Côte d’Ivoire Destins croisés
Hebdomadaire international indépendant • 56e année • n° 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
jeuneafrique.com
Double choc À quatre mois de la présidentielle, la chute vertigineuse des cours du pétrole et la guerre contre Boko Haram menacent les fragiles équilibres d’un pays qui, depuis 2009, semblait pourtant sur le chemin de la stabilité et du développement. Spécial 22 pages édition TCHAD France 3,80 € • Algérie 220 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € • Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,30 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285
Le pLus
de Jeune Afrique
Panorama IDI, une force moins tranquille
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Politique Radiographie électorale interview Ngarlenan Docdjengar, ministre des Finances HiPPisme Un sport national très couru
© PHILIPPE DESMAZES/AFP
Où va le Tchad?
jeune afrique
n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
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Le Plus de Jeune Afrique
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Panorama IDI, une force moins tranquille Politique Radiographie électorale interview Ngarlenan Docdjengar, ministre des Finances HiPPisme Un sport national très couru
Où va le Tchad?
Prélude François Soudan
Funambule
C
ela fait dix ans qu’idriss même si nul ne l’a vu en uniforme déby a ajouté itno, le nom depuis longtemps, « idi » sait que le de son grand-père, à son chèche et le battle-dress lui collent patronyme, et pourtant, à toujours à la peau. C’est en guerrier n’djamena comme ailleurs, chacun qu’il a résisté, en 2006 et en 2008, aux continue de l’appeler déby, comme s’il assauts des colonnes rebelles et c’est n’avait pas changé depuis le temps des en militaire qu’il a dirigé les intervenrébellions et des rezzous mécanisés tions décisives de son armée au Mali, dans les sables du Borkou-ennedi- au nigeria et au Cameroun. tibesti, le mythique Bet des méharistes français. Celui qui s’apprête à briguer dans CelafaitdouzeansquelaConstitution quatre mois un cinquième mandat est tchadienne a été modifiée, à une devenu incontournable sur le front époque où la limitation du nombre antijihadiste global, au point qu’à de mandats présidentiels n’était pas Paris ceux qui décident réellement encore un vrai sujet de polémique, afin de la politique africaine du gouvernede lui permettre de se représenter, et ment socialiste ne souhaitent qu’une pourtant ses opposants n’en finissent chose : qu’il demeure en place. ironie pas de contester sa légitimité. C e l a f a i t v i n g tcinq ans que l’ancien Si nul ne l’a vu en uniforme depuis conseiller à la sécu- longtemps, « IDI » sait que le chèche rité de Hissène Habré, et le battle-dress lui collent à la peau. formé au métier de pilote d’avion de transde l’histoire : en mars 2008, alors qu’il port de troupes et à l’École de guerre était assiégé dans son palais, déby de Paris, a renversé ce dernier pour itno avait reçu de nicolas sarkozy le s’installer durablement au pouvoir. et, conseil de choisir l’exil, et, du premier pourtant, la rumeur ne cesse de gloser secrétaire du Ps françois Hollande, sur les trahisons de ses proches, ses l’injonction de rendre des comptes… sautes d’humeur, son intempérance et, Boycottée par l’opposition – qui a, bien sûr, son état de santé, régulièrement donné comme critique en dépit depuis, abandonné cette stratégie inopérante où qu’elle s’applique –, des démentis tout aussi régulièrement la dernière élection présidentielle apportés par les faits. s’était soldée par un score d’un autre C’est dire si Idriss Déby Itno, 63 ans, âge : 88,7 % des voix. il n’en sera évia fini par s’habituer à être dépeint demment pas de même cette foiscomme un funambule en situation ci, idriss déby itno ayant face à lui d’éternelle précarité, le dos au mur, une brochette d’opposants pugnaces les armes constamment à portée de quoique divisés, sur fond de chute des main, com’chef d’un État que Jacques revenus pétroliers, de tensions sociales Chirac, qui eut la formule plus heu- et d’économie de guerre – autant d’éléreuse, qualifia autrefois de « défini par ments susceptibles de contrebalancer les réels points positifs de son bilan. les frontières de ses voisins ». Pas de quoi cependant inverser les il en a pris son parti et ne parle plus aux médias, qui sont à ses yeux autant pronostics d’un nouveau (et dernier ?) de miroirs déformants. Reste que, bail au palais rose de n’djamena. ● jeune afrique
n o 2867 • du 20 au 26 déCembre 2015
Panorama IDI, une force moins tranquille p. 70 BIométrIe Kits et couacs
p. 74
PoLItIQUe radiographie électorale p. 76 QUestIons à Gali ngothé Gatta, député UFD-PR
p. 76
sécUrIté Le répit des guerriers p. 80 comment les tchadiens vivent la menace au quotidien p. 82 IntervIew ngarlenan Docdjengar, ministre des Finances p. 88 aGroPastoraL Koumra fait son miel p. 94 Le temps des vaches grasses p. 96 tenDance J-rabel, du style à l’état brut p. 99
HIPPIsme Un sport national très couru
p. 102
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Le Plus de Jeune Afrique
TCHAD
IDI
une force moins tranquille Depuis 2009, Idriss Déby Itno est parvenu à maintenir un microclimat de paix qui a permis au pays de décoller économiquement et de s’ouvrir sur le monde. À quatre mois de la présidentielle, la guerre contre Boko Haram et la chute vertigineuse des cours du baril vont-elles tout remettre en question ?
VInCenT DUHeM,
V
envoyé spécial
ingt-cinq ans tout juste après son accession à la tête du pays, le président Idriss Déby Itno (IDI) doit se demander si sa fonction lui accordera un jour le moindre répit. Après avoir écarté Hissène Habré du pouvoir, en décembre 1990, à l’issue d’une offensive menée à partir du Soudan, après avoir ensuite lutté contre les rébellions et échappé à plusieurs tentatives de renversement (ses adversaires étant parfois des membres de sa famille), après être parvenu, ces sept dernières années, à se réconcilier avec le Soudan d’Omar el-Béchir, à préserver la paix sur le territoire national, à se forger un leadership régional quasi incontesté et à devenir l’ami des grandes puissances occidentales, il pensait enfin pouvoir mobiliser ses forces sur le décollage économique du pays. Mais le voilà n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
aujourd’hui confronté à deux nouveaux défis : d’un côté, la guerre contre Boko Haram et, de l’autre, l’effondrement du prix du baril de pétrole, qui tous deux affaiblissent les caisses de l’État. Déjà engagé au Mali depuis 2013, le Tchad est devenu en février dernier le chef de file de la lutte contre les islamistes nigérians. Lorsque les troupes tchadiennes sont entrées au Cameroun, puis dans l’extrême nord du Nigeria, Boko Haram n’avait jamais encore frappé à l’intérieur des frontières du Tchad. C’est désormais chose faite, à N’Djamena et dans la région du Lac Tchad (lire pp. 80-86), partie du pays délaissée depuis des années et où les islamistes ont pu infiltrer les différentes communautés – et pas seulement les Boudoumas, particulièrement stigmatisés. Alors que l’état d’urgence venait d’y être décrété, le 9 novembre, IDI a fait débloquer 3 milliards de F CFA (4,57 millions d’euros) pour le développement de la région du Lac, en particulier en matière de santé et d’éducation. Il a donné pour jeune afrique
instruction de recruter dans l’armée « les fils de la région », et a nommé récemment l’un d’eux, Adoum Fortey, préfet. Boko Haram menace désormais la sécurité du pays tout entier et sa mosaïque interne. S’il n’est pas officiellement chiffré, l’effort de guerre tchadien au Mali et dans la lutte contre la secte islamiste est exceptionnel et pèse lourdement dans le budget de l’État. Outre les pertes en vies humaines, les déplacements de populations et les drames quotidiens qu’elles engendrent, les exactions de Boko Haram au Nigeria, au Cameroun et dans la région du Lac Tchad ont également des conséquences économiques. « Les recettes douanières ont chuté, explique Jean-Bernard Padaré, porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS, parti au pouvoir). Nous sommes un pays enclavé, donc tout ce qui est produit manufacturé passe par le Cameroun ou par le Nigeria. Et la route entre le Tchad et le Nigeria est fermée depuis un an. » jeune afrique
Grâce aux revenus du pétrole, dont la production a commencé en 2003 à Doba et dans le bassin de Bongor en 2010, le gouvernement a pu engager un programme d’investissements massif: de nouvelles infrastructures ont déjà transformé la silhouette de N’Djamena, des universités ont vu le jour dans les différentes régions du pays, le réseau routier a été largement amélioré, etc. Mais le prix du baril s’est écroulé, passant de 102 dollars début 2015 à 40 dollars aujourd’hui. Une catastrophe pour le pays, où la production pétrolière assurait 75 % des recettes de l’État ces dernières années. Le budget 2015 ayant été établi sur la base d’un cours à 102 dollars le baril, les caisses sont vides. Dans la capitale, les grands travaux sont à l’arrêt. L’allocation à la presse est passée de 100 à 30 millions de F CFA. Le Tchad a même dû renoncer à accueillir le 25e sommet de l’Union africaine en juin (qui s’est finalement tenu à Johannesburg). « L’argent ne circule plus », résume un homme d’affaires.
À plusieurs reprises, le gouvernement est revenu sur des décisions qui avaient provoqué la colère de la population. n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
Vincent Fournier/J.A.
p Le chef de l’État tchadien, à N’Djamena.
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Le Plus de J.A. Tchad
2009-2015 : paix, scrutins et contingents 3 mai 2009 Accord de paix de Doha signé entre le Tchad et le Soudan
Face à cette situation, certains mettent en cause les lacunes ou les manques de précision dans les programmes engagés depuis 2010. « On a construit des immeubles, des centres de santé, des écoles, mais il n’y a ni médecins ni professeurs pour les faire fonctionner », dit l’opposant Saleh Kebzabo (lire pp. 76-77). « Le budget n’aura aucune signification tant que le président restera le seul ordonnateur, observe un membre de la Cour des comptes. Nous devonsmettreenplaceunevéritableadministration et une vraie planification du développement. » Les mécontents se font un peu plus entendre. À l’instar du corps enseignant tchadien, qui, depuis quelques mois, proteste régulièrement contre les retards dans le versement des salaires et les arriérés de paiement de certaines primes. Il faut dire que depuis dix ans les fonctionnaires tchadiens en général, et les enseignants du public en particulier, percevaient leurs salaires dès la fin du mois. « Il faut tenir compte des réalités qui sont les nôtres, nuance Jean-Bernard Padaré. C’est vrai que le versement des salaires est primordial, mais pour nous qui avons connu la guerre entre 1979 et 2008, la sécurité est la priorité. Et le président Déby est une sorte de bouclier contre l’instabilité. » Et de poursuivre en reconnaissant que, certes, « une grosse partie de la manne pétrolière a été utilisée pour renforcer l’armée, mais on est bien contents que cette dernière n’ait pas besoin des équipements français pour aller combattre au Mali ». Un point de vue que partage une source sécuritaire de la sous-région, qui conclut que « l’appareil militaire n’a pas été construit pour préserver un régime, mais pour préserver les frontières ». Dans un pays où la première rébellion a éclaté cinq ans après l’indépendance et où la dernière s’est éteinte en 2008, ce n’est en effet pas anodin. « L’année 2016 risque d’être encore plus dure que 2015 », estime quant à lui l’un des membres fondateurs du MPS. Sans manquer de rappeler que lorsque Idriss Déby Itno s’est emparé de la capitale, en décembre 1990, le mal était profond : absence de conscience nationale et de notion de
25 avril 2011 Présidentielle : Idriss Déby Itno est réélu pour un 4e mandat
13 février 2011 Législatives : le MPS remporte 113 sièges sur 188, et ses alliés (RDP et Viva-RNDP), 14. Dans l’opposition, l’UNDR arrive en tête (10), suivie de l’UDR (8) et du FAR (4). Les sièges restants sont échus à 19 petits partis n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
l’État, tribalisme, extrême dépendance vis-à-vis de l’extérieur, mentalité d’assistés, sous-développement absolu… « Les Tchadiens doivent se rendre compte des efforts qui ont été faits depuis », martèle-t-il. Malgré tout, la majorité « est obligée de marcher sur des œufs », avoue l’un de ses cadres du MPS. Au sein du parti, ils sont nombreux à « craindre la bombe sociale ». Aussi, à plusieurs reprises, le gouvernement est-il revenu sur des décisions qui avaient provoqué la colère de la population. L’obligation du port du casque n’est plus vraiment une obligation, quant à l’interdiction des vitres teintées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme (lire pp. 82-84), elle est entrée en vigueur deux mois plus tard que prévu, le temps que les automobilistes s’organisent. PUZZLE. Encestemps«unpeu»troublés,laquestion
de la bonne gouvernance revient aussi régulièrement dans le débat public. Maître d’un puzzle dont il est sans doute le meilleur connaisseur, IDI en est parfaitement conscient. Confronté à la première grave crise économique depuis l’arrivée du pétrole, il sait qu’il doit agir, et vite, d’autant que le scrutin présidentiel,prévupouravril,approcheàgrandspas. Il doit agir sur le plan purement économique, bien sûr, mais aussi en prenant des mesures symboliques, comme ce fut le cas le 24 octobre. Ce samedi, plusieurs véhicules de police lourdement armés cernent les locaux de la direction générale des douanes. Son directeur, Salaye Déby, frère cadet du chef de l’État, est interpellé et démis de ses fonctions pour mauvaise gestion – de très importantes sommes d’argent en liquide ont été retrouvées après son arrestation dans ses bureaux et dans ses différentes résidences. Il passera près d’un mois en détention, avant d’être relâché sans autre forme de procès (il se trouve depuis au Caire). Dans la foulée, plusieurs autres cadres zaghawas sont remplacés par des personnalités du Sud. Cet épisode est un signal fort qui, selon les observateurs, ne devrait pas être le dernier. ●
16 janvier 2013 Envoi du premier contingent des Forces armées tchadiennes d’intervention au Mali (Fatim), de 1 200 hommes
22 janvier 2012 Premières élections locales (les maires étaient jusqu’à présent nommés par le pouvoir)
17 janvier 2015 400 véhicules militaires tchadiens et des hélicoptères de combat arrivent au Cameroun pour repousser Boko Haram, contre lequel IDI réclame une coalition des États d’Afrique centrale
6 mars 2015 L’Union africaine entérine la création d’une force multinationale de lutte contre Boko Haram basée à N’Djamena
22 août 2015 Les chefs d’État des 4 pays riverains du lac Tchad et celui du Bénin décident d’engager 8 700 soldats, dont 3 250 Nigérians et 3 000 Tchadiens
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Le Plus de J.A. Tchad
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Liste éLectoraLe
Kits et couacs Grâce au premier recensement biométrique des électeurs, les contestations seront-elles moins nombreuses à l’occasion des prochains scrutins ? Rien n’est moins sûr.
U
© AbdoulAye bArry pour J.A.
n nombre de « kits » (appareils de recensement biométrique) insuffisant. Des groupes électrogènes qui tombent en panne dans une petite commune de brousse et bloquent les enregistrements pendant plusieurs jours. Un équipement qui prend feu avant d’avoir été utilisé. Des villages qui attendent toujours la venue de l’agent recenseur… La campagne de recensement biométrique des électeurs, qui devait être réalisée entre le 26 octobre et le 9 décembre, a finalement été prolongée d’une semaine. Au grand dam de certains hommes politiques qui en réclamaient plutôt trois pour compenser les couacs et les retards, brocardant vertement la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et la société française Morpho (groupe Safran), chargée de déployer quelque 2 300 « kits d’enrôlement » à travers le pays pendant toute la durée des opérations. Le principe d’un fichier biométrique des électeurs a été retenu dans l’accord politique d’août 2007, à la demande de l’opposition. Mais la guerre de 2008 et les
négociations entre partis qui ont suivi n’ont pas permis d’organiser le processus d’inscription. En 2010, les différents partis ont accepté par consensus que, faute de temps, ce fichier ne concerne ni la présidentielle ni les législatives de 2011. « Impondérables ». Revendiqué par
projections concernant le nombre des électeurs à enregistrer dans la capitale, établies sur la base du recensement général de la population réalisé en 2009. On reproche aussi à la commission une mauvaise répartition des kits de recensement. « Comment expliquezvous, par exemple, que le 7e arrondissement de N’Djamena, le plus grand et le plus peuplé de la capitale, ne dispose que d’une cinquantaine de kits ? » s’interroge un membre de la majorité. Le
tous depuis des années, le recensement biométrique aura enfin été réalisé, et la nouvelle liste électorale sera donc prête pour le scrutin présidentiel de 2016. Le 8 décembre, le 8 décembre, à une semaine veille de la date initialede la clôture des opérations, ment prévue pour la clôture des opérations de recenle nombre d’inscrits était de 70 %. sement, la moyenne des électeurs enrôlés (c’est-à-dire enregistrés député d’opposition Gali Ngothé Gatta selon les normes biométriques pour être (lire pp. 76-77) tempère : « La biométrie inscrits sur la nouvelle liste électorale) est nouvelle pour tout le monde. Il a frôlait 70 % sur l’ensemble du territoire. fallu aller sur le terrain pour se rendre Le même jour, ce taux dépassait 120 % à compte de la difficulté de l’exercice, qui N’Djamena, où les files d’attente devant comporte malheureusement nombre les centres de recensement étaient toud’impondérables… » jours aussi longues. La liste de ces « impondérables » n’est De nombreuses voix s’élèvent pour sûrement pas close. Car, entre l’affidire que la Ceni s’est trompée dans ses chage des listes électorales provisoires, puis des listes définitives (à la mi-jan Bureau d’enregistrement du quartier Mardjandaffack, vier 2016), la distribution des cartes e dans le 2 arrondissement de N’Djamena, le 10 décembre. d’électeur, le décret de convocation de ces derniers (prévue le 24 février) et, évidemment, le déroulement du scrutin présidentiel, il pourrait y avoir dans les mois à venir encore quelques retards, contestations et revendications. À commencer par la présence de kits de contrôle dans les bureaux de vote, toujours pas assurée et que l’opposition réclame. « Il n’y a pas d’élections sans biométrie, et pas de biométrie sans kits d’identification », rappelait la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC), le 24 octobre, dans un communiqué. Selon le gouvernement, le pays n’a malheureusement pas les moyens de s’offrir ces kits supplémentaires. Décidément, malgré le passage à la biométrie, les polémiques électorales sont loin de s’éteindre. ● madjIasra naKo, à N’Djamena n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
jeune afrique
L’ U N I T É D E M I S E E N Œ U V R E D U C A D R E
INTÉGRÉ RENFORCÉ DU TCHAD (UMOCIRT)
PORTER L’ESSOR DU COMMERCE AU TCHAD
M. Mahamat Touka Saleh, Coordinateur national de l’UMOCIRT.
LES MISSIONS DE L’UMOCIRT Institué par le Gouvernement avec l’appui des partenaires, l’UMOCIRT est chargée des principales missions suivantes : - appuyer l’élaboration de politiques favorables au commerce ; - développer les capacités commerciales du pays.
LE COMMERCE POUR LE DÉVELOPPEMENT DES PMA BP 2428 - N’Djamena, Tchad Tél.: +235 22 51 41 21 www.cirtchad.org
• Réalisation d’Études diagnostiques de l’intégration du commerce (EDIC) : L’EDIC a pour but d’identifier et d’analyser les contraintes au développement du commerce, à travers différents paramètres, tels que l’environnement des affaires, les infrastructures, les capacités de production, l’accès aux marchés, le financement du commerce, etc. La première étude a été menée en 2006. Elle a permis d’intégrer les besoins du commerce dans le SNRP 2 et le PND 2013-2015. L’EDIC 2, réalisée en 2013 dans l’optique d’une plus grande diversification de l’économie tchadienne encore trop dépendante de l’exploitation du pétrole, met l’accent sur la valorisation des secteurs de productions agricoles, pastorales et minières, ainsi que des services supports (énergie, TIC, transports, banques). Le Plan d’Actions Prioritaires (PAP) de l’EDIC2 validé en octobre 2015 sera intégré dans le Plan Quinquennal de Développement 2016-2020. • Élaboration d’une Stratégie Nationale de Développement du Commerce (SNC) : Elle entre dans le cadre des réformes engagées dans le secteur, avec la restructuration du ministère et l’adoption de nouvelles lois sur la concurrence, la protection des consommateurs, la normalisation et la métrologie. Sa validation est prévue en janvier 2016. • Réalisation de plusieurs études sectorielles ayant permis d’assurer l’opérationnalisation de l’Agence Nationale des Investissements et des Exportations (ANIE), la mise en place d’une politique nationale de normalisation, le renfor-
cement des capacités des organisations liées au commerce ainsi que la définition d’un schéma de développement des chaines de valeurs dattes, natrons et sésame. Concernant le renforcement des capacités commerciales, des résultats appréciables sont notés. • Redynamisation de la filière cuir : En collaboration avec le Centre du Commerce International (CCI), l’UMOCIRT a appuyé le développement de la filière cuir et peaux, à travers, l’équipement des abattoirs en matériel de dépouillage et le renforcement des capacités des acteurs (bouchers, tanneurs, artisans maroquiniers). • Développement des capacités de production de chaussures : Une chaine de production a été installée avec le concours de la coopération italienne. Elle a permis de développer les capacités de production de chaussures en série, dans le respect des normes de qualité et des standards. • Renforcement des capacités d’offre de gomme arabique : Un projet est exécuté depuis janvier 2014, en partenariat avec le CCI et l’Organisation des Nations Unis pour le Développement Industriel, pour l’amélioration de la qualité de la gomme et l’accroissement des exportations. Pour la deuxième phase du CIR (2016-2022), l’UMOCIRT va accentuer son action dans le développement de l’offre nationale. À court terme, l’UMOCIRT ambitionne de mobiliser des financements auprès de l’État et des partenaires pour la mise en place de projets pour les filières cuirs, sésame, dattes et natrons.A moyen terme, il est prévu la mise en œuvre, avec le concours des partenaires, des 33 autres projets validés dans le PAP/EDIC 2. PUBLI-INFORMATION
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
L’
UMOCIRT a à son actif plusieurs réalisations qui ont permis de placer le commerce dans les priorités de l’action gouvernementale.
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Le Plus de J.A. politique
Radiographie électorale Les partis d’opposition abordent la présidentielle en ordre dispersé. Mais ils semblent cette fois bien décidés à ne pas boycotter l’élection.
A
près s’être concentré pendant de longues semaines sur la réussite des opérations de recensement électoral – en novembre, une session parlementaire a même été suspendue pour permettre aux ministres « d’aller mobiliser » les citoyens dans les régions –, le parti présidentiel se met tranquillement en ordre de bataille. Fidèle à sa devise (« Mourir pour le salut ») et à son emblème (un disque jaune cerclé de bleu avec une houe et un fusil croisés soutenant un flambeau), qui rappellent le contexte dans lequel il a été créé, en 1990, le Mouvement patriotique du salut (MPS) s’appuie sur la machine politique qu’il a perfectionnée au fil de ses vingt-cinq années d’existence.
Bien que composé de courants divergents, il domine très largement la scène politique et a raflé 113 des 188 sièges de l’hémicycle lors des législatives de 2011 (les suivantes auraient dû se tenir en 2015 mais, au début de l’année, le mandat des députés a été prorogé sine die). Au sein de la majorité, on estime d’ores et déjà que le camp adverse ne fera pas le poids. Sans aller jusqu’à la formule de l’un des cadres du MPS, selon lequel « il n’y a pas d’opposition au Tchad », un observateur reconnaît que « tout le monde espère l’alternance, mais que personne ne semble vouloir prendre le risque de l’incarner ». Ce qui explique le positionnement ambigu de certaines grandes figures de la vie politique du pays, qui presque
toutes ont, à un moment ou à un autre, transhumé entre majorité et opposition. Les principaux partis d’opposition avaient refusé de participer à la présidentielle d’avril 2011. Résultat : Idriss Déby Itno (IDI) a été réélu avec 83,6 % des suffrages exprimés. En 2016, même si les positions peuvent encore évoluer d’ici au scrutin, la situation pourrait être bien différente. « Depuis 2001, c’est peutêtre la première fois qu’il y aura une vraie compétition », se réjouit un électeur. Pour le moment, personne ne parle de boycott, et l’opposition semble bien décidée à jouer son va-tout. pAnAche. À commencer par l’indé-
boulonnable Saleh Kebzabo. Cette fois, assure-t-il, il ira jusqu’au bout. À 68 ans, le leader de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) et chef de file de l’opposition espère rallier à son panache un maximum de déçus du régime. L’ancien journaliste s’enorgueillit notamment d’avoir obtenu le soutien de plusieurs personnalités de l’ethnie du président, les Zaghawas, parmi lesquelles
questions à Gali ngothé Gatta Député de l’Union des forces démocratiques-Parti républicain (UFD-PR) et porte-parole de la coalition CPDC
« pour gagner à notre tour, inspirons-nous des méthodes de Déby »
C
’
est dans un hôtel de Sarh, chef-lieu du Moyen-Chari (Sud), que Jeune Afrique a rencontré Gali Ngothé Gatta fin novembre. Il venait de Sido, grande ville frontalière avec la Centrafrique, et s’apprêtait à rejoindre son fief de Kyabé (100 km à l’est de Sarh), où il devait assurer le monitoring des opérations de recensement électoral. Désigné en septembre porte-parole de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC), la plus importante coalition de l’opposition, il explique comment cette dernière prépare la présidentielle.
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jeune AfRique : comment comptez-vous assurer l’alternance en 2016 ? GALi nGOThÉ GATTA :
Il suffit d’observer ce que fait Idriss Déby et de lui opposer la même logique. Habituellement, il fait le plein de voix dans le nord du pays, puis, pour parvenir à se faire élire, il vient piocher des suffrages dans le Sud, qui est le bastion de quelques leaders d’opposition. Au sein de la CPDC, nous travaillons donc à limiter les candidatures, tout en trouvant un consensus sur certaines personnalités que nous voulons positionner pour qu’elles puissent accaparer
des voix dans le nord du pays, de sorte que les suffrages exprimés se fragmentent et rendent nécessaire un deuxième tour. Ainsi, par un jeu de report de voix, nous pourrons parvenir à la victoire. L’opposition dénonce des irrégularités dans les opérations de recensement biométrique [lire p. 74]. que redoutez-vous ?
Le recensement en cours est une nouvelle donne pour tous les acteurs politiques. Les opérations ont démarré avec du retard dans certaines localités et d’autres n’ont jusqu’à présent pas encore vu l’ombre d’un agent
recenseur alors qu’on est à quelques jours de la fin des opérations. Outre ces problèmes logistiques, nous craignons une sorte d’exclusion qui ne dit pas son nom. Nous avons constaté que certains villages où l’opposition a fait un tabac lors de précédentes élections sont ignorés. Par ailleurs, nous soupçonnons des tentatives d’enrôlement de mineurs, mais aussi d’étrangers. Ces derniers se trouvent sur le territoire national, poussés par les crises qui sévissent dans les pays voisins (Centrafrique, Nigeria, Soudan). Il semble qu’on en enrôle certains en les faisant jeune afrique
Où va le Tchad ? Bichera Djamous, le petit frère de Hassan le plus radical des opposants, notamment parce qu’il n’a pas signé l’accord Djamous, qu’il reçoit régulièrement à son domicile de N’Djamena. Un soutien du 13 août 2007 entre le gouvernement symboliquement très fort : près de vingtet les principaux partis. Ses démêlés avec cinq ans après sa mort, l’ex-commandant le régime de Déby sont célèbres et lui en chef des Forces armées nationales, ont valu de se retrouver plus d’une fois qui, avec son cousin IDI, a lutté contre derrière les barreaux. le régime de terreur de Hissène Habré, Autre personnalité majeure en lice, incarne encore la figure du héros de guerre Joseph Djimrangar Dadnadji. Après avoir (lire « Hissène Habré et le fantôme de Hassan Djamous » tout le monde espère l’alternance, sur jeuneafrique.com). « Ces mais personne ne veut prendre ralliements ne se traduiront pas dans les urnes. Kebzabo le risque de l’incarner. ne peut pas constituer une démissionné avec fracas, en janvier, du menace pour nous », estime Béchir Madet, MPS (où il militait depuis plus de vingt président des jeunes du MPS. « Il est surtout médiatique, tempère Jean-Bernard ans), l’ancien Premier ministre a créé son Padaré, le porte-parole du parti présiparti début septembre : le Cadre d’action dentiel. Mais on ne peut pas critiquer le populaire pour la solidarité et l’unité de pouvoir la journée et être en contact avec la République (CAP-SUR). les proches de Déby le soir… » Djimrangar Dadnadji a occupé pluNgarlejy Yorongar, 65 ans, député fédésieurs postes à la présidence (conseiller raliste, sera l’un des autres principaux juridique, secrétaire général, directeur de concurrents du chef de l’État sortant. Le cabinet…). Il dit n’être « ni de la majoprésident de la Fédération action pour la rité ni de l’opposition », mais vouloir République (FAR) est considéré comme mettre fin à la « patrimonialisation » qui
passer pour des Tchadiens – ce qui est d’autant plus aisé que de part et d’autre des frontières il s’agit des mêmes peuples. Toutes ces raisons font final ement peser trop d’incertitudes sur la liste électorale qui sortira de ce recensement…
caractérise les régimes tchadiens depuis l’indépendance. Enfin, Gali Ngothé Gatta (lire ci-dessous), 65 ans, devrait aussi être candidat. Le populaire député de l’Union des forces démocratiques-Parti républicain (UFD-PR) et porte-parole de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC) est toujours très influent dans sa région du Moyen-Chari, même si certains observateurs l’estiment en perte de vitesse sur le plan national. Le principal enjeu pour l’opposition tient dans la capacité qu’elle aura à se rassembler, ou non. « Personne ne peut prétendre y aller seul », martèle Kebzabo, qui espère réunir autour de lui d’autres personnalités. Or, si ces principaux leaders de l’opposition s’accordent quand il s’agit de mettre en garde le gouvernement (comme en septembre, après la convocation de plusieurs d’entre eux par la police), en ce qui concerne la présidentielle, chacun semble, pour le moment, jouer sa partition en solo. ● Vincent DUHeM
Gali Ngothé Gatta.
Pas du tout! Nous maintenons cette revendication. Nous n’avons pas voulu bloquer le démarrage du recensement à cause de ce kit, mais nous n’y avons pas renoncé pour autant et remettrons bientôt la question à l’ordre du jour. ● Propos recueillis à Sarh par MADjiAsrA nAKO jeune afrique
© Madjiasra Nako pour j.a.
Avez-vous renoncé à l’exigence de disposer de kits de contrôle dans les bureaux pour éviter les votes multiples ?
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THE ARAB CONTRACTORS Grande entreprise égyptienne de travaux publics La société égyptienne The Arab Contractors, est implantée depuis 1999 au Tchad, où elle emploie 1 500 personnes. Cette entreprise publique qui a vu le jour en 1955, compte aujourd’hui parmi les plus grandes entreprises de génie civil, bâtiment. Elle
Chantier de la construction du bâtiment du Ministère des affaires étrangères du Tchad.
est présente dans près de 30 pays. Arab Contractors a entamé ses activités au Tchad avec la construction de l’hôtel Kempinski à N’Djamena, hôtel 5 étoiles considéré comme le plus grand de la capitale. Elle est revenue en 2002 pour la construction de la route Massaguet-Bisney (85 km). En 2008, elle a été
Arab Contractors compte participer avec force aux grands chantiers du Tchad et en faire la vitrine de la sous-région Mr. Ashraf Abdel Aaty, Directeur général de The Arab Contractors
choisie pour la construction de routes dans le cadre de la vaste opération de modernisation lancée par le gouvernement tchadien pour le développement des infrastructures routières et des grands équipements. Depuis lors, Arab Contractors a achevé la réali-
COMMUNIQUÉ
sation des travaux de bitumage de quatre routes de grande importance, à savoir : MassaguetMassakory, Bokoro-Arboutchatak, ArboutchatakBitkine et Mongo-Eref, et actuellement le projet de Ngoura-Amdjamena Bilala. D’autres projets
Projet du bâtiment du Ministère des affaires étrangères du Tchad.
THE ARAB CONTRACTORS est présente à travers ses projets dans 30 pays du moyen orient à l’Afrique.
Leader égyptien dans la construction et travaux publics
Projet du bâtiment de la Banque des États de l’Afrique Centrale.
seront en cours en 2016, la route de GuelendengBongor et la route de Djermaya-Massaguet. En 2012, le groupe a créé sa deuxième société au Tchad, la filiale Arab Contractors Tchad (ACT), pour la réalisation de grands équipements de prestige : le nouveau siège du ministère des Affaires étrangères et de l’intégration africaine à N’Djamena, dont les travaux sont en cours, ainsi que le siège de la banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) dans la ville d’Abéché. Le projet de l’université d’Alexandrie à Toukra à Ndjamena quant à lui, commencera en
Le grand hôtel Kempnski.
milieu de l’année 2016.
mique, structurel et urbain tracé par le gouvernement tchadien, Arab Contractors compte participer avec force aux grands chantiers du Tchad et en faire la vitrine de la sous-région.
THE ARAB CONTRACTORS Tél. : +235 66 05 11 81 Fax : +235 92 00 00 05 E-mail : atyaty1000@yahoo.fr E-mail : arabcontractors.tchad@yahoo.fr
Difcom - F.C. Photos : DR
Dans la perspective du développement écono-
Le Plus de J.A.
© BRAHIM ADJI/AFP
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t Soldats de retour du Nigeria, le 11 décembre. Sécurité
Le répit des guerriers En première ligne dans la lutte contre Boko Haram, l’armée tchadienne doit désormais trouver ses marques au sein de la nouvelle force d’intervention conjointe.
C
’
est avec la même allégresse que celle qui les a accompagnés lorsqu’ils ont quitté la capitale, mi-janvier, pour aller combattre Boko Haram sur le front nord des rives du lac Tchad que 2000 soldats tchadiens de retour du Niger et du Nigeria ont été accueillis, le 11 décembre, sur la place de la Nation, à N’Djamena. Comme leurs camarades rentrés un mois plus tôt, entre youyous et musique militaire, ils ont été acclamés par la foule et félicités par les autorités pour avoir libéré les populations prisonnières de la folie de la secte islamiste. Dans la tête de chacun de ceux qui assistaient à ce grand retour résonnent encore les noms des villes nigérianes de Gambaru, Dikwa, n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
les rives du lac Tchad, faisant près de 200 morts et plus de 300 blessés (civils, militaires et terroristes confondus). DIVIDENDES. Ce retour au pays de plus
de 4 000 soldats tchadiens, en novembre et en décembre, s’inscrit dans le cadre du réajustement préalable au déploieDamasak, Malam Fatori… Autant de cités ment de la Force d’intervention conjointe arrachées aux jihadistes en seulement multinationale (MNJTF), qui doit remplaquelques mois grâce aux interventions cer la coalition régionale de lutte contre des troupes tchadiennes. Boko Haram. Cette force regroupe les Depuis la fin de la saison des pluies, pays du bassin du lac Tchad (Cameroun, les islamistes ne contrôlent plus de terNiger, Nigeria, Tchad) et le Bénin. Elle ritoires. Réduits à lancer des attaques sera composée de 8 700 hommes, dont 3 000 Tchadiens (lire chronologie p. 72). Son Après avoir « broyé du jihadiste » commandement, basé à dans tout le Sahel, le pays confirme N’Djamena, sera assuré par un Nigérian et divisé son rôle de leader régional. en « secteurs ». Le « secteur surprises menées par des kamikazes numéro un » a été installé début sepdont l’objectif est de faire le maximum tembre à Mora, dans l’Extrême-Nord du de dégâts, ils ne sont pas neutralisés Cameroun (région frontalière du Nigeria). Parmi les tout premiers à intervepour autant. De juin à décembre, près d’une dizaine d’explosions ont endeuillé nir au Nord-Mali, début 2013, et au jeune afrique
Où va le Tchad ? Nord-Cameroun, en janvier 2015, et après avoir « broyé du jihadiste » dans tout le Sahel, le Tchad a confirmé sa réputation de grande puissance militaire régionale. Pourtant, il n’en récolte pas toujours les dividendes. En effet, malgré le succès de ses campagnes, le Tchad n’a obtenu ni le commandement militaire de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) ni celui de la MNJTF, que le Nigeria a remporté en pesant de tout son poids auprès de l’Union africaine. N’Djamena devra se contenter d’en être le QG. à tort et à travers. Ces échecs
s’expliquent par le peu d’offensives diplomatiques déployées par le Tchad, mais aussi par le manque de professionnalisme régulièrement reproché à ses soldats, auxquels on reconnaît par ailleurs une témérité sans pareille lorsqu’il s’agit d’aller au combat. « Dans les Ifhogas, je savais qu’on allait perdre des hommes, mais il fallait y aller, sinon la guerre allait durer au moins six mois
expéditionnaire en mission contre Boko Haram, nombre de députés d’opposition ont soulevé ce problème. « Il est vrai que le soldat tchadien n’est pas toujours bien traité. Mais nous nous penchons sur la question », a admis le général Benaindo Tatola, ministre délégué à la présidence, chargé de la défense nationale. Depuis vingt ans, l’armée n’a jamais eu le temps d’achever sa réforme, ses efforts de reconstruction et de modernisation ayant été régudepuis vingt ans, la réforme lièrement interrompus par de la défense n’a jamais pu des guerres – lesquelles ont pu conduire à intégrer au sein être menée à son terme. des troupes, voire à des postes de commandement, des hommes sans la crise centrafricaine a d’ailleurs poussé le président Déby Itno, en avril 2014, à qualification ou pas assez compétents. Les ordonner ab irato le retrait de ses forces autorités sont donc conscientes qu’il va de RCA, où elles se trouvaient depuis falloir mener à son terme ce processus de plus de dix ans. réorganisation et de professionnalisation Beaucoup de Tchadiens estiment en pour que l’armée tchadienne devienne outre que le traitement des hommes une armée moderne dont les soldats de troupe est trop modeste et « peu seront d’aussi louables gardiens de la enviable ». Fin mai, alors qu’il était quespaix qu’ils sont de valeureux guerriers. ● tion de prolonger le mandat du corps Madjiasra NaKo
de plus », expliquait Idriss Déby Itno quelques semaines après l’offensive de son armée dans le nord du Mali, fin février-début mars 2013, qui fut fatale au chef jihadiste Abou Zeid. Mais au courage indéniable des soldats tchadiens, certains observateurs opposent leur indiscipline et, parfois même, leur propension au pillage. L’argument, utilisé à tort et à travers par certains acteurs de
L’Agence Nationale des Investissements et des Exportations a pour objectif d’encourager, de promouvoir et de développer les investissements, dans les différents secteurs économiques et l’exportation des produits et services nationaux
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L’ANIE c’est un personnel compétent offrant des services de qualité dans une structure forte comprenant : • une direction générale qui représente une Task Force ; • 3 directions techniques : Direction de Promotion des Investissements, Direction de Promotion des Exportations et une Direction support des Affaires Administratives et Financières ; • une coordination du Guichet Unique de création d’entreprise.
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< ADOUM YOUSSOUF RESPONSABLE DE LA COMMUNICATION
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Le Plus de J.A. Tchad
Pas de panique Port de la burqa et véhicules à vitres teintées interdits, fouilles et détecteurs de métaux à l’entrée des lieux publics… Face à la menace terroriste, la population a changé ses habitudes. Reportage.
À
N’Djamena, la menace Boko Haram est entrée violemment dans la vie quotidienne. Par trois fois cette année, les fous de Dieu venus du Nigeria voisin ont frappé la capitale tchadienne. Le 15 juin, deux jours avant le début du ramadan, au cœur d’un quartier pourtant très sécurisé, le commissariat central et l’école de police étaient les cibles de deux attentats-suicides quasi simultanés. Bilan : 38 morts, dont 4 kamikazes, et une centaine de blessés. Le 29 juin, dans le 8e arrondissement, quartier Ndjari, 5 autres « illuminés » (selon l’expression d’Idriss Déby Itno) se faisaient exploser lors d’une opération des forces de l’ordre, entraînant dans la mort 5 policiers et l’un de leurs informateurs. Le 11 juillet, enfin, devant la porte sud du marché central, un kamikaze déguisé en femme et portant la burqa a actionné sa ceinture d’explosifs alors qu’un gendarme demandait à « le » contrôler. Encore une quinzaine de morts et plus de 80 blessés.
Il est 10 heures, ce mercredi de novembre, plus de cinq mois après la dernière attaque-suicide. Aux abords du marché central, la circulation se fait plus difficile. C’est l’heure de pointe. À l’entrée nord, des éléments de la police municipale fouillent minutieusement les passants. Le marché fait l’objet d’une surveillance toute particulière. Une centaine d’agents y sont affectés, des policiers, mais aussi des éléments de l’Agence nationale pour la sécurité (ANS) et des renseignements généraux. De l’autre côté, devant la porte sud, les traces de l’attentat ont disparu, mais les deux ou trois ruelles qui y mènent ont été interdites aux voitures. Assis sur un banc, trois policiers et deux agents des renseignements surveillent le passage, contrôlent certaines identités. À l’intérieur du marché : des tonnes de sacs de mil en provenance du marché de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, au Nigeria ; des dizaines de boutiques de tissus ; des produits manufacturés en provenance
des pays du Golfe… Ce mercredi-là, l’activité semble battre son plein, même si les marchands se plaignent d’une baisse de fréquentation, sans trop savoir si elle est due à la menace terroriste ou à la crise économique que traverse le pays depuis plusieurs mois. BOULEVERSÉ. Dans la capitale tcha-
dienne, les attentats n’ont surpris personne tant l’imminence d’une attaque de Boko Haram était redoutée ; avant qu’elle se concrétise, l’Institut français, par exemple, avait déjà construit un mur supplémentaire devant l’entrée de son bâtiment. Passé l’angoisse des premiers jours, la vie a repris son cours normal, tout en s’adaptant à la menace. Depuis le mois de juin, le port du voile intégral et la circulation des véhicules à vitresteintéesontétéinterdits,lescontrôles se sont intensifiés. Le gouvernement a pris des mesures fortes, contraignantes, qui ont parfois bouleversé le quotidien des habitants. Les femmes se sont adaptées à l’interdiction du port de la burqa, rapidement très bien respectée. Celle des vitres teintées, en revanche, a soulevé plus de contestations. Alors, pour apaiser la situation, les autorités ont accordé un délai de deux mois aux automobilistes concernés lll pour qu’ils se mettent en règle.
q Après l’attaque-suicide du 11 juillet, devant le marché central de la capitale.
BRAHIM ADJI/AFP
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jeune afrique
Le Plus de J.A. Tchad Les lieux de culte font également été bouclées par les forces de sécurité. L’opération a permis de mettre la main l’objet d’une surveillance accrue. Comme la paroisse Saint-Paul, située à seulement sur des dizaines d’armes et sur des stocks 300 m du marché central. Un dimanche de munitions. La menace est toujours de novembre, la messe de 9 h 30 affiche présente. À N’Djamena, comme dans d’autres capitales, « la question n’est pas complet. Avant de pénétrer dans l’église, de savoir s’il y aura, mais quand aura les quelque 800 fidèles sont tous passés lieu le prochain attentat », rappelle une au détecteur de métaux, sous le regard concentré des agents de la police nationale source sécuritaire. mis à disposition par le gouvernement. PRIX À PAYER. Dans la région du Lac Hervé Tarda coordonne la sécurité de la Tchad, à moins de 200 km au nord de paroisse. « Après les attentats, les gens venaient la peur au ventre. Aujourd’hui, la N’Djamena, la situation est différente. situation est plus calme, mais au moindre Devant la multiplication des attaques et attentats-suicides dans les villages mouvement étranger, c’est la panique », explique-t-il. Cefutlecastroissemaines Dans la région du Lac, l’état auparavant, quand un fou d’urgence décrété le 9 novembre a tenté d’enjamber les barrières, ou, plus récemment a été prolongé jusqu’en mars 2016. encore, lorsqu’un homme « d’apparence soudanaise » s’est présenté frontaliers avec le Nigeria, l’état d’urgence à l’église. « Il voulait assister à la messe. On a été décrété le 9 novembre et prolongé se connaît tous ici, alors on l’a interrogé, jusqu’au mois de mars 2016. « Nous avons raconte Hervé Tarda. Il ne connaissait pas pris des mesures exceptionnelles pour nos prières… On l’a donc remis à la police. assurer la sécurité des personnes et des Nous sommes persuadés qu’il venait en biens sur notre territoire », explique le repérage. » Après chaque messe, avec son ministre de la Sécurité publique et de équipe, Tarda distille des consignes de l’Immigration, Ahmat Mahamat Bâchir. sécurité aux fidèles, déconseillant notamUn couvre-feu est instauré entre 18 heures ment aux familles nombreuses de venir et 6 heures ; l’armée a dépêché plus de avec « beaucoup d’enfants », indiquant la 5000 hommes, dirigés par Mahamat Idriss marche à suivre en cas de problème, etc. Déby Itno, le fils du chef de l’État ; elle procède à des perquisitions, multiplie STOCKS DE MUNITIONS. À la nuit les fouilles et les contrôles. tombée, alors que des unités mixtes, police et garde présidentielle, fouillent consciencieusement tous les véhicules à l’entrée nord de la capitale ainsi que sur ses grands axes et principaux rondspoints, les rues de N’Djamena se vident plus rapidement qu’à leur habitude. Les détecteurs de métaux ont aussi fait leur apparition dans les bars, les restaurants et les boîtes de nuit. « Dans mon quartier, à Moursal, les gens sortent beaucoup moins », explique un habitant. Les jeunes qui aimaient se retrouver au centre de la place de la Nation jouent désormais aux cartes le long des avenues qui la bordent. Toutes ces mesures se sont pour le moment montrées efficaces. Pourtant, particulièrement marqué par l’attaque du 20 novembre contre le Radisson Blu de Bamako, le président Déby Itno a immédiatement demandé que la sécurisation p Fouille à la des lieux publics soit encore renforcée. frontière avec Dès le lendemain de l’attentat qui a frappé le Cameroun, sur le grand hôtel bamakois, les entrées du le pont de N’Gueli. marché central et du marché au mil ont lll
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Cesmesuresontévidemmentunimpact direct sur la vie quotidienne des habitants. « Pour les populations du lac, la présence de l’armée est quelque chose de très nouveau ; elles ont du mal à s’y faire, estime Ali Mbodou Mahamat, vice-président de l’Associationpourlapromotiondeslibertés fondamentales au Tchad (APLFT). Les interdictions de circuler entravent le commerce, et les gens ont peur que les forces de sécurité commettent des exactions. » Une position partagée par la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme (CTDDH). « Des témoignages concordants, corroborés par des rapports réguliers des points focaux de la CTDDH dans la région, attestent que les militaires tchadiens se livrent à des exactions graves sur les populations civiles », écrivait l’ONG dans un communiqué, le 25 novembre, concluant : « Autant la lutte contre Boko Haram est louable et doit être fermement menée, autant les droits fondamentaux et élémentaires des personnes sans rapport aveccesterroristesdoivent être respectés.» Un conseiller municipal de Bol (115000 habitants), chef-lieu de la région du Lac, nuance: « L’état d’urgence est une bonne chose. C’estvrai que les populations se plaignent parfois, mais elles coopèrent, notamment en matière de renseignement. Eh oui, l’armée se permet parfois de faire ce qu’elle veut, mais c’est le prix à payer pour notre sécurité. » ● VINCENT DUHEM
© crédit photo
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jeune afrique
COMMUNIQUÉ
La gratuité des soins au Tchad :
Son Excellence Idriss Deby Itno, Président de la République du Tchad.
(transport, paiement etc.), ne peuvent arriver au niveau de l’hôpital pour bénéficier des soins surtout en situation d’urgence. Cette situation qui n’est pas très documentée, alimente les chiffres des décès qui pourraient être évités. L’accessibilité des soins à tous les Tchadiens et particulièrement aux groupes vulnérables est devenue une priorité pour le Gouvernement. Cette une intervention de santé publique qui garanti le droit à la santé, l’égalité dans l’accès aux soins, la prise en compte des personnes vulnérables et des personnes démunies. L’application parfaite de la mesure de gratuité des soins devrait contribuer à la réduction de la pauvreté des ménages par la suppression des dépenses de santé exponentielle.
Hôpital de la Mère et de l’Enfant.
Bénéficiaires de la gratuité des soins
Le nombre des personnes, ayant bénéficié de la gratuité des soins, est de plus en plus croissant. Environ 495 884 personnes sur toute l’étendue du territoire national en ont bénéficié en 2014, contre 378 401 en 2013.
Unité de Gestion de la Gratuité des Soins d’Urgence : http.www.uggsu.blogspot.com
DIFCOM/DF - PHOTOS : © SUIVANT MENTION
© ANJA GREINER ADAM/ FOTOLIA
Depuis le début de l’année 2013, la gratuité des soins demeure l’un des principaux modes d’accès aux soins de santé au Tchad. En effet, il est connu de tous que beaucoup des malades, pour diverses raisons
« Je reste convaincu qu’il ne peut y avoir de développement sans la santé ; mieux, je doute qu’il soit possible de se développer sans disposer d’un esprit sain dans un corps sain ».
C’est un engagement sans faille du Président de la République, Son Excellence Idriss Deby Itno. La gratuité des soins est régulièrement mise en œuvre dans l’ensemble des formations sanitaires du pays.Trois hôpitaux nationaux à N’Djaména, 14 hôpitaux régionaux, 90 hôpitaux des districts, 8 hôpitaux miliaires, 1127 Centres de santé parmi lesquels 5 CS des armées, 3 maisons d’arrêt (Koro toro, Moussoro et Amsinene), et 21 Centres revitalisées (10 à N’Djaména, 9 à Abéché et 2 à Moundou).
DR
L
a gratuité des soins est une politique sociale du Président de la République. Cette politique maintes fois réaffirmée a été instaurée en décembre 2007. Elle vise l’accès pour tous les Tchadiens aux services de santé et met l’accent sur les personnes vulnérables et démunies. Ainsi elle contribue à l’atteinte des objectifs du millénaire en ayant une bonne place parmi les principaux piliers de la couverture Universelle en santé. La gratuité des soins est ciblée aux urgences dans les hôpitaux et aux femmes enceintes et aux enfants de 0 à 5 ans dans les centres de santé.
© VINCENT FOURNIER/ JA
une stratégie d’accès aux soins et de protection des ménages contre les dépenses catastrophiques de santé
Le Plus de J.A. Tchad
Un peu d’humanité dans ce monde de brutes De nombreux civils, célèbres ou anonymes, ont volé au secours de leurs voisins maliens, nigérians et centrafricains pris dans la tourmente. et d’hommes avaient spontanément apporté qui des sacs de riz et d’oignons, qui des couvertures, qui du bétail dans la cour du ministère des Affaires sociales, à N’Djamena, afin d’aider les réfugiés fuyant la guerre en Centrafrique. Cet élan de solidarité, venu de toutes les régions du pays, est estimé à plus de 2 milliards de F CFA (plus de 3 millions d’euros). sylvain cherkaoui/cosmos pour msF
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«
C
p Arrivée de réfugiés fuyant Boko Haram.
’est au cours d’une visite aux forces tchadiennes dans les Ifoghas que j’ai réalisé qu’il fallait aider ces enfants. Je sais, pour l’avoir vécu, ce que c’est qu’être un enfant dans un pays en guerre », explique le député tchadien Théophile Madjitoloum Yombombe. Honorant une promesse faite il y a un an, il vient d’expédier plus de 1000 kits scolaires à Bamako, destinés aux enfants de Gao – en attendant de voler au secours des
enfants de Centrafrique et du Darfour, début 2016. Le 10 décembre 2014, la Fondation Théos, qu’il préside, avait en effet déjà offert aux élèves de Gao, de Tombouctou et de Kidal quelque 20 000 cahiers, portant en peul, en songhaï et en tamasheq des messages de paix et d’amour. Un don reçu avec beaucoup d’émotion par les familles et responsables administratifs maliens. Quelques jours plus tard, des centaines de chefs d’entreprise, de femmes
VIVRES. Il s’est poursuivi jusqu’à Bangui,
où les avions affrétés pour rapatrier les Tchadiens ont apporté en soute des tonnes de vivres qui ont permis de soulager des centaines de femmes et d’enfants, réfugiés dans une aile de l’aéroport de BanguiMpoko en attendant d’être embarqués pour le Tchad, où ils sont désormais pris en charge.LesmilliersdeNigérianscontraints de quitter leur ville ou leur village pour fuir les exactions de Boko Haram bénéficieront du même élan d’humanité à leur arrivée sur les rives du lac Tchad. Les artistes tchadiens ne sont pas en reste. Les membres du collectif constitué autour du rappeur Ray’s Kim Edm appellent à la vigilance et à la solidarité en se proclamant citoyens de Fotokol et de Maroua (Cameroun), de Maiduguri, de Gambaru et de Dikwa (Nigeria) : autant de villes durement touchées par la folie de Boko Haram. ● MadjIaSRa NaKO
PUBLI-INFORMATION
TRANSPORT AÉRIEN AU TCHAD
L’aéroport international de N’Djamena aux normes de l’OACI Madame Haoua Acyl Ahmat Aghabach, la jeune ministre de l’Aviation civile et de la Météorologie nationale, nourrit de grandes ambitions pour le développement du secteur dont elle a la charge. Depuis trois ans, elle met en œuvre la vision du chef de l’État, S.E. Idriss Deby Itno, de faire de N’Djamena le hub et la capitale aéronautique de l’Afrique Centrale.
Djamous, elle a obtenu de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) un prêt de 13 milliards de F CFA pour la construction du pavillon d’honneur et de l’aérogare.
Sa stratégie vise la mise aux normes internationales des principaux aéroports du pays, afin de favoriser son désenclavement et de créer les conditions favorables à l’expansion du transport aérien. Pour l’aéroport international Hassan
Ces bâtiments modernes ont été inaugurés le 16 novembre 2015 par le Premier ministre. Sur deux niveaux, le pavillon d’honneur comprend de vastes espaces permettant d’accueillir simultanément plusieurs délégations. Dans l’aé-
rogare, le circuit des départs comporte un hall d’enregistrement, une salle d’embarquement, une zone de contrôles de sûreté. Le circuit des arrivées comprend une zone de contrôles et une zone de livraison des bagages.
Ministère de l’Aviation Civile et de la Météorologie Nationale
188, avenue Acyl Ahmed Aghabach BP 436 - N’Djamena - Republique du Tchad.
DIFCOM/FC - Photos : DR
Grâce à ces ouvrages, l’aéroport international Hassan Djamous, véritable vitrine du Tchad, se place parmi les meilleurs sites aéroportuaires de la sous-région. La ministre de l’Aviation civile entend poursuivre la modernisation et la mise aux normes des aéroports de Moundou, Amdjarass, Faya, Abéché et Sarh.
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Le Plus de j.a. IntervIew
Leopold ngarlenan Docdjengar « La situation sécuritaire a lourdement pesé sur l’économie » Modernisation des services, réduction des exonérations fiscales, lutte contre la fraude… Le nouveau ministre des finances dévoile ses priorités. Et revient sur l’élaboration du budget 2016.
n
ommé à la tête du portefeuille des Finances et du Budget lors du remaniement du 24 août, Leopold Ngarlenan Docdjengar (50 ans) présidait le comité technique de négociation avec le FMI et la Banque mondiale, qui, le 29 avril, a permis au Tchad d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Une bonne nouvelle pour l’État, qui bénéficie ainsi d’un allégement de dette de 1,1 milliard de dollars (auquel s’est ajouté, en juin, une annulation de dette de 62,6 millions de dollars, de la part du Club de Paris), alors qu’il se trouve confronté à la chute des cours du pétrole (dont la vente fournit près de deux tiers des recettes fiscales) et à la grogne de ses agents, qu’il n’arrivait plus à payer dans les temps. C’est d’ailleurs en pleine grève des fonctionnaires que Leopold Ngarlenan Docdjengar a reçu Jeune Afrique, le 11 décembre. La mine soulagée, il venait de s’assurer du paiement des salaires de novembre et annonçait que, compte tenu des fêtes de fin d’année, ceux du mois de décembre seraient versés en avance.
jeune afrique : L’année 2015 a-t-elle été aussi difficile qu’annoncé ? LeOPOLD nGarLenan DOCDjenGar.
Elle a été marquée par deux chocs majeurs, le déclin des prix du pétrole et l’insécurité causée par la secte Boko Haram, qui ont annihilé les efforts entrepris pour améliorer les conditions de vie de la population et le climat des affaires. La chute des cours du baril a entraîné une baisse des recettes pétrolières et, donc, du budget. Par conséquent, les ressources pour financer les projets d’investissement public ont été très faibles. La situation sécuritaire a lourdement pesé sur l’économie. Elle a engendré une baisse des exportations de bétail n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
vers le Nigeria [lire p. 96], a rendu difficiles les importations en provenance de pays voisins en proie à des violences ou à des guerres et, avec l’intervention du Tchad au Cameroun, au Niger et au Nigeria [lire pp. 80-81], elle a aussi eu des conséquences sur les dépenses de l’État. Pourtant, malgré ces chocs, le pays a pu atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE. quelles sont les perspectives pour 2016 ?
La préparation du budget 2016 s’inscrit dans une dynamique de renforcement des bases de la croissance et intègre le contexte que nous venons d’évoquer. Depuis 2011 et jusqu’en 2013, notre économie a affiché des signes positifs grâce aux réformes menées dans plusieurs secteurs et aux progrès réalisés pour assainir l’environnement économique et financier. À la fin de 2014, ces résultats ont été « pervertis » par la chute brutale
en cas de conjoncture défavorable. Les principales actions viseront à réduire les exonérations fiscales et douanières, à maîtriser le fichier des contribuables et à lutter contre la fraude, mais aussi à mettre en place une structure de veille pour éviter les dérapages en matière de contrôle fiscal. La baisse des ressources ne risque-t-elle pas de provoquer des tensions sociales à l’approche de la présidentielle ?
Le projet de loi de finances est en cours d’examen à l’Assemblée nationale et doit être adopté dans les prochains jours. Des dispositions relatives aux dépenses incompressibles ont été prises en compte, pour qu’il n’y ait pas de perturbations. Établi sur la base des paramètres et des actions que nous venons d’évoquer, le budget 2016 présente une augmentation de 18 % des ressources et une baisse de 5 % des dépenses par rapport à la loi de finances rectificative de 2015. L’activité devrait par ailleurs être relancée par la mise en œuvre des projets du chef de l’État, avec une hausse des investissements publics et privés dans le cadre de nouveaux partenariats
Nous devons constituer une épargne et accroître les recettes non pétrolières. des cours du brent et l’interruption de projets porteurs de croissance, notamment dans le BTP. Le taux de croissance a connu une amélioration notable, passant de 3 % en 2013 à 6,1 % en 2014, mais les estimations ont dû être revues à la baisse à 4 % pour 2015, au lieu des 7 % prévus. Le projet de loi de finances 2016 tient compte de la production totale de brut [estimée à 140 000 barils/jour], du cours du brent et du taux de change. L’une des priorités est de travailler à la constitution d’une épargne et d’améliorer les recettes non pétrolières, afin d’assurer à l’État des ressources pérennes pour qu’il puisse couvrir ses dépenses ordinaires
public-privé. L’objectif est de continuer à renforcer les infrastructures de base, l’appui au développement rural et à la création d’emplois, et d’améliorer l’offre dans les domaines de la santé et de l’éducation. Le séminaire gouvernemental d’octobre sur la stratégie de mobilisation des ressources et de maîtrise des dépenses publiques a-t-il donné des résultats ?
Plusieurs mesures pour améliorer la gestion des finances publiques ont été identifiées et déclinées en plans d’action, pour lesquels nous avons défini des entités responsables, une durée jeune afrique
Où va le Tchad ?
d’exécution et des objectifs à atteindre. Les plans relatifs à la réforme de l’impôt sur le revenu, de l’impôt foncier et des dépenses fiscales ont déjà été rédigés et validés. Avec l’appui de l’Union européenne, un appel d’offres a été lancé pour le recrutement d’un consultant [les résultats sont attendus pour la fin du premier semestre de 2016]. Par ailleurs, le ministère des Finances entend réduire le nombre de ses délégations régionales. Boko Haram étant affaibli sur le plan militaire, peut-on s’attendre à une reprise des exportations vers le Nigeria?
On espère bien entendu que les échanges avec le Nigeria vont retrouver leur cours normal, en particulier nos exportations de bétail, qui ont baissé de 75 % entre 2012 et 2014. Par ailleurs, nous mettons tout en œuvre pour que le nouvel abattoir de Moundou [dans le sud-ouest du pays] soit opérationnel en janvier 2016. Il ne sera alors plus question d’exporter le bétail sur pied, ou alors jeune afrique
seulement dans une proportion limitée : le bétail, la viande et les produits dérivés seront traités sur place, puis exportés. Quels sont vos objectifs en matière d’assainissement des finances publiques ?
Plusieurs réformes ont déjà été engagées. Nous poursuivons l’automatisation de l’ensemble des procédures fiscales, ainsi que l’informatisation des régies financières et leur interconnexion – en particulier l’interconnexion entre l’administration de la douane et celle des impôts, et entre leurs services déconcentrés dans les régions. Nous souhaitons en outre donner aux régies financières les moyens de suivre, de sécuriser et d’améliorer le rendement des recettes administratives de la police, des représentations diplomatiques, des mines, des cadastres et du domaine, etc. Il s’agira aussi de rendre effective la bancarisation de tous les agents de l’État, d’effectuer un audit informatique et comptable de la Direction de la solde,
afin de maîtriser les dépenses liées au personnel de l’État, tout en mettant en application les dispositions du nouveau code des marchés publics. Certains estiment que les mesures prises contre les détournements de fonds publics sont électoralistes. Que leur répondez-vous ?
Que ce n’est pas le cas. Nombre d’entre elles ne sont pas nouvelles. Certaines ont été prises il y a plusieurs années par l’exministère de la Bonne Gouvernance et de l’Assainissement public. Aujourd’hui, un comité technique vient de valider le code de conduite et de bonne gouvernance – qui sera prochainement adopté en Conseil des ministres – et c’est dans cette continuité que s’inscrit l’Inspection générale d’État [IGE, créée en octobre], rattachée à la présidence de la République. Cette batterie de mesures permettra de juguler la fraude et les détournements. ● Propos recueillis à N’Djamena par Madjiasra NaKO n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
© madjiasra nako pour j.a.
Le 11 décembre, à N’Djamena.
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ARCEP AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES Population
TCHAD : LE SECTEUR TÉLÉCOMS CONNAÎT DES PROGRÈS FULGURANTS
13 millions
Superficie
1 284 000 km2
Nbre abonnés mobile
+ 5 000 000
Abonnés internet CA Mobile PIB par habitant
1 100 000 170 milliards FCFA 1053 dollars
Taux de pénétration mobile
40,2 %
Lʼautorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP), créée par la loi N°13/PR/2014, en remplacement de lʼOffice Tchadien de Régulation des Télécommunications (OTRT), est en charge de la régulation des communications électroniques et des activités postales. Depuis plusieurs années, le Directeur Général de lʼARCEP, M. IDRISS SALEH BACHAR, œuvre pour la baisse des prix de communication et le développement des infrastructures des télécommunications. Cet article trouve sa source dans le rapport de lʼobservatoire du marché des télécommunications publié en juillet dernier par lʼARCEP.
L’
ARCEP, à lʼinstar des autres régulateurs, est tenu dʼassurer le suivi du marché des communications électroniques en faisant toutes sortes dʼanalyses de marchés pertinents et utiles à la régulation pour sʼassurer de lʼévolution du marché des télécommunications. Depuis 2011, lʼARCEP publie régulièrement le rapport de lʼObservatoire du marché des communications électroniques. Les données utilisées sont celles fournies et validées par les opérateurs eux-mêmes et le régulateur. Le Tchad compte trois opérateurs de téléphonie mobile, un opérateur historique du fixe associé à une technologie CDMA et trois fournisseurs dʼaccès Internet.
Dʼautres opérateurs dʼaccès Internet ont fait leur entrée sur le marché mais ne sont pas encore opérationnels.
PARC D’ABONNÉS ET LE CHIFFRE D’AFFAIRES À la fin 2014, le secteur des télécommunications au Tchad compte 5 275 300 abonnés, dont 2 718 022 utilisateurs de SMS et 1 168 659 utilisateurs dʼInternet. Il est dominé par le mobile et la plupart des communications se font en intra-réseau. Dans lʼensemble, le taux de pénétration du secteur est de 40,4 % en 2014. Globalement, 52 % des abonnés utilisent le SMS et 21 Tchadiens sur 100 le font ; 22,3 % des abonnés utilisent lʼInternet. Sur
PUBLI-INFORMATION
Évolution trimestrielle du nombre dʼabonnés du secteur
la population du Tchad, on estime le nombre dʼutilisateur Internet à 9 individus sur 100. Le chiffre dʼaffaires global du secteur a augmenté de 14,2 % et sʼélève à 178 milliards de FCFA en 2014, dont 4,7 milliards (2,6 %) sont générés par les SMS et 9,2 milliards (5,1%) par lʼInternet ; plus de 80 % du chiffre dʼaffaires du secteur sont générés par la voix. Lʼopérateur Tigo détient plus de 50 % du chiffre dʼaffaires du secteur et Airtel 44,6 %. Le Groupe Sotel et lʼensemble des FAI détiennent moins de 6 % de lʼensemble du chiffre dʼaffaires. En 2014, comme les années précédentes, le marché de la téléphonie mobile reste dominé par le pepraid qui génère la quasi-totalité du chiffre dʼaffaires.
Évolution annuelle du chiffre dʼaffaires
réduction des tarifs dʼinterconnexion en fixant le tarif minimum et maximum. Si rien nʼest fait dans ce sens, lʼintensification de la communication intra-réseau reste à venir.
Le volume généré par lʼensemble des communications au Tchad en 2014 est de 2,86 milliards de minutes, dont 55,4 % proviennent de Tigo et 43,1 % de Airtel. Ces deux opérateurs totalisent plus de 97 % de lʼensemble de volumes générés par le secteur. Le volume total annuel de communication est estimé à 542 minutes par abonnés en 2014, soit environ 45 minutes de communications par mois. Le volume global de sms échangé au Tchad en 2014, est de 699,2 millions de sms, soit environ 257 sms par utilisateurs correspondant à 21 sms par mois.
Des efforts considérables ont été constatés en matière dʼaccès Internet au Tchad. Pour faciliter lʼexploitation de leurs réseaux 3G et 4G, les opérateurs de téléphonie mobile proposent une gamme de terminaux adaptés, mais à des prix relativement plus élevés que dans certains pays. Les tarifs de connexion Internet ont relativement chuté chez Airtel et Tigo mais restent très élevés, comparés à un pays comme le Niger où on peut
Évolution annuelle du volume global de communication (MDs mm)
Évolution annuelle du nombre dʼutilisateurs internet
Par rapport à lʼannée 2013, il y a eu respectivement 8,8 % et 3,4 % de BTS et pylônes ajoutés, soit respectivement 94 et 37 nouveaux BTS et pylônes. Sur lʼétendue du territoire national, on dénombre 1159 BTS déployés sur 1115 pylônes. En fin 2014, on compte 185 sites partagés contre 109 en 2013 et 6 en 2011. Le faible déploiement du réseau du Groupe Sotel au Tchad sʼexpliquerait par une faible collaboration en matière de partage dʼinfrastructures entre le Groupe et les deux opérateurs de téléphonie (Airtel et Tigo).
L’INTERCONNEXION ET LES TARIFS DE CONNEXION À INTERNET Au Tchad, comme dans la plupart des pays de lʼAfrique subsaharienne, les tarifs dʼinterconnexion sont restés inchangés depuis plusieurs années mais ceux du Tchad restent deux fois ou trois fois plus élevés que ceux de beaucoup de pays. Sur la base dʼune étude plus poussée déterminant les niveaux de coût de revient de chaque opérateur, lʼARCEP doit encadrer la
avoir 2,5 Go à 10.000 FCFA contre 1 Go à 10.000 FCFA au Tchad. Pour parler effectivement de la 3G et 4G au Tchad, les opérateurs doivent augmenter leur débit en conséquence afin dʼavoir au moins 256 Kb/s par utilisateur. Les autorités doivent également réviser les arrêtés et décret fixant les montants des redevances sur les radiocommunications afin que les particuliers et les cybercafés aient accès au haut débit à moindre coût.
DÉJÀ, PLUS DE 2000 KM DE LA FIBRE OPTIQUE À TRAVERS LE PAYS Afin que les services de télécommunications soient disponibles et partout au Tchad, lʼÉtat a initié deux projets de pose du câble à fibre optique à travers le pays. Le premier projet qui a consisté à poser le câble à fibre optique de NʼDjaména à Kribi au Cameroun pour être relié au câble sous marin dans lʼocéan atlantique à coûté plus de 20 milliards de FCFA. Il a été réalisé et mis en exploitation. Le câble en question dessert une dizaine de villes.
Le deuxième projet consiste à réaliser le backbone entre le Tchad et le Soudan pour être connecté au câble sous marin se trouvant dans la mer Rouge. Ce projet dont le coût dépasse les 20 milliards de FCFA est déjà réalisé à plus de 80 % et sera mis en service dans les prochains jours. Le câble desservira plus de 13 localités qui auront des bretelles pour se rapprocher des utilisateurs. La spécificité pour ce projet est que chaque localité pourra bénéficier de 3 à 5 km de câble à lʼintérieur de sa cité. La capitale NʼDjaména quant à elle bénéficiera de 150 km de câble à fibre optique, cela contribuera à rendre accessible lʼutilisation de lʼInternet à haut débit. Parallèlement à cela, les opérateurs de la téléphonie mobile pourront louer de grandes capacités dans la fibre pour transmettre leurs faisceaux dʼun point à un autre, ce qui leur permettra de libérer des pylônes pour les redéployer ailleurs dans les villes et villages non encore desservis par la fibre optique. Cette politique de désenclavement du pays par la fibre optique devrait se poursuivre pour que les localités encore non atteintes puissent être couvertes aussi bien par lʼInternet que par la téléphonie mobile dans un délai relativement court. Il sʼagira à la limite de réaliser quelques 5000 km de fibre optique pour relier tous les grands centres urbains au backbone national. Cʼest un objectif à plus ou moins à court terme. Nous, à lʼARCEP, disons que le développement du pays passe obligatoirement par le développement des TIC, quand on sait que les TIC améliorent la bonne gouvernance et participent fortement à la construction de lʼéconomie numérique.
ARCEP AUTORITÉ DE RÉGULATION DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ET DES POSTES
Av. Général Daoud Soumaïne B.P. : 5808 - NʼDjaména, Tchad Tél. : (00235) 22 52 15 17 / 22 52 15 16 E-mail : info@arcep.td
www.arcep.td
DIFCOM/DF
VOLUME DU TRAFIC
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Le Plus de J.A. Tchad
Tribune
Chère mer Oumar abderamane HaSSane
L
Inspecteur principal des douanes
e commerce international est régi par des traités, des conventions et une kyrielle de textes facilitant les échanges, sous la surveillance de l’organisation mondiale du commerce (omc), de celle des douanes (omD) et de celle des nations unies, dont le cameroun et le tchad sont membres. Dans un esprit de solidarité et afin de préserver au mieux les intérêts économiques réciproques, Paul Biya et idriss Déby itno ont signé le 8 février 1996 un accord relatif à la construction et à l’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline qui octroie autchad un droit d’accès à la mer et la liberté de transit, conformément aux dispositions de la convention de new York du 8 juillet 1965 et de celle de l’onU du 10 décembre 1982, relatives au commerce en transit des États sans littoral. ledit accord exonère les expéditeurs d’hydrocarbures produits au tchad du paiement de tous droits, impôts, redevances et autres frais, de quelque nature qu’ils soient, liés à l’importation et à l’exportation de ces hydrocarbures. À ce document s’ajoute une loi promulguée par le président camerounais (loi no 96/14 du 5 août 1996), laquelle impose un droit de transit sur les hydrocarbures en provenance des pays tiers, c’est-à-dire, et sans équivoque, en provenance de pays non membres de la cemac. Pourtant, dans la pratique, letchad verse au cameroun un droit d’accès à la mer, qualifié subtilement de « droit de transit », au mépris de la législation de la cemac et du principe de liberté de transit inscrit dans les conventions internationales. le tarif, de 0,41 dollar le baril de 2003 à 2012, en a même été revu à la hausse, à 1,3 dollar le baril, depuis 2013.
par pipeline et n’étant pas destiné au cameroun ne saurait donc être soumis à un droit de passage. D’autant que les douanes camerounaises installées sur le terminal FSo de Kribi n’ont jamais établi de déclarations en transit ni délivré de quittances en contrepartie du paiement de ce « droit de transit ». le coton, la gomme arabique, les peaux, le bétail sur pied… toutes les importations des produits tiers passant par le port de Douala ont toujours été soumises au régime de transit suspensif des droits et taxes. réciproquement et par respect du principe de libre circulation des produits originaires de la cemac, plus d’une dizaine de sociétés camerounaises exportent leurs marchandises vers le tchad sans payer de droits de douane… Non seulement la perception d’un droit de transit à l’intérieur d’un même territoire douanier n’obéit pas à l’esprit communautaire, mais elle risque de perturber les échanges intracommu-
En taxant l’État tchadien, le Cameroun lui fait perdre 30 milliards de F CFA par an.
La législation douanière communautaire de la cemac, qui tire sa source de la réglementation de l’omD, n’a prévu qu’un seul régime de transit particulier: celui du transport des marchandises par voie routière. celles transportées par les voies ferroviaire, aérienne, maritime ou par pipeline ne présentant aucun risque potentiel de fraude en sont exemptes. ce régime douanier des marchandises en transit est d’ailleurs dit « suspensif des droits et taxes », qui ne sont exigibles qu’au pays de destination finale. le pétrole tchadien exporté n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
nautaires, de mettre à mal la politique commerciale commune et l’intégration régionale. ce droit de transit équivalent à un droit de douane et donc indûment perçu par le cameroun fait perdre en moyenne à l’État tchadien 2,47 milliards de F cFa [près de 3,8 millions d’euros] par mois, soit 30 milliards de F cFa par an. le calcul est simple: en douze ans d’exportation de brut tchadien et pour le reste de sa période conventionnelle d’exploitation, le cameroun aura perçu en toute illégalité quelque 400 milliards de F cFa de la part dutchad, lequel aurait pu par exemple utiliser cette somme pour construire une seconde raffinerie. il est grand temps que les responsables du pétrole, du commerce et des finances, au niveau national comme au niveau communautaire, se saisissent du problème. Que le département des Finances soit désormais associé en amont aux négociations de cette nature. et, en aval, que l’application de la réglementation communautaire en matière de transit comme celle des conventions internationales relatives au droit d’accès à la mer soient enfin assurées. ● jeune afrique
ENTREPRISE DE CONSTRUCTION DES BÂTIMENTS DES TRAVAUX PULICS ET GENIE CIVIL
Tous ensemble pour la construction du Tchad
SALEH ABAKAR ABDRAMAN, PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL
PARC MATÉRIEL
CONSTRUCTION DE L’HÔTEL À BOL
DARBAL LABAN.
WADI KOUNDI, un groupe diversifié en bonne position pour accompagner le développement du Tchad WADI KOUNDI Groupe comprend quatre différentes grandes entreprises dans des secteurs d’activités diversifiées. Il s’agit de : • La société WADI KOUNDI pour les Bâtiments, Travaux Publics et Génie Civil ; • La société TCHIREI pour la commercialisation des poussins et œufs ; • la société Al-MADINA pour la production d’eau minérale en bouteille; • La société STCIE Darbal Laban pour le transit et le commerce général import-export. Le but de la mise en place de groupe, c’est de mettre à la disposition des personnes, des entreprises et de l’Etat le capital de compétences et d’expériences que nous avons accumulés toutes ces années dans les BTP, la commercialisation des poussins et œufs, la production d’eau minérale, le transit et le commerce général import-export…
Wadi Koundi compte à son actif de nombreux travaux de bâtiments et des infrastructures hydrauliques dans plusieurs provinces de notre pays. Le groupe dispose en outre d’un large panel de partenaires intervenants dans le secteur de bâtiments et Travaux publics et dans des activités connexes pour étendre son domaine de compétence et booster ses performances. Le groupe WADI KOUNDI a noué des partenariats avec ses plusieurs sociétés étrangères à travers le continent Africain et il est appuyé par des grandes entreprises reconnues au niveau mondial. Que Dieu le Tout Puissant puisse bénir les efforts de chacun de nous et d’accorder paix, santé, longévité afin de permettre de contribuer à la Construction du Tchad pays de Toumai. Découvrez une équipe de professionnels fiables et dynamiques qui réalisera pour vous tous travaux de construction de bâtiments, de travaux publics et de génie civil.
SALEH ABAKAR ABDRAMAN, Président Directeur Général
PUBLI-INFORMATION
DIFCOM/FC - PHOTOS : DR
Aujourd’hui,le groupeWADI KOUNDI s’est constitué une place de choix dans les différents secteurs en renforçant considérablement ses forces: personnel qualifié, parc matériel moderne et en logistique. Ce groupe renferme une équipe dynamique et rompue à la tâche, constituée de
professionnels qualifiés et triés sur le volet.Il dispose d’un parc de matériels modernes très performants qu’il continue à élargir afin d’être toujours à la hauteur des projets les plus ambitieux. Ses techniques et méthodes de construction sont éprouvées par les nombreuses réalisations que le groupe a pu livré autant à l’administration publique qu’à des particuliers.
TRAVAUX DE CONSTRUCTION DU SIÉGE DU MINISTÉRE DU DOMAINES ET DES AFFAIRES FONCIÉRES.
CECOQDA.
THIREI.
TRAVAUX DE CONSTRUCTION DU GOUVERNORAT DE BILTINE.
ENTREPRISE DE CONSTRUCTION DES BÂTIMENTS, DES TRAVAUX PUBLICS ET DU GÉNIE CIVIL
Farcha zone industrielle • BP 5142 • N’Djamena,TCHAD • Tél.: (+235) 22 53 00 89 / 66 29 16 68 E-mail : wadikoundi@yahoo.fr • www.wadikoundi.com
Le Plus de J.A. Secteur agropaStoral
Koumra fait son miel Dans le Mandoul, à 700 km au sud de N’Djamena, plus de 500 apiculteurs, regroupés en coopérative, récoltent et exportent un nectar très prisé dans le pays. Et même au-delà.
C
’
est l’histoire d’un projet de et un enfumoir – lequel permet d’éviter verger qui a mal tourné. Il y a l’odeur âcre qui persiste dans le miel avec quelques années, un groupe la méthode traditionnelle de récolte. d’amis se lança dans la planDans les villages, c’est l’émulation. Des tation de manguiers et de citronniers. campagnes d’achat de miel sont organiMais une fois arrivés à maturité, les arbres sées. Les paiements se font en cash, ce du verger avaient un rendement si faible qui rappelle la belle époque du coton, que les membres du groupement des quand « l’or blanc » se négociait directement auprès des producteurs. Et les arboriculteurs-éleveurs (Gael) conclurent, collecteurs du Gael vont de plus en loin découragés, qu’ils ne rentreraient jamais dans leurs frais. C’est alors qu’un bon pour achetertoujours plus d’or blond. Leur génie leur conseilla de tenir bon une rayon d’action couvre désormais 120 km année encore et d’implanter quelques autour de Koumra, et la production est ruches traditionnelles dans les manguiers. passée de 2 tonnes en 2012 à 15,5 t en Le résultat les surprit tous. La produc2015. La coopérative compte aujourd’hui tion des arbres fit un bond. Les ruches 525 adhérents, qui se réjouissent de ne se remplirent de miel. Nous sommes en 2008, au tout Le Gael reçoit des commandes début de l’aventure de la des États-unis, de France, coopérative du Gael. Une ONG française ayant de Jordanie et d’Arabie saoudite. eu vent de cette petite success-story se propose alors d’aider la plus être soupçonnés de braconnage par les agents des Eaux et Forêts. « Il suffit de société en lui offrant 25 ruches kényanes. L’expérience est concluante, et les heureux leur montrer notre carte d’adhésion à la échosprovenantduGaelserépandentdans coopérative, et ils savent que nous n’avons lavalléeduMandoul,oùnombred’éleveurs pas détruit la nature pour récolter notre etd’agriculteurss’adonnentdéjààlarécolte miel », témoigne Paul Ngarbaye. demielencomplémentd’activité.Plusieurs groupementsvillageoisdemandentàadhéARBORICOLE. C’est à l’entrée sud de rer à la coopérative, qui, contre une cotiKoumra (en venant de la capitale), dans sation de 10000 F CFA (environ 15 euros), un vaste domaine de 12 ha planté de manleuroffreformationetéquipement:chaque guiers et de karités, que le miel collecté producteur reçoit quelques ruches pour dans toute la région arrive sous sa forme améliorersaproduction,unecombinaison brute, transporté en bidons.
TOuT EsT BON dANs LA RuChE « Dans le miel, rien ne se perd », martèlet-on à Koumra. en dehors d’une consommation classique, le blond nectar est aussi transformé en une bière traditionnelle que l’on appelle ici « sans maman ». Parce que « quand tu en bois, tu peux arriver à ne pas n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
reconnaître ta mère ! » explique un jeune apiculteur en riant. « en tout cas, c’est plus sain que les produits psychotropes venus du nigeria, qui nous envahissent », ajoute un vieil homme. le miel peut également être distillé pour devenir liqueur: une eau-de-vie parfumée et
sucrée, dont le titrage en alcool s’élève tout de même à 40 degrés. Last but not least, la cire récoltée dans les ruches entre dans la composition de produits de maquillage ou sert à fabriquer des bougies. et, une fois la cire extraite, les résidus sont transformés en M.N. biogaz. ●
Madjiasra nako pour j.a.
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Il est alors traité, conditionné dans des pots de différentes tailles, puis acheminé à travers le pays et même vers l’étranger. La coopérative est devenue le fournisseur des principaux supermarchés et hôtels de la capitale, et elle est représentée dans les plus grandes villes tchadiennes, notamment Sarh, Moundou et Abéché, où l’on peut trouver son miel et ses produits dérivés (lire encadré). Le Gael reçoit des commandes en provenance des ÉtatsUnis, de France, de Jordanie et d’Arabie saoudite. « La particularité de notre miel est d’être d’origine arboricole et non florale, comme ceux que l’on trouve le plus fréquemment », explique fièrement Yamidjimte Ndigeudal Roi, responsable de la coopérative. Le conditionnement reste le plus grand défi relevé. L’ONG Uni Vers Tchad a, depuis la France, subventionné pendant plusieurs années l’achat et l’acheminement des pots. Mais, depuis cette année, la coopérative doit voler de ses propres ailes et assumer le coût du packaging et de l’étiquetage. Cela s’est évidemment ressenti dans les comptes, et le Gael essaie de rationaliser ses approvisionnements et de trouver de nouveaux partenaires. « Nous avons pris des contacts du côté du Cameroun », confie Yamidjimte Ndigeudal Roi. Mais, pour celui qui siège désormais au Comité africain des arboriculteurs, l’enjeu immédiat ne concerne pas l’international. « Il faut d’abord bien couvrir le territoire national, plaide-t-il. Et nous devons créer une structure faîtière qui regroupe les neuf régions du Tchad productrices de jeune afrique
Où va le Tchad ?
t Les abeilles installées dans les vergers favorisent la pollinisation.
PUBLI-INFORMATION
miel. » Son objectif est d’organiser une vraie filière apicole pour mieux exploiter le potentiel du pays. En attendant, sur une partie du domaine de Koumra, la coopérative fait
pousser un champ de tamariniers et un autre d’eucalyptus. « Nous éliminerons ensuite les autres arbres de la zone pour n’y laisser que ces deux essences, ce qui nous permettra de produire des miels
unifloraux, très appréciés », explique Yamidjimte. Et de nouvelles variétés de miels made in Koumra… ● Madjiasra NaKO, envoyé spécial à Koumra
PRÉSENTATION DU BNF Crée par décret N°270/PR/MTAC/89 du 04 avril 1989, le Bureau National de Fret (BNF) est un établissement public administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Il est placé sous la tutelle du Ministère en charge des infrastructures et des transports. Le BNF est crée en vue d’assurer le fonctionnement régulier du marché des transports routiers des marchandises. Le BNF à pour mission de collecter et afficher les offres et demandes de transport, de contrôler le mouvement terrestre et le suivi de la répartition inter et intra-modale des marchandises. Tenir de manière permanente, des informations relatives aux mouvements des marchandises en transport national et international. Fournir les données statistiques sur l’offre et la demande relatives aux moyens de transport.
Abakar Moussa Haroun Tirgo,
Veiller au respect des quotas de fret et à la gestion du corridor conventionnel avec les organisations similaires des pays voisins. Bureau National de Fret (BNF)
BP : 1095 N’Djamena - Tchad - Tél. : (+235) 22 52 35 04
DIFCOM/FC - Photos : DR
fonctionnaire du Ministère des finances et du Budget, a été Directeur Général Adjoint de la Banque Commerciale du Chari, BCC. Il dirige le Bureau National de Fret en qualité de Directeur Général depuis le depuis le 10/02/2013.
Contribuer au financement de l’entretien routier par le biais d’une redevance perçue sur les lettres de Voitures Obligatoires, la taxe à l’essieu et les péages routiers.
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Le Plus de J.A. Tchad
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Le temps des vaches grasses Deuxième source de devises après le pétrole, le bétail n’est plus exporté vers le Nigeria, son principal client, à cause de Boko Haram. Les éleveurs s’adaptent… et les consommateurs locaux savourent.
des camions vers d’autres grands marchés. Depuis l’occupation de plusieurs villes de l’État de Borno, dont Gambaru et Dikwa, des éleveurs tchadiens ont été dépouillés de leur bétail par les islamistes et, désormais, la plupart ont renoncé à se risquer hors des frontières.
ABDOULAYE-BARRY pOUR j.A.
PÂTURAGES. En témoignent les chiffres
p Marché aux bestiaux de Ngabo, dans le 8e arrondissement de N’Djamena.
S
ur le marché au bétail, dans le 8 e arrondissement de N’Djamena, des centaines de bœufs et de moutons plutôt gras broutent leurs bottes de paille. À côté, quelques éleveurs dorment d’un œil… prêts à bondir à la vue du moindre badaud ou motocycliste. Dès qu’un chaland potentiel passe, ils accourent et jouent des coudes pour l’attirer vers leur troupeau. « Les temps sont durs, il faut vendre », glisse un intermédiaire. En effet, le bétail venant de l’est et du centre du pays – les principales zones d’élevage
du Tchad – ne poursuit désormais plus sa route vers le nord du Nigeria, dont la traversée est devenue impossible depuis bientôt deux ans, à cause de la guerre qui y est menée par Boko Haram. Le Nigeria est pourtant le premier consommateur de viande tchadienne. Mais le bétail y est exporté « sur pied », c’est-à-dire sur pattes. Les troupeaux quittent le Tchad par la route de Ngueli, traversent le Cameroun et poursuivent leur voyage dans le nord du Nigeria jusqu’à Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, d’où ils sont embarqués dans
des déclarations en douane à Ngueli, porte de sortie du pays vers le Cameroun. Les recettes annuelles, d’environ 1 milliard de F CFA (plus de 1,5 million d’euros) auparavant, y sont tombées à 420 millions de F CFA en 2014. « Les années 2014 et 2015 ont été difficiles », reconnaît l’inspecteur Moussa Hidjab, chef de division au bureau bétail de la direction des douanes. Entre-temps, les routes de l’exportation ont changé. On essaie de traverser le Cameroun plus au sud, pour contourner le nord du Nigeria. « De toute façon, il faut que le bétail soit exporté, poursuit Moussa Hidjab. Sinon il y aura une pression trop forte sur les pâturages et cela risque d’engendrer des conflits. » Pendant ce temps, les ménagères ont pu constater une forte baisse des prix de la viande sur les marchés. « Le jarret de bœuf, qui se vendait à 3 000 F CFA il y a encore quelques mois, est aujourd’hui à 2 000 F CFA, voire à 1 500 F CFA en fin de journée », jubile une N’Djaménoise. Pour les fêtes de fin d’année, les Tchadiens pourront aussi profiter de la chute des prix du mouton: ils peuvent espérer acheter un bélier entre 45 000 et 50 000 F CFA, contre 70 000 F CFA auparavant. De quoi savourer à des prix raisonnables la viande locale, qui jouit d’une excellente réputation dans les pays voisins et dans toute l’Afrique centrale. ●
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MAdjiASRA NAKO
TCHAD
DE LA LIBÉRATION À LA RENAISSANCE
Le Secrétaire Général National du MPS, Monsieur Emmanuel NADINGAR, en tournée dans le Tchad profond en faveur du recensement électorale biométrique.
PUBLI-INFORMATION
Né du consensus historique des groupes politico-militaires, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) triomphe le 1er Décembre 1990 du système dictatorial. Idriss Deby ITNO son Président révéla des qualités de rassembleur, stratège et bâtisseur de l’Etat tchadien moderne. La tenue de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), point de départ du processus démocratique, apporte la preuve palpable de l’engagement du Mouvement à bâtir un nouvel ordre politique, socioéconomique et culturel à la mesure des aspirations du peuple tchadien.
MOUVEMENT PATRIOTIQUE DU SALUT (MPS) BP 897 - N'Djamena - TCHAD Tél. : +235 22 51 88 68
L’exercice de la démocratie à l’externe et sur la scène nationale La liberté et la démocratie au sein du Mouvement Patriotique du Salut affichent une originalité conforme à la nature organisationnelle du MPS. Un mouvement de masse qui renouvelle des structures par voie démocratique et consensuelle lors de ses grands forums statutaires. Le dernier congrès extraordinaire tenu le 26 Janvier 2015 en présence du Président Fondateur IDRISS DEBY ITNO, s’est soldé par des changements structurels. Le Conseil Politique National (CPN) dirigé par le Secrétaire Général Emmanuel Nadingar, assisté de Dago Yacoub 1er adjoint et Khadidja Hassaballah 2ème adjointe est à pied d’œuvre avec le concours des membres du Conseil National du Salut (CNS), du groupe parlementaire MPS, des organes de masse et de base et vient de finaliser la restructuration des rouages du Parti. L’ordre de bataille mis en place, le CPN et tous les démembrements se sont attelés à l’action de sensibilisation et de mobilisation des militants pour leur enrôlement au recensement électoral biométrique, grande première du genre. Le pluralisme politique, épine dorsale du régime démocratique De 1996 à nos jours, le Mouvement Patriotique du Salut assure la confrontation des idées avec les autres courants politiques. L’année électorale en 2016 verra l’élection présidentielle. Le MPS en première ligne de bataille socio-économique Sur ce front, le MPS appuie ses émanations à savoir l’Exécutif incarné par le Président de la République, le Gouvernement en liaison avec le Groupe Parlementaire MPS et les partis alliés. De la renaissance vers l’émergence dans l’optique du panafricanisme Le Mouvement Patriotique du Salut est au cœur du dispositif de la renaissance. Sous l’impulsion du Président Fondateur Idriss Deby ITNO, le MPS contribue activement au rayonnement national. Enfin, le MPS appuie le Président de la République dans sa politique d’ouverture sur l’Afrique et le monde et de la lutte contre le terrorisme international. ■
DIFCOM/FC - PHOTOS : DR
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e Tchad revient de loin, a-ton coutume de dire. De très loin renchérissent certains. Ces mots, loin d’être gratuits, traduisent une nette différence entre le vécu depuis 25 années et celui qui le précéda. Ce passage de la période ténébreuse à celle de l’ère de la liberté et de la démocratie est l’aboutissement de l’âpre lutte de la libération pour l’instauration et la mise en œuvre d’un nouveau projet de société.
GROUPE
SNER
Mise en œuvre de l’enrobé.
La route du développement passe par le développement de la route La Société Nouvelle d’Études et des Réalisations (SNER) a connu des profondes mutations depuis sa création. Ils sont loin les balbutiements du temps de l’OFNAR (Office National des Routes), sur les cendres duquel est née la SNER devenue aujourd’hui une société à capital entièrement privé. La SNER est l’exemple type de privatisation réussie.
Le groupe SNER se positionne chaque jour comme le leader national dans les BTP au Tchad. A travers tout le pays, le label SNER est perceptible. La panoplie de ses réalisations
Un concasseur de 150 tonnes à l’heure.
Chargement de l’enrobé à la centrale d’enrobé.
(routes, ponts, bâtiments, barrage, assainissement etc…) suscite respect et fierté. Avec une vision claire et une ambition affichée, le Groupe SNER poursuit sa montée en puissance et revendique fièrement sa place. Conscient de la concurrence accrue et de l’exigence imposée par le secteur, le staff du Groupe a décidé de mettre en valeur les ressources humaines et l’investissement dans les matériels de toute première gamme. Le Groupe SNER accompagne le gouvernement dans sa politique du désenclavement du pays et de la réduction du chômage en créant de la main d’œuvre. Il emploie plus de 4000 personnes de toutes catégories confondues. Le Groupe SNER, c’est mieux que ce que vous imaginez. Toujours à la pointe des nouvelles technologies, le groupe a déjà une très grande expérience dans le domaine des BTP.
Colonnes du pont Hellobongo.
Mise en œuvre de la couche de fondation de l’Aéroport International d’Amdjarass.
Société Nouvelle d’Études et de Réalisations SIÈGE SOCIAL : Zone industrielle de Farcha - B.P. 756 N’Djamena, Tchad
Tél. : +235 22 52 26 02 - Fax : +235 22 52 32 74 - E-mail : sner@intnet.td
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
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ne dizaine d’années après sa privation, la SNER est devenue un groupe composé d’entreprises dont chacune d’elle est spécialisée dans un domaine bien précis. Le groupe SNER est composé de la SNER qui s’occupe de la construction des routes, des aéroports, des barrages, de l’aménagement des mares, de l’assainissement etc… ; d’AFCORP, qui est spécialisée dans la construction des ouvrages d’arts et des bâtiments. La SCHL (Société de Concassage de Hadjar Lamis) produit et commercialise du gravier. La SCIA (Société Civile Immobilière Africaine), qui s’occupe de la gestion de l’immobilier et enfin, de la STA (Société Tchadienne d’Approvisionnement), qui est une centrale d’achat de toutes les entreprises du groupe.
Essai de carottage sur l’enrobé.
Tchad Le Plus de J.A. tendance
Look at me! Sa famille le destinait à une carrière scientifique, mais c’est dans la couture que jérémie Ngarbey Mianrabel, alias j-Rabel, a trouvé sa voie. Et celle du succès.
caravanes de la mode du célèbre styliste nigérien Alphadi. « Je n’avais pas les moyens de m’offrir une place et j’ai décidé de l’attendre à la porte. Il m’a demandé de le suivre à Niamey pour un stage, puis a fini par m’embaucher », résume J-Rabel. L’apprentissage aux côtés du maître se prolonge pendant quelques années, durant lesquelles il suivra Alphadi dans ses caravanes – notamment dans le Sahara nigérien, pour l’une des éditions du Festival international de la mode africaine (Fima). Puis J-Rabel décide de rentrer au pays.
© AbdoulAye bArry pour JA
KELOU FASHION. Dans le petit atelier
D
p Le créateur dans son atelier de N’Djamena.
ans son atelier, installé au cœur d’une discrète maison du 7 e arrondissement de N’Djamena, le styliste est en train d’achever la coupe des tenues des candidates de la finale de Miss Tchad 2016, prévue fin décembre. Dans l’angle de la pièce, où travaillent une dizaine de personnes, sont rangées des chemises noires et blanches, une nouvelle collection que le couturier espère lancer sous peu. En attendant, la priorité de Jérémie Ngarbey Mianrabel, alias J-Rabel, est que tout soit fin prêt pour l’élection de Miss Tchad, l’un des rares événements consacrés à la mode dans le pays et qu’il a contribué à lancer en 2007. MACHINE À COUDRE. Né en 1973 dans le
sud du pays, Jérémie Ngarbey Mianrabel est en classe de cinquième lorsqu’il se prend de passion pour la mode, grâce à la machine à coudre de sa sœur aînée, laquelle finit par l’inscrire en apprentissage alterné chez Neis Couture, un atelier jeune afrique
qu’il ouvre à N’Djamena, il prépare son premier défilé, baptisé Éclosion. C’est l’époque des vêtements inspirés du keffieh de Yasser Arafat. Dans la capitale tchadienne, on commence à parler de J-Rabel. Les commandes affluent. Mais le styliste ne compte pas en rester là. Il invente un nouveau concept, la butuku fashion (de l’arabe tchadien butuku, « à l’état naturel »). Ses créations utilisent des matériaux bruts : ici un accessoire en écorce, là un morceau de sabot de bœuf en guise de bouton, ailleurs l’extrémité d’une manche terminée par un morceau de coton pur… La réputation de J-Rabel franchit les murs du palais, le chef de l’État et son épouse lui passent des commandes. Pendant ce temps, de jeunes couturiers défilent chez J-Rabel. En dix ans, il en forme une quarantaine. Avec des confrères tchadiens, il crée aussi un collectif, Kelou Fashion (Kelou, femme à l’effigie de laquelle a été créé le sceau de la République, est le symbole de la beauté tchadienne). Chaque année
très en vue d’Ardep-Djoumal, un quartier de N’Djamena. « Ma sœur devait payer 10 000 F CFA [environ 15 euros] par mois pour que je puisse y travailler. Mais, après trois mois, j’étais déjà rentable pour l’atelier. J’y passais des nuits entières… et cela se ressentait sur mes résultats scolaires! » se souvient J-Rabel. Pour lui permettre de Il a fait son apprentissage auprès poursuivre ses études, on du maître nigérien Alphadi, l’éloigne des machines à qu’il a suivi dans ses caravanes. coudre. C’est à Sarh qu’il va poser ses valises, le temps de décrocher le baccalauréat, en 1998. depuis 2012, leur association organise Après avoir hésité à s’inscrire en médele festival Kelou Fashion, soutenu par cine, le jeune homme entame des études l’Institut français de N’Djamena, où d’électromécanique à Cotonou (Bénin), des créateurs tchadiens et étrangers mais le coup de foudre espéré ne se viennent exposer (la dernière édition produit pas. « En classe, je dessinais s’est tenue du 4 au 22 octobre). des vêtements, raconte-t-il. Aussi, au Pour le designer de 42 ans, le défi est bout de quelques mois, j’ai demandé à désormais d’ouvrir une boutique où m’inscrire en couture. » seront présentés ses modèles et ceux La fin de ses études à l’Institut de la des autres stylistes tchadiens, encore coupe et de la mode de Cotonou coïntrop peu connus à l’étranger. ● cide avec la venue au Bénin d’une des MADjIASRA NAKO
n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
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Commercial Bank Tchad
« Notre efficacité repose sur nos produits et nos employés » Spécialement chargé du développement commercial, Abdel-Khadre Mahamat Youssouf, Directeur général adjoint de CBT, détaille les progrès de la principale banque commerciale du Tchad, « Banque citoyenne », durant l’année en cours et ses points forts vis-à-vis de sa clientèle.
PUBLI-INFORMATION
Quelles sont les principales orientations de votre stratégie commerciale ? A-M. Y. : Nous avons un objectif principal, faire progresser l’activité de la banque. Cela se traduit dans deux orientations. La première est de continuer à améliorer les dépôts de la clientèle, ce qui revient à augmenter le nombre de clients et à mener une politique efficace de collecte des dépôts à travers le développement de notre réseau. Sur les trois prochaines années, La CBT avait bouclé un exercice 2014 nous allons ouvrir quatre nouveaux points satisfaisant. D’après les indicateurs dont de vente par an. La seconde orientation vous disposez, comment se présente Abdel-Khadre Mahamat vise le développement de notre gamme 2015 ? Youssouf, Directeur général des produits par la mise au service de adjoint de CBT. A-M. Y. : Rappelons tout d’abord qu’en notre clientèle de nouveaux produits, 2014 et 2015, la situation économique du Tchad, et plus comme la carte , l’e-banking ou encore le sms-banking. généralement de la sous-région, se caractérise par le Ils s’ajouteront à nos produits phares existants, notammaintien à la baisse des cours du pétrole, qui entraîne une ment multi-banking et Gold Chèque. De plus, la CBT diminution de la croissance et des investissements. Dans est devenue un Spécialiste en Valeur du Trésor (SVT) ce contexte, la CBT a bien résisté en 2014, année marquée en 2015. Les indicateurs que je viens de vous donner par une progression de 39 % des dépôts de la clientèle pour 2014 et 2015 traduisent l’efficacité de notre stratéet d’environ 28 % du résultat brut d’exploitation. Le progie commerciale et nous comptons bien poursuivre sur duit net bancaire, qui caractérise l’activité de la banque, cette voie. a progressé de 18 %. Nous continuons à progresser en 2015. Sur les trois premiers trimestres, nous enregistrons Sur quels éléments repose cette efficacité ? une progression des dépôts proche de 22 %, c’est la plus A-M. Y. : La qualité de services et la qualification de notre forte progression du secteur dans le pays. Cette embellie personnel constituent les points forts sur lesquels s’appuie donne une position de leader à la CBT dans le paysage notre stratégie commerciale. À cela s’ajoute la crédibilité et bancaire tchadien. la disponibilité de nos partenaires, dans la zone CEMAC et Y a-t-il d’autres indicateurs que vous jugez significatifs ? A-M. Y. : Sur les neuf premiers mois de 2015, nous affichons une progression de l’ordre de 20 % des emplois, c’est-à-dire les différents crédits octroyés à la clientèle. Ils avaient progressé de 10 % en 2014. Les entreprises, privées et publiques, ainsi que les entrepreneurs individuels et les professionnels constituent le cœur de notre clientèle. Cette progression des emplois est le signe que nous maintenons notre soutien au développement des activités économiques, et même que nous le renforçons. La mécanisation de l’agriculture tchadienne est à l’actif de la CBT. Les crédits de campagne, qui concernent les récoltes de coton, ont augmenté de 66 % sur la seule année 2014, et les crédits à moyen terme de 36 %, sachant qu’en termes de financement, nous sommes présents dans tous les secteurs de l’économie.
dans les autres zones monétaires. Nos produits sont bien adaptés au contexte économique et aux besoins de nos clients. Je pense en particulier aux cartes bancaires et à notre Gold Chèque, qui est un chèque certifié valable au Tchad, mais aussi dans notre réseau de banques partenaires, notamment au Cameroun et en Centrafrique. En deuxième lieu, nous disposons d’un personnel compétent, qui bénéficie d’une politique suivie de formation aux techniques bancaires les plus performantes. En 2014, nous avons fourni un effort particulier pour élaborer avec nos employés un ensemble de valeurs de la société, comme la manière d’aborder les clients, ou les problèmes. Ainsi se met en place une identité propre à la CBT, que nous partageons avec tous les membres du personnel. Cette efficacité sera amplifiée par la mise en services des nouveaux produits dans le cadre de notre stratégie de développement commercial. n
>> SIÈGE SOCIAL
Rue du Colonel Hassan Moursal Kourda,
B.P. 19 - N’Djamena - Tchad Tél. : (+235) 22 52 28 29 Tél. : (+235) 22 52 32 84 - 22 52 37 41 Fax : (+235) 22 52 33 18 - 22 52 06 53 E-mail : cb-tchad@groupe commercialbank.com >> AGENCE DE MOUNDOU B.P. 382 - Moundou - Tchad Tél. : (+235) 22 69 17 86 Fax : (+235) 22 69 17 87 >> AGENCE « RUE DE 40 M »
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Le Plus de J.A.
société
Noblesse oblige Ici les chevaux ont toujours fait partie du paysage. Pour se déplacer, pour faire la guerre, pour la parade… et pour les courses : un sport national très couru, avec ses rendez-vous et ses grands prix.
L
e soleil se couche sur Massaguet, 20 000 habitants, la capitale du Haraze Al Biar, dans la région du Hadjer-Lamis (à 80 km au nord de N’Djamena). La lumière, longtemps éblouissante, décline. L’air est presque frais. Quelque 2 000 personnes sont amassées le long d’une piste ovale tracée autour d’un champ. Elles attendent avec impatience l’épilogue de l’ouverture de la saison hippique 2015-2016 : la course de la catégorie Gargache, qui voit s’affronter sur 1 600 m (deux tours de piste) les meilleurs chevaux du pays. En l’occurrence, dix magnifiques étalons, pour la plupart des anglo-arabes du Soudan, montés à cru par de jeunes et frêles jockeys. n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
Le public est chauffé à blanc, deux heures déjà que la compétition a commencé… Sous un long tissu coloré les protégeant du soleil, une centaine de personnalités de la région sont assises sur des chaises de plastique blanc, dont le préfet Mahamat Abdoulaye, ou encore le général Tahir Brahim Djouma, ancien aide de camp d’Idriss Déby Itno. Juste à côté, le long de l’une des quatre lignes droites de l’hippodrome de fortune, les badauds se pressent, bien disciplinés. Des hommes, en très grande majorité, mais aussi des enfants venus de toute la région – certains ont parcouru 300 km pour assister à la course. Les premiers arrivés sont dans les rangs de devant, les derniers se consolent comme ils peuvent, debout sur
la selle d’une moto, le coffre d’un pickup, ou confortablement assis sur leur cheval. Du haut de ses 17 ans, Abdallah Ousmane Oumar est enthousiaste : « Je suis venu spécialement de N’Djamena. Ça fait dix ans que les courses n’avaient pas été organisées dans la région. » âge d’or. Quelques heures plus tôt, en
fin de matinée, le calme régnait encore à Massaguet, chacun vaquant tranquillement à ses occupations. Aucun canasson à l’horizon. Ou presque. Sur un terrain vague entouré de murets en brique, une dizaine de personnes sirotent leur thé, assises sous l’auvent d’une petite maison. Employé de la mairie de N’Djamena et originaire de Massaguet, Yacouba Emma est propriétaire de trois chevaux et, depuis 1994, d’une modeste écurie où tout est affaire de famille. « Mon père était éleveur de chevaux, lui aussi participait à des courses. Chez nous, le cheval est un signe de noblesse », explique-t-il. Abderrahmane, son seul et unique jockey, un petit bonhomme de 27 ans au jeune afrique
Où va le Tchad ? t Départ de la troisième course, à Massaguet, le 11 novembre.
comme pour faire la guerre. Créée à la fin machines européennes, mais la saison des années 1960, l’Association d’encouhippique est organisée selon un calenragement pour l’amélioration des races drier et un code de conduite assez stricts. des chevaux du Tchad (AEARCT) est à Une trentaine d’écuries s’affrontent tous l’origine des premières courses encadrées. les dimanches et se retrouvent une fois En 1970, ses fondateurs, parmi lesquels par mois pour des grands prix sponsoril’ancien ministre de l’Écosés par de grandes entrenomie Abdoulaye Lamana prises comme Orabank. (décédé en août), font venir Ce que coûte un cheval Pour intégrer le circuit, six chevaux de selle français chaque propriétaire doit Entre de la région du Limousin s’affranchir d’un droit pour améliorer la qualité d’entrée de 25 000 F CFA de la race tchadienne. (environ 38 euros) et payer millions de F CFA, L’engouement est immé- soit entre 4 500 et 20 000 euros une cotisation annuelle de 50000 F CFA pour recevoir diat. Le nouveau sport attire de nombreux propriétaires, sa carte d’adhérent. Pour Ce que gagne un jockey la plupart d’entre eux, les des musulmans du Nord en majorité, mais aussi des courses sont désormais chrétiens du Sud et même une passion et une fierté des femmes. À l’époque, plutôt qu’un investissedu prix d’une course les apprentis jockeys se ment rentable. pressaient pour tenter leur En brousse, en revanche, Cheptel équin tchadien chance à N’Djamena, où les compétitions resdes courses étaient orgasemblent encore à des nisées chaque vendredi, joutes où la notion d’écurie samedi et dimanche. « On n’existe pas. Les chevaux millions de crinières gagnait beaucoup d’argent, concourent au nom d’une on était des stars. Beaucoup plus qu’autribu ou d’une famille dont ils font la gloire jourd’hui », se souvient Obi Hamid. en cas de victoire. Souvent mal nourris De cette époque, il reste aujourd’hui et insuffisamment entretenus, ils collecquelques grands propriétaires et des tionnent les problèmes de santé: coliques, noms de chevaux de légende, dont les sabots abîmés, traces de fourbures, etc. Et lignées fournissent encore le gros des puis il y a le dopage. « Avant les courses, il troupes du circuit, comme Dollars, pron’est pas rare que l’on injecte aux chevaux priété du célèbre Athanase Poulopoulos, de la dexaméthasone, un médicament consul honoraire de Grèce au Tchad. à base de cortisone », confie un jockey. Malheureusement, la guerre et les années Mais si le sport a perdu de sa superbe, d’instabilité, au cours desquelles nombre c’est surtout par manque de moyens. d’étalons ont été vendus au Nigeria, ont Aujourd’hui, l’AEARCT dépend presque brisé cet élan. exclusivement du ministère de l’Élevage, qui lui alloue une subvention annuelle DROIT D’ENTRÉE. Dans la capitale tchade 60 millions de F CFA. « Il fut un temps dienne, les courses se sont professionoù les paris engendraient à eux seuls nalisées. On est certes loin des énormes entre 10 et 15 millions de F CFA par ● ● ●
3 et 13
© Sylvain Cherkaoui pour Jeune afrique
30 %
physique sec, s’est aussi lancé dans l’aventure « grâce à [son] père », dont il a entraîné les chevaux pendant toute son enfance. Célèbre cavalier dans les années 1970, Obi Hamid, 65 ans, arbore aujourd’hui une longue tunique et un chèche blanc. Il a été témoin de l’âge d’or d’une tradition désormais en perte de vitesse. Au Tchad, les chevaux ont toujours fait partie du paysage, pour se déplacer
2
Quelques chiffres clés • Plus de 800 offres d’emploi proposées par près de 50 exposants et de nombreuses offres de stages pré-emploi ou d’étudiants, et une foule d’informations pertinentes en matière de formation et de création d’activités; • Plus de 9 000 visiteurs ; • Un espace Entrepreneuriat offrant des services d’aides à la création d’activités et d’entreprises ; • Un concours de présentation des projets d’entreprises a été organisé ; • 10 promoteurs et porteurs de projets ont reçu des prix pour débuter leur business ; • Plus de 10 animations sur les dynamiques de recherche d’emploi, les réseaux sociaux et la création d’activités; • 1 forum permanent : espace exposant ou comment gérer sa présence au Salon pour trouver un emploi ; • 10 porteurs de projets sont retenus pour être incubés L’initiative Tchad Talents, s’est déroulée du 3, 4 et 5 novembre 2015 au Palais du 15 janvier sous le Très Haut Patronage du Président de la République.
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Le Plus de J.A. Tchad
t Le vainqueur de la cinquième et dernière course.
● ● ● course », poursuit Abakar Abdelkarim, un ancien dirigeant de l’association. Aujourd’hui, cette pratique est rejetée par la plupart des propriétaires musulmans, les jeux de hasard étant contraires aux principes de leur religion. Résultat, les paris ont progressivement disparu et contraint les habitués à se rabattre sur les compétitions européennes. « Si ce blocage persiste, nous risquons de voir notre tradition mourir. Les paris sont notre seul moyen d’être autonomes », s’inquiète Amir Adoudou Artine. L’homme d’affaires, ancien ministre du Développement pastoral, passionné de chevaux et membre éminent du monde hippique tchadien, a sa propre écurie, qui porte le nom de son groupe, Geyser. Pour l’occasion, elle s’est établie à Massaguet, prèsd’unepistebordéed’arbres.Ladizaine d’employés du domaine (deux jockeys, des palefreniers, un maquignon chargé de sillonner le pays à la recherche des meilleures montures) s’y reposent en attendant de rejoindre l’hippodrome.
HEUREUX PROPRIÉTAIRES. Ce jour-là,
à Massaguet, c’est un peu la course de brousse. Ici, ni équipement ni selle. On monte à cru, avec de modestes dossards et
dix cavaliers déboulent groupés dans le premier virage, sous les clameurs du public. Dans les premiers rangs, on joue des coudes. Les plus jeunes spectateurs sont comme scotchés. À mi-course, le 7 (Sahma) et le 5 (Chabab Msro) se détachent. Ils conservent une bonne avance jusqu’à la ligne d’arrivée, sous les vivats de la foule, qui se presse pour féliciter le vainqueur. Le trio de tête, dont les heureux propriétaires se partageront 400 000 F CFA (200 000 pour le premier, 125 000 pour le deuxième et Dans un nuage de poussière, 75 000 pour le troisième), se les cavaliers déboulent sous les présente devant la tribune d’honneur pour recevoir ses clameurs du public. trophées. Le président de personnes se mettent à courir en direcl’AEARCT, Idriss Ahmed Idriss, est aux tion du lieu de l’incident tandis que l’un anges : sa jument Sahma a remporté la des organisateurs rappelle sévèrement course, et il accueille avec un large sourire son fils à l’ordre. Un pick-up de la police les congratulations des notables de la démarre en trombe. La foule ne s’arrête région avant de prendre le volant de son plus, elle court, mais tout va bien, elle a 4×4 Toyota avec le général Djouma. Les le sourire… Rien n’est plus sous contrôle. sirènes de police retentissent, et le convoi Il faudra près de trente minutes pour que disparaît… dans un nuage de poussière. les choses (et le public avec) rentrent dans L’hippodrome se vide. Chacun repart l’ordre et que la compétition reprenne. comme il était venu. À pied, en pick-up, Il est 17 h 30. L’ultime course s’engage, à moto ou à cheval. ● dans un épais nuage de poussière. Les VIncEnT DUHEM sans chaussures. Les départs sont donnés à l’aide d’une simple corde – et les faux départs sont nombreux. Ce n’est que la deuxième course de l’après-midi et l’équipe d’organisation est déjà débordée. À l’autre bout de l’hippodrome, deux participants se retrouvent à terre. Grosse chute. La foule se tait. Après quelques secondes de confusion, une poignée d’enfants traversent la piste. Tenter de les en dissuader, les menacer d’une ceinture est vain. Soudain, des centaines de
© Sylvain Cherkaoui pour Jeune afrique
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Tchad Le Plus de J.A.
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SPORT
Japhet le justicier Figure historique du football tchadien, l’ancien milieu offensif tire à boulets rouges sur la fédération nationale, qu’il accuse, notamment, d’être incompétente. Et il n’épargne pas la Fifa.
C
hampion du Tchad en 1987 comparable à un véritable centre de a remporté au passage la Coupe de la avec le Tourbillon FC de formation national, le centre technique Cemac. « Quand la Fifa envoie des émisN’Djamena, champion de de Milezi-Farcha, poursuit-il. Je suis saires pour qu’ils contrôlent l’utilisation France en 1995 avec le FC resté deux ans sur place, en consentant de l’argent versé, ces derniers estiment Nantes, Japhet N’Doram (49 ans) a effecde gros sacrifices familiaux. Mais rien que tout va bien. Je pense que cela doit tué l’essentiel de sa carrière en Europe, à n’avançait parce que des gens haut plaarranger pas mal de monde. » N’Doram Nantes (1990-1997), puis à l’AS Monaco cés à la fédération ne le voulaient pas. va plus loin. « Un véritable système (1997-1998) et avec les Sao, la sélection On marchait sur la tête. Alors que la mafieux s’est mis en place. Et c’est au Fifa avait versé de l’argent à plusieurs détriment de la jeunesse, car il n’y a nationale (1989-1998). Depuis, l’ancien attaquant suit avec attention l’évolution reprises dans le cadre des projets Goal, aucune politique de formation. Quant au du football tchadien. on construisait les bâtiments admichampionnat national, il est mal orgaLe dernier épisode en date l’a navré, nistratifs avant de faire des terrains ! » nisé, mal préparé, et donc assez faible. à défaut de le surprendre. Quatre jours La fédération tchadienne a en effet C’est vraiment dommage, regrette-t-il. après être parvenu à battre Les victoires à la Cemac, contre l’Égypte, les Pharaons à N’Djamena la Guinée et la Sierra Leone en sont la « Pas d’argent pour payer les (1-0), le Tchad s’est incliné preuve. Il y a de bons joueurs locaux, et billets d’avion… Mais de qui se face à l’Égypte (0-4) en les expatriés apportent leur expérience match qualificatif pour européenne. » moque-t-on ? » s’indigne N’Doram. la Coupe du monde, le Emmanuel Tregoat, qui garde un œil 17 novembre, à Alexandrie. Ce que l’on reçu 449 181 dollars en 2002 (environ attentif sur son ex-pays d’accueil, n’est a appris un peu plus tard, c’est que la 430 000 euros, à l’époque), 399 915 dolguère surpris par les derniers potins sélection tchadienne n’avait posé le lars en 2006, 351 226 en 2010… et un parvenus de N’Djamena. « J’ai entendu pied sur le sol égyptien qu’une heure quatrième projet Goal de 500 000 dollars dire que les joueurs avaient été obligés avant le coup d’envoi, obligeant la Fifa lui a été attribué en 2013. « Le problème, de céder une partie de leur prime de c’est que la Fifa ferme les yeux ! » déplore à décaler l’horaire du match pour perqualification pour le deuxième tour des mettre aux joueurs de rejoindre le stade N’Doram. éliminatoires de la Coupe du monde [en et de s’échauffer. octobre, face à la Sierra Leone, 1-0, 1-2] « L’équipe a quitté N’Djamena tardiPOTINS. C’est ce qu’a constaté le Français à des dirigeants et à des membres de la vement prétendument parce qu’il n’y Emmanuel Tregoat, sélectionneur des fédération. Cela ne m’étonnerait pas… » ● avait pas d’argent pour payer les billets ALExIS BILLEBAULT Sao de février à septembre 2014, et qui d’avion. Mais de qui se moque-t-on ? s’indigne N’Doram. Ce match en Égypte Japhet N’Doram entraîne aujourd’hui l’E.S. Haute-Goulaine, en France. était programmé depuis des mois, et la fédération n’a pas été capable d’anticiper alors que de l’argent est alloué par l’État pour la sélection ? Où va cet argent ? Et pourquoi l’État ne cherche-t-il pas à vérifier comment il est utilisé ? » VRAI POTENTIEL. La charge est tout
jeune afrique
© e Vrard jS/SiPa
aussi violente qu’argumentée. « J’ai pu constater depuis de longues années que le football tchadien souffre d’un manque évident de visibilité et de régularité. Tout simplement parce qu’il est géré par des personnes incompétentes qui ne veulent surtout pas que les choses évoluent, alors qu’il a un vrai potentiel », martèle Japhet N’Doram. « Il y a cinq ans, le ministère des Sports m’avait convaincu de revenir au pays afin d’y développer une structure n o 2867 • du 20 au 26 décembre 2015
LEADER DE LA LOGISTIQUE PÉTROLIÈRE AU TCHAD
Installation du centre de collecte et pompe pour le compte de Petrochad (Glencore)
Parc engins (Vacuum trucks et grue motorisee)
SPÉCIALISTE DANS LES VENTES DES GROUPES ELECTROGÈNES, FOURNITURES DES PIÈCES DE RECHANGES ET MAINTENANCES.
3A Energie, partenaire N°1 du Groupe AmimerEnergy qui installera une centrale Electrique Hybride de 30 MW à N’Djamena-Tchad
Direction générale de 3A holding group
ALI AHMED ALI, Président Directeur Général,
LE GROUPE 3A, SOUS LA HOULETTE DE SON PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL, ALI AHMED ALI, REGROUPE QUATRE GRANDES ENTREPRISES DÉNOMMÉES
TPS Encobat SA, Entreprise de Construction de Bâtiments et Travaux Publics
OGL Oilfield and General Logistics, spécialisée dans la logistique pétrolière
NOS ACTIVITES •Génie Civil : Bâtiments, Travaux Publics, Pistes Rurales •Levage : Grutage •Manutention : Colis, caisses, pipes, divers colis... •Transport et convoi exceptionnel : Adaptés pour les pipes, divers colis, conteneurs, colis extra larges •Logistique pétrolière : Approvisionnement en eau, transfert d’eau de production, pétrole brut, eaux traitées, autres fluides... •Autres prestations : Mise à disposition des engins pour autres prestations, éclairage, électricité, traitement des déchets etc...
ENERGIE •Mise au point du système solaire ; •Fourniture des Centrales électriques ; •Location, vente et entretien général des groupes électrogènes.
TPS qui s’occupe du Gardiennage et de la sécurité.
GARDIENNAGE ET SECURITE Sécurité des sites pétroliers, des bâtiments, des biens, etc...
Maquette finale stade omnisport en construction a Moundou
Parc de bennes de Badila
NOS PRINCIPAUX CLIENTS •État du Tchad : Route, bâtiments, forage. etc... •Esso : Plate forme pétrolière, pistes, installation camp, service chauffeur, etc... •Pétrotchad : Installation camp, béton, piste d’atterrissage, logistique pétrolière, manutention, route, etc... •United Hydrocarbon : Piste, installation camp, plate forme pétrolière, logistique, forage, etc... NOTRE VISION •Expansion sous régionale, amélioration des conditions de vie des populations, promotion de l’emploi des jeunes.
Fourniture et installation de base vie a Sarh
AGENCE PRINCIPALE ROUTE NATIONALE DE TOUKRA B.P 5375 - N’DJAMENA (TCHAD) Tél. : +(235) 62 93 47 37 Tél. : +(235) 62 93 47 34 encobat@encobat3a.com
NOS FORCES •Utilisation des équipements à la pointe de la technologie ; •Mixage d’une main d’œuvre locale et expatriée qualifiée ; •La diversification de nos activités. NOTRE CRENEAU •Servir et satisfaire le client est le but de notre existence. NOTRE DEVISE •La passion d’entreprendre et la vision pour le futur.
WWW.ENCOBAT3A.COM
PUBLI-INFORMATION
DIFCOM/FC - Photos : DR
PARC •Grues de 25t à 200t •Chariots élévateurs (2,5t à 5t) •Télescopiques (5t à 8t) •Plateaux (33t à 50t) •Portes chars (50t à 100t) •Citernes à eau (20 000L à 36 000L) •Vacuum trucks (12 000L à 25 000L) •Groupes électrogènes, mat d’éclairage, broyeurs, compresseurs. •Niveleuses, Tractopelles, Chargeurs, Bulldozers, pipe liner, Compacteurs.
3A Energie qui s’occupe de la branche énergie