JA3116 du 31 août 2022 Focus automobile

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Focus Automobile

Dans l’usine d’assemblage de PSA à Kénitra, en 2019.

AFP

JEUNE AFRIQUE N°3116 SEPTEMBRE 2022108

En route pour la transition vers l’électrique

Contrairement à l’industrie, l’es sor de l’électrique ne semble pas, en revanche, avoir encore pris sur le marché local marocain, à en croire les professionnels. Selon les données du Conseil économique, social et environnemental (Cese), sur 4,5 millions de véhicules en circulation

Le royaume multiplie les projets pour tirer profit de l’essor des voitures « écologiques » en Europe, son principal marché, alors qu’au niveau local les ventes restent négligeables, faute d’infrastructures adaptées.

BILAL MOUSJID

Les autorités cherchent à attirer non seulement des constructeurs mais aussi des fabricants de batteries.

Pour passer à la vitesse supérieure, les autorités marocaines cherchent désormais à attirer non seulement des constructeurs de voitures électriques mais aussi des fabricants de batteries. « Le Maroc est l’un des rares pays au monde à avoir un accord de libre-échange avec les pays producteurs des matières premières nécessaires à la production de ces matériaux, ainsi qu’avec les pays consommateurs des produits finis », vante Ryad Mezzour. « Ainsi, notre pays peut se fournir auprès des pays membres de la Zlecaf [Zone de

Ce virage est d’autant plus nécessaire que l’Europe, vers lequel le pays exporte 90 % de ses véhicules, a adopté l’année dernière une nouvelle réglementation pour mettre fin à la vente de voitures thermiques neuves dès 2035. « C’est un grand défi pour l’industrie automobile marocaine, mais nous disposons d’une visibilité assez longue jusqu’à cette échéance », estime Mohamed Ouzif, consultant en automobile et administrateurdel’Associationmarocaine pour l’industrie et la construction automobile (Amica).

A u moment où l’industrie automobile mondiale est en plein virage vers l’électrique, le royaume tente de se positionner comme futur hub régional. « Le Maroc a une capacité totale de production de 700000 voitures, dont une partie conçue pour pouvoir faire assez facilement la transitionversl’électrique »,explique àJeuneAfriqueleministredel’Indus trie et du Commerce, Ryad Mezzour.

Avec un taux d’intégration qui dépasse les 60 %, le secteur automobile marocain pousse peu à peu l’ensemble de l’écosystème à faire sa mue pour s’adapter aux besoins induits par le virage vers l’électrique Là encore, à en croire le département de l’Industrie et du Commerce, « certains acteurs contribuent d’ores et déjà à la transition vers la mobilité électrique à travers la production de modules de puissance, de jantes, de câblage et de connecteurs destinés à des véhicules électriques ».

Gigafactory

En marge de l’US-Africa Business Summit, qui s’est tenu à Marrakech en juillet, le ministre a d’ailleurs annoncé un projet de « gigafactory », une grande usine de production de batteries pour voitures électriques, dotée d’une capacité de 3 à 4 gigawattheures (GWh) et pouvant alimenter de 40 000 à 60 000 voitures environ. Un projet qui « nécessiterait un investis sement de 2 milliards d’euros », nous précise-t-il. Ajoutant que « la gigafactory aurait des partenaires marocains et fournirait à la fois des batteries mobiles et des batteries dites stationnaires liées à la production d’énergie renouvelable ». Des « discussions » sont en cours entre « cinq opérateurs sur trois continents (Amérique, Europe et Asie) pour l’installation de cette usine », dont l’objectif est de « conclure avec au moins l’un d’entre eux avant la fin de cette année ».

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libre-échange continentale afri caine] en lithium, en cobalt ou en bauxite, et exporter les batteries finies en Europe, le tout sans barrière douanière ou tarifaire », ajoute-t-il.

En attendant, le constructeur européen Stellantis a déjà démarré la production de véhicules électriques dans son usine à Kénitra, « avec une capacité de 40000 unités et un doublementdecapacitéencourssurdeux marques, Citroën et Opel », nous a fait savoir le ministre de l’Industrie. Selon nos informations, le français Renault s’apprête à emboîter le pas à son concurrent, en développant son propre véhicule électrique dans son usine tangéroise.

MAROC

Aux dires d’Adil Bennani, président de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam), le marché marocain apparaît « prêt psychologiquement ». « Si vous roulez 100 km dans un véhicule diesel en consommant pour 120 dirhams [11,30 euros] de carburant, et que l’on vous propose de les faire pour 25 dirhams, vous n’hésiterez pas », illustre celui qui est aussi directeur

À travers tout le royaume, le nombre de bornes de recharge ne dépasse pas « la petite centaine, dont la moitié ne fonctionne pas », déplore Adil Bennani. « Il faut que le

«Sur le marché marocain, en 2021, on dénombre 688 véhicules électriques, dont 421 hybrides rechargeables.»

Manque de bornes

Maroc dispose, d’ici à trois ans, de 2 000 à 3 000 bornes publiques de manière à préparer la transition », plaide-t-il, attribuant cette situation d’abord à « un problème de foncier ». « Où un investisseur peut-il poser sa borne? Chaque fois, cela requiert des autorisations et représente un parcours du combattant », témoigne t-il, regrettant,« une fois que la borne est installée, [de ne pas avoir] le droit de vendre de l’électricité ».

général de Mercedes-Benz Maroc, ajoutant que véhicules électriques et thermiques devraient coûter le même prix à partir de 2025-2026.

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Incitations

Pour les professionnels, ce retard d’électrification du parc de véhicules neufs s’explique par l’absence d’infrastructures mais aussi par celle de textes réglementaires. « Il ne faut pas s’attendre à des volumes de ventes importants au royaume,

au Maroc, 99 % sont dotés d’un moteur thermique. À titre de com paraison, en Europe, où l’on compte plus de 500 véhicules pour 1 000 habitants (contre 65 pour 1 000 au Maroc), 10 % des voitures sont 100 % électriques. « Sur le marché marocain, en 2021, on dénombre 688 véhicules de ce type, dont 421 hybrides rechargeables », détaille Ryad Mezzour, qui se réjouit toutefois de l’évolution de la consommation des véhicules électriques. « Les véhicules à motorisation alternative (hybride et électrique) progressent, quoique modestement, avec 3,2 % de parts de marché En 2021, les ventes de véhicules écologiques ont bondi de 145 % par rapport à 2019 », illustre-t-il pour montrer que le marché local suit peu à peu la tendance mondiale.

L’Opel Rocks-e, un quadricycle lourd qui se conduit sans permis.

étant donné que les véhicules électriques restent chers. Il paraît utile de rappeler qu’en Europe les ventes sont dopées surtout par les subventions », analyse Mohamed Ouzif, qui pointe aussi le manque de bornes de recharge publiques au Maroc.

Face à cette carence, l’Aivam a proposé aux pouvoirs publics de constituer, en collaboration avec les pétroliers, un fonds de 500 millions de dirhams pour installer les bornes nécessaires « Nous sommes allés voir les pouvoirs publics pour leur proposer de ponctionner un montant sur chaque véhicule et de le verser dans un fonds de manière que l’argent soit distribué aux pétroliers pour qu’ils installent des bornes. Il faut ainsi le cadre pour inciter les pétroliers à le faire dans un délai déterminé, comme c’est le cas en France », défend Adil Bennani. Un chantier qui doit, selon lui, aller de pair avec l’adaptation de l’industrie automobile, car « il n’est pas normal qu’un pays producteur de véhicules électriques ait un parc polluant ».

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Le groupe français Renault a déjà fait part de son intérêt, ainsi que l’allemand Volkswagen.

Pièces détachées

Iveco prend ainsi une longueur d’avance sur plusieurs autres constructeurs qui avaient annoncé la création de chaînes d’assemblage dans le pays. Toyota, maison mère

Toyota, Mitsubishi, Mercedes-Benz, Volkswagen, Audi, Ford, Hyundai, Nissan, Suzuki ou encore Kia.

Il faut dire que le marché automo bile ivoirien est l’un des plus dynamiques de la région ouest-africaine, avec plus de 20000 véhicules neufs vendus en 2021, soit une progression de 17 % en un an. Sur les six premiers mois de cette année, 11687 voitures ont été écoulées, selon les statistiques du Groupement interprofessionnel automobiles, matériels et équipementiers (Gipame). Parmi les marques les plus distribuées par les concessionnaires présents dans le pays : Renault, Peugeot, Honda,

BAUDELAIRE MIEU

Dans sa stratégie, la Côte d’Ivoire veut certes « créer des unités d’as semblage dans une zone industrielle spécialisée,mais[lepaysentend]aller plus loin en créant aussi des unités de fabrication d’accessoires (pièces de rechange et composants automo biles) », explique, sous le couvert de l’anonymat, un membre du gouvernement. La présidence ivoirienne suit de près ce projet, mais plusieurs ministères en assurent la coordination et l’opérationnalité. Pour développer cette plateforme, le pays a sollicité, dans le cadre d’un partenariat,l’appuidumarocainTangerMed, qui a construit et gère l’un des plus importants complexes industrialo portuaires du continent.

d’autobus avec son partenaire ivoirien, Sotra, la société de transport public, dans le district d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne L’investissement, estimé à plus de 70 millions d’euros, dote ce premier site d’une capacité annuelle de 1000véhiculesdetypebusentre18et 26 places par an, destinés au marché ivoirien.

STRATÉGIE

Le plus avancé dans les négociations est le constructeur franco-italien Iveco, qui a signé un mémorandum d’entente avec le gouvernement ivoirien pour l’implantation d’une unité à San Pedro. Iveco avait déjà lancé en janvier une unité d’assemblage

Au-delà du pays, c’est le marché sous-régionaldel’Unionéconomique etmonétaireouest-africaine(Uemoa) et aussi celui de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), avec un marché captif de plus de 400 millions de consommateurs, que visent les constructeurs. À noter cependantque dansla région le Nigeria et le Ghana sont très avancés dans ce domaine.

Grâce à des partenariats sud-africains et marocain, les autorités du pays souhaitent développer une zone industrielle autour du port de San Pedro.

Comment la Côte d’Ivoire veut devenir un hub régional

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Le pays s’inspire des mécanismes qui ont permis le succès de l’Afrique du Sud dans ce secteur pour développer sa future zone industrielle réservée à la conception et à l’assemblage des véhicules. Le cabinet sud-africain lancera une étude en septembre pour élaborer un livre blanc, et, à partir de novembre, le gouverne ment organisera une table ronde des constructeursautomobilesàAbidjan. L’objectif est de mettre en place un écosystème « cohérent et compétitif », nous explique-t-on de sources gouvernementales.

a Côte d’Ivoire confirme ses ambitions dans le domaine automobile. À l’occasion du dernier voyage d’Alas sane Ouattara en Afrique du Sud, en juillet, le gouvernement ivoirien a conclu deux accords importants : l’un avec l’Association des constructeurs sud-africains et l’autre avec le cabinetB&MAnalysts,spécialisédans le conseil pour le développement des secteurs industriels

L

Iveco, une longueur d’avance

de CFAO Motors, a signé en 2019 un accordaveclegouvernementivoirien pour l’ouverture d’une unité de mon tage de véhicules utilitaires, mais le projet, toujours en négociation avec la Côte d’Ivoire, n’a pas beaucoup avancé.

Quelques constructeurs ont déjà entamé des discussions avec le gouvernement ivoirien pour s’installer dans la future zone industrielle qui sera située dans le port de San Pedro. Le groupe français Renault a déjà fait part de son intérêt, ainsi que l’alle mand Volkswagen et son concessionnaire local,le groupe Sifca. Lechinois Sinotruks’estaussisignaléparlebiais de son représentant local, le conglo mérat Yeshi Group.

MOBILITÉ

Bien évidemment, tous les champs d’activités couverts par le STIont bénéficiéd’investissements directs de la part de Quipux Afrique ou de la mise en place de partenariats pour assurerleur financement. Toutecettedynamique est animée par un modèle économique et financier innovant intégréavec le système bancaireetlatechnologie Mobile money, mais permettant surtout de sécuriser et de générer des ressources supplémentaires pour l’État.

Depuis le 7septembre2021, ce qui achangé en Côte d’Ivoire, c’est la présence de caméras radars de vidéoverbalisation sur les grands axes du grand Abidjan.

Le dispositifinnovant repose sur un réseau de cameras radars fixesetmobilesdotés d’intelligence artificielle qui flashent lesplaques d’immatriculation des véhicules auteurs d’infractions et notifient l’amende au propriétaire avec toutes les évidences. Une première dans toute la région ouest-africaine. Le projet STIqui vise àaméliorer la sécuritéroutièreet favoriser le changement progressif du comportement des usagers de la route prévoit la mise en place d’une fourrièreAdministrative. Véritable plateforme intégrée de solutions de gestion du stationnement, la fourrière administrative ades objectifs d’amélioration de service public et de l’environnement de travail des acteurs impliqués.

Àn’enpoint douter,l’exemple de la Côte d’Ivoirepermet d’affirmer que ce type de dispositif permettra, notamment, de renforcer l’autorité de l’État, de mettreenplace une véritable politique de mobilité. La transfor mation numérique de nos économies, l’amélioration de la mobilité et surtout la possibilité pour les citoyens de se déplacer grâce àla mise àdisposition par les pouvoirs publics de solutions innovantes sont parmi les clefs de la compétitivité de nos économies africaines.

DR

Cetteaction s’inscritdans le cadreduprojet de Système de Transport Intelligent (STI); une solutiontechnologique qui vise àaméliorerlasécuritéroutière et àéquiper l’administrationd’outilsperformants en matière de maitrise de la mobilité despersonnes et desbiens sur l’ensemble du territoire national.C’est àtravers une communication en février 2021 qu’il aconcédéàQuipux Afriquelamise en œuvre du Système de transportintelligent. Le décretportant ap probationdelaconvention de concession pour la conception, le financement,lamise en place,l’exploitationetlamaintenance d’un systèmedegestionintégréedel’ensembledes activités du transportroutier en Côte d’ivoire, d’un STIetd’une fourrière administrative consacrelerenouvellement de la convention de concession.Eneffet, depuis2014, suivant une premièreconvention de concession,Quipux Afriqueamis en placelesystèmedeGestion intégrée pouroptimiser les processus administratifs de traitement etdedélivrance des docu ments de transportsetconstitué unebase de données unique, fiable et sécuriséeau Ministèredes Transportsqui regroupe les registresdes Conducteurs, des Véhicules et desTransporteurs.

L’entreprise spécialisée dansle développement de solutions technologiques appli quées aux systèmes du transports s’est donnée pour mission de proposerdes solutions et services intégrant la technologie pour résoudre les problématiques de mobilité, de sécurité routièreetaméliorer la qualitédevie des populations des villes et Étatspartenaires.

Après plusieurs semaines de campagne de sensibilisation au respect du code de la route et la prise d’un certain nombredetextespour adapter sa réglementation en matièrede mobilité, le Gouvernement ivoirien àtravers sonMinistèredes Transports alancé la phase répressive de la vidéoverbalisation dans le Grand Abidjan avec en perspective son extension sur tout le territoireivoirien.

Pour Ibrahima KONE, Directeur Général de Quipux Afrique, les STIs’imposent parce que la nécessité d’innover,detransformer par la mise en place de plateformes technologiques aboutissant àdes services àvaleur ajoutéepermet aux citoyens de mieux per cevoir les effets des politiques publiques en matièredemobilité et d’améliorer ainsi leur quotidien.

Abidjan Cocody Rivieragolf 4, RueE131 -Tél. :(+225)2722479560- Email :communications.afrique@cgi.ci www.quipuxafrique.com QUIPUX AFRIQUESA: ENTRE TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ET NOUVEAUX DÉFIS LIÉS ÀLA ET À LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE EN AFRIQUE COMMUNIQUÉ Ibrahima KONE Directeur Général de Quipux Afrique

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