition avec la CDU, hypothèse néanmoins peu vraisemblable. Les Pirates, qui, contre toute attente, avaient réalisé une percée en 2011, sont eux retombés sous la barre des 3 %. À cause des luttes intestines qui les opposent
et de l’impossibilité de traduire en actes politiques leurs idées de démocratie participative et d’accès à l’information pour tous. Quant à l’extrême droite représentée par le NPD, elle peut avoir une influence au niveau local, dans les anciens Länder de l’Est, mais elle ne totalise au niveau national que 1,5 % des intentions de vote. Une particularité allemande. l G.D. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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PARCOURS | D’ici et d’ailleurs
p « L’Afrique n’a pas besoin de charité, elle a besoin de justice », affirme cette écologiste engagée.
Lamya Essemlali Justicière de la mer Fille de Marocains, cette enfant de la banlieue parisienne se bat pour la conservation de la planète.
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ETTE PASIONARIA DE LA MER, on l’imaginait toute de noir vêtue, sabre au clair, prête à se lancer à l’abordage et à trancher dans le vif sans prendre le temps d’évaluer la nature de l’ennemi. Un journaliste? Sans doute un bouffeur de thon rouge tenant Greenpeace pour une bande de gentils allumés et Sea Shepherd pour un ramassis d’écoterroristes en pâmoison devant un gourou à barbe blanche nommé Paul Watson. Mais si ses longs cheveux bouclés sont bel et bien tenus en respect par un foulard, celui-ci n’arbore aucune tête de mort : Lamya Essemlali, la présidente de Sea Shepherd France, ne cultive pas le look pirate. Menue, réfléchie et posée, elle a pour armes une rhétorique bien huilée et une batterie de chiffres terrifiante. Il faut dire que, selon cette Cassandre pétillante, l’heure est grave: à force de massacrer le monde qui l’a vu naître, l’humain court à sa perte. « Il ne s’agit pas
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de sauver la planète, mais de la conserver dans des conditions propices à l’humanité, corrige-t-elle. On est en train de la transformer en un enfer, au détriment de nos descendants. La défense de l’environnement, c’est aujourd’hui la plus grande cause humanitaire. »À 34 ans, cette jeune femme née à Gennevilliers (banlieue parisienne) « d’une mère arabe et d’un père berbère du Maroc » serait prête à risquer sa vie pour une baleine menacée par le harpon d’un navire japonais. L’association Sea Shepherd, dont elle préside la branche française, n’hésite pas à s’en prendre aux braconniers et à envoyer leurs navires par le fond. Illégal? Peu de chances qu’une flotte contrevenant aux lois internationales aille porter plainte… Avant de s’engager pour la défense des phoques, dauphins, thons et globicéphales, Lamya Essemlali a été une petite fille élevée loin de la mer par une mère seule qui faisait des ménages.
« L’immigration de mes parents, je l’ai vécue comme une malédiction, j’étais celle qui n’avait pas de chance, celle qui n’était chez elle nulle part, dit-elle. Avec le soleil, la mer, la famille, mes vacances au Maroc étaient comme des bulles d’oxygène. » En banlieue, « même s’il y a une certaine joie de vivre, il y a peu de place pour la faiblesse de caractère, l’apitoiement sur soi ». Cela n’empêche pas la petite fille de CE2 qu’elle fut d’être émue par un oiseau blessé dans la cour de récréation. Jusqu’en 5e, les résultats scolaires sont excellents. Avant qu’elle choisisse « d’avoir des amis » et devienne « très mauvaise ». Sans doute pas tant que ça, puisqu’elle obtiendra son bac. Elle confie avoir été confrontée alors à l’islamisation – elle est « de culture musulmane mais pas pratiquante » – et au risque de la délinquance: « Le nombre de jeunes hyperintelligents que j’ai vu dégringoler et finir vigiles dans un supermarché ou en prison… » Si la souffrance animale l’interpelle, si elle a rêvé, comme beaucoup d’enfants, d’être vétérinaire, elle commence par s’orienter vers un JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie BTS en communication, qu’elle finance en travaillant dans le New Jersey (États-Unis). Neuf mois d’expérience en télémarketing agissent comme une révélation: « Tous les matins, quand je me levais, j’avais envie de mourir, dit-elle. C’était de l’esclavage, je n’étais qu’un pion dans une machine. » Coup de barre à bâbord, elle reprend des études scientifiques à l’âge de 25 ans, obtient un mastère en sciences de l’environnement, s’engage un temps chez Greenpeace et au WWF, où elle regrette la présence de nombreuses personnes « blasées ». Paul Watson, qu’elle rencontre à Paris en 2005, est loin de l’être. « Êtes-vous prête à risquer votre vie pour une baleine? » demande le capitaine charismatique. On sait la réponse. Et voilà Lamya Essemlali embarquée avec Sea Shepherd pour une campagne de lutte contre le braconnage aux îles Galápagos, puis en Antarctique. « J’étais quartier-maître, sous la responsabilité d’un officier qui m’a appris les bases de la navigation. » Elle n’en mène pas large dans une houle de 8 mètres de haut, mais Watson sait garder son calme face aux flots déchaînés. Depuis, elle a coordonné plusieurs campagnes en mer (Méditerranée, îles Féroé), cofondé l’antenne française de Sea Shepherd en 2006, écrit un livre d’entretien avec Paul Watson*, et en toute logique cessé de voter comme de consommer des produits provenant « d’êtres sensibles »… « J’aime bien les causes perdues… Et les océans, c’est loin des yeux, il s’y déroule les pires atrocités mais elles passent inaperçues. » Occupée par sa passion, elle confie être « en manque de Maroc ». Mais dans quelques semaines, Sea Shepherd lancera ses pavillons noirs et ses drones à l’assaut des braconniers européens, chinois, russes et coréens qui pillent les rivages de l’Afrique de l’Ouest, volant en poissons « l’équivalent de 7 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros) par an ». Elle dit: « L’Afrique n’a pas besoin de charité, elle a besoin de justice. » Et sans doute de justicières. l
ÉTATS-UNIS
L’impromptu de Casper Dans le Wyoming, des membres de la section locale de la NAACP, la grande organisation de défense des droits civiques, ont rencontré des dirigeants locaux du Ku Klux Klan !
I
nstigatrice de la Marche sur Washington, en 1963, la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), reste la plus grande organisation américaine de défense des droits civiques. Elle compte 400 000 adhérents, reçoit annuellement 42 millions de dollars (31,6 millions d’euros) de dons et poursuit son combat sur tous les fronts, parfois les plus inattendus. C’est ainsi que, fin août, des représentants de sa section du Wyoming ont rencontré à Casper des membres du… Ku Klux Klan. Après divers incidents raciaux dans cet État de l’Ouest, il s’agissait paraît-il d’« ouvrir le dialogue ». Avec un certain succès puisque le responsable local du KKK a adhéré à la NAACP ! En un siècle d’existence (elle a été fondée en 1909), la NAACP a eu l’occasion de lier bien d’autres liaisons, sinon dangereuses, du moins surprenantes. Notamment avec Coca-Cola, qui, chaque année, lui fait don de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Ce qui explique sûrement que la NAACP ait attaqué en justice, avec succès, la décision du maire de New York d’interdire la vente des bouteilles de soda de très grande taille. Certains lui reprochent ses sympathies pour le Parti démocrate. D’autres font grief à Benjamin Jealous, son président, d’avoir déclaré que le mouvement du Tea Party comptait dans ses rangs des « éléments racistes »
– fait pourtant peu discutable. Dans les années 2000, l’organisation a en outre été confrontée à de graves difficultés financières, aujourd’hui surmontées grâce au dynamisme de Jealous. Le 8 septembre, désireux de consacrer davantage de temps à sa famille, ce dernier a malheureusement annoncé sa démission. MOBILISATION. Si la NAACP n’existait
pas, il faudrait l’inventer. Son action pour la défense du droit de vote des minorités, l’accès à l’éducation ou la réforme du système pénal reste indispensable. Et son pouvoir de mobilisation, incomparable, comme l’ont montré les manifestations organisées au début de l’année après l’acquittement du meurtrier de Trayvon Martin. Récemment, elle a pesé sur la décision d’une juge new-yorkaise, qui a estimé que les contrôles très agressifs pratiqués par les policiers locaux violaient les droits des jeunes Noirs et Latinos. Alors que la loi la plus emblématique de la défense des droits civiques, le Voting Rights Act (1965), vient d’être démantelée par la Cour suprême, la NAACP a exploité une disposition méconnue de cette loi pour attaquer en justice les mesures visant à entraver l’exercice du droit de vote par les minorités. Bref, les vieux démons de l’Amérique étant loin d’avoir disparu, elle a encore de beaux jours devant elle. l JEAN-ÉRIC BOULIN, à New York
q Jimmy Simmons, de la NAACP (au centre), et John Abarr (à dr.), dans un hôtel de Casper, le 31 août.
ALAN ROGERS/AP/SIPA
NICOLAS MICHEL Photo : JACQUES TORREGANO pour J.A.
* Capitaine Paul Watson, entretien avec un pirate, de Lamya Essemlali, Glénat, 290 pages, 22 euros. JEUNE AFRIQUE
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BURUNDI
Découvrir la beauté di touristique du Burun
blique Démocratique s, frontalier avec la Répu Lac s and Gr des ue friq l’Est est l’un des cinq Le Burundi, pays d’A rd et de la Tanzanie à No au a and Rw du t, Burundi, le Kenya, du Congo à l’Oues icaine comprenant le Afr t Es é aut un mm Co pays membres de la et la Tanzanie. l’Ouganda, le Rwanda COMMUNIQUÉ
Il est également membre de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est et Australe (COMESA). Le Burundi est un pays en paix et stable et l’hospitalité légendaire et la gentillesse de son peuple font du Burundi une meilleure destination touristique dans cette région. C’est un pays qui offre aux touristes ou aux visiteurs une panoplie d’aventures infinies. C’est un pays au climat favorable pour toutes les personnes de tous les continents, de tous les âges et de toutes les bourses. Son paysage est toujours verdoyant tandis que la beauté de ses mille et une collines reste hors de commun. Le Burundi présente d’énormes potentialités touristiques reconnues internationalement. C’est à ce titre que le Burundi a remporté en 2011 au Salon international du tourisme à Berlin en Allemagne, le prix du meilleur exposant au niveau de l’Afrique (Best African Exhibitor). En 2012, toujours au Salon International du Tourisme à Berlin en Allemagne, il a obtenu le prix du meilleur exposant au niveau de l’Afrique (Best African Exhibitor), le prix du meilleur exposant au niveau mondial (Best of de best), le prix octroyé aux trois meilleures femmes africaines qui ont contribué à la promotion du tourisme ainsi que le prix de première participation à la foire de Moscou au Salon des voyageurs de Moscou (Intourmarket).
Au cours de cette année 2013, le Burundi vient également de remporter le prix du meilleur exposant (Best African Exhibitor) au Salon international du Tourisme à Berlin en Allemagne. Pourquoi le Burundi remporte toujours ces prix au niveau africain et mondial ? C’est sans nul doute grâce à ses énormes potentialités touristiques dans plusieurs domaines. Le Burundi dispose d’une variété de paysages qui est l’un des atouts touristiques parmi ses multiples charmes. Sa beauté physique et sa richesse culturelle lui valent une multitude de noms “Cœur d’Afrique”, “ la Suisse Africaine”, “Pays des Mille et une Collines”, “Pays de lait et de miel”, “Pays du tambour”.
biodiversité de premier plan, la Réserve forestière de Kigwena qui est l’unique échantillon de forêt mésophile péri guinéenne où l’on contemple les nombreux chimpanzés qui y habitent (à 75 km de Bujumbura), le parc national de la Ruvubu (Centre-Nord-Est du pays) où l’on peut observer des troupeaux de buffles ; la Source méridionale du Nil à Rutovu (115 km de Bujumbura, au Sud -Est du pays), les Lacs aux oiseaux à Kirundo (au Nord du pays à 200 km de Bujumbura), les sommets les plus élevés : Heha (2 670 m), Teza(2 666 m), Gikizi (2 145 m) et Twinyoni (2 659 m), la Faille des Allemands à Nkoma (Est du pays), les Chutes de Karera à Rutana (Est du pays), les domaines et tombeaux royaux Parmi le potentiel touristique du (Nord-Centre-Ouest du pays), Burundi, il y a lieu de citer à titre les Eaux thermales , le site de illustratif : les nombreux sites Kiganda où a été signé le traité et monuments touristiques : le historique de 1908 entre le Roi musée vivant de Bujumbura qui Mwezi Gisabo et les Allemands, est un espace de verdure au le musée ethnographique national centre de la ville comprenant un de Gitega, le sanctuaire des jardin zoologique où l’on trouve tambours sacrés de Gishora des espèces animales comme en province Gitega, le Lac les crocodiles, les chimpanzés, Tanganyika, deuxième Lac le plus les serpents, etc. ; le monument profond du monde après le lac commémoratif de la rencontre Baïkal disposant de très belles en 1871 sur les abords du Lac plages et accueillant l’un des plus Tanganyika de deux explorateurs riches écosystèmes d’eau douce David Livingstone et Henry de la planète etc. Morton Stanley (13 km au Sud de Bujumbura), la Réserve Chers touristes, le plus tôt serait naturelle de la Rusizi (Nord le mieux pour programmer Ouest de Bujumbura) où l’on des vacances au Burundi qui trouve des hippopotames et des vous réservera un accueil très crocodiles, le parc national de la chaleureux. L’Office National Kibira qui est une réserve de la du Tourisme du Burundi est à
la disposition des touristes pour leur renseigner sur les diverses possibilités d’hébergement, de restauration, de communication, de loisirs dans les environs de Bujumbura ainsi qu’à l’intérieur du pays. Basé à Bujumbura, la capitale du pays, il fournit des informations sur le tourisme au Burundi et dispose d’un personnel attentionné et disponible chargé de guider les touristes.
Pour de plus amples informations sur le tourisme au Burundi, prière contacter l’adresse ci-après : info@burunditourisme.com
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Prélude Mehdi Ba
Au bout du tunnel
S
I TOUS LES TUNNELS comportent de la presse, qui restreint notamment une sortie, certaines sont plus la protection des sources et interdit la difficiles à atteindre. Le Burundi publication de certaines informations devra cheminer encore un peu jugées « sensibles » par le pouvoir, proavant d’apercevoir la lumière du jour. Au voquait l’indignation de la société civile moins s’en rapproche-t-il, à son rythme, et de l’opposition, ainsi que la plus haute et après être revenu de loin. Au terme de « préoccupation » des partenaires du pays. décennies sanglantes, le scénario du pire Au nombre des sujets tabous : la dévaluaa pu être évité. La normalisation politique tion continue du franc burundais, dont inaugurée en 2000 par la signature des les répercussions sur les importations et, accords d’Arusha, sous les auspices de in fine, sur le coût de la vie continuent Nelson Mandela, a accouché d’un système de se faire sentir. Un malheur n’arrivant encore imparfait, qui aura tout de même jamais seul, l’incendie en janvier du mareu le mérite de tarir la source des violences ché de Bujumbura, poumon économique ethnopolitiques. Ses grenades, mines et du pays, finissait de fragiliser l’économie, machettes remisées au profit de bulletins entraînant dans les trois mois qui ont de vote, la population burundaise pouvait suivi une diminution de 20 % des recettes enfin espérer se concentrer sur son dévede l’État. loppement, encore embryonnaire. L’équilibre n’en est pas moins précaire. Tributaire de l’aide internationale Lors des élections de 2010, le pays a frôlé pour plus de la moitié de son budget, la rechute. Accusations de fraudes, viohandicapé par un lourd déficit énergétique lences électorales, départ en exil des qui grève, notamment, le développement principales figures de l’opposition. Leur d’un secteur minier prometteur, enclavé retour progressif depuis le forum qui les a réunies, Depuis les accords d’Arusha, grenades en mars, avec le pouvoir, et machettes ont été remisées ne saurait dissimuler les tensions qui persistent. au profit des bulletins de vote. Dernière hypothèque en date : la controverse tout africaine sur la physiquement et technologiquement, le constitutionnalité d’une éventuelle canBurundi est également montré du doigt didature du président Pierre Nkurunziza pour sa corruption endémique, en dépit pour un troisième mandat, en 2015. S’il d’initiatives louables telles que la créane l’a pas encore officialisée, il a laissé tion, en 2011, d’un ministère de la Bonne entendre qu’elle n’était pas impossible… Gouvernance. Disposant d’atouts sous-exploités et Au chevet de ce pays convalescent, la d’entrepreneurs motivés, le pays, qui a communauté internationale oscille entre progressé de treize places dans le dernier espoirs et désillusions. En octobre 2012, lors classement « Doing Business » de la Banque d’une conférence de donateurs à Genève, le mondiale, ne pourra relever les défis qui se Burundi avait obtenu une enveloppe de près posent à lui que lorsque sa classe politique de 2 milliards d’euros d’engagements pour se sera définitivement désintoxiquée du financer son développement sur quatre ans. poison de la division et de la peur hérité En contrepartie, ses responsables avaient des années sombres. donné des assurances en matière de démoLorsque le pouvoir est un but ultime et cratie et de libertés publiques. non un moyen d’agir, le pire n’est jamais Huit mois plus tard, patatras ! La proloin. Plus proche, en tout cas, que le bout mulgation d’une loi encadrant la liberté du tunnel. l JEUNE AFRIQUE
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PORTRAITS Success-stories à la burundaise TRIBUNE L’école des femmes TOURISME Les bungalows du lac
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POLITIQUE
Ressacs
micmacs
Avec le retour d’exil des principaux opposants, le pays semble s’engager sur la voie de la réconciliation. De là à ce qu’elle tienne jusqu’aux prochains scrutins… D’autant que le président n’exclut pas de briguer un nouveau mandat en 2015.
TSHITENGE LUBABU M.K.,
L
envoyé spécial
Parfait Onanga-Anyanga, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Burundi. « Depuis l’accord de paix d’Arusha, en 2000, les Burundais ont prouvé leur capacité à gérer une transition pacifique qui a conduit à l’adoption d’une Constitution consensuelle,constatelediplomategabonais. Ils ont organisé, en 2005 et en 2010, des élections jugées globalement crédibles par la communauté internationale. Ils ont aussi remarquablement réussi l’intégration de leurs forces de sécurité, autrefois éléments déstabilisateurs. »
e Burundi est à l’image du lac Tanganyika : agité en permanence. Pour le comprendre, il suffit de s’asseoir sur la plage de Kagongo, dans la province de Bururi, dans le sud du pays, et de contempler l’immensité lacustre, secouée par d’incessants ressacs. C’est à se demander si elle ne va pas finir par déborder et engloutir toute vie alentour. La peur est de courte durée : les eaux du lac refluent. Et le manège recommence. Ainsi va le Burundi, habitué à se faire peur. Au point que chacun APAISEMENT. En mars, l’enIci, tout ce qui redouteconstammentuneénième semble de la classe politique paraît banal descente aux enfers. Paranoïa s’est rassemblé autour d’Onangaailleurs prend de Anyanga. Objectif : apaiser les injustifiée ? Méconnaissance de la réalité du pays ? Sûrement pas. tensions afin que les élections l’ampleur, tout Ici, tout ce qui peut paraître banal générales de 2015 soient le plus frémissement ailleurs prend de l’ampleur. Tout transparentes possible. Certains inquiète. frémissement, tout frétillement des leaders de l’opposition partis inquiète. On l’a vu en2010,lorsque en exil sont revenus à Bujumbura les candidats de l’opposition, qui dénonçaient à cette occasion. C’est le cas de Pascaline des irrégularités, se sont brusquement retirés Kampayano, une proche de Hussein Radjabu des élections. Leur départ en exil avait alors fait – ancien numéro un du parti présidentiel, le craindre le pire, ravivant le douloureux souvenir Conseilnationalpourladéfensedeladémocratiedes années de guerre. Certes, il y a eu des tueForcesdedéfensedeladémocratie(CNDD-FDD), ries, dont la responsabilité est partagée. Mais le emprisonné depuis 2007 –, actuellement à la tête Burundi n’a pas sombré corps et biens. de l’Union pour la paix et le développement. Et Au contraire, le pays serait même plud’Alexis Sinduhije, président du Mouvement tôt sur la voie de la réconciliation, selon pour la solidarité et le développement. Quant N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
PIERRE ANDRIEU/AFP
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u Seul candidat à sa succession en 2010 après le boycott du scrutin par l’opposition, Pierre Nkurunziza a été réélu avec plus de 91 % des voix.
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à Agathon Rwasa, leader des Forces nationales de libération, il est revenu en août. Seul Léonard Nyangoma, dirigeant du parti dissident CNDD, n’est pas rentré au pays. Toujours sous l’égide du Bureau des Nations unies au Burundi, pouvoir et opposition se sont retrouvés en mai à Kayanza, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale. La révision consensuelle du code électoral de 2009 était cette fois à l’ordre du jour. Mais avant même que cela ne se réalise, les deux camps étaient de nouveau à couteaux tirés. Au cœur du débat : le président Pierre Nkurunziza peut-il briguer un troisième mandat en 2015, alors qu’il n’a droit qu’à deux mandats ? Oui, répond son camp, arguant qu’il n’a été élu qu’une seule fois au suffrage universel – en 2010. Non, clame l’opposition, pour qui le mode de scrutin ne rentre pas en compte, et qui se dit déterminée à empêcher toute violation de la Constitution. MAUVAISE RÉPUTATION. En attendant que cette
question soit tranchée, le Burundi se concentre sur les moyens d’améliorer l’état de son économie. S’il a fait un grand bond en avant dans le dernier classement « Doing Business » de la Banque mondiale (il est passé du 172e rang au 159e), il doit maintenant se débarrasser d’une mauvaise réputation qui lui colle à la peau : selon l’ONG Transparency International, il est le douzième pays le plus corrompu au monde et le premier de la Communauté d’Afrique de l’Est. Pour cela, le gouvernement a créé différentes structures, comme l’Office burundais des recettes, dirigé par l’Irlandais Kieran Holmes, qui a permis à l’État de recouvrer ses créances – ce qui n’a pas empêché les recettes annuelles de baisser, principalement à cause de l’incendie qui a détruit le marché central de Bujumbura. Le pays s’est également doté d’un ministère de la Bonne Gouvernance et de la Privatisation, chargé de lutter contre les malversations et l’impunité (lire pp. 63-64). Le Burundi doit aussi s’efforcer de réduire sa dépendance à l’aide internationale. Pour élaborer son budget, le gouvernement attend chaque année un apport extérieur à hauteur de 53,5 %… au risque de voir toute l’économie déstabilisée lorsque cet apport fait défaut. Beaucoup d’espoir a été fondé sur la conférence des donateurs de Genève, en octobre 2012. À l’issue de cette réunion, 2,6 milliards de dollars (près de 2 milliards d’euros) ont été promis au Burundi. Mais la promesse tarde à se concrétiser, accentuant encore les difficultés financières du pays. Heureusement, les Burundais ont compris qu’ils peuvent, dans certains cas, compter sur eux-mêmes. Les travaux communautaires, qui ont permis la construction de plusieurs infrastructures sur une bonne partie du territoire, en sont la preuve. l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Ministère à la Présidence chargé des Affaires de la Communauté Est Africaine COMMUNIQUÉ
L’Anglais, une nécessité à l’intégration du Burundi à la Communauté Est Africaine Laboratoire de Langue du Ministere à la Presidence chargé des Affaires de la Communauté Est Africaine
Pour une intégration efficace et effective à la Communauté Est-Africaine, le Gouvernement du Burundi a établi sur sa liste des priorités, le renforcement des capacités communicationnelles en Anglais, langue du Traité régissant la Communauté Est-Africaine. C’est dans cette optique que le Gouvernement du Burundi, à travers le Ministère à la Présidence chargé des Affaires de la Communauté Est Africaine qui assure la coordination des activités en rapport avec l’intégration à cette Communauté, a, en collaboration avec Trade Mark East Africa, initié et mis en œuvre le Projet de formation en langue Anglaise intitulé« Améliorer les connaissances linguistiques en Anglais / Mise en place des Centres d’Enseignement de la Langue anglaise au Burundi», piloté par une institution américaine «Williams Academy ». Dans le cadre du projet, une formation adaptée est dispensée au profit de différents partenaires nationaux dont les Cadres de l’Etat, les représentants du Secteur privé,les activistes de la Société civile, et les professionnels des Médias. Elle comprend à la fois une formation sur ordinateur, une formation face-à-face et des fora de discussion autour des sujets proposés par les bénéficiaires. Ces derniers sont pourvus d’un Laboratoire de Langue Anglaise et une Bibliothèque garantissant un accès libre à la documentation pour la pratique et la formation continue en Anglais. Et le résultat global attendu reste certainement une participation plus active des partenaires nationaux dans l’intégration du Burundi au sein de la Communauté Est Africaine et une compétitivité sur le marché régional. A l’heure actuelle, le projet a déjà atteint des résultats considérables. Depuis qu’il a démarré au mois de novembre 2012, il compte un effectif de Quatre Cent Soixante Onze (471) bénéficiaires formés en deux groupes distincts. Les cours sont adaptés
aux différents niveaux de formation et sont donnés à la fois pendant la journée et en soirée, selon la disponibilité des apprenants. Le Programme en est maintenant à la formation du troisième groupe d’étudiants qui débuteront avec le mois de juillet 2013. Dans les termes du projet, un maximum de deux mille deux cents (2 200) bénéficiaires seront formés pendant quatre mille quatre cents (4 400) heures.
Ministre Pascal Barandagiye et Hon Leontine NZEYIMANA lors du Conseil des Ministres de l’EAC
et le recentrage des projets et programmes dans la bonne direction afin d’atteindre les résultats escomptés.
Ce tableau de bord a comme principaux avantages : la présentation visuelle des rapports de performance, la capacité d’identifier et de corriger les tendances des performances négatives, la possibilité de générer des rapports détaillés montrant les tendances de performance, et l’obtention Dans la perspective d’avenir, un projet d’une visibilité totale des projets et d’extension du programme à d’autres l’exécution instantanée des programmes institutions et vers l’intérieur du pays est relatifs à l’intégration du Burundi au sein en cours de négociation, afin de permettre de la Communauté Est Africaine. une extension du renforcement de capacité communicationnelle enAnglais à travers le pays. En définitive, l’établissement du tableau de bord numérique du Ministère nécessitera « Facilitation du rôle de coordination des consultations auprès des différents du Ministère à la Présidence Chargé intervenants clés dans l’intégration ainsi que des Affaires de la communauté le recours aux meilleures pratiques sur les Est Africaine : Pourquoi le recours outils du tableau de bord et des équipements à l’utilisation du Tableau adaptés pour le Burundi. Cette pratique de de Bord Numérique ? » tableau de bord numérique pourra servir de modèle pour le suivi des projets et Le Ministère à la Présidence Chargé des programmes dans tous les autres domaines Affaires de la communauté Est Africaine où le pays voudra bien se doter d’outils (MPACEA), en collaboration avec Trade performants pour le suivi-évaluation. Mark East Africa (TMEA), vient d’initier un processus d’instauration d’unTableau de Bord Numérique (Dashboard) pour assurer la gestion CONTACTS : des informations en temps réel de la mise en Ministère à la Présidence chargé des Affaires œuvre des différentes décisions, différents de la Communauté Est Africaine (MPACEA) projets et programmes de la Communauté Boulevard du 28 Novembre sur la base des indicateurs de performance (près de l’Hôpital Roi Khaled) convenus et fixés au niveau communautaire. BP 6056, Bujumbura, Burundi L’importance de ce tableau de bord numérique Tél. : 22258042/22259715/22257386 est de permettre la prise de décisions éclairées, Fax : 22258040/22258044 le traitement rapide des problèmes identifiés Email : macea@eac.bi - Site web : www.eac.bi
Burundi Sur la voie de l’ouverture
INTERVIEW
Issa Ngendakumana « La corruption ne passe plus inaperçue » Améliorer les relations entre les usagers et l’administration, assainir la fonction publique, lutter contre les malversations… La tâche du ministre de la Bonne Gouvernance et de la Privatisation est aussi immense que multiforme.
F
orméàl’universitéduBurundietà l’université catholique de Louvain (Belgique), Issa Ngendakumana, 54 ans, a été nommé ministre de la Bonne Gouvernance et de la Privatisation en février 2012. Il pilote la Stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption 2011-2015, pilier de la Vision Burundi 2025 et du Cadre
stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté. Membre du gouvernement de 1994 à 1996 (il fut notamment ministre des Droits de l’homme et des Réfugiés), il a été député de la Communauté d’Afrique de l’Est de 2008 à sa nomination au ministère. JEUNE AFRIQUE : Quelle est l’incidence de l’action de votre ministère sur la vie quotidienne des Burundais ? ISSA NGENDAKUMANA : Ce ministère
existe depuis 2011. Il est l’émanation des négociations interburundaises qui ont abouti, en 2000, aux accords d’Arusha. Le pays avait touché le fond à cause d’une mauvaise gouvernance. Certains Burundais n’hésitent pas à se demander à quoi sert réellement ce ministère fourretout, transversal. Je reçois des plaintes et des doléances de la part de citoyens qui se sentent lésés. Nous voulons améliorer les relations entre l’administration et les usagers. Pour certains dossiers, nous travaillons en collaboration avec les services de l’ombudsman ou la Commission nationale indépendante des droits de l’homme. Fin 2011, un document sur notre stratégie en matière de bonne gouvernance a été rendu public.
t Dans son bureau, à Bujumbura, le 10 juillet.
Vous devez faire en sorte que le gouvernement et l’administration travaillent bien, en respectant les droits des citoyens. Avez-vous le sentiment d’être compris ?
MARTINA BACIGALUPO POUR J.A.
Le concept de bonne gouvernance est nouveau au Burundi. Mais il faut que ses principes soient observés par tous pour l’harmonie de la société. Je ne crois pas être toujours compris. Il y a des résistances, et il arrive que je m’attire des inimitiés. Pourtant, nous devons changer notre comportement et notre vision du monde.
JEUNE AFRIQUE
Pour obtenir des résultats, quelle est votre méthode: la fermeté, la pédagogie ou la souplesse ?
C’est un mélange des trois. Le plus important,c’estdecommencerparécouter et observer. Lorsqu’on est sûr qu’une situation est bien circonscrite, on peut alors agir N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Le Plus de J.A. Burundi avec fermeté, par exemple dans des cas de corruption. En cas de litige administratif, il faut prendre le temps de sensibiliser les usagers, leur faire comprendre la gravité de la démarche judiciaire. Et même dans les affaires de corruption, on ne peut pas compter uniquement sur le bâton. Nous organisons donc des ateliers, des séminaires, des campagnes dans les médias pour faire comprendre que les malversations économiques et la corruption sont des fléaux sociaux. À en croire la société civile, il y a trop de corruption au Burundi. Êtes-vous d’accord avec cette analyse ?
À mon avis, ce n’est pas un phénomène nouveau. Il a existé dès l’époque de la royauté comme après l’indépendance, dans tous les régimes qui se sont succédé. On se rendait compte qu’il y avait de la corruption seulement quand un scandale éclatait. Mais aujourd’hui, et en particulier grâce à la prolifération des médias, rien ne passe inaperçu. La liberté d’expression permet de dénoncer la corruption. C’est une bonne chose que les gens en parlent. Quant à dire s’il y en a trop… Je ne sais pas. Qu’avez-vous mis en place pour la combattre ?
Nous disposons d’une brigade anticorruption, qui est une police spécialisée dotée d’une compétence nationale, et d’une cour anticorruption. Par ailleurs, une inspection générale de l’État procède à des vérifications au sein de l’administration publique. Enfin, la Cour des comptes aide beaucoup le Parlement dans sa mission de supervision de l’action du gouvernement. Tout cela est dissuasif. Y a-t-il des intouchables dans votre pays?
Je n’en connais pas. Je connais plutôt des personnes jadis haut placées, qui, aujourd’hui, purgent des peines pour des faits de corruption. Mais chez nous, les rumeurs circulent très vite. Les gens vous diront toujours qu’Untel a fait ceci ou cela, sans qu’il y ait la moindre preuve. Lorsqu’on est dans un État de droit, on
doit fonctionner selon des règles juridiques. Nous avons cependant constaté que, dans notre arsenal anticorruption, rien n’est prévu contre l’enrichissement illicite. Nous allons y remédier afin que nos lois en la matière soient conformes aux normes internationales. Peut-on dire, pour autant, qu’à travers votre travail un Burundi nouveau est en train de naître ?
Le pays revient de loin. Force est de constater que, pour ce qui est de la paix et de la sécurité, le Burundi a fait un grand bond en avant. En dehors de certains cas de banditisme et de règlements de comptes politiques, on peut circuler jour et nuit sans problème. En 2005 et en 2010, des élections ont été organisées. Elles se
a systématiquement échoué en Afrique. Je trouve que le Burundi a été prudent. Les responsables politiques se montrent frileux quand il faut décider. Ils hésitent beaucoup. Que privatisez-vous ?
Nous avons déjà privatisé la filière café. La privatisation de certaines infrastructures hôtelières est en cours. D’autres secteurs sont également concernés, selon un programme bien défini. Mais il a d’abord fallu mettre en place un cadre légal. L’ancienne loi sur les privatisations a été revue l’année dernière. J’ai déposé le projet de loi au Parlement et nous en avons longuement discuté. Cette loi permettra de lancer les opérations de privatisation. C’est une question abordée avec beau-
Après la filière café, nous comptons privatiser des infrastructures hôtelières. sont bien déroulées, malgré quelques couacs. Au niveau de l’administration publique, nous mettons en œuvre un programme national de réforme. L’objectif est d’assainir la fonction publique afin que les agents soient au service des citoyens. C’est, en réalité, une véritable réforme de l’État. Pour assainir les finances, nous avons créé l’Office burundais des recettes, qui a remplacé les multiples services qui existaient. Tout ceci contribue à la réduction des malversations et de la corruption, et ainsi la situation s’améliore. Vous vous occupez également des privatisations. Dans beaucoup de pays du continent, l’expérience montre que les actions menées dans ce domaine sur injonction de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international n’ont pas été couronnées de succès. Le Burundi fera-t-il mieux ?
La privatisation a connu des fortunes diverses, c’est vrai. Même dans certains pays développés, il y a eu des échecs. Mais on ne peut pas dire qu’elle
coup de sérieux. Il y a des filières dans l’agriculture, par exemple, qui ne peuvent pas vivre si elles ne sont pas privatisées. Pour être précis, nous ouvrons ces filières à des capitaux privés en vue de créer des sociétés mixtes. Pourquoi cette option ?
Pouraméliorerlagestion.Actuellement, étant donné que les responsables de ces entreprises sont nommés par des autorités politiques, le clientélisme s’instaure très vite, au détriment d’une gestion saine. Ces sociétés deviennent de petites fonctions publiques. Mais l’essentiel est que, qu’elle soit étatique, privée ou mixte, une entreprise doit dégager des bénéfices. Dans le fonctionnement normal d’une économie, l’État doit se désengager là où le privé peut faire mieux que lui. À ce sujet, en ce qui concerne le climat des affaires, le Burundi a progressé de treize places dans le dernier classement « Doing Business » de la Banque mondiale. l
Retrouvez chaque semaine JEUNE AFRIQUE au Burundi Pour recevoir JEUNE AFRIQUE à votre bureau ou à votre domicile, Pour vos abonnements trimestriels, semestriels ou annuels,
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Propos recueillis à Bujumbura par TSHITENGE LUBABU M.K.
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GOUVERNANCE p'u-qu'$ l* Cô)" (’iv'$-" ('$) c/*+g"No 2742 • (u 28
POLITIQUE INDUSTRIE Les leçons MOUDAWANA Au royaumed’une crise des parcs Une à thème Les chefs nouvelle d’orchestregénération des grandsde militantes festivals d’été
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MUSIQUE
jeuneafrique.com Hebdomadaire international indépendant • 53e année • no 2741 • du 21 au 27 juillet 2013
Un
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HEBDOMADAIRE
INTERNATIONAL
INDÉPENDANT jeuneafrique.com
Spécial 18 pages
GRANDS LACS Comment Kinshasa a repris La main
Doing Business in Africa
DOSSIER ports à prendre
"n pa&&ant D" Rabat à K$n&ha&a '# T#n$&, par Dakar, Ab$djan défis enquête sur les en Afrique de l’urbanisation cités. et l’avenir de nos
Spécial 16 pages
Sans défense Symbole de l’Afrique, l’éléphant risque de disparaître d’ici à vingt ans. Enquête sur un sanglant trafic où l’on retrouve braconniers, mafias asiatiques mais aussi groupes armés. ÉDITION AFRIQUE SUBSAHARIENNE 35 DKK • DOM 4 €
$ CAN • Danemark € SUBSAHARIENNE 3,50 € • Canada 5,95 45 NK • Pays-Bas 4 4,50 € • Belgique ÉDITION AFRIQUE 1 100 MRO • Norvège 4,50 € • Autriche
23 DH • Mauritanie 180 DA • Allemagne 1 700 F CFA • ISSN 1950-1285 € • Italie 4 € • Maroc France 3,50 € • Algérie 4,50 € • Grèce 4,50 6,50 $ US • Zone CFA 65 birrs • Finlande Tunisie 3,30 DT • USA £ • Suisse 5,90 FS • Espagne 4 € • Éthiopie • Royaume-Uni 3,50 RD Congo 5,50 $ US Portugal cont. 4 € •
France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1 100 MRO • Norvège 45 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1 700 F CFA • ISSN 1950-1285
Jean Ping
La vie d’après
L’*+c$"+ ,-é&$("+) (" l* C'..$&&$'+ (" l’U+$'+ *f-$c*$+" &" l*+c" (*+& l"& *ff*$-"&. F$+$ l* ,'l$)$qu" ? ÉDITION AFRIQUE SUBSAHARIENNE
France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche Espagne 4 € • Éthiopie 4,50 € • Belgique 65 birrs • Finlande 3,50 € • Canada 5,95 4,50 € • Grèce 4,50 $ CAN • Danemark Portugal cont. 4 € • € • Italie 4 € • Maroc 35 DKK • DOM 4 € RD Congo 5,50 $ US 23 DH • Mauritanie • Royaume-Uni 3,50 1 100 MRO • Norvège £ • Suisse 5,90 FS • 45 NK • Pays-Bas 4 Tunisie 3,30 DT • USA € 6,50 $ US • Zone CFA 1 700 F CFA • ISSN 1950-1285
MINISTÈRE DES FINANCES ET DE LA PLANIFICATION DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE LE BURUNDI RÉFORME SES FINANCES PUBLIQUES POUR ACCÉLERER LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE
COMMUNIQUÉ
Le gouvernement du Burundi a adopté en fin 2012 une nouvelle stratégie pour renforcer la gestion des finances publiques. Il a reçu le soutien de ses partenaires pour sa préparation et ceux-ci ont confirmé qu’ils appuieront également les réformes prioritaires qui sont inscrites dans le plan d’actions 2012-2014 dont la mise en œuvre améliorera substantiellement la gouvernance économique dans le pays. D’un coût global évalué à plus de 28 milliards de FIB (soit 18,6 millions $ US), les réformes sont essentiellement orientées vers la modernisation des chaines de la dépense, de la recette et du contrôle qui devraient bénéficier du développement de la plateforme des technologies de l’information et de la communication (TIC) qui connait un développement rapide dans le pays. Le Gouvernement vient ainsi de lancer un appel d’offres international pour l’acquisition d’un nouveau progiciel de gestion intégrée des finances publiques avec une couverture fonctionnelle plus exhaustive et mieux adaptée aux dispositions de la loi organique relative aux finances publiques de 2008. L’effort de réforme qui s’inscrit dans la continuité permettra d’aligner rapidement la mobilisation et la gestion des deniers publics du pays sur les meilleures pratiques et les standards internationaux afin de soutenir efficacement l’atteinte des objectifs de la stratégie nationale de développement déclinée dans le CSLP2 dont l’axe 2 vise la transformation de l’économie burundaise pour une croissance soutenue et créatrice d’emplois. De façon synoptique les ambitions de reformes du gouvernement du Burundi se structurent autour de 7 objectifs principaux déclinés en 12 programmes comme suit :
Ministère des finances et de la planification du développement économique Avenue de la Révolution B.P: 1830, Bujumbura - Burundi
www.finances.gov.bi
OBJECTIF 1. Adopter un cadre juridique et institutionnel cohérent pour la gestion des finances publiques. PROGRAMME 1. Finalisation du cadre juridique et institutionnel. OBJECTIF 2. Mobiliser efficacement les ressources intérieures et extérieures PROGRAMME 2. Renforcement de la mobilisation et de la gestion des ressources intérieures. PROGRAMME 3. Renforcement de la prévisibilité, de la mobilisation et de la gestion des ressources extérieures. OBJECTIF 3. Rendre efficaces, rigoureux et transparents les processus de préparation et d’exécution du budget de l’Etat PROGRAMME 4. Renforcement des cadres macroéconomiques et budgétaires pour la préparation du budget de l’Etat PROGRAMME 5. Mise en place de la chaine rationalisée des dépenses de l’Etat. PROGRAMME 6. Rationalisation et renforcement de la maîtrise de la masse salariale PROGRAMME 7. Amélioration de la gestion de la trésorerie de l’État OBJECTIF 4. Rendre cohérent, efficace, et conforme aux normes internationales, le système de contrôle PROGRAMME 8. Renforcement du système de contrôle. OBJECTIF 5. Mettre en place un système d’information pour la gestion des finances publiques efficace, fiable, et adapté à la LOFIP PROGRAMME 9. Renforcement du système intégré de gestion des finances publiques (SIGEFI) OBJECTIF 6. Améliorer la qualité, l’exhaustivité, et le respect des délais de production des données sur les finances publiques PROGRAMME 10. Renforcement des comptabilités de l’État, du système statistique des finances publiques, et du système d’archivage. OBJECTIF 7. Renforcer progressivement les capacités du MFPDE et des structures partenaires pour plus d’efficacité dans l’accomplissement de leurs missions PROGRAMME 11. Renforcement de la formation des acteurs de l’ensemble des services du MFPDE y compris l’OBR ainsi que les structures de gestion budgétaire et financière des ministères et institutions. PROGRAMME 12. Renforcement du pilotage et soutien interne (des acteurs du MFPDE) et externe (du gouvernement, de la société civile, de la population, et des partenaires).
Le Plus de J.A. Burundi ÉCONOMIE
Quand Bujumbura s’éveillera Conscient de ses faiblesses, le pays veut dynamiser son économie et s’affranchir de l’aide internationale.
MARTINA BACIGALUPO
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p Brarudi (Brasseries et limonaderies du Burundi), première entreprise du pays.
S
ommés de participer tous les samedis matins à des « travaux de développement communautaire », un programme de travaux collectifs censé accélérer le redressement du pays, la plupart des Bujumburais préfèrent pratiquer le… « sommeil communautaire ». Afin de ne pas être surpris dans la rue en flagrant délit d’oisiveté, une forme aggravée d’antipatriotisme, ils préfèrent rester dormir chezeux.Faceàunesituationéconomique qui ne cesse de se dégrader, le gouvernement en est réduit à tenter de mettre en œuvre des politiques plus symboliques qu’efficaces. Ainsi, en avril, pour faire face au dérapage de l’inflation, une loi interdisant aux médias d’évoquer le sujet de la monnaie nationale a été promulguée en catastrophe. On imagine l’effet d’une telle mesure : un cautère sur une jambe de bois. Fin mai, la fabrique de bières et limonades Brarudi, première entreprise N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
du pays, a renchéri ses prix de 13 % au motif que le franc burundais continuait de perdre de la valeur par rapport aux monnaies de ses fournisseurs. Résultat, le pays se retrouve plus que jamais dépendant de l’aide internationale,
qui constitue près de la moitié de son budget. En octobre 2012, à Genève, une conférence de donateurs (parmi lesquels la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union européenne) a levé 2,6 milliards de dollars (près de 2 milliards d’euros) de promesses de dons et d’investissements pour les quatre prochaines années. En visite à Paris à la mi-mars, le président Pierre Nkurunziza a obtenu que le Burundi soit inscrit sur la liste des pays prioritaires pour l’accès à l’aide française. Mais, pour indispensable qu’il soit, cet apport des pays tiers ne représente, au mieux, qu’une solution de moyen terme. Pour voir plus loin, le pays a lancé une série de réformes. Priorité : améliorer le climat des affaires. Mais si le Burundi a progressé de 13 places au dernier classement « Doing Business », et si certaines mesures semblent encourager les entrepreneurs (par exemple la création d’un guichet unique permettant de monter son entreprise en vingt-quatre heures), les problèmes sont profondément enracinés. « Contrairement au Rwanda, nous n’avons pas été capables de mettre en œuvre une politique favorable au dynamisme économique », juge sèchement un banquier burundais. Alors que Kigali vient de lever 400 millions de dollars sur les marchés internationaux – une première –, une telle performance semble hors de portée de Bujumbura. Les prévisions de croissance des deux pays pour cette année contrastent d’ailleurs fortement : 4,6 % pour le Burundi, contre 7,1 % pour le Rwanda.
DU TRÈS HAUT DÉBIT, ENFIN ! AVEC L’ARRIVÉE de la fibre optique, le Burundi, l’un des derniers pays au monde à ne pas être raccordés à l’internet haut débit, s’apprête à vivre une petite révolution numérique, à l’instar du reste de l’Afrique. Jusqu’ici, il dépendait de coûteuses connexions satellitaires. Le projet
de construction d’un réseau national de fibre optique a été lancé en 2008 par la Banque mondiale, qui a débloqué 10 millions de dollars. La banque de développement est-africaine PTA vient d’approuver un prêt de 13 millions de dollars supplémentaires. Mis au point par Burundi Backbone Systems,
un partenariat public-privé, ce projet devrait permettre de connecter la capitale et les 17 provinces d’ici à mars 2014. En août, 9 provinces bénéficiaient déjà du très haut débit grâce à la pose de 1 250 km de fibre. La deuxième phase de l’installation est sur le point de N.T. commencer. l JEUNE AFRIQUE
Sur la voie de l’ouverture Comme le souligne l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son dernier rapport sur les perspectives économiques africaines, l’économie burundaise demeure fragilisée par sa dépendance au secteur primaire, gros contributeur au PIB et à la création d’emplois. À la suite des intempéries de 2012, la production de produits vivriers a chuté. Celle de café et de thé a été bonne, mais la privatisation complète de la filière café, lancée en 2009, est loin de faire l’unanimité. « La manière dont le paysréformelafilièrerisquededéstabiliser les moyens de subsistance d’un grand nombre de petits producteurs », se sont inquiétés Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, et Cephas Lumina, expert indépendant sur la dette extérieure et ses effets sur les droits de l’homme, dans un communiqué de presse publié en avril. Leur constat est sans appel : moins de 5 % du café burundais a été transformé à l’intérieur du pays en 2009, les opérations créant le plus de valeur ajoutée ayant eu
lieu à l’étranger. Or l’enjeu est de taille: 55 % de la population – soit 750 000 familles – dépend de cette culture.
recherches entreprises par la société sudafricaine Burundi Mining Metallurgy ont révélé la présence d’au moins 180 millions de tonnes de nickel (lire pp. 68-69). GOURMANDE. Malgrétout,certainssignes Cependant,unproblèmesubsiste:l’indusindiquent un avenir économique moins trie minière est particulièrement gourmorose qu’il n’y paraît. L’incendie du mande en électricité… alors que le pays marché central de Bujumbura, en janreste l’un des plus mal alimentés, avec un vier, ne sera bientôt plus qu’un mauvais taux de couverture de seulement 3,5 %. souvenir. Un marché provisoire, d’une Mais là encore, tout espoir n’est pas perdu. À l’occasion de leur visite dans la région des Grands Certains signes annoncent une Lacs, Ban Ki-moon et Jim éclaircie : un marché flambant neuf, Yong Kim, respectivement un gros projet hydroélectrique… secrétaire général de l’ONU et président de la Banque taille équivalente, vient d’être inauguré. mondiale, ont annoncé une enveloppe Il devrait redonner du souffle à l’éconode près de 500 millions de dollars pour le développement de plusieurs projets de mie en permettant aux marchands et aux barrages hydroélectriques, à Rusumo et artisans de retrouver un peu d’activité. sur la Ruzizi. Ces installations doivent, à Autre espoir, la connexion prochaine de terme, alimenter en électricité le Rwanda, tout le territoire à la fibre optique (lire le Burundi et la RD Congo. Et, pourquoi l’encadré), qui pourrait révolutionner les pas, sortir enfin les Burundais du « somtélécommunications. meil communautaire ». l Dans le secteur minier, présenté comme NICOLAS TEISSERENC l’une des filières d’avenir du pays, les
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Le Plus de J.A. Burundi MINES
Bons filons Repris en main par l’État, le commerce de l’or est en plein essor. Mais c’est le nickel qui pourrait devenir la nouvelle manne du pays. Encore faut-il réussir à produire suffisamment d’énergie pour lancer l’exploitation…
L
assurée que par un simple compresseur d’air. Les hommes y travaillent avec des outils rudimentaires et sont exposés au risque d’asphyxie ou de chute de pierres, aggravé par l’utilisation de dynamite pour faire exploser les rochers. « Les accidents étaient devenus fréquents, précise notre interlocuteur. Pour le seul mois de février, 7 personnes sont mortes, étouffées à l’intérieur d’un trou. » Durant les deux mois de suspension, le ministre de l’Énergie et des Mines et
au sein d’associations, plus facilement contrôlables par l’administration. Second objectif : renforcer leur sécurité sur À Musongati, le principal gisement les sites d’extraction. recèle 180 millions de tonnes de ce L’exploitation de l’or se fait métal précieux… pour l’industrie. de manière artisanale, dans des conditions périlleuses. Les orpailleurs creusent des trous procelui de l’Environnement sont allés sur fonds, dont les parois sont mal console terrain pour mener des campagnes de lidées. À l’intérieur, la ventilation n’est sensibilisation. Puis, comme prévu, le 1er mai, le président a levé l’interdiction de travail pour les associations d’orpailleurs Principales concessions de nickel ayant suivi ses injonctions : utiliser du matériel adéquat et clôturer les sites restés Dwyka ouverts – les trous n’étant ni rebouchés Songa ni indiqués clairement, les habitants risquaient à tout moment l’accident. Makamba En 2012, plus de 2 400 kg d’or ont été Andover/Argosy extraits des mines du Burundi. Pour les MSA comptoirs d’exploitation artisanale, le MSA (nouveaux permis) gain a été de quelque 63000000 de francs Kirundo burundais (FBu) (environ 30700 euros); il s’est élevé à près de 540 000 000 FBu pour RWANDA les comptoirs d’achat et d’exportation. Au total, les recettes annuelles ont avoisiné les Muhinga Cibitoke 600000000 FBu. Le gouvernement attend Ngozi une forte augmentation dès cette année Kayanza grâce au système d’associations professionnelles, qui permet un contrôle plus Karuzi Bubanza rigoureux… censé faire barrage aux fuites. RDC Cankuzo
e 1 e r m a r s, l e p r é s i d e n t Nkurunziza annonçait la suspension de l’exploitation des mines d’or sur tout le territoire pendant deux mois. « Il s’agissait de mettre fin au désordre, à l’exploitation illégale et à la fuite de ce métal précieux vers l’étranger », explique Firmin Nikoyangize, conseiller du ministre de l’Énergie et des Mines. Les orpailleurs ont donc été sommés de se rassembler
Muramvya
CHEMIN DE FER. Le nickel pourrait par
BUJUMBURA Gitega
Ruyigi
TANZANIE
Bururi
Rutana
Makamba LAC TA N G A N Y I K A
40 km N 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013 O
ailleurs bientôt devenir la nouvelle manne du Burundi. On sait depuis les années 1970 que le pays dispose d’énormes réserves de ce métal très recherché par l’industrie. Les ressources nationales sont évaluées à 250 millions de tonnes (Mt) de minerai, dont 180 Mt dans le principal gisement, situé à Musongati, dans la province de Rutana (Sud-Est). Une société sud-africaine, Burundi Mining Metallurgy (BMM), a été chargée des travaux d’exploration. Le démarrage de l’exploitation dépendra de deux éléments. D’abord, de l’énergie électrique disponible. Il faudrait 800 mégawatts (MW) : c’est beaucoup trop pour le Burundi, dont la capacité de production actuelle est de 36 MW (lire JEUNE AFRIQUE
Sur la voie de l’ouverture encadré). Ensuite, de l’existence d’un chemin de fer, indispensable pour exporter le nickel vers d’autres pays en passant par la Tanzanie. L’acheminement de 1 million de tonnes de minerai suppose qu’au moins 500 camions circulent entre Musongati et Dar es-Salaam chaque jour, ce qui endommage les routes goudronnées. Le ministère des Transports analyse le traçage et cherche des bailleurs pour financer le projet. Jusqu’à présent, aucun décret présidentiel n’autorise l’exploitation du nickel de Musongati. Une commission ad hoc est en train de réfléchir à une convention entre l’État burundais et la société sud-africaine BMM, précise Firmin Nikoyangize. Le gouvernement a tout intérêt à voir l’exploitation débuter dans les plus brefs délais. Car l’enjeu est stratégique pour le Burundi. Le pays est toujours très dépendant de l’aide extérieure, qui diminue. La population autour de Musongati bénéficiera, de surcroît, de l’électricité, ce qui accélérera le développement de la région. « Tout dépendra de
la disponibilité de l’électricité. Si, d’ici à la fin de cette année, le pays dispose d’au moins 50 à 100 MW, l’exploitation du nickel pourra commencer », estime le conseiller ministériel. L’autre défi – et non des moindres ! – est que le gisement se trouve sur des
terres cultivables, où vivent 337 ménages. L’épineuse question foncière en serat-elle exacerbée ? Nikoyangize se veut rassurant : « Cette question sera résolue. Le gouvernement agit dans l’intérêt général. » l ISY PERPÉTUE KIMANA
UN PROJET À 800 MÉGAWATTS L’EXPLOITATION d’un filon minier requiert de l’énergie… beaucoup d’énergie. Qu’il va falloir aller chercher, puisque le Burundi est très loin de disposer des 800 mégawatts (MW) nécessaires. Une première étape a cependant été franchie avec la signature d’un contrat de partenariat
public-privé entre l’État (qui participera à hauteur de 20 %) et le holding sud-africain Kermas Limited (80 %), qui détient BMM, la société chargée des travaux de prospection. Du côté de l’État, c’est la société Burundi Electricity Company (Beco) qui assurera la conception, la construction,
l’exploitation et la maintenance des centrales hydroélectriques, érigées sur les rivières Ruzibazi, Ruvubu, Ruvyironza, etc., et destinées à alimenter la future raffinerie de Musongati. Le potentiel hydroélectrique du pays est estimé à environ 1 200 MW. l I.P.K.
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commUNIqUé
CFCIB PoUR coNTRER la DISPERSIoN D’éNERgIE ET PoUR êTRE PlUS EffIcacES, lES oRgaNISaTIoNS DES PRofESSIoNNElS DU SEcTEUR PRIvé oNT DécIDé DE mETTRE SUR PIED UNE STRUcTURE faîTIèRE qU’IlS oNT NOMMÉE CHAMBRE FÉDÉRALE DE commERcE ET D’INDUSTRIE DU BURUNDI, cfcIB EN SIglE. la cfcIB S’EST DoTé DE NoUvEaUx STaTUTS ET DE NoUvEaUx oRgaNES DEPUIS avRIl 2010. la NoUvEllE STRUcTURE DE la cfcIB EST STaTUTaIREmENT comPoSéE DE 11 chamBRES SEcToRIEllES ET DE DEUx chamBRES TRaNSvERSalES.
LA CHAMBRE FÉDÉRALE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DU BURUNDI Les Chambres Sectorielles sont chargées notamment de s’assurer d’une participation pleine et entière des professionnels concernés à la gestion de chaque secteur économique. Elles sont également appelées à mettre en œuvre toute initiative pouvant aider les professionnels dans le développement de leurs activités. Quant à la CFCIB, elle est chargée entre autres de concevoir, de proposer et de contribuer à la promotion et à la mise en œuvre d’une politique générale de développement favorisant l’essor du secteur privé. Elle doit en outre représenter et défendre les intérêts des Opérateurs Economiques œuvrant au Burundi vis-à-vis des décideurs politiques, de l’administration, des
partenaires sociaux, de la société civile, des partenaires du développement et de tout autre interlocuteur. Une bonne organisation du secteur privé est un gage de développement du Burundi. Pour arriver à des résultats concrets, l’approche proposée par la CFCIB est une concertation continue entre opérateurs économiques eux-mêmes d’une part, et entre opérateurs économiques et agents publics d’autre part, pour la mise en place des programmes de formation, d’information, et d’encadrement des opérateurs économiques.
De g. à dr. MM. : Christian NKENGURUTSE, Secrétaire Général ; Econie NIJIMBERE, Président ;
La Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi (CFCIB), a mis en place un site web dynamique www.cfcib.org ; et une station de radiodiffusion FM, CCIB-FM+, pour toucher au plus large le monde des affaires et vous permettre d’obtenir une information actualisée sur le secteur privé du Burundi. CONTACTS : Tél. : +257 22 - 22 22 80 Fax : +257 22 - 22 78 95 E-mails : info@cfcib.org contact@cfcib.org webmaster@cfcib.org
Audace NDAYIZEYE, Vice-Président.
Sur la voie de l’ouverture
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PORTRAITS
Success-stories à la burundaise
PAUL BIENVENU NIYONZIMA POUR J.A.
Chacun à sa manière et dans son domaine – agriculture, agro-industrie ou finance –, ces chefs d’entreprise, restés au pays, sont à la pointe de l’innovation.
Marie Müque Kigoma Itinéraire d’une battante
A
u Burundi, tout le monde connaît Fruito. La célèbre marque de jus de fruits haut de gamme est née en 1987, à l’initiative de Marie Müque Kigoma et de son mari. Depuis, la société a vécu au rythme des crises. « À l’époque, c’était une véritable innovation de transformer sur place les fruits en jus. Nous voulions utiliser exclusivement des matières premières locales, qu’il s’agisse des fruits ou des emballages, et nous avons dû faire venir les machines de France », se remémore la chef d’entreprise.
ÂGE D’OR. Rapidement, Marie Müque
Kigoma réalise qu’elle n’a pas assez de fruits pour alimenter son usine. Aussi se lance-t-elle dans l’agriculture, avec un JEUNE AFRIQUE
niveau d’exigence qui lui assure une distribution chez les meilleurs commerçants européens. Le succès est tel que Fruito reçoit une offre de rachat de la part de Brarudi, le brasseur national. Mais hors de question de revendre !
Le Burundi est sous embargo, l’alimentation en électricité coupée… Marie Müque Kigoma est contrainte de fermer temporairement Fruito et de quitter le pays. Elle ne reviendra qu’en 1998. Aujourd’hui, la société emploie une soixantaine de salariés et réalise un chiffre d’affaires Très vite, Fruito acquiert une de 300 000 euros, mais elle renommée internationale… quand « piétine », selon sa dirigeante. soudain la guerre civile éclate. Celle-ci attend du gouvernement un effort de planification Tout a bien changé depuis cet âge d’or. et d’aide aux entreprises, et se plaint Dès 1993, la guerre civile met progressinotamment d’une pression fiscale qui vement fin à l’aventure. En 1995, les vols « tue les industries », soulignant que, directs entre Bujumbura et l’Europe sont « pour développer le Burundi, il faut suspendus, et la filière d’exportation de développer l’agro-industrie ». À bon fruits frais disparaît du jour au lendemain. NICOLAS TEISSERENC entendeur… l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Le Plus de J.A. Burundi
Théodomir Rishirumuhirwa Agriculture in vitro
I
ngénieur agronome formé en Belgique, à l’université catholique de Louvain, Théodomir Rishirumuhirwa a fondé son premier laboratoire à Bujumbura en 1999, avec des équipements importés d’Europe. Avec Agrobiotec, il entend éradiquer les maladies qui ravagent les récoltes, mettant en danger des centaines de milliers de familles. Et en particulier celles qui déciment les bananes, dont la culture représente, selon ses estimations, 45 % de la production agricole et 30 % du PIB de l’agriculture burundaise.
DR
PÉPINIÈRES. En seulement deux ans,
François Ntacobitwaye Fruits du travail À Rugombo, la ferme de ce cultivateur de fruits et légumes se distingue par la modernité de ses équipements et de ses techniques de production.
D
ans les champs qui s’étendent à perte de vue, des centaines de palmiers, de manguiers et d’orangers. Le maître des lieux s’appelle François Ntacobitwaye. Ce fils de paysan, la cinquantaine, a hérité de terres à Rugombo, dans la province de Cibitoke, dans le nord-ouest du pays. Il y cultive aussi des haricots, du maïs, du riz, des tomates… Une belle propriété de 4 ha qui fait sa fierté. Pour lui, la vie n’a pas toujours été facile. En 1999, fuyant l’insécurité, il s’expatrie un an en République démocratique du Congo. À son retour, dans un climat toujours tendu, il décide d’exploiter ses terres en utilisant des techniques modernes d’irrigation et des semences sélectionnées. « J’ai d’abord planté des arbres à fruits, en particulier des manguiers, car ils donnent des fruits tout au long de l’année et sont très appréciés », explique-t-il. COMBATIF. Sa façon de planter
toutes les cultures sur une même ligne dans d’immenses champs de fruits et légumes est vite remarquée N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
par des agronomes et moniteurs agricoles, qui lui proposent leur appui. « Il a suivi à la lettre les conseils des experts. C’est un travail de longue haleine. Il est courageux et combatif », témoigne un voisin. Les premières récoltes ont été bonnes, au-delà de ses attentes. Assez pour lui donner envie de continuer. Aujourd’hui, pourtant, l’inquiétude se lit sur son visage. Le climat est chaud dans cette province, et l’eau commence à manquer en ce mois de juin. L’agriculteur déplore aussi le manque de débouchés, qui l’oblige à écouler ses récoltes dans de petits marchés, voire à vendre à perte. Il attend une réponse des autorités, à qui il a demandé un soutien. En attendant, en 2012, le Sénat lui a octroyé une vache en signe d’encouragement, et pour inciter les autres agriculteurs à suivre son exemple. De quoi revoir à la baisse ses dépenses en engrais chimiques et augmenter sa production de lait. Désormais, ses revenus sont suffisants pour subvenir aux besoins de sa famille et pouvoir envoyer ses enfants à l’école. l
Rishirumuhirwa a mis en place une filière de plants de bananiers hautement productifs, multipliés in vitro puis cultivés dans des pépinières installées dans plusieurs régions. « Nos microplants sont très faciles à transporter partout dans le pays, et même dans la sous-région. On peut en mettre jusqu’à 20 000 dans une voiture », précise-t-il. Récemment rénové, le laboratoire peut produire jusqu’à 5 millions de plants par an. En plus des financements obtenus à la BNDE, une banque locale, Agrobiotec bénéficie de l’aide de divers organismes, notamment l’Africa Enterprise Challenge Fund, de bailleurs, comme la FMO néerlandaise et la BIO belge, et de l’université catholique de Louvain. l N.T.
CÉDRIC-SOLEDAD URAKEZA/IWACU POUR J.A.
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ISY PERPÉTUE KIMANA JEUNE AFRIQUE
Sur la voie de l’ouverture
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Armel Ntwari As de la microfinance
L
esprêteursinformelsdeBujumbura proposent des taux d’intérêt compris entre 20 et 30 % par mois: c’est du suicide financier ! » s’exclame Armel Ntwari. À la tête de Development Interpeople Finance Operations (Difo), une institution de microfinance (IMF) basée à Bujumbura et fondée par des investisseurs privés burundais, il tente de remédier au manque de solutions de financement des entreprises. Pour leur permettre de se développer, Difo pratique des taux d’intérêt beaucoup plus abordables, d’environ 10 % par an pour des prêts compris entre 3 et 5 millions de francs burundais (de 1 400 à 2 400 euros environ).
CARRIÈRE. Après des études à l’Institut des techniques bancaires de l’université Paris-Nanterre, Armel Ntwari rejoint la Banque de la République du Burundi en tant qu’inspecteur, au sein
PAUL BIENVENU NIYONZIMA POUR J.A.
«
du département de supervision des institutions financières. Un poste qui lui ouvre tout naturellement la voie de la microfinance. « À la Banque centrale, j’ai notamment travaillé sur les principales causes de défaillance des petites entreprises, raconte-t-il. Mon métier me permet, à mon niveau, de contribuer au développement du pays. C’est
une façon de donner du sens et de la satisfaction à ma carrière. » Trois ans après le début de ses activités, le pari est en passe d’être gagné pour Difo, qui a enregistré une croissance de 80 % de son activité entre 2011 et 2012. En tout, l’IMF a ouvert quelque 4 400 comptes et affiche un encours de prêts d’environ 700 millions de francs burundais. l N.T.
Toujours soucieuse de mieux servir ses clients et de satisfaire leurs besoins, la Banque de Crédit de Bujumbura a mis à la disposition de sa clientèle la carte prépayée dénommée TOUCAN. Cette carte, non liée à un compte bancaire, est utilisable dans le monde entier. Elle permet d’effectuer des achats en ligne, des retraits de billets de banque, des transferts d’argent (de carte à carte), etc... La carte
prépayée TOUCAN est la solution idéale pour les voyages!
La Banque de référence au Burundi
BCB
membre du réseau
BANK OF AFRICA GROUPE BANK OF AFRICA
Le Plus de J.A. Burundi
TRIBUNE
Opinions & éditoriaux
L’école des femmes
LYSE NKURUNZIZA
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THÉODORA NISABWE Professeure à l’université du Burundi. Cofondatrice du Forum des éducatrices africaines (FAWE) et de l’association Nturengaho
A
U BURUNDI, la scolarisation des filles accuse encore un net retard par rapport à celle des garçons. Ce constat a beau être nuancé par l’évolution spectaculaire de ces dernières années, due notamment à la gratuité de l’école primaire depuis 2005, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour l’année 2011-2012, le taux net de scolarisation au primaire [chez les enfants en âge d’être scolarisés] est de 93,1 % pour les filles et de 96,8 % pour les garçons. Les filles ayant l’âge officiel d’admission à l’école sont 75,8 % à entrer en première année de primaire, contre 82 % des garçons. Dans le secondaire, le taux net de scolarisation chute à 18,4 % chez les filles, 22,6 % chez les garçons. Seules 18,2 % des premières vont jusqu’au bout du premier cycle, contre 27,8 % des seconds. C’est pire à la fin du second cycle, où ce taux passe respectivement à 4,9 % et 13,7 %. Ces indicateurs montrent que, globalement, les écarts dans le milieu scolaire sont toujours en défaveur des filles. Pour réduire ces inégalités, la section burundaise du Forum des éducatrices africaines a mis l’accent sur trois priorités : l’accès à l’éducation, le maintien à l’école et le niveau des performances scolaires. Entrer à l’école a un impact formidable sur le statut des femmes et leur avenir. Mais de nombreuses filles n’y restent pas longtemps : c’est là que l’on constate la plus forte disparité. Le système patriarcal entrave l’autonomie des femmes. Certains parents continuent de penser que la place de leurs filles est au foyer, et des fillettes et des adolescentes sont tenues à l’écart de l’éducation par des mariages et des maternités précoces ou non désirées.
– éducateurs, enseignants, condisciples… – ou sur le chemin de l’école, alors que la loi est censée protéger les jeunes filles, qui ne peuvent être considérées comme consentantes tant qu’elles sont en âge d’être scolarisées. Au niveau des performances scolaires, les filles peuvent être aussi brillantes, voire plus, que les garçons. Mais elles ne restent pas plus longtemps à l’école pour autant. Dans le secondaire comme à l’université, leur présence est nettement plus rare. Filles et garçons ne fréquentent pas non plus les mêmes filières, les premières privilégiant les études littéraires, pédagogiques et sociales, au détriment des voies scientifiques et technologiques. Afin de lutter contre les violences faites aux femmes et de faire respecter leurs droits, nous avons, avec des femmes psychologues, médecins et infirmières, créé en 2000 l’association Nturengaho [qui peut se traduire par : « Stop, ça suffit »]. Nous venons en aide aux jeunes filles qui font face à une grossesse non désirée. Dans notre pays, avoir un enfant hors mariage est synonyme de déshonneur pour la famille et attire l’opprobre de la société. La fille-mère se trouve ainsi rejetée de tous, y compris de ses parents. Renvoyée de l’école, elle doit
Certains parents croient encore que la place de leurs filles est au foyer.
Le phénomène des grossesses en milieu scolaire, en particulier, prend de l’ampleur. On a relevé 484 cas de grossesse dans le primaire et 1 200 dans le secondaire pour l’année 20112012. Or, bien qu’elles y soient autorisées, rares sont les élèves qui réintègrent l’école une fois qu’elles ont accouché, leur famille ne pouvant assumer à la fois la charge d’un enfant et les frais de scolarité. Nous déplorons le climat d’impunité dont jouissent les auteurs de violences sexuelles en milieu scolaire N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
interrompre sa scolarité. Pis, dans presque tous les cas, l’auteur de la grossesse refuse de reconnaître sa paternité. La jeune fille se retrouve isolée, sans personne à qui se confier. En plus du suivi médical de la grossesse, nous lui apportons du réconfort par une prise en charge psychosociale et nous lui fournissons un hébergement de secours, le temps de trouver une famille d’accueil et de négocier le retour dans sa famille. Notre association n’incite jamais à l’avortement. Nos valeurs sont « le respect de la vie, la dignité et la solidarité ». Les jeunes filles peuvent aussi trouver des informations concernant l’éducation sexuelle afin d’avoir une sexualité responsable. Notre objectif est de les aider à traverser au mieux cette période difficile qu’est l’adolescence. l JEUNE AFRIQUE
PRESENTATION DE L’API L’API est une Agence gouvernementale dont ont la mission principale est la promotion des investissements et des exportations. Missions spécifiques: • Appuyer et assister les investisseurs ; • Garantir et octroyer les avantages du Code des Investissements ; • Délivrer les certificats d’éligibilité aux exonérations fiscales et douanières prévues par le Code des Investissements ; • Améliorer le climat des affaires à travers les réformes ; • Promouvoir les investissements locaux et étrangers ; • Promouvoir les exportations. L’API EN CHIFFRES : REALISATIONS REMARQUABLES • Depuis la création de l’API en 2009, les projets d’investissement pour lesquels un certificat d’éligibilité aux avantages du Code des Investissements a été octroyé, totalisent un montant record de 773 milliards Fbu (386,5 millions d’Euros) au 30 Avril 2013, pour 249 certificats et 8 034 emplois. Investissement par secteur
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• Sur les 773 milliards, les investissements locaux équivalent à 320 milliards de Fbu (160 millions d’Euros) soit 41,4%. En ce qui concerne les Investissements Directs Etrangers (IDE), ils sont de deux catégories : les IDE provenant de l’EAC (East African Community) et ceux hors EAC qui représentent la plus grande part (78,9% des IDE).
LE BURUNDI : UNE POSITION GEOGRAPHIQUE STRATEGIQUE • Situé entre l’Afrique Centrale et l’Afrique de l’Est. • Le Burundi est membre de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), le Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA) et l’East African Community (EAC) : 450 millions de consommateurs ! • Le Lac Tanganyika : 2ème lac le plus profond au monde avec 32 000 km2. • Bujumbura : Capitale du Burundi avec un Aéroport International, est un carrefour commercial idéal. • Vols réguliers des grandes compagnies aériennes (Kenya Airways, Ethiopian Airlines, Brussels Airlines, Uganda Airways, Rwanda Air, South African Airways, ...) ; d’autres compagnies étrangères sont en négociation pour ouvrir des lignes sur Bujumbura. Bujumbura est située à : • 25 minutes de vol de Kigali (Rwanda) ; • 1h30min de vol de Nairobi et d’Entebbe (Kenya et Ouganda) ; • 2 heures de vol de Serengeti et Zanzibar (Tanzanie).
MEILLEURES INCITATIONS A L’INVESTISSEMENT DANS L’EAC. • Exemption de droits de douane sur les importations de biens d’équipement et de matières premières ; • Exemption de paiement de TVA sur les biens amortissables importés et des matières premières destinées à la mise en œuvre d’un projet d’investissement d’au moins 385.000 USD; • Crédit d’impôt équivalent à 37% de l’investissement réellement réalisé ; • Réduction du taux d’imposition des sociétés de 3 à 5% si 50 à 200 emplois permanents de Burundais ont été crées ; Le Code des Investissements est en cours de révision dans le but de le rendre encore plus attractif.
PAYS POLITIQUEMENT STABLE A MULTIPLES OPPORTUNITES TICs, Énergie et Mines, Agro-alimentaire, Transports (routier, maritime, ferroviaire et aérien), Industrie manufacturière, Éducation et Santé, Tourisme, Assainissement et protection de l’environnement, Immobilier. CLIMAT DES AFFAIRES EN CONSTANTE AMELIORATION • 5ème meilleur réformateur au monde et le seul pays africain parmi les 10 meilleurs ; • Depuis le début des réformes en Novembre 2010, le Burundi a avancé de 21 places, soit de 180 à 159 en 2013 ; • Le Guichet Unique de création de sociétés permet la création d’une entreprise en moins de 24 heures pour moins de 30 US$ ; • Deux autres Guichets sont opérationnels : Guichets Uniques pour l’« obtention du permis de construire » et le « transfert de propriété ».
API B.P. : 7057 BUJUMBURA Tél : + 257 222 759 96 / + 257 222 759 97 E-mail : contact@investburundi.com Site Internet : www.investburundi.com i.guide : www.theiguides.org/burundi
DIFCOM/FC - PHOTOS : DR
COMMUNIQUÉ
AGENCE BURUNDAISE AISE DE PROMOTION DES IN INVESTISSEMENTS
Le Plus de J.A. Burundi
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Lire aussi Carnet de route : escapade à Gitega
MARTINA BACIGALUPO
t Situé au bord du lac Tanganyika, l’hôtel dispose d’une plage et propose des activités nautiques.
de reloger les paysans du coin, et les travaux de construction du complexe démarrent en juin 2009. Les constructeurs sont les habitants des collines environnantes, encadrés par des ingénieurs et des architectes ougandais. « L’objectif était la valorisation des matériaux locaux: réaliser un mariage entre les pierres, le bois et le chaume de mon pays. J’étais sûr que les Burundais comme les touristes allaient comprendre qu’on peut proposer un produit écologique à partir de nos matériaux, sans détruire la nature mais au contraire en intégrant le projet dans l’environnement », explique Nimubona, qui se dit satisfait d’avoir réalisé « quelque chose d’unique » pour son pays. Coût de l’investissement : 2 millions de dollars, prêtés par une banque locale. CUISINE BIO. L’ouverture de l’hôtel a permis de lancer un tourisme fondé sur le développement communautaire. Des familles vivant dans les environs profitent HÔTELLERIE de l’électricité et diversifient leurs activités. Au Tanganyika Bluebay, la cuisine n’est pas gastronomique. Elle est, au contraire, très simple, bio, sans huile ni graisses. Uniquement construit avec des matériaux locaux, le Tanganyika Fervent défenseur de la nature – il a reçu en 2010 un prix de l’Action ceinture verte Bluebay Resort à la fois luxueux et écolo, est un modèle à suivre pour l’environnement –, Nimubona a mis en matière de tourisme durable. en place un système d’épandage pour éviter que les eaux usagées ne soient déverune heure de route au sud de des canots, des kayaks et un petit yacht au sées dans le lac. Chaque matin, la plage est Bujumbura, Kagongo est une repos. Un peu plus loin, les bungalows où nettoyée. On peut y jouer au beach-volley, petite localité située près de sont logés les clients de l’hôtel. Tous les au beach-soccer, à la pétanque ou au Rumonge, dans la province matériaux, du lit aux rideaux en passant badminton. Dans la deuxième phase de de Bururi. Elle passerait totalement inapar le plancher, sont locaux. l’expansion de l’hôtel, qui doit passer de perçue si elle n’était baignée par le lac L’aventure a commencé à l’aube des 20 à 40 chambres, de la plongée et du ski Tanganyika. Et surtout si un entrepreannées 2000. À l’époque, Fred-Bosco nautique seront proposés aux touristes. Ils neur burundais, Fred-Bosco Nimubona, Nimubona, diplômé en commerce sont de plus en plus nombreux, aussi bien n’avait décidé d’y construire le Tanganyika d’autres Burundais que des Bluebay Resort, un complexe hôtelier qui Dans le décor, des paillotes coiffées Africains, des Européens, se distingue par son originalité architecdes Américains… « La plude chaume, des chaises en bambou, part de mes clients se disent turale et son engagement en faveur de l’environnement. enchantés de leur séjour. des tables en bois d’eucalyptus… Le lac, lors de notre visite, ne cesse de Cet espace est devenu une rugir. Ses ressacs sont impressionnants. international à l’académie Plekhanov destination incontournable. Si c’était à Une brise envahit la plage, très propre, de Moscou, vit au Kenya, où il loue des refaire, je n’hésiterais pas un seul instant », où ont été plantés des cocotiers, des palavions. L’homme d’affaires pressent se félicite Fred-Bosco Nimubona. Seul l’énorme potentiel touristique des rives miers, des mandariniers, des bananiers propriétaire pour le moment, il envisage du lac Tanganyika, dans son pays natal. et des eucalyptus. Dans le décor, des de vendre quelques actions pour avoir des En 2004, il rentre au Burundi et se met paillotes de forme conique coiffées de partenaires. Et croit fermement que ce à la recherche du site idéal. Il jette son typed’activitéfavoriseraledéveloppement chaume, des chaises en bambou et en économique de la région. l osier, des sièges en peau de vache, des dévolu sur Kagongo en 2005 et y achète tables en bois d’eucalyptus. Sur la plage, TSHITENGE LUBABU M.K. un terrain de cinq hectares. Le temps
Naturellement beau
À
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JEUNE AFRIQUE
ONATEL-BURUNDI Cap sur la Fibre Optique 1979 Création de l’ONATEL, l’Office national des Télécommunications du Burundi, le seul Opérateur qui possède trois licences pour l’exploitation de réseaux téléphoniques fixe, mobile et Internet.
2005 Création du réseau ONATEL MOBILE (ONAMOB).
2012 Mise en place d’un service de transfert d’argent par téléphone mobile.
ÉQUIPE DE DIRECTION M. Ndayishimiye Donatien Directeur Général ONATEL 77112000 - dndayishimiye@onatel.bi
M. Jean-Claude Ngendankazi Directeur Administratif et Financier 77730049 - jcngendankazi@onatel.bi
PERFORMANCES RÉCENTES L’ONATEL-BURUNDI se tourne de plus en plus vers les nouvelles technologies fibres optiques afin de pouvoir disponibiliser des produits de qualité à l’intention de tous les utilisateurs à des prix défiants toute concurrence. Face à la forte demande de connectivité large bande l’ONATEL-BURUNDI participe activement dans les réseaux de fibre optique en tant qu’actionnaire de la Société WIOCC (West Indian Ocean Cable Company), principal initiateur du projet du projet de pose et d’exploitation commerciale du câble sous-marin EASSY (Acronyme pour désigner East African Submarine System), longeant les côtes EstAfricaines.
LE RÉSEAU BBS Aussi, l’ONATEL-BURUNDI est le Deuxième Actionnaire du Consortium BBS (Burundi Backbone System) qui réalise actuellement la dorsale nationale à fibre optique. Cette infrastructure va favoriser la rapidité dans la transmission des données et
son utilisation offrira de nouvelles applications, telles que la télémédecine, la télé-éducation, E-gouvernement et E-commerce.
LE RÉSEAU MAN Pour rendre la connectivité large bande effective à Bujumbura, un réseau métropolitain à fibre optique est en cours de réalisation par l’ONATELBURUNDI. Ce réseau à fibre optique MAN (Metropolitan Area Network) d’une longueur de 133 Km permettra d’assurer la connectivité à haut débit à Bujumbura pour commencer et s’étendra très rapidement dans les Centres Urbains du Burundi.
LE SYSTÈME FTTH L’ONATEL-BURUNDI vient de conclure un accord avec la Compagnie Chinoise CCS (China Communications Service) pour la réalisation d’un projet de connexion à haut débit permettant de connecter l’utilisateur à l’aide de système à fibre optique (FTTH). Ainsi, au Burundi très rapidement la connexion à large bande va être une réalité et permettra d’assurer à tous les utilisateurs un échange rapide d’informations partout où on se trouve.
M. Herman Barutwanayo Directeur Technique 77745444 - tnkurikiye@onatel.bi
M. Pascal Mbonyiyeze Directeur Commercial et d’Exploitation - 77741999 pmbonyiyeze@onatel.bi Coordinateur du Projet ONAMOB : M. Ferdinand Ngendabanka 77730091 - fngendabanka@onatel.bi
1, avenue du Commerce - B.P.60 BUJUMBURA, République du Burundi Tél.: (257) 22218586 - Fax : (257) 22226917 E-mail : onatel@onatel.bi - www.onatel.bi * EASSy :Acronyme pour désigner East African Submarine System.
DIFCOM/DF - PHOTO : GIANLUCA RASILE - FOTOLIA.
HISTORIQUE
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Économie PATRONAT-POLITIQUE
Les liaisons
dangereuses Complaisance vis-à-vis du gouvernement, ambitions personnelles, difficultés de financement : dans de nombreux pays du continent, les organisations d’entrepreneurs peinent à défendre les intérêts du secteur privé.
CHRISTOPHE LE BEC
L
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élection d’Alizèta Ouédraogo à la tête de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Burkina Faso, le 19 août, n’a pas été une surprise. Celle que l’on surnomme la bellemère nationale – sa fille est mariée à François Compaoré, le frère du président – avait les bonnes cartes en main pour accéder à la tête de la principale organisation de chefs d’entreprise du pays : ses entrées au palais présidentiel de Kosyam, un bon carnet d’adresses de fournisseurs et de clients et un petit empire économique, allant de la maroquinerie à l’immobilier, développé à partir du rachat de l’ancienne Société burkinabè des cuirs et peaux (privatisée en 1991). « Créée en 1948, la CCI a plus d’influence et de moyens que le Conseil national du patronat burkinabè, fondé seulement en 1974 », indique Lassiné Diawara, vice-président des deux institutions. Avant Alizèta Ouédraogo, El-Hadj Oumarou Kanazoé avait régné pendant près de seize ans, jusqu’à sa mort en octobre 2011, sur la CCI et le patronat comme un véritable parrain du secteur privé adoubé par le pouvoir. Une proximité qui n’est pas propre au Burkina Faso. « Dans la zone francophone, les chefs d’entreprise se montrent souvent complaisants à l’égard des États », regrette Francis Sanzouango, conseiller pour l’Afrique au Bureau international du travail N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
(BIT) et ancien secrétaire général du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam). « Dans ces pays, l’État est un acteur économique important, à travers la régulation, les marchés publics et les sociétés qu’il contrôle. Quand les régimes sont peu démocratiques, il est donc souvent dangereux pour les patrons des patrons de s’opposer frontalement à eux. D’autant qu’ils peuvent bénéficier d’appuis s’ils coopèrent », explique-t-il. PORTEFEUILLE. Autre écueil, « certains d’entre eux
considèrent le patronat comme un marchepied pour accéder au pouvoir politique, en tant que ministreàunportefeuilleéconomique,unefonction souvent plus reconnue que celle d’entrepreneur », note Francis Sanzouango. « Cette confusion des genres nuit à la crédibilité, donc à la représentativité des organisations patronales », souligne le Kényan Frederick Muia, conseiller à l’Organisation internationale des employeurs (OIE). Exemple emblématique de patron des patrons « aux ordres »: Mamadou Sylla, en Guinée. De 1998 à 2010, ce proche de l’ancien président Lansana Conté a été l’indéboulonnable dirigeant du Conseil national du patronat guinéen. Grâce à ses soutiens en haut lieu, il a pu bâtir son conglomérat industriel et commercial, Futurelec, et une fortune personnelle conséquente… avant de se lancer en politique après le décès de son mentor, comme candidat (malheureux) à la présidentielle de 2010. À l’inverse, quand un patron s’oppose l l l JEUNE AFRIQUE
INDISCRETS
Maroc, Algérie, Tunisie, Guinée, Togo
SÉNÉGAL
Falémé : cadeau ou fardeau ?
DÉCIDEURS
INTERVIEW
Président du groupe Castel
PDG de l’Opic
Pierre Castel
Elizabeth Littlefield
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AHMED OUOBA
t Vice-présidente du Conseil national du patronat burkinabè, Alizèta Ouédraogo a aussi été élue le 19 août à la tête de la puissante Chambre de commerce et d’industrie du pays.
JEUNE AFRIQUE
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Entreprises marchés 3 QUESTIONS À
NASSIM KERDJOUDJ
Vice-président du Forum des chefs d’entreprises (FCE)
« L’État algérien a favorisé notre division »
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atron de la PME informatique Net-Skills, Nassim Kerdjoudj est le vice-président du principal rassemblement de chefs d’entreprise algériens, qui cohabite avec une multitude d’autres organisations patronales. JEUNE AFRIQUE: Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour que le patronat algérien soit reconnu par l’État ? NASSIM KERDJOUDJ :
L’histoire des organisations patronales en Algérie est récente. Jusqu’aux années 1990, l’État considérait tout rassemblement de chefs d’entreprises privées comme contraire à la société égalitaire et socialiste qu’il mettait en avant… Seule l’Union des entreprises publiques [Unep] existait. La Confédération algérienne du patronat [CAP], constituée de patrons du privé, a d’abord émergé comme une association indépendante et non reconnue. Elle ne représentait alors qu’une part infime de l’économie, dominée par un secteur public tout-puissant. Ce n’est qu’après les premières politiques d’ajustement structurel – et donc les privaLOUIZA AMMI POUR J.A.
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tisations – que le gouvernement a changé d’attitude. Comment expliquez-vous les divisions entre les différentes associations d’entrepreneurs?
L’État a favorisé cette division. Quand le gouvernement a vu l’intérêt de dialoguer avec le secteur privé, il a reconnu la CAP comme représentante officielle du patronat privé. Mais dans la foulée, il s’est empressé de recruter son président, Réda Hamiani, pour en faire le ministre des PME en 1992, et se sont créées de nouvelles organisations : la Confédération nationale du patronat algérien [CNPA] ou la Confédération générale des entreprises algériennes [CGEA]. Dans le même temps, l’Unep a continué à exister, encouragée par l’État qui a préféré diviser pour mieux régner. Dans ce contexte, quel était le besoin d’une nouvelle organisation comme la vôtre ?
Nous avons créé le Forum des chefs d’entreprises [FCE] fin 2000 comme un espace de rencontres, notamment entre sociétés publiques et privées, mais aussi entre PME et grands groupes. Aucune organisation de ce genre n’existait auparavant. Aujourd’hui nous comptons 300 membres (dont le chiffre d’affaires représente ch 90 % de l’économie algérienne) et sommes reconnus tant en Algérie qu’à l’international. Nous travaillons avec la CAP à une réunification du patronat, qui pourrait émerger avec les assises tripartites prévues à l’automne, en dialogue avec l’État et les syndicats. l Propos recueillis par C.L.B.
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au pouvoir politique, les représailles peuvent être cinglantes. Président de la Confédération nationale du patronat mauritanien de 2000 à 2006 et dirigeant du premier groupe privé du pays, le puissant Mohamed Ould Bouamatou a été menacé d’un redressement fiscal de 10,3 millions d’euros après avoir vertement critiqué la politique économique du président, Mohamed Ould Abdelaziz – dont il avait pourtant financé une partie de la campagne. lll
DISSIDENTE. Au nord du Sahara, malgré les révo-
lutions, les patronats tunisien et égyptien n’ont pas encore réussi à dénouer totalement leurs liens avec le pouvoir et à s’affranchir d’un passé compromis. Sous le régime de Zine el-Abidine Ben Ali, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) marchait main dans la main avec les autorités : « On n’a jamais vu un dirigeant de l’Utica contester une loi. Hédi Djilani, à la tête du patronat tunisien de 1988 à 2011, était même le beau-père du beau-frère du président. Chaque année, il disait que le programme du gouvernement était le même que le sien », se rappelle Abdallah Ben Mbarek, secrétaire général de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect). Cette association dissidente, créée juste après la révolution, revendique son caractère apolitique et se place en rivale de l’Utica, avec un millier d’adhérents. Selon elle, la situation de l’organisation « historique » n’est aujourd’hui guère plus brillante que par le passé. « Ses dirigeants, tout comme ceux de l’UGTT [Union générale tunisienne du travail, JEUNE AFRIQUE
Entreprises marchés
AIC PRESS
p PTU gjrm gtm noud dolobore dolore molobor
principal syndicat du pays], ont maintenant des ambitions politiques. Ils sortent de leur rôle, ils devraient rester à égale distance de tous les partis », dénonce Abdallah Ben Mbarek. En Égypte aussi, le patronat est fragilisé. Quand ils étaient aux affaires, les Frères musulmans ont imposé leurs propres hommes au sein des instances, qui s’en sont trouvées décrédibilisées aux yeux des entrepreneurs.
p La présidente du patronat marocain, Meriem Bensalah Chaqroun, ici avec Abdelilah Benkirane, le Premier ministre, n’hésite pas à monter au créneau pour les entrepreneurs.
Pourtant, certains patronats africains parviennent à faire entendre une voix indépendante et forte. Pour cela, le financement est crucial : « Les organisations qui fonctionnent bien, par exemple celles du Maroc, de l’île Maurice, de la Côte d’Ivoire ou du Kenya, ont d’abord résolu cette question », observe Francis Sanzouango, qui note la quasi-indigence de nombreuses structures patronales sur le continent. « Notre budget de fonctionnement est de 50 millions de dirhams [4,5 millions d’euros] pour une soixantaine de salariés », explique Fadel Agoumi, directeur délégué de la puissante Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). « Nos ressources proviennent principalement des cotisations de nos 3 000 adhérents – de 2 000 à 80000 dirhams selon la taille de l’entreprise –, mais aussi du sponsoring d’une dizaine de grandes sociétés du royaume. Grâce à ces moyens, nous sommes une force de proposition sur les sujets économiques, nous assumons notre indépendance, nous avons l’oreille du gouvernement et sommes reconnus par nos adhérents. Il n’y a pas un seul texte de loi touchant le domaine économique qui ne fasse l’objet d’une consultation auprès de la CGEM », se félicite-t-il. TAXE. D’autres sources de financement peuvent
être trouvées, notamment dans des pays dont la taille de l’économie est plus modeste : « Au Mali, explique Frederick Muia, le patronat assure le contrôle des exportations et des importations et perçoit directement une taxe sur ce service, ce qui lui assure des moyens substantiels pour fonctionner. Lors de la dernière crise politique, l l l
Aux avant-postes
KENYA
MAROC
MADAGASCAR
MAURICE
Élue en juin secrétaire générale de Business Africa, la confédération des patronats du continent, la patronne de la Fédération des employeurs kényans entend porter la voix des entrepreneurs africains, y compris, si nécessaire, face aux gouvernements.
Président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) de 2006 à 2009, il a ouvert les portes de la principale organisation patronale du royaume aux PME, pérennisé son financement et porté un discours plus percutant face au gouvernement.
La dirigeante du patronat malgache s’est rendue célèbre en mai en proposant une « grève des impôts », invitant les entrepreneurs à placer leurs taxes sur des comptes séquestres pour dénoncer la déliquescence des institutions et des infrastructures du pays.
Patron de la puissante Mauritius Employers’ Federation (Fédération des employeurs de l’île Maurice), il a su nouer un dialogue constant et efficace avec le gouvernement, notamment pour l’établissement de zones franches.
Jacqueline Mugo
JEUNE AFRIQUE
Moulay Hafid Elalamy
Noro Andriamamonjiarison
Azad Jeetun
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Entreprises marchés l l l il a été perçu comme un acteur économique impartial et consulté par tous les candidats à la présidentielle de cette année. » L’accession de personnalités fortes à la tête des organisations représentatives contribue aussi à accroître leur poids, notamment quand l’État est faible. À Madagascar, Noro Andriamamonjiarison n’a ainsi pas hésité, fin mai, à menacer les autorités d’une « grève des impôts » si la transition politique continuait à s’éterniser. Pour jouer pleinement leur rôle, les patronats se trouvent aujourd’hui dans un contexte plus favorable. L’arrivée au pouvoir de chefs d’État ou de ministres dotés d’une bonne culture économique favorise aussi l’émergence d’organisations audibles. C’est le cas en Côte d’Ivoire (lire ci-dessous), affirme Francis Sanzouango : « Alassane
Ouattara, ancien du Fonds monétaire international, connaît bien les sujets économiques et écoute les entrepreneurs », juge-t-il. Par ailleurs, « sous la pression des institutions financières internationales, d’inspiration libérale, les gouvernants rencontrent de plus en plus les acteurs du secteur De plus en plus de chefs privé. Mais cela relève souvent d’État ont une bonne plus d’un calcul politique pour culture économique. obtenir un satisfecit des bailleurs de fonds que d’un véritable changement d’attitude en profondeur », estime Francis Sanzouango. Résultat : si les patronats africains s’émancipent progressivement, il reste encore un pas à franchir avant qu’ils soient considérés par leurs gouvernements comme de véritables partenaires du développement économique. l
Sursis à la CGECI Contesté, Jean Kacou Diagou reste jusqu’en juin 2014 le patron des patrons ivoiriens.
KOUACI.COM
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L
a guerre des patrons pour le contrôle de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) n’aura finalement pas lieu – ou du moins pas cette fois. Le 5 septembre, lors d’une assemblée générale mouvementée à Abidjan, les chefs d’entreprise ivoiriens ont décidé de façon consensuelle de reconduire Jean Kacou Diagou à la présidence de l’organisation patronale jusqu’en juin 2014. Après deux mandats successifs à la tête de la CGECI et deux reconductions
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p Le 29 août, à Abidjan, avec le président Alassane Ouattara.
exceptionnelles de un an, le sortant cherchait à se maintenir à son poste. Mais nombre d’administrateurs de l’organisation, qui lui reprochaient sa mauvaise gestion, ne voulaient pas en entendre parler. SUBVENTION. Les frondeurs, comme Issouf Fadika, président de la Fédération maritime de Côte d’Ivoire (Federmar), reprochaient à l’équipe sortante sa gestion de la CGECI, reposant sur un noyau d’hommes proches du président.
Parmi les pommes de discorde figurent l’emploi des sommes générées par la taxe spéciale d’équipement (TSE) et la subvention annuelle de 300 millions de F CFA (près de 460 000 euros) accordée à la Fédération des organisations patronales de l’Afrique de l’Ouest (Fopao), que Jean Kacou Diagou préside également. Même si toutes ces questions n’ont pas trouvé une réponse immédiate, le numéro un de la CGECI s’est engagé à rendre les procédures plus fluides et transparentes. Sa rencontre, le 29 août à Abidjan, avec le président Ouattara a-t-elle joué un rôle dans la décision du patronat de reconduire Jean Kacou Diagou ? Une chose est certaine, celle-ci a permis de déminer la situation. « Nous avons pu éviter l’implosion de la CGECI, alors que la pression devenait trop forte et que les voix discordantes se multipliaient. Nous voulons une institution forte et non un homme fort », explique un administrateur sous le couvert de l’anonymat. Ce compromis vise aussi à permettre à Jean Kacou Diagou d’inaugurer en grande pompe, fin 2013 ou début 2014, la « maison de l’entreprise », le nouveau siège du patronat, dont il est l’un des concepteurs. l BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan JEUNE AFRIQUE
Entreprises marchés
Etisalat-MarocTélécom
Les dossiers chauds du deal
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n nouveau round de négociations va s’engager cette semaine à Rabat entre Paul Werne, directeur juridique d’Etisalat, et les représentants de l’État dans le cadre de la vente des parts de Vivendi (53 %) dans Maroc Télécom. Si selon Saadeddine El Othmani, le ministre des Affaires étrangères, le deal pourrait être conclu d’ici un à deux mois, plusieurs dossiers importants restent sur la table. Premier point: la manière dont le pool d’investisseurs locaux pourra entrer au capital. Etisalat et l’État souhaitent conserver leurs parts respectives de 53 % et 30 %. L’offre publique d’achat TOGO GRUPO PEFACO VEUT SE RETIRER
C’est une situation bien délicate dans laquelle s’est mis Francis Perez, président de Grupo Pefaco. Repreneur en 2012 des 40 % détenus par les fonds Cauris et Africinvest dans la Banque populaire pour l’épargne et le crédit, au Togo, le groupe espagnol actif dans les jeux et l’hôtellerie s’est depuis vu refuser son agrément par la Commission bancaire de l’Union monétaire JEUNE AFRIQUE
envisagée sur le flottant (17 %) ne suffira donc pas à offrir à des actionnaires marocains les 20 % recherchés. Autre question à l’ordre du jour : le rattachement des filiales d’Etisalat à Maroc Télécom, en vue de faire de ce dernier la tête de pont de l’opérateur émirati en Afrique francophone. Le groupe d’Abou Dhabi a accepté le principe d’un audit de ses opérations avant qu’elles ne soient absorbées par Maroc Télécom, mais a confié cette mission au management de l’opérateur marocain. Un choix récusé par le Palais, qui demande une évaluation indépendante. l
ouest-africaine (Umoa). Accablé de surcroît par des pertes réalisées par le nouveau directeur général de la banque togolaise, Francis Perez entend se retirer. Il vient d’adresser à Cauris et Africinvest un courrier très clair : remboursez-moi ! TUNISIE VERMEG MONTE DANS BSB
Le Tunisien Badreddine Ouali, fondateur de Vermeg, est en passe de réaliser un joli coup. Entré à hauteur de
24,45 % au capital de la société d’informatique belge BSB en 2012 contre un chèque de 5 millions d’euros, il devrait e x e rc e r s o n o p t i o n d’achat, valable jusqu’en février 2014, pour en prendre le contrôle. Vermeg, spécialisé dans les logiciels bancaires, a déjà acquis 5 % supplémentaires et détiendra au terme de l’opération 62 % du capital de BSB. Son chiffre d’affaires consolidé devrait ainsi passer de 20 millions à 60 millions d’euros.
GUINÉE SALIMATOU DIALLO TOUTE SEULE Alors que l’ouverture du bureau guinéen de Herbert Smith Freehills vient d’être annulée, Salimatou Diallo, qui devait en assumer la direction avec l’associé Bertrand Montembault, a décidé de faire cavalier seul. Après avoir donné sa démission, elle s’apprête à lancer son propre cabinet d’avocats à Conakry dès le mois d’octobre, indépendamment de son ancien employeur. Elle suit ainsi les traces de Foued Bourabiat, un ancien de Herbert Smith Freehills parti créer son cabinet à Alger en septembre 2012.
VINCENT FOURNIER/J.A.
ABDELHAK SENNA/REA
Les indiscrets
ALGÉRIE ECP MISE SUR PEPSI Le capital-investisseur panafricain Emerging Capital Partners (ECP), codirigé par Vincent Le Guennou (photo), s’apprête à signer avec le groupe Mehri en Algérie. Conseillé par les équipes parisiennes du cabinet d’avocats Cleary Gottlieb Steen & Hamilton, il va s’emparer, pour 28,6 millions d’euros, d’un peu moins d’un tiers d’Atlas Bottling Corporation, l’embouteilleur de Pepsi, valorisant ainsi l’entreprise dirigée par Djamel Mehri à plus de 80 millions d’euros. Les négociations avec la famille Mehri, qui souhaite conserver une majorité de contrôle, ont été entamées début 2013 et devraient s’achever dans les toutes prochaines semaines. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Entreprises marchés SÉNÉGAL
Falémé: cadeau ou fardeau? MAURITANIE
SÉNÉGAL Tambacounda
FALÉMÉ
Uninvestissementimportant,plus facilement envisageable à l’époque qu’aujourd’hui : au plus haut en février2011,à187dollarslatonne,les cours du minerai de fer ont, depuis, chuté à 127 dollars. Sachant que le marchédevraitentrerensurproduction l’année prochaine, Goldman Sachs estime qu’ils pourraient encore baisser jusqu’à 80 dollars en 2015. Un montant certes supérieur aux37dollarsenvigueuraumoment delasignaturedelaconcessionentre ArcelorMittal et l’État sénégalais. Mais « en ce moment, concernant les projets miniers, il est très difficile de trouver des financements, tant en dette qu’en fonds propres, et c’est particulièrement vrai pour le minerai de fer, où tout se joue en onshoreetoùlesinfrastructuressont souvent lourdes. Mais ces projets sont à long terme et on doit rester optimistes pour l’avenir », explique StéphaneBrabant,avocataucabinet
2005-2006 Le sud-africain est exclu du projet (il obtiendra 75 millions de dollars de dédommagement)
2007
2006
2005
La décennie perdue
N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
GUINÉE
De 187 dollars en février 2011, les cours du minerai ont chuté à 127 dollars. Décourageant. déjà engagés dans de vastes développements qui devraient aboutir à une augmentation de plus de 40 % de l’offre, ont peu de chances d’être intéressés. Rio Tinto investit ainsi massivement dans les gisements australiens de Pilbara, sans compter son méga-projet de Simandou, en Guinée. En octobre 2012, Marius Kloppers, alors directeur général de l’anglo-australien BHP Billiton, estimait d’ailleurs que la production de fer « au Brésil et en Australie suffirait à satisfaire la demande mondiale ». Reste donc la seconde piste : la scission du projet. « Il s’agirait de l’éclater en trois: la mine; un port Mai 2011
Février 2009 Juillet 2007 ArcelorMittal officiellement installé
L’État sénégalais lance une procédure d’arbitrage contre ArcelorMittal
ArcelorMittal interrompt ses opérations
Septembre 2013 Le Sénégal retrouve ses droits sur la concession
2013
GUINÉEBISSAU
2010
100 km
MALI
2012
GAMBIE
HerbertSmithFreehills.Quirésume: «àmoinsd’uneproductionannuelle significative de minerai de fer, les projets sont très difficiles à monter et ceci notamment à cause du coût des infrastructures qui affecte leur bancabilité. » Avec une capacité estimée à 25millionsdetonnesparan,Falémé a une carte à jouer, mais la partie ne sera pas simple. Deux possibilités s’offrentaugouvernement:chercher un partenaire capable de piloter et de financer l’intégralité du projet ou le scinder. La première piste semble vouée à l’échec: les quatre grands du secteur (Vale, Rio Tinto, BHP Billiton et Fortescue Metals Group),
2011
DAKAR
2009
Accord préalable avec Kumba Resources
UE
2008
Juillet 2004
O C É A N AT L A NT
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ne nouvelle page se tourne dans l’histoire de Falémé. Le 3 septembre, la cour d’arbitrage de la Chambre de commerce internationaledeParisarestituéauSénégalses droitssurlaminedefersituéedansle sud-estdupays.Letribunalarbitrala balayélesargumentsd’ArcelorMittal. Legroupesidérurgique,concessionnairedepuis2007,avaitjustifiél’arrêt desopérationsdeuxansplustardpar la découverte de réserves prouvées moindres que prévu (630 millions de tonnes de minerai d’une teneur en fer variant de 40 % à 57 %, au lieu de 750 millions) et par ses difficultés financières: il affichait fin septembre 2008 une dette nette de plus de 30 milliards de dollars (environ 21milliardsd’euros).Leprojetaurait dû créer plus de 10000 emplois et rapporterchaqueannée114millions d’euros à l’État. Mais si le revirement de ces derniers jours a été salué par lapressesénégalaise,queva-t-ilréellement apporter au pays? Depuis quarante ans, l’exploitation du fer dans l’est du Sénégal bute principalement sur l’absence d’infrastructures. Pour développer le gisement de Falémé, situé à la frontière malienne, il faudrait en effet construire un port minéralier à Bargny-Sendou (au sud de Dakar) ainsi qu’une voie de chemin de fer d’environ 750 km le reliant au site minier. En 2007, ArcelorMittal, qui prévoyait également la réalisation d’une aciérie, évaluait l’ensemble du projet à 2,2 milliards de dollars.
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La justice a donné raison à Dakar dans son conflit avec ArcelorMittal et lui a restitué ses droits sur le gisement ferreux. Reste le plus difficile : trouver les moyens de l’exploiter.
2004
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JEUNE AFRIQUE
Coulisses
Entreprises & marchés
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LEÇONS. Du côté de Miferso, on dit
avoirreçuplusieursmarquesd’intérêt, sans citer de noms. Au plus haut niveau, on rappelle que Macky Sall, géologuedeformation,aétéministre des Mines entre 2001 et 2003. Une façon de dire que Falémé fera partie des priorités, d’autant, comme le rappelle un proche du chef de l’État, que « le développement de la partie orientale du pays est stratégique ». Reste à faire les bons choix et à tirer les leçons de l’expérience d’ArcelorMittal:tandisqu’ilgelaitsesactivités à Falémé, le groupe menait en effet à bien le développement de la mine libérienne de Yekepa. L’exploitation y a débuté en septembre 2011, et le sidérurgiste vise une production de 15millionsdetonnesdansdeuxans. Mais au Liberia, les enjeux n’étaient pas les mêmes. Il n’y avait qu’à rénover les 240 km de chemin de fer, tandis que le port existait déjà… Maudites infrastructures! l JOËL ASSOKO et FRÉDÉRIC MAURY JEUNE AFRIQUE
TÉLÉCOMS UN IPHONE PAS VRAIMENT LOW COST Il était très attendu. L’iPhone 5c, version « économique » du célèbre téléphone d’Apple, a enfin été dévoilé le 10 septembre. Mais il reste trop cher pour concurrencer les smartphones à moins de 100 dollars (75 euros) lancés par Huawei, ZTE et Nokia depuis un an. Les analystes prévoyaient que son prix serait d’environ 450 dollars, ce qui aurait pu, selon eux, permettre à Apple de conquérir les marchés émergents, y compris l’Afrique. Finalement, il est proposé (sans abonnement) à 550 dollars, soit seulement 100 dollars de moins que le nouveau modèle haut de gamme iPhone 5s (présenté en même temps). D’après une enquête du cabinet de conseil Upstream, spécialisé dans les technologies mobiles, sur près de 3 700 clients interrogés dans les marchés émergents, seuls 15 % se disent prêts à payer plus de 450 dollars pour un smartphone tandis que 29 % ne veulent pas y consacrer plus de 100 dollars. l
APPLE
minéralierconstruitàtraversunpartenariat public-privé avec les industries sénégalaises; et le chemin de fer,quel’onpourraitdévelopperavec le Mali, pour l’exploitation du fer et de la bauxite [dans la ville malienne de Faléa]. Ces deux dernières installations vendront leurs services à la mine », explique Birame Diouf, directeur général de la Société des mines de fer du Sénégal oriental (Miferso). La piste avait déjà été évoquée au milieudesannées2000parleprécédentpartenaireduprojet,lesud-africainKumbaResources(aujourd’hui Kumba Iron Ore). Pour être aussitôt refuséeparl’Étatsénégalais…dontle Premier ministre n’était autre que le président d’aujourd’hui, Macky Sall. «Pourqu’unprojetsoitfinançable,il faut avoir la certitude que le minerai sera extrait, transporté et exporté, souligne Stéphane Brabant. En le scindant, le risque est évidemment plus grand. Mais on peut envisager dessolutionscommemettreenplace des participations croisées, en donnant au minier une place dans le capital de la société exploitant le chemin de fer ou en lui laissant le rôle d’opérateur au moins pendant les premières années. »
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• BOURSE Après Londres et Hong Kong, le suisse Glencore Xstrata veut être coté à Johannesburg. Il espère une introduction au 4 trimestre 2013 • BANQUE e
M•
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Le sud-africain FirstRand va consacrer 1 000 M$ à son expansion subsaharienne DIPLOMATIE La Côte d’Ivoire demande l’annulation de sa dette (2 900 M€)
vis-à-vis de la France • ENGRAIS Le marocain OCP veut prendre le contrôle
total de Bunge Maroc Phosphore, qu’il détient à parts égales avec Bunge Brazil
PHARMACIE ABRAAJ INVESTIT DANS STERIPHARMA Annoncée par J.A. en juillet, l’entrée d’Abraaj au tour de table de Steripharma est désormais officielle. Dans le cadre d’une augmentation de capital, l’investisseur spécialisé dans les marchés émergents acquiert 10 % des parts du laboratoire marocain pour un montant non communiqué. L’opération permettra à Steripharma de développer ses exportations et financera la construction d’une nouvelle usine.
BOIS ROUGIER NÉGOCIE AVEC L’IFC Le forestier français, qui dispose de 2,1 millions d’hectares de concessions en Afrique centrale, a engagé des discussions avec la Société financière internationale (IFC, filiale de la Banque mondiale) pour obtenir un financement de 22,7 millions d’euros d’ici à 2016.
Grâce à cet investissement, Rougier pourrait notamment développer ses sites industriels et sa logistique. Il est également question de construire une usine de cogénération au Cameroun et d’améliorer la gestion des concessions forestières dans le bassin du Congo.
BANQUE DE L’ARGENT FRAIS POUR MAURITIUS COMMERCIAL BANK La première banque mauricienne a reçu 150 millions de dollars (113 millions d’euros) de la Banque africaine de développement (BAD) sous la forme d’une ligne de crédit de 120 millions de dollars et d’un prêt subordonné de 30 millions. Cette enveloppe permettra à Mauritius Commercial Bank d’augmenter son portefeuille de prêts en devises destinés aux grandes et moyennes entreprises opérant à l’île Maurice, dans les pays voisins et en Afrique continentale.
RECTIFICATIF. Dans notre article « Les 25 leaders de demain » (J.A. n° 2748, pp. 86-94), nous avons par erreur attribué la fonction de directeur adjoint à Ismaïl Douiri alors qu’il est directeur général d’Attijariwafa Bank depuis 2008.Toutes nos excuses à l’intéressé ainsi qu’à nos lecteurs.
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Décideurs AGROALIMENTAIRE
Le patron, c’est toujours lui Débarqué sur le continent en 1947, Pierre Castel y a bâti un empire dans la bière et les sodas. À près de 87 ans, il tient encore la barre.
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epuis de nombreuses années déjà, les images sont rares, les mots plus encore. Pierre Castel n’a jamais aimé s’épancher et ce n’est pas à quelques semaines de ses 87ansqueleprésident-fondateurdu groupe qui porte son nom va ouvrir la boîteà souvenirs. « Le Français qui connaît le mieux le continent africain»–selonsonépouse,Françoise– en aurait pourtant de savoureux à raconter, mais seuls les journalistes spécialisés en œnologie arrivent aujourd’hui à lui soutirer une heure ou deux pour parler de sa passion pour le vin. Sur l’autre grande affaire de sa vie, l’Afrique, la communication est beaucoup plus verrouillée. Même à l’échelle de son groupe, les informations sont diffusées au compte-gouttes, bien qu’il n’y ait rien à cacher, comme le répètent à satiété les « dircom » de ses filiales. Si pour vivre heureux il faut vivre caché, alors Pierre Castel est un homme comblé. Sans que cela ait jamais nui à ses affaires, puisqu’il occupe le 8e rang du classement des fortunes françaises publié en juillet par le magazine Challenges – juste derrière un autre « Africain » célèbre, Vincent Bolloré –, avec un patrimoine estimé à 7 milliards d’euros. Son silence semble, au contraire, renforcer sa légende. Elle débute en 1947, lorsque le jeune Pierre Jesus Sebastian embarque pour la première fois à Bordeaux en direction du continent qui assurera sa prospérité et celle de toute sa famille. À l’époque, les Castel ne roulent pas sur l’or. Le père, Santiago, a quitté l’Espagne au début de la Première Guerre mondiale et travaille comme métayerdanslescôtesdeBourgpour nourrir ses neuf enfants. Comme ses frères avant lui, le petit Pierre a depuis longtemps quitté l’école N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
pour aider dans les vignes. Mais l’avant-dernier de la fratrie fait déjà preuve d’un sens commercial dont il ne s’est jamais départi depuis. « Il a un instinct presque animal pour les affaires », confirme l’un des très raresjournalistesàbienleconnaître. Il le met d’abord en pratique dans la petite boutique de vin au détail ouverteparlafamilledanslacapitale girondine, puis sitôt le pied posé en Afrique. PICRATES. Les versions diffèrent
Le géant CASTEL
2e brasseur en Afrique,
avec 28 millions d’hectolitres de bière et de sodas produits par an
Numéro 3 mondial du vin,
avec 630 millions de bouteilles commercialisées en 2012
sur les raisons de ce premier voyage. Envoyéparsesfrèrespourrécupérer une cargaison de fûts et de damesjeannes qui se gâtaient au soleil de Dakar, à moins que ce ne soit de Douala, ou par des négociants bordelaisquiluiauraientconfiélavente de leurs picrates sur sa seule bonne mine, il rentre quelques semaines plus tard après avoir tout écoulé. Mais il n’en est, depuis, jamais vraiment revenu. Deux ans plus tard, il lance avec ses trois aînés, Marcel, Jean et Angel, sa propre société de négoce, Castel Frères, devenue au fil des décennies le groupe Castel, numéro trois
mondial du vin avec 630 millions de bouteilles commercialisées en 2012dans130pays.Chiffred’affaires global:2,9milliardsd’euros,dontun peu plus de un tiers provient de la branche vinicole. Le groupe a en effet su prendre les virages de la diversification. Présent « de la vigne au consommateur », premier caviste français grâce au rachatdel’enseigneNicolasen1988, Castel est également le deuxième producteur de bière d’Afrique, avec une quarantaine de brasseries disséminées dans une vingtaine de pays, depuis la reprise en 1990 de l’un de ses principaux concurrents, Brasseries et glacières internationales (BGI). Pierre Castel se sent chez lui en Afrique, comme il l’a maintes fois répété avec son accent rocailleux du Sud-Ouest. Il en a surtout très vite compris tout le potentiel. « Sans l’Afrique, il n’aurait certainement pas pu faire fortune aussi vite », reprend le même journaliste. Il démarre en inondant les colonies françaisesdesongrosrougeexpédié en vrac, avant que le hasard des rencontres ne vienne changer la
u Son patrimoine est évalué à 7 milliards d’euros. JEUNE AFRIQUE
Décideurs
« Construisez une et nous vous soutiendrons », lui promet Léon Mba en 1967.
FRÉDÉRIC DESMESURE/SIGNATURES
et nous vous soutiendrons. » La saga africaine de Castel peut vraiment commencer. Aujourd’hui, le groupe brasse chaque année près de 30 millions d’hectolitres de bière et de sodas sur le continent, autour de marques phares telles que Flag, Castel ou Gazelle. Il dispose de milliers d’hectares de vignes au Maroc, en Tunisie et en Éthiopie, d’oliveraies près de Meknès (Maroc), sans oublier quelques activités dans le sucre, en Côte d’Ivoire ou en Centrafrique notamment. Si le pape du vin de masse a longtemps été méprisé par les grands négociants bordelais
JEUNE AFRIQUE
PREMIÈRE MAIN. La gouaille et la franchise de Pierre Castel font le reste. Car, taiseux comme un paysan avec les médias, il se montre moins réservé avec son premier cercle. À commencer par les présidents africains avec qui il négocie directement, « grâce à de réels liens d’amitié et de confiance. Ils avaient tous 20 ans quand ils se sont rencontrés », rappelle un membre du Conseilfrançaisdesinvestisseursen Afrique (Cian), qui a plusieurs fois pu apprécier la qualité des informations de première main du « vieux », comme il est parfois appelé avec respect sur le continent. À l’heure où se pose la nécessaire question de la succession, le patriarche assure que tout est déjà organisé, et la trentaine de neveux et petits-neveux présents dans l’entreprise se tiennent prêts à reprendre le flambeau. Non que Pierre Castel ait montré la moindre envie de lâcher les commandes de l’empire qu’il dirige depuis soixante-cinq ans. Il continue au contraire d’en gérer au plus près les multiples activités, entre Blanquefort (dans le Médoc) et Genève où il réside depuis un soir de mai 1981. L’homme qui parle à l’oreille des présidents africains se méfie en effet tout autant des politiques que des cours de la Bourse. « C’est un vrai capitained’industrie,quinecompte que sur lui-même pour assurer la réussite de son groupe », résume un patron du CAC 40. Incontesté, son succès le rend incontestable. La relève peut bien attendre. l OLIVIER CASLIN
ZAIN
ON EN PARLE
HASSAN KABBANI ZAIN Ancien PDG de l’opérateur algérien Djezzy, ce diplômé de l’université américaine de Beyrouth, qui a débuté sa carrière chez FranceTélécom, est, depuis le 1er septembre, PDG de la filiale saoudienne du groupe koweïtien.
SASOL
du quai des Chartrons, les portes des palais africains sont grandes ouvertes au brasseur. Même l’Angolais José Eduardo dos Santos, qui avait mis sa tête à prix en 1975, vient le chercher huit ans plus tard pour relancer la brasserie de Luanda. « Cette activité est appréciée des responsables politiques, pour ce qu’elle produit mais également pour les taxes qu’elle rapporte et lesemploisqu’ellecrée»,expliquele patron d’un des principaux groupes françaisimplantéssurle continent. brasserie
MANDLA GANTSHO SASOL Le Sud-Africain vient d’être nommé président du conseil d’administration de l’entreprise pétrolière et chimique. Il succédera fin novembre à Hixonia Nyasulu, qui occupait cette fonction au cours des cinq dernières années.
CAMAIR-CO
donne. Un soir de 1967, accoudé au bar du Frigidaire, à Libreville, Pierre Castel est apostrophé par un jeune Gabonais: « C’est toi le Français qui vendduvin?Passedemain,jeteprésenterailepatron.»C’estsapremière conversationavecceluiquis’appelle encore Albert Bernard Bongo et qui va devenir l’un de ses amis les plus proches sur le continent. Le lendemain, le président gabonais, Léon Mba, lui met le marché entre les mains: « Construisez une brasserie
FRÉDÉRIC MBOTTO EDIMO CAMAIR-CO Le directeur adjoint de la compagnie aérienne camerounaise a été promu directeur général à l’issue du conseil d’administration du 11 septembre. Il remplace Matthijs Boertien Johannes, en poste depuis le 3 janvier. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Finance INTERVIEW
Elizabeth Littlefield
PDG de l’Overseas Private Investment Corporation
« Les énergies renouvelables sont notre priorité » De plus en plus présente en Afrique, l’institution américaine de développement se concentre sur les infrastructures, en particulier dans le secteur électrique.
L
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Overseas Private Investment Corporation (Opic, institution financière américaine de développement) consacre un quart de ses investissements à l’Afrique. L’initiative Power Africa, lancée début juillet par le président Obamaetquiviseàdoublerl’accèsà l’électricité sur le continent, devrait constituer la colonne vertébrale de son action future en Afrique. À l’occasiondesonpassageàParispourla signature d’un prêt de 150 millions de dollars (113 millions d’euros) à la sociétéAmethisFinance–trèsactive en Afrique –, la PDG de l’institution a répondu aux questions de J.A.
JEUNE AFRIQUE : Peu de gens le savent, mais l’Opic est l’une des plus importantes institutions financières de développement en Afrique. Pouvez-vous la présenter? ELIZABETH LITTLEFIELD: En tant
qu’institutionfinancièrededéveloppement américaine, nous fournissonsquatretypesd’offres:desprêtsà long terme (jusqu’à vingt-cinq ans), des garanties, des assurances contre les risques politiques et un soutien à l’investissement à travers des fonds. Sousl’administrationObama,ilaété décidédenousconcentrerdavantage surl’Afrique:depuisquatreans,nous avons investi plus de 3 milliards de dollarssurlecontinent,dontpresque 1 milliard l’année dernière. Les projets que nous finançons concernent principalement les infrastructures, l’agriculture, le tourisme et, surtout, l’énergie. Lors de son voyage en Afrique, Barack Obama a annoncé N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
enTanzaniel’initiativePowerAfrica; l’objectif est de mobiliser 7 milliards de dollars venant des institutions gouvernementales américaines (dont l’Opic) pour doubler la production électrique. À cela doivent s’ajouter 9 milliards venant de sociétés privées. Quelle est la place du continent dans l’ensemble de vos activités?
Sur un portefeuille de 17 milliards de dollars, l’Afrique représente aujourd’hui le quart de nos engagements. Cette proportion se situait autour de 4 % dans les années 1990, puis de 5 % ou 6 % dans les années 2000. En termes de ressources humaines, nous ne sommes pas organisés par régions. Mais ma vice-présidente, Mimi Alemayehou, est éthiopienne et notre seul bureau international se trouve en Afrique, à Johannesburg. Vous n’investissez pas directement dans les entreprises. Pourquoi ?
Nous n’en avons pas le droit et c’est dommage, car le capital est l’instrument le plus puissant qui existe. Sans doute est-ce parce que la présence du gouvernement américain au capital d’entreprises pourrait paraître anormale. L’énergie a une place essentielle dans votre stratégie. Pourquoi ?
C’est un enjeu énorme sur un continent où moins de 30 % des habitants ont accès à l’électricité. Je suis très optimiste sur ce sujet, car je pense que nous avons la possibilité de faire un saut technologique en
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Profil • Nommée à la tête de l’Opic par Barack Obama en 2010 • De 1999 à 2010, elle cumulait les postes de directrice générale du GCAP (qui lutte contre la pauvreté à travers l’accès aux services financiers) et de directrice pour la finance et le secteur privé à la Banque mondiale • Elle a auparavant travaillé chez JP Morgan et été consultante en microfinance en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale • Diplômée de Brown University et de Sciences-Po Paris
Afrique pour mettre en place des systèmes d’électricité et de distribution hors réseau et en réseau. Les énergies renouvelables sont notre priorité. L’an dernier, au Kenya, nous avons accordé un prêt de 310 millions de dollars pour doubler la capacité d’une société géothermique, qui représente actuellement 5 % de la production électrique nationale. Nous avons aussifinancélacentrale[thermique] de ContourGlobal au Togo, qui a triplé la capacité du pays et lui a permis d’exporter de l’électricité. Réalisez-vous des co-investissements avec des partenaires ?
Nous cherchons à le faire plus souvent avec d’autres bailleurs de fonds et nous le faisons presque toujours avec des sociétés privées. Vous ne financez que des projets impliquant des compagnies américaines…
Nous y sommes obligés par nos statuts, mais la définition d’une société américaine est très souple: il faut qu’environ 25 % du capital au JEUNE AFRIQUE
Baromètre
Finance
PÉTROLE
Le Soudan. Et en Libye, nous sommes seulement en train de négocier un accord. Vous préférez la zone anglophone?
Nous avons beaucoup plus travaillé en Afrique anglophone du fait de notre implication avec des sociétés américaines. Mais aujourd’hui, nous étudions des projets en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Nous aimerions faire plus dans cette zone. Votre conseil d’administration est-il indépendant ?
Nous sommes une agence indépendante dont le conseil d’administration est composé pour moitié de personnalités politiques et pour l’autre moitié de personnes privées. Pour des financements allant jusqu’à 50 millions de dollars, ma seule signature suffit. Au-delà, les projets sont soumis au conseil d’administration. La Chine a dépassé les États-Unis en Afrique comme deuxième investisseur étranger. Les entreprises de votre pays vont-elles s’engager davantage ?
Les concurrents ne nous font pas peur et il y a assez de choses à faire en Afrique pour que la Chine soit la bienvenue. Les entreprises et pays africains veulent voir les sociétés américaines investir davantage. Ellessontaujourd’huipeuprésentes sur le continent mais leur intérêt est croissant. Les raisons sont connues: au-delà des ressources naturelles, il y a l’émergence du secteur des biens de consommation, l’amélioration du climat des affaires et l’inversion de la fuite des cerveaux. l Propos recueillis par FRÉDÉRIC MAURY
LE PRIX du pétrole a été très volatil au cours des dernières semaines, atteignant jusqu’à 117 dollars le baril. Mais depuis la décision américaine de faire marche arrière sur le bombardement en Syrie, il est redescendu au-dessous de 113 dollars. La principale préoccupation concernant la crise en Syrie n’est pas tant liée à la crainte de perdre la production de ce pays, qui n’est que de 300000 barils par jour environ, mais plus au fait que la situation puisse dégénérer en violences dans d’autres pays du Moyen-Orient (comme la Libye ou l’Égypte) et affecter la production de l’Arabie saoudite (plus de 10 millions de b/j) ou de l’Irak. À cela il faut ajouter que, chaque jour, près de 2,2 millions de barils
de brut et de produits pétroliers passent par le canal de Suez, au sud-ouest de la Syrie. De même, l’oléoduc Suez-Méditerranée, qui transporte près de 2 millions de b/j, est à proximité de ce pays. Jusqu’ici, ces deux systèmes de transport clés n’ont pas connu de perturbation. Et avec la proposition russe de mettre sous contrôle international le programme syrien d’armes chimiques, le risque de bouleversement de l’offre mondiale est moins élevé. Par ailleurs, il est important de préciser que si les cours montent trop, les principaux pays importateurs auront tendance à libérer des stocks stratégiques de pétrole brut pour satisfaire certains de leurs besoins immédiats, tandis que
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Y a-t-il des pays dans lesquels vous n’opérez pas ?
« La crise en Syrie pourrait bouleverser l’offre mondiale »
Dolapo Oni Analyste chez Ecobank
les principaux pays exportateurs augmenteront la production pour gérer le taux de croissance des cours du brut. En définitive, je pense que les prix pourraient atteindre 117 dollars si la situation dégénérait. Au-delà, je m’attends à voir les principaux producteurs de pétrole intensifier leur production pour éviter la destruction de la demande via la libération de stocks stratégiques de pétrole brut. » l
Cours du Brent à Londres (en dollars)
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12 sept. 2012
11 déc. 2012
11 mars 2013
7 juin 2013
5 sept. 2013
SOURCE : LES ÉCHOS
moins soit détenu par un actionnaire américain. Nous pouvons travailler avec le groupe hôtelier Marriott en Afrique même s’il n’est qu’opérateurduprojetetpasactionnaire. Et nous finançons Amethis car il a des actionnaires américains.
et NICOLAS TEISSERENC JEUNE AFRIQUE
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Dossier
Responsabilité sociétale des entreprises
STRATÉGIE
La RSE, cercle vertueux
Respecter l’environnement et prévenir les risques sociaux, tout en dopant ses bénéfices… Tous les décideurs en rêvent. Après les multinationales, la « responsabilité sociétale des entreprises » conquiert le cœur des groupes africains. FANNY REY
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’évolution des entreprises vers un modèle socialement responsable est l’enfant inattendu de la mondialisation », écritlaFrançaiseNicoleNotat dansL’Entreprise responsable, une urgence.Danscetouvrageparuenoctobre2012, l’ex-syndicaliste et actuelle présidente de Vigeo (une agence de notation sociale et environnementale créée en 2002) s’attarde sur l’importance, pour une entreprise, de respecter le droit Quèsaco ? du travail et l’environnement, de veiller aux La responsabilité retombées sociales de ses activités, etc. Des sociétale des préoccupations qui vont crescendo depuis entreprises (RSE) une dizaine d’années. Développement recoupe trois durable,green business,engagementsocial… aspects : sociétal Si les contours de ces concepts sont flous, (relations avec l’heure est à leur standardisation, sous les clients, les l’impulsion des multinationales. fournisseurs, la Au-delà du mécénat et des actions phisociété civile), lanthropiques, il s’agit désormais, via la social (lutte responsabilité sociétale des entreprises contre les (RSE, lire sa définition ci-contre), de donner discriminations, un cadre aux diverses actions citoyennes conditions de travail, gestion des de la firme, que ce soit en matière de droits emplois, santé) et de l’homme, de lutte contre la corruption, environnemental de conditions de travail ou de protection (lutte contre le de l’environnement… Il en va de son image changement de marque, notamment pour les industries climatique, extractives, agroalimentaires ou forestières gestion économe – les plus sujettes à polémique. Cercle des ressources, vertueux ou simple vitrine marketing, cette biodiversité). démarche serait un gage d’intégration et de pérennité des activités. Sans compter que les bailleurs en font désormais un prérequis pour leurs financements, à l’image de l’Agence française de développement (AFD) et de Proparco, sa filiale dévolue au secteur privé. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
AMREF
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JEUNE AFRIQUE
INTERVIEW
Thierry Téné, cofondateur et directeur de l’Institut Afrique RSE
MAROC
Tout le monde se lève pour Cosumar
PORTRAITS
Entre la com et l’éthique
ou miroir aux alouettes? Ce constat est surtout valable pour les multinationales. « La démarche est proposée, voire imposée, à leurs filiales sur le continent », souligne Alexandre Wong, consultant en ressources humaines, coordonnateur du réseau RSE & Interculturalité et chercheur associé au Centre national de la recherche scientifique (CNRS, à Paris). Sous la pression de diverses initiatives internationales – le Pacte mondial lancé par l’ONU en 2000, les principes directeurs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, 2011), les injonctions de la Commission européenne, de l’Organisation internationale du travail et des ONG –, la RSE marque des points en Afrique. Signe des temps : deux ouvrages lui ont récemment été consacrés (lire p. 92), tandis que forums spécialisés, formations et labels se multiplient. SYMBOLE. « La RSE est un véritable outil au ser-
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vice de l’entreprise. Elle permet d’attirer et de fidéliser des talents et commence à être un vrai sujet de différenciation concurrentielle. Ce n’est ni de la philanthropie ni de la philosophie », précise Laurence Tovi, directrice de la communication et de la RSE du groupe de distribution spécialisée CFAO. Comprendre : un outil de marketing, de légitimation et de compétitivité. À l’inverse, ignorer la RSE, « c’est courir de graves risques sociaux », insiste de son côté Thierry Téné, cofondateur de l’Institut Afrique RSE (lire son interview pp. 94-95). Et de citer la révolte des riverains de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), en septembre 2009, et le saccage d’un site minier au Burkina Faso, en octobre 2011. « C’est aussi s’exposer à des risques environnementaux et à des procès pour réparer les dégâts liés à la pollution », ajoute-t-il. On pense notamment à Shell au Nigeria et à Areva au Gabon… Les groupes chinois présents sur le continent ont compris, eux aussi, que l’absence de politique RSE pourrait les désavantager face à la concurrence occidentale. « C’est d’ailleurs une Africaine qui est à la tête du département RSE de Huawei en Chine. Tout un symbole ! » relève Thierry Téné. Même chose pour Sinopec, le géant pétrolier qui, en 2009, a racheté Addax Petroleum (une société
JEUNE AFRIQUE
t Un flying doctor du programme de médecine mobile de l’Amref, une ONG soutenue par le Club Santé Afrique qui réunit les groupes Bouygues, Sanofi et CFAO. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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Dossier RSE présente au Cameroun, au Nigeria et au Gabon). « Le fait de travailler dans une entreprise éthique et responsable a un impact positif auprès des employés. Cela nous permet de prouver aux gouvernements que nous contribuons au développement économique et social du paysetdemontrerànotreactionnaireque noussommescapablesdenousalignersurr ses ambitions », résume Marie-Gabrielle elle Cajoly, responsable RSE chez Addax (lire ire son portrait p. 98). Si la plupart des multinationales agissent de façon isolée, des initiatives conjointes commencent à voir le jour. C’est notamment le cas avec le Club Santé Afrique, un collectif créé fin 2011 au Sénégal pour soutenir l’African Medical and Research Foundation (Amref, première ONG africaine de santé publique) et qui implique les groupes Sanofi, Bouygues et CFAO. Avec 300 000 euros de budget annuel, ce fonds a pour objectif d’améliorer sur la durée la santé en Afrique de l’Ouest francophone. « Traditionnellement, les entreprises plantaient seules leur drapeau sur un projet. En mutualisant nos moyens et nos expertises, nous jouons sur des effets de levier, gages d’efficacité et de pérennité », note Laurence Tovi, sa trésorière. PIONNIERS. Du côté des groupes africains, le concept fait aussi son chemin. « Il y a cinq ans, la RSE était complètement méconnue, relève Alexandre Wong. Certains acteurs, comme RSE Sénégal, qui promeut la RSE en Afrique de l’Ouest auprès des entreprises et des pouvoirs publics, tentent d’affirmer une vision territoriale. En Afrique, il y a des pionniers, comme Sifca en
À lir lire Les Responsabilités sociétales des entreprises en Afrique francophone. Le livre blanc, d’Alexandre Wong et Urbain Kiswend-Sida Yameogo, éd. Charles Léopold Mayer, 2011 La Responsabilité sociale et environnementale des entreprises françaises en Afrique. Enjeux, pratiques et recommandations, de Pierre Jacquemot et Ann-Katrin Dolium, éd. Cian, 2013
Côte d’Ivoire : c’est prometteur. De même lorsqu’il présidait la Sodeci même, [Société de distribution d’eau de la [S Côte d’Ivoire], Marcel Zadi Kessy a pris conscience de l’intérêt d’intropr duire des pratiques responsables duir dans le management pour améliorer les performances économiques, et il a mis en place un fonds de solidarité permanent répondant à des attentes sociétales africaines. » Autreavancée:lacréationduréseauKilimandjaro, en novembre 2012, pour « africaniser » la RSE. « Il s’agitniplusnimoinsdupremierréseaupanafricain de RSE, il est en phase de structuration », résume Thierry Téné. Du 14 au 18 octobre aura lieu la première session de la Kilimandjaro University à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) de Douala. Objectif: pallier le manque de formations adaptées aux enjeux de la RSE dans le contexte africain. Mais le déploiement de l’économie responsable se heurte à divers obstacles, notamment pour les PME. Confrontées à de nombreuses difficultés quotidiennes, combien d’entre elles peuvent envisager de dépenser 15000 euros pour une étude d’impact social et environnemental ? Et quid de la question de la gouvernance, encore largement taboue ? Se pose aussi le problème de l’absence de cadre réglementaire et de l’inadéquation du modèle occidental. « On reproduit des formes de RSE sans les contextualiser, regrette Alexandre Wong. C’est artificiel : comment pourraient-elles s’enraciner ? Cette RSE un peu marchandée ne tient pas assez compte des cadres sociaux et culturels africains. » l
AU MAGHREB, DES LABELS ÉMERGENT
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n matière de RSE, le Maroc fait clairement figure de bon élève. Mis en place en 2006, son label est totalement conforme à la norme internationale ISO 26000, qui donne aux organisations les lignes directrices de la RSE. Délivré par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), ce label requiert une évaluation de l’entreprise candidate par un cabinet indépendant. Un comité d’accréditation délivre ensuite le sésame pour une période de trois ans, avec une évaluation à mi-chemin. « Nous avons 55 entreprises N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
labellisées, indique Saïd Sekkat, président de la commission RSE et labels de la CGEM. Cela peut paraître peu, mais beaucoup de grandes entreprises sont dans une démarche de RSE sans passer par une labellisation. » Pourtant, les impôts, les douanes et la sécurité sociale ont instauré des traitements préférentiels pour les entreprises labellisées. EnTunisie, le concept gagne du terrain. À défaut de démarche unifiée, la coopération technique allemande (GIZ) et le Centre international des
technologies de l’environnement deTunis (Citet) aident une vingtaine d’entreprises à se conformer au référentiel du Pacte mondial des Nations unies. Dialogue social, environnement… « La révolution a été assez propice au renforcement des idées de la RSE », souligne Rachid Nafti, expert pour la GIZ, qui précise que les entreprises doivent produire un rapport annuel sur leur démarche, qui est purement volontaire. La Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), organisation patronale née après la
révolution, a de son côté décidé de créer un label l’an prochain. « On doit pousser les entreprises à intégrer la RSE dans leurs stratégies et démontrer son impact sur la compétitivité, estime Douja Gharbi, vice-présidente de la Conect. Ce label doit être un tremplin vers une éventuelle certification. » Enfin, en Algérie, la coopération suédoise pilote un programme régional depuis 2011, avec pour référence la norme ISO 26000. Mais le pays ne propose pas de label RSE pour le moment. l STÉPHANIE WENGER, à Tunis JEUNE AFRIQUE
1er réseau de logistique intégrée sur le continent africain 1er opérateur de partenariats public-privé portuaires en Afrique
Bolloré Africa Logistics est l’un des tout premiers employeurs privés du continent africain avec 25 000 collaborateurs permanents. Présent dans 55 pays dans le monde, dont 45 en Afrique, il est le premier opérateur privé de partenariats public-privé portuaires et ferroviaires. La stratégie de désenclavement et d’investissements à long terme constitue l’essence même de l’engagement durable de Bolloré Africa Logistics en Afrique : Déploiement d’une démarche Q-HSE répondant aux standards internationaux Création d’emplois et transfert de compétences (local content) Engagement en faveur de la santé et de la sécurité des collaborateurs Mise en place d’actions pérennes de solidarité et de mécénat
Retrouvez-nous sur bollore-africa-logistics.com
Dossier RSE INTERVIEW
Thierry Téné
Cofondateur et directeur de l’Institut Afrique RSE
« Une entreprise responsable, c’est une entreprise rentable » Pour ce promoteur de la RSE sur le continent, les choses sont claires : il ne s’agit pas de philanthropie, mais d’un outil de performance et de compétitivité.
Certaines régions sont-elles plus en pointe que d’autres ?
Globalement, l’Afrique anglophone a une longueur d’avance. En Afrique francophone, il y a un début de dynamique : la Côte d’Ivoire a ainsi créé une N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Elle s’impose de plus en plus aux filiales des multinationales. Sa mise en œuvre ne se limite plus au périmètre de l’entreprise, elle s’étend désormais à la chaîne d’approvisionnement. Les entreprises africaines, sous-traitants ou fournisseurs de ces multinationales, sont donc contraintes de l’adopter. La concurrence pousse également les PME à s’y intéresser. Mais il reste un long chemin à parcourir avant qu’elle ne soit intégrée dans les business models et les pratiques quotidiennes d’entreprises où le simple respect des lois n’est pas toujours la norme… Comment lancer cette dynamique, sachant que, dans l’ensemble, les États s’en désintéressent et que les syndicats sont assez faibles ?
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s’y construire, portée par l’émergence de l’Afrique, le potentiel d’investissement qu’elle représente et l’intensification de la concurrence. La classe moyenne est de plus en plus sensible aux questions environnementales et sociales ainsi qu’à celle du partage des richesses. Aujourd’hui, les entreprises jouent sur ces critères, dans le droit fil des principes directeurs de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] et des législations nationales, selon lesquels la RSE doit être prise en compte au siège des multinationales, mais aussi dans leurs filiales et tout au long de la chaîne de valeur.
La responsabilité sociétale s’impose-telle progressivement aux entreprises africaines ou demeure-t-elle l’apanage des multinationales ?
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JEUNE AFRIQUE : Où en est le continent en matière d’économie responsable ? THIERRY TÉNÉ : La RSE est en train de
direction de la RSE et de l’économie verte au sein du ministère de l’Environnement et du Développement durable, et le Cameroun envisage d’élaborer des politiques publiques adaptées.
T FO U R N
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n 2006, Thierry Téné a créé A2D Conseil. Spécialisée dans l’expertise, le conseil et la formation sur le développement durable, cette société a notamment organisé à Paris, en 2009, un forum sur le « green business et l’investissement en Afrique ». Un tournant qui a conduit ce Camerounais de 34 ans à cofonder l’Institut Afrique RSE deux ans plus tard, à Lille (France) – il sera délocalisé à Douala d’ici à la fin de l’année. Depuis, en partenariat avec une organisation patronale africaine, Thierry Téné organise chaque année le Forum international des pionniers de la RSE en Afrique, qui ambitionne de devenir la plateforme de référence de l’économie responsable sur le continent.
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Il faut absolument encadrer la RSE sur le continent. Il est urgent que les États africains s’impliquent dans
cette démarche, en commençant par faire respecter les lois fiscales, sociales et environnementales. Des réglementations ont bien été adoptées en ce sens, mais l’éternel problème reste l’absence de moyens humains, financiers et matériels pour en assurer l’application. L’autre levier d’action, c’est le secteur privé, via les organisations patronales: le Gicam au Cameroun, la CGEM au Maroc, la Conect en Tunisie, la CGECI en Côte d’Ivoire ainsi que la Fédération des employeurs de l’île Maurice ont créé des commissions sur la RSE et prennent des initiatives en ce sens. t « L’Afrique anglophone a une longueur d’avance », estime le Camerounais de 34 ans.
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À des contraintes spécifiques telles que la compréhension de cette notion, trop souvent assimilée à de la philanthropie alors qu’il s’agit d’un outil de performance et de compétitivité pour les entreprises africaines dans une économie mondialisée. Il est ensuite nécessaire d’adapter le concept aux profils des entreprises, qu’il s’agisse de multinationales, de grands groupes, de PME ou de TPE. Enfin, et c’est une question centrale sur le continent, le secteur informel doit être pris en compte, car il est partie prenante des chaînes d’approvisionnement et de distribution. Qu’est-il ressorti des différents forums consacrés à ce thème ?
La deuxième édition du Forum international des pionniers de la RSE en Afrique, qui s’est tenue en novembre 2012 à Tunis, a abouti à l’adoption d’un manifeste sur la RSE qui insiste sur la prise en compte de l’économie informelle et sur l’ancrage territorial. Adopté lors de sa première édition, en 2011, le manifeste de Douala avait quant à lui mis l’accent sur les politiques publiques de RSE et le besoin de formation. La troisième édition du forum, qui aura lieu les 27 et 28 novembre à Accra, va insister sur l’apport de la RSE à la transformation structurelle du continent. Quelle est la meilleure marche à suivre pour structurer la RSE sur le continent ?
Commencer par établir un diagnostic à partir des questions centrales que sont la gouvernance, les conditions de travail, les droits de l’homme, l’environnement, les bonnes pratiques dans les affaires, le développement local, etc. Puis mettre en œuvre quelques préconisations très rentables à court terme pour l’entreprise, afin de réaliser des économies d’énergie et de matières premières, de réduire les accidents du travail et d’améliorer l’accessibilité à de nouveaux marchés grâce au social business… Progressivement, on élargit le déploiement de la RSE dans l’entreprise en capitalisant sur les résultats déjà obtenus. Démontrer qu’une entreprise responsable est une entreprise rentable : voilà le défi qui attend les acteurs africains de la RSE. l Propos recueillis par FANNY REY JEUNE AFRIQUE
u L’entreprise produit notamment des pains de sucre.
MICHEL SETBOUN/GAMMA-RAPHO
À quelles difficultés le concept se heurte-t-il sur le continent ?
MAROC
Tout le monde se lève pour Cosumar La FAO, l’agence de notation extrafinancière Vigeo, le Rotary Club… Autant d’organismes qui, depuis 2009, saluent régulièrement les initiatives citoyennes du groupe sucrier.
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e 20 juin, le groupe Cosumar, spécialisé dans l’extraction et le raffinage du sucre de betterave et de canne, a été élu « entreprise citoyenne de l’année 2013 » par le Rotary Club Casablanca Mers Sultan. Cette société n’en est pas à sa première récompense. En 2012, elle avait été classée « Top Performer RSE » par Vigeo, une agence française de notation extrafinancière. Et en novembre de la même année, lors de la deuxième édition du Forum international des pionniers de la RSE en Afrique, à Tunis, l’entreprise avait décroché le prix de « pionnier de la RSE et de l’économie verte », une distinction qui gratifie les actions sociétales ou propices au développement durable des entreprises africaines comme des multinationales actives sur le continent. C’est aussi à cette occasion que la présidence du réseau Kilimandjaro, qui réunit l’ensemble des acteurs de la RSE en Afrique, avait été confiée à Mohamed Aziz Derj, directeur des projets stratégiques, du développement durable, de l’audit interne et du risk management chez Cosumar. « La démarche de l’entreprise s’articule autour d’un système de management intégré regroupant la qualité, la sécurité et l’environnement, explique-t-il. Cette organisation a été récompensée par la certification de l’ensemble de nos huit
sites. Par ailleurs, nous avons élaboré un code d’éthique et de conduite des affaires pour nous mettre en conformité avec le référentiel international ISO 26000 [qui définit les lignes directrices de la responsabilité sociétale]. » Dès 2009, Cosumar avait été primé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour son rôle pionnier et citoyen auprès des agriculteurs. « Nous les accompagnons dans l’amélioration de leurs performances agricoles, l’optimisation de la consommation d’eau et l’augmentation de la productivité par hectare, afin d’accroître leurs revenus de manière pérenne », précise Mohamed Aziz Derj. MICROCRÉDITS. En outre, Cosumar
assure – en partenariat avec l’État – un soutien aux agriculteurs victimes de catastrophes naturelles ayant affecté la production des cultures sucrières. « Cela a représenté des aides de 60 millions de dirhams [5,4 millions d’euros] ces quatre dernières années », souligne le directeur du développement durable. La société accorde en parallèle des microcrédits aux cultivateurs, pour un montant annuel d’environ 400 millions de dirhams. Enfin, le groupe est partenaire de plusieurs ONG et parraine BRICE TAHOUK des écoles. l N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Orange-Côte d’Ivoire Telecom s’engage à agir en faveur d’un monde accessible, Acteur économique majeur, le groupe Orange-Côte d’Ivoire Telecom mesure son rôle vis-à-vis de la société ivoirienne et veut prendre une part active au développement du pays à travers sa politique RSE. La concrétisation de son engagement en faveur du développement durable lui permet d’aller au-delà des limites traditionnelles de son « cœur de métier » pour bénéficier d’un véritable « permis social d’opérer ».
Des enjeux prioritaires
La stratégie RSE du groupe l’engage vis-à-vis de la société ivoirienne pour protéger l’environnement et prendre une part active au développement économique.
La démarche RSE initiée par OrangeCôte d’Ivoire Telecom dès 2009 a pour objectif de rendre les bénéfices des technologies numériques accessibles au plus grand nombre, avec une attention particulière pour les impacts environnementaux, tout en réalisant des innovations au service d’une nouvelle éco-citoyenneté. Cette démarche repose sur une écoute active et régulière de toutes les parties prenantes (clients, fournisseurs, communautés locales, pouvoirs publics, monde associatif, salariés…) pour ressortir et actualiser les enjeux prioritaires en cohérence avec ceux de l’univers des télécoms et de l’entreprise. Ce travail d’écoute permet au groupe de se positionner en amont des nouvelles attentes, d’identifier celles qui ont évolué et d’y répondre de la façon la plus innovante et la plus efficace possible.
PUBLI-INFORMATION
Ce dialogue permanent avec son environnement humain a conduit le groupe à prendre trois engagements :
Des sacs biodégradables pour les clients
✔ un monde éco-citoyen ✔ un monde accessible ✔ un monde de développement économique
Un monde éco-citoyen Face aux défis environnementaux, les technologies de l’information et de la communication offrent à Orange-Côte d’Ivoire Telecom la possibilité de mettre en œuvre des projets qui donnent à chacun les moyens d’agir en « prenant soin du futur ». Protection de l’environnement Favoriser le déploiement de solutions de dématérialisation de papier à travers la facture électronique, le paiement électronique des fournisseurs, le traitement électronique des ordres de travaux… est un objectif majeur pour le groupe et ses partenaires. « Energy saving » Depuis 2010, un plan « Energy saving » a été mis en place afin de réduire la consommation d’énergie au sein de l’entreprise. Des critères environnementaux et éthiques sont également pris en compte dans l’évaluation et la sélection des fournisseurs pour favoriser une chaîne de valeur responsable. Implication des clients et fournisseurs Le groupe favorise les usages écoresponsables en développant des solutions respectueuses de l’environnement telles que la facture électronique pour les clients et le paiement électronique ou via Orange Money des fournisseurs. Collecte et recyclage de mobiles Orange-Côte d’Ivoire Télécom soutient activement le programme de collecte et de recyclage de mobiles porté par l’ONG Emmaüs International et Orange France. Un premier atelier de traitement des terminaux usagés a été ouvert en Côte d’Ivoire.
Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE)
éco-citoyen et de développement économique Sacs biodégradables Des sacs 100% biodégradables sont mis à la disposition des clients. Oxobiodégradables en cas d’abandon dans la nature, ils deviennent fragmentables jusqu’à disparition au bout de 14 à 16 mois, suivant les conditions climatiques. Ils ne sont pas nocifs pour l’environnement.
Un monde accessible Orange-Côte d’Ivoire Telecom contribue à la réduction de la fracture numérique en offrant des solutions sans exclusion géographique, économique, cognitive… Avec, entre autres, plus de 850 ordinateurs offerts. Service Ekophone Plus de 540 points d’accès aux services télécoms sont disponibles pour les populations rurales enclavées. Une récente étude d’impact menée dans une dizaine de localités a montré une amélioration notable dans la vie des utilisateurs de ce service. Pour tous les interviewés, Ekophone facilite les échanges communautaires et l’accès à l’information. « Avant, pour informer les autres villages en cas de réunion, on marchait des kilomètres, maintenant, on appelle et cela change tout », confie un utilisateur de la localité de Yabakrou. Orange Money Lancé en décembre 2008, le service Orange Money simplifie la vie des utilisateurs pour le paiement de factures, le retrait et l’envoi d’argent avec des points service et des distributeurs automatiques. Orange-Côte d’Ivoire Telecom est le leader du mobile banking en Côte d’Ivoire. Solutions pour l’éducation Depuis 2009, des solutions télécoms dans les domaines de l’éducation tel
le service « 7117 Vie scolaire Orange » permettent aux parents d’élèves de suivre, via une solution SMS, la scolarité de leurs enfants. D’autres projets Des solutions nouvelles sont à l’étude dans les domaines médical (e-santé) et agricole (e-agriculture). Elles seront utiles aussi bien pour la prévention et l’information en santé, que pour l’accès des agriculteurs aux informations sur les techniques culturales et sur les prix pratiqués sur les marchés.
Un monde de développement économique Afin de soutenir le développement économique de la Côte d’Ivoire, enjeu également jugé critique par ses parties prenantes, Orange-Côte d’Ivoire Telecom participe à la formation, à la création d’emplois et accompagne les initiatives en faveur de l’entreprenariat. Emploi des jeunes Orange-Côte d’Ivoire Telecom s’est engagé en 2012, en partenariat avec l’État de Côte d’Ivoire et la Banque mondiale, dans le Projet Emploi Jeune et Développement des Compétences (PEJEDEC), un programme d’appui au développement des compétences et à l’amélioration des aptitudes à l’emploi des jeunes. En partenariat avec le Conseil National de l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire (CNOA-CI), Orange-Côte d’Ivoire Telecom a également offert à de jeunes architectes diplômés, âgés de 25 à 35 ans, l’opportunité de participer à un concours d’idées d’architectures en lançant le « Concours Jeunes Architectes ».
La Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE) Orange et Côte d’Ivoire Telecom pour un monde accessible
Orange-Côte d’Ivoire Telecom Immeuble le Quartz Boulevard V. Giscard d’Estaing 11 BP 202 Abidjan 11 www.orange.ci www.citelecom.ci www.aviso.ci
Dossier RSE
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PORTRAITS
Entre la com et l’éthique
Ils dirigent les actions environnementales et sociales de multinationales ou de groupes africains. Gros plan sur ces cadres qui s’efforcent de concilier business, image de marque et solidarité.
Manoelle Lepoutre
C’
est une femme du sérail. Manoelle Lepoutre est entrée en 1982 chez Elf, absorbé en 2000 par Total. Exploration, production,rechercheetdéveloppement… Cette géologue de 54 ans a occupé différents postes en France, en Norvège, aux États-Unis… « Cette expérience m’a donné la légitimité nécessaire pour aborder des sujets qui demandent à la fois une compréhension technique et une capacité à promouvoir l’innovation dans le domaine sociétal », explique-t-elle. L’engagementdeTotalenmatièredeRSE ne date pas d’hier. Le programme « Jeunes gérants », qui permet à des pompistes de devenir responsables de stations-service, a par exemple été lancé dans les années 1960. Aujourd’hui, 80 % des dépenses consacrées au développement économique local sont réalisées en Afrique. Et un quart des bourses accordées par le groupe français concernent des étudiants d’origine africaine. L’insertion professionnelle figure aussi au menu de Total. En Angola,
la major prévoit ainsi d’embaucher un millier de travailleurs d’ici à 2020. Enfin, des innovations voient régulièrement le jour, à l’image du projet Awango, qui a permis la vente de 250 000 lampes solaires dans neuf pays, avec pour objectif de toucher 5 millions de personnes dans douze États d’ici à 2015. « Il n’était pas évident pour moi de croire à ce modèle fondé à la fois sur le business et le social, mais force est de constater que celafonctionne:l’équipetientpourl’instant son objectif, sans faire perdre d’argent aux actionnaires », affirme Manoelle Lepoutre. En 2012, le budget alloué aux actions sociétales a atteint 316 millions d’euros. Côté environnemental, Total s’est engagé à réduire de moitié le torchage de gaz entre 2005 et 2014, une pratique dénoncée parlesONGenraisondesesconséquences sur la santé et l’environnement. Le groupe a en outre diminué de 19 % par rapport à 2008 ses émissions de gaz à effet de serre. Des indicateurs restent néanmoins dans
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Directrice de l’environnement et du développement durable chez Total
le rouge, notamment en matière de rejet d’hydrocarbures dans les zones côtières. Mais des investissements ont été planifiés pouraugmenterlescapacitésdetraitement des eaux. l MARJORIE CESSAC
Marie-Gabrielle Cajoly Directrice de la communication et de la RSE chez Addax Petroleum
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oilà dix ans que Marie-Gabrielle Cajoly a rejoint Addax Petroleum, actif au Gabon, au Cameroun, au Nigeria et en Irak. À peine arrivée, en 2003, elle a créé le département communication. Mais c’est en 2009, lors du rachat du pétrolier suisse par le chinois Sinopec, que son activité a pris un nouvel élan. « Nous sommes entrés dans une dynamique Sud-Sud, avec la volonté forte de communiquer sur le thème du multiculturel », résume-t-elle. L’année suivante, elle met en place un département RSE à la demande du nouvel actionnaire. « Un véritable enjeu d’éthique et de réputation :
il faut dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit. » En interne, cela se traduit par exemple par des formations en ligne afin de sensibiliser les salariés aux risques de corruption. Sur le plan environnemental, cela implique des règles de procédure encadrant l’exploitation des gisements. « On anticipe au maximum tout impact négatif potentiel pour l’éviter, le réduire ou le corriger », précise-t-elle. Marie-Gabrielle Cajoly dit être « à l’écoute des besoins » des communautés locales : « Ensuite, il faut voir en quoi on est légitime pour y répondre. » Pour parachever ce dispositif, la Fondation Sinopec-Addax Petroleum, qu’elle dirige depuis 2011, finance des projets de développement menés par des ONG. « Même là où le groupe n’est pas FANNY REY implanté », souligne-t-elle. l JEUNE AFRIQUE
Dossier
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Musa Salah Directeur du développement durable et de l’environnement chez Ecobank
Alain Owono Owono Chef du département de gestion environnementale et communautaire de Cam Iron
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e destin d’Alain Owono Owono est lié à l’exploitation prochaine du gisement de fer de MbalamNabeba, qui chevauche la frontière entre le Cameroun et le Congo. Ce sociologue de 44 ans prépare un master sur le sujet à l’Institut des relations internationales du Cameroun, tout en mettant en œuvre la politique RSE de Cam Iron, filiale de Sundance Resources qu’il a intégrée en 2010. Il s’est déjà colleté avec cette question à l’Agence néerlandaise de développement international (SNV) et à l’ambassade des Pays-Bas, en tant que conseiller chargé des programmes socioéconomiques et environnementaux. Assisté de trois collaborateurs, Alain Owono Owono s’efforce de répondre aux besoins des communautés de Mbalam. « J’examine leurs requêtes à la lumière de l’étude d’impact environnemental entérinée par les
autorités, et les transmets au siège de la maison mère, à Perth [Australie], à qui revient la décision », préciset-il. En six années d’exploration, la junior a investi 5 millions d’euros dans la construction d’écoles, la réhabilitation de routes et de ponts, l’octroi de bourses, la fourniture de matériels pédagogiques, la vaccination contre la poliomyélite, la protection des grands singes, la conservation d’une concession forestière… Le cahier des charges social et environnemental de Cam Iron sera élargi en 2018, avec l’entrée en exploitation des mines, qui implique au préalable la construction de 580 km de voie ferrée jusqu’au port de Kribi pour évacuer le minerai. Plus de 100 villages camerounais bénéficieront alors des programmes de l’entreprise, contre une cinquantaine à ce jour. l OMER MBADI, à Yaoundé
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e Ghanéen de 35 ans présentait le profil idéal : une expérience à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (au Nigeria et en Éthiopie), où il a contribué au rapport « Conseils nationaux pour le développement durable en Afrique », couplée à une connaissance du monde bancaire. Entré en 2008 chez Ecobank, ce diplômé en sciences de gestion de l’environnement de l’université de Surrey (Royaume-Uni) a commencésacarrièreauseindelabanque panafricaine en gérant notamment le compte régional des Nations unies. Sous sa houlette, en 2012, la banque a investi plus de 200000 euros pour développer un système de gestion environnementale et sociale. Une large partie a été attribuée à la formation de 900 salariés, essentiellement à des fonctions managériales dans l’audit, le droit, la fiscalité et la gestion du risque. Ecobank a par ailleurs adopté les indicateurs de performance de la Société financière internationale et adhéré aux Principes de l’équateur, qui permettent d’évaluer les risques environnementaux et sociaux des projets financés. « Mon ambition est de faire d’Ecobank une banque plus verte sur des questions clés telles que l’efficacité des ressources et la prévention de la pollution », souligne Musa Salah. Diverses initiatives ont été menées en vue de promouvoir les panneaux solaires et l’efficacité énergétique. Aux côtés de l’ONU et de l’ONG Kite Ghana, Ecobank s’est par exemple impliqué dans un projet d’électrification rurale. l M.C.
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Daniel Gnangni
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eux ans et demi après sa nomination à la tête de la Société nationale d’opérations pétrolières de la Côte d’Ivoire (Petroci), Daniel Gnangni s’apprête à créer une cellule consacrée à la RSE. La compagnie publique a multiplié les initiatives ces cinq dernières années, se montrant particulièrement active dans la réhabilitation et la construction de centres de santé et d’établissements scolaires. Autre décision emblématique, la livraison très prochainement du premier centre de secours et d’urgence de l’autoroute du Nord, pour un coût estimé à 1,4 milliard de F CFA (2,1 millions d’euros). Natif de Grand-Lahou (Sud), Daniel Gnangni connaît bien Petroci pour y avoir passé une grande partie de sa carrière. C’est dans cette entreprise que, diplômé de l’École polytechnique de Montréal, il a
SERVICE COMMUNICATION PETROCI
DG et responsable RSE de Petroci
fait ses premières armes comme géophysicien de 1979 à 1987, puis comme conseiller technique du directeur général, de 2001 à 2005. Il a également été directeur de cabinet au ministère des Mines et de l’Énergie et consultant pour l’italien Edison. Au sein de Petroci, Daniel Gnangni a déjà instauré des règles de bonne gouvernance s’appuyant essentiellement sur un manuel de procédures et une charte de déontologie. En interne, une
commission d’attribution de marchés pour les travaux d’un montant inférieur à 30 millions de F CFA a été installée. Pour mener à bien ses prochaines actions, ce sexagénaire peut compter sur le soutien de la Fondation Petroci, mais aussi de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) et du Centre africain d’expertise en gouvernance des organisations (Cago), avec qui des partenariats sont à l’étude. l BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan
Kahina Tounsi Responsable du système de management intégré de NCA-Rouiba
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e groupe NCA-Rouiba peut se targuer de faire partie des deux premières entreprises algériennes à avoir mis en place la norme ISO 26000, en 2011, dans le cadre du programme RS Mena (Responsabilité sociétale au MoyenOrient et en Afrique du Nord) encadré par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) et l’Institut algérien de normalisation (Ianor). À l’œuvre : Kahina Tounsi, responsable du système de management intégré du groupe agroalimentaire. Désignée en 2012 parmi les quatre experts nationaux du programme RS Mena, cette quadragénaire forme à son tour ses successeurs de la promotion 2013. La jeune femme a été recrutée en 1996, lorsque NCA-Rouiba a créé sa structure marketing. Trois ans plus tard, l’entreprise lançait son premier projet de système d’assurance qualité. Pour coordonner la conformation à diverses certifications, Kahina Tounsi a complété son cursus de commerce
par un master en management qualité et environnement. NCA-Rouiba dispose aujourd’hui de certifications liées aux managements qualité (ISO 9001) et environnemental (ISO 14001) ou encore à la sécurité des aliments (ISO 22000). Selon Kahina Tounsi, sa propre longévité au sein de l’entreprise (dix-sept ans) est la preuve des bonnes conditions de travail qui prévalent à NCA-Rouiba. « L’une des réalisations qui me tiennent le plus à cœur est la création en 2008 d’un observatoire “Bien-être et motivation” », soulignet-elle. Dans ce cadre, elle a réalisé l’année suivante des sondages en interne sur la rémunération, la communication et le management. Les résultats ont ensuite été traités par un comité « Savoir, performances et innovations », qui met en œuvre les actions approuvées. Le procédé, qui pourrait être renouvelé en 2014, a permis à NCA-Rouiba d’instaurer un nouveau système de rémunération fondé sur les performances et d’améliorer le cadre de vie dans l’entreprise, en créant par exemple des espaces de convivialité. En plus de son rapport financier annuel, l’entreprise ambitionne de publier à court terme un rapport consacré à la RSE. l SAÏD AÏT-HATRIT, à Alger JEUNE AFRIQUE
Culture & médias
HISTOIRE
Benjamin
Stora « L’influence des nostalgiques de l’Algérie française reste forte »
VINCENT FOURNIER/J.A.
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Évincé de l’exposition sur Albert Camus qui était prévue à Aix-en-Provence, l’historien revient sur la polémique et décrypte les survivances idéologiques d’une période qui demeure conflictuelle.
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Propos recueillis par
RENAUD DE ROCHEBRUNE
ne grande exposition sur Albert Camus, conçue par l’historien Benjamin Stora et le documentariste Jean-Baptiste Péretié, était prévue pour novembre 2013 à Aix-en-Provence (sud de la France), à l’occasion du centième anniversaire de la naissance du Prix Nobel de littérature. À l’orée de l’été 2012, les deux auteurs, sans doute parce que le premier était considéré par les milieux nostalgiques de la colonisation comme trop proche des Algériens, furent « débarqués » sans explication. Ils évoquent aujourd’hui, dans un petit livre stimulant, Camus brûlant, les circonstances comme l’arrière-plan politique et historique de cette affaire. Pourquoi Camus, que N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
l’on croit consensuel, suscite-t-il tant de réactions passionnelles des deux côtés de la Méditerranée? Il y a peu, c’est une « caravane Albert Camus » qui devait sillonner l’Algérie pour le cinquantenaire de sa disparition qui a été annulée ! Certains, de fait, trouvent intérêt à interdire que l’on célèbre sereinement l’homme et l’auteur de L’Étranger. Qui ? Benjamin Stora a son idée… JEUNE AFRIQUE : Pourquoi proposer ce livre aujourd’hui, un an après l’annulation de l’exposition Camus telle qu’elle était prévue ? BENJAMIN STORA: Tout simplement parce que,
dans le flot des ouvrages paraissant à l’occasion du centenaire de sa naissance, il m’a paru nécessaire qu’existe un ouvrage qui parle de Camus aujourd’hui. Qui évoque les disputes, les polémiques, les brûlures idéologiques et politiques JEUNE AFRIQUE
autour du personnage, beaucoup moins consensuel qu’on ne le croit en général. Savez-vous pourquoi cette grande exposition Camus a été annulée ? Qui gênait-elle ?
Je n’ai jamais eu d’explication. Ce que j’ai appris, je l’ai lu dans la presse. À commencer par la provisoire nomination du philosophe Michel Onfray un mois après mon éviction, alors qu’on m’avait fait savoir que l’exposition était annulée. En fait, il y a certainement eu une addition de causes. D’abord, la rivalitéentreMarseilleetAix-en-Provence–puisque, à l’origine, c’est Marseille qui m’avait contacté avant qu’Aix ne réclame et obtienne que le projet se réalise dans cette ville, qui abrite les archives Camus. Mais il est clair aussi que, la direction de Marseille-Provence 2013 ayant changé, le nouveau responsable a privilégié une optique plus « lisse » que celle de son prédécesseur. Privilégiant le seul Camus écrivain, il n’a plus voulu prendre le risque qu’on mette l’accent sur son parcours politique et médiatique des deux côtés de la Méditerranée. JEUNE AFRIQUE
p Qui a intérêt à interdire que l’on célèbre l’auteur de L’Étranger ? L’historien a son idée…
Notamment sur son engagement anticolonial comme sur ses réticences face au nationalisme algérien. La mairie d’Aix, où l’influence de nostalgiques de l’Algérie française est forte, n’a pu qu’approuver ces réserves, voire les accentuer. Camus continue de troubler ?
Personne n’est vraiment à l’aise pour analyser toutes les facettes de son parcours. Car même la gauche, en France, a le plus grand mal à assumer, voire à examiner, son passé algérien, en particulier lors des premières années de la guerre. Pour les socialistes, héritiers de la SFIO de Guy Mollet et du très radical gouverneur de l’Algérie que fut Robert Lacoste, cela va de soi. Quant aux communistes, il y a seulement deux ans qu’ils ont reconnu avoir commis une erreur en votant les « pouvoirs spéciaux » qui permirent l’escalade répressive et la guerre totale contre les nationalistes. Du côté de la droite, le parti issu du gaullisme est en crise, avec des frontières manifestement de plus en plus poreuses vis-à-vis de l’extrême droite. N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Culture médias Histoire le réservoir de références, c’est la nostalgie de l’empire, et en particulier de l’Algérie française.
Les nostalgiques de l’Algérie française ont-ils encore une grande influence ?
Des réseaux pro-Algérie française encore actifs cinquante ans après l’indépendance, cela paraît incroyable !
Ceux-ci sont peu nombreux, mais effectivement très actifs. Ils bénéficient de la crise idéologique de la droite traditionnelle. Cette dernière, fondée en grande partie sur le gaullisme, s’était érigée en opposition avec l’extrême droite, hostile à la décolonisation. Cette frontière-là s’étant affaiblie, des réseaux jusque-là marginalisés ont acquis une très grande force. Des idéologues comme Patrick Buisson, qui n’ont jamais caché leurs sympathies dans leurs travaux sur l’OAS, se sont retrouvés au centre de la décision politique. Dans le cas de Buisson, il est même apparu ces dernières années avec Sarkozy dans un rôle d’idéologue en chef, marginalisant parfois à l’Élysée des conseillers restés dans une filiation gaullienne comme Henri Guaino. C’est très symptomatique.
Revenons à Camus. Il divise aussi les Algériens…
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Rien d’étonnant si leur rapport à Camus est ambivalent, puisque la matrice culturelle de la pensée comme de la politique reste la guerre d’indépendance. Camus ne se situe pas dans ce champ, il n’appartient pas au creuset révolutionnaire. Alors que le FLN, tout comme une grande partie des intellectuels, E se positionne plutôt par rapport à l’histoire E L A/ LV du camp socialiste et du nationalisme arabe, SE Camus s’inscrit plutôt dans le camp de la dissidence p La carte de presse libertaire antistalinienne des années 1950. Il y a d’Albert Camus, donc une méfiance, voire un rejet, comme on l’a né le 7 novembre vu avec Kateb Yacine. Camus, il est vrai, a refusé 1913 à Mondovi, d’accepter le passage à l’indépendance, restant près d’Annaba, attaché à l’Algérie de son enfance et appelant de ses dans ce qui était alors le département vœux une réconciliation intercommunautaire. Tout de Constantine, le drame de Camus, c’est qu’il voulait appartenir en Algérie. à plusieurs mondes. Sans voir que c’était devenu impossible. AG
Il y a effectivement en France une mémoire des partisans de l’Algérie française. Aussi étonnant que cela soit, elle ne s’est pas effacée avec le temps. Le renouvellement des générations et la disparition des témoins n’y font rien. Il en va de même, d’une autre manière, en Algérie comme dans l’émigration algérienne en France. Cette mémoire se transmet en s’exacerbant autour de la question coloniale et de la guerre. Depuis les années 1990, nous avons vécu de façon concomitante l’effondrement du communisme et la percée de l’islamisme. Et bien entendu, la guerre civile en Algérie. La pensée de Camus, qui est celle de la complexité des situations et du refus de la violence, s’inscrit dans la guerre des mémoires qui s’est installée, notamment en France, comme le produit de cette évolution historique.
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Supposons que Camus ait encore été vivant en 1962. Que peut-on imaginer de sa position ?
Difficile à dire. Qui peut savoir ce qu’il aurait dit et fait ? L’éditorialiste Jean Daniel soutient que Camus se serait rallié au processus indépendantiste,
Le drame de Camus, c’est d’avoir voulu appartenir à plusieurs mondes.
Vous évoquez l’inauguration, à Perpignan, par un secrétaire d’État, d’un monument en hommage aux partisans de l’Algérie française sans que cela ait suscité beaucoup d’émotion…
Il s’agit de la même chose, engageant cette fois l’État. Cela n’a provoqué que quelques commentaires, pas la moindre manifestation. Or, ce n’est pas une simple survivance du passé. Ceux qui promeuvent ce genre d’hommage s’inscrivent progressivement dans le paysage culturel français, jusqu’à conquérir une place sinon hégémonique du moins majeure. Dans l’entourage immédiat de Jean-François Copé, on trouve d’ailleurs la fille d’un ancien dirigeant de l’OAS qui n’a jamais rien renié. Ce qui n’est pas rien, alors que le Front national réalise des scores de près de 20 % au niveau national. En ayant évolué: à l’origine, ses références historiques se trouvaient à Vichy. Aujourd’hui, N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Camus brûlant, de B. Stora et J.-B. Péretié, éd. Stock, 128 pages, 12,50 euros
comme son ami l’écrivain Emmanuel Roblès. Ou JulesRoy,ancienofficier,quiétaitmêmeplusradical que Camus dans son refus de l’indépendance. Mais un ami intime de Camus, André Rossfelder, est lui passé à l’OAS… et assure que Camus serait resté fidèle à sa communauté. Comment trancher? Il y a une indication : quelques mois avant sa mort, en septembre 1959, il approuve le discours de De Gaulle pour un référendum d’autodétermination et contre l’indépendance, mais proposant d’aller vers une solution fédérale. Ensuite de Gaulle, on le sait, a évolué. Peut-on penser que Camus aurait évolué comme lui? C’est hérétique de le dire, mais on peut supposer que cela aurait été le cas, après s’être aperçu que l’évolution vers une intégration fraternelle et égalitaire était impossible. Peut-être, avec dix ans de décalage, aurait-il emprunté le même chemin que Ferhat Abbas, prônant d’abord l’assimilation, puis l’intégration, l’autonomie, le fédéralisme, l’indépendance. Camus, lui, était déjà passé de la recherche de l’assimilation républicaine des Lumières à celle d’une solution fédérale au moment où il est mort. l JEUNE AFRIQUE
Culture médias et dreadlocks de l’autre, il ne se fait pas seulement remarquer pour son look. Sa manière de chanter et d’apostropher le public est époustouflante. « On ne devient pas atalaku par hasard, il faut beaucoup de travail, savoir chanter, danser et même improviser », confie-t-il. Dernier à avoir intégré la troupe, il y a huit ans, il est toujours considéré comme le nouveau. Mais ce n’est pas pour autant qu’il existe une hiérarchie entre les atalakus. Tous au même rang, ils fournissent le même travail sur scène comme en répétition, et seul le respect des anciens prime.
MUSIQUE
Louangeurs à louer Au Congo, les atalakus jouent le rôle de chauffeurs de salle pour les artistes… et monnaient parfois leurs services auprès des politiques.
BONZ COMMUNICATION
ÉTAPE. Pour débuter, il faut passer une
p Youyou Mobangué met l’ambiance pour Roga Roga et les Extra-Musica.
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razzaville,juillet2013,cérémonie d’ouverture du Festival panafricain de musique (Fespam), avant l’arrivée de Roga Roga et ses Extra-Musica. Trois chanteurs et danseuses entrent sur scène. Vêtements de marque, coupe de cheveux travaillée, ils haranguent la foule pour la faire danser. Ils sont là pour préparer l’entrée du patron, Roga Roga. La scène est inspirée par les grandes revues soul et funk des années 1960 et 1970, aux États-Unis, où des maîtres de cérémonie annonçaient JamesBrown,OtisReddingouTinaTurner. Ces atalakus, puisque c’est ainsi qu’on les nomme, peuvent arriver deux ou trois heures avant le patron afin d’assurer le spectacle et de préparer l’audience. Leur rôle ? Inventer de petits refrains et créer des pas de danse. Aux musiciens et danseurs de comprendre les changements de rythme. En clair, les atalakus donnent le tempo du morceau et sa couleur. La force
JEUNE AFRIQUE
d’un groupe congolais réside dans la complémentarité entre atalakus et musiciens. PHÉNOMÈNE. Leur origine remonte au
audition, et la compétition est rude : il n’y a que peu de places et les détails font la différence. L’un des atalakus les plus populaires du Congo est Bill Clinton Kalonji, qui officia longtemps auprès de Werrason. Lors de son audition, il avait eu l’idée de venir avec un teeshirt à l’efwfigie du président américain… Il n’est d’ailleurs pas le seul à emprunter outre-Atlantique: un ancien atalaku de Koffi Olomidé s’est baptisé CNN et un atalaku d’Extra-Musica a opté pour… États-Unis d’Amérique. À long terme, l’objectif de tout atalaku est d’êtrelepatrondesongroupe,etWerrason, Fally Ipupa, Bill Clinton Kalonji et Celeo Scram sont tous passés par cette étape. Mais le phénomène atalaku a aussi ses dérives. Certains artistes n’hésitent plus à employerdesatalakusindépendantsappelés « nzonzing ». Ces derniers font payer leurs louanges à des chanteurs en mal de notoriété. Dans un pays où le piratage de CD est une pratique très répandue, même les artistes s’y mettent. On a pu ainsi voir Papa Wemba se présenter avec une liste de personnes à promouvoir… Un procédé qui a pour but de financer des albums aux ventes faméliques. Il arrive aussi que des nzonzing viennent en boîte de nuit et monnaient leurs louanges à des clients
début des années 1980. En rupture avec une musique qui mettait en avant les instrumentistes, certains artistes comme Zaiko Langa Langa décident de combler les longues plages musicales. L’effet fait mouche, et chaque groupe se voit presque dans l’obliÀ long terme, l’objectif de tout gation d’avoir son ou ses atalaku est d’être le patron de son atalakus. Le phénomène traverse les frontières et on propre groupe. le retrouve en Côte d’Ivoire oùl’avènementducoupé-décaléprovoque cherchant à bien se faire voir, quitte à en l’apparition de DJ qui tressent les louanges mettreplusieursenconcurrencepourfaire de leur public, à la manière des griots. grimper les enchères. Lors des dernières Lors de cette soirée à Brazza, l’un des électionsenRDCongo,lesdifférentscandiatalakus d’Extra-Musica a pris la lumière datsontchacunemployéplusieursatalakus. sur scène, jusqu’à faire de l’ombre à Roga Ceux-ci, sans réelle conviction, allaient au Roga. Son nom est Youyou Mobangué. plus offrant… l JÉRÔME BESNAULT, Vêtements griffés, crâne rasé d’un côté envoyé spécial à Brazzaville N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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DAVID GOLDBLATT
t « The Watchman, Balnagask Court, Hillbrow », de David Goldblatt (1972).
JEU. Mais si l’image de la voiture s’impose
LIVRES
Le roman-photo de Jo’burg L’un est photographe, l’autre écrivain, David Goldblatt et Ivan Vladislavic proposent dans un projet commun une approche fine de la ville sud-africaine, permettant de rallier des mondes différents.
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ouvent, la collaboration entre un photographe et un écrivain se limiteàunéchangedebonsprocédés. En rédigeant une préface ou un commentaire analytique, le second met sa plume au service d’une œuvre et voit son texte imprimé dans un beau livre. Quant au premier, il peut bénéficier de la renommée de l’auteur et/ou imposer une coloration particulière à son travail. Généralement, il s’agit d’un emballage marketing visant à donner à l’album une plus grande visibilité. Ce n’est pas le cas des deux livres publiés par le photographe sud-africain David Goldblatt et l’écrivain, sud-africain lui aussi, Ivan Vladislavic. Le projet TJ – Double négatif réunit un roman et un album d’images intrinsèquement liés qui se questionnent, se répondent, se complètent et permettent une approche très fine de la ville de Johannesburg. Des deux auteurs, Goldblatt est bien entendu le plus connu. Ses photos, qui racontentl’apartheid,maisaussil’évolution de l’Afrique du Sud depuis 1994, sont régulièrement exposées dans les plus grands N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
signifie Transvaal, Johannesburg (la ville est désormais la capitale de la province de Gauteng). Ce n’est pas un hasard. La voiture revient souvent dans les images de Goldblatt et, lorsqu’elle en est absente, on devine qu’elle a permis de relier, de rallier, des quartiers que tout sépare. « Il y a des lignes de fracture structurelles nées de la création de Johannesburg qui l’empêchent de devenir une ville plus cohésive, plus “une”, écrit Goldblatt dans sa préface. La première est sa géographie presque irréversiblement fracturée par un siècle de discrimination raciste.Endépitd’unsystèmedebusrapide quirapprocheralesfractures,surlesquelles un début d’effort a été consenti, la séparationphysiquedestownshipsnoirs,coloured et indiens des centres névralgiques de la cité s’avérera sévèrement inhibante pour de nombreuses années à venir. »
musées du monde, et son œuvre, massive, subtile, explique en partie la profusion de talents éclos dans son pays. TJ est une sélection de ses images prises entre 1948 et 2010. Aujourd’hui âgé de 82 ans, le photographe fait référence avec ce titre à l’ancien système d’immatriculation: TJ écrits d’ailleurs
Ivan Vladislavic Double négatif Do
TJ. Johannesburg, photographs 1948-2010, de David Goldblatt, éd. Contrasto, 160 pages, 59 euros (en anglais) Double négatif, d’Ivan Vladislavic, traduction française de N. et C. Surber, éd. Zoé, 242 pages, 12 euros David Goldblatt, texte de Baptiste Lignel, éd. Actes Sud, coll. « Photo Poche », 144 pages, 13 euros, disponible en octobre
avecautantdeforce,c’estparcequ’ellejoue aussiunrôlefondamental–lemême,rallier desmondesdifférents–dansletexted’Ivan Vladislavic, Double négatif. Élégamment écrit, vivifié par un humour discret et des images fortes, le roman raconte l’évolution deNevilleLister,jeuneétudiantvaguement déconnectéduréel,qu’unejournéepassée avec un photographe célèbre, un certain SaülAuerbach,valentementmaisradicalement transformer. La scène essentielle est celle-ci:Auerbach,accompagnéd’unjournaliste et de Neville, choisit au hasard une maisondeJohannesburg,yentreetyréalise une de ses meilleures photos. Goldblatt le reconnaît: il a lui-même plusieurs fois utilisé cette méthode dans son travail… Le roman de Vladislavic se développe autour de cette expérience que Neville mettra du temps à intégrer: il n’est pas de ceux qui s’affrontent aux frontières, franchissent les murs, abattent les cloisons. L’apartheid? Il n’a pas fait grand-chose contre, à part fuir au Royaume-Uni. La nouvelle Afrique du Sud? Il ne parvient pas vraiment à la saisir. Devenu artiste, il est le « double négatif » d’Auerbach-Goldblatt, se déplaçant – en voiture – pour aller photographier des personnes devant le mur de leur maison, sans jamais entrer chez eux… Une correspondance parmi d’autres dans cet exaltant jeu littéraire qui n’est pas sans rappeler les expérimentations de l’Oulipo. l NICOLAS MICHEL JEUNE AFRIQUE
Culture médias En vue
n n n Décevant
n n n Pourquoi pas
n n n Réussi
n n n Excellent
DOCUMENTAIRE
Le Zambèze en dix clichés C’EST UN PEU Tintin en Zambie, version revue et corrigée par l’office du tourisme de Livingstone (Zambie), non loin des fameuses chutes Victoria. Mais des gens du fleuve Zambèze, on ne connaîtra pas grand monde : un chasseur de crocodiles mangeurs d’hommes, un patron de résidence de luxe, un garde forestier chargé de protéger les éléphants des braconniers et un modeste pêcheur auquel le journaliste offre – quelle grandeur d’âme ! – un voyage en hélicoptère. Lequel sert, bien entendu, à passer et repasser au-dessus des spectaculaires Mosi-oa-Tunya… Méconnu, le fleuve méritait plus et mieux, tout comme les habitants de ses rives. l NICOLAS MICHEL
Les Gens du fleuve, de Morad AïtHabbouche, coffret 3 DVD, FranceTV Distribution, 24,99 euros nnn
ROMAN
« Road trip » libyen UN MÉDECIN alcoolique ; un pilote de ligne rongé par la culpabilité ; une jeune femme enceinte fuyant son pays ; un escroc avec pour seul bagage un faux sac Louis Vuitton bourré de dollars; une autre jeune femme tombée sous le charme du pilote ; un chauffeur kamikaze… Tous ont le même objectif : fuir la Libye en pleine guerre civile et rejoindre la Tunisie. Un road trip haletant plein de rebondissements. Au fil du récit, les trajectoires de chacun se précisent. Et « la Pourriture » occupe les esprits : mais jamais le nom de Mouammar Kaddafi ne sera prononcé. l M.P. Libyan Exodus, deTitoTopin, éd. Rivages/Noir, 218 pages, 8,65 euros N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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JEAN-JACQUES MANDEL
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MUSIQUE
p Rail Band, Buffet-Hôtel de Bamako (1976).
De Bamako à Ouaga
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uteur d’une vingtaine de livres, Florent Mazzoleni signe deux beaux livres sur les musiques malienne et burkinabè. Traditionnelle ou classique, la création de ces deux pays d’Afrique de l’Ouest est explorée de manière passionnée. On y croise avec délectation les parcours des plus grands noms – Salif Keita, Ali Farka Touré, Amadou Ballaké, Georges Ouedraogo… –, et on (re)découvre les formations emblématiques – Volta Jazz (Ouaga), Rail Band (Bamako). Lors de ce voyage initiatique, citons la rencontre avec Boubacar Traoré, ancien ingénieur du son de
Radio Mali. Chargé en 1970 d’enregistrer les artistes venus concourir à Bamako pour la première biennale musicale, il se fait assister d’un jeune musicien, Ali Farka Touré. Il est tout de suite subjugué par son talent, témoigne-t-il. Florent Mazzoleni nous promène ainsi à travers les lieux mythiques – comme le Buffet-Hôtel de la gare de Bamako, ou le Don Camillo de Ouagadougou – et dans les profondeurs d’un univers musical qui a su intégrer le blues ou le jazz et se moderniser. Accompagnés de photos d’archives, les deux ouvrages deviennent vite indispensables. l MICHAEL PAURON
Burkina Faso, musiques modernes voltaïques (+ CD) et Musiques modernes et traditionnelles du Mali, de Florent Mazzoleni, éd. Le Castor astral, 160 pages, 30,45 euros chacun nnn
BANDE DESSINÉE
Sur les traces du conquérant BIEN CONNU DES écoliers francophones d’Égypte, Omar el-Cherih voit sa carrière de journaliste d’investigation saluée par la publication d’un premier album après quinze ans de parution en feuilleton dans des gazettes pédagogiques et sur internet. Le Tombeau perdu d’Alexandre le Grand nous emmène dans l’Alexandrie contemporaine, grouillante et mystérieuse, en quête du sépulcre mythique. Le dessin est simple et efficace, l’ambiance bien restituée, les personnages sympathiques, mais la chute laisse un peu sur sa faim. Heureusement, un texte intéressant de l’archéologue Jean-Yves Empereur sur ce graal des historiens vient LAURENT DE SAINT PÉRIER clore l’enquête. l
Le Tombeau perdu d’Alexandre le Grand, de Gilles Kraemer, Damir Niksic, Jean-Yves Empereur, Riveneuve Éditions, 94 pages, 15 euros nnn JEUNE AFRIQUE
Culture médias
Et il est comment le dernier…
DANSE
Gays tutus noirs
… Sabri Louatah
la norme et peuvent être tués en raison de leur orientation sexuelle. Dans Swan Lake, les hommes sont en tutu et le beau Siegfried refuse le mariage que l’on arrange pour lui, avouant alors son amour pour le cygne noir. Une création originale qui n’a rien d’exotique et qui fait voler en éclats les codes du traditionnel et du classique. l SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX
JOHN HOGG
DEPUIS 2010, la jeune chorégraphe et remarquable danseuse sud-africaine Dada Masilo rencontre partout où elle présente son Lac des cygnes revisité le même franc succès. Elle qui cherche à « fusionner la danse africaine et le ballet » réussit avec humour et gravité, audace et virtuosité, à aborder les souffrances et la discriminationquesubissent ceuxquinerentrentpas dans
Swan Lake, de Dada Masilo, jusqu’au 6 octobre au Théâtre du Rond-Point à Paris nnn
ÉCRAN TOTAL
4h10
Ce mois-ci, zoom sur la télévision… République démocratique du Congo*
c’est le temps moyen passé chaque jour devant le petit écran en RD Congo
LE PAYSAGE AUDIOVISUEL est composé principalement de la chaîne nationale publique, RTNC1, et d'une trentaine de chaînes privées congolaises. Mirador TV est la plus connue et la plus regardée du pays avec 34 % d’audience quotidienne moyenne. Molière TV arrive en seconde place, suivie d’Antenne A. LES PROGRAMMES QUI PLAISENT : les Congolais s’intéressent principalement à l’actualité de leur pays, aux films mais aussi aux séries télévisées africaines.
* Étude TNS Sofres – Africascope 2013 réalisée auprès d’un échantillon de 1 136 individus de 15 ans ou plus résidant à Kinshasa.
JEUNE AFRIQUE
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ire la première page des Sauvages, c’est prendre son ticket pour l’aventure. Une grande aventure littéraire, sorte de Millenium à la française, qui rencontre un succès inattendu. Le troisième des quatre tomes de cette ambitieuse série ultraréaliste vient de paraître. On l’a dévoré. Imaginez. Le 5 mai 2012, à la veille de l’élection présidentielle (nous sommes dans le premier tome), un seul nom est sur toutes les lèvres: Idder Chaouch. Le député socialiste franco-algérien, aussi brillant que charismatique, est donné grand gagnant face au chef de l’État sortant, Nicolas Sarkozy. À Saint-Étienne, la famille Nerrouche, des Français d’origine kabyle, est fière de soutenir son candidat, qui fédère derrière lui une France jusqu’ici divisée. Mais le mariage de Slim, le neveu timide, avec une Arabe, Kenza, cristallise les tensions. Pourquoi le témoin, Abdelkrim (« Krim »), est-il si nerveux? Comment expliquer l’absence du mystérieux cousin Nazir? Est-ce lié aux rumeurs autour de l’homosexualité du marié? Les mots s’entrechoquent, le suspense est haletant. Jusqu’à ce que l’on retrouve Krim, pointant son arme sur Chaouch. Le jeune homme de 18 ans tire. Le destin des Nerrouche et celui du pays basculent. Le deuxième tome des Sauvages s’ouvre le jour du résultat de l’élection présidentielle et nous plonge dans un monde politicojudiciaire aussi secret que fascinant. Chaouch est élu à 52,9 % des voix et se réveille dans le coma: une situation inédite! La galaxie de personnages, déjà dense, se complexifie (si vous êtes
perdus, un arbre généalogique vous aide à vous y retrouver). Le troisième volume ne déçoit pas. L’enquête, dont les dessous médiatiques se dévoilent, se poursuit. Si tout porte à croire que Nazir, devenu l’ennemi public numéro un, a commandité l’attentat, l’affaire ne résulterait-elle pas en réalité d’un vaste complot fomenté dans les plus hautes sphères de la République? Et s’il existait un « cabinet noir » Place Beauvau? Le duo infernal Vermorel-Montesquiou (la ministre de l’Intérieur et son directeur de cabinet), qui incarne la frange la plus dure de l’UMP, un courant appelé « Droite nationale », suit de très (trop?) près le travail de la
Les Sauvages, tome III, de Sabri Louatah, éd. Flammarion, 590 pages, 21 euros nnn
police et du juge d’instruction antiterroriste. À moins qu’il ne faille y voir la main d’Al-Qaïda au Maghreb islamique… Les Sauvages s’apparentent à une excellente série TV, entre la comédie et le drame. C’est hyperrythmé, on ressent l’intrigue. Mieux, on n’attend qu’une chose: la prochaine saison. Ça tombe bien, puisque cette saga inclassable est en cours d’adaptation audiovisuelle. l JUSTINE SPIEGEL N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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ANNONCES CLASSÉES
Concernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre -Tél. : 01 44 30 18 76 - Fax : 01 44 30 18 77 - Email. : f.lefebvre@jeuneafrique.com DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris - France
N° 3213 /PAPN-DG BP : 711 – Pointe-Noire Téléphone : (242) 22 294.00.52 République du Congo E-Mail : info@papn-cg.org Web : www.papn-cg.org
APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT
En accompagnement de son Programme d’Investissements Prioritaires, le Port Autonome de Pointe-Noire (PAPN) a obtenu de l’Agence Française de Développement (AFD) une subvention relative au projet de renforcement de ses capacités commerciales (PRCC). Ce projet vise la simplification et la facilitation des procédures de passage portuaire notamment par : - l’actualisation du plan d’actions élaboré en 2008 au moyen d’une étude diagnostic et au regard des évolutions du contexte international et national ; - l’analyse des causes des délais de passage portuaire ; - l’analyse des mécanismes de facilitation existants ; - l’examen du dispositif institutionnel de concertation entre opérateurs.
Manifestation d’intérêt
La réalisation de cette mission nécessite des compétences d’un cabinet de conseil dont l’expertise est avérée dans les domaines de commerce international, de la facilitation des procédures de passage (transit) portuaire, des procédures douanières simplifiées, etc. Ainsi, le PAPN invite les cabinets de conseil de standard international intéressés par les prestations précitées à se manifester en adressant une Lettre de manifestation d’intérêt. Cette lettre devra être accompagnée de toutes informations utiles montrant que le cabinet de conseil dispose des moyens et qualifications nécessaires pour exécuter les services : - Moyens en personnel qualifié et disponibilité des connaissances nécessaires parmi le personnel - Moyens matériels - Surface financière (bilans du cabinet de conseil pour les trois dernières années, références bancaires) - Références concernant l’exécution des prestations analogues durant les cinq dernières années (titre du projet, date des prestations, montant et objet du contrat, nombre d’hommes-mois d’expert, bénéficiaires, sources de financement) ; - Expérience dans des conditions semblables Les candidats peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences. Dans ce cas, les informations incluses dans les dossiers porteront sur les différents membres du groupement en faisant apparaître les moyens et qualifications de chacun d’eux en précisant le consultant chef de file. La présélection est ouverte aux consultants de tous pays. Les demandes de présélection doivent parvenir par courrier postal, télécopie ou courriel (avec dans ce cas, confirmation par courrier postal ou télécopie) au plus tard le mardi 07 octobre 2013 à 12 heures à l’adresse suivante: Direction Générale du PAPN BP 711, Pointe-Noire - République du Congo Tél. : 00242 05 518 02 87 - Email : info@papn-cg.org Les consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires auprès de : Mr MBOUMA PEYA Fortuné, Chargé du Suivi de la Concession - Courriel : concession@papn-cg.org ; - Téléphone : 00 242 05 571 93 06 Copie à Mr MOMBO Jean Jacques : jeanjacquesmombo@yahoo.fr Les cabinets de conseil retenus à l’issue de la présélection recevront ultérieurement une lettre d’invitation à soumissionner, accompagnée d’un dossier d’appel d’offre restreint. La sélection se fera en conformité avec les procédures du PAPN et de l’AFD. N° 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
AVIS D’APPEL D’OFFRES (AAO) DATE : 9 SEPTEMBRE 2013 1. La Commission de la CEDEAO a alloué ses fonds propres au coût de production du laissez-passer biométrique de la CEDEAO et à celui de la fourniture d’équipements. 2. La Commission de la CEDEAO lance à présent un Avis d’Appel d’Offres pour la soumission d’offres, sous plis fermés, pour la production du laissez-passer biométrique de la CEDEAO et la fourniture des équipements décrits ci-dessus (lot unique). Le Dossier d’Appel d’Offres peut être acheté auprès de la Division de la Passation des Marchés, Direction de l’Administration générale, Commission de la CEDEAO, Plot 101, Yakubu Gowon Crescent, Asokoro District, Abuja, Nigéria, sur envoi d’une demande écrite et paiement d’une somme de trois cents dollars US (300 US$) en espèces ou par chèque, à l’ordre de la Commission de la CEDEAO, Abuja. Pour les soumissionnaires résidant à l’extérieur du Nigéria, le Dossier d’Appel d’Offres peut être envoyé par voie courrier aux soumissionnaires intéressés, sur paiement (virement bancaire) d’une somme non remboursable de trois cents dollars US (300 US$) à la Commission de la CEDEAO (les frais afférents au virement étant à la charge du soumissionnaire). (Coordonnées bancaires disponibles sur demande).
4. Les soumissions sont valables pour une période de 120 (jours) après l’ouverture des plis et doivent être accompagnées d’une garantie d’offre d’un montant de 30 000,00 US $ (garantie bancaire ou cautionnement d’assurance). 5. Les offres doivent être soumises dans une enveloppe scellée qui est déposée dans la Boîte d’Appel d’Offres de la CEDEAO se trouvant dans le bureau de l’Assistante Principale du Commissaire en charge de l’Administration et des Finances, cinquième (5ème) étage du bâtiment de la Commission de la CEDEAO, 101, Yakubu Gowon Crescent Asokoro District, P. M. B. 401, Abuja, Nigéria au plus tard le 07 Novembre 2013, à 11h30 (10h30 GMT+1), en mentionnant clairement ‘’Appel d’Offres international pour la production du laissez-passer biométrique de la CEDEAO et la fourniture d’équipements” Ne pas ouvrir, sauf en présence du Comité d’Appel d’Offres de la CEDEAO. 6. Les offres seront ouvertes en présence des soumissionnaires désireux d’assister à l’ouverture des plis le 07 Novembre 2013 à 12h00 (11h00 GMT+1), Salle 523, Commission de la CEDEAO, Abuja, Nigéria. Commissaire, Administration & Finances
MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE FORESTIÈRE ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE - CRÉDIT N° 5121-CG - UNITÉ DE COORDINATION DU PROJET B.P 14564 BRAZZAVILLE, RÉPUBLIQUE DU CONGO, TÉL : 05 616 95 74/06 817 06 33, COURRIEL : pfdecongo2011@yahoo.com
AVIS À MANIFESTATION D’INTÉRÊT N° 006/MEFDD-CAB/PFDE/AMI/C/13 « RECRUTEMENT D’UN CABINET CHARGÉ DE L’AUDIT EXTERNE FINANCIER ET COMPTABLE DU PROJET FORÊT ET DIVERSIFICATION ÉCONOMIQUE (PFDE) : FONDS DE PRÉPARATION DU PROJET ET EXERCICE 2013 »
1. Le Gouvernement de la République du Congo a obtenu auprès de l’Association Internationale de Développement (IDA) un Crédit (n°5121-CG) pour financer les activités du Projet de Forêt et Diversification Economique (PFDE), et a l’intention d’utiliser une partie du montant dudit Crédit pour financer les services de consultants ci-après : « Audit externe financier et comptable du Projet Forêt et Diversification Economique-Fonds de Préparation du Projet et Exercice 2013 » 2. L’objectif de l’audit financier et comptable est de permettre d’exprimer une opinion professionnelle et indépendante sur la situation financière du projet pour la période concernée et de s’assurer que les ressources mises à la disposition du Projet sont utilisées aux fins pour lesquelles elles ont été octroyées. 3. L’Unité de coordination du PFDE, chargée par le Ministère de l’Economie Forestière et du Développement Durable de la mise en œuvre dudit projet, invite les cabinets d’audit intéressés à manifester leur intérêt pour les services décrits ci-dessus et à fournir les informations indiquant qu’ils ont la capacité technique d’exécuter lesdits services (note de présentation du cabinet, missions d’audit exécutées,…).
JEUNE AFRIQUE
4. Sur cette base, les consultants seront sélectionnés conformément aux Directives de la Banque «Sélection et Emploi des Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale de janvier 2011 ». 5. Les consultants désireux d’obtenir des informations complémentaires peuvent s’adresser à l’Unité de Coordination du PFDE, à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables. Les Termes de Références peuvent être consultés à la même adresse. 6. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées sous pli fermé ou en version électronique à l’adresse ci-dessous, au plus tard, le 04/10/2013 à l’adresse ci-après : PROJET FORÊT ET DIVERSIFICATION ÉCONOMIQUE UNITÉ DE COORDINATION DU PROJET, Case J-142/V, OCH Moungali III - Tél. : (242) 05 616 95 74/06 817 06 33 - Courriel : pfdecongo2011@yahoo.com Brazzaville, le 13 septembre 2013 Fidèle NKOUNKOU Coordonnateur du PFDE
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Appel d’offres - Manifestation d’intérêt
3. Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir des informations complémentaires à l’adresse suivante pendant les heures de bureau : lundi à vendredi de 9h00 (8h00 GMT+1) à 16h00 (15h00 GMT+1), Commission de la CEDEAO, Direction de l’Administration générale, Division de la Passation des Marchés, 1er étage, Plot 101, Yakubu Gowon Crescent, Asokoro District, PMB 401 Abuja Nigéria. E-mail : procurement@ecowas.int
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Annonces classées RÉPUBLIQUE DU BURUNDI
PROJET DE DÉVELOPPEMENT DES SECTEURS FINANCIER ET PRIVÉ (PSD) AVIS D’APPEL D’OFFRES FOURNITURE D’UN LOGICIEL DU SYSTÈME INTÉGRÉ DE PAIEMENT ATS (AYANT COMME COMPOSANTES LA COMPENSATION ÉLECTRONIQUE /AUTOMATED CLEARING HOUSE - ACH, Y COMPRIS LA SOLUTION DE SCANNÉRISATION DES CHÈQUES ET LE SYSTÈME DE PAIEMENT DE GROS MONTANTS EN TEMPS RÉEL / REAL TIME GROSS SETTLEMENT – RTGS) ET D’UN LOGICIEL DU SYSTÈME DÉPOSITAIRE DES TITRES (CSD)
Appel d’offres
N° DU CRÉDIT IDA H6590 - AOI N° PSD/002/F/2013 Le présent marché est un marché de fourniture de biens et services à la Banque de la République du Burundi (BRB), à exécuter en un seul lot, la finalité devant être la fourniture, l’installation, l’implémentation, le support et la maintenance d’un logiciel du système intégré de paiement ATS ayant comme composantes la compensation électronique (Automated Clearing House–ACH) et le système de paiement de gros montants en temps réel (Real Time Gross Settlement-RTGS) et d’un logiciel du système Dépositaire Central des Titres (CSD). 1. Le présent Avis d’appel d’offres (AAO) fait suite à l’Avis général de passation de marché du projet indiqué ci-dessus publié dans le journal Development Business, le 08 juillet 2010. 2. Le Gouvernement de la République du Burundi a obtenu un Don de l’Association Internationale de Développement (IDA) pour financer le Projet de Développement des Secteurs Financier et Privé (PSD) et a l’intention d’utiliser une partie du montant de ce Don pour effectuer les paiements au titre de l’accord résultant du présent AOI : « Fourniture, installation, implémentation, support et maintenance d’un logiciel du système intégré de paiement ATS ayant comme composantes le système de compensation électronique (Automated Clearing House - ACH) et le système de paiement de gros montants en temps réel (Real Time Gross Settlement-RTGS) et d’un logiciel du système Dépositaire Central des Titres (CSD) / AOI N°PSD/002/F/2013. 3. Le Projet de Développement des Secteurs Financier et Privé (PSD) est l’agence d’exécution pour le Marché et invite, par le présent Avis d’appel d’offres, les candidats remplissant les conditions requises à présenter une offre sous pli fermé et cacheté pour la fourniture de biens et services à la Banque de la République du Burundi, à exécuter en un seul lot. Le marché vise la fourniture, l’installation, l’implémentation, le support et la maintenance d’un logiciel du système intégré de paiement ATS (ayant comme composantes le système de compensation électronique (Automated Clearing House – ACH, y compris la solution de scannérisation des chèques) et le système de paiement de gros montants en temps réel (Real Time Gross Settlement – RTGS) et d’un logiciel du système Dépositaire Central des Titres (CSD). Concrètement, le présent marché consiste à : a) Fournir, installer, implémenter et assurer le support et la maintenance d’un logiciel du système de paiement intégré ATS (ayant comme composantes le système de compensation électronique (Automated Clearing House – ACH, y compris la solution de scannérisation des chèques - matériel et logiciel) et le système de paiement de gros montants en temps réel (Real Time Gross Settlement – RTGS) ; b) Fournir, installer, implémenter et assurer le support et la maintenance d’un logiciel du système Dépositaire Central des Titres (CSD) totalement intégré au système ATS ; c) Assurer les services d’implémentation des systèmes ATS et CSD d) Fournir les spécifications fonctionnelles et techniques détaillées du système intégré ATS et du système CSD complémentaire ainsi que le paramétrage et les éditions ; e) Développer et fournir tous les interfaces (format des messages échangés et cinématique des échanges) entre les systèmes suivants (voir document en Annexe 4 du DAO) : i) Les composantes ACH et RTGS du système ATS entre elles ; ii) Le système intégré ATS (RTGS et ACH (y compris la solution de scannérisation) et le Système d’Information Bancaire (SIB) en cours de mise en place, pour l’interfaçage des modules traitant des opérations bancaires et le module de la comptabilité ;
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iii) Le système intégré ATS et le système CSD intégré à l’ATS ; iv) La composante RTGS de l’ATS et le système monétique en cours de mise en place (les spécifications fonctionnelles et techniques de ce système seront fournies lorsque ce dernier sera en cours de finalisation et avant sa mise en production) ; v) Le système RTGS de l’ATS et le système de paiement régional EAPS de l’EAC dont les spécifications techniques du système EAPS sont en Annexe 1 du DAO ; vi) Le système RTGS de l’ATS et le système de paiement régional REPSS du COMESA dont les spécifications techniques sont en Annexe 2 du DAO ; vii) Le système ATS/CSD avec les systèmes d’information bancaires des participants. Le fournisseur choisi travaillera avec les banques commerciales en fournissant, sans frais supplémentaires, les spécifications complètes d'interfaces pour la mise en œuvre du STP et fournira tout le soutien technique et des conseils nécessaires au cours du processus de mise en œuvre ; viii) Une interface entre le futur système du Trésor (Ministère des Finances) et le système d’information de l’Office Burundais des Recettes (OBR) ; • Assurer la formation des utilisateurs finaux et des personnels techniques. Fournir les supports de formation du personnel d’administration, des informaticiens de la BRB et des utilisateurs de la BRB et des participants ; • Mise à disposition de la BRB de la documentation complète ; • Transmettre aux équipes de projet des connaissances nécessaires pour le démarrage, l’apprentissage, les tests pilotes et l’exploitation du (des) logiciel(s) ; • Assurer l’assistance à l’élaboration des scénarii de tests de recette fonctionnelle et l’assistance à la réalisation des tests d’acceptation du système central ATS/CSD, des plateformes de connexions avec les participants, des interfaces avec le SIB de la BRB, le système monétique (dont les spécifications fonctionnelles et techniques seront fournies quand le système sera prêt pour la production), le système RTGS de l’ATS et le CSD, le système RTGS de l’ATS et les systèmes régionaux EAPS de l’EAC et REPSS du COMESA. Dans ce cadre, il est attendu du fournisseur un document de conception détaillé des tests de mise en œuvre, des tests d’acceptation et du démarrage opérationnel ; • Fournir l’assistance au démarrage (constitution du référentiel de départ, exploitation conjointe pendant un mois) ; f) Fournir la garantie et la maintenance des progiciels, logiciels et postes de numérisation de la BRB ; g) Assurer le support pour une période de quatre (4) ans à compter de la date d’expiration de la garantie. Il y aura, dans ce cadre, un contrat de garantie de tous les matériels et logiciels fournis pendant deux ans à compter de la date de réception définitive du système en indiquant les conditions détaillées. Il faudra également un projet de contrat de maintenance après les deux années de garantie ; h) Fournir le certificat de dépôt auprès d'un tiers de confiance des sources de l'intégralité des logiciels fournis pour l'ensemble du système livré en production, dont la BRB possèdera l’entière propriété en cas de faillite du fournisseur. Des renseignements complémentaires sur le contenu du présent dossier d’appel d’offres peuvent être obtenus en adressant un courrier électronique au Projet de Développement des Secteurs Financier et Privé (PSD), Immeuble SOCAR, jonction Bld de l’Indépendance et Avenue d’Italie, B.P. 1590 Bujumbura, BURUNDI, Tél : (257) 22 24 9595, Fax : (257) 22 24 9592, E-mail : page@page.bi, Site web : www.psd.bi, avant le 04 octobre 2013. 4. Le processus se déroulera en une étape conformément aux procédures d’appel d’offres international (AOI) décrites dans les Directives : Passation des marchés
JEUNE AFRIQUE
Annonces classées
financés par les prêts de la BIRD et les crédits de l’IDA de la Banque Mondiale édition Mai 2004, révisée en octobre 2006 et Mai 2010. Sont admis à soumissionner tous les candidats des pays satisfaisant aux critères de provenance énoncés dans les Directives et répondant aux critères de qualification minimums suivants : • Un chiffre d’affaires annuel moyen de 6 millions de USD pour les 3 derniers exercices sur base des 3 derniers rapports annuels et comptes annuels certifiés par des commissaires aux comptes et/ou par des auditeurs externes reconnus internationalement (bilan et comptes de résultats) ; • Une liste de 2 références, dans des pays différents, pour des systèmes intégrés ATS et CSD exécutées durant les 6 dernières années auprès des Banques Centrales (fournir les données relatives à la taille du marché, la description du projet, les coordonnées du client - nom, adresse, personne à contacter avec n° de téléphone, adresse email, etc.-, le coût du logiciel, celui de l’implémentation et la durée de cette dernière en mois-calendrier) ; • Les attestations de bonne fin de ces missions similaires, exécutées, démontrant la capacité du soumissionnaire à maîtriser l’ensemble des diverses technologies et services nécessaires pour la mise en œuvre de solutions ATS (ACH/RTGS) et CSD ; • La preuve de certification des logiciels ATS et CSD proposés et du partenariat entre la firme soumissionnaire et la firme éditrice des logiciels au cas où ces deux maisons seraient différentes ; • La preuve que les consultants alignés par le soumissionnaire sont certifiés par l’(les) éditeur(s) du (des) logiciel(s) selon leurs domaines de compétence métiers et techniques respectifs ; • Les qualifications du personnel aligné par le soumissionnaire. 5. Les candidats intéressés remplissant les conditions requises peuvent obtenir un complément d’information auprès du Projet de Développement des Secteurs Financier et Privé (PSD) et peuvent examiner le Dossier d’appel d’offres à l’adresse indiquée ci-aprèsde 8H00 à 17H00 (heure locale) : Mr Jérôme SIBOMANA Le Projet de Développement des Secteurs Financier et Privé (PSD) Immeuble SOCAR, jonction Bld de l’Indépendance
et Avenue d’Italie, B.P. 1590 Bujumbura, BURUNDI Tél : (257) 22 24 9595, Fax : (257) 22 24 9592 E.mail : page@page.bi - Site web : www.psd.bi 6. Les candidats intéressés peuvent également acheter un jeu complet de documents d’appel d’offres rédigés en Français sur demande écrite à l’adresse indiquée ciaprès moyennant paiement d’un montant non remboursable de 200 000 BIF ou l’équivalent en toute autre monnaie librement convertible. Le paiement devra être effectué par versement au compte n° IBB 701-2553001-81 ouvert à INTERBANK BURUNDI au nom du Projet de Développement des Secteurs Financier et Privé (PSD). 7. Une réunion préparatoire à la soumission des offres à laquelle sont invités les soumissionnaires intéressés aura lieu le 01 octobre 2013 à 09 heures (heure locale) à la Banque de la République du Burundi. 8. Les offres doivent être envoyées à l’adresse indiquée ci-après au plus tard le 25/10/2013 à 10h00 (heure locale). Elles doivent être accompagnées d’une garantie d’offre d’un montant minimum de 30.000 USD ou d’un montant équivalent en monnaie librement convertible. Les offres reçues après le délai fixé seront rejetées. Les plis seront ouverts en présence des représentants des Soumissionnaires qui décident d’assister à la séance d’ouverture à l’adresse indiquée ci-après le 25/10/2013 à 10h00 (heure locale). 9. On appelle l’attention des Soumissionnaires éventuels sur le fait : i) qu’il leur sera demandé, dans le cadre de leur soumission, de certifier que tous les logiciels sont couverts par une licence valide ou ont été produits par eux ; et ii) que les infractions seront considérées comme des cas de fraude pouvant donner lieu, entre autres sanctions, à l’exclusion du Soumissionnaire concerné de toute participation future à des marchés financés par la Banque mondiale. Mr Jérôme SIBOMANA Projet de Développement des Secteurs Financier et Privé (PSD) Immeuble SOCAR, jonction Bld de l’Indépendance et Avenue d’Italie, B.P. 1590 Bujumbura, BURUNDI Tél : (00257) 22 24 9595, Fax : (00257) 22 24 9592 E-mail : page@page.bi - Site web : www.psd.bi
AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL : N° 027/UGP/FM/CC/A2/2013 SOURCE DE FINANCEMENT : FONDS MONDIAL NUMÉRO ET NOM DU PROJET : ZAR-911-G14-T APPUI A LA LUTTE CONTRE LA TUBERCULOSE DATE DE PUBLICATION : 05 SEPTEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
Série 9 Numéro de compte°: 101-1018852-56 USD. Le dossier complet sera retiré moyennant présentation de la preuve de paiement de la banque à l’adresse ci-dessus. Le dossier complet du dossier d’appel d’offre peut être transmis aux soumissionnaires par voie électronique. Les offres doivent être envoyées à l’adresse indiquée ci-dessus jusqu’au 22 octobre 2013 à 10 heures, heures locales. Elles doivent être accompagnées d’une garantie bancaire de soumission d’un montant de 5 000 USD (Cinq mille dollars américains). Les offres hors délais ne seront pas acceptées à la réception et les offres non accompagnées de la garantie bancaire de soumission exigée ne seront pas analysées. L’ouverture publique des offres se fera en présence des soumissionnaires ou de leurs représentants qui désirent assister à la séance, le 22 octobre 2013 à 10 h 30 minutes’ locale à l’adresse indiquée ci-haut. Toutes les questions peuvent être posées directement par téléphone ou e-mail à la cellule de GAS aux coordonnées suivantes : Serge KALUME Téléphone: 243 815086620; 243 970789308 E-mails : sergekalume@yahoo.fr ; skalume@caritasdev.cd Fait à Kinshasa, le 5 septembre 2013 Dr Bruno NYENGE MITEYO Secrétaire Exécutif
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Appel d’offres
AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL POUR FOURNITURE ET LIVRAISON DES TESTS DE DÉPISTAGE VIH ET CONSOMMABLES, MASQUES DE PROTECTION INDIVIDUELLE DES PATIENTS TUBERCULEUX ET RESPIRATEURS POUR PERSONNEL SOIGNANT LES TUBERCULEUX MULTI RÉSISTANTS
Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu une subvention du Fonds Mondial dans le cadre du Round 9, de la composante Tuberculose. CARITAS CONGO ASBL a été désignée Principal Récipiendaire (PR) pour la mise en œuvre des activités de lutte contre la Tuberculose Conformément à la proposition de la RD Congo acceptée et subventionnée par le Fonds Mondial. CARITAS CONGO ASBL se propose d’utiliser une partie du montant de cette subvention pour effectuer les paiements autorisés au titre du marché de « Avis d’Appel d’Offres pour Fourniture et Livraison des tests de dépistage VIH, consommables et Masques de protection individuelle des patients tuberculeux et respirateurs pour personnel soignant les Tuberculeux multi résistants ». Ce marché se présente en trois lots différents : Lot 1 : Tests de dépistage VIH et consommables Lot 2 : Masques de protection individuelle des patients tuberculeux Lot 3 : Respirateurs pour personnel soignant les tuberculeux multi résistants Les candidats intéressés peuvent acheter le dossier d’appel d’offres rédigé en Français, à l’adresse indiquée ci-après: CARITAS CONGO ASBL 26, avenue Basoko, Kinshasa/Gombe moyennant paiement d’un montant non remboursable de Deux Cent dollars américains (200,00 USD). Le paiement devra être effectué uniquement par voie bancaire aux coordonnées suivantes : Banque BCDC Compte : Caritas Congo asbl/Fonds Mondial Tuberculose
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Annonces classées Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) - Yaoundé - Cameroun Projet de Renforcement des Capacités des Institutions Régionales de la CEMAC (P099833) Crédit IDA n° : 45290 – RAF et Don IDA n° H 4340 RAF
AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL (AAOI) N° 003.1/COBAC-BEAC/PRCIRC/UGRIF/2013/AOI MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME INTÉGRÉ DE PRODUCTION (SIP) 1. Le présent avis d’appel d’offres fait suite à l’Avis Général de Passation des Marchés du Projet indiqué ci-dessus publié dans le journal Development Business n° 775 du 31 mai 2010. 2. La Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) a reçu un crédit et un don de l’Association Internationale pour le Développement pour financer le Projet de Renforcement des Capacités des Institutions Régionales de la CEMAC, et a l’intention d’utiliser une partie du don pour effectuer des paiements au titre du présent appel d’offre n° 003.1/COBAC-BEAC/ PRCIRC/UGRIF/2013 /AOI pour la mise en place d’un système intégré de production pour le compte de la COBAC. 3. Le Secrétariat Général de la COBAC, à travers l’Unité de Gestion des Réformes des Institutions Financières (UGRIF), agence d’exécution du Projet, invite, par le présent Avis d’appel d’offres, les candidats remplissant les conditions requises à présenter une offre sous pli cacheté pour la mise en place un système intégré de production.
Appel d’offres
Le Système cible sera articulé autour d’une plate-forme informatique gérant le cycle de vie des établissements de crédit (de la création à la liquidation en prenant en compte toutes les opérations de contrôle) qui respectera les standards techniques courants. Ce système comprend essentiellement les modules suivants : • Module Collecte, Exploitation et Restitution aux Banques et établissements financiers des Etats Réglementaires • Module Gestion Administrative (Avis conformes, autorisations préalables, recueil de textes, fiche signalétique des établissements, Information préalable) • Module d’auto-évaluation et d’évaluation de la mise en œuvre des règlements • Module de contrôle sur place • Module de gestion des paramètres transversaux 4. Le processus se déroulera conformément aux procédures d’appel d’offres international (AOI) décrites dans les Directives : Passation des marchés financés par les prêts de la BIRD et les crédits de l’IDA de la Banque mondiale, édition de Mai 2004, révisées en octobre 2006, affichées sur le site Web : www.worldbank.org Sont admis à soumissionner tous les candidats des pays satisfaisant aux critères de provenance énoncés dans les Directives et répondant aux critères de qualification minimums suivants : • Chiffre d’affaires moyen de trois (03) dernières années au moins égal à deux millions (2 000 000) US dollars ; • Le soumissionnaire a exécuté au moins deux (2) marchés similaires au cours des cinq (05) dernières années (2008, 2009, 2010, 2011, 2012) ; joindre les procès-verbaux de réceptions provisoires et/ou définitives dûment signés par les membres des commissions de réception. 5. Les candidats intéressés remplissant les conditions requises pourront obtenir un complément d’information auprès du Secrétariat Général de la COBAC et de l’UGRIF, et consulter le dossier d’appel d’offres du lundi au vendredi entre 9 heures à 14 heures à l’adresse suivante :
N° 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Unité de Gestion des Réformes des Institutions Financières (UGRIF) A l’attention de Monsieur le Coordonnateur de l’UGRIF 736, avenue Monseigneur Vogt, B.P. : 1917 Yaoundé - CAMEROUN Tél : (+237) 22 23 40 30/60, Fax : (+237) 22 23 33 29, Email : adoum@beac.int Avec copie aux : Secrétariat Général de Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) Tél : (+237) 22 23 40 30/60, Fax : (+237) 22 23 33 29 Email : cobac@camnet.cm Messieurs Joseph Henri IKORI à YOMBO, Mail : ikori@beac.int Denis LENDJONDJO, Mail : lendjondjo@beac.int 6. Les candidats intéressés peuvent également acheter un jeu complet de documents d’appel d’offres rédigés en français, sur demande écrite à l’adresse indiquée ci-dessus moyennant paiement d’un montant non remboursable de cent cinquante mille (150 000) Francs CFA ou de deux cent trente (230) euros. Le paiement devra être effectué par versement direct en espèces, remise de chèque ou versement sur le compte du Projet, contre récépissé. Une réunion préparatoire à la soumission des offres à laquelle pourront assister les soumissionnaires intéressés aura lieu le 10 octobre 2013 à 10 heures dans les locaux de la BEAC à Yaoundé. 7. Les offres doivent être envoyées à l’adresse indiquée ci-après, au plus tard le 14 novembre 2013 à 10 heures. Elles doivent être accompagnées d’une garantie d’offre d’un montant minimum de Dix millions (10 000 000) Francs CFA ou d’un montant équivalent en monnaie librement convertible. Les offres reçues après le délai fixé seront rejetées. Les plis seront ouverts en présence des représentants des Soumissionnaires qui décident d’assister à la séance d’ouverture à l’adresse indiquée ci-après (adresse à la fin du document), le 14 novembre 2013 à 11 heures. 8. On appelle l’attention des Soumissionnaires éventuels sur le fait : i) qu’il leur sera demandé, dans le cadre de leur soumission, de certifier que tous les logiciels sont couverts par une licence valide ou ont été produits par eux ; ii) qu’il pourra leur être demandé de faire une démonstration sur les produits proposés iii) et que les infractions seront considérées comme des cas de fraude pouvant donner lieu, entre autres sanctions, à l’exclusion du Soumissionnaire concerné de toute participation future à des marchés financés par la Banque mondiale. Adresse de dépôt des offres : Secrétariat général de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) Immeuble de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) 736, avenue Monseigneur Vogt, B.P. : 1917 Yaoundé - CAMEROUN Tél : (+237) 22 23 40 30/60, Fax : (+237) 22 23 33 29 A l’attention de Monsieur Le Secrétaire Général de la COBAC
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BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT AGENCE TEMPORAIRE DE RELOCALISATION - DÉPARTEMENT DES SERVICES GÉNÉRAUX ET DES ACHATS
Division des achats institutionnels et de Ia Iogistique Fax : + (216) 71 835 249 / e-mail : tender@afdb.org - 11 Septembre 2013
AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL TRAVAUX DE RÉNOVATION DE LA CITÉ BAD À ABIDJAN — CÔTE D’IVOIRE AOI N° : ADB/ICB/CGSP/2013/0133 1. La Banque Africaine de Développement invite, par le présent Appel d’offres, les soumissionnaires éligibles à présenter leurs offres sous pli fermé, pour la réalisation des travaux de réhabilitation de la cité BAD en trois lots : Lot 1 : Rénovation des bâtiments A à E ; Lot 2 : Rénovation du bâtiment F ; Lot 3 : Rénovation des bâtiments G et H et VRD ; Les entreprises éligibles peuvent soumissionner pour des lots individuels et pour toute combinaison de lots. L’Appel d’Offre International se déroulera conformément aux Règles et Procédures internes pour les acquisitions de biens et travaux à l’usage de la Banque.
3. Afin de permettre aux soumissionnaires de mieux préparer leurs offres en ayant une vue sur l’étendue du marché et disposer de toutes les informations nécessaires, une visite des lieux non-obligatoire suivie d’une conférence avant la soumission est prévue le 26 septembre 2013 à 10 heures. Pour ce faire, les représentants des soumissionnaires seront invités à se présenter à 9h45 devant la Cité BAD sise à Abidjan, Cocody (Côte d’Ivoire). 4. Les offres doivent être déposées à l’adresse indiquée ci-dessus au plus tard le 24 octobre 2013 à 15h GMT et être accompagnées d’une garantie de soumission d’un montant au moins égal à : Lot 1 : Trente·cinq mille (35 000) Euros Lot 2 : Quinze mille (15 000) Euros Lot 3 : Quarante-cinq mille (45 000) Euros Pour l’ensemble des lots : Soixante-dix mille (70 000) Euros Ou leur équivalent dans une monnaie librement convertible. 5. Les offres doivent être valides durant une période de 120 jours suivant la date limite de dépôt des offres. 6. Les plis seront ouverts publiquement, en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent être présents à l’ouverture, le 24 octobre 2013, à 15h30mn au 5e étage - Bureau 504 Immeuble CRRAE·UMOA, Boulevard BOTREAUROUSSEL, Abidjan. 7. Toute offre soumise en retard sera rejetée. JEUNE AFRIQUE
N° 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Appel d’offres
2. Sont éligibles, les entreprises ou groupements d’entreprises constitués conformément à la législation d’un pays membre de la BAD. Le dossier complet d’appel d’offres est téléchargeable sur le site web de la Banque à l’adresse suivante : http://www.afdb.org/en/about-us/corporate-procurement/procurement-notices/current-solicitations. Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires en adressant une demande à l’adresse e-mail suivante: tender@afdb.org.
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Annonces classées ISLAMIC REPUBLIC OF MAURITANIA - MINISTRY OF PETROLEUM, ENERGY AND MINES COMMITTEE RESPONSIBLE FOR THE ATTRIBUTION OF THE CONCESSION OF THE NOUADHIBOU AND NOUAKCHOTT PETROLEUM STORAGE FACILITIES
INTERNATIONAL REQUEST FOR PROPOSALS FOR THE IMPLEMENTATION OF A PUBLIC-PRIVATE PARTNERSHIP FOR THE OPERATION, THE REHABILITATION AND THE EXTENSION OF NOUAKCHOTT AND NOUADHIBOU STATE-OWNED HYDROCARBON STORAGE FACILITIES
Divers - Avis de pré-qualification
NOTICE OF PRE-QUALIFICATION 1. The Government of the Islamic Republic of Mauritania launches this Notice of pre-qualification in the process of an International Request for Proposal (“RfP”) for the implementation of a Public-Private Partnership (“PPP”) for the operation, the rehabilitation and the extension of Nouakchott and Nouadhibou state-owned liquid hydrocarbons storage facilities. 2. The committee responsible for the attribution of the concession of Nouadhibou and Nouakchott hydrocarbon storage facilities (hereafter "CMCD") is in charge of the pre-qualification of potential investors who are interested in submitting requests to the aforementioned RfP. 3. Potentially interested companies and consortia are invited to submit their applications in accordance with the instructions given in the Pre-qualification Document, and in particular under the conditions referred to in paragraph 5 (see below). 4. The candidate and the consortium leader both have to be legal entities established under the laws of corporations in their countries of origin. However, individuals may participate as part of a consortium, but not as leaders. In case of a consortium, all members are jointly liable and the team leader of the consortium must have been operating for at least five (5) years a liquid hydrocarbon and / or LPG storage facility with a capacity greater than or equal to 50,000 cubic meters. To be pre-qualified, the candidate must meet the requirements listed below: a) Experience in relation to the envisaged PPP The candidate (or in case of a consortium, the leader) must have been operating in the last five years liquid petroleum products and / or LPG storage facility(ies) with capacity equal to or exceeding 50,000 cubic meters. The experience of the candidate must include the previous achievement of a rehabilitation and / or expansion of capacity of liquid hydrocarbon or LPG storage facilities greater than or equal to 50,000 cubic meters. To attest the veracity of its statement, the candidate must provide the following documents: i) A certificate issued by an official authority of the country where storage facilities are located and where the candidate operates. This certificate must indicate that the candidate has been operating these facilities satisfactorily for at least five (5) years and the total volume of these storage facilities; ii) A certificate issued by an official authority or internationally renowned supervisory body certifying that the candidate or the member of the consortium, satisfactorily performed rehabilitations and / or reported extensions. b) Financial situation The candidate must provide certified and audited balance sheets (or, if this document is not required by its country’s regulatory body, other financial statements) for the past five years demonstrating the current soundness of the candidate’s financial situation. In case of a consortium, these balance sheets or financial statements must be provided for each member of the consortium. 5. Prospective investors willing to obtain the Pre -qualification Document must apply by email to Mr. President of the CMCD at the following address: Department of Refined Hydrocarbons - Ministry of Petroleum, the Energy and Mining (“Direction des Hydrocarbures raffinés – Ministère du Pétrole, de l’Energie et des Mines”), Nouakchott – Mauritania – Phone Number: (222) 45 25 39 87 - Fax: (222) 45 25 39 87 – email addresses: cheikhsidahmed013@yahoo.fr and mmazizsidi@yahoo.fr The application for the Pre-qualification Document must bear the name and address of the potential investor, the first and last names of its representatives and the email address where the document can be sent. Any interested investor must specify in its email applying for the Pre -qualification document if it is requesting the document on his behalf or on behalf of a consortium. On a purely informative basis, in case of a consortium of investors, a list of the members of the consortium must be submitted with the application 6. Applications must be submitted in a closed and sealed envelope, and shall be received by the CMCD no later than on October 3rd, 2013 at 4pm (Mauritania time) at the address below: Monsieur le Président de la CMCD - Direction des Hydrocarbures raffinés – Ministère du Pétrole, de l’Energie et des Mines Nouakchott - Mauritanie - Phone : (222) 45 25 39 87 - Fax : (222) 45 25 39 87 e-mail : cheikhsidahmed013@yahoo.fr ; mmazizsidi@yahoo.fr. 7. The CMCD reserves itself the right to request any additional information to investors to check the relevance of the application (commercial information, websites…) before sending the Pre–qualification document. Any rejection of an application will be duly justified. The decision, taken by the CMCD, to reject an application, is definitive and not subject to appeal. Nouakchott, September 4, 2013 President of the CMCD Cheikh Ould Sid’Ahmed
M. Philippe MERTILLO Tel : +33 683 883 238 phmertillo@gmail.com IBC Registred N° 114822 Mahé - Victoria - Seychelles
"L'ELEVAGE RENTABLE" Aide à la décision d'investissement Stratégie de développement Contrôle de la filière N° 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
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RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE - MINISTÈRE DU PÉTROLE, DE L’ÉNERGIE ET DES MINES COMMISSION CHARGÉE DE LA MISE EN OEUVRE DU PROCESSUS DE MISE EN CONCESSION DES DÉPÔTS PÉTROLIERS DE NOUADHIBOU ET DE NOUAKCHOTT
APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL POUR LA MISE EN PLACE D’UN PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ POUR L’EXPLOITATION, LA RÉHABILITATION ET L’EXTENSION DES INSTALLATIONS DE STOCKAGE DE PRODUITS PÉTROLIERS PROPRIÉTÉ DE L’ÉTAT DE NOUAKCHOTT ET DE NOUADHIBOU
AVIS DE PRÉ-QUALIFICATION
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JEUNE AFRIQUE
The Africa Rice Center (AfricaRice, ex-WARDA) wishes to recruit: => A Logistics Coordinator => A Procurement & Supplies Manager About AfricaRice AfricaRice is one of the 15 international agricultural research Centers that are members of the CGIAR Consortium. It is also an autonomous intergovernmental association of African member countries. Further details can be obtained from the AfricaRice website at www.AfricaRice.org. N° 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Avis de pré-qualification - Recrutement
1. Le Gouvernement de la République Islamique de la Mauritanie lance le présent Avis de pré-qualification dans le cadre du processus de l’Appel d’Offres International (AOI) pour la mise en place d’un partenariat public-privé pour l’exploitation, la réhabilitation et l’extension des infrastructures de stockage de produits pétroliers liquides de Nouakchott et de Nouadhibou appartenant à l’Etat mauritanien. 2. La commission chargée de la mise en oeuvre du processus de mise en concession des dépôts pétroliers de Nouadhibou et de Nouakchott ci-après dénommée « CMCD » est chargée notamment de la pré-qualification des investisseurs potentiels qui seront intéressés à présenter des offres dans le cadre dudit AOI. 3. Les sociétés et groupements potentiellement intéressés sont invités à présenter leurs dossiers de candidature conformément aux indications figurant dans le Dossier de Pré-qualification qui peut être sollicité dans les conditions visées au point 5 ci-dessous. 4. Le candidat et le chef de file du groupement doivent être des personnes morales constituées conformément aux lois des sociétés commerciales de leurs pays d’origine. Toutefois, des personnes physiques peuvent participer dans le cadre de groupements mais en aucun cas ne pourront être chef de file d’un groupement. En cas de groupement, toutes les parties membres sont responsables solidairement et le Chef de file du groupement doit exploiter depuis au moins cinq (5) ans un dépôt de produits pétroliers liquides et/ou de GPL d’une capacité supérieure ou égale à 50.000 mètres cubes. Pour être pré-qualifié, le Candidat devra satisfaire aux critères figurant ci-après : a) Expérience en rapport avec l’objet du PPP : Le candidat (ou en cas de groupement, le chef de file) doit être exploitant de dépôt(s) d’hydrocarbure(s) liquide(s) et/ou de GPL d’une capacité égale ou supérieure à 50.000 mètres cubes depuis au moins cinq (5) ans. Cette expérience doit inclure la réalisation par le passé d’une réhabilitation et/ou d’une extension de capacités de stockage d’hydrocarbures liquides ou de GPL égale ou supérieure à 50.000 mètres cubes. Pour attester la véracité de ses déclarations, le candidat devra fournir les documents suivants : i) Une attestation d’une Autorité officielle du pays dans lequel se trouvent les installations de stockage qu’il exploite. Cette attestation devra indiquer qu’il exploite lesdites installations de manière satisfaisante depuis au moins cinq (5) ans et le volume total des dépôts concernés ; ii) Une attestation d’une Autorité officielle ou d’un organisme de contrôle de renommée internationale attestant que le candidat ou le membre concerné du groupement, a réalisé de manière satisfaisante les réhabilitations et/ou les extensions déclarées. b) Situation financière : Le Candidat doit fournir les bilans (ou, si cela n’est pas requis par la réglementation du pays du candidat, autres états financiers) certifiés pour les cinq dernières années démontrant la solidité actuelle de la position financière du candidat. En cas de groupement, ces bilans ou états financiers doivent être présentés pour chacun des membres du groupement. 5. Les investisseurs potentiels souhaitant se procurer le Dossier de Pré-qualification doivent faire la demande par courrier électronique à l’adresse suivante : Monsieur le Président de la CMCD, à l’adresse suivante : Direction des Hydrocarbures raffinés – Ministère du Pétrole, de l’Energie et des Mines- Tél : (222) 45 25 39 87 – Fax : (222) 45 25 39 87- e-mail : cheikhsidahmed013@yahoo.fr ; mmazizsidi@yahoo.fr - Nouakchott - Mauritanie. La demande de Dossier de Pré-qualification doit contenir le nom et l’adresse complète de l’investisseur potentiel concerné, les noms et prénoms de son représentant et l’adresse internet où le dossier peut lui être transmis. Tout investisseur intéressé, doit mentionner dans sa demande de Dossier de Pré-qualification s’il demande ce dossier pour son compte ou pour le compte d’un groupement. Dans le cas où il s’agirait d’un groupement d’investisseurs, la liste des membres du groupement doit être transmise lors de la demande de dossier à titre purement informatif. 6. Les dossiers de candidature doivent être reçus par la CMCD sous pli fermé et cacheté, au plus tard le 03 octobre 2013 à 16 h 00 (heure de Mauritanie) à l’adresse indiquée ci-dessous : Monsieur le Président de la CMCD - Direction des Hydrocarbures raffinés – Ministère du Pétrole, de l’Energie et des Mines Nouakchott - Mauritanie - Phone : (222) 45 25 39 87 - Fax : (222) 45 25 39 87 e-mail : cheikhsidahmed013@yahoo.fr ; mmazizsidi@yahoo.fr 7. La CMCD se réserve le droit de solliciter des investisseurs concernés toute information complémentaire lui permettant de vérifier l’intérêt de la demande de dossier concernée (informations commerciales, sites internet, etc.) avant de remettre le Dossier de Pré-qualification. Tout rejet de remise de Dossier de Pré-qualification sera dument justifié. La décision de la CMCD concernant le rejet d’une demande de dossier est définitif et ne fait l’objet d’aucun recours. Nouakchott, Le 04 septembre 2013 Le Président de la CMCD Cheikh Ould Sid’Ahmed
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Annonces classées RÉPUBLIQUE DU MALI UN PEUPLE – UN BUT – UNE FOI
MINISTÈRE DE LA POSTE ET DES NOUVELLES TECHNOLOGIES
AVIS D’APPEL D’OFFRES OUVERT INTERNATIONAL DATE : 09/09/2013 - AAO N°: 13-001/AMRTP-DG
Divers - Appel d’offres
1. L’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et Postes (AMRTP) invite, par le présent Appel d’Offres ouvert international, les soumissionnaires éligibles selon les dispositions de l’article 18 du Décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de service public à présenter leurs offres sous pli fermé, pour : Lot : Fourniture, installation et mise en service d’un système de contrôle du trafic national & international et de lutte contre la fraude. 2. L’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et Postes s’est dotée, sur fonds propres, d’un budget pour la fourniture, l’installation et la mise en service d’outils de surveillance de la qualité de service des réseaux de télécommunications. 3. Les prestations prévues dans le cadre de ce marché sont à réaliser dans un délai maximum de trois (03) mois. 4. Les soumissionnaires intéressés à concourir peuvent obtenir des informations supplémentaires et examiner le Dossier d’Appel d’Offres dans les bureaux de : L’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/ TIC et Postes (AMRTP) ; Rue 390 Hamdallaye ACI 2000 BP: 2206, Bamako. 5. Le Dossier d’Appel d’Offres pourra être acheté par les candidats, sur demande au Département Administration et Finances de l’Autorité
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Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et Postes à l’adresse mentionnée ci-dessus et moyennant paiement d’un montant non remboursable de trois cent mille (300 000) Francs CFA. 6. Les clauses des Instructions aux soumissionnaires et celles du Cahier des Clauses Administratives Générales sont les clauses du Dossier Type d’Appel d’Offres ; Passation des Marchés de Fournitures, Août 2009, publié par la Direction Générale des Marchés Publics des Délégations de Service Public. 7. Toutes les offres doivent être déposées à l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et Postes (AMRTP). Rue 390 Hamdallaye ACI 2000 BP : 2206 Bamako, au plus tard le 22/10/2013 à 10 heures et être accompagnées d’une garantie d’offre d’un montant au moins égal à : vingt millions (20 000 000) de FCFA. Toutefois, les offres peuvent être reçues en salle, juste avant le début proprement dit d’ouverture des plis. 8. Les offres demeureront valides pour une durée de 90 jours à partir de la date d’ouverture des plis fixée au 22/10/2013 à 10 heures. 9. Les plis seront ouverts en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent être présents à l’ouverture, le 22/10/2013 à 10 heures, à l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications/TIC et Postes (AMRTP). Bamako, le 9 septembre 2013 Le Directeur Général de l’AMRTP Dr CHOGUEL K. MAIGA
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JEUNE AFRIQUE
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AFRICA RE La Société Africaine de Réassurance (Africa Re), Institution Financière Panafricaine appartenant à 41 Etats Membres de l’Union Africaine et à des Investisseurs Institutionnels internationaux (SFI ; DEG ; FMO ; PROPARCO ; BAD) dont le Siège se trouve à Lagos (République Fédérale du Nigéria), recherche un Directeur des Technologies de l’Information et de la Communication. Le Directeur des technologies de l’information et de la communication veille à ce que tous les centres de production, toutes les filiales et tous les départements centraux du Groupe bénéficient de tous les services dont ils ont besoin dans le domaine de l’information et de la communication pour la réalisation des objectifs de la Société. Ses Missions principales : 1. Evaluer, gérer et encadrer l’équipe informatique du Groupe autant pour les décisions techniques que pour la mise au point de solutions novatrices aux problèmes de la Société ; 2. Etablir un ordre de priorités pour les projets informatiques du Groupe et les gérer dans les délais prévus ; 3. Assurer le suivi de l’analyse et de la mise en œuvre des projets dans les délais impartis ; 4. Définir les besoins en ressources humaines de la Société pour la gestion et le traitement de l’information et assurer la formation en milieu professionnelle du personnel placé sous sa supervision directe ; 5. Assurer le suivi et la supervision des divisions informatiques ainsi que l’audit de l’information traitée pour assurer l’intégrité et l’exactitude des données ; 6. Veiller à ce que des politiques informatiques appropriées soient mises en place et appliquées au sein du Groupe. 7. Assurer le suivi, l’analyse et la mise en œuvre opportuns des projets ; Les candidats sont invités à visiter le site www.africa-re.com pour remplir le formulaire de candidature électronique disponible. Date limite de dépôt de dossiers : 15 Octobre 2013
Servir et représenter le plus vaste réseau humanitaire au monde
La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération internationale) est le plus vaste réseau humanitaire de volontaires au monde. Fondée en 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle a pour objectif d’aider les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à améliorer les conditions d’existence des personnes les plus vulnérables. L’assistance est fournie par les membres de la Fédération internationale sans discrimination et avec impartialité, sans distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance politique. La Fédération internationale compte actuellement 187 membres. Chaque année, elle vient en aide à 150 millions de personnes, en menant des opérations de secours en faveur des réfugiés et des personnes touchées par des catastrophes et des urgences sanitaires. Elle est responsable de la mobilisation de ressources dans le monde et aide les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à mener des programmes de développement visant à réduire la vulnérabilité et à promouvoir la dignité humaine au niveau local. Pour diriger son Secrétariat principal, à Genève (Suisse), la Fédération internationale recherche des candidats au poste de Secrétaire général. Le Secrétaire général apportera un leadership et une vision stratégiques à l’ensemble de l’organisation, afin de la préparer aux défis de demain dans un environnement en constante évolution. Il/elle a pour responsabilité globale de diriger et de gérer les activités de la Fédération internationale. Il/elle a notamment pour rôle de garantir l’efficacité de l’équipe du Secrétariat et un niveau élevé de performance. Les candidats seront dynamiques, orientés vers les résultats et animés par le sens de leur mission. Doués d’excellentes aptitudes à la communication et à la création de partenariats, ils auront des compétences avérées en matière de gestion d’une ou de plusieurs organisations internationales complexes et diverses. Un attachement sincère aux Principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et une solide aptitude à coopérer efficacement avec toutes les parties prenantes pertinentes sont des impératifs. Les candidats auront une bonne connaissance du secteur humanitaire, conjuguée à une culture du travail collectif et efficace et à de bonnes capacités de motivation. Ils seront à même d’exercer de l’influence, auront des talents de diplomate et la capacité de constituer et de guider des équipes diverses. La maîtrise de l’anglais est obligatoire et une bonne connaissance d’une autre langue de travail de la Fédération internationale serait un atout. La Fédération internationale a fait appel à Russell Reynolds Associates pour procéder à ce recrutement. Pour obtenir des informations complémentaires sur le poste, sur les qualifications requises et sur les modalités de candidature, consulter le site : www.rraresponses.com. Les candidatures doivent être envoyées à IFRC-SG@russellreynolds.com La date de clôture des candidatures est fixée au 6 octobre 2013.
JEUNE AFRIQUE
N° 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
Recrutement
Secrétaire général
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Vous & nous
Le courrier des lecteurs Envoyez-nous vos réactions, vos réflexions, vos coups de gueule ou de cœur à redaction@jeuneafrique.com ou au 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris.
Cameroun Libres, Ahidjo et Eto’o J’AI LU AVEC intérêt votre article intitulé « Aminatou Ahidjo veut tourner la page » (J.A. no 2748, du 8 au 14 septembre), qui revient sur l’adhésion de la fille de l’ex-président camerounais au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir). Certains, ignorant superbement l’âge de la concernée, n’y voient qu’une instrumentalisation orches-
trée par le régime en place. Adhésion d’un côté, démission de l’autre : celle de Samuel Eto’o, qui a décidé de quitter définitivement les Lions indomptables. Dans l’actualité camerounaise se retrouvent ainsi deux personnalités dont les histoires irritent, navrent ou fascinent, suivant qu’on perçoit en eux des anges ou des démons. Mais pourquoi le landernau camerounais, aussi secoué soit-il, ne considère-t-il pas simplement Ahidjo et Eto’o
comme des patriotes libres de leurs choix ? l SYLVAIN ETIENNE BAVINDI, Yaoundé, Cameroun
Israël Le masque du bourreau EN EXCLUANT formellement d’accorder tout financement ou prix à des entités israéliennes actives dans les territoires occupés, l’Union européenne (UE) décide, enfin, d’affirmer avec fermeté son opposition aux
L’essence de Transparency International LE « EN VÉRITÉ » de François Soudan dans le « Grand angle » consacré à Human Rights Watch (HRW, J.A. no 2747) appelle une réaction de ma part, en tant que cofondateur de Transparency International (TI). François Soudan prétend que HRW et TI « participent toutes deux […] du soft power de la diplomatie américaine et, pour la seconde, de la volonté des États-Unis d’imposer leur propre législation anticorruption ». S’agissant de TI, je m’inscris en faux contre cette argumentation. En effet, les initiateurs de la création de TI en 1993, à Berlin, étaient motivés par une longue et douloureuse expérience de coopération au développement ; Peter Eigen, premier président p J.A. no 2747, de TI, à la Banque mondiale, moi-même à la du 1er au 7 septembre 2013. Commission européenne, d’autres dans des contextes similaires. Nous pensions devoir créer une ONG après avoir constaté l’échec de toutes les tentatives pour faire attaquer le problème de la corruption transfrontalière par les autorités gouvernementales ou intergouvernementales […]. Sans cette motivation, TI n’existerait pas. Cela étant clarifié, nous avons effectivement bénéficié dès le départ d’un fort appui américain, en l’occurrence du business américain, soumis depuis 1977 au Foreign Corrupt Practices Act, qui rendait punissable la corruption de décideurs étrangers. En revanche, dans les autres grands pays exportateurs, notamment européens, la corruption à l’étranger ne relevait pas du droit pénal : les entreprises corruptrices pouvaient même déduire fiscalement les pots-de-vin comme « dépenses utiles ». Peu importe que la motivation américaine était de mettre fin à une discrimination par rapport aux concurrents européens, l’objectif, à savoir mettre fin à ces pratiques de corruption honteuses, était évidemment le même que celui que TI poursuivait. l DIETER FRISCH, cofondateur de Transparency International N O 2749 • DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2013
violations du droit international que constituent l’occupation israélienne des terres palestiniennes, libanaises et syriennes ainsi que leurs extensions quotidiennes en Cisjordanie. Colonisation brutale assortie de mesures que ne renieraient pas les plus fervents partisans de l’apartheid sud-africain, comme le démontre Israël, le nouvel apartheid (éd. Les liens qui libèrent, avril 2013), le livre de Michel Bôle-Richard, journaliste correspondant dans les deux pays. Et que répond le gouvernement israélien qui ne cesse de favoriser ces accaparements-expropriations par la force et les ségrégations qu’ils entraînent ? « Diktat sur nos frontières », se révolte Netanyahou, le Premier ministre; « attaque terroriste », reprend de concert l’inénarrable ministre de l’Économie, Naftali Bennett. Et de présenter la juste mesure comme une menace au processus de paix. Quand donc le bourreau cessera-t-il de masquer ses agissements illégaux en se posant en victime ? Quand donc les actuels dirigeants reconnaîtront-ils enfin clairement que la logique de guerre leur tient autant à cœur qu’ils se moquent de tout « processus de paix » avec leurs voisins ? l ANTOINE CHÂLUS, Vichy, France
Francophonie Athlétique désertion LA FUITE de dix athlètes congolais lors des derniers Jeux de la Francophonie à Nice (du 7 au 15 septembre) démontre, une nouvelle fois, qu’un effort de conscientisation des populations congol ai s e s re ste à f ou r n i r, parallèlement aux actions de développement économique. Considérée à Kinshasa comme le sixième chantier JEUNE AFRIQUE
Vous nous
du président Joseph Kabila, l’opération « changement de mentalité » a été confiée au ministère de la Nouvelle Citoyenneté,sansqu’onenvoie les effets pour l’instant. La mutation ne se fera peut-être pasdujouraulendemain,mais il est essentiel de l’accélérer. Toutcommeledéveloppement économique, d’ailleurs. Car les dix athlètes ne se seraient peutêtre pas évanouis dans la nature s’ils avaient été pris en charge non seulement dans le cadre de compétitions internationales, mais aussi de manière plus systématique, avec de bons salaires, dans les championnats locaux. On le sait bien, ventre affamé n’a point d’oreilles. l KAKEL MBUMB,
p Le Plus de J.A. no 2746, du 25 au 31 août 2013.
Précision
avait en effet donné une réponse plus longue
DANS « LE PLUS DE
précision. Peut-être et même sans doute
JEUNE AFRIQUE »
est-ce trop tôt pour en juger, car il n’est là que
consacré au Cameroun
depuis une dizaine de mois. Mais le ministère
(J.A. no 2746, du 25 au
fonctionne normalement (recettes, dépenses,
31 août, pp. 66-67),
monnaie, obligations, etc.), et cela ne me
l’article intitulé
semble pas être d’une évidence anodine,
« Alamine Ousmane
pour quelqu’un qui vient du secteur privé
Mey, Harpagon aux
sans expérience de l’administration,
Finances » cite de façon
de ses pesanteurs, de ses dinosaures et
partielle des propos
de ses rentiers. Si vous cherchez des actes
et plus nuancée : « Question difficile sans autre
du Pr. Roger Tsafack Nanfosso, de l’université
majeurs comme le point d’achèvement d’un
de Yaoundé II. Ce dernier souhaite que nous
de ses prédécesseurs ou l’emprunt obligataire
les rétablissions dans leur intégralité, estimant
réussi d’un autre, on n’en est pas encore là.
que, partiellement reproduits et sortis de
Pour l’instant, la seule image qu’on semble
leur contexte, ils ont pu être mal interprétés.
avoir de lui est celle d’une rupture avec le passé
À la question posée par notre collaborateur
par rapport à la dépense excessive du Minfi
Omer Mbadi : « Quelles décisions majeures
dans les domaines dont on pouvait douter
le ministre a-t-il prises ou pas, de votre point
de la pertinence (per diem, carburant, etc.)
de vue, depuis son arrivée au ministère des
et d’un ministère moins disert et moins
Finances (Minfi) ? », Roger Tsafack Nanfosso
communicant dans les médias. » l
Lubumbashi, RD Congo
Le Secteur Agroalimentaire: Un Catalyseur pour une Croissance Durable et Inclusive en Afrique
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OP
M
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6 - 9th octobre 2013 |Ser ena Hotel | Ki gali | Rwanda
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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL POLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE
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Post-scriptum Fawzia Zouari
Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (53e année) Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS Tél. : 01 44 30 19 60 ; Télécopieurs : rédaction : 01 45 20 09 69 ; ventes : 01 45 20 09 67 ; Courriel : redaction@jeuneafrique.com DIRECTION
La main dans la fiction
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HERS LECTEURS, les vacances sont terminées, et vous avez déjà beaucoup à faire. Mais je me permets de solliciter votre aide dans une affaire de… fiction. Il s’agit d’un scénario sur lequel travaille le cinéaste tunisien Ridha Behi pour son prochain film, qui s’intitulera « Au nom du fils ». Constatant qu’il hésitait entre deux fins possibles, je lui ai fait la proposition suivante. Imaginons une consultation auprès des lecteurs de Jeune Afrique. Comme l’histoire colle à l’actualité du Printemps arabe et qu’elle est fort bien documentée, ils tiendraient là une occasion de s’informer sur le sujet, tout en donnant leur point de vue.
Voici la trame du film : Salma, infirmière urgentiste, est la maman tunisienne d’un jeune garçon qui se fait enrôler par la mouvance salafiste et part rejoindre les rebelles syriens. Elle refuse de baisser les bras, à l’instar de nombreux parents qui, aujourd’hui, de Tunis à Bamako en passant par Paris, n’admettent pas que leurs enfants aillent tuer au nom d’Allah. Plus encore, Salma appartient à ces femmes modernes et responsables sur lesquelles la Tunisie a toujours compté dans ses épreuves, aujourd’hui plus que jamais. Notre mère courage décide donc de partir à la recherche de son garçon. Enquête sur les filières jihadistes, se fait passer pour une militante de la cause et franchit la frontière syrienne via la Turquie. Elle n’a aucun mal à se faire engager sur le terrain étant donné son profil d’urgentiste – utile aux blessés – et sa jolie silhouette – excellente pour la libido des combattants –, qui la rend « apte » au jihad al-nikah, pratique qui consiste pour toute bonne croyante à offrir son corps aux guerriers de l’islam… Salma travaille sous les ordres des barbus à qui elle cache sa véritable motivation. Au chevet des blessés, au milieu des concubines, ou derrière les fourneaux, son sérieux est à la mesure de son désir de retrouver son enfant qu’elle sait dans les parages. Et elle y parvient. C’est là, mes amis, que le cinéaste a esquissé deux fins à propos desquelles je demande votre avis : Option 1 – Après avoir été autorisée à gagner le front, Salma est faite prisonnière. Mais elle s’échappe, déguisée dans un uniforme de l’armée loyaliste. Son fils, posté sur le toit d’un immeuble, croit qu’il s’agit d’un soldat d’Assad, tire et la tue. Option 2 – Salma est assignée à la fonction d’assistante sexuelle. Le premier soldat pénètre dans la tente où elle se trouve. Puis le deuxième. Puis… son propre fils. Générique de fin. Vous me direz que je vous laisse le choix entre la peste et le choléra. Mais telle est la tragédie arabe d’aujourd’hui, où le happy end à l’égyptienne n’est plus qu’une vieillerie cinématographique. Pour le reste, il vous appartient de faire pencher la balance de la fiction d’un côté ou de l’autre et, quelque part, d’anticiper sur l’Histoire… Ridha Behi attend vos propositions. Merci ! l
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