JA3115 du 29 juillet 2022 GF RDC

Page 1

Nwww.jeuneafrique.com O 3115 –AOÛT2022 EXCLUSIF MAROC Bienvenue chez les Fassis! CÔTE D’IVOIRE Coke en stock RD CONGO CONTRE-LA-MONTRE SPÉCIAL 24 PAGES Al lemag ne 9€ • Be lg iqu e9 € • Ca nad a1 2,9 9$ CA N Es pa gn e9 € • Fr an ce 7, 90 € • DO M9€ • It al ie 9€ Mar oc 50 MAD • Ma ur it anie 20 0M RU • Pay sBa s9 ,2 0€ Po rt uga l9 € • RD Co ngo 10 US D • Su is se 15 CHF Tu nisie 8T DN • TO M1 000 XP F • Zon eC FA 48 00 FC FA IS SN 19 50 -1 28 5 Accusé de corruption en RD Congo et sanctionné par les États-Unis, le milliardaire israélien proche de Joseph Kabila cultive le secret. Grâce àdes documents inédits et aux confessions de l’intéressé, JA perce le mystère de ce magnat du cuivre,ducobalt et du diamant. : H I K L T D = [ U \ ^ U ^ : ? d @ b b @ p @ k M0 1936 -3 115 F: 7,90 ¤ -R D DAN GERTLER L’HOMME AUX MILLE ET UNE FACETTES

Bien s’informer pour mieux décider. Abonnez-vous Sans engagement dès 9,99 €/mois Avec Jeune Afrique Digital, profitezde: Découvrez nos offres en scannant le QR Code Tous les articles en illimité Le magazine en avant-premièreenversion numérique Une offredenewsletters enrichie 5années d’archives pour revivreles tempsforts de l’histoireducontinent

À moins de dix-huit mois des élections générales, Félix Tshisekedi aura-t-il suffisamment de temps et de marges de manœuvre pour peaufiner son bilan et convaincre les Congolais ? Majorité, opposition, société civile, tout le monde pense déjà à la présidentielle. Contre-la-montre BA Z RA TNER/REUTERS JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 171 POUR TOUT COMPRENDRE DE L’ÉVOLUTION D’UN PAYS ENJEUX p. 174 | ÉCONOMIE p. 186 | SOCIÉTÉ p. 200 GRAND FORMAT RD CONGO

Ensemble, assurons-nous BUSINESSBANKING- PERSONAL BANKING -MOBILEBANKING I www.tmb.cd Best Bank in the DR Congo 2011to2021 CorporateSocial Responsibility 2021 FinancialInclusion Award 2015, 2017, 2019

Le sankarisme n’engendrant guère de Sankara, ni le gaullisme de De Gaulle, inutile de scruter la récupération de la pensée de Lumumba dans les discours de politiciens souvent nomades. Pourtant, l’élection à la magistrature suprême est hélas! affaire de casting. À moins de dix-huit mois du scrutin, les ambitieux font plus que tourner autour des starting-blocks.

A vec une dent couronnée pour toute dépouille de personnalité auréolée celle de Patrice Émery Lumumba –, la métonymie politique d’une procession païenne a réveillé, selon bon nombre d’observateurs, le patriotisme de la jeunesse congolaise. Avec de « profonds regrets » belges en guise d’excuses et un secrétaire d’État du Saint Siège en guise de pape. Qu’importe, et peut-être tant mieux Mue par un nationalisme frotté d’internationalisme, l’Afrique francophone contemporaine perdrait à laisser le mot ultime de la réconciliation à un ancien colon et l’onction suprême à un souverain pontife, fût-il sensible à la théologie de la libération.

Félix Tshisekedi entend bien gagner la présidentielle de 2023, tout comme Martin Fayulu, qui considère encore avoir, lui aussi, remporté la précédente. Dans le jeu d’ombre et de lumière de cette pré-pré-cam pagne dansent des silhouettes plus que familières du Landerneau politique. En attendant de savoir qui aura la possibilité d’être présent sur la ligne départ, un sondage du cabinet d’études Target fixait récemment la liste des personnalités qui pourraient, en l’état actuel de l’opinion, dominer la confrontation suprême : Félix Tshisekedi et Martin Fayulu, les mieux placés au moment des enquêtes, mais aussi Moïse Katumbi, Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Augustin Matata Ponyo. Anticonformiste Quid de visages nouveaux pour un espoir inédit? Certains ont leur avis sur la question. À l’occasion du 62e anniversaire de l’indépendance de la RDC, un groupe d’intellectuels congolais appelait Denis Mukwege à « prendre la tête de ce peuple meurtri » en se présentant à la prochaine présidentielle, qu’il lui promettait de remporter « haut la main ». S’il est plus simple d’obtenir un prix Nobel après être passé par la case politique que l’inverse, le parcours très engagé du gynéco logue nobélisé lui vaut une popularité certaine. La RDC a-t-elle pour autant besoin d’un homme providentiel? La virginité politique est-elle gage de succès? Mukwege, lui-même, sera-t-il tenté de franchir le Rubicon, au risque de s’y noyer? L’électorat résistera-t-il, le cas échéant, aux réflexes du clientélisme et de la prime au sortant? Confronté à un profil politique anticonformiste, le Congo s’enthousiasmera-t-il pour un illustre praticien comme le Liberia pour un illustre footballeur? Boudera-t-il le brillant médecin comme le Mali un brillant astrophysicien? Et pour peu qu’il soit élu, « l’homme qui répare les femmes » sera-t-il en mesure de réparer le pays? Casting, quand tu nous tiens! Lumumba au héros Mukwege

Édito Damien Glez De l’icône

La RDC a-t-elle besoin d’un homme providentiel? La virginité politique est-elle gage de succès?

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 173 GRAND FORMAT RD CONGO

Une affaire de casting À quelques encablures des prochaines élections générales, comment transformer l’enthousiasme soulevé par le retour, sur sa terre natale, de Lumumba, martyr soudain redécouvert par la frange jeune et majoritaire de l’immense République démocratique du Congo? Faudra-t-il se résoudre à voir le lumumbisme inhumé avec son idéologue, à l’heure où des fléaux réclament plus que jamais un nouveau souffle, entre épidémies récurrentes d’Ebola et sempiternelles violences dans l’est du pays?

Au palais de la Nation, à Kinshasa, le 20 février JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022174 GRAND FORMAT RD CONGO

ANNA SYLVESTRE-TREINER ENJEUX

Pendant plus de deux heures, ils ont discuté des grands défis actuels et de « lamanièredelesrelever ».Onaurait presque pu s’y méprendre, et croire que, face au président, c’était son directeur de cabinet qui se tenait là.

ARSENE MPIANA/AFP D e grands sourires, une embrassade, et les traits des visages qui ont à peine vieilli. Deux années ont passé, mais seul le bouc grisé encadrant le visage de Vital Kamerhe rappelle le temps et les épreuves qu’il a traversées depuis sa dernière rencontre avec Félix Tshisekedi.

Ce mardi 28 juin, dans la nuit kinoise, les deux hommes se sont retrouvés à la Cité de l’Union africaine pour afficher leur proximité devant les objectifs, comme si elle n’avait jamais manqué de chavirer

Élu en 2018 à la surprise générale et assis sur une majorité friable, le chef de l’État a-t-il des raisons de s’inquiéter ? Félix Tshisekedi, seul contre tous?

Pourtant, cinq jours plus tôt, avant que la cour d’appel de KinshasaGombe prononce son acquittement, Vital Kamerhe n’était encore qu’un prévenu. Condamné en 2020 à dix ans d’inéligibilité et vingt ans de prison une peine ramenée en appel à treize années de détention pour corruption et détourne ments de fonds, le patron de l’Union pour la nation congolaise (UNC) n’a vu son avenir s’éclaircir qu’en décembre 2021 Ilestalorslibérépour raisons médicales, mais des signes laissent déjà entrevoir la possibilité d’une clémence de la justice Renvoi d’ascenseur Un acquittement fort utile pour le président, à un an et demi de la date prévue de l’élection présidentielle un report de quelque mois est évoqué de façon de plus en plus pressante. Alors que Félix Tshisekedi a annoncé publiquement son inten tion de briguer un second mandat, Vital Kamerhe lui devenait indis pensable. « Nous n’avons pas encore reçu de consigne formelle, mais tous les signaux vont dans ce sens : sous l’impulsion de Vital, notre parti va soutenir Félix en 2023, confie un élu de l’UNC. Nous n’avons pas d’autre choix. Nous savons qu’en échange de l’acquittement de notre leader il faut un renvoi d’ascenseur. » Le nom de l’ancien prisonnier est désormais évoqué pour prendre la tête du gouvernement en cas de remaniement

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 175 GRAND FORMAT RD CONGO

À un an et demi de la présidentielle, les candidatures d’opposants se multiplient.

Un afflux de prétendants en somme, alors que les « grands candidats » n’étaient que trois en 2018 les autres s’étaient publiquement désistés ou étaient à la tête de formations plus modestes.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022176 GRAND FORMAT RD CONGO

« En dehors de Vital, seulModesteBahatiLukwebo[leprésident du Sénat] aurait pu lui assurer des votes dans cette partie du pays. Mais Bahati est trop imprévisible et pas assez fiable. Une fois encore, Vital Kamerhe est chargé d’être le faiseur de rois », poursuit l’élu UNC. Assis sur l’Union sacrée, une majorité friable constituée en partie par d’anciens du camp Kabila, mal élu en 2018, et à la tête d’un bilan critiqué, le président a besoin d’assurer ses alliances. Car, face à lui, de plus en plus de personnalités politiques font acte de candidature. Afflux de prétendants En mai, fort de la décision de la Cour constitutionnelle s’étant déclarée incompétente pour le juger dans de lourdes affaires de détournements de fonds, l’ancien Premier ministre de Joseph Kabila, Augustin Matata Ponyo, s’est officiellement lancé dans la course. Martin Fayulu, qui continue de revendiquer la victoire à la présidentielle de 2018, n’a jamais caché son intention de se présenter à nouveau en 2023 Adolphe Muzito, son allié au sein de la coalition Lamuka, a également fait connaître ses ambitions. Il y a aussi les candidatures qui ne sont pas encore déclarées mais dont tous se doutent qu’elles vont se manifester,à commencer par celle de Moïse

« Nous sommes sereins », assure l’un des dirigeants de l’UDPS, qui souligne que la multiplication des candidatures bénéficie plutôt à l’ancien président. « Plus ils sont nombreux face à nous, plus les voix de l’opposition s’éparpillent, et plus nous avons de chances d’être loin en tête », calcule-t-il. Alors que le président a renoncé à sa promesse de réformer le mode de scrutin en instaurant une présidentielle à deux tours, recueillir seulement 30 % à 35 % des voix pourrait permettre de l’emporter. Bienveillance Certains vont ainsi jusqu’à évoquer une candidature « tactique » de Jean-Pierre Bemba. « Félix pourrait encourager son allié à se présenter. D’une part, celui-ci prendrait encore quelques voix à l’opposition.

PR ÉS I D E NCE

La liste ne s’arrête pas là, alors qu’il reste encore un an et demi pour que les prétendants se fassent connaître. Parmi les candidats potentiels, on cite désormais Jean-Marc Kabund a Kabund. Fâché de sa disgrâce, l’ancien tout-puissant président intérimaire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel, songe lui aussi à s’en gager. Quant au Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), de Joseph Kabila, il n’a pas encore désigné de candidat, mais prometd’êtreprésentdanslabataille.

Katumbi. « Il a pris sa décision, il y va », assure l’un de ses visiteurs réguliers.« AvecMoïse,çanesentpas bon », lâche un cadre du parti présidentiel. Si son parti, Ensemble pour la République, est toujours membre de la coalition présidentielle, l’ancien gouverneur du Katanga est désormais considéré comme un opposant par le président. « Moïse est persuadé qu’ilpeutl’emporter.Ilsoulignerégulièrementlemanquedepopularitéde Félix Tshisekedi, et la possibilité d’un vote “tout sauf Tshisekedi” », renché rit notre interlocuteur.

En mai, la mise à l’écart de Didier Kaluba Dibwa, le président de la Cour constitutionnelle, au profit de Dieudonné Kamuleta Badibanga, réputé proche du chef de l’État, a sus cité la polémique. Beaucoup y ont vu la volonté du président de renforcer son emprise sur cette instance clé du processus électoral : c’est elle qui Au jeu des hypothèses, certains vont jusqu’à évoquer une candidature « tactique » de Jean-Pierre Bemba. RDC Le président (à g.) recevant Vital Kamerhe, son ancien directeur de cabinet, à Kinshasa, le 28 juin.

ou pour diriger la campagne du président-candidat.

En retour, le service, c’est une partie des voix de l’est de la RDC que peut assurer le natif de Bukavu à son allié lors de la prochaine présidentielle Dans cette région, sous état de siège depuis plus d’un an et marquée par la résurgence récente du mouvement du M23, le bilan du présidentTshisekediestparticulièrement critiqué.

D’autre part, s’il faisait un score correct, il assiérait sa légitimité pour être Premier ministre », estime un diplomate Dans la bataille, Félix Tshisekedi pourra compter sur la bienveillancedeplusieurspuissances étrangères, qui voient d’un bon œil la stabilité ainsi qu’une certaine maî trise des institutions qu’assurerait un second mandat du président.

« Je ne suis pas sûr que pareille alliance nous fasse de l’ombre », balaie le cadre de l’UDPS, qui estime que « Moïse y perdrait beaucoup de crédibilité ». Et de poursuivre : « À l’heure qu’il est, aucun concurrent ni aucune alliance ne nous effraie outre mesure. La présidentielle devrait bien se passer, nous sommes surtout concentrés sur les élections législatives et provinciales, qui s’annonceront plus périlleuses.

Huit ans après leur rupture, les meilleurs ennemis pourraient-ils se réconcilier ? « Aucune alliance n’a été nouée pour l’instant, mais, si l’ancien président nous le demande, nous pourrions accepter de travailler avec Katumbi », lâche l’un des membres du comité de crise du Front commun pour le Congo (FCC).

» Une assurance que, à quelques mois de l’échéance prévue, il prend soin de relativiser immédiatement : « Nous sommes en politique, et, d’ici au scrutin, il peut encore se passer mille choses! »

GRAND FORMAT RD CONGO

valide les candidatures et les résultats avant de les proclamer de façon définitive. Selon certaines sources, la décision d’incompétence de la Cour dans le dossier Matata Ponyo avait agacé en haut lieu. « Pressions et menaces » Quelques mois auparavant, en octobre 2021, c’est la nomination de Denis Kadima à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) qui avait provoqué de vives tensions et poussé les voix critiques à s’unir. Partisans de Martin Fayulu, soutiens de Joseph Kabila, ainsi que catholiques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et protestants de l’Église du Christ au Congo (ECC) s’étaient unis pour dénoncer les « pressions et les menaces » qui avaientconduitàcechoixetréclamer une Ceni plus indépendante. Alors rassemblés au sein d’un Bloc patriotique, ils ont néanmoins évité de s’afficher ensemble dans ce combat, faisant cortège à part lors des manifestations. « Il y a encore beaucoup de rancœurs entre les différents camps. Martin Fayulu n’a pas digéré sa défaite de 2018, Matata Ponyo en veut encore à Kabila de ne pas l’avoir désigné candidat, certains proches de Kabila rappellent toujours la “traîtrise” de Moïse, Fayulu et Muzito sont fâchés… C’est pourtant en s’unissant qu’ils ont une chance de l’emporter », souligne le diplomate précité. Un nouveau « Genève » cet accord qui avait conduit à la dési gnation de Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition (avant que Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe s’en défassent) semble peu probable Cependant, la poignée de main entre Moïse Katumbi et Joseph Kabila lors du Forum de réconciliation katangaise, en mai dernier, n’a échappé à personne.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022178 GRAND FORMAT RD CONGO

Le PPRD face à la difficile reconquête du pouvoir

La réunion du bureau politique qui s’est tenue ce 31 mars sous l’égide du raïs avait valeur de nouveau départ avec, en ligne de mire, l’organisation d’un congrès. « Pour nous, l’enjeu est clair :c’estlareconquêtedupouvoir », assumeAdamChalwe,cadreduPPRD. Siunecommissionaétémiseenplace pour plancher sur la préparation de ce grand raout, il n’a toujours pas été programmé Le parti doit pourtant trancher sur des questions brûlantes, à commencer par la nomination de nouveaux animateurs. Depuis la présidentielle de 2018, le PPRD est secoué par de profondes luttes d’in fluence La désignation d’Emmanuel Ramazani Shadary en tant que candi datàlamagistraturesuprême,puissa défaite, ont engendré des secousses qui se ressentent encore.

Luttes d’influence, incertitude sur les choix stratégiques à faire avant les prochains scrutins et sur une éventuelle candidature du raïs… La famille politique de Joseph Kabila cherche un second souffle.

Affiche de campagne d’Emmanuel Ramazani Shadary (à g.), dauphin de Joseph Kabila (à dr.), lors de la présidentielle de décembre 2018, à Kinshasa.

Le secrétaire général permanent, Emmanuel Ramazani Shadary, les anciens présidents de l’Assemblée nationale Aubin Minaku et Jeanine Mabunda…Qu’ilsrestentbrascroisés ouqu’ilsaientdéjàl’assietteàlamain, tous espèrent sans doute avoir droit à une part. Car à l’heure de fêter cet anniversaire symbolique, le PPRD se trouve en pleine refonte Après avoir dominé la scène politique pendant plus de dix-huit ans, la formation de Joseph Kabila cherche à rebondir après la perte de sa majorité à la fin de 2020 et le départ de nombre de ses cadres danslecampduprésidentTshisekedi.

ROMAIN GRAS L a généreuse couche de crème, le nappage chocolat légèrement dégoulinant, le glaçage bleu, jaune et rouge impeccablement réparti… Tout dans le gâteau d’anniversaire que Joseph Kabila s’apprête à couper semble susciter l’appétit des convives qui l’entourent. Ce 31 mars, l’ancien président célèbre les 20 ans de son Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD). Tous les cadres sont présents pour l’occasion.

BA Z RA TNER/REUTERS

DES MISSIONS ET DES VISITES

LA RDC ET LA BELGIQUE SIGNENT UN ACCORD DE COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE COMMUNIQUÉ

«Cette coopérationinterparlementaire seraconcrétisée, entreautres, par des missions officielles ou des visites de travail des Présidents et des Bureaux des Assemblées, desparlementaires et des fonctionnaires, desmembres de Gouvernements, des missions d’étude par les parlementaires,des stages de perfectionnement et des bourses d’études,des missions d’échange d’expérience et de formation. Des missionséconomiques, politiquesouprivées font partieintégrante de cette coopération » a renchéri Modeste Bahati Lukwebo L’agression àlaquelle la RDC fait actuellement face de la part du Rwanda, camouflée derrière les rebelles du M23, aaussi été mentionnée par le speaker du Sénat dans son discours.Pour lui, l’accordsignéentrelesParlementsdelaRDCetde la Belgique va contribuer,à travers des plaidoyers et autres formes de pression, àlapacification de la partie EstdupaysdePatriceEmery Lumumba, théâtredesatrocitésoccasionnéesparlesgroupes armés et mouvements rebelles,alimentés par les pays voisins depuis 1994.

JAMG -P HOT OS DR

La République Démocratique du Congo (RDC) vient de signer un accorddecoopération interparlementaireavecleRoyaume de la Belgique. C’est le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, àlatête d’une délégation de neuf sénateurs, qui apersonnellement apposé sa signaturesur ce document. La cérémonie aeulieu le jeudi 2juin dernier, àBruxelles en présence du président de la Chambredes représentants de la Belgique. ontévoqué,enoutre,laprochaine visite royale en RDC et le renforcement du partenariat entre lesdeux pays. Le ministred’Étatbelge AndréFlahaut,a également participé àcette rencontre.Une délégation de neuf sénateurs congolaisa accompagné le président de la Chambrehautelors de son déplacement en Belgique. www.senat.cd

«

L ’ accordsignépermettraderenforcer les capacités institutionnelles, techniques et administratives des députés et sénateurs,etdel’ensembledupersonnel technique des chambres des Parlementsdeces deux pays, tout en consolidant les liens d’amitié par des échanges interparlementaires basés sur un dialogue permanent touchant àtoute matière d’intérêt commun»a déclarédans son allocution de circonstance,le speaker de la Chambrehaute du Parlement congolais.

RAMENERLES AGRESSEURS ÀLARAISON «Aumoment où la RépubliqueDémocratique du Congo est contrainte de consacrerplus de 40 %de son budget annuel aux dépenses militaires, pour faireface àune guerre injustequi lui imposée depuis plus d’une génération dans plusieurs parties du pays, les plus riches en ressources naturelles de l’Est du pays, cet Accordtombe àpoint nommé. Car, s’il peut contribuer àsensibiliser les acteurs concernésàrevenir àlaraison,à travers une coopération interparlementairefondéesur une communion des valeurs et des intérêts, dans une logiquedes échanges économiques,éthiques et équitables profitables àtoutesles parties,il auraatteint son objectif ultime, àsavoir celui de contribuer àl’avancement et au développement harmonieux de nospaysrespectifs» ainsisté Modeste Bahati Lukwebo. En marge de cette cérémonie, le speaker du Sénat de la RDC aeuunfructueux échange avec le Premier ministrebelge, Alexander de Croo, sur la situation en RDC. Lesdeux interlocuteurs

Malgré son apparent retrait de la gestion quotidienne des affaires du parti, l’ex-président reste incontournable.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022180 GRAND FORMAT RD CONGO

Pour l’ex-gouverneur PPRD précité, la prudence reste de mise. « Il existeplu sieurs opportunités de débauchage, que nous surveillons, pour voir qui est réellement avec nous, dit-il. Il y a eulaformationdel’Unionsacrée,puis celledubureaudelacommissionélectorale Ilrestelesnominationsdansles entreprises publiques. Si l’on se préci pite, on va à l’échafaud » Cependant, le temps presse. À un anetdemidesélectionsgénérales,les ambitions commencent à se dévoiler Pourlaprésidentielle,FélixTshisekedi estdéjàcandidatàunsecondmandat.

Maintenu à son poste de secrétaire permanent du parti malgré son écheclorsduscrutin,l’ancienministre affronte une fronde interne. Si ses proches assurent qu’il ne s’agit là que de « l’expression de la démocratie au sein du PPRD », une réelle incertitude plane sur son avenir à la tête du parti. « Il est volcanique et sous sanctions, est-ce vraiment le visage que l’on veut montrerpourserelancer?»s’interroge un ancien gouverneur de province, membre du PPRD Les soutiens de Ramazani conti nuent d’affirmer qu’il bénéficie de la confiance de Joseph Kabila, mais l’ajournement, à l’issue d’un autre bureau politique, à la mi-mai, des nominations qu’il avait effectuées quelques jours plus tôt ont sonné comme un véritable désaveu. Reste que si son statut au sein du PPRD demeure précaire, l’isoler totalement comportedesrisques.« Onveutéviter un “effet Kabund” », avance un cadre du parti, en référence à l’ex-patron du PPRD écarté de ses fonctions avant de passer dans l’opposition. Choix cornélien Si l’ex-dauphin de Kabila venait à être écarté de ses fonctions de secrétaire permanent, qui pourrait le rempla cer? Les noms de plusieurs personna lités susceptibles d’occuper de hautes fonctions au sein du parti circulent. Celui de Jeanine Mabunda, l’ex-pré sidente de l’Assemblée nationale, d’Aubin Minaku, lui aussi passé par le perchoir, de Néhémie Mwilanya, l’ancien « dircab », ou encore d’Henri Mova Sakanyi, qui a dirigé plusieurs ministères. Un choix cornélien pour un parti encore traumatisé par les nombreux débauchages qu’il a subis avec la pertedesamajorité.« Sinousn’avions pas laissé passer suffisamment de temps, nous n’aurions pas démasqué les Mende et consorts, plaide Adam Chalwe, ancien secrétaire national du PPRD. Aujourd’hui, nous n’avons plus de poste à donner dans les ins titutions. Par conséquent, on voit qui est prêt à accepter “la galère”. Finalement, Félix Tshisekedi nous a permisde“raffiner”notreentourage!»

Enattendant,chacunguettelesigne de son éventuel retour aux affaires. « Partout où je passe ces derniers temps, tout le monde vous réclame », a encore lancé Olive Lembe Kabila, l’ex-première dame lors de la célébra tiondu30juin,jourdel’indépendance Pasdugenreprolixe,Kabilasecontente pour l’instant d’apparitions spora diques. Alors, pour tenter de percer le mystère, certains s’en remettent à des critèresplussubjectifs.« Ilavaittotale ment rasé sa barbe le jour où il a remis le pouvoir. C’était pour dire qu’il était libéré d’un poids, veut croire un cadre du PPRD. Depuis, il a laissé repousser sa barbe de rebelle C’est le signe qu’il est prêt à s’impliquer de nouveau. Lui seul sait à quel niveau. »

Augustin Matata Ponyo, l’ex-Premier ministre qui a tourné le dos à ses anciens camarades du PPRD pour fonder son propre parti, a annoncé qu’il serait sur la ligne de départ. D’autres candidatures sont pressen ties, comme celle de Moïse Katumbi, de Martin Fayulu ou de Jean-Marc Kabund.Danscecontexte,laquestion d’éventuelles alliances doit être mise sur la table. Faut-il discuter avec certains « anciens de la maison », comme Matata Ponyo, qui a conservé des soutiens au parti? Faut-il continuer à explorer les occasions qu’offre le bloc patriotique formé avec Martin Fayulu pourcontesterdanslaruelesréformes électorales? Faut-il, au contraire, aller au bout de la logique de reconstruc tion du parti et présenter son propre candidat?« Jusque-là,ilétaitquestion de voir où étaient nos forces et nos faiblesses », tempère un membre du bureau politique du PPRD. Un événement est tout de même venu s’ajouter à l’équation. Du 17 au 19 mai, les leaders katangais se sont réunis à Lubumbashi lors d’un grand forum de réconciliation. Organisée sous l’égide de l’archevêque Fulgence Muteba, cette rencontre, officielle ment sans connotation politique, a surtout été l’occasion, pour Joseph Kabila et son ancien allié Moïse Katumbi (parti huit ans auparavant après s’être opposé à un troisième mandat du raïs) d’échanger une poi gnéedemainhautementsymbolique. Au-delà de l’image, ce rabibochage médiatique est venu poser une vraie question :unealliancepolitiqueentre Katumbi et Kabila est-elle réellement possible? Si, de l’aveu de cadres du PPRD comme de membres de l’en tourage direct de l’ancien gouverneur du Katanga, il est encore trop tôt pour poserleproblèmeencestermes,l’idée n’est pas à exclure. Chaque camp reconnaîtquedesdiscussionsontlieu, maispersonnenes’avancepourmiser sur celui qui acceptera de se ranger derrière l’autre. Moïse Katumbi, dont le parti est toujours membre de la majorité mais qui a pris ses distances avecTshisekedi,doitparailleursorga niser son propre congrès d’ici à la fin de l’année. Barbe de rebelle De son côté, malgré son apparent retrait de la gestion quotidienne des affaires de son parti, le raïs demeure incontournable au sein du PPRD, et rares sont ceux qui osent évoquer la perspective d’une candidature alter nativeavantqu’ilaitlui-mêmeclarifié ses intentions. Ses fidèles lieutenants se chargent régulièrement de le rap peler. « C’est le seul à pouvoir déci der qui pourra nous représenter aux prochaines échéances. Quant à son rôle à venir, je rappelle que Joseph Kabila n’a que 50 ans », soulignait en décembre 2021 son ancien directeur de cabinet, Néhémie Mwilanya, dans une interview à JeuneAfrique.

(ACGT)

PlaceRoyal, ImmeubleLIKASI/Gombe Kinshasa/RDCongo Tél:(+243)810693075 E-mail:contact@acgt.cd www.acgt.cdJAMG -P HOT OS DR

L’EXPERTISEDEL’ACGT,UNATOUT! Duhautdeses 14annéesdevie,

MAITRISEDELAQUALITÉ ET DESRECETTES En vued’assurer la qualité desouvrages, les chaussées destronçons àréhabiliterfont l’objet d’uneauscultation au moyen du defléctomètre lourdàmasse tombante avant et après travaux La maitriseetl’optimisation desressources ainsi quedes planningsdes projets est assu ré grâceauBuilding Information Modeling. Le contrôlequalité se réalise dans unedémarche d’amélioration continueens’appuyant surla norme ISO9001 version 2015.L’automatisation despéagesest implémentéeafindemaximiser lesrecettes. L’accroissement dutraficinduit par la qualitédes routes concédéesappelle àl’élargissement de certainstronçons.Les casdela route Likasi Kolweziqui passe déjà à4voies.

Les recettes annuelles desconcessionss’accroissent grâceà uneamélioration de l’état des routesconcédées.Pourillustration,de2010à 2021,les recettes de Kinshasa Matadi ontconnu un accroissementde125%, soit de 21.788.888à 49.001.876,99USD.CellesdeLubumbashiKasumbalesaetLikasiKolweziaffichent de 2015 à2021unaccroissementrespectif de 48%, soit de 26.825.552à39.595.974, 84USDainsi quede 113% soit 32.878.807,82de69.940.907,63 USD.

ROUTIÈRESENRD. : l’AgenceCongolaise desGrandsTravaux aacquisune dans la desprojets de à traversles un caractèretechnique, créé par décret n°08/017 du26 août2008.Placéesouslatutelle duMinistère ayantles infrastructuresdansses la mission d’assistance àmaitrised’ouvrage et de maitrise d’œuvredes turesstructurantes.

PartenariatPublicPrivé,

CONGO

ACCROISSEMENT CONSIDÉRABLE DESRECETTES

expertise

UN PORTEFEUILLEDES PROJETS DE PARTENARIATPUBLIC PRIVÉ TOUJOURS CROISSANT C’esten2010que l’ACGT s’est vueconfier sa première concession avecla route Kinshasa-Mata di 332km, pour un montantde514.369.463 USD, d’unedurée de 14ans.Les résultatsengrangés surcette concession ontpermisd’étendrela pratiquesur d’autresroutes. La concession Lubumbashi-Kasumbalesa 96km dans le Haut-Katanga, d’un montant de 260.769.992 USDetd’une duréede12ans, ainsique celle de Lubumbashi-Likasi-Kolwezi290km dans le Haut-KatangaetleLualaba,d’unmontant de 253.227.648USD et d’unedurée de 10 ans, sont passés sous contrôle ACGT en 2015.De2015à 2021,3 nouvellesconcessionssesontajoutées au portefeuille de l’ACGT.Laconcession Kaso meno-Kasenga-Chalwe 90km dontlecontrat d’un montant de 252.420. 790USD aété signé en mars 2015,d’une duréede25ans ;laconces sionKolweziDilololot1205km d’un montant de 267.700.727,6USD,d’une duréede25ans, conclu en juillet2018; ainsi quelaconcession Kasumbalesa-Mokambo-Sakania145 Km d’un montant de 229043 60 USD, d’unedurée de 30 ans,dont le contrataété signé en août 2019 PÉAGEDEFINANCEMENT

attributions,l’ACGTexerce

MANAGEMENT DESCONCESSIONS

concessionsroutières,

savoir-fairequ’adéveloppéceservice publicà

projetsd’infrastruc-

gestion

De ces6 concessions, 3jouentlerôle de péage de financement.Les recettes collectées par cesdernières sont affectées àlaréalisation d’autresprojets. Il s’agitdes concessions Kinshasa-Matadi,Lubumbashi-Kasumbalesa et Lubumbashi-Kolwezi. Àtitre d’exemple, lesrecettes de Kinshasa-Matadi ontfinancéles travaux de réhabilitationdes routesMatadi-Boma 111km,Boma-Moanda 106km,By-passà Kinsha sa (12km),lavoirie de Matadi (12,5km);celles deKasumbalesa-Lubumbashiont financéla réhabilitation de 30km de voirie àLubumbashi et la constructiondelaroute de contournement de la ville (27km) ;etlaconcession Lika si-Kolweziafinancé la réhabilitation de la route Lwambo- Mitwaba- Manono (497km).

COMMUNIQUÉMINISTÈRE DES INFRASTRUCTURES ET TRAVAUX PUBLICS

« L’Angola n’a pas cherché à harmoniser les positions rwandaise et congolaise car, à ce stade, c’est qua siment inenvisageable. Lourenço a d’abord essayé de séquencer les problèmes en proposant qu’on s’at telle à la question du M23, puis à celle des FDLR », explique un diplo mate qui suit ce dossier. « Le chemin sera long », reconnaît un proche de Tshisekedi, pour qui « aucun progrès ne sera possible tant que le Rwanda ne reconnaîtra pas son implication ». Malaise

« Ce n’est pas de la naïveté que de vouloir négocier. Mais les Rwandais sont-ils sincères? »

ROMAIN GRAS L e temps des sourires et des franches accolades semble bien loin. Le 6 juillet, à Luanda, en Angola, Félix Tshisekedi et Paul Kagame se sont à peine regardés dans les yeux Droits comme des piquets, visages fermés, les deux chefs d’État ont bien été obligés de se prêter au jeu de la photo, mais leur attitude en dit long surl’ambiancequiarégnésurcesommetorganiséparleprésidentangolais João Lourenço. Depuis des mois, Félix Tshisekedi accuse son homologue rwandais de soutenir les rebelles du M23, qui mul tiplientlesaffrontementsavecl’armée congolaise depuis novembre 2021. Dans une interview publiée la veille du sommet de Luanda, le chef de l’État congolais a même affirmé ne pas exclure une guerre avec son voisin. Paul Kagame nie et dénonce de son côté une coopération entre cette même armée congolaise et le groupe armé des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Désigné médiateur en sa qualité de président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), João Lourenço s’affairait depuis plusieurs semaines à rame ner ses deux homologues autour de lamêmetable.Lerésultataurafinale ment été mitigé, comme en témoigne l’absence de communiqué final. Une feuille de route, qui prévoit, entre autres, la mise en place d’une commissionadhoc,uncessez-le-feuetun retraitduM23 quianotammentpris le contrôle de la ville de Bunagana, dans le Nord-Kivu, non loin de la frontière avec l’Ouganda –, a tout de même été conclue. Elle a cependant, elle aussi, immédiatement suscité le scepticisme des différentes délégations.

La méfiance règne

Le scepticisme des participants a été rapidement justifié par la reprise, dès le lendemain du sommet, des combats entre l’armée congolaise et les rebelles, qui réclament un dialogue direct avec Kinshasa et ne se disent « pas concernés » par la feuille de route conclue à Luanda. Plus que jamais, le Rwanda et la RD Congo paraissent dans l’impasse.

« Ce n’est pas de la naïveté que de vouloir négocier Mais sont-ils sincères? » s’interrogeait dans la foulée du sommet le ministre congolais de À l’heure où une force régionale doit être déployée pour combattre les groupes armés dans l’est du pays, les Congolais suspectent le Rwanda et l’Ouganda de jouer double jeu.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022182 GRAND FORMAT RD CONGO

Intérêts divergents Cebilanmitigéestàmettreenbalance avec le coût géopolitique du lancement de cette offensive conjointe. Négociée dans la plus grande dis crétion, cette dernière a été ouvertement critiquée par le Rwanda, qui s’estestiméinjustementtenuàl’écart. Elle a en outre été interprétée comme l’un des facteurs susceptibles d’avoir conduitàunregaind’activitéduM23, lequel a intensifié ses attaques à partirdudébutdenovembre.LeBurundi etleRwandasontparailleursréguliè rement accusés de mener des insurrections militaires sur le territoire congolais. Dans ces conditions, la perspective du lancement d’une force conjointe impliquant des armées « réguliè rement accusées » de contribuer à l’insécurité dans l’Est suscite de nombreuses questions. Pour Félix Tshisekedi, cette force régionale doit notamment permettre, à un an et demi des élections générales, d’obtenir des résultats, tandis que les différentes stratégies élaborées jusqu’à présent qu’il s’agisse de l’étatdesiègeoudel’opérationShujaa (« héros, champion », en swahili) engagée avec l’Ouganda pour combattre les ADF n’ont pas produit les effets escomptés.

Lesopérationsconjointes lancéesà la fin de novembre 2021 avec l’armée ougandaisepourcombattrelesForces démocratiques alliées (ADF) sont notammentl’unedesraisonsdecette prudence, leur bilan étant pour le moment incertain. Si le porte-parole des Forces armées de RDC (FARDC) affirmait, le 27 mars dernier, que toutes les places fortes des terroristes avaient été détruites, l’impact réel de cette mission reste difficile à mesurer puisque aucune analyse indépen danten’aétéconduitesurleterrainet, surtout, que les massacres attribués au groupe des ADF n’ont pas semblé diminuer. Selon un récent rapport du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), cette opération a surtout permis de protéger les projets économiques de l’Ouganda dans la région, à commen cer par les gisements de pétrole et les infrastructures situés autour du lac Albert, ainsi que les tronçons routiers que Kampala a prévu de réhabiliter.

Félix Tshisekedi (à g.), au côté de Paul Kagame, lors de la rencontre avec João Lourenço, à Luanda, en Angola, le 6 juillet. la Communication, Patrick Muyaya, avant que le chef de la diplomatie rwandaise, Vincent Biruta, mette en garde contre la « désinformation et le populisme,[qui]sabotentl’objectifde paix en RDC ».

En gestation depuis l’adhésion de cette dernière à la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) à la fin de mars et remis sur la table lors du dernier sommet des chefs d’État de la sous-région, le 20 juin, ce projet doit en principe voir le jour en août. Mais son format suscite encore des débats. Surtout, le président congolais s’est opposé à ce que le Rwanda participe à ces opérations conjointes en raison de son soutien présumé au M23. S’il a, sur ce point, obtenu gain de cause, l’hypothèse d’une arrivée d’armées voisines n’en reste pas moins un pari risqué pour Tshisekedi, lequel doit composer avec le scepticisme d’une partie de son administration. Ces dernières semaines, outre le soutien présumé du Rwanda au M23, c’est l’attitude de l’Ouganda qui a alimenté les suspicions de l’entourage du chef de l’État congolais. Le 15 juin, leprésidentdel’Assembléenationale, Christophe Mboso, a ainsi annoncé le gel du processus de ratification des accords économiques conclus entre le gouvernement et l’Ouganda. La raison?Dessoupçonsd’allianceentre Kigali et Kampala après la chute de Bunagana, un carrefour commercial stratégique. Félix Tshisekedi s’est jusqu’à présent abstenu de tenir des propos similaires. « Nous ne pouvons pas ouvrir un autre front avec l’Ou ganda alors que la situation est déjà difficile avec le Rwanda », estime l’un de ses conseillers.

«

FLICKR PA UL KA GAME

Loind’avoirdissipélemalaise,cette tentative de médiation intervient alors que Félix Tshisekedi souhaite accélérer la mise en place d’une force régionale dans l’est de la RD Congo.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 183 GRAND FORMAT RD CONGO

L’Angola n’a pas cherché à harmoniser les positions rwandaise et congolaise car, à ce stade, c’est quasiment inenvisageable.»

LES INVESTISSEURS PEUVENT REVENIR NOMBREUX EN RDC

Le GouvernementdelaRépublique Démocratique du Congo,àtravers le Ministère des Affaires Foncières, vamettreenœuvre le projet «e-Foncier» danslebut de moderni ser le secteur du Cadastreetd’améliorerles services fonciersrendus àla population ;cela conformément au plan de relance du projet de «Numérisation du Cadastre et de sécurisation des titres fonciers et immobiliers de la République DémocratiqueduCongo », adopté en Conseil des Ministres le 20 décembre 2019 Àcettefin, le Gouvernement de la République arecouru àl’expertise d’un opérateur privé, en l’occurrence l’entrepriseluxembourgeoise eProseed aux références avérées,spécialisée dansledéveloppementdes systèmes numériques innovants Elleproposedes solutions idoines d’implémentation d’uneplateforme «eFoncier »,pour gérer la numérisation du Cadastre,lasécurisation des titres fonciers et Aimé Sakombi Molendo Ministre des Affaires Foncières de la RDC Chaque titrefoncier numérisé et sécuriséseraaccessible àtous les propriétaires par la plateforme «eFoncier »

JAMG -P HOT OS DR SAUF MENTION ©A NDREY POPOV

COMMUNIQUÉ

Elle contribuera de manièresignificative àla croissanceéconomique nationale et au budget de l’État

eProseed amanifesté spontanément son intérêt pour concevoir,financer et exploiter la plateformesusvisée,enproposant une offre de solution «360° clé en main »,dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé.Pour ce faire,ilvamobiliseruninvestissement initialde 140 millions USD (cent quarante millions de dol larsaméricains), sans endettement de l’État, ni recours àune quelconque garantie souveraine La Transformation digitale par l’automatisation des traitements de l’information est l’objectif majeurdeceprojet qui sublimera le formatnumériquepour qu’il devienne,à terme,lasource authentique et sécurisée faisant foi. Cette«digitalisation »mettra fin aux conflits fonciers endémiques qui pullulent dans notrepays tout en augmentant de manièreexponentielle les revenus sectoriels de l’État. Ce projet permettra également de redonner la confiance nécessaire aux investissements dans ce secteur Ce faisant,cette réforme phare s’imbriquera parfaitement au projet modifiant la loi n° 73021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et ré gimedes sûretés, telleque modifiée et complétéepar la loi n° 80-008 du 18 juillet 1980.

Les pratiques administratives et coutumières en marge de la loiconcernant l’attribution des concessions relèveront désormais du passé.

Elle permettra d’éradiquer sans conteste l’inadéquationdelagouvernance foncière et des conditions de concession des terres,auregard de nouvelles exigences du pays en matière de protection environnementale,del’aménagement du territoire et de l’urbanisme

immobiliers, l’archivage,ladématérialisation à terme de l’ensembledes procédures foncières ainsi que les interactions entre l’État et tous les détenteurs de droits fonciers et immobiliers en RDC

Lesinvestisseurspourront donc revenir nombreux en République Démocratiquedu Congo,car ils ytrouveront un cadre foncier plus sécurisé. La prolifération des pratiques administratives et coutumières en margedela loi, spécialement en matièred’attribution des concessions, relèvera désormais du passé. www.cadastre.gouv.cd

Un an après sa mise en exploitation, le site minier de Kamoa-Kakula, près de Kolwezi, dépasse toutes les attentes. Il est appelé à devenir le troisième plus grand complexe de production de cuivre au monde en 2024.

ÉCONOMIE

Latroisièmephase,quiaégalement débuté, doit aboutir à l’exploitation des mines de Kamoa 1 et 2 (en cours de construction) et au développe ment d’un accès supplémentaire au gisement de Kakula West Elle inclut la réalisation d’un nouveau concen trateur, d’une capacité de 5 Mt de minerai par an, qui sera opérationnel àlafinde2024.Laproductionglobale du complexe devrait alors s’élever à 600000 t de cuivre contenu par an, faisantdeKamoa-Kakulaletroisième plusgrandprojetdecuivreaumonde

MURIEL DEVEY MALU-MALU L a concession de KamoaKakula, qui couvre les trois permis d’exploitation de Kamoa Copper (Kamco), est immense. Elle s’étend sur 400 km2 , à 25 km à l’ouest de Kolwezi, dans le Lualaba (Sud). Un paysage lunaire? Non, car les sites miniers sont séparés les uns des autres par des savanes arbustives qui colorent l’horizon de vert. Les réserves probables de ce mégacomplexe cuprifère sont estimées à 233 millions de tonnes (Mt) de mine rai brut, avec une teneur en cuivre de 4,46 %,soit10,4Mtdecuivrecontenu, selonOlivierBinyingo,vice-président des relations publiques d’Ivanhoe Mines en RDC. Un jackpot pour Kamco, dont le capital est détenu par le canadien Ivanhoe Mines (39,6 %), lechinoisZijin Mining(39,6 %),lebritannico-hongkongais Crystal River Global Ltd (0,8 %) et l’État congolais (20 %). Le développement du complexe se fait par étapes. La première a porté sur la construction des mines de Kakula et de Kansoko, ainsi que d’un premierconcentrateurd’unecapacité de traitement de 3,8 Mt de minerai excavé par an et alimenté par la mine de Kakula. Le premier concentré de cuivre est sorti le 25 mai 2021. Au total, 105884 t de cuivre contenu ont été livrées en 2021 sur seulement sept mois d’exploitation –, dépassant les prévisions. La deuxième phase a démarré en 2022, avec la mise en service, en mars, du deuxième concentrateur, d’une capacité de 3,8 Mt. Les prévisions tablent sur une production de 340 000 t de cuivre contenu en 2022 et sur 450 000 t au deuxième trimestre de 2023, grâce à un investissement réalisé pour optimiser la capacité des concentrateurs.

Au cours de cette troisième phase sera érigée une « fonderie flash à fusiondirecte »(direct-to-blisterflash smelter), la plus grande d’Afrique, qui produira des plaques de cuivre des « blisters » –, avec une teneur en cuivre de 99,9 %. Sa capacité de production sera de 500000 t de cuivre blister par an. Autant dire que la finalisation de cette fonderie, dont la réalisationaétéconfiéeàChinaNerin Engineering, est vivement attendue Et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, une partie seulement des concentrés de cuivre de Kamco est actuellement transformée en cuivre blister à Kolwezi, dans la Lualaba Copper Smelter (LCS), détenue par China Nonferrous Mining Corp Ltd (CNMC, 60 %) et Yunnan Copper de Kunming (40 %). L’accord signé en mai 2021 entre Ivanhoe Mines et CNMC porte sur 150 000 t de concentrés de cuivre, soit la capacité maximum de LCS. La production de concentrés de Kamoa-Kakula étant d’environ 1 Mt par an, le reste

Un projet cuprifère digne d’un géant

Pour les deux premières phases et, entre autres, la modernisation de la centrale de Mwadingusha, 2,5 milliards de dollars ont été investis.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022186 GRAND FORMAT RD CONGO

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 187 GRAND FORMAT RD CONGO

DR Vue aérienne des mines de Kamoa 1 et 2 (en cours de développement), à 25 km de Kolwezi, dans le Lualaba. (850000 t) est exporté… Et comme l’exportation de concentrés est interdite, Kamco a obtenu une dérogation du gouvernement congolais en juin 2021. Empreinte carbone Engagés en mai 2022, les travaux de la fonderie, dont le coût est estimé à 800 millions de dollars, devraient être bouclés à la fin de 2024. Une fois mise en service, cette unité ne pourra cependant pas traiter toute la production de cuivre contenu du complexe : les 100000 t restantes seront transformées par la LCS et en partie exportées si nécessaire.

Les gisements de Kamoa-Kakula contenant des minerais sulfurés, la fonderie pourra aussi produire et vendre de l’acide sulfurique. Utilisé pour récupérer le cuivre des minerais oxydés, cet acide trouvera facilement acquéreurenRDCongo.Pourl’heure, il est importé, principalement de Zambie.

Dotée de la technologie de pointe dufinlandaisMetsoOutotec,lafuture fonderie disposera d’une empreinte carbone limitée. « Son réacteur fermé en continu protège l’environnement des effets gazeux », assure Louis Watum, directeur général de Kipushi Corp une filiale d’Ivanhoe Mines etprésidentdelaChambredesmines deRDC.UnpointpositifpourKamco, qui veut impérativement produire « green ». D’autres facteurs limitent la pollution, dont « le recours à l’énergie hydroélectrique, la forte teneur en cuivre des mines (6 %), qui sont souterraines et donc à moindre impact environnemental, ainsi que la réutilisation des rejets pour stabiliser les parties excavées des mines, ce qui en limitelestockageensurface »,précise Olivier Binyingo. Et quand cela sera possible, l’entreprise s’équipera en véhicules électriques. La production de cuivre blister réduira par ailleurs les volumes transportés, ce qui entraînera une baisse des émissions de CO2

Les acheteurs des concentrés et du cuivre blister de Kamco sont deux sociétés chinoises : Citic Metal, un conglomérat multinational appartenant à l’État chinois, et Gold Mountains International Mining Co, une filiale de Zijin Mining. L’accord d’enlèvement signé en mai 2021, puis modifié en 2022, porte sur les

Où Kamco trouve-t-il son énergie?

« Kamoa-Kakula, c’est 126 millions de dollars de salaires, 1,3 milliard de dollars de fournitures, 17 millions de dollars de développement socio-économique et 360 millions de dollars de taxes payées. Une fois les investissements achevés, l’État touchera d’importants revenus », insiste le représentant d’Ivanhoe Mines. L’entreprise a aussi réalisé différentes infrastructures, qui profitent aux populations locales. Sans compter les 12000 emplois directs et indirects, dont 97 % sont occupés par des Congolais, ainsi que les projets communautairesetlesPMEcrééspar des nationaux à la faveur du projet.

Pour que la cadence s’accélère, Ivanhoe Mines Energy met à niveau les infrastructures hydroélectriques qui alimentent les sites. Un sacré défi.

C’ est une énergie « fiable, propre et renouvelable » qu’a choisie l’entreprise Kamoa Copper pour alimenter en électricité ses projets miniers de Kamoa-Kakula,prèsdeKolwezi,dans leLualaba,quisontportésparlecanadien Ivanhoe Mines Ltd et le chinois Zijin Mining Group ils détiennent chacun 39,6 % de la coentreprise La plupartdescentraleshydroélectriques du pays s’étant détériorées au fil des ans et la Société nationale d’électri cité (Snel) manquant de moyens, la réhabilitationdeséquipementssefait danslecadred’unpartenariatpublicprivé. L’accord de financement a été signé le 21 mars 2014 entre la Snel et Ivanhoe Mines Energy, filiale à 100 % de Kamoa Holding Ltd (KHL), chargée du suivi de l’exécution des projets énergétiques. La première opération a concerné la centrale de Mwadingusha, située sur la rivière Lufira (Haut Katanga), à quelque 220 km de Kolwezi. Supervisés par le suisse Stucky sur la base d’un contrat EPCM (Engineering, Procurement, Contruction, Management), les travaux ont porté notamment sur la modernisation des six turbines, la construction de l’infrastructure associée de 220 kV. Lancés en 2017, ilsontétéachevésenseptembre 2021 Chaque turbine étant dotée d’une capacité de 13 mégawatts (MW), les 78 MW qu’offre désormais la centrale permettent d’alimenter en électricité le complexe minier (phases 1 et 2), ainsi que les communautés locales. Ingénierie allemande Pour l’alimentation en énergie de la phase 3 de Kamoa-Kakula, un amendement à l’accord de financement de 2014 a été conclu en avril 2021 entre la Snel et Ivanhoe Mines Energy Il prévoit la modernisation de la turbine 5 du complexe hydroélectrique d’Inga-II, situé sur le fleuve Congo, dans le Kongo-Central, en lieu et place de la réhabilitation des centrales de Koni et Nzilo « En effet, la turbine d’Inga-II est plus puissante que celles des deux centrales et, en matière de ratio capital investi/puissance dégagée, elle est plus intéres sante », explique Ben Munanga, le président du conseil d’administration de Kamoa Copper. Attribué à la société allemande Voith Hydro, le contrat d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction (EPC) pour la modernisation de la turbine a été signé en avril. Les travaux porteront, entre autres, sur l’équipement terminal de la ligne de transmission Inga-Kolwezi pour augmenter sa capacité de trans fert. Ils devraient être terminés à la fin de 2024. Ainsi, les 78 MW de Mwadingusha couplés aux 162 MW de la turbine 5 d’Inga-II fourniront à Kamoa Copper un accès prioritaire à 240 MW d’électricité, dont bénéficie ront aussi les communautés locales. L’ensemble des travaux est financé par KHL au moyen d’un prêt octroyé à la Snel. L’engagement financier pris lors de la signature de l’accord s’élève à250 millionsdedollars(245 millions d’euros). Le prêt sera remboursé par « une déduction sur les factures mensuelles d’électricité, sur la base d’un pourcentagefixede40 %delafacture émise après avoir enlevé la TVA ». En plein développement, le complexe minier de Kamoa-Kakula consommera de plus en plus d’énergie. Difficile dans ces conditions de déterminer exactement la durée du remboursement. « Elle dépend de la hauteur des consommations et des montants remboursés, ajoute Ben Munanga. C’est quand la puissance maximale sera atteinte que l’on pourra la calculer avec précision. » M.D.M.-M.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022188 GRAND FORMAT RD CONGO

« Notre success-story représente une belle carte de visite pour la RDC. Cela prouve que l’on peut investir dans ce pays en dépit des défis, qui sont réels », conclut Olivier Binyingo.

productions des phases 1 et 2, répar ties à parts égales entre chaque société. Pour la phase 3, aucune déci sion n’a encore été arrêtée. La majo rité des produits est transportée par camion jusqu’au port de Durban, en AfriquedeSud,àenviron3000 kmde Kolwezi. Pour réduire les distances, les coûts de transport et la pollution, des itinéraires alternatifs, via le port de Dar es-Salaam, en Tanzanie, et/ou le port de Lobito, en Angola, sont à l’étude Combien coûte un tel projet? « Les deux premières phases, la moderni sationdelacentraledeMwadingusha et divers travaux de recherche ont représenté un investissement de 2,5 milliards de dollars », souligne Olivier Binyingo. Qui finance ? Essentiellement les deux principaux actionnaires et des parties tierces, dontlaStandardBankofSouthAfrica et la Swedish Export Credit Agency. Quelles retombées pour l’État congolais et les populations locales?

Dans son discours d’ouverture, Félix Tshisekedi aestimé que plusieurs défis doivent êtrerelevés pour rompre la spirale des violences découlant de l’activisme des groupes armés locaux et régionaux, dont le plus nocif s’avèrent êtreles ADF.Ilaexhorté toutes les parties prenantes àseremobiliser pour redynamiser le Mécanisme régional de suivi, appelant la population às’impliquer dans la noble lutte pour la paix, la stabilité et la sécurité, tant en RDC que dans les pays de la sous-région. Aussi voudrait-il voir l’accent mis sur la promotion de l’intégration régionale, celle du rôle des femmes, des jeunes et de la société civile.

Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo entourédeses homologues présents lors du Sommet des chefs d’État, 10e réunion de Haut Niveau du Mécanisme Régional de suivi.

Claude IbalankyEkolomba Ben Baruch Coordonnateur du Comité exécutif du Mécanisme National de Suivi lors du 10e Sommet des chefs d’État.

Lesparticipantsà la 10ème réunion de haut niveau de l’Accord-cadreont passé en revue les avancées dans la mise en œuvredeleurs engagements, et relevé des écueils portant atteinteàceprocessus.

JAMG -P HOT OS DR

Acet effet, ils ont examiné et adopté le 2ème rapport d’étape sur la mise en œuvredel’accord-cadre.

La RépubliqueDémocratique du Congo (RDC) aabrité, le 24 février2022, à Kinshasa, la 10ème réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadrepourlapaix, la sécurité et la coopérationpour la RépubliqueDémocratique du Congo et la Région. Le PrésidentdelaRDC succède, pourunmandatd’un an, au Président ougandaisYoweri Kaguta Museveni à ladirection de cetteentité. Félix Tshisekedi souhaite redynamiser le Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadred’Addis-Abeba

LES DÉFIS ÀRELEVER Toutefois, le rapport relève que des défis persistent, notamment :

*Lestensions persistantes au sein et entre plusieurs pays de la Région des Grands Lacs. Lesincursions transfrontalières dans l’est de la RDC par certains groupes armés, notamment des éléments du M23, et les accusations mutuelles d’ingérence des pays voisins ont nui aux relations régionales, minant ainsi la stabilité, en particulier dans l’est de la RDC. La méfiance entrepays voisins continue d’impacter négativement le commerce transfrontalier dans certains cas, ce qui ades répercussions sur les populations locales.

L’OPTIMISME DE FÉLIX TSHISEKEDI

«Ilrevient àtoutes les parties prenantes de se remobiliser pour redynamiser notre structurerégionale de gouvernance du dit Accord-cadreetdemieuximpliquer les populations dans la noble lutte pour la paix, la sécurité et la stabilité en République Démocratique du Congo et dans la Région » a déclaréFélix Tshisekedi :17, avenue de la Justice Kinshasa /Gombe(RDC) —: Facebook.com/mecanismedesuivi/:

COMMUNIQUÉ

*L’exploitation et le commerce illégal des ressources naturelles (cobalt, coltan, or, cuivre, etc.). «Laprésence, au fildes ans, d’une multitude de forces négatives et les interactions toujours plus complexesavec des éléments armés locaux, conjuguées àl’existence d’importantes sources de financement liées àl’exploitation et au commerce illégal des ressources naturelles, dans un contexte socioéconomique qui offredes possibilités limitées pour la subsistance des populations civiles, ne donnent que peu de moyens aux forces négatives et àcertains de leurs partisans de déposer les armes et ne les incitent guèredans ce sens »,indique le rapport.

Il ressort, entreautres, de ce rapport, des progrès au niveau interne de chaque pays signatairedel’accord, particulièrement du point de vue politique, de la coopération en matièredesécurité, de l’économie et de la justice. Au niveau politique, on constate que la diplomatie régionale connaît un nouvel élan et que des mesures ont été prises pour améliorer les relations bilatérales et multilatérales.

Antoinette N’Samba Kalambayi J’ai hérité d’un secteur marqué par une fraude massive

L’intensification des missions d’inspection et de contrôle sur le terrain a permis d’accroître les recettes du secteur minier par rapport aux années passées. Une commission multisectorielle a par ailleurs été mise en place afin d’assurer le suivi de la cession d’actions ou de parts sociales à l’État à l’occasion de l’oc troi, de la cession ou du renouvelle ment des permis d’exploitation. À coup sûr, cette démarche permettra à l’État congolais de recouvrer les parts des entreprises minières qui lui reviennent. Comment abordez-vous les défis posés par la transition écologique? Outre plusieurs rencontres organisées sous notre égide, mon ministère a coorganisé, avec celui de l’Industrie, le « Business Forum 2021 », afin Titulaire du portefeuille des Mines depuis avril 2021, la ministre analyse les faiblesses des industries extractives en RDC. Surtout, elle explique les réformes en cours ainsi que les mesures qu’elle envisage pour assainir les filières et valoriser les ressources.

L ongtemps pré carré de l’entourage de l’ex-président Joseph Kabila, le minis tère des Mines a été confié, en avril 2021, à la suite du changement de majorité parlementaire, à Antoinette N’Samba Kalambayi, une proche du président Félix Tshisekedi. Cette juriste spécialisée en droit public se « démène pour remettre de l’ordre » dans le secteur minier, poumon de l’économie du pays. Jeune Afrique : Comment se porte le secteur minier en RD Congo? AntoinetteN’SambaKalambayi: Bien, aujourd’hui, même s’il reste de nombreux défis à relever pour parve nir à un réel assainissement. Il faut d’abord rappeler que je suis à la tête deceportefeuilledepuisunanetque, par devoir et souci de la continuité des services de l’État, j’assume le pas sif de la gestion du secteur minier. Je tiens aussi à saluer les efforts de mes prédécesseurs carje mesure leurs dif ficultés, face au tableau peu reluisant du secteur des mines qu’ils m’ont laissé en héritage. Pouvez-vous nous dresser ce tableau?

Au moment où je suis entrée en fonction, le secteur était pris d’as saut par des fauteurs de troubles, soutenus par des individus malveillants, et, malheureusement, par certaines autorités politiques et autres « hommes en uniforme ». Ces personnes ont pris goût à dicter la loi, et ce en méconnaissance du code et des règlements miniers. Depuis mon arrivée à la tête du ministère, mon cheval de bataille a été de remédier à cette situation J’ai hérité d’un secteur marqué, entre autres, par une fraude minière massive, la non-maîtrise des effectifs des agents de l’État, la non-maîtrise dupotentielréeldesmineraisenfouis dans le sol et le sous-sol du pays, la difficulté à maîtriser les statistiques de production, la part trop faible de transformation locale des minerais, ainsi que le gel de certains gisements miniers… Quelles actions ont été engagées pour que les choses changent? Mon ministère a organisé des états généraux des mines, qui ont abouti à une feuille de route calquée sur le programme du gouvernement. Ces journées de réflexion m’ont conduite à envisager plusieurs réformes, dont celles visant à améliorer la gouvernance des ressources minières de mon pays : l’opérationnalité du Fomin [Fonds minier pour les géné rations futures]; le retrait des droits miniers et des carrières aux titulaires défaillants ; la mise en place, avec mon homologue chargé des Affaires sociales, d’un cadre juridique de la gestion de la dotation de 0,3 %duchiffred’affairesdessociétés

PROPOS RECUEILLIS À KINSHASA PAR STANIS BUJAKERA TSHIAMALA

«

» JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022190 GRAND FORMAT RD CONGO

minières pour contribution aux projets de développement communautaire local Citons aussi la mise en œuvre d’un projet de localisation de nos réserves minérales grâce à la signature avec la société X-Calibur, en avril, du deuxième avenant au contrat relatif à la « cartographie géo physiqueaéroportéeet géologique de la RD Congo ». Qu’en est-il de la lutte contre la fraude et la contrebande, qui continuent de nuire à la transparence et de grever l’économie du secteur?

Le gouvernement congolais a déclaré le cobalt, le germanium et le colombo-tantalite « minerais stratégiques ». Pourquoi créer une seule entreprise, pour un seul minerai, et à laquelle on accorde un monopole? Quel sort connaîtra cette entreprise si, en raison du comportement fluctuant du marché au niveau international, le cobalt n’est plus stratégique? Les discussions relatives au report du décret de création de l’EGC ont eu lieu au cours d’un Conseil des ministres : la société en tant que telle va survivre mais sera soumise à la concurrence, conformément aux lois de notre pays. Quels enjeux structurels restent à prendre en compte? À l’issue de l’examen des recours introduits par certains titulaires défaillants auxquels j’ai précédemment fait allusion, j’entends procéder au retrait de leurs titres miniers, qui seront reversés dans les zones de recherche géologiques. Fort de la maîtrise par le S-GNC [Service géologique national du Congo] du potentiel réel du sous-sol grâce à la signature de l’avenant au contrat avec X-Calibur –, le pays pourra négocier avec ses futurs partenaires de manière équitable. Des études géologiques seront menées, qui me permettront, d’une part, d’instituer des zones d’exploitation artisanale (ZEA) viables et, d’autrepart,dedéfinirdespérimètres d’exploitation industrielle à octroyer par appels d’offres. Dans les ZEA ainsi créées, je vais installer de véritables coopératives minières (j’entends par là de vraies associations d’exploitants artisanaux) et, afin de renforcer la traçabilité de nos minerais, je vais continuer de promouvoir la création de centres de négoce. Dans le cadre de l’amélio ration de la connaissance géologique de notre pays, nous allons poursuivre les travaux de cartographie géolo gique et minière de manière à affiner les connaissances sur les réserves minéralesdelaRDC.Enfin,jecompte poursuivre et finaliser l’audit du cadastre minier. Que comptez-vous faire pour redresser certaines entreprises minières dans lesquelles l’État a des participations? Des actions communes sont projetées avec la ministre d’État chargée du Portefeuille [Adèle Kahinda Mayina] Surtout, je continue d’encourager l’implantation d’entités de traitement et de transformation locales pour éviter et, mieux, éradiquer l’exportation de minerais à l’état brut ou de simple concentré. Dans le but de contribuer au développement socio-économique des zones affectées par les activités minières, je veillerai à l’élaboration et à la mise en œuvre de cahiers des charges des responsabilités sociales par les sociétés exploitantes.

MI N ISTÈRE DES MINES RDC

Selon moi, le décret portant création de l’EGC viole non seulement le code minier, mais aussi les engagements internationaux du pays.

Pourquoi vouloir annuler le monopole de l’Entreprise générale du cobalt (EGC) sur le cobalt artisanal? Créée à la fin 2019, elle n’est opérationnelle que depuis 2021 et n’a d’ailleurs pas encore acheté de minerais… Ma démarche à l’égard de l’EGC est différente de celle de mes prédécesseurs au ministère des Mines. En effet, je considère que le décret portant création de l’EGC viole non seulement le code minier, mais aussi les engagements internationaux et régionaux souscrits par la RDC, puisqu’il consacre le monopole d’achat du cobaltpar une seule entreprise, contrevenant ainsi au principe de la libre concurrence garanti par notre droit. En outre, la conclusion par l’EGC de l’accord commercial avec la firme Trafigura pour procéder aux achats, en vertu de l’exclusivité conférée à l’EGC, revient à transférer cette exclusivité de l’État à un opérateur privé. Enfin, comment peut-on tolérer une société dont l’existence et la survie sont incertaines, parce qu’elle est tributaire du caractère stratégique d’un minerai en l’occurrence le cobalt –, qui dépend entièrement du comportement de ses cours sur le marché mondial, qui peut varier à tout moment? Quelle est votre stratégie sur ce dossier, puisque vous avez récusé celle de vos prédécesseurs?

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 191 GRAND FORMAT RD CONGO

d’intensifier la recherche de nouveaux gisements et minerais, face à la demande toujours croissante de lithium et de cobalt, utilisés entre autres pour la fabrication des batteries électriques.

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022192 GRAND FORMAT RD CONGO

Établi à Maurice, KKM est formé de Kuramo Kapital, présidé par l’Américain d’origine nigériane Wale Adeosun, et de Mafuta Investment Holding, détenu en partie par Kalaa Mpinga (fils du Congolais Mpinga Kasenda, un ex-Premier ministre de Mobutu),qui,aprèsavoirinvestidans les mines, a opté pour l’agribusiness.

Déchets naturels PHC est le plus grand producteur d’huile rouge du pays. L’entreprise en a produit 42000 t en 2020 et plus de 47 540 t en 2021, avec une prévision de 60 000 t, qui pourrait être ramenée à 58000 t, en 2022. Ses trois principaux clients sont Marsavco et Palmco, à Kinshasa, ainsi que Congo Oil à Boma, dans le Kongo-Central.

Quand les fonds misent sur l’agribusiness

MURIEL DEVEY MALU-MALU A près le rachat, en novembre 2020, des parts du canadien Feronia, et, en avril 2021, de celles du fonds d’investissement African Agriculture Fund (AAF), le fonds Straight KKM2 (KKM) est désormais aux commandes des Plantations et Huileries du Congo (PHC), dont il est l’actionnaire majoritaire, avec 83,2 % du capital, aux côtés de l’État congolais.

Replantation de palmeraies, modernisation des usines, nouveaux travaux de recherche : les Plantations et Huileries du Congo (PHC) conforteront-elles leur position de plus gros producteur d’huile de palme du pays ?

Pour ne pas entamer la forêt, PHC mise sur une opération de replanta tion de 800 ha dans les vieux blocs, qui sera lancée en 2022. L’autre volet est l’augmentation du rendement à l’hectare pour accroître la production d’huile, en privilégiant l’entretien, la maintenance, le sarclage et l’épandage des plantations, le tout en s’assurant que les bonnes procédures agricoles sont respectées. De l’engrais ? Oui, mais plutôt en utilisant les rafles et d’autres déchets naturels qui sont réinjectés dans le sol ou qui servent de combustible pour les usines. Les étendues exploitées n’étant pas suffisantes pour nourrir toutes les plantations, il faut donc des apports nutritionnels additionnels, tels que le nutrogène ou le potassium, et, selon la qualité des sols, de la chaux. Bien qu’ils soient très éloignés de Kinshasa, les sites disposent tous d’unaccèsdirectouindirectaufleuve

Depuis sa création, en 1911, jusqu’à son acquisition par Feronia, en 2009, la concession de PHC appartenait au géant britannico néerlandais Unilever. Elle dispose de 103 000 ha de terres dans le nord de la RD Congo. Tout n’est pas exploité : les surfaces en production, dites matures, occupent 20650 ha; les jeunes plantations, 839 ha ; les palmeraies anciennes, 7 631 ha. Soit 25 000 ha exploités, sur plus de 29 000 ha plantés, le reste étant composé de forêts, d’infrastructures, de zones de conservation et de terres utilisées par les communautés locales. Les plantations sont réparties sur trois sites : Lokutu, dans la province de la Tshopo (13700 ha); Yaligimba, dans la Mongala (11 725 ha) ; et Boteka, dans l’Équateur (3 677 ha). Chaquesiteabriteuneusinecompre nant une unité de production d’huile de palme rouge et une autre d’huile de palmiste. Établie à Lokutu, l’usine de Lokumete peut usiner 30 tonnes de régime par heure. « C’est une usine de pointe, entièrement automatisée, l’une des plus performantes du continent », précise Monique Gieskes, la directrice générale de PHC Jusqu’à présent, KKM a investi quelque 50 millions de dollars dans la société. D’autres investissements sont à l’étude, dont la modernisation éventuelle de l’usine de Lokutu, à l’arrêt depuis la mise en service de celle de Lokumete. Tout dépendra des résultats des études en cours.

Ses trois principaux clients : Marsavco et Palmco, à Kinshasa, ainsi que Congo Oil, à Boma.

Pépinière de Yaligimba, dans la province de la Mongala (nord du pays). Congo, par lequel sont évacués les produits.

Dès le départ, KKM a misé sur l’emploi de nationaux et sur le leadership local. Son but est de faire de la gestion des plantations un management 100 % congolais. « Les Congolais connaissent le pays et sont les mieux placés pour réussir. Cela s’accompagne d’un renforcement des capacités locales par des programmes de formation, qui peuvent être animés par des expatriés, mais sous l’encadrement des chefs de site congolais », insiste la directrice générale.PHCcompte7400ouvriers, tous sous contrat. « Les emplois temporaires sont liés à la période de pointe, précise Monique Gieskes. On va identifier les travailleurs qui seront permanents et ceux qui seront temporaires. » Croisements innovants C’est dans le Centre de recherche et d’expérimentation en agriculture tropicale de Yaligimba (Creaty) que sont réalisés les travaux de recherche agronomique.Descroisementsysont effectués pour développer des matériels améliorés, très productifs ou résistants aux maladies du palmier à huile Par exemple, le centre travaille actuellement sur une semence naturelle qui donnera une huile sans carotène et avec laquelle on pourra produire de l’huile de table. PHC produit des semences pour répondre à ses propres besoins et en vend égale ment à d’autres producteurs du pays.

À la fin de juin, PHC a signé un accord avec l’International Institute of Tropical Agriculture (IITA, établi au Nigeria), partenaire technique du gouvernementcongolaisdanslamise en œuvre du programme de l’Agenda de la transformation agricole (ATA) de la RDC. L’entreprise fournira à l’IITAdessemencesdecéréales(maïs, soja, riz et manioc) qui seront distribuées aux communautés rurales. Cette approche, que KKM qualifie de « prospérité partagée grâce à l’agri business », est-elle un simple slogan ou un vrai pari? L’avenir le dira. C’est aussi plus tard, après avoir consolidé l’existant, que KKM décidera, ou non, d’investir dans d’autres domaines ou d’acquérir d’autres plantations.

PH C JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 193 GRAND FORMAT RD CONGO

« Le site de Boteka, le plus proche de Kinshasa, se trouve au bord de la Momboyo, l’un des bras du fleuve. Lokutu, le plus distant, borde le fleuve. Quant au site de Yaligimba, il est à 45 minutes par la route du port fluvial de Yambenga », explique Monique Gieskes. À Yaligimba, l’évacuation de l’huile et son stockage au port de Yambenga mobilisent une flotte de camions-citernes et de tanks (citernes).Ailleurs,l’huileesttransférée dans les cales des barges depuis le site. Le chargement de l’huile nécessite une série d’opérations : réalisation de contrôles sanitaires et de tests de qualité pour vérifier l’acidité et le tauxd’humiditédeshuiles;rédaction d’un procès-verbal par le contrôle qualité de PHC et le propriétaire de la barge; remise d’un boîtier contenant des échantillons des huiles embarquées au gérant de la barge; scellage des cales. L’activité logistique de PHC s’arrête au fleuve. En 2021, l’entreprise a pris l’option de vendre « ex-usine », c’està-dire à la sortie de l’usine ou à l’embarcadère. Yambenga, port d’intérêt public, étant attaqué par l’érosion, PHC a décidé de le reconstruire pour sécuriser ses tanks et l’accostage de tous les bateaux (barges, balei nières, pirogues, bateaux rapides) qui utilisent le quai et permettent les échanges par le fleuve. Un appel d’offrespourlareconstructionduquai sera lancé une fois achevée l’étude de faisabilité, qui précisera les quantités et le prix des matériaux à acheter.

La société conçoit et développe des semences améliorées, très productives ou résistantes aux maladies.

Dans le cadre de son département « Programme de développement communautaire », l’entreprise investitégalementdansdesinfrastructures (hôpitaux, centres de santé, écoles, systèmes d’eau potable) et aide les communautés locales à développer leurs propres plantations de palmiers à huile et de cacaoyers pour leur garantir un accès à l’autonomie financière et alimentaire.

ARTHUR MALU-MALU D’ immenses défis relevés depuis une vingtaine d’années, de grands projets en cours, de nouveaux horizons plein la tête Tout paraît aller pour le mieux dans lavie de MichaëlHoolans.Le quadra génaire est fier de son parcours professionnel, qu’il a effectué en grande partie auprès de son père JeanClaude Hoolans, né à Kisangani –, en particulier au sein de l’entreprise familiale, Miluna, qu’il ne semble pas près de quitter.

Après avoir étudié le commerce à l’École pratique des hautes études commerciales (Ephec) de Bruxelles, Michaël Hoolans suit une formation spécifiquedechefd’entrepriseàl’Ins titut wallon de formation en alternance et des indépendants et petites et moyennes entreprises (IfaPME) de Château-Massart, à Liège, qu’il achève en 2003. « Après mes études, jesuisdirectementrevenuàKinshasa, parce que le Congo me manquait. Et aussi parce qu’il y avait beaucoup plus d’occasions de faire des affaires en RDC qu’en Belgique » Il y fait ses premierspasdanslavieactiveentant questagiaireàlaNouvelleCompagnie africained’exportation(Nocafex),une société de transit de marchandises dont le directeur général n’est autre que son père Lequel rachète l’entreprise quelques mois plus tard. Après avoir fait le tour des principaux services de Nocafex, Michaël Hoolans prend la tête de la direction d’exploitation de l’entreprise. « Mon père m’a fait confiance. J’ai apporté des idées novatrices, qui nous ont permis, entre autres, de dévelop per le secteur fluvial Notre port privé accueillait principalement des bateaux tiers, et nous avons pu, par la suite,disposerdenotrepropreflotte.

Les Hoolans multiplient les succès. Ilssontnotammentseulspropriétaires de Miluna, qui, en 2007, a racheté une concession de plus de 25000 ha aux Plantations et huileries du Congo (PHC, filiale d’Unilever), dans le SudUbangi (Nord-Ouest). Au départ spécialisé dans l’hévéa et le caoutchouc, Miluna a diversifié ses plantations et productions (cacaoyers, caféiers, palmiers à huile…). Et c’est sa société sœur,Nocafex,quiassureletransport de l’huile et des autres produits. Associé de Miluna, Michaël Hoolans est désormais également directeur général de Green Congo Development (GCD), la société propriétaire et chargée de l’aménagementdelazoneéconomiquespéciale (ZES) de Gwaka, dans le Sud-Ubangi. Cette ZES privée s’inscrit dans une démarche d’économie verte et de développement durable, avec pour objectif la transformation locale des productions agricoles. Une marina à La Gombe Ce projet est censé stimuler l’autosuf fisance alimentaire dans la province et doper les exportations agricoles, créant, au passage, de nombreux emplois. Le Sud-Ubangi s’y prête. Située au carrefour de trois corridors de transport multimodal, la province associe routes et voies fluviales : le corridor Nord-Ouest, vers Bangui et Douala;lecorridorEst,versKisangani; le corridor Sud-Est, vers Kinshasa et Brazzaville.Lecoûtdel’aménagement de la phase pilote de la ZES est estimé à près de 40 millions de dollars. Des financements extérieurs sont atten dus,etGCDestenpourparlersavecles autoritéspourobtenircertainesgaran ties avant de donner le coup d’envoi des travaux Mais rien ne semble plus s’opposeràlamiseenœuvreduprojet. En attendant, et dès qu’il le peut, MichaëlHoolanssuitl’évolutiond’un autrechantier :celuid’unemarinaau bord du fleuve Congo, à Kinshasa, à La Gombe. Il est le concepteur de ce projet à vocation touristique estampillé « famille Hoolans », qui s’insère dans un programme d’investisse ment global de 18 millions de dollars La première phase doit être livrée à la fin de cette année.

Associé dans l’entreprise familiale Miluna, dans le Sud-Ubangi, Michaël Hoolans est aussi à la tête de Green Congo Development, qui, avec l’aménagement de la zone économique spéciale de Gwaka, compte doper les activités agro-industrielles dans la province.

Entrepreneur vert, ambitions durables

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022194 GRAND FORMAT RD CONGO

»

Le projet est censé stimuler l’autosuffisance alimentaire, dynamiser les exportations et créer de nombreux emplois.

By Blazon Hotels FleuveCongo Hotel 119 ColonelTshatshi, Kinshasa, Democratic Republic of theCongo T+243 80 8500 600 reservations@fleuvecongohotel.com fleuvecongohotel.com blazonhotels.com Bienvenue au Fleuve Congo Hotel Le Groupe Blazon Hotels,présent dans plusieurs pays du mondesous la conduite de pilliersdans le domaine hôtelieravec plus de 50 ans d’expérience, vousprésenteFleuveCongoHotel;unmonumentcaractéristiquedelavillede Kinshasa, qui vous offre un emplacementdeluxe répondant aux exigences de laclientèled’affairesoucellesdesvacanciersàlarechercheduconfortinégaléet de l’élégance. Situédans le quartier diplomatique sécurisé avec ses 237chambresetsuites luxueuses,ses vues spectaculaires surleFleuve Congo, ses salles de réunion modernes, sa cuisineraffinée et sophistiquée ainsi que ses bars chics, tout est pensé pour rendre votre séjouragréable. Un auditorium équipé dedernières technologies audio-visuelles avec une capacité de 250 personnes, unique àKinshasa. CHAMBRES • 198 ChambresDeluxe SUITES 33 Suites Deluxe Junior • 4SuitesExecutive • 1Suite Diplomatique • 1Suite Présidentielle SERVICESDEL’HÔTEL • Room service 24h/24 • Blanchisserie et nettoyage àsec • Réception 24h/24 • Concierge et portiers • Réservation en ligne • Navette et location de voitures • Arcade commerciale SERVICES DISPONIBLES DANS LES CHAMBRES • Mini-bar • Plus de 50 chaînes de télévision • Coffres digitales • Service de thé et café • Toilettes et salle de bain séparées • Climatisation • Wi-Fi gratuit • Téléphone àligne directe • Sèche-cheveux • Prises intégrées EU/UK/CN • Bureau et chaise de bureau • Garde-robe RESTAURANTS &BARS • Riviera, restaurant principal • Hevea restaurant • Akwa Lounge • Lobby Bar BIENÊTRE, SPA ET SANTÉ • Piscine extérieure • Centre de fitness • Courts de tennis SERVICES PROFESSIONNELS • Business Center • Executive lounge • Salles de réunion • Forfaits réunion • Banquets • Teppanyaki restaurant japonais

DOSSIER SENSIBLE Métro-Kin, est-ce crédible?

Bien que sa création soit récente (2019) et qu’elle ne dispose pas encore de solides références dans le secteur, TCC a conclu une convention de financement avec la société chinoise Sinohydro. Et alors que l’Assemblée provinciale de Kinshasa a adopté le projet en novembre 2021, certains députés provinciaux assurent n’avoir jamais eu accès aux études de faisabilité menées par la société. Trans Connexion Congo et ses « partenaires techniques et financiers », comme l’indique un document officiel relatif au projet, sont censés posséder 65 % du capital de Métro-Kin. À terme, il est toutefois prévu que TCC cède jusqu’à 51 % de ses actions à des « partenaires stratégiques » censés, eux, apporter des financements. De qui s’agit-il? Le flou persiste Quant à la SCTP, créée en 1935 sous le nom de l’Office des transports coloniaux (Otraco), elle jouit d’un savoir-faire et d’une expertise reconnus dans le transport fluvial et l’exploitation de ports. Reste que, confrontée à d’importants problèmes de trésorerie, elle a besoin d’être recapitalisée. On peut être d’autant plus dubitatif que la mise en œuvre du projet requiert le déplacement de nombre de riverains dont les maisons ont été bâties à moins de 15 mètres de la voie ferrée existante. Cette mesure affecterait un millier de foyers, et le coût de la destruction des habitations et du relogement des familles serait estimé à lui seul à quelque 12 millions de dollars. Dans un pays où les annonces sans lendemain sont monnaie courante, rien n’incite pour le moment à s’emballer trop rapide ment pour ce projet. Arthur Malu-Malu

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 197 GRAND FORMAT RD CONGO

L’objectif affiché est d’assurer quotidiennement les déplacements d’au moins 6 millions de personnes dans cette capitale de plus de 12 millions d’habitants, qui couvre déjà près de 10000 km2 et ne cesse de s’étendre vers l’Est, sans que les infrastructures de base ne suivent le mouvement.

Objectif affiché : assurer au quotidien les déplacements d’au moins 6 millions de personnes.

Le projet consiste à réhabiliter les voies ferrées existantes et à en construire de nouvelles afin de disposer, à terme, d’un réseau de 300 km, le premier volet du projet portant sur le tronçon compris entre la gare centrale, à La Gombe, et l’aéroport international de Ndjili, soit une vingtaine de kilomètres, pour un coût estimé mais non confirmé d’environ 250 millions de dollars Cependant, si les travaux devaient débuter en février, six mois plus tard, le premier coup de pioche n’a toujours pas été donné Quant aux porteurs du projet, ils se font discrets et sont peu enclins à s’exprimer. Résultat, le projet de Métro-Kin suscite bien des questions… qui restent sans réponse. Partenaires mystères

L’annonce a été faite en grande pompe en janvier : le réseau ferré de Kinshasa sera modernisé et étendu afin de faciliter la mobilité de la population et d’espérer mettre un terme aux monstrueux embouteillages qui se forment dans la mégapole aux heures de pointe. Au cœur du dispositif, la société Métro-Kin, née d’un partena riat public-privé entre la ville de Kinshasa, la Société commerciale des transports et des ports (SCTP) et Trans Connexion Congo (TCC), présentée comme la société « conceptrice du projet et porteuse d’affaires ».

JA MG -P HO TO S:D .R.

UN PARTENARIATPOUR UN AVENIR MEILLEUR

Grâce ànotre programme de développement des entreprises (PDE) nous soutenons la formation des futurs entrepreneurs congolais, qui deviendront des intervenants critiques dans le renouveau de l’économie locale. Leur contribution ànos approvisionnements en biens et services pour l’année 2021 est estimée à 400 millions de dollars US.

Ainsi travaillons-nous en partenariat avec le gouvernement congolais sur des projets stratégiques, essentiels pour stimuler les activités économiques au niveau national. Grâce àun investissement financier de 450 millions de dollars US, nous avons pu contribuer àlaréhabilitation de deux turbines (G27 et G28) du barrage de INGA ainsi qu’à d’autres projets d’infrastructure stratégiques, permettant la production de 450 mégawatts d’énergie hydroélectrique, dont 50 ont pu être mis àla disposition de la population de Kolwezi.

Nous estimons que le secteur privé peut jouer un rôle clé dans la montée en puissance de la RDC et son accession au rang de géant mondial de l’industrie minière, contribuant ainsi à la transition énergétique àtravers un approvisionnement responsable en cuivre et cobalt.

Nous sommes fiers d’être partie prenante et membre de la Fair Cobalt Alliance (Alliance pour un cobalt équitable », ou FCA), qui œuvre àlatransformation positive de l’EMAPE en RDC. Chaque année, KCC et MUMI organisent un camp d’été pour encourager les enfants et les jeunes àpoursuivre des carrières alternatives et ànepas prendre partaux activités d’extraction illégales. Entre 2016 et 2021, plus de 55 000 enfants ont pu bénéficier de cette initiative.

Nous contribuons àl’économie et au développement de la République Démocratique du Congo

Le Groupe Glencore est fier de compter parmi les investisseurs en République Démocratique du Congo (RDC) depuis 2008, où nous gérons deux exploitations de cuivre et de cobalt industrielles, KamotoCopperCompanySA (KCC)–unpartenariat avec la Gécamines dont elle détient 25%des parts et nous 75%–ainsi que MutandaMiningSARL(MUMI),détenue à 100%par Glencore. Àcejour,nous avons investi plus de 8milliards de dollars US dans le développement de MUMI et KCC. Notre présence en RDC acontribué àl’établissement et àl’expansion d’un secteur extractif robuste, créé des milliers d’emplois, soutenu le développement de l’économie locale et généré des avantages socio-économiques pour la province du Lualaba qui abrite nos opérations.

Nous estimons que l’exploitation minière ar tisanale et àpetite échelle (EMAPE) légitime peut jouer un rôle important et durable dans l’économie de la RDC, et qu’elle peut coexister avec l’exploitation minière àgrande échelle.

UN PARTENAIRE ÉCONOMIQUE POUR LA RDC Nous avons publié ce 30 juin 2022 notre Rapportsur les paiements gouvernementaux en 2021. Ce rapportest publié conformément aux exigences en matière de reporting

PUBLI-INFORMATION

UN PARTENAIRE EN ÉTHIQUE ET GOUVERNANCE POUR LA RDC

les mesures de prévention et de contrôle et contribuer àlamise en œuvre des meilleures pratiques dans ce domaine.

VERS UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE RÉUSSIE

La RDC est le premier producteur mondial de cobalt et l’un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre, la positionnant ainsi au cœur des transitions tant en matière d’éner gie que de mobilité. Glencore s’engage àce que le pays continue de jouer un rôle impor tant àl’échelle mondiale dans le cadre de ces transitions. Nos activités en RDC jouent également un rôle critique dans la réalisation de notre ambition de devenir une entreprise àzéro émission nette d’ici 2050. En août 2021, nous avons augmenté notre objectif de réduction des émissions àmoyen terme à une réduction de 50%d’ici 2035 ainsi qu’introduit un nouvel objectif àcourtterme d’une réduction de 15%d’ici 2026.

Pour la RDC notre contribution pour l’année 2021 se présente comme suit : n $856 millions de paiements en impôts, taxes, redevances… n $4,3 millions d’investissement socio-communautaire n $293 millions d’investissement en RDC pour la seule année 2021 n 14 800 employés et contractants

du chapitre 10 de la directive comptable de l’UE. Comptant parmi les plus grandes entreprises de matières premières au monde, nous sommes présents àplusieurs niveaux de la chaîne d’approvisionnement en matières premières de par nos activités. Nous soutenons les gouvernements des pays qui accueillent nos activités dans leur volonté de créer de la valeur àpartir de leurs ressources naturelles. Cela s’inscrit dans le cadre de notre objectif, àsavoir fournir de manière responsable les matières premières qui améliorent la vie quotidienne.

«Nous sommesengagéspour un avenir meilleurenRépubliqueDémocratique duCongo.» www.glencore.com

La RDC est le premier producteur mondial de cobalt et l’un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre

GLENCORE DRC Immeuble Petit-Pont 123 A, avenue de la Justice, C/ Gombé -Kinshasa République Démocratique du Congo

En tant qu’opérateur responsable, nous nous appuyons sur notre Code de conduite et sur nos valeurs. Glencore ainvesti ces dernières années des ressources substantielles dans le développement d’un programme d’éthique et de conformité de premier ordre et travaille avec les organismes publics congolais et d’autres parties prenantes pour renforcer

SOCIÉTÉ

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022200 GRAND FORMAT RD CONGO

Pour l’heure, l’UNH est dotée de six facultés : sciences de gestion, sciences informatiques, architecture (officiellement École d’architecture et d’urbanisme) les trois cursus les plusdemandés –,maisaussisciences technologiques (le génie civil et le génie électrique y sont enseignés, la création d’un nouveau département mécanique est à l’étude), sciences des aliments et de l’environnement, et droit (la dernière née). En 2023 s’y ajouteralafacultédessciencesdel’information et de la communication.

Six facultés Pourtant, se former dans cette université privée n’est pas donné à tout lemonde Aux50 dollarsd’inscription s’ajoutent1800 dollarsparanpourles frais académiques « un coût élevé », reconnaît Takizala –, sans compter les dépenses d’assurance pour les étudiants qui effectuent des stages sur le terrain dans le secteur minier. Outre les revenus liés aux frais d’ins cription et de scolarité, l’UNH béné ficie de subventions de la Banque mondiale, de l’Union européenne et de la Belgique. Et elle a recours à des dons afin d’offrir des bourses à des étudiants dont les moyens financiers sont limités.

L’idéedefonderuneuniversité« de qualité » remonte à plusieurs années, insiste Alexis Takizala. « Il y avait un besoin.Lesenfantsdesfamillesaisées qui terminaient le cycle secondaire allaientfaireleursétudessupérieures à l’étranger La demande est venue de parents dont les enfants fréquentaientlecomplexescolaireL’Âge-d’Or, dont mon épouse est la promotrice », explique-t-il.Crééeen2014,l’UNHest devenueopérationnelledeuxansplus tard. À son ouverture, elle accueillait 228 élèves; pour l’année académique 2021-2022, ils sont plus de 1400, dont 800 étudiantes.

Ouverte en 2016 à Lubumbashi, l’UNH accueille déjà plus de 1400 étudiants. Adaptés aux besoins locaux, les cursus sont conçus en partenariat avec d’autres établissements et avec des entreprises Mais tout cela a un prix

Une université pas comme les autres

MURIEL DEVEY MALU-MALU C’ est dans le quartier Gambela, à Lubumbashi (Haut-Katanga), que l’université Nouveaux Horizons (UNH) a ouvert ses portes en 2016. Titulaire d’une licence de droit et d’un doctorat en linguistique, son cofondateur et recteur, le professeur émérite Alexis Takizala, est issu d’unegrandefamilleoriginairedel’ex Bandundu.Aprèsavoirpassécinqans enCalifornie,ilrentreen1974enRDC alors Zaïre –, où il est affecté à l’Université de Lubumbashi (Unilu). « Ce n’étaitpasmonchoix,maismafaculté setrouvaitdanscetteville.Nousnous y sommes installés et nous y sommes très bien », confie-t-il. Dans le bureau du recteur, au troisième étage de l’aile la plus haute du bâtiment,unegrandeafficheannonce la couleur : « Nous sommes UNH, devenons le sel de la terre, la lumière du monde. » Pourquoi ce nom de « Nouveaux Horizons » ? « C’est le résultat d’une longue discussion, commentelerecteur.Cenomrenvoie à nos valeurs et fait partie de notre ambition, qui est d’ouvrir les horizons. »Surunelonguetabletrôneune maquette réalisée par les étudiants enarchitecturedelapromotion20192020,unprojetd’extensiondel’Unilu.

MD MM POUR JA

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 201 GRAND FORMAT RD CONGO

Pour faire face à la croissance de l’université,unnouveaubâtimentest encoursdeconstruction:auxquelque vingt salles de cours et « auditoires » (sallesdeconférences,amphithéâtres) existants et à la grande bibliothèque viendront s’ajouter six auditoires de 200 places. La faculté la plus fréquentée est celle des sciences de gestion, qui absorbe la moitié des effectifs étudiants, puis celle d’architecture « Nous avons ouvert cette école car, autrefois, les étudiants devaient aller àKinshasapourétudierl’architecture et l’urbanisme. Or il y a une demande très forte à Lubumbashi et dans la région avec l’extension de l’urbanisation », expose le recteur. En revanche, bien qu’elle soit la première et seule faculté du genre en RDC, celle des sciences des aliments et de l’environnement est la moins fréquentée. Un paradoxe pour un pays qui se positionne comme un « pays-solution pour le changement climatique » et qui dispose de la majorité des métaux stratégiques de la transition énergétique. Il est vrai que,pendantlongtemps,lesétudiants rechignaient à s’y inscrire, pensant qu’onyapprenaitsurtoutdesrecettes de cuisine. Mais la tendance commence à s’inverser « Nous menons une grande campagne de sensibilisation sur les questions d’environne ment et sur les débouchés qu’offre ce secteur », souligne Alexis Takizala. Et laméprisequantàl’objetdessciences des aliments semble levée. À la fin de mai,lorsdesjournéesportesouvertes de l’UNH, c’est la faculté des sciences des aliments et de l’environnement qui a attiré le plus de monde. « Cette faculté comprend entre autres une minibrasserie, qui produit la bière Horiz,etlesétudiantsontfabriquéde nouvellesbièresavecdesfruitslocaux et du gingembre. On y fait également de la transformation. Nous avons par exemple testé la fabrication de pain à partir de farine de manioc. » On y produit aussi des huiles essentielles à base de plantes locales. Réseau international Pour le moment, les cursus de l’UNH ne forment que jusqu’au niveau de la licenceetdumasterrechercheouprofessionnel. Les étudiants qui veulent obtenir un doctorat partent donc à l’étranger, en particulier en Belgique ou en France. « L’un de nos chefs de travaux en gestion étudie dans une école doctorale française, un de nos élèves en génie civil effectue son doctorat à La Rochelle, une étudiante en sciences des aliments est à Rennes, etc.Etnousallonssolliciterlacollabo rationdel’Unilupourlesdoctoratsen architecture. »Quantauxprofesseurs, silaplupartd’entreeuxsontdesenseignants-visiteurs,cen’estpasunchoix del’université.« Ilestdifficiledetrouverdescandidatsquiveulentresteren RDC.Plusieursdenosprofesseursont fondé une famille à l’étranger. Mais nouscomptonssurlesjeunesquin’ont

Le bâtiment principal de l’Université Nouveaux Horizons, dans la capitale du Haut-Katanga. Longtemps, les étudiants ont rechigné à s’inscrire en sciences des aliments et de l’environnement, pensant qu’on y apprenait des recettes de cuisine.

Plusieurs concours d’éloquence créés ces dernières années rencontrent un franc succès. Objectif : aider les jeunes à structurer et à exprimer leurs idées

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022202 GRAND FORMAT RD CONGO

BELLISSIME PHO TO

pas encore d’engagement. » Loin d’être isolée, l’UNH, qui fait par tie de l’Association internationale des universités (AIU), multiplie les efforts pour nouer des liens avec d’autres établissements d’ensei gnement supérieur À commencer par l’Unilu, avec laquelle elle vient d’officialiser une collaboration pour que les étudiants de l’UNH fréquentent les laboratoires de sa faculté polytechnique. Elle a par ailleurs établi des accords de par tenariat avec deux universités de Kinshasa : l’Université catholique du Congo (UCC) et l’Université Loyola du Congo (ULC), fondée en 2016 par des jésuites L’objectif ? « Organiser des échanges d’enseignants et d’étu diants, susciter des collaborations dans le domaine de la recherche et fairedespublicationscommunes. » Des partenariats similaires sont établis avec des universités étran gères, dont l’université de Sousse, en Tunisie, et l’École supé rieure spéciale d’architecture du Cameroun (Essaca). Des pourpar lers sont également en cours avec l’École supérieure de commerce (ESC) d’Amiens et avec l’université Paris-Saclay, en France. Stages en entreprise L’UNH a fixé deux priorités à ses étudiants. La première est de favoriser les stages profession nels en entreprise. Bien avant le récent passage au système LMD (licence-master-doctorat), elle avait établi des contacts avec des sociétés d’État comme la Gécamines et la Société natio nale des chemins de fer du Congo (SNCC) –, avec des brasseries et avec le groupe Hyper Psaro pour la transformation des aliments, avec des banques et des organismes de ressources humaines. Autant d’entreprises qui accueillent des stagiaires.

Autrepréoccupation :« quel’étu diant qui termine son cursus ait le sens de l’entrepreneuriat, d’autant plus que trouver un travail est par fois difficile », souligne le recteur. Dans le droit fil de la devise que s’est donnée l’université : « Oser. Innover. Persévérer ».

Prix du prestigieux concours d’art oratoire de la Conférence internatio nale des barreaux (CIB), à Lausanne, en 2018, il a créé le Concours d’éloquence Tshimbadi, à la faculté de droit de l’Université de Lubumbashi. Il orchestre également les Procès d’histoire dans le cadre de son asso ciation Congo-Culture, et anime des débats dans son club Éloquence. Tous sont partis du même constat : s’il y a certes quelques exceptions, la plupart des lycéens et étudiants ont du mal à écrire correctement et à s’exprimer en public, en particulier les jeunes filles, souvent plus timides que les garçons. À l’appréhension de prendre la parole s’ajoute « la dif ficulté de concevoir, de structurer et d’exprimer des idées de manière claire », précise Jacques Mukonga. Art oratoire Au cours des études secondaires et supérieures congolaises, même dans les facultés de droit on apprend rarement l’art de la rhétorique. « Nous n’intégrons pas les techniques d’expressionoraledansl’enseignement », confirme Tshela Mutay. S’il existe, ici et là, des initiatives pour former les jeunes à la prise de parole, elles sont ponctuelles et informelles. D’où l’idée de structurer l’enseignement de l’art oratoire à travers des concours. « C’est une manière

Joutes verbales

Mutay est à l’origine du Concours féminin d’éloquence, qui s’adresse aux collégiennes et lycéennes âgées de 13 à 17 ans. L’association lushoise Les Talents a, elle, mis en place un concours d’éloquence interuniversitaire. Quant à Me Jacques Mukonga, avocat d’affaires au barreau de Lubumbashiet,entreautres,Premier

Ils organisent les principaux concours d’art oratoire en langue française depuis Lubumbashi, la capitale du Haut-Katanga, qui fait figure de ville pionnière en la matière en RD Congo. Juriste et agrégéeen langue française, Nelly Tshela

Lors du Concours féminin d’éloquence, à Kinshasa, en mai.

Comment vous positionnez-vous ?

Le développement des produits individuels est lié à l’augmentation du pouvoir d’achat et de la capacité d’épargne Il ya donc de réelles opportunités…

www.rawsur.com Quel bilantirez-vous de votre activité ? Nousavons démarré en 2019 et, en 2021, le montant des primes émisesaatteint 65 millionsdedollars USD,soit une part de marché de 31 %. Noussommes désormais leader sur le segment IARD (incendie,accidents et risques divers), qui représente la quasi-totalité du marchédel’assurance en RDC actuellement.

Cette progressions’explique par la compétence technique de nos équipes, notre capacité financière et la fluidité en matière de gestion desprocédures.Grâce àunpanel de réassureurs internationaux de premierplan, nous sommes en mesured’indemniser nos assurés rapidement et ce,indépendamment du montant des sinistres.

Cependant, il existe un potentiel dans les produits de capitalisation (retraite complémentaire,indemnité de fin de carrière) que nous nous attelons àtransformer

ENTRETIEN Hugues Toto, Directeur Général Adjoint de Rawsur Life S.A.

Nous avons une gamme complète de produits d’assurance-vie.Jeciterais, en particulier,l’assurance emprunteur qui couvre le risque en cas de décès de ce dernier.Nousproposons également un produit d’assurance-vie collective que les entreprises peuvent souscrire au bénéfice de leurs salariés.

Quelles solutions proposez-vous?

Comment voy Le marché d gros poten de ce po vée de L’im da une Enfin, une rév les contrats impact positif

«L’assurancevie représente un gros potentiel en RDC »

RawsurS.A.propose àses clients corporate des solutionsglobales qui couvrenttous les risques auxquels ils sont confrontés :dommages desactifs, perte d’exploitation, responsabilité civile,flotte automobile,violences politiques, incendie,transport, construction, santédes salariés,etc. Nousnous adressons àtoutes les entreprises quelsque soientleur secteur d’activité ou leur taille,depuis u’à la filiale de groupe multinational. side dans notre capital humain. Nos nnent le temps d’écouterles clients, besoins en matièrederisque et de utions personnalisées. tions d’assurance adaptées aux begolais, notamment l’assurance autohabitation,l’assurance voyage, etc yez-vous l’avenir ? des assurances de la RDC offre un ntiel de croissance. La concrétisation otentiel repose cependantsur la leeplusieurs obstacles. plicationdes différents ministères ans le respectdes 6assurances obligatoires en RDC,nous semble indispensable. Parailleurs, la création d’un marché financier structuré où les sociétés d’assurances pourront placer et fructifier leurs liquidités donnerait eimpulsion décisive ànotre secteur vision de la fiscalité,notamment sur d’assurances, aurait également un f.

3ans après la libéralisation du secteur des assurances, Rawsur SA et Rawsur LifeSAs’imposent commeleadersdu marchédes assurancesenRDC.

Quelle est la situation de l’assurance-vie en RDC ? C’estunmarché très jeune avec un montant d’émissions de primes de 7millions de dollars USD en 2021, soit 3%dutotal des émissions. Mais le marché,qui est tiré principalement par la branche prévoyance,progresse très rapidement. Rawsur Life S.A. est le leader avec une part de marché de 74 %.

ENTRETIEN Tarik Lefriyekh, Directeur Général de Rawur S.A.

Il est sûr

«Nous proposons ànos clients des solutions personnalisées en fonction de leurs besoins »

COMMUNIQUÉ JAMG -P HOT OS DR

L’assurance-vie aunvrai potentiel de développement. Nous souhaitons être un acteur clé de cette croissance en proposant des solutions pour les entreprises et les particuliers. La digitalisation est un outil essentiel pour rendre accessible l’assurance vie àunplus grand nombre dans le segment retail. Parailleurs, les recommandations de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), dans le sens de la constitution de provisions dans les entreprises pour le départ àla retraite de leurs salariés et de l’externalisation au bénéfice des assureurs, devraient également avoir un impact positif car,elle procure un avantage fiscal. la petite entreprise jusqu Notre principal atout ré chargés d’affaires pren de comprendre leurs leur proposer des sol Sans oublier les solu soins du citoyen cong mobile,lamultirisques

Cetteapprocheestparticulièrement perceptible dans les Procès d’histoire qu’organise Congo-Culture. « Dans la littérature consacrée à des personnages historiques, certains livres sont à charge, d’autres plus nuancés. Nous faisons revivre ces controverses dansnosprocès.Nousavonsmenéles procès de Léopold II, de Mobutu, de Tshombe et de Lumumba », explique Jacques Mukonga. Et ce dernier d’in sister:«Ilestimportantdelaisservivre le débat contradictoire, de permettre aux gens de continuer à réfléchir, mêmesic’estdifficiledanslecontexte actuel, marqué par une tendance à la radicalisation des opinions. Ces concours sont au carrefour de nombreux enjeux sociaux. »

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022204 GRAND FORMAT RD CONGO

« Il faut instaurer des habitudes de lecture », insiste Tshela Mutay. Vient ensuite la formation à la rhétorique proprement dite. Cours pratiques, matériels didactiques sous forme de vidéos, de manuels et de livrets… Les coachs utilisent tous les supports pour arriver à leurs fins. Réputé maître en la matière, Jacques Mukonga a beaucoup écrit sur l’art oratoire. De même que Tshela Mutay, auteuredumanuelModuleexpression orale Apprendreàcommuniquer:une compétencevitale. Les sujets proposés sont variés. Tshela Mutay, dont le concours se tient la première semaine de mars, en marge de la Journée internatio nale des droits des femmes « pour que mars ne soit pas seulement un mois pendant lequel les jeunes filles portent des pagnes, mais pendant lequel elles outillent leurs cerveaux » –, privilégie les sujets sur l’écologie, sur le respect de la nature et sur les questions d’actualité.

Le Concours féminin d’éloquence a quant à lui pour objectif de donner à des collégiennes et lycéennes « les outils de base » pour concevoir, organiser et exprimer une idée.

Le concours Tshimbadi du nom d’un célèbre avocat du barreau de Lubumbashi –, qui compte déjà six éditions, doit permettre à un jeune avocat d’apprendre à mieux plaider.

Bienévidemment,leslauréatssont primés. Les Talents propose quatre distinctions : or, argent, bronze et ishango du nom de la localité congolaise où l’on a découvert des os, appelés « bâtons d’Ishango », considérés comme les ancêtres de la calculatrice. Les coachs et les jurys, composés de personnalités des milieux académiques, des affaires et du monde culturel (avocats, universitaires, chefs d’entreprise, etc.), sont eux-mêmes formés « afin que tous aient la même approche de l’art oratoire », précise Live Makufa. Grands procès L’art oratoire enseigné et favorisé par ces concours dépasse la seule dimension rhétorique. Outre apprendre à s’informer, à concevoir, à développer et à exprimer une idée, il s’agit aussi d’accepter le débat contradictoire. Chaque concours comporte en effet une étape où deux candidats s’af frontent sur un sujet, chacun défendant un point de vue.

« Pour la 4e édition, je voudrais que les filles parlent des soft skills [capacité d’adaptation, créativité, autono mie…] », ajoute-t-elle. Les Talents, dont la compétition est également organisée en mars, font plancher leurs candidats sur des sujets géné raux ou philosophiques tels que « La liberté et le temps » ou « Doit-on se méfier les uns des autres? »

Ainsi,lapremièreéditionduconcours de Tshela Mutay s’est déroulée à Kinshasa en 2020, la deuxième s’est tenue en 2021 à Lubumbashi, comme celle de mars 2022, qui a réuni une cinquantaine de jeunes filles origi naires de Kinshasa, de Lubumbashi et de Bunia (Ituri). Quant au nombre de candidats aux Talents, il est passé de 140 en 2021 à 180 cette année, où la compétition mobilisait des étudiants de Kinshasa, de Lubumbashi et de Kolwezi (Lualaba) issus d’une vingtaine d’universités. Deux nouvelles provinces devraient y être associées pour l’édition 2023. Ces concours suivent tous le même schéma. Avant la finale, chaque candidat doit franchir une série d’étapes aucoursdesquellesilseraformé,coaché, jaugé, éventuellement éliminé. Entre l’inscription, la validation de la candidature et la proclamation des résultats, jusqu’à trois mois peuvent s’écouler. Parce qu’il n’y a point de rhétorique sans maîtrise de l’écrit, la première étape de la compétition incite donc le candidat à lire, à effec tuerdesrecherchespoursedocumentersurlesujetproposé(généralement tiré au sort), à élargir sa culture géné rale et à faire preuve de sa capacité de démonstration, arguments à l’appui.

Les compétitions sont annoncées sur les réseaux sociaux, parfois par des spots promotionnels diffusés dans les médias audiovisuels. Les organisateurs sont également en contact avec les responsables des établisse mentsscolaires,desuniversitésetdes associations culturelles étudiantes. Le bouche-à-oreille fait le reste. Au fil des années, le nombre de candidatures et de villes associées augmente.

La finalité de l’exercice diffère d’un concours à l’autre. Celui organisé par Les Talents a pour objec tif de donner aux jeunes diplômés la possibilité de s’ouvrir au monde professionnel, de décrocher un travail, de valoriser ses compétences auprès d’un employeur ou de défendre un projet entrepreneurial.

d’obliger les jeunes à s’impliquer, enfaisantl’effortdes’inscrire,etàpersévérer,ens’appliquantàsuivretoutes les étapes jusqu’à la finale », insiste Live Makufa, chargée de l’administration de l’association Les Talents.

Est-ce ce besoin, parfois étouffé, de vrais débats, de liberté de parole et de tolérance qui explique le succès de ces concours? En tout cas, des initiatives du même genre naissent un peu partout : au grand séminaire Saint Paul, on veut organiser un débat contradictoire; dans certains lycées, les préfets demandent à être formés à la rhétorique; et les vidéos sur les Procès d’histoire sont très visionnées… À l’évidence, la demande est bien réelle. Reste à renforcer l’offre. Muriel Devey Malu-Malu

« Laisser vivre un débat contradictoire est important dans le contexte actuel, marqué par la radicalisation des opinions.»

Arguments à l’appui

L’EXPLOITATIONMINIÈRE EST ESSENTIELLE Notre quête vigoureuse de ressources de haut niveau et durables, notamment le cuivre,unmétal essentiel, fournirales minéraux nécessaires àlaconstruction d’un monde sansémission de gaz àeffet de serre.Notrefocus sur les matières premières essentielles àlaproduction d’éner gie propre, nousinciteàrester fidèle ànotre engagement de produiredes métaux de haute qualité, àfaible émission et d’origine éthique, en partenariat avec les parties prenantes locales. Nous voulons contribuer àlatransformation énergétique

Chez Kamoa Copper,nous continuons àfaire progresser notreprojet environnemental, social et de bonne gouvernance (ESG) àlapointe du secteur et réaffirmons notreengagementenvers les autorités et communautésd’accueil en RDC Àcette fin, le recrutement local au sein des communautés d’accueil reste une priorité. Nous avons mis en place des programmes de formation et d’éducation de niveau international pour contribuerà la consolidation et au développement des ressources humaines et des économies localesautour de nos opérations. En 2021, environ 97 %des quelque 12 000 employé(e) s de notrecomplexe minierdeKamoa-Kakula, en RDC, étaientdes ressortissants congolais et ressortissantes congolaises.

Kamoa Copper est une société minièredepremier plan située en République démocratique du Congo (RDC). Elle se concentresur la prospection, le développementetlaproduction de minerais au sein du complexeminier de Kamoa-Kakula. Elle s’est engagée àdevenirunleader mondial dans la production de cuivre, un métal indispensable àlatransition mondiale vers un avenir électrique et durable.

L’EXPLOITATION MINIÈRE POUR UN AVENIR PLUS VERT

En 2021, 28 puits d’eau alimentés par l’énergie solaire ontété installés, permettant àplus de 12 000 membres de la communauté d’accéder àl’eau potable

L’ATTENTE EN VALAIT LA PEINE Ivanhoe Mines adébuté ses activitésdeprospection en RDC il yaplus de 24 ans.Après la découverte de Kamoa en 2009 et celle historique de Kakula en 2016, l’entreprise amis un peu plus de cinq ans àdévelopper le complexe minier de Kamoa pour en faireleprochain grand producteur mondial de cuivre, alimenté en énergie durable par le réseau hydroélectrique de RDC, leader mondial en devenir Kamoa Copper S.A. exploite le complexe minier cuprifèredeKamoa, et, est une coentreprise entrelasociété minière canadienne Ivanhoe Mines (quidétient indirectement39,6 %), la société minièremultinationalechinoise Zijin Mining Group (qui détient indirectement 39,6 %) et la société privée basée àHongKong, Crystal River Global Limited(qui détient indirectement 0,8 %). Le gouvernementdelaRépublique démocratique du Congo détient le reste des actions de la société (20 %).

Le programme Sustainable LivelihoodsdeKamoa-Kakula adébuté en 2010 et vise àrenfor cer la capacitédes communautés d’accueil en matièredesécurité alimentaireetd’agriculture grâce àlacréation d’un jardin de formationagricole et au soutien des agriculteurs locaux. Aujourd’hui, environ 900 agriculteurs communautaires bénéficient du programme Sustainable Livelihoods, produisant des aliments de haute qualité pour leurs familles et vendant le surplus pour générer des revenus supplémentaires.

L’exploitation minièreest une entreprise générationnelle qui doit êtremenée en partenariat avec les communautés et les gouvernements locaux de façon responsable, en mettant l’accent sur l’emploi local durable, la gestion de l’environnement et le respect mutuel.

Employé du complexe minier de Kamoa-Kakula. WWW.KAMOACOPPER.COM

JAMG -P HOT OS DR

Le complexe minier de Kamoa-Kakula

COMMUNIQUÉ

Mobutu, Tshombe : l’éternel exil?

Promesse En décembre 2007 pourtant, l’Assemblée nationale congolaise a adopté une résolution recommandant le rapatriement du corps de Mobutu. Le contexte est alors favorable : la guerre entre les partisans du maréchal et ceux de Laurent-Désiré Kabila, qui l’a renversé, est terminée. Avant son assassinat, en 2001, le Mzee a tenté, par l’intermédiaire de Wivine Moleka lafille d’un proche de Mobutu –, d’établir le contact avec des cadres de l’ancien régime. Et une fois parvenu au pouvoir, son fils, Joseph Kabila, noue une alliance avec des fils de Mobutu. Il y voit un moyen d’appuyer l’idée d’une « réconciliation nationale ». Rentré en RD Congo en novembre 2002, Nzanga Mobutu, le fils de Bobi Ladawa, la seconde épouse du maréchal, fonde l’Union des démocrates mobutistes (Udemo). Après une candidature malheureuse à la présidentielle de 2006, il s’allie à la majorité. L’un de ses frères, Giala Mobutu, aujourd’hui sénateur, est alors député. L’alliance n’est pas du goût de toute la famille au sein de laquelle certains refusent de pactiser avec le fils du tombeur du maréchal , mais elle ne dure pas. En 2011, Joseph Kabila révoque Nzanga Mobutu La promesse d’un retour du corps est remise sur la table deux ans plus tard à l’issue des concertations nationales. Elle le sera de nouveau en septembre 2019, à l’initiative de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le premier chef de gouvernement de Félix Tshisekedi. « J’ai toujours trouvé qu’il y avait une certaine vulgarité à évoquer comme cela le rapatriement du corps de notre père, s’agace pourtant l’un des enfants de Mobutu. Lorsque Sylvestre Ilunga Ilunkamba a fait sa déclaration, nous n’avions même pas été préa lablement informés. » À l’exception de Nzanga et de Giala, les autres enfants du maréchal, qui ont pour la plupart grandi à l’étranger, n’ont pas tenté d’aventure politique en RDC. Leur nom n’aura pas sauvé les Mobutu de la marginalisation. Même chose pour les enfants Lumumba. Évacués en Égypte avec l’aide de Gamal Abdel Nasser et de son émissaire, Abdel Aziz Ishak, ils ont grandi au Caire, ne revenant en RDC, pour les premiers d’entre eux, qu’à partir des années 1990 Juliana sera ministre de l’Information puis de la Culture sous Laurent-Désiré Kabila. Député pendant plusieurs années, Roland n’a aujourd’hui plus de mandat. François, l’aîné, préside le Mouvement national congolais/Lumumba, un petit parti qu’il promet de relancer en vue des élections de 2023. Idem pour les Tshombe. Rentré au Zaïre au début des années 1980, Jean Ditend, l’un des fils de Moïse, fut ministre sous Mobutu, avant de décéder en 1993 Depuis, seule Isabel, aujourd’hui ambassadrice

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022206 GRAND FORMAT RD CONGO

MÉMOIRE VIVE

D ifficile de savoir si la voix basse de Roland Lumumba traduit de la fatigue, du soulagement ou simplement une certaine lassitude. En ce début de juin, la seule chose que le fils de Patrice Émery Lumumba peine à masquer, c’est son impatience à l’idée d’en finir avec cette interminable épreuve. « Ça a été difficile d’en arriver là », lâche-t-il, évoquant ce deuil dont sa famille a été privée, faute de corps à inhumer. C’est peu dire que la route a été longue. La construction du mausolée a pris du retard, la famille a hésité, le cabinet présidentiel a tâtonné, l’événement a été reporté à de nombreuses reprises… Mais cette fois-ci, Roland Lumumba veut croire que l’issue est proche et qu’une dent de son père, unique relique du héros de l’indé pendance assassiné le 17 janvier 1961, va enfin revenir au Congo. Rien n’aurait été possible sans le combat mené en Belgique par l’épouse de Lumumba, Pauline, décédée en 2014, et par ses enfants. Mais ce rapatriement, qui a finale ment eu lieu ce 22 juin, ouvrira-t-il la voie à d’autres retours?

Les cas de Mobutu Sese Seko, qui repose au Maroc depuis qu’il s’est éteint le 7 septembre 1997, ou de l’ex-Premier ministre et président de l’éphémère État du Katanga, Moïse Tshombe, mort en 1969 à Alger et enterré au cimetière d’Etterbeek, en Belgique, n’ont jamais été résolus. Fardeau pour leurs héritiers, enjeu politique pour les présidents qui se sont depuis succédé, le retour des dépouilles de ces personnalités clés de l’aube des indépendances est un véritable casse-tête.

Si une dent de l’ex-Premier ministre Patrice Lumumba, assassiné en 1961, a enfin été restituée à sa famille et ramenée, le 22 juin, à Kinshasa, les dépouilles d’autres figures de la vie publique congolaise restent inhumées à l’étranger. Histoire d’un casse-tête politique et mémoriel.

de la RDC en France, occupe des fonctions de premier plan. Ironie de l’Histoire : elle a été vice-ministre des Affaires sociales en 1999, dans le même gouvernement que… Juliana Lumumba.

ARSENE MPIANA/AFP

Arrivée du cercueil de Patrice Lumumba le 30 juin, à Kinshasa, à l’Échangeur de Limete, où un mausolée abritant sa dent devrait être ouvert au public à la fin du mois d’août.

Profanations Collaborer ou non? Les Mobutu et les Tshombe ont eux aussi peiné à se mettre d’accord. Le retour de la dépouille de l’ex-leader katangais avait été promis en 2013. Mais le projet n’a jamais abouti. Il redevient d’actualité en 2019 avec le premier discours d’Ilunga Ilunkamba. En septembre de la même année, Félix Tshisekedi, de passage à Bruxelles, reçoit plusieurs membres de la famille Tshombe. Mais « tout est resté au stade des intentions », dit un membre de la famille, qui explique vouloir « éviter que ce rapatriement soit présenté comme un trophée ». « Au fond, le blocage n’a jamais été politique, résume un intime des deux familles. Ce sont surtout des questions d’harmonisation des points de vue, en interne, et de timing. » Des divisions fami liales que les pouvoirs politiques ont souvent mises en avant pour justifier les retards « La famille est soudée dans ce dossier, rétorque l’un des héritiers Mobutu La vérité, c’est que les conditions ne sont pas réunies. Notre père n’aurait pas aimé être rapatrié à Gbadolite dans ces circonstances. » Jadis réputée pour ses somptueux palais, « Gbado » est aujourd’hui en ruine.La chapelle Marie-la-Miséricorde, dont la crypte a un temps abrité les corps de Marie-Antoinette, la première épouse de Mobutu, décédée en 1977, et de certains de ses enfants, a été profanée, et ils ont dû être déplacés dans un petit cimetière voisin.

Tous possèdent leur propre réseau, mais cette relative absence de poids politique ne leur a pas permis de mener à bien les discussions portant sur l’enterrement de leur père au pays. Sans compter que les familles sont souvent divisées. Cela s’est encore vu lors de l’organisation de la restitution de la dent de Patrice Lumumba. « Certains nous ont dit qu’il était préférable de se passer du gouvernement, de ne pas collaborer avec le président Tshisekedi, dont le père, Étienne, a été un collaborateur du maréchal, raconte l’un des fils de l’ancien Premier ministre Mais il ne s’agit pas de travailler avec untel ou untel. C’est la RDC qui lui rend hommage! »

JEUNE AFRIQUE N°3115 AOUT 2022 207 GRAND FORMAT RD CONGO

« Compte tenu de cette situation, il est plus facile pour la famille que mon père reste au Maroc », confirme l’un des enfants Mobutu, pour qui le retour de la dépouille du maréchal doit aller de pair avec la réhabilitation de l’héritage de l’ancien président. « Lorsque notre père est décédé, on en a fait un repoussoir politique », dénonce-t-il. Au Maroc, la famille a conservé un certain statut auquel il est difficile, notamment pour la deuxième génération qui a vécu au Zaïre, de renoncer, résume un proche, ancien collaborateur de Mobutu. Cette réhabilitation est aussi au cœur des revendications de la famille Tshombe. Les enfants de l’ancien président de l’État du Katanga ont d’ailleurs mis sur la table des demandes précises, dont l’annulation d’une condamnation à mort prononcée en 1967. Mais ces tractations sont, depuis plusieurs années, perturbées par des bisbilles concernant la gestion de l’héritage, qui fait l’objet de conflits judiciaires entre les descendants.

« Le rapatriement de la dépouille de Lumumba est une étape. Si les autres suivent, nous serons amenés à nous questionner sur le rôle que Mobutu et Tshombe ont joué dans sa mort, ou encore sur celui que Mobutu a joué vis-à-vis de Tshombe, et inversement », estime le politologue congolais Jean Omasombo. Chez les Lumumba, dans la résidence aux murs jaunis de l’ancien Premier ministre, sur le boulevard du 30-Juin, à Kinshasa, on se projette déjà sur ce travail de mémoire. « C’est notre priorité, conclut Roland Lumumba. On veut que la vérité soit dite. La réconcilia tion, oui, mais pas l’oubli » Romain Gras « On veut que la vérité soit dite. La réconciliation, oui, mais pas l’oubli. »

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.