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SpéciaL InvestIr au Congo-BrazzavIlle

conGo

Les sept piliers de la diversification La première édition du forum ICB, qui se tiendra à Brazzaville du 19 au 21 novembre, est l’occasion pour le pays de revenir sur les principaux secteurs qui, demain, soutiendront sa croissance économique.

C

estuneévidence.Avecunecontribution de 60 % dans la formation du PIB, un apport d’environ 70 % aux recettes budgétaires et de 90 % aux recettes d’exportation, le secteur des hydrocarbures est le poids lourd de l’économie congolaise. Qui reste, de ce fait, très dépendante des fluctuations mondiales subies par l’or noir. Donc vulnérable. En témoigne la chute brutale des cours du baril, qui a durement frappé le Congo en 2014. Un manque à gagner qui a eu un impact négatif sur l’investissement public et, par ricochet, sur le secteur du BTP. Autre conséquence de la chute des cours, le taux de croissance devrait se situer légèrement au-dessous de la barre de 5 % entre 2015 et 2018, contre 7,2 % en 2014, selon l’agence de notation Standard & Poor’s.

© antonIn BorgeauD/eDItIonsDuJaguar

murieL devey maLu-maLu

renforcement. Le Congo n’a pas attendu le

choc pétrolier de 2014 pour prendre conscience des limites d’une économie rentière. Dès le milieu des années 2000, les grandes lignes d’une politique de diversification et d’industrialisation de l’économie congolaise ont été tracées. Mais la mise en œuvre de cette stratégie n’a réellement été engagée qu’à partir de 2012, avec le lancement du Plan national de développement 2012-2016, qui a identifié sept activités susceptibles de stimuler la croissance et de diversifier l’économie hors pétrole brut : l’agriculture et l’agroalimentaire, la forêt et les industries du bois, les produits pétroliers raffinés, les mines, les bâtiments et matériaux de construction, le tourisme et l’hôtellerie, et les services financiers. ● ● ● n o 2860-2861 • Du 1 er au 14 novemBre 2015

© antonIn BorgeauD pour J.a.

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© antonIn Borgeaud pour J.a.

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tp L’agroforesterie (ci-dessus) pourrait concurrencer les revenus tirés du gaz et des hydrocarbures (ci-contre).

© antonIn Borgeaud pour J.a.

q Malgré son potentiel, le tourisme fluvial est quasi inexistant (ici le fleuve Kouilou).

© antonIn Borgeaud pour J.a.

crédit photo

p Côté infrastructures, la modernisation de l’aéroport Maya-Maya, près de Brazzaville, a été achevée en 2013.

t Le port de PointeNoire, une importante plaque tournante pour le commerce sous-régional. n o 2860-2861 • du 1 er au 14 novemBre 2015


Spécial conGrÈS InvestIr au Congo-BrazzavIlle

© antonIn Borgeaud pour J.a.

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Une attention toute particulière a été portée sur les infrastructures économiques de base (transports, eau, énergie, fibre optique) afin qu’elles soutiennent le développement du pays (lire pp. 70-71). Deux indicateurs permettent déjà d’en mesurer l’impact sur l’activité du pays : la croissance constante des secteurs non pétroliers, « à un taux annuel moyen de 8,4 % au cours des trois dernières années », affirmant ainsi leur « contribution à la croissance globale », et l’investissement privé, hors pétrole, passé « de 17,9 % du PIB entre 2000 et 2006 à 25,7 % entre 2007 et 2013 », peut-on lire dans le « Rapport de suivi de la situation économique et financière de la République du Congo » établi par la Banque mondiale en septembre 2014. ●●●

écocertification. Où en est la diversification aujourd’hui sur le terrain? En matière d’agriculture et d’agro-industrie, la relance du cacao, du café, du palmier à huile et de l’hévéa est effective. Mais il faudra attendre quatre à cinq années avant que les productions atteignent leur vitesse de croisière. L’impact est déjà palpable en revanche pour le maïs, le soja et les produits de l’agriculture vivrière, qui affichent des volumes en hausse, dopés par le bitumage des routes et la réhabilitation de pistes agricoles. Dans la filière bois, l’accent est mis sur la gestion durable des forêts, avec des plans d’aménagement forestier et la mise en place d’une écocertification (lire pp. 76-77), tandis que la transformation se développe, particulièrement dans la Sangha et la Likouala, avec la fabrication de meubles, de portes et fenêtres, et même la construction de maisons. Les objectifs fixés par le plan dans le secteur des bâtiments et des matériaux correspondants se concrétisent avec des implantations industrielles (cimenteries, unités de fabrication de fer à béton, de matériaux de construction) qui valorisent les ressources locales (calcaire, argile, bois, fer…). Négligé jusqu’au milieu des années 2000, le secteur n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

p Consolider l’implantation de la grande distribution, la bonne recette pour assurer des débouchés au secteur agricole.

extractif a, pour sa part, enregistré de grandes avancées. Un centre de recherches géologiques et minières a été créé, une carte géologique sera bientôt finalisée, et le code minier est en cours de révision. Actuellement, l’exploration, qui porte principalement sur le fer, la potasse, les phosphates, l’or, les diamants et les polymétaux, mobilise près d’une centaine de sociétés, réparties dans presque tous les départements. Avec douze permis octroyés et quelques conventions signées, l’exploitation devrait démarrer d’ici à la fin de 2016 dans les filières polymétaux (Bouenza et Pool), or (Sangha) et potasse (Kouilou). Pour le fer, tout est suspendu à la remontée des cours mondiaux. Dans le tourisme, les réalisations concernent surtout le parc hôtelier, qui s’est étoffé tant dans les grandes villes qu’à l’intérieur du pays. Une plus grande diversité de niveaux de standing est à présent disponible, en particulier à Pointe-Noire, la capitale économique, et à Brazzaville, la capitale politique. Reste que ce secteur se limite au tourisme d’affaires et, dans une moindre mesure, au tourisme « de conférences ». Malgré un potentiel certain et la présence de quatre parcs nationaux, l’écotourisme a en revanche du mal à décoller, et le tourisme culturel et fluvial est quasi inexistant. Enfin, bien que le Congo compte onze banques, dont les agences s’implantent progressivement à l’intérieur du pays, le secteur financier ne s’est pas encore affirmé comme un pôle de diversification à part entière. Et contribue peu au financement de l’économie. caSSe-tÊte. Un certain nombre d’avancées ont

Organisé à Brazzaville, sous le patronage du président Sassou Nguesso, le forum ICB accueillera durant deux jours plusieurs centaines d’experts économiques locaux et internationaux. Au programme : la stratégie de diversification mise en place au Congo. Plusieurs ateliers seront consacrés aux principaux secteurs d’avenir, dans ce pays qui rêve d’être la porte d’entrée de l’Afrique centrale.

permis de poser les jalons de la diversification. Mais la transformation structurelle de l’économie congolaise reste à venir. D’où la nécessité de redoubler d’efforts pour renforcer les infrastructures de transport, énergétiques et hydrauliques, certes, mais en améliorant le climat des affaires. Deux facteurs considérés conjointement comme des préalables à l’investissement. La mise en place du Haut Conseil du dialogue public-privé, les mesures prises pour accélérer la création d’entreprises, assainir et simplifier le cadre fiscal et juridique ont permis au Congo de se hisser au 178e rang dans le rapport « Doing Business » 2015 de la Banque mondiale, alors qu’il se situait à la 183e place en 2013 (lire p. 68). Les dispositions prises pour aider les PME, considérées comme les acteurs majeurs de la diversification, à se structurer et à améliorer leurs performances et leur gestion sont d’autres points positifs à souligner. Mais la corruption reste élevée, le tissu local de PME-PMI, fragile, la pénurie de compétences, réelle, et le financement de l’économie, un vrai casse-tête. D’où la nécessité pour le Congo de renforcer ses réformes et ses partenariats pour aider l’économie à se transformer et à être moins dépendante de la conjoncture pétrolière. ● jeune afrique


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exemple, reste à développer, notamment dans les domaines déjà identifiés par le plan national de développement [PND], comme l’agroalimentaire ou l’agroforesterie. Le tourisme et les services financiers peuvent aussi contribuer à diversifier l’économie.

IntervIew

Annick Patricia Mongo « Le but ? Sortir du tout-pétrole »

quelle tendance les flux d’investissements suivent-ils au congo ?

Le pays enregistre une progression constante ces dernières années. Selon la Cnuced [Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement], le Congo était en 2014 le deuxième pays subsaharien, derrière l’Afrique du Sud, en matière de flux d’IDE. Concernant les investissements domestiques, l’API prévoit de lancer en 2016 une grande enquête nationale. De nouveaux critères sont actuellement pris en compte par les investisseurs, comme les infrastructures, la stabilité économique, les opportunités de croissance, le cadre de vie pour les salariés, en particulier expatriés… Points sur lesquels le Congo est très bien placé. © baudouin mouanda pour j.a.

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Depuis 2014, une jeune institution s’emploie à améliorer le climat des affaires et à favoriser la diversification. Rencontre avec la directrice générale de l’Agence pour la promotion des investissements.

A

nnick Patricia Mongo est à la tête de l’Agence pour la promotion des investissements (API) depuis 2014. Spécialiste des dossiers délicats, cette avocate de 51 ans a occupé pendant deux ans la direction de l’Autorité de régulation des marchés publics. Le temps de faire de l’appel d’offres une pratique incontournable dans son pays. Sa mission dorénavant : attirer les investisseurs, qui assureront le développement économique du Congo. Jeune Afrique : quelle est selon vous la priorité de l’APi ? Annick PAtriciA Mongo: Sa mission

première est de servir d’outil de diversification à une économie congolaise trop dépendante du pétrole. C’est avec cet objectif, comme le recommandait dès 2009 l’Union européenne, que l’API a vu n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

le jour. Pour l’atteindre, l’agence compte promouvoir et faciliter les investissements privés, contribuer à l’amélioration de l’environnement des affaires et assurer la promotion du pays auprès des investisseurs internationaux comme nationaux. comment se caractérise le secteur privé congolais aujourd’hui ?

Il est toujours largement tourné vers les activités pétrolières et parapétrolières, autour de grands groupes internationaux qui absorbent l’essentiel des investissements directs étrangers [IDE]. À l’échelle nationale, le secteur peine à émerger d’un système qui a longtemps fait la part belle aux entreprises étatiques, dont l’inefficacité n’est plus à démontrer. En 2014, 69 % des IDE ont concerné le secteur pétrolier, qui représente 58,6 % du PIB. La transformation industrielle, par

Avez-vous fait un premier bilan de vos actions ?

En août, après un an d’activité, nous avions traité 162 demandes d’information de la part d’investisseurs locaux ou étrangers, représentant des organismes publics ou privés. Déjà présents sur une quinzaine de forums nationaux et internationaux, nous souhaitons améliorer notre visibilité. Nous avons également réussi à créer une véritable plateforme public-privé dans le pays, tout en harmonisant nos actions avec celles des grandes institutions. Nous avons enfin identifié une centaine de projets d’investissements dans le pays [www.apicongo.org]. que doit faire l’APi pour améliorer encore ses services ?

L’expérience a montré qu’il faut au moins quatre ans pour qu’une agence de promotion atteigne sa vitesse de croisière. Nous sommes donc au milieu du gué. Si l’API se doit d’être encore plus présente à l’extérieur, elle doit, au Congo, affiner son rôle de « pivot » et s’imposer aux autres administrations en tant qu’organisme transversal ayant pour mission d’assurer la promotion des investissements en général. Le développement économique ne pourra se faire qu’en fédérant les énergies. Et c’est exactement la vocation de l’API. ● Propos recueillis par olivier cAslin jeune afrique



Spécial cONGRÈS investir au congo-brazzaville

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transports maritimes

comment bolloré transforme le port de Pointe-noire Sous l’impulsion du groupe français, le terminal à conteneurs est devenu le plus moderne de la sous-région. Et les chantiers d’infrastructures lancés par l’État ne feront que conforter sa position.

L

es temps ont bien changé pour le vieux phare de Pointe-Noire. Construit en 1927, les pieds dans l’eau trouble de la baie, il sert aujourd’hui davantage de vigie aux norias de poids lourds qui font la navette entre les parcs à conteneurs gagnés sur l’Atlantique qu’auxnaviresquicroisentdorénavanttrop loinpourprofiterdeseslumières.Lestrente mètres de hauteur de cette tour octogonale

debétonnedominentmêmeplusl’horizon depuisl’installationdespremiersportiques de manutention, à la fin de 2012. Depuis, la cadence s’est accélérée sur les quais, et les cargos sans âge ont laissé la place à une flotte de porte-conteneurs taillés pour fendre les océans. À cinquante mètres du sol, le regard peut suivre la courbe parfaite que dessine la côte en remontant vers le NordetleGabon,aprèslarade,oùfinissent

de rouiller quelques épaves bercées par les va-et-vient incessants des bateaux de service qui rallient les plateformes pétrolières. L’arrivée de Bolloré Africa Logistics (BAL) aux manettes du terminal à conteneurs, en 2009, a définitivement fait basculer le Port autonome de Pointe-Noire (PAPN) dans le monde maritime du XXIe siècle. Pour le plus grand bonheur du Congo et de la sous-région qui borde le fleuve du même nom. Le port mérite bien l’épithète de « porte océane » pour l’Afrique centrale, dont on l’avait doté dès son lancement. « Le trafic manutentionné ici est à 45 % en lien direct avec Matadi », précise Michel Antonelli, le directeur général de Congo Terminal, l’opérateur détenu par un consortium constitué par BAL à hauteur de 51 %, le danois AP Moller Terminals (APMT, filiale de Maersk) et la Société congolaise de transports (Socotrans).

bLue soLutions… de rechange n septembre, lors des 11e Jeux panafricains, Brazzaville découvre les Blue Solutions de Bolloré. Le groupe français met à cette occasion 14 bus et 50 voitures à la disposition du Congo pour assurer le transport des visiteurs et des athlètes. Des véhicules électriques fonctionnant à l’énergie solaire stockée dans de puissantes batteries LMP (lithium métal polymère)… auxquels il faut trouver une nouvelle affectation une fois les feux de la fête éteints. « Quatre bus sont envoyés à PointeNoire pour être utilisés à Congo Terminals », informe Patricia Ekey-Misse, responsable de la communication chez Africa Bolloré Logistics Congo. Une autre partie est déployée dans les hôtels – comme celui de MayaMaya, à Brazzaville – avec lesquels l’entreprise a conclu des accords portant sur le déplacement des clients. Quelques véhicules seront mis à la disposition des agences de voyages du n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

groupe Bolloré. Pour le reste, l’entreprise planche sur un business model avant de les écouler sur le marché. Les Blue Solutions déboucheront aussi sur la création d’une centrale solaire pour « éclairer »

Impfondo, chef-lieu du département de la Likouala ne disposant que d’une centrale thermique. « Toute la ville sera alimentée en électricité vingt heures sur vingt-quatre », assure Ekey-Misse. Reste à former

une équipe de techniciens à cette nouvelle technologie encore inconnue au Congo, tant pour l’utilisation que pour la maintenance des bornes d’alimentation des véhicules et de la centrale. ● o.c.

t Ces véhicules électriques ont dû trouver une seconde vie après les Jeux.

© bollore africa logistics

e

jeune afrique


ANCRAGE. En cumulant les activités de distribution et de transbordement vers les deux Congos, voire vers la Centrafrique, le PAPN a traité près de 620 000 conteneurs équivalents vingt pieds (EVP) en 2014, contre 50 000 au tournant du millénaire. Avec une surface de stockage doublée, le terminal sera alors dimensionné pour recevoir en même temps cinq navires de dernière génération. Ces fameux liners, d’une capacité de 7 000 EVP et qui ne peuvent accoster, faute d’un tirant d’eau suffisant, dans les ports concurrents de Douala au Cameroun, de Luanda en Angola ou de Matadi et de Boma en RD Congo. « Seule l’arrivée programmée de Kribi risque de changer la donne », confesse Michel Antonelli… pas vraiment inquiet. D’ici à l’ouverture du port camerounais, PointeNoire devrait conforter sa position dans la région et confirmer son rôle de point d’ancrage entre Tanger et les grands ports sud-africains pour des compagnies qui, lorsqu’elles n’y font pas encore escale, en étudient la possibilité. D’autant que les longs travaux de réhabilitation des « pénétrantes » routières et ferroviaires en direction de l’hinterland s’achèvent. La ligne du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) poursuit sa modernisation pendant que le chantier de la RN1, tirée entre Pointe-Noire et Brazzaville, devrait être bouclé au début de 2016. Sans oublier la métamorphose en cours du terminal fluvial de Brazzaville, qui, accompagnée de la rénovation du chapelet de ports secondaires qui longe le fleuve jusqu’en Centrafrique, doit redonner une nouvelle jeunesse au trafic sur le Congo, en berne depuis des années. « Autant d’infrastructures qui vont renforcer le positionnement du PAPN en matière de transit des marchandises », estime Michel Antonelli. Sur le port, les équipes de terrassement finissent de déverser dans la baie le remblai sur lequel reposera la future extension du terminal, alors que doivent être livrés en décembre deux nouveaux portiques qui viendront s’ajouter aux quatre déjà présents sur les quais. Pour rentabiliser l’espace, les responsables de Congo Terminals ont déjà prévu de raser dès l’an prochain les anciens silos à céréales toujours implantés au cœur des terre-pleins. Histoire de gagner les quelques mètres carrés supplémentaires qui feront peut-être la différence face à la concurrence. ● OliviER CAsliN jeune afrique

© Antonin BorgeAud pour J.A.

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p Le PAPN a traité près de 620 000 conteneurs EVP en 2014, contre 50 000 au tournant du millénaire.

GRANdEs AMBiTiONs Avec un investissement de 545 millions d’euros durant les vingt-sept années de la concession remportée en 2009, Bolloré Africa Logistics et ses partenaires espèrent dépasser la barre du million d’EVP (un conteneur de 1 équivalent vingt pieds contient environ 38 m3) avant dix ans. Et pendant que les pouvoirs publics s’occupent de porter à 15 m l’actuel tirant d’eau de 13,2 m, CongoTerminals poursuit l’extension des linéaires de quais, qui O.C. devraient atteindre 1 500 m dès 2016. ● n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015


Spécial cONGRÈS investir au congo-Brazzaville

t Avec le président Sassou Nguesso et sa femme (en bleu), lors de l’inauguration de l’aéroport AgostinhoNeto, à Pointe-Noire. aérien

« mama ecair » a trouvé sa vitesse de croisière

En l’espace de quatre ans, Fatima Beyina-Moussa, à la tête d’equatorial congo airlines, a permis à la compagnie nationale de s’imposer dans le ciel africain. Et voit désormais au-delà.

Q

uelle meilleure inspiration que celle de confier les commandes d’une compagnie aérienne à une grande voyageuse! Surtout lorsqu’elle met ses périples à profit pour engranger les diplômes. Rien ne semblait destiner Fatima Beyina-Moussa, économiste de formation et passée par les plus grandes institutions financières, à prendre un jour les manettes d’Equatorial Congo Airlines (ECAir). C’est pourtant à la fille de son ancien Premier ministre Pierre Moussa que le président Denis Sassou Nguesso pense, dès 2010, lorsqu’il cherche qui nommer à la tête de la toute nouvelle compagnie alors en projet. Peut-être parce que Fatima a passé sa vie dans les avions. Née à Dakar, elle vit au Congo jusqu’à l’âge de 12 ans, puis effectue sa scolarité en France avant d’intégrer HEC au Canada, bac en poche. Entre-temps, elle multiplie les séjours en Europe et en Amérique du Nord, ainsi que les allers-retours vers Brazzaville. « Enfant, déjà, je suivais mon père à travers toute l’Afrique de l’Ouest », se souvient la directrice générale. Il faut n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

attendre 1999 pour qu’elle décide de poser un temps ses valises dans ce Congo qui lui a souvent manqué. rêve américain. Aujourd’hui, à 42 ans,

Fatima Beyina-Moussa a pris de l’altitude dans son pays. Et a acquis suffisamment de maîtrisepourfaired’ECAirunecompagnie qui compte en Afrique centrale et au-delà. « C’est la première fois que j’aime à ce point ce que je fais », déclare celle qui ne regrette

enfant déjà, elle voyageait beaucoup avec son père, le ministre Pierre moussa. pas son poste de haut fonctionnaire à la Beac, mais dont elle a démissionné pour aller à New York, au Pnud. Trois années « géniales » pour Fatima, qui, une fois son rêve américain réalisé, se sent « prête à tous les combats ». Elle en trouve un à la hauteur de ses attentes quelque temps après son retour au pays.Le gouvernement lui confie l’installation d’un transporteur

aérien… sur un continent qui en a englouti plus d’un. Et elle portera ECAir sur les fonts baptismaux en 2011. Définir le business plan, trouver les financements, réunir la flotte et les équipages, signer des partenariats techniques et commerciaux, elle ne ménage pas sa peine. « Il faut avoir l’esprit agile », confesse Fatima Beyina-Moussa. Ce dont elle fait preuve en créant une desserte vers Kinshasa par navette fluviale ou une liaison par autocar entre Bruxelles et l’aéroport Charles-de-Gaulle, à Paris, où ECAir fait escale quotidiennement. Avec l’objectif initial de devenir « la compagnie de référence de l’Afrique centrale en suivant l’exemple d’EthiopianAirlines », selon la formule de sa directrice générale, ECAir n’en finit pas de tisser sa toile à traverslecontinent.AprèsDoualaetCotonou, la compagnie dessert Libreville, Dakar et Bamako. Hors du continent, outre Paris et Dubaï, elle vient d’élargir son offre à Beyrouth, en attendant la Chine et les États-Unis, en 2016. À la tête de l’une des entreprises de transport aérien les mieux structurées du continent, Fatima Beyina-Moussa est adoubée par ses pairs et nommée, en 2014 et pour un an, présidente de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa) jusqu’à l’assemblée générale prochaine, début novembre à Brazzaville. Sur ses terres. De quoi ajouter à la fierté de « Mama ECAir », comme la surnomment ses employés. ● OLivier caSLin jeune afrique

© ecair

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PUBLI-INFORMATION Direction Générale Des impôts et Des Domaines Du conGo Brazzaville

UN SYTÈME FISCAL TRÈS ATTRACTIF Investir au Congo grâce à une fiscalité attractive dans les secteurs de l’agriculture, l’élevage, la pisciculture, la pêche, la fabrication, la transformation et le conditionnement des produits agricoles et de la fabrication des aliments de bétail. Restructuration du régime fiscal du secteur de l’agriculture, l’élevage, la pisciculture et la pêche continentale.

Les avantages fiscaux y relatifs s’appliqueront aux entreprises qui réaliseront un investissement supérieur ou égal à 40 000 000 F CFA Ces avantages fiscaux se présentent ainsi qu’il suit :

les avantages fiscaux de ce régime sont partagés entre les impôts d’état et les impôts locaux. en voici le détail :

• L’IS, la T.S.S et l’IRPP catégorie BIC. • Exonération totale de l’IS, de la TSS et de l’IRPP catégorie BIC sur les 3 premières années d’exercice ;

• Exonération totale de l’impôt sur les bénéfices réalisés par les sociétés d’exploitation exclusivement agricole, agropostale, avicole ou piscicole pour une durée indéterminée ; • Exonération totale pour une durée indéterminée de l’IRPP - catégorie bénéfice agricole pour l’exploitant ; • Exonération totale des intrants agropastoraux et piscicoles à la tva ; • Exonération totale des petits matériels de pêche à la tva ; • Exonération totale des engins, machines et matériels agricoles à la tva ;

Professeur Antoine NGAKOSSO Directeur Général des Impôts et des Domaines du Congo Brazzaville d’une étendue inférieure à 5 ha, exploités dans un rayon de 25 km des agglomérations urbaines et destinés exclusivement à des cultures maraîchères

• Autorisation de pratiquer les amortissements dégressifs ou accélérés ; • Autorisation de reporter les résultats négatifs sur les trois exercices suivants ; • Réduction de 50% de l’IS et de la TSS de la 4ème à la 5ème année d’exercice ; • Application du taux du droit commun à partir de la 6ème année d’exercice ;

• Exonération pour une durée de 10 ans des terrains plantés en hévéas ou palmiers à huile ;

• Au-delà de la sixième année, toute entreprise qui réalise au moins 1/3 des immobilisations existantes au cours d’un exercice fiscal, bénéficie d’une réduction de 50 % de l’impôt sur les bénéfices des sociétés au cours des trois années qui suivent la réalisation des investissements.

• Exonération pour une durée de 6ans des terrains utilisés pour l’élevage de gros bétail ou défrichés et ensemencés ;

• Exonération à la TVA des produits du cru produits au congo par les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs et les chasseurs.

• Exonération pour une durée de 8 ans des terrains plantés en arbres fruitiers ;

La taxe unique sur les salaires (TUS) :

• Exonération pour une durée de 7 ans des terrains plantés en cafetiers ou cacaoyers ;

Taxe unique sur les salaires (TUS) :

• Enfin, pour toutes les autres cultures ou plantations, l’exonération est de 3 ans.

• Exonération totale de la taxe unique sur les salaires (TUS) sur les trois premières années d’exercice ;

• Exonération de la taxe unique sur les salaires (tus) supportées par l’employeur ; • Exonération des droits d’enregistrement et de timbre sur l’enregistrement des contrats de prêt pour investissement conclut avec une banque implantée au Congo ;

La taxe foncière sur les propriétés bâties

• Application du taux du droit commun à partir de la 6ème année d’exercice.

Sont exonérés de la taxe foncière sur les propriétés bâties :

Les droits d’enregistrement et de timbre :

• Exonération des droits d’enregistrement et de timbre sur l’enregistrement des statuts à la création d’une entreprise ;

• Les bâtiments servant aux exploitations rurales, telles que granges, hangars, greniers, caves, celliers, pressoirs et autres, destinés, soit à loger les bestiaux, soit à serrer les récoltes ;

• Exonération partielle des droits d’enregistrement et de timbre sur les actes d’augmentation de capital et de prorogation des sociétés ;

• Les bâtiments affectés à un usage agricole par les unions de coopératives agricoles et les coopératives de consommation.

• Exonération de la taxe sur les transferts de fonds relatifs aux transferts destinés au remboursement des emprunts contractés à l’étranger pour la réalisation d’un programme d’investissement conclut avec le gouvernement congolais.

LES IMpôTS LoCAUx Pour ce qui est des impôts locaux, les exonérations portent sur trois types d’impôts ainsi qu’il suit : • La taxe foncière sur les propriétés non bâties • Exonération totale permanente de terrains

• Réduction de 50% de la TUS de la 4ème à la 5ème année d’exercice ;

La patente

• Exonération des droits d’enregistrement et de timbre à la création de l’entreprise ; • Réduction de 50% des droits d’enregistrement et de timbre pour l’augmentation du capital, fusion de sociétés, mutations des actions et parts sociales pendant les cinq premières années. La TVA

• Les cultivateurs, éleveurs, pêcheurs et piroguiers sont exonérés de la patente ;

• Application d’une TVA au taux zéro sur les productions destinées à l’exportation.

• Toutes les entreprises nouvelles au Congo sont exonérées du paiement de la patente au titre de la première année de l’exercice de l’activité.

Chers contribuables, Avec de telles dispositions fiscales aussi attrayantes, le Président de la République du Congo et son gouvernement, invitent tous les détenteurs des capitaux (nationaux ou étrangers) à investir massivement aux Congo.

Régime fiscal des entreprises de fabrication d’aliments de bétail, de transformation et de conditionnement des produits de l’agriculture, de l’élevage, de la pisciculture et de la pêche continentale.

www.impots-gouv.cg

Le Directeur Général, Antoine NGAKOSSO

DIFCOM/FC - Photos : DR

LES IMpôTS d’ÉTAT S’agissant tout d’abord des impôts d’État, les exonérations portent sur 6 types d’impôts ainsi qu’il suit :


Banque des États de l’Afrique Centrale

BEAC

Banque des États de l’Afrique Centrale

Pilier de la coopération monétaire et socle de l’intégration économique en Afrique Centrale

L

a Banque Centrale des six États qui constituent la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale, la CEMAC :

Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale et Tchad. Établissement public international africain, la BEAC a été créée dans le cadre des accords de coopération monétaire signés à Brazzaville, au Congo, les 22 et

Garant de la politique monétaire La BEAC émet le franc de la coopé-

23 novembre 1972.

ration monétaire en Afrique Centrale

Depuis cette date, la BEAC accomplit les missions

libératoire sur le territoire de l’ensemble

suivantes au service des pays de la CEMAC : ● définition et conduite de la politique monétaire de

l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC ou Union) ;

(F CFA), ayant cours légal et pouvoir des six pays de l’UMAC et elle en garantit la stabilité. En outre, la BEAC est chargée de définir et de conduire la politique moné-

● émission de la monnaie fiduciaire ;

taire de l’UMAC, de conduire la politique

● conduite de la politique de change de l’Union ;

de change, de promouvoir la stabilité

● gestion des réserves officielles de change des États

membres ; ● supervision des systèmes de paiement et de règlement ; ● promotion de la stabilité financière dans l’Union.

PUBLI-INFORMATION

financière, de détenir et de gérer les réserves officielles de change des États membres, de promouvoir et de veiller au bon fonctionnement des systèmes de paiement et de règlement.


Partenaire fiable et engagé au service

tique monétaire pour améliorer l’intermédiation financière et l’approfondissement des marchés de capitaux, facteurs favorables au financement des investissements. D’ores et déjà, depuis 2010, après

des États-membres, des acteurs éco-

avoir porté sa participation dans le capi-

nomiques et des populations de la CE-

tal de la BDEAC de 6 % à 32 %, la BEAC

MAC, la BEAC est également un organe

a lancé en novembre 2011 le marché

engagé dans le développement et l’intégration économique en Afrique Centrale. Sans préjudice de son objectif de stabilité financière, elle apporte son soutien aux politiques économiques générales élaborées par les États-membres. Elle prend aussi une part active à la promotion et au renforcement des marchés de

des titres publics émis par adjudication et fait adopter par le Comité ministériel de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC), en octobre 2012, deux règlements CEMAC relatifs au taux effectif global et à l’usure. Elle a relevé, en mars 2013, le plafond réglementaire des créances totales de la BEAC sur chacun des États de la CEMAC, puis a consa-

capitaux en Afrique Centrale pour mieux

cré, en octobre 2013, l’élargissement de

appuyer le développement et l’intégra-

la gamme des actifs admissibles comme

tion économiques dans la CEMAC. À

collatéral des opérations de politique

cet effet, elle encadre et favorise les

monétaire.

émissions de titres publics par les États membres et œuvre à la construction d’un système bancaire sain et solide. La BEAC entretient des relations bilatérales étroites avec plusieurs de ses homologues africains et participe activement au rayonnement de l’Association des Banques Centrales Africaines

Enfin, la BEAC a approuvé, en décembre 2014, deux projets de règlements CEMAC pour redynamiser le marché interbancaire à travers, d’une part, le dispositif d’encadrement des opérations de pension livrée et, d’autre part, l’institution d’un marché des titres de créances négociables. Ces diverses actions visent à renfor-

(ABCA) dont elle accueillera en août

cer l’efficacité de la politique monétaire

prochain la 38ème session ordinaire.

commune et à garantir par conséquent

S’appuyant sur l’esprit de solidarité et de discipline de ses États membres, la BEAC est résolument engagée à appor-

le financement non inflationniste des économies de la CEMAC. Elles vont se poursuivre en 2015 avec,

ter son concours à l’émergence écono-

notamment :

mique des États de la CEMAC au béné-

I- le lancement d’une base des données

fice de leurs populations.

économiques, monétaires et financières

Le plan d’action 2015

(BDEMF) ; II- la création d’une centrale des bilans,

Dans ce cadre, et compte tenu de

pour améliorer l’information sur les en-

l’évolution des économies de la CEMAC

treprises et ainsi encourager leur finan-

en 2014 (lire le mot du Gouverneur ci-

cement ;

contre), la BEAC engagera cette année ses actions suivant trois objectifs :

Lucas Abaga Nchama Gouverneur de la BEAC L’année 2014 aura été marquée par une reprise au ralenti de l’économie mondiale et le repli des cours des matières premières exportées par les pays de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), singulièrement le pétrole.Cependant, en dépit de cette évolution, l’expansion économique de la CEMAC s’est poursuivie grâce au dynamisme du secteur non pétrolier et des investissements publics, avec un taux de croissance du PIB réel estimé à 4,4 % en 2014, contre 1,6 % en 2013. Dans cette perspective, et sans préjudice de ses missions statutaires, la BEAC continuera de soutenir le développement des économies de la CEMAC en général, et les politiques d’émergence engagées dans les différents États de la Communauté

III- l’instauration d’une méthodologie moderne de gestion de la liquidité ban-

I- la promotion continue des systèmes et

caire sur le marché monétaire pour une

moyens de paiement modernes pour une

régulation optimale du refinancement du

inclusion financière accrue ;

système bancaire par la Banque Cen-

II- le suivi de la stabilité du système fi-

trale, afin de garantir un environnement

nancier sous régional ;

non inflationniste, indispensable à une

III- la poursuite de la réforme de sa poli-

durable des pays de la CEMAC.

croissance économique harmonieuse et

Banque des États de l’Afrique Centrale

BP 1917, Yaoundé, Cameroun Tél. : (+237) 222 23 40 30/222 23 40 60 Fax : (+237) 222 23 34 68

www.beac.int

Réalisation DIFCOM - Photos : D.R.

Acteur du développement et de l’intégration économique en Afrique Centrale


spécial congrÈs InvestIr au Congo-BrazzavIlle

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environnement

Toujours plus vert Bien que les arbres recouvrent déjà plus de 60 % du territoire, les autorités lancent un programme de plantations. Objectif : réparer les dégâts causés par l’homme et développer durablement la forêt. Dans l’air du temps.

c

ela pourrait apparaître comme un non-sens dans un pays dont plus de 60 % du territoire est couvert de forêts denses et dont le taux de déboisement est à peine de 0,05 %. Et pourtant le Congo replante pour mieux préserver sa forêt naturelle. Pour cela, un Programme national d’afforestation et de reboisement (Pronar) a été mis en place, doté d’un budget d’environ 1,2 milliard de F CFA (1,8 million d’euros). Le reboisement vise à reconstruire le couvert forestier dégradé par les activités humaines, telles que la récolte de bois de chauffe, qui touche particulièrement la périphérie des villes, l’agriculture itinérante sur brûlis, les cultures agro-industrielles ou la surexploitation forestière. « Même si le taux de déboisement est très faible, des espèces forestières ont disparu dans certaines régions. Ainsi, dans le Pool, il y a eu des zones entières déboisées à la suite des conflits qu’a connus ce département », explique François Makessi, chercheur et superviseur chargé des opérations techniques du Pronar. L’opération cible deux zones forestières dégradées : celle de forêt dense primaire située dans le nord du Congo (Sangha, Likouala et les deux Cuvettes) et celle localisée dans le centre (Pool et

Plateaux) et le sud du pays (Bouenza, Niari et Kouilou). Le reboisement est généralement réalisé avec des espèces fruitières, adaptées au climat et aux sols des espaces ciblés. « On forme les agriculteurs à l’agroforesterie pour réduire la pression anthropique sur la forêt », confirme Alexis Minga, conseiller du ministre de l’Économie forestière et du Développement durable. Dans la majorité des cas, le reboisement s’accompagne d’activités agricoles ou d’élevage. Pas question en effet de pratiquer une monoculture dans les zones à reboiser. Une manière pour les cultivateurs de se nourrir et de tirer des revenus de leurs activités agroforestières sans détruire le couvert forestier et tout en enrichissant les sols. Dans le centre et le sud du pays, « la fumure permet d’enrichir les sols et d’augmenter les rendements agricoles sans apport d’engrais chimique », explique Jean-Dominique Bescond, responsable du projet cacao à la Compagnie industrielle des bois (CIB), filiale du groupe singapourien Olam. Même logique en zone de forêt dense, où le reboisement des jachères, grâce à plusieurs espèces agroforestières (safoutiers, avocatiers, cacaoyers, bananiers, voire agrumes), est associé à la culture vivrière – manioc ou

p Les campagnes nationales d’afforestation et de reboisement sont dotées d’un budget d’environ 1,8 milliard d’euros.

maïs. En outre, la rotation des cultures et de nouvelles pratiques agricoles, plus productives, y sont vivement encouragées. Une approche qui permet d’assurer la durabilité environnementale et socio-économique des zones concernées. « La forêt est protégée, et si le prix

Un projeT piloTe conTre les gaz à effeT De serre

i

mplantée dans les départements de la Sangha et de la Likouala, la Compagnie industrielle des bois (CIB) a lancé, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec le ministère de l’Économie forestière et du Développement durable, le projet pilote REDD+ (réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation forestière) Pikounda Nord. L’entreprise s’est engagée à valoriser

n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015

cette Unité forestière d’exploitation (UFE) en générant et en commercialisant des crédits carbone REDD+. Démarré en 2008, le projet vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation et aux activités entraînant la dégradation des forêts. Il a été lancé dans la Sangha et la Likouala, les deux plus grands départements forestiers du Congo. L’UFE Pikounda Nord s’étend dans

le sud de la Sangha sur 92 500 hectares, dont 60 % sont situés sur terre ferme et 40 % sur terre inondée. La zone n’est pas habitée. « En 2012, nous avons décidé de ne pas exploiter cette UFE, acquise en 2002, pour nous inscrire dans la logique REDD+ », explique JeanDominique Bescond, de la CIB. Reste à trouver des acheteurs de crédit carbone. Après l’effondrement du prix de la tonne de CO2, tombé à moins de 2 dollars

(environ 1,8 euro), un montant nettement inférieur à ce que rapporterait l’exploitation forestière de l’UFE, le marché semble se redresser. À l’approche de la tenue de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP21), qui se déroulera à partir du 30 novembre à Paris, on annonce en effet que le montant de la tonne de CO2 pourrait grimper à 15 ou 20 dollars. ● M.D.M.-M. jeune afrique


muriel devey malu-malu

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d’un produit chute sur le marché, le cultivateur peut équilibrer ses revenus avec la vente des autres productions », commente Bescond. Bien que le Congo en maîtrise les techniques, le reboisement avec des essences naturelles tropicales est rarement pratiqué, car coûteux et difficile à mettre en œuvre. « Mieux vaut exploiter et aménager durablement la forêt. Ainsi, elle se reconstitue naturellement », ajoute encore le responsable cacao de la CIB. Artificielles. Autre méthode utilisée,

l’afforestation. Elle n’a pas vocation à réparer mais consiste à créer des plantations artificielles à des fins alimentaires ou industrielles. C’est en 2011 que le Pronar a lancé son opération de création de « 1 million d’hectares de forêts artificielles dans l’ensemble du Congo, entre 2011 et 2020 », explique le Dr Rosalie Matondo, conseillère du chef de l’État et coordinatrice du Pronar. Cette opération, qui s’inscrit dans la lutte contre les changements climatiques jeune afrique

et la promotion de l’économie verte, associe les collectivités, les communautés locales, le secteur privé, les familles, les particuliers et la société civile. Parmi les variétés ciblées par le projet figurent les arbres fruitiers consommés à des fins alimentaires. Les essences à croissance rapide, comme les eucalyptus ou les acacias, ont divers débouchés selon qu’elles sont utilisées pour les feuilles,

Des petits opérateurs locaux s’intéressent également à cette activité, souvent aidés par les techniciens et les ingénieurs du Service national de reboisement (SNR). En revanche, l’essor des plantations industrielles, qui représentent 70 % du programme, est un peu plus timide. Il est vrai que l’un des freins au développement des opérations d’afforestation est l’accès à la terre et au financement. Pour résoudre la première contrainte, quelques efforts À cause des conflits dans le sont faits. « L’État est engagé département du Pool, des zones dans la création de réserves foncières qui sont mises à la entières ont été déboisées. disposition des industriels l’écorce ou le bois, dans la fabrication sous forme de concessions. À la suite du de charbon de bois, d’huiles essentielles lancement du programme national d’afet de poteaux. Une grande expérience a fectation des terres, quelque 110 000 ha été menée au Congo avec la forêt d’eucasont en cours de classement. Les objectifs lyptus de Pointe-Noire, dont les troncs assignés aux terres et aux plantations alimentent une unité de fabrication de sont connus et clairs », affirme Makessi. rondins, en majorité exportés. Mais la question du financement n’est L’afforestation mobilise de plus en plus pas encore réglée. ● d’associations, en particulier dans le Pool muriel devey mAlu-mAlu, ou autour des grands centres urbains. envoyée spéciale à Brazzaville n O 2860-2861 • du 1 er au 14 nOvembre 2015


À LA TÊTE DE L’AFRAA :

UNE ANNÉE SOUS LE SIGNE DE LA COOPÉRATION

Fatima Beyina-Moussa, directrice générale d’ECAir, la compagnie aérienne nationale de la République du Congo, présidente de l’AFRAA, l’Association des compagnies aériennes d’Afrique, depuis novembre 2014, arrive au terme de son mandat. Elle présidera la 47ème assemblée générale de l’AFRAA, qui se tient du 8 au 10 novembre à Brazzaville, sous le thème “Cieux ouverts : Croissance par la compétition et la collaboration”.

Mai 2015 Cérémonie de décoration du SG de l’OACI à Brazzaville

© ECAir

De gauche à droite, Rodolphe Adada, Ministre d’Etat aux Transports, à l’Aviation civile et à la Marine marchande du Congo, avec Fatima Beyina-Moussa, Raymond Benjamin, secrétaire général de l’OACI à l’époque, Serge Dzota, directeur général de l’Agence nationale de l’Aviation civile.

Juin 2015 Forum IATA Aviation day à Nairobi

© ECAir

Fatima Beyina-Moussa, entourée par le Dr Elijah Chingosho, secrétaire général de l’AFRAA et Tony Tyler, directeur général de l’Association des compagnies aériennes d’Afrique (IATA), lors de IATA Aviation day à Nairobi.

Juin 2015 Assemblée générale de IATA à Miami

© ECAir

© ECAir

De gauche à droite : Le secrétaire général de l’AFRAA, le vice-président IATA pour l’Afrique, le directeur général de Kenya Aiways, Fatima Beyina-Moussa, le président du conseil d’administration de Rwandair, le président directeur général de Rwandair, le directeur de Ethiopian Airlines.

Août 2015 Rencontre avec la Présidente de l’UA à Addis-Abeba

Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’UA, et Fatima Beyina-Moussa, directrice générale d’ECAir et présidente de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA), ont discuté des défis qui se posent aux compagnies aériennes africaines.



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