LE CLASSEMENT DES
200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 58e année •
BIG DATA Ce que la révolution des données va changer
MAROC Wafacash, la banque des pauvres
HORS-SÉRIE NO 47
STRATÉGIE Ecobank change de visage
jeuneafrique.com
INTERVIEW Pathé Dione « Pour développer les assurances, travaillons ensemble »
Spécial
FINANCE BANQUES CAPITAL-INVESTISSEMENT BOURSE FUSIONS-ACQUISITIONS ASSURANCES
19 E ÉDITION
ÉDITION GÉNÉRALE France 6 • Algérie 360 DA • Allemagne 8 • Autriche 8 • Belgique 7 • Canada 11,99 $ CAN • DOM 8 Espagne 8 • États-Unis 10,95 $ US • Éthiopie 95 birrs • Italie 8 • Maroc 45 DH • Mauritanie 1 800 MRO • Portugal 8 Suisse 14 FS • Tunisie 6,50 DT • Zone CFA 3 200 F CFA • ISSN 1959-1683
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Rédaction en chef Frédéric Maury
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Rédaction en chef technique Laurent Giraud-Coudière Secrétariat de rédaction Antoine Cheltiel Base de données et classements Jeanne-Marie Damilleville (les500@jeuneafrique.com) Direction artistique MarcTrenson
Infographies Christophe Chauvin Iconographie Claire Vattebled (chef du service photo), Nathalie Clavé Révision Nathalie Wallon-Bedjoudjou (chef de service), Vladimir Pol, Juliette Bain-Cohen-Tanugi, Emmanuelle Montagnese Publicité Laure Nitkowski (coordination), Difcom, Groupe Jeune Afrique, 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris Tél. : 33 1 44 30 19 60 Fax : 33 1 45 20 09 67 Ont collaboré à ce hors-série Mark Anderson, Ghizlaine Badri, William Clowes, Nadoun Coulibaly, Éric Dupuy, Mathieu Galtier, Baudelaire Mieu, Djamila Ould Khettab, Stéphanie Wenger
200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 58e année •
ILLUSTRATION: CHRISTOPHE CHAUVIN POUR J.A.
BIG DATA Ce que la révolution des données va changer
MAROC Wafacash, la banque des pauvres
HORS-SÉRIE NO 47
STRATÉGIE Ecobank change de visage
jeuneafrique.com
INTERVIEW Pathé Dione « Pour développer les assurances, travaillons ensemble »
Spécial
FINANCE BANQUES ! CAPITAL-INVESTISSEMENT ! BOURSE ! FUSIONS-ACQUISITIONS ! ASSURANCES
19 E ÉDITION
ÉDITION GÉNÉRALE France 6 € • Algérie 360 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 7 € • Canada 11,99 $ CAN • DOM 8 € Espagne 8 € • États-Unis 10,95 $ US • Éthiopie 95 birrs • Italie 8 € • Maroc 45 DH • Mauritanie 1 800 MRO • Portugal 8 € Suisse 14 FS • Tunisie 6,50 DT • Zone CFA 3 200 F CFA • ISSN 1959-1683
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Et la réalité dans tout ça?
M
Rédaction graphique Sydonie Ghayeb, Camille Chauvin
LE CLASSEMENT DES
Frédéric Maury
algré une situation économique très dégradée sur deux des plus grands marchés bancaires, le Nigeria et l’Afrique du Sud, les géants bancaires africains ont traversé 2016 sans catastrophe majeure. Il y a bien, ici ou là, quelques institutions de taille non négligeable qui ont été placées sous administration ou liquidées : ce fut le cas par exemple de Skye Bank au Nigeria, de Chase Bank au Kenya ou de la BIAC en RD Congo. Mais globalement les financiers ont maintenu le cap de la croissance, portée il est vrai par la toujours importante sousbancarisation du continent.
Cette résilience peut être lue de deux manières. D’un côté, elle pourrait susciter une inquiétude légitime : la croissance des actifs pourrait en effet sembler en partie déconnectée du développement économique des pays concernés. Mais d’un autre côté elle est la conséquence du sérieux travail de nettoyage des comptes effectué – à des degrés divers bien évidemment – par les grandes banques africaines depuis le retournement de conjoncture dans certains pays et même, par effet domino, dans d’autres qui en ont été protégés. Rationalisation, meilleure maîtrise des coûts, pilotage plus efficace des politiques de crédit, segmentation plus fine des cibles de clientèle, digitalisation sont désormais les maîtres mots de banquiers africains qui, il n’y a pas si longtemps, pensaient avant tout en termes de développement. Mais cette résilience est-elle pour autant durable ? Si la conjoncture économique africaine reprend de véritables couleurs, la réponse sera
à coup sûr positive. À défaut, c’est bien la réalité qui risque de rattraper les banquiers. Ou plutôt les réalités : celles d’un continent où moins de la moitié – parfois même moins de 20 % dans certains pays – des emplois sont des emplois salariés ; où rares sont les PME à avoir adopté une structure juridique formelle et à oublier des comptesfinancierspropres. Autrement dit: un continent mal adapté au métier de banquier tel qu’il est pratiqué dans la quasi-totalité du monde. Il est d’ailleurs frappant de voir à quel point désormais les financiers opérant sur un tel terrain doivent rivaliser d’imagination pour lutter contre le blanchiment d’argent dans des pays où les cartes d’identité ne sont pas toujours la règle, pour prêter à des petites structures informelles, pour desservir des régions pas même connectées au réseau routier. Le défi est d’autant plus grand que nulle part dans le monde le métier de banquier, attentif aux risques et aux coûts, ne rime avec « capacité d’innovation ». En Afrique, pourtant, nul autre chemin ne semble pouvoir être emprunté pour augmenter d’ici à quelques années les taux de bancarisation dans des économies encore insuffisamment développées. Comme pour les opérateurs télécoms, qui sont parvenus à faire adopter massivement par les populations africaines des portables alors que la téléphonie fixe n’y existait même pas, l’essentiel se jouera in fine sur l’innovation en matière de réseaux et de produits. Car la téléphonie comme la banque répondent à des besoins qui, eux, restent entiers : communiquer d’un côté, mettre en œuvre ses projets de l’autre. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
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3 Éditorial Et la réalité dans tout ça ? 06
ENQUÊTE 6 Big data La chasse est ouverte
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AFRIQUE SUBSAHARIENNE 18 Décryptage Le futur visage d’Ecobank 22 Baromètre Les géants de la zone franc 24 Expertise Yoann Lhonneur 26 Stratégie En RD Congo, Equity Bank passe aux travaux pratiques 28 Interview Idrissa Nassa 32 Banques Ascension compliquée 34 BNP Paribas En Côte d’Ivoire, le groupe privilégie les profits 36 Diane Karusisi digitalise le Rwanda 40 Entretien Pathé Dione 44 FBN Bank Le délicat chemin d’un nigérian en Europe
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MAGHREB & MOYEN-ORIENT 48 État des lieux Banques tunisiennes : la révolution introuvable 56 Assurances Misr Insurance domine en Égypte 58 Finance islamique Au Maroc, Umnia Bank connaît des débuts encourageants 62 Capital-investissement La catastrophe ferroviaire de l’égyptien Qalaa Holdings 64 Wafacash La banque marocaine vise les plus pauvres 68 Portrait Incontournable en Tunisie, Habib Karaouli lorgne l’Afrique 70 Prêts En Algérie, le retour du « crédit conso » ne fait pas florès 72 Bilan Le secteur financier résiste à la crise
79 80 84 86 88 90 92 94 96 100 106 108 110
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BIG DATA La chasse est ouverte
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DÉCRYPTAGE Le futur visage d’Ecobank
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ASSURANCES Misr Insurance domine en Égypte
CLASSEMENTS Les 200 Afrique du Nord Afrique de l’Ouest Afrique centrale Afrique de l’Est Afrique australe et océan Indien Les plus rentables Les plus prêteuses Les 100 premiers assureurs Bourse Capital-investissement Fusions-acquisitions
Abonnez-vous à 114 Post-scriptum Tentons l’international par Ibrahima Diouf JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
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ENQUÊTE
BIG DATA
La chasse est ouverte
ANTOINE MOREAU-DUSAULT POUR TAR
Les données produites par les consommateurs constituent de véritables mines d’informations pour les entreprises. Alors que les opérateurs de télécoms ont pris une avance considérable, les banques tentent de rattraper leur retard…
Enquête Big data MARK ANDERSON, à Nairobi
D
ans un quartier huppé de Nairobi, les acheteurs parcourent les rayons presque vides d’un supermarché Nakumatt. L’entreprise kényane de grande distribution, qui comptait naguère parmi les plus prometteuses du continent, est à l’agonie, fléchissant sous une dette croissante – quelque 145 millions de dollars – tout en subissant des coûts d’exploitation très élevés. Les décisions de gestion, loin d’être au niveau, et une stratégie de croissance déficiente constituent les principales raisons de ce déclin. Les experts estiment plus précisément que l’incapacité de l’entreprise à utiliser les données recueillies auprès de plus d’un million de clients a accéléré ses problèmes financiers. « Si elle avait été plus centrée sur la question des données, elle aurait vu la tendance à la baisse il y a deux ans et se serait posé les bonnes questions », estime Francis Waithaka, directeur général de Digital4Africa, une société kényane qui aide les entreprises à se servir de leurs données clients. Si Nakumatt avait réussi à gérer efficacement ses données, elle aurait pu exploiter les énormes quantités d’informations générées à chaque étape de son processus de commercialisation : des augmentations de prix des fournisseurs aux préférences du client, en passant par les informations sur la gestion des entrepôts, les rotations du
personnel et le rendement de chaque magasin, il existe des milliers de groupes de données à suivre et à analyser. Si l’expression « big data » est souvent employée et généralement considérée comme l’utilisation d’outils analytiques et de nouveaux ensembles de données pour améliorer la productivité, l’idée en elle-même n’est pas vraiment nouvelle. Nakumatt, par exemple, aurait pu tirer profit des leçons de Walmart, qui a suivi la vente de chaque article à travers un système appelé Retail Link dès 1991. Par ce biais, le géant américain de la grande distribution a réduit les coûts liés à sa chaîne d’approvisionnement et révolutionné l’industrie américaine des supermarchés. Il est maintenant plus facile que jamais de suivre le comportement des consommateurs à travers Google, Facebook, Twitter et WhatsApp. Comment cela s’applique-t-il aux entreprises africaines et aux banques ? À travers le continent, les sociétés locales et les multinationales se tournent logiquement vers les mégadonnées pour penser et concevoir leurs stratégies de croissance. Les start-up axées sur les données commencent également à se développer. Banques et entreprises financières ont remarqué cette tendance et tentent d’utiliser les données générées par leurs clients. Selon un rapport de PwC d’octobre 2016 portant sur le secteur bancaire africain, environ 85 % des banques interrogées utilisent les
ANTOINE MOREAU-DUSAULT POUR TAR
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JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
AU DÉPART DE PARIS
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Enquête Big data
Selon un rapport de PwC, 85 % des banques africaines interrogées se servent du big data pour améliorer la sécurité.
nombre de comptes suscite l’intérêt des dirigeants de grands groupes. Pieter Vorster, directeur des données chez Barclays Africa, fait partie de ceuxlà : « Il existe trois, quatre ou cinq fois plus de téléphones cellulaires que de comptes bancaires dans les pays africains. La technologie offre donc d’importantes perspectives de rapprochement entre les entreprises de télécommunications et les banques. » Les entreprises de télécommunications commencent à se rendre compte de la valeur de ces données et à les rendre anonymes, pour les vendre. Mohamed Dabbour indique ainsi que Millicom envisage de commercialiser les données qu’elle a collectées et d’en tirer de nouveaux flux de revenus. « Sur une base anonyme, si nous trouvons le bon partenaire et que nous voyons la valeur ajoutée pour les clients et pour nous, nous procéderons probablement à la vente de nos données », confie-t-il.
mégadonnées pour améliorer la sécurité, tandis que 77 % l’utilisent pour améliorer le service à la clientèle. L’International Data Corporation, une société d’intelligence économique, prévoit que les revenus tirés des données et de leurs analyses augmenteront cette année de 11 % en Afrique et au Moyen-Orient, pour atteindre 2 milliards de dollars, et prédit que la croissance restera à peu près à ce niveau au cours des prochaines années. Mohamed Dabbour, directeur général Afrique chez Millicom, un fournisseur de télécoms ayant douze millions de clients dans cinq pays (sous la marque Tigo), déclare : « Il est évident qu’à l’avenir la croissance et les services aux clients passeront par l’utilisation de nos propres données […]. Nous sommes en possession d’une tonne d’éléments. Même si vous ne faites rien sur votre téléphone, des données sont générées. » Au cœur du phénomène « big data » en Afrique figure la révolution de la téléphonie mobile. Elle a permis de générer des myriades de nouvelles informations relatives aux habitudes de consommation des clients, en produisant plus de 960 millions d’abonnements et en faisant des miracles pour l’inclusion financière. Entre 2011 et 2014, la proportion d’adultes disposant d’un compte bancaire en Afrique subsaharienne est ainsi passée de 24 % à 34 %, soit une hausse de 41 % selon World Bank Group. L’idée que les banques commerciales pourraient profiter de cette situation et augmenter considérablement le
EXPÉRIMENTATION. Les données des entreprises
de télécommunications livrent des informations sur les clients très précieuses pour les banques. Déjà considérée comme un terrain d’expérimentation pour les technologies financières, l’Afrique de l’Est abrite de nombreux partenariats entre les banques et les entreprises de télécoms. Au Kenya, le succès massif du service de monnaie mobile de Safaricom, M-Pesa, a conduit à un accord avec Kenya Commercial Bank, le deuxième établissement de la région par le total des actifs, pour déployer les services de banque mobile
Un phénomène protéiforme
63
milliards
SOURCE : FACEBOOK ; PWC ; IDG CONNECT ; AFDB ; GSMA INTELLIGENCE
Nombre de messages envoyés sur WhatsApp le jour de l’An 2017
Évolution du nombre de comptes d’argent mobile en Afrique subsaharienne (en millions)
300
Plus des deux tiers des banques africaines étudiées par PwC se servent du big data pour le front-office afin d’améliorer l’expérience client
77%
75 %
Nombre d’abonnements à une offre mobile en Afrique (en millions)
Utilisation du smartphone en Afrique
277
250
La start-up kényane M-kopa utilise le cloud pour gérer les 480 000 mesures quotidiennes de ses panneaux solaires
Taux de pénétration : moyenne mondiale Taux de pénétration : Afrique 60 % 63 %
Moyenne mondiale
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Afrique
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Enquête Big data en 2015. Le fruit de ce partenariat représente désormais plus de sept millions de clients. En Tanzanie voisine, la plus grande société de téléphonie mobile, Tigo Tanzania, s’est associée à CRDB Bank pour lancer des services de banque mobile. « Les lignes sont floues, particulièrement en Afrique, entre les banques et les fournisseurs de télécommunications », explique Abdigani Diriye, responsable de la recherche chez IBM Research. « Mais comment accorder un prêt, même d’une somme modique, à quelqu’un qui n’a aucun historique de crédit ni aucun actif ? La réponse se trouve dans les mégadonnées », assure-t-il. La question de la solvabilité constitue en effet un élément décisif dans ce partenariat. À cette fin, Millicom s’est associé à Jumo, une
plateforme sud-africaine de services financiers à bas prix qui crée une identité financière pour les petites et moyennes entreprises à l’aide de données provenant de leur utilisation mobile. « Nous conservons les données des clients et les partageons avec Jumo. Sur nos plateformes, ils font essentiellement des évaluations de risque de crédit, analysent le profil des clients, leurs comportements et leur attribuent une note. Et, pour chacun d’eux, ils sont en mesure d’accorder un prêt spécifique », explique Dabbour. Les données liées à l’utilisation du mobile, y compris le temps d’antenne et les comportements d’appel, peuvent être utilisées pour déterminer ces notations. « Toute transaction que votre client effectue sur votre réseau est enregistrée quelque part », précise-t-il. L’exploitation
Libérer les données, un processus irréversible ? Si Barclays a d’abord été réticent à exploiter les informations sur ses clients, cette activité est désormais au cœur de sa stratégie.
C
omme de nombreuses institutions financières, Barclays Africa a accru le rôle des données dans ses opérations. Avec un actif total de 85 milliards de dollars, ce groupe sud-africain est l’une des plus grandes banques exerçant sur le continent. Ses 11,8 millions de clients dans douze pays africains produisent chaque jour des données en matière de dépenses. Les clients entreprises de la banque effectuent des transactions sur ses plateformes en lui fournissant des informations commerciales uniques. Barclays Africa commence à rassembler les données dont il dispose sur ses serveurs. Pieter Vorster est chargé de cette stratégie. Dans le passé, la banque s’est montrée réticente à utiliser les données recueillies. « Les entreprises de services financiers détiennent des informations extrêmement précieuses qui ont toujours été conservées quelque part de peur de ne pas pouvoir répondre à une question lorsqu’un client ou un régulateur le demande », explique Vorster. « Le fait de libérer cette information est une transformation à laquelle j’ai assisté, en particulier en Afrique, au cours des trois dernières années. Cela a été continu et irréversible. » JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Vorster pilote aujourd’hui le service d’expérimentation des données de Barclays Africa. « Nous avons un flux d’informations liées à l’activité économique et nous pouvons rapidement déterminer s’il existe dans ces donnés des informations exploitables », développe-t-il. L’une des principales missions de la banque qui octroie des prêts personnels a été ébranlée par l’apparition des mégadonnées. De nouveaux partenariats entre les entreprises de télécoms et les start-up axées sur les données ont entraîné une nouvelle façon d’envisager le calcul de la solvabilité. En juillet, Barclays Africa a signé un accord avec Hello Soda, une société américaine qui compile et analyse des notes de crédit en utilisant des données provenant de sources telles que les réseaux sociaux. INCONGRU. La banque recrute égale-
ment de nouveaux employés dont le profil aurait semblé incongru il y a quelques années. « Concernant la capacité de modélisation analytique, les banques commencent à comprendre que les données ne sont pas quelque chose que l’on jette quelque part et dont quelqu’un d’autre peut s’occuper », confie Vorster. « De toutes nouvelles compétences viennent donc aux banques, des analystes
BARCLAYS AFRICA
12
Pieter Vorster, responsable des données de la filiale africaine.
de données aux concepteurs, en passant par les développeurs numériques ». Barclays Africa utilise aussi les données pour réduire les coûts et effectue des sessions de formation pour gérer les appels des clients. « Nous voulons comprendre ce que font nos agents dans les centres d’appels, explique Vorster. Ils exercent un travail ennuyeux, dont ils se passeraient volontiers, et la robotique permet de résoudre en partie cette équation. » La prochaine étape semble être la reconnaissance optique des caractères, appelée OCR, une technologie qui transmet les images au texte. Cela contribuera, encore une fois, à la réduction des coûts. « Une part importante de nos coûts est due à des inefficacités liées à des processus qui n’ont pas été repensés. » M.A. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Enquête Big data
ANTOINE MOREAU-DUSAULT POUR TAR
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Prochain changement clé pour le secteur? L’adoption du cloud computing.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
de ces données peut donner un aperçu de la stabilité financière, de l’emplacement, de l’utilisation des réseaux sociaux et des conditions de vie de l’emprunteur éventuel. Les réseaux sociaux constituent une autre source de données, de plus en plus utilisée par les institutions financières pour évaluer la solvabilité de leurs clients. Au cours des trois dernières années, les partenariats entre les banques et les entreprises de réseaux sociaux ont considérablement augmenté. Mais les règles d’engagement sont complexes. « Facebook ne vendra pas ses données, ce n’est pas leur modèle commercial, explique Pieter Vorster. Mais ils créeront un mécanisme à travers lequel les gens pourront identifier leurs informations légalement, ce qui permettra ensuite aux entreprises de les utiliser à bon escient. » STOCKAGE. À mesure que le coût du stockage des
données diminue, un plus grand nombre d’entre elles devrait être généré. Le changement clé dans les prochaines années consistera en l’adoption par les entreprises du cloud computing, leur permettant de stocker les données à distance et d’y accéder via internet. Les plus grandes entreprises du continent s’y préparent déjà. « La prochaine grande entreprise à se transformer sera Safaricom », déclare Corine Mbiaketcha Nana, directrice générale pour l’Afrique orientale, l’Afrique centrale et l’Afrique occidentale de la firme de technologie Oracle. « Nous allons annoncer un partenariat avec eux. Ils commencent à lancer leur transformation entière dans le cloud. » Et, comme la capacité du cloud computing augmente, les transactions financières seront également riches en données. Certains équipements de transfert d’argent mobile s’appuient
sur les données fournies par les opérateurs de télécommunications pour fonctionner. La stricte réglementation en matière de lutte contre le blanchiment d’argent implique que les entreprises effectuant des transferts de fonds internationaux disposent d’informations précises sur leurs clients. « Les comptes d’argent mobile, qui sont liés aux papiers d’identité des clients, ont été essentiels pour l’industrie, explique Rachel Balsham, chef exécutif adjoint de la société de paiement mobile MFS Afrique. Nos activités reposent sur l’ubiquité des agences d’argent mobile, expliquet-elle. Vous avez ainsi une traçabilité et pouvez surveiller le comportement des transactions. » Les sociétés de conseil financier utilisent également les données des clients pour les aider à prendre leurs décisions d’investissement en toute connaissance de cause. « Nous examinons plus en profondeur le profil du client […], son comportement d’achat et ce genre de choses », explique Kathryn O’Neill, d’Aspect Advisory, en Afrique du Sud. « Par exemple, dans l’industrie agricole, on peut identifier les éventuels défauts de prêt selon la zone dans laquelle se trouvent les terrains, la sécheresse… Nous faisons beaucoup de recherches dans ce domaine. » Le problème est que, en accumulant ainsi les données, les entreprises oublient parfois la qualité de l’information. Comme les utilisateurs de téléphones changent fréquemment de cartes SIM, les données deviennent rapidement caduques. « Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est que la pertinence des données expire beaucoup plus rapidement qu’avant, observe Ahmed Rady, directeur général de Coca‑Cola pour l’Afrique de l’Est. Si ce que vous devez trouver à partir SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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ORGANISATEURS
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Enquête Big data des données vous demande trop de temps, cela cesse d’être pertinent. » FINTECH. La création rapide de données utiles
constitue un travail pour les nouveaux acteurs de l’économie que sont les start-up de technologie financière (fintech). Dans un dock de l’est de Londres, au Royaume-Uni, des centaines de développeurs de logiciels, de promoteurs et de dirigeants se sont réunies afin d’attirer des investissements pour développer de nouveaux projets. Des dizaines de start-up présentent ici l’utilisation des données de consommation comme une composante centrale de leur activité. Cashoff, une société d’analyse de données qui aide les banques à mieux comprendre les habitudes de leurs clients, essaie d’intéresser de nouvelles entreprises. La start-up située en Russie capte les données associées aux dépenses réalisées par les clients des banques. Elle les trie en différentes catégories, ce qui facilite l’identification des offres et des services potentiellement attrayants pour les clients. « Les banques peuvent vendre leurs propres produits bancaires avec une conversion d’environ 15 % ou 20 % », explique Dmitry Gorkov, directeur général de Cashoff. La société travaille avec quinze banques en Russie et au Royaume-Uni et pourrait bientôt entrer sur le marché africain après avoir entamé des
Uber, vers une entreprise de données
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ntre mai et août 2017, le service de repérage Uber a compté 350 000 utilisateurs actifs et 5 000 conducteurs actifs à Nairobi. « La capitale kényane est la ville dans laquelle Uber connaît la croissance la plus rapide en Afrique subsaharienne », explique Loïc Amado, directeur général d’Uber pour l’Afrique de l’Est. La société américaine stocke toutes les données qu’elle collecte sur la circulation, les lieux de ramassage et les lieux de dépôt pour améliorer ses services. « Nous sommes avant tout une entreprise de technologie. Mais nous devenons de plus en plus une société de données », affirme-t-il. Les millions de voyages effectués par les utilisateurs d’Uber à Nairobi fournissent JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
un aperçu unique des flux du trafic dans la ville. Les smartphones, qui ont souvent de nombreux capteurs, peuvent également délivrer des données télématiques sur la qualité des routes. « Vous pouvez supposer l’existence d’un nid-depoule à l’endroit où le chauffeur d’un véhicule a fait une embardée », détaille Loïc Amado. Ces données peuvent être partagées avec l’administration, afin de servir lors de décisions d’urbanisme. « Nous venons de lancer un nouvel outil, appelé Uber Movement, que nous partageons avec la municipalité, car cela permet d’observer les tendances de la circulation à différents moments de la journée », explique Loïc Amado. M.A.
discussions avec une banque de Côte d’Ivoire. Une autre start-up spécialisée dans les données financières, Cognitect, construit des bases de données et travaille avec les commerçants sur la gestion des risques et la modélisation prospective en effectuant le suivi des métadonnées sur les flux de transactions. « Nous travaillons avec quelques fonds spéculatifs qui utilisent notre savoir-faire pour exécuter des simulations de potentiels contrats sur le marché. Si l’un de ces scénarios se produit ou si ces dix mille traders le réalisent, quelle serait notre réponse et comment modéliserions-nous toutes ces données pour l’utiliser dans nos analyses prédictives », déclare Justin Gehtland, directeur général de Cognitect. Mais les critiques prétendent qu’une telle approche, axée sur les données, peut détourner l’attention des institutions financières pour les personnes à faibles revenus ou celles vivant dans les zones rurales. « Avec cette frénésie autour du big data, on perd de vue que les invisibles dans les mégadonnées sont souvent les mêmes que ceux des données officielles », explique Morten Jerven, professeur d’économie à l’Université norvégienne des sciences de la vie. La façon de bancariser ces populations reste un problème difficile, les 25 % d’Africains les plus pauvres étant peu intéressants pour les prêteurs. Les promoteurs des mégadonnées ne les voient pas comme une solution miracle aux problèmes de développement. Mais la technologie fait sans nul doute partie de la solution. Ainsi, en 2013, IBM a travaillé avec les données d’appels publiées par l’opérateur français de télécommunications Orange, afin de proposer des lignes de bus à destination de la ville d’Abidjan. Ailleurs, au Pakistan, selon un rapport de l’Institut Brookings, « le gouvernement a mis en place un système d’identification biométrique pour s’assurer que certains de ses paiements ne pourraient être perçus que par des bénéficiaires féminins ». Les femmes ayant les nouvelles cartes d’identité ont déclaré que leur statut social s’améliorait et qu’elles pouvaient mieux négocier leur rôle au sein de la famille. Cela fournit alors un nouvel ensemble de données aux autorités qui tentent de toucher les groupes les plus pauvres. Pendant ce temps, au niveau de la banque d’entreprise, l’excitation autour du big data ne s’est pas encore concrétisée au niveau du bilan, explique Pieter Vorster de Barclays Africa. Il y a encore selon lui un long chemin à parcourir avant que la véritable valeur des données ne soit comprise. « Les banques sont-elles responsables dans la gestion de leurs données ? Je n’ai pas encore trouvé de directeur de banque qui les mettra en avant dans le bilan de l’entreprise, ironise-t-il. Mais, de plus en plus, les sociétés prennent conscience que les données constituent un atout majeur que l’on se doit d’utiliser. » SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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18
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
DÉCRYPTAGE
Le futur visage d’Ecobank Omniprésent sur le continent, le géant bancaire a annoncé son intention de se recentrer sur ses pays les plus rentables. Jeune Afrique a tenté d’y voir plus clair et de dessiner sa future empreinte géographique.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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SIA KAMBOU/AFP
Le nouveau siège du groupe à Abidjan, inauguré en juillet 2015.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
20
Afrique subsaharienne Décryptage FRÉDÉRIC MAURY
F
ruitd’unedécenniedecroissancegéographique rapide et pas toujours maîtrisée, il n’y a pas un mais des Ecobank. D’un côté, des filiales très profitables affichant parfois plus de 25 % de rentabilité de fonds propres et des coûts maîtrisés. De l’autre, des établissements en difficulté sur leurs marchés, voire parfois déficitaires, ou trop petits pour être rentables. En 2016, six des vingtsept filiales pour lesquelles Jeune Afrique dispose de données actualisées ont perdu de l’argent. Cinq autres affichaient une rentabilité dérisoire. « Aujourd’hui, au sein du groupe, quatorze filiales pays figurent dans les Top 3 nationaux, explique Yoann Lhonneur, directeur associé du cabinet conseil Devlhon Consulting. Surtout, sur cinq ou six ans, il n’y a pas eu d’amélioration : quinze pays étaient alors dans les Top 3. De la même manière, dix pays étaient dans les Top 10 en 2011, contre sept aujourd’hui. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la position sur le marché est importante : audelà de 6 % de parts de marché, la banque capture davantage de dépôts et de revenus que le reste du marché. » La question géographique, sujet tabou sous la direction d’Arnold Ekpe, est désormais au cœur de l’agenda du nouveau DG, Ade Ayeyemi, réputé pour sa stratégie de cost killer. Interrogé par
Accra-Abidjan : l’axe magique
S’
il ne fallait citer que deux filiales illustrant la réussite du groupe panafricain, ce serait elles: Ecobank Côte d’Ivoire et Ecobank Ghana. Respectivement deuxième et troisième filiales du groupe par le total de bilan, et l’inverse en matière de revenus, elles sont aussi les plus rentables, avec en 2016 plus de 110 millions de dollars (104,4 millions d’euros) de bénéfices à elles deux. L’année dernière, leur rentabilité des capitaux propres s’est élevée à environ 35 %. En une décennie, elles se sont imposées sur chacun de leur marché: avec 1,9 milliard de dollars d’actifs, et grâce notamment à l’acquisition en 2011 pour 135 millions de dollars de Trust Bank, Ecobank Ghana est numéro un. Sa sœur ivoirienne, quatrième ou cinquième du marché il y a quinze ans, a grimpé au deuxième rang, talonnant avec
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
2,1 milliards d’actifs le numéro un historique, Société générale (SGBCI). Seule contrainte dans cette croissance annuelle à deux chiffres: un niveau de solvabilité qui a rapidement baissé et atteint chez Ecobank Côte d’Ivoire le minimum requis (8 %). D’où l’opération d’introduction en Bourse lancée le 27 septembre 2017 et bouclée en un jour, qui a permis de mobilier 45 milliards de F CFA (environ 68,6 millions d’euros) de capital et de pousser le ratio de solvabilité au-delà des 12 %. De quoi financer le plan de développement de la banque ivoirienne, focalisée sur le corporate et qui entend miser davantage sur les PMI-PME et les particuliers, via le digital. Objectif: devancer d’ici à 2020 la SGBCI et devenir le numéro un local! FRÉDÉRIC MAURY et BAUDELAIRE MIEU
JA en juin 2017, celui-ci s’est contenté de répéter ce qu’il avait déjà dit aux investisseurs: la stratégie future implique de continuer d’investir dans des régions rentables, mais de céder ou de quitter les zones non rentables (celles où le coût des fonds propres sera supérieur à la rentabilité financière, soit 10 % à 20 % de rentabilité des capitaux propres selon les pays). Mais il a refusé de citer nommément les filiales concernées, précisant qu’il leur avait donné deux ans pour inverser la situation. SUSPENS. JA a donc tenté d’y voir plus clair, notam-
ment au sein de la zone Cesa (Afrique centrale, orientale et australe), créée en 2016 et qui regroupe l’essentiel de ces « petites » filiales en difficulté. En fin de compte, selon notre analyse, le groupe panafricain pourrait se retirer de cinq pays, mais l’avenir d’une dizaine d’autres reste potentiellement en suspens. Ecobank dans moins de vingt pays subsahariens, est-ce crédible ? Pour éviter cette situation, les équipes du groupe s’activent de Lagos à Nairobi. En trois ans, le groupe a fermé autant d’agences qu’il en a ouvert, et réduit la taille de ses effectifs de 20 000 à 17 000 personnes. Ecobank est avant tout nigérian : c’est en effet dans la première puissance économique du continent que le groupe panafricain a réalisé au premier semestre de 2017 environ 35 % de ses revenus et comptait 28 % de ses actifs. Problème : Ecobank ne fait pas partie des premières banques du pays, se situant dans le deuxième tiers, et n’est guère rentable. À la fin de 2016, la filiale affichait une rentabilité de ses fonds propres de 3 % seulement, un niveau vraiment très bas. L’acquisition en 2011 d’Oceanic Bank, tout en permettant au groupe panafricain de grossir considérablement en taille, a laissé des traces: sureffectif, créances douteuses, etc. Le ratio de créances douteuses est élevé : 10,2 % du portefeuille crédit à la fin de 2015, 9,1 % un an plus tard. En 2016, les provisions passées dans le pays ont atteint 323 millions de dollars (306,5 millions d’euros), soit 37 % des provisions passées par le groupe. L’année précédente, elles avaient avoisiné les 300 millions de dollars. Le groupe, et en premier lieu Charles Kié, nommé en janvier 2016 à la tête d’Ecobank Nigeria, et Ade Ayeyemi, sont conscients de ces difficultés et appliquent depuis plus d’un an une formule choc: les effectifs ont ainsi fondu, de plus de 10000 personnes en 2013 à quelque 5000 aujourd’hui; le coefficient d’exploitation est passé de 62 % en 2015 à 44,6 % à la mi-2017 ; le management a été réorganisé, et une structure de défaisance a été créée en début d’année pour absorber les actifs douteux de la filiale. Autant de décisions qui devraient permettre à Ecobank Nigeria de profiter à plein du retour annoncé de la croissance dans le pays. « En 2013, sur nos six filiales dans la zone SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
21
COMPROMIS. En dehors de la RD Congo, qu’Eco-
bank classe parmi l’Afrique australe mais que nous avons traitée en Afrique centrale, l’avenir des filiales pays du groupe dans cette région semble sérieusement compromis. Tant au Mozambique (filiale en perte), qu’au Zimbabwe, au Malawi et en Zambie, la position concurrentielle d’Ecobank reste faible. Par ailleurs, le sud-africain Nedbank – l’un des actionnaires de référence du groupe panafricain – est implanté dans plusieurs des pays de la zone, dont le Malawi, le Zimbabwe et le Mozambique. Dans cette région, qui représente environ 10 % des actifs du groupe, la situation est bien moins critique qu’en Afrique de l’Est. Deux filiales se classent dans le Top 3 (Tchad et Centrafrique), SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Une position de leader à défendre Parmi les leaders et/ou fort potentiel Positionnement difficile, avenir incertain Susceptible d’être reconsidéré
Mali Sénégal Gambie Guinée-Bissau
Niger
Tchad
Burkina Guinée Bénin Nigeria Côte Sierra Leone Togo d’Ivoire Centrafrique Ghana Liberia Cameroun
Guinée équatoriale
Gabon
Soudan du sud
Congo République démocratique du Congo
et quatre autres entre le quatrième et le dixième rang, selon les statistiques compilées pour JA par Devlhon Consulting. Surtout, la zone compte un pays clé dans la stratégie du groupe: le Cameroun, où Ecobank se classe au cinquième rang mais très près du numéro quatre pour le total de bilan. Le cas de la RD Congo est à part : la position du groupe n’y est pas excellente, mais la taille du marché et son potentiel justifient largement un investissement à long terme. Reste le Gabon, le seul qui semble réellement critique dans cette zone : sur les trois derniers exercices, la banque y a perdu de l’argent, et sa position de marché demeure peu enviable, au cinquième rang. Pour s’y relancer, la banque devrait fortement investir mais le souhaite-t-elle réellement ? C’est en Afrique de l’Ouest, anglophone (hors Nigeria) comme francophone, qu’Ecobank compte ses plus belles pépites : rentabilité des fonds propres supérieure à 25 % et forte position de marchés (toutes les filiales pays de la zone sont dans le Top 3). Le groupe y réalise environ la moitié de ses revenus et, en 2016, la région lui a apporté 194 millions de dollars de profits nets, quand les autres filiales plombaient les comptes… Un retrait de pays situés dans la région semble donc impossible même pour les plus petits (en raison du commerce intrarégional, relativement développé), à l’exception peut-être de la Sierra Leone, où Ecobank est mal positionné. La situation est toutefois perfectible : en zone francophone notamment, le coefficient d’exploitation reste élevé, au-dessus de 60 % à la mi-2017. Outre la digitalisation et la maîtrise des coûts, un autre projet pourrait voir le jour, rendu possible par la réglementation dans la zone Uemoa: le remplacement des filiales nationales par une organisation en succursales, avec une maison mère régionale principale, certainement la Côte d’Ivoire. Ce pays est en effet le poids lourd francophone de la région pour Ecobank (le Ghana l’étant pour l’Afrique de l’Ouest anglophone) : 24 % des actifs et plus de la moitié des bénéfices dans la zone.
Ouganda Rwanda Burundi
Kenya
Tanzanie
Zambie
Malawi Mozambique
Cette évaluation a été faite en croisant plusieurs critères : taille et potentiel du marché, position concurrentielle d’Ecobank, nature clé du pays dans la stratégie du groupe.
C’est en Afrique de l’Ouest que le groupe compte ses plus belles pépites.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SOURCE : JEUNE AFRIQUE - DEVLHON CONSULTING
[Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie], une seule était profitable, celle du Burundi », concédait en 2014 Ehouman Kassi, alors DG d’Ecobank au Kenya. Depuis, le banquier ivoirien a cédé sa place à la tête de cette filiale stratégique pour l’avenir du groupe en Afrique de l’Est, et la situation ne s’est guère améliorée. En 2016, ces mêmes filiales ont cumulé l’équivalent de plus de 40 millions de dollars de pertes… Une sérieuse préoccupation alors que la plupart restent petites à l’échelle du groupe et même sur leurs propres marchés : en Tanzanie, au Kenya, en Ouganda et au Soudan du Sud, les filiales d’Ecobank n’apparaissent pas dans le Top 10 local. Le Rwanda et le Burundi, où la position du groupe est meilleure, restent de petits marchés bancaires aux perspectives in fine assez limitées. Sur les deux principaux marchés de la zone, le Kenya et la Tanzanie, Ecobank est en situation délicate. Dans le premier, la banque a enregistré une très grosse perte en 2016 (19,4 millions de dollars, sans doute due à des provisions importantes sur certains crédits). Elle a fermé au premier semestre de 2017 neuf de ses vingt-neuf agences, mettant un terme à ses ambitions passées (pourtant déjà modestes) d’atteindre une quarantaine de sites. En Tanzanie, la situation n’est guère meilleure: classée autour du quinzième rang local, la banque a vu ses prêts douteux s’envoler ces dernières années, pour atteindre 57 % du portefeuille, un niveau qui laisse craindre le pire pour l’établissement. Dans la zone, un retrait intégral du groupe Ecobank est possible mais reste peu probable : le Kenya, la Tanzanie ou l’Ouganda conservent un véritable potentiel, et Nairobi demeure central pour le groupe hors de son bastion historique ouest-africain. En revanche, l’avenir du Rwanda, du Burundi et du Soudan du Sud semble clairement en jeu. De manière générale, toutefois, un repositionnement est envisageable en faveur d’un système de banques sans agences tournées vers le digital, et des activités spécialisées (trade finance, trésorerie).
22
Afrique subsaharienne
Baromètre Les géants de la zone franc Les trios de tête de notre étude exclusive ne changent pas. Mais l’écart entre groupes marocains et français se creuse.
LES TITANS DE LA ZONE FRANC
6 114 Ecobank
4 397
4 189
Société générale
BMCE Bank
FRÉDÉRIC MAURY
P
our la troisième année consécutive, Jeune Afrique publie son baromètre annuel des grands groupes bancaires de la zone franc. Une manière de mesurer le poids exact des acteurs, locaux et étrangers, qui, s’ils ne sont pas toujours leaders dans chacun de leurs pays d’implantation, ont développé de vastes réseaux dans l’ensemble de la région. Ce palmarès est aussi l’occasion de mesurer l’évolution des forces en présence. Premier constat : après le chamboulement connu l’année dernière en zone Uemoa (BCP avait alors dépassé Société générale grâce notamment à l’acquisition de BIA Niger), les trios de tête des groupes bancaires actifs en zone franc, Uemoa et Cemac sont restés les mêmes en 2016. Ecobank demeure ainsi, en matière de total de bilan cumulé, numéro un dans l’ensemble de la zone franc mais aussi dans sa partie ouest-africaine. Mieux, le dynamisme de certaines ses filiales dans la région, notamment en Côte d’Ivoire, permet au groupe panafricain d’accroître la distance qui le sépare désormais de ses poursuivants, BMCE Bank ofAfrica,Sociétégénérale,Banque centrale populaire et Attijariwafa Bank. La domination d’Ecobank s’explique notamment par l’excellente position de ses filiales francophones ouest-africaines, qui figurent toutes dans le top 3 national. En zone Cemac, en revanche, le groupe peut encore espérer progresser, la plupart de ses entités dans la zone étant au-delà de la troisième position. En matière de revenus (produit net bancaire), ce positionnement est d’ailleurs confirmé: Ecobank finit une nouvelle fois au premier rang en zone franc et dans l’Uemoa, se classant deuxième en zone Cemac, nettement derrière BGFIBank.
de la zone franc, tant en ce qui concerne les actifs totaux que les crédits, la création d’agences et les effectifs. Un phénomène qui est la conséquence logique de son déploiement géographique : déjà très fort en Afrique centrale, le groupe se développe dans l’Uemoa, où il compte désormais trois pays d’opération (la Côte d’Ivoire, le Bénin et, depuis 2015, le Sénégal). L’autre groupe particulièrement dynamique de Dakar à Douala est BMCE Bank of Africa. Malgré une faible présence en Afrique centrale (où il ne compte à ce jour que deux pays d’opérations, le Congo-Brazzaville et, depuis peu, le Cameroun), la banque marocaine se classe selon tousnos critères aupremierouau deuxièmerangen matièred’évolutionannuelle.Selonnotrepartenaire Devlhon Consulting, elle a notamment ouvert 38 nouvelles agences dans la région en 2016. En 2015, elle s’était déjà classée numéro un sur ce critère, avec l’ouverture de 19 nouvelles agences. Grâce à cet investissement massif, BMCE Bank of Africa se hisse d’ailleurs au deuxième rang en zone franc, à égalité désormais avec Ecobank (dont leparcd’agences atendance à stagner), avec 317 agences recensées en 2016. Face à cela, les banques françaises sont loin d’être passives : Société générale conserve son deuxième rang régional pour les actifs et les revenus et vole même à Ecobank la première place pour les crédits, tandis que BNP Paribas pointe son nez dans le trio de tête en matière d’évolution annuelle des revenus et des crédits. Mais le quasi-abandon des ambitions du groupe BPCE en Afrique subsaharienne (ambitions affichées il y a quelques années, mises à mal par la crise qui a sévi au sein de la filiale camerounaise du groupe), les fortes exigences capitalistiques en Europe et le désengagement de BNP Paribas de sa filiale gabonaise laissent penser que l’écart, déjà important, entre groupes français et groupes marocains en zone franc et dans l’Uemoa devrait continuer de se creuser. En 2016, les actifs totaux des groupes marocains ont ainsi progressé de 8,5 % dans l’ensemble de la zone tandis que ceux de leurs concurrents français augmentaient de 4 %.
Dans l’Uemoa, le dynamisme d’Ecobank lui permet de creuser l’écart avec ses poursuivants.
CHALLENGER. Le groupe situé au Gabon s’affirme
d’ailleurs d’année en année comme le nouveau vrai challenger dans la région, malgré les crises récurrentes de gouvernance qu’il connaît dans certaines de ses filiales et même à Libreville. BGFIBank apparaît parmi les trois groupes les plus dynamiques JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
364
282
Ecobank
227
Société générale Attijariwafa Bank
Société générale
2 759
Ecobank
2 612
Attijariwafa Bank
2 125
372
Attijariwafa Bank
317
Ecobank
317
BMCE Bank
Ecobank
4 279
Société générale
3 820
Attijariwafa Bank
3 686
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
23
LES ROIS DE L’UEMOA
LES CRACKS DE LA CEMAC
LE MATCH MAROC-FRANCE
Actifs totaux
Actifs totaux, zone franc
(en milliards de F CFA)
(en milliards de F CFA)
4 840
3 959
Ecobank
BMCE Bank
Banques marocaines
3 079
2 390
1 776
Groupe BCP
BGFI Bank
Afriland
1 389
Société générale
PNB
255
189
179
167
BMCE Société Bank générale
BGFI Bank
103
108
Ecobank Société générale
Crédits
Banques marocaines
Banques françaises
Ecobank
1 926
BGFIBank
BMCE Bank
1 850
Afriland
1 816
1 525
Agences
8
BMCE Bank
PNB
8
8
BMCE Bank
6
Société générale
4 416
Banques marocaines
8
BGFI Bank
variation en %, 2015-2016
BNP Paribas
Banques françaises
943
15
Ecobank
9 598
1 266
Société générale
Actifs totaux
variation en %, 2015-2016
7 107
Actifs totaux Cemac
(en milliards de F CFA)
Société générale
Banques françaises
Actifs totaux Uemoa
(en milliards de F CFA)
Ecobank
10 758
Méthodologie
LES CHAMPIONS DE LA CROISSANCE
Crédits
variation en %, 2015-2016
2 690
14
BMCE Bank
14
BNP Paribas
1 160
Agences zone franc
10
BGFI Bank
Nouvelles agences
297
BMCE Bank
260
Attijariwafa Bank
112
68
65
249
Ecobank
2 992
38
24
12
343
Banques françaises
Attijariwafa Société Bank Ecobank générale
Effectifs Ecobank
903
Banques marocaines
8 184
Banques françaises
6 232
Ecobank
1 287
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Société générale
BGFI Bank
Banques marocaines
Attijariwafa Bank BMCE Bank
2 744 2 577
BMCE Société Bank générale
BGFI Bank
1 274 1 133
variation en %, 2015-2016 BMCE Bank
5
BGFI Bank
2
Société générale
2
SOURCE : JEUNE AFRIQUE – DEVLHON CONSULTING (POUR LES AGENCES) DONNÉES 2016
AVEC
Pour parvenir à mesurer le poids des grands groupes bancaires dans la zone franc, Jeune Afrique a compilé les bilans financiers de l’ensemble de leurs filiales dans les quatorze pays subsahariens concernés. Les chiffres sont arrêtés à fin 2016, sauf pour les banques suivantes, dont nous n’avons pu obtenir les données actualisées : BIA Niger (filiale du groupe marocain Banque centrale populaire), BIA Togo et Union gabonaise de banque (branche d’Attijariwafa), Congolaise de Banque (filiale de BMCE Bank), Ecobank Congo, Ecobank Guinée équatoriale et CCEI Bank (appartenant à Afriland). Pour les groupes dont le siège est situé dans l’un des pays de la zone (Ecobank et BGFI Bank), seuls les chiffres des filiales exerçant dans la zone ont été pris en compte, les chiffres consolidés des holdings étant évidemment exclus. Les données ont été comptabilisées en intégralité, même si le groupe étudié ne possède pas 100 % du capital. Seules exceptions : Banque de développement du Mali, dont les données n’ont été ajoutées au total de BMCE Bank qu’à hauteur du capital détenu. La Congolaise de Banque, autre filiale de BMCE, a été comptée en totalité, dans la mesure où le groupe marocain en a le management. Les chiffres concernant les agences ont été compilés en exclusivité pour Jeune Afrique par le cabinet Devlhon Consulting. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Afrique subsaharienne
Yoann Lhonneur « Les banques font globalement une pause dans la croissance de leurs réseaux » EXPERTISE
En 2016, en zone franc, les réseaux d’agences des grands groupes bancaires se sont assez peu développés tout en étant en phase active de conquête de la clientèle. Décryptage de ce phénomène paradoxal. Propos recueillis par
FRÉDÉRIC MAURY
JEUNE AFRIQUE : Les banques africaines sont toutes parties à la conquête du grand public. Cette stratégie se traduit-elle par des créations massives d’agences, notamment en zone franc ?
YOANN LHONNEUR : Massives, non. Les banques font globalement une pause dans la croissance de leurs réseaux et anticipent les problèmes de la course à la taille. Cette pause est aussi tirée par certaines mesures sèches de rationalisation des coûts, comme chez Ecobank. Pour libérer des investissements informatiques et digitaux, certaines banques, sud-africaines par exemple, réduisent leurs coûts immobiliers en fermant des agences. Mais pour conquérir des parts de marché, il y a toujours un intérêt à investir à partir d’un certain seuil d’agences. Ainsi, la pause pourrait n’être que limitée sur le court-moyen terme. L’Afrique ne fera pas vraiment exception ni à une certaine massification des réseaux ni aux points de vente nouvelle génération vus en Asie et en Amérique du Sud. Selon notre benchmark Devlhon Consulting, pour dix pays de l’Uemoa et de la Cemac, la présence moyenne des banques leaders passera de 0,5 acteur par agglomération à 1,7, avec l’émergence d’ici à quinze ans de 380 nouveaux nœuds urbains de plus 10 000 habitants. L’agence physique traditionnelle n’estelle pas adaptée au continent ?
On assiste peut-être au dernier souffle des réseaux bancaires à l’ancienne, devenus parfois difficiles à rentabiliser. Il ne suffit pas d’avoir un large réseau, il faut savoir l’utiliser. Au fond, l’investissement qualitatif sur l’« agence bancaire africaine » a été jusqu’ici le parent pauvre. Les acteurs n’ont pas encore trouvé la formule optimale du parcours client et JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
cherchent la recette gagnante – agences de masse, spécialisées, agences satellites, agences mobiles – sans toujours repenser le cœur de l’agence, le bon appui des fonctions centrales et la formation en se reposant sur des produits simples et sur des scoring industrialisés. Les initiatives de Société générale dans l’Uemoa, Loxia de BGFI,, Amifaa pou pour BCP-ABI C sont so t à scrusc u ter. Ideem pour BOA Sénégal, qui cible ntèle en nouant des partenariats la clien avec dees GIE locaux tout en mettant en une force de vente mobile place u hée à l’agence. rattach De nouv veaux modes de dison se développent : tributio le digittal, bien sûr, mais aussi le es agences légères, l’agen cy banking et le e banking… mobile
Les gains g exponentiels du digital et du mobile banking – vitessse des services et de réducttion des coûts par traansaction – ne sontt plus à démon ntrer.
VINCENT FOURNIER/JA
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Le directeur associé de Devlhon Consulting, cabinet de conseil spécialiste du secteur financier.
Mais l’activité et l’équipement des comptes bancaires mobiles restent souvent faibles. En même temps, les agences sont incontournables pour la conquête et constituent un vecteur pour éduquer les clients aux services digitaux. L’innovation ne constitue donc pas qu’un enjeu technologique, et le succès réside certainement dans le couplage de canaux non traditionnels et de petites agences légères. Depuis deux ans, les banques africaines sortent du bois sur l’innovation digitale: investissements, ouverture aux Fintech, culture data. Quel est l’impact de la création de plateformes régionales de back--offices ?
Ces banques veulent attteindre des masses critiques comp pte tenu de la fragmentation dees marchés. L’efficacité opérattionnelle et la performance commerciale deviennent les deu ux faces de la même pièce. Le p premier effet direct de la créaation de ces usines de traitem ment et de ces centres de servicces partagés est de permettre laa maîtrise du coût unitaire. Les analyses de Devlhon montrrent d’autres gains induiits: meilleure qualité de service, meilleu urs délais et maîtrisedesrisques. Ces prrogrammes de tran nsformation impliq quent le repositionn nement des réseau ux d’agences en déégageant un maximum de tâchess administratives p pour qu’elles se con ncentrent sur la com mmercialisation. Cela ouvre ausssi la voie à dess externalis ations et à d business du p process outs sourcing. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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Afrique subsaharienne
Stratégie En RD Congo, Equity Bank passe aux travaux pratiques Propriétaire depuis deux ans d’une banque congolaise, le groupe kényan innove pour bancariser. Mais les défis culturels et ceux liés à l’environnement économique freinent sa progression. WILLIAM CLOWES,
à Kinshasa
E
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
permettre aux gens d’ouvrir des comptes sans un dépôt initial ou un sponsor, précise Mukeba, mais aussi la première à introduire des guichets automatiques et des cartes Visa. « Les commissions qu’ils [Equity] facturent sont compétitives, ils ont fortement investi dans la formation, et, surtout, leurs technologies fonctionnent », confirme un propriétaire de PME basé à Kinshasa, qui renchérit : « On sent qu’ils essaient d’améliorer la banque malgré un environnement difficile. » Aujourd’hui, ProCredit se développe sur de nouveaux terrains, tels que Agence de ProCredit Bank, à Kinshasa, en juillet 2017.
JOHN BOMPENGO POUR TAR
n RD Congo, les conditions économiques et politiques ont beau être difficiles, l’équipe de gestion aux commandes de ProCredit Bank reste optimiste. Tous croient dans l’innovation, dans les ressources de leur actionnaire majoritaire et dans les immenses opportunités offertes par l’un des pays les moins bancarisés d’Afrique. En septembre 2015, le groupe Equity, la plus grandebanqueauKenyaparlavalorisation boursière, a dépensé plus de 40 millions de dollars(environ33,5millionsd’euros)pour l’acquisition de 79 % de cet établissement avant, douze mois plus tard, d’augmenter sa participation à 85,9 %. Le groupe bancaire s’implantait alors dans son premier marché francophone. À la suite de cet achat, James Mwangi, le très médiatique PDG d’Equity Bank, avait déclaré vouloir «fournirauxnombreusespersonnesquine sont pas encore bancarisées dans ce vaste pays un accès aux services financiers ». Les anciens actionnaires de ProCredit (une institution financière située en Allemagne, détenue notamment par IFC, filiale de la Banque mondiale) avaient piloté leur filiale comme un véhicule de développement pour soutenir les petites et les moyennes entreprises (PME). « Ils ont laissé une banque bien gérée, avec de bons process, une très bonne formation, quelques succursales à travers le pays, en particulierdanslesgrandesvilles.C’estune excellente institution financière pour un repreneur », explique Michel Losembe, président de l’Association congolaise des banques (ACB) de 2008 à 2016. Selon Célestin Mukeba, directeur général de ProCredit depuis 2014, l’arrivée du nouvel actionnaire kényan a aidé sa banque à consolider sa réputation de « banque de référence pour les PME et l’inclusion financière » tout en lui permettant de développer son offre. ProCredit a été la première banque congolaise à
l’agro-industrie, et cherche à attirer la clientèle des grandes entreprises, un business dominé aujourd’hui par les grandes banquesfamiliales,politiquementconnectées, comme Rawbank, Trust Merchant Bank (TMB) et Banque commerciale du Congo. Mais l’essentiel des fonds apportés par Equity nourrit les efforts visant à reproduire le modèle qui a connu un vif succès au Kenya et dans d’autres marchés d’Afrique de l’Est. « Equity était une petite banque, et Mwangi en a fait l’un des outils les plus solides de pénétration du marché grâce à la technologie des services bancaires mobiles », s’enthousiasme Michel Losembe.Prometteur,l’avenirdeProCredit dépendra, selon Célestin Mukeba, du vaste réseau d’agents que la banque veut bâtir à travers le pays, la RD Congo étant à la fois immense et mal connectée en matière d’infrastructures. « L’année dernière, nous
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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avons injecté plus de 20 millions de dollars [provenant d’Equity], et les actionnaires s’engagent fermement à investir encore 40 millions de dollars pour permettre le déploiement de ce réseau. » L’objectif est de permettre à ProCredit d’avoir des succursales dans toutes les grandes villes du pays, afin de servir de centres de support aux agents, généralement des petits magasins qui proposent les services de la banque. « Nous voulons couvrir tout le pays, et nous y arriverons étape par étape. Les ouvertures d’agences physiques sont extrêmement coûteuses, c’est pourquoi la banque avec un minimum de succursales est notre solution », ajoute-t-il, avant de souligner que « les agents sont rémunérés pour les transactions qu’ils réalisent ». Selon le directeur général, les progrès de ProCredit sont notables depuis l’entrée d’Equity en RD Congo. « En 2016, beaucoup de banques congolaises ont connu des pertes. Nous avons été quatrième ou cinquièmeentermesderentabilité.»L’actif total de la banque est passé de 213 millions de dollars en 2014 à 317 millions à la fin de 2016, pour une part de marché de 8 % (au sixième rang national). Le bénéfice avant
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
impôts a atteint 4,9 millions de dollars. La banque compte maintenant 35 succursales à l’échelle nationale, contre 15 il y a deux ans, tandis que le nombre d’agents a triplé pour atteindre 676 à la fin de 2016, et environ 1 000 aujourd’hui. La banque développe également les services bancaires mobiles, comme l’application Eazzy247, qui permet aux clients ProCredit de vérifier leurs comptes et d’effectuer des retraits à partir de leurs téléphones mobiles, mais aussi de réaliser certains paiements. CONCURRENCE. Un terrain sur lequel
ProCredit n’est pas seul, tant s’en faut. «Tout lemondeira verslemodèled’agency banking et les services bancaires numériques, prédit Michel Losembe, parce que le modèle traditionnel de croissance bancaire est trop coûteuxen RDCongo.» Ainsi, TMB, qui construit également un réseau impressionnant d’agents, est devenu, l’année dernière, la première banque congolaise à offrir à ses clients une application mobile, tandis que Finca, une institution multinationale de microfinance à but non lucratif, a récemment recruté 1000 agents à travers le pays. Mais la concurrence n’est en rien un souci pour ProCredit en raison des taux extrêmement faibles d’inclusion financière en RD Congo : 4 % à 5 % de la population active y dispose d’un compte bancaire – environ 10 % si l’on inclut les utilisateurs de services bancaires non traditionnels, tels que les portefeuilles mobiles. D’autres défis plus complexes existent, le principal étant l’absence flagrante d’éducation financière. La RD Congo n’est pas l’un de ces pays d’Afrique de l’Est où l’innovation et la culture financière sont déjàrépandues,alors«JamesMwangiaura du mal à déployer le même modèle sans apporter de sérieuses adaptations à l’environnement congolais, confie Losembe. Au Kenya, il existe déjà un niveau élevé de pénétration bancaire, ce qui a facilité la conversion des clients en agents ». En RD Congo, la plupart des petits commerces, le genre de structures susceptibles de devenir des agents de ProCredit, ne sont pas bancarisés et souvent méfiants vis-à-vis du système financier. La récente faillite de deux banques (dont la BIAC, l’une des plus importantes du pays) et d’une grande coopérative n’a pas arrangé les choses. « La plupart du temps, ce que les gens veulent, c’est trouver un guichet et convertir immédiatement
Près de 30 000 agents dans six pays Nombre d’agents indépendants (commerces, autres) travaillant pour Equity Bank Group à la fin de 2016 Kenya
27016 Tanzanie
1 071 Rwanda
798 RD Congo
676
Soudan du Sud
0
Ouganda
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cette monnaie numérique en billets de banque », explique Losembe. Ces défis culturels sont aggravés par la situation économique et politique. Après une période de croissance galopante axée sur le secteur minier, la baisse du prix des matières premières, en particulier du cuivre, du cobalt et du pétrole, a entraîné ces deux dernières années une stricte réduction des recettes publiques, et les réserves étrangères de la Banque centrale ont atteint des niveaux dangereusement bas. Le franc congolais a perdu près de la moitié de sa valeur par rapport au dollar, et l’inflation est cette année supérieure à 30 %. Le pouvoir d’achat, déjà faible, de la population a chuté, et les entreprises souffrent. Les élections, initialement prévues en novembre 2016, ont encore été repoussées, et le très impopulaire président, Joseph Kabila, a par conséquent outrepassé sa limite de deux mandats. Malgré ce contexte délicat, Célestin Mukeba maintient son plan de développement, tout en précisant : « Nous sommes extrêmement sélectifs et prudents en ce qui concerne le financement… » JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
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Afrique subsaharienne
Idrissa Nassa « Les banques locales sont plus sensibles aux besoins de financement » INTERVIEW
l’Ouest, dans laquelle nous devons conforter notre assise.
Le fondateur et actionnaire majoritaire de Coris Bank prépare les nouveaux chantiers du groupe, avec l’ambition tenace de rester la banque des PME et de conquérir d’autres marchés. Propos recueillis à Ouagadougou par
NADOUN COULIBALY
JEUNE AFRIQUE : L’année dernière, votre groupe bancaire a enregistré un résultat net en hausse de 32 % et un total de bilan en augmentation de 46,6 %. Peut-on croître si vite en gardant la maîtrise des risques ? IDRISSA NASSA : Bien sûr ! Notre
groupe a poursuivi sa croissance en 2016 grâce à de bonnes performances commerciales conjuguées à une bonne maîtrise des risques et des charges. Notre total de bilan a atteint 885 milliards de F CFA [1,35 milliard d’euros] pour un résultat net de 16,4 milliards, en hausse de 9,2 % sur un an, conférant la première place à Coris. En effet, le groupe Coris a fait de la saine gestion de son portefeuille et de la rigueur opérationnelle deux de ses leviers stratégiques. Notre taux de dégradation du portefeuille est à moins de 5 %, un niveau conforme à nos objectifs. En parallèle, sous l’égide du holding, les capacités des structures opérationnelles ont été renforcées avec une augmentation du capital à 32 milliards de F CFA pour renforcer nos fonds propres. Et, ce faisant, notre groupe se prépare minutieusement à l’entrée en vigueur, à partir de 2018, des normes de Bâle II-III dans l’Umoa, qui sont beaucoup plus
exigeantes, notamment en matière de gestion des risques. Géographiquement, Coris est largement sorti du Burkina : vous êtes désormais implanté dans plusieurs pays de l’espace Uemoa. Quelle sera la prochaine étape ?
Effectivement, après la création de Coris Bank International, en 2008, qui s’est vite imposé en tant qu’acteur incontournable du système bancaire burkinabè, nous avons amorcé notre stratégie de développement à l’international en 2012 avec l’implantation d’une filiale en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, le groupe, chapeauté par Coris Holding, exerce les métiers de la banque,del’assurance,del’intermédiation boursière, et bientôt de la microfinance. Il est présent également au Bénin, au Mali, au Togo et au Sénégal. Dans notre stratégie de déploiement à l’international, nous continuerons de privilégier naturellement une approche graduelle et structurante, en vue de saisir les meilleures opportunités d’investissements et de participer efficacement au financement des économies de nos pays d’implantation. Quels pays visez-vous en particulier ?
Il est trop tôt pour dévoiler leurs noms. Mais notre priorité reste l’Afrique de
Irez-vous jusqu’en Afrique centrale ? Votre nom a été cité comme candidat à la reprise des parts de la filiale de BNP Paribas au Gabon…
L’Afrique centrale présente des opportunités certaines d’investissements et offre l’avantage, s’agissant de la zone Cemac, de disposer d’un cadre réglementaire des activités bancaires proche de la zone Uemoa. Cela constitue assurément un atout important pour motiver d’éventuelles décisions d’investissement dans cette partie de notre continent. Mais, encore une fois, notre déploiement dans d’autres pays s’appuiera prioritairement sur les principes directeurs contenus dans notre stratégie de groupe. Tout marché à fort potentiel comme le Gabon nous intéresse. Pourriez-vous acquérir des groupes de taille moyenne comme Oragroup ?
Nous n’excluons aucune éventualité.
Dans l’Uemoa comme dans la Cemac, les taux de pénétration bancaire restent très bas. N’y a-t-il pas une incapacité des banques à conquérir une clientèle au-delà des grandes entreprises, des PME et des salariés et fonctionnaires ?
Même si l’on note une amélioration du taux de bancarisation dans l’Uemoa et la Cemac, celui-ci reste effectivement faible – comme vous l’évoquez. À l’heure actuelle, les coûts des services bancaires,
Une décennie de développements
2008
Fondation de Coris Bank International au Burkina Faso, héritière de la Financière du Burkina JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
2010
Création de Coris Bourse et de Coris Assurances, au Burkina Faso
2013
Création de CBI Côte d’Ivoire
2014
En octobre, lancement officiel des activités au Mali
2015
Démarrage des activités de CBI Togo et de Coris Assurances Vie
2016
En novembre, ouverture de la succursale au Sénégal, puis en décembre de celle au Bénin. Le groupe bancaire s’introduit sur la BRVM, suscitant l’intérêt de 15 000 nouveaux actionnaires SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Le chef d’entreprise à Ouagadougou, le 18 septembre 2017.
qui sont affectés par les charges d’exploitation des banques et le coût du risque, sont élevés par rapport au pouvoir d’achat. Il s’y ajoute la faiblesse d’une culture financière des populations, plus enclines à la thésaurisation de leurs avoirs. Cela dit, je puis vous assurer qu’au Burkina, et mêmepartout oùnotre groupeest présent, nous avons contribué considérablement à l’amélioration du taux de bancarisation par la mise en œuvre d’une politique de proximité, avec l’implantation d’agences dans les zones les plus reculées de nos pays et par la mise sur le marché de produits innovants destinés aux populations peu servies par le système bancaire telles que les jeunes, les femmes, le secteur informel, le monde rural… SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
D’autres acteurs, tels les opérateurs télécoms ou les fintech, ne sont-ils pas mieux placés ? Comment appréhendezvous l’arrivée par exemple du français Orange sur le terrain des transferts d’argent ?
Effectivement, certains acteurs qui n’ont pas comme cœur de métier les activités bancaires réalisent des performances remarquables sur des créneaux spécifiques, notamment le transfert d’argent et la gestion de la monnaie électronique. Pour ma part, je considère que les opérateurs tels qu’Orange contribuent à leur manière à l’accompagnement des activités des particuliers et des entreprises, en complément des acteurs du système bancaire. Je rappelle
que la plupart de ces activités ne peuvent s’opérer dans notre zone qu’en partenariat avec une banque agréée par la BCEAO. D’ailleurs, notre groupe a conclu plusieurs conventions de partenariat avec certains de ces acteurs pour la commercialisation de produits innovants. Toute la profession parle aujourd’hui de banque digitale. En quoi est-ce désormais opportun pour les banques de se lancer sur ce créneau et quelles sont les ambitions de votre groupe dans ce domaine ?
La digitalisation a révolutionné la pratique bancaire africaine en lui permettant d’étoffer l’offre de services traditionnels par des produits financiers innovants et JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SOPHIE GARCIA POUR JA
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Afrique subsaharienne accessibles à une plus grande partie de la population. En effet, les innovations technologiques comme le mobile banking et le paiement mobile, qui ont profité d’une évolution favorable du taux de pénétration des services de téléphonie, ont connu une montée en puissance au cours de cette décennie. Le groupe Coris a amorcé sa transformation digitale par le lancement d’applications mobiles bancaires, l’accès aux services bancaires à distance. Notre ambition est d’arriver à la numérisation de nos processus opérationnels. Certains acteurs du secteur bancaire estiment que les contraintes réglementaires pesant sur les banques augmentent constamment. Partagez-vous ce point de vue, et, si oui, le regrettezvous ?
Le renforcement des contraintes réglementaires se justifie par le fait que les banques jouent un rôle primordial dans l’économie. La réglementation a pour objectifs d’assurer la stabilité du système bancaire et financier, d’inciter les banques à renforcer leurs fondamentaux, leur gouvernance et la gestion des risques. Ainsi, de mon point de vue, ces contraintes ne constituent pas en elles-mêmes un frein pour le secteur bancaire mais plutôt un moyen d’assurer sa pérennité. Dès janvier 2018, l’entrée en vigueur des normes bâloises dans l’espace Umoa induira plus de contraintes, notamment dans l’octroi des crédits, y compris aux petites et moyennes entreprises, votre cœur de métier. N’est-ce pas un frein réel à votre croissance ?
À mon avis, notre groupe, à l’instar des autres banques de la zone, devra renforcer la qualité de ses fonds propres et améliorer sa gestion des risques afin de se rendre plus robuste. L’entrée en vigueur de nouvelles normes en 2018 ne freinera
« Les contraintes réglementaires ne constituent pas un frein pour le secteur bancaire, mais plutôt un moyen d’assurer sa pérennité. » JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
pas notre capacité à financer l’économie, encore moins notre croissance. Notre groupe aborde ce passage avec confiance et, de ce fait, s’est attaché les services de cabinets spécialisés dans les domaines précités. Aussi, il dispose des moyens de renforcer ses fonds propres. Quel sens donner au changement de gouvernance mis en œuvre cette année par votre groupe, avec la séparation des postes de président du conseil d’administration et de directeur général de la principale filiale au Burkina Faso ainsi que votre installation aux fonctions de présidentdirecteur général de Coris Holding ?
Numéro 1 au Burkina Total de bilan en milliards de F CFA, à la fin de 2016 Coris Bank
884,998 Ecobank Burkina
825,288 Bank of Africa Burkina
714,127
populations modestes. Les programmes de développement lancés par les gouvernements de nos pays d’implantation ne seront pas en reste. Au Mali et au Sénégal, Coris Bank s’illustre dans le financement du secteur minier. Pourquoi estil important pour votre groupe d’appuyer les projets miniers, pourtant longtemps convoités par les seules banques occidentales ?
Ce n’est pas que le secteur minier suscite peu d’intérêt auprès des banques locales. C’est qu’en réalité les montants des financements Banque Atlantique sollicités par ce secteur Burkina Faso sont trop importants pour ces dernières, qui ne disposent pas de suffisamAyant atteint une taille ment de fonds propres. critique, il était devenu nécessaire de refonder En effet, la réglementation le modèle structurel du groupe. Cette prudentielle limite la prise de risques réflexion avait débouché sur l’adoption sur un seul client par rapport au niveau d’une organisation holding-filiales afin des fonds propres des banques. Nous d’optimiser l’organisation, la gestion parvenons néanmoins à octroyer des et la performance des entités. Aussi, financements dans ce secteur grâce à une syndication à l’intérieur du groupe pour aligner la banque sur les meilleures pratiques en matière de gouvernance et en s’associant avec des institutions partenaires. d’entreprise, les fonctions de président du conseil d’administration et de directeur général ont été séparées. À cet égard, Vous dirigez l’un des rares groupes il me plaît aussi de vous informer que bancaires d’Afrique de l’Ouest qui n’est ces mesures ont été accompagnées pas majoritairement détenu par une d’un processus de renforcement de nos institution étrangère. Croyez-vous à l’émergence de groupes locaux, ou le organes délibérants, à travers notamment la cooptation d’administrateurs indésecteur bancaire ouest-africain est-il pendants aussi bien au sein du conseil destiné à être dominé par des invesd’administration de Coris Holding que tisseurs étrangers à la zone ? de celui des filiales. Je crois à l’émergence de groupes locaux. Notre parcours constitue une En quoi ces changements vont-ils consodémonstration parfaite du fait que notre lider les acquis du groupe ? Et quelles zone dispose d’expertises bancaires et financières. Nous avons néanmoins sont désormais vos priorités ? besoin d’accompagnement, aussi bien Cette réorganisation a pour objectifs de la part du régulateur que des autod’améliorer la gestion, de créer une dynarités politiques. Tout en reconnaismique de fonctionnement plus souple, sant l’apport inestimable des banques de développer des synergies entre les différentes entités du groupe au service de étrangères, je demeure persuadé qu’une banque détenue majoritairement par la clientèle. Ainsi, le groupe entend jouer des privés locaux est plus sensible aux pleinement son rôle dans l’accompagnement de tous les segments de clientèle, et besoins de financement qu’une banque internationale. plus particulièrement des PME-PMI et des Société générale Burkina Faso
481,451 369,889
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Afrique subsaharienne
ARLETA CHOJNACKA/CIT’IMAGES
Nouvel entrant
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BANQUES ASCENSION COMPLIQUÉE Nouveau venu dans notre palmarès, Bank of Africa Sénégal connaît une croissance à deux chiffres. Mais les deux dernières années ont été marquées par d’importantes provisions. largement dans le vert au premier trimestre de 2017, avec un produit net bancaire en hausse de 28,8 % (en glissement annuel) et des profits multipliés par 6,5. ernière née des Bank of Africa en zone Uemoa, BOA Sénégal a passé en 2016 le cap des quinze ans Au sein du groupe Bank of Africa, la filiale se classe d’existence. Un cru à la fois difficile et exaltant désormais au quatrième rang par les actifs, derrière le puisque, dans le même temps, le directeur Bénin, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, mais général de la banque sénégalaise, devant le Mali, pourtant l’un des piliers hisRang dans Laurent Basque, décédait brutaletoriques du groupe. Au niveau sénégalais, les 200 : ment le 10 février, et les indicaBank of Africa se classe au quatrième e teurs financiers de l’établissement rang par le total de bilan, derrière bancaire s’amélioraient nettement, CBAO, SGBS et Ecobank, mais au Nationalité sénégalaise avec une hausse de ses dépôts de second par le nombre d’agences 54,7 %, de ses crédits de 21,9 %, (42 à la fin de 2016). En matière de Date de création 2001 de ses revenus de 29,5 % et l’ouvercrédits, sa part de marché s’élève Actionnaire ture de neuf nouvelles agences. à 7 % tandis que celle sur les dépôts BMCE Bank of Africa frôle désormais les 11 %. Ses profits ont quant à eux doublé. Total de bilan 2016 Un dynamisme qui lui a permis d’inté840 millions de dollars grer pour la première fois de son Cette performance s’est déroulée dans Produit net bancaire 2016 un contexte pourtant délicat, en raison existence notre classement des 200 35,4 millions de dollars de la concurrence croissante dans le secpremières banques africaines, avec un teur bancaire sénégalais (qui compte plus total de bilan de 521,7 milliards de F CFA (795 millions d’euros). Une position qui devrait se d’une vingtaine d’acteurs) mais aussi d’une augrenforcer lors de notre prochain palmarès, puisque les mentation des risques. En 2015, BOA Sénégal avait ainsi dû indicateurs de la banque, cotée à la BRVM, étaient toujours considérablement augmenter le niveau de ses provisions, en raison d’un dossier difficile, celui du groupe Wazni. En 2015, ce dernier avait été accusé d’avoir berné quelques établissements de la place en organisant la faillite de plusieurs de ses sociétés, endettées à hauteur de 22 milliards de F CFA, dont 6 milliards auprès de Bank of Africa. En 2016, la filiale sénégalaise de BMCE a dû également augmenter fortement ses provisions, son coût du risque bondissant de 63,4 %. La banque n’a pas donné d’explications, mais les difficultés pourraient venir de l’huilier Sonacos, racheté en 2016 par l’État et très endetté. Dirigée depuis mai 2017 par Mamadou Igor Diarra, ancien ministre malien des Finances et ancien directeur général de la Banque internationale pour le Mali (BIM), BOA Sénégal devrait désormais pouvoir s’attaquer à son prochain grand chantier : le redressement de la rentabilité. Car si en cinq exercices le total de bilan de BOA Sénégal a été multiplié par 3,3, ses profits ne l’ont été que par 1,7. À 14,6 %, sa rentabilité des fonds propres a certes doublé par rapport à 2015, mais reste bien inférieure à celle affichée par les « stars » du groupe, BOA Mali (25,9 %), BOA Côte d’Ivoire (28,7 %) ou BOA Burkina (27,2 %).
ÉRIC DUPUY
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Siège de Bank of Africa à Dakar, en avril 2015. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
LA BOAD RÉALISE AVEC SUCCÈS SA SECONDE ÉMISSION SUR LE MARCHÉ FINANCIER INTERNATIONAL Dans le cadre de sa seconde émission sur le marché financier international réalisée le 27 juillet 2017, la Banque ouest-afriouest afri caine de développement (BOAD) a levé 850 millions de dollars américains correspondant à 730, 74 millions d’euros, soit 479, 33 milliards de FCFA. Le taux d’intérêt de l’opération swappée en euros se situe à 3,25%, sur une maturité de 10 ans. La BOAD se positionne ainsi comme l’une des rares banques de développement d’Afrique subsaharienne à avoir réalisé un emprunt international sur une telle maturité. Cette émission sur le marché international a été très bien accueillie par les investisseurs. 190 souscriptions d’un montant total de 2,6 milliards de dollars américains ont ainsi été enregistrées, contre 1,8 milliard de dollars américains lors de l’émission inaugurale réalisée en avril 2016. Les soumissions retenues proviennent essentiellement du Royaume Uni (39%), des Etats-Unis (27%), de Suisse (15%), du reste de l’Europe (11%), et du reste du monde (8%). Par catégorie socio-professionnelle, les gestionnaires de fonds sont les principaux souscripteurs avec 77% des soumissions retenues, suivis par les banques (10%), les fonds d’investissement (4%), les fonds de pension et compagnies d’assurance (5%), et d’autres catégories (4%). Les agences Fitch et Moody’s ont été chargées de noter l’émission. Les notes délivrées ont été conformes à celles que les deux agences attribuent à la BOAD depuis 2015, soit respectivement « BBB » avec perspective stable, et « Baa1 » avec perspective stable.
Premier émetteur non souverain sur le marché régional des capitaux Le recours au marché financier international est l’une des principales orientations contenues dans le Plan stratégique 2015-2019 de la BOAD. Il se justifie par les besoins importants de financement des Etats membres et de l’étroitesse du marché régional des capitaux, sur lequel la BOAD se situe au premier rang des émetteurs non souverains, avec 991 milliards de F CFA mobilisés à ce jour. L’opération qui vient d’être réalisée contribuera ainsi à diversifier et mieux sécuriser les sources de financement de l'institution, mais également à réduire le coût de ses ressources. A propos de la BOAD Fondée en 1973, la Banque Ouest Africaine de Développement est une institution commune aux 8 Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Ses interventions sont orientées vers trois grandes directions : la lutte contre la pauvreté, la promotion du développement équilibré des Etats membres, et la réalisation de l’intégration régionale. Elle finance des projets publics et privés dans divers domaines, notamment l’agriculture, les infrastructures de transport, l’industrie, l’énergie, l’hôtellerie et les télécommunications. Au 30 juin 2017, le montant de ses financements s’élevaient à environ à 4700 de milliards FCFA pour plus de 1000 opérations. Pour plus d’informations sur la BOAD : www.boad.org
Notre ambition : Devenir une banque de développement forte, pour l'intégration et la transformation économique en Afrique de l'Ouest B.P. : 1172 Lomé TOGO - Tél.: +228 22 21 59 06 / 42 44 - Fax : +228 22 21 52 67 / 72 69 - site web : www.boad.org - E-mail : boadsiege@boad.org
Afrique subsaharienne
La nationalisation de la Bicici a laissé des traces (ici, son siège, en mars 2011).
KAMBOU SIA/AFP
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En Côte d’Ivoire, BNP Paribas privilégie les profits Après être sortie du podium des banques ivoiriennes, la Bicici continue de croître moins vite que la concurrence. Malgré les ambitions affichées par son management. Explications. BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan
L
ongtemps numéro deux du secteur, et dans le trio de tête des banques du pays il y a encore dix ans, la Bicici a chuté au sixième rang, dépassée par l’ivoirien NSIA Banque, la panafricaine Ecobank CI, ou les marocaines Société ivoirienne de banque (SIB) et Banque Atlantique CI. Entre 2000 et 2016, le total de bilan de la plus importante filiale subsaharienne de BNP Paribas a été multiplié par 2,1 quand celui de la Société générale de banques Côte d’Ivoire (SGCBI), leader historique, l’était par 3,6, JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
et celui d’Ecobank CI par près de 15. Le constat est le même pour les revenus, avec un PNB multiplié par 1,7 quand ceux de ses concurrents l’étaient respectivement par 2,2 et par 11. Sans surprise, cette contre-performance est d’abord la conséquence de la période tumultueuse traversée par la Côte d’Ivoire entre 1999 et 2011 : alors que les coups d’État ou les tentatives se succèdent, que le pays se retrouve coupé en deux pendant plusieurs années, que les Français quittent massivement le territoire, la banque
voit ses activités stagner jusqu’en 2006, comme la plupart des autres banques. Entre 2006 et 2010, alors que le secteur repart (et l’économie aussi), la Bicici se développe moins vite : le groupe, dont l’activité subsaharienne se marginalise, met beaucoup de moyens sur d’autres chantiers plus stratégiques, comme le rachat de la banque italienne BNL en 2006 puis celui de Fortis en 2008. BNP Paribas renforce alors considérablement son assise en Europe de l’Ouest mais oublie le continent : il vendra ainsi une à une les filiales africaines héritées de l’acquisition de Fortis… Mais c’est surtout à partir SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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RELANCE. Dans le même temps, la concurrence a mis les bouchées doubles. Côté marocain notamment. Rachetée par Attijariwafa Bank, la SIB a ouvert plus d’une trentaine d’agences depuis 2011, deux fois plus que la Bicici. Reprise par la Banque centrale populaire du Maroc, la Banque atlantique Côte d’Ivoire (Baci) a quant à elle récupéré la deuxième place laissée vacante par la filiale de BNP Paribas. Alors que la Bicici avait vu sa place chuter encore, au septième rang en termes de ressources (avec 7 % de parts de marché, contre près de 13 % dix ans plus tôt), Jean Louis Menann assure : « Nous allons rattraper notre retard. » Arrivé à la fin de 2014 en provenance de Bici Guinée, la filiale guinéenne de BNP Paribas, ce banquier ivoirien affirme travailler depuis à la relance de la banque, avec une nouvelle organisation et un plan stratégique de développement, notamment dans la professionnalisation des activités telles que l’affacturage, le trade finance, le change, les financements structurés et le financement des matières premières. La banque a par ailleurs assoupli ses conditions d’ouverture de compte, jugées drastiques, ouvert dix-sept agences depuis 2011 et créé deux centres d’affaires pour SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
L’attitude des dirigeants conforte dans leur idée ceux qui pensent que l’Afrique n’est pas une priorité du groupe. les entreprises. Elle a également renforcé ses effectifs, preuve de son engagement à développer les activités, avec un nombre d’employés passé de 496 en 2011 à 586 à la fin de 2016. Le plan stratégique dénommé « Bicici 2020 » a été lancé en 2017, avec une ambition forte en matière d’innovation. Preuve d’un nouveau dynamisme, la belle endormie s’est même permis ces derniers temps un peu d’agressivité commerciale : dans l’immobilier, la banque propose des taux annuels à 6 %, contre plus de 9 % voire 10 % chez les confrères, une pratique que la Bicici met aussi en place auprès du secteur médical privé, l’industrie pharmaceutique, les cliniques et les laboratoires. Symboliquement, ce retour (bien que timide) sur le devant de la scène de la Bicici a aussi été marqué par la participation de BNP Paribas à l’organisation des trois eurobonds de l’État ivoirien en 2014, 2015 et 2017, mais aussi par l’arrivée à Abidjan en 2015 de JeanLemierreauxcommandesdugroupe. Mais pour l’instant, malgré les efforts, l’accélération ne s’est pas encore traduite dans les chiffres : le total bilan consolidé,
s’il a dépassé le milliard de dollars en 2016, a progressé depuis trois ans à peu près au même rythme qu’au cours des trois années précédentes (environ 6 % par an). Lors de la présentation au début de 2017 de son plan stratégique, le groupe BNP Paribas n’a pas dit grand-chose sur sa politique africaine (le continent étant mêlé à un vaste ensemble appelé Europe-Méditerranée), faisant la part belle à une autre région émergente, l’Asie. Dans une longue interview, le directeur général Jean-Laurent Bonnafé n’a pas une seule fois mentionné le continent. De quoi conforter ceux qui pensent que l’Afrique, notamment subsaharienne, n’est toujours pas une priorité pour le groupe bancaire français, dont l’un des principaux objectifs dans cette zone reste la maîtrise des risques et les profits, davantage que la croissance. De ce côté, la Bicici – connue pour sa prudence – est un bon élève : elle figure en effet, malgré ses faibles performances commerciales, parmi les banques les plus rentables du pays. Le résultat net a bondi de 31 % en 2016, à 12 milliards de F CFA en 2016 (18,3 millions d’euros), plus de 2,5 fois le niveau atteint en 2012. En termes de rentabilité des actifs (résultat net/total de bilan) en 2016, la banque arrive même deuxième au niveau national, occupant dans ce domaine le rang qu’elle a depuis longtemps abandonné dans tous les autres secteurs. Mais la banque française reste toutefois là aussi derrière la Société générale de banques Côte d’Ivoire, plus rentable et dont la croissance n’a jamais réellement cessé de se nourrir de sa position de leader.
Revenus des principales banques ivoiriennes (en millions de dollars) SGBCI Ecobank CIV NSIA Bank CI Banque Atlantique-CIV
150
SIB Bicici BOA-CIV
145,88
112,70
120
94,49 83,83 81,68
90
68,14
60
46,70 30
0
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SOURCE : JEUNE AFRIQUE
de 2010-2011 que la Bicici décroche : alors que la crise présidentielle bat son plein, la banque, tout comme la SGBCI, est nationalisée au début de 2011 par le pouvoir (aux abois) de Laurent Gbagbo. La crise durera quelques semaines, se terminant en mai 2011 avec un véritable traumatisme. « La banque n’a pas repris immédiatement. Les dirigeants étaient choqués par les pertes et ont eu du mal à tourner la page, alors que sa consœur, la SGBCI, s’est remise beaucoup plus vite en ordre de marche », explique un concurrent. La filiale de BNP Paribas limoge tous les cadres ayant continué de travailler pendant la période de nationalisation et doit alors embaucher de nouveaux membres du personnel, dont la formation prend du temps. Au siège du groupe, à Paris, c’est l’attentisme qui prévaut sur fond de rumeurs récurrentes de cession des filiales subsahariennes. « Le caractère délicat de cette période, jalonnée de crises parfois extrêmes, peut être l’une des principales causes d’une performance moindre que celle d’autres acteurs », reconnaît Jean-Louis Menann Kouamé, le directeur général de la Bicici, en poste depuis décembre 2014.
Afrique subsaharienne
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Diane Karusisi digitalise le Rwanda À 40 ans, la patronne de Bank of Kigali dirige le seul établissement rwandais présent dans notre palmarès des 50 premières banques d’Afrique de l’Est. Avec une obsession : innover pour conquérir les jeunes. FRÉDÉRIC MAURY,
D
envoyé spécial à Kigali
iane Karusisi a deux caractéristiques qui la distinguent radicalement du reste de la profession : elle est l’une des rares femmes à la tête d’une des plus grandes banques subsahariennes, et l’une des plus jeunes aussi. Mais, interrogée à ce sujet, la Rwandaise élude : « Il y a tellement de femmes leaders au Rwanda », explique celle qui, quelques minutes plus tôt, plaisantait dans les couloirs du Centre international de conférences de Kigali avec Clare Akamanzi, patronne du Rwanda Development Board comptant parmi les femmes les plus puissantes du pays. « Ici, nous regardons seulement l compétences, les é lle genre
BANK OF KIGALI
La jeune boss, en rejoignant le pays d’origine de ses parents, a fait le choix du cœur.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
croisé la délégation officielle rwandaise au forum de Davos. « Le patriotisme, l’excin’entre pas en considération. » Au sein tation par rapport à un grand projet écode Bank of Kigali, première banque du nomique et de développement national Rwanda, dont elle a pris la direction généme saisissent », témoigne-t-elle près de dix rale au début de l’année 2016, ans plus tard. Elle accepte un Diane Karusisi n’est d’ailleurs contrat de douze moiscomme Avenir pas la seule femme : la moiconseillère technique au sein marocain ? tié du comité exécutif (dont de l’Institut national de la stala directrice financière) est tistique du Rwanda, dont elle Le groupe Banque féminine… devient, un an après, direccentrale populaire négocie l’acquisition À l’image de celle qu’a trice générale. Son ascension d’au maximum 25 % connue son pays ces vingtau sein de l’État rwandais ne du capital de Bank cinq dernières années, la cessera plus et la mènera of Kigali, dans le trajectoire de la patronne jusqu’au bureau du précadre de l’opération de BK (prononcé « béka » sident Paul Kagame, qu’elle d’augmentation ou « biké » selon que vous rejoint en tant que directrice des fonds propres. êtes francophone ou anglode la stratégie et économiste Un sujet sensible : d’ord h ) n’a ’ rien i d’ dinaire : en chef. En février 2016, elle phone) après l’acquisition est nommée à la tête de la néedeparentsexilésrw wandais de Cogebanque par dans ce qui s’appelle alors a première banque du pays. le Attijariwafa Bank, BK Une rupture en trompe-l’œil Zaïre (l’actuelle RD C Congo), est la dernière des Diane Karusisi rejoint r davantage qu’un basculebanques à capitaux quelques année s plus rwandais… ment vers le secteur privé : v tard la paisible ville de fondée en 1966 sous forme de Bulle, en Suisse.. Elle y coentreprise entre la défunte Belgolaise et le gouvernement rwandais, restera de longuees années, y fera ses études et travailllera pour l’un des Bank of Kigali est en effet, depuis 2007, plus grands grou upes bancaires au majoritairement détenue par l’État. monde, Crédit su uisse (au sein de la filiale gestion d’acctifs). En 2009, elle DÉVOUÉE. Discrète, toute en retenue, celle soutient sa thèse de docqui dit (en anglais, toujours) « aimer être torat ssur le thème de la une fonctionnaire au Rwanda » semble gestiion des risques de entièrement dévouée à ce qui constitue créd dit à l’université aujourd’hui son premier objectif : faire de Fribourg, où elle de BK une banque totalement digitale exerce aussi en tant et qui s’adresse à la jeunesse. « 50 % des habitants du Rwanda ont moins de 19 qu ue professeur assistaant de statistiques ans, ils sont nos futurs clients », expliqueé économiques. t-elle. Après avoir succédé à James Gatera, parti diriger Crystal Ventures (le fonds Comme nombre d d’investissement du parti au pouvoir), d’exilés rwandais à cette époque, elle Diane Karusisi a remodelé la direction e st à la fois loin générale, recruté un chief IT (directeur des – physiquement – technologies innovantes) en la personne d’Eddy Kayihura, et créé un nouveau du uRwandaetproche département de vingt-cinq personnes paar l’imaginaire d’un payys où elle n’est (BK TechHouse) intégralement consacré à l’innovation dans le domaine de la enco ore jamais allée. La tentattion du « retour » la digitalisation financière. « Il s’agit à la fois de digitaliser la banque à l’intérieur et à prend dra un jour d’hiver de 2009, 2 l’extérieur, indique-t-elle. D’un côté, après avoir SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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Afrique subsaharienne cela nous permettra de perfectionner notre efficience opérationnelle et, de l’autre, cela améliorera l’expérience utilisateurs avec de nouveaux produits. » Dans un pays où le taux de pénétration bancaire n’atteint que 26 %, et malgré le deuxième réseau d’agences (79 à la fin de 2016) du pays, BK reste pour l’instant une banque d’entreprises : à la fin de 2016, ce segment représentait 85,3 % des crédits et 53,2 % des dépôts, contre respectivement 14,7 % et 20,8 % pour le retail. La stratégie digitale entend remédier à cela. TECHNOLOGIE. « Même les gens pauvres
ont besoin de financements, mais, en même temps, le coût pour atteindre tout le monde a longtemps été trop élevé. Cela change désormais, notamment grâce à la technologie. Notre objectif est donc d’atteindre 1 million de clients en 2020, contre 320 000 aujourd’hui », développe Diane Karusisi, précisant que cela se fera sans ouverture de nouvelles agences. La brillante quadra entend en effet miser sur son vaste réseau d’agents partenaires (BK Yacu), qui compte déjà 1 500 relais à travers le pays, et sur une offre digitale renforcée. Selon nos informations, la banque travaille ainsi sur un important projet d’octroi de microcrédit via le téléphone portable. « Ce projet vise les petits commerçants, révèle Diane Karusisi. Nous obtenons les données auprès des opérateurs télécoms pour mieux comprendre les comportements de consommation. » Sur la question du KYC (Know Your Customer), élément central de la lutte contre le blanchiment, la banquière se veut sereine : « L’une des solutions est la biométrie, analyse-t-elle. Au Rwanda, tous les téléphones sont liés à une carte d’identité. » Parallèlement à cette stratégie
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via un listing croisé sur une digitale, BK poursuit sous l’auUne torité de sa nouvelle patronne régionalisation nouvelle Bourse africaine (Nairobi ou Johannesburg) la stratégie d’universalisation digitale ou internationale (Londres), déjà entamée par les anciens Fini les ambitions dirigeants: à ce titre, une filiale soit via l’ouverture à des invesde croissance de tisseurs minoritaires. Diane opérant dans l’assurance, BK BK dans la région ? Karusisi aurait jusqu’à la fin General Insurance, a été mise Oui, sous forme sur pied récemment. de 2018 pour finaliser l’opéraphysique, mais non Sur un marché rwandais tion. Elle n’aura alors que trois sous forme digitale. BK entend en effet exercices à la tête de Bank of de plus en plus concurrenutiliser les possibilités Kigali et sera à deux années tiel, avec dix banques comoffertes par la du terme du programme de merciales en opération, dont dématérialisation développement de l’instituneufdétenuespardesgroupes pour offrir des tion financière, qui entend étrangers, BK a certes l’avanservices dans la zone, tage du leader (avec un total « transformer financièrement sans pour autant les vies » des Rwandais. de bilan de 753,2 millions de ouvrir d’agence. Appréciée de ses salariés, dollars à la fin de 2016), mais, la jeune banquière donne selon Diane Karusisi, elle a l’impression de s’accommoder à meraussi besoin de plus en plus de moyens veille de l’immense pression qui pèse « à la fois pour investir massivement dans sur ses épaules : en mai 2017, à l’occale système IT, mais aussi pour continuer à faire croître le portefeuille crédit », qui sion des 50 ans de l’établissement, Paul augmente déjà de près de 25 % par an Kagame en personne s’était déplacé (contre environ 21 % pour les dépôts). pour prononcer un discours… À ses côtés, Marc Holtzman, un banquier C’est le sens du programme d’augmentation de capital autorisée par le conseil américain au parcours étonnant qui d’administration et dont Diane Karusisi a l’a mené du soutien à Ronald Reagan à la fait l’un des chantiers prioritaires pour les vice-présidence de Barclays Capital, en mois à venir. Entre 60 millions et 100 milpassant par une banque du Kazakhstan lions de dollars seraient recherchés, soit et, désormais, au Rwanda. Président du conseil d’administration de Bank of Kigali, Marc Holtzman veille à ce que les intérêts du Rwanda et la vision de son « ami » Paul Kagame soient respectés. Dans un pays où les dirigeants de groupes publics sont sur un siège éjectable, la position de la banquière n’est certainement pas des plus confortables. Mais Diane Karusisi semble avoir conservé de ses années passées au sein de la diaspora un principe qui partout l’accompagne et dont elle ne se départ jamais : servir.
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Afrique subsaharienne
Pathé Dione « Pour développer les assurances, travaillons ensemble » ENTRETIEN
Le fondateur de Sunu revient sans langue de bois sur la montée du concurrent Saham au capital de son groupe, et détaille les projets d’extension du leader de l’assurance en zone Cima. Propos recueillis par
S
FRÉDÉRIC MAURY
onné, le « patriarche » de l’assurance au sud du Sahara l’a été : la montée soudaine de Saham au capital du groupe Sunu, qu’il a fondé,adésarçonnéPathéDione.D’autant que le groupe marocain, pour arriver à 21 % du capital, a acquis les parts (14 %) d’Alioune Ndour Diouf, l’un de ses proches depuis de nombreuses années. Face à cet actionnaire indésirable, l’assureur sénégalais entend se battre pour ne pas perdre le contrôle de Sunu et, surtout, éviter que cet épisode ne laisse des traces sur l’activité d’un groupe en plein essor : implantation dans trois pays anglophones, développement de l’activité dommages, acquisition d’une banque togolaise, la Banque populaire pour l’épargne et le crédit (BPEC). Entre 2015 et 2017, les revenus de Sunu ont bondi de 152 à environ 230 millions d’euros. Depuis le siège juridique du groupe, dans une banlieue aisée de l’Est parisien, Pathé Dione a répondu aux questions de Jeune Afrique.
n’a pu se faire sans l’accord du président du groupe Saham, Moulay Hafid Elalamy. À aucun moment, nous ne contestons la légalité de cette opération ni des deux autres qui ont suivi avec MM. Alioune Ndour Diouf et Mamadou Talata Doula [deux autres actionnaires minoritaires de Sunu], mais nous dénonçons la manière: nous avons été prévenus après, Saham n’est pas venu nous voir pour parler de ses intentions. Cela n’obéit pas à l’esprit défini par le roi du Maroc: entretenir avec les pays subsahariensdesrelationscorrectes,équilibrées, de codéveloppement et de partenariat. Par le passé, nous avons d’ailleurs été approchés par la SNI/Attijariwafa Bank et par BMCE Bank, qui voulaient entrer à notre tour de table. Nous avons décliné, mais je me dois de dire qu’ils ont été raisonnables, et nous nous sommes mis d’accord pour travailler ensemble sur le terrain.
JEUNE AFRIQUE: EN 2017, Saham a acquis 21 % du capital de votre groupe sans votre feu vert. Expliquez-nous ce qu’il s’est passé. PATHÉ DIONE : Tout est parti de
Je considérais que, d’une certaine manière, Saham était aussi un peu mon enfant puisque j’ai créé Colina, que le groupe a racheté en 2010. Je suis d’ailleurs sûr que les actuels dirigeants ne
M. Talata, un ancien de notre groupe qui y possédait des parts. Sunu a voulu racheter ses actions à plusieurs reprises, pour les détruire ensuite. À chaque fois, M. Talata s’est rétracté au dernier moment. Il a demandé ensuite l’autorisation de loger ses actions de Sunu dans une société mauricienne, ce que nous avons accepté. Et, en mai 2017, nous avons été informés par courrier qu’il avait vendu les parts qu’il détenait dans cette structure mauricienne à Saham Finances, qui se trouve par ailleurs être son employeur. Tout cela JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Vous semblez en faire une affaire personnelle ?
savent même pas ce que signifie Colina. À l’époque, l’assureur américain INA avait créé une filiale en Colombie, Colombia INA, qui a donné le nom Colina. Du coup, j’ai toujours poussé les filiales de Sunu à considérer Saham comme une société sœur, avec laquelle il fallait avoir des relations privilégiées. Tout cela est terminé. Pourquoi, selon vous, Saham entre-t-il dans votre tour de table ? Le groupe marocain dit qu’il s’agit d’un simple investissement.
C’est ce qu’ils disent en effet.
Certains prédisent aussi qu’il pourrait profiter de votre éventuelle incapacité à satisfaire aux nouvelles exigences capitalistiques imposées dans la zone Cima… De combien d’argent avez-vous besoin ?
C’est une information que je connais, bien sûr, mais que je refuse de livrer. Notre holding Sunu Participations n’est pas endetté, et nous pouvons donc lever autant de dettes qu’il le souhaite. Ensuite, au nom de quoi M. Moulay Hafid Elalamy et son équipe, à partir du Maroc, décident-ils que Sunu ne serait pas en mesure de satisfaire aux nouvelles exigences capitalistiques dans le domaine des assurances? Ils se trompent et ils connaissent mal notre groupe. Sunu gère 500 millions d’euros d’actifs et nous venons d’en investir une vingtaine de millions dans une banque togolaise. Nous ferons donc la recapitalisation de nos filiales avant même Saham. Ne craignez-vous pas malgré tout une prise de contrôle rampante ?
Ce qu’a fait Saham est une véritable déclaration de guerre. Nous ne leur livrerons pas notre groupe.
En tout cas, ce qu’a fait Saham est une véritable déclaration de guerre. Nous ne leur livrerons pas notre groupe. Vous venez d’évoquer à l’instant le rachat d’une banque togolaise, la BPEC. Est-ce pour vous une nouvelle stratégie de rapprocher davantage la banque et l’assurance ? SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Lire aussi « La guerre des assureurs »
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Nous étions déjà actionnaires de certaines banques, comme Bicici en Côte d’Ivoire, dont nous possédons 18 %, et BOA Group. Mais, maintenant, nous comptons prendre des participations majoritaires dans plusieurs pays, en fonction des opportunités que nous rencontrerons. Nous croyons à la fois au modèle de partenariat proche avec les banques et au modèle intégré. Depuis dix ans, nous avons beaucoup développé l’approche partenariale, et j’estime que cela a fonctionné. Et que cela peut fonctionner tant que la banque ne décide pas de créer sa propre compagnie locale d’assurances, comme le fait notamment Attijariwafa Bank. Nous avons des actions privilégiées avec Ecobank ou Oragroup par exemple. Ensuite, concernant le modèle intégré, où l’assureur détient la banque, il faut comprendre qu’il a aussi ses limites car cela peut contraindre l’assureur à ne travailler qu’avec un seul établissement. De toute façon, en fin de compte, nous n’avons aucune vocation à développer d’immenses réseaux bancaires, et nous n’investirons que dans deux ou trois banques. Dans le cas de la BPEC togolaise, Sunu possédera directement 35 % du capital, car nous avons d’autres partenaires au sein de Sunu Investment Holding, des privés. Nous ne voulions pas immobiliser trop de capital.
Après la zone francophone, Pathé Dione s’attaque depuis la fin de 2015 au Nigeria et au Ghana.
THOMAS RENAUT
Quelle est votre croissance annuelle ?
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Nos revenus ont augmenté en 2016 de 40 millions d’euros, passant de 152 à 192 millions, principalement grâce à l’entrée dans le périmètre de l’activité dans les pays anglophones, qui a ajouté 25 millions d’euros de revenus. En dehors de cela, nous connaissons une croissance organique de 10 % par an environ. Notre périmètre augmente vite, car plusieurs sociétés du groupe sont encore jeunes, notamment dans l’IARD [incendies, accidents et risques divers] au Mali, au Gabon, et d’autres sont en restructuration. Au Cameroun, nous avons ainsi acquis une société d’assurance-dommages, Caminsur. En définitive, nous devrions atteindre 230 millions d’euros de revenus en 2017. Après, nous sommes aussi en attente en RD Congo, où nous demandons un agrément pour notre société, que nous avons créée avec 10 millions de dollars. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
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Afrique subsaharienne Vous vous êtes beaucoup développé dans l’IARD ces dernières années, pourquoi?
Aujourd’hui, nous avons davantage de sociétés dans l’IARD que dans l’assurancevie. Toutes ont été créées récemment, au cours des quatre ou cinq dernières années, sauf en Côte d’Ivoire. Si nous avons fait ce choix, c’est pour avoir une offre complète: avant, à chaque fois qu’un client venait nous voir pour de l’assurance dommages, nous l’envoyions vers AXA ou vers Saham. Par ailleurs, l’activité dommages est beaucoup plus rentable. L’activité vie donne de la puissance financière, grâce à l’épargne collectée, alors que l’IARD porte ses fruits financiers chaque année. Il n’y a donc plus d’accord avec AXA, autour d’une répartition des activités en zone Cima ?
Disons que cela a changé. AXA m’a vendu toute la branche vie, et désormais ils veulent s’y développer à nouveau et ont commencé à le faire en Côte d’Ivoire.
Quel est votre objectif de répartition de revenus entre vie et dommages ?
Les revenus des sociétés dommages sont encore faibles, car les sociétés sont jeunes, mais aussi parce que le contexte économique dans certains pays, comme le Gabon et le Mali, a été défavorable. Tout cela est donc un pari à long terme. Mais notre pari le plus important, c’est Equity et le Nigeria. Nous avons acquis cette société cotée à la fin de 2015, ainsi que deux autres sociétés liées, au Ghana et au Liberia.
À quoi répond ce choix stratégique de se développer dans la sphère anglophone?
Dans l’interview que je vous ai accordée début 2014, je disais clairement que nous serions en Afrique anglophone dans quelques années. Comment peuton travailler en Afrique de l’Ouest, dans la zone Cedeao, sans être présent au Nigeria et au Ghana ! Être présent dans l’ensemble de la zone a un sens vis-àvis de nos clients qui peuvent évoluer dans tous ces pays. Et cela sert aussi notre approche commerciale vis-à-vis des multinationales. Vous affirmiez dans cet entretien que vous ne vouliez pas planter le drapeau de votre groupe partout. Avez-vous changé d’avis ?
Non, je n’ai pas changé d’avis. Mais je saisis des opportunités en fonction de JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Une forte croissance Revenus en millions d’euros 2014 :
137 2015 :
152 2016 :
192 2017 :
230*
* estimation
encaissées, en dehors de l’Afrique du Sud, du Maroc ou de l’Égypte, tout le reste est insignifiant. C’est la raison pour laquelle je comprends encore moins le comportement d’assureurs comme Saham. Il vaut mieux travailler ensemble, développer le marché. Travailler sur quoi ?
La digitalisation et l’innovation sont des points clés. Avec Orange Money, nous sommes ainsi leaders sur l’assurance mobile, avec le produit Épargne Gagnant. Il y a aussi beaucoup de travail à faire sur l’assurance automobile, l’habitation et la maladie, qui permettent de toucher le secteur informel. Nous voulons fortement développer la micro assurance, qui pourrait doper le taux de pénétration de l’assurance et qui ne nécessite pas de réassurance. Je vais vous donner un autre exemple de développement : au Togo, nous avons créé Sunu Santé. Cette structure va gérer les portefeuilles santé de nos filiales IARD. Nous avons négocié des accords avec des cliniques au Maroc, en Inde et en Israël pour pouvoir évacuer nos clients. Sur ce projet, nous allons travailler avec April, alors que nous aurions pu le faire avec un groupe africain s’il n’y avait pas ces agressions. Il faut que nous réfléchissions à des stratégies communes. Pouvez-vous nous donner tout de même quelques pistes pour doper les marchés d’assurance ?
Non plus. Reprendre un portefeuille, un actif, oui. Mais au Nigeria, nous n’avions pas l’agrément nécessaire pour faire une telle opération.
Il y a trop de petites sociétés, et il est important d’avoir de grands groupes, des champions. Cependant, le régulateur veut aller trop vite. Nous ne remettons pas en cause le niveau de l’augmentation du capital requis mais nous contestons le timing. Dans Solvency II, qui concerne avant tout les marchés matures, il a été donné quinze ans. Pourquoi ne pas laisser en zone Cima quatre ans pour atteindre les 3 milliards et puis à nouveau quatre ans pour les 5 milliards ? S’il n’y a pas de souplesse, cette zone risque d’exploser parce que certains pays en sortiront.
Percevez-vous un véritable développement de l’assurance ?
L’agrément unique pourrait être une solution à ce problème…
certains critères : le marché est-il porteur, la société est-elle saine et rentable ? On m’a proposé beaucoup d’acquisitions, que j’ai refusées. Vous disiez également ne pas être très favorable au rachat de sociétés, considérant que les comptes cachaient souvent de mauvaises surprises. Là aussi, avez-vous changé d’avis ?
Tout cela est nouveau, et beaucoup de gens veulent aller plus vite que la réalité du continent. La Cima date de 1995. Les marchés sont évidemment loin de leur maturité. En termes de primes
Le régulateur ne l’autorisera pas. Nous lui avons toutefois proposé de mettre en place un système de succursales, avec l’obligation de filialiser lorsqu’un certain niveau de revenus est atteint. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Afrique subsaharienne
FBN Bank Le délicat chemin d’un nigérian en Europe Avec 2 milliards d’euros de crédits, la filiale de First Bank of Nigeria s’est fait une place de Londres à Paris. Pour se développer durablement, elle met la crédibilité au premier plan de sa stratégie. Le total de bilan de FBN Bank (UK) frôlait 3 milliards d’euros à la fin de 2016.
JIDE ODUKOYA INFO@JIDEODUKOYA.COM
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vis-à-vis de ses clients, de ses partenaires et desautorités.Lesmétiers,eux,nechangent pas : œuvrer en tant que banque correspondante pour le groupe, donner accès à ce dernier, mais aussi aux institutions africaines et aux marchés internationaux, et faire un peu de banque privée pour les riches Nigérians à Londres. Avec, à la marge, une petite activité d’épargne en ligne pour le grand public. Réalisant une bonne partie de ses activités dans le financement structuré lié aux matières premières, la banque entend se développer davantage dans le financement du commerce. Dans ce domaine, la succursale parisienne devrait jouer un rôle croissant. « J’observe que certaines banques européennes, comme BNP Paribas, ING, Standard Chartered, s’exposent moins au risque africain, nous laissant une plus grande place sur ce marché, analyse Paul Cardoen. En outre, notre présence à Paris nous permet de capturer le potentiel de croissance des échanges entre l’Afrique francophone et l’Europe, mais aussi de développer nos relations avec les groupes bancaires francophones en matière de syndication de risques et de mobilisation des fonds. » FBN Bank (UK) travaille ainsi avec les groupes Coris International Bank et Attijariwafa Bank. BREXIT. « Alors que certains groupes
ÉRIC DUPUY
«
A
lors que nous envisagions d’octroyer un crédit à un groupe minier en Afrique, notre service de conformité nous a signalé une violation relative aux droits de l’enfant, explique Paul Cardoen. C’est ainsi que nous avons mis en place un audit des opérations afin que ne soit jamais perdue de vue la défense des droits humains. » Avec cette histoire, le directeur général de FBN Bank (UK) résume ce qui est devenu pour lui un credo : faire de la filiale britannique du géant bancaire nigérian First Bank of Nigeria une institution crédible, aux pratiques soutenables. Une obligation aussi pour toute banque africaine agréée en Europe (et elles sont peu nombreuses…): les autorités de tutelle locales surveillent comme le lait sur le feu ces institutions qui seraient selon elles davantage concernées par les risques éventuels de blanchiment et de mauvaises pratiques. « Nous n’opérons bien sûr jamais avec des entreprises dont les activités violeraient les lois ou iraient à JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
l’encontre de notre éthique, nous interdisons le financement de certains secteurs comme l’armement, les jeux, le tabac, et noussommesextrêmementvigilantsquant au comportement de nos employés, appliquant un code de conduite très strict », insiste le banquier, qui connaît à la fois le monde bancaire européen (il a fait partie des dirigeants de Bank of TokyoMitsubishi et de BNP Paribas-Fortis à Londres) et africain (pour avoir dirigé la banque ghanéenne The Trust Bank ainsi que le groupe panafricain Belgolaise). DIGITALISATION. Nommé en avril 2016
à la tête de FBN Bank (UK), dont le total de bilan frôlait 3 milliards d’euros à la fin de 2016, Paul Cardoen a développé pour 2020 une stratégie en trois points : ACT, A pour agility, C pour connected et T pour trusted. L’idée de la banque britannique est d’accroître la digitalisation interne comme externe, de mieux se connecter avec le groupe pour dégager davantage de synergies et d’être une institution crédible
nigérians ont choisi de se développer en Afrique francophone par des acquisitions ou des implantations physiques, FBN le fait via la trade finance depuis Paris », explique un concurrent, qui rappelle que l’empreinte du géant nigérian en zone subsaharienne francophone reste limitée à une grande banque en RD Congo (marché d’avenir) et à une toute petite filiale au Sénégal. Dirigé depuis 2016 par Olivier Noël, un ancien d’IFC (filiale de la Banque mondiale) et de la Belgolaise, le pôle parisien (avec sa dizaine d’employés, contre 175 à Londres) devrait en tout cas largement profiter du Brexit, son rôle se trouvant accentué. En attendant, si FBN Bank (UK) reste historiquement un solide contributeur aux bénéfices du groupe, l’essentiel pour Paul Cardoen et ses équipes est de tracer un chemin durable en Europe. En oubliant 2016, année difficile pour l’activité européenne: en raison d’un seul mauvais dossier de crédit, la banque londonienne a enregistré une perte d’environ 140 millions d’euros. Le pire ? Le dossier litigieux ne serait même pas lié à l’Afrique… SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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MAGHREB & MOYEN-ORIENT ÉTAT DES LIEUX
Banques tunisiennes: la révolution introuvable Phagocyté par un État endetté, plombé par une économie atone et l’absence de relais de croissance, le système bancaire ne parvient pas à prendre véritablement son envol.
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La BIAT, leader dans le pays, affiche une rentabilité insolente. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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Maghreb Moyen-Orient État des lieux
ZOUBEIR SOUISSI/REUTERS
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Seulement 36 % de la population ont accès à l’ensemble des services bancaires.
L
e secteur bancaire en Tunisie est à l’image de l’équipe nationale de football : tout le monde critique les résultats, chacun a son idée pour améliorer les performances et espère que la prochaine réforme/compétition sera la bonne. Dans le domaine, le climat est donc perpétuellement à l’agitation. Malgré des chiffres qui semblent à première vue satisfaisants. En 2016, le produit net bancaire (PNB) du secteur a en effet progressé de 12,8 % par rapport à 2015, selon les données de la Banque centrale de Tunisie. Sur la même période, les dépôts collectés ont progressé de 8,6 % et les crédits de 9,5 %. Les sociétés financières représentent 49 % de la capitalisation boursière en 2016, contre 33,8 % au Maroc et 25 % en Égypte… « En dépit d’un environnement économique national difficile, les banques ont continué d’apporter leur soutien à l’économie et de répondre de leur mieux aux besoins en financement des entreprises et des ménages », se félicite ainsi l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) dans son dernier rapport annuel. Mais, à y regarder de plus près, la situation est moins rose. Professeur d’économie à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis (Essect), Ghazi Boulila dénonce ainsi dans une note publiée en janvier 2017 une relation incestueuse entre l’État, la Banque centrale et les banques, au détriment de ces dernières. L’autorité de tutelle finance indirectement le déficit budgétaire par des prêts – facilités par l’utilisation de la « planche à billets », qui entraîne de l’inflation – aux banques, plus ou moins « forcées » d’acheter dans JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
MATHIEU GALTIER, à Tunis
la foulée des bons du Trésor à l’État. Ce dernier y trouve une manière commode, bien que coûteuse, de financer ses déficits dans une situation économique compliquée. « Cette pratique a engendré des effets pervers importants, grevant davantage le déficit budgétaire, augmentant le service de dette intérieure et engendrant des sorties additionnelles de devises », se désole Ghazi Boulila. La quasi-obligation pour les banques de souscrire aux bons du Trésor se ferait « aux dépens des crédits à l’économie », importante source de croissance selon l’économiste. Les chiffres sont implacables : en 2016, si les crédits à la clientèle des banques ont progressé de 9,5 %, les achats de bons du Trésor par les banques ont bondi de 23,6 % par rapport à 2015. Autrement dit, les banques financent davantage l’État que le grand public. Certes,lapratiquegonflelesrevenusdesbanques, mais cette croissance est aussi un peu artificielle, car l’État n’est pas en très bonne santé, comme en témoigne son PIB atone. « C’est une bulle auto entretenue, prévient Salma Zammit Hichri, chef du département recherche àMACSA,un intermédiaire en Bourse. Ces hausses du PNB ne sont absolument pas représentatives de l’économie réelle. » Au printemps dernier, la Banque centrale a, pour la première fois, dépassé les 9 milliards de dinars (3,2 milliards d’euros) d’injection de liquidités pour refinancer les banques… Certes, les vingt-quatre banques universelles tunisiennesneserventpastoutesdesimplesrouages à la machine infernale « État-Banque centralebanques ». Globalement, les banques privées sont dans une situation financière et de rentabilité SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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Maghreb Moyen-Orient État des lieux satisfaisante. La rentabilité des capitaux propres (ROE) des banques tunisiennes est de 10,1 %, contre 7,8 % au Maroc. Détenue à près de 40 % par le groupe Mabrouk, la BIAT (Banque internationale arabe de Tunisie) – numéro un en termes de revenus (19 % de part de marché, pdm), de dépôts (17.8 % de pdm) et de crédits (14.8 % de pdm) – affiche ainsi une performance insolente: son ROE a atteint, selon le cabinet AlphaMena, 25 % en 2016. Derrière, Attijari Bank, la Banque de l’habitat ou l’UIB se portent également plutôt bien. Mais, dans l’ensemble, les banques publiques – dont le futur reste l’objet d’un âpre débat – souffrent. Et le nombre d’acteurs reste trop élevé: six banques sur vingt-quatre se partagent plus de 70 % de parts de marché en matière de revenus. « Le pays ne peut pas continuer avec vingt-quatre banques universelles totalement sous-capitalisées, tranche Hachemi Alaya, fondateur du think tank économique TEMA. La Tunisie n’a besoin que d’une dizaine d’établissements. Je déplore que la loi bancaire de 2016 n’ait pas favorisé les rapprochements. » Les principaux établissements visés sont les banques mixtes : Banque tuniso-libyenne, Banque de Tunisie et des
Six groupes sur vingtquatre se partagent plus de 70 % de parts de marché en matière de revenus.
SEUIL. Pour Ahmed el-Kram, le président de
Les banques misent sur les bons du Trésor
Données en milliards de dinars tunisiens 65,28
59,6
Crédit à la clientèle Portefeuille titre Bons du Trésor Variation 2015-2016 9,5 % 16,3 %
11,14
12,96
6,27
7,75
2015
23,6 %
2016
Des établisements plutôt rentables Rentabilité des fonds propres en %
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
31, 5%
% %
2 3,3 9 4,9 % 9 7,1 % 7 8,2 % 8,91 % 8,93 % 9,3 9 7 % 1 1, 3% % 1 2, % ,6 2 18 0,5 13, 2
% 24 ,7 25 % ,1 %
SOURCE : BANQUE CENTRALE DE TUNISIE
– 0,44 %
STB (Tunisie) Wifak Bank (Tunisie) BMCI (Maroc) Crédit du Maroc (Maroc) CIH BANK (Maroc) BNA (Tunisie) ATB (Tunisie) BCP (Maroc) BMCE Bank of Africa (Maroc) Attijariwafa Bank (Maroc) AB (Tunisie) UIB (Tunisie) BH (Tunisie) Attijari Bank (Tunisie) BIAT (Tunisie) CIB (Égypte)
Émirats, etc. À l’origine, elles servaient à la coopération économique entre les deux pays, mais leurs activités se sont réduites comme peau de chagrin. Beaucoup voudraient les voir disparaître, ou du moins englouties dans une structure capitalistique solide. Kais Kriaa, dirigeant de la société d’analyse financièreAlphaMena,verraitbienlabanqueqatarie QNB racheter ces petites banques. Une politique de convergence qui n’est pas forcément partagée par les décideurs politiques. Hedi Ben Braham, premier rapporteur adjoint à la commission des finances de l’Assemblée des représentants du peuple et membre du parti islamo-conservateur Ennahdha, considère les petites structures indispensables au tissuéconomique. «L’émergence depetitesbanques ultra-spécialisées pourrait convaincre les investisseurs financiers de venir sur la place de Tunis », explique l’élu, concédant que ces établissements bancaires doivent revoir leur stratégie de banque universelle. Au contraire, l’APTBEF demande que le capital social des banques fixé à un minimum de 50 millions de dinars soit porté à un plancher d’au moins 300 millions. l’APTBEF, le secteur bancaire a atteint un seuil : « Si l’on veut aller plus loin, il faut s’attaquer en priorité au tarissement des liquidités dû à l’économie informelle, à l’encadrement des taux d’intérêt et à la baisse des exportations. » L’informel, couplé à une croissance économique très faible, explique pourquoi, selon la Banque mondiale, seuls 36 % des Tunisiens ont accès à l’ensemble des services bancaires. Le pays possède une loi d’encadrement des taux d’intérêt pour éviter l’usure. Un projet de loi est actuellement en discussion au sein de la commission des finances de l’assemblée pour assouplir ce texte. L’APTBEF milite pour la suppression pure et simple de toute entrave : « Cela inciterait les banques à investir plus sur le segment des PME. Aujourd’hui les taux sont trop bas pour être compétitifs », analyse Ahmed el-Kram. Le risque de credit crunch est évoqué par de nombreux experts si le secteur ne se réforme pas davantage. Sans parler des créances douteuses qui s’élèvent à 17 % des prêts bruts, selon l’agence de notation Moody’s, contre 12 % au Maroc, selon une autre institution internationale, Fitch. La loi de juillet 2016 devrait néanmoins permettre aux institutions financières de s’affronter sur un autre terrain que celui de la collecte des dépôts ou des crédits, puisqu’elles pourront aussi proposer des produits financiers islamiques. Ainsi, la société de crédit-bail El-Wifack leasing est devenue Wifack International Bank et a commencéàopérerenmai2017.Danslesprochains mois, l’État devrait céder ses parts dans la banque islamique Zitouna. Les acteurs sont sur le qui-vive pour mettre la main sur ce « joyau », selon Adel Grar, le président d’Al-Karama Holding, chargé de laprivatisationdesbiensconfisquésauxproches SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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Maghreb Moyen-Orient État des lieux de l’ancien président Ben Ali. En revanche, les secteurs du microcrédit ou des assurances restent fermés aux banques, même si certains groupes s’y sont développés par d’autres moyens (notamment les groupes Amen ou Mabrouk). Les argentiers ont donc dû trouver des subterfuges pour élargir le marché national. En mars, douze banques ont ainsi signé le premier prêt syndiqué d’un montant de 100 millions de dinars avec Enda Tamweel, leader du microcrédit. Certains n’hésitent pas à aller chercher des fonds à l’étranger, comme Amen Bank, qui a signé un partenariat avec l’une des plus importantes banques mondiales, le chinois ICBC. Les banques tunisiennes sont donc bien trop petites et trop peu capitalisées pour espérer se développer en dehors de leurs frontières, comme l’ont fait les trois premiers groupes bancaires marocains. Ainsi, la BIAT, poids lourd national, joue dans la catégorie poids moyen au niveau africain: elle n’est classée que 54e dans le Top 200 de JA des banques africaines, avec un PNB de 254 millions de dollars, contre 1,9 milliard pour la numéro un marocaine Attijariwafa Bank. Résultat: malgré des ambitions,
L’État devrait bientôt céder ses parts dans la banque islamique Zitouna.
qui se traduisent notamment par le développement au sud du Sahara de sa branche conseil, la BIAT ne s’internationalise pas. Seul le groupe possédant Amen Bank, dont le président du directoire est Ahmed el-Kram, y parvient. En 2015, il a racheté AliosFinance,spécialisédanslecrédit-bailetprésent dansunedizainedepayssubsahariens.Et,enoctobre 2016, il a lancé un fonds d’investissement à risque de 10,6 millions d’euros, AfricAmen, pour aider les entreprisestunisiennesàs’implantersurlecontinent. Certainsspécialistesmettentdetoutefaçonengarde contre le miroir aux alouettes africain. Hachemi Alaya est sans doute le plus catégorique: « L’Afrique subsaharienne ne doit pas être une priorité pour la Tunisie. Nous n’avons pas de lien géographique. Le pays doit se concentrer sur son marché naturel, à savoir la Libye, l’Algérie et l’Europe. Je préconise même d’arrimer le dinar à l’euro, comme c’est le cas pour le franc CFA. » Mais avec les difficultés de la Libye, l’absence des banques tunisiennes en Algérie et leur faiblesse relative sur le marché européen, les perspectives sont peu enthousiasmantes. Preuve que l’avenir des banques tunisiennes reste à écrire.
Établissements publics : les cancres du secteur Les mauvais résultats des trois banques contrôlées par l’État ont un impact négatif sur l’économie nationale. Si des solutions sont envisagées, elles requièrent un choix clair des politiques.
«
L
e ticket d’entrée dans l’ère de la solidité du système financier demeure plus que jamais la réussite de la réforme du secteur bancaire public », résume Moez Labidi, économiste senior au think tank Nabes. En 2015, les législateurs ont voté une recapitalisation de 757 millions de dinars (268 millions d’euros) pour la Société tunisienne de banque (STB) et de 110 millions de dinars pour la Banque de l’habitat (BH). Quant à la Banque nationale agricole (BNA), la troisième des grandes banques publiques, ses fonds propres ont été renforcés principalement après l’obtention de la garantie de l’État sur les engagements de certaines entreprises publiques fortement endettées, comme l’Office des céréales ou l’Office national de l’huile. Les banques contrôlées par l’État ont ainsi retrouvé un peu d’air. Jusqu’à quand ? En début d’année, le Premier ministre, Youssef Chahed, s’est interrogé sur le sort de ces trois banques JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
qui ne faisaient plus office de « bras financiers de l’État ». Depuis, les rumeurs de fusion/privatisation n’ont pas cessé. Pour l’heure, la situation de la BNA et de la STB est si mauvaise que la question de leur privatisation ne se pose même pas. La BNA, qui reste le trésorier des principaux organismes agricoles publics, ne peut sortir du giron de l’État, à moins de changer radicalement de politique. ASPHYXIÉE. La STB a été asphyxiée par
la suspension pendant deux ans du remboursement des crédits des hôteliers touchés par l’effondrement du tourisme (circulaire du 22 juillet 2015) et par les mauvais placements exigés par le clan Ben Ali-Trabelsi. En juillet, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements – un tribunal arbitral dépendant de la Banque mondiale – a condamné la Tunisie pour la nationalisation « forcée » en 1989 de la Banque franco-tunisienne, qui entrait
alors dans le giron de la STB. L’État pourrait payer des centaines de millions de dollars de dommages et intérêts. Pour la BH, qui fait office de meilleur élève concernant la solidité financière, aucune décision n’a été prise sur sa privatisation. L’autre piste est celle de la fusion. Professeur à la Skema Business School de Paris et à l’Université de Lille, Dhafer Saïdane peut y voir un intérêt à condition d’élaborer une stratégie sur quinze ans. Il préconise de rapprocher les activités performantes des banques et d’isoler les activités non performantes – les créances douteuses des banques publiques frôlent les 20 %, selon Moez Labidi – dans des structures de défaisance. Hachemy Alaya, fondateur du think tank TEMA, n’y croit plus : « C’est inutile car les banques ne rapportent rien à l’État, au contraire elles coûtent de l’argent ; 0+0+0, à la fin ça fera toujours 0. Il faut arrêter les frais et privatiser, c’est la seule solution. » Aussi endettées soient-elles, les trois banques publiques sont encore stratégiques, avec 39 % des crédits et 34 % des dépôts. Les conseillers économiques du gouvernement craignent qu’une privatisation trop rapide et trop violente conduise à un scénario à la roumaine : dans ce pays d’Europe de l’Est, les trois quarts du secteur bancaire étaient passés aux mains d’investisseurs étrangers. M.G. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Maghreb Moyen-Orient
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ASSURANCES MISR INSURANCE DOMINE EN ÉGYPTE Très puissante malgré la concurrence croissante, la société publique intègre notre classement des assureurs africains. par habitant et par an, contre 762 dollars en Afrique du Sud, 102 au Maroc ou 72 en Tunisie. Ramené au PIB, le bilan est éant égyptien de l’assurance, Misr Insurance Co. (MIC) similaire : les primes représentent 0,64 % du PIB, faisant de entre dans notre classement des 100 premiers assureurs l’Égypte l’un des marchés au plus fort potentiel dans le monde, africains en se plaçant directement au 17e rang, rejoipuisque dans les pays matures le taux de pénétration dépasse les 5 % de richesse nationale. Ce sous-équipement suscite gnant sa « petite » sœur Misr Life Insurance Co. (MLIC), spécialisée dans l’assurance-vie et classée au d’ailleurs depuis une dizaine d’années un très vif intérêt de la part des investisseurs, notamment étrangers : le 38e rang. En tout, les deux entités contrôgéant japonais Tokio Marine opère ainsi dans lées par le groupe étatique Misr Insurance Holding Co. (MIHC) engrangent l’assurance islamique égyptienne depuis Rang dans les 100 chaque année plus de 400 millions de 2008, Allianz y est présent depuis 1976, e Gulf Insurance Group depuis 1994, tandis dollars de primes, ce qui en fait le qu’AXA y a fait une entrée retentissante numéro un incontesté du secteur. Nationalité égyptienne en 2015 en s’offrant pour un peu plus Une domination qui n’a rien de nouDate de création 1934 veau : MLIC a été fondée en 1900, de 100 millions de dollars Commercial Actionnaire International Life, l’un des leaders de tandis que MIC l’a été en 1934, Misr Insurance Holding (État) l’assurance-vie, créé quelques années asseyant sa puissance il y a une Total des primes 2016 plus tôt par la banque égyptienne CIB dizaine d’années lorsque deux autres 284 millions de dollars gros assureurs publics lui ont été et un partenaire étranger. apportés. Résultat net 2016 55 millions de dollars Grâce à son poids historique dans certains grands secteurs économiques (notamment Le secteur égyptien des assurances est à dans l’assurance liée au secteur pétrolier et la fois prometteur et de plus en plus concurgazier) et malgré cette nouvelle concurrence, Misr rentiel. Selon l’étude mondiale annuelle Sigma Re, c’est aujourd’hui le troisième marché en Afrique, avec environ Insurance reste nettement dominant, avec une part de marché 2,1 milliards de dollars (2 milliards d’euros) de primes en 2016, d’environ 55 % dans l’assurance-dommages et de 30 % à 40 % dans l’assurance-vie. Au cours des cinq derniers exercices, derrière le Maroc (3,6 milliards) et très loin après l’Afrique du ses revenus ont progressé de 39,9 %, et la société a plutôt Sud (42 milliards). Mais en matière de pénétration sa taille bien résisté aux conséquences économiques du Printemps reste encore très modeste, avec une dépense de 22 dollars arabe. En phase de croissance, elle compte 3 250 employés, 8 succursales régionales pour 96 agences à travers le pays, et même des extensions au Qatar et au Koweït… En attendant de possibles développements en Afrique, où l’assureur égyptien ne cache désormais plus ses ambitions. Sa maison mère, Misr Insurance Holding, poursuit quant à elle sa stratégie de diversification en matière de métiers : déjà actif dans l’assurance-vie et non-vie, dans l’investissement immobilier et la gestion d’actifs, le groupe égyptien se développe désormais dans l’assurance islamique, avec la création de la société Egyptian Takaful Insurance Co. Ce segment est présenté par les experts comme particulièrement porteur dans un pays où les zones rurales restent traditionnelles. En parallèle, et depuis plusieurs années, Misr Insurance réfléchit à la création d’un réassureur égyptien. ÉRIC DUPUY
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La société d’assurance s’est notamment spécialisée dans les interventions médicales d’urgence. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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Maghreb Moyen-Orient
Finance islamique Au Maroc, Umnia Bank connaît des débuts encourageants Dans le royaume, la filiale de CIH Bank a été la première à se lancer dans cette branche d’activité promise à un avenir prospère. Ses douze agences ne désemplissent pas. Reportage.
La « finance participative » pourrait bientôt représenter entre 10 % et 20 % du système bancaire marocain.
STÉPHANIE WENGER, à Rabat
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
MYMA
R
abat, un vendredi après-midi, dans le quartier commerçant et bourgeois de l’Agdal. Sur une des avenues principales, Karim passe la porte de l’agence Umnia Bank, un établissement de finance islamique. La finance participative – c’est le nom officiel qui lui est donné dans le pays – était en préparation depuis plusieurs années dans le royaume, la loi a été votée à la fin de 2014 et, en janvier 2017, cinq banques ont reçu l’agrément des autorités. Aujourd’hui, on compte aussi trois « fenêtres » participatives – des guichets consacrés aux produits financiers qui respectent la charia (la loi coranique) – dans les banques conventionnelles. « Je viens juste d’ouvrir un compte, explique Karim en sortant. Les frais de tenue de compte et de carte guichet sont moins élevés que dans ma banque précédente. Franchement, je ne suis pas motivé par l’aspect religieux, mais j’envisage d’acheter un appartement et, le fait que la banque prenne en charge les frais de notaire, ça représente déjà 10 %… Le calcul est vite fait. » À l’intérieur, beaucoup de monde. Tous les conseillers sont occupés, et aucun siège n’est libre dans la salle d’attente. L’effervescence traduit l’attente générée par ce nouveau secteur financier. Selon l’agence américaine de notation Standard & Poor’s, la finance islamique pourrait représenter à terme entre 10 % et 20 % du système bancaire du royaume, soit 10 à 20 milliards d’euros de total de bilan cumulé. À l’échelle mondiale, cette activité affiche aujourd’hui presque
2 000 milliards d’euros d’actifs. Adnane El Gueddari dirige Umnia Bank, dont les activités ont débuté il y a quelques mois à peine : « Aujourd’hui, il est difficile de dire ce que pourrait représenter la finance participative au Maroc. Plusieurs études parlent d’une fourchette basse de 5 % [d’actifs] et d’une fourchette haute de 20 %. À l’échelle mondiale, en fonction des pays, on est entre 5 % et 30 %.
Ce qui est sûr, c’est que les débuts sont prometteurs. Le démarrage est loin d’être timide, et par rapport à ce que nous attendions nous sommes plutôt dans l’hypothèse haute. » Umnia Bank compte trois actionnaires à son tour de table : Qatar International Islamic Bank (QIIB), un spécialiste de la finance islamique, et CIH Bank (l’exCrédit immobilier et hôtelier), une SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Maghreb Moyen-Orient banque leader au Maroc, détiennent chacun 40 % des parts, Caisse de dépôt et de gestion (CDG), un organisme public, possède les 20 % restants. Au Maroc, la plupart des banques traditionnelles ont décidé d’investir le terrain de la finance « halal » : avec Attijariwafa Bank, BMCE Bank of Africa, Crédit agricole du Maroc, Banque centrale populaire, mais aussi BNP Paribas ou Société générale (via des fenêtres dévolues aux produits islamiques), tous les grands noms du secteur bancaire sont présents ou le seront bientôt. CIH et Umnia sont, avec Bank Assafa, les premiers à s’être lancés. « Ce contexte concurrentiel est une bonne chose, car il permet au client d’avoir le choix, commente Adnane El Gueddari. Aujourd’hui, les banques n’ont pas toutes démarré, mais il est certain que si seulement un ou deux établissements avaient été créés, l’offre n’aurait pas été assez importante. Nous espérons nous distinguer sur la qualité du relationnel, nous voulons devenir la banque de référence dans la finance participative au Maroc. »
Umnia Bank Début d’activité : fin juillet 2017 Organisme public : CDG
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20%
Banque marocaine au capital : CIH Bank
40%
40%
Partenaire étranger : Qatar International Islamic Bank
Bank Assafa Début d’activité : fin juillet 2017 Banque marocaine au capital : Attijariwafa Bank
100%
Partenaire étranger : aucun
Bank Al Yousr Début d’activité : 3 août 2017 Banque marocaine au capital : BCP
PIONNIÈRE. Umnia Bank est déjà pion-
nière dans le royaume, puisqu’elle est la première à avoir ouvert des agences ou un portail internet. Dès le mois de mai 2017, alors que les activités ne pouvaient pas encore légalement commencer, le choix a été fait d’ouvrir les premières agences à la clientèle et d’amorcer des actions de communication et d’information. Mohamed Lakhal, le directeur de l’agence Rabat Agdal, explique : « La réaction des visiteurs a été très positive, le travail de vulgarisation du jargon de la finance participative a porté ses fruits. » Depuis la fin du mois de juillet, date à laquelle ouvrir un compte est devenu possible, cinq cents personnes l’ont fait. « Parmi nos clients, on retrouve toutes les catégories socioprofessionnelles, la plupart viennent vers nous pour des raisons de convictions religieuses, et d’éthique aussi ; ils s’attendent à être traités avec bienveillance », précise Mohamed Lakhal. C’est le cas de Wyem, ingénieure informatique de 23 ans, qui a convaincu sa mère d’ouvrir un compte. La jeune fille, fines lunettes de métal et coiffée d’un foulard, explique son choix : « Ce qui pose problème chez les musulmans, ce sont les intérêts sur les crédits, par exemple quand on souhaite acheter un bien immobilier. » La finance islamique a recours à la mourabaha : la banque
Lors de la délivrance des premiers agréments, Bank Al-Maghrib, la banque centrale marocaine, n’a d’ailleurs retenu que les candidatures de groupes bancaires puissants, déjà actifs sur le territoire marocain. Les nouveaux acteurs n’ont pu entrer sur le marché qu’en s’alliant à l’un de ces groupes : Qatar International Islamic Bank avec CIH Bank, le groupe du Moyen-Orient Dalla Al Baraka avec BMCE Bank of Africa, le saoudien GuidanceavecBCP,etIslamicCorporation for the Development, filiale de la Banque islamique de développement, avec Crédit agricole du Maroc. Tous nourrissent de très importantes ambitions, à commencer par le déploiement rapide d’un réseau physique. Adnane El Gueddari détaille celles d’Umnia en matière de développement : « Aujourd’hui douze agences sont opérationnelles sur l’ensemble du territoire. D’ici à la fin de 2017, une vingtaine devraient ouvrir. Nous visons également les villes moyennes, Beni Mellal et, plus tard, Al Hoceima ou Berkane. Une étude de marché montre une grande attente dans toutes les régions du pays, ce qui sera positif pour une plus forte inclusion bancaire de la population. Le financement participatif peut favoriser le développement de l’économie dans certaines régions. »
Un secteur en plein essor
80% 20%
Partenaire étranger : Guidance
Bank Al-Tamweel Wa Al-Inma (BIT Bank) Début d’activité : septembre-octobre 2017 Banque marocaine au capital : Partenaire étranger : BMCE Bank 51% 49% of Africa Al Baraka
Al Akhdar Bank Banque marocaine au capital : Crédit agricole du Maroc
Début d’activité : fin 2017
51% 49%
Partenaire étranger : ICD
acquiert le bien, ajoute sa marge, puis le revend au client à l’issue d’une période plus ou moins longue. Pour Wyem, le fait que sa banque respecte les préceptes de la charia est essentiel. « C’est important d’avoir bonne conscience, mais à condition que ce ne soit pas exagéré », ajoutet-elle. Pourtant, la jeune femme explique ne pas avoir été seulement guidée par des considérations religieuses. « Derrière Umnia, il y a CDG, la banque du Qatar et CIH. Certes, il y a une interface islamique, mais elle est portée également par des acteurs solides… »
INNOVER. Pour appuyer ce dévelop-
SOURCE : JEUNE AFRIQUE
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pement, des embauches, une centaine jusqu’à présent, qui s’accompagnent de modules de formations spécifiques. D’autres produits seront lancés dans les prochains mois. « Il faut innover en permanence, car les clients attendent de nouveaux produits. Nous réfléchissons en ce moment à l’ijara [location d’un bien détenu par la banque, avec ou sans option d’achat] et aux comptes d’investissement : sans rendement sûr, mais le client s’accorde avec la banque sur un pourcentage de revenu, détaille le directeur général. Nous avons de grosses demandes concernant les produits immobiliers. Les entreprises sont aussi très demandeuses. » Les chantiers attendus par le secteur concernent l’assurance charia compliant, Takaful. De même que l’émission d’un sukuk souverain – un emprunt national: « Nous espérons que ce sera finalisé avant la fin de 2017. Le dispositif a été examiné par le Conseil supérieur des oulémas, et les biens publics, auxquels le sukuk sera adossé, sont déjà identifiés. » SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Un environnement propice à l’innovation Une économie diversifiée Un hub régional en transports et logistique Des infrastructures et services aux standards internationaux De nouvelles offres touristiques
Un port d’attache pour les investisseurs
© V. FOURNIER pour J.A. - Droits réservés
Au carrefour de l’Afrique, du monde arabe et de l’Asie
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Maghreb Moyen-Orient
Capital-investissement La catastrophe ferroviaire de l’égyptien Qalaa Holdings En 2010, le capital-investisseur reprenait la ligne ougando-kényane. Sept ans plus tard, malgré les quelque 300 millions de dollars d’investissements annoncés, la concession lui a été retirée. MORRIS KIRUGA
L
et
ÉRIC DUPUY
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aventure aura duré une décennie: en 2006, Rift Valley Railways (RVR) et son actionnaire majoritaire de l’époque, Sheltam Rail Corporation of South Africa, signaient avec Kenya Railways un accord pour gérer pendant vingt-cinq ans le chemin de fer public reliant Mombasa à Kampala, la capitale ougandaise. Onze ans plus tard, en août 2017, le consortium était forcé par une décision de la Haute Cour du Kenya de remettre tous ses actifs. Entre-temps, la gestion du consortium sera passée de Sheltam à l’australien Toll Holdings avant d’échoir au leader égyptien du capital-investissement Qalaa Holdings (ex-Citadel Capital). En 2010, lorsqu’il reprend une structure bien moribonde, ce dernier se lance dans un investissement unique. Les professionnels du capital-investissement se tiennent en effet en général à distance de ce type de mégaprojets d’infrastructures : en Afrique, les chemins de fer – souvent hérités des colonies – ont des modèles économiques fragiles en raison des investissements vertigineux nécessaires à leur
réhabilitation. En mars de la même année, Qalaa s’offre d’abord 51 % de RVR en faisant l’acquisition notamment des parts détenues par Sheltam. Quatre ans plus tard, il rachètera également les actions détenues par la société d’investissement kényane TransCentury, pour 43,7 millions de dollars (31,6 millions d’euros). Qalaa détient alors 85 % de RVR, laissant le solde à Bomi Holdings, une entreprise ougandaise détenue par l’homme d’affaires Charles Mbire. En 2011, l’égyptien lève via Africa Railways – une structure créée dans le cadre du rachat de RVR – plus de 70 millions de dollars de fonds propres auprès d’institutions financières de développement, dont IFC (filiale de la Banque mondiale), le néerlandais FMO et le français Proparco. L’objectif est alors ambitieux : réhabiliter la ligne longue de 2 352 kilomètres et rendre RVR enfin rentable, après des années de pertes. En janvier 2017, dans un communiqué de presse, le capital-investisseur égyptien estimera à 320 millions de dollars les investissements réalisés dans RVR, sans aucun retour financier…
L’échec de Djelfa
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ntré en Algérie en 2008, Asec Cement – participation de Qalaa Holdings dans le secteur du ciment – en est sorti en 2017 par la petite porte. Vendu 60 millions de dollars à un investisseur algérien qui semble être le groupe de BTP ETRHB Haddad, Asec Ciment Algérie ne sera pas parvenu à mener son grand projet à terme : construire à Djelfa une cimenterie de 3 millions de tonnes pour un investissement compris entre 500 millions et 600 millions de dollars. Une opération dans laquelle la SFI avait annoncé en 2009 injecter 24 millions de dollars. La sortie de Qalaa Holdings, envisagée depuis de longues années, avait à l’époque été justifiée par la difficulté du groupe égyptien à obtenir des crédits auprès des banques locales. É.D.
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Deux raisons expliquent cette Bérézina : l’une interne, liée à des actes de mauvaise gestion dénoncés dans un audit de la Banque mondiale, et l’autre externe, conséquence du lancement d’un projet de nouvelle ligne de chemin de fer, à écartement standard (RVR étant à écartement métrique). En 2016, un audit de la Banque mondiale réalisé par la vice-présidence de l’Intégrité – une entité autonome au sein de l’institution internationale – révèle que des dirigeants de RVR ont passé la décennie précédente à spolier les prêteurs de milliards de shillings. Les détails du rapport pointent notamment du doigt Africa Railways, une structure à laquelle les prêteurs ont versé de l’argent et sur laquelle Qalaa Holdings a prélevé des commissions importantes. Ils auraient aussi manipulé les comptes et activement cherché à masquer l’ampleur des difficultésdel’entrepriseauprèsdugouvernement et des prêteurs. De fait, les 320 millions de dollars investis dans la ligne de chemin de fer n’ont pas porté leurs fruits, suscitant des interrogations sur leur utilisation : le fret transporté par RVR a stagné ces dernières années, représentant environ 5 % du fret du port de Mombasa, tandis que le temps de transport entre Mombasa et Nairobi ne s’est guère amélioré. Sans plus de détails, Qalaa Holdings estimait pourtant en 2014 avoir investi dans une technologie moderne, reconstruit l’infrastructure,augmentélacapacitédetransport et développé les compétences opérationnelles modernes. DÉCISIF. L’autre facteur expliquant la
crise connue par RVR est externe : en novembre 2013, le Kenya lançait la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire – à écartement standard, jugé plus adapté aux contraintes modernes – pour 13,8 milliards de dollars. Avec un trajet – Mombasa-Kampala puis Kigali, et potentiellement jusqu’au Soudan du Sud – doublant sur de nombreuses parties la ligne exploitée par RVR… Financé sur fonds chinois, construit (et géré) par SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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l’entreprise d’État China Road and Bridge Corporation (CRBC), un premier tronçon a été inauguré en mai 2017 : reliant Mombasa à Nairobi, il longe, distant de seulement quelques mètres, le chemin de fer historique, avec l’avantage décisif de relier les deux villes en quatre heures, contre une quinzaine auparavant… Entre l’audit de la Banque mondiale et cette nouvelle concurrence ferroviaire, la quête d’un repreneur de RVR, entamée par Qalaa Holdings en 2016, fait long feu. En raison de commissions de concession non réglées, Kenya Railways met un terme en mars 2017 à la concession de RVR, une décision contestée en justice par ce dernier, sans succès. L’absence de Karim Sadek lors d’une réunion clé à Kampala symbolise alors le retrait de l’investisseur égyptien de ce dossier. À sa place, l’associé de Qalaa, chargé de la division transport, aurait, selon le magazine kényan Business Daily, envoyé un employé junior, provoquant la colère du gouvernement… Difficile de savoir exactement combien Qalaa aura perdu dans ce fiasco, mais le plus grave pour lui n’est sans doute pas là. Depuis cet événement, le
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capital-investisseur a annoncé qu’il se recentrait sur son pays d’origine, liquidant les uns après les autres ses investissements africains et mettant un terme à ses récentes ambitions dans l’est du continent. Ses relations avec les bailleurs internationaux devraient également pâtir de la déconfiture de RVR. Dans son rapport annuel 2016, FMO a ainsi indiqué avoir passé par pertes et profits cet investissement. IFC est quant à lui resté discret sur un sujet d’autant plus sensible qu’il rappelle à l’organisation une autre crise récente. Au cours d’une précédente opération de privatisation-revitalisation de chemin de fer, cette fois en Tanzanie, la filiale du groupe de la Banque mondiale avait en effet déjà connu une très mauvaise expérience, le repreneur manquant à ses devoirs, et le gouvernement mettant un terme à la concession. L’avenir de RVR, dont les actifs ont été transférés à Kenya Railways, reste quant à lui en suspens, même si, de fait, la ligne de chemin de fer héritée des colonies demeure utile : la ligne chinoise est encore loin d’atteindre l’Ouganda (cela ne sera pas le cas avant plusieurs
Difficile de savoir exactement combien le groupe aura perdu dans ce fiasco, mais le plus grave pour lui n’est sans doute pas là. années), et l’augmentation du trafic au port de Mombasa (en croissance de plus de 10 % par an) peut largement justifier de disposer de deux lignes, dont l’une davantage consacrée au fret. En début d’année, Isaiah Okoth, directeur général de RVR, affirmait d’ailleurs dans une interview à l’International Railway Journal que sa société était « stratégique pour SGR [Standard-Gauge Railway, la ligne à écartement standard] et [qu’ils se parlent] déjà pour voir comment transférer du fret entre les deux lignes ». Ajoutant aussi : « Le gouvernement doit être pro-rail, pas seulement pro-SGR »…
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Maghreb Moyen-Orient Depuis l’an passé l’enseigne s’est établie en Afrique de l’Ouest. Ici à Dakar en septembre 2017.
Cette offre limitée au départ au transfert d’argent domestique et international a évolué suivant la maturité de la clientèle, pour embrasser d’autres services de paiement [change manuel, encaissement pour tiers…] et une offre de crédit adaptée en partenariat avec Wafasalaf [la société de crédit à la consommation du groupe] et l’Association de microfinance Al Amana. »
CLEMENT TARDIF
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La banque Wafacash vise les plus pauvres La filiale du groupe Attijariwafa Bank poursuit sa politique d’expansion continentale, avec des premières implantations au Sénégal et au Cameroun. Et un modèle low cost bien rodé. GHIZLAINE BADRI
C
ap sur l’Afrique subsaharienne! Forte de 1611 agences et de plus de 700 collaborateurs au Maroc en 2017, Wafacash a entamé une nouvelle phase de son développement en ouvrant ses premières entités subsahariennes. En vue de toucher les marchés d’Afrique de l’Ouest, la filiale du groupe Attijariwafa Bank spécialisée dans le low income banking a ainsi donné, au Sénégal en 2016, le coup d’envoi de Wafacash West Africa et obtenu en 2017 l’agrément pour la filiale Wafacash Central Africa au Cameroun, avec pour objectif, à terme, de couvrir toute l’Afrique centrale. Derrière le déploiement actuel de Wafacash, une idée simple: profiter du transfert d’argent – dont le montant total à destination de l’Afrique subsaharienne s’est élevé en 2015 à 35 milliards d’euros – pour toucher une population à faibles revenus. Expérimentée avec succès au Maroc, la formule revêt un véritable potentiel dans les zones Uemoa ou Cemac, où les taux de bancarisation ne dépassent pas 15 %, il y aurait au bas mot 400 millions d’Africains n’ayant pas accès aux services financiers. « Au départ, Wafacash était un réseau pourles transferts de ladiaspora,avantque JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
l’on s’aperçoive que cela attirait des clients qui n’osaient pas entrer dans des agences traditionnelles. Nous avons alors demandé l’autorisation de la Banque centrale pour que Wafacash puisse ouvrir des comptes, et le succès ne s’est pas démenti », affirmait à la fin de 2016 le PDG d’Attijariwafa Bank, Mohamed El Kettani, dans une interview à Jeune Afrique. Samira Khamlichi, la DG de Wafacash, confirme: « À partir de 2009, Attijariwafa Bank et Wafacash ont pris l’initiative de lancer un nouveau concept dans le domaine de l’industrie bancaire, visant à démocratiser la banque et à favoriser l’inclusion financière, à travers le lancement d’une offre destinée à une clientèle modeste, qui se compose d’un compte bancaire simple avec des services financiers adaptés, accessibles exclusivement à travers le réseau de Wafacash.
Le transfert d’argent attire des clients souvent non bancarisés.
INCONTOURNABLE. Aux populations pauvres ayant peu de chances de pousser un jour la porte d’une banque, Wafacash permet de faire leurs premiers pas dans cet univers réputé hermétique, avec un éventail le plus large possible, puisque l’objectif est de faire de l’enseigne marocaine le «magasinfinancier»incontournable:dans le transfert d’argent, Wafacash met ainsi à la disposition de ses clients son réseau, d’une très grande densité au niveau national,maisaussiceluidesmastodontesinternationaux, dont Moneygram et Western Union. Dans d’autres domaines, Wafacash a signé un partenariat avec Orange pour le règlementdesachatsviasae-boutiqueetle paiement des e-factures ou encore avec la direction des impôts pour l’encaissement de la vignette et des créances publiques… Le faible pouvoir d’achat du client est compensé par une forte maîtrise des coûts, avec des agences facilement accessibles et des services grandement simplifiés. Une seule de ces agences, dont la superficie varie de 20 m2 à 25 m2, coûterait quelques milliers d’euros à développer, contre plus d’une centaine de milliers pour une agence bancaire classique mesurant de 250 m2 à 500 m2. Un design et un aménagement type sont dupliqués en série. « Wafacash adopte ainsi le low-cost sur l’ensemble de son processus d’implantation. La stratégie RH s’appuie sur une politique de formation au niveau local afin de réduire les process. Par ailleurs, grâce au modèle Wafacash, le transfert de fonds électronique est moins risqué, car plus les taux d’assurance sont faibles, plus les coûts sont bas », souligne Nourdine Skalli, directeur général de l’Association marocaine Solidarité sans frontières (AMSSF), qui œuvre en faveur des microentrepreneurs. Pour croître vite et à moindre coût, la filiale d’Attijariwafa Bank recourt aussi à des indépendants franchisés. Avec ce modèle, et malgré un segment de clientèle peu aisée, elle fait la preuve de sa solidité : en 2016, les profits ont ainsi atteint 35,5 % des revenus, un SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Maghreb Moyen-Orient niveau légèrement supérieur à la moyenne du groupe. Profitable, le modèle organisationnel alimente aussi le rythme de développement très soutenu: au Maroc, le réseau de Wafacash s’étoffe d’une centaine d’unités par an, avec 10 000 à 15 000 nouveaux clients mensuels. Chaque année depuis 2010, les revenus comme les profits de Wafacash connaissent une hausse à deux chiffres. Au sud du Sahara, le déploiement s’avère tout aussi rapide. Implanté au Sénégal depuis février 2016, Wafacash a pu y développer 200 agences, grâce à la conversion d’établissements de la CBAO (filiale bancaire du groupe) consacrés au transfert d’argent. Au Cameroun, une centaine de points de vente ont également été implantés. En Côte d’Ivoire, les activités devraient commencer en 2018, en utilisant à plein le réseau de la Société ivoirienne de banque, la banque locale du groupe. Suivront d’autres pays de la sous-région comme le Bénin, le Burkina et le Niger. Dans ce domaine comme dans d’autres (les assurances notamment), l’idée d’Attijariwafa Bank est de jouer au maximum
Une croissance à deux chiffres
elle). Au Cameroun et au Sénégal, les équipes des banques locales du groupe ont été impliquées dans la croissance de Wafacash avant même la création des entités juridiques.
PNB (en millions de dirhams) 400
AMÉLIORATION. « L’objectif est d’accé-
350
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Entre 2010 et 2016, les profits de Wafacash ont augmenté de 135 %
la carte de la complémentarité. Au Maroc, Wafacash a permis d’amorcer la bancarisation de populations demeurées jusqu’alors en dehors du système bancaire, ce dont Attijariwafa Bank a profité (puisque les comptes sont ouverts chez
Depuis notre création, il y a 40 ans, le continent africain est au cœur de nos priorités. Proparco y accompagne l’ensemble des acteurs privés, de l’entrepreneur local au groupe bancaire régional, en leur apportant expertise et financements long terme, sous forme de prêts, de prises de participations ou de garanties. Notre mission est de les soutenir dans leurs projets dès lors qu’ils contribuent à la croissance et au développement durable. Cette priorité africaine a d’ailleurs été réaffirmée cette année avec l’engagement de consacrer, d’ici 2020, 2,7 milliards d’euros de financements à l’Afrique. La particularité de Proparco réside dans son implantation régionale et sa capacité à proposer des instruments financiers adaptés aux besoins des entreprises mais peu disponibles sur les marchés nationaux. Au-delà des financements, Proparco apporte une véritable valeur ajoutée à ses clients en les accompagnant dans l’amélioration de leurs pratiques environnementales et sociales. À titre d’exemples, nous avons récemment participé au financement de deux des plus grandes centrales solaires d’Afrique de l’Ouest au Sénégal, nous sommes entrés au capital d’une institution de microfinance en RDC et d’un fonds d’investissement pour soutenir l’émergence des PME africaines. Des projets porteurs d’impacts en termes d’emploi, de lutte contre les changements climatiques et d’accès aux biens et services essentiels. Grégory Clemente, Directeur Général de Proparco Pour nous contacter ou plus d’informations : www.proparco.fr | @ @Proparco
lérer le rythme de développement dans les pays d’implantation en contribuant à l’amélioration du taux de bancarisation et en intégrant les différentes populations dans le tissu socio-économique à l’échelle locale et régionale », confirme Samira Khamlichi. « Les banques du groupe profitent à la fois du renforcement de leur offre dans le domaine du transfert d’argent, et, surtout, à plus long terme, d’un puissant réseau de distribution complémentaire », analyse un consultant. Il s’agit toutefois de laisser l’entreprise grandir à son rythme, en fonction des progrès commerciaux : au Sénégal, suivant l’exemple du Maroc, Wafacash a déjà commencé à étoffer ses offres en ajoutant des services d’ouverture classique de compte. L’aventure ne fait donc que commencer.
Le Journal Afrique
Chaque soir à 20h30
*
N’Fanteh Minteh et Dominique Tchimbakala
En 26 minutes, toute l’actualité du continent et de la diaspora. Des rendez-vous sportifs, économiques, politiques et culturels. Photo © Christophe Lartige / CL2P / TV5MONDE
En direct sur
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Maghreb Moyen-Orient
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Portrait Incontournable en Tunisie, Habib Karaouli lorgne l’Afrique Avec la Banque d’affaires de Tunisie, le financier est devenu, en une décennie, le numéro un du conseil. Sur un marché étroit, il veut désormais exporter son savoir-faire au sud du Sahara. MATHIEU GALTIER,
Q
à Tunis
uand Habib Karaouli arrive en 2003 à la tête de la Banque d’affaires de Tunisie (BAT), l’économiste de formation résume sa stratégie au conseil d’administration d’un lapidaire « small is beautiful ». Quatorze ans après, la BAT – renommée Capital African Partners Bank (CAP Bank) en février 2017 – n’a plus rien d’une petite boutique. Depuis 2003, elle a mené à bien des missions d’évaluation et de restructuration pour un montant de plus de 450 millions de dinars (155,5 millions d’euros) de dettes bancaires restructurées. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Et elle s’est fait connaître en dirigeant – parfois en s’y associant – plusieurs opérations de cession de participations publiques et d’ouverture de capital pour des recettes avoisinant les 5 milliards de dinars. Avec, comme point d’orgue, la gestion, en consortium avec la banque espagnole Santander, de la cession de 35 % de l’entreprise publique Tunisie Télécom à Tecom et à Dubai Investment Group pour 1 milliard d’euros en 2006. « Cette opération a été un point de bascule », se remémore Habib Karaouli. Grâce à cette privatisation, qualifiée à l’époque de
« transaction du siècle en Tunisie », Habib Karaouli fait passer la banque d’affaires dans une autre dimension. Et, fort de cette expérience, il profite pleinement, à la suite de la révolution de 2011, de la vente des entreprises confisquées aux proches de l’ex-président Ben Ali. La BAT a ainsi remporté l’appel d’offres pour la cession de quatre des neuf sociétés privatisées dans ce cadre: le concessionnaire automobile Ennakl (Volkswagen), la Banque de Tunisie, Tunisie Télécom et l’International School of Carthage. Une aubaine : les trois premières opérations ont représenté près de 90 % du chiffre d’affaires de CAP Bank entre 2012 et 2013, quand les activités liées au secteur privé étaient au point mort. Les privatisations devraient s’accélérer dans les prochains mois, ce qui profitera vraisemblablement à CAP Bank, qui s’est déjà mis sur les rangs SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
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pour s’occuper des « joyaux de l’État » que sont la Banque islamique Zitouna et le concessionnaire automobile Alpha Ford. Pourtant, malgré ces cessions d’entreprises publiques à venir, Habib Karaouli entend privilégier les clients privés à l’accompagnement du secteur public. Une question d’âge sans doute (il a 64 ans), mais aussi la conséquence de son expérience dans l’administration (ministère des Finances et Agence tunisienne de l’emploi) et de la révolution. « Nous sommes les seuls sur la place à proposer un service complet aux entreprises, depuis le conseil jusqu’au financement, avec la création de deux fonds d’investissement [d’un montant total de 55 millions de dinars]. » Dans ses activités, le banquier d’affaires entend pousser les PME. Les financements des fonds vont ainsi en priorité aux secteurs agroalimentaire, de la santé, de l’éducation supérieure et des nouvelles technologies : « Autant de marchés où les avantages de la Tunisie sont réels. » Ainsi, c’est à CAP Bank que l’équipementier en télécommunications Sotetel a fait appel pour les prochaines créations de filiales en Algérie et à Malte. Avec un chiffre d’affaires (CA) de 4 millions de dinars et une position de quasi-monopole – son seul concurrent local direct, l’International Maghreb Merchant Bank (IMMB), ne réussirait à grappiller que 10 % de parts de marché du secteur de la banque d’affaires –, CAP Bank est devenu un acteur incontournable sur le terrain des cessions, fusions-acquisitions et conseils financiers : « Nous sommes les seuls pure players de la place sur ces créneaux », assure Habib Karaouli. Un atout réel mais insuffisant pour survivre en raison des difficultés de l’économie tunisienne et du degré d’activité relativement faible dans le domaine des fusions-acquisitions, des restructurations et du conseil financier. TOILETTAGE. Conscient de devoir fran-
chir un palier, le major de son DESS en économie et finance obtenu à l’université Paris-I a donc décidé de donner un nouvel élan à la banque d’affaires en privilégiant l’Afrique, d’où le changement de nom de l’établissement. Un toilettage complet en matière de communication, mais les fondamentaux restent les mêmes: grandir petit à petit sans chercher à jouer dans la cour des mastodontes, les Rothschild, Lazard ou autres. « Notre cible, ce sont les PME et les PMI des pays qui ont connu des transitions, au même titre que la Tunisie, SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
détaille Habib Karaouli. Je pense notamLazard, avait en vain postulé), qui a selon lui fait la part belle « aux pseudo-indusment au Mali, à la Côte d’Ivoire, au Bénin. triels et aux montages immobiliers sans Notre petite taille par rapport aux grandes banques marocaines nous donne un vrai assise réelle ». Le banquier fustige notamavantage compétitif. » Grâce à cette réoment le projet Tunisia Africa Mall, censé rientation, le responsable table sur une devenir le plus grand centre commercial d’Afrique, et qu’il considère comme multiplication de ses revenus par deux en trois ans, et par trois ou quatre d’ici à cinq l’exemple type d’investissement d’opportunisme, sans fondement économique : ans. À condition de « ne pas lâcher la proie pour l’ombre », selon l’expression de celui « Vous croyez qu’après sa construction des qui a dirigé au tournant des années 2000 charters vont venir pour que les touristes y fassent leurs courses ? Vous croyez que l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant (Aneti) : l’onvaconcurrencerDubaï 80 % du chiffre d’affaires sur ce créneau? Mon expérience m’a prouvé que ce de CAP Bank est pour Des deals qui marche n’est jamais l’instant réalisé avec des historiques reproductible ailleurs. » sociétés tunisiennes ayant C’est cette liberté de ton une activité liée à l’Europe 2012-2013 et sa vision financière qui ou avec des sociétés euroConseil de l’État péennes se développant ont fait le succès de Habib dans la cession des participations Karaouli, et que saluent, en Tunisie. Habib Karaouli confisquées dans Ennakl, rêve de faire de sa banque quasi unanimement, les la Banque de Tunisie, acteurs financiers tuniunpivotpourdeséchanges Kia Motors économiques à taille siens. « Bien qu’il soit Montant : plus de humaine entre l’Afrique le patron d’une banque 200 millions d’euros et l’Europe, voire l’Asie, où d’affaires publique, Habib « partenariats pérennes » Karaouli critique les poli2007 et « véritables transferts de tiques publiques si besoin, Conseil de l’État se réjouit Walid Bel Hadj compétences » seraient les dans la privatisation Amor, vice-président de maîtres mots. Une vision de Magasin Général l’Institut arabe des chefs partagée par les invesMontant : d’entreprise (IACE). Il tisseurs internationaux 40 millions d’euros défend ses points de vue, puisque Habib Karaouli souvent originaux, sans a reçu en octobre 2016 à 2005-2006 avoir peur. » Plus persiPékin le prix du banquier Conseil de l’État fleur, un intermédiaire d’affaires de l’année lors dans la cession de 35 % en Bourse salue en Habib de l’International Capital du capital de Conference pour « sa Karaouli « un banquier très Tunisie Télécom intelligent, et très bien contribution au dévelopMontant : introduit dans le milieu pement du métier, la diver1,9 milliard d’euros politique ». En juin 2016, sité de ses réalisations et sa au moment où tout le créativité ». 2003-2005 monde spéculait sur le Mais un obstacle de Conseil de l’État taille à la réalisation de successeur de Habib Essid, dans la cession alors Premier ministre, le son projet demeure: l’État. de la Banque du Sud nom de Karaouli avait La puissance publique est Montant : même circulé parmi les indirectement le principal 40 millions d’euros outsiders possibles. N’aactionnaire de CAP Bank via les banques publiques t-il pas été dirigeant d’une grande administration, et STB (30 % de CAP Bank) et BNA (11,1 %). Et le moins que l’on puisse suivi de très près les grandes privatisations de ces dernières années ? Ne connaît-il dire est que Habib Karaouli ne partage pas pas les rouages financiers ? N’est-il pas la vision de son actionnaire de référence. originaire de Gafsa, important foyer de Il cite volontiers deux « rendez-vous manqués » par l’État : la loi bancaire de 2016, contestation sociale? En septembre 2017, « qui aurait dû favoriser le rapprochement, à l’heure où la position de Youssef Chahed à la tête du gouvernement est fragilisée, le la fusiondes banques, trop nombreuses en Tunisie », et la Conférence internationale nom de Karaouli était à nouveau murmuré sur l’investissement Tunisia 2020 (pour en coulisses. Comment dit-on « small is l’organisation de laquelle BAT, associé à beautiful » en langage politique ? JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
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Prêts En Algérie, le retour du « crédit conso » ne fait pas florès Près de deux ans après son rétablissement et malgré les espoirs placés en lui, le crédit à la consommation, limité aux produits fabriqués localement, tarde à rencontrer le succès. DJAMILA OULD KHETTAB,
à Alger
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redirigé vers nous par notre partenaire », soulignePascalGuillaud,directeurdupôle commercial de Société générale Algérie. La banque française, qui revendique une place de leader sur le marché du crédit algérien, a ainsi signé une centaine de conventions avec des producteurs présents sur le territoire. Parmi eux, Condor, Brandt, Enie ou Cima Motors.
SIDALI DJENIDI POUR JA
e crédit à la consommation a fait son retour en Algérie, après une suspension qui aura duré plus de cinq ans. Ce service bancaire, qui a été réintroduit par les autorités algériennes sur le fondement de l’article 88 de la loi de finances 2015, se présente cependant sous une forme différente. Contrairement au système de crédit proposé jusqu’en 2009 qui avait porté l’activité des financiers, le dispositif est, cette fois, encadré par des conditionstrèsstrictes,énuméréesdansun décret exécutif publié au Journal officiel en mai 2015. Autrement dit, l’Algérie a tourné le dos au mode de crédit non affecté, qui permettait aux banques de financer « tout et n’importe quoi », selon une source au ministère des Finances. Le crédit à la consommation ne concerne désormais que sept catégories de biens fabriqués ou assemblés sur le sol algérien – notamment l’automobile, l’électroménager et l’ameublement –, mais aucun taux plancher d’intégration n’est requis. Par conséquent, les banques ne peuvent plus prêter à des ménages qui souhaitentacquérirdesproduitsimportés. Le contexte de crise budgétaire a pesé dans ce choix : touchée de plein fouet par la chute des prix du baril de pétrole, l’Algérie multiplie les efforts pour maîtriser son déficit commercial, estimé à 18 milliards de dollars (15 milliards d’euros) en 2016. Avec comme objectif de réduire la facture des importations en incitant les consommateurs algériens à se tourner vers la production locale. Dans la pratique, les établissements bancaires se sont associés à des producteurs algériens, des fournisseurs multimarques locaux ou des fabricants étrangers implantés en Algérie pour promouvoir leur nouvelle formule de crédit. « Lorsqu’un client veut acheter un bien chez l’un de nos partenaires mais a besoin d’un coup de main financier, il est
« Nous sommes également en discussion avec Volkswagen, qui a récemment ouvert une usine à Relizane [à quelque 300 km à l’ouest d’Alger]. Le protocole devrait être formalisé dans les prochaines semaines », confie Pascal Guillaud. En l’espace d’un an et demi, Société générale Algérie a répondu favorablement à 15 000 demandes de crédit, pour un montant cumulé de 4 milliards de dinars (soit environ 30 millions d’euros). « Le coût du prêt moyen pour le BBM [Blanc Brun Mobilier] est de 350 000 dinars et de 998 000 pour l’automobile. Pour ce type d’achat, on exige toutefois un apport personnel d’au moins 30 % du coût total
Les produits fabriqués localement restent rares (ici, une usine du groupe Condor, à Bordj Bou Arreridj en 2012).
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de la voiture », précise Mohamed Arabi, porte-parole de Société générale Algérie. De son côté, BNP Paribas El-Djazaïr, qui avait aussi largement bénéficié du boom des crédits aux particuliers au début des années 2000, a accordé 5 000 crédits à la consommation en 2016. Un chiffre honorable mais quatre à cinq fois inférieur à celui qu’avait atteint Cetelem Algérie (filiale de BNP Paribas, désormais intégrée à la banque algérienne) au cours de sa première année d’activité, en 2016-2017. EMBRYONNAIRE. En définitive, le retour
du crédit à la consommation n’a pas suscité l’enthousiasme du secteur bancaire, comme cela avait été le cas au début des années 2000. À l’époque, d’après l’Association des banques et des établissements financiers (Abef ), le pays comptait plus de 700 000 emprunteurs à la veille de l’interdiction, et, entre 2005 et 2008, une voiture achetée sur deux
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
l’était grâce à un crédit à la consomgrande banque privée qui a requis mation. Pour expliquer l’échec connu l’anonymat. aujourd’hui, les professionnels du sec« Avec l’arrivée sur le marché de nouteur pointent d’abord du doigt l’état velles marques, on peut espérer atteindre jusqu’ici embryonnaire de l’industrie un volume de 100 000 automobiles montées en Algérie d’ici à la fin de 2017. Ce locale. Au moment du rétablissement du crédit à la consommation, seul un n’est pas encore vraiment considérable », modèle de véhicule estampillé « made estime Hassan Haddouche, ancien consultant dans le secteur bancaire. in bladi » – la Renault Symbol, assemblée dans une usine à Oued Tlelat, en péri« Il n’y a que 200 références algériennes phérie d’Oran – était commercialisé. Soit dans le domaine du BBM. Pour l’heure, un volume de 30 000 voitures par an… seul Renault tire son épingle du jeu », considère de son côté l’ex-responsable Les banques publiques, les plus grandes du pays, ont tardé à entrer d’une grande banque pridans la course. « Le retour vée. Les « mauvais souvenirs de la première vague du crédit à la consommation fait pour le moment l’effet du crédit à la consommation » expliquent aussi les d’un pétard mouillé. On ne réticences des entreprises constate pas d’engouement, ni auprès des clients ni bancaires. Les chiffres ne C’est la hausse auprès des établissements sont pas officiels, mais, annuelle connue bancaires », observe l’anselon plusieurs sources par les crédits cienne responsable d’une croisées, deux tiers des bancaires en clients ne se sont finalement Algérie en 2015 jamais acquittés des dettes et 2016, malgré qu’ils avaient contractées le ralentissement au début des années 2000. économique « Les banques n’ont pas communiqué sur les taux d’impayés pour ne pas créer un effet de panique et ne pas inciter ceux qui remboursaient à arrêter. Mais la première expérience de l’Algérie en matière de crédit à la consommation reste traumatisante pour les banques », souligne Hassan Haddouche. Le gouvernement, qui, avec la création d’une centrale des risques des entreprises et des ménages de la Banque d’Algérie, a accompagné le retour du crédit à la consommation, semble pourtant tirer les leçons du passé. Les banques ne profitent pas non plus du retour du crédit à la consommation, car elles ne disposent plus des mêmes ressources que celles qu’elles détenaient quand les autorités ont évoqué pour la première fois la réintroduction de cette forme d’endettement en 2014. La nécessité de renflouer les caisses de l’État a fragilisé le secteur. Et Hassan Haddouche de conclure : « La situation des banques algériennes a changé de manière significative entre 2014 et aujourd’hui. Il y a trois ans, les établissements bancaires se trouvaient en surliquidité. Mais le recours à l’emprunt national [568 milliards de dinars levés en octobre 2016] a siphonné les réserves des banques, qui, par conséquent, ne peuvent plus prêter des fonds avec autant de facilité… »
17 à 18 %
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
72
CLASSEMENT BILAN
Le secteur financier résiste à la crise
Au Nigeria, le ratio de prêts non performants aurait bondi à 15 % en 2016, avec des pointes à 25 %, comme chez FBN. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
73
Le total de bilan cumulé des 200 premières banques africaines continue de baisser, mais moins vite. Principale inquiétude : la montée des risques un peu partout. FRÉDÉRIC MAURY
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES
A
près une année 2015 très délicate, marquée par une nette baisse (– 5,2 %), les actifs totaux des 200 premières banques africaines ont franchi 2016 sans trop d’encombre. Certes, l’année écoulée s'est soldée par un nouveau recul, le total de bilan cumulé des 200 passant de 1 497,2 milliards de dollars à 1 471,4 (1 396 milliards d’euros environ), mais eu égard à la conjoncture délicate que connaissent la plupart des grands pays du continent, le pire a sans doute été évité après une année 2015 qui pouvait, sous certains aspects, faire craindre le pire. Les revenus des 200 se sont aussi stabilisés, avec une baisse de 2,3 %, contre une chute de 6,1 % l’année dernière. Signe d’une amélioration sectorielle, les profits cumulés ont quant à eux progressé de 3,1 %, contre un effondrement de près de 8 % en 2015. Pourtant, en 2016, les secousses n’ont pas manqué : le Nigeria est ainsi entré en récession, avec une baisse de 1,5 % de son PIB selon les chiffres de la Banque mondiale. L’Afrique du Sud, autre grande économie du continent et leader de notre classement bancaire, a échappé de peu au même sort, finissant l’année sur un PIB en hausse de 0,3 %. Le Maroc, autre poids lourd du monde financier africain, a vu sa croissance chuter de 4,5 % en 2015 à 1,1 % en 2016. En définitive, rares sont les pays qui comptent dans le panorama bancaire du continent (parmi eux, citons l’Égypte ou la Côte d’Ivoire) à avoir réussi à maintenir une croissance soutenue, condition importante pour le développement et la bonne santé des établissements financiers. Si, malgré ces facteurs défavorables, ces derniers ont réussi à passer 2016 sans trop de
74
Classement Banques
Sur des marchés où la bancarisation reste faible, les banques ont réussi à maintenir le cap de la croissance.
difficultés, c’est à plusieurs facteurs qu’ils le doivent. Tout d’abord à un simple effet de change: après avoir lourdement chuté en 2015 (d’environ 25 %), le taux de change rand/dollar a entamé en 2016 un mouvement inverse, finissant l’année sur une hausse de 14 %. Étant donné le poids consi‑ dérable des géants bancaires sud-africains dans notre palmarès annuel, cette évolution a donné un véritable coup de pouce au total de bilan cumulé des 200, qui aurait été encore plus important si les monnaies de deux autres grands pays bancaires (l’Égypte et le Nigeria) n’avaient emprunté le chemin inverse, avec de sérieuses dévaluations tant pour la livre égyptienne que pour le naira. Le second phénomène est plus subtil : sur des marchés où la bancarisation reste globalement faible, les banques africaines sont parvenues à maintenir le cap de la croissance, tant du côté des dépôts que de celui des crédits. Toutefois, la situationéconomiqueamécaniquementaugmenté les risques, avec un niveau de créances douteuses qui a de manière générale considérablement augmenté depuis quelques années. Au Nigeria, selon Renaissance Capital, le ratio de prêts non performants (par rapport au total des crédits) a bondi de 5 % à environ 15 % entre 2015 et 2016, avec pour certains établissements comme First Bank Nigeria des pointes à 25 %. Au Kenya, selon la même banque d’affaires, les prêts douteux ont bondi de 38 % en 2015, puis de 41 % sur les neuf premiers mois de 2016. Même au Maroc, réputé pour sa bonne qualité de gestion, le taux des
Méthodologie Notre base de données répertorie 1 061 banques (en diminution de 0,75 %) et 719 sociétés d'assurances (en augmentation de 35 %). Chacune a été contactée au moins une fois et parfois jusqu’à cinq fois. Il nous aura fallu cinq mois pour obtenir 447 réponses de banques, 173 venant d’assureurs, pour réaliser le palmarès des 200 premiers groupes bancaires africains, les classements par zones et par critères, et celui des 100 premières compagnies d'assurances. Les éléments financiers ont tous une source clairement définie et, pour la plupart, nous ont été communiqués par les entreprises. Ces classements portent sur l’exercice 2016. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Lorsque les résultats nous ont été donnés en monnaie locale, ils ont été convertis en dollars, aux taux de change en vigueur au 31 décembre 2016 (source : oanda.com). Lorsque nous ne parvenons pas à obtenir d’informations actualisées, nous gardons celles de l’édition précédente (en le signalant en italique). Au bout de deux années sans nouvelles d’un établissement, il disparaît de nos classements. Les classements spécialisés (capital-investissement, fusions-acquisitions, Bourse et dettes) sont quant à eux réalisés par les équipes éditoriales de Jeune Afrique à partir des informations publiques ou de celles de certains supports spécialisés. JEANNE-MARIE DAMILLEVILLE
créances en souffrance est passé entre 2014 et 2016 de 6,9 % à 7,6 %. Sans surprise, donc, une majorité de banquiers africains se concentre désormais sur la qualité des actifs, mettant entre parenthèses les stratégies de croissance ou les reléguant au deuxième plan. Analysé d’un point de vue régional, notre clas‑ sement confirme quelques évolutions pressenties ces dernières années, avec, en premier lieu, la montée des banques est‑africaines et le recul de celles d’Afrique centrale. En deux ans, le poids de l’Afrique de l’Est dans notre palmarès des 200 (en termes d’actifs) est ainsi passé de 4,35 % à 6,04 %. Fruit logique d’un double phénomène kényan : une croissance soutenue à domicile et une régionalisation largement entamée et qui a par exemple permis au groupe Equity Bank de se développer jusqu’en RD Congo (lire pp. 26-27). À l’inverse, les institutions d’Afrique centrale voient leur poids diminuer, passant de 1,74 % en 2014 à 1 % en 2016. Cette région ne classe plus que 9 banques (contre 11 lors de notre précé‑ dent palmarès) parmi les 200. Seul réel espoir de voir cette tendance s’inverser : la progressive montée en puissance des institutions basées en RD Congo, dont l’émergence semble inéluctable dans un marché sous-bancarisé et dont le potentiel économique est immense. Grâce à l’évolution favorable du rand, la zone Afrique australe et océan Indien renforce sa domination dans notre palmarès, pesant désormais 47,8 % du total, contre 41,6 % l’année précédente, avec un total de bilan cumulé en hausse de 13,1 %. Les deux autres grandes zones bancaires du continent, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord, voient à l’inverse leur poids se réduire, passant pour la première de 16,4 % à 14,4 %, et pour la seconde de 35,75 % à 30,75 %. Au niveau des pays, les évolutions sont similaires : l’Afrique du Sud renforce son poids (de 34,7 % à 39,7 %), tandis que l’Égypte voit le sien s’effondrer en raison de la dévaluation de la monnaie nationale (de 16,1 % à 10,8 %), tout comme le Nigeria (de 11,4 % à 7,3 %). Le Maroc double par conséquent le géant ouest-africain et s’empare de la troisième place continentale avec 9,85 % du total des actifs des 200. Suivent l’Algérie, l’Angola, le Kenya et les vingt-six autres pays classés dans notre palmarès panafricain. NETTOYAGE. Globalement, 2017 semble s’annon‑
cer comme un cru meilleur que 2016 et, surtout, que 2015. Le retour de la croissance économique au sud du Sahara est certes timide, à 2,6 % en 2017 et 3,5 % en 2018, selon le Fonds monétaire international, mais il est réel : hors Nigeria et Afrique du Sud, la région devrait même retrouver les niveaux d’avant 2015. Pour l’Afrique du Nord, les prévisions de l’institution internationale sont également plutôt positives, avec une croissance de 4,8 % attendue en 2017, et de 3,3 % en 2018, SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Classement Banques LES ACTIFS CUMULÉS BAISSENT…
…LES REVENUS AUSSI (en milliards de dollars)
20
0
60
,9
,6
63
500
65
69 40
,3
,5
1 000
2015
2016
53
60
65
,4 71 14
,2 14
97
79 15
58
,5
,3
80
14
,2 47 14
,3 68
1 500
PNB total des 200 premières banques
(en milliards de dollars)
,9
Total de bilan des 200 premières banques 2 000
13
0 2011
2012
2013
2014
2015
2016
2011
2012
2013
2014
L’AFRIQUE AUSTRALE ASSOIT SA DOMINATION Afrique australe
47 %
Afrique de l’Ouest
Afrique du Nord
30 %
Afrique de l’Est
14 %
6%
Afrique centrale 1,02 %
grâce au dynamisme du Maroc et de l’Égypte. Pour les institutions financières, le message est clair : celles qui auront accompli le travail le plus efficace en matière de nettoyage des comptes et d’efficience opérationnelle seront les mieux placées pour investir et bénéficier au mieux du retournement économique. PERSPECTIVES. D’autant que sur d’autres fronts financiers, les perspectives restent porteuses, comme en témoignent les autres classements présentés dans les pages qui suivent. Le capital-investissement, sans vivre le raz de marée d’argent qu’ont connu certains marchés émergents par le passé, continue son développement, avec une plus vaste palette d’investisseurs et une plus grande variété de secteurs. En tout, selon les statistiques de l’Association africaine
14 sorties et autant d’entrées
Q
uatorze banques quittent cette année notre classement des 200 premières banques africaines. Pour la plupart (comme Citibank Nigeria ou HSBC Algérie), ce départ s’explique simplement : les institutions concernées ne nous ont pas fourni de chiffres financiers actualisés depuis 2014 et, après deux années sans données, les banques quittent automatiquement notre palmarès. Mais certains (comme Ecobank Cameroun) n’ont pas crû assez vite pour accrocher les dernières places dans nos 200. Du côté des entrants figure une immense majorité de banques opérant dans des pays anglophones, à l’exception notable de Bank of Africa Sénégal (lire p. 32). F.M.
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
du capital-investissement et du capital-risque (Avca), pas moins de 145 deals ont été enregistrés l’an dernier, représentant 3,8 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) investis dans les entreprises africaines, soit la troisième meilleure performance depuis 2009 (lire pp. 108-109). Le secteur financier reste d’ailleurs plébiscité par les investisseurs, comme le traduisent les placements pour un total de plusieurs centaines de millions de dollars de Norfund et FMO dans la plateforme bancaire Arise, de DPI dans le groupe Banque atlantique ou de PIC dans Barclays Africa. En matière de fusions-acquisitions, l’activité a également été soutenue. Le service d’intelligence Mergermarket a ainsi recensé 244 opérations en 2016 pour 39 milliards de dollars, un chiffre en augmentation de 49,1 %, soit le plus haut niveau atteint depuis 2010. L’année a notamment été marquée par le rachat des parts d’AB Inbev dans Coca-Cola Beverages Africa par Coca-Cola pour 3,1 milliards de dollars ou encore l’acquisition auprès de Freeport-McMoRan de 56 % de Tenke Fungurume Mining par China Molybdenum Co. D’après Mergermarket, sur le plan continental, c’est la division banque d’affaires de Standard Bank qui a été la plus active en termes de conseils financiers dans des opérations de fusion-acquisition, devant Lazard. En revanche, c’est toujours la déception qui règne autour des marchés financiers africains, qui ne parviennent pas, ou trop rarement, à jouer le rôle qu’ils devraient tenir. Seules 20 introductions en Bourse ont en effet eu lieu en Afrique en 2016, contre 28 en 2015, un chiffre en soi déjà dérisoire. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
SOURCE : JEUNE AFRIQUE
76
Ready for your digital transformation
www.olympicbankingsystem.com
Geneva
London
Lugano
Luxembourg
Paris
Singapore
Zurich
79
Classements
80 Les 200 84 Afrique du Nord 86 Afrique de l’Ouest 88 Afrique centrale 90 Afrique de l’Est 92 Afrique australe et océan Indien 94 Les plus rentables 96 Les plus prêteuses
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Classement Général LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (1-50) Total de bilan (en millions de dollars)
1
1
STANDARD BANK GROUP
Afrique du Sud
Sim Tshabalala
141 842
7 248
2
2
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Ben Kruger
93 310
4 854
3
4
FIRSTRAND BANKING GROUP
Afrique du Sud
Johan Burger
83 415
5 212
4
3
BARCLAYS AFRICA GROUP
Afrique du Sud
Maria Ramos
79 912
3 049
5
6
NEDBANK GROUP
Afrique du Sud
Mike Brown
70 114
3 624
6
8
ATTIJARIWAFA BANK
Maroc
Mohamed El Kettani
42 131
1 933
7
5
NATIONAL BANK OF EGYPT
Égypte
Hisham Okasha
38 613
ND
8
9
INVESTEC GROUP LIMITED
Afrique du Sud
Stephen Koseff
36 891
ND
9
10
BANQUE CENTRALE POPULAIRE (GR. BANQUE POPULAIRE)
Maroc
Mohamed Benchaaboun
34 559
1 538
10
12
RAND MERCHANT BANK
Afrique du Sud
James Formby
31 582
ND
11
11
BMCE BANK
Maroc
Othman Benjelloun
30 060
1 276
12
17
FIRST NATIONAL BANK SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Jacques Celliers
27 779
ND
13
13
BANQUE NATIONALE D’ALGÉRIE (BNA)
Algérie
Achour Abboud
25 306
922
14
7
BANQUE MISR
Égypte
Mohamed El Etrebi
23 618
622
15
14
BANQUE EXTÉRIEURE D’ALGÉRIE (BEA)
Algérie
Mohamed Loukal
22 909
777
16
15
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
Togo
Ade Ayeyemi
20 511
1 972
17
20
LIBYAN FOREIGN BANK
Libye
Mohammed A. Bait Al Mal
18 865
213
18
26
COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Bekalu Zeleke
17 072
ND
19
19
ZENITH BANK
Nigeria
Peter Amangbo
15 404
781
20
23
CRÉDIT POPULAIRE D’ALGÉRIE
Algérie
Omar Boudieb
15 188
581
21
16
COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hisham Abdelhafez
14 688
550 1 247
Société
PNB (en millions de dollars)
22
18
FIRST BANK OF NIGERIA
Nigeria
Ibukun Awosika
14 673
23
21
ZENITH BANK NIGERIA
Nigeria
Peter Amangbo
13 922
ND
24
43
AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK (AFREXIMBANK)
Égypte
Benedict Oramah
11 726
305
25
24
UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) GROUP
Nigeria
Tony Elumelu
11 390
926
26
27
ACCESS BANK GROUP
Nigeria
Herbert Wigwe
11 323
452
27
30
BANQUE DE L’AGRICULTURE ET DU DÉV. RURAL
Algérie
Boualem Djebbar
11 313
503
28
22
QATAR NATIONAL BANK AL AHLI
Égypte
Mohamed El-Dib
10 310
463
29
31
BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO
Angola
Antonio Baptista Bialho
10 290
729
30
29
GUARANTY TRUST BANK
Nigeria
Segun Agbaje
10 128
635 377
31
-
ACCESS BANK NIGERIA
Nigeria
Herbert Wigwe
10 059
32
25
ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hassan E. Abdalla
9 987
ND
33
32
CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC
Maroc
Tariq Sijilmassi
8 969
363
Maurice
Didier Harel
8 489
385
Maroc
Karim El Hnot
8 337
394
34
-
35
36
MCB GROUP LTD SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC
36
39
GROUPE BANK OF AFRICA (BOA)
Sénégal
Brahim Touimi
8 275
498
37
28
UNITED BANK FOR AFRICA NIGERIA
Nigeria
Olivier Alawuba
8 254
354
38
37
BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS (BAI)
Angola
José Massano
8 194
556
39
38
HSBC BANK EGYPT
Égypte
Jacques-Emmanuel Blanchet
8 050
457
40
33
BANCO DE FOMENTO DE ANGOLA
Angola
Emidio Pinheiro
7 877
597
41
45
THE MAURITIUS COMMERCIAL BANK (MCB)
Maurice
Dilshaad Bundhun
7 667
333
42
41
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL
Algérie
Mohamed Krim
7 538
352
43
42
BANCO BIC
Angola
Fernando Teles
6 663
532
44
35
DIAMOND BANK NIGERIA
Nigeria
Uzoma Dozie
6 662
524
45
46
BANQUE MAROCAINE POUR LE COMM. ET L’IND. (BMCI)
Maroc
Laurent Dupuch
6 330
279
46
-
BANCO ECONOMICO (EX-BANCO ESPI. SANTO ANGOLA)
Angola
Sanjay Bhasin
6 316
77
47
34
ECOBANK NIGERIA
Nigeria
Olor’Ogun Sonny Kuku
6 183
ND
48
40
SKYE BANK
Nigeria
Adetokunbo Mukhail Abiru
5 961
253
49
52
KENYA COMMERCIAL BANKING (KCB) GROUP
Kenya
Joshua Oigara
5 950
291
50
75
BANCO MILLENNIUM ATLÂNTICO (EX-BAN. PRIV. DO ATL.)
Angola
Carlos José Da Silva
5 691
505
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Président, PDG ou DG
Rang 2016
Pays
Rang 2017
80
81
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang 2016
Rang 2017
LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (51-100) Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan (en millions de dollars)
PNB (en millions de dollars)
51
49
DEVELOPMENT BANK OF SOUTHERN AFRICA (DBSA)
Afrique du Sud
Patrick Dlamini
5 341
207
52
68
CAPITEC BANK
Afrique du Sud
Gerrie Fourie
5 324
775
53
54
CRÉDIT DU MAROC
Maroc
Jamal Lemridi
5 070
213
54
57
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE (BIAT)
Tunisie
Mohamed Agrebi
4 857
254 557
55
62
KENYA COMMERCIAL BANK (KCB)
Kenya
Joshua Oigara
4 836
56
60
AL BARID BANK
Maroc
Redouane Najm-Eddine
4 806
182
57
56
BGFIBANK HOLDING CORP.
Gabon
Henri-Claude Oyima
4 726
355 182
58
61
CIH BANK (EX-CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER)
Maroc
Ahmed Rahhou
4 709
59
85
ARAB INTERNATIONAL BANK
Égypte
Atef Ebeid
4 695
131
60
63
ATLANTIC BUSINESS INTER. (GR. BANQUE ATLANTIQUE)
Côte d’Ivoire
Habib Koné
4 660
194
61
65
EQUITY BANK GROUP
Kenya
James Mwangi
4 538
401
62
64
BANQUE ARABE POUR LE DÉV. ÉCON. EN AFRIQUE (BADEA)
Soudan
Sidi Ould Tah
4 491
ND
63
66
EAST. & SOUTH. AFRICAN TRADE & DEV. BANK (PTA BANK)
Burundi
Admassu Tadesse
4 261
162
64
67
BANQUE NATIONALE AGRICOLE (BNA)
Tunisie
Noureddine Ben Hassen
4 220
168
65
48
FIDELITY BANK
Nigeria
Nnamdi Okonkwo
4 219
201
66
47
SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE
Égypte
Mohamed Naguib
4 204
165
67
44
FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT
Égypte
Abdulhamid Aboumoussa
4 117
ND
68
53
UNION BANK OF NIGERIA
Nigeria
Emeka Emuwa
4 071
211
69
51
FIRST CITY MONUMENT BANK (FCMB)
Nigeria
Peter Obaseki
3 812
226
70
76
BANQUE DE L’HABITAT DE TUNISIE
Tunisie
Ahmed Rejiba
3 775
137
71
88
BANQUE OUEST-AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BOAD)
Togo
Christian Adovelande
3 644
55
72
65
EQUITY BANK KENYA
Kenya
James Mwangi
3 638
336
73
80
SBM BANK MAURITIUS
Maurice
Nayen Koomar Ballah
3 583
164
74
73
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE (STB)
Tunisie
Samir Said
3 548
133
75
71
AMEN BANK
Tunisie
Karim Ben Yedder
3 532
126
76
50
BANK OF ALEXANDRIA
Égypte
Dante Campioni
3 448
183
77
86
HSBC MAURITIUS
Maurice
Alastair J. Bryce
3 446
56
78
55
STANBIC IBTC CHARTERED BANK
Nigeria
Yinka Sanni
3 424
188
79
81
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
80
77
LAND AND AGRICULTURAL DEV. BANK OF SOUTH AFRICA
81
92
82
89
Kenya
Gideon M. Muriuki
3 371
405
Afrique du Sud
Tshokolo Petrus Nchocho
3 298
75
COMMERCIAL BANK OF ERITREA
Érythrée
Gabriel Fassil
3 245
41
ATTIJARI BANK TUNISIE
Tunisie
Hicham Seffa
3 187
147 244
83
98
DIAMOND TRUST BANK (DTB) KENYA
Kenya
Nasim Devji
3 143
84
59
BANK AUDI EGYPT
Égypte
Mohamed Abbas Fayed
3 063
ND
85
94
BANQUE SAHÉLO-SAHARIENNE POUR L’INV. ET LE COMM.
Libye
Ali Al Moktar
2 969
143
86
58
NATIONAL BANK OF KUWAIT – EGYPT
Égypte
Yasser Ismaël Hassan
2 966
99
87
79
BARCLAYS BANK OF MAURITIUS
Maurice
Ravin Dajee
2 887
112
88
123
BANK OF KHARTOUM
Soudan
Fadi Salim Al Faqih
2 796
ND
89
78
STANDARD CHARTERED BANK MAURICE
Maurice
Mathieu Mandeng Batoum
2 787
90
90
82
AFRICAN BANK
Afrique du Sud
Brian Riley
2 737
ND
91
70
STERLING BANK
Nigeria
Yemi Adeola
2 700
182
92
107
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE
Algérie
Eric Wormser
2 645
156
93
101
ORAGROUP SA
Togo
Binta Touré Ndoye
2 636
165
94
69
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
Égypte
François-Édouard Drion
2 534
116
95
125
FIRST NATIONAL BANK (FNB) OF NAMIBIA
Namibie
Sarel J. Van Zyl
2 500
130 304
96
106
BARCLAYS BANK OF KENYA
Kenya
Jeremy Awori
2 488
97
93
EGYPTIAN GULF BANK
Égypte
Nidal El Kassem Assar
2 480
ND
98
102
CRDB BANK
Tanzanie
Charles Kimei
2 437
229
99
117
FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN
Soudan
Ali Omer Ibrahim Farah
2 408
135
100
110
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
Kenya
Lamin Manjang
2 400
262
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Classement Général
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan (en millions de dollars)
PNB (en millions de dollars)
101
109
OMDURMAN NATIONAL BANK
Soudan
Abd-Elhameed Mohamed Gameel
2 392
ND
102
103
BANCO SOL
Angola
Miguel Coutinho Nobre
2 381
188 ND
103
74
AL BARAKA BANK EGYPT
104
120
AFRASIA BANK
105
72
AHLI UNITED BANK EGYPT
Égypte
Ashraf Ahmed Mustaf El Ghamrawy
2 335
Maurice
Sanjiv Bhasin
2 328
50
Égypte
Aly Mohamed Negm
2 325
ND 158
106
129
BANK WINDHOEK
Namibie
Christo De Vries
2 323
107
97
ARAB TUNISIAN BANK
Tunisie
Mohamed Férid Ben Tanfous
2 323
91
108
126
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Hubert de Saint Jean
2 289
146
109
116
NATIONAL MICROFINANCE BANK
Tanzanie
Ineke Bussmaker
2 228
256
110
104
BNP PARIBAS EL DJAZAIR
Algérie
Jean-Jacques Santini
2 215
118
111
112
STANDARD BANK DE ANGOLA
Angola
Pedro Coelho
2 207
97
112
-
DEVELOPMENT BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Getahun Nana
2 196
ND
113
114
COMMERCIAL BANK OF AFRICA (CBA)
114
134
ECOBANK CÔTE D’IVOIRE
115
121
CBZ BANK
116
118
CFC STANBIC BANK
117
130
AFRICAN BANKING CORP. HOLDING (BANCABC)
118
131
BANQUE ATLANTIQUE – CÔTE D’IVOIRE
119
108
BANQUE DE TUNISIE
120
128
INVESTEC BANK MAURITIUS
121
127
FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA
Kenya
Jeremy Ngunze
2 170
98
Côte d’Ivoire
Charles Daboiko
2 145
113
Zimbabwe
Never Nyemudzo
2 087
48
Kenya
Kitili Mbathi
2 057
ND 169
Botswana
Jan A. Claassen
2 040
Côte d’Ivoire
Arsène Coulibaly
2 028
84
Tunisie
Habib Ben Saad
2 022
101
Maurice
Craig Mckenzie
2 021
40
Botswana
Steven Lefentse Bogatsu
2 014
172
Mozambique
Paulo Sousa
2 002
26
Libye
Abdulnaser Gnidi
2 000
26 106
122
96
BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS (BCI)
123
119
NORTH AFRICA BANK
124
115
UNION INTERNATIONALE DE BANQUES (UIB)
Tunisie
Alexandre Maymat
1 997
125
142
STANDARD BANK NAMIBIA
Namibie
Junius Vetumbuavi Mungunda
1 990
ND
126
124
BGFIBANK GABON
Gabon
Henri-Claude Oyima
1 963
127
127
95
BANCO DE DESENVOLVIMENTO DE ANGOLA
Angola
Teodoro Paixao Franco
1 938
ND
128
99
BANCO INTERN. DE MOÇAMBIQUE (MILLENNIUM BIM)
Mozambique
Manuel Marecos Duarte
1 930
135
129
135
ECOBANK GHANA
Ghana
Daniel Sackey
1 889
283
130
105
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
Angola
Daniel Chambel
1 880
157
131
132
BANQUE AL-BARAKA D’ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Seddik Hafid
1 872
76
132
83
HOUSING AND DEVELOPMENT BANK
Égypte
Fathy El Sebai Mansour
1 869
95
133
90
SUEZ CANAL BANK
Égypte
Tarek Fathi Kandil
1 834
44
134
87
ABU DHABI ISL. BANK – EGYPT (EX-NAT. BANK FOR DEV.)
Égypte
Nevine Loutfy
1 824
79
135
140
INVESTMENT & MORTGAGES BANK (I&M BANK)
Kenya
Arun S. Mathur
1 745
168
136
138
GULF BANK ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Louhab
1 686
93
137
139
NIC BANK
Kenya
John Gachora
1 623
118
138
111
UNITY BANK
Nigeria
Oluwatomi Somefun
1 601
161
139
136
BANCO DE NEGOCIOS INTERNACIONAL
Angola
Mario Abilio Palhares
1 553
107
140
150
CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK
Sénégal
Mounir Oudghiri
1 535
106
141
146
STANDARD BANK MAURITIUS
Maurice
Laksham Bheenick
1 535
14
142
154
AFRILAND FIRST BANK
Cameroun
Paul Fokam Kammogne
1 518
76
143
144
BANK OF AFRICA – BÉNIN
Bénin
Faustin Amoussou
1 502
63
144
143
UNION BANCAIRE POUR LE COMMERCE ET L’IND. (UBCI)
Tunisie
Patrick Poupon
1 486
77
145
160
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE (SIB)
Côte d’Ivoire
Daouda Coulibaly
1 460
82
146
176
CORIS BANK INTERNATIONAL
Burkina Faso
Idrissa Nassa
1 425
54
147
153
CITIBANK NA ALGÉRIE
Algérie
Ramz Hamzaoui
1 425
57
148
165
GHANA COMMERCIAL BANK
Ghana
Raymond Sowah
1 424
251
149
155
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
Botswana
Reinette Van Der Merwe
1 415
113
150
148
CHASE BANK KENYA
Kenya
Paul Russo
1 400
44
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 47 0
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang 2016
LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (101-150) Rang 2017
82
83
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang 2016
Rang 2017
LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (151-200) Société
151
149
CCEI BANK GE
152
167
AWASH INTERNATIONAL BANK
153
122
WEMA BANK
154
159
NSIA BANQUE CÔTE D’IVOIRE
Total de bilan (en millions de dollars)
PNB (en millions de dollars)
Pays
Président, PDG ou DG
Guinée équat.
Joseph Celestin Tindjou Djameni
1 392
56
Éthiopie
Leikun Berhanu
1 383
91
Nigeria
Segun Oloketuyi
1 369
61
Côte d’Ivoire
Léonce Yace
1 358
94
155
-
UNIBANK GHANA
Ghana
Kwabena Duffuor II
1 346
92
156
91
EXPORT DEVELOPMENT BANK OF EGYPT
Égypte
Hisham Hassan
1 341
ND
Égypte
Essam Mohamed Mahmo Abu Ahmed
1 337
37
Burkina Faso
Cheick Travaly
1 329
66
157
137
UNION NATIONAL BANK EGYPT
158
168
ECOBANK BURKINA
159
164
DIAMOND BANK BÉNIN
160
169
STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA
Bénin
Pascal Dozie
1 305
47
Botswana
Moatlhodi K. Lekaukau
1 276
ND 68
161
170
DASHEN BANK
Éthiopie
W.Selassie Berhanu
1 269
162
141
NATIXIS ALGÉRIE
Algérie
Boris Joseph
1 246
61
163
163
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES AU SÉNÉGAL (SGBS)
Sénégal
Georges Wega
1 244
79
164
188
BARCLAYS BANK OF GHANA
Ghana
Patience Akyianu
1 240
168
165
177
STANBIC BANK UGANDA
Ouganda
Patrick Mweheire
1 239
ND
166
157
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN
Cameroun
Alexandre Beziaud
1 205
91
167
175
ECOBANK SÉNÉGAL
Sénégal
Serge Ackre
1 193
58
168
189
NEDBANK NAMIBIA
Namibie
Lionel Matthews
1 173
71
169
173
BANK OF AFRICA (BOA) – BURKINA
Burkina Faso
Sébastien Toni
1 150
54 57
170
182
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI (BDM)
171
145
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
172
161
BANQUE INTERN. POUR L’ÉPARGNE ET LE CRÉDIT (BICEC)
Mali
Abdoulaye Daffe
1 141
Mozambique
Antonio Caroto Coutinho
1 111
74
Cameroun
Alain Ripert
1 110
94
173
181
BANCO DE COMÉRCIO E INDUSTRIA
Angola
Feliciana Gomes Alfredo
1 107
ND
174
166
NATIONAL BANK OF KENYA
Kenya
Wilfried Musau
1 105
106
175
-
STANBIC BANK BOTSWANA
ND
176
-
GRINDROD BANK
177
174
178 179 180
Botswana
Leina Gabaraane
1 104
Afrique du Sud
D. A. Polkinghorne
1 100
31
RAWBANK
RD Congo
Thierry Taeymans
1 096
83
184
SBI MAURITIUS
Maurice
Asthana Shyam Swaroop
1 092
29
158
BGFIBANK CONGO
Congo
Narcisse Obiang Ondo
1 082
72
180
CENTRAL AFRICA BUILDING SOCIETY (CABS)
Zimbabwe
Jonas Mushosho
1 073
104
Zambie
Charles Mudiwa
1 064
22
Bénin
Lazare Noulekou Komi
1 064
49
Côte d’Ivoire
Jean-Louis Menann-Kouame
1 035
68 108
181
-
182
179
ECOBANK BÉNIN
STANBIC BANK ZAMBIA
183
185
BANQUE INTERN. POUR LE COMM. ET L’IND. DE LA C.I.
184
193
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
185
183
BANK OF AFRICA (BOA) – CÔTE D’IVOIRE
186
196
CITIBANK NA KENYA
Ghana
Mansa Nettey
1 025
Côte d’Ivoire
Lala Moulaye Epse Ezzedine
1 003
47
Kenya
Joyce-Ann Wainaina
990
59
187
178
FIDELITY BANK GHANA
Ghana
Jim Baiden
978
108
188
192
BANQUE ZITOUNA
Tunisie
Ezzedine Khoja
978
ND
189
152
MISR IRAN DEVELOPMENT BANK
Égypte
Ismail Hassan
959
31
190
191
ECOBANK MALI
Mali
Coumba Sidibé Touré
943
53
191
-
MERCANTILE BANK
Afrique du Sud
K. R. Kumbier
887
54
192
-
UNITED BANK FOR AFRICA GHANA
Ghana
Abiola Bawuah
881
ND
Cameroun
Mohammed Mejbar
867
71
Ghana
Frank Brako Junior Adu
848
86 82
193
199
SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE (SCB) CAMEROUN
194
194
CAL BANK
195
186
BANCO REGIONAL DO KEVE
Angola
Rui Da Costa Campos
844
196
-
BANK OF AFRICA (BOA) – SÉNÉGAL
Sénégal
Mamadou Igor Diarra
840
35
197
-
STANDARD CHARTERED BANK ZAMBIA
Zambie
Andrew Okai
830
ND
198
190
Mali
Bouchaib Fachar
828
48
199
-
ZAMBIA NATIONAL COMMERCIAL BANK
Zambie
Bruce Dick
826
ND
200
-
BARCLAYS BANK OF ZAMBIA
Zambie
Saviour Chibiya
821
ND
BANK OF AFRICA (BOA) – MALI
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
84
Classement Par régions
Afrique du Nord
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang 2017
LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan (en millions de dollars)
PNB (en millions de dollars) 1 933
1
6
ATTIJARIWAFA BANK
Maroc
Mohamed El Kettani
42 131
2
7
NATIONAL BANK OF EGYPT
Égypte
Hisham Okasha
38 613
ND
3
9
BANQUE CENTRALE POPULAIRE (GROUPE BANQUE POPULAIRE)
Maroc
Mohamed Benchaaboun
34 559
1 538 1 276
4
11
BMCE BANK OF AFRICA
Maroc
Othman Benjelloun
30 060
5
13
BANQUE NATIONALE D’ALGÉRIE (BNA)
Algérie
Achour Abboud
25 306
922
6
14
BANQUE MISR
Égypte
Mohamed El Etrebi
23 618
622
7
15
BANQUE EXTÉRIEURE D’ALGÉRIE (BEA)
Algérie
Mohamed Loukal
22 909
777
8
17
LIBYAN FOREIGN BANK
Libye
Mohammed A. Bait Al Mal
18 865
213
9
20
CRÉDIT POPULAIRE D’ALGÉRIE
Algérie
Omar Boudieb
15 188
581 550
10
21
COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hisham Abdelhafez
14 688
11
24
AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK (AFREXIMBANK)
Égypte
Benedict Oramah
11 726
305
12
27
BANQUE DE L’AGRICULTURE ET DU DÉV. RURAL
Algérie
Boualem Djebbar
11 313
503
13
28
QATAR NATIONAL BANK AL AHLI
Égypte
Mohamed El-Dib
10 310
463
14
32
ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hassan E. Abdalla
9 987
ND
15
33
CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC
Maroc
Tariq Sijilmassi
8 969
363
16
35
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC
Maroc
Karim El Hnot
8 337
394
17
39
HSBC BANK EGYPT
Égypte
Jacques-Emmanuel Blanchet
8 050
457
18
42
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL
Algérie
Mohamed Krim
7 538
352
19
45
BANQUE MAROCAINE POUR LE COMM. ET L’IND. (BMCI)
Maroc
Laurent Dupuch
6 330
279
20
53
CRÉDIT DU MAROC
Maroc
Jamal Lemridi
5 070
213
21
54
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE (BIAT)
Tunisie
Mohamed Agrebi
4 857
254
22
56
AL BARID BANK
Maroc
Redouane Najm-Eddine
4 806
182
23
58
CIH BANK (EX-CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER)
Maroc
Ahmed Rahhou
4 709
182
24
59
ARAB INTERNATIONAL BANK
Égypte
Atef Ebeid
4 695
131
25
64
BANQUE NATIONALE AGRICOLE (BNA)
Tunisie
Noureddine Ben Hassen
4 220
168
26
66
SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE
Égypte
Mohamed Naguib
4 204
165
27
67
FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT
Égypte
Abdulhamid Aboumoussa
4 117
ND
28
70
BANQUE DE L’HABITAT DE TUNISIE
Tunisie
Ahmed Rejiba
3 775
137
29
74
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE (STB)
Tunisie
Samir Said
3 548
133
30
75
AMEN BANK
Tunisie
Karim Ben Yedder
3 532
126
31
76
BANK OF ALEXANDRIA
Égypte
Dante Campioni
3 448
183 147
32
82
ATTIJARI BANK TUNISIE
Tunisie
Hicham Seffa
3 187
33
84
BANK AUDI EGYPT
Égypte
Mohamed Abbas Fayed
3 063
ND
34
85
BANQUE SAHÉLO-SAHARIENNE POUR L’INV. ET LE COMM.
Libye
Ali Al Moktar
2 969
143
35
86
NAT. BANK OF KUWAIT – EGYPT (EX-ALWATANY BANK OF EGYPT)
Égypte
Yasser Ismaël Hassan
2 966
99
36
92
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE
Algérie
Eric Wormser
2 645
156
37
94
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
Égypte
François-Édouard Drion
2 534
116
38
97
EGYPTIAN GULF BANK
Égypte
Nidal El Kassem Assar
2 480
ND
39
103
AL BARAKA BANK EGYPT
Égypte
Ashraf Ahmed Mustaf El Ghamrawy
2 335
ND
40
105
AHLI UNITED BANK EGYPT
Égypte
Aly Mohamed Negm
2 325
ND
41
107
ARAB TUNISIAN BANK
Tunisie
Mohamed Férid Ben Tanfous
2 323
91
42
110
BNP PARIBAS EL DJAZAIR
Algérie
Jean-Jacques Santini
2 215
118 101
43
119
BANQUE DE TUNISIE
Tunisie
Habib Ben Saad
2 022
44
123
NORTH AFRICA BANK
Libye
Abdulnaser Gnidi
2 000
26
45
124
UNION INTERNATIONALE DE BANQUES (UIB)
Tunisie
Alexandre Maymat
1 997
106
46
131
BANQUE AL-BARAKA D’ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Seddik Hafid
1 872
76
47
132
HOUSING AND DEVELOPMENT BANK
Égypte
Fathy El Sebai Mansour
1 869
95 44
48
133
SUEZ CANAL BANK
Égypte
Tarek Fathi Kandil
1 834
49
134
ABU DHABI ISLAMIC BANK – ÉGYPTE (EX-NAT. BANK FOR DEV.)
Égypte
Nevine Loutfy
1 824
79
50
136
GULF BANK ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Louhab
1 686
93
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
85
Attijariwafa au premier rang
no 1
495
millions de dollars Le prix payé par Attijariwafa Bank pour acquérir Barclays Bank of Egypt, opération finalisée en mai 2017.
no 11
+ 64,4 % Le bond, en dollars, du total de bilan de la banque panafricaine d’import-export entre 2015 et 2016.
no 3
Le Groupe BCP a finalisé le 11 juillet 2017 l’acquisition de BIA au Niger : le groupe détient depuis, à travers sa filiale Atlantic Business International (ABI), 69,51 % du capital et des droits de vote de BIA Niger.
no 21
Grâce au professionnalisme et à l’expertise des commerciaux de la BIAT, aux actions concrètes que nous souhaitons mettre en place telles que le lancement de lignes de crédit export et de fonds d’investissement pour le développement des PME, et, grâce à la bonne maîtrise du Groupe Bank of Africa des environnements africains, le partenariat que nous signons permettra d’offrir le meilleur accompagnement de nos clients sur le marché africain. Mohamed Agrebi, directeur général de la BIAT no 36
+ 10
Le nombre de rangs gagnés dans notre palmarès régional par la filiale algérienne du groupe français Société générale. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Le groupe bancaire marocain devient le numéro un régional, devant deux banques égyptiennes. ÉRIC DUPUY
D
évaluation de la livre égyptienne oblige, Attijariwafa Bank décroche la première place de ce palmarès, devenant le premier groupe bancaire africain hors Afrique du Sud. Le groupe marocain profite en effet de la décision égyptienne de novembre 2016 : les autorités avaient alors choisi de laisser filer la monnaie nationale, provoquant une dévaluation de 48 % face au dollar. Au niveau continental, Attijariwafa Bank grimpe au sixième rang, mais encore loin derrière le sud-africain Nedbank. Mécaniquement, toutes les banques marocaines profitent du recul de leurs consœurs égyptiennes : C’est le total de bilan Banque centrale popudes 50 premières banques laire grappille ainsi une d’Afrique du Nord place au niveau régional e (– 14,9 % sur un an) (3 ), tout comme BMCE Bank of Africa (4e). En tout, les neuf banques marocaines classées dans ce palmarès représentent près de 33 % du total d’actifs cumulés, contre 35 % pour l’Égypte, 20 % pour l’Algérie et 7 % pour la Tunisie.
443,6 milliards de dollars
CHUTE. Conséquence de la conjoncture égyptienne, le
totald’actifscumulésdes50premièresbanquesd’Afrique du Nord chute lourdement, passant de 521,4 milliards de dollars en 2015 à 443,6. Les banques continuent d’évoluer dans un contexte compliqué, avec une croissance faible en Tunisie et au Maroc (1,2 % et 1,1 %), un peu plus soutenue en Algérie et en Égypte (3,7 % et 4,3 %), mais continuent d’afficher une réelle capacité de résistance. La dégradation progressive de la qualité des actifs sur certains marchés a eu tendance à ralentir: le ratio de prêts non performants a continué à baisser en Égypte, se stabilisant au Maroc, ainsi qu’en Tunisie, où ils restent néanmoins élevés (environ 15 %). Seules les banques marocaines ont développé une stratégie pour aller chercher la croissance hors de leurs frontières, comme le reflètent l’acquisition en 2017 de Barclays Bank of Egypt par Attijariwafa Bank ou la finalisation de celle de BIA Niger par BCP. Pour les trois premiers groupes bancaires du pays, près d’un quart du portefeuille de crédits est sourcé en Afrique hors Maroc. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
86
Classement Par régions
Afrique de l’Ouest
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang 2017
LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan (en millions de dollars)
PNB (en millions de dollars) 1 972
1
16
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
Togo
Ade Ayeyemi
20 511
2
19
ZENITH BANK
Nigeria
Peter Amangbo
15 404
781
3
22
FIRST BANK OF NIGERIA
Nigeria
Ibukun Awosika
14 673
1 247
4
23
ZENITH BANK NIGERIA
Nigeria
Peter Amangbo
13 922
ND
5
25
UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) GROUP
Nigeria
Tony Elumelu
11 390
926
6
26
ACCESS BANK GROUP
Nigeria
Herbert Wigwe
11 323
452
7
30
GUARANTY TRUST BANK
Nigeria
Segun Agbaje
10 128
635
8
31
ACCESS BANK NIGERIA
Nigeria
Herbert Wigwe
10 059
377
9
36
GROUPE BANK OF AFRICA (BOA)
Sénégal
Brahim Benjelloun-Touimi
8 275
498
10
37
UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) NIGERIA
Nigeria
Oliver Alawuba
8 254
354
11
44
DIAMOND BANK NIGERIA
Nigeria
Uzoma Dozie
6 662
524
12
47
ECOBANK NIGERIA
Nigeria
Olor’Ogun Sonny Kuku
6 183
ND
13
48
SKYE BANK
Nigeria
Adetokunbo Mukhail Abiru
5 961
253
Côte d’Ivoire
Habib Koné
4 660
194
Nigeria
Nnamdi Okonkwo
4 219
201
14
60
ATLANTIC BUSINESS INTERNATIONAL (BANQUE ATLANTIQUE)
15
65
FIDELITY BANK
16
68
UNION BANK OF NIGERIA
Nigeria
Emeka Emuwa
4 071
211
17
69
FIRST CITY MONUMENT BANK (FCMB)
Nigeria
Peter Obaseki
3 812
226
18
71
BANQUE OUEST-AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BOAD)
Togo
Christian Adovelande
3 644
55
19
78
STANBIC IBTC CHARTERED BANK
Nigeria
Yinka Sanni
3 424
188
Nigeria
Yemi Adeola
2 700
182
Togo
Binta Touré Ndoye
2 636
165
Hubert de Saint Jean
2 289
146 113
20
91
STERLING BANK
21
93
ORAGROUP SA
22
108
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D’IVOIRE (SGBCI)
Côte d’Ivoire
23
114
ECOBANK CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Charles Daboiko
2 145
24
118
BANQUE ATLANTIQUE – CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Arsène Coulibaly
2 028
84
25
129
ECOBANK GHANA
Ghana
Daniel Sackey
1 889
283
26
138
UNITY BANK
Nigeria
Oluwatomi Somefun
1 601
161
27
140
CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK
Sénégal
Mounir Oudghiri
1 535
106
28
143
BANK OF AFRICA – BÉNIN
Bénin
Faustin Amoussou
1 502
63
29
145
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE (SIB)
Côte d’Ivoire
Daouda Coulibaly
1 460
82
30
146
CORIS BANK INTERNATIONAL
Burkina Faso
Idrissa Nassa
1 425
54
31
148
GHANA COMMERCIAL BANK
Ghana
Raymond Sowah
1 424
251
32
153
WEMA BANK
33
154
NSIA BANQUE CÔTE D’IVOIRE
34
155
UNIBANK GHANA
35
158
ECOBANK BURKINA
36
159
DIAMOND BANK BÉNIN
37
163
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES AU SÉNÉGAL (SGBS)
38
164
BARCLAYS BANK OF GHANA
39
167
ECOBANK SÉNÉGAL
40
169
BANK OF AFRICA (BOA) – BURKINA
41
170
42
182
Nigeria
Segun Oloketuyi
1 369
61
Côte d’Ivoire
Léonce Yace
1 358
94
Ghana
Kwabena Duffuor II
1 346
92
Burkina Faso
Cheick Travaly
1 329
66
Bénin
Pascal Dozie
1 305
47
Sénégal
Georges Wega
1 244
79
Ghana
Patience Akyianu
1 240
168
Sénégal
Serge Ackre
1 193
58
Burkina Faso
Sébastien Toni
1 150
54
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI (BDM)
Mali
Abdoulaye Daffe
1 141
57
ECOBANK BÉNIN
Bénin
Lazare Komi Noulekou
1 064
49
Côte d’Ivoire
Jean-Louis Menann-Kouame
1 035
68
Ghana
Mansa Nettey
1 025
108
Côte d’Ivoire
Lala Moulaye Ezzedine
1 003
47
Ghana
Jim Baiden
978
108
Mali
Coumba Sidibé Touré
943
53
Ghana
Abiola Bawuah
881
ND
Ghana
Frank Brako Adu Jr.
848
86
Sénégal
Mamadou Igor Diarra
840
35
43
183
BANQUE INTERN. POUR LE COMM. ET L’IND. DE LA C.I. (BICICI)
44
184
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
45
185
BANK OF AFRICA (BOA) – CÔTE D’IVOIRE
46
187
FIDELITY BANK GHANA
47
190
ECOBANK MALI
48
192
UNITED BANK FOR AFRICA GHANA
49
194
CAL BANK
50
196
BANK OF AFRICA (BOA) – SÉNÉGAL
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
87
Effet nigérian no 5
UB
A
PL
C
Ex-patron d’UBA Africa, la structure de tête des opérations du groupe bancaire nigérian dans ses 18 filiales africaines, Kennedy Uzoka a pris ses fonctions de DG du groupe le 1er août 2016, succédant à Phillips Oduoza.
no 13
En sursis ! Sauvée en 2016 par la Banque centrale, qui a injecté 328 millions de dollars à son capital, Skye Bank s’est vu accorder en juillet 2017 une année supplémentaire pour mettre en œuvre son programme de recapitalisation.
no 29
Cette introduction en Bourse est une nouvelle étape dans le développement de la SIB. La confiance que nous a accordée le marché est un très bon signal. Daouda Coulibaly, directeur général de la Société ivoirienne de banque, après l’introduction des titres de celle-ci sur la BRVM, en octobre 2016
nos 33 et 36
Le groupe NSIA a finalisé à la mi-2017 l’acquisition de Diamond Bank Bénin : à la clé, pour le groupe ivoirien déjà propriétaire de NSIA Bank en Côte d’Ivoire, une présence bancaire dans trois nouveaux pays : le Bénin, le Togo et le Sénégal.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
no 49
Arise, nouveau holding fondé par Norfund, FMO et Rabobank, déjà présent avec ses participations bancaires dans une vingtaine de pays africains, s’est offert, en février 2017, 27,7 % dans la banque ghanéenne CAL Bank.
Les difficultés des institutions financières de la principale économie de la zone influent fortement sur notre palmarès régional. ÉRIC DUPUY
T
out comme le palmarès Afrique du Nord a été lourdement touché par la dévaluation de la livre égyptienne, le classement régional des 50 premières banques d’Afrique de l’Ouest pâtit de la dégringolade du naira. La monnaie nigériane a en effet perdu en 2016 plus de la moitié de sa valeur face au billet vert, faisant reculer mécaniquement le total de bilan des banques du pays. First Bank, numéro deux l’an passé, chute ainsi d’un rang et voit son total d’actifs en dollars s’effondrer de 29,1 %. Malgré le dynamisme de la plupart des banques des autres pays de la région, le total de bilan cumulé de la zone recule de 13,5 %. RÉCESSION. Principaleéconomiedelarégion,leNigeria
est entré en récession en 2016, avec un recul de son PIB de 1,5 %. Dans cet environnement délicat, les banques ont certes su maintenir la hausse de leurs actifs, mais au prix d’une détérioration croissante de leur qualité et d’une dégradation des ratios de capitalisation. « En 2016, la contraction économique et l’inflation élevée ont ainsi mené à une augmentation du ratio de prêts non performants, à 14 % en fin d’année, contre 5,3 % un an plus tôt », a rappelé l’agende C’est le total de bilan des de notation Moody’s 50 premières banques dans un récent rapport. d’Afrique de l’Ouest Sa consœur Standard (– 13,5 % sur un an) & Poor’s s’est elle aussi inquiétée de cette évolution, estimant qu’elle devrait se poursuivre en 2017 : « Comme nous prévoyons que 2017 sera une année de bénéfices faibles et que nous anticipons une nouvelle dévaluation du naira, nous supposons que les banques réduiront activement leur bilan ou chercheront de nouvelles injections de fonds propres. » Conséquence logique des difficultés des banques nigérianes, qui se recentrent sur leur marché domestique, les autres banques de la zone gagnent des places dans notre palmarès. Le groupe Ecobank maintient son premier rang, mais accroît l’écart avec son poursuivant, le nigérian Zenith Bank. Le groupe Bank of Africa grappille deux rangs ; le leader ivoirien SGBCI, deux ; Ecobank Ghana, trois, tandis que le burkinabè Coris Bank bat tous les records en progressant de dix places, grâce à l’augmentation de 40 % de son total de bilan (en dollars).
210,5 milliards de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
88
Classement Par régions
Afrique centrale
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang 2017
LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan (en millions de dollars)
PNB (en millions de dollars)
1
57
BGFIBANK HOLDING CORP.
Gabon
Henri-Claude Oyima
4 726
355
2
126
BGFIBANK GABON
Gabon
Henri-Claude Oyima
1 963
127
3
142
AFRILAND FIRST BANK
Cameroun
Paul Fokam Kammogne
1 518
76
4
151
CCEI BANK GE
Guinée équat.
Joseph Celestin Tindjou Djameni
1 392
56
5
166
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN
Cameroun
Alexandre Beziaud
1 205
91
6
172
BANQUE INTERN. POUR L’ÉPARGNE ET LE CRÉDIT (BICEC)
Cameroun
Alain Ripert
1 110
94
7
177
RAWBANK
RD Congo
Thierry Taeymans
1 096
83 72
8
179
BGFIBANK CONGO
Congo
Narcisse Obiang Ondo
1 082
9
193
SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE (SCB) CAMEROUN
Cameroun
Mohammed Mejbar
867
71
10
ECOBANK CAMEROUN
Cameroun
Gwendoline Abunaw
810
64
11
BANQUE INTERNATIONALE POUR LE COM. ET L’IND. DU GABON
Gabon
Claude Ayo-Iguendha
699
64
12
BANQUE COMMERCIALE DU CONGO (BCDC)
RD Congo
Yves Cuypers
642
72
13
BANCO NACIONAL DE GUINEA ECUATORIAL
Guinée équat.
Martin Crisantos Ebe Mba
625
44
14
TRUST MERCHANT BANK (TMB)
15
COMMERCIAL BANK TCHAD
RD Congo
Olivier Meisenberg
565
41
Tchad
Moussa Moustapha Terap
540
31
Congo
Boubker Jai
515
39
Guinée équat.
José Carlos Garcia Rebollar
468
37
Cameroun
Udom Isong
458
ND
Congo
Gervais Bouiti-Viaudo
450
36
Cameroun
Loukoumanou Waidi
437
30
Guinée équat.
Nicolas Lemme
398
24
RD Congo
Françis Selemani Mtwale
375
32
16
CRÉDIT DU CONGO
17
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN GUINÉE ÉQUATORIALE
18
UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) CAMEROUN
19
ECOBANK CONGO
20
BGFIBANK CAMEROUN
21
BGFIBANK GUINÉE ÉQUATORIALE
22
BGFIBANK RD CONGO
23
LA CONGOLAISE DE BANQUE
Congo
Younes El Masloumi
370
31
24
FBN BANK (EX BANQUE INTERNATIONALE DE CRÉDIT)
RD Congo
Akeem Oladele
367
59
25
ECOBANK RD CONGO
RD Congo
Yves Coffi Quam-Dessou
364
34
26
FÉDÉRATION DES MUCODEC
Congo
Dieudonné Ndinga
334
34
27
PROCREDIT BANK CONGO
RD Congo
Célestin Mukeba Muntuabu
312
25
28
ORABANK GABON
Gabon
Guy Martial Awona
295
33
29
ECOBANK TCHAD
Tchad
Zakaria Ousman Ramadane
288
26
30
BANQUE COMMERCIALE INTERNATIONALE
Congo
Dominique Martinie
285
26
31
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CONGO
Congo
Guy Emmanuel Tamby Vinod
284
13
32
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE TCHAD
Tchad
Chemi Kogrimi
280
25 24
33
ORABANK TCHAD
Tchad
Hervé Sikorotien
252
34
BANQUE COMMERCIALE DU CHARI
Tchad
Adam Madji
228
15
35
CITIBANK GABON
Gabon
Juliette Weisflog
221
25
36
ECOBANK GABON
Gabon
Joseph Owondault Berre
207
18
37
UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) TCHAD
Tchad
Aliyu Inda Salami
193
ND
38
BANK OF AFRICA (BOA) – RDC
RD Congo
Alain Chapuis
183
18
39
UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) CONGO
Congo
Che Martin
182
ND
40
ECOBANK GUINÉE ÉQUATORIALE
Guinée équat.
Alfred Kasongo Kikonda
172
16
41
SOCIÉTÉ FINANCIÈRE DE BANQUE (SOFIBANQUE)
RD Congo
Hassan Wazni
172
21
42
ECOBANK CENTRAFRIQUE
Centrafrique
Sylvain B. Pendi
147
16
43
UNITED BANK FOR AFRICA GABON
Gabon
Chioma Mang
98
ND ND
44
BANCO INTERNACIONAL DE SAO TOMÉ E PRINCIPE
São Tomé-et-Prínc.
João Cristôvao
93
45
ACCESS BANK RD CONGO
RD Congo
Ifeanyi Njoku
59
8
46
UNITED BANK FOR AFRICA RD CONGO
RD Congo
Gisèle Mudiay
32
ND
47
BGFIBANK SÃO TOMÉ E PRINCIPE
São Tomé-et-Prínc.
Felisberto Castilho
13
1
48
ECOBANK SÃO TOME E PRINCIPE
São Tomé-et-Prínc.
Nadeem Daniel Cabral De Almada
12
1
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
89
no 6
De nombreuses études ont été diligentées sur différentes banques, mais il n’y a pas eu de communauté de décisions favorables à leur acquisition. Le groupe, à l’instar d’autres banques européennes, se devait d’améliorer d’abord sa solidité financière et ses ratios en France. Jean-Pierre Levayer, patron de BPCE International (maison mère de Bicec au Cameroun), s’exprimant sur le recul de BPCE en Afrique.
no 11
C’est avec le fonds souverain gabonais, le FGIS, que BNP Paribas a signé pour la reprise de ses 47 % dans Bicig. Mais à la mi-2017, l’opération n’était toujours pas conclue…
C’est la contraction du total de bilan de Société générale en Guinée équatoriale. La banque française a décidé de restreindre ses activités dans le pays.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Le poids de la zone continue de décroître, malgré l’émergence des banques en RD Congo. ÉRIC DUPUY
Q
uand le total de bilan cumulé des 50 premières banques d’Afrique centrale s’arrêtera-t-il de reculer ? Après avoir perdu 6 % en 2014, puis 17,2 % en 2015, il a encore chuté en 2016, de 10 %. Une baisse plus marquée que celle qui a affecté le franc CFA d’Afrique centrale, ce dernier ayant perdu environ 2,5 % par rapport au dollar. La zone ne classe plus que dix banques parmi les 200 premières du continent, contre 11 en 2016. FRAUDE. Le recul frappe quasi toutes les institutions
no 13
5
Le nombre de rangs perdus par la banque équato-guinéenne depuis notre dernier palmarès.
no 17
– 29,3 %
Toujours en baisse
nos 18 et 39
200
millions de dollars Le montant cumulé des financements mis en place en 2016 par les filiales camerounaise et congolaise pour deux sociétés nationales pétrolières de ces deux pays.
bancaires de la région. Pour la troisième année consécutive, le numéro un régional, BGFIBank Holding, a affiché un total de bilan en baisse (- 1,9 %, en monnaie locale), conséquencelogiquedesdifficultéséconomiquessurses principauxmarchés etdesavolontéde seconcentrer sur l’amélioration opérationnelle après plusieurs années de forte croissance qui avaient permis au groupe gabonais de se déployer de Madagascar au Sénégal. En 2016, la progression de son produit net bancaire a d’ailleurs été de 15,2 %, et celle de ses profits nets, de 13,9 %. Mais ces bonnes performances ont été brouillées par une fraude massive aux cartes Visa au Gabon qui a entraîné le départ du DG de la filiale gabonaise. Déjà touché par le passé par plusieurs crises de management et de contrôle interne, le groupe a fait de ce chantier l’une de ses priorités. Globalement, les C’est le total de bilan banques exerçant au cumulé des 50 premières Cameroun, au Congo et banques d’Afrique centrale. en Guinée équatoriale ont (– 8,4 % sur un an) connu un recul de leurs actifs totaux en dollars, perdant parfois quelques places. À l’inverse, les banques deRDCongocontinuentleurascensiondansunmarché encore sous-bancarisé : RawBank et TMB gagnent 2 rangs, tandis que BCDC en grappille 3. En revanche, Biac, placée sous administration judiciaire début 2016 et dont les actionnaires ont demandé la liquidation, disparaît de notre palmarès. Commercial Bank Tchad effectue le bond le plus impressionnant, avec un total de bilan en francs CFA en hausse de 50 % la faisant passer du 25e au 15e rang dans notre palmarès.
27,4 milliards de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
90
Classement Par régions
Afrique de l’Est
CHIFFRES 2016 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 – ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang 2017
LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan (en millions de dollars)
PNB (en millions de dollars)
1
18
COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Bekalu Zeleke
17 072
ND
2
49
KENYA COMMERCIAL BANKING (KCB) GROUP
Kenya
Joshua Oigara
5 950
291
3
55
KENYA COMMERCIAL BANK (KCB)
Kenya
Joshua Oigara
4 836
557
4
61
EQUITY BANK GROUP
Kenya
James Mwangi
4 538
401
5
62
BANQUE ARABE POUR LE DÉV. ÉCON. EN AFRIQUE (BADEA)
Soudan
Sidi Ould Tah
4 491
ND
6
63
EASTERN AND SOUTH. AFRICAN TRADE AND DEV. BANK (PTA BANK)
Burundi
Admassu Tadesse
4 261
162
7
72
EQUITY BANK KENYA
Kenya
James Mwangi
3 638
336
8
79
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
Kenya
Gideon M. Muriuki
3 371
405
9
81
COMMERCIAL BANK OF ERITREA
Érythrée
Gabriel Fassil
3 245
41
10
83
DIAMOND TRUST BANK (DTB) KENYA
Kenya
Nasim Devji
3 143
244
11
88
BANK OF KHARTOUM
Soudan
Fadi Salim Al Faqih
2 796
ND
12
96
BARCLAYS BANK OF KENYA
Kenya
Jeremy Awori
2 488
304 229
13
98
CRDB BANK
Tanzanie
Charles Kimei
2 437
14
99
FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN
Soudan
Ali Omer Ibrahim Farah
2 408
135
15
100
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
Kenya
Lamin Manjang
2 400
262
16
101
OMDURMAN NATIONAL BANK
Soudan
Abd-Elhameed Mohamed Gameel
2 392
ND
17
109
NATIONAL MICROFINANCE BANK
Tanzanie
Ineke Bussmaker
2 228
256
18
112
DEVELOPMENT BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Getahun Nana
2 196
ND
19
113
COMMERCIAL BANK OF AFRICA (CBA)
Kenya
Jeremy Ngunze
2 170
98
20
116
CFC STANBIC BANK
Kenya
Kitili Mbathi
2 057
ND
21
135
INVESTMENT & MORTGAGES BANK (I&M BANK)
Kenya
Arun S. Mathur
1 745
168
22
137
NIC BANK
Kenya
John Gachora
1 623
118
23
150
CHASE BANK KENYA
Kenya
Paul Russo
1 400
44
24
152
AWASH INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Leikun Berhanu
1 383
91
25
161
DASHEN BANK
Éthiopie
Berhanu W/Selassie
1 269
68
26
165
STANBIC BANK UGANDA
Ouganda
Patrick Mweheire
1 239
ND
27
174
NATIONAL BANK OF KENYA
Kenya
Wilfried Musau
1 105
106
28
186
CITIBANK NA KENYA
Kenya
Joyce-Ann Wainaina
990
59
29
BANK OF BARODA KENYA
Kenya
Manvi N. Krishna
794
51
30
UNITED BANK
Éthiopie
Ato Taye Dibekulu
767
ND
31
NATIONAL BANK OF COMMERCE
Tanzanie
Edward Marks
760
73
32
BANQUE DE KIGALI (BK)
Rwanda
Diane Ngendo Karusisi
753
91
33
BANK OF ABYSSINIA
Éthiopie
Mulugeta Asmare
747
24
34
WEGAGEN BANK
Éthiopie
Araya G/Egziabher
719
53
Éthiopie
Kibru Fondja
703
46
Kenya
Sam Waweru
689
45
Tanzanie
Dinesh Arora
686
ND
35
NIB INTERNATIONAL BANK
36
HOUSING FINANCE CO. OF KENYA
37
EXIM BANK TANZANIE
38
FAMILY BANK
Kenya
David Thuku
666
64
39
PRIME BANK
Kenya
Bharat Jani
626
44
40
CENTENARY RURAL DEVELOPMENT BANK
Ouganda
Simon Kagugube
625
113
41
BANK OF AFRICA (BOA) – KENYA
Kenya
Dennis Awori
536
38
42
BANK OF AFRICA (BOA) – DJIBOUTI
Djibouti
Khalid Mountassir
525
25
43
CRANE BANK
Ouganda
P. K. Gupta
525
33
44
OROMIA INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Ato Abie Sano Mahamed
501
52
45
COOPERATIVE BANK OF OROMIA
Éthiopie
Wondimagegnehu Negera
474
48
46
BANK M TANZANIA
Tanzanie
Sanjeev Kumar
473
18
47
BARCLAYS BANK OF UGANDA
Ouganda
Rakesh Jha
470
39 ND
48
DEVELOPMENT FINANCE CO. OF UGANDA
Ouganda
C. Mccormack
466
49
AL-NILE BANK FOR COMMERCE AND DEVELOPMENT
Soudan
Ahmed Abdel Rhman Al Houri
458
30
50
BANK OF INDIA – KENYA
Kenya
A. K. Jalota
458
26
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
91
no 1
D’ici à quelques années, nous aurons des agences CBE dans les régions du monde où nombre d’Éthiopiens de la diaspora résident et dans des sites qui sont des destinations majeures pour le commerce extérieur de notre pays. Bekalu Zeleke, Président-directeur général de Commercial Bank of Ethiopia
no 12
7
C’est le nombre d’agences que la banque kényane a annoncé vouloir fermer en 2017, sur une centaine en tout.
no 13
+ 75,4 %
C’est l’augmentation des prêts non productifs chez CRDB Bank entre 2015 et 2016. Ils représentent désormais près de 12 % du portefeuille crédits.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
La zone reste très dynamique. Mais les conditions d’opération se compliquent dans plusieurs pays. FRÉDÉRIC MAURY
A
lors que dans les autres régions les actifs totaux avaient reculé en 2016, l’Afrique de l’Est a poursuivi son ascension : le total de bilan cumulé des 50 premières banques de la zone a progressé de 13,4 %, contre 6,7 % en 2015. Pourtant au Kenya, dont les établissements dominent ce palmarès, la situation n’est plus aussi porteuse que cesdernièresannées,avec une légère détérioration de la qualité des actifs et surtout la mise en place de limites concernant les taux d’intérêt, avec commeconséquenceprobable une réduction de la C’est le total de bilan croissance des crédits et des 50 premières banques des profits. La croissance d’Afrique de l’Est du crédit au secteur privé (+ 13,4 % sur un an) a ainsi fortement baissé depuis la mise en place des limites sur les taux : de 4,7 % en septembre à 2,4 % en avril. Si les tensions en matière de liquidités ont mis en difficulté plusieurs petits ou moyens établissements (dont Chase Bank), la grande vague de concentration bancaire attendue n’a pas encore eu lieu, le marché comptant toujours plus de 40 établissements en activité.
102,3 milliards de dollars
TENDUE. En Tanzanie, la situation s’est également
no 43
27 janvier 2017 La date à laquelle la Banque centrale a annoncé le transfert des actifs de Crane Bank, en liquidation, à dfcu Bank, une autre banque ougandaise.
La croissance se poursuit
no 46
La très dynamique banque tanzanienne fait son apparition dans notre palmarès régional. Depuis 2016, elle est aussi active au Kenya, avec l’acquisition de l’ex-Oriental Bank.
tendue, avec une nette augmentation du taux de crédits non performants, qui a atteint fin 2016 près de 10 %. En avril 2017, le département recherche d’Ecobank estimait que CRDB Bank, la banque la plus importante du pays, aurait besoin urgemment d’une recapitalisation. Mais ce sont surtout les plus petits établissements qui sont fragilisés: la Banque centrale a d’ailleurs révoqué l’agrément de l’un d’entre eux, Mbinga Community Bank, et mis sous surveillance plusieurs autres, dont Women’s Bank. En Éthiopie, où le secteur reste largement dominé par notre numéro un régional, Commercial Bank of Ethiopia, la croissance du secteur devrait se maintenir au-delà de 20 % par an. Mais quelques points suscitent l’inquiétude : le maintien de la fermeture du secteur aux acteurs étrangers et l’augmentation du capital minimum requis, qui devra s’élever à 2 milliards de birrs (environ 73 millions d’euros) en 2020, un niveau que plusieurs banques privées auront du mal à atteindre. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
92
Classement Par régions
Afrique australe et océan
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang 2017
LES 50 PREMIÈRES BANQUES Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan (en millions de dollars)
Résultat net (en millions de dollars)
1
1
STANDARD BANK GROUP
Afrique du Sud
Sim Tshabalala
141 842
7 248
2
2
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Ben Kruger
93 310
4 854
3
3
FIRSTRAND BANKING GROUP
Afrique du Sud
Johan Burger
83 415
5 212
4
4
BARCLAYS AFRICA GROUP
Afrique du Sud
Maria Ramos
79 912
3 049 3 624
5
5
NEDBANK GROUP
Afrique du Sud
Mike Brown
70 114
6
8
INVESTEC GROUP LIMITED
Afrique du Sud
Stephen Koseff
36 891
ND
7
10
RAND MERCHANT BANK
Afrique du Sud
James Formby
31 582
ND
8
12
FIRST NATIONAL BANK SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Jacques Celliers
27 779
ND
9
29
BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO (BPC)
Angola
Antonio Baptista Bialho
10 290
729
10
34
MCB GROUP LTD
Maurice
Didier Harel
8 489
385
11
38
BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS (BAI)
Angola
José Massano
8 194
556
12
40
BANCO DE FOMENTO DE ANGOLA
Angola
Emidio Pinheiro
7 877
597
13
41
THE MAURITIUS COMMERCIAL BANK (MCB)
Maurice
Dilshaad Bundhun
7 667
333
14
43
BANCO BIC
Angola
Fernando Teles
6 663
532
15
46
BANCO ECONOMICO (EX-BANCO ESPIRITO SANTO ANGOLA)
Angola
Sanjay Bhasin
6 316
77
16
50
BANCO MILLENNIUM ATLÂNTICO (EX-BANCO PRIVADO DO ATLANTICO)
Angola
Carlos José Da Silva
5 691
505
17
51
DEVELOPMENT BANK OF SOUTHERN AFRICA (DBSA)
Afrique du Sud
Patrick Dlamini
5 341
207
18
52
CAPITEC BANK
Afrique du Sud
Gerrie Fourie
5 324
775
19
73
SBM BANK MAURITIUS
Maurice
Nayen Koomar Ballah
3 583
164
20
77
HSBC MAURITIUS
Maurice
Alastair J. Bryce
3 446
56
21
80
LAND AND AGRICULTURAL DEV. BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Tshokolo Petrus Nchocho
3 298
75
22
87
BARCLAYS BANK OF MAURITIUS
Maurice
Ravin Dajee
2 887
112
23
89
STANDARD CHARTERED BANK MAURICE
Maurice
Mathieu Mandeng Batoum
2 787
90
24
90
AFRICAN BANK
Afrique du Sud
Brian Riley
2 737
ND
25
95
FIRST NATIONAL BANK (FNB) OF NAMIBIA
Namibie
Sarel J. Van Zyl
2 500
130
26
102
BANCO SOL
Angola
Miguel Coutinho Nobre
2 381
188
27
104
AFRASIA BANK
Maurice
Sanjiv Bhasin
2 328
50
28
106
BANK WINDHOEK
Namibie
Christo De Vries
2 323
158
29
111
STANDARD BANK DE ANGOLA
Angola
Pedro Coelho
2 207
97
30
115
CBZ BANK
Zimbabwe
Never Nyemudzo
2 087
48
31
117
AFRICAN BANKING CORP. HOLDING (BANCABC)
Botswana
Jan A. Claassen
2 040
169
32
120
INVESTEC BANK MAURITIUS
Maurice
Craig Mckenzie
2 021
40
33
121
FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA
Botswana
Steven Lefentse Bogatsu
2 014
172
34
122
BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS (BCI)
Mozambique
Paulo Sousa
2 002
26
35
125
STANDARD BANK NAMIBIA
Namibie
Junius Vetumbuavi Mungunda
1 990
ND
Angola
Teodoro Paixao Franco
1 938
ND
Mozambique
Manuel Marecos Duarte
1 930
135
36
127
BANCO DE DESENVOLVIMENTO DE ANGOLA
37
128
BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE (MILLENNIUM BIM)
38
130
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
Angola
Daniel Chambel
1 880
157
39
139
BANCO DE NEGOCIOS INTERNACIONAL
Angola
Mario Abilio Palhares
1 553
107
40
141
STANDARD BANK MAURITIUS
Maurice
Laksham Bheenick
1 535
14
41
149
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
Botswana
Reinette Van Der Merwe
1 415
113
42
160
STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA
Botswana
Moatlhodi K. Lekaukau
1 276
ND
43
168
NEDBANK NAMIBIA
Namibie
Lionel Matthews
1 173
71
44
171
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
Mozambique
Antonio Caroto Coutinho
1 111
74
45
173
BANCO DE COMÉRCIO E INDUSTRIA
Angola
Feliciana Gomes Alfredo
1 107
ND
46
175
STANBIC BANK BOTSWANA
ND
47
176
GRINDROD BANK
48
178
SBI MAURITIUS
49
180
CENTRAL AFRICA BUILDING SOCIETY (CABS)
50
181
STANBIC BANK ZAMBIA
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Botswana
Leina Gabaraane
1 104
Afrique du Sud
D. A. Polkinghorne
1 100
31
Maurice
Asthana Shyam Swaroop
1 092
29
Zimbabwe
Jonas Mushosho
1 073
104
Zambie
Charles Mudiwa
1 064
22
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Indien
93
Vents violents
Toujours dominatrice en Afrique, la région voit s’accumuler les difficultés économiques et opérationnelles. EI
RR
Le nom [Barclays] ne va FE IE TT pas disparaître LE du jour au lendemain. Nous réfléchissons prudemment à la manière de réaliser la transition. Notre équipe marketing conduit une recherche active pour l’avenir de notre marque.
RA
no 4
Maria Ramos, CEO de Barclays Africa, après que Barclays, la maison mère britannique, a réduit à 23,4 % ses parts dans le groupe bancaire panafricain
no 9
1,4
milliard de dollars Le montant des prêts douteux que BPC doit transférer à Recredit, une structure de défaisance créée pour aider à l’apurement des comptes des banques publiques.
no 13
Alain Law Min a été nommé en avril 2017 directeur général de Mauritius Commercial Bank. Il succède à Antony Withers, parti à la retraite à la fin de 2016.
no 29
Présent dans vingt pays du continent, principalement en Afrique australe et en Afrique de l’Est, le groupe sud-africain débute ses opérations de banque commerciale en Côte d’Ivoire.
nos 34, 37 et 44
1,7
milliard de meticais Soit environ 25 millions de dollars : le nouveau capital minimum requis pour opérer au Mozambique, contre 1 million auparavant. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
ÉRIC DUPUY
E
n 2016, année de référence de nos classements, la zone Afrique australe et océan Indien a encore accentué sa domination dans le paysage bancaire africain, avec une part dans le total de bilan des 200 passée de 41,56 % en 2015 à 47,8 % en 2016. Une évolution qui s’explique principalement par le recul spectaculaire des devises de certains grands marchés bancaires du continent, notamment en Égypte et au Nigeria. À l’inverse, les banques sud-africaines ont profité de l’appréciation du rand de 14 % par rapport au dollar en 2016 (après une chute d’environ 25 % en 2015) pour affermir leurs positions dans notre palmarès. PROGRESSION. Résultat: le total de bilan en dollar des 50 premières banques d’Afrique australe et de l’océan Indien a progressé en 2016 de 12,3 %, et leurs revenus cumulésde18,3%.Etcemalgréuneconjoncturemorose aussi bien pour l’économie sud-africaine que pour celle de l’Angola, deuxième pays représenté dans notre palmarès. D’après les données de la Banque mondiale, la première n’a crû que de 0,3 %, tandis que la seconde faisait du surplace. Standard Bank Group a conservé son leadership continental, ses poursuivants restant les mêmes: FirstRand, Barclays Africa et Nedbank. En juin 2017, Moody’s a toutefois fait part de son inquiétude sur les perspectives de ces géants: « Bien que [l’agence de notation] prévoie que les fondamentaux de ces banques resteront largement solides, l’environnement économique fragile augmente le risque de détérioration de la qualité des actifs bancaires ainsi que des niveaux de fonds propres durs. » C’est le total de bilan des L’évolution ne devrait 50 premières banques pourtant pas remettre d’Afrique australe et de en cause la trajectoire l’océan Indien de croissance des géants (+ 12,3 % sur un an) sud-africains, largement déployés en dehors de leurs frontières. Le cas de l’Angola est plus inquiétant, avec une divergence croissante entre l’évolution des banques publiques et des banques privées. Dans le premier lot, Banco de Poupança e Crédito est en cours de restructuration, sous la direction du ministère des Finances et de la Banque centrale. La plus grande des banques angolaises aurait un taux énorme de créances douteuses, autour de 30 %…
699,7 milliards de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
94
Classement
Rentabilité
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang 2017
LES 50 BANQUES LES PLUS RENTABLES Société
Pays
Rentabilité des actifs (résultat net/total de bilan, en %)
Total de bilan (en millions de dollars)
Résultat net (en millions de dollars)
1
164
BARCLAYS BANK OF GHANA
Ghana
5,76
1 240
71
2
105
AHLI UNITED BANK EGYPT
Égypte
5,64
2 325
131
Ghana
5,24
1 424
75
Afrique du Sud
5,19
5 324
276
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
Ghana
5,13
1 025
53
BANCO DE FOMENTO DE ANGOLA
Angola
4,72
7 877
371
GUARANTY TRUST BANK
Nigeria
4,24
10 128
430
STANDARD CHARTERED BANK ZAMBIA
Zambie
4,23
830
35
Ouganda
4,17
1 239
52
ECOBANK GHANA
Ghana
4,07
1 889
77
72
EQUITY BANK KENYA
Kenya
4,01
3 638
146
12
39
HSBC BANK EGYPT
Égypte
4,01
8 050
322
13
130
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
Angola
3,95
1 880
74
14
55
KENYA COMMERCIAL BANK
Kenya
3,92
4 836
189 159
3
148
GHANA COMMERCIAL BANK
4
52
CAPITEC BANK
5
184
6
40
7
30
8
197
9
165
STANBIC BANK UGANDA
10
129
11
15
67
FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT
Égypte
3,85
4 117
16
192
UNITED BANK FOR AFRICA (UBA) GHANA
Ghana
3,79
881
33
17
38
BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS
Angola
3,64
8 194
298
18
128
BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE
Mozambique
3,62
1 930
70
19
135
INVESTMENT & MORTGAGES (I&M) BANK
Kenya
3,61
1 745
63
20
100
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
Kenya
3,61
2 400
87
21
79
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
Kenya
3,60
3 371
121
22
95
FIRST NATIONAL BANK OF NAMIBIA
23
61
EQUITY BANK GROUP
24
171
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
25
12
FIRST NATIONAL BANK SOUTH AFRICA
Namibie
3,56
2 500
89
Kenya
3,50
4 538
159
Mozambique
3,49
1 111
39
Afrique du Sud
3,33
27 779
924
26
49
KENYA COMMERCIAL BANKING GROUP
Kenya
3,31
5 950
197
27
186
CITIBANK NA KENYA
Kenya
3,31
990
33
28
189
MISR IRAN DEVELOPMENT BANK
Égypte
3,14
959
30
29
51
DEVELOPMENT BANK OF SOUTHERN AFRICA
Afrique du Sud
3,13
5 341
167
30
109
NATIONAL MICROFINANCE BANK
Tanzanie
3,11
2 228
69
31
101
OMDURMAN NATIONAL BANK
Soudan
3,08
2 392
74
32
43
BANCO BIC
Angola
3,03
6 663
202 64
33
113
COMMERCIAL BANK OF AFRICA
Kenya
2,96
2 170
34
94
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
Égypte
2,93
2 534
74
35
180
CENTRAL AFRICA BUILDING SOCIETY
Zimbabwe
2,93
1 073
31
36
96
BARCLAYS BANK OF KENYA
Kenya
2,85
2 488
71
37
23
ZENITH BANK NIGERIA
Nigeria
2,78
13 922
388
38
62
BANQUE ARABE POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE EN AFRIQUE
Soudan
2,75
4 491
124
39
19
ZENITH BANK
Nigeria
2,74
15 404
421
40
78
STANBIC IBTC CHARTERED BANK
Nigeria
2,71
3 424
93
41
50
BANCO MILLENNIUM ATLÂNTICO (EX BANCO PRIVADO DO ATLANTICO)
Angola
2,63
5 691
149
42
88
BANK OF KHARTOUM
Soudan
2,61
2 796
73
43
137
NIC BANK
Kenya
2,56
1 623
41 32
44
161
DASHEN BANK
45
149
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
46
32
ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
2,54
1 269
Botswana
2,53
1 415
36
Égypte
2,52
9 987
252
Côte d’Ivoire
2,49
2 289
57
Égypte
2,41
3 448
83
2 323
56
1 383
33
47
108
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D’IVOIRE (SGBCI)
48
76
BANK OF ALEXANDRIA
49
106
BANK WINDHOEK
Namibie
2,40
50
152
AWASH INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
2,39
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
95
La rigueur paie nos 1, 3 et 5
Le système bancaire ghanéen reste bien capitalisé, avec un ratio de solvabilité de 17,4 % en avril 2017. Les risques principaux sont le haut niveau de crédits douteux et la concentration des risques, significative dans le secteur de l’énergie. Elisa Parisi-Capone, analyste chez Moody’s
nos 6, 17
15,6 %
C’est la rentabilité moyenne des fonds propres des banques angolaises. Mais, comme l’ont rappelé ces dernières années la faillite de Banco Espirito Santo Angola et la recapitalisation de BPC, le secteur reste fragile.
no 7
Nous sommes engagés dans la maximisation de la valeur pour les actionnaires et dans le fait de produire des profits durables et élevés, avec l’attachement à nos valeurs fondatrices que sont le travail, la discipline et l’intégrité. Segun Agbaje, directeur général de Guaranty Trust Bank
no 16
+ 113 %
C’est la hausse des profits de la filiale ghanéenne du nigérian UBA. Elle est la plus rentable des banques du groupe.
no 47
Les bénéfices accumulés entre 2013 et 2016 par SGBCI, la plus grande banque ivoirienne, ont dépassé 103 milliards de F CFA, soit près de 26 milliards de F CFA en moyenne par an (le double du résultat net de 2013). SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
Malgré une hausse des risques, les banques africaines augmentent leur niveau de profitabilité. ÉRIC DUPUY
D
e manière surprenante, le niveau de rentabilité des 200 premières banques africaines n’a pas reculé en 2016. Malgré un contexte d’accroissement des risques, qui avait poussé nombre d’établissements à passer des provisions en 2015, et une situation économique globalement délicate, les établissements financiers sont restés performants, avec un taux de rentabilité des actifs (résultat net/ total du bilan) de 1,5 %. Ce niveau est en ligne avec l’année 2014, et en légère hausse par rapport à 2015 (+1,41 %). In fine, seule une poignée de banques ont connu des pertes en 2016, la plus connue d’entre elles étant le groupe Ecobank (205 millions de dollars). En cause, pour l’essentiel, des provisions massives passées au Nigeria.
IMPRESSIONNANT. L’évolution positive des profits des
200 premières banques africaines (passés de 21,1 milliards de dollars en 2015 à 21,7 milliards en 2016) est d’autant plus impressionnante qu’elle s’est faite dans un contexte de baisse du total des actifs en dollar, et des revenus(lirepp.80-83).Traduisantletravailaccomplipar les banques pour améliorer leur rentabilité, mieux gérer les risques et diminuer les coûts, elle ne doit toutefois pas masquer la hausse globale des risques. Au Nigeria, selon l’agence de notation Moody’s, « la contraction de l’économie et l’inflation élevée ont mené à une augmentation du ratio de crédits douteux à 14 % fin 2016, son plus hautniveaudepuis2010, contre 5,3 % fin 2015 ». Au Ghana, selon des C’est le total des profits chiffres de la Banque générés par les 200 centrale,21,7%desprêts premières banques des banques commerafricaines ciales étaient douteux (+ 3,1% sur un an) en mai 2017. Au Kenya, le ratio de crédits non performants a bondi en 2016 de 6,1 % à 9,1 %, tandis qu’en Tanzanie plusieurs banques ont été mises en difficulté à la suite de l’envolée des risques… La situation est donc loin d’être sereine pour les banques africaines, notamment pour celles figurant dans notre palmarès ci-contre, largement dominé par les établissements de la zone anglophone. La seule banque francophone, SGBCI, progresse toutefois cette année, portée par un contexte économique positif.
21,7 milliards de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
96
Classement
Prêts
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang 2017
LES 50 BANQUES LES PLUS PRÊTEUSES Société
Pays
Ratio crédits/dépôts (en %)
Total des crédits (en millions de dollars)
Total des dépôts (en millions de dollars)
1
168
NEDBANK NAMIBIA
Namibie
152
821
540
2
58
CIH BANK (EX-CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER)
Maroc
129
3 609
2 795
3
70
BANQUE DE L’HABITAT DE TUNISIE
Tunisie
122
2 698
2 218
4
45
BANQUE MAROCAINE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE (BMCI)
Maroc
118
4 900
4 146
5
151
CCEI BANK GE
Guinée équatoriale
118
1 084
920
6
144
UNION BANCAIRE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE (UBCI)
Tunisie
116
1 098
947
7
119
BANQUE DE TUNISIE
Tunisie
116
1 565
1 351
8
75
AMEN BANK
Tunisie
115
2 526
2 193
9
35
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC
Maroc
113
6 558
5 804
10
124
UNION INTERNATIONALE DE BANQUES (UIB)
Tunisie
113
1 770
1 569
11
106
BANK WINDHOEK
Namibie
111
1 945
1 745
12
42
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL
Algérie
111
6 892
6 212
13
155
UNIBANK GHANA
Ghana
110
676
613
14
150
CHASE BANK KENYA
Kenya
110
992
905
15
4
Afrique du Sud
107
52 280
48 982 744
BARCLAYS AFRICA GROUP
16
179
BGFIBANK CONGO
Congo
107
794
17
138
UNITY BANK
Nigeria
105
901
859
18
64
BANQUE NATIONALE AGRICOLE (BNA)
Tunisie
104
3 105
2 981
19
93
ORAGROUP SA
1 721
20
191
MERCANTILE BANK
21
74
Togo
104
1 784
Afrique du Sud
102
629
615
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE (STB)
Tunisie
102
2 381
2 333
22
29
BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO
Angola
102
6 816
6 699
23
33
CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC
Maroc
102
6 621
6 512
24
146
CORIS BANK INTERNATIONAL
Burkina Faso
102
676
665
25
137
NIC BANK
Kenya
101
1 083
1 071
26
69
FIRST CITY MONUMENT BANK
Nigeria
100
2 145
2 137
27
154
NSIA BANQUE CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
100
957
957
28
2
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
98
66 803
68 010
29
20
CRÉDIT POPULAIRE D’ALGÉRIE
Algérie
98
10 832
11 098
30
116
CFC STANBIC BANK
Kenya
97
1 107
1 143
31
142
AFRILAND FIRST BANK
Cameroun
97
994
1 028
32
107
ARAB TUNISIAN BANK
Tunisie
96
1 688
1 750
33
89
STANDARD CHARTERED BANK MAURICE
Maurice
96
1 015
1 055
34
178
SBI MAURITIUS
Maurice
96
652
681
35
53
CRÉDIT DU MAROC
Maroc
95
3 653
3 829
36
57
BGFIBANK HOLDING CORP.
Gabon
95
3 073
3 232
37
6
ATTIJARIWAFA BANK
Maroc
95
26 690
28 128
38
11
BMCE BANK
Maroc
95
17 665
18 674
39
96
BARCLAYS BANK OF KENYA
Kenya
95
1 614
1 707
40
145
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE
Côte d’Ivoire
94
934
993
41
48
SKYE BANK
Nigeria
94
3 503
3 743
42
135
INVESTMENT & MORTGAGES (I&M) BANK
1 242
43
175
STANBIC BANK BOTSWANA
44
5
NEDBANK GROUP
Kenya
93
1 156
Botswana
93
815
876
Afrique du Sud
93
51 320
55 273
45
95
FIRST NATIONAL BANK OF NAMIBIA
Namibie
93
1 885
2 033
46
55
KENYA COMMERCIAL BANK
Kenya
92
3 390
3 704
47
125
STANDARD BANK NAMIBIA
Namibie
91
1 419
1 557
48
166
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN
Cameroun
91
903
997
49
65
FIDELITY BANK
Nigeria
91
2 335
2 577
50
82
ATTIJARI BANK TUNISIE
Tunisie
91
2 123
2 344
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
97
Redressement Après une importante baisse en 2015, le ratio crédits/dépôts des 200 premières banques est reparti à la hausse.
no 2
+ 23,8 %
ÉRIC DUPUY
C’est la hausse des crédits non immobiliers accordés par CIH Bank, l’ex-Crédit immobilier et hôtelier, en 2016.
nos 3, 6, 7, 8, 10, 18, 21, 32 et 50
no 23
N
IE
R/
JA
En 2016, les crédits à l’économie des banques tunisiennes ont de nouveau bondi, avec une hausse de 9,5 % environ, contre 6,5 % en 2015.
VI
N NCE
O TF
U
R
Nous avons découpé notre activité en fonction du profil de nos clients : nous proposons aux petits agriculteurs des microcrédits à travers la fondation Ardi, tandis que les services de Tamwil Al Fellah, notre filiale de « méso-crédit », que nous gérons en partenariat avec l’État, s’adressent aux moyennes exploitations non éligibles au financement bancaire classique. Tariq Sijilmassi, Président du directoire du Crédit agricole du Maroc
nos 37, 38
Avec BCP, Attijariwafa Bank et BMCE contrôlaient, à la fin de 2016, 66,1 % des dépôts bancaires marocains et 64,8 % des crédits. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
A
près un net fléchissement en 2015, le ratio crédits/dépôts des 200 premières banques africaines est légèrement reparti à la hausse, passant de 77,5 % en 2014 à 74,9 % en 2015 et à 77,7 % en 2016. Une évolution étonnante dans un contexte économique délicat marqué par un recul de la croissance subsaharienne, passée de 3 % en 2015 à 1,2 % en 2016, selon les données de la Banque mondiale, une nette baisse au Maroc (de 4,5 % à 1,1 %) et une stagnation de la croissance dans les autres pays d’Afrique du Nord. REPRISE. Sur les grands marchés bancaires du conti-
nent, l’évolution a été nettement divergente. Au Maroc, le crédit bancaire a cependant connu une timide reprise à 4 %, après 2,5 % en 2015. Les dépôts collectés ont eux fortement progressé (4,3 %), mais moins rapidement qu’au cours de l’année précédente (6,4 %). En Égypte, où les banques restent très peu prêteuses, les crédits à la clientèle ont progressé en 2015-2016 (année de référence de laBanque centrale) beaucoup plus vite (31,3 %) que les dépôts (22 %). En Afrique du Sud, la hausse des crédits a clairement C’est le total des crédits décéléré, à 3 % en monaccordés par les naie locale, contre 11,3 % 200 premières banques en 2015. Ce ralentisseafricaines. ment couplé à la baisse (– 3,8 % sur un an) du rand face au dollar explique, étant donné le poids des établissements sud-africains dans notre palmarès, le recul très marqué du total des crédits des 200 premières banques africaines, passé de 777,4 milliards de dollars en 2015 à 747,7 milliards. L’an passé, les risques ont continué à croître un peu partout. Globalement, les banques africaines sont restées peu prêteuses par rapport à leurs consœurs des autres régions du monde, le ratio crédits-dépôts y dépassant souvent les 100 %. Sur le continent, seules une trentaine de banques de notre palmarès atteignent ce niveau, la majorité des établissements se situant entre 50 % et 100 %. Une trentaine se situent même en dessous des 50 %, dont une douzaine de banques égyptiennes ainsi que plusieurs banques angolaises et ghanéennes.
747,7 milliards de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
99
Classement
assurances
100 Les 100 premiers assureurs
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
100
Classement
Assurances
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang 2016
Rang 2017
LES 100 PREMIERS ASSUREURS AFRICAINS (1-50) Assureur
Président, PDG ou DG
Pays
Chiffre d’affaires (en millions de dollars)
Résultat net (en millions de dollars) 768
1
1
SANLAM
Ian Kirk
Afrique du Sud
6 292
2
3
OLD MUTUAL LIFE ASSURANCE CO.
B. M. Rapiya
Afrique du Sud
3 645
582
3
2
LIBERTY GROUP
J. H. Maree
Afrique du Sud
2 997
180
4
4
DISCOVERY HEALTH
Adrian Gore
Afrique du Sud
2 401
271
5
5
MMI HOLDINGS
Nicolaas Kruger
Afrique du Sud
2 103
ND
6
6
SANTAM
Lizé Lambrechts
Afrique du Sud
1 880
54
7
8
RMI HOLDINGS
Herman Bosman
Afrique du Sud
1 071
240 75
8
7
SAHAM FINANCES
Moulay Hafid Elalamy
Maroc
1 052
9
10
WAFA ASSURANCE
Ali Harraj
Maroc
719
83
10
9
AFRICAN REINSURANCE CORP. (AFRICA RE)
Corneille Karekezi
Nigeria
654
100
11
11
RMA (EX RMA WATANYA)
Tawfik Drhimeur
Maroc
576
ND
12
13
METROPOLITAN LIFE
P. R. Doyle
Afrique du Sud
495
ND
13
14
SAHAM ASSURANCE MAROC
Moulay Mhamed Elalamy
Maroc
432
28
14
-
HOLLARD INSURANCE
Saks Ntombela
Afrique du Sud
403
92
15
-
MUNICH REINSURANCE CO. OF AFRICA
Ashok Prayag
Afrique du Sud
400
ND
Philippe Rocard
Maroc
386
9
Adel Ahmed Moussa
Égypte
284
55
Patrick Tumbo Nyamemba
Kenya
258
35
Nacer Sais
Algérie
240
28
Hadj Mohamed Sebaa
Algérie
235
27
16
12
AXA ASSURANCE MAROC
17
-
MISR INSURANCE CO.
18
19
JUBILEE HOLDINGS
19
17
SOCIÉTÉ NATIONALE D’ASSURANCES
20
18
COMPAGNIE CENTRALE DE RÉASSURANCE
21
16
BRYTE INSURANCE CO. (EX-ZURICH INSURANCE CO. SOUTH AFRICA)
Edwynn O’Neill
Afrique du Sud
225
ND
22
21
COMPAGNIE ALGÉRIENNE DES ASSURANCES
Abdelkrim Djafri
Algérie
201
21
23
35
AVBOB INDUSTRIES
J. F. Rademan
Afrique du Sud
196
36
24
20
BOTSWANA INSURANCE HOLDINGS
Catherine Lesetedi-Letegele
Botswana
195
44
25
22
BRITAM HOLDINGS (EX-BRITISH AMERICAN INVESTMENTS CO.)
Benson Wairegi
Kenya
194
8
26
24
CIE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES ATLANTA
Mohamed Hassan Bensalah
Maroc
191
16
27
-
UAP HOLDINGS
28
27
SAHAM ANGOLA SEGUROS (EX-GA ANGOLA SEGUROS) COMPAGNIE D’ASSURANCES SANAD
Dominic Kiarie
Kenya
186
8
Robert Lewis
Angola
173
ND
Mohamed Hassan Bensalah
Maroc
172
8
Oye Hassan-Odukale
Nigeria
171
25
29
25
30
-
31
32
SWAN GROUP
Louis Rivalland
Maurice
171
7
32
31
BRITAM KENYA (EX-BRITISH AMERICAN INVESTMENTS CO KENYA)
Benson Wairegi
Kenya
169
ND
33
36
JUBILEE INSURANCE KENYA
Patrick Tumbo
Kenya
169
9
34
-
THE RAND MUTUAL ASSURANCE CO.
Bisnath Singh
Afrique du Sud
168
34
LEADWAY ASSURANCE CO
35
-
ALLIANZ GLOBAL CORPORATE & SPECIALTY AFRICA
Delphine Maidou
Afrique du Sud
163
ND
36
29
MUTUELLE CENTRALE MAROCAINE D’ASSURANCES
Yacoubi Soussane
Maroc
162
ND
37
23
COMPAGNIE ALGÉRIENNE D’ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE
Brahim Djamel Kassali
Algérie
154
10
38
15
MISR LIFE INSURANCE CO.
Said Saad Gabr
Égypte
154
25
Lassaâd Zarrouk
Tunisie
142
7
Gaël Loac
Maroc
137
ND
39
34
STÉ TUNISIENNE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES (STAR)
40
37
LA MAROCAINE VIE
41
43
CLIENTELE LIFE ASSURANCE CO.
Basil William Reekie
Afrique du Sud
134
30
42
-
ZEP RE (PTA REINSURANCE)
Hope Murera
Kenya
129
19
43
39
KENYA REINSURANCE CORP.
Maina Mukoma
Kenya
127
31
44
41
CIC INSURANCE GROUP
Tom Gitogo
Kenya
118
2
45
38
ALLIANZ MAROC (EX-ZURICH COMP. MAROCAINE D’ASSURANCES)
Dirk De Nil
Maroc
114
ND
46
42
FIRST MUTUAL HOLDINGS
47
47
SWAN LIFE
48
46
MAURITIUS UNION ASSURANCE CO.
49
58
ASSURANCES ET RÉASSURANCES DU CONGO
50
40
CUSTODIAN AND ALLIED INSURANCE
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Douglas Hoto
Zimbabwe
108
9
Louis Rivalland
Maurice
103
83
Dominique Galea
Maurice
98
3
Parfait Makita
Congo
95
ND
O. A. Odunsi
Nigeria
92
17
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
101
no 9
L’exigence d’augmentation du capital [en zone Cima] pourrait créer des opportunités d’acquisition pour ceux qui n’ont pas les capacités financières ou la volonté de souscrire à cette obligation, notamment des groupes détenus par un actionnariat personnes physiques. Hassan Kadiri, directeur de l’international à Wafa Assurance
no 10
– 76,7 %
no 13
Mouvements au sein du groupe Saham En quelques mois, Raymond Farhat a cédé sa place de directeur général de Saham Finances à Nadia Fettah et Mehdi Tazi a cédé celle de patron de Saham Assurances Maroc à Moulay Mhamed Elalamy. Et en septembre, c’est Saâd Bendidi qui a quitté la direction générale déléguée du groupe.
La chute des profits du réassureur Africa RE au premier semestre de 2017. En cause, des incendies en Afrique du Sud et la fermeture partielle d’une société pétrolière au Moyen-Orient.
Malgré le ralentissement économique, la plupart des grands assureurs maintiennent une croissance solide. ÉRIC DUPUY
C
onséquence directe du ralentissement économique en Afrique, les primes d’assurance sur le continent ont connu une évolution peu reluisante en 2016. Selon les chiffres de Sigma Re, étude annuelle de référence sur l’assurance à travers le monde, les primes d’assurance-vie ont progressé de 1,2%tandisquecellesd’assurancedommagesreculaient de 0,2 %. Une piètre performance comparée surtout aux évolutions connues par l’Asie émergente (+ 23 % en vie et + 18 % en dommages). Paradoxalement, notre classement illustre mal cette stagnation, puisque les 100 premières compagnies d’assurances du continent ont vu leurs revenus progresser de 11,7 %, alors qu’au cours des deux années précéC’est le total des primes des dentes ils avaient baissé 100 premières compagnies de 11,4 %. Une évolution d’assurances qui s’explique assez simplement: pénalisées dans notre classement en 2015 par la baisse du rand contre le dollar, les assureurs sud-africains – ultradominants dans notre palmarès – ont profité en 2016 de l’appréciation de 14 % de leur monnaie face au billet vert.
34 milliards
de dollars
ENVOLÉE. Globalement, si le dynamisme du secteur a
n 39 o
En juillet 2017, Abdelhafidh Zaanoun, fondateur de Star et à ce titre père des assurances en Tunisie, est décédé.
no 45
Quand on lancera un nouveau produit, ce que va faire la concurrence, c’est le copier. Ce qu’ils ne pourront pas copier, c’est la culture d’entreprise. Dirk De Nil, directeur général d’Allianz Maroc SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
En développement
certes été bouleversé par les difficultés économiques (surtout dans les pays pétroliers comme le Nigeria ou l’Angola), la croissance des assureurs reste portée par la faible pénétration des assurances. Au Maroc, après une croissance de 7 % en 2015, les primes ont bondi de 15,4 % en 2016. Le secteur de l’assurance-vie, notamment, a connu une envolée, avec une hausse des primes (en monnaie locale) de 35,4 % l’année dernière. Selon Sigma Re, dans le même segment, si le Nigeria a enregistré une chute de 9,6 %, le Kenya a connu une hausse de 12 %, le Zimbabwe de 14 % et l’Ouganda de 26 %. Sur le segment non-vie, davantage corrélé à l’activité économique, le bilan aura été moins flatteur, avec une baisse des primes de 12 % au Nigeria et des hausses très modestes au Kenya (+ 2,5 %, selon Sigma Re) ou au Maroc (+ 3,3 %). En dehors du phénomène de croissance naturelle des marchés, deux grandes tendances se dégagent JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
102
Classement
Assurances
CHIFFRES 2016 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2015 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang 2016
Rang 2017
LES 100 PREMIERS ASSUREURS AFRICAINS (51-100) Assureur
51
55
TRUSTCO GROUP HOLDINGS
52
45
COMPAGNIE D’ASSURANCES DES HYDROCARBURES
53
28
AIICO INSURANCE
54
54
ENTERPRISE GROUP
55
48
APA INSURANCE
56
49
MUTUELLE AGRICOLE MAROCAINE D’ASSURANCE
57
56
58
51
59
59
Président, PDG ou DG
Pays
Chiffre d’affaires (en millions de dollars)
Résultat net (en millions de dollars)
Quinton Van Rooyen
Namibie
91
39
Mokhtar Naouri
Algérie
89
10
Edwin Igbity
Nigeria
88
-2 16
Keli Gadzekpo
Ghana
88
Ashok Kumar Mepa Shah
Kenya
86
6
Rachid Guessous
Maroc
85
ND
SAHAM ASSURANCE CÔTE D’IVOIRE
Joël Ackah
Côte d’Ivoire
82
7
CIE INTERNATIONALE D’ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE
Tahar Soufi
Algérie
82
3
SANTAM NAMIBIA
Franco Feris
Namibie
81
10
60
64
ASSURANCES MAGHREBIA
Abdelaziz Essassi
Tunisie
78
6
61
53
CIE MÉDITERRANÉENNE D’ASS. ET DE RÉASSURANCES (COMAR)
Rachid Ben Jemia
Tunisie
73
13
62
44
CONTINENTAL REINSURANCE CO.
10
63
26
SUNU ASSURANCES VIE CÔTE D’IVOIRE
64
62
UNIVERSAL SEGUROS
65
52
AXA MANSARD INSURANCE (EX-GUARANTY TRUST ASSURE)
66
60
ASSURANCES MUTUELLES EL ITTIHAD
67
61
NICO HOLDINGS
68
70
ALLIANZ ASSURANCES CAMEROUN
69
33
SWAN INSURANCE CO.
70
63
COMPAGNIE D’ASSURANCES TRANSPORTS
71
67
CIE COMMUNE DE RÉASS. DES ÉTATS MEMBRES DE LA CICA
72
57
GROUPE DES ASSURANCES DE TUNISIE
73
-
74
73
75
-
76
74
OGAR ASSURANCES
77
75
SANLAM KENYA (EX-PAN AFRICA INSURANCE CO.)
78
-
WAICA REINSURANCE COR.
Femi Oyetunji
Nigeria
73
Saliou Bakayoko
Côte d’Ivoire
70
6
Armando Mota
Angola
70
2
Kunle Ahmed
Nigeria
67
9
Lamjed Boukhris
Tunisie
67
3
F. L. Mlusu
Malawi
66
8
Bernard Girardin
Cameroun
66
6
Louis Rivalland
Maurice
64
6
Mohamed Hassan Bensalah
Maroc
62
19
Jean-Baptiste Kouame
Togo
62
6
Mohamed Dkhili
Tunisie
59
4
Carole Agito Amela
RD Congo
56
ND
LIBERTY KENYA
Mike Du Toit
Kenya
53
6
HERITAGE INSURANCE CO.
Godfrey Kioi
Kenya
51
5
Abdoulaye Keita
Gabon
50
2
SOCIETE NATIONALE D’ASSURANCES (SONAS) – RD CONGO
79
72
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE RÉASSURANCE
80
65
AFRICAN ALLIANCE INSURANCE CO.
81
77
SALAMA ASSURANCES ALGÉRIE
82
-
KENINDIA ASSURANCE CO.
83
78
MAROC ASSISTANCE INTERNATIONALE
84
86
JUBILEE INSURANCE TANZANIA
85
69
ROYAL EXCHANGE ASSURANCE GROUP (NIGERIA)
86
81
ALLIANCE ASSURANCES
87
50
MUTUAL BENEFITS ASSURANCE FNB INSURANCE
Mugo Kibati
Kenya
50
1
Eziekel Abiola Ekundayo
Sierra Leone
49
6
Lamia Ben Mahmoud
Tunisie
49
7
Funmilayo Omo
Nigeria
46
10
Mohamed Benarbia
Algérie
45
2
Saikat Guha
Kenya
44
8
Abdellah Hamza
Maroc
44
ND
George Alande
Tanzanie
42
2
Alhaji Auwalu Muktari
Nigeria
41
-3
Hassen Khelifati
Algérie
41
4
Olusegun Omosehin
Nigeria
39
-4
88
-
Valentin Ojumah
Nigeria
39
8
89
83
STATE INSURANCE CO. OF MAURITIUS
Ram Prakash Nowbuth
Maurice
39
11 3
90
84
ASSURANCES ARO
Patrick Andriambahiny
Madagascar
39
91
-
SOCIÉTÉ TUNISIENNE D’ASSURANCES – LLOYD TUNISIEN
Abdelkerim Merdassi
Tunisie
38
1
92
85
Kwei Mensah Ashidam
Ghana
38
1
SIC INSURANCE CO. (EX-STATE INSURANCE CO. OF GHANA)
93
-
NICOZDIAMOND INSURANCE
Grace Muradzikwa
Zimbabwe
37
1
94
96
JUBILEE INSURANCE UGANDA
Deepak Pandey
Ouganda
36
23
95
88
NSIA VIE CÔTE D’IVOIRE
Janine Diagou-Wodie
Côte d’Ivoire
36
4
96
-
NOSSA SEGUROS
Carlos Duarte
Angola
36
5
97
68
NEM INSURANCE
Topes Mart
Nigeria
35
6
98
100
COMPAGNIE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES
Abdelmonem Kolsi
Tunisie
34
6
99
-
SUEZ CANAL INSURANCE
Saifeddin Mostafa
Égypte
34
2
100
93
SAHAM ASSISTANCE MAROC
Moulay Hafid Elalamy
Maroc
34
ND
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
103
Deux tendances se dégagent: les développements métiers et la croissance géographique par acquisition ou création ex nihilo.
no 57
Nous visons 70 milliards de F CFA de chiffre d’affaires d’ici à trois ans. Joël Ackah, directeur général de Saham Assurance Côte d’Ivoire
no 65
En juillet 2017, Kunle Ahmed a pris la direction générale d’AXA Mansard Insurance, filiale nigériane du groupe français, en remplacement de Yetunde Ilori, patron depuis 2012. DR
no 73
no 77
Déjà actionnaire de Sanlam Kenya, le groupe sud-africain Sanlam a acquis en 2017 PineBridge Investments East Africa Limited, une société de gestion d’actifs présente à Nairobi et à Kampala.
En RD Congo, alors que l’autorité de tutelle a démarré ses activités en 2017, les premiers agréments pour entrer sur ce marché de 80 millions d’habitants pourraient être délivrés avant la fin de l’année.
no 86
+ 16,2 %
L’augmentation du résultat net (en monnaie locale) de l’assureur privé algérien Alliance Assurances en 2016. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
parmi les leaders : les développements métiers et la croissance géographique par acquisition ou création ex nihilo. Ainsi, le leader ouest-africain NSIA – fervent partisan de la bancassurance – a signé mi-2017 un protocole d’entente en vue de l’acquisition des filiales francophones du nigérian Diamond Bank, tandis que Sunu, l’un de ses concurrents, investissait dans la banque togolaise BPEC afin d’en devenir l’actionnaire majoritaire (lire pp. 40-42). Ce dernier a aussi développé des filiales non-vie dans la quasi-totalité de ses pays d’activité. En matière d’acquisitions, l’actualité a aussi été riche : Sunu a repris le camerounais Caminsur. Allianz s’est offert en 2016 une belle implantation au Maroc en reprenant la filiale locale de Zurich Assurances pour environ 250 millions d’euros, puis s’est installé au Nigeria à la mi-2017 en signant un accord pour la reprise d’Ensure Insurance Plc, un petit acteur local. Le groupe d’assurances sud-africain Sanlam a porté à 46,6 % ses parts dans le capital de l’assureur panafricain basé au Maroc, Saham, pour 329 millions de dollars. Une opération qui a rappelé à tous ce qui est aujourd’hui une réalité : les sociétés d’assurances solides sont très bien valorisées par les investisseurs. SOUTENUE. Du côté de la croissance organique,
l’actualité reste également soutenue. Wafa Assurances, qui a écarté la piste des acquisitions pour privilégier pour l’instant la croissance organique, a commencé ses activités en Côte d’Ivoire (en vie et en non-vie) en novembre 2016 et au Cameroun (en vie) le mois suivant. Quant au tunisien Comar, il a obtenu en 2017 son agrément IARD pour sa filiale ivoirienne, faisant ainsi ses premiers pas au sud du Sahara. En zone Cima, les lignes pourraient d’ailleurs bouger plus rapidement dans les prochaines années : l’objectif acté en 2016 est en effet de passer à un capital minimum requis de 3 milliards de F CFA (4,5 millions d’euros) de capital en 2019, puis à 5 milliards en 2021. Cette évolution – qui suscite de vifs débats – devrait, selon le cabinet conseil Finactu, générer des besoins en capitaux de 415 milliards de F CFA. Elle devrait aussi provoquer regroupements, acquisitions et alliances dans un secteur qui reste encore très fragmenté. D’où la petite taille de la plupart des compagnies subsahariennes. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
105
Classements
finance
106 Bourse 108 Capital-investissement 110 Fusions-acquisitions
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
106
Bourse
Classement
LES 30 PREMIÈRES OPÉRATIONS EN 2016
SOURCES : RAPPORTS ANNUELS, PWC
Rang
Société
Secteur
Bourse
Type d’opération
Montant (en millions de dollars) 950
1
LAFARGEHOLCIM MAROC
Ciment
Casablanca SE
Augmentation de capital
2
BARCLAYS AFRICA
Banque
Johannesburg
Cession
906
3
REMGRO
Holding
Johannesburg
Augmentation de capital
662
4
ASPEN PHARMACEUTICALS
5
STEINHOFF
Santé
Johannesburg
Cession
625
Distribution
Johannesburg
Augmentation de capital
6
DIS-CHEM PHARMACIES LTD
625
Biens de consommation
Johannesburg
Introduction en Bourse
7
305
PPC
Ciment
Johannesburg
Augmentation de capital
281
8
LIBERTY TWO DEGREES
Finance
Johannesburg
Introduction en Bourse
272
9
KENGEN
Électricité
Nairobi Stock Exchange
Augmentation de capital
262
10
GREENBAY PROPERTIES LTD
Immobilier
Johannesburg AltX / Maurice
Augmentation de capital
256
11
MARSA MAROC
Logistique
Casablanca SE
Introduction en Bourse
198
12
GREENBAY PROPERTIES LTD
Immobilier
Johannesburg AltX / Maurice
Augmentation de capital
161
13
ETHOS PRIVATE EQUITY CAPITAL PARTNERS
Finance
Johannesburg
Introduction en Bourse
127
14
ARABIAN FOOD INDUSTRIES CO DOMTY
Biens de consommation
Egyptian Exchange
Introduction en Bourse
126
15
ECHO POLSKA PROPERTIES
Immobilier
Johannesburg
Introduction en Bourse
109
16
UNIVERSAL PARTNERS
Finance
Johannesburg / Maurice
Introduction en Bourse
95
17
CURRO HOLDINGS
Éducation
Johannesburg
Augmentation de capital
93 86
18
ASCENDIS HEALTH
19
AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK
Santé
Johannesburg
Augmentation de capital
Banque
Ghana
Introduction en Bourse
20
RISMA
77
Hôtellerie
Casablanca SE
Augmentation de capital
66
21
CORIS BANK INTERNATIONAL
22
BIOPHARM SPA
Banque
BRVM
Introduction en Bourse
63
Santé
Bourse d’Alger
Introduction en Bourse
23
OBOUR LAND FOODSTUFF INDUSTRIES
58
Biens de consommation
Egyptian Exchange
Introduction en Bourse
24
BOTSWANA TELECOMS
43
Télécoms
Botswana SE
Introduction en Bourse
25
CLEOPATRA HOSPITAL COMPANY
42
Santé
Egyptian Exchange
Introduction en Bourse
26
41
FINBOND
Banque
Johannesburg
Augmentation de capital
33
27
ACCESS BANK GHANA
Banque
Ghana
Introduction en Bourse
26
28
UNIMED
Pharmacie
Bourse de Tunis
Introduction en Bourse
22
29
DAR ES SALAAM STOCK EXCHANGE
Finance
Dar es Salaam SE
Introduction en Bourse
17
30
BANQUE DE TUNISIE
Banque
Bourse de Tunis
Augmentation de capital
15
LES PERFORMANCES DES BOURSES AFRICAINES EN 2016
SOURCE : AFRICAN MARKETS
Rang
Bourse
Performance en monnaie locale
Performance en dollars (en %)
Performance en euros (en %)
EGX 30
76,2
– 25,55
– 23,85
Masi
30,46
27,94
31,91
25,84
29,87
Indice
(en %)
1
EGYPTIAN EXCHANGE
2
CASABLANCA STOCK EXCHANGE
3
ZIMBABWE STOCK EXCHANGE
ZSE Industrial index
25,84
4
NAMIBIAN STOCK EXCHANGE
NSX Overall Index
23,47
39,66
44,29
5
BOURSE DE TUNIS
Tunindex
8,86
– 3,47
– 0,75 16,25
6
JOHANNESBURG STOCK EXCHANGE
7
STOCK EXCHANGE OF MAURITIUS
8
BRVM (ABIDJAN)
9
DAR ES SALAAM STOCK EXCHANGE
10
NIGERIAN STOCK EXCHANGE
11
NAIROBI SECURITIES EXCHANGE
12
BOTSWANA STOCK EXCHANGE
13
GHANA STOCK EXCHANGE
14
UGANDA SECURITIES EXCHANGE
15
LUSAKA STOCK EXCHANGE
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
JSE All Share
– 0,08
12,52
SEMDEX
– 0,23
– 0,56
2,59
BRVM Composite
– 3,87
– 4,55
– 3,85
All Share Index
– 5,8
– 7,44
– 3,77
NSE All Share Index
– 6,17
– 40,63
– 38,76 – 6,13
Nairobi All Share Index
– 8,48
– 9,01
Domestic Company Index
– 11,33
– 6,8
– 3,81
GSE Composite Index
– 15,33
– 24,55
– 22,08
USE All Share Index
– 16,24
– 21,92
– 19,44
Lusaka All Share Index
– 26,83
– 19,18
– 16,55
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
107
Décourageant En 2016, tous les indicateurs ou presque ont été dans le rouge pour les places africaines.
nos 2 et 4
En 2016, les groupes internationaux se sont massivement désengagés de sociétés africaines cotées : c’est le cas de Barclays avec Barclays Africa et de GlaxoSmithKline avec Aspen.
no 9
Si la place de Nairobi n’a connu aucune introduction en 2016, elle s’est illustrée avec la plus importante opération secondaire en Afrique de l’Est enregistrée depuis bien longtemps : l’émission de droits de souscription par l’électricien KenGen.
no 11
1,9
milliard de dirhams Le montant levé par la société portuaire Marsa Maroc à la mi-2016. C’est la plus importante introduction au Maroc depuis 2009.
ÉRIC DUPUY
E
n 2016, les Bourses africaines seront passées par tous les stades. Plombées pour la plupart par une croissance économique fonctionnant au ralenti, voire par la récession pour certaines (le Nigeria), elles ont fini l’année sur un bilan mitigé : cinq ont vu leurs indices en monnaie locale progresser, et seulement quatre une fois le résultat converti en dollar. L’année dernière, la pire performance a été enregistrée sur la place de Lagos, avec une chute du principal indice de 40,63 % en dollars (le naira ayant été dévalué en cours d’année). Même sort pour la Bourse égyptienne, qui finit l’année dans le vert en monnaie locale mais complètement dans le rouge en dollar, en raison de la sévère dévaluation connue par la livre. Du côté des meilleurs performeurs, le Maroc s’est illustré avec une progression proche des 30 %, quelle qu’ait été la monnaie utilisée. En termes d’activité, 2016 s’est également achevée sur un bilan contrasté, avec, selon le rapport « Africa Capital Markets Watch », 20 introductions en Bourse, contre 28 en 2016. Johannesburg est resté leader dans le domaine, avec sept opérations recensées, suivi du Caire (4) et d’Accra (2). Les montants levés au cours de ces introductions ont également reculé, passant de 2 milliards de dollars à 1,5 milliard. DIFFICULTÉS. En matière d’opérations dites secondaires
Avec huit introductions en tout en 2015 et 2016, la Bourse égyptienne a été la plus active du continent hors Afrique du Sud.
N
IE
R/
JA
no 1
no 8
VINC
E
FO NT
U
R
2016 a été une année exceptionnelle pour la BRVM parce que c’est l’année de tous les couronnements. Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la BRVM SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
(c’est-à-dire réalisées en Bourse par une société déjà cotée), la tendance est également négative, avec, selon PwC, l’équivalent de 7,3 milliards de dollars levés en 2016 au cours de 68 opérations, contre 11,1 milliards en 2015 (93 opérations). Les opérations secondaires restent toutefois le mode dominant d’activité pour les Bourses africaines, celles-ci ayant toujours beaucoup de difficultés à attirer de nouvelles entreC’est le total des prises à la cote. Ainsi, 30 premières opérations selon PwC, entre 2012 boursières en 2016 et 2016, 110 introductions en Bourse ont eu lieu, dont 37 en Afrique du Sud et 23 à Tunis. L’immense majorité des places n’en a connu que moins d’une par an. Les sommes levées via ces introductions ont atteint 6,5 milliards sur cinq ans : soit moins qu’une seule année d’activité en termes d’opérations secondaires.
6,6 milliards
de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
108
Capital-investissement
Classement
* : ESTIMATION
Rang 2017
LES 50 PREMIÈRES OPÉRATIONS EN 2016 Société
1
TENKE FUNGURUME MINING
2
ARISE
3
Pays/région
Activité
Investisseurs
Montant investi (en millions de dollars)
RD Congo
Mines
BHR Partners
1 136
Afrique subsaharienne
Finance
Norfund, FMO
515
MAZARINE ENERGY
Afrique du Nord
Pétrole
Carlyle
500
4
TSEBO
Afrique du Sud
Services aux entr.
Wendel, Capital Group
370
5
GREENWISH PARTNERS
Afrique subsaharienne
Électricité
Denham Capital
250
6
JUMIA (AFRICA INTERNET GROUP)
Afrique
E-commerce
Goldman Sachs, AXA, Rocket Internet, MTN
245
7
SGI AFRICA (CFAO)
Afrique
Immobilier
Wendel, Future French Champions
200
8
ARM CEMENT
Kenya
Ciment
CDC
140
9
GABON SPECIAL ECONOMIC ZONE
Gabon
Infrastructures
Africa Finance Corporation
140
10
LEKELA POWER
Afrique
Électricité
IFC, Ascension IM, Sanlam, Rockefeller Brothers Fund
117,5
11
OANDO GAS & POWER
Nigeria
Énergie
Helios
115,8
12
SEVEN ENERGY
Nigeria
Pétrole
Asma Capital Part., Temasek, Petrofac, Capital Gr.
100
13
ATLANTIC BUSINESS INTERNATIONAL
Afrique de l’Ouest
Banque
Development Partners International (DPI)
100
14
JUMIA (AFRICA INTERNET GROUP)
Afrique
E-commerce
Orange Digital Ventures
85
15
BARCLAYS AFRICA
Afrique du Sud
Banque
PIC
80
16
BELOXXI INDUSTRIES
Nigeria
Retail
8 Miles, ACA, DEG
80
17
SOCIÉTÉ D’ARTICLES HYGIÉNIQUES (SAH)*
Tunisie
Biens de conso.
Abraaj
65
18
ZAMBEEF
Zambie
Agro-industrie
CDC
65
19
TWO RIVERS MALL
Kenya
Infrastructures
Old Mutual Property
62
20
LES LABORATOIRES MÉDIS
Afrique du Nord
Santé
Actis
56
21
GENERAL EMBALLAGE
Algérie
Industrie
Development Partners International (DPI), DEG
55
22
JUMIA (AFRICA INTERNET GROUP)
Afrique
E-commerce
CDC
55
23
KANU EQUIPMENT
Afrique de l’Ouest
Agro-industrie
Phatisa, Kanthu Nkama Capital
46
24
ADDIS PHARMACEUTICAL FACTORY
Éthiopie
Santé
54 Capital
42
25
LUMOS GLOBAL
Nigeria
Électricité
Pembani Remgro Infrastructure Fund
40
26
TRAVELSTART
Afrique
Loisirs
Amadeus Capital Partners
40
27
LUSAKA’S INTERCONTINENTAL HOTEL
Zambie
Hôtellerie
Quantum Global
35,9
28
B.TECH
Égypte
Retail
DPI
35
29
NUMBER TWO PIGGERIES
Afrique du Sud
Agro-industrie
IFC
30
30
ASCENDIS HEALTH
Afrique du Sud
Santé
IFC
30
Afrique du Sud
Distribution
IFC
30
Afrique
Électricité
IFC
25
31
NET1
32
MAINSTREAM AFRICA
33
KEG HOLDINGS
Afrique de l’Est
Énergie
Proparco, DEG
25
34
PRESTIGE COLLEGE PROJECT
Afrique du Sud
Éducation
Old Mutual Alternative Investment, Barnstone Educ.
24 24
35
ANDELA
Afrique subsaharienne
Technologie
Chan Zuckerberg Initiative, Google Ventures, Spark
36
ADVTECH
Afrique du Sud
Éducation
IFC
22
37
GOODLIFE PHARMACY
Kenya
Santé
LeapFrog Investments
22
38
HASSAN ALLAM CONSTRUCTION
Égypte
Immobilier
IFC
20
39
LANDMARK AFRICA
Nigeria
Immobilier
Vantage Capital
20
40
TRANSCENTURY
Kenya
Investissement
Kuramo Capital Partners
20
41
BBOX
Afrique de l’Est
Énergie
ENGIE Rassembleurs d’Energies…
20
42
IROKO TV
Nigeria
Médias
Kinnevik
19
43
INDORAMA FERTILIZERS
Nigeria
Engrais
Proparco
19
44
FIDELITY BANK
Kenya
Banque
Duet
18,6
45
AZALAÏ
46
COMSOL NETWORKS
Mali
Hôtellerie
AfricInvest
18
Afrique du Sud
Technologie
Nedbank Private Equity, Convergence Partners…
17
47
VUMATEL
Afrique du Sud
Technologie
Vantage Capital
17
48
MOBISOL
Afrique de l’Est
Électricité
IFC, FMO
16
49
ZOONA
Afrique australe
Finance
IFC, Accion, Omidyar Network…
15
50
D.LIGHT
Afrique
Électricité
KawiSafi Ventures Fund…
15
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
109
Le rythme se maintient
nos 6 et 14
Encore une année faste pour le leader africain du e-commerce, qui a levé en 2016 près de 400 millions de dollars en equity.
no 11
260
kilomètres La longueur du pipeline qui permet à Oando Gas & Power (OGP) de livrer en gaz ses quelque 175 clients industriels. OGP est leader sur son segment.
no 17
Alimentée par la hausse du revenu disponible et les besoins des clients, l’activité des produits de soins ménagers et personnels en Afrique va continuer à croître. Pour nous, SAH est dans la meilleure des positions pour profiter de cette opportunité grâce à sa stratégie d’expansion et à la diversification de ses produits. Ahmed Badreldin, associé Afrique du Nord et Moyen-Orient chez Abraaj
EL
I
no 35
MO
HI
NI
UF
Le fondateur de Facebook a investi plusieurs millions de dollars dans Andela, une start-up qui forme des développeurs en Afrique.
no 48
85 000
Le nombre de solutions solaires locales que Mobisol a installées en Afrique de l’Est, pour plus de 425 000 bénéficiaires. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
S’il n’explose pas, le capital-investissement africain se diversifie et conserve un tempo d’investissement soutenu. FRÉDÉRIC MAURY
C
onséquence des importantes levées de fonds de ces dernières années, mais aussi de la montée en puissance des entreprises africaines, 2016 a été un bon cru pour le capital-investissement. Selon l’Association africaine du capitalinvestissement et du capital-risque (AVCA), 145 deals ont été enregistrés, représentant 3,8 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros), soit la troisième meilleure performance depuis 2009. Le niveau est inférieur à celui de 2014, année record marquée par une quinzaine d’investissements à plus de 100 millions de dollars chacun, mais supérieur à celui de 2015 (2,5 milliards). STABLE. Nos chiffres sont moins nets sur les montants
investis: pour les 50 principales opérations, le total est resté stable entre 2015 et 2016, à 5,2 milliards, mais nous avons recensé un nombre croissant d’opérations. Le nom des acteurs et la liste des secteurs continuent à se diversifier. Sur les 10 plus importantes opérations, unemajoritéimpliquedesacteursencorepeuimplantés enAfrique:Wendel,GoldmanSachs,Carlyle,Rockefeller Brothers Fund ou BHR Partners qui, en rachetant la mine congolaise de Tenke, a frappé fort. En termes sectoriels, des nouveaux types de financement s’imposent, dans l’éducation, la santé ou les C’est le total des énergies renouvelables. 50 premières opérations En revanche, pour de capital-investissement les levées de fonds, les en Afrique. montants sont passés de 4,3 milliards en 2015 à 2,3 milliards en 2016. Mais rien d’inquiétant de ce côté-là, puisque les fonds déploient leur argent sur plusieurs années. Et que, par ailleurs, un nombre croissant d’investisseurs développent des stratégies différentes: les family offices sont ainsi de plus en plus nombreux, comme les investisseurs financiers qui ne lèvent pas de fonds à durée limitée ou ceux qui créent des plateformes d’investissement spécialisées sectoriellement et ayant vocation à perdurer. Une méthode sans doute mieux adaptée à l’Afrique, puisqu’elle permet d’investir sur du plus long terme, les fonds étant souvent limités à une période de sept à dix ans.
5,2 milliards
de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
110
Classement
Fusions-acquisitions
LES 50 PREMIÈRES OPÉRATIONS EN 2016
SOURCES : MERGERMARKET, EY, JEUNE AFRIQUE.
* : ESTIMATION
Rang
Entreprises (part du capital acquis)
Pays/région
Acquéreur
Secteur
Montant (en millions de dollars)
1
BID CORP
Afrique du Sud
Divers
Services
5 700
2
ROCKCASTLE
Afrique du Sud
New Europe Property Investments
Immobilier
3 500
3
COCA-COLA BEVERAGES AFRICA (54,5 %)
Afrique australe
The Coca-Cola Company
Boissons
3 100
4
TENKE FUNGURUME MINING (56 %)
RD Congo
CMOC
Mines
2 500
5
STEINHOFF INTERNATIONAL HOLDINGS (8,8 %)
Afrique du Sud
Lancaster 101/Upington Inv.
Biens de conso
2 100
6
ZOHR FIELD (30 %)
Égypte
Rosneft
Pétrole
1 600
7
HOLCIM MAROC
Maroc
Lafarge Maroc
Ciment
1 200
8
BLOCS SAINT-LOUIS/CAYAR
Sénégal – Mauritanie
Kosmos
Pétrole
916
9
AIRTEL BURKINA – SIERRA LEONE *
Afrique de l’Ouest
Orange
Télécoms
900
10
CELL C
Afrique du Sud
Blue Label
Télécoms
894
11
THE PIVOTAL FUND
Afrique du Sud
Redefine Income Fund
Immobilier
756
12
PROMASIDOR (33,33 %)
Afrique
Ajinomoto
Agroalimentaire
532
13
ZOHR FIELD (10 %)
Égypte
BP
Pétrole
525
14
EQSTRA FLEET MANAG. AND LOG. – IND. EQUIPMENT
Afrique du Sud
ENX Group
Industrie
520
15
NATIONAL TABACO ENTERPRISE
Éthiopie
Japan Tobacco
Tabac
510
16
BARCLAYS BANK EGYPT *
Égypte
Attijariwafa Bank
Banque
500
17
HELIOS TOWERS NIGERIA
Nigeria
IHS
Tours télécoms
500
18
SAN LEON ENERGY
Afrique
Geron Energy
Pétrole
455
19
NEOTEL
Afrique du Sud
Liquid Telecom
Télécoms
428
20
ILLOVO SUGAR
Afrique du Sud
Associated British Foods
Agroalimentaire
370
21
CONOCOPHILLIPS SENEGAL BV
Sénégal
Woodside
Pétrole
350
22
EMERGING MARKETS PAYMENTS GROUP
Égypte
Network International
Finance
340
23
SAHAM FINANCES
Afrique
Sanlam
Assurances
329
24
AFRICA INTERNET HOLDING
25
SIERRA RUTILE LIMITED
Afrique
MTN
E-commerce
326
Sierra Leone
Iluka Resources
Mines
26
SAFRIPOL
325
Afrique du Sud
Kap Industrial
Industrie
27
303
AMBER FOODS
Nigeria
Olam
Agroalimentaire
275
28
ZURICH ASSURANCES MAROC
Maroc
Allianz
Assurances
270
29
VIVO ENERGY (20 %)
Afrique
Vitol Africa B.V.
Essence
250
30
CHI (40 %)
Nigeria
Coca-Cola
Boissons
240
31
AIRTEL TANZANIA (TOWERS)
Tanzanie
American Towers
Tours télécoms
179
32
TIGO RD CONGO
RD Congo
Orange
Télécoms
160
33
ATHI RIVER MINING
Kenya
CDC
Ciment
140
34
CANAR TELECOMMUNICATIONS
Soudan
Zain
Télécoms
95
35
AKESO CLINIC
Afrique du Sud
Netcare
Santé
90
36
GSK CONSUMER NIGERIA SOFT DRINK BUSINESS
Nigeria
Suntory Beverage & Food Nigeria
Boissons
80
37
PANDORA (42,5 %)
Afrique du Sud
Lonmin
Mines
73
38
ANGL. AMER. PLATINUM (AMANDELBULT MINING RIGHT)
Afrique du Sud
Northam Platinum
Mines
73
39
TWO RIVERS MALL
Kenya
Old Mutual Property
Immobilier
64
40
AVENG GRINAKER (51 %)
Afrique du Sud
Aveng
Construction
55
41
TANMEYAH MICRO ENTERPRISE SERVICES
Égypte
EFG Hermes
Finance
44
42
SIAT GABON (PALM ASSETS)
Gabon
Olam Palm Gabon
Agribusiness
25
43
ACACIA INVESTMENTS (50 %)
Mozambique
Olam
Agribusiness
24
44
MURRAY & ROBERTS INFRAS. & BUILDING PLATFORM
Afrique du Sud
Firefly Investments 319
Construction
23
45
GOODLIFE PHARMACY
Kenya
Leapfrog
Santé
22
46
UNITED METROPOLITAN LIFE (50 %)
Nigeria
MMI Holdings
Assurances
16
Afrique du Sud
ENX Group
Industrie
16
Guinée
Managem
Mines
14
Kenya
Strides Shasun
Santé
14
Afrique du Sud
Nisela Capital
Industrie
13
47
WEST AFRICAN INTERNATIONAL
48
TRI-K GOLD PROJECT
49
UNIVERSAL CORPORATION LIMITED
50
GENREC
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
111
Solide année
no 4
Malgré le ralentissement économique, les investisseurs restent présents, dans des secteurs de plus en plus variés.
La cession de la mine a été annoncée sans que nous en ayons été informés, pas plus que l’État. Nos droits ne peuvent pas être bafoués.
ÉRIC DUPUY
S
ur le front des fusions-acquisitions, l’année 2016 aura été un bon cru. Mergermarket a ainsi recensé244opérationsen2016pour39milliards de dollars (37 milliards d’euros), un chiffre en augmentation de 49,1 % et le plus haut niveau depuis 2010. Si le bilan de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement en matière d’opérations de fusions-acquisitions transfrontalières est moins positif, il n’est pas mauvais : les montants ont baissé en 2016 mais sont néanmoins supérieurs à ceux des années précédentes. Sans même inclure la cession de SAB Miller, groupe britannique largement implanté en Afrique subsaharienne, 2016 aura vu se dérouler quelques opérations marquantes, comme l’acquisition par Coca-Cola des parts d’AB Inbev dans CCBA, le principal embouteilleur africain du géant américain, la reprise de la mine congolaise de Tenke Fungurume par le chinois CMOC ou les multiples acquisitions d’Orange au Burkina, au Liberia et en Sierra Leone.
Albert Yuma, président de la Gécamines. La cession de la mine de cuivre de Tenke a suscité une vive polémique, qui s’est terminée par une indemnisation de la part de la Gécamines.
nos 27, 42 et 43
Une fois de plus, Olam a massivement investi en Afrique, réalisant au moins trois acquisitions sur le continent.
no 28
600 000
Le nombre de clients récupérés par Allianz grâce à l’achat de Zurich Maroc, ainsi que 114 millions d’euros de primes brutes.
DIVERSITÉ. Conséquence logique des difficultés du
secteur depuis deux ans, les opérations dans le domaine des ressources naturelles sont restées rares, faisant apparaître une plus grande diversité sectorielle : les assurances ont ainsi été la cible de plusieurs investisseurs, tout comme l’agroalimentaire. Dans le domaine des boissons, Coca-Cola a investi plusieurs centaines de millions dans le nigérian Chi, tandis que le japonais Suntory dévelopC’est le total des 50 pait son portefeuille au premières opérations de Nigeria.Unautrejaponais fusions-acquisitions en 2016 s’est également illustré : Ajinomoto qui s’est offert 33,3 % du groupe alimentaire panafricain Promasidor pour plus de 500 millions de dollars. Le secteur des télécoms continue sa restructuration, avec une redistribution des cartes entre grands acteurs : Orange a ainsi repris des filiales d’Airtel et de Millicom alors qu’Etisalat a laissé à Zain la société soudanaise Canar. Géographiquement, l’Afrique du Sud continue de concentrer l’essentiel des grandes opérations, mais la montée de l’Égypte se confirme avec plusieurs deals notables, dont la cession de Barclays Egypt à Attijariwafa Bank. En dehors du Maroc et de la RD Congo, les flux vers l’Afrique francophone demeurent limités.
31,7 milliards
SUN RUIBO/XINHUA-REA
de dollars
no 39
Développé par le groupe kényan Centum, Two Rivers Mall, le plus grand centre commercial kényan, a ouvert ses portes début 2017. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2017
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
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ÉDITION PAPIER
114 Fondateur : Béchir Ben Yahmed, le 17 octobre 1960 à Tunis bby@jeuneafrique.com
Ibrahima Diouf*
Tentons l’international
L
e récent désengagement africain de certaines banques signale un changement de fond dans le paysage financier du continent. Car les filiales des groupes étrangers, notamment européens, ont longtemps dominé nos marchés, et cette situation perdure, en Afrique francophone entre autres. Cet héritage de l’Histoire pose la question de la réciprocité. Quelle banque africaine peut se prévaloir d’une véritable présence hors des frontières du continent ? Depuis le début des années 2000, la domination des banques étrangères a été graduellement remise en cause par la montée en puissance des groupes panafricains, dont l’essor accompagne un cercle vertueux d’accélération des flux d’investissements et des échanges intra-africains. Selon une étude d’EY, les investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont augmenté de 32 % en valeur en 2016, et si l’Union européenne et les États-Unis restent les premiers investisseurs, la Chine, l’Inde, Singapour et la Malaisie suivent. Dans ce contexte d’interconnexion croissante de l’Afrique avec le reste du monde, les banques nées sur le continent doivent développer une présence forte dans les pays source d’investissements. C’est pourquoi il convient aussi d’encourager l’implantation des banques panafricaines dans les grands centres de la finance internationale à Londres, New York, Paris, Dubaï, Hong Kong ou Shanghai… Les métiers pratiqués par ces banques panafricaines depuis les places financières étrangères seront d’abord orientés vers les besoins des clients corporate. Viendront dans un deuxième temps les activités de banque de détail qui permettront aux banques de jouer à plein leur rôle d’interface pour les particuliers, notamment sur les transferts de fonds des migrants. Porter un plaidoyer pour l’internationalisation des grandes banques africaines alors même que les taux de bancarisation en Afrique subsaharienne ne dépassent que rarement les 30 % peut paraître prématuré. Sans doute vaudrait-il mieux penser d’abord « à soi-même » plutôt que de s’embarquer dans des aventures sur des marchés éloignés… Je crois au contraire que la présence des grandes banques africaines à l’international sera l’un des vecteurs essentiels de la montée en gamme du capitalisme africain. * Ibrahima Diouf est banquier, administrateur - directeur général de EBI SA, la filiale internationale du groupe bancaire panafricain Ecobank. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N 0 47
Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris Tél.: 01 44 30 19 60 Fax rédaction : 01 45 20 09 69 Courriel : redaction@jeuneafrique.com Directeur général : Amir Ben Yahmed Vice-présidents : Danielle Ben Yahmed, François Soudan Directeur de la publication : Marwane Ben Yahmed Directeur de la rédaction : François Soudan (f.soudan@jeuneafrique.com) Directeurs exécutifs : Marwane Ben Yahmed (mby@jeuneafrique.com), Amir Ben Yahmed (aby@jeuneafrique.com) Accords spéciaux : Financial Times Relations presse & partenariats : Abdoul Maiga, Sylvie Colombié La rédaction et l’équipe de Jeune Afrique sont à retrouver sur www.jeuneafrique.com/qui-sommes-nous/
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2017 Société Générale, S.A. au capital de 1 009 641 917,50 € - 552 120 222 RCS PARIS, Siège social : 29, bd Haussmann, 75009 PARIS. © David Dang – FRED & FARID Paris