Rébellion du M23, bras de fer avec Félix Tshisekedi, critiques de la communauté internationale, mais aussi longévité au pouvoir et présidentielle rwandaise de 2024… Entretien exclusif avec le chef de l’État.
www.jeuneafrique.com N0 3121 – FÉVRIER 2023 3’:HIKLTD=[U\^U^:?n@b@c@b@k";M 019363121F: 7,90 ERD RD CONGO LA DERNIÈRE LIGNE DROITE SPÉCIAL32 PAGES CAMEROUN Motaze, le neveu qui pourrait être roi CÔTE D’IVOIRE-MALI Les secrets d’une affaire d’État MAROC Nos amis à Washington
KAGAME
PAUL
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«Je n’accepte pas que le Rwanda soit le bouc émissaire des dirigeants congolais»
ZIV KO REN/POLARIS/ST ARF AC E JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 106 INTERNATIONAL
Le chef du gouvernement de l’État hébreu, à Jérusalem, le 1er novembre 2022.
ISRAËL-AFRIQUE
Le temps des retrouvailles
De nouveau Premier ministre, Benyamin Netanyahou devrait reprendre les dossiers là où il les avait laissés en 2021, notamment celui des relations avec le continent, qu’il entend consolider.
lourds de l’organisation panafricaine tels que l’Algérie ou l’Afrique du Sud.
L’année 2022 symbolisera-t-elle le retour d’Israël en Afrique, tant vantéeparlePremierministreBenyamin Netanyahou lors de son précédent mandat?
Pour la première fois depuis longtemps en effet, l’État hébreu enregistrait au début de l’année dernière une victoire diplomatique des plus significatives, en étant à nouveau autorisé, en février 2021, à siéger en tant qu’observateur au sommet de l’Union africaine (UA), et ce malgré l’oppositionouvertedecertainspoids
LTrès exactement vingt ans après en avoir été dépossédé, Israël retrouvait le statut qui avait été le sien jusqu’en 2002. Fort de ses soutiens rwandais, éthiopien ou encore camerounais, l’État hébreu n’avait même pas besoin d’une dernière confirmation de la Commission de l’UA pour voir son retour validé. « C’est la fin d’une anomalie », avait salué Yaïr Lapid, alors ministre israélien des Affaires étrangères avant de devenir Premier ministre quelques mois plus tard, puis de laisser son poste le 29 décembre à celui qui l’avait battu lors des élections anticipées de novembre 2022 : Benyamin Netanyahou.
Le retour de celui qui a déjà été le Premier ministre d’Israël de 1996 à 1999 puis de 2009 à 2021 ressemble presque à une bonne nouvelle pour l’Afrique : d’abord parce que le leader du Likoud semble être particulièrement apprécié par certains de ses pairs africains, comme le Rwandais Paul Kagame, ensuite parce qu’il n’a pas ménagé ses efforts pour voir son pays retrouver une partie de l’influence qui fut la sienne sur le
OLIVIER CASLIN, ENVOYÉ SPÉCIAL À TEL-AVIV
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 107
continent jusqu’au début des années 1970 En 2016, il organise une tournée historique de quatre jours en Afrique subsaharienne, qui l’emmène en Ouganda, au Rwanda, au Kenya et en Éthiopie.
L’année suivante, il assiste au 51e sommet de la Cedeao, organisé à Monrovia. Une première pour un chef de gouvernement israélien qui marquera également l’histoire de son pays en recevant en 2018, à quelques mois d’intervalle, son ami Paul Kagame, suivi de son homologue togolais, Faure Gnassingbé et del’ancienchefd’ÉtattchadienIdriss Déby Itno.
Cercle de la paix
C’est encore sous son mandat qu’Israël ouvre des ambassades à Conakry et à Kigali, et démarre le processus en cours de normalisation de ses relations diplomatiques avec le Maroc et le Soudan dans le cadre des Accords d’Abraham. Même si c’est Yaïr Lapid qui se rend à Casablanca pour la première visite officielle d’un responsable israélien dans le royaume en août 2021… quelques semaines seulement après le départ de Benyamin Netanyahou de la primature.
Pendant les dix-huit mois où ce dernier a été remplacé à la tête du gouvernement, Naftali Bennett puis Yaïr Lapid ont en effet vite inscrit leurs pas dans ceux de leur prédécesseur et capitalisé sur ses premiers succès pour rétablir, selon le terme officiel, les relations d’Israël avec le Maroc, vu depuis Tel-Aviv comme une porte d’entrée vers l’Afrique subsaharienne, notamment francophone. La zone semble d’ailleurs faire l’objet d’une attention particulière, notamment depuis l’ambassade d’Israël à Dakar, qui, depuis le début de cette année, gère également le Tchad, en plus de la Gambie, du Cap-Vert, de la Guinée-Bissau et de la Guinée.
Sans allié fiable dans le Sahel, la diplomatie israélienne semble avoir jeté son dévolu sur N’Djamena, qu’elle espère voir intégrer à terme le Cercle de la paix, terminologie israélienne utilisée pour parler du processus de normalisation en cours au Moyen-Orient et par extension en Afrique, dans le cadre des Accords
d’Abraham que Bennett comme Lapid ont validés, assurant pour une fois une continuité souvent mise à mal par les changements de gouvernement récurrents en Israël.
Les rares évolutions significatives sont à chercher en interne. Netanyahou adorait endosser le costume de chef de la diplomatie, vidant de sa substance un ministère des Affaires étrangères qu’il jugeait lui être hostile. « Ses successeurs l’ont replacé au cœur de l’appareil, en lui accordant un budget qui permet à ses ambassades de faire leur travail et d’obtenir des résultats sur le terrain », constate aujourd’hui Emmanuel Navon, chercheur à l’Université de Tel-Aviv.
Notamment au Tchad, où, en plus d’ouvrir une représentation diplomatique, Israël finance l’un de ses plus importants projets de coopéra-
religieux de sa coalition, le Premier ministre est en outre handicapé par soninculpationen2021dansdiverses affaires de corruption. Le temps d’obtenir l’immunité judiciaire qu’il espère trouver auprès de ses nouveaux alliés politiques, sa marge de manœuvre devrait être des plus minces sur la scène intérieure.
Jardin africain
tion en cours sur le continent, avec la livraison clés en main d’une unité médicale d’urgence, spécialisée en traumatologie, pour équiper l’hôpital de N’Djamena. La même est en construction à Djouba, au Soudan du Sud. En Israël, le ministère a utilisé son enveloppe et son réseau pour créer ou soutenir l’un des nombreux programmes lancés ces dernières années en direction de l’Afrique aux côtés du secteur privé et de la société civile. « Les liens se sont renforcés, et aujourd’hui nos relations sont bonnes avec une grande majorité des pays du continent », estime un diplomate israélien.
Le retour de « Bibi » ne devrait pas fondamentalement changer cette donne africaine, malgré les nombreuses inconnues qui entourent le gouvernement « le plus à droite de l’histoire » tout juste nommé À la merci, selon de nombreux observateurs, des provocations des partis
À l’extérieur, la nomination de son très proche conseiller, Ron Dermer, ancien ambassadeur d’Israël à Washington, à un ministère des Affairesstratégiquestaillésurmesure pour lui indique bien la volonté du Premier ministre de gérer en direct les dossiers les plus sensibles du moment, des relations avec les ÉtatsUnis à la question iranienne, sans oublier bien sûr les Accords d’Abraham, pierre angulaire de la diplomatie israélienne depuis deux ans. « Le Premier ministre a décidé d’élargir le Cercle de la paix », a déclaré Ron Dermer lors de sa prise de fonctions. D’abordendirectiondel’Arabiesaoudite, avec laquelle les négociations sont les plus avancées. Vers l’Afrique ensuite, avec le Tchad donc et plus encore le Soudan, pour qu’un véritable processus de normalisation puisse voir le jour avec un pays qui participait à l’effort de guerre contre Israël au début des années 1970.
Avec ces deux nouvelles pierres dans son jardin africain, Israël atteindrait encore un peu plus l’un de ses principaux objectifs sur le continent : préserver ses accès à la mer Rouge, déjà en partie sécurisés par la proximité qu’entretient le pays avec l’Érythrée.
Pour le second, qui consiste à s’assurer des voix africaines dans les grandes instances internationales, Benyamin Netanyahou sait qu’il peut compter sur Eli Cohen, son ministre des Affaires étrangères, pour maintenir la dynamique en cours sur le continent, sans trop protester si jamais son budget venait à être réduit. Pas forcément grand connaisseur du continent, ce dernier a prévu de s’y rendre rapidement dès ces prochaines semaines, avec peut-être en point d’orgue un passage par AddisAbeba, pour « observer » le prochain sommet de l’UA.
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 108 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
Israël cherche à atteindre l’un de ses principaux objectifs sur le continent : préserver ses accès à la mer Rouge.
Lune de miel avec le Maroc
En 2020, un processus de normalisation s’est engagé entre Tel-Aviv et Rabat, qui multiplient depuis les accords commerciaux et sécuritaires
Dans un courrier daté du 27 décembre 2022 au ton particulièrementélogieux,leprésident israélien Isaac Herzog évoque l’histoire des relations entre le Maroc et ses citoyens de confession juive. « QuanddesmillionsdeJuifsontsubi leshorreurs del’Holocauste[…],leroi MohammedVafourniunrefugesûrà ses sujets », écrit-il notamment.
Une façon symbolique de célébrer le deuxième anniversaire de la signature des Accords d’Abraham, le 22 décembre 2020, entre le royaume chérifien et Israël, à laquelle Rabat a consenti en échange de la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.LeMarocestainsidevenu le quatrième pays arabe, après Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Soudan, à avoir normalisé ses relations avec Tel-Aviv.
Les deux pays se sont engagés à porter leurs échanges commerciaux, à terme, à 500 millions de dollars par an, contre 117 millions en 2021.
Les autorités marocaines et israéliennes entendent exploiter tout le potentieldeleurnouveaupartenariat, en mettant notamment l’accent sur les domaines sécuritaire et militaire.
Aprèsunevisitedel’ancienministre des Affaires étrangères Yaïr Lapid à Rabat en août 2021, celle, trois mois plus tard, du ministre israélien de la Défense,BennyGantz,débouchaitsur la signature d’un accord que ce dernierqualifiaitlui-mêmecommeétant « sans précédent », sans toutefois en préciserlesmodalités.L’été2022aété marqué par les venues successives
au Maroc de nombreux hauts responsables israéliens, de l’ancienne ministredel’IntérieurAyeletShaked, en juin, au patron de la police Yaakov Shabtai, en août, quelques semaines après celle en juillet d’Aviv Kochavi, ancien chef d’état-major de l’armée.
Alliance objective
En février 2022, le ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, et la ministre israélienne de l’Économie et de l’Industrie, Orna Barbiva, signaient un accord dans lequel leurs deux pays s’engagent à porterleurséchangescommerciauxà 500 millions de dollars par an, contre 117 millions en 2021 Pour réaliser cet objectif aussi lointain qu’ambitieux, les deux partenaires comptent bien s’appuyersurleurcoopérationsécuritaire très dynamique à mesure que le Maroc fait l’acquisition d’importants stocks de matériel militaire israélien. Le tout sur fond de présence iranienne, perçue par Israël comme une menace dans son voisinage immédiat. Par ailleurs, Téhéran demeure l’un des principaux soutiens logistique et militaire du Front Polisario,
l’entité séparatiste qui revendique la création d’un État au Sahara occidental. De quoijustifier la création de cettealliancequalifiéed’objectivepar les deux pays.
L’entrée en fonction du nouveau gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou, et dont plusieurs membres appartiennent à l’extrême droite, ne devrait rien changer dans les relations avec le Maroc, pas plus que remettre en cause l’actuelle politique israélienne d’ouverture vers les pays arabo-musulmans.
Au contraire, elle pourrait continuer à se déployer vers l’Afrique subsaharienne. Posté au Sénégal et également chargé de la Gambie, du Cap-Vert, de la Guinée, de la GuinéeBissau et du Tchad, l’ambassadeur Ben Bourgel sillonne le continent pour tenter de lancer une dynamique similaireàcelleencoursaveclespays arabes. « Les Accords d’Abraham ont créé un contexte favorable pour enclencher les discussions avec plusieurs pays », assure le diplomate, qui espère voir le cycle de normalisation s’étendre à tout le continent.
Soufiane Khabbachi
AFP
Le chef d’état-major israélien, Aviv Kochavi, devant les FAR marocaines, à Rabat, le 19 juillet 2022.
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 110 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
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Eli Cohen « Nous tendons la main à tous »
Le chef de la diplomatie israélienne souligne la volonté de Tel-Aviv d’étendre au continent la politique de normalisation entamée avec le monde arabe.
routes commerciales internationales ou de lutte contre le terrorisme et le radicalisme.
Biensûr,nouspréférerionsquenos amis africains aient une meilleure compréhension des complexités du Moyen-Orient et des défis sécuritaires auxquels Israël est confronté, et qu’ils cessent par conséquent de soutenir les nombreuses initiatives anti-israéliennes dans les forums internationaux. Mais c’est en fait déjà lecas,commeentémoignelevotedes pays africains aux Nations unies ces dernières années, et je m’engage à faire de mon mieux pour que cette tendance se poursuive.
Quel premier bilan pouvez-vous tirer du processus de normalisation en cours avec le Maroc?
Cela fait tout juste un mois qu’Eli Cohen a été nommé chef de la diplomatie israélienne, dans le gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou. Pour ce poste, le Premier ministre, de retour aux affaires, a choisi un fidèle, député du Likoud depuis 2015, à qui il avait déjà confié le ministère de l’Économie, de 2017 à 2020, puis dans la foulée celui du Renseignement jusqu’en 2021. C’est à ce moment-là qu’il s’est fait remarquersurlascèneinternationale en devenant le premier officiel de ce rang à diriger une délégation israélienne à Khartoum, dans le cadre des Accords d’Abraham, dont ce sabra de 50 ans passe pour être un fervent artisan.
Si le processus de rapprochement en cours avec l’Arabie saoudite devrait être directement géré par le cabinet du Premier ministre, Eli Cohen aura à cœur de l’étendre à d’autres pays d’Afrique, en espérant que l’exemple du Maroc saura convaincre les plus réticents.
Eli Cohen : Quelle est votre feuille de route concernant le continent africain?
Jeune Afrique : L’Afrique sera certainement une priorité pour mon ministère. Benyamin Netanyahou, qui s’est rendu à de nombreuses reprises sur le continent, l’a affirmé
lors de son précédent mandat : Israël revient en Afrique. Nous entretenons des relations amicales avec la plupart des pays africains, et ma politique consistera à approfondir notre coopération pour encourager ceux qui hésitent encore à revoir leur position, dans un intérêt mutuel.
Qu’il s’agisse de la sécurité alimentaire, de la lutte contre le terrorisme ou des pandémies, aucun pays ne peut relever seul les défis d’aujourd’hui. Nous avons beaucoup à gagner à travailler ensemble C’est justement pour promouvoir cette politique que j’ai l’intention d’effectueruncertainnombredevisitesofficielles dans plusieurs pays africains au cours de mon mandat. Israël a été très actif par le passé sur le terrain, en coopérant avec de nombreux pays africains alors nouvellement indépendants, et j’ai l’intention d’œuvrer pour qu’on redevienne un partenaire important du développement social et économique de l’Afrique.
Avec quels objectifs pour votre pays?
L’intérêt stratégique d’Israël réside dansuneAfriquesûre,politiquement stable et économiquement florissante. Cette approche est particulièrement pertinente en raison de notre proximité géographique, ainsi que sur d’importantes questions communes, en matière de sécurité des
Israël attache une grande importance politique et stratégique à ses relations avec le Maroc, et, depuis deux ans, nous avons travaillé ensemble pour développer notre coopération dans des domaines très importants pour les deux pays. L’importance du Maroc à nos yeux tient également au fait qu’il s’agit d’un acteur important du continent, et nous aimerions nous y associer pour mieux étendre notre coopéra-
tion avec les pays subsahariens, en proposant des partenariats autour de projets régionaux
Celapourraitêtreparticulièrement pertinent en direction des pays francophones du continent, qui ont des liens historiques et économiques étendus avec le Maroc, et, dans ce contexte, les nombreux Israéliens d’origine marocaine pourraient jouer un rôle essentiel.
Est-ce que les Accords d’Abraham pourraient concerner d’autres pays du continent?
INTERVIEW
Notre intérêt stratégique réside dans une Afrique sûre, politiquement stable et économiquement florissante.
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 112 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER CASLIN
Je l’espère vraiment Je suis persuadé que d’autres pays du continent rejoindront à terme les Accords d’Abraham, notamment dans le Sahel et la Corne de l’Afrique. Ce processus permet de développer des relations complètes avec Israël, sans devoir être nécessairement d’accord sur l’ensemble des questions politiques, et ce pour régler des problèmes d’intérêt commun.
Nous collaborons par exemple avec les Émiratis pour élaborer des projets tripartites destinés à des pays africains. La coopération entre les pays partenaires des Accords d’Abraham ne fait que démarrer, et elle doit donner l’envie aux autres de nous rejoindre. C’est le cas pour la Tunisie Nos deux pays avaient des relations officielles par le passé, et nous espérons qu’un jour les circonstances nous conduirons à les rétablir. Comme au Maroc, il existe une importante communauté juive sur place qui peut constituer un pont.
Israël est aujourd’hui l’un des principaux fournisseurs d’armes du Maroc. L’Algérie en a fait un prétexte pour affirmer que sa
sécurité était menacée. Israël ne contribue-t-il pas à exacerber les tensions au sein du Maghreb?
Tout accord signé entre Israël et un pays arabe contribue à la stabilité régionale et ne la compromet certainement pas. Il ne se fait évidemment pas non plus au détriment d’un autre pays Nous tendons la main à tous, et les relations de coopération que nous établissons avec le Maroc ont pour but de renforcer la paix, l’économie et le développement entre l’État d’Israël et les pays arabes
Dans quelques semaines se tient le sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba. Vous nous confirmez qu’Israël va bien siéger, cette fois officiellement, en tant qu’observateur?
Israël a obtenu ce statut en juillet 2021, lorsque le président de la Commission de l’UA a reçu les lettres de créance de notre ambassadeur à Addis-Abeba. Certains pays s’y sont opposés et ont tenté de faire révoquer notre statut lors du sommet de 2022, mais leur proposition n’a pas été retenue. Ces pays suivent encore des politiques archaïques bien éloignées des objectifs affichés par l’UA.
La gestion par Israël de la question palestinienne continue de susciter des critiques sur le continent. Que compte faire votre gouvernement pour avancer vers la résolution du conflit attendue par de nombreux pays africains?
Israëlpoursuitsonoffred’unerésolutionpacifiqueduconflit,surlabase de négociations directes, de bonne foi et sans conditions préalables. J’invite donc les pays africains qui entretiennent de bonnes relations avec les Palestiniens à leur faire comprendre la nécessité de s’engager directement avec Israël.
L’UEdéfendtoujourslasolution àdeuxÉtatsetlegeldescolonies. Est-ceprécisémentl’opposition européenneàlapolitiqueisraéliennedanslesterritoirespalestiniensquipousseIsraëlàregarder ailleurspourtrouverdenouveaux alliéssurlascèneinternationale?
Notre intérêt pour la promotion de bonnes relations amicales avec les pays africains date de bien avant l’existence de l’Union européenne, et il est totalement indépendant de l’état de nos relations avec l’UE ou d’autres pays.
FA CEB OOK ELI COHEN
Eli Cohen était à la tête de la première délégation israélienne officielle envoyée à Khartoum, au Soudan, en janvier 2021.
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 113 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
Alorsque le groupe Mitrelli célèbreune décennie de solutions innovantes et pionnières pourl’Afrique, HaimTaib, sonfondateur et président, partage son histoireetsavision pour l’Afrique et Israël, et leur unique synergie.
S’appuyant surles 30 années d’expérience de HaimTaib dans le développement enAfrique, Mitrelli collaboreavec les gouvernements et ses partenaires internationaux poursoutenirla croissance économique, créer de nouveaux emplois et autonomiserles communautés.
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HaimTaib : «Lapopulationlaplus jeune du
Que représente l’Afrique pour vous ?
Quandjepenseàl’Afrique,jepenseàseshabitants,àses magnifiques cultures et surtout -je voisbeaucoupd’inspirationetd’innovation.J’ai un lienfortavec le continent.
L’Afrique signifie beaucoup pour moi. Mes parentsont immigréenIsraël depuis la Tunisie dans les années 1950.Sans expérience dans l’agriculture,ils ontrépondu au besoin de main-d’œuvre et se sont installés dans une communautéagricole,oùj’aigrandi.J’aiapporté en Afrique desexpériencesetdes modèles de développement et les moyens par lesquels nous avons surmontéles défisclimatiques et les pénuries d’eau
JesuisarrivéenAngolailya30ans,alorsqueje travaillaispourunesociétéportugaiseapparteantàdesIsraéliens.Nousavonscommencéà évelopperdesentreprisescommercialespour ssayerderépondreauxbesoinsimmédiatsdu ays dans les domaines de l’agriculture, de la onstruction,delacommunication,del’éducaonetdelaformationprofessionnelle.
ucoursdemespremièresannéesenAfrique, aitrouvé de nombreuses similitudes entre AngolaetIsraël, et je me souviens m’être emandé pourquoinepas utiliser lesconnaisances et les technologiesqui avaient été déeloppéesetéprouvéesaucoursduprocessus d’édificationdelanationenIsraël
Vous avez développé des solutions innovantesinspiréesdesmodèles israéliens. Quel aété le premier projet en Angola ?
En 2002,à la fin de la guerrecivile, l’économieetles infrastructures avaient été en grande partie détruites.
Leprésidentcherchaitdesidéespourpromouvoirlapaixetreconstruirelepays.Jeluiaiparlé dusuccèsdumodèledukibboutzetdumoshav en Israël :comment les gens qui ont immigré du monde entier ont été envoyésdirectement vivre dans des communautés agricoles et ont bâti le nouveau pays grâce àl’agriculture
Au lieu d’importer de la nourriture,j’aiconseillé au présidentdereconstruire l’économie par l’agriculture,enconvertissant les ex-combattantsdesdeuxcôtésdelaguerrecivileenagriculteurs et en établissant des communautés agricolescommunes.
Beaucoup ont dit que cela ne fonctionnerait jamais. Mais le présidentaécoutéetm’a demandéd’apporter un planopérationnel.C’est ainsi que le projet «Aldeia Nova» («lenouveau village»enportugais) acommencé
Aujourd’hui,AldeiaNovaest un nomconnu de tous.Son centrelogistiquerégionalapprovisionne en nourritureles principales villes d’Angola.C’estunsymboledecequenouspouvons réaliser ensemble.Vous avezprononcé le mot «modèle» et c’est exactement cela. C’est un excellentexemple de ce quenous pouvons réaliser en développant de nouveaux modèles, impactant la vie de millions de personnes, créant de nouveauxemplois et favorisant la croissance économique
Créer de nouveaux emplois et la croissance économique est un défi, quelle est la clé du succès ?
Penser auxpersonnes –pas aux projets. Prenons l’exemple du logement.En2010,le gouvernementangolaischerchaitdessolutions àlacrise du logementàlaquelle le pays était confronté.Plutôtquedesimplementconstruire
mondepourrait bénéficier de l’innovationisraélienne»
na dé es pa co tio Au j’a l’A de sa ve d
Haim Taib, fondateur et président de Mitrelli
des logements abordables dans les zones périphériques, notreambition étaitde construire descommunautésquioffrentàleursrésidents des écosystèmes holistiques et de nouvelles opportunités d’emploi.
Àcejour, Mitrelli construit 40 000 logements, des communautés avec des écoles, des cliniques, des services municipaux, et avec des infrastructuresmodernes d’électricité,d’eau, d’assainissement et decommunication.
de centres de formation professionnelle en Angola, enseignant les compétencesenélectronique et en construction. Le réseau forme aujourd’hui 150000 étudiantspar an Plusrécemment,legroupeMitrelliadéveloppé un réseau nationalde18centres d’entrepreneuriat et d’emploi (CLESE),undanschaque province,offrant àdes milliersdejeunes un aperçu de la façondont l’Angola peut devenir la «Start-up Nation »del’Afrique
Mais l’éducation joue aussi un rôle important dans la construction d’une identité locale.En 2006, j’ai créé la FundaçãoArte eCultura, une fondation locale àbut nonlucratif destinéeàpréserveretàrestaurerlesdiversatouts culturels,artistiquesethistoriquesdupays.Je suis fier que la Fundação devienne une partie intégrante de la scène artistique et culturelle angolaise,soutenant les artistes et inspirant les enfants àpoursuivre leurs rêves.
HaimTaib areçu plusieurs ambassadeurs africains pourleur présenter les modèles innovants et les technologies israéliennesutilisées par Mitrelli,et leur potentiel infini.
en Afrique,commel’agencededéveloppementduministère desAffaires étrangères, MASHAV, et ASHRA, l’agence de crédit àl’exportation.
En Israël, j’ai créé la Fondation Menomadin, quisesertdesconnaissanceetdel’expérience acquises en Afriqueauprofit de la société israélienne, et parallèlement en Afriqueetdans le monde.
Quelle est votre vision de l’avenir d’Israël et de l’Afrique ?
Après trois décennies de travail en Afrique, je suis convaincu que l’Afrique peut être le moteur de la croissance mondiale.Lepeuple africain amontré sondynamisme,sacapacité às’adapter,àcréer et àinnover,etjecrois que l’innovation israéliennea un rôle important dans cet incroyable développement.Nous avons beaucoup àapprendre les uns des autres.
L’éducation est en effet un pilier du développement, comment y participez-vous ?
Investir dans la jeunesseest l’une des choses lesplusimportantespourassurerlacroissance future d’un pays. Nous avons créé un réseau
Vous avez une fondation active en Israël et en Afrique ?
L’Afrique est ma passion, mais Israël aura toujours une place particulière dans mon cœur Je suis fier des efforts nationaux d’Israël pour encouragerles entreprises commerciales
Le groupe Mitrelli prépareactuellement le terrain pour des initiatives passionnantes au Sénégal et en Côte d’Ivoire. J’espère que de nombreuxautresentrepreneursisraélienssuivront nos traces et contribueront àfaire de ce rêve continental uneréalité
Vueaérienne de la centralité de Lossambo
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Cursus électronique dans l’undes centres de formation professionnelle.
Un contrat gagnant-gagnant
Partenaire économique incontournable du continent dans les années 1960, l’État hébreu cherche à retrouver son influence d’antan.
Si les relations d’Israël avec l’Afrique se caractérisent généralement par leur pragmatisme mâtiné d’une certaine dose d’opportunisme, la démarche semble surtout empirique en matière de diplomatie, au rythme des possibles extensions des accords d’Abraham sur le continent, quand elle se fait bien plus volontariste en matière économique, emmenée par le secteur privé et associatif.
« Depuis bientôt vingt ans, les entreprises et les différentes organisations non gouvernementales sont bien plus actives en Afrique que les pouvoirs publics israéliens », insiste l’universitaire Galia Zabar, spécialiste du continent à l’université de Tel-Aviv. Au point de faire la course en tête sur le continent, aux avantpostes de relations économiques et commerciales où le business pur côtoie l’aide au développement. L’essentiel pour les Israéliens semble en effet de contribuer à tirer l’Afrique vers le haut, en faisant profiter le continent des différentes technologies – hier agricoles et hydrauliques, aujourd’hui numériques ou financières –, qui ont permis de développer leur pays en seulement quelques décennies, dans un contexte géographique et climatique
assez similaire à celui d’une bonne partie du continent.
« Réparer le monde »
« Israël s’est donné pour mission de sauver les plus faibles », ironiserait presque un de ses ressortissants, consultant en Afrique depuis plus de quarante ans. Cela au nom d’une certaine tradition, héritée
Les Israéliens qui travaillent en Afrique se font fort d’apporter avec eux les toutes dernières technologies disponibles.
du concept juif de tikkun olam, littéralement « réparer le monde » en hébreu, et mise en avant ces dernières semaines par le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, comme étant l’un des piliers de la diplomatie israélienne en Afrique
C’est d’ailleurs avec cette philosophie en tête qu’Israël s’était engagé, dès les années 1960, aux côtés des pays africains nouvellement
indépendants, jusqu’au boycott d’Israël décrété en 1973 par l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’UA, alors sous forte influence libyenne. Depuis, plus rien. « Ou presque », tempère Aliza Inbal, passée, au début des années 2000, par le Mashav, l’agence gouvernementale de coopération internationale israélienne avant de rejoindre la Fondation privée Pears,
OLIVIER CASLIN
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 116 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
COOPÉRATION
pour développer ses programmes de soutien à l’Afrique. Comme un symbole de la tendance suivie par la coopération israélienne
Créé en 1958, le Mashav continue de jouer son rôle à travers le continent, mais, avec un budget inférieur à 30 millions d’euros en 2021, il ne dispose plus des moyens qui permettraient à Israël de retrouver l’influence qui était la sienne sur
le continent il y a plus d’un demisiècle, « quand les Israéliens étaient les étrangers les mieux accueillis d’Afrique », reprend notre consultant. Conscient de ses limites, le gouvernement israélien, à commencer par son ministère des Affaires étrangères, a mis en place un ensemble de mécanismes financiers destinés à accompagner les initiatives israéliennes – privées, associatives, voire
caritatives – orientées vers l’Afrique.
En s’associant à des programmes comme Desert Tech ou Innovation Journey, aux côtés de fondations privées, les pouvoirs publics améliorent sensiblement leur force de frappe sur le continent. Avant de s’engager, comme l’affirme Yael RaviaZadok, directrice générale adjointe du département économique du ministère des Affaires étrangères,
FA CEB OOK MASHA V
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 117 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
Créé en 1958, le Mashav, l’agence gouvernementale de coopération internationale israélienne, a un budget limité par rapport à la force de frappe du secteur privé.
«à développer lessynergiesavec lespartenaires multilatéraux de l’Afrique,commelaBanque mondiale ou lesdifférentesorganisations financières régionales », pour gagner encoreplus en visibilité.
Facilitateur
Carmalgréles efforts réalisés cesdernières années,Israël pèse peudans lesgrandsindicateurséconomiques du continent, comme l’illustrent les échanges commerciaux entreles deux partenaires,qui ne dépassent pasles 2milliards de dollarspar an. Ne disposant ni desmoyensfinanciers de l’État chinois, ni dusoutien affiché de ses responsablespolitiques, lesentrepreneursisraéliens comptent donc essentiellementsur leursavoir-faireetsur leur avancée technologique pour faireladifférenceface àlaconcurrenceinternationaledans de nombreux domaines.
L’objectif resteavant tout «de réaliser desaffaires, confirme SinaiGohar-Barak,responsable
du programmeDesertTech, mais jamais au détrimentdel’Afrique ». Qu’ils’agisse d’agriculture, de finance,d’hydraulique et d’énergie, de sécuritéouencoredesanté, les Israéliens qui travaillent en Afrique se font fortd’apporteràleurspartenaires lestoutes dernièrestechnologiesdisponibles, en lesadaptant si besoin au contextepropreau continent.
Lesautres observent un marché encore mal connu dansleurpays malgrésaproximité,etdont la perception du risque resteencoretrop importantecomparée àunmarché israélien certeslimitéentaille,mais très dynamique et plusrapidement rémunérateur.Conscientdurôle de «facilitateur »qui lui incombe, le gouvernement compte bien, depuis Tel-Aviv,continuer de s’appuyer sur «l’écosystème »israélienmis en placeaufildes années pour pousser lesinvestisseursàfranchir le paset ainsi aider Israël àretrouverlerôle qui aété le sien en Afrique.
Toujours plus proche
Des échanges commerciaux stables ces cinq dernièresannées, grâce à l’augmentation desimportations de denrées alimentaires en provenance d’Afrique (en millions de dollars)
Top10des partenaires
valeur,pour 2021)
Livraison par le Mashav,l’agence israélienne d’aide au développement, de matériel médical àl’Hôpital général de référence nationale (HGRN), àN’Djamena, le 7décembre 2022. Àg., le ministre tchadien de la Santé, Abdoulaye Sabre Fadoul.
MASHA V
commerciaux d’Israël (en
2016 327 514 +57 % -26 % -2,75 % 834 1161 1129 615 ImportExport 2021 Afrique du Sud 33 % 17 % 16 % 7% 4% 3% 2% 2% 3% 3% Égypte Nigeria Kenya Ghana Éthiopie Maroc Rwanda Ouganda Sénégal SO URCE :M INISTÈRE ISRAÉLIEN DE L’ ÉCONOMIE JEUNE AFRIQUE –N°3121 –FEVRIER 2023 118 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
DES ÉCOSYSTÈMES DÉSERTIFIÉS EN AFRIQUE
Depuis plusieursannées, les experts du Keren Kayemeth LeIsraël -Fonds national juif (KKL-FNJ) interviennent auprès de communautés locales au Turkana, dans le nord-ouest du Kenya, et plus récemmentauTchad,pouradapter et mettreenplace d’anciennes pratiques agricoles, actuellement utilisées dans la région du Néguev.Objectif :aider ces communautés àrenforcer leurs capacitésàrestaurerlesécosystèmes etassurerdesressourcesdenourriture.
Le succèsduprojet de développement agricole «Sillons dans le désert », dans le nord du Turkana,renforcelescapacitéslocalesenmatière d’agriculturedurableetapermisd’augmenterla productionalimentaire.Ilaétémisenœuvredans plusde70communautésduTurkana. Grâceà l’augmentation de la production alimentaire locale issue de l’agriculture, les communautés africaines résistent mieux au changements climatiquesetontamélioréleursconditionsdevie.
LorsdeleurpremièrevisiteauTurkana,GilSiaki, directeurdeladivisionduboisementduKKL-FNJ dans la région Sud,etMoti Shriki,directeur de la conservation des sols danslarégion Sud, ont examiné les terres afin de localiserune zone appropriéepour l’implantation d’unprojet pilote,basésur leursconnaissances et leur
expérience de la gestiondes zones ouvertes et du reboisement grâceàl’utilisation du ruissellement de surface dansleNéguev.
« Il atoutdesuite été clairque notremission principaleallaitconsisteràmodérerlepâturage intensif, frein au développement des plantes et accélérateur de l’érosiondes sols », aconfié Gil Siaki.
« Nousavons transmis nosconnaissances et notre expériencesur la manière de travailler avec des appareils de mesure(un trépied et un niveau)etdeschevillesenboispourmarquerles digues àdifférentsniveaux,afin quel’eau soit répartieuniformémenttoutaulongdeladigueet atteigne tous lesarbres, apoursuivi MotiShriki. La population localeautilisédes pelles et des piochespour construire les digues. Une fois les travauxd’infrastructureterminés,noussommes rentrés en Israël et avonsattendu les premières pluies au Kenya. Après quelques mois, il aenfin plu, et comme la construction de la clôture d’enceinteétait achevée, tous lessystèmesde collectedeseauxderuissellementontfonctionné sansaucunproblème».
L’année dernière, unedélégation de professionnels du KKL-FNJ s’était rendue au Tchadpourprendrelamesuredesdéfisauxquels le pays est confronté,notammentenmatière de lutte contre la désertificationetd’adaptation aux fluctuations climatiques. La délégation était conduite par Gilad Ostrovsky,forestier en
chef du KKL-FNJ, en vertu du protocole d’accord entreleKKL-FNJ et le Tchad. Les délégués ont passéplusieurs jours àexplorer les champs ouvertsduTchad, se familiarisant avec les caractéristiques physiques du paysage, la situation environnementale, les ressources en eau et les statistiques météorologiques,afin d’établir un plan approprié pour le transfert de connaissances. Le deuxième volet de leur mission aconsisté àrencontrer les plus hauts responsables du gouvernement et des professionnelslocaux,afindedéfinirlesobjectifs du pays et de mettre en place un processus de travailpratiquepourlamiseenœuvredeprojets futurs.
MotiShriki etGilSiaki encompagniede guideskenyans etdeshabitants duvillage,prèsd’un arbreZiziphusde deuxans -2021Lobur
« Il est très important ànos yeux de partager nos connaissances et nos technologiesavecle Turkana et le Tchad, car l’undes objectifsles plusimportantsduKKL-FNJ est de participerà l’effort mondialdelutte contrelechangement climatique. Nous sommes heureux de voir que les communautés africaines sont moins vulnérables grâce àl’utilisation de méthodes de gestion innovantes en agriculture et pour les bassinsversants.Nous sommesimpatients de travailleretd’apprendreaveceuxpourassurerun avenirmeilleuretprometteuràtoutel’Afrique», adéclaré Ronnie Vinnikov, responsabledu développement des ressources et des affaires extérieureschezKKL-FNJ.
COMMUNIQUÉ
RÉHABILITER
HaKeren HaKayemet Le’Israel 1,P.O. Box 7283, Jerusalem 91072 -ISRAEL
pneyot-tzibur@kkl.org.il JAMG -P HOTOS :D .R.
Mesuresmarquantl’emplacementdelapréparationdessillons (dispositifdeniveauoptique)pourlaplantationd’arbres-2019 Lobur
Quand les licornes croient en l’Afrique
Une licorne – start-up valorisée à plus de 1 milliard de dollars – sur trois dans le monde est israélienne
Israël et son secteur privé cherchent à se faire une place dans la finance, l’agriculture ou encore la santé. Rencontre avec les fondateurs de trois start-up qui sont en passe d’y parvenir.
GABRIEL SAUNYAMA Le défi de l’identité numérique
À25 ans, Gabriel Saunyama est en mission. Ce Zimbabwéen d’origine, arrivé en Israël en 2017 pour rejoindre sa famille, s’est en effet fixé comme objectif de faciliter l’inclusion financière des Africains. « Cela nécessite de réunir trois conditions : éduquer les gens, disposer d’outils numériques performants et fournir des papiers d’identité fiables à tout le monde », explique le jeune homme
Fort de son expérience d’entrepreneur à Harare, Gabriel a décidé de se concentrer sur ce dernier aspect, sachant que, d’après lui, « près de 500 millions d’Africains ne disposent pas de documents sécurisés ». Une fois obtenu en Israël son diplôme de commerce international, il reprend le chemin de l’Afrique dès 2021, direction le Nigeria, où il va déployer la toute nouvelle application qu’il vient de développer à Tel-Aviv, Chromepay, qui permet d’établir des papiers d’identité depuis un téléphone portable avec photo et prise d’empreintes En huit mois, près de 5 000 personnes font appel à ses services.
Un essai qui demande encore à être transformé à plus grande échelle selon Gabriel, qui porte alors son attention vers le marché éthiopien, « bien moins concurrentiel
que le Nigeria ». Les relations entre l’Éthiopie et Israël étant beaucoup plus développées, la démarche de Gabriel reçoit tout le soutien nécessaire, tant en matière de financement que de prises de contact avec les acteurs locaux, publics comme privés.
Le créateur de Chromepay débarque à Addis-Abeba en juillet 2022. Grâce au partenariat avec deux banques éthiopiennes, le succès est au rendez-vous, et en six mois près de 600 000 pièces d’identité numériques sont émises.
« Nous avons notamment ciblé les petits exploitants agricoles pour les aider à avoir accès aux services de la microfinance », explique Gabriel Saunyama, qui sait que la route s’annonce longue avant que chaque Éthiopien dispose de papiers. « Ce n’est pas une course de vitesse mais un marathon », reprend l’entrepreneur qui se projette déjà plus loin, avec la fourniture de pièces d’identité aux enfants, « pour qu’ils puissent bénéficier de l’ensemble des services scolaires et sociaux de leur pays ».
OLIVIER CASLIN
HIGH-TECH
CHROMEP AY
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 120 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
Avi Ostfeld est un homme heureux « En 1999, j’ai créé un service de plateforme d’échanges en ligne que j’ai vendu huit ans plus tard à Cisco », explique l’entrepreneur israélien, qui, depuis 1999, n’a donc plus vraiment besoin de travailler. À 55 ans, il a décidé de profiter de sa fortune en l’investissant dans de nouveaux projets high-tech, « toujours à la recherche des dernières innovations mais sans forcémentcouriraprèslesbénéfices», précise-t-il.
C’estpoursoutenirlacréationdans le secteur de la haute technologie, mais pas seulement, qu’il a inauguré en 2012, dans la banlieue de Tel-Aviv, son concept MakeLab, lieu ouvert et participatif qui met gratuitement à la disposition de ses visiteurs les équipements technologiques dernier cri et l’expertise la plus recherchée. Des conférences, des formations ou encore des ateliers sont régulièrement proposés à tout public intéressé. « C’est un nid qui permet à une
simple idée de grandir et de se développer », résume l’homme d’affaires, qui insiste sur le côté non lucratif de son association et encore plus sur le pouvoir créatif de la communauté. Celle du MakeLab compte plus de 5000 membres, essentiellement en Israël mais également au Nigeria, où ce laboratoire d’un nouveau genre a ouvertsesportesdès 2019,ainsiqu’au Ghana,oùils’estinstalléennovembre dernier.EnattendantleSénégal,avec lequel des premiers contacts ont été établis ces derniers mois.
Engouement
Une arrivée en Afrique qui doit beaucoup « à la visite du MakeLab de TelAviv par l’ambassadeur nigérian en Israël », avoue Avi, qui cinq jours plus tard est à Abuja. Il s’appuie sur l’initiative i-Fair, lancée par le ministre israéliendesAffairesétrangères,pour installer sa structure dans le pays. Un accord est trouvé avec le gouvernement nigérian pour promouvoir un programme de dix mois permettant à
SIMON SCHWALL L’assurance agricole
environnement numérique très dynamique, et d’une culture de l’entrepreneuriat très développée, pour lancer en 2018 Oko, « du nom d’une divinité orisha ».
Fort potentiel
SimonSchwallestfranco-luxembourgeois, mais c’est en Israël qu’il a trouvé le chemin de l’Afrique. Diplômé de HEC Paris, il débarque à Tel-Aviv en 2016, où il comprend vite l’intérêt de monter sa propre entreprise. « Beaucoup de gens recommencent leur vie quand ils arrivent en Israël », constate Simon, qui profite d’un
Doté d’un bon carnet d’adresses, il décide de se lancer à l’assaut du continent africain en proposant des produits d’assurance aux exploitants agricoles via leur téléphone portable Le temps de mettre l’application au point, et Oko démarre ses activités en 2019 au Mali, d’abord dans la filière du coton, avant celles du mil, du sorgho ou du sésame Avec un succès certain puisqu’en trois ans 13000 producteurs ont souscrit une police, faisant d’Oko le premier produit d’assurance agricole du pays. Le fait qu’Israël n’ait pas de relation officielle avec Bamako n’empêche pas Simon Schwall de bénéficier de
ses participants de transformer leurs idées en réalité afin de mieux séduire les potentiels investisseurs. Plusieurs projets, notamment dans l’agriculture,ontdéjàtrouvéleurfinancement suiteaucoupdeprojecteurdonnésur MakeLab par la visite du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, fin 2021. Depuis, le concept poursuit son implantation à travers le continent, s’appuyant sur la forte présence d’Israël au Ghana, ou sur la demande très officielle du gouvernement sénégalais. En attendant d’autres pays du continent. Ce qui ne devrait pas trop tarder, vu l’engouement sur le terrain constaté par Avi Ostfeld.
l’expertise
et des financements de Tel-Aviv
Fort de cette réussite, l’entrepreneur de 35 ans contacte le négociant français Touton, spécialisé dans les denrées agricoles. Début 2022, ils décident de promouvoir leur offre en Côte d’Ivoire Là encore, leur produit répond rapidement à une forte demande, comme l’illustrent les 1 500 cacaoculteurs assurés en quelques mois. Au point de chercher à travailler sur d’autres filières comme le coton, pour laquelle Oko a déjà pris langue avec Olam.
La start-up israélienne s’intéresse également à la caféiculture en Ouganda, où elle compte déjà un peu plus de 800 clients. « Il nous faut 40 000 contrats par pays pour atteindre le seuil de rentabilité », explique Simon Schwall, plutôt confiant dans le fort potentiel affiché par le continent, notamment au Nigeria et au Ghana, prochaines cibles d’Oko, dont le créateur s’est donné comme objectif d’atteindre le milliond’assurésafricainsdès2026.
MA KE L A B
AVI OSTFELD
Le sens de la communauté
OK O
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 122 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
DeserTech Leadersdel'innovationpourla GrandeMuraille Verte
Lesdirigeantsafricainscombattent ladésertificationatraversl'innovation
QUESTIONS À…
Sabine Segal « Nos entreprises veulent être plus visibles »
Selon la directrice générale adjointe de l’Institut israélien pour l’export et la coopération internationale,les échanges commerciaux entre Israël et l’Afrique sont en progression constante.
Chargée des affaires commerciales internationales de l’Institut israélien pour l’export et la coopération internationale (créé en 1968 et rattaché au ministère de l’Économie) depuis bientôt quinze ans, Sabine Segal a une mission essentielle : faciliter les relations d’affaires entre son pays et le reste du monde, notamment l’Afrique Cette ancienne officière supérieure de Tsahal est donc aux premières loges pour évaluer l’attrait nouveau que représente le continent pour les Israéliens – un attrait d’ailleurs réciproque.
JeuneAfrique:Comment lesrelationséconomiqueset commercialesd’Israëlavec l’Afriqueévoluent-elles?
SabineSegal: Depuis cinq ans, Israël manifeste un intérêt croissant
pour l’Afrique, lié à la prise de conscience du potentiel commercial et économique du continent. Les échanges restent limités en valeur mais sont en progression constante. L’expertise et les produits israéliens sont très prisés en Afrique L’objectif est donc de continuer à développer nos relations et de poursuivre nos efforts en ce sens. Nous allons ainsi bientôt avoir un attaché commercial au Maroc, en plus des attachés que nous avons déjà au Kenya, au Ghana et en Afrique du Sud.
Quelssontleseffortsqu’Israël adéjàréalisés?
Nous développons constamment nos relations bilatérales avec les pays africains en multipliant les visites mutuelles de délégations sectorielles ou multisectorielles. Nous participons à de nombreux forums économiques, au cours desquels les Africains nous expliquent la situation de leurs pays respectifs, leurs besoins et la manière dont on peut soutenir leurs investisseurs. Nous organisons enfin un maximum de rencontres en B to B, très appréciées des Israéliens, qui recherchent avant tout l’efficacité. L’essentiel est d’apporter une meilleure compréhension de l’environnement des affaires aux 5000 sociétés israéliennes présentes dans notre base de données.
Dansquelssecteursd’activitéapportez-vousunevaleur ajoutée?
Notre expertise est mondialement reconnue dans l’agriculture et la sécurité alimentaire (en particulier
dans la production laitière), dans le dessalement et la purification de l’eau, ainsi que dans les énergies renouvelables. En novembre 2022, l’Institut a d’ailleurs participé à la COP27 pour présenter nos solutions dans ces différents domaines. Mais c’est en matière de digitalisation et de maîtrise des technologies de pointe que nos entreprises sont parmi les plus avancées du monde. Ce qui nous permet d’être très présents dans les secteurs de la santé, de la finance et de la sécurité, notamment des infrastructures et des équipements. Nous cherchons à être plus visibles en Afrique, en particulier pour faire face à la concurrence des autres pays partenaires du continent. C’est la raison pour laquelle nous saisissons toutes les occasions de rencontres et d’échanges qui se présentent.
Quelpremierbilanéconomiquetirez-vousdesAccords d’Abraham,àlasuitedesquels votrepaysanormaliséses relationsavecleMaroc?
Depuis la mise en œuvre de ce processus, tout est plus simple pour nos entrepreneurs et nos investisseurs dans ce pays. Les échanges entre nos secteurs privés se sont multipliés, ce qui confirme que l’économie est un pilier fondamental de ces accords. Nos entreprises s’intéressent de très près à la stratégie de développement mise en place par le royaume vers le sud du continent et perçoivent le Maroc comme une porte d’entrée sur l’Afrique subsaharienne Propos recueillis par Olivier Caslin
RONEN
AKERMAN/ISRAEL EXPORT INSTITUTE
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 125 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
NOTRE MISSION
Piloter les actions d’Israël visant àresponsabiliser les individus et les communautés défavorisées grâceaupartage d’outils et de savoir-faire, afin de parvenir àundéveloppement et une transformation durables au sein de leurs propres sociétés.
HISTOIRE
C’esten1958que MASHAVvoit le jour,sous l’impulsion du ministredes Affaires étrangères, Golda Meir,etduPremier ministre, David Ben Gourion, dans le but d’aider d’autres pays àse développer en partageant avec eux le savoir-faireetles technologies qui ont servi de base au développement d’Israël.
ÀPROPOSDEMASHAV
MASHAV-L’Agenceisraélienne de coopération au développement international du ministère israélien des Affaires étrangères apour mission de concevoir,coordonner et mettreen œuvreles programmes de coopération pour le développement et les efforts d’aide humanitairedel’Etatd’Israël. Son credo :placer les hommes au cœur du développement, pour se concentrer sur le renforcement des capacités humaines et sur une approche de "formation des formateurs ", afin de partager avec d'autres pays l'expérienceetl'expertise de développement israéliennes, mais aussi ses technologies innovantes et ses méthodologies qui ont fait leurs preuves. Conformément àl’Agenda 2030 pour le développement durable,etentant que membredelafamille des Nations, l'Etatd'Israël, par le biais de MASHAV, assume son rôle dans la responsabilitémondiale de luttecontreles problèmes de développement et contrelapauvreté, refusant ainsi de laisser quiconque àlatraîne
COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT
L’établissement de partenariats efficaces pour le développement est une des clés de la réussiteselon MASHAV. L’Agencemet aussi l’accent sur des projets de coopération en Israël et àl'étranger avec un large éventail de partenaires, chacun apportant ses atouts ainsi que son expérienceetson expertise uniques :
•Dialogues actifs pour le développement avec les pays donateurs et les agences consœurs
•Signatured'accordsdecoopération au développement, bilatéraux et trilatéraux, avec les pays partenaires
•Coopération multilatérale
NOSMÉTHODES DE TRAVAIL
Le programme de formation de MASHAVcomprend une assistance technique et un renforcement des capacités humaines. Basé sur une approche guidée par la demande,ilapour ambition de répondreaux besoins et aux attentes des pays partenaires. Lesactivités professionnelles de MASHAVsedéroulent àlafois en Israël et au sein de ses pays partenaires. En Israël :
MASHAVmène son vasteprogramme de renforcement des capacitéspar l'intermédiaired'instituts professionnels affiliés de premier plan, et via ses principaux centres de formation et de conseil spécialisés :
•Programmes de formation professionnelle
•Conférences internationales
•Délégations thématiques
Au sein des pays partenaires :
•Programmes de formation sur le terrain
•Expertise et conseils àcourt et long-terme
•Création de centres d'excellencepour la formation professionnelle dans le domaine de l’agriculture
SECTEURS PRIORITAIRES
MASHAVconcentreses activités de renforcement des capacités humaines dans les domaines où Israël possède un avantage comparatif et une expertise réelle:
•Agricultureetsécuritéalimentaire
•Education pour tous
•Médecine et santépublique
•Développement communautaire
•Innovation et entrepreneuriat
•Égalitédes sexesetautonomisation des femmes
•Développement rural-urbain
•Recherche et développement
•Planification et intervention d’urgence
•Aide humanitaire
QUELQUES CHIFFRES
Dans le monde :
Plus de 300 000 diplômés dans 140 pays
50 centres de formation et projets de démonstration
Coopération internationale :
35 partenariats continus avec d'autres pays donateurs et organisations internationales
Chaque année :
Plus de 5000 stagiaires
160 formations en Israël et àl'étranger
100 missions de conseil àcourt terme
CLUBS SHALOM
NOUS CONTACTER
Téléphone :+972-2-5303220
E-mail :mashav@haigud.org.il
MASHAVs’emploie àgarder le contact avec ses anciens stagiaires dans leurs pays respectifs. Un réseau mondial de "Clubs Shalom" fait office de plateforme de partage d’événements professionnels, sociaux et culturels et d’échange d’idées et d’expertise,auprofit de leurs communautés.
CULTURE
L’art africain prend la lumière chez Sotheby’s
La branche locale de la célèbre maison de vente aux enchères accueille sa première exposition consacrée au continent Rien à vendre, juste pour le plaisir des yeux
est un petit événement que s’apprête à vivre le milieu artistique de TelAviv. Pour la première fois depuis longtemps, l’art africain sera à l’honneur dans la capitale israélienne grâce à Sotheby’s, qui présentera à partir du 5 février une trentaine d’œuvres contemporaines de la collection privée et familiale Olym. « Pas pour les vendre mais pour les donner à admirer au plus large public possible », explique Sigal Mordechai, la directrice de la branche israélienne de la célèbre maison d’enchères.
C’
financier de Tel-Aviv, la responsable de la maison de ventes dans le pays organise régulièrement des expositions juste pour le plaisir des yeux. « Il n’y a pas d’enchères quotidiennes comme à Londres, c’est donc un bon moyen de créer l’événement, tout en apportant éventuellement
du business à Sotheby’s », explique Sigal Mordechai Plutôt que de faire venir certaines expositions itinérantes proposées par les plus grands musées du monde, mais dont le coût des polices d’assurance est exorbitant, elle regarde du côté des collectionneurs israéliens, nombreux mais qui préfèrent le plus souvent garder leurs trésors loin des regards.
Succès
Bien décidée à utiliser au maximum les locaux flambant neufs dont elle dispose depuis 2019 sur le boulevard Rothschild, au cœur du quartier
En 2019, Sigal Mordechai a pourtant réussi à convaincre deux d’entre eux, spécialistes de l’art contemporain chinois, de montrer leurs collections pour la première fois. Le succès fut tel qu’il a donné l’envie à d’autres amateurs d’art de sortir leurs chefsd’œuvre. C’est le cas de ces deux
OLIVIER CASLIN
KASS OU SEYDOU
TA KU
Une œuvre du Sénégalais Kassou Seydou.
Une toile du Ghanéen Emmanuel Taku.
JEUNE AFRIQUE – N°3121 – FEVRIER 2023 128 INTERNATIONAL ISRAËL-AFRIQUE
L’artiste ghanéen Joseph Awuah-Darko a été nommé curateur de cette exposition, qui présente des œuvres issues de sept pays d’Afrique de l’Ouest.
frères, propriétaires de la collection Olym, qui sillonnent le continent africain depuis plus de vingt ans, pour affaires, collectant au passage peintures, photographies, sculptures et autres installations qui attirent leur œil.
Tout commence par l’achat d’un cliché de l’Ivoirien François-Xavier Gbré et d’un collage du FrancoSénégalais Vincent Michéa, trouvés à la galerie Cécile Fakhoury, à Abidjan Les deux pièces figurent dans le catalogue de l’exposition de Tel-Aviv, aux côtés des œuvres du Sénégalais Kassou Seydou ou des Ghanéens Emmanuel Taku et Foster Sakyiamah. « Pendant trois mois, c’est une occasion unique de pouvoir admirer de l’art africain sans voyager », insiste Sigal Mordechai. Pour l’occasion, Sotheby’s innove en mettant à la disposition des visiteurs des supports audio dans lesquels chaque artiste parle de lui-même, de son travail artistique et de son pays.
À l’artiste ghanéen Joseph AwuahDarko, nommé curateur de l’exposition, de trouver la logique entre ces œuvres issues de sept pays francophones et anglophones d’Afrique
de l’Ouest, plus l’île de Madagascar. Sigal Mordechai en est persuadée : « Ce ballon d’essai va permettre de développer l’intérêt des Israéliens pour l’art africain. »
SO THEB Y’S
INTERNATIONAL
Les locaux flambant neuf de Sotheby’s sur le boulevard Rothschild, à Tel-Aviv.
ISRAËL-AFRIQUE