Ja 2858 du 18 au 241015 plus burkina faso

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Côte d’Ivoire Peut-elle (enfin) changer ?

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • n° 2858 • du 18 au 24 octobre 2015

jeuneafrique.com

dossier pétRole et gaZ 10 pages

bénIn le vrai kérékou

exClusIf

Pourquoi Zida accuse Soro

BURKINA

Un fauteuil

pour deux

Un an après la chute de Compaoré, le pays s’apprête à tourner la page de la transition. La bataille pour la conquête du palais de Kosyam a commencé. Grands favoris : Roch Marc Christian Kaboré et Zéphirin Diabré. Spécial 22 pages

édition burkina

France 3,80 € • Algérie 220 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € • Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,30 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285


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Le pLUs

de Jeune Afrique

Présidentielle La voix est libre

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triBUne Pour une Ve République, par Me Guy Hervé Kam interVieW Jean Gustave Sanon, ministre des Finances décideUrs Nacoulma le calme

BUrkinA FAso

AFP PHOTO/AHMED OUOBA

Une autre histoire

p Place de la Nation, à Ouagadougou, le 25 avril. Manifestation de soutien au nouveau code électoral. jEUnE AFriqUE

n O 2858 • DU 18 AU 24 OcTOBrE 2015



Le Plus de Jeune Afrique

Le pLUs

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de Jeune Afrique

BUrkinA FAso Une autre histoire

Prélude Damien GLEZ

A

u Burkina Faso, le pire n’est jamais sûr. Et le meilleur n’est jamais exclu. En octobre 2014, même émus par le premier « printemps » d’afrique subsaharienne, des oracles prédisaient à l’insurrection populaire burkinabè une fin politique en queue de poisson. Pourtant, à l’occasion des élections à venir, le scénario catastrophe annoncé pourrait s’achever par un happy end.

inverse en contraignant ceux du CDP à faire profil bas. Le désenchantement aurait pu venir, enfin, d’une population revêche qui venait de se découvrir des superpouvoirs révolutionnaires. Certes, la période de transition a été marquée par quelques sautes d’humeur adolescentes – plusieurs ministres ayant été démis sous la pression de foules atrabilaires –, mais la population burkinabè semble avoir fait sien ce mot d’ordre du rappeur smockey : « après ta révolte, ton vote. »

La sortie de route fatale aurait pu venir des corps habillés, ceux-là mêmes qui ont déclenché toutes les alternances Enfindecompte,cet – ultime? – épisode au sommet de l’État, depuis la chute du coup d’État manqué a permis de faire du seul président civil de Haute-Volta tomber les masques. Comme on dit au jusqu’au sacre de Blaise Compaoré. Faso, chacun « se sait » désormais. si les Pourtant, la récente tentative de coup chancelleries occidentales et les exécutifs d’État du général Diendéré n’a pas réduit de la sous-région sont moins béats que prula détermination du citoyen burkinabè à dents, les scrutins présidentiel et législatifs persévérer sur la route cahoteuse de la suscitent un enthousiasme certain. un vraie démocratie. Le régiment de sécurité enthousiasme pétri d’une fierté populaire, présidentielle soumis et dissous, qui a qui n’ignore pas les difficultés à venir. encore peur du grand méchant loup en treillis ? Le prochain président du Faso Le dérapage aurait également ne devrait pas être vierge pu venir d’une classe politique de toute collaboration avec divisée. sur la gauche du ring : les anciens opposants au régime l’ancien régime. Compaoré, revanchards au point de tricoter une loi électorale excluant ceux Le prochain président du Faso ne devrait qui auraient soutenu un changement en effet pas être vierge de toute collaboanticonstitutionnel portant atteinte au ration avec l’ancien régime ; sa marge de principe de la limitation du nombre de manœuvre politique sera aussi étroite mandats présidentiels. sur la droite : les que son état de grâce sera court ; les dosexclus, forts d’une condamnation de siers judiciaires emblématiques, comme l’État par la Haute Cour de justice de la les affaires Thomas sankara ou norbert Cedeao, jurant qu’aucune élection ne Zongo, ne pourront être soldés d’un coup saurait se tenir sans eux. de baguette magique; l’économie peinera La campagne électorale présidentielle à se remettre de l’attentisme des opérateurs qui va s’ouvrir ne comportera pas de et des investisseurs, déjà frileux avant les représentant du parti de Blaise Compaoré événements militaires de septembre… – le CDP –, et la formation a officielleTout bien considéré, les élections ne ment pris acte de la sanction. Quant à seront pas un happy end. non pas qu’elles considérer l’impact politique de l’épidevraient connaître une issue dramatique. sode du putsch manqué, cette aventure Elles seront simplement bien moins une militaire qui ambitionnait l’inclusion fin que le début d’une nouvelle ère pour de tous les candidats a obtenu l’effet le Pays des hommes intègres. ● Jeune Afrique

n o 2858 • du 18 Au 24 octobre 2015

jeune afrique

n O 2854 • du 20 au 26 septembre 2015

Panorama La voix est libre En camPagnE Tous les chemins mènent à Kosyam

p. 62

p. 68

TribunE La Ve république, c’est maintenant ! Par maître Guy Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen p. 75 ÉconomiE malaise post-blaise

p. 78

inTErViEw Jean gustave Sanon, ministre de l’Économie et des Finances p. 82 infraSTrucTurES bouchons à l’horizon p. 85 maTièrES PrEmièrES un traitement de stars p. 87 STraTÉgiE Les pôles, on en raffole ! p. 90 DÉciDEurS nacoulma le calme

p. 94

© sophie gArciA pour J.A.

Happy end en vue?

mÉDiaS accros de l’info

p. 98


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Le Plus de jeune afrique

BuRkina fasO

La voix est libre

Un an après l’insurrection populaire qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir et un mois après le coup d’État manqué des hommes de l’ex-régiment de sécurité présidentielle, les Burkinabè sont impatients de tourner la page de la transition. Ils sont appelés aux urnes le 29 novembre.

L

eurs visages graves et fiers, face à une assistance entonnant l’hymne national, poing droit levé à la manière de Thomas Sankara, en disaient long sur les épreuves personnelles qu’ils avaient traversées. Ce 23 septembre, lors de la cérémonie de « restitution du pouvoir » organisée à Ouagadougou, une semaine tout juste après le coup d’État du général Gilbert Diendéré et de ses hommes du régiment de sécurité présidentielle (RSP), Michel Kafando, le président, et Yacouba Isaac Zida, le Premier ministre, semblaient plus que jamais déterminés à aller au bout de leur mission. Malgré l’éphémère putsch auxquels ils ont dû faire face, n O 2858 • du 18 au 24 OctObre 2015

Benjamin ROGeR, envoyé spécial

l’objectif de leur régime de transition est, comme ils le répètent depuis près d’un an, toujours le même : organiser des élections présidentielle et législatives pour tourner la page des vingt-sept années de règne de Blaise Compaoré. Ces scrutins, qui devaient se tenir le 11 octobre, ont été brutalement suspendus le 16 septembre, lorsque plusieurs éléments du RSP ont fait irruption dans la salle du Conseil des ministres, au palais de Kosyam. Les putschistes en treillis léopard ont commencé par séquestrer Kafando et Zida, ainsi que deux ministres, avant de réprimer dans le sang les manifestations spontanées des Burkinabè hostiles à ce coup de force. Sous la pression de la communauté internationale et jeune afrique


Erwan rogard/IP3

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de la rue, mis en joue par la frange loyaliste de l’armée, Gilbert Diendéré, qui fut le fidèle bras droit de « Blaise » trois décennies durant, a fini par lâcher au bout d’une semaine le pouvoir qu’il avait usurpé. Après avoir publiquement « regretté » son putsch, il dort désormais dans les locaux de la gendarmerie, tout comme plusieurs officiers de l’ex-garde présidentielle. complices. Pour les autorités de la transition,

le choc a été violent. « Le coup d’État le plus bête du monde », ainsi que se plaisent à l’appeler désormais les Burkinabè, a laissé des traces. Et a suspendu le processus électoral. Avant de planifier de nouveaux scrutins, le gouvernement jEunE afrIquE

p Michel Kafando, le président de la transition, lors de la cérémonie de « restitution des pouvoirs », au palais de Kosyam, le 23 septembre.

s’est d’abord attelé à régler plusieurs dossiers prioritaires : hommage national aux quatorze personnes tombées sous les balles des putschistes, ouverture de l’enquête sur le coup d’État, qui a été confiée à la justice militaire et à une commission spéciale, ou encore réorganisation des forces armées nationales, dont les différents corps doivent accueillir – mais surtout intégrer –les éléments du RSP dissous. Après consensus entre tous les signataires de la charte de la transition (le texte instituant le régime de transition après la chute de Blaise Compaoré), la nouvelle date du premier tour des élections présidentielle et législatives a été fixée au dimanche 29 novembre. Le deuxième n o 2858 • du 18 au 24 octobrE 2015


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Le Plus de J.A. Burkina Faso tour, s’il devait avoir lieu, devra se tenir quinze jours après la proclamation des résultats. Les Burkinabè devraient donc connaître leur nouveau président avant le passage à l’année 2016. L’exclusion des candidats pro-Compaoré des scrutins présidentiel et législatifs, invoquée par le général Diendéré pour justifier son passage à l’acte, ne devrait pas être remise en question. Après avoir indirectement soutenu le coup d’État en refusant de le condamner, les responsables du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-parti au pouvoir) font désormais profil bas. Plusieurs d’entre eux – notamment Eddie Komboïgo, le nouveau président du CDP, Léonce Koné, son deuxième vice-président, ou Fatoumata Diendéré, l’épouse de Gilbert… – font partie de la liste des quatorze personnalités suspectées d’être impliquées dans le coup et dont les avoirs ont été gelés, tout comme ceux de leur parti. « Même s’ils étaient de nouveau autorisés à le faire, on les imagine mal avoir le courage de se présenter. La plupart d’entre eux se cachent ou ont quitté le pays », maugrée un membre du gouvernement. GUERRE FRATRICIDE. Sauf aléa ou retrait de

dernière minute, les quatorze candidats autorisés à se présenter à l’élection présidentielle avant le putsch manqué du RSP devraient donc être en lice pour le premier tour de scrutin (lire pp. 68-72). La plupart d’entre eux, après avoir lutté ensemble contre le projet de modification constitutionnelle de Blaise Compaoré en 2014, regardent en direction du palais de Kosyam avec des ambitions non dissimulées. Même si jamais scrutin n’a été aussi ouvert, deux favoris se détachent : Zéphirin Diabré, le candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), et Roch Marc Christian Kaboré, celui du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Ministre dans les années 1990, Zéphirin Diabré a lancé son parti en 2010 et faisait depuis figure de chef de file de l’opposition. Roch Marc Christian Kaboré, ex-Premier ministre et longtemps considéré comme le dauphin de « Blaise », a claqué la porte du CDP début janvier 2014, dix mois seulement avant le soulèvement populaire. Chacun peut compter sur de solides moyens financiers, une machine partisane bien huilée et des relais dans la sous-région. Ils doivent aussi tenir compte d’autres paramètres. Issu de l’ethnie minoritaire bissa, Zéphirin Diabré sait que le facteur ethnique, sujet tabou qui reste beaucoup moins déterminant au Burkina Faso que dans certains pays voisins, peut néanmoins jouer à la marge, en particulier dans les campagnes. Roch Marc Christian Kaboré doit quant à lui lutter contre l’image, qui lui colle à la peau, d’un homme qui a retourné sa veste au dernier moment. n O 2858 • du 18 au 24 OctObre 2015

Une transition qui s’éternise

31 octobre 2014

Le président Compaoré est chassé du pouvoir après une insurrection populaire

17-18 novembre 2014

Armée et civils signent une charte de transition. Michel Kafando est désigné président par intérim

22 janvier 2015 Annonce que des élections présidentielle et législatives se tiendront le 11 octobre

15-17 septembre

Coup d’État du régiment de sécurité présidentielle (RSP). Arrestation de Kafando et de Zida

23 septembre

Fin du putsch. Le président Kafando est rétabli dans ses fonctions

14 octobre

Annonce de la tenue des scrutins présidentiel et législatifs le 29 novembre

En cas de probable second tour entre « Zéph » et « Roch », les alliances seront décisives. Outre l’appui de leurs familles politiques respectives – Diabré se veut libéral, Kaboré social-démocrate –, chacun devra essayer de rallier les outsiders à sa cause. Sans que l’on puisse déterminer, jusqu’au scrutin, lequel d’entre eux sera le « faiseur de roi ». Bénéwendé Sankara, opposant historique et candidat des sankaristes, semble plus que jamais bien placé pour réaliser un bon score au premier tour. Homme d’expérience, Ablassé Ouédraogo, ex-ministre des Affaires étrangères, et Saran Séré Sérémé, figure féminine de l’insurrection d’octobre 2014, pourraient eux aussi créer la surprise pour leur première participation à une présidentielle. Autre inconnue majeure: la posture qu’adoptera le CDP ou, plutôt, le choix que feront ses électeurs traditionnels, toujours nombreux, en particulier en milieu rural, où vit la majorité de la population. Passés du statut de « victimes » de l’exclusion électorale à celui de « complices présumés » des putschistes, plusieurs ténors du parti de Blaise Compaoré ont définitivement renoncé à se présenter – ce qui ne les empêchera pas d’essayer de peser sur le scrutin. « Beaucoup de cadres du CDP considèrent que ce sont les fondateurs du MPP qui ont fait tomber Blaise Compaoré, et ils ont juré leur perte, explique Cynthia Ohayon, analyste à l’International Crisis Group. Zéphirin Diabré pourrait donc profiter de cette guerre fratricide et capitaliser sur le slogan du “tout sauf le MPP”, en veillant toutefois à ne pas passer une alliance trop visible avec certains membres de l’ex-parti présidentiel. » EXERCICE PÉRILLEUX. Quel qu’il soit, le futur chef

de l’État n’aura pas la tâche facile. L’insurrection victorieuse contre le régime Compaoré, au pouvoir pendant plus d’un quart de siècle, a fait naître d’immenses espoirs. « Les gens sont fatigués des promesses et veulent des réformes concrètes et rapides, qui améliorent leur vie, souligne Bénéwendé Sankara. Le futur président devra aussi avoir l’autorité nécessaire pour aborder les questions qui fâchent. » Outre la relance de l’activité et le nécessaire développement socio-économique du pays (lire pp. 78-80), que ce soit en matière d’infrastructures, de santé ou de lutte contre le chômage – en particulier des jeunes (lire p. 80) –, plusieurs réformes sont en effet très attendues par la population : refonte de la justice et de l’administration, lutte contre la corruption et l’impunité, réorganisation de l’armée et réaffectation des militaires de l’ex-RSP qui seront épargnés par la justice… À ces dossiers prioritaires et sensibles s’ajoutera l’exercice, périlleux, de la réconciliation nationale et de l’instauration d’un climat politique apaisé avec les putschistes et les partisans de l’ancien régime. ● jeune afrique


Université Aube Nouvelle

Poids-lourd de l’enseignement supérieur privé

COMMUNIQUÉ

U-AUBEN

Première promotion de doctorants, campus flambant neuf dans la deuxième ville du Burkina : l’« U-AUBEN » passe à la vitesse supérieure.

Isidore Gnanta Kini, président directeur fondateur de l’U-AUBEN

L’année 2015 est marquée d’une pierre blanche dans l’agenda d’Isidore Gnanta Kini, président directeur fondateur de l’Université Aube Nouvelle. En mars, il inaugurait le nouveau campus de Bobo-Dioulasso, après trois ans de travaux et un investissement de plus de 2 milliards de F CFA. En juillet, il assistait à la première soutenance de thèse d’une doctorante de la première promotion de son école doctorale. Quatre autres soutenances sont prévues d’ici à la fin de l’année, couronnant la première promotion de Bac+8 formés à l’«U-AUBEN».

Avec ces deux événements, l’Université Aube Nouvelle prend pleinement la forme qui a inspiré son fondateur en 2012, quand il a décidé de développer l’Institut supérieur d’informatique et de gestion (ISIG International), qu’il avait créé en 1992, pour lui donner une dimension universitaire. Question de taille, bien sûr. À terme, Bobo-Dioulasso accueillera autant d’étudiants que Ouagadougou. Sur la dernière année universitaire, le rapport était de 750 étudiants à Bobo et près de 4 000 à Ouaga. À quoi s’ajoute une ambition. Une université remplit deux missions : l’enseignement et la recherche. Cette dernière est le fil conducteur des études des doctorants, dans deux domaines pour le moment. Sciences de gestion – Spécialité Management avec deux laboratoires : • Le Centre de recherche et d’études en management (CREM) • Le Laboratoire de systèmes d’information ; de gestion de l’environnement et du développement durable (LSI/GEDD). Sciences et techniques, spécialité ICT avec un laboratoire d’imagerie numérique. Cinq ans après sa création, l’ISIG devenait le premier institut d’enseignement supérieur privé de l’espace CAMES (Conseil africain et malgache

LE CENTRE AMÉRICAIN DE LANGUE Désormais installé dans les deux plus grandes villes du Burkina, le Centre américain de langue dispense plusieurs types de cours d’anglais, par exemple pour les lycéens et collégiens (70 heures), ou pour la préparation des élèves les plus chevronnés au TOEFL, le test d’anglais le plus largement répandu au monde. Fruit d’un partenariat établi en juin 2013 entre l’ambassade des États-Unis et l’U-AUBEN, il témoigne de la confiance d’un partenaire international de renom dans la qualité d’organisation des formations et les équipements utilisés par l’Université Aube Nouvelle.

PREMIÈRE UNIVERSITÉ PRIVÉE DU BURKINA, l’U-AUBEN, dispense des formations pour les diplômes de Techniciens Supérieurs, de Licence, de Master, d’Ingénieur et de Doctorat. Elle compte 4 unités de formation et de recherche (UFR) • sciences et techniques • sciences économiques et de gestion • sciences juridiques et politiques • langues, lettres, sciences humaines et sociales, et trois instituts • Institut de technologie et recherche industrielle et génie civil (ITRI-GEC) avec 2 parcours : ingénieur en génie civil et ingénieur en architecture et urbanisme. • Institut supérieur d’informatique et de gestion (ISIG International) • Institut des métiers. pour l’enseignement supérieur), ses diplômes étant officiellement homologués par le CAMES. En 2003, l’ISIG s’est implanté à BoboDioulasso. En 2015, c’est donc l’université Aube Nouvelle qui s’installe dans des locaux flambant neufs dans la deuxième ville du Burkina. Ces locaux comprennent 3 blocs pédagogiques avec 48 salles de cours de 80 places, 2 labos pour génie civil et une salle de conférence de 300 places. Il y a également 4 salles de plus de 350 places chacune dont une pour la bibliothèque, une salle de projets pour les ingénieurs et architectes, une salle de visioconférence et un amphi. Ainsi que 3 salles de 250 places chacune pour le laboratoire de bioanalyse et pour des salles de cours. Un quatrième bloc accueille des bureaux, des appartements pour l’hébergement du personnel en mission, une infirmerie et le Centre américain de langue (lire encadré). L’Université Aube Nouvelle compte près de 400 professeurs, dont une trentaine de permanents. Chaque année, l’U-AUBEN accueille plus de 30 missions d’enseignement venant de France (École Centrale de Lille, Polytechnique Marseille, Universités Aix Marseille 2, Lyon III, Nantes) et du Canada: Université de Moncton, Université du Québec à Montréal (UAQM), Université de Montréal (UdM), McGill University. Formations de qualité, locaux appropriés, équipements de pointe... La réputation de sérieux et d’efficacité de l’U-AUBEN a déjà dépassé les frontières – elle comptait des étudiants de 20 nationalités sur l’année universitaire 2014-2015 – et elle s’apprête à franchir une nouvelle étape: s’imposer en pôle d’excellence régional de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest. ■

U-AUBEN

Université Aube Nouvelle - Tél. : (+226) 25 36 39 75 / 25 36 04 19 à Ouagadougou - Tél. : (+226) 20 98 04 42 à Bobo-Dioulasso - www.u-auben.org

DIFCOM/FC - Photos : DR

Campus de Bobo-Dioulasso


le Plus de j.a.

On se calme Après son putsch manqué, l’ex-garde prétorienne a été dissoute. La réintégration de ses hommes dans l’armée régulière est désormais un enjeu crucial.

l

affrontement entre militaires que tout le monde redoutait n’a pas eu lieu. Mais l’usage de la force a tout de même été nécessaire pour faire plier les derniers récalcitrants. Le 29 septembre, sur ordre des autorités de la transition remises en selle quelques jours plus tôt, plusieurs unités de l’armée « loyaliste » ont lancé l’assaut sur le camp Naaba Koom, la caserne de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP), dont près de 200 membres refusaient d’obtempérer à l’ordre de désarmement. Cette offensive a scellé le sort du régiment d’élite, qui, en tentant de prendre le pouvoir par les armes, a finalement fait tomber lui-même l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête depuis près d’un an. Sur les quelque 1 350 hommes qui le composaient (soit 10 % des effectifs de l’armée), presque tous ont déjà été redéployés dans différents corps. Une trentaine manquent à l’appel et sont désormais garde prétorienne de Blaise Compaoré, considérés comme des déserteurs. Enfin, ce régiment créé en 1995 et décrit comme une quinzaine de gradés soupçonnés une « armée dans l’armée » était le mieux d’avoir fait partie des meneurs du coup formé, le mieux équipé et aussi le mieux d’État ont été arrêtés par la gendarpayé. Ses hommes ont longtemps bénémerie et sont interrogés par la justice ficié des largesses de l’ex-président, qui militaire. Le général Gilbert Diendéré, avait l’habitude de leur distribuer régule chef des putschistes, ainsi que Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de après avoir suscité la méfiance Blaise Compaoré, ont eux et la jalousie de ses frères d’armes, été inculpés d’« attentat à la sûreté de l’État », placés sous voilà le rsP en position de faiblesse. mandat de dépôt et déférés lièrement des primes, notamment en fin à la Maison d’arrêt et de correction des d’année. Pratique à laquelle les autorités armées (Maca). « L’enquête se poursuit. de la transition ont mis fin, s’attirant l’aniSi certains membres de l’ex-RSP sont cités mosité des intéressés. commesuspects,ilspourronteuxaussiêtre Après avoir longtemps suscité la arrêtés », prévient une source sécuritaire. méfiance et la jalousie de leurs frères vieilles rancunes. L’intégration de d’armes, les militaires de l’ex-RSP, dont certains ne cachaient pas leur sentiment ces soldats dans les différentes garnisons de supériorité, se retrouvent aujourd’hui du pays s’annonce délicate. Outre qu’ils en position de faiblesse. Les liens étroits pourraient pâtir de leur image de putsqu’entretiennent les officiers et sous-offichistes, ils pourraient faire les frais de ciers de ces différents corps depuis leurs vieilles rancunes, nées de la rivalité qui années de formation seront décisifs pour les opposait au reste de l’armée. Ancienne n O 2858 • du 18 au 24 OctObre 2015

p Cérémonie de désarmement, en présence d’Isaac Zida, le Premier ministre. Ouagadougou, le 6 octobre.

éviter que les vaincus soient victimes de brimades et préserver la cohésion des forces armées. Conscientes de la difficulté de cette intégration, les autorités de transition, le lieutenant-colonel et Premier ministre Yacouba Isaac Zida en tête, ont appelé les unités qui recevront des anciens du RSP à les accueillir « en toute fraternité ». À l’heure où le pays fait face à une menace terroriste accrue à ses frontières avec le Niger et avec le Mali, nombre d’observateurss’interrogentsurlacapacité de l’armée burkinabè, réputée l’une des plus compétentes de la sous-région, à surmonter un tel choc interne. « Le RSP était la seule unité d’élite en pointe dans la lutte antiterroriste. C’est une erreur de l’avoir dissous aussi brutalement dans le contexte actuel », s’inquiète une source diplomatique occidentale. La plupart de ses hommes – tout comme leur armement dernier cri, redistribué au sein de l’armée – sont pourtant toujours là. Reste à tirer le meilleur parti de leurs compétences. ● Benjamin rOGer jeune afrique

© Stringer Shanghai/reuterS

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COMMUNIQUÉ

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Le Plus de J.A. Burkina Faso En campagnE

Tous les chemins mènent à Kosyam Ils ne pensent qu’à ça. Qui, de ces quatorze candidats, sera le président ?

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auf surprise de dernière minute, ils seront quatorze à concourir pour le premier tour de la présidentielle, le 29 novembre. Pour la plupart quinquagénaires, ils ont aussi tous, à quelques exceptions près, eu leur place, à un moment ou à un autre, au cœur du régime de Blaise Compaoré. Parmi les prétendants à sa succession, deux personnalités se détachent : Zéphirin Diabré, candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), et Roch Marc Christian Kaboré, celui du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Unis dans la lutte contre

l’ancien président depuis 2014, chacun joue désormais sa propre partition. Derrière eux, plusieurs outsiders, tels que Bénéwendé Sankara, éternel opposant à « Blaise » (et l’un des rares à n’avoir jamais servi l’ancien régime), Ablassé Ouédraogo ou encore Saran Séré Sérémé, pourraient peser sur ce scrutin qui s’annonce très ouvert. En cas de probable second tour, les tractations et les alliances – qui doivent être déjà en discussion dans les états-majors des partis – seront déterminantes pour l’issue du scrutin et l’accès à Kosyam. ● Benjamin ROGeR

Zéphirin Diabré 56 ans – Union pour le progrès et le changement (UPC)

c

hef de file de l’opposition contre le projet de modification constitutionnelle en 2013 et en 2014, Zéphirin Diabré a longtemps fait figure d’opposant numéro un à Blaise Compaoré. Aujourd’hui parmi les favoris pour succéder à ce dernier au palais de Kosyam, le candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) a fait de la lutte contre la corruption l’une des priorités de son programme. Formé à l’École supérieure de commerce de Bordeaux (France), il a rejoint le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti de « Blaise », et a occupé les fonctions de ministre du Commerce, de l’Industrie et des Mines (1992-1994), puis de l’Économie et des Finances (1994-1996), avant de prendre la présidence du Conseil économique et social (1996-1997). Il rejoint ensuite le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à New York (1999-2006), puis le siège du groupe français Areva, dont il sera le « Monsieur Afrique » n O 2858 • du 18 au 24 OctObre 2015

© AHMED OUOBA/AFP

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(2006-2011). En mars 2010, désireux de revenir en politique dans son pays, Zéphirin Diabré crée l’UPC. Deux ans plus tard, à l’issue des législatives et municipales de 2012, son parti apparaît comme la

deuxième force politique du Faso, avec 19 députés et 1 615 conseillers municipaux. Fort de l’ancrage local de l’UPC et de son image d’opposant engagé depuis plusieurs années contre le régime de

Blaise Compaoré, Diabré le libéral, qui ne s’est encore jamais présenté à une présidentielle (il s’estimait trop jeune en politique en 2010) pourrait bien atteindre son but dès son premier essai. ● jeune afrique


Une autre histoire

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s

ecrétaire exécutif (1999-2003), puis président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de 2003 à 2012, Roch Marc Christian Kaboré a longtemps été considéré comme le dauphin de Blaise Compaoré. Plusieurs fois ministre depuis 1989, notamment Premier ministre (1994-1996), puis président de l’Assemblée nationale (2002-2012), cet ancien fidèle parmi les fidèles de l’ex-président Compaoré a basculé dans l’opposition le 4 janvier 2014, en même temps que deux autres ténors du régime, Salif Diallo et Simon Compaoré. Opposés à la volonté du chef de l’État de modifier la Constitution pour se

maintenir au pouvoir, Kaboré et ses deux compères ont démissionné du CDP, rejoint ses détracteurs et fondé le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Présenté comme l’un des deux grands favoris de la présidentielle d’octobre, avec Zéphirin Diabré, le social-démocrate Kaboré dispose de plusieurs atouts qui pourraient faire basculer la balance en sa faveur : une solide expérience à la tête de l’État, le soutien d’une machine partisane bien rôdée, ainsi qu’un réseau de connexions influentes dans la sous-région. Le candidat du MPP devra néanmoins convaincre une partie des nombreux Burkinabè qui voient toujours en lui un

sophie garcia/hans lucas

Roch Marc Christian Kaboré 58 ans – Mouvement du peuple pour le progrès (MPP)

ancien pion du régime Compaoré. Quant aux proches de « Blaise », qui considèrent les trois fondateurs du MPP comme

des traîtres responsables de leur chute, nul doute qu’ils feront tout pour l’empêcher de s’installer dans le fauteuil présidentiel. ●


Le Plus de J.A. Burkina Faso

Bénéwendé Sankara 56 ans – Union pour la renaissance-Parti

© dr

sankariste (Unir-PS)

Ram Ouédraogo 64 ans – Rassemblement des écologistes du Burkina Faso (RDEB)

n

i

l est l’un des seuls à pouvoir se targuer de n’avoir jamais servi l’ancien régime. Éternel opposant à Blaise Compaoré, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’Union pour la renaissance-Parti sankariste (Unir-PS), se présente pour la troisième fois à la magistrature suprême. Arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2005, avec 4,88 % des suffrages exprimés, et troisième en 2010, avec 6,34 % des voix, le candidat sankariste entend faire beaucoup mieux cette année. Il espère même créer la surprise en perturbant le duel annoncé entre Zéphirin Diabré et Roch Marc Christian Kaboré. Le contexte postinsurrectionnel et la défiance généralisée envers l’ancien président devraient en tout cas favoriser l’avocat, qui se définit encore comme un « révolutionnaire » et un « héritier » de Thomas Sankara (avec lequel il n’a aucun lien de parenté). Reste maintenant à réunir la multitude de partis et mouvements sankaristes autour de sa candidature. Me Bénéwendé Sankara s’est fait connaître en défendant les dossiers brûlants qui ont émaillé les vingt-sept années de règne du président Compaoré, à commencer par l’assassinat de Thomas Sankara, en 1987, puis ceux de David Ouédraogo et de Norbert Zongo, en 1998. Outre l’accession au palais de Kosyam, l’ancien militant des comités de défense de la révolution, qui est l’avocat de la famille Sankara depuis la fin des années 1990, espère réussir une autre quête, qui lui tient particulièrement à cœur : obtenir la vérité et la justice dans l’enquête sur l’assassinat de son mentor. ● n o 2858 • du 18 Au 24 octobre 2015

é en Côte d’Ivoire en 1951 de parents burkinabè, Ram Ouédraogo est arrivé au Faso en 1984, dans les premières années de la révolution sankariste. Fondateur du premier parti écologiste du pays, l’Union des verts du Burkina (UDVB), il a été ministre d’État pour la Réconciliation nationale de 1999 à 2002, après la grave crise politique consécutive à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Arrivé deuxième sur trois candidats à l’issue de la présidentielle de 1998 avec 6,6 % des suffrages exprimés (contre 87,52 % pour Compaoré), Ram Ouédraogo a fondé le Rassemblement des écologistes du Burkina Faso (RDEB) en 2005, sous les couleurs duquel il s’est à nouveau présenté à la magistrature suprême, n’obtenant que 2,04 % des suffrages, en cinquième position sur 13 candidats. ●

Ablassé Ouédraogo 62 ans – Le Faso autrement

l

e président du Faso autrement croit dur comme fer à ses chances pour la présidentielle. Il est d’ailleurs perçu comme un sérieux outsider. Après avoir été investi comme candidat par son parti, à la mi-juin, ses propos dans une interview accordée à Jeune Afrique, dans laquelle il présentait ses origines ethniques et religieuses comme des atouts, ont toutefois provoqué une vive polémique au Burkina et terni quelque peu son image de rassembleur. Avant de créer son propre parti, fin 2011, et d’être élu député, en 2012, sous l’étiquette de ce dernier, Ablassé Ouédraogo a, comme d’autres opposants, été membre du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et occupé des fonctions au sein de l’exécutif sous la présidence de Blaise Compaoré. Il a été successivement

ministre des Affaires étrangères (1994-1999), puis conseiller spécial du président. Économiste reconnu, il a ensuite occupé des postes dans différentes institutions internationales : à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dont il a été directeur général adjoint, et au sein de l’Union africaine, pour laquelle il a joué les médiateurs, notamment dans la crise malgache. ● © Hippolyte SAmA pour J.A.

© V. forunier/J.A.

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Le Plus de J.A. Burkina Faso

Saran Séré Sérémé 46 ans – Parti pour le développement et le changement (PDC) ne des deux seules femmes candidates à la magistrature suprême, avec Françoise Toé, du Parti pour la démocratie et le progrès-Parti socialiste (PDP-PS). Mi-juillet, Saran Sérémé, présidente du PDC, a sans surprise été élue par les militants de son parti pour être leur candidate à la présidentielle. Ancien membre du bureau exécutif du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), après deux mandats en tant que députée CDP du Sourou (nord-ouest du pays), cette mère de deux enfants a claqué la porte de l’ex-parti au

pouvoir en septembre 2012, peu avant les législatives. Elle a alors fondé son propre parti, le PDC, et est devenue la seule femme à diriger une formation politique au Burkina. L’« amazone de Tougan » – surnom qui lui est donné en référence à son fief, dans la province du Sourou – est aussi une figure de l’insurrection. Elle est notamment à l’origine de l’importante marche des femmes contre le projet de modification de la Constitution qui a défilé dans les rues de Ouagadougou le 27 octobre 2014, quatre jours avant la chute de Blaise Compaoré. ●

© dr

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Jean-Baptiste Natama 51 ans – Indépendant

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© ISSOUF SANOGO/AFp

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atif de Léo (région Centre-Ouest), titulaire d’un DEA en droit et d’un DESS en stratégie et diplomatie, Jean-Baptiste Natama a été le directeur de cabinet de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini-Zuma, d’octobre 2012 à février 2015, date à laquelle il a décidé de quitter Addis-Abeba pour rentrer à Ouagadougou et préparer sa candidature à la présidentielle. Membre du Conseil national de la révolution, il s’enrôle dans l’armée pour prendre part à la révolution de 1983, participe à la « guerre de Noël » contre le Mali en 1985, et accède rapidement au grade de colonel. Radié des rangs de l’armée en 1990, il a poursuivi sa carrière au sein de différentes organisations internationales. Il a notamment été conseiller principal du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies au Burundi et au Rwanda (1999-2000), expert-analyste au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR, en 2001) et secrétaire permanent du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP, 2006-2008). Sa candidature est soutenue par la Convergence patriotique pour la renaissance-Mouvement progressiste (CPR-MP), une formation qui réunit une quinzaine d’associations et groupements politiques. ●

Les 7 autres candidats Tahirou Barry Candidat du Parti de la renaissance nationale (Paren)

Président du Paren depuis 2010, il est directeur des ressources humaines à l’université de Ouagadougou.

Adama Kanazoé

Candidat de l’Alliance n O 2858 • du 18 au 24 OctObre 2015

des jeunes pour l’indépendance et la République (Ajir)

Il est administrateur du groupe de logistique et télécoms Holding Business and Development in Africa (HBDA).

Salvador Yaméogo

Candidat du Rassemblement des

démocrates pour le Faso (RDF)

Président du RDF, il est l’un des fils de MauriceYaméogo, premier président de la Haute-Volta.

Victorien Tougouma

Candidat indépendant Président du Mouvement africain des peuples (MAP)

Il est patron d’une

entreprise de transport et logistique.

Françoise Toé Candidate indépendante Membre du Parti pour

Issaka Zampaligré Candidat indépendant

Il est avocat aux barreaux du Burkina Faso et des Hautsde-Seine (région parisienne).

la démocratie et le progrès-Parti socialiste (PDP-PS)

Elle dirige un cabinet d’expertscomptables.

Boukaré Ouédraogo Candidat indépendant

Chef d’une entreprise de BTP. jeune afrique



PUBLI-INFORMATION

CAISSE NATIONALE DE SÉCURITÉ SOCIALE

60 ans au cœur du développement social et économique du Burkina Faso Née il y a de cela 6 décennies, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale célèbre en 2015 ses 60 ans d’existence. Elle compte parmi les institutions qui jouent un rôle prépondérant dans les domaines du social et de l’économie au Burkina Faso. Qu’est-ce-que l’affiliation ? C’est le rattachement juridique d’une personne physique à un régime de sécurité sociale qui consiste à se faire immatriculer à la CNSS avec l’attribution d’un numéro.

Siège de la CNSS.

La CNSS

Qui immatricule-t-on ? Madame Berthe Brigitte Tout employeur disposant d’un Magloire OUEDRAOGO, Directrice générale personnel salarié, tout travailleur de la CNSS. salarié régi par le code du travail, les apprentis et stagiaires titulaires d’un contrat d’apprentissage et d’un contrat de stage, les élèves et étudiants des écoles ou des centres de formation professionnelle ou tout travailleur indépendant (assurance volontaire) Quand se fait-on immatriculer ? Dès la création de l’entreprise, de l’embauche du premier salarié ou dès le dépôt de la demande d’assuré volontaire. Où se fait-on immatriculer ? Dans tous les services de la CNSS sur le territoire national ou au Centre de Formalités des Entreprises (CEFORE)

Elle est présente sur tout le territoire national à travers 12 directions centrales, 05 directions régionales, 14 agences et 16 bureaux. Au-delà du paiement des prestations, la CNSS mène une action sanitaire et sociale vigoureuse à travers la construction et la gestion de SMI (Service de santé maternelle et infantile), l’appui aux nécessiteux, la formation de la jeune fille, l’octroi de bourses scolaires aux orphelins et enfants vulnérables. L’immatriculation constitue la première étape de l’affiliation.

Comment se fait-on immatriculer ? En remplissant le formulaire délivré par la CNSS (pour employeur et travailleur) et en joignant un extrait ou jugement supplétif d’acte de naissance. Pour un travailleur déjà immatriculé, remplir un bulletin d’entrée délivré par la CNSS. Enfin pour l’assuré volontaire, adresser une demande sur imprimé CNSS et joindre un extrait d’acte de naissance et la photocopie légalisée de la carte nationale d’identité ou le passeport.

CAISSE NATIONALE DE SÉCURITÉ SOCIALE DU BURKINA 01 B.P. 562 - OUAGADOUGOU 01, BURKINA FASO

www.cnssbf.info

DIFCOM/FC - Photos : DR

est un Etablissement public de prévoyance sociale chargée de gérer le régime de sécurité sociale en faveur des travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso. Sa mission essentielle est de payer des prestations sociales sur la base d’un recouvrement des cotisations auprès des employeurs.


burkina Faso Le Plus de J.A.

Tribune

La Ve République, c’est maintenant Me Guy Hervé KAM Avocat, porte-parole du Balai citoyen

L

e 31 octobre 2014, une insurrection populaire a contraint Blaise Compaoré à la démission, mettant fin à un règne sans partage de vingt-sept années. Au cœur de la contestation, une revendication éminemment politique : le refus de voir supprimée la limitation du nombre de mandats présidentiels. Lors de la rédaction de la Constitution de 1991, cette limitation s’est faite au prix d’un compromis consistant à concéder aux partisans de Blaise Compaoré un mandat présidentiel relativement long (sept ans) et à ses opposants le principe d’en limiter le nombre à deux consécutifs. Après avoir brisé ce compromis dès janvier 1997, Blaise Compaoré a été obligé de restaurer la clause limitative en 2000 pour sortir de la crise née de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Mais, redoutant que la fin de son dernier mandat n’ouvre la voie à une alternance démocratique en 2015, le président Compaoré et son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès, ont décidé d’initier une nouvelle révision. Cette ultime tentative de remettre en cause un compromis politique majeur a fini par convaincre les Burkinabè que ni la Constitution ni les institutions qu’elle a consacrées ne servaient à quoi que ce soit. On lui reproche de n’avoir produit aucun effet décisif sur les actes ou le comportement des dirigeants depuis son adoption et d’avoir été un instrument de domination du régime Compaoré plutôt que le socle de la démocratie et de l’État de droit.

Rien de moins surprenant qu’au lendemain de l’insurrection, la nécessité de remettre à plat la Constitution et les institutions de la IVe République soit donc apparue à tous comme l’une des principales questions à régler.Toutefois, dans la forme, les points de vue divergent. Certains estiment qu’après avoir défendu la Constitution au prix fort, il serait illogique de s’empresser de la changer. Pour eux, la plus belle façon de donner un sens au slogan « Touche pas à ma Constitution! », c’est de la maintenir. Aussi proposent-ils de simplement la réviser, pour la débarrasser des tares qui ont permis à Blaise Compaoré d’en faire l’outil de son maintien au pouvoir. Une option d’autant plus intéressante qu’elle peut être mise en œuvre rapidement (contrairement à un changement de Constitution et, donc, de République), avant même la fin de la jeune afrique

transition, puisque la situation de neutralité politique dans laquelle se trouve le pays permet en effet de faire passer des réformes qu’il serait difficile d’obtenir dans un autre contexte. L’argument peut être battu en brèche. Si le Conseil national de la transition (CNT) opérait une révision, la Constitution serait exposée à une crise de légitimité, puisqu’elle ne serait pas soumise à la sanction populaire d’un référendum et que le CNT n’est pas élu. Par ailleurs, le mécanisme de révision a été dévoyé par le régime défunt : depuis l’adoption de la Constitution en 1991 jusqu’en 2012, aucune révision n’est allée dans le sens de la consolidation de la démocratie, et celles de 2012 sont perçues comme des concessions faites par le président du Faso pour se maintenir au pouvoir après 2015. Enfin, beaucoup estiment que, même intégralement révisée, la Constitution de 1991 conservera ses oripeaux. Il faut donc une Constitution postinsurrection, qui marque la rupture avec l’ordre ancien et reflète les aspirations réelles du peuple burkinabè à la démocratie et à l’État de droit. Un nouveau texte fondamental qui corresponde à la volonté de changement exprimée par l’insurrection populaire d’octobre 2014. C’est ce qui est ressorti du débat national organisé par le CNT sur la question du passage ou non à la Ve République. C’est aussi une recommandation forte de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes. Cette institution mise en place après l’insurrection a élaboré un avant-projet de Constitution dont elle propose l’adoption par référendum après les élections couplées (présidentielle et législatives) de sortie de la transition. La proposition paraît raisonnable. Il faudra cependant de la vigilance, au vu du peu d’enthousiasme manifesté par les partis politiques sur ce débat relatif à laVe République. On imagine aisément que chacun attend d’arriver au pouvoir pour proposer une Constitution à sa mesure. Vigilance, donc. Car aucun parti politique ne donnera au peuple burkinabè une bonne Constitution parce qu’il l’aime; il le fera parce qu’il y a intérêt. C’est seulement maintenant que les intérêts des partis et ceux du peuple burkinabè peuvent faire bon ménage. C’est donc maintenant qu’il faut une nouvelle Constitution pour le Burkina Faso. ● n O 2858 • du 18 au 24 OctObre 2015

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COMMUNIQUÉ

Le CILSS : leader technique et scientifique au cœur de la résilience des populations sahéliennes et ouest-africaines !

Au fil de ses quarante-deux ans d’existence, le CILSS s’est positionné dans l’espace sahélien et ouest-africain, comme une institution de référence, au service de ses Etats membres, dans la recherche de solutions efficaces et durables en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, les effets néfastes de la sécheresse et le changement climatique, pour ne citer que ces domaines d’intervention.

© CILSS

L’institution s’est, en effet, illustrée en particulier, dans la définition de politiques et stratégies régionales de sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’évaluation des campagnes agricoles, la prévention et la gestion des crises alimentaires, l’analyse de la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire et nutri-

Siège du CILSS à Ouaga 2000.

© CILSS

L

e Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) a été créé le 12 septembre 1973, par six Etats sahéliens fondateurs, suite aux sécheresses successives survenues au Sahel entre la fin des années 60 et le début des années 70. Ces six états sont la HauteVolta (actuel Burkina Faso), le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Le mandat qu’ils lui ont assigné est de : «s’investir dans la recherche de la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification et les effets de la sécheresse, pour un nouvel équilibre écologique au Sahel ». Dès lors, le nombre de ses Etats membres n’a cessé de croître. C’est ainsi qu’en 1976 le Cap Vert et la Gambie ont rejoint le CILSS suivis en 1986 par la Guinée-Bissau puis en 2011 et 2012 par la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo démontrant ainsi la confiance dont l’organisation jouit au plan régional.

DJIMÉ ADOUM, Ph.D., Secrétaire Exécutif du CILSS.

tionnelle, la prévision et le suivi agro-hydro-météorologique, l’accès aux marchés des produits agricoles et agroalimentaires, la gestion des ressources naturelles, la gestion durable des terres, la promotion des énergies domestiques et alternatives, la maîtrise de l’eau et la formation des cadres de tous niveaux sur des thématiques diverses (protection des végétaux, agro-hydro-météorologie, gestion des ressources en eau, sécurité alimentaire et changement climatique..). Sur de nombreuses thématiques, le CILSS joue un rôle important d’anticipation, de veille stratégique et d’alerte en produisant et en diffusant à temps les informations d’aide à la décision, à l’attention de différents acteurs. L’Institution s’est beaucoup investie dans le renforcement du dialogue politique avec ses Etats membres et l’amélioration de sa gouvernance en rendant compte régulièrement de ses résultats obtenus aux Etats membres et aux partenaires techniques et financiers. Par ailleurs, l’expertise de l’institution est également reconnue par les autres Organisations Inter Gouvernementales (OIG) de la sous-région qui ont noué des relations de partenariat avec elle pour conduire certaines activités pour lesquelles son avantage comparatif est avéré. C’est le cas de l’UEMOA et de la CEDEAO qui en ont fait leur bras technique, ou du NEPAD qui a fait du CILSS un centre d’Excellence pour la mise en œuvre des piliers 1 et 3 du PDDAA. Le CILSS entretient par ailleurs de bonnes relations de travail avec de nombreuses autres OIG sœurs d’Afrique de l’ouest, du Nord, du Centre et de l’Est, ainsi que d’autres ONG et OSC.


© CILSS

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Sites d’aménagement des terres du PRGDT (UE).

Au plan organisationnel, le CILSS est structuré en trois sites : > Le Secrétariat Exécutif basé à Ouagadougou , au Burkina Faso, chargé de la coordination des politiques et stratégies et qui constitue le siège de l’institution ; > L’Institut du Sahel, institution spécialisée basée à Bamako au Mali, qui a pour mission de favoriser et faciliter les échanges entre les systèmes nationaux de recherche en agriculture, gestion des ressources naturelles et population/développement ; > Le Centre Régional AGRHYMET, institution spécialisée basée à Niamey au Niger, chargée de la recherche, de la production de l’information et de la formation sur la sécurité alimentaire, la lutte contre la désertification, le changement climatique, la gestion des risques de catastrophes et la maîtrise de l’eau.

PROJETS ET PROGRAMMES MAJEURS Le CILSS met actuellement en œuvre plusieurs projets et programmes régionaux dans l’espace sahélien et ouest africain, avec l’appui financier de l’Union européenne. Il s’agit notamment : > De deux Programmes Thématiques de Sécurité Alimentaire (FSTP) - Lien entre l’information et la prise de décision pour améliorer la sécurité alimentaire dans les pays du CILSS et de la CEDEAO et du Programme Régional de gestion durable des terres et d’adaptation aux changements climatiques au Sahel et en Afrique de l’Ouest (PRGDT) ; > De la Contribution à la mise en œuvre de « l’Alliance mondiale contre le changement climatique (AMCC) » ; > Du Programme de Surveillance de l’Environnement et de Sécurité en Afrique (MESA) ; > Du Projet d’Appui à l’opérationnalisation du Système régional intégré d’Information Agricole – (ECOAGRIS) ;

> De l’Alliance Globale pour la Résilience (AGIR) Sahel-et Afrique de l’Ouest. Le CILSS bénéficie également depuis sa création, de financements de l’USAID (l’Agence Américaine pour le Développement International) pour mettre en œuvre des programmes et initiatives régionales dans les domaines de l’agriculture durable, de la sécurité alimentaire, du commerce, de la recherche et du renforcement des capacités. On peut aussi citer dans cet ordre d’idée DANIDA et la BAD sur les questions liées au changement climatique. L’institution vient en outre d’initier de nouveaux programmes à savoir : > Le Programme Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS) ; > Le Programme Régional d’appui à l’Irrigation (SIIP) ; > Le Projet de résilience aux catastrophes dans le Sahel (PRECA-Sahel), avec la Banque mondiale ; > Le Programme de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel (P2RS) sur financement de la Banque Africaine de Développement (BAD) ; > Le Programme de renforcement de la résilience à l’Insécurité alimentaire et nutritionnelle récurrente au Sahel (P2RIAS) sur financement de la Banque Islamique de Développement (BID) ; > Le PROFAB (Food across border Project) sur financement de l’USAID et de la coopération canadienne.

CILSS 03 BP 7049 - Ouagadougou 03 - Burkina Faso Tél. : (+226) 25 49 96 00 - Fax : (+226) 25 37 41 32 Twitter : @cilssinfos - Facebook : facebook.com/systeme.cilss Courriel : cilss.se@cilss.bf www.cilss.bf

DIFCOM/FC

COORDINATION ET ORGANISATION


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Le Plus de J.A. Burkina Faso Économie

malaise post-Blaise Les recettes budgétaires fondent, l’inflation augmente, l’industrie est en panne… Pourtant, la croissance pourrait rebondir en 2016, pourvu que la situation politique s’éclaircisse.

A

u ma rc h é d u s o i r d e Wemtenga, quartier qui jouxte l’avenue Charles-deGaulle, dans le centre de Ouagadougou, Aissata Ouédraogo, 33 ans, semble perdue dans ses calculs. Assise sur sa moto de marque Crypton, lunettes remontées sur le front, elle regarde le sachet de quatre petites tomates qu’elle vient de négocier à 200 F CFA (0,30 euro). Cette mère de deux enfants réfléchit à ce qu’elle doit encore acheter pour le dîner et qu’il va falloir faire tenir dans son budget repas de 1 000 F CFA. « Les condiments sont devenus trop chers ! maugrée-t-elle. Avant, avec 1 000 F CFA, j’arrivais à faire un bon repas familial, aujourd’hui c’est impossible, il faut entre 1 500 et 2 000 F CFA ! » À Ouaga, la compression des dépenses se voit aussi dans le panier de la ménagère. Les revenus moyens semblent s’être

ces dernières années : crise financière internationale et inflation dramatique des prix des denrées sur le continent depuis 2008, crise régionale due à la guerre civile ivoirienne en 2010-2011, afflux de 45 000 réfugiés maliens en 2012-2013, répercussions (notamment sur le tourisme et les services) de l’épidémie d’Ebola survenue dans trois pays de la région et chute des cours mondiaux de l’or et du

dégradés, et les prix de certaines denrées debaseontànouveauaugmenté.Pourtant, l’inflation avait fortement baissé l’an dernier,notammentgrâceauxprogrammesde subvention aux produits alimentaires. Elle était même devenue négative fin 2014-début 2015 en raison à Ouaga, la compression du ralentissement de la croisdes dépenses se voit aussi dans sance et de la baisse des prix à la pompe en janvier et en mars. le panier de la ménagère. Selon le FMI, elle devrait être coton en 2013-2014… Autant d’aléas qui de 0,7 % pour 2015 et rester sous la barre n’ont pas empêché le Faso d’afficher un des 2 % en 2016, au-dessous du critère de taux de croissance moyen de plus de 6 % convergence de 3 % fixé par l’UEMOA. par an de 2008 à 2013 (voir infographie p. 80) et d’émarger au premier rang de la BON ÉLÈVE. Car malgré la conjoncture sous-région, et au 154e rang sur 189 pays interne et les chocs exogènes, le Burkina Faso reste le bon élève de l’UEMOA. classés dans le rapport « Doing Business » Enclavé, sans grandes ressources natu2015 de la Banque mondiale. Selon la relles par rapport à ses voisins ouestChambre de commerce et d’industrie africains, le petit pays sahélien a en effet (CCI-BF), le nombre de créations d’entreaffronté vaillamment bien des difficultés prises est d’ailleurs passé de 1500 en 2002 à 8 500 en 2014. De bons indicateurs qui expliquent LE COût du COuP que la croissance devrait se maintenir à 4 % ou 4,5 %. Elle devrait redécoller à 6 % utre son lourd bilan ménages et du malaise 16 au 25 septembre) dès 2016, selon les projections du FMI humain (14 morts des opérateurs atteindraient 11 milliards et du ministère burkinabè des Finances, et 251 blessés), le coup burkinabè. « Le de F CFA (près de « si la situation politique s’améliore, si d’État manqué de la ralentissement et, 16,8 millions d’euros) l’épidémie d’Ebola est maîtrisée dans la mi-septembre a eu parfois, l’arrêt de la et celles des recettes région, si les cours des produits de base un impact négatif sur production qui ont suivi douanières 9,7 milliards se stabilisent et si l’investissement dans l’économie nationale. le coup d’État ont affecté de F CFA, selon le les pôles de croissance du pays (lire p. 90) Selon les premières immédiatement le ministère des Finances, se poursuit », soulignait toutefois le Fonds estimations du ministère volume des affaires, en qui évalue le manque à dans son dernier rapport pays, en juin. de l’Économie et des particulier dans le secteur gagner global pour l’État Cela fait beaucoup de conditions mais, Finances, il devrait informel, s’inquiète-t-on à 30,8 milliards de F CFA. pour les observateurs internationaux, les entraîner une baisse au gouvernement. Or la situation était déjà fondamentaux du Burkina restent solides de la croissance du PIB Et cela pèsera difficile : seulement et la confiance que ses partenaires lui pour 2015, la ramenant à certainement sur le 639,2 milliards de F CFA portent est sauve. 4,5 %, voire à 4 %, au lieu résultat annuel des de recettes propres

O

des 5 % prévus. Arrêt de travail, fermeture des commerces et des banques, ralentissement de la production dans les usines… Ce triste épisode a dégradé l’activité économique, qui souffrait déjà de la compression des dépenses des n O 2858 • du 18 au 24 OctObre 2015

entreprises. » C’est surtout sur les finances publiques que la grève générale, qui a eu lieu pendant le putsch et qui a duré une dizaine de jours, a eu le plus de conséquences. Ainsi, les pertes de recouvrement de l’impôt durant cette période (du

avaient été mobilisées fin juillet, contre 663,3 milliards à la même période en 2014, soit une baisse de 3,6 %. Pis, avec cette crise, le montant des arriérés de paiements a explosé : il s’élève désormais à 40 milliards de F CFA. ●

NAdOuN COuLiBALY

AttENtismE. Pourtant, l’attentisme qui

prévaut lors d’une période de transition ne l’a pas épargné. Avant l’insurrection populaire d’octobre, dès le début de 2014, la volonté supposée de l’ex-président Compaoré de modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat avait déjà suscité une grande agitation sociale et freiné l’arrivée de capitaux privés. Cette situation, combinée à la chute des ● ● ● jeune afrique


COMMUNIQUÉ

CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DU BURKINA FASO

Une expertise dans la mise en place de Fichiers Nationaux d’Entreprises et de Regroupements d’Entreprises

P

remière Institution dʼappui et de promotion du secteur privé au Burkina Faso, la Chambre de Commerce et dʼIndustrie du Burkina Faso (CCIBF) met un point dʼhonneur sur lʼinformation économique, la veille stratégique et lʼaccompagnement de proximité des opérateurs économiques. Pour réussir ce challenge, elle a mis en place, un Fichier National des Entreprises et des Regroupements d’Entreprises dénommé « Fichier NERE ». L’opérationnalisation de l’outil est intervenue en 2001 et depuis lors, le Fichier NERE est une référence et une expertise partagée avec des Chambres de Commerce et d’Industrie d’Afrique et de Madagascar. Le Fichier NERE est un système dʼinformation sur les entreprises et les associations professionnelles. Il est composé d’une base de données des entreprises burkinabè immatriculées au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM) et exerçant dans tous les secteurs (commerce, l’industrie, services, artisanat). Grâce à ses applications informatiques modernes, le Fichier NERE permet d’obtenir des listes d’entreprises par combinaison de critères (activités de l’entreprise, zone géographique, forme juridique, chiffre d’affaires, nombre de salariés, etc.) pour : • des actions de marketing direct efficaces ; • des études de marché et de la concurrence ; • un ciblage des prospects ; • la recherche de partenaires, de nouveaux fournisseurs, de sous-traitants, de distributeurs, etc.

les accompagner, d’avoir une meilleure visibilité du tissu économique national, de disposer de données nécessaires à l’organisation d’élections consulaires ou d’élaborer des outils de promotion et d’accompagnement des entreprises. Lʼexpertise développée par la CCI-BF dans la mise en place du Fichier NERE est aujourdʼhui sollicitée par dʼautres Chambres de Commerce et ce, dans le cadre de la coopération entre les Chambres de commerce de l’hémisphère nord francophone et les chambres consulaires africaines, le plus souvent sous la houlette de la Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones (CPCCAF). La CCI-BF a accompagné la CCI de Madagascar (en 2011), la CCI de Dakar, de Saint Louis et de Thiès au Sénégal (en 2012), la CCI du Mali et la Fédération des Entreprises du Congo/FEC (en 2014) dans la mise en place de leurs fichiers respectifs. Au-delà des CCI et autres institutions dʼappui au secteur privé, le Fichier NERE est un puissant outil de management, de prospection commerciale et de recherche de partenariats mis à la disposition des hommes d’affaires, des investisseurs, des institutions de financement, etc.

La CCI-BF, un investissement toujours renouvelé au service des entreprises ! CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DU BURKINA FASO Avenue de Lyon, 01 BP 502 Ouagadougou 01 Tél. : +226 25 30 61 14 - Tél. : +226 25 30 61 15 - Fax : +226 25 30 61 16 Site web : www.cci.bf - E-mail : info@cci.bf

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Le Fichier NERE intègre, par ailleurs, des fonctionnalités utiles aux activités quotidiennes permettant ainsi de mieux connaître les ressortissants pour mieux


Le Plus de J.A. Burkina Faso

Un solide soutien international (Engagements d’aide budgétaire pris de décembre 2014 à juin 2015, en milliards de F CFA)

Croissance ralentie, mais largement positive (Variation du PIB réel, en %, en prix constants) 2012 2008

5,8

8,4

2016**

6,5

2010

2011

6,6

6

203,4

2013

6,6

4

2009

3

Banque mondiale

Union européenne

franc CFA par rapport au dollar, la valeur des exportations de marchandises sera elle aussi revue à la baisse cette année. Le déficit risque donc de se creuser. Toutefois, selon le FMI, il devrait se limiter à 2,5 % du PIB, contre 1,8 % en 2014, grâce au « budget d’austérité » élaboré – et a priori tenu – par les autorités de la transition, ainsi qu’aux engagements de financement de la part des partenaires de développement (voir infographie). Cette forte réduction des dépenses publiques porte sur 4,5 % du PIB et concerne surtout les dépenses d’investissements, réduites de 237,1 milliards de F CFA après ajustement (les dépenses courantes l’étant de 58,2 milliards). Pour éviter les effets

S

N O 2858 • dU 18 aU 24 OCTObRE 2015

d’appui à la promotion de l’emploi (Fape). Avec cette panoplie de mesures, l’exécutif burkinabè entend générer au moins 15 000 emplois, financer 3 000 projets de jeunes entrepreneurs, dont 1 000 seront formés aux métiers non agricoles, équipés de kits d’installation et dotés de fonds de roulement. Selon l’enquête multisectorielle continue réalisée en 2014, le taux de chômage global au Burkina Faso est de 6,6 %, sur une population active de plus de 9 millions de personnes. Comme dans la plupart des pays de la région, ce fléau frappe

Banque africaine de développement

4,1 Allemagne

19,2 Autres

négatifs de cette compression des budgets, le gouvernement a mis en place un mécanisme financé par la réduction de dépenses courantes (comme la suppression des déplacements qui ne sont pas indispensables et des per diem pour les fonctionnaires) afin d’augmenter (de 0,4 % du PIB) les dispositifs consacrés à la santé, à l’éducation et à la création d’emplois pour les femmes et les jeunes (lire encadré). Par ailleurs, afin de compenser la baisse des cours des matières premières, les autorités de la transition se sont attelées à relancer le secteur minier et la productivité de la filière coton (lire pp. 87-88). FLÉAUX. Mais le malaise des opérateurs

surtout la tranche d’âge des 15-34 ans, qui représentent environ 35 % de la population et 63,76 % des chômeurs. Les résultats de l’enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages soulignent par ailleurs que 11,5 % des jeunes urbains sont des chômeurs (dont plus de la moitié ont moins de 25 ans), contre 2,2 % en moyenne nationale. Principale pourvoyeuse de postes, la fonction publique recrute bon an mal an environ 10 000 fonctionnaires par an. Près de 665 000 candidats ont postulé cette année. ●

burkinabè est palpable. L’activité reste ralentie dans la plupart des secteurs, en particulier pour certains services (hôtellerie, location de voiture, etc.) et dans le BTP, où l’État est généralement le principal client, avec une commande annuelle d’environ 300 milliards de F CFA. L’insurrection d’octobre a écorné le tissu industriel. Selon la CCI-BF, les actes de vandalisme ont touché plus de 100 usines et entreprises privées, entraînant des pertes estimées à 42 milliards de F CFA et la destruction de 7 300 emplois (dont 2 700 emplois directs). « Nos industries sont dans une situation extrêmement difficile, déplore Mamady Sanoh, président du Groupement professionnel des industriels (GPI). La fraude, la concurrence déloyale et la contrefaçon minent nos activités. » À cause de ces fléaux, la SN-Sosuco, numéro un national de la production de sucre, stocke 20000 tonnes d’invendus, soit un manque à gagner de plus de 14 milliards de F CFA. Il est temps que la transition touche à sa fin et que les affaires redécollent. Si tout va bien, début 2016. ● NAdoUN CoULIBALY,

N.C.

à Ouagadougou, avec CÉCILe MANCIAUX

Jeunes, chômeurs et mécontents

i le gouvernement a consacré 10 milliards de F CFA (environ 15,25 millions d’euros) à l’emploi des 15-34 ans sur une cagnotte de 25 milliards prévus dans son plan socioéconomique d’urgence, c’est pour répondre aux attentes pressantes des jeunes, qui ont joué un rôle déterminant dans l’insurrection populaire d’octobre 2014. Il a par ailleurs reconduit le programme spécial de création d’emplois. Ce dernier a d’ores et déjà permis de financer 112 promoteurs de microprojets, à hauteur de 257 millions de F CFA, via le Fonds

35,1

4,5

* Estimations ** Prévisions

cours des principaux produits d’exportation (or et coton), a entraîné une baisse de 8,6 % des recettes budgétaires en 2014 : les impôts n’ont finalement collecté que 525 milliards de F CFA sur leur objectif de 605 milliards. « En 2014, il n’y a pas eu d’investissements, ni de la part de l’État ni de la part du secteur privé. Et je suis très inquiet pour 2015 en raison de l’attentisme des investisseurs et du démarrage tardif des pluies », s’alarme Facinet Sylla, économiste en chef du bureau de la Banque africaine de développement (BAD) au Burkina. La faiblesse des cours internationaux de l’or et du coton n’étant qu’en partie compensée par la dépréciation du

58

2015* 2014*

●●●

ToTAL

87

jEUNE aFRIqUE

SOURCE : FMI, GOUVERNEMENT, OCT. 2015

80


PUBLI-INFORMATION

NOUVEAU DEPART POUR UNE PLUS GRANDE DISPONIBILITE DES MEG AU BURKINA

L’

insurrection ayant conduit au changement de régime au Burkina Faso a induit des bouleversements dans plusieurs entreprises au nombre desquelles figure la CAMEG. En effet, les évènements

de fin octobre 2014 ont tracé un nouveau chemin pour l’institution. D’abord, objet d’une nomination contestée à la tête de sa direction générale, la CAMEG a ensuite été confiée aux soins d’un intérim interne qui l’a conduite pendant six mois. Les missions de l’intérim étaient claires. Conduire des reformes en cours, afin de doter la CAMEG d’un nouveau statut, à même de répondre aux exigences de son contexte et de son niveau de développement. Un semestre après le remue-ménage, l’on peut affirmer que la nationale des médicaments génériques est sur la bonne voie. Les statuts de la CAMEG ont été relus avec l’implication et la participation de tous les acteurs de la chaine de distribution du médicament au Burkina Faso, et attend l‘onction de l’Etat, avant sa mise en route par le Conseil d’administration. Le nouveau plan de développement stratégique 20162020 en élaboration a suivi son cours et le rapport final devrait être déposé les jours à venir. Les nouveaux manuels de procédures administratives et financières, qualité sont en rédaction. C’est dire que les six premiers mois de l’année

Monsieur Jean Chrysostome KADEBA, Directeur Général de la CAMEG

2015 ont été judicieusement mis à profit pour consolider la performance de la Centrale, en réactualisant ses textes fondamentaux et en rénovant les documents d’orientation stratégiques. Tout le personnel s’y est mis pour que les turbulences relatives au changement de responsable en fin d’année 2014, fassent rapidement place à la sérénité dans les rangs des « génériqueurs ». Et c’est chose faite. La CAMEG est désormais dans la dynamique d’un nouvel envol et rassure quant à sa capacité à jouer pleinement son rôle de fournisseur principal des médicaments essentiels génériques au Burkina Faso. Tout compte fait, il n’y a aucun doute que la nationale des MEG met tout en œuvre pour que le contrat qui la lie aux Burkinabè soit toujours respecté. Il s’agit de faire du slogan « médicaments de qualité pour tous » une réalité sur tout le

CAMEG - Siège Social ZAD 01 BP 4877 - Ouagadougou 01 Tél. : +226 50 37 37 50 à 54 Fax : + 226 50 37 37 57 Email : cameg@cameg.bf

Siège Social de la CAMEG à Ouagadougou

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territoire national.


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Le Plus de J.a. Burkina faso interview

Jean Gustave Sanon « Mon legs au futur régime : une situation financière saine » Durant cette année de transition, le ministre de l’Économie et des finances s’est attelé à regagner la confiance des partenaires étrangers et à apurer la dette de l’État. Mission quasi accomplie.

J

eanGustaveSanonaétédébauché du poste de représentant résident de la Commission de l’UEMOA qu’il occupait à Lomé, au Togo, pour prendre les rênes du ministère de l’Économie et des Finances au sein du gouvernement de transition nommé le 25 novembre 2014, près d’un mois après la chute de Blaise Compaoré. Il s’est fixé pour priorités de regagner la confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs, de réajuster la stratégie de croissance

accélérée et de développement durable (Scadd) pour la période 2016-2020 et d’apurer les comptes publics. Jeune afrique : À quelques semaines de la fin de la transition, comment se porte l’économie burkinabè ? Jean GuSTaVe SanOn : Elle souffre

encore des conséquences de plusieurs chocs exogènes : baisse des cours de l’or et du coton, crise Ebola, caprices de la pluviosité… Ces difficultés nous ont

contraints, dès notre prise de fonction, à revoir à la baisse nos prévisions de croissance pour 2014, de 6 % à 5 %. Finalement, ce taux s’est établi à 4 %. Pour 2015, nous tablons sur une croissance de 4 % à 4,5 %, compte tenu du contexte défavorable. Il y a une légère reprise mais, en dépit des efforts consentis par le gouvernement et salués par nos partenaires, notamment le FMI, la situation reste difficile. La tentative de coup d’État du 16 septembre a aggravé le climat d’incertitude, lequel est marqué

u Dans son bureau, à Ouagadougou.

n O 2858 • du 18 au 24 OctObre 2015

jeune afrique


Une autre histoire par un ralentissement des activités et des investissements, ainsi que par la baisse des recettes budgétaires. Selon nos projections, ce putsch raté devrait coûter au pays au moins 0,3 point de croissance [lire encadré p. 78]. L’attentisme des opérateurs se poursuit. La baisse du volume des importations rend la morosité de l’activité très perceptible. Certains gros importateurs ayant été victimes de pillages au cours de ces dernières années, ils ont, par prudence, constitué leurs stocks dans les pays voisins. Et le recul des importations a entraîné une moins-value sur les droits de douane et les impôts, notamment sur les hydrocarbures, dont les prix ont chuté de 40 %. Nous avons aussi observé une baisse notable des bénéfices des sociétés dans des secteurs traditionnellement rentables comme les télécoms. Pour les finances publiques, cette conjoncture se traduit par des tensions de trésorerie. Cela dit, nous sommes

loin de la cessation de paiements. L’État est en mesure de financer ses missions régaliennes : remboursement de la dette, paiement des salaires et du fonctionnement de l’administration… Nous avions prévu une loi de finances rectificative avant la fin de l’année pour tenir compte de l’exécution des dépenses de l’État.

Sans l’insurrection populaire, le FMi aurait très certainement suspendu son aide. Quels ont été vos principaux défis ?

L’urgence a été de reconquérir la confiance du FMI. L’insurrection a coïncidé avec une mission d’évaluation du Fonds qui était sur le point de remettre en question le programme de gestion de finances publiques 2013-2016. S’il n’y avait pas eu cette « colère populaire », le FMI aurait très certainement suspendu son aide. Il fallait donc travailler

Les fiNANCes AfriCAiNes, C’est soN AffAire

© Sophie Garcia pour J.a.

p

Jeune aFrique

à rassurer les bailleurs de fonds et les partenaires bilatéraux en proposant des mesures concrètes sur l’avant-projet de loi 2015. La poursuite de la revue du programme conjoint s’est révélée concluante et a entraîné l’adhésion de tous les autres partenaires : Banque mondiale, Union

eu connu du grand public jusqu’à sa nomination au portefeuille de l’Économie et des Finances en novembre 2014, Jean Gustave Sanon, 56 ans, a intégré les services du Trésor burkinabè il y a plus de trente ans. Titulaire d’un diplôme d’études supérieures bancaires et financières, il a notamment été chef du service de la comptabilité, directeur des études et de la législation financière, puis des affaires monétaires et financières à la direction générale du Trésor, avant de rejoindre Lomé et la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), en 2005, en tant que directeur des finances publiques. Il a ensuite été pendant sept ans conseiller résident en gestion des finances publiques pour le Fonds monétaire international (FMI), d’abord auprès du Centre régional d’assistance technique pour l’Afrique centrale, basé à Libreville, au Gabon (2007-2010), puis de celui pour l’Afrique de l’Ouest, basé à Abidjan, en Côte d’Ivoire (2010-2013). Jean Gustave Sanon avait rejoint la Commission de l’UEMOA en avril 2013 au poste de conseiller technique auprès du commissaire chargé des politiques économiques et de la fiscalité intérieure et, depuis juin 2014, en tant que représentant résident. ● CéCiLe MANCiAUX

européenne, Banque africaine de développement, etc. Nous nous sommes engagés à poursuivre la mise en œuvre de politiques de gestion saines. C’est pour cette raison que nous avons adopté un budget « sincère », voire austère, avec un déficit soutenable, compte tenu des recettes internes. Enfin, nous nous sommes engagés à stimuler la croissance et à réduire la pauvreté. Les régies financières ont-elles réussi à mobiliser davantage de recettes ?

Les résultats sont décevants. Pour la douane par exemple, les performances sont de 30 % inférieures aux attentes. Malgré cela, nous avons entrepris des réformes pour améliorer la mobilisation des ressources propres. Ainsi, nous avons introduit le scanner dans les postes de douane, ainsi qu’un suivi satellitaire des camions de transport de marchandises afin d’optimiser le recouvrement des recettes. D’autres réformes, comme la facture normalisée, visent à lutter contre l’évasion et la fraude fiscales. Aujourd’hui, quelle est votre priorité ?

Je veux léguer une situation macroéconomique stable et une assise financière saine au nouveau régime. C’est-à-dire que l’État soit en mesure de payer les dépenses ordonnancées et engagées. Lors de ma prise de fonctions, nous avions plus de 300 milliards de F CFA [plus de 457,3 millions d’euros] d’instance de paiement. À la fin août, nous avions apuré la totalité de cette dette au titre de l’année 2014. Malheureusement, la tentative de remise en cause de la transition par l’ex-garde présidentielle a dégradé le montant des arriérés de l’État, estimé aujourd’hui à 40 milliards de F CFA. Je veux également finaliser le nouveau cycle de la stratégie de croissance accélérée et de développement durable [Scadd n o 2858 • du 18 au 24 octobre 2015

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Le Plus de J.A. Burkina Faso 2016-2020]. J’ai décidé de conduire cet exercice, car la Scadd n’est pas bâtie sur un programme politique, mais sur les problèmes structurels de notre économie. Nous n’aurons hélas pas le temps d’aborder les questions de sa transformation.

marchés publics que la corruption est le plus perceptible…

La lourdeur des règles de passation de ces marchés et la longueur de leurs délais d’attribution font en effet l’objet de plaintes de plus en plus nombreuses.

Nous devons répondre aux attentes des jeunes, excédés par le chômage. De mon point de vue, les priorités consistent à faire du secteur privé le moteur de la croissance et de la création d’emplois, à rationaliser les charges de fonctionnement pour dégager des ressources propres et à asseoir de nouveaux mécanismes de financement qui répondent aux besoins d’investissement dans les infrastructures et équipements indispensables. Nous avons posé les jalons de ces chantiers, ce sera au prochain gouvernement de prendre le relais. Selon le Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC), c’est dans les

Selon moi, ce ne sont ni les règles ni les procédures qui posent problème, mais les hommes chargés de les appliquer. Pour lutter contre la corruption, il faut sanctionner le corrompu et le corrupteur. À cet égard, je salue l’adoption, en mars, de la loi anticorruption, qui sanctionne les sources potentielles de corruption. Les députés ont ouvert une enquête sur les fraudes fiscales. Que pensez-vous de cette initiative ?

Elle s’inscrit en droite ligne de certaines des actions que j’ai entreprises. Ne pas payer ses impôts revient à se faire

à soi-même du mal… L’objectif est de comprendre ce phénomène et de proposer des solutions pour que l’État rentre dans ses droits. Les recommandations des députés permettront à l’exécutif de prendre des mesures visant à réduire la fraude fiscale à sa plus simple expression. Quelle est la teneur de votre programme socio-économique d’urgence ?

Ce plan, ponctuel, ne vise pas à remplacer les politiques économiques. Il a été conçu pour répondre aux fortes attentes de la population, notamment celles des jeunes, excédés par le chômage, qui ont porté l’insurrection populaire. Il a été doté d’un budget de 25 milliards de F CFA, qui ont été alloués aux guichets compétents afin de financer les activités des femmes et des jeunes promoteurs d’entreprise, ainsi que la réalisation d’infrastructures socio-éducatives. Ces ressources proviennent des économies réalisées sur la réduction du train de vie de l’État. ● Propos recueillis à Ouagadougou par NAdouN CouLIBALY


une autre histoire

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Infrastructures

Bouchons à l’horizon Contournement nord de la capitale, autoroute OuagaAbidjan, boucle ferroviaire… les projets du secteur des transports sont en suspens. Sauf celui du nouvel aéroport de Donsin.

Jeune afrique

Sophie Garcia pour J.a.

P

our désenclaver le pays, l’État avait adopté un programme d’investissements prioritaires 2011-2015 pour les transports doté d’un budget de 1 647,79 milliards de F CFA (plus de 2,5 milliards d’euros), dont la majeure partie a été investie. Conséquence de la réduction des dépenses d’investissement public liée à la crise sociopolitique, la plupart de ces projets sont à l’arrêt, ou presque. Côté routier, le premier chantier à faire les frais de cette austérité forcée est celui de l’échangeur nord de Ouagadougou, financé par un pool de prêteurs amené par Bank of Africa (BOA) pour un montant de 70 milliards de F CFA. Les voies de contournement avaient déjà été réalisées. La construction de trois échangeurs (est, ouest et Ouaga 2000) a permis de fluidifier le trafic dans la capitale, ainsi que sur les axes Ouaga-Bobo-Abidjan (ouest) et Ouaga-Lomé (est), le tout pour 62,67 milliards de F CFA. En revanche, les travaux de la voie qui doit relier l’hôpital Yalgado à l’échangeur est ne seront pas lancés avant plusieurs mois (montant estimé à 22 milliards de F CFA), l’entreprise chargée de les réaliser n’étant pas encore sélectionnée. Et rien n’a bougé, par ailleurs, concernant la future autoroute Ouagadougou-Abidjan depuis la réalisation des études de faisabilité pour le tronçon Ouaga-KoudougouBobo et la validation de l’avant-projet, en juillet 2014. Le projet de boucle ferroviaire ouestafricaine marque également le pas côté burkinabè. Plus d’un an après la signature d’un protocole d’accord entre le groupe français Bolloré et la filiale burkinabè de Pan African Minerals (société de l’Australo-Roumain Franck Timis, qui exploitait la mine de manganèse de Tambao, dont la licence a été suspendue en mars 2015) pour la construction d’une ligne entre Kaya et Tambao, les

p L’échangeur de Ouaga 2000.

négociations relatives aux annexes de juin 2016. Seul bémol : le retard pris dans la création de la société d’éconol’accord n’ont pas repris. Elles achoppent mie mixte (SEM) chargée de la gestion sur la révision de la convention de concesdu complexe et dotée d’un capital de sion de décembre 1994, qui permet, d’une part, au groupe Bolloré de financer la 5 milliards de F CFA, dont 60 % détenus réhabilitation de la ligne Abidjan-Kaya par un opérateur privé international… et, d’autre part, à Pan African Minerals en cours de sélection. de construire la voie Kaya-Tambao dans « Pour la construction de la platele cadre d’une convention BOT (« built, forme aéroportuaire, nous sommes operate and transfer »). Le groupe Bolloré dans la phase de passation des marchés doit investir 45 milliards de F CFA dans la première Près de 6 000 personnes ont été phase de son plan de réharelogées afin de laisser la place bilitation, qui démarrera après la signature d’une au complexe aéroportuaire. convention de concession révisée entre sa filiale Sitarail, le Burkina et prévoyons de démarrer les travaux et la Côte d’Ivoire. Quant à la convention d’ici au début de 2016. Notre objectif est de rendre l’aéroport opérationnel et sur la nouvelle ligne Kaya-Dori-Tambao, elle est pour le moment dans l’impasse. d’accueillir les premiers vols dès 2020 », explique Édouard Bouda, le directeur volet social. En revanche, à 30 km à général de la Maîtrise d’ouvrage de l’aél’est de la capitale, le chantier du nouroport de Donsin (MOAD), organe de vel aéroport de Donsin prend corps. Le pilotage du projet rattaché à la primature. volet social et environnemental a été La mise en place de la SEM permettra de bouclé mi-juillet, avec le relogement boucler l’apport du secteur privé (estimé des 962 ménages de 10 villages affectés à 65 milliards de F CFA) et de procéder par le projet : plus de 2 620 logements au décaissement des contributions des ont été construits, sur 9 sites, où ont bailleurs pour la construction du comemménagé 5 760 personnes. Les travaux plexe aéroportuaire, dont le coût global des voies d’accès à l’aéroport, exécutés est estimé à 312 milliards de F CFA. ● à 30 %, devraient être achevés d’ici à NadouN couliBalY n o 2858 • du 18 au 24 octobre 2015


LONAB, 48 ANS DÉJÀ AU SERVICE DE LA NATION La Loterie nationale Burkinabè s’investit pour valoriser ses clients et contribuer activement aux efforts de développement du pays.

››› Entretien avec son Directeur Général, Lucien Carama. La LONAB organise et commercialise des jeux de hasard dans le pays. Comment est structuré son portefeuille de produits aujourd’hui ? Lucien Carama : Afin de répondre aux attentes de sa clientèle, qu’elle place au cœur de sa stratégie d’action, la LONAB commercialise deux gammes de produits : le Pari Mutuel Urbain Burkinabè (PMU’B) et des instantanés ou produits à grattage tels que la Tombola Minute Plus (TMP), Télé-Fortune et la Tranche Commune Entente (TCE), qui est un produit commercialisé par les loteries des pays membres du Conseil de l’Entente.

Et en matière de soutien au développement du pays ? Nous allons continuer à nous impliquer dans un grand nombre de réalisations. Depuis quelques années, la LONAB accompagne les célébrations de la fête de l’indépendance en investissant dans la région qui accueille l’événement. Et bien sûr, le soutien dans les secteurs prioritaires va se poursuivre, comme l’appui au FONER, les dons d’ambulances, la construction d’infrastructures sanitaires, etc.

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PUBLI-INFORMATION

Votre mission est de soutenir l’État dans la promotion du développement socio-économique du Burkina. Pouvez-vous donner quelques exemples récents ? En effet, conformément à son slogan, « Les Lots aux heureux gagnants, les bénéfices à la Nation entière », la LONAB soutient le développement du pays à travers des réalisations socioéconomiques. Il s’agit par exemple de dons d’ambulances, de vivres, de médicaments, de fournitures scolaires, de bourses d’études, la subvention du Fonds national pour l’éducation et la recherche (FONER), la construction et l’équipement d’infrastructures sanitaires, d’écoles, de forages… Récemment, nous avons financé la caserne des sapeurs-pompiers à Boromo, ainsi que le centre médical de Bomborokuy dans la région de la Boucle du Mouhoun, inauguré le 26 avril 2015. La LONAB sponsorise également d’importants événements culturels, comme le FESPACO, le SIAO, la SNC, ou encore le SITHO, ainsi que des compétitions sportives de grande envergure : Coupe du Faso, Championnat national, Tour cycliste du Faso…

Quelles sont les grandes orientations cette année auprès de la clientèle ? Dans le cadre du plan stratégique de développement de l’entreprise, nous nous sommes engagés à consolider nos acquis et à améliorer notre fonctionnement au quotidien. Ainsi, notre société est dans le processus de la certification ISO 9001 Version 2015. Nous avons obtenu la certification n°1 et 2 de l’Association mondiale des loteries (W.L.A) et avons pris l’engagement d’aller jusqu’au niveau le plus élevé (niveau 4) intégrant le jeu responsable, pour éviter l’addiction aux jeux. Enfin, notre objectif est d’obtenir également la certification ISO 27001 en sécurité informatique. Il reste entendu que l’écoute des clients nous impose des obligations sur la communication, l’accueil aux points de vente, l’amélioration et le renouvellement de nos outils de production qui passent par une informatisation intégrale des prises de paris et celle des instantanés.

La LONAB soutient le développement du pays par des réalisations socio-économiques, comme le don d’ambulances.

Le centre médical de Bomborokuy, dans la région de la Boucle du Mouhoun, a été inauguré le 26 avril 2015.

LONAB : Les lots aux heureux gagnants, les bénéfices à la Nation entière ! Tél. : (226) 50 30 61 21/22/23 - Fax : (226) 50 31 19 42 / (226) 50 31 47 52 - Site web : www.lonab.bf


burkina faso le Plus de J.a.

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matières premières

un traitement de stars

©iamgold

Révision du code minier et octroi de nouveaux permis pour l’or, amélioration de la productivité pour le coton… Pour soutenir les deux premiers produits d’exportation, le gouvernement met le paquet.

b

p Broyeur de la mine d’or d’Essakane (nord du pays), exploitée par le canadien Iamgold.

aisse des cours sur les marchés mondiaux, grèves, pillages de certains gisements, le tout sur fond de révision du code minier… Au Burkina Faso, l’or tangue mais continue de tenir son rang de premier produit d’exportation. Il représente encore près de 20 % des recettes fiscales du pays. Et si l’apport du secteur minier au budget de l’État a chuté de 12 % en 2014, à 168 milliards de F CFA (plus de 256 millions d’euros), la filière aurifère a vu sa production augmenter. Elle est passée de 32 à 36,5 tonnes d’or de 2013 à 2014. En outre, de nouveaux projets devraient entrer en production d’ici à deux ans, notamment dans le centre du pays, à Kiaka (244 km2), où le canadien B2Gold achève ses travaux d’exploration, et à Bomboré (168 km2), où son compatriote Orezone Gold prévoit un investissement d’environ 200 millions de dollars pour le développement du site, dont les réserves jeune afrique

sont estimées à 39,6 tonnes. Bomboré devrait à lui seul rapporter au moins 160 milliards de F CFA à l’État au titre des impôts et royalties. Début 2015, le gouvernement de transition a par ailleurs octroyé quatre permis d’exploitation industrielle dans le sud-ouest du pays : à Konkera SA, filiale de l’australien Centamin Plc, pour le gisement de Batié (64 km2) ; à la junior australienne Gryphon, déjà présente à

Roxgold Sanu (déjà présent à Yaramoko) pour la mine de Bagassi (15 km2), dans la province des Balé. fiscalité avantageuse. Dans le

même temps, compte tenu de l’importance du secteur, le Conseil national de transition a placé sa réforme parmi les priorités. Le 26 juin, il a adopté un nouveau code minier, promulgué mi-juillet par Michel Kafando, le président par intérim. Le précédent code, qui datait de 2003, rendait Pour que le pays reste compétitif, le Burkina extrêmement la participation de l’état au capital attractif pour les sociétés privées étrangères grâce à des mines n’excède pas 10 %. une fiscalité très (voire trop) Banfora, pour l’exploitation du projet avantageuse. Aussi, comme le réclaWahgnion (89 km2), près de Dakoro ; à maient les bailleurs de fonds et la société Houndé Gold Operation, filiale du canacivile, le nouveau texte modifie l’impodien Endeavour Mining, déjà opérateur sition sur les activités minières de façon du site de Youga (sud-est), pour le giseà ce que le secteur profite davantage à ment de Houndé (23 km2); et au canadien l’économie du pays et à sa population. n o 2858 • du 18 au 24 octobre 2015


Le Plus de J.a. Burkina Faso Certains craignent un tassement des investissements. « Ce prélèvement d’une taxe de 1 % sur le chiffre d’affaires des sociétés minières autorisé par le nouveau code est assez élevé… Nous avions préconisé un taux de 0,5 %. De même, la suppression de certains avantages fiscaux est clairement un mauvais signal pour le secteur », s’inquiète Aboubacar Sidikou, secrétaire général de la Chambre des mines. « Les opérateurs miniers recevaient des cadeaux fiscaux très importants. Avec le nouveau code, les sociétés minières devront s’acquitter de la même fiscalité que n’importe quelle entreprise sur le sol burkinabè », souligne quant à lui l’économiste Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, rapporteur de la Commission de réformes et réconciliations. En outre, pour que le pays reste « compétitif », le nouveau code n’a pas modifié la participation de l’État au capital des mines exploitées par des sociétés étrangères, qui reste de 10 %. transgénique. Le gouvernement de transition s’est également efforcé de soutenir le deuxième grand produit

l’État a augmenté de 10 F CFA d’exportation du pays, le le prix d’achat du kilo, qui coton, qui fait vivre bon an mal an près de 3,5 millions de passe à 235 F CFA pour le paysans – là encore, malgré coton-graine premier choix une conjoncture internatioet à 210 F CFA pour le second choix. Une décision saluée nale morose et des cours à La production d’or par l’Interprofession du la baisse, auxquels est venue est passée de s’ajouter la désaffection des coton, l’organe paritaire de gestion de la filière, en dépit professionnels pour le coton transgénique. Ces derniers d’une baisse de la subvention en 2008 à auraient en effet constaté que globale au secteur, réduite à 7 milliards de F CFA contre la fibre de coton génétiquement modifié devenait plus 9,23 milliards de F CFA lors de la précédente campagne. courte, ce qui a affecté l’image en 2014, Malgré la baisse des cours du coton burkinabè et son et le Burkina en est qui, selon les économistes, commerce sur les marchés devenu le quatrième devrait se poursuivre, les internationaux. producteur du professionnels comptent Le pays a donc décidé de continent, après augmenter les exportations, prendre ses distances vis-àl’Afrique du Sud, comme l’an dernier, grâce à vis des semences de l’amérile Ghana et le Mali une très bonne récolte, dont cain Monsanto en réduisant une grande partie avait été la superficie cultivée en coton OGM, qui devrait passer de 73 % à 55 % vendue par anticipation. Ils espèrent tenir pour la campagne 2015-2016. Par ailleurs, le cap des 800000 tonnes de coton-graine afin de sécuriser la production et face à fixé pour la prochaine campagne, contre la grogne de certains cotonculteurs qui 710 000 t en 2014-2015. ● menaçaient de boycotter la campagne, nadoun CouLiBaLY

5,8 tonnes 36,5 tonnes

Manolo Mylonas/Divergence

88

p Principal centre de stockage de coton-graine de la Sofitex, à Bobo-Dioulasso. n O 2858 • du 18 au 24 OctObre 2015

jeune afrique


COMMUNIQUÉ

« Notre certification couvre le cœur de métier de la Banque » Première banque burkinabé cotée en bourse, BANK OF AFRICA, depuis 2014 est certifiée ISO 9001-2008. Désormais, elle se hisse au niveau des standards internationaux en matière d’organisation d’un système de gestion de la qualité. Autant d’étapes franchies qui, selon Sebastien Toni, Directeur général de la Banque, viennent confirmer le leadership dont son institution jouit depuis plusieurs années à travers M. Sebastien TONI, Directeur Général BANK OF AFRICA au Burkina Faso

une offre de services modernes, innovants et adaptés à la clientèle.

Pouvez-vous présenter votre institution? BANK OF AFRICA au Burkina Faso est une banque commerciale qui s’adresse à tous les segments de l’activité économique, des particuliers aux entreprises, en passant par les professionnels. Elle existe depuis mars 1998 et compte à ce jour une quarantaine d’agences réparties sur le territoire national. Elle appartient au Groupe BANK OF AFRICA, implanté dans 17 pays. BANK OF AFRICA au Burkina Faso occupe aujourd’hui une place prépondérante au sein du Groupe BOA du fait de sa dynamique de croissance et de sa forte rentabilité. Sur le marché burkinabè, elle occupe une position majeure, tant en termes de ressources que d’emplois. Malgré la concurrence accrue sur le secteur, la Banque poursuit sa croissance tout en consolidant ses acquis. Parlant donc de croissance, comment se comporte BOA au Burkina Faso au sortir de la dernière Assemblée générale des actionnaires ?

Le nouveau site abritant le Centre d’affaires inauguré officiellement le 28 juillet 2015.

Depuis 2012, BANK OF AFRICA a ouvert le premier Centre dʼAffaires du Burkina Faso, quʼest-ce qui a motivé ce choix ? Effectivement, BOA a fait le choix stratégique de mettre sur pied le tout premier Centre d’affaires du pays. Il est entièrement dédié aux grandes entreprises et institutions. Nous sommes partis du constat que les grandes entreprises ont des besoins spécifiques et méritent en conséquence un service sur mesure, un traitement spécial. C’est ainsi que pour plus d’efficacité et pour une meilleure gestion de ce segment de notre clientèle, il fallait créer une structure à part entière dotée d’une équipe dynamique, experte et d’un service irréprochable. A ce titre, nous y avons déployé des chargés de comptes spécialisés

dans le suivi et la gestion des comptes des entreprises et des chargés d’affaires qui sont des conseillers pour nos clients. Un choix qui s’est avéré payant puisque beaucoup de grandes entreprises exerçant des activités au Burkina Faso nous ont témoigné leur satisfaction. En 2014, votre Banque a été certifiée ISO 9001, quʼest-ce que cela représente pour vous ? La certification est le couronnement des efforts et sacrifices fournis en permanence par tout le personnel de la Banque pour offrir un service de qualité. En effet, pour une satisfaction optimale de notre clientèle, nous nous sommes engagés dans une démarche qualité en conformité avec les exigences de la Norme ISO 9001 : 2008 qui a abouti le 18 mars 2014 à l’obtention du certificat délivré par le BUREAU VERITAS Certification. Notre certification, il faut le préciser, couvre un ensemble d’activités qui représentent le cœur de métier de la Banque : les opérations de caisse, les opérations domestiques, les opérations avec l’étranger, la distribution du crédit, la monétique et la gestion de la trésorerie. Nous abordons le futur avec confiance et sérénité car cette reconnaissance internationale nous permet de nous conformer aux normes internationales et donne plus de fiabilité à notre système de management de la qualité. Nous démontrons ainsi notre aptitude à fournir des produits et services conformes aux attentes et exigences de nos clients pour lesquels nous nous sommes engagés dans cette démarche. Nous profitons de l’opportunité pour féliciter l’ensemble du personnel de la Banque pour la mobilisation et le dévouement sans lesquels les réalisations signalées ci-avant n’auraient pas été possibles. Nous tenons également à rendre hommage à notre Conseil d’Administration pour son soutien constant. ■

DIFCOM/FC - Photos : DR

Malgré un contexte national et un environnement économique international peu favorables, BANK OF AFRICA se porte très bien, ce qui est ressorti dans le rapport de l’Assemblée générale des actionnaires tenue le 1er avril 2015. La Banque a, en effet, exposé des indicateurs qui confirment la croissance amorcée depuis plusieurs années. Ainsi, au 31 décembre 2014 les ressources de la Banque ont atteint 323 570 millions de F CFA contre 287 000 millions en 2013, soit une nette progression de 12%, les crédits à la clientèle étaient de 340 584 millions de F CFA en 2014 contre 273 000 millions de F CFA en 2013, soit un taux d’accroissement de 25%. La Banque conserve sa rentabilité avec un résultat net de 10 478 millions de F CFA, malgré une conjoncture économique difficile et une situation nationale peu propice aux affaires. Le

développement de la structure dans un contexte de progression de l’activité s’est traduit par un accroissement de 20 % du total bilan qui frôle à fin décembre 2014 le seuil des 500 milliards de F CFA contre 414 000 millions de F CFA un an plus tôt. Tout ceci illustre de la bonne santé de notre établissement. C’est également la preuve de la fidélité de nos clients qui ne cessent de nous renouveler leur confiance. Nous saisissons cette occasion pour leur traduire notre gratitude et notre engagement pour une qualité de service à la hauteur de leurs attentes.


Le plus de J.a. Burkina Faso Stratégie

Les pôles, on en raffole! Pour dynamiser les secteurs clés et doper les investissements, rien de tel que des zones prioritaires de croissance. Le succès de celle de Bagré incite à renouveler l’expérience.

«

L

e déblocage des ressources devrait atteindre 500 milliards de F CFA de nos partenaires a été (762 millions d’euros). suspendu deux ou trois Le financement du premier plan mois en raison de la crise quinquennal, estimé à 141 milliards de politique, mais dès que le gouvernement F CFA, n’est pas encore bouclé. Déjà de transition a été mis en place, les activiéquipé d’un centre écotouristique et d’un tés des pôles de croissance ont repris de Institut de formation en développement plus belle, et leur place centrale dans la politique économique du Sourou à la vallée de a été réaffirmée », explique leur Samendéni, plusieurs autres coordinateur national, Wilfried projets sont à l’étude. Bakouan. Le Comité national de pilotage des pôles de croissance (CNPPC) s’est d’ailleurs réuni le 2 avril, rural (Ifoder) ouvert en janvier 2014, le sous la présidence d’Isaac Zida, le Premier Bagrépôle doit encore mobiliser plus de ministre, pour adopter son plan d’actions 52 milliards de F CFA pour finir d’améprioritaires 2015-2017. nager les 2 580 hectares de terres agriEngagée sous l’ère Compaoré pour coles et de construire les infrastructures prioritaires : routes, réseau d’électricité, doper les exportations et attirer de nouveaux investisseurs, la politique des pôles zone industrielle, marchés, équipements de croissance a pris corps en 2012 avec commerciaux, etc. De son côté, la BAD le projet pilote, le Bagrépôle, inscrit dans s’est engagée à financer les infrastructures la Stratégie de croissance accélérée et de routières du PCS à hauteur de 15 milliards développement durable (Scadd). de F CFA.

Compte tenu des bons résultats obtenus à Bagré, d’autres projets sont à l’étude: les agropôles du Sourou (Nord-Ouest) et du Programme de développement intégré de la vallée de Samendéni (Ouest), le pôle touristique de l’Est et le Pôle de croissance du Sahel (PCS), axé sur le potentiel minier, pastoral et touristique. Le gouvernement réfléchit par ailleurs à la création de deux zones économiques spéciales, l’une à Bobo-Dioulasso, l’autre à Ouagadougou. chepteL. La Banque mondiale et l’État

burkinabè espèrent lancer le PCS d’ici à la fin de l’année. La préparation du projet (financée pour 1,2 milliard de F CFA par l’institution de Bretton Woods) s’est révélée concluante, et la Banque mondiale a délégué une mission fin mai à Ouagadougou pour apporter son appui technique à l’équipe chargée de la préparation du PCS. L’objectif de ce pôle de croissance est d’accroître les investissements dans le secteur minier dans l’ouest du pays, où cinq sites aurifères doivent entrer en production d’ici à 2020 (à Kiaka, Konkéra, Bomboré, Houndé et Karma, lire pp. 87-88). Il vise aussi à valoriser l’élevage au Sahel, où pâture le plus important cheptel du Faso, soit quelque 5 millions de têtes, bovins, caprins et ovins réunis. ● NadouN couLiBaLy

hydroéLectrique. Situé dans le

Boulgou (région du Centre-Est), le pôle de croissance de Bagré profite du potentiel agricole de la vallée du fleuve Nakambe (ex-Volta Blanche), déjà mis en valeur par un complexe hydroélectrique de 16 MW inauguré en 1994. Son objectif : dynamiser la création d’emplois (30 000 prévus) et faire quadrupler la production agropastorale (principalement rizicole) et halieutique de la région. D’après les projections, sur la période 2014-2017, il devrait permettre de réduire le taux de pauvreté de 5,3 points de pourcentage et améliorer la croissance de 0,2 point en 2015, de 0,4 en 2016 et de 0,5 en 2017. Le coût du projet d’aménagement hydroagricole, estimé à 133,7 millions de dollars (environ 120 millions d’euros), est financé à hauteur de 115 millions par la Banque mondiale et de 8,7 millions par l’État burkinabè, le reste relevant de partenaires privés ou multilatéraux, comme le Fonds africain de développement (groupe BAD). À terme, le montant des investissements pour le développement du pôle Jeune afRique

© Renaud Van deR MeeRen/edJ

90

p Site écotouristique du Bagrépôle, dans le Boulgou (région du Centre-Est). n O 2858 • du 18 au 24 OCTOBRe 2015


COMMUNIQUÉ

La Société nationale des Postes (SONAPOST), une entreprise de plus en plus performante

année 2014, la SONAPOST a réalisé des chiffres record. Jamais auparavant, elle n’avait réalisé de tels résultats. Elle a fait un chiffre d’affaires de plus de 23 milliards F CFA et un résultat net bénéficiaire de 2 735 352 716 F CFA. Ce qui représente une hausse de 15,25% par rapport à l’exercice 2013. Ces chiffres sont à mettre à l’actif du dynamisme des services financiers et une bonne maitrise des charges en interne.

Le Directeur général, Salam SANFO,

■ QUELQUES CHIFFRES DE 2014 La SONAPOST c’est : > 106 agences réparties sur toute lʼétendue du territoire national, > 1072 agents toutes catégories confondues, > Un parc national de 35 000 Boites postales, > 15 702 colis traités, > 5 395 327 objets de correspondances collectés et traités, > 500 775 comptes à la Caisse nationale dʼépargne. ■ UNE RECONNAISSANCE INTERNATIONALE Le dynamisme de la Caisse nationale d’Epargne a été reconnu au plan international. En effet, lors des travaux de la 21ème rencontre du groupe régional Afrique de l’Institut mondial des caisses d’épargne (IMCE) tenue les 27 et 28 mai 2015 à Dar-Es-Salam en Tanzanie, le Burkina Faso à travers la SONAPOST a été honoré. M. Salam SANFO, directeur général de la SONAPOST a reçu à cette occasion, des mains de Christopher CHIZA, ministre tanzanien du développement économique, un certificat de reconnaissance qui matérialise la distinction et cela pour le compte de l’IMCE. Cette distinction de la SONAPOST est la reconnaissance de l’œuvre gigantesque qu’abat la Caisse nationale d’Epargne (CNE) au profit des populations burkinabè depuis 1959, année de sa création.

www.sonapost.bf

■ RAPPEL La Société nationale des Postes (SONAPOST) est une société d’Etat dotée de la personnalité morale et jouissant d’une autonomie de gestion. Créée par décret n° 94-414/PRES/MCC du 21 novembre 1994, elle a un capital social de deux milliards cinq cent quatre vingt dix millions (2 590000 000) F CFA détenu entièrement par l’État. Elle est placée sous la triple tutelle : > du ministère du développement de l’Economie numérique et des Postes pour la tutelle technique. Ce ministère veille à ce titre, à ce que l’activité de la SONAPOST s’intègre dans le cadre global des objectifs fixés par l’État ; > du ministère de l’Économie et des Finances qui assure la tutelle financière ; > du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat qui assure la tutelle de gestion.

Elle a trois (3) missions fondamentales : > une mission de service public postal (collecte, acheminement et distribution de courriers, paquets et colis sur toute l’étendue du territoire national) ; > une mission de facilitation des règlements et transferts financiers, nationaux et internationaux entre les agents économiques, généralement ceux disposant de revenus modestes et exclus du système bancaire classique ; > une mission de collecte, de mobilisation et de promotion de l’épargne nationale particulièrement auprès des couches les moins favorisées de la population. Malgré l’ouverture du secteur postal à la concurrence, la poste burkinabè maintient sa position de leader du secteur courrier et des services financiers postaux au Burkina Faso. Elle tient une place honorable sur l’échiquier des institutions postales mondiales.

SONAPOST Société Nationale des Postes

SONAPOST Sise sur l’avenue de la Nation, au Rond point des Nations Unies Ouagadougou Kadiogo - 01 BP 6000 Burkina Faso

Tél. : (226) 25 30 64 20 / 25 30 87 43 / 25 30 64 23 / 25 31 27 61 Fax : (226) 25 33 51 51

DIFCOM/FC - Photos : DR

■ LʼINNOVATION COMME MOTEUR DE LA PROSPÉRITÉ Les deux dernières années de la SONAPOST ont été marquées par les innovations majeures ci-après : > le Projet commercial freelance. Ce projet a été initié pour aller à l’assaut de la clientèle dans une démarche de proximité via une force de vente supplétive, > la Sécurité des agents et des agences. Cette question est une priorité. C’est pourquoi l’accent y a été mis en mettant la police nationale à contribution, > les Alertes SMS. elles sont venues révolutionner certaines prestations de la SONAPOST. Ainsi, un service de messagerie gratuit est adossé aux produits Post’Eclair (courrier express national), et au compte courant postal. > la journée continue. Pour répondre aux exigences de la clientèle qui souhaite une plus grande accessibilité aux produits, la journée continue a été instituée dans les grandes agences des

quatre directions régionales, > des cadres dʼécoute et de dialogue en interne. Des délégués du personnel et un comité de sécurité et santé au travail ont été mis en place, > formation des retraités. Pour permettre aux retraités de la poste burkinabè d’entreprendre pendant leur retraite une formation en entreprenariat leur dédiée annuellement.




Le Plus de J.A. Burkina Faso u Birahima Nacoulma préside le Conseil national du patronat burkinabè.

© ahmed ouoba

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décideurs

Nacoulma le calme La gestion très décriée de la chambre de commerce et d’industrie a conduit le gouvernement de transition à dissoudre ses instances. Et à placer provisoirement à sa tête un homme d’expérience.

c

est le genre de mission qui sied aux anciens. À 81 ans, le président du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB) doit mettre sa double expérience de la diplomatie et des affaires au service du retour de la confiance entre les opérateurs économiques et les élus de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF), dont le mandat a été suspendu par le gouvernement de la transition. Dirigé trois décennies durant, jusqu’à son décès en 2011, par Oumarou Kanazoé, emblématique fondateur de l’entreprise OK et véritable parrain du secteur privé burkinabè, l’organisme consulaire était depuis lors présidé par la femme d’affaires Alizéta Ouédraogo, surnommée la « bellemère nationale » par ses détracteurs, qui ne manquaient pas de rappeler régulièrement que son ascension fulgurante avait coïncidé avec le mariage de sa fille Salah avec François Compaoré, le frère cadet de Blaise, en 1994. n o 2858 • du 18 au 24 octobre 2015

Au lendemain de l’insurrection qui a renversé le régime Compaoré, Alizéta Ouédraogo a quitté le pays pour le Bénin puis la France, et, sous la pression d’un collectif de professionnels qui décriait la gestion de la CCI-BF, le gouvernement de transition a prononcé, mi-décembre, la dissolution de son bureau et de son assemblée. Dans la foulée, il a appelé

négociation à celui des affaires. Né au Sénégal en 1934 et après des études au Niger, au Burkina, au Sénégal et en Suisse (où il obtient un certificat en diplomatie dans le cadre du programme Carnegie de l’Institut universitaire des hautes études internationales de l’université de Genève), Birahima Nacoulma, de retour à Ouagadougou, commence sa carrière en tant que fonctionnaire au ministère des Affaires Sa mission : réformer l’institution. étrangères. Il y passera dixSes atouts : son sens des affaires sept ans, depuis le poste de chef du courrier (et de la et de la négociation. valise) diplomatique à celui Birahima Nacoulma à la rescousse pour de chef de service des Affaires africaines et présider la délégation spéciale de cinq malgaches. En 1969, il passe dans le privé membres chargée de piloter provisoireet crée son entreprise, Nacoulma Transit. ment la CCI-BF, de réformer ses statuts et Depuis, outre les transports et la logistique, de la conduire vers de nouvelles élections. Birahima Nacoulma a fondé plusieurs sociétés actives dans l’import-export, le privé. Le patron des patrons burkinabè, commerce, l’immobilier, les cosmétiques qui a succédé à Oumarou Kanazoé à la (Saimex, Sovis, Mavie), ainsi qu’un établistête du CNPB en 2011, a en effet tout de sement privé d’enseignement secondaire, l’homme de la situation, de l’art de la le lycée Dimdolobsom, à Ouaga. jeune afrique


dispositif. Face à ce profond

malaise entre les milieux d’affaires burkinabè et la chambre, Birahima Nacoulma et sa délégation ont dû travailler à l’élaboration de nouveaux textes consensuels sur des questions aussi diverses que les prérogatives du président de la CCI, la durée de son mandat ou encore la répartition des sièges au sein des délégations régionales entre les différentes catégories et sous-catégories professionnelles. Jusqu’à présent, selon les statuts, cette répartition était proportionnelle au chiffre d’affaires réalisé par chacune des catégories. Une disposition qui n’était pas du goût du Collectif. Des réunions de concertation ont été organisées, auxquelles ont participé plus de 25 associations et groupements professionnels, avec des représentants des 13 régions du pays, pour valider les nouveaux statuts selon un processus participatif. Mi-juin, le conseil des ministres a prorogé le mandat de la délégation jusqu’au 31 octobre de façon qu’elle puisse mener à bien la refondation de la CCI et se charger de l’organisation des élections consulaires (dont les dates n’ont pas encore été fixées), puis de l’installation de la nouvelle assemblée. ● NadouN CouLiBaLY jeune afrique

L

Depuis sa création en 2010, le cabinet de Certification Internationale des Systèmes de Management (CISM) vise à rendre les systèmes de management accessibles aux entreprises burkinabè et africaines. Quelques mois après sa création, il a été le premier cabinet burkinabè à accompagner entièrement une entreprise à la certification ISO 9001. Aujourd’hui, au Burkina Faso, une entreprise certifiée ISO 9001 sur quatre a été accompagnée par le cabinet CISM. Les activités de ce dernier sont la consultation, la formation et l’implémentation des systèmes de management suivant les normes ISO, OHSAS et HACCP. Le cabinet offre une expertise internationale à un prix local.

Madame Brigitte Gnoumou, Directrice générale du cabinet CISM.

Après avoir obtenu un Master en gestion des ressources naturelles à l’Université du Colorado puis un Ph. D. à l’Université du Wisconsin aux États-Unis et forte d’une riche expérience acquise en Amérique du Nord, Madame Gnoumou Brigitte décide de rentrer dans son pays natal afin de mettre son expertise au profit des entreprises africaines. En tant qu’auditeur responsable pour la société British Standards Institution, elle a certifié des milliers d’entreprises au Canada, aux ÉtatsUnis, et dans plusieurs autres pays à travers le monde. Elle a aussi implémenté des systèmes de management dans plusieurs entreprises dans les pays où elle a travaillé.

Pourquoi choisir CISM pour vos besoins de certification ? • Un coût abordable pour l’implémentation de votre système de management et de vos formations ; • Une expérience nationale et internationale confirmée ; • Un accompagnement personnalisé car chaque entreprise à ses spécificités. Chaque système de management est conçu avec le client pour répondre à ses besoins ; • Une durée moyenne de 8 mois pour l’implémentation du système de management : toutes les entreprises ont été certifiées dans un délai de six à douze mois ; • Des experts s’inspirant de la réalité du terrain pour réaliser des sessions de formations pour les auditeurs responsables certifiés IRCA, les auditeurs internes, et de la sensibilisation sur les normes ISO 9001, ISO 22000, ISO 14001, OHSAS 18001, et HACCP. Nous collaborons avec plusieurs institutions nationales, régionales et internationales dans l’appui aux entreprises ou dans l’accompagnement direct des institutions en matière de qualité et autres: MEBF, OIF, UEMOA, MCA, ONUDI, etc. Représentant au Burkina Faso de Qualipro, logiciel de systèmes de managements intégrés: qualité, environnement, santé sécurité au travail et sécurité des denrées alimentaires. Représentant exclusif pour l’Afrique de l’Ouest, et l’Afrique centrale de TRC, The Registrar Company, institution de certification américaine pour les audits de certification ISO 9001, ISO 14001, ISO 22000 et OHSAS 18001. ■

CISM Avenue Houari Boumedienne 01 BP 1554 Ouagadougou 01 - Burkina-Faso info@cismcerti.com

www.cismcerti.com

Communiqué

« Sa désignation à la tête de la délégation spéciale de la CCI est un bon choix. Il est très imprégné des problèmes des milieux d’affaires et donc bien placé pour conduire la transition », commente Ousmane Tiemtoré, le secrétaire permanent du Groupement professionnel des industriels (GPI). Martin Sawadogo, le président du Collectif des professionnels de l’industrie, du commerce, des services et des organes de la société civile pour une CCI-BF assainie entre, lui, dans le vif du sujet. « Nous lui avons transmis nos préoccupations, parmi lesquelles nous demandons qu’il soit mis fin aux mauvaises pratiques et qu’un audit financier soit mené sur les dix dernières années de gestion », explique celui qui avait appelé fin novembre à la dissolution de la chambre, à laquelle il reprochait un manque de transparence en matière de gestion, de gouvernance et d’organisation des élections consulaires.

a mise en œuvre d’un système de management de la qualité est une décision stratégique pour toute entreprise qui veut améliorer sa performance.


Le Plus de J.A. Burkina Faso

Qui succédera à Alizéta?

L

es prétendants seront sans doute nombreux à vouloir briguer la succession d’Alizéta Ouédraogo à la présidence de la CCI-BF. Parmi les candidats potentiels, trois patrons burkinabè emblématiques : Lassiné Diawara, Idrissa Nassa et Apollinaire Compaoré. Tous trois ont déjà occupé un poste de viceprésident de la Chambre et sont incontournables dans les milieux d’affaires du pays et de la sous-région.

Apollinaire Compaoré, le self-mademan

Lassiné Diawara, I’investisseur multicarte

atron du groupe Planor Afrique, holding qui regroupe Telecel Faso (troisième opérateur de téléphonie mobile du pays) et les sociétés de l’ex-groupe Burkina Moto, actives dans le secteur des finances (Union des assurances du Burkina, UAB), du négoce et de l’industrie (produits pétroliers, cosmétiques, tabac, thé, cycles et cyclomoteurs, etc.), Apollinaire Compaoré incarne la réussite dans la pure tradition burkinabè. Parti de rien ou presque, il débarque adolescent à Ouagadougou, en 1968, comme simple vendeur de tickets de loterie. À 62 ans, il dirige un empire financier de quelque 75 milliards de F CFA de chiffre d’affaires. Également actionnaire de MTN Côte d’Ivoire (26,75 % des parts), il souhaite lancer Telecel au Mali, où la troisième licence mobile lui a été attribuée en 2013. ● N.C. Jeune afrique

Idrissa Nassa, le banquier

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n dit de lui qu’il est méthodique et délègue beaucoupàsescollaborateurs. PDG fondateur de Coris Bank International (CBI), dont il est actionnaire majoritaire (70 % des parts), Idrissa Nassa, 50 ans, fait d’abord ses armes en tant que commerçant dans le négoce des pièces détachées, puis dans l’importation de riz et de sucre. En 2001, il rachète les actifs de la Financière du Burkina, un établissement de crédit alors en pleine crise. Sept ans plus tard, il en fait une banque, Coris Bank, qui, grâce à sa politique de souplesse pour financer les PME,estdevenueladeuxième

banque du pays dernière la panafricaine Ecobank, avec un total bilan de 535 milliards de F CFA (815,6 millions d’euros) en 2014. Le holding CBI est, lui, actif dans divers métiers de la finance via Coris Assurances, Coris Bourse et Coris Capital. Il est présent au Mali, en Côte d’Ivoire et au Togo. Également actif dans les secteurs de l’imprimerie, de l’immobilier et de l’hôtellerie. Avec sa société de promotion et d’aménagements touristiques et hôteliers (Sopatel), Idrissa Nassa a notamment repris et rénové l’ex-Silmandé, un 4-étoiles de la capitale, désormais sous enseigne Golden Tulip. ● N.C.

© coris bank

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ndustriel, banquier, propriétaire immobilier… Lassiné Diawara a de nombreuses cordes à son arc. Issu d’une lignée de grands commerçants, ce natif de Bobo-Dioulasso commence sa carrière en 1974 comme secrétaire général de la Chambre de commerce de Haute-Volta, puis économiste à la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO, ancêtre de la Cedeao). C’est à ce poste que, au milieu des années 1980, il rencontre Vincent Bolloré, qui le nomme à la direction de la Manufacture burkinabè de cigarettes (Mabucig, désormais filiale d’Imperial Tobacco). Aujourd’hui PDG de la société immobilière Amila (qu’il a fondée) et du manutentionnaire Sageci (qu’il détient à 97 %), Lassiné Diawara, 66 ans, préside le conseil d’administration de Mabucig et de Bank Of Africa Burkina Faso (BOA-BF, filiale du marocain BMCE), dont il détient 10 % des parts. Il est aussi au tour de table d’Onatel (racheté par Maroc Telecom en 2007) et de Tedis Pharma (dont il possède 16 %). Le fait qu’il ait été plusieurs fois vice-président de la CCI-BF et premier vice-président sous la direction d’Alizéta Ouédraogo ces dernières années est pour lui un atout autant qu’un handicap. ● N.C.

n o 2858 • du 18 au 24 octobre 2015

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COMMUNIQUÉ

VOTRE SPÉCIALISTE EN APPROVISIONNEMENT DE PRODUITS PÉTROLIERS La Société Nationale Burkinabé d’Hydrocarbures (SONABHY), est une société d’État qui a le monopole de l’importation et du stockage des hydrocarbures au Burkina Faso. Elle a été créée en octobre 1985 avec pour mission essentielle, l’approvisionnement régulier du pays en produits pétroliers. Elle dispose d’un capital de 3 milliards de FCFA appartenant entièrement à l’Etat Burkinabè.

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Installation de Gambetta Aboubakar NACRO dans ses fonctions de Directeur Général de la SONABHY.

u 6 au 13 juin 2015, la société a commémoré ses trente ans

La SONABHY est l’une des plus grandes sociétés du pays

d’existence à travers l’organisation de plusieurs activités de

voire la plus grande en terme de chiffre d’affaire un peu plus de

relations publiques et de la première journée du Pétrolier.

530 milliards de F CFA en 2014, année au cours de laquelle elle a payé à

Ces activités ont été organisées pour mieux faire connaître l’entreprise

l’Etat au titre des droits et taxes de Douane environ 140 milliards de F CFA

aux populations, améliorer ses relations avec ses partenaires, et renforcer

et injecté plus de 23 milliards dans le secteur des transports. La société

la culture d’entreprise au niveau du personnel.

vient de lancer le 6 juin dernier à Péni à 30 kilomètres de Bobo-Dioulasso, les travaux de construction d’un nouveau dépôt qui abritera dans

L’entreprise a jugé nécessaire de communiquer en toute

un premier temps des sphères de Gaz Butane puis des bacs de produits

transparence et sans tabou afin d’être plus en phase avec les consom-

pétroliers liquides. Elle s’apprête à affronter dès maintenant son avenir à

mateurs burkinabé qui avaient besoin de comprendre le fonctionnement

l’horizon 2025 par le renforcement de ses infrastructures, la construction

de l’entreprise, ses difficultés et ses batailles pour que le pays à environ

de nouveaux dépôts dans une stratégie de décentralisation et une réforme

1 000 km de la mer soit approvisionné sans rupture.

interne pour mieux faire face aux défis de plus en plus grands.

Certifiée ISO 9001 version 2008 en avril 2013, la SONAB-

Les priorités du nouveau Directeur Général, Gambetta Aboubakar NACRO, Statisticien-Economiste Gestionnaire, au sein de l’en-

AFNOR, signe de sa rigueur, de sa performance et de sa position sur l’axe

treprise depuis 25 ans et au poste de Directeur Général depuis décembre

de l’amélioration continue. La vision de la société est d’être une référence

2014 sont sur le plan externe, d’envoyer aux populations une nouvelle

dans la sous-région ouest africaine et un spécialiste régionale de l’appro-

image de l’entreprise, battante et transparente et sur le plan interne, de

visionnement en produits pétroliers. La SONABHY s’est engagée depuis

renforcer les capacités des ressources humaines en qualité et en quantité

sa création à garantir au pays une plus grande sécurité énergétique avec

requises, de travailler au renforcement de la cohésion et de la motivation

un objectif permanent de « zéro » rupture. Elle est forte d’une très bonne

internes pour les porter vers une vraie culture de qualité impactant les

connaissance du marché international, d’une bonne expertise interne et

résultats de l’entreprise, l’épanouissement du personnel et la satisfaction

d’une culture de mise en concurrence de ses fournisseurs.

de toutes les parties prenantes (clients, fournisseurs, transporteurs, l’État...).

SONABY 01 B.P. 4394 Ouagadougou 01 Burkina Faso

DIFCOM/FC - Photos : DR

HY a vu son certificat confirmé au mois de mai dernier par AFAQ/


Le Plus de J.a. Burkina Faso

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© sophie garcia pour J.a.

t Enregistrement de l’émission ça nous concerne.

Médias

accros de l’info Depuis sa couverture de l’insurrection d’octobre 2014, puis celle du putsch de septembre dernier, Radio Oméga est devenue une référence. Son secret ? Du direct, du direct, et encore du direct.

s

ur un mur du hall d’entrée de Radio Oméga, bien visible, une lettre de félicitations. « Bravo à vous. Votre travail a été primordial dans ces jours qui ont changé le Burkina. » Un témoignage qui ne fait pas allusion au coup d’État des 16 et 17 septembre dernier, mais au soulèvement populaire d’octobre 2014, lors duquel la station a fait le plein d’auditeurs grâce à la rapidité et à la pertinence de son traitement de l’information. Depuis, les bouleversements qu’a vécus la rédaction d’Oméga FM sont tels que ses journalistes ont parfois du mal à réaliser le chemin parcouru depuis la création de la radio, en 2011. « Nous avons toujours fait du direct et, pendant l’insurrection de 2014, cette expérience a fait la différence, explique Albert Nagreogo, le rédacteur en chef de la station. On était prêts, mais on ne s’attendait pas à ce que la situation dégénère autant et aussi vite. » sOCIÉTÉ CIVILE. Le 30 octobre, jour de l’examen du projet de loi sur la révision de la Constitution à l’Assemblée n o 2858 • du 18 au 24 octobre 2015

nationale, la radio avait préparé deux émissions en fonction du vote des députés. L’annonce des résultats était prévue à 17 heures, mais ce vote n’eut jamais lieu, et Blaise Compaoré décréta l’état d’urgence. Radio Oméga fut le premier média à rendre l’information publique. Quelques heures plus tard, l’ancien président et le chef d’état-major des armées firent une déclaration dans laquelle ils assuraient chacun de leur côté détenir le pouvoir. « À ce moment-là, on ne savait pas qui dirigeait le pays, raconte Albert Nagreogo. Nous avons décidé de faire réagir les acteurs de la société civile… et nous avons émis toute la nuit. » Bis repetita le 31 octobre. Ce jourlà, tard dans la soirée, Isaac Zida fait son pronunciamiento. « À 2 heures du matin, deux proches de Zida sont arrivés à la station. Ils ont demandé à deux de nos journalistes de les suivre afin qu’ils puissent assister à la déclaration car nous étions en période de couvre-feu, poursuit le rédacteur en chef. Nous avons reçu des félicitations de tout le pays… Nous ne savions pas que nous étions la

seule radio à émettre en direct et vingtquatre heures sur vingt-quatre pendant la totalité de l’insurrection. » Depuis, la radio est considérée comme l’un des médias de référence du pays. De quoi lui mettre la pression. « Il a fallu garder le cap », admet Albert Nagreogo. À bientôt 30 ans, cet ancien professeur de français est à la tête d’une équipe de vingt-deux journalistes au Burkina et à l’étranger, puisque Radio Oméga a désormais des correspondants à Abidjan, Bamako, Conakry, Dakar, Lomé, Niamey et même Johannesburg. Une nouvelle grille de programmes a été lancée le 5 mars dernier, fidèle à ce qui a fait le succès de la radio : les grands événements politiques, sportifs ou culturels sont suivis en direct, et huit grands journaux rythment la journée. La rédaction veut également développer son offre multimédia, notamment sur les réseaux sociaux. InTImIdaTIOn. Mais alors que la transi-

tion connaissait quelques soubresauts, sa nouvelle notoriété a aussi exposé Oméga FM à des réalités plus sombres. Le 30 juin, en plein conflit entre le régiment de sécurité présidentielle (RSP) et Isaac Zida, le Premier ministre, des officiers du RSP font irruption au siège de la station, situé non loin du centre de presse Norbert-Zongo, au cœur de Ouagadougou. Vers 8 h 30, un 4x4 noir Jeune afrique


Une autre histoire s’arrête, six hommes en armes en descendent, deux entrent dans l’immeuble pour demander à rencontrer l’équipe du matin: « Nous ne sommes pas venus vous faire du mal. Sachez seulement que des gens volent l’argent du pays et que, à partir de maintenant, nous allons les arrêter et les présenter au peuple. » Une brève intervention que la direction comme le personnel de la radio ont évidemment interprétée comme une menace. « L’équipe a eu peur, c’était de l’intimidation, reconnaît Albert Nagreogo. Il nous a fallu une journée pour que tout revienne à la normale. » motos brûlées. Radio Oméga a encore

démontré la solidité de son travail lors du coup d’État des 16 et 17 septembre. Après avoir annoncé dès 17 h 43, sur son compte Twitter, que le président et le Premier ministre de la transition avaient été pris en otage en plein Conseil des ministres, elle est restée à la pointe de l’actualité. Même lorsqu’elle ne pouvait plus émettre, elle a continué à chercher

et à vérifier les informations pour rendre compte de la situation sur ses comptes Twitter et Facebook. Souvent sans commentaire. Souvent aussi elle a été l’un des seuls médias ayant permis de suivre l’évolution du putsch, dans le pays et à l’étranger. Pendant les jours d’incertitude qui ont suivi, elle a mobilisé l’ensemble de ses journalistes pour réaliser des émissions spéciales.

la radio. » « On a coupé, ils ont vérifié que l’émetteur n’émettait plus, ils sont descendus… Et c’est à ce moment qu’ils ont incendié les motos qui se trouvaient devant la station, à l’aide de l’essence qu’ils avaient apportée », raconte Bernard Bougouma, le responsable du service multimédia et des langues nationales d’Oméga FM. Au total, six motos ont été brûlées. Aucune violence physique n’a été exercée contre À 17 h 43, la radio annonce sur les journalistes. Ce qui son compte twitter que Kafando est presque une chance au regard des agreset Zida sont pris en otage. sions subies par certains Une période au cours de laquelle la confrères, comme ce photographe du liberté de la presse a été mise à rude site internet lefaso.net et ce journaliste épreuve : plusieurs médias ont été visés, du site burkina24.com passés à tabac dans les locaux de la télévision BF1. des radios attaquées et empêchées À Ouagadougou, le correspondant du d’émettre. Radio Oméga a une nouvelle quotidien Sidwaya à Bogandé a, lui, fois reçu la visite des hommes du RSP. Le 16 septembre, vers 17 heures, un groupe reçu une balle. Comme un rappel de certaines heures sombres de l’histoire débarque au siège de la station, à bord du Burkina Faso. ● d’un véhicule Mercedes. Leur message Vincent DUHem est clair : « Vous coupez, ou on incendie

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