Ja 2856 du 4 au 101015 plus ile maurice

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dossier aérien l’afrique à tire-d’aile

Hebdomadaire international indépendant • 55e année • n° 2856 • du 4 au 10 octobre 2015

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Spécial Maurice

• La nouvelle jeunesse du vieux SAJ • à quand la relève ? • Interviews : Paul Bérenger, Vishnu Lutchmeenaraidoo • Économie : en quête d’un second souffle • Ces entreprises à la conquête du continent

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LE pLUs

de Jeune Afrique

Politique La nouvelle jeunesse du vieux SAJ

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interview Paul Bérenger, leader de l’opposition Économie Session de rattrapage entrePrises Petit dragon sort du lagon

MAURICE

jeune afrique

Yann aRTHUS-BERTRanD/HEmiS.fR

En quête d’un second souffle n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015


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Le Plus de Jeune Afrique

LE pLUs

de Jeune Afrique

Prélude

Marwane Ben Yahmed

MAURICE

En quête d’un second souffle

Top modèle?

Q

uel étrange pays africain (si, si) que cette île d’environ 2 000 km2, peuplée d’un peu moins de 1,3 million d’habitants… Lorsque Maurice a accédé à l’indépendance, en mars 1968, rares étaient ceux qui auraient misé une roupie sur l’avenir de ce confetti volcanique, multiethnique et plurireligieux (officiellement, quatre communautés principales, mais aussi une multitude de sous-groupes), voué à la seule culture de la canne à sucre. Et pourtant, que de chemin parcouru depuis !

s’ériger en hub incontournable entre ce dernier et l’Asie. Tout n’est pas pour autant idyllique, et ce modèle donne aujourd’hui quelques signes d’essoufflement. Le plus flagrant est celui qui émane de sa classe politique. L’éternel jeu de chaises musicales, tous les cinq ans ou presque, entre les trois partis qui se partagent le pouvoir depuis la nuit des temps, conjugué à la culture dynastique de ses principaux acteurs (Ramgoolam, Jugnauth, Duval, Boolell, Ohsan, Mohamed…) freine le renouvellement des élites politiques – hindoues pour la plupart, ce qui pose un autre problème – et n’est pas franchement une incitation à la méritocratie. Sur le plan économique, évidemment, l’élan n’est plus le même depuis la crise économique mondiale. L’investissement intérieur et extérieur marque le pas, et le taux de chômage – qui touche près d’un jeune sur quatre – augmente. Sur le plan social, enfin, la cohésion nationale demeure largement perfectible.

Maurice est un pays sans équivalent en Afrique. Ici, pas de coup d’État ni d’instabilité, mais une vraie démocratie, installée depuis longtemps et peu susceptible d’être remise en question. Un État fort, qui s’occupe de tout, ou presque, et garantit à ses citoyens santé, école et transports gratuits, caisse de retraite et allocations pour les plus démunis ou les handicapés. Un pays qui a également connu un essor économique fulgurant et qui truste tous les ans les premières places africaines des classements internationaux (Banque mondiale, FMI, Fondation Mo Ibrahim, Pnud, etc.) en matière d’enviParmi les défis à venir, la recherche ronnement des affaires, de d’une véritable cohésion nationale bonne gouvernance ou de et le renouvellement des élites. développement humain. Rien qu’au cours de cette dernière décennie, son PIB par habitant Car les communautés – hindous, musula plus que doublé. Et les gouvernements mans, Chinois, Blancs et créoles – cohaqui se sont succédé depuis plus de quarante bitent toujours plus qu’elles ne se mêlent, et les tensions restent latentes. Même si les ans ont toujours su, vaille que vaille, adapter l’économie nationale au contexte mondial conflits communautaires de 1995 ou de en la diversifiant continuellement tout en 1999 semblent un lointain souvenir, le pays consolidant ses différents piliers, du sucre n’est pas pour autant immunisé contre une aux services financiers en passant par le nouvelle éruption de violence. Laquelle, tourisme ou le textile. dans son expression ordinaire (crimes, délits…) a déjà tendance à se répandre, Depuis 1968, le taux de croissance comme les drogues d’ailleurs, ce qui est moyen se situe légèrement au-delà des 5 %. tout de même le signe d’un malaise. Les Bref, l’histoire de celle qui s’appelait jadis défis, on l’a vu, sont nombreux et difficiles à relever. C’est le lot des modèles qui, pour Isle de France est une success-story, un modèle sans doute pour le continent, dont le demeurer, doivent perpétuellement se elle entend d’ailleurs se rapprocher pour réinventer. ● n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

jeune afriQue

maurice La nouvelle jeunesse du vieux SaJ p. 66 préSidence La vie de château d’ameenah Gurib-Fakim p. 68 poLitique papa m’a dit

p. 70

interview paul Bérenger, chef du mouvement militant mauricien (mmm) p. 72

territoireS Home, sweet home

p. 76

économie Session de rattrapage p. 80 conFidenceS de… vishnu Lutchmeenaraidoo p. 82 StratéGie petit dragon sort du lagon

p. 84

touriSme destination vanille

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médiaS en avant La Sentinelle ! p. 88


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Le Plus de Jeune afrique

Maurice

La nouvelle

jeunesse du vieux saJ

À 85 ans, sir Anerood Jugnauth a fait il y a dix mois un retour surprise à la tête du gouvernement. Mais après avoir damé le pion à ses adversaires, le voilà déjà confronté à des difficultés : l’économie n’est pas fringante, et son fils est impliqué dans une affaire de conflit d’intérêts.

oLivier casLin,

r

« La surprise a été totale. Elle l’est encore neuf moisplustard»,constateundiplomateétranger.Elle l’est pour Ramgoolam qui, à 68 ans, après quatorze années au pouvoir, paie ses excès autocratiques, dépossédé d’un poste qu’il se voyait détenir à vie. Elle l’est pour Jugnauth lui-même, qui est sorti de son Réduit pour mettre sur orbite son fils Pravind. Il n’aura pas la tâche facile : son dauphin putatif, qui n’a pas hérité de son caractère bien trempé, peine à s’imposer.

envoyé spécial à Port-Louis

az de marée pour les uns, déroute pour les autres, le résultat des élections générales de décembre 2014 a littéralement sidéré les Mauriciens. Peu d’entre eux avaient en effet prévu que le scrutin tournerait en faveur de sir Anerood Jugnauth, alias SAJ. À 85 ans, le vieux gladiateur fait un retour dans l’arène politique aussi tonitruant que surprenant, douze ans après avoir quitté Clarisse House, la résidence des Premiers ministres, pour le Réduit, celle des présidents de la République. En remportant 47 sièges sur 60 au Parlement, le chef du Mouvement socialiste mauricien (MSM) et leader de l’alliance Lepep (« le peuple ») a infligé une défaite cuisante à la coalition gouvernementale emmenée par le Premier ministre sortant, Navinchandra Ramgoolam, patron tout-puissant du Parti travailliste (PTr), et son allié de circonstance, Paul Bérenger (lire pp. 72-73). Dans la bataille, Ramgoolam a perdu la primature et son siège au Parlement. Bérenger conserve le sien de justesse, mais son Mouvement militant mauricien (MMM) sort laminé des élections. n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

écarts de conduite. Aussi populaire que popu-

Le tandem ramgoolamBérenger proposait des réformes qui effarouchaient les électeurs. saJ en a profité.

liste, SAJ a su profiter du mécontentement des électeurs, dû à la fois au ralentissement économique et à la méfiance que suscitent les propositions de réformes institutionnelles du tandem RamgoolamBérenger. « En promettant de rééquilibrer les pouvoirs entre le chef de l’État et le gouvernement, l’ancien Premier ministre s’est attiré les foudres de la majorité hindoue, dont les principaux leaders religieux ont craint une remise en question du compromis historique qui, depuis l’indépendance, garantit à leur communauté de tenir les leviers politiques du pays », explique un observateur. Également lassés par les nombreux écarts de conduite de Ramgoolam, ces derniers, emmenés jeune afrique


Nicholas larché/aFP

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par Somduth Dulthumun, le très influent président de la Sanatan Dharma Temples Federation (SDTF), auraient littéralement « exécuté Navin », assure l’un de ses proches. appétits. Après avoir fait le plein des voix dans l’« Hindi Belt » du nord du pays, sir Anerood Jugnauth dispose de la légitimité nécessaire pour « mettre le bulldozer en marche », selon l’expression de Dev Beekharry, son principal conseiller. Un rien revanchard, le nouveau Premier ministre s’est en effet lancé, dès sa prise de fonctions, dans une vaste opération de nettoyage, avec la même brutalité que lors de ses mandats précédents (de 1982 à 1995, puis de 2000 à 2003). Sa première victime n’est autre que son prédécesseur, incarcéré aux Casernes centrales (siège de la police) début février, après la découverte de 220 millions de roupies (plus de 5,3 millions d’euros) lors d’une perquisition musclée à son domicile. Rapidement relâché, Ramgoolam encourt toujours une peine de dix ans de prison pour entrave à la justice et blanchiment d’argent. Deux mois plus tard, le gouvernement a dû faire face au scandale financier de la British American Insurance (BAI), dont les pertes colossales, estimées jeune afrique

p Les sympathisants de l’alliance Lepep célèbrent leur victoire aux législatives, à Rivière du Rempart, le 11 décembre 2014.

à plusieurs dizaines de milliards de roupies, risquaient de faire plonger la place financière et de miner l’économie nationale. Jugé très sensible, ce dossier a mobilisé l’énergie des équipes du ministère des Finances, qui n’a donc pas vraiment eu le temps d’élaborer sérieusement le plan de relance que le Premier ministre avait pourtant annoncé comme une priorité. Entre-temps, SAJ a vu à son tour sa crédibilité de chevalier blanc ternie lorsque Pravind, son fils, a été rattrapé par la justice dans une affaire de conflit d’intérêts (lire p. 70) et contraint de démissionner fin juin de son poste de ministre de l’Innovation et de la Technologie. La confirmation du verdict par la Cour suprême, devant laquelle il sera entendu en appel en janvier, ne l’empêcherait pas forcément de succéder à son père, mais elle aiguiserait à coup sûr les appétits auseind’unemajorité gouvernementale qui marche déjà en ordre dispersé lorsque le chef n’est pas là. D’autant que l’âge d’Anerood Jugnauth alimente les pires rumeurs sur son état de santé. « Toutes ces incertitudes autour de l’avenir du père comme de celui du fils sont désastreuses pour l’image du pays », s’alarme un homme d’affaires qui, comme la plupart de ses compatriotes, attend de voir le gouvernement entrer enfin en action. ● n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015


Le Plus de J.A. Maurice

© NIChOLAS LARChé/AFP

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p Cérémonie d’investiture, à Port-Louis, le 5 juin. Présidence

la vie de château d’Ameenah gurib-Fakim Visite au Réduit, la résidence des chefs d’État mauriciens, où la célèbre scientifique a pris ses quartiers début juin.

É

lue présidente de la République à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 4 juin, Ameenah Gurib-Fakim, chimiste et botaniste de réputation mondiale, a quitté les paillasses carrelées du laboratoire du Centre de phytothérapie et de recherche (Cephyr) qu’elle dirigeait pour les boiseries d’acajou du château du Réduit, résidence officielle des chefs d’État mauriciens depuis la proclamation de la République, en 1992. « Je ne peux plus faire un pas sans avoir quelqu’un derrière moi », sourit la nouvelle présidente. Sur le Réduit, il flotte comme un petit parfum d’empire des Indes, du stick en corne noire que maintient fermement sous son aisselle l’officier de service aux biscuits au gingembre sagement alignés sur une assiette en faïence d’Allemagne, pendant que, dans les tasses, fume le thé à la bergamote… Impassibles dans leur livrée immaculée, les majordomes s’affairent, troublant à peine la solennité de ce théâtre d’ombres. Véritable mémoire des lieux, Rajiv travaille au château depuis 1971. Il était déjà « au service de sir Leonard N O 2856 • du 4 Au 10 OCtObRe 2015

Williams, le dernier gouverneur général du pays d’origine britannique », explique ce dernier. Glissant sur le parquet en teck trop ciré, Rajiv passe sans s’arrêter sous le regard sévère de BertrandFrançois Mahé de La Bourdonnais. Le portrait en pied du premier gouverneur français occupe tout un mur du salon bleu, où, sur une table, devant un vase de Sèvres, trône une reproduction du traité de capitulation signé par Paris le 3 décembre 1810. C’est là que le président accueille traditionnellement ses hôtes

ensuite pour Nairobi, au Kenya, où elle doit participer à une conférence sur la santé en Afrique. Sans oublier la préparation des cérémonies du tricentenaire de la présence française à Maurice (qui a été célébré le 20 septembre). Quatre mois après son élection, la présidente avoue « sortir encore un peu du cadre, parfois », et conserver sa liberté de parole, même si elle s’attache à rester au plus près des fonctions honorifiques qui seront les siennes pendant ces cinq prochaines années. « La présidence est un poste apolitique, et je compte demeurer apolitique », a-t-elle thé à la bergamote, biscuits tenu à rappeler au moment de au gingembre… il flotte comme son investiture. À 55 ans, Ameenah un parfum d’empire des indes. Gurib-Fakim entend aussi de marque. Ameenah Gurib-Fakim, elle, continuer de cultiver son jardin. Elle préfère recevoir dans son bureau installé compte ainsi installer un « arboretum dans l’une des ailes de cette demeure de la République » sur les 97 hectares bourgeoise construite en 1749, avec vue du domaine présidentiel, afin de mettre imprenable sur le vaste parc. en avant « le patrimoine unique que représente la flore mauricienne ». Après œil-de-tigre. Toujours aussi souriante avoir fait tourner une dernière fois la et élégante dans son tailleur couleur vaste mappemonde offerte en 1993 par café, rehaussé par l’éclat de l’œil-de-tigre François Mitterrand à son prédécesseur, qu’elle porte autour du cou, la chef de elle part se replonger dans la montagne l’État n’a pourtant plus un moment à de dossiers qui s’entassent sur son secréelle. À peine rentrée de Rodrigues (la taire. Devant l’entrée du château, le garde plus petite des trois îles de l’archipel des en grand uniforme kaki n’a pas bougé Mascareignes), elle se prépare pour sa un cil. Figé, comme le temps qui semble réunion hebdomadaire du lendemain avoir suspendu son vol sur le Réduit. ● avec le Premier ministre. Elle s’envolera Olivier CASliN jeuNe AFRIque



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Le Plus de J.A. Maurice Politique

Papa m’a dit Depuis 1968, le pays est gouverné par les mêmes dynasties : Jugnauth, Bérenger et Ramgoolam. Et si l’heure de la relève avait enfin sonné ?

S

eulement quatre chefs de gouvernement depuis l’indépendance en 1968, malgré le rythme quinquennal imposé par la Constitution. Et même trois depuis que s’est achevée la parenthèse du « père de l’indépendance », sir Seewoosagur Ramgoolam, qui fut Premier ministre de 1961 à 1982. Son fils, Navin Ramgoolam, a passé quinze ans au pouvoir (1995-2000, 2005-2014), sir Anerood Jugnauth, l’actuel Premier ministre, seize ans (1982-1995, 2000-2003), et Paul Bérenger, un peu moins de deux ans (2003-2005). L’âge avancé des trois capitaines (respectivement 68 ans, 85 ans et 70 ans) oblige pourtant les partis à envisager un changement générationnel inédit dans le pays. Même s’il n’est pas forcément patronymique. « Comme en Inde avec les Gandhi, les Mauriciens ne conçoivent le pouvoir que de manière dynastique. Les leaders des trois principaux partis passent donc leur temps à couper les têtes qui dépassent, sauf quand il s’agit de celles de leurs fils », ironise Jacques Bizall, syndicaliste et ancien du Mouvement militant mauricien (MMM) de Paul Bérenger. courte échelle. Lorsque l’on demande

à Bérenger qui pourrait lui succéder, il parle d’abord de lui-même, puis de sa fille, Joanna, et enfin de son fils, Emmanuel, qui a pour l’instant refusé d’endosser le rôle de dauphin. Contrairement à Pravind Jugnauth, le fils de l’actuel Premier ministre, qui dirige depuis 2003 le Mouvement socialiste militant (MSM), fondé par son père. « Anerood est sorti de son lit pour faire la courte échelle à Pravind, mais celui-ci n’a aucun charisme », sourit un observateur local. Ce plan semble pourtant compromis. Nommé ministre de l’Innovation et de la Technologie dans le gouvernement de son père, Pravind Jugnauth a dû démissionner en juin, reconnu coupable de conflit d’intérêts dans l’affaire de l’achat de la clinique MedPoint par l’État. En 2010, alors qu’il était ministre n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

des Finances, Jugnauth junior a émis un chèque de 144,7 millions de roupies (3,5 millions d’euros) représentant le prix d’achat de ladite clinique, tout en sachant que celle-ci appartenait à son beau-frère, Kishan Malhotra, et que sa propre sœur, Shalinee Jugnauth, en détenait des actions. Condamné à douze mois de prison commués en services communautaires, il a fait appel auprès de la Cour suprême et doit comparaître les 12 et 13 janvier.

(PTr), ne peut jouer la carte de la filiation puisqu’il n’a pas d’enfants. Croulant sous les chefs d’inculpation depuis la découverte en février de 220 millions de roupies dans ses coffres personnels, l’ancien Premier ministre risque d’être exclu de la scène politique un certain temps. Ce qui ne l’empêche pas d’espérer reconquérir le pouvoir. « Le pire, c’est que c’est tout à fait possible », souligne Jacques Bizall. Alors que la direction des trois principaux partis semble toujours verrouillée, l’irruption l’âge avancé des trois capitaines d’une nouvelle formation, oblige les partis à envisager le Mouvement patriotique, créée en mai par des dissiun changement générationnel. dents du MMM, dont son ex-numéro deux, Alan Ganoo, en rupture Depuis, les barons du gouvernement aiguisent leurs couteaux, à commencer de ban avec les méthodes de Bérenger, ne par Xavier-Luc Duval (Premier ministre devrait pas changer la donne. « Notre sysadjoint et ministre du Tourisme, fils de tème électoral laisse très peu de chances sir Gaëtan Duval, plusieurs fois ministre à un nouveau parti de s’inscrire dans dans les gouvernements de Ramgoolam le paysage politique », observe Rabin et de Jugnauth), Showkutally Soodhun Bhujun, directeur éditorial d’ION News, (vice-Premier ministre et ministre des qui rappelle qu’en quarante ans seul Terres et du Logement) et Nando Bodha le MMM de Paul Bérenger a réussi cet (ministre des Infrastructures publiques exploit. Pourtant, Alan Ganoo y croit : et du Transport terrestre). « Nous voulons mettre fin au culte de la Après avoir repris le flambeau de son personnalité », répète-t-il. Une façon de père, seul Navin Ramgoolam, ex-Premier tuer le père plutôt que de lui succéder. ● ministre et leader du Parti travailliste olivier cASliN jeune afrique


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le Plus de j.a. Maurice interview

Paul Bérenger « Mon parti a un boulevard devant lui »

Son Mouvement militant mauricien a beau subir revers sur revers depuis des mois, l’ancien Premier ministre, redevenu chef de l’opposition, se voit de nouveau au pouvoir.

l

e vieux lion rugit toujours. Blessé dans son orgueil après la série de défaites cuisantes que le Mouvement militant mauricien (MMM), son parti, a essuyées ces derniers mois, Paul Bérenger panse ses plaies… et réfléchit déjà au prochain tour qu’il pourrait jouer à son vieil adversaire, Anerood Jugnauth, l’actuel Premier ministre. Après plus de quarante-cinq ans de vie publique, celui qui fut de 2003 à 2005 le premier chef de gouvernement blanc et non hindou du pays espère toujours revenir à Clarisse House, la résidence officielle des Premiers ministres. Débarrassé du cancer qui l’avait contraint à démissionner de ses fonctions dechefdel’oppositionen2013,ilaretrouvé sonsiègeàl’Assembléenationaleetlesdites

avez-vous pu vous tromper à ce point ? Paul BÉrenGer: L’évolution de la cam-

pagne électorale explique ces résultats, ainsi que les failles de notre système électoral, toujours fondé sur l’alliance de deux partis contre un troisième. Nous ne voulions pas nous retrouver dans la situation de 2010, lorsque nous avions perdu face à l’alliance RamgoolamJugnauth. Nous nous sommes donc d’abord tournés vers le MSM, mais cette tentative a achoppé notamment sur la question de la réforme électorale, qui était un point clé de notre programme. Nous étions alors prêts à nous jeter seuls dans la bataille lorsque nous avons été approchés par le Parti travailliste, qui proposait ni plus ni moins de reprendre notre

Ramgoolam? Il est fini. Et sa formation politique est proche de la disparition. fonctionsaprèsavoirétééludejustesselors des législatives du 10 décembre dernier. Face à la coalition Lepep (« le peuple ») emmenée par le Mouvement socialiste militant (MSM) d’Anerood Jugnauth, qui a raflé 47 des 62 sièges, la coalition que le MMM et le Parti travailliste (PTr) de Navin Ramgoolam, le Premier ministre sortant, ont formée en septembre 2014 a en effet subi un grave revers, le PTr ne récupérant que 13 sièges et le MMM seulement 9 (contre 20 lors de la précédente législature). À 70 ans, plus déterminé que jamais, Paul Bérenger mise désormais sur l’échec du gouvernement et la tenue d’élections générales anticipées qui, cette fois-ci, il en est convaincu, le porteront à nouveau, avec son parti, sur les plus hautes marches du pouvoir. jeune afrique: quelques jours avant le résultat des dernières élections générales, vous pronostiquiez un raz de marée en faveur de votre camp. Or c’est tout le contraire qui s’est produit. Comment n O 2856 • du 4 au 10 OctObRE 2015

programme : lutte contre la corruption, réformes électorale et constitutionnelle… C’était trop beau pour être vrai. Vos détracteurs prétendent que vous envisagiez surtout d’élaborer une Constitution taillée sur mesure pour que navin ramgoolam et vous-même vous partagiez le pouvoir…

C’est faux. Ce document était un chefd’œuvre d’équilibre. L’essentiel du pouvoir restait entre les mains du Premier ministre, pendantque leprésident dela République, élu au suffrage universel direct, se voyait attribuer des pouvoirs supplémentaires, notamment en matière de nominations. Nous sommes partis aux élections avec le deal suivant : à lui la présidence et à moi le gouvernement. Nous allions gagner, j’en suis persuadé. C’est Ramgoolam qui nous a fait perdre… Les gens ont cru qu’il allait conserver tous les pouvoirs. aviez-vous bien mesuré l’impopularité de l’ancien Premier ministre ?

Oui, et nous étions très divisés au sein du MMM sur cette alliance. Nous voulions surtout éviter que Ramgoolam et Jugnauth aillent une nouvelle fois ensemble aux élections ; ils auraient gagné et rien n’aurait changé. Trois fois nous avons failli mettre un terme aux négociations, trois fois le PTr est revenu vers nous, et nous avons finalement obtenu suffisamment de garanties pour nous engager. que pensez-vous de l’ampleur des sommes découvertes ces derniers mois au domicile de navin ramgoolam [220 millions de roupies mauriciennes, soit plus de 5,3 millions d’euros] ?

Cela reflète l’arrogance du pouvoir dans toute sa splendeur. Ramgoolam a vraiment été très loin… Il pense pouvoir encore revenir, mais le pays a été très choqué par ces révélations. Je pense pour ma part qu’il est fini et que son parti est proche de la disparition. Entre un PTr exclu du jeu politique et un MSM décrédibilisé après seulement dix mois aux affaires, le MMM pourrait bien avoir un boulevard devant lui. quel jugement portez-vous sur le gouvernement ?

Il a déjà fait pire que son prédécesseur! La plupart des ministres ne s’attendaient pas à gagner et à prendre les commandes du pays. Le gouvernement est donc très faible et, jusqu’à présent, aucune mesure n’a été prise pour relancer la croissance économique et lutter contre le chômage. C’est une grande déception pour la population, même si elle n’avait pas voté pour Jugnauth mais plutôt contre Ramgoolam. J’ai personnellement payé très cher notre défaite, mais, finalement, c’est peut-être la meilleure chose qui pouvait arriver au pays… Cela signifie-t-il que vous vous préparez déjà pour des élections anticipées ?

Bien sûr, et dans le respect de nos institutions et de notre Constitution. Ce scénario est désormais très probable, compte tenu de l’âge du père et des ennuis judiciaires du fils [Anerood Jugnauth a plus de 85 ans et son fils, Pravind, leader du MSM, a été condamné fin juin, en première instance, dans une affaire de conflit d’intérêts. Il a fait appel devant la Cour suprême, qui doit l’entendre les 12 et 13 janvier 2016, lire p. 70]. L’objectif d’Anerood était de mettre à jEunE afRIquE


en quête d’un second souffle

© nicholas larché/aFP

73

p Se rendant au bureau de vote, à Port-Louis, lors des législatives du 10 décembre 2014.

son fils le pied à l’étrier, mais son plan tombe à l’eau. Et comme il avait fait le ménage en éliminant tous les concurrents susceptibles de faire de l’ombre à Pravind, j’affirme sans fanfaronner que l’avenir appartient au MMM, le seul parti à avoir les mains propres. Persistez-vous à penser qu’une réforme institutionnelle est nécessaire ?

Oui, dans l’intérêt de notre démocratie. Mais après l’hystérie que le sujet a provoqué lors des dernières élections, je n’en ferai pas un cheval de bataille. Le Premier ministre ne l’a pas inscrite dans son programme…

C’est normal. Jugnauth est un conservateur opposé à tout changement. Une

telle réforme apporterait pourtant un nouveau souffle à Maurice. Que proposez-vous concrètement ?

De garder le système tel qu’il est aujourd’hui, mais en y incorporant une dose de proportionnelle, afin d’assurer une meilleure représentation des petits partis. Ce qui permettrait enfin à tout le monde de pouvoir aller seul aux élections, et seulement ensuite de passer des alliances si nécessaire. Quelle mission vous êtes-vous assignée en tant que chef de file de l’opposition?

Je serai particulièrement vigilant, car l’expérience montre qu’une opposition solide et responsable est aussi importante pour le pays qu’un gouvernement. Nous

EventsPlus

3 èm e éd itio n

présente

allons affiner notre programme en restant fidèles aux valeurs qui sont les nôtres depuis 1969 : unité nationale, lutte contre la corruption, justice sociale… Vous ne parlez pas de retraite ?

Après les dernières élections, j’ai proposé de prendre du recul mais on m’a demandé de rester. Alors je reste. J’ai eu 70 ans en mars, j’ai donc une grande expérience des responsabilités politiques. Les gens me font confiance, alors pourquoi ne pas aller jusqu’aux prochaines élections, avec un accord du style « Bérenger pour trois ans et quelqu’un d’autre pour les deux années restantes » ? Je ne suis pas inquiet : la relève existe au sein du MMM. ● Propos recueillis à Port-Louis

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octobre

10h – 18h SVICC, Pailles

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île maurice

par OLiVier CasLin


Le Plus de J.A. Maurice Catherine Boudet rencontre les membres de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), qui réfléchissent depuis longtemps à la création d’une assemblée « susceptible de redonner au Mauriciensonrôledecitoyen».Ilsconfient ainsi à la politologue la lourde tâche de conceptualiser le futur organe délibératif et ouvert à tous. À elle de trouver le cadre qui permettra à cette assemblée d’exister. ateliers de travail. « Nos participants p Session plénière à Rose-Hill, le 8 août. Démocratie participative

ici, on refait le monde Urbanisme, sécurité alimentaire, corruption… Dans ce parlement populaire, les citoyens sont priés de présenter des propositions concrètes. Toutes les bonnes idées sont les bienvenues.

B

«

on,jecroisquenousallons pouvoir commencer. » La voix fluette de Catherine Boudet peine à s’imposer dans la vaste salle des fêtes du centre social Marie-Reine-de-la-Paix, en plein cœur de Port-Louis. La qualité exécrable de la sono n’arrange rien. Heureusement, le message estclairpourlasoixantainedeparticipants, toutes communautés confondues, qui ont fait le déplacement. « Lavwa lepep », revendique la grande banderole rouge qui cache le mur. « La voix au peuple », même à titre purement consultatif, c’est l’objectif que s’est fixé Catherine Boudet en mars lorsqu’elle a lancé avec ses amis syndicalistes le parlement populaire, premier du genre à Maurice. « La démocratie est en panne et notre initiative, encore en phase expérimentale,

doit justement permettre de sortir du népotismecaractéristiquedusystèmepolitique mauricien depuis plus de quarante ans et qui, entre corruption et communautarisme, gangrène l’État », explique cette Réunionnaise qui a débarqué à Maurice en 2009. Diplômée de l’Institut d’études politiques de Bordeaux (France), l’ancienne journaliste sait de quoi elle parle. Après avoir mis en cause l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam dans diverses histoires de malversations financières dès 2010, elle a failli se faire expulser du pays, avant de goûter aux méthodes musclées de la police politique, qui ne cessera sa surveillance rapprochée qu’au lendemain de la défaite de l’ancien chef de gouvernement, en décembre 2014. C’est durant cette période trouble que

© C. boudet

74

doivent apprendre à établir un ordre du jour, à débattre en s’écoutant et en respectant le temps de parole de chacun, à analyser de manière critique pour être capable de rédiger un rapport argumenté avec des propositions, qui sera ensuite envoyé aux services ministériels intéressés », insiste celle qui fait pour l’instant office de président de l’instance hébergée dans les locaux de la CTSP, à Rose-Hill. Le ministère de l’Agro-industrie a ainsi été le premier à recevoir un document de l’organisation, correspondance qui a contraint le ministre, Mahen Seeruttun, à accueillir une « délégation parlementaire », en juillet, pour parler de la sécurité alimentaire du pays. « Le chef du gouvernement est pour l’instant très bienveillant à notre égard, quand les autres partis se contentent d’observer », confirme Catherine Boudet. Elle souhaite aujourd’hui élargir les consultations à l’ensemble du territoire et créer des ateliers de travail « à but pédagogique pour la population », autour de thèmes précis – comme ce fut le cas, le 8 août, à propos du très polémique projet de smart cities (« villes intelligentes », lire p. 85). « Aux Mauriciens de voir ce qu’ils voudront faire de cette assemblée, précise-t-elle. Elle ne perdurera que s’ils le souhaitent vraiment. » ● Olivier CasliN


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Le Plus de J.A. Maurice TerriToires

Home, sweet home

l

es années se suivent et rien ne change au siège du Groupe Réfugiés Chagos (GRC), dans le quartier défavorisé de Pointeaux-Sables, à Port-Louis. Même bureau. Même décoration aux murs : des photos jaunies de Nelson Mandela et de Jean-Paul II. Même discours, surtout. Olivier Bancoult, fondateur et leader de l’association, n’en démord pas : les Chagossiens, dont il fait partie, ont le droit de retrouver leur terre, et jamais ils n’abdiqueront. Entre 1967 et 1973, alors que Maurice gagnait son indépendance, les 1600 habitants de cet archipel situé au cœur de l’océan Indien et conservé par les Britanniques avec l’assentiment des élus mauriciens (contre la promesse de l’indépendance) furent expulsés à la demande des États-Unis. Lesquels ont implanté sur Diego Garcia, sa plus grande île, l’une de leurs plus importantes bases militaires ultramarines. Depuis, le combat pour laver cet affront de l’Histoire est mené sur deux terrains distincts et parfois concurrents. D’un côté, les autorités mauriciennes revendiquent leur souveraineté sur les Chagos. De l’autre, les 8 600 Chagossiens, qui, pour la plupart, ont obtenu la nationalité britannique et vivent à Maurice, arguent

de leur droit à retrouver la terre de leurs ancêtres. Pour ceux-là, les coups durs se sont multipliés au fil des années. Notamment en décembre 2012, lorsque la Cour européenne des droits de l’homme a décidé que la plainte des Chagossiens contre le gouvernement britannique était irrecevable. « Une honte et un déni de justice de l’époque contemporaine », écrira quelques mois plus tard le Prix Nobel de littérature franco-mauricien J.M.G. Le Clézio. En 2010, Londres avait annoncé son intention de faire de l’archipel une immense réserve maritime. « Il s’agit d’une avancée majeure en faveur de la protection des océans », s’était vanté le gouvernement britannique, avant que des fuites orchestrées par WikiLeaks ne révèlent le véritable objet de ce projet : couper court aux revendications des Chagossiens. Contredisant l’avis de la cour d’appel du royaume, le 19 mars dernier, le tribunal arbitral des Nations unies sur le droit de la mer a jugé illégale la réalisation de ce parc. La Cour suprême de Londres doit rendre sa décision avant la fin de l’année (lire encadré ci-dessous), mais c’est déjà « une victoire historique » pour Olivier Bancoult, qui n’en a pas remporté beaucoup jusqu’à présent.

© DR

Expulsés de leur archipel entre 1967 et 1973, les habitants des Chagos se battent pour récupérer leur coin de paradis. Pas simple : il appartient au Royaume-Uni et abrite une base américaine.

u Base aérienne de Diego Garcia.

Tel David contre les deux Goliath (américain et britannique), il porte seul, ou presque, son combat. Partout où il le peut. Et quand la justice ne suit pas, il occupe le terrain politique. Après s’être invité au sommet de l’Union africaine en 2010 puis avoir écrit au pape François (qu’il ne désespère pas de rencontrer), il s’est rendu à Washington en avril dernier pour donner une série de conférences et plaider la cause des siens auprès de l’ONU. En multipliant ce genre de

Îles Confettis et paillettes ce 22 juin, jamais les médias étrangers n’avaient accordé autant j usqu’à d’importance à la question des Chagos. Ce jour-là, tous se sont précipités à

© REX ShuttERStock/SIPA

76

Londres, presse people en tête, pour écouter les avocats du Groupe Réfugiés Chagos (GRC) défendre les Chagossiens, qui contestent devant la Cour suprême la légalité d’un projet du gouvernement Cameron consistant à transformer leur archipel en réserve maritime. Raison de cet intérêt soudain : la présence dans cet aréopage de Me Amal Clooney (photo), 37 ans, épouse de l’acteur George Clooney, qui, à sa sortie du prétoire, s’est déclarée « solidaire » des plaignants. Cette avocate britannique d’origine libanaise, spécialiste des droits de l’homme, s’était déjà illustrée aux États-Unis l’an dernier en soutenant la cause palestinienne. Son implication dans le dossier des Chagos est un cauchemar pour le gouvernement britannique, déjà bien embarrassé, qui cherche à fuir la médiatisation de cette affaire. D’autant qu’Amal Clooney a rameuté les amis hollywoodiens de son mari… Cela influencera-t-il la décision de la Cour, qui devrait être rendue avant la fin de l’année ? Une chose est certaine : les Chagossiens ne pouvaient rêver meilleure ambassadrice pour plaider leur cause sous la lumière des projecteurs. ● jEunE AfRIquE


En quête d’un second souffle

INDE

INDIEN

jeune afrique

Les Chagos Territoire britannique

Territoire britannique de l’océan Indien, l’archipel compte 55 îles réparties en 7 atolls. La plus grande, Diego Garcia, est louée par le Royaume-Uni à l’armée américaine, qui y a installé l’une de ses plus importantes bases militaires ultramarines.

MADAGASCAR

Robinsons. Pour l’instant, si Londres

refuse d’entendre parler d’une telle éventualité, Washington semble plus enclin à l’envisager et étudie la possibilité d’employer les rapatriés sur sa base de Diego Garcia, où travaillent actuellement 4 500 travailleurs venus d’Asie. Mais le temps presse. « La Grande-Bretagne et les États-Unis jouent la montre, estime Cassam Uteem, l’ancien président mauricien. Ils savent que, quand il n’y aura plus de « natifs » sur cette terre, leurs descendants préféreront vivre au RoyaumeUni. » Olivier Bancoult n’a que 51 ans, mais la plupart des 421 derniers « natifs » – ceux qui sont nés aux Chagos – sont en effet bien plus âgés. Comme Martin Luther King, dont la photo est punaisée sur le mur derrière

Équateur

les

Les S eyc he l

rendez-vous, Olivier Bancoult espère convaincre l’opinion américaine de faire pression sur son gouvernement, pour qu’il entame les discussions sur un possible retour des Chagossiens dans leurs îles, en contournant les Britanniques. Avec l’arrivée à échéance, en 2016, du bail octroyé par ces derniers aux Américains sur Diego Garcia, le GRC bénéficie d’une fenêtre de tir favorable pour faire avancer sa cause.

ives ald sM

Le

OCÉAN

Maurice 300 km

lui, le leader du GRC a un rêve. Celui que ses enfants puissent voir « leur pays », comme lui a pu le faire en 2006, quarante-sept ans après avoir dû quitter l’archipel. Exceptionnellement, le gouvernement britannique avait alors autorisé 105 Chagossiens à quitter Maurice à bord du Trochetia (dont la maquette trône sur le bureau de Bancoult) pour passer dix jours aux Chagos. « Nous voulons bien plus qu’une simple visite », s’emporte le représentant du GRC, qui a du mal à comprendre l’entêtement de Londres sur ce dossier.

Mais que feraient-ils, de retour dans leur archipel ? Sont-ils prêts à vivre de nouveau « comme des Robinsons », selon l’expression d’un responsable politique mauricien ? « Nous ne voulons pas nous retrouver dans les Chagos des années 1960. On veut y retourner à l’heure d’Internet, de Twitter et de Facebook », riposte Olivier Bancoult, qui a pu mesurer ces dernières années l’influence des médias sociaux pour faire avancer sa cause et celle de tous les Chagossiens. ● Rémi CaRayol n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

77


PUBLI - INFORMATION

L’Ecole Centrale de Nantes et l’Université Panthéon-Assas démarrent leurs activités à Maurice L’Ecole Centrale de Nantes et l’Université Panthéon-Assas Paris II, deux des sept établissements du projet ICSIA (International Campus for Sustainable and Innovative Africa) ont obtenu l’aval de l’instance régulatrice mauricienne en matière d’enseignement supérieur pour démarrer leurs opérations.

Le coup d’envoi du programme LL.M, destiné non seulement aux professionnels du droit mais également aux cadres ambitionnant une perspective en droit international des affaires, a été donné à Maurice le 3 septembre dernier par le Professeur Stephane Braconnier de l’UniA1#!DE+ -;8EF+68,3!!;!* 51 &#6"#;::1 41A#;DE 71&184;8E 6$@7D1==1:18E démarrer le 16 novembre prochain sur le campus du Medine Education Village à Pierrefonds, fort d’une première promotion. Le programme

LL.B de la même institution est quant à lui attendu pour octobre 2016, ainsi que le Bachelor in Engineering de l’Ecole Centrale de Nantes.

Un programme de bourses comme levier de transformation sociale Faire de Maurice un centre d’excellence résolu-

« Nous sommes convaincus que le programme de bourses que nous mettons en place

ment tourné vers l’Afrique requiert un investisse-

devrait agir comme un véritable levier dans notre démarche d’encourager nos étudiants

ment conséquent pour les étudiants. S’inscrivant

mauriciens à se former à Maurice dans les rangs des meilleures universités »

essentiellement dans une démarche de qualité,

souligne Thierry Sauzier, directeur général adjoint du groupe.

les programmes de formation sous le projet ICSIA &1CA18E E6CE1$6D! )E#1 @8;87D.#1:18E =D:DE;ED$! &6C#

D’ailleurs, le groupe a étendu cet engagement

certain libre-arbitre à l’entreprise engagée dans

certains étudiants à fort potentiel académique.

aux particuliers et entreprises souhaitant in-

le parrainage.

vestir dans les leaders de demain qu’ils soient

Le Groupe Medine a pris l’engagement d’octroyer

Mauriciens ou étrangers, en les accompagnant

Plus globalement, le programme devrait permettre

20 bourses ; 10 bourses dans le cadre du LL.B

aujourd’hui dans leurs études. Conçu sous la

de constituer un réseau de professionnels de

de l’Université Panthéon-Assas et 10 bourses

forme d’un parrainage, ce programme permet-

haut calibre et expérimentés qui contribueront

pour le BSc Engineering de l’Ecole Centrale

E#; ;C< 18E#1&#D!1! 41 @8;871# 41! E;=18E! %CD

' =; 7#6D!!;871 41 =1C# &;9! 1E D8>C1#68E &6!Dtivement sur les générations futures.

de Nantes. Si ces deux programmes ne seront

pourront ultérieurement être mis à contribution

opérationnels qu’en octobre 2016, les campagnes

par leur entreprise et pour le développement

de recrutement quant à elles sont déjà amorcées.

de leur pays. La sélection des candidats pourra

d’ailleurs s’effectuer sur la base du domaine d’a ctivité de l’entreprise ou du domaine d’études de l’étudiant dans le cadre des programmes universitaires offerts sous l’ICSIA, offrant un

Lancement de l’Université Panthéon-Assas (Paris II) à Maurice par le Professeur Stéphane Braconnier

Le campus de Pierrefonds s’étend sur 9 hectares et accueille pas moins de 370 étudiants


Groupe Medine : Une Smart City en devenir à Flic en Flac 51 (#6C&1 214D81 76:&E1 D8!C$>1# C81 86CA1==1 498;:D%C1 ' =; #+"D68 6C1!E 41 2;C#D71 18 9 768!E#CD!;8E !; AD==1 D8E1==D"18E1 1E 768nectée. Son ambition : offrir un cadre de vie alliant modernité, convivialité, sécurité et durabilité, mêlé à des valeurs familiales solides.

300 HECTARES. 0B1!E =; !C&1#@7D1 E6E;=1 41 =;

ICSIA (International Campus for Sustainable

Légende

Smart City qui sortira de terre sur la côte ouest

and Innovative Africa). D’une capacité totale de

Villas

Espace Culturel

de Maurice, plus précisément à Flic en Flac

12 000 étudiants, le campus prévoit d’accueillir

Duplexes

Centre Hospitalier

d’ici la prochaine décennie. Cette surface est

5 000 étudiants d’ici 2025. Ce pôle névralgique

représentative des différentes composantes qui se

verra graduellement d’autres espaces graviter

Appartements

Campus Universitaire

grefferont à cette ville dont le noyau central sera

autour dans le but de connecter les étudiants,

Logements Sociaux

Bureaux

un campus universitaire de plus de 35 HECTARES.

les familles et les commerces pour ainsi leur

Logements Seniors

Centre Commercial

Celui-ci abritera de prestigieuses universités

offrir un espace de vie intégré pouvant répondre

Complexe Sportif

Residence Etudiante

et écoles du projet éducatif de Medine baptisé

à leurs besoins quotidiens.

Réduire l’empreinte carbone

L’éveil de l’ouest Centre d’affaires, complexe commercial, école primaire et &$1)!+ 1$) )4$ -%+!&$4($ %*)&!.4*$ 2.5,.4* 4$)'$/ +34* .)*.4* &$ (3513+.4*$+ $"!+*.4*$+ &$ ($**$ '!66$ 0)! -$2#*$4* son dynamisme.

La Smart City de Medine déploiera les moyens

nécessaires pour réduire son impact écologique et répondre favorablement aux exigences d’une Smart City. Les axes de développement de la ville seront intelligemment connectés et ce dans une démarche écoresponsable. Ainsi, des solutions

Le groupe peut se targuer d’être pionnier puisque

artistes, des solutions de logement comprenant

énergétiques seront proposées notamment en

la résidence est unique sur l’île en matière de

villas, duplexes, logements abordables et loge-

matière d’alimentation en eau et en électricité tout

logement étudiant. Ses 144 chambres de la

ments pour les seniors. Un pôle éducatif pourvu

autant que la gestion des déchets. A terme celle-

première phase se déclinent en chambres

d’une école maternelle, garderie, primaire et

ci devrait été autogérée. La ville sera également

simples, studios et appartements, couplées à

secondaire devrait répondre aux besoins des

pourvue de pistes cyclables et pédestres pour

des espaces communs et de détente pour fa-

familles qui s’installent, alors que la future gare

faciliter les déplacements et ce dans un esprit

voriser le partage d’expériences et le dialogue.

routière et le projet de centre hospitalier univer-

axé sur le bien-être écologique.

A ces parties devraient se rajouter un centre

sitaire qui devrait être rattaché à l’Université de

sportif doté de la deuxième piscine olympique

médecine Paris Descartes sous la houlette du

3C @8;=/ =; 86CA1==1 AD==1 41 214D81 41A#;DE )E#1

de l’île, de terrains de rugby et de football, de

projet ICSIA devraient désengorger les villes et

=; @"C#1 41 &#6C1 &;#:D =1! ?:;#E 0DED1! 41

courts de tennis, une salle de sport et d’autres

offrir de nouvelles possibilités aux futurs habitants

Maurice!

facilités. Les autres composantes uniques de la

de Flic en Flac.

ville incluent également un espace ouvert aux


Le Plus de J.A. Maurice économie

session de rattrapage La dette s’envole, le chômage s’enkyste, les investissements sont en berne… Anerood Jugnauth parviendra-t-il à redresser la situation, comme dans les années 1980?

I

l était considéré comme le père du premier « miracle économique mauricien » dans les années 1980. C’est dire si son retour à la primature était attendu, ne serait-ce que pour rassurer le secteur privé. Pourtant, il est loin aujourd’hui de tenir ses promesses, même si le Premier ministre a lancé une vaste opération de nettoyage afin de remettre de l’ordre dans le secteur financier offshore et qu’il s’est entouré de la même équipe de spécialistes qu’il y a trente-cinq ans. Retrouvant le portefeuille des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, sans doute grisé par ce come-back inopiné, n’a pas hésité à annoncer

dès sa prise de fonctions un objectif de croissance supérieur à 5,5 % pour 2016 (lire son interview p. 82). Un taux jugé « fantaisiste » par les experts, tant l’économie mauricienne semble atone depuis quelques mois. Anerood Jugnauth s’est d’ailleurs empressé de tempérer les prévisions de son grand argentier, ajoutant encore à la confusion. Dans le programme de développement économique qu’il a présenté à la presse le 22 août, le Premier ministre a prédit un taux de croissance identique à celui promis par son ministre… mais pas avant 2017. « Ce sera déjà bien s’ils atteignent alors 4 % », persifle un économiste. Le FMI ne dit pas autre chose.

Ses dernières notes de conjoncture tablent sur une moyenne annuelle de 3,5 % d’ici à 2020. « Le gouvernement donne l’impression de naviguer à vue, sans plan bien précis. Et, surtout, sans prendre l’avis des principaux acteurs économiques du pays », regrette un membre du secteur privé. Résultat : la confiance des ménages est en berne et les entrepreneurs restent prudents. Le programme qu’Anerood Jugnauth a dévoilé fin août n’a pas encore inversé la tendance. réformes socIales. Villes intelli-

gentes, économie bleue, hub régional…, le gouvernement a fait preuve d’un sens certain de la formule, mais a-t-il les moyens de ses ambitions, qui se chiffrent à plusieurs centaines de milliards de roupies ? Le taux d’endettement du pays s’est déjà dangereusement creusé ces derniers mois. « En mettant la priorité sur une série de réformes sociales, le gouvernement a amélioré le pouvoir d’achat des familles tout en sacrifiant

Un pays à revenu élevé dès 2018 malgré une croissance au ralenti Taux d’endettement public en pourcentage du PIB (estimations)

Inflation

(en pourcentage)

56

55,13 % 3,52

3,5

3,51

3,48

3,45

53,63 %

54,55 %

52,81 %

* Estimation

3,0

2015

2016*

2017*

52

2018*

2014

2015

2014

1,75

2015

3,01

2016

3,01

2017

3,00

2018

2016

2017

2018

2014

Taux d’investissement global en pourcentage du PIB (estimations)

PIB par habitant

(à prix courant en dollars) 15 000

14,15 13,24 13,36

20,42 21,04 20,83 20,63 20,46

2015

2016*

Flux investissement direct étranger

16,13

2017*

2018*

« Doing Business »

(en million[s] de dollars) 600

12 802

15,10

54,08 %

53

3,19

2014

54

et en dollars)

2,97

55

PIB (à prix courant en milliard[s]

589

2014

20 500

413 12 000

11 990

10 516

400

300

259

* Estimation

9 000

2014

433

11 233

10 608

2015

2016*

n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

2017*

2018*

200 2014

2015

2016

2017

2018

* Estimation

Taux de croissance

4,0 (en pourcentage)

2010

2011

2012

2013

2015

28

SOURCE : FMI, BANQUE MONDIALE, CNUCED

80

jeune afrique


En quête d’un second souffle l’investissement public », regrette Rama Sithanen, l’ancien ministre des Finances. Conscient des limites de ses moyens financiers, le chef du gouvernement a confirmé qu’il affecterait 4 milliards de roupies (97 millions d’euros) au développement portuaire de la capitale. À charge, pour le secteur privé, de fournir le plus gros effort, avec une contribution de 185 milliards de roupies (4,5 milliards d’euros) au cours des cinq prochaines années. « Les intentions sont bonnes, mais c’est faire un pari sur l’avenir alors que le privé est déjà financièrement essoufflé », résume l’économiste Swadicq Nuthay. En baisse constante depuis 2011, l’investissement global est passé de 28 % à 20 % du PIB. « Les montants investis par les opérateurs privés pourraient chuter de 70 % rien que pour l’année 2 015 », s’inquiète Jean Paul Arouff, rédacteur en chef du mensuel Business Magazine. Difficile, dans ces conditions, de relancer une machine économique grippée par le clientélisme des années Ramgoolam et, ces derniers mois, par l’affaire British

du continent. La Banque mondiale place en effet Maurice au 28e rang sur 189 pays classés dans son rapport « Doing Business ». Un recul de huit places par rapport à 2014, mais qui situe l’île entre les Pays-Bas et le Japon pour la qualité de son climat des affaires, devant la France (31e) et loin devant les deuxième et troisième « meilleurs élèves » du continent en matière de facilitation des affaires : l’Afrique du Sud (43e) et le Rwanda (46e). Point fort de l’île : la qualité de « Reste que si Maurice son climat des affaires, qui la place veut réaliser ses objectifs et devenir un pays à reveentre les Pays-Bas et le Japon. nus élevés en 2020, il devra avant plusieurs années », rappelle un innover et se moderniser, en investissant banquier qui, comme nombre de ses notamment dans le capital humain afin confrères, s’interroge sur l’avenir proche, de développer de nouvelles compétences », prévient Brinda Dabysing, à un moment où le taux de chômage se représentante de la Banque mondiale maintient au-dessus de 8 %. sur place. Maurice doit donc se réinPourtant, les indicateurs fondamenventer et conjuguer ses efforts au futur taux restent satisfaisants et, s’appuyant proche. Pour éviter que le « nouveau sur un environnement des affaires sans miracle » tant espéré ne se transforme égal en Afrique, l’économie maurien simple mirage. ● Olivier CASliN cienne demeure la plus compétitive American Investment (BAI), septième entreprise nationale en matière d’activité, dontl’effondrement«acertainementcoûté quelques points de PIB », estime Arouff. Plus que le contenu des projets euxmêmes, les observateurs critiquent le calendrier du gouvernement. « Les smart cities, comme le port, peuvent tirer la croissance et fournir une partie des 100 000 emplois promis, mais pas

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Le Plus de J.A. Maurice Confidences de

Vishnu Lutchmeenaraidoo Ministre de l’Économie et des Finances

« Maurice n’a aucun intérêt à être un paradis fiscal »

D

epuis que la Commission européenne a maintenu son pays sur la liste des pays non coopératifs en matière d’échange d’informations financières, Vishnu Lutchmeenaraidoo, le ministre mauricien de l’Économie et des Finances, ne décolère pas. Lors de sa visite à Paris, fin juin, il a d’ailleurs profité de la signature d’une convention avec l’OCDE mettant un terme au secret bancaire sur l’île pour tancer l’Union européenne (UE). Et pour promouvoir la stratégie de relance économique du gouvernement d’Anerood Jugnauth, à la tête du pays depuis décembre 2014. jeune afrique: Votre gouvernement a adressé un courrier à la Commission européenne pour s’insurger contre la présence de Maurice sur la liste des pays insuffisamment transparents en matière financière. quelle en était la teneur ? ViSHnu LuTCHMeenaraiDOO : Le

Premier ministre a souligné la grande irritation de Maurice face à ce que j’appelle une bourde de la Commission. Bruxelles doit nous retirer de cette liste sur laquelle nous n’avons rien à faire. Nous contestons à la fois la méthode et le fond d’une telle décision, dont l’impact peut être très nocif pour notre pays en termes d’image. Nous œuvrons depuis des années pour que notre place financière soit la plus transparente possible et n’avons pas vocation à servir de bouc émissaire. Maurice n’a aucun intérêt à être un paradis fiscal. Et il ne le sera jamais. quels sont les principaux axes de la stratégie de relance que vous avez engagée en mars ?

Le Premier ministre m’a confié pour mission de ramener la croissance dans un pays essoufflé. Ce taux n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

transbordement dans la région, et l’intérêt que nous a manifesté DPWorld me conforte dans l’idée que notre stratégie est la bonne. Les bassins portuaires de Port-Louis doivent être redimensionnés afin de recevoir dix fois plus de trafic. quel rôle le continent africain jouerat-il dans cette nouvelle stratégie ?

© EjilEn/la sEntinEllE

82

plafonne à 3 % depuis dix ans. Nous ne pouvons assurer notre développement à ce rythme. L’objectif est donc d’arriver à un taux de 5,7 % à l’horizon de 2016-2017 et de 8 % en 2020. Pour y parvenir, nous devons absolument nous réinventer. Nous comptons nous appuyer sur le développement de l’économie bleue [toute activité liée de près ou de loin à la mer], en nous fixant comme priorité l’extension du port de la capitale. Maurice a toujours joué un rôle important dans la région en matière de trafic maritime et de transit des marchandises. Notre destin est de profiter du réveil de l’Afrique pour renouer avec notre passé dans ce domaine. Comment réagissent les opérateurs internationaux du secteur ?

Nous sommes allés à Dubaï à la mi-juin, et DP World s’est montré très intéressé par notre projet. Tout le monde a besoin d’un port de

Un rôle fondamental. Depuis l’indépendance, nous avons acquis beaucoup d’expérience : dans le tourisme, la gestion de zones franches, le secteur financier… et nous pouvons partager tout ce savoir-faire avec le continent. Nous venons par exemple de mettre la dernière main à un projet d’envergure avec le Ghana : la création d’une technopole à Accra. Ce projet verra le jour à partir d’un « véhicule » d’investissement basé à Maurice, qui bénéficiera automatiquement de nos facilités fiscales et de nos mécanismes incitatifs. Ce véhicule est ouvert aux entreprises, et surtout aux fonds de pension, aux fonds d’investissement et aux banques. Personne n’a été aussi loin, nous sommes à la pointe de l’innovation pour faciliter les investissements en Afrique. quelle est l’image de Maurice auprès des investisseurs étrangers ?

Après les difficultés économiques que nous avons traversées dans les années 1980, nous souffrions d’un manque de crédibilité, mais j’ai le sentiment que la confiance est revenue. Les investisseurs étrangers ont conscience que Maurice dispose des clés pour pénétrer sur le continent et que nous sommes un indispensable trait d’union entre l’Afrique et le reste du monde. C’est un atout que nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer. ● Propos recueillis par OLiVier CaSLin jeune afrique


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Le Plus de J.A. Maurice Stratégie

Petit dragon sort du lagon Trop exigu, le marché national ? Qu’importe, les entreprises et l’État mauriciens cinglent vers une Afrique en plein essor. Au programme : ouverture d’usines et partenariats commerciaux.

L

e nouveau « miracle mauricien » promis par le Premier ministre, Anerood Jugnauth, dans le programme de développement économique qu’il a présenté le 22 août sera africain ou ne sera pas. Passerelle entre l’Asie des capitaux et l’Afrique des opportunités, l’île ne se contente plus de voir transiter les fonds en direction du continent. Elle s’implique directement. À commencer par les pouvoirs publics, qui, ces derniers mois, dans la lignée des agréments fiscaux signés au fil des ans avec une vingtaine de pays africains, multiplient les accords de coopération. Un exemple ? John Dramani Mahama, le président ghanéen, a effectué à Maurice, fin août, sa deuxième visite officielle en dix-huit mois. Trois partenariats

commerciaux ont été signés, portant notamment sur la réalisation d’une smart city (« ville intelligente ») près d’Accra et d’une zone économique exclusive à Tema, où le Board of Investment (l’agence de promotion de l’investissement mauricien) prévoit d’investir 250 millions de dollars (224 millions d’euros) pour concevoir, planifier, développer et gérer deux technopoles, en partenariat avec le gouvernement ghanéen. Des projets similaires sont à l’étude avec Madagascar pour le développement d’une zone industrielle à Fort Dauphin et avec le Sénégal pour une zone économique spéciale intégrée à Dakar. Après s’être longtemps cantonnées aux îles alentour, les entreprises mauriciennes n’hésitent plus à s’implanter

sur le continent. Elles seraient plus de 70 aujourd’hui, selon le Mauricius Africa Business Club. Son président, l’ancien ministre Amédée Darga, explique cet engouement par « l’exiguïté du marché mauricien, qui limite les perspectives de croissance et, surtout, par le formidable potentiel économique d’une Afrique si proche ». D’autant que l’expertise acquise par les Mauriciens dans le tourisme, l’agroalimentaire ou la finance est reconnue et très recherchée, notamment par les pays membres, comme Maurice, du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Reste à mettre en place « une véritable stratégie africaine, autour de services clairement identifiés », plaide l’économiste Rama Sithanen. Et « à améliorer la connectivité avec le continent », renchérit Amédée Draga. ● OLivier CASLiN

iBL: vous prendrez de la viande ou du poisson?

A

p rè s u n e p re m i è re approche régionale chez ses voisins insulaires des Comores et de Madagascar, le groupe multisectoriel Ireland Blyth Ltd (IBL) a pris pied sur le continent en 2012. Il a posé ses premiers jalons en Ouganda en acquérant 50 % de la société Fresh Cut, spécialisée dans la production et la distribution de viande. L’usine de Kampala, qui emploie 200 personnes, produit chaque année 4 000 tonnes pour le marché local. Après avoir racheté les 50 % restants de Fresh Cut il y a quelques mois, IBL, qui a investi 8,6 millions d’euros depuis le début de son aventure ougandaise, cherche maintenant un partenaire pour se développer et, surtout, financer la construction d’un abattoir, « afin de permettre un meilleur contrôle de la chaîne de valeur », explique Jean-Luc Wilain, son directeur n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

du développement. Le groupe a également signé un accord de partenariat public-privé avec le gouvernement gabonais en février 2013 pour assurer l’implantation sur vingt-cinq

ans d’une industrie locale de transformation des produits de la mer. L’investissement initial est estimé à 25 millions d’euros, dont 60 % venant d’IBL et 40 % du Fonds gabonais

d’investissements stratégiques (FGIS). Il pourrait atteindre 100 millions d’euros, selon la réalisation des projets, dont certains peinent à se concrétiser. ●

© baudouin mouanda pour J.a.

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p L’usine de transformation de produits de la mer de Libreville (Gabon). jeune afrique


En quête d’un second souffle

SIL : magic systems

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u Champ de canne à sucre exploité par le groupe en Tanzanie.

réée en 1989, initialement pour équiper les services publics mauriciens de systèmes informatiques, la société publique de droit privé State Informatics Ltd (SIL) a vite diversifié sa clientèle. D’abord en répondant aux appels d’offres locaux, puis, à partir des années 2000, en allant voir ailleurs en Afrique. Elle s’installe en Namibie en 2002, via sa filiale Silnam, qu’elle contrôle à hauteur de 48 %, puis au Botswana en 2010, avec Silbots, dont elle détient 66 % du capital. « Dans le premier cas, le gouvernement namibien est venu chercher l’expertise mauricienne, dans le second, c’est SIL qui s’est intéressé à l’expansion botswanaise », explique Kemraz Mohee, le directeur général de l’entreprise. Aujourd’hui, la moitié de ses 120 collaborateurs sont employés hors de Maurice et « un peu plus de 15 % du chiffre d’affaires est réalisé sur le continent », ajoute le patron de SIL, qui travaille également sur l’optimisation des systèmes de gestion des finances publiques de l’Ouganda, du Kenya, du Sénégal et du Ghana, en partenariat avec les pouvoirs publics de ces pays. ●

alteo

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Alteo: du sucre à gogo

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n 2012 la fusion, des sociétés Fuel et Deep River Beau Champ (DRBC) a donné naissance à un champion de l’économie mauricienne : le groupe multisectoriel Alteo Ltd. « L’objectif était d’optimiser nos ressources à Maurice, et d’être également plus forts à l’échelle régionale et continentale », explique Patrick de Labauve d’Arifat, désormais PDG de l’un des plus importants opérateurs sucriers de l’île (sa production annuelle atteint 150 000 tonnes). DRBC était déjà allé voir du côté du continent dans le passé, profitant de la vague de privatisations lancée à la fin des années 1990 par le gouvernement tanzanien pour s’implanter au pied du Kilimandjaro. Un coup de maître : la production des 8 000 ha de cannes a triplé en quinze ans, pour un investissement global de 75 millions de dollars. De quoi donner des idées aux responsables d’Alteo, qui viennent de boucler le projet de reprise d’une sucrerie au Kenya. Le groupe mauricien possède désormais 51 % des parts de cette société, dont il espère porter la production annuelle à plus de 100 000 t, soit près du double de son volume actuel. Avec cette acquisition, l’Afrique devrait représenter, à terme, un bon tiers du chiffre d’affaires d’Alteo, contre 20 % auparavant. ●

SmArt CItIES, pAS SI bêtE…

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fin de soutenir le secteur de l’immobilier, pilier de la diversification économique du pays depuis 2000, qui a pâti d’un manque d’investissements étrangers au lendemain de la crise mondiale de 2008, le gouvernement multiplie les déclarations sur la réalisation d’un réseau national de smart cities (« villes intelligentes »). Dans le cadre d’un vaste programme baptisé Smart Mauritius et financé à jeune afrique

hauteur de 3 milliards d’euros par le secteur privé, l’État veut voir se développer huit villes intelligentes et cinq technoparcs. « Smart Mauritius ? Un nom très savant pour relancer des projets déjà existants », explique un promoteur. La carte des huit smart cities se superpose en effet à celle de l’Integrated Resort Scheme (IRS, « complexe touristique intégré ») lancé en 2001, mais dont les premières maisons n’ont été construites

qu’à partir de 2007. « Ce plan avait pour but de faciliter l’achat de villas de luxe par des étrangers à des conditions fiscalement avantageuses », poursuit le promoteur. Smart Mauritius, qui porte moins que l’IRS sur le secteur résidentiel, comprend des espaces professionnels et de loisirs pour « vivre, travailler et se détendre », selon le leitmotiv du programme gouvernemental.Toutes ces installations sont

parfaitement connectées et respectueuses des normes environnementales en matière de gestion de l’eau et de l’énergie. « Cela permettra également d’attirer de nouvelles activités et de faire en sorte qu’elles essaiment sur l’ensemble du territoire », espère un agent immobilier. De là à soutenir la croissance à hauteur des espérances du gouvernement, il n’y a qu’un pas… que les économistes se refusent à franchir. ● n o 2856 • du 4 au 10 octobre 2015


Le Plus de J.A. Maurice

MONTICO LIONeL/HeMIs.fr

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p Le morne Brabant, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. tourisme

Destination vanille Depuis l’arrivée des vacanciers chinois et indiens, il souffle un vent d’optimisme sur le secteur du farniente. Qui songe à proposer un label regroupant les offres de plusieurs îles.

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ans son grand bureau à la vice-présidence, Charles Gaëtan Xavier-Luc Duval arbore un sourire épanoui. Il vient de prendre connaissance des derniers chiffres de fréquentation touristique pour le mois de juillet, publiés par Statistics Mauritius : près de 17 % d’augmentation par rapport au mois de juillet 2014. « Nous sommes en passe d’atteindre notre objectif : lisser la fréquentation sur l’année pour ne plus connaître de basse saison », exulte Duval, qui est également ministre du Tourisme. Un résultat obtenu grâce aux contingents de touristes chinois et indiens. Avec une hausse respective de 47 % et 12 % au cours des douze derniers mois, les voyageurs de ces deux marchés émergents font plus que soutenir la croissance du secteur. La défection des pays européens, habituellement pourvoyeurs de touristes, avait en effet valu à ce dernier plusieurs années de déclin. L’augmentation globale de 10 % en volume durant les huit premiers mois de 2015 remet la destination mauricienne n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

sur la voie de la convalescence, même si, en valeur, les recettes de la filière restent inférieures à celles de la même période en 2014. Aussi les autorités et les professionnels réfléchissent-ils aux actions à mener pour consolider un secteur qui demeure vital pour l’économie nationale dans un contexte de plus en plus concurrentiel. GRANDEUR NATURE. « Après plusieurs

de ses vœux. « Il faut vendre la région comme une destination globale disposant de quatre portes d’entrée [Comores, Madagascar, Maurice, Seychelles] et, pour cela, nous devons améliorer les liaisons aériennes dans la sous-région et avec le reste du monde », estime Jean Claude de l’Estrac, qui espère, à terme, voir naître « une compagnie low cost capable d’assurer des vols quotidiens sur le marché intérieur ». Ce futur Air Vanille présenterait un double avantage : doper une fréquentation touristique qui, malgré le potentiel unique des îles, représente au mieux 0,05 % du marché mondial et relancer des compagnies nationales en grande difficulté. En attendant que ces dernières s’accordent pour qu’une filiale commune déploie ses ailes, les gouvernements montrent l’exemple. « Nous souhaitons

années passées dans le formol », pour reprendre la formule d’un hôtelier local, l’idée d’un label qui regrouperait les offres des Une alliance regroupant Maurice, différentes destinations Madagascar, les Seychelles et les de la région refait donc Comores ? Bienvenue au paradis ! surface. Jean Claude de l’Estrac, secrétaire général de la Commission de l’océan Indien rassembler nos moyens pour assurer une (COI) depuis 2012 et grand promoteur présence commune à l’international, de ce projet, est confiant. Il veut croire notamment lors des grands salons touque l’accord signé en mai par les quatre ristiques européens », annonce Xaviercompagnies aériennes nationales des Luc Duval. « Espérons que cette initiative États membres (Comores, Madagascar, ne se réduira pas à un simple concept Maurice, Seychelles, auxquels s’ajoute de marketing… », souffle un expert de La Réunion) permettra enfin la création la Banque mondiale. ● de cette Alliance Vanille, qu’il appelle OliviER CASliN jeune afrique


publi-info LABOURDONNAIS WATERFRONT HOTEL

Renouveau du fleuron des hôtels d’affaires à Maurice

Le Labourdonnais Waterfront Hotel, établissement de renom à Port Louis depuis 1996 et référence absolue des hôtels d’affaires 5-étoiles de l’île Maurice, a récemment fait peau neuve afin de continuer à éblouir sa clientèle.

UNE HISTOIRE D’INTÉRIEUR Pour la transformation de cette destination de légende, une équipe d’architectes d’intérieur de renommée internationale a adopté une approche moderne associée à un esprit classique. On retrouve, intégré au moindre détail du décor, l’ADN du Labourdonnais d’origine. Celui-ci se distingue par sa grande élégance, sa gamme de couleurs claires et lumineuses, et ses lignes minimalistes et classiques, le tout drapé de luxueuses étoffes.

CUISINES ET AMBIANCE RAFFINÉES Le Labourdonnais a introduit cet esprit stylé dans chacun de ses restaurants, bar et espace lounge. Des plats sains et exquis de la Brasserie Chic à la sophistication de la cuisine fusion

En Chiffres • 94 Chambres • 10 Suites • 1 Penthouse • 1 Executive Lounge • 5 Salles de Conférences • 2 Restaurants • 1 Café Lounge • 1 Suite de Spa

www.labourdonnais.com

asiatique de Yuzu, chaque repas se termine en beauté. Au Coffee Lounge, on retrouve une large gamme de thés et de cafés, un délicieux « high tea » à l’anglaise et une sélection de pâtisseries gourmandes entre autres. Le Post Box Lounge Bar, au concept novateur, est doté d’une authentique boîte aux lettres rouge de la Royal Mail britannique et nous ramène à une époque où le temps s’écoulait plus lentement. Les soirées y sont égayées d’étonnants cocktails et d’une musique enivrante, dont des morceaux interprétés en « live » par un talentueux pianiste.

AVANTAGES EXCLUSIFS L’ExecutiveFloor,nouveauconcept se situant au sixième étage de l’hôtel, assure le confort absolu de sa clientèle d’affaires VIP grâce à ses chambres et

suites au décor luxueux et à ses prestations exclusives et sur-mesure. Par ailleurs, le nouveau Executive Lounge offre un cadre de travail confortable ou tout simplement un espace de détente intime et privatif. Un service de check-in et check-out personnalisé, de délicieux canapés et boissons offerts tout au long de la journée, et une connexion internet illimitée sont quelquesuns des nombreux services proposés.

UNE SÉRIEUSE OFFRE D’AFFAIRES L’offre conférence du Labourdonnais, toujours inégalée, a été l’objet d’une revalorisation afin de proposer à sa clientèle des forfaits innovants, un service haut de gamme et un espace de conférence élargi (440m2). Le Labourdonnais propose 5 salles de conférences pouvant accueillir jusqu’à 225 délégués, des facilités à la pointe de la technologie, et un personnel attentif et expérimenté qui a, pendant plus de 18 ans, fait la réputation de l’établissement. Le Labourdonnais a longtemps été le lieu de prédilection des décideurs de l’île Maurice, du fait notamment de sa situation stratégique au cœur de Port Louis, la capitale et le centre d’affaires du pays ; et du Caudan, premier centre commercial de l’île. Suite à cette admirable refonte, l’hôtel est prêt à accueillir à nouveau les hommes d’affaires en quête d’exception.


Le Plus de J.A. Maurice

© EjilEn/la sEntinEllE

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médias

En avant La Sentinelle!

p En conférence de rédaction sont présents les acteurs des différents supports (journaux, internet, audio…).

Pour cela, il peut compter sur son fils, Loïc, qui, après douze ans à la BBC, est rentré de Londres en 2013 pour prendre la direction de la nouvelle entité multimédia du groupe, LSLDigital. Dans unanimement favorable à ce que le pays l’organisation tout juste mise en place à demeure sous souveraineté britannique. L’Express, les journalistes sont appelés à Quoi de plus normal que ce soit son fils, jongler entre texte, photographie et vidéo. Philippe, et son petit-fils, Loïc, qui mettent « Les rédactions papier et web ne sont aujourd’hui un point final au monopole plus en concurrence, elles travaillent exercé jusque-là dans l’audiovisuel par plutôt de façon interdépendante », résume Nad Sivaramen, le directeur des la Mauritius Broadcasting Corporation publications. Le contenu est redirigé en (MBC), la télévision publique nationale ? En effet, ces derniers mois, La fonction de son urgence: les informations Sentinelle réinvente la télévision et la brutes sur le site, l’analyse et les articles radio à Maurice, via internet. de fond sur l’édition papier. Symbole de ce réaménagement, le plateau cenDevant la pression économique, le groupe ose faire le pari du numérique. tral – « inspiré de CNN », s’amuse un journaliste – occupe désormais le cœur d’une salle de Devenu premier site de l’océan rédaction dont les murs ont Indien, lexpress.mu a vu son été abattus. « C’est devenu notre centre névralgique. audience exploser en deux ans. C’est ici qu’est canalisé le flux d’informations ensuite redirigé vers « Confrontés à une érosion de nos revenos différentes plateformes : journaux, nus publicitaires, nous avons décidé de web, audio, vidéo et réseaux sociaux », nous appuyer sur la Toile pour réaliser s’enthousiasme Nad, lui-même influencé des gains de productivité qui nous permettront d’alléger nos coûts », explique par ce qu’il a pu voir pendant sept ans dans les rédactions américaines. Philippe Forget, qui n’a pas hésité à L’offre a également été centralisée, démissionner de son poste de numéro et les vingt-cinq titres que possède La deux à la Mauritius Commercial Bank (MCB) pour redonner un coup de jeune Sentinelle sont accessibles via un portail à l’héritage paternel. commun et payant.

Face à la pression économique, le groupe de presse fait le pari du numérique en créant une entité multimédia et en réorganisant les rédactions papier et web de son quotidien L’Express.

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a soirée du 2 août a été un peu morose à Baie-du-Tombeau, au siège du groupe de presse La Sentinelle. Les imprimeurs ont débouché le champagne, mais les bulles n’ont pas réussi à consoler les plus anciens. Après trois décennies de bons et loyaux services, l’immense rotative a fait rouler une dernière fois ses vieilles mécaniques avant de partir sous d’autres cieux africains. Au rythme saccadé des découpeuses et des rouleaux de papier alimentant la presse, dans l’entêtante odeur de l’encre, une page s’est tournée pour le premier média mauricien, qui depuis un an s’est lancé dans une véritable révolution culturelle, plus que jamais conforme à sa devise : « Pour devancer demain ». Et demain, La Sentinelle n’imprimera plus lui-même son quotidien L’Express. Depuis un peu plus de cinquante ans, le groupe est la vigie du paysage médiatique local. Son titre emblématique ? L’Express, fondé en 1963 par Philippe Forget. Ce jeune médecin, indépendantiste convaincu, comptait apporter un peu de pluralisme et aller à contrecourant d’une presse mauricienne alors n o 2856 • du 4 au 10 octobrE 2015

jEunE afriquE


En quête d’un second souffle Le groupe, qui investit 250 000 euros par mois, n’est pas encore sûr de son modèle économique et n’a toujours pas atteint le seuil de rentabilité. Pourtant, la réussite du test grandeur nature qu’il a passé lors de la dernière campagne électorale, fin 2014, prouve que la formule fait mouche auprès du public. Devenu premier site web de l’océan Indien, le portail lexpress.mu a vu son audience exploser ces deux dernières années, et a franchi le cap des 3 millions de visiteurs mensuels en février. « Le groupe a changé de dimension », estime Loïc Forget. Un sentiment à l’évidence partagé par les grandes agences internationales, comme Reuters ou l’AFP, qui multiplient les accords de partenariat avec La Sentinelle pour mieux couvrir la région. En misant sur l’innovation, le principal groupe de presse de l’océan Indien, également implanté à Madagascar et à La Réunion, espère une nouvelle fois démontrer ses capacités d’adaptation et son indépendance. Comme il a su le

faire face au boycott imposé par l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam. Exaspéré par certaines révélations de L’Express, l’ancien chef du gouvernement l’avait interdit dans toutes les administrations. « Le groupe a perdu plusieurs

millions d’euros en quelques années, estime un expert des médias locaux. C’est ce qui a dû le pousser à accélérer sa mutation. » Le prix à payer pour que La Sentinelle puisse rester fidèle au poste. ● Olivier CASliN

l’iNfO vue du Ciel Depuis près d’un an, les Mauriciens découvrent leur pays d’une manière insolite… et en très haute définition. Via son site internet, le quotidien L’Express diffuse plusieurs fois par semaine des reportages « vu du ciel », pris par des drones. en plus de la radio, de la photo et de la vidéo, LsLDigital gère une petite unité

de quatre objets volants que les Mauriciens se sont habitués à repérer dans les airs. Dès ses premiers survols, lors des meetings politiques d’octobre 2014, l’escadrille des Flying Freaks (les « monstres volants ») a créé la polémique en remettant en question les chiffres d’affluence avancés par les partis.

Mais le plus souvent ces drones suivent des compétitions sportives, l’avancement de projets routiers ou l’évolution de catastrophes naturelles. risquent-ils de se voir un jour cloués au sol ? « Nous profitons d’un vide juridique », avoue Loïc Forget. Qui joue à plein sur l’audience du site. ●

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Le Plus de J.A. Maurice

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Culture

Azor Adelaïde, la gâchette et le gâchis L’assassinat, en 1971, d’un activiste du Mouvement militant mauricien a traumatisé tout un pays. La réédition du livre d’Éric Bahloo, fils de l’un des protagonistes de cette affaire, ravive ce souvenir.

A

vec ses chefs de gang aux personnalités trop hautes en couleur pour être vraies, ses sanglants règlements de comptes au coin d’une ruelle, ses courses-poursuites effrénées dans la nuit moite de Curepipe à bord de vieilles anglaises, la peur au ventre, L’Affaire Azor Adelaïde a tout d’un roman noir. « Sauf que c’est un récit », précise son auteur, Éric Bahloo. Lequel n’est autre que le fils

u Ignace Bahloo (en médaillon), en 1956, et Éric Bahloo, son fils.

de l’un des protagonistes du « premier meurtre politique de l’histoire moderne de Maurice », comme le rappelle la quatrième de couverture du livre, réédité en juin. À 51 ans, Éric Bahloo espère bien mettre un point final à cette affaire qui suscite toujours autant de polémiques dans le pays et continue de hanter sa vie quarante-quatre ans après les faits.

Le 25 novembre 1971, Azor Adelaïde, 47 ans, docker et par ailleurs colleur d’affiches pour le Mouvement militant mauricien (MMM) de Paul Bérenger, est assassiné lors d’une embuscade tendue par les gros bras de Gaëtan Duval, tout-puissant patron du Parti mauricien social démocrate (PMSD) et ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Ramgoolam père. Le pays vient d’accéder à l’indépendance, les « bagarres raciales » sont encore dans toutes les mémoires. La tension est montée d’un cran à Curepipe depuis que le jeune activiste Paul Bérenger [il a alors 26 ans] est venu chasser sur les terres électorales de sir Gaëtan, autoproclamé « roi des créoles » de ce quartier populeux et populaire. Jusqu’au dérapage, après des mois de tabassages, de menaces et de provocations en tout genre. Éric Bahloo n’a rien oublié, jusqu’à l’arrestation de son père, Ignace, « première gâchette » de Gaëtan Duval et, à ce titre, inculpé pour complot, même s’il n’était pas sur les lieux le soir du crime. En 1975, il sort de prison « cassé » et meurt à 47 ans, quelques mois après sa libération. CICATRICES. Depuis plusieurs années,

Éric a rejoint sa mère en France, loin des « fils d’assassin ! » et des baffes que les passants s’autorisaient à lui donner dans la rue. C’est pour extirper cette douleur, rappeler ses vérités et ses soupçons qu’en 1996 il choisit la plume « plutôt que les poings ». Il mettra dix ans à trouver un éditeur. La classe politique mauricienne, dont les personnages sont les mêmes que dans le livre, ne voit pas cette publication d’un très bon œil. D’autant qu’elle pourrait rouvrir de vieilles cicatrices ethniques que tout le monde veut voir enfouies.

©dr

L’Affaire Azor Adélaïde, par Éric Bahloo, éditions de laTour, 153 pages, paru en 2011 et réédité en juin 2015. n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

jeune afrique


En quête d’un second souffle L’assassin présumé pourrait être hindou et non créole. Il aurait pu être payé pour tuer Bérenger, peut-être par quelqu’un d’autre que Duval… Pendant dix ans, Bérenger a construit sa stature politique sur le martyre d’Azor Adelaïde. Anerood Jugnauth lui-même, Premier ministre de 1982 à 1995, a utilisé cette sombre histoire

pour se débarrasser définitivement de Gaëtan Duval au tournant des années 1990,cedernierrisquantmêmelapotence. L’affaire Azor Adelaïde a donc marqué l’histoire politique de Maurice autant que l’existence d’Éric Bahloo, qui se dit aujourd’hui « libéré », après avoir réussi, à ses yeux, à réhabiliter un père dont il

n’est pas toujours fier. « C’était un activiste », sourit aujourd’hui le fils qui a décidé à son tour de s’engager. En plus des tribunes qu’il publie régulièrement dans les quotidiens mauriciens, il veut rentrer au pays « faire de la politique ». Et enterrer pour toujours Azor Adelaïde. ● OLivier CASLiN

Port-Louis porte-voix

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t Fabien Cornélius, ancien candidat du télé-crochet The Voice, est devenu une star sur l’île.

AjAy Boodhoo PhotogrAPhy

a nuit tombée, le quartier d’Ébène ressemble à un petit Manhattan, avec ses tours de verre illuminées. Le Hennessy Park en profite pour se donner des airs de palace new-yorkais. Son très chic bar lounge est devenu le dernier endroit à la mode, celui où, chaque fin de semaine, les golden boys and girls de la place financière viennent s’encanailler. Et si les DJ y assurent le plus souvent le show, Le Backstage justifie son nom le vendredi, lorsque la scène est réservée aux talents locaux. Derrière le micro, Fabien Cornélius capte la lumière des projecteurs et retient son souffle en même temps que l’attention de l’assistance. Depuis la diffusion à Maurice, fin janvier, de The Voice, le télécrochet de la chaîne française TF1, toute l’île peut mettre une voix sur ce nom. À 19 ans, le gamin de Rose-Hill joue les vedettes après avoir surpris son monde. Il n’a certes pas remporté la compétition (il a été éliminé dès la première battle), mais son apparition en prime time sur une grande chaîne a rempli de fierté tout le pays. Chapeau noir, baskets blanches, pantalon cigarette,

Fabien a indéniablement trouvé un style lors de son séjour à Paris. « Il a développé une vraie présence scénique », confirme Géraldine Secondis,

sa « fée », sa « marraine », qui, entre autres, gère ses relations avec les médias. Sa voix, elle, n’a pas varié d’un ton. Toujours aussi

onctueuse et groovy que celle qui a emballé le jury de The Voice, elle fait rapidement grimper de quelques degrés la température du Backstage. Au programme, des reprises de standards de musique soul, plutôt bien troussées. Ses propres créations, Fabien les garde pour l’album sur lequel il travaille depuis plusieurs mois et qu’il espère voir dans les bacs avant la fin de l’année. Derrière lui, la scène musicale locale se structure. En 2013, un collectif d’artistes a lancé Mouv Production, afin de découvrir et de suivre les jeunes talents. En plus des sessions hebdomadaires du Backstage, le label organise des castings à travers l’île, produit des CV vidéo pour donner un peu de visibilité aux jeunes musiciens et a même monté son premier festival, Dombeya, en octobre, près de Port-Louis, en collaboration avec des artistes réunionnais et indiens. Avec Fabien Cornélius en vedette américaine. ● O.C.

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Un Atlas indispensable pour répondre à vos questions

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Frais De port

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atlas de l’afrique

Le continent africain

santé

➔ en afrique subsaharienne, l’espérance de vie à la naissance est de 56 ans, la mortalité infantile de 73 ‰ en 2013. ➔ Dans 4 états d’afrique, la mortalité infantile est supérieure à 100 ‰. ➔ en 2012, sur 35,3 millions de personnes infectées dans le monde par le Vih, 25 millions sont en afrique subsaharienne soit 71%. ➔ les alliances mondiales apportent de nouveaux moyens de lutte

e

n un demi-siècle, la majorité des pays en développement a connu un recul des maladies infectieuses à un rythme inédit. Les États de l’Afrique du Nord s’inscrivent dans ce processus. Ils font partie du groupe des pays à très faible mortalité. Mais, avec le vieillissement de leurs populations, ils devront faire face aux maladies circulatoires et aux cancers. L’Afrique subsaharienne, malgré des progrès, s’est isolée des dynamiques observées et forme un ensemble marqué par les maladies infectieuses, parasitaires et les carences. Près d’un tiers de la population, principalement les femmes et les enfants, continue à souffrir de malnutrition. Pour 13 % de la population mondiale, cet espace supporte plus de la moitié de la morbidité infectieuse et parasitaire du monde tropical. Des maladies, répondant pour nombre d’entre elles à des traitements efficaces et à des vaccins, trouvent dans les environnements physiques et (ou) humains des conditions favorables. Le paludisme demeure la première grande endémie parasitaire ; on y enregistre 90 % des cas mortels du monde, affectant surtout les jeunes enfants, cibles aussi des diarrhées et des pneumopathies. L’hépatite virale B – porteuse d’un développement potentiel de cancer du foie – persiste comme les bilharzioses, et localement la rougeole et la poliomyélite. La trypanosomiase humaine africaine, la fièvre jaune sont

Laboratoire de biologie, Franceville, Gabon.

R.Van der Meeren/Les Éditions du Jaguar

➔ en afrique du nord l’espérance de vie à la naissance est de 70 ans, le taux de mortalité infantile est de 31 ‰ en 2013.

B. & C. Desjeux/Les Éditions du Jaguar

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Hôpital de Bata, Guinée équatoriale

recrudescentes alors que les moyens de lutte avaient permis leur contrôle dans les années 1960, ainsi que la tuberculose en lien avec le déficit immunitaire créé par le virus VIH/sida. Les aménagements hydro-agricoles et l’absence d’hygiène fécale favorisent l’expansion de la bilharziose intestinale. Des maladies nouvelles ont émergé : foyers de fièvres hémorragiques dues à des virus comme la fièvre Ebola, et le VIH/sida. L’épidémie de fièvre hémorragique liée au virus Ebola affiche un taux de létalité pouvant atteindre 90 %. Les épidémies affectent plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’ouest à partir de 1976 (République Démocratique du Congo, Soudan), puis en 1979-2003-2008 et dernièrement 2014 faisant des milliers de morts. En 2012, sur 35,3 millions de personnes vivant dans le monde avec le VIH/ sida, 25 millions sont en Afrique subsaharienne (71% du total mondial). En Afrique du Nord le nombre de personnes infectées par le VIH/sida a augmenté de plus de 50 % et les décès ont plus que doublé entre 2001-2012. Par contre en Afrique subsaharienne le nombre des personnes infectées a baissé de plus de 40 % et les décès ont diminué de 22 %. Néanmoins, le nombre de personnes infectées reste supérieur au nombre de décès en Afrique. À l’exception des bonnes nouvelles liées au recul de quelques endémies, l’onchocercose, la dracunculose, la poliomyélite, la rougeole et la lèpre — rôle des vaccinations pour la poliomyélite et la rougeole –, les décennies 1970 et 1980 furent funestes et interrompirent une évolution que l’on imaginait, quelques années auparavant, ne devoir être que favorable. Les préalables à la santé sont la paix, un abri, de la nourriture et un revenu. Les maux dont souffrent les populations révèlent donc les conditions socio-économiques et l’efficience des politiques sociales et de santé publique conduites par les États. La persistance de grands fléaux et le VIH/sida ont conduit à une mobilisation mondiale associant grands organismes internationaux, États industrialisés, fonds privés dont des fondations (Gates, Clinton…). En 2000, pour améliorer la couverture vaccinale des PMA (Pays les moins avancés), est fondée l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI). Grâce à elle, le taux d’immunisation, qui ne cessait de reculer dans les années 1990, remonte. En 2007, l’Alliance a lancé deux nouveaux programmes : une campagne de vaccination anti-pneumocoques et la relance de la lutte contre la fièvre jaune. En juin 2001, les Nations unies décidèrent la création du Fonds mondial de la santé. Ce fonds de lutte contre les trois grandes endémies,VIH/sida, paludisme, tuberculose est, pour l’essentiel, destiné à l’Afrique subsaharienne. Il contribue à l’accès aux traitements des personnes séropositives. Créé en 2003, le DNDi (Drugs for Neglected Diseases Initiative) vise à développer denouveauxmédicaments contredesmaladiestropicales délaissées par la recherche pharmaceutique et des moyens pour les rendre disponibles. La trypanosomiase humaine africaine, à laquelle 55 millions de personnes sont exposées, est prioritaire.

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1. le continent aFricain 1 atlas de l’afrique

Les grandes régions d’afrique

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2. l’aFrique l aFrique par 2 GranDes réGions atlas de l’afrique

Les pays d’afrique

Côte d’ivoire

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Indépendante depuis le 7 août 1960, la République de Côte d’Ivoire a d’abord connu une longue période de stabilité politique, reposant sur un parti unique – le PDCI de Félix Houphouët-Boigny – et sur une adhésion précoce à l’économie de marché. Cela permit au pays de connaître un développement économique sensiblement plus rapide que ses voisins d’Afrique de l’Ouest. Après le coup d’État militaire de 1999 et les tensions politiques qui débouchèrent sur le conflit de 2002 et la partition du pays, celui-ci a été plongé dans une crise sociopolitique profonde. Les conséquences sur l’économie ont été plus ou moins atténuées par les richesses naturelles dont dispose le pays. La normalisation politique a permis la reprise économique stimulée par une politique de relance des grands travaux. Le pays demeure leader sur le marché du cacao et l’agriculture continue d’afficher de bons résultats. D’autre part, le pétrole et le gaz sont apparus, depuis les années 1990, comme des ressources de première importance. GéoGraphie Superficie : 322 461 km2. Relief : le pays s’ouvre largement sur la mer avec une plaine littorale limitée par une côte à lagunes au centre et à l’est, rocheuse et découpée à l’ouest ; à l’intérieur, plateaux s’élevant à 300-600 m, accidentés de buttes dans la moitié orientale ; reliefs plus élevés dans la partie occidentale (point culminant

La lagune d’Assinie. R.Van Der Meeren/ Les Éditions du Jaguar

➔ superficie : 322 461 km2 ➔ capitale : yamoussoukro ➔ Date d’indépendance : 7 août 1960 ➔ population : 22,8 millions d’hab. ➔ indice de fécondité : 5 ➔ espérance de vie : 50 ans ➔ taux de croissance démographique : 2% ➔ rnB par habitant (ppa) : 2 900 $ ➔ rnB : 28 milliards de $ ➔ iDh : 0,452 ; rang : 171/187 ➔ langue officielle : français ➔ monnaie : franc cFa

R.Van Der Meeren/ Les Éditions du Jaguar

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Abidjan, le quartier d’afaires du Plateau.

atteignant 1 752 m dans le massif du mont Nimba à la frontière guinéo-ivoirienne). Le pays bénéficie d’une zonation climatique qui offre une palette allant des forêts humides méridionales à deux saisons des pluies jusqu’aux savanes septentrionales à longue saison sèche unique. Et même s’ils ne sont guère navigables, les fleuves Cavally, Sassandra, Marahoué, Bandama et Comoé constituent des corridors hydrographiques fort utiles, ne serait-ce qu’en rendant possibles les retenues d’eau de Buyo, Kossou et Taabo. population 22,8 millions d’habitants (2014), dont environ un quart d’étrangers. Densité : 66 h/km2. Villes principales : Abidjan (capitale économique), environ 5 millions d’hab. ; agglomération, 10,8 millions d’hab. ; Yamoussoukro (capitale politique), 259 373 hab. ; Bouaké, 1,3 milliond’hab. ; Daloa, 261 789 hab. ; San Pedro, 227 700 hab. ;Korhogo, 225 547 hab. ; Man, 172 867 hab. ; Divo, 167 000 hab. ; Gagnoa, 153 935 hab. ; la population urbaine (52 % en 2012) croît rapidement. Langues principales : français (off.), baoulé, agni, dioula, sénoufo, bété. économie Monnaie : franc CFA (XOF) ; 100 F CFA = 0,15 euro = 0,20 dollar. Budget (2012) : recettes, 5 002 millions de $, dépenses, 6 062 millions de $ ; dette extérieure (2012) : 41,7 % du RNB ; exportations (2012) : 12,6 milliards de $ ; importations : 10,8 milliards de $. À la suite de la crise socio-politique, les taux de la croissance économique évoluent

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Maurice Le Plus de J.A.

Sport

Gagnants à tous les coups

p Objectif de James Agathe (au centre) : conserver son titre de champion du monde amateur, conquis en 2013.

Lors des mondiaux qui se dérouleront en Serbie, à la fin d’octobre, la sélection nationale de kickboxing compte de nouveau faire des étincelles sur les rings.

L

informationn’avaitpasfaitlaune de la presse sportive internationale, mais, à Maurice, elle avait créé la sensation. Le 9 octobre 2013, plusieurs centaines de Mauriciens – dont Xavier-Luc Duval, le vice-Premier ministre – s’étaient déplacés jusqu’à l’aéroport international Sir-SeewoosagurRamgoolam pour accueillir avec les honneurs leurs tout premiers champions du monde – certes en catégorie amateur. Encore auréolés de leurs succès obtenus au Brésil, les kickboxers Fabrice Bauluck et James Agathe semblaient un peu hagards au moment d’exhiber leurs médailles devant la foule. Sans doute étaient-ils surpris d’un tel accueil, si loin de l’anonymat des salles d’entraînement auquel ils étaient habitués… jusqu’à ce retour triomphal. jeune afRique

vrai mental de champion », confirme Judex Jeannot, l’entraîneur national et véritable père fondateur du kickboxing à Maurice. Fabrice Bauluck ne compte pas que sur son seul talent pour faire la Cette notoriété grandissante, Fabrice différence. Sous les néons blafards de Bauluck commence tout juste à s’y habila salle surchauffée de Rose-Hill, où il tuer. Aussi timide dans la vie que hardi s’entraîne deux fois par jour, il bourre de coups de pied les sacs en cuir alignés sur le ring, il a longtemps été à la peine devant les journalistes, avant de se laisser contre le mur de briques. L’œil noir est apprivoiser. À 27 ans, il a enfin conquis perçant, la frappe précise. Alors qu’il s’apprête à remettre son titre en jeu, son Graal. Il était temps ! Champion du fin octobre en Serbie, le poids coq ne ménage pas Dans la salle surchauffée ses efforts pour être plus de Rose-Hill, Bauluck s’entraîne, affûté que jamais. Derrière les cordes, les gamins, l’œil perçant, la frappe précise. dans leurs shorts rouges monde juniors en 2004 et 2006, il avait beaucoup trop grands, ne quittent pas ensuite collectionné les places d’honneur leur champion des yeux. La relève se face aux champions d’Europe de l’Est. prépare… Frustrant… « Je ne viens pas pour partiChangement d’ambiance et de décor ciper mais pour gagner », ne cessait alors pour James Agathe. Le Rodriguais s’est de répéter ce compétiteur, qui entendait installé en 1999 à Grand Baie, la station bien imposer sa loi sur le ring. « Il a un balnéaire la plus branchée de Maurice. n o 2856 • Du 4 au 10 octobRe 2015

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Le Plus de J.A. Maurice La salle de sports qu’il y gère depuis deux ans s’ouvre sur la plage en contrebas, pour mieux laisser pénétrer l’air du large, qui vient rafraîchir les touristes en plein effort. De sa voix grave de stentor, James Agathe donne le rythme, puis frappe les battoirs qui lui servent de mains pour mettre fin à la séance. Il n’a qu’un étage à monter pour retrouver son monde à lui, ses coupes et ses médailles. Des photos de ses plus belles victoires tapissent le mur d’entrée, surplombées d’un poster de Mike Tyson, son idole. « Comme lui, je voulais devenir champion du monde à 18 ans », tonne le colosse de 1,85 m qui a dû attendre la trentaine pour atteindre son but. Certes, il sait de longue date qu’il veut être « toujours le plus fort ». Mais il lui fallait d’abord se trouver lui-même avant

d’identifier les failles de ses adversaires, et il a longtemps papillonné d’un sport de combat à un autre. Le karaté, puis le kickboxing. grâce. Lors de son premier match

adversaires à l’avance, j’avais l’impression de planer sur le ring », sourit-il en mimant les gestes qui lui ont permis de faire la différence face à ses concurrents russes ou azéris. Aujourd’hui entré dans la dernière ligne droite de sa préparation,

officiel, il abandonne au deuxième round, « faute voix de stentor, mains comme d’endurance ». Déçu, il des battoirs… James agathe plante tout. Revient au bout de quelques années, puis a toujours voulu être le plus fort. abandonne de nouveau il se fixe l’objectif de conserver sa couaprès s’être fait sortir au premier tour ronne à Belgrade. Avant, peut-être un d’un tournoi open qu’il s’imaginait gagner. Il tâte un peu de la boxe, mais revient vite jour, de remporter les lauriers olympiques. au kick, plus confiant, plus expérimenté, « Le kickboxing fera son entrée aux JO de 2020 », savoure déjà James Agathe, plus fort. Au Brésil, durant les championnats du monde, il est comme touché par qui aura alors 40 ans. L’âge de réaliser la grâce. « Je voyais tous les coups de mes ses rêves. ● Olivier caslin

tireurs d’élite

t

out le monde a enfin cessé de se demander où se trouve Maurice », se réjouit Judex Jeannot, entraîneur et sélectionneur de l’équipe nationale de kickboxing. Il aura fallu un peu moins de quinze ans, depuis la première participation d’un Mauricien à un championnat du monde, en 1999, pour que les autres nations majeures de ce sport de combat puissent situer l’île sur une carte. Le temps pour la jeune classe, couronnée en juniors, de confirmer son talent et de remporter deux titres de champion du monde amateur à São Paulo, au Brésil, en 2013 : James Agathe, premier champion du monde de son pays dans cette discipline (catégorie moins de 81 kg) et Fabrice Bauluck (moins de 54 kg). Un superbe résultat pour Maurice, dont les tireurs (nom officiel des kickboxers) sont loin de disposer des moyens techniques et financiers de leurs adversaires russes ou sud-africains. « Ici, il n’y a pas de professionnels, et nous sommes beaucoup n O 2856 • du 4 au 10 OctObre 2015

trop loin pour qu’un promoteur prenne le risque de faire venir un Mauricien sur les circuits européens »,

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regrette Judex Jeannot. Pour la plupart issus de milieux modestes, les membres de la sélection

nationale peuvent compter sur le soutien des pouvoirs publics. « Il est toutefois difficile de trouver des sponsors, confirme Bauluck, employé par le club de fitness où il s’entraîne. Il faut donc avoir la rage… » Sur le ring, les Mauriciens ne semblent pas manquer de niaque. Cette fois, il en faudra beaucoup à Burtland Simiss. Celui qui, selon l’entraîneur national, « possède le plus gros potentiel et le plus de chances d’aller chercher l’or aux prochains Mondiaux » (du 24 octobre au 1er novembre en Serbie) s’est en effet blessé au pied gauche lors d’un entraînement, fin août. Après avoir perdu en finale il y a deux ans au Brésil, Simiss, bien résolu à ne pas se contenter de l’argent, espère surmonter ce handicap. ●

tp Fabrice Bauluck (en haut) et James Agathe (ci-contre), médaillés d’or lors de la Coupe du monde de mai 2015, en Hongrie. jeune afrique


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