JA 2683 DU 10 AU 16 JUIN 2012

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TUNISIE LE CANCER SALAFISTE

de Je

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2683 • du 10 au 16 juin 2012

CAMEROUN RENÉ SADI : S’IL N’EN RESTAIT QU’UN

CÔTE D’IVOIRE GBAGBOBENSOUDA, LES DESSOUS D’UN DUEL

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LE PLUS

de Jeune Afrique

AMBITIONS La nouvelle frontière africaine

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DIPLOMATIE Washington peut vraiment mieux faire COOPÉRATION ÉCONOMIQUE Les grands programmes INTERVIEW Charles B. Rangel, parlementaire new-yorkais

États-Unis-Afrique

Good morning Africa!

© PETE SOUZA/WHITE HOUSE

Face à la concurrence chinoise et devant la croissance prometteuse du continent, Washington semble enfin prêt à s’y investir.

JEUNE AFRIQUE

N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012


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LE PLUS

Le Plus de Jeune Afrique

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États-Unis-Afrique

Good morning Africa!

Prélude Claude Leblanc

Le temps de l’assistanat est révolu

E

l’esprit d’entreprise africains. Derrière ce N JUILLET 2009, au terme du compliment s’exprimait sans doute le deuxième et dernier voyage en désir du président américain de voir les Afrique de Barack Obama en tant que président des États-Unis, les sociétés de son pays s’engager davantage médias africains se montraient plutôt sur le continent, car le temps de l’assistasceptiques sur sa réelle volonté de boulenat était à ses yeux une période révolue. verser les rapports existant entre les deux Il semble avoir été entendu puisque les rives de l’océan Atlantique. Il faut dire que investissements directs américains en les vingt-deux heures qu’il a passées au Afrique ont augmenté de 40 % entre 2008 Ghana n’étaient pas de nature à les raset 2010. Fini l’attentisme. Les grands surer. L’hôte de la Maison Blanche avait groupes et les fonds d’investissement fait le voyage pour délivrer un discours passent à l’offensive, refusant de ramasser critiquant la corruption et la répression, les miettes. Pour la Maison Blanche, il deux thématiques déjà abordées par est indispensable de renforcer encore ses prédécesseurs et qui n’annonçaient l’implication du secteur privé, y compris aucune rupture. Un sentiment de décepdans le domaine de l’aide publique. À tion a dominé les esprits sur le continent, d’autant Les investissements directs que les attentes vis-à-vis américains en Afrique ont augmenté du premier chef d’État noir-américain étaient de 40 % entre 2008 et 2010. grandes. L’absence d’ambition de Washington a laissé la voie la veille du 38e sommet du G8, qui s’est largement ouverte à d’autres pays, comme tenu du 18 au 19 mai dernier à Camp la Chine. Non seulement cette dernière David, Barack Obama a relancé l’idée s’est imposée en tant que principal parted’une nouvelle phase du plan d’aide naire commercial de l’Afrique, mais elle alimentaire en Afrique avec le soutien a aussi accru son influence politique sur de quelque 45 grandes entreprises. « En le continent. Déjà au coude-à-coude avec tant que pays le plus riche de la planète, Pékin en Asie, les Américains ne sont pas les États-Unis ont, je crois, une obligarassurés par la montée en puissance des tion morale de mener la lutte contre la Chinois en Afrique, d’autant que cette parmalnutrition », a-t-il déclaré, notant au tie du monde, avec ses richesses encore passage les 3 milliards de dollars (2,4 millargement sous-exploitées, dispose d’un liards d’euros) apportés par des sociétés potentiel que les sociétés d’outre-Atlantelles que Cargill, qui prévoit d’investir tique ne peuvent négliger. dans deux gros projets au Mozambique. À quelques mois de l’élection prési« Des entrepreneurs en téléphonie dentielle à l’issue de laquelle il devrait mobile aux modestes agriculteurs, les conserver son fauteuil, Barack Obama Africains ont démontré une capacité répond ainsi à tous ceux qui pouvaient et un engagement à créer leurs propres douter de son intérêt pour l’Afrique. S’il opportunités. » Cette phrase prononcée est réélu, il aura probablement intérêt à par Barack Obama lors de son passage à passer plus de vingt-deux heures sur le Accra est passée plus inaperçue que les continent pour que ses interlocuteurs autres, mais elle impliquait une reconpuissent lui dire : « Good morning, naissance implicite de la créativité et de Mr. President. » ● JEUNE AFRIQUE

N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

AMBITIONS La nouvelle frontière DIPLOMATIE Washington peut vraiment mieux faire

COOPÉRATION La force des grands programmes

INTERVIEW Charles B. Rangel, parlementaire new-yorkais

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PORTRAITS Personnes d’influence p. 68 TRIBUNE Stephen Hayes, président du Corporate Council on Africa STRATÉGIES Les Américains passent à l’attaque RÉSEAUX Les campus à l’heure du Cap

p. 72

p. 74

p. 80

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Le Plus de Jeune Afrique

AMBITIONS

La nouvelle frontière africaine De grands espoirs en petits progrès, la politique américaine sur le continent n’a guère évolué sous le premier mandat de Barack Obama. Mais les changements intervenus après les révolutions arabes et les perspectives de croissance dans la plupart des pays incitent Washington à réviser ses objectifs. PASCAL AIRAULT

L

es Africains espéraient chez lui un tropisme naturel, il a assuré le service minimum.Entroisansetdemideprésidence, Barack Obama, fils d’un Kényan et d’une Américaine, ne s’est rendu que deux fois sur le continent : au Caire en juin 2009 pour une ode au monde arabe ; et à Accra, un mois plus tard, pour vanter démocratie et bonne gouvernance. Et puis plus rien, hormis la réception ponctuelle de quelques chefs d’État en quête de photos-souvenir à la Maison Blanche et de leaders de la société civile pour les 50 ans des indépendances africaines. Les États-Unis se désintéresseraient-ils de l’Afrique ? Non, bien sûr. Le continent n’est certes pas au cœur des priorités de leur politique étrangère, mais il constitue une zone d’intérêt croissant où Hillary Clinton, la secrétaire d’État, a effectué plusieurs tournées. À Washington, les dossiers africains sont suivis par le département d’État (à savoir Johnnie Carson, secrétaire d’État adjoint du bureau des Affaires africaines, Jeffrey Feltman, son homologue pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, et Susan Rice, l’ambassadrice à l’ONU), le Conseil national de sécurité, le Pentagone et la CIA. Surprise par le Printemps arabe, la Maison Blanche a fini par épouser sa cause en favorisant les changements de régime en Égypte et en Libye. Elle a investi 500 millions de dollars (386 millions d’euros) N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

pour appuyer les transitions en 2011. Depuis longtemps, contrairement aux Français, les Américains discutent avec les partis islamistes. Washington s’inquiète toutefois de la prolifération des armes dans la région sahélo-saharienne depuis la chute de Kaddafi. Comme son prédécesseur George W. Bush, Obama cherche à réduire l’influence des djihadistes. Si la lutte contre les Shebab enregistre des progrès en Somalie, le Sahel est un nouveau sanctuaire pour les terroristes. La recrudescence des attaques de la secte Boko Haram au Nigeria est une autre inquiétude. Le géant ouest-africain assure 8 à 9 % des besoins pétroliers américains, soit l’équivalent des importations provenant d’Arabie saoudite. Washington redoute la constitution d’un arc de cercle terroriste allant de l’Atlantique au Pacifique. CONSTRUCTION. Alors que les troupes américaines

ne sont pas les bienvenues, la Maison Blanche assure une contribution multiforme (assistance en matériel, formation des troupes, renseignement, actions ciblées contre des islamistes) pour aider les gouvernements et les organisations régionales. Ce soutien s’articule autour du Partenariat transsaharien contre le terrorisme et sa version militaire, l’opération Liberté durable dans le Trans-Sahara menée par le Commandement américain pour l’Afrique (Africom), basé à Stuttgart.

!GAGE DE SON SOUTIEN

AUX BONS ÉLÈVES, LE CHEF

D’ÉTAT AMÉRICAIN

(de g. à dr.) Mahamadou Issoufou, Boni Yayi, Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara le 29 juillet 2011. A REÇU

Les programmes qui renforcent la démocratie et la bonne gouvernance restent des priorités. JEUNE AFRIQUE


PHILIP SCOTT ANDREWS/THE NEW YORK TIMES-REDUX-REA

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Presque 20 % des approvisionnements pétroliers américains proviennent d’Afrique, où les majors texanes sont très implantées (Algérie, Libye, Nigeria, Angola, Guinée équatoriale…). Une part qui n’a cessé de progresser depuis dix ans et qui a dopé les importations des États-Unis, pour atteindre 74,2 milliards de dollars en 2011. Les exportations vers le continent, quant à elles, sont passées de 7 milliards de dollars en 2001 à 21 milliards de dollars en 2011. « L’Afrique est un marché en pleine expansion », rappelle Johnnie Carson, qui a emmené en février 2012 les grands groupes (Anadarko Petroleum Corporation, Chevron, General Electric, Caterpillar…) en prospection dans quatre pays (Mozambique, Nigeria, Tanzanie, Ghana). « Dans les dix à quinze prochaines années, le continent va connaître un essor de la construction d’infrastructures – énergie, routes, ports, chemins de fer. C’est important pour nos entreprises d’y participer », précise Nils Tcheyan, directeur Afrique de General Electric. Pourlereste,ladoctrineaméricainen’apasévolué depuis Bill Clinton. « Nous prévoyons de continuer JEUNE AFRIQUE

2012 JUIN

14-15

Washington Forum Agoa (African Growth and Opportunity Act)

21-22

Cincinnati, Ohio Conférences d’affaires États-Unis/ Afrique – Centre sur le commerce, les infrastructures et l’énergie

à privilégier le financement des programmes qui renforcent la démocratie, la bonne gouvernance et la primauté du droit, et de promouvoir la participation des femmes et de la société civile », a expliqué Johnnie Carson devant la Commission des affaires étrangères du Sénat, le 18 avril dernier. Régulièrement, Washington adresse bons et mauvais points. Le président américain a reçu le 29 juillet 2011 ses homologues Boni Yayi (Bénin), Mahamadou Issoufou (Niger), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et Alpha Condé (Guinée). « Tous ces dirigeants ont été élus lors d’élections libres et justes », a-t-il justifié. Cette année, l’administration américaine a appelé le président Wade à respecter les institutions et le verdict des urnes. Carson a déploré que la présidentielle camerounaise ait été entachée d’irrégularités. Une façon de justifier l’aide américaine à l’émergence de sociétés civiles dynamiques, seuls véritables contre-pouvoirs de régimes jugés autocratiques. Onze présidents règnent en Afrique depuis plus de quinze ans. C’est visiblement trop pour Washington, qui préconise la limitation de la durée des mandats. ● N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012


Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

JASON REED/REUTERS

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! HILLARY CLINTON ET MONCEF MARZOUKI, le 25 février à Carthage. DIPLOMATIE

Washington peut vraiment mieux faire Malgré ses racines, l’hôte de la Maison Blanche n’a pas privilégié les chefs d’État du continent dans ses rencontres.

«

Q

uand il nous a reçus, le président Obama nous a dit qu’il voulait bâtir les relations des États-Unis avec l’Afrique sur une base transparente à travers les agences et institutions américaines, plutôt que de faire jouer les réseaux personnels », se souvient Gondeu Ladiba. Cet universitaire de 33 ans a fait partie des « cent jeunes leaders africains » invités à la Maison Blanche en août 2010. Ils n’étaient pas là pour leur connaissance des ÉtatsUnis, mais pour leur engagement local. Une rencontre voulue par Barack Obama pour marquer le renouvellement des liens entre la première puissance mondiale et

l’Afrique subsaharienne. De fait, Barack Obama n’a guère fait jouer son propre réseau, privilégiant l’action des ambassades. En cinq ans de mandat, il ne s’y est rendu officiellement qu’à deux reprises. Au sud du Sahara, John Atta Mills est le seul chef d’État africain à avoir reçu chez lui, au Ghana, le président américain, en raison de sa bonne gouvernance. Peu de leaders africains ont eu le privilège d’une réception officielle. Symboles pour Obama d’une alternance démocratique salutaire, l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Guinéen Alpha Condé et le Béninois Boni Yayi ont été reçus à la Maison Blanche

en juillet 2011. Toutefois, le président américain n’avait pas négligé les intérêts économiques de son pays en accueillant auparavant,enjuin,deuxdirigeantsd’États pétroliers, le Gabonais Ali Bongo Ondimba et le Nigérian Goodluck Jonathan. Quant à la favorite de l’administration américaine, la présidente libérienne Ellen JohnsonSirleaf, elle avait été reçue en mai 2010. La dame de fer africaine, diplômée de Harvard et Prix Nobel de la paix, est aussi la seule à avoir eu l’honneur de recevoir à deux reprises la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, à Monrovia, en août 2009 et en janvier 2012, juste après sa réélection. OBSERVATION. Au Maghreb, depuis

les soulèvements du printemps 2011, les Américains doivent composer avec de nouvelles équipes. Certes, Barack Obama a rencontré Béji Caïd Essebsi en octobre 2011, alors que ce dernier était Premier ministre de transition en Tunisie. Mais il n’a encore vu aucun des nouveaux dirigeants pour l’instant. Sa secrétaire d’État a toutefois effectué cinq voyages en Afrique du Nord, dont deux dans la Tunisie postrévolutionnaire. En février dernier, Hillary Clinton a pu s’entreteniravec les nouveaux leaders tunisiens, dont le président, Moncef Marzouki, ainsi qu’avec les représentants de la jeunesse et des associations féminines. Elle est ensuite passée brièvement à Alger, pour échanger avec le président, Abdelaziz Bouteflika, mais aussi avec des membres de la société civile, marquant ainsi sa volonté de varier les interlocuteurs. Enfin, au Maroc, où elle a inauguré la nouvelle ambassade américaine de Rabat, elle a été reçue par l’ancien ministre des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri, vieil habitué de Washington. Mohammed VI, attentif aux relations avec l’Amérique, était alors justement en visite privée aux États-Unis. ● CHRISTOPHE LE BEC et NICOLAS TEISSERENC

DE SI COÛTEUSES RELATIONS BARACK OBAMA AVAITTENTÉ de limiter leur influence en arrivant à la Maison Blanche. En vain. Les lobbyistes restent omniprésents. Ils étaient 12 600 en 2011, selon le Center for Responsive Politics. Informelle en Afrique, c’est au contraire une activité légale aux États-Unis. Le premier amendement à la Constitution reconnaît à chacun le droit de représenter ses intérêts en adressant des pétitions au gouvernement. Pour plus de transparence, les lobbyistes doivent depuis 2006 fournir le détail de leurs activités au Congrès, qui les publie sur internet. N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

Les dépenses américaines en la matière ont augmenté de plus de 1 milliard de dollars (804 millions d’euros) entre 2001 et 2011 pour s’établir à 3,32 milliards de dollars. Les pays africains, quant à eux, ont investi 150 millions de dollars environ sur la même période, révèle le cabinet GwethMarshall Consulting. Les États pétroliers comme le Nigeria, l’Angola ou le Gabon sont les plus prompts à investir. Du côté des francophones, le Sénégal, le Cameroun et le Burkina Faso arrivent en tête. ● AZIZA ALBOU TRAORÉ JEUNE AFRIQUE


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COOPÉRATION ÉCONOMIQUE

La force des grands programmes Grâce à des mesures de soutien très ciblées, l’Agoa et le Millennium Challenge Corporation doivent servir les échanges entre les États-Unis et le continent. La nécessité étant de renforcer le fragile secteur productif africain.

E

n Afrique, l’aide américaine au développement a considérablement augmenté. Entre 2006 et 2009, elle est passée de 2,1 milliards à 8,2 milliards de dollars (de 1,6 milliard à 5,7 milliards d’euros). Toutefois, crise financière mondialeoblige, elle a enregistré un tassement en 2010, à 8,1 milliards de dollars, et une nette baisse en 2011, à 6,9 milliards de dollars. Cette situation complique la réalisation des grands objectifs américains sur le continent, à savoir la lutte contre les épidémies (paludisme et virus du sida), qui représente environ 50 % de l’aide globale américaine, le combat contre le changement climatique et les efforts pour la sécurité alimentaire liés à la nouvelle initiative de l’administration Obama, Feed the Future. Un domaine stratégique a néanmoins été épargné par les coupes budgétaires, celui de la coopération économique et de l’aide au développement du secteur privé africain. Découlant du principe « le commerce plutôt que l’aide », cette politique N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

a connu une évolution remarquable ces dix dernières années. Premier pas, le lancement en 2000 de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa, loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique). Pierre angulaire des relations économiques entre les États-Unis et le continent, il supprime les droits de douane sur plus de 6400 produits en provenance de pays africains éligibles, c’est-à-dire adhérant aux règles de bonne gouvernance.

! LES ASIATIQUES AURAIENT 35 % de leurs commandes aux fabricants africains. DÉJÀ FAIT PERDRE

27 milliards de dollars en 2001 à 95 milliards en 2011 (91 milliards pour les pays de l’Agoa). Reste que les produits pétroliers représentaient en 2011 plus de 90 % des 74,2 milliards de dollars d’importations africaines aux États-Unis, proportion à peu près constante sur la décennie. Quant aux 21 milliards de dollars d’exportations américaines vers l’Afrique (machinesoutils, véhicules…), ils se concentrent sur quatre marchés : l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana et l’Angola. De fait, l’Agoa n’a pas freiné l’essor de la Chine, qui est devenue, en 2008, le premier partenaire commercial de l’Afrique. BISBILLES. De l’avis de tous les acteurs

concernés, l’urgence aujourd’hui est de renforcer le secteur productif africain, afin de diversifier les exportations du continent aux États-Unis. Ce sera notamment l’objet du 11e forum Agoa, Le MCC, qui existe depuis 2004, qui se tient les 14 et 15 juin à est doté d’un budget annuel Washington. Avec un dossier urgent en suspens : la disposide 1 milliard de dollars. tion sur l’ouverture du marché Quarante pays subsahariens en bénéfiaméricain aux fabricants de vêtements cient aujourd’hui, l’administration Obama africains utilisant des matières premières ayant rétabli le Niger, la Guinée et la Côte en provenance d’autres pays. Expirant le d’Ivoire en octobre 2011. L’Agoa est un 30 septembre 2012, la prorogation par succès relatif. Point positif, le volume le Congrès de cette disposition est loin d’être acquise, en raison de bisbilles entre global des échanges entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne est passé de républicains et démocrates. JEUNE AFRIQUE


Good morning Africa !

Efficacité. Autre particularité, les États

doivent présenter leurs propres projets d’investissement, rigoureusement évalués par le MCC. Aujourd’hui, onze nations subsahariennes bénéficient de ces programmes (dits compacts) qui servent en général au renforcement de leurs infrastructures (aéroport de Bamako, port de Cotonou…). À titre d’exemple, le Ghana reçoit 547 millions de dollars sur cinq ans, dont une partie servira à la rénovation de son réseau autoroutier. Selon Todd Moss, du Center for Global Development, think-tank basé à Washington, la création du MCC a « profondémentrénovélesdébatssurl’efficacité de l’aide au développement. C’est devenu un modèle ». Mais « on ne coopère qu’avec les pays qui ont les meilleurs indicateurs », ajoute-t-il. S’appuyant sur l’approche du MCC – sélectivité, transparence, appropriation nationale –, l’administration Obama a récemment lancé le Partnership for Growth, une initiativequiaccroîtlacoopérationéconomique avec quatre pays, dont deux africains: les habituels bons élèves que sont le Ghana et la Tanzanie. l JEan-éric BouLin, à New York jeune afrique

Mieux vaut tard que jamais La première puissance mondiale commence enfin à s’intéresser au potentiel économique local. Des fonds d’investissement sont lancés, mais la Chine a déjà une bonne longueur d’avance.

L

esinvestisseursinternationauxont les yeux braqués sur le continent. Et pour cause, neuf des quinze pays ayant enregistré le plus fort taux de croissancecescinqdernièresannéessont africains. Le total des investissements directs étrangers en Afrique est passé de 11 milliards de dollars (8,8 milliards d’euros) en 2000 à 55 milliards de dollars en 2010, et serait en léger recul à 54,4 milliards de dollars en 2011. Les investissements américains occupent la première place avec près de 20 milliards de dollars en 2008. Dans ce contexte, les fonds d’investissement américains s’intéressent de plus en plus au continent. Le géant américain du capital-investissement Carlyle a ainsi annoncé en 2011 la levée d’un premierfondsconsacréàl’Afrique,d’une valeur d’environ 500 millions de dollars. D’autres acteurs majeurs, comme les groupes Blackstone et Warburg Pincus, sont aussi présents à travers des sociétés

d’extraction de pétrole offshore, comme au Cameroun (via la Kosmos Energy). Mais face à la Chine, les États-Unis reculent. Ils seraient passés du premier au troisième rang des investisseurs en Afrique du Sud, s’alarme Stephen Hayes, du Corporate Council on Africa, qui œuvreaurenforcementdesrelationséconomiques entre la première puissance mondiale et le continent. Un coup de pouce a été donné, en 2007, avec le lancement de fonds spécialisés sur l’Afrique gérés par l’Overseas Private Investment Corporation (Opic), l’agence américaine de promotion des investissements, qui vise à garantir ceux-ci tout en renforçant les marchés financiers en Afrique. Selon Richard A. Akwei, qui dirige l’un d’entre eux, l’Africa Catalyst Fund, « les Américains prennent conscience seulement maintenant des possibilités d’investissement en Afrique ». l J.-E.B.

21,2 2011

88,8 2008

Des échanges qui s’intensifient

17,9 2002

TROIS PREMIERS POSTES D’EXPORTATIONS AMÉRICAINES VERS L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE

6 2002

ÉVOL UTIO DES N ÉCH ANG ES ENT R ÉTAT E LES S-U NIS ET L E CON TINE NT (en m

de d illiards ollars ) Impo r amé ts ric Expo ains amé rts ricain s

IMPORTATIONS AMÉRICAINES VENUES D’AFRIQUE SUBSAHARIENNE

(en milliards de dollars)

(en milliards de dollars)

2,5 4,1 8,4

20 11

2,7 8,1 72,1

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20 09

1,5 3,8 37,6

1,7 2,9 6,7

20 08

2 7,2 71,7

Équipements de transport Produits agricoles Machines

Produits liés à l’énergie Minerais et métaux Équipements de transport n o 2683 • du 10 au 16 juin 2012

source: Ministère du coMMerce

Selon les estimations, 300 000 emplois seraient menacés en Afrique. D’après l’African Coalition for Trade, qui représente les exportateurs de neuf pays Agoa, les fabricants de textile africains auraient déjà perdu 35 % de leurs commandes au profit de concurrents asiatiques. Mais une autre menace plane, celle de l’extension du principe de l’Agoa – qui expire en 2015 – à l’ensemble des pays les moins développés, y compris asiatiques, très compétitifs sur le marché du textile. Également essentiel dans la politique de coopération économique entre les États-Unis et l’Afrique, le Millennium Challenge Corporation (MCC) existe depuis 2004. Cette agence est dotée d’un budget annuel de près de 1 milliard de dollars. Elle a pour mission de réduire la pauvreté dans le monde par la promotion de la croissance économique. À cette fin, le MCC met des sommes importantes à la disposition de pays triés sur le volet, pour unepériodedecinqannées,enfonctionde dix-sept indicateurs qui vont du niveau de liberté à la bonne gouvernance politique et économique, en passant par l’ampleur de la corruption. Le MCC a récemment suspendu ses opérations avec le Mali et le Malawi.

65


Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique POLITIQUE

Charles B. Rangel « Le développement du continent est l’une des priorités de Barack Obama » C’est un succès et un modèle de coopération économique. Grâce à l’Agoa, les entreprises africaines ont amélioré leur compétitivité en proposant des produits à plus haute valeur ajoutée. Les gouvernements et le secteur privé africains ont aussi accru leur coopération pour renforcer les infrastructures et éliminer la paperasserie. Le Congrès doit maintenant pérenniser l’Agoa en prorogeant certaines dispositions clés, comme celle sur les tissus en provenance de pays tiers (lire pp. 64-65).

S’il se félicite des résultats de l’Agoa, le parlementaire newyorkais, particulièrement engagé dans le renforcement des liens avec l’Afrique, s’inquiète de l’offensive du concurrent chinois…

Êtes-vous optimiste à ce sujet ?

! ÂGÉ DE 82 ANS, le démocrate siège à la Chambre des représentants depuis 1970.

P

ersonnage incontournable de la vie politique américaine, Charles B. Rangel, 82 ans, représente depuis 1970 les quartiers du nord de Manhattan, dont Harlem, à la Chambre des représentants. Controversé, le démocrate a failli être déchu de son mandat en 2010 pour manquements à l’éthique. Il est par ailleurs l’un des parlementaires les plus engagés dans le renforcement des liens avec l’Afrique. JEUNE AFRIQUE: L’administration Obama s’intéresse-t-elle suffisamment au développement de l’Afrique ? CHARLES B. RANGEL : C’est l’une des

priorités de sa politique étrangère. La visite de Barack Obama au Ghana en 2009 en atteste, tout comme ses engagements en faveur du Pepfar [programme de lutte contre le sida lancé par George W. Bush, NDLR] et, depuis mai dernier, de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition du G8. Le président devrait désormais consacrer plus de ressourcesaurenforcementdenotreprésence commerciale en Afrique, notamment face N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

à la politique d’investissement sans foi ni loi de la Chine sur le continent. La Chine est-elle une menace pour les intérêts américains ?

Les investissements chinois en Afrique sont extrêmement préoccupants. Les entreprises d’État chinoises ne respectent aucune norme environnementale ou sociale. Leurs activités d’extraction de matières premières contribuent à la destruction des écosystèmes. Leurs inves-

MARIO TAMA/GETTY IMAGES/AFP

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Cela va faire un an que mon collègue Jim McDermott et moi-même avons soumis à la Chambre des représentants un projet de loi qui va dans ce sens. Nous proposons aussi d’inclure le Soudan du Sud dans les pays bénéficiaires de l’Agoa. Le Congrès ne l’a pas encore adopté et c’est vraiment dommage. Il ne lui reste plus que quelques semaines pour agir. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour convaincre mes collègues d’avancer sur ce dossier. Les projets de loi visant à étendre les bénéfices de l’Agoa à des pays asiatiques très compétitifs comme le Bangladesh ou les Philippines vous préoccupent-ils?

Les croissances économiques de l’Afrique et des pays asiatiques les plus pauvres ne s’excluent pas. Néanmoins, ces projets doivent faire l’objet d’une évaluation rigoureuse afin de réduire

Les entreprises africaines ont amélioré leur compétitivité en proposant des produits à plus haute valeur ajoutée. tissements sans conditions sapent aussi les efforts de transparence, de bonne gouvernance et de gestion saine des ressources naturelles en Afrique. Quel bilan tirez-vous de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa) ?

les risques de détournement de commerce au détriment de l’Afrique. Ce serait regrettable, à un moment où les échanges économiques entre nos deux régions, notamment dans le secteur du textile, ne font que se renforcer. ● Propos recueillis par JEAN-ÉRIC BOULIN JEUNE AFRIQUE


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www.contourglobal.com

New York - USA Siège 623 Fifth Avenue, 22nd Floor New York, NY 10022

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Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

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PORTRAITS

Personnes d’influence Qu’ils se mobilisent au nom de la Maison Blanche ou de leurs propres convictions, depuis longtemps ou récemment, ces Américains jouent un rôle déterminant dans la vie du continent.

Michael A. Battle La voix de l’Amérique à Addis-Abeba

NOOR KHAMIS/REUTERS

Johnnie Carson « Monsieur Afrique »

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N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

Jeffrey Feltman Celui qui comprenait l’Orient

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ESAM AL-FETORI/REUTERS

est le « Monsieur Afrique » de l’administration Obama. Johnnie Carson, 69 ans, secrétaire d’État adjoint chargé des Affaires africaines, a passé la majeure partie de ses trente-sept années de carrière de diplomate sur le continent. La première affectation de ce natif d’un quartier noir pauvre de Chicago a été le Nigeria, où il a débarqué en 1969, en pleine guerre du Biafra. Il a ensuite occupé des postes au Mozambique, au Botswana et en Ouganda, avant d’être nommé ambassadeur au Zimbabwe de 1995 à 1997, puis au Kenya de 1999 à 2003. Il n’a jamais été en poste dans un pays africain francophone. Lorsqu’il eut le choix entre le Sénégal et le Mozambique, il préféra ce dernier, en 1975 – année de l’indépendance –, pour assister, dit-il, à l’Histoire en train de se faire. Celui qui est aujourd’hui chargé de mettre en œuvre la politique africaine du président Obama explique ainsi son goût précoce pour l’Afrique : « J’ai choisi la région du monde où j’avais le sentiment d’être le plus utile. » ● JEAN-ÉRIC BOULIN

rabophone et diplomate de carrière, Jeffrey Feltman a été nommé en 2009 au poste stratégique de sous-secrétaire d’État américain chargé des affaires du Proche-Orient, qui inclut l’Afrique du Nord. Ce familier du monde arabe et de ses soubresauts était consul à Jérusalem pendant la seconde Intifada en 2002, représentant américain au Kurdistan irakien en 2004 et ambassadeur au Liban en 2005 lorsque les troupes syriennes, sous la pression de la rue, des États-Unis et de la France, ont dû évacuer le pays. Les révolutions de 2011 ont éprouvé son sens politique, et Washington a su soutenir les mouvements démocratiques plus promptement et plus clairement que Paris. « Ces changements ont redéfini notre approche de la région, et il n’y aura pas de retour en arrière », a-t-il déclaré le 10 mai dernier. Il devrait être prochainement nommé à un poste éminent au sein de l’Organisation des Nations unies. ● LAURENT DE SAINT PÉRIER JEUNE AFRIQUE

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R

ien ne le destinait à épouser une carrière diplomatique. Jusqu’en septembre 2009, Michael A. Battle assurait la présidence du Centre interconfessionnel de théologie à Atlanta, en Géorgie, après avoir occupé différents postes à responsabilités dans les universités américaines. Mais Barack Obama a voulu faire de ce proche, fin pédagogue et bon connaisseur de l’Afrique, son ambassadeur auprès de l’Union africaine. Il doit expliquer la politique américaine et renforcer la coopération entre son pays et l’organisation panafricaine. Son engagement sur les questions africaines remonte au début des années 1990. Entre 1994 et 1998, il a notamment servi comme vice-président du Comité américain sur l’Afrique. En 1994, il a aussi participé en tant qu’observateur à la première élection libre en Afrique du Sud. On doit à cet ancien aumônier militaire de réserve de nombreux ouvrages, notamment sur les AfroAméricains, l’Église noire et Martin Luther King. ● PASCAL AIRAULT


Good morning Africa !

Bill et Melinda Gates De bons samaritains?

PETER MACDIARMID/AFP

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epuis qu’ils ont créé leur fondation, en 2000, Bill et Melinda Gates sillonnent l’Afrique. Au cours des derniers mois, le couple de Seattle, qui compte mettre 90 % de sa fortune (estimée en 2012 à 61 milliards de dollars, soit près de 49 milliards d’euros) à disposition de ses œuvres caritatives, s’est rendu au Ghana, en Éthiopie, en Tanzanie, au Kenya et en Afrique du Sud. Sur les quelque 3 milliards de dollars distribués chaque année par leur structure, près de la moitié bénéficie au continent. Parmi ses projets emblématiques,lesoutienàl’Alliancepour une révolution verte en Afrique ou la mise au point d’un vaccin contre la malaria. Chacun des deux époux affiche ses priorités. Bill s’implique dans les questions de santéetd’agriculture,qu’iljugeprioritaires. Le fondateur de Microsoft, qui a quitté la présidence du groupe voici quatre ans, met en avant une logique de résultat. Pour tout « investissement » dans un projet, il veut pouvoir mesurer le nombre de vies

sauvées, le pouvoir d’achat généré ou les emplois créés. Melinda, originaire du Texas, se concentre sur les projets destinés aux femmes, notamment ceux en faveur de la contraception. C’est en RD Congo qu’elle s’est rendu compte de leur nécessité, après avoir constaté de nombreuses inégalités entre les deux sexes. Moins scientifique que son mari, elle aime discuter sur le terrain avec les bénéficiaires de la fondation pour vérifier que ses actions répondent réellement aux besoins. Reste que les époux sont parfois critiqués. Le fonds dépositaire de leur fortune, d’oùproviennentlesfinancementsdeleurs projets humanitaires, détient des parts dans des multinationales dont les actions sur le continent sont dénoncées par des ONG, comme la compagnie pétrolière Shell (pour sa pollution du delta du Niger) ou le géant agronomique Monsanto (pour son utilisation d’OGM). ● CHRISTOPHE LE BEC

CÔTE D’IVOIRE : LE GRAND RETOUR

CÔTE D’IVOIRE: THE TIME IS NOW! WASHINGTON D.C. : Ambassade de Côte d’Ivoire aux USA Tél.: (202) 797 0300 ABIDJAN : APEX-CI Tél.: (011) 225 20 30 25 30 E-mail : info@apex-ci.org www.apex-ci.org

Sous le leadership de Son Excellence Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, et Président en exercice de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement des États membres de la CEDEAO, la Côte d’Ivoire est de retour et renforce sa position de partenaire privilégié. Lors du Forum annuel AGOA de Coopération Économique et Commerciale entre les USA et l’Afrique, prévu du 14 au 20 juin 2012, Son Excellence Monsieur Jeannot Kouadio Ahoussou, Premier Ministre de la République de Côte d’Ivoire dirigera une forte délégation composée de Son Excellence Monsieur Moussa Dosso, Ministre d’État, Ministre de l’Industrie, de Son Excellence Monsieur Dagobert Banzio, Ministre du Commerce, de représentants du secteur public et du secteur privé pour consacrer le retour de la Côte d’Ivoire dans l’environnement institutionnel de l’AGOA. Cette occasion sera une opportunité unique pour promouvoir les projets d’infrastructures (routes, voies ferrées, mines, pétrole et énergie, hydrauliques, construction et transport). Deux événements majeurs : u Lundi 18 juin 2012 : ‘’Doing Business in Côte d’Ivoire’’, avec un panel gouvernemental, thème « C’est le moment d’investir dans les projets d’infrastructures en Côte d’Ivoire », puis un panel d’experts qui interviendront sur les projets d’infrastructure spécifiques, lors des sessions secteur privé du Forum AGOA en partenariat avec le Corporate Council on Africa. u Mardi 19 juin 2012 : ‘’Côte d’Ivoire Global Networking Event’’, dans les locaux de l’Ambassade de la Côte d’Ivoire aux Washington D.C., un événementiel incluant à la fois les contacts d’affaires, l’aspect culturel et artistique, le culinaire et la mode.

DIFCOM/DF - PHOTO : NABIL ZORKOT/LES ÉDITIONS DU JAGUAR.

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Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

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Rosa Whitaker Afro-optimiste convaincue

M STR NEW/REUTERS

ieux que quiconque à Washington, Rosa Whitaker a conscience du potentiel de l’Afrique, dont elle est depuis plus de dix ans une infatigable promotrice. Première personne à occuper le poste de représentant adjoint au commerce extérieur chargé de l’Afrique subsaharienne, sous Bill Clinton, elle a été l’artisan de la loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (Agoa). Laquelle favorise depuis 2000 les exportations et les investissements américains destinés au continent. En 2003, elle a quitté l’administration pour fonder le Whitaker Group, société de conseil spécialisée dans le commerce et l’investissement en Afrique dont les services ont déjà permis d’y drainer plus de 2 milliards de dollars (1,6 milliard d’euros). Son action positive n’a pas échappé au magazine Foreign Policy. En 2010, la prestigieuse revue américaine l’a classée parmi « les cent meilleurs penseurs globaux » pour avoir contribué au développement des échanges économiques avec le continent. ●

Carter F. Ham Général quatre étoiles

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60 ans, le général Carter F. Ham est une star de l’armée américaine. Ce natif de Cleveland a en effet gravi tous les échelons, devenant général quatre étoiles trente-huit ans après y être entré comme simple parachutiste. Bien noté par ses supérieurs, il a occupé plusieurs postes, dont celui de conseiller auprès de la garde nationale d’Arabie saoudite. Avant de prendre la tête d’Africom, le Commandement militaire américain pour l’Afrique, basé à Stuttgart, en Allemagne, il dirigeait les forces alliées en Europe. Fait remarquable pour un haut gradé militaire, Ham n’est pas un taiseux. En 2004, de retour d’une mission meurtrière en Irak, il avait confié avoir consulté un psychiatre. Alors même que l’armée américaine cherche à minimiser les cas de stress post-traumatique parmi les soldats revenant d’Irak et d’Afghanistan. Ham a également joué un rôle de premier plan en 2011 dans l’abrogation de la pratique « don’t ask, don’t tell », qui interdisait l’enrôlement d’homosexuels dans l’armée américaine. ● JEAN-ÉRIC BOULIN

LAURENT DE

Jeffrey Wright Loin des projecteurs

SAINT PÉRIER

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acteur noir américain Jeffrey Wright, lauréat d’un Golden Globe et d’un Emmy Award, s’est intéressé à la Sierra Leone en 2001. La guerre fratricide, qui y a fait entre 100000 et 200000 victimes, touchait alors à sa fin. « Lors d’un tournage au Mozambique, j’ai rencontré un Sierra-Léonais qui m’a invité à venir. À l’époque, on n’associait pas la souffrance des enfants sierra-léonais impliqués dans la lutte pour le contrôle des diamants à la forte demande pour ces mêmes pierres précieuses aux États-Unis, dans le milieu du hip-hop notamment. Ce lien m’a frappé et j’ai eu envie de m’impliquer », expliquait-il en 2011. Tombé amoureux du pays lors de ce voyage, l’interprète de la série Angels in America, qui s’est aussi fait un nom dans les deux derniers James Bond et dans les films Syriana et Basquiat, s’est mobilisé. En 2003, il a fondé avec le général Larry Gilespie, retraité de l’armée américaine, la petite compagnie minière Taia, qui entend exploiter les gisements d’or sierra-léonais de manière socialement responsable. Proche du président Ernest Bai Koroma, il intervient régulièrement dans les médias américains pour promouvoir l’image de la Sierra Leone. ● CHRISTOPHE LE BEC N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

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ARMANDO GALLO/STARFACE

JEUNE AFRIQUE


Vous nous trouverez presque partout. Chaque jour, les collaborateurs de Cummins lancent de nouveaux projets. Parce que l’innovation est la pierre angulaire de notre stratégie, nous avons créé un environnement de travail qui favorise la créativité et les échanges. Et cela est vrai même à l’extérieur de nos bureaux. Voilà pourquoi les esprits les plus brillants et les plus inventifs choisissent de faire carrière chez nous. Découvrez, vous aussi, comment nous bâtissons notre succès, respectons nos collaborateurs et apprécions les idées nouvelles. Cummins partage votre engagement pour l’excellence, pour l’environnement et pour l’innovation. Ce n’est pas simplement un concept, notre concept. C’est le meilleur concept pour réussir en affaires.

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ERIC MILLER/WORLD ECONOMIC FORUM 2008

TRIBUNE

Opinions & éditoriaux

À la conquête des territoires francophones

Q STEPHEN HAYES Président du Corporate Council on Africa

UAND JE SUIS ARRIVÉ au Corporate Council on Africa en tant que numéro deux, des responsables d’entreprises américaines m’avaient laissé entendre que ce serait une perte de temps que de vouloir faire des affaires avec l’Afrique francophone. « Les Français font tout pour mettre les sociétés américaines à distance », me disait-on. Les plaintes étaient nombreuses. Elles portaient sur la corruption, le contrôle exercé par les Français sur des ministres importants et, bien entendu, sur la barrière linguistique. « Je ne parle pas français », ajoutait-on. Dans le même temps, le président Chirac considérait les Américains comme des « pleurnichards » ou, du moins, c’est ce que nous pensions. Comme il l’avait dit en français, nous n’en étions pas vraiment sûrs. Il y avait probablement un fond de vérité dans ce que rapportaient les entreprises. Dès qu’il s’agissait d’un pays francophone, nous trouvions tout un tas de raisons pour ne pas nous lancer. La présence des Français était synonyme de corruption. L’Afrique était déjà un défi conséquent sans compter les Français. Néanmoins, quelques Américains ont réussi dans les affaires en Afrique francophone. Nous ne les avons jamais pris en exemple, mais plutôt considérés comme des exceptions, voire comme des corrompus. Et puis, il y avait toujours cette satanée langue française à apprendre.

le devant de la scène, les seigneurs du pétrole ont débarqué.Tout à coup, il a semblé possible de parler affaires avec l’Afrique francophone. Dans le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication, Oracle se fait une place. Une fois que l’Amérique découvre un marché, la barrière linguistique n’est plus tout à fait un obstacle. Mais la langue a encore un impact sur les affaires, aussi cherchons-nous des locuteurs francophones pour nous représenter. Des Américains apprennent même le français. Autres défis : comprendre les systèmes juridiques locaux, les différentes cultures… et bâtir des relations avant de conclure un marché. Les temps changent. Les pionniers américains en Afrique francophone ont travaillé dur pour y parvenir. Un peu lents à la détente pour comprendre l’Afrique francophone, ils commencent à y entrer de la bonne manière. Tardivement, c’est vrai. Néanmoins, le marché se développe à mesure que les infrastructures

Avec nos craintes, notre arrogance et notre méconnaissance, nous avons nous-mêmes créé des obstacles.

Alors nous avons laissé cette partie du continent aux Français. Du moins, c’est ce que nous avons cru.Très vite, il est arrivé des choses étranges. L’Afrique francophone a vu apparaître des acteurs non français. Chinois, arabes, indiens, israéliens et de bien d’autres nationalités encore… Je me suis dit alors que le président Chirac en savait plus sur nous que nous ne le pensions : nous étions bien des pleurnichards quand il s’agissait de commercer avec l’Afrique francophone. La question de l’or noir a alors fait son apparition. Et avec elle les compagnies pétrolières américaines. Lorsque l’Afrique de l’Ouest, en grande partie francophone, s’est retrouvée sur N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

s’améliorent. Nous devrions être reconnaissants vis-à-vis des Chinois et des autres acteurs qui les ont construites. Toutefois, il reste du pain sur la planche. Pour que les grandes entreprises américaines, en dehors du secteur pétrolier, s’engagent davantage, il est indispensable de mettre en œuvre une régionalisation et une harmonisation des systèmes. Une fois cela fait, l’Afrique de l’Ouest sera un marché bien plus intéressant. L’Afrique a encore beaucoup à faire, mais nous commençons à comprendre que nous avons nousmêmes créé des obstacles, dont certains sont directement liés à nos craintes, notre méconnaissance et notre arrogance. Une fois que nous aurons vraiment surmonté nos peurs, nous serons en mesure de nous imposer. Nous avons beaucoup à entreprendre dans notre propre pays si nous voulons vraiment nous investir sur le continent. Mais je suis sûr que les Américains seront là plus vite qu’on ne le pense. ● JEUNE AFRIQUE


TM

« Au carrefour de l’Afrique et de l’Amérique, des affaires et de la politique, du privé et du public »

INTERNATIONAL

En 1996, les Ambassadeurs Andrew Young (compagnon de lutte du Dr. Martin Luther King Junior) et Carlton Masters ont créé GoodWorks International LLC., pour offrir aux entreprises américaines cherchant à entrer sur les marchés émergents d’Afrique, des services spécialisés en conseil et des alliances commerciales stratégiques. GoodWorks assiste aussi les Gouvernements africains dans l’harmonisation de leurs politiques nationales pour améliorer leurs relations avec les État-Unis, accéder au marché américain et attirer les investisseurs privés américains.

Grâce à son expérience et sa connaissance de l’Afrique, GoodWorks a assisté avec succès de grandes multinationales telles que Chevron, Delta Airlines, General Electric, Barrick Gold, Motorola, Monsanto, Sumitomo, Verizon et autres sur plusieurs projets en Afrique. Grâce à un accès sans précédent auprès de l’adminstration américaine, GoodWorks a également collaboré avec les gouvernements du Nigeria, du Rwanda, du Bénin, du Cameroun, de la Sierra Leone, de la Tanzanie, de l’Angola et autres sur une variété de questions stratégiques, commerciales, d’investissements et de relations publiques. Les bureaux, de Washington DC, Atlanta, Luanda, Lagos, Dar-es-Salam, et ceux associés au Kenya, au Ghana, en Côte d’Ivoire, et en Afrique du Sud permettent d’offrir nos services des États-Unis vers l’Afrique et réciproquement.

www.goodworksintl.com premier plan au cours des négociations entre les multinationales fortunes 500 et les pays africains et caribéens. L’Ambassadeur Masters a connu une brillante carrière à la Banque de Montréal, dans les centres financiers d’Amérique du Nord, d’Europe et des Caraïbes et a été nommé agent général et ministre adjoint du commerce aux

États-Unis du gouvernement de la province canadienne de l’Ontario. Il est membre du Council on Foreign Relations et membre des conseils d’administration de AfricaAmerica Institute, Corporate Council on Africa et Southern Africa Enterprise Development Fund. Il est aussi le Président d’Honneur du Leon H. Sullivan Summit.

Directeur Principal de GoodWorks, M. Arouna joue un rôle de premier plan dans le conseil des clients publics et privés, sur la politique, la structuration des transactions commerciales et financières et l’identification de nouvelles opportunités sur les marchés africains avec un accent particulier sur l’infrastructure, la technologie, l’énergie, la finance et l’intégration au marché. Ses expériences antérieures incluent : président fondateur M. Omar Arouna Senior Managing d’un cabinet conseil TIC aux États-Unis, direcDirector teur de réseau pour Africare la plus grande ONG américaine opérant exclusivement en Afrique et spécialiste des technologies d’information au siège de la Banque Mondiale à Washington. Américain d’origine béninoise, il parle couramment le français.

En tant que Conseiller Principal pour le développement Africain, Ed Barber est responsable de l’élaboration des politiques de développement, de l’analyse économique, la représentation du client et des finances. Il sert de point de liaison entre les organismes, agences officielles, américaines et les clients de GoodWorks. M. Barber a 43 années de carrière au sein du Département d’État et M. Ed Barber du Département du Trésor des États-Unis Senior Advisor dont 13 ans en tant que Directeur du Bureau Afrique, façonnant la politique des États-Unis sur les questions d’allègement de la dette, de commerce, d’investissement, d’assistance technique, des programmes du FMI, de la Banque Mondiale et des questions macro-économiques au plus haut niveau du gouvernement.

Email : oarouna@goodworksintl.com

Email : ebarber@goodworksintl.com

GoodWorks International LLC. 1700 K Street NW suite 430 Washington DC 20006 - Tél :+ 1 202 736 2211

Communiqué

M. l’Ambassadeur Carlton Masters Chairman & CEO

Co-fondateur, et Président Directeur Général de GoodWorks, l’Ambassadeur Masters est responsable de la planification de la stratégie à long terme de l’entreprise. Il négocie et coordonne l’engagement des clients et offre des conseils stratégiques à plusieurs gouvernements d’Afrique et des Caraïbes. Il joue également un rôle de


Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

LOUIS VINCENT

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! L’USINE DE CONTOURGLOBAL à Lomé, au Togo. STRATÉGIES

Les Américains passent à l’attaque Pétrole, télécoms, énergie, infrastructures… Les entreprises d’outre-Atlantique, jusque-là assez timides, font désormais preuve de pragmatisme et sont présentes sur tous les fronts.

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u 6 au 17 février, une petite dizaine d’entreprises américaines ont sillonné le continent africain dans le cadre d’une mission commerciale lancée conjointement par le département d’État et le Corporate Council on Africa (CCA), une organisation privée qui regroupe plus de 160 sociétés et dont l’objectif est de développer les relations entre les investisseurs américains et les secteurs publics et privés du continent. Avec une réussite certaine, puisque, à l’issue de cette visite organisée autour des besoins énergétiques du Mozambique, de la Tanzanie, du Nigeria et du Ghana, Symbion Power est devenu partenaire de l’un des plus importants fournisseurs nigérians d’électricité et que General Electric en a profité pour signer, avec les autorités du même pays, un contrat de 10 milliards de dollars (8 milliards d’euros) pour la construction d’ici à 2020 d’une centrale de 10 000 MW. « Nous

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sommes fiers de contribuer à apporter la lumière à l’Afrique », s’est enthousiasmé depuis Lagos Paul Hinks, le patron de Symbion, devant les responsables américains de la mission, aux anges. « Les entreprises américaines doivent prendre conscience des opportunités

qui existent aujourd’hui en Afrique », résume Jim Wilson, présent sur place en tant que responsable des échanges commerciaux au Bureau des affaires africaines du département d’État. « Avant qu’il ne soit trop tard », ajoute Robert Perry, vice-président du CCA. Titillés par

HOUSTON ATTITUDE QUATRIÈME VILLE des États-Unis par sa taille, Houston est le plus important partenaire commercial américain de l’Afrique. Selon le Greater Houston Partnership Research Department, les échanges ont augmenté de plus de 12 % en onze ans, et s’élèvent à 28,2 milliards de dollars (21,7 milliards d’euros). Ils représentent 22,4 % de l’ensemble du commerce entre le pays et le continent. Le secteur énergétique est le plus important (22 milliards de dollars), suivi par le secteur agricole (1,8 milliard de dollars). Grâce à son pétrole, le Nigeria est le premier partenaire de Houston, avec 13 milliards de dollars d’échanges en 2011 (45,7 % des échanges entre la ville et l’Afrique). Suivent l’Algérie, l’Angola, l’Égypte, l’Afrique du Sud, la Guinée équatoriale, le Congo-Brazzaville, le Maroc, le Ghana et la Libye. Symbolisant l’importance du continent à Houston, un sommetTexas-Afrique bisannuel y a été créé en 2010. Il rassemble près d’un millier de participants. AZIZA ALBOU TRAORÉ Prochain rendez-vous les 27 et 28 septembre 2012. ● JEUNE AFRIQUE


Good morning Africa !

Électricité De l’énergie à revendre

l’expansion commerciale de la Chine, au moment même où le continent présente des perspectives de croissance économique à faire pâlir le monde développé, les États-Unis semblent redécouvrir l’Afrique. Pascal Agboyibor, avocat pour le cabinet Orrick, qui accompagne de nombreuses sociétés américaines sur le continent, date ce regain d’intérêt au sommet du G20 de Gleneagles en 2005, « lorsqu’a été prise la décision de débloquer des moyens massifs pour équiper l’Afrique en projets de développement ambitieux. Tout le monde a alors compris qu’il fallait en être ».

Du Cameroun à la Côte d’Ivoire, les projets de centrales ne manquent pas. Ce qui témoigne de la vitalité du secteur.

«

CLIMAT FAVORABLE. Selon un prag-

matisme très anglo-saxon, les échanges commerciaux avec l’Afrique ont progressé de 35 % depuis 2006, pendant que doublait la part des investissements directs étrangers (IDE) provenant des États-Unis sur le continent. En dehors des hydrocarbures, les capitaux américains se répartissent essentiellement dans quatre autres filières : l’agriculture, les infrastructures, la production d’électricité et les télécoms. Autant de secteurs où « les besoins sont énormes

Aujourd’hui, plusieurs pays francophones éveillent l’intérêt des investisseurs.

OLIVIER CASLIN JEUNE AFRIQUE

! AU BORD DU LAC KIVU, au Rwanda, s’élèvera une usine d’extraction de méthane.

ANTONIN BORGEAUD

et sur lesquels les compagnies américaines se doivent d’être présentes », a insisté Johnnie Carson, le secrétaire d’État adjoint chargé des Affaires africaines au département d’État, en rentrant de mission. Et si possible dans un maximum de pays de la zone. Si l’Afrique anglophone, à commencer par l’Afrique du Sud ou le Nigeria, et les producteurs de pétrole, Angola en tête, constituent toujours le cœur de cible, plusieurs pays francophones, comme le Cameroun ou la Côte d’Ivoire, sont aujourd’hui dans le radar des compagnies américaines. À condition de mettre en place un climat favorable aux affaires. « Le cadre réglementaire est crucial pour les Américains », confirme Pascal Agboyibor. Comme le rappelle un membre du CCA, « nos compagnies vont en Afrique pour avoir un retour sur leurs investissements, pas pour faire de l’aide au développement ». ●

A

toujours au Cameroun. Créé en 2005, ES go home ! » Débarquée au Cameroun en 2001 pour ContourGlobal a fait de l’Afrique sa reprendre la Société natio« zone de développement privilégiée » nale d’électricité (Sonel), tout juste dès l’origine, selon Daniel Miossec, privatisée, la compagnie énergétique directeur de projets, à commencer par américaine était encore loin de faire celui de la centrale de 100 MW mise en l’unanimité un an plus tard, comme le service en 2010 au Togo. montrait cette inscription lue à l’époque sur les murs de Douala. TROPISME. Depuis, le développeur Aujourd’hui, le contexte semble et exploitant américain a confirmé son « tropisme africain » en signant s’être assagi. Oubliés les débuts difficiles marqués par des délestages récurrents et Le continent ne représente que des augmentations du 3 % des capacités gérées par AES, prix du kilowattheure, mais il devrait vite progresser. AES Corporation a su inverser la tendance en l’an passé avec le Rwanda le projet lançant les investissements nécessaires pour réhabiliter des installations exisKivuWatt. Récompensé en février dertantes (qui en avaient bien besoin) et nier par le prix de l’accord énergétique s’installer durablement dans le paysage de l’année 2011 en Afrique (décerné par énergétique camerounais en répondant Euromoney), il porte sur la réalisation au mieux à la demande du marché. Au d’une usine d’extraction et de producpoint de faire du Cameroun la vitrine de tion de gaz méthane et d’une centrale son savoir-faire en Afrique, pour partir électrique de 25 MW attendue pour à la conquête de nouveaux marchés sur début 2013 et dont la capacité devrait l’ensemble du continent. Celui-ci ne ensuite quadrupler. ContourGlobal représente encore que 3 % des capacités est également présent au Nigeria et gérées dans le monde par la compasouhaite continuer à diversifier son gnie installée en Virginie, mais sa part portefeuille sur le continent. La compadevrait vite progresser, dans la foulée gnie serait notamment en pole position de la future centrale thermique de pour la construction d’une centrale de 216 MW qui doit démarrer cette année, 330 MW en Côte d’Ivoire. ● O.C.

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Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

Infrastructures En mode action Pour les sociétés de BTP, l’attentisme n’est plus de mise. Elles n’hésitent plus à démarcher les gouvernements locaux et s’impliquent en amont.

L

ongtemps cantonnées à la réalisation d’équipements liés aux grands projets d’hydrocarbures ou miniers à travers le continent, les entreprises américaines de BTP cherchent ces dernières années à varier les plaisirs. C’est le cas de la première d’entre elles, Bechtel, présente sur le continent depuis 1958. Le géant californien construit toujours des pipelines en Algérie ou des usines de liquéfaction de gaz en Angola et en Guinée équatoriale, mais, depuis 2010, il aide également le Gabon dans la définition et la mise en place du plan directeur pour les nouvelles infrastructures voulu par le président, Ali Bongo Ondimba. Bechtel a même pris la direction de l’Agence nationale

des grands travaux (ANGT), chargée de coordonner les nombreux projets (routes, ports, aéroports, logements) censés voir le jour d’ici à 2016 pour 18 milliards d’euros. Cinquième compagnie américaine par son chiffre d’affaires en 2011 selon Forbes,

politiques et leur signifier la volonté de l’entreprise de se positionner sur le marché tunisien des infrastructures. D’autres sociétés américaines s’intéressent de très près au secteur. General Electric a signé début 2012 un contrat pour la construction d’une usine de montage de locomoAu Gabon, le californien Bechtel tives destinée à la Nigerian a pris la direction de l’Agence Railway Corporation (NRC), nationale des grands travaux. pendant qu’Acrow Bridges, qui multipliait depuis 2009 elle ne compte pas en rester là et vise de les contrats en Angola, lance le chantier nouveaux marchés en Afrique. Son préd’un pont métallique en Afrique du Sud. sident Europe, Afrique et Moyen-Orient, Comme un symbole de la consolidation David Welch, s’est rendu en Tunisie début des relations entre partenaires africains mars pour rencontrer ses responsables et américains. ● O.C.

Informatique Silicon Valley bis

promesses pour ces champions de l’informatique. Dans leur viseur : multinationales, groupes régionaux, administrations et particuliers en quête de solutions technologiques. Depuis 2006, IBM a ainsi investi plus de 300 millions de dollars (242 millions d’euros) pour renforcer sa présence sur le continent.

Face à l’appétit des Subsahariens pour les nouvelles technologies, les IBM et autres Google s’implantent durablement dans le paysage.

OFFENSIVE. Autre illustration de l’inté-

AHOUNOU/APANEWS

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O

racle, Hewlett-Packard (HP), IBM, Microsoft, sans oublier Google. En quelques années, le continent est devenu un nouvel eldorado pour les grandes entreprises californiennes de l’informatique. Lorsque Larry Ellison, patron de l’éditeur de logiciels N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

et fabricant de serveurs Oracle, déclare la guerre à IBM et consorts depuis son bureau de Redwood, même l’Afrique se transforme en champ de bataille. Bien qu’ils ne comptent que pour moins de 5 % de leur chiffre d’affaires mondial, les pays subsahariens affichent de vraies

rêt des géants de la Silicon Valley pour l’Afrique, la succession des annonces d’ouvertures de bureaux de représentation : au Kenya en 2009 pour Oracle, au Nigeria en 2010 pour Microsoft, au Sénégal et en Tanzanie en 2011 pour IBM et dans dix pays entre septembre et décembre derniers pour HP. Arrivé en 2007 au Kenya et désormais présent dans six États, Google, leader mondial de la Net-économie, tient une place à part dans cette offensive ! À DAKAR, américaine en jouant AU SÉNÉGAL, à fond la carte de la Google a choisi pédagogie auprès de miser sur la formation. des développeurs informatiques, des communautés étudiantes, des start-up et des gouvernements. L’objectif est de favoriser l’usage de la Toile avec un raisonnement simple : plus l’utilisation du réseau mondial sera répandue, plus sa part du gâteau sera grande. ● JULIEN CLÉMENÇOT JEUNE AFRIQUE


La Banque Mondiale

Œuvrer pour un monde sans pauvreté L’Association internationale de développement (IDA) est le Fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres du monde. Depuis sa création, l’IDA a appuyé des programmes et des projets dans 108 pays. Le montant annuel de ses engagements a atteint 15 milliards de dollars en moyenne au cours des trois dernières années, dont 50 % sont destinés à l’Afrique. Chaque État bénéficiaire fixe ses propres priorités. Au cours des dix dernières années, les financements de l’IDA ont contribué à sauver au moins 13 millions de vies ; à vacciner 310 millions d’enfants ; à donner accès à l’eau et à l’assainissement à 177 millions d’usagers ; à fournir des services de santé à 47 millions de personnes ; à fournir des compléments alimentaires à 98 millions d’enfants et à dispenser une meilleure éducation à plus de 100 millions d’élèves chaque année.

Parmi nos engagements en Afrique : n 300 000 personnes ont bénéficié du projet de développement communautaire depuis 2008. n Financement de plus de 88 écoles (271 classes), 32 points d’eau et latrines, 10 centres de santé et 19 routes rurales. n Financement de 233 activités génératrices de revenus — pêche, jardinage, fermes d’élevage, fromageries — au bénéfice de plus de 5 000 personnes. n Plus de 6 millions de repas à quelque 30 000 élèves du primaire depuis l’année scolaire 2008/2009.

République Démocratique du Congo, 2008-2012 n 15 millions de personnes ont accès aux services de santé de base. n Lutte contre le paludisme grâce à la distribution de masse des moustiquaires à plus d’un million de ménages. n Relance de la dynamique communautaire avec la réalisation de 354 écoles, 73 dispensaires, 43 marchés et 70 projets d’approvisionnement en eau.

www.banquemondiale.org/ida

n Démobilisation de plus de 107 000 adultes et 34 000 enfants-soldats et réintégration économique de 89 000 ex-combattants.

Sénégal 2008-2012 n Le taux brut de scolarisation primaire est passé de 81 % en 2005 à 92 % en 2009. n 24 % des enfants de moins de cinq ans ont bénéficié d’un ensemble d’activités nutritionnelles organisées localement.

Bénin, depuis 2007 n 230 000 résidents ont vu leur accès aux infrastructures et aux services de base s’améliorer au cours des cinq dernières années. n Depuis mars 2007,2 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide à effet durable ont été distribuées à des femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans. n Construction et rénovation de 1 629 salles de classe, 84 centres de santé et 37 systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

DIFCOM/DF - PHOTO : AFRICA FOTOLIA

Togo, depuis 2008


Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

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! TRENTE GROUPES ÉLECTROGÈNES POWER GENERATION destinés à un projet minier, à Madagascar. PROFIL

Cummins met le turbo Le fabricant de moteurs diesels installé à Johannesburg depuis 1946 entend se diversifier dans les secteurs agricole et maritime, mais surtout dans ceux du pétrole et du gaz.

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de rechange aux véhicules indiens et chinois en tout genre qui sillonnent le continent. Passée à l’offensive, la compagnie entend diversifier ses activités dans les secteurs agricole et maritime, ainsi que dans le pétrole, et, surtout, le gaz, « de plus en plus utilisé comme source d’énergie sur le continent », témoigne la direction depuis Johannesburg. Prête à investir 15 millions de dollars par an dans

remier fabricant et fournisseur du chiffre d’affaires réalisé en 2011 dans au monde de moteurs diesels les 190 pays où Cummins est présent, pour engins industriels et de « mais avec l’un des taux de groupes électrogènes, Cummins croissance les plus rapides « La filiale africaine a l’un porte ces dernières années une attenenregistrés aujourd’hui par des taux de croissance les plus tion très soutenue au marché africain. [ses] différentes filiales à rapides au niveau mondial. » Lassée de voir la concurrence chinoise travers le monde », constate TOM LINEBARGER, président de la compagnie monopoliser les contrats, la compagnie Tom Linebarger. Établi basée dans l’Indiana entend saisir les sur le continent depuis le opportunités qui ne manquent pas de se début des années 1940, Cummins est de nouvelles implantations, elle compte présenter sur le continent, dans la foulée aujourd’hui directement implanté au également étendre rapidement son réseau des nombreux projets miniers et Maroc, au Ghana, au Zimbabwe, en Afrique de l’Ouest, notamment en des chantiers d’infrastructures en Zambie, au Botswana et en direction du Sénégal ou du Cameroun, en cours ou à venir. « Nous Afrique du Sud, où se trouve et vient d’inaugurer son bureau régiovoulons atteindre 1 mille siège africain de la société nal à Casablanca, pour chapeauter millions liard de dollars [804 mildepuis 1946. Il dispose égal’ensemble d’un marché nord-africain de dollars C’est le chiffre lions d’euros, NDLR] de lement de joint-ventures qualifié de « très prometteur » par ses d’affaires réalisé chiffre d’affaires par an avec des partenaires locaux responsables. Comme un retour aux sur le continent en 2011 d’ici à 2017 », a dernièrement au Nigeria et en Angola, ainsi sources pour la société, débarquée sur déclaré à la presse américaine que d’un réseau de distribuqu le continent dans les bagages du général Tom Linebarger, le président de teurs dans plusieurs autres Patton, alors chef des troupes améril’entreprise. L’Afrique ne pèse pour l’inspays, qui lui permettent notamment caines stationnées en Afrique du Nord. ● tant que 2,5 % des 18 milliards de dollars de fournir des moteurs et des pièces OLIVIER CASLIN

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N o 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

JEUNE AFRIQUE



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