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Kandadji, le barrage aux multiples enjeux

Le chantier du premier complexe hydroélectrique est désormais bien engagé.

Double objectif : s’affranchir de la dépendance énergétique vis-à-vis du Nigeria et créer 45 000 hectares de terres irriguées pour en finir avec l’insécurité alimentaire.

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FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

Les vues aériennes du futur barrage de Kandadji sont déjà impressionnantes Situé dans le Tillabéri – à 180 km en amont de Niamey et à 50 km de la frontière avec le Mali, en pleine zone des trois frontières –, le chantier avance à un train soutenu et sous haute surveillance

Depuis la fin des années 1970, le vieux rêve de doter le pays d’un grand complexe hydroélectrique ne s’était jamais concrétisé. Jusqu’à ce que l’ex-président Issoufou le relance et en fasse un axe majeur du programme de mise en valeur du fleuve Niger – troisième plus long fleuve du continent (4 200 km) et principale ressource en eau de la sous-région. Attribué en 2010 au groupe russe Zaroubegevodstroï (ZVS), le marché a été confié en 2018 à China Gezhouba Group Company Limited (CGGC), qui a commencé les travaux de construction du barrage en mars 2019. Initialement prévue en 2023, la mise en eau de l’infrastructure devrait avoir lieu en 2025, compte tenu des retards dus à la pandémie de Covid-19.

L’objectif du Programme Kandadji de régénération des écosystèmes et de mise en œuvre de la vallée du Niger (P-Kresmin) est triple : accroître la production d’électricité pour s’émanciper de la dépendance énergétique au Nigeria voisin, augmenter les rendements agricoles en créant45000hadesurfacesirriguées et améliorer la sécurité alimentaire, mais aussi assurer la préservation et la revitalisation des écosystèmes fluviaux, notamment à travers un plan d’aménagement et de gestion de la réserve naturelle nationale de Kandadji.

Ce projet, d’un coût global de 740 milliards de F CFA (1,1 milliard d’euros), dont environ 85,3 milliards pour le barrage, est financé par plusieurs fonds multilatéraux – dont la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque islamique de développement (BID) – et par l’État, qui a notamment financé les travaux préparatoires à hauteur de 7 milliards de F CFA.

Le projet doit soutenir un développement durable : une économie verte et à même de stabiliser les populations rurales, de plus en plus précaires.

Avec sa digue de 28 m de haut et de 8,5 km de long, l’ouvrage aura une capacité de retenue de 1,5 milliard de m3 Il permettra de sécuriser l’alimentation en eau potable de l’agglomération de Niamey, de réguler le débit du fleuve (qui traverse le pays sur 550 km et entraîne des crues mortelles chaque année) et de créer 45000 ha de terres irriguées.

De quoi récolter quelque 400000 tonnes de riz, maïs et produits maraîcherssupplémentaireschaqueannée àl’horizon2030,selonlesprojections de l’Agence du barrage de Kandadji (ABK), qui estime par ailleurs que le cheptel bovin devrait s’accroître de 305000 têtes, pour produire environ 770 t de viande et 9 millions de litres de lait supplémentaires par an. Sans oublierlaproductionhalieutique,qui devraitêtresupérieureà1840 tparan.

Un défi de taille

Le défi est de taille pour un pays où l’agriculture représente 40 % du PIB, occupe 80 % des 21,5 millions d’habitants, reste dépendante des aléas climatiques, et où l’insécurité alimentaire reste un problème, aggravé par le contexte sécuritaire et les conséquences de la guerre en Ukraine

Kandadji doit donc permettre de soutenir un développement durable, dans le plein sens du terme : une économie verte et à même de stabiliser les populations rurales, qui vivent de façon de plus en plus précaire, dans une région menacée par les groupes terroristes de l’État islamique à l’ouest et par Boko Haram au sud-est. Mohamed Bazoum en a fait une question personnelle et s’est déjà rendu à plusieurs reprises sur le site, notamment en septembre 2021, visite au cours de laquelle il a déclaré que l’exécutif allait « accroître le

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