tunIsIe FRAPPÉE AU CŒUR
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HeBDomADAIRe InteRnAtIonAL InDÉpenDAnt • 54e année • no 2757 • du 10 au 16 novembre 2013
ALGÉRIe BOUTEFLIKA ET LES GÉNÉRAUX
RDC-RWAnDA ENNEMIS INTIMES
sÉnÉGAL WADE, L’EXILÉ DE VERSAILLES
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La g&"rr" d" l’%'br" • IBK, la Fra!c" "# l" $ièg" #%&ar"g • C%''"!# I((%&f%& a libéré l"( %#ag"( Spécial 8 pages
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Ce que je crois Béchir Ben Yahmed • bby@jeuneafrique.com
SAMEDI 9 NOVEMBRE
Les « sous-off » du terrorisme
I
L Y A TOUT JUSTE DIXHUIT MOIS, le 2 mai 2011, les Américains ont tué Oussama Ben Laden, qu’ils avaient fini par localiser, et jeté son corps à la mer. Lui et son organisation, Al-Qaïda, leur avaient infligé, dix années auparavant, le 11 septembre 2001, une humiliation plus grande que celle que leur avaient fait subir les Japonais en décembre 1941 à Pearl Harbor : lancés sur New York et Washington, les avions-suicides d’Al-Qaïda ont fait en quelques heures près de 3 000 morts – et semé le désarroi aux plus hauts échelons du gouvernement américain. Dès le lendemain, le président des États-Unis, qui était alors George W. Bush, a lancé son pays dans ce qu’il a appelé, sans se donner la peine d’en élaborer le concept, « la guerre mondiale contre le terrorisme ». Bon gré mal gré, d’autres pays se sont engagés derrière l’Amérique dans cet affrontement sans frontières contre un adversaire insaisissable et mal défini. Et nous avons tous dû, depuis plus de dix ans, nous plier à des mesures de sécurité paralysantes et coûteuses, accepter une surveillance de tous les instants, de sévères limitations à nos libertés… Au début de 2009, George W. Bush a quitté le pouvoir après y avoir sévi pendant huit années au cours desquelles les États-Unis ont envahi et occupé deux pays musulmans, l’Afghanistan et l’Irak, dont ils ont changé les régimes. n
L’aventure a permis aux Américains d’assouvir leur désir de vengeance et d’effacer l’humiliation subie, mais à un coût humain, financier et politique dont ils s’aperçoivent aujourd’hui qu’il a été très élevé. Pourchassée dans le monde entier, Al-Qaïda a perdu des centaines de ses dirigeants, capturés ou tués, les survivants étant coupés de leurs troupes. On a pensé que la mort d’Oussama Ben Laden, qui était son chef charismatique et financier, lui porterait le coup de grâce. Et que cette guerre contre le terrorisme, qui retentissait négativement sur nos vies et sur les économies de nos pays, s’acheminerait peu à peu vers sa fin. On s’aperçoit aujourd’hui, non sans étonnement, qu’il n’en est rien : le terrorisme aveugle n’a plus de centre, certes, mais il s’est disséminé et donne l’impression JEUNE AFRIQUE
d’être désormais (presque) partout. En Irak et en Syrie, il a même pris la forme d’unités combattantes ; il s’est répandu sur le continent africain, de proche en proche, au nord comme au sud du Sahara. On dirait un cancer dont la tumeur centrale a été irradiée, brûlée et détruite, ou presque détruite, tandis que des métastases se développent ici et là, de façon apparemment anarchique. De ce fait, elles seront difficiles à résorber. L’Al-Qaïda de Ben Laden et de Zawahiri (ex-numéro deux érigé au rang d’héritier et de successeur) est devenue un fantôme et un mythe dont se réclament une dizaine de « mini Al-Qaïda » dirigées dans plusieurs pays musulmans par ce que j’appellerai des « sous-officiers du terrorisme », médiocrement alphabétisés, qui se situent quelque part entre la politique et le banditisme, se financent par divers trafics et des prises d’otages… n
Cette situation est des plus préoccupantes. Nous nous devons de l’analyser et de rechercher les moyens de guérir le monde du cancer de ce terrorisme. 1) Ce n’est pas une guerre mais un combat de longue haleine : vieille d’une décennie, « la guerre contre le terrorisme » n’est pas, au sens traditionnel de ce terme, une guerre, laquelle se conclut au bout de quelques années « par une victoire décisive qui contraint l’ennemi à se soumettre à la volonté du vainqueur ». Elle s’apparente davantage à « la guerre froide », cet affrontement feutré qui, sous des formes diverses, aura duré près d’un demi-siècle. Le terrorisme pratiqué hier par Al-Qaïda, aujourd’hui et demain par les « mini Al-Qaïda » qu’elle a engendrées, ne disparaîtra pas dans les cinq ou dix ans à venir. Dans le meilleur des cas, le monde et les pays musulmans n’en viendront à bout que dans plusieurs dizaines d’années. Cette guerre-là est donc appelée à être longue, il nous faut le savoir et nous préparer à vivre avec. Les pays musulmans en sont à la fois la source, le théâtre et les principales victimes. n
2) Elle est fille du sous-développement économique N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Ce que je crois et surtout culturel : Ben Laden, Zawahiri, Mohamed Atta, l’homme qui a abattu les tours jumelles de New York, étaient ou sont des intellectuels issus de la classe moyenne, tandis que les chefaillons des « katibas jihadistes » d’aujourd’hui sont des semianalphabètes d’extraction modeste : sans fusil, ils n’existent pas et sont chômeurs. Mais ils se transforment en hommes considérés ou redoutés dès qu’ils ont une arme entre les mains et montrent qu’ils savent s’en servir. Les plus malins ou les plus courageux d’entre eux deviennent chefs pour quelques courtes années : ils savent – et acceptent l’idée – qu’ils seront tués par les services de sécurité… ou par un adjoint devenu rival. Ces caractéristiques conjuguent leurs effets pour donner à ce nouveau phénomène des « mini Al-Qaïda » une relative permanence. Il revient aux pays musulmans où il se développe et sévit de s’employer à l’éradiquer par la force, à l’algérienne, impitoyablement. Puis d’empêcher sa résurgence par l’éducation et le développement économique. Ce sera long… n
3) Les États-Unis et l’Europe, Russie incluse, ont réussi, par le renseignement et le professionnalisme de leurs forces de sécurité, à protéger leurs territoires de l’intrusion de ces terroristes. Ils les tiennent à distance, s’en protègent comme d’une menace extérieure. Mais leurs citoyens dans
les pays musulmans n’en restent pas moins des cibles pour les preneurs d’otages. Les États-Unis et l’Europe ne continueront pas ad vitam æternam à assumer le rôle qu’ils ont tenu tout au long de la décennie écoulée de chefs de file de la lutte antiterroriste à qui il incombe de mettre hors d’état de nuire toutes les Al-Qaïda de la terre. Il reviendra peu à peu aux pays musulmans atteints de cette maladie de l’islam d’en guérir leurs nations. n
4) L’islamisme violent procède directement de l’islamisme politique. À lui seul, l’exemple de la Tunisie le prouve : arrivés dans le sillage des islamistes d’Ennahdha, les salafistes, y compris ceux qui prônent la violence, se sont répandus dans le pays. Grâce au laxisme, voire à la complaisance d’Ennahdha, ils ont acquis droit de cité et, dans la foulée, la possibilité de tuer hommes politiques, diplomates étrangers et membres des services de sécurité tunisiens. Les plus résolus d’entre eux sont devenus des jihadistes purs et durs, retranchés dans le Jebel Chaambi. Auraient-ils la place qu’ils ont prise sans la protection qu’ils tirent du fait qu’Ennahdha est au centre du pouvoir ? Certainement pas. Conclusion : s’il ne lutte pas en première ligne contre l’islamisme violent, l’islamisme dit « modéré » en devient le conduit. Il faut alors, sans hésiter, le combattre frontalement pour le déloger le plus vite possible du pouvoir. l
Humour, saillies et sagesse Pour vous faire sourire, grincer des dents – ou réfléchir –, ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a été dit ou écrit au cours des siècles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drôles à nous dire. B.B.Y. u L’imagination gouverne le monde. Napoléon Bonaparte u La présidence n’est pas une école de perfectionnement. C’est une loupe : les capacités deviennent plus éclatantes mais les faiblesses apparaissent plus aveuglantes. Richard Nixon
u Mon chien, une fois, il est entré dans l’église, maintenant il croit en Dieu… Les Nouvelles Brèves de comptoir u Il ne faut choisir pour épouse que la femme qu’on choisirait pour ami, si elle était homme. Joseph Joubert
u Quand on voyage sans connaître l’anglais, on a l’impression d’être sourd-muet et idiot de naissance. Philippe Bouvard
u J’ai grandi avec six frères. C’est comme ça que j’ai appris à danser, en attendant que la salle de bains soit libre. Bob Hope
u Avant de choisir le prénom d’un garçon, pensez toujours à la femme qui aura à le murmurer plus tard. Jules Barbey d’Aurevilly
u L’amour est ce je-ne-sais-quoi qui vient de je ne sais où, et qui finit je ne sais comment. Madeleine de Scudéry
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u Chaque coup de colère est un coup de vieux, chaque sourire est un coup de jeune. Proverbe chinois u Les meilleurs livres des grands écrivains sont ceux qui ont eu le plus de succès de leur vivant. Patrick Besson u On n’a jamais vu un aveugle dans un camp de nudistes. Woody Allen u Ne pas trop réfléchir sur la valeur de l’Histoire. On court le risque de s’en dégoûter. Jean-Paul Sartre u Les hommes sont différents dans la vie, semblables dans la mort. Lao-tseu JEUNE AFRIQUE
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Éditorial
PHOTOS DE COUVERTURES : ÉDITION MAGHREB & MOYEN-ORIENT : REUTERS/MOHAMED AMINE BEN AZIZA ÉDITION INTERNATIONALE : PATRICK ROBERT
Marwane Ben Yahmed
Marzouki jusqu’à la lie
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FRANCE TAUBIRA ET LES CHIENS DE LA RÉPUBLIQUE Ils aboient, mordent et griffent, à coups de slogans racistes. Leur victime favorite ? La ministre de la Justice et ex-députée de Guyane…
E COMPRENDS PARFAITEMENT l’extrême irritation des Tunisiens, mais je n’ai que la patience pour le moment à leur proposer. » Dans deux entretiens accordés aux quotidiens français Le Monde et Libération, le président tunisien, Moncef Marzouki, aura hélas confirmé sa totale inutilité, s’évertuant à défendre, arguments spécieux à l’appui, l’indéfendable : l’irresponsabilité de la classe politique tunisienne, laquelle est incapable de se mettre d’accord sur une sortie de crise depuis février dernier ! L’éloge de la patience, donc. Mais aussi une incroyable cécité politique quand il décrit des « négociations un peu compliquées », des rodomontades (« je ne remettrai les clés de Carthage qu’à un président démocratiquement élu ») et des excuses pires que les fautes (« nous avons sous-estimé le danger salafiste en nous focalisant sur les défis économiques et politiques », relevés haut la main comme on le sait)… Sans oublier cette détestable propension des dirigeants issus des révoltes arabes à invoquer « l’ennemi invisible » pour masquer leur propre médiocrité. « Les partisans de Ben Ali veulent déstabiliser la Tunisie », nous dit Marzouki pour justifier l’échec patent de la troïka. Comme Morsi explique le sien, et le coup d’État dont il a été victime, par les machinations de forces de l’ombre acquises à Moubarak. Et comme les pseudo-nouvelles autorités libyennes le font à propos des sbires de Kaddafi. Une technique vieille comme le monde (« le jour où nous le pourrons, nous exposerons tout cela au peuple » : pourquoi pas maintenant ?) et qui ne convainc personne. Bref, c’est Kafka à Carthage.
Soyons clair, tout le monde, opposition comprise, a sa part de responsabilité dans le blocage actuel. Guerre d’ego, volonté de s’assurer, quitte à tricher, une victoire lors des prochaines élections, intérêts personnels placés au-dessus de l’intérêt général, incompétence… C’est à se demander s’ils ne sabordent pas sciemment une transition dont on n’imaginait tout de même pas qu’elle serait aussi laborieuse. Ennahdha, au premier chef, puisque c’est elle qui dirige de facto le pays depuis fin 2011. Nous l’avons suffisamment critiquée dans ces colonnes. Inutile de tirer sur une ambulance qui roule depuis longtemps sur les jantes. Mais que dire de Marzouki, pathétique rémora arrimé au squale islamiste ? Par son profil d’ancien opposant à Ben Ali, de militants des droits de l’homme attaché à la laïcité, mais surtout par ses fonctions, il devait être le garant de cette transition. Une vigie capable de taper du poing sur la table quand le processus menace de déraper, de faciliter le dialogue entre les différentes parties, de contraindre ses alliés obnubilés par le pouvoir à respecter la feuille de route écrite par les vrais acteurs de la révolution. Il aurait dû, compte tenu des circonstances – et il faut reconnaître qu’elles étaient pour le moins difficiles –, jouer un rôle historique. Mais il suffit de l’écouter aujourd’hui, ou de se souvenir de ses silences coupables ou de ses bourdes d’hier pour constater que le burnous de président était trop grand pour lui. Il n’y a cependant pas lieu de s’inquiéter : la patience est, dit-on, l’art d’espérer… l N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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GRANDS LACS ENNEMIS INTIMES Pomme de discorde entre Kinshasa et Kigali, les rebelles du Mouvement du 23-Mars ont finalement concédé une défaite historique. Mais la méfiance entre les deux voisins reste tenace.
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Ce que je crois Par Béchir Ben Yahmed Confidentiel
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L A SEM A IN E D E J EU N E A F RIQ U E
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France Taubira et les chiens de la République Yasmina Khadra El-Mouradia, sa chimère Chirlane McCray Brooklyn Mom Albert Yuma Mulimbi Patron des patrons congolais Madagascar Deux parrains, deux poulains Sahel Tous en chœur ! Biopic Elba, clone de Mandela Arafat Le poison du soupçon Tour du monde
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G RA N D A N G L E
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Sahel La guerre de l’ombre
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A F RIQ U E SU BSA H A RIEN N E
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Grands lacs Ennemis intimes JEUNE AFRIQUE
Dans Jeune Afrique et nulle part ailleurs GRAND ANGLE
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SAHEL La guerre de l’ombre
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TERRORISME La TunIsIe Frappée AU CŒUR Si les récentes opérations kamikazes marquent un changement de stratégie des jihadistes, l’extrême jeunesse des candidats au « martyre » révèle un profond malaise sur fond de misère sociale.
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SÉN CO M É M E N GA L T RE L AN LA M CER ACH Pr è s INE ? de d e u x an l’élec s apr tion de M ès le p a ack y ys t a Sall, r d e ave c à re n une ou er crois écon s a nc o mi q e u e fo c apa r te, b le d e ré d uire la pa u v re té.
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DOSSIER TÉLÉCOMS & INTERNET Enquête, interview, reportage, nouveautés… Spécial 10 pages
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LITTÉRATURE UNE SAISON EN OR Le 6 novembre, la Franco-Camerounaise Léonora Miano a reçu le prestigieux prix Femina pour La Saison de l’ombre. Un roman original sur la traite négrière.
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Sénégal Un Versaillais pas comme les autres Éthiopie Gare aux Shebab
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M AGHREB & MOY E N - O R I E N T
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Terrorisme La Tunisie frappée au cœur Maroc Ubu législateur Algérie Un patient et des généraux Monde arabe À l’école des cancres
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E UROPE, AMÉR I Q U E S, A S I E
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Chine Révolution salariale États-Unis Qui aime bien espionne bien Parcours Francesca Chaouqui, pieuse et sulfureuse Arts On a retrouvé le trésor des nazis
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É CON OMIE
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Sénégal Comment relancer la machine ? Les indiscrets Aérien Air France-KLM cherche le bon tempo
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Interview Pierre Moussa, président de la Commission de la Cemac Crédit-bail Tunisie Leasing lance l’offensive en Afrique Baromètre
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D O SSIER T ÉL ÉC O M S & I N T ERN ET
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Sonatel En ordre de bataille
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C U LT U RE & MÉD IA S
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Littérature Une saison en or Romans L’homme qui en savait trop MÉdias TV5 lorgne l’Afrique La semaine culturelle de Jeune Afrique
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JEUNE AFRIQUE
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VOUS & NOUS Le courrier des lecteurs Post-scriptum
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p Le Rwandais Paul Kagamé et…
WANG ZHAO/AFP
VINCENT FOURNIER/JA
BURKINA OPÉRATION DÉMINAGE
p … le Kényan Uhuru Kenyatta : viendront, viendront pas ?
Afrique-France Qui participera au sommet de l’Élysée?
L
e programme du sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique (Paris, 6-7 décembre) prend forme. L’identité des chefs d’État qui y participeront, aussi. « Tous les “poids lourds” seront là », se réjouit-on dans l’entourage de François Hollande. Les membres du défunt « pré carré » devraient être de la partie – même le Congolais Denis Sassou Nguesso, le Gabonais Ali Bongo Ondimba et l’Équato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema, pourtant en froid avec la justice française. Certains, comme le Rwandais Paul Kagamé, le Kényan Uhuru Kenyatta, le Gambien Yahya Jammeh et l’Érythréen Issayas Afewerki, tardent à donner leur réponse et sont donnés comme « peu probables ». D’autres, comme l’Angolais José Eduardo dos Santos (représenté par Georges Chikoti, son ministre des Relations extérieures) et l’Algérien Abdelaziz Bouteflika (qui, convalescent, mandatera Abdelmalek Sellal, son Premier ministre), ont fait savoir qu’ils ne pourront faire le déplacement. Enfin, six chefs d’État n’ont pas été invités, soit parce qu’ils sont sous le coup de sanctions internationales (le Soudanais Omar el-Béchir, le Zimbabwéen Robert Mugabe), soit parce que leur pays a été suspendu par l’Union africaine après un coup d’État (Madagascar, Guinée-Bissau, Centrafrique, Égypte). « Des invitations leur ont quand même été transmises, mais pas au plus haut niveau », précise-t-on à Paris. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, et Nkosazana DlaminiZuma, la présidente de la Commission de l’Union africaine, seront là. L’Union européenne, le FMI et la Banque mondiale seront représentés. Mais aucune invitation n’a été adressée à Washington ou à Londres. l N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
S e c ré t a i re e xé c u t i f d u Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti au pouvoir à Ouagadougou, Salifou Sawadogo a entamé le 4 novembre avec le feu vert de laprésidenceduFasounetournée en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et en Suisse afin de sensibiliser la diaspora burkinabè à la création d’un Sénat et à l’éventuelle modification de l’article 37 de la Constitution, qui limite le nombre des mandats du chef de l’État. La prochaine présidentielle est prévue en 2015. Si la loi fondamentale n’est pas modifiée, Blaise Compaoré ne pourra y participer. LE CHIFFRE
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milliards de dollars : c’est le coût total de bientôt trois années de guerre en Syrie, selon l’agence onusienne UNRWA. La désindustrialisation s’accélère, la production s’effondre, et près de la moitié de la population active est au chômage. Au premier trimestre de cette année, le PIB s’est contracté de 34 %. Et de plus de 39 % au deuxième.
ÉDITION PINGRERIE AFRICAINE
Depuis que les chefs d’État des pays membres de l’Union africaineontdécidéd’étendreà l’ensemble du continent la diffusion de l’Histoire générale de l’Afrique, éditée par l’Unesco, les contributions financières promises pour mener à bien l’opération n’arrivent qu’au compte-gouttes. En son temps, Mouammar Kaddafi avait versé 2 millions de dollars. Las, le nouveau pouvoir libyen demande aujourd’hui à l’Unesco la restitution de cette somme! L’Angola a offert JEUNE AFRIQUE
Retrouvez en page 64 notre rubrique « Les indiscrets », consacrée aux informations confidentielles économiques
Politique, économie, culture & société 880 000 dollars, notamment pour la traduction en portugais des huit tomes de l’ouvrage, et le Burkina, 50 000 dollars. Malheureusement, la liste s’arrête là. PROCÈS HABRÉ DES ARGENTINS EN RENFORT
Attendus à N’Djamena début décembre, magistrats et policiers de la deuxième commission rogatoire des chambres spéciales africaines chargées de juger l’ancien président tchadien Hissène Habré vont recevoir le renfort d’une équipe de médecins légistes argentins (après la chute de la dictature militaire, en 1983, l’Argentine a été confrontée à des problèmes du même ordre). Dans un premier temps, ces derniers seront chargés de la reconnaissance et du marquage des lieux où ont été enterrées les victimes de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), la police politique de l’ancien régime. Au cours d’une prochaine mission, ils procéderont à des prélèvements et à des analyses balistiques. Par ailleurs, les chambres africaines souhaitent que soit ajouté à l’accord de coopération judiciaire qui lie le
Libye-États-Unis Impossible coopération militaire DEPUIS L’ENLÈVEMENT par les Navy Seals, début octobre en Libye, de l’un des chefs d’Al-Qaïda, Abou Anas Al-Libi, le grand mufti Sadeq al-Gharyani exige l’arrêt de toute coopération militaire avec les Occidentaux. « Nos jeunes vont-ils être entraînés au kidnapping? » feint-il de s’interroger. Depuis des mois, plusieurs centaines d’hommes ont été sélectionnés pour recevoir une formation à l’étranger (Royaume-Uni, Italie,Turquie et Bulgarie). Ils sont appelés à constituer un corps d’infanterie rassemblant ex-cadres de l’armée de Kaddafi et commandants de brigades révolutionnaires pas encore démobilisés. En août, après une attaque de miliciens contre leurs camps d’entraînement secrets près deTripoli, les Américains avaient renoncé à former sur place une unité antiterroriste. Selon un expert occidental, une partie de leurs équipements avait été dérobée. l
Sénégal au Tchad un paragraphe concernant l’échange de témoins. Les discussions à ce propos se poursuivent entre les deux pays. SAHEL LES DESSOUS D’UNE TOURNÉE
La tournée que les dirigeants des Nations unies, de l’Union africaine, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, ainsi qu’un représentant de l’Union européenne (Andris Piebalgs) ont faite du 4 au 7 novembre au Mali, au Burkina, au Niger
et au Tchad a bien failli être annulée après l’assassinat, le 2 novembre à Kidal, dans le Nord-Mali, de deux reporters de Radio France Internationale. Il a fallu la forte insistance des autorités maliennes pour convaincre les organisateurs de la maintenir dans son intégralité. Par ailleurs, les dix sièges réservés aux médias dans l’avion où avaient pris place, à New York, les membres de la délégation ont tous été accaparés par… des journalistes américains. Un « privilège » assez peu
Algérie Le patron du FLN sur la sellette ÉLU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL du Front de libération nationale (FLN), le 29 août, avec le concours de l’administration et la bénédiction du clan présidentiel, Amar Saadani, 63 ans, est déjà menacé de destitution. Plus de 150 membres du comité central, qui en compte 340, exigent en effet son départ avant la fin de l’année. Ses détracteurs lui reprochent, en vrac, les fraudes qui ont marqué son élection, ses accointances avec certains hommes d’affaires douteux, ses déclarations sur la fin du puissant Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et ses attaques personnelles contre Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, qui n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour l’imposer à la tête du parti. l SAMIR SID
t Amar Saadani : élu en août, destitué en décembre ? JEUNE AFRIQUE
compréhensible et médiatiquement contre-productif. ALGÉRIE-MALI OUVERT, MAIS PAS TROP
Après les protestations des populations du Grand Sud algérien ayant des attaches familiales au Mali, les autorités ont décidé d’alléger le dispositif en ouvrant une fois par mois le poste-frontière de Bordj Badji Mokhtar. Le 7 novembre, lors de la visite à Tamanrasset d’Abdelmalek Sellal, des notables locaux se sontprononcéspouruneréouverture complète. Refus catégorique du Premier ministre, qui estime que « les conditions sécuritaires ne le permettent pas », mais qui, en revanche, n’exclut pas un deuxième jour d’ouverture par mois. Les populations de l’extrême Nord malien dépendent totalement de l’Algérie pour leurs approvisionnements en vivres, médicaments et carburant.
CENTRAFRIQUE BUYOYA EN MISSION ? Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya paraît bien placé pour prendre la tête de la Misca, la mission de cette même UA en Centrafrique. Médiateur à poigne, l’ancien président burundais connaît bien le pays. En 2008, il y a présidé le Dialogue politique inclusif sur la paix, puis, en 2010 et en 2012, conduit des missions d’évaluation pour le compte de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). S’il est nommé, il sera chargé du volet politique de la mission, le commandement militaire ayant été confié au général camerounais Tumenta Chomu Martin. Créée en août, la Misca doit remplacer le 19 décembre la Force multinationale de l’Afrique centrale (Fomac). N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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La semaine de Jeune Afrique
FRANCE
TAUBIRA
et les chiens de la République Ils aboient, mordent et griffent, à coups de slogans racistes. Leur victime favorite ? La ministre de la Justice et ex-députée de Guyane. Et peu de voix s’élèvent pour condamner ces dérives inquiétantes.
p Christiane Taubira, la garde des Sceaux, le 29 octobre.
L’événement
NICOLAS MICHEL
Garraud, alors député de la Gironde, déclarait ainsi que la composition du gouvernement lui donnait a cote d’alerte est atteinte. Ce n’est « mal à la France ». Jean-Sébastien Vialatte, élu de la 7e circonscription du Var, ironisait, lui, après la peut-être qu’une impression, puisqu’il n’existe pas de baromètre fiable victoire de l’équipe du PSG et les violences qui pour mesurer le degré de pollution s’étaient ensuivies : « Les casseurs sont sûrement raciste infectant les cerveaux. Mais, des descendants d’esclaves, ils ont des excuses. le 25 octobre, un seuil a été franchi Taubira va leur donner une compensation. » Car, à Angers – ville de l’Ouest français jumelée avec pour une certaine France, celle qui a donné son nom à la loi de 2001 assimilant l’esclavage et les Bamako (Mali) –, où Christiane Taubira, la ministre traites négrières à des crimes contre l’humanité de la Justice, était en déplacement. Parce que ne sera jamais fréquentable. l’insulte venait d’un groupe d’enfants, elle donnait Depuis le vote du mariage pour tous, qu’elle à voir une France particulièrement effrayante. Elle a porté avec détermination, son cas s’est encore n’a en effet qu’une douzaine d’années, cette fillette qui lève en direction du palais de justice une peau aggravé. Impossible de citer les slogans entendus de banane, avant que le groupe de gamins qui en 2013 sans être pris de nausée. Les intégristes l’entoure ne se mette à scander en chœur : « La catholiques de l’institut Civitas hurlaient ainsi guenon, mange ta banane ! » Et ce, sans émouvoir sans crainte des « Y’a bon Banania ! Y’a pas bon outre mesure les adultes présents. Innocence Taubira ! », oubliant sans doute un peu vite que enfantine ? Allons donc ! Chacun sait l’influence la loi française est assez sévère envers ceux qui des parents – et les manifestants opposés au incitent à la discrimination ou profèrent des injures mariage pour tous, dont ce groupe faisait partie, raciales. Les articles 24 et 33 de la loi du 29 juilne se sont guère signalés ces derniers temps par let 1881 sur la presse punissent les premiers d’un leur ouverture d’esprit. Certains d’entre eux furent an d’emprisonnement et de 45000 euros d’amende, même les premiers à caricaturer l’élue en gorille. les seconds de six mois d’emprisonnement et Venant du Front national (FN), parti d’extrême de 22 500 euros d’amende. Un arsenal législatif droite, les attaques verbales contre l’Étranger, le toutefois difficile à mettre en œuvre quand les Noir, l’Arabe, le Rom ou le Juif ne surprennent maldébordements se multiplient. D’autant que la heureusement plus. Le pseudogauche elle-même n’est guère dérapage d’Anne-Sophie Leclere prompte à monter au créneau. Caricaturée traitant la garde des Sceaux de en gorille, traitée « sauvage », la comparant à un PLATEBANDES. Après l’incident de guenon, singe et déclarant préférer « la d’Angers, il a fallu attendre cinq voir dans un arbre après les conspuée à coups jours pour que le député socialiste branches [sic] que de l’avoir au Jean Glavany apporte son soutien de « Y’a bon gouvernement », n’en était pas à la ministre. Une standing ovation Banania ! »… plus un que l’ignoble « Durafourde tout l’hémicycle de l’Assemcrématoire » de Jean-Marie Le blée nationale aurait eu force de Pen, en 1988. Il s’agit, toujours, de flatter un symbole. Las, seuls les députés de gauche se sont électorat guidé par la peur et le rejet de l’autre. levés, ceux de l’UMP restant vissés à leur siège. Dédiabolisation du FN oblige, la candidate aux Surprenant ? Pas si sûr. En cherchant à siphonmunicipales dans les Ardennes a été remerciée par ner l’électorat du FN, l’ancien parti gaulliste n’a sa direction : le message étant passé, on peut bien cessé, depuis la présidence Sarkozy, de marcher sacrifier le messager. sur les platebandes de l’extrême droite. Par le passé, Jacques Chirac lui-même avait dérapé en NAUSÉE. Qu’une (ex-)élue de Guyane connue pour évoquant ce « bruit » et cette « odeur » restés dans son engagement républicain cristallise la haine les annales. Avec Nicolas Sarkozy, impossible de d’un parti xénophobe ne saurait surprendre. Mais parler de dérapages. Sous l’impulsion de conseille diagnostic est bien plus inquiétant : aveuglé par lers comme Patrick Buisson, ancien journaliste à ses petits calculs électoraux, une bonne partie de Minute et à Valeurs actuelles, ou de proches tels l’échiquier politique semble au mieux indifférent, que Brice Hortefeux, le précédent locataire de au pire infecté par le même poison. Pendant la caml’Élysée a institué le ministère de l’Immigration pagne des législatives, Jean-François Copé, l’actuel et de l’Identité nationale, et prononcé deux disprésident de l’UMP, avait osé une incroyable attaque cours de sinistre mémoire, à Dakar et à Grenoble. adhominemcontrel’ex-candidateàlaprésidentielle Asséner que l’homme africain n’était pas assez de 2002 en avançant : « Quand on vote FN, on a la « entré dans l’Histoire », c’était ouvrir les vannes gauche qui passe […] et on a Taubira. » Au sein à un discours « décomplexé ». Derrière ce terme de l’UMP, il n’était pas le seul à tenir ce genre de anodin se cache une idéologie empruntée aux propos plus que douteux. Le magistrat Jean-Paul conservateurs américains. Afin de moquer et l l l
MEUNIER AURELIEN/SIPA
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JOSSELIN CLAIR/LE COURRIER DE L’OUEST
La semaine de J.A. L’événement
de « ringardiser » les défenseurs des minorités, ces derniers ont inventé l’expression « politiquement correct ». La droite française, mais aussi une partie de la gauche, l’ont reprise à leur compte pour, en vrac, disqualifier le « droit-de-l’hommisme », « l’intellectualisme », l’antiracisme et nombre de valeurs humanistes issues des Lumières. Les propos de Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, sur « l’impossible assimilation » des Roms se veulent ainsi débarrassés de ce « politiquement correct ». Un président issu du PS devrait sans doute voler au secours de sa ministre. Du bout des lèvres, et dans le cadre fermé du conseil des ministres, François Hollande s’est contenté d’appeler « à la plus grande fermeté et à la plus grande vigilance ». Aux grands maux les petits murmures. Face à ces courants idéologiques puissants, Christiane Taubira incarne une résistance. Noire, cultivée, déterminée, indisciplinée, éloquente, tranchante, portée par la pensée de Césaire et capable de citer Nietzsche, la garde des Sceaux est devenue tout à la fois une cible, un symbole et un rempart aux dérives populistes du « tous pourris ». Outre les attaques racistes, elle a eu droit à toutes les avanies. On lui a reproché son passé indépendantiste, d’être ambitieuse, individualiste, insupportable envers ceux qui travaillent avec elle. Une source proche du ministère de la Justice confirme les épithètes suivantes : directe, opiniâtre, volontaire, entière, sincère. Et fait cette distinction : « Certains de ses collaborateurs ne l’apprécient que modérément, la trouvent trop lll
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p Devant le palais de justice d’Angers, le 25 octobre. Au second plan, une manifestation anti-mariage pour tous, d’où ont fusé des cris racistes.
rentre-dedans, trop sulfureuse, ce qu’ils jugent contre-productif pour mener des réformes en profondeur, dans le consensus. D’autres sont de véritables groupies et l’encensent à tout bout de champ. C’est assez drôle. » CORIACE. Mais celle qui arrive souvent au minis-
tère sur son vélo jaune connaît ses dossiers sur le bout des doigts et reste, quoi qu’il arrive, ouverte à la discussion. Élevée par une mère seule, avec dix frères Hollande l’a soutenue du et sœurs, elle-même mère bout des lèvres. Aux grands divorcée de quatre enfants, maux les petits murmures… rompue aux coups bas de la politique, elle soutient, à 61 ans, avoir la peau plus que coriace et résister au racisme pur et dur qu’elle subit quotidiennement. Elle aimerait pourtant qu’une « belle et haute voix » se lève « pour alerter sur la dérive de la société française ». Certains, En 2012, comme le journaliste Harry Roselmack ou les écrivains Yann Moix et Christine Angot ont pris 69 % la plume, cette dernière s’exclamant à sa manière, des Français dans le quotidien Libération : « Nous n’avons rien estimaient qu’il y avait dit parce que nous ne savons pas comment faire, « trop d'immigrés comment dire ce que nous ressentons, nous ne en France », et trouvons pas les mots pour expliquer la terreur qui nous saisit à la gorge, la peine radicale, plus 54 % que profonde, radicale, une tristesse qui touche se disaient le fond, que nous éprouvons, cette histoire de « plutôt, un peu ou pas banane nous tue. Nous tue, je pèse mes mots. » très racistes » La République attend les autres. l
SOURCES : CNCDH ET CSA
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JEUNE AFRIQUE
La semaine de J.A. Les gens
Yasmina Khadra El-Mouradia, sa chimère
Depuis, cet auteur prolifique voit ses livres régulièrement adaptés au cinéma, au théâtre ou en bande dessinée. Il a atteint la consécration internationale avec plusieurs prix littéraires. Une notoriété qui lui a également valu le poste de directeur du Centre culturel algérien à Paris, une structure dépendant de l’ambassade d’Algérie en France. À la demande de Bouteflika himself…
Candidat à la présidentielle algérienne d’avril 2014, l’écrivain est parti à la collecte des parrainages nécessaires. Ne manque plus que… son programme.
FLOU. En se lançant dans une élection
J. GRAF/DIVERGENCE
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p Auteur de best-sellers, il est aussi directeur du Centre culturel algérien, à Paris.
I
l est mondialement connu. Ses livres sont traduits dans une quarantaine de pays. Le 2 novembre, Yasmina Khadra, 58 ans, écrivain algérien d’expression française, a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle d’avril 2014. Il a choisi le Salon international du livre d’Alger (Sila), événement littéraire le plus médiatisé du pays, pour lancer cette petite bombe. C’est en effet la première fois en Algérie qu’un intellectuel de cette envergure brigue la magistrature suprême. De son vrai nom Mohamed Moulessehoul, Yasmina Khadra (il a pris pour pseudonyme les deux prénoms de son épouse) est un enfant de Kenadsa, dans la région de Béchar, aux portes de l’erg occidental du désert saharien. Fils d’un officier de l’Armée de libération nationale, il est admis, au lendemain
de l’indépendance, à l’École des Cadets de la révolution. Bachelier, il passe par l’École militaire interarmes de Cherchell (le Saint-Cyr algérien) pour y suivre une formation d’officier. PROLIFIQUE. Sa carrière militaire est
marquée, durant les années 1990, par la lutte antiterroriste, à laquelle il prend part à la tête d’une unité combattante dans l’Oranie, tout en écrivant des livres et des articles de presse sous des noms d’emprunt. En 2000, il quitte l’uniforme pour la plume. Son talent fait le reste. Sa trilogie de polars où son héros, le commissaire Llob, dénonce les dérives du pouvoir et les travers de la société algérienne lui vaut un succès immédiat. Il est édité en France, et sa notoriété s’étend bientôt au-delà des rives de la Méditerranée.
présidentielle aux contours incertains, où une quatrième candidature de « Boutef » fait l’objet de rumeurs persistantes, Yasmina Khadra affirme ne pas vouloir faire de la figuration. Mais le flou total de son programme politique, qu’il promet de dévoiler s’il ressent une adhésion populaire autour de sa personne, suscite des réactions mitigées. Candidature fantaisiste, comme l’Algérie en a connu à chaque présidentielle ? Ou, au contraire, chance de voir le niveau du débat électoral rehaussé ? Pour l’heure, l’écrivain assure qu’il collecte les parrainages nécessaires : 60 000 signatures de citoyens originaires d’au moins 25 des 48 wilayas ou de 600 élus nationaux ou locaux doivent en effet figurer dans le dossier à soumettre au Conseil constitutionnel avant février 2014. Dans un pays où les hommes de lettres ont toujours été marginalisés par le pouvoir, Khadra compromet-il sa carrière d’écrivain en lui donnant une tournure politique ? Avant lui, en 1990, Mario Vargas Llosa avait tenté sa chance au Pérou. Il avait perdu, malgré toute une vie consacrée à l’engagement public. Au Nigeria, le Nobel Wole Soyinka avait envisagé, fin 2010, d’en faire de même, avant d’y renoncer. Il y a certes eu, en 1989, le cas Vaclav Havel, en République tchèque, mais sa victoire était intervenue à l’issue d’une révolution de velours et d’une longue carrière d’intellectuel opposant. Yasmina Khadra estime sans doute que l’Algérie a besoin d’un président-philosophe. l CHERIF OUAZANI
NOMINATIONS
ISSIAKA KONATÉ CÔTE D’IVOIRE Le chef de cabinet d’Afoussy Bamba, la ministre de la Communication, a été nommé directeur général des Ivoiriens de l’étranger le 23 octobre. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
AHMED REJIBA TUNISIE Le directeur du Corporate à l’ArabTunisian Bank (ATB) a été nommé PDG de la Banque de l’habitat le 8 novembre. Il succède à Brahim Hajji, ancien directeur général à la Banque centrale deTunisie. JEUNE AFRIQUE
EN HAUSSE
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JACQUELINE MOUDEÏNA
Chirlane McCray First Lady de NY DR
Épouse de Bill de Blasio, le nouveau maire de la Grosse Pomme, avec qui elle a eu deux enfants, cette poétesse et bisexuelle assumée fait le buzz.
Cette avocate tchadienne, qui défend les victimes de l’exprésident tchadien Hissène Habré, est lauréate du prix Alison Des Forges, décerné par l’ONG Human Rights Watch, pour son engagement en faveur des droits de l’homme. JEAN-LOUIS GOURAUD
L
L’écrivain français, directeur de la rédaction de Jeune Afrique au début des années 1970, a reçu, le 4 novembre, le prix Renaudot catégorie Poche pour son livre Le Pérégrin émerveillé, qui raconte son périple de Paris à Moscou avec deux chevaux.
DR
e soir de la victoire de son mari, Bill de Blasio, le nouveau maire (démocrate) de New York, Chirlane McCray portait une robe rouge vif. Comme Michelle Obama lors de l’élection de Barack, en 2008. Et elle arborait le sourire triomphal de ceux qui ont dû éviter bien des écueils pour arriver là où ils sont. Lors de sa scolarité dans des établissements blancs du Massachusetts, Chirlane McCray – elle a gardé son nom de jeune fille – était la risée de ses camarades. Parce qu’elle était la seule Noire – d’origine caribéenne en l’occurrence. Alors, pour évacuer sa rage, elle écrivait des poèmes. « J’avais le sentiment de n’être de nulle part », confie celle qui se définit aujourd’hui sur son compte Twitter comme « activiste, écrivaine, compagne de Bill de Blasio et “Brooklyn Mom” [une maman de Brooklyn] ».
TWITTER Le réseau social américain (232 millions d’utilisateurs) a fait son entrée à la Bourse de Wall Street le 7 novembre. Un démarrage en trombe : lancée à 26 dollars (19 euros), l’actionTWTR a atteint en une journée 45 dollars (33 euros).
AMOUREUSE. McCray, 58 ans, s’est aussi longtemps sentie EN BAISSE
VICTORIA HAMMAH
E. A. GAMOR
rejetée en raison de son homosexualité, qu’elle avait affirmée en 1979 dans une tribune intitulée « I am a lesbian », publiée dans Essence, une revue de la communauté noire. C’était avant de tomber amoureuse de ce « big white guy », Bill de Blasio, rencontré au début des années 1990 à la mairie de New York, où elle était chargée de communication. Aujourd’hui encore, Chirlane, qui a eu deux enfants avec Bill, Chiara et Dante, n’exclut pas de tomber de nouveau amoureuse d’une femme… Un parcours de vie qui explique son tempérament très à gauche, à l’unisson de celui de son mari. Comme Michelle Obama avec Barack, Chirlane McCray a joué un rôle capital dans la fulgurante ascension de son époux. Pendant la campagne, les réunions politiques étaient organisées en fonction de son propre emploi du temps. Et elle relisait tous les discours importants du candidat. Désormais First Lady de New York, McCray a révélé que ses modèles étaient Hillary Clinton, une proche de son mari, et… Eleanor Roosevelt. Des battantes, comme elle. l
La ministre ghanéenne de la Communication a été démise de ses fonctions le 8 novembre. Un enregistrement audio, dans lequel elle déclare vouloir rester en politique uniquement pour l’argent, a été diffusé sur plusieurs radios du pays. FÉDÉRATION TUNISIENNE DE TENNIS Pas de Coupe Davis 2014 pour la Tunisie. Une sanction imposée par la Fédération internationale de tennis, après l’interdiction faite à Malek Jaziri d’affronter l’Israélien Amir Weintraub lors du tournoi deTachkent.
JEAN-ÉRIC BOULIN, à New York
Ses modèles : Hillary Clinton et Eleanor Roosevelt. JEUNE AFRIQUE
GETTY IMAGES
ANDREW BURTON/GETTY IMAGES/AFP
KARL LAGARFELD Le couturier, lui-même ancien obèse, a déclaré que le trou de la Sécurité sociale française était dû aux « maladies attrapées par les gens trop gros » et que « personne ne veut voir des femmes rondes sur les podiums ». N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
Le grandinvité
La semaine de J.A. Décryptage
Albert Yuma Mulimbi « Je conteste le classement “Doing business” »
de l’économie
Le patron des patrons congolais défend son action à la tête de la Gécamines ainsi que les progrès de son pays en matière de transparence.
E
n RD Congo, Albert Yuma est incontournable. À la tête de la principale société immobilière du pays, le patron des patrons congolais préside également aux destinées de la Gécamines, compagnie minière détenue à 100 % par l’État. Une entreprise stratégique qu’il s’efforce de relever, parfois dans la tourmente. Il est le cinquième invité de la grande interview réalisée conjointement par Jeune Afrique et RFI. La victoire de l’armée congolaise contre le Mouvement du 23-Mars « Comme tout Congolais, je me réjouis de cette victoire. Elle met définitivement fin à une aventure qui a endeuillé les populations civiles et s’est révélée dramatique pour l’économie. Les entrepreneurs du Nord-Kivu ont payé un lourd tribut. Mais la région devrait redémarrer, c’est une province très viable. » Les relations entre le patronat et le gouvernement « Le dialogue est évolutif. Il y a eu desincompréhensions,maisauplus haut sommet de l’État, on garde le cap sur une économie libérale donnant la priorité au secteur privé. » « Doing business » et climat des affaires « Comme le gouvernement, je conteste ce classement. Lorsque
VINCENT FOURNIER/J.A.
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nous étions mal placés il y a quelques années, nous avions admis qu’il nous faudrait faire des efforts. Or ils ont été faits ou amorcés dans le juridique, le foncier et l’administration publique. Ce rapport est donc blessant. Président de la Fédération des entreprises du Congo [FEC], de la Gécamines et de la plus grande entreprise immobilière du pays, je n’ai jamais rencontré les enquêteurs qui réalisent cette étude et m’interroge sur leurs sources. Leurs méthodes pour recueillir des informations doivent être remises en question. » La sous-évaluation des actifs miniers cédés par la Gécamines « Ces opérations sont antérieures à mon arrivée, fin 2010. Dans celles que nous avons réalisées depuis – Mutanda et Kansuki –, les évaluations ont été menées par BNP Paribas. La Gécamines était quasiment en faillite. Sans ces cessions, elle aurait fermé ses portes. Et puis les ONG se fondent sur des
APRÈS DES ÉTUDES en Belgique, Albert Yuma Mulimbi, 57 ans, est entré en 1983 à Utexafrica (filiale congolaise du holding belge Texaf), dont il est devenu directeur général. À la tête de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) depuis 2005, il a été nommé président du conseil d’administration de la Gécamines fin 2010 afin de relancer la production de cuivre et de cobalt.
calculs simplistes. Elles évaluent un gisement à partir de son nombre de tonnes et des prix du marché, mais elles oublient que le minerai doit être extrait, qu’il faut construire une usine, embaucher du personnel… » L’omniprésence de Dan Gertler
RETROUVEZ l’intégralité de l’interview sur jeuneafrique.com
« Se focaliser sur Dan Gertler est excessif. Il y a une trentaine d’opérateurs miniers en RD Congo. Il est venu dans ce pays quand personne ne le faisait, c’est un investisseur de long terme et beaucoup de ceux qui le critiquent aujourd’hui bénéficient des faveurs de sa fondation caritative. » l Propos recueillis par
Éco d’ici, éco d’ailleurs, tous les premiers samedis du mois sur RFI à 12 h 10* N 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013 O
FRÉDÉRIC GARAT (RFI) et FRÉDÉRIC MAURY (J.A.)
* heure de Paris, 11 h 10 TU JEUNE AFRIQUE
La semaine de J.A. Décryptage
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LIRE AUSSI l’actualité de la présidentielle malgache sur jeuneafrique.com
MARC HOFER/AP/SIPA
JEUNEAFRIQUE.COM
CARTOGRAPHIE La Centrafrique s’enfonce dans le chaos. Tour d’horizon des forces en présence.
GWENDOLINE LE GOFF/PANORAMIC
DIAPORAMA
Yasmina Khadra, Youssou Ndour, George Weah (photo)… Focus sur ces artistes, sportifs, intellectuels, qui se sont lancés à la conquête de la présidence.
À LIRE AUSSI
Rwandapedia : Kigali lance son encyclopédie sur internet N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
RIJASOLO/RIVA PRESS
RÉTROSPECTIVE
La défaite militaire du Mouvement du 23-Mars, en RD Congo, amorce-t-elle la fin d’un cycle de violences dans le Kivu ? Retour en infographie sur les dates clés des dernières rébellions.
p Robinson Jean-Louis est arrivé en tête du premier tour.
Madagascar Deux parrains, deux poulains L’un est soutenu par le président déchu, l’autre par son tombeur. La compétition qui oppose Robinson et Hery au second tour de la présidentielle a tout l’air d’une élection en trompe l’œil…
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u’on ne s’y trompe pas. Le 20 décembre, date du second tour de l’élection présidentielle, ce n’est pas un, mais deux duels que les 7,8 millions d’électeurs malgaches devront arbitrer. Robinson JeanLouis face à Hery Rajaonarimampianina, autant dire Marc Ravalomanana face à Andry Rajoelina. « C’est la crise de 2009 qui va enfin se jouer dans les urnes », souligne l’historien et éditorialiste DenisAlexandre Lahiniriko. Sans surprise, les deux favoris de ce scrutin, qui sont aussi les poulains respectifs du président déchu et de son tombeur, sont arrivés en tête du premier tour le 25 octobre. Selon les résultats provisoires de la commission électorale publiés le 8 novembre, Robinson l’emporte avec 21,1 % des voix, devant Hery (15,9 %). Plusieurs candidats qui dénoncent des irrégularités ont déposé des recours, mais il y a peu de chances que l’identité des deux finalistes change.
VIVIER. Six points d’avance pour Robinson, « ce n’est pas satisfaisant, on espérait mieux », explique Guy Rivo Randrianarisoa, son porte-parole. Pas suffisant surtout pour crier victoire. « Robinson a recueilli 950 000 voix. Pour
gagner, il faudra obtenir 2,3 ou 2,4 millions de voix. C’est un fossé énorme ! » analyse l’un des perdants. D’ores et déjà, les équipes des deux finalistes sont parties à la pêche aux ralliements. À la vingtaine de « petits » candidats qui, dans un contexte de vote ethnique très marqué, peuvent apporter un vivier de voix non négligeable dans leurs fiefs, on promet un poste de député (les législatives auront lieu le même jour que le second tour). Avec les autres, ceux qui pèsent plus de 4 %, les tractations s’annoncent plus crispées. Sur les cinq principaux perdants, quatre ont cheminé avec Rajoelina et Hery ces dernières années. Ils devraient appeler à voter pour ce dernier. Mais, comme le souligne un candidat, « la logique n’a pas sa place chez nous ». Rien ne dit que Hajo Andrianainarivelo (3e avec 10,5 % des suffrages), Camille Vital (5e, 6,8 %) et Edgard Razafindravahy (7e, 4,3 %), qui ont le sentiment d’avoir été trahis par Rajoelina quand celui-ci leur a préféré son ancien ministre des Finances, soutiendront Hery. Roland Ratsiraka (4e, 9 %), dont le poids dans l’Est est important, a, lui, annoncé qu’il ne choisirait pas entre la peste et le choléra. l RÉMI CARAYOL JEUNE AFRIQUE
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La semaine de J.A. Décryptage
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tournée au Mali, au Burkina, au Niger et au Tchad visait à instituer une méthode de travail qui synchronise les interventions et crée des complémentarités. Un changement total de culture pour ces organisations internationales habituées à agir chacune dans son coin. « La complexité de la situation nous impose de mieux harmoniser notre travail. Mais toujours sous le leadership des États », a expliqué Donald Kaberuka à J.A.
AFP
RUPTURE. Cette démarche avait déjà
p Ban Ki-moon, le président nigérien Mahamadou Issoufou, Nkosazana DlaminiZuma et Donald Kaberuka, à Niamey, le 6 novembre.
Sahel Tous en chœur! Les patrons de l’ONU, de l’UA, de la Banque mondiale et de la BAD étaient en tournée au Mali, au Burkina, au Niger et au Tchad. Objectif : harmoniser leur action en matière de développement et de sécurité.
E
n achevant le 7 novembre par N’Djamena une tournée conjointe au Sahel, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, Andris Piebalgs, le Commissaire européen au développement, Nkosazana Dlamini-Zuma, Jim Yong Kim et Donald Kaberuka, respectivement présidents de la Commission de l’Union africaine (UA), de la Banque mondiale (BM) et de la Banque africaine LE DESSIN DE LA SEMAINE
de développement (BAD), tenaient à montrer que la communauté internationale sait tirer les leçons de ses échecs. Au Rwanda, en Somalie, au Soudan… où son action avait été jugée tardive. « Nous sommes venus dire aux peuples du Sahel que nous ne les abandonnons pas », a déclaré Ban Ki-moon à Bamako, lors de la réunion de présentation d’une stratégie commune pour la région. Au-delà de son aspect symbolique, cette
été testée dans le cadre des discussions sur « une meilleure efficacité de l’aide publique au développement », organisées à Paris, Accra et Tunis. Mais cette tournée marque une rupture de paradigme: désormais, chaque institution interviendra en priorité dans le domaine où elle dispose d’un avantage comparatif. La BAD s’occupera des infrastructures, de la gestion de l’eau et des appuis budgétaires. Kaberuka a ainsi annoncé la mobilisation immédiate de près de 4 milliards de dollars (environ 3 milliards d’euros) en faveur des pays du Sahel, dont la moitié ira aux plus vulnérables (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). La BM et l’UE s’occuperont des secteurs sociaux, de l’aide aux plus démunis et du renforcement de l’État de droit. Les deux institutions ont promis respectivement 1,5 milliard de dollars pour les deux prochaines années et 5 milliards d’euros sur sept ans. Les aspects politiques et sécuritaires relèveront, eux, de l’ONU et de l’UA. l SEIDIK ABBA, envoyé spécial à Bamako
Chappatte • International New York Times
ÉTATS-UNIS - ARABIE SAOUDITE ROYALE BOUDERIE
EN VISITE LE 4 NOVEMBRE en Arabie saoudite, John Kerry, le secrétaire d’État américain, a tenté de renouer les fils d’une relation bilatérale compliquée. Furieux des ouvertures diplomatiques d’Obama vers l’Iran et déçu par sa frilosité dans le dossier syrien, Riyad vient de claquer la porte du Conseil de sécurité de l’ONU et souhaite « réévaluer sa coopération avec Washington », selon Bandar Ibn Sultan, son chef des renseignements. Ce prince influent était l’absent le plus remarqué de l’entretien de Kerry avec le roi Abdallah. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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ILS ONT DIT
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La semaine de J.A. Décryptage
« DAMOURETTE/SIPA
L’Élysée, c’est un palais fantôme. Et cela ne date pas de Hollande : être président en France, c’est passer la journée à faire semblant de prendre des décisions. »
DOMINIQUE DE VILLEPIN Ancien Premier ministre français
« Les Noirs américains ont l’Afrique dans leur ADN : la manière dont ils parlent, dont ils bougent ou s’habillent… Ils ne le savent peut-être pas, mais c’est en eux ! » KEZIAH JONES Chanteur nigérian
« Alain Delon, solennellement, je voulais te poser une question : pourquoi tu nous aimes pas ? Nous, on t’aime bien, nous ! On a vu tous tes films : Le Guépard, Le Frère des Siciliens [sic], le truc avec Sissi… C’est vraiment dommage. Ça m’a touché ce que tu as dit. » JAMEL DEBBOUZE Humoriste et acteur franco-marocain (apostrophant le comédien, qui a déclaré il y a peu « approuver » la percée du Front national)
« Quatre présidents ont été élus par les urnes en Iran. C’est ça, la démocratie. Aucun autre pays de la région n’offre un exemple comparable. » MOHAMMAD JA JAVAD ZARIF Ministre iranien des Af Affaires étrangères
LTA/WENN.COM/SIPA
«
J’attends avec impatience J’attend de voir un une femme devenir le personn personnage principal d’un film de superhéros. Ou un su superhéros qui ne soit pas blanc dans un rôle-titre. » NATA NATALIE PORTMAN Actrice israéloAc américaine
Biopic Elba, clone de Mandela INCARNER Nelson Mandela au cinéma : un défi auquel plusieurs acteurs, dont les Américains Morgan Freeman, Danny Glover et Sidney Poitier, se sont déjà colletés. Peu, en revanche, l’ont fait avec un tel assentiment de la famille Mandela. C’est la prouesse que vient de réaliser l’acteur britannique d’origine ghanéenne Idris Elba, 41 ans, dans le film tiré d’Un long chemin vers la liberté, l’autobiographie de l’ancien président sud-africain. Le 3 novembre à Johannesburg, à l’avant-première, ils étaient tous là: Graça Machel, l’épouse de Mandela, Winnie, son ex-femme, et de nombreux proches. Madiba, 95 ans, toujours en convalescence à son domicile, a néanmoins pu voir des images d’Elba. « C’est moi, là ? » a-t-il demandé, très amusé paraît-il d’apprendre que le comédien
avait dû endurer quotidiennement des séances de maquillage de plus de cinq heures. Le biopic, dont le budget a atteint 26 millions d’euros et dans lequel jouent 143 acteurs sud-africains, retrace le parcours exceptionnel du héros de la lutte antiapartheid. Son réalisateur, le Britannique Justin Chadwick, qui a mêlé divertissement et Histoire, a bénéficié de nombreuses archives du Centre NelsonMandela pour la mémoire. Si l’entourage de Madiba a été élogieux dans ses critiques, il a été vite rejoint par la presse américaine, dithyrambique sur la performance d’Idris Elba, allant jusqu’à lui prédire une nomination aux Oscars… l HABY NIAKATE Sortie prévue le 28 novembre en Afrique du Sud et aux États-Unis, le 18 décembre en France, et en janvier 2014 au Royaume-Uni.
Arafat Le poison du soupçon YASSER ARAFAT ATIL ÉTÉ ASSASSINÉ ? Les soupçons, qui n’ont jamais cessé depuis sa disparition, le 11 novembre 2004 à l’hôpital militaire de Percy (près de Paris), se renforcent. Un rapport de l’Institut de radiophysique de Lausanne (Suisse) a conclu, ce 6 novembre, qu’il pourrait avoir été empoisonné au polonium 210, une substance à laquelle on a déjà attribué le décès en 2006 d’Alexandre Litvinenko, un ancien officier du KGB devenu opposant au président Poutine. Le raïs palestinien, âgé de 75 ans, avait été saisi de nausées, de vomissements et de douleurs abdominales après un repas pris dans son QG en Cisjordanie. Les experts ne tranchent pas formellement, mais estiment que leurs analyses « soutiennent raisonnablement » la thèse de l’empoisonnement. Les conclusions de l’institut suisse, de réputation internationale, contredisent les travaux des experts russes, qui, en octobre, avaient exclu que du polonium ait été utilisé. Elles écartent du même coup la piste d’un règlement de comptes entre Palestiniens. Substance hautement radioactive, le polonium est à la portée d’un État, mais pas de simples particuliers. De quoi relancer la piste israélienne, le Mossad ayant déjà eu recours à une substance toxique pour tenter d’assassiner Khaled Mechaal, dirigeant du Hamas, en 1997. L’Autorité palestinienne réclame désormais la création d’une commission d’enquête internationale tandis que la veuve d’Arafat, Souha, qui a déposé plainte en France en 2012, entend solliciter « tous les tribunaux à travers le monde FARID ALILAT pour punir les auteurs de ce crime ». l JEUNE AFRIQUE
La semaine de J.A. Tour du monde CHINE
FRANCE
Le temps des bombes
Drôle d’Alternative
LE 28 OCTOBRE, une attaque-suicide à l’entrée de la Cité interdite, à Pékin, avait fait cinq morts et trente-huit blessés. Neuf jours plus tard, plusieurs bombes artisanales ont explosé devant le siège du Parti communiste à Taiyuan, capitale du Shanxi (un mort, huit blessés). Dans le premier cas, les autorités ont été promptes à accuser les indépendantistes ouïgours. Mais elles semblent pour l’instant minimiser la portée du second. Un quotidien officiel, le Global Times, n’y voit qu’une « conséquence logique de l’ouverture » en cours dans le pays.
L
’
un, telle Jeanne d’Arc, rêve d’un destin national et, depuis 2002, ne manque jamais une joute présidentielle – il fut candidat à trois reprises, avec des fortunes diverses. L’autre, telle l’Arlésienne, ne cesse de brandir la menace d’une candidature à laquelle il finit toujours par renoncer au milieu du gué – même à Paris, où l’UMP était prête à lui dérouler le tapis rouge pour les municipales de l’an prochain. Après tant d’années de louvoiements de bâbord à tribord, François Bayrou et JeanLouis Borloo, les capitaines du centrisme français, ont décidé d’unir leurs forces à bord d’un drôle d’esquif, sorte de fédération à géométrie improbable joliment baptisée L’Alternative. Alternative à quoi ? Aux lourdes galiotes du PS et de l’UMP ? On est prié de ne pas rire. Très isolé après son appel à voter Hollande en 2012 (le président, cet ingrat, s’est bien gardé de lui renvoyer l’ascenseur), Bayrou compte sur les élus borlooistes pour sortir du pot au noir. Quant à Borloo, victime de nombreuses avaries pendant son voyage en Sarkozie, il rêve de revanche. Comment tout cela va-t-il finir ? l
Le chiffre
20 %
Le quota de Noirs et de métis au Parlement et dans les assemblées législatives régionales (où ils ne sont actuellement que 8 %). C’est en tout cas le projet de loi que le gouvernement brésilien s’efforce de faire adopter. Avec des chances raisonnables de succès.
VENEZUELA
Vers une médiation papale
WITT/SIPA
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p Jean-Louis Borloo (UDI) et François Bayrou (Modem) à Paris, le 5 novembre.
RUSSIE
Marée rouge et brune NATIONAUXBOLCHÉVIQUES, ultraorthodoxes ou nostalgiques du tsarisme, le ban et l’arrière-ban de l’extrême droite russe – plus de 10 000 personnes, quand même – ont manifesté le 4 novembre à Moscou, à l’occasion de la N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
Fête de l’unité du peuple. Leitmotiv de ce rassemblement « rouge-brun »: contenir la déferlante de l’immigration, clandestine ou non, en provenance du Caucase et de l’Asie centrale. Principaux slogans scandés par les énergumènes : « La Russie aux Russes » – un classique – et « Aujourd’hui une mosquée, demain le jihad ». Certains vont apparemment jusqu’à réclamer l’application de la peine de mort pour les migrants en situation irrégulière.
BATTU À LA PRÉSIDENTIELLE du mois d’avril, qu’il juge entachée de fraudes multiples, Henrique Capriles a été reçu en audience privée au Vatican le 6 novembre. Le leader de l’opposition a sollicité la médiation du pape François dans la crise postélectorale, notamment en ce qui concerne le sort des prisonniers politiques. « Le mot du Saint-Père pour notre Venezuela bien-aimé, c’est “dialogue” », a-t-il commenté sur Twitter. Le pape avait fait la même suggestion apaisante au président Nicolás Maduro le 17 juin. Avec un succès mitigé. ESPAGNE
Royale saisie LEJUGEDEMAJORQUEquienquête sur les accusations de détournement de fonds visant Iñaki Urdangarin, gendre JEUNE AFRIQUE
ARRÊT SUR IMAGE
CARL COURT • AFP
ROYAUME-UNI/CORÉE DU SUD
Une reine peut en cacher une autre ELLE EST LA FILLE D’UN MONARQUE ABSOLU : Park Chung-hee, maître de la Corée du Sud de 1961 à 1979. Depuis qu’elle préside à son tour aux destinées de son pays, Park Geun-hye est parfois soupçonnée d’inclinations autocratiques. Mais la vraie reine, bien sûr, ce n’est pas elle, mais le personnage monochrome, débonnaire et suranné, quoique indiscutablement respectueux des règles de la démocratie, qui, le 5 novembre, à Londres lors d’une visite officielle, a pris place dans un carrosse à ses côtés.
du roi, et l’infante Cristina, son épouse, a fait saisir le 4 novembre seize de leurs propriétés. Notamment la moitié de leur maison de 2000 m2 dans le quartier huppé de Pedralbes, à Barcelone. Celle-ci a été mise en vente au prix de 9,8 millions d’euros, ce qui permettra de couvrir la caution civile de 6,1 millions d’euros que le couple s’est jusqu’ici abstenu de verser en dépit de l’injonction de la justice. L’infante vit à Genève depuis le mois d’août avec ses quatre enfants. Son mari est resté en Espagne. THAÏLANDE
Thaksin, le retour? DES MILLIERS DE THAÏLANDAIS manifestent sans discontinuer contre l’adoption le 1 er novembre d’une loi d’amnistie dont pourrait bénéficier Thaksin Shinawatra, l’ancien Premier ministre en exil depuis 2006 et condamné en 2008 à deux ans de réclusion pour JEUNE AFRIQUE
corruption. Qui n’est autre que le frère de Yingluck, l’actuelle chef du gouvernement. Selon ses détracteurs, cette dernière ne serait qu’une marionnette entre les mains de son frère, qui, depuis l’étranger, tirerait les ficelles tout en préparant son retour à Bangkok. Haï de la bourgeoisie urbaine, Thaksin demeure très populaire dans les campagnes pauvres du nord du pays. ARGENTINE
Kirchner mate Clarín SA POPULARITÉ est en berne et son parti vient d’essuyer une lourde défaite aux élections législatives, mais Cristina Kirchner a marqué un point important sur le front médiatico-judiciaire. Le 29 octobre, à l’issue d’une longue bataille, Clarín, le puissant groupe de presse passé à l’opposition depuis quelques années, a été définitivement condamné par la Cour suprême à se
mettre en conformité avec la nouvelle loi antitrust dans les médias. Ce qui signifie qu’il va être contraint de céder de nombreuses licences de radiotélévision et la moitié de ses abonnés au câble. BIRMANIE
Arrêtez le massacre! UNE CINQUANTAINE DE MORTS, 90000 déplacés, plus de 300000 réfugiés au Bangladesh et des milliers de maisons détruites: tel est le bilan du terrible conflit qui, depuis juin 2012, oppose dans l’ouest de la Birmanie les Rohingyas, communauté musulmane non reconnue par le gouvernement, aux Rakhines, majoritairement bouddhistes. Le 3 novembre, alors que 70 Rohingyas étaient portés disparus à la suite du naufrage de leur embarcation en route vers la Malaisie, le gouvernement a, pour la première fois, constituéunecommissionchargéedejeter les bases d’un plan de réconciliation. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Grand angle
La guerre SAHEL
de l’ombre Assassinat de deux journalistes, libération des otages d’Arlit, négociations difficiles avec les Touaregs… IBK est fragilisé sur son territoire tandis qu’Issoufou apparaît comme l’homme fort d’une région livrée aux bandes barbares rendues folles par la surenchère des rançons.
q À deux semaines des élections législatives, le chef de l’État (ici décorant à titre posthume les deux reporters de RFI) tente de reprendre la main à Kidal.
L
a question touarègue. Avant même d’être élu, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) savait qu’elle s’imposerait à lui bien assez tôt. Il savait aussi qu’il serait trop souvent court-circuité sur ce dossier. Que la France, longtemps complaisante avec la frange indépendantiste représentée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), mais aussi l’Algérie et le Niger, deux pays directement impactés par les remous du Nord-Mali, continueraient de jouer un rôle parfois trouble. Deux événements, l’un heureux (la libération dans le nord du Mali de quatre otages français), l’autre tragique (l’enlèvement et l’assassinat à Kidal de deux journalistes français), l’ont confirmé ces derniers jours, à quelques semaines des élections législatives prévues le 24 novembre. Alors il a haussé le ton. « Il faut mettre un terme à la situation à Kidal.
On ne saurait la tolérer plus longtemps ! » a-t-il tonné le 5 novembre à Bamako, lors d’une réunion ministérielle sur le Sahel. Déjà, lors du huis clos entre les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le 25 octobre à Dakar, il avait interpellé ses homologues en des termes similaires. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, s’est alors tourné vers Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne : « Que proposez-vous ? » Surprise du chef de l’État burkinabè : « Il y a certes un problème de l’Azawad, mais c’est un problème malien, qui doit être réglé entre Maliens »… IBK a vu rouge. « Il n’y a pas d’Azawad au Mali ! Le problème, c’est le MNLA, à Kidal ! » En colère, le président malien l’est. Lui qui a été élu sur la promesse de rétablir la dignité du Malien s’est vu, en moins d’une semaine, court-circuité par deux fois lors l l l
PHILIPPE DESMAZES/AFP
SEIDIK ABBA, envoyé spécial à Bamako
Grand angle Sahel d’opérations sur son propre territoire – comme Amadou Toumani Touré en son temps. D’abord lors de la libération des otages d’Arlit, le 29 octobre. Affaire directement gérée par Niamey et Paris. Les négociateurs nigériens, arrivés quelques jours plus tôt sur le sol malien, ont récupéré les quatre Français sans aucune participation des autorités maliennes. Selon une source proche d’IBK, il n’a pas été informé – ou s’il l’a été c’est au dernier moment – qu’un hélicoptère de l’armée nigérienne s’apprêtait à se poser sur le sol malien. « On aurait préféré être informés avant », glisse cette source. Le Mali, pour faciliter les négociations, avait pourtant levé les mandats d’arrêt internationaux lancés contre plusieurs chefs rebelles touaregs, parmi lesquels Alghabass Ag Intalla et Ahmada Ag Bibi, deux lieutenants d’Iyad Ag Ghali, le chef du groupe jihadistemalienAnsarEddinequiauraitjouéunrôle déterminant dans la négociation. Le goût est amer. À peine le temps de ravaler son orgueil que le locataire du palais de Koulouba se retrouve brutalement confronté à l’assassinat, le 2 novembre à Kidal, de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, deux reporters de RFI. Le commanditaire présumé de cette opération, Abdelkrim al-Targui (AbdelkrimleTouareg),chefd’unekatibad’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) – qui a revendiqué les faits le 6 novembre –, est issu de la tribu touarègue Ifoghas (comme Ag Ghaly). Il est aussi à l’origine du rapt, au mois de novembre 2011, des Français Philippe Verdon (retrouvé sans vie en juillet) et Serge Lazarevic, toujours retenu dans le désert. BAVURE. Aux larmes versées devant les dirigeants
de France Médias Monde deux jours après la macabre découverte succède la rancœur. Non seulement IBK est persuadé que ce drame ne serait jamais arrivé si la France avait laissé l’armée maliennesécuriserKidal,mais,enoutre,lesFrançais le mettent une fois de plus à l’écart ! Tout juste les gendarmesmaliensont-ilsétéassociésauxpremiers constats, sur la scène du crime. Paris, qui a ouvert une information judiciaire pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste », confisque la suite de l’enquête : les limiers débarqués de l’Hexagone le 4 novembre au soir sont accueillis au pied de l’avion par un gendarme de l’ambassade de France… Les officiels maliens sont absents du tarmac de l’aéroport de Bamako-Sénou, et du salon d’honneur,quelesenquêteursquittenttrèsvitepour se rendre sur le terrain. Rapidement identifiés, les suspects sont arrêtés par les militaires de Serval, et transportés à Gao pour y être interrogés. Aucune autorité judiciaire malienne n’est intervenue dans la procédure, depuis leur détention jusqu’à leur remise en liberté. « Tout cela est très gênant pour IBK, explique un analyste politique. C’est un sacré dilemme : il ne veut rien faire qui puisse apparaître comme de l’ingratitude envers la France et sa décision N O 2757 • du 10 au 16 novembre 2013
SARAH TISSEYRE/RFI
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JEAN-MARC
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p Kidal fut la première mission commune de Ghislaine Dupont (à dr.) et Claude Verlon. C’était au mois de juillet, et de la ville du Nord-Mali ils avaient saisi des instantanés pour l’Histoire. Ils s’étaient si bien trouvés, elle, la journaliste au franc-parler, lui, le technicien à l’âme généreuse, qu’un de leurs amis et collègues de RFI les avait surnommés, après leur retour, « les mariés de Kidal ». Il ne savait pas que ce serait pour le meilleur et pour le pire.
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Une fois de plus, la France l’a tenu à l’écart
d’intervenir le 11 janvier. Mais il ne veut pas non plus donner aux Maliens l’impression que le pays n’a pas son mot à dire sur des événements qui se passent ici. » Surtout, le président malien sait qu’il a encore besoin des forces françaises pour maintenir la pression sur les groupes terroristes et assurer la sécurité dans le septentrion de son pays. L’armée malienne, censée prendre le relais de Serval, n’est pas encore opérationnelle. Deux bataillons de 700 hommes chacun ont certes été formés par la Mission européenne de reconstruction de l’armée du Mali (EUTM, en anglais). Et un troisième sur les quatre prévus est en cours de formation. Ce sont donc près de 2 800 hommes que l’UE aura formés à la fin de sa mission. Au-delà de ce nombre peu important pour le Mali, l’un des plus vastes pays d’Afrique subsaharienne, le comportement de l’armée malienne sur le terrain est sujet à caution. Le bataillon Elou, le tout premier encadré par l’EUTM, avait refusé de se présenter à la cérémonie de sortie de formation, en raison des problèmes de prime et de promotion. Le second bataillon a été rappelé lundi 4 novembre à Bamako à la suite d’une « bavure » contre trois vieux notables touaregs qui se rendaient à des négociations avec le pouvoir. Battus et torturés, deux d’entre eux sont toujours entre la vie et la mort. Sur le terrain, l’armée malienne rencontre des difficultés opérationnelles. C’est Serval qui fait le plan des patrouilles et conduit les opérations de sécurisation. Les problèmes de prime, de discipline et de promotion persistent dans les rangs. S’y ajoute la fracture entre les Bérets verts du général Amadou Haya Sanogo et les Bérets rouges restés fidèles au président Amadou Toumani Touré, renversé le 22 mars 2012. Malgré une réconciliation formelle obtenue difficilement par le président de jeune afrique
La guerre de l’ombre transition, Dioncounda Traoré, les deux composantes de l’armée malienne ont du mal à s’entendre. Des blessures ne sont pas encore cicatrisées : on reste toujours sans nouvelles du colonel Youssouf Traoré, victime présumée parmi d’autres des règlements de comptes entre militaires maliens, dont celui de la nuit du 30 septembre au 1er octobre, au camp militaire de Kati. DÉCEPTION. Pour des raisons différentes, la situa-
tion des troupes de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) n’est guère plus brillante. Sur les 12 000 hommes attendus, moins de la moitié sont pour l’heure sur le terrain. Ils sont même moins nombreux que lorsque la Minusma a succédé à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), le 1er juillet. Car non seulement les Nations unies n’arrivent pas à convaincre des pays d’envoyer des troupes, mais en plus le Nigeria, qui jouait un rôle important au sein de la force déployée par les États de l’Afrique de l’Ouest, a retiré une partie des siennes. Troppeunombreux,lesCasquesbleusmanquent aussi de moyens logistiques et dépendent en grande partie de l’opération Serval pour l’intendance et la mobilité. À Kidal, ville tenue par les Sénégalais du colonel Guiran N’Diaye, la Minusma n’assure que le service minimum: escortes des délégations officielles, protection du personnel onusien. Avec l’armée malienne, elle n’a pu conduire aucune grande opération d’envergure contre les jihadistes sans le soutien des forces françaises. En attendant la consolidation de ses moyens militaires,legouvernementduprésidentIBKcourtaprès une réponse politique au problème du Nord. Et ne l’a pas encore trouvée. Le MNLA, le Haut Conseil unifié de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), qui négocient actuellement à Ouagadougou et qui tentent de se regrouper dans une plateforme commune, estiment que le pouvoir ne va pas assez loin dans ses concessions. En revanche, une partie de la population qui a voté IBK sur sa promesse de fermeté et d’intransigeance sur la question du Nord crie déjà sa déception. À Koulouba, si l’on admet que certains dossiers hérités de la transition gênent le début du mandat, on préfère dédramatiser. Le président IBK n’a-t-il pas réussi à déloger, sans difficulté, l’ex-putschiste Sanogo de sa « république de Kati », et à le ramener dans une villa du quartier du fleuve Niger ? Dans l’entourage du chef de l’État, on insiste également beaucoup sur le parallèle avec le Mali de 1994. Alors chef du gouvernement du président Alpha Oumar Konaré, il avait rétabli l’autorité mise à mal par des mouvements sociaux. Mais cette foisci, ce ne sont pas des étudiants en colère qui lui font face, mais des groupes armés jihadistes avec lesquelsledialogueestimpossible,desmouvements irrédentistes touaregs, et un rapport diplomatique compliqué avec la France. l JEUNE AFRIQUE
Issoufou, ce héros… Au lendemain du dénouement qui a vu le retour dans leur foyer des quatre otages, le président nigérien apparaît comme l’architecte de l’opération dont voici les coulisses.
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es images ont tourné en et Mohamed Akotey (lire page 32) boucle pendant deux jours en a été son maître d’œuvre. « Ce en France. Elles montrent sont eux, et eux seuls qui ont Mahamadou Issoufou, le obtenu ces libérations, souffle président du Niger, bonnet couune source diplomatique franleur bordeaux et boubou blanc çaise. Nous ne leur avons apporté immaculé comme à son habiqu’un soutien logistique. » tude, entouré, dans une pièce La réalité est certainement exiguë d’une résidence officielle, plus complexe. Il est probable de Thierry Dol, Daniel Larribe, que des sociétés privées aient Pierre Legrand joué un rôle, mais et Marc Féret, personne ne sait les quatre otages jusqu’à quel point. Hollande : français d’Arlit Une partie de la « Mahamadou, tout juste libérés presse française a après 1 139 jours notamment cité la je compte de détention dans société Amarante, sur toi » le désert. Eux sont que dirige Pierrehagards, lui, sobre, Antoine Lorenzi, comme souvent. un ancien haut Il aurait pourtant pu en faire des fonctionnaire proche de la gauche tonnes. Quelques heures plus ainsi que d’Alger, et qui aurait eu tôt, en ce dernier mardi du mois pour mission, outre de servir de d’octobre, c’est lui qui avait appelé courroie de transmission entre « son ami » François Hollande, Paris et Niamey, d’assurer la sécualorsendéplacementenSlovaquie, rité des négociateurs. À l’Élysée pour l’informer que les quatre comme à Niamey, on nie avoir fait otages étaient entre les mains de appel à cette société. « Akotey n’a ses hommes et qu’ils étaient en pas besoin d’être protégé par des route pour le Niger. Français pour se rendre dans le Sahel », persifle une source touarègue. Mais une valise pleine de NÉGOCIATEUR. Depuis, à Paris billets de banque, peut-être… comme à Niamey, c’est le même refrain: Issoufou est le grand archiIlestégalementprobableeneffet tecte de cet heureux dénouement, qu’une rançon ait été versée l l l
OTAGES AU SAHEL : DES RANÇONS TOUJOURS PLUS IMPORTANTES
20 000 000 d’euros
15 000 000 $
10 000 000 $
5 000 000 $
Avril 2009 2 diplomates canadiens
Août 2010 3 humanitaires espagnols
Février 2011 3 employés d’Areva/Vinci
Juillet 2012 3 humanitaires (2 Espagnols et 1 Italienne)
Octobre 2013 4 employés français d’Areva/Vinci
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Grand angle Sahel aux ravisseurs. Plusieurs médias évoquent la somme de 20 millions d’euros. Mais, là encore, le gouvernement français nie. Comment pourrait-il en être autrement alors que Hollande clame depuis plusieurs mois que les rançons, avec lui, c’est fini. À Niamey, on feint de ne rien savoir à ce sujet. Il est en revanche avéré que le président français a eu son mot à dire sur les conditions de la libération et que son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est déplacé à Niamey à plusieurs reprises. Il s’y trouvait deux semaines avant la libération pour finaliser le plan. lll
AFFRONT. Une certitude : c’est le Niger
qui a obtenu des geôliers qu’ils libèrent les otages et qui est allé les chercher dans le nord du Mali, où ils étaient baladés depuis leur enlèvement le 16 septembre 2010. Dès sa prise de fonctions, en avril 2011, Issoufou en fait une affaire personnelle. L’ancien cadre de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), une filiale nigérienne d’Areva, le géant mondial de l’uranium qui compte des salariés parmi les otages, ne supporte pas l’idée que son pays ne lave pas cet « affront ». « C’est au Niger qu’ils ont été enlevés, c’est au Niger de les ramener chez eux », dit-il à ses proches. Il ne s’agit pas seulement de redorer le blason de son pays. Issoufou sait que pour attirer les investisseurs miniers, il faut être irréprochable en matière de sécurité. Rapidement, il consulte. Tout le monde lui parle de Mohamed Akotey. Ce Touareg rigoureux et discret avait été mandaté par le général Salou Djibo, le président du régime de transition, pour négocier avec les ravisseurs. Parti en quête d’Abou Zeid deux semaines seulement après le rapt, il l’avait rencontré le 18 octobre 2010 grâce à des cousinages touaregs qu’il cultive depuis des années tant au Niger qu’au Mali. Là, à l’extrême nord du Mali, l’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) lui révèle qu’il est arrivé trop tard : un autre émissaire l’a devancé, Ahmada Ag Bibi, l’un des lieutenants d’Iyad Ag Ghaly que des réseaux français, adoubés par le président du Mali, Amadou Toumani Touré, ont contacté. Tenace, Akotey obtient tout de même d’Abou Zeid le droit de revenir. Ce qu’il fera. Une fois, deux fois… dix fois. C’est que lui aussi, selon les mots d’un autre médiateur du désert qui le connaît bien, « en a fait une affaire personnelle ». Au fil des mois, Akotey profite de N O 2757 • du 10 au 16 novembre 2013
THIERRY MUNCH/AFP
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p À Niamey, le 29 octobre, lors de la libération des otages. Le président nigérien entouré des ministres français Jean-Yves Le Drian (à g.) et Laurent Fabius (à dr.).
Montant estimé de la rançon: 17 millions de dollars (12,6 millions d’euros). Déjà, les captifs tout juste libérés passent par Niamey. Mais Akotey n’y est pour rien. Quand il avait croisé pour la première ses incursions dans le Nord-Mali pour fois le regard d’Abou Zeid, il avait proposé prendre des nouvelles des captifs. Pour six fois moins… garder le contact aussi avec Abou Zeid et Mais la roue va tourner. Alors qu’Akotey ses hommes, notamment son bras droit, continue ses va-et-vient entre l’Aïr et un dénommé Choueib. Bien lui en a pris. l’Adrar des Ifoghas et assiste à la matuQuand Issoufou le fait venir au palais, ration de la future rébellion armée, puis à son déclenchement, les sommes évoAkotey lui prouve qu’il est l’homme de la situation. Il n’a pas grand mal : les quées aiguisent les appétits. Les intermédeux hommes se connaissent depuis diaires se multiplient. Bientôt, Gadoullet longtemps. Akotey est membre du Parti se met à dos le gouvernement malien. nigérien pour la démocratie et le sociaPuis Ag Bibi rejoint Ansar Eddine. Le lisme (PNDS), que précontact est de plus en plus side Issoufou. C’est aussi difficile. François Hollande un proche du Premier « débranche » Gadoullet. « C’est ministre, Brigi Rafini, et Nous sommes à la fin de au Niger de certains des membres 2012. de les de son cabinet. Dès leur première rencontre, à l’Élysée, six mois libérer » ÉMISSAIRES. Issoufou plus tôt, Issoufou avait parlera de lui à Nicolas évoqué la question avec Sarkozy. Mais à cette époque, c’est un Hollande. Il lui avait notamment parlé autre émissaire qui a le vent en poupe. d’Akotey et de ses contacts solides avec Le Français Jean-Marc Gadoullet : un les ravisseurs. C’est donc vers son camaancien officier de la Direction générale rade de l’Internationale socialiste que le de la sécurité extérieure (DGSE) reconprésident français se tourne. « Je compte verti dans la sécurité privée (il a été le sur toi », lui dit-il. Ce n’est pas une mission qu’il lui confie – « parce qu’Issoufou n’est conseiller militaire d’Idriss Déby Itno) pas un préfet », glisse un conseiller à l’Élyet introduit dans l’Adrar des Ifoghas par sée –, mais c’est tout comme. À chacun le même Ahmada Ag Bibi. de leur tête-à-tête, ils prennent quelques En février 2011, Gadoullet obtient la minutes pour en parler en aparté. Même libération de trois des sept otages (une Française, un Malgache et un Togolais). leurs plus proches collaborateurs ne sont jeune afrique
La guerre de l’ombre avait d’ailleurs consacré son mémoire à cette rébellion. Janvier 2013 : la guerre éclate. Des semaines sans nouvelles. Puis l’annonce de la mort d’Abou Zeid. Au bout de quelques mois, Akotey réactive ses réseaux, et notamment Iyad Ag Ghaly, qu’il parvient à contacter et qui a, semblet-il, joué un rôle crucial dans le dénouement de cette affaire. Les deux hommes se connaissent depuis longtemps. Ils sont liés par des liens familiaux (tous deux sont ifoghas) « qu’il est impossible de rompre », glisse un proche d’Akotey. Une chance : les otages n’ont pas
Une région sous pression
pas mis dans la confidence. Il arrive aussi qu’ils s’appellent au téléphone. Akotey, lui, est en contact avec la DGSE. À Niamey, rares sont ceux qui sont placés dans le secret. Akotey, très discret, n’en parle qu’à ses proches. À chacun de ses retours de mission, il ne rend compte qu’à deux hommes : le président et le chef des services de renseignements, le général Lawal Chékou Koré. Cet officier n’est pas un inconnu au Niger. En 1999, il a fait partie des militaires qui ont porté la transition après l’assassinat de Baré Maïnassara. Une fois élu, Mamadou Tandja le nomme chef d’état-major de la Gendarmerie nationale. Chargé quelques mois plus tard d’une enquête sur une tentative de coup d’État, il provoque la colère du Premier ministre d’alors, Hama Amadou, en blanchissant les militaires soupçonnés. Il est limogé puis mis aux arrêts, et entame une longue traversée du désert (qui le verra notamment rejoindre les rangs de l’Onuci à Bouaké). DÉNOUEMENT. Dèssonélection,Issoufou
le nomme à la tête des Renseignements, puis le fait général. Considéré comme un homme de confiance par le président, il possède un autre atout : il connaît très bien Akotey depuis qu’il a dirigé dans les années 1990 le Haut-Commissariat à la restauration de la paix, une structure créée en 1994 en guise de réponse à la première rébellion touarègue. À l’issue d’un stage à l’École de guerre de Paris, il JEUNE AFRIQUE
BAMAKO: le 4 novembre, IBK pleure la disparition des deux journalistes et, en coulisses, reproche à la France de ne pas laisser l’armée malienne sécuriser Kidal
services de renseignements de Bamako savent où sont les otages et qui les détient. Et ont mis Paris au parfum. Un bon moyen de pression sur les ravisseurs. Le 29 octobre, Akotey ramène enfin les quatre hommes. Que s’est-il passé ce jour-là ? En France, plusieurs médias évoquent le déplacement, dans l’extrême nord du Mali, d’une délégation composée de Français et de Touaregs et dirigée par Akotey. Au Niger, c’est une tout autre version qui circule dans l’entourage le plus proche du président Issoufou. En fait de délégation d’envergure, Akotey aurait été seul à prendre la route du Nord.
ADRAR DES IFOGHAS : le 29 octobre, les quatre otages français sont libérés
KIDAL: le 3 novembre sont découverts les corps sans vie de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux reporters de RFI
MALI
BAMAKO
NIAMEY : autour du 22 octobre, Mohamed Akotey quitte la capitale nigérienne pour Kidal
changé de mains contrairement à ce qui a été annoncé. C’est toujours les hommes d’Abou Zeid qui les détiennent. En juillet 2013, l’émissaire ramène du désert une preuve de vie. En septembre (quelques jours après la cérémonie d’investiture d’Ibrahim Boubacar Keïta, à laquelle il a assisté), des inquiétudes. « Cela prendra encore du temps », confie-t-il à ses proches. Puis à la mi-octobre le voilà qui repart subitement sur le terrain avec une poignée de jeunes Touaregs. Personne, hormis le cercle restreint des initiés, ne connaît la raison de cette précipitation. Est-ce cette information glanée par les Maliens ? Depuis quelques jours, les
NIGER
Kidal
NIAMEY
Agadez Zinder Diffa
Il se serait d’abord rendu à Kidal vers le 22 octobre. Puis les geôliers lui auraient fixé un rendez-vous, en lui fournissant des coordonnées GPS, à une centaine de kilomètres au nord de Kidal, dans l’Adrar des Ifoghas. Dès le lieu de l’échange connu, un hélicoptère de l’armée nigérienne (un Mi-17) a décollé de Niamey. À son bord : des pilotes, des agents du renseignement et le général Koré, qui a planifié l’opération. Les quatre Français auraient été amenés sur ce lieu à bord de deux 4x4 escortés de quatre autres pick-up armés. Après des échanges brefs (« vingt minutes », selon une source militaire), les otages seraient montés dans l’hélicoptère. Trois heures plus tard – la nuit tombait –, ils posaient le pied sur le tarmac de l’aéroport militaire de Niamey, où les attendait Issoufou. Aujourd’hui, ils sont libres. Et Hollande doit une fière chandelle à « son ami » nigérien. l RÉMI CARAYOL N O 2757 • du 10 au 16 novembre 2013
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Grand angle Sahel Il n’a alors pas de mots assez durs pour dénoncer la nouvelle rébellion touarègue, « injustifiée » car menée par « des petits bandits ». Il profite de son poste pour construire des puits pastoraux dans le nord du Niger et accompagner le développement du secteur de l’élevage. Des initiatives qui renforcent sa crédibilité auprès des autres Touaregs, bien au-delà des seuls Ifoghas. Bien que francophile, Akotey obtient définitivement le statut de « notable touareg ». Il a mûri, arbore une calvitie et préfère le turban bleu au costume-cravate. Un véritable chef touareg.
PORTRAIT
Mohamed Akotey Profession: négociateur Ancien ministre, directeur de la filiale du groupe nucléaire français Areva, cet homme discret a su gagner la confiance des Touaregs et des autorités nigériennes et françaises.
D
e Mohamed Akotey, héros discret de la libération des otages d’Arlit, les Nigériens disent qu’il a eu plusieurs vies. Toutes dictées par des circonstances exceptionnelles. Jeune étudiant en géographie à l’université de Niamey, la vie de cet homme de 46 ans originaire du village de Tidène, dans la région d’Agadez, bascule une première fois lorsqu’il quitte son pays dans les années 1990 pour poursuivre des études d’archéologie en France, grâce à une bourse de la coopération française obtenue par sa famille. Le 15 décembre 1995, un événement inattendu interrompt son cursus et change totalement sa vie : son oncle Mano Dayak, cofondateur avec Thierry Sabine du rallye Paris-Dakar et figure emblématique (surtout en France, où les médias en ont fait leur coqueluche) de la rébellion touarègue qui a éclaté cinq ans plus tôt, décède dans un tragique accident d’avion dans les montagnes du Nord-Niger alors qu’il se rendait à Niamey pour un nouveau round de négociations. Il faut vite trouver un nouveau chef, emblématique comme Mano Dayak, capable de fédérer une rébellion minée par les divisions et de laisser la place aux autres quand viendra le moment de toucher les dividendes de la lutte. Un leader capable aussi de tact et de fermeté avec les autorités nigériennes. Akotey a le profil de l’emploi. « Ce n’est pas un va-t-en-guerre. C’est un intellectuel. Un homme qui ne parle pas beaucoup, mais en qui on peut avoir confiance. Il est calme, réservé et correct », dit de lui un autre médiateur sahélien. Pressé par la famille, Akotey prend ainsi la tête de la Coordination de la résistance armée (CRA), fondée par son oncle. Il hérite aussi de ses réseaux parisiens dans la diplomatie, le showbiz, les médias et les services secrets. Continuité familiale, pas stratégique:Akoteyrejointleprocessusdes « accords de paix définitive » le 25 octobre 1995 à Niamey, signés le 24 avril de la même année par la plupart des groupes rebelles mais rejetés par son oncle. Il N O 2757 • du 10 au 16 novembre 2013
BESOGNEUX. En 2008, il démissionne de son poste de ministre pour devenir président du conseil d’administration d’Imouraren SA, une société nigérienne détenue à 58 % par le groupe nucléaire Areva, mise sur pied pour exploiter la très prometteuse et très convoitée mine d’uranium d’Imouraren. En redoutable tacticien, il sait que la gestion de cette matière première ouvre des portes à Paris, dans les milieux économiques, politiques réussit aussi à mettre fin à la querelle de et dans la communauté du renseigneleadership avec Rhissa Ag Boula au sein ment. Lorsque le président nouvellement de la communauté touarègue, allié puis élu, Mahamadou Issoufou, à la suite de rival de Mano Dayak. Salou Djibo, le confirme dans son rôle officieux de médiateur nigérien pour la STRAPONTIN. Au lendemain de la signalibération des otages d’Arlit, personne ne ture des accords de paix, les chefs rebelles trouve à y redire. Ni à Paris, ni à Niamey, obtiennent tous des strapontins ou des ni même à Ouagadougou. compensations financières : Rhissa Ag Sa première mission dans le NordBoula, Mohamed Anako, Mohamed Mali, Akotey la mène en octobre 2010, Ag Aoutchiki Kriska, à peine deux semaines Issa Lamine… Tous, sauf après l’enlèvement des sept Mohamed Akotey, qui otages d’Areva. Il rencontre, À dix choisit de retourner dans le 18 octobre, grâce à ses reprises, il l’ombre pour cultiver réseaux touaregs, l’émir patiemment ses réseaux d’Aqmi Abou Zeid dans rencontre danssacommunauté.C’est l’Adrar des Ifoghas, et il Abou Zeid, le un Ifogha, comme Iyad Ag lui parle sans sourciller, tueur d’Aqmi Ghaly,chefdu mouvement les yeux dans les yeux. islamiste malien Ansar En juillet, il ramène des Eddine qui jouit, dans cette preuves de vie des quatre communauté, d’une immense aura. Leurs otages restants (sur les sept enlevés). « Le destins ont pris des voies différentes, mais dénouement approche », a-t-il glissé à ses ils se respectent. D’Iyad, Akotey disait il y a proches et à ses contacts français avant quelques mois qu’« il ne combattra jamais de finaliser, le 27 octobre, leur libération. Aqmi [Al-Qaïda au Maghreb islamique], Ce jour-là, son destin a une nouvelle car ce sont des musulmans, comme lui ». fois basculé. L’homme de l’ombre timide Il assurait aussi qu’à aucun moment il et besogneux est devenu la coqueluche de n’avait détenu les Français. la presse française. Lui se serait bien passé La vie de l’ancien étudiant en archéolod’une telle publicité. Après avoir ramené gie prend un nouveau tournant lorsqu’en les otages à Niamey, il s’est discrètement 2007 le président nigérien Mamadou éclipsé. Depuis, il refuse de parler aux Tandja le nomme ministre de l’Environnejournalistes. La gloire, c’est bon pour les ment et de la Lutte contre la désertification. SEIDIK ABBA et RÉMI CARAYOL autres. l DR
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jeune afrique
La guerre de l’ombre EN VÉRITÉ
Opinions & éditoriaux François Soudan
Le désert des barbares
L
E DIMANCHE 3 NOVEMBRE, lendemain de l’assassinat de nos deux confrères de RFI non loin de Kidal, avait été déclaré jour de deuil continental par l’Union africaine. Non pas en hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon, mais à la mémoire des 350 victimes anonymes de la tragédie de Lampedusa, noyées aux portes de la forteresse Europe. Mauvaise pioche : un dimanche d’abord et un dimanche submergé par le torrent d’émotion médiatique qu’a suscitée à juste titre la disparition des deux journalistes français. Résultat, pas une ligne, pas un écho sur ce nonévénement à propos duquel il n’y avait d’ailleurs rien à dire, puisque les recommandations de l’UA – mise en berne de tous les drapeaux et minute de silence dans tous les lieux publics – sont partout passées inaperçues. Quelques jours avant le drame de Kidal, 92 corps décomposés, à demi dévorés par les chacals, ont été retrouvés à la frontière nigéro-algérienne, morts de soif à quelques kilomètres d’un puits. Parmi eux, 52 enfants qui tous serraient dans les replis de leurs chemises les Corans et les tablettes des talibés. Sans doute l’effectif au complet d’une école coranique du sud du Niger venu mendier en Algérie, là où l’aumône permet encore de survivre. L’un des deux camions qui les transportaient pour le compte d’un réseau de trafiquants établi entreTamanrasset, Arlit et Agadez, et dont les liens avec les katibas jihado-mafieuses sont connus, était tombé en panne. Le chauffeur est alors monté à bord du
véhicule en état de marche, lequel, après s’être délesté de sa cargaison humaine, aussitôt remplacée par les jerricans d’eau potable disponibles, a fait demi-tour afin d’aller chercher les pièces détachées nécessaires à la réparation. Il n’est jamais revenu. La suite, l’errance, la souffrance, l’agonie et la découverte le 31 octobre par une patrouille de secours des petits cadavres momifiés, relève de l’indicible. Cette hécatombe n’a fait la une d’aucun JT, ni donné lieu au moindre communiqué du Conseil de sécurité de l’ONU. Seul le Niger a décrété trois jours de deuil national, dans l’indifférence quasi générale. Comment ne pas faire la comparaison ? D’un côté un président, une Assemblée nationale et des médias français communiant dans la douleur des familles des victimes et de leurs collègues touchés au cœur. De l’autre ces chefs d’État africains, prompts à présenter leurs condoléances – et même à écraser une larme – pour le décès de ces deux professionnels étrangers victimes d’un devoir d’informer dont ils n’ont généralement cure, mais que le sort de 52 gamins naufragés des sables laisse manifestement impassibles. Dans ce Sahel rendu fou par l’argent des rançons et des trafics, parcouru de bandes barbares, où preneurs d’otages, tueurs de journalistes et contrebandiers d’enfants échangent constamment leurs rôles, les morts n’ont pas tous la même valeur. Une dichotomie qui n’aurait certainement pas échappé à Ghislaine Dupont. l
AFP
t Prise avec un téléphone portable, cette photo est l’une des seules qui existent sur le drame qui s’est déroulé dans le nord du Niger, fin octobre, où 52 enfants ont été retrouvés morts de soif.
JEUNE AFRIQUE
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Afrique subsaharienne
GRANDS LACS
Ennemis
Afrique subsaharienne
intimes
Pomme de discorde entre Kinshasa et Kigali, les rebelles du Mouvement du 23-Mars ont finalement concédé une défaite historique. Mais la méfiance entre les deux voisins reste tenace. PIERRE BOISSELET, envoyé spécial à Kigali et à Kinshasa
O
nracontequ’auXVe siècleleshabitants du royaume du Rwanda fuirentleurpaysdevantl’avancée des Bunyoro, des envahisseurs venus du Nord, pour se réfugier chez les Bashi, de l’autre côté du lac Kivu, dans l’actuelle RD Congo. Initialement bonne, la cohabitation entre les deux peuples se dégrada progressivement, jusqu’à ce qu’un contentieux pousse les Banyarwanda à partir reconquérir leurs terres… Depuis, le Rwanda a bien changé. Fort de ses 11 millions d’habitants, le pays est dirigé avec poigne depuis Kigali, petite capitale propre, sécurisée et ordonnée, posée sur les collines où fleurissent des immeubles de verre. Les Bashi (dont est issu Vital Kamerhe, l’opposant et ancien président de l’Assemblée nationale congolaise) font quant à eux partie de la mosaïque des 67 millions d’habitants qu’est devenue l’immense RD Congo, avec pour mégalopole Kinshasa, joyeusement désorganisée, tentaculaire et frondeuse.
t L’armée congolaise reprend le contrôle de la base militaire de Rumangabo, le 28 octobre.
KAY JOSEPH/SIPAUSA/SIPA
PRÉJUGÉS. L’Histoire continue de lier Congolais
et Rwandais. Celle-ci est traversée d’échanges, sous les auspices d’un même colonisateur belge, de migrations, mais aussi d’ingérences et d’humiliations. Aussi la méfiance, les préjugés et parfois le mépris opposent-ils les deux nations. Il n’est pas rare d’entendre à Kigali que les Congolais sont paresseux ou, de l’autre coté de la frontière, que les « Rwandais » (terme qui désigne le plus souvent les Tutsis) sont menteurs. Nombre d’entre eux, dont la famille avait fui les pogroms des régimes hutus successifs, ont pourtant grandi au Zaïre, avant de revenir, après le génocide de 1994. À l’intersection de ces deux mondes : le NordKivu, province de l’est du Congo, riche en minerais et en armes de guerre. Refuge d’une importante minorité rwandophone, en proie à l’instabilité depuis près de vingt ans, cette zone cristallise les N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Afrique subsaharienne Grands lacs phobies nationales. Côté congolais, où l’on a dû se battre dès l’indépendance contre le séparatisme, on redoute une « balkanisation » du pays qui verrait une rébellion l’amputer d’une partie de son territoire. En créant en 2012 le Mouvement du 23-Mars (M23), énième rébellion issue de la communauté rwandophone, les officiers mutins du Nord-Kivu voulaient dénoncer le non-respect des engagements du gouvernement central. Sans doute ressentaient-ils également un sentiment de trahison après avoir tant fait dans leur province pour la réélection du président Joseph Kabila, lors du scrutin contesté de 2011. Mais dans les rues de Kinshasa, la thèse du mouvement sécessionniste téléguidé par Kigali (voire avec l’assentiment de… Kabila !) l’a immédiatement emporté. Nul n’a oublié que le Rwanda avait porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir face à Mobutu, en 1997, pour ne quitter le pays que des années plus tard. À l’époque, le mentor de Joseph Kabila n’était autre que le Rwandais James Kabarebe, actuel ministre de la Défense à Kigali. OBSESSION. Les nostalgiques du Grand Rwanda
ne manquent pas sur la rive ouest du lac Kivu. « Je ne suis pas le seul à le penser : certains territoires du Congo devraient nous appartenir, lâche Thomas, attablé dans un restaurant de Kigali. Les lieux portent des noms rwandais, et avant la colonisation ils étaient sous l’autorité du mwami [le roi]. » Les richesses minières du Nord-Kivu sont convoitées par tous. Mais à Kigali, où règne depuis 1994 un gouvernement issu de l’ancienne rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR), dont bien des membres ont perdu leur famille dans le génocide, la question sécuritaire est devenue une obsession. Lui-même arrivé au pouvoir par les armes à partir de l’Ouganda, le FPR du président Paul Kagamé sait trop bien ce que des rebelles peuvent faire dès lors qu’ils disposent de bases arrière et de soutien d’un pays voisin. Or les Hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda sont toujours présents dans l’est du Congo. Bien qu’affaiblis, ils sont parvenus en décembre 2012 à lancer de nouvelles attaques sur le sol rwandais. La menace deviendrait plus sérieuse en cas d’alliance avec les dissidents du régime en exil, parmi lesquels se trouvent quelques militaires expérimentés et de riches hommes d’affaires. Pour Kigali, le but est d’éviter d’avoir à affronter ses ennemis sur son sol, à la manière de son allié israélien, autre nation victime d’un holocauste et adepte des frappes préventives. Au-delà de la sympathie du gouvernement rwandais à l’égard du M23, ce dernier lui servait aussi de bouclier le long de la frontière. En dépit des accusations des experts de l’ONU, de gouvernements occidentaux N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
UN AN ET DEMI DE CRISE
2012 6 mai Création officielle du Mouvement du 23-Mars (M23), avec Sultani Makenga comme chef de la branche militaire 20 novembre Prise de Goma par le M23 24 novembre Début du retrait de Goma
30 novembre Le Royaume-Uni suspend une aide de 21 millions de livres destinée au Rwanda 18 décembre Le président américain Barack Obama appelle son homologue rwandais, Paul Kagamé
2013 24 février Signature de l’accord-cadre d’Addis-Abeba par 11 pays de la région 19 mars Bosco Ntaganda se rend après des affrontements avec son rival, Sultani Makenga 28 mars Création des brigades d’intervention par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU 3 octobre Les États-Unis suspendent leur aide militaire au Rwanda 5 novembre Le M23 annonce la fin de la rébellion
et d’ONG comme Human Rights Watch (la bête noire de Kigali tout au long de cette crise), le Rwanda a toujours nié fournir des hommes et des armes aux rebelles. À l’évidence, ces dernières semaines, Kigali n’a pas soutenu un M23 aux abois, comme en convient HRW. La pression inédite exercée par Washington en est l’une des explications. « Le 25 octobre, le Rwanda a menacé d’intervenir si son territoire était à nouveau visé par des tirs d’obus venant du Congo, rappelle Ida Sawyer, une enquêtrice de l’ONG. Dans la soirée, John Kerry [le secrétaire d’État américain] et William Hague [le ministre britannique des Affaires étrangères] ont tous deux appelé Paul Kagamé pour l’avertir : “Attention, il y a une ligne blanche à ne pas dépasser.” » SOULAGEMENT. Dès lors, Kigali n’a plus levé le petit doigt pour défendre les rebelles. Ainsi, au matin du 29 octobre, alors que le M23 perdait ses dernières batailles, Paul Kagamé préférait deviser sur l’intérêt des nouvelles technologies devant six chefs d’État qu’il avait invités. Au même moment, à Kinshasa, c’était le soulagement. La capitale congolaise n’a pas connu les mêmes souffrances que Goma, brièvement occupée par le M23 en novembre puis victime de tirs d’obus. Mais cela ne l’empêche pas de manifester sa solidarité : messages de soutien à la télévision et affiches sur les bâtiments publics dans l’est du pays. De crainte d’être pris pour cibles, les Tutsis de la capitale se terrent. En dépit de leurs turpitudes, les soldats des Forces armées de la RD Congo (FARDC), kalachnikov en bandoulière, font l’objet d’un rare consensus. Cette campagne victorieuse aurait été bien moins aisée sans l’appui des brigades d’intervention des Casques bleus de la Monusco, ces unités malawites, sud-africaines et tanzaniennes venues en renfort des forces congolaises. Kinshasa ne s’y est pas trompé : le président sud-africain Jacob Zuma, venu opportunément en visite d’État du 28 au 30 octobre, a eu droit à une standing ovation des parlementaires congolais au Palais du peuple. Pour autant, les Kinois n’ont pas basculé dans la liesse et certainement pas dans la gratitude envers Joseph Kabila. Toujours aussi réservé, ce dernier s’est gardé de tout triomphalisme, insistant sur la nécessité d’une solution politique. Une hypothétique réconciliation avec le Rwanda dépendra beaucoup du sort réservé par Kinshasa et la Monusco aux rebelles hutus des FLDR qui se trouvent sur son sol et dont Kigali attend avec impatience la mise hors d’état de nuire. Joseph Kabila devra aussi composer avec l’opinion. Le patriotisme de ce président qui vient de remporter sa première vraie victoire militaire depuis son arrivée au pouvoir reste sujet à caution pour bien des Congolais, qui le soupçonnent toujours de complicité avec « l’ennemi » rwandais. l JEUNE AFRIQUE
Afrique subsaharienne SÉNÉGAL
Un Versaillais pas comme les autres Que fait Abdoulaye Wade dans sa villa de la banlieue parisienne ? Il lit, réfléchit, conseille son ancien parti… Comme s’il n’avait pas renoncé à sa carrière politique et préparait son grand retour.
AUDE OSNOWYCZ/SIPA
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C
p L’ex-président est allé chercher des soutiens dans les pays du Golfe.
’
est depuis Dubaï qu’Abdoulaye Wade prépare son retour à Dakar. Son séjour dans les pays du Golfe, qui a commencé en octobre par un pèlerinage à La Mecque, en compagnie de sa fille, Sindiély, et de son médecin particulier, s’est transformé en une discrète « tournée » de plus d’un mois entre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU). « Comme tout leader d’un parti d’opposition, il y est allé pour chercher des soutiens et de l’aide logistique », indique El Hadj Amadou Sall, son ancien porte-parole. S’il s’est affiché tout sourire sur Facebook aux côtés de l’émir d’Al Fujaïrah, c’est à Dubaï que l’ancien président a œuvré. Il s’y est rendu pour tenter de réunir des preuves que la filiale sénégalaise du troisième opérateur portuaire au monde, Dubaï Ports World, n’appartient pas à son fils Karim Wade, comme le soutient la justice sénégalaise. « Sa priorité, c’est son fils et son pays. Il ne veut pas mettre à mal la relation économique entre les EAU et le Sénégal, au contraire », insistent ses conseillers. Avant de rejoindre Dakar, Abdoulaye Wade devrait faire une halte à Versailles, en banlieue parisienne. Au lendemain de la défaite présidentielle, en août 2012, le clan Wade s’est retranché au numéro 13 N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
d’uneruellecalme,dansunevillaenpierre meulière, bourgeoise mais sans faste. Sur la boîte aux lettres est indiqué le nom de la propriétaire : « Mme Viviane Vert, épouse Wade ». En l’absence des maîtres du lieu, le petit personnel monte la garde et attend le retour du « président ». L’expremière dame, elle, s’est envolée pour Dakar le 17 octobre et rend visite chaque semaine à leur fils Karim, incarcéré à la
Il se démène pour mobiliser ses réseaux. Objectif : hâter la libération de son fils. prison de Rebeuss depuis le 17 avril à la suite de l’affaire dite des biens mal acquis. Son séjour est à durée indéterminée. « Ce n’est pas l’ex-première dame mais la mère qui est à Dakar, et elle restera jusqu’à la libération », précise son entourage. TRISTESSE. Devant ses proches,
AbdoulayeWade,qui,àl’instardeSindiély, n’a pas vu Karim depuis sept mois, répète: « Si mon fils avait fait quelque chose de répréhensible, je serais le premier à le savoir. » Il s’est pourtant démené pour mobiliser ses réseaux en Afrique de l’Ouest et dans le Golfe afin de hâter la libération de son fils, qu’il considère comme un
« otage politique ». En vain. En coulisses, des ténors du droit s’activent, comme le redoutable et très discret Jean-Pierre Gastaud, et sont venus prêter main-forte à l’avocat Pierre-Olivier Sur. « Il est très affecté. Il parle de son fils et de son pays avec amour et tristesse, confie l’un de ses proches. Il se rappelle avoir été dans la même prison lorsqu’il était opposant et évoque un parcours initiatique du fils. C’est ainsi que lui-même a vécu la prison. » Gorgui [« Le vieux », en wolof] a maintes fois répété qu’il avait pris sa « retraite politique ». Mais dans les faits, l’ancien président, âgé de 87 ans, n’a jamais décroché. Au contraire, depuis son bureau, situé à l’étage de la villa versaillaise, il scrute la vie politique sénégalaise et agit. Plusieurs fois par jour, il s’entretient avec les cadres du Parti démocratique sénégalais (PDS), prodigue ses conseils, donne des ordres et partage ses vues et analyses. « Il s’implique encore beaucoup à nos côtés. Il ne nous a pas laissés tomber, et son expérience de vingt-six ans dans l’opposition nous est précieuse », confie Samuel Sarr, ancien ministre de l’Énergie. En tant que secrétaire général, Abdoulaye Wade est toujours le « patron » du PDS et entend bien le rester. Pour JEUNE AFRIQUE
CAMILLE MILLERAND POUR J.A.
Afrique subsaharienne
p De sa maison située près de Paris, il scrute la vie politique sénégalaise.
les chefs de file du parti qui ne sont pas soumis à une interdiction de sortie du territoire, Versailles est devenu un « passage obligé ». C’est le cas de Modou Diagne Fada, le président du groupe parlementaire, et d’El Hadj Amadou Sall, qui sont venus le consulter cette année pour affiner leur stratégie politique et l’informer de l’évolution de la situation judiciaire. Souvent Sindiély est là, aux côtés de ses parents, entourée des trois filles de Karim. La jeune femme a pris quelques distances avec la politique et essaie de renouer avec le monde de la finance. VOLUBILES. « Les affaires l’empêchent
de se concentrer pleinement sur ce qu’il aurait envie de faire à plein temps : renouveler et appliquer sa vision du panafricanisme », explique Oumar Sarr, le coordonnateur national du PDS. Celui qui présida aux destinées du Sénégal pendantdouzeansrêvetoujoursdemettre son « expertise au service du continent », comme il aime à le répéter à ses visiteurs, qui se montrent souvent circonspects lorsque ce libéral se définit comme un « panafricaniste néokeynésien ». Lui se dit sollicité par des chefs d’État africains et aspire à intégrer le club des grands de ce monde. Ses proches se montrent volubiles pour évoquer ses travaux et réflexions qui JEUNE AFRIQUE
visent à harmoniser les économies du continent, résoudre les crises politiques, réformer la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et œuvrer à la création d’une monnaie unique. Le tout dans l’objectif de parvenir à un embryon d’« États-Unis d’Afrique ». Pour contenter un tel ego, le Sénégal et l’Afrique sont trop étroits. Wade a toujours voulu jouer un rôle sur la scène mondiale. Il lit beaucoup et puise son inspiration dans les ouvrages historiques et philosophiques. D’ailleurs, à la librairie Gibert Joseph du centre-ville de Versailles, on remarque le passage de cet homme à l’allure altière, conduit par son chauffeur
dans une banale Laguna. « Si vous voulez me faire plaisir, offrez-moi un livre », a-t-il coutume de dire. Contrairement à son prédécesseur, Abdou Diouf, élu secrétaire général de la francophonie avec le soutien de Jacques Chirac, Abdoulaye Wade n’a jamais séduit la classe politique française. Et sa présence à Versailles suscite au mieux l’indifférence parmi les africanistes de Paris. Mais dans son salon lumineux, il reçoit bon nombre de diplomates étrangers et d’ambassadeurs africains selon un protocole bien huilé. Un visiteur raconte: « C’est assez touchant, car on est chez un couple de retraités. Il aime à raconter sa vie de chef d’État. Parfois, Viviane l’interrompt d’un “Tais-toi, laisse-moi parler !” et ça amuse beaucoup les convives. » Pour tenter de laisser une trace dans l’Histoire, il écrit. « Il a beaucoup travaillé à la rédaction de ses Mémoires », confie son avocat Pierre-Olivier Sur. Entre le roman de sa vie, la politique et le traitement des « affaires », Abdoulaye Wade enfourche son vélo d’appartement ou transpire sur son tapis de marche. Au fond, l’animal politique s’ennuie à Versailles. Son tempérament de combattant n’a pas été altéré et il évoque de plus en plus, lors de ses échanges permanents avec les cadres du PDS, son dessein de « monter au front personnellement ». Certains tentent de le freiner, le préférant éloigné à Versailles. Car la forte personnalité du patriarche pourrait mettre à mal la « direction collégiale » du parti et desservir le relatif regain de popularité dont elle bénéficie depuis son départ. Cela fait longtemps qu’Abdoulaye Wade parle de rentrer définitivement au pays et de s’installer dans la maison qu’il a fait bâtir au Point E. Le pouvoir, veut-il croire, se trouve à Dakar, tout comme son fils… et les ennuis judiciaires. l JOAN TILOUINE
IL REVIENT ? MÊME PAS PEUR ! « QUE LE PRÉSIDENT revienne chez lui et qu’il soutienne son fils, c’est normal. Pour nous, son retour à Dakar n’est pas un événement et encore moins un enjeu politique », tranche El Hadj Hamidou Kassé, conseiller spécial du président Macky Sall.
À la présidence, le retour d’Abdoulaye Wade laisserait indifférent. De même qu’au sein de l’Alliance pour la république, le parti créé par Macky Sall. Avec toutefois des limites : « S’il cherche à nous déstabiliser et revient en fauteur de troubles, ce sera une autre histoire », avertit
Abou AbelThiam, le porte-parole du président. « Je ne crois pas que le PDS soit un adversaire redoutable aux élections municipales. Wade va pouvoir se rendre compte sur place du dynamisme de notre politique », conclut Kassé. l J.T. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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africaine, ses institutions internationales et ses grands hôtels fréquentés par des diplomates du monde entier, ne manque pas de cibles symboliques… « Les Shebab ont les Éthiopiens dans le viseur, confirme Leur intervention en Somalie leur vaut la haine des jihadistes locaux. un diplomate africain en poste à Addis. Pour se protéger contre d’éventuels attentats, les Éthiopiens ont Maisilssaventaussitrèsbienquecenesont transformé leur pays en forteresse. Avec succès jusque-là. pas des enfants de chœur. » Car l’ancien empire de Haïlé Sélassié s’est progressiveous occupez notre terligne contre les Shebab. Mais, contrairement transformé en forteresse. Avec ses 150000 hommes, l’armée éthiopienne est ritoire et opprimez nos ment aux Kényans, les Éthiopiens n’ont frères. L’heure est mainencore jamais subi de vengeance terroriste l’une des plus performantes du continent. tenant venue de payer. » de cette ampleur. Certes, deux kamikazes Son intervention en Somalie lui a donné Tel est, en substance, le contenu des messomaliens ont bien tenté de commettre un une profondeur stratégique, et d’importants moyens militaires sont déployés le sages haineux postés par les Shebab sur attentat à Addis-Abeba le 15 octobre. Ils long de la frontière pour prévenir toute Twitter tout au long des quatre jours de en ont été les seules victimes… incursion. Les Éthiopiens peuvent la sanglante attaque du Westgate Mall de Nairobi, fin septembre. Comme lors de en outre compter sur le soutien des Quadrillage du pays, services précédents attentats perpétrés au Kenya États-Unis, qui leur fournissent un secrets et même drones ou en Ouganda, les insurgés islamistes appui financier et militaire depuis somaliens frappent leurs ennemis sur une vingtaine d’années. Symbole américains en alerte… leur propre sol. de cette coopération, une base de Les soldats kényans, qui font désordrones américains est implantée à Arba Si elles se tiennent soigneusement hors mais partie de l’Amisom (la Mission de Minch, dans le sud du pays. de l’Amisom, les forces éthiopiennes ont Mais la clé de la réussite éthiopienne l’Union africaine en Somalie), ont traversé pourtantjouéunrôledécisifdansl’affaiblisla frontière somalienne en octobre 2011. sement de la rébellion islamiste. Malgré un face au danger islamiste repose avant tout Un mois plus tard, ils étaient rejoints par début de retrait au mois de juillet dernier, sur des services de renseignements très leurs homologues éthiopiens, eux aussi entre 4000 et 5000 militaires éthiopiens développés. Depuis 2006 et la première chargés de mettre fin au chaos chez ce sont toujours présents en Somalie, soit opération contre les Shebab, des centaines à peu près autant que les Kényans. Et voisindévastéparvingtansdeguerrecivile. d’agents ont été envoyés dans les zones Addis-Abeba, avec son siège de l’Union Depuis, les deux pays sont en première tampons qui séparent les deux pays. « Tout ÉTHIOPIE
Gare aux Shebab
DOMINIC NAHR/MAGNUM PHOTOS
«
V
p Des troupes éthiopiennes patrouillent à Baidoa, dans le sud-ouest de la Somalie. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
Coulisses
SCANNERS. La responsabilité collective est une autre caractéristique de cet étroit maillage sécuritaire. « La société est notamment articulée autour des “Kebele”, qui sont des sortes d’unités territoriales de quartier contrôlées par le FDR [Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens, au pouvoir], précise Roland Marchal, chercheur au Centre national de la recherche scientifique [CNRS]. Essentiellement chargés des problèmes de la vie quotidienne, les Kebele servent aussi d’organes de surveillance générale. » Pour renforcer le tout, l’État a la mainmise sur l’ensemble des réseaux de télécommunications, Ethio Telecom étant le seul opérateur téléphonique et l’unique fournisseur d’accès à internet. Enfin, les autorités s’appuient sur une législation antiterroriste très stricte. Maislerisquezéron’existepas.Labande frontalière entre l’Éthiopie et la Somalie est immense et une petite dizaine de personnes peuvent passer d’un pays à l’autre sans être repérées. Les gardes privés et les scanners, postés à l’entrée de chaque grand hôtel ou bâtiment officiel, ne sauraient empêcher un commando armé de passer à l’action. Ainsi, une semaine après l’attaque du Westgate Mall de Nairobi, le maired’Addis-Abebaaconvoquédifférents responsables éthiopiens et internationaux dans son bureau pour leur rappeler l’objectif numéro un: rester vigilant face à la menace terroriste. l BENJAMIN ROGER, envoyé spécial JEUNE AFRIQUE
TOGO FAURE À L’ÉLYSÉE
VINCENT FOURNIER/J.A.
est une question de surveillance, confie un responsable des services éthiopiens. Grâce à nos agents locaux, nous assurons la sécurité d’Addis-Abeba depuis la frontière. » Et d’ajouter, index menaçant pointé vers l’est: « S’ils bougent un orteil, nous sommes immédiatement au courant. » L’Ogaden, la région somalie d’Éthiopie, est très contrôlée. La Liyu, la police spéciale créée en 2007, y est aux aguets. Plus largement, l’ensemble du pays est quadrillé grâce à un système bien rodé. L’État éthiopien est un régime policier dans lequel pullulent les informateurs. « Les renseignements sensibles remontent rapidement du niveau local aux forces de sécurité, analyse un diplomate occidental. Si vous achetez une arme à Addis, la police sera au courant dans les vingt minutes. » La communauté somalienne installée dans la capitale est surveillée comme le lait sur le feu.
Afrique subsaharienne
Le président Faure Gnassingbé effectuera, le 13 novembre, sa première visite de travail en France depuis l’élection de François Hollande. Au cours de son séjour de soixante-douze heures, le Togolais sera reçu à l’Élysée par son homologue français. Il devrait en outre avoir des entretiens avec Laurent Fabius, le chef de la diplomatie. Au menu, précise la délégation gouvernementale qui l’a précédé à Paris, essentiellement des questions économiques liées à la coopération et aux investissements français dans son pays. Les deux chefs d’État devraient également évoquer la situation au Mali, où le Togo a envoyé un contingent au sein de la Minusma, ainsi que des sujets relatifs au sommet franco-africain sur la sécurité prévu à Paris les 6 et 7 décembre. l
DJIBOUTI DILEITA SUPERVISEUR Après avoir assisté l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré au sein de la commission dépêchée par l’Union africaine (UA) au Caire pour établir une médiation entre les Frères musulmans et le nouveau pouvoir en Égypte, Dileita Mohamed Dileita, ex-Premier ministre de Djibouti, est pressenti pour diriger la mission des observateurs de l’UA pour les législatives en Mauritanie, prévues le 23 novembre. Il devrait se rendre au siège de l’UA, à Addis-Abeba, après son retour deTokyo, où il a été décoré le 6 novembre par l’empereur de la plus haute distinction nippone.
TCHAD TOUMAÏ PLACE DE FONTENOY Toumaï, le plus vieil hominidé découvert à ce jour, s’apprête à prendre ses quartiers dans les
couloirs de l’Unesco, à Paris. Un moulage de ce crâne fossile vieux de 7 millions d’années devrait être remis le 11 novembre par Idriss Déby Itno, président duTchad, pays oùToumaï a été découvert, à Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco, lors d’une cérémonie solennelle au siège de l’organisation. Le moulage sera monté sur une stèle de la vallée de l’Homme (Dordogne).
CÔTE D’IVOIRE CAFÉ AMER Vingt ans de prison ferme et une amende de 67 milliards de F CFA (102 millions d’euros) à titre de dommages et intérêts à l’État ivoirien, tel est le verdict prononcé par le palais de justice d’AbidjanPlateau à l’encontre de 14 anciens dirigeants de la filière café-cacao. Poursuivis pour détournements de fonds, ils avaient été arrêtés en 2008 puis relâchés provisoirement en 2010, et comparaissaient libres depuis le début de ce procès qui a duré dix-huit mois. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Maghreb & Moyen-Orient
TERRORISME
La Tunisie frappée Si les récentes opérations kamikazes contre des objectifs civils marquent un changement de stratégie des jihadistes, l’extrême jeunesse des candidats au « martyre » révèle un profond malaise sur fond de misère sociale. FRIDA DAHMANI,
à Tunis
N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
À
Ezzahrouni, cité populaire de la périphérie de Tunis, le silence des riverains est éloquent. Évoquer Mohamed Jalili Ayadi Ben Romdhane, 21 ans, suscite de la gêne et des regards fuyants, non pas tant à cause de l’enquête en cours qu’en raison de l’opprobre que le geste de ce kamikaze a jeté sur le quartier. Jusqu’au JEUNE AFRIQUE
au cœur 30 octobre, 9 h 35, Mohamed était un anonyme. « Un brave petit gars sans histoires », selon un voisin. Une minute plus tard, sur la plage de l’hôtel Riadh Palms, à Sousse (côte est), il est déchiqueté par l’explosion de la ceinture de dynamite qu’il portait sous son survêtement. Unique victime de cet attentat manqué, cet originaire de Mahdia (Est) venait d’ajouter son nom à la longue liste de jeunes Tunisiens sacrifiés sur l’autel du jihad, JEUNE AFRIQUE
STR/EPA/MAXPPP
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p Évacuation du corps de Mohamed Jalili Ayadi Ben Romdhane, 21 ans, qui s’est fait exploser le 30 octobre sur une plage de Sousse.
plongeant son pays dans la stupeur et dans la peur. Car son acte signe un changement de stratégie des terroristes, qui désormais ne s’en prennent plus seulement aux représentants de l’État mais aussi à des objectifs civils ciblés avec des bombes humaines. Pourtant, Mohamed n’est ni un terroriste aguerri ni un combattant rompu au jihad, mais une victime. Selon des sources sécuritaires, la N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Maghreb Moyen-Orient
Recettes (en millions de dinars)
2 872,2
Nuitées globales 31 539 231
ceinture d’explosifs aurait été actionnée à distance à partir d’un portable. « Les salafistes jihadistes approchent des jeunes assez fragiles, ils les encadrent, les rassurent tout en menant un graduel lavage de cerveau. Ils leur font miroiter un avenir exaltant à travers la participation à un combat, qu’ils présentent comme juste puisqu’il est conforme à la volonté d’Allah », explique en substance l’historien spécialiste des mouvements extrémistes Alaya Allani, qui en septembre avait mis en garde contre l’évolution de la stratégie d’Ansar el-Charia vers des attentats-suicides. Rafet Jemali, l’un des camarades de classe de Mohamed, lequel a abandonné le lycée en troisième année secondaire, rapporte que, depuis plus de un an, ce dernier fréquentait assidûment la mosquée du quartier et se passionnait pour les discussions qui se tenaient après les prières. « Il s’absentait parfois en prétextant une visite chez des amis. On ne savait pas où il allait, mais rien n’indiquait que Mohamed s’était radicalisé ; il n’avait pas de barbe, ne portait pas de kamis, parlait de foot avec ferveur et regardait les filles. »
Arrivées aux frontières 5 902 824
2%
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Évolution comparée des chiffres du tourisme (du 1er janvier au 20 octobre)
– 7,
5,7
%
0,6
%
1 926,2
17 810 257 3 920 809
2010
2011
CONDITIONNEMENT. Le cas de Mohamed n’est
pas isolé. Le même jour, un attentat-suicide contre le mausolée de Bourguiba, à Monastir (Est), était déjoué. L’apprenti kamikaze, un dénommé Aymen Saïdi, n’est âgé que de 18 ans. Son père, Rachid, originaire de Zaghouan (Nord-Est), confie avoir découvert que son fils s’était rendu en Libye et qu’il avait été progressivement conditionné en suivant, entre autres, le cursus de l’Institut Nour pour les sciences de la charia, à Radès, en banlieue de Tunis, un établissement exerçant sans autorisation officielle. En réalité, Mohamed et Aymen avaient intégré dans le plus grand secret une cellule dormante du mouvement salafiste Ansar el-Charia (lire encadré). Si ces deux tentatives d’attentat ont attisé la peur au sein de la population, elles ont aussi révélé le malaise de la jeunesse tunisienne. Ni Mohamed ni Aymen ne sont représentatifs de la génération Ben Ali. À la chute du régime, en 2011, ils étaient trop jeunes pour s’être frottés au système, mais l’un comme l’autre ont grandi dans des familles extrêmement modestes issues de l’exode rural. Sans formation solide ni instruction, ils se savaient sans perspectives d’avenir et condamnés à la misère. Tout comme Mohamed Bouazizi, qui, en s’immolant le 17 décembre 2010, avait allumé la mèche de la révolution. Mais la voix des jeunes – la moyenne d’âge de la population est de 29 ans – qui se sont soulevés pour dire leur détresse et réclamer emploi, dignité et justice sociale a été étouffée par les joutes politiques, aggravant un peu plus un profond et insoutenable malaise sociétal. Depuis janvier 2011, près de deux cents jeunes ont exprimé leur désarroi en tentant de s’immoler. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
En dénigrant l’apport de Bourguiba, les islamistes au pouvoir favorisent la radicalisation idéologique.
Mais d’autres, qui se chiffrent à plusieurs centaines, ont préféré prendre le risque de l’émigration clandestine ou sont tombés sous le joug des extrémistes religieux. « Dans tous les cas, ils sont en quête d’un exutoire et de repères », explique la psychiatre Rim Ghachem, qui observe en milieu hospitalier une très nette croissance de la demande de prise en charge de jeunes. Ben Ali, qui avait en apparence pris des dispositions en leur faveur, n’a pas mis en place les mesures d’encadrement culturel et social permettant de construire un environnement. « C’est en adhérant au Rassemblement constitutionnel démocratique [RCD, parti de Ben Ali] que j’ai pu entrer dans la fonction publique à 26 ans », avoue un agent pénitentiaire. Aujourd’hui, cette voie est définitivement fermée. « Les cinémas étaient inexistants, les maisons de jeunes étaient des coquilles vides, le rap était interdit et les activités sportives assez limitées. Dans les quartiers populaires et démunis, rien n’était vraiment prévu pour l’intégration », rappelle Hager Ben Hammouda, une assistante sociale de Douar Hicher, quartier de la banlieue ouest de Tunis où l’implantation salafiste est importante. Depuis deux ans, c’est la même spirale : de jeunes paumés en rupture sociale, proies idéales, succombent d’autant plus JEUNE AFRIQUE
2 621,2
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La Tunisie frappée au cœur indiquent une voie à suivre ; Mohamed et Aymen l’ont empruntée. Force est de constater aujourd’hui que ni l’État ni les institutions n’ont joué leur rôle. Englués dans la crise économique, les restrictions budgétaires et les querelles politiciennes, ils n’ont pas posé de garde-fou contre la montée de l’extrémisme, qu’ils n’ont pas vu venir ou, pis, qu’ils ont feint de ne pas voir venir et qu’ils ont laissé prospérer. Le ministère des Sports, ceux de la Culture, des Affaires sociales, le secrétariat d’État à la Jeunesse ne proposent pas grand-chose aux jeunes, tandis que la justice s’acharne contre ceux qui sortent du lot, le plus souvent des artistes ou des libres penseurs.
26 693 134
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Écarts :
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2013
2012
SOURCE : MINISTÈRE TUNISIEN DU TOURISME SOURCE : MINISTÈRE TUNISIEN DU TOURISME
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MOHAMED KRIT
COMPLICITÉ. Mais le bât blesse aussi et surtout
facilement au miroir aux alouettes que leur tendent des recruteurs radicaux qu’ils sont prêts à adhérer aux causes les plus improbables pour combler un vide existentiel. « Les extrémistes ne recrutent pas uniquement dans les couches sociales les plus précaires. Leurs cadres ont souvent un niveau universitaire, mais leur formation, le plus souvent technique, ne leur a pas permis de trouver un emploi. Le jihad leur permet en quelque sorte de se réaliser et de se sentir valorisés », analyse Habib Mrad, professeur universitaire. Le contexte politique favorise également la radicalisation idéologique. En dénigrant l’apport de Bourguiba, les islamistes sont dans le déni de l’Histoire et
p Jamal Gamra, ministre du Tourisme (au centre, en costume), et Mokhless Jamal, gouverneur de Sousse (à sa gauche), sur les lieux de l’attentat manqué, le 31 octobre.
dans l’enseignement. Bien que certains terroristes arrêtés se soient camouflés sous un niqab, Moncef Ben Salem, ministre de l’Enseignement supérieur, s’est dit favorable à son port dans les facultés, malgré un avis contraire du tribunal administratif et des conseils scientifiques des universités. En se focalisant sur ce point, il occulte les problèmes de fond, dont l’inadéquation des formations et la prolifération des établissements non autorisés dispensant principalement un enseignement religieux. Il n’est ainsi pas exceptionnel que, dès la maternelle, les petites filles portent le voile et que les garçons, le front ceint du bandeau jihadiste, simulent des combats. Depuis fin 2011, plus de 350 établissements illégaux ont ouvert, assure Naziha Kamoun Tlili, présidente de la Chambre nationale des jardins d’enfants et garderies. De telles dérives, conjuguées à l’absence de volonté politique, voire à la complicité des autorités, ont plongé le pays dans une spirale qui menace des pans essentiels de l’économie tels que le tourisme. Les défaillances sécuritaires, l’émergence du terrorisme, l’absence de développement régional ont gravement impacté le secteur, pourvoyeur de 800 000 emplois directs et indirects. Dans le Sud et les zones frontalières, les touristes ont disparu. Pour survivre, les populations se rabattent sur des palliatifs, comme la contrebande et les trafics en tout genre. Un terreau propice à l’implantation de l’extrémisme… l
ANSAR EL-CHARIA & CO.
P
our les salafistes d’Ansar el-Charia, classé comme une organisation terroriste par les autorités en août 2013, c’est le temps de la disgrâce. Les assassins de Chokri Belaïd, de Mohamed Brahmi et de huit militaires dans le Jebel Chaambi, entre autres, ne bénéficient plus de la clémence du pouvoir et sont retournés à la clandestinité. Leur chef, Abou Iyadh,
JEUNE AFRIQUE
réfugié en Libye, harangue ses troupes, accorde des interviews via les réseaux sociaux, consolide ses relations régionales et compte sur le retour de 1 800 jihadistes de Syrie pour renforcer ses rangs. Malgré les avis de recherche, il a récemment fait des incursions en Tunisie, notamment à Sidi Ali Ben Aoun, peu avant l’embuscade qui a coûté la vie à six gardes nationaux le 23 octobre.
Les dix-neuf personnes interrogées après l’attentat raté du 30 octobre à Sousse ont reconnu leurs liens avec Ansar el-Charia, mais aussi avec le mouvement Les Signataires par le sang, de Mokhtar Belmokhtar, devenu Al-Mourabitoune depuis sa fusion avec le Mujao. Dans le nord de laTunisie, la katiba Okba Ibn Nafaa fait profil bas F.D. mais reste proche d’Aqmi. l N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Maghreb Moyen-Orient MAROC
Ubu législateur Mis en cause après une série de décisions judiciaires qui ont défrayé la chronique, les juges n’ont fait pourtant qu’appliquer la loi. Laquelle est souvent… obsolète.
D
C’est aussi le pays où on envoie dans les prisons – déjà surpeuplées – des jeunes qui ont bu de l’eau ou grillé une cigarette pendant le ramadan. » En 2009 déjà, une poignée de jeunes militantsduMouvementalternatifpourles libertés individuelles (Mali) a mis le doigt sur l’une des hypocrisies sociales les mieux préservées du royaume : l’interdiction de manger pendant le ramadan. Armés de quelques sandwichs, les « dé-jeûneurs de Mohammedia»entendentdonneruncoup de pied danslafourmilière. Chaque année, pendantlemoisdecarême,certainssefont prendre par la police pour avoir enfreint l’article 222 du code pénal. Lequel punit de un à six mois d’emprisonnement « celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du ramadan sans motif admis par cette religion ».
yabiladi.com. Et le journaliste d’égreura lex sed lex – « la loi est ner la liste des cafouillages récents de dure, mais c’est la loi ». Tous les la justice : « Voilà un pays où le violeur étudiants en droit connaissent cette maxime. Au Maroc, le est marié à sa victime par décision de justice, un pays ou un pédophile est gracaractère impératif de la loi est pourtant entaché d’un malaise grandissant cié pour raisons médicales, au nom des qui accompagne des jugements de plus intérêts supérieurs de la nation ou par en plus en décalage avec un véritable erreur, selon les versions, un pays où les État de droit. Ces derniers mois, l’opinion publique a été secouée par des décisions judiciaires d’autant plus choquantes qu’elles heurtent le bon sens : un journaliste envoyé en prison et accusé de terrorisme pour avoir posté un lien vers une vidéo d’AlTABOUS. L’interdiction et sa Qaïda au Maghreb islamique sanction posaient déjà un (Aqmi), deux adolescents problème dans les années arrêtés pour la photo d’un 1950, ce dont témoignent par baiser postée sur Facebook, exemple les écrivains Driss un pédophile gracié par Chraïbi et Kateb Yacine. erreur par Mohammed VI. La question religieuse et Autant de couacs judiciaires l’obsession du prosélytisme qui en disent long sur l’état des autres religions sont des de décrépitude de la justice tabous encore très forts, renmarocaine. forcés par l’article 220 aliLe scénario est toujours néa 2 du même code, qui le même. Un : en apparence punit de six mois à trois tout à fait légale, une décians de prison l’usage « de sion de justice s’abat sur moyens de séduction dans de pauvres citoyens. Deux : le but d’ébranler la foi d’un des avocats militants et des musulman ou de le convertir associations de défense des à une autre religion, soit en droits de l’homme dénoncent exploitant sa faiblesse ou ses la sentence. Trois : l’opinion besoins, soit en utilisant à publique se mobilise, notamces fins des établissements ment sur les réseaux sociaux. d’enseignement, de santé, Quatre : en appel, la justice des asiles ou des orphelifait marche arrière. Cinq nats ». Des dispositions qui (rarement) : les partis poliont justifié l’expulsion de tiques entrent dans la danse missionnaires chrétiens, en et le législateur intervient. La majorité américains, en 2010. p En mars 2012, le suicide d’une adolescente mariée à son violeur avait soulevé une vague d’indignation. dernière étape pourrait perLe dahir [décret royal] des mettre d’en finir avec ce cercle obligations et des contrats est personnes poursuivies pour de graves vicieux. Las, les mêmes cas se répètent, l’équivalent du code civil au Maroc. Le détournements sont relâchées pour des à tel point qu’ils sont presque un « marDOC – pour les intimes – vient de fêter son raisons “humanitaires”. C’est aussi le pays centenaire.Peuremanié,ilinclutencoreun ronnier » de la presse locale. où un gamin algérien prend un an de article 870 qui frappe de nullité la « stipu« Quelque chose ne tourne pas rond prison ferme pour avoir baissé le slip d’un lation d’intérêts entre musulmans ». Une au Maroc ! » s’exclame le chroniqueur autre gamin marocain… fils d’un gradé. simple reprise de l’interdiction coranique Bouchta Jebli sur le site d’informations ABDELJALIL BOUNHAR/AP/SIPA
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JEUNE AFRIQUE
Maghreb Moyen-Orient du riba (équivalent de l’usure) explique la doctrine. Cela n’empêche pas, dans les faits, le crédit à intérêts. Les crédits à la consommation prospèrent, même pour financer l’achat du mouton de l’Aïd, voire le pèlerinage à La Mecque… SCORIES COLONIALES. Plusieurs disposi-
tionsducodepénaltémoignentparailleurs d’un rigorisme obsolèteet même détourné dans certains cas de l’intention première du législateur, parfois… étranger. L’affaire Amina Filali en a encore récemment fourni l’exemple. En mars 2012, le suicide de cette adolescente de 16 ans mariée à son violeur a provoqué la colère des féministes. Alors que l’article 475 du code pénal punit le détournement de mineur d’une peine de un à cinq ans de prison et d’une amende de 200 à 500 dirhams (de 18 à 45 euros), le même texte prévoit une exception de taille : « Lorsqu’une mineure nubile ainsi enlevée ou détournée a épousé son ravisseur, celui-ci ne peut être poursuivi que sur la plainte des personnes ayant qualité
3 QUESTIONS À
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française. L’article 475 de l’actuel code pénal n’est que la copie exacte de l’article 357 du code pénal français, alors en vigueur. Sauf que l’article a été détourné du contexte hexagonal de sa production. Depuis, le Parlement a lancé une réforme de l’article. Mais un effort plus massif est nécessaire pour adapter le droit marocain à notre époque. Si elle n’explique pas tout, la filiation française du droit marocain est à l’origine de bien d’autres absurdités juridiques Rompre le jeûne dans un lieu recensées par Ibn Kafka, qui public pendant le ramadan est se définit lui-même comme un « juriste marocain en passible d’une peine de prison. liberté surveillée ». Le droit Dans le Maroc nouvellement indépencontinue de regorger en effet de scodant, l’administration reste largement ries coloniales : amendes libellées en influencée par le droit métropolitain. francs, terme d’« indigènes », renvoi à Quand le code pénal est adopté en 1962, la législation française, mention de la « zone française du protectorat » plus le royaume n’a toujours pas de Parlement. Au sein même du ministère de la Justice, d’un demi-siècle après l’indépendance. les juristes français dominent. D’où une Vous avez dit souveraineté juridique ? l exportation in extenso de la législation YOUSSEF AÏT AKDIM pour demander l’annulation du mariage et ne peut être condamné qu’après que cette annulation du mariage a été prononcée. » Dans le cas de la jeune Amina, les parents ont préféré un mauvais mariage à un bon procès. Le juge a couvert ce marchandage d’honneur en autorisant un mariage de mineure. Et ce n’est pas tout ! D’après le blogueur juriste Ibn Kafka, qui en a retracé la genèse, le texte remonte au vieux droit français. Un rappel historique s’impose.
OMAR BENDJELLOUN
Avocat au barreau de Rabat
à la pudeur » ou de la « débauche » restent superficielles, soumettant les jeunes à un diktat réel de la part des autorités judiciaires. En revanche, les réseaux de Toutes ces influences ont proxénétisme industriel nourri une « hypocrisie nor- restent sans élément légal de mative » qui place la société par la non-ratification de la sous liberté conditionnelle. convention de Palerme sur la Concernant les libertés traite humaine. On l’a vu, publiques, les droits d’expres- même le détournement de sion, d’investigation et d’asso- mineur ou le viol peuvent ciation sont garantis par la relever de conciliabules arbiConstitution, le dahir de 1958 trés par le pouvoir judiciaire et le code de la presse, mais sur la base de l’article 475. restent encadrés par des sanctions prévues par le code De quelle marge d’interprépénal général ou la loi anti- tation disposent réellement terroriste, dont l’obscurité les juges ? permet au parquet de se saisir Bonaparte disait qu’« une à tout moment. Concernant bonne loi doit être courte et la « liberté affective », on obscure » afin que le pouvoir retrouve la même ambiguïté: dispose d’une marge suffiles qualifications de l’« atteinte sante pour orienter la justice JEUNE AFRIQUE : Quelle est l’origine des lois pénales les plus attentatoires aux libertés : la charia, le protectorat ou l’héritage autoritaire ? OMAR BENDJELLOUN :
JEUNE AFRIQUE
selon ses intérêts du moment. L’article 55 du code de procédure pénale donne au ministre de la Justice le pouvoir de diriger le parquet à l’échelle nationale et de mettre en place la « politique pénale ». La différence entre un État de droit et un État policier, c’est que dans le premier les magistrats disposent de la police et que dans le second c’est le contraire.Au Maroc, doté d’un système hybride, le pouvoir est entre les mains du parquet, notamment par le régime de la détention provisoire et des poursuites. Les magistrats de siège suivent. Si vous étiez ministre de la Justice, que réformeriez-vous en priorité ?
Il est urgent de revoir le code de procédure pénale
ABDELHAK SENNA/AFP
« Il est urgent de revoir le code de procédure pénale »
pour améliorer l’assistance du détenu en garde à vue et confier la détention provisoire à un magistrat de la « liberté et de la détention » indépendant du parquet et de la cour. Pour mieux protéger les libertés publiques, les mesures privatives de liberté doivent être abrogées. La fermeté devrait être tournée vers la criminalité d’affaires. Enfin, les institutions sécuritaires doivent être placées sous contrôle politique, à l’instar du modèle américain. l Propos recueillis par Y.A.A. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Maghreb Moyen-Orient de l’histoire du pays (près d’un millier de personnes retenues par le commando de Mokhtar Belmokhtar) –, Bouteflika avait exigé un rapport circonstancié. Celui-ci a Pourquoi le président de la République a-t-il décidé révélé des dysfonctionnements majeurs, notamment l’anachronique dispositif de réorganiser en profondeur l’armée dans la foulée dans la lutte antiterroriste fondé sur une du remaniement gouvernemental ? Éléments de réponse. artificielle séparation entre analyse du renseignementettraitementmilitairedela onvalescent et mal remis de Bendaoud, ex-attaché militaire à l’ammenace. « L’armée dispose de matériel de collecte de l’information, poursuit notre son accident vasculaire cérébassade d’Algérie à Paris, et Mohamed bral du 27 avril et à quelques Bouzid, qui a fait toute sa carrière dans général, entre avions de reconnaissance, mois de la fin de son troisième le contre-espionnage aux côtés de feu le avec ou sans pilote, matériel d’écoute général Smaïn Lamari. mandat, censé être le dernier, du moins électronique, etc. Ce matériel relevait si l’on se fie à ses déclarations à propos du commandement de l’armée, mais son de la fin de mission de sa génération, le DYSFONCTIONNEMENTS. Pour les produit était traité par une structure qui président Abdelaziz Bouteflika ne donne observateurs et les chancelleries, ces ne lui était pas rattachée directement. » pas l’impression d’être un homme malade changements sont le résultat d’une guerre La séparation entre l’institution miliqui aurait perdu de son influence et qui de tranchées entre la présidence de la taire et les services de renseignement est se contenterait d’expédier les affaires République et le DRS du général de corps le fruit de la guerre de libération (voir J.A. courantes. Il a beau être invisible, si l’on d’armée Mohamed Médiène, alias Toufik. no 2737). Héritière de l’Armée de libération excepte quelques rares apparitions télé« C’est une lecture totalement erronée, nationale (ANP), la première n’a jamais visuelles qui confirment son mauvais état assure un général à la retraite, ce n’est pas eu de prise directe sur le DRS (ou sur les de santé, le « patient algérien » a toujours un problème de personne. Si tel avait été structures l’ayant précédé sous d’autres la main, comme en témoigne sa décision noms), qui est le descendant du ministère Structures soustraites au de procéder à un profond remaniement de l’Armement et des Liaisons générales Département du renseignement et de l’institution militaire : réorganisation (Malg). Malgré un lien organique incarné de la sécurité (DRS) et désormais du Département du renseignement et de par le président de la République, ces la sécurité (DRS) et, surtout, consolidarattachées à l’état-major deux rouages ont toujours été indépendants l’un de l’autre. En attention du général de corps d’armée Direction centrale Direction centrale Centre de dant la réforme en profondeur Ahmed Gaïd Salah au poste de de la police de la sécurité de communication et de l’État – et donc de l’institution chef d’état-major. judiciaire (DCPJ) l’armée (DCSA) de documentation Friand de symboles, Bouteflika militaire –, le président a procédé (CCD) a choisi la date du 11 septembre par petites touches sur la base des pour annoncer le remaniement graves défaillances relevées par du gouvernement d’Abdelmalek l’enquête interne post-TiguentouSellal. Au nombre des changerine. « Le rattachement de la DCSA ments phares, le limogeage du à l’état-major, explique le général général-major Abdelmalek Guenaïzia, Abdelaziz Medjahed, ancien directeur ministre délégué à la Défense (Bouteflika de l’Académie militaire interarmes de étant le titulaire du portefeuille), remplacé Cherchell (Amia, le Saint-Cyr algérien), par Ahmed Gaïd Salah, qui cumule ses est un retour aux sources, puisque cette structure avait été rattachée au DRS au nouvelles fonctions avec celles de chef d’état-major. Dans la foulée, le président début des années 1990. Toute armée digne a décidé de soustraire au DRS trois imporde ce nom devrait être dotée d’une directantes structures désormais rattachées à tion du renseignement militaire. » l’état-major : la Direction centrale de la Les autres changements concernant la sécurité de l’armée (DCSA), la Direction police judiciaire et la communication sont centrale de la police judiciaire (DCPJ) et le cas, un simple décret présidentiel aurait moins importants que ne le prétendent le Centre de communication et de documis fin à ce supposé bras de fer entre médias et chancellerie. La DCPJ avait mentation (CCD). Cette redistribution Bouteflika et Toufik. Les changements été rattachée au DRS sur décision de des cartes s’est accompagnée de la mise intervenus tant au niveau de l’organisation Bouteflika en 2009. Quatre ans plus tard, à la retraite de dix-sept généraux, parmi que des nominations sont plus profonds. » le président a changé d’avis. Quant au ratlesquels le général-major Rachid Laalali, En fait, tout a commencé le 16 janvier avec tachement du CCD à l’état-major, il relève patrondelaDirectiondeladocumentation l’attaque du site gazier de Tiguentourine plus du réaménagement technique que et de la sécurité extérieure (DDSE), et le par un groupe jihadiste. Vécue comme d’un bouleversement de l’organigramme un 11-Septembre algérien, l’opération a général-major Othmane Tartag, chef de la du DRS. Il s’agit surtout de renforcer les mis à nu des défaillances dans le dispoDirection de la sécurité intérieure (DSI). moyens de la Direction de la communisitif sécuritaire. Au lendemain de cette cation, de l’information et de l’orientation Ils sont respectivement remplacés par tragique prise d’otages – la plus grande des officiers plus jeunes, les généraux Ali (DCIO), une structure du ministère de la ALGÉRIE
Un patient et des généraux
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RAMZI BOUDINA/REUTERS
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p Abdelaziz Bouteflika avec Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, le 27 juin 2012, à Alger.
Défense nationale placée sous le commandement du général Boualem Madi. Il n’empêche, l’affaiblissement – ou plutôt la désacralisation du DRS, héritier de la redoutable Sécurité militaire (SM) des années Boumédiène – est bien réel. TUTELLE CIVILE. Dans les mœurs poli-
tiques de l’Algérie pluraliste, seuls deux partis, le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), utilisaient régulièrement l’expression « police politique » pour évoquer les services secrets. Les décisions deBouteflikaconcernantl’arméeontbanalisé l’expression. Désormais, c’est Amar Saïdani, premier responsable du Front de libération nationale (FLN), ex-parti
unique et première force politique du pays, qui l’évoque à longueur d’interviews, déplorant la place considérable du DRS dans la vie politique, économique et sociale, et dénonçant des attributions
La saillie d’Amar Saïdani remet au goût du jour un débat que l’on croyait clos avec la brutale éviction de Yazid Zerhouni. L’ancien ministre de l’Intérieur, ex-patron des services à la fin des années 1990, était le promoteur de la « civilisation » des services de renseiL’affaiblissement et la gnements. Selon lui, un État désacralisation des « services » moderne suppose une tutelle civile, voire parlementaire, des sont désormais une réalité. services secrets. Un DRS rattaqui devraient relever de la justice, notamché au ministère de l’Intérieur, rendant mentlesenquêtesd’habilitationprécédant compte aux députés et sénateurs ? Il y a loin de la coupe aux lèvres. Plus d’un toute nomination dans la haute fonction demi-siècle après son indépendance, publique. Bref, le patrondu FLN,considéré l’Algérie est encore trop fragile pour encorecommeunparti-État,rouageessentiel dans le système, tient un langage qui tenter une telle réforme. Qui serait une jusque-là était l’apanage de l’opposition. révolution. l CHERIF OUAZANI
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Maghreb Moyen-Orient
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MONDE ARABE
À l’école des cancres Programmes indigestes, classes surchargées, méthodes inadaptées… Du primaire à l’université, les systèmes d’enseignement public ont désespérément besoin d’une refonte.
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cole de garçons d’Imbaba, dans un quartier pauvre du Caire. M. Nabawi, professeur d’histoire et de géographie, ne cache pas son exaspération quand on lui demande si les devoirs de ses élèves nécessitent des recherches sur internet. « Nous n’avons ni le temps ni les moyens de l’exiger, répond-il d’un ton dédaigneux. Nous nous contentons de suivre le programme. Si je leur demande de faire des recherches, ils ne termineront pas le devoir. Ici, les classes peuvent compter 40, 50, voire 60 élèves. Ils sont incultes, et internet les rend encore plus ignorants. » Et l’enseignant, qui refuse de donner son nom complet, de se diriger vers la sortie du lycée pour négocier avec une mère des cours particuliers pour son fils. Dans un système éducatif saturé qui se soucie peu d’inculquer aux élèves la capacité de penser par eux-mêmes, le travail des professeurs particuliers consiste à aider les jeunes à mémoriser des programmes souvent verbeux et abrutissants. Et à leur fournir des réponses types que les lycéens sont encouragés à apprendre par cœur pour les régurgiter sur leurs copies.
Les programmes indigestes, les écoles surpeuplées et le recours aux cours particuliers ne sont pas le lot de la seule Égypte. À écouter parents, professeurs et observateurs, le secteur de l’éducation est en crise dans l’ensemble du monde arabe. Les problèmes sont moins aigus dans certains pays, comme au Liban, au Qatar et dans les Émirats arabes unis, qui s’en tirent bien dans les classements
q Abou Eilan, près du Caire. Une institutrice pour 50 élèves.
VIRGINIE NGUYEN HOANG/HANSLUCAS.COM - SOURCE : BANQUE MONDIALE
(par an, en % du PIB)
Tunisie (2010) Jordanie (1997) Maroc (2006) Irak (1989) Algérie (1996) Égypte (1997) Arabie saoudite (1997) Oman (2009) Yémen (2008) Koweït (2006) Bahreïn (2008) Syrie (1997) Qatar (2008) Liban (2011) Cisjordanie/B. de Gaza Émirats arabes unis Libye
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TRICHERIE. Selon le « Rapport mondial de
suivi sur l’éducation pour tous » publié par l’Unesco, le primaire dans le monde arabe n’est souvent pas de qualité suffisante pour garantir à tous l’acquisition des connaissances de base. Une étude de 2007 faisait apparaître que 53 % des lycéens égyptiens âgésde13ansà14ansn’atteignaientmême pas les standards internationaux les plus basenmathématiques.PaulineRose,directrice dudit rapport, affirme que 35 % des 13-14 ans ne remplissent 35 % des enfants arabes qui arrivent en quatrième année pas les critères minimums « de ne remplissent pas les critères minimums « de lecture et de lecture et de compréhension ». compréhension » et ne maîinternationaux en matière d’éducation. trisent pas les opérations mathématiques Mais ailleurs, du primaire à l’université, de base. « Je ne pense pas qu’il y ait un pays les systèmes d’enseignement public ont dans le monde arabe où l’on puisse dire désespérément besoin d’une refonte. que les résultats sont bons, déclare-t-elle. Engorgés et sous-financés, les systèmes LaJordaniefaisaitmieux,maisdes[études] nationaux produisent une foule de diplôrécentes montrent que le niveau n’a pas més mal formés en quête d’emploi dans progressé, et s’est même un peu dégradé. » la fonction publique. Et les employeurs se Dans une région où la moitié de la popuplaignent souvent du manque de dynalation a moins de 24 ans, les ressources misme et de compétences exigés dans sont surexploitées et les effectifs sont soule secteur privé. Les qualités valorisées vent bien trop importants pour que les par les économies modernes – comme professeurs puissent suivre chaque élève le sens de l’initiative, la créativité et les individuellement. La pression pour faire
Budget de l'éducation
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capacités à résoudre des problèmes – sont trop rares, disent-ils. Le « Rapport 2013 » sur la compétitivité mondiale place ainsi l’Égypte au dernier rang, sur 148 pays, quant à la qualité de l’enseignement primaire. Le Yémen est avant-dernier, alors que l’Algérie et la Libye occupent la 131e et la 132e place.
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* : non disponible JEUNE AFRIQUE
de la place à la cohorte suivante conduit à laisser passer de classe ceux qui devraient redoubler. « Il y a des enfants qui arrivent en dernière année d’école élémentaire en étant à peine capables de lire, indique Nayra Ijeh, une consultante égyptienne en matière d’éducation. Ils passent grâce à la tricherie collective. Il arrive même que des professeurs à l’extérieur des salles d’examens leur hurlent les réponses au mégaphone. » Mais elle n’en a pas moins rencontré des enseignants et des proviseurs de qualité, et de bons établissements qui « réussissaient en dépit du système, jamais grâce à lui ». APPRENTISSAGE MACHINAL. Les obser-
vateurs soulignent que l’un des principaux défauts du système éducatif, en Égypte et ailleurs dans le monde arabe, est la dépendance à l’apprentissage par cœur, lequel ne peut inculquer la pensée critique, préalable indispensable au progrès et à l’innovation. « La notion [qui soustend l’éducation universitaire en Égypte] est qu’il y a une somme finie de savoir, explique Khaled Fahmy, professeur d’histoire à l’université américaine du Caire. On adoncunlivrestandardquidoitêtreenseigné, et les étudiants sont censés acquérir ce seul savoir. L’absence de bibliothèques explique le peu de recherches effectuées. Le professeur délivre un cours qui n’est que la répétition du manuel de base, et les étudiants ne sont examinés que sur ce contenu. » Professeurdemathématiquesàl’université du Caire, Hany al-Husseini reproche au système de n’avoir pour horizon que l’examen et déplore que les équipes universitaires soient sous pression pour faire passerautantd’étudiantsquepossible,sans considérationdeleurniveauréel.Lafaculté où il enseigne n’est pas très demandée, la recherche scientifique en Égypte étant essentiellement le fait d’institutions d’État, lesquelles rémunèrent mal. « Les sciences sont considérées comme des disciplines un peu marginales et même un peu excentriques,regrette-t-il.Lapossibilitédegagner de l’argent y est limitée. La plupart des étudiantsviennenticiparcequeleursnotes neleurpermettentpasd’allerailleurs.Ilsne sont pas motivés. Mais nous considérons que notre mission est de déceler les plus douésdèslapremièreannée,delesextraire du système de l’apprentissage machinal et de leur donner une bonne formation. » l HEBA SALEH, © Jeune Afrique et Financial Times 2013. Tous droits réservés JEUNE AFRIQUE
Maghreb & Moyen-Orient
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URIEL SINAI/AP/SIPA
Coulisses
u Quittant la cour de justice de Jérusalem, le 6 novembre.
ISRAËL AU SECOURS, LIEBERMAN REVIENT ! Le tribun ultranationaliste Avigdor Lieberman renaît de ses cendres. Ministre des Affaires étrangères jusqu’à sa mise en examen en décembre 2012 pour fraude et abus de confiance, il avait annoncé lors de sa démission qu’il quittait le gouvernement « provisoirement » : « Je pense que l’interruption sera très brève. » Moins d’un an plus tard, la justice israélienne lui donnait raison en prononçant son acquittement le 6 novembre. « Je vous félicite pour votre acquittement et je suis heureux de votre retour au gouvernement », déclarait le jour même le Premier ministre, Benyamin Netanyahou. Mais le retour aux Affaires étrangères du fondateur d’Israel Beitenou, parti d’une droite très « décomplexée », est-il de bon augure pour les négociations de paix relancées fin juillet? Connu pour ses outrances verbales, Lieberman avait notamment jugé impossible un accord de paix global avec les Palestiniens. l
YÉMEN UN LÉGER MIEUX Déchiré par la révolution de 2011, le Yémen est engagé dans un dialogue national depuis le 18 mars. Si le départ d’Ali Abdallah Saleh n’a pas résolu tous les sujets de tension – séparatisme du Sud, rébellion armée des houthis (chiites zaydites) dans le Nord –, il a au moins permis de lancer une transition politique. Le 4 novembre, Jamal Benomar a annoncé un cessez-le-feu. Ce Marocain, envoyé spécial de Ban Ki-moon, parraine un « nouveau Yémen » unitaire et décentralisé.
LIBYE SEIF SE SENT CHEZ LUI L’ex-dauphin putatif de Kaddafi a fait une apparition-surprise dans les foyers libyens le 5 novembre. La chaîne Al-Assema a filmé Seif el-Islam dans sa prison de Zintan. Dans une tenue bleue de bagnard, l’« ingénieur » a balbutié « louange
à Dieu » en réponse aux questions sur son état de santé et son droit aux visites d’ONG. Il a été à peine plus disert sur son transfert dans la capitale : « Quel est le problème ? Zintan est bien en Libye. »
ÉGYPTE MORSI PERSISTE ET SIGNE « Je suis le président de la République et ce tribunal est illégal », a déclaré l’ex-président égyptien Mohamed Morsi à l’ouverture de son procès, le 4 novembre, à l’académie de police du Caire, où il est jugé avec d’autres Frères musulmans pour « incitation au meurtre ». Détenu au secret depuis le « coup d’État » du 3 juillet, Morsi, qui encourt la peine de mort, a condamné « les leaders de ce putsch, qui devraient être jugés ». L’audience a duré moins d’une heure, avant que le tribunal ne reporte le procès au 8 janvier. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Europe, Amériques, Asie
Révolution
salariale
CHINE
En dix ans, la rémunération nominale moyenne a été multipliée par 3. Avec les conséquences que l’on imagine sur la compétitivité des entreprises et le volume des exportations. L’Afrique peut-elle en tirer profit?
Europe, Amériques, Asie
ALAIN FAUJAS
p Conserverie de fruits à Zaozhuang, dans la province de Shandong (Est). JEUNE AFRIQUE
LIU MINGXIANG/AFP
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ne révolution est en cours et, une que « la maladie des yeux rouges » (traduction : la jalousie à l’égard des privilégiés) provoque une fois de plus, elle vient de Chine. multiplication des « incidents de masse », ces Le monde vivait jusqu’ici avec la conviction que ce pays, en raitroubles de l’ordre public dont le nombre est passé son de l’extrême faiblesse de ses de 8 700 en 1993 à 180 000 en 2010, selon Mariecoûts salariaux, était imbattable Claire Bergère*. à l’exportation. Beaucoup peuvent en témoigner : Le Parti communiste sait que sa légitimité ne tient qu’à une croissance économique désormais des Tunisiens, dont l’industrie textile a été ravagée partagée. Aussi appuie-t-il par tous les moyens par les jeans venus de Shanghai, aux Français, qui les hausses de salaires. Le XIIe plan quinquennal ne fabriquent plus de téléphones et dont les iPhone sont assemblés à Shenzhen, en passant par les (2011-2015)fixeunobjectifdeprogressiondusalaire Brésiliens, qui tentent péniblement de bloquer par minimum de 13 % par an, en moyenne. Et une loi des taxes les automobiles importées de Canton. de 2011 stipule que les travailleurs migrants doivent Mais est-ce toujours vrai ? À en croire le Bureau bénéficier du même régime de protection sociale national des statistiques, le salaire annuel moyen que les autres salariés, ce qui, pour les employeurs, dans le secteur privé chinois (en milieu urbain) a pourrait à terme renchérir les coûts salariaux de 40 %. Bien sûr, cette générosité est intéressée. Elle atteint 28 752 yuans (environ 3 500 euros) en 2012, soit une augmentation de 17,2 % par rapport à vise à remplacer progressivement l’actuel mode de 2011 et de 35,5 % par rapport à 2010. Le mythe des développement fondé sur l’exportation (celui-ci ming gong, ces migrants d’origine rurale exploités donne des signes d’essoufflement avec la demande par des industriels sans scrupules, est en train de en berne des pays développés) par un modèle fondé prendre un sacré coup de vieux. sur le marché domestique dont le moteur sera la La cause de cette hausse vertigineuse est d’abord demande intérieure. économique. « Il est une règle qui ne souffre pas Mais cette révolution a un prix : la perte de comd’exception, explique Célestin Monga, du déparpétitivité de l’industrie, grosse consommatrice tement de la recherche économique de la Banque de main-d’œuvre. Celle-là même qui a permis à la Chine d’accumuler 3 600 milliards de dollars mondiale. Chaque fois qu’un pays connaît une période prolongée de croissance forte, (2 666 milliards d’euros) d’excédents les salaires augmentent automatiquecommerciauxaudétrimentdurestede Les migrants ment. » « Les ming gong ne se laissent la planète. Est-ce que cette baisse de venus de plus faire, confirme le chercheur Jeanvigueur se fait sentir dans ses exportala campagne Raphaël Chaponnière. Jusque dans tions ? « Très difficile de dire si l’affaiblissement des exportations est dû à les coins les plus reculés du pays, ne se laissent une perte de compétitivité ou à une ils connaissent grâce au téléphone plus exploiter baisse de la demande étrangère pour portable et à internet le niveau des sans rien dire. des raisons conjoncturelles », estime salaires pratiqués à Shanghai. » De fait, à partir de 2010, les grèves se Bei Xu, économiste chez Natixis. Il sont multipliées dans les entreprises étrangères existe pourtant des indices concordants que ladite (Foxconn,Honda,Toyota)etontpermisauxouvriers perte de compétitivité affecte les ventes : « Les d’obtenir des augmentations salariales de l’ordre statistiques nous disent que nos clients du secteur de 30 %. Le mouvement était enclenché. du textile qui avaient effectué jusqu’à 90 % de leurs Mais l’économie n’est pas tout. Si le rapport achats en Chine ne s’y fournissent plus que pour de forces est en train de tourner en faveur des une moitié de leurs besoins. » Autre symptôme, la salariés, c’est aussi pour des raisons démograpart dans l’ensemble des exportations chinoises de phiques. « Contrairement à ce qu’on croyait, la celles dont la marge bénéficiaire est très faible (elles main-d’œuvre chinoise n’est pas inépuisable ; sont dites « d’assemblage ») est passée depuis 2007 elle va même décroître à partir de 2015, explique de 55 % à 40 %, alors que, dans le même temps, la l’économisteFrançoiseLemoine,duCentred’études part des exportations « ordinaires » (électroménager prospectives et d’informations internationaleset textile plus haut de gamme) passait de 45 % à Sciences-Po (Cepii). Le marché du travail en est plus de 50 %. bouleversé, car le vieillissement de la population Non seulement cette hausse des salaires est à se fait de plus en plus sentir. » l’origine d’une perte de compétitivité dangereuse pour le solde de la balance commerciale, mais elle YEUX ROUGES. Mais la cause principale de ce risque de déclencher une spirale inflationniste, source de tensions sociales. C’est pourquoi le pouséisme salarial est avant tout politique. Les dirigeantschinoissonteneffethantésparlestroublesde voir pousse à une montée en gamme via des aides 1989 sur la place Tiananmen, à Pékin. Pas question à la recherche-développement, mais aussi à l l l N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Europe, Amériques, Asie Chine
XIE ZHENGYI/AFP
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l’automatisation, notamment dans les services. Autre parade: la délocalisation. Celle-ci peut être interne, les entreprises migrant dans les provinces rurales comme le Heilongjiang (Nord), où la maind’œuvre reste bon marché : en 2011, les salaires y étaient 2,4 fois moins élevés qu’à Shanghai. Selon certains spécialistes, il y aurait encore 110 millions de travailleurs ruraux en situation de sous-emploi. Mais la délocalisation peut aussi avoir lieu à l’étranger : chinois ou pas, les fabricants de produits bas de gamme prennent de plus en plus volontiers le chemin de pays où les salaires sont de 2 à 6 fois inférieurs à ceux des ming gong. Par exemple, le Vietnam, l’Indonésie, le Bangladesh, le Cambodge et l’Inde. Ce n’est toutefois pas un raz-de-marée, car les salaires ne sont qu’un aspect du problème. « Les coupures d’électricité au Bangladesh ou l’illettrisme en Inde sont des handicaps qui ont tendance à décourager les investisseurs », explique Bei Xu.
p Confection de vêtements destinés à l’exportation vers le Japon, à Huaibei, dans la province du Anhui (Est).
NOUVELLE DONNE. Mais voici que l’Afrique profite
tradition. Que peuvent espérer les pays du continent de cette nouvelle donne ? « À la Banque mondiale, nous avons identifié en Chine 85 millions d’emplois industriels désormais trop onéreux. À terme, les trois quarts seront relocalisés », explique Célestin Monga. Justin Lin, ancien chef économiste au sein de l’établissement, estime pour sa part à 10 % le pourcentage des emplois chinois que l’Afrique peut espérer attirer. « Le continent dispose d’une énorme force de travail sous-employée, estime-t-il, mais pour que celle-ci devienne un atout, il faudrait que les États créent, sur le modèle des zones économiques spéciales chinoises, des parcs industriels hautement spécialisés. Ceux-ci devraient être peu nombreux, bien gérés, et offrir aux investisseurs la formation, les infrastructures, l’énergie et un cadre sécurisant qui font presque partout défaut actuellement. » La Chine est peut-être en déclin dans certains secteurs. Mais les recettes de son surgissement sur le devant de la scène mondiale demeurent des références. l
à son tour de la baisse de la compétitivité chinoise. En août, par exemple, le groupe suédois H&M a mis le cap sur l’Éthiopie, où le travail du cuir est une
* Auteure de Chine, le nouveau capitalisme d’État, Fayard, 2013.
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TOUT EST RELATIF SELON LE RAPPORT MONDIAL sur les salaires 2012-2013 publié par l’Organisation internationale du travail (OIT), les salaires chinois ont plus que triplé entre 2000 et 2010. Dans les zones urbaines, ils ont connu « une augmentation annuelle à deux chiffres pendant une décennie », souligne Sangheon Lee, l’un N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
de ses auteurs. Les hausses « ont concerné tout le monde, des travailleurs de la restauration aux employés de bureau, mais les salaires les plus élevés sont versés dans la finance et le secteur public ». En 2010, le salaire mensuel moyen était d’environ 3300 dollars (près de 2500 euros) aux
États-Unis. En Chine, il oscillait entre 250 dollars dans le privé et 440 dollars dans les entreprises publiques. La marge avec les pays développés reste donc considérable. En revanche, selon l’ambassade de France à Pékin, le salaire minimum pratiqué en Chine était, cette même année 2010, 6,5 fois
plus important qu’en Inde, 4,2 fois plus important qu’au Vietnam et 2 fois plus important qu’enThaïlande. « Si certaines entreprises à la recherche de faibles coûts de production venaient à quitter la Chine, conclut Sangheon Lee, ce serait une chance pour les pays moins développés de A.F. la région. » l JEUNE AFRIQUE
SÉMINAIRE - ATELIER D’AFREXIMBANK LE FINANCEMENT STRUCTURÉ DU COMMERCE (HAUT NIVEAU) du 19 au 21 Novembre 2013 à l’Hôtel Méridien de Douala au Cameroun
La Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank), institution de financement et de promotion du commerce Africain, a le plaisir d’annoncer la tenue de la 13e édition de son Séminaire/Programme Annuel sur le Financement Structuré du Commerce qui se tiendra du 19 au 21 novembre 2013 à l’Hôtel Méridien, à Douala, au Cameroun. L’objectif général du séminaire consiste à familiariser les banquiers africains aux outils avancés de financements structurés et des techniques pour faire face aux défis auxquels sont confrontés les prêteurs en Afrique en raison de l’évolution rapide de l’environnement des affaires, en vue de s’assurer que les banques et banquiers africains sont suffisamment équipés pour faire face aux risques liés au financement du commerce dans un environnement politico-économique difficile et de l’évolution des contreparties commerciales. A. Le Séminaire de 2 jours sur « le Financement Structuré du Commerce (de Haut Niveau) » prévu du 19 au 20 Novembre portera sur les sujets suivants : (I) (II) (III) (IV) (V) (VI) (VII) (VIII) (IX) (X) (XI) (XII)
Structuration de Transactions : Identification des Risques, Atténuation des Risques, Sûretés, Rémunération et Pièges ; Questions Juridiques en matière de Transactions Commerciales Internationales (Sécurisées/Non-Sécurisées) : Défis et Solutions Nouvelles Sources et Mécanismes innovants pour le Financement du Commerce et le Développement Economique en Afrique : L’Émission d’Obligation comme Source Alternative de Financement ; Introduction au Financement des Stocks et des Créances; Les Structures de Tierce Détention comme outils d’Atténuation des Risques liés au Financement des Matières Premières ; Atténuation des Risques de Marché dans le cadre du Financement Structuré du Commerce —Techniques et Opportunités ; Gestion Opérationnelle des Risques dans le Cadre du Financement Structuré du Commerce : Défis et Solutions basés sur des Études de Cas ; La bonne Gestion Institutionnelle/de l’Entreprise comme Mécanisme de Contrôle des Risques dans les Transactions de Financement Structuré du Commerce ; Financement Structuré du Commerce et Gestion des Capitaux Bancaires suivant Basel II et III ; Identification et Atténuation des Risques dans le cadre du Financement de Projets ; Financement des Services : Le Cas du Programme ConTour d’Afreximbank pour le financement des Projets Hôteliers en Afrique ; Principes de partage du Risque.
B. L’Atelier d’une journée destiné à compléter le séminaire est prévu le 21 Novembre 2013, et portera sur « l’Analyse des Risques du Crédit ». C. Pour plus d’informations sur cet événement, visitez notre site Web :
COMMUNIQUÉ
www.afreximbank.com
Pour toutes questions et/ou envoi de documents, s’adresser à : Dr. Francis Mbroh Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank) 72B El-Maahad El-Eshteraky Street B.P. 613 Heliopolis, le Caire - Egypte Tél : (+202) 245 64 100 /1/2/3 Fax : (+202) 245 15 024 E-mail : nlatif@afreximbank.com gadel@afreximbank.com
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Tous écoutés, mais pas pour les mêmes raisons
Europe, Amériques, Asie ÉTATS-UNIS
Qui aime bien espionne bien Les nouvelles révélations d’Edward Snowden concernant l’interception par la NSA des communications de chefs d’État et de gouvernement de pays alliés suscitent un tollé planétaire. Les responsables américains pouvaient-ils ignorer les activités de leur centrale de renseignements ?
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allait-il mettre sur écoute des chefs d’État amis ou alliés ? Faut-il continuer à enregistrer les communications qu’ils passent à partir de leurs téléphones portables ? Dans le monde entier, la colère monte contre les douteuses pratiques des responsables américains. Cela amène-t-il ces derniers à remettre en question leurs méthodes de collecte de l’information ? Certes, la Maison Blanche et le Congrès ont l’une et l’autre diligenté une enquête, mais pouvaient-ils ignorer que la National Security Agency (NSA) interceptait à l’occasion ce type de communications ? Les spécialistes ont un peu de mal à y croire. Quoi qu’il en soit, les conséquences risquent d’être dévastatrices. « Après avoir défendu la NSA, les gens vont retourner leur veste et se liguer contre elle. Le climat devient délétère », déplore un ancien de l’agence. Le scandale qui éclabousse la communauté du renseignement américain s’est aggravé ces derniers jours, après que de nouveaux documents ont été rendus publics par Edward Snowden, cet ancien analyste employé par une entreprise sous-traitante de la NSA, aujourd’hui réfugié à Moscou. Ces documents ont révélé que les États-Unis surveillaient les téléphones et les e-mails d’un certain nombre de dirigeants étrangers. Et notamment ceux d’Angela Merkel, la chancelière allemande. Le 29 octobre, John Boehner, le président de la Chambre des représentants, avait appelé de ses vœux une réforme en profondeur de ces procédures. « Nous devons trouver un juste équilibre, estimet-il. Car là, clairement, nous avons exagéré. » Avant lui, Dianne Feinstein, la présidente de la commission du renseignement au Sénat, avait suggéré de « revoir totalement » la manière dont la NSA recueille ses informations et fustigé « la surveillance des téléphones et des e-mails de présidents ou de Premiers N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
LES ALLIÉS Les partenaires militaires essentiels incluant certains membres de l’Otan et plusieurs alliés stratégiques à long terme. Les fuites en provenance de la NSA montrent cependant que les agences américaines – souvent en utilisant les infrastructures des cinq « yeux » – collectent de très nombreuses informations les concernant.
ministres amis ». Elle se déclare « catégoriquement opposée à ce que cette agence recueille des données sur des dirigeants de pays alliés comme la France, l’Espagne, le Mexique et l’Allemagne ». m. UE et Conne europée
Corée du Sud
IGNORANCE. Feinstein, qui a toujours soutenu sans états d’âme la collecte d’informations visant à lutter contre le terrorisme, a indiqué que la commission Grèce ne sénatoriale était tenue dans l’ignorance Allemag de certaines activités de la NSA depuis plus de dix ans. Le 31 octobre, sous sa houlette, un timide projet de Espagne Italie réforme des lois encadrant les activités de surveillance des services de renFrance Japon seignements a été adopté. Ce texte, qui vise à accroître la transparence de ces activités sans toutefois mettre fin à la collecte LES CIBLES PRIORITAIRES de l’ensemble des données Les rivaux ou ennemis déclarés, ba Cu ceux qui sont résolus à réduire d’appels télél’influence des États-Unis phoniques passés ine (et disposent des moyens via les opérateurs . Ch uN de le faire). Ou qui risquent d américains, devra rée de constituer une menace Co être approuvé dans pour leurs forces les prochains mois par n Ira armées et/ou leurs le Sénat et la Chambre ie s ressortissants. s des représentants. Ru En attendant, la Maison tan kis Blanche mène deux enquêtes : Pa l’une en interne, l’autre sous la supervision d’un groupe d’anciens responsables politiques et d’experts rie Sy indépendants. Caitlin Hayden, porteparole du Conseil de sécurité nationale, a indiqué que l’une des questions étudiées de très près était « l’attitude à adopter envers des chefs d’État ». Mais certaines rumeurs selon lesquelles l’administration JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie LES CINQ « YEUX » Le club anglophone (incluant évidemment les États-Unis) dont les membres sont censés partager – presque – tous les renseignements dont ils disposent, et qui, en retour, s’engagent à ne pas s’espionner mutuellement. Enfin, en principe.
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LES AMIS Les pays avec lesquels les États-Unis entretiennent des relations amicales, qui ont avec eux des intérêts communs mais qui ne sont pas formellement des alliés. L’administration américaine peut par exemple chercher à savoir si Israël a secrètement mis au point un plan d’attaque contre l’Iran. Ou tenter d’obtenir des informations détaillées sur les politiques militaire et économique des pays sudaméricains.
Obama interdirait à l’avenir de les surveiller sont démenties par un haut responsable. Il est « inexact », dit-il, de prétendre que les États-Unis vont cesser de collecter des informations sur leurs alliés. L’administration Obama a été très sensible aux reproches formulés par l’Allemagne, avec qui les États-Unis ont noué une relation étroite en matière de renseignement, confirme un autre responsable. Mais, ajoute ce dernier, il y a beaucoup de pressions pour que d’importants dispositifs de surveillance soient maintenus à l’égard d’un certain nombre de gouvernements alliés ou amis, par exemple au Moyen-Orient. BRIEFING. Alors que les activités de la
NSA sont scrutées de plus en plus près à Washington, certains membres des services s’indignent de lire que l’agence a espionné des chefs d’État étrangers sans l’aval des politiques. Barack Obama, jure Feinstein, ignorait qu’Angela Merkel était sur écoute. Pourtant, un ancien de la NSA affirme que les hauts responsables de la Maison Blanche savaient pertinemment d’où venaient la plupart des informations qui alimentent le briefing quotidien du président. D’ailleurs, au mois de juin, lorsque les premiers documents divulgués par Snowden ont fuité, Obama n’a-t-il pas, de son propre chef, avoué qu’il est « le destinataire final de ce type d’informations »? Après s’en être violemment pris à sa réforme du système de santé, les républicains vont-ils tenter d’attaquer le président sur la manière dont il supervise les activités de la NSA ? « Évidemment, nous allons exiger qu’on nous dise ce qu’il savait exactement, et à quel moment il en a été informé », a révélé le sénateur John McCain, qui fut l’adversaire d’Obama lors de la présidentielle de novembre 2008. l GEOFF DYER © Financial Times et Jeune Afrique, 2013 Tous droits réservés
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PARCOURS | D’ici et d’ailleurs
Francesca Chaouqui Pieuse et sulfureuse Fille d’un immigré égyptien et lobbyiste accomplie, elle est la première femme à siéger au sein de la nouvelle et influente commission des finances du Vatican.
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parti en France à sa naissance en abandonnant sa concubine, Francesca Chaouqui n’évoque jamais ses origines arabes. Pour elle, le temps de la revanche contre une enfance modeste et morne est venu. Avec pragmatisme et détermination, la nouvelle conseillère du pape, chargée de convaincre le monde que « la puissance économique du Vatican est transparente », applique à la lettre les conseils de sa tante : « Rêve de l’impossible et vis-le ! » La fille du Sud, élevée dans une famille de femmes, a eu le prêtre de Rosano comme père de substitution. Il a fait
RUSHING SAVAMMENT décoiffé qui a clos tous ses comptes et désigné et allure de mannequin, la célèbre avocate Giulia Bongiorno pour sa défense. « Francy » Chaouqui aurait pu Pour moins que cela, d’autres auraient figurer en bonne place dans l’aréopage féminin de Silvio Berlusconi; perdu leur poste. Mais si Chaouqui est mais, de manière tout à fait inattendue, tout sauf discrète, elle a aussi des appuis – et non des moindres. Celle qui a mis c’est aux côtés du pape François que cette avocate entame une nouvelle étape à profit une très brève carrière de jourde sa carrière. De mémoire de Pierre, naliste à Roma In pour approcher Giulio Andreotti a obtenu de l’ancien président aucune femme jeune et jolie n’avait jamais occupé poste aussi important que celui de membre de la commission des finances chargée des réformes des circuits économiques du Vatican. Pourtant, à l’âge de 32 ans, Francesca Chaouqui est loin de la retenue censée renouveler l’image de l’Église catholique. De surcroît, cette Calabraise aux dents longues a failli se saborder en embarrassant la curie. Sur sa page Facebook, elle a publié des photos suggestives où elle posait assez dévêtue. L’association américaine GoTopless l’a même félicitée, estimant qu’il était temps « de mettre fin à des siècles de morale rétrograde imposée par l’Église catholique. » Mais Rome s’émeut surtout de ses dérapages sur les réseaux sociaux. À l’origine de la fuite sur la leucémie de Benoît XVI, elle a aussi accusé de corruption le tout-puissant Tarcisio Bertone, ancien secrétaire d’État du p L’une des photos aguicheuses diffusées sur internet par la conseillère du Vatican. Vatican, et soutenu que Giulio Tremonti, ancien d’elle une fervente catholique, mais pour du Conseil qu’il lui mette le pied à l’étrier ministre italien de l’Économie et des Finances, était homosexuel. « Je ne suis avoir trop entendu « tu es une fille, taisen l’adressant à l’un des plus importants pas la seule à gérer mon compte. Je suis cabinets d’avocats romains, Pavia e toi! » elle conserve une rancœur tenace victime d’un piratage, on veut me nuire », Ansaldo. « Je l’ai ému avec les récits de contre une région natale aux mœurs assure la belle, qui se dit « tranquille mon enfance », raconte cette native de machistes. Après un échec en médecine, parce que le Saint-Père l’est aussi », mais elle opte pour le droit à l’université Santa Rosano. Fille d’un immigré égyptien
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JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie
De rencontres en relations, Francy tisse sa toile avec les figures phares de l’économie, la crème du pouvoir et le gotha journalistique. Lobbyiste accomplie, elle devient conseillère en communication chez Ernst & Young, mais c’est un appel, en juin 2013, de Mgr LucioVallejo Balda, secrétaire de la Préfecture pour les affaires économiques du Vatican, qui fait basculer sa vie. Elle sera la première femme à avoir accès aux informations les plus confidentielles du Saint-Siège. « Pourquoi ai-je été choisie ? C’est sans doute le fruit de mon travail, n’en déplaise à certains », assure celle qui, malgré une attitude un brin sulfureuse, semble agir selon les indications des hommes de l’ombre de la curie. « Spirituellement, je suis très proche de l’Opus Dei », confie-t-elle. Elle a, au fil du temps, entretenu d’excellentes relations avec divers cardinaux et sait bien que cette prélature personnelle de l’Église, malgré les scandales financiers, joue un rôle toujours plus important au Vatican. Certains de ses membres sont d’ailleurs si proches du pape François qu’il serait sous influence… l FRIDA DAHMANI Photo : VATICAN 2013 JEUNE AFRIQUE
ARTS
On a retrouvé le trésor des nazis Les douanes allemandes ont mis la main sur 1 406 tableaux de maîtres confisqués dans les années 1930. Valeur estimée : 1 milliard d’euros.
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l n’était personne et vivait au milieu des géants de l’art moderne. C’est un banal voyage en train entre l’Allemagne et la Suisse, en septembre 2010, qui l’a perdu. Face aux douaniers qui lui demandaient d’expliquer pourquoi il portait sur lui quelque 9 000 euros, Cornelius Gurlitt n’a rien trouvé à dire. Les enquêteurs ont alors découvert que ce curieux voyageur n’existait pour aucune des administrations de son pays. Ils se sont donc rendus chez lui, et là, derrière des montagnes de boîtes de conserve avariées, ils ont découvert un invraisemblable trésor : 1 406 tableaux signés Renoir, Klee, Matisse, Kokoschka, Beckmann, Picasso, Chagall et quelques autres, dont l’évaluation basse avoisine le milliard d’euros.
Parmi les tableaux retrouvés chez son fils, 300 figuraient en effet dans l’exposition « Entartete Kunst ». Comment a-t-il pu par la suite échapper aux limiers qui ont enquêté sur les spoliations nazies ? C’est simple : il a affirmé que toute sa collection avait été détruite lors du bombardement de Dresde, en février 1945. Tout le monde a retenu que ce petit-fils d’une Juive avait été évincé en 1930. Mais personne que, trois ans plus tard, il s’était rallié au Reich.
DÉGÉNÉRÉ. L’enquête n’a pas
été bien longue. Le père de Cornelius n’était autre que Hildebrand Gurlitt, historien d’art et marchand décédé en 1956. Au-dessus de tout soupçon? Pas vraiment. Si, dans les années 1930, il avait été démis de ses fonctions de directeur du König Albert Museum de Zwickau en raison de son attitude trop conciliante envers certains artistes déjà ostrap Quatre œuvres miraculeusement retrouvées cisés par les nazis, il s’était à Munich. Elles sont signées Kirchner, Matisse, vite rapproché des autorités Courbet et Otto Dix (de haut en bas et de g. à dr.). du IIIe Reich jusqu’à devenir un acheteur attitré du Führermuseum Pendant plus de deux ans, les autorités qu’Adolf Hitler souhaitait bâtir à Linz, allemandes sont restées discrètes sur en Autriche. Après l’exposition consacette découverte qui ne manquera pas crée par les nazis à ce qu’ils considèrent de susciter de voraces appétits. Selon la comme un « art dégénéré », Gurlitt père convention de Washington de 1998, les est même chargé, avec d’autres, de vendre œuvres spoliées doivent être restituées à les œuvres ayant échappé à la destrucleurs propriétaires légitimes, s’ils peuvent prouver leurs droits. Et, bien entendu, tion. L’art est peut-être « dégénéré », mais il rapporte ! C’est sans doute à cette une telle histoire ne fait qu’ajouter de la occasion que le marchand rassemble, valeur aux œuvres. l à bas prix, son incroyable collection. NICOLAS MICHEL N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
MARC MUELLER/AFP
Croce, fondée par l’Opus Dei. Son mari, Corrado Lanino, croisé à l’âge de 17 ans lors d’un chat sur la religion, est conseiller en informatique et expert en sécurité au Saint-Siège… Derrière ces histoires où le hasard fait trop bien les choses, Francesca Chaouqui construit son personnage. « Je suis ambitieuse et croyante », assène celle qui aura pour mentor la comtesse Marisa Pinto Olori del Poggio, au prestigieux carnet d’adresses. Chaouqui lui doit tout : la diplomate, qui descend d’une illustre famille romaine, parachève son éducation, lui apprend à recevoir et l’introduit dans les cercles les plus fermés, dont ceux de la curie. « Pour mettre en contact deux personnes, trouve leur point d’intérêt commun et travaille sur cette base » : ce conseil sera le second dont Francesca fera bon usage. Notamment pour se faire une place dans les relations publiques au sein du cabinet international Orrick, spécialisé dans les opérations financières d’envergure.
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Économie
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Comment la machine?
MICHEL RENAUDEAU/HOA QUI/EYEDEA
SÉNÉGAL
AÉRIEN
Air France-KLM cherche le bon tempo
INTERVIEW
Pierre Moussa, président de la Commission de la Cemac
relancer Près de deux ans après l’élection de Macky Sall, le pays tarde à renouer avec une croissance économique forte, capable de réduire la pauvreté. Mais les nouvelles autorités assurent que 2014 sera un tournant.
t La filiale arachide, l’un des piliers de l’économie sénégalaise, est en panne.
CRÉDIT-BAIL
Tunisie Leasing lance l’offensive en Afrique
STÉPHANE BALLONG,
envoyé spécial
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akar,seshôtels,sestouristes,ses expatriés au pouvoir d’achat considérable… Mais aussi ses sièges d’institutions internationales, ses conférences et autres événements panafricains. Fin octobre, la capitale sénégalaise a confirmé son statut de haut lieu de rendez-vous ouest-africain en accueillant coup sur coup les sommets des deux principales organisations communautaires d’Afrique de l’Ouest: l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Un rôle qui soutient l’activité économique de la ville. Avec 1,1 million d’habitants, soit environ 10 % de la population nationale totale, Dakar représente à lui seul près de 75 % du chiffre d’affaires des entreprises du pays, d’après l’agence de notation Bloomfield. URGENCE. Mais ce dynamisme n’est que l’arbre
qui cache la forêt sénégalaise. En réalité, la situation de la deuxième économie de l’UEMOA en termes de PIB – derrière la Côte d’Ivoire et devant le Mali – est loin d’être brillante. Les nouvelles autorités du pays ont certes fait de gros efforts pour assainir les finances publiques et ramener le déficit budgétaire à 5,6 % en 2012 après seulement sept à huit mois de pouvoir, contre 6 % en 2011. Ce taux devrait encore descendre à 5,3 % cette année et à 4,9 % en 2014. Mais pour la création de richesses, c’est une autre histoire. Le taux de croissance était, il est vrai, de 3,5 % en 2012 (contre 2,6 % en 2011) et devrait atteindre environ 4 % cette année. Reste que cette performance est nettement en dessous de la moyenne sous-régionale qui, elle, se situe autour de 6 %. Et dans un pays où la pauvreté frappe un peu plus de la moitié des ménages et où le chômage demeure élevé, un taux de croissance de 4 % est simplement insuffisant pour améliorer la vie quotidienne. « Il est vrai que le Sénégal n’est pas (encore) un pays pétrolier, mais l’Éthiopie par exemple, qui n’est pas mieux lotie, a atteint des croissances beaucoup plus élevées [environ 10 %] », soutient Philip English, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour le Sénégal, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Mauritanie. Près de deux ans après son élection à la tête du pays, Macky Sall assure avoir placé l’urgence sociale, la relance économique pour N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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LE S H O M M ES DU T P R ÉS ID EN
Entreprises marchés
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ence la présid une croissance créatrice Diop, le président du Mouvement e d t in djo d’emplois et la consolidades entreprises du Sénégal (Meds) : abinet a c e d r u Directe e tion de la bonne gouver« Tout le monde s’accorde à dire que m m co onsidéré ncipaux nance au cœur de son action. cette mesure était précoce et qu’elle ri p l’un des Aminata Touré, l’ancienne a plombé la dernière saison touction le é l’ e d t artisans e ministre de la Justice, gestionristique. Des discussions sont en c , ky Sall de Mac ticien s ti naire de formation, qui a été cours pour trouver des dispositifs ta s iste économ rance et aux nommée Premier ministre en efficaces. » D’après ce patron des F n formé e (Harvard) septembre à la place du banpatrons, Macky Sall fait avancer is n -U États n quier Abdoul Mbaye, a même les choses dans les domaines o s u en ue. est dev onomiq soutenu fin octobre, lors de son social et de la bonne gouverc é r le il ment conse discours de politique générale, nance, « mais pour ce qui est e notam p u c c la ’o Il s s liées à n o que, « sur la période 2013-2017, de la relance économique, on ti s e des qu e d le Sénégal s’engage à porter le attend encore des décisions ie g té stra du l taux de croissance moyen à 6 % fortes ». Ajoutant que les pement ionale. p g lo ré e n v o é d tégrati in l’ à et à créer des milliers d’emplois coûts exorbitants de l’énert e pays – dont 50 000 dans le secteur agrigie, l’accès difficile aux financements, la cole ». Peu d’économistes y croient. complexité de la fiscalité et les problèmes fonciers D’après le représentant d’une instidemandent toujours des solutions durables. tution internationale basée à Dakar, « cet objectif est pour l’instant irréalisable. Parce qu’à ce stade HORTICULTURE. Amadou Hott, directeur général aucun moteur de croissance n’est en cours de du Fonds souverain d’investissement stratégique développement ». (Fonsis) et conseiller spécial du président, assure Les filières clés de l’économie sont en panne. que « 2014 sera une année cruciale ». Il maintient : L’arachide, autrefois l’un des principaux produits « Nous atteindrons une croissance d’au moins d’exportation du pays (10 % des recettes), est 7 % avant 2017. Et l’idée est d’aller plus loin pour confrontée aux fluctuations de la pluviométrie et réaliser des taux à deux chiffres. » Le Fonsis, dont des cours mondiaux et traverse une crise sérieuse. la création est une promesse électorale du chef de Le taux de Aujourd’hui, elle ne représente plus que 2 % des l’État, veut se positionner comme un catalyseur croissance revenus tirés des exportations. Et Suneor, le leade projets qui devrait insuffler une nouvelle dynadu pays prévu pour der local de la transformation de cet oléagineux mique au secteur privé à partir de janvier. « Nous 2013 est bien dont dépendent plusieurs milliers de personnes, allons prendre des participations dans des sociétés inférieur à celui de connaît de graves difficultés financières. « Les nouvelles ou qui existent déjà et sont en difficulté. produits dérivés des phosphates (l’autre secteur Nous rendrons des projets à forte valeur ajoutée la sous-région, important de l’économie du pays) sont confrontés viables et intéressants pour les investisseurs pride 6 % à des problèmes de qualité et de compétitivité. vés. Chaque milliard que nous investirons devrait en moyenne Quant à l’industrie thonière, envisagée un temps créer des centaines d’emplois dans les secteurs comme une piste de diversification, elle s’avère concernés », ajoute le financier. Actuellement doté elle aussi peu compétitive. Enfin, le Sénégal ne de 12 millions de dollars (8,8 millions d’euros) seudonne pas non plus les résultats escomptés en lement, ce fonds souverain – dont le modèle restant que destination touristique », ont semble à celui de la Malaisie (Khazanah) – entend déploré les économistes de la Banque capitaliser les actifs non africaine de développement (BAD) dans valorisés de l’État pour LE S H O M M ES leur dernier rapport sur les perspectives lever de l’argent sur les DU P R ÉS ID EN Ministre de l’É économiques en Afrique. marchés financiers. T conomie et des Finances Depuis le mois de juin, l conduit la Stra tégie VISA. De plus, « les signaux envoyés le cabinet international nationale de aux investisseurs par les autorités du McKinsey élabore pour développement pays sont contradictoires », estime le gouvernement une économique et social Philip English, qui cite en exemple stratégie de développechère à Macky Sa ll que l’introduction récente du visa pour ment devant permettre au le gouvernemen ta les touristes, alors même que l’État Sénégal d’atteindre l’émervalidée en affirme vouloir relancer ce secteur, au gence en 2035. Attendu novembre 2012. Elle plus mal à cause du prix élevé de la pour la fin de cette année, prévoit entre au tres destination. « Il aurait fallu améliorer ce document devrait notamla création de le produit, notamment les infrastrucment identifier les grands 150 000 emplois par an tures hôtelières, et réduire les coûts projets pouvant accélérer la entre 2013 et 20 17. Peu connu av ant sa nominatio du transport avant de prendre cette croissance. La mine de fer ce pur produit de n, l’administration publique a été décision », ajoute l’économiste. Une de la Falémé, dans laquelle pendant sept an s le directeur gé néral des impôts analyse partagée par Mbagnick le Sénégal vient de reprendre et des domai
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JEUNE AFRIQUE
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e dernier classe ment « Doing Bu siness » sur l’environnemen t des affaires au Sénégal ne va pa faciliter la tâche. s lui Financier, cet an cien cadre de la divis ion européenne du groupe américain Crow n formé au Canada a été nommé début septembre à la tête de l’Agence nationa le pour la promotion de s investissements et des grands travaux (Apix). Il travaille activem ent à l’organisa tion d’une réunio investisseurs ét n des rangers à Paris en février procha in. l
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ll Consei ses droits après es rtie de c es un contenl fait pa nc te é p com tieux judiciaire jeunes y k c Sall lles Ma avec le groupe auxque l à son arrivée pe ArcelorMittal, a fait ap . Diplômé de oir v u o pourrait y figuau p et de hnique t c te ly o rer e n b o n n e P ris, c’es P o s-P a la à , Science place. « Ce projet e n oordon on lui qui c de près de 3 millaborati nce, l’é e id s qui ré p l liards de dollars cument, Sénéga binet s. Ce do e route de a é c du plan rn le e ne sera sans doute c c s con ille d nt ave émerge et les ministère ée, sera la feu r 2014. l plus attribué à un n y n vie e a n s l’ ja in e s d K fin Mc al dè seul opérateur. Ses livré à la u Sénég e d tr e ê u it iq o d nom différentes portions que éco la politi – le chemin de fer, le port et l’exploitation de la mine – pourraient être gérées par des entreprises différentes. Et Fonsis serait présent lors de chacune des phases avec des participations minoritaires », avance Amadou Hott. Outre les mines, les technologies de l’information et de la communication ainsi que l’éducation
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bénéficieront d’une attention particulière. Mais l’agriculture (16,7 % du PIB) demeurera la priorité. D’abord, « il va falloir réorganiser la filière arachide et réfléchir par exemple à une intégration verticale [présence sur toute la chaîne] de certains acteurs comme Suneor », suggère Philip English. Ensuite, il faut développer de nouvelles activités. « L’horticulture semble bien marcher et intéresser beaucoup d’investisseurs étrangers », d’après la Banque mondiale, qui finalise un projet de 80 millions de dollars pour soutenir ce secteur. Le Sénégal possède en effet de véritables avantages dans ce domaine : le climat propice de la région de Saint-Louis et la position de Dakar, ville tropicale la plus proche de l’Europe par la mer – le bateau étant un moyen de transport peu onéreux. Une vingtaine d’exportateurs, dont Grands Domaines du Sénégal (GDS), la filiale du groupe hexagonal Compagnie fruitière, fournissent déjà l’Angleterre et la France. Reste encore à confirmer cet essor. l
« DOING BUSINESS » 2014, LE CLASSEMENT QUI FÂCHE DAKAR
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n pleine préparation d’une opération séduction des investisseurs à Paris en février 2014, le Sénégal a peu apprécié le dernier classement du rapport « Doing Business », qui le situe au 178e rang sur 189, soit un recul de deux places. Macky Sall n’y est donc pas allé par quatre chemins: « Ce qui a été noté dans ce rapport est aux antipodes de ce qui se JEUNE AFRIQUE
passe au Sénégal et des ambitions de ce pays », a-t-il lancé. Et quand il énumère les dernières décisions prises pour améliorer l’environnement des affaires, cela donne, pêle-mêle: la suppression de l’autorisation de transaction, l’enregistrement en vingtquatre heures des demandes de création d’entreprise, le décret révisant le code de
procédure civile, l’automatisation du commerce transfrontalier, les facilités dans le transfert de propriété, la simplification du paiement des taxes et impôts grâce à internet, la création d’un centre pour les PME, etc. En fait, explique Philip English, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour le Sénégal, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau et
la Mauritanie, « ces mesures ont été appliquées un peu trop tard pour être prises en compte dans le dernier rapport. Nos collègues de “Doing Business” sont assez durs et veulent les voir concrétisées sur le terrain d’abord ». Mais l’économiste soutient que Dakar est sur la bonne voie et ne doute pas que le pays sera mieux classé S.B. la prochaine fois… l N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Les indiscrets
Afrique de l’Ouest Castel et
Lesieur les mains dans l’huile
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e marché bruissait de la rumeur depuis quelques mois, le mariage est désormais consommé. Castel et Sofiprotéol, propriétaire des huiles Lesieur, ont discrètement créé un holding commun, baptisé Copéol, pour se
est le directeur général. La nouvelle société compte déjà deux filiales : l’une en Guinée, pilotée par Tom Leyman, et l’autre au Sénégal, dirigée par Fabrice Bidault, l’ancien patron des brasseries Castel dans le pays. À Dakar, le nouvel acteur pèse déjà lourd puisqu’il a repris les actifs de Novasen, deuxième transformateur d’arachide du pays, qui était, comme ses confrères, en très grande difficulté financière. Dans la sous-région, c’est donc un concurrent de poids pour l’ivoirien Sifca, principal producteur d’huile alimentaire, qui vient de naître. D’autant que Sofiprotéol, émanation du monde agricole français, ne se contentera pas d’importer mais compte bien planter des oléagineux dans la région… Lesquels ? C’est la question que tout le monde se pose. l
développer dans les huiles alimentaires en Afrique de l’Ouest. Guy de Clercq, l’homme de Castel en Afrique, en a pris la présidence mais c’est un homme de Lesieur, Nicolas Brugvin, qui en
Le célèbre fabricant hollandais de tissu wax continue de tisser sa toile en Afrique. Vlisco prévoit ainsi d’ouvrir en décembre, à Accra, un centre d’excellence, le premier du nom sur le continent. Il sera chargé des approvisionnements et du marketing de l’ensemble des marques Vlisco. Après avoir ouvert en propre une quinzaine de boutiques depuis 2013 à travers l’Afrique de l’Ouest et en Afrique du Sud sous ses marques Vlisco ou Woodin, le groupe vient d’inaugurer coup sur coup deux nouveaux points de vente à Kinshasa. « Nous croyons beaucoup à la N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
RD Congo », a confirmé en exclusivité à Jeune Afrique Hans Ouwendijk, le PDG de la compagnie, lors de son passage à Johannesburg fin octobre. AES-SONEL BILÉ CRAINT LA DÉMOBILISATION
C’est le 6 novembre au soir que Jean-David Bilé
VINCENT FOURNIER/J.A.
TEXTILE VLISCO OUVRE UN CENTRE D’EXCELLENCE AU GHANA
(photo) a pris l’initiative de révéler à ses employés la vente d’AES-Sonel, qu’il dirige, au fonds Actis (lire p. 67). Une douzaine d’heures avant l’annonce officielle. « J’ai tenu à ce que vous en soyez les premiers informés », a précisé par e-mail le Camerounais,visiblement échaudé par la révélation de ce processus de vente en mai par Jeune Afrique. Apparemment inquiet des conséquences que ce changement pourrait avoir sur la motivation des équipes, il a tenu à préciser que, une fois la vente validée par le gouvernement, « des équipes de la direction générale seront envoyées dans chaque unité pour présenter la nouvelle vision de l’entreprise et tous les espoirs qu’elle porte ».
AIR CÔTE D’IVOIRE SIX NOUVELLES DESTINATIONS À LA CARTE La compagnie nationale ivoirienne va desservir, à partir de fin novembre, N’Djamena, Kinshasa, Niamey, Bangui, Monrovia et Freetown. En ce qui concerne la liaison avec la capitale congolaise, le transporteur serait en discussions avec le nigérian Arik Air pour une ligne Abidjan-Lagos-Kinshasa. Air Côte d’Ivoire est par ailleurs en négociations avec des investisseurs potentiels, dont la banque d’importexport Afreximbank pour une augmentation de capital. À l’inverse, Aga Khan est sorti du capital en revendant ses parts (15 %) à un groupe industriel ivoirien dont l’identité n’a pas été dévoilée.
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Entreprises marchés
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AFRIQUE DU SUD ALSTOM OBLIGÉ D’ACCÉLÉRER LES NÉGOCIATIONS Selon plusieurs sources, Alstom a dû accélérer ses négociations avec l’opérateur sud-africain Prasa pour que le chef de l’État français François Hollande puisse annoncer l’accord lors de sa visite dans le pays, le 16 octobre. Le « contrat du siècle » n’était en effet toujours pas bouclé pour la visite présidentielle, après plus de neuf mois de discussions entre le fabricant français et l’opérateur public sud-africain, spécialiste du transport ferroviaire de passagers. D’une valeur de plus de 3,7 milliards d’euros, ce contrat porte sur la fourniture de 3 600 voitures entre 2015 et 2025. JEUNE AFRIQUE
Genève, 17-19 mars 2014
2E ÉDITION
Le forum des dirigeants des grandes entreprises africaines UNE PLATEFORME EXCEPTIONNELLE DE RENCONTRES. UN OUTIL STRATÉGIQUE POUR DÉVELOPPER VOTRE ACTIVITÉ EN AFRIQUE ET À L’INTERNATIONAL.
INSCRIPTIONS ET INFORMATIONS : WWW.THEAFRICACEOFORUM.COM Ils participent au AFRICA CEO FORUM
MARIA LUISA ABRANTES DG Angola Investment Agency (ANIP)
DIAMOND
JEAN KAKOU DIAGOU Président, Fédération du Patronat Ouest Africain
MOULAY HAFID ELALAMY Ministre de l'Industrie et du Commerce (Maroc)
PLATINUM
DONALD KABERUKA Président, Banque Africaine de développement
KOLA KARIM PDG Shoreline Group (Nigeria)
JEAN-PHILIPPE PROSPER Vice-président IFC
GOLD
ISAAD REBRAB President CEVITAL (Algerie)
VALENTINE TEWOLDE GEBRE ALBERT YUMA SENDANYOYEMARIAM Président du conseil RUGWABIZA Président d'administration, PDG Rwanda Ethiopian Airlines Gécamines Development Board (Ethiopie) (RD Congo)
PARTNERS
AWARDS
GALA DINNER Islamic Corporation for the Development of the Private Sector
ORGANISATEURS
Entreprises marchés AÉRIEN
Air France-KLM cherche le bon tempo Après une forte augmentation de ses capacités en 2012 et 2013, le groupe franco-néerlandais affiche aujourd’hui des ambitions plus raisonnables sur le continent. Tout en explorant de nouvelles pistes de développement en Afrique centrale et en Afrique de l’Est.
L
e groupe franco-néerlanrevenus dans le secteur aérien) dais viserait-il une position dans cette région a baissé de 3,8 %. hégémonique sur le conti« Ces chiffres sont conformes à nos nent ? Patrick Alexandre, attentes, nous avons préservé notre le nouveau patron de la direction rentabilité. En faisant voler des commerciale monde d’Air Franceappareils de plus grande capacité, KLM, qui connaît bien le terrain, nous avons diminué nos coûts, nos tient à mettre les choses au point : clients africains ont donc pu béné« Air France a des ambitions à la ficier de baisses de prix », relativise hauteur du développement du Patrick Alexandre, qui reconnaît continent, ni plus ni moins. La avoir essuyé quelques décepcompagnie n’est certes pas noutions, principalement en Afrique velle en Afrique, mais elle n’est de l’Ouest. « En Côte d’Ivoire, la pas non plus en terrain conquis. reprise du trafic n’a pas été aussi Elle y est implantée forte que nous l’avidepuis soixanteons escompté. Nous Au sud dix-sept ans, avec ne savons pas encore du Sahara, aujourd’hui quelque bien l’expliquer, 4 000 salariés pour tous les transporla recette Air France-KLM et teurs sont touchés. par siègeServair », rappelle Et en Guinée, les kilomètre celui qui dirigeait résultats de l’année auparavant la filiale sont en deçà de nos a diminué de restauration du attentes », admet-il. de 3,8 % Dans le nord du groupe. « La concurau premier continent, la situarence s’est accrue tion du groupe n’est sur le continent, semestre. pas plus reluisante c’est vrai. Corsair et Turkish Airlines ont multiplié les que celle de ses concurrents : « Cette région, en particulier ouvertures de lignes, et Brussels Airlines est toujours bien présent. l’Égypte, souffre de troubles poliMais ce ne sont pas nos concurtiques qui ont clairement atteint rents qui déterminent notre strale marché », a constaté Philippe tégie », affirme-t-il. Calavia, directeur général adjoint aux finances du groupe, lors de la TARIFS AGRESSIFS. En 2012 présentation des résultats semespourtant, le groupe a accru ses triels, le 26 juillet. capacités au sud du Sahara de 5 % Ma l g ré c e s t u r b u l e n c e s, et prévoit d’atteindre 8 % en 2013. Alexandre de Juniac, le PDG, a Il a également rapproché ses tarifs rappelé à la même époque que de ceux, plus agressifs, de Corsair « l’Afrique restait prioritaire pour sur leurs destinations communes, Air France-KLM ». Mais en ces avec des prix d’entrée à 547 euros temps de restructuration, l’expanenviron pour un aller-retour entre sion se veut raisonnable, tout en Abidjan et Paris et à 558 euros pour étant durable. « Nous n’avons pas la un aller-retour Paris-Dakar en ce même attitude que d’autres compagnies, qui ne passent qu’un temps moment. Pour l’instant, les résultats en Afrique et repartent rapidement en cas de difficulté. Quand Air sont en demi-teinte : au premier France-KLM ouvre une ligne, c’est semestre, la recette par siègeun engagement de long terme. En kilomètre (l’unité de mesure des N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
GILLES ROLLE/REA
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p «Contrairement à d’autres compagnies, quand nous ouvrons une ligne, c’est un engagement de long terme», déclare Patrick Alexandre.
période de ramadan par exemple, nous ne réduisons pas la voilure », indique Patrick Alexandre. Certains concurrents comprendront… FRÈRE ENNEMI. Pour continuer
sa progression sur le continent, Air France-KLM étudie plusieurs autres pistes. En Afrique centrale d’abord, où le groupe veut profiter du retrait de Lufthansa – le frère ennemi européen – du Gabon et du Congo.«Pour2014,nouspréparons JEUNE AFRIQUE
Coulisses
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STRATÉGIE CRÉDIBLE. Compte
tenu de la faiblesse du trafic et des taxes élevées, le modèle low cost – au sens où on l’entend en Europe, c’est-à-dire avec de nombreuses rotations et des gros-porteurs – n’est pas adapté à l’Afrique subsaharienne francophone, selon Patrick Alexandre. Mais Air France-KLM pourrait participer au développement de ce modèle en Afrique de l’Est, où le nombre de touristes est élevé. Par exemple en venant en appui à une compagnie locale comme Kenya Airways, quitte à employer des avions de plus petite taille. En attendant qu’une stratégie crédible se dégage sur ce type de marché, Air France continue à parier sur le long-courrier haut de gamme, segment le plus rentable de ses vols africains. l CHRISTOPHE LE BEC JEUNE AFRIQUE
CAMEROUN AES CONFIRME LA CESSION DE SONEL À ACTIS L’américain a annoncé le 7 novembre avoir conclu la cession de la totalité de sa participation (56 %) dans l’ex-Société nationale d’électricité camerounaise Sonel à Actis. Ce capital-investisseur spécialisé dans les pays émergents paiera 220 millions de dollars (162,9 millions d’euros), dont 180 millions lors de la finalisation de l’opération. Sonel avait été privatisé en 2001 en faveur d’AES. Présent dans vingt-cinq pays, ce dernier a décidé de rendre plus lisible sa stratégie et de rationaliser son déploiement international. Le groupe entend aussi continuer à réduire sa voilure sur le continent. Le repreneur, Actis, connaît les infrastructures énergétiques : il pilote la centrale d’Azito, la plus grande de Côte d’Ivoire, ainsi que d’autres actifs au Kenya et p La centrale de Limbé, une réalisation d’AES. en Tanzanie. l JEAN-PIERRE KEPSEU/PANAPRESS/MAXPPP
– sous réserve de l’accord des autorités gabonaises – l’ouverture d’une ligne vers Port-Gentil en plus du vol quotidien Paris-Libreville. Et nous allons renforcer nos cadences vers Pointe-Noire en passant de cinq à six vols par semaine », explique Patrick Alexandre, qui évoque également le projet de desservir Lubumbashi, la capitale minière de la RD Congo. En Afrique de l’Ouest ensuite, le directeur commercial reste offensif : « À Abidjan, nous ambitionnons de faire voler un A380 régulièrement, la taille de la piste est suffisante. Manquent seulement quelques aménagements. » Patrick Alexandre avoue étudier également les possibilités offertes par le Nigeria, eldorado potentiel. Enfin, dans l’est et le sud du continent, où KLM est plus présent qu’Air France, le groupe compte renforcer ses liens avec Kenya Airways, dont il détient 26 %. « Nous observons avec intérêt ce que ce groupe fait dans la sous-région, ainsi que Jambo Jet, sa filiale à bas coûts », précise Patrick Alexandre. En septembre, à Nairobi, il a rencontré Titus Naikuni, le PDG de la compagnie kényane, pour évoquer plusieurs projets de partenariats.
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• MAROC Vivendi a conclu un accord définitif sur la vente de 53 % du capital de Maroc Télécom à Etisalat pour 4,2 Md€ • PÉTROLE Selon l’ONG La Déclaration de Berne, les négociants pétroliers suisses contribuent à l’opacité de cette industrie au Nigeria • BOURSE Sotipapier, le no 1 des fournisseurs de papier kraft en Tunisie, a reçu l’accord de principe de la Bourse du pays pour s’introduire sur le marché principal • TÉLÉCOMS L’opérateur burkinabè Onatel va procéder à un fractionnement de ses actions à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM)
ALGÉRIE L’ÉTAT FAIT BARRAGE À CEVITAL Alors que le géant français du pneumatique avait annoncé en juin la revente de sa filiale algérienne à Cevital, l’État algérien a déclaré qu’il allait faire valoir son droit de préemption sur la société. Pour Smaïl Kouadria, député et membre de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’accélération des investissements productifs et de la relance de l’industrie dans le pays.
TÉLÉCOMS BHARTI AIRTEL S’OFFRE WARID CONGO L’opérateur télécoms indien reprend Warid Congo, filiale du groupe contrôlé par le prince héritier de la famille royale d’Abou Dhabi, devenant
ainsi le premier opérateur mobile du Congo avec 2,6 millions de clients. Warid a vendu ces dernières années la plupart de ses participations dans les télécoms, notamment au Bangladesh (cédé à Bharti Airtel) et en Ouganda. Il pourrait également céder sa licence en Côte d’Ivoire.
MINES ARGOR-HERAEUS ACCUSÉ D’AVOIR BLANCHI DE L’OR PILLÉ Suite à une « dénonciation pénale » de l’ONGTrial (Track Impunity Always), la justice helvétique a ouvert une enquête contre le groupe suisse Argor-Heraeus pour blanchiment d’argent aggravé et complicité de crime de guerre. L’entreprise est soupçonnée d’avoir, entre juillet 2004 et juin 2005, sciemment raffiné près de 3 tonnes d’or pillé dans l’est de la RD Congo, en violation de l’embargo des Nations unies. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Décideurs INTERVIEW
Pierre Moussa
Président de la Commission de la Cemac
« Il faut passer de la Cemac des États à la Cemac des peuples » L’intégration régionale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale avance difficilement. À la tête de l’institution depuis un an, le Congolais souligne néanmoins les progrès accomplis.
S
i l’intégration régionale semble être en marche dans de nombreuses zones au sud du Sahara, elle peine toujours à se concrétiser en Afrique centrale. Pourtant, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) dispose déjà de tous les instruments juridiques nécessaires. « Mais il faut maintenant appliquer les textes », a souligné Donald Kaberuka,leprésidentdelaBanque africaine de développement (BAD), en marge de la 8e Conférence économique africaine, organisée du 28 au 30 octobre à Johannesburg et dont le thème était l’intégration régionale sur le continent. « La communauté semble encore en être à la première étape, attendant de voir confirmée la pertinence de poursuivre le processus », a ajouté Mthuli Ncube, économiste en chef de la BAD. Le Congolais Pierre Moussa, qui a succédé officiellement à Antoine Ntsimi à la présidence de la Commission de la Cemac le 5 septembre 2012 pour un mandat unique de cinq ans, revient pour Jeune Afrique sur cet épineux dossier dans une zone où même l’intégration monétaire n’a pas permis d’amorcer la convergence entre des économies qui restent très hétérogènes. JEUNE AFRIQUE : Pourquoi le processus d’intégration peinet-il à avancer dans la zone Cemac ? PIERRE MOUSSA :
Il a en réalité fait des progrès, mais à un rythme encore N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
insuffisant. Nous sommes passés progressivement d’une zone de libre-échange à une union douanière avec un tarif extérieur commun. L’étape du marché commun se caractérisera par la libre circulation des biens et des capitaux d’une part et par celle des personnes d’autre part. Peut-on vraiment parler de marché commun alors que les marchandises peinent à circuler librement dans la zone ?
Bio express
VINCENT FOURNIER/J.A.
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Ancien ministre, cet économiste de 72 ans a été formé à ClermontFerrand, à Paris et à Dakar, où il a étudié la planification au côté du célèbre FrancoÉgyptien Samir Amin
Cette libre circulation des biens a déjà cours, puisqu’il n’y a pas, en principe, de barrière tarifaire à l’intérieur de la zone. Mais on constate quelques infractions à cette règle de temps en temps. Le prochain sommet des chefs d’État concernés, prévu en décembre, verra inscrit à son ordre du jour un dossier sur l’amélioration de l’union douanière et sur le perfectionnement de la libre circulation des biens. La Gabon et la Guinée équatoriale ont décidé de supprimer le visa pour les ressortissants des autres pays de la zone [Cameroun, Centrafrique, Congo et Tchad]. Cette décision sera-t-elle vraiment effective en janvier ?
À partir de janvier, les ressortissants de la Cemac ne devraient pas rencontrer de problème de visa en circulant dans les territoires du Gabon et de la Guinée équatoriale. Mais la suppression ne concerne que les séjours de trois mois. Pour les durées plus longues, nous travaillons sur les dispositions à prendre. Où en est le projet de passeport communautaire ?
Le Cameroun et le Congo produisent déjà le passeport Cemac, les autres vont suivre. Nous avons renoncé à l’idée d’imposer un délai, estimant que chacun devait progresser à son rythme, mais nous exhortons les pays à produire ce passeport, et tous y travaillent. Ce document peut JEUNE AFRIQUE
Décideurs
contribuer à créer une forme d’identité commune. Pour passer de la Cemac des États à la Cemac des peuples.
commerce extérieur, et des exportations, pour inclure davantage de produits industriels – et non plus des produits bruts uniquement.
Autre projet renvoyé aux calendes grecques, le lancement d’Air Cemac. Cette compagnie n’existe que sur le papier…
On en est encore bien loin dans une zone où la croissance est portée notamment par le pétrole et les mines…
On ne peut pas dire cela, car beaucoup d’actions ont été accomplies. Les premières fractions du capital ont été réunies [plusieurs dizaines de milliards de F CFA], et les organes sociaux de la compagnie ont vu le jour. Un siège a été construit à Brazzaville. Air France, le partenaire technique, discute actuellement avec les ministres chargés de l’aviation civile de la zone Cemac. Il faut se mettre d’accord sur une plateforme commune parce que, au départ, les exigences des uns et des autres sont assez éloignées.
Le taux de croissance dans la zone n’est pas négligeable, à 5 % par an en moyenne. Depuis un certain temps, le secteur hors pétrole croît vite, parfois plus vite que le secteur pétrolier.
La Cemac a adopté il y a trois ans un programme économique régional censé conduire à l’émergence de la zone en 2025. Est-ce réalisable ?
Il ne faut pas fétichiser les dates. Ce qui est important, c’est la force de l’élan que l’on prend. Pour atteindre l’émergence, il faut des taux de croissance élevés, parfois même à deux chiffres, pendant une période assez longue, de quinze à trente ans. De tels taux entraînent des transformations importantes dans la structure même du PIB, du JEUNE AFRIQUE
L’idéal serait d’unifier ces deux marchés. Selon certaines pistes, explorées notamment par la BAD, l’une des deux pourrait devenir un pôle de régulation, l’autre une plateforme boursière. Mais la décision reviendra aux chefs d’État.
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Que comptez-vous faire pour mettre fin à la rivalité entre les deux places financières (Douala et Libreville) de la sous-région ?
Pour atteindre l’émergence, il faut des taux de croissance élevés pendant une longue période.
Les chefs d’État se sont dits favorables à Air Cemac, mais sans monopole. Air France, certainement soucieux de la viabilité de la nouvelle compagnie, désirait sinon l’exclusivité, du moins une place prépondérante sur le marché aérien de la sous-région. Par ailleurs, les autorités d’Air Cemac souhaitent que la société française prenne une part de capital.
FOUAD BRINI TMSA À la tête de l’Agence du Nord depuis 2006, cet ingénieur de formation assure en outre l’intérim au poste de président du conseil de surveillance de l’Agence spécialeTanger Méditerranée, qui gère le port de la ville marocaine.
RACHID BEN DALI STEG Le nouveau PDG de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg), ingénieur en électricité mécanique, était auparavant directeur général de l’énergie au ministère de l’Industrie. Il succède à Tahar Laaribi.
Vous avez succédé à Antoine Ntsimi dans des conditions difficiles. Avez-vous commandé un audit de la gouvernance de votre prédécesseur ?
Nous avons créé un département d’audit interne. Dans le cadre du projet d’audit de la gouvernance des institutions de la communauté, nous venons de lancer un appel d’offres international. La short list est arrêtée. Nous repartirons sur de nouvelles bases. l Propos recueillis par STÉPHANE BALLONG
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C’est-à-dire ?
AICPRESS
ON EN PARLE
AMAEBI FIDERIKUMO IHS NIGERIA PLC Diplômé en comptabilité et titulaire d’un MBA de l’université du Bénin, le directeur financier du fournisseur nigérian d’infrastructures de télécommunications a dix-huit années d’expérience dans son domaine. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Finance CRÉDIT-BAIL
Tunisie Leasing lance l’offensive en Afrique Développements géographiques et nouveaux produits : le numéro un historique finalise la reprise de son alter ego panafricain Alios Finance. Et multiplie les chantiers pour doper sa croissance.
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lus qu’une simple opération d’acquisition, un symbole : après des années d’apathie, les entrepreneurs tunisiens lancent l’offensive en Afrique. Dans les semaines qui viennent, Tunisie Leasing devrait finaliser l’acquisition d’Alios Finance, avec le coup de pouce d’Amen Bank (actionnaire de référence de Tunisie Leasing), de Proparco (filiale de l’Agence française de développement) et de l’investisseur social ResponsAbility. Deux leaders qui se rapprochent : l’un est précurseur et leader du crédit-bail en Afrique du Nord, l’autre est un poids lourd dans le même domaine de Dakar à Dar es-Salaam. Cinq mois après l’annonce de négociations exclusives entre les principaux actionnaires d’Alios Finance et le tunisien pour la cession de 59,34 % des parts, « la finalisation de l’opération tarde un peu, pour des questions de change et de montage du financement, mais elle entre dans sa phase de concrétisation»,souligneunproche du dossier. AU MENU. Pour Tunisie Leasing,
l’opération est stratégique. Le groupe, qui pourrait verser une trentaine de millions d’euros aux cédants,cherchedenouveauxrelais de croissance. « Le management est bien conscient que le marché tunisien n’offre presque plus de marge de progression », affirme Bassem Neifer, analyste chez AlphaMena, qui suit depuis plusieurs années Tunisie Leasing, cotée à la Bourse de Tunis. « Leur priorité est désormais la bonne croissance », ajoute-t-il. Ahmed Abdelkefi et Fethi Mestiri, les deux patrons de N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
la société tunisienne, regardent résolument du côté d’Alger, où ils sont parvenus à bâtir le numéro un du crédit-bail du pays en un peu plus de cinq ans, avec l’aide d’Amen Bank. Maghreb Leasing Algérie, c’est son nom, engrange d’ailleurs des revenus à présent supérieurs à ceux qui sont générés en Tunisie. Aymen Ben Zina, analyste chez Attijari Intermédiation, un courtier tunisien, le confirme: « Les mises en force [contrats dont la facturation a commencé] vont augmenter de 28 % en 2013, selon le management. » Soit plus du double de la croissance enregistrée à Tunis en 2012, qui était une année de redressement après la crise de 2011… Devant l’augmentation du coût de refinancement et la vive concurrence – menée notamment par le nouveau numéro deux du marché, Attijari Leasing –, Tunisie Leasing a
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p La société tunisienne est précurseur et leader dans ce domaine en Afrique du Nord.
Produit net de leasing*
LE LEASING, C’EST QUOI ? Dans le cadre d’un crédit-bail, une société financière met un bien d’équipement à la disposition d’un client (une PME généralement) pour une période déterminée, contre paiement d’un loyer. À échéance, le client peut acquérir le bien à un prix défini à l’avance
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Résultat net* 2,766
5,29
Créances totales*
401,13
très clairement mis l’Afrique à son menu. Certes, il y a peu de chances de voir le groupe se développer au Maroc, où le marché est tenu par les grandes banques locales. Mais Tripoli reste dans la ligne de mire. « Des pourparlers avancés avec un partenaire libyen ont été annoncés lors de la dernière
26,76
594,08
Effectif
198
132
Alios Finance
Tunisie Leasing
* En millions d’euros, en 2012 SOURCE : ALPHAMENA
assemblée générale des actionnaires », confirme un témoin. Plus au sud, c’est la croissance qui attire, ainsi que la virginité du marché. À l’exception toute relative du Kenya, rares sont les pays qui disposent d’un secteur du créditbail développé. Alios Finance, fondé sur une myriade de sociétés actives en Afrique francophone depuis des dizaines d’années et acquis en 2006 par un consortium de financiers mené par le capitalinvestisseur AfricInvest, témoigne de ce potentiel. En quatre exercices, le chiffre d’affaires a progressé de 27,9 %, pour atteindre 19,7 millions d’euros en 2012. Entre 2006 et 2012, la production de crédit a doublé. Le groupe est présent au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Mali et au Sénégal. Depuis quelques années, Alios s’est lancé dans la zone anglophone, en s’installant en Zambie, en Tanzanie et au Kenya. « Nous allons ouvrir en Ouganda d’ici à la fin de l’année et nous préparons des implantations au Nigeria et au Ghana depuis un JEUNE AFRIQUE
Baromètre moment, précise Jan-Albert Valk, directeur général d’Alios Finance depuis 2006. Partout, nous sommes numéro un ou numéro deux. » S’il parvient à reprendre ce groupe qu’il connaît bien pour en être un actionnaire – très minoritaire – depuis plusieurs années et partager le même président du conseil d’administration – Ahmed Abdelkefi –, Tunisie Leasing verra ses revenus bondir de 75 %, pour frôler les 50 millions d’euros, et ses bénéfices s’envoler de moitié. Avec, au final, un risque plutôt limité: si les 200 employés d’Alios se concentrent sur le développement des activités, la gestion des risques n’a pas été délaissée, les créances douteuses étant provisionnées à près de 90 %. Seule inquiétude : la rentabilité repose sur une poignée de pays (notamment le Gabon) et la zone anglophone, plus concurrentielle, subit toujours des pertes. ISLAMIQUE. MaisAliosFinancepré-
sente d’autres atouts. En particulier son activité de crédit à la consommation, qu’il pratique au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Sénégal et qui représente 15 % de ses crédits. « Un élément important quand on sait que Tunisie Leasing veut se lancer dans de nouveaux domaines dans son pays d’origine, du microcrédit au leasing islamique », commente Bassem Neifer. Car en attendant de faire ses premiers pas au sud du Sahara, le groupe continue d’innover intelligemment pour être positionné au mieux lorsque la croissance sera de retour dans le pays. « Tunisie Leasing est entré au capital d’Ennakl, le principal réseau commercial automobile national – avec l’objectif de proposer dans les seize concessions des crédits dans le domaine automobile », rappelle Aymen Ben Zina. La société est également engagée dans l’ambitieux plan de développement du pôle de compétitivité de Sousse, une technopole. « En 2016, Tunisie Leasing pourrait générer dans ce cadre 20 % de ses revenus via des opérations de leasing immobilier », prévoit Bassem Neifer. De quoi donner un nouveau souffle au groupe trentenaire. l FRÉDÉRIC MAURY JEUNE AFRIQUE
Finance
CIMENT
« Dangote détient 63 % du marché » DANGOTE CEMENT a publié fin octobre ses résultats pour les neuf premiers mois de l’année 2013. Ceux-ci dévoilent un bénéfice par action en hausse de 46 %, à 9,2 nairas (0,04 euro), grâce à une forte croissance des volumes de ciment, à une part de marché en hausse et à des marges plus importantes. Ces résultats montrent que les plans stratégiques du groupe continuent d’être mis en œuvre, avec une meilleure utilisation des capacités dans ses deux usines phares, l’utilisation de gaz comme source d’énergie, et des prix stables. Nous prévoyons que cette dynamique sera maintenue au dernier trimestre et que la hausse du bénéfice par action sera de 24 % sur la période 2012-2015.
La croissance du marché nigérian – principal marché du groupe – reste forte, avec des volumes en hausse de 13,6 %, à 16 millions de tonnes. Du fait de la hausse de la production, les importations poursuivent leur reflux, avec une baisse de 51 % cette année. Les prix restent à peu près stables, à 174 dollars la tonne. Dans ce contexte, les volumes de Dangote Cement progressent de 29,5 %, à 9,95 millions de tonnes. La part de marché du groupe s’élève désormais à 63 %. Ses indicateurs financiers restent solides, avec une marge brute à 65,5 %, contre 60,5 % en 2012. L’endettement net par rapport aux capitaux propres est passé de 28 % à 17 %. Dans l’ensemble, le groupe continue d’investir au Nigeria et dans d’autres pays
Roy Mutooni Analyste chez Renaissance Capital
africains, dans le cadre de son plan de développement d’une capacité de 13,2 millions de tonnes en dehors de son pays. Les nouvelles activités en Afrique du Sud et en Sierra Leone devraient ainsi être opérationnelles au cours du premier semestre de 2014. La résolution des questions juridiques autour de l’usine sénégalaise laisse présager une mise en service à la même période. » l
Cours de l’action à la Bourse de Lagos
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Dossier
Télécoms & internet
En ordre de SONATEL
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JEUNE AFRIQUE
INTERVIEW
Tidjane Deme, responsable de Google en Afrique francophone
E-COMMERCE
Avec Jumia, tout, partout, tout de suite
CONSO
Jamais sans mon smartphone
bataille
Face à un durcissement de la concurrence, la filiale ouest-africaine d’Orange prépare sa mue. Sa stratégie : miser sur l’internet mobile, être davantage à l’écoute des clients et réduire les coûts de gestion de ses infrastructures. JULIEN CLÉMENÇOT
t L’opérateur est numéro un au Sénégal. JEUNE AFRIQUE
SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.
S
iège de Sonatel, Dakar, le 10 octobre. Alioune Ndiaye, directeur général de cette filiale du français Orange, fait face à la presse à l’occasion du lancement du réseau pilote 4G (très haut débit mobile). Habituellement avare en déclarations, il doit théoriquement se borner à présenter cette nouvelle innovation. Son intervention est finalement en partie destinée à rassurer les puissants syndicats maison. Depuis quelques mois, l’entreprise, première capitalisation d’Afrique de l’Ouest (détenue à 27 % par l’État sénégalais), a accéléré la sous-traitance de la maintenance de ses tours télécoms et participe à l’intérieur du groupe Orange à un projet de mutualisation de la supervision de ses infrastructures. Les personnels craignent un début de démantèlement de l’entreprise. « Sonatel ne vendra aucune de ses infrastructures » et « pas un agent ne sera licencié », insiste Alioune Ndiaye pour calmer les esprits. Le discours de l’héritier de Cheikh Tidiane Mbaye (qui, après presque un quart de siècle à la tête de l’opérateur, est considéré comme l’un des principaux artisans de sa réussite) parvient semble-t-il à convaincre les partenaires sociaux. « Nous sommes conscients de la nécessité de maintenir le haut niveau de performance de Sonatel, confirme un représentant du personnel. Une structure affectée à la supervision des infrastructures devrait être créée fin 2015. Si le chantier est bien mené, cela ne devrait pas fragiliser les emplois, au contraire. Sur cette question, le dialogue est engagé entre le directeur et les secrétaires généraux des syndicats. » PÉPITE. Nommé en septembre 2012, Alioune Ndiaye
jouit encore des succès obtenus à Bamako, où il a créé Orange Mali en 2002. Il peut surtout s’appuyer sur les résultats récemment publiés par Sonatel à l’issue du premier semestre 2013. En un an, l’opérateur a réussi à faire grimper sa base d’abonnés de 26,9 % N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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Dossier Télécoms & internet Rang*
(20,2 millions de clients), avec des progressions particulièrement fortes en Guinée (+ 61 %) et au Mali (+ 35 %). « C’est excellent, on est en avance sur nos objectifs dans chacune de nos opérations », se félicite Marc Rennard, directeur exécutif d’Orange chargé de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie. Pour autant, l’état-major du groupe ne se fait pas d’illusions. Il sait pertinemment que sa pépite ouest-africaine va devoir lutter pour préserver sa domination face à une concurrence de plus en plus rude. Si son chiffre d’affaires continue de progresser (544 millions d’euros au premier semestre 2013, + 10,3 % sur un an), son revenu par utilisateur s’effrite (– 13,3 % sur un an pour l’activité mobile), tout comme sa rentabilité. « Il ne se passe pas deux jours sans qu’un des opérateurs ne lance une nouvelle promotion sur le mobile au Sénégal », reconnaît Alioune Ndiaye. Sans compter l’arrivée, annoncée par les pouvoirs publics sénégalais, d’un quatrième compétiteur sur le marché du mobile. TERRAIN. « Un tel scénario pourrait déclencher une
guerre des prix dommageable pour le secteur et se répercuter négativement sur les investissements et sur le personnel », prévient le directeur général. Le ton est grave, mais c’est sereinement que la direction de Sonatel prépare son plan de bataille. Sur le fond, la stratégie ne change pas, hormis la volonté de porter plus d’attention aux attentes des abonnés. Pour y parvenir, Alioune Ndiaye a créé en janvier une direction « service aux clients » distincte de l’activité commerciale, tout comme il a séparé la supervision des réseaux et la direction des systèmes d’information. Sur le terrain, cela s’est traduit en Guinée par un effort financier important : 19,8 millions d’euros au premier semestre 2013, soit 31,8 % des investissements totaux pour seulement 12,5 % des abonnés au mobile. Objectif: étendre la couverture à 58 nouvelles localités et améliorer la qualité des prestations. Pari gagnant, puisque l’opérateur occupe désormais la première place, devant le sud-africain MTN. Sonatel détenait fin juin 42 % de part de marché (+ 10 points sur un an). La fin de la guerre au Mali peut également l’inciter à un certain optimisme, même si un troisième concurrent – le groupe Planor, déjà propriétaire de Telecel Faso au Burkina – ne devrait pas tarder à se lancer, après avoir réuni les financements nécessaires à son projet. « Mais le marché malien recèle encore des gisements de croissance, notamment sur les services monétiques [transferts d’argent et paiements par mobile] et sur la data [échanges de données via les portables] », insiste Alioune Ndiaye. Le web sera sans doute le meilleur carburant de la croissance des opérateurs dans les années à venir. Pour Marc Rennard, c’est sûr, 2013 va consacrer la percée de l’internet mobile. Fin juin, Sonatel avait doublé, en un an, son nombre d’utilisateurs sur ce créneau (chiffre d’abonnés non communiqué). N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
Premier dans trois pays sur quatre 61 % 60,3 %
61 %
Part de marché* Contribution au chiffre d’affaires du groupe au premier semestre 2013**
28,1 % Sénégal 1er/3
Mali 1er/2
43 % 9,7 % Guinée-Bissau 2e/3 42 % SOURCE : SONATEL, JUIN 2013
74
1,9 % Guinée 1er/6 Soit 20,2 millions d’abonnés** (+ 26,9 % sur un an)
Burkina Faso et Togo sont des pays où Sonatel pourrait s’implanter.
* Mobile uniquement ** Fixe, mobile, internet
« D’ici à cinq ans, on peut espérer qu’entre 25 % et 30 % des revenus proviendront de cette activité », avance Sami Matri, analyste chez Sofrecom, le bureau d’études d’Orange. Internet semble enfin devenir une priorité pour les opérateurs, comme l’attestelabaisseduprixdessmartphonesd’entréede gamme,passésouslabarredes50euros.AuSénégal, les efforts d’Orange ont là aussi été récompensés, avec une place de numéro un dans le domaine de la data, auparavant dominé par l’opérateur Expresso. Mais le Net ne pourra se généraliser que lorsque les coûts d’accès au haut débit auront encore été abaissés. Un chantier pour lequel Sonatel bénéficie d’un réel avantage, grâce à ses réseaux en fibre optique et aux investissements de sa maison mère dans les câbles sous-marins. Ces infrastructures jouent déjà un rôle déterminant dans son modèle économique et permettent au groupe d’être la plus importante plateforme d’interconnexions internationales d’Afrique de l’Ouest. « C’est une source importante de revenus, confirme Alioune Ndiaye. Toutefois, elle est elle aussi soumise à des menaces telles que l’émergence des logiciels de voix sur IP [Skype, Viber] ou les surtaxes sur les appels entrants, comme c’est le cas en Guinée. » L’autre évolution stratégique pour l’entreprise pourrait venir d’une nouvelle acquisition. « Il y a un consensus pour faire de Sonatel une tête de pont d’Orange en Afrique de l’Ouest », admet Marc Rennard. L’opérateur Mattel en Mauritanie pourrait faire figure de cible idéale… Réponse début 2014. l JEUNE AFRIQUE
LE MONDE EN FRANÇAIS L’actualité internationale décryptée par le monde francophone 7j/7 à 18h*. * Sur TV5MONDE France-Belgique-Suisse, 19h30 sur TV5MONDE Maghreb Orient (heure de Beyrouth) et 17h sur TV5MONDE Afrique (heure de Dakar).
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Dossier Télécoms & internet
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INTERVIEW
Tidjane Deme
Responsable de Google en Afrique francophone
« Nos gouvernants sont des prédateurs » Depuis le Sénégal, ce polytechnicien accompagne le développement du web sur le continent. Une montée en puissance qu’il estime contrariée par le manque de perspicacité des pouvoirs publics.
À
Pour Jeune Afrique, Tidjane Deme fait le bilan des actions menées par Google et souligne les obstacles qui ralentissent encore l’adoption des technologies de l’information et de la communication (TIC), particulièrement en Afrique francophone.
La création de contenus africains a-t-elle été déterminante ?
JEUNE AFRIQUE : Google a ouvert un bureau à Dakar en 2009. Quatre ans après, l’usage d’internet s’est-il répandu en Afrique francophone? TIDJANE DEME : Oui. En 2009,
il n’y avait de réseau 3G ni au Sénégal, ni au Cameroun, ni en Côte d’Ivoire, contrairement au Kenya ou au Ghana. Aujourd’hui, tous ces pays ont lancé l’internet
q Il dirige depuis 2009 une équipe d’une dizaine de personnes à Dakar.
Il y a quatre ans, nous cherchions à stimuler la demande. Aujourd’hui, la situation s’est complètement inversée : la demande existe. Le travail de sensibilisation à l’importance des contenus locaux a porté ses fruits. Quand ceux-ci existent, les internautes sont très demandeurs. En 2011, nous avons commencé à promouvoir la production de vidéos africaines sur YouTube. En un an, les contenus locaux ont augmenté de 40 % sur le continent, et les vues de l l l
SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.
40 ans, Tidjane Deme en paraît toujours 20 de moins. Sans doute cet apparent surplus de jeunesse tient-il à l’enthousiasme et à l’énergie que ce polytechnicien met au service du développement d’internet en Afrique. Depuis quatre ans, il dirige le bureau francophone du géant Google à Dakar. Son équipe – une dizaine de collaborateurs pour l’instant – travaille à la fois à la promotion des contenus locaux et à l’amélioration des conditions d’accès au web, via des projets pilotes comme l’utilisation des spectres de fréquence laissés vacants par les télévisions.
mobile. Selon les dernières statistiques du régulateur sénégalais, les utilisateurs qui accèdent au web grâce à leur téléphone sont désormais plus nombreux que ceux qui se connectent grâce aux lignes fixes.
N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
Dossier Télécoms & internet 50 %. Dans les pays où nous avons concentré notre activité, les chiffres sont encore plus parlants. Entre 2011 et 2012, le nombre de vidéos mises en ligne à partir du Sénégal a crû de 80 %, et le nombre de vues de 115 %.
Les données financières concernant la zone ne sont pas communiquées.
lll
Le prix des smartphones est-il encore un obstacle au développement d’internet en Afrique francophone ?
Qu’apporte YouTube aux créateurs africains ?
Le dernier smartphone lancé à Dakar coûte seulement 30000 F CFA!
Cette plateforme vidéo offre un premier circuit de distribution aux petits acteurs qui n’ont accès ni à la télévision ni aux subventions permettant de participer à des festivals. Au Sénégal, un journal télévisé rappé s’est lancé sur internet avant d’être diffusé par la chaîne 2STV parce qu’il était devenu très populaire. Au Nigeria, YouTube n’avait au départ qu’un partenaire, IrokoTV, basé en Europe. Maintenant, ils sont une quinzaine, implantés localement et qui ont déjà épuisé les archives de Nollywood. Ils travaillent dorénavant avec des producteurs sur leurs futurs films. Ensemble, ces sociétés génèrent des revenus qui sont reversés dans le marché du contenu africain. Illustration concrète du potentiel de création d’emplois et de richesse du secteur : un acteur comme IbakaTV, au Nigeria, qui n’existait pas il y a un an, emploie aujourd’hui vingt personnes.
Quand Google a mis le système d’exploitation Android à disposition des fabricants, cela a diminué le coût de développement d’un smartphone. Le dernier Alcatel lancé à Dakar par Sonatel coûte 30 000 F CFA [46 euros]. Les véritables obstacles à la généralisation de l’accès à internet restent la disponibilité de la bande passante et son prix. Ce sont des questions de politique publique. L’Afrique francophone a pâti d’une mauvaise régulation. Au Sénégal, les fournisseurs d’accès internet [en dehors des opérateurs télécoms] sont morts. Ils sont passés de douze à deux entre 2002 et 2012, principalement parce qu’ils n’ont pas accès au marché de la bande passante en gros et qu’il n’existe pas de licence spécifique permettant d’exploiter une boucle locale. La situation est plus ou moins la même en Côte d’Ivoire.
La montée en puissance d’internet permet-elle à Google de gagner de l’argent depuis Dakar ?
Ce n’est pas encore notre priorité. On pourrait accueillir quelques commerciaux à Dakar, mais cela risquerait de nous distraire de notre mission principale qui est de développer internet. Ce n’est pas compatible avec une vision à long terme. Dans quelques pays comme le Kenya, le Nigeria ou l’Afrique du Sud, il y a clairement un marché.Deséquipess’enoccupent. Quel est le chiffre d’affaires de Google en Afrique ? N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
Profil • 40 ans, sénégalais • Diplômé de Polytechnique (1997) et de l’Ensta ParisTech (1999) SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.
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• Ancien consultant pour Capgemini, CoSine Communications et CommonSys
C’est-à-dire ?
Nos gouvernants se comportent par rapport au secteur des TIC – qui se limite souvent, dans leur entendement, aux opérateurs télécoms – comme des prédateurs cherchant à en tirer le maximum d’argent en se focalisant sur quelques gros acteurs. Leur objectif devrait être, au contraire, de favoriser l’émergence d’un écosystème plus large, qui crée plus d’innovations, plus d’emplois, plus de PIB et, finalement, plus d’acteurs à taxer. La qualité des infrastructures estelle un frein à l’accès à internet ?
Laréalité,c’estqu’onn’ensaitrien. Parcequesouventlesrégulateurs ne partagentpasleursinformations.Au Sénégal, les investisseurs potentiels ne peuvent même pas savoir où sont les besoins, quelles sont les infrastructures existantes et quels sont les critères à satisfaire pour obtenir une licence d’opérateur d’infrastructure. Mobiliser les financements nécessaires à la généralisation d’internet ne pourra se faire que dans un marché plus ouvert. Quand je vois un État installer de la fibre optique, je me demande si le privé n’aurait pas pu investir à sa place. Là encore, la Côte d’Ivoire et le Cameroun connaissent quasiment les mêmes difficultés que le Sénégal. Les opérateurs contribuent-ils à démocratiser l’accès au web ?
Oui, ils ont enfin décidé de se lancer sur le terrain de l’internet mobile. Ils multiplient les offres et se font réellement concurrence. Ce dynamisme est très nouveau. Cela veut dire que ce secteur est enfin un axe stratégique de croissance pour eux, qu’ils vont y consacrer des investissements et que, in fine, les prix vont baisser. Mais il reste beaucoup de travail à accomplir pour connecter le plus grand nombre. Nous avons fait une étude il y a quelques mois sur les PME africaines : 80 % des propriétaires disent être convaincus de l’intérêt d’internet pour le développement de leurs affaires, mais 75 % d’entre eux n’y ont pas accès… l Propos recueillis par JULIEN CLÉMENÇOT JEUNE AFRIQUE
Dossier Télécoms & internet des tensions politiques à Tunis. Parmi ceux qui avaient manifesté leur intérêt, des nouveaux venus en Afrique, comme le turc Turkcell et le sud-coréen KT. Ce dernier a récemment injecté plus de 100 millions d’euros dans une coentreprise avec Kigali pour la mise en place d’un réseau 4G qui couvrira d’ici à trois ans 95 % du territoire rwandais. « Des acteurs issus des pays émergents viennent pallier la frilosité des grands groupes occidentaux », constate l’avocat Hervé Castelnau, du cabinet Jones Day. Une nouveauté déjà observée au Cameroun, où le vietnamien Viettel a décroché en 2012 la troisième licence GSM.
FUSIONS-ACQUISITIONS
La fin d’un cycle?
Dans les télécoms, de multiples annonces de cession et de rachat ont émaillé l’année 2013. Mais les spécialistes prédisent un reflux des investissements.
FORCE DE FRAPPE. Toutefois, ce
ABDELHAK SENNA/REA
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D
e Johannesburg à Tanger, banquiers et avocats spécialistes des fusions-acquisitions citent à l’unisson la même opération: la cession par Vivendi de sa part dans Maroc Télécom (53 %). Seul candidat en lice depuis le retrait du qatari Ooredoo, l’émirati Etisalat a trouvé, début novembre, un accord avec le groupe français et Rabat, qui conserve sa part de 30 %. « C’est la plus grosse transaction [3,9 milliards d’euros] de l’histoire du Maroc », se réjouit Vincent Le Stradic, responsable des télécoms chez Lazard, la banque d’affaires qui conseille Vivendi.
VIGUEUR. Cet exemple illustre le regain de vigueur des fusionsacquisitions dans le domaine des télécoms après deux années d’accalmie. Du 1er janvier au 2 octobre 2013, leur volume s’élevait déjà à 8,2 milliards d’euros (+ 156 % sur un an), selon la plateforme de services financiers Dealogic. Soit 23,7 % du total des « fusac » en Afrique (contre N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
19,1 % en 2012), juste derrière le secteur des hydrocarbures. Cas pratique avec le mastodonte Bharti Airtel, qui, en avril, a acquis la filiale de Warid Telecom en Ouganda pour environ 75 millions d’euros, avant de réitérer l’opération au Congo, il y a quelques jours, pour une somme pas encore divulguée. Côté lusophone, l’angolais Unitel, dirigé par Isabel dos Santos, s’est également illustré en décrochant, pour un montant confidentiel, la seconde licence à São Tomé e Príncipe, mettant ainsi fin au monopole de Portugal Telecom. D’autres opérations sont sur les rails, comme la vente de Telma. On pensait le sud-africain MTN bien parti pour acheter l’opérateur malgache, mais c’est l’homme d’affaires local Mamy Ravatomanga qui tiendrait la corde. La cession des 35 % détenus par Emirates International Telecommunications dans l’opérateur historique Tunisie Télécom était aussi attendue, avant d’être reportée en raison
p Etisalat a repris les 53 % de Maroc Télécom détenus par Vivendi.
8,2
milliards d’euros
C’est le montant des « fusac » dans le secteur des télécoms en Afrique du 1er janvier au 2 octobre 2013 (contre 3,2 milliards d’euros un an auparavant) SOURCE : DEALOGIC
mouvement pourrait s’essouffler. « Excepté pour certains groupes déjà présents sur le continent, nous allons sans doute assister à un ralentissement des nouveaux investissements étrangers. L’heure est davantage à la consolidation d’acteurs déjà bien implantés, prédit Vincent Le Stradic. C’est compliqué d’entrer sur ce marché très singulier et où les compagnies africaines existantes sont très compétitives. D’autant que les grands groupes du continent ne sont pas à vendre. Au contraire, je ne serais pas surpris qu’ils cherchent de la croissance externe à l’étranger. » Les experts s’attendent donc à de petites opérations, par exemple au Bénin, en Côte d’Ivoire ou au Gabon. « Mieux vaut qu’il y ait des rachats plutôt que des disparitions », estime Rémy Fekete, avocat chez le cabinet français Gide Loyrette Nouel. Du côté sud-africain, Vodacom est en recherche active d’occasions d’achat, et MTN, qui a peu de dettes, jouit d’une force de frappe redoutable. Mais à l’avenir, c’est surtout dans les infrastructures télécoms que les fusac pourraient se multiplier. Après le Cameroun et la Côte d’Ivoire en 2012, MTN devrait céder son réseau de tours en Zambie et au Rwanda, pour un montant compris entre 75 millions et 150 millions d’euros, selon la société TMT Finance. l JOAN TILOUINE JEUNE AFRIQUE
Dossier CAMEROUN
MTN quadrille la zone Avant l’arrivée de Viettel sur le marché, l’opérateur sud-africain a rationalisé sa distribution. Cela n’est pas du goût des revendeurs de crédit téléphonique, qui voient leur marge de manœuvre se réduire.
U
n parasol pour se protéger des rayons du soleil. Un banc qui accueille clients et amis. Et, en évidence sur un présentoir, trois téléphones portables avec, à l’intérieur, une puce de chacun des trois opérateurs du pays : MTN, Orange et Camtel. En cet après-midi d’octobre, des clients s’agglutinent autour de Francis pour obtenir des « transferts » de crédit : il suffit que l’abonné donne son numéro de téléphone au revendeur pour que celui-ci lui envoie quelques minutes de communication. Mais l’ancien apprenti menuisier a beau avoir choisi un emplacement stratégique, à l’intersection d’une boulangerie fréquentée et d’une allée desservant Denver-Ngousso, l’un des coins huppés de Yaoundé, il ne gagne que 2 000 F CFA (environ 3 euros) par jour. À peine de quoi nourrir sa famille.
Francis squatte les trottoirs de la capitale depuis 1990 pour vendre des recharges téléphoniques. En une décennie, il a vu les cartes à gratter pratiquement disparaître des rues de Yaoundé, au profit des « transferts ». Selon MTN, leader sur le marché de la téléphonie
L’activité des grossistes et des détaillants est désormais limitée à certains quartiers. mobile au Cameroun avec plus de 7 millions d’abonnés, 95 % de ses ventes sont désormais réalisées via des call boxes telles que celles de Francis. Non content de faire des économies grâce à la dématérialisation de cette activité, la filiale du groupe sud-africain a baissé, en 2011, de 12 % à 10 % la commission que perçoit l’ensemble de son circuit de distribution (5 % pour les grossistes, 5 % pour les détaillants).
Pour MTN, l’optimisation de la vente de ses crédits de communication a pris une dimension encore plus importante depuis l’annonce de l’entrée sur le marché d’un nouveau concurrent, le vietnamien Viettel, début 2014. Mais que les revendeurs ne s’inquiètent pas : « Si les ventes s’accroissent, les profits suivront », justifie Roger Minoué, responsable de la distribution pour MTN. Une décision difficile à encaisser pour Francis, qui a perdu du jour au lendemain 20 % de ses revenus et doit désormais vendre également des fruits pour s’en sortir. Les grossistes aussi ont fait les frais de cette reprise en main. La concurrence au sein de son propre réseau était devenue tellement forte que certains distributeurs ont connu de sérieuses difficultés financières. BRACONNAGE. Pour mettre fin à
cette guerre stérile, MTN a imposé en 2012 une sectorisation qui limite l’activité des grossistes et des détaillants à certains quartiers. « Nous sommes allés plus loin en leur donnant des objectifs et en leur indiquant l’effectif qui leur est nécessaire pour maximiser la force de vente à l’intérieur de chaque zone. Et nous avons en plus noué un partenariat avec deux banques de la place pour les accompagner », précise Roger Minoué. Gare à ceux qui tenteraient de braconner en dehors de leur territoire ! Tous sont constamment surveillés grâce aux antennes relais, qui permettent de localiser les transactions. Un dispositif pas vraiment apprécié des revendeurs. « On menace de désactiver ma puce si je m’aventure hors de ma zone », rouspète Francis, qui avoue avoir perdu près du quart de sa clientèle à cause du zonage. Ses ennuis pourraient bientôt redoubler, car c’est désormais Orange qui s’apprête à adopter ce système de maillage. l OMER MBADI, à Yaoundé
JEUNE AFRIQUE
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COMMUNIQUÉ
« Gabon numérique » > L’AGENCE QUI FAIT DU « GABON NUMÉRIQUE » UNE RÉALITÉ L’A gence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences (ANINF) a été créée en 2011 pour bâtir le « Gabon des services », l’un des trois piliers du plan d’action du président Ali Bongo Ondimba.
> CHEF D’ORCHESTRE DU « GABON NUMÉRIQUE » Les missions de l’ANINF concernent aussi bien les télécommunications que ue l’audiovisuel et l’informatique. Son rôle principal : créer et gérer érer les infrastructures et les ressources nationales de transportt et de connectivité communes à ces trois secteurs. Pour garantir la cohérence du système national, c’est elle qui valide tous les projets de l’économie numérique. Elle établit un lien entre l’administration administration et les citoyens en rendant disponible les services administratifs en ligne.
DIFCOM/FC - PHOTOS : DR
Dans le secteur des télécommunications, lécommunications, elle élabore le plan national des fréquences radioélectriques, une tâche anciennement dévolue à l’A gence de régulation des télécommunications (ARTEL). Elle sera un exposant posant leader du pavillon gabonais, lors du sommet de l’Union internationale nternationale des télécommunications (UIT), l’agence des Nationss unies pour les TIC, organisé du 19 au 22 novembre prochain à Bangkok.
> LE « BACKBONE » GABONAIS, LA COLONNE VERTÉBRALE TÉBRALE C’est l’une des priorités de l’’ANINF : réaliser réa la colonne vertébrale terrestre du réseau de fibre re optique national. Ce maillage de l’ensemble du pays, qui s’étendra dra sur près de 4500 Km, permettra
à toutes les localités du Gabon d’êtres desservies par le haut débit, notamment les grands pôles économiques. L’infrastructure fera du pays un point nodal des TIC dans la sous-région. Les études d’impact ont été réalisées pour les trois phases du projet et un atelier a été organisé en octobre dernier avec le Congo Brazzaville, sous l’égide de la Banque mondiale, pour harmoniser l’interconnexion entre les deux pays voisins dans le cadre du projet Central Africa Backbone (CAB). Le Gabon est déjà classé dixième en Afrique et premier dans la CEEAC (Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale), sur l’indice de développement des TIC publié en 2013 par l’UIT.
Les projets qui connectent les Gabonais > RÉSEAU DE L’ADMINISTRATION GABONAISE (RAG) Ce projet démarré en 2011 vise à interconnecter les différentes administrations des neuf provinces du pays grâce à la fibre optique. Au premier semestre 2013, un linéaire de 43 kilomètres de fibre ont été installés dans Libreville autour des quartiers administratifs. Une autre boucle locale est en cours de pose, sur 50 kilomètres, entre Libreville et Owendo, pour atteindre à terme un linéaire de 93 kilomètres de fibre.
> LE RÉSEAU ADMINISTRATIF HAUT DÉBIT SANS FIL EN TECHNOLOGIE WIMAX Avec ce projet, les administrations des villes de Libreville et de Franceville sont connectées à Internet depuis 2012. Le déploiement de seize stations de base, dont treize à Libreville et trois à Franceville, permet actuellement une couverture d’environ soixante quinze pour cent. La densification de ce réseau est prévue pour 2014, avec la prise en compte d’un déploiement de la même année de sept stations de base à Port-Gentil.
renforcer la sécurité des transactions sur Internet à travers une « infrastructure à clés publiques ».
> UN MEILLEUR SUIVI DES ÉTUDIANTS BOURSIERS L’ANINF a développé un logiciel de gestion des bourses pour le compte de l’Agence nationale des bourses du Gabon. Ce logiciel va permettre de suivre les étudiants durant tout leur cursus en leur fournissant un identifiant unique. Cela va réduire l’attente aux guichets et éviter que des étudiants ne continuent à percevoir les bourses de l’État quand leur cursus ne le rend plus nécessaire.
RÉSEAU DE L’ADMINISTRATION GABONAISE (RAG) Tracé de la fibre optique (à Libreville et à Owendo) RAG1 (43 km rélisés) RAG2 extension (50 km en cours de réalisation
> E-GOVERNMENT Les sites Internet de seize ministères ont été réalisés par l’ANINF, ainsi que ceux de l’Assemblée nationale, du Sénat et de onze ambassades du Gabon à l’étranger. De quoi permettre aux Gabonais de lier un contact plus facile et quotidien avec ces institutions qui les représentent. Au niveau de l’administration centrale, ce sont déjà dix mairies, situées dans chacune des neuf provinces du pays, qui sont aujourd’hui accessibles via le Net. L’agence a également mis en place des intranets pour l’ensemble des seize ministères pour permettre une meilleure fluidité du travail entre agent de l’État.
> E-EDUCATION Le Plan Gabon numérique prévoit que chaque école primaire du pays soit équipée d’une classe numérique. Dans ce cadre, en dehors des salles déjà livrées à Libreville en 2012 au prytanée militaire et au complexe Basile Ondimba, six autres salles seront opérationnelles à Libreville avant la fin de l’année 2014. Elles disposeront d’un tableau numérique, alors que les enseignants et les élèves pourront travailler sur un ordinateur portable. Cela, en profitant du réseau haut débit sans fil de l’administration, basé sur la technologie WIMAX.
> UN FICHIER ÉLECTORAL BIOMÉTRIQUE DÉPOUSSIÉRÉ Acteur citoyen, l’ANINF a contribué à la mise en œuvre du fichier électoral national biométrique, qui sera exploitable pour les élections locales du mois de décembre prochain. Le ministère de l’Intérieur a lancé avec l’ANINF le programme d’identification biométrique (IBOGA, pour « identification biométrique officielle au Gabon ») pour moderniser l’état-civil et fiabiliser le fichier électoral ainsi que les documents d’identité. Dans ce cadre, l’agence va
Agence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences Cours Pasteur (Immeuble de la Solde) B.P. 798 - Libreville Tél. : (+241) 01 79 52 77
www.aninf.ga
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q L’équipe du site au Nigeria.
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E-COMMERCE
Tout, partout, tout de suite En à peine plus d’un an, Africa Internet Holding a lancé Jumia, sa plateforme de vente en ligne, dans six pays du continent. Et cette boulimie entrepreneuriale est loin d’être rassasiée…
C
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e st l’ h i st o i re de d e u x g l ob e - t ro tteurs, « amoureux de l’Afrique » et convaincus du potentiel de l’économie numérique sur le continent. Les Français Jeremy Hodara (31 ans) et Sacha Poignonnec (33 ans), codirecteurs généraux d’Africa Internet Holding (AIH) et respectivement diplômés des écoles de commerce HEC Paris et Edhec, ont lancé depuis juin 2012 la plateforme d’e-commerce Jumia en Égypte, au Nigeria, au Kenya, au Maroc, en Côte d’Ivoire et en Afrique du Sud (sous le nom de Zando). Celle-ci offre un choix qui va de 30 000 à 100 000 produits selon les pays, des vêtements jusqu’aux appareils électroniques. « À l’occasion de voyages, nous avons constaté une forte demande de consommation en Afrique, mais une offre très faible, explique Jeremy Hodara. Il suffit de voir dans les aéroports les passagers revenir avec des valises pleines. Nous avons estimé
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qu’internet était le bon canal pour pallier ce manque. » Pour devenir, espèrent-ils, « le plus grand détaillant d’Afrique », les deux associés ont sollicité, fin 2011, le soutien d’Oliver Samwer, fondateur avec ses frères Marc et Alexander de la société allemande Rocket Internet. Spécialisée dans la duplication à l’international de sites à succès, cette dernière a gagné le surnom péjoratif d’« usine
La société dispose de sa propre flotte de livreurs, d’une agence marketing et de centres d’appels. à clones », ce qui ne l’a pas empêchée de lever 1,8 milliard d’euros ces deux dernières années. Le holding – 100 entreprises dans 40 pays – détient aujourd’hui la majorité du capital d’AIH, au côté de l’opérateur de télécoms Millicom (connu sous la marque Tigo). Discret côté chiffres, Jeremy Hodara indique seulement que sa
société a investi plusieurs dizaines de millions d’euros sur le continent, principalement dans les sites Jumia. RÉCOMPENSÉ. Le siège parisien compte une dizaine d’employés ; c’est sur le continent que tout se passe. En deux ans, AIH y a créé environ 1 500 emplois. Ce chiffre s’explique par le fait que Rocket Internet contrôle tous les aspects de ses entreprises. Jumia, récompensé par le prix du « meilleur lancement de l’année » au World Retail Congress, à Paris en octobre, dispose de sa flotte de livreurs en complément des réseaux locaux, de son agence marketing ou de ses propres centres d’appels. Localement, l’entreprise a misé sur des têtes bien faites : le Nigérian Tunde Kehinde et le Ghanéen Raphael Afaedor, anciens de Harvard, à Lagos; Taïbi Benhima, diplômé de HEC Paris, et Sami Louali, ingénieur des Ponts et Chaussées,àCasablanca;ouencore la Sénégalaise Fatoumata Ba, excollaboratrice d’Atos Consulting, à Abidjan. Les deux associés peuvent aussi compter sur leur propre expertise. Jeremy Hodara et Sacha Poignonnec, qui se sont rencontrés chez McKinsey à New York, ont cumulé à eux deux, au sein du cabinet de conseil, une dizaine JEUNE AFRIQUE
Dossier
DIAGNOSTIC. Les risques liés à la cybercriminalité ? Pour Sacha Poignonnec, la question ne se pose pas. « Nous lançons nos business de façon à créer de la confiance, en livrant à domicile contre un paiement en espèces [entre 1,50 et 2,50 euros, gratuit au-dessus de 30 à 50 euros d’achat, selon les pays]. Après diagnostic, nous introduisons les autres moyens de paiement existants. La Côte d’Ivoire n’accepte pas encorelespaiementsenligne;ceuxci sont faméliques au Nigeria et au Kenya, mais plus développés au Maroc », assure-t-il, pragmatique. Constamment à l’affût de nouveaux développements, AIH a lancé en Afrique des plateformes déjà développées par Rocket Internet hors du continent, comme des services de traiteurs (HelloFood), de vente entre particuliers (Kaymu), d’annonces immobilières (Vamido) ou encore de réservation de taxi (Easy Taxi) dans une dizaine de pays africains. Une boulimie entrepreneuriale parfois raillée. Pour ses concurrents, le modèle de Rocket Internet n’est pas rentable et a pour objectif de revendre ses opérations à court terme. « J’ai un emploi pour lesvingtprochainesannées»,assure au contraire Jeremy Hodara. l
LIBYE
Green le survivant Affaibli par la chute de Kaddafi, le groupe, présent en Ouganda, au Soudan du Sud et en Côte d’Ivoire, reprend tant bien que mal sa marche en avant.
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eu Mouammar Kaddafi voulait en faire l’un des opérateurs télécoms les plus importants du continent. Mais sous son règne, Green, financé par le fonds Libya Africa Portfolio, n’a jamais dépassé le stade de l’objet économique non identifié. Le développement de ce groupe créé en 2007 a toujours été guidé par le désir d’influence du dictateur plus que par des considérations de rentabilité. Peu structurées et sans réelle stratégie, ses filiales, à l’exception d’Uganda Telecom, n’ont jamais pu financer la construction d’un réseau performant. Début 2011, lorsque les alliés occidentaux ont gelé les avoirs libyens pour affaiblir le régime du « Guide », privant l’opérateur d’aide extérieure, beaucoup d’observateurs ont pensé que Green ne survivrait pas. La suite leur a donné tort. Certes, cinq pays – Niger, Rwanda, Tchad, Togo et Zambie – lui ont retiré ses licences faute de les avoir intégralement payées dans les délais impartis. Mais l’opérateur, avec à sa tête Wafik al-Shater, nommé en octobre 2011, poursuit ses activités au Soudan du Sud, en Ouganda, en Côte d’Ivoire, et détient toujours une licence en Sierra Leone. Le groupe assure avoir repris
sa marche en avant. Il aurait réduit ses pertes financières de manière significative, améliorant, entre 2011 et 2012, sa marge Ebitda de 55 % en Ouganda, de 50 % au Soudan du Sud et de 40 % en Côte d’Ivoire. Son directeur général rechigne à communiquer des chiffres plus parlants mais, selon nos informations, Green n’aurait que 400 000 abonnés en Côte d’Ivoire (soit 2 % du marché), 350 000 au Soudan du Sud (14,8 %) et un peu plus de 2 millions en Ouganda (15,7 %). TABLEAU NOIR. Ces filiales ont en outre
besoin d’argent frais pour payer leurs dettes et renforcer leurs réseaux de télécommunications. Une source interne estime le besoin à plus de 50 millions d’euros en Côte d’Ivoire. Malgré ce tableau noir, Wafik alShater n’a pas abandonné toute ambition: parallèlement au redressement des activités existantes, il envisage de nouvelles acquisitions. En juillet, Green s’est ainsi porté acquéreur de la part détenue par Emirates International Telecommunications dans Tunisie Télécom (35 %). Un opérateur lui aussi en grande difficulté, notamment sur le plan des relations sociales, depuis la révolution tunisienne. l JULIEN CLÉMENÇOT
q À Abidjan.
NABIL ZORKOT
d’années d’expérience dans la grande distribution. « Quand on lance un site d’e-commerce, il faut savoir acheter de bons produits au bon prix, trouver un entrepôt [celui de Lagos fait 9 000 m2], gérer des stocks, organiser un service client… » détaille Jeremy Hodara. Aujourd’hui, AIH réalise plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires par mois, avec une croissance à deux chiffres. Et le fait qu’il dépense toujours plus qu’il ne gagne n’inquiète pas ses dirigeants. Jumia est le premier site d’e-commerce visité au Nigeria et au Maroc. L’entreprise Alexa, qui fournit des statistiques sur le trafic web mondial, le classe 21e au Nigeria, sur 500, 106e au Kenya, 139e au Maroc et 139e en Côte d’Ivoire. Une notoriété qui devrait être confortée par le lancement, en août, d’une application pour les smartphones.
SAÏD AÏT-HATRIT JEUNE AFRIQUE
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Dossier Télécoms & internet CONSO
Jamais sans mon
smartphone
Photo, traduction, commande visuelle… Les constructeurs rivalisent d’innovation. J.A. a mis cinq produits au banc d’essai.
CARACTÉRISTIQUES
BRICE TAHOUK
iPhone 5S
iPhone 5C
700 euros la pomme
Pas vraiment low cost
L
e dernier-né d’Apple est une évolution musclée de l’iPhone 5. Hormis la finition – or, argent ou « gris sidéral » –, le 5S ne se distingue, en apparence, que par le bouton principal, plus grand. Et pour cause : il sert de lecteur d’empreintes digitales, afin de déverrouiller l’iPhone sans avoir à saisir un code. Mais attention ! Nombre de hackers ont déjà trouvé comment contourner cette sécurité. Côté caractéristiques techniques, son nouveau processeur, l’A7, rend le 5S 40 fois plus puissant que le premier iPhone. Il bénéficie d’un appareil photo doté de pixels plus larges que pour l’iPhone 5, afin de capter davantage de lumière. Un smartphone de référence mais encore très cher : plus de 700 euros. l
T CARACTÉRISTIQUES
Écran 4 pouces Mémoire 16 à 64 Go Poids 112 g Appareil photo 8 Mpx Système d’exploitation iOS 7 Autonomie d’appel en 3G 10 heures
LG G2 Des images plein la vue
D
ans l’univers Android, le G2 (environ 600 euros) pourrait vite occuper une place de choix. Sur ce modèle, LG a déplacé les boutons de la tranche vers le dos, sous le capteur photo. De quoi les atteindre facilement avec l’index. Autre innovation : on peut verrouiller et déverrouiller le téléphone en tapotant deux fois consécutives l’écran. Celui-ci, lumineux et contrasté, est d’ailleurs l’un des points forts du G2. LG a optimisé son intégration dans le châssis, ce qui lui permet de proposer une dalle de 5,2 pouces sans que la taille globale du smartphone ne s’en ressente. Enfin, le G2 bénéficie de 2 Go de mémoire vive et d’un processeur de 2,26 GHz. Un modèle haut de gamme qui pourrait titiller la concurrence. l CARACTÉRISTIQUES
Écran 5,2 pouces Mémoire 16 Go Poids 142 g Appareil photo 13 Mpx Système d’exploitation Android 4.2.2 (Jelly Bean) Autonomie d’appel en 3G 15 heures N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
Écran 4 pouces Mémoire 16 à 32 Go Poids 132 g Appareil photo 8 Mpx Système d’exploitation iOS 7 Autonomie d’appel en 3G 10 heures
andis que le 5S est, conformément à la stratégie d’Apple, un smartphone haut de gamme, le 5C est destiné aux clients voulant s’offrir le nouvel iPhone à un prix plus raisonnable. Reste qu’il faudra quand même débourser près de 600 euros pour la version incluant 16 Go de mémoire. De quoi inciter de nombreux utilisateurs à se rabattre sur la concurrence, qui propose des modèles équivalents à des tarifs moindres. Avec sa puce A6 et son écran Retina 4 pouces, l’iPhone 5C offre peu d’innovations en dehors du nouveau système d’exploitation iOS 7, un peu plus fonctionnel. À noter : le mode panoramique de l’appareil photo iSight (8 Mpx) permet tout de même de réaliser de beaux clichés en haute définition. l
LA CORÉE LANCE L’ÉCRAN INCURVÉ SERA-CE LA NOUVELLE innovation qui fera la différence ? En tout cas, au pays du Matin calme, on y croit. Les sudcoréens Samsung et LG viennent tous deux de lancer (avec un peu d’avance pour le premier) des smartphones à écran incurvé, baptisés respectivement Galaxy Round et G Flex. Mais cette nouveauté ne constitue qu’une étape vers une autre révolution. À terme, l’objectif est de créer des écrans flexibles qui pourront être pliés et roulés sur euxmêmes. Reste à savoir si les consommateurs suivront. l JEUNE AFRIQUE
Dossier
Samsung Galaxy S4
Nokia Lumia 1020 Deux en un
Au doigt et à l’œil
I
l n’est ni le plus tendance ni le plus puissant, mais les amateurs de photo vont se jeter dessus. Capteur de 41 Mpx, flash Xenon, stabilité optique (pour photographier en voiture, par exemple)… Le Lumia 1020 prend des clichés d’une qualité impressionnante. Bref, si vous comptez acquérir un appareil photo compact haut de gamme ou un téléphone, prenez l’option deux en un au prix finalement attractif d’environ 650 euros. D’autant que Nokia vend aussi une coque avec un grip qui transforme le téléphone en un véritable appareil photo. À noter : le système d’exploitation de Microsoft, Windows Phone, est de plus en plus complet et n’a plus grand-chose à envier à iOS d’Apple au niveau des fonctionnalités. l CARACTÉRISTIQUES
Écran 4,5 pouces Mémoire 32 Go Poids 158 g Appareil photo 41 Mpx Système d’exploitation Windows Phone 8 Autonomie d’appel en 3G 13 heures
CARACTÉRISTIQUES
Écran 5 pouces Mémoire/micro SD 16 à 32 Go Poids 130 g Appareil photo 13 Mpx Système d’exploitation Android 4.2.2 (Jelly Bean) Autonomie d’appel en 3G 17 heures
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xtérieurement, le Galaxy S4 (environ 600 euros) est quasiment identique au S3 – un design qui a d’ailleurs pris un coup de vieux. C’est par ses fonctionnalités qu’il se distingue. Le S4 possède deux caméras, à l’avant et à l’arrière, qui peuvent s’utiliser simultanément. Dans toutes les applications d’écriture, Samsung a intégré un logiciel de traduction : une bonne idée, mais pas vraiment au point – n’espérez pas passer du lingala au wolof si facilement. Autres nouveautés : on peut faire défiler une page web en inclinant l’appareil, stopper une vidéo en détournant le regard et commander le smartphone à distance (2 cm), sans toucher l’écran. Lancé en mars, le S4 aurait déjà été vendu à 40 millions d’exemplaires. l
AMOS-5, MAINTENANT EN AFRIQUE
Retrouvez-nous à
Spacecom, opérateur du satellite AMOS-5 en position orbitale 17°E, délivre sur l’ensemble du continent africain de puissants signaux en bandes C et Ku, avec accès à l’Europe et au Moyen Orient. Avec la famille de satellites AMOS, Spacecom confirme sa position d’opérateur satellite multirégional. AMOS-2 et AMOS-3, tous deux en position 4°W, couvrent l’Europe et le Moyen-Orient. AMOS-4, lancé avec succès en position orbitale 65°E, dessert l’Asie et la Russie. AMOS-6, dont le lancement est prévu en 2015, complètera la couverture sur l’ensemble de l’Europe.
AfricaCom
12 au 14 novembre 2013 Le Cap, Afrique du Sud Stand # E07
E-mail : amos-info@amos-spacecom.com • Site Internet : www.amos-spacecom.com
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Culture & médias
LITTÉRATURE
Une saison en or Le 6 novembre, la Franco-Camerounaise Léonora Miano a reçu le prestigieux prix Femina pour La Saison de l’ombre. Un roman original sur la traite négrière.
CLARISSE JUOMPAN-YAKAM
elle aborde de manière frontale un sujet délicat : la traite transatlantique. lle n’a pas jugé nécessaire de s’offrir Avec La Saison de l’ombre, Léonora Miano signe une arrivée de star. Cela n’est pas pour un texte prégnant qui non seulement parle de son elle. Pour le cocktail organisé en son continent natal, mais surtout s’adresse à lui (voir J.A. honneur par son éditeur, Léonora no 2754). L’action se situe sur les côtes africaines, au Miano est arrivée dans les salons parimoment où les Occidentaux arrivent pour mettre siens du cinéma Le Panthéon bien en place cinq siècles de traite négrière. Inversant la avant tous les invités. Un brin lassée de redire perspective habituelle qui s’intéresse aux esclaves encore et encore sa joie de recevoir le prestigieux déportés, Léonora Miano se penche sur ceux qui prix Femina décerné le 6 novembre, la romancière restent.Ceuxàquil’onarrachelesêtresqu’ils aiment franco-camerounaise a donné l’accolade avec une et dont le monde s’effondre. Elle nous rappelle que égale chaleur tant à ses cousins et cousines qu’aux la plupart des Subsahariens de l’époque ne sont ni célébrités du landerneau littéraire: Benoîte Groult, des captifs ni des trafiquants d’hommes. Mais des Laure Adler, Bernard-Henri Lévy… La personnes simples, qui n’ont aucune quadra s’est éclipsée au bout de trois prise sur les événements. L’écrivaine, heures, après nous avoir fixé un rendezqui a fait de l’Afrique son matériau exclusif pour son septième roman, vous téléphonique pour le lendemain à 7 heures. estime cependant que c’est « l’univerLa nuit de sommeil n’y a rien changé. salité du thème abordé » qui lui vaut Elleneréalisetoujourspasquesonnom une telle récompense. Chacun d’entre rejoint ceux de Marguerite Yourcenar, nous peut en effet se reconnaître dans Jorge Semprun ou encore Marie Ndiaye celui qui perd un être cher. Finalement, sur la liste des lauréats de l’un des prix peu importent les circonstances dans littéraires français les plus courus. lesquelles cela s’est produit. Ce qui Léonora Miano dit comprendre, aux compte, c’est la détresse. coups de téléphone qui affluent, en LaforcedeLéonoraMianoestd’avoir La Saison de l’ombre, particulier du Cameroun, combien su retracer la complexité de l’humade Léonora Miano, elle rend les gens heureux. Au point nité. Le criminel est beaucoup plus Grasset, 240 pages, qu’elle se demande si ce prix ne lui ambivalent qu’il n’y paraît. La Saison 17 euros confère pas de nouvelles responsabide l’ombre campe ainsi une tribu qui lités. « J’essaie de ne pas me donner a pris sur elle de fournir des captifs trop d’importance », lâche-t-elle de sa voix grave et aux négriers parce qu’elle se sentait constamment feutrée. Elle avoue avoir eu beaucoup de chance : agressée. C’est cela aussi l’engrenage dans lequel elle n’a été désignée qu’à cinq voix contre quatre l’Afrique s’est laissée embarquer. Aux Africains aujourd’hui de prendre possession de leur histoire à Laurent Seksik pour Le Cas Eduard Einstein et de l’écrire. Cela suppose de déterminer les res(Flammarion). L’écrivaine reconnaît qu’il ne lui a ponsabilités des uns et des autres en cernant les l l l pas toujours été facile d’imposer son travail, tant
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JEUNE AFRIQUE
Léonora Miano en quelques dates 1973 Naissance à Douala 1991 Arrivée en France 1995 Naissance de sa fille Yasuna
2005 L’Intérieur de la nuit 2006 Contours du jour qui vient, prix Goncourt des lycéens
2008 Tels des astres éteints
2009 Les Aubes écarlates 2010 Blues pour Élise
2011 Ces âmes chagrines 2012 Grand Prix littéraire de l’Afrique noire pour l’ensemble de son œuvre
VINCENT FOURNIER/J.A.
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Culture médias Littérature
AIMÉ MÉNOBA POUR J.A.
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p Vestiges du comptoir négrier de Bimbia, au Cameroun.
Son rêve ? Une Afrique libérée qui aurait recouvré l’estime de soi. N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
motivations sous-jacentes de chaque protagoniste. Tranquillement. Ce roman offre un point de vue afrocentré assumé. « Ce qui ne signifie pas que je rejette le reste du monde, explique son auteure. Mais les figures noires et africaines sont au centre de ma production. Ce sont leurs émotions et leurs pensées qui m’intéressent en priorité. » Léonora Miano, qui se définit comme une écrivaine subsaharienne francophone et française, revendique une forte culture littéraire anglo-saxonne, caribéenne et africaine-américaine, notamment celle des lettres féminines du Black Arts Movement des années 1970, dont la démarche politique touche profondément la militante qu’elle est. C’est par ce truchement qu’elle pense atteindre son Afrique rêvée, celle qui aurait recouvré l’estime de soi en annihilant sa profonde aliénation. lll
MÉMOIRE. Dans un éclat de rire, la romancière déclare dédier sa récompense « à tous ceux à qui cela fait du bien ». Et confesse que sa manière de ne pas chercher à plaire lui a valu, à ses débuts, des insultes de la part d’une diaspora qui s’estimait stigmatisée par ses écrits. L’Intérieur de la nuit, où il est question de sacrifices humains et de cannibalisme, de la léthargie d’une société malade de son passé, a déclenché l’ire de certains membres de la communauté africaine de France. Il s’agit néanmoins de son ouvrage le plus apprécié de ses compatriotes. Inscrite au programme des classes de seconde au Cameroun, il est actuellement le sujet de mémoire de nombre d’étudiants en lettres. Lors de la remise du prix Femina, Léonora Miano a eu une pensée émue pour la mère de la chanteuse Sandra Nkaké, aujourd’hui disparue.
Elle lui doit en partie la structure de son roman. En septembre 2010, Léonora Miano découvre un rapport intitulé « La mémoire de capture », que Lucie-Mami Noor Nkaké a rédigé pour l’Unesco. Si la traite transatlantique est omniprésente dans l’œuvre de Miano, cette étude lui a permis de déplacer la perspective dans laquelle se situent habituellement ceux qui l’abordent pour introduire cette dimension humaine souvent occultée. Pour elle, faire l’impasse sur cette dimension c’est passer sous silence les résistances qui se sont organisées. Des populations ont été décimées, des rois destitués ou assassinés parce qu’ils refusaient de se soumettre. Il faut les célébrer. Ce que la romancière a fait dès 2010 en composant Sankofa Cry, un répertoire blues dédié aux premiers Subsahariens déportés vers les Amériques. À partir de février 2014, celle pour qui la musique occupe une place primordiale dans l’écriture se produira avec Out in The Blue, un récital jazz poétique sur l’expérience des Subsahariens et des afro-descendants. Cette question, Miano la porte en elle depuis l’enfance. Pour cette fille de pharmacien et d’enseignante, la grande confrontation avec ce sujet vient avec la lecture, à l’âge de 14 ans, de La Prochaine Fois, le feu de James Baldwin. Les réponses à ses questions de petite Subsaharienne lui sont venues de la diaspora noire américaine. Elle a alors découvert que les Africains de l’Antiquité étaient égaux aux autres peuples. Avec l’esclavage, on a chassé les Noirs du genre humain. Romancière révoltée, Léonora Miano ? Cette admiratrice de l’écrivain ghanéen Ayi Kwei Armah décline: trop vieille pour l’être. Elle a de puissants motifs d’indignation, mais l’écriture lui a permis de calmer ses tourments. l JEUNE AFRIQUE
Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI
13-16 Novembre
2013
QUELLES EMERGENCES DANS UN MONDE INSTABLE ?
PARMI LES 200 INTERVENANTS CONFIRMÉS, RETROUVEZ : MIKHAIL MARGELOV PRÉSIDENT DU COMITÉ DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE RUSSIE
SAMEERA RAJAB
NASSER JUDEH
YVES LETERME
STJEPAN MESIC
DIONCOUNDA TRAORE
MAHMOUD JIBRIL
ZHONG JINHUA
MINISTRE D’ÉTAT POUR L’INFORMATION DU BAHREIN
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE JORDANIE
ANCIEN PREMIER MINISTRE DE BELGIQUE
ANCIEN PRÉSIDENT DE CROATIE
ANCIEN PRESIDENT PAR INTERIM DU MALI
ANCIEN PREMIER MINISTRE DE LYBIE
ENVOYE SPECIAL DE LA CHINE POUR L’AFRIQUE
TANGER 13-16 Novembre 2013
Informations : www.medays.org Inscrivez-vous sur : www.medays2013.com PARTENAIRE STRATÉGIQUE
PARTENAIRE PRIVILÈGE
PARTENAIRES PANELS
TRANSPORTEUR AÉRIEN OFFICIEL
AVEC LE SOUTIEN DE
PARTENAIRES MÉDIA
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HÉBERGEUR OFFICIEL
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VINCENT FOURNIER/J.A.
q Chez lui, à Paris, en septembre 2012.
ROMANS
L’homme qui en savait trop
de dos Santos, le président de l’Angola, qui a jeté son marxisme aux orties pour s’associer avec les magnats du pétrole Parfait connaisseur du continent, l’auteur des fameux SAS, américain ». En 1978, Panique au Zaïre ! Ayant flairé un mauvais coup, de Villiers est Gérard de Villiers, est mort le 31 octobre à l’âge de 83 ans. en position à Kinshasa quand des rebelles attaquent Kolwezi. Militaires, barbouzes, n ange est passé, emportant au pays, et, aujourd’hui, j’en suis plus que politiques, au fil de ses enquêtes, celui ciel ou en enfer l’âme damnée jamais convaincu. C’est surtout vrai pour qui s’est toujours défini comme journade Gérard de Villiers, l’auteur l’Afrique. » Et c’est au Maghreb, dans l’Algéliste s’était forgé un réseau en acier. Il ne français le plus vendu de l’hisrie rebelle de 1954, qu’il situe le « vrai trahissait personne et tous lui faisaient confiance, lui livrant des informations toire. Le 31 octobre, l’encre de son 200e SAS départ de [sa] vie professionnelle », invité de première main qu’il distillait dans ses était encore fraîche quand, à 83 ans, le à l’âge de 25 ans à couvrir une opération romans. En 1980, un ami des services sulfureux écrivain a accepté de passer la de la Légion française dans les Aurès. français lui confiait la crainte du Mossad kalach à gauche. Quelques mois plus tôt, En 2011, l’octogénaire bravait encore en qu’un attentat se préparait contre le prél’ex-journaliste de France Dimanche sillonLibye les balles kaddafistes, arrimé à son déambulateur sur un pick-up rebelle. sident égyptien Sadate. Six mois après la nait encore les steppes afghanes en quête Née en 1965, sa créature Malko a fait ses parution du Complot du Caire, en 1981, de nouvelles aventures érotico-guerrières le raïs était assassiné. pour son héros, Son Altesse Sérénissime premières armes sur le continent dès 1967 L’intuition de « Gédévé » faisait soule prince Malko, aristo autrichien contracquand, à la recherche des débris d’un vent mouche. N’écrivait-il pas tuel de la CIA. Au ministère français de la Culture, un silence de mort a salué Jugé raciste et sexiste, celui qui en 2005, le président Laurent la disparition de l’homme aux 100 milGbagbo comptant encore d’ima vendu 100 millions de livres lions de ventes. Jugé trop réactionnaire, portants appuis en France: « […] de Villiers était dénoncé comme raciste, connaissant parfaitement la perne recevra pas d’hommage. sexiste et antisémite. En septembre 2012, sonnalité de Laurent Gbagbo et l’ambigu personnage nous affirmait: « On satellite espion, il s’empêtre au Burundi surtout celle de son épouse, on les a laissés m’a accusé de racisme, mais c’est faux, dans un trafic de pierres précieuses. prendre le pouvoir alors qu’il était encore j’aime l’Afrique ! » À l’époque, les convulsions de l’Angola possible de le stopper. » Il a fallu attendre Pour l’aventurier qui n’écrivait jamais déchiréetduZaïremobutisteaimantentde 2011 pour que Gbagbo soit « stoppé », sans se rendre sur place, le continent Villiers. Guêpier en Angola paraît en 1975, avec l’aide des Forces spéciales françaises. et il rejoindra plusieurs fois par la suite Consécration suprême, un long article du c’était un peu l’Afrique à papa. Dans dans son maquis « un personnage extraorNew York Times le déclarait en novembre ses Mémoires parus en 2005, Sabre au dinaire », Jonas Savimbi, l’indépendantiste « l’homme le mieux renseigné de la placlair et pied au plancher, il se souvient : devenu rebelle au régime prosoviétique, nète ». Son rêve de toujours était sur le « À la maison, j’avais toujours entendu « abattu dans une embuscade, en 2002, point de se réaliser : il se voyait enfin à parler des colonies. […] Je pensais que par ses ennemis de toujours, les hommes Hollywood. l LAURENT DE SAINT PÉRIER la métropole avait beaucoup aidé ces
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JEUNE AFRIQUE
Culture médias
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la reçoivent dans 48 pays. Elle s’enorgueillit d’être la première chaîne internationale au Maghreb et d’enregistrer des scores d’audience de plus de 90 % en Afrique centrale, sa principale zone de notoriété En se consacrant davantage à l’actualité du continent, la chaîne avec l’Afrique de l’Ouest. « Nous essayons francophone veut réagir face à une concurrence de plus en plus rude. de casser la logique d’une Afrique en crise inq minutes de plus, en téléallons développer notre réseau de corpour valoriser la créativité et le dynamisme vision, ça compte. La chaîne respondants pour faire l’information et culturel…Nousvoulonsmettreenpratique internationale TV5 Monde renpas seulement la reprendre. » D’autant les valeurs humanistes qui nous animent », force son traitement de l’inforque France Télévisions ferme sa banque précise Pierre Benoit, le directeur adjoint mation alors qu’elle s’apprête à fêter ses d’images, AITV, spécialisée dans l’actualité de l’information. Cet ancien de RFI est le 30 ans. Et l’Afrique est au cœur de cette africaine (voir J.A. no 2751). véritable maître à penser de cette stratégie évolution, chaque jour à 20 h 30 depuis Malgré des moyens limités, la rédacafricaine. le 28 octobre. Le Journal Afrique s’étire tion entend s’affranchir du diktat « pas Selon un rapport de l’ONU, à l’horizon désormais sur dix-huit minutes, et la d’image, pas d’info » grâce à des corres2050 on comptabilisera 700 millions de présentatrice québécoise Linda Giguère pondants et faire la part belle au grand francophones. « Ce qui offre des persdéroule une nouvelle formule enrichie reportage. Sans négliger le web et l’interpectives de développement très intéresactivité avec les téléspectateurs. Chaque de reportages et de décryptages. Avec des santes»,veut-oncroireàladirection.Même chroniques sociétales présentées en plasi la grille de programmes teau par la Camerounaise Lise-Laure Etia. de TV5 en Afrique inclut Une assise confortable sur le Ancien de RFI, passé par le service web de nombreux films, docucontinent avec près de 12 millions à TV5, le pétulant nouveau rédacteur en mentaires, programmes de foyers qui la reçoivent. chef, Mathieu Venderly, 40 ans, pilote la sportifs et sitcoms qui font dizaine de journalistes qui compose le florès, la concurrence se fait pôle Afrique, créé pour l’occasion dans dimanche, un thème est annoncé sur de plus en plus âpre sur le créneau de les locaux parisiens. « Nous ne sommes la page Facebook, qui compte près de l’information. Outre Africa 24, la chaîne pas une télé française mais franco1 million de « j’aime », pour permettre d’informationencontinuFrance24alancé aux internautes de donner leur avis et de phone », insiste-t-il d’emblée. Cette chaîne son Journal de l’Afrique, qui remporte un internationale publique, qui compte poserdesquestionsauxquellesrépondront certain succès auprès de la jeunesse et de 300 employés, est financée par quatre des spécialistes trois jours plus tard. À l’élite francophone subsaharienne. « Je États francophones (France, Belgique, l’occasion de l’assassinat, dans le nord du ne l’ai pas encore regardé et je ne veux Canada, Suisse). « L’Afrique est essentielle Mali, de Ghislaine Dupont et de Claude pas entrer dans une compétition. Nous sommes complémentaires », souligne pour TV5 Monde et représente une part Verlon, journalistes à RFI, la question était: M. Venderly. « Plus que France 24, c’est importante de notre ADN, depuis tou« Guerres, crises : informer à tout prix ? » jours », souligne-t-il. Et d’ajouter, entre bien Abu Dhabi TV et l’éventuelle création deux réunions de rédaction : « L’une de STRATÉGIE. TV5 jouit d’une assise conford’Al-Jazira en français qui pourraient nous nos principales difficultés est due au table et d’une notoriété ancienne sur le embêter », conclut Pierre Benoit. l manque d’images disponibles. Nous JOAN TILOUINE continent où près de 12 millions de foyers MÉDIAS
TV5 lorgne l’Afrique
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VINCENT FOURNIER/JA
q La Canadienne Linda Giguère et la Camerounaise Lise-Laure Etia aux commandes du Journal Afrique.
JEUNE AFRIQUE
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Culture médias En vue
n n n Décevant
n n n Pourquoi pas
n n n Réussi
n n n Excellent
MUSIQUE
q Milton Gulli et Simba (de g. à dr.)
Blues sauce cajun DES PARENTS ORIGINAIRES d’Haïti, une enfance passée aux États-Unis, avant de découvrir pendant deux ans le Ghana… La musique de la jeune Américaine Leyla McCalla est le fruit de multiples rencontres qu’elle aime provoquer. Cette chanteuse folk multi-instrumentiste sait aussi bien faire claquer les cordes de son violoncelle qu’effleurer celles de sa guitare ou de son banjo. Formée au classique, capable d’accompagner sur scène le rappeur Mos Def, la jeune New-Yorkaise qui s’est installée à La Nouvelle-Orléans offre un blues rehaussé de musique créole, aux résonances parfois jazzy. Un vibrant hommage à la culture de ses parents et au poète Langston Hughes. l SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX
Vari-Colored Songs, de Leyla McCalla (Dixiefrog/Harmonia Mundi) nnn
HIM MEDIA
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MUSIQUE
Mosaïque sonore Deux Mozambicains rendent hommage au groupe américain de hip-hop A Tribe Called Quest. Rencontre inattendue et réussie.
D JEUNESSE
Partage des eaux DES DEUX CÔTÉS DU MONDE, c’est l’histoire d’une rencontre impossible, d’un échange de vies pour être plus précis, entre un jeune berger espagnol et un jeune pêcheur patagon à l’époque des bateaux à voiles. Objet superbe, le livre présente deux histoires qui se lisent en parallèle, se répondent et se rejoignent. Tout comme les illustrations exceptionnelles : des gravures sur bois signées Renaud Perrin. Un conte humaniste, parfois grave, souvent optimiste, reliant deux rives de l’Atlantique. Un livre bienvenu à une époque où les mers et les océans séparent plus qu’ils ne relient. l NICOLAS MICHEL
Des deux côtés du monde, de Susana Robledo et Renaud Perrin, Rue du monde, 32 pages, 23,80 euros n n n N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
ans l’histoire du hip-hop, les New-Yorkais d’A Tribe Called Quest forment l’un des groupes les plus influents et les plus innovants. Depuis près de trente ans, ils proposent des compositions léchées et dont la particularité est l’utilisation de samples venant d’univers musicaux variés dont le mélange semble parfois improbable. Ils ont influencé toute une génération d’artistes et leur rayonnement mondial s’est propagé jusqu’au Mozambique où le rappeur Nelson Angelo Sitoi, dit Simba, et le producteur-musicien Milton Gulli ont décidé de leur rendre hommage sur un album entièrement consacré à leurs idoles. Le point commun entre les deux compères et A Tribe Called Quest ? Leur capacité à s’approprier différents styles musicaux, allant du rock au jazz en passant par l’afrobeat et le funk, et d’en créer un son bien à eux.
Simba fut le premier et, à ce jour, l’unique rappeur mozambicain à se produire au prestigieux festival de jazz du Mozambique, ce qui lui vaut d’être reconnu par les puristes du genre. Quant au musicien Milton Gulli, il passe ses jeunes années entre Lisbonne, l’Arabie saoudite et Madère, d’où il rapporte un maximum de sons afin de développer un style entre reggae, dub, funk, soul ou afro. Ses diverses participations au sein de collectifs bigarrés comme Cool Hipnoise, premier groupe d’acidjazz portugais ou Cacique 97, aux sonorités afrobeat, lui permettent ainsi de jongler avec toutes ces influences. En 2011, il retourne au Mozambique et travaille avec Simba. Lors de cette rencontre, ils décident de faire un album hommage, entre relecture africaine et reprise de plusieurs morceaux cultes du groupe. Un album fantastique à découvrir d’urgence. À noter la sortie de l’album dans sa version instrumentale. l JÉRÔME BESNAULT
The Heroes… Tribute to a Tribe, de Simba & Milton Gulli (BBE Music) n n n JEUNE AFRIQUE
Culture médias CINÉMA
Rire diplomatique ALEXANDRE Taillard de Worms, ministre français des Affaires étrangères en 2002, est un homme extravagant. Exalté et plein de panache, ce diplomate croqué d’après une bande dessinée humoristique à succès ressemble fort à Dominique de Villepin ou, du fait de l’interprétation de Thierry Lhermitte, à sa caricature. On le suit en action, avec ses collaborateurs du Quai d’Orsay, comme son impavide directeur de cabinet Claude Maupas (Niels Arestrup). Pour désamorcer des crises, il fait face sur tous les fronts, comme lorsqu’il tente de décourager une menace d’intervention militaire des Américains au Proche-Orient. Une comédie jubilatoire, réaliste et parfois instructive. l RENAUD DE ROCHEBRUNE
Quai d’Orsay, de BertrandTavernier (sorti à Paris le 6 novembre) nnn
CINÉMA
Entretien avec un injuste L’AUTEUR DE SHOAH propose avec ce film fondé sur une interview-fleuve de Benjamin Murmelstein, seul survivant responsable des communautés juives qui furent amenées à traiter avec les nazis pour tenter de protéger les leurs, une œuvre puissante. Rejeté par les Israéliens qui le voient comme un collabo, Murmelstein livre un récit inédit sur la politique d’extermination des Juifs. Détruisant la célèbre thèse de Hannah Arendt sur la « banalité du mal », il dresse un portrait accablant d’Eichmann, lequel, il peut en témoigner pour avoir eu affaire à lui pendant de nombreuses années, n’avait rien d’un simple bureaucrate. l R.R.
Le Dernier des injustes, de Claude Lanzmann (sortie à Paris le 13 novembre) nnn JEUNE AFRIQUE
Lu et approuvé ALAIN MABANCKOU Écrivain franco-congolais
ROMANCE CALIFORNIENNE
À
SANTA MONICA, dans les années 1980, Maria Cristina Vä ä t o n e n , é c r i v a i n e désormais connue, reçoit un appel de sa mère qui lui demande de venir prendre et d’adopter l’enfant de sa sœur. Plusieurs questions se posent et dont les réponses pourraient entraîner de lourdes conséquences pour l’écrivaine. Retourner à Lapérouse, dans ce Grand Nord canadien qu’elle a quitté, échappant de ce fait à cette famille austère ? Retourner dans cette bourgade qu’elle avait laissée à l’âge de 16 ans pour poursuivre des études de lettres à UCLA ? La Grâce
sentimentale et littéraire, il lui ouvrit les portes des grandes maisons d’édition.
La grâce des brigands se lit comme un hommage à la littérature, un regard sur la fumisterie familiale, sexuelle, et surtout une critique des mœurs du monde de l’édition, et il n’est pas étrange de pactiser parfois avec des « brigands » et de leur trouver une certaine « grâce ». La grâce ? Elle réside avant tout dans l’écriture scintillante de Véronique Ovaldé qui déroule finement le destin romantique de cette héroïne écrivaine, peignant par petites touches et avec une des brigands, Le lecteur suit le causticité fine le de Véronique monde éditorial et ses cours de cette exisOvaldé, L’Olivier, tence passée, à l’instar figures caricaturales 288 pages, 19,50 euros d’un film en noir et imposées : l’auteur blanc bien mis en argentin, tombeur de scène par un cinéaste femmes, ne rêve que de Hollywood. Débarquée à Los d’un Nobel ; l’éditrice hautaine perAngeles, elle fut confrontée à une chée dans un bureau en verre de fourmilière culturelle et psychéNewYork; les tournées harassantes dans les avions; les soirées arrosées délique. Fringuée comme une mormone, elle fut la risée des étuau champagne. diants californiens. Elle accumula Les descriptions très précises, les petits boulots, partagea un loin des lieux communs tourisappartement avec une amie, tiques, témoignent d’une connaisJoanne, le prototype de l’Amérisance approfondie de l’Amérique caine plantureuse au franc-parler par cette auteure qui compte parmi qui tente « de l’éduquer ». Maria les plus brillants de la nouvelle Cristina deviendra la secrétaire, génération de la littérature franl’amante de Rafael Claramunt, un çaise. Le résultat est remarquable : écrivain argentin. Depuis son enfance, Maria Cristina griffonnait on arrive même à oublier que dans des cahiers le fil de son exisVéronique Ovaldé est française, et tence romancée dans le Grand on croit lire la traduction d’une Nord. L’écrivain argentin deviendra auteure américaine, mais une trason mentor. Entre éducation duction magistrale. l N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
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SILA 2013
Le Groupe Jeune Afrique Les Éditions du Jaguar seront
au salon du livre d’Abidjan 12 au 16 novembre 2013
www.laboutiquejaguar.com
SILA 2013, Palais des sports - Treichville
ANNONCES CLASSÉES
Concernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre -Tél. : 01 44 30 18 76 - Fax : 01 44 30 18 77 - Email. : f.lefebvre@jeuneafrique.com DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris - France
ATLANTIQUE TELECOM TOGO RECRUTE RECRUTE UN SENIOR BUSINESS CONTROLLER PROFIL DU POSTE Sous la responsabilité du Directeur Financier, vous aurez pour mission de : - Aider à l’élaboration du plan marketing annuel en collaboration avec les services commerciaux, techniques et financier. - Assurer la cohérence inter-fonctionnelle et une communication efficace pour les ventes et le service client. - Elaborer et suivre de façon hebdomadaire, les abonnés, le revenu, la marge brute, le coût des ventes, les Opex du marketing par segments clients/ plans tarifaires. - Vérifier la cohérence des roadmaps par segments/ plans tarifaires au regard des objectifs de revenus et clients (rentabilité). - Apporter toute la compréhension du P&L auprès du Directeur Financier. - Elaborer de façon annuelle et trimestrielle en rolling forecast les P&L décomposés en revenus, coûts des ventes, marge brute, opex marketing et technique, avec une segmentation par produit et par plan tarifaire. - Construire les business cases des offres et promotions lancées et en mesurer la performance par rapport à des objectifs prédéterminés, en collaboration avec le Marketing et la Finance et établir les actions correctives nécessaires. - Aider à la gestion et au suivi du programme de réduction des OPEX et CAPEX et des Coût des ventes. - Déterminer par un modèle analytique la valeur créée par les clients au regard de leur durée de vie.
PROFIL DU CANDIDAT Sexe : H/F Formation : MBA ou équivalent en Finance, Economie ou Marketing. Expérience professionnelle : minimum 7 ans dans le contrôle et la planification budgétaire et minimum 5 ans dans le secteur des Télécommunications. Compétences requises : - Animation d'équipe - compétences analytiques: méthode d'analyse et de conception des systèmes d'information. - Capacité à travailler dans des délais courts et en mode projet - Approche analytique tournée sur les résultats. - Connaissance du secteur des Télécommunications - Expertise dans les Business case - Connaissances des enjeux règlementaires - Très bonne pratique de l’anglais
Adressez vos dossiers de candidature comprenant votre CV détaillé, une lettre de motivation et une photo au plus tard le 22 novembre 2013 à l’adresse suivante : drhbd@moov.tg Seules les candidatures retenues seront contactées
COURS INTENSIFS D’ANGLAIS École Commerciale Privée fondée en 1955 THIS SCHOOL IS AUTHORIZED UNDER FEDERAL LAW TO ENROLL NONIMMIGRANT ALIEN STUDENTS
Comptabilité sur ordinateur Gestion de bureau sur ordinateur dBase Management ® Microsoft Office Suite - Windows Traitement de texte Microsoft ® Lotus Suite - (T1) Internet access • Membre accrédité du “ACICS” • Établissement reconnu par le Département d’Éducation de l’État de New York • Commence dès ce mois-ci • Cours offerts le matin, l’après-midi et le soir. Tél. (212) 840-7111 Fax (212) 719-5922 SKYPE Studentclub SPANISH-AMERICAN INSTITUTE 215 W 43 St. (Times Square) Manhattan, NY 10036-3913
info@sai2000.org JEUNE AFRIQUE
The Africa Rice Center (AfricaRice, ex-WARDA) wishes to recruit: ! A Rice Commodity Specialist About Africa Rice AfricaRice is one of the 15 international agricultural research Centers that are members of the CGIAR Consortium. It is also an autonomous intergovernmental association of African member countries. This invitation for applications follows the general procurement notice AfDB43-04/12 for a multinational CGIAR Project on Support to Agricultural Research for Development of Strategic Crops in Africa funded by the African Development Bank and published in UN Development Business online on 27 April, 2012. Further details can be obtained from the AfricaRice website at: www.AfricaRice.org N° 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
Recrutement - Formation
w w w. s a i 2 0 0 0 . o r g
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Annonces classées
Analystes en Gestion Financière (FMA) Snr. Operations Officer (Regional Integration) Local,Term Appointment,Abuja, Nigeria
Contrat local de 2 ans, Dakar, Sénégal Contrat local de 2 ans, Lomé, Togo
!"#$%&'( $&)"#*')$%& '&+ ,%%-"*')$%& '*" .$)'( /%* 0/*$,'12 +"."(%-3"&)4 0/*$,'12 35()$-(" 23'(( ,%5&)*$"2 '&+ ",%&%3$"2 '*" benefitting from economies of scale in infrastructure and markets; a better business environment; more attraction for investment; greater weight in international negotiations, and some progress in peace and security though challenges remain. In recognition of these benefits, Africa has established several Regional Economic Communities, multiple regional technical bodies and launched )6" 7"8 9'*)&"*26$- /%* 0/*$,'12 :"."(%-3"&) (NEPAD) to promote regional integration and cooperation. As a keen supporter of the regional approach The World Bank Group seeks continuously to deepen and expand its support to these initiatives.
La Banque mondiale recherche deux Analystes en Gestion-Financière diplômé(e)s ou en cours d’obtention du diplôme d’expertise comptable The first priority of this task is to provide proactive and effective support to the West Africa CCD in coordinating the implementation of the existing complex multi-country programs and portfolio. The successful candidate will support the CCD in identifying for increasing (Expert-Comptable, CPA, CA ou équivalent), ayant une maîtrise en Comptabilité, en Gestion des affaires, en Finances ou en opportunities Sciences économiques, et ayant the poverty impacts of the ongoing regional integration program and projects and possible innovations that would assure efficiency, cost au effectiveness moins 3 années dans le domaine de la gestion La maîtrise parfaite du français et de l’anglais est Africa obligatoire pour andd'expérience speed of delivery. The Snr Operations Officerfinancière. will also support the CCD to coordinate closely with other West Country Directors, Country Management Unit (CMUs) and Sector Management Unit (SMUs) staff and with development partners as well as RECs ce (ECOWAS poste. Une and expérience du and secteur public et deinstitutions, l’audit seraitthink un avantage. UEMOA) other regional tanks and civil society. and Accountabilities :The Snr. Operations Officer willFinancière report to the Coordinating with the des Regional LesDuties Analystes rendront compte au Responsable du Service de Gestion de laWest régionAfrica Afrique : AFTMW quiCD estand unework unitéclosely du département Services Integration department staff based in Washington and the West Africa CDs. Opérationnels (AFTOS) basé à Washington, DC. Ils (elles) seront impliqué(e)s dans tous les aspects de gestion financière des opérations du portefeuille de la A. Program Development : (i) Assist West Africa CCD to work closely with, TTLs, West Africa CMUs and SMUs staff, CDs, governments and development partners to identify transformative regional integration opportunities, approaches and instrument. (ii)Assist the CCD in Banque Mondialethe sous la supervision des Spécialistes en Gestion et du Chef de service Régional en GestionStrategy.(iii)Prepare Financière. Les Analystes coordinating West Africa Implementation Action Plan of Financière the West Africa Regional Integration Assistance briefs en forGestion the CCD on a variety of issues related to the regional context and program in the sub region and assist with coordination of analytical work related Financière réaliseront différentes tâches en tant que membres des équipes de la Banque et auront à gérer des missions spéciales avec des objectifs définis. to regional integration, including those related to implementation issues and policy dialogue. Portfolio Management and Implementation Support. (i) Support in overall coordination among LesB.deuxCoordination postes seront of basés : un dans la mission résidente de Dakar au Sénégal et l’autre dans CCD la mission résidente de Lomé au Togo.CDs, CMU and SMU staff and project teams to ensure effective implementation of regional integration programs and timely production of deliverables.(ii) Represent CCD in reviews of Project Concept notes (PCDs) Project Appraisal Documents (PADS. Initiating Memorandums (IMs), project supervision reports, and other reports including economic sector work for consistency with the Regional Integration Strategy and CASs.(iii)Assist CCD in identifying cross-cutting portfolio issues and work closely with CMUs and coordinating CDs, sector leaders and AFTOS in addressing them.
Candidatures électroniques : Pour la description complète des postes et les critères de sélection, les candidats qualifiés sont invités à soumettre leur candidature électronique à SelectionCriteria:The Snr Operations Officer requires excellent oral and written communication skills; the ability to respond to shifting work priorities and deliver high quality on time abilitybasé and á capacity to Réf negotiate and resolve differences opinion/conflicts constructively. www.worldbank.org/careers (Réf #work 132472 pourand le poste Dakar et #132481 pour le poste basé á of Lomé). Merci d’indiquer clairement Candidates need to be self-motivated and possess superior interpersonal skills involving teamwork and collaboration with development with professionals of other disciplines and other departments. In addition, the following criteria need to be met: ( I ) ;'2)"*12 degree in enpartners objet le ou les postes qui vous intéressent. economics, public policy, business administration, engineering, or other discipline applicable to the duties and responsibilities of the position; (Il) Minimum 8 years of relevant experience in one or more professional disciplines ideally related to infrastructure sectors,
natural resource
La management, politique de recrutement du groupe Banque Mondiale soutient fortement la diversité en termesand de priorities genre, de for nationalités, de regional cultures, integration d’intégrationindes donor coordination; ( III ) Knowledge of the très donor architecture, frameworks supporting West Africa; ( IV ) Experience in setting up portfolio monitoring systems, quality assurance systems, and/or monitoring and evaluation systems. personnes vivant avec experience un handicap.inAussi, toutes les candidatures sont approaches en couragéesatetproject, seront traitées avec le national/regional même intêret selonlevels; les critères du poste. Knowledge and/or the application of results-based program, and For the FULL job description and selection criteria for this vacancy, qualified candidates are requested to visit and submit an electronic application at the World Bank careers website:www.worldbank.org/careers. Once on the site, Click on > Current Job Openings > Job Family
Recrutement
La >Operational date de clôture Services>Job de dépôt des candidatures électroniques est fixée au 08 Décembre 2013. type >Professional & Technical> Location >Abuja, Nigeria> Job number >131134. The World Bank Group is to achieving diversity in terms of gender, nationality, culture and educational background. Individuals with disabilities are equally Lescommitted candidatures support papier ne seront pas considérées. Seul(e)s lesClosing candidat(e)s retenu(e)s une liste restreinte seront contacté(e)s. encouraged tosur apply. Only shortlisted candidates will be contacted. date is May 26,sur 2013.
Spécialistes en Gestion Financière (FMS) Snr. Operations Officer (Regional Integration) Local,Term Appointment,Abuja, Nigeria
Contrat local de 2 ans, Ouagadougou, Burkina Faso Contrat local de 2 ans, Niamey, Niger
!"#$%&'( $&)"#*')$%& '&+ ,%%-"*')$%& '*" .$)'( /%* 0/*$,'12 +"."(%-3"&)4 0/*$,'12 35()$-(" 23'(( ,%5&)*$"2 '&+ ",%&%3$"2 '*" benefitting from economies of scale in infrastructure and markets; a better business environment; more attraction for investment; greater weight in international negotiations, and some progress in peace and security though challenges remain. In recognition of these benefits, Africa has established several Regional Economic Communities, multiple regional technical bodies and launched )6" 7"8 9'*)&"*26$- /%* 0/*$,'12 :"."(%-3"&) (NEPAD) to promote regional integration and cooperation. As a keen supporter of the regional approach The World Bank Group seeks continuously to deepen and expand its support to these initiatives.
La Banque mondiale recherche deux Spécialistes en Gestion-Financière diplômé(e)s en expertise comptable (Expert-Comptable, CPA, CA ou The first priority of this task is to provide proactive and effective support to the West Africa CCD in coordinating the implementation of the existing complex multi-country programs and portfolio. The des successful candidate will support the CCD économiques, in identifying opportunities increasing équivalent), ayant une maîtrise en Comptabilité, en Gestion affaires, en Finances ou en Sciences et ayant au for moins 5 années the poverty impacts of the ongoing regional integration program and projects and possible innovations that would assure efficiency, cost d'expérience dans domaine de la gestion financière. LaOfficer maîtrise du français et to decoordinate l’anglais est obligatoire pour ce poste. Une expérieffectiveness andle speed of delivery. The Snr Operations willparfaite also support the CCD closely with other West Africa Country Directors, Country Management Unit (CMUs) and Sector Management Unit (SMUs) staff and with development partners as well as RECs ence du secteurand public et de l’audit seraitregional un avantage. (ECOWAS UEMOA) and other institutions, think tanks and civil society. and Accountabilities :The Snr. Operations will report to the Africa Coordinating work closely Regional LesDuties Spécialistes rendront compte au Responsable du ServiceOfficer de Gestion Financière deWest la région Afrique de l’OuestCDet and du Centre : AFTMWwith qui the est une unité du Integration department staff based in Washington and the West Africa CDs. département des Services des Opérations (AFTOS) basé à Washington, DC. Ils (elles) seront impliqué(e)s dans tous les aspects de gestion financière des and opéraA. Program Development : (i) Assist West Africa CCD to work closely with, TTLs, West Africa CMUs and SMUs staff, CDs, governments development partners to identify transformative regional integration opportunities, approaches and instrument. (ii)Assist the CCD in tions du portefeuille la Banque Les Spécialistes en Gestion Financière réaliseront tâches en tant Strategy.(iii)Prepare que membre des équipes de for la Banque coordinating the de West Africa Mondiale. Implementation Action Plan of the West Africa Regionaldifférentes Integration Assistance briefs the CCD on a variety of issues related to the regional context and program in the sub region and assist with coordination of analytical work related et auront à gérer des missions spéciales avec des objectifs définis. to regional integration, including those related to implementation issues and policy dialogue. Coordination Portfolio Management and Support CCD in overall among CDs, CMU LesB.postes seront basésof: un dans la mission résidente deImplementation Niamey au NigerSupport. et l’autre (i) dans la mission résidente de coordination Ouagadougou au Burkina Faso.and SMU staff and project teams to ensure effective implementation of regional integration programs and timely production of deliverables.(ii) Represent CCD in reviews of Project Concept notes (PCDs) Project Appraisal Documents (PADS. Initiating Memorandums (IMs), project supervision reports, and other reports including economic sector work for consistency with the Regional Integration Strategy and CASs.(iii)Assist CCD in identifying cross-cutting portfolio issues and work closely with CMUs and coordinating CDs, sector leaders and AFTOS in addressing them.
Candidatures électroniques : Pour la description complète du poste et les critères de sélection, les candidats qualifiés sont invités à soumettre leur candidature électronique à SelectionCriteria:The Snr Operations Officer requires excellent oral and written communication skills; the ability to respond to shifting work priorities and deliver high quality on time abilitybasé and capacity and resolve of opinion/conflicts constructively. www.worldbank.org/careers (Réf #work 132490 pourand le poste au NIGERtoetnegotiate Réf # 132486 pour ledifferences poste au BURKINA FASO). Merci de clairement Candidates need to be self-motivated and possess superior interpersonal skills involving teamwork and collaboration with development partners professionals of other and other departments. In addition, the following criteria need to be met: ( I ) ;'2)"*12 degree in indiquer enwith objet le ou les postes quidisciplines vous intéressent. economics, public policy, business administration, engineering, or other discipline applicable to the duties and responsibilities of the position; (Il) years of relevant experience in one or more très professional ideally related to infrastructure sectors, natural resourcedes La Minimum politique de8 recrutement du groupe Banque Mondiale soutient fortement disciplines la diversité en termes de genre, de nationalités, de cultures, d’intégration management, donor coordination; ( III ) Knowledge of the donor architecture, frameworks and priorities for supporting regional integration in West Africa; IV ) Experience setting up portfolio monitoring quality systems, systems. personnes vivant( avec un handicap.inAussi, toutes les candidatures sontsystems, encouragées et assurance seront traitées avec leand/or même monitoring intêret selonand les evaluation critères du poste. Knowledge and/or experience in the application of results-based approaches at project, program, and national/regional levels;
For the FULL job description and selection criteria for this vacancy, qualified candidates are requested to visit and submit an electronic
La application date de clôture de dépôt candidatures électroniques est fixée au 08 Décembre 2013. at the Worlddes Bank careers website:www.worldbank.org/careers. Once on the site, Click on > Current Job Openings > Job Family >Operational Services>Job type >Professional & Technical> Location >Abuja, Nigeria> Job number >131134. The World Bank Group is Lescommitted candidatures sur supportdiversity papier neinseront Seul(e)s culture les candidat(e)s retenu(e)sbackground. sur une liste restreinte seront to achieving termspas of considérées. gender, nationality, and educational Individuals withcontactés. disabilities are equally encouraged to apply. Only shortlisted candidates will be contacted. Closing date is May 26, 2013.
N° 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
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Chargés des programmes, des politiques et du plaidoyer L’alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) est une organisation à but non lucratif qui en collaboration avec les gouvernements africains, les autres bailleurs de fonds, ONG, le secteur privé et les agriculteurs africains oeuvre à améliorer de manière considérable et durable la productivité et les recettes des petits exploitants agricoles dotés de ressources limités en Afrique. L’AGRA est dans le processus de mettre en œuvre le Projet sur les réformes microéconomiques dans les secteurs agroalimentaire africain (Micro Reforms for African Agribusiness - MIRA) – une initiative qui s’étend sur cinq ans et qui vise à aider les gouvernements africains à avoir accès à une assistance efficace, tant sur le plan local qu’international. Ceci dans le but d’identifier, hiérarchiser et réformer les réglementations agricoles qui entravent ou limitent actuellement les investissements privés dans les entreprises agroalimentaires intervenant dans les chaines de valeur des petits exploitants agricoles. Ce faisant, le projet MIRA aidera à renforcer la capacité des gouvernements africains à passer en revue et réformer, de manière continue, les réglementations qui limitent par inadvertance les investissements du secteur privé dans les entreprises agroalimentaires locales implantées dans les chaines de valeur des petits exploitations agricoles. L’AGRA cherche à recruter trois (3) individus justifiant d’une expérience avéré et de compétences exceptionnelles pour pourvoir au poste de Chargé de programmes, des politiques et du plaidoyer (3 postes) dont le rôle est d’appuyer le projet MIRA dans cinq pays focaux en Afrique orientale et de l’Ouest. Placés sous la tutelle du Directeur du programme de l’AGRA chargé des politiques et du plaidoyer, les candidats sont recrutés sur le plan international et seront basés soit à Nairobi, Kenya, soit à Accra, Ghana, avec un contrat à durée déterminée de trois (3) ans. Les responsabilités spécifiques sont, entre autres: • Entreprendre des activités de plaidoyer et de promotion en faveur du mandat et de la mission du projet MIRA ; • Etablir des partenariats stratégiques et développer des initiatives de dialogue commun dans le cadre du Projet MIRA ; • Pourvoir une assistance technique et des conseils organisationnels aux coordinateurs nationaux du projet MIRA ; • Appuyer les coordinateurs nationaux à suivre de manière systématique l’avancement des réformes réglementaires dans les chaines valeur des petits exploitants ; • Assurer le rôle d’expert et de personne ressource pour les coordinateurs nationaux et les autres parties prenantes en ce qui concerne les expériences, meilleurs pratiques internationales, standards normatifs et options de politiques en matière de réformes réglementaires et ; • Appuyer le développement des capacités des acteurs principaux à mener des recherches sur les politiques, tenir des consultations dans les communautés à la base, et à faire le plaidoyer en faveur des politiques auprès des gouvernements, des assemblées nationales et d’autres intervenants.
Pour de plus amples renseignements sur ce poste, les candidats sont invités à consulter le site internet de l’AGRA www.agra.org Un régime de rémunération attrayant tenant compte des responsabilités dévolues sera négocié avec les candidats sélectionnés. Au cas où vous estimez que vous pouvez clairement démontrer votre capacité à satisfaire aux critères relatifs à ce rôle, veuillez soumettre votre candidature par le biais d’un CV détaillé, indiquant votre occupation et votre rémunération actuelles, votre courriel et contacts téléphoniques, sans oublier de mentionnant le numéro de référence (Réf.: PO-PA / 10-13) dans votre lettre de motivation. Pour être considéré, votre candidature doit être reçue au plus tard le 22 novembre 2013 à l’intention de: The Director Executive Selection Division, Deloitte Consulting Limited Courriel: agra@deloitte.co.ke - Nairobi, Kenya Deloitte désigne une ou plusieurs entités parmi Deloitte Touche Tohmatsu Limited, société fermée à responsabilité limitée par garanties du Royaume-Uni, ainsi que son réseau de cabinets membres dont chacun constitue une entité juridique distincte et indépendante. Pour obtenir une description détaillée de la structure juridique de Deloitte Touche Tohmatsu Limited et de ses sociétés membres, voir www.deloitte.com/ca/apropo © 2013 Deloitte Consulting Limited
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N° 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
Recrutement
Principales qualifications, connaissances et expérience requises: • Au moins une maitrise en économie, gestion des entreprises, droit, administration publique, sciences politiques, sociologie ou dans des domaines y afférents ; • Expérience d'au moins 10 ans dans le domaine de la coopération institutionnelle et développementale avec un accent sur l’appui aux réformes réglementaires ; • Vaste expérience en matière de planification liée aux politiques, la gestion de la coopération au développement, le suivi et l'évaluation des projets et programmes de développement ; • Une connaissance approfondie des questions relatives à la réforme des politiques et réglementations alimentaires et agricoles en Afrique, et la capacité de mettre au point des solutions viables, et • Excellentes aptitudes de communication orale et écrite en anglais. La maîtrise du français sera un préalable pour travailler dans les pays francophones.
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Annonces classées PREMIER MINISTÈRE SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
AVIS DE PRÉ-QUALIFICATION ADDITIVE N°2013-010/PM/SG/MOAD DU 17/10/2013
Recrutement - Avis de pré-qualification
MAÎTRISE D'OUVRAGE DE L'AÉROPORT DE DONSIN
BURKINA FASO Unité – Progrès – Justice
Objet : Pré-qualification additive pour la mise en concession de la gestion de l’aéroport international de Ouagadougou
1. La Maîtrise d’Ouvrage de l’Aéroport de Donsin, agissant pour le compte du Comité Interministériel pour la mise en place de la Société d’Économie Mixte chargée de la gestion de l’Aéroport International de Ouagadougou (CISEM-AIO), représentant l’Etat du Burkina Faso, invite les investisseurs privés à participer au processus d'appel d'offres relatif à la mise en concession en Partenariat Public-Privé de l'exploitation de l'aéroport de Ouagadougou puis, du nouvel aéroport de Ouagadougou-Donsin ainsi que des activités d’assistance en escale pour une période de trente (30) ans. 2. Les objectifs visés par ce Partenariat Public-Privé sont : - la souplesse et l’efficience dans l’exploitation de l’aéroport existant de Ouagadougou et du nouvel aéroport de Ouagadougou-Donsin une fois ouvert ; - le développement et le maintien en bon état de fonctionnement des infrastructures aéroportuaires exploitées par des investissements conséquents ; - le réhaussement de la qualité des services rendus aux usagers ainsi que le renforcement des mesures de sûreté et de sécurité ; - la participation au financement des travaux de construction du nouvel aéroport de Ouagadougou-Donsin. Ces différentes tâches ne sont pas limitatives. 3. Le présent avis de pré-qualification est ouvert à égalité de conditions à tous les prestataires, sous réserve de ne pas être sous le coup d’une suspension ou d’une interdiction vis-à-vis des lois en vigueur au Burkina Faso. La procédure d'appel d'offres comporte une phase de pré-qualification des candidats conformément au Décret n° 2008-173/PRES/PM/MEF du 16 avril 2008 portant réglementation générale des marchés publics et des délégations de service public au Burkina Faso. 4. Le dossier d’expression d’intérêt se composera conformément aux conditions décrites dans le dossier de pré-qualification, notamment au point 2.2 dudit dossier. 5. La sélection sera basée sur les conditions décrites au point 2.3 du dossier de pré-qualification.
Une liste restreinte sera établie en complément à la liste déjà existante de deux soumissionnaires dont SNC Lavalin et le Groupement Vinci Airports et Vinci Concessions retenus suite à l’avis de pré-qualification n° 2012-001/PM/SG/MOAD du 20/08/2012. Les prestataires retenus sur la liste restreinte définitive seront invités à faire des propositions techniques sur la base d’un dossier d’appel d’offres. 6. Les expressions d’intérêt rédigées en langue française en quatre exemplaires (un original et trois copies marquées comme telles) devront être déposées sous pli fermé au Secrétariat du département technique de la MOAD sis au 2ème étage de l’ex bâtiment du Premier Ministère, 1090, avenue du Professeur Joseph KI-ZERBO au plus tard le 17 décembre 2013 à 10 heures 00 TU. Les plis comporteront la mention « avis de pré-qualification additive pour le recrutement d’un investisseur privé pour la mise en concession de l’aéroport international de Ouagadougou sous la forme d’un Partenariat Public Privé ». L’ouverture des plis interviendra le même jour à partir de 10 heures 15 mn TU dans la salle de réunion de la MOAD 3ème étage en présence des soumissionnaires qui souhaiteront y participer. 7. Les investisseurs intéressés par le projet pourront obtenir des informations complémentaires ainsi que le dossier de pré-qualification et le mémorandum d'information en adressant une demande écrite à la Maîtrise d’Ouvrage de l’Aéroport de Donsin (MOAD), 1090, avenue Professeur Joseph KI-ZERBO à Ouagadougou ; Téléphone : +226 50 32 48 17/18 ; Fax : +226 50 33 10 03 ; e-mail : moad@primature.gov.bf à Ouagadougou – Burkina Faso, copie au e-mail : prmmoad@moad.org ou consulter directement les informations sur le site web de la MOAD : www.moad.bf ou télécharger le dossier sur le lien http://plate-forme.moad-bf.org/rci/ L’Administration se réserve le droit de ne donner suite à tout ou à une partie de la présente procédure de pré-qualification additive. La Personne Responsable des Marchés Pascal Wendoana KIMA
FORUM
2013 DE RECRUTEMENT
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DES MANAGERS POUR L’AFRIQUE
un forum
Paris, le 29 novembre aux Salons Hoche www.africtalents.com N° 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
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PRIX ABDOULAYE FADIGA* POUR LA PROMOTION DE LA RECHERCHE ECONOMIQUE
La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) lance un appel à candidatures pour l'édition 2014 du « Prix Abdoulaye FADIGA pour la promotion de la recherche économique ». D'une valeur de dix (10) millions de FCFA pour l'édition 2014, ce Prix vise à contribuer au développement des activités de recherche au sein de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) en récompensant un travail de recherche original portant sur un sujet d'ordre économique, monétaire ou financier présentant un intérêt scientifique avéré pour les Etats membres de l'UEMOA et pour la BCEAO.
Peuvent faire acte de candidature, les chercheurs ressortissants de l'un des huit (8) Etats membres de l'UEMOA (Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), résidant ou non sur le territoire de l'Union et âgés de quarante-cinq (45) ans au plus au 31 décembre 2014. Le travail de recherche (ou étude) peut être personnel ou avoir été élaboré par une équipe. Le Règlement du Prix et la fiche de candidature peuvent être téléchargés sur le site Internet de la BCEAO : http://www.bceao.int, rubrique « Prix Abdoulaye FADIGA ». Ils peuvent également être obtenus au Siège de la BCEAO, auprès de la Direction des Affaires Juridiques, ou dans les Agences Principales de la BCEAO et au niveau de la Représentation de la BCEAO auprès des Institutions Européennes de Coopération à Paris. Le délai de soumission des dossiers de candidature est fixé au 30 juin 2014. Le dossier de candidature devra comporter tous les éléments requis pour son éligibilité et être transmis à l'adresse électronique : prixabdoulayefadiga@bceao.int. Pour toutes informations complémentaires, écrire à cette adresse électronique. Toutes les formalités liées à la candidature à ce Prix sont gratuites. « Prix Abdoulaye FADIGA pour la promotion de la recherche économique ». Une initiative de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
* Premier Gouverneur de la BCEAO
JEUNE AFRIQUE
N° 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
Appel à candidatures
Pour cette édition, les thèmes des articles à soumettre devraient s'inscrire dans les problématiques ci-après : • l'analyse du secteur financier et monétaire, à travers l'identification de ses caractéristiques principales et sa contribution au développement économique et social des Etats membres de l'Union. Cette analyse peut porter notamment sur la politique monétaire de l'Union et ses mécanismes de transmission, le marché du crédit, le financement de l'activité économique, les liens entre le secteur financier et le reste de l'économie ainsi que sur les perspectives de développement du secteur financier et de son impact sur les économies de l'Union ; • l'examen de questions macroéconomiques relatives aux finances publiques, à l'endettement public et à la coordination entre politiques monétaire et budgétaire ; • les préoccupations relatives à l'intégration économique régionale, en particulier les conditions de viabilité des unions monétaires en Afrique de l'Ouest ; • l'évaluation des contraintes liées aux chocs exogènes, notamment les fluctuations des cours des matières premières agricoles et minières qui affectent la croissance au sein de l'Union ; • l'analyse de questions relatives à la croissance économique dans les pays en développement.
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Annonces classées AVIS GÉNÉRAL DE PASSATION DES MARCHÉS PAYS : RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE
Projet : Construction et Equipement du Centre National de Cardiologie (CECNC) Le Gouvernement de la RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE a reçu de la Banque Islamique de Développement (BID) un prêt en vue du financement du projet de Construction et Equipement du Centre National de Cardiologie. L’objectif du projet est de contribuer à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement à travers la réduction du taux de mortalité lié aux maladies cardio-vasculaires. Le coût total du projet s’élève à 19.426.000 US dollars (part BID : 17.748.500 ; part GOM : 1.677.500) et sera mis en œuvre sur une période de 4 ans à compter de janvier 2012 Composantes du projet: Le projet comprend les composantes suivantes: Génie Civil Equipements et fourniture Formation Consultants Support à la gestion du projet
Construction du Centre National de Cardiologie d’une capacité de 80 lits Equipements et mobiliers hospitaliers du centre Personnel médical et paramédical du centre (86 personnes) Etudes et suivi pour les deux volets GC et Equipements
Mode d’Acquisition des biens, travaux et services: L'acquisition des biens et travaux se fera conformément aux Directives de la Banque en matière d'acquisition des biens et travaux. L'acquisition des services de consultants se fera conformément aux Règles et procédures de la Banque en matière d'utilisation des consultants. Génie Civil Equipements Fourniture Formation Consultants Unité de gestion du projet Audit financier
Appel d’offres international limité aux pays membres de la BID Appel d’offres international Appel d’offres national Ouvertes aux centres de formations des pays membres Consultation international limitée aux pays membres de la BID Recrutement national Liste restreinte de bureaux locaux
Divers - Avis de Marchés
Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir des informations complémentaires et devraient confirmer leur intention, à l'adresse suivante : Unité de Gestion du Projet Adresse NOT 62. - Boîte Postale n° : 5262 - Tél : …0022245297575, E-mail : ugp.cnc@gmail.com
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Algérie
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Nigéria N° 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
JEUNE AFRIQUE
Annonces classées
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BURUNDI
PROJET DE DÉVELOPPEMENT DES SECTEURS FINANCIER ET PRIVÉ (PDSFP) DON N°H 5360-BI
DEMANDE DE MANIFESTATION D’INTÉRÊT N° PSD/C/42/13 1. Préambule Le Gouvernement de la République du Burundi a obtenu un Don de l’Association Internationale de Développement (IDA) pour financer le Projet de Développement des Secteurs Privé et financier (PDSFP). Il a été convenu qu’une partie des sommes accordées soient dépensées pour le recrutement d’un Assistant Technique chargé d‘appuyer l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances du Burundi. La présente demande de manifestation d’intérêt fait suite à l’Avis Général de Passation des Marchés 2010 publié le 08 juillet 2010 dans UNDB et DG Market. 2. Objet de la consultation La présente consultation vise le recrutement d’un assistant technique international devant appuyer l’Agence de Régulation et de Contrôle de Assurances du Burundi (ARCA) dans la mise en œuvre d’un train de mesures concrètes pour rendre transparent et performant le marché des assurances. Ces mesures ont trait à la redynamisation de l’ARCA, la mise en place d’un plan comptable spécifique et des normes d’audit, au contrôle effectif des sociétés d’assurance, à l’aménagement du cadre légal des assurances, à l’agrément des sociétés et des intermédiaires d’assurance sur base des normes et enfin à l’ouverture du marché à de nouvelles entités (compagnies et courtiers d’assurance).
4. Profil du consultant L’Assistant technique auprès de l’ARCA est un consultant individuel qui devra avoir les caractéristiques suivantes : - Justifier d’un diplôme de niveau Master ou Ingéniorat (BAC+5) dans les
JEUNE AFRIQUE
5. Durée de la mission La durée de la mission est de 12 mois à temps plein, avec une possibilité de négocier un travail à temps partiel. 6. Dossier à présenter Les consultants individuels doivent produire les informations indiquant qu’ils sont bien qualifiés pour effectuer les services demandés (CV, description des prestations similaires déjà réalisées, l’expérience applicable à la mission, etc.). Le dossier présenté devra porter expressément la mention : « Manifestation d’intérêt pour le recrutement d’un consultant individuel : Assistant Technique auprès de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances ». 7. Mode de sélection L‘assistant technique auprès de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Assurances sera sélectionné selon la méthode de sélection des consultants individuels conformément aux directives « Sélection et Emplois des Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale » ; Edition 2004 telles que révisées en octobre 2006 et Mai 2010. 8. Présentation et dépôt des offres Les candidats potentiels satisfaisant aux critères de provenance sont invités à manifester leur intérêt par écrit au plus tard le 04 décembre 2013 à 17 heures (heure locale). Attn : Monsieur le Coordinateur Projet de Développement des Secteurs Privé et financier (PDSFP) Immeuble SOCAR, jonction Bd de l’Indépendance et Avenue d’Italie B.P. 1590 Bujumbura, BURUNDI Tél : (257) 22 24 9595, Fax : (257) 22 24 9592 E.mail : page@page.bi - Site web : www.page.bi 9. Informations et réception des manifestations d’intérêt Les Termes de Références détaillés de cette mission sont téléchargeables sur les sites suivants : www.psd.bi et www.arca.bi Les consultants intéressés peuvent obtenir des informations à l’adresse indiquée ci-dessus de 8h00 à 12h00 et de 14h00 à 17h30 (heure locale). Si la manifestation d’intérêt est envoyée par e-mail, il est recommandé d’envoyer une copie aux adresses suivantes : jsibomana@page.bi ; page@page.bi; drwankineza@page.bi ; jngurinzira@page.bi; engendahayo@page.bi
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Manifestation d’intérêt
3. Mandat de l’Assistant Technique Le Consultant individuel devra réaliser les tâches suivantes : 1. Un diagnostic de l’organisation actuelle de l’ARCA et de son staffing (en fonction du nombre des compagnies d’assurance opérant au Burundi) et la préparation d’un Plan de formation du personnel conforme aux priorités ainsi que le suivi de son exécution; 2. Etablir des lignes directrices en matière d’agrément incluant un plan d'affaires détaillé et conformes aux meilleures pratiques internationales des sociétés d’assurance et/ou de réassurance et des intermédiaires d’assurance (agents, coutiers) ; 3. Elaborer le manuel de procédures des contrôles sur pièces (incluant l’évaluation des risques) et sur place des compagnies d’assurances et diriger et former le personnel de l’ARCA en contrôle sur place ; 4. Mettre en place un système de reporting adéquat qui tient compte du nouveau plan comptable des assurances et assurer la confidentialité du système de communication entre les superviseurs ; 5. Mettre en place les procédures de régulation et de supervision des intermédiaires d’assurance (agents et courtiers) ; 6. Elaborer et mettre en place les lignes directrices et le système de gestion des réclamations ; 7. Etablir une feuille de route à moyen et long terme pour l’Agence de régulation et de Contrôle des Assurances et le développement du secteur d’assurances; 8. Mettre sur pied un système de collecte des données pour le calcul des primes tarifs basés sur les risques et des provisions techniques, conformément aux meilleures pratiques.
domaines économiques, financier, actuariel, statistiques ou autres domaines assimilés ; - Justifier d’une expérience pertinente d’au moins 15 ans dans le secteur des assurances ou dans le domaine de la régulation et du contrôle des assurances ; - Justifier d’une expérience d’au moins 10 ans dans le domaine de l’assistance technique ou la consultance auprès d’agences de régulation ou de sociétés d’assurances de premier rang ; - Justifier d’une bonne connaissance du cadre réglementaire des assurances/de supervision des assurances; - Avoir la maîtrise de la langue française et une connaissance pratique de la langue anglaise ou vice versa ; - Justifier d’une bonne maîtrise de l'environnement de travail MS Windows (Word, Excel, Power Point) et internet.
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Vous & nous
Le courrier des lecteurs Envoyez-nous vos réactions, vos réflexions, vos coups de gueule ou de cœur à redaction@jeuneafrique.com ou au 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris.
RD Congo La stratégie de Matata DEUXDEVOSRÉCENTS ARTICLES sur la RD Congo m’ont interpellé : « La confiance du chef » et « La saga des salaires » (no 2755-2756, du 27 octobre au 9 novembre), merveilleusement complémentaires.Lepremiersouligne lastratégieduPremierministre Matata Ponyo pour amener ses compatriotes à changer de mentalité,euxquisontsouvent enclins à se servir dans les caissesduTrésorpublic!Quant au second, il témoigne de cette stratégie car il touche au cassetête du paiement des salaires des fonctionnaires de l’État, par le biais de banques fiables. Il convient de saluer son idée d’associer les opérateurs de télécommunications, ainsi que les Églises (via Caritas), à cette initiative, plusieurs zones du pays étant sérieusement enclavées. C’est une triste vérité qui n’honore pas le pays, cinquante-trois ans après son indépendance… l
Juifs Histoire orientale J’AI TROUVÉ très intéressant votre dossier sur les relations historiques et passionnelles entre juifs et musulmans (J.A. n° 2755-2756, du 27 octobre au 9 novembre). Je regrette cependant de ne pas yavoirvupréciséeladistinction entre juifs séfarades, expulsés d’Espagne après 1492 vers les territoiresarabes,etjuifsmizrahim,installésauMoyen-Orient jusqu’en Asie centrale depuis leur première déportation à Babylone, au VIe siècle avant notre ère. La diaspora juive est trop réduite à une bipolarité entre ashkénazes d’Europe et séfarades du Maghreb et du Moyen-Orient. Les juifs d’Iran, qui sont évoqués dans votre dossier, font partie de ces mizrahim(«orientaux»)établis en Perse bien avant les persécutions espagnoles. Et des chercheurs avancent même quelesashkénazesdescendent des Khazars, tribu turque du Caucaseconvertieaujudaïsme au IXe siècle. l
ALOYS M. SHANYUNGU,
FLORIAN BALLANDE,
Paris, France
Évreux, France
Réponse
Merci de souligner cette nuanceimportante.Souhaitant dresser un état des lieux des communautés juives dans le monde musulman, nous avons choisi de ne pas aborder le sujet sous un angle trop historique. Au Maroc même, des populations juives s’étaient établies en 70 de l’ère chrétienne, bien avant l’arrivée des juifs d’Espagne, et les megorashim(expulsésd’Andalousie) se sont longtemps distingués des tobashim (déjà installés au Maroc). l LA RÉDACTION CQJC Du fond de ma cellule AVOCAT ET homme politique congolais, je lis Jeune Afrique depuis mon plus jeune âge. De toutes les rubriques de votre hebdomadaire, « Ce que je crois » de Béchir Ben Yahmed est ma préférée. Elle ne traite pas de l’information brute, mais pousse à la réflexion, un exercice indispensable à l’amélioration de notre humanité.
Gbagbo Au nom de mon fils PUBLIÉ DANS VOTRE ÉDITION no 2755-2756 (datée du 27 octobre au 9 novembre), l’article intitulé « Gbagbo, et s’il était libéré ? » m’a surpris puis ulcéré : je suis le père de Stéphane di Rippel, directeur général du Novotel d’Abidjan, assassiné avec trois clients de l’hôtel en avril 2011 par les sbires de Laurent Gbagbo. Je me permets néanmoins d’envoyer deux messages, le premier, destiné à Mme Fatou Bensouda, procureure de la Cour pénale internationale : Tenez bon ! Ne vous laissez pas influencer ! Le second, adressé au président ivoirien Alassane Ouattara : N’oubliez pas les promesses que vous m’avez faites, ainsi qu’à mon fils et à ses filles. Cela fait trente mois que nous attendons le procès des assassins ! La remise d’une médaille à titre posthume à elle seule ne peut JACKY nous permettre de faire notre deuil ! l N O 2757 • DU 10 AU 16 NOVEMBRE 2013
Depuis quatre ans, je purge une peine de vingt ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État, après une première condamnation à la peine capitale prononcée par la justice militaire et confirmée par la cour de cassation. Depuis, je profite de cette descente aux enfers pour tenter de m’élever sur le plan intellectuel et spirituel. À toutes fins utiles pour mon pays… l ME FIRMIN YANGAMBI, Kisangani, RD Congo
Information J.A. et ses parents pauvres FIDÈLELECTEURdeJeune Afrique, j’estime que vous faites la part trop belle aux pays d’Afrique du Nord, ainsi qu’aux francophones. Il convient peut-être de vous rappeler que le continent compte 54 pays. De même, il me semble qu’une trop grande importance est accordée à la section « Économie », au détriment de l’actualité brûlante. S’agissant du contenu de Jeune Afrique, le sort réservé aux minorités chrétiennes et animistes dans les pays musulmans est peu abordé, alors même qu’on assiste à une montée de l’intolérance religieuse. De grâce, ouvrez davantage les yeux sur la réalité du monde. l JOAQUIN MONTUENGA, Areines, France
Réponse
p J.A. no 2755-2756, du 27 octobre au 9 novembre 2013. FRANTZ DI RIPPEL, Nice, France
Nous nous efforçons chaque semaine de couvrir de façon équilibrée l’actualité d’une Afrique plurielle, en privilégiant inévitablement notre zone linguistique de diffusion, celle où s’exerce la francophonie. Même si elle n’est pas absente de nos pages, l’Afrique anglophone est en revanche largement « majoritaire » dans JEUNE AFRIQUE
Vous nous
les colonnes de The Africa Report, mensuel du groupe J.A. que je vous incite à lire. Quant à la disproportion supposée des parts réservées au Maghreb et à l’Afrique subsaharienne, il s’agit là d’un débat récurrent et d’une affaire de perception : certains de nos lecteurs d’Afrique du Nord nous font en effet le reproche exactement inverse de celui que vous formulez. Idem pour les pages économie, dont les nombreux fidèles estiment que J.A. est un journal trop politique. En une phrase : nous essayons de faire le maximum en sachant bien, le nombre de pages dont nous disposons n’étant pas illimité, que nous ne pourrons jamais contenter chacun d’entre vous. l FRANÇOIS SOUDAN
Histoire Abdelkrim, ce Giáp oublié LECTEUR ASSIDU de Jeune Afrique, j’ai apprécié l’hommage rendu au général vietnamien Vô Nguyên Giáp (J.A. no 2753, du 13 au 19 octobre). Assurément, il a vaincu le colonisateur français en 1954. Cependant, ce n’était pas la première fois qu’une puissance européenne échouait face à des maquisards sans ressources, mais bien la deuxième. Le général Giáp était l’alter ego de son aîné marocain Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi, qui, au Maroc, arma les paysans pauvres, leur permettant ainsi d’écraser l’occupant espagnol. C’était la bataille d’Anoual, en 1921, l’équivalent de Diên Biên Phu en 1954. Plus connu sous le nom d’Abdelkrim, celui que l’on surnommait aussi le Vercingétorix berbère chassa ainsi les Espagnols et instaura la république du Rif (dans le nord du Maroc), dont il fut président (amkran). Mais il devait plier en mai 1926 face à la coalition franco-espagnole. Embastillé à l’île de la Réunion, il s’évada en 1947 et regagna Port-Saïd où le roi Farouk d’Égypte lui accorda le droit d’asile. Décédé en février 1963 au Caire, Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi eut droit à des funérailles nationales. Hélas, ce héros national marocain continue de subir l’outrage post-mortem d’une p J.A. no 2753, du 13 au 19 octobre 2013. sépulture d’exil. l ABDESLAM OUADDI, Agadir, Maroc
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Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (54e année) Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS Tél. : 01 44 30 19 60 ; Télécopieurs : rédaction : 01 45 20 09 69 ; ventes : 01 45 20 09 67 ; Courriel : redaction@jeuneafrique.com DIRECTION
Adieu, rue Redman
Q
UAND J’ÉTAIS PETIT, à El-Jadida, je m’amusais à déchiffrer les noms des rues au hasard de mes promenades. Certains noms me faisaient rêver. Il y avait, par exemple, la rue Redman. Quand on est gamin, effectivement, un tel nom, dans une ville marocaine, ne peut qu’intriguer. À l’époque, on n’avait ni internet, ni jeux vidéo, ni même la télé, un rien pouvait nous amuser ou nous étonner. Redman ? J’imaginais un explorateur fameux qui se serait échoué sur nos côtes ; ou un criminel d’envergure, l’abominable Redman, qui aurait légué sa fortune mal acquise à la ville ; ou au moins, ce Redman, c’était un grand peintre qui aurait fini sa vie sur l’immense plage qui va jusqu’à Azemmour.
Or mon ami Mustapha Jmahri, qui est l’historien local d’ElJadida, ville à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages, m’a alerté à propos de la disparition de la rue Redman. Vous sursautez : – Quoi ? Comment ? Les rues disparaissent, au Maroc ? Hélas oui. La rue Redman se trouve au centre-ville, derrière la poste. Un jour, en passant par-là, Mustapha s’aperçoit que l’ancienne plaque a été enlevée. La nouvelle plaque porte désormais le nom très banal de « rue de la Poste ». Sans doute le conseil municipal a-t-il pris cette décision parce que, pour lui, le nom de Redman ne signifiait rien. Ignorance coupable ! Honte à toi, conseil municipal ! Les Redman étaient une ancienne famille de consuls britanniques à Mazagan (c’est ainsi que la ville s’appelait autrefois). Le cimetière anglais existe toujours à El-Jadida, et l’un des Redman y est enterré depuis 1896. Paix à son âme. On aurait pu le consulter avant de lui voler sa rue ! Un nom anglais donné à une rue d’El-Jadida, ça a une portée symbolique, pas seulement pour nous, mais aussi pour nos interlocuteurs étrangers. L’ancienneté des liens qui unissent le Maroc au reste du monde est ainsi soulignée, ce qui peut contribuer au rayonnement d’une ville qui était considérée, il y a quelques siècles, comme la porte ouverte vers l’Europe. Supposons un groupe de touristes britanniques, une délégation municipale de Londres ou de Manchester, en visite ici : ne seraient-ils pas touchés de voir que leurs ancêtres avaient des liens privilégiés avec notre ville ? Et rentrés dans leurs pénates, la bière aidant, ils en parleraient autour d’eux, suscitant des envies de venir voir sur place, pour le plus grand bien de notre balance commerciale. (Je le signale amicalement au ministre du Tourisme.) Plus généralement, je lance ici un appel au tout nouveau ministre de l’Intérieur pour qu’il mette sur pied une commission chargée d’étudier les changements des noms de rue. Il faut encadrer les conseils municipaux dont certains font vraiment n’importe quoi. Il y a quelques années, j’avais monté une campagne, dans ces pages, pour sauver la rue Socrate, à Casablanca. Cette campagne avait porté ses fruits. Malheureusement, je n’ai rien pu faire pour sauver la rue Redman, à El-Jadida. Encore un petit pan de notre histoire qui a disparu à cause de l’ignorance et du je-m’en-foutisme généralisé. l
Directeur de la publication : BÉCHIR BEN YAHMED (bby@jeuneafrique.com) Directeur général : Danielle Ben Yahmed Vice-présidents: Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Actionnaire principal : Béchir Ben Yahmed RÉDACTION Directeur de la rédaction : François Soudan (f.soudan@jeuneafrique.com) Directeurs exécutifs : Marwane Ben Yahmed (mby@jeuneafrique.com), Amir Ben Yahmed (aby@jeuneafrique.com) Rédaction en chef : Élise Colette (éditions électroniques, e.colette@jeuneafrique.com), Laurent Giraud-Coudière (technique, lgc@jeuneafrique.com) Conseillers de la direction de la rédaction : Hamid Barrada, Aldo de Silva, Dominique Mataillet, Renaud de Rochebrune Secrétariat : Chantal Lossou, Joëlle Bouzignac Chefs de section : Joséphine Dedet (La semaine de J.A.), Michael Pauron (Grand angle), Anne Kappès-Grangé (Afrique subsaharienne), Tarek Moussa (Maghreb & Moyen-Orient), Frédéric Maury (Économie), Jean-Michel Aubriet (Europe, Amériques, Asie), Cécile Manciaux (Le Plus de J.A.), Séverine Kodjo-Grandvaux (Culture & médias), Clarisse Juompan-Yakam (Vous & nous) Secrétaires de rédaction : Sabine Clerc, Fabien Mollon, Ophélie Négros, Louisa Yousfi Rédaction : Youssef Aït Akdim, Farid Alilat, Mehdi Ba (à Dakar), Stéphane Ballong, Ryadh Benlahrech, Pierre Boisselet, Rémi Carayol, Julien Clémençot, Frida Dahmani (à Tunis), Georges Dougueli, Trésor Kibangula, Christophe Le Bec, Nicolas Michel, Haby Niakate, Cherif Ouazani, Fanny Rey, Laurent de Saint Périer, Tshitenge Lubabu M.K. ; collaborateurs : Edmond Bertrand, Christophe Boisbouvier, Patrick Seale; accords spéciaux : Financial Times Responsable de la communication : Vanessa Ralli (v.ralli@jeuneafrique.com) RÉALISATION Maquette : Marc Trenson (directeur artistique), Emeric Thérond (premier rédacteur graphiste), Christophe Chauvin, Stéphanie Creuzé, Julie Eneau, Valérie Olivier ; révision : Nathalie Bedjoudjou (chef de service), Vladimir Pol ; fabrication : Philippe Martin (chef de service), Christian Kasongo ; service photo : Dan Torres (directrice photo), Nathalie Clavé, Vincent Fournier, Claire Vattebled ; documentation : Anita Corthier (chef de service), Sylvie Fournier, Florence Turenne, Angéline Veyret JEUNEAFRIQUE.COM Direction éditoriale : Élise Colette ; chefs d’édition : Pierre-François Naudé, Frédéric Maury (économie) ; rédaction : Joël Assoko, Vincent Duhem, Jean-Sébastien Josset, Trésor Kibangula, Mathieu Olivier, Benjamin Roger et Nicolas Teisserenc Responsable web : Jean-Marie Miny ; studio : Cristina Bautista, Jun Feng et Maxime Pierdet VENTES ET ABONNEMENTS Directeur marketing et diffusion : Philippe Saül ; responsable des ventes adjointe : Sandra Drouet ; chefs de produit : Hélène Constant, Maty N’Dome ; abonnements : Carole Mazurier avec: COM&COM, Groupe Jeune Afrique 18-20, avenue Édouard-Herriot, 92350 Le Plessis-Robinson. Tél. : 33 1 40 94 22 22 ; Fax : 33 1 40 94 22 32. E-mail : jeuneafrique@ cometcom.fr l
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Gérant commandité: Béchir Ben Yahmed; vice-présidents: Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Directeur général adjoint: Jean-Baptiste Aubriot; secrétariat: Dominique Rouillon; contrôle de gestion: Charlotte Visdeloup; finances, comptabilité: Monique Éverard et Fatiha Maloum-Abtouche; juridique, administration et ressources humaines: Sylvie Vogel, avec Karine Deniau (services généraux) et Delphine Eyraud (ressources humaines); Club des actionnaires: Dominique Rouillon IMPRIMEUR SIEP - FRANCE. COMMISSION PARITAIRE: 1016C80822. DÉPÔT LÉGAL: À PARUTION. ISSN 1950-1285.
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SkyVision est l’un des principaux fournisseurs de solutions de communication et propose des solutions de connectivité de bout en bout personnalisées. Marchés desservis : Entreprises (notamment dans le secteur des mines ou des combustibles fossiles, institutions financières), organismes officiels, opérateurs télécom et ONG. Solutions : Services Internet, réseaux virtuels privés, services de réseau privé, gestion de services professionnels, solutions de redondance, services vocaux et services de communications mobile. Réseau mondial : Grâce à ces passerelles internationales – installé en Afrique, en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient – ainsi qu’à des hubs locaux et à de multiples points de présence, le réseau MPLS mondial de SkyVision permet de connecter nos clients à Internet ou à leur dorsale privée.
Présence locale : Grâce à son réseau de bureaux, de partenaires et de représentants locaux, SkyVision a établi une forte présence locale – reposant sur un personnel en mesure d’apporter un soutien sans faille – sur tout le continent africain. Soutien : Centres de soutien multilingues disponibles 24/7 et centre d’exploitation réseau (NOC) assurant un suivi et un soutien en temps réel.
Chez SkyVision, notre mission est de veiller à ce que votre entreprise soit reliée au monde, de façon fiable et sécurisée, … à tout instant.
Contactez-nous : info@skyvision.net Tel. : +44 20 8387 1750 www.skyvision.net
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