JUSTICE INTERNATIONALE À QUI LE TOUR?
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • No 2678 • du 6 au 12 mai 2012
jeuneafrique.com
Pointe-Noire
L’inventive La capitale économique fête ses 90 ans.
Spécial 28 pages
ÉDITION CONGO France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285
Au carrefour de l’Afrique, du monde arabe et de l’Asie
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de Jeune Afrique
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FLASH-BACK Alain Mabanckou, un enfant de la Côte Sauvage ÉCONOMIE Port, pétrole, green business… Atouts et faiblesses PORTRAITS De la politique à la culture, les Ponténégrins en action
POINTE-NOIRE Identités plurielles Le 11 mai, la capitale économique du Congo aura 90 ans. Du village de pêcheurs sur l’Atlantique à la cité portuaire de 1 million d’habitants, histoire, rêves et déboires d’une métropole au caractère bien trempé.
JEUNE AFRIQUE
N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
LE PLUS
VISITE GUIDÉE Un grand tour de Lumumba
Le Plus de Jeune Afrique
LE PLUS
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de Jeune Afrique
POINTE-NOIRE
Identités plurielles
Prélude
Tshitenge Lubabu M.K.
Ponton, la belle d’antan
L
ES VILLES CÔTIÈRES ont ceci de singulier qu’elles exercent une attirance quasi magnétique. De partout, comme envoûtés par un sortilège de sirène, les hommes y accourent, s’installent, s’enracinent. Pointe-Noire, 90 ans, n’a pas échappé à la règle. Avec son million d’âmes, la capitale économique du Congo est une mosaïque de peuples et de cultures. « C’est par la mer que les civilisations arrivent », m’a dit l’une de ses habitantes, reflétant ce sentiment bien ancré dans l’esprit des Ponténégrins d’être différents des autres Congolais. « À Brazzaville, les gens consacrent l’essentiel de leur temps aux intrigues politiques ; ici, c’est l’économie qui nous intéresse. »
sont pas versés directement. Ils prennent d’abord le chemin de Brazzaville, avant d’être redistribués par l’État à l’ensemble des régions et communes du pays en fonction de leurs besoins. Pourtant, ceux de Pointe-Noire sont énormes. Parce qu’elle compte un grand nombre d’habitants (c’est la deuxième ville du Congo par sa population) et parce que, depuis des années, les infrastructures n’ont pas été remises à niveau ni étendues : voiries pour la plupart en mauvais état, caniveaux inexistants ou bouchés depuis des lustres, quartiers périphériques non viabilisés… Même constat du côté des services : pas de transports collectifs dignes de ce nom ni de société de collecte et traitement des déchets.
Qui dit Pointe-Noire pense à son port, au Que faire pour que la métropole soit, enfin, digne de sa réputation de capitale pétrole et à une multitude d’industries. La économique du Congo ? Il faudra, sans cité se rêve en eldorado. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. D’abord, la doute, que les pouvoirs publics lui donnent, métropole a gardé sa configuration héritée de l’époque La cité se rêve en eldorado. coloniale. D’un côté, le Mais il y a encore loin cœur de la ville, réservé aux de la coupe aux lèvres. Européens, aux affaires et aux activités. Jadis, pour y accéder, les Congolais devaient prouver ainsi qu’aux autres grandes villes, beaucoup qu’ils allaient travailler. De l’autre, la cité plus de moyens, afin qu’elle se développe indigène, sans infrastructures. dans le cadre d’une gestion autonome. La Cinquante ans après l’indépendance, décentralisation administrative, c’est bien. se rendre au centre-ville n’est plus un Si elle s’accompagne d’une décentralisation problème. Mais la cité reste réservée aux des moyens, c’est mieux. « damnés de la terre ». Ce capharnaüm La ville doit aussi valoriser ses atouts. où l’eau potable et l’électricité sont un Aujourd’hui comme hier, elle est le berceau luxe s’est étendu dans tous les sens et, de femmes et d’hommes de qualité, qui avec lui, les problèmes d’insalubrité et ont brillé et brillent dans divers domaines. de transports. Ici, on parle d’urbanisation Pour remodeler son visage et bien grandir, subie, du manque de plan directeur, des Pointe-Noire doit s’intéresser davantage dégâts consécutifs à une loi foncière qui à sa jeunesse, en mettant l’accent sur une favorise l’anarchie, autorisant chacun à formation de qualité basée sur la spévendre ou acheter des terrains n’importe cialisation dans les différents secteurs où et à construire n’importe comment. d’activité. Elle doit revaloriser la culture, soutenir ses artistes et créateurs, offrir Pour beaucoup, la ville est pauvre. des espaces appropriés à une jeunesse Malgré ses intenses activités pétrolières et souvent désœuvrée. C’est à ce prix seul portuaires, la fille du bord de mer ne profite qu’elle pourra de nouveau mériter son pas assez des revenus du pétrole, qui ne lui doux surnom de Ponton-la-Belle. ● JEUNE AFRIQUE
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PANORAMA Une petite jeune de 90 ans p. 58 INTERVIEW Roland Bouiti-Viaudo, député-maire de Pointe-Noire p. 63 ITINÉRAIRE URBAIN Un grand tour de Lumumba p. 66 Le flash-back d’Alain Mabanckou p. 72 PORTRAITS Des femmes et des hommes d’action
p. 75
ENJEUX MARITIMES Le port a le vent en poupe p. 78 TRANSPORTS En première ligne
p. 80
HYDROCARBURES Pétrole blues
p. 82
CONFIDENCES DE Sylvestre Didier Mavouenzela, président de la chambre consulaire p. 87 CULTURE ET MÉDIAS Diosso, un patrimoine en sursis p. 100 Sur les ondes de DVS+ p. 101
Le Plus de Jeune Afrique
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
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POINTE-NOIRE
Une petite jeune
Elle a bien grandi depuis sa naissance, le 11 mai 1922. Dopée par ses activités pétrolières et réputée pour sa douceur océane, la capitale économique du Congo a vu sa population décupler depuis les années 1960. Malgré sa bonne fortune, elle peine aujourd’hui à être une cité où il fait bon vivre pour tout le monde.
Ce lieu cosmopolite où la mer rugit sans cesse, c’est Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Une cité vivante, riche de la diversité, du dynamisme et de la propension à rêver de ceux qu’attire l’océan… ou l’odeur du pétrole. Pourtant, l’or noir puisé dans les entrailles de l’Atlantique est loin, très loin d’avoir transformé la ville-département en petit émirat. N’empêche, le secteur pétrolier constitue le premier employeur de la cité et le premier contributeur au PIB du pays (lire pp. 82-83).
TSHITENGE LUBABU M.K., envoyé spécial
TERMINUS ATLANTIQUE. Ici, la première richesse
D
ans quelle métropole africaine peut-on trouver des restaurants éthiopiens, français, chinois, libanais, italiens ? Où croise-t-on des Chinois raffolant de feuilles de manioc, de Ngok’ (la bière locale) et trinquant sans chichi avec les mindele (Blancs) et les autochtones ? Une ville sans monument ni musée ? Dont l’artère principale porte le nom d’un président français (Généralde-Gaulle) et une place celui d’un commerçant grec (Kastanis-Kassaï) ? N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
est la mer, depuis toujours ; depuis Ndji-Ndji, le village de pêcheurs autour duquel, au début du siècle dernier, la ville a été bâtie. Principale porte du pays et du bassin du Congo sur le golfe de Guinée, son port (lire p. 78-79) joue un rôle essentiel pour le transit maritime en Afrique centrale. Pointe-Noire, c’est aussi le Congo-Océan, la célèbre ligne de chemin de fer dont la construction, de 1921 à 1934, a coûté la vie à quelque 20 000 travailleurs. Malgré ses difficultés actuelles, le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) continue de relier la capitale économique du pays, son terminus sur l’Atlantique, à la capitale administrative, JEUNE AFRIQUE
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200 km
CENTRAFRIQUE
CAMEROUN
GUINÉE ÉQ.
CONGO GABON
Pointe-Noire
Brazzaville
RD CONGO
CABINDA (Angola)
Pointe-Noire en bref Superficie 1 200 km2 Population ð Ses habitants vantent une métropole « OUVERTE, HOSPITALIÈRE ET PROPICE AUX AFFAIRES
de
90 ans
Brazzaville, sur le fleuve Congo. Dans moins de deux ans, lorsque seront achevés les 500 km de la RN1 (lire p. 80), il ne sera enfin plus la seule liaison terrestre entre les deux premières villes du pays. En attendant, les plus aisés prennent l’avion – ceux qui viennent de l’étranger atterrissent directement à Pointe-Noire –, les autres prennent leur temps avec le train. Lorsqu’on demande aux étrangers établis à Pointe-Noire de longue date ce qu’ils en pensent, ils ne tarissent pas d’éloges, à l’instar de l’homme d’affaires d’origine libanaise Elie Chelala. Il parle d’une ville « ouverte, hospitalière, sécurisée et propice aux affaires, foisonnant de micro-industries, où de plus en plus de commerçants viennent s’installer », souligne le niveau de consommation élevé, insiste sur le cadre de vie « exquis, marqué par la présence de la mer et du soleil toute l’année ». Victime de sa réputation de pays de cocagne, Pointe-Noire a vu affluer des vagues de nouveaux arrivants, attirés « par mirage ou par nécessité », selon l’expression d’un fonctionnaire municipal. À la faveur de la découverte des gisements pétroliers et miniers (de potasse) dans les années 1970, puis de la relative quiétude de la cité lors des crises qui JEUNE AFRIQUE
».
ont secoué le pays dans les années 1990, la ville est passée en quarante ans de 200 000 habitants à plus de 1 million. Elle est sortie de ses limites.
ERRATIQUE. Un casse-tête pour une municipalité
qui, faute de moyens pour financer les infrastructures, assiste quasi impuissante à une urbanisation erratique accentuée par les dérapages sur la question foncière (la conférence nationale a accordé tous les droits aux propriétaires coutumiers, qui en usent et en abusent). Des quartiers précaires sans services de base ont poussé à la périphérie du centre-ville, surtout à l’est. Partout, la voirie et le système d’écoulement des eaux laissent à désirer, à tel point qu’en cas de pluie les rues se transforment en rivières. Les autorités locales sont tout de même parvenues à engager les travaux les plus urgents, dont les chantiers sont en cours : réaménagement des artères principales, assainissement, création de caniveaux, de trottoirs… Un programme de construction de logements est prévu dans le quartier de Mpita (au sud du centre-ville), avec le concours de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD), ainsi qu’un programme d’assainissement ● ● ●
Avec 1 million d’habitants, c’est la 2e ville du Congo après Brazzaville (1,4 million) • 50 % ont moins de 20 ans • 80 % sont congolais Statut Ville-département depuis la loi de décentralisation (2002), elle compte 6 arrondissements (voir plan p. 66) Surnoms Ponton ou Ndji-Ndji (en langue vilie), en référence au village de pêcheurs autour duquel le port a été bâti Économie La ville génère 80 % des recettes du pays, surtout grâce à ses activités pétrolières, portuaires et forestières
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Le Plus de J.A. Pointe-Noire encore, Pointe-Noire compte de bons établissements scolaires jusqu’au secondaire mais, au-delà, ne dispose que de la seule École supérieure de technologie du littoral, fondée par des particuliers. Pas d’université ni de centre spécialisé où former la jeunesse, principal atout de la ville, à des métiers en rapport avec les activités locales. Malgré la manne pétrolière, Pointe-Noire donne l’impression d’être démunie. Son développement économique et social serait sans aucun doute décuplé si les pouvoirs publics, dans le cadre de la redistribution des ressources, lui donnaient ne serait-ce qu’un tout petit peu plus de moyens. ●
● ● ● des quartiers précaires, mené avec le soutien de l’ONU-Habitat. La valorisation du bord de mer est également prévue. Et l’interdiction de la commercialisation et de l’utilisation des sacs en plastique, entrée en vigueur fin janvier, devrait contribuer à l’amélioration de la propreté.
DÉMUNIE. En matière économique, si les entreprises sont nombreuses, le poids de l’informel reste important. Le secteur touristique est loin d’être organisé, alors que la cité balnéaire et ses environs disposent de nombreux atouts – hôtels, restaurants, sites naturels (lire p. 98). Plus étonnant
Il était une fois Ndji-Ndji
Un vaste plan d’eau, une baie profonde, une saillie rocheuse pour y accrocher une digue… C’est ce qui a décidé les Français à créer la commune.
juillet 1914 la construction de la voie du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) et de deux ports : Brazzaville, sur le fleuve Congo, et, sur l’Atlantique, Pointe-Noire, qui fut préféré à Libreville et Loango pour son vaste plan d’eau, la profondeur et la configuration de sa baie (permettant d’y bâtir une digue). Les chantiers furent lancés en 1921, supervisés par le gouverneur général Victor Augagneur puis par son successeur, Raphaël Antonetti. INDÉPENDANCE. Le 11 mai 1922 est
OLIVIER POUR J.A.
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C
Le village de pêcheurs EN 1924.
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est en 1484 qu’apparaît pour la première fois le nom de Punta Negra, sur une carte établie par des navigateurs portugais. Ils marquaient ainsi un point saillant constitué de blocs de pierre noire qu’ils avaient aperçu sur l’actuelle Côte Sauvage, aux abords du village de pêcheurs de Ndji-Ndji. Les siècles passèrent, durant lesquels, à une vingtaine de kilomètres au nord de Punta Negra, dans la baie voisine, le royaume vili de Loango prospérait grâce à son port négrier (lire p. 100). À la fin du XIXe siècle, en 1880, l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza atteignit, depuis le Gabon, N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
publié le décret portant création de la commune de Pointe-Noire. Son premier plan directeur est élaboré en 1924, sur une base de 5 000 habitants. L’inauguration du chemin de fer, en 1934, et celle du port, en 1939, accélèrent son essor. Pointe-Noire devient la capitale du Moyen-Congo (Brazzaville étant celle de l’AEF), puis de la République autonome du Congo jusqu’en 1959, date à laquelle Brazzaville lui succède. À l’indépendance, Pointe-Noire, qui gardera sa position de capitale économique, comptait déjà plus de 70 000 habitants. La ville connut une nouvelle phase de croissance économique et démographique pendant les années 1970 et 1980, liée à la découverte et au début de l’exploitation de
l’intérieur des terres de ce qui ne s’appelait pas encore le Congo et, arrivé à Mbé (100 km au nord de Brazzaville), signa avec le Makoko, le roi des Tékés, un traité faisant de ce royaume un protectorat de la France. En mars 1883, l’un de ses émisL’inauguration du chemin de fer, saires dépêché sur la côte en 1934, et celle du port, en 1939, atlantique, le lieutenant de vaisseau Cordier, fit subir accélèrent son essor. le même sort au royaume vili de Loango, qui n’était déjà plus que gisements de pétrole et de potasse. l’ombre de lui-même. Intégré à l’AfriqueLes crises qui ont secoué le pays de 1992 à 1999 ont quant à elles provoqué Équatoriale française (AEF), le Congo français devint le Moyen-Congo en 1903. une nouvelle migration vers la ville Pour évacuer les matières premières, océane, épargnée par les turbulences. ● les autorités coloniales autorisèrent en CÉCILE MANCIAUX JEUNE AFRIQUE
Maisons Sans Frontières Congo
MSF Congo
La société « MAISONS SANS FRONTIERES CONGO » (MSF Congo) en apportant une solution aux problèmes majeurs d’infrastructure et d’assainissement en plein centreville de Pointe-Noire, au travers des grands travaux réalisés dans le bassin de TCHIKOBO conformément au Plan Directeur d’Urbanisme (PUD), ambitionne de donner à la capitale économique un ensemble immobilier de grande envergure avec l’opération d’aménagement et de construction d’immeubles dans le lotissement ROC de TCHIKOBO. Cet ensemble cohérent regroupe une zone d’activités tertiaires et une zone résidentielle de 300 villas de haut standing en harmonie avec son environnement. L’activité de promotion immobilière que développe MSF Congo, créatrice d’emplois et génératrice de ressources, exige des compétences, des techniques et un savoir faire à la hauteur des exigences des partenaires économiques et des acquéreurs. L’engagement de la construction du lotissement ROC de TCHIKOBO répond pleinement aux objectifs du développement économique durable du Congo.
Projets en cours de réalisation : Axe Central du Lotissement ROC de TCHIKOBO. Il prévoit la construction de 16 immeubles qui abriteront des banques, des administrations, des commerces, des hôtels, des cliniques le long d’un boulevard principal « Axe Central » en zone tertiaire.
Maquette de l’Axe central du lotissement de Tchikobo.
MSF Congo Bureau de Pointe-Noire.
Lotissement ROC de TCHIKOBO – 300 villas de haut standing au centre ville de Pointe-Noire. Le projet d’aménagement de la lagune de TCHIKOBO a eu pour objectif de réunir à un moment précis une conjoncture d’opportunités exceptionnelles à l’occasion d’importants travaux de dragage du port autonome de Pointe-Noire, qui ont été effectués au début de l’année 2000. Cette opération favorise l’équilibre du plan général d’urbanisme en créant une liaison socio-économique entre la ville et le port, tout en supprimant une lagune insalubre qui demeurait avant ces travaux un problème majeur d’urbanisme et d’environnement.
La nouvelle ville « KOUNDA » Les résidences « CARAIBES » MSF Congo vous propose 3 000 maisons de divers standing avec une vue imprenable sur le bord de mer, dans un domaine de 600 hectares, face au Port. Situées dans l’extension urbaine du centre-ville de Pointe-Noire, les résidences « CARAIBES » vous proposent une meilleure qualité de vie, avec une énergie propre et renouvelable (solaire) et une alimentation en eau à partir d’une nappe phréatique d’une grande pureté.
Maquette de la nouvelle ville Kounda et la résidence Caraïbe.
Commercialisation des villas dans la nouvelle ville « KOUNDA » à partir de mai 2011
MSF Congo S.A.R.L
Lotissement ROC de Tchikobo à Pointe-Noire.
Siège social : BP. 13 934, Brazzaville - Succursale : BP. 1 320, Pointe-Noire Informations TCHIKOBO : +242 22 94 17 60 - Email : tchikobo@msfcongo.com Informations KOUNDA : +242 05 709 30 08, +242 06 671 06 20
Site Web: www.msfcongo.com
Identités plurielles DÉVELOPPEMENT URBAIN
Roland Bouiti-Viaudo « La ville fait preuve d’une réelle vitalité » Réélu pour un second mandat en 2008, le député-maire de Pointe-Noire revient sur l’évolution, les projets de la commune et les enjeux auxquels elle est confrontée.
min a été parcouru, je pense. La population est passée de quelques centaines de milliers à environ 1 million d’habitants. La ville s’est étendue de façon spectaculaire. L’activité économique y est forte. C’est la preuve d’une réelle vitalité. Mais la commune, comme le département de
ménagères et industrielles ; viennent ensuite la poursuite de l’assainissement de la ville et la prise en charge des services de base. Nous voulons avoir, demain, une ville très active dans les domaines de la santé, de la formation, de la culture et du tourisme. Enfin, depuis que l’État s’est retiré du secteur, nous n’avons plus de transports en commun adéquats. Les transporteurs privés ne sont pas bien organisés, et les services compétents en matière de
L’objectif est de mobiliser plus de ressources pour équiper les quartiers non viabilisés. Pointe-Noire, a des limites, définies par la loi. La pression foncière est très forte et, si elle persiste, le gouvernement devra créer de nouvelles villes dans le département voisinduKouilou.Uneétudeestencours pour voir comment en construire une à partir de la Louaya, en bord de mer, jusqu’au pont sur la Loemé. Comment expliquer la coexistence entre un centre-ville propre et équipé et des quartiers insalubres ?
Cette situation date de sa création, avec un centre-ville européen jusqu’au rond-point Lumumba et, au-delà, la cité africaine. Des efforts sont réalisés, tout particulièrement cette année, en matière d’assainissement. L’objectif est que la commune mobilise plus de ressources pour désenclaver et équiper les quartiers non viabilisés. Vous pouvez constater que la plupart des travaux en cours sont menés dans les quartiers périphériques. Quels sont les principaux projets ?
Par ordre prioritaire, nous étudions la création d’une société, mixte ou privée, de gestion et de traitement des ordures JEUNE AFRIQUE
contrôle n’ont pas pleinement pris en charge le secteur. Nous espérons mettre rapidement en place une plateforme avec toutes les parties concernées pour harmoniser les points de vue, qu’il s’agisse des tarifs ou de la fiabilité des véhicules. Selon vos détracteurs, la ville souffre d’un déficit de démocratie participative. Que leur répondez-vous ?
Pointe-Noire est gérée par un conseil départemental et municipal dont les 75 membres, élus par la population, élisent à leur tour le bureau. Tout est donc parfaitementdémocratique.Aprèsmonélection, j’ai organisé une conférence des chefs de quartier, qui, pendant trois jours, ont exposé leurs problèmes. Nous en avons dressé l’inventaire, puis nous en avons fait une synthèse, par quartier et par arrondissement, et le conseil municipal a adopté unprogrammed’actiontriennal,surlequel nous nous fondons depuis pour définir le plan d’investissement annuel. Après chaque session – il y en a trois par an) –, nous allons voir les habitants des quartiers pour faire le point et recueillir leur avis. Ce qui est tout à fait démocratique et participatif. Qu’apporte la coopération décentralisée ?
Auparavant, elle se manifestait simplement à travers les jumelages. Aujourd’hui, nous avons des échanges gagnant-gagnant avec nos jumelles portuaires. Pointe-Noire a développé des partenariats très actifs avec Le Havre, en France, et Ravenne, en Italie. Au Maroc, nous travaillons avec Laayoune sur la formation de nos agents municipaux. Enfin, nous attendons des entreprises de travaux publics de la ville chinoise de Dalian, qui vont examiner la faisabilité d’un projet de logements sociaux. ●
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
JEUNE AFRIQUE: Quel regard portez-vous sur votre ville, quatre-vingt-dix ans après sa création? Son extension ne pose-t-elle pas des problèmes ? ROLAND BOUITI-VIAUDO: Un long che-
Propos recueillis à Pointe-Noire par TSHITENGE LUBABU M.K. N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
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Total E&P Congo affirme avec le projet Moho Nord sa démarche volontaire et ambitieuse de « Contenu local »
P
remier investisseur et employeur privé du Congo, Total E&P Congo souhaite augmenter la part des entreprises locales dans son activité industrielle. En octobre 2010, l’entreprise a initié une démarche volontaire dite de « Contenu Local » visant à valoriser et augmenter la participation des entreprises locales dans ses opérations, dans le respect de ses règles inspirées du Groupe et des normes industrielles de la profession.
PUBLI-INFORMATIONS
La démarche de Contenu Local de Total E&P Congo consiste à informer et à sensibiliser les entreprises locales sur ces procédures et notamment les normes QHSE (qualité, hygiène, sécurité et environnement), pour leur permettre d’être qualifiées et retenues dans les appels d’offres. Total E&P Congo identifie les difficultés et les attentes des sociétés, et les accompagne dans la définition de plans d’actions pour atteindre les niveaux requis, en les informant sur les structures d’appui à l’entreprenariat, les centres de formation et l’assistance technique, la recherche de partenaires au Congo ou à l’étranger etc. Total E&P Congo a également renforcé son engagement et son soutien auprès de l’Association Pointe-Noire Industrielle (APNI), une plateforme de développement des PME et PMI au Congo. Amorcée avec le développement de Libondo, dernier né des champs off-shore opéré par Total E&P Congo et entré en production en mars 2011, la mise en œuvre de Contenu local, en confiant la construction du jacket de la plateforme à une entreprise congolaise, a permis la réouverture d’un chantier de construction de Pointe Noire générant pour la main d’œuvre congolaise1,6 million d’heures de travail.
Pour accompagner le développement économique local, la démarche volontaire et ambitieuse de Total E&P Congo s’affirme davantage avec le projet Moho Nord puisque les objectifs sont d’aider les entreprises à participer à la mise en œuvre du projet à court et moyen terme et, à plus long terme, de répondre aux besoins de Total E&P Congo en matière de biens et de services pendant la phase d’exploitation, une période qui s‘étendra sur plusieurs dizaines d’années.
« Le projet Moho-Nord, une passerelle pour le développement local » sujet développé lors de la 15ème conférence internationale « Oilgasmine » La 15ème conférence internationale et exposition sur le négoce et le financement du pétrole, du gaz et des mines en Afrique (Oilgasmine), organisée par le gouvernement congolais et la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) s’est tenue du 4 au 6 avril 2012, au Palais des congrès, à Brazzaville. Cet événement a connu la participation de plus de 600 experts réunis autour du ministre d’État Pierre Moussa, ministre de l’économie, du plan, de l’aménagement du territoire et de l’intégration, coordonnateur du pôle économique, représentant le président de la République, du ministre des hydrocarbures André Raphaël Loemba, du ministre des mines et de la géologie Pierre Oba. La participation
Le stand de Total E&P Congo, sponsor de la conférence Oilgasmine.
Catherine Sanchez et Dieudonné Pandi présentant la démarche de contenu local pour le projet Moho Nord à la conférence Oilgasmine.
Le « Développement du contenu local : le cas du projet Moho Nord » a été présenté par les responsables en
Au 1er plan : l’équipe du projet Moho Nord, D. Pandi, Y. Duteil, C. Sanchez avec D. Ganga, DO et JP. Clémençon, DBD. Au 2nd plan : Alexis Thélémaque, Directeur général Total Congo SA, Louis-Roger Tchinianga, Chef de la Division Responsabilité Sociétale et Communication.
charge de cette action au sein de Total, Catherine Sanchez et Dieudonné Pandi, tous deux membres du Groupe Projet Moho Nord. « C’est un projet majeur de développement pétrolier au Congo. Ce projet est le plus grand qu’ait connu la République du Congo à ce jour. Il prévoit la maximisation de la participation des entreprises et des travailleurs congolais. Actuellement, nous réfléchissons conjointement avec les autorités congolaises sur la meilleure manière de générer un maximum de développement, pour les entreprises locales et d’emplois pour la population congolaise. Tout ceci dans l’optique d’orienter l’économie nationale congolaise vers une diversification. » a précisé Catherine Sanchez. Yves Duteil, Directeur du Projet a pour sa part expliqué que « Moho Nord est un projet passionnant et extraordinaire. Encore en phase d’études actuellement, il permettra à terme de produire près de 100 000 barils par jour, en utilisant des technologies innovantes. Il n’y aura pas de torchage. Ces installations seront placées à 80 km au large de Pointe-Noire, à une profondeur d’eau de1000 m. La phase de la finalisation de l’étude de ce projet va bientôt prendre fin et le projet sera lancé en début d’année prochaine. » A travers ce projet, Total E&P Congo fixe donc des objectifs ambitieux : création d’emplois ; dynamisation du tissu économique local ; développement des capacités humaines et entrepreneuriales par la formation et l’amélioration des infrastructures. Le financement de Moho Nord est assuré par trois partenaires que sont l’État congolais à travers la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC –15 %), Chevron Overseas Congo (31,5 %) et Total E&P Congo (53,5 %).
Pour répondre à ses besoins en Ressources humaines, Total E&P Congo mène une politique dynamique de recrutement qui se traduit depuis plus de 4 ans par l’emploi d’une soixantaine de nouveaux collaborateurs congolais chaque année. Une politique qui va se poursuivre encore quelques années. Aujourd’hui l’entreprise compte 1 147 collaborateurs dont 770 congolais, 206 expatriés résidents et rotationnels, 157 contractés et 14 volontaires internationaux en entreprise.
DIFCOM - F.C. PHOTOS : DR
active de Total E&P Congo, sponsor de l’évènement, s’est notamment traduite par la présentation du programme de « contenu local » que l’entreprise souhaite déployer avec le projet Moho Nord. Jacques Azibert, directeur général de Total E&P Congo, a ainsi expliqué les raisons de la présence de Total E&P Congo à ce salon et l’intérêt du projet pour le développement économique local « Pour nous, en tant que premier opérateur du pays dans le secteur pétrolier, avec plus de 60 % de la production nationale, il était primordial que nous soyons aux côtés du Ministère des hydrocarbures. Une autre raison, est le thème principal de la conférence, qui était lié à la création de valeur et à sa rétention au sein de l’économie locale. C’est un thème qui est en train de se développer, notamment avec le projet Moho Nord. Nous essayons d’être performants pour trouver des idées qui font qu’on arrive à mettre au point un modèle, pour qu’au Congo, on puisse rapidement générer de l’entreprenariat mais aussi des activités nouvelles et pérennes. Il n’est pas question que ces actions ne soient que des feux de paille car les activités du projet ne s’arrêteront pas au bout de six mois ou un an. Il est important d’agir sur le moyen et le long terme. C’est la raison pour laquelle nous avons axé notre présentation sur notre approche du contenu local, dans laquelle nous avons proposé un modèle que l’on souhaite adopter et dont les grands principes ont fait leurs preuves ailleurs, comme en Afrique du Sud. Ainsi, en coopération avec le Ministère des hydrocarbures, nous avons adapté ce modèle innovant au contexte pétrolier du Congo pour en maximiser les retombées économiques durables. »
Jacques Azibert, directeur général de Total E&P Congo lors d’une interview à la conférence Oilgasmine qui s’est tenue à Brazzaville.
PHOTOS : ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
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LE BUSTE DE RAPHAËL ANTONETTI, sur le boulevard du Général-de-Gaulle, et LA GARE, conçue par l’architecte de celle de Deauville. ITINÉRAIRE URBAIN
Un grand tour de Lumumba
Au cœur de la ville, avec vue imprenable sur l’océan, c’est dans le 1er arrondissement que se concentre l’essentiel des adresses et sites à ne pas manquer. Visite guidée.
politique, Brazzaville (lire p. 80 et voir J.A. no 2617). Il faut sans doute commencer par là. Œuvre de l’architecte français Jean Philippot, la gare de Pointe-Noire a été construite en 1932. Peinte en marron et en beige, elle arbore un style normand qui lui donne un air de famille avec la gare de Océan Atlantique Port
Gare maritime
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1 000 m
Lumumba
2 km
Rond-point Lumumba
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Aéroport Ngoyo
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Baie de Pointe-Noire
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port, une fois revenu vers la gare, prenez à droite. Direction la Côte Sauvage, avec ses hôtels et restaurants de bord de mer. Le paysage est magnifique, et l’envie de venir y casser la croûte irrésistible: le Twiga, La Pyramide, le Sea Club, L’Abri côtier, le Club pétrolier (qui appartient à ENI-Congo) vous tendent les bras, menus variés et vue panoramique sur la plage assurés. Prenez votre temps, et, si vous êtes tenté
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LES SIX ARRONDISSEMENTS RN 5
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CÔTE SAUVAGE. Après cette balade au
Cô te Mo nd ain e
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out nouveau venu à Ponton-laBelle – comme l’appellent ses habitants – s’interroge évidemment sur ce qu’il y a à voir dans la ville portuaire. Question à laquelle on peut être tenté de répondre par une pirouette facile : « La mer, la mer encore, la mer toujours. » D’autant que, dans le paysage actuel, rien n’a été spécialement aménagé pour attirer les regards ailleurs que sur l’océan. En dehors de quelques rondspoints et, sur le boulevard du Généralde-Gaulle, du buste de Raphaël Antonetti (gouverneur général de l’Afrique-Équatoriale française de 1924 à 1934), pas de monuments ni de statues consacrés aux grands noms ou événements de l’Histoire. Pointe-Noire intra-muros offre tout de même de quoi occuper les visiteurs qui, après avoir attrapé « une occasion » (un taxi) ou gagné « leur moyen » (de transport), découvrent le 1er arrondissement, Lumumba. C’est là que se concentrent la plupart des lieux à ne pas manquer, le long et autour du boulevard du Généralde-Gaulle, véritable colonne vertébrale de la ville, qui conduit à la gare et au port. Pointe-Noire, c’est la mer, c’est vrai – et c’est déjà beaucoup –, mais c’est aussi le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), qui relie la capitale économique à la capitale
Deauville. Inauguré quant à lui en 1939, le port, immense, n’est pas loin, au bout de la rue : pourquoi ne pas aller voir comment il poursuit sa mutation (lire pp. 78-79) ?
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Cô te Sa uv a
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PHOTOS : PATRICK ROBERT
PARMI LES ATOUTS DE LA CÔTE SAUVAGE, sa plage et ses restaurants de bord de mer (à dr., celui de l’hôtel Twiga).
CAFÉ-CROISSANTS. À quelques minutes,
sur le boulevard du Général-de-Gaulle, survivent quelques maisons de l’époque coloniale, dont, au n° 3, le siège de la Chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers, de pur style Art déco. Toujours en bas de l’avenue, si vous voulez prendre votre petit-déjeuner, le thé de 17 heures, ou que vous avez simplement envie de faire comme tous les Ponténégrins, allez à La Citronnelle, le salon de thé-pâtisserie le plus fréquenté de la ville. Tout Pointe-Noire y vient, des nantis aux démunis, pour dévorer, seul ou en famille, gâteaux et viennoiseries à n’importe quelle heure, avec une grande prédilection pour les croissants – ils sont plus gros que la normale. Si vous êtes amateur de café, de vrai café, rendez-vous à quelques centaines de mètres de là, en face de la mairie, au Grand Café. Ouvert il y a deux ans par un Congolo-Éthiopien – le café est originaire du pays de Ménélik, n’est-ce pas ? –, il vaut aussi le détour pour ses spécialités, dont l’une fait cohabiter, entre autres, le thé, l’orange et le gingembre. Dans les parages, les bons restaurants ne manquent pas : L’Arbalète (très apprécié, cuisine française de haut niveau), L’Aquarelle (à l’hôtel Victory Palace), Chez Denise (où l’on mange en écoutant les musiciens : piano, saxo…), Le Pacha (le top des spécialités libanaises) ou Le Kactus (cuisine JEUNE AFRIQUE
éclectique)… Autant d’établissements de styles différents où, ville côtière oblige, poissons et fruits de mer font la loi sur les cartes et menus. La lecture aussi a pignon sur le boulevard du Général-de-Gaulle, avec l’incontournable Librairie Paillet, une affaire familiale fondée il y a cinquante-huit ans par un Français. On y trouve toute la presse nationale et internationale (avec une particularité: d’anciens, voire de très anciens numéros de journaux y sont toujours en vente), ainsi que des livres, bien entendu, dont beaucoup écrits par des Congolais et sur le Congo. Sur l’avenue Fayette-Tchitembo, parallèle au boulevard du Général-de-Gaulle, une extension du marché du Plateau permet aux artisansde vendre leurproduction et quelques « souvenirs ».
CÔTE MONDAINE. Une perpendiculaire vous mènera sur la Côte Mondaine, dans le domaine portuaire, avec son Village des artisans et artistes, parmi lesquels quelques plasticiens de renom (lire pp. 102-103), qui exposent et vendent leurs œuvres avec la peur au ventre d’être « déguerpis » un jour ou l’autre. À côté, le Village des voiliers, le Club nautique et – encore! – un restaurant valant le détour, le Derrick (qui, comme son nom le laisse subodorer, appartient à Total). Enfin, impossible de ne pas s’enivrer dans la foule du Grand Marché, juste en sortant du centre-ville, après le rond-point Lumumba (rebaptisé l’an dernier place de la République). Ce rond-point marque le passage de la « ville européenne » à la « cité africaine » – à Pointe-Noire, « on va en ville » et « on rentre à la cité ». ● ● ●
Ü Rencontre avec les créateurs locaux au VILLAGE DES ARTISANS ET ARTISTES.
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
de rejoindre les surfeurs qui slaloment au loin, au milieu des vagues, le propriétaire de La Pyramide a un club, qui compte une soixantaine d’adeptes (dont quinze Congolais). Il peut vous initier.
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Le Plus de J.A. Pointe-Noire Comme tous ceux du continent, le Grand Marché de Pointe-Noire est plein d’animation. Au gré de ses étals qui, parfois, montent jusqu’au ciel, on trouve de tout, du plus authentique à la contrefaçon – comme ces portables dont la garantie dure… sept jours –, et autant de commerçants payant des taxes à la municipalité que de vendeurs passés maîtres en pratiques informelles. On y marchande, on se hèle, on rit aux éclats, on se dispute violemment pour un oui ou pour un non, sans jamais en venir aux mains. ●●●
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BONNES NUITS. Quand, avec le soir puis
la nuit, vient l’envie de musique et de danse, pas de problème. Bars, clubs et discothèques pullulent sur le boulevard du Général-de-Gaulle et dans les rues avoisinantes du centre-ville. Les boîtes les plus courues ont pour doux noms le Bling Bling – dont la clientèle est généralement tirée à quatre épingles –, le Blue Night, le Master, le MB ou encore le Vénus. Côté pianos-bars, La Sanza tient actuellement
Le soir, cap sur les nombreux PIANOS-BARS, CLUBS ET DISCOTHÈQUES.
le haut du pavé, avec un orchestre jouant en live tous les soirs (sauf le dimanche) et dont la chanteuse vedette n’est autre que la maîtresse des lieux, Elsa Fila. Ouvert en décembre 2011, non loin de l’« école française » (le lycée français Charlemagne),
un autre piano-bar, l’Iguane Café, accueille aussi des orchestres, dont Le 360°, formé par des employés de Total. De quoi passer, sinon de bonnes nuits, en tout cas de bien douces soirées. ● TSHITENGE LUBABU M.K.
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ANTONIN BORGEAUD
Identités plurielles
LE 178 DE LA RUE MOE-MAKOSSO EST RÉPUTÉ. On y sert quelque 500 plats chaque jour, sur place ou à emporter. SPÉCIALITÉS LOCALES
Marie vous attend chez Gaspard Ce temple de la cuisine congolaise en général et ponténégrine en particulier est l’un des restaurants les plus appréciés de la cité. Un succès qui doit beaucoup à son énergique patronne.
S
i vous demandez à un Ponténégrin de vous indiquer le 178, rue Moe-Makosso, la réponse ne sera pas immédiate. Si vous précisez que c’est l’adresse de Chez Gaspard, elle fusera. Non loin du marché, au cœur du quartier populaire de la « cité africaine », dans le 1er arrondissement de Pointe-Noire, la rue MoeMakosso est une artère vivante, bruyante et commerçante, dont le restaurant est l’un des poumons. Chez Gaspard, c’est d’abord un visage, celui de sa patronne, Marie Moussounda, pleine d’énergie, qui fête ses 65 printemps en ce mois de mai. Le nom du restaurant est un hommage à son père, originaire du Dahomey (l’actuel Bénin), qui épousa une jeune Congolaise, sa mère. Gaspard était commerçant et tenait boutique à l’endroit même où sa fille a ouvert l’établissement. Dans les années 1970, Mar ie Moussounda était caissière et cuisinière JEUNE AFRIQUE
La restauratrice apprend à améliorer la qualité des plats, à les varier. Le succès ne tarde pas à venir. Et depuis plus de trente ans, il ne faiblit pas. Le secret de Marie Moussounda ? « Je cuisine bien. L’accueil est chaleureux et convivial. Les plats ne sont pas chers par rapport à la concurrence », répond-elle. Grillades de bœuf, brochettes de poisson, carpes, épinards, caviar de concombres, bananes frites… Des poissons aux légumes, les produits frais sont achetés chaque jour et ne sont pas congelés – l’une des raisons pour lesquelles le restaurant est devenu un incontournable de la cuisine congolaise. D’autant que les portions servies sont gargantuesques, pour des prix à la portée de toutes les bourses : 3 000 à 6 000 F CFA. PETITS PLATS. En accord avec les auto-
rités municipales, Marie Moussounda a aménagé le trottoir qu’elle occupe. Dans la journée, le restaurant, qui comprend aussi deux salles climatisées, ouvre de 9 h 30 à 15 h 30. Le soir venu, de 19 h 30 à 23h 30, des dizaines de clients, Congolais comme étrangers, s’installent, les uns en terrasse, les autres à l’intérieur, pour faire honneur à ses petits plats. « Les Blancs et les Chinois adorent particulièrement le saka saka [feuilles de manioc, NDLR] », confie Marie avec un sourire. Elle emploie aujourd’hui 42 personnes qui travaillent en rotation. Entre la consommation sur place et les ventes à emporter, l’établissement sert quotidiennement quelque 500 plats. Sans compter les commandes pour des cérémonies officielles ou privées. Chez Gaspard, c’est aussi un bar tenu par Gaspard Mboungou, le grand frère de Marie Moussounda. Ancien agent du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), il a négocié son départ de la compagnie
dans un hôtel de la place. Puis, un jour, c’est la faillite. La jeune femme reçoit une somme d’argent assez conséquente pour solde de tout compte. Lors d’un voyage au Zaïre (l’actuelle RD Congo), elle est frappée par le dynamisme de Kinoises qui tiennent des nganda où l’on peut manger à sa faim. De retour à PointeNoire, elle décide de suivre leur exemple et, en 1978, elle Les portions servies sont se lance dans la restauration. gargantuesques, et les prix à la Au départ, c’est juste un petit emplacement sur le trottoir, portée de toutes les bourses. où elle pose un barbecue et fait des grillades à 300 F CFA (0,45 euro) ferroviaire après le décès de leur père pièce. Très vite, Marie Moussounda afin de s’occuper des affaires familiales. trouve sa clientèle. Grâce à sa nouvelle Par ailleurs fermier, Gaspard Mboungou activité et à ses économies, qu’elle a fait approvisionne sa sœur en produits divers fructifier notamment en vendant des et variés, notamment en carpes de son pagnes et en participant à une tontine, élevage. Son bar, temple de la danse, elle achète une parcelle juste à côté de est plein tous les jours, et, le week-end, la maison familiale pour avoir un « vrai sa fréquentation atteint des sommets. ● établissement ». TSHITENGE LUBABU M.K. N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
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Congo Terminal confirme l’achèvement des travaux de sa première phase d’investissements trois ans seulement après le démarrage de sa concession. En 2008, la République du Congo adjugeait la concession du terminal à conteneurs de Pointe-Noire au consortium emmené par le groupe Bolloré. Dès le démarrage de la concession, le 1er juillet 2009, Congo Terminal lançait la première phase de son plan de modernisation du terminal à conteneurs comprenant la construction d’un nouveau quai de 270 m, profond de 15 mètres, susceptible d’accueillir des navires de 7 000 conteneurs.
UN NOUVEAU QUAI DE 270 M EN EAU PROFONDE À POINTE-NOIRE ENJUILLET 2012
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PUBLI-INFORMATION
n trois ans, Congo Terminal a porté ses effectifs de 200 à plus de 600 travailleurs congolais. Les collaborateurs de Congo Terminal ont été formés aux exigences de qualité de service et de la manutention moderne. En outre, dès le démarrage de la concession, un parc d’équipements de manutention modernes comprenant notamment trois grues mobiles de 100 tonnes fut acquis simultanément à la mise en service d’un système informatique assurant le suivi en temps réel de la position des conteneurs. Congo Terminal a ainsi très rapidement amélioré les performances et la qualité de service rendu aux armateurs. Résultat immédiat : le nombre de conteneurs transitant par Pointe-Noire a doublé, passant de 250 000 EVP (conteneurs équivalent vingt pieds) à 450 000 aujourd’hui.
Congo Terminal est ainsi devenu une plateforme multimodale moderne intégrant un parc à conteneurs étendu à 30 hectares, une base logistique connectée au réseau ferroviaire, un atelier dans lequel est assuré l’entretien permanent des équipements de manutention, un parc pour les conteneurs frigorifiques, sans oublier le système de sécurité et de contrôle d’accès compatibles avec les toutes dernières exigences en matière de sécurité portuaire. Enfin, deux portiques de quai alimentés en électricité par une centrale électrique construite par le terminal et quatre portiques de parc (RTG) seront opérationnels en fin d’année et compléteront cette première phase faisant de Pointe-Noire le port le mieux équipé d’Afrique Centrale.
Le montant du plan d’investissements et de modernisation du port est supérieur à
450 milliards de F CFA
Dès 2013, le quai en eau profonde sera prolongé de 270 à 800 mètres et le terre-plein gagné sur la mer portera la surface du terminal à 38 hectares. Pour faire face à la forte croissance attendue de son activité, Congo Terminal renforcera progressivement son parc d’équipements jusqu’à 8 portiques de quai et 20 portiques de parc. La modernisation de Congo Terminal, un investissement structurant de près de 400 milliards de F CFA, a en effet pour objectif de faire de Pointe-Noire la principale porte d’entrée pour le bassin du fleuve Congo, une région de près de 100 millions d’habitants. Congo Terminal deviendra rapidement la plateforme portuaire privilégiée pour les navires de forte capacité en provenance directe d’Asie et d’Europe et transportant des conteneurs en transbordement pour Matadi en RDC, Luanda en Angola, ou en transit
vers les grandes villes de RDC, de Kinshasa jusqu’à Kisangani. Ainsi, le développement de Congo Terminal ne crée pas seulement un millier d’emplois directs et plusieurs dizaines de milliers d’emplois indirects à l’horizon 2018, il contribue aussi à la relance en cours du corridor terrestre et ferroviaire Pointe-Noire – Brazzaville. Celui-ci est un atout majeur pour le développement de la République du Congo et une excellente opportunité pour diversifier son économie.
CONGO TERMINAL Terminal à conteneurs (enceinte portuaire) B.P. 855 Pointe-Noire
Tél. : +242 05 775 00 00 E-mail : contactct@congo-terminal.com www.congo-terminal.net
DR
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LE PETIT ALAIN (à dr.) en 1976 au Studio photo Vicky, qui appartenait à l’un de ses oncles. FLASH-BACK
Ballade d’un enfant de la Côte Sauvage Dans Demain j’aurai vingt ans, Alain Mabanckou racontait une jeunesse ponténégrine. La sienne. Pour les quatre-vingt-dix ans de la cité océane, l’écrivain franco-congolais nous livre un petit supplément de souvenirs et son point de vue sur Ponton-la-Belle version 2012.
L
a ville de Pointe-Noire, capitale économique du Congo, jouit d’une réputation qu’on pourrait mesurer par les appellations que les Ponténégrins eux-mêmes lui donnent : « Ponton-la-Belle », « Pontonsur-Mer ». Sa beauté se mesurait par sa verdure, son centre-ville à l’architecture mêlant la modernité à la tradition avec, notamment, la célèbre gare du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO). Mais il y avait surtout son calme et sa tranquillité N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
– la ville a en effet toujours échappé aux différentes guerres civiles du pays. L’océan Atlantique lui assure une place de choix en Afrique centrale : « villemonde », Pointe-Noire, avec l’un des ports maritimes les plus importants du continent, est un axe de communication profitant à plusieurs pays voisins n’ayant pas accès à la mer… J’ai grandi dans le quartier Tié-Tié, où l’un de mes oncles, tonton Vicky, possédait le fameux bar Joli Soir, situé
non loin de l’avenue de l’Indépendance. Si, chaque soir, ce lieu d’ambiance était plein à craquer, il y avait autant de monde à l’extérieur qu’à l’intérieur. Mon oncle avait installé des lampadaires et des baffles dehors, de sorte qu’il n’était pas surprenant de voir des couples danser devant l’établissement ou des passants s’arrêter un moment, se joindre à la liesse générale avant de poursuivre leur chemin. La musique de Franco Luambo Makiadi, de Youlou Mabiala, JEUNE AFRIQUE
Identités plurielles Tchinouka. Nous étions qu’à Brazzaville, c’est le fleuve convaincus que le monde Congo qui dictait sa loi, avec s’arrêtait à l’horizon et que le commerce au Beach. Les notre ville en était la plus Ponténégrins, eux, étaient importante. Et nous marau carrefour du monde. Ils chions, nous marchions voyaient arriver les navires encore jusqu’à atteindre les provenant des contrées loinrives de ce cours d’eau. taines. Ils attendaient au port maritime les pêcheurs béniCe sont tous ces souvenirs nois qui bravaient les vagues qui ont été à l’origine de mon pour ramener des poissons roman Demain j’aurai vingt que se disputaient par la ans, dans lequel mon alter Demain j’aurai vingt ans, suite les petits commerçants, ego, Michel, un garçon d’une d’Alain Mabanckou, parfois en s’échangeant des dizaine d’années, conte à Gallimard (août 2010), noms d’oiseaux. sa manière son quotidien 384 pages, 21 euros, Enfants, nous voyions les dans cette capitale éconoou coll. « Folio » (mars adultes se lever de bonne mique. Si le regard que je 2012), 416 pages, 6,95 euros portais sur Pointe-Noire heure, s’orienter vers ce port était rivé sur une certaine afin de proposer leurs serphotographie, marquée par le sceau vices. Le travail était donné à ceux qui de la nostalgie – je n’avais plus mis les se levaient le plus tôt. Pointe-Noire était alors l’une des agglomépieds dans cette cité depuis plus de deux rations symbolisant l’éveil décennies –, la réalité de ces dernières Nous parlions principalement d’une Afrique qui espérait années montre désormais une ville qui en le munukutuba. Les Brazzavillois, retrouver son autonomie appelle à la conscience de ses habitants, eux, s’exprimaient en lingala. en embrassant l’idéologie de ses visiteurs et, surtout, à l’action de communiste. la municipalité. laire kaki, à la mode soviétique, avec La ville était toutefois encore divisée une écharpe rouge vif. Je réentends la en deux parties, entre les quartiers popuFAVELAS. L’urbanisation sauvage et clameur des rues, le bruit des tuyaux laires (Tié-Tié, Fouks, Rex, Roy, Quartier l’occupation de l’espace à l’horizontale d’échappement des autobus épuisés par Trois-Cents, Voungou, Matende, etc.) et la défigurent progressivement au point des trajets sinueux d’un bout à l’autre de le centre-ville, lieu de l’activité éconoque, dans beaucoup de nouveaux quarla ville. Je n’oublie pas les petits comtiers, les habitations ressemblent à des mique, habité principalement par les merçants des rues principales ou des favelas. Certaines artères goudronnées Européens et les Ponténégrins les plus marchés à la sauvette, et surtout pas nantis. Quand on était à « la cité », pour se de l’époque sont dans un état tel que les les Africains de l’Ouest qui tenaient le rendre au centre-ville – nous disions : « je automobilistes doivent davantage se précommerce dans les quartiers populaires. vais en ville » –, on devait bien s’habiller. occuper des trous que de la sécurité des On empruntait un bus « fula-fula » dans piétons. À cela s’ajoutent l’éternelle épine AU CARREFOUR DU MONDE. Au fond, un quartier populaire, puis on longeait de l’évacuation des eaux de pluie, les je suis demeuré un enfant de Pointel’avenue de l’Indépendance qui coupait rivières sur lesquelles flottent les ordures Noire, un enfant de la Côte Sauvage. Des la ville en deux. On ne pouvait rater cette ménagères, les rejets causés par l’activité appellations qui étaient notre manière foule le long de l’avenue. Ici, une femme des compagnies pétrolières et qui, à la d’afficher notre appartenance à une portait un sac de riz sur la tête avec son longue, encrassent le sable de la Côte certaine culture, celle qui se distinguait bébé dans le dos pour gagner le Grand Sauvage, dénaturent le visage de cette nettement des mœurs de Brazzaville, la Marché. Là, un chauffeur était aidé par cité, au point que certains s’amusent à capitale politique. des gamins pour pousser son véhicule la qualifier de « Ponton-la-Poubelle ». Nous parlions principalement le munuqui venait de tomber en panne en plein Mais je sais que Pointe-Noire est une kutuba, alors que les Brazzavillois s’excarrefour. Un peu plus loin, une bagarre ville qui a toujours cultivé l’enthousiasme primaient en lingala. Par ailleurs, dans attirait une foule en délire… et, de ce fait, Ponton-la-Belle méritera notre ville, la vie était « orientée » par les Je me revois à cette époque où, les plus que jamais ce surnom… ● humeurs de l’océan Atlantique, tandis pieds nus, nous allions vers la rivière ALAIN MABANCKOU des Bantous de la Capitale ou de Pamelo Mounk’a résonnait toute la nuit, et les « ambianceurs » ne quittaient les lieux qu’avec les premières lueurs de l’aube. Je les voyais se soulager contre les façades alentour et tenir à peine debout sous l’effet de l’alcool. Tonton Vicky était également le propriétaire du Studio photo Vicky, qui donnait sur l’avenue de l’Indépendance. Je voyais arriver les adultes, tirés à quatre épingles, avec des pantalons à pattes d’éléphant, des chemises aux couleurs vives. Ils prenaient des poses ridicules devant des décors qui auraient pu être ceux de Jean Depara, le célèbre photographe de la République démocratique du Congo. Ces images en noir et blanc sont celles de mon enfance, celles des années 1970 et 1980. Je revois encore la tenue sco-
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Identités plurielles FIGURES PONTÉNÉGRINES
Rien ne les arrête!
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
Engagés en politique ou dans la vie associative, tous passionnés par l’humain, ils ont fait et font encore bouger leur ville, et le Congo. Portraits de femmes et d’hommes d’action aussi résolus que dévoués à leurs causes.
Micheline Potignon Ngondo Députée des petits
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ère de quatre enfants et diplô400 élèves, dont des enfants malentenmée en hôtellerie, Micheline dants ou handicapés moteurs). En 2002, Potignon Ngondo jonglait cet engagement la pousse à se présenter en tant que candidate indépendante aux encore entre la gestion de deux hôtels législatives. Contre toute attente, elle est à Pointe-Noire (trois désormais) et une vie associative très active il y a dix ans. Elle a porté un projet de loi sur Engagée aux côtés des la protection de l’enfant au enfants déshérités, elle est Congo, qui a été adopté en 2010. cofondatrice de l’association Espace enfants (orphelins ou marginalisés), et elle préside élue avec plus de 60 % des suffrages. Elle l’Association Ngondo pour la lutte contre est réélue haut la main en 2007. la pauvreté (ANLCP) et L’Arche de Noé Unique femme députée du départe(centre préscolaire accueillant près de ment de Pointe-Noire, elle a travaillé JEUNE AFRIQUE
d’arrache-pied, dès son premier mandat, pour déposer un projet de loi sur la protection de l’enfant. La loi Potignon a été adoptée en 2010. Loin de s’arrêter là, Micheline Potignon Ngondo, 67 ans, se prépare à déposer un nouveau projet sur le bureau de l’Assemblée nationale, relatif à la protection et au droit des veuves (notamment en matière d’héritage), au cœur de nombreux drames dans les familles congolaises. Encore faut-il qu’elle soit élue pour un troisième mandat lors des législatives prévues cette année. ● TSHITENGE LUBABU M.K. N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
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Le Plus de J.A. Pointe-Noire
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François Tchichellé Tchivéla L’âme vilie de la ville
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ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
édecin militaire à la retraite avec le grade de colonel, écrivain, auteur-compositeur et mécène, Tchichellé Tchivéla est l’une des figures les plus emblématiques de Pointe-Noire. Son père, Stéphane Tchichellé, agent au Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), a participé à la construction de la voie ferrée avant de s’engager en politique. Il sera le premier maire élu de Pointe-Noire, en 1956, avant d’être nommé ministre dans les tout premiers gouvernements du pays. Avec une telle ascendance, Tchichellé Tchivéla aurait pu entreprendre une carrière politique. Il a préféré la médecine. Après ses études secondaires au lycée Victor-Augagneur de Pointe-Noire, il a été formé à la faculté de Bordeaux, où il s’est spécialisé en pédiatrie. Toutefois, il a été ministre du Tourisme et de l’Environnement (1992-1995) sous Pascal Lissouba. Préfet du Kouilou pendant la guerre civile qui éclata en 1997, Tchichellé Tchivéla fera en sorte que le conflit ne touche pas la ville océane. Homme cultivé et doté d’une grande curiosité intellectuelle, Tchichellé Tchivéla est très attaché à l’héritage culturel vili, qu’il essaie par tous les moyens de perpétuer. C’est aussi un passionné de littérature et de musique. Écrivain, il a publié Longue est la nuit (nouvelles, Hatier, 1986), L’Exil ou la Tombe (nouvelles, Présence africaine, 1986) et Les Fleurs des Lantanas (roman, Présence africaine, 1997). Côté musique, il écrit des textes, compose et, en infatigable mécène, aide les chanteurs et musiciens ponténégrins à exister, au quotidien et sur scène. ● T.L.M.K.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
Célestine Bagniakana Une dame de cœur
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près des études de secrétariat à Neuilly, en France, Célestine Bagniakana est recrutée en tant que secrétaire de direction chez DelmasVieljeux, qui deviendra plus tard le groupe Bolloré, dans le 8e arrondissement de Paris. À son retour au Congo, elle en N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
devient l’assistante de direction générale à Pointe-Noire. En 1994, parallèlement à son activité professionnelle, elle crée Halte Sida, une association de prévention et de lutte contre le sida. Soutenue par certaines des plus importantes entreprises de Pointe-Noire et par
des particuliers (congolais et expatriés), Célestine Bagniakana centre son action sur les orphelins qui, après avoir perdu leurs parents à cause de cette maladie, sont recueillis par des membres de leur famille démunis et incapables d’assurer leur avenir. Dans sa démarche, elle met surtout l’accent sur la formation de ces jeunes, dont certains sont pris en charge par des parrains se trouvant à l’étranger, notamment en France. Aujourd’hui, Célestine Bagniakana continue d’accompagner un millier d’enfants et se montre fière de la réussite de « ses » orphelins. Beaucoup de bacheliers, une juriste, un gendarme… et bien d’autres qui, après l’apprentissage d’un métier, ont trouvé un emploi. Pour compléter son action, elle a entrepris la construction, à Pointe-Noire, d’un orphelinat baptisé Cœur céleste. Mais cette quinquagénaire dynamique a une autre passion : la musique, plus particulièrement le gospel. Elle a ainsi monté un groupe composé de neuf filles, Les Célestes Gospel, qui enchante les Ponténégrins. ● T.L.M.K. JEUNE AFRIQUE
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Paul Tchignoumba Ex-international du PCT
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
T.L.M.K.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
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édansle2e arrondissementdePointeNoire, Mvou-Mvou (qui porte le nom de son clan), Paul Tchignoumba a achevé ses études secondaires au lycée d’État de Brazzaville avant d’obtenir, en 1982, un diplôme de troisième cycle du Centre d’études du commerce extérieur-Centre supérieur des transports internationaux (CECE-CSTI) de Marseille (France). Contrôleur de gestion de la Congolaise de raffinage (Coraf) à Pointe-Noire de 1998 à 2002 et conseiller à la présidence de la République (aux affaires internationales), Paul Tchignoumba a été l’unique élu du Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) dans sa ville natale lors des législatives de 2002. Il est par ailleurs le neveu de feu Jean-Pierre Thystère-Tchicaya, qui fut maire de PointeNoire de 1994 à 1997 et président de l’Assemblée nationale de 2002 à 2007. Responsable de la section internationale du PCT de 1998 à 2005, Paul Tchignoumba a aussi été viceprésident d’Agir pour le Congo, association politique soutenant Denis Sassou Nguesso, qui a fini par rejoindre le PCT l’an dernier. À 57 ans, élu conseiller municipal et départemental de Pointe-Noire en 2008 sous l’étiquette de la majorité présidentielle et désormais membre du comité central du PCT, l’ancien député préside aux destinées de l’association Léo Lagrange Congo, proche du Parti socialiste français. Paul Tchignoumba est aussi connu des Ponténégrins en tant que président de l’ensemble Lelu Lelu, spécialisé dans la musique traditionnelle de l’ancien royaume de Loango, et, depuis l’an dernier, du club de football de l’AS Cheminot, l’un des fleurons sportifs de la cité océane. ●
Mambou Aimée Gnali Mémoire vive
D
ans son pays, elle a la réputation d’être une « grande gueule ». En tout cas, elle n’a pas sa langue dans sa poche. « Cela fait partie de mon éducation. Mon père me disait toujours de ne jamais me taire quand je ne suis pas d’accord. » Quelque soixante-dix ans plus tard, Mambou Aimée Gnali garde « le courage de toujours dire la vérité » et une vivacité extraordinaire. Extraordinaire, son parcours l’est également. Née à Brazzaville, elle se retrouve à l’âge de 3 ans à Nkayi (dans le département de la Bouenza), où son père a été muté, et commence les classes primaires à Pointe-Noire. Elle a 12 ans lorsque son père l’envoie poursuivre ses études en France, d’où elle rentre en 1952 après le décès de sa sœur. Élève au lycée Savorgnan-de-Brazza de Brazzaville, elle sera la première bachelière de l’Afrique-Équatoriale française. De quoi obtenir une bourse d’études qui lui permet de s’inscrire à la Sorbonne, à Paris, où elle décroche une licence de lettres modernes et milite à la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf ).
De retour au Congo en 1963, Mambou Aimée Gnali enseigne le français au lycée Victor-Augagneur de Pointe-Noire, puis à l’École normale supérieure d’Afrique centrale, à Brazzaville, avant de s’envoler parfaire sa formation aux États-Unis. Devenue directrice générale de l’enseignement, la jeune femme quitte à nouveau le Congo en 1971 pour une carrière internationale à l’Unesco, dont sept ans à Paris et treize à Dakar. Au début des années 1990, elle prend une retraite anticipée et participe à la Conférence nationale. En 1992, elle est élue conseillère municipale à Pointe-Noire sur la liste de JeanPierre Thystère-Tchicaya, dont elle devient la première adjointe en 1995. Nommée ministre de la Culture et des Artsen1997,elledémissionneen2002. Aujourd’hui, elle enseigne la communication à l’École supérieure de technologie du littoral, à Pointe-Noire. Secrétaire générale et porte-parole du Parti pour l’alternance démocratique (PAD, opposition), Mambou Aimée Gnali a écrit Beto na beto : le poids de la tribu, récit autobiographique paru chez Gallimard en 2001. ● T.L.M.K. N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
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ENJEUX MARITIMES
Le vent en poupe
VINCENT FOURNIER/J.A.
Principale porte d’entrée du bassin du Congo, le Port autonome de Pointe-Noire renforce ses positions. Premiers résultats du plan de modernisation, le trafic augmente, les cadences aussi.
A
près deux décennies moroses, le Port autonome de Pointe-Noire (PAPN) recouvre la santé à la faveur d’une cure de modernisation. Tout a changé depuis que ses dirigeants ont décidé de lui conférer une véritable autonomie (l’État congolais n’ayant désormais qu’une représentation limitée au conseil d’administration du port, deuxième entreprise du pays) en s’appuyant sur une redynamisation du partenariat entre le secteur public et les entrepreneurs privés. Une stratégie qui a redonné confiance aux bailleurs et permis de réaliser certains investissements majeurs que l’État n’avait pas les moyens d’assurer. PROFOND. C’est en décembre 2008
que cette renaissance a commencé, lorsque le PAPN a concédé son terminal à conteneurs – baptisé depuis Congo Terminal – à un consortium composé de Bolloré Africa Logistics (BAL), Socotrans, Samariti et Translo. Le contrat implique des investissements à hauteur de 374 milliards de F CFA (environ 570 millions d’euros) d’ici à 2036 de la part de BAL et de ses partenaires N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
Les travaux se poursuivent cette année, avec pour priorité la livraison du quai G. Lorsqu’ils seront achevés, Congo Terminal disposera de 38 ha de terre-pleins (contre 17 ha auparavant) et de 1 500 m de quai, dont 800 m qui lui permettront d’accueillir les navires à très fort tirant d’eau (15 m, contre 13,2 m actuellement), qui ne peuvent accoster dans les ports de Douala (Cameroun), Luanda (Angola) et Matadi (RD Congo), concurrents régionaux de Pointe-Noire. D’ores et déjà, les aménagements ont permis de porter le trafic de conteneurs à 460 000 unités EVP en 2011, contre 50 000 en 2000. Dès 2015, le PAPN pourra traiter près de 650 000 conteneurs par an et, à terme, plus de 1 million. De l’avis général, depuis que le PAPN s’est engagé sur la voie de la modernisation, les choses se sont beaucoup améð Après liorées pour les entreles travaux, des navires prises opérant dans de 15 m de la zone portuaire. tirant d’eau Y travaillant depuis pourront vingt ans, Alphonse accoster, Obambi-Itoua, le CONTRE 13,2 M AUJOURD’HUI. directeur général de Translo (une branche du groupe Sapro spécialisée dans le transport, le transit, la logistique et la location) et président de la Fédération transport et transit de l’Union patronale et interprofessionnelle du Congo (Unicongo), constate que « ce n’est plus le même port. Il y a de nouveaux quais, de nouveaux magasins, de nouvelles voies d’accès ». Grâce aux améliorations en matière de logistique, le PAPN est aussi bien plus compétitif en matière de traçabilité des conteneurs et de rapidité dans la manu-
privés. Ces sommes s’intègrent dans un Programme d’investissements prioritaires (PIP), dont les 80 milliards de F CFA restants sont pris en charge par le PAPN, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale, l’Agence française de développement et la Banque européenne d’investissement. L’objectif est de renforcer la position de Pointe-Noire en tant que principale porte d’entrée du bassin du Congo et première plateforme du trafic de transbordement vers les pays d’Afrique centrale. Alors qu’il est déjà le port le plus profond de Beaucoup reste à faire, notamment la région, le PAPN pourra, harmoniser les rapports entre grâce aux travaux, accueillir les navires de nouvelle opérateurs, douanes et autorités. génération, capables de transporter plus de 7 000 conteneurs tention. « Nous avons été mandatés pour équivalent vingt pieds (EVP, unité repréconcevoir une zone appelée gare de sentant environ 38,5 m 3). Il s’attelle fret, qui a démarré ses activités en janparallèlement à développer les activités vier 2011, explique Obambi-Itoua. Elle de feedering, c’est-à-dire de transborpermet de dépoter et d’entreposer les dement des marchandises entre les conteneurs dans un même espace, afin grands navires de ligne et des bateaux d’éviter l’éparpillement. Nous gérons de plus petite taille, puis d’acheminecette activité avec Congo Terminal. » ment vers des ports moins profonds et Un seul manutentionnaire portuaire, moins bien équipés, que les armateurs un seul interlocuteur, dans un espace ne desservent pas en ligne directe. unique : cette organisation a permis JEUNE AFRIQUE
Identités plurielles d’améliorer les cadences de chargefrictions, mais les rapports entre l’admiexiste sur le papier, mais, dans la prament, de déchargement et de livrainistration du port et les opérateurs sont tique, chacun travaille dans son coin son. Dans la nouvelle configuration, les au beau fixe et nous sommes engagés sans toujours se coordonner avec les dans un processus irréversible dont la cadences de manutention atteignent autres ». Une critique que Jean-Jacques finalité est la facilitation du travail de 25 à 27 conteneurs par heure, contre Mombo, directeur divisionnaire chargé des études des travaux du PAPN, tient tout le monde. » 7 à 8 en 2009, grâce à l’acquisition de à relativiser : « Il peut y avoir quelques Dans le cadre du programme de grues Gottwald. modernisation, le chantier du Monopole de fait ? « Non, Trafic annuel de conteneurs nouveau siège du port a comrétorque Alphonse ObambiEn unités équivalent vingt pieds (EVP, soit environ 38,5 m3) Itoua. C’est tout simplement une mencé fin décembre. Il permetrépartition du travail en termes tra de réunir dans un même 50 000 2000 immeuble tous les services de spécialisation. Ce sont des portuaires. Constitué d’une expériences tentées ailleurs et tour de 65 m de haut (compqui ont fait leurs preuves. » 460 000 2011 tant 16 niveaux) et d’une aile de plain-pied dotée d’une salle COORDINATION. Malgré les de conférences de 1 000 places, progrès considérables réalisés 500 000 2012* le bâtiment à l’architecture en trois ans et demi, le port est loin d’avoir achevé sa mutation. futuriste évoque un voilier de Notamment en ce qui concerne verre. Financé par l’État pour un 647 000 2015* l’harmonisation des rapports coût de plus de 17 milliards de F CFA, le chantier a été confié entre les différents acteurs : à la China Geo-Engineering les douanes, la marine mar1 000 000 2036* chande, l’autorité portuaire. Corporation. L’ouvrage doit être Selon Alphonse Obambi-Itoua, livré en décembre 2013. ● * Prévisions SOURCE : PAPN TSHITENGE LUBABU M.K. « la communauté portuaire
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TRANSPORTS
LA GARE DU CFCO, seule voie terrestre reliant les capitales politique et économique.
En première ligne
La ville a été créée pour être le point de départ et d’arrivée, sur le golfe de Guinée, du réseau de communication du pays et de ses voisins enclavés. Qu’en est-il aujourd’hui ?
P
ointe-Noire redeviendra-t-elle le pôle d’intégration régionale qu’elle fut par le passé en matière de transport ? Les divers projets engagés dans la ville et dans le reste du pays le laissent penser, à commencer par la réhabilitation et l’extension du parc à conteneurs du port en eau profonde (lire pp. 78-79), dont les travaux sont en cours. Toute la chaîne des transports est à remettre en état et à renforcer pour faciliter les échanges non seulement avec l’hinterland (notamment Brazzaville), mais aussi avec les pays voisins. NATIONALE 1. Dans le domaine routier,
le désenclavement de Pointe-Noire se dessine depuis l’ouverture à la circulation en décembre dernier du premier tronçon de la RN1 jusqu’à Dolisie (190 km), réalisé par China National Machinery and Equipment Import and Export Corporation (CMEC). Il sera total en 2013, lorsque le tronçon Dolisie-Brazzaville (300 km), dont les travaux sont engagés depuis fin 2011, sera achevé. Les autres chantiers routiers en cours dans le pays vont aussi contribuer à fluidifier et accroître le trafic entre N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
Pointe-Noire et le reste du Congo. Le plan national des transports, dont l’architecture devrait être en place d’ici à 2015, prévoit en effet de « relier le sud et le nord du pays par deux grands axes, l’un situé dans l’Est et l’autre dans l’Ouest. De part et d’autre, des transversales feront la jonction avec les pays voisins, en particulier le Gabon et le Cameroun », explique Michel Niama, conseiller du ministre du Plan et de l’Aménagement du territoire. CONGO-OCÉAN. La réhabilitation
des 510 km de rail du Chemin de fer
Congo-Océan (CFCO), seule voie terrestre reliant Pointe-Noire à Brazzaville pour le moment, donnera un nouveau souffle à la capitale économique. Le chantier avance à petits pas, certes, mais il est en cours. Depuis 2007, l’État a investi 40 milliards de F CFA (61 millions d’euros) pour la réhabilitation et la modernisation des infrastructures et des équipements du CFCO, lequel prévoit d’assurer cette année le transport de plus de 1,6 million de tonnes de marchandises et de 1,3 million de voyageurs.
La construction du pont route-rail entre Brazzaville et Kinshasa élargira l’hinterland du Congo. Autre bonne nouvelle pour PointeNoire, la connexion du Congo avec la RD Congo voisine est en passe de se concrétiser. Elle passera par la construction d’un pont sur le fleuve Congo, en aval des deux capitales, Brazzaville et Kinshasa, à environ 30 km au sud de l’île du Diable. Assuré par la Banque africaine de développement (BAD), le financement de l’ouvrage est bouclé. Côté brazzavillois, le pont sera relié à la RN1. Un port sec de 1 000 à 2 000 ha sera en outre construit à l’intersection de la RN1 et du CFCO afin de stocker les marchandises. Une fois mis en place, ce réseau intermodal devrait rendre à Pointe-Noire son statut de plaque tournante régionale et au pays sa vocation de transit. Avec une nouveauté de taille, le pont entre Brazzaville et Kinshasa, qui élargit l’hinterland du Congo tout en le déplaçant vers le sud. Une première. ● MURIEL DEVEY
NOUVEAU TERMINAL POUR L’AÉROPORT AVEC UNTRAFIC passé de 400 000 passagers en 2003 à 800 000 en 2011, le terminal de l’aéroport international António-Agostinho-Neto de Pointe-Noire, géré par Aerco, est devenu trop petit. D’où la décision de construire un deuxième module pour faire face à l’augmentation du trafic. Placée côté ville, cette seconde aérogare consacrée aux vols internationaux sera constituée d’un bâtiment de trois niveaux et disposera notamment de deux passerelles télescopiques. Le projet, piloté par la Délégation générale des grands travaux (DGGT), inclut également la construction d’une centrale électrique, d’un abri à matériels de piste et d’une base « eau », avec une salle de pompe. Confiés à la société China Jiangsu International Group et financés par l’État congolais, les travaux, dont le coût s’élève à environ 35 milliards de F CFA (plus de 53 millions d’euros), vont durer deux ans. ● M.D. JEUNE AFRIQUE
BGFIBank,
leader sur le marché congolais BGFIBank compte bien conserver sa place par l’amélioration permanente de la qualité de son service. Un centre d’affaires dédié aux Grandes Entreprises va ainsi ouvrir ses portes à Pointe-Noire tandis que le réseau d’agences à destination des particuliers et des PME continue de s’étoffer.
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réée en 1971 au Gabon, s’est installée le 3 Avril 2000 à Brazzaville, en République du Congo, sous la forme d’une succursale qui deviendra quatre ans plus tard une filiale à part entière. C’est le 18 janvier 2001 qu’une agence bancaire sera ouverte à Pointe-Noire, capitale économique du pays. Première filiale inter nationale du Groupe, BGFIBank Congo s’appuie aujourd’hui sur un réseau de trois agences bancaires et de huit bureaux « Western Union ».
COMMUNIQUÉ / DIFCOM - F.C. PHOTOS : DR
Sa crédibilité auprès de ses principaux partenaires lui a permis de se positionner comme le premier établissement de crédit de la place du Congo avec des parts de marché de 30 % en crédits et de 50 % en dépôts, position qu’elle entend, malgré la très vive concurrence, bien conserver.
UNE QUALITÉ CERTIFIÉE Plaçant la satisfaction du client au cœur de son action, BGFIBank Congo s’est depuis 2009, engagée dans une d é m a rc h e Q u a l i t é m a t é r i a l i s é e p a r l’obtention en 2010 de la certification ISO 9001 version 2008 pour la quasi-totalité de ses activités. BGFIBank Congo est ainsi devenue la première banque du pays à recevoir ce label qui définit des exigences en termes de gestion de la qualité Le Groupe BGFIBank jouit sur le marché congolais d’une image positive et une grande notoriété.
UN CENTRE D’AFFAIRES DÉDIÉ AUX GRANDES ENTREPRISES La segmentation de sa clientèle et l’aménagement d’espaces dédiés, à l’instar du Centre d’Affaires Entreprises qui devrait ouvrir prochainement à PointeNoire,traduisent la volonté de la banque d’offrir le meilleur à ses clients. Les clients « grands comptes » trouveront ainsi dans ce point de vente une structure d’accueil sur mesure et une offre de produits et services adaptés. Une structure de même type devrait, dans les toutes prochaines années, voir également le jour à Brazzaville, capitale politique et administrative du pays. DÉVELOPPER LE RÉSEAU Les PME-PMI et les particuliers ne sont pas en reste, puisque BGFIBank Congo poursuit sa stratégie de développement de son réseau avec pour objectif l’amélioration de l’offre en direction de ces catégories de clients. Deux nouvelles agences devraient cette année aussi être mises en service à Brazzaville et à Pointe-Noire.
BGFIGroup : N°1 de la zone CEMAC Créé en 1971, BGFIGroup est le premier groupe financier de la zone CEMAC (Commission de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), avec un total bilan de 2300 milliards FCFA au 31 décembre 2011. Il compte plus de 1 360 collaborateurs déployés dans dix pays. Groupe multi-métiers 100 % privé, il rassemble onze marques spécialisées dans les métiers de la banque commerciale – BGFIBank (Gabon, Congo, Guinée équatoriale, Madagascar, Bénin, RDC, Cameroun, Côte d’Ivoire, SaoTome-et-Principe) et BGFI International (France) - des services financiers spécialisés - BGFICapital (gestion de portefeuille), BGFIBourse (ingéniérie, conseil et intermédiation en bourse), LOXIA Emf (microfinance et transfert d’argent) ou encore Hedenia (gestion et promotion immobilière) – et de l’assurance, avec Assinco.
www.bgfi.com
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HYDROCARBURES
Le secteur emploie directement PLUS DE 3 000 PERSONNES.
Pétrole blues
Depuis quarante ans, son nom rime avec or noir. Partout, l’intense activité des majors européennes et américaines est visible. Pourtant, la ville est loin de respirer l’opulence.
D
epuis que l’exploitation a commencé au large de ses côtes, dans les années 1970, le nom de Pointe-Noire est associé au pétrole. Son décor, aussi. Dans la baie, les silhouettes des plateformes découpent l’horizon tandis que, sur le littoral, le gigantesque terminal pétrolier de Djeno et la raffinerie de la Congolaise de raffinage (Coraf) donnent le ton. Ces activités d’exploration et de production ont aussi forgé le caractère cosmopolite de la ville. Total Exploration & Production en République du Congo (français, près de 60 % de la production totale du pays), Eni-Congo (italien, 30 % de la production), Maurel & Prom (français), Perenco (franco-britannique), Esso Exploration & Production Congo (britannique), Chevron Overseas Congo (américain), Murphy West Africa (américain) et N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
d’approvisionnement en eau et en électricité, ou encore son taux de chômage avoisinant les 30 %, force est de constater que la métropole ne respire pas l’opulence.
Société nationale des pétroles du Congo REDISTRIBUTION. Le secteur des hydro(SNPC, étatique, première entreprise carbures emploie pourtant directement du pays)… Tous ces opérateurs basés plus de 3000 personnes, dont 30 % d’expaà Pointe-Noire ont produit un total de triés et 70 % de Congolais (la plupart 311760 barils/jour en 2011, générant plus étant en contrat à durée déterminée et de 2 000 milliards de F CFA (3 milliards recrutés par des sous-traitants ou des d’euros) de revenus pour le Trésor agences d’intérim) et les activités congolais – sachant que, aux parapétrolières génèrent à leur termes des contrats de partage tour un bon millier d’emplois, qui le lient aux entreprises de la à l’instar de celles des services. filière, l’État perçoit entre 20 % Quant à la redistribution de des recettes et 25 % de la production brute l’argent du pétrole, au nom du de l’État de pétrole. Le secteur, qui repréprincipe d’unicité de la caisse, sente plus de 70 % des recettes de c’est l’État congolais qui perçoit l’inl’État, près de 90 % des exportations de tégralité des revenus pétroliers, avant de marchandises et 66 % du PIB du pays, reste reverser sa part à Pointe-Noire, comme il le donc le pilier de l’économie congolaise. fait pour les autres collectivités locales du Pointe-Noire profite-t-elle pour pays. La plupart des Ponténégrins interroautant de cette manne ? À considérer gés sur la question estiment que leur ville est « lésée » et ne devrait pas être traitée ses rues en mauvais état, son insalubrité, ses bidonvilles, ses problèmes comme celles « qui n’apportent quasiment
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JEUNE AFRIQUE
Identités plurielles rien au budget de l’État ». Selon qu’ils sont très bien payés, donnent CARENCES. L’impactréeldelarentepétrol’impression de ne pas regarder eux, les compagnies pétrolières lière sur la ville et ses habitants aurait dû devraient payer directement à être ressenti au niveau des infrastructures à la dépense, en fait, ils éconoPrès de la cité ce qu’elles lui doivent. et des services de base. Sur ce plan, beaumisent beaucoup. » Résultat, Ce que modère un cadre de la coup reste à faire. Il faut toutefois souligner « le niveau de dépenses des municipalité : « Pointe-Noire l’engagement croissant des entreprises pétroliers à Pointe-Noire des exportations de marchandises tire plus profit de l’industrie du secteur des hydrocarbures dans la reste plus que modeste: 4 %… pétrolière que les autres localiL’objectif est de le porter à 10 % recherche de solutions aux problèmes qui tés du pays, même si, en termes de la valeur ajoutée », souligne compliquent l’existence des Ponténégrins. derépartitionbrute,onaimeraitque l’homme d’affaires. Ainsi, la Centrale électrique du Congo (lire lapartquinousestréservéesoitplus p. 84), créée par l’État et Eni-Congo, va Comme partout, quelques bientôt permettre de résoudre l’épineux conséquente », estime-t-il, avant signes extérieurs de richesse ou d’ajouter : « Tout compte fait, le problème de l’alimentation de la ville en de réussite sociale s’affichent du PIB pétrole, même s’il vient de notre dans la ville. Les plus visibles électricité de bonne qualité. Total est dans ville, n’est pas sa propriété. Les sont les véhicules tout-terrain, la même logique. revenus qu’il génère sont des revenus Mais les pétroliers, tout en s’engageant dont le nombre est tout de même de solidarité avec l’ensemble du pays. » assez élevé. Les entrepreneurs congolais dans des actions sociales et culturelles, étant presque absents du secteur pétrodevraient-ils suppléer sans cesse les lier – on y trouve néanmoins quelques carences de l’État? À Pointe-Noire, nomEXPATRIÉS ÉCONOMES. Grâce aux activités pétrolières, et à cause d’elles, cadres nationaux –, leurs propriétaires breux sont ceux qui se posent la question. la deuxième ville du Congo connaît un ont plus vraisemblablement réussi dans Quand ils relèvent la tête, ils voient le niveau de consommation très imporles filières parapétrolières, l’hôtellerie, nouveau tronçon de la RN1 reliant leur tant. Mais, alors que la majorité de ses l’immobilier ou d’autres activités plus ville à Dolisie (lire p. 80), en attendant la habitants a des revenus très faibles, la ou moins formelles. Seuls ces quelques jonction avec Brazzaville, prévue dans vie y est très chère. De plus en plus chère. Congolais fringants et certains hommes moins de deux ans… De quoi leur faire Les prix de l’immobilier s’envolent (lire d’affaires étrangers dépensent sans compdire: « Notre pétrole a quand même servi p. 97) et, si Ponton peut s’enorgueillir de ter, comme s’ils avaient trouvé le filon… à quelque chose ! » ● posséder un parc hôtelier d’un standing TSHITENGE LUBABU M.K. supérieur à celui de beaucoup d’autres villes congolaises, il faut reconnaître qu’en LES CHINOIS ENTRENT DANS LA DANSE dehors des pétroliers et de businessmen étrangers, rares sont ceux qui peuvent en DANS LE CADRE DE LA CRÉATION des zones économiques spéciales, profiter. C’est le cas, aussi, des nombreux l’État congolais a signé fin mars deux protocoles d’accord avec le groupe restaurants, principalement installés en chinois Shandong Landbridge pour la construction d’un port pétrolier centre-ville. et d’une raffinerie. L’État s’engage à fournir des terrains dans la zone À la question de savoir qui dépense le économique spéciale de Pointe-Noire. Le groupe chinois assurera quant plus, un entrepreneur congolais répond: à lui « les investissements nécessaires » – dont il n’a pas révélé « En réalité, Pointe-Noire bouge lorsque les le montant – pour la modernisation de la Congolaise de raffinage (Coraf), fonctionnaires sont payés, étant entendu la construction de la nouvelle raffinerie et celle du nouveau port pétrolier. qu’ils sont plus nombreux que les autres. Parallèlement à la modernisation du Port autonome de Pointe-Noire Mais leur capacité financière est faible (PAPN), ces chantiers ont pour but de renforcer la position de hub du pays et ils ne peuvent pas concurrencer les et l’intégration régionale grâce à la fourniture de produits pétroliers pétroliers tant les disparités salariales sont aux autres États de la sous-région. ● CÉCILE MANCIAUX grandes: de un à dix. Si les expatriés, parce
90 % 66 %
Acteur incontournable du paysage industriel congolais, les Brasseries du Congo (BRASCO) brasse, embouteille et distribue localement 14 marques différentes de boissons. L’activité de l’entreprise crée de l’emploi direct et indirect de manière significative et contribue ainsi au développement économique du pays. Plus de 1000 personnes se répartissent sur les 2 sites, entre les brasseries de Brazzaville et Pointe-Noire.
MULTI-VITAMINES ENRICHIES
Son actionnariat international, 50 % CFAO et 50 % Heineken, illustre la modernité d’une entreprise du 21e siècle : une société fortement ancrée au Congo et qui respecte les standards locaux et internationaux en matière de management de la Qualité.
À chacun sa préférence JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de J.A. Pointe-Noire ÉNERGIE
Que la lumière soit… ou presque actuelle, priorité est donnée au centreville, qui est le cœur de la consommation, ainsi qu’aux zones industrielles et résidentielles de Pointe-Noire. D’ici à 2013, nous espérons satisfaire pleinement les autres usagers, qui déplorent des délestages et des baisses de tension régulières, et nous sommes déterminés à tout faire pour y parvenir. Mais la fabrication de nouveaux transformateurs prend du temps », explique Émile Tchakala Kissengou, chargé de la direction commerciale et des approvisionnements à la CEC.
La Centrale électrique du Congo, au sud de la capitale économique, est opérationnelle depuis quelques mois. Pourtant, les délestages continuent. À qui la faute ?
BRANCHEMENTS SAUVAGES. Le pro-
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LES TRAVAUX CIBLENT EN PRIORITÉ le centre-ville, les zones industrielles et résidentielles.
L
e 23 décembre dernier, le chef de l’État, Denis Sassou Nguesso, présidait à la mise en service officielle de la centrale thermoélectrique à gaz de Côte-Matève, dans le 3e arrondissement de Pointe-Noire (15 km au sud du centre-ville). Doté de deux turbines d’une puissance de 150 MW chacune, l’ouvrage, dont la puissance peut être poussée jusqu’à 400 MW en cas de besoin, utilise le gaz auparavant brûlé en torchère. Il a été réalisé par la Centrale électrique du Congo (CEC), une société créée en novembre 2008, dont le capital est détenu à 80 % par l’État congolais et à 20 % par Eni-Congo, la filiale de la major pétrolière italienne Eni. Pour les Ponténégrins, le lancement solennel de la centrale équivalait à la fin d’un cauchemar. Pourtant, quelques mois plus tard, pratiquement rien n’a changé. Les délestages restent d’actualité. « Quand ils ont lâché l’électricité sur la ville, tout a pété parce qu’ils n’avaient pas rénové les installations », maugrée un chauffeur quinquagénaire. Une affirmation qui fait rire aux éclats Max Balenda, directeur N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
blème de la qualité de la distribution d’électricité à Pointe-Noire est complexe. Célestin Koumba, directeur départemental au ministère de l’Énergie et de l’Hydraulique, le résume en une phrase sibylline : « Ici, comme ailleurs sur le continent, l’offre précède la demande. » On comprend mieux l’ampleur du chantier lorsqu’il évoque les branchements sauvages dans les quartiers non viabilisés et l’utilisation de matériels non conformes depuis que la Société nationale d’électricité (SNE) ne fournit plus d’équipements aux normes – « certains utilisent même des câbles téléphoniques pour se brancher ! » s’exclame Koumba. Au final, c’est un bazar indescriptible. L’amélioration du service passera donc aussi par un changement du comportement des consommateurs. Effectivement, compte tenu de l’extrême vétusté de l’ancien réseau, ainsi que
technique de la CEC sur le site de CôteMatève : « Rien de tel ne s’est produit, parce que c’est impossible. Le problème se situe au niveau des réseaux de transport et de distribution, qui sont très vétustes, précise-t-il. Les travaux de rénovation et le renforcement de ces réseaux sont toujours en cours et, en attendant qu’ils soient terminés, les délestages continuent. La question ne se pose pas du tout en termes de « Le problème se situe au niveau production. Celle-ci est des réseaux de transport et de plus que suffisante, car les distribution, qui sont vétustes. » besoins de Pointe-Noire ne dépassent pas les 80 MW », MAX BALENDA, directeur technique du site conclut l’ingénieur. Il est même probable que, grâce à ce nouveau des surcharges supportées par les câbles site, la CEC fournisse quelque 100 MW à et les transformateurs, toute l’énergie proKinshasa, très demandeur, le complexe duite pour la ville ne peut être distribuée. hydroélectrique d’Inga ne parvenant Sur les 57 postes à mettre en service, seuls pas à fournir la capitale de la RD Congo. six sont opérationnels et ne connaissent Produire de l’électricité n’est donc pas un « aucun problème de qualité », indique problème. C’est la capacité de distribution Célestin Koumba, avant de préciser que, locale qui ne suit pas… un problème qui à terme, « l’ambition du ministère est d’en n’a pas été anticipé. construire 300 de plus ». De quoi, enfin, Pour le moment, la priorité de la CEC prendre les devants. ● n’est pas le grand public. « Dans la phase TSHITENGE LUBABU M.K. JEUNE AFRIQUE
Modernisation en cours du siège régional de Pointe-Noire.
LA CONGOLAISE DE BANQUE, TOUJOURS PLUS PROCHE DE VOUS
BRAZZAVILLE : SIÈGE SOCIAL
Avenue Amilcar Cabral - B.P. 2889 Tél. : + (242) 22 281 09 78/55/56 Fax : + (242) 22 281 09 57
280 760
196 231 82 831
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Christel DIATHA Secrétaire Général
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RÉSULTAT NET
POINTE-NOIRE :
Avenue Charles de Gaulle - B.P. : 881 Fax : + (242) 22 294 56 04 Site : www.lacongolaisedebanque.com E-mail : info@lacongolaisedebanque.com
2009
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DIFCOM/DF - PHOTO : DR
LCB n’a cesse d’étoffer son offre de produits Monétiques, Crédits, Assurances, etc. Plusieurs produits monétiques ont été lancés au cours de ces dernières années notamment la carte Facility qui est une carte adossée au compte épargne et la carte avance sur salaire en trois variantes (Gold, Privilège et Oxygène) qui est une carte adossée au
2009
6 056
UNE OFFRE PRODUIT EN ADÉQUATION AVEC LES BESOINS DE SA CLIENTÈLE
Halim BENABDENNBI Directeur Général Adjoint
2011
CRÉDITS
TOP MANAGEMENT Younes EL MASLOUMI Administrateur Directeur Général
2010
5 011
Sur la base des statistiques de la BEAC au 31 décembre 2011, malgré la présence de neuf banques sur le marché bancaire congolais, La Congolaise de Banque se maintient parmi les leaders en matière de distribution de crédits avec une part de marché avoisinant les 25 %. Cette performance est le fruit d’une politique commerciale redynamisée entre autre par la mise en place de nouveaux process qui ont permis de financer les particuliers, PME et PMI, surtout les Entreprises Corporate faisant partie des groupes internationaux.
2009
12 220
LEADER DANS LE FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE NATIONALE
La Congolaise de Banque s’est dotée d’une fondation, qui a vocation à œuvrer dans le domaine de l’éducation en République du Congo, compte tenu de nombreux défis à relever en ce domaine, afin d’apporter sa contribution à l’atteinte des objectifs du millénaires pour le développement (OMD). Dans le cadre de sa fondation, LCB nourrit l’ambition, courant 2012, de financer la réalisation d’infrastructures scolaires de base en République du Congo : salles de classe, bibliothèque ou autres ouvrages nécessaires pour l’amélioration des conditions d’accueil et d’apprentissage des élèves. En fonction de ses propres performances commerciales, LCB entend pérenniser des actions de ce genre chaque année.Acteur majeur de l’économie congolaise, La Congolaise de Banque se veut aussi un partenaire efficace du développement humain et social.
3 175
Avec près d’une vingtaine d’agences d’ici à fin 2012, LCB sera le premier réseau bancaire au Congo grâce à une politique de densification entreprise depuis trois (3) ans avec une moyenne d’ouverture de deux agences par année, pour être plus proche de la clientèle dans le souci constant de l’amélioration de la qualité de service. Cette densification répond à un souci majeur et constant de proximité, de créativité et de réactivité vis-à-vis de la clientèle pour soutenir les orientations stratégiques de la banque. LCB est basée à Brazzaville et Pointe-Noire, les deux villes principales, mais aussi à Dolisie, Nkayi, Ouesso, Ngombé et bientôt à Oyo.
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UNE BANQUE CITOYENNE
DÉPÔTS
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PREMIER RÉSEAU BANCAIRE DU CONGO
Quelques indicateurs clés (en millions de FCFA)
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compte épargne et la carte avance sur salaire en trois variantes (Gold, Privilège et Oxygène) qui est une carte adossée au compte chèque et permet au titulaire (salariés et fonctionnaires) de retirer leur salaire augmenté d’une avance de 50 %. De même, les cartes VISA seront disponibles d’ici à fin 2012.
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Filiale du groupe BMCE Bank, LCB est une banque congolaise créée en 2004, au capital de 10 milliards de FCFA dont le siège est situé à Brazzaville, avenue Amilcar CABRAL au centre-ville.
Le Plus de J.A. Pointe-Noire CONFIDENCES DE | Sylvestre Didier Mavouenzela
« On ne peut pas rater le train de l’économie verte » Président de la chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers de Pointe-Noire depuis 2009 La chambre consulaire organise son troisième Forum international green business, du 8 au 10 mai.
L
e président de la chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers (CCIAM) de Pointe-Noire est un fervent promoteur des opportunités du green business. PDG de Nord-Sud Expertise & Réalisation (BTP et génie civil), il vient de créer, à 51 ans, une société dans le secteur de l’eau potable avec des partenaires congolais.
JEUNE AFRIQUE: Pourquoi vous lancez-vous dans le développement du green business? SYLVESTREDIDIERMAVOUENZELA: En observant le boom mondial de l’économie verte, nous nous sommes rappelé celui des technologies de l’information et de la communication. L’Afrique a loupé ce train parce que, à l’époque, les gens ne se sont pas assez mobilisés pour favoriser l’économie numérique. Si nous ne nous investissons pas, nous risquons de connaître la même mésaventure; ce serait impardonnable, dans la mesure où les forêts du bassin du Congo constituent le deuxième poumon écologique de la planète. Nous devons faire de l’économie verte l’un des moteurs du développement en Afrique centrale, un facteur de croissance et un moyen de lutte contre la pauvreté. Comment comptez-vous relever ce défi? Le secteur privé s’engage, une volonté politique se manifeste… Les conditions sont réunies. Nous avons fédéré un certain nombre d’acteurs, comme la Communauté économique des États de l’Afrique centrale [Ceeac, NDLR], qui a mis au point un Programme N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
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d’appui au développement de l’économie verte dans la sous-région. Il y a une vraie mobilisation, et nous avons aujourd’hui planté les quatre piliers qui vont contribuer à ce développement. Il y a tout d’abord le forum, qui, depuis 2010, réunit chaque année les différents acteurs [entreprises, bailleurs de fonds, gouvernements, ONG]. Nous avons par ailleurs mis en place un réseau des entreprises engagées dans l’économie verte enAfrique centrale, qui regroupe déjà une centaine de sociétés.Vient ensuite le Programme d’appui au développement durable, qui doit être adopté à l’issue du forum par les ministres de la Ceeac chargés de l’Environnement. Ces derniers devront aussi adopter mi-mai, à Brazzaville, les statuts d’un fonds vert qui va être créé au sein de la Communauté.
Y a-t-il un lien entre ce forum et le sommet Rio+20, en juin? Le forum de PointeNoire est pratiquement le seul rassemblement d’affaires en Afrique à se pencher sur l’économie verte, qui est l’un des thèmes de Rio. Il servira de lieu de structuration du point de vue du secteur privé d’Afrique centrale – pour ne pas dire africain –, et nos conclusions seront portées à Rio.
Pouvez-vous nous donner des exemples de ces projets verts? Nous allons prochainement faire venir une chef d’entreprise ouestafricaine du secteur cosmétique. Autour de produits comme le karité, elle a mobilisé 2000 femmes dans sa sous-région ; nous voulons aussi créer un réseau féminin pour la production et la transformation d’huile de palme. Les populations vont devenir les acteurs et les utilisateurs de cette économie verte. Il y a des projets dans des secteurs très divers, de l’agriculture à l’écotou-
Les forêts du bassin du Congo sont le deuxième poumon écologique de la planète. risme en passant par le solaire, l’écoconstruction ou le traitement des déchets – par exemple la fabrication de papier à partir de sacs en plastique… Le forum va s’atteler à sensibiliser tout le monde. ● Propos recueillis à Pointe-Noire par TSHITENGE LUBABU M.K. JEUNE AFRIQUE
Le Plus de J.A. Pointe-Noire
PHOTOS MURIEL DEVEY
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Ancien cadre du secteur pétrolier, PHILIPPE BOUNZÉKI a fondé sa PME en 2005. AGROALIMENTAIRE
Le panier de la ménagère à portée de main BPH Agricole produit légumes frais, maïs et poisson pour le marché local. Et va bientôt exporter de l’huile essentielle d’eucalyptus. Le tout en respectant l’environnement.
L
’
important déficit agricole, qui contraint le Congo à importer pour près de 100 milliards de F CFA (152,5 millions d’euros) de produits alimentaires chaque année, et la présence du grand pôle de consommation qu’est Pointe-Noire ont convaincu Philippe Bounzéki, un ancien cadre du secteur pétrolier, de se reconvertir dans l’agriculture et la pisciculture en 2005. C’est à une trentaine de kilomètres de la ville portuaire, dans la sous-préfecture de Hinda, que le quinquagénaire a installé sa PME, BPH Agricole Congo. Sur les 150 hectares que compte le domaine, 20 sont consacrés aux activités maraîchères, qui produisent chaque mois quelque 4 tonnes de légumes frais (tomates, concombres, piments, aubergines…) vendus à des grossistes et, surtout, à des commerçants du Grand Marché de Pointe-Noire. L’autre filière agricole, lancée en 2008 sur 20 ha, est la production de maïs en grains, avec un rendement de 6 t/ha. « Il est principalement destiné à l’alimentation du bétail, explique Philippe Bounzéki. La demande est très forte, car le petit élevage s’est beaucoup développé autour de Pointe-Noire. » Activité phare de BPH Agricole, la pisciculture occupe quant à elle 2,5 ha sous eau, avec un rendement annuel d’environ N o 2678 • DU 6 AU 12 MAI 2012
15 t de poissons d’eau douce (des tilapias, sortes de carpes, et des clarias, poissonschats). Pas de difficulté pour écouler la production auprès des poissonneries de Pointe-Noire et des commerçants du Grand Marché : la demande monte en flèche. D’ici à 2015, le gentleman-farmer entend d’ailleurs aménager de nouveaux étangs pour atteindre une production de 100 à 200 t par an. Le projet prévoit l’implantation d’une écloserie d’une capacité de 2 millions d’alevins de clarias, une espèce qui se reproduit difficilement.
du pays, l’entreprise a obtenu des plants et la mise à disposition de techniciens du Service national de reboisement. Reste à investir dans une machine d’extraction d’huile et un petit château d’eau ainsi que dans des bâtiments. BOUE. En six ans, plus de 200 millions de
F CFA ont déjà été investis, dont 100 millions pour démarrer l’exploitation. Des sommes provenant de fonds propres, car « les problèmes de financement sont un vrai casse-tête et il n’y a aucune subvention pour l’agriculture », soupire Bounzéki. Avec une trentaine d’employés (dont cinq permanents, les autres étant pour la plupart des saisonniers) et un chiffre d’affaires notable – celui du seul volet piscicole se monte à quelque 45 millions de Avec une trentaine d’employés, F CFA –, BPH Agricole l’exploitation est l’une des s’affirme comme l’une des grandes unités de la région. grandes unités agricoles de la région. S’il a dû abandonner non sans regret Si l’exploitation n’a pas encore la cerla culture du palmier à huile qu’il avait tification « agriculture biologique », sa lancée en 2008, en raison des dégâts pratique n’en est pas moins 100 % natuoccasionnés par un petit rongeur qui relle. Ainsi, les fonds boueux des étangs sévit dans la région, Philippe Bounzéki sont utilisés comme engrais biologique. s’est en revanche sérieusement plongé Les autres ambitions de BPH vont dans le dans celle de l’eucalyptus citronné afin même sens. Bounzéki compte notamment de produire de l’huile essentielle brute se lancer dans l’agrotourisme. « Je vais faire construire des cases et développer pour l’exportation, un marché porteur et rémunérateur. La surface plantée sera des activités touristiques autour de la de 20 ha. La phase de plantation est quasi découverte de l’agriculture et de la pêche terminée. Pour ce projet, qui fera de BPH sportive. » Un projet qui pourrait démarrer le premier producteur d’huile essentielle d’ici à 2015. ● MURIEL DEVEY JEUNE AFRIQUE
La LETTRE N°4
Délégation Générale des Grands Travaux
« Faire de l’ambition de modernisation une réalité »
CONTINUER À FAIRE PREUVE DE RIGUEUR EXTRAIT
CONGO
du message de vœux de nouvel an à la Nation, le 31 décembre 2011, de Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République du Congo. « Dans un environnement mondial marqué par le ralentissement de l’activité économique et secoué par trois crises majeures (crise financière, crise économique et crise de l’endettement) qui ont réussi à faire vaciller les grandes puissances du monde, nous devons nous garder de toute euphorie. En 2012, comme en 2011, nous devons continuer à faire preuve de rigueur et à affûter notre sens de responsabilité dans toutes nos entreprises collectives. Tout comportement, toute attitude différente, tout
I Communiqué
laxisme compromettrait, à coup sûr, l’élan, le bon élan pris par notre pays, et dont nous sommes à la fois des témoins privilégiés et des acteurs déterminés. Sur cet élan, le gouvernement entend réaliser les grands objectifs qu’il s’est fixé pour l’année qui commence demain (1er janvier 2012: ndlr). Au nombre des défis à relever, il y a notamment : > L’amélioration substantielle de l’offre de santé et d’électricité ; > L’assainissement de nos principales agglomérations urbaines ;
> L’industrialisation du pays avec l’éclosion de diverses PME et PMI ; > La poursuite de grands travaux d’infrastructures de base notamment dans le domaine de la navigation fluviale ; > Le renforcement de la politique d’appui à l’activité agro-pastorale. Une fois de plus, j’en appelle au sursaut patriotique de chacun, au dévouement et à la disponibilité de tous, afin que s’ouvre et s’élargisse davantage à notre pays, le champ de nouvelles raisons d’espérer. » ■
La LETTRE N°4
Délégation Générale des Grands Travaux
Gravats issus des explosions du 4 mars 2012.
Tentes de relogement provisoire des sinistrés du 4 mars.
Trois questions à Jean-Jacques Bou
Quel est le niveau d’exécution des
CONGO
chantiers de relogement des sinistrés ? Jean-Jacques Bouya : Après la catastrophe du 4 mars, les sinistrés ont été accueillis dans les sites et dans des familles. Il fallait trouver une solution intermédiaire. D’où l’installation des tentes familiales. De même, le relogement Jean-Jacques Bouya, Ministre Délégué, Délégué Général aux Grands Travaux
dépend de la construction de 5 000 logements et de l’accélération des projets en cours pour augmenter l’offre de logement. Deux sites majeurs sont choisis, Chacona et la cité des 17. D’autres sites seront répertoriés en fonction de la proximité des uns et des autres. Des tentes ont été acquises : 500 par la Délégation générale des grands travaux, 100 par ENI-Congo, 100 par le Rotary Club, 800 par Total.
Communiqué
II
La LETTRE
Une salle de classe.
Les logements de Kintélé en chantier.
Quand débuteront les travaux de
Où en êtes-vous avec le programme de
réhabilitation et de reconstruction ?
5 000 logements ?
Jean-Jacques Bouya : Le travail est
Jean-Jacques Bouya : C’est un
laborieux. Nous ne pouvons pas vous dire
vaste programme. Il commence par
à l’instant que nous commençons demain
l’aménagement de la zone choisie par la
pour terminer après-demain. Ce serait de la
commission qui a confié les études à une
démagogie. La commission technique que
société. Celle-ci a déjà produit les plans,
préside le ministre d’État, Pierre Moussa
la redistribution et les typologies. Suivront
a réalisé l’évaluation du sinistre. Nous
rapidement, les appels d’offres pour trouver
en publierons les résultats, pour justifier
des groupements d’entreprises. Il faudrait en
le choix de telle ou telle entreprise. Nous
mettre plusieurs sur le terrain pour permettre
détenons, à travers le Projet cadastre, la
aux populations d’accéder progressivement
reconstitution parcellaire de toute la ville de
à ces logements.
Brazzaville. Nous avons envoyé sur le terrain
En attendant l’achèvement des
plusieurs entreprises qui seront évaluées
5 000 logements, à la fin de cette année,
sur leurs fiabilité, célérité et technicité.
nous aurons près de 350 maisons
La réhabilitation des maisons détruites
disponibles, dans le cadre du premier projet
partiellement débutera lorsque nous aurons
de 1000 logements de Kintélé. ■
toutes les évaluations.
III
CONGO
uya
La LETTRE N°4
Délégation Générale des Grands Travaux
CFCO La montée en puissance
CONGO
Le CFCO a acquis, fin 2011, deux nouvelles rames de voitures à voyageurs modernes et nanties de toutes les commodités.
Les conditions de voyage par train, entre Brazzaville et Pointe Noire se sont nettement améliorées. Sur impulsion du Délégué général aux grands travaux, Jean Jacques Bouya, le projet de réhabilitation et équipement du Chemin de fer Congo océan (CFCO), vient d’atteindre la vitesse de croisière notamment avec l’élargissement du parc à engins et l’amélioration du réseau ferré.
L
es investissements consentis par l’État dans le cadre de la réhabilitation du CFCO, depuis 2007, se chiffrent à près de 60 milliards de F CFA. Les opérations ont principalement concerné la réhabilitation de la voie et l’acquisition du matériel roulant. Le programme a permis, entre autres, la réparation de la voie par suppression des points singuliers entre les gares de Loutété et de Kibouendé, la réparation de sinistres dus aux éboulements
Communiqué
ayant entrainé des suspensions du trafic, le contournement sur deux kilomètres de la zone des inondations de la rivière Djoué entre les PK 492 et 494, ainsi que la réhabilitation du tunnel long dans le Mayombe. L’outillage moteur et manuel pour l’entretien de la voie a été ainsi fortifié. Douze locomotives de ligne et de manœuvre en fin de potentiel ont été révisées tout comme huit autres locomotives de réemploi. Deux locomotives neuves sur les quatre commandées ont été livrées. Deux autres en fin de montage seront réceptionnées courant 2012. Le CFCO a acquis, fin 2011, deux nouvelles rames de voitures à voyageurs modernes et nanties de toutes les commodités. Au total, dix-neuf locomotives de ligne ont été acquises en 2011, contre dix en 2008. Neuf locomotives de manœuvre ont été achetées en 2011, contre quatre en 2008.
IV
Le nombre de wagons en circulation notamment ceux de 21 mètres qui faisaient cruellement défaut pour le transport des conteneurs a été augmenté. Toutes ces actions dispendieuses auxquelles s’ajoutent d’autres à coût intermédiaire comme l’amélioration des télécommunications, l’électrification des gares et l’informatisation ont permis de moderniser le secteur et dynamiser le rail congolais. Ces efforts visibles ont occasionné une baisse sensible des déraillements, notamment de Loutété à Kibouendé (20 en 2007 ; cinq en 2010 et trois en 2011). Ces améliorations apportées sur la voie et le matériel roulant ont permis la montée en puissance du Chemin de fer. L’accroissement de la rotation des trains a entraîné une meilleure fluidité du trafic, notamment celui des marchandises destinées à la consommation et aux grands chantiers (70 000 tonnes/mois de marchandises transportées en 2010 contre 45 000 tonnes /mois en 2008 et 2009). L’accord scellé en mars 2012, entre le CFCO et la Ferroviero delo state italiane sous la conduite du Délégué général aux grands travaux, permettra d’améliorer sensiblement et durablement, d’ici à 2014, la capacité de transport dans ce secteur. Les commandes en cours, à savoir dix nouvelles locomotives de ligne et des fournitures pour le renouvellement de la voie (rails, traverses-bois, boulons, crapauds...) participent à cette dynamique. ■
La LETTRE
Route Dolisie-Brazzaville, construction d’un dallot.
A
près le lancement le 22 décembre 2011 par le Chef de l’État, Denis Sassou-N’Guesso, les travaux du tronçon Dolisie-Brazzaville (385 km) ont atteint une vitesse de croisière. À l’instar du premier module Pointe-Noire/Dolisie (160km), le deuxième est construit par la société China state construction engineering corporation LTD (CSCEC). D’une durée de
48 mois, les travaux de cette route dite lourde sont évalués à plus de 765 milliards de F CFA. Sur les cinq sections du chantier, l’entreprise China state construction engeneering corporation LTD (CSCEC), adjudicataire du marché et Egis International qui en assure le contrôle, affirment que les délais seront tenus, en dépit de quelques difficultés de parcours.
Tronçon de la route Dolisie-Brazzaville.
V
Des ouvrages d’art, des postes de péage/pesage, des écoles et des centres de santé intégrés seront érigés sur le tracé qui débouchera sur la route nationale n°2, au village Yié. Au deuxième trimestre 2012, les travaux ont atteint des dimensions encourageantes: 106km de terrassement sur 385 ; 27 km de fondation ; 147 dalots sur 528 ; 7 ponts sur 25 ; 34 km d’assainissement. Le tronçon est conçu pour une classe de trafic de 3 000 véhicules poids lourds par jour avec une charge à l’essieu de 13 tonnes, une vitesse de référence de 80 km/h en rase campagne, 60 km/h en zones urbaines. La chaussée possède en section courante 4 voies de 3,5 m chacune séparées par une bande centrale de 0,30 m et deux accotements revêtus de 1,25 cm. Chaque jour qui passe, permet à l’entreprise de se rapprocher de Brazzaville. Les travaux avancent sur les cinq bretelles du chantier : Dolisie - Nkayi : (78 km) ; Nkayi - Loutété : (76 km) ; Loutété - Mindouli : (54 km) Mindouli - Miénanzambi : (76 km) ; Miénanzambi - Yié, (75 km) Kintélé-Brazzaville (20 km). Selon les estimations de l’entreprise CSCEC, la prochaine saison sèche (juillet-septembre) donnera l’occasion de répandre les enrobés sur la bretelle Dolisie - Nkayi.
CONGO
RN1 Le tronçon Dolisie-Brazzaville avance normalement
La LETTRE N°4
Délégation Générale des Grands Travaux
PAPN, un siège au diapason des ambitions du Port
Le Port de Pointe-Noire.
CONGO
U
n des principaux points de chute du trafic maritime sur la côte Ouest Africaine, le Port autonome de PointeNoire (PAPN) dispose d’un programme d’investissements prioritaires préconisant, outre la modernisation des installations et l’extension du terminal à conteneurs, l’édification d’un nouveau siège (R+15) en dehors de la concession portuaire. D’un coût de 17 milliards 177 millions 565 000 F CFA, le chantier a été confié à la société China geo engineering corporation international LTD, par appel d’offres passé par la Délégation générale des grands travaux. Le coup d’envoi des travaux a été donné, le 23 décembre 2011 par le chef de l’État, Denis Sassou N’Guesso. L’édifice en forme ellipsoïdale comportera des bureaux, une salle de conférence de
Communiqué
1 000 places, des restaurants, un système de contrôle biométrique, quatre ascenseurs et plusieurs autres commodités. Il dominera la côte mondaine sur 64,7 m de hauteur et possédera une ossature habillée par des murs-rideaux de verre en vitrage isolant et pare-soleil. La construction de cet immeuble s’inscrit dans le cadre du programme de modernisation des infrastructures portuaires. L’objectif est de renforcer les capacités et la compétitivité du port, afin de lui permettre de jouer aisément le rôle de plateforme de transbordement et de hub dans la sous-région. Ce siège qui se construit au bord de l’océan atlantique, devrait faciliter l’accès des usagers à l’administration portuaire, améliorer la physionomie de la zone et refléter la place de la mer dans l’économie congolaise. L’un des ports les plus
VI
importants en eau profonde dans le Golfe de Guinée, le Port de Pointe-Noire est également l’un des maillons essentiels de la chaîne nationale des transports. Il constitue le point de chute des autres modes de transport à savoir la route, le chemin de fer et l’avion. Près de 80% des recettes douanières nationales sont recueillies au niveau de cette plateforme portuaire, représentant une sorte de porte d’entrée et de sortie de l’Afrique centrale. Présentant la fiche technique de l’ouvrage, le Délégué général aux grands travaux, Jean Jacques Bouya, a indiqué que la construction du nouveau siège du Port de Pointe-Noire illustre l’importance accordée par le chef de l’État congolais au secteur des transports, en général, et au port de PointeNoire en particulier. « S’il est vrai que Pointe-Noire se reconnaît, généralement, à sa gare normande, il est tout aussi vrai que la ville, à cause de l’immensité de l’activité portuaire et de son impact sur le rayonnement de cette cité, doit s’identifier et se personnifier à son port. Le Port de Pointe-Noire, grâce aux efforts incessants consentis par le président de la République, connaît une croissance régulière, marquée par un important flux de conteneurs. C’est pourquoi, afin de satisfaire la demande de plus en plus croissante des
La LETTRE
Délégué général aux grands travaux, Jean-Jacques Bouya. Le chantier est financé sur fonds propres du gouvernement congolais Il est question de tirer profit de la fluidité du trafic
au port de Pointe-Noire en facilitant l’acheminement des marchandises vers l’hinterland et vice versa, au bénéfice des opérateurs locaux, régionaux et internationaux.
BIENTÔT UN 2e MODULE de l’aérogare de Pointe-Noire Le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso a procédé le 2 4 d é c e m b r e 2 0 11 , a u lancement des travaux du deuxième module de l’aérogare de Pointe Noire.
D
’un coût global de 35 milliards 152 millions 332 000 936 F CFA, le deuxième terminal aéroportuaire de Pointe-Noire sera construit à droite du premier. C’est un
bâtiment de forme asymétrique, développé sur une longueur de 135 m et d’une largeur de 69 m qui nécessitera 24 mois de travaux. Une touche particulière sera mise sur sa toiture, qui tente de restituer les ondulations simultanées des vagues de l’océan, lesquelles se brisent sur la côte historique de la ville portuaire. Avec une superficie de 8 000 m2, le rez-de-chaussée renferme :
VII
les halls d’entrée et d’arrivée où seront implantés les guichets des compagnies aériennes et des services à la clientèle ; les services de douanes et de police ; la zone de récupération, de tri de bagages et son carrousel de distribution ; des salons VIP ; des locaux techniques ; un auvent ondulé sur la longueur de la façade principale côté-ville. Au premier étage, le bâtiment s’étale également sur 8 000 m2 et comprend : les halls de
CONGO
Maquette du siège du PAPN (façade côté mer).
usagers, outre d’importants travaux de dragage effectués pour l’entretenir et enrayer son ensablement, le Port Autonome de Pointe-Noire sera doté d’un nouveau siège », a précisé le
N°4
Délégation Générale des Grands Travaux
CONGO
Maquette du nouvel aérogare Pointe-Noire.
départ, avec des banques d’enregistrement et des carrousels à bagages ; la zone d’attente pré-embarquement ; des salons d’attente VIP ; des salons d’attente privés ; les services de douanes et de police ; les commerces Duty free ; les salles de contrôle technique; une cafétéria. Le deuxième étage, quant à lui, donne sur une mezzanine de 1 800 m 2 et comprend : les locaux de contrôle technique, la télésurveillance, la vigie incendie, la régulation des éclairages de la climatisation et des moyens de
LA
En
DGGT
BREF
transition comme les ascenseurs et les escaliers mécaniques ; des bureaux pour l’administration de l’aérogare ; trois salles de conférence ; une salle de crise ; un restaurant et des cuisines. Le terminal sera bâti sur une ossature stable qui offre des certitudes de fiabilité, avec les éléments constructifs tels que les fondations sur pieux coulés en béton armé ; la structure de poteaux poutres en béton armé ; la charpente métallique de longue portée, etc. Particularité de la façade principale, le mur-rideau possède Cadre juridique Créée par le décret n° 2002 – 371 du 3 décembre 2002, réorganisée par le décret n° 2009-158 du 20 mai 2009, la Délégation Générale des Grands Travaux est un organe administratif et technique. Elle est chargée de la passation et de l’exécution des contrats de marchés publics et des contrats de délégation de service public de l’État, des autres personnes morales de droit public ou de droit privé, dont la valeur est supérieure ou égale au seuil fixé par le décret n° 2009-162 du 20 mai 2009 fixant
une inclination négative pour éviter les rayonnements directs. La protection incendie est assurée par: un réseau pompier intérieur et extérieur ; un réseau sprinkler dans les zones publiques ; un système de détection de fumée automatique appareillé aux alarmes ; des châssis de désenfumage à ouverture automatique ; un château d’eau de deux cuves de 100 m3. Le deuxième module de l’aérogare sera consacré aux vols internationaux et communiquera avec le premier qui, lui, sera affecté aux vols domestiques. Pour synchroniser le standing et les technologies, puis créer une harmonie entre les deux bâtiments, l’ancien module de l’aérogare fera l’objet d’un réaménagement et d’un habillage. Afin de mieux accueillir les flux générés par la croissance du trafic, qui est passé de 400 000 passagers en 2003, à 800 000, en 2011, le parking autos sera rallongé et couvrira l’emprise de l’aérogare. les seuils de passation, de contrôle et d’approbation des marchés publics. Mission Faire réaliser les études, lancer les appels à la concurrence, organiser le dépouillement des offres, rédiger, conclure et gérer les marchés, apprécier, techniquement et financièrement, les devis descriptifs et estimatifs des contrats. Maître d’ouvrage délégué, elle suit et contrôle l’exécution des chantiers, organise la réception provisoire des ouvrages finis. ■
Délégation Générale des Grands Travaux Boulevard Denis Sassou Nguesso - BP 1127 Brazzaville, République du Congo Tél./Fax : (+242) 22 281 47 13 - E-mail : contact@grandstravaux.org www.grandstravaux.org
Communiqué
VIII
Réalisation DIFCOM Paris 16 - Photos DGGT
La LETTRE
Identités plurielles
Recherche logement abordable désespérément Malgré un marché de la construction en plein essor, l’offre immobilière est cruellement déficitaire. Les prix s’envolent et deviennent prohibitifs.
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Le gros des entreprises est néanmoins constitué de petites sociétés, plus ou moins formelles. BOUCHE-À-OREILLE. Pas de difficulté pour l’approvisionnement en ciment qui, à de rares exceptions près, est fourni par les fabriques du pays. Le développement de la construction est toutefois limité par le coût élevé des matériaux – dont ledit ciment –, et du financement, assuré par la Banque de l’habitat, du moins pour les ménages solvables qui présentent des garanties. Les autres, soit la majorité des Ponténégrins, ont recours à l’autofinancement et, quand les moyens ne suivent pas, les travaux sont stoppés en attendant de nouvelles rentrées financières. Enfin, bien que la pratique du boucheà-oreille domine dans la recherche d’un terrain à bâtir ou d’un logement, le marché de l’immobilier de standing se structure peu à peu avec l’essor de sociétés spécialiséesdanslalocationoulaventedeterrains, de logements et de bureaux, mais aussi dans la construction, comme Maisons sans frontières Congo, Bactim ou NBY Immobilier. Certaines d’entre elles ont mis en place des programmes immobiliers, le plus souvent préfinancés par les acquéreurs, qui peuvent être des privés (cadres et employés) ou des entreprises. Enfin, les sociétés de syndics, comme Le Clos de Songolo, se développent ; timidement toutefois, la copropriété entrant difficilement dans les pratiques. ●
opé par le développement fonctionnaires et d’hommes d’affaires des activités économiques, brazzavillois cherchent à acquérir une l’implantation d’entreprises résidencedanslacitéocéane.Lesménages privées et l’engouement des à plus faibles revenus se montrent égaleCongolais pour l’accession à la propriété, menttrèsprésents.Unetendancefavorisée le marché de l’immobilier ponténégrin par la loi foncière de 2006, qui encourage connaît depuis quelques années un boom l’investissement dans l’immobilier. Par sans précédent. Dans la foulée, les prix des ailleurs,silesappartementscommencentà terrains et des loyers ont flambé d’autant intéresser, la norme à Pointe-Noire reste la que l’offre a bien du mal à répondre à la demande. La norme reste la maison En matière d’habitat, c’est de plain-pied et, pour les plus dans la catégorie des logeaisés, la villa. ments de standing que les prixatteignentdesrecords,en particulier dans les quartiers résidentiels maisondeplain-piedet,pourlesCongolais anciens. « En centre-ville, pour un F4, soit aisés et les expatriés, la villa. trois chambres et un salon, le montant des L’offre, pour sa part, est assurée par des loyers grimpe jusqu’à 3 millions de F CFA sociétés de construction privées, en par[4600euros,NDLR]parmois»,constateun ticulier les entreprises chinoises de BTP, responsable de l’agence NBY Immobilier de plus en plus présentes sur ce segment, de Pointe-Noire. Le prix d’un terrain est ainsi que par des Congolais qui misent tout aussi prohibitif. Dans le centre, il sur les investissements immobiliers, un faut compter au minimum 70 millions de secteur porteur où les taux de rentabiF CFA pour acheter une parcelle de 500 m2. lité sont parmi les plus élevés (30 %). Dans les quartiers éloignés, les prix tombent autour de 500000 à 700000 F CFA pour la même superficie. Les zones résidentielles traditionnelles (centre-ville, quartier du wharf, alentours de l’aéroport) étant saturées, c’est dans la périphérie de Pointe-Noire que se développent les nouveaux quartiers d’habitation, en particulieràMongo-Kamba, Songolo et Ngoyo. Lademande,quis’accompagne d’une exigence de qualité de plus en plus pointue, émane des particuliers, mais aussi des entreprises qui doivent loger leur personnel, en particulier expatrié. Outre les Ponténégrins, Les sociétés de syndic se développent timidement, comme au CLOS DE SONGOLO. de plus en plus de hauts JEUNE AFRIQUE
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TOURISME
Attractions littorales… et économiques
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Carrefour d’affaires, lieu de villégiature des familles d’expatriés ou havre balnéaire pour Brazzavillois en vacances, la cité portuaire ne manque pas de visiteurs. On y a construit plus d’hôtels ces dix dernières années qu’en cinquante ans.
L’ATLANTIC PALACE, l’un des établissements de grand standing de la ville.
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epuis le début des années occasionnent également la venue de 2000, les établissements hôtenouveaux opérateurs. liers ont poussé comme des Pour répondre à la demande en hausse, champignons à Pointe-Noire. des acteurs privés ont investi dans la Selon Bernard Kokolo Mouandza, le construction et la gestion d’hôtels. Un directeur départemental de l’industrie secteur très rentable, qui se porte bien, touristique du Kouilou, Pointe-Noire avec un chiffre d’affaires frôlant 1,5 mildispose actuellement d’une capacité liard de F CFA (2,3 millions d’euros) en de quelque 2 000 chambres, réparties 2011. Parmi les investisseurs figurent entre des établissements de gammes de nombreux Congolais, dont l’avocat variées, du grand standing – dont l’Atet homme d’affaires Vincent Gomes, lantic Palace, le Victory Palace, l’Azur propriétaire du Victory Palace et du comInternational, la Villa Madiba, le plexe touristique avec golf situé en Lys, l’Elaïs (ex-Novotel) ou le périphérie de la ville. péri Palm Beach –, à l’auberge, Pour le moment, quelle que Les hommes plus modeste. soit la catégorie, la capacité d’affaires représentent Un boom à mettre sur hôtelière est suffisante et le le compte du dynamisme taux de remplissage pluéconomique de la ville tôt bon. En revanche, la (exploitation pétrolière, situation est un peu tendue des clients lo lorsque la ville accueille des mise en valeur de nouveaux permis d’exploration minière re ma manifestations. Néanmoins, dans la région, émergence de petites aucun grand projet hôtelier n’est industries, de sociétés de services…), qui à signaler pour le moment, sinon l’extenattire une clientèle d’affaires toujours sion ou la réhabilitation d’établissements plus nombreuse. Les grands chantiers existant déjà. engagés, tels que l’élargissement du Bien évidemment, c’est le tourisme parc à conteneurs du port autonome d’affaires qui prévaut dans la capitale (lire pp. 78-79), l’extension de l’aérogare économique congolaise, les businessmen (lire p. 80) ou le projet de port pétrolier, représentant 70 % des clients. Le tourisme
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de congrès s’y développe aussi, même si Brazzaville reste la principale ville du pays dans ce domaine. Pour preuve, après avoir abrité la quatrième édition du Race Wood (foire rassemblant les professionnels de l’industrie du bois du bassin du Congo et les consommateurs européens) en septembre 2011, PointeNoire accueille, du 8 au 10 mai, le troisième Forum international green business (lire p. 87), organisé par la chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers (CCIAM). C’est d’ailleurs « une volonté des autorités de la ville de développer plus amplement ce créneau », précise Évelyne Tchichellé, la secrétaire générale de la chambre consulaire. L’une des limites à l’essor de ce type de tourisme tient au manque de salles de réunions et de conférences. Certes, les grands hôtels en comptent tous au moins une, mais la ville ne dispose d’aucun palais des congrès. La réalisation d’un grand amphithéâtre dans le futur immeuble du Port autonome de Pointe-Noire (PAPN), en cours de construction, pourrait pallier ce manque. PETITES MERVEILLES. Le tourisme de loisirs, pour sa part, peut compter sur la présence d’hôtels en bord de mer et sur les atouts de la région. Cette clientèle (20 % du total) se compose principalement d’expatriés, ainsi que de Ponténégrins et de Brazzavillois aisés, les touristes étrangers – hors amis et familles d’expatriés – étant plus rares. « L’essor de ce créneau dépend de l’aménagement des sites autour de Pointe-Noire et donc des moyens qui y seront consacrés », assure Évelyne Tchichellé. En dépit de ces limites, et compte tenu de ses nombreuses infrastructures de transport, du dynamisme économique et du cosmopolitisme de ses acteurs, de son littoral et de ses plages, sans oublier les petites merveilles alentour (Pointe-Indienne, Diosso, Parc national de Conkouati-Douli…), Pointe-Noire a tout pour devenir une station balnéaire de plus en plus prisée. ● MURIEL DEVEY JEUNE AFRIQUE
Le Congo bientôt leader mondial dans le secteur des mines Le projet de développement de la mine de fer de Zanaga dans le département de la Lékoumou détient le potentiel de transformer l’économie congolaise et de générer une prospérité et des infrastructures nouvelles à Pointe-Noire et dans les quatre autres départements qu’il touche. Dans le cadre de ce projet, des milliards de dollars vont être investis pour construire une des plus grandes mines de fer au monde, une usine de transformation moderne pour rehausser la teneur en fer du produit final, et des infrastructures d’énergie et de transport afin d’exporter tous les ans 30 millions de tonnes de produits de haute qualité pendant plus de 30 ans.
Les réalisations à ce jour. Le projet s’inscrit, pour la République du Congo, dans la perspective d’optimisation de la valeur de ses ressources et dans le démarrage de la diversification économique à grande échelle. En février 2011, Xstrata a augmenté de manière significative ses investissements dans le projet Zanaga après avoir obtenu des résultats positifs via les premières études d’ingénierie notamment sur la taille et la valeur du gisement.
Quels avantages pour la République du Congo? Des retombées économiques chiffrées à plusieurs milliards. Le pays va tirer de nombreux avantages de ce projet car nous allons créer des emplois directs et indirects, construire de nouvelles infrastructures et effectuer des paiements directs à l’Etat et aux communautés en termes d’impôts et de redevances. Des milliers d’emplois créés. Actuellement, MPD Congo emploie plus de 700 personnes sur le site du projet, aux environs de Pointe-Noire et ailleurs dans le pays. Pendant les phases de construction et d’exploitation, le projet créera des milliers d’emplois et soutiendra indirectement des milliers d’autres personnes, recrutées en appui à notre projet et à nos employés. De nouvelles installations portuaires. MPD envisage de construire, à 10 kilomètres au nord de Pointe-Noire, un nouveau port en eau profonde pour le minerai de fer, capable de recevoir des navires de 250 000 tonnes. Ce port pourrait également servir à
d’autres producteurs de fer. Un autre port, destiné à l’importation des biens qui seront utilisés pour les phases de construction et de production, devra être construit près du port minéralier. Il pourrait également être utilisé par d’autres utilisateurs, afin, éventuellement, de créer une nouvelle zone industrielle. Des routes et un réseau électrique améliorés. Le projet nécessitera la construction de nouvelles routes et de nouveaux raccordements électriques dans certaines des régions les moins développées du pays ainsi que la modernisation de certaines infrastructures de base dans la région de Pointe-Noire. Une meilleure réputation pour les affaires et l’environnement. MPD Congo est géré par Xstrata plc et son partenaire Zanaga Iron Ore Company (ZIOC). Xstrata fait partie des plus grands groupes miniers diversifiés mondiaux et a été classé au premier rang des entreprises du secteur minier de l’Indice Dow Jones pour le Développement Durable au cours des quatre dernières années.
Ces premières études, et d’autres menées ultérieurement, ont révélé que le gisement de Zanaga s’étend sur 47 kilomètres et contient plus de 4 milliards de tonnes de minerai de fer d’une teneur moyenne d’environ 34% Fe. Elles démontrent également que Zanaga dispose du potentiel nécessaire pour se transformer en un producteur mondial hautement compétitif. Les partenaires du projet ont déjà investi plus de 200 millions de dollars afin de mieux cerner les ressources minérales et d’envisager les moyens pour les exploiter de manière à assurer sa rentabilité commerciale avec les meilleures normes environnementales et sociales. Les prochaines étapes consistent à consolider ces acquis grâce à une étude de faisabilité, à conclure des accords détaillés avec le gouvernement, à obtenir l’accès aux terres et à réaliser un plan de financement. Selon nos prévisions, toutes ces étapes devraient être bouclées d’ici à 2014 et, une fois prise la décision d’investissement, nous prévoyons une période de construction de trois à quatre ans. Zanaga est un grand projet qui revêt pour notre entreprise ainsi que pour la République du Congo une importance capitale. L’équipe de MPD est engagée à 100% pour sa réussite.
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CULTURE
Diosso, un patrimoine en sursis
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À 25 km de Pointe-Noire, l’ancienne capitale du royaume de Loango abrite l’unique musée du Congo. Un lieu hautement symbolique et menacé, faute de moyens. royaume, deux vestes en mauvais état, un béret, des lunettes, un pagne en raphia tressé… et la photocopie du passeport français qui lui fut délivré en 1954 où, à la rubrique « Profession », est écrite cette mention : « Roi ». Le musée expose aussi des produits européens découverts à Diosso, dont la plupart remontent au XVIIIe siècle. On y observe également l’essentiel de ce qui caractérise les différents peuples du Congo : sculptures, ustensiles, anciennes monnaies locales, instruments de musique, poteries datant du XIXe siècle, etc. Le musée Mâ Loango intéresse surtout les étran LE BÂTIMENT A ÉTÉ CONSTRUIT EN 1952 pour Moe Poaty III, souverain de 1931 à 1975. gers et les élèves des écoles. Il accueille 400 visiteurs la bâtisse, on aperçoit trois annexes à par mois en moyenne, avec une pointe e petit dépliant polycopié du l’abandon où vivaient les épouses du d’affluence en mai, juin et juillet. « Vu nos musée Mâ Loango de Diosso souverain. conditions de travail, c’est beaucoup », donne le ton : « Horaires d’ouconstate Joseph Kimfoko-Madoungou. verture : samedi, dimanche de ESCLAVES. Le musée a été inauguré en Selon lui, la pérennité du musée est mena10 heures à 17 heures. Du lundi au vendredi, consultez le conservateur. » Suivent avril 1982. « Il a fallu un grand travail de cée. D’abord, le bâtiment nécessite des tratrois numéros de téléphone. Ce samedi collecte d’objets à travers tout le pays », vaux de rénovation. Ensuite, en l’absence matin, un bouchon et un péage plus tard, explique Joseph Kimfoko-Madoungou. de transports en commun, sa localisation Joseph Kimfoko-Madoungou, le conserDans les six salles d’exposition, le visiteur réduit son accessibilité, pour les visiteurs vateur en chef, a trouvé « une occasion », découvre la longue histoire du royaume ponténégrinscommepourleconservateur c’est-à-dire un moyen de transport qui de Loango, qui devint un protectorat franet ses deux collaborateurs. le conduit directement à son bureau. çais en 1883, et les conséquences de ce Arrivé à Diosso, le véhicule s’engage changement. Le musée est aussi une mine TERMITES. Mais le problème le plus sur une piste envahie d’herbe, un peu à d’informations et de témoignages sur le alarmant reste celui de la conservation. l’écart de la petite localité. Au bout, une commerce triangulaire, dont Loango fut « Nous avons bien du mal à protéger cour, des palmiers, des manguiers, de l’un des lieux les plus actifs, du XVIe au les objets organiques, qui sont attaqués la brousse aussi et, au milieu du décor, XIXe siècle. Verroterie, pots en grès ou par les termites, explique Kimfokoune modeste bâtisse de plain-pied, fatien faïence, tissus, fusils… On peut voir Madoungou. Pour y remédier, nous guée. Les murs blancs sont défraîchis, utilisons les moyens du bord, tels que ce qui était échangé contre les millions le balcon et les fenêtres en bois peints d’esclaves venus des zones qui constituent le xylophène à pulvériser. » Il faudrait en vert. La maison a été construite en que le musée soit au moins équipé de aujourd’hui le Tchad, l’Angola, le sud du dur en 1952 pour Moe Poaty III, roi de Gabon, la RD Congo et le Congo. Certains quelques vitrines pour préserver les Loango (Mâ Loango) de 1931 à 1975. Son accords commerciaux se traitaient sur objets les plus fragiles. Un minimum architecture rappelle celle d’un entrepôt le port de Loango, d’autres chez le Mâ qu’il ne peut, avec un budget mensuel de Loango où, du temps de l’esclavage, les Loango, à Diosso. de 100 000 F CFA (152 euros), malheucaptifs étaient entassés avant d’être venQuelques effets personnels de Moe reusement pas s’offrir. ● dus aux marchands européens. Derrière Poaty III sont exposés : le drapeau du TSHITENGE LUBABU M.K.
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Identités plurielles
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
ð Le 23 avril, sur LE PLATEAU DU JOURNAL.
à cause de malversations. Les arriérés de salaires s’étant accumulés, le personnel décide de faire grève. C’est la panique. « Je considère cet épisode comme le plus grand échec de ma vie », avoue Martin Diafouka, qui depuis a repris les choses en main et « emploie soixante personnes, dont une vingtaine de journalistes permanents ». « SANS PARTI PRIS ». De l’avis de
beaucoup d’habitants de Pointe-Noire, DVS+ est une chaîne qui correspond à leurs attentes. « Il y a eu une fois un poisson d’avril annonçant la fermeture de la chaîne. Cela a provoqué un mouvement de solidarité de la part du MÉDIAS public », raconte le superviseur général des antennes. D’après lui, « DVS+ se distingue des autres par le professionnalisme de son personnel, le respect de la déontologie, un traitement réaliste de l’information, sans aucun parti pris ». Des Depuis 2006, le groupe de radio et télévision de Martin qualités qui font du journal télévisé de Diafouka tente de tirer son épingle du jeu dans un contexte local la chaîne « le premier de Pointe-Noire », selon ce salarié. très concurrentiel. Émettant dans un rayon de 50 km autour de la ville, la chaîne de télévie n’avais jamais envisagé de Au début des années 2000, il est sollision, généraliste, essaie de satisfaire ses créer une télévision ou une cité par deux professionnels des médias, téléspectateurs en dépit de moyens de radio à Pointe-Noire. Mon Chastel Tsinga et Joseph Diellé, pour production limités. Ses émissions sont objectif était Brazzaville, où monter une station de radio diffusées vingt-quatre j’avais déjà fait construire un bâtiment et une chaîne de télévision. heures sur vingt-quatre. La proposition l’intéresse, Elles pourraient cepenpour cela. J’ai acheté du matériel audiod’autant que son entreTÉLÉS LOCALES dant bientôt s’arrêter visuel en Afrique du Sud, en France, en Italie et en Espagne. Mais, au lieu d’être prise vient de construire vers 23 h 30, pour lais• Télé Pointe-Noire acheminé à Brazzaville, il a été débarqué un pont et a encaissé un ser la place à un relais (publique) gros chèque. Des locaux de TV5, et ne reprendre à Pointe-Noire. Ce qui a changé tous mes • Digital Radio Télévision plans ! » C’est ainsi que Martin Diafouka, sont trouvés à Loandjili, que le lendemain à 5h30. (DRTV) 64 ans, raconte la naissance non proun arrondissement du DVS+ n’a que cinq pro• Télé pour tous (TPT) grammée de DVS+ dans la métropole nord de Pointe-Noire. La grammes « maison ». • DVS+ maritime. télévision et la radio comPour aller plus loin, il lui Avant de fonder le groupe dont il est le mencent à émettre le 1er mai faudrait beaucoup plus PDG, ce natif de Dolisie (à 180 km à l’est 2006. Plus tard, Diafouka de moyens financiers. de Pointe-Noire) a eu un parcours atyachètera un terrain au Or la publicité, principique. Enseignant, puis directeur d’école, quartier Lumumba pour y RADIOS LOCALES pale source de revenus, il décide un jour de suivre l’exemple de construire le siège de DVS+, ne rapporte pas grand• Radio Pointe-Noire chose : entre 25 000 et l’un de ses amis et de se lancer dans les qui, selon lui, a représenté (publique) affaires. En 1969, il s’installe à Pointeun investissement global 30 000 F CFA (entre 38 • Radio Océan et 46 euros) la minute… Noire et crée une entreprise de bâtiment, de 600 millions de F CFA • DVS+ travaux et services (BTS), qui compte (915 000 euros). Ce qui n’empêche pas • Ponton FM parmi ses clients Elf Congo, de 1972 à Dès le début, il confie Martin Diafouka de conti• Radio Sango Malamu 1973. Parallèlement, dans les années 1980, la gestion de l’entreprise nuer à caresser son vieux • Radio Maria (catholique) Martin Diafouka fait ses premiers pas dans à deux de ses enfants. rêve, celui d’ouvrir une • Radio Louzolo la musique ; il récolte un certain succès Quelques années plus tard, antenne à Brazzaville. ● (chrétienne) avec le Grand Orchestre (GO) Momekano. DVS+ est au bord du gouffre TSHITENGE LUBABU M.K. • Radio orthodoxe
Ponton sur les ondes de DVS+
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ARTISTES
Des hommes et des œuvres Ponténégrins d’adoption, pinceau à la main ou caméra au poing, ils puisent dans la cité océane l’inspiration du grand large et la quiétude propice à la création.
Eliezer Dinga La peinture dans le sang
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ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.
ous les jours, Eliezer Dinga, 49 ans, se rend au Village des artisans et artistes, sur la Côte Mondaine de PointeNoire, où il expose et vend ses œuvres. Dans un pays où les amateurs d’art ne sont pourtant pas légion, il affirme que son travail le « nourrit totalement, même s’il y a des hauts et des bas ». Tel père, tel fils : il a choisi le même métier que son père, le peintre Hilarion Dinga. Né en 1963 à Lomé (Togo), d’une mère togolaise et d’un père congolais, Eliezer a grandi à Brazzaville avant de s’établir à Pointe-Noire, en 1997. C’est dans un cadre dominé par les toiles, les pots de peinture et les pinceaux qu’il a grandi. En 1981, après son bac, il s’inscrit à l’École des beaux-arts de Bacongo, à Brazzaville, puis passe le fleuve pour entrer à l’Académie des beaux-arts de Kinshasa afin d’étudier la sculpture, de 1986 à 1989. Très tôt, Eliezer rompt avec la peinture classique sur toile. Pour avoir du volume, il s’intéresse à des matériaux comme le jute, la corde, le papier kraft, le papier mâché… Il part de symboles afin d’aboutir à des formes épurées. « Le tableau me renvoie des idées que j’exploite, explique Dinga. Je laisse la matière s’exprimer. Je préfère la technique du frottis et travaille beaucoup avec les mains afin de faire ressortir les brillances que le pinceau ne peut donner. » S’inspirant de « toutes les scènes de la vie », il crée un univers poétique où alternent paysages et personnages abstraits, et tire parti de l’émotion qui s’en dégage. Passionné de jazz, il joue aussi de la guitare, avec un indéniable talent. ● TSHITENGE LUBABU M.K.
Eddy Mikolo Réalisateur malgré tout
N BAUDOIN MOUANDA POUR J.A.
éàNkayi(dansledépartement de la Bouenza, à 70 km de Dolisie), Eddy Mikolo a passé son bac au lycée Victor-Augagneur de Pointe-Noire en 1998. Deux ans plus tard, il est recruté par une chaîne de télévision locale, Canal Océan. C’est là qu’on l’initie au maniement de la caméra et au montage. Pour répondre au manque de programmes « maison », il réalise des documentaires (Les Coulisses du Fespam [Festival panafricain de musique, NDLR] et Sur la route de Yaya) et
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Dora, d’Eddy Mikolo, a été projeté à Pointe-Noire sur les écrans géants de la CAN 2012.
Michel Hengo Grand maître de l’école congolaise
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e l’abstrait au symbolisme, du cubisme au figuratif, il s’est beaucoup inspiré – au cours de sa longue carrière – des scènes du quotidien congolais, accordant une place particulière à la femme. Adepte de la peinture à l’huile, il a vendu et exposé des toiles un peu partout dans le monde : États-Unis, France, Brésil, Cuba, Algérie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Chine, pays scandinaves… Il a aussi réalisé des fresques en céramique et décoré le palais des congrès de Brazzaville. Mais, en 2000, c’est à Pointe-Noire que Michel Hengo, qui a 70 ans cette année, s’est installé et a ouvert un atelier. En 1961, à l’âge de 19 ans, le jeune Hengo quitte son village natal de Mongo (département de la Cuvette) pour Brazzaville. Il y fréquente quelques peintres confirmés, à l’instar de Michel Gando, mais apprend surtout seul. Il se fait remarquer, illustre quelques livres en lingala et kikongo. De quoi se rassurer : le dessin sera son gagne-pain. De 1968 à 1970, Michel Hengo suit une formation de base à la célèbre école de peinture de Poto-Poto. Associé à l’avantgarde de la peinture congolaise, il ne passe plus inaperçu. Il est notamment sollicité pour la conception du drapeau de la République populaire du Congo marxiste-léniniste et de l’emblème du Parti congolais du travail (PCT), ou
encore pour décorer la salle de conférences de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) à Addis-Abeba. Hengo accède au statut de peintre officiel, rattaché au ministère de la Culture. Il réalise les illustrations des timbres-poste du
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des courts-métrages inspirés de la vie courante qu’il tourne, en 2003, avec ses amis Claude Massala et Brice Bayinguidi. Cela donne une série en sept épisodes, Rien que l’amour. La même année, les trois compères lancent une petite structure destinée à la production cinématographique, mais les moyens manquent… Employé par la chaîne DVS+ (lire p. 101) depuis 2006, il soumet un projet de tournage à ses supérieurs, qui acceptent de l’aider en mettant à sa disposition une caméra et un banc de montage. En 2011, il peut ainsi tourner son premier film, Dora, avec des moyens très limités (une caméra, une perche, un micro) et des acteurs bénévoles, dont des collègues. Le film a été présenté en avant-première à Pointe-Noire les 30 janvier et 12 février, sur les écrans géants mis en place pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2012. Eddy Mikolo espère bénéficier d’une résidence d’artiste ou d’une bourse d’études pour parfaire sa formation. D’autre part, pour se faire connaître, il compte sur la diffusion de son film sur TV5 et sur une participation au prochain Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco). ● T.L.M.K.
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Congo, participe au Festival des arts et de la culture négro-africains de Lagos en 1977. « C’est pendant ce festival que j’ai réellement découvert le monde culturel et la valeur de mon œuvre », se souvient l’artiste. ● T.L.M.K.
MESSAGE
C’
est à la fin du 19e siècle que la France, puissance colonisatrice, qui administrait les territoires de l’ex-Afrique Equatoriale Française (AEF), scindés aujourd’hui en quatre Républiques (Congo, Gabon, Centrafrique, Tchad), avait conçu la nécessité de disposer d’une liaison, en rive droite du fleuve Congo, entre la mer et le bassin navigable de ce fleuve, concurrente du chemin de fer Léopoldville-Matadi. Le 2 juillet 1921, cinq mois après le lancement des travaux de construction du chemin de fer Congo océan, le Gouverneur Victor Augagneur choisit PointeNoire comme site du prochain port à bâtir, après de nombreuses études controversées : baies de PointeNoire et de Loango, embouchure du Kouilou, rade de Conkouati. Le 11 juillet 1934, au lendemain de l’inauguration officielle du chemin de fer, le Gouverneur Général Antonetti posa la première pierre du Port. Le nom de Pointe-Noire vient du mot portugais « Punta Negra ». C’est ainsi que les Portugais baptisèrent au XVe siècle l’éperon rocheux qui prédomine au large des côtes. Situé sur la côte occidentale d’Afrique, à la croisée des grands axes maritimes d’Europe, Asie et Amérique par 4°47’ de latitude Sud et 11°50’ de longitude Est, à 150 km au Nord de l’embouchure du Fleuve Congo, le Port Autonome de PointeNoire est un port en eau profonde, accessible de jour comme de nuit. Afin d’accroître ses performances et répondre à la demande croissante des armateurs, le PAPN a lancé depuis décembre 2010, la phase principale de mise en œuvre de son programme d’investissements prioritaires. Ce programme qui concerne la réhabilitation, l’extension et la modernisation des infrastructures lourdes comprend : la réhabilitation et l’extension des quais, l’allongement de la digue extérieure, le dragage d’approfondissement des accès nautiques et l’aménagement d’un terminal à conteneurs moderne, la réhabilitation et l’extension du réseau d’eau ; la réhabilitation et l’extension du réseau électrique ; la réhabilitation du terre-plein bord à quai D, etc.
PORT AUTONOME DE POINTE-NOIRE
Priorité à la mo Reconstruction et extension des quais G du terminal à conteneurs Ces travaux consistent à construire un quai en rideau mixte (pieux/palplanches) de 800 m de long et de 15 m de profondeur. Afin de tenir compte de la nécessité de ne pas interrompre l’exploitation du terminal à conteneurs pendant les travaux, il a été retenu de construire ce quai en trois phases distinctes : phase 1 : construction du quai G4 long de 270 m ; phase 2 : construction du quai G1 long de 250 m et phase 3 : construction du quai G2G3 long de 280 m. La construction du quai nécessitera la mise en œuvre de 9 300 tonnes de structures métalliques et de 12 700 tonnes de béton. Les travaux sont exécutés par le Groupement SAIPEM/SOCOFRAN pour une durée de 34 mois. Le premier quai (le quai G4) sera livré en avril 2012.
Allongement de la digue extérieure et construction d’un cavalier de protection Ces travaux consistent à allonger la digue au large de 300 ml sur des profondeurs atteignant 12 à 13 mètres. Cette digue sera construite en enrochements pour le noyau et avec des blocs en béton (X-blocs) pour la carapace. Il sera mis en œuvre au total 240 000 tonnes d’enrochements et 9 000 m3
de blocs en béton. Parallèlement à ces travaux, sera reconstruit un cavalier anti franchissement en enrochements, sur les derniers 300 mètres de la digue existante. Ces travaux qui sont réalisés par l’entreprise BOSKALIS International prendront fin en mai 2012. Leur réalisation effective permettra de protéger le Port et le terminal à conteneurs de fortes houles en cas de tempête et de recréer le piège à sable afin d’allonger la période entre les campagnes de dragage d’entretien.
Aménagement et extension du terre-plein du terminal à conteneurs Ces travaux permettront d’aménager un terre-plein de 32 ha, dont 6,5 ha gagnés sur la mer grâce à un remblai de sable issu du dragage dont le volume est estimé à 285 000 m3. Ils comprennent : la réalisation de deux digues (cavaliers) de protection et de retenue de 300 ml avec 190 000 tonnes d’enrochements au Nord et à l’Est du terminal à conteneurs ; la démolition du revêtement existant ; la mise en œuvre de 10 km de longrines de portiques de parc ; la construction de 1 900 ml de caniveaux pour l’assainissement et de 3 bassins anti-pollution et la mise en place des réseaux d’eau et d’électricité, etc. Le terminal sera équipé de 8 portiques de quai pour le chargement et déchargement des conteneurs et de
Port. Ils comprennent la mise en œuvre de : - 5 500 ml de câbles enterrés de section 4 x 10/10 mm2 ; - 4 nouveaux postes de transformation, dont 1 poste de 12 MW ; - 71 poteaux d’éclairage ; - 81 projecteurs ; - 8 groupes électrogènes de 400 KVA. La durée de réalisation est de 12 mois.
Réhabilitation du terre-plein bord à quai D
32 portiques de parc de type RTG pour les opérations de manutention. Les travaux sont réalisés par les entreprises SOCOFRAN, BOSKALIS et SOCOTRANS sur une durée 42 mois. La première tranche de terre-plein sera livrée en juin 2012, parallèlement avec le quai G4.
Aménagement de la zone logistique et construction de la voie dédiée Ces travaux consistent à aménager un terre-plein de 4,5 ha à l’extérieur des emprises du terminal à conteneurs qui sera relié par ce dernier par une route dédiée de 1 km. Ils comprennent également la construction d’un atelier pour la réparation des engins opérant sur le terminal. La durée de réalisation globale de réalisation de cette opération est de 42 mois. La première tranche de ces travaux, qui concernait l’aménagement de 2,5 ha de terre-plein, a déjà été effectivement réalisée par la société SOCOFRAN.
Dragage d’approfondissement des accès portuaires Ces travaux consistent à draguer le chenal d’accès et le cercle d’évitage à une profondeur de 16 mètres pour leur permettre d’être en adéquation avec le quai G4 et d’accueillir des navires de type AFRAMAX pouvant transporter jusqu’à
7 000 conteneurs. Le démarrage des travaux est prévu pour janvier - février 2012, pour une durée de 4 mois environ.
Réhabilitation et extension du réseau de distribution d’eau Ces travaux qui permettront d’améliorer la qualité d’avitaillement en eau potable des navires et la sécurité contre l’incendie sont réalisés par l’entreprise China Geo Engineering Corporation. Ils comprennent la pose de : - 5,4 km de conduites de diamètre 15 cm ; - 4 km de conduites de diamètre 20 cm ; - 1,5 km de conduites de diamètre 25 cm ; - 20 poteaux d’incendie de diamètre 80 cm ; - 41 bouches d’incendie de diamètre 80 cm ; - 32 regards. Parallèlement à ces travaux sera construit un château d’eau de capacité 1 000 m3 et de 50 m de hauteur qui, couplé à un réservoir enterré de capacité de 1 300 m3, permettra d’assurer un débit de 1 050 m3 par jour et de garantir une pression d’eau de 3 bars minimum sur les sites du Port, les plus éloignés. La durée de réalisation est estimée à 21 mois.
Réhabilitation et extension du réseau d’électricité Ces travaux sont réalisés par l’entreprise ETDE Congo et permettront d’améliorer la qualité de fourniture de l’électricité dans le
PORT AUTONOME DE POINTE-NOIRE Avenue de Bordeaux - B.P. 711 Pointe-Noire, RÉPUBLIQUE DU CONGO Tél. : +242 22 294 00 52 Fax : +242 22 294 20 42 E-mail : info@papn-cg.com www.congoport.com
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR
dernité
Ces travaux qui couvrent une superficie de 21 950 m2 ont déjà été réalisés à plus de 90 % par la société SOCOTRANS. La fin des travaux est prévue pour décembre 2011. Le coût global de l’ensemble de ce programme, y compris l’acquisition des équipements et matériels portuaires s’élève à plus de 450 milliards de FCFA, dont 370 milliards de FCFA à la charge de Congo Terminal, société concessionnaire et le reste sur fonds propres du PAPN et sur financement des Bailleurs de fonds (Agence Française de Développement, Banque Européenne d’Investissement et Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale). Il convient enfin de relever l’excellente qualité d’organisation et de planification des travaux qui permet au PAPN de poursuivre les activités normales d’exploitation portuaire, en particulier celles liées au traitement du trafic des navires et des marchandises, en même temps qu’il se transforme en un vaste chantier où l’on rencontre les engins et matériels les plus modernes de travaux maritimes et de génie civil. La réalisation effective de ce programme d’investissements du PAPN, couplée à la mise en service prochaine de la route PointeNoire_Brazzaville, à la réhabilitation et au renforcement des capacités de transport sur le chemin de fer Congo Océan, ainsi qu’à l’amélioration de l’offre de transport sur le réseau fluvial navigable, permettra au Port de Pointe-Noire de conforter son rôle de principal port de transit et de transbordement de la sous-région.
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