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dossier L’Afrique, nouveLLe frontière de LA finAnce
Hebdomadaire international indépendant • 55e année • no 2836 • du 17 au 23 mai 2015
Algérie l’hoMMe qui vAlAit 200 MillionS burundi
Après le putsch manqué :
dAns LA tête de nkurunzizA
Hollande l’Africain
• Comment il voit le continent • Son évolution depuis trois ans • Ses amis chefs d’État • Au Maghreb : realpolitik avant tout
Spécial 24 pages
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CAmeroun qui dirige vrAiMent ?
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Le premier média digitaL africain
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Dossier
Finance
Afrique subsAhArienne
Les banques marocaines à la fête
u Le siège du groupe bancaire, à Lomé.
n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
jeune afrique
interview
portrait
Development Partners International
Président de la BOAD
Runa Alam Directrice générale de
Christian Adovèlande
obligations
L’Afrique convertie au sukuk
finance
Ecobank face à son avenir
Un peu plus d’un an après la crise qui l’a ébranlé, le groupe panafricain renoue avec les performances. Mais il doit encore régler plusieurs problèmes pour se développer sereinement, notamment celui de sa gouvernance.
A
PhiliPPe/eAhOUNOU
Stéphane Ballong
jeune afrique
uNigeria,lafilialelocaled’Ecobank, TransnationalIncorporated(ETI), se redresse. En Afrique de l’Est, notamment au Kenya, le groupe bancaire panafricain a atteint l’équilibre et a même dégagé des bénéfices pour la première fois. Du coup, Ecobank, qui fort de sa présence dans 36 pays veut s’imposer comme un acteur incontournable du financement du commerce en Afrique, a annoncé au titre de son exercice 2014 des résultats en forte progression. L’année 2013, difficile car marquée par la mise en place de provisions massives pour couvrir des créances douteuses au Nigeria, semble désormais lointaine. Et plus d’un an après la grave crise de gouvernance qui l’a ébranlé, Ecobank semble dorénavant remis sur les bons rails. Reste que si le Ghanéen Albert Essien, qui a succédé à l’Ivoirien Thierry Tanoh (dont le passage à la tête du groupe a été bref et agité), a conduit une transition apaisée qui devrait s’achever à la fin de cette année, le groupe basé à Lomé est loin d’être sorti de la zone de turbulences. Le processus de recrutement – en cours – d’un nouveau directeur général sera décisif. Car c’est ce dernier qui devra relancer le groupe en améliorant son institutionnalisation et en dopant sa rentabilité. Mais aussi en développant des synergies avec les autres banques devenues actionnaires d’Ecobank.
Renforcer la gouvernance et institutionnaliser le groupe
« Les choses ne seront plus jamais comme avant », lance un cadre du groupe. Le souvenir de la crise qui a fortement secoué Ecobank entre 2013 et 2014 et a conduit à l’éviction de Thierry Tanoh, son directeur général d’alors, est encore vif. Cette crise, en révélant des pratiques et des transactions douteuses constituant de graves entorses aux règles de base de la bonne gouvernance, a porté un sérieux coup à l’image et à la crédibilité du groupe. « Ecobank est à la croisée des chemins. Pour clore définitivement cette page agitée de son histoire, il est indispensable que la désignation d’un nouveau directeur général se déroule de la manière la plus irréprochable possible », poursuit notre cadre. Et surtout, souligne-t-il, le conseil d’administration doit tirer les leçons de l’échec de la succession d’Arnold Ekpe – qui a dirigé le groupe pendant douze ans – et prendre des dispositions pour que le nouveau directeur général, qu’il soit issu ou non de la maison, puisse travailler en bonne entente avec l’encadrement en place. De la réussite de ce processus – pour lequel l’expertise du cabinet de recrutement britannique SpencerStuart a été sollicitée – dépend en effet l’entrée d’Ecobank dans une nouvelle ère en matière de gouvernance. «Legroupedevrait ainsipasser ● ● ● n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
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Dossier Finance Qui sont les actionnaires d’Ecobank ? 5,1 %
4%
3,9 %
18,9 %
3%
5%
9% 13,5 %
Part des actifs d’Ecobank par région
30 %
10 %
41 %
12 % 19,5 %
26 %
Autres
IFC (fonds)
Nigeria
EAC
Nedbank
IFC (direct)
UEMOA
Autres
QNB
SSNIT
WAMZ*
SADC
PIC
Cemac
* West African Monetary Zone : Gambie, Ghana, Guinée, Nigeria, Sierra Leone
« Dorénavant, le conseil d’administration sera beaucoup plus représentatif des actionnaires. Ses membres auront leur mot à dire, ils veilleront à ce que la stratégie définie soit mise en œuvre en respectant les règles », soutient un autre dirigeant du groupe. Ce qui était loin d’être le cas dans le passé.
SOURCE : ECOBANK, ESTIMATIONS RENAISSANCE CAPITAL, NOVEMBRE 2014
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d’une gestion qui ressemblait à celle d’une grosse PME familiale à une gouvernance plus moderne, avec des pratiques dignes d’une grande institution internationale », estime un analyste financier situé à Abidjan. « Par ailleurs, l’arrivée prochaine de représentants des nouveaux actionnaires tels que Nedbank au conseild’administrationvarenforcerlagouvernance d’Ecobank », estime Adesoji Solanke, spécialiste du secteur bancaire subsaharien chez Renaissance Capital. Sur injonction de l’autorité de régulation de la Bourse du Nigeria, le groupe avait adopté en mars 2014 « un plan d’action de gouvernance en 51 points ». À partir de ce document, un comité créé spécialement à cet effet a nommé un conseil d’administration de 15 membres (contre 17 dans le passé), comme le stipulent les nouvelles règles de gouvernance du groupe. Des règles qui limitent par ailleurs à neuf ans la durée totale du mandat d’administrateur.
Accélérer la rentabilité
●●●
Lire aussi Ecobank enregistre une forte hausse de ses bénéfices en 2014
Une fois les bases d’une bonne gouvernance posées, le groupe Ecobank devra conforter sa position sur chacun des 34 marchés subsahariens où il est présent et améliorer sa rentabilité. L’année 2014 a été bonne : un bénéfice net de 394,77 millions de dollars (324,7 millions d’euros) a été réalisé, soit une progression de 167 % par rapport à 2013 – qui a été un exercice difficile, notamment à cause d’importantes provisions (362,6 millions de dollars) constituées au Nigeria. La première puissance économique du continent constitue le talon d’Achille du groupe, à cause du niveau élevé des créances douteuses et de la faiblesse des fonds propres de sa filiale dans ce pays. Mais celle-ci, la plus importante du groupe (près de 40 % des actifs), connaît des progrès. Elle a vu son profit s’envoler de 566 % pour atteindre 218,3 millions d’euros en 2014. De même en Afrique de l’Est, une région qui jusqu’ici tournait à perte, le groupe a pour la première fois atteint l’équilibre, réalisant même un bénéfice de 0,8 million d’euros. « Les deux filiales encore déficitaires fin 2014 sur les six détenues par le groupe dans cette région, le Kenya et l’Ouganda, sont devenues bénéficiaires au premier trimestre de cette année. Et, sur cette période, toute la région affichait un profit cumulé de 2,5 millions de dollars », se félicite Ehouman Kassi, directeur général d’Ecobank Kenya et responsable de toute l’Afrique de l’Est. Pour confirmer cette embellie, Ecobank devrait continuer à tirer profit de sa large empreinte géographique et afficher de bons résultats à court ● ● ●
Qui succédera à alBert essien ?
L
© ÉRIC LARRAYADIEU POUR J.A.
e groupe bancaire panafricain Ecobank attend toujours son leader. Le nom du nouveau directeur d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI) sera annoncé lors de l’assemblée générale des actionnaires, prévue au plus tard en juin. Au sein de la banque, le profil du nouveau directeur général fait toujours l’objet de débats. Faut-il recruter en interne ou faut-il choisir un technocrate venant
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de l’extérieur comme l’Ivoirien ThierryTanoh ? Quatre dirigeants du groupe seraient candidats : Samuel Adjei, directeur général d’Ecobank Ghana, Jibril Aku, patron de la filiale nigériane, Paul-Harry Aithnard, directeur du pôle gestion d’actifs, et Laurence Do Rego, directrice financière. Un temps évoqué comme l’un des postulants, Ade Ayeyemi ne serait pas dans la course, selon son employeur, Citigroup. ● Baudelaire Mieu, à Abidjan jeune afrique
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Dossier Finance ● ● ● terme. En novembre, la banque d’affaires Renaissance Capital (dont les prévisions sousévaluaient le bénéfice de 2014) estimait qu’Ecobank pourrait réaliser un profit net de 478 millions de dollars en 2015 et de 635 millions de dollars en 2016. Mais, pour atteindre ces performances, voire les dépasser, Ecobank doit renforcer ses fonds propres. « Au Nigeria, le groupe a besoin d’une importante injection de capitaux, d’autant que les règles prudentielles de Bâle II et Bâle III l’obligent désormais à renforcer significativement ses fonds propres », soutient Adesoji Solanke dans son analyse publiée en novembre 2014. Idem au Kenya et en Afrique de l’Est en général : « Notre stratégie corporate [qui a dopé les résultats dugroupe]nécessiteunebonnecapitalisation.Cette région connaît l’un des retours sur investissement les plus élevés du continent. ETI [Ecobank], qui détient en intégralité quatre filiales sur six, va certainement renforcer ses fonds propres », explique Ehouman Kassi. Des capitaux, il en faudra aussi au groupe pour se développer sur des marchés à fort potentiel comme le Mozambique et l’Angola, où il s’installe à peine. Renforcer les fonds propres (via une augmentation de capital ou une dette) pour accroître les performances du groupe, c’est aussi favoriser l’augmentation de la valeur de l’action Ecobank, selon les analystes. Coté à Lagos, Accra et Abidjan, le titre Ecobank serait d’après eux sous-valorisé. Dans un premier temps, combler ce retard pourrait déjà satisfaire les petits actionnaires, qui ne décolèrent pas de n’avoir touché que de très faibles dividendes ces dernières années.
Faire converger les intérêts des actionnaires Autrefois présenté comme une banque créée, possédée et dirigée par les Africains, Ecobank est aujourd’hui détenu surtout par deux autres banques : Qatar National Bank (QNB) et le sudafricain Nedbank. En l’espace de quelques mois, ces deux derniers ont pris le contrôle de près de 40 % du capital d’Ecobank, et ils ne cachent pas leur ambitionderenforcerleurprésencesurlecontinent. Leur arrivée au tour de table du groupe suscite de nombreuses interrogations dans le monde financier subsaharien : ces deux groupes peuvent-ils s’entendre et trouver des intérêts communs au sein d’une même banque ? Ecobank ne se dirige-t-il pas vers un conflit d’actionnaires qui pourrait de nouveau le pénaliser? Des questions d’autant plus légitimes que Michael Brown, le directeur général de Nedbank, avait peu apprécié – en privé – la surprenante entrée de QNB au capital du groupe panafricain avec plus de 20 % des parts, alors que son groupe (qui détenait une dette convertible en n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
© Bruno Levy THe AFrICA Ceo ForuM/J.A.
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Thierry Tanoh vs ecoBank
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a bataille judiciaire qui opposeThierryTanoh, ancien directeur général d’Ecobank, à son ex-employeur n’est pas près de connaître son épilogue. Selon nos informations, après les deux jugements d’Abidjan et de Lomé, qui ont condamné Ecobank à payer de lourds dommages et intérêts (environ 20 millions d’euros) à l’Ivoirien pour diffamation et licenciement abusif, Ecobank avait saisi le tribunal de commerce de la Haute Cour de justice de Londres pour un arbitrage. Malgré la décision de la juridiction londonienne, qui recommandait àThierryTanoh de surseoir à l’exécution des décisions des juridictions togolaise et ivoirienne le temps d’étudier le contentieux, les conseils deThierryTanoh à Abidjan ont lancé plusieurs procédures de saisie des comptes d’Ecobank dans différentes banques ivoiriennes. Au moment où nous mettions sous presse, Ecobank avait interpellé l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI), espérant pouvoir contrecarrer B.M. l’offensive de son ex-directeur général. ●
actions) n’était contractuellement pas autorisé à dépasser ce niveau. En mars, les représentants des principaux actionnaires d’Ecobank, parmi lesquels le fonds de pension sud-africain PIC et la Société financière internationale (IFC, groupe Banque mondiale), se sont rencontrés à Londres pour discuter du pacte devant définir leurs rapports et les modalités d’administration d’Ecobank. Le contenu de ce pacte n’a pas filtré mais, d’après nos informations, la tension est redescendue, et le courant passe désormais entre Qataris et Sud-Africains. « Il faut dire que les trois banques sont très complémentaires géographiquement : QNB est bien implantée en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, Nedbank en Afrique australe, tandis qu’Ecobank est surtout présent dans ce qu’on appelle le middle Africa [“l’Afrique du milieu”] », rappelle le directeur d’une filiale d’Ecobank. De fait, chacune a désormais la possibilité d’intervenir dans des zones où sa présence est faible. Par exemple, Nedbank et Ecobank seraient sur le point de financer une opération de près de 100 millions de dollars en Afrique de l’Est. Seul, Ecobank ne pouvait fournir un tel montant, et le sud-africain, lui, n’aurait pas forcément eu cette opportunité sans son partenariat avec le groupe panafricain. ● jeune afrique
Dossier Finance Afrique subsAhArienne
Les banques marocaines à la fête
Dix ans après leurs premières opérations d’expansion au sud du Sahara, les grands établissements chérifiens commencent à tirer les pleins bénéfices de leurs investissements. Le point.
i
l y a à peine dix ans, les banques marocaines étaient invisibles sur les radars de la finance africaine. Rien à voir avec la situation d’aujourd’hui. Les Attijariwafa Bank (ATW), BMCE Bank ou encore Banque centrale populaire (BCP) sont désormais données en modèle au sud du Sahara. Via des acquisitions tous azimuts enclenchées dès 2005, elles ont pu se tailler une position de leader dans le paysage bancaire subsaharien. En Afrique de l’Ouest, elles ont par exemple damé le pion aux banques françaises, comme l’a souligné le cabinet de conseil en stratégie Nouvelles Donnes dans sa récente étude « Banking Survey Emerging Markets »: « Attijariwafa, la BMCE et la BCP détiennent près du tiers des agences de la zone, quand BNP Paribas et Société générale en possèdent à peu près 15 % », explique Jean-Marc Velasque, associé du cabinet international. Elles ont surtout su profiter de la croissance offerte par ces marchés au fort potentiel. Leurs résultats de l’année 2014 sont à ce titre édifiants.
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© cécile tréal pour j.a.
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Banco pour BMCE Bank Chez BMCE Bank, l’heure est à la fête. Les performances du groupe bancaire dirigé par Othman Benjelloun n’ont jamais été aussi bonnes qu’aujourd’hui, avec un bénéfice record de 2 milliards de dirhams en 2014 (183 millions d’euros). Une prouesse rendue possible grâce à la bonne tenue des activités au Maroc, mais aussi à la dynamique des filiales en Afrique subsaharienne.«L’Afriquesubsaharienne représente plus du quart des résultats consolidés du groupe avec une contribution qui augmente de 19 % en moyenne par an depuis 2011 », signale la direction du groupe. C’est à ce moment-là que BMCE Bank avait lancé une stratégie spécifique pour développer ces marchés. D’abord avec la montée dans le capital (de 59,4 % à 72,6 %) de Bank of Africa (BOA), vaisseau amiral du groupe au sud du Sahara. Ensuite à travers la densification du réseau. Depuis 2011, le groupe a ouvert pas moins de 116 agences
p Les activités africaines de BMCE (ici le siège, à Casablanca) ont généré 521 millions de dollars de bénéfices.
en Afrique subsaharienne et a poursuivi son expansion dans des pays jusqu’alors non couverts, comme le Ghana, le Togo ou encore l’Éthiopie. « La taille du réseau bancaire de BOA a été quasiment triplée depuis son acquisition par BMCE Bank en 2008 », signale la direction, qui tient à souligner que la BMCE est à ce jour le seul groupe bancaire marocain qui couvre toutes les zones économiques d’Afrique subsaharienne. Cette stratégie s’est révélée payante. Les bénéfices qu’ont générés pour la maison mère les activités africaines du groupe, qui emploie 5000 personnes, étaient de 521 millions de dirhams en 2014, contre 504 millions en 2013. Ces activités ont représenté moins de 30 % du résultat net part du groupe en 2014, contre 41 % en 2013. Cette baisse s’explique par la montée en puissance de l’activité du groupe au Maroc, qui a dégagé à elle seule 1,2 milliard de bénéfices, soit presque deux fois plus qu’en 2013. Mais le meilleur reste à venir. Dans ses orientations stratégiques, le groupe affiche clairement sa volonté de poursuivre son développement au sud du Sahara, via l’ouverture de nouvelles agences dans les pays où BOA est déjà implantée, mais surtout en poursuivant une croissance externe ciblée notamment en Afrique centrale et en Afrique de l’Est. Objectif: faire monter la contribution des filiales africaines aux revenus du groupe à plus de 40 % d’ici aux trois prochaines années.
Banque populaire . au galop Le groupe Banque populaire, dirigéparMohamedBenchaâboun, n’estpasenreste.Deuxièmebanque du pays après Attijariwafa Bank, elle est présente en Afrique subsaharienne depuis au moins vingt ans, à travers ses deux filiales, en GuinéeConakry et en Centrafrique (BP maroco-centrafricaine et BP ● ● ● jeune afrique
p Banque populaire (ici le siège, à Casablanca) a noué un partenariat fructueux avec l’ivoirien Atlantic Financial. ● ● ● maroco-guinéenne). Mais son véritable élan au sud du Sahara a été pris en 2012, à travers le partenariat capitalistique scellé avec l’ivoirien Atlantique Financial Group. Un partenariat qui a donné naissance à un holding commun (Atlantic Business Group) dont la BP détient 65 % et qui lui a permis de faire son entrée, en un seul coup, dans sept pays de l’UEMOA : Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso, Niger, Bénin et Togo. Des pays où la direction de la BP s’est investie massivement pour dupliquer son modèle marocain. Le résultat est à la mesure des efforts déployés : le produit net bancaire (PNB) du réseau Banque Atlantique a contribué en 2014 à hauteur de 14 % au PNB du groupe, qui s’est fixé, lui, à plus de 14 milliards de dirhams. Avec un portefeuille de 485 500 clients, un total dépôt de 21,9 milliards de dirhams, les crédits distribués dans ces sept pays par le groupe bancaire ont progressé de 21 %, dépassant la barre des 20 milliards de dirhams. Le PNB des filiales africaines a ainsi progressé de 26 % en un an, à plus de 2 milliards de dirhams. Et cela ne fait que commencer : « Notre objectif est d’atteindre 15 % de hausse annuelle des bénéfices d’ici à 2018 », avait annoncé le PDG du groupe,MohammedBenchaâboun. Comment? En appliquant la même recette qu’au Maroc: densification du réseau, innovation, mais aussi ciblage des couches les plus populaires. À peine installé en Afrique, le groupe s’est d’ailleurs créé un instrument pour cela : Atlantic Microfinance, une nouvelle filiale consacréeaufinancementdespetits projets en Afrique subsaharienne,
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un peu à l’image de ce que fait Attawafiq Micro Finance dans le royaume.
ATW, peut mieux faire
q Attijariwafa (ici le siège, à Casablanca) est décidé à poursuivre son africanisation.
Attijariwafa Bank, qui était absente du continent avant 2005, a engrangé en 2014 pas moins de 5,18 milliards de dirhams de produit net bancaire via ses activités africaines. Des revenus en progression de 8,3 % par rapport à 2013 et qui représentent désormais plus de 26 % des revenus consolidés du groupe. Une contribution qui aurait pu être meilleure, mais qui a été gênée par « la mauvaise conjoncture dans certains marchés bancaires africains, marquée par une forte augmentation du taux de contentieux », comme l’a souligné la direction du groupe lors de la présentation de ses résultats en février 2015 à Casablanca. Côté bénéfices, le groupe affilié au holding royal SNI a réalisé en
© guillaume molé pour J.a.
Dossier Finance 2014 un résultat net part du groupe de 4,4 milliards de dirhams. À elles seules, les activités africaines y ont contribué à hauteur de 15 %, avec un bénéfice cumulé de 678 millions de dirhams. Des bénéfices qui ressortent en baisse par rapport à l’année 2013. Dans une note de recherche publiée le 19 février, les analystes de CFG Group, une banque d’affaires marocaine indépendante, soulignent ainsi que « la contribution de la banque de détail à l’international au résultat net part du groupe affiche une baisse de 21 % par rapport à 2013, en raison de la décélération de la croissance de l’activité au niveau des filiales en Afrique subsaharienne ». Preuve de cette décélération : la croissance des prêts et créances sur la clientèle dans cette zone atteint à peine 5,2 % en 2014, contre 22,9 % un an plutôt. Le groupe dirigé par Mohamed Kettani continue en somme de tirer profit de ses activités africaines, mais peut encore mieux faire. Il est en tout cas décidé à poursuivre son africanisation, en étendant sa présence à des zones jusque-là non couvertes, comme l’Afrique anglophone et lusophone. Présent actuellement dans treize pays d’Afrique subsaharienne en plus de la Tunisie, en Afrique du Nord, ATW dispose de l’un des réseaux les plus denses du continent, avec 208 agences au Maghreb, 312 en Afrique de l’Ouest et 102 en Afrique centrale. ● Mehdi Michbal, à Casablanca
© hassan ouazzani pour J.a.
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jeune afrique
Dossier Finance
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interview
Runa Alam
Cofondatrice et directrice générale de Development Partners International
Bio express • 1960 Naissance • 1998 Rejoint Emerging Markets Partnership (EMP) comme directrice de l’AIG African Infrastructure Fund • 2002 Rejoint Kingdom Zephyr Africa Management
© Kalpesh lathigra pour J.a..
• 2007 Cofonde Development Partners International (DPI)
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« Nous sommes encore loin d’être inondés de capitaux » Le capital-investisseur DPi a levé 725 millions de dollars pour son deuxième fonds panafricain, soit largement plus que la somme initialement visée. Et ce n’est que le début, estime sa patronne.
J
’accepte d’être vieille. » à 55 ans, Runa Alam a s s u m e t o t a l e m e nt d’être considérée avec quelques autres, tel Vincent Le Guennou (Emerging Capital Partners), comme un vétéran du capital-investissement en Afrique. Cette Américaine d’origine bangladaise, installée de longue date au Royaume-Uni, évolue dans cet univers depuis plus de quinze ans. Autant dire qu’elle a connu la préhistoire de l’investissement dans les fonds propres des entreprises sur le continent. Alors que Development Partners International (DPI), la structure qu’elle a cofondée en 2007, vient de lever 725 millions de dollars (environ 650 millions d’euros), elle a livré à Jeune Afrique sa vision de son métier à l’occasion de la conférence annuelle de l’association des capital-investisseurs africains (Avca), qui s’est tenue à Londres fin avril. en quelques semaines, Helios, Abraaj et DPi ont annoncé avoir levé au total 2,8 milliards de dollars pour investir dans des entreprises africaines. est-ce le signe, selon
vous, d’un intérêt des investisseurs mondiaux pour le continent?
C’est un début. Lorsque nous avons commencé, en 1999 [à l’AIG African Infrastructure Fund], soutenus par les institutions financières de développement [IFD], l’objectif était de montrer nos capacités, d’afficher de belles performances pour attirer des investisseurs privés dans nos futurs fonds. Celui que nous avons lancé en 2007 avait déjà été souscrit à hauteur de 75 % par des investisseurs autres que les IFD : des fonds de pension, des gestionnaires d’actifs, des familles. Pour notre deuxième fonds, cette part est montée à 80 % ; la majeure partie des souscriptions est venue de fonds de pension – américains, européens et africains. Mais, lorsque je compare les quelque 35 milliards de dollars levés pour l’Afrique depuis 2007 aux 3 800 milliards de dollars levés à l’échelle mondiale par le private equity [capital-investissement], je suis sûre que ce n’est que le début. Beaucoup d’autres marchés émergents, du Brésil à la Turquie, ont été à un moment donné inondés de capitaux. En Afrique, nous n’avons
pas connu cela. La croissance est plus lente, plus difficile. vous-mêmes, chez DPi, avez largement dépassé l’objectif que vous vous étiez fixé pour votre deuxième fonds. Cela vous a-t-il étonnée ?
Nous avions un objectif de 500 millions de dollars et un maximum de 750 millions de dollars, au-delà duquel il aurait été difficile d’aller. Non par manque de cibles d’investissement, mais parce qu’il aurait été compliqué, humainement parlant, de suivre toutes ces entreprises par la suite. Au final, nous avons levé 725 millions de dollars et nous avons refusé beaucoup d’investisseurs. Cela n’a pas été simple pour autant. En 2014, l’intérêt pour l’Afrique est devenu plus évident, mais au cours de l’année précédente cela avait été difficile. Maintenant que vous avez moins besoin du soutien des iFD, quel peut être leur rôle ?
Certes,pourlesstructuresétablies comme la nôtre, leur importance est moins nette. Mais les IFD ont un
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Dossier Finance rôle crucial à jouer auprès des nouveaux acteurs ainsi que des fonds ciblant des secteurs ou des pays spécifiques. Dans ces domaines, les gestionnaires sont souvent plus jeunes et lèvent des fonds qui sont soit leurs premiers, soit plus petits, ce qui intéresse moins les investisseurs internationaux. Les marchés matures ont une grande variété de gestionnaires et de fonds de capital-investissement. EnAfrique,cen’estpasencorelecas. Par ailleurs, les financements des IFDsontconstantsetapportentdela stabilité en période de choc, lorsque les capitaux se font plus rares. Quelle rentabilité le capital-investissement africain offre-t-il ?
Notre premier fonds, lancé en 2007 et dont la levée a été finalisée en 2009, est totalement investi depuis 2012. En 2014, nous avons vendu en totalité deux participations – le sud-africain Libstar, cédé à des financiers, et le nigérian Mansard Insurance, vendu à l’assureur français AXA – et une autre partiellement. La rentabilité est à la hauteur de nos espérances avec un TRI [taux de rendement interne] de 29 % par an. Nous avons promis à nos investisseurs des TRI de 30 % ou trois fois les capitaux investis. Est-ce comparable aux autres zones émergentes ?
Sur les dernières années, l’Afrique est en ligne avec le reste du monde émergent. Mais dans le capitalinvestissement, il y a de très grosses différencesentrelesinvestissements les plus profitables et les autres. Qu’est-ce qui a changé en quinze ans dans votre profession ?
Beaucoup de choses. En plus de l’intérêt de nouveaux investisseurs, il y a davantage de capitalinvestisseurs et d’équipes ayant une décennie d’expérience. La croissance africaine a aussi montré sa solidité, avec des réformes importantes dans de nombreux pays. Nous pouvons investir dans beaucoup plus de secteurs. Les trois opérations que nous avons menées l’année dernière – dans l’éducation avec l’université privée n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
de Marrakech, dans la logistique avec le sud-africain RTT et dans les biens d’équipement avec le sudafricain HomeChoice – n’auraient pas pu être conduites avec notre premier fonds, car ces structures n’étaient alors pas assez mûres.
au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Il est difficile de faire des généralités par zone linguistique car la situation dépend surtout de la taille des économies. Mais, globalement, je ne vois pas de différence. La croissance d’une classe moyenne, qui
La croissance d’une classe moyenne, qui consomme, est à la base de nos choix. Il y a aussi plus de compétition pour entrer au capital des bonnes entreprises…
Davantage d’intermédiaires financiers sont apparus, ce qui est une bonne chose pour les entreprises, car cela facilite leur financement, ainsi que pour les capital-investisseurs qui cèdent leurs participations, car la plupart organisent des enchères, et les prix s’envolent. Toutefois, pour les premiers investissements, les valorisations ne se sont pas envolées car une majeure partie des opérations sont dites propriétaires : elles ne font pas l’objet d’enchères. L’Afrique est un continent de 54 pays, ce n’est pas de sitôt qu’il y aura trop de capitaux à investir. L’Afrique ne manque-t-elle pas de capital-investisseurs pour financer les entreprises plus petites ou les start-up ?
Les capital-investisseurs gèrent l’argent des autres – des organismes de retraite, des universités, etc. Ce ne sont pas des dons. Observez le capital-risque dans le reste du monde et vous verrez qu’il est marqué par des cycles très forts. Pendant quelques années, tout le mondegagnedel’argent,puistoutle monde en perd. Pour développer ce segment, il faut tout un écosystème: des gestionnaires bien sûr, mais aussi des avocats et des comptables. Cela prend du temps. Vous investissez dans toutes les zones linguistiques. Les entreprises des pays anglophones vous paraissent-elles plus ouvertes aux capital-investisseurs ?
Nous avons investi au Maroc et en Algérie, et nous voulons le faire
consomme, est à la base de nos choix d’investissement. On constate partout son émergence : dans les domaines de l’assurance – où il y a de belles entreprises –, des banques, des produits de consommation, de l’alimentaire, de la santé. Mais en zone francophone la concurrence entre investisseurs est moins forte…
C’est vrai en comparaison avec le Nigeria, oui, mais pas forcément avec le Rwanda ou la Namibie.
Pouvez-vous aussi investir dans des entreprises installées dans de petits pays ?
Bien sûr. Par exemple, nous avons investi il y a longtemps au Botswana dans une entreprise, Letshego, spécialisée dans la microfinance. C’est désormais la plus grande entreprise nationale, et elle est active dans dix pays, mais, lorsque nous y avons investi, elle était assez petite. Il existe d’autres entreprises de ce type dans d’autres petits pays du continent. La totalité des fonds de capitalinvestissement est basée dans des paradis fiscaux, Maurice le plus souvent. Ne craignez-vous pas de diminuer ainsi les recettes fiscales des pays africains ?
Les compagnies dans lesquelles nous investissons sont juridiquement basées dans les pays africains où elles opèrent, et elles y paient beaucoup d’impôts. Nous sommes des investisseurs, nous ne facturons rien aux entreprises dont nous sommes actionnaires et nous ne gagnons de l’argent que lorsque nous vendons nos participations. ● Propos recueillis à Londres par FrédérIc MAury jeune afrique
Dossier Finance ont connu une hausse de 38 %. Une montée en puissance que traduit l’évolution des bénéfices. L’exercice 2014 s’est soldé par un résultat positif de 625 millions de F CFA, quand il était estimé à 221 millions en 2011.
Côte d’IvoIre
Comment Versus Bank a retourné la situation Condamnée à une mort certaine il y a cinq ans, la banque publique a réussi à se redresser. Mais pas question de baisser la garde.
points faibles. Mais cette
A
ssis dans ses bureaux de l’immeuble de la Caisse de retraite par répar tition des agents d’en cadrement de l’Union monétaire ouestafricaine (CRRAEUMOA), Guy Koizan, le directeur général de la banque publique Versus Bank, savoure sa joie d’avoir pu parve nir à redresser l’établissement en moins de quatre ans. Mais le plus dur reste à venir. Car après la liquidation de la Banque pour le financement de l’agriculture (BFA), Versus Bank, contrôlée à 100 % par l’État ivoi rien, fait partie des quatre éta blissements bancaires à capitaux publics privatisables, aux côtés de la Banque nationale d’inves tissement (BNI), de la Caisse nationale des caisses d’épargne et de prévoyance (CNCE) et de la Banque de l’habitat de Côte d’Ivoire (BHCI).
© Vincent Fournier/J.A.
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marchés publics. Nommé à la
tête de Versus Bank en 2011, à la sortie de la crise postélectorale, Guy Koizan, fin connaisseur du marché bancaire local avec trente années d’expérience, a d’abord mis en œuvre pour 20122015 un plan profité à Versus Bank, qui a financé les entreprises dans le cadre du stratégique ciblant le financement des PME. Le volume de crédits Programme présidentiel d’urgence accordés à cellesci est passé de (PPU). Parallèlement, la banque 14 milliards de F CFA en 2011 à s’est orientée vers les particuliers, plus de 50 milliards une clientèle passée de F CFA en 2014 (de le total de 2 200 personnes en 21,3 millions à plus de de bilan a 2011 à 6 000 individus 76 millions d’euros), en 2014. Ces nou soit une progression progressé velles orientations de plus de 350 % en de 40 % entre ont permis de faire progresser le total l’espace de trois exer 2010 et 2014. cices. La floraison de de bilan de 35 mil liards de F CFA en 2010 à plus marchés publics, notamment dans le BTP, et les grands chantiers de 48 milliards en 2014, soit une d’État (construction du troisième progression de près de 40 %. Dans le même temps, les ressources pont d’Abidjan, réhabilitation du réseau routier…) ont également collectées auprès de la clientèle n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
p Un deuxième plan stratégique 2016-2018 est lancé pour préparer la privatisation (ici le siège, à Abidjan).
embellie ne doit pas cacher un certain nombre de points faibles. « Avec un réseau de trois agences seulement, Versus fait du surplace. Et elle ne pourra pas se développer tant que l’État n’aura pas pris de position claire sur son éventuelle privatisation », explique un ana lyste financier basé à Abidjan. Des difficultés que n’ignore pas Guy Koizan, qui affirme que « Versus tient grâce au dynamisme de son exploitation, à la qualité de sa clientèle, à la maîtrise de ses charges, à la performance de ses ressources humaines et de ses outils de gestion qui ont permis de faire passer le produit net bancaire de 1,5 milliard de F CFA en 2010 à 1,6 milliard en 2011, puis à plus de 4,1 milliards ». « Malgré une croissance du nombre de PME dans son portefeuille clients, les créances en souffrance de Versus Bank n’ont pas augmenté. Bien que publique, elle n’a pas bénéfi cié des ressources de l’État et elle a gardé une culture d’entreprise privée », notait le cabinet PwC, commis par le gouvernement pour effectuer une étude sur la privati sation du secteur public en 2012. En attendant, Versus Bank pré voit un deuxième plan stratégique pour la période 20162018, dans l’objectif de relever le niveau du capital social de 3 milliards de F CFA, ce qui reste inférieur aux 10 milliards théoriquement imposés par la banque centrale. L’établissement poursuivra également son action en faveur des PME et visera un bénéfice de 2,2 milliards de F CFA en 2016, de 2,9 milliards en 2017 et de 3,2 milliards en 2018. De quoi, sur le papier, tourner définitivement le dos aux périodes de turbulences et offrir un meilleur profil avant sa privatisation. ● bauDelaire mieu, à Abidjan jeune afrique
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Dossier Finance
t En gilet vert, les vendeurs, en gris, les acheteurs, devant le tableau d’affichage des transactions de l’Ethiopia Commodity Exchange. Éthiopie
La Bourse d’Addis-Abeba en pleine mutation Maïs, blé, café… L’Ethiopia Commodity Exchange régule les prix des produits nationaux. Avec des résultats en constants progrès, et pour le plus grand bénéfice des petits producteurs.
s
ur chaque mur de l’Ethiopia Commodity Exchange (ECX), de belles photos en noir et blanc témoignent d’une époque pas si lointaine, et pas tout à fait révolue : des ballots de café ou de blé entassés au grand air sur des marchés locaux crasseux, des vendeurs et des acheteurs se confondant dans une cohue où seuls quelques camions garés anarchiquement permettent de dater le cliché… « Montrer ces images est le meilleur moyen d’expliquer à quel point notre système était traditionnel, pour ne pas dire archaïque. Les petits producteurs étaient vulnérables face aux brokers, qui étaient
n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
les grands gagnants du marché en imposant leurs prix. » Responsable de la communication interne de l’ECX, la Bourse des matières premières éthiopienne, Anteneh Degefe n’a pas tort de commencer la visite par ce rappel historique. Car, à l’étage supérieur, on change de siècle. Au milieu d’un open space lumineux, quelques marches conduisent à un espace aux allures d’arène : la corbeille. D’un côté, en gilet vert, les vendeurs. De l’autre, en gris, les acheteurs. En surplomb, un panneau luminescent où s’affichent sigles et chiffres: les dernières transactions, indiquant les prix du marché – avec
une variation maximale autorisée de seulement 5 % par jour. Depuis 2008, l’ECX régule le prix de plusieurs produits éthiopiens. Le maïs et le blé d’abord, puis le café (2009), le sésame et les haricots blancs (2010) et enfin le haricot mungo (2014). Une extension qui devrait se poursuivre, prouvant la réussite du système auquel tous les acteurs ont adhéré, et notamment les petits producteurs, principaux bénéficiaires de cette organisation. confiance. Un intense travail
de sensibilisation sur le terrain a permis de gagner leur confiance. « Bien sûr, ils ne sont pas en contact direct avec nous. Mais il y a désormais 90 panneaux disposés dans tout le pays pour informer des prix, 33 coopératives et 19 sites de dépôt… Nous travaillons avec 2,7 millions d’agriculteurs », détaille Ermias Teshome, responsable des relations avec les membres et les clients. Les 65 entrepôts ont ainsi une capacité totale de ● ● ● jeune afrique
© GréGoire Pourtier
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Groupe BGFIBank. La pièce maîtresse de votre réussite.
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Dossier Finance
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300 000 tonnes, et plus de 70 % de la production de café passerait par l’ECX. Alors que de nombreuses expériences similaires ont échoué sur le continent (en Zambie, en Ouganda, au Nigeria, au Zimbabwe et au Kenya), l’ECX, fort d’un soutien gouvernemental sans faille, affiche des résultats en progrès constant depuis sa création. Lors de la dernière année fiscale éthiopienne (2013-2014), la somme totale des échanges a atteint 26,2 milliards de birrs (plus de 1 milliard d’euros), soit 38 % de plus que l’année précédente. Et les produits ont même pris de la valeur, puisque leur volume (586 164 tonnes) n’a augmenté, lui, que de 9 %. Car, à la Bourse d’Addis-Abeba, le système est bien rodé. Quand la cloche retentit, vendeurs et acheteurs concernés se rendent dans la corbeille pour un round de cinq à sept minutes. Les mois de décembre à février sont les plus actifs. En ce jour d’avril, ils sont une quarantaine à chaque session, et se connaissent visiblement très bien. Les discussions s’engagent,
de petits papiers sont échangés. Chaque produit fait ainsi l’objet, en fonction de sa provenance ou de sa qualité, de plusieurs séquences – 18 pour le seul café d’exportation par exemple. C’est une autre avancée permise par l’ECX : des laboratoires sont installés dans chaque lieu de livraison pour évaluer le stock et lui donner une note qui va déterminer son prix. Le coupon électronique est transmis au siège, où les 346 courtiers officiellement enregistrés (pour plus de 15 000 clients nationaux et internationaux) savent ainsi à quoi s’en tenir. « Intégrité, sécurité, efficacité », résume Anteneh Degefe.
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1 milliard d’euros C’est la somme totale des échanges en 2013-2014 (+ 38 % par rapport à l’exercice précédent)
internet défaillant. Les tran-
sactions sont elles aussi sécurisées; tout le monde est enregistré, avec un compte en banque contrôlé – les paiements ont lieu le lendemain matin de la transaction. « S’il y a un problème, c’est nous qui sommes responsables », précise Ermias Teshome. Tout est très encadré, des caméras de surveillance enregistrent les moindres faits et gestes des courtiers.
« Je fais totalement confiance au système, je viens ici presque tous les jours depuis cinq ans, assure Katist Teberu, l’une des rares femmes de la Place. Je vends mon propre café et je sers aussi d’intermédiaire à d’autres producteurs. Avec tous les canaux de communication, les SMS, le répondeur interactif ou internet, on dispose de toutes les données nécessaires en temps réel. L’ECX nous a vraiment offert beaucoup d’opportunités. J’ai même pu accéder à des marchés internationaux. » Un seul bémol selon elle : les défaillances fréquentes du réseau internet, qui bloquent parfois les séances. « Mais ce problème est commun à tout le pays. Quand il sera réglé, on sera encore plus efficaces et réactifs. » Malgré ce handicap, Ermias Teshome annonce que la structure développera, à partir de juillet, un système de commerce électronique qui n’imposera plus d’être physiquement sur place pour participer aux opérations. Bientôt peut-être, la corbeille de la Bourse d’Addis-Abebaneserapluselleaussi qu’une photo sur un mur. ● Pierre Blaise, à Addis-Abeba
ermias eshetu veut accélérer
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© ecx
ommé fin 2014 à la tête de la Bourse d’Addis-Abeba, Ermias Eshetu va-t-il changer l’ADN de la Bourse éthiopienne des matières premières (Ethiopia Commodity Exchange, ECX) ? Auparavant vice-président chargé du marketing et des services aux entreprises au sein de la banque Zemen, ce diplômé en calcul informatique et commerce international a été choisi d’abord pour régler les problèmes de traçabilité détectés dans certains entrepôts gérés par la Bourse. Il est apparu en effet que certaines marchandises pouvaient être artificiellement surcotées, les caractéristiques des produits livrés ne correspondant pas toujours aux informations données au marché. La création d’une entreprise à capitaux publics et privés pour améliorer la gestion
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des stocks est actuellement sur les rails, a confirmé en avril le directeur général, selon une dépêche de l’agence Bloomberg. Cinq mois après son entrée en fonction, Ermias Eshetu semble décidé à passer à la vitesse supérieure. D’abord en élargissant le nombre de matières agricoles échangeables, en introduisant par exemple le sucre. Mais aussi en donnant la possibilité aux traders de souscrire à des produits financiers. « Nous voulons être un marché pour tout type de produits, qu’il s’agisse de matières premières agricoles ou d’instruments financiers », a déclaré le directeur général de l’ECX. Des discussions seraient en cours avec les autorités pour faire radicalement évoluer le profil de la Bourse d’ici à trois à cinq ans. ● julien clémençot jeune afrique
Dossier Finance PORTRAIT
Christian Adovèlande s’affirme à la tête de la BOAD Président de l’institution financière pour encore cinq ans, il lance un ambitieux plan de financement de sa banque et des pays d’Afrique de l’Ouest.
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est par intérim que la présidence de la BOAD lui fut confiée en 2011, après la démission de son compatriote Abdoulaye Bio-Tchané, candidat malheureux à l’élection présidentielle au Bénin cette même année. Mais depuis le renouvellement de son mandat pour six ans en juin 2014, christian Adovèlande est perçu comme l’homme de la situation, tant il connaît l’institution. Plutôt que de provoquer une rupture dans la stratégie de la BOAD, Adovèlande a d’abord poursuivi les chantiers de son prédécesseur (engagements dans l’énergie et l’agriculture, recherche d’instruments facilitant la levée de fonds), avant de lancer son propre plan 2015-2019. Objectif : faire de la BOAD « une banque de développement forte, pour l’intégration et la transformation économiques en Afrique de l’Ouest ». Pour y parvenir, le successeur de Bio-Tchané devra trouver 5763 milliards de F cFA (8,79 milliards d’euros). Plus du double de ce qui a été investi en quarante ans. Mais depuissonbureaudusiègefuturiste de la BOAD, à Lomé, le président se montre optimiste. ACTION. « Il cultive la discrétion,
il est timide, mais c’est un vrai homme d’action », explique un proche d’Adovèlande. Au-delà du marché sous-régional, l’institution pourrait faire appel aux marchés internationaux. Auparavant, elle devra passer par l’évaluation d’une agence de notation. ce titulaire d’une maîtrise en sciences économiques, diplômé en études supérieures de banques et finances, a rejoint la BOAD en 1978, avant d’en gravir tous les échelons. Devenu secrétaire général délégué du Fonds n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
© Vincent Fournier/J.A.
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de garantie des investissements privés en Afrique de l’Ouest (Gari SA), une institution créée par la BOAD en 1994, Adovèlande a ensuite été promu président de cauris Management SA, un fonds de capital-investissement relevant lui aussi de la BOAD, avant d’être nommé en 2002 président de la Banque d’investissement et de développement de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (BIDc). Le changement de cap de la BOAD doit être impulsé dès cette année. Outre les secteurs traditionnels de financement (infrastructures, énergie), la banque intégrera davantage les enjeux liés au changement climatique.
2011 Président de la BOAD 2002 Président de la BIDC 2000 Président de Cauris Management 1995 Secrétaire général délégué de Gari SA
« Nous avons décidé d’orienter nos investissements pour relever ce défi, car le changement climatique a des répercussions sur l’agriculture, d’où la création d’un département de développement durable », confie Adovèlande à Jeune Afrique. Il a aussi décidé de positionner la BOAD sur les grands chantiers des partenariats public-privé (PPP) dans les pays membres ; aussi est-il choyé par les chefs d’État de l’UEMOA. « Le président Ouattara a compris que la BOAD est un instrument important, qu’il met à contribution sur les grands projets du pays », explique un conseiller de la présidence ivoirienne. L’ambition d’Adovèlande pourrait être contrariée par la rareté des ressources concessionnelles (les prêts des grandes institutions de développement comme la Banque mondiale), la lenteur des réformes macroéconomiques et de l’amélioration du climat des affaires dans les États membres. L’absence d’une stratégie commune et d’un cadre réglementaire régional pour les PPP sera aussi un obstacle. Si la BOAD a pu être un tremplin pour faire de la politique au Bénin, comme ce fut le cas pour l’actuel président Thomas Boni Yayi ou pour son challenger Abdoulaye Bio-Tchané, Adovèlande s’interdit cette visée. Pour lui, seule la bataille de l’émergence économique mérite d’être livrée. « Je me définis comme un soldat du développement, et je suis peut-être devenu un général dans le domaine », lance-t-il. Sur son bureau traînent plusieurs ouvrages dont Breakout Nations. In Pursuit of the Next Economic Miracles, un best-seller de l’économiste indien Ruchir Sharma. L’obsession de la croissance n’est jamais loin. ● BAudelAIre MIeu, envoyé spécial à Lomé jeune afrique
Dossier Finance MOBILE BANKING
En s’alliant à Safaricom, le kényan CBA fait exploser les compteurs Cette banque de niche est devenue le premier établissement du pays, grâce à la plateforme mobile d’épargne et de crédit M-shwari. Mais la concurrence fourbit ses armes.
d
u Kenya, laboratoire avancé du mobile banking, on connaissait le service de paiement M-Pesa, de l’opérateur Safaricom. Mais certaines banques aussi ont su surfersurlavague,telleCommercial Bank of Africa (CBA). Grâce à sa plateforme mobile d’épargne et de crédit M-Shwari, lancée fin 2012 en partenariat avec Safaricom, CBA est aujourd’hui la première banque kényane par le nombre de clients. début mars, la barre des 10 millions a été franchie, devant Equity Bank (9,7 millions) et Kenya Commercial Bank (KCB, 4,1 millions). de quoi « conforter la position de CBA comme leader de sa catégorie », selon Isaac Awuondo, son directeur général. « Ce chiffrage repose cependant sur une définition très extensive de la clientèle. Car si M-Shwari propose des solutions financières fournies par CBA, c’est avant tout un produit M-Pesa », tempère un analyste de la banque African Alliance, à Kigali. L’engouement n’en demeure pas moins spectaculaire. Avant le lancement de M-Shwari, CBA ne comptait que 45 000 clients… « C’est une révolution pour la banque, passée
© TONY KARUMBA/AFP
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en quelques années du statut de d’établissement de niche à celui de banque populaire », décrypte Jared Getenga, président de l’Association des fournisseurs de crédit kényans. En 2014, CBA a récidivé en Tanzanie enlançantM-Pawa,avecl’opérateur Vodacom. Entre 2011 et 2013, le bénéfice net du groupe est passé de 13,8 à 29,1 millions d’euros. Et le total de bilan, de 780 millions à 1,2 milliard d’euros. DÉCLIC. A priori, pourtant, « réussir
le pari de la banque mobile pour tous n’allait pas de soi pour l’établissement, jusque-là confiné à une clientèle d’affaires », rappelle l’analyste d’African Alliance. Le déclic a lieu au début de la décennie. Constatant la faiblesse du taux de bancarisation (moins de 10 % de la population) et la forte croissance des paiements par téléphone mobile, la banque décide
p Publicité pour M-Shwari sur un arrêt de bus à Nairobi.
De 45 000 à 10 millions C’est la progression spectaculaire du nombre de clients de CBA depuis 2011
de s’allier à Safaricom. L’opérateur se voit fournir une offre de microépargne et de microcrédit qui vient compléter son service de transfert d’argent, tandis que CBA accède d’un seul coup à tous les utilisateurs de M-Pesa, soit 80 % de la population adulte kényane. Le succès est là : 1 million de clients quarante jours après le lancement, 3 millions après cinq mois de commercialisation. Aujourd’hui, 50000 demandes de crédit sont traitées chaque jour, pour un portefeuille de prêts de 285 millions d’euros. Et les créances douteuses ne dépassent pas 3 %, contre 5 % en moyenne pour les banques commerciales kényanes. CBA prépare le coup d’après et prévoit de nouvelles succursales au Burundi, au Rwanda, au Malawi et au Botswana. L’établissement a levé à cet effet 66 millions d’euros sur le marché obligataire en janvier. ● JaCques MutaraMbIrwa
banques et opÉrateurs : quI Mangera quI ? Le succès de M-shwari illustre l’intérêt des banques à travailler avec les opérateurs de télécoms. Profitant de la fin de l’exclusivité de l’accord entre cBA et safaricom, n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
KcB a lancé avec l’opérateur KcB-M-Pesa, une offre concurrente. D’autres initiatives similaires devraient suivre. en 2014, equity Bank est allée encore plus loin en
décrochant une licence d’opérateur mobile virtuel. Lancée sous la marque equitel, sa plateforme mobile compte plus de 400 000 abonnés. De leur côté, les opérateurs
téléphoniques songent à se passer de l’expertise financière des partenaires bancaires. Ainsi en 2013, au Zimbabwe, l’opérateur econet Wireless a repris steward Bank. ● jeune afrique
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Dossier Finance interview
Patrick Mestrallet
Directeur général d’Oragroup
« Notre croissance nous permet de servir de grandes entreprises » À la tête de l’ex-Financial Bank, l’investisseur poursuit sa stratégie d’expansion et se félicite des résultats obtenus, tout en surveillant le redressement du réseau des Brs, racheté en 2013.
P
lus de six ans après son rachat par le capitalinvestisseur Emerging Capital Partners (ECP), Oragroup (ex-Financial Bank) a fait du chemin. Complètement réorganisée, avec un changement d’identité visuelle mais aussi un repositionnement commercial, la petite banque créée en 1987 au Bénin, autrefois tournée essentiellement vers les PME, a diversifié ses clients et est en train de devenir un acteur important au niveau régional. Entretien avec son administrateur et directeur général. Jeune Afrique: Le conseil d’administration d’Oragroup s’est récemment réuni à Paris, pour valider les comptes de l’exercice écoulé. Peut-on dire que 2014 a été une bonne année pour votre groupe ? PAtrick MestrALLet: Cela s’est
globalement bien passé. À périmètre constant, les dépôts pour l’ensemble du groupe ont atteint 856 milliards de F CFA [1,3 milliard d’euros], soit une hausse de 17 % sur un an. Et les emplois, 788 milliards [+ 19 %]. Notre produit net bancaire [PNB] a quant à lui progressé de 29 % pour atteindre 82 milliards. Globalement, c’est satisfaisant. Mais nous attendons encore de meilleurs résultats dans l’avenir, parce que le redressement du réseau des Banques régionales de solidarité [BRS], implanté dans huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine [UEMOA], que nous avons repris en 2013, n’est pas encore terminé. n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
quels ont été vos pays phares au cours de cet exercice ?
Il s’agit des mêmes que les années précédentes : le Togo et le Gabon. Ce dernier est notre marché le plus rentable. Le Togo est presque aussi rentable (en résultat net), mais bien plus important. Au Togo, nous sommes leader, avec 80 000 clients, depuis que nous avons repris la Banque togolaise de développement [BTD]. Tandis qu’au Gabon nous comptons environ 4 000 clients. L’activité y est très différente. Les clients gabonais sont avant tout des entreprises, donc le coefficient d’exploitation, c’est-à-dire les charges par rapport au PNB, est faible, de l’ordre de 30 % à 32 %, ce qui est exceptionnel. On arrive ainsi à avoir des résultats importants malgré une plus petite taille. Nos autres filiales historiques en Mauritanie, en Guinée, au Bénin et au Tchad réalisent elles aussi des profits significatifs.
Nous cherchons des opportunités d’achats au Cameroun et au Congo. il y a quelques années, vous vous définissiez comme la banque des PMe. L’êtes-vous toujours ?
Nous travaillons toujours avec les PME. Mais aujourd’hui, notre croissance nous permet de servir aussi de grandes entreprises dans plusieurs pays. Au Togo, il est clair
que toutes les sociétés qui comptent font appel à nos services. C’est la mêmechoseauGabon,toutcomme en Guinée et au Bénin. Dans les autres pays, notre activité est plus centrée sur les particuliers. sentez-vous l’émergence de la classe moyenne africaine ?
On voit clairement des évolutions. Le pouvoir d’achat a doublé depuis les indépendances, le taux d’épargne a fortement augmenté ces dernières années, et le taux d’investissement [acquisition d’actifs] aussi. Pour les particuliers, on constate une demande plus forte de produits bancaires. Cela étant, le taux de bancarisation reste faible. Si à Maurice il est de 80 %, dans tous les pays où nous sommes présents il reste inférieur à 20 %, et seuls 10 % de la population empruntent en banque, soit parce qu’ils n’ont pas les revenus nécessaires, soit parce qu’ils n’ont pas déposé leurs revenus à la banque. L’argent liquide reste encore très important en Afrique. est-ce pour cette raison que des produits comme le crédit immobilier sont encore peu développés sur le continent ?
Le problème du crédit immobilier, c’est qu’il faut avoir des ressources longues pour prêter à long terme. Aujourd’hui, notamment dans l’UEMOA (mais pas nécessairement dans les autres régions), il y a la Caisse régionale de refinancement hypothécaire [CRH], créée à l’initiative de la Banque ouest-africaine de développement [BOAD]: elle nous prête à des conditions intéressantes, ce quinouspermetd’accorderdesprêts immobiliers sur des durées de dix jeune afrique
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monétaires : la Mauritanie, la Guinée, la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale [Cemac] et l’UEMOA. Je ne souhaite pas que nous allions dans une nouvelle zone monétaire, parce que, si nous voulons développer notre groupe bancaire, il faut que nous puissions multiplier les synergies entre nos filiales. Donc, si nous devons nous étendre géographiquement, ce sera dans une zone où nous sommes déjà présents. Nous regardons attentivement les opportunités au Cameroun et au Congo.
© Bruno LEVY pour J.A.
votre groupe est lui-même cité comme une cible potentielle pour des groupes internationaux qui souhaitent se développer en Afrique subsaharienne. Cela vous inquiète-t-il ?
Pas du tout. Que des gens s’intéressent à nous, c’est très bien. Mais il n’y aura pas d’opération hostile, car nous ne sommes pas dans une logique boursière. Tout dépend de l’actionnaire, ECP. S’il veut vendre, il vendra. Ce sera à lui de choisir. Mais aujourd’hui, nous n’envisageons pas de partenariat avec un grand groupe international. Je pense que ce n’est pas dans l’air du temps.
p Pour le financier, il y a clairement une évolution de la demande des clients, mais les taux de bancarisation restent très faibles.
à quinze ans. Mais pas encore sur vingt-cinq ans comme en Occident. Où en êtes-vous dans le redressement des BrS, que vous avez absorbées en septembre 2013 ?
Dans certains pays, ça marche mieuxquedansd’autres.Labanque fonctionne bien par exemple en Côte d’Ivoire, mais aussi sur certains petits marchés comme la Guinée-Bissau. Beaucoup de clients qui n’imaginaient pas un jour travailler avec l’ex-BRS nous ont rejoints. Que ce soit au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, des entreprises importantes nous suivent maintenant, parce que nous avons repris le schéma mis en place après l’acquisition de Financial Bank: une qualité de service irréprochable, des équipes proches des particuliers et des PME pour mieux comprendre leurs besoins et leur apporter des jeune afrique
solutions. Tout cela sans avoir de charges de structure trop élevées. Cependant, dans certains pays, c’est un peu plus compliqué que ce qu’on attendait. Donc, cela prendra un peu plus de temps. Qu’entendez-vous par compliqué? Pouvez-vous être plus précis ?
Ce que je peux vous dire, c’est que des audits ont été réalisés sur la base des comptes à la fin de 2012. Nous avons pris la main en septembre 2013. Pendant les neuf mois où nous n’étions pas présents, disons que certaines des opérations effectuées n’étaient pas optimales de notre point de vue. Oragroup est présent dans douze pays. envisagez-vous de nouvelles implantations ?
Nous sommes aujourd’hui déjà présents dans quatre zones
PPrésent é t dans 12 pays Produit net bancaire
82 milliards de F CFA
imaginons qu’eCP veuille quand même vendre, que lui conseilleriez-vous ?
Je lui dirais qu’on peut rendre la mariée encore plus belle. Je pense d’ailleurs que c’est aussi son avis. Céder sa participation avant que le redressement des ex-BRS soit achevé serait à mon avis une erreur. Mais je ne suis pas l’actionnaire ; quand un fonds d’investissement détient une part de votre capital, vous savez qu’il sortira un jour. Il faut seulement veiller à ce que son départ ne nuise pas au développement de l’entreprise. ● Propos recueillis par StéPhAne BAllOng n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
Dossier Finance sont pas près de repartir, constate Bassem Neifar, analyste financier chez Alpha Mena. C’est l’activité algérienne qui est actuellement la locomotive du groupe, grâce à des actifs exceptionnels. » Mi-avril, MLA a lancé un emprunt obligaLeader dans son pays, la société tunisienne de crédit-bail s’attaque taire d’un montant de 20 millions à l’international. Avec un atout : sa participation majoritaire dans Alios d’euros sur ce marché. Réservé aux institutionnels et proposé à un taux Finance, acteur historique du secteur déjà présent dans neuf pays. de 2,5 %, il a été souscrit à 123 %. our l’heure, la société q Pour le tunisienne ne veut pas Mais c’est au sud du rachat d’Alios, commenter l’opération, Sahara que Tunisie Leasing la société dont le montant reste souhaite poursuivre son tunisienne a été soutenue développement. « Sur les confidentiel. Pionnier local du par son marchés subsahariens, où crédit-bail, Tunisie Leasing a pris fin actionnaire. seulement 2 % des inves2014 le contrôle de 59,34 % d’Alios tissements des PME sont Finance,acteurhistoriquedecesecfinancés par le leasing, teur en Afrique subsaharienne. Déjà Alios Finance est en posidétenteur de 4,6 % de ce géant, elle a été épaulée dans cette opération tion de force, affirme Riadh Nouar. Et grâce à sa bonne par son actionnaire de référence, gouvernance et sa gestion la banque tunisienne Amen Bank, par Proparco, filiale de l’Agence du risque, Tunisie Leasing a française de développement axée tous les atouts pour soutesur le secteur privé, et par le fonds nir sa nouvelle filiale. C’est d’investissement ResponsAbility. un deal gagnant-gagnant ». « D’un côté, Tunisie Leasing Pour Bassem Neifar, est une success-story en Tunisie l’Afrique subsaharienne et chez son voisin via sa filiale représente « un gisement de croissance ». Toutefois, Maghreb Leasing Algérie (MLA). l’analyste d’Alpha Mena De l’autre, Alios Finance est le seul à être présent dans neuf temporise en mettant en avant le risque politique. pays subsahariens (Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon, Burkina Faso, « Dans cette région, il peut y avoir un coup d’État du Sénégal, Mali, Zambie, Kenya et jour au lendemain. » Tanzanie). La complémentarité est évidente », s’enthousiasme Mahdi Mais Riadh Naouar Ben Hamden, directeur des opéraestime que le pionnier tunitions d’Alios Finance et responsable sien du crédit-bail réussira de la zone Afrique francophone. en dépit du manque d’inleasing résout le problème des formations disponibles sur garanties hypothécaires exigées expansion. De nombreux obserles PME subsahariennes. « Tunisie par les banques. Souvent, la seule Leasing a des équipes expérivateurs saluent un rapprochement prometteur. « Tunisie Leasing a mentées et saura mettre en place garantie que peuvent offrir les PME, une politique de refinancement, toujours eu un intérêt pour le c’est leur matériel », confirme Riadh reste de l’Afrique », estime Leila Naouar, spécialiste du leasing au Kammoun, analyste au sein de la sein de la Société financière interLe crédit-bail est plus adapté à société d’intermédiation Tunisie nationale (IFC), filiale de la Banque l’économie informelle africaine Valeurs (détenue à 30 % par Tunisie mondiale. La Tunisie est certes l’un Leasing). « En matière de finandes pays africains les plus avancés que le secteur bancaire. cement, le leasing est plus adapté en la matière. Environ 15 % des à l’économie subsaharienne – où investissements sont financés estime-t-il, d’autant que la société par ce biais. Cependant, ce marpourra s’appuyer sur Amen Bank l’informel est très présent – que les prêts bancaires. Le sud du Sahara ché présente peu de perspectives – elle aussi très intéressée par une de développement pour Tunisie est un marché naturel d’expansion, expansion hors de la Tunisie – pour qui facilitera l’implantation des Leasing, qui s’octroie déjà 20 % du conclure des partenariats avec des groupes tunisiens dans le reste du banques locales. » ● secteur. « La croissance du pays est continent », souligne-t-elle. « Le très faible. Les investissements ne stéphanie Wenger maghreb
Tunisie Leasing veut gagner du crédit au sud du Sahara
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© HiCHem
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jeune afrique
Dossier Finance Marchés
BRVM recherche investisseurs internationaux Lancée dans une politique de présentation de ses activités à l’étranger, la Bourse de l’UEMOA souffre du faible volume d’échanges sur le marché.
«
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our les investisseurs, la liquidité est l’enjeu majeur, et sur la Bourse régionale des valeurs mobilières [BRVM] de l’UEMOA, c’est évidemment un gros problème », estime Martin Gollner. Comme de nombreux autres investisseurs internationaux, le codirigeant de la banque d’investissement First Frontier ne cherche pas à masquer une évidente réalité. Malgré les progrès accomplis ces dernières années, avec des volumes d’échanges quotidiens d’environ 500 000 euros en 2011 à plus de 1 million d’euros en 2014, la BRVM reste encore trop peu animée pour attirer les grands fonds spécialisés sur les marchés émergents. « À la City de Londres, d’autres places africainescommeleNigeriaouleKenya sont très populaires », ajoute David Suratgar, un vétéran de la finance britannique. Là-bas, les échanges sont huit à vingt fois supérieurs à ceux d’Abidjan… Sous la houlette des infatigables Edoh Kossi Amenounve, nommé directeur général en août 2012, et Gabriel Fal, président depuis janvier 2013, la BRVM s’est donc lancée comme la plupart des places boursières dans une politique de présentation aux investisseurs. Un premier rendez-vous a eu lieu à Paris en 2014. Le 29 avril 2015 à Londres, les dirigeants de la BRVM ont réuni une centaine de personnes dans le temple de la finance, le London Stock Exchange, pour tenter de convaincre la City d’investir sur la place ouest-africaine. Ils devraient faire de même bientôt à New York et sans doute n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
© Émilie RÉGNieR pouR J.A.
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dans une place moyen-orientale. La période est favorable: à la recherche de performances, les gestionnaires d’actifs se penchent de plus en plus vers les marchés dits frontières, ces places « exotiques » dont les valeurs cotées connaissent une croissance soutenue et sont peu couvertes par la communauté internationale des analystes. Selon le site internet Morningstar, qui suit l’industrie de la gestion d’actifs, une quinzaine de fonds américains spécialisés se sont lancés depuis 2008, pour atteindre environ 5 milliards de dollars d’actifs sous gestion fin 2014. Et les gestionnaires d’actifs investissant sur les places émergentes en général n’hésitent plus à consacrer une partie de leurs avoirs aux marchés frontières. rencontres. Une aubaine poten-
tielle pour la BRVM, qui accueille déjà depuis longtemps des investisseurs anglo-saxons comme Blakeney ou Franklin Templeton. Ces derniers représentent environ un quart des volumes échangés. Mais seul Sonatel, première capitalisation du marché, capte réellement leur intérêt : la société de télécommunications sénégalaise a d’ailleurs représenté 60 % des échanges en 2013 et plus de 40 %
p Salle des marchés de la BRVM à Abidjan. De plus en plus d’investisseurs se tournent vers les « marchés frontières ».
Le volume des échanges a été multiplié par deux entre 2011 et 2014
en 2014. La BRVM souffre en effet de son absence dans les grands indices boursiers consacrés aux marchés frontières, à la différence du Kenya notamment. « Ceux que nous devons convaincre, ce ne sont pas les très grands fonds, car notre Bourse n’est pas assez liquide pour eux,maislesfondsdetailleintermédiaire, avec des actifs de quelques centaines de millions de dollars », pondère Kadi Fadika-Coulibaly, directrice du courtier ivoirien Hudson et présidente de l’Association professionnelle des sociétés de gestion et d’intermédiation. Au-delà des indispensables rencontres des communautés financières internationales (un exercice délicat: à Londres, les investisseurs britanniques étaient bien peu nombreux dans la salle de conférences), la BRVM doit attirer de nouvelles entreprises à la cote, en espérant de plus grosses opérations que les dernières réalisées (Total Sénégal et BOA Sénégal), peu susceptibles de séduire les investisseurs anglosaxons. Côte d’Ivoire Télécom ou le malien Sotelma, deux opérateurs téléphoniques, sont attendus. Mais à ce jour, aucune date d’introduction n’a encore été fixée. ● Frédéric Maury, envoyé spécial à Londres jeune afrique
COMMUNIQUÉ
Fonds koweitien pour le développement économique arabe
50 ans
Plus de au service du développement et de l’Afrique Première institution de développement établie dans un pays lui-même en développement, le Fonds koweitien pour le développement économique arabe a été créé en 1961. En 1974, ses activités ont été étendues à tous les pays en développement. En
1981, son capital a été porté à 2 milliards de dinars (près de 7 milliards de dollars). Au 30 juin 2014, l’encours des prêts accordés à des projets de développement et d’assistance technique dans 103 pays dans le monde atteignait 17,6 milliards de dollars.
Le Fonds gère également l’aide directe de l’État, pour un total de 4,5 milliards de dollars au 30 juin 2014. Depuis 1962, 48 pays du continent africain ont ainsi bénéficié du soutien financier du Koweït pour leur développement économique.
17,6 milliards de dollars dans 103 pays Répartition géographique
Répartition par secteurs 33,2 %
26,3 %
12,2 %
10 %
7%
4%
4%
3%
0,3 %
Pays arabes 56,4 % Amérique latine et Caraïbes 2,3 % Asie centrale et Europe 5,8 % Afrique de l’Est, centrale et australe 7,2 % Afrique de l’Ouest 9,8 %
Énergie
Transports
Agriculture Eau et Industrie Banques assainissement de dév.
Plus de
10 milliards de dollars dans
48 pays africains
Commu- Autres nications
Afrique du Nord
Afrique de l’Ouest
Algérie, Égypte, Maroc, Mauritanie, Soudan, Tunisie
Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Mali, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Togo
Présent depuis
Présent depuis
Sud-est asiatique et Pacifique 18,5 %
Afrique de l’Est
Afrique australe
Afrique centrale
Burundi, Comores, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Seychelles, Somalie, Tanzanie
Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe
Centrafrique, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RD Congo, Tchad
Présent depuis
Présent depuis
Présent depuis
1962
1976
1975
1977
1976
Nombre total de projets
Nombre total de projets
Nombre total de projets
Nombre total de projets
Nombre total de projets
Montant des prêts et dons
Montant des prêts et dons
Montant des prêts et dons
Montant des prêts et dons
Montant des prêts et dons
(en millions de dollars)
(en millions de dollars)
(en millions de dollars)
(en millions de dollars)
(en millions de dollars)
6 661
1 629
998
580
283
188
185
100
www.kuwait-fund.org
72
31
DIFCOM/FC
(Total des soutiens et dons du Fonds et de l’État koweitien au 30 juin 2014)
Dév. social
Dossier Finance
100
marchés
Au Maroc et en Tunisie, les introductions en Bourse font pschitt À Casablanca comme à Tunis, les titres récemment cotés ne tiennent pas leurs promesses, connaissant presque tous des chutes vertigineuses. À qui la faute ?
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© AlexAndre dupeyron pour j.A.
es jours-ci, la Bourse de casablanca accueille une nouvelle valeur : Total Maroc. La filiale marocaine du pétrolier français a mis sur le marché, entre le 11 et le 15 mai, 15 % de son capital pour un prix ouvert entre 455 et 535 DH (entre 41 et 49 euros) par action. L’opération, qui était recommandée par pratiquement tous les analystes de la place en raison de la solidité financière de la compagnie et de ses bonnes perspectives, n’a pourtant pas fait l’unanimité auprès des petits porteurs. ces derniers, très actifs dans le forum MarocBourse, qui compte une communauté de 3 600 boursicoteurs, grands et petits, avaient décrété trois mois auparavant un boycott de l’opération de Total, mais aussi de toutes celles qui se préparent dans le futur : celle de la société d’investissement de l’exministre du tourisme Adil Douri, qui a été annoncée le 11 mai, mais
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aussi celle de Marsa Maroc, l’opérateur portuaire public. En cause : leur grande déception par rapport aux résultats des dernières introductions (IPO, pour initial public offering) du marché. « À quelques exceptions près [Maroc Telecom, Label Vie ou Jlec], toutes les sociétés intro-
Les boursicoteurs considèrent qu’ils ont été trompés. duites en Bourse ces dix dernières années ont perdu de la valeur », explique le conseiller juridique et financier Karim Yousfi. c’est le cas par exemple des valeurs immobilières, pourtant considérées au moment de leur introduction comme les futures stars de la cote. Introduit à 685 DH, le groupe Alliances d’Alami Lazarak cote actuellement… 113 DH! Idem pour la cGI, bras immobilier de la très puissante caisse de dépôt et
de gestion. Mise sur le marché en 2008 à un prix initial de 952 DH, la valeur s’apprête aujourd’hui à sortir carrément de la Bourse de casablanca, sur la base d’un dernier cours qui ne dépasse pas 725 DH. ces déconvenues ont été vécues aussi par des valeurs moins grosses comme la Snep de Miloud chaâbi, passée de 1 250 DH en 2007 à 134 DH aujourd’hui, ou encore la valeur technologique M2M, qui cote actuellement à 204 DH, contre un prix d’introduction de 1 095 DH en 2007… CASINO. En somme, les bour-
sicoteurs considèrent qu’ils ont été trompés dans toutes ces opérations. Le même sentiment se dégage à Tunis, selon plusieurs petits porteurs interrogés, où la q À Casablanca. place boursière a connu des intro3 600 petits ductions record ces deux dernières porteurs sont années. Des IPO qui ont toutes ou actifs sur presque tourné au cauchemar. le forum Les cas les plus emblématiques MarocBourse. restent à ce jour Syphax Air Line, Tawassol ou encore MIP. Le titre de la première a été introduit en avril 2013 à 10 dinars (4,80 euros), il cote actuellement à 3,90 dinars, soit une perte de plus de 60 %. Il en va de même pour le deuxième, spécialiste des infrastructures de télécommunications, dont la valeur a perdu 40 % entre son IPO de juillet 2014 et aujourd’hui. La situation est encore pire pour MIP, leader de l’affichage urbain en Tunisie. Son action se négocie actuellement à Tunis à 1,30 dinar, contre 4,70 dinars lors de sa première cotation, en mai 2014, soit une contre-performance de plus de 72 %. La faute à qui ? « Aux banquiers d’affaires, qui survalorisent les titres au moment de leur introduction en Bourse ● ● ● jeune afrique
Institutions financières
Toujours un pas d’avance, grâce à une équipe d’excellence Le secteur bancaire africain connait une forte croissance. Vous cherchez à suivre son rythme? Choisissez donc un partenaire en mesure de vous fournir des connaissances profondes sur le continent, les services dont vous avez besoin et la possibilité d’agir à l’échelle mondiale. A la Commerzbank – Institutions financières, nous mettons tout en oeuvre, afin que vous puissiez satisfaire vos besoins d’aujourd’hui et mieux réaliser vos ambitions de demain. Présents en Afrique depuis 60 ans, nous avons pu mettre en place un réseau comprenant plus de 400 institutions financières comme clients à travers le continent, et environ 5 000 dans le monde entier, qui bénéficient d’une grande expertise dans les domaines allant des services de cash à ceux du trade, et de la mobilisation de capitaux à la gestion des risques. Notre engagement sur le marché africain nous permet de vous accompagner dans vos développements. Nous sommes le partenaire de choix des institutions financières en Afrique. www.fi.commerzbank.com fi.africa@commerzbank.com Abidjan
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Addis-Abeba
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Le Caire
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Johannesburg
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Luanda
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Tripoli
Dossier Finance
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pour satisfaire leurs clients, bien sûr, mais aussi pour tirer le maximum de commissions », tonne le Marocain Karim Yousfi. Réponse du berger à la bergère : « Le succès d’une introduction en Bourse ne se mesure pas par l’évolution du cours. Si tel était le cas, l’IPO de Facebook en 2013 serait l’opération financière la plus désastreuse de tous les temps », répond du tac au tac un banquier d’affaires marocain, qui a conduit plusieurs introductions en Bourse ces dix dernières années. Pour lui comme pour la majorité des cols blancs du royaume, une introduction en Bourse sert d’abord à lever de l’argent, à institutionnaliser les tours de table des compagnies, à leur ouvrir de nouvelles fenêtres de financement pour leur développement futur, mais jamais à enrichir les porteurs du titre sur le court terme. « La Bourse n’est pas un casino », tranche notre interlocuteur. Analyste financier chez Alpha Mena, société d’analyse indépendante basée à Tunis et qui suit aussi le marché marocain, Kais Kriaa ne dit pas autre chose : « Quand on veut affirmer si une introduction en Bourse a réussi ou pas, il faut regarder sur le long ●●●
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p Devant la Bourse de Casablanca. « Un acheteur doit être un connaisseur », estime un conseiller.
terme. Les comportements des titres sur le court terme ne reflètent généralement pas la réalité d’une entreprise », explique-t-il. C’est d’autant plus vrai sur la place tunisienne, où les indices évoluent depuis quelques années au gré de la vie politique et sont ainsi complètement détachés de la réalité et des fondamentaux des sociétés cotées. conflit d’intérêts. « Un ban-
quier d’affaires fait simplement son métier. Quand il introduit une société en Bourse, il doit tirer la valeur vers le haut. Après, si le titre baisse, ce n’est pas réellement sa faute. C’est le marché qui ajuste la valeur du titre », assure Kais Kriaa. Pour lui, si quelqu’un doit porter le chapeau de ces échecs, c’est les boursicoteurs eux-mêmes. « À Tunis, la demande est portée essentiellement par les particuliers. Mais souvent la majorité d’entre eux ne sait pas ce qu’elle achète. Pour Syphax Air Lines, nous l’avons dit à maintes reprises. La compagnie a vendu du vent au marché et les gens ont pourtant suivi », insiste-t-il. C’est là qu’intervient la responsabilité d’un autre acteur du marché, et pas des moindres :
l’analyste financier. Censés alerter leurs clients sur la cherté des valeurs introduites et la sincérité de leur business plan, les analystes financiers, aussi bien à Casablanca qu’à Tunis, sont une quasi-majorité à se contenter de relayer les éléments de langage des sociétés qui émettent les titres. Normal, quand on sait que l’essentiel des entités d’intermédiation boursière dépend directement des banques. Une situation de conflit d’intérêts qui empêche les analystes de dire ce qu’ils pensent réellement. « Les situations de conflit d’intérêts sont très courantes, même dans les places les plus matures. Mais – j’insiste – un acheteur doit en principe être un connaisseur et ne doit pas se laisser séduire par les discours des banquiers et des analystes », explique Kais Kriaa. Pour le conseiller juridique et financier Karim Yousfi, les choses sont encore plus graves : « Non seulement nos analystes ne sont pas indépendants, mais ils sont souvent incompétents. Nous avons besoin sur nos marchés de vrais analystes, tonne-t-il, pas de chemises roses qui sortent directement des grandes écoles sans aucune expérience du terrain ! » ● Mehdi Michbal, à Casablanca jeune afrique
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Dossier Finance t Le producteur de fleurs Afri Flora a été racheté en 2014 par le fonds américain KKR.
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Capital-investissement
L’Afrique plus que jamais dans le viseur
optimisme. Marleen Groen,
Gestionnaires de fortune, fonds de pension ou fonds souverains se tournent vers le continent, où la croissance atteint 5 % par an. Les risques n’ont pas disparu, mais la rentabilité est souvent au rendez-vous.
A
u Mozambique ou au Kenya, on voit apparaître des chaînes comme les cafés Starbucks ou leurs concurrents. « Ces établissements sont presque tout de suite rentables », indique Andrew Brown, responsable des investissements de la société Emerging Capital Partners (ECP), pour expliquer pourquoi le montant des acquisitions des capitalinvestisseurs en Afrique a atteint en 2014 son plus haut point depuis sept ans : 8,1 milliards de dollars (7,19 milliards d’euros), très près du record de 8,3 milliards de dollars réalisé en 2007. Un résultat lié à l’arrivée sur le continent de grandes sociétés de capital-investissement, comme KKR et Permira. La croissance de sa population et le regain de stabilité politique ont stimulé l’intérêt pour le continent, en même temps que les fonds de pension africains et les fonds souverains le privilégiaient eux aussi davantage. « La communauté des investisseursacomprisquel’Afrique enregistrait depuis une décennie une croissance annuelle de 5 % et plus, explique Andrew Brown. n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
Un grand nombre de gestionnaires de fortune et de fonds souverains cherchent très sérieusement où réaliser leurs premiers investissements en Afrique. » Il reste certes déconseillé aux timides d’investir sur le continent; 2014 a connu plusieurs situations inattendues, comme la chute du prix du pétrole (– 40 % depuis septembre), et la valse des devises, tel le décrochage de 21 % du naira nigérian sur cette même période. Nick Tims, directeur général de la société sud-africaine Investec, rappelle que l’Afrique compte 54 pays, soit 54 niveaux de risques. Il faut se préparer aux situations les moins prévisibles. « Un conflit ou une crise peuvent faire capoter un investissement. Les gens ont cessé de voyager [enSierraLeoneetauLiberia,àcause du virus Ebola], et les entreprises ont rapatrié tous leurs expatriés », souligne M. Tims, qui évoque la montée de groupes extrémistes tels que Boko Haram, les incertitudes liées aux échéances électorales ou les risques de corruption. Cependant, pour Andrew Brown, « l’Afrique reste pénalisée par une forte appréhension du risque, mais
celui-ci n’est pas si grand. Beaucoup de secteurs continuent de fonctionner quelle que soit la situation politique ». Et de citer une compagnie de télécoms qui est restée bénéficiaire en Côte d’Ivoire durant la crise postélectorale de 2010-2011 ouunautreopérateurquiaprospéré au Liberia malgré la crise Ebola tout en ayant offert de nombreux appels à ses clients. « Cela ne veut pas dire que le risque politique n’existe plus. Mais l’idée que tout s’arrête parce qu’il y a une crise n’est pas vraie. Et une entreprise frappée par une crise peut rebondir. »
8,1
milliards de dollars C’est le montant des acquisitions des capitalinvestisseurs en Afrique en 2014
conseillère chez le capitalinvestisseur britannique StepStone, partage ce même optimisme à propos de l’Afrique, dans les secteurs de la finance, de l’énergie et des infrastructures, mais aussi du tourisme et de l’hôtellerie. Elle prend pour exemple le groupe African Wildlife Foundation, qui a investi 1 million de dollars dans une ferme en Tanzanie en 2012 : « Aujourd’hui la ferme est en plein essor, et ses produits se trouvent dans les supermarchés britanniques », explique-t-elle. Les capital-investisseurs, critiqués en Occident pour les restructurations agressives qu’ils imposent aux entreprises, ne sont pas perçus en Afrique comme des barbares, selon M. Tim. « Notre modèle consiste à prendre des parts minoritairesdansdesentreprisesen croissance, avec une représentation au conseil d’administration. C’est uneapprochemoinsbrutalequ’une restructuration à marche forcée imposant de forts taux d’endettement. De fait, les portes s’ouvrent plus en Afrique qu’ailleurs. » Andrew Brown confirme: « Nous pouvons prendre le contrôle d’opérations sensibles, comme dans une banqueouuneentreprisedegestion de l’eau. Parce que nous sommes perçus positivement. » ● madison marriage © Financial Times et Jeune Afrique 2015. Tous droits réservés. jeune afrique
Dossier Finance ConjonCture
Pourquoi les banques nigérianes peuvent surmonter la baisse du pétrole La part de l’industrie des hydrocarbures dans l’ensemble des prêts des plus grands établissements a doublé depuis la chute des cours du baril de 2008. Mais le secteur est mieux armé pour affronter la crise.
À
Lagos, la chute du cours de l’or noir, tombé de 114 dollars le baril en juin 2014 à 48 dollars en janvier 2015 (de 101,70 à 42,80 euros), a réveillé le spectre de la terrible année 2009. À l’époque, le recul du prix du pétrole – passé de 146 dollars à 36 dollars entre juillet et décembre 2008 – avait considérablementréduitlesrecettes publiques et entraîné deux dévaluations du naira. La Bourse de Lagos avait perdu 70 % de sa valeur, et la part des créances en souffrance du secteur bancaire était passée de 6 % à 28 %, selon les estimations du Fonds monétaire international. Pour stabiliser le secteur bancaire, la Banque centrale du Nigeria avait dû injecter 620 milliards de nairas (2,7milliardsd’euros)deliquiditéset forcer un changement de direction au sein de huit banques, rappelle Lamido Sanussi, son gouverneur d’alors. Si le recul du cours du pétrole depuis juin 2014 est moins sévère que celui de 2008, le contexte est plus délicat : la part de l’industrie des hydrocarbures dans le portefeuille de prêts des dix premières banques nigérianes a doublé en six ans, passant de 11 % à 24 % mi-2014, révèle Dolapo Oni, spécialiste de l’énergie au sein d’Ecobank. Ce secteur représente aujourd’hui 40 % du portefeuille de prêts de First Bank, la premièrebanquedupaysenmatière d’actifs. « Cette fois, les choses sont différentes », affirme Adesoji Solanke, en référence à la crise de 2009 entraînée par la chute des cours. Dans une note transmise à Jeune Afrique, ce spécialiste du secteur bancaire subsaharien de la banque d’affaires Renaissance Capital rappelle que n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
Exposition des banques au secteur des hydrocarbures (%) First Bank Zenith
En amont En aval
UBA
Part du portefeuille de prêts accordée au secteur des hydrocarbures
GTBank Access Bank Diamond Bank Ecobank Nigeria Skye Bank Fidelity Bank FCMB Moyenne 0
10
20
« les principaux portefeuilles ayant enregistré une hausse des créances douteusesdusecteurbancairenigérian en 2009 » (le secteur aval du pétrole et du gaz, les PME, les prêts commerciauxet lesprêts sur marge) sont « proportionnellement moins importants aujourd’hui ». INdIgéNIsatIoN. De fait, la croissancedesprêtsausecteurdeshydrocarbures est le fruit d’une stratégie délibérée, construite en accord avec la politique d’indigénisation de l’industrie pétrolière et gazière poursuivie par le gouvernement fédéral. Les banques nigérianes ont ainsi apporté plus de 2,5 milliards de dollars aux entreprises du pays pour l’acquisition des actifs (essentiellement des champs pétroliers onshore)cédéspardes géantsmondiauxtelsqueShelletTotal,selonles estimations de Nnamdi Okonkwo, directeur général de Fidelity Bank. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a
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SOURCES : DONNÉES FOURNIES PAR LES BANQUES, ECOBANK RESEARCH
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aucune raison de s’inquiéter. Loin de là! Selon la Banque centrale du Nigeria,entrejuinetdécembre2014, la part de l’industrie des hydrocarbures parmi les créances en souffrance du secteur bancaire a grimpé de170pointsdebase,pouratteindre 25,70 %. Entre mi-décembre 2014 et début mai 2015, le prix du baril de pétrole est resté en dessous de 60 dollars, le niveau minimum pour que les entreprises du secteur pétrolier et gazier nigérian puissent maintenir leurs liquidités et assurer le service de leur dette, souligne Dolapo Oni. Pour autant, l’analyste d’Ecobank ne s’attend pas, lui non plus, à une réédition de la débandade de 2009. «Certainsprêtsserontcertesrestructurés et les paiements rééchelonnés pour tenir compte de l’évolution des revenus des entreprises pétrolières. Maisaujourd’huilesecteurbancaire est mieux capitalisé, et les banques connaissent mieux l’industrie des hydrocarbures », souligne-t-il. De fait, la part des créances douteuses de l’industrie bancaire nigériane a baissé durant le second semestre de 2014, passant de 3,5 % à 2,88 %. Fin 2014, l’agence de notation FitchRatingss’inquiétaitdel’impact de la dévaluation du naira et du durcissement de la politique monétaire du Nigeria sur la hausse des crédits
Plus de 2,5 milliards de dollars ont été apportés pour l’acquisition des actifs cédés par shell et total. octroyés par le secteur bancaire; fin avril, elle notait au contraire la surprenante résistance du secteur nonpétrolier, de l’industrie des services et de la consommation privée, qui soutiennent la demande de prêts. Et, selon Renaissance Capital, les crédits accordés par les banques nigérianes devraient croître de 10 % à 15 % cette année. ● Joël assoko jeune afrique
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le continent africain, des jeunes à haut potentiel pour en faire des talents dans l’exercice des métiers du management. C’est un Séminaire 1 : Les en gestion desfondé attractif pour les meilleurs bacheliers programme sélectif et fondamentaux risques sur le principe de l’excellence : il s’agit de sélectionner les meilleurs de les former aux meilleures pratiques du management > Management des risques selon l’ISO 31000 par> les meilleurs enseignants des et de les insérer dans les meilleurs Mesure et cartographie risques créneaux du marché du travail.
Séminaire 2 : Gestion des risques financiers et Les caractéristiques opérationnels
Le programme CESAG Grande École offre un Bachelor of Business Administration (BBA) en 3 ans, suivi d’un Master Interna> Gestion des risques de crédit > Gestion desinrisques de marché tional of Science Management (MISM) en 2 ans. Il est bâti autour > enseignement Gestion des risques opérationnels d’un de qualité avec un large recours aux Technologies de l‘Information et de la Communication (TIC) et aux langues À la fin des séminaires, les participants auront à passer avec étrangères. Il est conçu en lien avec le milieu professionnel et est succès un examen avant d’obtenir le certificat. ouvert à l’international grâce à des partenariats académiques avec des établissements deLe renom. Animateurs : Jean Ray & Pierre Saint-Laurent Les conditions d’admission
LE SENIOR RISKde MANAGER La CERTIFICAT formation ouverte aux jeunes moins de 20(10 ans Jours) titulaires
bac ce scientifique « mention Bienà» former au moins, Àd’un travers certificat,obtenu RMC avec et lelaCESAG visent un avec une moyenne annuelle 14/20efficacement en classes de bassin de cadres capables dede diriger les seconde, activités première terminale. doit organisations. pas dater de plus de 2 ans. de gestionetde risques Le aubac seinnedes Il s’adresse L’admission définitive se fait après la réussite à un de niveau. motivaparticulièrement aux cadres et professionnels detest haut tion en Français et/ou enen Anglais. Ceux-ci seront formés matière de gestion stratégique des risques, de direction des entités en charge des risques et de Les débouchés gestion intégrée des risques.
L’intensité pédagogique permet de développer chez les étudiants une
Séminaire 1 : Stratégie et des direction risques et un très forte puissance de travail, capacitésdes d’organisation excellent niveau de formation et de culture générale.
> Gouvernance des risques
CESAG Grandestratégique École ouvre des ainsirisques de larges perspectives sur le marché > Gestion du travail et etdepratiques la recherche. > Défis de la Auréolés direction de dessolides risquescompétences en management, les diplômés pourront accéder à des postes de Managers Séminaire : des Management intégré des nationales risques et de haut niveau 2 dans entreprises et autres organisations d’entreprise internationales. Ils peuvent également intégrer l’École doctorale du CESAG pour faire le PhD.
> Compréhension des principaux risques d’entreprise > Déploiement d’un management intégré des risques
À la fin des séminaires, les participants auront à passer avec succès un examen avant d’obtenir le certificat. Animateurs : Jean Le Ray & Ernest Bastien Pour toutes informations complémentaires, veuillez contacter Moussa YAZI Tél. Bureau : +221 33 839 73 60, poste 250, Cel : +221 77 648 25 86 Email : moussa.yazi@cesag.edu.sn Fatou DIOP LE CESAG, L’ÉMERGENCE AU33 SERVICE L’AFRIQUE Tél. Bureau : +221 33 839 74DE06TALENTS ou +221 839 73DE 60, poste 208 Boulevard du Général De,Gaulle, Dakar - SÉNÉGAL Email : f.diop@cesag.sn ` Fax : +221 33 821 32 : (221) 33 839 73 60, -www.RMCertification.com Fax : (221) 33 821 32 15 Sites WebTél. : www.cesag.sn www.cesag.sn - Email : courrier@cesag.sn
Le CESAG, l’émergence de talents au service de l’Afrique
LE CERTIFICAT FRAUD MANAGER (10 Jours) II. LE DÉVELOPPEMENT DE LA RECHERCHE : POUR PROPOSER Ce certificat s’adresse aux professionnels en charge de la gestion DES SOLUTIONS AUX PROBLÈMES MANAGÉRIAUX DES ORGANI de la fraude. Il vise à donner un profil professionnel plus complet SATIONS AFRICAINES ET ETRANGÈRES suivant les standards de compétences en matière de gestion de la fraude. Il mettra un accent particulier sur la prévention, la détection ans le cadre de son plan stratégique de 2013-2017 dont l’ambition est et le traitement des fraudes financières et opérationnelles. de hisser l’Institution régionale vers une Business School tout en Les candidats devront participer à deux séminaires successifs préservant son leadership en Afrique dans le domaine du management, animés par un intervenant de haut niveau.
D
le CESAG a mis en place une Direction en charge de la recherche.
L’objectif principal est d’une part un environnement favorable au Séminaire 1 : Gestion de de lacréer fraude
développement et à la diffusion de la recherche appliquée particulièrement en Sciences de contre Gestion,la et d’autre part de contribuer à la > Politique de lutte fraude performance des administrations publiques et privées. recherche est > Programmes de conformité et de gestion duLa risque de fraude développée autour de trois d’activités : le cycle conférences, > Aspects légaux de groupes la fraude et relation avecdeles différents le programme de renforcement des capacités des chercheurs et l’Execuintervenants tive>Doctorate in Business Administration (EDBA). Dénouement des fraudes Le cycle des2conférences Séminaire : Détection et prévention de la fraude Le cycle de conférences a été lancé en mars 2014 en collaboration avec > Méthodes et outils de détection deComptabilité la fraudeet: Stratégie indices, le Laboratoire Finance, Organisation, Contrôle, enquêtes, (FOCCS),preuves de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est organisé > Techniques prévention et de dissuasion lathématique fraude chaque mercredi aude CESAG une conférence portant surde une > Criminalité financière fraudes liées aux donnée. L’objectif est d’offrir à et tous les chercheurs unetransactions tribune leur financières permettant de présenter leurs travaux de recherche et d’en discuter les > Fraudes auxaverti. opérations Les thématiques couvrent les domaines résultats devantliées un public des Sciences Economiques, de Gestion et de Droit des Affaires.
À la fin des séminaires, les participants auront à passer avec succès un examen avant d’obtenir lecapacités certificat.des chercheurs Le programme de renforcement des
Il vise essentiellement à contribuer à l’amélioration de l’expertise des Animateur Messaoud Abda de la sous-région dans le domaine des chercheurs: et des doctorants Jean Le Ray Sciences Economiques, de Gestion et de Droit des Affaires. Il est décliné sous 3 axes,(France) à savoir : le développement des compétences du jeune chercheur, la formation et le perfectionnement des chercheurs en milieu de carrière, le développement de la recherche en économie expérimenM.tale. Le Ray un expert international enàmatière intégré des Lesest activités d’appui proposées travers de desmanagement ateliers thématiques organisations (management des risques, système de management QSE, portent aussi bien sur la maitrise des techniques de communication orale système d’information et alignement stratégique). que sur le développement de compétences méthodologiques et analytiques. Le programme comporte également un volet portant sur Pierre Saint-Laurent, FRM, CAIA, CFE, CFA l’allocation de bourses de séjour doctoral et de subventions de (Canada) recherche, financé par le Global Development Network (GDN) (www.gdn.int), au profit des enseignants-chercheurs, des chercheurs M.doctorants Saint-Laurent a une longue de haut dirigeant et d’expert CESAG. en ou des étudiants enexpérience Master de Recherche affiliés au gestion des risques. Il est Président de Risk Management Certification. De L’Executive Administration plus, il est le Doctorate Président in deBusiness la Chartered Alternative(EDBA) Investment Analyst Association En janvier(CAIA) 2015,au le Canada. CESAG, en partenariat avec Business Science Institute (BSI),Ernest a procédé au lancement de(Canada) la 2ème promotion du EDBA. La Bastien, Ph.D. mise en place de ce programme doctoral complète le processus d’adhésion du CESAG au système Licence-Master-Doctorat (LMD), et marque la concrétisation d’un point clé de son plan stratégique. L’Executive DBA M. s’adresse Bastien a àété desune risques la Caisse de desVice-président professionnelsprincipal,Gestion ayant déjà cumulé solideàexpérience dépôt placement Québec et vice-président Marché obligataire danset un domainedudes Sciences de Gestion,associé, et désirant pousser la nord-américain. détient un doctorat en économétrie. réflexion sur Ilune thématique en relation avec leur champ d’activité. est sanctionné par deux diplômes: le diplôme du L’Executive DBA Messaoud Abda,MBA,CFE, CPA, CICA CESAG et celui de BSI.
M. Messaoud Abda est un expert canadien reconnu dans le domaine de la prévention de la fraude. Il est Président de Sigma D3 Gestion, une firme spécialisée en gouvernance, conformité et gestion de la fraude.
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Dossier Finance
obligations
L’Afrique convertie au sukuk L’Afrique du Sud et le Sénégal ont émis leur première obligation islamique. La Côte d’Ivoire, le Niger et le Nigeria pourraient les suivre. Mais l’opération reste complexe.
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engouement pour les sukuks s’intensifie au sud du Sahara. Moins d’un an après la levée par le Sénégal de 100 milliards de F CFA (152 millions d’euros) et par l’Afrique du Sud de 500 millions de dollars (390 millions d’euros) de ces obligations compatibles avec les règles de la charia, le Niger et la Côte d’Ivoire ont signé des accords avec la Société islamique pour le développement du secteur privé (ICD) pour l’émission de respectivement 150 et 300 milliards de F CFA de sukuks d’ici à 2020. Et selon Khaled Al-Aboodi, président de l’ICD, le géant nigérian devrait suivre le mouvement. la Tunisie, elle, a déjà autorisé l’émission de 525 millions de dinars (environ 240 millions d’euros) de sukuks avant la fin de l’année. les raisons d’un tel intérêt sont nombreuses. l’émission de sukuks, en monnaie étrangère notamment, « permet aux États de diversifier leurs sources de financement et d’attirer des détenteurs d’actifs qui n’investiraient pas dans les obligations classiques, notamment ceux du Moyen-Orient et des États asiatiques », relève Mohamed Damak, chef de la division finance n o 2836 • du 17 au 23 mai 2015
islamique de l’agence de notation Standard & Poor’s. En effet, lors de la levée sud-africaine, environ 59 % des investisseurs venaient de cette région, contre 25 % d’Européens et 8 % d’Américains. référence. l’émission de sukuks
peut aussi permettre le développement de la finance islamique en créant « un point de référence pour les autres émetteurs locaux, qu’il s’agisse de sociétés ou de collectivités territoriales », poursuit l’analyste. Et pour Qudeer latif, associé et responsable mondial de la pratique finance islamique au sein du cabinet Clifford Chance, qui a conseillé le Sénégal et l’Afrique du Sud, « il existe un lien étroit entre le développement du marché des sukuks et celui de la finance islamique ». Si elles représentent aujourd’hui à peine 1 % du marché des eurobonds, les émissions de sukuks ont connu une croissance exceptionnelle, de moins de 20 milliards de dollars d’émissions en 2005 à 116,4 milliards en 2014. Mais de la déclaration d’intention à la réalisation de l’emprunt, il y a un pas. l’Afrique du Sud a mis trois ans à identifier l’actif auquel l’obligation
émise en 2014 est adossée. Son identité n’a toujours pas été révélée. Quant au projet de développement lié au sukuk lancé par Dakar en juillet 2014, il n’est toujours pas connu. Et si la Corée du Sud, l’Égypte, le Mexique, le Kazakhstan, le Kenya, les Philippines et la Thaïlande ont annoncé l’émission de sukuks, ces projets sont restés lettre morte. Cette situation s’explique notamment par la complexité des sukuks : des règles doivent être introduites pour assurer la transférabilité et éviter la double taxation (à l’achat et à la vente) des actifs sous-jacents. Et, parce que leur rendement est calculé en fonction de celui des actifs sousjacents, les risques encourus par les investisseurs diffèrent de ceux liés aux obligations classiques, ce qui demande parfois de mettre en place des mécanismes contractuels pour couvrir notamment leur destruction. Alors que le contrat d’émission d’un eurobond compte quelques dizaines de pages, « un sukuk contient souvent jusqu’à 300 pages de documents », explique Mohamed Damak. Sans surprise, le coupon (c’est-à-dire le taux d’intérêt) d’un sukuk est généralement plus élevé (de 20 à 40 points de pourcentage en moyenne) que celui d’obligations « classiques ». Interrogé par Reuters en mars, Khaled Al-Aboodi estimait que, dans le cas des États africains, seuls
on a émis pour 116,4 milliards de dollars d’obligations compatibles avec la charia en 2014. les sukuks d’un montant supérieur à 200 millions de dollars étaient économiquement viables. Mais pour Mustapha Mourahib, responsable de Clifford Chance en Afrique du Nord et de l’Ouest, il s’agit moins du degré de sophistication financière du pays que de la réglementation en vigueur. « le Maroc est un marché financier très développé, pourtant le royaume n’a pas encore émis de sukuk. C’est avant tout une décision souveraine. » ● Joël Assoko jeune afrique
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