Maroc 40 ans après, les secrets de la Marche verte
Hebdomadaire international indépendant • 56e année • n° 2859 • du 25 au 31 octobre 2015
nigEria buhari ou l’art de se presser lentement
jeuneafrique.com
algérie télés libres, mais pas trop
Le casse-tête congolais Spécia l 28 pag es
Dialogue de sourds entre pouvoir et opposition, Constitution, incertitudes liées au marathon électoral à venir… L’année 2016 s’annonce sous haute tension. Comment sortir de l’impasse ?
édition INTERNATIONALE ET Afrique centrale France 3,80 € • Algérie 220 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € • Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,30 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285
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PUBLI-INFORMATION
InstItut natIonal de sécurIté socIale
l’Inss se redresse pour mieux protéger les travailleurs Au bord du gouffre à la fin des années 2000, le régime de sécurité sociale congolais se réforme en profondeur pour apporter un service de qualité aux bénéficiaires comme aux cotisants.
C
réé en 1961, peu après l’indépendance, l’Institut national de sécurité sociale (INSS) est un établissement public à caractère technique et social, doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière, chargé de l’organisation et de la gestion du régime général de la sécurité sociale en RD Congo. Ce régime comprend trois branches : risques professionnels, qui couvre les prestations en cas d’accidents du travail et de maladies professionnelles, pensions (invalidité, vieillesse et décès) et allocations familiales. Les cotisations sociales payées par les employeurs constituent l’essentiel de ses recettes, qui sont complétées par les éventuelles pénalités pour retard dans le paiement des cotisations, les produits de placements de fonds, les dons et legs, ainsi que des ressources résultant de textes législatifs ou règlementaires.
DES AVANCÉES SIGNIFICATIVES
Au fil du temps, dans le sillage des guerres à répétition qui ont marqué l’histoire de la RD Congo, la situation financière de l’INSS s’est fortement dégradée. Il y a un peu plus d’une décennie, l’Institut présentait une tréso-
rerie précaire et un faible taux de couverture sociale. Une situation due, notamment, à la faiblesse du recouvrement des cotisations sociales et à l’accumulation de droits impayés aux prestataires sociaux et aux agents durant plusieurs années. Depuis 2011, d’importantes actions de redressement ont été entreprises pour redresser la situation et répondre aux attentes légitimes des assurés des partenaires sociaux. L’intensification du recouvrement des créances et l’assainissement du fichier des prestataires grâce, notamment, à la mise en place d’une nouvelle carte de sécurité sociale comportant des éléments biométriques, font partie de mesures qui ont favorisé un accroissement d’environ 40 % des recettes de l’INSS. Dans le contexte de la stabilité du cadre macroénomique, cette amélioration a en outre permis de constituer des réserves destinées à garantir la pérennité du régime, conformément aux programmes d’actions du gouvernement ainsi qu’aux recommandations d’organisations telles que l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) et la Conférence interafricaine de la prévoyance sociale (CIPRES).
INVESTIR AU SERVICE DE L’ÉTAT
Paiement des prestations sociales
Les excédents de trésorerie ainsi dégagés et placés dans des banques ont doté l’INSS de nouvelles capacités financières. Elles lui ont permis de procéder à des investissements significatifs, dont notamment la prise de participation dans le capital de certaines entreprises publiques afin d’acquérir des terrains sur lesquels doivent être construites des maisons dans le cadre d’un projet du gouvernement, ou encore le financement de la réhabilitation de l’Hôtel Congo-Palace, à Kisangani. En outre, l’INSS a pu procéder à la liquidation totale des arriérés accumulés durant plusieurs années auprès des prestataires sociaux et du personnel, ainsi qu’au relèvement
InstItut natIonal de sécurIté socIale
Autre projet phare, la bancarisation du versement des prestations sociales. Elle s’inscrit dans le cadre des réformes institutionnelles prônées par le gouvernement pour renforcer l’efficacité de l’État. La signature de partenariats avec les banques ouvre la voie à la simplification de ces opérations. En outre, elle favorise le développement de nouvelles activités et améliore sensiblement la qualité des services offerts par l’INSS. Dans le même objectif, l’Institut entend poursuivre la consolidation de l’application du protocole d’accord avec la Direction générale des impôts, l’Institut national de préparation professionnelle et l’Office national de l’emploi, qui institue la déclaration et le paiement unique des impôts, cotisations sociales, cotisations et contributions patronales sur les rémunérations.
Une dame aux commandes de la sécurité sociale Le régime général de sécurité sociale en RD Congo est géré par Agnès Mwad Nawej Katang. Détentrice d’une licence en sciences sociales de l’université de Lubumbashi, option sciences politiques et administratives, et d’un Diplôme d’études spécialisées en sciences et techniques de développement des facultés catholiques de Kinshasa, cette experte de la sécurité sociale a, depuis 1990, gravi tous les échelons jusqu’à devenir Directeur général, nommée par ordonnance du Président de la République. Mariée et mère de quatre enfants, Agnès Mwad Nawej Katang s’est donné le pari de faire de l’INSS l’outil par excellence de la politique sociale du gouvernement. Sa détermination a été récompensée
Toutes ces mesures, ainsi que la réforme du régime général de la sécurité sociale, actuellement en examen au Parlement, vont permettre à l’INSS de continuer à consolider son assise financière, tout en garantissant un service de qualité aux bénéficiaires et aux cotisants. L’Institut entend poursuivre ses investissements et participer à son niveau à la modernisation de l’administration. Sont par exemple prévus, entre autres, la construction d’une école professionnelle de sécurité sociale à vocation régionale, la construction d’un immeuble devant abriter la Banque de la sécurité sociale, ou encore la modernisation du Centre orthopédique de Lubumbashi, où le taux d’accidents du travail est important en raison de l’activité minière. Grâce à toutes ces réalisations et avec le soutien de l’État, l’INSS gagne chaque jour en prestige, tant sur le plan national qu’international. n
par le Conseil international des managers africains (CIMA), qui lui a décerné, en juin dernier à Paris, le titre de meilleur manager d’Afrique centrale.
Bâtiment administratif de l’INSS
du taux minimum de la pension de retraite. À ce jour, l’Institut assure le paiement régulier et à terme échu des prestations sociales.
POURSUIVRE LA MODERNISATION
www.inss.cd Institut national de sécurité sociale (INSS) 95, Boulevard du 30 juin BP 8933 – Kinshasa 1 Tél. : (+243) 990 28 03 63 / 817 59 94 25 Fax : (+243) 815 30 00 20 E-mail : inss_rdc_kin_dg@yahoo.fr
DIFCOM/FC - Photos : DR
Pas question de s’endormir sur ces avancées. Le régime congolais de sécurité sociale évolue dans des conditions difficiles, qui sont autant de motifs pour maintenir l’élan de redressement. Il faut lancer de nouvelles réformes, axées notamment sur l’informatisation et la modernisation de la gestion de l’Institut. C’est indispensable pour un meilleur accès de la population à la sécurité sociale dans ce pays-continent, au service de ses 70 millions d’habitants, et par conséquent pour étendre le taux de couverture sociale. La mise en place d’une véritable politique de sécurité sociale de proximité impose d’améliorer la coopération des différentes entités dans les provinces entre elles et avec les bureaux dans les districts et les antennes réparties sur tout le territoire.
République e DémocRatique
Du congo congo TransporT TerresTre eT fluvial
Assurer le transport des personnes et des biens Par train, sur le fleuve et même en ville : le Gouvernement de la RD Congo s’est engagé à favoriser les déplacements afin de réunifier le pays.
L
a stratégie de relance et de renforcement du secteur des transports en République démocratique du Congo s’appuie sur des investissements ciblés pour remettre en état les infrastructures et diversifier les modes de déplacement. L’objectif est de développer un système multimodal intégré combinant le rail, la route et le fluvial pour relier tous les pôles économiques du pays. Les premiers investissements portent leurs fruits.
Relance du ferroviaire Le pays a fait l’acquisition de 38 locomotives pour relancer le transport ferroviaire.
À l’arrêt depuis plus d’une décennie du fait de locomotives vétustes, la Société Nationale des Chemins de fer du Congo (SNCC) a repris du ser vice avec l ’acquisition de 38 locomotives, dont 20 achetées sur fonds
propres du Gouvernement et 18 financées par la Banque mondiale. L’acquisition de ces locomotives est un signal fort lancé par le Président de la République. La dernière acquisition de locomotives neuves remonte à 1976. Sur les 38 locomotives, 24 vont desservir les régions de la ceinture de cuivre et le Nord, 10 seront affectées à la région des Grands Lacs et à la région fleuve-rail. Enfin, 4 desserviront la section Kisangani-Ubundu. Dans le même domaine du transport ferroviaire, l’année 2015 a aussi vu la réhabilitation de la voie ferrée reliant Kinshasa, la capitale de la RD Congo, et Matadi, le port maritime. Géré par la Société commerciale des transports et ports (SCTP), ex ONATRA, ce tronçon de 366 km offre désormais une alternative à la route pour le transport de marchandises, mais aussi pour le transport des personnes dans des conditions de sécurité maximale.
Reprise du trafic sur le fleuve Congo Après plus d ’une décennie d ’absence, le bateau ITB Kokolo a repris du service, arrivant à Kinshasa le 18 mai 2015 après une première liaison avec Kisangani. Fleuron de la flotte fluviale du pays, l’ITB Kokolo est resté longtemps immobilisé au chantier naval de Kinshasa, abandonné. Les petits navires privés avaient alors pris le relais, occasionnant des naufrages à répétition. Remis en état par le Gouvernement, le bateau rénové ITB Kokolo sillonne aujourd’hui le
PUBLI-INFORMATION
fleuve Congo, emmenant personnes et biens dans les meilleures conditions. Il comprend neuf chambres froides, deux suites familiales ainsi que des cabines de différents conforts, un restaurant et un bar, avec des chaines de télévisions câblées. Il a la capacité de transporter plus de 400 passagers et 1 586 tonnes de marchandises. La reprise du trafic sur le fleuve Congo doit permettre : • le désenclavement des populations riveraines, • le ravitaillement des populations urbaines en produits agro-pastoraux frais, • la relance du tourisme, • la transformation des potentialités de la biodiversité du fleuve Congo en opportunités économiques.
propres du Gouvernement, Transco assure le transport par route des passagers à travers toute la ville de Kinshasa. Un accent particulier est mis sur la qualité du transport proposé pour se mouvoir à travers toute la ville, à un prix unique, quelle que soit la distance. Transco a de plus choisi de faire la promotion de la parité en engageant et en formant des femmes conductrices de bus. Ce qui constitue une véritable curiosité pour les usagers de la route de la capitale congolaise ! Aujourd’hui, Transco est une véritable réussite dans le domaine du transport en commun, un symbole, une matérialisation du social par le Président de la République, à travers le Gouvernement.
Kinshasa à prix unique
DIFCOM/DF - PHOTOS : PITCH BLACK PHOTOS SAUF MENTION.
Remis à neuf par l’État, l’ITB Kokolo peut emporter 400 passagers et 1 586 tonnes de marchandises.
Le gouvernement a mis en service à Kinshasa 500 autobus flambant neufs, opérés par la société Transco.
L’État a repris ses prérogatives dans le transport des personnes à Kinshasa. Jusque là, elles subissaient la loi des transporteurs privés et parfois risquaient leur vie dans des véhicules hors d’âge. Avec la création de la Société transport au Congo (Transco) et le programme des bus de capacité moyenne surnommés « Esprit de vie », le Gouvernement a tenu à sécuriser les routes et les usagers avec des véhicules de transport en commun sûrs et en bon état de marche. Disposant de 500 autobus d’une grande marque de renommée internationale acquis sur fonds
primaTure de la république démocraTique du congo E-mail : cabinet@primature.cd - http://www.primature.cd/public/
République e DémocRatique
Du congo congo
Le pLus
de Jeune Afrique
Élections Dialogue de sourds
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interview Henri Mova Sakanyi, président du PPRD Économie Bien, mais… DÉveloppement Objectif tourisme
RD Congo
Les grandes manœuvres © GWENN DUBOURTHOUMIEU pOUR J.A.
Constitution, élections, défiance entre pouvoir et opposition… L’année 2016 s’annonce sous haute tension.
jeune afrique
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Le Plus de Jeune Afrique
Le pLus
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de Jeune Afrique
RD Congo
Prélude
Les grandes manœuvres
Marwane Ben Yahmed
Comment éviter le pire?
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éjà particulièrement complexe, l’échiquier politique congolais est aujourd’hui devenu illisible. Il fut un temps, pas si lointain, où tout était simple, ou presque. D’un côté, Kabila, le pouvoir, sa formation, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). De l’autre, l’opposition, incarnée par ses deux principaux ténors, Jean-Pierre Bemba (incarcéré à La Haye), à la tête du Mouvement de libération du Congo (MLC), et l’inoxydable Étienne Tshisekedi, patron aujourd’hui mutique et invisible de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
pouvoir et opposition, la volonté supposée de Kabila de poursuivre son aventure audelà des limites actuellement fixées par la Constitution. Fidèle à sa légende, ce dernier ne dit mot, pas plus pour nier que pour confirmer les intentions qu’on lui prête. Voicidoncvenuletempsdelaparanoïa, du soupçon permanent et des manœuvres en coulisses. Tous les coups sont permis. En façade, pourtant, tout le monde prône le dialogue… Difficile d’imaginer, dans un tel contexte, l’année qui nous sépare de fin 2016 avec sérénité. Le calendrier électoral à venir – le marathon, devrait-on dire –, véritable triangle des Bermudes de la vie politique du pays, laisse augurer des joutes politiciennes inquiétantes, dans un laps de temps réduit : élections provinciales,
Àprèsd’unandelafinconstitutionnelle du dernier mandat de Joseph Kabila, tous les repères ont explosé en vol. Dans les deux camps. Désormais, il faut compter avec une multitude Voici venu le temps de d’acteurs, qui changent parfois la paranoïa, du soupçon de costumes. Vital Kamerhe (Union pour la nation congopermanent et des intrigues. laise, UNC) a quitté Kabila il y urbaines, municipales, locales, présidena longtemps déjà. Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat et vieux routier de la tielle et législatives sont à organiser. politique, se situe lui à mi-chemin, ni opposant ni membre de la majorité – peut-être Les Congolais ne peuvent qu’obserla situation la plus confortable, finalement. ver, médusés, ce champ de bataille où les À cela, ajoutons les membres du « G7 », le « grands quelqu’uns » se rendent coup pour groupe des représentants des sept formacoup, alors que les urgences demeurent tions politiques éjectées, en septembre, légion. La RD Congo, ce diamant hélas de la majorité présidentielle pour avoir toujours brut qui, cinquante-cinq ans après demandé au chef de l’État, à travers trois son indépendance, n’en finit plus d’écrire missives, de renoncer à prolonger son bail la désespérante chronique de l’un des plus au Palais des nations. Et, last but not least, grands gâchis du continent, nous préocl’ex-gouverneurduKatanga,MoïseKatumbi, cupe tous. Ailleurs, la perspective d’élecqui vient de claquer, avec pertes et fracas, la tions peut ressembler à une promesse. Ici, porte du PPRD, dont il était l’un des poids elle suggère plutôt troubles et tensions. Et, lourds. « Tout est mis en œuvre pour ne pas année après année, les acteurs politiques respecterlaConstitution»,accuse-t-il,avant de RD Congo continuent de donner la dedénoncer«lereculgénéralisédeslibertés détestable impression de danser sur un individuelles et les dérives inacceptables » volcan. Peut-on encore éviter la crise qui du pouvoir. Ambiance… se profile? Une grande partie de la réponse à cette question est entre les mains de En filigrane de ces mouvements entre Joseph Kabila. L’autre entre celles de ses fous,tours,cavaliersetpionsquifranchissent opposants. Les Congolais, eux, prient tous les jours la ligne de démarcation entre pour un salvateur sursaut… ● jeune afrique
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élections Dialogue de sourds
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interview Henri Mova sakanyi, président du PPRD p. 74 politique Après tshisekedi, Katumbi ?
p. 78
MAcroéconoMie Bien, mais…
p. 86
services finAnciers pourquoi les congolais restent cash p. 94 innovAtion et la femme créa… le robot p. 100 tecHnologies la revanche des geeks kinois p. 102
DéveloppeMent objectif tourisme
p. 105
MéDiAs Dans l’univers de patient p. 110 Musique la rumba plie mais ne se rend pas p. 112
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Le Plus de Jeune Afrique
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q Première manifestation de l’opposition contre le glissement du calendrier électoral, place Sainte-Thérèse, dans la commune de Ndjili, à Kinshasa, le 15 septembre 2015.
jeune afrique
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élections
Dialogue de sourds
Entre le gouvernement et l’opposition, c’est l’impasse. Quand le pouvoir insiste sur la tenue des scrutins locaux, d’autres n’y voient qu’un moyen pour rester en place. Et refusent toute main tendue.
trésor Kibangula,
envoyé spécial à Kinshasa
jeune afrique
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© gwEnn dubourthoumiEu pour J.A.
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a-t-on glisser ou non ? Depuis quelques mois, le verbe et son substantif, « glissement », ont fait une entrée fracassante dans le vocabulaire des Congolais. Les deux mots sont désormais sur toutes les lèvres. Chacun les « glissant » en toute occasion dans la conversation, avec des acceptions variables, le plus souvent pour marquer le prolongement inattendu d’une situation donnée… en référence, bien sûr, au fameux « glissement du calendrier électoral », c’est-àdire le report de certains scrutins au-delà du chronogramme fixé par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et, surtout, des délais légaux fixés par la Constitution. « Alors, une soirée tranquille en perspective ? » dira un Kinois à l’un de ses amis. Et ce dernier de ● ● ●
Le Plus de J.A. RD Congo Chez les faucons de la majorité, on ne jure que par les élections locales.
● ● ● répondre : « Non, nous allons démarrer tout doux au Balcon, ensuite on fera un saut à Kwilu, avant d’aller glisser Chez Ntemba. » Comprenez : prolonger la nuit jusqu’à pas d’heure dans l’un des night-clubs branchés de la capitale. Dans les rues de Kinshasa, les calicots et banderoles se prêtent également au jeu. Comme cet énorme « Non au glissement », imprimé en rouge sur fond blanc, dans le centre-ville. Un peu plus loin, devant un marché très fréquenté de la capitale, c’est l’affiche d’un immense « Oui au dialogue » qui prend le dessus. Or, par les temps qui courent en RD Congo, appeler au dialogue revient à plaider en faveur d’un glissement du calendrier global des élections (provinciales, urbaines, municipales et locales, initialement prévues en 2015, puis présidentielle et législatives, en 2016, lire p. 80). En effet, depuis sa publication mi-février par la Ceni, aucune échéance de ce chronogramme des scrutins – qui devaient normalement s’échelonner d’octobre 2015 à novembre 2016 – n’a pour l’instant été tenue.
FrOnDeurs. Il en est de même pour l’élection des
gouverneurs de 21 provinces issues du nouveau et très controversé découpage territorial entré en
vigueur le 30 juin. Le scrutin, prévu le 31 août, a été repoussé au 6 octobre, puis finalement reporté sine die, le gouvernement n’ayant pas les moyens de l’organiser. Saisie pour avis, la Cour constitutionnelle a alors autorisé le pouvoir central à prendre des « mesures exceptionnelles » relatives à la gestion desdites provinces. « Il s’agissait pour nous de ne pas laisser ces entités nouvellement créées sans tête. Cela aurait entraîné le chaos », confie un juge qui a participé aux délibérations. Quitte à sacrifier la Constitution ? En tout cas, c’est ce que soutiennent l’opposition et certains courants de la majorité. « Par son arrêt, la Cour a proposé de remplacer les gouverneurs élus par des autorités nommées », rumine un ancien cadre de la Majorité présidentielle (MP) et membre du « G7 », le groupe des représentants des 7 formations politiques éjectées le 16 septembre de la coalition au pouvoir pour avoir adressé trois lettres (en février, mars et septembre) au chef de l’État. Ces courriers, qui ont tous « fuité » sur les réseaux sociaux, appelaient notamment le président, Joseph Kabila, à oublier la « stratégie du glissement », laquelle lui aurait été suggérée par quelques caciques de la majorité pour prolonger, coûte que coûte, son
La Ceni après maLumaLu
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e moins en moins présent dans son bureau kinois du boulevard du 30-Juin, l’abbé Apollinaire Malumalu a rendu son tablier le 10 octobre. Président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) depuis juin 2013, l’ecclésiastique catholique, soupçonné par ses détracteurs d’être proche du pouvoir, a démissionné pour raisons de santé. Qui pour le remplacer? Conformément à la loi qui régit la Ceni, son président doit venir d’une formation religieuse. Et elles sont sept, sur huit, à avoir jeté leur dévolu le 21 octobre sur Corneille Nangaa, jusqu’ici secrétaire exécutif national adjoint de la Ceni. Seule l’Église catholique, ouvertement opposée au prolongement du mandat du président Joseph Kabila, n’a pas soutenu sa candidature. « Les évêques ont refusé de cautionner ce choix parce que Nangaa se présentait comme catholique alors qu’il a fréquenté des Églises dites de réveil en Côte d’Ivoire », confie un proche de Malumalu. Âgé de 45 ans et économiste de formation, Corneille Nangaa semble disposer de toute l’expérience nécessaire pour occuper un tel poste. Il a en effet participé aux travaux de la Commission électorale indépendante de son pays en 2005 et 2006, puis entre 2007 et 2010, avant de rejoindre la Ceni, en 2013. Sa candidature doit maintenant être validée par l’Assemblée nationale avant qu’il soit nommé officiellement par le président de la République. ● T.K. n O 2859 • Du 25 au 31 OctObre 2015
u Malade, l’abbé Malumalu a démissionné de son poste de président de la Commission électorale.
© gwenn dubourthoumieu pour J.A.
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Les grandes manœuvres bail au Palais de la nation. Dans leurs missives successives, les frondeurs du G7 recommandaient au chef de l’État de reporter les élections locales prévues fin octobre et de privilégier l’organisation des législatives et de la présidentielle dans les délais constitutionnels. « Dans un État de droit, il n’existe pas d’élections moins importantes que d’autres ; et la démocratie se construit d’ailleurs à la base », rétorque un conseiller d’Évariste Boshab, vice-premier ministre, chargé de l’Intérieur et de la Sécurité, fervent défenseur d’une éventuelle révision constitutionnelle pour prolonger le mandat de Joseph Kabila à la tête de l’État. Le message est clair: chez les faucons de la majorité, on ne jure que par les élections locales avant tout. Le problème est que ces scrutins sont particulièrement complexes – élection au suffrage direct des conseillers communaux et des conseillers de secteur ou chefferie (prévues le 25 octobre), élection des conseillers urbains, bourgmestres et chefs de secteur au suffrage indirect (fixées au 20 janvier 2016) – et qu’ils risquent de retarder la tenue des législatives et de la présidentielle à la date prévue par la Ceni, soit le 27 novembre 2016 (lire encadré ci-contre). RÉAMÉNAGEMENT. Une éventualité dont Martin
Fayulu ne veut pas entendre parler. Très actif sur le terrain, sillonnant les rues et les quartiers de Kinshasa pour, dit-il, « sensibiliser la population contre le glissement », le leader de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé) et coordonnateur des Forces acquises au changement (FAC) rappelle que, « lors d’une ultime réunion avec la Ceni », le 27 avril, la Dynamique de l’opposition a posé trois préalables avant de participer au processus électoral : un calendrier consensuel, l’enrôlement de tous les électeurs (« le fichier électoral étant corrompu »), ainsi qu’une commission électorale « réellement neutre et indépendante ». Cette Dynamique était représentée, entre autres, par les présidents de quatre groupes parlementaires de l’opposition et ses principaux leaders : Vital Kamerhe, Ingele Ifoto, Jean Lucien Mbusa et Martin Fayulu lui-même. « À vrai dire, l’opposition ne sait pas ce qu’elle veut : elle exigeait la publication par la Ceni du calendrier global des élections, puis, une fois celui-ci rendu public, elle l’a rejeté », rétorque Tryphon Kin-Kiey Mulumba, ministre chargé des Relations avec le Parlement, qui préside par ailleurs l’association Kabila désir. Et Martin Fayulu de lui renvoyer la balle : « À l’époque, lorsque nous réclamions ce chronogramme, nous disions aussi qu’il fallait privilégier l’organisation des législatives et de la présidentielle dans les délais constitutionnels et programmer les locales après 2016 pour ne pas perturber le processus ! » Ce véritable dialogue de sourds entre les deux camps impose désormais un réaménagement du jeune afrique
Un seul jour, un seul tour… Mais quand?
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epuis la révision constitutionnelle de janvier 2011, la présidentielle se déroule selon un scrutin uninominal à la majorité simple et à un seul tour (non plus à la majorité absolue des suffrages et avec possibilité d’un second tour, comme le disposait la Constitution de 2006). Couplées, les prochaines élections présidentielle et législatives (à un seul tour elles aussi) devraient être organisées le 27 novembre 2016, selon le calendrier établi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Une date qui respecte les délais fixés par l’article 73 de la Constitution puisque la convocation du scrutin présidentiel a été programmée au 20 septembre 2016, soit quatre-vingt-dix jours avant l’expiration du mandat du président en exercice – étant donné que Joseph Kabila a prêté serment le 20 décembre 2011. Mais avec le retard pris dans l’exécution du calendrier électoral, de nombreux observateurs craignent que la présidentielle ne soit reportée à une date ultérieure… ● CÉCiLE MANCiAUX
calendrier pour essayer de mettre tout le monde d’accord avant de s’engager dans un marathon électoral… devenu de plus en plus hypothétique. Car, une fois encore, les avis divergent. Côté majorité, on plaide pour le « dialogue » entre la classe politique et la société civile. Côté opposition, on appelle à la tenue d’une simple tripartite entre ses représentants, ceux de la majorité et ceux de la Ceni. VOLTE-FACE. En attendant, depuis quelques mois,
Mi-septembre, l’UDPS s’est retirée de la table des négociations. Un coup dur pour le chef de l’État.
Joseph Kabila a entamé des « consultations ». Ses émissaires ont même approché l’opposant historique Étienne Tshisekedi, président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), en convalescence à Bruxelles. Mais les tractations qui ont suivi, à Venise et à Ibiza, entre les représentants des deux hommes n’ont pas abouti. Mi-septembre, l’UDPS a demandé à ses délégués de se retirer de la table des négociations. Un coup dur pour le chef de l’État. D’autant que cette volte-face de son rival et candidat malheureux de la présidentielle de 2011 est intervenue au moment où la coalition au pouvoir traverse une sérieuse crise politique (lire pp. 78-79), avec des révocations et, surtout, des démissions en cascade de ministres, de membres des bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que de hautes autorités politiques et administratives, qui se reconnaissent dans les valeurs défendues par le G7, à savoir la tenue de la présidentielle dans les délais constitutionnels. Résultat, le coup d’envoi du marathon électoral n’est toujours pas donné. Aucune date de scrutin n’est plus confirmée. Est-on en train de glisser ? Possible. « Mais le peuple ne se laissera pas faire », prévient un conseiller du populaire Moïse Katumbi. ● n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
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Le Plus de J.A. RD Congo interview
Henri Mova Sakanyi « L’opposition voit des manœuvres dilatoires partout » Entre les scissions dans la majorité et le report des différents scrutins, le tout nouveau président du PPrD a fort à faire pour amener les Congolais au dialogue.
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l n’a guère eu le temps de s’habituer à ses nouveaux habits. À peine nommé à la tête du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, parti au pouvoir), en mai, Henri Mova Sakanyi a dû prendre à brasle-corps une situation délicate, entre accusations de l’opposition et défections au sein de la majorité. Au cœur du débat, les soupçons qui pèsent sur le président Joseph Kabila. L’opposition est convaincue qu’il ne respectera pas l’actuelle Constitution, qui l’oblige à quitter le pouvoir fin 2016. L’ex-diplomate – il était précédemment en poste à Bruxelles – veut encore croire que le dialogue est possible. Mais il n’est pas sûr que cela suffise à rassurer. Car il n’exclut, a priori, aucun des scénarios redoutés par l’opposition. jeune afrIque: Plusieurs personnalités viennent de faire défection, comme les leaders des partis dits du G7 et l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi… que se passe-t-il au sein de la majorité présidentielle ? HenrI Mova SaKanyI : Pour la pre-
mière fois dans l’histoire de notre jeune démocratie, nous sommes face au scénario de la fin d’un deuxième mandat présidentiel. Certains estiment que la majorité présidentielle a peu de chances d’en sortir indemne. Et donc, ils élaborent des stratégies de sortie pour en tirer les meilleurs dividendes. C’est un calcul opportuniste. D’ailleurs, l’itinéraire de la plupart de ces personnes est très sinueux. Ils ont mangé à tous les râteliers, certains depuis la Ire République. Il y a donc une crise de confiance au sein de la majorité ? Certains doutent de sa capacité à remporter de nouvelles élections ?
Non. C’est eux qui sont en crise d’identité. Ils ne savent pas en quoi ils croient et pourquoi ils se battent. Certains ont n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
des raisons mesquines, liées à l’argent. Ils ont été attirés par les sirènes de celui qui se présente comme le plus offrant… Le plus offrant, dans votre esprit, c’est Moïse Katumbi ?
C’est ce qu’ils pensent. Avec ce qui se dit sur les richesses minières au Katanga, ils ont cru qu’il y avait un coffre-fort ouvert. Nous verrons bien ce qui se passera… Ces frondeurs affirment surtout se battre contre les projets de la majorité qui violeraient la Constitution…
C’est fantaisiste. Ils ne disent jamais qui est à l’origine de ces projets. Personne n’a élaboré de stratégie qui consisterait à transformer les acquis constitutionnels du peuple congolais. Ces personnes devaient justifier leur départ. Pour l’embellir, ils se sont trouvé des raisons prétendument démocratiques. Tout d’un coup, ils se seraient transformés en défenseurs de la démocratie… Pourtant, certains ont servi Mobutu et la dictature. Le dialogue politique voulu par le président a été rompu par les opposants de l’union pour la démocratie et le progrès
Donc, pour vous, le dialogue n’est pas enterré ?
Bien au contraire. Il n’y aura pas d’autre choix. Le contraire du dialogue, c’est la guerre. Le calendrier électoral est par exemple trop chargé pour le temps qu’il nous reste. Comment peut-on faire ? Nous devons nous mettre d’accord sur les priorités. Nous sommes un pays postconflit. Chacun doit être responsable. Dans les pays où l’irréparable s’est produit, comme en Libye ou en Syrie, on appelle à la négociation. Évitons la catastrophe en négociant avant. Personne en RD Congo ne pourra gagner et gérer seul. Des députés de la majorité ont introduit une loi pour encadrer un possible référendum. Sur quoi pourrait-il porter?
Aujourd’hui, l’ambiance générale est assez délétère, et l’opposition voit une manœuvre dilatoire derrière tout texte proposé par la majorité. En janvier, une loi proposait par exemple de faire un recensement. On a voulu faire croire que c’était un préalable à toute élection, ce qui était faux mais nous a valu des troubles. Et maintenant, les mêmes se rendent compte que nous devons enrôler 10 millions d’électeurs nouvellement majeurs.
Le président a dit qu’il respecterait la Constitution. Que faut-il de plus ? social (uDPS). La majorité présidentielle n’est-elle pas de plus en plus isolée ?
L’opposition a été la première à demander ce dialogue. Quand le président s’y est résolu, une partie a dit non par réflexe pavlovien… Avec l’UDPS, il y a eu des consultations à l’extérieur du pays, jusqu’à ce que son président, Étienne Tshisekedi, sorte ce communiqué. Mais il n’a pas dit que l’idée du dialogue était abandonnée.
Or le recensement l’aurait permis ! Il n’y a pas de référendum en vue. Seulement un texte pour le permettre, si un jour les Congolais le décidaient. Cela pourra être en 2100, en 2030 comme en 2015. Pourquoi ne pas avoir attendu que les élections se terminent pour introduire cette possibilité ?
De quel droit aurait-on empêché un
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© Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
L’ancien diplomate dans son bureau, à Kinshasa, le 15 octobre.
député de déposer une proposition de loi ? Ils sont libres. Le calendrier électoral a déjà pris du retard. Faut-il le revoir ?
Je fais le même constat que vous. Des événements qui complexifient la situation sont récemment advenus, comme le démembrementdes provinces etladémissionduprésidentdelaCommissionélectorale nationale indépendante [Ceni], l’abbé Malumalu [lire p. 72], pour des raisons de santé. À nouveau, cela incite les acteurs politiques à se retrouver pour avancer. Le démembrement des provinces était une réforme planifiée de longue date. Comment se fait-il qu’il soit devenu un élément perturbateur des élections ?
Nousmenonsdesréformesdanstousles secteurs, aux niveaux économique, culturel, politique et social. Celle-ci était indispensable car prévue dans la Constitution, et il y avait une pression de la base en ce sens. Cette réforme a nécessité une loi de programmation, qui a tardé à arriver et qui a ajouté un scrutin à un calendrier déjà publié. Cela pose des difficultés, mais ce n’est pas une raison pour reculer. jeune afrique
Une partie de la communauté internationale s’inquiète du respect des délais pour la présidentielle. Que lui répondez-vous ?
Moi aussi, j’ai des inquiétudes. Ces élections vont coûter au bas mot 1,2 milliard de dollars [environ 1,06 milliard d’euros]. Le budget congolais ne le permet pas et la communauté internationale devait nous accompagner… Surtout, il est étonnant que ces inquiétudes ne portent que sur le scrutin présidentiel, car toutes les élections doivent respecter des délais constitutionnels. La dernière présidentielle a eu lieu il y a quatre ans. Or nous attendons des élections locales depuis l’indépendance. Penser que seule la présidentielle est indispensable, c’est faire preuve d’élitisme. Sans autorités de base consolidées par des élections, la démocratie ne peut être que fragile. Soutenez-vous le mouvement « Kabila désir », initié par le ministre des Relations avec le Parlement, Tryphon Kin-Kiey Mulumba, qui plaide ouvertement pour une prolongation du président à la tête de l’État ?
D’abord, le ministre jouit de la liberté de conscience et d’expression. Il a le droit de le penser. Qui doit trancher ce genre de débat ? Le peuple souverain. Celui-ci peut même se dédire et changer sa Constitution. Qu’on se saisisse de cette discussion. On verra ce qu’en disent les Congolais. Personne n’est au-dessus du peuple. Le parti se prépare-t-il à désigner un candidat à l’élection présidentielle ?
Nous sommes prêts pour les locales et les provinciales. Pour les élections les plus éloignées, la présidentielle et les législatives, nous allons nous mettre en ordre de marche, mais ce n’est pas notre préoccupation pour l’instant. Pour faire revenir la confiance, pourquoi le président ne dit-il pas publiquement son intention de se retirer à la fin de son mandat ?
Mais qui est ce bébé qui a besoin d’une berceuse pour se calmer ? Ces questions sont réglées par la Constitution. Elle est claire. Le président a dit qu’il la respectera. Que faut-il de plus ? ● Propos recueillis par PieRRe BoiSSeLeT n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
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Le Plus de J.A. RD Congo politique
Après Tshisekedi, Katumbi? Forcées à l’exil, les figures historiques de l’opposition ont déserté le devant de la scène. De quoi ouvrir un boulevard à l’ex-gouverneur du Katanga.
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annonce a fait l’effet d’une bombe à Kinshasa. Le 29 septembre, en démissionnant du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir), Moïse Katumbi Chapwe a rejoint l’opposition et bouleversé ses vieux équilibres. L’homme était un poids lourd de la majorité: gouverneur pendant huit ans de la riche province du Katanga – qui est aussi le fief du président Joseph Kabila –, il y a conservé des relais considérables. Bien connecté dans le monde des affaires et dans les chancelleries occidentales, il est également populaire, du fait de son bilan positif en tant que gouverneur et des exploits de son équipe de football, le Tout-Puissant Mazembe. L’événement est d’autant plus significatif qu’il a été précédé, deux semaines plus tôt, de la défection de sept partis de la majorité présidentielle, dont certains étaient très importants. Ceux-ci ont formé une alliance, baptisée G7, qui paraît acquise à la cause de Katumbi. Celui-ci est en
effet très proche de certains des chefs de ces partis, et leurs prises de position vont dans le même sens: dénonciation du recul des libertés et, surtout, volonté de faire respecterstrictementlaConstitution.Dans sa version actuelle, celle-ci prévoit en effet que le chef de l’État quitte le pouvoir à l’issue de son deuxième mandat, fin 2016. HANDICAPS. Les poids lourds de l’oppo-
se considère en effet comme le chef naturel de l’opposition. Mais son âge (82 ans) et sa maladie l’ont contraint à se retirer en Belgique depuis plus d’un an. Son interminable convalescence a fini par lasser jusqu’à ses plus proches collaborateurs, impatients qu’un successeur soit désigné à la tête de son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Sa capacité physique à mener campagne en 2016 et, plus encore, à diriger ce vaste pays jusqu’en 2021, paraît bien incertaine.
sition se sont, dans un premier temps, félicités de ces ralliements. Ils partagent les mêmes objectifs quant au départ de Joseph Kabila. « Mettons de côté nos ego pour Katumbi prépare d’ailleurs l’instant. Nous verrons qui sera la création d’une vaste plale mieux placé le moment venu. » teforme politique sur cette base. Mais l’arrivée du vITAL KAMerHe, président de l’Union pour la nation congolaise Katangais risque aussi de remettre en cause la position de figures Jean-Pierre Bemba, le chairman du historiques, à commencer par Étienne MouvementdelibérationduCongo(MLC) TshisekedietJean-PierreBemba,contraints est, de son côté, « le leader incontesté dans à l’exil pour des raisons différentes. l’ouest du pays », comme le reconnaît Arrivé en seconde position à l’élection l’un de ses rivaux. Mais depuis 2008, il est présidentielle de 2011, Étienne Tshisekedi détenu à la Cour pénale internationale
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u L’ancien poids lourd de la majorité dispose de soutiens importants dans le pays comme à l’étranger. n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
jeune afrique
les grandes manœuvres (CPI), où il est jugé pour les crimes contre l’humanité et crimes de guerre qu’a commis sa milice en Centrafrique. Il va sans doute rester aux Pays-Bas pour longtemps. Dans l’hypothèse d’un acquittement à brève échéance, le bureau du procureur pourrait, en effet, toujours faire appel. Malgré leurs handicaps respectifs, ni Tshisekedi ni Bemba n’ont vraiment renoncé à diriger un jour le pays. Aussi, se ranger derrière un homme plus jeune et moins expérimenté pour la prochaine présidentielle n’ira certainement pas de soi. populaire. Reste Vital Kamerhe, très
populairedansl’estdupays.Ancienproche du président Kabila, il a rejoint l’opposition en 2009 en créant son parti, l’Union pour la nation congolaise (UNC), et tient depuis lors une ligne radicale. Lui se dit davantage ouvert à une alliance électorale avec Katumbi. « Si nous commençons à dire : “Je veux bien m’allier, mais à condition que ce soit moi le chef”, nous n’irons nulle part, explique-t-il. Le peuple congolais attend que nous mettions nos ego de côté pour s’entendre. Et, le moment venu, nous verrons bien qui sera le mieux placé pour porter l’espoir du changement. » Les élections intermédiaires (notamment les locales et les provinciales) seront certainement instructives. Comment cette alliance de l’opposition va-t-elle s’y présenter ? Unie ou en ordre dispersé ? Et quels rapports de force vont-elles consacrer ? L’organisation de ces scrutins reste toutefois sujette à caution tant le calendrier électoral a pris du retard : les très complexes élections locales, qui devaient initialement être organisées en octobre, ne l’ont toujours pas été. Le redouté scénario du « glissement » (lire pp. 70-73), qui verrait la présidentielle reportée, permettant par là même au président Kabila de prolonger son mandat, a donc déjà commencé. L’autre inconnue réside dans les intentions réelles du chef de l’État. S’il trouve un moyen de se présenter, malgré l’interdiction contenue dans l’actuelle Constitution, une union très large de l’opposition sera nécessaire pour tenter de le battre. S’il désigne un dauphin pour représenter son parti, les ambitions des différents leaders de l’opposition pourraient resurgir, chacun se sentant capable de l’emporter seul. Or, si tous les observateurs de la vie politique congolaise s’accordent sur un point, c’est bien celui-ci : le pays est trop vaste pour qu’un homme puisse l’emporter seul. ● pierre BoiSSeleT jeune Afrique
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SOCIÉTÉ CONGOLAISE DES POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS
« Des ténèbres à la lumière » « L’efficacité au service de la rentabilité », tel est le crédo de Didier Musete, Directeur Général de la Société Congolaise des Postes etTélécommunication (SCPT) nommé le 25 Mars 2015 par décret de son Excellence Monsieur Joseph Kabila Kabange, Président de la République. Comment ressusciter et remettre en marche une entreprise moribonde, avec des bâtiments en ruine, des équipements obsolètes et un personnel démotivé ? La Direction générale ainsi que le Conseil d’Administration ont rapidement fait leurs marques pour sortir l’opérateur historique de sa léthargie : • Rénovation des bureaux de poste sur l’ensemble du pays • Informatisation complètes des services • Amélioration de la qualité de service sur la liaison Internet par fibre optique Kinshasa - Londres • Finalisation des travaux de la liaison de fibre optique (3 650 Km) Kinshasa – Kasumbalesa (ex. Province de Katanga vers l’Afrique australe) • Motivation des employés et amélioration des conditions de travail (Paie des salaires, mobilier du bureau moderne, outils de travail modernes) • Nouvelle structure organique de l’entreprise • Plan d’Affaire sur cinq ans (consolidation, investissements, nouveaux projets IT, banque postale).
A 100 jours, la SCPT a annoncé la reprise des services: Courriers et colis traditionnels ainsi qu’en messagerie express, mandats électroniques en national et international, comptes chèques postaux, tout en présentant ses nouveaux services numériques : • ServiceTriple PlayTéléphone-TV-Internet par FTTx • Réseau national opérant en mode Open Access • Activation en cours du deuxième axe de fibre optique connectant 36 localités au haut débit Et comme aime à le dire le DG Didier Musete :
« Simplifiez-vous la vie, car rien désormais en RDC ne remplace la Poste ». SCPT, Société congolaise des postes et des télécommunications 1009, Boulevard du 30 juin, Building Hôtel des Postes Kinshasa, Gombe - RD Congo
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Le Plus de J.A. RD Congo Confidences de
Moïse Moni Della
Secrétaire général du Rassemblement des Congolais démocrates et nationalistes (RCDN)
« il nous faut un candidat de l’unité, pas de l’unanimité »
S
ecrétaire général du Rassemblement des Congolais démocrates et nationalistes (RCDN) et coordonnateur de la plateforme Soutien à ÉtienneTshisekedi (SET), pour lequel il a déjà fait campagne en 2011, Moïse Moni Della Idi fait partie de ceux qui, depuis plus d’un an, multiplient les actions de terrain pour barrer la route à un éventuel troisième mandat du président sortant, Joseph Kabila. Opposant radical de longue date et ex-membre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS) d’Étienne Tshisekedi, Moïse Moni Della a été interpellé début septembre à Kinshasa, pour la troisième fois depuis 2012. Son délit: avoir manifesté place de la Victoire avec d’autres têtes d’affiche de l’opposition, en arborant un tee-shirt estampillé « Non au glissement », afin de sensibiliser les citoyens contre « le glissement du calendrier électoral », c’est-à-dire le report de certains scrutins, notamment présidentiel, au-delà des délais légaux fixés par la Constitution.
© Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
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aux élections locales, elles doivent être renvoyées aux calendes grecques, car elles ne sont pas prioritaires dans le contexte politique actuel. Pour trouver un compromis, notamment sur le processus électoral, le président Kabila appelle au dialogue.
Nous ne voulons pas du dialogue préconisé par Kabila, il ne servira qu’à planter le décor du glissement du calendrier électoral. jeune afrique : Plusieurs voix s’élèvent pour exiger le réaménagement du calendrier global des élections, jugé « trop surchargé ». qu’en pensez-vous ? MOÏSe MOni DeLLa : Ce réaména-
gement s’impose. Comme nous faisons face à des contraintes temporelles et financières, nous devons coupler la présidentielle aux législatives et aux provinciales. Cela nous donnera le temps, en amont, d’inscrire sur les listes électorales les nouveaux majeurs et, en aval, d’organiser ces scrutins dans les délais constitutionnels. Quant n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
Pourquoi refuser cette main tendue?
Parce que la tripartite, composée de la Ceni [Commission électorale nationale indépendante], de la majorité et de l’opposition, constitue déjà un cadre pour discuter de toutes ces questions électorales. En outre, la communauté internationale n’a cessé d’affirmer qu’elle était prête à financer la présidentielle et les législatives. Alors pourquoi la majorité continue-t-elle à tergiverser en voulant à tout prix organiser les locales alors que le pays ne dispose pas des moyens financiers pour le faire? Nous ne voulons pas du
dialogue préconisé par Kabila parce qu’il ne servira qu’à planter le décor du glissement du calendrier électoral. Et le peuple n’en veut pas non plus : il prendra ses responsabilités conformément à la Constitution. Laquelle lui demande en effet de faire barrage à toute personne qui chercherait à se maintenir au pouvoir par la force. est-il envisageable que l’opposition désigne un candidat commun à la présidentielle de 2016 ?
Il nous faut un candidat de l’unité, pas de l’unanimité. Celui qui sera en mesure de fédérer autour de lui plusieurs tendances pour gouverner au centre. Vouloir un candidat commun risque d’être interprété comme une négation de la démocratie. Il y aura donc d’autres candidatures pour faire entendre certaines revendications et idées (l’écologie, le genre, etc.), mais seul l’emportera le candidat de l’unité, engagé pour la patrie et qui aura déjà démontré au peuple de quoi il est capable dans la gestion de la chose publique. ● Propos recueillis à Kinshasa par TréSOr KibanguLa jeune afrique
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rD Congo Les grandes manœuvres
Tribune
© cheik fita
L’unité nationale, un impératif ! bob Kabamba Professeur à l’université de Liège et directeur de la Cellule d’appui politologique en Afrique centrale
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our beaucoup d’observateurs, l’un des points positifs de la gestion du congo par le président Mobutu aura été de forger et de consolider son unité nationale. on entend souvent dire que c’est à Mobutu que l’on doit le nationalisme congolais, qui se définit comme le sentiment d’appartenance à une seule nation. comme on le sait, ce concept est sujet à débat et à polémique. Mais l’Histoire nous enseigne le contraire. en effet, dès la création de l’État indépendant du congo (eIc), après la conférence de berlin, en 1885, par Léopold II, roi des belges et souverain de l’eIc, ses hommes s’efforcent de créer un nouvel ordre social. assez rapidement, et conformément aux accords, le congo se retrouve au centre des influences commerciales et d’exploitation des puissances de l’époque.toute la politique du roi belge à l’égard de l’eIc est fondée sur l’impératif d’unifier ce dernier pour maximiser la rentabilité de cet investissement et se préserver des ingérences étrangères. Les populations congolaises en seront les premières victimes. plusieurs millions de personnes perdent la vie et nombre d’autres sont fortement mutilées. Néanmoins, cette politique aura jeté les fondements de l’impératif de l’unité. après avoir arraché le congo à Léopold II, l’État belge colonisateur contribue énormément à consolider cette unité en promouvant une politique de conscientisation collective dans cet espace.
péripéties faites de révoltes et de sécessions, notamment celles du Katanga et du sud-Kasaï. La gestion de Mobutu après son coup d’État s’est inscrite dans cette dynamique et s’est accompagnée d’une forte propagande, lui permettant de consolider son pouvoir pendant plus de trente ans. par la suite, la mobilisation de l’impératif d’unité nationale a permis de faire échec aux différentes tentatives de balkanisation du pays, pendant la guerre ayant permis l’accession au pouvoir de Laurentdésiré Kabila puis lors de la rébellion du rassemblement congolais pour la démocratie (rcd), soutenue par le rwanda. Ainsi, au fil des décennies s’est forgée et consolidée cette identité congolaise qui se retrouve au cœur du nationalisme congolais. L’impératif d’unité constitue le fondement de l’identité congolaise, et ce malgré l’appartenance des uns et des autres à une ethnie ou à une aire linguistico-socio-économique différentes. Il se retrouve chez tous les congolais
La Belgique a réussi à créer une conscience collective en imposant un État moderne.
Malgré l’existence de plusieurs réalités ethniques ou de plusieurs aires linguisticosocio-économiques, la belgique réussit à créer une conscience congolaise en imposant un État moderne, notamment grâce à sa politique d’administration coloniale. ainsi, elle a renforcé l’identité moderne du congolais aux niveaux culturel, économique et social. vers la fin de la colonisation, cet impératif unitaire se retrouve au cœur des revendications non seulement des indépendantistes et des nationalistes mais aussi des partisans du fédéralisme. au cours de la période postcoloniale, l’unité léopoldienne, consolidée par le colon belge, est toujours au cœur de la politique congolaise malgré les nombreuses jeune afrique
de toute origine, et il est parfois poussé à l’extrême et donne lieu à des excès qui vont jusqu’à dénier cette identité à certaines catégories de la population comme les banyarwandas du Nord-Ki vu ou les banyamulenges du sud-Kivu, perçus à tort comme des envahisseurs. ces excès peuvent entraîner des violences à l’encontre de tous ceux qui sont perçus comme des étrangers spoliant les richesses du congo, lors des manifestations de la diaspora par exemple. cet impératif cohabite aussi avec l’espace plus restreint que constitue la tribu ou l’ethnie. c’est au sein de cet espace que s’élaborent des stratégies de vie ou de positionnement socio-économique, voire politique comme illustré lors de l’enrôlement des électeurs et de l’élection des députés nationaux ou provinciaux en 2006 et en 2011. on s’enrôle chez soi et on choisit son député national au sein de sa tribu ou de son ethnie. c’est dans ce schéma que s’est construit et que se consolide le nationalisme congolais. ● n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
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République e DémocRatique
Du congo congo Éducation
Former les jeunes pour développer le pays Le gouvernement a lancé un programme ambitieux pour améliorer les conditions d’accès à l’enseignement primaire. L’objectif est de construire le Congo de demain, faire en sorte qu’il soit émergent en 2030, selon le vœu du chef de l’État. Atteindre cet objectif passe en premier lieu par la relance de l’enseignement primaire. Il s’agit d’accroître le taux de scolarisation des 6-11 ans, qui était tombé à 51,7 % en 2001.
Le chef du gouvernement, Matata Ponyo Mapon, s’est rendu à plusieurs reprises sur le terrain pour veiller à l’avancement des travaux.
D
epuis toujours, ou presque, les dépenses publiques de la République démocratique du Congo étaient en priorité allouées au budget de la défense. Longtemps, ce fut par tradition. Puis par nécessité, pour préserver les impératifs de paix et de sécurité d’un pays frappé par des conflits successifs. Après des années d’effort, le Président de la République est parvenu à asseoir la paix sur l’étendue du territoire national. Place, désormais, à la « révolution de la modernité », expression qui traduit une vision novatrice, sur laquelle doit se fonder la nation congolaise en reconstruction.
Garantir la relève La part revenant à l’éducation dans le budget de l’État est ainsi passée de près de 10 % à 15 %. C’est la proportion la plus élevée.
Lancé en 2013, le programme PRRIS a dépassé de plus de la moitié son objectif, à savoir la construction ou la reconstruction de plus de 1000 écoles à travers tout le pays. Mais le PRRIS, c’est aussi redonner aux élèves des conditions d’accueil convenables et durables, équiper les salles de classe en bancs et aussi fournir du matériel scolaire aux élèves et du matériel didactique aux écoles. Le gouvernement construit aussi des espaces de salubrité et des bâtiments administratifs.
Le Programme de réhabilitation et reconstruction des infrastructures scolaires (PRRIS) vise à réhabiliter ou reconstruire plus de 1 000 écoles primaires à travers le pays. Déjà, plus de 600 écoles ont été construites ou reconstruites.
PUBLI-INFORMATION
Le programme du gouvernement permet d’équiper les salles de classe en mobiliers et les enfants en matériels scolaires.
À Kinshasa et dans sa banlieue, par exemple, les quartiers que l’on pensait restés à l’écart du développement reviennent sur le devant de la scène. Des écoles en état de délabrement total sont désormais pourvues d’infrastructures motivantes
pour les élèves et les enseignants. D’autres voient leur espace agrandi, l’État ayant décidé d’acheter les parcelles alentours. Les toitures sont refaites, les murs repeints, le matériel didactique offert… Les élèves peuvent enfin étudier sur des bancs et non plus assis par terre. À chaque rentrée scolaire désormais, des écoles à travers le pays sont heureuses de recevoir les clés de bâtiments pimpants neufs et des élèves joyeux d’emménager dans des salles de classe aux conditions optimales. Le PRRIS est un programme ambitieux. Il mobilise d’énormes moyens, indicateurs de l’importance et de la valeur que le gouvernement accorde à l’éducation. À ce jour, plus de
600 écoles ont déjà été construites ou reconstruites, dont une vingtaine dans la ville-province de Kinshasa. Le taux de scolarisation des 6-11 ans dépasse les 75 %. Le PRRIS comprend deux phases, qui totaliseront 1 098 écoles réparties sur l’ensemble du territoire. Les travaux de la seconde phase ont déjà commencé.
Les regards sont tournés vers l’avenir Désormais, comme tous les fonctionnaires, les enseignants en République démocratique du Congo sont bancarisés et le gouvernement tient à ce que la gouvernance du secteur éducatif soit sans faille. Une nouvelle loi-cadre de l’enseignement national a été promulguée le 11 février 2014. Pour le gouvernement, l’enseignement n’est plus une option, mais un objectif à atteindre en scolarisant le plus d’enfants possible. L’ambition, ce n’est pas ce qui manque au gouvernement et il mobilise les moyens nécessaires. Le PRRIS pèse lourd : 100 millions de dollars, sur fonds propres du gouvernement. Et ce programme ambitieux, qui se déroule conformément aux objectifs, fait partie de ceux qui démontrent la crédibilité du gouvernement. Aujourd’hui, les partenaires internationaux du secteur de l’éducation ont reconnu les efforts du Congo. Ils accompagnent le pays dans sa marche pour l’amélioration des conditions des élèves et des enseignants, en lieu et place de l’assistance permanente et intégrale, comme dans les années antérieures.
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Tombé à 51 % en 2001, le taux de scolarisation des 6-11 ans dépasse aujourd’hui les 75 %.
République e DémocRatique
Du congo congo
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
Un coût de 100 millions de dollars
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Le Plus de J.A. RD Congo AnAlyse mAcroéconomique
bien, mais… Malgré la chute des cours des matières premières et des recettes en diminution, la croissance reste soutenue. Mais le retard du développement des infrastructures risque d’en limiter l’impact.
A
lorsqu’ellestablaientendébut tomber, à 4 750 dollars la tonne, dans d’année sur une croissance les six à douze mois à venir, ainsi que l’a du PIB de 10,3 % en 2015, les récemment rappelé la banque d’affaires autorités ont dû revoir leurs Goldman Sachs. « Le taux de croissance prévisions à la baisse en raison du ralendu pays devrait donc plutôt s’établir tissement de l’activité économique au autour de 7 % en 2015 et entre 6 % et 7 % premier semestre. La « troïka stratégique » en 2016 », souligne Léonide Mupepele, (comité exécutif rassemblant notamment expert minier et directeur du bureau les ministres du Budget, de l’Économie Bicotim. Un résultat certes en deçà des nationale, des Finances, et le gouverneur prévisions de la troïka, mais qui reste tout de même honorable. de la Banque centrale autour du Premier L’année 2016 s’annonce d’autant plus ministre) a ainsi annoncé, le 24 août, que difficile que d’importantes échéances la croissance ne sera finalement « que » électorales sont prévues, la présidentielle de 8,4 % en 2015, après s’être envolée à et les législatives (lire pp. 70-73). Non 9,2 % en 2014 (voir infographie p. 88). Principale cause de ce ralentissement : seulement l’organisation de ces scrutins la chute des cours mondiaux du cuivre, est budgétivore, mais les mois qui les préqui ont atteint leur plus bas niveau depuis cèdent sont généralement plus propices 2009, soit environ 5 100 dollars (autour à l’attentisme qu’aux investissements. de 4 500 euros) la tonne au 31 août (en Le gouvernement a revu son projet baisse de 26,8 % sur un an). Particulièrement affectée À 8 milliards de dollars, le budget par cette conjoncture, du gouvernement est inférieur Kamoto Copper Company (KCC), filiale du groupe helà celui d’une ville comme Paris. vétique Glencore, qui assure environ 15 % de la production cuprifère de budget pour 2016 à la baisse, à 8 mildu pays, a annoncé dans le même temps liards de dollars (1 milliard de moins qu’elle allait suspendre ses activités en que pour l’exercice 2015), soit un budget RD Congo pendant dix-huit mois à partir inférieur à celui de la Ville de Paris par d’octobre (lire p. 90). Une décision qui exemple (dont le budget pour 2015 était entraînera inévitablement une chute de plus de 9 milliards d’euros, soit plus de la production de cuivre nationale au de 10 milliards de dollars). L’exécutif congolais sait que l’une de ses priorités quatrième trimestre de cette année et en 2016, et qui aura des répercussions sera de parvenir à mobiliser les recettes, négatives sur la balance commerciale notamment minières. Or c’était déjà et les recettes de l’État. l’un de ses points faibles cette année. « L’exécution du budget 2015 se traduit honorAble. Pourtant, les fondamenpar un faible taux de réalisation, soit taux macroéconomiques ont été consoli31 % des ressources prévues dans la dés. L’inflation est restée maîtrisée à 1 % loi de finances », a ainsi rappelé le préen 2014 et devrait s’établir à 1,045 % en sident du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, 2015, mieux que les prévisions à 3,5 %. à l’ouverture de la session parlementaire de septembre. Le taux de change demeure également stable, avec un glissement de 0,2 % TrAIn De VIe. Quelles solutions pour actuellement, contre 0,1 % en 2014. ménager le budget et faire face aux Le gouvernement espère encore que dépenses ? « Le gouvernement a exala croissance repartira à 9 % dès l’an miné la possibilité de réduire le train prochain, mais certains analystes sont de vie des institutions politiques, de plus réservés. D’autant que les cours manière à affecter plus de ressources mondiaux du cuivre pourraient encore n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
aux besoins des populations et aux provinces », indiquait Modeste Bahati Lukwebo, le ministre de l’Économie nationale, à l’issue d’une réunion de la troïka, le 9 septembre. En d’autres termes, le gouvernement envisage de rationaliser le budget en réduisant les dépenses de l’État de 30 % et en réorientant une partie des recettes sur les secteurs sociaux (éducation et santé), ainsi que sur l’énergie et les infrastructures. jeune afrique
Les grandes manœuvres
© gwenn dubourthoumieu pour J.A.
87
Puisque l’on ne peut pas compter sur les seules recettes publiques, « il faut trouver des mécanismes de financement innovants », souligne un conseiller du Premier ministre. Outre la mobilisation de fonds d’investissement étrangers, de nouvelles sources de financement pourraient être mises en place, comme le fameux go pass (une taxe payée par les passagers embarquant dans les aéroports du pays) ou la redevance logistique jeune afrique
terrestre (constituée de recettes générées par les taxes sur les conteneurs dans les différents ports du pays, et mise en place fin 2012 afin de financer les investissements ferroviaires de la Société commerciale des transports et des ports, ex-Onatra). D’autres mécanismes doivent être imaginés, incluant notamment des partenariats public-privé. Le ralentissement de la croissance met en évidence la dépendance au secteur
p Dans la grande cimenterie du Katanga, à Likasi, à 120 km à l’ouest de la capitale provinciale de Lubumbashi.
minier de l’économie congolaise, et donc sa fragilité. Pourtant, depuis 2010, d’autres filières ont contribué plus activement à son développement. À commencer par l’agriculture, qui a réalisé une croissance de 4 % en 2014 grâce à une amélioration de la productivité, ● ● ● n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
Le Plus de J.A. RD Congo De quoi se réjouir…
… ou s’inquiéter
Croissance moyenne de + 7,9 % par an (variation du PIB réel, en %, en prix constants)
Climat des affaires médiocre Rang sur 189 pays dans le classement « Doing Business » 2015
7,1
2011
6,9
2012
7,1
2013
8,5
2014
9,2
2015*
8,4
Inflation maîtrisée (en %) 2010
23,5
2012
2011
15,5
2,1
2013
0,8
* prévisions
avec une augmentation sensible des volumes de bois, de café, d’huile de palme, ainsi que de la plupart des produits vivriers (fruits, légumes et féculents). Les efforts d’investissements, publics et privés, réalisés pour améliorer les infrastructures et la forte demande en logements soutiennent la progression des secteurs du BTP et de l’immobilier. Le secteur tertiaire a par ailleurs enregistré une croissance globale de 7,4 % en 2014, tirée par le développement des activités commerciales, du transport, des télécoms et, dans une moindre mesure, des services financiers (lire pp. 94-95). Enfin, l’essor de la branche manufacturière (boissons, farines, etc.) reste timide, freiné par la faiblesse de la couverture en électricité et par les délestages récurrents. ●●●
2014
1
2015*
1,04
Gabon Cameroun Congo Angola RD Congo Tchad
144 158 178 181 184 185
SourceS : banque MondIale – pnud
2010
SourceS : FMI, gouverneMent congolaIS, SepteMbre 2015
88
Développement humain à la traîne Rang sur 187 pays classés Gabon Congo Angola Cameroun Tchad RD Congo
112 140 141 152 184 186
En outre, malgré ses bons taux, cette croissance a eu peu de répercussions sur le niveau de vie des populations, comme en témoignent les indicateurs sociaux (lire ci-dessous). Des faiblesses que les observateurs attribuent entre autres au
2012, l’intérêt pour le fluvial est récent, le redéploiement du réseau de chemin de fer et la réhabilitation du matériel roulant de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) piétinent. Mais d’importantes annonces, avec accords de financement, ont été faites en septembre, grâce aux activités commerciales, au retour de Chine du chef au transport et aux télécoms, de l’État, Joseph Kabila : le tertiaire est en hausse de 7,4 %. port en eau profonde à Banana (dans le Kongomanque de stratégie et au retard pris Central), nouvelles voies de chemin de fer, dans la réhabilitation ou la construction construction d’un tramway à Kinshasa… d’infrastructures dignes de ce nom, en Est-ce du sérieux ? Ou le chef de l’État particulier dans les secteurs de l’énercompte-t-il « refaire le coup » des Cinq gie et des transports. Le programme Chantiers, le programme de reconstruc« Réunification de la République par tion du pays sur lequel il s’est fait élire en voie routière » (RRR) n’a été lancé qu’en 2006 ? ● Muriel DeVeY MAlu-MAlu
le pAtieNt CoNgolAis
L
a RD Congo se caractérise par de fortes inégalités socioéconomiques entre provinces, mais aussi entre milieu urbain et milieu rural, qui sont accentuées par le très lourd déficit du pays en matière d’infrastructures de base, en particulier les réseaux d’électricité et de transport. Résultat : la majeure partie de la population ne profite encore ni des progrès ni des résultats de la croissance et reste l’une des plus pauvres au monde. Le pays émarge
n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
au 186e rang sur 187 pays classés dans le rapport sur le développement humain 2014 du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) : le PIB par habitant est estimé à 451 dollars, alors que la moyenne subsaharienne est de 3 237 dollars, et 87,7 % de la population vit avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté (fixé à 1,25 dollar par jour), dont 46,2 % dans une situation d’« extrême pauvreté », c’est-à-dire ne disposant pas des revenus nécessaires
pour subvenir à ses besoins alimentaires essentiels. Les efforts consentis ces dernières années ont permis à la RD Congo d’afficher quelques progrès, notamment dans le taux d’alphabétisation (65,8 %), l’espérance de vie à la naissance (50 ans, le pays a rejoint la moyenne continentale) et l’accès direct à l’eau potable (52 %), selon les données nationales de 2015. Cependant, les retards sont énormes. Le dernier rapport conjoint de la BAD, de l’OCDE et du
Pnud, publié en mai 2015, souligne en particulier que le taux de desserte en électricité n’est que de 10,3 % – l’un des plus faibles du continent. Mais si l’on regarde dans le détail, pour la plupart des provinces, il ne dépasse pas… 4,3 %. Seules bénéficient de taux d’électrification supérieurs à cette moyenne les provinces de Kinshasa (59,5 %), du Kongo-Central (15,6 %) et celles issues de l’ex-Katanga (17,7 %). ● CéCile MANCiAuX jeune afrique
Le Plus de J.A. RD Congo
Cobalt et cuivre font (toujours) grise mine Le secteur souffrait déjà d’une pénurie d’électricité. avec la baisse de la demande mondiale, l’avenir s’annonce encore plus délicat.
L
e secteur minier reste le principal levier de croissance en RD Congo. Dominé par la filière cuivre, il représente 35 % du PIB, selon la chambre des mines de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Or la conjoncture internationale est marquée par le recul des principaux cours lié à l’affaiblissement de la demande (en particulier chinoise). Les résultats pour l’année en cours et pour 2016 ont donc eux aussi été revus à la baisse. La production de cuivre a connu une forte relance ces dernières années dans le pays, passant de 309610 tonnes en 2009 à plus de 1 million en 2014. Les principaux gisements sont situés dans les provinces du Haut-Katanga et du Haut-Lomami, où ils sont exploités par une poignée de grands opérateurs : l’américain FreeportMcMoRan (Tenke-Fungurume Mining), le suisse Glencore-Xstrata (KCC et Mutanda Mining), le kazakh Eurasian Natural Resources Corporation (Boss Mining) et le chinois Minmetals Limited (MMG Kinsevere).Lahaussedelaproductions’est en outre accompagnée d’un fort développement des activités de transformation, avec l’obligation de raffiner sur place, à partir de 2015, la totalité du minerai extrait en concentrés et cathodes de cuivre. pause. Jusqu’à présent, seuls le manque
d’infrastructures de transport et la pénurie d’électricité limitaient l’expansion de la filière. Ses industriels estimaient tout de même les pertes de production directe liées au déficit énergétique à 50 000 t par an, la Société nationale d’électricité (Snel) ne fournissant qu’une petite moitié de la puissance nécessaire au bon fonctionnement du secteur. Et les nouveaux projets de production d’énergie ne seront pas finalisés avant 2017 au plus tôt. À ces contraintes sont récemment venus s’ajouter deux paramètres : la chute des cours mondiaux du cuivre autour de 5 000 dollars la tonne (contre 10 000 dollars en 2011), dont l’impact se fera surtout sentir en 2016, et la suspension, à partir n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
© Gwenn Dubourthoumieu pour j.a.
90
p Production de cathode de cuivre, Société d’exploitation de Kipoï.
plupart des autres filières minières. C’est notamment le cas pour les « 3 T » – étain, wolframite et coltan (ou colombite-tantalite) –, très présents dans le Maniema, le Nord et le Sud-Kivu et la province du Tanganyika, où seule la production de coltanestenhausse.Quantàcelledudiamant, en grande partie artisanale, elle est passée de 21,236 millions de carats (4247 kg) en 2012 à 15,614 millions en 2014. En revanche, la production nationale d’or s’envole. Elle est passée de près de 8,5 t en 2013 à plus de 19 t en 2014 et devrait atteindre 26 t en 2015, essentiellement assurée par Twangiza Mining et Namoya, filiales du canadien Banro Corporation, et parKibaliGoldmines,associantAngloGold Ashanti et Randgold Resources (45 % chacun), ainsi que la Société minière de Kilo-Moto (Sokimo). Les cours du métal jaune sont certes eux Note positive : la production aussi en baisse, mais la rentabilité nationale d’or s’envole. et la de la filière est meilleure, notamfilière améliore sa rentabilité. ment parce que les compagnies aurifères dépendent moins de la 66319 t en 2014 et devrait s’établir à 65690 t Snel que les industriels du cuivre pour en 2015. Comme pour le cuivre, ce déclin leur approvisionnement en énergie. Mais est lié à l’affaiblissement de la demande ces bons résultats ne suffiront cependant mondiale et à la tendance baissière des pas à compenser le recul des autres filières cours. Selon les professionnels, le recul extractives, dont les conséquences négade la production devrait se poursuivre en tives sur l’emploi, les activités de sous2016, notamment chez Mutanda Mining, traitance, la croissance et les recettes du autre filiale de Glencore en RD Congo. pays sont évidentes. ● Ce ralentissement s’observe dans la MurieL DeVeY MaLu-MaLu d’octobre et pendant dix-huit mois, des activités de Kamoto Copper Company (KCC), filiale du suisse Glencore, qui a produit 150121 t de cathodes de cuivre en 2014, soit environ 15 % de la production totale du pays. Une pause pour permettre augéantminierderestructurersesactivités et d’abaisser les coûts de production, qui avoisinent 6 500 dollars la tonne – déjà supérieurs aux cours, donc, et alors que ceux-ci pourraient descendre sous les 4 800 dollars dans les six prochains mois. Résultat: la production nationale de cuivre devrait être inférieure au million de tonnes prévu pour 2015, et baisserait en 2016. Quant au cobalt, si la RD Congo en reste le premier producteur mondial, sa production est en recul depuis 2012 : après un pic à 99475 t en 2011, elle est tombée à
jeune afrique
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
MINISTÈRE DES HYDROCARBURES
Transparence et efficacité pour développer la RD Congo La loi promulguée en août dernier réorganise l’activité du secteur et améliore aussi bien les revenus de l’État que les conditions d’investissements des entreprises privées.
F
in des marchés de gré à gré, meilduction. Il comble une lacune qui a leure fiscalité, obligation de coolongtemps retardé la mise en valeur pération avec la Société nationale des hydrocarbures. Il affirme notamd’hydrocarbures… La loi définissant ment la propriété de l’État sur cette le régime général des hydrocarbures, proressource, mais aussi sur les données mulguée en août dernier, révolutionne scientifiques et techniques corresponl’économie du secteur. Une première ! dantes. Il indique de quelle manière Crispin Atama Tabe, Depuis 1967, les mines et les hydrocarl’État devra s’investir dans les travaux ministre des bures étaient régis par un même texte. Si de recherche géologique, géophyHydrocarbures une loi de 2002 a mis en place un Code sique et géochimique en vue de l’évaminier et, par conséquent, séparé les deux secluation de ses ressources. teurs, celui des hydrocarbures restait sous l’empire d’une loi ancienne et peu adaptée. Un pays mieux approvisionné
L’État propriétaire des hydrocarbures Ce n’est plus le cas depuis le 1er août 2015. La RDC se dote d’un outil juridique précieux qui remet de l’ordre dans le secteur des hydrocarbures et permet aux partenaires de mener en toute sécurité les activités d’exploration-pro-
Des dispositions expresses de la loi régissent par ailleurs l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. La loi veille à garantir la distribution la plus large et la plus sécurisée possible de ces produits et dérivés sur l’ensemble du territoire national. Outre les activités de distribution, elle dispose ainsi des principes devant régir les activités de raffinage et de transport-stockage.
Vers une explosion de la production pétrolière en RD Congo La République Démocratique
Moero et Upemba.
Graben Albertine, dans l’Est du
du Congo dispose de trois
Ces dernières années, le pays
pays, et surtout de la Zone d’in-
grands bassins sédimentaires :
a produit environ 25 000 barils
térêt commun (ZIC) constituée
le bassin côtier, la cuvette cen-
de pétrole par jour, lesquels ont
avec l’Angola, sur le plateau
trale et le bassin de la branche
généré de 300 à 400 millions de
continental du littoral ouest. Ce
Occidentale
Rift-Africain
dollars de revenus. Mais cette
regain d’activité a rendu en-
comprenant : (a) le Graben
du
production pourrait être mul-
core plus indispensable le vote
Albertine, (b) le Graben Tanga-
tipliée par dix suite à la mise
de la loi attendue de longue
nyika , (c) le Graben des lacs
en valeur des gisements du
date.
PUBLI-INFORMATION
• Les droits d’hydrocarbures régulièrement acquis, avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, conservent leur validité jusqu’à leur expiration. À leur renouvellement, ces droits sont régis par les nouvelles dispositions.
• La loi du 1er août 2015 réglemente tant l’amont que l’aval pétroliers. • Elle met en place un régime basé sur le contrat de partage de production (CPP) et sur le contrat de services, à l’exclusion de la concession (abolie). •L’attribution des droits d’hydrocarbures s’effectue suivant une procédure spécifique d’appel d’offres. • La Société nationale d’hydrocarbures participe à toutes les activités de la chaîne pétrolière allant de l’amont à l’aval. Aucun droit d’hydrocarbures n’est accordé sans sa participation. • Les droits d’hydrocarbures, en l’occurrence le droit d’exploration et le droit d’exploitation, ne sont accordés que par voie de contrat et non par un permis. Ainsi, une société retenue à la suite d’un appel d’offres et qui a conclu un contrat avec l’État peut entreprendre des travaux après s’être acquittée des droits dus. • Afin de construire une fiscalité de l’amont pétrolier qui tient compte de la réalité géologique et environnementale du pays, la loi crée quatre zones fiscales. Le taux de la fiscalité due est fonction de chacune de ces zones. Elle consacre par ailleurs les droits, taxes et impôts jusque-là perçus sur la base du CPP ou du contrat de concession. Le régime mis en place garantit à l’État l’obtention d’une part équitable des revenus pétroliers. • Les activités pétrolières sont interdites dans les aires protégées et certaines zones. Pour cause d’utilité publique cependant, un décret délibéré en Conseil des ministres peut, après enquête, y autoriser les activités d’exploration. En cas de découverte d’hydrocarbures, il peut être procédé à l’exploitation après déclassement de tout ou partie de ces aires et zones.
Mise en œuvre de la loi Un décret délibéré en Conseil des ministres publie le règlement d’hydrocarbures dans les six mois de la promulgation de la loi. Celui-ci porte les mesures facilitant son application. Dans la foulée, plusieurs documents sont rédigés en vue de la mise en œuvre de la loi. Ces documents sont notamment : • Les contrats type de partage de production et de services. • Les arrêtés attribuant les droits d’hydrocarbures en amont. • Les autorisations spécifiques pour chaque activité de l’aval pétrolier énumérée par la loi.
Pour plus d’informations et pour consulter en ligne le texte de la loi sur les hydrocarbures : Ministère des Hydrocarbures 1, Comité urbain Immeuble Cohydro Kinshasa Tél. : (+243) 0810 199 283 - 0993 162 989 contact@hydrocarbures.gouv.cd www.hydrocarbures.gouv.cd
DIFCOM/FC - Photos : DR
Principales innovations apportées par la loi
• La nouvelle loi lève la mesure qui suspendait, jusque-là, la signature des contrats dans l’amont, ouvrant ainsi la porte au retour des investissements. Pour faciliter ce retour, la loi a été élaborée de façon à garantir la gestion transparente et la bonne gouvernance des secteurs pétrolier et gazier congolais.
© Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
94
ServiceS financierS
ne font généralement que transiter par les banques, la plupart des fonctionnaires les retirant de leur compte dès qu’elles y ont été virées afin de faire face aux dépenses quotidiennes. Quantauxservices«classiques»comme Faiblesse des dépôts, manque d’agences bancaires, microfinance les retraits d’espèces aux distributeurs sous-développée… Malgré les mesures incitatives, peu d’habitants automatiques et les opérations à distance ouvrent un compte. Au grand désespoir de l’État. (consultations de compte, transferts de fonds dansle payset à l’étranger), proposés es dix dernières années, le le bilan du secteur de la microfinance était par la plupart des établissements, ils n’ont secteur bancaire congolais a proche de 222 millionsde dollars pour plus encore permis de convaincre que très peu fait un grand bond en avant : de 1 million de comptes ouverts, répartis de Congolais d’ouvrir un compte. D’où une vingtaine d’établisse à 60 % dans les coopératives d’épargne et la nécessité d’innover pour faire évoluer ments sont désormais présents dans le de crédit et à 40 % pour les institutions de les mentalités et les pratiques chez les pays, contre une dizaine au début des microfinance. » particuliers comme chez les petits entre années 2000, et le nombre de comptes est preneurs, qui, très attachés aux espèces, passé de 15 300 à 5 millions fin 2014. Un MARGINAL. Plusieurs mesures ont été continuent de thésauriser et de faire leurs transactions en liquide. Il s’agit aussi d’atti chiffre pourtant dérisoire au regard des prises pour encourager les Congolais 70 millions d’habitants que compte la RD à ouvrir un compte. L’État a donné un rer les jeunes (sept Congolais sur dix ont Congo. Selon Michel Losembe, président signal fort en bancarisant la paie des fonc moins de 25 ans). de l’Association congolaise des banques Un défi que la Banque (ACB), le taux de bancarisation n’est en centrale du Congo (BCC) Seule « monnaie virtuelle » effet que de 8 %, contre une moyenne de et les banques commer acceptée par la population : 24 % en Afrique subsaharienne et de 30 % ciales comptent relever en en Afrique centrale. s’appuyant sur la montée le transfert d’argent par mobile. Conséquence de cette faible bancarisa en puissance des techno tion,lemontantglobaldesdépôtsdemeure tionnaires et la solde des militaires (lire logies mobiles. En RD Congo, le nombre lui aussi modeste: il s’élevait à 3,6 milliards p. 96). Lancée en juillet 2011, l’opération d’abonnements à un téléphone mobile de dollars (2,6 milliards d’euros) en 2013, s’étend désormais à quelque 700000 fonc était de plus de 37,3 millions fin 2014 soit environ 16 % du PIB, contre 90 millions tionnaires. Quinze banques ont accepté, (contre 11,6 millions en 2010), et celui de dollars en 2001. En outre, selon une moyennant une contrepartie financière, des abonnements à l’internet mobile a étude du FMI publiée en 2014, la micro d’assurer la distribution des salaires sur dépassé les 6 millions (contre 650 000 en finance reste elle aussi sousdéveloppée. les comptes. L’impact de ce dispositif reste 2012), selon l’Autorité de régulation de la « À fin septembre 2013, souligne le rapport, toutefois marginal, d’autant que ces paies posteetdestélécommunications(ARPTC).
Pourquoi les Congolais restent cash
C
n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
jeune afrique
les grandes manœuvres L’un des avantages du mobile banking est qu’il permet de s’affranchir des contraintes géographiques et de sensibiliserles populations très attachées aucash et exclues du système bancaire. L’immensité du territoire et ses nombreuses zones enclavées expliquent en partie que les agencesseconcentrentdansleschefs-lieux des provinces les plus faciles d’accès, où s’opèrent le plus de transactions commerciales (Kinshasa, Kongo-Central, HautKatanga, Haut-Lomami, Tshopo, Sud- et Nord-Kivu). « On ne peut pas s’implanter partout. Cela coûte cher et l’insécurité rend difficiles et dangereux les transferts de fonds, admet le patron d’une société de surveillance. Avec le mobile banking, ces contraintes sont diminuées. » Les solutions de paiement et de transfert d’argent par mobile, seule « monnaie virtuelle » véritablement acceptée par les Congolais, se développent et permettent aux banques de capter une nouvelle clientèle. Plusieurs offres ont été lancées ces derniers mois, dont Orange Money, la solution d’e-paiement proposée par
Orange en partenariat avec Ecobank ; L’arrivée d’Equity Bank devrait aussi changer la donne. Le géant kényan, adepte Libiki, le premier service de microcrédit de la bancarisation de masse, a révolupar téléphone, mis au point par Airtel et tionné la banque de détail dans son pays United Bank for Africa RDC; ou encore en nouant des partenariats avec les comle Pepele mobile, de la Trust Merchant merçantsdeproximitéetensupprimantles Bank (TMB), qui, depuis juillet, permet minima de dépôt à l’ouverture de compte, de payer ou de recevoir de l’argent quel que soit l’opérateur mobile. ainsi que toutes les restricEn Afrique tions liées à la fréquence et Autre avancée : le projet subsaharienne, de monétique interbancaire. au montant des retraits. Lancé par la BCC en juillet, Il a obtenu le feu vert pour il va permettre d’interconracheter 79 % du capital de necter les opérations de ProCredit Bank Congo, sepdes adultes possèdent paiement électronique et tième banque de RD Congo un compte bancaire de retrait d’argent par carte par les actifs (200 millions par téléphonie mobile, d’ici à la fin de 2016. Il est de dollars, 170 000 clients). contre seulement 2 % financé par la Banque monAvec son nouvel actionnaire à l’échelle mondiale diale à hauteur de 3 millions majoritaire, l’établissement, de dollars et mis en place avec l’appui de qui avait déjà bouleversé les pratiques l’américain Montran, spécialisé dans le dans les années 2000 en s’implantant dans les quartiers populaires, devrait transfert et le contrôle des paiements. Par rapidement partir à la conquête d’une ailleurs, l’abaissement du taux directeur de la BCC de 20 % à 2 % depuis 2012 vise à nouvelle clientèle, notamment les petites et très petites entreprises, et entraîner ses inciter les banques présentes en RD Congo à réduire elles aussi leurs taux d’intérêt et concurrents dans son sillage. ● à développer le crédit. Muriel DeVeY MAlu-MAlu
12 %
95
Le Plus de J.A. RD Congo 3 questions à souaibou Abary Directeur général d’Afriland RDC
« un taux de bancarisation de 25 % à 30 % est un minimum pour l’émergence » sensibiliser la population, aider les entreprises, assurer la sécurité juridique… Le patron d’Afriland rD Congo ne manque pas d’idées. Jeune Afrique : Plus de 5 millions de comptes ont été ouverts à ce jour en rD Congo. quel devrait être le seuil minimal de bancarisation du pays pour atteindre l’émergence ? souAibou AbAry: Le niveau actuel
du nombre de comptes bancaires dans notre pays est insuffisant pour soutenir l’émergence. Je salue la décision de bancariser le salaire des fonctionnaires et des agents de l’État, créant plus de 1 million de comptes, mais il faut aller au-delà en intégrant un certain nombre de prestations. Il faut surtout accompagner cet élan et intéresser toute la population à utiliser les services bancaires, à travers la monnaie scripturale comme électronique. Un taux de bancarisation de 25 % à 30 % de la population active permettra de toucher 15 millions de personnes. Leur contribution sera alors loin d’être négligeable dans le processus d’émergence du pays.
quelle doit être la contribution du système bancaire pour accompagner ce mouvement ?
En tant que conseil, les banques doivent encourager et soutenir l’entrepreneuriat privé. Seulement 7 % des entreprises recourent aux financements bancaires. Il y a donc un recours excessif à l’autofinancement qui réduit fortement leurs capacités d’investissement et de croissance. Mais pour diversifier leurs sources de financement, les entreprises doivent se structurer pour satisfaire un certain nombre d’exigences en matière de communication financière et de
© DR
96
une forte sensibilisation de la population sur la pratique bancaire et l’épargne. L’État pourrait, par le biais des banques, développer le marché financier et recourir à des levées de fonds. quels obstacles faut-il lever pour améliorer l’environnement des affaires ?
Il faut déjà reconnaître les efforts déployés par le gouvernement. L’efficacité du système bancaire dépend d’abord de l’État, qui doit instaurer une sécurité juridique et veiller à la mise en place d’une réglementation harmonisée avec la sous-région. La Banque centrale du Congo et l’Association congolaise des banques doivent œuvrer ensemble pour faire aboutir la réforme du système de paiement et renforcer la vélocité et l’efficience des transactions commerciales et financières, le développement de la monétique, ainsi que la modernisation de la centrale des incidents de paiement afin de protéger les banques des créanciers indélicats. Il faut enfin mener à terme le développement d’un marché financier capable de multiplier les possibilités de financement de l’économie. ●
Pour diversifier leurs sources de financement, les entreprises doivent se structurer. transparence. L’État n’est pas en reste. Pour financer les infrastructures, la valorisation des matières premières et la reconstitution du tissu industriel, les banques ont des compétences en matière d’ingénierie financière et de mobilisation des ressources. Par ailleurs, avec 18 banques et 258 institutions de microfinance, la mobilisation des ressources fiscales et financières internes doit être prioritaire, grâce à
omer mbADi, à Yaoundé
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République démocratique du Congo
Société commerciale des transports et des ports (SCTP)
Un nouveau souffle sur le Géant Congolais du transport multimodal
L
a SCTP se transforme pour mieux répondre à ses missions. En six mois, la nouvelle équipe nommée à la tête de cette société par le Président Joseph KABILA KABANGE le 26 mars 2015, a relancé le trafic ferroviaire entre Kinshasa et Matadi, et fluvial, entre la capitale et Kisangani. Avec le soutien du gouvernement, elle s’attèle à la modernisation des ports maritimes et fluviaux intérieurs. Pour parvenir à ses fins, elle s’appuie sur une gestion saine de ses comptes et de ses ressources humaines. La SCTP, cette société de l’État, chargée de l’exploitation ferroviaire entre Kinshasa et Matadi ainsi que de la gestion des ports maritimes en République démocratique du Congo, affiche depuis six mois de fortes ambitions. L’ex-Office national des transports (ONATRA), gère également le réseau interurbain de la capitale congolaise.
▲ Parfaite cohésion entre
▲ Confiance réciproque entre
la Présidente du Conseil
le Directeur Général,
d’Administration, Madame Vicky
Monsieur KIMBEMBE
KATUMWA et le Directeur Général,
Mazunga et le Directeur Général
Monsieur KIMBEMBE Mazunga.
Adjoint, Monsieur Lambert
▲ Port International de la SCTP SA/Matadi.
La SCTP projette à moyen terme, à travers un plan d’urgence en cours d’exécution, d’atteindre une capacité d’évacuation par chemin de fer de 600 000 tonnes par an et de 3,5 millions de tonnes dans ses ports maritimes de Boma et de Matadi, contre 100 000 et 2,9 millions tonnes actuellement. Son ambition, redevenir pour les importateurs, ce partenaire privilégié et incontournable dans son domaine d’activité, afin de contribuer au développement économique de la RDC. Pour l’atteindre, elle met en œuvre une politique de relance de son activité et de rénovation de ses infrastructures, motivée par le souci de reprendre son statut d épine dorsale de l’Économie Nationale.
MATUKU MEMA.
Investissements prioritaires programmés de la SCTP (en dollars US) Projets Port de Matadi Port de Boma Port de Kinshasa Ports et transports fluviaux Chantiers navals Chemin de fer Matadi-Kinshasa Chemin de fer interurbain Coût total
Des résultats en hausse en 2015 1er trimestre 2015 2e trimestre 2015 Trafic marchandises (en tonnes) 832 649 918 297
Coût 9 006 201 1 095 161 2 580 646 3 440 860 4 263 441 67 380 000 13 572 080 87 766 309
(source : SCTP)
dont ports maritimes 774 237
846 365
dont port de Kinshasa 40 453
44 830
dont ports et transports fluviaux 7 728
17 905
Trafic voyageurs (en nombre) 111 800
128 266
(source : SCTP)
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DIFCOM/FC - Photos : DR
PUBLI-INFORMATION
TABLEAUX STATISTIQUES
République démocratique du Congo
Société commerciale des transports et des ports (SCTP)
LE FLEUVE : une autre voie du transport multimodal La SCTP vise à relancer le trafic fluvial sur le fleuve Congo et ses affluents, afin de contribuer à l’intégration économique du pays et de capitaliser le potentiel qui résultera des échanges dans le « Corridor - Nord », autour du pool économique de Kisangani. n
Des navires remis à l’eau
Le bateau ITB Kokolo a été mis à flot en février dernier après avoir été réhabilité par le gouvernement pour un coût de 5,5 millions de dollars. Immobilisé depuis 1971, sa réhabilitation est un réel exploit pour les ingénieurs et agents du Chantier Naval de la SCTP. Il a fait un aller-retour entre Kinshasa et Kisangani entre les mois d’avril et de mai derniers. Dans des conditions normales d’exploitation, quatorze jours lui sont nécessaires pour remonter les 1 734 km qui séparent Kisangani de la capitale. À la descente, dix jours lui suffisent, en desservant Mbandaka, chef-lieu de l’ancienne Province de l’Équateur, Lisala, Bumba et Basoko. Le bateau courrier MB Gungu, en cours de restauration, devrait de son côté quitter le chantier naval avant la fin de l’année, afin de desservir les affluents du fleuve Congo ainsi que les rivières de 1ère et 2ème catégories. n
▲ Le Bateau ITB KOKOLO, Fleuron de la Flottille Congolaise.
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Le port de Boma en cours de modernisation
Désenclaver les populations riveraines du fleuve
Outre 400 passagers, l’ITB Kokolo peut transporter jusqu’à 1 500 tonnes de marchandises, ce qui équivaut à quarante wagons de chemin de fer ou 53 camions semi-remorques. La remise en service de bateaux sur les fleuves congolais permettra de désenclaver les populations riveraines, de les ravitailler en produits agro-pastoraux ou encore de relancer le tourisme fluvial. Pour remplir ces objectifs, la Régie des Voies Fluviales (RVF) a lancé de nombreuses actions, comme la modélisation de la voie navigable sur le Congo par la pose de bornes géodésiques ; cette opération réalisée sur fonds COFED (cellule d’appui à l’Ordonnateur national du Fonds européen de développement) doit permettre de faciliter la navigation par GPRS.
La SCTP a également entrepris l’équipement en grues et élévateurs des ports fluviaux de Kinshasa, Kisangani, Mbandaka et Lisala sur financement de la COFED. Au mois d’août, elle a lancé la réhabilitation du port de Boma sur fonds propres, afin d’y faire revenir les importateurs et désengorger le trafic sur le port de Matadi. Les travaux routiers lancés par le Chef de l’Etat entre les deux villes permettront par ailleurs à Boma de reprendre son rôle d’arrière quai du port de Matadi. BIO EXPRESS
Kimbembe Mazunga, DG de la SCTP. Né à Léopoldville le 11 décembre 1956, Kimbembe Mazunga a été, dix ans durant, le Conseiller Principal du Chef de l’État chargé des infrastructures avant sa nomination à la direction générale de la SCTP.
Le Directeur Général, Monsieur KIMBEMBE Mazunga, a placé l’homme au centre des préoccupations de la SCTP SA.
Il a été Ministre des Travaux Publics, de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat, de 2002 à 2003, avant de devenir le gouverneur de la ville-province de Kinshasa en 2005. Ingénieur civil mécanicien, diplômé de la faculté polytechnique de l’université de Kinshasa, il est réputé pour être un homme de terrain.
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République démocratique du Congo
Société commerciale des transports et des ports (SCTP)
TRAFIC FERROVIAIRE DOUZE ANS APRÈS : c’est reparti entre Kinshasa et Matadi Le 29 juin dernier, à la veille de la fête de l’indépendance, le train express a relié la ville de Kinshasa à celle de Matadi pour la première fois depuis douze ans. Lors d’un voyage de sept heures, le train a atteint une vitesse moyenne de 55 km/h, alors qu’il était impossible de dépasser 20 km/h avant que la voie n’ait été réhabilitée. Ce fut un cadeau du 55ème anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo, du Président Joseph KABILA KABANGE à la population du Kongo Central. n
10,7 millions de dollars pour le chemin de fer
Afin de continuer à améliorer ces performances, le gouvernement a débloqué une enveloppe de 10,7 millions de dollars. Cette somme prélevée sur la Redevance logistique terrestre (RLT) va permettre de mettre à neuf la ligne ferroviaire entre les deux villes, en évacuant les marchés et les habitations informelles qui se sont constituées aux abords des gares, en nettoyant les immondices et en désensablant les voies lorsque cela sera nécessaire. La rénovation de la gare Est de Kinshasa a déjà débuté, sur fonds propres de la SCTP, et de nombreux wagons du train express ont été restaurés.
▲ Le GO est donné pour le retour du Train Express à Kinshasa.
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Une alternative à la route nationale 1
À terme, la ligne de chemin de fer KinshasaMatadi doit reprendre sa fonction dans le transport de gros tonnages. De quoi délester le trafic sur la RN 1, trop sollicitée, et donc détériorée, en particulier par les transporteurs routiers. « L’objectif, résume M. KIMBEMBE Mazunga, le DG de la SCTP, c’est de montrer aux importateurs que la voie est sûre aujourd’hui (…) Tout ce qui transite par le port de Matadi peut arriver à Kinshasa par train. C’est pourquoi nous devons augmenter notre capacité d’évacuation ».
▲ Les Membres du Conseil d’Administration de la SCTP dans la Voiture VIP du Train Express Spécial 30 juin.
Des partenaires pour valoriser le patrimoine de la SCTP Pour mener sa politique de redressement de la SCTP, la nouvelle équipe dirigeante s’est appuyée depuis le mois de mars dernier sur ses fonds propres, après avoir assainit ses comptes, sur les fonds de son actionnaire principal, l’État, à travers la Redevance logistique terrestre (RLT), ainsi que sur l’apport de bailleurs internationaux. L’entreprise publique est également ouverte à toute collaboration, avec des tiers publics ou privés, afin de valoriser son important patrimoine immobilier et forestier. Elle dispose en effet de 508 immeubles d’habitation à Kinshasa, de centres hospitaliers et d’unités de formations, et même d’une zone d’exploitation forestière de plus de 120 000 hectares dans la province du Bandundu.
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SCTP
Société Commerciale des Transports et des Ports 177 boulevard du 30 juin, Gombe, Kinshasa Tél. : (+243) 843 087 777 onatrakin@gmail.com
http://sctp-cd.com
Le Plus de J.A. RD Congo InnovatIon
et la femme créa… le robot L’ingénieure Thérèse izay a inventé des androïdes pour régler la circulation. Désormais, ça roule à Kinshasa et à Lubumbashi. Et bientôt peut-être sur tout le continent…
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installés à Kinshasa, se souvient Thérèse Izay, le visage illuminé d’un large sourire. Les autorités ont eu du mal à se faire à l’idée que ces automates, fabriqués ici grâce à une technologie 100 % congolaise, pouvaientrépondreauxbesoinsd’uneville tentaculaire comme Kinshasa. » Après deux prototypes installés en 2013, trois robots « nouvelle génération » ont été livrés à la capitale en mars, et cinq aux autorités katangaises, dont trois à Lubumbashi. Le prix de vente d’une unité tourne autour de 25 000 dollars (environ 22 000 euros) et varie selon l’autonomie de ses panneaux solaires. La société ne s’endort pas sur ses lauriers; l’entreprise se développe et fait évoluer sa technologie. « Le robot envoie à la police, en temps réel, les images filmées par ses caméras. Nous avons recours à un faisceau hertzien, mais, à terme, nous allons basculer vers la fibre optique. La transmission des images se fera beaucoup plus vite », précise la chef de projet. Plusieurs autres villes congolaises veulent acquérir ces automates. Et Women’s Te chnologies entend également en exporter. L’Angola, le Congo, la Côte d’Ivoire et le Nigeria sont intéressés.Àquandlaprésencedes premiers agents humanoïdes made in RD Congo dans ces pays ? « Les pourparlers sont très avancés », se contente de répondre la chef d’entreprise.
outvisiteurdepassageàKinshasa n’était pas faite pour moi. Pourtant, au fil et à Lubumbashi est frappé par des mois, j’y ai pris goût. » Elle sort de l’Ista le spectacle des robots qui y en 1999, nantie d’un diplôme d’ingénieur règlent la circulation. Chaque technicien en électronique industrielle androïde, bourré de composants élec(automation-programmation). troniques, muni de caméras et équipé de panneaux solaires, mesure 2,50 m proToType. L’ingénieure ne regrette de hauteur et pèse 250 kg. L’ingénieure pas d’être passée à côté du strass et des Thérèse Izay Kirongozi, 42 ans, chef de paillettes. Elle est connue. Son travail est projet du « robot roulage intelligent » et reconnu en Afrique comme en Europe, où directrice de Women’s Technologies, est elle est fréquemment invitée à des conféla « mère » de ces automates entièrement rences. « J’ai mis mes propres fonds dans conçus et fabriqués à Kinshasa. L’ancienne cette affaire, avec l’appui de mon mari. Au association, qui s’est muée en société en début, je ramais… Nous assurions nous2012, emploie une dizaine de personnes à mêmes la maintenance des prototypes temps plein et plusieurs autres à temps partiel pour concevoir et fabriquer ces géants technologiques 100 % « made in Kin ». Thérèse Izay est elle-même un pur produit de l’école congolaise. Elle a effectué toute sa scolarité à Kinshasa, sa ville natale, avant d’entamer, sans enthousiasme, des études à l’Institut supérieur de techniques appliquées (Ista). Rien ne la prédestinait à une carrière d’inventrice et de chef d’entreprise. Adolescente, la jeune et déjà grande Kinoise (1,93 m) avait tapédansl’œild’uneagencede recrutement de mannequins, qui, en 1993, alors qu’elle venait à peine de souffler ses 20 bougies, lui a fait miroiter l’espoir d’une existence douilletteenSuisse,rythméepardes défilés de mode, des séances photo aux quatre coins de la planète, des contrats mirifiques, etc. Comme autant de promesses en l’air. « Mon père m’a inscrite à l’Ista alors que je voulais poursuivre mes études en Europe, dans un autre domaine. Je pensais, à tort, p La Kinoise, 1,93 m, avait été repérée par une agence de mannequins avant d’entreprendre des études d’électronique. que l’électronique industrielle n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
agenda de minisTre.
© Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
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Mariéeetmèredetroisenfants, Thérèse Izay ne regrette pas d’être restée au pays. Si son agendadeministreneluilaisse pas le temps de cuisiner, elle adore manger kinois. Pour elle, rien ne vaut un plat de haricots accompagnés de mpiodi (chinchard) et de fufu (pâte à base de manioc ou de maïs). Après une journée de travail, l’ingénieure aime aussi écouter de la musique « à fond », au volant de sa Range Rover. Des chansons funk, de vieux tubes congolais, dont les classiques de Papa Wemba, qui la font chavirer de bonheur… Presque autant que de voir sa fille cadette commencer une belle carrière de chanteuse. ● arThur maLu-maLu jeune afrique
PUBLI-INFORMATION
République e DémocRatique
Du Congo congo
Infrastructures
Les aéroports font peau neuve À Kinshasa et Lumbumbashi, bientôt à Goma et Kisangani, des aérogares modernes accueillent les passagers venus du monde entier.
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ndispensable pour circuler à l’intérieur du vaste territoire de la République démocratique du Congo et pour communiquer avec l’international, le transport aérien tient une place importante dans le schéma de réhabilitation des infrastructures.
©Tayl’Or Mukendi
Le président Joseph Kabila Kabange lance les travaux de réhabilitation de l’aéroport de Goma.
La modernisation des aéroports est en marche. À Kinshasa, la nouvelle aérogare de l’aéroport international de Ndjili offre de nombreuses facilités aux voyageurs. Sécurité, assistance, vastes espaces, rapidité de retrait des bagages, tout est fait , au départ comme à l’arrivée, pour prolonger le plaisir du voyageur qui arrive dans la ville qui ne dort pas. La nouvelle aérogare répond bien sûr aux normes internationales qui régissent le domaine.
balisage lumineux, ses 3 250 mètres peuvent accueillir sans problèmes des avions gros porteurs. Côté sécurité, un groupe technique de forte capacité a été installé pour permettre les atterrissages de jour comme de nuit, par mauvais ou par beau temps. L’aéroport dispose également d’une nouvelle caserne de pompiers entièrement équipée. Après Ndjili et Lumbumbashi, qui ont été inaugurés par le chef de l’État, Joseph Kabila Kabange, en juin et juillet 2015, les mêmes travaux de construction ont été lancés à Goma. La ville de Goma sera bientôt dotée d’une aérogare moderne. Mais aussi et surtout, la piste de 3 000 mètres, raccourcie par les coulées de lave de l’éruption du Nyiragongo en 2002, retrouvera ses dimensions d’origine. Les travaux pour son extension totale sont actuellement en cours. Déjà, l’aéroport de Goma a ouvert sa piste au trafic international. Plus besoin de passer par les villes voisines ou la capitale Kinshasa pour sortir du pays. Des vols sur l’Asie et le MoyenOrient sont désormais disponibles. Goma s’est ouverte au monde et envoie un message d’un type nouveau. Celui d’une région qui attend touristes et investisseurs venus du monde entier.
Vues, extérieure et intérieure, de la toute nouvelle aérogare internationale de l’aéroport Ndjili-Kinshasa. La nouvelle tour de contrôle de l’aéroport de Lubumbashi.
À Lubumbashi, l’aéroport de la Luano a reçu il y a peu une toute nouvelle tour de contrôle, plus haute que la précédente de 6 mètres. Passant de ce fait de 22 à 28 mètres. Construite dans le respect des normes actuelles, elle surplombe une piste d’atterrissage qui a, elle aussi, changé de statut et d’aspect. Complètement rénovée avec un nouveau
épublique e PrImature de la réPublIque démocratIque du congo R DémocRatique E-mail : cabinet@primature.cd - http://www.primature.cd/public/ Du Congo congo
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
La sécurité est une priorité
Le Plus de J.A. RD Congo
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Technologies
La revanche des geeks kinois Musique en streaming, géolocalisation de bonnes adresses, prise en charge de personnes malades… Les développeurs rivalisent d’ingéniosité pour rattraper leurs confrères brazzavillois.
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© Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
ur la rive droite du fleuve Congo, il y a Vérone Mankou, le concepteur du premier smartphone et de la première tablette tactile du continent. Autour de ce « Steve Jobs brazzavillois », des initiatives innovantes n’ont cessé d’émerger ces dernières années à Brazza, comme le BantuHub, une plateforme destinée à donner aux développeurs, webmasters et infographistes locaux les moyens d’innover et de créer du contenu, en leur offrant un espace de travail partagé (coworking) adapté à leurs besoins. Sur la rive gauche du fleuve, Kinshasa est longtemps resté à la traîne. Un retard que les jeunes Kinois veulent désormais rattraper, en multipliant les projets sur le terrain du numérique. « Pour l’instant, chacun se lance en solo pour tenter de proposer des idées nouvelles », concède Déo Baïse. Ce designer de 25 ans vient de créer, avec son frère, développeur, l’application mobile de la radio Univers FM (lire pp. 110111), disponible sur Android. Il s’apprête désormais à mettre en ligne celle de Talents2Kin, une plateforme de streaming inspirée de Spotify et de Deezer destinée à « promouvoir les jeunes artistes congolais
et à proposer des tubes qui cartonnent à commercialisons pour financer nos autres Kinshasa », explique le designer. Master grands projets », explique Dieudonné Net, la start-up de Déo Baïse, travaille Kayembe. Dans les mois à venir, il compte également sur l’application Voilà Night : se rendre de l’autre côté du fleuve pour « Grâce à la géolocalisation, cette appli rencontrer de jeunes entrepreneurs brazpermettra de trouver les événements zavillois. Objectif : partager les expéculturels qui se déroulent dans le quartier riences sur le modèle économique le plus de la capitale d’où l’on se connecte, les approprié pour pérenniser leurs activités. bonnes adresses, etc. » Dieudonné Kayembe, lui, était l’un des réSeautage. En attendant, les Kinois lauréats de l’Africa Android Challenge en intéressés par les technologies numé2012, où il avait proposé Kimia Solution, riques ont pris l’habitude de se retrouver une application de prise en charge autodeux samedis par mois (le premier et matique des personnes hypertendues. le dernier) autour du Café numérique. Diplômé en génie informatique de l’université de « grâce à nos applications Kinshasa, il a créé la société innovantes, nous pouvons Flechtech – une « start-up financer nos grands projets. » qui grandit », se réjouit-il. À 26 ans, le jeune direcDIeuDoNNé KayemBe teur général vient de lancer Motema Tab, la première gamme Une idée de Filip Kabeya. À son retour à de smartphones et de tablettes made Kinshasa après un long séjour à l’étranger, in RD Congo (assemblés en Chine et en ce trentenaire a constaté que la capitale Thaïlande), et est fier de souligner que congolaise manquait d’un cadre de disle développement de son entreprise se cussion sur les usages du numérique. fait « sans subvention étatique ni appui En novembre 2014, il a alors décidé de extérieur » – elle s’autofinance. « Nous réunir quelques amis intéressés par le avons trouvé une astuce : nous créons sujet pour leur faire part de son envie de mettre en place un tel forum. « Nous avons des applications innovantes que nous progressivement créé un espace pour C’est Filip Kabeya qui a eu l’idée de mettre en place un rendez-vous bimensuel parler des technologies et de l’innovation, pour aider les entrepreneurs à échanger leurs idées. (Ici en octobre à Kinshasa.) explique Filip Kabeya. La spécificité du Café numérique Kinshasa réside surtout dans la présentation, à chaque séance, d’un projet local. C’est une manière d’offrir aux jeunes entrepreneurs une vitrine pour exposer leurs produits et faciliter ainsi le réseautage. » La démarche des Kinois a convaincu le Café numérique Paris, l’un des pionniers dans le domaine, qui leur a alors proposé de rejoindre son réseau. Fort de cette reconnaissance parisienne et internationale, Filip Kabeya se sent pousser des ailes. Il compte désormais dupliquer cette formule dans d’autres villes congolaises, voire à Brazzaville, et espère parvenir à créer dans les prochains mois un espace de coworking pour les Kinois, à l’image du BantuHub de Brazza. ● tréSor KIBaNguLa n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
jeune afrique
L’histoire de la Banque suit les grandes étapes de l’histoire de la monnaie, même si certaines opérations aujourd’hui coutumières des banques, comme le prêt à intérêt, sont observées et attestées depuis la plus haute antiquité. Au XIXe siècle, elle révèle comment des risques bancaires mal maîtrisés, par défaut de législation ou par les banques elles-mêmes, peuvent ravager les économies qui les abritent et qui sont leurs débouchés. En 43 ans d’existence, BGFIBank est passée d’une banque mono-métier principalement active au Gabon à un groupe financier multi-métiers et multi-pays de dimension internationale, fortement présent dans : • la Banque de financement et d’investissement pour accompagner les entreprises, l’ingénierie financière et l’intermédiation en bourse, • la Banque privée pour soutenir la gestion de fortune, • La Banque des particuliers avec le crédit de consommation, le crédit bail et la micro-finance, • L’Assurance.
BGFIBank Holding regroupe 18 sociétés dans 10 pays dans les zones CEAC, CEMAC, CEDEAO, SADC et Europe. Premier groupe bancaire d’Afrique centrale, il présente un total de bilan de 5 692 millions de dollars et un produit net bancaire (PNB) de 345 millions de dollars. Le groupe compte plus de 1 700 collaborateurs de 12 nationalités différentes, dont plus de la moitié à l’international. BGFIBank RDC SA a démarré ses activités le 4 octobre 2010 à Kinshasa avec pour cœur de métier la banque commerciale et comme clientèle cible les institutionnels, les grandes entreprises, les PME/PMI et les particuliers haut de gamme. Depuis et jusqu’à ce jour, BGFIBank RDC SA continue de se développer dans un environnement bancaire en plein essor. BGFIBank RDC SA présente, au terme de l’exercice 2014, un total de bilan de 264 millions de dollars et un PNB de 19 millions de dollars. En 2013, la banque a activement participé au financement de l’économie congolaise, à hauteur de 73 milliards de
Franc congolais, soit 80 millions de dollars, sur des engagements pris à court, moyen et long termes. Forte de l’engagement d’être « votre partenaire pour l’avenir », BGFIBank RDC s’est donnée pour mission d’offrir à sa clientèle un service de proximité et de qualité taillé sur mesure. Le 30 avril 2013, elle a inauguré son siège social à Kinshasa, dans la prestigieuse commune de la Gombe. BGFIBank RDC SA compte aujourd’hui trois agences dans la ville province de Kinshasa, deux agences dans la province du Congo Central, à Matadi et Boma, et des représentations à Bunia dans la province Orientale, à Mbuji Mayi dans la province du Kasaï-Oriental, à Lubumbashi dans la province du Katanga. BGFIBank RDC SA, pour qui la ressource humaine est le facteur indispensable de son développement, compte aujourd’hui plus de 125 collaborateurs répartis sur l’ensemble de ses représentations bancaires dans le pays.
Les médias medias au coeur d’un Congo qui bouge .
Quand deux chaînes de télé réunissent plus de 20 millions de Congolais pour regarderle monde les yeux grands ouverts. Quand une régie d’affichage s’étend pour ouvrir une vitrine à ses partenaires à travers le pays, et lorsqu’en plus une agence de communication intégrée se prête au jeu pour prôner l’innovation, alors on peut dire que l’univers médiatique de la RDC est en ébullition pour un Congo Pygmanté. République Démocratique du
pygmacomms - www.pygmacomms.com - info@pygmacomms.com - +243 818303005
u Sur neuf parcs nationaux, cinq sont classés au patrimoine mondial de l’humanité. développement
Objectif tourisme Même s’il est doté d’immenses atouts naturels, le pays peine à attirer les visiteurs. À cause de ses conflits internes, mais aussi par manque d’équipements. Une situation en passe de changer.
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n RD Congo, le secteur du tourisme est toujours largement dominé par le segment des hommes d’affaires, complété par celui des nostalgiques, en provenance d’Europe essentiellement, venus à la recherche d’une Afrique ancestrale, celle des savanes et des grandes forêts équatoriales. Au milieu de ces flux, le touriste congolais reste une espèce rare dans son propre pays. Les autorités cherchent pourtant à développer ce secteur dans l’espoir de voir le pays prendre toute la part à laquelle il peut prétendre sur un marché international en pleine expansion et comptent pour cela sur ses multiples atouts naturels. La RD Congo dispose en effet de neuf parcs nationaux, dont cinq classés au patrimoine mondial de l’humanité, et d’une soixantaine de réserves et autres jeune afrique
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Cyril ruoso/Minden PiCtures/national GeoGraPhiC Creative
RD Congo Le Plus de J.A.
domaines de chasse encore insuffisamment mis en valeur. Entre sa faune et sa flore endémiques, son hydrographie extraordinaire qui lui offre des cours d’eau spectaculaires et des lacs majestueux, le pays a plus d’un argument touristique à faire valoir. Il compte aussi pour cela s’appuyer sur ses voisins, en favorisant l’interconnexion des circuits touristiques existants, pour accroître l’attractivité de son offre et celle de toute la sous-région. En mettant en avant des thèmes comme la musique, l’artisanat ou la gastronomie. Bien décidées à faire du tourisme un pilier de l’économie, au même titre que les mines ou l’agriculture, les autorités ont lancé en 2014 le plan directeur national pour le développement du tourisme, censé porter la part de ce secteur de 1 % à 3 % du PIB à l’horizon 2020. Ce document prévoit la réalisation de projets à travers
l’ensemble du pays, avec quatre régions prioritaires : Kinshasa, l’ex-Katanga, le Kongo-Central et le Nord-Kivu. La RD Congo ambitionne de grappiller quelques parts de marché sur un continent où la concurrence est âpre, face à des pays qui ont un véritable savoir-faire en la matière, qui plus est reconnu dans le monde entier. L’Afrique du Sud, le Kenya ou encore la Tanzanie disposent eux aussi de réserves naturelles qui attirent chaque année les amateurs de sensations fortes des quatre coins de la planète. Kinshasa doit donc réfléchir à une offre originale qui trancherait avec ce qui est proposé ailleurs. EsclavE. Le pays a par exemple mis
l’accent sur son patrimoine historique en proposant la « route de l’esclave ». Ce projet consiste à réhabiliter les sites de mémoire au Kongo-Central, littéralement vidé de ses forces vives au plus fort de la traite négrière. Kinshasa entend adosser ce circuit au grand projet de la Route de l’esclave, piloté par l’Unesco et l’Organisation mondiale du tourisme n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
Le Plus de J.A. RD Congo
t La construction d’hôtels est devenue frénétique. Ici le Grand Karavia, au bord du lac Kipopo, à Lubumbashi.
©Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
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(OMT), auquel prennent part tous les pays riverains de l’Atlantique. L’écotourisme est un autre axe de développement suivi de très près par le gouvernement. Lubumbashi a ainsi accueilli fin septembre la première édition du Salon international du tourisme, destiné à promouvoir les activités touristiques qui contribueront au développement de la région. Le thème de ce premier rendez-vous organisé lors de la Journée mondiale du tourisme, « un milliard de touristes, un milliard d’opportunités », en dit long sur les ambitions congolaises. Pour atteindre leurs objectifs, les autorités s’attellent à réhabiliter les principales infrastructures touristiques du pays, comme c’est actuellement le cas dans le parc des Virunga, le plus ancien du continent, situé dans l’est du pays, ainsi que dans le parc des Kundelungu, au nord de Lubumbashi. Il a également prévu la construction d’hôtels et autres hébergements, sans oublier l’aménagement des voies d’accès aux différents sites. Les capacités hôtelières se sont sensiblement améliorées ces dernières années dans les principales villes du territoire. Plusieurs établissements cinq étoiles ont ouvert leurs portes dans la capitale, sur un marché autrefois dominé par le Grand Hôtel, aujourd’hui Pullman, et le Memling. L’ouverture de plusieurs adresses de qualité, à Kinshasa comme à Lubumbashi, a permis de diversifier l’offre en même temps que de réduire les coûts de séjour. n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
La frénésie en matière de construction d’hôtels ne se limite pas aux grands centres urbains. Bukavu (Sud-Kivu) et Goma (Nord-Kivu) ont accueilli ces derniers mois de nombreux chantiers, et le récent passage de 11 à 26 provinces devrait rehausser le rôle de pôle de développement économique des différents chefs-lieux. Même si toutes ces villes ne disposent pas du même niveau d’équipement.
Le gouvernement étudie notamment la possibilité d’ouvrir à Kinshasa, d’ici à 2017, un centre de formation aux métiers du tourisme. Le pays doit aussi assurer la mobilité de ses visiteurs à l’intérieur de ses frontières. Or se déplacer par la route peut parfois ressembler à une véritable odyssée. Pour rejoindre l’ex-Katanga depuis la capitale, le visiteur téméraire doit s’armer de patience, traverser de nombreux cours d’eau, et espérer disposer d’un 4x4 suffisamment costaud mobilité. Les disparités en matière pour circuler sur les pistes. Pour l’heure, d’infrastructures entre régions sont flaseule une faible partie des 155 000 km grantes. Chaque province doit trouver du réseau routier national est bitumée. Enfin, s’il veut vraiment développer le tourisme, Cours d’eau spectaculaires, faune le Congo va devoir revoir et flore endémiques: le territoire certaines de ses pratiques. a plus d’un argument à faire valoir. Difficile d’imaginer les touristes affluer du jour les recettes originales pour attirer les au lendemain alors que la délivrance du financements nécessaires à la mise en visa d’entrée peut prendre plusieurs mois. Par ailleurs, si la population est connue œuvre des projets lancés dans le cadre du plan directeur. « La RD Congo compte pour son hospitalité, certains peuvent beaucoup sur la mise en place de parse montrer hostiles lorsque les touristes tenariats public-privé pour développer prennent des photos. La police intervient le secteur », souligne Elvis Mutiri, le même parfois pour leur demander de ministre du Tourisme. Sans l’implicaranger leur matériel au motif qu’il est tion du secteur privé, difficile en effet interdit de photographier les « sites strad’imaginer pouvoir relancer une activité tégiques ». Reste maintenant à définir économique mise à mal par les conflits ces endroits le plus clairement possible récurrents qui ravagent certaines parties pour éviter les confusions. Et ainsi aider du pays. les touristes à mieux découvrir un pays Pour tirer le maximum de son potenqui demeure aujourd’hui encore aussi tiel, la RD Congo doit également se lancer méconnu qu’inaccessible. ● dans la formation de ses professionnels. arthur malu-malu jeune afrique
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Du congo congo
Infrastructures
Le gouvernement s’installe au cœur de Kinshasa En juillet 2015, le président Kabila a inauguré l’immeuble de neuf étages devant abriter plusieurs ministères et donner vie à un nouveau quartier de la capitale.
(de gauche à droite) Le tout nouvel Immeuble du gouvernement, à Kinshasa. Au centre de la place, le monument de l’Unité nationale. Le monument de l’Unité nationale vu depuis l’Immeuble du gouvernement. De chaque côté de la place, les immeubles rénovés accueillant les services de l’État.
Tout a commencé sur un terrain devenu vague du fait de son inexploitation. Situé entre les avenues de la Justice et le boulevard du 30 juin, qui traverse La Gombe de part en part, ce terrain bénéficiait d’une position avantageuse. D’abord utilisé par des marchands de fruits, puis refuge de badauds, enfin dépotoir, il appartenait à l’Institut National de Sécurité Sociale (INSS). Le gouvernement l’a racheté, y voyant une belle opportunité de mise en valeur.
Ainsi est né l’Immeuble du gouvernement, inauguré en juillet dernier par le Président de la République.
Symbole de l’Unité nationale Flambant neuf, ultramoderne, ce bâtiment de neuf étages règle aussi bien les problèmes de logement des ministères que celui de la location de salles pour réunions. Plusieurs conférences et cérémonies peuvent désormais se tenir en simultané et en vidéoconférence, ce qui permet d’énormes économies. En face de l’immeuble, sept autres bâtiments ont été entièrement rénovés. Ils abriteront d’autres ministères et services de l’État. Le gouvernement les loue à l’Institut National de Sécurité Sociale (INSS), propriétaire des lieux. Ce qui permet à l’Institut d’améliorer sa situation financière et mieux remplir sa mission de protection sociale. Ce qui est désormais le quartier administratif de Kinshasa est en plein développement. Pour lier tous ces immeubles, un monument de l’Unité nationale trône au centre d’une place qui accueille chaque jour touristes et kinois. En transformant ce quartier en nouveau quartier administratif, l’État congolais atteint deux objectifs : regrouper les services de l’État en un lieu central, c’est un gage de modernisme et d’efficacité. Installer dignement ministres et ministères dans des bâtiments dont l’État est propriétaire, c’est aussi rendre sa dignité au pays par ses infrastructures.
PrImature de la réPublIque démocratIque du congo E-mail : cabinet@primature.cd - http://www.primature.cd/public/
République e DémocRatique
Du congo congo
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
L
e quartier Royal regroupera bientôt l’essentiel de l’exécutif et des services de l’État. À la fois résidentielle et d’affaire, arborée, la commune de La Gombe abrite les principaux organes du pouvoir de la République démocratique du Congo, dont la Présidence, au Palais de la Nation, la Banque Centrale, ainsi que de nombreuses institutions financières. Elle accueillera bientôt l’essentiel de l’exécutif dans un nouveau quartier regroupant ministères et services de l’État. Le tout organisé autour du tout nouvel Immeuble du gouvernement, qui en devient l’axe central.
PUBLI-INFORMATION
SONAS SA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ASSURANCES
SOCIÉTÉ NATIONALE D’ASSURANCES
HISTORIQUE, RÉALISATIONS ET PERSPECTIVES D’AVENIR
J
usqu’en 1966, date de la nationalisation du secteur des assurances, le marché des assurances en République démocratique du Congo était exploité principalement par des succursales de compagnies d’assurances étrangères et des bureaux de représentation. Leur rôle se limitait à la présentation des produits d’assurances et à l’encaissement des primes pour les rapatrier auprès de leurs maisons-mères installées à l’étranger. Dans ces conditions d’extraversion, le secteur des assurances ne pouvait exercer pleinement son rôle économique, qui est notamment de mobiliser les capitaux au profit de l’économie nationale.
Partenaire du patrimoine économique de l’État
La nouvelle tour de contrôle de l’aéroport Loano de Lumbumbashi, comme celle de l’aéroport international Ndjili de Kinshasa, font partie des éléments du patrimoine congolais assurés par la SONAS SA.
Madame Agito Amela Carole Directeur Général de la SONAS SA
Face à cette situation, l’État congolais a pris en 1966 la décision d’interdire l’exploitation du marché des assurances par les sociétés étrangères, créant en parallèle la Société Nationale d’Assurances, la SONAS SA. Dès les premières années de sa création jusqu’en 1980, la SONAS SA a prit des participations dans plusieurs structures étatiques et paraétatiques. C’est notamment le cas de la Banque de développement du grand lac (BDGL) et de la Société de transport zaïro-marocaine (TRAZAM). La SONAS SA a également octroyé des prêts à la sucrière de Kiliba, ainsi qu’à l’Office de gestion du frêt multimodal (OGEFREM). Encore aujourd’hui, l’Organisation des Nations Unies basée en RD Congo bénéficie d’un terrain appartenant à la SONAS SA, où elle a installé certains de ses bureaux. Par ailleurs, la SONAS SA a également investi dans l’immobilier. Elle possède en effet un important patrimoine immobilier de 108 immeubles, appartements et terrains à travers le pays.
© RVDM Les Éditions du Jaguar
Le siège de la SONAS SA à Kinshasa. La société compte également plus de 140 agences et représentation sur tout le territoire.
Parmi les infrastuctures assurées par la Sonas figure le barrage Hydroélectrique de Zongo.
Un rôle renforcé depuis 2009
Le paiement régulier des sinistres sur toute l’étendue du territoire national est également l’œuvre de nouvelles autorités de la SONAS SA. Il s’effectue tous les jours dans les agences de la société, qui en compte plus de 140 dans le pays. De plus, la société participe activement à l’opération « Jeudi sinistre », instaurée par les autorités de la SONAS SA, durant laquelle un plus grand nombre de victimes et bénéficiaires des contrats d’assurances sont indemnisés.
Depuis 2009 des efforts notables ont été fournis par les responsables de la SONAS SA en vue d’améliorer l’image de la société auprès de l’opinion, tant nationale qu’internationale. Parmi ses réalisations figure la couverture en assurance d’une bonne partie des ouvrages d’utilité publique construits dans le pays dans le cadre des Cinq chantiers lancés par le Président Joseph Kabila Kabange. C’est notamment le cas des barrages hydro-électriques de Katende (Kasaï Occidental) et de Zongo (Bas-Congo). Sont également assurés par la SONAS SA les deux tours de contrôle des aéroports de Ndjili (Kinshasa) et Loano (Lubumbashi). Les aéronefs présidentiels sont aussi couverts par la SONAS SA, qui les réassure auprès de ses partenaires étrangers.
Active dans les organisations supranationales Au plan régional, la SONAS est membre à part entière de plusieurs organisations régionales et africaines, telles que : l’Organisation des assureurs africains (OAA), la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF), le Marché commun d’Afrique orientale et australe (COMESA). d’AFRICA-RE, la société africaine de réassurances, dans laquelle elle a des participations.
Depuis la promulgation de la loi du 11 mars 2015 portant code des assurances, l’opinion se fait l’écho d’interrogations sur l’avenir de la SONAS SA et sur sa capacité à poursuivre ses activités dans un marché concurrentiel. Au plan institutionnel, la transformation de la SONAS SA en société commerciale ne change pas son statut d’émanation de l’état congolais et c’est à lui qu’il revient de prendre les mesures nécessaires à la protection d’une entreprise qui reste sa propriété. Sur le plan opérationnel, les dirigeants de la SONAS SA ne perçoivent pas la fin du monopole comme une menace. Ils sont au contraire déterminés à saisir cette nouvelle opportunité et à relever les défis qu’elle impose. La SONAS SA possède des atouts indéniables qui doivent lui permettre de faire face à cette nouvelle étape de sa longue histoire. SONAS SA Boulevard du 30 Juin Kinshasa/Gombe RD Congo
DIFCOM/FC - Photos : DR
La SONAS est également membre co-fondateur
Faire face à la concurrence
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Le Plus de J.A. RD Congo médias
Dans l’univers de Patient Avec sa radio branchée musique, sports et événements, le journaliste kinois a trouvé son public : les jeunes. Et les annonceurs ont suivi…
«
N
e le lancez pas sur le et la radio Top Congo FM, où il croise sujet de l’audiovisuel, « les grands journalistes du pays ». Après il devient rapidement cinq années passées dans les rédactions intarissable. C’est son et une fois obtenue sa licence en comdomaine de prédilection, il y est comme munications sociales à l’Ifasic, il travaille un poisson dans l’eau », avertit un ami comme coordonnateur de recherche de longue date de Patient Ligodi, entrepour l’ONG Journaliste en danger (JED), preneur congolais de 31 ans. Celui que puis comme assistant chargé de la comcertains de ses proches ont affectueusemunication à Médecins sans frontières ment surnommé le gourou est désormais (MSF) en RD Congo et, enfin, coordinadirecteur général d’Univers FM, une teur des radios partenaires à la Fondation « radio 100 % musique, sports et events », Hirondelle. « Je suis ambitieux, clamecomme le souligne l’un des jingles de t-il, affranchi de toute fausse modestie. Lorsqu’il faut poursuivre mes objectifs, la station qu’il a créée. rien ne m’arrête. » Patient Ligodi en rêvait depuis qu’il avait franchi les portes de l’Institut facultaire des sciences de l’informacréativité. Grâce à ces multiples activition et de la communication (Ifasic) de tés, Patient Ligodi parvient à rassembler Kinshasa. « J’avais déjà ficelé la grille de les fonds nécessaires à la réalisation de son rêve d’étudiant. « J’aurais pu programmes de ma radio alors que je n’avais pas réuni les moyens financiers m’acheter une maison à Kinshasa, mais nécessaires pour la monter », confie-t-il j’ai choisi de me lancer dans l’entrepreaujourd’hui. neuriat », raconte-t-il en savourant une Rien ne prédestinait pourtant le jeune glace au chocolat, l’un de ses péchés mignons. « Je voulais aussi démontrer Kinois à l’entrepreneuriat. Son père, qu’il est possible de créer une radio en agent à la Régie des voies aériennes (RVA), voulait que l’aîné de ses sept RD Congo sans bénéficier du parrainage enfants suive ses traces. Au début, le petit Patient avec son before et son after, a joué le jeu. Il a décroché un diplôme d’État (niveau Totalement foot est devenue équivalent du baccalaul’émission phare sur 94.7 Fm. réat) en aviation civile. Mais au moment d’embrasser des études universitaires, il s’est d’un homme politique ou d’un pasteur », brouillé avec son père. « Pour lui prouver tient-il à préciser. que j’étais devenu un homme, j’ai quitté C’est ainsi qu’Univers FM est née et la maison pendant une semaine et, pis, a commencé à émettre en avril 2014, j’ai choisi de m’inscrire à l’Ifasic pour à Kinshasa, dans le Bas-Congo et à devenir journaliste », se souvient-il. Une Brazzaville. Son business model a été pilule difficile à avaler pour son paternel. adapté aux réalités locales et conçu pour « Il avait tout sacrifié pour ma scolarité et toucher les annonceurs. « Il faut savoir celle de mes frères et sœurs », reconnaît rassembler un peu de créativité et d’inPatient Ligodi. novation, tout en appliquant les règles Encore étudiant, il enchaîne alors les classiques du management, explique Patient Ligodi. Nous avons d’abord petits boulots pour rassembler des fonds, identifié les principaux investisseurs mais aussi pour acquérir de l’expérience. publicitaires dans le secteur audioviD’abord comme présentateur de journal télévisé dans une radio locale nouvelsuel congolais, à savoir les télécoms, les lement créée, puis comme rédacteur, brasseurs, les banques et les entreprises notamment pour le site Africa News RDC de grande consommation. Ensuite, nous n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
nous sommes penchés sur la cible qui les intéresse, c’est-à-dire les jeunes, les 15-35 ans, afin de leur proposer des contenus qui leur conviennent. » Cette démarche était essentielle dans un environnement audiovisuel congolais surchargé (il n’y a plus de fréquences disponibles en FM) et où, pour exister, il faut se distinguer des autres radios. Un an et demi après son lancement, Univers FM semble avoir trouvé sa voie et ses auditeurs. « Nous développons une stratégie de niches, reprend Patient Ligodi. Nous nous approprions les domaines qui ne sont pas couverts, ou mal couverts, par les autres médias. » La radio s’est ainsi concentrée sur trois thèmes : le sport, la musique et l’événementiel. rumba coNgolaise. Dès son lance-
ment, Univers FM a diffusé en direct les matchs de l’Entente provinciale de football de Kinshasa (EPFKIN). Un championnat local dont la couverture n’intéressait plus les autres chaînes de la capitale depuis plusieurs années. Totalement foot, avec son before et son after encadrant chaque rencontre sportive, est rapidement devenue l’émission phare sur 94.7 FM. « Nous avons réussi à fidéliser les auditeurs et à créer une communauté grâce à une heure de libre antenne sportive – une première en RD Congo ! – où des supporters viennent jouer aux coachs avant le match de leur club, en proposant par exemple les onze joueurs à aligner au départ. Après la rencontre, ils reviennent discuter en direct sur ce qui a marché, ou pas, pendant le match », commente Patient Ligodi. La radio se démarque également côté musique. Pas de place pour les succès d’antan, les « Tango ya ba Wendo » (nom donné, à Kinshasa, aux années 19401950, au cours desquelles a triomphé Wendo, l’un des pionniers de la rumba zaïroise) sont bannis de l’antenne. « Sauf événement exceptionnel, sourit Patient Ligodi. Par exemple, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, mi-octobre, nous diffusons tout de même le top 10 des chansons de Franco » (Franco Luambo Makiadi, du célèbre OK Jazz). À part ce type d’exception, l’horloge musicale d’Univers FM mise sur une programmation très jeune et diversifiée, alternant afro-pop, ndombolo, rumba congolaise, rap et R’n’B, avec un « choix arbitraire », mais assumé, de ne diffuser que des tubes sortis ces cinq dernières années. jeune afrique
Les grandes manœuvres t Créatif, l’entrepreneur a adapté son business model aux réalités locales.
© Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
été la seule radio à diffuser en exclusivité mondiale, en direct et en intégralité le concert-événement des vingt ans de carrière de Lokua Kanza, en 2014, ainsi que la neuvième édition du festival international Jazzkiff, qui s’est déroulée en juin à Kinshasa. Mieux, la radio est aussi devenue productrice d’événements culturels. Son prochain grand concert ? Le Best of Papa Wemba, spectacle prévu en décembre dans la salle Maman-Angebi de la Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC), à Kinshasa.
Univers FM a également développé des activités dans le secteur de l’événementiel, ce qui lui permet aussi de générer plus de bénéfices. Profitant du fait qu’aucune radio kinoise ne retransmettait jusqu’alors d’événements culturels en direct, la radio de la renaissance,
comme la surnomment les Kinois, s’est fait fort de les couvrir, tout en intégrant cette couverture à son modèle économique. Moyennant finances, elle propose à certains artistes de programmer tout ou partie de leurs concerts en live sur son antenne. Univers FM a notamment
bande de Copains. Patient Ligodi a choisi d’être sur tous les fronts, et il a su bien s’entourer pour parvenir à ses fins. « Je travaille avec une bande de copains, des amis qui possèdent pour la plupart un solide bagage professionnel », reconnaît-il. Beaucoup ont été débauchés de grands médias du pays. « Ils y restaient parce que nous n’avions pas encore notre radio, ajoute-t-il, mais ils n’ont pas hésité à me rejoindre dès que je me suis lancé dans cette aventure. » Le patron d’Univers FM dirige par ailleurs les Ateliers de journalisme de Kinshasa (AJK), un cabinet qu’il a créé en 2013, spécialisé dans les formations aux métiers de l’information et au management des médias audiovisuels. Il travaille aussi à l’organisation dans la capitale congolaise du premier salon de l’audiovisuel en Afrique centrale (qu’il espère pouvoir programmer très prochainement) et compte implanter sa radio à Matadi, à Goma et à Lubumbashi dans les trois ans à venir. ● Trésor KibanGULa
Bienvenue à bord et bonne lecture. Retrouvez-nous sur vos compagnies aériennes préférées.
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Le Plus de J.A. RD Congo
© Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
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p Fabregas aux Francofolies de Kinshasa, le 10 septembre 2015. musique
La rumba plie mais ne se rend pas Si l’afrobeat nigérian, le coupé-décalé ivoirien et le benga kényan règnent désormais dans les clubs hype, les stars congolaises gardent le rythme.
I
l était inimaginable, il y a quelques années,desavourerKinshasaby night sans écouter de la rumba congolaise. C’est désormais possible. Du Balcon au Klubb, en passant par le Kwilu Bar et quelques autres clubs tendance de la capitale, les DJ font aujourd’hui danser les Kinois sur des rythmes venus d’ailleurs, essentiellement du Ghana, du Nigeria et de l’Afrique de l’Est. Une situation qui hérisse le chanteur boyomais Koffi Olomidé. Après trente-huit années de carrière, l’artiste vient de sortir son nouvel album, Treizième Apôtre, le 13 octobre (lire p. 116). « Faire croire que la musique africaine ne rime qu’avec la danse et la
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rumba, en particulier l’acharnement des « combattants ». Depuis quelques années, ces groupes de Congolais de la diaspora empêchent les chanteurs de RD Congo de se produire sur scène en Europe, aux États-Unis, au Canada, voire en Afrique du Sud, sous prétexte que ces derniers (parmi lesquels Koffi Olomidé, Papa Wemba, Werrason, Roga-Roga, etc.) seraient « des collabos » du régime du mzee Kabila, dont ils chantent régulièrement les louanges. Conséquence : « Le combat entre nos artistes et les autres ne se joue plus à armes égales, regrette Naty Lokole. Des chanteurs africains, même ceux dont les
transpiration, c’est lui rendre un mauvais service.Car elle existeaussi pourémouvoir ceux qui l’écoutent », maugrée ce roi de la rumba congolaise. Dans son viseur, il cible les chaînes de télévision étrangères, très suivies par les Congolais et qui, selon lui, mettent La diaspora accuse les chanteurs de plus en plus en avant de RD Congo d’être des « collabos » des artistes ghanéens, nigérians et ivoiriens. « La au service de Joseph Kabila. rumba est victime d’une injustice, déplore Koffi. Et sa visibilité sur pays sont en crise, donnent des concerts le plan international en pâtit. » à l’étranger sans aucun problème, alors Pour Naty Lokole, chroniqueur musical que les nôtres ne peuvent plus le faire sur Digital Congo TV, d’autres facteurs sereinement. » Il cite, entre autres, le cas expliquent ce « recul apparent » de la de Fally Ipupa, en pleine ascension, qui
Chambre de commerce et d’industrie franco-congolaise pour la promotion et le développement des échanges entre les entreprises françaises et congolaises Association à but non lucratif
lui confiait récemment sa « frustration » de ne pas pouvoir se produire dans les grandes salles de spectacle occidentales. Découvert par Koffi Olomidé, qui l’a intégré à son groupe Quartier latin international, au sein duquel il est resté sept ans, Ipupa s’est lancé dans une carrière solo en 2006. Il a déjà sorti trois albums – tous multirécompensés – et vient de produire celui de son orchestre, F-Victeam, intitulé Libre Parcours. NOUVELLES STARS. Malgré les « combat-
tants » et la montée en puissance de l’afropop, « la rumba congolaise n’est donc vraiment pas en perte de vitesse, souligne Naty Lokole. Elle est intemporelle, alors que les autres genres musicaux qui font bouger le continent aujourd’hui ne sont que des effets de mode, très commerciaux, qui passent assez rapidement. » Et le chroniqueur kinois d’enfoncer le clou : « Certains musiciens d’autres pays réfléchissent à la façon de prendre le dessus sur notre musique, mais, très souvent, pour faire leurs tubes, ils se contentent de simplement modifier les beats de la rumba », accuse-t-il, dénonçant notamment le coupé-décalé ivoirien qui, selon lui, ne serait qu’une déclinaison de la rumba, en version beaucoup plus rythmée et agitée… « Fally Ipupa, Ferré Gola, Fabregas, Cindy Le Cœur, etc. De nombreux jeunes talents sont aujourd’hui connus sur le continent et dans le monde parce qu’ils font de la rumba », argumente quant à lui Koffi Olomidé. L’artiste a d’ailleurs récemment lancé son propre label, Koffi Central, destiné à encadrer et à produire les nouvelles stars de la musique congolaise. Une façon d’assurer la relève. « C’est d’autant plus important que les jeunes qui commencent à percer aujourd’hui ont besoin de la bénédiction de leurs aînés pour reprendre le flambeau », continue Naty Lokole, déplorant le fait qu’après des dizaines d’années de carrière les grandes figures de la rumba ne se soient pas investies plus que cela dans la transmission de leur musique aux nouvelles générations. Pour assurer ce passage de flambeau, il plaide d’ailleurs pour que les grands noms de la musique congolaise sortent plus de titres en featuring avec de nouveaux talents. La meilleure façon, selon lui, de mélanger les âges et d’insuffler à la rumba une nouvelle énergie. ● TRéSOR KIBANGULA jeune afrique
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République e DémocRatique
Du congo congo TransporT aérien
Congo Airways prend son envol Avec deux Airbus A320, la compagnie nationale a vocation à desservir le pays tout entier, puis les destinations internationales les plus fréquentées par les Congolais. DR
Ministre des Transports, dans son discours à l’occasion du vol inaugural. Congo Airways a une vocation nationale. Pour lui et à terme, le voyage en avion ne devrait plus être considéré comme un luxe.
De grandes ambitions Congo Airways a des ambitions à la dimension de la grandeur du pays. La compagnie possède actuellement deux Airbus A320, le LaurentDésiré Kabila et le Patrice-Emery Lumumba, mais son plan de développement prévoit d’acquérir deux avions supplémentaires par an. Après s’être bien installée sur les liaisons intérieures, elle vise de rallier Gouangzouh
Le 9 octobre 2015, au départ de Kinshasa, les vols inauguraux se sont lancés dans les airs en direction de Goma et Kisangani, puis de Lubumbashi et Mbuji-Mayi.
«
L
e L é o p a r d v o l a n t » a re p r i s d u service… Avec Congo Airways, dont les vols inauguraux ont eu lieu le 9 octobre 2015, l’étendard de la République démocratique du Congo flotte à nouveau dans le ciel. Le premier vol commercial du 20 octobre 2015 à destination de Lubumbashi affichait complet plus de 72 heures avant son départ. Une preuve que l’arrivée de cette compagnie était très attendue. La nouvelle compagnie aérienne se veut au service des Congolais, servant de trait d’union entre toutes les grandes villes du pays. Cet objectif a été clairement confirmé par le
Jules Mangala, pilote de ligne et commandant de bord. Une icône congolaise de cette compagnie naissante.
PUBLI-INFORMATION
en Chine, D ubaï, Johannesbourg… Les destinations parmi les plus prisées par les Congolais. Congo Airways entend bien les desservir avec qualité, respectant les standards de niveau international. Car Congo Airways qui se veut un « must » en matière de sécurité et de qualité de service, s’est alliée aux plus grands. Air France Industries s’occupera de la partie technique pour ses avions, tout en aménageant un tranfert de technologies aux techniciens locaux. Dans les cockpits, priorité au recrutement de Congolais. Ils sont porteurs de l’étendard de l’excellence, credo d’un pays qui veut reprendre sa place et sa grandeur, aussi bien au niveau du continent que dans le concert des nations.
compagnie. Son personnel aussi, est impliqué : 5 % du capital a été réservé aux agents de la compagnie. Son lancement effectif, ainsi que les péripéties qui ont entouré son lancement, sont venus cimenter les espoirs de tout un peuple, qui a longtemps subi les abus de compagnies privées opérant en situation de quasi monopole. Congo Airways revient en piste plus de 25 ans après la dernière compagnie nationale.
Pour confirmer son slogan, Congo Airways offre de jolis sourires congolais...Faire du voyage un réel plaisir.
Après 25 ans d’absence… Dans la constitution du capital de la nouvelle compagnie nationale, il a été pris soin d’associer d’autres partenaires publics dont le Fonds de Promotion de l’industrie (FPI), l’Institut National de Sécurité Sociale (INSS), la Régie des Voies Aériennes (RVA), la Gécamines, la SCTP (ex ONATRA) et la Sonas. Des partenaires locaux dont la participation démontre la confiance en l’avenir de cette
primaTure de la république démocraTique du congo E-mail : cabinet@primature.cd - http://www.primature.cd/public/
République e DémocRatique
Du congo congo
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La nouvelle compagnie possède pour le moment deux Airbus A320 : le Laurent-Désiré Kabila et le PatriceEmery Lumumba.
Le Plus de J.A. RD Congo Confidences de
Koffi olomidé « jésus est en moi depuis toujours » alors qu’il a déjà près de 300 chansons à son répertoire, l’artiste sort un nouvel album, Treizième Apôtre. jeune afrique : vous avez annoncé que ce serait votre dernier album composé uniquement de chansons inédites. Pourquoi ? Koffi olomidé : En matière de
musique, particulièrement dans mon pays, le Congo, la retraite n’existe pas. Personne ne tire sa révérence. J’ai composé un peu moins de 300 chansons. Lors de mes concerts, mon problème numéro un, c’est le choix des titres… À chaque fois, on me demande des chansons que j’ai écrites vingt ans plus tôt, alors que j’en ai sorti il y a moins de deux ans. Je ne vais donc plus faire de nouvelles chansons. Cela me donnera le temps d’exécuter presque toutes mes compositions lors de mes concerts. Comment voyez-vous votre avenir ?
J’ai créé le label Koffi Central, qui a produit l’album Treizième Apôtre. Avec ce label, je vais essayer d’aider les jeunes, les encadrer, etc. Faire de la vraie production, c’est-à-dire accom-
SeYLLOu/afp
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l’auteur de l’album. Jésus est en moi depuis toujours. Je suis tout ce que je suis grâce à Dieu, grâce à Jésus. Jésus ne pouvait pas avoir que ses 12 apôtres blancs. L’album est un coffret de 4 CD et 36 chansons. Il y a aussi des moments de danse, d’ambiance, comme on les aime en Afrique. Il doit y avoir 6 à 7 morceaux de ce type, qui accompagnent la trentaine de chansons chantées, pensées et arrangées. Il y a des ballades, des mélodies, etc. C’est le Koffi crooner. Je chante l’amour, je me fais un peu l’avocat de la femme,
Je chante l’amour, je me fais un peu l’avocat de la femme, parce que la vie, c’est la femme. pagner les artistes depuis la création de la chanson jusqu’au tournage du clip, voire jusqu’à la promotion de l’œuvre. Mais que mes fans soient rassurés : je vais continuer à me produire sur scène avec mon orchestre, le Quartier latin international. D’ailleurs, l’album que Koffi Central produira après Treizième Apôtre sera celui du groupe. Je continue à faire mon métier. que contient votre nouvel album ?
Le treizième apôtre, c’est moi, n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
parce que la vie, c’est la femme, après Dieu. le treizième apôtre, un noir… Cet album ne risque-t-il pas de vous attirer les foudres d’une frange de l’église ?
Je m’en moque. Je suis sûr que Jésus est content là où il est. Je suis son petit frère. Il a un adepte, un disciple, un apôtre. La foi est une question entre l’homme et Dieu. Entre l’âme de l’homme, le cœur de l’homme et Dieu. Tous les matins au Congo, il y a de
nouveaux pasteurs, des gens qui nous racontent des histoires. Des gens qui se font de l’argent avec le business de Dieu en disant qu’ils sont ses serviteurs. Ce que je fais, je le fais pour Dieu. Je suis un enfant de Dieu. D’ailleurs, si Dieu n’était pas d’accord avec ce que je fais, cela se serait déjà arrêté. Seriez-vous encore disposé à chanter pour des hommes politiques ?
Quand on est embauché pour chanter, cela ne veut pas dire qu’on est engagé politiquement. Les chauffeurs qui conduisent les hommes politiques ne sont pas forcément de leur parti. Pas plus que les cuisiniers qui leur font à manger. Les chanteurs qui chantent pour les hommes politiques le font parce qu’ils sont sollicités. C’est une prestation de services. vous avez des démêlés avec la justice française. où en est la procédure ?
Avec mes avocats, nous nous battons pour démontrer que c’est une machination. Ça avance plutôt bien. Je le dis haut et fort : je suis complètement innocent. C’est un tissu de mensonges, et c’est très grave. ● Propos recueillis par arthur malu-malu jeune afrique
Communiqué
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équipe de la Direction Retail : De gauche à droite Alice Buyle (Responsable du département Marketing), Francesca Iyolo (Responsable Private Banking), Vagheni Pay Pay (Directeur des agences), Pauline Badila (Responsable du département Retail Banking Center), Diane Ndongedeba (Responsable Stratégie & Coordination Retail / PME), Olivier Duterme (Directeur Retail & Private).
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Difcom/FC - Crédit phoo : D.R.
Plusieurs raisons motivent cette approche
Le Plus de J.A. RD Congo Football
le Daring de Kin veut reprendre l’avantage Désormais coprésidé par deux hommes d’affaires, le député congolais Gentiny Ngobila et le patron français Henri Legarda, le club le plus titré du pays compte redevenir l’un des plus grands d’Afrique.
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n ne l’imaginait pas replonger dans un milieu qu’il avait quitté en 2013, quand le club français du Mans, qu’il dirigeait depuis dix ans, s’était retrouvé en liquidation. Henri Legarda, 67 ans, PDG-fondateur du Groupe Vallée SA (600 salariés répartis dans les secteurs du bâtiment, du désamiantage et des télécommunications), s’est pourtant laissé tenter par une nouvelle aventure, loin du football professionnel français. L’Isérois connaît bien l’Afrique et la RD Congo, où ses affaires le mènent depuis des années. « J’ai des relations de travail et d’amitié avec Gentiny Ngobila. Après son accession, en 2014, à la présidence du Daring Club Motema Pembe [DCMP] Imana, il m’a proposé de le rejoindre et de travailler avec lui afin de mettre sur pied un projet ambitieux, explique Henri Legarda. Le Daring est le club le plus titré
du pays, mais il a perdu de son lustre depuis 2008, année où il a été champion pour la dernière fois. » prêtre belge. Totalisant douze titres de
champion et autant de coupes nationales, le DCMP, fondé en 1936 par un prêtre belge, est, avec son voisin kinois l’AS Vita Club et le TP Mazembe de Lubumbashi, l’une des institutions du football congolais. Mais ses deux grands rivaux se partagent les titres depuis sept ans (même si le club s’est consolé en remportant la Coupe de RD Congo en 2009 et 2010) et ont pris beaucoup d’avance, tant sportive que structurelle. Désormais, le Daring est devenu une société anonyme à objet sportif (SAOS), et Henri Legarda, qui a investi dans le capital du club, s’occupera plus particulièrement de l’économie et du marketing, sans s’interdire de participer au volet sportif.
Ce fut le cas fin août, quand il a favorisé l’arrivée d’un entraîneur adjoint (Daniel Bréard) pour seconder Mwinyi Zahera, d’un directeur sportif (Franco Torchia), d’un secrétaire général (Antoine Sellès), ainsi que de plusieurs joueurs français et africains. « Nous avons convaincu les joueurs de venir en leur proposant des conditions financières intéressantes, basées également sur des objectifs à atteindre, précise Henri Legarda. L’idée est simple : on veut rebâtir le club en le dotant de vraies structures. Cela va bien sûr prendre un peu de temps pour se mettre en place, et c’est pour cela que nous prions les supporters d’être patients. » Le patron français a demandé à certains de ses proches collaborateurs de l’accompagner dans ce retour aux affaires du football, assez loin des standards européens. « Il nous semble important de développer le marketing et le sponsoring,
Constant Omari « Il faut sanctionner, mais pas sans réfléchir » Nommé par Sepp Blatter pour diriger la task force de la fifa contre le racisme, le président de la Fecofa souhaite une répression plus dure, mais plus ciblée.
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ngénieur civil de profession et ancien directeur du port de Kinshasa, Constant Omari, 57 ans, préside la Fédération congolaise de football (Fecofa) depuis 2003 et a intégré le comité exécutif de la Fifa en avril. Il a été nommé fin août à la Commission des réformes de l’institution qui dirige le football mondial et, fin septembre, à la tête de sa task force, chargée de la lutte
n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
contre le racisme. Au niveau national, il a par ailleurs décidé de gérer le dossier des rentes des champions d’Afrique 1968 et 1974, que le gouvernement a cessé de payer. jeune afrIque : Étiez-vous candidat pour diriger la task force de la fifa contre le racisme dans le football ? COnStant OMarI : Pas du
tout. Il n’y a pas eu d’appel à candidatures. Le président
Sepp Blatter m’en a informé lors du comité exécutif de la Fifa du 25 septembre. J’ai été un peu surpris, et bien sûr honoré, car c’est lui qui a proposé mon nom pour diriger cet organe. les actes de racisme sont fréquents…
Soyons clair : il y aura toujours des racistes, éradiquer ce fléau n’est évidemment pas possible. Mais nous pouvons
© Matthieu Zellweger/haythaM Pictures Pour J.a.
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l’atténuer, et de manière concrète. S’y attaquer est une tâche ardue, ce sera un combat de longue haleine. les instances semblent parfois démunies ou timides jeune afrique
les grandes manœuvres panafricain, qui, comme Cristal’O, une marque d’eau minérale, a signé un accord de partenariat avec le DCMP, secondera également le club kinois dans la vente de produits dérivés, « une pratique également peu développée sur le continent », souligne Henri Legarda.
© Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
immaculés. Le secteur de la com-
p De g. à dr. : Antoine Sellès, directeur général du Daring, Gentiny Ngobila et Henri Legarda, coprésidents du club, lors d’un match contre le Shark Football.
ce qui est peu le cas en Afrique. Ce sera la partie française de l’organigramme du club qui s’en chargera, la partie congolaise se concentrant sur l’administratif et les relations institutionnelles. » Doté d’un budget d’environ 2,3 millions d’euros pour la saison 2015-2016, le
dans ce combat. Faut-il se montrer plus répressif ?
Je ne suis pas totalement d’accord avec vous. La Fifa a mis en place cette task force, à laquelle elle donne des moyens. Cela signifie qu’il y a une volonté de s’attaquer au problème, qui n’est évidemment pas bon pour l’image du football, et d’y apporter des solutions. Quant à la répression, je pense effectivement qu’il faut se montrer plus dur. Mais nous disposons déjà d’un arsenal de textes relativement précis. Je vais donc m’atteler à les examiner et, à l’issue de cet examen, nous verrons s’ils sont assez efficaces, s’il y a de quoi sévir en appliquant les textes existants ou si, au contraire, certains d’entre eux présentent des carences. Auquel cas il faudra alors les améliorer. jeune afrique
DCMP a aussi choisi d’ouvrir son capital aux supporters : 600 000 actions ont été mises à leur disposition, au prix unitaire de 25 dollars (22 euros). « Nous serons aidés par Ecobank dans la gestion de cette souscription », poursuit le coprésident du Daring. Le groupe bancaire
Pensez-vous qu’il faille infliger des amendes plus lourdes ou retirer des points aux équipes dont des supporters ont des comportements racistes ?
Prendre des sanctions est une chose nécessaire, mais on ne peut pas le faire sans réfléchir. Beaucoup de questions se posent. Faut-il imposer un huis clos à une équipe et pénaliser une majorité de supporters qui se comportent bien à cause des agissements d’une minorité? Faut-il retirer des points à une équipe alors que ses joueurs n’y sont pour rien ? Il faut travailler encore plus avec les clubs et les fédérations. Il faut également faire de la prévention. Pourquoi la Fecofa a-t-elle décidé de régler le problème des rentes des joueurs
munication, essentiel dans le football moderne, n’a pas été oublié. Legarda a chargé l’entreprise qui avait conçu le site internet du Mans FC de nettoyer celui des Immaculés. Et la nouvelle direction souhaite vendre au moins un tiers de la billetterie via un opérateur de téléphonie partenaire pour que les recettes atterrissent directement sur les comptes du club. « Nous avons aussi renforcé la sécurité dans le stade afin d’inspirer confiance aux partenaires économiques. Quand on veut restructurer un club, il ne faut négliger aucun secteur », poursuit le dirigeant. À plus forte raison quand on veut qu’il redevienne l’un des plus grands d’Afrique, où il n’a plus brillé depuis sa victoire en Coupe des coupes, en 1994. ●
champions d’afrique en 1968 et 1974 (dont certains avaient participé à la coupe du monde 1974) ?
En 2011, ces joueurs avaient reçu, de la bouche même d’Adolphe Muzito, alors Premier ministre congolais, l’assurance de recevoir une rente mensuelle de 500 dollars [441 euros] « pour services rendus à la nation ». Cette somme n’a été versée que pendant quatre mois. Quand Augustin Matata Ponyo a été nommé à la primature, en 2012, les anciens internationaux n’ont plus rien touché, sans aucune explication, alors que cela ne représentait qu’une somme globale mensuelle de 22 500 dollars. comprenez-vous l’attitude du gouvernement ?
alexis BilleBaulT
Je préfère trouver des solutions plutôt que de me poser ce genre de question. Certains anciens joueurs vivent dans le dénuement le plus total, comme Mwepu Ilunga, qui est décédé en mai dernier. Après sa mort, ses anciens coéquipiers ont voulu me rencontrer. J’ai décidé de débloquer les fonds pour suppléer, au moins partiellement, à la défection du gouvernement. Une somme de 200 dollars sera ainsi versée tous les mois aux seuls ex-internationaux vivant encore en RD Congo : quinze vivent dans la capitale, les deux autres à Lubumbashi. Le premier versement a eu lieu en août. En revanche, les familles des joueurs décédés ne toucheront pas cette rente. ● Propos recueillis par alexis BilleBaulT n O 2859 • du 25 au 31 OctObre 2015
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