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Un Premier ministre très discret…
Ami d’enfance de Mahamadou Issoufou, figure centrale du parti au pouvoir et désormais chef du gouvernement de Mohamed Bazoum, Ouhoumoudou Mahamadou est un homme de dossiers à la prudence proverbiale. Portrait.
En ce début d’année 1991, un véhicule tout-terrain remonte la route cabossée reliant Niamey, la capitale, à Tahoua, ville située à plus de 500 kilomètres au nord-est. Au volant, Kalla Moutari, futur ministre de la Défense, n’a pas encore goûté au pouvoir. Quelques mois plus tôt, le 23 décembre 1990, il a participé à la fondation du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), la nouvelle formation d’opposition construite autour de Mohamed Bazoum et, surtout, de Mahamadou Issoufou Kalla Moutari est plus proche du premier, les deux hommes ayant partagé un engagement dans le syndicalisme enseignant et des études de philosophie. Son passager du jour, en revanche, est déjà un intime du second.
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Ouhoumoudou Mahamadou n’a alors rien d’un agitateur Directeur généraldepuisquatreansdelaSociété nigérienne de charbon (Sonichar), qui exploite la mine d’Anou-Araren, aux portes d’Agadez, il est cadre de l’administration, qu’il a intégrée à l’âge de 25 ans, en 1979, après des études en sciences économiques, gestion et comptabilité au Togo, en France et aux États-Unis. Dans le Niger du président Ali Saïbou, qui a succédé en 1987 à Seyni Kountché, Ouhoumoudou Mahamadou fait partiedel’élite.Commeunautrehaut fonctionnaire,MahamadouIssoufou, alorsdirecteurtechniquedelaSociété des mines de l’Aïr (Somaïr).
Les deux hommes se connaissent parfaitement.Enfants,ilsontpartagé les mêmes bancs d’école près de Tahoua et tissé des liens fraternels. Ils ont grandi ensemble et développé, avec plus ou moins de virulence, des idées proches du socialisme, tout en gravissant les échelons de l’administration. Alors, en 1990, lorsque Mahamadou Issoufou met la dernière pierre à la fondation du PNDS, Ouhoumoudou Mahamadou, l’acolyte discret, est à son côté Début 1991, sur le siège passager du véhicule de Kalla Moutari, il prend donc la route pour faire la promotion, à Tahoua, de la nouvelle formationpolitique Lefonctionnaire de Tahoua n’est pas un orateur hors pair. Il n’est sans doute pas destiné à actions. » Toutefois, comme Bazoum – qui prend alors la tête du secrétariat d’État aux Affaires étrangères –, le directeur de la Sonichar entre au gouvernement de transition d’AmadouCheiffouen1991 Logiquement,il hérite du portefeuille des Mines, qu’il conserve pendant deux ans, jusqu’à l’électiondeMahamaneOusmaneàla présidence. Si Mahamadou Issoufou, patron du PNDS, est alors choisi pour la primature, cette fois, son vieil ami n’intègre pas le gouvernement.
De Tahoua à Ouaga
Ce passionné de lutte traditionnelle et de jeux de société poursuit sa carrière à l’étranger, loin de l’agitation politique de Niamey, où le PNDS, Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum travaillent activement à la conquête du pouvoir, grignotant des sièges à l’Assemblée nationale, élection après élection.
occuper le premier plan. Mais il fait sa part du travail, en bon militant. « Il n’était pas très visible, notamment pendant la Conférence nationale de 1991, se souvient un compagnon de l’époque. Mohamed Bazoum a alors beaucoup fait parler de lui pour le PNDS. Ouhoumoudou Mahamadou était en revanche beaucoup plus discret, sans doute parce que son statut de haut fonctionnaire limitait ses
Au Burkina Faso, Ouhoumoudou Mahamadou devient secrétaire exécutif adjoint de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) – chargé de l’administration et des finances –, puis il travaille comme représentant régional pour l’Afrique de l’Ouest de l’ONG LutheranWorldRelief.Lorsdesoirées à Ouagadougou, le fils de Tahoua sort volontiers avec des amis burkinabè et avec d’autres expatriés nigériens. Mais, même dans les maquis de la ville, où il se mêle aux conversations, il ne se livre jamais. « C’est sa nature. Vous pouvez passer des années avec luisansvraimentleconnaître »,confie l’undesespartenairesdel’époque.