Ja 2864 du 2211 au 051215 dossier climat

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Enquête Jihadistes made in Morocco

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • no 2864 • du 29 novembre au 5 décembre 2015

jeuneafrique.com

ÉCOUTES L’affaire Soro-Bassolé Bière La saga africaine de Pierre Castel

Spécial

COP21

L’AFRIQUE

FACE AU

BIG BANG CLIMATIQUE

14 pages

édition internationale France 3,80 € • Algérie 220 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € • Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,30 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285


21-22 mars 2016, Abidjan

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SPÉCIAL COMMUNICATION

LeS PAyS AfrICAINS s’engagent POUr LA PLANèTe


L’AfriQUE ET LA PrOmEssE DE PAris Les pays africains sont aujourd’hui en première ligne pour promouvoir leur vision de leur développement économique et social à long terme.

E

ti d’une feuille blanche. Parcs nationaux, t si c’était une chance ? Pour la protection des écosystèmes, certification première fois, les pays africains des exploitations forestières, lutte contre ont la possibilité de présenter les pollutions, contre le commerce illicite leur vision de développement des espèces protégées… les exemples sont économique à long terme denombreux d’avancées africaines signifivant la communauté internationale, réunie catives en matière de protection de l’envià Paris en décembre 2015 à la Conférence ronnement. des Nations unies sur les changements climatiques, dite COP21. Tous, ou presque, Cette fois-ci, la démarche est globale – et ont en effet élaboré une « Contribution naplus complexe : chacun a dû passer en revue tionale », conformément à la décision prise son potentiel et sa stratégie de développeen 2013 à Lima, au Pérou, lors d’une prément économique et, en même cédente Conférence de l’ONU temps, évaluer les contraintes sur le climat. Elle implique Les pays riches que le changement climatous les États, développés ou ont délocalisé en tique leur oppose. Les esprits en développement. Chine leurs usines, chagrins diront qu’il est bien normal de se livrer à un tel traDeux ans séparent Lima de leurs emplois… Et vail, puisqu’il y a de l’argent à Paris. Un laps de temps asaussi leur pollution. la clé. Que les pays africains sez court pour mener, dans ont beau jeu de s’engager sur chaque pays du continent, des réductions d’émissions de gaz à effet de des réflexions et travaux sur ses ambiserre qu’ils ne pourront réaliser sans un aptions économiques dans le contexte du pui financier conséquent de la communauté dérèglement climatique. Un travail imporinternationale. C’est une façon de voir. tant a été réalisé, même si aucun n’est par-

- ii -


événementS & renContreS CoP 21

les pays riches ont une responsabilité cerretenons une lecture plus symbolique de taine dans cette aventure. ils ont adapté ces contributions africaines. Chaque pays leurs modes de production et de consomy définit sa capacité de développement mation à la force de frappe du nouvel ateéconomique et social et, en même temps, lier du monde, ils se sont laissés séduire reconnaît qu’il est conscient des consépar ses produits moins chers quences que cela aura sur le Les exemples sont et plus nombreux. Au bout climat. mieux, il s’engage à les limiter, observant généranombreux d’avancées du compte, ils ont délocalisé lement deux scénarios : celui africaines en matière leurs usines, leurs emplois… Et aussi leur pollution. Une qu’il peut financer seul et un de protection de drôle de façon de limiter leurs autre, qui place plus haut la l’environnement. propres émissions de gaz à réduction des émissions de effet de serre ! gaz à effet de serre. C’est ce dernier dont la réalisation nécessite l’appui La Conférence de Paris 2015 est l’occasion financier de la communauté internationale. de prendre le contrepied de ces méthodes, il s’agit, en somme, d’une nouvelle approche de les inscrire définitivement dans le pasdu principe pollueur-payeur, adopté par sé. face aux grandes nations industrielles l’OCDE – le « club » des pays industrialisés qui sont à l’origine du dérèglement clima– en 1972. tique, les contributions des pays que l’on dit pauvres démontrent à quel point la Si un certain pays d’Asie s’était livré lutte contre le changement climatique et le au même exercice il y a une décennie, s’il progrès économique et social sont liés. Les s’était engagé à développer son économie pays africains ont fait l’effort de rechercher tout en limitant les dégâts sur l’environneles opportunités de croissance et d’emploi ment, il ne serait probablement pas devenu que recèlent les contraintes environnele plus gros émetteur de dioxyde de carbone mentales. Une nouvelle vision de leur déde la planète. Pour autant, serait-il quand veloppement économique et social est en même la première puissance économique train de naître. L’Afrique est aujourd’hui en mondiale ? À n’en pas douter : sa volonté première ligne pour la promouvoir. n de progrès était bien assez forte. D’ailleurs, - iii -


évéNemeNts & reNCONtres CONGO COP 21

CONgO

48

%

D’ici à 2025

Engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Déjà fortement engagée dans la gestion durable de ses écosystèmes forestiers et de sa biodiversité – même en l’absence de soutien adéquat de la communauté internationale – la République du Congo prend position en faveur de l’« économie verte ». Sa contribution à la COP21 affiche clairement la volonté de lutter contre les changements climatiques tout en maintenant ses ambitions de croissance et de développement socio-économique.

Les pays industrialisés doivent s’impliquer financièrement CONGO

2 questions pour mieux comprendre Quels sont les propositions du Congo en vue de la COP21 ? Nous proposons de transformer les défis du changement climatique en opportunités de développement et de croissance. Nous nous engageons sur un scénario tendanciel pour lequel une aide particulière n’est pas demandée, et un scénario bas carbone, conditionné à une aide internationale. Dans le premier cas, qui correspond aux engagements que nous avons déjà pris en la matière, nos émissions de gaz à effet de serre seraient multipliées par trois d’ici à 2025. Le scénario bas carbone permettrait de les diminuer de 48 %. Ce scénario ne peut être réalisé sans l’implication, à nos côtés, de la communauté internationale.

Brazzaville

POPULATION 4,7 millions d’habitants SUPERFICIE 242 000 de km2 PIB 14,7 milliards de dollars (2014)

Cela risque de poser des problèmes de financement… Nous ne sommes pas le problème, nous sommes plutôt la solution ! Le niveau de nos émissions de GES est bien inférieur à la moyenne mondiale et notre couverture forestière constitue un puits de carbone et un réservoir de biodiversité inestimables. Il n’y a donc aucune raison pour que nous luttions contre les phénomènes météorologiques extrêmes au risque de mettre en péril la réalisation de nos objectifs de développement. Les pays industrialisés doivent dégager des ressources pour réduire leurs propres émissions, mais aussi pour aider les pays qui, comme nous, subissent les effets du changement climatique. Il faut que nous puissions mettre en place nos propres programmes d’atténuation sans que cela nuise à nos perspectives de croissance. - IV -

Henri Djombo, ministre de l’Économie forestière et du Développement durable


évéNemeNts & reNCONtres CONGO COP 21

AIRES PROtÉGÉES Et FORêt CERtIFIÉE

REBOISEMENt

100 000 ha

Partie intégrante du Bassin du Congo, deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie, la forêt congolaise couvre 65 % du territoire. Deuxième source de revenus du pays (5 % du PIB), elle représente 11 000 emplois directs. Dès 1999, les chefs d’État et de gouvernement des pays d’Afrique centrale se sont engagés à œuvrer pour une gestion durable des écosystèmes forestiers du Bassin du Congo. Dans ce cadre, le Congo met en œuvre une politique volontariste, comprenant l’aménagement d’aires protégées et de concessions forestières. Le pays a ainsi créé 17 aires protégées, couvrant plus de 4,3 millions d’hectares, soit 13,2 % du territoire, largement au-dessus de la norme de 10 % définie par l’UICN. Deux de ces aires protégées font partie du patrimoine mondial de l’Unesco : le parc national OdzalaKokoua et La Réserve de biosphère de Dimonika. Indispensables à un développement économique durable du Congo et à la création d’une industrie moderne du bois, les concessions forestières sont soumises une stricte réglementation. Le respect des prescriptions a conduit à la certification de 2,5 millions d’hectares sous le label du Forest Stewardship Council (FSC), soit 50 % des forêts certifiées dans le Bassin du Congo et 32,5% des forêts certifiées dans le monde. Grâce aux efforts consentis par les pays d’Afrique centrale, et par le Congo en particulier, le Bassin du Congo détient le taux de déforestation le plus bas, estimé à 0,2 %, contre 0,41 % en Asie du SudEst et 0,44 % en Amazonie. La République du Congo enregistre le taux de déforestation le plus faible, soit 0,08 %.

Les surfaces que le Congo s’est donné pour objectif de replanter chaque année pour accroître la capacité de séquestration des forêts, évaluées à 72 700 teqCO2, déjà très largement supérieures à ses émissions.

PROTégER LA FAUNE ET LA FLORE AFRICAINE Le Congo était l’hôte et l’initiateur de la Conférence internationale sur la lutte contre l’exploitation illégale et le commerce illicite de faune et de la flore sauvages d’Afrique, qui s’est tenue du 27 au 30 avril 2015 à Brazzaville. À cette occasion, les pays africains ont unis leurs forces pour définir une stratégie unifiée de lutte contre le commerce illicite des espèces et produits du continent. Dans ce cadre, la République du Congo définit actuellement sa propre stratégie nationale, assortie d’un plan d’action.

5,14 CONgO Ministère de l’économie forestière et du Développement durable Boulevard Denis Sassou Nguesso Brazzaville, Congo

www.mefdd.cg

-V-

Les fonds nécessaires à la mise en œuvre du scénario bas carbone d’ici à 2025. L’autofinancement du pays pourrait atteindre 20 %, soit 1,03 milliards d’euros.

DIFCOM/FC - Photos : DR

milliards d’euros


événemenTs & renConTres TCHAD CoP 21

TCHAD

18

%

d’ici à 2030 Engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Inondations dans les villes, sécheresse dans le désert, réduction des surfaces agricoles et pastorales… Immense territoire dont plus de la moitié est désertique, le Tchad doit s’adapter aux conséquences des changements climatiques. Il déploie des moyens à sa portée pour la protection de l’environnement, tout en poursuivant ses objectifs économiques et en valorisant de manière durable ses ressources.

Le défi, c’est de changer de modèle de développement TCHAD

Ndjamena

POPULATION 11,7 millions d’habitants SUPERFICIE 1 284 000 km2 PIB 13,7 milliards de dollars (2014)

2 questions pour mieux comprendre Votre pays est-il menacé par le changement climatique et comment réagit-il ? Le Tchad est confronté à des phénomènes extrêmes : sécheresses, inondations, vents secs et violents, dysfonctionnement des saisons agricoles, perturbations des cycles biologiques des cultures entraînant la baisse de productions céréalières. La réduction des surfaces agricoles et pastorales provoque des déplacements d’éleveurs et d’agriculteurs, ce qui peut créer des situations conflictuelles. Autre conséquence majeure, le rétrécissement du Lac Tchad, qui a perdu 90 % de sa superficie. Le gouvernement a mis en œuvre des programmes spécifiques, dont la ceinture verte autour des villes. Il a aussi mis en place un instrument financier spécifique, le Fonds spécial en faveur de l’environnement. Qu’attendez-vous de la conférence de Paris ? Le Tchad s’engage à diminuer ses émissions de 18,2 % d’ici à 2030. Une réduction de 71 % est envisageable mais nécessite l’appui technique et financier de la communauté internationale. Le coût des investissements est estimé à 21,233 milliards de dollars, dont 18 milliards conditionnés à un appui financier international pour atteindre le second objectif. Notre défi est de passer d’un modèle de développement basé sur la rente pétrolière à une économie plus diversifiée. Pour conclure, ce que le Tchad attend de la COP21, c’est un accord juste et équitable, juridiquement contraignant pour toutes les parties, fondé sur le principe de la responsabilité justifiée et partagée. Cela suppose que nos investissements soient pris en compte par la communauté internationale. - VI -

Moustapha Ali Alifeï, ministre de l’Environnement et de la Pêche


événemenTs & renConTres TCHAD CoP 21

LE FONDS SPÉCIAL EN FAVEUR DE L’ENVIRONNEmENT Le Fonds Spécial en faveur de l’environnement (FSE) est un instrument financier que le Gouvernement de la République du Tchad a mis en place pour faire face aux problèmes récurrents de dégradation de l’environnement et surtout de l’avancée galopante du désert. Opérationnelle depuis 2012, cette institution de droit public, dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière, a pour mission de rechercher les financements au niveau national et international pour financer les projets d’études, de recherche, de formation et toute autre action en faveur de la préservation de l’environnement et de la gestion des ressources naturelles. En deux ans d’existence, le FSE a financé des plus 76 micros projets à travers le pays. Il a également appuyé l’élaboration de la Politique Nationale de l’Environnement et du Programme National d’Éducation Environnementale. Compte tenu de l’ampleur du phénomène de dégradation de l’environnement au Tchad, il ambitionne désormais de financer de grands projets à impact significatif sur le terrain, nécessitant aussi des moyens conséquents. Étant donné que les problèmes d’environnement n’ont pas de frontières, le Fonds reste ouvert aux actions à plusieurs degrés de collaborations, aux niveaux sous-régional, régional et international.

SUPERFICIE DU LAC TChAD AUjOURD’hUI

2500km

2

Elle a été divisée par dix en 50 ans (25 000 km2 en 1960).

ÉNERgIES NOUVELLES ET gESTION DES DÉCHETS Pour atteindre l’objectif inconditionnel de réduction de 18,2 % de ses émissions, le Tchad veut notamment augmenter la part renouvelable de l’offre en électricité de 0 à 750 GWh/an d’ici à 2030, c’est-à-dire le double de la production totale actuelle. Il mettra également l’accent sur les pratiques durables dans la gestion des déchets, l’agriculture, l’élevage, l’utilisation des terres et la foresterie. Dans ce cadre, les émissions de GES par habitant en 2030 seront de 1,028 teqCO2 (0,732 teqCO2 aujourd’hui) tandis qu’elles seraient limitées à 0,364 teqCO2 si les moyens sont réunis pour atteindre l’objectif conditionnel de réduction de 71 %.

21,2

Le coût des investissements d’atténuation et d’adaptation envisagés par le Tchad, dont 18 milliards conditionnés à un appui financier international pour une réduction des GES de 71 %.

TCHAD Ministère de l’Environnement et de la Pêche BP 447, N’Djaména, Tchad Tél. : (+235) 22 52 23 41 - (+235) 22 52 50 26 / 22 - VII -

DIFCOM/FC - Photos : DR

milliards de dollars


évéNemeNts & ReNCONtRes RD CONGO COP 21

RDCONgO

17

%

d’ici à 2030 Engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Pays de plus de 70 millions d’habitants situé au cœur de l’Afrique, la République démocratique du Congo reconstruit avec détermination son économie, mise à mal par des décennies de conflits. Infrastructures, agriculture, vulnérabilité des populations : elle doit de plus minimiser les nombreux risques liés aux changements climatiques qui menacent son immense territoire.

Notre développement socio-économique est en jeu RD CONGO

2 questions pour mieux comprendre Quelle est la situation de la RD Congo vis-à-vis des changements climatiques ? Notre pays est en phase de reconstruction depuis 2006, avec une croissance moyenne du PIB supérieure à 8 % par an depuis 2011. Notre stratégie de développement repose en particulier sur les mines, l’industrie, l’exploitation forestière et l’agriculture, qui occupe 70 % de la population. L’État est très impliqué dans la réalisation des infrastructures de transport et d’énergie indispensables à l’essor de ces activités. Sur un aussi vaste territoire que le nôtre, il y aura aussi bien des fortes pluies que des épisodes sévères d’inondations et de sécheresse. De quoi aggraver la vulnérabilité des populations et menacer notre agriculture et nos infrastructures. Notre développement socio-économique est en jeu.

Kinshasa

POPULATION 70 millions d’habitants SUPERFICIE 2,35 millions de km2 PIB 34,5 milliards de dollars (2014)

Qu’attendez-vous de la conférence de Paris 2015 ? Nous allons montrer que nous sommes capables de protéger nos forêts, d’adapter nos modes de transport et de production d’énergie pour participer à la lutte contre le changement climatique. En retour, nous attendons de la communauté internationale qu’elle comprenne que ces défis s’ajoutent à ceux que nous devons déjà relever pour la croissance économique et l’amélioration des conditions de vie. La COP 21 est une opportunité exceptionnelle de démontrer notre capacité à tenir nos engagements et de discuter des moyens financiers d’y parvenir. - VIII -

Robert Bopolo Mbogenza, ministre de l’Environnement, de la Conservation de la nature et du Développement durable


évéNemeNts & ReNCONtRes RD CONGO COP 21

PAtRIMOINE NAtuREL Et AtOutS ÉCONOMIQuES Il faut environ deux heures de vol pour traverser le territoire de la RD Congo, grand comme cinq fois la France. Du nord au sud, et de la zone côtière dans l’ouest jusqu’aux montagnes volcaniques qui, avec les grands lacs, forment les frontières de l’est, le pays offre une importante variété de paysages, de terroirs et de climats. Les forêts couvrent 150 millions d’hectares (plus de la moitié du territoire), dont 85 millions d’hectares de forêts denses humides, représentant 45 % des forêts tropicales d’Afrique centrale. Le fleuve Congo, deuxième au monde par le débit, forme une immense boucle de 4 700 km à l’intérieur de ce pays auquel il a donné son nom. Ces vastes espaces favorables à la biodiversité recèlent également de nombreux atouts de développement, que les autorités entendent protéger et valoriser. Avec 80 millions d’hectares de terres arables, la RD Congo pourrait produire de quoi nourrir toute l’Afrique. Les lacs, le fleuve et ses affluents représentent 13 % des réserves d’eau douce de la planète. Mais aussi plus de 14 000 km de voies navigables – de quoi développer un système de transport éco-responsable combinant le fluvial, la route et le rail – ou encore un potentiel de production hydroélectrique évalué à 100 000 MW – l’équivalent de 100 centrales nucléaires.

LA CONtRIButION DE LA RD CONGO Aux ÉMISSIONS GLOBALES DE GES

0,5 %

à comparer avec 24,3 % pour les États-unis, 14,5 % pour la Chine et 1,6 % pour la France.

SIx gRANDS PROjETS Les experts du ministère de l’Environnement ont identifié les trois secteurs présentant le plus fort potentiel de réduction des émissions de GES tout en préservant les conditions de développement économique du pays. Le coût total des interventions nécessaires pour limiter ces émissions ou séquestrer davantage de carbone et ainsi tenir l’engagement de réduction de 17 % d’ici à 2030 (soit l’équivalent de 77 millions de t de CO2) est évalué à 12,54 milliards de dollars. Dans chaque secteur, les principales actions sont : • éNeRGIe > hydro-électrification et amélioration du transport urbain

• AGRICULtURe > développement de l’agriculture vivrière et de l’agriculture intensive

• FORÊts > reforestation et gestion durable de l’exploitation forestière

RD CONgO Ministère de l’Environnement et du Développement durable Quartier Batetela, La Gombe, Kinshasa, RD Congo tél. : (+243) 999 90 59 57

www.medd.gouv.cd

- Ix -

Le coût du Programme d’action national d’adaptation (PANA) aux changements climatiques de la République démocratique du Congo. Il vise la sécurisation des modes de vie des populations, la gestion rationnelle des ressources forestières et la préservation des écosystèmes vulnérables.

DIFCOM/FC - Photos : DR

9

milliards de dollars


événements & renContres Côte d’IvoIre CoP 21

CôTE D’IvOIRE

28

%

d’ici à 2030

Engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Tout en prenant en compte la nécessité de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, la Côte d’Ivoire entend relever le défi du développement économique afin d’améliorer le niveau et la qualité de vie de sa population. Sa contribution à la COP 21 marque sa volonté de réduire son empreinte carbone en mobilisant tous les moyens nationaux et internationaux, notamment de financement.

Coordonner toutes les facettes du développement Côte d’IvoIre

Yamoussoukro

POPULATION 22,7 millions d’habitants SUPERFICIE 322 463 de km2 (littoral : 550 km) PIB 34,25 milliards de dollars (2014)

Depuis 2012, la Côte d’Ivoire a renoué avec une croissance rapide, supérieure à 8 % par an et elle se donne les moyens, à travers le Plan national de développement 2016-2020 (PND), en cours de finalisation, de maintenir sa progression dans l’objectif de rejoindre les rangs des pays émergents à l’horizon 2020. Cette stratégie, conjuguée à une forte croissance démographique, conduirait à une augmentation substantielle des émissions de gaz à effet de serre (GES). En outre, la Côte d’Ivoire est vulnérable aux impacts du changement climatique qui touchent tous les secteurs essentiels de son économie. Indispensable à la croissance, sa volonté d’accroissement de la production agricole et de la transformation agro-industrielle, ainsi que de mettre l’énergie moderne à la disposition tous les habitants, n’entame en rien la détermination politique de la Côte d’Ivoire de contribuer à la réduction des émissions de GES. Dans sa contribution à la Conférence de Paris 2015, elle s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 28 % d’ici à 2030. Une réduction qui pourrait atteindre 36 % en cas d’appui financier extérieur. Le document détaille les efforts à conduire dans tous les secteurs porteurs de croissance sans nuire au développement socio-économique. Ce véritable plan de coordination de la croissance économique ivoirienne sera par la suite présenté à ses partenaires financiers internationaux, publics et privés. -X-

nous voulons avoir une croissance forte, durable, mais surtout de plus en plus inclusive.

Daniel Kablan Duncan, Premier ministre


événements & renContres Côte d’IvoIre CoP 21

L’AGrICULtUrE INtELLIGENtE fACE AU CLImAt Cruciale pour la croissance et l’emploi, l’agriculture est au premier rang des priorités de développement économique de la Côte d’Ivoire. Elle fait vivre les deux-tiers des ménages, représente 70 % des recettes d’exportation et près de 30 % du PIB. Dans le cadre du Plan national de développement 2012-2015, elle a bénéficié du Plan national d’investissement agricole (PNIA), doté d’un budget de 4 milliards de dollars. Le PNIA comporte six programmes, dont deux (amélioration des productions agricoles et développement des filières) sont de nature à être compromis par les impacts du changement climatique, comme la raréfaction des pluies ou la dégradation des sols. Pour ces raisons, et aussi parce qu’un autre de ses programmes traite de la réhabilitation forestière, le PNIA aborde certes la question du changement climatique, proposant parfois des solutions, mais de manière parcellaire. L’ambition de la Côte d’Ivoire aujourd’hui est de définir une vision d’ensemble et cohérente de l’avenir de ses productions agricoles et forestières. C’est le concept d’« agriculture intelligente face au climat », lancé en 2014. Au plan technique, il repose sur une solide connaissance des territoires du pays et de leur vulnérabilité. Cette phase est bien avancée. Il faut maintenant accomplir le volet institutionnel, qui vise à l’intégration des dimensions d’adaptation et d’atténuation au changement climatique dans chacune des stratégies nationales de développement agricole.

ÉNErGIES NOUvELLES

42 %

La Côte d’Ivoire s’engage à porter à 42 % la part des énergies non renouvelables dans son mix énergétique à l’horizon 2030, y compris la production hydroélectrique (26 % du total).

RéhABILITER LA FORêT Dans sa contribution à la COP 21, la Côte d’Ivoire s’engage notamment à mettre un coup d’arrêt à la dégradation de son couvert forestier, qui représente aujourd’hui moins de 13 % du territoire (78 % en 1960). L’objectif est de réhabiliter la forêt ivoirienne pour ramener rapidement sa couverture du territoire au-dessus du seuil international de 20 %. Parmi les actions à mener figurent le reboisement, une meilleure gestion des forêts et la concrétisation du concept « agriculture zéro déforestation ». La définition des mesures à prendre est à l’ordre du jour des États Généraux de la forêt, de la faune et des ressources en eau, dont la dernière réunion s’est tenue à Abidjan deux semaines avant l’ouverture de la Conférence Paris 2015.

+8,4 %

CôTE D’IvOIRE

En l’absence d’une politique appropriée, le développement nécessaire de la Côte d’Ivoire (+ 8,4% de croissance annuelle du PIB d’ici à 2030) s’accompagnerait d’une augmentation de ses émissions de GES de 44,4 % en 2030.

Ministère de l’Environnement, de la Salubrité urbaine et du Développement Durable 20 BP 650, Abidjan 20, Côte d’Ivoire tél. : (+225) 20 22 53 66

www.environnement.gouv.ci

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DIFCOM/FC - Photos : DR

PrÉvISION DE CrOISSANCE


événements & rencontres BoAD coP 21

À la tête de l’institution financière chargée d’appuyer financièrement les projets prioritaires de développement économique des huit États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Christian Adovèlande explique l’engagement de son institution dans les domaines liés aux changements climatiques et évoque ses attentes par rapport à la Conférence de Paris 2015.

Christian Adovèlande, Président de la BOAD :

Christian Adovèlande dirige la Banque ouestafricaine de développement depuis 2011.

« Nous voulons un accord équitable, équilibré et juridiquement contraignant pour toutes les parties. »

En quoi votre institution est-elle concernée par les questions environnementales et climatiques ? Christian Adovèlande : La BOAD est chargée de promouvoir le développement et l’intégration des États membres de l’UEMOA(1). il s’agit de pays qui comptent parmi les moins avancés. ils font aussi partie des plus vulnérables face à la dégradation de l’environnement et aux changements climatiques. Tous sont menacés, avec plus ou moins de gravité, par la détérioration des terres et des ressources en eau, la déforestation et la perte de la diversité biologique, la dégradation de paysages entiers, les pollutions diverses ou encore l’érosion des côtes. Face à cette situation, la BOAD a intégré les questions environnementales et sociales dans ses opérations dès 2003.

naturelles, la BOAD s’est donnée pour vision d’œuvrer, aux plans opérationnel, technique et financier, à l’horizon 2020 pour des ressources naturelles gérées au profit d’un développement propre et résilient aux effets des changements climatiques dans les États membres. La BOAD s’inscrit ainsi dans les orientations définies lors du Sommet de Rio de 2012 sur le développement durable.

La BOAD a adopté en 2014 une Stratégie Environnement et Climat. Quelles en sont les grandes lignes ? C. A. : Sur la base du diagnostic et des enseignements tirés, et considérant que le développement économique et le bien-être social de ses États membres reposent essentiellement sur une gestion durable des ressources

Assortie d’un Plan d’action, cette stratégie se réfère tout d’abord aux grands enjeux environnementaux et climatiques auxquels font face nos États membres. Elle présente également les défis majeurs de développement qui sont liés, à savoir la lutte contre la dégradation des facteurs de production naturels (sols, eau, etc.) et

« Une feuille de route claire doit être élaborée pour les engagements financiers. »

(1) Bénin, Burkina Faso, Côte d’ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo, représentant plus de 80 millions d’habitants. (2) Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui regroupe quinze pays. (3) Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (13 États membres) - Xii -


événements & rencontres BoAD coP 21

> renforcer les capacités des unités opérationnelles dans le domaine des évaluations environnementales ; > développer des outils et des mécanismes efficaces de financement et de mobilisation de ressources, pour soutenir la gestion environnementale et la lutte contre les changements climatiques ; > renforcer le leadership de la BOAD dans la sousrégion, sur les questions environnementales. En juin 2015, la BOAD a été accréditée comme agence d’implémentation du Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Qu’est-ce que cela apporte concrètement ? C. A. : Le processus d’accréditation a démarré en 2011. il a permis à la BOAD d’élever ses normes fiduciaires, ses normes environnementales et sociales, y compris celles d’intégration du genre, au niveau des standards internationaux. La BOAD peut ainsi se féliciter d’avoir désormais les mêmes normes que les grandes institutions internationales. Aujourd’hui, l’accréditation au FEM nous

Des responsabilités de plus en plus importantes au niveau international En ligne avec sa stratégie environnement et climat, la BOAD s’implique de plus en plus dans les instances internationales, où son rôle est reconnu. Ainsi, elle occupe un siège d’observateur à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) depuis 2009. En 2011, elle été accréditée comme première entité régionale de mise en œuvre du Fonds d’Adaptation. Dans le cadre d’un Protocole d’accord signé avec la CCNUCC, le siège de la BOAD à Lomé, au Togo, accueille depuis janvier 2013 le premier Centre régional de collaboration sur le mécanisme pour un développement propre. Enfin, la BOAD est accréditée comme entité d’implémentation du Fonds pour l’environnement mondial et son président siège au Conseil d’administration du Fonds vert pour le climat.

offre des perspectives de mobilisation de ressources financières additionnelles, dans le cadre du financement de projets environnementaux retenus comme priorités par les États membres et faisant partie des domaines de concentration du FEM. Ces domaines sont notamment la biodiversité, les changements climatiques, les ressources

« Faire de l’environnement un nouveau pôle de croissance en Afrique de l’Ouest. en eau, la dégradation des sols, la couche d’ozone et les polluants organiques persistants. Quand on sait que les problématiques environnementales dans notre sousrégion ont un lien fort avec ces domaines de concentration, on mesure mieux l’importance de cette accréditation. Dans le même domaine, la BOAD poursuit ses efforts pour obtenir l’accréditation du Fonds vert pour le climat. il devrait être abondé à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Cela permettra à notre institution de mobiliser, non seulement les ressources de dons, mais aussi les ressources concessionnelles au bénéfice des États ouest-africains. Qu’attendez-vous de la COP21 ? C. A. : Notre participation à la COP21 s’inscrit dans une démarche commune à l’Afrique de l’Ouest, associant notamment les Commissions de la CEDEAO(2) et de l’UEMOA, ainsi que le CiLSS(3). Pour nous, la Conférence de Paris devrait déboucher sur l’adoption d’un accord équitable, équilibré et juridiquement contraignant, auquel toutes les parties s’engagent. il devrait viser un objectif d’atténuation permettant la limitation à long terme du réchauffement climatique. L’accord devrait également porter sur l’adaptation, les pertes et dommages, le financement, le développement et le transfert de technologies, le renforcement de capacités ainsi que la transparence du soutien et de l’action. Une feuille de route claire doit être élaborée, en vue d’un échelonnement des engagements financiers vers les 100 milliards de dollars promis d’ici à 2020. Enfin, la Conférence de Paris sera véritablement un succès si elle débouche sur des actions concrètes. Notamment dans trois domaines prioritaires : d’abord, l’appui à l’accès aux financements climat ; ensuite, la formulation et la mise en œuvre de plans nationaux d’adaptation ; enfin, l’identification et la mise en œuvre des opportunités visant le développement sobre en émissions de GES. n

www.boad.org - Xiii -

DIFCOM/FC - Photos : DR

l’insécurité alimentaire, de même que les contraintes et opportunités existantes. La vision évoquée plus haut permet également à notre institution d’être en phase avec les politiques retenues en matière d’environnement et de climat au niveau de la sous-région. Dans ce contexte, l’objectif stratégique défini par la BOAD est de « faire de l’environnement un nouveau pôle de croissance » pour ses activités. L’action de l’institution sera organisée autour de trois axes stratégiques, à savoir :


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Djibouti

40

%

d’ici à 2030

Engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Pays de moins d’un million d’habitants situé à l’extrémité est de l’Afrique, Djibouti fait partie des territoires africains les plus remarquables pour leur biodiversité. Pour préserver cette richesse, de plus en plus menacée par la désertification, la petite République s’implique résolument dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Nous devrons investir plus de 3,8 milliards de dollars 2 questions pour mieux comprendre Votre pays est-il menacé par le changement climatique et comment réagit-il ? Nous connaissons des sécheresses récurrentes, mais aussi de violentes inondations, qui fragilisent les écosystèmes et la population. Le gouvernement s’en préoccupe depuis le début du siècle et cela a permis la mise en place de projets nationaux dont l’objectif est de répondre aux menaces sur les populations vulnérables et les écosystèmes. Les programmes et projets mis en œuvre actuellement représentent un budget d’environ 100 millions euros.

Djibouti

PoPuLAtioN 908 000 habitants SuPERFiCiE 23 200 km2 Pib 1,6 milliard de dollars (2014)

Qu’attendez-vous de la conférence de Paris 2015 ? La République de Djibouti s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % à l’horizon 2030. Une réduction de 20 % supplémentaire nécessitera l’assistance technique et financière de la communauté internationale. Pour tenir le premier objectif, nous devrons investir plus de 3,8 milliards de dollars en collaboration avec la communauté internationale. Un complément de plus de 1,6 milliard de dollars, conditionné par de nouvelles sources de financement telles que le Fonds vert pour le climat et un appui international, permettrait d’atteindre le second objectif.

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© Aboubaker Mohamed Halloyta (Abou)

DJIBoUtI

Mohamed Moussa ibrahim balala, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Environnement


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CHEF D’œUVRE EN PÉRiL À plus de 1 700 mètres au-dessus du golfe de Tadjoura, la forêt du Day est l’ultime vestige de la gigantesque forêt primaire qui recouvrait le Sahel et le Sahara à la préhistoire. Elle s’est perpétuée ici grâce à la faculté d’adaptation des genévriers. Babouins sacrés d’Égypte, singes verts, phacochères, infinie variété d’oiseaux, c’est un exceptionnel réservoir de biodiversité. Mais les genévriers, attaqués par un redoutable champignon, l’armillaire, meurent les uns après les autres. Les arbres malades sont phagocytés par des figuiers étrangleurs. Des années de sécheresse ont fait le reste : la forêt a perdu les deux tiers de sa surface depuis 1949. Pour enrayer l’hécatombe, les équipes du Programme de mobilisation des eaux de surface et de gestion durable des terres (Promes-GDT) construisent, autour de chaque arbre, de minuscules barrages de pierres dans le sens de l’écoulement des eaux de pluie, pour piéger un peu du précieux liquide et retenir les sédiments de la terre. En parallèle, 5 000 genévriers sont replantés pour régénérer la forêt. Mais les jeunes pousses doivent être protégées des animaux. Autour de chaque plan, un cône de protection en bois mort est édifié. Un défi à la mesure de l’enjeu écologique de Djibouti.

CO2 ÉQUiVALENT

100000

Djibouti s’engage pour une réduction de 2 millions de tonnes de CO2 par an. L’équivalent de ce qu’émettent 100 000 ménages français en un mois.

SéChERESSE Et iNoNDAtioNS Sur un territoire grand comme la moitié de la Suisse, Djibouti connaît un climat aride, une faible pluviométrie et des températures très élevées, dépassant parfois 45°C durant la saison chaude. Depuis 2007, la région connaît sa pire sécheresse depuis 60 ans. De plus en plus rares, les pluies sont orageuses pour la plupart, aggravant l’érosion des sols et la dégradation du maigre couvert végétal.

DÉSERTiFiCATiON

88

Djibouti

%

Sécheresses à répétition, dégradation des terres agricoles, mortalité aggravée du bétail : la concentration urbaine s’accroît. Près de 88 % de la population vit en milieu urbain.

Ministère de l’habitat, de l’urbanisme, de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire PO Box 2091, Djibouti Tél. : (+253) 35 10 20 Fax : (+253) 35 48 37

www.environnement-djibouti.com

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SéChERESSE Et iNoNDAtioNS

Comment Djibouti limite leur impact La qualité des eaux diminue et le déversement soudain des inondations entraîne parfois une forte intrusion de la mer à l’intérieur des terres. Outre les menaces sur la biodiversité, cette situation a des impacts négatifs sur les conditions de vie de la population rurale et périurbaine. Certaines familles rurales ont totalement perdu leur cheptel (environ une bête sur deux meurt chaque année) et 42 % de la population vit sous le seuil de l’extrême pauvreté. La concentration urbaine s’accroît – près de 88 % de la population vit désormais en milieu urbain (65% dans la capitale) – ce qui a aussi pour effet d’accentuer la désertification des zones autrefois utilisées pour les pâturages et quelques cultures.

La vulnérabilité de Djibouti face à la variabilité climatique se concentre sur les principaux secteurs suivants : - les ressources en eau, - l’agriculture et les forêts, - l’élevage, - la zone côtière, - les écosystèmes marins. La République de Djibouti a mis en place de nombreux projets pour faire face à ces phénomènes et en maîtriser au mieux les conséquences. Ces stratégies d’adaptation au changement climatique sont intégrées dans la politique de développement nationale. Celle-ci prend bien entendu en compte la volonté de Djibouti de s’inscrire dans l’initiative mondiale de réduire les gaz à effet de serre pour limiter la hausse des températures. Car si les engagements de 2015 ne sont pas tenus, les nouvelles contraintes d’adaptation au changement climatique obligeraient à définir de nouvelles stratégies. Dès 2006, Djibouti a élaboré son Plan d’action national d’adaptation aux changements climatiques (PANA). Dans le cadre de la préparation de ce document de référence, il a été fondamental de rechercher à identifier les groupes humains les plus menacés, ainsi que les secteurs et les ressources indispensables à leur subsistance. Cette tâche a été réalisée de manière participative avec les parties prenantes et grâce à l’appui d’une équipe pluridisciplinaire d’experts des secteurs publics et privés. - XVi -

PRODUCTiON D’ÉLECTRiCiTÉ

1 000 MW

Le potentiel de production d’électricité de Djibouti à partir de ses ressources géothermiques.

UNE STRATÉGiE CONSENSUELLE Le PANA est donc, pour les Djiboutiens, un instrument consensuel élaboré avec les parties prenantes, et pour l’État une stratégie de réponse aux phénomènes climatiques qui a reçu l’aval de toutes les parties concernées. il constitue une étape dans la démarche destinée à identifier les besoins immédiats et urgents du pays face à la nécessité de s’adapter aux changements climatiques. La faible capacité d’adaptation des populations, et même de l’État à une certaine échelle, est à l’origine de cette préoccupation et un trait commun à toutes les parties fragilisées par les variabilités et changements climatiques. Le PANA compte 8 options prioritaires : 1 . Réduction des risques pour les systèmes de production des zones côtières à travers une gestion intégrée, adaptée et participative. 2 . Promotion des actions de protection des périmètres forestiers du Day et des monts Mabla. 3 . Promotion des actions d’aménagement et de gestion des eaux de surface. 4 . Amélioration de la gestion des parcours du bétail pour réduire les risques associés à l’élevage extensif traditionnel. 5 . Promotion des exploitations d’agro-élevage intégré et du développement des techniques d’irrigation et d’exhaure pour lutter contre la salinité des terres. 6 . Promotion de la régénération de pâturages. 7 . Restauration des aires marines à travers la protection des coraux et de la végétation de la mangrove. 8 . Promotion des mesures de protection des ouvrages d’alimentation en eau de la ville de Djibouti.


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UNE POLiTiQUE ÉNERGÉTiQUE SOBRE EN CARBONE

Malgré la taille modeste de son territoire (23 200 km2), Djibouti compte des écosystèmes terrestres et aquatiques riches et variés, tant en faune qu’en flore. Le pays est de plus situé à un carrefour ornithologique majeur dans les migrations Nord-Sud, fréquenté par un million d’oiseaux par an. il fait partie des régions d’Afrique les plus remarquables pour leur biodiversité, mais aussi les plus fragiles. On y dénombre notamment vingt espèces terrestres identifiées comme étant en péril au niveau mondial. Pour conserver la biodiversité de ses zones d’importance écologique,leministèredel’EnvironnementdeDjiboutimèneactuellement plusieurs projets visant la mise en place d’un réseau fonctionnel d’aires protégées. Elles répondent à une double préoccupation : conserver et gérer durablement les écosystèmes naturels qui ont un grand intérêt bioécologique tout en apportant des avantages socioéconomiques aux populations locales. Pour les atteindre, l’approche adoptée considère « l’aire protégée » comme outil de conservation de la biodiversité et de lutte contre la désertification et, également, comme mode de gestion et de valorisation de la nature. La mise en place de ce réseau fonctionnel d’aires protégées est une façon d’assurer la pérennité du patrimoine naturel pour le bénéfice de la population et, surtout, des générations futures. il s’agit aussi d’un bel exemple de développement durable basé sur la recherche d’un équilibre entre les impératifs économiques, environnementaux et sociaux.

Opérationnelle depuis 2011, l’interconnexion électrique de 50 MW avec l’Éthiopie, dont l’électricité est majoritairement d’origine hydraulique, est une première manifestation concrète de cette volonté. En outre, des programmes sont déjà planifiés par le ministère en charge de l’Énergie, comme le projet de centrale solaire de 50 MW dans le sud du pays (région de Bara), le projet de ferme éolienne onshore de 60 MW à proximité du détroit de Goubet et le projet de géothermie de 50 MW au lac Assal. À quoi s’ajoutent des actions de maitrise d’énergie et d’efficacité énergétique, comme la mise en place de deux nouvelles lignes d’interconnexion électrique avec l’Éthiopie, la réhabilitation thermique des bâtiments, la diffusion de 5 millions de lampes à basse consommation, la réduction de la consommation de bois pour la cuisson ou encore l’exploitation des ressources géothermiques, dont le potentiel est estimé à 1 000 MW. n

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DIFCOM/FC - Photos : DR

PROTÉGER UNE BiODiVERSiTÉ REMARQUABLE

La République de Djibouti s’est dotée d’une politique énergétique mettant en avant le développement des énergies renouvelables. Leur utilisation présente un triple avantage : la réduction de la facture de l’électricité pour les ménages pauvres, le développement au niveau national d’investissements privés dans les branches de l’industrie et des services et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le Président ismaïl Omar Guelleh a inscrit cette stratégie dans une vision nationale : Djibouti ambitionne d’être, d’ici à 2035, le premier pays du continent africain à utiliser 100 % d’énergie verte pour la production de l’électricité.


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