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MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE Un potentiel agricole en pleine expansion

Pays sahélien àvocation agro-sylvo-pastorale,leNiger compte une population très impliquée dans les productions végétales et animales, non seulement en tant que mode de vie mais également en tant qu’activité économique et socio-culturelle

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Terre arables

Le Nigerdispose d’un important potentiel agricole estimé àplus 15 000 000 hectares dont 7000 000 hectares emblavés chaque année en cultures pluviales.

Ressources en eau

Lesréserves s’étendent sur 2,5 milliards de m3 renouvelables, dont moins de 20% exploitées et 2000 milliards de m3 non renouvelables. Lesressources hydriques mobilisables renferment plus de 400 000 ha de plans et de cours d’eau (Fleuve Niger et ses affluents, Dallols, Goulbis, Koroma,Komadougou, lacs, mares, cuvettes oasiennes, vallées inondables)

Réformes du secteur

Lesorientationsstratégiquessuivent les objectifs fixés par le gouvernement. Lesreformes structurantes concernent le secteur des engrais pour leur importation et leur commercialisation. Cette réforme apour objectif de rendre accessible et disponible un engrais de qualité dans tout le pays.

Dans le domaine de la production agricole,priorité est donnée àlaproduction irriguée,avec l’utilisation de techniques de production résilientes.

Filières porteuses

Le niébé concerne une productionmoyenne de 2,4 millions de tonnes. Ce qui fait du Niger le deuxième grand producteur de niébé de l’Afrique de l’Ouest après le Nigéria.

L’oignon : la productionde1,2 million de tonnes génère un chiffre d’affaires d’environ 47 milliards de FCFA surle marché extérieur avec 95 %des exportations en Afrique de l’Ouest.

Le souchet: productionmoyenneannuelle de 50 000 tonnes pour une valeur monétaire de 10 milliards de FCFA.

Le sésame : productionannuelle de 70 000 tonnes (Valeur monétaire de 49 milliards de FCFA).

Lesprojetsphares du Plan de Développement Économique et Social (PDES)

•une usineindustrielle de production d’engrais, àpartir du phosphatenaturel de Tahoua

•le programme riz et les pôles agro-industriels

•la promotion de la petite irrigation et de la grande irrigation avec l’utilisation de technologies innovantes à économie d’eauetl’usaged’énergie propre

•la réduction d’usage d’engrais chimique et l’utilisation desbiopesticides (extraits aqueux des plantes)

•un accompagnement desgrands promoteurs privés

•la mise en valeur des aménagements hydroagricoles

Réforme du foncier rural

Depuis 1980,leNiger s’est engagé dans un processus de renforcement du cadre juridiqueetinstitutionnel des activités rurales :agricoles, sylvicoles et pastorales. L’objectif est d’assurer de meilleures perspectives àl’aménagement du territoire,à la protection de l’environnement, àlasécurisation foncière aussi bien pour les acteurs ruraux que pour les domaines public et privé de l’État. La prévention et la gestion des conflits fonciers ruraux est également une priorité

La politique foncière rurale du Niger s’inscrit vise àdoter le pays d’un instrument de gouvernance conforme aux engagements internationaux auxquels le Niger asouscrit et ce,dans le but de répondre aux exigences actuelles du développement rural.

Àl’horizon 2035, les acteurs ruraux bénéficieront d’un accès équitable et sécurisé au foncier.Cequi contribue àcréer les conditions favorables au développement d’investissements permettant l’atteinte de la sécurité et de la souveraineté alimentaire,lerenforcement de la résilience des populations et, plus largement, le développement socio-économique durableetharmonieux, garant du maintien de la paix sociale ».

BP 12091Niamey-Niger

Tél. :+227 20 73 20 58 -dagricole@yahoo.fr www.agriculture.gouv.ne lancer de nouveaux projets ou en relancer d’anciens », estime Kalla Moutari, député du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS,aupouvoir)etancienministre de la Défense sous l’ex-président Mahamadou Issoufou, dont il fut le compagnon de lutte au PNDS dès la création du parti, en 1990. Un débat devrait prochainement avoir lieu à l’Assemblée nationale au sujet des ambitions du Niger en matière d’uranium, et en particulier autour du mégagisement d’Imouraren.

Les projets d’exploitation de ce dernier, qui ont longtemps porté les espoirs des Nigériens, ont en effet été abandonnés au fil des années 2010, après la catastrophe japonaise de Fukushima. « Ce genre de mégaprojetn’estrentablequ’avecdescours de l’uranium suffisamment hauts, explique notre spécialiste. C’est ce quiavaitpousséAreva[devenuOrano en 2018] à temporiser, puis à stopper les travaux en 2015 »

L’exploitation d’Imouraren – très coûteuse en raison de conditions de terrain peu favorables – peut-elle revenir à l’ordre du jour ? Soucieux de conserver ses droits sur le site, Orano semble y être favorable mais reste prudent, craignant des coûts élevés et une faible teneur en uranium. « L’Assemblée doit se pencher sur la question d’Imouraren », assure Kalla Moutari. « Les cours actuels peuvent-ils rendre la mine rentable? Si oui, qui serait prêt à réellement

Objectif Niger

Champion ouest-africain de la croissance REPÈRES

à prix constants) global (dons compris) l’exploiter ? Faut-il se tourner vers d’autres partenaires que les Français et modifier le projet initial? Le Niger doitseposercesquestions»,poursuit l’ancien ministre.

Encore très dépendant de son secteur agricole (qui occupe 70 % de la population) – à la relance en 2022, mais très impacté par le réchauffementclimatiqueetladésertification–, le Niger ne doit-il compter que sur son sous-sol? Au-delà de l’uranium, Niamey est en tout cas pleinement engagé dans ses projets pétroliers, en particulier dans le cadre des activités du géant chinois China National Petroleum Corporation (CNPC).

Le principal symbole de cet espoir de l’or noir : la construction d’un oléoduc de 1 982 km (1 298 km au Niger et 684 km au Bénin), dont le chantier a démarré en 2019. Celui-ci est censé multiplier par sept la capacité d’exportation de pétrole du pays, le FMI tablant sur une croissance de la production de 20,6 % en 2022 et de 86,2 % en 2023, pour un objectif à terme de 110000 barils par jour

Une manne qui rassure les partenaires financiers internationaux, FMI en tête, et qui doit surtout faire de l’or noir le moteur numéro un de l’économie du pays à l’horizon 2025 SelonlesprévisionsdelaBanqueafricaine de développement (BAD) et du FMI, la croissance du PIB nigérien devrait s’établir à 6,7 % en 2022 et à 7,3 % en 2023 – le plus haut taux du continent – et elle pourrait atteindre 10 % en 2024. « Cette croissance est essentielle pour Mohamed Bazoum, explique un politologue nigérien. Le président a mis en avant deux priorités pour son mandat : la sécurité et l’éducation. Or ce sont deux secteurs quidemandenténormémentd’investissements et de budget. »

Secteurs stratégiques

« S’il veut financer ses ambitions pour l’agriculture et l’éducation et tenir ses promesses en matière de développement local, Mohamed Bazoum a besoin des revenus issus du sous-sol et des investissements étrangers, qu’ils soient chinois, canadiens ou français », résume un diplomate à Niamey

Politiquement, le président et le PNDS ne s’y sont d’ailleurs guère trompés Sani Mahamadou Issoufou, le fils de l’ancien chef de l’État Mahamadou Issoufou, a ainsi hérité du portefeuille du Pétrole, tandis que Mohamed Bazoum a placé à la tête de la Société nigérienne de Pétrole (Sonidep) l’un de ses fidèles, Ibrahim Mamane. Quant au ministère des Mines, il est dirigé par Ousseini Hadizatou Yacouba, membre du présidium du PNDS, plus haute instance du parti. De quoi verrouiller ces secteurs ô combien stratégiques.

AGENCE DE MODERNISATION DES VILLES •AMV-NIGER

Quelles sont les caractéristiques de l’urbanisation au Niger ?

Àl’instar des autres pays africains, le Niger connait un taux d’urbanisation considérable qui se caractérise par la croissance de la population et l’étalement urbain avec leurs conséquences de défisentermes de services et d’amélioration du cadre de vie et de concentration d’activités diverses. Auxenjeux traditionnelsdudéveloppement urbain (extension géographique des villes, croissance de la population,problèmes de mobilité, etc.) viennent s’ajouter de nouveaux enjeux, liés notamment au changement climatique, àladigitalisation et àlasécurité.

Les villes sont très vulnérables aux risques grandissants du changement climatique, comme les inondations, les sécheresses et les épisodes de canicule. Les villes au Niger se caractérisent aussi par une forte interaction entre urbanité et ruralité dans les pratiques et les mentalités des populations.Cette spécificité met en question les échelles, les périmètres d’intervention ainsi que les actions et les cibles pertinents.

C’est dans ce contexte que l’Agence aété créée…

ConformémentauPlan de Développement ÉconomiqueetSocial (PDES 2022-2026), le Gouvernement adécidé, en 2021, de créerune agence spécialisée, rattachée à la Présidence de la République du Niger,en chargeduprogramme de modernisation, d’aménagement et de rénovation des grandes villes du Niger, dénomméeAgence de Modernisation des Villes du Niger (AMV-Niger). L’objectif visé par l’Agence est de bâtir des villes modernes,inclusives, saines,résilientes et durables.

Comment l’Agence est-elle organisée ?

L’AMV-Niger s’articule autour d’un Conseil d’orientation et de Contrôle présidé par le Directeur de Cabinet du Président de la République et composé de plusieurs membres du Gouvernement et d’une Direction Générale animéepar une équipe pluridisciplinaired’urbanistes,d’architectes, d’ingénieurs et d’autres experts en développement urbain.

Nos ressources proviennent du budget de l’État et des fonds obtenus auprès des partenaires techniques et financiers du Niger :agences de développement, banques multilatérales, etc.

Comment concrètement intervenez-vous ?

Notre périmètre d’intervention est constitué par la capitale, Niamey et les chefs-lieux des sept régions du pays :Agadez, Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéri et Zinder Notre action estcomplémentaire àcelle des différents ministères, des collectivités ou autres acteurs concernés par le développement des villes et vise àassurer une synergie et une coordination des actions avec une vision et des objectifs partagés. L’AMV-Niger se caractérise par sa souplesseet son agilité. Elle peut intervenir sous différentes modalités :étudesetappui, conseil, maîtrise d’ouvrage ou maîtrise d’ouvrage déléguée,assistanceàmaîtrise d’ouvrage, formation, etc.

Nous intervenons autant sur le «soft » (les outils de planification urbaine, la dig italisa tion ,l af or ma ti on, la sensib ili sa tion, l’éd uca tion urbaine,etc.) que sur le «hard » (les aménagements du tissu urbain) pour : d’une part une mise àjour, une adaptation et une évolution des pratiques et des mécanismes de la gouvernance ;et, d’autre part, l’adaptation des techniques urbaines pour des villes intelligentes (smart cities) et résilientes. Dans cet esprit, en tant qu’agencespécialiséel’urbain, nous avons aussi un rôle de pédagogiepar la conduite d’opérations urbainespilotes.

Pouvez-vous nous donner des exemples de projets ?

Nous avons entamélapremièrephase de l’aménagement de la corniche. Ce projet vise àsouderletissu urbain et renforcer le lien de la villedeNiamey àsasource, son élément structurantprincipal, pourréhabiliter la base de sonidentité. Des voiries, des espacespublics sont aménagés avec un éclairage favorisant une dynamique économique et une ambiance urbaine festivepourlajeunesseenparticulier, très nombreuses dans nos villes

Nous allons lancer prochainement un programme de formation en matière de résilience urbaine, destiné aux techniciensdes villes. Il s’agira de leur permettre d’identifier, dansleurs territoiresrespectifs, les conséquences des enjeux climatiques (risques d’inondations,destructions, etc.),d’établir des cartographies des risques, de mettre en place des solutions et de construire des bases de données. La Global Risk ModellingAlliance (GRMA),une initiativedu gouvernement allemand et de l’International Development Forum qui accompagne les États àmieux prendre en charge les risques liés aux changements climatiques,s’est engagée àfinancer ce projet.

Vous appuyez également l’agricultureurbaine…

L’avènement du Covid-19, lorsque les portes de Niamey ont été fermées, nous amontré que Niamey ne peut se nourrir elle seule et la nécessité de palliercette insuffisance. Nourrirlaville est unefonctionessentielle dans la gouvernance urbaine.

Le programme Niamey Noma Rani (la culture après la saison des pluies) vise une meilleure définition des fonctions du sol en milieu urbain et la préservation des sites agricoles qui sont naturellement des terrains inondables. Cela permettra d’atténuer les vulnérabilités, les risquesd’inondation en développant le potentiel de rétention d’eau pluvialesà travers des sites maraîcherset, en même temps, de créer des emplois verts, notamment pour les femmes ou toutes personnesougroupement, àtravers la Chambre Régionale de l’Agriculture. C’est unexercicepédagogique de changement de paradigme dans la façon de bâtir nos villes pour une recherche d’équilibrede son écosystème. C’est aussi une invitation aux municipalités et aux villesàs’investir dans cet exercice pour la construction de villes durables.L’AMV-Niger afaitde l’agriculture urbaine un axe important de la modernisation des villesauNiger.

Les actions de l’AMV-Niger s’inscrivent dansune démarched’unurbanisme de développement économique,socialetenvironnemental.LeNiger estl’undes rares pays de l’Afrique subsaharienne às’investir remarquablement dansl’ensemble de ces villes,à releverles niveauxdedéveloppement de ces villes et àréduire les écarts et les disparités entre elles.

Un mot de conclusion ?

Face aux tendances actuelles de l’urbanisation en Afrique, le développement de nos pays est désormais lié àcelui de nos villes.

575, boulevarddelaNation

Yantala 34 -Niamey,NIGER

Email :contact@modernisation-villes.ne

Tél. :+227 20 75 22 41 http://www.modernisation-villes.ne

:@AMVNIG :@amvniger1

QUESTIONS À… Ibrahim Yacouba

Ministre de l’Énergie et des Énergies renouvelables

Il a été ministre des Transports puis des Affaires étrangères de Mahamadou Issoufou avant de rejoindre l’opposition, en 2018, et de se porter candidat à la présidentielle de 2020-2021 contre Mohamed Bazoum – il est arrivé cinquième au premier tour avec 5,38 % des voix –, comme en 2016. Mais c’est en tant que ministre de l’Énergie et des Énergies renouvelables, poste qui lui a été confié en avril 2022, qu’Ibrahim Yacouba répond à JeuneAfrique.

JeuneAfrique:Quelleplace l’énergieoccupe-t-elledansleplan dedéveloppementdupays?

IbrahimYacouba: Une place majeure. Il n’y aura pas de développement sans énergie, et nous avons beaucoup de retard à rattraper. Dans le budget 2023, 25 % des ressources sont affectées à l’énergie : plus qu’à la sécurité. Par ailleurs, il y a une sorte d’alignement des planètes en faveur de l’énergie. Nos partenaires nous font confiance, et leur contribution est de l’ordre de 1000 milliards de F CFA [1,52 milliard d’euros]. Le taux d’accès à l’énergie, qui est actuellement de 20 %, doit être doublé d’ici à 2025, et ce malgré la croissance démographique.

Commentlemixénergétique nigérienva-t-ilévoluer?

Actuellement, entre 72 % et 76 % de notre électricité sont importés du Nigeria, 20 % sont obtenus à partir du diesel, environ 5 % du charbon et à peine 1 % du solaire. Une anomalie que nous devons corriger, le Niger étant l’un des pays les plus ensoleillés du monde. Notre ambition est de porter la part du solaire à plus de 30 % en moins de dix ans.

Dans les prochains mois, nous achèverons l’installation de deux centrales solaires, à Agadez et à Niamey, sur financement de l’Union européenne et de l’Agence française de développement, d’une puissance cumulée de 55 mégawatts [MW]. Nous avons aussi les projets appuyés par la BAD à Dosso, à Maradi et à Diffa, et celui soutenu par l’initiative Scaling Solar de l’IFC, pour lequel l’appel d’offres a été lancé au début de décembre dernier.

D’ici à dix-huit mois, nous serons capables d’atteindre une puissance de près de 300 MW en solaire, autant que notre consommation. C’est une énergie propre et peu coûteuse, qui nous permet de réaliser le double objectif d’accélérer l’accès à l’énergie et d’en baisser les coûts.

Qu’enest-ildel’éolien?

Le britannique Savannah Energy a commencé les mesures pour installer un parc éolien de 250 MW, et nous sommes en train de finaliser les discussions avec un conglomérat d’entreprises nigériennes, turques et mauritaniennes qui souhaite développer un parc de 100 MW dans le Nord.

Quelrôlepeutjouerleprivé?

Il est indispensable. Nous sommes d’ailleurs en train de réviser le code de l’électricité, en vigueur depuis six ans, pour alléger et accélérer le processus des partenariats public-privé [PPP] dans le secteur. Environ 20 % de notre énergie locale est déjà produite par le privé, avec des acteurs comme le mauritanien Istithmar West Africa, présent à Niamey et à Zinder

La loi permet aussi aux industriels de produire leur propre énergie sans avoir besoin de recourir au fournisseur public, auquel ils peuvent vendre leurs excédents de production. Les miniers français de la Somaïr devraient y recourir, de même que le groupe turc Summa pour l’alimentation de l’aéroport.

LeNigerpourrait-ilexporter?

Oui. Le marché régional de la Dorsale [système d’échanges d’énergie électrique de l’Afrique de l’Ouest] se met en place – il sera effectif à partir de mars 2023 –, et nous en sommes partie prenante. Avec notre production, nous serons capables de nous positionner comme pays exportateur.

Surtout si nous trouvons un partenaire pour reprendre le projet charbonnier de Salkadamna : investissement estimé à 900 millions de dollars, pour une capacité de 600 MW. Même s’il n’est plus très « sexy » de parler du charbon aujourd’hui, c’est un projet structurant, qui nous positionnera sur le marché régional. À cet égard, le Niger est sur la même longueur d’onde que l’Union africaine : nous exploiterons toutes nos ressources naturelles et nous nous engagerons dans une transition juste, équitable et durable. Propos recueillis par Nelly Fualdes

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