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Algérie

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Spécial

18

Dans la tête de Mediène

pages

DJIB

Quel aOUTI venir ? Le chef de l’Ét m

jeuneafrique.com

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • n° 2862 • du 15 au 21 novembre 2015

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Dossier

Télécoms & internet

série noire

Sale temps pour MTN

start-up

Pourquoi elles ne décollent pas

n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

jeune afrique


IntervIew

Hassanein Hiridjee Président

du conseil d’administration deTelma

stratégIe

Airtel songe-t-il à quitter l’Afrique ?

e Casablanca à Brazzaville, elles poussent comme des champignons. Les idées et le courage sont là. Mais les start‑up africaines peinent encore à transformer l’essai. Pourtant, la plupart des états du continent affir‑ ment vouloir placer l’innovation au cœur de leur stratégie de développement. Comme elle l’a fait en adoptant le mobile avant même d’être équipée de grands réseaux filaires, l’Afrique pourrait, selon certains spécialistes, réaliser un bond technologique qui lui permettrait de rattraper son retard. Paul Kagamé l’a même inscrit dans son projet Vision 2020, dont l’objectif est de faire du Rwanda un pays à revenu intermédiaire en sautant la phase d’industrialisation. « Il y a une réelle volonté politique, confirme Claudette Irere, directrice générale du kLab, un incubateur consacré aux nouvelles technologies installé à Kigali. Le ministère des Technologies de l’infor‑ mation et de la communication et le Rwanda Development Board sont très à l’écoute. Mais seuls 2 % des projets aboutissent. » Au Maghreb, où des stratégies nationales ont là aussi été élaborées – Maroc Numeric 2020, Tunisie Digitale 2018, e‑Algérie –, même constat. Et la création de technopôles (à Casablanca, Rabat, Sfax, Oran…), censés fournir un environnement favorable aux start‑up, n’y change rien. « La lour‑ deur des procédures, notamment administratives, freine les initiatives entrepreneuriales », soupire Badreddine Ouali, PDG de la société d’édition de logiciels bancaires Vermeg et président de Réseau Entreprendre Tunis.

© desire garcia/max ppp

Thaïs brouck à Kigali et ryaDh benlahrech, avec Julien clémençoT

jeune afrique

Motorola joue la carte de la sécurité

D

t Aphrodice Mutangana, patron du groupe rwandais Foyo, qui a développé l’application mobile m-Health, au kLab, l’incubateur de Kigali.

Ils sont jeunes, connectés, et débordent d’idées pour accélérer la révolution numérique sur le continent. Mais parmi leurs projets, très peu rencontrent le succès. Difficultés de financement et mauvaise lecture du marché expliquent cet échec relatif.

sûreté

« business angels ». La situation est encore

plus difficile dans les pays où le développement des start‑up n’est pas soutenu par l’état. Comme au Cameroun, regrette Churchill Nanje Mambe, créateur de Njorku, un moteur de recherche spé‑ cialisé dans les offres d’emploi en Afrique. Or, sans appui extérieur, les entrepreneurs du secteur peinent à voir aboutir leurs projets… « Ils ne font pas assez d’études de marché, analyse le Rwandais Aphrodice Mutangana, jeune patron du groupe Foyo (lire p. 118). Ils ont une idée, mais ils ne se rendent pas compte qu’elle est difficile à vendre. » D’où l’intérêt d’être accompagnés par des structures comme Wiki Start Up, fondée par le Tunisien Mondher Khanfir et organisée autour d’un réseau de business angels (des investisseurs privés apportant aussi leur expérience), qui assiste notamment le studio de production de jeux vidéo Digital Mania. « Ces structures apportent les ● ● ● n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

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Dossier Télécoms & internet

© issouf sanogo/afp

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outils nécessaires au développement des idées », explique Sedjro Boris Houssou, de la plateforme Africa Web Lab. Pour Karim Sy, fondateur du réseau de coworking (travail collaboratif ) Jokkolabs, il ne faut cependant pas se tromper de méthode. « Trop souvent, on forme des managers et non des entrepreneurs, estime-t-il. Plutôt que de travailler encore et encore sur un plan d’affaires, mieux vaut aller au plus vite sur le marché pour confronter son idée à la réalité. Appuyer une startup pendant quatre ans ne sert à rien. Si l’idée est bonne, en six mois, l’entreprise doit décoller. » Il donne pour exemple la start-up sénégalaise Wizili, plateforme de création de jeux-concours web et mobile : en deux ans, elle a investi sept pays sans devoir procéder à une levée de fonds. Selon lui, rares sont les pays où les pouvoirs publics auraient compris la révolution portée par les nouvelles technologies. « En Afrique, on privilégie encore l’approche des opérateurs télécoms, qui ont tendance à internaliser le développement des innovations, alors que des entreprises comme Google s’appuient sur les communautés de codeurs en utilisant des logiciels open source, dont le code source est librement accessible », compare un acteur de la sphère internet au Sénégal. ●●●

allergiques. Au-delà de l’accompagnement

par des experts, la principale difficulté pour les entrepreneurs demeure l’accès au capital. « Les banques et les entreprises ne savent pas ce qu’est une start-up, elles sont allergiques aux risques et ne n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

p Des étudiants du programme « Afrique Innovation, réinventer les médias » à l’école supérieure africaine des TIC d’Abidjan, en avril.

veulent pas acheter une idée. Et les taux d’intérêt sont beaucoup trop élevés », explique Claudette Irere. « Il reste un problème évident d’amorçage et de financement, confirme Zineb Rharrasse, directrice générale de l’association StartUp Maroc. Il faudrait que davantage de start-up parviennent à lever des fonds. » Pour rencontrer des investisseurs, beaucoup de jeunes patrons misent sur des événements comme Start Up Connect, organisé à Lubumbashi début octobre – une première en RD Congo. « Ce type d’initiative est très important pour accéder à des financements, affirme Sedjro Boris Houssou. C’est l’occasion d’y rencontrer les business angels, qui, dans le monde des start-up, prennent la place des banques. » Des concours tels Innovation Prize for Africa, le prix Orange de l’entrepreneur social ou le programme Meet-up, concours… de la Fondation Tony Elumelu Tous les moyens sont permettent également de se bons pour se faire faire connaître et d’obtenir des financements. Au Technopark de connaître et rencontrer Casablanca, 60 start-up locales les investisseurs. se sont ainsi réunies les 24 et 25 octobre à l’initiative de StartUp Maroc, dans l’espoir d’être sélectionnées pour participer à des concours internationaux. Leur modèle : ScreenDy (lire p. 118), une plateforme de développement d’applications mobiles, qui, après avoir décroché plusieurs prix à l’international, dont un prestigieux MIT Award, a ouvert cette année un bureau dans la Silicon Valley. ● jeune afrique



Dossier Télécoms & internet

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Quatre Startup à SuiVre

Airshop (Côte d’Ivoire)

L’appli parée au décollage

© DR

T

ScreenDy (Maroc)

De Casablanca à la Silicon Valley

F

ondée fin 2012, ScreenDy a développé une interface permettant de créer sur mesure et très facilement des applications mobiles. Lancée gratuitement fin septembre, elle a déjà remporté plusieurs prix à l’international, dont le prestigieux MIT Enterprise Forum Arab Startup Award. En attendant la mise en place d’une offre payante dans six mois, la société a déjà généré, selon son fondateur, Mehdi Alaoui (photo), près de 1 million de dollars (environ 929 000 euros) de revenus cumulés en revendant des applications. Parmi sa cinquantaine de clients : Microsoft et le gouvernement de Dubaï. Pour bénéficier d’un environnement plus favorable, Mehdi Alaoui et le second cofondateur, Khalid Tabyaoui, se sont installés dans la Silicon Valley en mars ; leurs 13 employés sont, eux, basés à Casablanca. ScreenDy prépare une deuxième levée de fonds d’ici à la fin de l’année, après celle de 300 000 euros effectuée auprès de deux business angels français. Cette fois-ci, le montant visé est de 5 millions de dollars. Une dizaine d’investisseurs seraient déjà intéressés. ● r.b.

Foyo (Rwanda) La santé au bout du SMS

A

phrodice Mutangana ne sera jamais médecin comme il le rêvait. Mais les consultations de cet agronome formé au web en autodidacte sont aujourd’hui les plus suivies du Rwanda. En 2011, il fonde Foyo, au sein du kLab, l’incubateur de Kigali. Son produit phare : m-Health, une application mobile consacrée aux conseils médicaux – l’entrepreneur en herbe n’a pas complètement renoncé à ses ambitions de jeunesse. Son système met en relation, par SMS, des n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

professionnels de santé et des patients en quête d’un diagnostic ou d’une ordonnance. Les abonnés reçoivent également chaque jour un SMS leur prodiguant des conseils personnalisés. Si besoin, ils peuvent échanger avec un spécialiste – ce qui est presque impossible autrement au Rwanda, tant ces derniers sont peu nombreux. L’application aurait déjà plus de 6 000 abonnés : suffisant pour être rentable. Prochaine étape : le développement au Bénin et au Gabon. ● t.b.

out est né d’une frustration. Francis Yapobi voulait profiter d’un voyage entre Paris et Abidjan pour acheter un ordinateur au duty free de l’aéroport de Roissy. Mais impossible de trouver ce qu’il cherchait. Ce diplômé du master « entreprendre » de l’EM Lyon décide alors de développer une application, qui doit être lancée prochainement, pour réserver et payer ses produits détaxés en ligne. « Vous recevez un coupon qu’il faudra ensuite scanner à la boutique de l’aéroport le jour du départ », explique Francis Yapobi. Il sera même possible de passer commande auprès d’un proche si l’on ne voyage pas soi-même. La start-up vient d’annoncer un partenariat avec Air France et l’aéroport d’Abidjan. Autofinancée pour son lancement, elle est désormais à la recherche d’investisseurs. ● t.b.

Chifco (Tunisie)

L’entrée en Bourse dans le viseur

S

pécialisée dans l’internet des objets (le pilotage à distance des équipements connectés), la start-up tunisienne a démarré ses activités avec un capital de 5 000 dinars (environ 2 500 euros) en 2011. Après avoir levé 1,4 million de dinars début 2015 auprès de la Banque d’affaires de Tunisie, elle est désormais valorisée à près de 3 millions, selon son fondateur Amine Chouaieb. Basée en Tunisie et en France, Chifco emploie 30 personnes et compte des partenaires en Algérie, au Maroc, en Afrique du Sud et aux ÉtatsUnis. Elle a généré depuis sa création quelque 700 000 euros de revenus, avec pour principaux clients des opérateurs de télécoms et des fournisseurs d’accès (Tunisie Télécom, Orange…). Forte de son succès, la start-up songe à s’introduire en Bourse. ● r.b. jeune afrique



Dossier Télécoms & internet

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interview

Hassanein Hiridjee

Président du conseil d’administration de Telma

« Nous voulons faire d’autres projets avec Xavier Niel » La Réunion, Mayotte, les Comores… L’actionnaire de référence de l’opérateur malgache multiplie les acquisitions dans l’océan indien. Avec un allié de poids : le patron de la marque française Free. q Diplômé de l’École supérieure de commerce de Paris, il a été l’artisan de la diversification du groupe familial.

À

la tête de l’opérateur Telma depuis plus de dix ans, le groupe familial Hiridjee est l’un des principaux conglomérats actifs à Madagascar. Présentdansle secteur bancaire (BNI), l’immobilier (First Immo), les matériaux de construction (Ocean Trade), la distribution pétrolière (Jovenna), la production d’électricité (Électricité de Madagascar) et l’agro-industrie, il a donné ces trois derniers mois une nouvelle dimension à ses activités télécoms en s’associant au tycoon français Xavier Niel, à La Réunion, à Mayotte et aux Comores. Déjà membre du consortium détenant le câble sous-marin en fibre optique Eassy, qui relie l’Afrique du Sud au Soudan, Telma pourrait décider au premier trimestre d’investir dans le projet de câble Fly Lion3, renforçant les infrastructures régionales existantes. Rentré à Madagascar en 1997, Hassanein Hiridjee, 41 ans, diplômé de l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP), est le principal artisan de cet essor. Pour Jeune Afrique, le président du conseil d’administration de Telma décrypte l’évolution du secteur et revient sur ses ambitions dans l’océan Indien. À Madagascar, les prix des télécoms ont été divisés par trois en douze mois. Pourquoi ?

© vincent Fournier/j.a.

C’est le résultat de l’agressivité commerciale d’Orange, d’Airtel et de Telma. Si on devait faire une comparaison entre les tarifs sur l’île et ceux pratiqués sur le continent, les nôtres seraient certainement parmi les plus bas. La principale raison tient à la nécessité de démocratiser les usages. Aujourd’hui, le marché malgache est pénétré à 40 %, donc il faut attaquer les n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

jeune afrique


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segments de la population les moins favorisés. Grâce à la baisse des prix, Telma a multiplié son trafic par deux. C’est la preuve que l’attente des consommateurs était très importante.

20 % de nos revenus. Nous avons un réseau de fibre optique de plus de 8 500 km, l’un des plus importants d’Afrique.

Les opérateurs parviennent-ils à maintenir leur rentabilité financière ?

En premier lieu, la data. Telma a été le premier opérateur à lancer la 4G à Madagascar en juin et on constate un taux d’adoption très rapide, avec là aussi un doublement de la consommation. Aujourd’hui, la data représente plus de 12 % de nos revenus contre 8 % il y a un an. Deuxième relais de croissance : le mobile banking. Un écosystème se crée. En plus des transferts, on peut payer ses achats au supermarché, régler ses factures d’électricité. L’État l’utilise pour verser les retraites et les entreprises pour payer les indemnités de leurs salariés quand ceux-ci sont en mission. Et même si les revenus de cette activité n’atteignent pas ceux de la data, ils représentent déjà 3 % du chiffre d’affaires, avec des taux de croissance à deux chiffres.

Inévitablement, la rentabilité s’est dégradée. Nous faisons face à un double effet. Quand le trafic est multiplié par deux, il faut augmenter la capacité du réseau, ce qui induit plus d’investissements alors que les marges chutent. L’autre difficulté est liée à la sortie de crise de Madagascar,quis’estaccompagnée, et c’est inévitable, d’une dévaluation de la monnaie. Sa valeur a perdu 30 % au cours des douze derniers mois. L’équation financière devient très compliquée lorsque vous faites tous vos achats en dollars et en euros. Mais rassurez-vous, nous sommes rentables. Le constat que je tire de la baisse des prix des douze derniers mois est positif, car nous avons permis la démocratisation des usages. Pour améliorer l’expérience de nos clients, nous investissons chaque année plus de

Quels sont vos relais de croissance ?

vous êtes actionnaire de la Bni, et telma travaille avec la Société générale. Pourquoi ?

La famille Hiridjee et les télécoms Chiffre d’affaires

160 millions d’euros

Parts de marChé telma

30 %

à madagascar Outremer télécom

9%

à La réunion

36 % à mayotte

La BNI est un investissement, je ne suis pas actif au sein de cette banque. C’est le groupe mauricien Ciel qui la dirige. Donc la question ne tourne pas autour de la stratégie de Hiridjee. Néanmoins, à terme, toutes les banques de la place distribueront l’ensemble des solutions de mobile banking des opérateurs, et ces derniers interconnecteront leurs plateformes informatiques pour offrir plus de services. On ne doit plus travailler sur des produits mais sur les usages. Aujourd’hui, un client Telma ne peut pas envoyer d’argent à un client Airtel. Pour une raison simple : chaque opérateur a voulu favoriser l’effet « club ». Et puis les passerelles entre les plateformes n’étaient pas prêtes. Il fallait assimiler les règles antiblanchiment, celles portant sur l’identification et le suivi des clients (know your customer). Désormais, nous avons éprouvé tous ces contrôles, on peut passer à la phase d’interconnexion des solutions. Des projets pilotes sont en cours, et 2016 devrait être l’année de la généralisation. est-ce que les opérateurs pourraient gérer seuls les services financiers ? ●●●


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Dossier Télécoms & internet Non, nous sommes complémentaires. Est-ce que la carte bancaire a remplacé le travail des agences ? Non. Et c’est la même chose pour le mobile banking. Nous avons par exemple lancé avec la Société générale une application qui permet de retirer depuis un téléphone de l’argent à un guichet. On travaille conjointement en respectant les règles bancaires pour offrir davantage de confort à nos usagers. Notre objectif est double : générer des revenus additionnels et fidéliser nos clients, car comme sur tous les marchés prépayés, où les opérateurs proposent beaucoup de promotions et de bonus, le taux de désabonnement est important. ●●●

Cela n’empêche pas Telma de subventionner l’achat des téléphones…

Effectivement. C’est important pour équiper les gens qui veulent utiliser la 3G et la 4G. Plus des deux tiers de notre base utilisent internet, il faut leur donner un vrai confort d’usage. Sur le continent, le secteur des télécoms est dominé par des multinationales. La disparition des indépendants est-elle inéluctable?

L’un des modèles a toujours été le marché américain, qui est très concentré. Et les analystes disaient du marché européen qu’il se consoliderait lui aussi assez vite. Certes, il y a eu des opérations en ce sens, mais le nombre d’acteurs demeure important. En ce qui concerne l’Afrique, il y a encore tellement de travail à faire que je ne vois pas les acteurs indépendants disparaître. Le consommateur a encore besoin d’avoir une foultitude d’offres. Même si on a assisté à des rachats, comme celui de Maroc Télécom par Etisalat, et qu’il y en aura d’autres, des opérateurs comme Millicom, dont on prévoyait l’absorption, sont toujours là. Fin juillet, vous avez acquis la branche mobile d’Outremer Télécom [à Mayotte et à La Réunion], vendue à la demande de l’autorité de la concurrence dans le cadre du mariage entre n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

Numericable et SFR. Qu’est-ce qui vous a poussé à saisir cette opportunité ?

Nous avions déjà étudié des opportunités de développement dans l’océan Indien, comme la privatisation de Comores Télécom [finalement abandonnée], mais aussi des dossiers à Maurice et à La Réunion. Notre ambition n’est pas seulement de planter un drapeau sur un nouveau territoire, mais d’améliorer l’expérience client. Fin 2014, j’ai profité des fêtes de fin d’année pour visiter les boutiques des concurrents à La Réunion. Et j’ai

Nous sommes en train de remettre à plat l’architecture du réseau à La Réunion, qui n’est pas bonne. L’investissement dépassera les 50 millions d’euros les trois premières années. Le lancement aura lieu au cours de l’année prochaine. Vous avez obtenu début octobre la seconde licence mobile des Comores. Qu’est ce qui motive une telle frénésie d’acquisitions ?

Donner du confort à nos usagers. À Madagascar, il y a une grosse communauté comorienne. Et, plus largement, beaucoup de

Aux Comores, il n’y avait jusque-là qu’un opérateur. Notre venue est très attendue. constaté que les offres proposées entre 19 et 29 euros en métropole y étaient commercialisées entre 69 et 79 euros. On voit que dans ce domaine, le principe de continuité territoriale n’existe pas. Nous voulons donc redonner du pouvoir d’achat aux clients. Est-ce pour casser les prix que vous avez décidé de vous associer avec Iliad, connu sous la marque Free ?

Il ne s’agit pas de cela, mais de retrouver le juste prix. L’idée de Free, qui était aussi candidat au rachat d’Outremer Télécom, est née d’une discussion avec le vendeur à la fin du mois de juin, au moment où nous finalisions la transaction. Outremer Télécom, commercialisé sous la marque Only, a connu des difficultés à La Réunion. Sa part de marché est de 9 % [contre 36 % à Mayotte]. Nous avions donc deux possibilités : soit recréer une marque, soit utiliser une marque existante. Mi-août, nous avons trouvé un accord [dont le montant est confidentiel] dans lequel Iliad prend une participation de 50 % danslesopérationsdeMayotteetde La Réunion. Sur ce dernier marché, Only sera remplacé par Free. Quand allez-vous lancer Free ?

Nous venons d’obtenir l’accord de l’autorité de la concurrence.

nos clients voyagent aux Comores, à la Réunion et à Mayotte. Les Comores [770 000 habitants] restent l’un des rares marchés où il n’y avait qu’un opérateur. Donc notre venue suscite beaucoup d’attentes, et c’est une très belle histoire à écrire. L’objectif est de lancer au deuxième semestre de 2016 un réseau 4G, avec une solution de mobile banking à un prix accessible. Outre le prix de la licence [7,1 milliards de francs comoriens (14,4 millions d’euros)], nous allons investir, avec notre partenaire NJJ Capital [holding personnel de Xavier Niel, patron d’Iliad, détenteur de 50 % de la filiale comorienne], plus de 50 millions de dollars au cours des trois premières années. D’autres développements géographiques sont-ils à attendre ?

Dans un premier temps, il faut qu’on lance nos opérations. Mais la présence d’Iliad à nos côtés nous permet de rester attentifs aux opportunités qui pourraient se présenter, notamment à Maurice. Telma et le groupe de Xavier Niel partagent un même ADN entrepreneurial, et leurs compétences sont très complémentaires. Il y a donc une volonté commune de faire d’autres projets ensemble. ● Propos recueillis par juLIEN CLéMENçOT jeune afrique



Dossier Télécoms & internet série noire

Sale temps pour MTN

Grève, controverse fiscale, amende record infligée par le Nigeria, démission du PDG… Le groupe sud-africain enchaîne les déboires, alors que le secteur des télécoms tout entier voit ses marges fondre.

PiuS uTOmi eKPei/afP

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E

n2010,MTNavaitrepeint l’aéroport international de Johannesburg d’un jaune conquérant pour célébrer la Coupe du monde de football. Cinq ans plus tard, le géant de la téléphonie mobile sud-africain a perdu une partie de son éclat. Son PDG depuis 2011, Sifiso Dabengwa, vient de démissionner avec effet immédiat après l’amende record de 5,2 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros) infligée à l’opérateur par les autorités nigérianes. Cette pénalité sanctionne une infraction à la nouvelle législation antiterroriste imposant de déconnecter des abonnés non identifiés. MTN, qui conteste la pénalité – équivalente à environ 1,3 fois son chiffre d’affaires au Nigeria, son premier marché –, n’aurait pas respecté les délais n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

impartis. Même si le Nigeria transige sur une partie du montant et qu’une solution à l’amiable est trouvée, c’est un avertissement sévère du nouveau gouvernement de Muhammadu Buhari, doublé d’une grosse claque boursière. En cinq jours, l’action MTN, huitième valeur de la Bourse de Johannesburg, a perdu 17 % et une bonne part de son crédit auprès des agences de notation, alors que le groupe se remet à peine de la première longue grève de son histoire en Afrique du Sud, son deuxième marché après le Nigeria. Ce mouvement social inédit qui a duré de mai à juillet, a bloqué les centres d’appels de l’opérateur, de nombreuses boutiques et les services de réparation. Il s’est aussi soldé par le départ précipité du patron de la filiale sud-africaine, Ahmad Farroukh, un

p En cinq jours, l’action du groupe a perdu 17 % de sa valeur.

En chiffres

231 millions de clients dans

22 pays 10,35 milliards

d’euros de chiffre d’affaires en 2014

baron du groupe, recruté depuis par le consortium Etihad Etisalat pour la société affiliée Mobily. Les revendications portaient sur la revalorisation des primes et la transformation d’emplois précaires en emplois permanents. Un accord a finalement été trouvé, mais les ventes de smartphones, cruciales par les temps qui courent, ont souffert. « La vente des terminaux est essentielle pour la stratégie de MTN, car les revenus de la voix diminuent, et ils doivent donc, comme leurs concurrents, pousser au maximum leurs clients vers l’utilisation de données », explique Thecla Mbongue, analyste francocamerounaise au cabinet d’études Ovum. Un nouveau dirigeant a été nommé pour l’Afrique du Sud, le troisième en deux ans, Mteto Nyati, 50 ans. Ce transfuge d’IBM et de Microsoft a reçu pour mission de remettre MTN sur la voie de la croissance dans le pays en misant sur les services spécialisés aux entreprises et sur le numérique. lucratifs. Comme un malheur

n’arrive jamais seul, l’entreprise vient d’être épinglée par la presse sud-africaine pour ses montages financiers aussi alambiqués que lucratifs lui permettant de transférer des revenus dans des paradis fiscaux comme Maurice ou Dubaï, en toute légalité selon le groupe, mais en parfaite contradiction avec son noble plaidoyer au service du développement du continent. MTN jure ses grands dieux qu’il est « totalement en règle ». Mais selon le Mail & Guardian, le litige est encore en suspens avec les autorités fiscales de l’Ouganda, du Nigeria et du Ghana. Au-delà de ces controverses et des difficultés conjoncturelles, les marges bénéficiaires du groupe, encore relativement élevées, sont sous pression, et l’heure est aux économies. Fini par exemple le parrainage de l’équipe cycliste africaine Qhubeka ; ce budget a été supprimé après le Tour de France. Début août, MTN annonçait un recul de son chiffre d’affaires semestriel de 4,9 % par jeune afrique


rapport au premier semestre de 2014, à environ 69,21 milliards de rands (5 milliards d’euros). La marge Ebitda a également fondu (– 10,1 %, à 30,27 milliards de rands de janvier à juin) alors que le nombre d’abonnés progresse (231 millions dans 22 pays). e-commerce. « Ce à quoi l’on

assiste, c’est à une tendance générale au déclin des recettes sur notre marché traditionnel, qui était principalement la voix et les SMS », expose Chris Maroleng, porte-parole du groupe. « Les données, en revanche, sont un moteur de recettes en pleine émergence », ajoute cet ancien présentateur de télévision, en détaillant avec la foi d’un VRP les trois piliers de la nouvelle stratégie MTN pour générer des recettes : le numérique, avec l’e-commerce, la musique, la télévision payante – l’opérateur vient d’acheter une

licence au Nigeria, où il est le premier distributeur de musique –, la banque, l’assurance, et même l’épargne par téléphone mobile ; un meilleur profilage marketing des clients ; et, surtout, le service aux entreprises. « Nous proposons à celles qui ont des activités en Afrique ou au Moyen-Orient du stockage de données (cloud), des services de serveur à serveur, etc. », explique Chris Maroleng. Le but est de reprendre des parts de marché en Afrique du Sud face au leader Vodacom et surtout de rester profitable « dans une phase critique où la technologie évolue très rapidement et les habitudes des consommateurs aussi », souligne Thecla Mbongue. Phuthuma Nhleko, le prédécesseur de Sifiso Dabengwa, avait fait le choix de s’aventurer jusqu’en Iran, un marché peu concurrentiel et très rentable jusqu’à une date récente, ainsi que dans d’autres

© mtn

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Patron par intérim Phuthuma Nhleko 55 ans, assure l’intérim à la tête de MTN pour six mois maximum après la démission de Sifiso Dabengwa. Déjà PDG de l’opérateur de 2002 à 2011, il est le grand artisan de sa réussite hors d’Afrique du Sud. Depuis 2013, il préside son conseil d’administration

pays du Moyen-Orient, comme le Yémen, la Syrie, l’Afghanistan. Aujourd’hui, le groupe refuse strictement d’évoquer tout projet d’expansion alors qu’il lui manque une implantation en Afrique du Nord, en RD Congo, voire une vraie licence au Kenya. « L’époque est plus aux restructurations ou aux externalisations qu’à un nouvel essor géographique, assure Thecla Mbongue. Il leur faut optimiser ce qui a été déployé, continuer à faire du rendement alors qu’il y a la concurrence non seulement des autres opérateurs, mais aussi de la voix sur IP, de Skype ou Viber, de WhatsApp. Les opérateurs comme MTN ne savent pas si demain un génie de la Silicon Valley ou même d’un township ne va pas inventer une nouvelle application qui va encore faire diminuer leurs revenus. » ● claudine renaud, à Johannesburg

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Dossier Télécoms & internet

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t L’opérateur cherche à se désengager de la Sierra Leone.

stratégie

Airtel songe-t-il à quitter l’Afrique?

Si l’opérateur indien vend quatre de ses filiales sur le continent, c’est, dit-il, pour se renforcer dans d’autres pays et réduire sa dette. Mais certains analystes le voient plier bagage…

aventure africaine d’Airtel serait-elle en train de tourner court ? Le 20 juillet, dans un communiqué, Orange et Airtel indiquaient être entrés en négociation pour la vente de quatre filiales du groupe indien sur le continent : au Burkina Faso, au Congo, en Sierra Leone et au Tchad. Des pays où l’opérateur français n’est pas encore présent. « Ces discussions n’aboutirontpasforcément»,avaientprécisé les parties. En effet, quatre mois après, aucun accord n’a été conclu. Mais, dès cette annonce, les rumeurs sont allées bon train. Le groupe de Sunil Mittal chercherait à se désengager progressivement de l’Afrique. « Nous n’avons aucunement l’intention de nous retirer », a très vite répondu l’opérateur à l’agence Reuters. L’objectif de cette vente serait notamment de se renforcer dans d’autres pays du continent. Comme pour anticiper les critiques, Airtel avait annoncé début juillet un plan d’investissement de 19 milliards de shillings (environ 168 millions d’euros) sur trois ans, au Kenya. Mais, malgré les démentis du groupe, les

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doutes demeurent. « Si la vente des actifs à Orange aboutit, il n’est pas exclu que nous assistions dans un second temps à d’autres opérations », estime un analyste qui préfère conserver l’anonymat. « Si quelqu’un vient avec une belle offre, même si c’est peu probable, ils sauteront sur l’occasion », confirme Guy Zibi, directeur général de Xalam Analytics. Présent dans 17 pays sur le continent, Airtel est devenu cette année le troisième plus important opérateur mondial en nombre de clients. Si le groupe affiche des résultats honorables, il le doit à son marché domestique, l’Inde, où il rassemble

noyau dur. Airtel est l’un des

dr

L

25 % des abonnés. « La 3G et la 4G y recèlent un potentiel beaucoup plus important que dans n’importe quel paysafricain,indiqueGuyZibi.Mais les investissements pour déployer le réseau et acheter les fréquences y sont substantiels. » D’autant que la dette d’Airtel est très lourde: près de 10,76 milliards de dollars (environ 9,57 milliards d’euros). Elle est d’ailleurs largement due à l’achat des filiales africaines pour 10,7 milliards de dollars en 2010 – un prix que les analystes avaient d’ailleurs jugé trop élevé. C’est pour réduire son montant qu’Airtel a choisi de se séparer de quatre filiales africaines. « Ce sont de bonnes opérations, analyse Guy Zibi. Leur chiffre d’affaires est important, l’Ebitda solide. Airtel est soit leader, soit un très fort numéro deux dans ces pays. » En clair, le groupe indien ne veut pas brader ses actifs et entend maximiser la valeur de sa vente sans que cela n’impacte la stratégie du groupe. principaux acteurs du continent mais aussi l’un des moins rentables. « Dans le contexte actuel, 17 pays, c’est beaucoup, poursuit Guy Zibi. Ils doivent donc concentrer leurs efforts sur les canaux à fort potentiel, c’est-à-dire les pays qui forment leur noyau dur tels que le Nigeria et la RD Congo, et peut-être pousser de manière plus agressive vers le secteur des entreprises ou des applications numériques. » Pour se désendetter, le groupe ne se contente pas de mettre en vente des filiales. En 2014, il avait annoncé

Cap sur la data…

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epuis son arrivée début 2014, Christian de Faria, ancien directeur commercial et membre du comité exécutif du sud-africain MTN, mise beaucoup sur le développement d’internet. Afin de mieux gérer l’explosion du trafic, l’opérateur indien a signé fin septembre un accord avec Liquid Telecom qui permet à Airtel d’exploiter un réseau en fibre optique de 20 000 km déployé à travers l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale. En septembre, la consommation de données représentait environ 13,5 % des revenus africains du groupe indien. Pour compenser la baisse des marges générées par la téléphonie stricto sensu, le groupe parie aussi sur les solutions d’argent mobile et revendique 8,4 millions de clients. Entre juin et septembre, 3,76 milliards de dollars ont été échangés via Airtel Money selon le groupe indien. ● jeune afrique


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sa décision de céder ses tours télécoms. Ces opérations, réalisées dans cinq pays (Nigeria, Rwanda, Ouganda, Ghana, Congo), lui ont rapporté 1,3 milliard de dollars. Si Airtel a du mal à se remettre de son achat initial sur le continent, il échoue surtout à reproduire la stratégie qui a fait son succès en Inde, basée sur une très forte externalisation,luipermettantd’offrirdes prix decommunicationtrèsbas.«Ils sont arrivés avec leurs gros sabots indiens. Ils ont fait des annonces tonitruantes. Ils ont cassé les prix dans beaucoup de pays. Mais les

autres opérateurs se sont alignés, et ça ne leur a pas permis de gagner des parts de marché », se souvient unanalyste.Aujourd’hui,ilsperdent de l’argent dans la plupart des pays. « Au départ, le postulat, c’était que la croissance des profits en Afrique permettrait de réduire sa dette, mais les niveaux de profitabilité actuels rendent cette équation difficile », détaille Guy Zibi.

ces réorientations, ce dernier est confiant : « Airtel est déjà premier dans dix pays, avait-il déclaré à J.A. en janvier. Et sur les autres marchés comme le Kenya et le Nigeria, nous devons être plus agressifs, plus proches des consommateurs, davantage présents sur le champ social et celui de l’innovation (…). Si on considère les possibilités de développement d’internet, de la banque mobile, je ne suis pas inquiet pour l’avenir. » Un avenir dont l’Afrique semble toujours faire partie. ●

confiant. L’arrivée du nouveau

PDG Afrique, Christian de Faria, en 2014 a marqué un tournant dans la stratégie du groupe. Après

thaïs brouck

sûreté

D’Abidjan à Yaoundé, Motorola joue la carte de la sécurité

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epuis sa restructuration et le rachat de son activité de production de terminaux mobiles par Google en 2011, Motorola, devenu Motorola Solutions Inc. (MSI), s’est recentré sur le métier des solutions sécurisées en radiocommunications mobiles. Un retour aux sources pour le géant de l’électronique, qui, durant la Seconde Guerre mondiale, fabriquait déjà les talkies-walkies de l’armée américaine. Son nouveau credo ? Sécuriser grâceauxtechnologiesdel’information les villes, les pays et les entreprisesenproposantparexempledes caméras automatisées, des ascenseurs et des radios intelligentes, des voitures connectées… En croisant les sources d’information (images, vidéos, réseaux sociaux…), « au lieu deréagir,nouspouvonscommencer à prédire et ensuite prévenir » les jeune afrique

motorola

Le géant de l’électronique s’est recentré sur les outils de surveillance. Des équipements high-tech de plus en plus convoités sur le continent…

risques, expliquait en mai Manuel Torres, vice-président Europe, Afrique et Amérique latine de Motorola. Un discours qui marque forcément les esprits des dirigeants redoutant des actes terroristes ou des mouvements insurrectionnels. vidéosurveillance. Pour déve-

lopper ses affaires et gérer les projets les plus importants en Afrique francophone, Motorola a implanté en2014unsiègerégionalàYaoundé, sous la direction de Louis-Hervé Beleoken, ancien responsable du secteur public pour Cisco Systems en Afrique de l’Ouest et Afrique centrale. La stratégie s’avère payante. Cette année, Motorola a fourni à la police de Douala un système de commande et de contrôle intégrés

p Après avoir équipé la police de Las Vegas pour 26 millions de dollars, le groupe a collaboré avec celle de Douala.

et des systèmes de vidéosurveillance. « Dans la sécurité publique et la défense, nous avons aussi réalisé desprojetsdegrandeimportanceen Côte d’Ivoire et hors Afrique francophone, en Angola, au Kenya, au Nigeria, entre autres », révèle LouisHervé Beleoken, sans préciser leur montant. Pour se faire une idée des contratssignésparMotorola,onpeut toutefois regarder outre-Atlantique, où le groupe américain a fourni en 2014unsystèmedecommunication complet, avec 5000 systèmes radios déployés, à la police de Las Vegas, pour26millionsdedollars(21,4millions d’euros), auquel s’ajoute un contrat de suivi d’exploitation de onze ans de 31 millions de dollars. L’an dernier, la zone Europe/ Afrique de Motorola a représenté environ 15 % des revenus totaux du groupe (5,9 milliards de dollars). « Le continent représente une part importante de ce revenu, indique Louis-Hervé Beleoken, avec de loin l’investissement le plus important. » Mais l’entreprise doit néanmoins faire face à la concurrence des groupes asiatiques. Dans son rapport annuel de 2014, la société indiquait d’ailleurs faire face à un dilemme : « augmenter encore le niveau des financements ou perdre des ventes. » ● saïd aït-hatrit n o 2862 • du 15 au 21 novembre 2015


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