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MAROC LE ROI, LA GRÂCE ET LE PÉDOPHILE HILE

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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 53e année • no 2744-2745 • du 11 au 24 août 2013

ALGÉRIE ISLAMISTES AUX PORTES DU POUVOIR

FRANCE-CÔTE D’IVOIRE BOUAKÉ : RETOUR SUR UN MYSTÈRE D’ÉTAT

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Spécial 20 pages

LES RICHES Plaisirs, manies, spots, secrets, tendances… Voyage au cœur de la planète fric

ÉDITION INTERNATIONALE France 6 € • Algérie 350 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 6 € • Canada 11,90 $ CAN • DOM 6 € • Espagne 7,20 € • Éthiopie 95 birrs Finlande 8 € • Grèce 8 € • Italie 7,20 € • Maroc 40 DH • Mauritanie 2000 MRO • Norvège 75 NK • Pays-Bas 7,20 € • Portugal cont. 7,20 € RD Congo 11 $ US • Royaume-Uni 6 £ • Suisse 11,80 FS • Tunisie 6 DT • USA 13 $ US • Zone CFA 3200 F CFA • ISSN 1950-1285



Éditorial François Soudan

N EN UM VE ÉR NT EDO D EU OU XS EM BLE AIN ES

PHOTOS DE COUVERTURES : ÉDITION MAGHREB & MOYEN-ORIENT YEN-ORIENT : PICTURENET/BLEND IMAGES/CORBIS ÉDITIONS INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE : ADRIANNA WILLIAMS/CORBIS

99 ans

L

«

E TRAVAIL, C’EST LA SANTÉ , chantait Henri Salvador. « Le pouvoir, c’est la conserver », fredonne Robert Mugabe. Reconduit, le 31 juillet, avec 61 % des voix et deux tiers des sièges à l’Assemblée pour un nouveau mandat de cinq ans, l’autocrate zimbabwéen doit certes son statut de doyen planétaire des chefs d’État élus aux miracles de la médecine singapourienne et son apparence inoxydable au duo Botox-teinture capillaire, déjà expérimenté avec succès sur Kaddafi et Berlusconi. Mais pas seulement. Contrairement à son entourage, Mugabe est un ascète, dont les capacités d’autodiscipline impressionnèrent jadis ses compagnons de prison, doublé d’un politicien redoutable auprès de qui son adversaire, Morgan Tsvangirai, apparaît au mieux comme un naïf, au pire comme un incompétent. « Le fait d’avoir 89 ans ne signifie rien pour moi, peut donc se permettre de dire le camarade Bob. Si je me suis présenté, c’est pour aller au bout de mon mandat. » Jusqu’à 94 ans, donc.

Les scrutins du 31 juillet – organisés par un homme passé maître dans l’art de faire voter les fantômes et une administration dont tous les fonctionnaires appartiennent au parti au pouvoir (le responsable des listes occupe ce poste depuis… 1980) – ont à l’évidence été entachés de graves irrégularités préélectorales. Mais les opérations ellesmêmes se sont déroulées sans heurts ni violences, et ce simple fait a manifestement suffi pour que l’Union africaine et la Communauté de développement de l’Afrique australe, pour qu’Olusegun Obasanjo et Jacob Zuma les valident. Comme s’il s’agissait d’opérer un choix obligé entre deux entités contradictoires, la paix civile et la démocratie, et qu’à tout prendre la stabilité devait passer avant le respect du droit des citoyens. Débat de fond en réalité qui fige les dirigeants africains dans ce que Pascal Lamy appelait il y a peu dans nos colonnes « la tentation confucéenne » et que l’on pourrait résumer ainsi : la réduction de la pauvreté sous toutes ses formes est une condition préalable de l’éveil démocratique, lequel ne pourra advenir que d’une classe moyenne pour l’instant embryonnaire. En attendant, il convient de maintenir la stabilité à tout prix. Si les expériences rwandaise et éthiopienne, qui relèvent de ce type de vision, méritent d’être débattues, le cas du Zimbabwe en illustre précisément les limites. Pour connaître l’étendue des responsabilités de l’ancien colonisateur britannique et d’une bonne partie de la communauté des ex-Rhodésiens blancs dans la dérive qu’a connue ce pays, nous n’avons jamais, à Jeune Afrique, participé à la diabolisation d’un ancien combattant de la liberté dont la popularité demeure forte, tant chez lui, en zone rurale, qu’en Afrique subsaharienne. Mais, depuis que le Zimbabwe a sombré dans l’horreur économique et la répression politique, nous ne cessons de dire que le meilleur service que pourrait rendre l’icône muée en despote serait de quitter un pouvoir qu’il exerce depuis trente-trois ans. Il a raison, Robert Gabriel Mugabe : l’âge, en soi, ne signifie rien. Seuls comptent la longévité à la tête de l’État et ce qu’on en a fait. Or, en 2018, si Dieu et la bionique lui prêtent vie, le maître de Harare aura dépassé toutes les dates de péremption, sauf une : il aura encore le droit de se représenter et de demeurer président jusqu’à 99 ans. Il n’est pas sûr que le Zimbabwe y survive… ● JEUNE AFRIQUE

Vous retrouverez Ce que je crois de Béchir Ben Yahmed à la fin du mois de septembre 6

Confidentiel

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LA S EM A IN E D E J EU N E A F RIQ U E

8 12 13 14 15 15 16 18 20

Événement Interview de François Bozizé, ex-président centrafricain Michel Gbagbo Du malheur d’être « fils de » Marina Berlusconi Ira, ira pas ? Afrique centrale Profession : médiateur Iran Fous du Mahdi Mœurs Monogames, vraiment ? Argent sale HSBC fait le grand ménage Maroc Le Rif va « kiffer » Tour du monde

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G RA N D A N G L E

24 LES RICHES Plaisirs, manies, spots, secrets, tendances… Voyage au cœur de la planète fric

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A F RIQ U E SU BSA H A RIEN N E

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Mali L’encombrant monsieur Sanogo Tribune Sans les femmes, pas de paix dans les Grands Lacs ! Burundi Qui a peur d’Agathon Rwasa ? Ouganda Toi aussi, mon fils Kenya Au feu ! Côte d’Ivoire Mourir pour Bouaké

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M AG H REB & M OYEN - O RIEN T

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Algérie Pourquoi les Frères ont la foi Maroc Grâce et châtiment Nucléaire iranien Duplicité… occidentale Terrorisme Tunis contre-attaque N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Dans Jeune Afrique et nulle part ailleurs

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CÔTE D’IVOIRE MOURIR POUR BOUAKÉ Le 6 novembre 2004, deux Sukhoi ivoiriens bombardaient une base française dans le nord du pays, faisant dix morts. Mais pourquoi ? Qu’avait à y gagner le président Laurent Gbagbo ?

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FRIQU

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idées pour faire bouger l’Afrique

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ÉCONOMIE 20 IDÉES POUR FAIRE BOUGER L’AFRIQUE Télécoms, énergie, finance… Quels sont les concepts et les dernières technologies qui peuvent créer davantage de richesses et améliorer le quotidien des populations ?

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EUROPE, AMÉRIQUES, ASIE

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Religion François déplace des montagnes Parcours Roukiata Ouédraogo, actrice sinon rien Australie Cent mille euros symboliques France L’été déchaîné de Manuel Valls

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LE PLUS DE JEUNE AFRIQUE

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Et si le Congo se réveillait ?

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ECONOMIE 20 idées pour faire bouger l’Afrique Les indiscrets

N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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24 AOÛT 11 AU DU

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TERRORISME TUNIS CONTRE-ATTAQUE En riposte aux crimes qui ont secoué le pays ces derniers mois, les forces de sécurité lancent une opération d’envergure pour débusquer et neutraliser les jihadistes, notamment dans le Jebel Chaambi.

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LE PLUS ET SI LE CONGO SE RÉVEILLAIT… Un nouveau système se met en place pour assurer la transparence des prochains scrutins. L’État et les opérateurs s’organisent pour qu’émerge un véritable secteur privé. Une double révolution…

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SCIENCES HUMAINES MÉDITATIONS AFRICAINES Les défis auxquels doit faire face le continent sont nombreux et mobilisent des chercheurs à qui l’on donne trop rarement la parole. Rencontres.

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Maroc Petit patronat veut devenir grand Télécoms Etisalat à deux doigts du podium Algérie Cherif Rahmani, redresseur en chef Cameroun Face à l’émergence de la concurrence, la SEMC boit la tasse Baromètre CULTURE ET MÉDIAS Sciences humaines Méditations africaines

SPÉC IAL

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VOUS & NOUS Le courrier des lecteurs Post-scriptum

JEUNE AFRIQUE


COMMUNIQUÉ

Burundi

Meilleure destination pour les affaires et investissements

Sa situation géographique, ses multiples potentialités et opportunités dans beaucoup de secteurs (agriculture, énergie et mines, infrastructures, tourisme, nouvelles technologies de l’Information et de la communication(Tics), services, etc.), font du Burundi une meilleure destination pour les affaires et investissements. Les institutions Burundaises démocratiquement élues mettent tout en œuvre pour créer des conditions optimales favorables aux affaires et investissements. Depuis 2010, le climat des affaires s’est nettement amélioré pour stimuler et protéger les investissements. Un comité décisionnel et des comités techniques de travail mis en place proposent régulièrement des réformes législatives et organisationnelles à mettre en œuvre sur tous les indicateurs du doing-business dans le dessein d’améliorer la concurrence et la bonne gouvernance et partant consolider l’entreprenariat à travers l’élimination des obstacles liés aux procédures, aux délais et aux coûts. Les réformes déjà initiées et mise en œuvre touchent la majorité des indicateurs du climat des affaires à savoir : création d’entreprise, obtention du permis de construire, raccordement à l’électricité, transfert de propriété, protection des investisseurs, accès au crédit, paiement des taxes et impôts, commerce transfrontalier et résolution de l’insolvabilité. Pour tous ces indicateurs, les procédures, les délais et les coûts ont été significativement réduits pour le bénéfice des investisseurs. La mise en œuvre de toutes les réformes a eu comme conséquence la création de beaucoup d’entreprises par les investisseurs nationaux et étrangers. Depuis le 6 mars 2012, il a été mis en place des guichets uniques notamment : • le guichet unique pour la création d’entreprise : la création d’une entreprise au Burundi se fait en une seule procédure,

en un seul jour et pour un coût de 42500 BIF (USD 30) seulement ! • le guichet unique pour le transfert de propriété, • le guichet unique pour le raccordement à l’électricité moyenne tension. C’est grâce à toutes ces réformes que le Burundi est classé par la Société Financière Internationale de la Banque Mondiale respectivement 7 ème et 5 ème parmi les dix meilleurs pays au monde les plus réformateurs des années 2012 et 2013. Chers investisseurs, profitez sans tarder des nombreuses opportunités qu’offre le Burundi en matière d’affaires et investissements ; un beau pays en paix et stable, au paysage verdoyant offrant un climat et un environnement sain et paradisiaque ; un pays réputé d’une hospitalité légendaire et où il est beau de vivre, investir pour prospérer.

DIFCOM/FC - PHOTOS : DR

L

e Burundi, appelé communément « pays des mille et une collines », « Cœur d’Afrique », « la Suisse Africaine », est l’un des pays membres de la Communauté Est Africaine (CAE) et du Marché Commun de l’Afrique de l’Est et Australe (COMESA), un marché de plus de 450 millions de consommateurs.

Tambourinaires burundais, uniques au monde.

E-mail : contact@investburundi.com Site Internet : www.investburundi.com i.guide : www.theiguides.org/burundi


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BLAGOJE GRUJIC/MINUSMA

Mali Une Minusma sansAfricains?

p L’Américain David Gressly, représentant spécial adjoint de la mission onusienne, le 29 mai dernier, à Tombouctou.

L

es Africains n’ont-ils qu’un rôle de figurants au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) ? Nommé numéro deux de la Minusma en juillet, le Sénégalais Abdoulaye Bathily ne s’est vu confier que les affaires politiques. En revanche, l’activisme de l’Américain David Gressly, appuyé par la Maison Blanche, a fini par payer. Comme Bathily, il a le titre de représentant spécial adjoint et hérite de multiples fonctions, financements à la clé : affaires humanitaires, droits de l’homme, coordonnateur de l’ONU à Bamako, coordonnateur du Pnud. Autre déconvenue : nommé commandant en chef des forces de la Minusma, le Rwandais Jean-Bosco Kazura aura essentiellement un rôle de représentation, puisque le chef d’état-major de la mission, le N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

général français Vianney Pillet, est le véritable patron des opérations militaires, en concertation avec les responsables de Serval. Le Néerlandais Bert Koenders, patron de la Minusma, que Paris a su imposer à l’ONU, dirige tout ce dispositif. « Nous sommes les dindons de la farce onusienne », se désole un responsable de l’UA en soulignant le peu d’entrain des dirigeants africains à envoyer des renforts militaires. Le Nigeria, qui compte 1 200 hommes au Mali, a annoncé un retrait partiel de ses troupes, et la Mauritanie, qui devait envoyer des soldats, a changé d’avis. L’objectif d’avoir 12 600 hommes a été revu à la baisse. Le chiffre de 9 000 hommes est désormais avancé (l’ONU négocie l’envoi de troupes avec l’Inde, le Pakistan et la Chine), dont 6 000 sont déjà sur le terrain. « Le Mali n’est plus à la mode », convient un haut fonctionnaire international. ●

TUNISIE GROS POISSON

Si l’arrestation, le 1er août à Annaba, en Algérie, d’Abou Iyadh, chef du groupe salafiste extrémiste tunisien Ansar el-Charia, est évoquée par des sources sécuritaires algériennes, les autorités tunisiennes multiplient elles aussi les coups de filet. Dans leur nasse, Kaïs M’Chala, un propriétaire terrien aisé éleveur de chevaux de course et proche de la mouvance salafiste. M’Chala a offert aux assassins de Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd une couverture logistique en mettant à leur disposition une de ses villas de la Cité El Ghazala (banlieue nord de Tunis). Il les a aussi employés et hébergés dans ses fermes,letempsdefaireperdre leur trace. Un pas de plus vers l’identification des commanditaires des deux assassinats. AMBASSADES AMÉRICAINES MYSTÉRIEUSES FERMETURES

Pourquoi les États-Unis ont-ils inclus leurs ambassades à Kigali, Bujumbura, Antananarivo et Port Louis dans la liste des représentations diplomatiques et consulaires qui ont fermé leurs portes entre le 4 et le 10 août ? Si, à Madagascar et à Maurice, les sources sécuritaires interrogées par J.A. en sont réduites aux conjectures, au Burundi et au Rwanda, le contexte rend la mesure davantage fondée. Engagé dans la force dépêchée par l’Union africaine en Somalie (Amisom), le Burundi a déjà été menacé par les milices des Shebab. En juin, le groupe d’experts de l’ONU sur la RD Congo annonçait en outre que des Shebab combattraient dans le Kivu aux côtés d’un groupe armé ougandais d’obédience islamiste. À Kigali, l’ambassadeur américain a indiqué à l’une de nos sources qu’un individu soupçonné d’être lié à l’internationale jihadiste s’apprêtait à effectuer un passage au Burundi et au JEUNE AFRIQUE


Politique, économie, culture & société Rwanda. Un scénario partiellement confirmé côté rwandais, à ceci près que le voyage en question aurait déjà eu lieu. LE CHIFFRE

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c’est le nombre de propriétaires d’entreprise blancs et étrangers qui subsistent au Zimbabwe. Si Robert Mugabe parvient à ses fins, il ne devrait bientôt plus en rester un seul.

AFRIQUE DU SUD-FRANCE HOLLANDE BIENTÔT À PRETORIA

Invité par son homologue sudafricain Jacob Zuma à effectuer une visite d’État, le président français François Hollande se rendra à Pretoria le 14 octobre prochain et repartira le lendemain. À ce jour, aucune autre étape sur le continent n’est envisagée à l’occasion de ce déplacement, mais, dans l’entourage du chef de l’État français, on n’exclut pas que cela

puisse changer d’ici là. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la France et l’Afrique du Sud avaient pris des positions diamétralement opposées sur les crises ivoirienne – l’Afrique du Sud avait soutenu Laurent Gbagbo – et libyenne – Pretoria avait tenté une médiation et dénoncé les interventions extérieures, menées notamment par Paris. L’opération de la France au Mali, décidée par François Hollande, n’a pas suscité la même hostilité. Au menu des discussions, les crises sur le continent, mais aussi le développement du parc de centrales nucléaires sud-africain. La compagnie française Areva et l’américaine Westinghouse font figure de favoris pour ce contrat. CENTRAFRIQUE RÉBELLION DANS LA RÉBELLION Si l’ex-président François Bozizé dément s’être rendu à Djouba, dans le Soudan du Sud, pour y installer une base arrière (voir pp. 8-10) – selon son entourage, il a

Retrouvez notre rubrique « Les indiscrets », consacrée aux informations confidentielles économiques, en page 115 ette simplement envisagé cette au hypothèse –, un nouveau sants groupe armé d’opposants centrafricains est lui bien présent en territoire sud-soudanais, à la frontière avec la Centrafrique. Selon des sources concordantes, ce mouvement est dirigé par l’ex-ministre de l’Éducation Lala Bevarrah, qui fut un proche de Charles Massi, chef rebelle disparu en 2010. Lala Bevarrah a de qui tenir : il est le frère cadet de Rodolphe Idi Lala, qui mena une lutte armée contre le régime de David Dacko au début des années 1980. Autre cause de soucis pour le président autoproclamé Michel Djotodia : le cas du « général » Mohamed Dhaffane, l’un des leaders de la Séléka, emprisonné au camp de Roux à Bangui à la suite d’un règlement de comptes entre ex-rebelles. Ses fidèles, qui ont repris le maquis, menacent de se rallier à… Bozizé, qu’ils ont pourtant contribué à

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chasser du pouvoir il y a moins de cinq mois.

BÉNIN LES RAISONS D’UNE DISSOLUTION

Le président béninois Thomas Boni Yayi ne s’est pas contenté de remanier son gouvernement, comme les rumeurs le laissaient entendre depuis plusieurs semaines, mais a congédié, le 8 août, l’ensemble de ses ministres. Selon un membre de son entourage, il a pris cette décision seul : « Même ses conseillers n’étaient pas au courant. » Le président béninois aurait voulu sanctionner le manque d’efficacité et les pratiques douteuses de certains ministres, parmi lesquels son propre beau-frère, Marcel de Souza, ministre du Développement. Mais l’affaire Patrice Talon a sans doute joué un rôle plus décisif encore : Boni Yayi est convaincu que cet homme d’affaires, qui est accusé d’avoir tenté de le faire empoisonner, a acheté bon nombre de ses ministres dont il doutait de la loyauté.

Anniversaire Brazza confidential

JEUNE AFRIQUE

Brazza. Anecdote jusqu’ici inconnue : l’Ivoirien Houphouët-Boigny, partisan controversé d’un dialogue public avec le pays de l’apartheid,

BAUDOUIN MOUANDA

ILY A VINGT-CINQ ANS, le 22 août 1988, l’Afrique du Sud et l’Angola concluaient à Ruacana un accord déterminant pour l’avenir de l’Afrique australe : l’indépendance de la Namibie en échange du départ des troupes cubaines d’Angola. Un accord historique qui dut beaucoup aux efforts du président congolais Denis Sassou Nguesso (DSN), lequel abrita pendant deux ans et demi des pourparlers secrets à Brazzaville. Des négociations sur lesquelles le voile se lève peu à peu. Ainsi du rôle clé joué par le colonel Pierre Oba, à l’époque patron de la police congolaise (aujourd’hui général et ministre des Mines), qui effectua pas moins de douze voyages clandestins à Pretoria sur ordre de DSN, alors que son quasi-homologue sudafricain, le général VanTonder, se rendait tout aussi secrètement à

p Le général Pierre Oba, actuel ministre congolais des Mines.

avait dépêché dans la capitale congolaise son ministre des Affaires étrangères, Siméon Aké, afin de suivre les tractations. Aké rendait compte chaque soir à son président, au téléphone et en langue baoulée, depuis sa chambre de l’hôtel Marina. Or cette dernière avait, comme il se doit, été « sonorisée » par les services congolais, qui avaient en outre pris soin de recruter une traductrice baoulé-français. Un système qui fonctionna à merveille jusqu’au jour où l’américain Chester Crocker, le « Monsieur Afrique » de Ronald Reagan, de passage à Brazza, rendit visite à Aké dans sa chambre. Les spécialistes de la CIA qui l’accompagnaient y détectèrent aussitôt les micros, au grand étonnement du ministre, bien naïf pour le coup. Ou quand la petite histoire rejoint la grande… ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


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La semaine de Jeune Afrique

CENTRAFRIQUE

François Bozizé

«Tôt ou tard, je reviendrai»

Exilé, lâché par ses homologues d’Afrique centrale, le président déchu n’a pas baissé les bras. Rappelant que son mandat courait jusqu’en 2016, il réclame toujours le retour à l’ordre constitutionnel. Mais reste très discret sur ses intentions.

Propos recueillis par

I

FRANÇOIS SOUDAN

l est venu chez Jeune Afrique un aprèsmidi pluvieux du mois d’août, entouré de deux de ses fils: Francis, le militaire, ancien sous-officier parachutiste dans l’armée française, qui fut longtemps son ministre de la Défense, et Giscard, l’un des plus jeunes, qui l’accompagna dans sa fuite au Cameroun après la chute de Bangui, le 24 mars. François Bozizé Yangouvonda, 66 ans, président de la Centrafrique de 2003 à 2013, a perdu du poids, gagné de l’amertume et promène toujours autour de lui ce regard un peu las que ses compatriotes lui connaissent. Mais qu’on ne s’y trompe pas : cet homme est du genre tenace et il a, comme il le dit, « une certaine habitude » de l’exil. À trois reprises déjà, dans le passé, ce général galonné sous Bokassa a été forcé de s’éloigner des rives de l’Oubangui, avant d’y revenir après une traversée du désert. Cette fois, il en est sûr, le scénario se répétera. ATOUT. On en est encore loin, certes. À Bangui, un

pouvoir de transition sous double influence tchadienne et soudanaise dirigé par le président autoproclamé Michel Djotodia – premier musulman à exercer cette fonction depuis l’indépendance – fait régner son ordre. Ou plutôt son désordre, car les ex-rebelles de la Séléka, dont Djotodia est le chef très théorique, multiplient les exactions au point de faire apparaître la décennie Bozizé comme une période de paix relative et de marginaliser les personnalités politiques qui collaborent avec eux ou qui préfèrent se taire. Un atout paradoxal dans le jeu de cet homme secret et imprévisible, lui-même ancien rebelle et autour de qui vient d’être créé à Paris, le 3 août, un Front pour le retour à l’ordre constitutionnel en Centrafrique (Frocca), ouvert, assure-t-il, « à tous ceux qui veulent sauver le pays ». N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

« J’ai été naïf. J’ai cru aux promesses de mes pairs. Ce monde, c’est la loi du plus fort. »

Reverra-t-on bientôt François Bozizé prendre les armes aux frontières de la Centrafrique ? Sur ce point, comme il y a onze ans lorsqu’il disparut plusieurs mois avant de provoquer la chute de son prédécesseur Ange-Félix Patassé, Bozizé est illisible, plus discret que jamais. Tout juste confesse-t-il qu’il ne s’« interdit rien ». Il faut dire aussi que le contexte a changé. Celui qui le 24 mars, quelques minutes avant d’embarquer dans l’hélicoptère de la dernière chance, a signé un décret remettant la ville de Bangui entre les mains des troupes françaises et sud-africaines (décret qui restera lettre morte, comme on l’a vu) sait qu’il ne bénéficie pour l’instant d’aucune base de départ dans la région. « Mes pairs m’ont trompé, lâche-t-il, surtout Idriss Déby Itno. Je lui ai fait confiance. Combien de fois n’avons-nous pas mangé ensemble ? » Il est 18 heures, la pluie a cessé. François Bozizé prend congé. Je regarde sa silhouette, un peu voûtée désormais, et celles de ses deux fils s’éloigner sur le trottoir parisien. Une nouvelle fois, sa vie est entre parenthèses. Il n’y a pas de bel exil. ● JEUNE AFRIQUE : Vous êtes en France depuis quelques semaines. Comptez-vous vous y installer? FRANÇOIS BOZIZÉ : Non. Je suis en France pour

des raisons d’ordre familial. Mon pays, c’est la Centrafrique. Tôt ou tard, j’y retournerai. On vous a signalé il y a peu en Ouganda, puis au Soudan du Sud, non loin de la frontière centrafricaine. Qu’y faisiez-vous ?

Tout cela est faux. Je ne suis allé ni en Ouganda, ni au Soudan du Sud, ni en Afrique du Sud. Depuis mon départ de Bangui le 24 mars, j’ai résidé à Yaoundé puis à Nairobi. Le reste, ce sont des ●●● fantasmes. JEUNE AFRIQUE


L’événement

SOPHIE LIÉDOT/JBV NEWS POUR J.A.

u L’ancien chef de l’État, à Paris, le 7 août.

●●●

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La semaine de J.A. L’événement fasse pression sur Idriss Déby Itno afin qu’il retire ses hommes. Mais ni le président tchadien ni aucun de vos ex-pairs d’Afrique centrale ne souhaite vous revoir à Bangui !

BORIS HEGER/REPORT DIGITAL-REA

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Les autorités béninoises sont, semble-t-il, prêtes à vous accueillir à Cotonou. Cela vous conviendrait-il ? ●●●

C’est une possibilité.

Vos successeurs au pouvoir ont lancé contre vous un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité et incitation au génocide. Cela vous inquiète-t-il ?

Venant d’eux, alors que chaque semaine ou presque depuis quatre mois un rapport d’ONG dénonce les meurtres, les pillages et les enlèvements perpétrés par la Séléka, cela me fait sourire. Leur objectif est clair: m’empêcher de me présenter à l’élection présidentielle.

Vous exigez le retour à l’ordre constitutionnel. Cela signifie-t-il votre retour au pouvoir ?

Une chose est sûre: je n’ai pas achevé mon mandat, lequel expire en 2016. Ce retour à la lettre de la Constitution adoptée par référendum en 2004 est donc un préalable, ce n’est pas négociable. Une fois cela fait, je suis ouvert, comme je l’ai toujours été, au dialogue avec tous les Centrafricains, y compris Michel Djotodia et ceux qui se sont fourvoyés avec lui.

p Bangui, le 4 juin. Jeune recrue soudanaise de la Séléka, devant un pick-up ayant appartenu au contingent sudafricain et saisi par les ex-rebelles.

Je me demande encore pourquoi Déby Itno a joué contre moi, sauf à croire que son objectif ait été de vassaliser la Centrafrique. Lui et quelques autres m’ont pris pour un incapable, un incompétent, un homme têtu qui n’écoute aucun conseil. Le problème est qu’en me déstabilisant ils ont joué avec le feu. L’anarchie qui règne aujourd’hui dans mon pays et son islamisation rampante en font une bombe à retardement qui les menace tous.

Avec quels chefs d’État avez-vous parlé depuis votre chute ?

Le président Biya, qui a eu la noblesse de m’accueillir, m’a longuement reçu. Je me suis entretenu à deux reprises au téléphone avec le président Sassou Nguesso et une fois avec le président Boni Yayi.

Avez-vous eu des contacts avec des officiels français depuis votre arrivée à Paris ?

Pas encore. C’est le mois d’août. Mais j’imagine que cela se fera. Comptez-vous reprendre les armes ? Lancer une guérilla ?

Je ne m’interdis rien, mais ce n’est pas d’actualité. Je veux sensibiliser la communauté internationale aux souffrances de mon peuple. La Séléka persécute les chrétiens, on exécute des jeunes parce qu’ils portent des tee-shirts à mon effigie, on viole et on pille. Ce n’est pas tolérable.

L’anarchie qui règne dans mon pays et son islamisation rampante en font une bombe à retardement. Avez-vous les moyens, notamment financiers, de vos ambitions ?

Cela viendra.

Quels reproches vous faites-vous ?

La Séléka revendique 20 000 hommes sur le terrain, et votre armée, les Faca, s’est volatilisée. Comment allez-vous faire ?

Il suffirait que les troupes tchadiennes présentes en Centrafrique quittent le pays pour que le rapport de forces s’inverse. La Séléka a toute une collection de petits chefs qui se disputent. Nous sommes d’ailleurs en contact avec certains d’entre eux, ainsi qu’avec les Faca qui se cachent. Je souhaite que la France, dont le contingent à Bangui permet à l’aéroport de fonctionner encore, N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Un seul reproche, celui d’avoir été naïf. J’ai cru aux engagements pris, j’ai cru aux fameuses « lignes rouges » que les rebelles ne devaient pas franchir sous peine d’être attaqués par les forces d’interposition, j’ai cru au dialogue avec mes ennemis. L’excès de dialogue m’aura perdu. Une leçon à tirer ?

Ce monde, c’est la loi du plus fort. Mais les Centrafricains doivent savoir que Bozizé ne les abandonnera pas. ● JEUNE AFRIQUE


SINGAPOUR

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Singapour vous attend et vous invite à profiter Des lumières vives, du shopping, des affaires, du tourisme, du commerce, de la cuisine délicieuse offerts par l’Ile. Dorénavant, vous pouvez également utiliser les 3 vols hebdomadaires d’Ethiopian, dont Singapour est la 8eme destination en Extrême-Orient, pour s’y rendre.

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La semaine de J.A. Les gens t Le 6 août, à son arrivée au siège du Front populaire ivoirien (FPI), à Abidjan.

SIA KAMBOU/AFP

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Michel Gbagbo Du malheur d’être « fils de » Arrêté en avril 2011, ce professeur d’université vient d’être mis en liberté provisoire avec treize autres proches de l’ex-président ivoirien.

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l a remercié sa famille, ses soutiens et, plus surprenant, le gouvernement et ses geôliers. « Mon cœur est clair et sans haine », a déclaré Michel Gbagbo, 43 ans, en liberté provisoire depuis le 6 août. Syndrome de Stockholm? Le fils de Laurent Gbagbo souhaite plus vraisemblablementfaciliterl’élargissement des nombreux « gbagbistes » encore sous les verrous. Car ses deux ans de prison n’ont pas été de tout repos, même s’il avait été transféré depuis quelques mois à la Polyclinique internationale Sainte-Marie (Pisam), à Abidjan, pour des soins. Molesté lors de son arrestation, le 11 avril 2011, il a été incarcéré à Bouna (Nord), sous la surveillance de Morou Ouattara, un exrebelle devenu l’un des commandants des forces spéciales. Ses gardiens l’ont insulté, exhibé comme une bête de foire devant leurs petites amies, contraint à faire des pompes face aux caméras…

de la réintégration sociale des personnes ayant souffert de maladie mentale, 2010). Mais l’histoire de sa vie est aussi jalonnée de blessures. Il n’a qu’un an et demi, en 1971, quand il est arraché à son père. Opposant d’Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo vient d’être incarcéré au camp militaire d’Akouédo et sa première épouse, la Française Jacqueline Chamois, est expulsée avec Michel. Motif ? Elle serait une dangereuse communiste. L’enfant va grandir à Lyon pendant trois ans. Puis fera des allers-retours entre les deux pays jusqu’à sa majorité, trimbalé d’une culture à l’autre, changeant d’établissement scolaire à maintes reprises. DUPES. En 1990, il obtient son bac au

Lycée technique d’Abidjan. Curieusement, son nom disparaît des fichiers… mais il parvient à s’inscrire à la fac avec son passeport français. Le 18 février 1992, son père et sa belle-mère, Simone Gbagbo, sont arrêtés à la suite d’une marche de protestation après une descente policière musclée à la résidence universitaire de Yopougon. Michel, qui milite alors au sein de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), vient leur rendre visite au camp de gendarmerie d’Agban. On lui donne alors le choix entre l’expulsion et l’incarcération. Il choisit la prison et met six mois à en sortir.

S’appeler Gbagbo, avait-il plaisanté en 2010 dans une interview au journal satirique Gbitch, est à double tranchant. Son patronyme lui a ouvert des portes durant la décennie (2000-2010) que son père Visé par onze chefs d’accusation, a passée au pouvoir. Mais il pourrait être convoqué par la Michel n’a jamais flambé, contrairement aux « refonjustice d’ici à la fin de l’année. dateurs » (les partisans du « J’aimerais reprendre mes cours, mais je président) de l’époque. S’il avait troqué sa Peugeot 205 pour une 307 de fonction, vais d’abord me reconstruire », déclare-t-il il vivait toujours dans sa petite maison aujourd’hui. Visé par onze chefs d’accusade Cocody (à Abidjan), avec sa femme tion (dont atteinte à la défense nationale Viviane, ivoirienne, et leurs trois enfants. et xénophobie), il pourrait être convoqué Visage poupon, look d’étudiant, il était devant la cour d’assises d’ici à la fin de apprécié de ses élèves de l’université de l’année, « s’il y a bien un procès », tempère Cocody, où il dispensait des cours de son avocate, Me Habiba Touré. « Le dossier psychologie. À ses heures, il écrivait de d’instruction est vide, il n’existe aucune la poésie (Confidences, paru en 2006), des preuve à charge. Cette libération a bien nouvelles ou des essais (Côte d’Ivoire, un montré qu’il s’agissait d’une incarcération air de changement, 2006, ou Problématique politique. » ● PASCAL AIRAULT

Rectificatif. Dans la rubrique « En baisse » (p. 15) du no 2743 (daté du 4 au 10 août), nous avons publié par erreur la photo du général guinéen Aboubacar Sidiki Camara, alias Idi Amin, en lieu et place de celle du commandant Aboubacar Sidiki Camara, alias De Gaulle, ex-chef de la garde présidentielle. Nous prions les intéressés et nos lecteurs de bien vouloir nous en excuser. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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EN HAUSSE

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ISHA JOHANSEN

Marina Berlusconi Ira, ira pas? DR

SABER KHLIFA Ce footballeur tunisien de 26 ans, auteur de l’un des plus beaux buts de la dernière saison du championnat français, va être transféré de l’Évian Thonon Gaillard à l’Olympique de Marseille, a annoncé, le 7 août, le club phocéen. EN BAISSE

DANSEUR. Problème : cette mère de deux enfants mariée à

PASCAL KOUPAKI

YVES TROUGNIN

un ancien danseur étoile de la Scala de Milan goûte peu la notoriété… et la politique. Fin 2012, son prénom avait déjà circulé avec insistance. « C’est une hypothèse qui n’a aucun fondement », avait-elle répliqué, contestant que le leadership au sein d’un parti puisse se transmettre par héritage. Mais depuis la condamnation de son père, les responsables du PDL tentent de convaincre Marina d’assurer la relève. Silvio Berlusconi lui-même y serait favorable, tout en craignant que cela ne la place à son tour dans le collimateur de la justice. Reste que, selon le politologue Giovanni Orsina, sans un(e) Berlusconi à sa tête, le parti – qui reprendra en septembre le nom de l’ancienne formation du Cavaliere, Forza Italia – risquerait fort de retourner au néant. ● MEHDI BA

L’ancien Premier ministre bissau-guinéen, 63 ans, a annoncé le 8 août, depuis le Portugal, son retour au pays pour se présenter à l’élection présidentielle de novembre. Il avait été renversé par un coup d’État en avril 2012.

JULIEN TACK/ABACAPRESS

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anslesrangsduPeupledelaliberté(PDL),nombre de ténors ne cachent plus leur engouement pour une succession héréditaire au sein du parti depuis que son fondateur, Silvio Berlusconi, a été définitivement condamné à un an de prison pour fraude fiscale, tout en risquant cinq ans d’inéligibilité (peine qui doit être examinée en appel). L’heureuse élue pressentie pour succéder à l’ancien président du Conseil italien, Marina Berlusconi, 47 ans, est sa fille aînée – et, dit-on, sa favorite. Née du premier mariage du « Cavaliere », elle est entrée à 25 ans dans le holding familial, Fininvest, dont elle a pris les rênes en 2005. Elle préside aussi le groupe de presse et d’édition Mondadori et siège aux conseils d’administration de Mediaset et de Mediobanca. Décrite comme une bête de travail et une négociatrice coriace, celle que l’on surnomme la tsarinaoulaprincessedeferfigurerégulièrement,depuis2007, dans le classement des femmes (ou des femmes d’affaires) les plus influentes du monde établi par le magazine Forbes.

CARLOS GOMES JÚNIOR

JEAN-PIERRE GAREL/PANORAMIC

Beaucoup, en Italie, souhaitent voir la fille aînée du Cavaliere lui succéder à la tête de son parti. Problème : la politique ne l’attire guère.

À 48 ans, elle est devenue, le 3 août, la première femme présidente de l’Association sierra-léonaise de football. Ses trois concurrents ont été disqualifiés par la Fifa, notamment pour infraction aux règles d’éthique.

Le 1er août, l’absence du Premier ministre béninois, 62 ans, lors du défilé militaire avait fait jaser. La dissolution de son gouvernement par Boni Yayi, le 8 août, a confirmé qu’il n’a plus les faveurs du président. FARID BEDJAOUI

DR

q Elle préside le holding familial, Fininvest, depuis 2005.

Selon la presse italienne, le parquet de Milan a émis un mandat d’arrêt international contre cet Algérien de 43 ans, ancien bras droit de Chakib Khelil, l’ex-ministre de l’Énergie, dans le cadre d’un scandale de corruption.

FRÉDÉRIC NOY

MAURO SCROBOGNA/AP/SIPA

MAHAMAT ADOUM ISMAËL

JEUNE AFRIQUE

Le PDG de CotonTchad, ancien patron des patrons tchadiens, a été suspendu de ses fonctions le 5 août et arrêté le lendemain dans le cadre d’une enquête sur des détournements de fonds menée par le gouvernement. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Culture médias Sciences humaines

AU COEUR DU MONDE Kwame Anthony Appiah Gentleman cosmopolite

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hilosophe ghanéen ? britannique ? américain ? Kwame Anthony Appiah est tout cela à la fois, et l’on ne saurait l’enfermer dans une catégorie plutôt que dans une autre. Véritable citoyen du monde par son histoire familiale (il est né à Londres en 1954 d’un père ghanéen et d’une mère anglaise, a grandi à Kumasi, obtenu un doctorat à Cambridge et enseigne aujourd’hui à la prestigieuse université de Princeton aux États-Unis), il l’est également par ses travaux. Appiah est un touche-à-tout. Spécialiste reconnu des questions de race et d’identité (In My Father’s House, 1992), il s’intéresse au libéralisme comme tradition politique centrée autour des notions d’autonomie et d’individualité, et réinterroge le cosmopolitisme pour permettre aux uns et aux autres de vivre ensemble et de s’accepter pour ce qu’ils sont malgré leurs différences et leurs différends. Car, affirme-t-il, « il est possible de vivre en harmonie sans être d’accord sur des valeurs sous-jacentes » (Pour un nouveau cosmopolitisme, 2008). Jamais là où on l’attend, Appiah privilégie une approche « pluraliste ». Persuadé, explique-t-il à Jeune Afrique, que le principal défi des philosophes du continent reste de voir en quoi « la spécificité des diverses expériences africaines contribue aux débats philosophiques universels », Appiah se nourrit aussi bien des traditions africaines que de la philosophie analytique et du postcolonialisme pour penser notre monde contemporain. Ses travaux en philosophie politique et morale sont riches de la traversée de ses expériences et interrogent des notions peu étudiées par les philosophes comme l’honneur (Le Code d’honneur. Comment adviennent les révolutions morales, 2012) ou le développement personnel et les normes professionnelles. Achevant actuellement un ouvrage sur W. E. B. Du Bois, « né américain mais mort ghanéen », dans lequel il dévoile l’influence de la philosophie allemande du XIXe siècle sur ce militant panafricaniste, Appiah songe déjà à ses prochaines recherches. Elles porteront sur la question de l’idéalisation (notamment l’emploi de modèles simplifiés pour faciliter la compréhension) en sciences et en éthique. Avant de revenir à des questions plus générales en explorant les corrélations existant entre les traditions de pensée morale en Europe, en Afrique, en Amérique et en Asie. Appiah, un homme du monde, en somme. ●

LINA PALLOTTA POUR J.A.

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SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Méditations africaines

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onsidéré comme un pur libéral, il est en phase avec les institutions de Bretton Woods (le FMI et la Banque mondiale). Ce Ghanéen, vice-chancelier de la prestigieuse université de Legon, près d’Accra, est d’ailleurs très proche de Shantayanan Devarajan, l’ancien économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, et fervent défenseur de l’ouverture des marchés et de la réduction des barrières commerciales. S’il plaide par exemple pour une plus grande intégration financière du continent (interchangeabilité entre les monnaies, zones monétaires, etc.), c’est dans l’optique d’une plus grande insertion du continent dans la mondialisation. Connu pour ses travaux sur la finance informelle et la microfinance en Afrique, ce diplômé de l’université de Dortmund (Allemagne) a coédité avec plusieurs autres économistes The Oxford Companion to the Economics of Africa (2012), un ouvrage qui se veut la bible des économies africaines. ● STÉPHANE BALLONG

3 QUESTIONS À

Achille Mbembe « Nous devons créer pour nous-mêmes et pour les autres »

CYRIL FOLLIOT/AFP

Ernest Aryeetey Chantre du libéralisme

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N LE PRÉSENTE souvent comme un théoricien du postcolonialisme, et pourtant l’auteur de l’ouvrage De la postcolonie (2000) n’y tient pas. Installé en Afrique du Sud, pays qui lui permet « d’être témoin de la naissance d’une autre société », le politologue camerounais Achille Mbembe pense l’Afrique dans son rapport au monde, essentiellement depuis les indépendances. Ce professeur d’histoire et de sciences politiques à l’université du Witwatersrand (Johannesburg), qui invite à réfléchir sur « la politique du possible et pas seulement sur celle de la fatalité et de l’échec », appelle à ce qu’une révolution sociale radicale accompagne l’afropolitanisme, ce processus de créolisation des cultures et des sociétés qui a commencé bien avant la colonisation, qui permet d’être africain dans le monde et non pas hors du monde. Il publiera en octobre Critique de la raison nègre (La Découverte). JEUNE AFRIQUE: Au sein de quel courant théorique vous inscrivez-vous? ACHILLE MBEMBE : Je m’inscris dans

Quel peut être, selon vous, le rôle des penseurs africains aujourd’hui?

Leur rôle est d’accompagner, par la réflexion fondamentale, les formidables mutations dont l’Afrique et le monde font l’expérience. En ce qui me concerne, il s’agit d’accomplir ce rôle à partir d’une position de totale liberté et, lorsqu’il le faut, de détachement par rapport à tout, argent, pouvoir et honneurs en particulier. Beaucoup de penseurs africains font de l’ethnologie. Cela peut être exotique, mais cela n’intéresse pas grand monde. Nous devons affronter le monde. Quels sont les principaux défis auxquels va être confronté le continent ces prochaines décennies?

Il y a un défi et un seul. Que l’Afrique puisse redevenir son centre propre, sa force propre. Et ce faisant, qu’elle puisse se hisser à hauteur du monde, qu’elle puisse créer pour elle-même et pour le monde quelque chose d’éminemment neuf. ● Propos recueillis par S.K.-G.

DR

une tradition de la pensée critique que j’appellerais la pensée-monde. C’est une pensée de la traversée et de la circulation, qui naît d’une réalité incontournable : notre monde est un faisceau de mondes en circulation. Penser ces mondes en circulation exige la rencontre

d’intelligibilités multiples. Dans ce processus qui implique de la traduction, du conflit, des malentendus aussi, il y a des questions qui se dissolvent d’ellesmêmes, et cette dissolution autorise qu’émergent, dans une relative clarté, des exigences communes, voire la possibilité d’une universalité authentique.

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GUY-GERVAIS KITINA/AFP

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p Lors de la visite de Joseph Kabila à Brazzaville, le 19 juillet.

Afrique centrale Profession: médiateur Habitué des missions de déminage, le président Denis Sassou Nguesso jouera les facilitateurs pour l’organisation d’une concertation nationale en RD Congo voisine.

«

J

e suis disponible 24 heures sur 24 » : en prononçant cette petite phrase lors de l’audience qu’il a accordée le 8aoûtàBrazzavilleauxprésidentsduSénat et de l’Assemblée nationale de RD Congo, Léon Kengo wa Dondo et Aubin Minaku, venus solliciter son intercession, Denis Sassou Nguesso n’a pas voulu jouer les matamores. Le président congolais, on le sait, n’est jamais aussi à l’aise que dans les médiations compliquées – il en a mené de toutes sortes depuis plus de trente ans –, et ses interlocuteurs savent qu’en ce domaine on peut le réveiller la nuit. Celle qui s’annonce ne sera pas des plus simples, puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’aider le pouvoir, l’opposition et la société civile du « Congo d’en face » à se réunir en une grande concertation nationale, ainsi que la souhaite Joseph

Kabila. Objectif: recréer la cohésion « face aux agressions dans l’Est » et débloquer par là même le dialogue interne entre les acteurs politiques congolais. ERGOTS. Avant que ses bons offices ne

soient réclamés par toutes les parties, il a fallu que Denis Sassou Nguesso fasse preuve de patience. Le premier tir de barrage est venu de la majorité présidentielle, dont quelques ténors (Lambert Mende, Olivier Kamitatu, José Endundo et une partie de la formation de Joseph Kabila) se sont dressés sur leurs ergots dans un réflexe nationaliste finalement très kinois. Thème: pourquoi avoir recours à un facilitateur pour une crise qui n’existe pas ? Quant à l’opposition, bien qu’elle soit nettement plus favorable à la médiation Sassou, il lui a d’abord fallu surmonter ses propres divergences, certains de ses

membres estimant que ce rôle devait revenir à Mary Robinson, l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU pour les Grands Lacs. Enfin, en recevant le 19 juillet Joseph Kabila à Brazzaville, le président congolais a pu être fixé sur les lignes jaunes que son partenaire n’entendait pas voir franchir ainsi que sur les concessions qu’il était prêt à faire. En définitive, il a fallu se rendre à l’évidence : nul autre que Denis Sassou Nguesso ne possède l’expérience nécessaire pour évoluer sur un terrain aussi miné. Le plus dur commence maintenant pour lui : rassurer tous les protagonistes afin que cette concertation, qui devrait s’ouvrir dans quelques semaines, soit réellement inclusive (ce qui est encore loin d’être acquis), être le recours en cas de blocages quasi inévitables, trouver la formulequipermettraàl’oppositionarmée (M23, Maï Maï et autres) de participer. Les nuits de Denis Sassou Nguesso, déjà médiateur dans la crise centrafricaine, risquent d’être courtes… ● FRANÇOIS SOUDAN

À SUIVRE EN AOÛT

20-21

AOÛT 1re Conférence africaine sur la sécurité alimentaire et l’adaptation, organisée à Nairobi (Kenya) par deux agences des Nations unies, la FAO et le PNUE. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

20-31

AOÛT Afrobasket 2013, à Abidjan (Côte d’Ivoire). Face à laTunisie, sacrée championne d’Afrique de basket en 2011, quinze autres sélections du continent.

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AOÛT Début du 25e festival Visa pour l’image, à Perpignan (France). ). Au programme, jusqu’au 15 septembre: des reportagess photo de Phil Moore et Pascal Maitre en RD Congo, de Goran Tomasevic en Syrie… JEUNE AFRIQUE


ILS ONT DIT

« Tout le monde

Iran Fous du Mahdi

TUTELLE. Un messianisme

qui n’est pas en odeur de sainteté auprès des autorités. Intermédiaire direct entre Dieu et les hommes, le Mahdi rend inutile la tutelle des ayatollahs. Se prétendant inspiré par lui, le « laïque » Ahmadinejad remettait en question la suprématie de son clérical rival, le Guide Ali Khamenei. Le phénomène ne se borne pas aux frontières du pays. Le 5 août, une dizaine d’illuminés étaient arrêtés devant le palais royal de Malaisie : ils réclamaient le trône pour leur gourou, qui lèverait une armée de 3 millions de croyants pour accueillir le Mahdi. ● LAURENT DE SAINT PÉRIER

Mœurs Monogames, vraiment? QUELLE MOUCHE a donc piqué certains mammifères pour les inciter à devenir monogames ? C’est à cette question brûlante qu’ont tenté de répondre deux équipes de chercheurs. Pour Dieter Lukas et Tim Clutton-Brock, la trop grande dispersion géographique des femelles dissuaderait les mâles de fréquenter deux coépouses trop éloignées. Pour Christopher Opie, il s’agirait d’empêcher qu’un infanticide soit commis par quelque « baratineur » désireux de s’accoupler avec la mère. Quoi qu’il en soit, il y a fort à parier que l’intérêt des foules se focalisera davantage sur le rappel formulé en marge de ces études: à peine 9 % des mammifères sont monogames. Et encore s’agit-il surtout d’une coutume sociale, autorisant le vagabondage sexuel. La norme culturelle posée comme universelle par l’Homo occidentalis trahirait-elle les lois de la nature? De longue date, l’interrogation turlupine les scientifiques. Il est vrai que la diversité des pratiques chez les animaux donne le tournis. Chez certains mammifères, les mâles optent pour une austère monogamie alors que, durant la gestation et l’allaitement, ils pourraient courir la brousse pour féconder à qui mieux mieux d’autres femelles. Mais rares sont les espèces qui s’astreignent à une relation exclusive. À l’opposé de ces mœurs dissolues, 95 % des oiseaux se refusent à prendre un « deuxième bureau ». Une donnée susceptible de subir quelques entorses: tandis que certaines espèces adoptent un partenaire pour la vie, d’autres se contentent d’un bail à l’année, et on trouve marginalement des espèces où madame peut avoir plusieurs partenaires. ● MEHDI BA JEUNE AFRIQUE

est conscient aujourd’hui de ce que représente l’Afrique, sauf les Africains. » CHEIKH TIDIANE GADIO Ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères

« On n’est jamais légitime quand on tire sur son peuple. » BERNARD-HENRI LÉVY Philosophe français, à propos de l’armée égyptienne

« Traverser le détroit de Gibraltar est un symbole d’union et de partage d’un espace commun : la Méditerranée. Une façon de rappeler que le Maroc et l’Espagne sont deux pays frères. » HASSAN BARAKA Triathlète marocain ayant traversé le détroit de Gibraltar à la nage le 25 juillet

« Le voile est retombé sur le visage des femmes comme s’il était une identité pour se démarquer des Occidentales, affirmer leur différence. » NORMA MARCOS Cinéaste et journaliste palestinienne

« Notre arrivée à Bangui a été comme

un miracle. C’est Dieu qui l’a voulue. Bozizé était devenu fou. » MICHEL DJOTODIA Président autoproclamé de Centrafrique

« Les bons livres nous délivrent de nos démons. » HOURIA AÏCHI Chanteuse algérienne

INSTITUT DU MONDE ARABE

imminent du messie. Membre supposé de la secte millénariste des Hojjatieh, l’histrion a subventionné le centre de Jamarakan,sanctuaireconstruit autour du puits d’où doit surgir le rédempteur.

ERICK AHOUNOU POUR J.A.

ILS PULLULERAIENT dans les institutions psychiatriques et carcérales d’Iran comme les Napoléon dans les asiles de l’Hexagone. Des légions de Mahdi convaincus, persuadés qu’ils sont descendus sur terre pour préparer les hommes à l’apocalypse. Victimes de délires mystiques ou abuseurs de la crédulité populaire, ils seraient ainsi 3000 faux Mahdi enfermés en Iran. En 2007, le célèbre ayatollah Boroujerdi avait même été embastillé pour s’être présenté, selon les autorités, comme le représentant du sauveur. Prophète censé, à la fin des temps, rassembler les croyants et convertir le monde, le Mahdi est dans l’islam chiite l’imam caché, dernier descendant de Mohammed. En 2011, l’ex-président de la République islamiqueMahmoudAhmadinejad annonçait, à la tribune des Nations unies, l’avènement

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La semaine de J.A. Décryptage

Argent sale HSBC fait le grand ménage La banque britannique va fermer les comptes d’une quarantaine d’ambassades et de consulats au Royaume-Uni. Un pas de plus dans la lutte antiblanchiment… Sérieusement ?

Silver, responsable du Consular Corps, qui regroupe les consulats étrangers au Royaume-Uni. Afin de justifier sa décision, HSBC met en avant son programme d’évaluation des services financiers de ses clients, privés comme publics, lancé en mai 2011 pour renforcer sa lutte contre l’argent sale. Condamné l’an dernier aux États-Unisàuneamenderecordde1,9milliard de dollars (1,5 milliard d’euros) pour complicité de blanchiment d’argent, le premier groupe bancaire au monde veut se refaire une virginité. « Les représentations diplomatiques détiennent généralement d’importantes sommes en espèces, qui pourraient provoquer des questions embarrassantes », estime un connaisseur de la place financière londonienne. PEU DE RENTABILITÉ. HSBC n’est pas le

p En 2012, le groupe a été condamné à une amende de 1,5 milliard d’euros.

H

SBCsèmelapagaille.Enannonçant, le 3 août, qu’elle ne souhaitait pas conserver la gestion des comptes d’une quarantaine de représentations diplomatiques, la banquebritanniqueaprovoquélaconsternation. Si HSBC refuse de communiquer la liste des bureaux concernés, la presse LE DESSIN DE LA SEMAINE

britannique – qui a révélé la nouvelle – cite lanonciatureapostolique,lehaut-commissariat de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le consulat du Bénin. « Ces représentationsontabsolumentbesoind’unebanque non seulement pour encaisser l’argent des passeports et des visas, mais aussi pour payer les salaires », explique Bernard

premier à mettre un terme à son activité d’embassy banking. Face à la difficulté de se conformer aux règles antiblanchiment imposées par le Congrès, trois des établissements du « Big Four » américain, JPMorgan, Citigroup et Bank of America, se sont séparés dès 2010 de leur clientèle diplomatique. « Si elles ne sont pas dans le business pour de mauvaises raisons, les banques tirent peu de rentabilité des servicesqu’ellesrendentauxambassades», reprend l’expert. Lawrence Landau, le consul honoraire du Bénin à Londres, confirme:«Aucuneneveutnousouvrirses portes dans le pays aujourd’hui. » Comme les autres, il dispose de soixante jours pour retirer son argent. ● OLIVIER CASLIN

Glez

KENYA CHASSE AUX CHASSEURS

FINI L’IMPUNITÉ pour les braconniers ? Si jusqu’à présent les sanctions pénales en Afrique n’étaient pas assez dissuasives pour freiner l’hécatombe, les choses sont en train de changer. Dans plusieurs pays, il est question d’imposer des amendes allant de 90 000 à 150 000 euros. Le Kenya Wildlife Service réclame même l’emprisonnement à perpétuité pour les tueurs d’éléphants et de rhinocéros. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

JEUNE AFRIQUE


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aBiDjan

fOrUM inTernaTiOnaL DeS inveSTiSSeMenTS en CÔTe D’ivOire Le premier rendez-vous économique international pour les acteurs du renouveau ivoirien.

Partagez le nouvel élan économique de la Côte d’Ivoire Sous le haut patronage de Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire


La semaine de J.A. Décryptage JEUNEAFRIQUE.COM

INFOGRAPHIE

ABDELHAK SENNA/AFP

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Mondiaux d’athlétisme de Moscou : demandez le programme africain !

FOCUS

RD Congo: qui se cache derrière la communication du M23?

CARTOGRAPHIE

Algériens proches d’Aqmi, Tunisiens rentrés du Mali ou de Syrie, Libyens du GICL : décryptage de la mosaïque jihadiste du Chaambi (voir pp. 60-62)

À LIRE AUSSI Bénin : les mercredis rouges de Cotonou N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

p Des paysans détruisant une plantation de chanvre sous la surveillance de la police, dans la région de Larache, en 2006.

Maroc Le Rif va « kiffer » Sous l’impulsion d’un collectif issu de la société civile, des députés songent à légaliser la production de cannabis. Une aubaine pour les 800 000 personnes qui vivent de cette culture dans le nord du pays.

A

lors que l’Uruguay est sur le point de ratifier une loi autorisant la production et le commerce de cannabis, Rabat va-t-il franchir un pas dans cette direction ? La question peut paraître prématurée, elle n’en agite pas moins la société marocaine. À l’origine de ce débat, le Collectif marocain pour l’usage thérapeutique et industriel du kif (nom donné au cannabis dans les pays du Maghreb). En mai, celui-ci a soumis aux députés un modèle de proposition de loi… qui a rencontré un certain succès auprès de plusieurs élus. Le 15 juillet, le groupe parlementaire du Parti Authenticité et Modernité (PAM) s’est réuni avec le collectif pour échanger sur le sujet. « C’est le point de départ de notre action. Nous souhaitons entamer un débat sérieux au Parlement afin que le cannabis soit légalisé pour un usage médical », explique à Jeune Afrique Mehdi Bensaïd, député du PAM. Le parti organisera d’ailleurs une journée d’étude au mois de septembre qui sera ouverte à tous: économistes, pharmaciens, députés et simples citoyens. Le but ? Discuter et affiner un projet de loi pour le soumettre par la suite aux chambres législatives. Sur ce thème, le PAM n’est pas isolé. Certaines

voix au sein du Parti de la justice et du développement (PJD) et de l’Istiqlal sont également favorables à une légalisation – sous certaines conditions – de la culture du cannabis. TRAFIC. Les arguments pour encadrer

légalementcetteactiviténemanquentpas. Le Maroc est déjà le premier producteur (près de 39 000 tonnes en 2010) et exportateur mondial de marijuana et de résine, selon le dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Les exportations génèrent, d’après différentes estimations, environ 7,5 milliards d’euros par an – ce qui équivaut à 10 % du PIB du pays. Or la plus grande partie de ces revenus tombe dans les poches des narcotrafiquants, au détriment des 800 000 personnes qui subsistent grâce à la culture de cannabis dans la région septentrionale du Rif. L’encadrement de la production – à travers la création d’un office national du cannabis – permettrait de réduire le déficit commercial marocain (23 % du PIB en 2012), d’augmenter les recettes de l’État, de réguler le trafic et, surtout, d’accroître les revenus des petits paysans. Tout en étant en conformité avec la loi. ● RYADH BENLAHRECH JEUNE AFRIQUE



La semaine de J.A. Tour du monde THAÏLANDE

ÉTATS-UNIS - RUSSIE

L’espion qui jette un froid

Escalade de violence

UNE FIGURE IMPORTANTE de l’islam du sud de la Thaïlande, l’imam Yakob Raimanee, a péri dans une embuscade le 5 août. Ses quatre assassins, parmi lesquels un homme déguisé en femme portant le hijab, ont fait feu sur sa voiture. Ce nouvel attentat survient à la veille d’une quatrième séance de négociations de paix entre les communautés musulmane et bouddhiste, prévue le 18 août. Il signe une brutale escalade des tensions dans la région, en proie à un conflit qui a fait plus de 5 000 victimes depuis 2004.

A

près avoir fait trembler l’Amérique à la suite de ses révélations sur Prism, le système de surveillance de l’Agence nationale de sécurité (NSA), Edward Snowden jette un froid sur les relations diplomatiques entre les États-Unis et la Russie. Le 7 août, le président américain, Barack Obama, a pris la décision d’annuler son entrevue avec Vladimir Poutine, prévue début septembre à l’occasion du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg. Le porte-parole de la Maison Blanche a justifié ce refus par le « manque de progrès » dans les relations russo-américaines « sur des questions comme la défense antimissile, la prolifération, le commerce, les questions de sécurité et les droits de l’homme ». Les pommes de discorde ne manquent pas entre les deux pays, mais la décision du Kremlin d’accorder l’asile temporaire à l’ex-collaborateur des services spéciaux américains a été l’affront de trop. Obama sera tout de même présent en Russie lors du G20, les 5 et 6 septembre prochain, même si les Russes se sont dits déçus de l’annulation du tête-à-tête. ●

Le mot

ABATTAGE LES JUGES D’INSTRUCTION de l’affaire du Carlton de Lille ont renvoyé Dominique Strauss-Kahn en correctionnelle le 26 juillet. Contrairement à ce que prétend l’ancien directeur du FMI, qui dénonce une instruction à charge, les magistrats estiment qu’il « n’était nullement question de libertinage » avec les femmes présentes lors des parties fines en question, mais « d’abattage » de prostituées rémunérées.

BUSINESS

Web et presse

EVAN VUCCI/AP/SIPA

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p En mai, en Irlande du Nord, Barack Obama et Vladimir Poutine étaient déjà en désaccord autour de la question syrienne. TURQUIE

La main lourde

LA MAINMISE grandissante du parti du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, sur les institutions et la société turques continue. Le 5 août, les 275 accusés du procès « Ergenekon » ont écopé de lourdes peines. Ces anciens responsables militaires ou politiques étaient jugés pour leur appartenance N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

présumée au réseau ultranationaliste Ergenekon et accusés d’avoir voulu renverser le gouvernement islamoconservateur. L’armée s’est dite « profondément blessée » à la suite de la condamnation à vie de l’ancien chef d’état-major, le général Ilker Basbug. Cette décision sévère a provoqué un tollé chez les opposants, qui accusent Erdogan de faire taire les uns après les autres tous les contre-pouvoirs.

UN MAGNAT DU WEB vient à la rescousse du secteur de la presse écrite: Jeff Bezos, actuel PDG de la société Amazon, a annoncé le rachat d’un fleuron du journalisme américain, le Washington Post, pour 250 millions de dollars (environ 188 millions d’euros). Détenu par la famille Graham depuis quatre-vingts ans, le groupe de presse vient donc d’être avalé par l’une des plus grandes fortunes du numérique, sur ses deniers personnels. HONGRIE

Justice pour les Roms

LE TRIBUNAL de Budapest a rendu un verdict historique le 6 août : quatre Hongrois ont été reconnus coupables de crimes racistes à l’encontre de personnes d’origine rom. Trois d’entre eux ont été condamnés à la réclusion JEUNE AFRIQUE


ARRÊT SUR IMAGE

A.M. Ahad • Associated Press

BANGLADESH

Où est Charlie? DACCA, BANGLADESH, 8 AOÛT. L’Aïd el-Fitr est fini, il est temps de rentrer à la maison pour tous les Bangladais musulmans qui sont venus célébrer la fin du ramadan dans la capitale avec leur famille. Mais dans ce pays de 150 millions d’habitants – le plus dense des grands pays du monde –, les places assises sont rares. Les places debout aussi.

à perpétuité. Ce jugement tombe alors que le pays commémore l’Holocauste contre cette minorité, survenu en 1944. Elle représente aujourd’hui entre 5 % et 8 % de la population hongroise. JAPON

Un petit pas pour le robot UNE FUSÉE H2B a décollé le 4 août de la base de Tanegashima au Japon. Censé transporter du matériel technique et du ravitaillement aux résidents de la station spatiale internationale (ISS), le module cargo inhabité HTV4 contient aussi Kirobo, un petit robot androïde, bavard et drôle développé par Toyota pour leur tenir compagnie. Le lanceur s’arrimera à l’ISS le 9 août et repartira début septembre, chargé de ses ordures, avant de se désintégrer lors de son retour dans l’atmosphère terrestre. JEUNE AFRIQUE

FOOTBALL

Racism is not English

À LA RENTRÉE, les footballeurs anglais ne devront pas se contenter de s’entraîner pour leurs tournois. Une fois les crampons rangés, les joueurs devront suivre des cours… contre le racisme. Le syndicat des joueurs

LE DESSOUS DES CARTES Les autorités de Gibraltar, la petite colonie britannique en territoire espagnol, ont lancé 70 blocs de béton à la mer pour former un récif censé régénérer la pêche. Mais pas celle des Espagnols, qui ne pourront plus accéder aux eaux bordant le « rocher ». Comme à Ceuta, enclave espagnole au Maroc, la fièvre monte régulièrement dans ces péninsules méditerranéennes à la souveraineté disputée.

professionnels d’Angleterre et du pays de Galles a décidé de lutter contre ce fléau. Ces dernières années, les scandales se sont multipliés dans l’univers du ballon rond. En 2011, l’attaquant uruguayen de Liverpool, Luis Suárez, avait été suspendu après avoir traité le Français de Manchester United, Patrice Evra, de « négro ».

Espagne Gibraltar (Roy.-Uni) Détroit de Gibraltar Ceuta (Esp.)

Maroc N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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LA CEDEAO NE SE LIMITE PAS AU RÈGLEMENT DES CONFLITS « La Cedeao, c’est tout autre chose que le seul Mali ! » lance, passablement agacé, un fonctionnaire de cette organisation. L’homme, qui participait à une discussion informelle en marge des festivités organisées pour célébrer le 38ème anniversaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) fin mai/début juin 2013 dans une capitale ouest-africaine, a saisi l’occasion de cette petite soirée mondaine pour réaffirmer cette vérité.

L

Fotolia

’intervention de la Cedeao au Mali, explique-t-il en substance, comme du reste en Guinée-Bissau et ailleurs auparavant, s’inscrit logiquement dans le cadre des priorités dégagées par l’organisation pour atteindre son objectif ultime qu’est l’intégration économique de la sous-région. Outre la consolidation de la paix, de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance, la Cedeao a comme priorités le développement des infrastructures, la mise en œuvre des politiques communes d’agriculture, d’environnement et de gestion des ressources en eau. « Nous visons aussi la création d’une zone monétaire unique sous le programme de coopération monétaire et l’établissement d’une zone de libreéchange », ajoute l’homme.

COMMUNIQUÉ

■ Pour davantage convaincre son auditoire, il préfère évoquer le contenu du rapport 2012 du président de la Commission de la Cedeao, M. Kadré Désiré Ouédraogo, élaboré autour du thème : « Intégration et stabilité politique en Afrique de l’Ouest ». Le document, conçu à partir des contributions des

différents départements de la Commission et des autres institutions de la Communauté sur la mise en œuvre de leurs activités en 2012, permet d’attirer l’attention sur les potentielles barrières au processus de l’intégration économique ouest-africaine, souvent imputables aux crises politiques. Celles-ci ont beau exister, elles n’empêchent pas la Cedeao de poursuivre sa mission. En l’occurrence, il ne faut pas que l’arbre de la crise malienne cache la forêt des nombreuses activités menées et conclues durant l’année écoulée dans un environnement caractérisé, d’une part, par une relative amélioration de la gouvernance économique dans les États membres et, d’autre part, par la volonté politique des autorités communautaires d’accélérer l’intégration régionale et le développement. ■ Au titre des performances économiques, la croissance en Afrique de l’Ouest ressortirait à 6,9 % en 2012 contre 5,9 % en 2011 en dépit de la décélération de l’économie mondiale, qui passerait de 3,8 % en 2011 à 3,3 % en 2012. Ce remarquable taux de crois-


« Intégration et stabilité politique en Afrique de l’Ouest » Le Président de la Commission de la Cedeao, M. Kadré Désiré Ouédraogo

■ S’agissant de l’état de mise en œuvre du programme de travail 2012 de la Communauté, la Commission et les autres institutions communautaires ont enregistré de considérables progrès dans toutes les sphères des activités prévues, y compris la consolidation de la paix et de la sécurité régionales. En particulier, des résultats notables ont été obtenus dans le cadre de la mise en œuvre des activités programmées dans les divers domaines d’intervention de la Communauté. Ainsi en matière d’intégration monétaire, de nets progrès ont été réalisés en vue de la création de la monnaie unique (l’Eco). En effet, conformément à la feuille de route établie par la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO), qui regroupe la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone, l’Eco doit être

lancé le 1er janvier 2015 après les reports successifs de 2003, 2005 et 2009. ■ Sur le secteur privé, la Commission a poursuivi la réalisation des activités liées à la promotion des investissements à travers la finalisation de l’étude sur les codes des investissements dans les 15 États membres ainsi que le lancement de l’étude de faisabilité pour la création de l’Agence de garantie des investissements de la Cedeao. Elle a également poursuivi les activités relatives à la mise en place d’une base de données de risque crédit en collaboration avec l’Association des banquiers de l’Afrique de l’Ouest (Abao). ■ En matière de promotion des entreprises, l’organisation, à Accra, du Forum économique et commercial Chine-Cedeao a permis la signature de memoranda d’entente sur plusieurs projets d’infrastructures pour lesquels les modalités de financement et de mise en œuvre sont en cours de négociation. Enfin, le cadre de politique de développement du secteur privé et de promotion des entreprises de la Cedeao a

été rédigé et des réunions consultatives ont été tenues avec les experts de la région. Des résultats tout aussi appréciables sont notés dans bien d’autres domaines… On le voit, en dépit des nombreux acquis, la Communauté reste confrontée à d’énormes défis dont les moindres ne sont pas les crises que traverse la région présentement. Dans un sursaut régional, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, appuyée par les institutions communautaires et les partenaires, a consacré tant d’énergie et d’efforts pour un retour de la paix et de la normalité constitutionnelle en GuinéeBissau et au Mali. La stabilité et la paix sont un préalable indispensable à tout développement économique et social. C’est pourquoi, comme disait récemment le président de la Commission, M. Kadré Désiré Ouédraogo, « nous devons travailler à l’enracinement de la culture démocratique dans notre espace (car) les peuples ont le droit au respect de leur Constitution et celui de choisir librement leurs dirigeants ».

www.ecowas.int

DIFCOM - FC / photos D.R.

sance attendu s’explique par les performances économiques de la Sierra Leone (18,3 %), l’accélération de la croissance au Niger (14,5 % contre 2,3 % en 2011) et le rebond économique de la Côte d’Ivoire (8,6% contre -4,7 % en 2011).


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CRÉDIT PHOTO

PLANÈTE


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FRIC

Les riches le sont toujours et de plus en plus. Où vivent-ils ? Quelles sont leurs mœurs ? Qui sont-ils ? Bienvenue dans un monde ou la démesure le dispute à l’opulence.

KEVIN MILLER/GETTY IMAGES ; ALBERTO INCROCCI/GETTY IMAGES ; YANNICK COUPANNEC ; SAM EDWARDS/GETTY IMAGES ; CÉCILE TREAL

C

elui-ci a préféré vendre son appartement new-yorkais de Central Park pour construire, dans sa ville natale, une villa sécurisée surplombant l’Atlantique. Celui-là a investi dans la terre – « Je suis un agriculteur à présent », rappelle-t-il en dînant dans un restaurant chic de Dakar, son luxueux 4x4 avec chauffeur garé à proximité. Cet autre encore estime que les terrains à Marrakech, cité courue par la jet-set, ont atteint des niveaux déraisonnables… Eux, ce sont les nouveaux millionnaires africains. Toujours plus nombreux, ils semblent vouloir rompre avec les comportements ostentatoires tant décriés de leurs aînés. Une posture confortée par les chutes en cascade de despotes bling-bling et la traque sans relâche des biens mal acquis. Les hôtels particuliers parisiens n’attirent plus. Les banques suisses n’ont plus la cote. Désormais, les coffres-forts à la mode se trouvent en Afrique du Sud, à Maurice, Dubaï, Hong Kong ou Singapour. Cacher au fisc ses millions importe moins que les faire fructifier « légalement », selon les conseils avisés d’un gestionnaire de fortunes. Un choix plus sûr et plus acceptable. Changement de cap donc. Plus que leur richesse, c’est leur réussite par le mérite que les millionnaires modernes souhaitent afficher. La naissance ne constitue plus un sésame, seul le travail paie, veulent-ils nous faire croire. Attentifs aux crispations sur un continent où le nombre de pauvres ne cesse de croître, ils vivent leurs excès loin des regards, dans des villas bunkérisées ou à l’étranger. L’image qu’ils renvoient les préoccupe ainsi davantage. Ils prennent soin de leur corps, mais aussi de leur tête, en faisant appel à des coachs personnels. Pour organiser soirées ou vacances, ces riches nouvelle version recourent à des sociétés de conciergerie qui assouvissent la moindre de leurs envies. Aucun risque de déception – et donc d’irritation. En somme, pour être riche aujourd’hui et le demeurer demain, préserver les apparences devient vital dans un monde plus que jamais connecté et allergique au secret. ● MICHAEL PAURON N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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LES SPOTS

À L’ABRI DES REGARDS En ville ou à la campagne, qu’ils se détendent ou qu’ils travaillent, les plus aisés restent entre eux. Mais leurs goûts changent. Enquête sur les nouveaux lieux de prédilection des riches.

Maroc Casa côté luxe À Casablanca, celle-qui-ne-finit-pasde-s’étendre, les quartiers chics s’étirent le long de la mer. Anfa et ses extensions, Val-d’Anfa et Anfa-Supérieur, forment un petit village à l’ombre des palmiers et des hauts murs d’enceinte. Ici se concentrent les plus belles maisons de maître appartenant à des familles huppées de la ville, N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

construites sur une petite colline qui dégringole vers la corniche d’Aïn Diab. Le must : la villa individuelle avec jardins, piscine, voitures… et chauffeurs, à proximité du Royal Golf. C’est ici qu’Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et magnat de la distribution, a accueilli le couple royal pour un ftour (repas), il y a quelques semaines. Ces propriétés sont extrêmement rares et, de ce fait, chères.

Très appréciées aussi pour leur calme et leur sécurité, quelques résidences gardées se sont construites sur le modèle sudafricain (lire pp. 27-28) dans le voisinage d’Anfa. Elles proposent même des aires de jeux pour les enfants. Le style de vie d’Anfa s’étend aux quartiers de Longchamp, CIL et, surtout – plus au sud –, à ceux de Californie et Bouskoura. D’urbanisation plus récente, JEUNE AFRIQUE


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Ü Ci-contre, le complexe Blair Atholl, en Afrique du Sud ; ci-dessous, l’hôtel Le Marlin bleu, dans le quartier Zone 4, à Abidjan ; page de gauche, une villa marocaine près de la corniche, à Casablanca.

SERGE ATTAL/GLOBEPIX

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Planète fric

ils recèlent des réserves de foncier que les grands groupes immobiliers s’empressent d’exploiter. De leur côté, les jeunes actifs, les célibataires et les budgets – un peu – plus modestes préfèrent les secteurs plus centraux et animés de Racine et Gauthier, qui proposent des appartements de grand standing. Les villas y ont quasiment toutes disparu, sous la pression des promoteurs. Il faut compter de 8 000 à JEUNE AFRIQUE

10 000 dirhams (de 700 à 890 euros) pour louer un quatre-pièces. Avec l’arrivée du tramway, le dernier lieu tendance où résider pour les bobos (bourgeois bohèmes) est le quartier Hassan-II, où quelques immeubles Art déco, qui sont la propriété de compagnies d’assurances, atteignent des loyers à cinq chiffres. ● YOUSSEF AÏT AKDIM

Tunisie Quelle révolution ? Certes, les pillages lors de la révolution – uniquement dans les demeures de proches de Ben Ali – ont poussé bon nombre de propriétaires à sécuriser leur patrimoine. Mais dans le triangle doré, entre Sidi Bou Saïd, Carthage et La Marsa, les événements n’ont pas changé grandchose au quotidien des riches. Derrière les hauts murs qui cachent les jardins

des villas, la discrétion est une tradition. Un « retrait » qui a un prix : 1 600 dinars le mètre carré (727 euros) de terrain avec vue sur la mer, soit trois fois la moyenne nationale. Les acquéreurs ont de fait un pouvoir d’achat conséquent qui fait le bonheur des commerçants. Grandes enseignes, marques de luxe et entreprises de services se sont d’ailleurs installées à portée de ces bourses bien garnies. Et pour les nantis qui cherchent encore plus de sécurité, il y a la campagne – devenue, dit-on, la dernière tendance… ● FRIDA DAHMANI, à Tunis

Afrique du Sud Golf, piscines et barbelés En Afrique du Sud, où la sécurité est une préoccupation majeure, il est inconcevable de ne pas vivre dans une N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Grand angle résidence ultrasécurisée – à condition d’en avoir les moyens. Problème : les hauts murs surmontés de fils barbelés électrifiés ne constituent pas une vue rêvée pour qui se délasse dans son jardin. Le luxe ultime est donc de posséder une résidence dans une gated community (lotissement sécurisé fermé) suffisamment spacieuse et arborée pour donner à ses habitants l’impression de vivre en pleine nature. Et c’est le complexe de Blair Atholl, situé entre Johannesburg et Pretoria, qui s’est montré le plus doué à ce jeu. Un logement dans le domaine de 600 ha, construit autour du parcours de golf le plus long du pays, se paie au prix fort. Les parcelles à bâtir, d’une surface de 3 700 m2 en moyenne, ne s’échangent pas à moins de 2,8 millions de rands (211 850 euros), et les résidences déjà construites peuvent atteindre dix fois ce montant. Pour leur part, les locataires doivent débourser quelque 45 000 rands par mois – hors charges – pour une maison de 680 m2. Mais pour une telle somme, ils bénéficient de services exclusifs: étable pour les chevaux, piscines, courts de tennis, salle de sport ou encore accès à l’aéroport de Lanseria tout proche, où ils peuvent facilement louer un jet privé. ● PIERRE BOISSELET

Côte d’Ivoire Beverly Hills ou presque… Situé à l’une des extrémités de la commune de Cocody, Riviera 4 Beverly Hills, baptisé ainsi par Théodore Mel Eg, l’ancien maire, est posé sur les bords de la lagune Ébrié. Dans ce triangle d’argent, le mètre carré s’élève à 300 000 F CFA environ (460 euros). Les immenses demeures de style victorien rappellent les cités bourgeoises d’Europe. L’artère principale est large comme un boulevard. Il ne manque plus que les hôtels chics, les restaurants, les bars et les magasins de luxe pour que le quartier soit digne de porter le nom de son célèbre modèle américain. Parmi les heureuxpropriétairesfigurentnotamment Kipré Digbeu, président du groupe d’assurances Serenity SA, les anciens Premiers ministres Charles Konan Banny, Jeannot Ahoussou Kouadio, Pascal Affi Nguessan, les ministres Patrick Achi (Infrastructures), Hamed Bakayoko (Sécurité et Intérieur), la star du football Didier Drogba ou encore Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale. Un voisinage de choix. ●

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! À Dakar, le Waterfront, projet du millionnaire Yérim Sow, cherche encore preneur…

L’ART D’ÊTRE ENTRE SOI VACANCES Viva España ! Mais où les riches algériens passent-ils donc leurs vacances ? Quand ils ne bronzent pas sur les plages de Moretti ou du Club des pins, stations balnéaires sécurisées réservées à la nomenklatura, ils se prélassent au bord des piscines des hôtels haut de gamme d’Alger ou d’Oran (El-Aurassi, Le Méridien, Le Royal Sekhri), où la chambre simple coûte 23 000 dinars (215 euros), soit une fois et demie le salaire minimum. Le sud de l’Espagne constitue également une destination prisée par les plus aisés, voire les classes moyennes. « Il suffit

d’aller à Palma Nova en fin de journée pour voir tout le gratin algérien à la terrasse des cafés. Beaucoup d’affaires importantes y sont traitées », confie un industriel. ● FARID ALILAT

TRANSPORTS Ou comment bien s’envoyer en l’air

ses bagages sont pris en charge, un salon d’enregistrement facilite les démarches… Tout est mis en œuvre pour simplifier au maximum départs et arrivées. En cabine, chaque siège bénéficie d’un accès direct à l’allée et est équipé des dernières technologies (massage, vidéo, etc.).

La première classe d’Air France (photo) se mérite. Pour un aller-retour DakarParis, il faut compter environ 8 000 euros. Voyager dans cette bulle de luxe prisée des hommes d’affaires revient à loger dans un palace. Cette clientèle privilégiée est traitée avec tous les égards. À l’aéroport, un portier accueille le voyageur,

BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

JEUNE AFRIQUE


Planète fric

LES SPOTS

Gabon Le vrai privilège, c’est l’espace À Libreville, même pour les plus nantis, se loger relève parfois du casse-tête. Ce n’estévidemmentpasunproblèmedeprix, maisd’espace.LequartierdelaSablière,où nababs gabonais et expatriés aisés vivent à l’abri des regards dans leurs luxueuses villas du bord de mer, est saturé. De nouveaux lotissements, apparus à quelques pas de là, dans le nord de la ville, aiguisent donc les appétits immobiliers. Le secteur d’Angondjé, qui abrite l’immense stade de foot de l’Amitié-Sino-Gabonaise depuis la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2012, est ainsi très prisé. La brousse et les habitats en tôle ont laissé place, depuis une dizaine d’années, à une zone résidentielle paisible aux logements flambant neufs. Commerces de proximité, écoles maternelles et hôtels ont ainsi essaimé. « Tout le monde cherche à s’installer ici,

il y a toutes les infrastructures nécessaires et, surtout, les routes sont goudronnées », souligne Romain, jeune cadre de 33 ans, locataire à Angondjé. Même le footballeur Daniel Cousin, le capitaine des Panthères du Gabon, y a élu domicile. Conséquence, les tarifs ont vite grimpé. «Certainsnotablesontaccaparébeaucoup de terrains pour construire des maisons et les louer. Si l’on n’a pas 500 000 F CFA [763 euros] à dépenser dans un loyer, il est difficile de trouver quelque chose », assure un expert en urbanisme. ● ÉLISE ESTEBAN, à Libreville

Rwanda Gisenyi, la petite Genève Sur les bords du lac Kivu, la ville de Rubavu – connue sous le nom de Gisenyi, son ancienne appellation – a des airs de petite Genève, avec sa vue sur les flots calmes et ses hôtels de luxe surplombés

AFFAIRES L’Asie a la cote

MICHAEL PAURON

M.P.

BAPTISTE FENOUIL/REA

MARTIN SASSE/LAIF-REA

Le menu et la carte des vins sont dignes d’un restaurant étoilé : les plats proposés ont été conçus par le grand chef Joël Robuchon ; Olivier Poussier, l’un des meilleurs sommeliers du monde, a sélectionné les grands crus… Un paradis gastronomique à plus de 10 000 mètres d’altitude. ●

Alors que la Suisse semble réformer, dans la douleur, son système fiscal sous la pression des États-Unis et de l’Europe, de nouveaux lieux de business sont apparus. Pour faire des affaires et placer leur argent, « les riches Africains se voient désormais proposer par leurs banquiers Dubaï [photo], Singapour ou Hong Kong, surtout s’ils traitent avec l’Asie », explique un familier du milieu. Et celle-ci, justement, est devenue le grand allié du continent. « Si les fortunes familiales ont tendance à demeurer à Genève, l’instabilité fiscale helvète n’incite pas à venir s’y installer », poursuit le même businessman. ●

JEUNE AFRIQUE

par les montagnes. Autre point commun avec la cité suisse : un secteur bancaire très dynamique – pour quelque 55000 habitants. C’est que de l’autre côté de la frontière toute proche se trouve Goma (près de 1 million d’âmes), capitale de la province congolaise du Nord-Kivu, qui regorge de ressources minières. Or ses riches habitants sont confrontés à un casse-tête : mettre leur bas de laine en sécurité. Dans cette région en guerre depuis près de vingt ans, on n’est jamais à l’abri de combats en pleine ville, comme ce fut le cas lors de l’invasion du Mouvement du 23-Mars (M23), en novembre 2012. « Je réside à Goma en permanence, raconte Victor Ngezayo, homme d’affaires prospère propriétaire d’un petit empire hôtelier en RD Congo. Mais quand ça chauffe, je me réfugie dans la maison de famille à Gisenyi. » ● P.BO.

Sénégal À vendre Lestownhouses(complexesrésidentiels) pourraient préfigurer une nouvelle tendance de l’habitat haut de gamme en Afrique. C’est en tout cas le défi que s’est lancé l’homme d’affaires et millionnaire Yérim Sow, à l’origine de la construction à Dakar, sur les flancs de la corniche ouest, du complexe immobilier Waterfront. Sur 31 000 m2, « avec pour seul vis-à-vis la splendeur de l’océan », ce quartier devrait proposer des logements de grand standing équipés chacun d’un jacuzzi, d’un accès haut débit à internet et de terrasses donnant sur l’Atlantique. Des atouts auxquels s’ajoutent divers équipements tels qu’un club-house (bar), une piscine, une salle de fitness, une plage privative et même une crèche. Destiné à une clientèle sénégalaise et internationale sélecte, l’imposant projet est censé offrir un accès rapide à l’aéroport comme au centre-ville. Une sorte de village pour riches coupé du monde, soumis à une surveillance rigoureuse, où tout n’est que luxe, calme et volupté. Seul hic : au siège dakarois de Teylium Properties, impossible d’obtenir la moindre infor mation sur l’état d’avancement du projet, qui devait initialement être livré en 2009. Qu’il s’agisse de la date d’achèvement, du nombre de logements déjà vendus ou des prix, le net embarras exprimé par nos interlocuteurs laisse craindre que ce concept inédit ne cherche encore ses adeptes. ● MEHDI BA N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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LES MŒURS

DÉTENDEZ-VOUS, ON S’OCCUPE DE TOUT Des sociétés qui proposent de gérer vos vacances, vos réservations au restaurant, voire de vous procurer un jet dans l’heure. Vous en rêviez… Ils le font.

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uel qu’en fût le prix à payer, ces riches Américains voulaient goûter la cuisine d’Alain Ducasse, le célèbre cuisinier français. Mais réserver une table pour six personnes, l’après-midi pour le soir, dans l’un de ses célèbres restaurants parisiens relève de la gageure. Tous sont complets des mois à l’avance. Finalement, Ultimate Luxury for You and Only You (UUU) négociera pour eux un salon privé à l’Athénée Plazza… Voici le quotidien, ou presque, des sociétés de conciergerie. Être membre de l’une d’elles permet de se dégager de toutes les contraintes organisationnelles: partir en voyage dans des conditions exceptionnelles, ou, plus excentrique, se procurer le dernier sac Hermès fabriqué en série limitée. La seule barrière est la loi. Ces services ne sont plus réservés à une élite occidentale : Moyen-Orient, Asie et Afrique ont rejoint l’Europe et les États-Unis, où ce business s’est fortement développé depuis dix ans. « J’étais le seul à Paris quand j’ai ouvert en 2003, se souvient le Franco-Béninois Zakary Chanou, PDG de UUU. Aujourd’hui nous sommes 700 ! » L’Afrique est pour lui un relais naturel. Comptant déjà sur des sous-traitants dans plusieurs pays, il projette l’ouverture d’une filiale à Marrakech cette année et d’une autre à Dakar ou à Libreville en 2014.

Mission accomplie. Un véritable camion de pompiers pour l’anniversaire de votre fils ? Pas de souci. Installée au Gabon, en Côte d’Ivoire et en France, la société marocaine propose un abonnement aux particuliers à partir de 1 740 euros par an et aux entreprises autour de 400 euros par mois (pour 150 salariés). Le client reste, bien sûr, redevable de la facture finale, sur laquelle la conciergerie touche

un pourcentage : « Finalement, être membre donne accès au service, mais ce qui nous fait vivre, c’est la consommation du client », explique Yves Abitbol, président de MyConcierge, basé à Paris et qui négocie actuellement un jointventure avec une entreprise marocaine. Ses clients affichent ainsi des revenus annuels supérieurs à 300 000 euros. Avec 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires

Ü Après le Moyen-Orient et l'Asie, l'Afrique est le nouveau terrain de jeu des conciergeries.

DÉCOMPLEXÉS. Le marché marocain est

déjà très concurrentiel. Parmi les acteurs locaux, la Société maghrébine de service et assistance (SMSA) n’en finit plus de répondre aux demandes extravagantes, comme pour mieux prouver sa capacité à résoudre tous les problèmes… de riche: un coiffeur sur un yacht dans l’heure ? N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

JACKIE CARADONIO

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MICHAEL PAURON

JEUNE AFRIQUE

Des pèlerins pendant la prière, à La Mecque, le 24 octobre 2012.

HALAL CHIC Être pieux et aimer le luxe : c’est le paradoxe vécu par les croyants les plus nantis.

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igne des temps, une boursaoudienne a senti le potentiel comgeoisie pieuse affiche ostenmercial du marché marocain. Abdul siblement ses goûts. De Samad Al Qurashi, qui est présent Casablanca à Kuala Lumpur dans quasiment tous les pays du en passant par Dubaï et Le Caire, de Golfe, a aussi ouvert un magasin sur nouvelles habitudes de consommales Champs-Élysées. Ici, les clients ne tion obéissent à cette marchandisasont pas seulement de bedonnants tion croissante de l’islam. Et il y en a cheikhs en abaya noire. Garantis sans pour toutes les bourses, surtout pour alcool, les parfums plaisent à une lesplusremplies.Lesmarquesdeluxe population diverse, soucieuse de ont depuis longtemps saisi le potense conformer à l’éthique islamique tiel du business religieux. Chopard ou et très influencée par des standards Cartier ont repris la fameuse main de moyen-orientaux. La gamme des Fatma en bracelets et pendentifs, des produits et services halal ne s’arrête bijoux qui s’arrachent dans les joaillepas aux biens de consommation couries des grandes villes rante. Ces dernières marocaines. Très années, les agences CHOPARD célèbre dans le Golfe, de voyages rivalisent l’enseignedeparfums en produits luxueux ET CARTIER orientaux Abdul pour les pèlerinages ONT REPRIS LA Samad Al Qurashi à La Mecque. Que ce MAIN DE FATMA est installée en plein soit le hadj (grand cœur commercial EN BRACELETS ET pèlerinage, une fois de Casablanca. par an) ou la omra EN PENDENTIFS. Boulevard d’Anfa, les (petit pèlerinage, qui clients viennent troupeut se faire à tout ver les senteurs d’ambre et de musc moment), les prix peuvent varier qui embaument, à peine franchie la du simple au quadruple. Pour un porte du magasin. Pendant le mois séjour de quatre à cinq semaines, le de ramadan, la promotion la plus prix tout compris par personne peut courue est la réduction de 15 % sur atteindre jusqu’à 110000 dirhams. À le bois d’oud, une résine sombre qui ce tarif, l’hébergement 5 étoiles est prolifère sur certains arbres d’Asie du proposé dans l’un des hôtels avec vue Sud-Est. On en tire une essence très sur l’esplanade des Mosquées. Dans recherchée et de l’encens de grande les chambres, des haut-parleurs difmarque. La variété supérieure, provefusent l’appel à la prière. La proximité nant du Cambodge, atteint des prix avec le Créateur n’a décidément pas très prohibitifs: jusqu’à 760 dirhams de prix… ● (68 euros) le gramme. La marque YOUSSEF AÏT AKDIM N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

APAIMAGES/ZUMA-REA

prévu en 2013 (+ 30 % par rapport à 2012), réalisé à 80 % avec des clients français, le patron est enthousiaste quant à l’avenir de la conciergerie en Afrique, et notamment dans le royaume chérifien. « Accéder à ce type de services est plus naturel, plus ancré dans les mœurs ici qu’en France », assure-t-il. « C’est vrai que les riches Africains ont un rapport à l’argent proche de celui qu’entretiennent les Anglo-Saxons », relève Zakary Chanou. Comprendre : les fortunés du continent sont plus décomplexés. Et parfois, il suffit d’être observateur. Ce qui permet de remarquer, par exemple, ce ministre congolais en vacances à Paris obligé de faire la queue à la douane de l’aéroport pour répondre à un interrogatoire auquel peu de dirigeants non africains se soumettraient… « Je suis allé le voir pour lui proposer nos services, raconte ainsi le patron de UUU. Nous sommes capables de gérer toutes les formalités tandis que notre client patiente dans un salon. » Nul doute que ce business a de l’avenir en Afrique. Car ici comme ailleurs, l’exigence et la qualité du service n’ont pas de prix. ●

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PARCE QU’ILS LE VALENT BIEN La coquetterie n’est plus l’apanage des femmes. Désormais, les hommes aisés consacrent une partie de leur salaire à prendre soin d’eux. Un phénomène qui prend de l’ampleur.

STEFANO RELLANDINI/REUTERS

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ulien, gabonais de 31 ans, est cadre dans une multinationale à Libreville. Il a du mal à l’avouer, mais il est un peu « métrosexuel »… Autrement dit, c’est un jeune citadin qui prend soin de son corps et de ses tenues. Et qui, contrairement à la majorité de ses concitoyens, peut se permettre d’y consacrer une partie importante de ses revenus. « Je dépense au minimum 600000 à 700000 F CFA [900 à 1000 euros] par mois, en soins, parfums, manucures, etc. Mais cela peut monterplushautsi je voyage et fais du shopping, expliquet-il. Je gagne bien ma vie etprendssoin de moi. » Un s entiment que ð Le footballeur camerounais Samuel Eto’o.

partage Isabelle Moreno, propriétaire de trois instituts de beauté à Abidjan. « Depuis que j’ai ouvert mon établissement, en 2007, je reçois en moyenne une quinzaine d’hommes par semaine, et ils sont de plus en plus nombreux », remarque-t-elle. « La plupart viennent chaque semaine. Parfois, ils appellent pour nous demander de fermer plus tard. » Leur profil? « Des JCD [jeunes cadres dynamiques] et des cadres supérieurs » pourqui10000FCFApourunemanucure-pédicure – la prestation la plus prisée – ou 20 000 F CFA pour un gommage du corps ne représentent pas une grosse dépense… SOBRE. Dans la capitale ivoirienne, le

À ALGER, VIVONS CACHÉS! Voitures, villas, piscines, soirées privées… Les distractions des plus fortunés se développent. Une seule règle : la discrétion.

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nAlgérie,plusonestriche,moins on l’étale. Si leur nombre a explosé au cours des quinze dernières années, les millionnaires évoluent dans une relative confidentialité. Les plus nantis achètent des villas avec piscine ou des appartements dans le sud de l’Espagne (Marbella, Majorque, Malaga), des logements à Paris, à Londres ou dans la principauté de Monaco. Le choix des capitales européennes répond, entre autres, au souci d’offrir des pied-àterre aux enfants qui y suivent leurs études. En Suisse, Genève reste une destination privilégiée pour son climat tempéré en été, sa discrétion et ses banques. Dubaï (Émirats arabes unis) et Doha (Qatar) sont devenus des places fortes pour les hommes d’affaires et les rois de l’importexport qui y entreposent leur fortune ou investissent dans les sociétés offshore.

phénomène n’étonne plus. « Depuis quelques années, il y a un boom des vêtements et soins pour hommes. Beaucoup n’ont plus honte de leur pouvoir d’achat », explique FrançoisXavier Kadio. Ce jeune Ivoirien de 29 ans travaille sur une nouvelle formule de Men Magazine, un bimestriel consacré à la gent masculine qu’il a lancé début 2012 avec un ami. Il suit de près les tendances. « Ils cherchent à savoir, à travers les médias, ce qui fait fureur à l’étranger. L’essentiel est d’être différent, classe, et de rester sobre », analyse-t-il. D’autres, comme Anthony Niaty-Mouamba, 27 ans, architecte d’intérieur d’origine congolaise vivant à Paris, sont plus sceptiques. Il ne suit plus cette tendance depuis un an. « C’est du gaspillage, affirme-t-il. La logique de consommation prend de l’ampleur sur le continent. Et la pression des marques se fait plus forte. » En Afrique du Sud, par exemple, le marché des cosmétiques pour hommes a augmenté de 83 % entre 2006 et 2011 pour atteindre près de 233 millions d’euros, selon Euromonitor International. ●

PLAISANCE. Alger, la capitale, ou Oran, deuxième ville du pays, étant totalement dépourvus de lieux de loisirs et de distractions, les riches n’ont d’autres perspectives que de dépenser leur argent dans la pierre ou dans les objets de luxe. Une villa à 1,4 million d’euros (environ 150 millions de dinars), une Porsche à 190 000 euros, une piscine à 150 000 euros, un jet-ski à 100 000 euros ou, mieux encore, une vedette de plaisance à 400 000 euros. Pourrépondreauxbesoinsdesconsommateurs aisés, les commerces de voitures haut de gamme, de piscines, de voyages, de bijoux se développent fortement. Un nouveau concept fait florès : les soirées jet-set clé en main dans des villas privées. Moyennant plusieurs centaines de milliers de dinars, des sociétés spécialisées dans l’événementiel proposent alcool, nourriture, musique, décoration, et même des accompagnatrices pour divertir les hommes… ●

HABY NIAKATE

FARID ALILAT JEUNE AFRIQUE


Planète fric

LES MŒURS

COACHE-MOI SI TU PEUX L’épanouissement personnel est la dernière tendance. L’Ivoirienne Stéphanie Tchibanda s’est engouffrée dans la brèche… Et ça marche.

LANFIA TOURE

Ì La jeune femme souhaite développer son activité sur le continent.

au bouche à oreille et ne s’enquièrent que rarement du prix de ses prestations. Alain, cadre d’une multinationale dans la capitale ivoirienne, est coaché par le cabinet depuis huit mois. Pour lui, « il est tout à fait normal qu’une formation de ce niveau ait un certain prix. » Ni médecin ni psychologue, le coach est là pour écouter. Pendant des séances de une heure en moyenne, une ou deux fois par semaine, ses clients lui exposent leur mal-être, leur manque de confiance ou leurs envies. « Ce sont des moments où l’on se libère. Assis sur un canapé ou debout devant un tableau, on discute, décortique tous les sujets. Elle nous questionne sur nos décisions et réactions quotidiennes pour que l’on puisse se remettre en question. Mais elle ne donne jamais la solution. Elle répète d’ailleurs souvent qu’elle ne l’a pas », témoigne Alain. « Il s’agit de leur montrer qu’ils sont importants. Et puis, un matin, ils vont mieux, dit-elle. C’est une sorte de thérapie, mais non médicale. » Ce qui n’empêche pas le secret qui entoure le nom de ses clients d’être bien gardé. Et si les logos des entreprises (Orange Côte au coaching (personnel et en entreprise), d’Ivoire, MTN, Sifca, etc.) ou des instituqu’elle a baptisée Se former autrement. tions (ministère de l’Intérieur) qui ont fait « C’est une activité que je pratiquais déjà appel à son savoir-faire sont alignés sur au quotidien, sans trop le savoir, assureson site internet, impossible d’en savoir t-elle. Au fil des années, des rencontres et plus sur les particuliers ou personnalités des formations, j’ai acquis certaines techpolitiques qui consultent à titre individuel. niques que j’ai souhaité mettre à profit. » Tout juste sait-on qu’elle faisait partie de Une facette de sa personnalité dont se l’équipe de communication qui a piloté la campagne du candidat à la présidentielle malienne LES CLIENTS VIENNENT À ELLE Ibrahim Boubacar Keïta.

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argent ne fait pas le bonheur, dit l’adage. L’épanouissement personnel reste ainsi le saint graal à décrocher pour les classes aisées… C’est là qu’intervient Stéphanie Tchibanda, 38 ans. Son métier ? Coach. « Les gens viennent me voir parce qu’ils veulent changer ou doivent franchir une étape importante dans leur vie. Je les écoute et les aide à évoluer. » Son terrain d’action ? La Côte d’Ivoire, où elle vit, et plusieurs pays de la sous-région. Née en terre d’Éburnie, de mère française et de père angolo-congolais, elle y a passé les quinze premières années de sa vie avant de poursuivre ses études en France. Revenue au pays en 1999, après un diplôme en communication, elle passe notamment trois ans aux côtés de Fabrice Sawegnon, le directeur général de Voodoo Group – qui a mené la campagne publicitaire d’Alassane Ouattara pendant la présidentielle de 2010. En 2004, elle lance sa propre agence de publicité et d’événementiel et décide, six ans plus tard, de se diversifier en créant une structure consacrée JEUNE AFRIQUE

GRÂCE AU BOUCHE À OREILLE ET NE S’ENQUIÈRENT QUE RAREMENT DU PRIX DES PRESTATIONS. souvient encore Fabrice Sawegnon: « Elle avait déjà toutes les qualités humaines pour faire ce métier. » CONFIANCE. SipourStéphanieTchibanda

le coaching n’est pas réservé aux riches, elle concède cependant que ses « clients sont de classe sociale relativement aisée ». Ils viennent à elle, le plus souvent, grâce

Stéphanie Tchibanda souhaite désormais développer son activité en Afrique en recrutant d’autres coachs. Le problème, c’est qu’ils sont rares sur le continent. Alors qu’elle travaille bénévolement pour certaines personnes, elle souhaite dispenser ses conseils – toujours gracieusement, insiste-t-elle – à l’université. En attendant, la jeune femme apprend de nouvelles techniques d’accompagnement et se perfectionne auprès de confrères plus expérimentés. ● H.N. C O N S E I L S.

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LES STARS

ELLE EST RICHE, MAIS ELLE SE SOIGNE Classée première femme milliardaire africaine par Forbes, l'Angolaise Isabel dos Santos est désormais contrainte de sortir de l'ombre. Cependant, elle a bien l'intention de maîtriser son entrée en scène.

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lle est belle, fortunée et intelligente…IsabeldosSantos,40ans, semble vivre un parfait conte de fées. Apparemment, tout lui réussit. Dans les affaires comme dans la vie privée. Côté business, elle détient un gros portefeuille d’actions dans les télécoms (Unitel, premier opérateur d’Angola, et Zon, deuxième opérateur du Portugal) et la finance (BancoInternacional de Crédito, BIC, quatrième banque angolaise, et la Banque portugaise d’investissement, BPI, quatrième banque du Portugal). Côté famille, elle est mariée au collectionneur d’art congolais Sindika Dokolo – l’un des fils de l’ex-banquier kinois Augustin Dokolo –, avec qui elle a eu trois enfants. À la différence de sa demi-sœur, Tchizé dos Santos, elle évite la jet-set et la presse people.Ellen’imitepasnonplussondemifrère, José Filomeno dos Santos, qui se piquedepolitique.La«princesse»,comme la surnomment les Angolais, est discrète et travailleuse. Pas d’interviews, très peu d’apparitionspubliques…Commesonpère José Eduardo dos Santos, le chef de l’État angolais, elle suit le fameux adage « pour vivre heureux, vivons cachés ». Le problème, c’est que, depuis cette année, Isabel est sous les projecteurs du monde entier. En janvier, le magazine américain Forbes l’a désignée comme la femme la plus riche du continent, et même comme la toute première femme milliardaire africaine, en dollars. Fini l’époque où elle voyageait incognito entre Luanda et Lisbonne dans un avion de ligne vêtue d’un jean déchiré et d’un tee-shirt. À ses côtés, la nounou de ses enfants paraissait plus élégante ! Aujourd’hui, l’executive woman porte des tailleurs et voyage en jet N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

privé. Le 29 mai, c’est à bord d’un Embraer Legacy600qu’elles’estrendueàMarrakech pour assister, avec plusieurs dirigeants d’Unitel, à la 48e assemblée générale de la Banque africaine de développement (BAD). La jeune femme doit assumer sa position, et donc se dévoiler un peu. Elle commence à participer à des séminaires économiques,telleNewYorkForumAfrica qui s’est tenu du 14 au 16 juin à Libreville. Et surtout, petit événement, elle a accordé

avec le général Leopoldino Fragoso do Nascimento, elle esquive à deux reprises. Qui est ce général, que les Angolais appellent « Dino »? L’un des trois hommes à qui José Eduardo dos Santos a confié la clé du coffre-fort angolais, avec le général Manuel Hélder Vieira Dias, dit Kopelipa, et Manuel Vicente, l’ex-pétrolier aujourd’hui vice-président. Bien entendu, ce n’est pas en vendant des œufs qu’Isabel a démarré sa carrière. Née à Bakou, fruit du mariage de son père avec une championne d’échecs COMME TOUS LES ENFANTS DE russe,lajeunemétissesuitdes PRÉSIDENT, ELLE VEUT PROUVER études d’ingénieur au King’s College, à Londres. Puis elle QU'ELLE PEUT RÉUSSIR SANS PAPA. rentre à Luanda, où elle ouvre un restaurant. Sans succès. fin mars sa toute première interview au En 1999, changement de braquet. Elle Financial Times (FT) de Londres. prend la direction d’Urbana, qui détient le monopole du nettoiement de la ville. ŒUFS. Outre le message central de cette Puis, en 2001, elle entre au capital d’Uniinterview (« Je ne fais pas de politique, tel, dont elle devient ensuite la directrice. je fais du business »), tous les médias de Qui contrôle alors ces deux sociétés, via le Luanda ont retenu cette phrase: « Depuis groupe Geni? Le général Dino… que je suis toute petite, j’ai le sens des Qu’aurait-elle fait sans papa ? La quesaffaires ; à 6 ans, je vendais des œufs. » tion s’est posée encore plus crûment en Évidemment, la presse angolaise s’en est 2007, quand le journal italien La Stampa donné à cœur joie. La princesse est devea publié – sous le titre « La déesse noire nue menina dos ovos, « la petite fille aux des intrigues » – une enquête choc qui œufs »… Mais la partie la plus intéressante reliait les affaires d’Isabel à celles de Vito de l’entretien est ailleurs. Comme tous Palazzolo, un chef de la mafia sicilienne, les enfants de chefs d’État, Isabel veut et la présentait comme le prête-nom d’un prouver qu’elle peut réussir sans l’aide empire financier qui appartiendrait à son de papa. Alors elle louvoie. D’un côté, père. Aussitôt, elle a attaqué le journal en elle reconnaît le rôle de son père. « Quoi diffamation. Et dans sa plainte il y a cette qu’il fasse, il est là, presque comme un phrase : « Je suis la fille du président José nuage au-dessus de moi », déclare-t-elle Eduardo dos Santos et je ne gère aucun bien, encore moins un empire financier, en passant une main au-dessus de sa tête. De l’autre, elle n’assume pas totalement. appartenant au président – un “empire” Quand le FT l’interroge sur ses relations qui n’existe pas, tout simplement. » JEUNE AFRIQUE


ð La fille du chef de l'État angolais, José Eduardo dos Santos.

Réplique de Rafael Marques, le célèbre journaliste angolais qui a créé en 2008 Maka Angola, une ONG anticorruption : « Mais où Isabel dos Santos a-t-elle trouvé l’argent pour devenir actionnaire d’Unitel, l’une des plus grosses sociétés privées d’Angola? » Abel Chivukuvuku, le numéro deux de l’opposition, a l’ironie mordante: « Nous sommes fiers de compter parmi nous la femme la plus riche d’Afrique, d’autant qu’elle a bâti sa fortune en moins de dix ans… » TYCOON. Isabel n’est-elle qu’une fille à papa ? Pas si simple. Évidemment, les relations de son père l’ont beaucoup aidée. Son argent? Sans doute aussi. Mais tous les hommes d’affaires qui traitent avec elle – y compris le magnat portugais Américo Amorim, qui est en conflit avec elle – s’accordent à dire qu’elle est un stratège. Si Pascaline Bongo, la fille d’Omar, ex-président du Gabon, administre avant tout la fortune acquise par son père, Isabel dos Santos, elle, est l’héritière devenue tycoon. Son secret? « Savoir s’entourer », confie-t-elle. En Angola, elle ne fait rien qui JEUNE AFRIQUE

puisse fâcher ses parrains: Dino, Kopelipa, Vicente et le diamantaire Noé Baltazar. Au Portugal, elle a constitué une équipe de choc autour de deux hommes: le gestionnaire Mário Filipe Moreira Leite da Silva – qu’elle a chipé au groupe Amorim – et l’avocat Jorge de Brito Pereira. Est-ce en prévision du jour où son père – trente-quatre années au pouvoir – ne sera pluslàpourlaprotéger?Méthodiquement, la jeune femme tisse autour d’elle un réseau de fidèles. En 2002, le jour de son

possible dans un lieu de rêve. Un yacht à Ibiza, dans l’archipel des Baléares. Ou un palace à Marrakech – c’était l’an dernier, pour ses 39 ans. Selon un témoignage recueilli par Jeune Afrique, c’est dans une somptueuse îlehôtel de l’archipel des Maldives, à l’abri de tout chasseur d’images, que la jeune milliardaire a fêté ses 40 ans, en avril. Autour d’elle et de son mari, une quarantaine de proches. Quelques-uns de ses frères, mais ni José Filomeno ni sa sœur Tchizé ne se sont montrés. Surtout des amis. Isabel aime le LA MILLIARDAIRE A DISCRÈTEMENT champagne. De sa jolie FÊTÉ SES 40 ANS DANS UNE voix douce, elle a reçu SOMPTUEUSE ÎLE-HÔTEL DES MALDIVES. ses hôtes une coupe à la main. L’an dernier, la même femme a fait mariage dans les jardins du Palais rose mettre à la porte un vigile d’Unitel qui ne – siège de la présidence à Luanda –, un l’avait pas reconnue et n’avait pas voulu millier d’invités venus du monde entier la laisser entrer dans l’entreprise sans étaientprésents,dontJoséManuelBarroso, badge. Isabel, c’est à la fois un sourire le Premier ministre portugais de l’époque. enjôleur et ce que l’historien angolais Carlos Pacheco appelle « l’arrogance des Mais elle s’appuie avant tout sur quelques grands pétroliers ». ● dizaines de proches. Tous les ans, avec son époux, elle les invite le plus discrètement CHRISTOPHE BOISBOUVIER N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

JAMES OATWAY/PANOS-REA

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ALLURE SUR MESURE

CAPRICES DE RAÏS

Ozwald Boateng est en vogue : sportifs, présidents, hommes d’affaires… Tous s’arrachent à prix d’or ses créations.

Aux pays des tyrans, rien n’est impossible. Pour obtenir tout et n’importe quoi, il suffit de l’exiger et d’y mettre le prix !

FRANÇOIS GUILLOT/AFP

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Certaines des créations du styliste valent plus de 20 000 euros.

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es costumes d’Ozwald Boateng ? L’acteur africain-américain Laurence Fishburne dit qu’ils sont « l’essence du cool ». Le chanteur Youssou Ndour, les footballeurs Didier Drogba et Michael Essien garnissent les lignes de son carnet de commandes, comme les stars de cinéma Will Smith, Samuel L. Jackson, Spike Lee ou Idris Elba. Certaines de ses créations valent plus de 20 000 euros. À 46 ans, le styliste britannique d’origine ghanéenne s’est bâti une aura à faire pâlir la plupart de ses concurrents. Né à Londres de parents ashantis, Ozwald Boateng s’est très vite lancé dans la haute couture. Autodidacte, il devient à l'âge de 28 ans le plus jeune et le premier couturier noir à ouvrir une boutique sur Savile Row, adresse mondialement connue où les têtes couronnées du monde entier aiment s’habiller. Il a depuis travaillé pour les plus grandes maisons de mode, dont Givenchy. En 2007, le président du Ghana John Kufuor le sollicite pour créer et organiser un défilé de mode à l’occasion du 9e sommet annuel de l’Union africaine, qui a lieu à Accra. Et quand, deux ans plus tard, Barack Obama se rend dans la capitale ghanéenne, Ozwald Boateng accompagne le président américain pour

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lui remettre en personne l'un de ses costumes. Le créateur anglais a fait ses gammes en Europe, mais regarde l’Afrique avec un profond intérêt. Et pas seulement parce que le continent est pour lui une source d’inspiration permanente. « Les commandes en provenance de l’Afrique vont croissant, particulièrement du Nigeria, qui est en train de devenir un marché très important dans l’industrie du luxe, explique-t-il. L’accroissement des richesses a entraîné un changement des pratiques et des besoins vestimentaires. » Ses nouveaux clients sont musiciens, artistes, hommes politiques ou encore hommes d’affaires, comme Tony Elumelu, l’ancien patron de United Bank for Africa (UBA). AMBITIEUX. Lecontinentestaucœur

des ambitions du styliste, qui prévoit d’ouvrir plusieurs boutiques à Lagos, Kinshasa et Johannesburg. Persuadé que « le marché africain est presque prêt », Boateng rêve également d’y construire des centres commerciaux haut de gamme. Trop ambitieux ? Peut-être pas. En mai, lors du dernier passage d'Ozwald Boateng dans la capitale économique sud-africaine, où il participait à la semaine de la mode, le « Tout-Jo’burg » s’est pressé pour lui commander des costumes sur mesure. ● VINCENT DUHEM

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l'inverse des employés indiscrets de Buckingham, les serviteurs des tyrans prennent soin d’attendre que leurs maîtres soient neutralisés pour s’épancher. L’épidémie qui a frappé les raïs arabes ces dernières années a libéré les bavardages. Le chef du protocole de Saddam Hussein, le majordome des Ben Ali et nombre de servants de Kaddafi ont partagé leurs souvenirs. PINGRE. Aux raïs, la toute-puissance :

« Tout m’appartient, sauf vos postérieurs ! » répétait Ben Ali à ses domestiques. Comparé à Hussein et à Kaddafi, le Tunisien fait figure de bourgeois plutôt pingre : il se fit ériger à Sidi Dhrif un palais splendide mais recensait le contenu de son réfrigérateur, et gare au voleur! Ses seules folies étaient celles de sa femme Leïla, cruelle et despotique. « C’est moi la déesse de la Tunisie », hurlait-elle à la moindre contrariété. FESTIN. Pour sa famille, le Tunisien

n’était pas avare, faisant ainsi acheminer par avion depuis l’Europe un hot-dog réclamé par sa fille, alors enceinte. Surenchère côté libyen, où la bru libanaise de Kaddafi obtenait un jour d’envoyer un Airbus chercher son toutou à Beyrouth. Lorsqu’il prenait son jet, le « Guide » mobilisait deux autres avions, pour sa tente et pour ses véhicules. Dans ses excès, le roi des rois d’Afrique tentait de faire concurrence à la démesure babylonienne de Saddam Hussein. Luxe dérisoire, le pistolet en or, brandi lors de sa capture, n’était pas sans rappeler l’arsenal du même métal découvert dans les palais d’Irak. Le nouveau Nabuchodonosor exigeait ainsi qu’un festin soit prêt chaque jour dans chacun de ses palais et possédait, dit-on, 20 000 voitures. ● LAURENT DE SAINT PÉRIER

JEUNE AFRIQUE


Planète fric

LES STARS

GAGNER PLUS POUR GAGNER PLUS Ils sont chasseurs de fortunes. À l'affût des millionnaires africains, ces banques privées ont un objectif : garnir davantage des portefeuilles déjà bien remplis.

C

est bien connu, les millions attirent les millions. Alors que, selon un rapport de Capgemini paru en juin, le nombre d’Africains possédant au moins 1 million de dollars d’actifs (environ 750 000 euros) a grimpé de 9,9 % en 2012 – le plus fort taux de croissance au monde hors Amérique du Nord –, les gestionnaires de fortunes se ruent littéralement

sur le continent. Leur but ? Séduire ceux déjà riches et, mieux, identifier ceux qui sont susceptibles de le devenir. « C’est une opportunité excitante », s'enthousiasme Maria Ramos, directrice générale de Barclays Africa Group. « C’est un grand moment pour la gestion de patrimoine en Afrique », a même renchéri Mark Mobius, président de TempletonEmergingMarkets Group.

EMMA RIAN/CORBIS

Ü Ces gestionnaires proposent des placements à fort taux de rémunération.

Si le Nigeria, le Kenya et le Ghana sont des destinations prioritaires, la Côte d'Ivoire n’échappe pas à la règle. Depuis la fin de la crise postélectorale, il ne se passe pas un mois sans que les gestionnaires de fortunes des grandes banques occidentales ne débarquent à Abidjan à la recherche de clients aux portefeuilles garnis. La concurrence fait rage, notamment entre l’américain Goldman Sachs, la britannique HSBC et le français Crédit agricole… Dans les salons des grands hôtels comme le Sofitel Ivoire, le Tiama ou encore le Pullman, on les aperçoit souvent étriqués dans des costumes hors de prix, sirotant une boisson, à la recherche d’un riche potentiel. Ces chasseurs de fortunes distribuent à tout-va des cartes de visite, négocient des rendez-vous ou, mieux, organisent des grands-messes dans les grands hôtels. « Nous proposons des placements à fort taux de rémunération. Personne n’y est insensible. D’autant que c’est aussi un moyen de sécuriser ses biens », explique un gestionnaire de patrimoine de Goldman Sachs. Les récurrentes décisions judiciaires pour geler les comptes bancaires locaux des anciens barons du régime de Laurent Gbagbo ont ouvert un marché jusque-là ignoré… Aujourd’hui, les nantis ivoiriens réapprennent à expatrier une bonne partie de leur patrimoine pour être à l’abri de toute mauvaise surprise. Ou comment être riche et le rester quoi qu’il arrive… ● MICHAEL PAURON avec BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

A

vec 16,1 milliards de dollars (12 millions d'euros) de fortune estimée, Aliko Dangote demeure l’homme le plus riche d’Afrique. Et de loin: les familles sud-africaines Ruppert et Oppenheimer, deuxième et troisième

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fortunes, sont quasi à égalité avec 6,6 et 6,5 milliards de dollars. Le premier francophone est marocain: Othman Benjelloun aurait une fortune d’au moins 3,1 milliards de dollars.Trois places plus loin, on retrouve

son compatriote Miloud Chaabi avec 2,1 milliards de dollars. Le classement Forbes des hommes les plus riches du monde nous apprend une chose: sur les 1426 milliardaires recensés, à peine 1 % sont africains… ● M.P.

AKINTUNDE AKINLEYE/REUTERS

DANGOTE L’INDÉTRÔNABLE

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Afrique subsaharienne


Afrique subsaharienne

MALI

L’encombrant

monsieur

Sanogo

Se résoudra-t-il à quitter le devant de la scène, lui le capitaine putschiste par qui le chaos est arrivé ? Il a promis de rester en retrait, mais son ombre a plané sur la campagne électorale… Pour gouverner librement, le président élu devra le faire rentrer dans le rang. la junte, le plus de garanties, notamment parce qu’il s’est rapidement démarqué du Front uni pour la e n’est pasun candidat. Pas un chef sauvegarde de la démocratie et de la République d’État non plus. Si l’on se fie à sa (FDR), la coalition antipustch. carte d’électeur, dont une copie À aucun moment l’ombre du capitaine n’a cessé de planer sur la campagne électorale, qui devait est affichée sur le mur du bureau se clore par un second tour opposant Ibrahim de vote no 6, ce n’est qu’un agent de la fonction publique. Le simple Boubacar Keïta à Soumaïla Cissé le 11 août. La junte, président d’une institution au nom impossible à entend-on à Bamako, aurait soutenu le premier. Elle retenir (Comité militaire de suivi de la réforme aurait ordonné aux troupes (et à leurs familles) de voter pour lui. Et lorsque Moussa Sinko Coulibaly, des forces de défense et de sécurité), qui présente le ministre de l’Administration territoriale, a fait une toutes les caractéristiques d’une coquille vide. Mais lorsqu’il pénètre dans la cour poussiéreuse déclaration hasardeuse le 30 juillet, affirmant que de l’école publique du camp militaire de Kati, le la probabilité de voir IBK l’emporter dès le premier 28 juillet, Amadou Haya Sanogo a tous tour était forte alors que seulement les attributs d’un « grand quelqu’un ». 12 % des bulletins avaient été vérifiés, Ce n’est pas Cortège de 4x4 rutilants, gardes du bon nombre d’observateurs y ont vu un mystère corps menaçants, obligés en treillis… la main de Sanogo. Le colonel Sinko que les Le capitaine, boubou et bonnet bleu, est l’un des trois ministres du gouépouse au bras, est venu voter comme vernement de transition issus de la militaires se un citoyen ordinaire, lancera-t-il à la sentaient plus junte, et c’est un proche du capitaine. presse après avoir mis son bulletin Est-ce suffisant ? proches du dans l’urne. Vraiment ? Sur le mur de l’école, une fresque RETRANCHÉS. La théorie du complot candidat IBK. attire l’œil. C’est un portrait du capiest séduisante, mais elle est fausse, taine. Au-dessous, il est écrit « Amadou Haya assurent les entourages du capitaine et du candiSanogo. Le Mali d’abord ». S’il avait été candidat. « C’est vrai que la junte est plus proche d’IBK, dat, nul doute qu’il en aurait fait son slogan. En mais je ne crois pas qu’elle l’ait soutenu », affirme son absence, c’est Ibrahim Boubacar Keïta qui l’a un sous-officier qui fut pendant quelques mois adopté. IBK, « le candidat de la junte », selon ses l’un des conseillers les plus influents de Sanogo avant de s’éloigner de Kati, la ville-garnison d’où adversaires. L’un des rares politiques à ne pas avoir été inquiété par les putschistes après leur prise de étaient partis les putschistes en mars 2012 et où pouvoir l’année dernière. Celui qui présente, pour ils se sont retranchés depuis. Certes, le capitaine

RÉMI CARAYOL,

t Premier tour de l’élection présidentielle, le 28 juillet, à Kati. Amadou Haya Sanogo vient de déposer son bulletin de vote dans l’urne.

ÉMILIE RÉGNIER POUR J.A.

C

envoyé spécial

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Afrique subsaharienne Mali a reçu IBK durant la campagne, « mais la quasitotalité des candidats est venue le voir », affirme l’un de ses collaborateurs. Certes aussi, la ville de Kati a voté en masse pour le natif de Koutiala, « mais c’est parce qu’il est populaire dans les casernes, et ce depuis des années », précise un cadre de l’armée. « On oublie trop souvent que la junte correspond au sentiment général des troupes, que quand elle a pris le pouvoir, elle était très populaire dans les casernes », indique un spécialiste des forces armées. Que doit-on dire au juste? La junte ou l’ex-junte? La réponse à cette question varie en fonction de la place que l’on occupe sur l’échiquier politicomilitaire malien. Le premier concerné, Sanogo lui-même, assure que « la junte, c’est fini », que « les soldats resteront dans les casernes », et qu’il se soumettra au futur président. Un béret rouge qui a croupi plusieurs mois en prison après l’échec du contre-coup d’État du 30 avril 2012 parle, lui, de la junte au présent, parce que, dit-il, « elle continue de tirer les ficelles ». PREMIERS DE LA CLASSE. En l’espace de quelques

mois,Sanogoetsesprochesontplacéleurshommes à tous les postes stratégiques. Il y a le général Yamoussa Camara au ministère de la Défense, le colonel Sinko à l’Administration territoriale (chargée des élections), le général Tiefing Konaté à la Sécurité intérieure. Il y a aussi le chef d’étatmajor général des armées, les chefs d’état-major des armées de terre et de l’air, le commandant de la gendarmerie, le directeur des renseignements… La plupart sont issus de la première promotion du Prytanée militaire de Kati (celle de 1981), à laquelle a également appartenu le colonel Youssouf Traoré, qui est peut-être aujourd’hui l’homme le plus influent dans le cercle restreint des officiers qui entourent Sanogo, avec l’adjudant-chef Seyba Diarra et le lieutenant Amadou Konaré. La plupart connaissent donc le capitaine depuis longtemps. Contrairement à Sanogo, qui n’était pas un premier de la classe, ils ont continué leur apprentissage militaire et ils sont diplômés de l’école des officiers (promotions 1991 et 1992). « Ils ne sont pas là par hasard, confie une source diplomatique. Nombre d’entre eux sont des gens compétents qui sont à leur place. » « Quel que soit le futur président, les hommes de l’ex-junte vont compter pour la simple raison qu’ils tiennent l’armée », affirme un ancien collaborateur du capitaine qui travaille désormais dans un ministère. Certes, il sera toujours possible, pour le nouveau président, de s’en débarrasser – ce qu’aucun des deux candidats du second tour ne dit avoir l’intention de faire –, « mais il faudra bien les remplacer, or il n’y a qu’eux », poursuit notre source. Au sein de l’état-major, on rappelle aussi que les putschistes travaillent en étroite collaboration avec les autres officiers depuis que la reconquête N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

p Le 25 avril, à Bamako. Si Sanogo (à g.) jouait encore un rôle, c’est parce que le président Dioncounda Traoré (à dr.) l’avait pris sous son aile.

du Nord a commencé, en janvier. « Hormis les bérets rouges, tout le monde marche ensemble. » Rien ne dit, en revanche, que les putschistes continueront à s’entendre. Tous ces hommes doivent à Sanogo leur élévation dans la hiérarchie, mais il n’est pas sûr qu’ils lui resteront fidèles. « La junte de début 2012 n’est plus la même qu’aujourd’hui, affirme l’ancien conseiller de Sanogo. La solidarité du départ s’est amenuisée au fil du temps. » Il y a eu des divergences, notamment quand Sanogo a accepté de lâcher le pouvoir, sous la pression de la communauté internationale et contre l’avis d’une partie de son entourage. Surtout, les intérêts individuels ont pris le dessus. « Aujourd’hui, estime un autre conseiller du capitaine qui a lui aussi pris ses distances, c’est chacun pour soi à Kati. Tous ces hommes ont des ambitions démesurées sur le plan matériel. Certains se sont Aujourd’hui, à Kati, c’est enrichis avec la complicité chacun pour soi. Les du pouvoir de transition. Ils ambitions et les intérêts sont devenus des hommes individuels ont pris le dessus. d’affaires. L’esprit de corps a éclaté et leur réputation, au sein de la troupe, en a pris un coup. Le nouveau président élu n’aura pas face à lui un bloc uni, mais des individus qui joueront de leurs relations pour se placer. » Le pouvoir de nuisance des putschistes est « nul » aujourd’hui, ajoute cette source. Mais il n’y a là rien de nouveau. Cela fait des mois que les putschistes se sont bunkerisés à Kati. Ils n’en sortent qu’en de très rares occasions. « À partir du moment où le capitaine s’est montré incapable de reconquérir le Nord, il a dû lâcher le pouvoir. Et quand la France et les pays africains ont envoyé leurs armées, c’en était fini. La communauté internationale le boude. La seule JEUNE AFRIQUE


L’encombrant monsieur Sanogo

La fierté retrouvée?

chose qui l’a maintenu à flot, c’est sa relation avec Dioncounda Traoré. » Curieuse, cette relation. Au début, les deux hommes ne pouvaient pas se voir. Puis le président de transition a pris Sanogo sous son aile. Peut-être parce qu’il le craint. Ou peut-être parce qu’il a fini par apprécier ce capitaine bien plus subtil qu’il n’y paraît. Les deux hommes se voient souvent – à Koulouba plus qu’à Kati. « C’est Dioncounda qui faisait que Sanogo était encore de la partie. Il accédait à toutes ses demandes. Mais avec le nouveau président élu, le capitaine et ses hommes ne compteront plus », avance un diplomate européen.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER

VINCENT FOURNIER/J.A.

ÉMILIE RÉGNIER POUR J.A.

Ce qu’ils disaient des putschistes durant la campagne

Ibrahim Boubacar Keïta « Si je suis élu, il n’y aura pas deux capitaines dans mon bateau. Je n’ai pas vocation à être un président fantoche. Le capitaine Sanogo obéira au chef suprême des armées que je serai. »

porte de sortie honorable. Cela peut prendre, pour la vingtaine de gradés identifiés comme appartenant au premier cercle de Sanogo, la forme d’une retraite grassement payée ou d’une affectation confortable, et, pour le capitaine, qui est encore jeune (41 ans), d’une promotion éclair suivie d’une retraite anticipée. Celui auquel les pays de la sous-région ont refusé le statut d’ancien chef d’État pourrait être fait général quatre étoiles, se voir accorder les avantages dus à un ancien président (salaire, logement, sécurité) puis se faire nommer dans un consulat ou une ambassade loin du Mali. Ce n’est qu’une hypothèse, mais elle séduit un certain nombre de chancelleries, même si « Sanogo n’a jamais envisagé de quitter le pays », selon un proche. En tout état de cause, il y a peu de chances que le capitaine « rentre tranquillement dans sa caserne », comme il l’affirmait en avril 2012 à Jeune Afrique. À la même date, il disait aussi que « la seule façon de faire une sortie honorable, [c’était] de partir en laissant le pouvoir au président démocratiquement élu ». ● JEUNE AFRIQUE

VINCENT FOURNIER/J.A.

RETRAITE ANTICIPÉE. Reste à leur trouver une

Soumaïla Cissé

« Il ne faut pas entrer dans une chasse aux sorcières. Je ne crois pas que les jeux de chaises musicales règlent les problèmes. Je crois qu’on peut travailler avec tout le monde, y compris les gens qui ont été nommés par l’ex-junte. »

A

VEC L’ARRIVÉE d’un nouveau président élu, les Maliens vont-ils reprendre leur destin en main? Ces dernières années, ce n’était pas le cas. Quand le président AmadouToumaniTouré (ATT) souhaitait demander l’aide de la France pour traquer les jihadistes du Nord-Mali, Alger s’y opposait… et il s’inclinait. Quand il voulait faire le ménage lui-même, il ne trouvait pas les troupes nécessaires et devait demander le soutien de l’armée mauritanienne, qui avait pris l’habitude d’entrer sur son territoire sans même le prévenir! Après le putsch de mars 2012, le Mali est même devenu un terrain de jeu. Le Burkina Faso y a imposé le Premier ministre de son choix, Cheick Modibo Diarra. L’Algérie y a actionné un mouvement rebelle, Ansar Eddine. Et en juin dernier, ce sont la Côte d’Ivoire et la France qui ont fait plier Bamako sur la date de l’élection (voir J.A. no 2741). Derrière le taux de participation exceptionnel du premier tour du 28 juillet (48,9 %), il y a eu « un sursaut national », se réjouit le numéro deux de la Minusma, le Sénégalais Abdoulaye Bathily. Cela dit, ce premier tour est loin d’avoir été parfait. Pratiquement aucun des 175000 Maliens réfugiés dans les pays voisins n’a pu voter. Même chose pour les Maliens de France. Surtout, quelque 390000 bulletins, c’est-àdire 13,2 % des suffrages, ont été déclarés nuls. Si le dépouillement du second tour révèle de nouvelles défaillances, le perdant aura beau jeu de dénoncer la mauvaise préparation d’un scrutin organisé à la hâte sous la pression de Paris. Le 17 juillet, le candidatTiébilé Dramé a averti qu’à ses yeux le vote ne serait ni libre ni équitable. Il s’est retiré de la course en affublant le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, du titre de « directeur des élections au Mali ». Après le premier tour, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lui a rétorqué: « Les Maliens ont contredit les oiseaux de mauvais augure. » Il reste que beaucoup de Maliens pensent, comme l’ex-candidat Oumar Mariko, qu’ils ont voté dès juillet parce que « papa Hollande l’a voulu ainsi ». ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Afrique subsaharienne

TRIBUNE

Opinions & éditoriiaux

Sans les femmes, pas de paix dans les Grands Lacs!

I MARY ROBINSON Envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies pour les Grands Lacs et membre des Elders

L NE SE PASSE PAS UNE SEMAINE sans que de nouveaux combats soient signalés dans l’est de la RD Congo. Les violences qui dévastent la région depuis deux décennies ont coûté la vie à plus de cinq millions de personnes. Et pourtant, elles font rarement les gros titres des journaux. Plus personne ne semble s’en indigner, malgré le lourd tribut payé par les femmes et les enfants dans cet interminable conflit. Mais comme je l’ai dit le mois dernier devant le Conseil de sécurité de l’ONU : jamais je n’accepterai que le viol devienne la norme. Lorsque Ban Ki-moon m’a demandé de devenir son envoyée spéciale pour la région des Grand Lacs, je me suis senti une responsabilité particulière envers les mères, les filles et les grands-mères qui, depuis ma première visite dans la région en tant que chef de l’État irlandais, en 1994, ont partagé leurs souffrances avec moi à Bujumbura, Bukavu, Goma, Kigali ou Kinshasa.

Ce sont elles qui ont le plus souffert. Et pourtant, j’estime que ce sont aussi ces femmes qui sont le meilleur espoir de paix pour la région. Lorsque les hommes prennent les armes, ce sont les femmes qui maintiennent le tissu communautaire. Cela les rend plus fortes et mieux à même de jouer un rôle clé pour assurer une paix durable, comme l’ont montré les exemples de l’Irlande du Nord et du Liberia. Sans leur soutien, aucun accord ne peut tenir.

Le mois dernier, avec le soutien de Femmes Africa Solidarité et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, j’ai réuni à Bujumbura plus de 100 femmes de toute la région, y compris les ministres du Genre de la RD Congo, du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi. À la suite de cette réunion, les conséquences tragiques des violences sexuelles seront prises en compte dans les indicateurs que nous développons pour veiller à la mise en œuvre de l’accord de paix. Je me sens portée par l’énergie des femmes que j’ai rencontrées à Bujumbura. Je compte sur elles pour exiger de leurs dirigeants qu’ils soient à la hauteur des engagements qu’ils ont pris. Pour ma part, je continuerai de soutenir les initiatives de femmes. Je me réjouis que la Banque mondiale ait débloqué 150 millions de dollars pour des projets basés sur le genre, en plus du million de dollars déjà alloué à la région. J’invite les donateurs à se montrer encore plus stratégiques dans leur soutien à « l’accord de l’espoir ». Il est essentiel de pouvoir démontrer les bénéfices économiques

Plus personne ne s’indigne des violences dans l’est de la RD Congo…

J’estime que l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RD Congo et la région, signé par onze pays africains à AddisAbeba en février, offre une occasion de faire les choses différemment. C’est pour cela que je l’ai baptisé « l’accord de l’espoir ». J’ai commencé à travailler à sa mise en œuvre à la fois « par le haut », avec les onze chefs d’État signataires, et « par le bas », avec les populations qui en seront les véritables bénéficiaires. En tant que première femme à être nommée à un poste d’envoyé spécial de l’ONU, je me suis engagée à faire en sorte que les femmes soient représentées à la table des négociations. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

d’une paix durable fondée sur le développement – ce que j’appelle les dividendes de la paix. Presque six mois après la signature de l’accord d’Addis-Abeba, les groupes armés continuent de semer la terreur dans l’est de la RD Congo. C’est inacceptable. Je continue cependant de garder l’espoir que cette fois-ci, avec le soutien de la société civile et avant tout des femmes, nous allons parvenir à restaurer la paix dans les Grands Lacs. « Je ne suis pas optimiste, je suis prisonnier de l’espoir », a l’habitude de dire mon ami Desmond Tutu, avec qui je siège au sein des Elders. Les femmes des Grands Lacs entretiennent mon espoir pour la région. ● JEUNE AFRIQUE


Afrique subsaharienne BURUNDI

Qui a peur d’Agathon Rwasa? Après trois années d’absence, le leader historique de l’ancienne rébellion des FNL a fait son grand retour à Bujumbura, le 6 août. Un come-back qui n’a pas été du goût des autorités ni de ses anciens alliés.

ROBERTO SCHMIDT/AFP

autorisation, et ce sont les dirigeants de son ancien parti qui nous l’avaient demandé. » Entre 2010 et 2013, beaucoup de choses ont changé au sein des FNL: une aile dissidente, soutenue par le gouvernement, selon certains analystes, a évincé Rwasa. Depuis, c’est Emmanuel Miburo qui tient les rênes du parti. Mais l’ancien chef reste encore populaire – en témoigne le nombre de ses partisans qui s’étaient mobilisés pour l’accueillir. Il s’est même déclaré prêt pour 2015 et a dit renoncer à conquérir le pouvoir par la violence. Pourtant, le chemin qu’il lui reste à parcourir est parsemé d’embûches. « Tout est à refaire, soupire Aimé Magera, son porte-parole, mais nous n’allons pas quitter la scène politique. Nous savons que le gouvernement a peur de perdre les prochaines élections et qu’il ne nous fera pas de cadeau. L’objectif numéro un est la reprise du parti. Ensuite, nous souhaitons avoir un tête-à-tête avec les autorités. » INTIMIDATIONS. Rien ne sera facile pour

Rwasa, que le gouvernement considère désormais comme « un simple citoyen, un acteur politique comme les autres ». Sa réapparition s’inscrit dans le cadre Édouard Nduwimana est clair : « S’il du processus engagé depuis mars par le espère encore jouer un rôle dans ce pays, Bureau des Nations unies au Burundi il doit aller voir les actuels dirigeants de (Bnub) et la classe politique burundaise son ancien parti. Il peut aussi, s’il le veut, afin que les élections générales de 2015 créer un autre parti. Ce n’est pas interdit. » se déroulent dans un climat apaisé. Pour récupérer les FNL, il lui faudrait L’une des conditions était le retour organiser un congrès, conforméde tous les chefs de parti en ment à la loi. Un fonctionnaire Lors exil. Ils sont rentrés en mars. international imagine la suite: des dernières Seuls Rwasa et Léonard élections communales « Ils ne vont pas lui rendre Nyangoma, fondateur des la vie facile. Malgré les intien mai 2010, les FNL Forces de défense de la midations, il a une grande étaient arrivées en démocratie (FDD), manaudience populaire. C’est deuxième position un concurrent de taille pour quaient à l’appel. derrière le parti Comment expliquer alors 2015. » Une question cepenau pouvoir l’impressionnant dispositif polidant : où était Agathon Rwasa cier mis en place le 6 août ? Édouard depuis 2010 ? Réponse de l’intéressé : Nduwimana, le ministre burundais « Je n’ai jamais quitté le Burundi ! » Au de l’Intérieur, affirme qu’il « s’agissait temps pour ceux qui, ces trois dernières simplement de faire respecter la loi et années, l’avaient tour à tour signalé dans l’ordre public » : « Il fallait empêcher l’est de la RD Congo et en Tanzanie. ● Agathon Rwasa de tenir un meeting sans TSHITENGE LUBABU M.K.

p En mai 2010, juste avant qu’il prenne le maquis, en plein processus électoral.

L

e retour d’Agathon Rwasa était annoncé depuis un mois. Le jour – le 6 août – était connu, tout comme l’heure et le lieu du rendez-vous, à Bujumbura, où l’ancien chef des Forces nationales de libération (FNL) avait convié des diplomates et des journalistes à une conférence de presse. « Il était serein et en pleine forme. Il a même pris quelques kilos et semblait revenir de vacances », affirme un témoin. Mais la rencontre prévue n’a pas eu lieu, la police ayant interdit l’accès à la salle. Agathon Rwasa, 49 ans, s’était volatilisé en 2010 en plein processus électoral (un processus contesté) alors qu’il briguait la présidence. Il était soupçonné de fomenter une nouvelle rébellion, et autorités et observateurs redoutaient qu’il ne mette le Burundi à feu et à sang. Trois années durant, Bujumbura l’a d’ailleurs souvent qualifié de « terroriste ». JEUNE AFRIQUE

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Afrique subsaharienne OUGANDA

Toi aussi, mon fils Autrefois proche de Museveni, un général réfugié à Londres accuse le chef de l’État de préparer son aîné à lui succéder. Et espère sans doute au passage y gagner ses galons d’opposant.

AP/SIPA

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À

p Au centre, Muhoozi Kainerugaba, le fils du président propulsé à la tête des Forces spéciales (ici en mai 2012).

quoi pensait David Tinyefuza lorsqu’il a décidé de changer de nom, en février 2012 ? « Sejusa », comme il se fait appeler depuis (« je ne regrette rien », en luganda), prévoyait-il déjà de prendre des décisions lourdes de conséquences ? En tout cas, ce général de 58 ans, membre du haut commandement de l’armée ougandaise et autrefois très proche de Yoweri Museveni (ils se sont côtoyés dans le maquis au début des années 1980), n’y est pas allé par quatre chemins en dénonçant en mai dans un courrier interne une conspiration visant à installer le fils du président, Muhoozi Kainerugaba, au pouvoir. Missive dont le contenu a été révélé par la presse et qui l’a propulsé au rang d’ennemi public numéro un. MONARCHIE. Au moment de son coup d’éclat, David Sejusa se trouvait opportunément au Royaume-Uni, pays qu’il n’a pas quitté depuis. Installé à Londres, il accuse Museveni de vouloir instituer une « monarchie » et appelle à le démettre « par tous les moyens ». Il se dit « traqué » et la police britannique a ouvert une enquête pour menaces de mort, selon le quotidien britannique The Times. Certains détails du complot décrit par N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Sejusa paraissent un tantinet farfelus (il s’agissait notamment d’assassiner tous les responsables, civils ou militaires, qui se seraient opposés à la succession dynastique). Mais cela n’a pas empêché sa théorie d’être jugée crédible. Du fait de l’identité de l’auteur, tout d’abord – il était alors coordonnateur des services secrets ougandais. Mais surtout parce que, malgré les démentis répétés de Kampala,

été arrêtés et inculpés pour « conspiration pour renverser le gouvernement ». Interrogé par la BBC à Londres, l’intéressé n’a d’ailleurs pas caché ses ambitions : « Honnêtement, un général quatre étoiles qui n’en a pas ne serait pas à sa place. » Mais cet homme qui s’érige aujourd’hui en chevalier blanc de la politique ougandaise n’a pas une réputation sans tache. En 2005, il était l’un des principaux ordonnateurs de la très controversée opération Black Mamba Malgré les démentis de Kampala, (des militaires avaient pris l’ascension du rejeton présidentiel d’assaut la Haute Cour de intrigue jusqu’à Washington. Kampala pour mettre la main sur 14 rebelles présumés qui ces révélations ne font que confirmer venaient d’être libérés sous caution). Il les soupçons qui pèsent sur Muhoozi aura fort à faire pour apparaître comme Kainerugaba depuis le début de sa specun opposant crédible, surtout s’il compte taculaire ascension au sein de l’armée. se présenter à la présidentielle de 2016. En effet, il avait à peine 35 ans lorsqu’il a Kizza Besigye, un autre ancien guérilléro été nommé en 2008 à la tête des Forces qui a quitté l’armée en 2001, a pris beauspéciales, la garde prétorienne du régime, coup d’avance: il a déjà brigué trois fois la et dès 2009, selon deux câbles révélés par magistrature suprême, et le fait qu’il ait été WikiLeaks, des diplomates américains arrêté à de nombreuses reprises a contriavaient évoqué la possibilité qu’il tente bué à donner de lui une image de résistant de succéder à son père. intransigeant. Mais au moins Sejusa auraKampala accuse Sejusa d’avoir fui après t-il réussi à faire en sorte que les moindres la découverte de ses propres projets d’acfaits et gestes de Muhoozi Kainerugaba cession au pouvoir. Quatre de ses proches soient désormais étudiés avec une attenrestés dans la capitale ougandaise ont tion redoublée. ● PIERRE BOISSELET JEUNE AFRIQUE


Coulisses

Afrique subsaharienne

KENYA

Au feu! L’aéroport international de Nairobi a été détruit par les flammes le 8 août.

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est un spectaculaire incendie qui a détruit une partie de l’aéroport international Jomo-Kenyatta de Nairobi le 8 août, paralysant de longues heures durant le trafic aérien au-dessus du Kenya. Le feu s’est déclaré au niveau des arrivées et les pompiers ont mis plus de quatre heures à parvenir à le maîtriser. Pour ne rien arranger, plusieurs des véhicules de secours sont restés bloqués dans les énormes embouteillages dont la ville est si coutumière. Quant aux camions arrivés sur les lieux du sinistre, ils se sont vite retrouvés à court d’eau, contraignant les policiers et militaires venus en renfort à s’armer de seaux ! Tout est pourtant bien qui finit bien, puisque l’incendie n’a pas fait de victimes et qu’il ne devrait pas avoir de conséquences durables pour l’économie locale. L’aéroport Jomo-Kenyatta est en effet un important hub sous-régional avec ses 16 000 passagers par jour, mais certains vols internationaux, un temps déroutés vers Eldoret et Mombasa, ont pu reprendre dès le lendemain à partir du terminal domestique, qui avait, lui, été épargné. Même chose pour le transport de marchandises. ●

AFRIQUE DU SUD OUPS, LA BOULETTE… La mairie de Johannesburg s’en est mordu les doigts ! Le 1er août, elle a envoyé une lettre comminatoire à l’un de ses administrés, menaçant de lui couper l’eau et l’électricité s’il ne payait pas, dans les quinze jours, une facture s’élevant à 6 468,48 rands (495 euros). Sauf que le destinataire du très sec rappel à l’ordre n’était autre que… Nelson Mandela, ancien président et héros de lutte antiapartheid. Surtout, a plus tard bafouillé un porte-parole de la municipalité bien embarrassé, le mauvais payeur n’était pas Mandela mais un autre client, installé dans un quartier voisin. Mandela, quant à lui, est hospitalisé depuis plus de deux mois dans un état grave. ●

TOGO LA MAIN DANS LE SAC C’est un baron du trafic d’ivoire que la police pense avoir arrêté le 6 août à Lomé. Émile N’bouke, 58 ans, est le propriétaire d’une boutique où 700 kg d’ivoire ont été saisis, et la ministre togolaise de l’Environnement veut voir dans son arrestation la preuve que la lutte contre les trafiquants porte ses fruits. En juillet, la douane de Hong Kong avait saisi une cargaison de plus de 2 tonnes de défenses d’éléphants en provenance duTogo. Il y en avait pour près de 1,6 milliard d’euros.

NEWSCOM/SIPA

TANZANIE DANGEREUX PRÉCÉDENT

JEUNE AFRIQUE

Zanzibar était surtout connu pour ses plages de sable blanc. Mais le 7 août au soir, deux jeunes touristes britanniques ont été attaquées à l’acide dans les rues étroites de StoneTown, le centre historique de

la ville, alors même que ses habitants – en grande majorité musulmans – célébraient la fin du ramadan. Une agression inédite qui fait craindre pour le tourisme dans une région où les incidents (souvent à caractère religieux) se sont multipliés ces derniers mois.

NIGERIA SOURIEZ, VOUS ÊTES FILMÉS Il y a des succès dont on se passerait bien. Chris Omeleze était, depuis vingt et un ans, officier de police à Lagos. Le trafic est dense, en cet après-midi d’août, lorsqu’il arrête un automobiliste et tente de lui extorquer 25000 nairas (115 euros) pour fermer les yeux sur une prétendue infraction routière. L’automobiliste résiste, Chris Omeleze insiste. Problème: la scène a été filmée, et vue, en quelques jours, plus de 123000 fois sur YouTube. Omeleze a été licencié le 7 août. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Afrique subsaharienne

CÔTE D’IVOIRE

Mourir pour

Bouaké Le 6 novembre 2004, deux Sukhoi ivoiriens bombardaient une base française dans le nord du pays, faisant dix morts. Mais pourquoi ? Qu’avait à y gagner le président Laurent Gbagbo ? Enquête sur l’un des secrets les mieux gardés de la Françafrique.

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JEUNE AFRIQUE


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PASCAL AIRAULT

J

«

q Quatre jours après le raid. C’est le mess des officiers qui a été pris pour cible.

et lâche ses roquettes sur l’objectif, un gymnase abritant le mess des officiers. Bilan : dix morts (neuf militaires français et un civil américain) et 39 blessés. Une enquête judiciaire est ouverte un an plus tard par le tribunal des armées de Paris. Elle est toujours en cours. « J’accuse le pouvoir politique de l’époque d’avoir saboté par tous les moyens cette enquête, s’emporte Jean Balan, l’avocat de 22 parties civiles. Les victimes ne sont rien d’autre que les dommages collatéraux d’un jeu très dangereux et mal maîtrisé de la présidence française pour régler ses comptes avec Laurent ●●● Gbagbo. »

PHILIPPE DESMAZES/AFP

’ai entrepris toutes les démarches pour avoir des explications sur c e b o mb a rd e ment incompréhensible. Par qui ? Pourquoi ? Sur ordre de qui? Mais aucune réponse n’est possible, car il faudrait lever le secret-défense. » Ces mots sont ceux de Djamel Smaidi, et c’est à François Hollande qu’il les adresse. Neuf ans après le raid mené par l’armée ivoirienne sur un campement de la force Licorne à Bouaké, ce militaire rescapé, réformé pour invalidité en 2010, se bat toujours

pour connaître la vérité sur un événement que l’on peut classer parmi les plus obscurs de la Françafrique. La vie de Djamel, comme celle de ses compagnons en poste ce jour-là, a basculé le 6 novembre 2004 en début d’après-midi. Deux Sukhoi 25 ont décollé de l’aéroport de Yamoussoukro. Aux manettes, deux pilotes biélorusses (Barys Smahine et Youri Souchkine), secondés par deux copilotes ivoiriens (le lieutenant-colonel Ange Gnanduillet et le lieutenant Patrice Oueï). Vers 13h20, ils effectuent un premier passage de reconnaissance au-dessus du lycée Descartes, où se sont installés les Français. Puis l’un d’entre eux plonge en piqué

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Afrique subsaharienne Enquête ● ● ● Balan, chapeau de cow-boy vissé sur le crâne, nœud texan autour du cou et santiags aux pieds, est une figure bien connue du tribunal des armées. Réputé tenace, ce pénaliste défend depuis trente ans les militaires dont les droits ont été bafoués. Après des années d’investigation, il s’est forgé des certitudes. Selon lui, les dirigeants français (le président Jacques Chirac, Michèle AlliotMarie, sa ministre de la Défense, Dominique de Villepin, à l’Intérieur…) ont joué avec le feu. Selon plusieurs témoignages de militaires et de diplomates versés au dossier d’instruction, Paris savait parfaitement que Laurent Gbagbo avait l’intention de reconquérir le nord du pays. Le 2 novembre, Gildas Le Lidec, l’ambassadeur de France, et le général Poncet, le patron de Licorne, tentaient encore de l’en dissuader. Le lendemain, c’était au tour de Jacques Chirac de décrocher son téléphone. Réponse du président ivoirien : « Je ne peux plus tenir mes militaires. »

À Yamoussoukro, les Français suivent minute par minute le pilonnage des positions rebelles par les deux Sukhoi et les va-et-vient de l’Antonov qui les réapprovisionnent enmunitionsdepuisAbidjan.Selon les pièces versées au dossier, Paris avait obtenu du colonel Mangou,

Selon l’avocat des familles des victimes, Paris a joué avec le feu. Et s’est brûlé les doigts. chargé des opérations militaires à Yamoussoukro, qu’il l’informe à l’avance des cibles qui allaient être frappées pour permettre à ses soldats de se mettre à l’abri. ERREUR. Alors que s’est-il passé ?

Un mercenaire français au service de l’armée ivoirienne, le pilote Jean-Jacques Fuentes, affirme que les pilotes des Sukhoi ont été induits en erreur par une source élyséenne qui leur aurait fait croire qu’une réunion de chefs rebelles se déroulait dans le mess des officiers.

Le choix de Jacques Chirac COMMENT SORTIR DE L’IMPASSE après les événements de novembre 2004 ? Dans une note datée du 3 décembre 2004, Michel de Bonnecorse, chef de la cellule africaine de l’Élysée, et le général Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major particulier du président, proposent trois scénarios à Jacques Chirac : le retrait du dispositif militaire Licorne ; un deal avec Gbagbo pour lui laisser remporter les élections ; ou un renforcement de la présence onusienne pour imposer les accords de LinasMarcoussis et d’Accra III. C’est la troisième option qui sera retenue par Chirac. Après avoir obtenu le feu vert des ÉtatsUnis, la France demandera le renforcement de la mission de l’ONU pour alléger le dispositif français à Abidjan et éviter un face-à-face avec les forces ivoiriennes. Pourtant, la relation franco-ivoirienne restera tendue jusqu’à la fin du mandat du président français, en 2007. « Depuis que Chirac n’est plus là, je dors mieux », confiera Gbagbo peu après l’élection de Nicolas Sarkozy. Lors de leur dernier entretien téléphonique, le 4 décembre 2010, Sarkozy suggéra pourtant à Gbagbo d’accepter le verdict des urnes afin de devenir « un héros de la démocratie ». Il lui proposa aussi de lui trouver une haute fonction dans une organisation internationale… avant de tout mettre en œuvre pour le faire partir. ● P.A . N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Mais ce témoignage est sujet à caution compte tenu de l’identité du témoin. Le général Poncet a, de son côté, formulé plusieurs hypothèses quant à l’origine du raid, dont celle de la « bavure manipulée ». « Du pur délire », selon Michèle Alliot-Marie. Peut-être. Mais pour Me Balan, la France devait penser qu’il n’y aurait pas de victimes, le mess étant exceptionnellement fermé ce jourlà. S’il y a eu des morts, c’est parce que des militaires s’étaient réfugiés sous les auvents du bâtiment à l’approche des Sukhoi – ce que Paris, toujours selon l’avocat, n’avait pas prévu. Mais, dans cette hypothèse, que cherchait la France ? À justifier un coup d’État en préparation contre Laurent Gbagbo, continue Jean Balan. BLINDÉS. Le 7 novembre, dès le

lendemain du bombardement, une colonnedeblindésfrançaisencercle la résidence de Gbagbo, dans le quartierdeCocody,àAbidjan,avant de se replier. Les militaires affirmentqu’ilssesonttrompésderoute,


Mourir pour Bouaké

PASCAL GUYOT/AFP

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Alliot-Marie qu’il s’agissait de protéger l’ambassade de France située juste à côté. D’autres témoignages mentionnent la présence du chef d’état-major, Mathias Doué, dans l’un des véhicules blindés. Aurait-il eu l’intention de renverser Gbagbo avant de se raviser devant le nombre des pro-Gbagbo descendus dansles rues? Ce qui est sûr, c’est que Doué a aussitôt été limogé, et qu’après un long exil à l’étranger il coule désormais des jours tranquilles à Abidjan.

p Les deux Sukhoi qui ont bombardé Bouaké, détruits à leur tour par les Français.

t De g. à dr.: Laurent Gbagbo, au pouvoir à l’époque. Il disait ne plus pouvoir « tenir » ses hommes; le général Poncet, ex-patron de la force Licorne. Il n’exclut pas la possibilité d’une « bavure organisée ». Hypothèse que Michèle Alliot-Marie, alors ministre française de la Défense, a qualifiée de « pur délire ». Quant à Jacques Chirac, ses relations avec le président ivoirien étaient exécrables.

Mais il y a plus troublant encore. De retour dans la capitale ivoirienne, les deux pilotes biélorusses se posent sans difficulté sur les pistes de l’aéroport, pourtant surveillé par les Français, et sont exfiltrés vers le palais de Yamoussoukro. Dans l’après-midi, les soldats français détruisent les avions à la hache (Paris les couvrira, mais Poncet sera vertement réprimandé par sa hiérarchie). À Abidjan, tout s’accélère. Des éléments de Licorne prennent l’aéroport, et arrêtent 15 techniciens russes, biélorusses et ukrainiens chargés de l’entretien des Sukhoi. Ils les retiennent durant quatre jours, avant de les remettre au consul de Russie, le 11 novembre, en présence d’un délégué du Comité international de la Croix-Rouge – le tout sur instruction de l’état-major à Paris. « Je n’avais pas du tout envie de relâcher ces personnes, a témoigné le général Poncet. On m’a répondu: tu exécutes ! » Cinq jours plus tard, huit Biélorusses, dont l’un des deux pilotes, sont de nouveau arrêtés à la frontière du Togo alors qu’ils se présentent comme « mécaniciens

NICOLAS JOSE/SIPA ; VINCENT FOURNIER/J.A.

agricoles ». Le ministre togolais de l’Intérieur, François Boko, fait immédiatement le lien avec les événements de Bouaké et décide de les placer en garde à vue. Son audition ne manque pas de sel. Il assure avoir appelé le lieutenantcolonel Velseder, de la DGSE (les services de renseignements extérieurs de la France), qui était également conseiller de Gnassingbé Eyadéma, pour savoir s’il devait l’avertir. Son interlocuteur lui aurait répondu que sa « direction parisienne ne l’avait pas autorisé à informer [le chef de l’État togolais] ». « Nous avons sollicité aussi le SCTIP [Service de coopération technique internationale de police] et un autre canal au ministère de l’Intérieur pour demander à Paris la conduite à tenir, ajoute Boko. Les instructions étaient de ne rien faire. Devant l’attitude de la France, qui m’a beaucoup étonné, j’ai été amené à prendre des arrêtés d’expulsion. » Interrogé lui aussi, Dominique de Villepin, à l’époque chargé de l’Intérieur, a déclaré ne pas avoir été informé de cette affaire. Pour AlliotMarie, il n’y avait pas de base légale, N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Afrique subsaharienne Enquête faute de mandat our international, pour interroger les suspects. cts. Faux, an. « L’autorité rétorque Me Balan. arfaitement en judiciaire était parfaitement n urgence une mesure d’établir en demanded’entraidepénaleinternade é l int tionale aux fins de faire entendre les suspects par les autorités togolaises qui faisaient preuve d’une bonne volonté manifeste. » D’ailleurs, les mercenaires de l’Est avaient déjà été entendus, mais par les Forces spéciales françaises à Abidjan, si l’on en croit le général Thonier, adjoint de Poncet à Abidjan. Des demandes de déclassification liées à l’arrestation des mercenaires slaves ont été demandées. En partie acceptées, leurs noms, photos, métiers figurent au dossier mais, curieusement, il n’y a aucune trace de leurs interrogatoires, et 26 pages sont classées « secret défense ». Et le mystère continue. Aucune autopsie n’a été réalisée sur les corps alors que la loi en fait l’obligation en cas de crime.

Répo Réponse d’Alliot-Marie: « L’ L’autopsie des militaires en opération ajoute inutilement du chagrin aux familles. » En fait, les corps furent enterrés à la hâte, au point que ceux de deux soldats furent inversés. Une erreur réparée en 2006. L’exhumation de ces corps, pour qu’ils retrouvent leur sépulture, a montré qu’ils avaient été jetés dans un sac mortuaire couverts de sang, les vêtements déchirés, sans avoir été ni lavés ni habillés. « Toute éventuelle preuve devait disparaître, en conclut Me Balan. Dans quel but ? » DR

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EMBARQUÉS à bord des Sukhoi qui ont foncé sur Bouaké, Ange Gnanduillet et Patrice Oueï, les deux copilotes ivoiriens, sont toujours en service. Ils sont affectés à la base aérienne d’Abidjan, mais peu sollicités puisque la flotte ivoirienne a été largement détruite.

ABERRATION. L’avocat n’a pas

réussi à obtenir que Michèle AlliotMarie soit poursuivie devant la cour de justice de la République. La commission des requêtes a estimé que les déclarations de « Mme Alliot-Marie ne constituaient pas une altération volontaire de la vérité ». Une aberration,

pour Balan, qui a du coup envoyé un dossier complet sur l’affaire à une soixantaine de députés et de sénateurs français en espérant la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire. Payé par la caisse d’assurance des militaires, il n’est pas prêt à lâcher le dossier, soumet régulièrement ses découvertes à la juge Khéris (le quatrième chargé de l’affaire depuis le début de la procédure), et demandera prochainement l’audition de nouveaux témoins. Parmi eux, les conseillers d’Alliot-Marie et de Villepin, Robert Montoya, un ex-gendarme élyséen installé au Togo, qui avait livré les deux Sukhoi à Gbagbo, puis participé à l’exfiltration des mercenaires biélorusses. Quant aux rescapés et aux familles des victimes, ils sont de plus en plus enclins à médiatiser leur histoire pour que la vérité éclate au grand jour. « Ignorer ce qui s’est passé à Bouaké, c’est faire mourir nos compagnons d’armes une deuxième fois », a prévenu l’un d’eux. ●

Eyadéma: « Frappez à l’heure de la sieste! »

L

aviation ivoirienne a été anéantie par les Français dans les jours suivant l’attaque sur Bouaké, mais un autre plan était en préparation pour détruire cet arsenal depuis le Togo. Quelques mois avant le raid du 6 novembre 2004, le président Gnassingbé Eyadéma et l’un de ses fidèles généraux avaient reçu à Lomé le colonel Bakayoko, le responsable militaire de la rébellion de Guillaume Soro, aujourd’hui chef d’état-major de l’armée ivoirienne. Bakayoko leur avait demandé de l’aide pour détruire la flotte d’hélicoptères ivoirienne, abritée sous les hangars du Groupement aérien de transport et de liaison (GATL), à Abidjan, afin d’empêcher une action contre les positions rebelles. Pour accomplir cette mission, quatre Français vivant au Togo (un ancien saint-cyrien, un ex-gendarme du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, le GIGN, N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

un pilote et son assistant) furent approchés. Ils effectuèrent des repérages à Abidjan et envisagèrent d’utiliser un avion privé de type King Air 90 pour cette attaque éclair. Son décollage était programmé à 12 heures pour arriver à destination après une heure cinquante

Il existait un plan B pour se débarrasser des hélicoptères ivoiriens. Et il passait par le Togo. de vol – à l’heure où les militaires en faction ont l’habitude de faire la sieste, avait précisé Eyadéma en fin connaisseur des mœurs locales. PAYABLE D’AVANCE. Une fois la

porte arrière de l’avion ouverte, un tireur d’élite devait réaliser un premier tir de RPG 7 sur les stocks de munitions suivi d’un deuxième pour détruire les hélicoptères d’attaque MI-24. L’opération au sol ne

devaitpasdurerplusdecentquatrevingts secondes. Coût de l’opération payée par les rebelles: 2 millions de dollars pour les pilotes, deux autres pour le tireur et son assistant, dont la moitié payable d’avance. Pour des raisons mystérieuses, l’opération a finalement été abandonnée. Eyadéma n’avait jamais caché sa sympathie pour Guillaume Soro, dont la témérité lui rappelait sa jeunesse, mais aidait aussi Laurent Gbagbo à se réarmer. Il avait notamment permis au président ivoirien d’acquérir deux hélicoptères MI-24 et divers types de munitions entre le 29 octobre et le 12 décembre 2002 via la société Darkwood Ltd de Robert Montoya. Cet ancien du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), reconverti dans la vente d’armes et le gardiennage privé, avait ficelé le contrat avec Moïse Lida Kouassi, alors ministre ivoirien de la Défense. ● P.A. JEUNE AFRIQUE


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Maghreb & Moyen-Orient

ALGÉRIE

Malgré les difficultés que connaissent leurs homologues tunisiens et égyptiens, les islamistes algériens baignent dans l’optimisme et préparent sereinement l’élection présidentielle d’avril 2014.

É

CHERIF OUAZANI,

envoyé spécial

terrain. « Le plus inquiétant dans cette affaire, déplore Me Miloud Brahimi, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, c’est qu’ils passent pour être l’unique alternative possible au pouvoir actuel. » Un scénario que nul n’aurait envisagé il y a quelques mois après la déroute des islamistes aux législatives de mai 2012. Une claque mémorable qui a fait passer les fondamentalistes du statut de deuxième force politique du pays à celui de minorité « quasi symbolique » dans les deux chambres du Parlement. Comment ont-ils réussi à inverser la tendance ?

pargnée par les vents révolutionnaires du Printemps arabe, l’Algérie est souvent qualifiée par les commentateurs d’exception régionale : un système de gouvernance atypique, un parcours chaotique, une expérience démocratique avortée, avec les conséquences dramatiques que l’on sait, une population plus prompte à l’émeute et à la jacquerie qu’à la contestation organisée… À ces particularités qui la distinguent de ses voisins orientaux (Tunisie, Libye, Égypte) et occidental LEADERSHIP. Hormisàlafindesannées1980,avec (Maroc) s’ajoute une autre différence révélée par la malheureuse expérience du Front islamique du les événements qui secouent son environnement salut (FIS), l’islamisme politique en Algérie n’a régional : la situation des islamistes. Au moment jamais réussi à fédérer l’ensemble de ses forces où les Frères musulmans sont fortement contestés sous une seule bannière. La faute, sans doute, à en Tunisie, déstabilisés au Maroc, une question de leadership qui, Face à eux, une objet de violences meurtrières en au fil des années, a atomisé ce Libye et écartés du pouvoir en courant idéologique et éclaté sa classe politique Égypte, les islamistes algériens représentation en une dizaine engluée dans –endehorsd’Al-QaïdaauMaghreb de formations et une multitude les dissidences islamique (Aqmi), assiégée dans de micropartis. La matrice de ce les maquis de Kabylie et des courant idéologique est l’organiinternes. sation transnationale des Frères Aurès – ont le vent en poupe. Il n’est pas dit que la prochaine échéance élecmusulmans. Fondée par feu Mahfoud Nahnah torale – la présidentielle d’avril 2014 – leur soit en 1990, sa principale vitrine politique, le Hamas, promise, mais face à une classe politique atone, s’est transformée en 1996 en Mouvement de la engluée dans les dissidences internes et les prosociété pour la paix (MSP) après que la réviblèmes de succession, un pouvoir baignant dans sion de la Constitution eut interdit les partis se revendiquant de la religion. Depuis, le MSP a une ambiance de fin de règne et une opinion écrasée par la canicule et l’érosion du pouvoir d’achat, donné naissance à plusieurs formations créées les partis fondamentalistes occupent, seuls, le par des dissidents qui contestaient le choix de ● ● ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

FAYEZ NURELDINE/AFP

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t Le courant fondamentaliste a aujourd’hui le vent en poupe.


Maghreb Moyen-Orient Algérie Nahnah de s’allier au pouvoir contre quelques strapontins gouvernementaux au lieu d’inscrire son action dans l’opposition. Le décès de Nahnah, en 2003, ne bouleverse pas la donne, puisque son successeur, Bouguerra Soltani, adopte la même stratégie. Il ira même plus loin en rejoignant les deux grands partis du courant nationaliste, le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), au sein de l’Alliance présidentielle. Cette stratégie, si elle permet aux Frères musulmans d’être associés à l’exécutif, exclut toute candidature du parti aux présidentielles de 2004 et de 2009. À ces deux scrutins, le courant islamiste présente des candidats sans grande envergure qui peinent à atteindre 3 % des suffrages. En signe de protestation contre la ligne de Soltani, des cadres du MSP claquent la porte pour créer leur propre parti, accentuant ainsi l’atomisation du courant islamiste. ●●●

COUP DE JEUNE. En 2011 intervient le Printemps

arabe, puis les succès électoraux des Frères musulmans en Tunisie, au Maroc et en Égypte. Sentant son heure arriver, Bouguerra Soltani décide de quitter l’Alliance présidentielle et demande aux ministres affiliés au MSP de démissionner du gouvernement. Premier couac : sur les quatre Frères ministres, deux refusent de se démettre, préférant la loyauté à Bouteflika à la discipline partisane. Pis : le plus charismatique des deux, Amar

Représentants du courant islamiste L’Alliance de l’Algérie verte

(AAV, coalition parlementaire), formée de trois partis:

– Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas) – Ennahda – El-Islah

Le Front du changement

(FC, d’Abdelmadjid Menasra, dissidence du MSP)

Le Front pour la justice et le développement

(FJD, d’Abdallah Djaballah)

TAJ

d’Amar Ghoul, dissidence du MSP au profit d’Abdelaziz Bouteflika

Une dizaine de petits partis

nés dans la foulée des réformes politiques de 2012

Ghoul, ministre des Travaux publics, sans doute le membre de l’exécutif le plus populaire pour avoir mené à terme le chantier du siècle (l’autoroute est-ouest), quitte le MSP, crée un nouveau parti et draine avec lui plusieurs dizaines d’élus locaux et nationaux du MSP. Le coup est rude, mais Soltani maintient le cap. La bérézina subie aux législatives finit par l’emporter. Une année après le scrutin, il est remercié par le congrès du MSP qui élit à sa tête Abderrezak Mokri, réputé pour sa constante opposition à la stratégie « participationniste » de son prédécesseur. Mokri, universitaire de 53 ans formé aux États-Unis, donne un coup de jeune aux Frères musulmans. D’emblée, il annonce la couleur : l’action du MSP s’inscrit désormais dans l’opposition. Et affiche ses ambitions : remporter la présidentielle de 2014 pour assurer l’alternance politique et le changement pacifique. Pour réussir ce pari, Mokri ne compte pas sur le seul courant islamiste. « Même si d’un point de vue arithmétique nous pouvons gagner sans les autres, affirme-t-il plein d’assurance, la nature du système en place et la conjoncture régionale nous imposent de dépasser les clivages idéologiques pour parvenir à une plateforme électorale commune. » Depuis son intronisation à la tête du MSP, Mokri multiplie les rencontres avec les partis de toutes obédiences. Il répond à toutes les sollicitations de débat, et ne ménage pas sa peine, si bien qu’il est devenu l’épouvantail de la présidentielle.

Abderrezak Mokri

Président du Mouvement de la société pour la paix (MSP)

« Je veux fédérer les Algériens » JEUNE AFRIQUE : Les événements qui secouent la Tunisie et l’Égypte auront-ils un impact direct sur la vie politique en Algérie ? ABDERREZAK MOKRI : Je ne le pense

pas, chaque pays a sa propre histoire, ses spécificités. Les environnements géo- et sociopolitiques sont différents. Cela dit, l’injustice flagrante qui frappe le courant islamiste dans ces pays peut nous aider à mieux convaincre l’opinion publique algérienne du bien-fondé de notre approche. Du fait de la corruption, de la mal-gouvernance et du clientélisme, notre nation est en péril. C’est nous qui incarnons le changement pacifique, et ce qui se passe dans la sous-région le prouve. On évoque aujourd’hui la possibilité N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

d’un scénario à l’algérienne pour l’Égypte. Pensez-vous que, dans quelques mois, un scénario à l’égyptienne soit possible en Algérie au cas où vous remporteriez la présidentielle de 2014 ?

On ne peut l’exclure, mais cela me paraît hautement improbable. Les douloureux événements que nous avons vécus et auxquels vous faites allusion ont contribué à doter notre classe politique d’une certaine maturité. Il n’y a pas chez nous les ruptures entre les grandes familles idéologiques qui caractérisent aujourd’hui la vie politique en Tunisie ou en Égypte. Cela est illustré par le travail de coordination que nous menons avec des partis laïcs ou de gauche, à l’instar de ce que nous faisons avec

SAMIR SID

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JEUNE AFRIQUE


LAHCÈNE ABIB/SIGNATURES

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Reste à savoir si le système peut envisager l’arrivée d’un Frère à El-Mouradia. L’absence de relève au sein du courant nationaliste, qui gouverne depuis plus d’un demi-siècle, et l’impatience de l’armée et des services de renseignements (rouages clés du système) face aux atermoiements des partis pourraient conduire le pouvoir à se laisser séduire par la nouvelle étoile montante des Frères. Mais,

le Rassemblement pour la culture et la démocratie [RCD]. Cette approche est assez nouvelle. Elle est liée à votre personne. Votre prédécesseur n’y avait jamais songé…

Pas du tout. Ce n’est pas mon approche, et elle n’est pas contradictoire avec celle de mon prédécesseur. Elle est le produit de l’école de feu

p Au QG de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV), lors des législatives de mai 2012, à Alger.

contrairement à ce qu’affirme Mokri (lire ci-dessous), l’actualitérégionale,notammentlesdéboiresd’Ennahdha en Tunisie et de Mohamed Morsi en Égypte, aura une incidence directe sur la présidentielle d’avril2014.CarsienTunisieetenÉgypteonredoute un « scénario à l’algérienne », en Algérie, opinion, pouvoir et classe politique ne veulent pas d’une évolution à la tunisienne ou à l’égyptienne. ●

Ce ne sont pas seulement les miennes, je partage celles qui hantent tous les esprits à la veille de cette échéance déterminante pour l’avenir de notre pays et qui obsèdent la quasi-totalité de la classe politique algérienne : le système continuera-t-il à imposer un candidat de consensus pour perpétuer sa tutelle sur le peuple en confisquant son choix ? Un tel scénario menacerait gravement la

L’organisation du scrutin doit être confiée à une instance indépendante. Mahfoud Nahnah [fondateur de la section algérienne des Frères musulmans disparu en 2003]. Travailler avec toutes les forces politiques, sans exclusive, nourrir la culture de l’écoute, de la coalition ou de l’alliance électorale font partie des constantes de notre engagement.

stabilité sociopolitique du pays, maintiendrait le statu quo institutionnel, obérerait toute idée de réformes économiques et de modernisation de l’État.

Avez-vous des inquiétudes particulières avant la présidentielle d’avril 2014 ?

On ne se lance pas dans une compétition alors que les règles du jeu ne sont

JEUNE AFRIQUE

À moins de huit mois de la présidentielle, on n’enregistre aucune candidature crédible, et les grands partis ne se sont toujours pas prononcés…

pas encore définies. Le problème de l’Algérie n’est pas sa classe politique mais son système. Pour assurer sa pérennité, ce dernier change les règles, les adapte en fonction de ses intérêts. Les partis ont-ils tort de demander des garanties ? Quel type de garanties ?

Que le processus électoral ne soit plus confié au ministère de l’Intérieur. Au nom de quoi l’organisation du scrutin ne pourrait pas être confiée à une structure indépendante, comme en Tunisie par exemple ? C’est le gage de transparence le plus sûr et le meilleur moyen d’accorder à l’ensemble des candidats les mêmes chances. Serez-vous candidat en avril 2014 ?

Les instances de notre parti en décideront en temps voulu. Pour l’heure, je m’efforce d’abord de fédérer la famille islamiste, puis l’ensemble des partis, pour que l’on parvienne, ensemble, à l’élaboration d’une plateforme et d’une charte de bonne conduite électorale. ● Propos recueillis à Alger par CHERIF OUAZANI N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Maghreb Moyen-Orient

FADEL SENNA/AFP

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MAROC

Grâce et châtiment La libération par erreur d’un pédophile espagnol provoque un tollé. Pour apaiser la colère de la rue, Mohammed VI annule la décision et reçoit les parents des victimes.

D

aniel Galván Viña a été cueilli par la police le 5 août en début d’après-midi, dans sa chambre d’hôtel à Murcie, dansle sud de l’Espagne. Le Maroc avait émis un mandat d’arrêt international après avoir annulé la veille la grâce royale dont avait bénéficié ce pédophile espagnol condamné à trente ans de prison pour le viol d’au moins six enfants. Sa liberté recouvrée n’aura donc duré qu’une semaine. Suffisant pour provoquer l’une des plus graves crises du règne de Mohammed VI. Tout a commencé le 30 juillet, jour de la fête du Trône, quand le directeur de la prison de Kenitra annonce au pédophile qu’il vient de bénéficier de la grâce du roi et qu’il est donc libre. Selon son avocat, l’Espagnol a été le premier surpris. Sans perdre de temps, Galván Viña se rend au tribunal de la ville, où il récupère son N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

passeport périmé et tente (en vain) de faire annuler les dommages et intérêts qu’il lui reste à payer. L’ancien détenu essaie également de remettre la main sur deux appartements qu’il possède dans la ville, avant de se rendre le lendemain au consulat d’Espagne à Rabat, où il demande de nouveaux documents de voyage. Le 1er août, dans la soirée, il quitte le Maroc par l’enclave espagnole de Ceuta. Au même moment, l’indignation enfle sur les réseaux sociaux. Les médias ne prennent pas encore la mesure du scandale ou l’ignorent tout simplement : les chaînes nationales imposeront un blackout sur l’affaire, jusqu’au premier communiqué royal du 3 août. Entre-temps, une poignée de médias électroniques (Lakome.com, Goud.ma et quelques journaux étrangers, notamment El País) suivent le dossier heure par heure. Un

premier appel à manifester est lancé sur Facebook par des militants proches du mouvement de protestation du 20-Février. En quelques heures, des milliers de personnes rejoignent la page Facebook appelant à « annuler la grâce pour le violeur d’enfants ». Sur Twitter, la crise a un nom: le Danielgate.

Qui est Daniel Galván Viña ?

Le premier des mystères de cette affaire, c’est Daniel Galván Viña lui-même. Arrivé au Maroc en 2003, il se présente comme un paisible retraité de l’enseignement supérieur. Il sort de l’anonymat en 2010, quand la police l’arrête pour des agressions sexuelles sur des mineurs âgés de 3 à 15 ans. C’est un avocat membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), Hamid Krairi, qui fait éclater l’affaire. Il bataillera pour obtenir une condamnation sévère. En 2011, Galván Viña écope de trente ans de prison. Une sentence historique pour les ONG luttant contre la pédophilie. Les crimes et leurs détails sont un concentré de misère et d’horreur. Galván Viña organisait des JEUNE AFRIQUE


Maghreb Moyen-Orient

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MARCIAL GUILLÉN/EPA

ÓSCAR GARCIA MASIÁ/AIC PRESSE

u À g., dispersion par la force du sit-in du 2 août, à Rabat. Ci-contre, Daniel Galván Viña, rapidement arrêté par les Espagnols à Murcie, le 5 août. Ci-dessous, Hafid Benhachem, délégué général de l’administration pénitentiaire, limogé par le roi.

goûters et des fêtes pour les enfants du quartier pauvre où il possédait une maison. Certains de ces enfants étaient aussi employés comme petites bonnes. Pendant plusieurs années, le pédophile abuse d’eux, et lorsqu’un premier scandale menace d’éclater, il achète le silence. Lors du procès, Daniel Galván Viña n’hésite pas à provoquer le juge : « Au Maroc, ça ne coûte pas cher. Tout s’achète avec de l’argent. » Galván Viña n’est pas un Espagnol comme les autres. Il parle mieux l’arabe que le castillan et maîtrise rapidement le dialecte marocain. Comme il le déclare à son procès. Daniel s’appelle en réalité Salaheddine. C’est un Irakien, né à Bassora le 1er juillet 1950. Ancien officier de l’armée irakienne et pharmacien, il a quitté son pays au milieu des années 1970. Il voyage beaucoup, se marie avec une Espagnole, obtient la nationalité, divorce. En 1996, il intègre l’université de Murcie pour ses connaissances en arabe. Au début des années 2000, il aurait été en contact avec les services de renseignements, le fameux Centro Nacional de Inteligencia (CNI). Il a confié à son avocat marocain qu’il a activement contribué à la chute JEUNE AFRIQUE

de Saddam. Une information difficile à vérifier, d’autant plus que l’individu était suivi pour des troubles schizophréniques.

Le Palais a voulu faire une faveur au roi d’Espagne à l’occasion de la fête du Trône. Dans l’urgence, les diplomates espagnols en poste au Maroc établissent alorsdeuxlistes.Lapremièrecomprendles Que s’est-il passé ? noms de 30 détenus qui demandent leur AuMaroc,commedecoutumeàlaveille transfèrement en Espagne pour y purger de chaque fête du Trône, Mohammed VI le restant de leur peine, la seconde ceux de gracie des détenus: 1044 personnes cette 18 condamnés susceptibles de bénéficier année. Le 30 juillet, un communiqué du d’une grâce royale. Ces derniers ne doivent palais royal précise que, « en réponse à la pas être binationaux et doivent avoir purgé demande du souverain d’Espagne », le roi une bonne partie de leur peine d’empridu Maroc avait ordonné la libération de sonnement.GalvánViñanedevaitpasfaire « 48 prisonniers espagnols ». L’un d’eux partie de la seconde. Côté marocain, les rapporte à la presse ibérique les propos du deux listes ont été mélangées et présendirecteur de prison venu lui annoncer la tées au roi, qui les a signées. Qui les lui a soumises? Le cabinet royal? L’intéressé, qui s’appelle en réalité la justice ? l’administration pénitentiaire ? Salaheddine, est un ancien officier Le ministre islamiste de de l’armée irakienne… la Justice, El Mostafa Ramid, laisse entendre qu’il avait nouvelle de sa libération: « C’est un cadeau alerté sur le cas Galván Viña avant de de notre roi au vôtre. » Lors de sa visite publier, le 2 août, un communiqué – effacé récente au Maroc, le roi d’Espagne aurait depuis du site web du ministère – expliseulement demandé que la procédure de quant que son administration n’avait « aucune relation avec l’élaboration de transfèrement d’un détenu âgé et malade, Antonio García Vidriel, soit accélérée pour la liste de graciés espagnols », qualifiant des raisons humanitaires. la décision de « prérogative royale » et ● ● ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Maghreb Moyen-Orient Maroc

MAP/AFP

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p Le roi Mohammed VI recevant les familles des victimes du pédophile, le 6 août, à Rabat.

évoquant les « intérêts stratégiques » entre les deux pays. Ce cafouillage entre institutions ne trouvera d’issue que le 5 août, Mohammed VI décidant de révoquer le délégué général de l’administration pénitentiaire, Hafid Benhachem, un sécurocrate de l’ère Basri [ancien ministre de l’Intérieur sous Hassan II], fusible idéal. L’absence de coordination puis de solidarité entre le Palais et le gouvernement laissera certainement des traces. ●●●

Les leçons d’une crise Dans la panique, les rumeurs fusent. Daniel Galván Viña serait gravement malade. Ou serait un espion dont le CNI aurait demandé la libération. Ces ballons d’essai ne prennent pas, la colère qui s’exprimesurlesréseauxsociauxn’épargne plus le roi. Au Palais, un premier draft de communiqué circule dès le 1er août, mais

on garde le silence. Piètre communication de crise. Même si on ne parle pas, on s’activeencoulisses.Laprioritéestauxcontacts avec Madrid, qui permettra d’élaborer la version des deux listes avant de procéder à l’arrestation de Galván Viña, placé sous surveillance par des policiers d’élite dès le 3 août. Le Palais contre-attaque le lendemain.Mêmesicettelenteuraccréditel’idée que le roi a cédé à la pression des manifestants, Mohammed VI prend une décision courageuse, la seule en réalité à même de les apaiser: il retire la grâce. Dans l’intervalle, les images de la répression du sit-in du 2 août devant le Parlement écornent l’« exception marocaine » tant vantée par le pouvoir et ses relais de communication. La colère des manifestants confirme la gravité de la crise. Le roi se retrouve directementenbutteàl’indignation.SurTwitter, les internautes tournent en dérision le premier communiqué plaidant l’erreur

« par ignorance »: le hashtag #Mafrasich (« je ne suis pas au courant »). Ensuite, la sociologie des indignés est éclairante. Au-delà du noyau de militants aguerris du Mouvement du 20-Février, le sit-in a largement été soutenu par une partie de la bourgeoisie, éduquée, connectée et base sociale du pouvoir. La monarchie ne peut se permettre de perdre ceux-là. Enfin, plus inquiétant encore, cette crise éclaire les tensions entre l’entourage royal etunepartiedugouvernementdominépar les islamistes. Marginalisés par l’entourage royal, les ministres du Parti de la justice et du développement (PJD) ont brillé par leur passivité, se contentant de se dégager de toute responsabilité dans la grâce. « C’est politiquement vrai mais institutionnellement faux. Il aurait fallu qu’ils assument leur rôle et aillent au clash avec le roi », explique le politologue Mohamed Tozy. ● YOUSSEF AÏT AKDIM

CHRONOLOGIE 30 juillet

Un communiqué royal annonce la grâce de 48 détenus espagnols « à la demande du souverain d’Espagne [le roi Juan Carlos]. » Dernier sur la liste : Daniel Galván Viña

31 juillet

Le journal électronique Lakome .com révèle que Daniel Galván Viña, pédophile condamné à trente ans de prison, a bénéficié de la grâce royale N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

1er août

Daniel Galván Viña quitte le territoire marocain par Ceuta après avoir récupéré son passeport au tribunal de Kenitra. La maison royale espagnole dément toute implication

2 août

Plusieurs centaines de personnes manifestent contre la grâce royale à Tétouan et à Rabat. Les sit-in lancés par les cybermilitants sont réprimés par la police

3 août

Premier communiqué du cabinet royal : Mohammed VI « n’a jamais été informé de la gravité des crimes » de Galván Viña. Une enquête est ordonnée

4 août

Deuxième communiqué du cabinet royal : Mohammed VI retire la grâce accordée au pédophile espagnol

5 août

Arrestation de Daniel Galván Viña dans un hôtel de Murcie par la police espagnole. Mohammed VI révoque Hafid Benhachem, patron de l’administration pénitentiaire

6 août

Galván Viña est placé en détention provisoire à Madrid. MohammedVI reçoit les parents des victimes du pédophile au palais royal de Rabat

JEUNE AFRIQUE


Coulisses

Maghreb & Moyen-Orient

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NUCLÉAIRE IRANIEN

Duplicité… occidentale

P

rêtant serment le 4 août, le nouveau président iranien, Hassan Rohani, a traduit en discours sa réputation de « cheikh diplomate ». « La détente, la confiance mutuelle et constructive déterminent notre chemin », a-t-il déclaré à l’intention de l’Occident. Le surlendemain, il confirmait sa bonne volonté en affirmant que les Iraniens étaient « prêts à des négociations sérieuses », et avaient « une volonté politique sérieuse pour régler la question [nucléaire] ». En réponse, les États-Unis l’appelaient à « s’engager de manière substantielle et sérieuse à respecter ses obligations internationales », et la France exhortait les Iraniens à « montrer leur sérieux ». Après les extravagances et les provocations de Mahmoud Ahmadinejad, l’insistance bilatérale sur le « sérieux » que doivent revêtir les démarches à venir laissait croire qu’une page avait été tournée. « RESPECT ». Mais derrière les mots, la

méfiance semble toujours dominer les rapports de l’Occident avec l’Iran. Geste inédit, les dirigeants du monde entier, sauf des États-Unis et d’Israël, étaient conviés à l’investiture. Mais les États européens se sont bornés à y déléguer des diplomates. Pis, quatre jours avant l’investiture de Rohani, la Chambre des représentants américaine votait de nouvelles sanctions qui, si elles étaient approuvées par le Sénat en septembre, achèveraient de dévaster l’économie iranienne. Or c’est en septembre que les négociations sur le nucléaire doivent reprendre. Pourquoi asphyxier celui avec qui l’on dit vouloir parler?Àl’instarduPremierministreisraélien, Benyamin Netanyahou, l’Occident verrait-il en Rohani « un loup déguisé en mouton » ? « Si vous voulez une réponse appropriée, n’utilisez pas le langage des sanctions mais plutôt celui du respect », a insisté le nouveau président, qui ne semble pas, sur ce point, avoir été pris au sérieux… ● LAURENT DE SAINT PÉRIER JEUNE AFRIQUE

t Les « dé-jeûneurs » s’étaient donné rendez-vous place Matoub-Lounès, à Tizi-Ouzou, le 3 août.

FAROUK BATICHE/AFP

Téhéran confirme sa volonté de négocier « sérieusement ». Washington répond par le vote de nouvelles sanctions.

ALGÉRIE DÉJEUNER RÉPUBLICAIN Près de cinq cents Algériens ont déjeuné en public, en plein mois de ramadan, le 3 août, àTizi-Ouzou, capitale de la Kabylie. Une première qui s’est déroulée sans incident. Les « dé-jeûneurs » ont choisi de se retrouver place MatoubLounès pour dénoncer l’« inquisition » islamiste qui s’exerce contre ceux qui ne jeûnent pas. Une revendication placée sous la bannière du mouvement berbère, à la pointe du combat pour la laïcité. Armés de sandwichs, de bouteilles d’eau, de sodas, de jus et même de quelques bières, les manifestants ont bravé l’interdit. On se souvient qu’au Maroc des militants du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles avaient créé l’événement en 2009 à Mohammedia en organisant un pique-nique interdit par la police. Récemment, la presse a fait état d’au moins deux condamnations à des peines de prison ferme à l’encontre de Marocains qui avaient fumé publiquement en plein jour. ●

ÉGYPTE MÉDIATION MANQUÉE L’échec des nombreuses tentatives de médiation internationale éloigne un peu plus la perspective d’une sortie de crise entre les partisans du président islamiste déchu, Mohamed Morsi, et le nouveau pouvoir installé par le coup de force de l’armée le 3 juillet. Avec la fin du ramadan, le Premier ministre, Hazem al-Beblawi, a donné son feu vert à la police pour « disperser » les deux sit-in permanents tenus par les pro-Morsi depuis cinq semaines. ARABIE SAOUDITE LA BANDE À BANDAR Coup de jeune dans la gérontocratie saoudienne: le prince Salman Ibn Sultan, né en 1976, a été nommé vice-ministre de la Défense, a-t-on appris le 6 août. Demi-frère de Bandar Ibn Sultan, puissant chef des renseignements, il était jusqu’à présent l’assistant au Conseil de

sécurité nationale de celui qui, en quelques mois, a impliqué son pays dans la crise syrienne au point d’éclipser le Qatar, auparavant leader de l’alliance internationale contre Bachar al-Assad. BAHREÏN AU ROYAUME DE L’INTERDIT « Une nouvelle tentative honteuse d’interdire toute forme de contestation et de liberté d’expression dans ce pays. » C’est ainsi qu’a réagi Amnesty International à la promulgation par les autorités de Bahreïn, le 6 août, de deux décrets interdisant toute forme de manifestation et prévoyant des poursuites judiciaires contre les parents des enfants qui se seraient joints à un rassemblement. Le 14 août, l’opposition prévoit une grande manifestation pour réaffirmer les droits sociaux et politiques qu’elle réclame en vain depuis février 2011. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


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Maghreb Moyen-Orient

Tunis contre-attaque TERRORISME

En riposte aux crimes qui ont secoué le pays ces derniers mois, les forces de sécurité lancent une opération d’envergure pour débusquer et neutraliser les jihadistes, notamment dans le Jebel Chaambi. Reportage.

FRIDA DAHMANI, envoyée spéciale à Kasserine

«

L

a dernière fois que j’ai entendu des obus, c’était en févr ier 1943, quand les Français pilonnaient les Allemands. Aujourd’hui, on traque les vermines qui tuent nos enfants », murmure avec émotion et colère Khemaïs, un vétéran de la guerre d’Indochine. À 30 km de la frontière algérienne, sur la voie des antiques garnisons romaines, Kasserine, où stationnent en permanence deux régiments d’infanterie mécanisée, la tension est palpable. Jamais la région n’avait vu pareil déploiement militaire. Après la localisation, en décembre 2012, de groupuscules armés sur le Jebel Chaambi voisin, puis l’explosion, en mai 2013, de mines artisanales sur le parcours d’accès au massif, une chasse aux jihadistes est déclenchée. Sans grand résultat. En cause, un manque de coordination entre les services, un déficit du renseignement, un contingent très sollicité depuis la révolution et, surtout, une absence de volonté politique. De toute évidence, Ennahdha, le parti islamiste au pouvoir, n’a pas pris la mesure de la capacité de nuisance des salafistes jihadistes. Le 29 juillet, à la rupture du jeûne, l’embuscade tendue par des terroristes sur la route menant au relais de télévision du Chaambi se solde par la mort de huit militaires d’une unité d’élite. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Certains sont égorgés. Le pays tout entier est traumatisé par les images atroces retransmises par la chaîne nationale. Ce guet-apens meurtrier achève de discréditer les autorités, dont l’image s’était déjà considérablement dégradée après l’assassinat, le 25 juillet, d’un élu de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mohamed Brahmi. Depuis le 27 juillet, à l’appel de toute l’opposition, un sit-in imposant se tient tous les soirs place du Bardo pour réclamer la démission du gouvernement et la dissolution de l’ANC. Mais à Kasserine, on est loin de ce genre de considérations. La soirée du 29 juillet est encore dans tous les esprits. « Tous les jours, avec des amis, on s’installe devant l’hôpital. On peut avoir besoin de nous, au moins pour un soutien moral. C’est notre manière de témoigner notre solidarité avec nos soldats. Beaucoup vivent ici, à la caserne, nous les connaissons bien et mesurons aujourd’hui leur bravoure », explique Ali. « Qu’ils soient morts en martyrs durant le mois saint ne nous console pas. Cela devait arriver. Le manque de fermeté du gouvernement était une sorte de permis de tuer », renchérit un ami d’Ali. À la tombée de la nuit, la ville s’anime un peu, mais « le cœur n’y est pas », soupire Basma Raïssi, commerçante dans le centre-ville. Oubliés, les mouvements de solidarité et

la liesse populaire qui ont suivi le 14 Janvier. Même les revendications sociales ont disparu des conversations. Les Frachiches – du nom de la principale tribu de la région – ont quant à eux décidé de ne plus manifester. « Nous ne voulons plus être manipulés par les partis », assure l’un d’entre eux, tandis qu’un autre dit craindre des mesures de rétorsion de la part des salafistes du quartier Ezzouhour. La suspicion est générale. « Contrebandiers, gardes forestiers ou mosquées, les terroristes ont bénéficié de complicités, alors on se méfie », souffle Ali. Les hélicoptères qui sillonnent le ciel et les blindés JEUNE AFRIQUE


UNE OFFENSIVE SANS PRÉCÉDENT

légers arborant le drapeau tunisien ne rassurent personne. « Quand, au petit matin, on est réveillés par les tirs sur la montagne, on se dit qu’à 17 km d’ici c’est la guerre », s’inquiète Basma. 260 GROTTES. Désormais, les

routes menant à Kasserine sont étroitement surveillées. Tous les véhicules sont contrôlés. La garde nationale s’intéresse de près aux étrangers. L’accès au parc naturel est interdit. Depuis la première opération sur le Chaambi, en mai dernier, tout le périmètre est une zone militaire. Menée conjointement par l’armée, les forces spéciales, la garde nationale et JEUNE AFRIQUE

la Brigade antiterroriste (BAT), l’offensive en cours est sans précédent. Elle mobilise 5 000 hommes, dont des corps spécialisés comme les démineurs. « La situation est très grave. Il était temps que les autorités révisent leur position.

« Il était temps que les autorités révisent leur position. Nous n’attendions que des ordres. » UN SOUS-OFFICIER

Nous n’attendions que des ordres », affirme un sous-officier prêt à en découdre. Mais le terrain est particulièrement difficile. D’une étendue de 6 723 ha, le Chaambi,

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point culminant de la Tunisie, est un massif difficile à circonscrire. « Qui ne connaît pas le Jebel peut y mourir », dit un apiculteur de la région. Son relief escarpé couvert de pinèdes et de maquis, ses 260 grottes et la proximité avec l’Algérie en font une cache idéale et un espace stratégique pour les jihadistes, entraînés par d’anciens combattants d’Afghanistan. Dans l’air flotte encore l’odeur de brûlé. Les incendies allumés pour débusquer les terroristes sont la première étape de l’opération. À partir du 1er août, les F5 de l’aviation, basés à Gafsa et à Gabès, commencent l’offensive par un pilonnage intensif ● ● ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Maghreb Moyen-Orient Terrorisme

Chaambi. Puis les blindés et les chars ouvrent la voie à l’artillerie. « Pour les opérations de ratissage, nous avons le soutien logistique aérien des hélicoptères et sommes munis d’armes légères et de fusils à longue distance. Nous sommes prêts au combat. Le corps à corps est pratiquement exclu, à moins d’y être contraint », assure un soldat de retour d’El-Mongar. En une journée, 45 caches sont mises au jour à Bir Ouled Nasrallah et 8 à Ras el-Thour. Des documents sont saisis sur lesquels figurent des numéros de téléphone de dirigeants islamistes radicaux. Les opérations s’étendent au plateau de Foussana, au nord, mais aussi vers Sbeïtla. Les forces de sécurité exploitent les renseignements et perquisitionnent les douars voisins. Treize extrémistes de la mosquée El-Tawba, à Kasserine, sont interrogés, puis arrêtés. Certaines informations commencent à filtrer. « Les militaires pensaient que les terroristes filaient vers l’Algérie par Bouchebka, mais ils empruntent un chemin plus long et plus discret par Khanguet el-Jmal », précise un agent de la garde nationale. Du côté algérien, l’armée est en état d’alerte maximale depuis juin. Près de 10 000 hommes et 500 véhicules lourds ont été déployés à la frontière. Certains points de passage ont été fermés. Six hélicoptères de

ABDERRAZEK KHLIFI/AFP

u Le 6 juin, l’explosion d’une mine au passage d’un véhicule militaire fait 2 morts et 2 blessés.

type AgustaWestland ainsi que trois avions de chasse à vision nocturne surveillent en permanence la zone. Selon les services algériens, l’embuscade contre les militaires tunisiens aurait eu lieu en réaction à l’arrestation d’Abou Fida, le 23 juillet, à El-Oued, et 45 jihadistes seraient retranchés sur le Chaambi.

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Vaste coup de filet KASSERINE 2 août ✔ Arrestation de 13 islamistes radicaux à la mosquée El-Tawba

SOUSSE (littoral est) 2 août ✔ Arrestation de deux terroristes armés, le troisième, Lotfi Ezzine, impliqué dans l’assassinat de Mohamed Brahmi, en fuite ✔ Saisie de deux kalachnikovs, de grenades et d’une grande quantité de munitions

ENCERCLÉS. Selon les informa-

3 août ✔ Arrestation de trois hommes qui tentaient de s’emparer de l’arme de service d’un policier et projetaient un assassinat politique

OUED ERRBAYA, À BEN GUERDANE

(Sud, près de la frontière libyenne) 3 août ✔ Après un échange de tirs, arrestation de deux personnes, dont une proche du groupe de Soliman ✔ Saisie d’un véritable arsenal (10 kalachnikovs, 20 grenades, 5 roquettes RPG, 20 allumeurs de grenades, 5 fusils-mitrailleurs, 250 balles de calibre 9 mm, 4320 balles de 7,62 mm, 1003 pistolets à impulsion électrique Taser, 14 chargeurs, 1 pistolet avec un chargeur vide, 2 lance-roquettes, des téléphones cellulaires et des jumelles)

AKOUDA (au nord-ouest de Sousse) 4 août ✔ Arrestation d’un salafiste projetant un attentatsuicide

EL-OUARDIA (au sud-est de Tunis) 4 août ✔ Un mort et cinq hommes arrêtés, dont un blessé. Parmi eux, Ezzeddine Abdellaoui, impliqué dans l’assassinat de Chokri Belaïd ✔ Saisie de trois fusils-mitrailleurs, de plusieurs grenades et d’une grande quantité de munitions

SOURCE : MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR

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tions recueillies par les Tunisiens, les terroristes appartiennent à la katiba Okba Ibn Nafaa, liée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et qui compte également des anciens du groupe de Soliman, démantelé en 2006. D’où l’arrestation, annoncée le 6 août par le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, de 46 membres de ladite katiba. Mais les autorités ne commentent aucune opération en cours dans le Chaambi, se contentant d’affirmer que les terroristes sont encerclés. Ces derniers ont truffé le massif de mines artisanales ou antipersonnel, qui, depuis mai, ont fait plusieurs victimes parmi les militaires. Pendant ce temps, la BAT multiplie les coups de filet sur tout le territoire, tandis que le chef du gouvernement, Ali Laarayedh, a appelé les jihadistes à se rendre, assurant que la loi antiterroriste de 2003 sera appliquée avec des aménagements conformes aux droits de l’homme. ● JEUNE AFRIQUE



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Europe, Amériques, Asie

RELIGION

François

déplace des montagnes Refusant de s’installer dans ses luxueux appartements de fonction, prêchant la tolérance vis-à-vis des homosexuels, le nouveau pape bouscule les habitudes. Sur la forme comme sur le fond : il cherche à réformer le Vatican. MARIE VILLACÈQUE,

à Rio de Janeiro


Europe, Amériques, Asie

L

EXEMPLE. Celle de la curie romaine était attendue,

après le scandale Vatileaks (la fuite, en mai 2012, de documents révélant l’existence d’un large réseau de corruption au Vatican). Favorable à la collégialité, François a chargé une commission consultative de huit cardinaux de réfléchir sur ce sujet. Point

q La messe de clôture des Journées mondiales de la jeunesse, le 28 juillet à Rio de Janeiro (Brésil), a attiré 3,7 millions de personnes.

important: aucun de ses membres (parmi lesquels figure un Africain, le Congolais Laurent Monsengwo Pasinya) n’est issu de la curie. Leur réunion à Rome avec le souverain pontife, qui se tiendra du 1er au 3 octobre prochain, marquera certainement une nouvelle étape. « Il prépare la réforme de la curie romaine avec détermination, en consultant beaucoup, souligne le père Éric Jacquinet, responsable de la section jeunes du Conseil pontifical pour les laïcs, à Rome, et coorganisateur des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Son entourage est marqué par sa capacité de travail et par sa grande écoute. Il veut gouverner par l’exemple. » Et avec une main de fer dans un gant de velours, selon bon nombre de vaticanistes. En s’appuyant sur le texte de « Constitution dogmatique de l’Église » Lumen Gentium, issu du concile Vatican II, le pape prône aussi, de manière plus insistante que tous ses prédécesseurs, la ● ● ●

CHRISTOPHE SIMON/AFP

«

’Église ne doit pas avoir peur de changer ses vieilles structures », affirmait le pape François dans l’une de ses homélies, le mois dernier. Le résumé, en une phrase, de la ligne directrice qu’il entend donner à son pontificat – au sens matériel, dans le fonctionnement de la curie, comme au sens spirituel. Arrivé sur le trône de Pierre en mars, le nouveau souverain pontife a entrepris, au terme de plusieurs mois de réflexion, de grandes réformes.

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Europe, Amériques, Asie ● ● ● décentralisation des structures de l’Église. Lui qui aime à se présenter d’abord comme l’évêque de Rome, plutôt que comme le pasteur suprême de l’Église catholique, souhaite que les différents épiscopats du monde participent davantage aux prises de décision.

PAUVRETÉ. Fortement imprégné de la spiritualité

franciscaine, le premier pape jésuite de l’Histoire incite fidèles, prêtres, évêques et cardinaux, sans distinction, à vivre en cohérence avec le message de l’Évangile, dans la pauvreté et l’humilité. Avec lui, les deniers de l’Église semblent entre de bonnes mains. Lorsqu’il est arrivé au début des années 1990 à Córdoba, en Argentine, les finances de la communauté jésuite locale étaient dans un piteux état. Lorsqu’il en est reparti, moins de deux ans plus tard, celle-ci n’avait plus un peso de dette. Estimant que le clergé doit montrer l’exemple, François ne le ménage pas. « J’ai mal quand je vois un prêtre dans une belle voiture », avait-il ainsi lancé lors d’une réunion, à Rome, avec les nonces apostoliques du monde entier. Lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio avait l’habitude de raccommoder luimême ses vêtements et de se faire la cuisine. Sa nouvelle charge à la tête de l’Église lui a conféré des privilèges qu’il est difficile de rejeter. Il a cependant choisi de ne pas occuper les appartements pontificaux et de rester à la résidence Sainte-Marthe, l’hôtellerie du Vatican, pour, a-t-il expliqué, ne pas vivre isolé. En venant aux JMJ à Rio de Janeiro, fin juillet, il déclarait : « Je n’ai ni or ni argent, mais je vous apporte ce qui m’a été donné de plus précieux : Jésus Christ. » À peine élu pape, il a d’ailleurs troqué l’anneau en or que portaient ses prédécesseurs contre de l’argent doré. Même chose pour ses mocassins, noirs et non rouges. Enfin, au Brésil, François portait lui-même une mallette noire dont il a détaillé le contenu aux journalistes: son agenda,

Jorge Mario Bergoglio en bref 17 décembre 1936 Naît à Buenos Aires (Argentine), dans une famille d’immigrants italiens 13 décembre 1969 Ordonné prêtre. En 1973, il rejoint la Compagnie de Jésus 1998 Fait archevêque de Buenos Aires 2001 Créé cardinal par Jean-Paul II 2005 Élu à la présidence de la Conférence épiscopale argentine ; il est réélu en 2008 13 mars 2013 Devient pape, sous le nom de François

un livre de sainte Thérèse, un rasoir. Pour lui, il est « normal » de voyager avec sa valise, même pour un pape. Qualifiant l’Église de « pauvre parmi les pauvres », le souverain pontife souhaite plus de transparence et de respect des lois au Vatican, pour rompre avec les scandales financiers qui ont entaché la réputation de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR, la banque vaticane), dont il a obtenu

UNE MAIN TENDUE AUX MUSULMANS

À

peine rentré du Brésil, renonçant aux traditionnelles vacances papales à Castel Gandolfo, François a adressé le 2 août un message personnel « aux musulmans partout dans le monde », à l’occasion de l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan. Les appelant « chers amis », il les invite à réfléchir à « la promotion du respect mutuel à travers l’éducation » et exhorte les

N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

deux religions monothéistes à « éviter la critique injustifiée ou diffamatoire » de l’autre. Le pape a également appelé à ne pas traiter les chrétiens en citoyens de seconde zone et à ne pas les expulser de leur terre d’origine, notamment au Moyen-Orient. D’ordinaire, c’est le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux qui adresse ce message annuel. Cette fois, François a tenu à imiter

Jean-Paul II, qui l’avait fait en personne en 1991. Le 8 juillet, il avait déjà salué les musulmans qui entamaient le ramadan, lors de sa venue sur la petite île italienne de Lampedusa, au large des côtes tunisiennes, afin de rencontrer des migrants venus d’Afrique. Honorant la mémoire de ceux qui avaient perdu la vie en Méditerranée, il avait reproché au monde occidental son

« indifférence » face à leur sort. « Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle », avait-il déploré. « Que Lampedusa soit un phare pour le monde entier et que nous ayons le courage d’accueillir ceux qui cherchent une vie meilleure. » En avril, lors de la messe du Jeudi saint, le pape avait lavé les pieds de douze détenus, dont une jeune M.V. Serbe musulmane. ● JEUNE AFRIQUE


Religion

LUCA ZENNARO/AP/SIPA

Âgé de 76 ans, François est un pape imprévisible, tant en matière de protocole – qu’il n’affectionne guère – que dans ses discours, qu’il s’entête à prononcer sans les corrections de la secrétairerie d’État (le « gouvernement » du Vatican). Sans céder au sensationnalisme, il apparaît spontané, simple et chaleureux, comme au cours des JMJ, qui ont réuni jusqu’à 3,7 millions de jeunes à Rio de Janeiro. « Lors de ces JMJ, le nouveau pape s’est dévoilé. Sa proximité avec les gens a touché le cœur des jeunes, explique le père Jacquinet. Son discours est tout aussi profond que celui de Benoît XVI, mais plus simple. Son charisme est très adapté à la jeunesse. »

la démission du directeur général, Paolo Cipriani, et du directeur général adjoint, Massimo Tulli. L’arrestation, le 28 juin, de Nunzio Scarano, l’exchef de la comptabilité de l’Administration du patrimoine du siège apostolique (Apsa, l’agence qui gère le patrimoine du Vatican), soupçonné d’avoir servi d’intermédiaire pour des virements suspects en provenance de Monaco à travers l’IOR, a défrayé la chronique. Deux jours plus tôt, le pape avait créé une commission spéciale d’enquête pour s’assurer que les activités de la banque, très présente dans le domaine caritatif, soient en harmonie avec la mission de l’Église. « Je ne sais pas ce que va devenir l’IOR. Certains disent qu’il faudrait peutêtre que ce soit une banque, d’autres que ce soit un fonds d’aide, et d’autres veulent le fermer. J’ai confiance dans le travail […] de la commission », a-t-il déclaré à la presse. SAINTS. Tout en insistant sur le fait que « si certains

font scandale, il y a aussi beaucoup de saints à la curie », le pape a renforcé les sanctions contre la pédophilie, la corruption et le blanchiment d’argent, dans un motu proprio du 11 juillet, poursuivant ainsi la réforme du code pénal initiée par Benoît XVI et mettant en adéquation les lois du Saint-Siège avec les conventions internationales. JEUNE AFRIQUE

p Prônant l’humilité, il préfère de simples mocassins noirs aux souliers rouges de ses prédécesseurs.

GAY. Durant le vol de retour, François est venu parler avec les journalistes dans l’avion, de façon imprévue. Il a répondu à toutes les questions, du rôle des femmes dans l’Église à la situation des divorcés remariés. Une rupture avec les habitudes de Benoît XVI, qui préférait préparer ses réponses à l’avance. « Si une personne est gay et qu’elle cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? Le catéchisme de l’Église catholique dit très bien qu’on ne doit pas marginaliser les homosexuels. Ils sont nos frères. Le problème n’est pas d’avoir cette tendance, c’est de faire du lobbying », a-t-il lancé au cours de cet échange. Une prise de position qui a suscité de nombreux commentairesdanslapresse,poussantMgrTimothy Dolan, archevêque de New York, à tempérer : « Le pape François serait le premier à dire: “Ma mission n’est pas de changer l’enseignement de l’Église, mais de le présenter le plus clairement possible.” » À l’inverse de ce que beaucoup annonçaient, François n’entend donc pas modifier la doctrine, seulement l’aménager sur la forme. Soucieux d’offrir l’image d’une Église qui ne soit plus enfermée dans des codes rigides, il prône l’accueil des personnes dans leur diversité. Lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, il reprochait ainsi aux prêtres refusant le baptême aux enfants nés hors mariage de laisser les plus fragiles aux portes des églises. À l’instar de ses prédécesseurs – il ne manque d’ailleurs jamais d’évoquer Jean-Paul II et Benoît XVI et de s’appuyer sur leurs écrits –, François dénonce aussi la pensée économique capitaliste, qui favorise l’exclusion et met à l’écart ceux qui ne sont plus utiles à la société, les personnes âgées, les handicapés, les plus faibles. Celui que l’on surnomme le pape des pauvres ne perd donc pas une minute depuis son élection sur le trône de Pierre, afin de marquer son empreinte. Au Brésil, il a déjà laissé une trace bien visible de son passage : sur l’immense terrain qui, rendu impraticable par la pluie, n’a pas pu accueillir les jeunes des JMJ pour la veillée de prière et la messe d’envoi, des logements seront construits par la municipalité de Rio de Janeiro pour 20000 pauvres, à l’initiative de l’Église. ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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PARCOURS | D’ici et d’ailleurs

Roukiata Ouédraogo Actrice sinon rien Ancienne mannequin, cette Burkinabè a trouvé son équilibre sur les planches.

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ES COIFFEUSES DU QUARTIER de Strasbourg-Saint-Denis et leurs rabatteurs, un petit frère espiègle et maître chanteur, un trio de demoiselles prêtes à tout pour devenir les reines du bal des bacheliers, une commère, mais surtout une émigrée en partance pour le pays natal égrenant avec humour des souvenirs qui sont autant d’histoires… Roukiata Ouédraogo est tout cela à la fois dans Ouagadougou pressé, son « one woman show », joué sans discontinuer à Paris et un peu partout en France depuis sa première, en octobre 2012. Dans le décor dépouillé du Lavoir moderne parisien (18e arrondissement de Paris), la comédienne burkinabè occupe l’espace avec une gestuelle maîtrisée et des expressions appuyées qui lui permettent de donner vie à ses mille et un personnages.Tous racontent une jeunesse passée au pays et une existence poursuivie en France, en rupture avec ceux qui sont restés. C’est notamment le cas du personnage central, Petit Modèle, une fille menue qui, sans correspondre aux canons africains de la beauté, n’en demeure pas moins jolie. Et dont le parcours ressemble, bien entendu, à celui de son interprète. Née en 1979 d’un père fonctionnaire et d’une mère au foyer investie dans le monde associatif, Roukiata Ouédraogo grandit d’abord à Fada N’Gourma, ville de l’est du Burkina. À partir de la quatrième, elle s’installe à Ouagadougou pour y poursuivre sa scolarité. Elle gagne déjà un peu d’argent en ouvrant un salon de coiffure dans un local qu’elle loue près de son domicile et expérimente la création textile en dessinant des vêtements. L’apprentie styliste en tirera, bien plus tard, une brève collection de maillots de bain en tissus africains.

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p « À long terme, mon rêve serait d’ouvrir un théâtre au Burkina », confie la comédienne.

« Ce qui la caractérise, c’est ce besoin de créer, de fabriquer elle-même son destin, estime Stéphane Eliard, son metteur en scène et époux. Elle préfère la mise en danger, le terrain de la création au risque de l’échec. » Une fois le baccalauréat obtenu, elle s’installe en France, en 2000, chez son grand frère, qui l’y a précédée. Rouki, comme on la surnomme, n’a pas pour projet d’embrasser le métier de comédienne, mais elle porte en elle cette « fibre artistique ». Maquilleuse professionnelle pour des enseignes telles que Black Up ou Make-upArt Cosmetics (MAC), modèle

chez Nivea Beauté, elle change de voie quand l’opportunité de s’essayer au théâtre survient, en 2007, au Cours Florent. Admise à l’issue d’une audition, la future actrice financera ses deux ans de formation en exerçant son métier durant les week-ends. « C’est à ce moment que je me suis mise à écrire et à mettre en scène ma première pièce, Yennenga, l’épopée des Mossé, que j’ai présentée en fin d’année », raconte-t-elle avec fierté. Les félicitations des professeurs l’encouragent à donner une première représentation en 2008, au théâtre parisien de la Comédie de la Passerelle. JEUNE AFRIQUE


Europe, Amériques, Asie

Mais après tout, le choix du métier d’acteur ne serait-il pas, pour elle, le fruit d’une hérédité ignorée ? Tardivement, en effet, elle découvre qu’au début de sa carrière son père, aujourd’hui décédé, avait créé une troupe de théâtre. L’un de ses meilleurs amis et coéquipiers dans ses parties de football n’était autre que Sotigui Kouyaté, monument du théâtre africain. C’est d’ailleurs ce dernier qui mena la délégation lorsque Ouédraogo père demanda la main de sa femme. Et comme si la chaîne de l’amitié ne devait pas se rompre, de génération en génération, Roukiata Ouédraogo a été approchée par Dani Kouyaté, le fils de l’acteur, pour tenir le premier rôle dans L’Amour en cage, docufiction sur l’excision coréalisé avec le journaliste engagé Philippe Baqué. En attendant, cette perfectionniste travaille à améliorer Ouagadougou pressé, son second show, écrit pour conter l’immigration sur le ton de la drôlerie. Le voyage retour, qui y est évoqué, n’est pas qu’une fiction, puisque Roukiata envisage de rentrer définitivement au pays. « À long terme, mon rêve serait d’y ouvrir un théâtre et d’y former des gens. Je voudrais leur apporter mon savoir-faire et leur offrir un lieu de résidence où ils pourraient présenter leurs spectacles », confie-t-elle. Elle possède déjà le terrain où se bâtira un jour ce centre d’art dramatique. Les moyens ne sont pas encore là, mais Rouki sait qu’elle y parviendra. Ce n’est qu’une question de volonté. ● ABDEL PITROIPA

AUSTRALIE

Cent mille euros symboliques Pour la première fois, un groupe minier devra payer une amende pour avoir détérioré un site sacré aborigène. Une victoire toute relative.

«

J

amais une telle catastrophe ne s’était produite depuis des milliers d’années. Que va-t-il se passer ? » Gina Smith, représentante des Kunapa, une tribu aborigène du nord de l’Australie, est inquiète, mais aussi très en colère. Pourtant, le 2 août, la justice australienne a rendu un verdict historique: la compagnie minière OM Manganese, jugée coupable d’avoir profané et détruit en juillet 2011 le sitesacrédeBootuCreek,aétécondamnée à une amende de 100000 euros. Une décision sans précédent qui pourrait bien faire jurisprudence dans ce pays où 80 % des mines exploitées sont en terre aborigène. Sicebrasdeferentreunesociétéminière et une communauté autochtone est loin d’être le premier, il est sans doute le plus emblématique. En effet, le site des « Deux femmes assises », situé dans le Territoire du Nord, est un haut lieu du patrimoine aborigène. Il y a plus de quarante mille ans, deux des « ancêtres », esprits féminins dans des corps de marsupiaux, s’y seraient affrontés pour de la nourriture. Lors du combat, leur sang aurait éclaboussé le sable, les herbes et les roches alentour, leur donnant cette couleur carmin foncé aujourd’hui associée au manganèse… Pour Peter Toth, directeur général d’OM Holdings (le groupe propriétaire

d’OM Manganese), l’entreprise « a respecté le contrat et n’a jamais eu l’intention de détruire le site ». De fait, l’Autorité de protection des sites aborigènes avait autorisé l’exploitation de la mine, située à proximité des rocs sacrés, à condition que ces derniers ne soient pas endommagés. « Quand en mars 2011, quelques mois après les premières explosions [de dynamite], des fissures sont apparues sur le piton rocheux de la Tête de cheval, la compagnie n’a pas arrêté les forages, explique Gina Smith, dépitée. En juillet de la même année, une partie du site s’est effondrée, mais, une fois de plus, OM Holdings a refusé de reconnaître sa responsabilité et a poursuivi les dynamitages. Cette amende est un pis-aller. Au fond, nos droits n’avancent pas. » PAS PRÊTS. Le chemin est encore long pour les Aborigènes. En septembre 2012, legouvernementaustralienrenonçaitainsi à l’une de ses promesses électorales : un projet de référendum sur l’introduction danslaConstitutiond’unparagraphesurla reconnaissance des Aborigènes. La justification de la ministre des Affaires indigènes était sans ambiguïté: « Les Australiens ne sont pas prêts. S’il se tenait aujourd’hui, le référendum serait perdu. » ● JULIETTE MORILLOT

q Bootu Creek le 30 août 2011, après l’effondrement causé, selon la justice, par la société OM Manganese.

MIKE FAWCETT/AFP

Les propositions commencent alors à affluer : en province, en Italie, et enfin au Burkina. Retravaillée et enrichie, la légende de la princesse amazone qui donna naissance au peuple mossi triomphe à Ouagadougou à l’espace culturel Gambidi, en septembre 2010. La télévision nationale couvre l’événement, le ministre de la Culture se déplace. Son oncle, le naaba (chef mossi) de Soumiaga, village d’où la famille de l’actrice est originaire, vient assister à la représentation, un signe d’approbation à l’égard d’une carrière qui peut être mal perçue lorsque l’on est, comme Roukiata, d’ascendance royale.

Photo : VÉRONIQUE BESNARD pour J.A. JEUNE AFRIQUE

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FRANCE

L’été déchaîné de

Manuel Valls

Pas de repos pour le ministre de l’Intérieur. Multipliant interviews, discours et visites sur le terrain, il est omniprésent dans les médias. Une stratégie payante.

ALAIN FAUJAS

L

a nouvelle est tombée au cœur de l’été, dans les pages de l’hebdomadaire français Marianne daté du 3 au 9 août: « Si Manuel Valls se présentait contre lui, Nicolas Sarkozy perdrait la présidentielle. » À en N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

croire le sondage Harris Interactive réalisé du 17 au 19 juillet, 49 % des Françaispréféreraientvoiràl’Élysée le ministre de l’Intérieur que l’ancien président, quand 44 % seraient plutôt favorables à un retour de ce dernier. Manifestement, Manuel Valls – le membre du gouvernement préféré des Français, selon

les médias – mord sur l’électorat gaulliste et de centre droit, ainsi que sur la frange la plus âgée. Une douce musique pour celui que ses ennemis dans son propre camp surnomment le Sarko de gauche et qui n’avait obtenu que 5,6 % des suffrages lors de la primaire organisée fin 2011 par le JEUNE AFRIQUE


Europe, Amériques, Asie

DUPUY FLORENT/SIPA

FRANÇOIS MORI/AP/SIPA

ALAIN ROBERT/APERCU/SIPA

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Parti socialiste (PS) pour désigner son candidat à la présidentielle. Car cette preuve incontestable de popularité confirme qu’il a fait les bons choix et surtout que sa stratégie d’occupation de la scène médiatique depuis le début de l’été est payante. Il faut dire qu’on l’a vu partout. Alors que le gouvernement auquel il appartient est amorphe et que le chef de l’État enchaîne les records d’impopularité dans les sondages, Manuel Valls est en pleine forme sur les photos qui le montrent bravache dans une manade camarguaise, sévère dans les rues de Trappes au lendemain de la prise d’assaut du commissariat de police, affable aux côtés des responsables du Conseil français du culte musulman à l’occasion de la rupture du jeûne, sensible à Brétigny-sur-Orge après la catastrophe ferroviaire du JEUNE AFRIQUE

12 juillet. Rien n’échappe à sa vigilance et à ses conseils – pas même les baigneurs ou les montagnards imprudents. TÊTE DE TURC. Ses coups de gueule

ne sont pas toujours d’une formidable efficacité, comme en Corse ou à Marseille où on continue à s’entretuer en dépit de ses injonctions. Mais sa voix est la plus audible du gouvernement… avec celle de son adversaire de toujours, Arnaud Montebourg. Et le ministre de l’Intérieur n’a pas à assumer le fardeau du chômage en hausse et du pouvoir d’achat en berne, qui plombe l’exécutif. Alors, qu’importe – voire tant mieux – si les ténors de l’Union pour un mouvement populaire (UMP, le parti de Nicolas Sarkozy) le choisissent comme tête de Turc. Tant mieux si Brice Hortefeux, l’un

p Il est sur tous les fronts : en Camargue (en h. à dr.) le 13 juillet, dans les Landes (à g.) le 1er août, à la rencontre des CRS surveillant les plages, à Paris (en b. à dr.) le 2 août, pour évoquer la sécurité des lieux touristiques.

de ses prédécesseurs, estime qu’il « reste le ministre de l’Intérieur le plus mauvais de ces treize dernières années ». Si Christian Estrosi juge que « son discours est le copiercoller de celui de Nicolas Sarkozy ». Si Nadine Morano le qualifie de « ministre du bluff » et Éric Woerth de « fort dans la parole, faible dans les actes ». Autant d’hommages rendus à son omniprésence et à sa dangerosité pour la droite. Il est vrai que Nicolas Sarkozy et Manuel Valls ont des points communs. Comme l’ancien président, le ministre socialiste est jugé courageux (par 66 % des personnes interrogées par l’Ifop pour le Journal du dimanche du 28 juillet) et doté d’autorité (64 %). Comme Sarkozy en 2007, il a affiché sa virilité en allant au contact des taureaux camarguais – marquant même un veau au fer rouge. Comme l’ancien président, il adore chasser sur les terres où prospère le Front national etseposeendéfenseurdesFrançais. SURJOUÉ. Il ne fait aucun doute

que le « premier flic de France » sera un jour candidat à l’Élysée, lui qui a déclaré : « J’ai toujours pensé que j’avais la capacité d’assumer les plus hautes responsabilités de monpays.»DesoncopainStéphane Fouks, patron de Havas Worldwide et conseiller de Lionel Jospin et ● ● ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Europe, Amériques, Asie

2 AURELIEN MEUNIER/SIPA

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de Dominique Strauss-Kahn, il a appris l’art de composer un personnage qui lui corresponde tout en répondant aux attentes d’une majorité d’électeurs. Cet été, il a donc surjoué l’autorité pour en finir avec « le cliché de la droite répressive et de la gauche laxiste », s’en prenant aux casseurs qui ont eu un comportement « inacceptable » à Trappes. « Il faut restaurer pleinement l’autorité », a-t-il affirmé, et pas seulement dans cette ville des Yvelines, car « la voix des parents, de l’enseignant, du juge, du policier, de l’élu est trop souvent contestée ». Jour après jour, le ministre a répété que « la sécurité n’est ni de droite ni de gauche. C’est une valeur de la République ». Le franc-maçon qu’il a été ne transige pas dans ce domaine. Pas plus que Clemenceau – dont le portrait trône dans son bureau –, qui affirmait que « la sécurité précède le progrès » et réprimait brutalement les grèves ouvrières. Pour Manuel Valls, il ne fait aucun doute que « notre société a besoin ●●●

de règles, d’interdits » et que les couches populaires sont les plus menacées par la délinquance, qui risque de les pousser dans les bras des extrémistes de tous bords. CAMARADES. Mais il rééquilibre

ses vigoureuses prises de position qui apparaissent très « droitières » aux yeux de ses camarades socialistes. Oui, le contrôle d’identité d’une femme en burqa est « indispensable », mais il doit être mené de façon respectueuse. Oui, il fera évacuer les camps illégaux de Roms, parce qu’il n’est « pas acceptable que des personnes s’installent illicitement sur la propriété d’autrui », mais il faut faire en sorte qu’ils trouvent des aires d’accueil. Et pour prouver qu’il ne cible aucun groupe, le ministre condamne aussi bien les excités des manifestations contre le mariage pour tous ou les syndicalistes casseurs de préfecture que les « voyous » des cités. Le 13 juillet, Manuel Valls a gravi une nouvelle marche en se posant en meilleur porte-parole d’un

Valls, l’islam et la République

«

Extraits d’une interview publiée dans le quotidien Le Parisien du 29 juillet

La loi interdisant le port du voile intégral, que j’ai votée, doit être appliquée fermement. Les contrôles doivent se dérouler dans le respect des règles et des personnes, avec discernement. Appliquer la loi républicaine, c’est justement protéger l’islam en le distinguant catégoriquement du fondamentalisme. »

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p Avec l’imam d’Ozoir-laFerrière pour la rupture du jeûne de ramadan, le 1er août.

François Hollande qui hésite toujours à prendre des positions tranchées. Car le ministre de l’Intérieur a délivré en Camargue un véritable discours de politique générale afin de répondre à la question qu’il avait lui-même posée: « Qu’est-ce que le hollandisme ? » La méthode « hollandaise » (ou « vallsaise ») ? « C’est celle d’un réformisme assumé et non plus honteux. Un réformisme qui a fait le choix d’affronter les problèmes plutôt que de raser les murs. » Il s’est aventuré sur le terrain économique: « Le sérieux budgétaire n’a rien à voir avec l’austérité. Je veux le dire à mes amis de gauche qui doutent. » Il a défendu l’Europe, qui n’a pas toujours bonne presse au PS : « Je suis un Européen convaincu et je ne comprends pas ceux qui, notamment à gauche, font de l’Europe la raison de tous leurs problèmes. » Un vrai discours de présidentiable, mais qui ne vise pas à faire de l’ombre au chef de l’État – auquel Manuel Valls « souhaite » d’effectuer deux mandats. L’objectif est plutôt de prendre l’ascendant sur ses camarades avant l’université d’été du PS, qui aura lieu à La Rochelle du 23 au 25 août. Et notamment sur Arnaud Montebourg. Pour l’instant, Valls domine largement l’autre trublion du gouvernement : selon l’Ifop, 66 % des sympathisants de gauche le préfèrent au ministre du Redressement productif. Toutefois, il est confronté à un problème que n’a pu surmonter l’ex-Premier ministre Michel Rocard, l’un de ses mentors : il est plus populaire dans l’opinion que dans son propre parti. Valls a tout fait, ces dernières semaines, pour que l’une influence l’autre. Mais il lui faudra sans doute d’autres étés comme celui-ci pour y parvenir. ●

«

Si je me suis rendu à deux ruptures de jeûne, dans les Grandes Mosquées de Paris et Lyon, c’est pour marquer mon respect à l’égard de la deuxième religion du pays. C’est aussi pour appeler à un sursaut. L’État a besoin d’un interlocuteur pour avancer sur des sujets aussi essentiels que la formation des imams, des aumôniers et le financement des lieux de cultes. L’islam de France est encore, aujourd’hui, trop divisé. » JEUNE AFRIQUE


LE PLUS

de Jeune Afrique

POLITIQUE Nouvelles règles du jeu électoral

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ENTREPRISES Aux petits soins pour les PME-PMI PORTRAITS Trente non-politiques qui font bouger le pays TRIBUNE Joachim Mbanza, de La Semaine africaine

q Le parc national de Conkouati-Douli (dans le Kouilou), à l’aurore.

Et si le Congo se réveillait? JEUNE AFRIQUE

ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.

Un nouveau système, approuvé par l’opposition, se met en place pour assurer la transparence des prochains scrutins. Dans le même temps, l’État et les opérateurs s’organisent enfin pour qu’émerge un véritable secteur privé. Une double révolution culturelle…

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Et si le Congo se réveillait ?

Prélude François Soudan

L’autre moitié du Congo

I

L EST DES COMPARAISONS qui l’occurrence la politique, le monde interpellent. Celle-ci, par exemple : des hommes se referme comme une pourquoi le Congo est-il le dernier huître. Que diable ne se contententde la classe en Afrique centrale elles pas, ces Congolaises, du staquant au nombre de femmes au sein tut privilégié que leur octroie une de son gouvernement ? Elles sont 4, société matrilinéaire, qui fait d’elles pas une de plus, contre 8 au Gabon, au des reines dans leurs foyers ? Et elles Cameroun et en Guinée équatoriale, voudraient en outre régenter la cité ? 6 en RD Congo, 5 au Tchad… Pourquoi Celles qui, à force de courage et occupe-t-il le même (et mauvais) rang, d’obstination, parviennent à percer en chiffre absolu et en pourcentage, pour le nombre Les Congolaises sont largement d’élues au Parlement : 10 députées sur 136 sièges, exclues de la sphère politique. 20 représentantes sur 208 si Une anomalie à réparer d'urgence l’on y ajoute les sénatrices? Sur le continent africain, seules l’Égypte le plafond de verre du machisme et les Comores, deux pays musulmans, doivent sans cesse apporter la preuve font pire dans ce domaine. de leur mérite, sans échapper pour Pourquoi le Parti congolais du tra- autant au soupçon permanent vail, parti au pouvoir censé, comme d’une « promotion canapé » due à il le répète, « donner le rythme et la des talents qui n’ont rien à voir avec cadence » – et qui vient de tenir à leurs compétences. Hélas, dans une Brazzaville le congrès constitutif de communauté où la méfiance et la sa nouvelle organisation féminine –, jalousie sont des traits quasi culturels, ne compte-t-il que 13 % de femmes au les premières à colporter ce type de sein de son comité central ? Pourquoi, rumeurs misogynes sont souvent… en dépit des fréquentes directives les femmes elles-mêmes. du président Sassou Nguesso (et de l'engagement de son épouse) en Il suffirait pourtant, pour que tout faveur de la parité, cette autre moitié se régule, pour que le Congo offre du Congo que sont les Congolaises enfin un visage où la parité en polidemeure-t-elle très largement exclue tique soit une réalité, que les hommes de la sphère politique ? n’aient plus peur des femmes. Peur qu’elles leur prennent leur place, peur Au pays de Tchimpa Vita, la Jeanne qu’elles les bousculent, peur qu’elles d’Arc mythique du royaume kongo, les obligent à faire et à penser la poliil est certes loisible aux femmes de tique autrement, peur de ces ovnis fréquenter, souvent avec bonheur, les au féminin jugées « ingérables » dès terrains associatif, caritatif, culturel, lors qu’elles ne se conforment plus au médiatique ou économique, comme stéréotype de la maman charnue, de le démontrent quelques-uns des pro- préférence en pagne et le nez dans ses fils de ce dossier. Mais dès qu’on marmites. Ce jour-là, oui, le Congo aborde les choses « sérieuses », en s’éveillera vraiment. ● JEUNE AFRIQUE

N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

POLITIQUE Nouvelles règles du jeu électoral p. 76 INTERVIEW Yvonne Adélaïde Mougany, ministre des PME et de l’Artisanat p. 78 ENTREPRENEURIAT Aux petits soins pour les PME p. 81 PORTRAITS Bana mboka, les enfants du pays 30 personnalités non politiques qui font bouger le Congo p. 86

TRIBUNE Joachim Mbanza, directeur de La Semaine africaine p. 106

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Le Plus de Jeune Afrique

POLITIQUE

La règle du jeu Majorité et opposition sont tombées d’accord sur les moyens de redonner de la transparence aux élections. En attendant la présidentielle de 2016, les locales prévues cette année feront figure de test. TSHITENGE LUBABU M.K.,

N

envoyé spécial

ous sommes en décembre 2011, à Pointe-Noire. Ce jour-là, le président Denis Sassou Nguesso pose la première pierre de l’extension du terminal de l’aéroport António-AgostinhoNeto. Parmi les orateurs, Isidore Mvouba, alors ministre des Transports. Avec une franchise inattendue, ce dernier aborde une question délicate : 2016. C’est-à-dire l’année où s’achèvera le second septennat du chef de l’État, qui, selon N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

la Constitution de 2002, ne pourra pas se représenter. Subtilement, Mvouba laisse entendre que la question ne doit plus être taboue, qu’il faut en parler. Et depuis, on en parle. L’opposition va-t-elle pouvoir se renforcer lors des prochains scrutins locaux et mieux s’organiser pour 2016 ? Une révision de la Constitution permettra-t-elle d’ici là au président de briguer un troisième mandat consécutif ? Les spéculations vont bon train, aussi bien dans les rangs de la majorité, où certains souhaitent voir Sassou Nguesso se représenter « pour qu’il achève les chantiers qu’il a initiés », que dans ceux de l’opposition, où des voix s’élèvent déjà, à l’instar de celle de Clément Mierassa, le président du Parti social-démocrate congolais (PSDC), pour rappeler que « l’année 2016 est pour tous les Congolais un repère très important […]. Cela ouvre la voie à l’alternance politique au pouvoir ». Le chef de l’État, lui, chaque fois JEUNE AFRIQUE


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ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation. Pourtant lors des législatives de 2012, l’opposition a encore affirmé avoir été lésée. Pour calmer le jeu, une concertation politique nationale a été organisée fin mars 2013 à Dolisie. Plusieurs centaines de représentants des partis politiques et de la société civile y ont participé, seules quelques formations qualifiées de radicales sont restées à l’écart. Cette fois, un consensus a été trouvé sur tous les points. Les élections locales prévues en juillet ont été reportées, le temps de réviser entièrement le fichier électoral, un processus paritaire impliquant les partis, la société civile, les citoyens et l’administration. Chaque inscrit recevra par la suite une carte d’électeur biométrique – même si cela ne sera pas possible à temps pour les locales. Enfin, la Commission nationale d’organisation des élections (Conel) devient un organe permanent et indépendant sur les plans administratif et financier. Les fonctionnaires n’auront plus la mainmise sur le déroulement des scrutins. Première mesure découlant de cet accord, le recensement administratif prévu à partir du 23 juillet dans les 111 circonscriptions du pays a été décalé de quelques jours, le temps d’achever la formation des agents recenseurs.

GUY-GERVAIS KITINA/AFP PHOTO

ÉTIQUETTE. Cette remise à plat suffira-t-elle à

qu’on lui demande s’il se retirera ou s’il envisage de se représenter, préfère botter en touche : « Ce n’est pas à l’ordre du jour. » FRAUDE. En attendant, les Congolais fondent beau-

coup d’espoir sur le recensement administratif spécial qui doit permettre d’établir un fichier électoral fiable. Car depuis plus de dix ans, l’opposition n’a cessé de contester les résultats des scrutins en accusantlepouvoirderecouriràlafraude–notammentà des électeurs fictifs – pour l’emporter. Une première rencontre a eu lieu en décembre 2011, à Ewo, afin de clarifier la situation. Elle a permis de mettre en place un nouveau système pour encadrer le décompte des votes: « Les procès-verbaux des dépouillements seront rédigés sur place, et les résultats affichés le même jour. Chaque parti, chaque groupement aura le procès-verbal du dépouillement. Chaque candidat, chaque parti sera représenté dans les bureaux de vote », résume Raymond Zéphirin Mboulou, le JEUNE AFRIQUE

p Le président Denis Sassou Nguesso et son épouse, Antoinette, lors du premier tour des législatives, le 15 juillet 2012.

L’objectif est d’avoir enfin un fichier électoral fiable.

modifier le paysage politique congolais? Rien n’est moins sûr. Plusieurs paramètres contribuent à la toute-puissance actuelle de la majorité présidentielle. Et en premier lieu la faiblesse de l’opposition. En proie à de graves dissensions internes, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads, l’ancien parti au pouvoir) n’a obtenu que 7 sièges à l’issue des législatives de 2012 (contre 11 en 2007), sur un total de 139. Même dans les départements du Niari, de la Bouenza et de la Lékoumou (sud du pays), censés être son fief, le parti de l’ex-président Pascal Lissouba est en perte de vitesse. Pour le moment, aucune autre formation de l’opposition ne fait mieux. Or, tant que les principales institutions resteront désespérément monochromes, le fonctionnement de la démocratie sera bancal. L’espoir est donc que les partis de l’opposition sortent renforcés des prochaines élections locales. De son côté, le Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) a une équation délicate à résoudre. Lors des législatives de 2012, certains candidats à la députation issus de petites formations de la mouvance présidentielle ont préféré se présenter en indépendants, provoquant ainsi l’ire du grand frère. Depuis, la dizaine de candidats sans étiquette qui ont été élus n’ont toujours pas été autorisés à rejoindre le groupe parlementaire du PCT. Le comité central prendra-t-il des sanctions à leur égard ? Avec 89 élus du PCT à l’Assemblée nationale, la majorité ne semble pas près d’imploser. Cependant, les élections locales seront pour elle aussi l’occasion de montrer si elle joue le jeu. Avec les nouvelles règles. ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Le Plus de J.A. Et si le Congo se réveillait ? INTERVIEW

Yvonne Adélaïde Mougany « Nous allons redresser la barre dès 2014-2015 » Essor du secteur privé, diversification, modernisation : la ministre des PME et de l’Artisanat évoque les chantiers entrepris pour stimuler le développement.

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ille de l’ancien député Édouard Mougany, Yvonne Adélaïde Mougany, 69 ans, est ministre des PME et de l’Artisanat depuis 2007. Après avoir dirigé Hydro-Congo, la société publique de distribution d’hydrocarbures, de 1998 à 1999, elle était entrée au gouvernement en 2002 au portefeuille du Commerce. En tant que membre du comité de suivi de la Convention pour la paix et la reconstruction du Congo, elle a été l’un des principaux artisans de l’accord qui, en 2003, a mis fin aux hostilités entre le pouvoir et les rebelles Ninjas du pasteur Ntumi, dans le Pool. Un engagement pour lequel elle a reçu la Légion d’honneur. JEUNE AFRIQUE : Le Congo figure au 183e rang sur 185 pays classés dans le rapport « Doing Business » 2013 de la Banque mondiale. Est-ce si difficile d’y créer une entreprise ? YVONNE ADÉLAÏDE MOUGANY : La

Banque mondiale publie chaque année ce rapport dans lequel le Congo a vu son rang chuter régulièrement. Le gouvernement a adopté dès 2009 un Plan d’action pour l’amélioration du climat des affaires. L’idée est d’être reconnu comme un pays émergent d’ici à 2025. De vastes réformes sont en chantier, portant sur le dialogue public-privé [avec la création du Haut Conseil (lire pp. 81-82)], la création et le développement des entreprises[formalités de création en 48 heures], leur accès au financement, la fiscalité et la

parafiscalité [avec la suppression de la carte de commerçant], mais aussi l’accès au foncier, à l’électricité, à l’eau… Nous allons mieux positionner notre économie en 2014-2015, j’en suis persuadée. Quelles sont les perspectives de croissance à moyen terme ?

La décennie 1990 a remis en question l’interventionnisme d’État qui prévalait jusqu’alors et réhabilité une gestion libérale de l’économie. Depuis 2000, une substantielle manne pétrolière permet

son projet de société, le « Chemin d’avenir », souhaite moderniser l’économie congolaise et voir fleurir, à côté des grandes entités, davantage de PME prenant en charge les activités externalisables. Ma mission consiste à promouvoir des PME performantes qui créent des emplois sains et durables et renforcent la croissance. Notre plan de développement 20122016 prévoit aussi un processus décentralisateur [« municipalisation accélérée »] visant à homogénéiser la redistribution

Grâce à la manne pétrolière, nous restructurons l’économie en profondeur. à l’État d’engager la restructuration en profondeur de l’économie par le développement des infrastructures [comme l’autoroute Pointe-Noire - Brazzaville], la diversification des activités, l’expansion du secteur privé pour favoriser l’emploi (avec la création de zones économiques spéciales) et la facilitation de l’accès aux services sociaux de base pour les populations afin, in fine, de réduire la pauvreté. Le gouvernement est accompagné dans cette démarche par divers partenaires comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, et l’Union européenne. Quel modèle économique défendezvous ?

Le président Denis Sassou Nguesso, à travers

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pour assurer une harmonie sociale, ce qui épouse parfaitement mon combat de toujours pour la paix. Que le Congo regagne la place qu’il mérite. Et où en est la parité hommes-femmes ?

La politique du gouvernement dans ce domaine vise à améliorer le cadre juridique et institutionnel. Il n’y a aujourd’hui que 10 % de femmes à l’Assemblée nationale, ce qui souligne le problème de l’engagement de celles-ci en politique. Un effort dans la durée est nécessaire pour changer de logiciel mental. Je me souviens d’un colloque sur les hydrocarbures, à Monaco, auquel j’étais conviée en qualité de directrice générale de notre entreprise publique [Hydro-Congo]. Après les présentations d’usage, les épouses de mes homologues ont été invitées à quitter la salle. Je suis évidemment restée assise, mais il m’a fallu expliquer ce que je faisais encore là ! Cela dit, l’égalité salariale, dans l’entreprise comme dans la fonction publique, est une chose acquise au Congo depuis des lustres. ● Propos recueillis par DAVID AUBRIET JEUNE AFRIQUE


COMMUNIQUÉ

Conseil Congolais des Chargeurs (CCC)

Un challenge au quotidien

É

tablissement public à caractère indust riel et Commercial, le Conseil Congolais des Chargeurs est un outil de promotion du commerce extérieur au service des importateurs, exportateurs et autres usagers de la chaîne de transport. Le Directeur Général, Monsieur Jean-Jacques BANUANINA DIA NGOMA

À ce titre, il a entre autres missions :

Cet engouement s’est traduit également par l’achèvement du projet Guichet unique maritime devenu Guichet unique des opérations transfrontalières dont le champ d’actions couvre désormais tous les modes de transport. Son fonctionnement effectif est imminent. Conscient du fait que la multiplicité des coûts d’acheminement des marchandises demeure la préoccupation cardinale des chargeurs du Congo, le Conseil Congolais des chargeurs entend :

• La maîtrise des coûts de transport inhérents à l’acheminement des marchandises ; • La contribution à la recherche des solutions tendant à faciliter les formalités et procédures liées au transport et au commerce international ; • La réalisation des équipements d’appui aux activités des chargeurs ; • La formation et l’information aux chargeurs.

• Disposer d’un système de veille au niveau du Port de PointeNoire, au regard des augmentations unilatérales de taux de fret et impositions des surcharges portuaires qui impactent l’économie Congolaise ; • Mettre en œuvre les recommandations issues de l’étude comparative des coûts de passage portuaire notamment la mise en place d’un code de conduite professionnel et la création d’un observatoire sur les pratiques anormales.

Somme toute, le Conseil Congolais des Chargeurs joue le rôle d’interface entre les chargeurs, les pouvoirs publics et les différents intervenants de la chaîne de transport et du commerce.

En matière de formation destinée aux chargeurs, le CCC a renoué avec cette activité par l’organisation courant mars 2013 d’un séminaire atelier sur la vulgarisation des Règles de Rotterdam. L’objectif visé est l’appropriation par les chargeurs des mécanismes de transport et de commerce international.

Treize ans après sa création, beaucoup d’actes ont été posés en faveur des chargeurs notamment le dispositif de facilitation en infrastructures physiques et virtuelles, qu’il convient aujourd’hui de rendre plus visible et lisible. C’est à cela que s’attelle la nouvelle équipe conduite par son Directeur Général, Monsieur Jean-Jacques BANUANINA DIA NGOMA depuis le 30 Novembre 2011, dans son élan d’accompagner le Gouvernement de la République et sa politique de maillage du territoire national en infrastructures. Pour ce faire, le CCC s’est engagé à construire un port sec à Dolisie (3ème Ville du Congo) sous forme de hub destiné à faciliter le traitement des cargaisons en provenance ou à destination de l’arrière pays. Ce projet de grande envergure et de grande valeur ajoutée devrait aboutir sous peu.

Au delà des défis à relever au niveau interne, le CCC contribue à la recherche des stratégies visant à défendre les acquis maritimes de l’Afrique de l’Ouest et du Centre tant au niveau des négociations en cours sur la facilitation des échanges de l’OMC que des partenaires impliqués dans le Commerce maritime de la sous région. Enfin, retenons que le Conseil Congolais des Chargeurs abritera la septième édition des Journées du Chargeur Africain en Novembre 2014 à Brazzaville. Aussi entend t-il désormais être plus proche des chargeurs en posant davantage des actes concrets, leitmotiv de la sixième édition du chargeur africain tenue à Libreville (Gabon) sous le thème» le Repositionnement des Conseils des Chargeurs face, aux défis du 21ème siècle.

Famille UCCA réunie à Pointe-Noire du10 au11 Juillet 2013 à l’occasion de la 2ème Évaluation des 6ème Journées du Chargeur Africain.

Conseil Congolais des Chargeurs 3, Boulevard Charles de Gaulle B.P 741 – Pointe-Noire République du Congo Tél. : 00 242 06 852 24 44 Tél. : 00.242 05 659 11 18 E-mail : dgcgccc@gmail.com.

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Le siège de la CNSS à Brazzaville.



Et si le Congo se réveillait ?

ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.

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p La filière bois est l’un des secteurs clés de la relance industrielle. ENTREPRENEURIAT

Aux petits soins pour les PME et animés par le secrétariat permanent du Haut Conseil, ont examiné dix indicateurs du “Doing Business” et fait des propositions pour améliorer notre classement dès 2014. Ces propositions ont été soumises aux deux plateformes puis Un plan d’action pour l’amélioration transmises au secrétaire général du goude l’environnement des affaires avait vernement pour être validées et adoppourtant été élaboré en 2009 et adopté en 2011, mais les mesures ont tardé à être tées », explique Jean Pinda Niangoula. appliquées… Cette fois, le gouvernement Prochaine étape : l’identification et la a réagi immédiatement après la publicaformulation des réformes nécessaires tion du rapport « Doing Business », ainsi à moyen et à long termes. que le Haut Conseil du dialogue publicLe processus enclenché, reste à attirer privé, qui associe depuis 2012 une platedes investisseurs dans les secteurs identifiés par le Plan national de développement 2012-2016 « Nous avons répertorié quelque et le Programme national 3 600 entreprises informelles qu’il de redéploiement industriel faut aider à se professionnaliser. » (en cours d’adoption) pour JEAN PINDA NIANGOULA, directeur de la promotion du secteur privé industrialiser et diversifier l’économie. Une nécessité, forme de représentants des ministères sachant que, comme le souligne le direcet une de représentants des syndicats teur de la promotion du secteur privé, patronaux. « Des groupes thématiques, « les investissements directs étrangers composés d’experts de l’administration [IDE] hors pétrole ne représentent ● ● ●

Sévèrement jugées par la Banque mondiale en matière de climat des affaires, les autorités réagissent. Et quelques améliorations concrètes apparaissent déjà.

À

l’annonce, en octobre 2012, de la relégation du Congo au 183 e rang sur 185 pays dans le classement « Doing Business » 2013 de la Banque mondiale sur l’environnement des affaires (il occupait déjà la 177e position sur 183 pays classés en 2011, et la 181e en 2012), les autorités congolaises ont accusé le coup. Et ce fut comme un électrochoc. « La stupeur passée, l’État a reconnu que ce qui avait été fait en matière d’amélioration du climat des affaires pour les PME-PMI n’était pas suffisant et qu’il fallait réorienter les choses. Car il n’est plus question que nous figurions parmi les derniers du classement », martèle Jean Pinda Niangoula, directeur de la promotion du secteur privé au ministère du Développement industriel.

JEUNE AFRIQUE

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Le Plus de J.A.

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l’arrière-pays, le gouvernement soutient d’ailleurs le projet de mise en place d’un CGA à Brazzaville, afin d’étendre l’expérience de l’Apni.

PATRICK ROBERT/CORBIS

SOUS-TRAITANCE. Plus largement, les

p Une chaîne de production des Brasseries du Congo, à Pointe-Noire. ● ● ● que 5 % du PIB ». Cette tâche est désormais confiée à l’Agence pour la promotion des investissements, également créée en 2012 et dont les statuts ont été adoptés en avril. Pour l’accompagner dans ses premiers pas, un accord a été signé avec le Board of Investment de l’île Maurice. Le gouvernement veut aussi inciter les acteurs congolais à investir et à se structurer. « Nous avons identifié 590 entreprises formelles, dont 40 % sont dans le secteur des services (en particulier le commerce), et répertorié quelque 3 600 entreprises informelles qu’il faut aider à se professionnaliser, explique Niangoula. Nous projetons de constituer une banque de données sur les entreprises et leur contribution au PIB, secteur par secteur, pour avoir plus de visibilité. » Pour favoriser la structuration des PME-PMI, le gouvernement, appuyé par des bailleurs de fonds (dont la Banque

mondiale), a notamment créé un Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement (Figa) et apporté un appui financier à l’Association Pointe-Noire industrielle (Apni). Créée en 2003 avec pour mission de faire émerger un tissu local d’entreprises viables, l’Apni compte parmi ses membres fondateurs la Chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers de Pointe-Noire, le Forum des jeunes entreprises du Congo ou encore Total E&P Congo. Elle appuie 260 sociétés, dont 160 en activité, qui représentent un chiffre d’affaires de 100 millions de F CFA (plus de 152 000 euros), contre 30 millions il y a dix ans. Pour bénéficier de ses services, les entreprises doivent adhérer à un centre de gestion agréé (CGA) qui les aide à tenir une comptabilité à jour et à passer du secteur informel au formel. Il en existe actuellement un à Pointe-Noire et un dans le département voisin du Kouilou. Pour développer

autorités planchent sur la création de Bourses de sous-traitance dans tous les secteurs, qui permettront d’offrir des opportunités d’affaires aux entreprises locales. Elles cherchent également à élaborer un nouveau cadre juridique et fiscal pour le local content (« contenu local », politique consistant à valoriser le recours aux ressources nationales, en matière d’emploi et de financement notamment). Total a déjà mis en œuvre ce principe dans le cadre de la première phase de développement des gisements pétroliers de Moho, à 80 km des côtes congolaises. Reste à s’atteler à la question des ressources humaines, et en premier lieu à la formation. « L’État fait un gros effort pour développer les infrastructures de base et améliorer l’environnement des affaires, mais la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans tous les domaines reste l’un des plus grands freins à l’essor du privé », insiste Jean-Jacques Samba, le secrétaire général de l’Union patronale et interprofessionnelle du Congo (Unicongo). Pour y remédier, les pouvoirs publics et les industriels étudient la création de centres de formation, notamment dans les métiers du bois – avec le Forum des jeunes entreprises –, et de l’industrie – avec la collaboration de partenaires publics et privés de Singapour. La reconversion des diplômés d’université dans les métiers de l’industrie, via une formation en entreprise, est également envisagée. Autant de projets qui seront intégrés dans la stratégie globale de formation professionnelle, actuellement en cours de finalisation. ● MURIEL DEVEY, envoyée spéciale

COUP DE POUCE AUX PORTEURS DE PROJET DU 21 AU 23 NOVEMBRE se tiendra à Brazzaville le premier Challenge entrepreneurial du bassin du Congo. Une initiative du Réseau international des Congolais de l’extérieur (Rice, créé en France en 2011), qui a mis sur pied plusieurs prix, dont celui N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

du meilleur entrepreneur de la diaspora. « Nos sponsors nous ont encouragé à faire quelque chose de semblable au Congo et nous avons donc décidé d’organiser un forum sur l’entrepreneuriat à Brazzaville, explique Edwige Laure Mombouli,

la présidente du Rice. Nous avons lancé un appel à candidatures afin de sélectionner les meilleurs porteurs de projet, qui bénéficieront de subventions et de financements bancaires. Les dossiers doivent présenter un business plan

et s’inscrire dans des filières précises. » Le forum a obtenu le soutien de la Banque mondiale et de divers sponsors, dont la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC). L’engouement est réel, puisque le Rice a déjà reçu plus de 300 dossiers. ● M.D. JEUNE AFRIQUE


Et si le Congo se réveillait ? QUESTIONS À

ALPHONSE MISSENGUI

Président délégué de l’Union patronale et interprofessionnelle du Congo (Unicongo)

« La sujet des ressources humaines est crucial »

réformes seront désormais définies à travers les mécanismes de concertation entre les deux plateformes (représentant le secteur public et le privé) du Haut Conseil, dont il faut souligner la nouveauté. Sans vouloir anticiper sur ses futures décisions ni sur les travaux en cours, on peut déjà dire que les priorités portent sur le cadre fiscal, dont il faut poursuivre l’assainissement et la simplification, et sur le cadre juridique, notamment en matière de respect mutuel des engagements contractuels.

MURIEL DEVEY

JEUNE AFRIQUE : Quelles réformes le Haut Conseil du dialogue publicprivé (lire pp. 81-82) doit-il mettre en œuvre en priorité pour améliorer le climat des affaires ? ALPHONSE MISSENGUI : Ces

technique, professionnel, de la Formation qualifiante et de l’Emploi, l’Agence française de développement et Unicongo. Cette première expérience de partenariat public-privé en matière de formation, avec l’appui d’un organisme de développement, est encourageante et mérite une attention particulière au regard de l’importance des besoins dans la quasi-totalité des secteurs.

Il faut poursuivre l’assainissement et la simplification du cadre fiscal. Le dialogue public-privé aborde-t-il le manque de qualification des ressources humaines ?

La question des ressources humaines est en effet cruciale pour l’essor du secteur privé, pour sa diversification et pour le développement économique et social du pays. La qualification de la maind’œuvre est également nécessaire pour répondre à l’évolution des métiers liée aux innovations technologiques et commerciales, ainsi qu’aux évolutions en matière d’organisation que la mondialisation impose aux entreprises privées. Des solutions de formation sont ébauchées dans certains secteurs, tels que le bâtiment et la maintenance industrielle, à travers des centres d’éducation, de formation et d’apprentissage créés dans le cadre d’un partenariat entre le ministère de l’Enseignement JEUNE AFRIQUE

Que font les entreprises pour pallier le déficit à court terme ?

À Pointe-Noire, des entreprises privées accueillent des étudiants de l’Institut supérieur de technologie d’Afrique centrale dans le cadre d’un partenariat pour la formation en alternance, avec des possibilités d’emploi à la fin du cursus. Il n’existe pas encore de projets d’envergure en matière de formation interentreprises, mais il semble que la mutualisation des moyens soit la piste à suivre par les sociétés opérant dans le même secteur et confrontées au même problème de qualification de leurs ressources humaines. ● Propos recueillis à Brazzaville par M.D. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


COMMUNIQUÉ

Caisse Nationale de Sécurité Sociale du Congo

Votre partenaire privilégié en protection sociale ! Le nouveau système informatique (Projet Résic) lequel intègre l’ouverture d’un portail WEB et le transfert des applications opérationnelles de la direction générale vers les structures de l’intérieur du pays va permettre une modernisation des procédures de gestion. Ces avancés attendues et acquises s’inscrivent en droite ligne de la vision sociale du Président de la République Denis SASSOU NGUESSO contenu dans son programme de société le Chemin d‘Avenir dans les termes suivants : « Restructurer la sécurité sociale pour l’étendre dans ses aspects de base à l’ensemble de la population ». Le pari de la refondation de notre système de sécurité sociale porte tant sur les régimes de sécurité sociale existants que sur le champ d’application.

Le Directeur Général, Evariste Ondongo.

N

otre mission « assurer la redistribution de la richesse nationale au profit de plus en plus de populations », nous place inéluctablement au cœur de la problématique

sociale.

Aussi, pour répondre à cette demande, d’une part, nos dépenses de prestations sociales connaissent chaque année une progression significative, rendue possible par la redynamisation des actions de recouvrement des cotisations sociales et d’autre part, nos délais de traitement des dossiers ont considérablement été réduits grâce à l’ouverture automatique des droits à pension devenu effective depuis mars 2012.

Aussi, les clés de la réussite appellent d’une part, des études actuarielles qui s’effectuent à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, par le Bureau International du Travail depuis juin 2012 pour rendre pérenne l’existant et d’autre part, des réformes déjà en chantier qui s’énoncent par : • La promulgation récente des lois instituant les nouveaux régimes ; • La création de nouvelles prestations sociales ; • L’extension des prestations sociales à de nouvelles couches de populations. Ces réformes indispensables à la mutation vers une sécurité sociale universelle, les cadres et agents de la CNSS dont le professionnalisme et le dévouement ne peuvent être démentis sont plus que jamais décidées à s’investir pour leur mise en œuvre.

L’amélioration des conditions de paiement par la bancarisation des pensions et des rentes ainsi que le paiement à terme échu de toutes les prestations sociales ont davantage consolidé le pouvoir d’achat des pensionnées et autres prestataires. La mise en place d’une politique de proximité par l’implantation des directions départementales dans dan tous les départements, à la faveur de la municipalisation accélérée (Pool et Plateaux) et acc la conception de nouvelles stratégies stratég de communication par la mise à la disposition du public, des dépliants et des émissions radiophoniques et télévisuelles hebdomadaires, ont redonné he confiance à nos partenaires, à savoir, savoi les organisations patronales et syndicales dans toutes leurs composantes et leurs diversités. comp

Le siège de la CNSS à Brazzaville.


La CNSS ! Votre assurance aujourd’hui et demain

II° ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT LA CNSS est administrée par un Conseil d’Administration tripartite de neuf membres et dirigée par un Directeur Général qu’assistent sept directeurs divisionnaires. Outre les directions centrales au siège de Brazzaville, la CNSS est présente à travers sept directions départementales dont six à l’intérieur du pays (Kouilou, Niari, Bouenza-Lekoumou, Cuvette, Sangha, Likouala) et une à Brazzaville. La CNNS gère tous les travailleurs relevant du code de travail sans distinction de race, de nationalité, de sexe et d’origine lorsqu’ils sont occupés sur le territoire Congolais pour le compte d’un ou plusieurs employeurs nonobstant la nature, la forme et la validité du contrat, la nature et le montant de la rémunération. La loi instituant le code de sécurité sociale, assimile aux travailleurs salariés : les apprentis, les stagiaires, les présidents directeurs généraux et directeurs généraux des sociétés anonymes. III° LES MISSIONS La CNSS a pour mission essentielle de gérer le régime de sécurité sociale au Congo. A ce titre, elle sert les prestations sociales en espèces et en nature des trois branches suivantes :

• La branche des prestations familiales chargée du service des prestations familiales et de maternité • La branche des risques professionnels chargée du service des prestations en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle ; • La branche des pensions chargée du service des prestations de vieillesse, d’invalidité et de décès. IV° LES RESSOURCES Les cotisations constituent la ressource essentielle et principale de la CNSS. Elles financent à 90% les différentes branches aux taux ci-après : • 12% pour la branche des pensions dont 8% à la charge de l’employeur et 4% à la charge du salarié • 10,03% pour la branche des allocations familiales à la charge de l’employeur exclusivement ; • 2,25% pour la branche des accidents du travail et maladies professionnelles à la charge de l’employeur. La CNSS en chiffre (année 2012) Qualité Employeurs actifs Assurés simples Allocataires Pensionnés Rentiers Montant annuel des prestations

Nombre 7 612 112 216 26 713 37 728 2 553 39 054 893 007 F CFA

Caisse Nationale de Sécurité Sociale Boulevard Denis SASSOU NGUESSO BP 182 Brazzaville Tél. : +242 81 06 04 - Fax : +242 81 41 46 Email : cnss.bzv@laposte.net

DIFCOM/FC - PHOTOS : DR

I° PRÉSENTATION DE LA CNSS Le système congolais de sécurité sociale tire ses origines de l’arrêté1925 ITT/MC du 28juin1956 avec la création de la Caisse de Compensation des Prestations Familiales (CCPF). Dans sa forme actuelle, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale en abrégé « CNSS », établissement public à caractère social doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière, est institués par la loi n°004/86 du 25 février1986 portant code de sécurité sociale en République du Congo.


Le Plus de J.A. PORTRAITS

Bana mboka* * « Les enfants du pays », en lingala

Patrons, rois, philosophes, acteurs des médias, artistes… Zoom sur trente personnalités non politiques qui incarnent la dynamique congolaise.

C

est d’abord parce qu’ils sont eux-mêmes en perpétuel mouvement qu’ils font bouger le Congo. De Brazzaville à Pointe-Noire en passant par Owando, « des forêts jusqu’à la savane, des savanes jusqu’à la mer », comme le chante l’hymne national, les portraits de ces trente personnalités de la sphère économique, de la société civile, des médias et de la culture emmènent à la rencontre des

valeurs et de la créativité des Congolais. Patrons du public ou du privé, ils opèrent sur les marchés national, régional et international. Responsables de médias, d’institutions culturelles, écrivains ou artistes, ils n’hésitent pas à sillonner le pays pour en appréhender les réalités, en déceler les ressources, et les faire connaître. Historiens, rois téké ou vili, ils sont aussi les indispensables passeurs de l’identité congolaise. ●

ÉCONOMIE Paul Obambi

PDG du groupe Sapro, président de la chambre de commerce de Brazzaville, 58 ans

F

ils de commerçants originaires d’Owando (dans la région de la Cuvette) mais né à Brazzaville, le 13 décembre 1954, Paul Obambi est devenu l’un des poids lourds du secteur privé congolais et préside la chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers de la capitale depuis 1996. De retour au Congo après des études d’économie en France, il s’est très vite senti à l’étroit dans le statut de salarié. À partir de 1990, il rachète et crée différentes entreprises, aujourd’hui réunies au sein du groupe Sapro, dont il est le PDG. Ses sociétés sont implantées au Congo, en Centrafrique, en RD Congo, en Côte d’Ivoire, mais aussi en France et en Chine, dans des domaines très variés : BTP, parachimie, agroalimentaire, communication, distribution de produits pétroliers blancs (carburants), gestion portuaire (sa société Translo est actionnaire du terminal à conteneurs du port de Pointe-Noire). Paul Obambi s’est par ailleurs lancé dans le mécénat sportif. Depuis quelques années, il préside et sponsorise l’AC Colombe, une équipe de football féminin de Brazzaville. ●

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

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MURIEL DEVEY N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

JEUNE AFRIQUE


Et si le Congo se réveillait ?

Économie

Jean-Marie Aniélé

Directeur général du Port autonome de Pointe-Noire

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BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

e capitaine de vaisseau Jean-Marie Aniélé est le principal architecte des transformations engagées ces dernières années au Port autonome de Pointe-Noire (PAPN). Ancien élève de l’école (militaire) Général-Leclerc de Brazzaville, il a ensuite poursuivi ses études supérieures en France. Après des classes préparatoires (maths sup, maths spé) au lycée Dumont-d’Urville de Toulon, il obtient un DEA en relations internationales à l’université Paris-I-PanthéonSorbonne. Jean-Marie Aniélé se tourne vers la marine, suit diverses formations dans les ports français, et sort diplômé des cours supérieurs de l’Institut portuaire d’enseignement et de recherche (Iper) du Havre. Rentré au Congo, il dirige depuis 1990 le PAPN. ● TSHITENGE LUBABU M.K.

Vincent Gomès Avocat et homme d’affaires, PDG de Bâtir, 57 ans

ANTONIN BORGEAUD

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vocat né à Brazzaville en 1955, Vincent Gomès fut le premier bâtonnier du barreau de Pointe-Noire, où il dirige depuis 1990 son propre cabinet. Mais l’homme de loi a bien d’autres cordes à son arc. Il est aussi le PDG de Bâtir, l’un des leaders congolais de la construction. On lui doit la réalisation de nombreux immeubles à Pointe-Noire et à Brazzaville, dont un grand programme de logements en cours d’achèvement dans le centreville de la capitale, près du palais présidentiel. Sont également en projet une soixantaine de villas de luxe, ainsi qu’un mini-Palais des congrès autour du golf de Diosso (dans le Kouilou, à 25 km au nord de Pointe-Noire), que Vincent Gomès a aménagé avec des amis il y a trente ans.

L’homme d’affaires a également développé des activités dans l’hôtellerie. Après le luxueux Victory Palace de Pointe-Noire, il fait construire un nouvel hôtel près du golf de Diosso. Il a aussi investi dans la transformation du bois en créant Ébénistes du Congo, dont il a confié la gestion à l’un de ses fils. Mélomane et passionné par les arts, en particulier par la peinture, Vincent Gomès soutient nombre d’artistes de son pays natal, mais aussi de RD Congo. « J’aime l’art, la culture, tout ce qui est beau, dit-il. Et je suis très attentif aux jeunes talents, dont il faut savoir déceler le message. » C’est pour les promouvoir que le mécène a ouvert la galerie Alfa Cadres, dans la cité océane. ● M.D.

Sylvestre Didier Mavouenzela Président de la chambre de commerce de Pointe-Noire, 52 ans

I

l est l’un des représentants les plus en vue de l’entrepreneuriat congolais. Diplômé en finance et comptabilité de l’université Marien-Ngouabi de Brazzaville, puis en finance et contrôle des organisations de l’université française d’Orléans, Mavouenzela crée en 2004 son entreprise, Nord-Sud Expertise et Réalisation, spécialisée en BTP et en génie civil. Depuis la fin de 1999, il préside la chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers de Pointe-Noire. Il est aussi à la tête de l’Association Pointe-Noire industrielle (Apni), chargée de la promotion et du développement des JEUNE AFRIQUE

PME-PMI de la ville océane. L’homme d’affaires ponténégrin représente par ailleurs Kalahari Partners Congo, filiale de l’entreprise singapourienne Kalahari International Partners, spécialisée dans le conseil en stratégie et en développement commercial. Sylvestre Didier Mavouenzela est également connu pour son engagement dans la promotion du green business, dont il n’a cessé d’explorer les potentialités pour un développement équilibré et durable. ● T.L.M.K. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Le Plus de J.A. Et si le Congo se réveillait ?

Économie

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

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Fatima Beyina-Moussa Directrice générale d’ECAir

C’

est en septembre 2011 que Fatima Beyina-Moussa, l’une des filles de Pierre Moussa, ancien ministre congolais de l’Économie et du Plan, et actuel président de la commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), a été nommée directrice de la compagnie aérienne nationale Equatorial Congo Airlines (ECAir). Économiste formée en France, au Canada et aux États-Unis, la jeune femme a été consultante chez Ernst & Young au Congo, puis haut fonctionnaire à la Banque des États de l’Afrique

centrale (Beac), avant de rejoindre le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à New York. De retour au pays, elle devint ensuite conseillère à l’économie et aux réformes du ministère congolais des Finances, du Budget et du Portefeuille public où, dès 2007, elle travailla à la création d’un transporteur aérien national, avant d’assurer pour quelques mois, en 2010, la direction générale de la société publique Assurances et Réassurances du Congo. ● M.D.

Marguerite Homb Mounzenzé Coordonnatrice du réseau Espace Créateurs et directrice générale adjointe de l’Agence de développement du Pool, 60 ans

«

J

MURIEL DEVEY POUR J.A.

’attache mon pagne » : l’expression – équivalent congolais de « Je retrousse mes manches » – la caractérise on ne peut mieux. C’est pour l’essor de l’entrepreneuriat, en particulier féminin, que Marguerite Homb Mounzenzé « attache son pagne » depuis trente ans. Après un diplôme en gestion et administration des entreprises et en commerce extérieur à l’Institut européen de gestion de Strasbourg (France), elle est rentrée

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en 1983 dans sa ville natale, Brazzaville, où elle a travaillé successivement à la Cellule de gestion à l’export, au Centre congolais du commerce extérieur, au département PME-PMI de la Chambre nationale de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers, puis au Centre de formalités des entreprises. Elle est désormais directrice générale adjointe de l’Agence de développement du Pool et coordonnatrice du réseau Espace Créateurs (qui regroupe quatre associations), deux structures consacrées à l’appui et à la promotion du secteur privé. ● M.D. JEUNE AFRIQUE



Maisons Sans Frontières Congo D

epuis sa création, Maison Sans Frontières participe au développement du Congo en apportant une solution très appréciée aux problèmes majeurs d’infrastructures et d’assainissement en général, et de l’habitat en particulier. C’est à cela que répond le projet Roc de Tchikobo, qui fait partie d’un vaste programme immobilier de standing international. Ce programme vise à combler en partie le déficit en logements dans les grandes villes du Congo.

Nous avons un projet immobilier que nous allons réaliser à Kounda, à pratiquement 10 minutes du centre-ville de Pointe-Noire en empruntant une nouvelle route le long du littoral. Nous projetons d’y construire 3 000 maisons de divers standings, sur un site avec une vue imprenable sur la mer et le port, dans un domaine de 600 hectares. Ce sera quasiment une nouvelle ville, qui répond au besoin en logement et correspond au « Chemin d’avenir », programme sociopolitique du président de la République M. Denis Sassou-Nguesso. Comme au Roc de Tchikobo, les habitants des Résidences des Caraïbes bénéficieront de la proximité de multiples services. Il est prévu plusieurs types de villas, une zone de loisirs et d’activités sportives, une zone administrative et commerciale, une zone d’éducation (infrastructures scolaires) et de santé, deux zones religieuses et un parc zoologique.

Lotissement Roc de Tchikobo à Pointe-Noire.

Le projet « Résidences Caraïbes » intègre parfaitement le plan directeur de la ville de Pointe-Noire, en ce sens qu’il sera réalisé dans la zone d’extension urbaine du centre-ville. Nous avons ainsi voulu répondre à la volonté des autorités gouvernementales et municipales.

Actuellement, nous avons engagé les travaux de construction de la zone tertiaire, qui comptera 16 grands immeubles de plus de 8 étages dans l’Avenue principale du lotissement. Les habitants de la ville de Pointe-Noire peuvent déjà apprécier la beauté de ce type d’immeuble, dont le premier est déjà sorti de terre en face de la place Antonetti, sur l’Avenue Charles De Gaulle. Ces immeubles vont abriter des bureaux, des commerces, des banques, des hôtels, logements collectifs, etc. Le Roc de Tchikobo est donc un équilibrage socioéconomique en plein centre-ville et le port. Siège social : B.P.: 13 934 Brazzaville, République du Congo

Plan Kounda - Lotissement Les Caraïbes.

Nous sommes convaincus que la promotion d’une plate-forme immobilière moderne peut contribuer pleinement au développement durable du Congo. Ainsi, nous avons en projet la construction de 2 500 logements à Brazzaville. Nous sommes motivés par le fait que le Congo est en train, d’une part, de favoriser le climat des affaires, d’autre part de mettre en place des infrastructures favorisant le développement socioéconomique. Ce qui, forcément, accroît la demande en logement. ■

www.msfcongo.com

DIFCOM/FC - PHOTOS : DR

COMMUNIQUÉ

Le lotissement Roc de Tchikobo est un ensemble immobilier de grande envergure, cohérent, qui regroupe une zone d’activités tertiaires et une zone résidentielle, conformément au plan directeur de la ville de Pointe-Noire. Ce projet a été réalisé dans le bassin de Tchikobo derrière la Mairie centrale, où nous avons construit 300 villas de haut standing. Ces villas d’architecture moderne ont considérablement et très positivement modifié la physionomie du centre-ville de Pointe-Noire. Ce programme de construction de villas est réalisé à 95 %.


Et si le Congo se réveillait ?

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KALPESH LATHIGRA POUR J.A.

Économie

Frédéric Nzé PDG d’Oakam, 44 ans

N

é le 15 décembre 1968 à Brazzaville, Frédéric Nzé a quitté la capitale congolaise en 1977 pour la France, où il a obtenu un diplôme de troisième cycle en théorie des jeux et sciences de la décision à l’École nationale de la statistique et de l’administration économique de Paris. Fort de l’expérience acquise chez American

Express, GE Capital (filiale de General Electric) et Barclays, à Paris, New York et Londres, Frédéric Nzé se lance dans l’entrepreunariat en 2005. Il crée dans la capitale britannique Euristix, une entreprise de conseil en évaluation et gestion des risques financiers, puis, en 2007, Oakam, société spécialisée dans le crédit à la consommation qui

Edwige-Laure Mombouli

Directrice de Wecare Global Communication & Media, présidente du Réseau international des Congolais de l’extérieur, 43 ans

E

dwige-LaureMombouliaunetriplepassion:lesmédias, la communication… et le Congo, où elle est née en mai1970,maisqu’elleaquittéàl’âgede4anspourlaFrance. Engagée en 1995 par le groupe NRJ (qui possède plusieurs stations de radio), elle en dirigera les relations publiques pendant seize ans et fera partie de l’équipe fondatrice des NRJ Music Awards et de la branche événementielle NRJ Events.Elleestaujourd’huiàlatêted’uneagencespécialisée dans le conseil média et la communication. Chevalier de l’Ordre national du mérite (français), elle est très impliquée dans le monde associatif: elle a créé en 2009 l’Association pour l’éducation et la transmission et en 2011 le Réseau international des Congolais de l’extérieur (Rice), dans le cadre duquel elle va coorganiser, avec Frédéric Nzé, la première édition du Challenge entrepreneurial du bassin du Congo, qui se déroulera fin novembre à Brazzaville (lire l’encadré p. 82). ● M.D. JEUNE AFRIQUE

totalisait quelque 100 000 clients et plus de 30 millions d’euros de produit net bancaire en 2012. Loin d’avoir oublié son Congo natal, Frédéric Nzé est membre du Réseau international des Congolais de l’extérieur (Rice) et coorganisateur du Challenge entrepreneurial du bassin du Congo (lire l’encadré p. 82). ● M.D.

Roger Pereira

Directeur général de PAC International, 67 ans

C’

est en Guinée équatoriale, à Malabo, que Roger Pereira, né en 1946 à Mvouti (sudouest du Congo), a fondé PAC International, une entreprise de construction qu’il a créée en 2001 avec des associés libanais. Un virage à 180 degrés pour cet ancien colonel, qui a suivi une formation militaire supérieure à Moscou avant de rentrer à Brazzaville, où il devint, entre autres, directeur du protocole du président Denis Sassou Nguesso, puis de Pascal Lissouba.

PAC International a mené à bien de nombreux chantiers en Guinée équatoriale, à Malabo, Sipopo, Bata et Mongomo, notamment des programmes de logements sociaux, des bâtiments ministériels, un centre médical, une bibliothèque et un restaurant. L’entreprise a également restauré des bâtiments historiques, dont le séminaire Nuestra Señora del Pilar, à Banapa, et le Centre culturel espagnol de Malabo. ● M.D. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Le Plus de J.A.

Joséphine Sylvain-Goma Directrice générale de Sitrad Congo, 57 ans près un diplôme en gestion des la création d’un pôle de tri, traitement, entreprises à l’université Marienvalorisation, incinération et enfouisNgouabi de Brazzaville et six années sement de déchets industriels. passés chez Bouygues Offshore, Mère de quatre enfants, la femme Joséphine Sylvain-Goma Tchibota a d’affaires dirige par ailleurs la fondé Services industriels et travaux Fondation Marie-Madeleine Gombes. divers (Sitrad Congo) en 1987. Basée à Cette institution, qu’elle a créée en Pointe-Noire, sa société est spécialisée 1999 en hommage à sa mère, aide dans la prestation de services et le les plus démunis et soutient des travail temporaire. En 2008, elle s’est microprojets, en particulier dans les en outre lancée, en partenariat avec le domaines de la santé et de la formation français Seché Environnement, dans professionnelle. ● T.L.M.K.

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

A

Chantal Ickonga Akindou

Solange Samba Directrice générale d’Africontacts

Directrice de Camal, 53 ans

N

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

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L

e premier Salon international de la formation professionnelle au Congo, en 2008, c’est elle. Le premier Festival du pagne et du tissu africain, en 2009, et le premier Symposium international du numérique au Congo, en 2010, c’est encore elle. La vocation de communicante de Solange Samba est née en 2006. « Après avoir été journaliste pendant vingt ans pour la chaîne publique Télé Congo, j’ai quitté le pays en 1998, à cause de la guerre, explique la quinquagénaire. Je me suis installée au Royaume-Uni, puis à Paris, où j’ai créé l’agence. » Avant de revenir, en 2008, à Brazzaville, où Africontacts poursuit ses activités dans l’événementiel mais aussi dans le conseil en communication auprès d’entreprises et d’organismes internationaux, un créneau sur lequel les Congolais sont encore peu présents. Parmi ses clients : Saris, Assurances et réassurances du Congo, la Banque mondiale ou encore la cellule locale de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, ITIE Congo. ● M.D. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

ée à Djambala (département des Plateaux) en 1960, Chantal Ickonga Akindou a décidé de se lancer dans les affaires quand la compagnie Air Afrique, pour laquelle elle était agent d’accueil, a fermé. Pour rester dans le secteur du tourisme, elle a créé une agence de voyages, Camal. Spécialisée dans les destinations religieuses, en Terre sainte et en France (Lourdes, Lisieux), l’agence devrait prochainement élargir son offre, avec des circuits touristiques au Congo ainsi que des séjours linguistiques à l’étranger. Chantal Ickonga Akindou, qui a en outre ouvert à Brazzaville un salon de thé baptisé Sucré Salé, s’est aussi prise de passion pour l’événementiel. Non contente d’organiser à l’occasion du Festival panafricain de musique (Fespam, biennal) le concours de Miss Fespam, elle a également lancé un défilé de mode qui se déroule chaque année, au moment de la fête de l’indépendance, dans le cadre du Salon africain de la mode et de l’artisanat (Sama), dont elle est commissaire générale. « Par rapport à l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale est très en retard en matière de stylisme, estime-t-elle. En plus d’être un espace de brassage, le Sama permet de promouvoir des talents congolais. » C’est grâce au Salon que le styliste Djibril Kachidi s’est fait connaître et a participé à des défilés au Bénin, puis à Kinshasa, l’an dernier, lors du sommet de la Francophonie. ● M.D. JEUNE AFRIQUE


Et si le Congo se réveillait ?

Économie

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Sandy Mbaya Mayetela Directeur d’Africa Solaire, 36 ans réée en 2010, Africa Solaire vient déjà d’ouvrir une succursale à Kinshasa (RD Congo). La société fondée par Sandy Mbaya Mayetela est spécialisée dans les équipements fonctionnant à l’énergie solaire, en particulier dans la conception et la fabrication de centrales portatives, batteries, réfrigérateurs. Des produits mis au point en fonction des besoins des clients : des particuliers – pour la plupart dotés d’un faible pouvoir d’achat et vivant en milieu rural –, des entreprises, des ONG et des structures telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour laquelle Africa Solaire a installé des batteries de secours en cas de délestage. « Ce sont les problèmes d’accès à l’énergie que rencontre la population qui me donnent des idées », explique Sandy Mbaya Mayetela. Né à Kinshasa en juillet 1977, ce passionné de technologies

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

C

a passé son enfance et son adolescence à Brazzaville. Il a fait ses premiers pas d’entrepreneur à Bruxelles comme gérant d’une blanchisserie professionnelle et d’un nettoyage à sec, après une formation en électricité industrielle, un diplôme de

frigoriste à l’Infac-Infobo de Bruxelles et un graduat (diplôme de premier cycle universitaire) en automation-régulation, à l’École pratique des Hautes Études commerciales (toujours dans la capitale belge), en 2005. ● M.D.

Warid Congo, Un succès mérité

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Réunissez, autour d’un maestro charismatique, de jeunes dynamiques dotés d’un esprit d’équipe, de l’engagement, et la passion pour le client dans un climat social favorable, vous obtenez une symphonie parfaite qui explique la réussite actuelle de Warid. Avec moins de 300 000 abonnés *@ L@ -EEVK B* B%#((<* :*<F S6T8#>T#I >F< 'K F4*B 6@ <*4*@6 ) (?#: >T6: #S>?<8F@8K *@ L@ -EC+G PS>TF@8I ,F@: -$ 4#TT*: ,6 >FQ:K THI4?T68#?@ ,* TH*@8<*><#:* <I:6T8* ,6 8<F4F#T F<,6 ,* C"E B?TTFD?<F8*6<:K ,H6@* B?SS6@#BF8#?@ ,* ><?R#S#8I *8 ,* ><?,6#8: *8 :*<4#B*: ,#:8<#D6I: 2 8<F4*<: C$EEE >?#@8: ,* 4*@8*: FB8#(:G 3@ L@ ,HF@@I* -EC+K TH*@8<*><#:* ,I&F&*<F 6@* SF<&* ?>I<F8#?@@*TT* N39P05;M ,* >T6: ,* -EUG /@ ,IL <*T*4I *@ ) F@: :*6T*S*@8 N#@,#BF8*6< TF<&*S*@8 @I&F8#( *@ -ECEMG 1*B?@@F#::F@8 TH#S>?<8F@B* ,* TF A(?<SF8#?@ =6FT#LF@8*OK .F<#, 7?@&? :H*:8 LJ<*S*@8 engagé dans cette voie à travers différents partenariats avec des grandes écoles de la place et l’initiation de projets tels que le programme Youth - <$ 4$%D: 1: 6:E@#, un programme de formations jeunes dont 6:E@#;:8 N#@B6DF8*6< ,* ><?!*8: #@@?4F@8:M (F#8 >F<8#*.



Le Plus de J.A.

Joséphine Sylvain-Goma Directrice générale de Sitrad Congo, 57 ans près un diplôme en gestion des la création d’un pôle de tri, traitement, entreprises à l’université Marienvalorisation, incinération et enfouisNgouabi de Brazzaville et six années sement de déchets industriels. passés chez Bouygues Offshore, Mère de quatre enfants, la femme Joséphine Sylvain-Goma Tchibota a d’affaires dirige par ailleurs la fondé Services industriels et travaux Fondation Marie-Madeleine Gombes. divers (Sitrad Congo) en 1987. Basée à Cette institution, qu’elle a créée en Pointe-Noire, sa société est spécialisée 1999 en hommage à sa mère, aide dans la prestation de services et le les plus démunis et soutient des travail temporaire. En 2008, elle s’est microprojets, en particulier dans les en outre lancée, en partenariat avec le domaines de la santé et de la formation français Seché Environnement, dans professionnelle. ● T.L.M.K.

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Chantal Ickonga Akindou

Solange Samba Directrice générale d’Africontacts

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e premier Salon international de la formation professionnelle au Congo, en 2008, c’est elle. Le premier Festival du pagne et du tissu africain, en 2009, et le premier Symposium international du numérique au Congo, en 2010, c’est encore elle. La vocation de communicante de Solange Samba est née en 2006. « Après avoir été journaliste pendant vingt ans pour la chaîne publique Télé Congo, j’ai quitté le pays en 1998, à cause de la guerre, explique la quinquagénaire. Je me suis installée au Royaume-Uni, puis à Paris, où j’ai créé l’agence. » Avant de revenir, en 2008, à Brazzaville, où Africontacts poursuit ses activités dans l’événementiel mais aussi dans le conseil en communication auprès d’entreprises et d’organismes internationaux, un créneau sur lequel les Congolais sont encore peu présents. Parmi ses clients : Saris, Assurances et réassurances du Congo, la Banque mondiale ou encore la cellule locale de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, ITIE Congo. ● M.D. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

ée à Djambala (département des Plateaux) en 1960, Chantal Ickonga Akindou a décidé de se lancer dans les affaires quand la compagnie Air Afrique, pour laquelle elle était agent d’accueil, a fermé. Pour rester dans le secteur du tourisme, elle a créé une agence de voyages, Camal. Spécialisée dans les destinations religieuses, en Terre sainte et en France (Lourdes, Lisieux), l’agence devrait prochainement élargir son offre, avec des circuits touristiques au Congo ainsi que des séjours linguistiques à l’étranger. Chantal Ickonga Akindou, qui a en outre ouvert à Brazzaville un salon de thé baptisé Sucré Salé, s’est aussi prise de passion pour l’événementiel. Non contente d’organiser à l’occasion du Festival panafricain de musique (Fespam, biennal) le concours de Miss Fespam, elle a également lancé un défilé de mode qui se déroule chaque année, au moment de la fête de l’indépendance, dans le cadre du Salon africain de la mode et de l’artisanat (Sama), dont elle est commissaire générale. « Par rapport à l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale est très en retard en matière de stylisme, estime-t-elle. En plus d’être un espace de brassage, le Sama permet de promouvoir des talents congolais. » C’est grâce au Salon que le styliste Djibril Kachidi s’est fait connaître et a participé à des défilés au Bénin, puis à Kinshasa, l’an dernier, lors du sommet de la Francophonie. ● M.D. JEUNE AFRIQUE



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Sandy Mbaya Mayetela Directeur d’Africa Solaire, 36 ans réée en 2010, Africa Solaire vient déjà d’ouvrir une succursale à Kinshasa (RD Congo). La société fondée par Sandy Mbaya Mayetela est spécialisée dans les équipements fonctionnant à l’énergie solaire, en particulier dans la conception et la fabrication de centrales portatives, batteries, réfrigérateurs. Des produits mis au point en fonction des besoins des clients : des particuliers – pour la plupart dotés d’un faible pouvoir d’achat et vivant en milieu rural –, des entreprises, des ONG et des structures telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour laquelle Africa Solaire a installé des batteries de secours en cas de délestage. « Ce sont les problèmes d’accès à l’énergie que rencontre la population qui me donnent des idées », explique Sandy Mbaya Mayetela. Né à Kinshasa en juillet 1977, ce passionné de technologies

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

C

a passé son enfance et son adolescence à Brazzaville. Il a fait ses premiers pas d’entrepreneur à Bruxelles comme gérant d’une blanchisserie professionnelle et d’un nettoyage à sec, après une formation en électricité industrielle, un diplôme de

frigoriste à l’Infac-Infobo de Bruxelles et un graduat (diplôme de premier cycle universitaire) en automation-régulation, à l’École pratique des Hautes Études commerciales (toujours dans la capitale belge), en 2005. ● M.D.

Warid Congo, Un succès mérité

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Le Plus de J.A.

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SOCIÉTÉ CIVILE Moé Makosso IV 17 roi de Loango, chef des Vilis, 69 ans « reille riche », tel est le surnom spirituel des Vilis a certes les qualités

O

d’un chef, mais c’est parce qu’il était le neveu du roi Moé Poaty III (souverain de 1931 à 1975) qu’il a été choisi. « Chez nous, la succession au trône est matrilinéaire », souligne Laurent Costode Mackosso. Toujours paré d’une canne et d’une peau de panthère, symboles de sa puissance, Moé Makosso IV a dû passer pendant six mois les épreuves initiatiques indispensables avant d’être investi. Associé à toutes les manifestations officielles, dont l’inauguration de la route Pointe-Noire - Dolisie (qu’il a bénie),leroideLoangos’estaussirendu le 31 mai 2012 à Mbé, siège du royaume téké, où il a signé avec son homologue, le 17e Makoko (lire ci-contre), un manifeste pour la consolidation de la paix et de l’unité du Congo. ● M.D.

EMANUELA DE MEO/CPP/CIRIC

de commandant royal donné à Moé Makosso IV, 17e roi de Loango, intronisé en novembre 2009 à Bilala (dans le Kouilou). « C’est le siège du royaume, où tous les rois ont été intronisés, et où il vit », explique son conseiller Laurent Costode Mackosso, gouverneur du royaume de Loango à Brazzaville. Outre sa grande capacité d’écoute, Moé Jean Makosso, marié à deux femmes et père de seize enfants, est connu pour son calme, sa patience, sa jovialité et son goût pour la musique traditionnelle et congolaise. Né le 1er mai 1944 dans le Kouilou, à Tchizondi, où il a fait ses études jusqu’en classe de 3e avant de travailler au Port autonome de Pointe-Noire comme chauffeur-mécanicien, le guide

Mgr Louis Portella Mbuyu Évêque de Kinkala, président de la Conférence épiscopale du Congo, 71 ans

N

é en juillet 1942 à Pointe-Noire, Louis Portella Mbuyu a été ordonné prêtre en décembre 1967. Il a étudié la théologie à Rome et la sociologie en France avant de rentrer et d’enseigner au petit séminaire Notre-Dame, à Loango (dans le Kouilou), puis au grand séminaire Cardinal-Émile-Biayenda, à Brazzaville, dont il devient le premier recteur congolais en 1983. Nommé administrateur apostolique du diocèse de Nkayi (Bouenza) en 2000, il est promu évêque de Kinkala (Pool) deux ans plus tard. Connu pour son franc-parler, particulièrement en matière de justice sociale, Mgr Portella Mbuyu est également, depuis 2006, président de la Conférence épiscopale du Congo. ● T.L.M.K. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

e

Auguste Nguempio 17e Makoko, roi des Tékés, 86 ans

«

P

our devenir roi, il faut appartenir à l’une des six lignées royales tékées [communauté représentée dans six départements du Congo, ainsi qu’en RD Congo et au Gabon], avoir une bonne moralité et faire preuve de sagesse et d’éthique. Le 17e Makoko a été investi le 16 octobre 2004 par un collège de sept vassaux dirigé par le Ngaï-Lino, le premier vassal », explique le prince Louis Nsalou, porte-parole de la cour. Ce 17e Makoko – le titre est une déformation de oukô, « le géant de la forêt » en téké –, Auguste Nguempio pour l’état civil, est né vers 1927 à Liko, près d’Ignié, dans le Pool, où il fait ses études primaires. Il devient ensuite secrétaire du 13e Makoko, Alphonse Nsalou, puis ouvrier à la mairie de Brazzaville de 1960 à 1964. Après avoir quitté le monde du travail et jusqu’à son investiture, « le roi a assumé la fonction de chef du village de Mbé, capitale du royaume téké, où il vit », précise le prince. L’une des principales attributions du Makoko est de garder le nkwembali, le totem et esprit divin des Tékés, et d’en observer le culte. S’il n’a pas d’autorité administrative, il conserve une influence morale et culturelle bien au-delà de sa communauté. En tant que sage et notable, il joue un rôle de conseiller dans les affaires du pays et est invité à toutes les grandes cérémonies. En tant que propriétaire foncier de la communauté des Tékés, il a pris part à la pose de la première pierre et à l’inauguration du barrage d’Imboulou, situé sur son territoire. ● M.D. JEUNE AFRIQUE


Et si le Congo se réveillait ?

Société civile

97

Joe Washington Ebina Président de la Fondation Ebina et du Collectif des explosions du 4-Mars, 40 ans l aurait pu se contenter d’être un tranquille rentier, sa famille possédant notamment plusieurs hôtels, dont le Saphir, à Brazzaville. Il a choisi d’être aussi philanthrope. Formé au management aux États-Unis et en Afrique du Sud, Joe Washington Ebina préside depuis 2006 la Fondation Ebina, créée après la mort de son père, l’homme d’affaires Charles Ebina. Après avoir constaté que « les politiques n’ont pas de relation directe avec ce que la population vit au quotidien », ce natif de la capitale a décidé de consacrer son temps au « bien-être commun » afin d’« alléger » sa conscience. Les actions de sa fondation visent à améliorer les conditions de vie des populations marginalisées : distribuer de l’eau potable à ceux qui en manquent, assister les plus

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

I

démunis, mobiliser les bonnes volontés et les partenaires pour que les Pygmées soient recensés et que leurs enfants aient un certificat de naissance, etc. À la tête d’un collectif créé pour défendre les

intérêts des victimes de l’explosion de la caserne de Mpila, en mars 2012, Joe Washington Ebina a été brièvement arrêté en mai alors qu’il s’apprêtait à tenir une réunion avec des sinistrés. ● T.L.M.K.

Ecobank Congo, ^dèle à sa politique de proximité, mène depuis le début de cette année, une vaste campagne de déploiement de Distributeurs Automatiques de billets (DAB) sur toute l’étendue du territoire. L’objectif poursuivi est de se rapprocher davantage de sa clientèle. À ce jour, Ecobank Congo dispose : • Trois agences avec un guichet VIP à l’immeuble de l’ARC. • Onze DAB : - Immeuble de l’ARC - 1 - Rond-point de la coupole - 1 - Marché Poto-poto - 2 - OMS - 1 - Station X-OIL, (Mairie centrale) - 1

- Station X-OIL (Patte-d’oie) - 1 - Immeuble de la SNPC - 1 - Hôtel Olympique Palace - 1 - CHU de Brazzaville - 2

- Aéroport Agostino Neto - 1 - Station X-OIL Fouks - 1 - Hôpital de Loandjili - 1 - Agence du Grand Marché - 1 - Super Marché SUNRISE - 1

À POINTE-NOIRE :

À OYO :

• Quatre agences • Huit DAB : - Agence de Lumumba - 2 - Agence Atlantic Palace - 1

• Un DAB - Hôtel ALIMA Palace.

ET TRÈS BIENTÔT, l’ouverture des agences : • Dolisie avec deux DAB, • Moungali à Brazzaville avec un DAB, • Ouesso avec deux DAB. Ecobank Congo-Brazzaville Rond point City Center Immeuble A.R.C 3ème étage, BP 2485 Brazzaville Congo

DIFCOM/FC

À BRAZZAVILLE :


Le Plus de J.A. Et si le Congo se réveillait ?

MURIEL DEVEY POUR J.A.

MÉDIAS ET ÉDITION Paul Soni-Benga Directeur général de DRTV, 55 ans

À

la tête de la chaîne de télévision privée congolaise DRTV, Paul Soni-Benga anime aussi l’une de ses émissions phares, Sans détours: un talk-show en direct, avec débats et interviews, sa passion. « J’ai toujours aimé débattre, mais aussi écrire », confie l’homme de médias, auteur de plusieurs ouvrages, notamment sur les conflits des années 1990 au Congo. Né à Port-Gentil (Gabon), en 1958, il arrive au Congo dans les années 1970, puis part faire ses études en France. Il y décroche deux DEA, un en tourisme international (à Paris) et un en géographie du tourisme (à Aix-en-Provence). Responsable du marketing et de la gestion du Camping club du Soleil, près de Montpellier (Hérault), il enseigne aussi, notamment à l’Académie du tourisme des hôtesses et stewards et à l’International Formation Conseil (IFC), à Paris. Jusqu’à ce que le général Dabira, propriétaire de DRTV, le fasse revenir au Congo en l’engageant à la direction de la chaîne en 2008. ● M.D.

Tiburce Privat Massanga

Reporter et responsable de Radio Mucodec, 39 ans

N

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

98

Jean-Claude Kakou Journaliste à Télé Congo, 59 ans

H

parti unique et du « socialisme scientifique»,lejournalisten’ad’autrechoixquede s’adapter à l’air du temps. Il sera longtemps le présentateur vedette du journal télévisé du soir, puis grand reporter pendant la premièreprésidencedeDenisSassouNguesso. Quand Pascal Lissouba arrive au pouvoir, Kakou se retrouve au placard, d’où il sort avec le retour de Sassou à la présidence. Tout en poursuivant sa carrière au sein de la télévision publique, il est également consultant en communication à la présidence et au ministère des Affaires étrangères.Sonrêve: créer un jour sa proprechaîne. ● BA

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omme de télévision, Jean-Claude Kakou est l’un des journalistes congolais les plus connus. C’est à Brazzaville, où il est né en 1954, qu’il entreprend ses études primaires et secondaires. Après une licence en lettres à l’université de la capitale (future université MarienNgouabi), Kakou gagne la France et intègre l’École supérieure de journalisme de Lille, dirigée à l’époque par Hervé Bourges. Diplômé en 1980, il revient au Congo l’année suivante et commence sa carrière à la radio nationale. Mais c’est à la télévisionqueJean-Claude Kakou se fera remarquer. Sous le règne du

T.L.M.K.

é le 4 novembre 1973 à Makola, près de PointeNoire, il est depuis 2011 le responsable de Radio Mucodec, « la seule radio d’entreprise du Congo ». Traitant, entre autres, de sport, de culture, d’éducation et de technologies de l’information, ses programmes intègrent des reportages sur les activités des sociétaires des Mutuelles congolaises d’épargne et de crédit (Mucodec), une institution de microcrédit très représentée dans le pays. Très écoutée, la station émet à Brazzaville, Pointe-Noire, et sur internet. Tiburce Privat Massanga en est le manager et y réalise aussi des chroniques. Titulaire d’une licence en sciences et techniques de la communication obtenue à l’université Marien-Ngouabi de Brazzaville, le journaliste a une belle expérience de reporter de terrain. En 2000, il intègre Radio Océan, première radio privée créée au Congo, puis, en 2004, une autre station ponténégrine, Ponton FM. Changement de décor en 2008 : il rejoint Pokola, dans le département de la Sangha (Nord), comme journaliste et manager de Biso na Biso, une radio communautaire appuyée par l’ONG suisse The Forest Trust, la Banque mondiale et la Compagnie industrielle des bois. « Nous travaillions étroitement avec les Pygmées », se souvient-il. Autant dire qu’il connaît bien son pays. Et ne se lasse pas de le faire connaître. ● M.D.

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N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

JEUNE AFRIQUE


Définition et conduite de la politique monétaire

Émission de la monnaie

Conduite de la politique de change

Promotion de la stabilité financière

Gestion des réserves officielles de change

Promotion des systèmes de paiement et de règlement

La Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) est la Banque Centrale de la CEMAC, pilier de la coopération monétaire, fleuron et socle de l’intégration dans la CEMAC.

Communiqué

La BEAC est la Banque centrale commune des six États qui constituent la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale, la CEMAC : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad.

semble des pays de l’UMAC et en garantit la stabilité. Sans préjudice de cet objectif, elle apporte son soutien aux politiques économiques générales élaborées par les États membres. Chargée à ce titre de définir et de conduire la politique monétaire de l’UMAC, de conduire la politique de Les 22 et 23 novembre 1972, furent signés à Brazzaville au change, de gérer les réserves officielles de change des ÉtatsCongo les accords de coopération monétaire, qui portèrent membres, de veiller au bon fonctionnement des systèmes la BEAC sur les fonds baptismaux. de paiement et de promouvoir la stabilité Précieux héritage de leurs liens 1972-2012 : Quarante ans au financière, la BEAC est un organe essenhistoriques et privilégiés noués tiel de l’intégration économique en Afrique service de l’Afrique Centrale Centrale. avant les indépendances, la BEAC témoigne de la ferme volonté des États membres de poursuivre une coopération monétaire Grâce, d’une part, à l’esprit de solidarité et de discipline mutuellement bénéfique, pilier de l’intégration dans la de ses États membres et, d’autre part, à la capacité d’adapsous-région de l’Afrique Centrale. Ce, au service de leurs tation à son environnement en perpétuel mouvement, la Peuples respectifs. BEAC continue de donner satisfaction à tous les acteurs du développement économique et social des États de la La BEAC est un établissement public international afri- CEMAC. Son efficacité, son indépendance et son autorité cain régi par ses statuts, la Convention instituant l’Union sont le gage de la confiance des populations et des entreMonétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) ainsi que la prises, africaines ou internationales, en la monnaie émise Convention de coopération monétaire passée entre la par la BEAC. En effet, le franc de la Coopération FinanFrance et les États membres de l’UMAC. cière en Afrique Centrale (franc CFA) est l’une des monnaies africaines les plus stables depuis les indépendances, La BEAC émet la monnaie unique, le franc CFA, ayant du fait, en particulier, d’une politique monétaire rigoureuse cours légal et pouvoir libératoire sur le territoire de l’en- et clairvoyante.

BEAC, Banque des États de l’Afrique Centrale BP 1917, Yaoundé, Cameroun - Tél. : (+237) 22 23 40 30, Fax : (+237) 22 23 34 68 - www.beac.int

MABOUP

Banque des États de l’Afrique Centrale


RÉPUBLIQUE DU CONGO

La Direction Générale des Impôts et des Domaines

modernise la fiscalité au Congo Brazzaville Les prévisions budgétaires des recettes fiscales de 2010 à 2013 sont passées de 336 milliards de FCFA à 572,5 milliards de FCFA, soit une augmentation de 236,5 milliards de FCFA. Les réalisations en 2012 ont été largement supérieures aux prévisions. En 2014, elles pourront passer à plus de 620 milliards de FCFA soit du simple au double en quatre ans. Ces bonnes performances résultent des effets conjugués de plusieurs actions menées par le Directeur Général des Impôts et des Domaines, Antoine NGAKOSSO depuis sa nomination en décembre 2010. Les actions de modernisation ont concerné à la fois, le personnel, les contribuables, la stratégie fiscale et la politique de communication.

• Organisation du colloque du centre de rencontre et d’études des dirigeants des administrations fiscales (CREDAF) ;

• Dialogue avec les notaires et les huissiers ; • Baisse des taux d’imposition et élargissement de l’assiette fiscale ; • Mise en place de la fiscalité de proximité ; • Marche vers l’institution de l’interlocuteur fiscal unique (IFU) ; • Paiement de l’impôt par : • Virement bancaire ; • Dans les guichets de banque installés dans les services d’assiette ; • Les cartes prépayées pour les petits contribuables ;

COMMUNIQUÉ

• Amélioration du rendement fiscal ; • Stratégies fiscales nécessaires à la monétarisation de l’économie ; • Promotion du titre foncier pour relancer la consommation en vue d’augmenter les recettes de la TVA ;

• Le directeur général élu le président du CREDAF ; Antoine NGAKOSSO, Directeur Général des Impôts et des Domaines.

• Manager l’impôt pour une large acceptation par les contribuables. LE PERSONNEL : • Début du travail effectif à 7h ;

• Lutte contre le comportement déviant des agents des impôts et des contribuables. LES CONTRIBUABLES : • Promotion du civisme fiscal à travers les réunions avec les différentes catégories des contribuables ;

• Changement du style du management ;

• Approche participative dans l’élaboration des nouvelles dispositions fiscales ;

• Installation des appareils biométriques de contrôle de présence au poste du personnel ;

• Le contribuable est désormais traité comme étant un partenaire de l’administration fiscale ;

• Mensualisation de la prime d’incitation du personnel ;

• Émulation entre les contribuables ;

• Dotation des moyens de transport commun au personnel ;

• Mise en place d’un système de pédagogie fiscale.

DGID Avenue William Guynet - B.P. 180 Brazzaville - Congo

LA POLITIQUE DE COMMUNICATION : • Organisation des foires fiscales à Brazzaville et à Pointe- Noire ; • Organisation des journées portes ouvertes sur la fiscalité congolaise ; • Organisation des cocktails dînatoire pour le remerciement des bons contribuables ; • Large communication pour améliorer le niveau du civisme fiscal ; • Prendre les églises comme partenaire à la promotion du civisme fiscal ; • Dotation de l’administration fiscale d’un logo ; • Production d’un film pour la lutte contre l’incivisme fiscal ; • Organisation d’un Carnaval pour la promotion du civisme fiscal ; • Promotion du civisme fiscal à travers la chanson (diffusion d’un clip vidéo).

DIFCOM/FC - PHOTOS : DR

• Émulation entre les cadres de la Direction Générales des Impôts et des Domaines ;

LA STRATÉGIE FISCALE : • Baisse du prix du titre foncier de 15 % à 3 % ou 2 % de la valeur de la propriété ;

www.dgicongo.org


Médias et édition

Et si le Congo se réveillait ?

101

Camille Bongou

Directeur des Éditions Presses et Culture, président de l’association Sophia, 68 ans

C

MURIEL DEVEY POUR J.A.

ofondateur et ex-numéro deux, dans les années 1980, du Parti congolais du travail (il fut membre du comité central et du bureau politique, qu’il a quitté en 1989), Camille Bongou s’est reconverti dans la culture. Licencié en philosophie de l’université de Brazzaville (future université Marien-Ngouabi) en 1974, ce natif de Bokouélé (département de la Cuvette) suit une formation en Belgique avant de créer les Éditions Presses et Culture, en 1991, à Brazzaville. « En plus d’éditer des ouvrages, nous animons des rencontres », précise Bongou. En avril, à Pointe-Noire, il a ainsi organisé, en partenariat avec le ministère des Transports, un colloque sur la façade atlantique du Congo. Le début d’une série de rencontres qu’il compte mettre sur pied dans les différentes régions pour amorcer une réflexion sur l’identité congolaise d’hier et d’aujourd’hui. « L’idée est de questionner nos origines, d’étudier les liens entre les communautés du pays et les transformations qu’elles ont connues », souligne Bongou, qui préside par ailleurs la Société congolaise de philosophie (Sophia) ● M.D.

Théophile Mwené Ndzalé Obenga Historien et philosophe, 77 ans

N BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

é à Mbaya, dans le Kouilou, en février 1936, Théophile Mwené Ndzalé Obenga n’a pas son pareil pour évoquer l’univers ésotérique du kiébékiébé, une danse initiatique du département de la Cuvette. Difficile de lui coller une étiquette tant il est bardé de diplômes. Docteur ès lettres et sciences humaines de la Sorbonne (à Paris), il a étudié l’histoire au Collège de France, la philosophie à Bordeaux, les sciences de l’éducation aux États-Unis (à Pittsburgh) et l’égyptologie en Suisse (à Genève). Si cette dernière matière est l’une de ses passions – il est

JEUNE AFRIQUE

adepte des thèses de Cheikh Anta Diop sur l’appartenance de l’Égypte aux civilisations négro-africaines –, la culture bantoue, la littérature traditionnelle mbochie et l’histoire du Congo en sont d’autres. Ancien directeur général du Centre international des civilisations bantu à Libreville (Gabon) et professeur au département de civilisations africaines à l’université de San Francisco (États-Unis), Obenga a dirigé un ouvrage collectif, Histoire générale du Congo des origines à nos jours, édité pour le cinquantenaire de l’indépendance du pays, en 2010. ● M.D. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


Le Plus de J.A.

Lydie Pongault

C U LT U R E

Directrice du musée-galerie du Bassin du Congo, 54 ans

Bélinda Ayessa

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Directrice du Mémorial PierreSavorgnan-de-Brazza, 38 ans

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ès sa nomination, Bélinda Ayessa – fille du ministre d’État Firmin Ayessa, directeur de cabinet du chef de l’État – savait qu’elle aurait un immense défi à relever. « Le mémorial a suscité beaucoup de polémiques, à cause du personnage de Savorgnan de Brazza, souligne sa directrice. C’était un humaniste, mais il représente aussi la colonisation. Il fallait réconcilier les Congolais avec cette période de leur histoire. » D’où des campagnes organisées autour du mémorial et de ce qu’il symbolise. Une tâche qui n’était pas étrangère à cette communicante, née à Makoua (département de la Cuvette), en 1975. L’ancienne journaliste, un temps directrice et rédactrice en chef des Dépêches de Brazzaville, s’est évertuée à « donner une âme à l’édifice pour en faire un lieu de rencontres et d’activités culturelles et pour que la population se l’approprie ». Le mémorial et son jardin ontdoncaccueilliconcerts,expositions, représentations théâtrales, conférences et autres activités. Une manière aussi de montrer la richesse culturelle et artistique du pays, puisque ce sont les jeunes, et notamment les amateurs, qui se sont le plus approprié les lieux.

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

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M.D.

Si le challenge est en partie relevé, Bélinda Ayessa reconnaît qu’il reste encore beaucoup à faire pour que le Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza prenne toute sa dimension : il va être agrandi, avec la construction (financée parUnicongo)d’unamphithéâtre,d’un musée, d’une salle de conférences, d’une galerie d’art et de boutiques. ● M.D.

Dieudonné Niangouna Dramaturge, metteur en scène et comédien, 37 ans

I

l est sans doute l’un des meilleurs représentants actuels de l’art scénique congolais. Né à Brazzaville en 1976, Dieudonné Niangouna est un artiste accompli, à la fois dramaturge, metteur en scène et comédien. Ancien de l’École nationale des beaux-arts de Brazzaville, il commence sa carrière en 1997, au moment même où son pays plonge dans la guerre civile. Il crée alors une troupe, Les Bruits de la rue, pour traduire en mots et en gestes le quotidien de ceux qui vivent la peur au ventre, otages d’un conflit qui les dépasse. Avec son verbe volcanique, Niangouna fait et défait le monde. Et la reconnaissance est au rendez-vous : ses textes sont présentés en lecture à la Comédie-Française, à Paris, en 2005. En 2007 et en 2009, deux de ses spectacles, Attitude clando et Les Inepties volantes, sont programmées au Festival d’Avignon, dont il a été cette année artiste associé aux côtés du metteur en scène français Stanislas Nordey. Lors de cette 67e édition, qui s’est déroulée du 5 au 26 juillet dans la cité des Papes, Dieudonné Niangouna présentait Shéda, sa dernière création, une pièce-poème écrite pour quatorze acteurs et musiciens venus, entre autres, de France, de Roumanie, du Congo et du Cameroun. ● T.L.M.K. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

n peut être auditeur financier de formation et consacrer sa carrière à l’art. Une passion « qui s’est réveillée quand on m’en a donné l’occasion », confie Lydie Pongault. La pétillante quinqua dirige le musée-galerie du Bassin du Congo, à Brazzaville, et a été nommée en février 2013 conseillère du chef de l’État, chef du département de la culture et des arts. Son expérience à la tête de l’agence brazzavilloise du cabinet d’audit et d’expertise comptable GKM lui est évidemment précieuse pour gérer la galerie. Mais elle ne s’en tient pas là. Elle a ainsi conçu l’exposition « KiébéKiébé », dont elle a choisi le thème éponyme (une danse initiatique de la Cuvette) et écrit l’argumentaire. Après avoir rencontré un vif succès dans la capitale congolaise, celle-ci sera présentée en novembre à Salvador de Bahia, au Brésil, et à Cuba en 2014. ●

Joseph Kimfoko Madoungou Conservateur du musée Mâ Loango de Diosso, 55 ans

J

oseph Kimfoko Madoungou, natif de Boko-Songho (Bouenza), n’était pas au départ destiné à devenir conservateur de musée. Après un bac scientifique au lycée Patrice-Lumumba de Brazzaville en 1977, il étudie la psychologie à l’université de Brazzaville. Mais au bout de deux ans, il est « envoyé à la production » – catapulté dans la vie active par le régime marxiste – et affecté par le ministère de la Culture au Musée national. Kimfoko Madoungou, qui s’inscrit parallèlement au Centre de formation d’art dramatique, se prend de passion pour les musées. Il participe à la création de ceux d’Owando (Cuvette) et de Diosso (Kouilou). En août 1983, il est nommé directeur – il préfère « conservateur » – du musée Mâ Loango de Diosso. Il a suivi, en 1997, une formation en conservation préventive des musées africains en Italie. ● T.L.M.K. JEUNE AFRIQUE


Et si le Congo se réveillait ?

Culture

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Bill Kouélany Peintre et écrivaine, 47 ans

ée en octobre 1965 à Brazzaville, grande admiratrice du peintre néerlandais Van Gogh et de l’écrivain congolais Tchicaya U Tam’si – deux écorchés vifs, comme elle –, Bill Kouélany s’est découverte artiste par hasard, à la fin de l’adolescence. « Je revenais d’Europe, où j’avais fini mes classes de collège. J’étais un peu perdue, je me cherchais, confiet-elle. J’ai suivi les cours d’un atelier de peinture au Centre culturel français et c’est là que je me suis révélée. À part cet atelier, je n’ai fait aucune école, je suis autodidacte. » Depuis vingt ans, Bill Kouélany peint et expose au Congo, où elle vit, ainsi qu’à l’étranger, notamment au Cameroun, au Sénégal, en France, en Espagne, et aussi en Allemagne. Elle a été la première Africaine subsaharienne à y exposer, en 2007, à la Documenta de Kassel, une grande manifestation d’art moderne et contemporain qui se tient tous les cinq ans.

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

N

Kouélany, qui écrit aussi des récits et des pièces de théâtre (dont Cafard, cafarde), travaille actuellement à la rédaction d’une pièce qu’elle mettra en scène et produira

Productivité maximale F41!2$3GD&?3( 81 6&++G/+1 1CD A(1 G(8ACD+G1 $3A+81 -AG +1-AG/+1 A( ,-AG21)1(D +,CGCD&(D CA+ $1-A1$ 3( 21AD C1 E1+9 0B16 C& H&))1 63)2$,)1(D&G+1 81 2+38AGDC I3)&DCA 1D #&(8BG'< :>0 53A+(GD A(1 C3$A?3( H$37&$1 84,-AG21)1(DC C2,6G5G-A1)1(D 63(*AC 23A+ $1C 1!2$3GD&?3(C 81 6&++G/+1C9 =,6&2&H1< 53+&H1< 6"&+H1)1(D< D+&(C23+D< 63(6&CC&H1< 6+G7$&H1 C3(D &AD&(D 84&22$G6&?3(C 23A+

$1C-A1$$1C :>0 B3AC 3.+1 $41(HG( $1 )G1A! &8&2D, % B3D+1 71C3G(9 05G( 81 H&+&(DG+ $& )1G$$1A+1 8GC23(G7G$GD, 1D 2+38A6DGBGD, 81 B3C )&6"G(1C< :>0 B3AC 2+323C1 A( C1+BG61 &2+/C@B1(D1 21+53+)&(D< 63)2+1(&(D $1C 2G/61C 8,D&6",1C )&GC &ACCG A( C1+BG61 21+C3((&$GC, CA+ CGD19 :>0 1CD $1 8GCD+G7AD1A+ 1!6$ACG5 81C )&+-A1C CAGB&(D1C;

biagroup.com

à Brazzaville. Mentor à ses heures, elle a créé dans la capitale congolaise une plateforme artistique pluridisciplinaire ouverte à la jeunesse. ● M.D.


Première dans toutes les matières.

Tout ce que vous devez savoir de l’actualité business en 15 minutes, chaque semaine. Sur CNN International.

En association avec


Et si le Congo se réveillait ?

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BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

Culture

Rhode Makoumbou Peintre et sculptrice, 36 ans

E

st-ce parce que, dès le biberon, elle a été à l’école de son père, le peintre David Makoumbou, qu’elle a attrapé le virus des arts plastiques ? Toujours est-il que Rhode Makoumbou, native de Brazzaville, peut s’enorgueillir d’être devenue le porte-étendard des arts plastiques congolais dans de nombreux pays, dont la Belgique, où elle réside. Au Congo, elle a reçu en 2012 le Grand Prix des arts et des lettres du président de la

République. Peintre et sculptrice, Rhode Makoumbou fait se croiser dans ses œuvres différentes écoles – réalisme, cubisme, expressionnisme – « tout en affirmant [la] part congolaise et africaine de [son] identité artistique ». C’est cette particularité, présente dans ses toiles, ses sculptures, son style et ses thèmes, qui constitue son écot à l’art universel. ●

Roga Roga Chanteur, 38 ans

Oupta Chanteuse

C’

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JEUNE AFRIQUE

ncienne égérie de l’orchestre Lang’i (« couleur », en lingala), créé en 2003 et avec lequel elle a tourné en Afrique, en Europe et au Canada, Patricke-Stevie Moungondo, alias Oupta, fait cavalier seul depuis la dislocation du groupe, en 2009. Elle n’a pas pour autant abandonné la musique. Et c’est tant mieux. La voix chaude et profonde de la diva congolaise lui a permis de remporter, entre autres, un MTV Africa Music Award en 2009 et, un an plus tard, le prix de la musique moderne d’inspiration traditionnelle au festival Sica (Bénin) avec sa chanson Bilo Bilo. La trentenaire s’est produite en juillet au Festival panafricain de musique (Fespam), à Brazzaville, et prépare un album avec le groupe qu’elle a fondé en 2011 et qui porte son nom. Au programme, ses chansons phares, dont « Bilo Bilo » (sur le réchauffement climatique) et « Oh Mame » (sur l’éducation), mais aussi des titres inédits. ● M.D. BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

est à Owando (département de la Cuvette) que Rogatien Ibambo Okombi, alias Roga Roga, naît, le 31 août 1974. Il apprend à jouer de la guitare, puis intègre une chorale, où il chante et pince les cordes de son instrument de prédilection. Évoluant vers la musique populaire, Roga Roga forme en 1993, avec d’autres jeunes, le groupe Extra Musica, dont il devient le soliste et qui va contribuer à sa notoriété. Mais les débuts sont difficiles. Pour vivre, le chanteur est contraint de se produire lors de veillées mortuaires… Jusqu’à ce que son chemin croise celui d’un producteur, qui lui permet de sortir, en 1995, son premier album : Les Nouveaux Missiles. Depuis, Roga Roga a réussi à s’imposer au Congo, où il est devenu le chanteur le plus populaire de sa génération et a sorti huit albums avec son orchestre Extra Musica, dont le dernier, Sorcellerie (Kindoki), est paru en 2011. ● M.D.

T.L.M.K.

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Le Plus de J.A. Et si le Congo se réveillait ?

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TRIBUNE

Opinions & éditoriaux

La liberté de la presse, une question de culture

B. MOUANDA POUR J.A.

A JOACHIM MBANZA Directeur de La Semaine africaine

U CONGO, le cadre juridique et institutionnel consacre le libre exercice des activités de presse. Mais qui dit cadre juridique dit distinction entre des pratiques admises et d’autres qui ne le sont pas, dont l’interdiction est assortie de sanctions administratives et pénales.Tout journaliste doit donc en principe être conscient que, pour être libre, l’exercice de son métier doit se faire dans le respect de la loi, pourvu que celle-ci ne soit pas liberticide ou contraignante et que les mécanismes de son évolution soient démocratiques. Or, souvent, la loi est, sinon ignorée, du moins considérée comme un obstacle à l’exercice de cette liberté. À cet égard, la société congolaise a encore du chemin à faire pour devenir réellement démocratique et dotée d’une culture admettant la liberté de la presse.

Ma petite expérience professionnelle m’incite plutôt à dire qu’on se crée des ennemis chaque fois qu’on fait usage du pouvoir critique de la presse, et qu’on se fait en revanche de bonnes relations dès qu’on publie un article favorable ou un commentaire laudatif. Un phénomène qui vient, selon moi, du niveau très élevé d’intolérance culturelle qui règne dans notre société. Et quand s’en mêlent la réalité tribale ou ethnique, le droit d’aînesse, le pouvoir de l’argent, le pouvoir tout court, le trafic d’influence, les tracasseries administratives, etc., l’exercice de la liberté de la presse devient périlleux et le quotidien du journaliste, un véritable parcours du combattant. Les choses sont encore plus complexes quand il s’agit de politique. Ici, selon que vous critiquez ou non telle ou telle décision, on vous colle une « étiquette ». Une réaction qui s’explique aussi par le peu de professionnalisme dont les acteurs des médias font euxmêmes preuve. C’est pourquoi il me paraît important que le journaliste soit conscient de sa responsabilité sociétale. La formation est donc un paramètre incontournable. Pour exercer le métier de journaliste, il faut en avoir appris les bases et les principes, connaître le média dans lequel on travaille… Les sociologues ont classé les médias en deux catégories,

chauds et froids, en fonction de leur impact sur la société. Évidemment, le rythme qu’on peut avoir en presse écrite ne doit et ne peut pas être exactement le même que dans l’audiovisuel – la radio et la télévision n’ayant pas le même effet ni la même influence sur la population que la presse écrite. L’enjeu du travail journalistique est énorme dans la vie d’une société démocratique. La presse est, dit-on, le quatrième pouvoir après l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Dès lors, les journalistes doivent être conscients de leurs responsabilités. Ils peuvent abuser de ce pouvoir, mal l’exercer ou l’aliéner. Ils peuvent diviser la société, créer des situations de violence, remettre en question l’unité nationale, ruiner des carrières, provoquer des crashs bancaires, exacerber des maux ou des conflits sociaux… Ils peuvent aussi renforcer l’unité nationale, participer à la consolidation de la paix, accroître la tolérance démocratique, élever le niveau de connaissances dans la société, sensibiliser celle-ci au pluralisme politique, médiatique, d’opinion, et aux principes démocratiques.

Le journaliste joue à la fois un rôle d’arbitre, d’éducateur et d’éclaireur. Il doit être conscient de ses responsabilités.

N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Le journaliste joue à la fois un rôle d’arbitre, d’éducateur et d’éclaireur. Il favorise le dialogue par le débat, qui est un véritable régulateur des tensions politiques et sociales. Et c’est le débat qui, entre autres, empêche ces tensions de dégénérer en violences ou, pire, en conflits armés. Le Congo est l’un des pays du continent qui ont pris conscience de l’importance de la liberté de la presse. C’est une avancée politique majeure, qui va dans le sens du progrès démocratique. Mais le chemin est encore long et l’exercice de cette liberté est encore entravé par la faiblesse de la culture démocratique : certains la revendiquent mais l’exercent mal, quand d’autres s’en méfient comme d’une menace dans la pratique des responsabilités publiques. ● JEUNE AFRIQUE



000 000 200 20 Côte d’Ivoire, RD Congo, Maroc…

MAROC

Petit patronat veut devenir grand

LOGEMENT

idées pour faire

Quels sont les nouveaux concepts et les dernières technologies qui peuvent créer davantage de richesses et améliorer le quotidien des populations ? Télécoms, énergie, finance… Les domaines d’innovation ne manquent pas, la matière grise non plus. Les rédactions de JEUNE AFRIQUE et de THE AFRICA REPORT

C

est incontestable, l’Afrique innove, elle crée, elle entreprend… Notamment dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), un domaine où les jeunes talents foisonnent. Des réseaux de développeurs de logiciels et d’applications tels que AfriLabs (qui dispose de hubs à Nairobi, Lagos et Dakar) sont ainsi pris d’assaut par les géants de la Silicon Valley et les fabricants de téléphones mobiles en quête de nouvelles idées. Et au-delà des télécoms, que ce soit dans la finance, dans l’agriculture ou l’énergie, les jeunes Africains tentent de trouver, souvent en utilisant des N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

matériaux de tous les jours, des solutions africaines aux problèmes africains. Mais il est aussi vrai que les obstacles empêchant une véritable émergence des inventions capables de créer davantage de richesses et d’améliorer le quotidien des populations sont multiples. Ils vont de la faiblesse des lois sur la propriété intellectuelle au manque d’appuis financiers aux porteurs de projets. La liste que nous vous proposons dans les pages qui suivent est une adaptation de l’enquête « Les 30 idées qui font bouger l’Afrique » – nous en avons sélectionné 20 – que vient de publier notre confrère The Africa Report, mensuel anglophone du Groupe Jeune Afrique. ● JEUNE AFRIQUE

BANQUE MOBILE

Économie

INDISCRETS

FORMATION

108


000 000 000 000 000 INTÉGRATION

ASSAINISSEMENT

Face à l’émergence de la concurrence, la SEMC boit la tasse

CULTURE

TÉLÉCOMS

ÉNERGIE

AGRICULTURE

BOURSE

Ministre algérien de l’Industrie

INVENTEURS

LOCAL CONTENT

DÉCENTRALISATION

MINES

CAMEROUN

Cherif Rahmani

STATISTIQUES

DÉCIDEURS

Etisalat à deux doigts du podium

INFRASTRUCTURES

TÉLÉCOMS

bouger l’Afrique FORMATION

Des compétences sur commande

S

JÉRÔME CHATIN/EXPANSION-REA

ur un continent où les taux de chômage restent élevés, c’est un véritable paradoxe : de nombreux postes s’ouvrent pour des techniciens, des ingénieurs, des plombiers ou encore des électriciens, mais le nombre de personnes qualifiées est ridiculement faible. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), moins de 5 % des JEUNE AFRIQUE

Africains s’inscrivent à des programmes de formation technique ou professionnelle. Résultat : soit des étrangers qualifiés viennent occuper ces fonctions, soit les entreprises limitent leurs activités. Il s’agit là d’un sérieux obstacle au développement de l’Afrique. Mais certains pays commencent à prendre les choses en mains. Le

Maroc, par exemple, tente de lancer un plan d’industrialisation dans les secteurs automobile et aéronautique. Pour contourner le problème des compétences, le gouvernement a demandé au constructeur français Renault de créer une école professionnelle, l’Institut de formation aux métiers de l’industrie automobile de Tanger Med, qui a ouvert ses portes en avril 2011. Trois autres centres de ce type suivront, et la même stratégie est appliquée dans divers secteurs. Enfin, la principale innovation du gouvernement marocain a été de permettre au secteur privé, grâce à un financement, de former et de délivrer des diplômes à ceux qui ont acquis une expérience en usine. ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Entreprises marchés q En Afrique du Sud, Moladi propose des composants prémoulés qui peuvent être posés par une main-d’œuvre non qualifiée.

CAMALYNNE/MOLADI

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LOGEMENT

Fabuleux préfabriqué

O

rganisé en 2011 par le magazine américain Harvard Business Review, le concours Une maison à 300 dollars a présenté des solutions innovantes – et très bon marché – à un problème de logement aujourd’hui mondial. La révolution de l’habitat n’a pas encore suivi, mais plusieurs prototypes issus de ce concours ont pu voir le jour en Haïti, en Inde et en Indonésie. Quelques groupes sudafricains cherchent leurs propres solutions, alors que Pretoria se débat pour répondre à la demande de maisons et d’appartements bon marché. Ainsi, Vela Steel Building Systems a connu un tel succès avec ses maisons préfabriquées qu’il a dû doubler ses capacités de production en 2012. De son côté, Moladi permet de monter des maisons en ciment très rapidement et pour des coûts réduits, en utilisant des composants prémoulés posés par une main-d’œuvre non qualifiée. De quoi inspirer le Rwanda, qui doit construire au moins 350 000 logements au N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

cours des dix prochaines années pour faire face à la croissance démographique. ● BANQUE MOBILE

Sans frontières

C’

est une première. Avec Orange Money Transfert International, le français Orange lance un service de transfert d’argent mobile entre le Mali, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. « Chaque année, 200 millions d’euros transitent entre ces trois pays sous forme de flux de transferts d’argent », constate l’opérateur. Le nouveau service permet à un client en Côte d’Ivoire d’envoyer « en toute sécurité et à un prix compétitif » de l’argent à ses proches ou à ses fournisseurs au Mali ou au Sénégal. Il suffit à l’expéditeur de se connecter depuis son mobile puis d’indiquer le montant à envoyer et le numéro de téléphone Orange du destinataire, lequel reçoit immédiatement l’argent sur son compte.

Cet argent peut être utilisé pour des paiements, achats ou transferts, ou bien être retiré auprès de n’importe quel distributeur Orange Money. Étendu à treize pays d’Afrique et du Moyen-Orient, Orange Money compte désormais plus de 7 millions de clients. ●

MINES

Sachez ce que vous achetez!

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ointés comme l’une des causes des violations des droits de l’homme dans des pays comme la RD Congo, les minerais font à présent l’objet de nouvelles régulations en matière de traçabilité. La loi américaineDodd-Frankfaitpesersurles compagnies extractives basées aux États-Unis de nouvelles obligations – elles doivent désormais s’assurer que leurs fournisseurs ne favorisent pas les conflits liés aux minerais –, et l’Union européenne a terminé les préparatifs d’une législation JEUNE AFRIQUE


Entreprises marchés similaire. Certains groupes tentent eux aussi de mettre en place leur propre programme de traçabilité, à l’instar de l’américain Motorola, qui a lancé en 2011 Solutions for Hope, un projet qui vise à garantir que la

production du tantale utilisé dans la fabrication de ses téléphones portables est exempte de toute activité criminelle. Le finlandais Nokia et le canadien BlackBerry se sont associés à cette initiative. ●

INVENTEURS BIEN INSPIRÉS

EnTunisie, au Cameroun et en Égypte, gros plan sur ces GéoTrouvetou qui font avancer la science. HASSINE LABAIED et ANIS AOUINI L’ÉOLIENNE SANS PALE L’invention de ces deux Tunisiens a été récompensée en mai par le Prix de l’innovation pour l’Afrique pour son potentiel commercial. Saphon Energy, la start-up de recherche et développement qu’ils dirigent, a en effet développé une éolienne sans pale. Celle-ci utilise une technologie inspirée des voiliers pour créer une énergie rentable par le biais d’un mouvement de va-et-vient en 3D. ●

DÉCENTRALISATION

Tirelires locales

A

LOCAL CONTENT

Des retombées à domicile

L

a préférence nationale est à l’ordre du jour en Afrique. Défini depuis vingt ans par les institutions financières internationales, le local content doit assurer un rééquilibrage des richesses en faveur des États, avec l’objectif de faire émerger une main-d’œuvre qualifiée et de constituer un tissu de sous-traitance digne de ce nom. Ainsi, alors que le Cameroun réserve depuis 2012 la moitié des emplois d’encadrement à des nationaux, le Ghana veut introduire

une loi obligeant les investisseurs étrangers à ouvrir leur capital à hauteur de 30 % à des entreprises du pays. Quant à la Côte d’Ivoire, elle réfléchit à la mise en place de quotas réservés à la sous-traitance locale. Le Nigeria est aujourd’hui le pays subsaharien le plus avancé en la matière. Pour maximiser les retombées de sa filière extractive, Abuja a promulgué en 2010 une loi qui encadre au plus près l’emploi, la sous-traitance, la fiscalité ou encore l’actionnariat. ●

AKINTUNDE AKINLEYE/REUTERS

q Au Nigeria, la politique de préférence nationale a notamment profité au groupe Dangote Cement.

JEUNE AFRIQUE

DR

ttendue depuis longtemps, la décentralisation financière continue de se faire désirer sur un continent où les États restent réticents à partager les ressources publiques, notamment dans le domaine fiscal, empêchant toute autonomie des collectivités sur la gestion des affaires locales. Les Nations unies viennent de lancer un programme qui pourrait contribuer à changer la donne. Il s’agit de financer les autorités locales, à hauteur de 150 000 euros, pour qu’elles construisent des bâtiments qu’elles pourront ensuite louer aux opérateurs privés, afin de disposer de leurs propres fonds. En Sierra Leone, l’expérience a permis la création d’un marché dans la ville de Sembehun. Des projets similaires sont en cours au Sénégal, en Guinée et en Tanzanie. ●

FAUSTINUS NJOKIKANG DES BRIQUES À LA CHAÎNE Ce Camerounais a mis au point un prototype de presse manuelle capable de produire 1 000 briques par jour. Le rendement d’un maçon est souvent limité par l’utilisation de boîtes en bois ou en métal peu productives. Cette innovation permet de fabriquer des briques à partir de terre, avec un traitement au ciment qui leur permet de sécher en trois semaines. Après des études en Italie, Faustinus Njokikang est revenu au Cameroun pour fonder sa société, Novatech Construction Systems. ● AHMED AL-WAKEEL CONDUIRE À DISTANCE En 2011, Ahmed al-Wakeel et ses camarades de l’Université du Caire, Ahmed Swelam, Mazen Shawky et Omar al-Masry, ont inventé un moyen de conduire une voiture à distance. Ce système baptisé Drive fonctionne avec Internet Protocol (IP) et utilise le réseau mobile 3G ainsi qu’un logiciel créé par les quatre étudiants. Il nécessite une installation amovible qui doit être fixée dans le véhicule. Ahmed al-Wakeel a annoncé que son invention pourrait être utilisée par les pompiers, les démineurs ou encore les personnes victimes d’un handicap. ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Entreprises marchés ÉNERGIE

Solaire pas cher

D AKINTUNDE AKINLEYE/REUTERS

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BOURSE

Tous à la cote!

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e secteur pétrolier représente 15 % du PIB du Nigeria… mais seulement 3 % de la capitalisation du Nigerian Stock Exchange (NSE). Et alors que les autorités tentent de retenir une plus grande part des profits issus de l’exploitation de cette ressource, le directeur exécutif du NSE, Oscar Onyema, a proposé au gouvernement d’accorder des avantages fiscaux aux multinationales qui s’introduisent sur le marché local… Cherchez

l’erreur. La Tanzanie, elle, a adopté une position plus ferme. En juin, le ministère des Finances a indiqué que les groupes miniers et télécoms installés sur le territoire seraient obligés de s’introduire sur la Bourse locale. Certains l’ont déjà fait. Coté à Londres, African Barrick Gold est ainsi entré sur la Place de Dar es-Salaam en 2011. Il s’agit sans doute là d’une piste que la Bourse régionale des valeurs mobilières, à Abidjan, peut explorer. ●

p Oscar Onyema, directeur du Nigerian Stock Exchange.

ans l’Amérique des années 1920, la mise en place de systèmes de paiement échelonné avait contribué à alimenter la révolution du petit électroménager. Le futur de l’énergie dans les zones rurales d’Afrique pourrait bien passer par une méthode de financement similaire. Par exemple, dans l’ouest du Kenya, les foyers abandonnent la paraffine pour l’énergie solaire. La start-up M-Kopa propose des kits prépayés comprenant un panneau solaire de 4 watts, un boîtier de contrôle mural, trois lampes et un chargeur de téléphone. Selon le plan de paiement de M-Kopa, qui utilise la plateforme de paiement mobile M-Pesa (de l’opérateur Safaricom), les usagers réalisent un premier paiement de 2500 shillings (21 euros), puis payent 40 shillings par jour pour couvrir progressivement le coût total de 17 000 shillings. Jess Moore, directeur de M-Kopa, affirme que 22 000 foyers sont déjà équipés de kits solaires. ●

RÉVOLUTIONS VERTES L’agriculture s’impose comme un terrain fertile de recherche et développement. Quand on connaît ses impacts économiques, sociaux et sanitaires, on ne peut que s’en féliciter. DES MOUCHES POUR LE BÉTAIL En Afrique du Sud, Jason Drew a découvert une nouvelle méthode aussi efficace que bon marché pour produire de l’alimentation animale. Nourries de déchets alimentaires, les mouches pondent des œufs : 1 kg se métamorphose en 380 kg de larves, prêtes à être consommées par le bétail en soixante-douze heures. Sa firme, AgriProtein, construit sa première unité de production, dont la capacité quotidienne devrait atteindre très vite les 100 t. Il prévoit de réaliser à terme onze usines en Afrique, en Europe et en Amérique. ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

RIZ SURVITAMINÉ Deux Maliens viennent de mettre au point une nouvelle variété de riz, Ultra Rice, enrichie en vitamines A et en fer. « Notre but est de faire de notre riz fortifié un standard », déclare Salif Romano Niang, qui a fondé Malô avec son frère Mohamed Ali en 2010. La société construit un LÔ MA entrepôt de stockage à Bamako, et le riz devrait être sur tous les étalages de la capitale en octobre. Les grains Ultra Rice sont aujourd’hui importés d’Inde, mais seront à moyen terme transformés et conditionnés au Mali. ●

FONIO EXPRESS Le Sénégalais Sanoussi Diakité a été récompensé par le prix de l’innovation pour l’Afrique pour l’impact social de son invention. Une machine électrique et thermique qui décortique cinq kilos de fonio en huit minutes – auparavant il fallait deux heures pour en piler 2 kg. Désormais utilisée dans toute l’Afrique de l’Ouest, elle a contribué à relancer le fonio dans la région de Kolda (sud du Sénégal). Chercheur à l’Institut de technologie alimentaire, à Dakar, Sanoussi Diakité travaille aujourd’hui sur la création d’une moissonneuse de criquets : une machine qui aspirera ces insectes ravageurs de cultures. ● JEUNE AFRIQUE


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TÉLÉCOMS

Le web même au village nsemble, l’américain Microsoft et le kényan Indigo Telecom développent un projet dans la vallée du Rift pour rendre internet accessible dans les zones rurales. Pour ce faire, les techniciens des deux groupes utilisent la télévision White Space, une technologie qui s’appuie sur les bandes de fréquences non utilisées par l’audiovisuel analogique. Leurs stations-relais, qui fonctionnent à l’énergie solaire, peuvent diffuser des signaux wifi dans un rayon de plus de 10 km. Le projet permet également aux entrepreneurs de faire baisser les coûts de connexion grâce à une box conçue spécialement pour faciliter l’accès bon marché à internet et aux réseaux de téléphonie mobile dans des endroits non encore connectés. ●

INFRASTRUCTURES

Ensemble pour dépenser otre continent dispose de plus d’argent qu’on ne le pense. Il n’y a qu’à voir les dotations des fonds de pension qui voient le jour sur le continent et l’immensité des réserves de change de certains pays. Celles de l’Algérie sont estimées à plus de 150 milliards d’euros, celles du Nigeria dépassent les 37 milliards. Mais le continent est toujours aussi mal doté en infrastructures. Pour pouvoir mettre celles-ci au niveau des besoins, il faudrait dépenser 75 milliards d’euros par an pendant la prochaine décennie. La Banque africaine de développement (BAD) a proposé un plan pour remédier à cela: utiliser les réserves africaines pour garantir les investissements privés dans les infrastructures africaines. L’institution vient de créer un fonds baptisé Africa50, qu’elle gérera elle-même et qui disposera de 38 milliards d’euros pour faire avancer les chantiers les plus importants et les plus complexes. Le tout en tenant compte de la dimension régionale de JEUNE AFRIQUE

ces infrastructures. Travaillant avec l’Union africaine (UA) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), la BAD entend proposer un plan d’action et un calendrier dès que possible. ● STATISTIQUES

L’Afrique répond par SMS

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remière du genre, l’expérience s’est déroulée en RD Congo. En 2011, la société américaine GeoPoll s’est associée à la Banque mondiale pour convaincre les opérateurs mobiles d’envoyer dix SMS à 150 000 téléphones d’usagers en leur permettant d’y répondre gratuitement. Cette opération a été le premier grand sondage national utilisant

la technologie SMS. Les réponses collectées ont permis de se faire une idée du niveau de vie et des préoccupations de la population vivant dans l’est du pays. Une telle initiative ouvre une nouvelle ère dans la collecte de l’information en Afrique. Bénéficiant de réponses en temps réel et d’une géolocalisation précise des sondés, ce genre d’enquête présente des possibilités illimitées. Surtout sur un continent où plus de 80 % de la population est connectée à un réseau de téléphonie mobile. En mai, la BAD a utilisé GeoPoll afin de veiller aux perspectives d’avenir des jeunes Tunisiens depuis le Printemps arabe. Les entreprises peuventégalement utiliser cette technique pour évaluer les besoins de leurs clients afin de développer de nouveaux plans marketing. ● TOURNERET/SIPA

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N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

GREG VON DOERSTEN/MICROSOFT

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FUNDZA

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p Le projet FunDza Literacy Trust propose aux jeunes Sud-Africains des livres qui reflètent leur vie.

CULTURE

Écrire et lire en « africain »

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lors que les États-Unis veulent désormais intégrer la production intellectuelle (livres, films, photos…) dans le calcul de leur PIB, les pays africains pourraient leur emboîter le pas dans quelques années. Car si de Dakar à Niamey en passant par Abidjan, plusieurs générations ont grandi en lisant Corneille, Victor

Hugo ou Voltaire, les initiatives se multiplient pour soutenir la production de contenus locaux. Au Togo, les éditions Ago publient des bandes dessinées avec des superhéros africains, tandis qu’au Rwanda, Bakame se concentre sur des publications en langue kinyarwanda pour les plus jeunes. En Afrique du Sud, le FunDza

ASSAINISSEMENT

Literacy Trust propose aux jeunes de 13 à 25 ans issus de milieux défavorisés, via les téléphones portables et internet, des livres et des articles de presse qui reflètent leur vie et créent des personnages auxquels ils peuvent s’identifier. Quant à la télévision ougandaise, elle vient de connaître une évolution majeure : une directive lui impose de programmer 70 % de contenu local sur ses antennes à partir de janvier 2014. ●

INTÉGRATION

Un visa pour tous

L

U

es autorités ont longtemps perçu la voirie et le traitement des déchets comme des activités qui coûtent plus qu’elles ne rapportent. Mais ais un ceropérateurs tain nombre d’opérateurs privés plus inventifs tifs les uns que les autres ont nt décidé de mettre à mal cette cra, idée reçue. À Accra, rs a Waste Entreprisers construit cette année née un centre pilote de retraitement des eaux usées, qui transforme les boues en un combustible très N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

efficace pouvant être utilisé dans des chaudières industrielles. Toujours au Ghana, la multinationale Unilever et l’association à but non lucratif Wat Water & Sanitation for the Urban Po Poor ont développé Uniloo : un concept de toilettes port portables pouvant être insta installées dans les ménages non connectés aux égouts ou qui ne disposent pas p d’une fosse septique septique. Son succès est tel qu’il qu faut désormais attendre plusieurs sie mois avant depouvoirêtre équipé. ●

MATTHEW MUSPRATT/WASTE ENTERPRISERS FLICKR

Quand les déchets valent de l’or

ne simple demande de visa peut parfois se transformer en véritable chemin de croix. Certains pays du continent ont instauré une politique drastique de contrôle des frontières. En dehors de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et, plus récemment, de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), une majorité d’États exigent un visa de la part de leurs visiteurs africains. Ainsi la décision prise par le Rwanda, le 1er janvier, d’autoriser tous les ressortissants africains à entrer sur son territoire pourrait bien changer la donne et ouvrir la voie à plus d’échanges commerciaux et de migrations. En Afrique centrale, les pays de la Cemac entendent aussi mettre en place un visa unique. L’UA réfléchit également à cette possibilité à l’échelle du continent. Ouvrons les frontières et, par là même, les esprits. ● JEUNE AFRIQUE


Entreprises marchés

Finance Intangis joue

les trouble-fêtes

A

lors que l’ivoirien Atlantic Financial Group (AFG) et le marocain Banque populaire convolent tranquillement en justes noces, une ombre plane sur leur union. Un an après la signature d’un accord créant un holding détenu à parts égales, Atlantic Business International, Intangis Holdings tente de « AUCUNE MAINLEVÉE faire annuler le deal. La raiN’AYANT ÉTÉ SOLLICITÉE, son? Ce fonds américain fait CETTE SAISIE DEMEURE valoirlaviolationd’unesaisie VALABLE. » conservatoirequ’ilexercesur lesactionsdugroupeivoirien Kouassi Kouamé, conseil d’Intangis, depuis 2009. Les justices togolaise et fransignale : « Aucune mainlevée n’ayant été çaise avaient alors donné tort à AFG dans un litige qui l’opposait à Intangis depuis sollicitée, cette saisie demeure valable. » 2006. Le groupe dirigé par Bernard Koné Autrement dit, l’opération conclue en Dossongui affirme avoir versé des domjuin 2012 serait illégale. Dans cette lettre mages et intérêts, mais le fonds soutient datée du 1er juillet (fac-similé ci-dessus), que le montant est loin de celui réclamé l’avocat ivoirien menace de prendre et qu’une décision de la justice française « toutes les mesures nécessaires pour faire est attendue en appel. Dans un courrier prévaloir [l]es droits [de son client] ». Du adressé à Mohamed Benchaaboun, le côté d’AFG, on parle d’un chantage pour PDG de Banque populaire, Me Patrice réclamer de l’argent une nouvelle fois. ● RD CONGO UNE COMPAGNIE AÉRIENNE NATIONALE ?

Et pourquoi la RD Congo n’aurait pas son propre pavillon national ? Le gouvernement a consulté plusieurs transporteurs mondiaux en vue de la création d’une nouvelle compagnie. « Nous avons rencontré des représentants de Brussels Airlines, de Turkish Airlines, de Kenya Airways et d’Ethiopian Airlines, indique un conseiller à la primature. Brussels Airlines pourrait être intéressé, mais seulement si la nouvelle compagnie utilise les mêmes bases aériennes que Korongo Airlines à Kinshasa et Lubumbashi [dont le groupe belge est déjà actionnaire à 51 %]. » JEUNE AFRIQUE

Les transporteurs intéressés doivent remettre une proposition avant la fin du mois d’août au ministère des Transports. CÔTE D’IVOIRE WABI VOTE KOUASSI

MarcWabi(photo), le président de l’Association des anciens élèves de l’Institut national polytechnique, sera le directeur de campagne de Parfait Kouassi, PDG du groupe pharmaceutiqueGompciDPCI, dans sa course pour la présidence de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) – une place laissée vacante par Jean-LouisBillon,devenu ministre. Parfait Kouassi, qui devrait faire face à Moussa Diomandé, directeur général de GLS

Catering et Services, a le soutien de la Grande Loge de Côte d’Ivoire (GLCI), qui regorge de patrons du secteur privé. Clotaire Magloire Coffie, grand maître de la GLCI, aurait donné des consignes à ses ouailles dans ce sens. Parfait Kouassi a également réussi à se faire adouberparHenriKonan Bédié, le leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire.

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VIDÉOSURVEILLANCE THALES CONTRE HUAWEI À ABIDJAN Une rude bataille est ouverte entre le français Thales et le chinois Huawei dans l’appel d’offres international lancé par la Côte d’Ivoire pour l’installation d’un système de vidéosurveillance à Abidjan. Le marché est estimé à plus de 150 millions d’euros. Si Thales, en consortium avec son compatriote Orange, est sur les tablettes des autorités ivoiriennes, rien n’est encore joué. Car Huawei entend bien mettre en avant la capacité de financer cette opération via un prêt de la China Exim Bank, le puissant bras financier de Pékin. Dans un contexte où l’État est à la recherche d’investisseurs aux portefeuilles bien garnis, c’est un argument qui compte.

FOTOLIA

Les indiscrets

AÉRIEN NOUVEL ACTEUR À CASA La Société toulousaine de traitement de surfaces (leader européen de la peinture aéronautique) devrait s’installer à proximité de l’aéroport Mohammed-V de Casablanca avant la fin de l’année. Le groupe français est en négociation avec Royal Air Maroc (RAM) pour créer une coentreprise spécialisée dans la peinture d’avion. Cette activité viendra compléter celle d’Aerotechnic Industries, une filiale d’Air France et de la RAM qui réalise les opérations d’entretien d’Airbus A320 et de Boeing 737. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Entreprises marchés MAROC

Petit patronat veut devenir grand Proche du parti islamiste au pouvoir, l’association Amal Entreprises se fait le chantre des PME… et marche sur les plates-bandes de la puissante CGEM.

membres PJD du gouvernement – et en particulier le ministre de l’Équipement et du Transport, Abdelaziz Rabbah, qui est proche de l’association – ont voulu gonfler sa notoriété », estime-t-il. Cette initiative gouvernementale n’a pas été du goût de la CGEM, laquelle se veut l’organisation patronale la plus représentative et s’estime donc incontournable.

HASSAN OUAZZANI POUR J.A.

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p Taïeb Aisse, le président d’Amal, revendique une « philosophie libérale et sociale ».

À

l’ombre de l’influente Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), une autre association patronale émerge dans le royaume. Son nom: Amal Entreprises (amal signifiant « espoir »). Jugée proche du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste), qui domine le gouvernement, elle a fait notamment parler d’elle à l’occasion de la venue au Maroc du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Le 3 juin, c’est elle qui avait organisé à Rabat, en marge de la visite officielle, une rencontre entre hommes d’affaires turcs et marocains, en présence des chefs de gouvernement des deux pays. Une initiative boudée avec ostentation N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

par la CGEM, présidée par Meriem BensalahChaqroun.«Nousn’avons été prévenus par Amal Entreprises que trois jours ouvrables avant cette manifestation. Or on a de vrais problèmes commerciaux avec la Turquie, fait valoir Fadel Agoumi, directeur délégué de la CGEM. Il ne servait à rien de garnir les rangs d’une simple rencontre entre patrons où les problèmes délicats n’auraient pas pu être résolus, en particulier les barrières à l’entrée sur le marché turc. » Selon un bon connaisseur des organisations patronales marocaines, ce boycott médiatisé a surtout une explication politique : « En accordant à Amal Entreprises la possibilité d’organiser cette manifestation économique, les

MONOPOLE. Même si Fadel Agoumi affirme que « la CGEM n’a pas de monopole sur le patronat », l’épisode turc a mis au jour la compétition à laquelle se livrent les deux organisations pour recueillir l’adhésion des dirigeants de PME, qui constituent plus de 90 % des 500 000 sociétés enregistrées au Maroc. La CGEM revendique quelque 30 000 membres via les fédérations professionnelles, mais elle ne compte en fait que 3 000 adhérents directs. Fadel Agoumi escompte faire passer ce chiffre à 6 000 en cinq ans. Mais pour cela, il doit impérativement séduire les petits entrepreneurs. « Notre organisation a longtemps été vue comme l’émanation des grandes entreprises, explique-til. Créée en 1947 sous le protectorat, elle rassemblait au départ les patrons français du royaume. Malgré la marocanisation de l’économie, elle a longtemps été perçue avec méfiance par les différents gouvernements. Elle n’a pris sa place de premier interlocuteur de l’État pour le secteur privé formel que dans les années 1990. » Selon le directeur délégué, les temps ont changé : « La force actuelle de la CGEM, c’est sa représentativité. Aujourd’hui, 85 % de nos adhérents sont des patrons de PME actives dans tous les secteurs. Et dorénavant, tous les textes de loi et décrets de l’État concernant le monde de l’entreprise nous sont soumis. » JEUNE AFRIQUE


Entreprises marchés De son côté, Amal Entreprises n’affiche que 500 membres, mais vise 1 000 cotisants à l’horizon 2014. Et se pose justement comme le chantre des PME et de la préférence nationale. « Depuis 2012, la priorité est donnée aux sociétés marocainesdanslasous-traitanceet les appels d’offres sur les grands travaux publics. C’est un changement pour lequel nous avons beaucoup milité », affirme Taïeb Aisse, le présidentd’Amal.Cedernierrefusel’étiquette PJD: « Nous avons créé notre association en 2004 et elle se veut apolitique, affirme-t-il. Au départ, elle rassemblait un groupe d’amis mus par la volonté de défendre les entreprisesmarocaines,notamment celles de petite taille ou basées en province, dont les intérêts ne sont pas suffisamment pris en compte. » Interrogé sur les références religieuses de son association, Taïeb Aisse botte en touche : « En tant que Marocains, nous sommes musulmans, cela va de soi. Mais nous sommes une association d’entreprises, pas une organisation religieuse. Notre philosophie est libérale et sociale. Notre objectif est de renforcer les capacités de

a permis à l’association marocaine de nouer des liens avec des organisations patronales algérienne, mauritanienne et égyptienne souvent proches de l’OCI.

nos membres, de développer les interactions entre grandes et petites sociétés et de leur ouvrir de nouveaux horizons, ce qui permettra de doper l’investissement et par conséquent l’emploi », indique-t-il. Reste que l’association est clairement liée à des organisations musulmanes ou islamistes. Amal est ainsi membre de l’Union des hommes d’affaires de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

PANOPLIE. Désormais,bienqu’elles

Amal a tissé des relations étroites avec la Müsiad, un syndicat turc dans la mouvance de l’AKP. Et elle a tissé des relations étroites avec l’Association des industriels et hommes d’affaires indépendants (Müsiad, deuxième association patronale turque), proche de l’AKP, le parti islamiste au pouvoir à Ankara. C’est d’ailleurs avec celleci qu’Amal a organisé la rencontre de Rabat qui a fait polémique. Et c’est aussi la Müsiad qui a lancé l’International Business Forum, une rencontre annuelle entre hommes d’affaires musulmans à laquelle participe Amal. Une manifestation qui

le nient toutes les deux, la CGEM et Amal sont à couteaux tirés. La première a d’ores et déjà repris le dossier turc à son compte. « Nous nousrendronsàAnkaraetàIstanbul dès septembre pour renégocier les accords de libre-échange de 2006 », annonceFadelAgoumi,quirappelle également que la CGEM organise le troisième Forum des entrepreneurs maghrébins, prévu le 17 février 2014 àCasablanca.Ellemultiplieaussiles initiatives en faveur des PME, avec une panoplie de nouveaux services, notamment de mise en relation commerciale et de Bourse d’affaires. Desoncôté,Amalalancéuneoffensive chez les jeunes entrepreneurs et les femmes chefs d’entreprise. Elle annonce aussi l’organisation d’une rencontre avec des hommes d’affaires subsahariens, début 2014, au Maroc. La bataille des patronats ne fait que commencer. ● CHRISTOPHE LE BEC, envoyé spécial

David contre Goliath AMAL ENTR ENTREPRISES Taïeb Aisse PDG du cabinet d’audit et de conseil Aisse ! 500 adhérents0 ,(-*3(* )', )"-"#'.6*, )' /4$ ! /-"6+"1.(& ,'+*'(-, -'1-2,'6*2, 5 industrie (40 %), commerce et services (30 %), nouvelles technologies (10 %), agriculture (5 %) Union des hommes d’affaires de l’Organisation de la coopération islamique Turquie 5 Association des industriels et hommes d’affaires indépendants Égypte 5 Association des affaires et des investissements internationaux Mauritanie 5 Association des hommes d’affaires mauritaniens Algérie 5 Club économique algérien Libye 5 Chambre de commerce et d’industrie libyenne

JEUNE AFRIQUE

PRÉSIDENCE

MEMBRES

PARTENAIRES EN AFRIQUE ET AU MOYEN-ORIENT

CGEM Me Meriem Bensalah Chaqroun Administratrice directrice générale Ad des Eaux minérales d’Oulmès de ! 30 000 affiliés via 30 fédérations professionnelles ! 3 000 adhérents directs ! /.*-36, )' #-.6)', '6*-'1-",', 5 15 % ! %"-"#'.6*, )' /4$ 5 85 % Algérie 5 Confédération algérienne du patronat Mauritanie 5 Union nationale du patronat mauritanien Tunisie 5 Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat Libye 5 Conseil du patronat libyen Côte d’Ivoire 5 Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire Gabon 5 Confédération nationale du patronat gabonais Sénégal 5 Conseil national du patronat Afrique du Sud 5 Chambre sud-africaine des affaires

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TÉLÉCOMS

t Le siège du groupe, à Abou Dhabi.

JON HICKS/CORBIS

Etisalat à deux doigts du podium

Pour le géant émirati, le rachat de Maroc Télécom n’est plus qu’une formalité. Il passera ainsi de la cinquième à la troisième place des opérateurs continentaux, devant Airtel et Orange.

C

est une affaire presque entendue. Sauf extraordinaire, d’ici à la fin de 2013, l’émirati Etisalat aura mis la main sur Maroc Télécom… et deviendra l’un des tout premiers groupes de téléphonie sur le continent. Dans le cadre d’un recentrage de ses activités, le français Vivendi, lourdement endetté, vend en effet les 53 % du capital de l’opérateur marocain qu’il détient. Et parmi les acheteurs qui s’étaient manifestés en 2012, seul Etisalat reste en piste après le retrait du qatari Ooredoo (exQtel), du sud-africain MTN et du sud-coréen KT. Fin juillet, Vivendi et Etisalat ont ainsi annoncé être entrés en négociations exclusives. L’offre d’Etisalat, à environ 8,25 euros par action (92,60 dirhams), valorise à 3,9 milliards d’euros la part de Vivendi. Le groupe français percevrait également 310 millions d’euros au titre du dividende 2012. Seule inconnue : l’obtention des autorisations réglementaires, que ce soit dans le N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

royaume ou dans les autres pays où Maroc Télécom est aujourd’hui présent. Après le succès de son investissement en 2001 dans l’opérateur historique mauritanien Mauritel, le groupe d’Abdeslam Ahizoune a en effetacquisdesparticipationsmajoritaires dans le burkinabè Onatel (2006), Gabon Télécom (2007) puis le malien Sotelma (2009). RÉSERVOIR. De son côté, Etisalat est loin de découvrir l’Afrique, qui représente actuellement 12 % des revenus du groupe et quelque 8 % de sa marge opérationnelle. Deux pays sont aujourd’hui les piliers du groupe émirati en Afrique: l’Égypte, avec ses 22,8 millions d’abonnés, représente plus de 60 % de ses revenus africains, et le Nigeria, avec 15,3 millions d’abonnés, offre des taux de croissance de plus de 30 % par an, que ce soit en nombre de clients ou en chiffre d’affaires. Sachant que le Nigeria est d’ores et déjà le plus gros marché de téléphonie mobile du continent avec plus de 90 millions d’abonnés en

2012, que la part de marché d’Etisalat s’y établit à 14 % et que le taux de pénétration n’y est encore que de 60 %, il s’agit d’un précieux réservoir de croissance que le groupe émirati compte bien exploiter. Le reste de ses abonnés africains (soit 12,4 millions de personnes) est réparti entre la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Gabon, le Niger, la Centrafrique, la Tanzanie et le Soudan. Dans ces pays, c’est notamment à travers l’opérateur Atlantique Télécom et la marque Moov qu’Etisalat s’est installé, depuis le milieu des années 2000. Avec les 35 millions d’abonnés de Maroc Télécom, le groupe passerait

D’un seul coup, le nombre de ses abonnés africains passera de 50 à 85 millions. d’un seul coup de 50 millions à 85 millions de clients en Afrique… et ferait un bond dans le classement des grands opérateurs continentaux. Actuellement cinquième, il prendrait la troisième place, derrière MTN et Vodafone, mais devant AirteletOrange,selonleclassement d’African Telecom News. La fusion générerait peu de destructions, car JEUNE AFRIQUE


Coulisses

Entreprises & marchés

Retrouvez toute l’actualité économique et financière du continent sur economie.jeuneafrique.com

ROAMING. Pour les utilisateurs des

réseaux, en revanche, il n’est pas sûr qu’il faille attendre beaucoup de la fusion. Certes, les capacités d’investissement d’Etisalat sont considérables, et les autorités marocaines veulent s’assurer que le nouveau propriétaire du numéro un du marché renforce les infrastructures existantes. « Etisalat a une réputation de service excellente et bénéficie d’une situationfinancièretrèsconfortable, fait remarquer Petr Molik, directeur de l’analyse financière chez Mena Corp. Mais la phase d’intégration ne devrait pas provoquer de grands changements en termes de service ou de marketing, si ce n’est pour le roaming [connexion interpays]. » L’offre de tarifs avantageux pour les communications transnationales entre les différents pays du nouveau réseau est en effet un argument commercial simple à mettre en œuvre et dont le groupe émirati est familier. Déjà, en 2010, Etisalat avait lancé le Moovpassport, qui permet aux usagers d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale de profiter de prix intéressants, et le Moov Hadj Roaming, pour ceux effectuant le pèlerinage à La Mecque. ● SÉBASTIEN DUMOULIN JEUNE AFRIQUE

ECOBANK KOLAPO LAWSON CONFIRMÉ PRÉSIDENT

VINCENT FOURNIER/J.A.

les deux opérateurs sont étonnamment complémentaires dans leur couverture du continent : le seul pays où ils sont actuellement en concurrence frontale est le Gabon. « À Libreville, Etisalat devra probablement vendre l’un des deux opérateurs qu’il contrôlerait de fait, mais c’est anecdotique, estime un analyste. Cette acquisition reste une opportunité unique de se développer en Afrique, c’est-à-dire là où réside la croissance des prochaines années. Etisalat, qui avait pourtant annoncé faire une pause dans les acquisitions, ne pouvait pas laisser passer cette occasion. » Le rachat de Maroc Télécom est donc essentiellement un moyen d’affirmer son implantation sur le continent, mais aussi de bénéficier du savoir-faire des équipes de l’opérateur marocain, qui pourraient se voir confier le management de l’ensemble des activités africaines du nouveau géant.

S

M

S

Après trois semaines d’incertitude, Kolapo Lawson, le président d’Ecobank, s’est vu confirmé à son poste à la suite d’un conseil d’administration extraordinaire réuni à la demande du fonds sud-africain Public Investment Corporation (PIC), premier actionnaire de la banque (lire J.A. no 2743). PIC avait fait part de ses inquiétudes quant aux dettes de Kolapo Lawson. Ce dernier devait 7,5 millions d’euros à Ecobank (un emprunt qui avait été accordé par la filiale nigériane du groupe bancaire à Agbara Estate, une société immobilière dont il était président) et 6,5 millions d’euros à l’Asset Management Corporation of Nigeria (Amcon), une entité mise en place par la banque centrale du pays pour absorber les actifs non productifs des banques locales après la crise de 2009. Dans un communiqué rendu public le 6 août, le conseil a conclu qu’« il n’y a eu aucune irrégularité financière et que M. Lawson a à tout moment agi de bonne foi ». ●

• URANIUM Le français Areva a retrouvé son niveau de production dans sa mine d’Arlit, au Niger, endommagée en mai par un assaut islamiste

• NOTATION Fitch Ratings a maintenu la note de défaut à long terme de la

BAD à AAA • ÉLECTRICITÉ La Banque mondiale va apporter 255 M€ au

projet de centrale hydroélectrique de Rusumo, à la frontière entre la Tanzanie et le Rwanda • TÉLÉCOMS Alger a relancé le processus d’appel d’offres pour des réseaux 3G, avec 3 licences destinées aux opérateurs mobiles

CAMEROUN SEPT BANQUES SANCTIONNÉES La Commission des marchés financiers du Cameroun a sanctionné sept banques pour avoir indûment perçu 4,3 millions d’euros lors de l’émission par l’État d’un emprunt obligataire de 300 millions d’euros en 2010. Les établissements incriminés sont la Bicec, Banque Atlantique, la SGBC, Afriland First Bank, Citi Bank, United Bank for Africa et la Société commerciale de banque.

MAROC ALLIANCES ET ADDOHA LÈVENT DES FONDS Les deux premiers opérateurs immobiliers marocains, Addoha et Alliances, ont obtenu le feu vert du Conseil déontologique des valeurs mobilières, le gendarme de la Bourse

de Casablanca, pour procéder à deux augmentations de capital. Addoha cherche à lever 50,6 millions d’euros à travers l’émission de 12,6 millions d’actions. Son concurrent va émettre 242 000 actions pour un montant total de 10,8 millions d’euros.

CÔTE D’IVOIRE DU NICKEL POUR XSTRATA L’exploitation des mines de nickel de Sipilou et de Biankouma, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, va pouvoir commencer. Les autorités et Xstrata Nickel, filiale de Glencore Xstrata, sont convenus de créer une société détenue par l’État (10 % du capital), la Société pour le développement minier de la Côte d’Ivoire (Sodemi, 5 %) et Glencore Xstrata (85 %). Les premiers investissements sont estimés à 26 millions d’euros. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Décideurs ALGÉRIE

Cherif Rahmani, redresseur en chef

En dates 1945 Naissance à Aïn Oussara

L’implantation de Renault à Oran, c’est son boulot. La renationalisation du complexe sidérurgique d’El-Hadjar, c’est pour lui aussi. Le ministre de l’Industrie est une pièce maîtresse du gouvernement d’Abdelmalek Sellal.

P

as de vacances pour Cherif Rahmani. Entre les conseils au palais du gouvernement, les séances de travail avec son cabinet et les rencontres avec des investisseurs, le ministre algérien de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement a un agenda bien rempli. Depuis sa nomination en septembre 2012, le rythme n’a pas baissé. Et pour cause : « La relance de l’industrie en Algérie est une urgence », déclarait-il en janvier. Le secteur perd en effet du terrain. En 2012, il représentait moins de 5 % du PIB du pays, contre 7,5 % en 2000. À 68 ans, ce pilier du régime d’Abdelaziz Bouteflika, réputé proche de certains hauts gradés de l’armée et qui compte parmi les leaders du Rassemblement national démocratique (RND, l’un des partis de la coalition présidentielle) est au cœur des dossiers clés qui devront permettred’inversercettetendance. Celui de l’implantation du constructeur automobile Renault dans la région d’Oran n’est pas le moindre. Ce projet de longue date devrait finalement se concrétiser à la fin de 2014, après l’accord conclu à l’occasion de la visite de François Hollande à Alger, en décembre. L’usine sera détenue à 51 % par l’État et à 49 % par le groupe français. Elle produira dès son ouverture 25 000 véhicules par an et passera progressivement à

75 000 unités. À la clé, plusieurs centaines d’emplois et, surtout, l’émergence d’un tissu de « cotraitants » locaux – un terme que Cherif Rahmani juge plus adéquat que celui de « sous-traitants ».

de l’ENA (Alger)

1988 Ministre

de la Jeunesse et des Sports

1997 Ministre

gouverneur du Grand Alger

2012 Ministre de

l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement

INDÉBOULONNABLE. Alorsquedes

rumeurs d’un important remaniement ministériel circulent, Cherif Rahmani s’impose comme l’un des hommes clés du gouvernement d’Abdelmalek Sellal. Car outre le dossier Renault, c’est également lui qui pilote le projet de « renationalisation » du complexe sidérurgique d’El-Hadjar (550 km à l’est d’Alger), détenu à 70 % par Arcelor Mittal. L’enjeu est tout aussi important : alors que le chômage – notamment celui des jeunes – reste élevé, l’Algérie entend investir dans ce site pour relancer la production, préserver les 5500 emplois qu’il compte et en créer de nouveaux. Il faut dire que depuis sa privatisation, en 2001, ce complexe a perdu plus de la moitié de ses emplois, les objectifs de production n’ont jamais été atteints et les outils productifs se sont détériorés par manque d’investissement. Or les besoins de l’Algérie en produits ou matériaux sidérurgiques sont énormes. Cherif Rahmani n’a donc pas droit à l’erreur. Pour réussir, sa riche expérience au sein de différents gouvernements ne sera pas de trop. Indéboulonnable, ce diplômé de

1968 Diplômé

la première promotion de l’École nationale d’administration, à Alger, a occupé quasiment sans discontinuer différentes fonctions ministérielles depuis 1988 (Jeunesse et Sports, Équipement, Environnement, Tourisme…). Mais c’est surtout en tant que ministre gouverneurduGrandAlger(de1997 à 2000) qu’il s’est définitivement bâti une notoriété et a étendu sa sphère d’influence… au risque de s’attirer

« Nous voulons créer un choc de confiance pour encourager les investisseurs. » les foudres du président. De fait, Abdelaziz Bouteflika en personne est monté au créneau, en 2000, pour critiquer sévèrement cet « État dans l’État » qui avait engagé des montants colossaux dans la célébration du millénaire d’Alger. Cherif Rahmani sera limogé dans la foulée avant d’être rappelé, quelques mois plus tard, au ministère de l’Aménagement du territoire.

Le g grandinvité de l’économie SAMEDI 7 SEPTEMBRE, sur RFI à 12 h 10* dans Éco d’ici, Éco d’ailleurs,

Thierry Ta Tanoh, DG du groupe bancaire Ecobank,

décrypte les grands enjeux de l’économie africaine. Retrouvez l’l’essentiel de cet entretien dans Jeune Afrique en kiosque le 9 septembre. Retrouvez les moments forts de cette interview sur www.jeuneafrique.com et sur www.rfi.fr Retrouve

*heure de Paris, 10 h 10 TU


Décideurs

DOLÉANCE. Au-delà de l’industrie,

c’est au développement de l’ensemble du tissu économique qu’il entend s’attaquer. Et notamment à l’amélioration du climat des affaires – la principale doléance des entrepreneurs locaux. Avec sa 152e place JEUNE AFRIQUE

sur 185 dans le classement « Doing Business » 2013 établi par la Banque mondiale, l’Algérie fait pâle figure. La restriction de la liberté d’entreprendre et le manque d’incitations pourinvestir,cumulésauxlourdeurs administratives et à l’instabilité du cadre juridique, découragent les investisseursnationauxetétrangers. Résultat: « Quelque 50 % des projets agréés par l’Agence nationale de développement de l’investissement depuis2002 ont étéabandonnés par leurs concepteurs », a récemment déploré le ministre. En mars, Cherif Rahmani a instauré un comité pour rectifier cette mauvaise donne. Et pour donner un écho particulier à sa démarche, le Forum des chefs d’entreprise a été associé aux discussions. L’initiative a été saluée, mais les patrons attendent plus. « Ce n’est pas la volonté de changement qui manque, mais plutôt les capacités de réalisation concrètes sur le terrain », insiste Slim Othmani. « Nous voulons créer un véritable choc de confiance, notre but étant évidemmentd’encouragerlesinvestisseurs », assurait Cherif Rahmani à J.A. en mai. Fin juin, il a présenté au gouvernement un rapport contenant 100 propositions pour libérer le monde des affaires. Pour l’heure, aucun détail n’a filtré sur ce document dont le contenu est en cours d’examen. ● RYADH BENLAHRECH

VINCENT FOURNIER/J.A.

Aujourd’hui, c’est à ce natif d’Aïn Oussara (200 km au sud d’Alger) que le gouvernement confie la mise en place d’une nouvelle politique industrielle… qui, pour le moment, resteabstraite.L’intéressé,lui,assure que son objectif est de favoriser « la création de nouvelles sources de richesses, en faisant appel au savoirfaire international pour localiser, ici en Algérie, des segments d’industrie afin de développer la qualité, l’innovation et la formation des jeunes ». Pour se démarquer de ses prédécesseurs et sortir des déclarations de bonnes intentions, cet ancien professeur à l’ENA d’Alger et à l’université de Poitiers (France) insiste sur le fait que sa politique tiendra compte, dans le détail, de « tout ce qui a été dit ou écrit en Algérie ces dernières années ». « Nous sommes passés d’un ministre austère à un ministrecommunicantquicerneles enjeux », estime Slim Othmani, président de NCA-Rouiba (une société spécialisée dans les jus de fruits) et membre fondateur du Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise.

CHAKIB KARA TETRA PAK Diplômé de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), il vient d’être nommé DG chargé du Maghreb. Cet Algérien de 42 ans pilotera les opérations du numéro un mondial du conditionnement depuisTunis.

ABDOULAYE BIO-TCHANÉ FONDS AFRICAIN DE GARANTIE Depuis le 1er juillet, l’économiste béninois est président de l’institution créée par la BAD afin de soutenir les PME. Il a été élu pour un mandat de deux ans. Auparavant, il a notamment présidé la BOAD.

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FANNY/REA

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ON EN PARLE

NICHOLAS NESBITT IBM Le fondateur et ancien PDG de KenCall (leader kényan de l’externalisation informatique et téléphonique) succède à Anthony Mwai au poste de DG pour l’Afrique de l’Est du géant américain de l’informatique. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Finance CAMEROUN

Face à l’émergence de la concurrence, la SEMC boit la tasse

Pour la première fois depuis le début de ses activités, les résultats du leader des eaux embouteillées ont viré au rouge. Une raison à cela : la montée en force de Source du pays, rival longtemps insoupçonné.

L

a grimace est de mise au siège de la Société des eaux minérales du Cameroun (SEMC), à Douala. Pour son exercice2012,lafilialedesBrasseries du Cameroun (groupe Castel) a enregistré une baisse de 11 % des ventesdeSourceTangui,sonunique marque. Cette contre-performance se traduit par une perte de 51 millions de F CFA (77 750 euros). Une première depuis le début de ses activités, en 1983. Et les prévisions pour 2013 ne sont guère optimistes. L’entreprise table sur un résultat net déficitaire de 436 millions de F CFA, avec un recul des ventes de 10,2 %. Face à d’aussi sombres perspectives, le bénéfice de 540 millions de F CFA réalisé il y a deux ans n’est plus qu’un lointain rayon de soleil. Au Douala Stock Exchange, où est coté 20 % du capital de la SEMC, l’action résiste néanmoins. Le 5 août, elle était à 118000 F CFA. « Le titre est stable depuis le début de l’année, avec un cours moyen pondéré à 116000 F CFA », observe Willy Delort Heubo, analyste financier chez BMCE Capital Cameroun. En fait de stabilité, il faut plutôt voir une stagnation, au regard des bonds en avant enregistrés ces dernières années. Sa valeur a progressé d’au moins 300 % depuis son introduction à la Bourse de Douala, en 2006, surtout sur les quatre derniers exercices. Une période faste qui semble toucher à son terme. Qu’est-ce qui explique la bonne tenue du titre sur la place financière nationale ? « La politique de rémunération généreuse de l’entreprise », répond Willy Delort Heubo. Malgré ses mauvais résultats, le leader des eaux minérales a récemment annoncé une distribution de 200 millions de F CFA de dividendes àsesactionnaires,parmilesquelsles Brasseries du Cameroun (56,8 %), N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

SEMC

122

p Chaîne d’embouteillage de Source Tangui, l’unique marque de la SEMC.

la Société nationale d’investissement du Cameroun (18 %) et Nestlé WatersFrance(5%).Soit2180FCFA par action (contre 4 950 F CFA en 2011). Un geste consenti en puisant dans les réserves. RÉSURRECTION. À l’origine du

ralentissement des activités de la SEMC,lamontéeenforced’unnouvelacteursurunmarchéhautement concurrentiel qui pèse 12 milliards deFCFA.L’entrepriseSourcedupays a raflé en une année 20 % de part de marchéavecsamarqueSupermont, pour se hisser à la deuxième place. Certes, la SEMC domine toujours, avec 72 % de part de marché. Mais jusque-là c’est l’entreprise Semme Mineral Water (5 %) qui était consi- Dividende par action en 2011 et 2012, dérée comme l’adversaire le plus en F CFA sérieuxparmiladizained’opérateurs présents au Cameroun.

4 950

2 180

Il faut dire que Source du pays, une société privée créée en 2005 par feu Thomas Fodouop, est une résurrection. Avant sa reprise en 2011 par ABN, un groupe détenu par le Libanais Nessrallah el-Sahely, elle était à la peine. Supermont avait du mal à s’imposer dans les rayons des supermarchés. À son arrivée, Nessrallah el-Sahely, également présentdanslebois(avecSefca)etle transport (Solet), s’est montré agressif. « Nous avons tout restructuré: la chaîne de production, la logistique, les produits. Nous devions nous assurer que nous avions un niveau de qualité permettant de répondre à la norme ISO 9001 », explique Ali Awada, directeur marketing et communication de Source du pays. Pour la SEMC, la menace a été perceptible dès la mise en vente des premiers packs de la nouvelle JEUNE AFRIQUE


Baromètre

CIMENT

génération de Supermont. « Au début du premier trimestre 2012, les attaques, pour la plupart déloyales, se sont multipliées aussi bien au niveau des prix que sur le plan qualitatif », notait déjà, en mai 2012, un rapport destiné aux actionnaires des Brasseries du Cameroun. Serge Njapoum, directeur commercial et marketing du brasseur, résume la recette du concurrent: « Une baisse des prix, une bonne distribution et une communication agressive. » En tirant les tarifs vers le bas et en diversifiant le format des bouteilles, Source du pays a contraint les autres acteurs à s’aligner. « Tant que les écarts ne se resserrent pas dansunefourchettede20à30FCFA par bouteille, la guerre des prix se poursuivra », prédit Willy Delort Heubo, qui estime que la marque Source Tangui reste trop chère. La bouteille de 1,5 l coûte 400 F CFA, contre 300 F CFA et parfois même moins chez les concurrents.

« Au Maroc, le marché souffre de surcapacité » DEPUIS 2011, le compartiment des valeurs cimentières à la Bourse de Casablanca – composé de Ciments du Maroc, Holcim et Lafarge Maroc – a chuté de 50 %, en raison de deux principaux facteurs. D’abord, la demande diminue et le marché s’achemine vers une deuxième année de baisse consécutive, ce qui serait historique au Maroc. Après une diminution de 1,6 % l’an passé, les volumes ont fondu de plus de 12 % au cours des six premiers mois de 2013 et les cimentiers tablent sur une nouvelle baisse de 4 % pour la seconde moitié de l’année. Le secteur de la construction est fortement déprimé par la mauvaise conjoncture économique que traverse le royaume

ainsi que par le gel de nombreux projets d’infrastructures étatiques, causé par l’importance du déficit budgétaire. Ensuite, le secteur souffre de surcapacité. Les capacités de production sont de 21 millions de tonnes par an, alors que la consommation a plafonné à 15,8 millions de tonnes en 2012 et à 16,1 millions en 2011. D’ici à 2017, 10 milliards de dirhams [893 millions d’euros] d’investissements sont programmés, ce qui créera des capacités supplémentaires de 6,5 millions de tonnes. Or la croissance économique marocaine est insuffisante pour absorber cet excès d’offre de ciment. Les perspectives du secteur ne sont donc pas très rassurantes. La valorisation des trois sociétés

Kaïs Kriaa

Directeur de la recherche chez AlphaMena

redevient toutefois raisonnable en raison de leur forte chute en Bourse. Par ailleurs, ces entreprises conservent une marge d’Ebitda [proche de la marge brute d’exploitation] intéressante, supérieure à 40 % (contre 30 % en Tunisie). Elles sont également généreuses avec leurs actionnaires en versant des dividendes. D’après nos calculs, les actions du secteur ont un potentiel de hausse de 37 %, mais celui-ci sera difficilement réalisable. » ●

Cours des valeurs cimentières* à la Bourse de Casablanca (en dirhams) 120

* Ciments du Maroc, Holcim et Lafarge Maroc

100

80

60 SOURCE : ALPHAMENA

HAUT DE GAMME. Pour répondre à cetteconcurrence,laSEMCadécidé de jouer la carte du haut de gamme. « Il n’est pas question de toucher au prix de Source Tangui, qui doit demeurer un produit d’élite, déclare Serge Njapoum. Par contre, nous avons décidé de distribuer l’eau de table Aqua Belle [une marque produite par les Brasseries du Cameroun], jusque-là cantonnée au nord du pays, sur tout le territoire au prix de 200 F CFA. Économiquement, il est difficile de descendre en dessous de ce seuil. » Pour sa part, Willy Delort Heubo estime que la SEMC, la plus ancienne des entreprises du secteur, devrait repenser son modèle: « Son outil industriel ne lui offre pas la flexibilité dont dispose la concurrence pour se diversifier et s’adapter, en produisant par exemple d’autres boissons hygiéniques. » La société compte justement lancer, en septembre, deux nouveaux formats de Source Tangui. Autres ruses : s’appuyer sur le réseau de distribution des Brasseries du Cameroun et, surtout, verrouiller sa présence auprès des clients majeurs que sont les grandes surfaces. ●

Finance

40 11 mars 2011

3 août

22 déc.

17 mai 2012

4 oct.

26 fév. 2013

19 juil.

OMER MBADI, à Yaoundé JEUNE AFRIQUE

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Culture & médias

SCIENCES HUMAINES

MEDITATIONS

AFRICAINES Démocratie, justice, mondialisation, droits de l’homme… Les défis auxquels doit faire face le continent sont nombreux et mobilisent des chercheurs à qui l’on donne trop rarement la parole. J.A. vous propose de partir à leur rencontre.

SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX ILLUSTRATIONS: SÉVERINE ASSOUS/ILLUSTRISSIMO POUR J.A.

«

M

on passé est grec mais il n’est pas seulement grec. Mon passé est africain mais il n’est pas seulement africain. Nous pratiquons une philosophie. La coloration culturelle vient par surcroît. » C’est par ces mots que le 6 juin V.Y. Mudimbe concluait la journée d’étude consacrée à son œuvre au sein de la fabrique à élites parisienne, l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Le Congolais répondait ainsi à l’une des questions régulièrement posées aux philosophes africains : en quoi leur pensée, leur approche, leurs concepts sont-ils « africains »? Cette interrogation ne date pas d’aujourd’hui. Elle a alimenté un riche débat dans les années 1960-1970 auquel ont participé les pères de la philosophie africaine contemporaine, notamment les Béninois Paulin Hountondji (Sur la philosophie africaine, 1977) et Stanislas Spero Adotevi (Négritude et Négrologues, 1972), les Camerounais Fabien Eboussi Boulaga (La Crise du Muntu, N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

1977) et Marcien Towa (Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle, 1971), le Ghanéen Kwasi Wiredu (Philosophy and an African Culture, 1980) et le Kényan Henry Odera Oruka (dont différents articles ont été regroupés dans Sage Philosophy. Indigenous Thinkers and Modern Debate on African Philosophy, 1990). Les arguments développés lors de cette discussion n’ont pas été les mêmes selon qu’ils alimentaient le combat pour l’indépendance du continent, qu’ils apportaient une pierre à la construction d’États-nations ou à celle du panafricanisme dans un contexte postcolonial, voire néocolonial, ou qu’ils contribuaient à l’élaboration de sociétés démocratiques reposant sur le multipartisme. Après plus de quatre décennies de dialogues et de controverses fructueuses, des philosophes africains mais aussi des historiens, des sociologues, des économistes, des spécialistes de littérature, d’art… ont pleinement intégré la communauté internationale des chercheurs et participent, par leurs travaux, à la conceptualisation de notre ●●● monde actuel. JEUNE AFRIQUE


JEUNE AFRIQUE

N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013


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Culture médias Sciences humaines ● ● ● Les recherches archéologiques montrent que l’Afrique n’a jamais été un vase clos. Les connexions avec le reste de l’humanité, européenne ou asiatique, ont toujours existé, engendrant des rapports marchands mais aussi des échanges intellectuels qui ont façonné aussi bien les cultures africaines que celles avec lesquelles le continent était en contact. Un phénomène qui s’est accéléré avec la mondialisation et le développement des moyens de transport et de communication, engendrant une circulation croissantedel’informationentrelesdifférentespopulations sur terre. Désormais, penser l’Afrique, c’est penser le monde; toute la difficulté étant de parvenir à un juste équilibre entre le particulier et l’universel, entre les revendications de spécificités culturelles, qui, selon le philosophe d’origine anglo-ghanéenne Kwame Anthony Appiah, ne doivent « susciter ni révérence ni consternation » (Pour un nouveau cosmopolitisme, 2008), et le maintien d’une universalité commune à tous et sans laquelle, nous enseigne Kwasi Wiredu, il n’y aurait pas de dialogue interculturel possible.

Penser l’Afrique, c’est penser le monde ; la difficulté étant de parvenir à un juste équilibre entre le particulier et l’universel.

STIMULANT. « Les enjeux de la philosophie africaine

ont profondément changé, résume le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne. On est revenu d’un discours apologétique et essentialiste de défense et d’illustration des cultures africaines totalement extraverti à une lecture patiente et exigeante des dynamiques en cours. Les objets du discours sont aujourd’hui la démocratie, les socialismes, l’inculturation des sciences et des techniques, les explorations esthétiques des artistes africains dans le monde global où nous vivons, etc. » Ce qui est valable pour la philosophie l’est tout autant pour le reste des sciences sociales. Les réponses apportées à ces questions varient, bien évidemment, en fonction des penseurs, de leurs méthodes et approches, des courants de pensée qui animent la vie intellectuelle en Afrique mais aussi hors d’Afrique, des partis pris idéologiques… Elles intègrent à leurs constructions théoriques aussi bien des références occidentales que des apports traditionnels et proposent de la sorte un renouveau intellectuel stimulant.

STRATÉGIE PAYANTE CRÉÉ EN 1973, le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria) joue un rôle important dans la promotion des sciences sociales sur le continent. Basé à Dakar, ce centre publie essentiellement en anglais, mais aussi en français et dans une moindre mesure en arabe et en portugais, les travaux des chercheurs membres de son N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

réseau. Financé en grande partie par des pays scandinaves et des fondations américaines, le Codesria a su nouer des partenariats stratégiques avec des universités américaines, permettant ainsi à des personnalités comme Mamadou Diouf,Thandika Mkandawire ou Souleymane Bachir Diagne d’intégrer une communauté intellectuelle internationale. ● S.K.-G.

Jeune Afrique a choisi de présenter quelquesunes des figures africaines du monde des idées afin de montrer toute la richesse et la diversité des constructions intellectuelles qui contribuent à l’édification d’un espace public africain et peuvent offrir de formidables contre-pouvoirs par la circulation de leur perception des mutations actuelles. Nous nous sommes intéressé à ceux qui, dans leur domaine de compétence, sont reconnus par leurs pairs comme étant des spécialistes. Aussi abrupte que puisse être leur pensée, nous avons fait le pari journalistique de parvenir à les présenter aussi simplement que possible et à dégager les concepts qu’ils mobilisent et les défis en jeu. MULTIFORME. Les treize personnalités sur lesquelles

nous nous sommes penché n’assènent pas des vérités toutes faites. Elles tâtonnent, hésitent toujours, s’égarent parfois. Certaines deviennent des experts renommés au-delà des bancs de l’université ou des centres de recherche qui les emploient. D’autres sont moins connues. Il est souvent difficile de les classifier tant leur pensée multiforme déborde des catégories dans lesquelles nous aurions la paresse de les enfermer. Leur positionnement géographique et leur genre nous apprennent que l’Afrique se dit au pluriel. « Il existe plusieurs Afrique, avec des trajectoires différentes, des histoires et des mémoires diverses, des expériences du politique qui sont loin d’être identiques. […] L’Afrique n’est pas un espace géographiquemaisplutôtunepluralitéd’imaginaires, de cultures, de temporalités », défend la philosophe sénégalaise Aminata Diaw dans un article publié en 2004 dans la revue Diogène. La traite transatlantique puis la colonisation ont fait que l’Afrique se dit aussi hors du continent, parmi les diasporas, renchérit le philosophe camerounais Jean-GodefroyBidima(LaPhilosophienégro-africaine, 1995). Aujourd’hui, historiens, politologues, philosophes, scientifiques… africains sont de plus en plus recrutés par les universités américaines. Mais force est de constater que le monde des idées est encore largement dominé par les hommes. « Au sein de la philosophie américaine, le ratio entre les hommes et les femmes est tout aussi élevé, témoigne Appiah. Ce n’est pas vrai qu’il n’y a pas de femmes philosophes en Afrique. Il y a par exemple une littérature significative sur l’égalité des sexes en Afrique du Sud. Mais les questions de genre sont, en effet, insuffisamment étudiées.»Etlaphilosophieafricaine,commelapensée occidentale, demeure une « géronto-phallosophie », confirme Jean-Godefroy Bidima. Les chercheurs présentés ici ne sont pas nécessairement en accord les uns avec les autres. Les échanges entre eux peuvent parfois être vifs, mais tous s’accordent pour dire que la discussion et le débat d’idées sont indispensables à la construction d’un vivre-ensemble serein. Car l’enjeu est bien là: vivre en harmonie dans nos sociétés, avec les nôtres et avec les autres. ● JEUNE AFRIQUE


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Bio express 1980 Doctorat d’histoire (Sorbonne) 1981 Enseignant à l’université de Dakar

1999 Professeur à l’université du Michigan, à Ann Arbor 2007 Directeur de l’Institut d’études africaines de l’université Columbia, à New York

MAMADOU DIOUF “NOS SOCIETES DOIVENT ETRE OUVERTES ET PLURIELLES”

H

istorien spécialiste de la colonisation et des sociétés africaines contemporaines, natif de Rufisque, le Sénégalais Mamadou Diouf dirige l’Institut d’études africaines de la prestigieuse université Columbia à New York depuis six ans. Il revient pour Jeune Afrique sur son expérience américaine, la place des intellectuels africains dans le monde contemporain et dans les sociétés africaines, ainsi que sur les principaux enjeux auxquels devra faire face le continent. Interview. JEUNE AFRIQUE: Travailler aux États-Unis vous a-t-il amené à appréhender différemment les réalités africaines ou les méthodes de recherche et de réflexion? MAMADOU DIOUF: Oui. Les chercheurs

américains, français et africains posent des questions et entrent dans une discussion de manière différente. En ce qui me concerne, je travaille en faisant une synthèse des trois traditions dans lesquelles j’ai baigné: la francophone, qui est ma tradition institutionnelle de base ; l’africaine, que j’ai cultivée en retournant JEUNE AFRIQUE

à Dakar ; et l’anglophone, qui s’insère dans cet ensemble. Ce qui m’amène à me poser des questions que probablement je ne me serais pas posées si j’étais resté à Dakar et dans la tradition française. J’ai une extraordinaire liberté intellectuelle précisément parce que j’ai une maîtrise plus ou moins forte de ces trois traditions et des questions qui surgissent de chacune d’elles. Depuis plus de vingt ans, on parle beaucoup d’études postcoloniales. Qu’est-ce exactement ?

Il s’agit d’un champ théorique ouvert par Edward Saïd, qui publie

pouvoir. L’Orientalisme est un exercice pour comprendre l’invention de l’Orient par les Européens. Saïd sera critiqué parce qu’il donne une force motrice trop importante aux Européens, oblitérant la capacité des Orientaux à participer eux-mêmes à la production du savoir sur l’Orient et à le manipuler. En 2000, dans Culture et Impérialisme, Saïd essaie de corriger les excès de son analyse. Ce qui est important, c’est que son approche ouvre un champ extraordinaire. La philosophie des Lumières avait imposé l’idée que la validation des savoirs sur les zones non européennes devait être faite par l’Europe. Les études

L’Afrique doit être présente sur la scène intellectuelle du monde, avec les autres. L’Orientalisme en 1978. Saïd est fortement influencé par Foucault et son analyse du discours. Il explique que ce n’est pas seulement la réalité matérielle qui définit les conditions de l’exploitation, et qu’il existe un lien entre le savoir et le

postcoloniales, au contraire, donnent une autonomie théorique aux intellectuels du Sud ou à ceux qui prêtent une attention plus particulière à la motricité des populations locales. Celles-ci ne sont plus des victimes de l’Histoire mais N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

1991-1999 Directeur du département de recherche et de documentation du Codesria


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Culture médias Sciences humaines elles deviennent actrices de leur propre histoire et plus largement de l’histoire du monde. Les études postcoloniales récusent ce que certains appellent « l’universel autoritaire de l’Occident », qui, soit vous inclut dans son propre discours, son récit de l’histoire-monde (Hegel), dans une situation subalterne, soit vous détruit. Aujourd’hui, l’on parle de multiples universalismes et de multiples modernités. Est-ce que cette approche postcoloniale très développée aux États-Unis l’est aussi en Afrique ?

Le postcolonialisme n’est pas américain. Les penseurs les plus créatifs au niveau de cette approche sont les Indiens, les Australiens et les NéoZélandais, surtout en littérature. Les prémices de ce que Saïd a développé étaient déjà là. Et l’Amérique les a adoptées car c’est aussi un pays postcolonial qui, de surcroît, a attiré des intellectuels venant de divers horizons, théorique, national, ethnique. Contrairement à l’Europe. En Afrique, il y a quelques résistances de la part de personnes pour qui les conditions matérielles, en dernière instance, sont plus décisives dans l’analyse des formations sociales. C’est par exemple le cas des théoriciens de la dépendance ou des marxistes. L’économiste franco-égyptien Samir Amin en est le meilleur exemple.

Qu’est-ce qui manque le plus à la recherche et aux penseurs en Afrique aujourd’hui ?

Dans les contextes actuels de crise, ce qui est sacrifié en premier sur notre continent c’est justement la réflexion. Il est idiot de croire que la recherche pour le développement est plus importante qu’une réflexion intellectuelle qui ne soit pas liée à la résolution de problèmes politiques, économiques… Les deux doivent aller de pair. Aujourd’hui, il faut rétablir un équilibre intellectuel qui permette de développer la recherche en sciences sociales au service du débat public. Une recherche qui met à la disposition des acteurs sociaux et politiques les connaissances indispensables à une conversation productive est aussi essentielle que d’avoir des ingénieurs pour régler les questions d’inondations, par exemple. Mais vous savez, les pouvoirsne sont pas seuls en cause, les sociétés le sont également, car elles sont parfois dominées par un conservatisme paralysant, notamment en ce qui concerne la règle du genre (c’està-dire les rapports hommes-femmes) et la règle généalogique (la soumission des cadets aux aînés, des fils aux pères). Ces deux contraintes sont de véritables

Bibliographie sélective

Une grande partie des chercheurs africains sont installés aux États-Unis. Que répondez-vous à ceux qui dénoncent la fuite des cerveaux ?

Je leur réponds que ce n’est pas leur problème. Je n’ai de comptes à rendre à personne. Les mêmes qui disent cela sont ceux qui s’indignent de l’absence d’une contribution africaine au débat intellectuel parce que les Africains vivent dans des conditions difficiles. Être universitaire, c’est faire partie d’une communauté au sein de laquelle il existe une circulation des cerveaux importante. Nous ne pouvons pas en être absents. Le fait que des Africains soient présents hors du continent et soient reconnus comme des spécialistes de disciplines différentes permet à l’Afrique d’être présente sur la scène intellectuelle du monde, aux côtés d’Indiens, d’Américains, de Moyens-Orientaux. Et, ce faisant, ils participent à la production de nouvelles élites africaines. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Le Kajoor au XIXe siècle. Pouvoir ceddo et conquête coloniale, Karthala, 1990, 328 pages, 26 euros Histoire du Sénégal. Le modèle islamo-wolof et ses périphéries, Maisonneuve & Larose, 2001, 260 pages, 20 euros Les Arts de la citoyenneté au Sénégal, avec Rosalind Fredericks, Karthala, 2013, 384 pages, 22 euros

obstaclesaudéveloppementdedémarches critiques, créatives et innovatrices. Quel peut être le rôle des élites africaines ?

Elles doivent aider au dialogue et à la création par une conversation informée et systématique des communautés civiques d’une culture du respect de la différence. Une vraie culture du pluralisme. Ce que j’ai le plus appris politiquement ou intellectuellement aux États-Unis, c’est ce respect du pluralisme comme élément essentiel de l’organisation des sociétés humaines. Nous devons aider à ce que nos pays soient ce que Souleymane Bachir Diagne appelle, à la suite du poète et philosophe pakistanais Iqbal, des sociétés ouvertes [lire p. 131]. Qui respectent le pluralisme et la différence. Et je pense qu’aujourd’hui nous sommes sur le bon chemin, même s’il peut y avoir des effets de retour à des situations autoritaires. Quels sont les autres enjeux auxquels doit faire face le continent ?

La question économique est bien sûr importante. Sur ce point, on observe des frémissements intéressants. Des pays comme le Nigeria, l’Afrique du Sud, mais aussi le Kenya et, dans une certaine mesure, le Rwanda commencent à s’en sortir et peuvent jouer un rôle moteur pour le continent. Progressivement, l’Afrique commence à retrouver une situation gagnante dans un monde globalisé. C’est devenu l’une des dernières frontières où l’on se fait de l’argent. C’est pour ça que la Chine y va. Petit à petit, la présence africaine dans le monde devient une présence normale. Ce n’est plus ce continent qui dysfonctionne et qui ne tire pas profit de la mondialisation, mais c’est petit à petit un continent dans lequel se mettent en place des infrastructures physiques, financières, intellectuelles, et un profond désir de changer la situation africaine. Et, enfin, nous avons pour nous un atout formidable : « le dividende démographique », avec une population jeune qui n’a pas d’autres choix que de s’ouvrir au monde, d’être ambitieuse, après des dérives d’une violence inouïe. Il faut aujourd’hui créer les conditions d’une vraie prise de conscience citoyenne pour assureràl’Afriqueuneautonomiepolitique etéconomiqueetuneparticipationàl’enrichissement de la condition humaine. ● Propos recueillis par SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX JEUNE AFRIQUE


Méditations africaines

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DES ARTS ET DES LETTRES

A

ux identités figées, il préfère les identités complexes : « Je suis à la fois de Bamako, de Paris et de New York. Une tripleappartenanceàl’intérieurdelaquelle j’aime circuler », affirme Manthia Diawara.

SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

Manthia Diawara Fondamentalement nègre

Né au Mali il y a soixante ans, ce citoyen du monde a grandi en Guinée, étudié en France, avant de se fixer aux États-Unis, où il dirigera un temps le département des Africana Studies de l’université de New

York. Professeur de littérature comparée et de cinéma, réalisateur de documentaires, écrivain mêlant dans ses ouvrages philosophie, sociologie et récits de voyages, Manthia Diawara embrasse les cultures noiresdanstouteleurdiversité,del’Afrique aux Antilles, en français ou en anglais. Cet inlassable voyageur qui sillonne régulièrement l’Afrique – il parle le soninké, le malinké et le bambara – critique dans un même élan l’africanisme à la sauce tribale, l’essentialisation des cultures et la folklorisation du continent. Son univers s’étend de la Harlem Renaissance au hip-hop, du cinéma de Sembène Ousmane (auquel il a consacré un film) à celui de Spike Lee, et d’Angela Davis à Patrice Lumumba. À cheval sur trois continents, capable d’interroger la place des Noirs dans le cinéma hollywoodien, d’ausculter les espoirs déçus des indépendances africaines ou de comparer les systèmes interraciaux français et américains, cet intellectuel engagé côtoie Harry Belafonte et Danny Glover au sein de Transafrica, un groupe de pression destinéàinfluencerlapolitiqueaméricaine vis-à-vis de l’Afrique, de la Caraïbe et des diasporas noires. ● MEHDI BA

Yacouba Konaté Raison critique ortir l’art africain du ghetto où l’imagerie occidentale l’a longtemps maintenu, voilà le pari de Yacouba Konaté. « Lorsqu’on évoque la Côte d’Ivoire dans le monde de l’art, les gens pensent aux statuaires bétée, sénoufo, lobie, etc. Les gens n’ont pas conscience qu’il y a eu une création moderne et contemporaine qui a atteint les cimaises, un niveau international. Notre ardent désir est d’apporter la démonstration de cette force créative contemporaine », écrivait, en 2004, ce spécialiste de l’École de Francfort qui est devenu un critique d’art et un commissaire d’exposition (biennales d’Abidjan, de Dakar…) respecté à travers tout le continent. Pour y contribuer, l’auteur de Christian Lattier, le sculpteur aux mains nues (Sépia), a fondé à Abidjan une galerie, La Rotonde des arts contemporains. Et cette année, c’est de son engagement qu’est né le pavillon de la Côte d’Ivoire de la prestigieuse Biennale de Venise, qui se tient jusqu’au 24 novembre. Penseur inclassable, le philosophe a également écrit en 1987 Alpha Blondy : reggae et société en Afrique noire (Karthala). À l’époque, on reproche au père du reggae africain de produire une musique qui ne serait pas ivoirienne. « C’est pour donner un caractère opérationnel à la philosophie que cela m’a intéressé de lui consacrer un livre », explique ce théoricien des questions identitaires qui a travaillé également sur les rouages de l’ivoirité. ● M.B. JEUNE AFRIQUE

NABIL ZORKOT POUR J.A.

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Culture médias Sciences humaines

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Thandika Mkandawire Agitateur d’idées

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africaines peuvent exister par ellesmêmes et milite pour un développement endogène de l’Afrique. Ce sont, de fait, les principaux thèmes qui reviennent fréquemment dans les livres et articles de recherche de ce spécialiste en économie du développement et en économie politique. Parmi ses principales publications, on note « African intellectuals and nationalism in the changing global context », article paru en 2001, et « From maladjusted states to democratic developmental states in Africa ». C’est à lui qu’on doit l’expression « choiceless democracies », utilisée pour rappeler que les pays en développement, notamment ceux d’Afrique, se sont vu imposer des versions idéalisées des institutions occidentales

et censées dépasser les particularités et les cultures nationales. S’il a élargi son champ d’analyse au cours de la dernière décennie pour s’intéresser au processus de développement des pays asiatiques et aux leçons que les Africains peuvent en tirer, Thandika Mkandawire s’oppose, là aussi, au point de vue de la Banque mondiale sur le sujet. Avant de prendre la présidence du programme African Development à la London School of Economics, il a successivement dirigé le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria) et l’Institut des Nations unies pour le développement social. ● STÉPHANE BALLONG

DR

igure de proue des économistes hétérodoxes africains, il se positionne totalement à l’opposé des politiques économiques néolibérales prônées par les institutions de Bretton Woods. « Thandika Mkandawire appartient à l’école dite des structuralistes, dont le paradigme est indépendantiste et nationaliste », expliquait récemment à Jeune Afrique Shantayanan Devarajan, l’ex-économiste en chef de la Banque mondiale pour le continent. Qui ajoutait : « Il fait partie de ceux qui, en remettant en question les théories couramment admises, permettent de faire évoluer la pensée économique. » En substance, Mkandawire, Suédois d’origine malawite né en 1940, défend l’idée selon laquelle les sciences sociales

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JEUNE AFRIQUE


Méditations africaines

V.Y. Mudimbe À la conquête de soi

Souleymane Bachir Diagne L’Islam en toute logique

omancier, philosophe, anthropologue, sociologue, philologue… À l’âge de 71 ans, V.Y. Mudimbe a plus d’une plume dans sa poche. Ce professeur de philosophie et de littérature comparée à Duke (États-Unis) est surtout connu pour s’être attaqué, à la manière d’un Edward Said affirmant que l’Orient est une invention occidentale, à une autre création européenne: l’Afrique (The Invention of Africa, 1988, et The Idea of Africa, 1994). Remettant en question un savoir façonné par le colonisateur dans son entreprise de domination et constituant ce qu’il appelle la « bibliothèque coloniale », le philosophe congolais explique à quel point les mots pour dire l’Afrique sont biaisés et montre comment le nom de l’aliénation a pu aussi devenir celui de l’émancipation. C’est au nom de l’Afrique que les combats pour l’indépendance se sont pensés. Influencé par Foucault puis par Sartre, Mudimbe se demande comment se situer et exister comme sujet africain et invite les intellectuels du continent à voir, « dans ce qui nous permet de penser contre l’Occident, ce qui est encore occidental; et [à] mesurer en quoi notre recours contre lui est encore peut-être une ruse qu’il nous oppose et au terme de laquelle il nous attend, immobile et ailleurs » (L’Odeur du père, 1982). ● SÉVERINE KODJO-

DR

GRANDVAUX

JEUNE AFRIQUE

PASCAL PERICH

R

«D

ans un ouvrage paru il y a deux ans, le philosophe britannique Damian Howard commentant mon travail, écrit que je suis un musulman moderniste et queje“représentelavaguelaplusrécentede musulmans bergsoniens”. Cela me caractérise assez bien », estime le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, auteur de Comment philosopher en islam (2010) et d’un Bergson postcolonial (2011). Et de poursuivre: « Par ailleurs, je suis considéré par certains comme un représentant de la philosophie dite postcoloniale. Cela me va, à condition de bien préciser que je crois en l’universel. Un universel qu’il faut penser à partir du pluralisme, qui est la donnée de notre monde décolonisé. » Ce spécialiste mondial de l’algèbre de Boole, natif de Saint-Louis, a mis quelque peu de côté le monde de la logique pour nourrir une réflexion sur l’islam quand les premières étudiantes voilées ont fait leur apparition sur les campus sénégalais dans les années 1980. Avec ce professeur de l’université Columbia (New York) et de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, la philosophie se fait pratique. « Il

y a d’importantes mutations en cours en Afrique aujourd’hui », explique le directeur de la collection « La philosophie en toutes lettres » de Présence africaine. « Le continent n’est plus l’oublié des droits de l’homme, la démocratie s’y acclimate, et des perspectives d’émergence économique semblent se dessiner même si tout cela est fragile. Le rôle des philosophes comme celui des intellectuels en général est de contribuer avec d’autres, et selon leur démarche propre, à penser ces mutations, les éclairer, les accompagner. » Raison pour laquelle, après avoir été conseiller à l’éducation et à la culture du président Abdou Diouf (1993-1999), il a accepté de rédiger un rapport sur les réformes à entreprendre pour moderniser l’enseignement supérieur, à la demande de l’actuel président, Macky Sall. À l’âge de 58 ans, ce philosophe de la rencontre et de la prospective s’attache à penser les conditions de possibilité de « sociétés ouvertes » qui permettent d’accepter l’autre en son sein et surtout qui offrent à la jeunesse africaine un avenir sur le continent. Une manière de construire une citoyenneté et un espace public africains. ● S.K.-G. N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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Culture médias Sciences humaines

´ DE LA DEMOCRATIE

Justice

SUR LE CONTINENT Kwasi Wiredu D’un commun accord

T

héoricien de la « décolonisation conceptuelle », Kwasi Wiredu invite à valoriser ce qui, dans les traditions africaines, est valide pour penser le monde contemporain tout en utilisant, après un examen critique, les concepts occidentaux qui peuvent enrichir la réflexion (Cultural Universals and Particulars. An African Perspective, 1996). Fortement influencé par le pragmatisme de Dewey et la philosophie analytique, le coordonnateur de l’encyclopédique A Companion to African Philosophy (2004) pense dans sa langue natale (akan). De la traduction naissent des éclairages qui montrent les limites de certains énoncés « faussement universels ». Né à Kumasi en 1931, le Ghanéen élabore une éthique de la discussion autour du consensus qui permet d’ajuster les intérêts individuels à la nécessité commune. Écrivant après le génocide rwandais, le professeur émérite de l’université de Floride du Sud (Tampa) affirme qu’il n’y a pas d’intérêts irréconciliables. Le multipartisme n’est pas satisfaisant car il orchestre la division, et le régime du parti unique est dictatorial. Une troisième voie est à chercher du côté du consensus afin qu’il n’y ait plus de minorité marginalisée. ● SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

ROGER TURESSON/SCANPIX/SIPA PRESS

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Léonce Ndikumana Flux et reflux

L

es résultats de la récente étude de cet économiste burundais sur les flux financiers entre l’Afrique et les pays occidentaux ont eu un écho particulier dans les médias. Publiées dans un livre intitulé Africa’s Odious Debts (2011), ses recherches montrent que les capitaux sortant du continent (estimés à 735 milliards de dollars entre 1970 et 2008, soit 553,9 milliards d’euros) sont nettement supérieurs à l’aide que l’Afrique reçoit. Ces données ont même été relayées par certaines organisations internationales telles que le Pnud. Pourtant, Léonce Ndikumana appartient au courant de pensée dit hétérodoxe, qui remet en question les paradigmes portés par ces mêmes institutions. Le but de sa démonstration était d’ailleurs de prouver que l’aide au développement ne coûte pas cher

aux pays développés (contrairement à l’idée largement répandue). Et qu’elle entretient en partie les fuites de capitaux de l’Afrique (car elle encourage les détournements de fonds des dirigeants africains). Professeur à l’université du Massachusetts, à Amherst, aux États-Unis, considérée comme le fief des économistes marxistes (ils sont contre le FMI et la Banque mondiale), « Léonce Ndikumana n’est cependant pas idéologue. Il est pragmatique et plaide pour la régulation des flux financiers entre les continents », affirme Kako Nubukpo, l’un de ses collègues togolais. Avant de retourner aux États-Unis, le Burundais avait dirigé le département de la recherche au sein de la Banque africaine de développement (BAD). ● STÉPHANE BALLONG JEUNE AFRIQUE


Méditations africaines

3 QUESTIONS À

ET LES MATHS

Jean-Godefroy Bidima « Il manque aux philosophes la violence libératrice »

DANS TOUT C A ?

J

I

JEUNE AFRIQUE : Quel est le rôle des philosophes africains aujourd’hui ? JEAN-GODEFROY BIDIMA: Il

est multiple. Il s’agit de rappeler à l’Afrique que son histoire doit s’inscrire dans la durée et qu’il faut donc développer les notions de prospection, de projection et d’utopie. Et protéger le patrimoine. Nous devons également réfléchir avec les exigences et les intérêts africains propres non seulement sur les migrations des hommes, des idées et des religions, mais aussi sur les nouvelles

JEUNE AFRIQUE

modifications du lien social. Et enfin proclamer un nouvel athéisme contre la consommation technologique. Que manque-t-il aux philosophes africains pour qu’ils se fassent davantage entendre?

Il ne leur manque pas de bibliothèques, ni de moyens et d’espaces d’expression à l’ère du numérique, ni le brio de la rhétorique, ni même des colères… très conventionnelles. Il leur manque la violence libératrice et honnête, celle qui s’exerce au-dedans de soi-même quand on a mis de côté les fictions qui nous protègent comme les corporations, la Bourse, la banque, la peur, le salaire, le confort, la réputation et les honneurs. Les philosophes africains ne seront crédibles – et entendus – que quand ils feront cette « réforme de l’entendement » (Spinoza). Aujourd’hui, quels sont les principaux enjeux de la philosophie africaine ?

Au niveau local, il faudrait développer une approche de la culture matérielle en Afrique afin de se pencher aussi bien sur la question de la technique que sur celle de l’invention technologique et scientifique, gages du principe de puissance. Au niveau global, la philosophie africaine doit centrer sa réflexion sur les di ver ses manipulations actuelles de la vie, les risques alimentaires, médicaux, biotechnologiques, nucléaires et sur les crises économiques. Elle doit être une réflexion sur la biopolitique. ● Propos recueillis par S.K.-G.

maginez un monde où il n’y aurait plus aucun moyen de protéger ses informations personnelles. Vos secrets bancaires accessibles à n’importe qui… Pas très réjouissant ! C’est pourtant ce qu’il risque de se produire avec l’arrivée des ordinateurs quantiques. En mai, la Nasa et Googleontacquisledeuxièmeordinateurquantiquejamais créé, 3600 fois plus rapide que les machines actuelles. Ce type d’appareil promet de véritables découvertes, mais, explique Mamadou Sanghare, spécialiste de cryptographie et d’algèbre non commutative, « il va aussi pouvoir lire tous les codes servant à protéger les données informatiques, commecellesquevousavezsurvotrecartebancaire».Autant dire que ce chercheur sénégalais et ses collaborateurs de l’université Cheikh-Anta-Diop et du Centre de recherche de Mbour (à 80 km de Dakar) ont du pain sur la planche.

MÉDAILLE FIELDS. Depuis 2011, le mathématicien,

ancien étudiant de la faculté des sciences et techniques de Rabat, dirige l’African Institute for Mathematical Sciences (AIMS) du Sénégal, un pôle d’excellence conçu sur le modèle de celui créé au Cap (Afrique du Sud) en 2008 et financé par des bailleurs internationaux (Canada, Allemagne, France, Royaume-Uni). À l’origine de ce projet, des chercheurs qui se sont lancé un joli pari : former le futur Einstein africain, dans 15 centres à travers le continent. Les étudiants sélectionnés bénéficient des enseignements de chercheurs importants, comme des lauréats de la médaille Fields (l’équivalent du prix Nobel pour les mathématiques). AIMS-Ghana a ouvert ses portes en 2012 et AIMS-Cameroun devrait voir le jour en 2014. « Mais les mathématiques, ce n’est pas que du calcul qui nous aide, par exemple, à travailler à la résolution de problèmes écologiques, comme l’érosion côtière. C’est aussi un langage qui nous permet de modéliser des phénomènes sociaux, comme la formation et la cohésion des partis politiques », explique Mamadou Sanghare, qui, depuis le Sénégal, s’inscrit au cœur d’un réseau mondial de chercheurs hors pair. ● S.K.-G.

t Mamadou Sanghare (61 ans).

N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

ERICK-CHRISTIAN AHOUNOU POUR J.A.

USTICE, LITTÉRATURE, ÉTHIQUE des soins, anthropologie du droit, esthétique… Les champs de recherche du philosophe de la « traversée », Jean-Godefroy Bidima, sont extrêmement larges. Pour ce spécialiste camerounais de l’école de Francfort, enseignant à l’université Tulane (NouvelleOrléans), la pensée doit être une « faille toujours ouverte qui se refuse aussi bien au repli identitaire […] qu’à la dissolution dans un universalisme coagulant » (L’Art négroafricain, 1997). Traditions africaines et philosophie occid e n t a l e n o u rr i s s e n t s a réflexion sur la justice et la manière de renouer le lien social lorsqu’il est brisé (La Palabre, 1997). Pour sa réflexion actuelle sur l’architecture en Afrique, Bidima emprunte autant au Latin Vitruve (vers 90 av. J.-C.20 av. J.-C.) qu’au Japonais Nishida (1870-1945). Il s’inscrit ainsi pleinement dans ce q u ’ E r n s t B l o ch a p p e l l e l’« expérience du monde ».

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ANNONCES CLASSÉES

Concernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre -Tél. : 01 44 30 18 76 - Fax : 01 44 30 18 77 - Email. : f.lefebvre@jeuneafrique.com DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris - France

RÉPUBLIQUE DU NIGER MINISTÈRE DE L’HYDRAULIQUE ET DE L’ENVIRONNEMENT

AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL POUR LA RÉALISATION DE 22 (VINGT DEUX) FORAGES D’EAU DANS LA RÉGION DE ZINDER 1. Le présent avis d’appel d’offres fait suite à l’avis général de passation de marchés publié dans le bimensuel de l’ARMP du Niger n° 177 du 15 février 2013. 2. Dans le cadre de l’exécution du Programme d’Appui au Secteur Eau, Hygiène et Assainissement (PASEHA 2) sous financement de la Coopération Danoise, le Gouverneur de la Région de Zinder lance un Appel d’offres international pour les travaux de réalisation de vingt-deux (22) forages d’eau dans la région de Zinder. 3. La participation à la concurrence est ouverte à toutes les personnes physiques ou morales ou groupements desdites personnes en règle vis à vis de l’Administration pour autant qu’elles ne soient pas sous le coup d’interdiction, de suspension, d’exclusion ou de liquidation des biens. Les travaux sont constitués en trois (3) lots distincts suivants : #:9

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Les candidats ont la possibilité de soumissionner pour un ou l’ensemble des lots. Pour être adjudicataire de plus d’un lot, le soumissionnaire doit présenter du personnel et du matériel distinct pour chacun des lots auxquels il postule. 4. Les candidats intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires et consulter gratuitement le dossier d’Appel d’offres auprès de la Direction Régionale de l’Hydraulique de Zinder, BP 480, Téléphone (00227) 20 51 04 19, email : ddhzr@intnet.ne de 9 heures et 17 heures du lundi au jeudi et de 9 heures et 13 heures le vendredi. 5. Le délai d’exécution est de six (6) mois pour les lots 1 et 2, et de quatre (4) mois pour le lot 3. Ces délais ne sont pas cumulables au cas où un même soumissionnaire serait adjudicataire de plusieurs lots. 6. Tout candidat éligible, intéressé par le présent avis, doit acquérir un jeu complet du dossier d’Appel d’offres international auprès de la Direction Régionale de l’Hydraulique de Zinder moyennant le paiement d’un montant non remboursable de trois cent cinquante mille (350.000) francs CFA. 7. En cas d’envoi par la poste ou tout autre mode de courrier, les frais y afférents sont à la charge de l’acheteur et le maître d’ouvrage ne peut être responsable de la non réception du dossier par le candidat. 8. Les offres présentées en un original et deux (2) copies, conformément aux Instructions aux Soumissionnaires, et accompagnées d’une garantie de soumission d’un montant de vingt-sept millions (27.000.000) de francs CFA pour chacun des lots 1 et 2 et huit millions cinq cent mille (8.500.000) francs CFA pour le lot 3, devront parvenir ou être remises à la Direction Régionale de l’Hydraulique de Zinder au plus tard le 01 Octobre 2013 à 9 heures. L’ouverture des plis sera faite le même jour à 10 heures dans la salle de réunion de la Direction Régionale de l’Hydraulique de Zinder en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent y assister. Les offres reçues après le délai fixé seront rejetées. 9. Les soumissionnaires resteront engagés par leurs offres pour un délai de cent vingt (120) jours à compter de la date de remise des offres. Par décision motivée, l’Administration se réserve le droit de ne donner aucune suite à tout ou partie du présent Appel d’offres. Zinder, le 01/08/2013 N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

JEUNE AFRIQUE


RÉPUBLIQUE TUNISIENNE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE

AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL N° 04/2013/D.G.M.R.E Le Ministère de la Défense Nationale se propose de lancer le présent appel d’offres pour l’acquisition : D’UN (1) REMORQUEUR POIDS LOURD D’UN (1) CAMION LÉGER DE DÉPANNAGE D’UN (1) CHARIOT ÉLÉVALEUR ÉLECTRIQUE Les fournisseurs intéressés par cet appel d’offres peuvent retirer le dossier y afférent auprès de LA DIRECTION GÉNÉRALE DES MATÉRIELS ROULANTS ET DES ESSENCES- RN 1 – KM 30 – FONDOUK DJEDID – 8012 – NABEUL contre le versement de vingt cinq dinars par mandat postal au nom du Régisseur des recettes du Ministère de la Défense Nationale CCP N° 616-82 et ce tous les jours ouvrables comme suit : Du lundi au vendredi de 07H30 à 13H00 Les offres doivent être adressées au plus tard le 20 septembre 2013 (le cachet du bureau d’ordre de l’administration faisant foi). Les candidats doivent présenter leurs offres comme suit : L’offre technique, les documents à caractère administratifs et l’offre financière doivent être placés dans deux enveloppes séparées fermées et scellées. Ces deux enveloppes seront placées dans une troisième enveloppe fermée et scellée et portant la mention « À NE PAS OUVRIR APPEL D’OFFRES N° 04/2013/DGMRE relatif à l’acquisition de Camions remorquage et dépannage et chariot élévateur » sera envoyée par la poste et recommandée par courrier rapide ou sera déposée directement au bureau d’ordre central de l’administration à l’adresse sus indiquée (le cachet du bureau d’ordre central de l’administration faisant foi).

1. Cet Avis d’appel d’offres fait suite à l’Avis Général de Passation des Marchés paru dans le quotidien « Le SOLEIL » numéro 12824 du samedi 23 février 2013. 2. L’ARTP a obtenu dans le cadre de son budget 2013 des fonds, afin de financer le projet d’acquisition d’équipements de mesure de la qualité de service et à l’intention d’utiliser une partie de ces fonds pour effectuer des paiements au titre du Marché « fourniture d’équipements de mesure de la qualité de service », N° AO/2013/007/ARTP/DG/DEM-DSP. 3. L’ARTP sollicite des offres sous pli fermé de la part de candidats éligibles et répondant aux qualifications requises pour fournir des équipements de mesure de la qualité de service en six (6) lots et de former le personnel chargé de leur utilisation :  Lot 1: Deux (2) chaînes de mesure Santé  Lot 2: Deux (2) chaînes de mesure QoS  Lot 3: Trois (3) mobiles à trace  Lot 4:Deux (2) analyseurs de spectre QoS ADSL formation  Lot 5:Un (1) analyseur de spectre portatif 9kHz_18GHz  Lot 6: Deux (2) sélecteurs d'antennes RD 127 Les variantes ne seront pas prises en considération. 4. La passation du Marché sera conduite par Appel d‘offres ouvert tel que défini dans le Code des Marchés publics, et ouvert à tous les candidats éligibles. 5. Les candidats intéressés peuvent obtenir des informations auprès de Messieurs Oumar Diène SAKHO et Abdou NDIAYE, Direction de l’Economie et des Marchés et Direction des Radiocommunications (email : oumar.sakho@artp.sn; abdou.ndiaye@artp.sn) et prendre connaissance des documents d’Appel d’offres à l’adresse mentionnée ci-après : Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), Liberté 6 Extension-VDN, Immeuble IMHOTEP, BP 14 130 Dakar-Peytavin du lundi au jeudi de 8h00 à 13h00 et de 13h45 à 17h30 et le vendredi de 8h00 à 13h00, auprès de Mme Yvette CORREA SYLVA (Direction de l’Administration et des Finances) au 4ème étage. 6. Les exigences en matière de qualification sont : • Une déclaration sur l’honneur attestant que la société n’est pas en faillite ou en cours de procédure de liquidation de biens ; • La réalisation, durant les trois (3) dernières années, d’au moins, 1 (un) marché de nature et de taille similaires ; • Une déclaration d’intention de faire acte de candidature pour réaliser le marché et faisant connaitre :  la raison sociale,  la qualité et le domicile,  le numéro d’inscription au registre du commerce et du crédit mobilier,  le numéro de compte contribuable et le NINEA ;  et si le candidat agit au nom d’une société, la qualité en vertu de laquelle il agit ainsi que les pouJEUNE AFRIQUE

voirs qui lui sont conférés ;  l’attestation de paiement de la redevance de régulation des marchés précédents. Une marge de préférence applicable à certaines fournitures fabriquées dans les Etats membres de l’UEMOA sera octroyée aux candidats éligibles. Voir le document d’Appel d’offres pour les informations détaillées. 7. Les conditions de qualification, valables pour chacun des lots, applicables aux candidats sont les suivantes : Capacité technique et expérience Le Candidat doit prouver, documentation à l’appui, qu’il satisfait aux Exigences de capacité technique ciaprès :  La réalisation, durant les trois (3) dernières années au moins d’Un (1) marché de nature et de taille similaires ;  La capacité d’exécuter les obligations contractuelles en matière de réparation et de stockage des pièces de rechange, avec un délai maximal de réactivité d’1 (une) semaine ;  La disponibilité des moyens matériels adéquats et des ressources humaines suffisantes pour la prestation des services ; Le Candidat doit fournir la preuve écrite que les fournitures qu’il propose remplissent la(les) condition(s) d’utilisation suivante : cf. Cahier des Clauses Techniques Le Candidat devra joindre à son offre les autres documents suivants : • Une attestation de capacité financière d’un montant au moins égal à 30.000.000 (Trente millions) FCFA délivrée par une banque ou établissement financier connu et de bonne réputation ; • La réalisation, documents à l’appui, durant les trois dernières années au moins d’un marché de nature et de taille similaires ; 8. Le document d’Appel d’offres sera disponible, en version « électronique », en téléchargement sur le site des marchés publics (http://www.marchespublics.sn) et celui de l’ARTP (http://www.artp.sn). Toutefois, les candidats intéressés peuvent retirer la version « papier » du Dossier d’Appel d’Offres complet en se présentant à l’adresse mentionnée ci-dessus (point 5) contre un paiement non remboursable de 25.000 F CFA (vingt-cinq mille) par chèque certifié au nom de l’ARTP ou en espèces. 9. Les offres devront être soumises à l’adresse indiquée au point 5 au plus tard le Lundi 17 Septembre 2013 à 15 heures 30 minutes précises. Les offres remises en retard ne seront pas acceptées. Les offres seront ouvertes en présence des représentants des soumissionnaires à l’adresse signalée, à la salle CDI, le Lundi 17 Septembre 2013 à 15 heures 30 minutes précises. Les offres doivent comprendre une garantie de soumission d’un montant de 1.500.000 F CFA (un million cinq cent mille) pour le lot 2, 1.000.000 F CFA (un million) pour chacun des lots 3 et 4, 900.000 F CFA (neuf cent mille) pour le lot 6. Les offres devront demeurer valides pendant une durée de 90 (quatre vingt dix) jours à compter de la date d’ouverture des plis et la garantie de soumission devra demeurer valide 28 (vingt huit) jours après celle des offres. Le Directeur général N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Appel d’offres

AVIS D’APPEL D’OFFRES – CAS SANS PRÉ-QUALIFICATION - AVIS D’APPEL D’OFFRES (AA0) AUTORITÉ DE RÉGULATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS ET DES POSTES (ARTP) « ÉQUIPEMENTS DE MESURE DE LA QUALITÉ DE SERVICE EN SIX (6) LOTS » N° AO/2013/007/ARTP/DG/DEM-DSP


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COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE DE L’AFRIQUE CENTRALE

DÉPARTEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

COMMISSION

DIRECTION DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, DES INFRASTRUCTURES ET DES TRANSPORTS

Avis d’Appel d’Offres

Appel d’offres International ouvert (AOIO) n° 002 /AOIO/CEMAC/DIDD/DATIT/2013 du 27 juillet 2013

Appel d’offres

PROJET DE FACILITATION DES TRANSPORTS ET DU TRANSIT SUR LES CORRIDORS DOUALA-BANGUI ET DOUALA-N’DJAMENA 1. La Commission de la CEMAC a obtenu du Fonds Africains de Développement (FAD) un don en diverses monnaies, en vue du financement du programme régional de facilitation des transports et du transit en zone CEMAC. Il est prévu qu’une partie du montant de ce don sera utilisée pour effectuer les paiements attendus au titre de l’exécution du marché de construction de trois stations de pesage sur le corridor DoualaBangui respectivement à Baoro, Bossembélé et au PK 26 de Bangui. La Commission de la CEMAC sollicite des offres sous plis fermé de la part des soumissionnaires éligibles et répondant aux qualifications requises pour exécuter les travaux de construction de trois stations de pesage sur le corridor Douala-Bangui respectivement à Beloko/Baoro, Bossembélé et PK 26 de Bangui dont la consistance est déclinée ci-après : • des voies de chaussée et parking pour circulation lourde et légère ; • 01 bloc technique, 01 bloc cantine, 01 hangar, 02 guérites, 01 zone de pesage, 01 zone d’extension et un espace vert. Les travaux regroupés en un lot unique comprenant les bâtiments et les voiries et réseaux divers (VRD) et dont la durée prévisionnelle est de 06 mois, peuvent se résumer ainsi qu’il suit : - la réalisation des aires de circulation et de stationnement en pavés autobloquants, de deux plate-forme de pesée en béton armé, la construction de deux blocs techniques reliés chacun à un pèse essieux, le magasin de stockage, deux guérites pour les gendarmes, un local pour le groupe électrogène, un forage profond équipé d’une pompe électrique immergée, - la Signalisation verticale et horizontale ; - le paratonnerre ; - Voiries et Réseaux Divers. La durée prévisionnelle des travaux est de six mois. 2. Les entreprises originaires de tous les pays et répondant aux critères d’éligibilité tels que définis dans le DAO peuvent participer à l’appel d’offres. Les clauses des Instructions aux soumissionnaires et celles du Cahier des clauses administratives générales sont les dispositions standards du Dossier Type d’appel d’offres pour l’acquisition des travaux de taille moyenne publié par la Banque Africaine de Développement (Edition de septembre 2010 mis à jour en juillet 2012). Les soumissionnaires éligibles et intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires et prendre connaissance des documents d’Appel d’Offres à la Direction de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures et des Transports (DATIT) de la Commission de la CEMAC, Projet : Programme de Facilitation des Transports et Transit, 4e Etage. Téléphone : 00.236.75.50.00.47 / 00.236.70.55.50.84. Email : cemac@cemac.int; meyosouaj@yahoo.fr; dongaluc@yahoo.fr; ejmbanza@yahoo.fr; pmaudzou@yahoo.fr 3. Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir un Dossier d’Appel d’Offres complet rédigé en français, en formulant une demande écrite aux adresses suivantes : Direction de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures et des N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Transports (DATIT) de la Commission de la CEMAC, Projet : Programme de Facilitation des Transports et Transit, 4ème Etage. Téléphone : 00.236.75.50.00.47 / 00.236.75.55.50.84. Email : cemac@cemac.int ; meyosouaj@yahoo.fr ; dongaluc@yahoo.fr ; pmaudzou@yahoo.fr Ministère des Infrastructures (MI) du Tchad/Direction Générale des Routes (DGR), email : ciscp@intnet.td. Email : klamtijeanb@yahoo.fr Cellule BAD/BM ; sise à la Délégation Régionale des Travaux Publics du Centre à Yaoundé - Cameroun, Tel (237) 22 22 44 51/ 22 22 22 94 ; Fax: (237) 22 23 48 78 / 22 22 22 94 ; email : csepr_badbm@yahoo.fr ; michelmbella2009@yahoo.fr contre un paiement non remboursable en espèces ou en chèque certifié (au nom de la CEMAC), d’un montant de cinquante mille francs CFA (50.000 FCFA) contre reçu. Ce reçu devra identifier le payeur comme représentant de l’Entreprise ou « Groupement » d’Entreprises désireuses de participer à l’Appel d’Offres. 4. Chaque offre rédigée en langue française, en six (06) exemplaires dont un (01) original et cinq (05) copies marqués comme tels, devra être déposée contre récépissé à la Cellule BAD/BM sise à la Délégation Régionale des Travaux Publics du Centre à Yaoundé - Cameroun au plus tard le 17 septembre 2013 à 10 heures précises (heure locale) et devra porter la mention : « APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL OUVERT N°002/AOIO/CEMAC/DIDD/DATIT/2012 POUR LES TRAVAUX DE CONSTRUCTION DE TROIS STATIONS DE PESAGE À BELOKO/BAORO, BOSSEMBELE, PK 26 DE BANGUI ». A N’OUVRIR QU’EN SÉANCE DE DÉPOUILLEMENT Les offres remises en retard ne seront pas acceptées. Les plis seront ouverts le 17 septembre 2013 à 11 heures précises (heure locale) en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent être présents à l’ouverture, dans la salle de réunion de la Cellule BAD à YAOUNDÉ, par la Commission AD HOC de Passation des Marchés nommée à cet effet. 5. Les offres doivent être accompagnées d’une garantie de l’offre représentant 2% du montant de l’offre ou l’équivalent dans une monnaie librement convertible. 6. La durée de validité des offres est fixée à cent vingt (120) jours à compter de la date limite de remise des offres. Elle permettra de maintenir les offres valides pendant toute la période de l’analyse des offres à la notification du contrat, (Cf. clause 18.1 des Instructions aux Soumissionnaires (IS)). 7. Financement : Le marché envisagé sera financé par le don FAD à hauteur de 90% et la CEMAC à hauteur de 10%. LE PRÉSIDENT Pierre MOUSSA

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Avis d’Appel d’Offres

Appel d’offres International ouvert (AOIO) n° 003 /AOIO/CEMAC/DIDD/DATIT/2013 du 27 juillet 2013 PROJET DE FACILITATION DES TRANSPORTS ET DU TRANSIT SUR LES CORRIDORS DOUALA-BANGUI ET DOUALA-N’DJAMENA

JEUNE AFRIQUE

tives générales sont les dispositions standards du Dossier Type d’appel d’offres pour l’acquisition des travaux de taille moyenne publié par la Banque Africaine de Développement (Edition de septembre 2010 mis à jour en juillet 2012). Les soumissionnaires éligibles et intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires et prendre connaissance des documents d’Appel d’Offres à la Direction de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures et des Transports (DATIT) de la Commission de la CEMAC, Projet : Programme de Facilitation des Transports et Transit, 4ème Etage. Téléphone : 00.236.75.50.00.47 / 00.236.70.55.50.84. Email : cemac@cemac.int ; meyosouaj@yahoo.fr ; dongaluc@yahoo.fr ; ejmbanza@yahoo.fr ; pmaudzou@yahoo.fr 3. Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir un Dossier d’Appel d’Offres complet rédigé en français aux adresses suivantes : Direction de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures et des Transports (DATIT) de la Commission de la CEMAC, Projet : Programme de Facilitation des Transports et Transit, 4ème Etage. Téléphone : 00.236.75.50.00.47 00.236.75.55.50.84. Email : cemac@cemac.int ; meyosouaj@yahoo.fr ; dongaluc@yahoo.fr Ministère des Infrastructures (MI) du Tchad/Direction Générale des Routes (DGR), email : ciscp@intnet.td. Email : klamtijeanb@yahoo.fr Cellule BAD/BM ; sise à la Délégation Régionale des Travaux Publics du Centre à Yaoundé - Cameroun, Tel (237) 22 22 44 51/ 22 22 22 94 ; Fax : (237) 22 23 48 78 / 22 22 22 94 ; email : csepr_badbm@yahoo.fr ; michelmbella2009@yahoofr contre un paiement non remboursable en espèces ou en chèque certifié (au nom de la CEMAC), d’un montant de trente mille francs CFA (30.000 FCFA) contre reçu. Ce reçu devra identifier le payeur comme représentant de l’Entreprise ou « Groupement » d’Entreprises désireuses de participer à l’Appel d’Offres. 4. Chaque offre rédigée en langue française, en six (06) exemplaires dont un (01) original et cinq (05) copies marqués comme tels, devra être déposée contre récépissé à la Cellule BAD/BM sise à la Délégation Régionale des Travaux Publics du Centre à Yaoundé - Cameroun au plus tard le 17 septembre 2013 à 10 heures précises (heure locale) et devra porter la mention : « APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL OUVERT N°003/AOIO/CEMAC/DIDD/DATIT/2013 POUR LA FOURNITURE ET L’INSTALLATION DES PESES ESSIEUX SUR LES CORRIDORS DOUALABANGUI ET DOUALA-NDJAMENA ». A N’OUVRIR QU’EN SÉANCE DE DÉPOUILLEMENT 5. Les offres doivent être accompagnées d’une garantie de l’offre d’un montant représentant 2% du montant de chaque lot ou l’équivalent dans une monnaie librement convertible. Les offres remises en retard ne seront pas acceptées. Les plis seront ouverts le 17 septembre 2013 à 11 heures précises (heure locale) en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent être présents à l’ouverture, dans la salle de réunion de la Cellule BAD à YAOUNDE, par la Commission AD HOC de Passation des Marchés nommée à cet effet. 6. La durée de validité des offres est fixée à cent vingt (120) jours à compter de la date limite de remise des offres. Elle permettra de maintenir les offres valides pendant toute la période de l’analyse des offres à la notification du contrat, (Cf. clause 18.1 des Instructions aux Soumissionnaires (IS)). 7. Financement : Le marché envisagé sera financé par le don FAD à hauteur de 90 % et la CEMAC à hauteur de 10 %. LE PRÉSIDENT Pierre MOUSSA

N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Appel d’offres

1. La Commission de la CEMAC a obtenu du Fonds Africains de Développement (FAD) un don en diverses monnaies, en vue du financement du programme régional de facilitation des transports et du transit en zone CEMAC. Il est prévu qu’une partie du montant de ce don sera utilisée pour effectuer les paiements attendus au titre de l’exécution du marché de fourniture et d’installation des pèses essieux sur les corridors Douala-Bangui et Douala-Ndjaména. La Commission de la CEMAC sollicite des offres sous plis fermés de la part des soumissionnaires éligibles et répondant aux critères de qualifications requises pour fournir et installer les pèses essieux fixes et mobiles. Les acquisitions regroupées en deux (02) lots comprennent : - Lot 1 : la fourniture et l’installation de cinq pèses essieux fixes et du mobilier et matériel informatique ; - Lot 2 : la fourniture de trois pèses essieux mobiles. et dont la durée prévisionnelle est de pour le lot 1, cinq (5) mois et pour le lot 2, quatre (4) mois. Lot 1 : Fourniture de cinq pèses essieux fixes pour le pesage des véhicules en marche à basse vitesse utilisé aux fins du pesage dynamique des véhicules dans les stations de pesage et ayant les caractéristiques suivantes : • Calcul automatique des poids par essieu ; • Enregistrement automatique des données ; • Portée maximale de pesage par essieu : 40 tonnes ; • Limite minimale de pesage : 20 kg ; • Capacité totale par véhicule : 100 tonnes ; • Vitesse de passage optimale par véhicule : 6km/h ; • Vitesse minimale par véhicule : 0.5 km/h. Un pèse essieux comprend deux bascules équipées de capteurs de trois tonnes certifiés par l’Organisation Internationale de Métrologie Légale, des câbles étanches de transport des signaux des bascules qui raccordent les capteurs à l’indicateur électronique, un système électronique de pesage permettant la détermination de tous les indicateurs requis par le pesage routier ainsi que du mobilier, du matériel informatique, des accessoires et câblages divers au bon fonctionnement du système de pesée. Lot 2 : Fourniture de trois pèses essieux mobiles pour le pesage des véhicules en marche à basse vitesse utilisé aux fins du pesage dynamique des véhicules sur les corridors routiers. Un pèse essieu mobile est composé de : - De deux bascules équipées de capteurs de trois tonnes certifiés par l’Organisation Internationale de Métrologie Légale ; - Des câbles étanches de transport des signaux des bascules qui raccordent les capteurs à l’indicateur électronique ; - D’un système électronique de pesage permettant la détermination de tous les indicateurs requis par le pesage routier - Les caractéristiques métrologiques du modèle sollicité du pèse –essieux mobile embarqué par une fourgonnette : - Matériel et Mobiliers incorporés à la fourgonnette : - Equipement de pesée amovible ; - Matériels informatiques (un microordinateur, une imprimante, câbles et accessoires) ; - Formation et essais de dix agents de l’administration pendant une durée de deux semaines sur la manipulation (installation/ assemblage des équipements techniques) et 12 gilets fluorescents. 2. Les entreprises originaires de tous les pays et répondant aux critères d’éligibilité tels que définis dans le DAO peuvent participer à l’appel d’offres. Les clauses des Instructions aux soumissionnaires et celles du Cahier des clauses administra-


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Annonces classées AVIS PUBLIC D’APPEL D’OFFRES POUR LA PRÉSÉLECTION DES FOURNISSEURS La Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels Génériques et des Consommables Médicaux (CAMEG) du Burkina Faso, lance un appel d’offres international ouvert de présélection des fournisseurs pour la fourniture de Médicaments Essentiels Génériques (MEG) sous Dénomination Commune Internationale (DCI), d’antirétroviraux, de produits contraceptifs, de consommables médicaux, de matériel médical, de produits dentaires, de réactifs et matériels de laboratoire, de consommables de radiologie et de produits de diagnostic, de médicaments issus de la médecine et pharmacopée traditionnelles du Burkina Faso, de produits nutritionnels spéciaux. Cette procédure a pour objet de dresser une liste validée de couples “produits/fabricants”, après avoir évalué les aptitudes des fournisseurs et la qualité des produits. L’agrément prononcé sera valable pour une période de 4 ans et permettra aux fournisseurs présélectionnés de participer aux consultations restreintes pour les couples produits/fabricants validés durant cette période. Le dossier d’appel à la présélection des fournisseurs, référencé sous le numéro 14/2013, peut être retiré auprès du Secrétariat du Directeur Général de la CAMEG à partir du lundi 03 juin 2013, à l’adresse suivante : Secrétariat du Directeur Général de la CAMEG 01 BP 4877 Ouagadougou 01 BURKINA FASO Tél. : (226) 50 37 37 50/51/52/53/54 - Fax : (226) 50 37 37 57 E-mail : cameg@cameg.bf contre le versement d’une somme non remboursable de 300 000 FCFA, à payer par chèque certifié ou en espèces déposés à la caisse de la CAMEG, contre reçu. Les fournisseurs présélectionnés lors de l’appel d’offres N° 13/2011 et qui désirent élargir leur gamme de produits pour la période de validité de leur agrément pourront se procurer le dossier d’appel à la présélection à l’adresse ci-dessus mentionnée contre le versement d’une somme non remboursable de 150 000 FCFA. Les fournisseurs de médicaments issus de la médecine et pharmacopée traditionnelles du Burkina Faso pourront se procurer le dossier d’appel à la présélection à la même adresse ci-dessus mentionnée contre le versement d’une somme non remboursable de 50 000 FCFA.

Le dossier d’appel à la présélection des fournisseurs pourra également être consulté sur le site de la CAMEG à l’adresse : www.cameg.com. Toutefois, seuls les candidats qui auront effectivement payé les frais de retrait du Dossier de Présélection verront leurs offres examinées et évaluées par la Commission de présélection des fournisseurs de la CAMEG. Les dossiers de présélection seront adressés à la Direction Générale de la CAMEG, et l’adresse ci-dessus indiquée. Il est porté à la connaissance des candidats que la CAMEG procède dorénavant a l’évaluation technique en continue des offres sur une année. Cela permettra aux fournisseurs de déposer continuellement leurs offres pour obtenir des agréments, mettre à jour leurs dossiers ou élargir leur gamme de produits à longueur d’année. Des tranches de sessions d’analyse et de validation des dossiers des soumissionnaires à la présélection des fournisseurs N° 14/2013 seront organisées selon le chronogramme suivant : Numéro de session 1re session

Date limite de dépôt des dossiers

Période de tenue Période de tenue des travaux des sessions d’analyse de validation

3 septembre 2013 5 septembre au à 17h30 mn TU 15 novembre 2013

25 au 30 novembre 2013

2e session

31 janvier 2014 à 17h30 mn TU

3 février au 29 mars 2014

7 au 12 avril 2014

3e session

30 juin 2014 à 17h30 mn TU

7 juillet au 29 août 2014

8 au 13 septembre 2014

Les agréments obtenus lors de l’appel d’offres N° 13/2011 resteront valides sous réserve de la mise à jour des documents qualité réglementaires listés dans le dossier d’appel d’offres. Le Directeur Général de la CAMEG Moussa SANFO Chevalier de l’Ordre National

Appel d’offres

République Démocratique du Congo PRIMATURE

Avis d’Appel d’offres (AAO)

INVITATION FOR BIDS The African Union Commission has reserved some funds towards the procurement of the following items The African Union Commission now invites bids from interested bidders for 1. Supply and delivery of printing equipment, spare parts and consumables for printing machines. Procurement No 37/DCMP/13 2. Supply and delivery of Blade Enclosures and blade servers. Procurement No. 36/MIS/13 More details on the above requirements are provided in the bid document. Interested firms can collect the bid documents from the African Union website: http://www.au.int/en/bids. The closing date for the submission of bids shall be 13th September 2013. For further inquiries please use Tel: +251-11-5517700, Ext 4305. E-mail Tender@africa-union.org N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Avis d’Appel d’Offres – Sans pré-qualification AOI/F/01/PM/CGMP/2013

1. La Primature de la République Démocratique du Congo a obtenu, dans le cadre de son budget financé par le Trésor Public, des fonds afin de financer l’acquisition des véhicules terrestres pour les besoins de transport des cadres et agents de son Secrétariat Général et a l’intention d’utiliser une partie de ces fonds pour effectuer des paiements au titre du Marché de fourniture de véhicules terrestres. 2. Les candidats intéressés peuvent obtenir un Dossier d’appel d’offres complet contre preuve de paiement auprès du Secrétariat Permanent de la Cellule de Gestion des Projets et des Marchés Publics de la Primature, Croisement avenue Batetela & boulevard du 30 juin, numéro 3098, Immeuble Crown Tower, 10e niveau, Bureau 1001, Commune de la Gombe, Kinshasa, République Démocratique du Congo. E-mail : cellulepassationdesmarchés@primature.cd et prendre connaissance des documents d’Appel d’offres à l’adresse mentionnée ci-haut. 3. Les offres devront être soumises à la même adresse au plus tard le 11 Septembre 2013 à 11 heures locales (TU+1) et l’ouverture des offres interviendra le 11 septembre 2013 à 11 h 30’ (TU+1). N.B : pour plus de détails, consulter le site http://rdc.primature.cd

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GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT

DÉPARTEMENT DES SERVICES GÉNÉRAUX ET DES ACHATS Division des achats institutionnels Fax: + (216) 71 83 52 49 - Date : 1er août 2013

AVIS DE PRÉQUALIFICATION PRESTATIONS DE SERVICE D’AGENCE DE VOYAGES ADB/CGSP/ICBP/2013/0109 1. La Banque africaine de développement (la "BAD" ou la "Banque") recherche des sociétés qualifiées pour assurer les prestations de services d’agences de voyages pour son siège à Abidjan, Côte-d’Ivoire. 2. Sont éligibles, les candidats originaires d’un pays membre de la Banque, dont la liste est fournie sur le site de Ia Banque à l’adresse www.afdb.org.

4. Les candidats intéressés sont priés de s’inscrire à tender@afdb.org. 5. Les dossiers de candidature doivent être déposés en six exemplaires (1 original + 5 copies) sous pli fermé, à l’adresse ci-dessous, au plus tard le jeudi 12 septembre 2013 à 15h00, heure locale de Tunis, indiquant clairement : " CANDIDATURE DE PRÉQUALIFICATION — PRESTATIONS DE SERVICE D’AGENCE DE VOYAGES ADB/ICBP/CGSP/2013/0109 ". 6. Les candidatures reçues après le délai fixé seront purement et simplement rejetées. Division des achats institutionnels (CGSP.2) Banque africaine de développement Bureau 2A2 - lmmeuble EPI-B, 2e étage Angle des trois rues : Avenue du Ghana, Rue Pierre de Coubertin, Rue Hédi Nouira B.P. 323 - 1002 Tunis-Belvédère - Tunisie Courriel : tender@afdb.org 7. Tous les Candidats seront informés de la suite donnée à leur dossier par la Banque. Le dossier d’appel d’offres sera adressé aux seuls candidats éligibles repondant aux critères de qualification.

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N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Avis de préqualification

3. L’étendue des prestations ainsi que les fiches de candidature sont décrites dans le Dossier de Présélection téléchargeable à partir du lien : http://www.afdb.org/en/about-us/corporateprocurement/businessopportunities. Le dossier de présélection peut également être obtenu en adressant un courrier électronique à tender@afdb.org.


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Annonces classées RÉPUBLIQUE TOGOLAISE AUTORITÉ DE RÉGLEMENTATION DU SECTEUR DE L’ÉLECTRICITÉ (ARSE) APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊTS (AMI) L’Autorité de Réglementation du Secteur d’Electricité (ARSE) a obtenu dans le cadre de son budget de fonctionnement gestion 2014, des fonds, afin de financer le contrôle et l’audit de la Centrale Thermique de Lomé (CTL) et à l’intention d’utiliser une partie de ces fonds pour des paiements autorisés au titre des missions de services de consultants. La mission de consultation comprend le contrôle et l’audit détaillé et complet de la mise en œuvre de la concession de la centrale Thermique de Lomé (CTL). L’Autorité de Réglementation du Secteur d’Electricité (ARSE) invite les Bureaux ou Cabinets de Consultants éligibles à manifester leurs intérêts à fournir les services décrits dans l’AMI téléchargeable sur les sites de : - www.arse.tg - www.marchespublics-togo.com Les candidats intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence de lundi à vendredi, le matin de 8 h 00 à 12 h 00 et l’après-midi de 15 h 00 à 17 h 00, à l’adresse ci-dessous :

Manifestation d’intérêt - Appel d’offres

Secrétariat de l’Autorité de Réglementation du Secteur de l’Electricité (ARSE) – Rez-de-chaussée, Porte 004 Avenue des hydrocarbures – face à la société AIR LIQUIDE (ex TOGO GAZ) BP : 3489 - LOME, Téléphone : +228 22 22 20 78 ; Fax : +228 22 22 20 61 Courriel : info@arse.tg Les manifestations d’intérêt doivent être déposées sous pli fermé à la même adresse, au plus tard le 03 septembre 2013 à 10 heures 00 minutes, TU.

RÉPUBLIQUE TUNISIENNE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE DIVISION ACHAT ET TRANSIT

AVIS DE REPORT DE LA DATE LIMITE DE REMISE DES OFFRES RELATIF À L’APPEL D’OFFRES N° 04/2013 Le Ministère de la Défense Nationale Tunisienne informe les soumissionnaires intéressés par l’appel d’offres n° 04/2013 réservé aux entreprises italiennes, pour l’acquisition des équipements et de matériel de plongée pour le centre de formation professionnelle de plongée de ZARZIS, que la date limite de remise des offres est reportée jusqu’au 15 Août 2013, dans les mêmes conditions.

MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DES FINANCES, DU PLAN, DU PORTEFEUILLE PUBLIC ET DE L’INTÉGRATION PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE Crédit n° 5063 -CG - Unité d’Exécution du Projet B.P 2116 Brazzaville, République du Congo, Tel : 05 551 96 11, 06 921 91 16 - Courriel: prctg@yahoo.fr; fmorosa@yahoo.fr

AVIS DE SOLLICITATION À MANIFESTATION D’INTÉRÊT

N°25/MEFPPPI/PRCTG-SPM/13

« Recrutement d'une firme en charge de la mise en place d’un Système de Gestion Electronique des Document (SGED) au profit du Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme de l’Etat (MFPRE)»

1. Le Gouvernement de la République du Congo a obtenu auprès de l’Association Internationale de Développement (IDA) un crédit n° 5063-CG, pour le financement des activités du Projet de Renforcement des capacités de Transparence et de Gouvernance (RRCTG), et a l’intention d’utiliser une partie du montant dudit Don pour financer les services de consultants ci-après : Recrutement d'une firme en charge de la mise en place d’un Système de Gestion Electronique des Documents (SGED) au profit de du Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme de l’Etat (MFPRE). L’objectif de la mission consiste à mettre en place un système de gestion électronique des documents performant qui puisse répondre aux besoins spécifiques du MFPRE. La durée de la mission est de trois (03) mois incluant les quatre (04) phases suivantes : i) la réalisation de l’état des lieux (diagnostic) ; ii) la conception de l’architecture du SGED ; iii) l’implantation du SGED dans la structure ; iv) la formation des utilisateurs à l’appropriation du SGED ; v) la formation technique des informaticiens au code source et maintenance du SGED. 2. L’Unité d’Exécution du PRCTG, invite les candidats intéressés à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les Consultants intéressés doivent fournir des informations pertinentes indiquant leurs capacités techniques à exécuter lesdits services. 3. Les consultants intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

qualifiés pour exécuter les services (brochures, références concernant l’exécution de contrats analogues, expérience dans des conditions semblables, etc.). Les consultants intéressés peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives. Dans le cas d’une association, les consultants doivent indiquer clairement le Chef de file et sa nationalité. 4. Sur cette base, un cabinet d’études sera sélectionné conformément aux Directives de la Banque « Sélection et Emploi des Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale de janvier 2011». Le Consultant sera sélectionné sur la base de la méthode de Sélection fondée sur la qualité technique et le coût. 5. Les intéressés doivent s’adresser à l’Unité d’Exécution du PRCTG pour obtenir des informations supplémentaires, à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables, de 8 h 00 à 14 h 00. 6. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées sous pli fermé ou en version électronique à l’adresse ci-dessous, au plus tard, le mercredi 28 août 2013 à : PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE UNITE D’EXECUTION DU PROJET - SECTION PASSATION DES MARCHÉS B.P 2116 Brazzaville, République du Congo Derrière le Commissariat Central Courriel : prctg@yahoo.fr; fmorossa@yahoo.fr Brazzaville, le 5 Août 2013 Le Coordonnateur Marie Alphonse ITOUA JEUNE AFRIQUE


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MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DES FINANCES, DU PLAN, DU PORTEFEUILLE PUBLIC ET DE L’INTÉGRATION PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE Crédit n° 5063 -CG - Unité d’Exécution du Projet B.P 2116 Brazzaville, République du Congo, Tel : 05 551 96 11, 06 921 91 16 - Courriel: prctg@yahoo.fr; fmorosa@yahoo.fr

AVIS DE SOLLICITATION À MANIFESTATION D’INTÉRÊT

N° 26/MEFPPPI/PRCTG-SPM/13

« Recrutement d'une firme en charge de la formation du personnel de l’ARMP, de la DGCMP, de la DGGT, des CGMP, y compris toutes les personnes impliquées dans la passation des marchés publics »

1. Le Gouvernement de la République du Congo a obtenu auprès de l’Association Internationale de Développement (IDA) un crédit n° 5063-CG, pour le financement des activités du Projet de Renforcement des capacités de Transparence et de Gouvernance (RRCTG), et a l’intention d’utiliser une partie du montant dudit Don pour financer les services de consultants ci-après : Recrutement d'une firme en charge de la formation du personnel de l’ARMP, de la DGCMP, de la DGGT, des CGMP, y compris toutes les personnes impliquées dans la passation des marchés publics. L’objectif général de la mission est d’améliorer les performances des acteurs intervenant dans la commande publique. Les objectifs spécifiques de la mission sont : (i) acquérir des compétences en matière de gestion des agents des CGMP et de toute autre institution intervenant dans la chaîne de la dépense publique;(ii) mettre à jour le programme de renforcement des capacités élaboré en 2011 ; (iii) renforcer les capacités des Personnes Responsables des Marchés Publics (PRMP) en matière de gestion des marchés publics ; (iv) renforcer les capacités d’environ 400 représentants de la DGCMP, de l’ARMP, de la DGGT, des CGMP et de toute autre institution intervenant dans la chaîne de la dépense publique; (v) faire acquérir des compétences en matière de contrôle et audit des marchés publics aux agents de la DGCMP et de l’ARMP, en matière de préparation des dossiers de soumissions et dans la maîtrise du processus de passation des marchés publics ; (vi) définir une méthodologie relative à la collecte des données nécessaire à l’alimentation du système de suivi-évaluation au sein de la DGCMP, de l’ARMP, de la DGGT, des CGMP et de toute autre institution intervenant dans la chaîne de la dépense publique. La durée de la mission est de deux cent quatre (204) jours intégrant la soumission du rapport final. 2. L’Unité d’Exécution du PRCTG, invite les candidats intéressés à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les Consultants intéressés doivent fournir des

informations pertinentes indiquant leurs capacités techniques à exécuter lesdits services. Les consultants intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (brochures, références concernant l’exécution de contrats analogues, expérience dans des conditions semblables, etc.). Les consultants intéressés peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives. Dans le cas d’une association, les consultants doivent indiquer clairement le Chef de file et sa nationalité. 3. Sur cette base, un cabinet d’études sera sélectionné conformément aux Directives de la Banque « Sélection et Emploi des Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale de janvier 2011». Le Consultant sera sélectionné sur la base de la méthode de Sélection fondée sur la qualité technique et le coût. 4. Les intéressés doivent s’adresser à l’Unité d’Exécution du PRCTG pour obtenir des informations supplémentaires, à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables, de 8 h 00 à 14 h 00. 5. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées sous pli fermé ou en version électronique à l’adresse ci-dessous, au plus tard, le mercredi 28 Août 2013 à : PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE UNITE D’EXECUTION DU PROJET - SECTION PASSATION DES MARCHÉS B.P 2116 Brazzaville, République du Congo Derrière le Commissariat Central Courriel : prctg@yahoo.fr; fmorossa@yahoo.fr Brazzaville, le 5 Août 2013 Le Coordonnateur Marie Alphonse ITOUA

AVIS DE SOLLICITATION À MANIFESTATION D’INTÉRÊT

N° 27MEFPPPI-CAB/PRCTG-SPM/13

« Recrutement d’un Consultant individuel international pour la formation de 90 informaticiens des administrations touchées par le projet de gestion des finances publiques et d'administration publique (SIDERE/équipe OCI, Impôts, Douanes, Trésor, Plan, économie, MFPRE...) en programmation et en développement WEB avec JAVA/JEE-FRAMEWORK »

1. Le Gouvernement de la République du Congo a obtenu auprès de l’Association Internationale de Développement (IDA) un crédit (Crédit n° 5063-CG) du Projet de Renforcement des Capacités de Transparence et de Gouvernance (PRCTG), et a l’intention d’utiliser une partie du montant dudit crédit pour financer les services de consultants ci-après : Recrutement d’un Consultant individuel international pour la formation de 90 informaticiens des administrations touchées par le projet de gestion des finances publiques et d'administration publique (SIDERE/équipe OCI, Impôts, Douanes, Trésor, Plan, économie, MFPRE...) en programmation et en développement WEB avec JAVA/JEE-FRAMEWORK. 2. La formation vise de manière générale à automatiser les activités de production des actes administratifs afin de rentabiliser l’utilisation de l’outil informatique au sein des administrations touchées par le projet de gestion des finances publiques et d'administration publique (SIDERE/équipe OCI, Impôts, Douanes, Trésor, Plan, économie, MFPRE...). Les objectifs spécifiques sont : (i) former 90 informaticiens en programmation et en développement WEB avec JAVA/JEE-FRAMEWORK ; (ii) rendre apte et compétitif le personnel informaticien. La durée de la formation est de quatre vint dix (90) jours ouvrables. 3. L’Unité d’Exécution du PRCTG invite les candidats intéressés à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les Consultants intéressés doivent fournir des informations pertinentes indiquant leurs capacités techniques à exécuter lesdits services. Le dossier de candidature devra comporter les renseignements suivants : • les copies des diplômes ; • les compétences du candidat pour la mission, notamment l’indication de références techniques vérifiables en matière de missions similaires (liste des précédents clients pour ce type de mission : année, coût de la mission, nom et adresse complète du représentant du client) ; • l’adresse complète du consultant (localisation, personne à contacter, BP, Téléphone, Fax, Courriel). JEUNE AFRIQUE

Profil du Consultant : - être titulaire d’un diplôme BAC+5 ou plus dans le domaine du développement JAVA et de gestion des projets et/ou une certification dans le domaine du développement JAVA/JEEFRAMEWORK ; - avoir des bonnes connaissances d'Oracle en tant que base de données utilisée pour le développement ; - les expériences pratiques dans le domaine concerné par la formation sont fortement souhaitées ; - l’expérience dans la formation des adultes serait un atout. 4. Sur cette base, un Consultant individuel sera sélectionné conformément aux Directives de la Banque « Sélection et Emploi des Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale de janvier 2011 ». Le Consultant sera sélectionné sur la base de la comparaison des CV. 5. Les intéressés doivent s’adresser à l’Unité d’Exécution du PRCTG pour obtenir des informations supplémentaires, à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables, de 8 h 00 à 16 h 00. 6. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées sous pli fermé ou en version électronique à l’adresse ci-dessous, au plus tard, le mercredi 28 Août 2013 à : PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE UNITÉ D’EXÉCUTION DU PROJET - SECTION PASSATION DES MARCHÉS B.P 2116 Brazzaville, République du Congo Derrière le Commissariat Central Courriel : prctg@yahoo.fr; fmorossa@yahoo.fr Brazzaville, le 5 Août 2013 Le Coordonnateur Marie Alphonse ITOUA

N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Manifestation d’intérêt

MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DES FINANCES, DU PLAN, DU PORTEFEUILLE PUBLIC ET DE L’INTÉGRATION PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE Crédit n° 5063 -CG - Unité d’Exécution du Projet B.P 2116 Brazzaville, République du Congo, Tel : 05 551 96 11, 06 921 91 16 - Courriel : prctg@yahoo.fr ; fmorosa@yahoo.fr


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Annonces classées MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE, DES FINANCES, DU PLAN, DU PORTEFEUILLE PUBLIC ET DE L’INTÉGRATION Crédit n° 5063 -CG - Unité d’Exécution du Projet B.P 2116 Brazzaville, République du Congo, Tel : 05 551 96 11, 06 921 91 16 - Courriel : prctg@yahoo.fr ; fmorosa@yahoo.fr

AVIS DE SOLLICITATION À MANIFESTATION D’INTÉRÊT

N° 28/MEFPPPI/PRCTG-SPM/13

« Recrutement d'une firme de réputation internationale en charge de la finalisation de la mise en place du Fichier unique Fonction publique-Solde »

Manifestation d’intérêt

1. Le Gouvernement de la République du Congo a obtenu auprès de l’Association Internationale de Développement (IDA) un crédit n° 5063-CG, pour le financement des activités du Projet de Renforcement des capacités de Transparence et de Gouvernance (RRCTG), et a l’intention d’utiliser une partie du montant dudit Don pour financer les services de consultants ci-après : Recrutement d'une firme en charge de la finalisation de la mise en place du fichier unique Fonction publique. L’objectif général du projet est d’obtenir un système global d’informations, outil unique, cohérent, intégré, complet et sécurisé pour la gestion des ressources humaines et de la solde interfaçant avec les caisses de retraite et les ministères utilisateurs. L'objectif spécifique du projet est de réhabiliter le fichier du personnel de l’Etat en vue de l’intégrer dans un fichier unique informatisé « Fonction Publique-Solde-Caisses de Retraite », qui devrait permettre : (i) une mise à jour des bases de données, évitant les paiements des agents fictifs ; (ii) une clarification des procédures administratives et financières de gestion du personnel ; (iii) une projection sur le suivi des effectifs sur et hors du territoire national ; (iv) la réduction des obstacles qui freinent tant la gestion des carrières que l’obtention des pensions de retraites ; (v) une rationalisation de la gestion des dossiers et archives du personnel ; L’impact d’une telle réforme devrait se ressentir tant sur le niveau de motivation du personnel que sur la maîtrise des dépenses en ressources humaines. La durée de la mission est de cent quatre vingt (180) jours intégrant la soumission du rapport final. 2. L’Unité d’Exécution du PRCTG, invite les candidats intéressés à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci- dessus. Les Consultants intéressés doivent fournir des informations pertinentes indiquant leurs capacités techniques à exécuter lesdits

services. Les consultants intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (brochures, références concernant l’exécution de contrats analogues, expérience dans des conditions semblables, etc.). Les consultants intéressés peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives. Dans le cas d’une association, les consultants doivent indiquer clairement le Chef de file et sa nationalité. 3. Sur cette base, un cabinet d’études sera sélectionné conformément aux Directives de la Banque « Sélection et Emploi des Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale de janvier 2011 ». La firme sera sélectionnée sur la base de la qualité technique et le coût. 4. Les intéressés doivent s’adresser à l’Unité d’Exécution du PRCTG pour obtenir des informations supplémentaires, à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables, de 8 h 00 à 14 h 00. 5. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées sous pli fermé ou en version électronique à l’adresse ci-dessous, au plus tard, le mercredi 28 août 2013 à : PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE UNITÉ D’EXÉCUTION DU PROJET - SECTION PASSATION DES MARCHÉS B.P 2116 Brazzaville, République du Congo Derrière le Commissariat Central Courriel : prctg@yahoo.fr; fmorossa@yahoo.fr Brazzaville, le 6 Août 2013 Le Coordonnateur Marie Alphonse ITOUA

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO - MINISTÈRE DES RESSOURCES HYDRAULIQUES ET ÉLECTRICITÉ SOCIÉTÉ NATIONALE D’ÉLECTRICITÉ (SNEL) SARL - COORDINATION DES PROJETS PROJET DE DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS D’ÉLECTRICITÉ POUR LA CONSOMMATION DOMESTIQUE ET A L’EXPORT (PMEDE) - Don IDA H296 – ZR

AVIS À MANIFESTATION D’INTÉRÊT

N° Avis : AMI N° 003/PMEDE/SNEL /DG/CDP/CPM/KNF/2013/SC - Source de financement : PMEDE Nom du Projet : Projet des Marchés de Développement Electricité Domestique et à l’Export (PMEDE) Services de Consultants : Recrutement d’un Consultant (Cabinet) chargé de l’exécution des Travaux Analytiques Relatifs Aux Solutions d’Eclairage Hors Réseaux Date de publication : Mardi, le 06 août 2013 - Date de clôture : Mardi, le 20 août 2013

1. Contexte général Afin d’améliorer les conditions de vie de la population, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu un financement de l’Association Internationale de développement (IDA) en vue de financer le projet de marché d’électricité pour la consommation domestique et à l’exportation (PMEDE), et à l’intention d’utiliser une partie de ce financement pour catalyser le marché commercial des lampes solaires photovoltaïques agréées par le programme « Lighting Africa » 2. Objectif de l’intervention du consultant Les services requis auront pour objectif principal d’effectuer une série d’études relatives au marché de produit d’éclairage hors réseau dans la province de Kinshasa. Ces activités analytiques serviront à informer la conception et le choix d’interventions visant la promotion du marché commercial des lampes solaires et couvriront les thématiques suivantes : (i) cadre politique et rôle du secteur publique ; (ii) exemption fiscale, (iii) étude du marché, (iv) mécanisme d’assistance basée sur les résultats ; (v) ciblage en faveur des plus pauvres ; (vi) disposition à payer ; (vii) comportement/préférence des consommateurs ; (viii) accès au financement ; (ix) cartographie des chaînes de distribution 3 Méthode de sélection La CDP/SNEL invite les personnes physiques et morales (Bureaux d’études/cabinets, PME, ONG, Fournisseur, Consultants individuels) admissibles à manifester leur intérêt individuellement ou en consortium à fournir les services décrits ci-dessus. Les prestataires des services intéressés sont invités à se présenter individuellement ou en consortium et doivent fournir les informations démontrant qu’ils possèdent les qualifications requises et une expérience pertinente pour l’exécution des services. Les critères pour l’établissement de la liste restreinte sont : • Expérience générale (organisation, domaine d’intervention, etc.) • Expériences pertinentes par rapport à la présente mission N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

• Compréhension de la mission. Le consultant sera recruté par la méthode de sélection fondée sur la qualité technique et le coût telle que décrite dans les procédures édictées dans les Directives : Sélection et Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale dans le cadre des Prêts de la BIRD et des Crédits et Dons de l’AID, version janvier 2011. 4. Contenu du dossier de candidature Les dossiers de candidatures devront comprendre : • Une présentation de l’organisme ou des organismes dans le consortium ; • Les références des missions d’une manière générale ; • Les références des missions pertinentes. 5. Informations et Réponses à l’AMI Les candidats intéressés peuvent obtenir les informations supplémentaires à l’adresse ci-dessous de 9h00’ à 16h00’ (du lundi au vendredi) ou par courrier électronique à l’adresse électronique ci-dessous. Les candidatures doivent être rédigées en langue française, adressées à Mr MASOSO BUMBA, Coordonnateur des Projets CDP/SNEL et déposées à l’adresse ci-dessous ou transmises par courrier électronique à l’adresse électronique ci-dessous au plus tard le 20 août 2013 et porter clairement la mention AMI N° 003/PMEDE/SNEL /DG/CDP/CPM/KNF/2013/SC SOCIÉTÉ NATIONAL D’ÉLECTRICITÉ (SNEL) sarl Coordination des Projets (CDP) Avenue le Marinel n° 06, Immeuble le Marinel, Quartier Lemera Kinshasa / Gombe - République Démocratique du Congo Tél : (00243) 81 7005428 ; (00243) 81 0040030 - E-mail : cdp.snel@yahoo.fr LE COORDONNATEUR DES PROJETS MASOSO BUMBA JEUNE AFRIQUE


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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO - MINISTÈRE DES RESSOURCES HYDRAULIQUES ET ÉLECTRICITÉ SOCIÉTÉ NATIONALE D’ÉLECTRICITÉ (SNEL) SARL - COORDINATION DES PROJETS PROJET DE DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS D’ÉLECTRICITÉ POUR LA CONSOMMATION DOMESTIQUE ET A L’EXPORT (PMEDE) - Don IDA H296 – ZR

AVIS À MANIFESTATION D’INTÉRÊT

N° Avis : AMI N° 004/PMEDE/SNEL /DG/CDP/CPM/KNF/2013/SC - Source de financement : PMEDE Nom du Projet : Projet des Marchés de Développement Electricité Domestique et à l’Export (PMEDE) Services de Consultants : Recrutement d’un Consultant (Cabinet) chargé de l’acquisition, la distribution et le suivi-évaluation de 25.000 lampes agrées par Lighting Africa dans la province de Kinshasa, ainsi qu’une campagne de sensibilisation et de l’éducation des consommateurs. Date de publication : Mardi, le 06 août 2013 - Date de clôture : Mardi, le 20 août 2013

• Compréhension de la mission. Le consultant sera recruté par la méthode de sélection fondée sur la qualité technique et le coût telle que décrite dans les procédures édictées dans les Directives : Sélection et Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale dans le cadre des Prêts de la BIRD et des Crédits et Dons de l’AID, version janvier 2011. 4. Contenu du dossier de candidature Les dossiers de candidatures devront comprendre : • Une présentation de l’organisme ou des organismes dans le consortium ; • Les références des missions d’une manière générale ; • Les références des missions pertinentes. 5. Informations et Réponses à l’AMI Les candidats intéressés peuvent obtenir les informations supplémentaires à l’adresse cidessous de 9h00’ à 16h00’ (du lundi au vendredi) ou par courrier électronique à l’adresse électronique ci-dessous. Les candidatures doivent être rédigées en langue française, adressées à Mr MASOSO BUMBA, Coordonnateur des Projets CDP/SNEL et déposées à l’adresse ci-dessous ou transmises par courrier électronique à l’adresse électronique ci-dessous au plus tard le 20 août 2013 et porter clairement la mention AMI N° 004/PMEDE/SNEL /DG/CDP/CPM/KNF/2013/SC SOCIÉTÉ NATIONAL D’ÉLECTRICITÉ (SNEL) sarl Coordination des Projets (CDP) Avenue le Marinel n° 06, Immeuble le Marinel, Quartier Lemera Kinshasa / Gombe - République Démocratique du Congo Tél : (00243) 81 7005428 ; (00243) 81 0040030 - E-mail : cdp.snel@yahoo.fr LE COORDONNATEUR DES PROJETS MASOSO BUMBA

VACANCE DE%,,+',&$!$,( POSTE #)&),&"$* INTRODUCTION La Banque d'investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) est une institution financière internationale de premier rang appartenant aux quinze (15) Etats de la CEDEAO dont le siège est à Lomé, en République Togolaise. Elle œuvre à la promotion du secteur privé et le développement du secteur public par le financement de projets et programmes de la CEDEAO et du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique) dans les domaines des transports, de l'énergie, des télécommunications, des infrastructures, de l'environnement, des ressources naturelles, etc. La BIDC recherche actuellement un candidat disposant de qualifications adéquates ayant une approche axée sur l'atteinte d'objectifs et de résultats et attestant d'une expérience professionnelle solide et de qualités exceptionnelles pour le poste de :

VICE-PRÉSIDENT (OPÉRATIONS) OBJECTIF DU POSTE

L'objectif visé est d'assister le président de la Banque dans la conduite générale, l'orientation stratégique et la gestion de l'institution.

RESPONSABILITÉS

Sous la supervision du président de la Banque, le vice-président (Opérations) aura la responsabilité de superviser et/ou coordonner les activités des départements opérationnels ainsi que le Département de recherche et planification stratégique.

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QUALIFICATIONS ET EXPÉRIENCE

- Diplôme universitaire du niveau de la maîtrise en finance, économie, gestion de projets, marketing, ingénierie ou toute autre discipline pertinente obtenu auprès d'une université reconnue et jouir d'une expérience professionnelle d'au moins quinze (15) ans dont cinq (5) ans à un poste de cadre supérieur. Une qualification professionnelle sera un atout ; - Avoir une grande expérience de la gestion du financement de projets, notamment des secteurs privé/public dans un environnement international ; - avoir des compétences avérées dans le domaine de la gestion et l'administration bancaires.

DURÉE DU CONTRAT

La durée du contrat est de quatre (4) ans, renouvelable une fois.

CONDITIONS GÉNÉRALES DU POSTE

Les candidats doivent : • Etre ressortissant d’un Etat membre de la CEDEAO ;

ENVOI DES CANDIDATURES

Les candidatures seront envoyées sous pli fermé, avec la mention « Confidentiel » à l’angle supérieur droit de l’enveloppe, à l’adresse suivante, au plus tard le 15 septembre 2013. Le Président, BANQUE D’INVESTISSEMENT ET DE DEVELOPPEMENT DE LA CEDEAO (BIDC) 128, Boulevard du 13 janvier, B.P. 2704, Lomé –Togo. Pour tout renseignement : www.bidc-ebid.org La BIDC se réserve le droit de ne donner aucune suite au présent avis de vacance de poste.

N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Manifestation d’intérêt - Recrutement

1. Contexte général Afin d’améliorer les conditions de vie de la population, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu un don de l’Association Internationale de développement (IDA) en vue de financer le projet de marché d’électricité pour la consommation domestique et à l’exportation (PMEDE), et à l’intention d’utiliser une partie de ce financement pour catalyser le marché commercial des lampes solaires photovoltaïques agréées par le programme « Lighting Africa » 2. Objectif de l’intervention du consultant Les services requis auront pour objectif principal d’effectuer une série d’études relatives au marché de produit d’éclairage hors réseau dans la province de Kinshasa. Ces activités analytiques serviront à informer la conception et le choix d’interventions visant la promotion du marché commercial des lampes solaires et couvriront les thématiques suivantes : (i) cadre politique et rôle du secteur publique ; (ii) exemption fiscale, (iii) étude du marché, (iv) mécanisme d’assistance basée sur les résultats ; (v) ciblage en faveur des plus pauvres ; (vi) disposition à payer ; (vii) comportement/préférence des consommateurs ; (viii) accès au financement ; (ix) cartographie des chaines de distribution. 3 Méthode de sélection La CDP/SNEL invite les personnes physiques et morales (Bureaux d’études/cabinets, PME, ONG, Fournisseur, Consultants individuels) admissibles à manifester leur intérêt individuellement ou en consortium à fournir les services décrits ci-dessus. Les prestataires des services intéressés sont invités à se présenter individuellement ou en consortium et doivent fournir les informations démontrant qu’ils possèdent les qualifications requises et une expérience pertinente pour l’exécution des services. Les critères pour l’établissement de la liste restreinte sont : • Expérience générale (organisation, domaine d’intervention, etc.) • Expériences pertinentes par rapport à la présente mission


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LISTE PROVISOIRE DES ARBITRES AU 25 JUILLET 2013 Rang

Noms

Villes (Pays)

Qualifications

JURISTES 1

Eugène BALEMAKEN

Yaoundé (Cameroun)

Avocat au Barreau du Cameroun

2

Paul CHIY

Cambridge (Angleterre)

Barrister, Solicitor, Advocate and Chareted Arbitrator

3

Eric CANAL-FORGUES

Paris (France)

Avocat au Barreau de Paris et Professeur agrégé des Facultés de Droit Arbitre et médiateur FAO (ONU)

4

Henri JOB

Douala (Cameroun)

Avocat au Barreau du Cameroun Conseiller à l'Ordre du Barreau du Cameroun

5

Barnabé NEKUIE

Douala (Cameroun)

Avocat au Barreau du Cameroun

9

Joseph NOMO AWONO

Douala (Cameroun)

Magistrat Honoraire Hors Hiérarchie Consultant

6

Guillaume de RUBERCY

Paris (France)

Avocat au Barreau de Paris

7

Sylvain SOUOP

Yaoundé (Cameroun)

Avocat au Barreau du Cameroun

8

Claude VAILLANT

Paris (France)

Avocat à la Cour Juge Arbitre a la Chambre Internationale de Paris

Divers

ENSEIGNANTS 10

Philippe DELEBECQUE

Paris (France)

Professeur agrégé de droit privé Enseignant à l'Université de Paris-I (Panthéon-Sorbonne) Arbitre à la Chambre Arbitrale Maritime de Paris et à la Chambre Arbitrale Internationale de Paris

11

Martin NDENDE

Nantes (France)

Professeur des Universités - droit des affaires, droit des activités maritimes et des transports

12

Jean-Marie TCHAKOUA

Yaoundé (Cameroun)

Agrégé des Facultés de Droit Professeur titulaire à l'Université de Yaoundé II

EXPERTS-COMPTABLES 13

Marcel DOBILL

Douala (Cameroun)

Commissaire aux comptes Expert-comptable Expert auprès de la CA de Douala

14

Denis LOTTIN

Douala (Cameroun)

Commissaire aux comptes Expert-comptable

AUTRES EXPERTS 15

Anne-Marie NGON KEMOUN, née Douala (Cameroun) TOLEN

Associée Gérante, Cabinet African Executive Advisor (cabinet conseil en gestion et économie pétrolière)

16

Emmanuel NYETAM H.

Expert judiciaire informatique Consultant

Douala (Cameroun)

NB : le Comité Permanent et le Conseil Supérieur du CAG continuent d’examiner régulièrement les candidatures aux fonctions d’arbitres afin d’enrichir cette liste. Si vous êtes intéressé (e) par les fonctions d’arbitre, vous pouvez transmettre votre CV+une lettre de candidature à l’attention du secrétaire général à l’adresse suivante : Centre d’Arbitra%' *, 63(+0 7 Rue des Ministres, Bona2!/7 B.P. 829 Douala F-$ 1 .&#5 ## "# #4 4) 7 +*resse mail : mndoki@legicam.org

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Seniors et Juniors Diplômé Master 2 Universités, Droit des affaires, Fiscalité, DJCE,… Seniors : 2 années d’expérience minimum Bilingue (Français/Anglais)

Dossier de candidature à transmettre au plus tard le 27 août 2013 à ey.brazzaville@cg.ey.com - une demande (lettre de motivation précisant le poste concerné) - un curriculum-vitae (en français et en anglais)

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Brazzaville Immeuble des MUCODEC 3e étage Bd. Denis Sassou Nguesso BP. 84 Brazzaville Congo

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Recrutement

Poste de Directeur général Programme de Développement des Marchés en République Démocratique du Congo

L’Organisation internationale de la Francophonie regroupe 57 Etats et gouvernements membres et 20 observateurs répartis sur les cinq continents, rassemblés autour du partage d'une langue commune : le français. Elle œuvre au service de la paix, de la coopération, de la solidarité et du développement durable.

L’Organisation recrute - UN (1) DIRECTEUR DE LA PLANIFICATION ET DE L’ÉVALUATION (H/F) - UN SPÉCIALISTE DE PROGRAMME DROITS DE L’HOMME (H/F) - UN CHARGÉ DES OUTILS ET DE L’ANALYSE (H/F) Ces postes sont basés à Paris. Les personnes intéressées peuvent consulter le descriptif détaillé à l’adresse : http://www.francophonie.org/-Recrutements-.html N° 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

Adam Smith International (ASI) recrute un Directeur général de calibre international pour diriger un important programme de développement des marchés au bénéfice des pauvres en République Démocratique du Congo (RDC). ASI met en œuvre un important programme de « développement des marchés au bénéfice des pauvres » en RDC, financé par la Coopération britannique (DFID). La méthodologie – « Markets 4 the Poor » (M4P en sigle) – vise à une amélioration durable des conditions de vie des pauvres en facilitant la conception et la mise en oeuvre d’actions agissant sur les contraintes qui inhibent le développement des marchés. Responsabilités du Directeur général • Assurer la supervision des cinq bureaux régionaux et du personnel du programme ; • Mettre en place une culture organisationnelle et un système de gestion qui favorisent les performances tant au niveau des individus qu’au niveau du programme ; • Assurer la direction technique dans les prises de décisions programmatiques, en particulier en ce qui concerne la sélection des investissements à faire et des partenariats à former ; • Assurer la supervision du suivi des activités du programme et mettre en oeuvre une gestion axée sur les résultats ; • Construire et gérer des relations fortes avec les parties prenantes ; • Coordonner la préparation des rapports et des plans de travail mensuels et trimestriels ; • Identifier et gérer les risques. Le Directeur général est basé à Kinshasa. Compétences requises • Être disponible à partir de novembre 2013 (ou avant) ; • Posséder une excellente maîtrise du français (écrit et parlé) et de l’anglais (écrit et parlé) ; • Avoir une solide expérience de travail dans plusieurs pays d’Afrique francophone ; • Posséder de fortes aptitudes à diriger et à motiver, avec un minimum de cinq ans d’expérience, soit comme Chef d’équipe (ou équivalent) de programmes similaires, soit comme Directeur d’un bureau de conseil ; • Avoir un minimum de 10 ans d’expérience dans la programmation d’actions de développement en appui au développement du secteur privé et des marchés. Comment poser sa candidature Nous invitons les candidat(e)s intéressé(e)s qui ont les compétences requises à envoyer leur CV, accompagné d’au moins deux références professionnelles ainsi qu'une lettre de motivation (en français et en anglais) à l’adresse électronique suivante : MDC.DRC@Adamsmithinternational.com avec la mention : MDC Directeur général. Seuls les candidat(e)s présélectionné(e)s seront invité(e)s à se présenter pour un entretien. ASI offrira une rémunération concurrentielle qui reflète les responsabilités du poste. JEUNE AFRIQUE


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Vous & nous

Le courrier des lecteurs Envoyez-nous vos réactions, vos réflexions, vos coups de gueule ou de cœur à redaction@jeuneafrique.com ou au 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris.

Histoire de Jeune Afrique Question au respectable compatriote Béchir Ben Yahmed LECTEUR DE L’ILLUSTRE hebdomadaire Jeune Afrique depuis 1965, alors âgé de 17 ans, j’ai aimé toutes les éditions et les nouvelles parutions de votre groupe. À part le fait que vous soyez le père fondateur de cette revue, votre contribution journalistique a toujours été d’une honnêteté sans limites. Donc, depuis quarante-huit ans (presque un demi-siècle), j’ai toujours acheté cet excellent hebdomadaire, même dans les périodes de vaches maigres et, c’est le plus dur, lors des censures barbares des deux dictateurs qui ont dirigé la Tunisie de 1957 à 2010. Monsieur Béchir, loin de moi l’idée de vous jeter des fleurs. Durant mon existence, un de mes ennemis est la flagornerie, mais je rends à César ce qui lui est dû. Je n’ai donc jamais cessé de ressentir une immense fierté du fait que le directeur de cet hebdomadaire prestigieux soit de nationalité tunisienne, comme je le suis au plus profond de mon âme. Ainsi, je me suis toujours débrouillé pour lire Jeune Afrique sans interruption aussi bien en Tunisie que lors de mes études à Tours, en 1970-1971; à Paris, en 1979-1980; à Richmond dans l’État de Virginie (États-Unis), en 1976-1977. Lors de tous ces séjours, je montrais Jeune Afrique à mes camarades officiers français, américains et surtout africains, bombant le torse et déclarant fièrement: « M. Béchir Ben Yahmed est tunisien et directeur de Jeune Afrique. » Aussi, sans arrière-pensée aucune ni désir de polémique, c’est en jeune frère, votre concitoyen, que je me permets de faire la remarque suivante. En parcourant le numéro 2736 de J.A. du 16 au 22 juin 2013 (page 102), j’ai relevé cette publicité concernant l’ouvrage Jeune Afrique 50 ans. Une histoire de l’Afrique, paru aux éditions de La

JEUNE AFRIQUE

mon premier axiome a été la vérité, qui est le plus haut phare dans la déontologie journalistique, au-delà de la race, de la nationalité, de la religion, de la conscience… Permettez-moi de vous adresser ma dernière chronique parue dans Tunis Hebdo le 17 juin 2013 et dans laquelle, au-delà de la nationalité, je brosse un portrait exhaustif d’un éminent journaliste français. Je m’excuse de la longueur de cette lettre et vous affirme, une fois de plus, que ma remarque est tout simplement amicale, pour essayer de comprendre ce qui, à mes yeux, à tort peut-être, me semble incompréhensible. ● LARBI ZARROUK, Bizerte, Tunisie

p Toute l’histoire de votre hebdomadaire, de sa naissance à aujourd’hui, racontée sans fard. Martinière. Dans ce contexte, c’est avec respect et en toute amitié que je me permets de vous demander, Monsieur Béchir, de m’éclairer en répondant à mon questionnement. J’ai lu sur cette page que cet ouvrage, dirigé par Jean-Louis Gouraud et Dominique Mataillet, s’est enrichi de la collaboration de Lakhdar Brahimi (Algérien), Jean Daniel (Français), Abdou Diouf (Sénégalais), Amin Maalouf (Libanais), François Soudan (Français). Choix de maître, il est vrai. Mais n’y a-t-il pas un seul Tunisien qui aurait mérité de collaborer à ce projet qui, je n’en doute pas, doit être excellent? J’aurais cependant apprécié la présence auprès de vous d’une compétence tunisienne et, assurément, vous devez connaître ces compétences beaucoup mieux que moi. Monsieur Béchir, depuis quarante ans, j’ai écrit régulièrement dans des journaux tunisiens (Tunis Hebdo, Le Temps et plus récemment L’Audace) et

Réponse: Ce que la publicité ne dit pas, c’est que l’album est introduit par un long texte dans lequel je retrace l’histoire de l’hebdomadaire. Un texte, au demeurant, que La revue a publié dans son numéro 34 de juillet-août 2013 (p. 99) sous le titre « Un journal pour un continent ». Sachez aussi qu’une trentaine de collaborateurs ou anciens collaborateurs de Jeune Afrique ont livré leur témoignage sur leur expérience au sein de la rédaction. Parmi eux, de nombreux Tunisiens et Tunisiennes : Souhayr Belhassen, Guy Sitbon, Afif Ben Yedder, Zyad Limam, Sophie Bessis, Mohamed Nadir Aziza. Et je n’en cite que quelques-uns. On retrouve aussi des Tunisiens comme Mohamed Charfi dans la liste des auteurs d’articles « historiques » reproduits au fil des pages du livre. Sans oublier un portfolio consacré au premier reporter-photographe de l’hebdomadaire, le regretté Abdelhamid Kahia. J’espère vous avoir convaincu que les Tunisiens sont loin d’être des laisséspour-compte dans cet album… ● BBY

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Vous nous

Littérature Écrivain ou écrivaine OH NON! Pas vous, monsieur Laroui! Alors comme ça vous trouvez le mot « écrivaine » disgracieux? Et « écrivain », ce n’est peut-être pas disgracieux? Je vous renvoie à Nancy Huston qui a déjà dit dans Journal de la création ce qu’elle pensait de cette étrange surdité sélective qui n’entend pas « vain » dans « écrivain », mais entend « vaine » dans « écrivaine ». À méditer. J’en appelle à votre sensibilité, à votre humour, à votre intelligence, pour bannir toute comparaison systématiquement désobligeante envers les noms de métier au féminin. Ça commence comme ça… ● DANIEL BAUDOIN, Paris, France

Réponse

Vous avez, bien sûr, raison. Tous les mots se valent. C’est juste une question d’habitude. Cela dit, faut-il distinguer entre l’homme et la femme quand ils exercent le même métier ? ● F.L.

Taxe Chirac Le Gabon oublié DANS VOTRE LISTE des pays africains qui font payer la taxe de solidarité sur les billets d’avion (taxe Chirac) pour financer la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, vous avez omis de citer le Gabon. Cette taxe est en vigueur ici depuis janvier 2012. D’un montant de 1 350 F CFA (2,058 euros), elle s’applique aux passagers en classe affaires sur les vols internationaux. ● MARTIAL IDOUNDOU, Libreville, Gabon

RDC De la gratitude pour Kabila JE DOIS RECONNAÎTRE qu’un certain crédit devrait être accordé à Joseph Kabila Kabange, qui, durant ses douze ans de pouvoir, a su davantage se rapprocher de l’élite politique congolaise. Cela remonte à l’époque de la transition avec le 1 + 4 (1 président flanqué de 4 vice-présidents) et se poursuit avec la dernièrenominationdeFrançoisMuamba

Tshishimbi, l’ancien secrétaire général du parti du Mouvement de libération du Congo (MLC), de Jean-Pierre Bemba Gombo (opposition), comme responsable du mécanisme de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba. Il y a eu, par ailleurs, beaucoup d’adhésions à la majorité présidentielle. L’on peut se demander s’il arrive malgré tout à convaincre, en dépit de son silence et de sa grande discrétion. À moins que ce ne soit tous les « politicailleurs », attirésdavantagepardesintérêtsfinanciers qu’autre chose et prompts à retourner leur veste, qui tirent les ficelles. ● FRANCK KAKEL MBUMB, Lubumbashi, RD Congo

Progrès La sécurité d’abord IL HABITE une hutte. Chaque fois qu’il veut vivre en paix avec les siens, on vient brûler sa hutte. Des inconnus armés sèment impunément la terreur et ravagent tout sur leur chemin. Miracle :

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Faire de la santé un élément majeur des questions de développement Le Sommet Pharmaceutique Africain J:30I (97 6@( ,>@&?;(@,( *( #D67 @!4(D6 6@!<6( 96; R( 9(,7(6; =#D;AD,(67!<6( (@ :&;!<6(G <6! &D,!R!7(;D R( *!DR>%6( (7 R(9 ?,#D@%(9 (@7;( R(9 9(,7(6;9 =6BR!, (7 =;!4?E 1(S>!%@(OF@>69 R(9 +) (7 +' 9(=7(AB;( +C-) =>6; *!9,67(; (7 *?BD77;( *6 &676; *( R2!@*697;!( =#D;ADF ,(67!<6( D&;!,D!@( D6 0>AA(7 3#D;AD,(67!<6( :&;!,D!@E L2:30 (97 R( &;6!7 *26@ =D;7(@D;!D7 (@7;( R( Groupe de la Banque Africaine de Développement J8:5I (7 RD ;(46( Africa HealthE 3>6; =R69 *2!@&>;AD7!>@G 4(6!RR(O ,>@7D,7(; ND%(@*> 0DR!9B6;Q kagendo@fsg.co.uk JH'' JCI -$)T "') $))I >6 LD6;(@,( LD@@(9 l.lannes@afdb.org 3>6; =D;7!,!=(; (@ 7D@7 <62>;D7(6; >6 *?,>64;!; R(9 >==>;76@!7?9 *( =D;7(@D;!D7G 4(6!RR(O ,>@7D,7(; K!R(9 K6*O4!7! miles@fsg.co.uk

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Vous nous TRIBUNE une accalmie ! Notre bonhomme décide de bâtir une maison à la place de sa hutte. Il espère en profiter pour longtemps. Hélas, d’autres inconnus débarquent et détruisent sa nouvelle demeure. Le malheureux crie sa détresse et un haut responsable vient le consoler : « Courage ! » dit-il, avant d’ajouter en toute franchise : « Vous n’êtes pas le seul à souffrir de cette barbarie. Aucune partie de notre pays n’est totalement sécurisée. » Ayant appris la nouvelle, un cousin, habitant de l’autre côté de l’océan, lui adresse une lettre de compassion et de soutien. Mais une phrase soulignée par le cousin attire l’attention du pauvre monsieur. Il lit: « Ici, on peut envier quelqu’un qui édifie des gratte-ciel, mais personne n’osera toucher à ces édifices. » en relisant ces mots, il répète avec amertume : « Là-bas, on vit en sécurité et c’est normal qu’ils prospèrent alors que chez nous on s’attaque à tout, même aux masures. » ● AHMED OUARDY, Safi, Maroc

Cameroun Le temps des élections Bientôt, les élections. Chacun prendra la direction Du bureau de vote, Le pas alerte, la tête haute. Ensuite ce sera la longue queue Devant les bulletins blancs, rouges ou bleus, Puis le calme noir De l’isoloir. Le soir, rentré à la maison, Devant sa télévision, En proie à une terrible angoisse, On comptera le temps qui passe, Priant, les doigts croisés, Que son choix fut celui de la majorité. Et lorsque enfin tout sera fini Et que la vie aura repris, Pour exprimer sa gratitude Face à tant de sollicitude, Celui qui vous éclaboussera dans la rue Ne sera autre… que votre cher élu ! ● DIDIER NOUMB NOUMB, Douala, Cameroun JEUNE AFRIQUE

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TRYPHON KIN-KIEY MULUMBA Fondateur du journal Le Soft, ministre des P&T et des Nouvelles Technologies

Au nom du Congo

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ANS LES ANNÉES 1990, le régime Mobutu, présenté comme un rempart contre l’avancée du communisme, était en pleine décadence. L’après-guerre froide, avec le changement des acteurs, accéléra sa chute. En 1996, la rébellion de l’Alliance des forces démocratiques (AFDL) fut accueillie à Kinshasa, tandis que l’autre, celle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), en 1998, fut rejetée. Mais la guerre se prolongea à cause de la faiblesse de l’armée. Les protagonistes furent contraints à la palabre, qui s’accéléra après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila le 16 janvier 2001. Vinrent le partage du pouvoir, l’intégration des armées, le défi électoral, etc. Le Congo crut s’en être sorti. Il n’en fut rien. Aux différentes factions du RCD et du Mouvement de libération du Congo (MLC) succédèrent d’autres rébellions. Il y eut, en 2008, Goma avec une conférence sur la paix et la sécurité. Puis, le M23. Même mode opératoire. Au plus fort de l’aventure du RCD, Laurent-Désiré Kabila avait prédit une guerre du Congo longue. Sans douter du camp d’où viendrait la victoire. Comme le RCD, le M23 ne peut espérer l’emporter face à un Congo uni. Ce pays a connu plusieurs rébellions, mais elles ont toutes été défaites. Le M23 est vaincu à cause de son illégitimité originelle. S’il tente de récupérer la kinoiserie, il se cherche un millimètre de popularité introuvable. À Kinshasa, l’opposition réclame un dialogue. Elle veut un Sun City bis qui dépouillerait le président de tout pouvoir. Elle se fait l’écho du discours du M23, qu’elle ne reconnaît pas. Elle sort l’antienne de l’illégitimité des institutions dont elle fait partie. Au fond, l’opposition n’a jamais contesté le scrutin du 28 novembre 2011. Sur le plan international, personne ne conteste la légitimité du président. Au tout début de cette guerre, il avait proposé trois voies de sortie: diplomatique, militaire, politique. Les deux premières paraissent lui sourire. Reste la dernière: ces concertations qu’il a annoncées et qui pourraient être un malentendu. Dès le jour de son investiture, il a affirmé qu’il travaillerait avec quiconque avait « la passion du Congo ». Au gouvernement cohabitent des communautés qui restent de réelles forces dans le pays (dont celles qu’on cherche à pousser à s’entre-déchirer). Sans oublier d’anciens opposants. Faut-il faire plus? Kabila n’y verrait aucun inconvénient si cela permet une plus grande cohésion. Mais si dialogue rime avec démocratie, il faut savoir jusqu’où aller plus loin sans parjure… C’est le débat sur la médiation.

Il faut savoir jusqu’où aller plus loin sans parjure…

Sous Mobutu, un certain Wade, médiateur, éconduit par Tshisekedi, avait déclaré avoir trouvé au Zaïre « l’opposition la plus bête au monde ». Désormais, l’opposition réclame le président Sassou Nguesso. Kabila n’y verrait aucun mal. Lors de la guerre à Brazzaville en 1997, quand des bombes brazzavilloises tombaient sur Kinshasa pour inviter Laurent-Désiré Kabila à la guerre, celui-ci avait proposé sa médiation. C’est Omar Bongo du Gabon qui lui fut préféré. Si réciprocité, respect, dignité sont des principes sacro-saints en relations internationales, Kabila a mis tout sur la table. Au nom du Congo! ● N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL POLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE

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Post-scriptum Tshitenge Lubabu M.K.

Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (53e année) Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS Tél. : 01 44 30 19 60 ; Télécopieurs : rédaction : 01 45 20 09 69 ; ventes : 01 45 20 09 67 ; Courriel : redaction@jeuneafrique.com DIRECTION

Éloge de la crépitude

I

L N’Y A RIEN DE PIRE que le fait de ne pas s’aimer soi-même. De ne pas s’accepter tel qu’on est. J’imagine bien toute la détresse de ceux qui auraient aimé être autre chose que ce qu’ils sont. Je ne parle pas de caractère, mais d’apparence physique. Je ne pense pas à la taille, mais à la couleur de l’épiderme, à la texture des cheveux. Dans nos pays, beaucoup de gens – une minorité, heureusement ! – ne sont pas heureux d’avoir une peau noire. Si cela ne dépendait que d’eux, ils se couleraient bien dans un bain d’où ils ressortiraient à jamais débarrassés de toute trace de négritude. En attendant le jour où cette métamorphose sera possible, ils se contentent de moyens du bord pour atteindre leur idéal en matière de beauté : « le teint clair ». Que font-ils pour passer de la peau noire aux masques blancs, comme dirait Frantz Fanon ? Chaque jour, ils décapent rageusement la peau du visage à grand renfort de cosmétiques le plus souvent cancérigènes afin de devenir « autres ». Narcissiques indécrottables, ces gens, hommes et femmes appartenant à tous les milieux, des plus pauvres aux plus riches, se mirent à longueur de journée et apprécient leur métamorphose. Mais si vous regardez de près ce qui les rend « heureux », vous verrez à quel point c’est pathétique. D’unicolores, ils sont passés à bicolores, tricolores, quadricolores ! Que restera-t-il alors de cette peau, ainsi massacrée ? L’autre phénomène qui m’inquiète est cette guerre sans merci déclarée aux cheveux crépus. Regardez autour de vous. Que voyezvous sur les têtes des négresses ? Des cheveux dits lisses, qui tombent sur les épaules, descendent jusqu’à la taille. Vous en rencontrez qui secouent la tête pour que leur chevelure danse au passage du vent. Ou qui, recourant à un tic créé de toutes pièces, remettent à l’endroit tout épi rebelle. Vous en conviendrez avec moi, ce n’est pas du tout naturel. Où sont donc passés les cheveux crépus ? Nos dames et nos demoiselles les ont cachés sous des mèches, des tissages, des perruques. La plupart de ces produits sont artificiels. Les cheveux lisses viennent du Brésil ou d’Inde, pays où des volontaires les vendent à des commerçants qui les exportent ensuite. Évidemment, ce n’est pas à la portée de toutes les bourses. Mais parce que c’est la mode… Le plus déroutant, c’est de voir sur les têtes de négresses des mèches ou des perruques blondes, rousses ! Certaines me diront que cela ne me regarde pas. Je suis d’accord. Mais lorsque mes yeux voient quelque chose qui m’horripile, je me sens concerné. À mon humble avis, ce n’est pas beau à voir.

La curiosité et la déception m’ont souvent poussé à demander aux dames pourquoi elles n’assument plus leurs cheveux crépus. La réponse reste la même : « Vous savez, quand on doit se lever le matin pour aller travailler, peigner des cheveux crépus n’est pas un exercice facile. Les tissages ou les mèches, c’est plus pratique. » J’ai toujours dit : « Et pourquoi nous y arrivons, nous les hommes ? » Réponse : « Vous, ce n’est pas pareil ! » Imaginez ma perplexité. Tout compte fait, j’ai compris qu’il n’est pas facile de se libérer d’une autoaliénation. Pauvres cheveux crépus ! ●

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N O 2744-2745 • DU 11 AU 24 AOÛT 2013

JEUNE AFRIQUE

Ce numéro s’accompagne d’un encart abonnement sur une partie de la diffusion.


SOUS LE HAUT PATRONAGE DE SA MAJESTé LE ROI MOHAMMED VI

Contribuez au débat sur l’avenir de notre planète En préparation des travaux sur le devenir des Objectifs du Millénaire (dont le terme arrive en 2015) et de la mise en place de l’Agenda des villes et des régions pour le XXIe siècle (prévue en 2016), 4000 décideurs débattront, à Rabat, des solutions aux défis et enjeux actuels : • La gouvernance, l’accès pour tous et le financement des services publics ; • Les dimensions de la diversité et les innovations pour intégrer tous les citoyens ; • La nouvelle gouvernance locale et les dynamiques de changement en Méditerranée ; • La mise en place d’un modèle de développement économique permettant l’inclusion sociale ; • La réduction des inégalités et la mobilisation des ressources locales ; • La promotion de la solidarité entre villes et régions ; • L’avènement de la culture comme quatrième pilier du développement durable…

Ils sont attendus à Rabat 2013

Ban Ki Moon

Marta Suplicy

• Ban Ki Moon, Secrétaire Général des Nations-Unies • Kadir Topbas, Président de CGLU, Maire d’Istanbul • Marta Suplicy, Ministre de la Culture du Brésil, ancienne mairesse de Sao Paulo • Khalifa Sall, Président de CGLUA, Maire de Dakar • Nkosazana Dlamini Zuma, Présidente de l’Union Africaine • Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Libéria • Roger Myerson, Prix Nobel d’économie et professeur à l’Université de Chicago • Bertrand Delanoë, Maire de Paris, Président Fondateur de CGLU • Xavier Trias, Maire de Barcelone • Ilsur Metshin, Maire de Kazan

Kadir Topbas

Nkosazana Dlamini Zuma

• Chen Jianhua, Maire de Canton • Kim Kwam Yong, Gouverneur de Gyeonsangduk, Président de l’Association des Gouverneurs de Corée • Patricia de Lille, Maire de Cape Town • Carolina Tohá, Maire de Santiago du Chili • Michel Delebarre, Sénateur-Maire de Dunkerque, Président de Cités Unies France • Andris Piebalgs, Commissaire Européen pour le Développement, Commission Européenne • Miguel Angel Mancera Espinosa, Maire de Mexico • Bilal Hamad, Maire de Beyrouth, Organisation des Villes Arabes • Wolly Soyinka, Prix Nobel de littérature (…)

Inscriptions sur le site www.rabat2013.com



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