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MINISTÈRE DU PLAN

Entretien avec Monsieur Rabiou Abdou, Ministre du Plan de la République du Niger

Quelleappréciationportez-vous sur les résultats de la TableRonde ?

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La TableRonde desInvestisseurs et Partenairesau Développement du Niger, placée sous la présidence de Son ExcellenceMonsieur Mohamed Bazoum, Président de la République, Chef de l’État aété organisée par le GouvernementdelaRépublique du Niger, les 5et6décembre2022àParis en partenariatavec la BanqueMondiale,leSystème desNations Unies,la Délégation de l’Union Européenne et avecl’appuides autres partenairestechniqueset financiers bilatéraux et multilatéraux du Niger.

La TableRondeaenregistré la participationdeplus de 1300 invitésdehaut rang, provenant de 40 institutionsetagences de développement,originaires de 23 pays.Al’issuedecette réunion,les participants ont adhéré au Plan de Développement Économique Social (PDES) 2022-2026 en tant quecadre de référencedeleur appuià la politiqueéconomique, financière et socialeduNiger.Ils ontencouragé le Gouvernementdans lapoursuite des efforts en matière d‘investissementetderéformesdansles domaines prioritaires du PDES.

Àtitrederappel, le besoin en financementprésenté àlaTable Rondesechiffraità19427,6 milliards (Mds) de FCFA (29,6 Mds €), dont 45 %assurés par l’État. Grâce àl’implication personnelleduChef de l’Étatet àlamobilisation de l’ensembleduGouvernement, lestravauxdelaréunion se sont soldéspar desannoncesdecontributionsde14891,2 MdsdeFCFA (22,7Mds €) pourles PTF institutionnels pour un montant attendu de 6742,3 MdsdeFCFA(10,3 Mds€), soituntauxdecouverture de 221 %. à Niamey. « Hama Amadou est en prison ou tout comme, puisqu’il ne peut pas s’exprimer depuis son exil en France, poursuit Omar Hamidou Tchiana. Aujourd’hui, la réalité, c’est quel’oppositionréunie–etellenel’est pas – ne pourrait même plus déposer une motion de censure à l’Assemblée nationale! »

Et encequi concerne lesinvestissements ?

Le Forumdes Investisseursamis en avant lesopportunités d’investissement qu’offre notre pays dans les mines, les hydrocarbures (pétroleetgaz), lesinfrastructures mais aussi l’agro-industrie et l’énergie. De ce fait, il adonné lieu àdes manifestationsd’intérêtdel’ordre de 5576 Mds de FCFA (8,5 Mds €), soit un taux de couverturedusecteurprivéde142 %pour les3928,3 MdsdeFCFA (6 Mds €) attendus.

Au total,laTable Rondeadoncenregistrédes annonces et manifestations d’intérêtd’un montant global de 29 520Mds de FCFA (45 Mds €) pour un objectifde19427,6 MdsdeFCFA (29,6 Mds €),soit unecouverture de 152% desressources attendues.

Comment ces montants vont-ilsêtre utilisés ?

Unebanque de projetsetdeprogrammes de développementaété créée danslecadredelamise en œuvreduPDES. Ellecomporte327 projets et programmes du secteur public et du secteur privé.Les ressourcespromises par les partenairestechniques et financiersseront utilisées pourlamise en œuvre de cesprojets et programmes quiferont l’objetd’études de faisabilité. D’ores et déjà,des études de faisabilité de 11 projetsstructurants ontété réalisées et présentées àlaTable RondedeParis.Ils’agitdeprojets prioritaires classés en 3catégories :infrastructures(eau, énergie) ;projetsprivés (agroalimentaire, engrais);et inclusion sociale (éducation,santé).

La revue àmi-parcoursprévue en 2024 permettra de rendrecomptedel’étatdemiseenœuvre et de mettre àjour les prévisions économiquespour tenir comptedes nouvellesopportunités économiques devant absorber le supplémentderessourcesannoncéesà la TableRonde.

Un « Lumana aux abonnés absents »? Au sein même du parti de Hama Amadou, les cadres ne disent pas le contraire et assument une positionenretraitdepuisl’électionde Mohamed Bazoum. « Nous sommes dans une phase de décrispation, avec pour objectif de parvenir à un climat politique apaisé », reconnaît Djibo Hamidou, dit Tondi Gaweye, membredubureaupolitiqueduparti. « MohamedBazoum[nous]atendula main, contrairement à Mahamadou Issoufou, qui ne l’a jamais fait et était dans une logique d’enfermement de ses opposants », justifie encore le premier vice-maire de Niamey, qui accueille Jeune Afrique dans son bureau de l’Hôtel de Ville, fief du Lumana

Illusions perdues

« Depuis l’élection de Mohamed Bazoum à la présidence, le parti a accepté une sorte de trêve avec le PNDS. Il veut profiter de la décrispation pour faire libérer les militants qui avaient été emprisonnés sous Mahamadou Issoufou », analyse un cadre de la société civile. « L’exil et le silence de Hama Amadou sont un autre facteur. Même s’il y a sans doute des ambitions chez certains lieutenants, personne n’ose encore vraiment contester son leadership. Il gouverne par le silence et par WhatsApp. Cela lui convient et cela convient au gouvernement, qui profite de la trêve actuelle », ajoute un prochedel’opposition.« Iln’yapasde luttes en interne au Lumana, assure Tondi Gaweye. Hama Amadou est notre leader et il pourra, s’il le souhaite,êtrecandidatpourlaprochaine présidentielle,en2026.Lerenouvellement viendra avec le temps. Il ne faut pas brusquer les choses »

Mohamed Bazoum aura-t-il donc les coudées franches jusqu’à la prochaine campagne présidentielle ?

« Hama Amadou a tout intérêt à se tenir tranquille jusque-là, avant de tenter un nouveau retour à Niamey et une nouvelle candidature à la magistrature suprême », dit en souriant notre cadre de la société civile En tout cas, Omar Hamidou Tchiana est,quantàlui,bien décidéàmettreà mal cette trêve.

Ancien cadre du parti de Hama Amadou, plusieurs fois ministre (notamment des Transports, puis des Mines) sous la présidence de Mahamadou Issoufou, dès l’élection de ce dernier en 2011, le président de l’Amen-Amin (parti qu’il a fondé en 2015) a d’abord lui aussi laissé le bénéfice du doute à Mohamed Bazoum. Les deux hommes se sont côtoyés pendant plusieurs années au gouvernementetserespectent.« Jele croyaistrèsdifférentd’Issoufouetj’attendaisdevoirs’ilallaitpouvoirincarner une forme de rupture », explique aujourd’hui l’ex-candidat à la présidentielle (1,59 % au premier tour, en 2020). Mais, à l’en croire, ses illusions ont vite été perdues. Au fil des mois, il a donc changé de stratégie et s’est imposé comme le principal agitateur de l’opposition.

« J’ai peut-être attendu six mois avant de m’attaquer à la politique de Mohamed Bazoum », précise-t-il. « Bazoum avait promis de faire de la luttecontrelacorruptionunepriorité. Pour cela, il y avait un dossier facile à prendre en main, qui aurait pu être unsymbole :celuidesdétournements

Barkhanearéussiàvaincrelesgroupes terroristes au Mali ? » s’interroge le député, qui plaide pour une entente africaine régionale et déplore les querelles entre les voisins nigérien et malien. « Je crois que la lutte contre le terrorisme doit d’abord être régionale et basée sur l’alliance du Mali, du Burkina Faso et du Niger, qui doivent déployerunmaximumdesoldatsdans la “zone des trois frontières”, poursuit l’ancienministre.Etilfautsurtoutune véritable politique de lutte contre la pauvreté. C’est la misère qui alimente le terrorisme C’est en la combattant avec le développement – et non avec les drones – que nous vaincrons. »

Opposant numéro un?

« Tchiana a un vrai sens de l’opportunisme politique », dit en souriant l’un de ses anciens compagnons au sein de l’opposition. « Il a bien compris que critiquer l’alliance avec la France était fédérateur. Il instrumentaliselesentimentantifrançais,sansy adhérer », ajouteun proche du PNDS. L’intéressés’endéfend :« Jenem’étais jamais exprimé sur la France avant l’affaire du convoi de Téra [en 2021, trois Nigériens avaient été tués après une altercation avec une colonne de l’armée française]. Mais est-ce concevable que des soldats français tuent nos citoyens sans être jugés? Nous réclamons simplement la justice, alorsquelePNDSetl’arméefrançaise ont choisi d’étouffer l’affaire. » au ministère de la Défense. Mais il ne l’a pas fait. L’État a préféré passer des accords et vider le dossier », explique encore Omar Tchiana. Autre cheval de bataille : la politique extérieure et sécuritaire de Mohamed Bazoum, résolument liée à une alliance du Niger avec la France.

Omar Hamidou Tchiana peut-il s’imposer comme le premier opposant à Mohamed Bazoum ? Il est en tout cas – avec le panafricain Abdourahamane Oumarou, lui aussi contre un redéploiement de l’armée française au Niger – « l’un des seuls à l’ouvrir »,selonlesmotsd’uncadrede la société civile, qui estime toutefois que la capacité de mobilisation de Tchiana est encore trop limitée.

« Malgré toutes ses années de présence sur le terrain, est-ce que

Le leader d’Amen-Amin est quant à lui persuadé que le chef de l’État a juré sa perte. « Il fait pression sur Veolia pour qu’il renégocie le contrat de la Société d’exploitation des eaux du Niger [SEEN], dont je suis l’un des actionnaires Ce sont clairement des représailles! » déplore-t-il. Et de conclure : « Pour le PNDS, tous les moyens sont bons. En réalité, ils sont dans une logique de parti unique. »

MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE, DE LA POPULATION ET DES AFFAIRES SOCIALES

Entretien avec le Dr Illiassou Idi Mainassara Ministre de la Santé Publique,delaPopulation et des Affaires Sociales

«Notre stratégie apour objectif principal d’améliorer la performance de notre système de santé »

Quels sont les principaux résultats enregistrés ces dernières années ?

Le Niger aréalisé des progrès significatifs dans certains domaines de la santé publique au cours des dernières années. La lutte contre les maladies évitables par la vaccination acontribué àlaréduction du ratio de la mortalité maternelle de 520 en 2012 à509 en 2017 et la réduction de la mortalité infanto-juvénile de 198 %en 2006 à123 %en2021.

Ces progrès s’expliquent en partie par les efforts du gouvernement visant àfournir des soins de santé gratuits aux enfants de moins de cinq ans, aux femmes et aux couches vulnérables et ce,depuis 2006. En matière de lutte contre les maladies transmissibles, l’incidence du paludisme pour 100 000 habitants est passée de 17 176 en 2017 à15961 en 2021. La situation de l’épidémie du VIH/Sida au Niger est caractérisée par une prévalence faible au sein de la population générale

Quelles sont les réformes au niveau du secteur ?

Nous avons beaucoup progressé sur la densité des ressources humaines afin que le système de santé couvre l’ensemble du territoire.Pour une question d’équité, l’accent aété mis sur un rééquilibrage de la répartition du personnel.

Lesconstats dégagés dans la mise en œuvre de la politique de santé ont permis d’envisager des réformes nécessaires pour réorienter le système de santé vers la santé pour tous àtravers le recentrage sur le rôle du ministère ;larestructuration de l’offre des soins ;la réorganisation des structures de santé ainsi que les ré- formes poursuivies dans le cadre de la mise en œuvre des Plans de Développement Sanitaire

Quelle la situation actuelle de la santé de la mère et de l’enfant au Niger ?

L’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant est au cœur des priorités de mondépartement ministériel et constitue un point central du Programme de Renaissance acte IIIduPrésident de la République,décliné dans la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre

Le Niger aélaboré un Planstratégique de Santé reproductive, maternelle,dunouveau-né, de l’enfant,de l’adolescentetjeunenutrition de premièregénération couvrant la période2018 -2021. La deuxième génération estencoursdefinalisation.

Quelle est votre stratégieenmatière de lutte contre lesépidémies ?

Le Gouvernement,àtravers la DéclarationdePolitique Générale,amis un accent particulier surlalutte contre lesprincipales maladiestransmissibles (méningite, rougeole,choléra, VIH/Sida, hépatites, tuberculoseet paludisme),Cecisetraduira par l’intensificationdes actions de prévention,deriposte,desurveillance,de priseencharge et de l’hygiène et assainissement. Aussi,tous lesplansdedéveloppementsanitaireont faitdelaluttecontreles épidémiesune desprincipales priorités.

Quellessontles avancéesenmatière d’’utilisation des NTIC ?

Pour rapprocher davantageles populations des opportunités de soins,ils’avèreindispensablededévelopper la santé numérique.C’est pourquoi nous avons élaboré une stratégienationaleenE-santé en novembre 2018.Celle-ciest construite autourdequinze projets. La santé numériqueoffre despossibilités et des avantages importantslorsqu’il s’agit d’améliorer la santé publique et lesétablissementsdesoins de santé, par exempleencequi concerneles procédures hospitalières,les dossiers médicaux électroniques et les renseignements de santé

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