HS 47 TOP FINANCE DE 2017

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LE CLASSEMENT DES

200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 58e année •

BIG DATA Ce que la révolution des données va changer

MAROC Wafacash, la banque des pauvres

HORS-SÉRIE NO 47

STRATÉGIE Ecobank change de visage

jeuneafrique.com

INTERVIEW Pathé Dione « Pour développer les assurances, travaillons ensemble »

Spécial

FINANCE BANQUES  CAPITAL-INVESTISSEMENT  BOURSE  FUSIONS-ACQUISITIONS  ASSURANCES

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ÉDITION GÉNÉRALE France 6  • Algérie 360 DA • Allemagne 8  • Autriche 8  • Belgique 7  • Canada 11,99 $ CAN • DOM 8  Espagne 8  • États-Unis 10,95 $ US • Éthiopie 95 birrs • Italie 8  • Maroc 45 DH • Mauritanie 1 800 MRO • Portugal 8  Suisse 14 FS • Tunisie 6,50 DT • Zone CFA 3 200 F CFA • ISSN 1959-1683


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Rédaction en chef Frédéric Maury

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Rédaction en chef technique Laurent Giraud-Coudière Secrétariat de rédaction Antoine Cheltiel Base de données et classements Jeanne-Marie Damilleville (les500@jeuneafrique.com) Direction artistique MarcTrenson

Infographies Christophe Chauvin Iconographie Claire Vattebled (chef du service photo), Nathalie Clavé Révision Nathalie Wallon-Bedjoudjou (chef de service), Vladimir Pol, Juliette Bain-Cohen-Tanugi, Emmanuelle Montagnese Publicité Laure Nitkowski (coordination), Difcom, Groupe Jeune Afrique, 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris Tél. : 33 1 44 30 19 60 Fax : 33 1 45 20 09 67 Ont collaboré à ce hors-série Mark Anderson, Ghizlaine Badri, William Clowes, Nadoun Coulibaly, Éric Dupuy, Mathieu Galtier, Baudelaire Mieu, Djamila Ould Khettab, Stéphanie Wenger

200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 58e année •

ILLUSTRATION: CHRISTOPHE CHAUVIN POUR J.A.

BIG DATA Ce que la révolution des données va changer

MAROC Wafacash, la banque des pauvres

HORS-SÉRIE NO 47

STRATÉGIE Ecobank change de visage

jeuneafrique.com

INTERVIEW Pathé Dione « Pour développer les assurances, travaillons ensemble »

Spécial

FINANCE BANQUES ! CAPITAL-INVESTISSEMENT ! BOURSE ! FUSIONS-ACQUISITIONS ! ASSURANCES

19 E ÉDITION

ÉDITION GÉNÉRALE France 6 € • Algérie 360 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 7 € • Canada 11,99 $ CAN • DOM 8 € Espagne 8 € • États-Unis 10,95 $ US • Éthiopie 95 birrs • Italie 8 € • Maroc 45 DH • Mauritanie 1 800 MRO • Portugal 8 € Suisse 14 FS • Tunisie 6,50 DT • Zone CFA 3 200 F CFA • ISSN 1959-1683

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

Et la réalité dans tout ça?

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Rédaction graphique Sydonie Ghayeb, Camille Chauvin

LE CLASSEMENT DES

Frédéric Maury

algré une situation économique très dégradée sur deux des plus grands marchés bancaires, le Nigeria et l’Afrique du Sud, les géants bancaires africains ont traversé 2016 sans catastrophe majeure. Il y a bien, ici ou là, quelques institutions de taille non négligeable qui ont été placées sous administration ou liquidées : ce fut le cas par exemple de Skye Bank au Nigeria, de Chase Bank au Kenya ou de la BIAC en RD Congo. Mais globalement les financiers ont maintenu le cap de la croissance, portée il est vrai par la toujours importante sousbancarisation du continent.

Cette résilience peut être lue de deux manières. D’un côté, elle pourrait susciter une inquiétude légitime : la croissance des actifs pourrait en effet sembler en partie déconnectée du développement économique des pays concernés. Mais d’un autre côté elle est la conséquence du sérieux travail de nettoyage des comptes effectué – à des degrés divers bien évidemment – par les grandes banques africaines depuis le retournement de conjoncture dans certains pays et même, par effet domino, dans d’autres qui en ont été protégés. Rationalisation, meilleure maîtrise des coûts, pilotage plus efficace des politiques de crédit, segmentation plus fine des cibles de clientèle, digitalisation sont désormais les maîtres mots de banquiers africains qui, il n’y a pas si longtemps, pensaient avant tout en termes de développement. Mais cette résilience est-elle pour autant durable ? Si la conjoncture économique africaine reprend de véritables couleurs, la réponse sera

à coup sûr positive. À défaut, c’est bien la réalité qui risque de rattraper les banquiers. Ou plutôt les réalités : celles d’un continent où moins de la moitié – parfois même moins de 20 % dans certains pays – des emplois sont des emplois salariés ; où rares sont les PME à avoir adopté une structure juridique formelle et à oublier des comptesfinancierspropres. Autrement dit: un continent mal adapté au métier de banquier tel qu’il est pratiqué dans la quasi-totalité du monde. Il est d’ailleurs frappant de voir à quel point désormais les financiers opérant sur un tel terrain doivent rivaliser d’imagination pour lutter contre le blanchiment d’argent dans des pays où les cartes d’identité ne sont pas toujours la règle, pour prêter à des petites structures informelles, pour desservir des régions pas même connectées au réseau routier. Le défi est d’autant plus grand que nulle part dans le monde le métier de banquier, attentif aux risques et aux coûts, ne rime avec « capacité d’innovation ». En Afrique, pourtant, nul autre chemin ne semble pouvoir être emprunté pour augmenter d’ici à quelques années les taux de bancarisation dans des économies encore insuffisamment développées. Comme pour les opérateurs télécoms, qui sont parvenus à faire adopter massivement par les populations africaines des portables alors que la téléphonie fixe n’y existait même pas, l’essentiel se jouera in fine sur l’innovation en matière de réseaux et de produits. Car la téléphonie comme la banque répondent à des besoins qui, eux, restent entiers : communiquer d’un côté, mettre en œuvre ses projets de l’autre. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


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3 Éditorial Et la réalité dans tout ça ? 06

ENQUÊTE 6 Big data La chasse est ouverte

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AFRIQUE SUBSAHARIENNE 18 Décryptage Le futur visage d’Ecobank 22 Baromètre Les géants de la zone franc 24 Expertise Yoann Lhonneur 26 Stratégie En RD Congo, Equity Bank passe aux travaux pratiques 28 Interview Idrissa Nassa 32 Banques Ascension compliquée 34 BNP Paribas En Côte d’Ivoire, le groupe privilégie les profits 36 Diane Karusisi digitalise le Rwanda 40 Entretien Pathé Dione 44 FBN Bank Le délicat chemin d’un nigérian en Europe

48

MAGHREB & MOYEN-ORIENT 48 État des lieux Banques tunisiennes : la révolution introuvable 56 Assurances Misr Insurance domine en Égypte 58 Finance islamique Au Maroc, Umnia Bank connaît des débuts encourageants 62 Capital-investissement La catastrophe ferroviaire de l’égyptien Qalaa Holdings 64 Wafacash La banque marocaine vise les plus pauvres 68 Portrait Incontournable en Tunisie, Habib Karaouli lorgne l’Afrique 70 Prêts En Algérie, le retour du « crédit conso » ne fait pas florès 72 Bilan Le secteur financier résiste à la crise

79 80 84 86 88 90 92 94 96 100 106 108 110

6

BIG DATA La chasse est ouverte

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DÉCRYPTAGE Le futur visage d’Ecobank

56

ASSURANCES Misr Insurance domine en Égypte

CLASSEMENTS Les 200 Afrique du Nord Afrique de l’Ouest Afrique centrale Afrique de l’Est Afrique australe et océan Indien Les plus rentables Les plus prêteuses Les 100 premiers assureurs Bourse Capital-investissement Fusions-acquisitions

Abonnez-vous à 114 Post-scriptum Tentons l’international par Ibrahima Diouf JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

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ENQUÊTE

BIG DATA

La chasse est ouverte


ANTOINE MOREAU-DUSAULT POUR TAR

Les données produites par les consommateurs constituent de véritables mines d’informations pour les entreprises. Alors que les opérateurs de télécoms ont pris une avance considérable, les banques tentent de rattraper leur retard…


Enquête Big data MARK ANDERSON, à Nairobi

D

ans un quartier huppé de Nairobi, les acheteurs parcourent les rayons presque vides d’un supermarché Nakumatt. L’entreprise kényane de grande distribution, qui comptait naguère parmi les plus prometteuses du continent, est à l’agonie, fléchissant sous une dette croissante – quelque 145 millions de dollars – tout en subissant des coûts d’exploitation très élevés. Les décisions de gestion, loin d’être au niveau, et une stratégie de croissance déficiente constituent les principales raisons de ce déclin. Les experts estiment plus précisément que l’incapacité de l’entreprise à utiliser les données recueillies auprès de plus d’un million de clients a accéléré ses problèmes financiers. « Si elle avait été plus centrée sur la question des données, elle aurait vu la tendance à la baisse il y a deux ans et se serait posé les bonnes questions », estime Francis Waithaka, directeur général de Digital4Africa, une société kényane qui aide les entreprises à se servir de leurs données clients. Si Nakumatt avait réussi à gérer efficacement ses données, elle aurait pu exploiter les énormes quantités d’informations générées à chaque étape de son processus de commercialisation : des augmentations de prix des fournisseurs aux préférences du client, en passant par les informations sur la gestion des entrepôts, les rotations du

personnel et le rendement de chaque magasin, il existe des milliers de groupes de données à suivre et à analyser. Si l’expression « big data » est souvent employée et généralement considérée comme l’utilisation d’outils analytiques et de nouveaux ensembles de données pour améliorer la productivité, l’idée en elle-même n’est pas vraiment nouvelle. Nakumatt, par exemple, aurait pu tirer profit des leçons de Walmart, qui a suivi la vente de chaque article à travers un système appelé Retail Link dès 1991. Par ce biais, le géant américain de la grande distribution a réduit les coûts liés à sa chaîne d’approvisionnement et révolutionné l’industrie américaine des supermarchés. Il est maintenant plus facile que jamais de suivre le comportement des consommateurs à travers Google, Facebook, Twitter et WhatsApp. Comment cela s’applique-t-il aux entreprises africaines et aux banques ? À travers le continent, les sociétés locales et les multinationales se tournent logiquement vers les mégadonnées pour penser et concevoir leurs stratégies de croissance. Les start-up axées sur les données commencent également à se développer. Banques et entreprises financières ont remarqué cette tendance et tentent d’utiliser les données générées par leurs clients. Selon un rapport de PwC d’octobre 2016 portant sur le secteur bancaire africain, environ 85 % des banques interrogées utilisent les

ANTOINE MOREAU-DUSAULT POUR TAR

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SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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Enquête Big data

Selon un rapport de PwC, 85 % des banques africaines interrogées se servent du big data pour améliorer la sécurité.

nombre de comptes suscite l’intérêt des dirigeants de grands groupes. Pieter Vorster, directeur des données chez Barclays Africa, fait partie de ceuxlà : « Il existe trois, quatre ou cinq fois plus de téléphones cellulaires que de comptes bancaires dans les pays africains. La technologie offre donc d’importantes perspectives de rapprochement entre les entreprises de télécommunications et les banques. » Les entreprises de télécommunications commencent à se rendre compte de la valeur de ces données et à les rendre anonymes, pour les vendre. Mohamed Dabbour indique ainsi que Millicom envisage de commercialiser les données qu’elle a collectées et d’en tirer de nouveaux flux de revenus. « Sur une base anonyme, si nous trouvons le bon partenaire et que nous voyons la valeur ajoutée pour les clients et pour nous, nous procéderons probablement à la vente de nos données », confie-t-il.

mégadonnées pour améliorer la sécurité, tandis que 77 % l’utilisent pour améliorer le service à la clientèle. L’International Data Corporation, une société d’intelligence économique, prévoit que les revenus tirés des données et de leurs analyses augmenteront cette année de 11 % en Afrique et au Moyen-Orient, pour atteindre 2 milliards de dollars, et prédit que la croissance restera à peu près à ce niveau au cours des prochaines années. Mohamed Dabbour, directeur général Afrique chez Millicom, un fournisseur de télécoms ayant douze millions de clients dans cinq pays (sous la marque Tigo), déclare : « Il est évident qu’à l’avenir la croissance et les services aux clients passeront par l’utilisation de nos propres données […]. Nous sommes en possession d’une tonne d’éléments. Même si vous ne faites rien sur votre téléphone, des données sont générées. » Au cœur du phénomène « big data » en Afrique figure la révolution de la téléphonie mobile. Elle a permis de générer des myriades de nouvelles informations relatives aux habitudes de consommation des clients, en produisant plus de 960 millions d’abonnements et en faisant des miracles pour l’inclusion financière. Entre 2011 et 2014, la proportion d’adultes disposant d’un compte bancaire en Afrique subsaharienne est ainsi passée de 24 % à 34 %, soit une hausse de 41 % selon World Bank Group. L’idée que les banques commerciales pourraient profiter de cette situation et augmenter considérablement le

EXPÉRIMENTATION. Les données des entreprises

de télécommunications livrent des informations sur les clients très précieuses pour les banques. Déjà considérée comme un terrain d’expérimentation pour les technologies financières, l’Afrique de l’Est abrite de nombreux partenariats entre les banques et les entreprises de télécoms. Au Kenya, le succès massif du service de monnaie mobile de Safaricom, M-Pesa, a conduit à un accord avec Kenya Commercial Bank, le deuxième établissement de la région par le total des actifs, pour déployer les services de banque mobile

Un phénomène protéiforme

63

milliards

SOURCE : FACEBOOK ; PWC ; IDG CONNECT ; AFDB ; GSMA INTELLIGENCE

Nombre de messages envoyés sur WhatsApp le jour de l’An 2017

Évolution du nombre de comptes d’argent mobile en Afrique subsaharienne (en millions)

300

Plus des deux tiers des banques africaines étudiées par PwC se servent du big data pour le front-office afin d’améliorer l’expérience client

77%

75 %

Nombre d’abonnements à une offre mobile en Afrique (en millions)

Utilisation du smartphone en Afrique

277

250

La start-up kényane M-kopa utilise le cloud pour gérer les 480 000 mesures quotidiennes de ses panneaux solaires

Taux de pénétration : moyenne mondiale Taux de pénétration : Afrique 60 % 63 %

Moyenne mondiale

72 % 70 % 71 % 65 % 68 %

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Afrique

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Déc. Juin 12 14

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Enquête Big data en 2015. Le fruit de ce partenariat représente désormais plus de sept millions de clients. En Tanzanie voisine, la plus grande société de téléphonie mobile, Tigo Tanzania, s’est associée à CRDB Bank pour lancer des services de banque mobile. « Les lignes sont floues, particulièrement en Afrique, entre les banques et les fournisseurs de télécommunications », explique Abdigani Diriye, responsable de la recherche chez IBM Research. « Mais comment accorder un prêt, même d’une somme modique, à quelqu’un qui n’a aucun historique de crédit ni aucun actif ? La réponse se trouve dans les mégadonnées », assure-t-il. La question de la solvabilité constitue en effet un élément décisif dans ce partenariat. À cette fin, Millicom s’est associé à Jumo, une

plateforme sud-africaine de services financiers à bas prix qui crée une identité financière pour les petites et moyennes entreprises à l’aide de données provenant de leur utilisation mobile. « Nous conservons les données des clients et les partageons avec Jumo. Sur nos plateformes, ils font essentiellement des évaluations de risque de crédit, analysent le profil des clients, leurs comportements et leur attribuent une note. Et, pour chacun d’eux, ils sont en mesure d’accorder un prêt spécifique », explique Dabbour. Les données liées à l’utilisation du mobile, y compris le temps d’antenne et les comportements d’appel, peuvent être utilisées pour déterminer ces notations. « Toute transaction que votre client effectue sur votre réseau est enregistrée quelque part », précise-t-il. L’exploitation

Libérer les données, un processus irréversible ? Si Barclays a d’abord été réticent à exploiter les informations sur ses clients, cette activité est désormais au cœur de sa stratégie.

C

omme de nombreuses institutions financières, Barclays Africa a accru le rôle des données dans ses opérations. Avec un actif total de 85 milliards de dollars, ce groupe sud-africain est l’une des plus grandes banques exerçant sur le continent. Ses 11,8 millions de clients dans douze pays africains produisent chaque jour des données en matière de dépenses. Les clients entreprises de la banque effectuent des transactions sur ses plateformes en lui fournissant des informations commerciales uniques. Barclays Africa commence à rassembler les données dont il dispose sur ses serveurs. Pieter Vorster est chargé de cette stratégie. Dans le passé, la banque s’est montrée réticente à utiliser les données recueillies. « Les entreprises de services financiers détiennent des informations extrêmement précieuses qui ont toujours été conservées quelque part de peur de ne pas pouvoir répondre à une question lorsqu’un client ou un régulateur le demande », explique Vorster. « Le fait de libérer cette information est une transformation à laquelle j’ai assisté, en particulier en Afrique, au cours des trois dernières années. Cela a été continu et irréversible. » JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

Vorster pilote aujourd’hui le service d’expérimentation des données de Barclays Africa. « Nous avons un flux d’informations liées à l’activité économique et nous pouvons rapidement déterminer s’il existe dans ces donnés des informations exploitables », développe-t-il. L’une des principales missions de la banque qui octroie des prêts personnels a été ébranlée par l’apparition des mégadonnées. De nouveaux partenariats entre les entreprises de télécoms et les start-up axées sur les données ont entraîné une nouvelle façon d’envisager le calcul de la solvabilité. En juillet, Barclays Africa a signé un accord avec Hello Soda, une société américaine qui compile et analyse des notes de crédit en utilisant des données provenant de sources telles que les réseaux sociaux. INCONGRU. La banque recrute égale-

ment de nouveaux employés dont le profil aurait semblé incongru il y a quelques années. « Concernant la capacité de modélisation analytique, les banques commencent à comprendre que les données ne sont pas quelque chose que l’on jette quelque part et dont quelqu’un d’autre peut s’occuper », confie Vorster. « De toutes nouvelles compétences viennent donc aux banques, des analystes

BARCLAYS AFRICA

12

Pieter Vorster, responsable des données de la filiale africaine.

de données aux concepteurs, en passant par les développeurs numériques ». Barclays Africa utilise aussi les données pour réduire les coûts et effectue des sessions de formation pour gérer les appels des clients. « Nous voulons comprendre ce que font nos agents dans les centres d’appels, explique Vorster. Ils exercent un travail ennuyeux, dont ils se passeraient volontiers, et la robotique permet de résoudre en partie cette équation. » La prochaine étape semble être la reconnaissance optique des caractères, appelée OCR, une technologie qui transmet les images au texte. Cela contribuera, encore une fois, à la réduction des coûts. « Une part importante de nos coûts est due à des inefficacités liées à des processus qui n’ont pas été repensés. » M.A. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017



Enquête Big data

ANTOINE MOREAU-DUSAULT POUR TAR

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Prochain changement clé pour le secteur? L’adoption du cloud computing.

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

de ces données peut donner un aperçu de la stabilité financière, de l’emplacement, de l’utilisation des réseaux sociaux et des conditions de vie de l’emprunteur éventuel. Les réseaux sociaux constituent une autre source de données, de plus en plus utilisée par les institutions financières pour évaluer la solvabilité de leurs clients. Au cours des trois dernières années, les partenariats entre les banques et les entreprises de réseaux sociaux ont considérablement augmenté. Mais les règles d’engagement sont complexes. « Facebook ne vendra pas ses données, ce n’est pas leur modèle commercial, explique Pieter Vorster. Mais ils créeront un mécanisme à travers lequel les gens pourront identifier leurs informations légalement, ce qui permettra ensuite aux entreprises de les utiliser à bon escient. » STOCKAGE. À mesure que le coût du stockage des

données diminue, un plus grand nombre d’entre elles devrait être généré. Le changement clé dans les prochaines années consistera en l’adoption par les entreprises du cloud computing, leur permettant de stocker les données à distance et d’y accéder via internet. Les plus grandes entreprises du continent s’y préparent déjà. « La prochaine grande entreprise à se transformer sera Safaricom », déclare Corine Mbiaketcha Nana, directrice générale pour l’Afrique orientale, l’Afrique centrale et l’Afrique occidentale de la firme de technologie Oracle. « Nous allons annoncer un partenariat avec eux. Ils commencent à lancer leur transformation entière dans le cloud. » Et, comme la capacité du cloud computing augmente, les transactions financières seront également riches en données. Certains équipements de transfert d’argent mobile s’appuient

sur les données fournies par les opérateurs de télécommunications pour fonctionner. La stricte réglementation en matière de lutte contre le blanchiment d’argent implique que les entreprises effectuant des transferts de fonds internationaux disposent d’informations précises sur leurs clients. « Les comptes d’argent mobile, qui sont liés aux papiers d’identité des clients, ont été essentiels pour l’industrie, explique Rachel Balsham, chef exécutif adjoint de la société de paiement mobile MFS Afrique. Nos activités reposent sur l’ubiquité des agences d’argent mobile, expliquet-elle. Vous avez ainsi une traçabilité et pouvez surveiller le comportement des transactions. » Les sociétés de conseil financier utilisent également les données des clients pour les aider à prendre leurs décisions d’investissement en toute connaissance de cause. « Nous examinons plus en profondeur le profil du client […], son comportement d’achat et ce genre de choses », explique Kathryn O’Neill, d’Aspect Advisory, en Afrique du Sud. « Par exemple, dans l’industrie agricole, on peut identifier les éventuels défauts de prêt selon la zone dans laquelle se trouvent les terrains, la sécheresse… Nous faisons beaucoup de recherches dans ce domaine. » Le problème est que, en accumulant ainsi les données, les entreprises oublient parfois la qualité de l’information. Comme les utilisateurs de téléphones changent fréquemment de cartes SIM, les données deviennent rapidement caduques. « Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est que la pertinence des données expire beaucoup plus rapidement qu’avant, observe Ahmed Rady, directeur général de Coca‑Cola pour l’Afrique de l’Est. Si ce que vous devez trouver à partir SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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Enquête Big data des données vous demande trop de temps, cela cesse d’être pertinent. » FINTECH. La création rapide de données utiles

constitue un travail pour les nouveaux acteurs de l’économie que sont les start-up de technologie financière (fintech). Dans un dock de l’est de Londres, au Royaume-Uni, des centaines de développeurs de logiciels, de promoteurs et de dirigeants se sont réunies afin d’attirer des investissements pour développer de nouveaux projets. Des dizaines de start-up présentent ici l’utilisation des données de consommation comme une composante centrale de leur activité. Cashoff, une société d’analyse de données qui aide les banques à mieux comprendre les habitudes de leurs clients, essaie d’intéresser de nouvelles entreprises. La start-up située en Russie capte les données associées aux dépenses réalisées par les clients des banques. Elle les trie en différentes catégories, ce qui facilite l’identification des offres et des services potentiellement attrayants pour les clients. « Les banques peuvent vendre leurs propres produits bancaires avec une conversion d’environ 15 % ou 20 % », explique Dmitry Gorkov, directeur général de Cashoff. La société travaille avec quinze banques en Russie et au Royaume-Uni et pourrait bientôt entrer sur le marché africain après avoir entamé des

Uber, vers une entreprise de données

E

ntre mai et août 2017, le service de repérage Uber a compté 350 000 utilisateurs actifs et 5 000 conducteurs actifs à Nairobi. « La capitale kényane est la ville dans laquelle Uber connaît la croissance la plus rapide en Afrique subsaharienne », explique Loïc Amado, directeur général d’Uber pour l’Afrique de l’Est. La société américaine stocke toutes les données qu’elle collecte sur la circulation, les lieux de ramassage et les lieux de dépôt pour améliorer ses services. « Nous sommes avant tout une entreprise de technologie. Mais nous devenons de plus en plus une société de données », affirme-t-il. Les millions de voyages effectués par les utilisateurs d’Uber à Nairobi fournissent JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

un aperçu unique des flux du trafic dans la ville. Les smartphones, qui ont souvent de nombreux capteurs, peuvent également délivrer des données télématiques sur la qualité des routes. « Vous pouvez supposer l’existence d’un nid-depoule à l’endroit où le chauffeur d’un véhicule a fait une embardée », détaille Loïc Amado. Ces données peuvent être partagées avec l’administration, afin de servir lors de décisions d’urbanisme. « Nous venons de lancer un nouvel outil, appelé Uber Movement, que nous partageons avec la municipalité, car cela permet d’observer les tendances de la circulation à différents moments de la journée », explique Loïc Amado. M.A.

discussions avec une banque de Côte d’Ivoire. Une autre start-up spécialisée dans les données financières, Cognitect, construit des bases de données et travaille avec les commerçants sur la gestion des risques et la modélisation prospective en effectuant le suivi des métadonnées sur les flux de transactions. « Nous travaillons avec quelques fonds spéculatifs qui utilisent notre savoir-faire pour exécuter des simulations de potentiels contrats sur le marché. Si l’un de ces scénarios se produit ou si ces dix mille traders le réalisent, quelle serait notre réponse et comment modéliserions-nous toutes ces données pour l’utiliser dans nos analyses prédictives », déclare Justin Gehtland, directeur général de Cognitect. Mais les critiques prétendent qu’une telle approche, axée sur les données, peut détourner l’attention des institutions financières pour les personnes à faibles revenus ou celles vivant dans les zones rurales. « Avec cette frénésie autour du big data, on perd de vue que les invisibles dans les mégadonnées sont souvent les mêmes que ceux des données officielles », explique Morten Jerven, professeur d’économie à l’Université norvégienne des sciences de la vie. La façon de bancariser ces populations reste un problème difficile, les 25 % d’Africains les plus pauvres étant peu intéressants pour les prêteurs. Les promoteurs des mégadonnées ne les voient pas comme une solution miracle aux problèmes de développement. Mais la technologie fait sans nul doute partie de la solution. Ainsi, en 2013, IBM a travaillé avec les données d’appels publiées par l’opérateur français de télécommunications Orange, afin de proposer des lignes de bus à destination de la ville d’Abidjan. Ailleurs, au Pakistan, selon un rapport de l’Institut Brookings, « le gouvernement a mis en place un système d’identification biométrique pour s’assurer que certains de ses paiements ne pourraient être perçus que par des bénéficiaires féminins ». Les femmes ayant les nouvelles cartes d’identité ont déclaré que leur statut social s’améliorait et qu’elles pouvaient mieux négocier leur rôle au sein de la famille. Cela fournit alors un nouvel ensemble de données aux autorités qui tentent de toucher les groupes les plus pauvres. Pendant ce temps, au niveau de la banque d’entreprise, l’excitation autour du big data ne s’est pas encore concrétisée au niveau du bilan, explique Pieter Vorster de Barclays Africa. Il y a encore selon lui un long chemin à parcourir avant que la véritable valeur des données ne soit comprise. « Les banques sont-elles responsables dans la gestion de leurs données ? Je n’ai pas encore trouvé de directeur de banque qui les mettra en avant dans le bilan de l’entreprise, ironise-t-il. Mais, de plus en plus, les sociétés prennent conscience que les données constituent un atout majeur que l’on se doit d’utiliser. » SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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18

AFRIQUE SUBSAHARIENNE

DÉCRYPTAGE

Le futur visage d’Ecobank Omniprésent sur le continent, le géant bancaire a annoncé son intention de se recentrer sur ses pays les plus rentables. Jeune Afrique a tenté d’y voir plus clair et de dessiner sa future empreinte géographique.

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


19

SIA KAMBOU/AFP

Le nouveau siège du groupe à Abidjan, inauguré en juillet 2015.

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


20

Afrique subsaharienne Décryptage FRÉDÉRIC MAURY

F

ruitd’unedécenniedecroissancegéographique rapide et pas toujours maîtrisée, il n’y a pas un mais des Ecobank. D’un côté, des filiales très profitables affichant parfois plus de 25 % de rentabilité de fonds propres et des coûts maîtrisés. De l’autre, des établissements en difficulté sur leurs marchés, voire parfois déficitaires, ou trop petits pour être rentables. En 2016, six des vingtsept filiales pour lesquelles Jeune Afrique dispose de données actualisées ont perdu de l’argent. Cinq autres affichaient une rentabilité dérisoire. « Aujourd’hui, au sein du groupe, quatorze filiales pays figurent dans les Top 3 nationaux, explique Yoann Lhonneur, directeur associé du cabinet conseil Devlhon Consulting. Surtout, sur cinq ou six ans, il n’y a pas eu d’amélioration : quinze pays étaient alors dans les Top 3. De la même manière, dix pays étaient dans les Top 10 en 2011, contre sept aujourd’hui. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la position sur le marché est importante : audelà de 6 % de parts de marché, la banque capture davantage de dépôts et de revenus que le reste du marché. » La question géographique, sujet tabou sous la direction d’Arnold Ekpe, est désormais au cœur de l’agenda du nouveau DG, Ade Ayeyemi, réputé pour sa stratégie de cost killer. Interrogé par

Accra-Abidjan : l’axe magique

S’

il ne fallait citer que deux filiales illustrant la réussite du groupe panafricain, ce serait elles: Ecobank Côte d’Ivoire et Ecobank Ghana. Respectivement deuxième et troisième filiales du groupe par le total de bilan, et l’inverse en matière de revenus, elles sont aussi les plus rentables, avec en 2016 plus de 110 millions de dollars (104,4 millions d’euros) de bénéfices à elles deux. L’année dernière, leur rentabilité des capitaux propres s’est élevée à environ 35 %. En une décennie, elles se sont imposées sur chacun de leur marché: avec 1,9 milliard de dollars d’actifs, et grâce notamment à l’acquisition en 2011 pour 135 millions de dollars de Trust Bank, Ecobank Ghana est numéro un. Sa sœur ivoirienne, quatrième ou cinquième du marché il y a quinze ans, a grimpé au deuxième rang, talonnant avec

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

2,1 milliards d’actifs le numéro un historique, Société générale (SGBCI). Seule contrainte dans cette croissance annuelle à deux chiffres: un niveau de solvabilité qui a rapidement baissé et atteint chez Ecobank Côte d’Ivoire le minimum requis (8 %). D’où l’opération d’introduction en Bourse lancée le 27 septembre 2017 et bouclée en un jour, qui a permis de mobilier 45 milliards de F CFA (environ 68,6 millions d’euros) de capital et de pousser le ratio de solvabilité au-delà des 12 %. De quoi financer le plan de développement de la banque ivoirienne, focalisée sur le corporate et qui entend miser davantage sur les PMI-PME et les particuliers, via le digital. Objectif: devancer d’ici à 2020 la SGBCI et devenir le numéro un local! FRÉDÉRIC MAURY et BAUDELAIRE MIEU

JA en juin 2017, celui-ci s’est contenté de répéter ce qu’il avait déjà dit aux investisseurs: la stratégie future implique de continuer d’investir dans des régions rentables, mais de céder ou de quitter les zones non rentables (celles où le coût des fonds propres sera supérieur à la rentabilité financière, soit 10 % à 20 % de rentabilité des capitaux propres selon les pays). Mais il a refusé de citer nommément les filiales concernées, précisant qu’il leur avait donné deux ans pour inverser la situation. SUSPENS. JA a donc tenté d’y voir plus clair, notam-

ment au sein de la zone Cesa (Afrique centrale, orientale et australe), créée en 2016 et qui regroupe l’essentiel de ces « petites » filiales en difficulté. En fin de compte, selon notre analyse, le groupe panafricain pourrait se retirer de cinq pays, mais l’avenir d’une dizaine d’autres reste potentiellement en suspens. Ecobank dans moins de vingt pays subsahariens, est-ce crédible ? Pour éviter cette situation, les équipes du groupe s’activent de Lagos à Nairobi. En trois ans, le groupe a fermé autant d’agences qu’il en a ouvert, et réduit la taille de ses effectifs de 20 000 à 17 000 personnes. Ecobank est avant tout nigérian : c’est en effet dans la première puissance économique du continent que le groupe panafricain a réalisé au premier semestre de 2017 environ 35 % de ses revenus et comptait 28 % de ses actifs. Problème : Ecobank ne fait pas partie des premières banques du pays, se situant dans le deuxième tiers, et n’est guère rentable. À la fin de 2016, la filiale affichait une rentabilité de ses fonds propres de 3 % seulement, un niveau vraiment très bas. L’acquisition en 2011 d’Oceanic Bank, tout en permettant au groupe panafricain de grossir considérablement en taille, a laissé des traces: sureffectif, créances douteuses, etc. Le ratio de créances douteuses est élevé : 10,2 % du portefeuille crédit à la fin de 2015, 9,1 % un an plus tard. En 2016, les provisions passées dans le pays ont atteint 323 millions de dollars (306,5 millions d’euros), soit 37 % des provisions passées par le groupe. L’année précédente, elles avaient avoisiné les 300 millions de dollars. Le groupe, et en premier lieu Charles Kié, nommé en janvier 2016 à la tête d’Ecobank Nigeria, et Ade Ayeyemi, sont conscients de ces difficultés et appliquent depuis plus d’un an une formule choc: les effectifs ont ainsi fondu, de plus de 10000 personnes en 2013 à quelque 5000 aujourd’hui; le coefficient d’exploitation est passé de 62 % en 2015 à 44,6 % à la mi-2017 ; le management a été réorganisé, et une structure de défaisance a été créée en début d’année pour absorber les actifs douteux de la filiale. Autant de décisions qui devraient permettre à Ecobank Nigeria de profiter à plein du retour annoncé de la croissance dans le pays. « En 2013, sur nos six filiales dans la zone SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


21

COMPROMIS. En dehors de la RD Congo, qu’Eco-

bank classe parmi l’Afrique australe mais que nous avons traitée en Afrique centrale, l’avenir des filiales pays du groupe dans cette région semble sérieusement compromis. Tant au Mozambique (filiale en perte), qu’au Zimbabwe, au Malawi et en Zambie, la position concurrentielle d’Ecobank reste faible. Par ailleurs, le sud-africain Nedbank – l’un des actionnaires de référence du groupe panafricain – est implanté dans plusieurs des pays de la zone, dont le Malawi, le Zimbabwe et le Mozambique. Dans cette région, qui représente environ 10 % des actifs du groupe, la situation est bien moins critique qu’en Afrique de l’Est. Deux filiales se classent dans le Top 3 (Tchad et Centrafrique), SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

Une position de leader à défendre Parmi les leaders et/ou fort potentiel Positionnement difficile, avenir incertain Susceptible d’être reconsidéré

Mali Sénégal Gambie Guinée-Bissau

Niger

Tchad

Burkina Guinée Bénin Nigeria Côte Sierra Leone Togo d’Ivoire Centrafrique Ghana Liberia Cameroun

Guinée équatoriale

Gabon

Soudan du sud

Congo République démocratique du Congo

et quatre autres entre le quatrième et le dixième rang, selon les statistiques compilées pour JA par Devlhon Consulting. Surtout, la zone compte un pays clé dans la stratégie du groupe: le Cameroun, où Ecobank se classe au cinquième rang mais très près du numéro quatre pour le total de bilan. Le cas de la RD Congo est à part : la position du groupe n’y est pas excellente, mais la taille du marché et son potentiel justifient largement un investissement à long terme. Reste le Gabon, le seul qui semble réellement critique dans cette zone : sur les trois derniers exercices, la banque y a perdu de l’argent, et sa position de marché demeure peu enviable, au cinquième rang. Pour s’y relancer, la banque devrait fortement investir mais le souhaite-t-elle réellement ? C’est en Afrique de l’Ouest, anglophone (hors Nigeria) comme francophone, qu’Ecobank compte ses plus belles pépites : rentabilité des fonds propres supérieure à 25 % et forte position de marchés (toutes les filiales pays de la zone sont dans le Top 3). Le groupe y réalise environ la moitié de ses revenus et, en 2016, la région lui a apporté 194 millions de dollars de profits nets, quand les autres filiales plombaient les comptes… Un retrait de pays situés dans la région semble donc impossible même pour les plus petits (en raison du commerce intrarégional, relativement développé), à l’exception peut-être de la Sierra Leone, où Ecobank est mal positionné. La situation est toutefois perfectible : en zone francophone notamment, le coefficient d’exploitation reste élevé, au-dessus de 60 % à la mi-2017. Outre la digitalisation et la maîtrise des coûts, un autre projet pourrait voir le jour, rendu possible par la réglementation dans la zone Uemoa: le remplacement des filiales nationales par une organisation en succursales, avec une maison mère régionale principale, certainement la Côte d’Ivoire. Ce pays est en effet le poids lourd francophone de la région pour Ecobank (le Ghana l’étant pour l’Afrique de l’Ouest anglophone) : 24 % des actifs et plus de la moitié des bénéfices dans la zone.

Ouganda Rwanda Burundi

Kenya

Tanzanie

Zambie

Malawi Mozambique

Cette évaluation a été faite en croisant plusieurs critères : taille et potentiel du marché, position concurrentielle d’Ecobank, nature clé du pays dans la stratégie du groupe.

C’est en Afrique de l’Ouest que le groupe compte ses plus belles pépites.

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SOURCE : JEUNE AFRIQUE - DEVLHON CONSULTING

[Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie], une seule était profitable, celle du Burundi », concédait en 2014 Ehouman Kassi, alors DG d’Ecobank au Kenya. Depuis, le banquier ivoirien a cédé sa place à la tête de cette filiale stratégique pour l’avenir du groupe en Afrique de l’Est, et la situation ne s’est guère améliorée. En 2016, ces mêmes filiales ont cumulé l’équivalent de plus de 40 millions de dollars de pertes… Une sérieuse préoccupation alors que la plupart restent petites à l’échelle du groupe et même sur leurs propres marchés : en Tanzanie, au Kenya, en Ouganda et au Soudan du Sud, les filiales d’Ecobank n’apparaissent pas dans le Top 10 local. Le Rwanda et le Burundi, où la position du groupe est meilleure, restent de petits marchés bancaires aux perspectives in fine assez limitées. Sur les deux principaux marchés de la zone, le Kenya et la Tanzanie, Ecobank est en situation délicate. Dans le premier, la banque a enregistré une très grosse perte en 2016 (19,4 millions de dollars, sans doute due à des provisions importantes sur certains crédits). Elle a fermé au premier semestre de 2017 neuf de ses vingt-neuf agences, mettant un terme à ses ambitions passées (pourtant déjà modestes) d’atteindre une quarantaine de sites. En Tanzanie, la situation n’est guère meilleure: classée autour du quinzième rang local, la banque a vu ses prêts douteux s’envoler ces dernières années, pour atteindre 57 % du portefeuille, un niveau qui laisse craindre le pire pour l’établissement. Dans la zone, un retrait intégral du groupe Ecobank est possible mais reste peu probable : le Kenya, la Tanzanie ou l’Ouganda conservent un véritable potentiel, et Nairobi demeure central pour le groupe hors de son bastion historique ouest-africain. En revanche, l’avenir du Rwanda, du Burundi et du Soudan du Sud semble clairement en jeu. De manière générale, toutefois, un repositionnement est envisageable en faveur d’un système de banques sans agences tournées vers le digital, et des activités spécialisées (trade finance, trésorerie).


22

Afrique subsaharienne

Baromètre Les géants de la zone franc Les trios de tête de notre étude exclusive ne changent pas. Mais l’écart entre groupes marocains et français se creuse.

LES TITANS DE LA ZONE FRANC

6 114 Ecobank

4 397

4 189

Société générale

BMCE Bank

FRÉDÉRIC MAURY

P

our la troisième année consécutive, Jeune Afrique publie son baromètre annuel des grands groupes bancaires de la zone franc. Une manière de mesurer le poids exact des acteurs, locaux et étrangers, qui, s’ils ne sont pas toujours leaders dans chacun de leurs pays d’implantation, ont développé de vastes réseaux dans l’ensemble de la région. Ce palmarès est aussi l’occasion de mesurer l’évolution des forces en présence. Premier constat : après le chamboulement connu l’année dernière en zone Uemoa (BCP avait alors dépassé Société générale grâce notamment à l’acquisition de BIA Niger), les trios de tête des groupes bancaires actifs en zone franc, Uemoa et Cemac sont restés les mêmes en 2016. Ecobank demeure ainsi, en matière de total de bilan cumulé, numéro un dans l’ensemble de la zone franc mais aussi dans sa partie ouest-africaine. Mieux, le dynamisme de certaines ses filiales dans la région, notamment en Côte d’Ivoire, permet au groupe panafricain d’accroître la distance qui le sépare désormais de ses poursuivants, BMCE Bank ofAfrica,Sociétégénérale,Banque centrale populaire et Attijariwafa Bank. La domination d’Ecobank s’explique notamment par l’excellente position de ses filiales francophones ouest-africaines, qui figurent toutes dans le top 3 national. En zone Cemac, en revanche, le groupe peut encore espérer progresser, la plupart de ses entités dans la zone étant au-delà de la troisième position. En matière de revenus (produit net bancaire), ce positionnement est d’ailleurs confirmé: Ecobank finit une nouvelle fois au premier rang en zone franc et dans l’Uemoa, se classant deuxième en zone Cemac, nettement derrière BGFIBank.

de la zone franc, tant en ce qui concerne les actifs totaux que les crédits, la création d’agences et les effectifs. Un phénomène qui est la conséquence logique de son déploiement géographique : déjà très fort en Afrique centrale, le groupe se développe dans l’Uemoa, où il compte désormais trois pays d’opération (la Côte d’Ivoire, le Bénin et, depuis 2015, le Sénégal). L’autre groupe particulièrement dynamique de Dakar à Douala est BMCE Bank of Africa. Malgré une faible présence en Afrique centrale (où il ne compte à ce jour que deux pays d’opérations, le Congo-Brazzaville et, depuis peu, le Cameroun), la banque marocaine se classe selon tousnos critères aupremierouau deuxièmerangen matièred’évolutionannuelle.Selonnotrepartenaire Devlhon Consulting, elle a notamment ouvert 38 nouvelles agences dans la région en 2016. En 2015, elle s’était déjà classée numéro un sur ce critère, avec l’ouverture de 19 nouvelles agences. Grâce à cet investissement massif, BMCE Bank of Africa se hisse d’ailleurs au deuxième rang en zone franc, à égalité désormais avec Ecobank (dont leparcd’agences atendance à stagner), avec 317 agences recensées en 2016. Face à cela, les banques françaises sont loin d’être passives : Société générale conserve son deuxième rang régional pour les actifs et les revenus et vole même à Ecobank la première place pour les crédits, tandis que BNP Paribas pointe son nez dans le trio de tête en matière d’évolution annuelle des revenus et des crédits. Mais le quasi-abandon des ambitions du groupe BPCE en Afrique subsaharienne (ambitions affichées il y a quelques années, mises à mal par la crise qui a sévi au sein de la filiale camerounaise du groupe), les fortes exigences capitalistiques en Europe et le désengagement de BNP Paribas de sa filiale gabonaise laissent penser que l’écart, déjà important, entre groupes français et groupes marocains en zone franc et dans l’Uemoa devrait continuer de se creuser. En 2016, les actifs totaux des groupes marocains ont ainsi progressé de 8,5 % dans l’ensemble de la zone tandis que ceux de leurs concurrents français augmentaient de 4 %.

Dans l’Uemoa, le dynamisme d’Ecobank lui permet de creuser l’écart avec ses poursuivants.

CHALLENGER. Le groupe situé au Gabon s’affirme

d’ailleurs d’année en année comme le nouveau vrai challenger dans la région, malgré les crises récurrentes de gouvernance qu’il connaît dans certaines de ses filiales et même à Libreville. BGFIBank apparaît parmi les trois groupes les plus dynamiques JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

364

282

Ecobank

227

Société générale Attijariwafa Bank

Société générale

2 759

Ecobank

2 612

Attijariwafa Bank

2 125

372

Attijariwafa Bank

317

Ecobank

317

BMCE Bank

Ecobank

4 279

Société générale

3 820

Attijariwafa Bank

3 686

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


23

LES ROIS DE L’UEMOA

LES CRACKS DE LA CEMAC

LE MATCH MAROC-FRANCE

Actifs totaux

Actifs totaux, zone franc

(en milliards de F CFA)

(en milliards de F CFA)

4 840

3 959

Ecobank

BMCE Bank

Banques marocaines

3 079

2 390

1 776

Groupe BCP

BGFI Bank

Afriland

1 389

Société générale

PNB

255

189

179

167

BMCE Société Bank générale

BGFI Bank

103

108

Ecobank Société générale

Crédits

Banques marocaines

Banques françaises

Ecobank

1 926

BGFIBank

BMCE Bank

1 850

Afriland

1 816

1 525

Agences

8

BMCE Bank

PNB

8

8

BMCE Bank

6

Société générale

4 416

Banques marocaines

8

BGFI Bank

variation en %, 2015-2016

BNP Paribas

Banques françaises

943

15

Ecobank

9 598

1 266

Société générale

Actifs totaux

variation en %, 2015-2016

7 107

Actifs totaux Cemac

(en milliards de F CFA)

Société générale

Banques françaises

Actifs totaux Uemoa

(en milliards de F CFA)

Ecobank

10 758

Méthodologie

LES CHAMPIONS DE LA CROISSANCE

Crédits

variation en %, 2015-2016

2 690

14

BMCE Bank

14

BNP Paribas

1 160

Agences zone franc

10

BGFI Bank

Nouvelles agences

297

BMCE Bank

260

Attijariwafa Bank

112

68

65

249

Ecobank

2 992

38

24

12

343

Banques françaises

Attijariwafa Société Bank Ecobank générale

Effectifs Ecobank

903

Banques marocaines

8 184

Banques françaises

6 232

Ecobank

1 287

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

Société générale

BGFI Bank

Banques marocaines

Attijariwafa Bank BMCE Bank

2 744 2 577

BMCE Société Bank générale

BGFI Bank

1 274 1 133

variation en %, 2015-2016 BMCE Bank

5

BGFI Bank

2

Société générale

2

SOURCE : JEUNE AFRIQUE – DEVLHON CONSULTING (POUR LES AGENCES) DONNÉES 2016

AVEC

Pour parvenir à mesurer le poids des grands groupes bancaires dans la zone franc, Jeune Afrique a compilé les bilans financiers de l’ensemble de leurs filiales dans les quatorze pays subsahariens concernés. Les chiffres sont arrêtés à fin 2016, sauf pour les banques suivantes, dont nous n’avons pu obtenir les données actualisées : BIA Niger (filiale du groupe marocain Banque centrale populaire), BIA Togo et Union gabonaise de banque (branche d’Attijariwafa), Congolaise de Banque (filiale de BMCE Bank), Ecobank Congo, Ecobank Guinée équatoriale et CCEI Bank (appartenant à Afriland). Pour les groupes dont le siège est situé dans l’un des pays de la zone (Ecobank et BGFI Bank), seuls les chiffres des filiales exerçant dans la zone ont été pris en compte, les chiffres consolidés des holdings étant évidemment exclus. Les données ont été comptabilisées en intégralité, même si le groupe étudié ne possède pas 100 % du capital. Seules exceptions : Banque de développement du Mali, dont les données n’ont été ajoutées au total de BMCE Bank qu’à hauteur du capital détenu. La Congolaise de Banque, autre filiale de BMCE, a été comptée en totalité, dans la mesure où le groupe marocain en a le management. Les chiffres concernant les agences ont été compilés en exclusivité pour Jeune Afrique par le cabinet Devlhon Consulting. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


Afrique subsaharienne

Yoann Lhonneur « Les banques font globalement une pause dans la croissance de leurs réseaux » EXPERTISE

En 2016, en zone franc, les réseaux d’agences des grands groupes bancaires se sont assez peu développés tout en étant en phase active de conquête de la clientèle. Décryptage de ce phénomène paradoxal. Propos recueillis par

FRÉDÉRIC MAURY

JEUNE AFRIQUE : Les banques africaines sont toutes parties à la conquête du grand public. Cette stratégie se traduit-elle par des créations massives d’agences, notamment en zone franc ?

YOANN LHONNEUR : Massives, non. Les banques font globalement une pause dans la croissance de leurs réseaux et anticipent les problèmes de la course à la taille. Cette pause est aussi tirée par certaines mesures sèches de rationalisation des coûts, comme chez Ecobank. Pour libérer des investissements informatiques et digitaux, certaines banques, sud-africaines par exemple, réduisent leurs coûts immobiliers en fermant des agences. Mais pour conquérir des parts de marché, il y a toujours un intérêt à investir à partir d’un certain seuil d’agences. Ainsi, la pause pourrait n’être que limitée sur le court-moyen terme. L’Afrique ne fera pas vraiment exception ni à une certaine massification des réseaux ni aux points de vente nouvelle génération vus en Asie et en Amérique du Sud. Selon notre benchmark Devlhon Consulting, pour dix pays de l’Uemoa et de la Cemac, la présence moyenne des banques leaders passera de 0,5 acteur par agglomération à 1,7, avec l’émergence d’ici à quinze ans de 380 nouveaux nœuds urbains de plus 10 000 habitants. L’agence physique traditionnelle n’estelle pas adaptée au continent ?

On assiste peut-être au dernier souffle des réseaux bancaires à l’ancienne, devenus parfois difficiles à rentabiliser. Il ne suffit pas d’avoir un large réseau, il faut savoir l’utiliser. Au fond, l’investissement qualitatif sur l’« agence bancaire africaine » a été jusqu’ici le parent pauvre. Les acteurs n’ont pas encore trouvé la formule optimale du parcours client et JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

cherchent la recette gagnante – agences de masse, spécialisées, agences satellites, agences mobiles – sans toujours repenser le cœur de l’agence, le bon appui des fonctions centrales et la formation en se reposant sur des produits simples et sur des scoring industrialisés. Les initiatives de Société générale dans l’Uemoa, Loxia de BGFI,, Amifaa pou pour BCP-ABI C sont so t à scrusc u ter. Ideem pour BOA Sénégal, qui cible ntèle en nouant des partenariats la clien avec dees GIE locaux tout en mettant en une force de vente mobile place u hée à l’agence. rattach De nouv veaux modes de dison se développent : tributio le digittal, bien sûr, mais aussi le es agences légères, l’agen cy banking et le e banking… mobile

Les gains g exponentiels du digital et du mobile banking – vitessse des services et de réducttion des coûts par traansaction – ne sontt plus à démon ntrer.

VINCENT FOURNIER/JA

24

Le directeur associé de Devlhon Consulting, cabinet de conseil spécialiste du secteur financier.

Mais l’activité et l’équipement des comptes bancaires mobiles restent souvent faibles. En même temps, les agences sont incontournables pour la conquête et constituent un vecteur pour éduquer les clients aux services digitaux. L’innovation ne constitue donc pas qu’un enjeu technologique, et le succès réside certainement dans le couplage de canaux non traditionnels et de petites agences légères. Depuis deux ans, les banques africaines sortent du bois sur l’innovation digitale: investissements, ouverture aux Fintech, culture data. Quel est l’impact de la création de plateformes régionales de back--offices ?

Ces banques veulent attteindre des masses critiques comp pte tenu de la fragmentation dees marchés. L’efficacité opérattionnelle et la performance commerciale deviennent les deu ux faces de la même pièce. Le p premier effet direct de la créaation de ces usines de traitem ment et de ces centres de servicces partagés est de permettre laa maîtrise du coût unitaire. Les analyses de Devlhon montrrent d’autres gains induiits: meilleure qualité de service, meilleu urs délais et maîtrisedesrisques. Ces prrogrammes de tran nsformation impliq quent le repositionn nement des réseau ux d’agences en déégageant un maximum de tâchess administratives p pour qu’elles se con ncentrent sur la com mmercialisation. Cela ouvre ausssi la voie à dess externalis ations et à d business du p process outs sourcing. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017



26

Afrique subsaharienne

Stratégie En RD Congo, Equity Bank passe aux travaux pratiques Propriétaire depuis deux ans d’une banque congolaise, le groupe kényan innove pour bancariser. Mais les défis culturels et ceux liés à l’environnement économique freinent sa progression. WILLIAM CLOWES,

à Kinshasa

E

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

permettre aux gens d’ouvrir des comptes sans un dépôt initial ou un sponsor, précise Mukeba, mais aussi la première à introduire des guichets automatiques et des cartes Visa. « Les commissions qu’ils [Equity] facturent sont compétitives, ils ont fortement investi dans la formation, et, surtout, leurs technologies fonctionnent », confirme un propriétaire de PME basé à Kinshasa, qui renchérit : « On sent qu’ils essaient d’améliorer la banque malgré un environnement difficile. » Aujourd’hui, ProCredit se développe sur de nouveaux terrains, tels que Agence de ProCredit Bank, à Kinshasa, en juillet 2017.

JOHN BOMPENGO POUR TAR

n RD Congo, les conditions économiques et politiques ont beau être difficiles, l’équipe de gestion aux commandes de ProCredit Bank reste optimiste. Tous croient dans l’innovation, dans les ressources de leur actionnaire majoritaire et dans les immenses opportunités offertes par l’un des pays les moins bancarisés d’Afrique. En septembre 2015, le groupe Equity, la plus grandebanqueauKenyaparlavalorisation boursière, a dépensé plus de 40 millions de dollars(environ33,5millionsd’euros)pour l’acquisition de 79 % de cet établissement avant, douze mois plus tard, d’augmenter sa participation à 85,9 %. Le groupe bancaire s’implantait alors dans son premier marché francophone. À la suite de cet achat, James Mwangi, le très médiatique PDG d’Equity Bank, avait déclaré vouloir «fournirauxnombreusespersonnesquine sont pas encore bancarisées dans ce vaste pays un accès aux services financiers ». Les anciens actionnaires de ProCredit (une institution financière située en Allemagne, détenue notamment par IFC, filiale de la Banque mondiale) avaient piloté leur filiale comme un véhicule de développement pour soutenir les petites et les moyennes entreprises (PME). « Ils ont laissé une banque bien gérée, avec de bons process, une très bonne formation, quelques succursales à travers le pays, en particulierdanslesgrandesvilles.C’estune excellente institution financière pour un repreneur », explique Michel Losembe, président de l’Association congolaise des banques (ACB) de 2008 à 2016. Selon Célestin Mukeba, directeur général de ProCredit depuis 2014, l’arrivée du nouvel actionnaire kényan a aidé sa banque à consolider sa réputation de « banque de référence pour les PME et l’inclusion financière » tout en lui permettant de développer son offre. ProCredit a été la première banque congolaise à

l’agro-industrie, et cherche à attirer la clientèle des grandes entreprises, un business dominé aujourd’hui par les grandes banquesfamiliales,politiquementconnectées, comme Rawbank, Trust Merchant Bank (TMB) et Banque commerciale du Congo. Mais l’essentiel des fonds apportés par Equity nourrit les efforts visant à reproduire le modèle qui a connu un vif succès au Kenya et dans d’autres marchés d’Afrique de l’Est. « Equity était une petite banque, et Mwangi en a fait l’un des outils les plus solides de pénétration du marché grâce à la technologie des services bancaires mobiles », s’enthousiasme Michel Losembe.Prometteur,l’avenirdeProCredit dépendra, selon Célestin Mukeba, du vaste réseau d’agents que la banque veut bâtir à travers le pays, la RD Congo étant à la fois immense et mal connectée en matière d’infrastructures. « L’année dernière, nous

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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avons injecté plus de 20 millions de dollars [provenant d’Equity], et les actionnaires s’engagent fermement à investir encore 40 millions de dollars pour permettre le déploiement de ce réseau. » L’objectif est de permettre à ProCredit d’avoir des succursales dans toutes les grandes villes du pays, afin de servir de centres de support aux agents, généralement des petits magasins qui proposent les services de la banque. « Nous voulons couvrir tout le pays, et nous y arriverons étape par étape. Les ouvertures d’agences physiques sont extrêmement coûteuses, c’est pourquoi la banque avec un minimum de succursales est notre solution », ajoute-t-il, avant de souligner que « les agents sont rémunérés pour les transactions qu’ils réalisent ». Selon le directeur général, les progrès de ProCredit sont notables depuis l’entrée d’Equity en RD Congo. « En 2016, beaucoup de banques congolaises ont connu des pertes. Nous avons été quatrième ou cinquièmeentermesderentabilité.»L’actif total de la banque est passé de 213 millions de dollars en 2014 à 317 millions à la fin de 2016, pour une part de marché de 8 % (au sixième rang national). Le bénéfice avant

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

impôts a atteint 4,9 millions de dollars. La banque compte maintenant 35 succursales à l’échelle nationale, contre 15 il y a deux ans, tandis que le nombre d’agents a triplé pour atteindre 676 à la fin de 2016, et environ 1 000 aujourd’hui. La banque développe également les services bancaires mobiles, comme l’application Eazzy247, qui permet aux clients ProCredit de vérifier leurs comptes et d’effectuer des retraits à partir de leurs téléphones mobiles, mais aussi de réaliser certains paiements. CONCURRENCE. Un terrain sur lequel

ProCredit n’est pas seul, tant s’en faut. «Tout lemondeira verslemodèled’agency banking et les services bancaires numériques, prédit Michel Losembe, parce que le modèle traditionnel de croissance bancaire est trop coûteuxen RDCongo.» Ainsi, TMB, qui construit également un réseau impressionnant d’agents, est devenu, l’année dernière, la première banque congolaise à offrir à ses clients une application mobile, tandis que Finca, une institution multinationale de microfinance à but non lucratif, a récemment recruté 1000 agents à travers le pays. Mais la concurrence n’est en rien un souci pour ProCredit en raison des taux extrêmement faibles d’inclusion financière en RD Congo : 4 % à 5 % de la population active y dispose d’un compte bancaire – environ 10 % si l’on inclut les utilisateurs de services bancaires non traditionnels, tels que les portefeuilles mobiles. D’autres défis plus complexes existent, le principal étant l’absence flagrante d’éducation financière. La RD Congo n’est pas l’un de ces pays d’Afrique de l’Est où l’innovation et la culture financière sont déjàrépandues,alors«JamesMwangiaura du mal à déployer le même modèle sans apporter de sérieuses adaptations à l’environnement congolais, confie Losembe. Au Kenya, il existe déjà un niveau élevé de pénétration bancaire, ce qui a facilité la conversion des clients en agents ». En RD Congo, la plupart des petits commerces, le genre de structures susceptibles de devenir des agents de ProCredit, ne sont pas bancarisés et souvent méfiants vis-à-vis du système financier. La récente faillite de deux banques (dont la BIAC, l’une des plus importantes du pays) et d’une grande coopérative n’a pas arrangé les choses. « La plupart du temps, ce que les gens veulent, c’est trouver un guichet et convertir immédiatement

Près de 30 000 agents dans six pays Nombre d’agents indépendants (commerces, autres) travaillant pour Equity Bank Group à la fin de 2016 Kenya

27016 Tanzanie

1 071 Rwanda

798 RD Congo

676

Soudan du Sud

0

Ouganda

0

cette monnaie numérique en billets de banque », explique Losembe. Ces défis culturels sont aggravés par la situation économique et politique. Après une période de croissance galopante axée sur le secteur minier, la baisse du prix des matières premières, en particulier du cuivre, du cobalt et du pétrole, a entraîné ces deux dernières années une stricte réduction des recettes publiques, et les réserves étrangères de la Banque centrale ont atteint des niveaux dangereusement bas. Le franc congolais a perdu près de la moitié de sa valeur par rapport au dollar, et l’inflation est cette année supérieure à 30 %. Le pouvoir d’achat, déjà faible, de la population a chuté, et les entreprises souffrent. Les élections, initialement prévues en novembre 2016, ont encore été repoussées, et le très impopulaire président, Joseph Kabila, a par conséquent outrepassé sa limite de deux mandats. Malgré ce contexte délicat, Célestin Mukeba maintient son plan de développement, tout en précisant : « Nous sommes extrêmement sélectifs et prudents en ce qui concerne le financement… » JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


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Afrique subsaharienne

Idrissa Nassa « Les banques locales sont plus sensibles aux besoins de financement » INTERVIEW

l’Ouest, dans laquelle nous devons conforter notre assise.

Le fondateur et actionnaire majoritaire de Coris Bank prépare les nouveaux chantiers du groupe, avec l’ambition tenace de rester la banque des PME et de conquérir d’autres marchés. Propos recueillis à Ouagadougou par

NADOUN COULIBALY

JEUNE AFRIQUE : L’année dernière, votre groupe bancaire a enregistré un résultat net en hausse de 32 % et un total de bilan en augmentation de 46,6 %. Peut-on croître si vite en gardant la maîtrise des risques ? IDRISSA NASSA : Bien sûr ! Notre

groupe a poursuivi sa croissance en 2016 grâce à de bonnes performances commerciales conjuguées à une bonne maîtrise des risques et des charges. Notre total de bilan a atteint 885 milliards de F CFA [1,35 milliard d’euros] pour un résultat net de 16,4 milliards, en hausse de 9,2 % sur un an, conférant la première place à Coris. En effet, le groupe Coris a fait de la saine gestion de son portefeuille et de la rigueur opérationnelle deux de ses leviers stratégiques. Notre taux de dégradation du portefeuille est à moins de 5 %, un niveau conforme à nos objectifs. En parallèle, sous l’égide du holding, les capacités des structures opérationnelles ont été renforcées avec une augmentation du capital à 32 milliards de F CFA pour renforcer nos fonds propres. Et, ce faisant, notre groupe se prépare minutieusement à l’entrée en vigueur, à partir de 2018, des normes de Bâle II-III dans l’Umoa, qui sont beaucoup plus

exigeantes, notamment en matière de gestion des risques. Géographiquement, Coris est largement sorti du Burkina : vous êtes désormais implanté dans plusieurs pays de l’espace Uemoa. Quelle sera la prochaine étape ?

Effectivement, après la création de Coris Bank International, en 2008, qui s’est vite imposé en tant qu’acteur incontournable du système bancaire burkinabè, nous avons amorcé notre stratégie de développement à l’international en 2012 avec l’implantation d’une filiale en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, le groupe, chapeauté par Coris Holding, exerce les métiers de la banque,del’assurance,del’intermédiation boursière, et bientôt de la microfinance. Il est présent également au Bénin, au Mali, au Togo et au Sénégal. Dans notre stratégie de déploiement à l’international, nous continuerons de privilégier naturellement une approche graduelle et structurante, en vue de saisir les meilleures opportunités d’investissements et de participer efficacement au financement des économies de nos pays d’implantation. Quels pays visez-vous en particulier ?

Il est trop tôt pour dévoiler leurs noms. Mais notre priorité reste l’Afrique de

Irez-vous jusqu’en Afrique centrale ? Votre nom a été cité comme candidat à la reprise des parts de la filiale de BNP Paribas au Gabon…

L’Afrique centrale présente des opportunités certaines d’investissements et offre l’avantage, s’agissant de la zone Cemac, de disposer d’un cadre réglementaire des activités bancaires proche de la zone Uemoa. Cela constitue assurément un atout important pour motiver d’éventuelles décisions d’investissement dans cette partie de notre continent. Mais, encore une fois, notre déploiement dans d’autres pays s’appuiera prioritairement sur les principes directeurs contenus dans notre stratégie de groupe. Tout marché à fort potentiel comme le Gabon nous intéresse. Pourriez-vous acquérir des groupes de taille moyenne comme Oragroup ?

Nous n’excluons aucune éventualité.

Dans l’Uemoa comme dans la Cemac, les taux de pénétration bancaire restent très bas. N’y a-t-il pas une incapacité des banques à conquérir une clientèle au-delà des grandes entreprises, des PME et des salariés et fonctionnaires ?

Même si l’on note une amélioration du taux de bancarisation dans l’Uemoa et la Cemac, celui-ci reste effectivement faible – comme vous l’évoquez. À l’heure actuelle, les coûts des services bancaires,

Une décennie de développements

2008

Fondation de Coris Bank International au Burkina Faso, héritière de la Financière du Burkina JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

2010

Création de Coris Bourse et de Coris Assurances, au Burkina Faso

2013

Création de CBI Côte d’Ivoire

2014

En octobre, lancement officiel des activités au Mali

2015

Démarrage des activités de CBI Togo et de Coris Assurances Vie

2016

En novembre, ouverture de la succursale au Sénégal, puis en décembre de celle au Bénin. Le groupe bancaire s’introduit sur la BRVM, suscitant l’intérêt de 15 000 nouveaux actionnaires SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


Le chef d’entreprise à Ouagadougou, le 18 septembre 2017.

qui sont affectés par les charges d’exploitation des banques et le coût du risque, sont élevés par rapport au pouvoir d’achat. Il s’y ajoute la faiblesse d’une culture financière des populations, plus enclines à la thésaurisation de leurs avoirs. Cela dit, je puis vous assurer qu’au Burkina, et mêmepartout oùnotre groupeest présent, nous avons contribué considérablement à l’amélioration du taux de bancarisation par la mise en œuvre d’une politique de proximité, avec l’implantation d’agences dans les zones les plus reculées de nos pays et par la mise sur le marché de produits innovants destinés aux populations peu servies par le système bancaire telles que les jeunes, les femmes, le secteur informel, le monde rural… SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

D’autres acteurs, tels les opérateurs télécoms ou les fintech, ne sont-ils pas mieux placés ? Comment appréhendezvous l’arrivée par exemple du français Orange sur le terrain des transferts d’argent ?

Effectivement, certains acteurs qui n’ont pas comme cœur de métier les activités bancaires réalisent des performances remarquables sur des créneaux spécifiques, notamment le transfert d’argent et la gestion de la monnaie électronique. Pour ma part, je considère que les opérateurs tels qu’Orange contribuent à leur manière à l’accompagnement des activités des particuliers et des entreprises, en complément des acteurs du système bancaire. Je rappelle

que la plupart de ces activités ne peuvent s’opérer dans notre zone qu’en partenariat avec une banque agréée par la BCEAO. D’ailleurs, notre groupe a conclu plusieurs conventions de partenariat avec certains de ces acteurs pour la commercialisation de produits innovants. Toute la profession parle aujourd’hui de banque digitale. En quoi est-ce désormais opportun pour les banques de se lancer sur ce créneau et quelles sont les ambitions de votre groupe dans ce domaine ?

La digitalisation a révolutionné la pratique bancaire africaine en lui permettant d’étoffer l’offre de services traditionnels par des produits financiers innovants et JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SOPHIE GARCIA POUR JA

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Afrique subsaharienne accessibles à une plus grande partie de la population. En effet, les innovations technologiques comme le mobile banking et le paiement mobile, qui ont profité d’une évolution favorable du taux de pénétration des services de téléphonie, ont connu une montée en puissance au cours de cette décennie. Le groupe Coris a amorcé sa transformation digitale par le lancement d’applications mobiles bancaires, l’accès aux services bancaires à distance. Notre ambition est d’arriver à la numérisation de nos processus opérationnels. Certains acteurs du secteur bancaire estiment que les contraintes réglementaires pesant sur les banques augmentent constamment. Partagez-vous ce point de vue, et, si oui, le regrettezvous ?

Le renforcement des contraintes réglementaires se justifie par le fait que les banques jouent un rôle primordial dans l’économie. La réglementation a pour objectifs d’assurer la stabilité du système bancaire et financier, d’inciter les banques à renforcer leurs fondamentaux, leur gouvernance et la gestion des risques. Ainsi, de mon point de vue, ces contraintes ne constituent pas en elles-mêmes un frein pour le secteur bancaire mais plutôt un moyen d’assurer sa pérennité. Dès janvier 2018, l’entrée en vigueur des normes bâloises dans l’espace Umoa induira plus de contraintes, notamment dans l’octroi des crédits, y compris aux petites et moyennes entreprises, votre cœur de métier. N’est-ce pas un frein réel à votre croissance ?

À mon avis, notre groupe, à l’instar des autres banques de la zone, devra renforcer la qualité de ses fonds propres et améliorer sa gestion des risques afin de se rendre plus robuste. L’entrée en vigueur de nouvelles normes en 2018 ne freinera

« Les contraintes réglementaires ne constituent pas un frein pour le secteur bancaire, mais plutôt un moyen d’assurer sa pérennité. » JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

pas notre capacité à financer l’économie, encore moins notre croissance. Notre groupe aborde ce passage avec confiance et, de ce fait, s’est attaché les services de cabinets spécialisés dans les domaines précités. Aussi, il dispose des moyens de renforcer ses fonds propres. Quel sens donner au changement de gouvernance mis en œuvre cette année par votre groupe, avec la séparation des postes de président du conseil d’administration et de directeur général de la principale filiale au Burkina Faso ainsi que votre installation aux fonctions de présidentdirecteur général de Coris Holding ?

Numéro 1 au Burkina Total de bilan en milliards de F CFA, à la fin de 2016 Coris Bank

884,998 Ecobank Burkina

825,288 Bank of Africa Burkina

714,127

populations modestes. Les programmes de développement lancés par les gouvernements de nos pays d’implantation ne seront pas en reste. Au Mali et au Sénégal, Coris Bank s’illustre dans le financement du secteur minier. Pourquoi estil important pour votre groupe d’appuyer les projets miniers, pourtant longtemps convoités par les seules banques occidentales ?

Ce n’est pas que le secteur minier suscite peu d’intérêt auprès des banques locales. C’est qu’en réalité les montants des financements Banque Atlantique sollicités par ce secteur Burkina Faso sont trop importants pour ces dernières, qui ne disposent pas de suffisamAyant atteint une taille ment de fonds propres. critique, il était devenu nécessaire de refonder En effet, la réglementation le modèle structurel du groupe. Cette prudentielle limite la prise de risques réflexion avait débouché sur l’adoption sur un seul client par rapport au niveau d’une organisation holding-filiales afin des fonds propres des banques. Nous d’optimiser l’organisation, la gestion parvenons néanmoins à octroyer des et la performance des entités. Aussi, financements dans ce secteur grâce à une syndication à l’intérieur du groupe pour aligner la banque sur les meilleures pratiques en matière de gouvernance et en s’associant avec des institutions partenaires. d’entreprise, les fonctions de président du conseil d’administration et de directeur général ont été séparées. À cet égard, Vous dirigez l’un des rares groupes il me plaît aussi de vous informer que bancaires d’Afrique de l’Ouest qui n’est ces mesures ont été accompagnées pas majoritairement détenu par une d’un processus de renforcement de nos institution étrangère. Croyez-vous à l’émergence de groupes locaux, ou le organes délibérants, à travers notamment la cooptation d’administrateurs indésecteur bancaire ouest-africain est-il pendants aussi bien au sein du conseil destiné à être dominé par des invesd’administration de Coris Holding que tisseurs étrangers à la zone ? de celui des filiales. Je crois à l’émergence de groupes locaux. Notre parcours constitue une En quoi ces changements vont-ils consodémonstration parfaite du fait que notre lider les acquis du groupe ? Et quelles zone dispose d’expertises bancaires et financières. Nous avons néanmoins sont désormais vos priorités ? besoin d’accompagnement, aussi bien Cette réorganisation a pour objectifs de la part du régulateur que des autod’améliorer la gestion, de créer une dynarités politiques. Tout en reconnaismique de fonctionnement plus souple, sant l’apport inestimable des banques de développer des synergies entre les différentes entités du groupe au service de étrangères, je demeure persuadé qu’une banque détenue majoritairement par la clientèle. Ainsi, le groupe entend jouer des privés locaux est plus sensible aux pleinement son rôle dans l’accompagnement de tous les segments de clientèle, et besoins de financement qu’une banque internationale. plus particulièrement des PME-PMI et des Société générale Burkina Faso

481,451 369,889

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017



Afrique subsaharienne

ARLETA CHOJNACKA/CIT’IMAGES

Nouvel entrant

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BANQUES ASCENSION COMPLIQUÉE Nouveau venu dans notre palmarès, Bank of Africa Sénégal connaît une croissance à deux chiffres. Mais les deux dernières années ont été marquées par d’importantes provisions. largement dans le vert au premier trimestre de 2017, avec un produit net bancaire en hausse de 28,8 % (en glissement annuel) et des profits multipliés par 6,5. ernière née des Bank of Africa en zone Uemoa, BOA Sénégal a passé en 2016 le cap des quinze ans Au sein du groupe Bank of Africa, la filiale se classe d’existence. Un cru à la fois difficile et exaltant désormais au quatrième rang par les actifs, derrière le puisque, dans le même temps, le directeur Bénin, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, mais général de la banque sénégalaise, devant le Mali, pourtant l’un des piliers hisRang dans Laurent Basque, décédait brutaletoriques du groupe. Au niveau sénégalais, les 200 : ment le 10 février, et les indicaBank of Africa se classe au quatrième e teurs financiers de l’établissement rang par le total de bilan, derrière bancaire s’amélioraient nettement, CBAO, SGBS et Ecobank, mais au Nationalité sénégalaise avec une hausse de ses dépôts de second par le nombre d’agences 54,7 %, de ses crédits de 21,9 %, (42 à la fin de 2016). En matière de Date de création 2001 de ses revenus de 29,5 % et l’ouvercrédits, sa part de marché s’élève Actionnaire ture de neuf nouvelles agences. à 7 % tandis que celle sur les dépôts BMCE Bank of Africa frôle désormais les 11 %. Ses profits ont quant à eux doublé. Total de bilan 2016 Un dynamisme qui lui a permis d’inté840 millions de dollars grer pour la première fois de son Cette performance s’est déroulée dans Produit net bancaire 2016 un contexte pourtant délicat, en raison existence notre classement des 200 35,4 millions de dollars de la concurrence croissante dans le secpremières banques africaines, avec un teur bancaire sénégalais (qui compte plus total de bilan de 521,7 milliards de F CFA (795 millions d’euros). Une position qui devrait se d’une vingtaine d’acteurs) mais aussi d’une augrenforcer lors de notre prochain palmarès, puisque les mentation des risques. En 2015, BOA Sénégal avait ainsi dû indicateurs de la banque, cotée à la BRVM, étaient toujours considérablement augmenter le niveau de ses provisions, en raison d’un dossier difficile, celui du groupe Wazni. En 2015, ce dernier avait été accusé d’avoir berné quelques établissements de la place en organisant la faillite de plusieurs de ses sociétés, endettées à hauteur de 22 milliards de F CFA, dont 6 milliards auprès de Bank of Africa. En 2016, la filiale sénégalaise de BMCE a dû également augmenter fortement ses provisions, son coût du risque bondissant de 63,4 %. La banque n’a pas donné d’explications, mais les difficultés pourraient venir de l’huilier Sonacos, racheté en 2016 par l’État et très endetté. Dirigée depuis mai 2017 par Mamadou Igor Diarra, ancien ministre malien des Finances et ancien directeur général de la Banque internationale pour le Mali (BIM), BOA Sénégal devrait désormais pouvoir s’attaquer à son prochain grand chantier : le redressement de la rentabilité. Car si en cinq exercices le total de bilan de BOA Sénégal a été multiplié par 3,3, ses profits ne l’ont été que par 1,7. À 14,6 %, sa rentabilité des fonds propres a certes doublé par rapport à 2015, mais reste bien inférieure à celle affichée par les « stars » du groupe, BOA Mali (25,9 %), BOA Côte d’Ivoire (28,7 %) ou BOA Burkina (27,2 %).

ÉRIC DUPUY

D

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Siège de Bank of Africa à Dakar, en avril 2015. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


LA BOAD RÉALISE AVEC SUCCÈS SA SECONDE ÉMISSION SUR LE MARCHÉ FINANCIER INTERNATIONAL Dans le cadre de sa seconde émission sur le marché financier international réalisée le 27 juillet 2017, la Banque ouest-afriouest afri caine de développement (BOAD) a levé 850 millions de dollars américains correspondant à 730, 74 millions d’euros, soit 479, 33 milliards de FCFA. Le taux d’intérêt de l’opération swappée en euros se situe à 3,25%, sur une maturité de 10 ans. La BOAD se positionne ainsi comme l’une des rares banques de développement d’Afrique subsaharienne à avoir réalisé un emprunt international sur une telle maturité. Cette émission sur le marché international a été très bien accueillie par les investisseurs. 190 souscriptions d’un montant total de 2,6 milliards de dollars américains ont ainsi été enregistrées, contre 1,8 milliard de dollars américains lors de l’émission inaugurale réalisée en avril 2016. Les soumissions retenues proviennent essentiellement du Royaume Uni (39%), des Etats-Unis (27%), de Suisse (15%), du reste de l’Europe (11%), et du reste du monde (8%). Par catégorie socio-professionnelle, les gestionnaires de fonds sont les principaux souscripteurs avec 77% des soumissions retenues, suivis par les banques (10%), les fonds d’investissement (4%), les fonds de pension et compagnies d’assurance (5%), et d’autres catégories (4%). Les agences Fitch et Moody’s ont été chargées de noter l’émission. Les notes délivrées ont été conformes à celles que les deux agences attribuent à la BOAD depuis 2015, soit respectivement « BBB » avec perspective stable, et « Baa1 » avec perspective stable.

Premier émetteur non souverain sur le marché régional des capitaux Le recours au marché financier international est l’une des principales orientations contenues dans le Plan stratégique 2015-2019 de la BOAD. Il se justifie par les besoins importants de financement des Etats membres et de l’étroitesse du marché régional des capitaux, sur lequel la BOAD se situe au premier rang des émetteurs non souverains, avec 991 milliards de F CFA mobilisés à ce jour. L’opération qui vient d’être réalisée contribuera ainsi à diversifier et mieux sécuriser les sources de financement de l'institution, mais également à réduire le coût de ses ressources. A propos de la BOAD Fondée en 1973, la Banque Ouest Africaine de Développement est une institution commune aux 8 Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Ses interventions sont orientées vers trois grandes directions : la lutte contre la pauvreté, la promotion du développement équilibré des Etats membres, et la réalisation de l’intégration régionale. Elle finance des projets publics et privés dans divers domaines, notamment l’agriculture, les infrastructures de transport, l’industrie, l’énergie, l’hôtellerie et les télécommunications. Au 30 juin 2017, le montant de ses financements s’élevaient à environ à 4700 de milliards FCFA pour plus de 1000 opérations. Pour plus d’informations sur la BOAD : www.boad.org

Notre ambition : Devenir une banque de développement forte, pour l'intégration et la transformation économique en Afrique de l'Ouest B.P. : 1172 Lomé TOGO - Tél.: +228 22 21 59 06 / 42 44 - Fax : +228 22 21 52 67 / 72 69 - site web : www.boad.org - E-mail : boadsiege@boad.org


Afrique subsaharienne

La nationalisation de la Bicici a laissé des traces (ici, son siège, en mars 2011).

KAMBOU SIA/AFP

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En Côte d’Ivoire, BNP Paribas privilégie les profits Après être sortie du podium des banques ivoiriennes, la Bicici continue de croître moins vite que la concurrence. Malgré les ambitions affichées par son management. Explications. BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

L

ongtemps numéro deux du secteur, et dans le trio de tête des banques du pays il y a encore dix ans, la Bicici a chuté au sixième rang, dépassée par l’ivoirien NSIA Banque, la panafricaine Ecobank CI, ou les marocaines Société ivoirienne de banque (SIB) et Banque Atlantique CI. Entre 2000 et 2016, le total de bilan de la plus importante filiale subsaharienne de BNP Paribas a été multiplié par 2,1 quand celui de la Société générale de banques Côte d’Ivoire (SGCBI), leader historique, l’était par 3,6, JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

et celui d’Ecobank CI par près de 15. Le constat est le même pour les revenus, avec un PNB multiplié par 1,7 quand ceux de ses concurrents l’étaient respectivement par 2,2 et par 11. Sans surprise, cette contre-performance est d’abord la conséquence de la période tumultueuse traversée par la Côte d’Ivoire entre 1999 et 2011 : alors que les coups d’État ou les tentatives se succèdent, que le pays se retrouve coupé en deux pendant plusieurs années, que les Français quittent massivement le territoire, la banque

voit ses activités stagner jusqu’en 2006, comme la plupart des autres banques. Entre 2006 et 2010, alors que le secteur repart (et l’économie aussi), la Bicici se développe moins vite : le groupe, dont l’activité subsaharienne se marginalise, met beaucoup de moyens sur d’autres chantiers plus stratégiques, comme le rachat de la banque italienne BNL en 2006 puis celui de Fortis en 2008. BNP Paribas renforce alors considérablement son assise en Europe de l’Ouest mais oublie le continent : il vendra ainsi une à une les filiales africaines héritées de l’acquisition de Fortis… Mais c’est surtout à partir SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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RELANCE. Dans le même temps, la concurrence a mis les bouchées doubles. Côté marocain notamment. Rachetée par Attijariwafa Bank, la SIB a ouvert plus d’une trentaine d’agences depuis 2011, deux fois plus que la Bicici. Reprise par la Banque centrale populaire du Maroc, la Banque atlantique Côte d’Ivoire (Baci) a quant à elle récupéré la deuxième place laissée vacante par la filiale de BNP Paribas. Alors que la Bicici avait vu sa place chuter encore, au septième rang en termes de ressources (avec 7 % de parts de marché, contre près de 13 % dix ans plus tôt), Jean Louis Menann assure : « Nous allons rattraper notre retard. » Arrivé à la fin de 2014 en provenance de Bici Guinée, la filiale guinéenne de BNP Paribas, ce banquier ivoirien affirme travailler depuis à la relance de la banque, avec une nouvelle organisation et un plan stratégique de développement, notamment dans la professionnalisation des activités telles que l’affacturage, le trade finance, le change, les financements structurés et le financement des matières premières. La banque a par ailleurs assoupli ses conditions d’ouverture de compte, jugées drastiques, ouvert dix-sept agences depuis 2011 et créé deux centres d’affaires pour SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

L’attitude des dirigeants conforte dans leur idée ceux qui pensent que l’Afrique n’est pas une priorité du groupe. les entreprises. Elle a également renforcé ses effectifs, preuve de son engagement à développer les activités, avec un nombre d’employés passé de 496 en 2011 à 586 à la fin de 2016. Le plan stratégique dénommé « Bicici 2020 » a été lancé en 2017, avec une ambition forte en matière d’innovation. Preuve d’un nouveau dynamisme, la belle endormie s’est même permis ces derniers temps un peu d’agressivité commerciale : dans l’immobilier, la banque propose des taux annuels à 6 %, contre plus de 9 % voire 10 % chez les confrères, une pratique que la Bicici met aussi en place auprès du secteur médical privé, l’industrie pharmaceutique, les cliniques et les laboratoires. Symboliquement, ce retour (bien que timide) sur le devant de la scène de la Bicici a aussi été marqué par la participation de BNP Paribas à l’organisation des trois eurobonds de l’État ivoirien en 2014, 2015 et 2017, mais aussi par l’arrivée à Abidjan en 2015 de JeanLemierreauxcommandesdugroupe. Mais pour l’instant, malgré les efforts, l’accélération ne s’est pas encore traduite dans les chiffres : le total bilan consolidé,

s’il a dépassé le milliard de dollars en 2016, a progressé depuis trois ans à peu près au même rythme qu’au cours des trois années précédentes (environ 6 % par an). Lors de la présentation au début de 2017 de son plan stratégique, le groupe BNP Paribas n’a pas dit grand-chose sur sa politique africaine (le continent étant mêlé à un vaste ensemble appelé Europe-Méditerranée), faisant la part belle à une autre région émergente, l’Asie. Dans une longue interview, le directeur général Jean-Laurent Bonnafé n’a pas une seule fois mentionné le continent. De quoi conforter ceux qui pensent que l’Afrique, notamment subsaharienne, n’est toujours pas une priorité pour le groupe bancaire français, dont l’un des principaux objectifs dans cette zone reste la maîtrise des risques et les profits, davantage que la croissance. De ce côté, la Bicici – connue pour sa prudence – est un bon élève : elle figure en effet, malgré ses faibles performances commerciales, parmi les banques les plus rentables du pays. Le résultat net a bondi de 31 % en 2016, à 12 milliards de F CFA en 2016 (18,3 millions d’euros), plus de 2,5 fois le niveau atteint en 2012. En termes de rentabilité des actifs (résultat net/total de bilan) en 2016, la banque arrive même deuxième au niveau national, occupant dans ce domaine le rang qu’elle a depuis longtemps abandonné dans tous les autres secteurs. Mais la banque française reste toutefois là aussi derrière la Société générale de banques Côte d’Ivoire, plus rentable et dont la croissance n’a jamais réellement cessé de se nourrir de sa position de leader.

Revenus des principales banques ivoiriennes (en millions de dollars) SGBCI Ecobank CIV NSIA Bank CI Banque Atlantique-CIV

150

SIB Bicici BOA-CIV

145,88

112,70

120

94,49 83,83 81,68

90

68,14

60

46,70 30

0

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SOURCE : JEUNE AFRIQUE

de 2010-2011 que la Bicici décroche : alors que la crise présidentielle bat son plein, la banque, tout comme la SGBCI, est nationalisée au début de 2011 par le pouvoir (aux abois) de Laurent Gbagbo. La crise durera quelques semaines, se terminant en mai 2011 avec un véritable traumatisme. « La banque n’a pas repris immédiatement. Les dirigeants étaient choqués par les pertes et ont eu du mal à tourner la page, alors que sa consœur, la SGBCI, s’est remise beaucoup plus vite en ordre de marche », explique un concurrent. La filiale de BNP Paribas limoge tous les cadres ayant continué de travailler pendant la période de nationalisation et doit alors embaucher de nouveaux membres du personnel, dont la formation prend du temps. Au siège du groupe, à Paris, c’est l’attentisme qui prévaut sur fond de rumeurs récurrentes de cession des filiales subsahariennes. « Le caractère délicat de cette période, jalonnée de crises parfois extrêmes, peut être l’une des principales causes d’une performance moindre que celle d’autres acteurs », reconnaît Jean-Louis Menann Kouamé, le directeur général de la Bicici, en poste depuis décembre 2014.


Afrique subsaharienne

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Diane Karusisi digitalise le Rwanda À 40 ans, la patronne de Bank of Kigali dirige le seul établissement rwandais présent dans notre palmarès des 50 premières banques d’Afrique de l’Est. Avec une obsession : innover pour conquérir les jeunes. FRÉDÉRIC MAURY,

D

envoyé spécial à Kigali

iane Karusisi a deux caractéristiques qui la distinguent radicalement du reste de la profession : elle est l’une des rares femmes à la tête d’une des plus grandes banques subsahariennes, et l’une des plus jeunes aussi. Mais, interrogée à ce sujet, la Rwandaise élude : « Il y a tellement de femmes leaders au Rwanda », explique celle qui, quelques minutes plus tôt, plaisantait dans les couloirs du Centre international de conférences de Kigali avec Clare Akamanzi, patronne du Rwanda Development Board comptant parmi les femmes les plus puissantes du pays. « Ici, nous regardons seulement l compétences, les é lle genre

BANK OF KIGALI

La jeune boss, en rejoignant le pays d’origine de ses parents, a fait le choix du cœur.

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

croisé la délégation officielle rwandaise au forum de Davos. « Le patriotisme, l’excin’entre pas en considération. » Au sein tation par rapport à un grand projet écode Bank of Kigali, première banque du nomique et de développement national Rwanda, dont elle a pris la direction généme saisissent », témoigne-t-elle près de dix rale au début de l’année 2016, ans plus tard. Elle accepte un Diane Karusisi n’est d’ailleurs contrat de douze moiscomme Avenir pas la seule femme : la moiconseillère technique au sein marocain ? tié du comité exécutif (dont de l’Institut national de la stala directrice financière) est tistique du Rwanda, dont elle Le groupe Banque féminine… devient, un an après, direccentrale populaire négocie l’acquisition À l’image de celle qu’a trice générale. Son ascension d’au maximum 25 % connue son pays ces vingtau sein de l’État rwandais ne du capital de Bank cinq dernières années, la cessera plus et la mènera of Kigali, dans le trajectoire de la patronne jusqu’au bureau du précadre de l’opération de BK (prononcé « béka » sident Paul Kagame, qu’elle d’augmentation ou « biké » selon que vous rejoint en tant que directrice des fonds propres. êtes francophone ou anglode la stratégie et économiste Un sujet sensible : d’ord h ) n’a ’ rien i d’ dinaire : en chef. En février 2016, elle phone) après l’acquisition est nommée à la tête de la néedeparentsexilésrw wandais de Cogebanque par dans ce qui s’appelle alors a première banque du pays. le Attijariwafa Bank, BK Une rupture en trompe-l’œil Zaïre (l’actuelle RD C Congo), est la dernière des Diane Karusisi rejoint r davantage qu’un basculebanques à capitaux quelques année s plus rwandais… ment vers le secteur privé : v tard la paisible ville de fondée en 1966 sous forme de Bulle, en Suisse.. Elle y coentreprise entre la défunte Belgolaise et le gouvernement rwandais, restera de longuees années, y fera ses études et travailllera pour l’un des Bank of Kigali est en effet, depuis 2007, plus grands grou upes bancaires au majoritairement détenue par l’État. monde, Crédit su uisse (au sein de la filiale gestion d’acctifs). En 2009, elle DÉVOUÉE. Discrète, toute en retenue, celle soutient sa thèse de docqui dit (en anglais, toujours) « aimer être torat ssur le thème de la une fonctionnaire au Rwanda » semble gestiion des risques de entièrement dévouée à ce qui constitue créd dit à l’université aujourd’hui son premier objectif : faire de Fribourg, où elle de BK une banque totalement digitale exerce aussi en tant et qui s’adresse à la jeunesse. « 50 % des habitants du Rwanda ont moins de 19 qu ue professeur assistaant de statistiques ans, ils sont nos futurs clients », expliqueé économiques. t-elle. Après avoir succédé à James Gatera, parti diriger Crystal Ventures (le fonds Comme nombre d d’investissement du parti au pouvoir), d’exilés rwandais à cette époque, elle Diane Karusisi a remodelé la direction e st à la fois loin générale, recruté un chief IT (directeur des – physiquement – technologies innovantes) en la personne d’Eddy Kayihura, et créé un nouveau du uRwandaetproche département de vingt-cinq personnes paar l’imaginaire d’un payys où elle n’est (BK TechHouse) intégralement consacré à l’innovation dans le domaine de la enco ore jamais allée. La tentattion du « retour » la digitalisation financière. « Il s’agit à la fois de digitaliser la banque à l’intérieur et à prend dra un jour d’hiver de 2009, 2 l’extérieur, indique-t-elle. D’un côté, après avoir SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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Afrique subsaharienne cela nous permettra de perfectionner notre efficience opérationnelle et, de l’autre, cela améliorera l’expérience utilisateurs avec de nouveaux produits. » Dans un pays où le taux de pénétration bancaire n’atteint que 26 %, et malgré le deuxième réseau d’agences (79 à la fin de 2016) du pays, BK reste pour l’instant une banque d’entreprises : à la fin de 2016, ce segment représentait 85,3 % des crédits et 53,2 % des dépôts, contre respectivement 14,7 % et 20,8 % pour le retail. La stratégie digitale entend remédier à cela. TECHNOLOGIE. « Même les gens pauvres

ont besoin de financements, mais, en même temps, le coût pour atteindre tout le monde a longtemps été trop élevé. Cela change désormais, notamment grâce à la technologie. Notre objectif est donc d’atteindre 1 million de clients en 2020, contre 320 000 aujourd’hui », développe Diane Karusisi, précisant que cela se fera sans ouverture de nouvelles agences. La brillante quadra entend en effet miser sur son vaste réseau d’agents partenaires (BK Yacu), qui compte déjà 1 500 relais à travers le pays, et sur une offre digitale renforcée. Selon nos informations, la banque travaille ainsi sur un important projet d’octroi de microcrédit via le téléphone portable. « Ce projet vise les petits commerçants, révèle Diane Karusisi. Nous obtenons les données auprès des opérateurs télécoms pour mieux comprendre les comportements de consommation. » Sur la question du KYC (Know Your Customer), élément central de la lutte contre le blanchiment, la banquière se veut sereine : « L’une des solutions est la biométrie, analyse-t-elle. Au Rwanda, tous les téléphones sont liés à une carte d’identité. » Parallèlement à cette stratégie

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via un listing croisé sur une digitale, BK poursuit sous l’auUne torité de sa nouvelle patronne régionalisation nouvelle Bourse africaine (Nairobi ou Johannesburg) la stratégie d’universalisation digitale ou internationale (Londres), déjà entamée par les anciens Fini les ambitions dirigeants: à ce titre, une filiale soit via l’ouverture à des invesde croissance de tisseurs minoritaires. Diane opérant dans l’assurance, BK BK dans la région ? Karusisi aurait jusqu’à la fin General Insurance, a été mise Oui, sous forme sur pied récemment. de 2018 pour finaliser l’opéraphysique, mais non Sur un marché rwandais tion. Elle n’aura alors que trois sous forme digitale. BK entend en effet exercices à la tête de Bank of de plus en plus concurrenutiliser les possibilités Kigali et sera à deux années tiel, avec dix banques comoffertes par la du terme du programme de merciales en opération, dont dématérialisation développement de l’instituneufdétenuespardesgroupes pour offrir des tion financière, qui entend étrangers, BK a certes l’avanservices dans la zone, tage du leader (avec un total « transformer financièrement sans pour autant les vies » des Rwandais. de bilan de 753,2 millions de ouvrir d’agence. Appréciée de ses salariés, dollars à la fin de 2016), mais, la jeune banquière donne selon Diane Karusisi, elle a l’impression de s’accommoder à meraussi besoin de plus en plus de moyens veille de l’immense pression qui pèse « à la fois pour investir massivement dans sur ses épaules : en mai 2017, à l’occale système IT, mais aussi pour continuer à faire croître le portefeuille crédit », qui sion des 50 ans de l’établissement, Paul augmente déjà de près de 25 % par an Kagame en personne s’était déplacé (contre environ 21 % pour les dépôts). pour prononcer un discours… À ses côtés, Marc Holtzman, un banquier C’est le sens du programme d’augmentation de capital autorisée par le conseil américain au parcours étonnant qui d’administration et dont Diane Karusisi a l’a mené du soutien à Ronald Reagan à la fait l’un des chantiers prioritaires pour les vice-présidence de Barclays Capital, en mois à venir. Entre 60 millions et 100 milpassant par une banque du Kazakhstan lions de dollars seraient recherchés, soit et, désormais, au Rwanda. Président du conseil d’administration de Bank of Kigali, Marc Holtzman veille à ce que les intérêts du Rwanda et la vision de son « ami » Paul Kagame soient respectés. Dans un pays où les dirigeants de groupes publics sont sur un siège éjectable, la position de la banquière n’est certainement pas des plus confortables. Mais Diane Karusisi semble avoir conservé de ses années passées au sein de la diaspora un principe qui partout l’accompagne et dont elle ne se départ jamais : servir.

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Afrique subsaharienne

Pathé Dione « Pour développer les assurances, travaillons ensemble » ENTRETIEN

Le fondateur de Sunu revient sans langue de bois sur la montée du concurrent Saham au capital de son groupe, et détaille les projets d’extension du leader de l’assurance en zone Cima. Propos recueillis par

S

FRÉDÉRIC MAURY

onné, le « patriarche » de l’assurance au sud du Sahara l’a été : la montée soudaine de Saham au capital du groupe Sunu, qu’il a fondé,adésarçonnéPathéDione.D’autant que le groupe marocain, pour arriver à 21 % du capital, a acquis les parts (14 %) d’Alioune Ndour Diouf, l’un de ses proches depuis de nombreuses années. Face à cet actionnaire indésirable, l’assureur sénégalais entend se battre pour ne pas perdre le contrôle de Sunu et, surtout, éviter que cet épisode ne laisse des traces sur l’activité d’un groupe en plein essor : implantation dans trois pays anglophones, développement de l’activité dommages, acquisition d’une banque togolaise, la Banque populaire pour l’épargne et le crédit (BPEC). Entre 2015 et 2017, les revenus de Sunu ont bondi de 152 à environ 230 millions d’euros. Depuis le siège juridique du groupe, dans une banlieue aisée de l’Est parisien, Pathé Dione a répondu aux questions de Jeune Afrique.

n’a pu se faire sans l’accord du président du groupe Saham, Moulay Hafid Elalamy. À aucun moment, nous ne contestons la légalité de cette opération ni des deux autres qui ont suivi avec MM. Alioune Ndour Diouf et Mamadou Talata Doula [deux autres actionnaires minoritaires de Sunu], mais nous dénonçons la manière: nous avons été prévenus après, Saham n’est pas venu nous voir pour parler de ses intentions. Cela n’obéit pas à l’esprit défini par le roi du Maroc: entretenir avec les pays subsahariensdesrelationscorrectes,équilibrées, de codéveloppement et de partenariat. Par le passé, nous avons d’ailleurs été approchés par la SNI/Attijariwafa Bank et par BMCE Bank, qui voulaient entrer à notre tour de table. Nous avons décliné, mais je me dois de dire qu’ils ont été raisonnables, et nous nous sommes mis d’accord pour travailler ensemble sur le terrain.

JEUNE AFRIQUE: EN 2017, Saham a acquis 21 % du capital de votre groupe sans votre feu vert. Expliquez-nous ce qu’il s’est passé. PATHÉ DIONE : Tout est parti de

Je considérais que, d’une certaine manière, Saham était aussi un peu mon enfant puisque j’ai créé Colina, que le groupe a racheté en 2010. Je suis d’ailleurs sûr que les actuels dirigeants ne

M. Talata, un ancien de notre groupe qui y possédait des parts. Sunu a voulu racheter ses actions à plusieurs reprises, pour les détruire ensuite. À chaque fois, M. Talata s’est rétracté au dernier moment. Il a demandé ensuite l’autorisation de loger ses actions de Sunu dans une société mauricienne, ce que nous avons accepté. Et, en mai 2017, nous avons été informés par courrier qu’il avait vendu les parts qu’il détenait dans cette structure mauricienne à Saham Finances, qui se trouve par ailleurs être son employeur. Tout cela JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

Vous semblez en faire une affaire personnelle ?

savent même pas ce que signifie Colina. À l’époque, l’assureur américain INA avait créé une filiale en Colombie, Colombia INA, qui a donné le nom Colina. Du coup, j’ai toujours poussé les filiales de Sunu à considérer Saham comme une société sœur, avec laquelle il fallait avoir des relations privilégiées. Tout cela est terminé. Pourquoi, selon vous, Saham entre-t-il dans votre tour de table ? Le groupe marocain dit qu’il s’agit d’un simple investissement.

C’est ce qu’ils disent en effet.

Certains prédisent aussi qu’il pourrait profiter de votre éventuelle incapacité à satisfaire aux nouvelles exigences capitalistiques imposées dans la zone Cima… De combien d’argent avez-vous besoin ?

C’est une information que je connais, bien sûr, mais que je refuse de livrer. Notre holding Sunu Participations n’est pas endetté, et nous pouvons donc lever autant de dettes qu’il le souhaite. Ensuite, au nom de quoi M. Moulay Hafid Elalamy et son équipe, à partir du Maroc, décident-ils que Sunu ne serait pas en mesure de satisfaire aux nouvelles exigences capitalistiques dans le domaine des assurances? Ils se trompent et ils connaissent mal notre groupe. Sunu gère 500 millions d’euros d’actifs et nous venons d’en investir une vingtaine de millions dans une banque togolaise. Nous ferons donc la recapitalisation de nos filiales avant même Saham. Ne craignez-vous pas malgré tout une prise de contrôle rampante ?

Ce qu’a fait Saham est une véritable déclaration de guerre. Nous ne leur livrerons pas notre groupe.

En tout cas, ce qu’a fait Saham est une véritable déclaration de guerre. Nous ne leur livrerons pas notre groupe. Vous venez d’évoquer à l’instant le rachat d’une banque togolaise, la BPEC. Est-ce pour vous une nouvelle stratégie de rapprocher davantage la banque et l’assurance ? SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


Lire aussi « La guerre des assureurs »

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Nous étions déjà actionnaires de certaines banques, comme Bicici en Côte d’Ivoire, dont nous possédons 18 %, et BOA Group. Mais, maintenant, nous comptons prendre des participations majoritaires dans plusieurs pays, en fonction des opportunités que nous rencontrerons. Nous croyons à la fois au modèle de partenariat proche avec les banques et au modèle intégré. Depuis dix ans, nous avons beaucoup développé l’approche partenariale, et j’estime que cela a fonctionné. Et que cela peut fonctionner tant que la banque ne décide pas de créer sa propre compagnie locale d’assurances, comme le fait notamment Attijariwafa Bank. Nous avons des actions privilégiées avec Ecobank ou Oragroup par exemple. Ensuite, concernant le modèle intégré, où l’assureur détient la banque, il faut comprendre qu’il a aussi ses limites car cela peut contraindre l’assureur à ne travailler qu’avec un seul établissement. De toute façon, en fin de compte, nous n’avons aucune vocation à développer d’immenses réseaux bancaires, et nous n’investirons que dans deux ou trois banques. Dans le cas de la BPEC togolaise, Sunu possédera directement 35 % du capital, car nous avons d’autres partenaires au sein de Sunu Investment Holding, des privés. Nous ne voulions pas immobiliser trop de capital.

Après la zone francophone, Pathé Dione s’attaque depuis la fin de 2015 au Nigeria et au Ghana.

THOMAS RENAUT

Quelle est votre croissance annuelle ?

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

Nos revenus ont augmenté en 2016 de 40 millions d’euros, passant de 152 à 192 millions, principalement grâce à l’entrée dans le périmètre de l’activité dans les pays anglophones, qui a ajouté 25 millions d’euros de revenus. En dehors de cela, nous connaissons une croissance organique de 10 % par an environ. Notre périmètre augmente vite, car plusieurs sociétés du groupe sont encore jeunes, notamment dans l’IARD [incendies, accidents et risques divers] au Mali, au Gabon, et d’autres sont en restructuration. Au Cameroun, nous avons ainsi acquis une société d’assurance-dommages, Caminsur. En définitive, nous devrions atteindre 230 millions d’euros de revenus en 2017. Après, nous sommes aussi en attente en RD Congo, où nous demandons un agrément pour notre société, que nous avons créée avec 10 millions de dollars. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


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Afrique subsaharienne Vous vous êtes beaucoup développé dans l’IARD ces dernières années, pourquoi?

Aujourd’hui, nous avons davantage de sociétés dans l’IARD que dans l’assurancevie. Toutes ont été créées récemment, au cours des quatre ou cinq dernières années, sauf en Côte d’Ivoire. Si nous avons fait ce choix, c’est pour avoir une offre complète: avant, à chaque fois qu’un client venait nous voir pour de l’assurance dommages, nous l’envoyions vers AXA ou vers Saham. Par ailleurs, l’activité dommages est beaucoup plus rentable. L’activité vie donne de la puissance financière, grâce à l’épargne collectée, alors que l’IARD porte ses fruits financiers chaque année. Il n’y a donc plus d’accord avec AXA, autour d’une répartition des activités en zone Cima ?

Disons que cela a changé. AXA m’a vendu toute la branche vie, et désormais ils veulent s’y développer à nouveau et ont commencé à le faire en Côte d’Ivoire.

Quel est votre objectif de répartition de revenus entre vie et dommages ?

Les revenus des sociétés dommages sont encore faibles, car les sociétés sont jeunes, mais aussi parce que le contexte économique dans certains pays, comme le Gabon et le Mali, a été défavorable. Tout cela est donc un pari à long terme. Mais notre pari le plus important, c’est Equity et le Nigeria. Nous avons acquis cette société cotée à la fin de 2015, ainsi que deux autres sociétés liées, au Ghana et au Liberia.

À quoi répond ce choix stratégique de se développer dans la sphère anglophone?

Dans l’interview que je vous ai accordée début 2014, je disais clairement que nous serions en Afrique anglophone dans quelques années. Comment peuton travailler en Afrique de l’Ouest, dans la zone Cedeao, sans être présent au Nigeria et au Ghana ! Être présent dans l’ensemble de la zone a un sens vis-àvis de nos clients qui peuvent évoluer dans tous ces pays. Et cela sert aussi notre approche commerciale vis-à-vis des multinationales. Vous affirmiez dans cet entretien que vous ne vouliez pas planter le drapeau de votre groupe partout. Avez-vous changé d’avis ?

Non, je n’ai pas changé d’avis. Mais je saisis des opportunités en fonction de JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

Une forte croissance Revenus en millions d’euros 2014 :

137 2015 :

152 2016 :

192 2017 :

230*

* estimation

encaissées, en dehors de l’Afrique du Sud, du Maroc ou de l’Égypte, tout le reste est insignifiant. C’est la raison pour laquelle je comprends encore moins le comportement d’assureurs comme Saham. Il vaut mieux travailler ensemble, développer le marché. Travailler sur quoi ?

La digitalisation et l’innovation sont des points clés. Avec Orange Money, nous sommes ainsi leaders sur l’assurance mobile, avec le produit Épargne Gagnant. Il y a aussi beaucoup de travail à faire sur l’assurance automobile, l’habitation et la maladie, qui permettent de toucher le secteur informel. Nous voulons fortement développer la micro­ assurance, qui pourrait doper le taux de pénétration de l’assurance et qui ne nécessite pas de réassurance. Je vais vous donner un autre exemple de développement : au Togo, nous avons créé Sunu Santé. Cette structure va gérer les portefeuilles santé de nos filiales IARD. Nous avons négocié des accords avec des cliniques au Maroc, en Inde et en Israël pour pouvoir évacuer nos clients. Sur ce projet, nous allons travailler avec April, alors que nous aurions pu le faire avec un groupe africain s’il n’y avait pas ces agressions. Il faut que nous réfléchissions à des stratégies communes. Pouvez-vous nous donner tout de même quelques pistes pour doper les marchés d’assurance ?

Non plus. Reprendre un portefeuille, un actif, oui. Mais au Nigeria, nous n’avions pas l’agrément nécessaire pour faire une telle opération.

Il y a trop de petites sociétés, et il est important d’avoir de grands groupes, des champions. Cependant, le régulateur veut aller trop vite. Nous ne remettons pas en cause le niveau de l’augmentation du capital requis mais nous contestons le timing. Dans Solvency II, qui concerne avant tout les marchés matures, il a été donné quinze ans. Pourquoi ne pas laisser en zone Cima quatre ans pour atteindre les 3 milliards et puis à nouveau quatre ans pour les 5 milliards ? S’il n’y a pas de souplesse, cette zone risque d’exploser parce que certains pays en sortiront.

Percevez-vous un véritable développement de l’assurance ?

L’agrément unique pourrait être une solution à ce problème…

certains critères : le marché est-il porteur, la société est-elle saine et rentable ? On m’a proposé beaucoup d’acquisitions, que j’ai refusées. Vous disiez également ne pas être très favorable au rachat de sociétés, considérant que les comptes cachaient souvent de mauvaises surprises. Là aussi, avez-vous changé d’avis ?

Tout cela est nouveau, et beaucoup de gens veulent aller plus vite que la réalité du continent. La Cima date de 1995. Les marchés sont évidemment loin de leur maturité. En termes de primes

Le régulateur ne l’autorisera pas. Nous lui avons toutefois proposé de mettre en place un système de succursales, avec l’obligation de filialiser lorsqu’un certain niveau de revenus est atteint. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017



Afrique subsaharienne

FBN Bank Le délicat chemin d’un nigérian en Europe Avec 2 milliards d’euros de crédits, la filiale de First Bank of Nigeria s’est fait une place de Londres à Paris. Pour se développer durablement, elle met la crédibilité au premier plan de sa stratégie. Le total de bilan de FBN Bank (UK) frôlait 3 milliards d’euros à la fin de 2016.

JIDE ODUKOYA INFO@JIDEODUKOYA.COM

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vis-à-vis de ses clients, de ses partenaires et desautorités.Lesmétiers,eux,nechangent pas : œuvrer en tant que banque correspondante pour le groupe, donner accès à ce dernier, mais aussi aux institutions africaines et aux marchés internationaux, et faire un peu de banque privée pour les riches Nigérians à Londres. Avec, à la marge, une petite activité d’épargne en ligne pour le grand public. Réalisant une bonne partie de ses activités dans le financement structuré lié aux matières premières, la banque entend se développer davantage dans le financement du commerce. Dans ce domaine, la succursale parisienne devrait jouer un rôle croissant. « J’observe que certaines banques européennes, comme BNP Paribas, ING, Standard Chartered, s’exposent moins au risque africain, nous laissant une plus grande place sur ce marché, analyse Paul Cardoen. En outre, notre présence à Paris nous permet de capturer le potentiel de croissance des échanges entre l’Afrique francophone et l’Europe, mais aussi de développer nos relations avec les groupes bancaires francophones en matière de syndication de risques et de mobilisation des fonds. » FBN Bank (UK) travaille ainsi avec les groupes Coris International Bank et Attijariwafa Bank. BREXIT. « Alors que certains groupes

ÉRIC DUPUY

«

A

lors que nous envisagions d’octroyer un crédit à un groupe minier en Afrique, notre service de conformité nous a signalé une violation relative aux droits de l’enfant, explique Paul Cardoen. C’est ainsi que nous avons mis en place un audit des opérations afin que ne soit jamais perdue de vue la défense des droits humains. » Avec cette histoire, le directeur général de FBN Bank (UK) résume ce qui est devenu pour lui un credo : faire de la filiale britannique du géant bancaire nigérian First Bank of Nigeria une institution crédible, aux pratiques soutenables. Une obligation aussi pour toute banque africaine agréée en Europe (et elles sont peu nombreuses…): les autorités de tutelle locales surveillent comme le lait sur le feu ces institutions qui seraient selon elles davantage concernées par les risques éventuels de blanchiment et de mauvaises pratiques. « Nous n’opérons bien sûr jamais avec des entreprises dont les activités violeraient les lois ou iraient à JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

l’encontre de notre éthique, nous interdisons le financement de certains secteurs comme l’armement, les jeux, le tabac, et noussommesextrêmementvigilantsquant au comportement de nos employés, appliquant un code de conduite très strict », insiste le banquier, qui connaît à la fois le monde bancaire européen (il a fait partie des dirigeants de Bank of TokyoMitsubishi et de BNP Paribas-Fortis à Londres) et africain (pour avoir dirigé la banque ghanéenne The Trust Bank ainsi que le groupe panafricain Belgolaise). DIGITALISATION. Nommé en avril 2016

à la tête de FBN Bank (UK), dont le total de bilan frôlait 3 milliards d’euros à la fin de 2016, Paul Cardoen a développé pour 2020 une stratégie en trois points : ACT, A pour agility, C pour connected et T pour trusted. L’idée de la banque britannique est d’accroître la digitalisation interne comme externe, de mieux se connecter avec le groupe pour dégager davantage de synergies et d’être une institution crédible

nigérians ont choisi de se développer en Afrique francophone par des acquisitions ou des implantations physiques, FBN le fait via la trade finance depuis Paris », explique un concurrent, qui rappelle que l’empreinte du géant nigérian en zone subsaharienne francophone reste limitée à une grande banque en RD Congo (marché d’avenir) et à une toute petite filiale au Sénégal. Dirigé depuis 2016 par Olivier Noël, un ancien d’IFC (filiale de la Banque mondiale) et de la Belgolaise, le pôle parisien (avec sa dizaine d’employés, contre 175 à Londres) devrait en tout cas largement profiter du Brexit, son rôle se trouvant accentué. En attendant, si FBN Bank (UK) reste historiquement un solide contributeur aux bénéfices du groupe, l’essentiel pour Paul Cardoen et ses équipes est de tracer un chemin durable en Europe. En oubliant 2016, année difficile pour l’activité européenne: en raison d’un seul mauvais dossier de crédit, la banque londonienne a enregistré une perte d’environ 140 millions d’euros. Le pire ? Le dossier litigieux ne serait même pas lié à l’Afrique… SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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MAGHREB & MOYEN-ORIENT ÉTAT DES LIEUX

Banques tunisiennes: la révolution introuvable Phagocyté par un État endetté, plombé par une économie atone et l’absence de relais de croissance, le système bancaire ne parvient pas à prendre véritablement son envol.

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

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La BIAT, leader dans le pays, affiche une rentabilité insolente. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

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49


Maghreb Moyen-Orient État des lieux

ZOUBEIR SOUISSI/REUTERS

50

Seulement 36 % de la population ont accès à l’ensemble des services bancaires.

L

e secteur bancaire en Tunisie est à l’image de l’équipe nationale de football : tout le monde critique les résultats, chacun a son idée pour améliorer les performances et espère que la prochaine réforme/compétition sera la bonne. Dans le domaine, le climat est donc perpétuellement à l’agitation. Malgré des chiffres qui semblent à première vue satisfaisants. En 2016, le produit net bancaire (PNB) du secteur a en effet progressé de 12,8 % par rapport à 2015, selon les données de la Banque centrale de Tunisie. Sur la même période, les dépôts collectés ont progressé de 8,6 % et les crédits de 9,5 %. Les sociétés financières représentent 49 % de la capitalisation boursière en 2016, contre 33,8 % au Maroc et 25 % en Égypte… « En dépit d’un environnement économique national difficile, les banques ont continué d’apporter leur soutien à l’économie et de répondre de leur mieux aux besoins en financement des entreprises et des ménages », se félicite ainsi l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) dans son dernier rapport annuel. Mais, à y regarder de plus près, la situation est moins rose. Professeur d’économie à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis (Essect), Ghazi Boulila dénonce ainsi dans une note publiée en janvier 2017 une relation incestueuse entre l’État, la Banque centrale et les banques, au détriment de ces dernières. L’autorité de tutelle finance indirectement le déficit budgétaire par des prêts – facilités par l’utilisation de la « planche à billets », qui entraîne de l’inflation – aux banques, plus ou moins « forcées » d’acheter dans JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

MATHIEU GALTIER, à Tunis

la foulée des bons du Trésor à l’État. Ce dernier y trouve une manière commode, bien que coûteuse, de financer ses déficits dans une situation économique compliquée. « Cette pratique a engendré des effets pervers importants, grevant davantage le déficit budgétaire, augmentant le service de dette intérieure et engendrant des sorties additionnelles de devises », se désole Ghazi Boulila. La quasi-obligation pour les banques de souscrire aux bons du Trésor se ferait « aux dépens des crédits à l’économie », importante source de croissance selon l’économiste. Les chiffres sont implacables : en 2016, si les crédits à la clientèle des banques ont progressé de 9,5 %, les achats de bons du Trésor par les banques ont bondi de 23,6 % par rapport à 2015. Autrement dit, les banques financent davantage l’État que le grand public. Certes,lapratiquegonflelesrevenusdesbanques, mais cette croissance est aussi un peu artificielle, car l’État n’est pas en très bonne santé, comme en témoigne son PIB atone. « C’est une bulle auto­ entretenue, prévient Salma Zammit Hichri, chef du département recherche àMACSA,un intermédiaire en Bourse. Ces hausses du PNB ne sont absolument pas représentatives de l’économie réelle. » Au printemps dernier, la Banque centrale a, pour la première fois, dépassé les 9 milliards de dinars (3,2 milliards d’euros) d’injection de liquidités pour refinancer les banques… Certes, les vingt-quatre banques universelles tunisiennesneserventpastoutesdesimplesrouages à la machine infernale « État-Banque centralebanques ». Globalement, les banques privées sont dans une situation financière et de rentabilité SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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Maghreb Moyen-Orient État des lieux satisfaisante. La rentabilité des capitaux propres (ROE) des banques tunisiennes est de 10,1 %, contre 7,8 % au Maroc. Détenue à près de 40 % par le groupe Mabrouk, la BIAT (Banque internationale arabe de Tunisie) – numéro un en termes de revenus (19 % de part de marché, pdm), de dépôts (17.8 % de pdm) et de crédits (14.8 % de pdm) – affiche ainsi une performance insolente: son ROE a atteint, selon le cabinet AlphaMena, 25 % en 2016. Derrière, Attijari Bank, la Banque de l’habitat ou l’UIB se portent également plutôt bien. Mais, dans l’ensemble, les banques publiques – dont le futur reste l’objet d’un âpre débat – souffrent. Et le nombre d’acteurs reste trop élevé: six banques sur vingt-quatre se partagent plus de 70 % de parts de marché en matière de revenus. « Le pays ne peut pas continuer avec vingt-quatre banques universelles totalement sous-capitalisées, tranche Hachemi Alaya, fondateur du think tank économique TEMA. La Tunisie n’a besoin que d’une dizaine d’établissements. Je déplore que la loi bancaire de 2016 n’ait pas favorisé les rapprochements. » Les principaux établissements visés sont les banques mixtes : Banque tuniso-libyenne, Banque de Tunisie et des

Six groupes sur vingtquatre se partagent plus de 70 % de parts de marché en matière de revenus.

SEUIL. Pour Ahmed el-Kram, le président de

Les banques misent sur les bons du Trésor

Données en milliards de dinars tunisiens 65,28

59,6

Crédit à la clientèle Portefeuille titre Bons du Trésor Variation 2015-2016 9,5 % 16,3 %

11,14

12,96

6,27

7,75

2015

23,6 %

2016

Des établisements plutôt rentables Rentabilité des fonds propres en %

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

31, 5%

% %

2 3,3 9 4,9 % 9 7,1 % 7 8,2 % 8,91 % 8,93 % 9,3 9 7 % 1 1, 3% % 1 2, % ,6 2 18 0,5 13, 2

% 24 ,7 25 % ,1 %

SOURCE : BANQUE CENTRALE DE TUNISIE

– 0,44 %

STB (Tunisie) Wifak Bank (Tunisie) BMCI (Maroc) Crédit du Maroc (Maroc) CIH BANK (Maroc) BNA (Tunisie) ATB (Tunisie) BCP (Maroc) BMCE Bank of Africa (Maroc) Attijariwafa Bank (Maroc) AB (Tunisie) UIB (Tunisie) BH (Tunisie) Attijari Bank (Tunisie) BIAT (Tunisie) CIB (Égypte)

Émirats, etc. À l’origine, elles servaient à la coopération économique entre les deux pays, mais leurs activités se sont réduites comme peau de chagrin. Beaucoup voudraient les voir disparaître, ou du moins englouties dans une structure capitalistique solide. Kais Kriaa, dirigeant de la société d’analyse financièreAlphaMena,verraitbienlabanqueqatarie QNB racheter ces petites banques. Une politique de convergence qui n’est pas forcément partagée par les décideurs politiques. Hedi Ben Braham, premier rapporteur adjoint à la commission des finances de l’Assemblée des représentants du peuple et membre du parti islamo-conservateur Ennahdha, considère les petites structures indispensables au tissuéconomique. «L’émergence depetitesbanques ultra-spécialisées pourrait convaincre les investisseurs financiers de venir sur la place de Tunis », explique l’élu, concédant que ces établissements bancaires doivent revoir leur stratégie de banque universelle. Au contraire, l’APTBEF demande que le capital social des banques fixé à un minimum de 50 millions de dinars soit porté à un plancher d’au moins 300 millions. l’APTBEF, le secteur bancaire a atteint un seuil : « Si l’on veut aller plus loin, il faut s’attaquer en priorité au tarissement des liquidités dû à l’économie informelle, à l’encadrement des taux d’intérêt et à la baisse des exportations. » L’informel, couplé à une croissance économique très faible, explique pourquoi, selon la Banque mondiale, seuls 36 % des Tunisiens ont accès à l’ensemble des services bancaires. Le pays possède une loi d’encadrement des taux d’intérêt pour éviter l’usure. Un projet de loi est actuellement en discussion au sein de la commission des finances de l’assemblée pour assouplir ce texte. L’APTBEF milite pour la suppression pure et simple de toute entrave : « Cela inciterait les banques à investir plus sur le segment des PME. Aujourd’hui les taux sont trop bas pour être compétitifs », analyse Ahmed el-Kram. Le risque de credit crunch est évoqué par de nombreux experts si le secteur ne se réforme pas davantage. Sans parler des créances douteuses qui s’élèvent à 17 % des prêts bruts, selon l’agence de notation Moody’s, contre 12 % au Maroc, selon une autre institution internationale, Fitch. La loi de juillet 2016 devrait néanmoins permettre aux institutions financières de s’affronter sur un autre terrain que celui de la collecte des dépôts ou des crédits, puisqu’elles pourront aussi proposer des produits financiers islamiques. Ainsi, la société de crédit-bail El-Wifack leasing est devenue Wifack International Bank et a commencéàopérerenmai2017.Danslesprochains mois, l’État devrait céder ses parts dans la banque islamique Zitouna. Les acteurs sont sur le qui-vive pour mettre la main sur ce « joyau », selon Adel Grar, le président d’Al-Karama Holding, chargé de laprivatisationdesbiensconfisquésauxproches SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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Maghreb Moyen-Orient État des lieux de l’ancien président Ben Ali. En revanche, les secteurs du microcrédit ou des assurances restent fermés aux banques, même si certains groupes s’y sont développés par d’autres moyens (notamment les groupes Amen ou Mabrouk). Les argentiers ont donc dû trouver des subterfuges pour élargir le marché national. En mars, douze banques ont ainsi signé le premier prêt syndiqué d’un montant de 100 millions de dinars avec Enda Tamweel, leader du microcrédit. Certains n’hésitent pas à aller chercher des fonds à l’étranger, comme Amen Bank, qui a signé un partenariat avec l’une des plus importantes banques mondiales, le chinois ICBC. Les banques tunisiennes sont donc bien trop petites et trop peu capitalisées pour espérer se développer en dehors de leurs frontières, comme l’ont fait les trois premiers groupes bancaires marocains. Ainsi, la BIAT, poids lourd national, joue dans la catégorie poids moyen au niveau africain: elle n’est classée que 54e dans le Top 200 de JA des banques africaines, avec un PNB de 254 millions de dollars, contre 1,9 milliard pour la numéro un marocaine Attijariwafa Bank. Résultat: malgré des ambitions,

L’État devrait bientôt céder ses parts dans la banque islamique Zitouna.

qui se traduisent notamment par le développement au sud du Sahara de sa branche conseil, la BIAT ne s’internationalise pas. Seul le groupe possédant Amen Bank, dont le président du directoire est Ahmed el-Kram, y parvient. En 2015, il a racheté AliosFinance,spécialisédanslecrédit-bailetprésent dansunedizainedepayssubsahariens.Et,enoctobre 2016, il a lancé un fonds d’investissement à risque de 10,6 millions d’euros, AfricAmen, pour aider les entreprisestunisiennesàs’implantersurlecontinent. Certainsspécialistesmettentdetoutefaçonengarde contre le miroir aux alouettes africain. Hachemi Alaya est sans doute le plus catégorique: « L’Afrique subsaharienne ne doit pas être une priorité pour la Tunisie. Nous n’avons pas de lien géographique. Le pays doit se concentrer sur son marché naturel, à savoir la Libye, l’Algérie et l’Europe. Je préconise même d’arrimer le dinar à l’euro, comme c’est le cas pour le franc CFA. » Mais avec les difficultés de la Libye, l’absence des banques tunisiennes en Algérie et leur faiblesse relative sur le marché européen, les perspectives sont peu enthousiasmantes. Preuve que l’avenir des banques tunisiennes reste à écrire.

Établissements publics : les cancres du secteur Les mauvais résultats des trois banques contrôlées par l’État ont un impact négatif sur l’économie nationale. Si des solutions sont envisagées, elles requièrent un choix clair des politiques.

«

L

e ticket d’entrée dans l’ère de la solidité du système financier demeure plus que jamais la réussite de la réforme du secteur bancaire public », résume Moez Labidi, économiste senior au think tank Nabes. En 2015, les législateurs ont voté une recapitalisation de 757 millions de dinars (268 millions d’euros) pour la Société tunisienne de banque (STB) et de 110 millions de dinars pour la Banque de l’habitat (BH). Quant à la Banque nationale agricole (BNA), la troisième des grandes banques publiques, ses fonds propres ont été renforcés principalement après l’obtention de la garantie de l’État sur les engagements de certaines entreprises publiques fortement endettées, comme l’Office des céréales ou l’Office national de l’huile. Les banques contrôlées par l’État ont ainsi retrouvé un peu d’air. Jusqu’à quand ? En début d’année, le Premier ministre, Youssef Chahed, s’est interrogé sur le sort de ces trois banques JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

qui ne faisaient plus office de « bras financiers de l’État ». Depuis, les rumeurs de fusion/privatisation n’ont pas cessé. Pour l’heure, la situation de la BNA et de la STB est si mauvaise que la question de leur privatisation ne se pose même pas. La BNA, qui reste le trésorier des principaux organismes agricoles publics, ne peut sortir du giron de l’État, à moins de changer radicalement de politique. ASPHYXIÉE. La STB a été asphyxiée par

la suspension pendant deux ans du remboursement des crédits des hôteliers touchés par l’effondrement du tourisme (circulaire du 22 juillet 2015) et par les mauvais placements exigés par le clan Ben Ali-Trabelsi. En juillet, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements – un tribunal arbitral dépendant de la Banque mondiale – a condamné la Tunisie pour la nationalisation « forcée » en 1989 de la Banque franco-tunisienne, qui entrait

alors dans le giron de la STB. L’État pourrait payer des centaines de millions de dollars de dommages et intérêts. Pour la BH, qui fait office de meilleur élève concernant la solidité financière, aucune décision n’a été prise sur sa privatisation. L’autre piste est celle de la fusion. Professeur à la Skema Business School de Paris et à l’Université de Lille, Dhafer Saïdane peut y voir un intérêt à condition d’élaborer une stratégie sur quinze ans. Il préconise de rapprocher les activités performantes des banques et d’isoler les activités non performantes – les créances douteuses des banques publiques frôlent les 20 %, selon Moez Labidi – dans des structures de défaisance. Hachemy Alaya, fondateur du think tank TEMA, n’y croit plus : « C’est inutile car les banques ne rapportent rien à l’État, au contraire elles coûtent de l’argent ; 0+0+0, à la fin ça fera toujours 0. Il faut arrêter les frais et privatiser, c’est la seule solution. » Aussi endettées soient-elles, les trois banques publiques sont encore stratégiques, avec 39 % des crédits et 34 % des dépôts. Les conseillers économiques du gouvernement craignent qu’une privatisation trop rapide et trop violente conduise à un scénario à la roumaine : dans ce pays d’Europe de l’Est, les trois quarts du secteur bancaire étaient passés aux mains d’investisseurs étrangers. M.G. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017



Maghreb Moyen-Orient

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ASSURANCES MISR INSURANCE DOMINE EN ÉGYPTE Très puissante malgré la concurrence croissante, la société publique intègre notre classement des assureurs africains. par habitant et par an, contre 762 dollars en Afrique du Sud, 102 au Maroc ou 72 en Tunisie. Ramené au PIB, le bilan est éant égyptien de l’assurance, Misr Insurance Co. (MIC) similaire : les primes représentent 0,64 % du PIB, faisant de entre dans notre classement des 100 premiers assureurs l’Égypte l’un des marchés au plus fort potentiel dans le monde, africains en se plaçant directement au 17e rang, rejoipuisque dans les pays matures le taux de pénétration dépasse les 5 % de richesse nationale. Ce sous-équipement suscite gnant sa « petite » sœur Misr Life Insurance Co. (MLIC), spécialisée dans l’assurance-vie et classée au d’ailleurs depuis une dizaine d’années un très vif intérêt de la part des investisseurs, notamment étrangers : le 38e rang. En tout, les deux entités contrôgéant japonais Tokio Marine opère ainsi dans lées par le groupe étatique Misr Insurance Holding Co. (MIHC) engrangent l’assurance islamique égyptienne depuis Rang dans les 100 chaque année plus de 400 millions de 2008, Allianz y est présent depuis 1976, e Gulf Insurance Group depuis 1994, tandis dollars de primes, ce qui en fait le qu’AXA y a fait une entrée retentissante numéro un incontesté du secteur. Nationalité égyptienne en 2015 en s’offrant pour un peu plus Une domination qui n’a rien de nouDate de création 1934 veau : MLIC a été fondée en 1900, de 100 millions de dollars Commercial Actionnaire International Life, l’un des leaders de tandis que MIC l’a été en 1934, Misr Insurance Holding (État) l’assurance-vie, créé quelques années asseyant sa puissance il y a une Total des primes 2016 plus tôt par la banque égyptienne CIB dizaine d’années lorsque deux autres 284 millions de dollars gros assureurs publics lui ont été et un partenaire étranger. apportés. Résultat net 2016 55 millions de dollars Grâce à son poids historique dans certains grands secteurs économiques (notamment Le secteur égyptien des assurances est à dans l’assurance liée au secteur pétrolier et la fois prometteur et de plus en plus concurgazier) et malgré cette nouvelle concurrence, Misr rentiel. Selon l’étude mondiale annuelle Sigma Re, c’est aujourd’hui le troisième marché en Afrique, avec environ Insurance reste nettement dominant, avec une part de marché 2,1 milliards de dollars (2 milliards d’euros) de primes en 2016, d’environ 55 % dans l’assurance-dommages et de 30 % à 40 % dans l’assurance-vie. Au cours des cinq derniers exercices, derrière le Maroc (3,6 milliards) et très loin après l’Afrique du ses revenus ont progressé de 39,9 %, et la société a plutôt Sud (42 milliards). Mais en matière de pénétration sa taille bien résisté aux conséquences économiques du Printemps reste encore très modeste, avec une dépense de 22 dollars arabe. En phase de croissance, elle compte 3 250 employés, 8 succursales régionales pour 96 agences à travers le pays, et même des extensions au Qatar et au Koweït… En attendant de possibles développements en Afrique, où l’assureur égyptien ne cache désormais plus ses ambitions. Sa maison mère, Misr Insurance Holding, poursuit quant à elle sa stratégie de diversification en matière de métiers : déjà actif dans l’assurance-vie et non-vie, dans l’investissement immobilier et la gestion d’actifs, le groupe égyptien se développe désormais dans l’assurance islamique, avec la création de la société Egyptian Takaful Insurance Co. Ce segment est présenté par les experts comme particulièrement porteur dans un pays où les zones rurales restent traditionnelles. En parallèle, et depuis plusieurs années, Misr Insurance réfléchit à la création d’un réassureur égyptien. ÉRIC DUPUY

G

17

La société d’assurance s’est notamment spécialisée dans les interventions médicales d’urgence. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017



58

Maghreb Moyen-Orient

Finance islamique Au Maroc, Umnia Bank connaît des débuts encourageants Dans le royaume, la filiale de CIH Bank a été la première à se lancer dans cette branche d’activité promise à un avenir prospère. Ses douze agences ne désemplissent pas. Reportage.

La « finance participative » pourrait bientôt représenter entre 10 % et 20 % du système bancaire marocain.

STÉPHANIE WENGER, à Rabat

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

MYMA

R

abat, un vendredi après-midi, dans le quartier commerçant et bourgeois de l’Agdal. Sur une des avenues principales, Karim passe la porte de l’agence Umnia Bank, un établissement de finance islamique. La finance participative – c’est le nom officiel qui lui est donné dans le pays – était en préparation depuis plusieurs années dans le royaume, la loi a été votée à la fin de 2014 et, en janvier 2017, cinq banques ont reçu l’agrément des autorités. Aujourd’hui, on compte aussi trois « fenêtres » participatives – des guichets consacrés aux produits financiers qui respectent la charia (la loi coranique) – dans les banques conventionnelles. « Je viens juste d’ouvrir un compte, explique Karim en sortant. Les frais de tenue de compte et de carte guichet sont moins élevés que dans ma banque précédente. Franchement, je ne suis pas motivé par l’aspect religieux, mais j’envisage d’acheter un appartement et, le fait que la banque prenne en charge les frais de notaire, ça représente déjà 10 %… Le calcul est vite fait. » À l’intérieur, beaucoup de monde. Tous les conseillers sont occupés, et aucun siège n’est libre dans la salle d’attente. L’effervescence traduit l’attente générée par ce nouveau secteur financier. Selon l’agence américaine de notation Standard & Poor’s, la finance islamique pourrait représenter à terme entre 10 % et 20 % du système bancaire du royaume, soit 10 à 20 milliards d’euros de total de bilan cumulé. À l’échelle mondiale, cette activité affiche aujourd’hui presque

2 000 milliards d’euros d’actifs. Adnane El Gueddari dirige Umnia Bank, dont les activités ont débuté il y a quelques mois à peine : « Aujourd’hui, il est difficile de dire ce que pourrait représenter la finance participative au Maroc. Plusieurs études parlent d’une fourchette basse de 5 % [d’actifs] et d’une fourchette haute de 20 %. À l’échelle mondiale, en fonction des pays, on est entre 5 % et 30 %.

Ce qui est sûr, c’est que les débuts sont prometteurs. Le démarrage est loin d’être timide, et par rapport à ce que nous attendions nous sommes plutôt dans l’hypothèse haute. » Umnia Bank compte trois actionnaires à son tour de table : Qatar International Islamic Bank (QIIB), un spécialiste de la finance islamique, et CIH Bank (l’exCrédit immobilier et hôtelier), une SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017



Maghreb Moyen-Orient banque leader au Maroc, détiennent chacun 40 % des parts, Caisse de dépôt et de gestion (CDG), un organisme public, possède les 20 % restants. Au Maroc, la plupart des banques traditionnelles ont décidé d’investir le terrain de la finance « halal » : avec Attijariwafa Bank, BMCE Bank of Africa, Crédit agricole du Maroc, Banque centrale populaire, mais aussi BNP Paribas ou Société générale (via des fenêtres dévolues aux produits islamiques), tous les grands noms du secteur bancaire sont présents ou le seront bientôt. CIH et Umnia sont, avec Bank Assafa, les premiers à s’être lancés. « Ce contexte concurrentiel est une bonne chose, car il permet au client d’avoir le choix, commente Adnane El Gueddari. Aujourd’hui, les banques n’ont pas toutes démarré, mais il est certain que si seulement un ou deux établissements avaient été créés, l’offre n’aurait pas été assez importante. Nous espérons nous distinguer sur la qualité du relationnel, nous voulons devenir la banque de référence dans la finance participative au Maroc. »

Umnia Bank Début d’activité : fin juillet 2017 Organisme public : CDG

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

20%

Banque marocaine au capital : CIH Bank

40%

40%

Partenaire étranger : Qatar International Islamic Bank

Bank Assafa Début d’activité : fin juillet 2017 Banque marocaine au capital : Attijariwafa Bank

100%

Partenaire étranger : aucun

Bank Al Yousr Début d’activité : 3 août 2017 Banque marocaine au capital : BCP

PIONNIÈRE. Umnia Bank est déjà pion-

nière dans le royaume, puisqu’elle est la première à avoir ouvert des agences ou un portail internet. Dès le mois de mai 2017, alors que les activités ne pouvaient pas encore légalement commencer, le choix a été fait d’ouvrir les premières agences à la clientèle et d’amorcer des actions de communication et d’information. Mohamed Lakhal, le directeur de l’agence Rabat Agdal, explique : « La réaction des visiteurs a été très positive, le travail de vulgarisation du jargon de la finance participative a porté ses fruits. » Depuis la fin du mois de juillet, date à laquelle ouvrir un compte est devenu possible, cinq cents personnes l’ont fait. « Parmi nos clients, on retrouve toutes les catégories socioprofessionnelles, la plupart viennent vers nous pour des raisons de convictions religieuses, et d’éthique aussi ; ils s’attendent à être traités avec bienveillance », précise Mohamed Lakhal. C’est le cas de Wyem, ingénieure informatique de 23 ans, qui a convaincu sa mère d’ouvrir un compte. La jeune fille, fines lunettes de métal et coiffée d’un foulard, explique son choix : « Ce qui pose problème chez les musulmans, ce sont les intérêts sur les crédits, par exemple quand on souhaite acheter un bien immobilier. » La finance islamique a recours à la mourabaha : la banque

Lors de la délivrance des premiers agréments, Bank Al-Maghrib, la banque centrale marocaine, n’a d’ailleurs retenu que les candidatures de groupes bancaires puissants, déjà actifs sur le territoire marocain. Les nouveaux acteurs n’ont pu entrer sur le marché qu’en s’alliant à l’un de ces groupes : Qatar International Islamic Bank avec CIH Bank, le groupe du Moyen-Orient Dalla Al Baraka avec BMCE Bank of Africa, le saoudien GuidanceavecBCP,etIslamicCorporation for the Development, filiale de la Banque islamique de développement, avec Crédit agricole du Maroc. Tous nourrissent de très importantes ambitions, à commencer par le déploiement rapide d’un réseau physique. Adnane El Gueddari détaille celles d’Umnia en matière de développement : « Aujourd’hui douze agences sont opérationnelles sur l’ensemble du territoire. D’ici à la fin de 2017, une vingtaine devraient ouvrir. Nous visons également les villes moyennes, Beni Mellal et, plus tard, Al Hoceima ou Berkane. Une étude de marché montre une grande attente dans toutes les régions du pays, ce qui sera positif pour une plus forte inclusion bancaire de la population. Le financement participatif peut favoriser le développement de l’économie dans certaines régions. »

Un secteur en plein essor

80% 20%

Partenaire étranger : Guidance

Bank Al-Tamweel Wa Al-Inma (BIT Bank) Début d’activité : septembre-octobre 2017 Banque marocaine au capital : Partenaire étranger : BMCE Bank 51% 49% of Africa Al Baraka

Al Akhdar Bank Banque marocaine au capital : Crédit agricole du Maroc

Début d’activité : fin 2017

51% 49%

Partenaire étranger : ICD

acquiert le bien, ajoute sa marge, puis le revend au client à l’issue d’une période plus ou moins longue. Pour Wyem, le fait que sa banque respecte les préceptes de la charia est essentiel. « C’est important d’avoir bonne conscience, mais à condition que ce ne soit pas exagéré », ajoutet-elle. Pourtant, la jeune femme explique ne pas avoir été seulement guidée par des considérations religieuses. « Derrière Umnia, il y a CDG, la banque du Qatar et CIH. Certes, il y a une interface islamique, mais elle est portée également par des acteurs solides… »

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SOURCE : JEUNE AFRIQUE

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pement, des embauches, une centaine jusqu’à présent, qui s’accompagnent de modules de formations spécifiques. D’autres produits seront lancés dans les prochains mois. « Il faut innover en permanence, car les clients attendent de nouveaux produits. Nous réfléchissons en ce moment à l’ijara [location d’un bien détenu par la banque, avec ou sans option d’achat] et aux comptes d’investissement : sans rendement sûr, mais le client s’accorde avec la banque sur un pourcentage de revenu, détaille le directeur général. Nous avons de grosses demandes concernant les produits immobiliers. Les entreprises sont aussi très demandeuses. » Les chantiers attendus par le secteur concernent l’assurance charia compliant, Takaful. De même que l’émission d’un sukuk souverain – un emprunt national: « Nous espérons que ce sera finalisé avant la fin de 2017. Le dispositif a été examiné par le Conseil supérieur des oulémas, et les biens publics, auxquels le sukuk sera adossé, sont déjà identifiés. » SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


Un environnement propice à l’innovation Une économie diversifiée Un hub régional en transports et logistique Des infrastructures et services aux standards internationaux De nouvelles offres touristiques

Un port d’attache pour les investisseurs

© V. FOURNIER pour J.A. - Droits réservés

Au carrefour de l’Afrique, du monde arabe et de l’Asie


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Maghreb Moyen-Orient

Capital-investissement La catastrophe ferroviaire de l’égyptien Qalaa Holdings En 2010, le capital-investisseur reprenait la ligne ougando-kényane. Sept ans plus tard, malgré les quelque 300 millions de dollars d’investissements annoncés, la concession lui a été retirée. MORRIS KIRUGA

L

et

ÉRIC DUPUY

aventure aura duré une décennie: en 2006, Rift Valley Railways (RVR) et son actionnaire majoritaire de l’époque, Sheltam Rail Corporation of South Africa, signaient avec Kenya Railways un accord pour gérer pendant vingt-cinq ans le chemin de fer public reliant Mombasa à Kampala, la capitale ougandaise. Onze ans plus tard, en août 2017, le consortium était forcé par une décision de la Haute Cour du Kenya de remettre tous ses actifs. Entre-temps, la gestion du consortium sera passée de Sheltam à l’australien Toll Holdings avant d’échoir au leader égyptien du capital-investissement Qalaa Holdings (ex-Citadel Capital). En 2010, lorsqu’il reprend une structure bien moribonde, ce dernier se lance dans un investissement unique. Les professionnels du capital-investissement se tiennent en effet en général à distance de ce type de mégaprojets d’infrastructures : en Afrique, les chemins de fer – souvent hérités des colonies – ont des modèles économiques fragiles en raison des investissements vertigineux nécessaires à leur

réhabilitation. En mars de la même année, Qalaa s’offre d’abord 51 % de RVR en faisant l’acquisition notamment des parts détenues par Sheltam. Quatre ans plus tard, il rachètera également les actions détenues par la société d’investissement kényane TransCentury, pour 43,7 millions de dollars (31,6 millions d’euros). Qalaa détient alors 85 % de RVR, laissant le solde à Bomi Holdings, une entreprise ougandaise détenue par l’homme d’affaires Charles Mbire. En 2011, l’égyptien lève via Africa Railways – une structure créée dans le cadre du rachat de RVR – plus de 70 millions de dollars de fonds propres auprès d’institutions financières de développement, dont IFC (filiale de la Banque mondiale), le néerlandais FMO et le français Proparco. L’objectif est alors ambitieux : réhabiliter la ligne longue de 2 352 kilomètres et rendre RVR enfin rentable, après des années de pertes. En janvier 2017, dans un communiqué de presse, le capital-investisseur égyptien estimera à 320 millions de dollars les investissements réalisés dans RVR, sans aucun retour financier…

L’échec de Djelfa

E

ntré en Algérie en 2008, Asec Cement – participation de Qalaa Holdings dans le secteur du ciment – en est sorti en 2017 par la petite porte. Vendu 60 millions de dollars à un investisseur algérien qui semble être le groupe de BTP ETRHB Haddad, Asec Ciment Algérie ne sera pas parvenu à mener son grand projet à terme : construire à Djelfa une cimenterie de 3 millions de tonnes pour un investissement compris entre 500 millions et 600 millions de dollars. Une opération dans laquelle la SFI avait annoncé en 2009 injecter 24 millions de dollars. La sortie de Qalaa Holdings, envisagée depuis de longues années, avait à l’époque été justifiée par la difficulté du groupe égyptien à obtenir des crédits auprès des banques locales. É.D.

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

Deux raisons expliquent cette Bérézina : l’une interne, liée à des actes de mauvaise gestion dénoncés dans un audit de la Banque mondiale, et l’autre externe, conséquence du lancement d’un projet de nouvelle ligne de chemin de fer, à écartement standard (RVR étant à écartement métrique). En 2016, un audit de la Banque mondiale réalisé par la vice-présidence de l’Intégrité – une entité autonome au sein de l’institution internationale – révèle que des dirigeants de RVR ont passé la décennie précédente à spolier les prêteurs de milliards de shillings. Les détails du rapport pointent notamment du doigt Africa Railways, une structure à laquelle les prêteurs ont versé de l’argent et sur laquelle Qalaa Holdings a prélevé des commissions importantes. Ils auraient aussi manipulé les comptes et activement cherché à masquer l’ampleur des difficultésdel’entrepriseauprèsdugouvernement et des prêteurs. De fait, les 320 millions de dollars investis dans la ligne de chemin de fer n’ont pas porté leurs fruits, suscitant des interrogations sur leur utilisation : le fret transporté par RVR a stagné ces dernières années, représentant environ 5 % du fret du port de Mombasa, tandis que le temps de transport entre Mombasa et Nairobi ne s’est guère amélioré. Sans plus de détails, Qalaa Holdings estimait pourtant en 2014 avoir investi dans une technologie moderne, reconstruit l’infrastructure,augmentélacapacitédetransport et développé les compétences opérationnelles modernes. DÉCISIF. L’autre facteur expliquant la

crise connue par RVR est externe : en novembre 2013, le Kenya lançait la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire – à écartement standard, jugé plus adapté aux contraintes modernes – pour 13,8 milliards de dollars. Avec un trajet – Mombasa-Kampala puis Kigali, et potentiellement jusqu’au Soudan du Sud – doublant sur de nombreuses parties la ligne exploitée par RVR… Financé sur fonds chinois, construit (et géré) par SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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l’entreprise d’État China Road and Bridge Corporation (CRBC), un premier tronçon a été inauguré en mai 2017 : reliant Mombasa à Nairobi, il longe, distant de seulement quelques mètres, le chemin de fer historique, avec l’avantage décisif de relier les deux villes en quatre heures, contre une quinzaine auparavant… Entre l’audit de la Banque mondiale et cette nouvelle concurrence ferroviaire, la quête d’un repreneur de RVR, entamée par Qalaa Holdings en 2016, fait long feu. En raison de commissions de concession non réglées, Kenya Railways met un terme en mars 2017 à la concession de RVR, une décision contestée en justice par ce dernier, sans succès. L’absence de Karim Sadek lors d’une réunion clé à Kampala symbolise alors le retrait de l’investisseur égyptien de ce dossier. À sa place, l’associé de Qalaa, chargé de la division transport, aurait, selon le magazine kényan Business Daily, envoyé un employé junior, provoquant la colère du gouvernement… Difficile de savoir exactement combien Qalaa aura perdu dans ce fiasco, mais le plus grave pour lui n’est sans doute pas là. Depuis cet événement, le

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

capital-investisseur a annoncé qu’il se recentrait sur son pays d’origine, liquidant les uns après les autres ses investissements africains et mettant un terme à ses récentes ambitions dans l’est du continent. Ses relations avec les bailleurs internationaux devraient également pâtir de la déconfiture de RVR. Dans son rapport annuel 2016, FMO a ainsi indiqué avoir passé par pertes et profits cet investissement. IFC est quant à lui resté discret sur un sujet d’autant plus sensible qu’il rappelle à l’organisation une autre crise récente. Au cours d’une précédente opération de privatisation-revitalisation de chemin de fer, cette fois en Tanzanie, la filiale du groupe de la Banque mondiale avait en effet déjà connu une très mauvaise expérience, le repreneur manquant à ses devoirs, et le gouvernement mettant un terme à la concession. L’avenir de RVR, dont les actifs ont été transférés à Kenya Railways, reste quant à lui en suspens, même si, de fait, la ligne de chemin de fer héritée des colonies demeure utile : la ligne chinoise est encore loin d’atteindre l’Ouganda (cela ne sera pas le cas avant plusieurs

Difficile de savoir exactement combien le groupe aura perdu dans ce fiasco, mais le plus grave pour lui n’est sans doute pas là. années), et l’augmentation du trafic au port de Mombasa (en croissance de plus de 10 % par an) peut largement justifier de disposer de deux lignes, dont l’une davantage consacrée au fret. En début d’année, Isaiah Okoth, directeur général de RVR, affirmait d’ailleurs dans une interview à l’International Railway Journal que sa société était « stratégique pour SGR [Standard-Gauge Railway, la ligne à écartement standard] et [qu’ils se parlent] déjà pour voir comment transférer du fret entre les deux lignes ». Ajoutant aussi : « Le gouvernement doit être pro-rail, pas seulement pro-SGR »…

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Maghreb Moyen-Orient Depuis l’an passé l’enseigne s’est établie en Afrique de l’Ouest. Ici à Dakar en septembre 2017.

Cette offre limitée au départ au transfert d’argent domestique et international a évolué suivant la maturité de la clientèle, pour embrasser d’autres services de paiement [change manuel, encaissement pour tiers…] et une offre de crédit adaptée en partenariat avec Wafasalaf [la société de crédit à la consommation du groupe] et l’Association de microfinance Al Amana. »

CLEMENT TARDIF

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La banque Wafacash vise les plus pauvres La filiale du groupe Attijariwafa Bank poursuit sa politique d’expansion continentale, avec des premières implantations au Sénégal et au Cameroun. Et un modèle low cost bien rodé. GHIZLAINE BADRI

C

ap sur l’Afrique subsaharienne! Forte de 1611 agences et de plus de 700 collaborateurs au Maroc en 2017, Wafacash a entamé une nouvelle phase de son développement en ouvrant ses premières entités subsahariennes. En vue de toucher les marchés d’Afrique de l’Ouest, la filiale du groupe Attijariwafa Bank spécialisée dans le low income banking a ainsi donné, au Sénégal en 2016, le coup d’envoi de Wafacash West Africa et obtenu en 2017 l’agrément pour la filiale Wafacash Central Africa au Cameroun, avec pour objectif, à terme, de couvrir toute l’Afrique centrale. Derrière le déploiement actuel de Wafacash, une idée simple: profiter du transfert d’argent – dont le montant total à destination de l’Afrique subsaharienne s’est élevé en 2015 à 35 milliards d’euros – pour toucher une population à faibles revenus. Expérimentée avec succès au Maroc, la formule revêt un véritable potentiel dans les zones Uemoa ou Cemac, où les taux de bancarisation ne dépassent pas 15 %, il y aurait au bas mot 400 millions d’Africains n’ayant pas accès aux services financiers. « Au départ, Wafacash était un réseau pourles transferts de ladiaspora,avantque JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

l’on s’aperçoive que cela attirait des clients qui n’osaient pas entrer dans des agences traditionnelles. Nous avons alors demandé l’autorisation de la Banque centrale pour que Wafacash puisse ouvrir des comptes, et le succès ne s’est pas démenti », affirmait à la fin de 2016 le PDG d’Attijariwafa Bank, Mohamed El Kettani, dans une interview à Jeune Afrique. Samira Khamlichi, la DG de Wafacash, confirme: « À partir de 2009, Attijariwafa Bank et Wafacash ont pris l’initiative de lancer un nouveau concept dans le domaine de l’industrie bancaire, visant à démocratiser la banque et à favoriser l’inclusion financière, à travers le lancement d’une offre destinée à une clientèle modeste, qui se compose d’un compte bancaire simple avec des services financiers adaptés, accessibles exclusivement à travers le réseau de Wafacash.

Le transfert d’argent attire des clients souvent non bancarisés.

INCONTOURNABLE. Aux populations pauvres ayant peu de chances de pousser un jour la porte d’une banque, Wafacash permet de faire leurs premiers pas dans cet univers réputé hermétique, avec un éventail le plus large possible, puisque l’objectif est de faire de l’enseigne marocaine le «magasinfinancier»incontournable:dans le transfert d’argent, Wafacash met ainsi à la disposition de ses clients son réseau, d’une très grande densité au niveau national,maisaussiceluidesmastodontesinternationaux, dont Moneygram et Western Union. Dans d’autres domaines, Wafacash a signé un partenariat avec Orange pour le règlementdesachatsviasae-boutiqueetle paiement des e-factures ou encore avec la direction des impôts pour l’encaissement de la vignette et des créances publiques… Le faible pouvoir d’achat du client est compensé par une forte maîtrise des coûts, avec des agences facilement accessibles et des services grandement simplifiés. Une seule de ces agences, dont la superficie varie de 20 m2 à 25 m2, coûterait quelques milliers d’euros à développer, contre plus d’une centaine de milliers pour une agence bancaire classique mesurant de 250 m2 à 500 m2. Un design et un aménagement type sont dupliqués en série. « Wafacash adopte ainsi le low-cost sur l’ensemble de son processus d’implantation. La stratégie RH s’appuie sur une politique de formation au niveau local afin de réduire les process. Par ailleurs, grâce au modèle Wafacash, le transfert de fonds électronique est moins risqué, car plus les taux d’assurance sont faibles, plus les coûts sont bas », souligne Nourdine Skalli, directeur général de l’Association marocaine Solidarité sans frontières (AMSSF), qui œuvre en faveur des microentrepreneurs. Pour croître vite et à moindre coût, la filiale d’Attijariwafa Bank recourt aussi à des indépendants franchisés. Avec ce modèle, et malgré un segment de clientèle peu aisée, elle fait la preuve de sa solidité : en 2016, les profits ont ainsi atteint 35,5 % des revenus, un SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017



Maghreb Moyen-Orient niveau légèrement supérieur à la moyenne du groupe. Profitable, le modèle organisationnel alimente aussi le rythme de développement très soutenu: au Maroc, le réseau de Wafacash s’étoffe d’une centaine d’unités par an, avec 10 000 à 15 000 nouveaux clients mensuels. Chaque année depuis 2010, les revenus comme les profits de Wafacash connaissent une hausse à deux chiffres. Au sud du Sahara, le déploiement s’avère tout aussi rapide. Implanté au Sénégal depuis février 2016, Wafacash a pu y développer 200 agences, grâce à la conversion d’établissements de la CBAO (filiale bancaire du groupe) consacrés au transfert d’argent. Au Cameroun, une centaine de points de vente ont également été implantés. En Côte d’Ivoire, les activités devraient commencer en 2018, en utilisant à plein le réseau de la Société ivoirienne de banque, la banque locale du groupe. Suivront d’autres pays de la sous-région comme le Bénin, le Burkina et le Niger. Dans ce domaine comme dans d’autres (les assurances notamment), l’idée d’Attijariwafa Bank est de jouer au maximum

Une croissance à deux chiffres

elle). Au Cameroun et au Sénégal, les équipes des banques locales du groupe ont été impliquées dans la croissance de Wafacash avant même la création des entités juridiques.

PNB (en millions de dirhams) 400

AMÉLIORATION. « L’objectif est d’accé-

350

300

250 SOURCE: WAFACASH

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200

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2010

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2016

Entre 2010 et 2016, les profits de Wafacash ont augmenté de 135 %

la carte de la complémentarité. Au Maroc, Wafacash a permis d’amorcer la bancarisation de populations demeurées jusqu’alors en dehors du système bancaire, ce dont Attijariwafa Bank a profité (puisque les comptes sont ouverts chez

Depuis notre création, il y a 40 ans, le continent africain est au cœur de nos priorités. Proparco y accompagne l’ensemble des acteurs privés, de l’entrepreneur local au groupe bancaire régional, en leur apportant expertise et financements long terme, sous forme de prêts, de prises de participations ou de garanties. Notre mission est de les soutenir dans leurs projets dès lors qu’ils contribuent à la croissance et au développement durable. Cette priorité africaine a d’ailleurs été réaffirmée cette année avec l’engagement de consacrer, d’ici 2020, 2,7 milliards d’euros de financements à l’Afrique. La particularité de Proparco réside dans son implantation régionale et sa capacité à proposer des instruments financiers adaptés aux besoins des entreprises mais peu disponibles sur les marchés nationaux. Au-delà des financements, Proparco apporte une véritable valeur ajoutée à ses clients en les accompagnant dans l’amélioration de leurs pratiques environnementales et sociales. À titre d’exemples, nous avons récemment participé au financement de deux des plus grandes centrales solaires d’Afrique de l’Ouest au Sénégal, nous sommes entrés au capital d’une institution de microfinance en RDC et d’un fonds d’investissement pour soutenir l’émergence des PME africaines. Des projets porteurs d’impacts en termes d’emploi, de lutte contre les changements climatiques et d’accès aux biens et services essentiels. Grégory Clemente, Directeur Général de Proparco Pour nous contacter ou plus d’informations : www.proparco.fr | @ @Proparco

lérer le rythme de développement dans les pays d’implantation en contribuant à l’amélioration du taux de bancarisation et en intégrant les différentes populations dans le tissu socio-économique à l’échelle locale et régionale », confirme Samira Khamlichi. « Les banques du groupe profitent à la fois du renforcement de leur offre dans le domaine du transfert d’argent, et, surtout, à plus long terme, d’un puissant réseau de distribution complémentaire », analyse un consultant. Il s’agit toutefois de laisser l’entreprise grandir à son rythme, en fonction des progrès commerciaux : au Sénégal, suivant l’exemple du Maroc, Wafacash a déjà commencé à étoffer ses offres en ajoutant des services d’ouverture classique de compte. L’aventure ne fait donc que commencer.


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Maghreb Moyen-Orient

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Portrait Incontournable en Tunisie, Habib Karaouli lorgne l’Afrique Avec la Banque d’affaires de Tunisie, le financier est devenu, en une décennie, le numéro un du conseil. Sur un marché étroit, il veut désormais exporter son savoir-faire au sud du Sahara. MATHIEU GALTIER,

Q

à Tunis

uand Habib Karaouli arrive en 2003 à la tête de la Banque d’affaires de Tunisie (BAT), l’économiste de formation résume sa stratégie au conseil d’administration d’un lapidaire « small is beautiful ». Quatorze ans après, la BAT – renommée Capital African Partners Bank (CAP Bank) en février 2017 – n’a plus rien d’une petite boutique. Depuis 2003, elle a mené à bien des missions d’évaluation et de restructuration pour un montant de plus de 450 millions de dinars (155,5 millions d’euros) de dettes bancaires restructurées. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

Et elle s’est fait connaître en dirigeant – parfois en s’y associant – plusieurs opérations de cession de participations publiques et d’ouverture de capital pour des recettes avoisinant les 5 milliards de dinars. Avec, comme point d’orgue, la gestion, en consortium avec la banque espagnole Santander, de la cession de 35 % de l’entreprise publique Tunisie Télécom à Tecom et à Dubai Investment Group pour 1 milliard d’euros en 2006. « Cette opération a été un point de bascule », se remémore Habib Karaouli. Grâce à cette privatisation, qualifiée à l’époque de

« transaction du siècle en Tunisie », Habib Karaouli fait passer la banque d’affaires dans une autre dimension. Et, fort de cette expérience, il profite pleinement, à la suite de la révolution de 2011, de la vente des entreprises confisquées aux proches de l’ex-président Ben Ali. La BAT a ainsi remporté l’appel d’offres pour la cession de quatre des neuf sociétés privatisées dans ce cadre: le concessionnaire automobile Ennakl (Volkswagen), la Banque de Tunisie, Tunisie Télécom et l’International School of Carthage. Une aubaine : les trois premières opérations ont représenté près de 90 % du chiffre d’affaires de CAP Bank entre 2012 et 2013, quand les activités liées au secteur privé étaient au point mort. Les privatisations devraient s’accélérer dans les prochains mois, ce qui profitera vraisemblablement à CAP Bank, qui s’est déjà mis sur les rangs SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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pour s’occuper des « joyaux de l’État » que sont la Banque islamique Zitouna et le concessionnaire automobile Alpha Ford. Pourtant, malgré ces cessions d’entreprises publiques à venir, Habib Karaouli entend privilégier les clients privés à l’accompagnement du secteur public. Une question d’âge sans doute (il a 64 ans), mais aussi la conséquence de son expérience dans l’administration (ministère des Finances et Agence tunisienne de l’emploi) et de la révolution. « Nous sommes les seuls sur la place à proposer un service complet aux entreprises, depuis le conseil jusqu’au financement, avec la création de deux fonds d’investissement [d’un montant total de 55 millions de dinars]. » Dans ses activités, le banquier d’affaires entend pousser les PME. Les financements des fonds vont ainsi en priorité aux secteurs agroalimentaire, de la santé, de l’éducation supérieure et des nouvelles technologies : « Autant de marchés où les avantages de la Tunisie sont réels. » Ainsi, c’est à CAP Bank que l’équipementier en télécommunications Sotetel a fait appel pour les prochaines créations de filiales en Algérie et à Malte. Avec un chiffre d’affaires (CA) de 4 millions de dinars et une position de quasi-monopole – son seul concurrent local direct, l’International Maghreb Merchant Bank (IMMB), ne réussirait à grappiller que 10 % de parts de marché du secteur de la banque d’affaires –, CAP Bank est devenu un acteur incontournable sur le terrain des cessions, fusions-acquisitions et conseils financiers : « Nous sommes les seuls pure players de la place sur ces créneaux », assure Habib Karaouli. Un atout réel mais insuffisant pour survivre en raison des difficultés de l’économie tunisienne et du degré d’activité relativement faible dans le domaine des fusions-acquisitions, des restructurations et du conseil financier. TOILETTAGE. Conscient de devoir fran-

chir un palier, le major de son DESS en économie et finance obtenu à l’université Paris-I a donc décidé de donner un nouvel élan à la banque d’affaires en privilégiant l’Afrique, d’où le changement de nom de l’établissement. Un toilettage complet en matière de communication, mais les fondamentaux restent les mêmes: grandir petit à petit sans chercher à jouer dans la cour des mastodontes, les Rothschild, Lazard ou autres. « Notre cible, ce sont les PME et les PMI des pays qui ont connu des transitions, au même titre que la Tunisie, SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

détaille Habib Karaouli. Je pense notamLazard, avait en vain postulé), qui a selon lui fait la part belle « aux pseudo-indusment au Mali, à la Côte d’Ivoire, au Bénin. triels et aux montages immobiliers sans Notre petite taille par rapport aux grandes banques marocaines nous donne un vrai assise réelle ». Le banquier fustige notamavantage compétitif. » Grâce à cette réoment le projet Tunisia Africa Mall, censé rientation, le responsable table sur une devenir le plus grand centre commercial d’Afrique, et qu’il considère comme multiplication de ses revenus par deux en trois ans, et par trois ou quatre d’ici à cinq l’exemple type d’investissement d’opportunisme, sans fondement économique : ans. À condition de « ne pas lâcher la proie pour l’ombre », selon l’expression de celui « Vous croyez qu’après sa construction des qui a dirigé au tournant des années 2000 charters vont venir pour que les touristes y fassent leurs courses ? Vous croyez que l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant (Aneti) : l’onvaconcurrencerDubaï 80 % du chiffre d’affaires sur ce créneau? Mon expérience m’a prouvé que ce de CAP Bank est pour Des deals qui marche n’est jamais l’instant réalisé avec des historiques reproductible ailleurs. » sociétés tunisiennes ayant C’est cette liberté de ton une activité liée à l’Europe 2012-2013 et sa vision financière qui ou avec des sociétés euroConseil de l’État péennes se développant ont fait le succès de Habib dans la cession des participations Karaouli, et que saluent, en Tunisie. Habib Karaouli confisquées dans Ennakl, rêve de faire de sa banque quasi unanimement, les la Banque de Tunisie, acteurs financiers tuniunpivotpourdeséchanges Kia Motors économiques à taille siens. « Bien qu’il soit Montant : plus de humaine entre l’Afrique le patron d’une banque 200 millions d’euros et l’Europe, voire l’Asie, où d’affaires publique, Habib « partenariats pérennes » Karaouli critique les poli2007 et « véritables transferts de tiques publiques si besoin, Conseil de l’État se réjouit Walid Bel Hadj compétences » seraient les dans la privatisation Amor, vice-président de maîtres mots. Une vision de Magasin Général l’Institut arabe des chefs partagée par les invesMontant : d’entreprise (IACE). Il tisseurs internationaux 40 millions d’euros défend ses points de vue, puisque Habib Karaouli souvent originaux, sans a reçu en octobre 2016 à 2005-2006 avoir peur. » Plus persiPékin le prix du banquier Conseil de l’État fleur, un intermédiaire d’affaires de l’année lors dans la cession de 35 % en Bourse salue en Habib de l’International Capital du capital de Conference pour « sa Karaouli « un banquier très Tunisie Télécom intelligent, et très bien contribution au dévelopMontant : introduit dans le milieu pement du métier, la diver1,9 milliard d’euros politique ». En juin 2016, sité de ses réalisations et sa au moment où tout le créativité ». 2003-2005 monde spéculait sur le Mais un obstacle de Conseil de l’État taille à la réalisation de successeur de Habib Essid, dans la cession alors Premier ministre, le son projet demeure: l’État. de la Banque du Sud nom de Karaouli avait La puissance publique est Montant : même circulé parmi les indirectement le principal 40 millions d’euros outsiders possibles. N’aactionnaire de CAP Bank via les banques publiques t-il pas été dirigeant d’une grande administration, et STB (30 % de CAP Bank) et BNA (11,1 %). Et le moins que l’on puisse suivi de très près les grandes privatisations de ces dernières années ? Ne connaît-il dire est que Habib Karaouli ne partage pas pas les rouages financiers ? N’est-il pas la vision de son actionnaire de référence. originaire de Gafsa, important foyer de Il cite volontiers deux « rendez-vous manqués » par l’État : la loi bancaire de 2016, contestation sociale? En septembre 2017, « qui aurait dû favoriser le rapprochement, à l’heure où la position de Youssef Chahed à la tête du gouvernement est fragilisée, le la fusiondes banques, trop nombreuses en Tunisie », et la Conférence internationale nom de Karaouli était à nouveau murmuré sur l’investissement Tunisia 2020 (pour en coulisses. Comment dit-on « small is l’organisation de laquelle BAT, associé à beautiful » en langage politique ? JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


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Maghreb Moyen-Orient

Prêts En Algérie, le retour du « crédit conso » ne fait pas florès Près de deux ans après son rétablissement et malgré les espoirs placés en lui, le crédit à la consommation, limité aux produits fabriqués localement, tarde à rencontrer le succès. DJAMILA OULD KHETTAB,

à Alger

L

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

redirigé vers nous par notre partenaire », soulignePascalGuillaud,directeurdupôle commercial de Société générale Algérie. La banque française, qui revendique une place de leader sur le marché du crédit algérien, a ainsi signé une centaine de conventions avec des producteurs présents sur le territoire. Parmi eux, Condor, Brandt, Enie ou Cima Motors.

SIDALI DJENIDI POUR JA

e crédit à la consommation a fait son retour en Algérie, après une suspension qui aura duré plus de cinq ans. Ce service bancaire, qui a été réintroduit par les autorités algériennes sur le fondement de l’article 88 de la loi de finances 2015, se présente cependant sous une forme différente. Contrairement au système de crédit proposé jusqu’en 2009 qui avait porté l’activité des financiers, le dispositif est, cette fois, encadré par des conditionstrèsstrictes,énuméréesdansun décret exécutif publié au Journal officiel en mai 2015. Autrement dit, l’Algérie a tourné le dos au mode de crédit non affecté, qui permettait aux banques de financer « tout et n’importe quoi », selon une source au ministère des Finances. Le crédit à la consommation ne concerne désormais que sept catégories de biens fabriqués ou assemblés sur le sol algérien – notamment l’automobile, l’électroménager et l’ameublement –, mais aucun taux plancher d’intégration n’est requis. Par conséquent, les banques ne peuvent plus prêter à des ménages qui souhaitentacquérirdesproduitsimportés. Le contexte de crise budgétaire a pesé dans ce choix : touchée de plein fouet par la chute des prix du baril de pétrole, l’Algérie multiplie les efforts pour maîtriser son déficit commercial, estimé à 18 milliards de dollars (15 milliards d’euros) en 2016. Avec comme objectif de réduire la facture des importations en incitant les consommateurs algériens à se tourner vers la production locale. Dans la pratique, les établissements bancaires se sont associés à des producteurs algériens, des fournisseurs multimarques locaux ou des fabricants étrangers implantés en Algérie pour promouvoir leur nouvelle formule de crédit. « Lorsqu’un client veut acheter un bien chez l’un de nos partenaires mais a besoin d’un coup de main financier, il est

« Nous sommes également en discussion avec Volkswagen, qui a récemment ouvert une usine à Relizane [à quelque 300 km à l’ouest d’Alger]. Le protocole devrait être formalisé dans les prochaines semaines », confie Pascal Guillaud. En l’espace d’un an et demi, Société générale Algérie a répondu favorablement à 15 000 demandes de crédit, pour un montant cumulé de 4 milliards de dinars (soit environ 30 millions d’euros). « Le coût du prêt moyen pour le BBM [Blanc Brun Mobilier] est de 350 000 dinars et de 998 000 pour l’automobile. Pour ce type d’achat, on exige toutefois un apport personnel d’au moins 30 % du coût total

Les produits fabriqués localement restent rares (ici, une usine du groupe Condor, à Bordj Bou Arreridj en 2012).

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


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de la voiture », précise Mohamed Arabi, porte-parole de Société générale Algérie. De son côté, BNP Paribas El-Djazaïr, qui avait aussi largement bénéficié du boom des crédits aux particuliers au début des années 2000, a accordé 5 000 crédits à la consommation en 2016. Un chiffre honorable mais quatre à cinq fois inférieur à celui qu’avait atteint Cetelem Algérie (filiale de BNP Paribas, désormais intégrée à la banque algérienne) au cours de sa première année d’activité, en 2016-2017. EMBRYONNAIRE. En définitive, le retour

du crédit à la consommation n’a pas suscité l’enthousiasme du secteur bancaire, comme cela avait été le cas au début des années 2000. À l’époque, d’après l’Association des banques et des établissements financiers (Abef ), le pays comptait plus de 700 000 emprunteurs à la veille de l’interdiction, et, entre 2005 et 2008, une voiture achetée sur deux

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

l’était grâce à un crédit à la consomgrande banque privée qui a requis mation. Pour expliquer l’échec connu l’anonymat. aujourd’hui, les professionnels du sec« Avec l’arrivée sur le marché de nouteur pointent d’abord du doigt l’état velles marques, on peut espérer atteindre jusqu’ici embryonnaire de l’industrie un volume de 100 000 automobiles montées en Algérie d’ici à la fin de 2017. Ce locale. Au moment du rétablissement du crédit à la consommation, seul un n’est pas encore vraiment considérable », modèle de véhicule estampillé « made estime Hassan Haddouche, ancien consultant dans le secteur bancaire. in bladi » – la Renault Symbol, assemblée dans une usine à Oued Tlelat, en péri« Il n’y a que 200 références algériennes phérie d’Oran – était commercialisé. Soit dans le domaine du BBM. Pour l’heure, un volume de 30 000 voitures par an… seul Renault tire son épingle du jeu », considère de son côté l’ex-responsable Les banques publiques, les plus grandes du pays, ont tardé à entrer d’une grande banque pridans la course. « Le retour vée. Les « mauvais souvenirs de la première vague du crédit à la consommation fait pour le moment l’effet du crédit à la consommation » expliquent aussi les d’un pétard mouillé. On ne réticences des entreprises constate pas d’engouement, ni auprès des clients ni bancaires. Les chiffres ne C’est la hausse auprès des établissements sont pas officiels, mais, annuelle connue bancaires », observe l’anselon plusieurs sources par les crédits cienne responsable d’une croisées, deux tiers des bancaires en clients ne se sont finalement Algérie en 2015 jamais acquittés des dettes et 2016, malgré qu’ils avaient contractées le ralentissement au début des années 2000. économique « Les banques n’ont pas communiqué sur les taux d’impayés pour ne pas créer un effet de panique et ne pas inciter ceux qui remboursaient à arrêter. Mais la première expérience de l’Algérie en matière de crédit à la consommation reste traumatisante pour les banques », souligne Hassan Haddouche. Le gouvernement, qui, avec la création d’une centrale des risques des entreprises et des ménages de la Banque d’Algérie, a accompagné le retour du crédit à la consommation, semble pourtant tirer les leçons du passé. Les banques ne profitent pas non plus du retour du crédit à la consommation, car elles ne disposent plus des mêmes ressources que celles qu’elles détenaient quand les autorités ont évoqué pour la première fois la réintroduction de cette forme d’endettement en 2014. La nécessité de renflouer les caisses de l’État a fragilisé le secteur. Et Hassan Haddouche de conclure : « La situation des banques algériennes a changé de manière significative entre 2014 et aujourd’hui. Il y a trois ans, les établissements bancaires se trouvaient en surliquidité. Mais le recours à l’emprunt national [568 milliards de dinars levés en octobre 2016] a siphonné les réserves des banques, qui, par conséquent, ne peuvent plus prêter des fonds avec autant de facilité… »

17 à 18 %

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


72

CLASSEMENT BILAN

Le secteur financier résiste à la crise

Au Nigeria, le ratio de prêts non performants aurait bondi à 15 % en 2016, avec des pointes à 25 %, comme chez FBN. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


73

Le total de bilan cumulé des 200 premières banques africaines continue de baisser, mais moins vite. Principale inquiétude : la montée des risques un peu partout. FRÉDÉRIC MAURY

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES

A

près une année 2015 très délicate, marquée par une nette baisse (– 5,2 %), les actifs totaux des 200 premières banques africaines ont franchi 2016 sans trop d’encombre. Certes, l’année écoulée s'est soldée par un nouveau recul, le total de bilan cumulé des 200 passant de 1 497,2 milliards de dollars à 1 471,4 (1 396 milliards d’euros environ), mais eu égard à la conjoncture délicate que connaissent la plupart des grands pays du continent, le pire a sans doute été évité après une année 2015 qui pouvait, sous certains aspects, faire craindre le pire. Les revenus des 200 se sont aussi stabilisés, avec une baisse de 2,3 %, contre une chute de 6,1 % l’année dernière. Signe d’une amélioration sectorielle, les profits cumulés ont quant à eux progressé de 3,1 %, contre un effondrement de près de 8 % en 2015. Pourtant, en 2016, les secousses n’ont pas manqué : le Nigeria est ainsi entré en récession, avec une baisse de 1,5 % de son PIB selon les chiffres de la Banque mondiale. L’Afrique du Sud, autre grande économie du continent et leader de notre classement bancaire, a échappé de peu au même sort, finissant l’année sur un PIB en hausse de 0,3 %. Le Maroc, autre poids lourd du monde financier africain, a vu sa croissance chuter de 4,5 % en 2015 à 1,1 % en 2016. En définitive, rares sont les pays qui comptent dans le panorama bancaire du continent (parmi eux, citons l’Égypte ou la Côte d’Ivoire) à avoir réussi à maintenir une croissance soutenue, condition importante pour le développement et la bonne santé des établissements financiers. Si, malgré ces facteurs défavorables, ces derniers ont réussi à passer 2016 sans trop de


74

Classement Banques

Sur des marchés où la bancarisation reste faible, les banques ont réussi à maintenir le cap de la croissance.

difficultés, c’est à plusieurs facteurs qu’ils le doivent. Tout d’abord à un simple effet de change: après avoir lourdement chuté en 2015 (d’environ 25 %), le taux de change rand/dollar a entamé en 2016 un mouvement inverse, finissant l’année sur une hausse de 14 %. Étant donné le poids consi‑ dérable des géants bancaires sud-africains dans notre palmarès annuel, cette évolution a donné un véritable coup de pouce au total de bilan cumulé des 200, qui aurait été encore plus important si les monnaies de deux autres grands pays bancaires (l’Égypte et le Nigeria) n’avaient emprunté le chemin inverse, avec de sérieuses dévaluations tant pour la livre égyptienne que pour le naira. Le second phénomène est plus subtil : sur des marchés où la bancarisation reste globalement faible, les banques africaines sont parvenues à maintenir le cap de la croissance, tant du côté des dépôts que de celui des crédits. Toutefois, la situationéconomiqueamécaniquementaugmenté les risques, avec un niveau de créances douteuses qui a de manière générale considérablement augmenté depuis quelques années. Au Nigeria, selon Renaissance Capital, le ratio de prêts non performants (par rapport au total des crédits) a bondi de 5 % à environ 15 % entre 2015 et 2016, avec pour certains établissements comme First Bank Nigeria des pointes à 25 %. Au Kenya, selon la même banque d’affaires, les prêts douteux ont bondi de 38 % en 2015, puis de 41 % sur les neuf premiers mois de 2016. Même au Maroc, réputé pour sa bonne qualité de gestion, le taux des

Méthodologie Notre base de données répertorie 1 061 banques (en diminution de 0,75 %) et 719 sociétés d'assurances (en augmentation de 35 %). Chacune a été contactée au moins une fois et parfois jusqu’à cinq fois. Il nous aura fallu cinq mois pour obtenir 447 réponses de banques, 173 venant d’assureurs, pour réaliser le palmarès des 200 premiers groupes bancaires africains, les classements par zones et par critères, et celui des 100 premières compagnies d'assurances. Les éléments financiers ont tous une source clairement définie et, pour la plupart, nous ont été communiqués par les entreprises. Ces classements portent sur l’exercice 2016. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

Lorsque les résultats nous ont été donnés en monnaie locale, ils ont été convertis en dollars, aux taux de change en vigueur au 31 décembre 2016 (source : oanda.com). Lorsque nous ne parvenons pas à obtenir d’informations actualisées, nous gardons celles de l’édition précédente (en le signalant en italique). Au bout de deux années sans nouvelles d’un établissement, il disparaît de nos classements. Les classements spécialisés (capital-investissement, fusions-acquisitions, Bourse et dettes) sont quant à eux réalisés par les équipes éditoriales de Jeune Afrique à partir des informations publiques ou de celles de certains supports spécialisés. JEANNE-MARIE DAMILLEVILLE

créances en souffrance est passé entre 2014 et 2016 de 6,9 % à 7,6 %. Sans surprise, donc, une majorité de banquiers africains se concentre désormais sur la qualité des actifs, mettant entre parenthèses les stratégies de croissance ou les reléguant au deuxième plan. Analysé d’un point de vue régional, notre clas‑ sement confirme quelques évolutions pressenties ces dernières années, avec, en premier lieu, la montée des banques est‑africaines et le recul de celles d’Afrique centrale. En deux ans, le poids de l’Afrique de l’Est dans notre palmarès des 200 (en termes d’actifs) est ainsi passé de 4,35 % à 6,04 %. Fruit logique d’un double phénomène kényan : une croissance soutenue à domicile et une régionalisation largement entamée et qui a par exemple permis au groupe Equity Bank de se développer jusqu’en RD Congo (lire pp. 26-27). À l’inverse, les institutions d’Afrique centrale voient leur poids diminuer, passant de 1,74 % en 2014 à 1 % en 2016. Cette région ne classe plus que 9 banques (contre 11 lors de notre précé‑ dent palmarès) parmi les 200. Seul réel espoir de voir cette tendance s’inverser : la progressive montée en puissance des institutions basées en RD Congo, dont l’émergence semble inéluctable dans un marché sous-bancarisé et dont le potentiel économique est immense. Grâce à l’évolution favorable du rand, la zone Afrique australe et océan Indien renforce sa domination dans notre palmarès, pesant désormais 47,8 % du total, contre 41,6 % l’année précédente, avec un total de bilan cumulé en hausse de 13,1 %. Les deux autres grandes zones bancaires du continent, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord, voient à l’inverse leur poids se réduire, passant pour la première de 16,4 % à 14,4 %, et pour la seconde de 35,75 % à 30,75 %. Au niveau des pays, les évolutions sont similaires : l’Afrique du Sud renforce son poids (de 34,7 % à 39,7 %), tandis que l’Égypte voit le sien s’effondrer en raison de la dévaluation de la monnaie nationale (de 16,1 % à 10,8 %), tout comme le Nigeria (de 11,4 % à 7,3 %). Le Maroc double par conséquent le géant ouest-africain et s’empare de la troisième place continentale avec 9,85 % du total des actifs des 200. Suivent l’Algérie, l’Angola, le Kenya et les vingt-six autres pays classés dans notre palmarès panafricain. NETTOYAGE. Globalement, 2017 semble s’annon‑

cer comme un cru meilleur que 2016 et, surtout, que 2015. Le retour de la croissance économique au sud du Sahara est certes timide, à 2,6 % en 2017 et 3,5 % en 2018, selon le Fonds monétaire international, mais il est réel : hors Nigeria et Afrique du Sud, la région devrait même retrouver les niveaux d’avant 2015. Pour l’Afrique du Nord, les prévisions de l’institution internationale sont également plutôt positives, avec une croissance de 4,8 % attendue en 2017, et de 3,3 % en 2018, SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017



Classement Banques LES ACTIFS CUMULÉS BAISSENT…

…LES REVENUS AUSSI (en milliards de dollars)

20

0

60

,9

,6

63

500

65

69 40

,3

,5

1 000

2015

2016

53

60

65

,4 71 14

,2 14

97

79 15

58

,5

,3

80

14

,2 47 14

,3 68

1 500

PNB total des 200 premières banques

(en milliards de dollars)

,9

Total de bilan des 200 premières banques 2 000

13

0 2011

2012

2013

2014

2015

2016

2011

2012

2013

2014

L’AFRIQUE AUSTRALE ASSOIT SA DOMINATION Afrique australe

47 %

Afrique de l’Ouest

Afrique du Nord

30 %

Afrique de l’Est

14 %

6%

Afrique centrale 1,02 %

grâce au dynamisme du Maroc et de l’Égypte. Pour les institutions financières, le message est clair : celles qui auront accompli le travail le plus efficace en matière de nettoyage des comptes et d’efficience opérationnelle seront les mieux placées pour investir et bénéficier au mieux du retournement économique. PERSPECTIVES. D’autant que sur d’autres fronts financiers, les perspectives restent porteuses, comme en témoignent les autres classements présentés dans les pages qui suivent. Le capital-investissement, sans vivre le raz de marée d’argent qu’ont connu certains marchés émergents par le passé, continue son développement, avec une plus vaste palette d’investisseurs et une plus grande variété de secteurs. En tout, selon les statistiques de l’Association africaine

14 sorties et autant d’entrées

Q

uatorze banques quittent cette année notre classement des 200 premières banques africaines. Pour la plupart (comme Citibank Nigeria ou HSBC Algérie), ce départ s’explique simplement : les institutions concernées ne nous ont pas fourni de chiffres financiers actualisés depuis 2014 et, après deux années sans données, les banques quittent automatiquement notre palmarès. Mais certains (comme Ecobank Cameroun) n’ont pas crû assez vite pour accrocher les dernières places dans nos 200. Du côté des entrants figure une immense majorité de banques opérant dans des pays anglophones, à l’exception notable de Bank of Africa Sénégal (lire p. 32). F.M.

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

du capital-investissement et du capital-risque (Avca), pas moins de 145 deals ont été enregistrés l’an dernier, représentant 3,8 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) investis dans les entreprises africaines, soit la troisième meilleure performance depuis 2009 (lire pp. 108-109). Le secteur financier reste d’ailleurs plébiscité par les investisseurs, comme le traduisent les placements pour un total de plusieurs centaines de millions de dollars de Norfund et FMO dans la plateforme bancaire Arise, de DPI dans le groupe Banque atlantique ou de PIC dans Barclays Africa. En matière de fusions-acquisitions, l’activité a également été soutenue. Le service d’intelligence Mergermarket a ainsi recensé 244 opérations en 2016 pour 39 milliards de dollars, un chiffre en augmentation de 49,1 %, soit le plus haut niveau atteint depuis 2010. L’année a notamment été marquée par le rachat des parts d’AB Inbev dans Coca-Cola Beverages Africa par Coca-Cola pour 3,1 milliards de dollars ou encore l’acquisition auprès de Freeport-McMoRan de 56 % de Tenke Fungurume Mining par China Molybdenum Co. D’après Mergermarket, sur le plan continental, c’est la division banque d’affaires de Standard Bank qui a été la plus active en termes de conseils financiers dans des opérations de fusion-acquisition, devant Lazard. En revanche, c’est toujours la déception qui règne autour des marchés financiers africains, qui ne parviennent pas, ou trop rarement, à jouer le rôle qu’ils devraient tenir. Seules 20 introductions en Bourse ont en effet eu lieu en Afrique en 2016, contre 28 en 2015, un chiffre en soi déjà dérisoire. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

SOURCE : JEUNE AFRIQUE

76



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Geneva

London

Lugano

Luxembourg

Paris

Singapore

Zurich


79

Classements

80 Les 200 84 Afrique du Nord 86 Afrique de l’Ouest 88 Afrique centrale 90 Afrique de l’Est 92 Afrique australe et océan Indien 94 Les plus rentables 96 Les plus prêteuses

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


Classement Général LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (1-50) Total de bilan (en millions de dollars)

1

1

STANDARD BANK GROUP

Afrique du Sud

Sim Tshabalala

141 842

7 248

2

2

STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA

Afrique du Sud

Ben Kruger

93 310

4 854

3

4

FIRSTRAND BANKING GROUP

Afrique du Sud

Johan Burger

83 415

5 212

4

3

BARCLAYS AFRICA GROUP

Afrique du Sud

Maria Ramos

79 912

3 049

5

6

NEDBANK GROUP

Afrique du Sud

Mike Brown

70 114

3 624

6

8

ATTIJARIWAFA BANK

Maroc

Mohamed El Kettani

42 131

1 933

7

5

NATIONAL BANK OF EGYPT

Égypte

Hisham Okasha

38 613

ND

8

9

INVESTEC GROUP LIMITED

Afrique du Sud

Stephen Koseff

36 891

ND

9

10

BANQUE CENTRALE POPULAIRE (GR. BANQUE POPULAIRE)

Maroc

Mohamed Benchaaboun

34 559

1 538

10

12

RAND MERCHANT BANK

Afrique du Sud

James Formby

31 582

ND

11

11

BMCE BANK

Maroc

Othman Benjelloun

30 060

1 276

12

17

FIRST NATIONAL BANK SOUTH AFRICA

Afrique du Sud

Jacques Celliers

27 779

ND

13

13

BANQUE NATIONALE D’ALGÉRIE (BNA)

Algérie

Achour Abboud

25 306

922

14

7

BANQUE MISR

Égypte

Mohamed El Etrebi

23 618

622

15

14

BANQUE EXTÉRIEURE D’ALGÉRIE (BEA)

Algérie

Mohamed Loukal

22 909

777

16

15

ECOBANK TRANSNATIONAL INC.

Togo

Ade Ayeyemi

20 511

1 972

17

20

LIBYAN FOREIGN BANK

Libye

Mohammed A. Bait Al Mal

18 865

213

18

26

COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA

Éthiopie

Bekalu Zeleke

17 072

ND

19

19

ZENITH BANK

Nigeria

Peter Amangbo

15 404

781

20

23

CRÉDIT POPULAIRE D’ALGÉRIE

Algérie

Omar Boudieb

15 188

581

21

16

COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK

Égypte

Hisham Abdelhafez

14 688

550 1 247

Société

PNB (en millions de dollars)

22

18

FIRST BANK OF NIGERIA

Nigeria

Ibukun Awosika

14 673

23

21

ZENITH BANK NIGERIA

Nigeria

Peter Amangbo

13 922

ND

24

43

AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK (AFREXIMBANK)

Égypte

Benedict Oramah

11 726

305

25

24

UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) GROUP

Nigeria

Tony Elumelu

11 390

926

26

27

ACCESS BANK GROUP

Nigeria

Herbert Wigwe

11 323

452

27

30

BANQUE DE L’AGRICULTURE ET DU DÉV. RURAL

Algérie

Boualem Djebbar

11 313

503

28

22

QATAR NATIONAL BANK AL AHLI

Égypte

Mohamed El-Dib

10 310

463

29

31

BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO

Angola

Antonio Baptista Bialho

10 290

729

30

29

GUARANTY TRUST BANK

Nigeria

Segun Agbaje

10 128

635 377

31

-

ACCESS BANK NIGERIA

Nigeria

Herbert Wigwe

10 059

32

25

ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK

Égypte

Hassan E. Abdalla

9 987

ND

33

32

CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC

Maroc

Tariq Sijilmassi

8 969

363

Maurice

Didier Harel

8 489

385

Maroc

Karim El Hnot

8 337

394

34

-

35

36

MCB GROUP LTD SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC

36

39

GROUPE BANK OF AFRICA (BOA)

Sénégal

Brahim Touimi

8 275

498

37

28

UNITED BANK FOR AFRICA NIGERIA

Nigeria

Olivier Alawuba

8 254

354

38

37

BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS (BAI)

Angola

José Massano

8 194

556

39

38

HSBC BANK EGYPT

Égypte

Jacques-Emmanuel Blanchet

8 050

457

40

33

BANCO DE FOMENTO DE ANGOLA

Angola

Emidio Pinheiro

7 877

597

41

45

THE MAURITIUS COMMERCIAL BANK (MCB)

Maurice

Dilshaad Bundhun

7 667

333

42

41

BANQUE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL

Algérie

Mohamed Krim

7 538

352

43

42

BANCO BIC

Angola

Fernando Teles

6 663

532

44

35

DIAMOND BANK NIGERIA

Nigeria

Uzoma Dozie

6 662

524

45

46

BANQUE MAROCAINE POUR LE COMM. ET L’IND. (BMCI)

Maroc

Laurent Dupuch

6 330

279

46

-

BANCO ECONOMICO (EX-BANCO ESPI. SANTO ANGOLA)

Angola

Sanjay Bhasin

6 316

77

47

34

ECOBANK NIGERIA

Nigeria

Olor’Ogun Sonny Kuku

6 183

ND

48

40

SKYE BANK

Nigeria

Adetokunbo Mukhail Abiru

5 961

253

49

52

KENYA COMMERCIAL BANKING (KCB) GROUP

Kenya

Joshua Oigara

5 950

291

50

75

BANCO MILLENNIUM ATLÂNTICO (EX-BAN. PRIV. DO ATL.)

Angola

Carlos José Da Silva

5 691

505

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Président, PDG ou DG

Rang 2016

Pays

Rang 2017

80


81

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang 2016

Rang 2017

LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (51-100) Société

Pays

Président, PDG ou DG

Total de bilan (en millions de dollars)

PNB (en millions de dollars)

51

49

DEVELOPMENT BANK OF SOUTHERN AFRICA (DBSA)

Afrique du Sud

Patrick Dlamini

5 341

207

52

68

CAPITEC BANK

Afrique du Sud

Gerrie Fourie

5 324

775

53

54

CRÉDIT DU MAROC

Maroc

Jamal Lemridi

5 070

213

54

57

BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE (BIAT)

Tunisie

Mohamed Agrebi

4 857

254 557

55

62

KENYA COMMERCIAL BANK (KCB)

Kenya

Joshua Oigara

4 836

56

60

AL BARID BANK

Maroc

Redouane Najm-Eddine

4 806

182

57

56

BGFIBANK HOLDING CORP.

Gabon

Henri-Claude Oyima

4 726

355 182

58

61

CIH BANK (EX-CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER)

Maroc

Ahmed Rahhou

4 709

59

85

ARAB INTERNATIONAL BANK

Égypte

Atef Ebeid

4 695

131

60

63

ATLANTIC BUSINESS INTER. (GR. BANQUE ATLANTIQUE)

Côte d’Ivoire

Habib Koné

4 660

194

61

65

EQUITY BANK GROUP

Kenya

James Mwangi

4 538

401

62

64

BANQUE ARABE POUR LE DÉV. ÉCON. EN AFRIQUE (BADEA)

Soudan

Sidi Ould Tah

4 491

ND

63

66

EAST. & SOUTH. AFRICAN TRADE & DEV. BANK (PTA BANK)

Burundi

Admassu Tadesse

4 261

162

64

67

BANQUE NATIONALE AGRICOLE (BNA)

Tunisie

Noureddine Ben Hassen

4 220

168

65

48

FIDELITY BANK

Nigeria

Nnamdi Okonkwo

4 219

201

66

47

SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE

Égypte

Mohamed Naguib

4 204

165

67

44

FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT

Égypte

Abdulhamid Aboumoussa

4 117

ND

68

53

UNION BANK OF NIGERIA

Nigeria

Emeka Emuwa

4 071

211

69

51

FIRST CITY MONUMENT BANK (FCMB)

Nigeria

Peter Obaseki

3 812

226

70

76

BANQUE DE L’HABITAT DE TUNISIE

Tunisie

Ahmed Rejiba

3 775

137

71

88

BANQUE OUEST-AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BOAD)

Togo

Christian Adovelande

3 644

55

72

65

EQUITY BANK KENYA

Kenya

James Mwangi

3 638

336

73

80

SBM BANK MAURITIUS

Maurice

Nayen Koomar Ballah

3 583

164

74

73

SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE (STB)

Tunisie

Samir Said

3 548

133

75

71

AMEN BANK

Tunisie

Karim Ben Yedder

3 532

126

76

50

BANK OF ALEXANDRIA

Égypte

Dante Campioni

3 448

183

77

86

HSBC MAURITIUS

Maurice

Alastair J. Bryce

3 446

56

78

55

STANBIC IBTC CHARTERED BANK

Nigeria

Yinka Sanni

3 424

188

79

81

CO-OPERATIVE BANK OF KENYA

80

77

LAND AND AGRICULTURAL DEV. BANK OF SOUTH AFRICA

81

92

82

89

Kenya

Gideon M. Muriuki

3 371

405

Afrique du Sud

Tshokolo Petrus Nchocho

3 298

75

COMMERCIAL BANK OF ERITREA

Érythrée

Gabriel Fassil

3 245

41

ATTIJARI BANK TUNISIE

Tunisie

Hicham Seffa

3 187

147 244

83

98

DIAMOND TRUST BANK (DTB) KENYA

Kenya

Nasim Devji

3 143

84

59

BANK AUDI EGYPT

Égypte

Mohamed Abbas Fayed

3 063

ND

85

94

BANQUE SAHÉLO-SAHARIENNE POUR L’INV. ET LE COMM.

Libye

Ali Al Moktar

2 969

143

86

58

NATIONAL BANK OF KUWAIT – EGYPT

Égypte

Yasser Ismaël Hassan

2 966

99

87

79

BARCLAYS BANK OF MAURITIUS

Maurice

Ravin Dajee

2 887

112

88

123

BANK OF KHARTOUM

Soudan

Fadi Salim Al Faqih

2 796

ND

89

78

STANDARD CHARTERED BANK MAURICE

Maurice

Mathieu Mandeng Batoum

2 787

90

90

82

AFRICAN BANK

Afrique du Sud

Brian Riley

2 737

ND

91

70

STERLING BANK

Nigeria

Yemi Adeola

2 700

182

92

107

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE

Algérie

Eric Wormser

2 645

156

93

101

ORAGROUP SA

Togo

Binta Touré Ndoye

2 636

165

94

69

CRÉDIT AGRICOLE EGYPT

Égypte

François-Édouard Drion

2 534

116

95

125

FIRST NATIONAL BANK (FNB) OF NAMIBIA

Namibie

Sarel J. Van Zyl

2 500

130 304

96

106

BARCLAYS BANK OF KENYA

Kenya

Jeremy Awori

2 488

97

93

EGYPTIAN GULF BANK

Égypte

Nidal El Kassem Assar

2 480

ND

98

102

CRDB BANK

Tanzanie

Charles Kimei

2 437

229

99

117

FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN

Soudan

Ali Omer Ibrahim Farah

2 408

135

100

110

STANDARD CHARTERED BANK KENYA

Kenya

Lamin Manjang

2 400

262

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


Classement Général

Société

Pays

Président, PDG ou DG

Total de bilan (en millions de dollars)

PNB (en millions de dollars)

101

109

OMDURMAN NATIONAL BANK

Soudan

Abd-Elhameed Mohamed Gameel

2 392

ND

102

103

BANCO SOL

Angola

Miguel Coutinho Nobre

2 381

188 ND

103

74

AL BARAKA BANK EGYPT

104

120

AFRASIA BANK

105

72

AHLI UNITED BANK EGYPT

Égypte

Ashraf Ahmed Mustaf El Ghamrawy

2 335

Maurice

Sanjiv Bhasin

2 328

50

Égypte

Aly Mohamed Negm

2 325

ND 158

106

129

BANK WINDHOEK

Namibie

Christo De Vries

2 323

107

97

ARAB TUNISIAN BANK

Tunisie

Mohamed Férid Ben Tanfous

2 323

91

108

126

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D’IVOIRE

Côte d’Ivoire

Hubert de Saint Jean

2 289

146

109

116

NATIONAL MICROFINANCE BANK

Tanzanie

Ineke Bussmaker

2 228

256

110

104

BNP PARIBAS EL DJAZAIR

Algérie

Jean-Jacques Santini

2 215

118

111

112

STANDARD BANK DE ANGOLA

Angola

Pedro Coelho

2 207

97

112

-

DEVELOPMENT BANK OF ETHIOPIA

Éthiopie

Getahun Nana

2 196

ND

113

114

COMMERCIAL BANK OF AFRICA (CBA)

114

134

ECOBANK CÔTE D’IVOIRE

115

121

CBZ BANK

116

118

CFC STANBIC BANK

117

130

AFRICAN BANKING CORP. HOLDING (BANCABC)

118

131

BANQUE ATLANTIQUE – CÔTE D’IVOIRE

119

108

BANQUE DE TUNISIE

120

128

INVESTEC BANK MAURITIUS

121

127

FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA

Kenya

Jeremy Ngunze

2 170

98

Côte d’Ivoire

Charles Daboiko

2 145

113

Zimbabwe

Never Nyemudzo

2 087

48

Kenya

Kitili Mbathi

2 057

ND 169

Botswana

Jan A. Claassen

2 040

Côte d’Ivoire

Arsène Coulibaly

2 028

84

Tunisie

Habib Ben Saad

2 022

101

Maurice

Craig Mckenzie

2 021

40

Botswana

Steven Lefentse Bogatsu

2 014

172

Mozambique

Paulo Sousa

2 002

26

Libye

Abdulnaser Gnidi

2 000

26 106

122

96

BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS (BCI)

123

119

NORTH AFRICA BANK

124

115

UNION INTERNATIONALE DE BANQUES (UIB)

Tunisie

Alexandre Maymat

1 997

125

142

STANDARD BANK NAMIBIA

Namibie

Junius Vetumbuavi Mungunda

1 990

ND

126

124

BGFIBANK GABON

Gabon

Henri-Claude Oyima

1 963

127

127

95

BANCO DE DESENVOLVIMENTO DE ANGOLA

Angola

Teodoro Paixao Franco

1 938

ND

128

99

BANCO INTERN. DE MOÇAMBIQUE (MILLENNIUM BIM)

Mozambique

Manuel Marecos Duarte

1 930

135

129

135

ECOBANK GHANA

Ghana

Daniel Sackey

1 889

283

130

105

BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA

Angola

Daniel Chambel

1 880

157

131

132

BANQUE AL-BARAKA D’ALGÉRIE

Algérie

Mohamed Seddik Hafid

1 872

76

132

83

HOUSING AND DEVELOPMENT BANK

Égypte

Fathy El Sebai Mansour

1 869

95

133

90

SUEZ CANAL BANK

Égypte

Tarek Fathi Kandil

1 834

44

134

87

ABU DHABI ISL. BANK – EGYPT (EX-NAT. BANK FOR DEV.)

Égypte

Nevine Loutfy

1 824

79

135

140

INVESTMENT & MORTGAGES BANK (I&M BANK)

Kenya

Arun S. Mathur

1 745

168

136

138

GULF BANK ALGÉRIE

Algérie

Mohamed Louhab

1 686

93

137

139

NIC BANK

Kenya

John Gachora

1 623

118

138

111

UNITY BANK

Nigeria

Oluwatomi Somefun

1 601

161

139

136

BANCO DE NEGOCIOS INTERNACIONAL

Angola

Mario Abilio Palhares

1 553

107

140

150

CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK

Sénégal

Mounir Oudghiri

1 535

106

141

146

STANDARD BANK MAURITIUS

Maurice

Laksham Bheenick

1 535

14

142

154

AFRILAND FIRST BANK

Cameroun

Paul Fokam Kammogne

1 518

76

143

144

BANK OF AFRICA – BÉNIN

Bénin

Faustin Amoussou

1 502

63

144

143

UNION BANCAIRE POUR LE COMMERCE ET L’IND. (UBCI)

Tunisie

Patrick Poupon

1 486

77

145

160

SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE (SIB)

Côte d’Ivoire

Daouda Coulibaly

1 460

82

146

176

CORIS BANK INTERNATIONAL

Burkina Faso

Idrissa Nassa

1 425

54

147

153

CITIBANK NA ALGÉRIE

Algérie

Ramz Hamzaoui

1 425

57

148

165

GHANA COMMERCIAL BANK

Ghana

Raymond Sowah

1 424

251

149

155

BARCLAYS BANK OF BOTSWANA

Botswana

Reinette Van Der Merwe

1 415

113

150

148

CHASE BANK KENYA

Kenya

Paul Russo

1 400

44

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 47 0

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang 2016

LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (101-150) Rang 2017

82


83

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang 2016

Rang 2017

LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (151-200) Société

151

149

CCEI BANK GE

152

167

AWASH INTERNATIONAL BANK

153

122

WEMA BANK

154

159

NSIA BANQUE CÔTE D’IVOIRE

Total de bilan (en millions de dollars)

PNB (en millions de dollars)

Pays

Président, PDG ou DG

Guinée équat.

Joseph Celestin Tindjou Djameni

1 392

56

Éthiopie

Leikun Berhanu

1 383

91

Nigeria

Segun Oloketuyi

1 369

61

Côte d’Ivoire

Léonce Yace

1 358

94

155

-

UNIBANK GHANA

Ghana

Kwabena Duffuor II

1 346

92

156

91

EXPORT DEVELOPMENT BANK OF EGYPT

Égypte

Hisham Hassan

1 341

ND

Égypte

Essam Mohamed Mahmo Abu Ahmed

1 337

37

Burkina Faso

Cheick Travaly

1 329

66

157

137

UNION NATIONAL BANK EGYPT

158

168

ECOBANK BURKINA

159

164

DIAMOND BANK BÉNIN

160

169

STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA

Bénin

Pascal Dozie

1 305

47

Botswana

Moatlhodi K. Lekaukau

1 276

ND 68

161

170

DASHEN BANK

Éthiopie

W.Selassie Berhanu

1 269

162

141

NATIXIS ALGÉRIE

Algérie

Boris Joseph

1 246

61

163

163

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES AU SÉNÉGAL (SGBS)

Sénégal

Georges Wega

1 244

79

164

188

BARCLAYS BANK OF GHANA

Ghana

Patience Akyianu

1 240

168

165

177

STANBIC BANK UGANDA

Ouganda

Patrick Mweheire

1 239

ND

166

157

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN

Cameroun

Alexandre Beziaud

1 205

91

167

175

ECOBANK SÉNÉGAL

Sénégal

Serge Ackre

1 193

58

168

189

NEDBANK NAMIBIA

Namibie

Lionel Matthews

1 173

71

169

173

BANK OF AFRICA (BOA) – BURKINA

Burkina Faso

Sébastien Toni

1 150

54 57

170

182

BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI (BDM)

171

145

STANDARD BANK MOZAMBIQUE

172

161

BANQUE INTERN. POUR L’ÉPARGNE ET LE CRÉDIT (BICEC)

Mali

Abdoulaye Daffe

1 141

Mozambique

Antonio Caroto Coutinho

1 111

74

Cameroun

Alain Ripert

1 110

94

173

181

BANCO DE COMÉRCIO E INDUSTRIA

Angola

Feliciana Gomes Alfredo

1 107

ND

174

166

NATIONAL BANK OF KENYA

Kenya

Wilfried Musau

1 105

106

175

-

STANBIC BANK BOTSWANA

ND

176

-

GRINDROD BANK

177

174

178 179 180

Botswana

Leina Gabaraane

1 104

Afrique du Sud

D. A. Polkinghorne

1 100

31

RAWBANK

RD Congo

Thierry Taeymans

1 096

83

184

SBI MAURITIUS

Maurice

Asthana Shyam Swaroop

1 092

29

158

BGFIBANK CONGO

Congo

Narcisse Obiang Ondo

1 082

72

180

CENTRAL AFRICA BUILDING SOCIETY (CABS)

Zimbabwe

Jonas Mushosho

1 073

104

Zambie

Charles Mudiwa

1 064

22

Bénin

Lazare Noulekou Komi

1 064

49

Côte d’Ivoire

Jean-Louis Menann-Kouame

1 035

68 108

181

-

182

179

ECOBANK BÉNIN

STANBIC BANK ZAMBIA

183

185

BANQUE INTERN. POUR LE COMM. ET L’IND. DE LA C.I.

184

193

STANDARD CHARTERED BANK GHANA

185

183

BANK OF AFRICA (BOA) – CÔTE D’IVOIRE

186

196

CITIBANK NA KENYA

Ghana

Mansa Nettey

1 025

Côte d’Ivoire

Lala Moulaye Epse Ezzedine

1 003

47

Kenya

Joyce-Ann Wainaina

990

59

187

178

FIDELITY BANK GHANA

Ghana

Jim Baiden

978

108

188

192

BANQUE ZITOUNA

Tunisie

Ezzedine Khoja

978

ND

189

152

MISR IRAN DEVELOPMENT BANK

Égypte

Ismail Hassan

959

31

190

191

ECOBANK MALI

Mali

Coumba Sidibé Touré

943

53

191

-

MERCANTILE BANK

Afrique du Sud

K. R. Kumbier

887

54

192

-

UNITED BANK FOR AFRICA GHANA

Ghana

Abiola Bawuah

881

ND

Cameroun

Mohammed Mejbar

867

71

Ghana

Frank Brako Junior Adu

848

86 82

193

199

SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE (SCB) CAMEROUN

194

194

CAL BANK

195

186

BANCO REGIONAL DO KEVE

Angola

Rui Da Costa Campos

844

196

-

BANK OF AFRICA (BOA) – SÉNÉGAL

Sénégal

Mamadou Igor Diarra

840

35

197

-

STANDARD CHARTERED BANK ZAMBIA

Zambie

Andrew Okai

830

ND

198

190

Mali

Bouchaib Fachar

828

48

199

-

ZAMBIA NATIONAL COMMERCIAL BANK

Zambie

Bruce Dick

826

ND

200

-

BARCLAYS BANK OF ZAMBIA

Zambie

Saviour Chibiya

821

ND

BANK OF AFRICA (BOA) – MALI

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


84

Classement Par régions

Afrique du Nord

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang dans les 200

Rang 2017

LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société

Pays

Président, PDG ou DG

Total de bilan (en millions de dollars)

PNB (en millions de dollars) 1 933

1

6

ATTIJARIWAFA BANK

Maroc

Mohamed El Kettani

42 131

2

7

NATIONAL BANK OF EGYPT

Égypte

Hisham Okasha

38 613

ND

3

9

BANQUE CENTRALE POPULAIRE (GROUPE BANQUE POPULAIRE)

Maroc

Mohamed Benchaaboun

34 559

1 538 1 276

4

11

BMCE BANK OF AFRICA

Maroc

Othman Benjelloun

30 060

5

13

BANQUE NATIONALE D’ALGÉRIE (BNA)

Algérie

Achour Abboud

25 306

922

6

14

BANQUE MISR

Égypte

Mohamed El Etrebi

23 618

622

7

15

BANQUE EXTÉRIEURE D’ALGÉRIE (BEA)

Algérie

Mohamed Loukal

22 909

777

8

17

LIBYAN FOREIGN BANK

Libye

Mohammed A. Bait Al Mal

18 865

213

9

20

CRÉDIT POPULAIRE D’ALGÉRIE

Algérie

Omar Boudieb

15 188

581 550

10

21

COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK

Égypte

Hisham Abdelhafez

14 688

11

24

AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK (AFREXIMBANK)

Égypte

Benedict Oramah

11 726

305

12

27

BANQUE DE L’AGRICULTURE ET DU DÉV. RURAL

Algérie

Boualem Djebbar

11 313

503

13

28

QATAR NATIONAL BANK AL AHLI

Égypte

Mohamed El-Dib

10 310

463

14

32

ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK

Égypte

Hassan E. Abdalla

9 987

ND

15

33

CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC

Maroc

Tariq Sijilmassi

8 969

363

16

35

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC

Maroc

Karim El Hnot

8 337

394

17

39

HSBC BANK EGYPT

Égypte

Jacques-Emmanuel Blanchet

8 050

457

18

42

BANQUE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL

Algérie

Mohamed Krim

7 538

352

19

45

BANQUE MAROCAINE POUR LE COMM. ET L’IND. (BMCI)

Maroc

Laurent Dupuch

6 330

279

20

53

CRÉDIT DU MAROC

Maroc

Jamal Lemridi

5 070

213

21

54

BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE (BIAT)

Tunisie

Mohamed Agrebi

4 857

254

22

56

AL BARID BANK

Maroc

Redouane Najm-Eddine

4 806

182

23

58

CIH BANK (EX-CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER)

Maroc

Ahmed Rahhou

4 709

182

24

59

ARAB INTERNATIONAL BANK

Égypte

Atef Ebeid

4 695

131

25

64

BANQUE NATIONALE AGRICOLE (BNA)

Tunisie

Noureddine Ben Hassen

4 220

168

26

66

SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE

Égypte

Mohamed Naguib

4 204

165

27

67

FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT

Égypte

Abdulhamid Aboumoussa

4 117

ND

28

70

BANQUE DE L’HABITAT DE TUNISIE

Tunisie

Ahmed Rejiba

3 775

137

29

74

SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE (STB)

Tunisie

Samir Said

3 548

133

30

75

AMEN BANK

Tunisie

Karim Ben Yedder

3 532

126

31

76

BANK OF ALEXANDRIA

Égypte

Dante Campioni

3 448

183 147

32

82

ATTIJARI BANK TUNISIE

Tunisie

Hicham Seffa

3 187

33

84

BANK AUDI EGYPT

Égypte

Mohamed Abbas Fayed

3 063

ND

34

85

BANQUE SAHÉLO-SAHARIENNE POUR L’INV. ET LE COMM.

Libye

Ali Al Moktar

2 969

143

35

86

NAT. BANK OF KUWAIT – EGYPT (EX-ALWATANY BANK OF EGYPT)

Égypte

Yasser Ismaël Hassan

2 966

99

36

92

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE

Algérie

Eric Wormser

2 645

156

37

94

CRÉDIT AGRICOLE EGYPT

Égypte

François-Édouard Drion

2 534

116

38

97

EGYPTIAN GULF BANK

Égypte

Nidal El Kassem Assar

2 480

ND

39

103

AL BARAKA BANK EGYPT

Égypte

Ashraf Ahmed Mustaf El Ghamrawy

2 335

ND

40

105

AHLI UNITED BANK EGYPT

Égypte

Aly Mohamed Negm

2 325

ND

41

107

ARAB TUNISIAN BANK

Tunisie

Mohamed Férid Ben Tanfous

2 323

91

42

110

BNP PARIBAS EL DJAZAIR

Algérie

Jean-Jacques Santini

2 215

118 101

43

119

BANQUE DE TUNISIE

Tunisie

Habib Ben Saad

2 022

44

123

NORTH AFRICA BANK

Libye

Abdulnaser Gnidi

2 000

26

45

124

UNION INTERNATIONALE DE BANQUES (UIB)

Tunisie

Alexandre Maymat

1 997

106

46

131

BANQUE AL-BARAKA D’ALGÉRIE

Algérie

Mohamed Seddik Hafid

1 872

76

47

132

HOUSING AND DEVELOPMENT BANK

Égypte

Fathy El Sebai Mansour

1 869

95 44

48

133

SUEZ CANAL BANK

Égypte

Tarek Fathi Kandil

1 834

49

134

ABU DHABI ISLAMIC BANK – ÉGYPTE (EX-NAT. BANK FOR DEV.)

Égypte

Nevine Loutfy

1 824

79

50

136

GULF BANK ALGÉRIE

Algérie

Mohamed Louhab

1 686

93

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


85

Attijariwafa au premier rang

no 1

495

millions de dollars Le prix payé par Attijariwafa Bank pour acquérir Barclays Bank of Egypt, opération finalisée en mai 2017.

no 11

+ 64,4 % Le bond, en dollars, du total de bilan de la banque panafricaine d’import-export entre 2015 et 2016.

no 3

Le Groupe BCP a finalisé le 11 juillet 2017 l’acquisition de BIA au Niger : le groupe détient depuis, à travers sa filiale Atlantic Business International (ABI), 69,51 % du capital et des droits de vote de BIA Niger.

no 21

Grâce au professionnalisme et à l’expertise des commerciaux de la BIAT, aux actions concrètes que nous souhaitons mettre en place telles que le lancement de lignes de crédit export et de fonds d’investissement pour le développement des PME, et, grâce à la bonne maîtrise du Groupe Bank of Africa des environnements africains, le partenariat que nous signons permettra d’offrir le meilleur accompagnement de nos clients sur le marché africain. Mohamed Agrebi, directeur général de la BIAT no 36

+ 10

Le nombre de rangs gagnés dans notre palmarès régional par la filiale algérienne du groupe français Société générale. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

Le groupe bancaire marocain devient le numéro un régional, devant deux banques égyptiennes. ÉRIC DUPUY

D

évaluation de la livre égyptienne oblige, Attijariwafa Bank décroche la première place de ce palmarès, devenant le premier groupe bancaire africain hors Afrique du Sud. Le groupe marocain profite en effet de la décision égyptienne de novembre 2016 : les autorités avaient alors choisi de laisser filer la monnaie nationale, provoquant une dévaluation de 48 % face au dollar. Au niveau continental, Attijariwafa Bank grimpe au sixième rang, mais encore loin derrière le sud-africain Nedbank. Mécaniquement, toutes les banques marocaines profitent du recul de leurs consœurs égyptiennes : C’est le total de bilan Banque centrale popudes 50 premières banques laire grappille ainsi une d’Afrique du Nord place au niveau régional e (– 14,9 % sur un an) (3 ), tout comme BMCE Bank of Africa (4e). En tout, les neuf banques marocaines classées dans ce palmarès représentent près de 33 % du total d’actifs cumulés, contre 35 % pour l’Égypte, 20 % pour l’Algérie et 7 % pour la Tunisie.

443,6 milliards de dollars

CHUTE. Conséquence de la conjoncture égyptienne, le

totald’actifscumulésdes50premièresbanquesd’Afrique du Nord chute lourdement, passant de 521,4 milliards de dollars en 2015 à 443,6. Les banques continuent d’évoluer dans un contexte compliqué, avec une croissance faible en Tunisie et au Maroc (1,2 % et 1,1 %), un peu plus soutenue en Algérie et en Égypte (3,7 % et 4,3 %), mais continuent d’afficher une réelle capacité de résistance. La dégradation progressive de la qualité des actifs sur certains marchés a eu tendance à ralentir: le ratio de prêts non performants a continué à baisser en Égypte, se stabilisant au Maroc, ainsi qu’en Tunisie, où ils restent néanmoins élevés (environ 15 %). Seules les banques marocaines ont développé une stratégie pour aller chercher la croissance hors de leurs frontières, comme le reflètent l’acquisition en 2017 de Barclays Bank of Egypt par Attijariwafa Bank ou la finalisation de celle de BIA Niger par BCP. Pour les trois premiers groupes bancaires du pays, près d’un quart du portefeuille de crédits est sourcé en Afrique hors Maroc. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


86

Classement Par régions

Afrique de l’Ouest

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang dans les 200

Rang 2017

LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société

Pays

Président, PDG ou DG

Total de bilan (en millions de dollars)

PNB (en millions de dollars) 1 972

1

16

ECOBANK TRANSNATIONAL INC.

Togo

Ade Ayeyemi

20 511

2

19

ZENITH BANK

Nigeria

Peter Amangbo

15 404

781

3

22

FIRST BANK OF NIGERIA

Nigeria

Ibukun Awosika

14 673

1 247

4

23

ZENITH BANK NIGERIA

Nigeria

Peter Amangbo

13 922

ND

5

25

UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) GROUP

Nigeria

Tony Elumelu

11 390

926

6

26

ACCESS BANK GROUP

Nigeria

Herbert Wigwe

11 323

452

7

30

GUARANTY TRUST BANK

Nigeria

Segun Agbaje

10 128

635

8

31

ACCESS BANK NIGERIA

Nigeria

Herbert Wigwe

10 059

377

9

36

GROUPE BANK OF AFRICA (BOA)

Sénégal

Brahim Benjelloun-Touimi

8 275

498

10

37

UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) NIGERIA

Nigeria

Oliver Alawuba

8 254

354

11

44

DIAMOND BANK NIGERIA

Nigeria

Uzoma Dozie

6 662

524

12

47

ECOBANK NIGERIA

Nigeria

Olor’Ogun Sonny Kuku

6 183

ND

13

48

SKYE BANK

Nigeria

Adetokunbo Mukhail Abiru

5 961

253

Côte d’Ivoire

Habib Koné

4 660

194

Nigeria

Nnamdi Okonkwo

4 219

201

14

60

ATLANTIC BUSINESS INTERNATIONAL (BANQUE ATLANTIQUE)

15

65

FIDELITY BANK

16

68

UNION BANK OF NIGERIA

Nigeria

Emeka Emuwa

4 071

211

17

69

FIRST CITY MONUMENT BANK (FCMB)

Nigeria

Peter Obaseki

3 812

226

18

71

BANQUE OUEST-AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BOAD)

Togo

Christian Adovelande

3 644

55

19

78

STANBIC IBTC CHARTERED BANK

Nigeria

Yinka Sanni

3 424

188

Nigeria

Yemi Adeola

2 700

182

Togo

Binta Touré Ndoye

2 636

165

Hubert de Saint Jean

2 289

146 113

20

91

STERLING BANK

21

93

ORAGROUP SA

22

108

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D’IVOIRE (SGBCI)

Côte d’Ivoire

23

114

ECOBANK CÔTE D’IVOIRE

Côte d’Ivoire

Charles Daboiko

2 145

24

118

BANQUE ATLANTIQUE – CÔTE D’IVOIRE

Côte d’Ivoire

Arsène Coulibaly

2 028

84

25

129

ECOBANK GHANA

Ghana

Daniel Sackey

1 889

283

26

138

UNITY BANK

Nigeria

Oluwatomi Somefun

1 601

161

27

140

CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK

Sénégal

Mounir Oudghiri

1 535

106

28

143

BANK OF AFRICA – BÉNIN

Bénin

Faustin Amoussou

1 502

63

29

145

SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE (SIB)

Côte d’Ivoire

Daouda Coulibaly

1 460

82

30

146

CORIS BANK INTERNATIONAL

Burkina Faso

Idrissa Nassa

1 425

54

31

148

GHANA COMMERCIAL BANK

Ghana

Raymond Sowah

1 424

251

32

153

WEMA BANK

33

154

NSIA BANQUE CÔTE D’IVOIRE

34

155

UNIBANK GHANA

35

158

ECOBANK BURKINA

36

159

DIAMOND BANK BÉNIN

37

163

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES AU SÉNÉGAL (SGBS)

38

164

BARCLAYS BANK OF GHANA

39

167

ECOBANK SÉNÉGAL

40

169

BANK OF AFRICA (BOA) – BURKINA

41

170

42

182

Nigeria

Segun Oloketuyi

1 369

61

Côte d’Ivoire

Léonce Yace

1 358

94

Ghana

Kwabena Duffuor II

1 346

92

Burkina Faso

Cheick Travaly

1 329

66

Bénin

Pascal Dozie

1 305

47

Sénégal

Georges Wega

1 244

79

Ghana

Patience Akyianu

1 240

168

Sénégal

Serge Ackre

1 193

58

Burkina Faso

Sébastien Toni

1 150

54

BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI (BDM)

Mali

Abdoulaye Daffe

1 141

57

ECOBANK BÉNIN

Bénin

Lazare Komi Noulekou

1 064

49

Côte d’Ivoire

Jean-Louis Menann-Kouame

1 035

68

Ghana

Mansa Nettey

1 025

108

Côte d’Ivoire

Lala Moulaye Ezzedine

1 003

47

Ghana

Jim Baiden

978

108

Mali

Coumba Sidibé Touré

943

53

Ghana

Abiola Bawuah

881

ND

Ghana

Frank Brako Adu Jr.

848

86

Sénégal

Mamadou Igor Diarra

840

35

43

183

BANQUE INTERN. POUR LE COMM. ET L’IND. DE LA C.I. (BICICI)

44

184

STANDARD CHARTERED BANK GHANA

45

185

BANK OF AFRICA (BOA) – CÔTE D’IVOIRE

46

187

FIDELITY BANK GHANA

47

190

ECOBANK MALI

48

192

UNITED BANK FOR AFRICA GHANA

49

194

CAL BANK

50

196

BANK OF AFRICA (BOA) – SÉNÉGAL

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


87

Effet nigérian no 5

UB

A

PL

C

Ex-patron d’UBA Africa, la structure de tête des opérations du groupe bancaire nigérian dans ses 18 filiales africaines, Kennedy Uzoka a pris ses fonctions de DG du groupe le 1er août 2016, succédant à Phillips Oduoza.

no 13

En sursis ! Sauvée en 2016 par la Banque centrale, qui a injecté 328 millions de dollars à son capital, Skye Bank s’est vu accorder en juillet 2017 une année supplémentaire pour mettre en œuvre son programme de recapitalisation.

no 29

Cette introduction en Bourse est une nouvelle étape dans le développement de la SIB. La confiance que nous a accordée le marché est un très bon signal. Daouda Coulibaly, directeur général de la Société ivoirienne de banque, après l’introduction des titres de celle-ci sur la BRVM, en octobre 2016

nos 33 et 36

Le groupe NSIA a finalisé à la mi-2017 l’acquisition de Diamond Bank Bénin : à la clé, pour le groupe ivoirien déjà propriétaire de NSIA Bank en Côte d’Ivoire, une présence bancaire dans trois nouveaux pays : le Bénin, le Togo et le Sénégal.

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

no 49

Arise, nouveau holding fondé par Norfund, FMO et Rabobank, déjà présent avec ses participations bancaires dans une vingtaine de pays africains, s’est offert, en février 2017, 27,7 % dans la banque ghanéenne CAL Bank.

Les difficultés des institutions financières de la principale économie de la zone influent fortement sur notre palmarès régional. ÉRIC DUPUY

T

out comme le palmarès Afrique du Nord a été lourdement touché par la dévaluation de la livre égyptienne, le classement régional des 50 premières banques d’Afrique de l’Ouest pâtit de la dégringolade du naira. La monnaie nigériane a en effet perdu en 2016 plus de la moitié de sa valeur face au billet vert, faisant reculer mécaniquement le total de bilan des banques du pays. First Bank, numéro deux l’an passé, chute ainsi d’un rang et voit son total d’actifs en dollars s’effondrer de 29,1 %. Malgré le dynamisme de la plupart des banques des autres pays de la région, le total de bilan cumulé de la zone recule de 13,5 %. RÉCESSION. Principaleéconomiedelarégion,leNigeria

est entré en récession en 2016, avec un recul de son PIB de 1,5 %. Dans cet environnement délicat, les banques ont certes su maintenir la hausse de leurs actifs, mais au prix d’une détérioration croissante de leur qualité et d’une dégradation des ratios de capitalisation. « En 2016, la contraction économique et l’inflation élevée ont ainsi mené à une augmentation du ratio de prêts non performants, à 14 % en fin d’année, contre 5,3 % un an plus tôt », a rappelé l’agende C’est le total de bilan des de notation Moody’s 50 premières banques dans un récent rapport. d’Afrique de l’Ouest Sa consœur Standard (– 13,5 % sur un an) & Poor’s s’est elle aussi inquiétée de cette évolution, estimant qu’elle devrait se poursuivre en 2017 : « Comme nous prévoyons que 2017 sera une année de bénéfices faibles et que nous anticipons une nouvelle dévaluation du naira, nous supposons que les banques réduiront activement leur bilan ou chercheront de nouvelles injections de fonds propres. » Conséquence logique des difficultés des banques nigérianes, qui se recentrent sur leur marché domestique, les autres banques de la zone gagnent des places dans notre palmarès. Le groupe Ecobank maintient son premier rang, mais accroît l’écart avec son poursuivant, le nigérian Zenith Bank. Le groupe Bank of Africa grappille deux rangs ; le leader ivoirien SGBCI, deux ; Ecobank Ghana, trois, tandis que le burkinabè Coris Bank bat tous les records en progressant de dix places, grâce à l’augmentation de 40 % de son total de bilan (en dollars).

210,5 milliards de dollars

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


88

Classement Par régions

Afrique centrale

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang dans les 200

Rang 2017

LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société

Pays

Président, PDG ou DG

Total de bilan (en millions de dollars)

PNB (en millions de dollars)

1

57

BGFIBANK HOLDING CORP.

Gabon

Henri-Claude Oyima

4 726

355

2

126

BGFIBANK GABON

Gabon

Henri-Claude Oyima

1 963

127

3

142

AFRILAND FIRST BANK

Cameroun

Paul Fokam Kammogne

1 518

76

4

151

CCEI BANK GE

Guinée équat.

Joseph Celestin Tindjou Djameni

1 392

56

5

166

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN

Cameroun

Alexandre Beziaud

1 205

91

6

172

BANQUE INTERN. POUR L’ÉPARGNE ET LE CRÉDIT (BICEC)

Cameroun

Alain Ripert

1 110

94

7

177

RAWBANK

RD Congo

Thierry Taeymans

1 096

83 72

8

179

BGFIBANK CONGO

Congo

Narcisse Obiang Ondo

1 082

9

193

SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE (SCB) CAMEROUN

Cameroun

Mohammed Mejbar

867

71

10

ECOBANK CAMEROUN

Cameroun

Gwendoline Abunaw

810

64

11

BANQUE INTERNATIONALE POUR LE COM. ET L’IND. DU GABON

Gabon

Claude Ayo-Iguendha

699

64

12

BANQUE COMMERCIALE DU CONGO (BCDC)

RD Congo

Yves Cuypers

642

72

13

BANCO NACIONAL DE GUINEA ECUATORIAL

Guinée équat.

Martin Crisantos Ebe Mba

625

44

14

TRUST MERCHANT BANK (TMB)

15

COMMERCIAL BANK TCHAD

RD Congo

Olivier Meisenberg

565

41

Tchad

Moussa Moustapha Terap

540

31

Congo

Boubker Jai

515

39

Guinée équat.

José Carlos Garcia Rebollar

468

37

Cameroun

Udom Isong

458

ND

Congo

Gervais Bouiti-Viaudo

450

36

Cameroun

Loukoumanou Waidi

437

30

Guinée équat.

Nicolas Lemme

398

24

RD Congo

Françis Selemani Mtwale

375

32

16

CRÉDIT DU CONGO

17

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN GUINÉE ÉQUATORIALE

18

UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) CAMEROUN

19

ECOBANK CONGO

20

BGFIBANK CAMEROUN

21

BGFIBANK GUINÉE ÉQUATORIALE

22

BGFIBANK RD CONGO

23

LA CONGOLAISE DE BANQUE

Congo

Younes El Masloumi

370

31

24

FBN BANK (EX BANQUE INTERNATIONALE DE CRÉDIT)

RD Congo

Akeem Oladele

367

59

25

ECOBANK RD CONGO

RD Congo

Yves Coffi Quam-Dessou

364

34

26

FÉDÉRATION DES MUCODEC

Congo

Dieudonné Ndinga

334

34

27

PROCREDIT BANK CONGO

RD Congo

Célestin Mukeba Muntuabu

312

25

28

ORABANK GABON

Gabon

Guy Martial Awona

295

33

29

ECOBANK TCHAD

Tchad

Zakaria Ousman Ramadane

288

26

30

BANQUE COMMERCIALE INTERNATIONALE

Congo

Dominique Martinie

285

26

31

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CONGO

Congo

Guy Emmanuel Tamby Vinod

284

13

32

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE TCHAD

Tchad

Chemi Kogrimi

280

25 24

33

ORABANK TCHAD

Tchad

Hervé Sikorotien

252

34

BANQUE COMMERCIALE DU CHARI

Tchad

Adam Madji

228

15

35

CITIBANK GABON

Gabon

Juliette Weisflog

221

25

36

ECOBANK GABON

Gabon

Joseph Owondault Berre

207

18

37

UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) TCHAD

Tchad

Aliyu Inda Salami

193

ND

38

BANK OF AFRICA (BOA) – RDC

RD Congo

Alain Chapuis

183

18

39

UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) CONGO

Congo

Che Martin

182

ND

40

ECOBANK GUINÉE ÉQUATORIALE

Guinée équat.

Alfred Kasongo Kikonda

172

16

41

SOCIÉTÉ FINANCIÈRE DE BANQUE (SOFIBANQUE)

RD Congo

Hassan Wazni

172

21

42

ECOBANK CENTRAFRIQUE

Centrafrique

Sylvain B. Pendi

147

16

43

UNITED BANK FOR AFRICA GABON

Gabon

Chioma Mang

98

ND ND

44

BANCO INTERNACIONAL DE SAO TOMÉ E PRINCIPE

São Tomé-et-Prínc.

João Cristôvao

93

45

ACCESS BANK RD CONGO

RD Congo

Ifeanyi Njoku

59

8

46

UNITED BANK FOR AFRICA RD CONGO

RD Congo

Gisèle Mudiay

32

ND

47

BGFIBANK SÃO TOMÉ E PRINCIPE

São Tomé-et-Prínc.

Felisberto Castilho

13

1

48

ECOBANK SÃO TOME E PRINCIPE

São Tomé-et-Prínc.

Nadeem Daniel Cabral De Almada

12

1

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


89

no 6

De nombreuses études ont été diligentées sur différentes banques, mais il n’y a pas eu de communauté de décisions favorables à leur acquisition. Le groupe, à l’instar d’autres banques européennes, se devait d’améliorer d’abord sa solidité financière et ses ratios en France. Jean-Pierre Levayer, patron de BPCE International (maison mère de Bicec au Cameroun), s’exprimant sur le recul de BPCE en Afrique.

no 11

C’est avec le fonds souverain gabonais, le FGIS, que BNP Paribas a signé pour la reprise de ses 47 % dans Bicig. Mais à la mi-2017, l’opération n’était toujours pas conclue…

C’est la contraction du total de bilan de Société générale en Guinée équatoriale. La banque française a décidé de restreindre ses activités dans le pays.

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

Le poids de la zone continue de décroître, malgré l’émergence des banques en RD Congo. ÉRIC DUPUY

Q

uand le total de bilan cumulé des 50 premières banques d’Afrique centrale s’arrêtera-t-il de reculer ? Après avoir perdu 6 % en 2014, puis 17,2 % en 2015, il a encore chuté en 2016, de 10 %. Une baisse plus marquée que celle qui a affecté le franc CFA d’Afrique centrale, ce dernier ayant perdu environ 2,5 % par rapport au dollar. La zone ne classe plus que dix banques parmi les 200 premières du continent, contre 11 en 2016. FRAUDE. Le recul frappe quasi toutes les institutions

no 13

5

Le nombre de rangs perdus par la banque équato-guinéenne depuis notre dernier palmarès.

no 17

– 29,3 %

Toujours en baisse

nos 18 et 39

200

millions de dollars Le montant cumulé des financements mis en place en 2016 par les filiales camerounaise et congolaise pour deux sociétés nationales pétrolières de ces deux pays.

bancaires de la région. Pour la troisième année consécutive, le numéro un régional, BGFIBank Holding, a affiché un total de bilan en baisse (- 1,9 %, en monnaie locale), conséquencelogiquedesdifficultéséconomiquessurses principauxmarchés etdesavolontéde seconcentrer sur l’amélioration opérationnelle après plusieurs années de forte croissance qui avaient permis au groupe gabonais de se déployer de Madagascar au Sénégal. En 2016, la progression de son produit net bancaire a d’ailleurs été de 15,2 %, et celle de ses profits nets, de 13,9 %. Mais ces bonnes performances ont été brouillées par une fraude massive aux cartes Visa au Gabon qui a entraîné le départ du DG de la filiale gabonaise. Déjà touché par le passé par plusieurs crises de management et de contrôle interne, le groupe a fait de ce chantier l’une de ses priorités. Globalement, les C’est le total de bilan banques exerçant au cumulé des 50 premières Cameroun, au Congo et banques d’Afrique centrale. en Guinée équatoriale ont (– 8,4 % sur un an) connu un recul de leurs actifs totaux en dollars, perdant parfois quelques places. À l’inverse, les banques deRDCongocontinuentleurascensiondansunmarché encore sous-bancarisé : RawBank et TMB gagnent 2 rangs, tandis que BCDC en grappille 3. En revanche, Biac, placée sous administration judiciaire début 2016 et dont les actionnaires ont demandé la liquidation, disparaît de notre palmarès. Commercial Bank Tchad effectue le bond le plus impressionnant, avec un total de bilan en francs CFA en hausse de 50 % la faisant passer du 25e au 15e rang dans notre palmarès.

27,4 milliards de dollars

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


90

Classement Par régions

Afrique de l’Est

CHIFFRES 2016 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 – ND : NON DÉTERMINÉ

Rang dans les 200

Rang 2017

LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société

Pays

Président, PDG ou DG

Total de bilan (en millions de dollars)

PNB (en millions de dollars)

1

18

COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA

Éthiopie

Bekalu Zeleke

17 072

ND

2

49

KENYA COMMERCIAL BANKING (KCB) GROUP

Kenya

Joshua Oigara

5 950

291

3

55

KENYA COMMERCIAL BANK (KCB)

Kenya

Joshua Oigara

4 836

557

4

61

EQUITY BANK GROUP

Kenya

James Mwangi

4 538

401

5

62

BANQUE ARABE POUR LE DÉV. ÉCON. EN AFRIQUE (BADEA)

Soudan

Sidi Ould Tah

4 491

ND

6

63

EASTERN AND SOUTH. AFRICAN TRADE AND DEV. BANK (PTA BANK)

Burundi

Admassu Tadesse

4 261

162

7

72

EQUITY BANK KENYA

Kenya

James Mwangi

3 638

336

8

79

CO-OPERATIVE BANK OF KENYA

Kenya

Gideon M. Muriuki

3 371

405

9

81

COMMERCIAL BANK OF ERITREA

Érythrée

Gabriel Fassil

3 245

41

10

83

DIAMOND TRUST BANK (DTB) KENYA

Kenya

Nasim Devji

3 143

244

11

88

BANK OF KHARTOUM

Soudan

Fadi Salim Al Faqih

2 796

ND

12

96

BARCLAYS BANK OF KENYA

Kenya

Jeremy Awori

2 488

304 229

13

98

CRDB BANK

Tanzanie

Charles Kimei

2 437

14

99

FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN

Soudan

Ali Omer Ibrahim Farah

2 408

135

15

100

STANDARD CHARTERED BANK KENYA

Kenya

Lamin Manjang

2 400

262

16

101

OMDURMAN NATIONAL BANK

Soudan

Abd-Elhameed Mohamed Gameel

2 392

ND

17

109

NATIONAL MICROFINANCE BANK

Tanzanie

Ineke Bussmaker

2 228

256

18

112

DEVELOPMENT BANK OF ETHIOPIA

Éthiopie

Getahun Nana

2 196

ND

19

113

COMMERCIAL BANK OF AFRICA (CBA)

Kenya

Jeremy Ngunze

2 170

98

20

116

CFC STANBIC BANK

Kenya

Kitili Mbathi

2 057

ND

21

135

INVESTMENT & MORTGAGES BANK (I&M BANK)

Kenya

Arun S. Mathur

1 745

168

22

137

NIC BANK

Kenya

John Gachora

1 623

118

23

150

CHASE BANK KENYA

Kenya

Paul Russo

1 400

44

24

152

AWASH INTERNATIONAL BANK

Éthiopie

Leikun Berhanu

1 383

91

25

161

DASHEN BANK

Éthiopie

Berhanu W/Selassie

1 269

68

26

165

STANBIC BANK UGANDA

Ouganda

Patrick Mweheire

1 239

ND

27

174

NATIONAL BANK OF KENYA

Kenya

Wilfried Musau

1 105

106

28

186

CITIBANK NA KENYA

Kenya

Joyce-Ann Wainaina

990

59

29

BANK OF BARODA KENYA

Kenya

Manvi N. Krishna

794

51

30

UNITED BANK

Éthiopie

Ato Taye Dibekulu

767

ND

31

NATIONAL BANK OF COMMERCE

Tanzanie

Edward Marks

760

73

32

BANQUE DE KIGALI (BK)

Rwanda

Diane Ngendo Karusisi

753

91

33

BANK OF ABYSSINIA

Éthiopie

Mulugeta Asmare

747

24

34

WEGAGEN BANK

Éthiopie

Araya G/Egziabher

719

53

Éthiopie

Kibru Fondja

703

46

Kenya

Sam Waweru

689

45

Tanzanie

Dinesh Arora

686

ND

35

NIB INTERNATIONAL BANK

36

HOUSING FINANCE CO. OF KENYA

37

EXIM BANK TANZANIE

38

FAMILY BANK

Kenya

David Thuku

666

64

39

PRIME BANK

Kenya

Bharat Jani

626

44

40

CENTENARY RURAL DEVELOPMENT BANK

Ouganda

Simon Kagugube

625

113

41

BANK OF AFRICA (BOA) – KENYA

Kenya

Dennis Awori

536

38

42

BANK OF AFRICA (BOA) – DJIBOUTI

Djibouti

Khalid Mountassir

525

25

43

CRANE BANK

Ouganda

P. K. Gupta

525

33

44

OROMIA INTERNATIONAL BANK

Éthiopie

Ato Abie Sano Mahamed

501

52

45

COOPERATIVE BANK OF OROMIA

Éthiopie

Wondimagegnehu Negera

474

48

46

BANK M TANZANIA

Tanzanie

Sanjeev Kumar

473

18

47

BARCLAYS BANK OF UGANDA

Ouganda

Rakesh Jha

470

39 ND

48

DEVELOPMENT FINANCE CO. OF UGANDA

Ouganda

C. Mccormack

466

49

AL-NILE BANK FOR COMMERCE AND DEVELOPMENT

Soudan

Ahmed Abdel Rhman Al Houri

458

30

50

BANK OF INDIA – KENYA

Kenya

A. K. Jalota

458

26

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


91

no 1

D’ici à quelques années, nous aurons des agences CBE dans les régions du monde où nombre d’Éthiopiens de la diaspora résident et dans des sites qui sont des destinations majeures pour le commerce extérieur de notre pays. Bekalu Zeleke, Président-directeur général de Commercial Bank of Ethiopia

no 12

7

C’est le nombre d’agences que la banque kényane a annoncé vouloir fermer en 2017, sur une centaine en tout.

no 13

+ 75,4 %

C’est l’augmentation des prêts non productifs chez CRDB Bank entre 2015 et 2016. Ils représentent désormais près de 12 % du portefeuille crédits.

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

La zone reste très dynamique. Mais les conditions d’opération se compliquent dans plusieurs pays. FRÉDÉRIC MAURY

A

lors que dans les autres régions les actifs totaux avaient reculé en 2016, l’Afrique de l’Est a poursuivi son ascension : le total de bilan cumulé des 50 premières banques de la zone a progressé de 13,4 %, contre 6,7 % en 2015. Pourtant au Kenya, dont les établissements dominent ce palmarès, la situation n’est plus aussi porteuse que cesdernièresannées,avec une légère détérioration de la qualité des actifs et surtout la mise en place de limites concernant les taux d’intérêt, avec commeconséquenceprobable une réduction de la C’est le total de bilan croissance des crédits et des 50 premières banques des profits. La croissance d’Afrique de l’Est du crédit au secteur privé (+ 13,4 % sur un an) a ainsi fortement baissé depuis la mise en place des limites sur les taux : de 4,7 % en septembre à 2,4 % en avril. Si les tensions en matière de liquidités ont mis en difficulté plusieurs petits ou moyens établissements (dont Chase Bank), la grande vague de concentration bancaire attendue n’a pas encore eu lieu, le marché comptant toujours plus de 40 établissements en activité.

102,3 milliards de dollars

TENDUE. En Tanzanie, la situation s’est également

no 43

27 janvier 2017 La date à laquelle la Banque centrale a annoncé le transfert des actifs de Crane Bank, en liquidation, à dfcu Bank, une autre banque ougandaise.

La croissance se poursuit

no 46

La très dynamique banque tanzanienne fait son apparition dans notre palmarès régional. Depuis 2016, elle est aussi active au Kenya, avec l’acquisition de l’ex-Oriental Bank.

tendue, avec une nette augmentation du taux de crédits non performants, qui a atteint fin 2016 près de 10 %. En avril 2017, le département recherche d’Ecobank estimait que CRDB Bank, la banque la plus importante du pays, aurait besoin urgemment d’une recapitalisation. Mais ce sont surtout les plus petits établissements qui sont fragilisés: la Banque centrale a d’ailleurs révoqué l’agrément de l’un d’entre eux, Mbinga Community Bank, et mis sous surveillance plusieurs autres, dont Women’s Bank. En Éthiopie, où le secteur reste largement dominé par notre numéro un régional, Commercial Bank of Ethiopia, la croissance du secteur devrait se maintenir au-delà de 20 % par an. Mais quelques points suscitent l’inquiétude : le maintien de la fermeture du secteur aux acteurs étrangers et l’augmentation du capital minimum requis, qui devra s’élever à 2 milliards de birrs (environ 73 millions d’euros) en 2020, un niveau que plusieurs banques privées auront du mal à atteindre. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


92

Classement Par régions

Afrique australe et océan

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang dans les 200

Rang 2017

LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société

Pays

Président, PDG ou DG

Total de bilan (en millions de dollars)

Résultat net (en millions de dollars)

1

1

STANDARD BANK GROUP

Afrique du Sud

Sim Tshabalala

141 842

7 248

2

2

STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA

Afrique du Sud

Ben Kruger

93 310

4 854

3

3

FIRSTRAND BANKING GROUP

Afrique du Sud

Johan Burger

83 415

5 212

4

4

BARCLAYS AFRICA GROUP

Afrique du Sud

Maria Ramos

79 912

3 049 3 624

5

5

NEDBANK GROUP

Afrique du Sud

Mike Brown

70 114

6

8

INVESTEC GROUP LIMITED

Afrique du Sud

Stephen Koseff

36 891

ND

7

10

RAND MERCHANT BANK

Afrique du Sud

James Formby

31 582

ND

8

12

FIRST NATIONAL BANK SOUTH AFRICA

Afrique du Sud

Jacques Celliers

27 779

ND

9

29

BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO (BPC)

Angola

Antonio Baptista Bialho

10 290

729

10

34

MCB GROUP LTD

Maurice

Didier Harel

8 489

385

11

38

BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS (BAI)

Angola

José Massano

8 194

556

12

40

BANCO DE FOMENTO DE ANGOLA

Angola

Emidio Pinheiro

7 877

597

13

41

THE MAURITIUS COMMERCIAL BANK (MCB)

Maurice

Dilshaad Bundhun

7 667

333

14

43

BANCO BIC

Angola

Fernando Teles

6 663

532

15

46

BANCO ECONOMICO (EX-BANCO ESPIRITO SANTO ANGOLA)

Angola

Sanjay Bhasin

6 316

77

16

50

BANCO MILLENNIUM ATLÂNTICO (EX-BANCO PRIVADO DO ATLANTICO)

Angola

Carlos José Da Silva

5 691

505

17

51

DEVELOPMENT BANK OF SOUTHERN AFRICA (DBSA)

Afrique du Sud

Patrick Dlamini

5 341

207

18

52

CAPITEC BANK

Afrique du Sud

Gerrie Fourie

5 324

775

19

73

SBM BANK MAURITIUS

Maurice

Nayen Koomar Ballah

3 583

164

20

77

HSBC MAURITIUS

Maurice

Alastair J. Bryce

3 446

56

21

80

LAND AND AGRICULTURAL DEV. BANK OF SOUTH AFRICA

Afrique du Sud

Tshokolo Petrus Nchocho

3 298

75

22

87

BARCLAYS BANK OF MAURITIUS

Maurice

Ravin Dajee

2 887

112

23

89

STANDARD CHARTERED BANK MAURICE

Maurice

Mathieu Mandeng Batoum

2 787

90

24

90

AFRICAN BANK

Afrique du Sud

Brian Riley

2 737

ND

25

95

FIRST NATIONAL BANK (FNB) OF NAMIBIA

Namibie

Sarel J. Van Zyl

2 500

130

26

102

BANCO SOL

Angola

Miguel Coutinho Nobre

2 381

188

27

104

AFRASIA BANK

Maurice

Sanjiv Bhasin

2 328

50

28

106

BANK WINDHOEK

Namibie

Christo De Vries

2 323

158

29

111

STANDARD BANK DE ANGOLA

Angola

Pedro Coelho

2 207

97

30

115

CBZ BANK

Zimbabwe

Never Nyemudzo

2 087

48

31

117

AFRICAN BANKING CORP. HOLDING (BANCABC)

Botswana

Jan A. Claassen

2 040

169

32

120

INVESTEC BANK MAURITIUS

Maurice

Craig Mckenzie

2 021

40

33

121

FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA

Botswana

Steven Lefentse Bogatsu

2 014

172

34

122

BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS (BCI)

Mozambique

Paulo Sousa

2 002

26

35

125

STANDARD BANK NAMIBIA

Namibie

Junius Vetumbuavi Mungunda

1 990

ND

Angola

Teodoro Paixao Franco

1 938

ND

Mozambique

Manuel Marecos Duarte

1 930

135

36

127

BANCO DE DESENVOLVIMENTO DE ANGOLA

37

128

BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE (MILLENNIUM BIM)

38

130

BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA

Angola

Daniel Chambel

1 880

157

39

139

BANCO DE NEGOCIOS INTERNACIONAL

Angola

Mario Abilio Palhares

1 553

107

40

141

STANDARD BANK MAURITIUS

Maurice

Laksham Bheenick

1 535

14

41

149

BARCLAYS BANK OF BOTSWANA

Botswana

Reinette Van Der Merwe

1 415

113

42

160

STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA

Botswana

Moatlhodi K. Lekaukau

1 276

ND

43

168

NEDBANK NAMIBIA

Namibie

Lionel Matthews

1 173

71

44

171

STANDARD BANK MOZAMBIQUE

Mozambique

Antonio Caroto Coutinho

1 111

74

45

173

BANCO DE COMÉRCIO E INDUSTRIA

Angola

Feliciana Gomes Alfredo

1 107

ND

46

175

STANBIC BANK BOTSWANA

ND

47

176

GRINDROD BANK

48

178

SBI MAURITIUS

49

180

CENTRAL AFRICA BUILDING SOCIETY (CABS)

50

181

STANBIC BANK ZAMBIA

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

Botswana

Leina Gabaraane

1 104

Afrique du Sud

D. A. Polkinghorne

1 100

31

Maurice

Asthana Shyam Swaroop

1 092

29

Zimbabwe

Jonas Mushosho

1 073

104

Zambie

Charles Mudiwa

1 064

22

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


Indien

93

Vents violents

Toujours dominatrice en Afrique, la région voit s’accumuler les difficultés économiques et opérationnelles. EI

RR

Le nom [Barclays] ne va FE IE TT pas disparaître LE du jour au lendemain. Nous réfléchissons prudemment à la manière de réaliser la transition. Notre équipe marketing conduit une recherche active pour l’avenir de notre marque.

RA

no 4

Maria Ramos, CEO de Barclays Africa, après que Barclays, la maison mère britannique, a réduit à 23,4 % ses parts dans le groupe bancaire panafricain

no 9

1,4

milliard de dollars Le montant des prêts douteux que BPC doit transférer à Recredit, une structure de défaisance créée pour aider à l’apurement des comptes des banques publiques.

no 13

Alain Law Min a été nommé en avril 2017 directeur général de Mauritius Commercial Bank. Il succède à Antony Withers, parti à la retraite à la fin de 2016.

no 29

Présent dans vingt pays du continent, principalement en Afrique australe et en Afrique de l’Est, le groupe sud-africain débute ses opérations de banque commerciale en Côte d’Ivoire.

nos 34, 37 et 44

1,7

milliard de meticais Soit environ 25 millions de dollars : le nouveau capital minimum requis pour opérer au Mozambique, contre 1 million auparavant. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

ÉRIC DUPUY

E

n 2016, année de référence de nos classements, la zone Afrique australe et océan Indien a encore accentué sa domination dans le paysage bancaire africain, avec une part dans le total de bilan des 200 passée de 41,56 % en 2015 à 47,8 % en 2016. Une évolution qui s’explique principalement par le recul spectaculaire des devises de certains grands marchés bancaires du continent, notamment en Égypte et au Nigeria. À l’inverse, les banques sud-africaines ont profité de l’appréciation du rand de 14 % par rapport au dollar en 2016 (après une chute d’environ 25 % en 2015) pour affermir leurs positions dans notre palmarès. PROGRESSION. Résultat: le total de bilan en dollar des 50 premières banques d’Afrique australe et de l’océan Indien a progressé en 2016 de 12,3 %, et leurs revenus cumulésde18,3%.Etcemalgréuneconjoncturemorose aussi bien pour l’économie sud-africaine que pour celle de l’Angola, deuxième pays représenté dans notre palmarès. D’après les données de la Banque mondiale, la première n’a crû que de 0,3 %, tandis que la seconde faisait du surplace. Standard Bank Group a conservé son leadership continental, ses poursuivants restant les mêmes: FirstRand, Barclays Africa et Nedbank. En juin 2017, Moody’s a toutefois fait part de son inquiétude sur les perspectives de ces géants: « Bien que [l’agence de notation] prévoie que les fondamentaux de ces banques resteront largement solides, l’environnement économique fragile augmente le risque de détérioration de la qualité des actifs bancaires ainsi que des niveaux de fonds propres durs. » C’est le total de bilan des L’évolution ne devrait 50 premières banques pourtant pas remettre d’Afrique australe et de en cause la trajectoire l’océan Indien de croissance des géants (+ 12,3 % sur un an) sud-africains, largement déployés en dehors de leurs frontières. Le cas de l’Angola est plus inquiétant, avec une divergence croissante entre l’évolution des banques publiques et des banques privées. Dans le premier lot, Banco de Poupança e Crédito est en cours de restructuration, sous la direction du ministère des Finances et de la Banque centrale. La plus grande des banques angolaises aurait un taux énorme de créances douteuses, autour de 30 %…

699,7 milliards de dollars

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


94

Classement

Rentabilité

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang dans les 200

Rang 2017

LES 50 BANQUES LES PLUS RENTABLES Société

Pays

Rentabilité des actifs (résultat net/total de bilan, en %)

Total de bilan (en millions de dollars)

Résultat net (en millions de dollars)

1

164

BARCLAYS BANK OF GHANA

Ghana

5,76

1 240

71

2

105

AHLI UNITED BANK EGYPT

Égypte

5,64

2 325

131

Ghana

5,24

1 424

75

Afrique du Sud

5,19

5 324

276

STANDARD CHARTERED BANK GHANA

Ghana

5,13

1 025

53

BANCO DE FOMENTO DE ANGOLA

Angola

4,72

7 877

371

GUARANTY TRUST BANK

Nigeria

4,24

10 128

430

STANDARD CHARTERED BANK ZAMBIA

Zambie

4,23

830

35

Ouganda

4,17

1 239

52

ECOBANK GHANA

Ghana

4,07

1 889

77

72

EQUITY BANK KENYA

Kenya

4,01

3 638

146

12

39

HSBC BANK EGYPT

Égypte

4,01

8 050

322

13

130

BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA

Angola

3,95

1 880

74

14

55

KENYA COMMERCIAL BANK

Kenya

3,92

4 836

189 159

3

148

GHANA COMMERCIAL BANK

4

52

CAPITEC BANK

5

184

6

40

7

30

8

197

9

165

STANBIC BANK UGANDA

10

129

11

15

67

FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT

Égypte

3,85

4 117

16

192

UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) GHANA

Ghana

3,79

881

33

17

38

BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS

Angola

3,64

8 194

298

18

128

BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE

Mozambique

3,62

1 930

70

19

135

INVESTMENT & MORTGAGES (I&M) BANK

Kenya

3,61

1 745

63

20

100

STANDARD CHARTERED BANK KENYA

Kenya

3,61

2 400

87

21

79

CO-OPERATIVE BANK OF KENYA

Kenya

3,60

3 371

121

22

95

FIRST NATIONAL BANK OF NAMIBIA

23

61

EQUITY BANK GROUP

24

171

STANDARD BANK MOZAMBIQUE

25

12

FIRST NATIONAL BANK SOUTH AFRICA

Namibie

3,56

2 500

89

Kenya

3,50

4 538

159

Mozambique

3,49

1 111

39

Afrique du Sud

3,33

27 779

924

26

49

KENYA COMMERCIAL BANKING GROUP

Kenya

3,31

5 950

197

27

186

CITIBANK NA KENYA

Kenya

3,31

990

33

28

189

MISR IRAN DEVELOPMENT BANK

Égypte

3,14

959

30

29

51

DEVELOPMENT BANK OF SOUTHERN AFRICA

Afrique du Sud

3,13

5 341

167

30

109

NATIONAL MICROFINANCE BANK

Tanzanie

3,11

2 228

69

31

101

OMDURMAN NATIONAL BANK

Soudan

3,08

2 392

74

32

43

BANCO BIC

Angola

3,03

6 663

202 64

33

113

COMMERCIAL BANK OF AFRICA

Kenya

2,96

2 170

34

94

CRÉDIT AGRICOLE EGYPT

Égypte

2,93

2 534

74

35

180

CENTRAL AFRICA BUILDING SOCIETY

Zimbabwe

2,93

1 073

31

36

96

BARCLAYS BANK OF KENYA

Kenya

2,85

2 488

71

37

23

ZENITH BANK NIGERIA

Nigeria

2,78

13 922

388

38

62

BANQUE ARABE POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN AFRIQUE

Soudan

2,75

4 491

124

39

19

ZENITH BANK

Nigeria

2,74

15 404

421

40

78

STANBIC IBTC CHARTERED BANK

Nigeria

2,71

3 424

93

41

50

BANCO MILLENNIUM ATLÂNTICO (EX BANCO PRIVADO DO ATLANTICO)

Angola

2,63

5 691

149

42

88

BANK OF KHARTOUM

Soudan

2,61

2 796

73

43

137

NIC BANK

Kenya

2,56

1 623

41 32

44

161

DASHEN BANK

45

149

BARCLAYS BANK OF BOTSWANA

46

32

ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK

Éthiopie

2,54

1 269

Botswana

2,53

1 415

36

Égypte

2,52

9 987

252

Côte d’Ivoire

2,49

2 289

57

Égypte

2,41

3 448

83

2 323

56

1 383

33

47

108

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D’IVOIRE (SGBCI)

48

76

BANK OF ALEXANDRIA

49

106

BANK WINDHOEK

Namibie

2,40

50

152

AWASH INTERNATIONAL BANK

Éthiopie

2,39

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


95

La rigueur paie nos 1, 3 et 5

Le système bancaire ghanéen reste bien capitalisé, avec un ratio de solvabilité de 17,4 % en avril 2017. Les risques principaux sont le haut niveau de crédits douteux et la concentration des risques, significative dans le secteur de l’énergie. Elisa Parisi-Capone, analyste chez Moody’s

nos 6, 17

15,6 %

C’est la rentabilité moyenne des fonds propres des banques angolaises. Mais, comme l’ont rappelé ces dernières années la faillite de Banco Espirito Santo Angola et la recapitalisation de BPC, le secteur reste fragile.

no 7

Nous sommes engagés dans la maximisation de la valeur pour les actionnaires et dans le fait de produire des profits durables et élevés, avec l’attachement à nos valeurs fondatrices que sont le travail, la discipline et l’intégrité. Segun Agbaje, directeur général de Guaranty Trust Bank

no 16

+ 113 %

C’est la hausse des profits de la filiale ghanéenne du nigérian UBA. Elle est la plus rentable des banques du groupe.

no 47

Les bénéfices accumulés entre 2013 et 2016 par SGBCI, la plus grande banque ivoirienne, ont dépassé 103 milliards de F CFA, soit près de 26 milliards de F CFA en moyenne par an (le double du résultat net de 2013). SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

Malgré une hausse des risques, les banques africaines augmentent leur niveau de profitabilité. ÉRIC DUPUY

D

e manière surprenante, le niveau de rentabilité des 200 premières banques africaines n’a pas reculé en 2016. Malgré un contexte d’accroissement des risques, qui avait poussé nombre d’établissements à passer des provisions en 2015, et une situation économique globalement délicate, les établissements financiers sont restés performants, avec un taux de rentabilité des actifs (résultat net/ total du bilan) de 1,5 %. Ce niveau est en ligne avec l’année 2014, et en légère hausse par rapport à 2015 (+1,41 %). In fine, seule une poignée de banques ont connu des pertes en 2016, la plus connue d’entre elles étant le groupe Ecobank (205 millions de dollars). En cause, pour l’essentiel, des provisions massives passées au Nigeria.

IMPRESSIONNANT. L’évolution positive des profits des

200 premières banques africaines (passés de 21,1 milliards de dollars en 2015 à 21,7 milliards en 2016) est d’autant plus impressionnante qu’elle s’est faite dans un contexte de baisse du total des actifs en dollar, et des revenus(lirepp.80-83).Traduisantletravailaccomplipar les banques pour améliorer leur rentabilité, mieux gérer les risques et diminuer les coûts, elle ne doit toutefois pas masquer la hausse globale des risques. Au Nigeria, selon l’agence de notation Moody’s, « la contraction de l’économie et l’inflation élevée ont mené à une augmentation du ratio de crédits douteux à 14 % fin 2016, son plus hautniveaudepuis2010, contre 5,3 % fin 2015 ». Au Ghana, selon des C’est le total des profits chiffres de la Banque générés par les 200 centrale,21,7%desprêts premières banques des banques commerafricaines ciales étaient douteux (+ 3,1% sur un an) en mai 2017. Au Kenya, le ratio de crédits non performants a bondi en 2016 de 6,1 % à 9,1 %, tandis qu’en Tanzanie plusieurs banques ont été mises en difficulté à la suite de l’envolée des risques… La situation est donc loin d’être sereine pour les banques africaines, notamment pour celles figurant dans notre palmarès ci-contre, largement dominé par les établissements de la zone anglophone. La seule banque francophone, SGBCI, progresse toutefois cette année, portée par un contexte économique positif.

21,7 milliards de dollars

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


96

Classement

Prêts

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang dans les 200

Rang 2017

LES 50 BANQUES LES PLUS PRÊTEUSES Société

Pays

Ratio crédits/dépôts (en %)

Total des crédits (en millions de dollars)

Total des dépôts (en millions de dollars)

1

168

NEDBANK NAMIBIA

Namibie

152

821

540

2

58

CIH BANK (EX-CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER)

Maroc

129

3 609

2 795

3

70

BANQUE DE L’HABITAT DE TUNISIE

Tunisie

122

2 698

2 218

4

45

BANQUE MAROCAINE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE (BMCI)

Maroc

118

4 900

4 146

5

151

CCEI BANK GE

Guinée équatoriale

118

1 084

920

6

144

UNION BANCAIRE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE (UBCI)

Tunisie

116

1 098

947

7

119

BANQUE DE TUNISIE

Tunisie

116

1 565

1 351

8

75

AMEN BANK

Tunisie

115

2 526

2 193

9

35

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC

Maroc

113

6 558

5 804

10

124

UNION INTERNATIONALE DE BANQUES (UIB)

Tunisie

113

1 770

1 569

11

106

BANK WINDHOEK

Namibie

111

1 945

1 745

12

42

BANQUE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL

Algérie

111

6 892

6 212

13

155

UNIBANK GHANA

Ghana

110

676

613

14

150

CHASE BANK KENYA

Kenya

110

992

905

15

4

Afrique du Sud

107

52 280

48 982 744

BARCLAYS AFRICA GROUP

16

179

BGFIBANK CONGO

Congo

107

794

17

138

UNITY BANK

Nigeria

105

901

859

18

64

BANQUE NATIONALE AGRICOLE (BNA)

Tunisie

104

3 105

2 981

19

93

ORAGROUP SA

1 721

20

191

MERCANTILE BANK

21

74

Togo

104

1 784

Afrique du Sud

102

629

615

SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE (STB)

Tunisie

102

2 381

2 333

22

29

BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO

Angola

102

6 816

6 699

23

33

CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC

Maroc

102

6 621

6 512

24

146

CORIS BANK INTERNATIONAL

Burkina Faso

102

676

665

25

137

NIC BANK

Kenya

101

1 083

1 071

26

69

FIRST CITY MONUMENT BANK

Nigeria

100

2 145

2 137

27

154

NSIA BANQUE CÔTE D’IVOIRE

Côte d’Ivoire

100

957

957

28

2

STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA

Afrique du Sud

98

66 803

68 010

29

20

CRÉDIT POPULAIRE D’ALGÉRIE

Algérie

98

10 832

11 098

30

116

CFC STANBIC BANK

Kenya

97

1 107

1 143

31

142

AFRILAND FIRST BANK

Cameroun

97

994

1 028

32

107

ARAB TUNISIAN BANK

Tunisie

96

1 688

1 750

33

89

STANDARD CHARTERED BANK MAURICE

Maurice

96

1 015

1 055

34

178

SBI MAURITIUS

Maurice

96

652

681

35

53

CRÉDIT DU MAROC

Maroc

95

3 653

3 829

36

57

BGFIBANK HOLDING CORP.

Gabon

95

3 073

3 232

37

6

ATTIJARIWAFA BANK

Maroc

95

26 690

28 128

38

11

BMCE BANK

Maroc

95

17 665

18 674

39

96

BARCLAYS BANK OF KENYA

Kenya

95

1 614

1 707

40

145

SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE

Côte d’Ivoire

94

934

993

41

48

SKYE BANK

Nigeria

94

3 503

3 743

42

135

INVESTMENT & MORTGAGES (I&M) BANK

1 242

43

175

STANBIC BANK BOTSWANA

44

5

NEDBANK GROUP

Kenya

93

1 156

Botswana

93

815

876

Afrique du Sud

93

51 320

55 273

45

95

FIRST NATIONAL BANK OF NAMIBIA

Namibie

93

1 885

2 033

46

55

KENYA COMMERCIAL BANK

Kenya

92

3 390

3 704

47

125

STANDARD BANK NAMIBIA

Namibie

91

1 419

1 557

48

166

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN

Cameroun

91

903

997

49

65

FIDELITY BANK

Nigeria

91

2 335

2 577

50

82

ATTIJARI BANK TUNISIE

Tunisie

91

2 123

2 344

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


97

Redressement Après une importante baisse en 2015, le ratio crédits/dépôts des 200 premières banques est reparti à la hausse.

no 2

+ 23,8 %

ÉRIC DUPUY

C’est la hausse des crédits non immobiliers accordés par CIH Bank, l’ex-Crédit immobilier et hôtelier, en 2016.

nos 3, 6, 7, 8, 10, 18, 21, 32 et 50

no 23

N

IE

R/

JA

En 2016, les crédits à l’économie des banques tunisiennes ont de nouveau bondi, avec une hausse de 9,5 % environ, contre 6,5 % en 2015.

VI

N NCE

O TF

U

R

Nous avons découpé notre activité en fonction du profil de nos clients : nous proposons aux petits agriculteurs des microcrédits à travers la fondation Ardi, tandis que les services de Tamwil Al Fellah, notre filiale de « méso-crédit », que nous gérons en partenariat avec l’État, s’adressent aux moyennes exploitations non éligibles au financement bancaire classique. Tariq Sijilmassi, Président du directoire du Crédit agricole du Maroc

nos 37, 38

Avec BCP, Attijariwafa Bank et BMCE contrôlaient, à la fin de 2016, 66,1 % des dépôts bancaires marocains et 64,8 % des crédits. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

A

près un net fléchissement en 2015, le ratio crédits/dépôts des 200 premières banques africaines est légèrement reparti à la hausse, passant de 77,5 % en 2014 à 74,9 % en 2015 et à 77,7 % en 2016. Une évolution étonnante dans un contexte économique délicat marqué par un recul de la croissance subsaharienne, passée de 3 % en 2015 à 1,2 % en 2016, selon les données de la Banque mondiale, une nette baisse au Maroc (de 4,5 % à 1,1 %) et une stagnation de la croissance dans les autres pays d’Afrique du Nord. REPRISE. Sur les grands marchés bancaires du conti-

nent, l’évolution a été nettement divergente. Au Maroc, le crédit bancaire a cependant connu une timide reprise à 4 %, après 2,5 % en 2015. Les dépôts collectés ont eux fortement progressé (4,3 %), mais moins rapidement qu’au cours de l’année précédente (6,4 %). En Égypte, où les banques restent très peu prêteuses, les crédits à la clientèle ont progressé en 2015-2016 (année de référence de laBanque centrale) beaucoup plus vite (31,3 %) que les dépôts (22 %). En Afrique du Sud, la hausse des crédits a clairement C’est le total des crédits décéléré, à 3 % en monaccordés par les naie locale, contre 11,3 % 200 premières banques en 2015. Ce ralentisseafricaines. ment couplé à la baisse (– 3,8 % sur un an) du rand face au dollar explique, étant donné le poids des établissements sud-africains dans notre palmarès, le recul très marqué du total des crédits des 200 premières banques africaines, passé de 777,4 milliards de dollars en 2015 à 747,7 milliards. L’an passé, les risques ont continué à croître un peu partout. Globalement, les banques africaines sont restées peu prêteuses par rapport à leurs consœurs des autres régions du monde, le ratio crédits-dépôts y dépassant souvent les 100 %. Sur le continent, seules une trentaine de banques de notre palmarès atteignent ce niveau, la majorité des établissements se situant entre 50 % et 100 %. Une trentaine se situent même en dessous des 50 %, dont une douzaine de banques égyptiennes ainsi que plusieurs banques angolaises et ghanéennes.

747,7 milliards de dollars

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47



99

Classement

assurances

100 Les 100 premiers assureurs

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


100

Classement

Assurances

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang 2016

Rang 2017

LES 100 PREMIERS ASSUREURS AFRICAINS (1-50) Assureur

Président, PDG ou DG

Pays

Chiffre d’affaires (en millions de dollars)

Résultat net (en millions de dollars) 768

1

1

SANLAM

Ian Kirk

Afrique du Sud

6 292

2

3

OLD MUTUAL LIFE ASSURANCE CO.

B. M. Rapiya

Afrique du Sud

3 645

582

3

2

LIBERTY GROUP

J. H. Maree

Afrique du Sud

2 997

180

4

4

DISCOVERY HEALTH

Adrian Gore

Afrique du Sud

2 401

271

5

5

MMI HOLDINGS

Nicolaas Kruger

Afrique du Sud

2 103

ND

6

6

SANTAM

Lizé Lambrechts

Afrique du Sud

1 880

54

7

8

RMI HOLDINGS

Herman Bosman

Afrique du Sud

1 071

240 75

8

7

SAHAM FINANCES

Moulay Hafid Elalamy

Maroc

1 052

9

10

WAFA ASSURANCE

Ali Harraj

Maroc

719

83

10

9

AFRICAN REINSURANCE CORP. (AFRICA RE)

Corneille Karekezi

Nigeria

654

100

11

11

RMA (EX RMA WATANYA)

Tawfik Drhimeur

Maroc

576

ND

12

13

METROPOLITAN LIFE

P. R. Doyle

Afrique du Sud

495

ND

13

14

SAHAM ASSURANCE MAROC

Moulay Mhamed Elalamy

Maroc

432

28

14

-

HOLLARD INSURANCE

Saks Ntombela

Afrique du Sud

403

92

15

-

MUNICH REINSURANCE CO. OF AFRICA

Ashok Prayag

Afrique du Sud

400

ND

Philippe Rocard

Maroc

386

9

Adel Ahmed Moussa

Égypte

284

55

Patrick Tumbo Nyamemba

Kenya

258

35

Nacer Sais

Algérie

240

28

Hadj Mohamed Sebaa

Algérie

235

27

16

12

AXA ASSURANCE MAROC

17

-

MISR INSURANCE CO.

18

19

JUBILEE HOLDINGS

19

17

SOCIÉTÉ NATIONALE D’ASSURANCES

20

18

COMPAGNIE CENTRALE DE RÉASSURANCE

21

16

BRYTE INSURANCE CO. (EX-ZURICH INSURANCE CO. SOUTH AFRICA)

Edwynn O’Neill

Afrique du Sud

225

ND

22

21

COMPAGNIE ALGÉRIENNE DES ASSURANCES

Abdelkrim Djafri

Algérie

201

21

23

35

AVBOB INDUSTRIES

J. F. Rademan

Afrique du Sud

196

36

24

20

BOTSWANA INSURANCE HOLDINGS

Catherine Lesetedi-Letegele

Botswana

195

44

25

22

BRITAM HOLDINGS (EX-BRITISH AMERICAN INVESTMENTS CO.)

Benson Wairegi

Kenya

194

8

26

24

CIE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES ATLANTA

Mohamed Hassan Bensalah

Maroc

191

16

27

-

UAP HOLDINGS

28

27

SAHAM ANGOLA SEGUROS (EX-GA ANGOLA SEGUROS) COMPAGNIE D’ASSURANCES SANAD

Dominic Kiarie

Kenya

186

8

Robert Lewis

Angola

173

ND

Mohamed Hassan Bensalah

Maroc

172

8

Oye Hassan-Odukale

Nigeria

171

25

29

25

30

-

31

32

SWAN GROUP

Louis Rivalland

Maurice

171

7

32

31

BRITAM KENYA (EX-BRITISH AMERICAN INVESTMENTS CO KENYA)

Benson Wairegi

Kenya

169

ND

33

36

JUBILEE INSURANCE KENYA

Patrick Tumbo

Kenya

169

9

34

-

THE RAND MUTUAL ASSURANCE CO.

Bisnath Singh

Afrique du Sud

168

34

LEADWAY ASSURANCE CO

35

-

ALLIANZ GLOBAL CORPORATE & SPECIALTY AFRICA

Delphine Maidou

Afrique du Sud

163

ND

36

29

MUTUELLE CENTRALE MAROCAINE D’ASSURANCES

Yacoubi Soussane

Maroc

162

ND

37

23

COMPAGNIE ALGÉRIENNE D’ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE

Brahim Djamel Kassali

Algérie

154

10

38

15

MISR LIFE INSURANCE CO.

Said Saad Gabr

Égypte

154

25

Lassaâd Zarrouk

Tunisie

142

7

Gaël Loac

Maroc

137

ND

39

34

STÉ TUNISIENNE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES (STAR)

40

37

LA MAROCAINE VIE

41

43

CLIENTELE LIFE ASSURANCE CO.

Basil William Reekie

Afrique du Sud

134

30

42

-

ZEP RE (PTA REINSURANCE)

Hope Murera

Kenya

129

19

43

39

KENYA REINSURANCE CORP.

Maina Mukoma

Kenya

127

31

44

41

CIC INSURANCE GROUP

Tom Gitogo

Kenya

118

2

45

38

ALLIANZ MAROC (EX-ZURICH COMP. MAROCAINE D’ASSURANCES)

Dirk De Nil

Maroc

114

ND

46

42

FIRST MUTUAL HOLDINGS

47

47

SWAN LIFE

48

46

MAURITIUS UNION ASSURANCE CO.

49

58

ASSURANCES ET RÉASSURANCES DU CONGO

50

40

CUSTODIAN AND ALLIED INSURANCE

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

Douglas Hoto

Zimbabwe

108

9

Louis Rivalland

Maurice

103

83

Dominique Galea

Maurice

98

3

Parfait Makita

Congo

95

ND

O. A. Odunsi

Nigeria

92

17

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


101

no 9

L’exigence d’augmentation du capital [en zone Cima] pourrait créer des opportunités d’acquisition pour ceux qui n’ont pas les capacités financières ou la volonté de souscrire à cette obligation, notamment des groupes détenus par un actionnariat personnes physiques. Hassan Kadiri, directeur de l’international à Wafa Assurance

no 10

– 76,7 %

no 13

Mouvements au sein du groupe Saham En quelques mois, Raymond Farhat a cédé sa place de directeur général de Saham Finances à Nadia Fettah et Mehdi Tazi a cédé celle de patron de Saham Assurances Maroc à Moulay Mhamed Elalamy. Et en septembre, c’est Saâd Bendidi qui a quitté la direction générale déléguée du groupe.

La chute des profits du réassureur Africa RE au premier semestre de 2017. En cause, des incendies en Afrique du Sud et la fermeture partielle d’une société pétrolière au Moyen-Orient.

Malgré le ralentissement économique, la plupart des grands assureurs maintiennent une croissance solide. ÉRIC DUPUY

C

onséquence directe du ralentissement économique en Afrique, les primes d’assurance sur le continent ont connu une évolution peu reluisante en 2016. Selon les chiffres de Sigma Re, étude annuelle de référence sur l’assurance à travers le monde, les primes d’assurance-vie ont progressé de 1,2%tandisquecellesd’assurancedommagesreculaient de 0,2 %. Une piètre performance comparée surtout aux évolutions connues par l’Asie émergente (+ 23 % en vie et + 18 % en dommages). Paradoxalement, notre classement illustre mal cette stagnation, puisque les 100 premières compagnies d’assurances du continent ont vu leurs revenus progresser de 11,7 %, alors qu’au cours des deux années précéC’est le total des primes des dentes ils avaient baissé 100 premières compagnies de 11,4 %. Une évolution d’assurances qui s’explique assez simplement: pénalisées dans notre classement en 2015 par la baisse du rand contre le dollar, les assureurs sud-africains – ultradominants dans notre palmarès – ont profité en 2016 de l’appréciation de 14 % de leur monnaie face au billet vert.

34 milliards

de dollars

ENVOLÉE. Globalement, si le dynamisme du secteur a

n 39 o

En juillet 2017, Abdelhafidh Zaanoun, fondateur de Star et à ce titre père des assurances en Tunisie, est décédé.

no 45

Quand on lancera un nouveau produit, ce que va faire la concurrence, c’est le copier. Ce qu’ils ne pourront pas copier, c’est la culture d’entreprise. Dirk De Nil, directeur général d’Allianz Maroc SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

En développement

certes été bouleversé par les difficultés économiques (surtout dans les pays pétroliers comme le Nigeria ou l’Angola), la croissance des assureurs reste portée par la faible pénétration des assurances. Au Maroc, après une croissance de 7 % en 2015, les primes ont bondi de 15,4 % en 2016. Le secteur de l’assurance-vie, notamment, a connu une envolée, avec une hausse des primes (en monnaie locale) de 35,4 % l’année dernière. Selon Sigma Re, dans le même segment, si le Nigeria a enregistré une chute de 9,6 %, le Kenya a connu une hausse de 12 %, le Zimbabwe de 14 % et l’Ouganda de 26 %. Sur le segment non-vie, davantage corrélé à l’activité économique, le bilan aura été moins flatteur, avec une baisse des primes de 12 % au Nigeria et des hausses très modestes au Kenya (+ 2,5 %, selon Sigma Re) ou au Maroc (+ 3,3 %). En dehors du phénomène de croissance naturelle des marchés, deux grandes tendances se dégagent JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


102

Classement

Assurances

CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ

Rang 2016

Rang 2017

LES 100 PREMIERS ASSUREURS AFRICAINS (51-100) Assureur

51

55

TRUSTCO GROUP HOLDINGS

52

45

COMPAGNIE D’ASSURANCES DES HYDROCARBURES

53

28

AIICO INSURANCE

54

54

ENTERPRISE GROUP

55

48

APA INSURANCE

56

49

MUTUELLE AGRICOLE MAROCAINE D’ASSURANCE

57

56

58

51

59

59

Président, PDG ou DG

Pays

Chiffre d’affaires (en millions de dollars)

Résultat net (en millions de dollars)

Quinton Van Rooyen

Namibie

91

39

Mokhtar Naouri

Algérie

89

10

Edwin Igbity

Nigeria

88

-2 16

Keli Gadzekpo

Ghana

88

Ashok Kumar Mepa Shah

Kenya

86

6

Rachid Guessous

Maroc

85

ND

SAHAM ASSURANCE CÔTE D’IVOIRE

Joël Ackah

Côte d’Ivoire

82

7

CIE INTERNATIONALE D’ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE

Tahar Soufi

Algérie

82

3

SANTAM NAMIBIA

Franco Feris

Namibie

81

10

60

64

ASSURANCES MAGHREBIA

Abdelaziz Essassi

Tunisie

78

6

61

53

CIE MÉDITERRANÉENNE D’ASS. ET DE RÉASSURANCES (COMAR)

Rachid Ben Jemia

Tunisie

73

13

62

44

CONTINENTAL REINSURANCE CO.

10

63

26

SUNU ASSURANCES VIE CÔTE D’IVOIRE

64

62

UNIVERSAL SEGUROS

65

52

AXA MANSARD INSURANCE (EX-GUARANTY TRUST ASSURE)

66

60

ASSURANCES MUTUELLES EL ITTIHAD

67

61

NICO HOLDINGS

68

70

ALLIANZ ASSURANCES CAMEROUN

69

33

SWAN INSURANCE CO.

70

63

COMPAGNIE D’ASSURANCES TRANSPORTS

71

67

CIE COMMUNE DE RÉASS. DES ÉTATS MEMBRES DE LA CICA

72

57

GROUPE DES ASSURANCES DE TUNISIE

73

-

74

73

75

-

76

74

OGAR ASSURANCES

77

75

SANLAM KENYA (EX-PAN AFRICA INSURANCE CO.)

78

-

WAICA REINSURANCE COR.

Femi Oyetunji

Nigeria

73

Saliou Bakayoko

Côte d’Ivoire

70

6

Armando Mota

Angola

70

2

Kunle Ahmed

Nigeria

67

9

Lamjed Boukhris

Tunisie

67

3

F. L. Mlusu

Malawi

66

8

Bernard Girardin

Cameroun

66

6

Louis Rivalland

Maurice

64

6

Mohamed Hassan Bensalah

Maroc

62

19

Jean-Baptiste Kouame

Togo

62

6

Mohamed Dkhili

Tunisie

59

4

Carole Agito Amela

RD Congo

56

ND

LIBERTY KENYA

Mike Du Toit

Kenya

53

6

HERITAGE INSURANCE CO.

Godfrey Kioi

Kenya

51

5

Abdoulaye Keita

Gabon

50

2

SOCIETE NATIONALE D’ASSURANCES (SONAS) – RD CONGO

79

72

SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE RÉASSURANCE

80

65

AFRICAN ALLIANCE INSURANCE CO.

81

77

SALAMA ASSURANCES ALGÉRIE

82

-

KENINDIA ASSURANCE CO.

83

78

MAROC ASSISTANCE INTERNATIONALE

84

86

JUBILEE INSURANCE TANZANIA

85

69

ROYAL EXCHANGE ASSURANCE GROUP (NIGERIA)

86

81

ALLIANCE ASSURANCES

87

50

MUTUAL BENEFITS ASSURANCE FNB INSURANCE

Mugo Kibati

Kenya

50

1

Eziekel Abiola Ekundayo

Sierra Leone

49

6

Lamia Ben Mahmoud

Tunisie

49

7

Funmilayo Omo

Nigeria

46

10

Mohamed Benarbia

Algérie

45

2

Saikat Guha

Kenya

44

8

Abdellah Hamza

Maroc

44

ND

George Alande

Tanzanie

42

2

Alhaji Auwalu Muktari

Nigeria

41

-3

Hassen Khelifati

Algérie

41

4

Olusegun Omosehin

Nigeria

39

-4

88

-

Valentin Ojumah

Nigeria

39

8

89

83

STATE INSURANCE CO. OF MAURITIUS

Ram Prakash Nowbuth

Maurice

39

11 3

90

84

ASSURANCES ARO

Patrick Andriambahiny

Madagascar

39

91

-

SOCIÉTÉ TUNISIENNE D’ASSURANCES – LLOYD TUNISIEN

Abdelkerim Merdassi

Tunisie

38

1

92

85

Kwei Mensah Ashidam

Ghana

38

1

SIC INSURANCE CO. (EX-STATE INSURANCE CO. OF GHANA)

93

-

NICOZDIAMOND INSURANCE

Grace Muradzikwa

Zimbabwe

37

1

94

96

JUBILEE INSURANCE UGANDA

Deepak Pandey

Ouganda

36

23

95

88

NSIA VIE CÔTE D’IVOIRE

Janine Diagou-Wodie

Côte d’Ivoire

36

4

96

-

NOSSA SEGUROS

Carlos Duarte

Angola

36

5

97

68

NEM INSURANCE

Topes Mart

Nigeria

35

6

98

100

COMPAGNIE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES

Abdelmonem Kolsi

Tunisie

34

6

99

-

SUEZ CANAL INSURANCE

Saifeddin Mostafa

Égypte

34

2

100

93

SAHAM ASSISTANCE MAROC

Moulay Hafid Elalamy

Maroc

34

ND

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


103

Deux tendances se dégagent: les développements métiers et la croissance géographique par acquisition ou création ex nihilo.

no 57

Nous visons 70 milliards de F CFA de chiffre d’affaires d’ici à trois ans. Joël Ackah, directeur général de Saham Assurance Côte d’Ivoire

no 65

En juillet 2017, Kunle Ahmed a pris la direction générale d’AXA Mansard Insurance, filiale nigériane du groupe français, en remplacement de Yetunde Ilori, patron depuis 2012. DR

no 73

no 77

Déjà actionnaire de Sanlam Kenya, le groupe sud-africain Sanlam a acquis en 2017 PineBridge Investments East Africa Limited, une société de gestion d’actifs présente à Nairobi et à Kampala.

En RD Congo, alors que l’autorité de tutelle a démarré ses activités en 2017, les premiers agréments pour entrer sur ce marché de 80 millions d’habitants pourraient être délivrés avant la fin de l’année.

no 86

+ 16,2 %

L’augmentation du résultat net (en monnaie locale) de l’assureur privé algérien Alliance Assurances en 2016. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

parmi les leaders : les développements métiers et la croissance géographique par acquisition ou création ex nihilo. Ainsi, le leader ouest-africain NSIA – fervent partisan de la bancassurance – a signé mi-2017 un protocole d’entente en vue de l’acquisition des filiales francophones du nigérian Diamond Bank, tandis que Sunu, l’un de ses concurrents, investissait dans la banque togolaise BPEC afin d’en devenir l’actionnaire majoritaire (lire pp. 40-42). Ce dernier a aussi développé des filiales non-vie dans la quasi-totalité de ses pays d’activité. En matière d’acquisitions, l’actualité a aussi été riche : Sunu a repris le camerounais Caminsur. Allianz s’est offert en 2016 une belle implantation au Maroc en reprenant la filiale locale de Zurich Assurances pour environ 250 millions d’euros, puis s’est installé au Nigeria à la mi-2017 en signant un accord pour la reprise d’Ensure Insurance Plc, un petit acteur local. Le groupe d’assurances sud-africain Sanlam a porté à 46,6 % ses parts dans le capital de l’assureur panafricain basé au Maroc, Saham, pour 329 millions de dollars. Une opération qui a rappelé à tous ce qui est aujourd’hui une réalité : les sociétés d’assurances solides sont très bien valorisées par les investisseurs. SOUTENUE. Du côté de la croissance organique,

l’actualité reste également soutenue. Wafa Assurances, qui a écarté la piste des acquisitions pour privilégier pour l’instant la croissance organique, a commencé ses activités en Côte d’Ivoire (en vie et en non-vie) en novembre 2016 et au Cameroun (en vie) le mois suivant. Quant au tunisien Comar, il a obtenu en 2017 son agrément IARD pour sa filiale ivoirienne, faisant ainsi ses premiers pas au sud du Sahara. En zone Cima, les lignes pourraient d’ailleurs bouger plus rapidement dans les prochaines années : l’objectif acté en 2016 est en effet de passer à un capital minimum requis de 3 milliards de F CFA (4,5 millions d’euros) de capital en 2019, puis à 5 milliards en 2021. Cette évolution – qui suscite de vifs débats – devrait, selon le cabinet conseil Finactu, générer des besoins en capitaux de 415 milliards de F CFA. Elle devrait aussi provoquer regroupements, acquisitions et alliances dans un secteur qui reste encore très fragmenté. D’où la petite taille de la plupart des compagnies subsahariennes. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47



105

Classements

finance

106 Bourse 108 Capital-investissement 110 Fusions-acquisitions

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


106

Bourse

Classement

LES 30 PREMIÈRES OPÉRATIONS EN 2016

SOURCES : RAPPORTS ANNUELS, PWC

Rang

Société

Secteur

Bourse

Type d’opération

Montant (en millions de dollars) 950

1

LAFARGEHOLCIM MAROC

Ciment

Casablanca SE

Augmentation de capital

2

BARCLAYS AFRICA

Banque

Johannesburg

Cession

906

3

REMGRO

Holding

Johannesburg

Augmentation de capital

662

4

ASPEN PHARMACEUTICALS

5

STEINHOFF

Santé

Johannesburg

Cession

625

Distribution

Johannesburg

Augmentation de capital

6

DIS-CHEM PHARMACIES LTD

625

Biens de consommation

Johannesburg

Introduction en Bourse

7

305

PPC

Ciment

Johannesburg

Augmentation de capital

281

8

LIBERTY TWO DEGREES

Finance

Johannesburg

Introduction en Bourse

272

9

KENGEN

Électricité

Nairobi Stock Exchange

Augmentation de capital

262

10

GREENBAY PROPERTIES LTD

Immobilier

Johannesburg AltX / Maurice

Augmentation de capital

256

11

MARSA MAROC

Logistique

Casablanca SE

Introduction en Bourse

198

12

GREENBAY PROPERTIES LTD

Immobilier

Johannesburg AltX / Maurice

Augmentation de capital

161

13

ETHOS PRIVATE EQUITY CAPITAL PARTNERS

Finance

Johannesburg

Introduction en Bourse

127

14

ARABIAN FOOD INDUSTRIES CO DOMTY

Biens de consommation

Egyptian Exchange

Introduction en Bourse

126

15

ECHO POLSKA PROPERTIES

Immobilier

Johannesburg

Introduction en Bourse

109

16

UNIVERSAL PARTNERS

Finance

Johannesburg / Maurice

Introduction en Bourse

95

17

CURRO HOLDINGS

Éducation

Johannesburg

Augmentation de capital

93 86

18

ASCENDIS HEALTH

19

AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK

Santé

Johannesburg

Augmentation de capital

Banque

Ghana

Introduction en Bourse

20

RISMA

77

Hôtellerie

Casablanca SE

Augmentation de capital

66

21

CORIS BANK INTERNATIONAL

22

BIOPHARM SPA

Banque

BRVM

Introduction en Bourse

63

Santé

Bourse d’Alger

Introduction en Bourse

23

OBOUR LAND FOODSTUFF INDUSTRIES

58

Biens de consommation

Egyptian Exchange

Introduction en Bourse

24

BOTSWANA TELECOMS

43

Télécoms

Botswana SE

Introduction en Bourse

25

CLEOPATRA HOSPITAL COMPANY

42

Santé

Egyptian Exchange

Introduction en Bourse

26

41

FINBOND

Banque

Johannesburg

Augmentation de capital

33

27

ACCESS BANK GHANA

Banque

Ghana

Introduction en Bourse

26

28

UNIMED

Pharmacie

Bourse de Tunis

Introduction en Bourse

22

29

DAR ES SALAAM STOCK EXCHANGE

Finance

Dar es Salaam SE

Introduction en Bourse

17

30

BANQUE DE TUNISIE

Banque

Bourse de Tunis

Augmentation de capital

15

LES PERFORMANCES DES BOURSES AFRICAINES EN 2016

SOURCE : AFRICAN MARKETS

Rang

Bourse

Performance en monnaie locale

Performance en dollars (en %)

Performance en euros (en %)

EGX 30

76,2

– 25,55

– 23,85

Masi

30,46

27,94

31,91

25,84

29,87

Indice

(en %)

1

EGYPTIAN EXCHANGE

2

CASABLANCA STOCK EXCHANGE

3

ZIMBABWE STOCK EXCHANGE

ZSE Industrial index

25,84

4

NAMIBIAN STOCK EXCHANGE

NSX Overall Index

23,47

39,66

44,29

5

BOURSE DE TUNIS

Tunindex

8,86

– 3,47

– 0,75 16,25

6

JOHANNESBURG STOCK EXCHANGE

7

STOCK EXCHANGE OF MAURITIUS

8

BRVM (ABIDJAN)

9

DAR ES SALAAM STOCK EXCHANGE

10

NIGERIAN STOCK EXCHANGE

11

NAIROBI SECURITIES EXCHANGE

12

BOTSWANA STOCK EXCHANGE

13

GHANA STOCK EXCHANGE

14

UGANDA SECURITIES EXCHANGE

15

LUSAKA STOCK EXCHANGE

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

JSE All Share

– 0,08

12,52

SEMDEX

– 0,23

– 0,56

2,59

BRVM Composite

– 3,87

– 4,55

– 3,85

All Share Index

– 5,8

– 7,44

– 3,77

NSE All Share Index

– 6,17

– 40,63

– 38,76 – 6,13

Nairobi All Share Index

– 8,48

– 9,01

Domestic Company Index

– 11,33

– 6,8

– 3,81

GSE Composite Index

– 15,33

– 24,55

– 22,08

USE All Share Index

– 16,24

– 21,92

– 19,44

Lusaka All Share Index

– 26,83

– 19,18

– 16,55

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


107

Décourageant En 2016, tous les indicateurs ou presque ont été dans le rouge pour les places africaines.

nos 2 et 4

En 2016, les groupes internationaux se sont massivement désengagés de sociétés africaines cotées : c’est le cas de Barclays avec Barclays Africa et de GlaxoSmithKline avec Aspen.

no 9

Si la place de Nairobi n’a connu aucune introduction en 2016, elle s’est illustrée avec la plus importante opération secondaire en Afrique de l’Est enregistrée depuis bien longtemps : l’émission de droits de souscription par l’électricien KenGen.

no 11

1,9

milliard de dirhams Le montant levé par la société portuaire Marsa Maroc à la mi-2016. C’est la plus importante introduction au Maroc depuis 2009.

ÉRIC DUPUY

E

n 2016, les Bourses africaines seront passées par tous les stades. Plombées pour la plupart par une croissance économique fonctionnant au ralenti, voire par la récession pour certaines (le Nigeria), elles ont fini l’année sur un bilan mitigé : cinq ont vu leurs indices en monnaie locale progresser, et seulement quatre une fois le résultat converti en dollar. L’année dernière, la pire performance a été enregistrée sur la place de Lagos, avec une chute du principal indice de 40,63 % en dollars (le naira ayant été dévalué en cours d’année). Même sort pour la Bourse égyptienne, qui finit l’année dans le vert en monnaie locale mais complètement dans le rouge en dollar, en raison de la sévère dévaluation connue par la livre. Du côté des meilleurs performeurs, le Maroc s’est illustré avec une progression proche des 30 %, quelle qu’ait été la monnaie utilisée. En termes d’activité, 2016 s’est également achevée sur un bilan contrasté, avec, selon le rapport « Africa Capital Markets Watch », 20 introductions en Bourse, contre 28 en 2016. Johannesburg est resté leader dans le domaine, avec sept opérations recensées, suivi du Caire (4) et d’Accra (2). Les montants levés au cours de ces introductions ont également reculé, passant de 2 milliards de dollars à 1,5 milliard. DIFFICULTÉS. En matière d’opérations dites secondaires

Avec huit introductions en tout en 2015 et 2016, la Bourse égyptienne a été la plus active du continent hors Afrique du Sud.

N

IE

R/

JA

no 1

no 8

VINC

E

FO NT

U

R

2016 a été une année exceptionnelle pour la BRVM parce que c’est l’année de tous les couronnements. Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la BRVM SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

(c’est-à-dire réalisées en Bourse par une société déjà cotée), la tendance est également négative, avec, selon PwC, l’équivalent de 7,3 milliards de dollars levés en 2016 au cours de 68 opérations, contre 11,1 milliards en 2015 (93 opérations). Les opérations secondaires restent toutefois le mode dominant d’activité pour les Bourses africaines, celles-ci ayant toujours beaucoup de difficultés à attirer de nouvelles entreC’est le total des prises à la cote. Ainsi, 30 premières opérations selon PwC, entre 2012 boursières en 2016 et 2016, 110 introductions en Bourse ont eu lieu, dont 37 en Afrique du Sud et 23 à Tunis. L’immense majorité des places n’en a connu que moins d’une par an. Les sommes levées via ces introductions ont atteint 6,5 milliards sur cinq ans : soit moins qu’une seule année d’activité en termes d’opérations secondaires.

6,6 milliards

de dollars

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


108

Capital-investissement

Classement

* : ESTIMATION

Rang 2017

LES 50 PREMIÈRES OPÉRATIONS EN 2016 Société

1

TENKE FUNGURUME MINING

2

ARISE

3

Pays/région

Activité

Investisseurs

Montant investi (en millions de dollars)

RD Congo

Mines

BHR Partners

1 136

Afrique subsaharienne

Finance

Norfund, FMO

515

MAZARINE ENERGY

Afrique du Nord

Pétrole

Carlyle

500

4

TSEBO

Afrique du Sud

Services aux entr.

Wendel, Capital Group

370

5

GREENWISH PARTNERS

Afrique subsaharienne

Électricité

Denham Capital

250

6

JUMIA (AFRICA INTERNET GROUP)

Afrique

E-commerce

Goldman Sachs, AXA, Rocket Internet, MTN

245

7

SGI AFRICA (CFAO)

Afrique

Immobilier

Wendel, Future French Champions

200

8

ARM CEMENT

Kenya

Ciment

CDC

140

9

GABON SPECIAL ECONOMIC ZONE

Gabon

Infrastructures

Africa Finance Corporation

140

10

LEKELA POWER

Afrique

Électricité

IFC, Ascension IM, Sanlam, Rockefeller Brothers Fund

117,5

11

OANDO GAS & POWER

Nigeria

Énergie

Helios

115,8

12

SEVEN ENERGY

Nigeria

Pétrole

Asma Capital Part., Temasek, Petrofac, Capital Gr.

100

13

ATLANTIC BUSINESS INTERNATIONAL

Afrique de l’Ouest

Banque

Development Partners International (DPI)

100

14

JUMIA (AFRICA INTERNET GROUP)

Afrique

E-commerce

Orange Digital Ventures

85

15

BARCLAYS AFRICA

Afrique du Sud

Banque

PIC

80

16

BELOXXI INDUSTRIES

Nigeria

Retail

8 Miles, ACA, DEG

80

17

SOCIÉTÉ D’ARTICLES HYGIÉNIQUES (SAH)*

Tunisie

Biens de conso.

Abraaj

65

18

ZAMBEEF

Zambie

Agro-industrie

CDC

65

19

TWO RIVERS MALL

Kenya

Infrastructures

Old Mutual Property

62

20

LES LABORATOIRES MÉDIS

Afrique du Nord

Santé

Actis

56

21

GENERAL EMBALLAGE

Algérie

Industrie

Development Partners International (DPI), DEG

55

22

JUMIA (AFRICA INTERNET GROUP)

Afrique

E-commerce

CDC

55

23

KANU EQUIPMENT

Afrique de l’Ouest

Agro-industrie

Phatisa, Kanthu Nkama Capital

46

24

ADDIS PHARMACEUTICAL FACTORY

Éthiopie

Santé

54 Capital

42

25

LUMOS GLOBAL

Nigeria

Électricité

Pembani Remgro Infrastructure Fund

40

26

TRAVELSTART

Afrique

Loisirs

Amadeus Capital Partners

40

27

LUSAKA’S INTERCONTINENTAL HOTEL

Zambie

Hôtellerie

Quantum Global

35,9

28

B.TECH

Égypte

Retail

DPI

35

29

NUMBER TWO PIGGERIES

Afrique du Sud

Agro-industrie

IFC

30

30

ASCENDIS HEALTH

Afrique du Sud

Santé

IFC

30

Afrique du Sud

Distribution

IFC

30

Afrique

Électricité

IFC

25

31

NET1

32

MAINSTREAM AFRICA

33

KEG HOLDINGS

Afrique de l’Est

Énergie

Proparco, DEG

25

34

PRESTIGE COLLEGE PROJECT

Afrique du Sud

Éducation

Old Mutual Alternative Investment, Barnstone Educ.

24 24

35

ANDELA

Afrique subsaharienne

Technologie

Chan Zuckerberg Initiative, Google Ventures, Spark

36

ADVTECH

Afrique du Sud

Éducation

IFC

22

37

GOODLIFE PHARMACY

Kenya

Santé

LeapFrog Investments

22

38

HASSAN ALLAM CONSTRUCTION

Égypte

Immobilier

IFC

20

39

LANDMARK AFRICA

Nigeria

Immobilier

Vantage Capital

20

40

TRANSCENTURY

Kenya

Investissement

Kuramo Capital Partners

20

41

BBOX

Afrique de l’Est

Énergie

ENGIE Rassembleurs d’Energies…

20

42

IROKO TV

Nigeria

Médias

Kinnevik

19

43

INDORAMA FERTILIZERS

Nigeria

Engrais

Proparco

19

44

FIDELITY BANK

Kenya

Banque

Duet

18,6

45

AZALAÏ

46

COMSOL NETWORKS

Mali

Hôtellerie

AfricInvest

18

Afrique du Sud

Technologie

Nedbank Private Equity, Convergence Partners…

17

47

VUMATEL

Afrique du Sud

Technologie

Vantage Capital

17

48

MOBISOL

Afrique de l’Est

Électricité

IFC, FMO

16

49

ZOONA

Afrique australe

Finance

IFC, Accion, Omidyar Network…

15

50

D.LIGHT

Afrique

Électricité

KawiSafi Ventures Fund…

15

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


109

Le rythme se maintient

nos 6 et 14

Encore une année faste pour le leader africain du e-commerce, qui a levé en 2016 près de 400 millions de dollars en equity.

no 11

260

kilomètres La longueur du pipeline qui permet à Oando Gas & Power (OGP) de livrer en gaz ses quelque 175 clients industriels. OGP est leader sur son segment.

no 17

Alimentée par la hausse du revenu disponible et les besoins des clients, l’activité des produits de soins ménagers et personnels en Afrique va continuer à croître. Pour nous, SAH est dans la meilleure des positions pour profiter de cette opportunité grâce à sa stratégie d’expansion et à la diversification de ses produits. Ahmed Badreldin, associé Afrique du Nord et Moyen-Orient chez Abraaj

EL

I

no 35

MO

HI

NI

UF

Le fondateur de Facebook a investi plusieurs millions de dollars dans Andela, une start-up qui forme des développeurs en Afrique.

no 48

85 000

Le nombre de solutions solaires locales que Mobisol a installées en Afrique de l’Est, pour plus de 425 000 bénéficiaires. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

S’il n’explose pas, le capital-investissement africain se diversifie et conserve un tempo d’investissement soutenu. FRÉDÉRIC MAURY

C

onséquence des importantes levées de fonds de ces dernières années, mais aussi de la montée en puissance des entreprises africaines, 2016 a été un bon cru pour le capital-investissement. Selon l’Association africaine du capitalinvestissement et du capital-risque (AVCA), 145 deals ont été enregistrés, représentant 3,8 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros), soit la troisième meilleure performance depuis 2009. Le niveau est inférieur à celui de 2014, année record marquée par une quinzaine d’investissements à plus de 100 millions de dollars chacun, mais supérieur à celui de 2015 (2,5 milliards). STABLE. Nos chiffres sont moins nets sur les montants

investis: pour les 50 principales opérations, le total est resté stable entre 2015 et 2016, à 5,2 milliards, mais nous avons recensé un nombre croissant d’opérations. Le nom des acteurs et la liste des secteurs continuent à se diversifier. Sur les 10 plus importantes opérations, unemajoritéimpliquedesacteursencorepeuimplantés enAfrique:Wendel,GoldmanSachs,Carlyle,Rockefeller Brothers Fund ou BHR Partners qui, en rachetant la mine congolaise de Tenke, a frappé fort. En termes sectoriels, des nouveaux types de financement s’imposent, dans l’éducation, la santé ou les C’est le total des énergies renouvelables. 50 premières opérations En revanche, pour de capital-investissement les levées de fonds, les en Afrique. montants sont passés de 4,3 milliards en 2015 à 2,3 milliards en 2016. Mais rien d’inquiétant de ce côté-là, puisque les fonds déploient leur argent sur plusieurs années. Et que, par ailleurs, un nombre croissant d’investisseurs développent des stratégies différentes: les family offices sont ainsi de plus en plus nombreux, comme les investisseurs financiers qui ne lèvent pas de fonds à durée limitée ou ceux qui créent des plateformes d’investissement spécialisées sectoriellement et ayant vocation à perdurer. Une méthode sans doute mieux adaptée à l’Afrique, puisqu’elle permet d’investir sur du plus long terme, les fonds étant souvent limités à une période de sept à dix ans.

5,2 milliards

de dollars

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


110

Classement

Fusions-acquisitions

LES 50 PREMIÈRES OPÉRATIONS EN 2016

SOURCES : MERGERMARKET, EY, JEUNE AFRIQUE.

* : ESTIMATION

Rang

Entreprises (part du capital acquis)

Pays/région

Acquéreur

Secteur

Montant (en millions de dollars)

1

BID CORP

Afrique du Sud

Divers

Services

5 700

2

ROCKCASTLE

Afrique du Sud

New Europe Property Investments

Immobilier

3 500

3

COCA-COLA BEVERAGES AFRICA (54,5 %)

Afrique australe

The Coca-Cola Company

Boissons

3 100

4

TENKE FUNGURUME MINING (56 %)

RD Congo

CMOC

Mines

2 500

5

STEINHOFF INTERNATIONAL HOLDINGS (8,8 %)

Afrique du Sud

Lancaster 101/Upington Inv.

Biens de conso

2 100

6

ZOHR FIELD (30 %)

Égypte

Rosneft

Pétrole

1 600

7

HOLCIM MAROC

Maroc

Lafarge Maroc

Ciment

1 200

8

BLOCS SAINT-LOUIS/CAYAR

Sénégal – Mauritanie

Kosmos

Pétrole

916

9

AIRTEL BURKINA – SIERRA LEONE *

Afrique de l’Ouest

Orange

Télécoms

900

10

CELL C

Afrique du Sud

Blue Label

Télécoms

894

11

THE PIVOTAL FUND

Afrique du Sud

Redefine Income Fund

Immobilier

756

12

PROMASIDOR (33,33 %)

Afrique

Ajinomoto

Agroalimentaire

532

13

ZOHR FIELD (10 %)

Égypte

BP

Pétrole

525

14

EQSTRA FLEET MANAG. AND LOG. – IND. EQUIPMENT

Afrique du Sud

ENX Group

Industrie

520

15

NATIONAL TABACO ENTERPRISE

Éthiopie

Japan Tobacco

Tabac

510

16

BARCLAYS BANK EGYPT *

Égypte

Attijariwafa Bank

Banque

500

17

HELIOS TOWERS NIGERIA

Nigeria

IHS

Tours télécoms

500

18

SAN LEON ENERGY

Afrique

Geron Energy

Pétrole

455

19

NEOTEL

Afrique du Sud

Liquid Telecom

Télécoms

428

20

ILLOVO SUGAR

Afrique du Sud

Associated British Foods

Agroalimentaire

370

21

CONOCOPHILLIPS SENEGAL BV

Sénégal

Woodside

Pétrole

350

22

EMERGING MARKETS PAYMENTS GROUP

Égypte

Network International

Finance

340

23

SAHAM FINANCES

Afrique

Sanlam

Assurances

329

24

AFRICA INTERNET HOLDING

25

SIERRA RUTILE LIMITED

Afrique

MTN

E-commerce

326

Sierra Leone

Iluka Resources

Mines

26

SAFRIPOL

325

Afrique du Sud

Kap Industrial

Industrie

27

303

AMBER FOODS

Nigeria

Olam

Agroalimentaire

275

28

ZURICH ASSURANCES MAROC

Maroc

Allianz

Assurances

270

29

VIVO ENERGY (20 %)

Afrique

Vitol Africa B.V.

Essence

250

30

CHI (40 %)

Nigeria

Coca-Cola

Boissons

240

31

AIRTEL TANZANIA (TOWERS)

Tanzanie

American Towers

Tours télécoms

179

32

TIGO RD CONGO

RD Congo

Orange

Télécoms

160

33

ATHI RIVER MINING

Kenya

CDC

Ciment

140

34

CANAR TELECOMMUNICATIONS

Soudan

Zain

Télécoms

95

35

AKESO CLINIC

Afrique du Sud

Netcare

Santé

90

36

GSK CONSUMER NIGERIA SOFT DRINK BUSINESS

Nigeria

Suntory Beverage & Food Nigeria

Boissons

80

37

PANDORA (42,5 %)

Afrique du Sud

Lonmin

Mines

73

38

ANGL. AMER. PLATINUM (AMANDELBULT MINING RIGHT)

Afrique du Sud

Northam Platinum

Mines

73

39

TWO RIVERS MALL

Kenya

Old Mutual Property

Immobilier

64

40

AVENG GRINAKER (51 %)

Afrique du Sud

Aveng

Construction

55

41

TANMEYAH MICRO ENTERPRISE SERVICES

Égypte

EFG Hermes

Finance

44

42

SIAT GABON (PALM ASSETS)

Gabon

Olam Palm Gabon

Agribusiness

25

43

ACACIA INVESTMENTS (50 %)

Mozambique

Olam

Agribusiness

24

44

MURRAY & ROBERTS INFRAS. & BUILDING PLATFORM

Afrique du Sud

Firefly Investments 319

Construction

23

45

GOODLIFE PHARMACY

Kenya

Leapfrog

Santé

22

46

UNITED METROPOLITAN LIFE (50 %)

Nigeria

MMI Holdings

Assurances

16

Afrique du Sud

ENX Group

Industrie

16

Guinée

Managem

Mines

14

Kenya

Strides Shasun

Santé

14

Afrique du Sud

Nisela Capital

Industrie

13

47

WEST AFRICAN INTERNATIONAL

48

TRI-K GOLD PROJECT

49

UNIVERSAL CORPORATION LIMITED

50

GENREC

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017


111

Solide année

no 4

Malgré le ralentissement économique, les investisseurs restent présents, dans des secteurs de plus en plus variés.

La cession de la mine a été annoncée sans que nous en ayons été informés, pas plus que l’État. Nos droits ne peuvent pas être bafoués.

ÉRIC DUPUY

S

ur le front des fusions-acquisitions, l’année 2016 aura été un bon cru. Mergermarket a ainsi recensé244opérationsen2016pour39milliards de dollars (37 milliards d’euros), un chiffre en augmentation de 49,1 % et le plus haut niveau depuis 2010. Si le bilan de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement en matière d’opérations de fusions-acquisitions transfrontalières est moins positif, il n’est pas mauvais : les montants ont baissé en 2016 mais sont néanmoins supérieurs à ceux des années précédentes. Sans même inclure la cession de SAB Miller, groupe britannique largement implanté en Afrique subsaharienne, 2016 aura vu se dérouler quelques opérations marquantes, comme l’acquisition par Coca-Cola des parts d’AB Inbev dans CCBA, le principal embouteilleur africain du géant américain, la reprise de la mine congolaise de Tenke Fungurume par le chinois CMOC ou les multiples acquisitions d’Orange au Burkina, au Liberia et en Sierra Leone.

Albert Yuma, président de la Gécamines. La cession de la mine de cuivre de Tenke a suscité une vive polémique, qui s’est terminée par une indemnisation de la part de la Gécamines.

nos 27, 42 et 43

Une fois de plus, Olam a massivement investi en Afrique, réalisant au moins trois acquisitions sur le continent.

no 28

600 000

Le nombre de clients récupérés par Allianz grâce à l’achat de Zurich Maroc, ainsi que 114 millions d’euros de primes brutes.

DIVERSITÉ. Conséquence logique des difficultés du

secteur depuis deux ans, les opérations dans le domaine des ressources naturelles sont restées rares, faisant apparaître une plus grande diversité sectorielle : les assurances ont ainsi été la cible de plusieurs investisseurs, tout comme l’agroalimentaire. Dans le domaine des boissons, Coca-Cola a investi plusieurs centaines de millions dans le nigérian Chi, tandis que le japonais Suntory dévelopC’est le total des 50 pait son portefeuille au premières opérations de Nigeria.Unautrejaponais fusions-acquisitions en 2016 s’est également illustré : Ajinomoto qui s’est offert 33,3 % du groupe alimentaire panafricain Promasidor pour plus de 500 millions de dollars. Le secteur des télécoms continue sa restructuration, avec une redistribution des cartes entre grands acteurs : Orange a ainsi repris des filiales d’Airtel et de Millicom alors qu’Etisalat a laissé à Zain la société soudanaise Canar. Géographiquement, l’Afrique du Sud continue de concentrer l’essentiel des grandes opérations, mais la montée de l’Égypte se confirme avec plusieurs deals notables, dont la cession de Barclays Egypt à Attijariwafa Bank. En dehors du Maroc et de la RD Congo, les flux vers l’Afrique francophone demeurent limités.

31,7 milliards

SUN RUIBO/XINHUA-REA

de dollars

no 39

Développé par le groupe kényan Centum, Two Rivers Mall, le plus grand centre commercial kényan, a ouvert ses portes début 2017. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017

JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47


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ÉDITION PAPIER



114 Fondateur : Béchir Ben Yahmed, le 17 octobre 1960 à Tunis bby@jeuneafrique.com

Ibrahima Diouf*

Tentons l’international

L

e récent désengagement africain de certaines banques signale un changement de fond dans le paysage financier du continent. Car les filiales des groupes étrangers, notamment européens, ont longtemps dominé nos marchés, et cette situation perdure, en Afrique francophone entre autres. Cet héritage de l’Histoire pose la question de la réciprocité. Quelle banque africaine peut se prévaloir d’une véritable présence hors des frontières du continent ? Depuis le début des années 2000, la domination des banques étrangères a été graduellement remise en cause par la montée en puissance des groupes panafricains, dont l’essor accompagne un cercle vertueux d’accélération des flux d’investissements et des échanges intra-africains. Selon une étude d’EY, les investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont augmenté de 32 % en valeur en 2016, et si l’Union européenne et les États-Unis restent les premiers investisseurs, la Chine, l’Inde, Singapour et la Malaisie suivent. Dans ce contexte d’interconnexion croissante de l’Afrique avec le reste du monde, les banques nées sur le continent doivent développer une présence forte dans les pays source d’investissements. C’est pourquoi il convient aussi d’encourager l’implantation des banques panafricaines dans les grands centres de la finance internationale à Londres, New York, Paris, Dubaï, Hong Kong ou Shanghai… Les métiers pratiqués par ces banques panafricaines depuis les places financières étrangères seront d’abord orientés vers les besoins des clients corporate. Viendront dans un deuxième temps les activités de banque de détail qui permettront aux banques de jouer à plein leur rôle d’interface pour les particuliers, notamment sur les transferts de fonds des migrants. Porter un plaidoyer pour l’internationalisation des grandes banques africaines alors même que les taux de bancarisation en Afrique subsaharienne ne dépassent que rarement les 30 % peut paraître prématuré. Sans doute vaudrait-il mieux penser d’abord « à soi-même » plutôt que de s’embarquer dans des aventures sur des marchés éloignés… Je crois au contraire que la présence des grandes banques africaines à l’international sera l’un des vecteurs essentiels de la montée en gamme du capitalisme africain. * Ibrahima Diouf est banquier, administrateur - directeur général de EBI SA, la filiale internationale du groupe bancaire panafricain Ecobank. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47

Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris Tél.: 01 44 30 19 60 Fax rédaction : 01 45 20 09 69 Courriel : redaction@jeuneafrique.com Directeur général : Amir Ben Yahmed Vice-présidents : Danielle Ben Yahmed, François Soudan Directeur de la publication : Marwane Ben Yahmed Directeur de la rédaction : François Soudan (f.soudan@jeuneafrique.com) Directeurs exécutifs : Marwane Ben Yahmed (mby@jeuneafrique.com), Amir Ben Yahmed (aby@jeuneafrique.com) Accords spéciaux : Financial Times Relations presse & partenariats : Abdoul Maiga, Sylvie Colombié La rédaction et l’équipe de Jeune Afrique sont à retrouver sur www.jeuneafrique.com/qui-sommes-nous/

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