JA 2613 DU 6 AU 12 FEVRIER 2011

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C Ô T E D ’ I VO I R E

D ÉS U N I O N A F R I CA I N E

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51e ANNÉE • N° 2613•du 6 au 12 février 2011

TUNISIE ET MAINTENANT?

HOMMAGE GLISSANT: MORT D’UN GÉANT

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BIENS MAL ACQUIS LA FIN DU PARADIS SUISSE

Sur un dessin placardé au mur, les manifestants ont écrit : « Va-t’en, pour le bien du pays. Tu coules! »

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LE PLUS DE JEUNE AFRIQUE

MINES

Katanga

Nouvel eldorado du cuivre

Nouvelle usine de cuivre et de cobalt de Ruashi Mining (coentreprise contrôlée par le sud-africain Metorex), près de Lubumbashi.

JB RUSSELL/COSMOS

Son sous-sol fait du plateau katangais une terre de prédilection pour les miniers de la planète. Après des décennies de monopole, lʼouverture à la concurrence a attiré des dizaines dʼopérateurs privés et entraîné un véritable boom de la production.

7-10 FÉV. 2011


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LE PLUS 57 LE PLUS DE JEUNE AFRIQUE

PRÉLUDE

MINES

Katanga

Nouvel eldorado du cuivre

CÉCILE MANCIAUX

JB RUSSELL/COSMOS

Promesses katangaises 7-10 FÉV. 2011

PA N O R A M A

Le réveil dʼun géant p. 58 R E P O R TAG E

Kolwezi en pleine croissance p. 64 E N T R E PR I S E

La Gécamines en sursis ? p. 68 É CO N O M I E

Les affaires reprennent p. 72 AG R I C U LT U R E

Vers davantage dʼautonomie p. 74 PORTRAITS

Culture du risque p. 77 SOCIÉTÉ

Melting-jackpot dʼexpatriés p. 78 FO O T BA L L

TP Mazembe, le dieu des stades p. 79 LO I S I R S

Les incontournables de « Lshi » p. 80 Direction : Danielle Ben Yahmed et Marwane Ben Yahmed Rédaction en chef : Cécile Manciaux Rédaction : Muriel Devey, envoyée spéciale, Tshitenge Lubabu M.K. et Arthur Malu-Malu

EN CE DÉBUT DE FÉVRIER 2011, deux ans après son effondrement, le cours du cuivre atteint un record historique. Il caracole à quelque 10 000 dollars la tonne sur le London Metal Exchange. Cette tendance durable ne fait plus seulement rêver le Katanga. Elle transforme son potentiel en réalité. La fameuse copperbelt (ceinture de cuivre) katangaise, qui relie les villes de Lubumbashi, Likasi et Kolwezi, recèle en effet 10 % des réserves mondiales de cuivre et, « accessoirement », 34 % de celles de cobalt. Ces ressources désormais prouvées ont, depuis des siècles, rendu célèbre la province la plus méridionale de la RD Congo, située le long de la frontière zambienne, et n’ont pas manqué, depuis tout aussi longtemps, d’attirer les explorateurs et opérateurs étrangers. Rien de nouveau, direz-vous. Pourtant, ce territoire – plus étendu que le Cameroun et presque autant que la France – pourrait rapidement changer la donne sur le marché mondial du cuivre. Que vaut au Katanga cette reprise semble-t-il pérenne des activités d’exploration et de production, alors que la planète minière est à peine sortie de la crise internationale qui l’a ébranlée ? Crise qui ne l’a d’ailleurs pas épargné puisque, d’après les chiffres du ministère provincial des Mines, une quarantaine d’opérateurs sur les quatre-vingts recensés ont cessé leurs activités. Passées ces turbulences et à l’issue de la revisitation des contrats miniers, le Katanga s’est ouvert à de nouveaux partenaires, majors et juniors, entraînant un regain des investissements, en amont comme en aval de la filière. La montée en puissance de la production de métal rouge a suivi : celle-ci a frôlé les 400 000 t en 2010 (+ 30 % en un an) et devrait dépasser 1,8 million de tonnes en 2015. Le Katanga peut donc désormais rivaliser, sinon avec le Chili – qui détient à lui seul 38 % des réserves mondiales connues de cuivre et est le principal producteur du minerai primaire avec plus de 5 millions de tonnes –, tout au moins avec ses challengers immédiats, parmi lesquels les États-Unis et le Pérou (environ 8 % chacun du marché mondial) ou encore la Zambie voisine (3,5 %), qu’elle pourrait rattraper dès cette année. La production des autres minerais qu’abrite le Katanga (cassitérite, coltan, manganèse, or, zinc…) suit la même tendance haussière, à commencer par celle de cobalt. Dans le sillage des miniers, des paraminiers et de leurs sous-traitants, l’économie katangaise tout entière s’ébranle, du BTP aux services. Des groupes financiers étrangers, notamment indiens et sud-africains, se sont installés et renforcent leur présence via l’ouverture d’agences bancaires dans les différentes villes de la province (autrefois réservée aux banques locales). Portés par la réhabilitation des voies de communication avec la Zambie, la Tanzanie et l’Angola voisins, les échanges régionaux sont redynamisés. Enfin, depuis deux ans, les opérateurs miniers semblent s’être engagés « pour de bon », et au-delà des besoins de leur activité propre, dans le développement socio-économique du territoire : investissement dans la création de fermes mécanisées, la construction d’établissements d’enseignement, d’hôpitaux… De quoi changer, pour les Katangais, le visage de la mine. ■

Coordination : Nisrine Batata Difcom – 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris Tél.: + 33 1 44301960 – Fax: + 33 1 45200823 J E U N E A F R I Q U E N ° 2 6 13 • D U 6 A U 12 F É V R I E R 2 0 11


58 LE PLUS KATANGA

PANORAMA LE RÉVEIL Lʼannée 2010 a été marquée par la relance du secteur minier, dont la production doit quadrupler dʼici à 2015. Une dynamique qui permet à la province de moderniser ses infrastructures et de diversifier son économie. Un vaste chantier.

D

epuis quelques mois, la plus méridionale des provinces congolaises – qui doit son nom à Katanga, un chef local du milieu du XIXe siècle – est régulièrement sous les feux de la rampe. L’an dernier, alors que son chef-lieu, Lubumbashi, fêtait ses 100 ans et abritait la seconde édition de la biennale Picha – « image », en swahili –, son équipe de football, le Tout-Puissant Mazembe (lire p. 79), remportait, mi-novembre, la Ligue des champions de la Confédération africaine de football (CAF), avant de se classer deuxième de la Coupe du monde des Clubs. Et de s’imposer en finale de la Super Coupe Orange, le 29 janvier dernier, devant les officiels de la CAF réunis à Lubumbashi, où ils ont dévoilé la liste des futurs hôtes de la Coupe d’Afrique des nations – le Maroc en 2015 et l’Afrique du Sud en 2017. L’année 2010 a surtout été marquée par la reprise du secteur minier. Les gisements de cuivre et de cobalt bruissent à nouveau du brouhaha des pelleteuses et autres engins chargés d’extraire de leurs entrailles puis de transformer les minerais que s’arrache le monde entier. 40 % À 60 % DU PIB DU PAYS

De tout temps, sa richesse minière a fait de ce plateau, presque aussi grand que la France et dont l’altitude moyenne dépasse les 1 000 m, une province convoitée. Dès la conquête coloniale s’y sont affrontés Britanniques et Belges. Ces derniers, qui l’emporteront, y

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

MURIEL DEVEY, envoyée spéciale

Le chef-lieu, Lubumbashi, compte 2 millions d’habitants.

établiront l’Union minière du Haut-Katanga (UMHK), dont la nationalisation fin 1966 donnera naissance en 1967 à la Générale des carrières et des mines (Gécamines, lire pp. 68-69). Jusqu’à l’indépendance, le 30 juin 1960, la province – dont la capitale est Élisabethville (l’actuelle Lubumbashi) – aura un statut particulier, ses gouverneurs et vice-gouverneurs traitant directement

avec Bruxelles et non Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa). Le 11 juillet 1960, aidés des Américains, les Belges, qui ne voulaient pas renoncer à un si riche filon, soutiendront la sécession de Moïse Tshombé (lire p. 61), à laquelle l’intervention des Nations unies mettra un terme en 1963. En 1971, le président Mobutu Sese Seko rebaptisera la province Shaba (« cuivre », en swahili),

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LE PLUS 59

DʼUN GÉANT

LE KATANGA EN BREF

2e plus grande province de RD Congo par sa superficie (après la Province Orientale) avec 496 877 km2 , soit plus de 21 % de la RD Congo. Elle est à elle seule plus étendue que la plupart des grands pays du continent (comme le Cameroun : 475 440 km2 ). Population 10 millions d’habitants. 3 villes principales Lubumbashi (chef-lieu, 2 millions d’habitants), Kolwezi (1,5 million d’hab.) et Likasi (480 000 hab.). 5 districts et 22 territoires (en plus des territoires urbains de Lubumbashi, Kolwezi et Likasi) : • District du Haut-Katanga : Kambove, Kasenga, Kipushi, Mitwaba, Pweto, Sakania • District urbanorural de Kolwezi : Lubudi, Mutshatsha • District du Lualaba : Dilolo, Kapanga, Sandoa • District du Haut-Lomami : Bukama, Kabongo, Kamina, Kaniama, Malemba-Nkulu • District du Tanganyika : Kabalo, Kalemie, Kongolo, Manono, Moba, Nyunzu Représentation nationale au Parlement 69 députés, 4 sénateurs. Gouvernement provincial Le gouverneur (Moïse Katumbi Chapwe) et le vice-gouverneur (Guibert Yav Tshibal) ont été élus en 2007 par les députés provinciaux pour cinq ans. Le gouvernement compte 10 ministres. Assemblée provinciale Composée de 103 députés, dont 44 élus au suffrage universel direct, elle est présidée par Gabriel Kyungu wa Kumwanza. Langues Français (officielle), swahili et plusieurs langues locales Monnaie Franc congolais (CDF). Parité au 01/02/2011 : 1 euro = 1 239,25 CDF ; 1 dollar = 904,024 CDF.

un nom qu’elle gardera jusqu’à la chute du Léopard, en 1997. Aujourd’hui, le Katanga est une zone d’affrontement géopolitique et économique entre Occidentaux et Asiatiques. Grâce à son secteur minier, qui a bénéficié d’environ 9 milliards d’euros d’investissements ces dernières années, la province représente entre 40 % et 60 % du PIB de la RD Congo. Après des

décennies de monopole – de l’UMHK puis de la Gécamines –, ce sont désormais des dizaines de sociétés privées, dominées par des étrangers, qui tiennent le haut du pavé. UN CARACTÈRE BIEN TREMPÉ

Malgré sa taille, le Katanga ne compte que 10 millions d’habitants, en partie concentrés dans les villes (voir « Repè-

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res ») de son Sud minier. Les groupes dominants y sont les Balubakat, les Arunds (Lundas et Tchokwes) et les Bembas. Plus quelques tribus, dont les Sangas. Si chaque communauté a son idiome, le swahili s’est imposé à tous. Outre le français – langue officielle de la RD Congo –, l’anglais a fait une percée remarquée, liée à la présence de sociétés anglo-saxonnes et asiatiques


60 LE PLUS KATANGA

KASAÏ OCCIDENTAL

et à la proximité de pays anglophones. Les mines katangaises attirent aussi des étrangers et des ressortissants d’autres régions congolaises (lire p. 78), en particulier des deux Kasaïs. Une présence que les politiciens locaux ne se privent pas de fustiger, surtout en période de crise économique. Dans les années 1990, des milliers de Kasaïens ont ainsi été chassés du Katanga. Un terrible épisode, qui a laissé des traces. Kinshasa a longtemps été accusé de profiter trop largement des fruits de la riche province. L’arrivée, en mai 1997, à la tête du pays du Katangais Laurent-Désiré Kabila, remplacé en janvier 2001 par son fils Joseph, a changé la donne. Cependant, alors que l’économie provinciale semble repartir, des tensions existent entre Katangais du Nord (Balubakat), dont Kabila père reste la référence et qui se sentent délaissés, et Katangais du Sud minier.

KASAÏ ORIENTAL

Kananga

Kabalo

Manono

HAUT-LOMAMI

LUALABA Sandoa Dilolo

Kamina

Kalemie

Nyunzu

Kaniama

Kapanga

Lac Tanganyika

Kongolo

TANGANYIKA

Mitwaba

Pweto Lac Moero

Bukama HAUT-KATANGA

ZAMBIE

Lubudi KOLWESI

Kambove

Mutshatsha Kolwezi

TANZANIE

Likasi

Kasenga

Lubumbashi

Kipushi

ANGOLA

Kasumbalesa

180 km

Sakania

Voie ferrée

DES ÉCHANGES TOURNÉS VERS LE SUD ET L’EST

RN1

Porte d’entrée en Afrique australe, la province semble tourner le dos à l’Atlantique et à Kinshasa. Il n’en fut pas toujours ainsi. Quand la ligne angolaise du chemin de fer de Benguela (CFB) fonctionnait encore et que les infrastructures de transport – ferroviaires, fluviales et routières – de la RD Congo étaient en bon état, c’est par la façade atlantique, via les ports de Lobito (Angola) et Matadi (RD Congo), que transitaient nombre de produits importés destinés au Katanga

e t q u ’é t a it évacué l’essentiel des produits miniers. À partir des années 1980, avec le délabrement des transports nationaux et l’arrêt du CFB, les flux commerciaux et économiques se sont déplacés vers l’Afrique australe et orientale et l’océan Indien. Un basculement favorisé par le bon réseau routier de ces régions ainsi que par l’interconnexion du réseau sud de la Société

nationale des chemins de fer du Congo avec ceux des pays voisins. Et conforté par la place grandissante prise par l’Asie dans le commerce avec la RD Congo. La réouverture du CFB pourrait réactiver l’axe angolais. Le géant sud-africain en prendra-t-il ombrage? Car, de tous les pays du continent, c’est l’Afrique du Sud qui domine dans les échanges extérieurs du Katanga et qui investit le plus dans la province.

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LE PLUS 61 Une importance qui s’explique par sa puissance économique et les liens politiques qu’elle entretient avec la RD Congo, ainsi que par la présence d’un grand nombre de Congolais en Afrique du Sud.

Fort de ses mines, le Katanga n’en reste pas moins une province à l’économie fragile. Malgré ses potentialités, le secteur rural – agriculture, élevage et pêche – y tient une place marginale, et l’expertise minière n’a guère été valori-

sée à l’extérieur. L’actuel gouvernement provincial s’emploie à diversifier l’économie et à mettre sur pied un réseau d’instituts supérieurs chargés de former des ingénieurs et des spécialistes miniers. Il est temps. ■

Ils ont fait le Katanga... et le Congo

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Le Lushois Frédéric Kibassa Maliba (1939-2006), entré au gouvernement en tant que ministre de la Jeunesse et des Sports (1967-1968, puis 1988), fut l’un des treize parlementaires (dont Étienne Tshisekedi) qui défièrent Mobutu en 1982, au temps du parti unique, en fondant l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Il a également détenu le portefeuille des Mines sous Laurent-Désiré Kabila (1998-1999). Enfin, parmi les personnalités politiques katangaises d’aujourd’hui, citons Vincent de Paul Lunda Bululu. Professeur de droit, Premier ministre pendant la transition (1990-1991), il s’est présenté à la présidentielle de 2006 pour le Rassemblement des forces sociales et fédéralistes (RSF, opposition) et, à 68 ans, est actuellement sénateur. SONS ET LUMIÈRES

Homme d’affaires – notamment dans l’aviation et les hydrocarbures – et homme politique – il fut deux fois ministre de Laurent-Désiré Kabila et sera ministre d’État sans portefeuille de Joseph Kabila, avant de prendre ses distances –, Pierre-Victor Mpoyo, dit Mpoy, 76 ans, est avant tout un artiste peintre de renommée internationale, exposé dans les plus grands musées et qui a fréquenté les maîtres des arts et des lettres (Picasso, Dali, Chagall, Cocteau, Malraux…). Parmi ses confrères qui ont fait rayonner l’école de Lubumbashi, citons Pili-Pili Mulongoy (1914-2007) et Mwenze Kibwanga (1925-1999). Côté musique, le chanteur et guitariste acoustique Jean Bosco Mwenda (1930-1990) a séduit l’Afrique anglophone d’expression swahili, où ses titres racontant la vie quotidienne étaient aussi populaires que dans le Katanga. Ils n’ont cependant pas conquis les Kinois, parce qu’il ne chantait qu’en swahili. Ses participations au Newport Folk Festival le firent connaître des musiciens de jazz en Europe et aux États-Unis. Enfin, le Katanga est également le berceau d’hommes de médias connus, à l’instar de Kibambi Shintwa (62 ans), directeur de la chaîne de télévision Numerica TV, à Kinshasa, de Kabulo Mwana Kabulo (56 ans), journaliste sportif à la télévision nationale et correspondant de Radio France Internationale (RFI), et de son confrère Kasongo Mwema Yamba TSHITENGE LUBABU M.K. Yamba (60 ans), journaliste à RFI. ■

MIROIR

RUE DES ARCHIVES/AGIP

SI UN KATANGAIS A MARQUÉ l’histoire contemporaine de la province et du pays, c’est Moïse Kapenda Tshombé. Né en 1919 à Musumba, cet homme d’affaires entre en politique et prend la tête de la Convention nationale du Katanga (Conakat), un parti fédéraliste fondé en 1958. Après l’indépendance du pays, opposé au Premier ministre Patrice Lumumba, Tshombé proclame la sécession de la province le 11 juillet 1960 et, le mois suivant, est élu président de l’État du Katanga. C’est à lui que Lumumba est livré le 17 janvier 1961 ; il assiste à son exécution. Lorsque les Casques bleus des Nations unies écrasent la sécession, en 1963, Tshombé s’exile en Espagne. Rentré au Congo en 1964 pour devenir Premier ministre du gouvernement de coalition, il est révoqué un an plus tard par le président Joseph Kasa-Vubu alors qu’il vient de remporter les législatives. Nouvel exil. Le 30 juin 1967, Tshombé reprend le chemin du pays lorsque son avion est détourné vers Alger, où il est incarcéré et où il meurt le 30 juin 1969. Ci-dessus: Moïse Tshombé, alors Premier ministre, en Autre personnalité mar1965. Ci-contre : Vincent de quante, Jason Sendwe, Paul Lunda Bululu en 1980; leader du parti Balubakat. il est aujourd’hui sénateur. Allié de Lumumba, il s’opposa fermement à la sécession en lançant une rébellion. Élu président de la province du Nord-Katanga en 1963, il fut assassiné en 1964. Godefroid Munongo (1925-1992), numéro deux de la Conakat et bras droit de Tshombé, fut son ministre de l’Intérieur durant la sécession du Katanga puis, en 1964, au sein du gouvernement central. Ministre des Affaires étrangères du Katanga sécessionniste, Évariste Kimba fut quant à lui nommé Premier ministre par Joseph Kasa-Vubu en octobre 1965, après le limogeage de Tshombé. Il ne resta en fonction qu’un mois, l’armée ayant pris le pouvoir. Kimba est resté dans la mémoire des Congolais pour avoir été le premier homme politique pendu sur la place publique (avec deux de ses compagnons), sous Mobutu, pour tentative de coup d’État. Neveu de Tshombé, Nguz a Karl-i-Bond (1938-2003) fut plusieurs fois ministre des Affaires étrangères (1972, 19761977, 1979-1980) et Premier ministre (1980-1981 et 19911992) de Mobutu Sese Seko. Lors de l’ouverture démocratique d’avril 1990, il avait créé un parti d’opposition, l’Union des fédéralistes et républicains indépendants (Uferi), avant de se rapprocher à nouveau du chef de l’État.


MCK TRUCKS SPRL Portrait d’un géant

Mine a ciel ouvert de Kinsevere ou la Société MCK s’occupe de l’excavation.

Créée en 2001, MCK TRUCKS Sprl est à ce jour l’une de grande entreprise de sous-traitance minière en République Démocratique du Congo, dont le siège social est à Lubumbashi dans la riche province du Katanga.

Mr Paul Kaponda, Directeur Financier.

Mr Moise katumbi. Mr Guy Kiluba, Directeur des Mines.

Ses fondateurs : Messieurs MOISE KATUMBI CHAPWE et KENNETH MACLEOD Moïse Katumbi s’est retiré de l’Entreprise au regard de ses obligations politiques, car il est l’actuel gouverneur élu du KATANGA.

Une pelle en plein travail d’excavation.

Mr Kenneth Macleod.

Elle s’occupe essentiellement de la vente de services dans le domaine minier, d’excavations principalement (forage, minage, chargement,...) avec une moyenne annuelle de 15 million de m3, grâce à une gamme d’équipements classés parmi les plus importants du pays, des pelles (allant jusqu’à 19 Tonnes), des camions benne de 25 à 100 tonnes, des sondeuses appuyées par des engins de terrassement comprenant des niveleuses, des bulldozers, des chargeuses, des tractopelles et des arroseuses

Benne B40D transportant les minerais de la mine vers le stock.

Un investissement évalué à plusieurs millions de dollars américains. MCK TRUCKS SPRL, s’occupe également de travaux de génie civil, tels que la construction de bassins de rejet d’usines, la construction et la réparation des plates-formes, l’entretien de routes d’intérêt général et de desserte agricole.

Une sondeuse Pantera 1500.

Au registre de ses plus grands projets peuvent être signalés l’OPEN CAST MINE, KAMOTO mine souterraine, KAKONTWE (CCC) aggregate and lime quarry, Kanfundwe mine à ciel ouvert, Kamoya pour le compte de la Gécamines, de 2000 à 2008. La Mine de diamant de Mbuji mayi pour le compte de ORYX

Une chargeuse alimentant le crusher.

Vue d’un bassin de décantation réalise par MCK Trucks au site de Ruashi Mining.

Ambitieuse, la société emploie plus d’un millier de travailleurs ,aussi bien locaux, qu’expatriés.

Engin en pleine maintenance.

Mining Company Katanga

TRUCKS

SPRL

Mining Company Katanga

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SPRL

Mining Company Katanga

TRUCKS

SPRL


Natural Ressources de 2003 à 2004. Dikulushi Copper Mine pour le compte de Anvil Mining company Limited de 2004 à 2007, Ruashi Mining pour le compte de Metorex, le projet Tenke Fungurume Mining pour Freeport McMoran, Chemaf pour le compte de Shalina Group entre autre.

Pelle en pleine action.

Actuellement, elle continue de s’occuper de la soustraitance minière et des travaux de génie civil dans plusieurs entreprises leader en RDC.

Personnel du service des finances.

Reconnue pour son implication sociale auprès des populations locales, elle a construit des hôpitaux, des écoles et foré des puits d’eau en milieux ruraux, avec également un soutien conséquent au domaine agriÉquipe de TP Mazembe sponsorisée cole local. Présente aussi dans par MCK Trucks. le domaine sportif, elle est notamment le sponsor du TP Mazembe, l’actuel vice champion du monde des clubs. Pleine de promesses, cette entreprise de droit congolais poursuit son ascension avec pour priorité le bien être et la sécurité de ses travailleurs selon les normes internationales admises dans le domaine, des relations privilégiées avec sa clientèle, et le respect de ses engagements envers les populations locales dans le respect de la protection de l’environnement.

La gente féminine de la direction.

Personnel de maintenance et des approvisionnements.

Euclid 100 tonnes allant au chargement des minerais.

En fait d’une appropriation locale du projet, la gestion courante de l’entreprise est actuellement assurée à 60 % par des cadres Congolais. Pelle en train de charger une benne Euclid 100 tonnes.

Mr Kenneth au milieu avec le personnel.

Propos recueillis par Nono N’Landu Personnel du service informatique.

Mining Company Katanga

TRUCKS

SPRL

Mining Company Katanga

TRUCKS

SPRL

Mining Company Katanga

TRUCKS

SPRL

Eben, Directeur de la chaine de commande.

Dennis Collins, Directeur de la maintenance.


MURIEL DEVEY POUR J.A.

64 LE PLUS

REPORTAGE

Kolwezi en pleine croissance Cʼest dans lʼarc cuprifère, dont le district est le centre nerveux, que se concentrent les plus grands gisements. Voyage au cœur dʼune ville qui grandit au milieu des concessions.

D

epuis l’avion – un petit porteur d’une vingtaine de places –, la vue est grandiose. À l’est, la majestueuse rivière Lualaba – qui prendra le nom de Congo à Kisangani – ondule à travers champs, tel un gros serpent repu. Et nous arrivons à Kolwezi. Sur le trajet depuis l’aéroport, hormis quelques camions et bus jaunes « made in USA » qui sillonnent une route tout juste réhabilitée, rien n’indique que l’on se trouve dans le plus grand centre minier de la RD Congo. Pas plus qu’en centre-ville, dans la coquette commune de Manika, comme

endormie à l’ombre de ses arbres touffus. Seules les villas des anciens cadres de la Gécamines (lire pp. 68-69) rappellent le temps glorieux de l’ex-géant minier. Il faut pousser jusqu’à l’ouest du centre-ville et franchir la barrière d’accès de la concession que la Gécamines partage avec ses partenaires pour réaliser que l’on est bien dans l’antre des « mangeurs de cuivre », comme le rappelle une pancarte rouillée. Devant nous, un paysage lunaire, parsemé de touffes de verdure. Sur plusieurs kilomètres, ce ne sont que mines souterrai-

nes et carrières à ciel ouvert – vastes gradins circulaires de pierre et de terre rouge, parfois envahis d’eaux bleutées –, remblais grisâtres, amas poudreux olivâtres, pylônes, usines… Le tout baigné de nuages de poussière et de fumée. Au lointain, on distingue des creuseurs, souvent très jeunes, et quelques femmes et négociants, « petits poucets » perdus dans l’immensité des lieux. UNE CITÉ INTERNATIONALE

L’empire minier de Kolwezi s’étend bien au-delà de cette concession. Il couvre l’ensemble du district (formé des communes urbaines de Manika et de Dilala, et des territoires ruraux de Lubudi et de Mutshatsha). L’un des plus grands projets y est mené par Kamoto Copper Company (KCC), un partenariat

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LE PLUS 65 L’ELDORADO SE TROUVE AU SUD

Kasaï Occidental

Kasaï Oriental

BURUNDI TANZANIE

Sud-Kivu Maniema

Lac Tanganyika

Katanga nga ng ZAMBIE

Kolwezi wezi

Likasi Lik Lubumb Lub Lubumbashi

ANGOLA

Cuivre et cobalt Cuivre Étain

Manganèse èse Charbon Uranium

CUIVRE

10 %

RESPONSABILITÉS SOCIALES

entre Katanga Mining, filiale du suisse Glencore, et la Gécamines. Sa fusion avec DRC Copper and Cobalt Project a permis à KCC de mettre la main sur les importants gisements de Kamoto et de Kov. Glencore est aussi actionnaire de Mutanda Mining, via sa filiale Samref, qui a confié l’exploitation de sa carrière de Kisanfu au libanais Bazano. Glencore gère quant à lui l’usine, dont la production de 20 000 tonnes de cathodes doit tripler d’ici à 2012, grâce à deux nouvelles unités d’électrolyse. L’autre grande concession est confiée à Tenke Fungurume Mining, contrôlé par l’américain Freeport-McMoRan Copper & Gold, aux côtés de son compatriote Lundin et de la Gécamines: un royaume d’une centaine de collines, à l’est de Kolwezi, formant les mines de Kwatebala et de Tenke-Sefu-Fwaulu, auxquelles s’ajoutent deux usines de transformation du cuivre et du cobalt. Parmi les poids lourds figure aussi Metalkol, dont l’actionnaire majoritaire, le kazakh Eurasian Natural

SOURCE : MINISTÈRE DES MINES, 2010 - OCDE

des réserves mondiales

Espace urbain et zone minière se côtoient.

399935 t produites en 2010 (contre 279 000 t en 2007) et une prévision de 1,8 million de tonnes en 2015 COBALT

34 %

des réserves mondiales

39 327 t produites en 2010 (41 000 t en 2007) et une prévision de 137 800 t en 2015

Resources Corp. (ENRC), a récupéré les riches rejets de Kingamyambo, autrefois attribués à Kingamyambo Musonoi Tailings, une filiale du canadien First Quantum Minerals – dont le litige avec l’État congolais sur ce dossier est actuellement soumis à un arbitrage international. ENRC a également pris le contrôle de Boss Mining, qui exploite la mine de Mukondo, à Kakanda, et dispose de deux concentrateurs et d’une usine hydrométallurgique. Des projets de plus pet ite enverg ure, en phase d’exploration, sont menés par la Société d’exploitation des gisements de Kalukundi, détenue par l’australien Africo Resources, ainsi que par la Société minière de Deziwa et Ecaille C, une filiale de Platmin Congo. Les Indiens sont présents également, via Kisanfu Mining, une coentreprise associant Aurum, la Société minière du Katanga et Mineral Mining Resources.

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Enfin, parmi les compagnies chinoises opérant dans la province, la plus célèbre est la Sino-Congolaise des mines (Sicomines), un partenariat entre China Railway, Sino Hydro et la Gécamines. La Sicomines a hérité des gisements de Dikuluwe, Mashamba, Jonction D et Cuvette Dima, mais leur exploration est retardée, la carrière étant noyée. Les Chinois se rattrapent via la Compagnie minière de Musonoï (Western Mining) et la Minière de Kalumbwe Myunga (China Overseas Engineering Corp.), en phase d’exploration. Quant à la Congo Dong Fang International Mining, elle pourrait reprendre l’exploration, actuellement à l’arrêt, des rejets de la mine de Mutoshi, détenue par la Société minière de Kolwezi (joint-venture entre Anvil Mining et la Gécamines). Forage, prospection, construction de mines, production, réhabilitation et réalisation de concentrateurs et d’usines métallurgiques… Les sites sont de véritables ruches. Certains sont aussi pourvus de logements pour les ouvriers recrutés aux quatre coins du monde. Les travailleurs congolais, eux, logent en ville, notamment dans les cités minières – Musonoï, Kapata et Luilu – construites par la Gécamines. Pou r nou r r i r et s oig ne r leu r s employés et s’acquitter de leurs responsabilités sociales vis-à-vis des villages situés dans leurs périmètres, les compagnies investissent dans l’agriculture (lire p. 74), forent des puits, construisent des hôpitaux, des écoles… Des réalisations auxquelles elles consacrent un pourcentage des droits superficiaires et de la redevance minière ; la part qui leur est demandée, selon elles.

Sur plusieurs kilomètres, ce ne sont que mines souterraines et carrières à ciel ouvert. Pourtant, certains exigent la mise en place d’un organe tripartite – pouvoirs publics (État et province), société civile et représentants des miniers – chargé de contrôler la mise en œuvre effective, par les entreprises, de leurs responsabilités sociales. Mais ce sont surtout l’approvisionnement énergétique et les transports qui préoccupent les miniers. Bien qu’assu-


66 LE PLUS KATANGA rée par les centrales hydroélectriques de Nseke et Nzilo, par la connexion aux lignes à haute tension de la centrale d’Inga (dans la province du BasCongo) et par des groupes électrogènes, l’offre en énergie est très insuffisante. Tous attendent donc l’achèvement de la centrale de Busenga, sur la Lualaba, à 50 km de Kolwezi. Autre chantier suivi de près : la reconstruction du chemin de fer angolais de Benguela (CFB), détruit par la

avec ses aléas, en particulier sur le tronçon Kolwezi-Likasi, en cours – enfin – de bitumage. Implantation d’agences bancaires, de magasins, d’hôtels et de restaurants, amélioration de la voirie (en partie financée par les miniers)… Avec la reprise, Kolwezi s’équipe progressivement.

guerre civile dans ce pays (1975-2002). L’État angolais, qui a confié les travaux à des entreprises chinoises, annonce que ce réseau de 1 350 km devrait être opérationnel en 2012. Il permettra d’évacuer dans de meilleures conditions les minerais katangais depuis Dilolo, le tout proche poste frontalier, et d’acheminer les équipements industriels lourds depuis le port angolais de Lobito, sur la côte atlantique. D’ici là, le transport s’effectue surtout par la route,

LE REVERS DE LA MÉDAILLE

De quoi réjouir Mme la maire, ex-cadre de la Gécamines, qui fut bourgmestre de la populaire commune de Dilala. Mais la médaille a son revers. L’afflux de migrants venus d’autres districts du Katanga, des provinces voisines (Kasaï et Maniema), voire des pays limitrophes, a fait exploser la population de

MURIEL DEVEY POUR J.A.

La concession de la Gécamines et de ses partenaires à Kolwezi.

MAJORS ET JUNIORS S’ACTIVENT PLUS DE 1 200 PERMIS DE RECHERCHE, quelque 130 permis d’exploitation… La province est un eldorado du cuivre. Et c’est dans l’arc cuprifère, entre Kolwezi et Sakania, que se trouvent les gisements les plus juteux. Donc les grandes sociétés, particulièrement les jointventures impliquant la Gécamines. Dans la zone de Likasi, les poids lourds sont la Société d’exploitation de Kipoi (filiale de l’australien Tiger Resources, qui explore aussi le gisement de Lupoto), Ruashi Mining (contrôlé par le sud-africain Metorex), la Compagnie minière du Sud-Katanga (groupe Forrest) et le libanais Bazano. Les Chinois sont notamment présents via la Compagnie minière de Luisha (China Overseas Engineering Corp. et China Railway Engineering Corp. – ou Crec) et l’important projet Shituru Mining Corp. (East China Capital Holding). Dans les zones de Lubumbashi et de Sakania, les grands projets sont menés par la Compagnie minière du Sud-Katanga (Forrest), qui dispose du nouveau concentrateur de Kipushi, la Société pour le traitement du terril de Lubumbashi (un partenariat entre Forrest et le finlandais OMG Kokkola Chemicals Holding BV), Ruashi Mining et Crec, qui traite la production de Comilu. Citons encore le projet de Chemaf (groupe indien Shalina Resources), celui de la Société minière du Katanga (coentreprise entre des Indiens et la Gécamines) et, l’un des plus grands projets de la zone, Anvil Mining Kulu Concentrate Kinsevere (AMSK), contrôlé par l’australien Anvil Mining. Tout au Sud, l’exploration mobilise l’indien Aurum en partenariat avec Tiger Resources et la Sodifor, une coentreprise entre le sudcoréen Fortune et la Sodimico, qui a repris les titres miniers de FronM.D. tier et de Comisa (filiales de First Quantum). ■

La centrale électrique de Busenga, sur la rivière Lualaba, est très attendue. Kolwezi. « Nous avons 1,5 ou 2 millions d’habitants, je ne sais pas… Ce que je constate, c’est que la ville s’étend de plus en plus vers le fleuve et que les familles s’entassent dans une même pièce », explique Charlotte Cime, « Maman » pour ses administrés. Une urbanisation accélérée qui pose des problèmes, aussi bien en ce qui concerne l’aménagement et les services urbains (logement, assainissement, eau, électricité…) que le civisme, la sécurité ou même l’alimentation. « Il faut remettre nos populations aux champs », martèle l’élue, inquiète du déficit de produits agricoles. Au premier rang de ses préoccupations figurent également la santé – avec des projets de nouveaux hôpitaux, centres de santé et cliniques mobiles – et l’éducation. La scolarisation primaire, notamment, est en forte baisse depuis la fermeture des écoles de la Gécamines. « Nous devons rouvrir des écoles publiques, réhabiliter notre université et nos instituts supérieurs, les doter en matériel, et construire des logements d’étudiants pour que Kolwezi redevienne le carrefour universitaire qu’il était autrefois », martèle Mme la maire, qui imagine le mieux pour sa ville. Le cœur cuprifère de la RD Congo le vaut bien. ■ MURIEL DEVEY

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68 LE PLUS KATANGA ENTREPRISE

La Gécamines en sursis ? Contrats renégociés, réorganisation en profondeur, changement de statut et de direction... En 2011, lʼex-société publique prend un nouveau départ, mais est loin dʼavoir tous les atouts en main.

F

in décembre 2010, la Générale des carrières et des mines (Gécamines) est devenue une société commerciale. Une mesure qui s’inscrit dans le cadre de la réforme des entreprises publiques du pays. Mission de ses nouveaux dirigeants, Albert Yuma Mulimbi, président du conseil d’administration, et Kalej Nkand, administrateur délégué général (lire encadré) : permettre à la Gécamines de redevenir un opérateur minier à part entière, de nouveau capable de déployer une activité propre. Un vrai défi, car l’ex-entreprise publique, née en 1967 sur les cendres de l’Union minière du Haut-Katanga (UMHK), s’est effondrée sous l’effet cumulé d’une mauvaise gestion, des troubles sociopolitiques des années 1990, des affrontements de 1998-2003 et du gel des financements internationaux qui s’est ensuivi. Trop exsangue pour payer les droits superficiaires (des taxes instituées par le code minier de 2002) comme pour relancer l’outil de production ou l’exploration, la Gécamines a dû « libérer » nombre de ses permis et les concéder à des sociétés privées, sous forme de joint-ventures. Une option facilitée par l’ouverture du secteur à la concurrence. Au total, trente-cinq contrats ont été signés, parmi

Le groupe a dû former des joint-ventures, comme la Société pour le traitement du terril de Lubumbashi.

lesquels une trentaine ont été renégociés. Aujourd’hui, sept d’entre eux sont en production. L’ex-géant minier ne possède désormais plus qu’une poignée de gisements en propre, dont une partie sans réserves certifiées. S’y ajoutent quelques unités industrielles (concentrateur de Kambove, usine de zinc et four Felco à Kolwezi, usines pyrométallurgiques de Lubumbashi et de Shituru, fonderie de Panda à Likasi, usine d’électrolyse de Luilu…) où sont traités les minerais provenant des remblais de Mukine et des rares mines exploitées par la Gécamines (dont celle de Kilamusembu), ceux de certains joint-ventures, et ceux livrés par des coopératives de creuseurs en échange de leur accès aux mines. Soit une production propre de 20 000 tonnes de cuivre et de cobalt par an. Très loin des 450 000 t de

UN TANDEM FINANCIER AUX COMMANDES NOMMÉS LE 20 NOVEMBRE 2010 PAR LE CHEF DE L’ÉTAT, Joseph Kabila, les nouveaux dirigeants de la Gécamines sont tous deux katangais et proches du gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Jean-Claude Masangu Mulongo. Le nouveau président du conseil d’administration, Albert Yuma Mulimbi, également proche du président, est une figure bien connue du milieu des affaires. Depuis 2005, il préside la puissante Fédération des entreprises du Congo (FEC). À 55 ans, cet homme à poigne, originaire du nord du Katanga, ancien étudiant de

l’Université catholique de Louvain (en Belgique), cumule les casquettes. Outre les fonctions de directeur général adjoint d’Utexafrica (filiale de la société financière et de gestion Texaf), qu’il a rejoint en 1983, il est administrateur de plusieurs sociétés congolaises et de diverses institutions – dont la Chambre de commerce belgo-congolaise –, vice-président pour l’Afrique centrale de la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones et, depuis 2003, administrateur et président du comité d’audit de la BCC.

Né à Likasi le 19 novembre 1960, économiste de formation (option gestion financière) et diplômé de l’Université de Kinshasa, Kalej Nkand a quant à lui fait l’essentiel de sa carrière à la BCC. D’abord au département études, ensuite en tant que directeur de la banque au Katanga (2001-2009) et, enfin, comme directeur de la trésorerie. Avec un interlude de deux ans au gouvernorat du Katanga, où il officia comme conseiller économique d’Augustin Katumba Mwanke, qui fut gouverneur de la province de 1998 à 2001. ■ M.D.

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THIERRY MICHEL

1986, l’année record. Le niveau de production espéré par la nouvelle Gécamines est de 35 000 t de cuivre et de cobalt en 2011 et de 75 000 t en 2015. L’URGENCE : CERTIFIER LES RÉSERVES

La stratégie de l’entreprise tient en deux points. Il s’agit tout d’abord de relancer la prospection et la recherche afin de confirmer les réserves de ses gisements. Il lui faut ensuite investir dans la réhabilitation et la modernisation des usines existantes, ainsi que dans la construction d’une usine d’extraction par solvant – enveloppe nécessaire pour la seule année 2011 : 150 millions de dollars (110 millions d’euros). Mais comment lever des fonds alors que la dette de la Gécamines s’élève à 1,6 milliard de dollars et que son activité de production ne rapporte que de 50 à 100 millions de dollars par an ? La solution ne se trouve pas du côté des partenariats : les pas-de-porte dus par les sociétés contractantes n’ont pas été entièrement réglés et les royalties ne sont pas énormes. Quant aux dividendes que la Gécamines peut espérer tirer de ces accords, il va falloir attendre, beaucoup de projets étant en phase d’investissement. Impossible aussi, pour le moment, de faire entrer des investisseurs privés dans le capital de la nouvelle entité – détenue à 100 % par l’État –, faute de « biscuits » à leur proposer. Tout est suspendu à la certification des réserves. Outre l’établissement de règles de gestion rigoureuses afin de dégager plus de bénéfices, la nouvelle direction mise sur l’allègement de la dette de la Gécamines : « On doit se défaire d’un passif que l’entreprise ne pourrait pas assumer », explique Kalej Nkand. Autre cible : la réduction de la masse salariale, avec la mise en retraite ou en préretraite de 3 500 à 4 000 employés, soit près de la moitié de l’effectif actuel, pour un coût d’environ 20 millions de dollars. ■ MURIEL DEVEY J E U N E A F R I Q U E N ° 2 6 13 • D U 6 A U 12 F É V R I E R 2 0 11


CHEMAF

CHEMAF : L’expertise Chemaf SPRL est un leader dans la production du Cuivre et du Cobalt en République démocratique du Congo (RDC) ; Chemaf est une société de droit congolais, enregistrée au nouveau registre de commerce de Lubumbashi.

À partir de la mine de L’Étoile la production annuelle est de : ◆ Mine de l’étoile : 1,5 Million de tonnes de minerais a 3,1% Cu et 0,5% Co. ◆ Usines hydrométallurgie d’USOKE : 18 000 tonnes de Cathodes de Cuivre à 99,999% et 3 000 tonnes de Cobalt sous forme de Carbonate à 20 % Co.

Réserves Géologiques : En dehors de la mine de l’Étoile, actuellement en exploitation ayant près de 15 millions de tonnes de minerais contenant 540 000 tonnes de Cuivre et 100 000 tonnes de Cobalt, Chemaf détient près de 42 permis de recherche, principalement aux alentours de Kolwezi, à coté des grands gisements et mines de la ceinture du Cuivre.

Métallurgie de pointe pour des résultats exceptionnels :

◗ Concentration en Milieu dense Le traitement de minerais à CHEMAF SPRL commence par une concentration en milieu dense des toutvenant de la mine de L’Étoile - Le concentrateur a une capacité de traitement de 8 000 tonnes sèches par jour à 0,6 % Co et 3 % Cu, pour produire près

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de 700 tonnes sèches de concentré par jour à 10 % Cuivre et 1% Co ;

◗ Concassage, broyage et lixiviation Le concentré est ensuite acheminé vers l’atelier de concassage et broyage humide ; la pulpe issue du broyage est ensuite épaissie sur un filtre à bande horizontale qui en extrait l’eau ; le gâteau épaissie est ainsi repulpé avec le raffinat provenant de l’unité d’extraction par solvant Cuivre tandis que l’eau extraite est recyclée au broyeur ; la lixiviation du cuivre et du cobalt se fait par addition d’acide et du dioxyde de soufre ; la séparation solide liquide après lixiviation se fait sur une série des décanteurs laveurs, filtres presses et filtre à bande horizontale pour générer la liqueur mère qui est pompée au circuit d’extraction par solvant du Cuivre.

◗ Extraction par solvant du Cuivre Le cuivre est extrait de la liqueur mère par un solvant organique sélectif pour générer le raffinat qui est envoyé à l’étape de récupération du cobalt. La phase organique chargée en cuivre est régénérée après stripage puis recyclée en tête d’extraction tandis que la phase aqueuse chargée en cuivre est envoyée à l’électrolyse d’extraction.

◗ Électro- extraction du Cuivre La solution riche en cuivre débarrassée de la phase organique est ensuite pompée dans un tank de recirculation où elle circule dans des cellules d’électrolyse où le cuivre est déposé sous forme métallique. Les cathodes de cuivre obtenues ont une pureté de l’ordre de 99,999 % Cu.


◗ Extraction du Cobalt Avant extraction du cobalt la saignée de raffinat est soumise à une étape de purification dans laquelle le cuivre résiduel, le fer, l’aluminium et le manganèse sont éliminés ; le filtrat provenant de cette étape de purification est pompé dans des cuves placées en cascades pour précipiter le Cobalt sous forme de carbonate ; la pulpe après réaction est épaissie et filtrée sur des filtres presses pour obtenir un gâteau humide qui sera ensuite séché pour obtenir le carbonate de cobalt en poudre titrant 20-30 % Co. La précipitation bien que récupérant avec succès le cobalt , n’élimine pas pour autant toute les impuretés telles que le Manganèse, le magnésium, le Zinc, le Nickel... Aussi Chemaf a-t-il décidé d’utiliser en plus de la précipitation, l’extraction par solvant et l’électrolyse du cobalt pour produire du cobalt de haute pureté ; pour ce faire, un circuit d’extraction par solvant et électrolyse du cobalt d’une capacité de 6 600 tonnes par ans et en cours de construction et sa mise en service est prévue pour le deuxième semestre de l’année 2012.

Responsabilités sociale et développement communautaire

- Don de médicaments et soutien aux hôpitaux et centre de santé locaux, - Sponsoring des équipes sportives locales.

◗ Domaine de l’éducation - Attribution des bourses et soutien à l’université de Lubumbashi, - Formation continue pour les travailleurs.

Chemaf Emploie plus de 3 000 employés et contribue à leur bien être. ◗ Projets d’extension - Augmentation de la capacité de l’usine d’USOKE pour produire ≥30000 tonnes Cuivre cathodique et ≥ 3000 Cobalt sous forme de carbonate - 2012, - Construction d’une usine de flottation à la mine de l’Étoile pour le traitement des minerais mixte et sulfurés - 2013, - Construction d’une usine d’extraction par solvant et électrolyse cuivre à la mine de l’étoile - 2014, - Construction d’un concentrateur en milieu dense à Kapamba (Kolwezi) - 2014.

◗ Domaine de l’infrastructure - Construction des routes asphaltées dans la commune Kampemba, - Construction des ponts dans la ville de Kolwezi - Réhabilitation des locaux des écoles locales, - Contribution a l’amélioration de la desserte en eau et l’électricité au Katanga.

◗ Domaine de la santé et du sport - Soins médicaux gratuits pour les travailleurs et leurs familles,

Shiraz Virji Chairman de Chemaf-SPRL

Siège social : 144 Avenue USOKE, Quartier Industriel, Commune de Kampemba, Lubumbashi / Province du Katanga République Démocratique du Congo

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72 LE PLUS KATANGA ÉCONOMIE

Les affaires reprennent Avec la relance de lʼactivité minière, lʼembellie profite en premier lieu aux secteurs de la banque, des transports, du BTP et des services.

L

un des premiers bénéficiaires de la reprise économique katangaise est le secteur bancaire. Outre les acteurs anciennement implantés – Banque commerciale du Congo (BCDC) et Banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac) – et la Trust

40 % de leurs recettes d’exportation dans les banques locales », indique Didier Tilman, directeur de Rawbank dans le Katanga. En matière de transports, la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), dont les voies et le matériel roulant sont très dégradés, n’est pas la mieux placée pour répondre aux besoins d u s e c t e u r m i n i e r, en pleine expansion. D’autant que « le trafic, qui est actuellement de 8 000 à 10 000 tonnes par mois, doit passer à 40 000 t par mois en 2015 », indique le directeur commercial de la SNCC, Ir Wassa Wa Gombele. Le lancement, en 2011, du projet de transport multimodal (PTM), qui prévoit, entre autres, le renouvellement de 200 km et la restauration de 490 km de voies, ainsi que l’achat de matériel roulant, devrait améliorer la situation… Mais pas avant trois ans – au moins. Le déclin du chemin de fer a profité aux transporteurs routiers. L’es-

Le déclin du chemin de fer a profité aux transporteurs routiers, surtout sud-africains. Merchant Bank, dont le siège est à Lubumbashi (créée en 2004, elle est déjà l’une des plus importantes banques congolaises), de nouveaux établissements ouvrent des agences dans le chef-lieu de province et les autres villes du bassin minier, dont la Banque internationale de crédit et Rawbank. L’objectif : engranger les dépôts des particuliers, des PME et, surtout, des grands comptes, notamment des miniers, « censés rapatrier

sentiel du trafic se fait en effet par la route, les exportations minières et les importations de marchandises diverses (dont les intrants pour l’industrie minière) mobilisant chaque mois 600 à 900 camions, qui font la jonction entre la province et les ports de Tanzanie, de Namibie et d’Afrique du Sud. Une manne, vue du péage rou-

VICTOR NGEZAYO Président du groupe Ngezayo

TOUT COMMENCE EN 1974, quand Victor Ngezayo crée Tour Hôtel, une chaîne d’ampleur nationale, avec des partenaires étrangers et congolais. De cette aventure naîtront quelques hôtels célèbres implantés dans l’est de la RD Congo – d’où la mère de Ngezayo est originaire – et à Kinshasa. En 1981, il rachète le Park Hôtel, l’ex-Léo-II, fondé en 1929, une institution du centre-ville de Lubumbashi. « Le projet était porteur, car à l’époque, l’économie était soutenue

par la Gécamines. » Tout baigne jusqu’en 1998, lorsqu’éclate la guerre. L’hôtel sera occupé jusqu’en 2003. Des déboires qui ne découragent pas Ngezayo. Pas plus que la baisse du taux d’occupation en 2008-2009, liée à l’effondrement du secteur minier. Depuis, l’activité est repartie. Après un changement de direction et l’arrivée d’un nouveau chef de cuisine, des investissements sont engagés pour rénover le Park Hôtel et accueillir une clientèle appelée à croître. ■ M.D.

MURIEL DEVEY POUR J.A.

LʼHÔTELLERIE COMME SECONDE NATURE

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LE PLUS 73 minérale, fourniture de matériels et d’intrants… De quoi favoriser la sous-traitance locale. Cependant, « beaucoup de miniers ont leur propre circuit d’approvisionnement et leurs sous-traitants habituels, qui sont à l’extérieur. Ils se débrouillent donc seuls », explique Félicien Tshi-

Les établissements financiers (ici à Lubumbashi) sont les premiers bénéficiaires de la reprise.

tier entre Kolwezi et le poste douanier de Kasumbalesa, mais une surcharge catastrophique pour les routes. Près de 80 % du marché du transport routier est occupé par des Tanzaniens et, surtout, des Sud-Africains. Les transporteurs congolais sont peu nombreux. À l’exception de la société Hakuna Matata, leurs moyens leur permettent rarement de s’acquitter du dépôt de garantie demandé pour lever les marchandises dans les ports de la sous-région. SOUS-TRAITANCE LOCALE

Le transport aérien a aussi pris de la hauteur. Luano, l’aéroport international de Lubumbashi, est desservi tant par des compagnies provinciales (qui assurent les liaisons avec l’hinterland minier), que nationales (dont, prochainement, Korongo Airlines, fruit d’un partenariat entre le belge Brussels Airlines et l’Entreprise générale Malta Forrest, berceau du groupe George Forrest International) et internationales (South African Airways, Ethiopian Airlines et Zambezi Airlines). Le dynamisme des

échanges bénéficie bien entendu aux divers transitaires internationaux, comme Gecotrans et SDV. To u j o u r s p o u r r é p o n d r e a u x besoins et à la demande des miniers, d’autres activités se développent : restauration collective, logistique, t r a v au x d e g é ol o g i e , d ’a n a l y s e

MURIEL DEVEY POUR J.A.

Le groupe Forrest compte investir dans l’hydroélectricité avec des Sud-Coréens. bangu Yamba, le président de la section katangaise de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Dynamisés par les besoins en usines, en bureaux et en logements des miniers, ainsi que par les programmes routiers ou les projets de réhabilitation et de constr uction de centrales hydroélectriques, les chantiers d’infrastructures et de BTP mobilisent des sociétés locales (Safricas, Forrest…) et étrangères (dont le sud-africain Group Five et la China Railway Engineering Corporation). Misant sur ces marchés porteurs, le groupe Forrest compte, d’une part, investir dans l’hydroélectricité en partenariat avec des Sud-Coréens et, d’autre part, relancer la production de ses deux cimenteries, Interlacs et Cimenkat, en s’associant avec l’allemand HeidelbergCement. ■ MURIEL DEVEY

MILLE ET UNE POSSIBILITÉS POUR L’ÉCOTOURISME PARCS NATIONAUX DE L’UPEMBA ET DES KUNDELUNGU, lacs naturels – dont le vaste Tanganyika –, chutes de la Lofoï, source du fleuve Congo, villes historiques rappelant l’aventure minière… Le Katanga a de quoi attirer les visiteurs de tout poil. En particulier la nouvelle génération des écotouristes. Toutefois, en dehors des villes minières, qui abritent l’essentiel des hôtels, et du parc animalier Muyambo Park, près de Lubumbashi, peu de sites ont été aménagés pour le moment. Par ailleurs, si le Sud minier est doté d’un assez bon réseau routier, le reste de la province n’est guère facile à parcourir. La rare clientèle touristique se compose pour l’heure de visiteurs locaux (expatriés et Congolais aisés) et de quelques hommes d’affaires étrangers de passage. Pour développer un marché qu’ils savent porteur, certains acteurs privés, comme la société congolaise Number One, investissent dans la reconstitution de réserves de faune et la création de lodges. D’autres préparent des projets d’aménagement de sites lacustres, propices aux sports nautiques et à la pêche sportive. ■ M.D.

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Plantation de riz près de Kashobwe, dans l’est du Katanga.

AGRICULTURE

Vers davantage dʼautonomie Largement sous-exploité, le potentiel de la province commence, enfin, à être mis en valeur. Objectif : sʼémanciper de la dépendance aux importations alimentaires.

M

algré leur potentiel agropastoral et piscicole, les campagnes katangaises ne nourrissent pas la province, contrainte d’importer une grande part de son alimentation. « La moitié de nos besoins en maïs, soit environ 500000 tonnes par an, est couverte par des importations venant de Zambie, du Malawi et d’Afrique du Sud », explique le ministre provincial de l’Agriculture, Barthélemy Mumba Gama. De même, une grande partie du poisson et de la viande consommés localement vient de Namibie et du Zimbabwe. Sans compter le blé, le riz, le sucre, l’huile de table et autres produits qui arrivent du Brésil, du Moyen-Orient, de Chine et de Thaïlande. CERCLE INFERNAL

Tant et si bien que le montant consacré aux importations alimentaires est trois fois plus élevé que celui provenant de la redevance minière. Un cercle infernal, particulièrement dangereux en période de crise alimentaire mondiale et dans le cadre d’une économie extravertie car, comme le précise Barthélemy Mumba Gama, « les exportations minières et les

importations alimentaires du Katanga sont, les unes et les autres, très dépendantes des cours mondiaux ». Cette situation trouve son origine dans les faibles rendements de l’agriculture villageoise, qui produit pour une consommation locale mais ne couvre pas les besoins urbains, et dans la prééminence du secteur minier, qui mobilise l’espace et les énergies. Pour inverser la tendance, le gouvernement provincial s’est donné trois priorités. La première est d’inciter les petits exploitants à se regrouper en coopératives et de leur four nir des intrants et des outils agricoles plus performants, notamment de petits tracteurs. Il s’agit également de sécuriser le foncier face aux sociétés minières, afin d’éviter que les cultivateurs soient délogés de leurs terres lorsque les concessions entrent en phase d’exploitation, et, enfin, d’encourager la création de grandes sociétés agricoles. Une stratégie qui commence à porter ses fruits puisque la plupart des entreprises minières ont aujourd’hui déve-

loppé des activités dans le secteur. « On compte déjà 36 fermes émergentes, note Mumba, dont les superficies varient entre 1000 et 3000 ha. » Ces fermes mécanisées s’ajoutent aux grands domaines et ranchs existants – Grelka (Forrest), Number One, Kifita et Mangombo à Kolwezi – ainsi qu’à des fermes plus petites, aménagées à l’époque coloniale dans la ceinture cuprifère. Reprises en majorité par des Congolais pratiquant une culture vivrière, ces der-

La plupart des sociétés minières ont investi dans la création de grandes fermes mécanisées. nières sont tournées vers le maraîchage et la production de semences, en plus d’un petit élevage. Malgré ces premiers efforts, beaucoup reste à faire. Notamment dans l’ouest et le nord de la province, terres de maïs et de manioc, où bien des villages sont encore enclavés et les techniques culturales rudimentaires. ■ MURIEL DEVEY

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GWENN DUBOURTHOUMIEU

74 LE PLUS


• De gauche à droite :

mine de Luiswishi exploitée par CMSK, sous-traitance minière par EGMF, pont à peser pour poids-lourds réalisé par EGMF, coulée de métal dans l’usine STL.

LE GROUPE FORREST INTERNATIONAL : UN PILIER INDUSTRIEL DE LA R.D.CONGO

Groupe Forrest International est un groupe de sociétés appartenant à George Arthur FORREST où dans lesquelles, il détient une participation. La naissance du Groupe Forrest International remonte à 1922, année au cours de laquelle Malta FORREST créa sa société dans la province du Katanga. En 1986, son fils, George Arthur FORREST, prit seul, la direction de l’entreprise familiale et lui donna un nouvel essor. Par la diversification de ses activités, le Groupe Forrest International s’est érigé en un opérateur économique incontournable de la République Démocratique du Congo. Il en est aujourd’hui un des principaux investisseurs et employeurs privés. Le Groupe est actif dans le secteur minier, l’industrie du ciment, les travaux publics et de génie civil, l’énergie renouvelable, le domaine aéronautique, le montage industriel, la santé et l’agroalimentaire. L’activité de ses sociétés procure un emploi à prés de 15 000 personnes. Parallèlement à ses activités économiques et compte tenu du contexte socio-économique de la République Démocratique du Congo, le Groupe Forrest International est particulièrement impliqué dans des projets sociaux. Notamment via la Fondation Rachel Forrest, qui elle, finance des initiatives dans les domaines de l’enseignement, la santé, le sport, l’agriculture ou encore l’environnement. Malgré les conflits qui ont ravagé le pays pendant près de huit années, le Groupe Forrest International est l’une des rares entreprises a n’avoir jamais suspendu ses activités, ni ne s’être détournée du pays et de la population congolaise. Elle a au contraire continué à y investir, entraînant dans son sillon des investisseurs occidentaux de premier plan. George Arthur FORREST, président du Groupe est Consul honoraire de France à Lubumbashi. En mars 2007, il a été nommé Président d’Honneur de la Chaire UNESCO pour l’Afrique centrale et les pays de la SADC. Fervent promoteur de la transparence dans le secteur minier, il est également, depuis octobre 2007, membre du Comité de Pilotage de l’Initiative pour la Transparence dans la gestion des Industries Extractives (ITIE) en République Démocratique du Congo. Il est finalement un ardent défenseur de l’art contemporain congolais, notamment via l’ASBL Dialogues qu’il finance entièrement. Celle-ci soutient les artistes congolais et promeut leurs œuvres par des expositions tant en République Démocratique du Congo qu’en Europe et dans le reste de l’Afrique.

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DIFCOM/D.F. _ PHOTOS : D.R.

GROUPE FORREST INTERNATIONAL


WE ADD VALUE - ALLONS DE L’AVANT Ruashi Mining Sprl est situé dans les périphéries de Lubumbashi, dans la province du Katanga, qui est le berceau minéral de la République Démocratique du Congo. Ruashi Holding Ltd (Pty), est une filiale de Metorex Ltd enregistrée en Afrique du Sud, et a 75 % d’actions dans Ruashi Mining, une société à responsabilité limitée anonyme privée enregistrée en RDC. L’autre 25 % de Ruashi Mining est tenu par la Générale des Carrières et des Mines « Gécamines » une société d’État en RDC. Metorex Ltd est une société minière publique incorporée en République Sud-Africaine et coté en bourse sur le JSE. Jusqu’ici, des activités minières à la Mine de Ruashi ont été effectuées en deux phases. La construction de l’usine de concentrateur de la phase I de Ruashi (« Phase I ») qui a débuté en mai 2005, et a constitué une usine de concentrateur d’oxyde pour traiter les réserves des minerais d’oxyde laissées par Union Minière du Haut Katanga (UMHK) et Gécamines. Le premier concentré a été produit en septembre 2006.

Une usine Moderne

Production du Cuivre

Produits fins de cuivre 99 %

Le concentrateur de la phase I a été placé sous le soin et l`entretien en 2008 comme la production de l’usine hydrometallurgical de la phase II de Ruashi (« Phase II ») commençait . L’usine de la phase II a constitué un processus hydrometallurgical qui incorpore la lixiviation-décantation, l’extraction par solvants/l’électrolyse (« SX-EW ») et les opérations de précipitation de cobalt. La construction de l’usine de la phase II a débutée en mars 2007 et a été suivie de près du début des travaux dans la mine à ciel ouvert en octobre 2007. L’usine de la phase II a été construite et commissionnée étapes par étapes pour permettre la production « du cuivre de premier jet -sans extraction par solvent- » (cuivre direct d’Électrolyse-EW- à l’exclusion de SX). Le cuivre de premier jet a été produit la première fois en mars 2008 avec le circuit de cuivre complet (SX de incorporation) commissionné en octobre 2008. L’installation de cobalt a été mise en service en février 2009. Les sections de lixiviation et de décantation de l’usine ont atteint la capacité de conception (1.44mtpa), tandis que les sections d`aval (SXEW) sont toujours en chemin pour attendre la capacité de conception, principalement à cause des teneurs d’alimentation obtenues qui étaient plus faible que celles prévues lors de la commission. Pendant que Ruashi réalise maintenant uniformément ses nombres visés de production, elle a également développé des politiques de sécurité de travail, de santé, de environnementales et de communauté de niveau international, et exécute de divers programmes sociaux, dont certains sont montrés sur cette page. C’est la devise de Ruashi d’ajouter la valeur à tous les parties prenantes affectées.

Approvisionnement en eau

Approvisionnement en électricité

Promotion de l’enseignement

Produits fins de cuivre 99 %


LE PLUS 77

Culture du risque Issus dʼautres secteurs, ils ont misé sur le développement des filières agroalimentaires. Itinéraires particuliers dʼexploitants et dʼindustriels.

LEILA KATEBE Directrice de KTB

LA FONCEUSE

MURIEL DEVEY POUR J.A.

Bien qu’issue d’une famille d’entrepreneurs, elle n’a rien d’une fille à papa. Diplômée en management de l’École pratique des hautes études commerciales de Bruxelles, Leila Katebe rentre au pays en 2004, bien décidée à faire cavalier seul. Après avoir créé KTB, une société spécialisée dans l’importation de produits alimentaires (poisson et viande congelés, produits secs), dont elle est directrice, elle investit dans les infrastructures (magasins, locaux industriels) et dans une flotte de camions pour ravitailler l’intérieur de la province. Elle poursuit la diversification de ses activités en créant une boulangerie industrielle et une pâtisserie à Lubumbashi, ainsi qu’une ferme à Likasi, qui produit du maïs. Ses projets: développer ses activités agricoles et se lancer dans la pêche industrielle. Pour approvisionner le Katanga, puis d’autres provinces de la RD Congo. « L’agriculture est notre richesse. On ne peut pas vivre que d’importations », martèle cette trentenaire au sourire éclatant. ■ MURIEL DEVEY

VICTOR MULONGO MUKALAY

Exploitant de la ferme Nsenga Lutanga

GENTLEMAN-FARMER

MURIEL DEVEY POUR J.A.

Il y a longtemps que cet ancien haut fonctionnaire a compris que « sans l’agriculture, la RD Congo ne [valait] pas un penny ». Or si son statut ne l’autorisait pas à exercer des activités lucratives, il ne lui interdisait pas celle-ci. En 1978, Victor Mulongo Mukalay rachète donc une ferme avicole, à 12 km de Lubumbashi, que son ancien propriétaire n’avait pas récupérée après la restitution des biens « zaïrianisés ». Il la rebaptise Nsenga Lutanga, du nom de son grand-père maternel, et en confie la gestion à son frère. Une fois à la retraite, il en reprend les rênes. Aujourd’hui, outre l’élevage de canards et de lapins, la ferme produit quelque 2 000 poulets de chair, 5 000 œufs et 100 porcs par mois, vendus sur les marchés de Lubumbashi, ainsi que du maïs (cultivé sur 100 ha), et des semences (maïs, soja et haricots). Mulongo a dû faire une croix sur le maraîchage, « en raison de la pollution de la rivière Kafubu par les industries minières ». ■ M.D. J E U N E A F R I Q U E N ° 2 6 13 • D U 6 A U 12 F É V R I E R 2 0 11

MUKALAY NSENGA SONKUE PDG de Mukalay et Frères

DU COMMERCE AU MOULIN

Après avoir été initié par son aîné, en 1986, Mukalay Nsenga Sonkue – fort du petit pécule que son frère lui accorde – se lance dans le commerce en créant Mukalay et Frères. En 2008, après un bref intermède minier, il opte pour l’agroalimentaire et lance une minoterie à Lubumbashi, qui produit du son pour bétail et, surtout, de la farine de maïs pour la fabrication du foufou, aliment de base des Katangais. « J’ai choisi cette activité car la population consacre l’essentiel de ses revenus à l’alimentation », explique-t-il. Alors que sa première machine lui permettait de traiter entre 5 et 10 tonnes de maïs par jour, la toute nouvelle, importée d’Afrique du Sud, a une capacité quotidienne de 55 t. Pour faire tourner son moulin, Mukalay doit importer chaque mois plus de 1500 t de maïs de Zambie, la production locale étant insuffisante, et garde en permanence un stock de sécurité de 4500 t. ■ M.D.

AGNÈS KILUME

Présidente et gérante de la ferme Safari International-SOD

MADAME SÈME Cette ex-cadre de la Gécamines, qui fêtera ses 60 ans cette année, a toujours eu une passion pour l’agriculture. En 1998, tout en assumant ses fonctions de directrice commerciale, elle achète une ferme dans la vallée de la Lufira. « Nous consacrons 218 ha à des cultures vivrières, notamment du maïs, et 8 ha de bas-fonds au maraîchage. On fait aussi un peu d’élevage et de pisciculture. » Agnès Kilume vend sa production à des sociétés minières. En 2009, constatant que la région manque de semences vivrières de qualité, elle se tourne vers cette production, qui est aujourd’hui devenue son activité principale. Elle y consacre une centaine d’hectares, dont 20 aux semences de maïs et 10 aux boutures de manioc. En 2010, elle a ajouté une nouvelle corde à son arc en se lançant dans la production de semences maraîchères (gombo), en partenariat avec le belge Somers Seeds, qui lui fournit les intrants, et le congolais MaPhartech, qui assure la commercialisation. ■ M.D. MURIEL DEVEY POUR J.A.

PORTRAITS


78 LE PLUS KATANGA SOCIÉTÉ

Melting-jackpot dʼexpatriés Ils étaient 30 000 en 1960, un peu plus de un millier aujourdʼhui. Si les ressortissants européens sont désormais peu nombreux dans la province, la plupart y ont de gros intérêts. Et dʼautres nationalités les rejoignent.

B

elges, Grecs, Italiens, Portugais… Ils étaient quelque 30 000 da ns la prov ince en 1960. Aujourd’hui, les ressor t issants européens, descendants d’ex-cadres de l’Union minière du Haut-Katanga et de la Gécamines ou de familles de colons, sont environ 1 300, concentrés à Lubumbashi, Likasi et Kolwezi. Parmi eux, quelques entrepreneurs de premier plan. En tête des Belges, le groupe George Forrest International, né de l’Entreprise générale Malta Forrest (EGMF, créée dans le Katanga en 1922), est de loin le plus diversifié (BTP, mines, agrobusiness, ciment, banque…). Il est suivi de Number One (élevage, abattoir, charcuterie et catering), de Demimpex Afrique (distribution automobile) et d’une kyrielle de PME. Les principaux représentants de la communauté italienne sont Edile Construction et Scorpion (transports), et les Grecs restent présents à travers

Psaromatis (supermarchés, commerce de gros, distribution de carburant, agroalimentaire), Evangelatos (ferme agricole et import-export) et Relacom (biscuiterie). Au fil des ans, d’autres nationalités sont venues occuper la place laissée vacante par les Européens qui ont fui les troubles qu’a connus la province après l’indépendance.

Les Anglo-Saxons ont amené dans leur sillage des Philippins, des Indonésiens, des Péruviens… Certaines ont consolidé leurs positions, en particulier les Indiens, principalement des Ismaéliens, qui, dès l’époque coloniale, ont prospéré dans l’import-export. Cette communauté, grossie depuis les années 1990 de nouveaux arrivants, hindous ou musulmans, occupe de solides positions dans le commerce de gros, la distribution (supermarchés Jambo Mart et Ma Maison), la banque, les mines et l’industrie légère. Arrivés dans les années 1970 et 1980, les Libanais ont quant à eux d’abord fait fortune dans le commerce de diamants avec le Kasaï. Aujourd’hui, ils sont actifs dans le commerce général (textile, électroménager…), l’industrie légère et le secteur minier. SUD-AFRICAINS, LA NOUVELLE GÉNÉRATION

Après les Ouest-Africains et les Zambiens, pour la plupart petits commerçants ou transporteurs installés depuis longtemps dans le Katanga, la nouvelle génération de ressortissants du continent est surtout constituée de Sud-Africains (mines, BTP, transports et agriculture). Le minier Amari Holdings, par exemple, projette la construction de Luano City, un grand complexe intégré sur 380 ha (logements, bureaux, écoles, commerces, loisirs), aux abords de l’aéroport international de la Luano, à Lubumbashi. Arrivés plus récemment, les Chinois opèrent quant à eux principalement dans les mines et le BTP, où règne la puissante China Railway Engineering Corporation, et font une percée dans la restauration. Côté nouveaux « expats » occidentaux, Américains, Australiens et Canadiens dominent. Ils ont amené dans leur sillage des Philippins, des Indonésiens et des Péruviens pour construire mines et usines. Les Britanniques font leur apparition avec le groupe Lonrho, chargé de la réhabilitation et de la gestion du Grand Karavia Hôtel, un cinqétoiles lushois qui a rouvert ses portes en juin 2010. Enfin, de nouvelles PME belges devraient s’implanter dans la province pour sceller des partenariats avec leurs homologues congolais dans la sous-traitance minière. ■ MURIEL DEVEY J E U N E A F R I Q U E N ° 2 6 13 • D U 6 A U 12 F É V R I E R 2 0 11


KARIM SAHIB/AFP

LE PLUS 79

Quart de finale de la Coupe du monde des clubs, à Abou Dhabi, le 11 décembre 2009.

FOOTBALL

TP Mazembe, le dieu des stades Il vient de remporter pour la seconde fois consécutive la Super Coupe Orange : le Tout-Puissant est lʼidole de la province. Retour sur une légende désormais internationale.

I

l n’y a pas photo. Depuis une décennie, le Tout-Puissant Mazembe est (re)devenu la meilleure équipe congolaise, supplantant ses lointains concurrents de Kinshasa (l’AS V.Club et le DC Motema Pembe) et son frère ennemi katangais, le FC SaintÉloi Lupopo, fondé, comme lui, en 1939. Alors que les derbys entre les deux formations se concluaient jadis par des scores serrés, leurs récentes confrontations en championnat national montrent bien le gouffre qui les sépare désormais : lors de la phase qualificative, les « Corbeaux » ont humilié les « Lumpas » du FC Saint-Éloi, battus à plate couture à l’aller (5-0) comme au retour (1-7) – les scores en phase finale ont toutefois été plus serrés. Qui aurait cru que le FC SaintGeorges, créé par des missionnaires bénédictins, rebaptisé Saint-Paul FC en 1944, puis FC Englebert et, finalement, TP Mazembe, écrirait à nouveau les plus belles pages de l’histoire du football congolais ? Car le succès du Tout-Puissant dépasse désormais de loin les frontières provinciales et nationales. En témoigne le nombre de trophées récoltés ces dernières années. Dernier en date : celui marquant sa deuxième victoire consécutive en finale de la Super Coupe Orange, cette fois face au FUS Rabat,

le 29 janvier. Un sacre venu conforter la première place du club sur la scène africaine, après son succès en Ligue des champions de la CAF, en 2009 et 2010 – il a battu, le 13 novembre dernier, l’Espérance de Tunis. Cerise sur le gâteau : en décembre, le TP Mazembe est devenu la première équipe africaine à avoir joué – et perdu – une finale de Coupe du monde des clubs. C’était à Abou Dhabi, face à l’Inter de Milan. Finie, donc, la longue traversée du désert pour le club katangais, qui, de 1981 à sa victoire en 2009, était rentré bredouille de toutes ses campagnes africaines. De quoi désespérer ses supporteurs, qui évoquaient non sans nostalgie les succès passés de leur équipe préférée : en 1967 et en 1968, elle avait gagné la Ligue des champions et, en 1980, la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupes – compétition aujourd’hui disparue.

Doté d’un budget important dans le contexte africain (10 millions de dollars en 2010, soit 7,3 millions d’euros) et d’un centre de formation moderne, le club offre des salaires attrayants (jusqu’à 25 000 dollars par mois, hors primes) et attire des talents étrangers. Et alors qu’aucun autre club congolais ne dispose de ses propres installations sportives, le TP Mazembe aura bientôt son stade (18 000 places) dans la commune de Kamalondo, à Lubumbashi. Le club a abandonné ses oripeaux d’association pour se muer en une société à responsabilité limitée, ce qui

Le club a quitté ses oripeaux d’association pour se muer en véritable entreprise.

DES SALAIRES ATTRAYANTS

Actuellement entraîné par le Sénégalais Lamine Ndiaye, le TP Mazembe s’est profondément métamorphosé depuis que Moïse Katumbi Chapwe, homme d’affaires prospère et gouverneur du Katanga, en a pris les commandes, en 1998.

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a impliqué l’entrée dans le capital de Moïse Katumbi, de la société Mining Company Katanga et de plusieurs autres petits actionnaires. Une grande première en RD Congo, où la gestion du football reste plutôt archaïque. L’entreprise entend trouver de nouvelles sources de revenus, notamment en développant la vente de produits dérivés – un filon quasi inexploité dans le pays. ■ ARTHUR MALU-MALU


80 LE PLUS KATANGA LOISIRS

de nuit ouverte récemment, avenue de la Révolution, pour une clientèle « d’un certain âge ». De leur côté, les étudiants fréquentent volontiers le Twenty One, avenue Kamalondo, ou le Sodome et Gomorrhe, près de la gare, et vont refaire la RD Congo en prenant une bière au Village Bonta.

Les incontournables de « Lshi »

GWENN DUBOURTHOUMIEU

LA PALETTE EST LARGE

Chez Ntemba, une boîte de nuit pour fans de musique congolaise.

Expositions, restaurants, night-clubs... La géographie de lʼambiance lushoise a-t-elle changé avec le regain de lʼactivité minière et lʼarrivée de nouveaux expatriés ? Revue des lieux où il fait bon sortir.

À

Lubumbashi, « Lshi » pour le s i n it ié s, le gou r met, l’amateur de Simba (la bière locale) et celui qui aime se trémousser seront servis. Depuis quelques années, restaurants, boîtes de nuit, bars, hôtels et guest houses poussent comme des champignons. Il y en a pour toutes les bourses et pour tous les goûts. Au passage, la géographie des lieux de loisirs s’est modifiée, avec l’apparition de nouveaux quartiers in, dont celui du Lac-Kipopo, où, en mars 2010, a été inauguré un complexe commercial, à deux pas du Grand Karavia Hôtel, le cinq-étoiles local, entièrement rénové. Ces nouveaux points chauds n’ont cependant pas détrôné, en termes de réputation, les communes de Kamalondo, de Kenya – fief des orchestres de « karindula », la musique des mineurs –, de Ruashi et de Lubumbashi, qui ont conservé leur attractivité.

En centre-ville, le Patio du Park Hôtel, animé par un orchestre en début de soirée, reste un lieu incontournable où se rencontrent les politiques, les hommes d’affaires… et les couples d’amoureux. Les vieux Lushois aiment aussi se retrouver chez Mukubwa Denis, avenue de la Révolution, une autre institution de la ville, plus populaire, où ils ne se lassent pas d’écouter les tubes indémodables de leurs stars préférées : Franco, Tabu Ley, Mbilia Bel… Les amateurs de danse ont l’embarras du choix. Les fans de musique congolaise et plus généralement africaine se trémoussent chez Ntemba (« secret », en swahili), une chaîne créée par un Congolais installé en Afrique du Sud, ainsi qu’au Godfather, à l’O 2 (Oxygène) ou au Ngwasuma. Les mordus de musique occidentale préféreront le Blue Tooth, une boîte

En matière de restaurants, la palette est également large. Les plus chics, fréquentés par les « expats » et les hommes d’affaires de passage, sont la Bonne Table du Grand Karavia Hôtel, Planet Hollybum (qui est aussi un hôtel et une boîte), le Kalubwe Lodge (le restaurant du golf), Les Artistes ou encore le Safari Grill du Park Hôtel. Pour déguster un bon steak made in Katanga, il n’y a toutefois pas mieux que le Bush Camp, et pour manger sur le pouce rendez-vous à La Brioche, sorte de snack-bar en centre-ville. Lubumbashi regorge aussi de restosbars belges (Cercle wallon), grecs (Cercle hellénique), italiens (Casa degli Italiani), libanais (La Perle d’Orient), indiens (Royal India) et chinois, dont certains font office de clubs. La jeunesse dorée et gourmande raffole des glaces du Miga Gelato et des pâtisseries de Vanille & Chocolat, tandis que les aînés prennent un verre au Café du Lac en regardant le coucher du soleil sur le lac Kipopo. Musée, galerie d’art contemporain, Halle de l’Étoile (centre culturel français), espace Picha (consacré à l’image), golf, cercle hippique, piscines des hôtels, plage du lac et son terrain de volley, parc animalier (Muyambo Park)… Le chef-lieu du Katanga offre un large éventail aux férus d’expositions,

Fête, culture, sport et nature… Seuls les mordus du shopping seront déçus. de concerts et de théâtre, comme aux sportifs et aux amoureux de la nature. Moins aux mordus du shopping, car il est chiche en magasins. Quelques boutiques d’artisanat et de vêtements chics, trois ou quatre supermarchés. C’est tout. La construction, en projet, d’un grand complexe intégré près de l’aéroport pourrait changer la donne. ■ ARTHUR MALU-MALU

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Agriculture Élevage Abattoir Atelier de découpe et charcuterie Chaine de froid assurée

BUSH CAMP Restaurant Catering Gestion de camp Organisation d’évènement Laverie Boucherie Charcuterie NUMBER ONE : Concession Number One, Route Munama n°33 Lubumbashi, Katanga - République Démocratique du Congo - Tél. : +243 99 702 03 02 - +243 99 702 63 16

Email : boucherienumberone@mwangaza.cd


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