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Faut-il miser sur l’uranium?

Portée par les espoirs liés à la future production pétrolière, la croissance nigérienne aura été l’une des plus fortes du continent en 2022. Mais l’édifice reste fragile, à moins que Niamey ne renoue avec un vieux rêve…

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Sous le soleil de Niamey, bien à l’abri sur la terrasse d’un des hôtels réputés de la capitale nigérienne, trois hommes finissent leur petit déjeuner En tenue décontractée, ils n’ont clairement pas l’air pressés. Et pour cause, ces trois Canadiens francophones attendent tranquillement que leur vol privé à destination d’Agadez, la grande ville du nord du pays, soit prêt à partir de l’aéroport Diori-Hamani. Salariés de la firme Global Atomic Corporation (GAC), les trois ingénieurs foulent pour la première fois la terre sahélienne. Ils représentent pourtant, sans le savoir, l’un des espoirs les plus sérieux des Nigériens en matière de croissance économique.

Le 10 août dernier, le groupe canadien a en effet signé une convention avec l’État nigérien pour la création de la Société des mines de Dasa (Somida), destinée à exploiter un gisement d’uranium souterrain situé dans les vastes étendues désertiques, entre les villes d’Agadez et d’Arlit. Elle est dotée d’un capital social de 2 milliards de F CFA (plus de 3 millions d’euros), détenu à 80 % par GAC et à 20 % par l’État du Niger.

Selon les dernières informations communiquées par le patron de GAC, Stephen G. Roman, les travaux de développement de la mine de Dasa commenceront en mai 2023, le capital initial nécessaire pour sa construction étant estimé à 207,6 millions de dollars (près de 201,1 millions d’euros), selon une étude de faisabilité publiée en décembre 2021 Le recrutement des cadres a d’ailleurs commencé, occasionnant déjà plusieurs frictions avec les populations d’Agadez et d’Arlit.

Plusieurs organisations de la société civile des deux villes ont jugé que l’appel à candidatures lancé par GAC – qui oblige notamment à faire valoir plusieurs années d’expérience en entreprise minière, voire d’être âgé de plus de 50 ans – ne permettrait pas aux jeunes diplômés de la région de bénéficier du nouveau projet. « Pour que ces projets profitent au Niger, il faut impérativement qu’ils intègrent les populations locales, et en particulier les jeunes diplômés, explique un cadre de la société civile Nous ne voulons plus de ces sociétés étrangères qui viennent exploiter notre sous-sol sans se soucier du développement du pays. »

L’uranium va-t-il redevenir une composante essentielle de l’économie nigérienne ? La reprise des cours mondiaux – le prix de la livre est passé de 20 dollars environ en 2019 à près de 60 dollars fin 2022 – a en tout cas une nouvelle fois aiguisé les appétits des plus optimistes à

Niamey Après avoir subi de plein fouet les effets de la catastrophe japonaise de Fukushima en 2011 et la montée en puissance en Europe de milieux politiques nucléarosceptiques, l’atome s’est en effet refait une santé.

« La guerre entre l’Ukraine et la Russie a récemment rebattu les cartes du marché international de l’uranium, puisque les grandes puissances veulent sortir d’une certaine dépendance au géant russe, estime un spécialiste de la question. Cela vient aussi consolider la reprise observée depuis un an ou deux, qui s’appuie sur la volonté de produire une énergie en limitant ses émissions de dioxyde de carbone »

Cap sur les hydrocarbures Dernier exemple en date, celui du président français Emmanuel Macron, qui a ainsi impulsé dans son pays une politique résolument favorable au nucléaire. Il a annoncé son ambition – qui devra être validée par l’Assemblée nationale – de construire de six à quatorze réacteurs pressurisés européens (EPR) tout en prolongeant la durée de vie du parc existant en France « Aujourd’hui, pour beaucoup de pays industrialisés, il n’y a pas de décarbonation de l’énergie sans le nucléaire », résume un expert en politique énergétique à Paris.

« Le Niger doit savoir profiter de cette conjoncture internationale et

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