JA3122 du 1er avril 2022 Objectif Algérie

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Les (nouveaux) Sahraouis de Sa Majesté

ou double

L’ARMÉE PEUT-ELLE GAGNER LA GUERRE?

Six mois après le départ des Français de Barkhane, Assimi Goïta et lesFama multiplient les communiqués de victoire contre les jihadistes. Entre propagande et réalité du terrain, enquête sur une grande muette en proie au doute.

www.jeuneafrique.com N0 3122 –MARS 2023 BÉNIN (RE)MISE EN JEU SPÉCIAL 28 PAGES
MAROC
Sonkoàquitte
SÉNÉGAL
MALI
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Uneinterview
président MahamatIdrissDéby Itno : H I K L T D = [ U \ ^ U ^ : ? n @ b @ c @ m @ a M0 1936 -3 12 2F: 7,90 E -R D Al lemag ne 9€ • Be lg iqu e9 € • Ca nad a1 2,9 9$ CA N Co ng oB ra zz av ill e5 000 FC FA • Dji bo ut i1 2€ • Es pagn e9 € Fr an ce 7, 90 € • DO M9 € • It al ie 9€ • Ma roc 50 MAD Mau ri ta nie 20 0M RU • Pay sBa s9 ,2 0€ • Po rt uga l9€ RD Co ngo 10 US D • Su is se 15 CHF • Tu nisie 8T DN • TO M1 000 XP F Zo ne CF A4 800 FC FA • IS SN 19 50 -1 28 5
«J’ai sauvé mon pays du chaos »
exclusive du

L’édito

Marwane Ben Yahmed @marwaneBY

Algérie, où es-tu?

S’inquiéter pour le plus vaste pays d’Afrique, 45 millions d’habitants, quatrième PIB, qui dispose du gaz et du pétrole dont le monde entier a aujourd’hui besoin, de l’une des armées les plus puissantes du continent et d’infrastructures que beaucoup lui envient? Voilà qui peut paraître incongru. Et nul doute que nos amis algériens, réputés ombrageux, en particulier les dirigeants politiques et militaires, ne vont pas apprécier A fortiori quand la manne des hydrocarbures coule de nouveau à flots; 60 milliards de dollars de réserves de change dans les caisses, ça change la vie d’un État sorti exsangue de la crise du Covid. Et pourtant, il y a vraiment lieu d’être préoccupé par le destin d’« El Djazaïr ».

Un peu plus de trois ans après l’élection à la présidence d’Abdelmadjid Tebboune et quatre ans depuis le déclenchement du Hirak, cet immense mouvement populaire qui a surpris le monde entier, obtenant sans violence la chute du régime d’Abdelaziz Bouteflika, « l’Algérie nouvelle » promise par ses dirigeants a des allures de mirage en plein milieu du Tassili. Pis, les aspirations enfin révélées au grand jour lors de cette

drôle d’insurrection d’une population jeune, plurielle, dynamique, engagée et désireuse de rompre avec les immobilismes politiques et sociétaux n’ont guère été prises en compte. Les fruits n’ont jamais passé la promesse des fleurs. Cette « Algérie nouvelle » est moins démocratique, moins libre et moins ouverte sur l’extérieur que la vieille Algérie de « Boutef ». Ce qui n’est pas un mince exploit…

Plus personne n’ose s’exprimer, ceux qui le font sont embastillés, la presse est muselée ou censurée (c’est d’ailleurs le cas de Jeune Afrique), la Ligue algérienne des droits de l’homme a même été dissoute. L’opposition n’existe plus, à l’exception des islamistes du Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas), pas franchement une bonne nouvelle pour ceux qui connaissent l’histoire contemporaine de l’Algérie. La paranoïa règne en maître, toute voix contestataire est accusée de faire le lit du terrorisme, d’être pro-sioniste ou pro-marocaine. Les relations avec le royaume chérifien, d’ailleurs, n’ont jamais été aussi exécrables, le contraire, là aussi, relevant de la gageure. Le régime, ouvertement militarisé, a en outre perdu sa base sociale. Sa légitimité

historique est un lointain souvenir, sa légitimité démocratique, une chimère Ne reste donc qu’un vague projet politique des plus conservateurs – fondé sur le nationalisme le plus étroit –, une adversité avec un prétendu ennemi extérieur (la France, le Maroc, etc.) et l’autoritarisme pour faire tenir un édifice depuis longtemps décati.

Un véritable crève-cœur pour tous ceux qui aiment ce pays, dont l’auteur de ces lignes, qui le couvre depuis 1999. Un pays unique, magnifique, riche dans tous les sens du terme Mes compatriotes tunisiens ou mes amis marocains n’apprécieront guère, mais c’est sans doute le plus beau des trois qui composent le Maghreb central. Il faut connaître la mystique vallée du Mzab, la verdoyante Aïn Temouchent, les criques azur de la corniche kabyle entre Béjaïa et Jijel, l’iconoclaste Oran, la saharienne et hors du temps Adrar, les sublimes gorges du Rhummel aux portes de Ksentina (Constantine), la magie granitique du Hoggar, entre autres, pour le mesurer Ce pays a tout, un potentiel naturel, humain et géostratégique inouï. D’immenses ressources, et pas seulement ses hydrocarbures, des cadres très bien formés, une jeunesse

JEUNE AFRIQUE – N°3122 – MARS 2023 3

UN PARTENAIRE DE CHOIXPOUR LESECTEUR MÉDICALEN ALGÉRIE

Le secteur de la Santé est par essence, un secteur en constante mutation. Le flux permanent des innovations, l’allongement de la durée de la vie, l’accès aux soins d’un nombrecroissant de personnesainsiquel’améliorationdelaqualitédes traitementssontautantderaisonsquipositionnent Expensimedcommeunpartenairederéférencedu secteur médical

C’est dans ce contexte que la société Expensimed représente l’interlocuteur privilégié des décideurs des systèmes de Santé. En effet, notreentreprise s’engageavecintransigeanceàapporterauxéquipes médicales des solutions adéquatesetindividuelles avecuneréellevaleurajoutée.

Créée en 1995 et basée àAlger,270 employés mettent àladisposition des thérapeutes, près de 30 années d’expérience en ingénierie hospitalière et en fournitured’équipements et de dispositifs médicaux. Expensimed asus’imposer comme un partenaireprofessionnel fiable et d’excellente réputationdansl’environnementmédical.Médecins, pharmaciens, centres hospitalo-universitaires bénéficient d’un suivi sans faille de la partdenos équipesdepuisdelonguesannées.

UN ALLIÉD’EXCEPTION«BIONIME»

Grâce àl’appui des pouvoirs publics algériens en matièredeprotection desinvestissements et de promotion de la production nationale, Expensimed est fier d’avoir noué des liens avec un alliéd’exception,enl’occurrencelasociétéBionime, spécialiséeen«diabètemanagement»,quiutilisela nanotechnologiepourlafabricationdebandelettes detestglycémique.

COMMUNIQUÉ JAMG -P HOT OS DR ZoneIndustriellen°8-ElAchour-Alger–Algérie. Tél.: (+213)23309958 Fax:(+213)23309189 Email :contact@expensimed.com www.expensimed.com

inventive. Le potentiel est une chose, son exploitation en est une autre, hélas.

De quoi l’Algérie a-t-elle le plus besoin aujourd’hui? De modernité, tout simplement. En politique, d’abord, pour instaurer un véritable débat démocratique et remplacer ceux qui ont fait leur temps. La nation ne peut plus s’offrir le luxe de se dispenser des idées neuves d’hommes et de femmes moins enclins à rechercher et à conserver des privilèges – ou à lécher les babouches du zaïm

qu’à bien faire leur travail : proposer, discuter, faire bouger les lignes, préparer l’avenir, représenter dignement leurs électeurs. Ensuite, l’économie. Il faut en finir une fois pour toutes avec cette défiance maladive à l’égard du secteur privé, considéré depuis trop longtemps comme l’ennemi à abattre. Pourquoi renoncer à la créativité dont font preuve chaque jour les Algériens? À cette aptitude, érigée en art, à toujours se débrouiller pour contourner les obstacles? Pourquoi ne pas « légaliser » un secteur informel parmi les plus dynamiques du monde?

Car ce n’est que par le secteur privé qu’on pourra enfin diversifier une économie « monomaniaque » et créer des emplois.

Enfin, le volet social. Inonder de dinars – et il y en a moins qu’hier –ceux qui ne s’en sortent pas (salaires, allocations-chômage et pensions viennent d’être augmentés), sans se pencher sur les raisons de leurs difficultés, c’est soigner les symptômes du mal sans jamais s’attaquer à ses racines. Donc une aberration à moyen terme Une société, quelle qu’elle soit, a aussi besoin d’air, et c’est peu dire que la société algérienne étouffe, asphyxiée par le conservatisme, les tabous, l’absence de loisirs et d’accès à la culture, la corruption et le culte de l’argent facile. Et s’enferme dans le déni : son code de la famille, et la place qu’il réserve aux femmes en particulier, est un autre anachronisme difficilement compréhensible.

Oui, il y a bien lieu de s’inquiéter avec autant de fers aux pieds, depuis si longtemps. Pour les fils et les filles du pays, notamment les plus jeunes,

qui ne peuvent envisager un avenir serein, mais aussi pour nous-mêmes. Car l’Afrique ne saurait se passer d’une Algérie ouverte, engagée dans son développement et dans la quête de souveraineté du continent. Le Maghreb, évidemment, qui subit les conséquences désastreuses et invalidantes de décennies de guerre froide avec le Maroc. Quel gâchis! Le Mali, qui aurait bien besoin du grand frère voisin, celui qui le connaît le mieux La Libye, « chaos debout », qui ne se remet toujours pas de la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011. L’Union africaine dans son ensemble, elle aussi freinée par le bras de fer

Humour et sagesse

Pour réfléchir ou sourire, chaque mois, notre sélection des citations les plus marquantes, les plus intelligentes ou les plus drôles M.B.Y.

La vie est un défi à relever, un bonheur à mériter, une aventure à tenter

Mère Teresa

On ne peut vaincre la nature qu’en lui obéissant Francis Bacon

Mettre tout en équilibre,

Victor Hugo

permanent entre Alger et Rabat dans l’intégration continentale qu’elle est censée promouvoir ou organiser. Dans bien des secteurs, les compétences et les moyens dont dispose l’Algérie sont à même de satisfaire les besoins exprimés, de Bamako au Cap. Énergie, évidemment, mais aussi agroalimentaire, industrie pharmaceutique – et, plus largement, santé –, BTP, infrastructures, services, numérique Les échanges sont pourtant réduits à la portion congrue. Encore une aberration.

Il fut un temps où les leaders de cette jeune nation née d’une lutte exemplaire pour son indépendance siégeaient au panthéon des héros panafricains. Un temps où, à l’avantgarde de l’épopée tiers-mondiste, pleine de rêves et d’ambition, elle était aussi populaire que respectée. L’époque n’est évidemment pas comparable, mais c’est de l’âme et de l’esprit de cette Algérie-là dont nous avons tous besoin. Or mieux vaut se nourrir d’espoir que de souvenirs…

J’ai appris qu’un homme n’a le droit d’en regarder un autre de haut que pour l’aider à se lever. Gabriel García

Le cœur d’une mère est un abîme au fond duquel se trouve toujours un pardon.

Honoré de Balzac

Quand Einstein a rencontré Chaplin en 1931, Einstein lui a dit : « Ce que j’admire le plus dans votre art, c’est son universalité. Vous ne dites pas un seul mot et, pourtant, tout le monde vous comprend. »

« C’est vrai, répondit Chaplin, mais votre renommée est encore plus grande Tout le monde vous admire alors que personne ne vous comprend. »

L’Afrique ne saurait se passer de l’Algérie, dont les moyens et les compétences pourraient couvrir bien des besoins.
c’est bien. Mettre tout en harmonie, c’est mieux.
JEUNE AFRIQUE – N°3122 – MARS 2023 4 L’ÉDITO

UN LABORATOIRE PHARMACEUTIQUE100% ALGÉRIEN

Fort de ses 30 ansd’expérience, LesLaboratoires

FRATER-RAZES sont dotés d’un potentielhumainde 1600 employés, toutes spécialitésconfondues, formés en Algérie, avec unemoyenne d’âge de 29 ans.

LE SAVOIR-FAIRE DES LABORATOIRES

FRATER-RAZES

s Unemaitrise de tout le circuit pharmaceutique :dela rechercheetdéveloppement,production,distribution, formationjusqu’à l’exportation

s Unegammedeproduits diversifiés sous 6formes galéniques, touchantl’ensemble des aires thérapeutiques :133 produits sur le marché concernant 14 airesthérapeutiques d’unegrande diversité touchant notamment les maladieschroniques et 172produitsencoursde développement.

s Des équipements industriels de dernière génération aux normes internationales.

LES LABORATOIRES FRATER-RAZES

PENDANT LA CRISE DU COVID-19

L’Algérieapufairefaceàlapandémie grâce àla production locale qui apermis la disponibilité des traitements au moment où plusieurspays dans le mondeconnaissaient des ruptures. Les Laboratoires FRATER-RAZES ont activement participé àl’effort national de luttecontreleCOVID-19 en mettant àla dispositiondesautoritéssanitaires,7médicamentssur les8prévus dans le protocolehospitalier de traitement du COVID-19.

L’EXIGENCE DE LA QUALITÉ PASSEPAR UN PATRIMOINE INDUSTRIEL ÀLAPOINTE DE LA TECHNOLOGIE

6Pôles pharmaceutiques

s Pôle des formes Injectables (5 unités de production) : >50millions de flacons et 150 millions d’ampoules.

s Pôle des Biotechnologies (3 unités de production) : >50millionsdeseringues préremplies et 5millions de flacons

s Pôle des formes sèches (2 unités de production) : >50millions de boîtes de Comprimés, Sachets et Gélules.

s Pôle contrôle et assurance qualité : >3000procédures,2500m²d’espacedecontrôlequalité, agréés par lesautorités.

s Pôle santé naturelle (1 unité de production et 27 années d’expériencedans lescomplémentsalimentaires): >40produitsfabriquésselonlesBPF(bonnespratiques de fabrication)

sPôleCRD:notreCentredeRechercheetdeDéveloppement >Centre de recherche en partenariat avec des universités algériennes, des instances scientifiques et desexperts internationaux

>Incubateur de projets de recherche nationaux et internationaux dans le domaine pharmaceutique

>Actuellementplusieursprojetsendéveloppementdont 4encours d’obtention de brevets

> Conseilscientifiquedeslaboratoires FRATER-RAZES dont lestravaux sontorientésversl’innovation pharmaceutique.

www.frater-razes.com COMMUNIQUÉ JAMG -P HOT OS DR

Représentant 1,5 milliard de dollars à l’exportation, l’agroalimentaire constitue une importante source

EXPORTATIONS

Objectif : 10 milliards de dollars

Sucre, huile, dattes, mais aussi ciment et acier : entre 2019 et 2022, le volume des ventes à l’international – hors secteur pétro-gazier – a quadruplé. Des résultats qui récompensent les efforts déployés par les autorités pour diversifier l’économie.

RAMZI BO UDINA/REUTERS
de croissance. Ici, récolte de tomates à Tipaza, à l’ouest d’Alger
JEUNE AFRIQUE – N°3122 – MARS 2023 72 OBJECTIF ALGÉRIE

Dans ces vastes plaines arides où aucun arbre ne pousse, des enfilades de serres à perte de vue qui rappellent la mer de plastique d’Almería, dans le sud de l’Espagne, où 3 millions de tonnes de fruits et de légumes sont produites chaque année.

Ici, sous les serres de Biskra, à 400 km au sud d’Alger, on cultive des milliers de tonnes de tomates, courgettes, aubergines, poivrons et melons qui finissent dans les assiettes des Algériens. Depuis une quinzaine d’années, cette région semi-désertique fournit plus de 40 % de la production agricole du pays

pour un chiffre d’affaires qui dépasse les 3 milliards d’euros Certains chefs d’entreprise qui investissent massivement dans ces serres exportent déjà leurs produits vers l’Europe et le Moyen-Orient, ou ambitionnent de les placer sur ces marchés Département à vocation agricole, Biskra abrite aujourd’hui 480 exportateurs. Le pays en compte 5500 tous secteurs confondus.

Miser gros sur l’agroalimentaire

C’est le cas de la famille Tahraoui, dont le groupe, fondé en 1974, s’est spécialisé dans les travaux publics, la médecine, l’hydraulique, et exploite 400 ha de cultures maraîchères

Chaquejour, ce sontplusieurs tonnes de légumes, dont une partie destinée à l’exportation, qui sortent des serres des Tahraoui.

LesfèvessevendentauCanada, les tomates et les melons en France et en Espagne, et les poivrons à Dubaï. Les

frères Tahraoui, dont l’un est brutalement décédé à l’été 2021, visent désormais l’Ukraine et la Russie, la Chine ou la Côte d’Ivoire. « Le pétrole n’est pas éternel, la terre si », disait Mohamed Tahraoui lorsque Jeune Afrique l’avait rencontré, deux ans avant sa disparition.

Exporter est devenu le maître mot des autorités algériennes, qui ont pris au cours des trois dernières années des mesures drastiques pour, d’abord, réduire la facture des importations et, ensuite, booster celle des exportations. Selon les statistiques officielles, les importations de l’Algérie pour l’année 2022 se sont élevées à 38,7 milliards de dollars. La même année, le total des exportations a atteint 56,5 milliards de dollars (dont 49,5 milliards pour

FARID ALILAT, ENVOYÉ SPÉCIAL À ALGER
JEUNE AFRIQUE – N°3122 – MARS 2023 73
Réduire la dépendance aux hydrocarbures et à leurs cours toujours fluctuants relève, pour Alger, d’une impérieuse nécessité.
OBJECTIF ALGÉRIE

les hydrocarbures). Cette hausse est due essentiellement à la flambée des cours du pétrole en raison de la guerre en Ukraine. Bon an mal an, plus de 90 % des revenus en devises du pays proviennent ainsi des revenus pétroliers. D’où l’impérieuse nécessité de diversifier les exportations, pour réduire la dépendance aux hydrocarbures et à leurs cours toujours fluctuants.

En janvier 2023, le président Tebboune a pu annoncer que les exportations hors hydrocarbures étaient passées de 1,7 milliard de dollars en 2019 à 7 milliards en 2022. Nouvel objectif : atteindre la barre des 10 milliards de dollars Mission impossible ? De nombreux opérateurs pensent que l’objectif est réalisable et estiment que l’un des premiers gisements de croissance des exportations est l’agroalimentaire, même si actuellement ce secteur ne dépasse pas 1,5 milliard de dollars de marchandises vendues à l’étranger.

L’agriculture pour faire entrer des devises, les frères Souakri, qui dirigent le groupe éponyme, y croient. Depuis l’indépendance, la famille possède une petite exploitation agricole dans la Mitidja, jadis considérée comme le grenier de l’Europe. Aujourd’hui, près de Touggourt, à 600 km au sud-ouest de la capitale, sur un terrain de 1000 ha, lesdeuxfrèresdéveloppentungigantesque projet de culture de tomates. L’ensemble de la production sera destiné à l’exportation.

Faire fleurir le désert

Dans le pays, faire fleurir le désert n’est pas une vue de l’esprit. C’est l’ambition du milliardaire Djilali Mehri, qui a créé en 2008 un complexe touristique de 1 000 ha à El Oued, surnommée la ville aux mille coupoles, à 650 km au sudest d’Alger. Aux côtés des villas de luxe, l’homme d’affaires y exploite un grand domaine agricole avec 35 000 dattiers et 25 000 oliviers, dont quasiment toute la production s’exporte aux quatre coins du monde Certes les quantités de dattes et d’huile d’olive algériennes exportées sont négligeables, mais elles pourraient devenir des placements

à forte rentabilité pour peu que des chefsd’entrepriseinvestissentmassivement dans ce secteur. En 2021, l’Algérie a exporté 600000 litres d’huile d’olive vers 19 pays pour 2 millions de dollars. Ce chiffre pourrait être porté à 5 millions à l’horizon 2024. « C’est de l’or vert que l’on possède sur nos terres. On peut le développer tout aussi bien que l’or noir qui sort des entraillesdudésert»,s’enthousiasme Hamid Kiriad, dont l’huile extravierge de Kabylie a obtenu plusieurs distinctions internationales, notamment en France et en Grèce.

Lesprojets,toutefois,neselimitent pas aux productions agricoles. Le ciment semble lui aussi particulièrement prometteur. Au début des années 2000, la tension sur ce secteur était telle, en raison des grands programmesdeconstructiondeloge-

investissements locaux ou en partenariatavecdesentreprisesétrangères, turques en particulier, ont permis de doublerlaproductiondeferetd’acier, pour atteindre 2 milliards de dollars à l’exportation. Un opérateur économique met toutefois en garde contre l’excès d’enthousiasme à propos de ces quantités d’acier et de ciment exportées «L’excédentàl’exportation est dû au recul du marché local qui consommait ces produits. Si les activités du BTP venaient à reprendre, commedanslesannées2010,avecles grands projets structurants, l’Algérie ne pourrait presque plus exporter de ciment et d’acier. »

Lever les entraves bureaucratiques

Pour ne rien gâter, à la fin de 2022, c’est du côté de Cevital, premier groupe agroalimentaire privé du pays, qu’une bonne nouvelle est arrivée. Bloquée pendant de longues années, son usine de Béjaïa de production d’huile devrait entrer en service au printemps de cette année. Ce projet, qui a nécessité un investissement de 150 millions d’euros, vise à dégager 2,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires, dont 750 millions à l’exportation.

ments en cours, que le pays devait importer pour plusieurs centaines de millions de dollars de ce produit stratégique. Et la situation a perduré : en 2016, l’Algérie importait encore du ciment. Aujourd’hui, la production locale est à ce point excédentaire que le ciment algérien s’exporte partout dans le monde, pour 500 millions de dollars par an.

« Les prix du ciment et de l’acier algériens sont les plus compétitifs de la planète », assure d’ailleurs un ancien ministre de l’Industrie. La productiondel’usinedeBiskra,gérée en partenariat par le groupe Souakri et Lafarge Holcim, part ainsi pour l’Afrique subsaharienne, l’Asie et l’Amérique latine. « Notre ambition est d’atteindre un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros à l’exportation », explique Abdenour Souakri, le patron du groupe.

Le secteur de la sidérurgie montre un fort dynamisme. Les

Le conglomérat de la famille Rebrab est également l’un des premiers producteurs locaux de sucre destinéauxmarchésalgérienetétrangers. Jusqu’à une mesure temporaire d’interdiction d’exportation prise en décembre 2022, Cevital exportait 300000 tonnes de sucre en Tunisie ainsiquedansd’autrespaysafricains, générant un chiffre d’affaires annuel de 300 millions de dollars.

« Il est impératif de lever les entraves bureaucratiques et bancaires pour booster les exportations algériennes », observe un ancien ministre. « Mais la grande priorité reste de réduire la facture des importations et de lutter contre les surfacturations qui avaient permis aux anciens oligarques d’amasser des fortunes, en Algérie et à l’étranger. Maintenir le cap des importations à 35 milliards de dollars par an sera déjà une grande victoire quand on sait qu’elles culminaient à presque 60 milliards de dollars il y a dix ans. »

JEUNE AFRIQUE – N°3122 – MARS 2023 74 OBJECTIF ALGÉRIE
La grande priorité est de lutter contre les surfacturations qui avaient permis aux anciens oligarques d’amasser des fortunes.

Legroupeifrivousaccompagneavecsesdi

L’entreprise

D’une petite entreprise familiale fondée en 1985, la Société IBRAHIM &FILS -ifri est devenue en 30 ans l’un des géants de l’industrie agro-alimentaire algérienne.

En 1996, ifri commercialise la première bouteille PET en Algérie pour le conditionnement de l’eau minérale naturelle. La capacité de production actuelle atteint 520 millions de bouteilles par an.

En 2008 le père Ibrahim Laid acréé la filiale oléicole dénommée Huilerie Ouzellaguen en réalisant un complexe doté d’une exploitation oléicole de près de 500 ha, soit 50 000 oliviers, situé dans la vallée de la Soummam en Kabylie. Ce projet donne naissance àl’huile d’oliveViergeextra sous la marque NUMIDIA,lapremière huile certifiée BIO en Algérie, obtenue par des procédés de pression àfroid préservant ses vertus.

Pour un engagement qualité, en 2012, la Société IBRAHIM & FILS lance la première ligne de production aseptique ambiant en Afrique, pour les jus de fruits sous la marque Ifruit et par la suite deux autres lignes aseptiques pour l’ensemble des catégories de boissons lancées àsavoir, ifri Gazouz (Sodas), AZRO (SportDrinks), IZEM (EnergyDrinks).

Le Groupe ifri ne cessed’investir dans des process garantissant aux consommateurs qualité et traçabilité des produits et respect de l’environnement. Outre la production d’eau minérale, de boissons et d’huile d’olive, le Groupe s’est également diversifié en intégrant des filiales Béjaïa Logistique dans le transportetlalogistique et General Plast pour la production des préformes en PET et bouchons.

fférentesfiliales

Nos Collaborateurs

Le Groupe Ifri compte aujourd’hui plus de 2500 collaborateurs directs.

L’entreprise mène une politique sociale dynamique axée sur la formation et le bien-être au travail. La relation de confiance ainsi entretenue contribue àlafidélisation et àl’implication des collaborateurs afin d’obtenir un rendu de qualité. Ces notions de partageetde respect incitent naturellement les employés des différentes filiales à s’approprier les valeurs d’ifri.

Nos Produits

Pour répondre aux besoins de ses consommateurs, ifri est toujours àl’affût des nouvelles technologies en leur proposant des produits de qualité aux saveurs innovantes

En plus du remplissageaseptique garantissant une sécurité optimale et le respect de la qualité des produits SANS CONSERVATEURS, ifri veille àlaqualité des ingrédients utilisés dans ses recettes et opte pour l’utilisation d’arômes et de colorants naturels.

En plus des emballages PET,Verre et canettes, Ifri vient de lancer ses jus Ifruit en emballageCarton aseptique, en formats 1L et 0,20L.

Ifri dans le Monde

Après avoir couvertles besoins du marché national, le groupe ifri s’est lancé dans la conquête du marché international, en exportant désormais ses produits vers 14 pays, en Europe, au Canada, et au Moyen-Orient, avec une grande ambition àcourtterme de conquérir le marché Africain.

SARL IBRAHIM &FILS «IFRI » PODUCTION D’EAUMINÉRALE &BOISSONS DIVERSES Z.I.Ahrik, Ighzer Amokrane, IFRI-Ouzellaguen, 06010, Bejaïa, Algérie Tél. :(+213) 34 33 20 20 /26.62 Fax:(+213) 34 33 26 52 /65 www.huileries-ouzellaguen.com -www.bejaialogistique.com www.ifri-dz.com
COMMUNIQUÉ
JAMG ©I FRI
Aujourd’hui les usines ifri produisent plus de 3millions de bouteilles par jour.

Données socioéconomiques : Black-out total

Depuis quelques années,les statistiques que sont censées publier les grandes administrations ne sont plus disponibles ou mises à jour,ce qui empêche toute évaluation de l’action de l’État. Interview de l’économiste et statisticien Mohamed

Accidentellement systématique ou banalement systémique? Cela fait déjà quelques années qu’Alger opère un verrouillage de l’information statistique dans pratiquement tous les domaines. Les chiffres mensuels du commerce extérieur et du budget de l’État ne sont plus publiés depuis trois ans. Le site des Finances publiques est inaccessible Les dernières données du marché du travail remontent à 2019, tandis que la rubrique « statistiques » de l’Agence nationale de l’emploi (Anem) a purement et simplement été désactivée. Il n’existe pas davantage de lisibilité dans les secteurs des douanes, du commerce et des investissements. Pour l’économiste et statisticien Mohamed Yazid Boumghar, « cette situation arrange certaines trajectoires politiques ».

JeuneAfrique:Comment

expliquerlarégressiondela diffusiondesstatistiqueséconomiquesetsociales?

MohamedYazidBoumghar: L’information procure un pouvoir. Sa rétention assure à ses détenteurs une exclusivité de sa diffusion et donc une importance renforcée. De plus, elle rend impossible toute évaluation crédible externe. Le citoyen n’a

ainsi accès qu’à ce que le responsable politique décide de rendre public, à la date qui correspond aux intérêts liés à l’évolution de sa carrière. La rétention de l’information – ou une publication très retardée, qui retire à l’information sa pertinence – touche toutes les administrations économiques. Cette situation est nouvelle. Même pendant les années terribles du terrorisme, alors que les moyens attribués aux statisticiens des grandes administrations étaient particulièrement restreints, cela n’existait pas.

Quiddesconséquences?

Il résulte de l’absence de chiffres fiables une impossibilité de faire une évaluation sincère et sérieuse des réalisations du gouvernement. Si cette situationarrangecertainestrajectoires politiques, elle va à l’encontre de l’intérêt de la nation, qui se trouve ainsi privée de la possibilité d’évaluer l’action gouvernementale. Le ministère desStatistiquesetladeNumérisation, créé il y a deux ans, devait s’occuper de la collecte, du traitement et de la diffusion des statistiques socioéconomiques.A-t-iléchoué?Ceministère n’est pas le premier ni le dernier à être empêché de réaliser les missions prévues dans le décret de sa création. Il participe d’une volonté politique de

soustraire l’action publique à toute tentative d’appréciation fiable.

Àunefaiblepublicationde chiffress’ajoutentdesdéclarationscontradictoiresémanantdes différentsresponsablesetinstitutions.Commentl’expliquer?

Dans le cas des exportations (hors hydrocarbures), par exemple, il y a contradiction entre la déclaration des officiels et des chiffres publiés par la Banque d’Algérie (dans son bulletin statistique trimestriel n° 57 de mars 2022, qui a d’ailleurs été supprimé de son site). Il devrait toutefois être possible d’y voir plus clair en se référant aux données du commerce extérieur, ce qui apporterait une preuvesupplémentairequelesexportations n’ont pas atteint les montants officiellement annoncés. Le pays est capable d’exporter plus, mais il faudrait pour cela lever certains obstacles,etl’absencedechiffresrecevables rendplusdifficilel’évaluationduphénomène et l’identification des difficultés rencontrées. Surtout – car c’est la clé qui permet de comprendre ce black-outquasigénéral–,l’absencede chiffres permet de protéger certains responsables politiques qui ne possèdent pas l’envergure normalement exigéepourlepostequ’ilsoccupent. Propos recueillis par Rania Hamdi

DOSSIER SENSIBLE
JEUNE AFRIQUE – N°3122 – MARS 2023 76 OBJECTIF ALGÉRIE

Accompagnerlatransformation digitale en Afrique

Les entreprises africaines se digitalisentpour améliorer leur rentabilitéetleurcompétitivité. L’atteinte de cet objectif commence par la mise en place d’infrastructures de télécommunications performantes et résilientes. Icosnet œuvrepour contribuer àlaconstruction d’un réseau d’experts Africains dontl’objectif est de digitaliser d’avantage le continentenpassantpar la densification du maillage de connectivité inter pays Africains et sa sécurisation.

Une expertise Algérienne au service de l’Afrique

Armée d’unsavoir-fairepointu dans diversdomaines des technologies digitales, Icosnet cherche àétendre son activité de fournisseur de services àvaleur ajoutée àtoute la région. En capitalisantsur son expertise historique, son capital humain et son agilité, Icosnet est capable d’intervenir de la conception àlamise en œuvredevos architectures fortes en exigence. La maitrise technologique des réseaux Internet et IP donne àIcosnet l’assurance d’opérer sur des projets d’envergurerégionale et de gérer des services liés à laconnectivité et sa sécurisation et résilience.

Fièred’opérer ces activités àpartir de ses centres de données hautementdisponibles, sécurisés et basés en Algérie, lcosnet capitalise aussi sur les couches supérieures et opèredes services de Cloud computing pluri-technologiques. Son offrepour l‘écosystème digital peut s’articuler autour de solutions IaaS autogérées par les clients sous multiples formes d’hébergementd’infrastructurephysiques, Virtuelles (VPS ,micro-VM ,VDC et conteneurs) jusqu’à l’hébergementdeservices intégralementmanagés en SaaS et sécurisés par nos experts.

Icosnet, opérateur télécom privé Algérien depuis 24 ans, adiversifié ses domaines d’expertises et se positionne sur 4métiers: Connectivité, Solutions de collaborations, Cybersécurité et Cloud avec deux data centers installés en Algérie.

Àl’ère de la transformation digitale àl’échelle mondiale et Africaine, Icosnet, l’acteur incontournable Algérien, présente des atouts de taille et nécessaires pour l’édification d’une région digitalisée et fortement intégrée. Avec son fort pouvoir d’adaptation et l’étendue de ses domaines d’expertise Icosnet est prête pour releverles défis régionaux qu’elle fait siens.

COMMUNIQUÉ
AVIS D’EXPERT JAMG -P HOT OS DR
ICOSNET Centred’Affaires El Qods, 6éme niveau
E-Mail :contact@icosnet.com www.icosnet.com.dz/entreprise
Chéraga 16000, Algérie

Rien n’est trop beau pour les start-up

Si la création d’un ministère consacré au développement des entreprises innovantes reste la mesure la plus visible, Alger multiplie par ailleurs les initiatives visant à favoriser la naissance de jeunes pousses, aussi bien en aidant au financement qu’en proposant un accompagnement aux entrepreneurs.

’LAlgérie vient de recenser 5 000 start-up, dont près de 1100 ont obtenu le label Start-up ou celui de Projet innovant au moment où le nombre d’incubateurs actifs à travers le territoire national serait, lui, passé de quatorze à soixante durant ces trois dernières années. C’est le ministre de l’Économie de la connaissance,

des Start-up et des Microentreprises, Yacine El Mahdi Oualid, lui-même jeune startuper, qui a fait part de ces annonceslorsdeladernièrerencontre gouvernement-walis, tenue le 18 janvier dernier.

Les financements destinés à mener cette nouvelle bataille économique proviennent de l’Algerian Startup Fund (ASF). Créé en octobre 2020,

financé par six banques publiques pour un capital de 1,2 milliard de dinars (plus de 8,7 millions d’euros), il s’agit du premier fonds d’investissement permettant aux porteurs de projets innovants de créer leur entreprise sans recourir aux formules de financement traditionnelles. Dans le butdeboosterl’écosystèmedel’entrepreneuriat et de l’innovation

AREZKI SAÏD
RY AD KRAMDI/AFP
JEUNE AFRIQUE – N°3122 – MARS 2023 78 OBJECTIF ALGÉRIE
Dans les bureaux de la société de transport Yassir, à Alger

Eni et Sonatrach partagentdenouveaux projets en matièredesécurité énergétique,d’énergies renouvelables, d’hydrogène, de captage, utilisationet stockagededioxydedecarbone,dansle cadredelastratégieEnivisantàatteindre la neutralité carbone d’ici2050.

Sur la cartedes flux de gaz qui alimentent l’Europe, un paysoccupe une place de plus en plus prépondérante:l’Algérie.Avec la réduction des importations de gaz russe, l’intégration énergétiqueentre leVieux Continent et l’Afrique du Nordserenforce, àlarecherche d’énergie durable et sûre. Cetobjectif partagépasse par le nouvel accordsigné par Eni et Sonatrach le 23 janvier dernier,qui contribueraàaugmenter l’exportation de gaz vers l’Europe et àréduireles émissionsdegazàeffetdeserre.

LAPARTDU GAZ

«Aujourd’hui, le partenariat entrel’Italie et l’Algérie,commentelePDGd’EniClaudioDescalzi dansunenote,estencorerenforcé,etlerôlecléde l’Algérie comme l’un des principaux fournisseurs d’énergied’Europeestconfirmé».L’Algériecouvre 40% des besoinsénergétiques de l’Italie,contre 22%l’andernier

L’histoired’Eni en Algérie acommencé en 1981. Aujourd’hui,avec une productioncorrespondant à100 000 barils de pétrole équivalent par jour, Eniestlaprincipalecompagnieinternationaledu pays.Lesdeuxentreprisess’engagentàidentifier les opportunités de réduction des émissions de

gaz àeffet de serreetdeméthane àl’état gazeux. L’engagement conjoint comporte des initiatives liéesàl’efficacitéénergétique,audéveloppement des énergies renouvelables, àlaproduction d’hydrogènevert,ainsiquedesprojetsdecaptage etdestockagededioxydedecarbone.Surlatable, lesmesurespossiblesd’améliorationdelacapacité d’exportationd’énergiealgérienneversl’Europe.

En arrière-plan, la demandedegaz au niveau globaldestinéeàgrandiraucoursdesprochaines années,etcepourdifférentesraisons:lacroissance démographique (notamment dans les pays hors de l’UE),ledéveloppementéconomiquedes régionslesmoinsavancéesdumondeetlerecours au gaz comme source de transition vers un futur lowcarbon.Lecontexteprofondémenttransformé place l’Italie et l’Algérieaucœur d’une stratégie énergétiquecommune.

LE GRAND HUB DE BERKINE

Lesprojets d’Eni se concentrent danslebassin de Berkine. En octobredernier,6 moisseulement après l’attribution du contrat, la production de deux gisements gaziers aété lancée dans le Sud de Berkine, en partenariat avec Sonatrach et avec la collaborationdes collectivités locales La productionest actuellement d’un million de mètres cubes par jour de gaz (MSm3/d) environ et de 4000 barils par jour deliquides associés Le périmètredes activités d’Eni dans le pays s’est encoreagrandigrâceàl’acquisition,enseptembre dernier,des installations gazièresdeBp: deux nouveauxgisementsimportantsdegazetliquides associés:InAmenasetInSalah.

CHAMPS PHOTOVOLTAÏQUES ETSOLARLAB

Au-delà du gaz, le développementdes sources d’énergie renouvelables.Lebassin de Berkine abriteraégalement la nouvelle installation photovoltaïquede10MWà BirRebaa Nord (BRN),ainsiqu’unlaboratoireavancédepanneaux photovoltaïques.DénomméSolar Lab,ilmarque l’engagement de l’Algériedans la transition énergétiqueainsiquelacohérenced’Eniàl’égard delastratégieNetZero

eni.com
COMMUNIQUÉ JAMG -P HOT OS DR
L’Algérie est un partenaire stratégique pour l’énergie en Europe

en Algérie, le fonds a signé, en août dernier, une convention avec la direction générale du Trésor et de la gestion comptable des opérations financières de l’État pour l’exploitation des fonds d’investissement des wilayas d’une valeur de 58 milliards, à raison de 1 milliard par wilaya. Les projets innovants peuvent bénéficier de financements allant de 5 millions à 150 millions de dinars.

Le 25 janvier 2023, une convention portant création du fonds d’investissement Algeria Innovation Funds (fonds algérien pour l’innovation) a enoutreétésignéeentrel’accélérateur publicdestart-upAlgeria-Ventureetle fonds international Small Entreprise Assistance Funds (SEAF), l’un des plus grands gestionnaires de fonds d’investissement au monde, présent dans plus de trente pays, apprend-on auprès de l’Algérie presse service (APS). D’une valeur de 80 millions de dollars, cette convention consacrée à l’innovation prévoit de réserver 60millionsdedollarsaufinancement des start-up en Algérie et les 20 millions restants au financement de leur expansionàl’international.Côtéalgérien,onespèrequelacoopérationavec les États-Unis et SEAF profite au plus grandnombredestart-upalgériennes, et que cette convention permette un accompagnement de qualité et, surtout, un meilleur accès au réseau de SEAF à travers le monde

Sur le plan mondial, les États-Unis occupent, sans surprise, la tête du classementdespayspossédantleplus grand nombre de start-up, avec 76294 unités, suivis de l’Inde avec 16 249 entreprises L’Algérie, elle, pointe à la 61e placeavec132start-upapparaissant dans la liste de la plateforme Startup Ranking. Yassir est la première entreprise algérienne de ce classement.

Ce service de transport, fondé par Noureddine Tayebi et Mehdi Yettou, est suivi de Siamois QCM, portail d’apprentissage en ligne qui aide ses 17000 étudiants inscrits à se préparer auxconcoursetexamensdemédecine

Trois labels

ArriventensuiteGlobalOpportunities (dédié aux étudiants en quête d’opportunités à l’étranger), Batolis (site de vente en ligne), Herd Academy (apprentissage en ligne), Zawwali (vente et achat en ligne d’articles de magasins et de supérettes au meilleur prix), Skoir (dédié aux entrepreneurs et aux échanges des monnaies numériques et paiements sécurisés), Mdinajdida (achat et vente en ligne), Dzostad.com (éducation) et Academiatouna (e-learning et éducation).

Pour Meriem Benslama, directrice du Centre algérien d’entrepreneuriat social (ACSE), la création d’un ministère consacré aux start-up et à l’économie de la connaissance a indiscutablement dopé l’entrepreneuriat dans le pays. « Le mérite en revient également aux diverses mesures prises par les pouvoirs publics telles que la création de trois

labels : Start-up, Incubateur et Projet innovant, qui donnent accès à des financements et à des avantages fiscaux considérables », dit-elle.

Créé en 2016, l’ACSE est un incubateur destiné à l’accompagnement d’entrepreneurs à impact social ou environnemental. « Chaque année, nous aidons une quarantaine d’entrepreneurs à créer des entreprises viables économiquement et durables. Nous allons à la rencontre de centaines d’étudiants à travers plusieurs wilayas pour expliquer les concepts d’entrepreneuriat à impact de développement durable, et nous les accompagnons sur des problématiques sociétales ou environnementales afin de trouver des solutions qui génèrent de l’argent, tout en répondant aux besoins des communautés cibles », précise la jeune directrice de l’ACSE. Meriem Benslama soutient également que le statut d’autoentrepreneur permet de créer plus facilement son entreprise avec une fiscalité simple et souple, concluant que l’ensemble des mesures prises augurent la reconnaissance de cette formidable dynamique entrepreneuriale qui éclôt dans le pays.

AL GERIA VENTURE
Le DG d’Algeria-Venture, Sid Ali Zerrouki (à g.), et le président de SEAF, Hubertus van der Vaart (à dr.), lors de la signature d’une convention portant création d’Algeria Innovation Funds, en présence du ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Microentreprises, Yacine El Mahdi Oualid, le 25 janvier
JEUNE AFRIQUE – N°3122 – MARS 2023 80 OBJECTIF ALGÉRIE
Financé par six banques publiques, l’Algerian Startup Fund est le premier fonds d’investis-
sement destiné aux projets innovants.

On n’est jamais aussi bien soigné que par soi-même

Si l’importation de produits médicaux et pharmaceutiques a longtemps pesé sur les finances algériennes, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Avec la mise en place d’une industrie nationale, le secteur est devenu une source de revenus.

En quelques décennies, l’Algérie s’est hissée au niveau des principaux producteurs pharmaceutiques d’Afrique. Dans un contexte de période post-Covid-19 qui a mis en lumière la nécessité pour tout le continent de réduire sa dépendance aux importations de matériel médical, le pays a réussi, à travers ses 200 unités pharmaceutiques, à réduire de 800 millions de dollars sa facture d’importation de médicaments. Laquelle est passée de 2 milliards de dollars en 2019 à 1,2 milliard de dollars en 2022.

Ce sont ainsi 70 % des besoins du pays qui sont couverts, soit 2 889 médicaments produits localement sur un total de 3 641 médicaments figurant sur la nomenclature nationale. L’Algérie ambitionne de couvrir 80 % du marché national d’ici à 2024, assure une source au ministère de l’Industrie pharmaceutique. Une aubaine en cette période de tension sur le marché international, conséquence de la pandémie que les autorités sanitaires ne manquent pas de rappeler dès que l’occasion s’en présente.

Les laboratoires Frater-Razes, notamment, ont réussi, en pleine crise du coronavirus, à mettre sur le marché un anticoagulant qui était importé depuis une vingtaine d’années. Une première en matière de médicaments biosimilaires, et un exempleemblématique des réformes engagées et du changement de paradigme opéré. Alors que l’achat de produits de santé a longtemps pesé lourd sur la balance commerciale du

pays, il constitue désormais un levier de croissance avec une production nationale atteignant près de 3 milliards d’euros par an.

Mesures d’assouplissement

Les autorités ont beaucoup aidé la filière pharmaceutique en interdisant, dès 2018, l’importation de produits fabriqués localement. Fin 2022, un nouveau cap a été franchi avec la levée de la contrainte de la certification liée à la bioéquivalence des médicamentsgénériquesparrapport aux médicaments de référence. Cet assouplissement a permis le déblocage immédiat de 500 dossiers d’investissement dans la production de médicaments.

Le gros point noir reste cependant la dépendance persistante aux importations dans le domaine des médicaments oncologiques et de l’insuline, encore achetés à des laboratoires étrangers pour un budget de près de 1 milliard d’euros (450 millions d’euros pour les médicaments anticancéreux et 420 millions d’euros pour les différents traitements du diabète précisément). Ces derniers mois, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, s’est montré très critique envers les laboratoires Sanofi et Novo Nordisk, accusés de retarder la concrétisation de leurs projets de production locale dans ces domaines.

La situation devrait s’améliorer, puisque le laboratoire Biopharm a pu développer et enregistrer des produits d’oncologie de forme sèche, et va commencer la production des formes injectables en 2023. Mais

des tensions sur au moins cinq anticancéreux perdurent sur le marché algérien.

S’agissant de l’insuline, la production locale est quasi inexistante, soulignait Ali Aoun en novembre 2022. L’entrée en phase de production des unités de fabrication de stylos à insuline du laboratoire Biocare-Biotech, prévue cette année, devrait toutefois permettre d’économiser 120 millions d’euros Cent pour cent algérien, l’in-

Alger s’est montré très critique envers Sanofi et Novo Nordisk, accusés de retarder la concrétisation de leurs projets de production locale.

vestissement concerné va permettre la production de 60 millions de stylos, soit le double de la consommation annuelle dans le pays. Pour les autres modes d’administration, le recours à l’importation restera de mise.

Les autorités sanitaires s’évertuent à développer la production de cytotoxiques et d’hormones, et à accélérer la fabrication de la matière première nécessaire à la réalisation de certains produits. Cela doit permettre au pays d’être concurrentiel à l’export, et couvert en cas de force majeure. Une nécessité que l’actualité récente a rendue plus évidente que jamais.

JEUNE AFRIQUE – N°3122 – MARS 2023 81
ALGÉRIE
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