Ja 2970 plus côte d'ivoire

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Côte d’Ivoire 2020, c’est déjà demain

Spécial 16 pages

Proche-Orient Ce que prépare la « bande des quatre » par Béchir Ben Yahmed

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 58e année • n° 2970 • du 10 au 16 décembre 2017

jeuneafrique.com

ALGÉRIE Khaled Nezzar

Hassan II Boumédiène Kadhafi Chadli

Ben Bella…

et moi L’ancien ministre algérien de la Défense et général à la retraite publie le premier tome de ses Mémoires. L’occasion, enfin, de dévoiler quelques secrets d’Histoire.

ÉDITION INTERNATIONALE ET MAGHREB & MOYEN-ORIENT France3,80€•Algérie290DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe4,60€ Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 2000 F CFA • ISSN 1950-1285


PUBLI-INFORMATION

Côte d’Ivoire

© NABIL ZORKOT/JA

© JACQUES TORREGANO/JA

© RENAUD VAN DERMEEREN/LES ÉDITIONS DU JAGUAR

© RENAUD VAN DERMEEREN/LES ÉDITIONS DU JAGUAR

Notre jeunesse est une priorité L’environnement une nécessité

L

es jeunes, dans un monde européen vieillissant, sont pour l’Afrique un potentiel extraordinaire, mais ils peuvent aussi devenir une source réelle de risques et de difficultés si on ne leur offre pas de vraies perspectives pour leur formation, puis des emplois rémunérateurs et productifs. Alors que de nombreux pays européens voient la part des jeunes dans leur population décroître, les pays africains ont une population à évolution rapide. Aujourd’hui, plus de 60 % de la population des pays d’Afrique a moins de 25 ans, et cette part devrait encore augmenter d’ici 2050. C’est un véritable défi. Si la jeunesse reste oisive, désœuvrée et sans éducation, elle peut compromettre la stabilité et le développement. -I-


COTE D’IVOIRE Notre jeunesse est une priorité - L’environnement une nécessité Le Président de la République Alassane Ouattara, dans son discours de bienvenue, lors du Sommet Union Africaine/Union Européenne, le 29 novembre 2017, à Abidjan, a souligné l’importance de prendre des engagements forts pour la jeunesse africaine, en précisant que la stabilité du continent ne pouvait s’obtenir sans eux.

© CYRILLE BAH/ANADOLU AGENCY

Abidjan

" SOMMET UNION AFRICAINE/UNION EUROPÉENNE, LE 29 NOVEMBRE 2017, À ABIDJAN.

Les défis à relever Jeunesse et éducation/formation L’AFRIQUE DEVRA AUSSI CONTINUER DE S’APPROPRIER LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION !

© VYSTEKIMAGES - STOCK.ADOBE.COM

Il a souligné les défis à relever, précisant que le fossé, entre les espoirs que le pays place dans sa jeunesse et les possibilités qui lui sont offertes, est grand. En réalité, un grand nombre de jeunes ne sont pas en mesure de terminer leurs études ou de trouver un emploi productif et rémunérateur. En effet, l’accès aux systèmes est difficile, la capacité d’accueil est insuffisante et la qualité de la formation devrait être meilleure, en adéquation aux besoins réels de l’économie. C’est vrai pour les accès à l’école, au collège et au lycée. Quant à l’enseignement technique et professionnel, il accueille en moyenne moins de 10 % des effectifs. Ces difficultés ont pour conséquence immédiate un fort taux de chômage des jeunes, qui quittent le système d’éducation/formation sans véritables compétences et sont dans l’incapacité de s’insérer dans les tissus économiques du pays. Une meilleure éducation, une meilleure formation est indispensable. Pour y

parvenir, des réformes courageuses et ambitieuses accompagnées d’investissements importants dans le système éducatif ont déjà été entreprises en Côte d’Ivoire, mais restent à poursuivre. L’Europe devrait également offrir un accès plus large aux jeunes africains à son système d’éducation et de formation. L’Afrique devra aussi continuer de s’approprier les nouvelles technologies de l’information et de la communication, pour être de plain-pied

- II -


PUBLI-INFORMATION

dans la nouvelle économie du savoir. La Côte d’Ivoire affiche une ambition, celle d’être le nouveau pôle technologique de la région. Il y a de nombreuses initiatives portées par les jeunes, qui usent sans modération des nouvelles technologies, en plein essor, et qui sont le véritable accélérateur d’autonomie. Selon le Ministère des N.T.I.C., le pays compte 8 000 000 d’abonnés à Internet et 25 000 000 d’abonnés à la téléphonie mobile.

LES SECTEURS PRIORITAIRES Pour faire face à tous ces défis et apporter des réponses à la Communauté Internationale, les moyens nécessaires vont bien au-delà des seules ressources des pays africains. L’aide de l’Union Européenne est indispensable. Elle doit s’orienter vers les secteurs prioritaires que sont :

Jeunesse et sécurité

• L’éducation / formation • Le développement du secteur privé • La création d’emplois

Cette jeunesse peu formée peut être instrumentalisée à des fins politiques et être source d’instabilité. Au-delà, l’absence de perspective, est l’une des causes profondes de l’immigration clandestine. L’immigration clandestine et le terrorisme sont une menace non seulement pour le continent Africain mais aussi pour l’Europe.

!

Jeunesse et secteur privé/ création d’emploi Stabilité politique et sécurité sont les critères de base pour un environnement incitatif propice aux investissements publics et privés. La mise en œuvre de réformes, au niveau juridique et légal, est aussi nécessaire. En fait tout ce qui permet d’améliorer la compétitivité de l’économie et créer des conditions favorables pour les entreprises privées qui participeront au développement. Le Président Alassane Ouattara a invité la jeunesse africaine à avoir foi en l’avenir qu’elle incarne.

DES RÉFORMES COURAGEUSES ET AMBITIEUSES ACCOMPAGNÉES D’INVESTISSEMENTS IMPORTANTS DANS LE SYSTÈME D’ÉDUCATION ONT DÉJÀ ÉTÉ ENTREPRISES EN CÔTE D’IVOIRE ICI, L’UNIVERSITÉ D’ABIDJAN.

- III -

L’Afrique et l’Europe face aux défis La solidarité entre l’Europe et l’Afrique n’est ni un concept vide, ni un lien fondé sur une philanthropie univoque, elle doit être un véritable partenariat transversal qui fera face au défi incontournable d’une Afrique moderne, bien gérée et innovante. Les problèmes migratoires doivent être abordés en tenant compte de l’histoire. Certains pays, du fait de leur position géographique, sont des terres d’immigration. D’autres, compte tenu de leurs ressources et du climat parfois, sont associés à la pauvreté, la précarité et l’instabilité. Il faut tenir compte de ces phénomènes migratoires, pour pouvoir les résoudre et trouver des solutions efficaces entre les deux continents, l’Europe et l’Afrique.

© NABIL ZORKOT/JA

© NABIL ZORKOT/JA

Seuls moyens efficaces de traiter les causes profondes pour un développement durable.


PUBLI-INFORMATION

©NABIL ZORKOT

COTE D’IVOIRE Notre jeunesse est une priorité - L’environnement une nécessité

LA CÔTE D’IVOIRE A PRIS EN COMPTE LA NÉCESSITÉ DE RÉDUIRE SES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFETS DE SERRE DE 28 % D’ICI À 2030.

LE GOUVERNEMENT A ÉLABORÉ UN PLAN NATIONAL D’INVESTISSEMENT AGRICOLE, DE 4 MILLIARDS DE DOLLARS.

L’agriculture est également au premier rang des priorités de développement économique de la Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a élaboré un Plan National d’Investissement Agricole, doté d’un budget de 4 milliards de dollars. Deux des programmes de la PNIA (amélioration des productions agricoles et développement des filières) sont de nature à être compromis par les impacts du changement climatique, comme la raréfaction des pluies et la dégradation des sols.

"

ÉNERGIES RENOUVELABLES

42 % - IV -

C’est le chiffre sur lequel s’engage la Côte d’Ivoire pour porter la part des énergies non-renouvelable dans son mix énergétique à l’horizon 2030, y compris la production hydro-électrique, 26 % du total.

DIFCOM/DF - PHOTOS : © SUIVANT MENTION.

Il faut faire face au changement climatique qui sévit au Sahel, au lac Tchad et dans toute la bande sahélo-saharienne, plongeant les hommes et les femmes de ces régions dans la pauvreté, alors qu’ils ont toujours vécu de l’agriculture et de la pêche. De 1995 à 2015, le continent a subi 136 épisodes de sécheresse dont 77 pour la seule région de l’Afrique de l’Est. L’Afrique reste parmi la plus touchée, si on ne se préoccupe pas de son environnement et si on ne prend pas des mesures drastiques pour limiter le réchauffement climatique à 2°, le coût des dommages collatéraux sera sans précédent. Les producteurs d’or noir du continent restent les principaux pollueurs africains. Le réchauffement climatique entraine déforestation, catastrophes naturelles, baisse des précipitations, montée des eaux et sécheresse. La Côte d’Ivoire entend relever le défi du développement économique afin d’améliorer la qualité de vie de sa population, tout en prenant en compte la nécessité de réduire ses émissions de gaz à effets de serre de 28 % d’ici à 2030 ; réduction qui pourrait atteindre 36 %, en cas d’appui financier extérieur.

!

© XAVIER SCHWEBEL/JA

Production, environnement, un équilibre difficile


Toutes les clés pour comprendre l’économie, les événements et les tendances du continent Décryptage 54 États à la loupe

HEBDOMADAIRE INTERNATIO

• 57e année

CONSOMMATION

Pleins feux sur le marché du luxe

N°2971H • du 17 au 31 décembre 2017

L’Afrique en

2018

AFRIQUE DU NORD

Les 7 printemps des révolutions

INTERVIEWS

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Ces stylistes qui vont marquer l’année

jeuneafrique.com

Antonio Guterres, Vera Songwe

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La méthode Joao Laurenço

Jeune Afrique N°2971H L’Afrique en 2018

Toutes les clés pour comprendre les (r)évolutions du continent Avec les contributions de : Yann Alix, Ali Benmakhlouf, Jérôme Chenal, Brahima Coulibaly, Edwide-Renée Dro, Ajay Dubey, Eugène Ebodé, Scholastique Mukasonga, Mabrouck Rachedi, Véronique Tadjo, Odon Vallet

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LE PLUS

de Jeune Afrique

ENJEUX Chantiers (encore) en cours

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INTERVIEW Bruno Koné, porte-parole du gouvernement ÉCONOMIE Changement de rythme COULEUR LOCALE Petit lexique de la débrouille

CÔTE D’IVOIRE

2020, c’est déjà demain

JACQUES TORREGANO/DIVERGENCE POUR JEUNE AFRIQUE

À moins de trois ans de l’échéance du deuxième mandat d’Alassane Ouattara, les attentes sociales demeurent nombreuses. Et la classe politique est déjà centrée sur la prochaine présidentielle.

JEUNE AFRIQUE

N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017



Le Plus de Jeune Afrique

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Prélude

Anna Sylvestre-Treiner

Incertitudes

«

E

n politique, on ne dit Depuis ses villas cossues d’Abidjan ou de Daoukro, il souffle le chaud et le froid, jamais non. » En lâchant s’affiche un jour avec l’un, le lendemain ces quelques mots, avec son ennemi, et aime laisser croire Alassane Ouattara savait qu’il laisserait libre cours aux spéculaqu’il peut, à tout moment, modifier la tions les plus folles. Feignant d’oublier destinée de son pays. ses engagements passés, abandonnant le temps où il évoquait un départ de la Il suffirait pourtant d’une seule présidence avant même la fin de son phrase de ces deux chefs pour mettre fin aux spéculations et aux intrigues. Un mandat, balayant les rumeurs sur sa fatigue et sa lassitude du pouvoir, le présimple accord sur un candidat commun sident ivoirien laisse désormais planer pour 2020, et la plupart des menaces le doute sur ses ambitions pour 2020. sur la stabilité du pays disparaîtraient. Peut-être veut-il simplement faire taire Ouattara et Bédié se donneraient ainsi les ambitions dévorantes qui émergent toutes les chances de laisser derrière eux dans son camp. Guillaume Soro ne une Côte d'Ivoire que leur cogestion a confie-t-il pas que seule une candidapermis de faire redémarrer. Le bilan est ture du chef de l’État le ferait renoncer certes imparfait, mais les progrès sont à se présenter ? Peut-être Alassane Ouattara tenteFélix Houphouët-Boigny avait t-il de rassurer un entourage refusé d’organiser sa succession. inquiet face aux agitations Il laissa derrière lui un pays divisé. de l’année qui vient de s'écouler et, pour certains, nombreux. La paix est revenue, l’écoà l’idée de perdre quelques privilèges. Peut-être est-ce seulement une façon nomie est repartie. Pour la majorité des Ivoiriens, la vie est plus douce qu’il y a une de gagner du temps et de la sérénité. dizaine d'années. Reste à prouver que la Il est en tout cas désormais impossible d’exclure que le chef de l'État songe démocratie ne sera plus mise en danger. Félix Houphouët-Boigny avait refusé effectivement à un troisième mandat. Ses d’organiser sa succession, laissant derproches se chargent d’ailleurs de rappeler que, depuis l’adoption, en 2016, d’une rière lui un pays durablement fraginouvelle Constitution et de la suppreslisé et divisé. Déjà rivaux à l’époque, sion de la limite d’âge, cela serait légal. Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo – qui, depuis La Haye, Nul ne sait ce que concocte vraiment refuse de laisser émerger d’autres figures à la tête de l’opposition – continuent Alassane Ouattara, si ce n’est lui-même. Mais en obligeant ses concitoyens à aujourd’hui de faire tanguer la Côte « attendre 2020 » pour avoir sa réponse, d’Ivoire au gré de leurs inimitiés. il plonge le pays dans une profonde Âgés respectivement de 83, 75 et incertitude. 72 ans, tous trois règnent encore sans Une méthode éprouvée par son turbupartage sur leur parti, décidant de l’avenir du pays. Alors que 75 % de la populent allié, Henri Konan Bédié. Le Sphinx de Daoukro s’est fait une spécialité de ne lation a moins de 35 ans, il pourrait jamais rien dire, ou si peu, pour laisser être opportun, en 2020, de transmettre s'échafauder les scénarios les plus fous. le témoin. Et, cette fois, de dire non. JEUNE AFRIQUE

N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

ENJEUX Chantiers (encore) en cours

p. 68

Interview de Bruno Koné, porte-parole du gouvernement p. 71 En débat. Faut-il libérer Laurent Gbagbo ? p. 75 Entretien avec Georges Armand Ouégnin, président d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) p. 76 Quelles solutions apporter aux crises des forces de sécurité ? par Arthur Banga, historien p. 77 ÉCONOMIE Changement de rythme p. 80 Voie express, nouveaux ponts : Yopougon va bientôt pouvoir respirer p. 82 Nasco mise sur la dynamique high-tech p. 84 SOCIÉTÉ Union, discipline, travail : maîtres mots de l’émergence, par Emmanuel Yao N’Goran, sociologue p. 89 Petit lexique de la débrouille

SUIVEZ toute l’actualité de la Côte d’Ivoire

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Le Plus de Jeune Afrique

ENJEUX

Chantiers (encore) À peine le gouvernement Gon Coulibaly était-il installé que les grèves, les mutineries et la baisse des cours du cacao bouleversaient ses priorités. Passé ces turbulences, il remet le cap sur les grands projets qu’Alassane Ouattara a promis de mener à bien avant l’échéance de son deuxième mandat.

C

VINCENT DUHEM,

envoyé spécial

est bientôt l’heure du s’est installé dans un climat peu propice à la bilan. Déjà. Celle où mise en place du Plan d’actions prioritaires l’on décerne les bons (PAP). L’adoption de ce dernier, en avril, a et les mauvais points. néanmoins permis de fluidifier le travail Investi à la tête du des ministres. Chacun dispose désormais pays en mai 2011, à d’une feuille de route précise, déclinant les l’issue d’un bras de fer politico-militaire grandes orientations de son portefeuille postélectoral, Alassane Dramane Ouattara d’ici à 2020 à travers quelque 150 mesures, parfois très générales, dont un important (ADO) achèvera son deuxième mandat en volet infrastructures. octobre 2020. Après avoir annoncé qu’il ne se représenterait pas, le chef de l’État main« Nous espérons que les soubresauts sont tient désormais le suspense. Comme si, derrière nous et que l’on va pouvoir enfin se concentrer sur les trois axes majeurs de alors que les débats autour de sa succession la politique du chef de l’État : l’amélioracommencaient à animer les discussions et à faire poindre les rivalités (lire pp. 74-75), tion des conditions de vie des Ivoiriens, la il voulait contrôler l’agenda et remettre la sécurité et l’éducation, explique Mamadou gouvernance au cœur des priorités. Si le Touré, le secrétaire d’État chargé de l’Enseignement technique et de la contexte politique et les indicateurs socio-économiques Formation professionnelle. Axes majeurs : Le Premier ministre souhaite n’ont plus rien à voir avec sécurité, ce qu’ils étaient en 2011, la multiplier les inaugurations Côte d’Ivoire reste un pays de grands projets. » L’année éducation et 2018 devrait être marquée en reconstruction, et les défis amélioration ne manquent pas. par l’ouverture officielle de des conditions l’université de San Pedro et En 2015, il avait fait de « l’Ivoirien nouveau » son le début des travaux de celle de vie. grand thème de campagne. de Bondoukou, dans le nordest du pays. Le gouvernement compte en Il avait promis d’axer ses efforts sur la transeffet poursuivre la politique de grands formation de l’économie, sur les jeunes et chantiers qu’il a lancée ces derniers mois les femmes, sur la lutte contre la corruption afin, notamment, d’assurer une meilleure et sur la réconciliation. Après une première redistribution des richesses. annéedequinquennattrèspolitique,consacrée notamment à la mise en place de la Dans un contexte économique complinouvelle Constitution, ADO espérait que qué, sur fond d’effondrement des cours du cacao (lire p. 80), les autorités sont les autres grands projets de son programme par ailleurs attendues au tournant sur la progressent en 2017. Mais les choses ne se question de la lutte contre la corruption. sont pas déroulées comme il l’escomptait. La création, début novembre, d’un pôle pénal financier chargé de la lutte contre REDISTRIBUTION. Mutineries dans l’armée, la corruption, le blanchiment d’argent et grèves dans la fonction publique, crise du la criminalité financière a d’ailleurs reçu secteur du cacao et tensions au sein de la un accueil mitigé de la part des Ivoiriens coalition au pouvoir ont rythmé l’année. tant les initiatives précédentes ont eu peu Nommé mi-janvier, le gouvernement du d’impact. Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

Le chef de l’État et son Premier ministre (à g.), le 16 janvier.


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en cours

Autre point essentiel : la poursuite de la réforme du secteur de la sécurité (lire p. 77). Pour un certain nombre d’observateurs, les mutineries qui ont frappé le pays sont révélatrices d’un climat d’impunité. « Elles ont exposé un défaut majeur dans le renouveau de la Côte d’Ivoire : un profond problème d’impunité, produit d’un échec de longue date à maîtriser une armée non réformée, estime Jim Wormington, chercheur pour Human Rights Watch. Plusieurs commandants impliqués dans de graves abus pendant le conflit armé puis, de nouveau, pendant la crise postélectorale se sont vu octroyer une promotion au mois de janvier. Nombreux sont les commandants qui détiennent encore des dépôts d’armes privés [semblables à la cache découverte par les mutins en mai], sans qu’aucun fasse l’objet de sanctions, et des éléments au sein des forces de sécurité continuent à extorquer de l’argent aux barrages routiers, même si ces pratiques se limitent désormais surtout aux axes secondaires. »

SIA KAMBOU/AFP

ENQUÊTES. La question de l’impunité

appelle celle de la justice. Bien que le président Ouattara ait toujours affirmé vouloir « laisser la justice faire son travail », certains l’accusent de favoriser celle des vainqueurs. En effet, si de nombreux anciens comzones (chefs de guerre de la rébellion) ont été inculpés, les procédures sont au point mort. Mais la Cellule spéciale d’enquête relative à la crise postélectorale, créée en juin 2011, doit achever sa phase d’instruction l’an prochain. Si ce calendrier est respecté, 2018 sera l’année de l’ouverture de procès nationaux. Si ce n’est pas le cas, le débat autour de la Cour pénale internationale (CPI) pourrait être relancé. Outre Simone Gbagbo (déjà jugée en Côte d’Ivoire), la CPI souhaite que certains ex-comzones soient transférés à La Haye. « La Cour a intensifié ses enquêtes en 2017. Elle est prête. Et ses dossiers concernant les proADO sont parfois mieux ficelés que ceux des pro-Gbagbo », conclut une source judiciaire ivoirienne. N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017



Le Plus de JA Côte d’Ivoire

VINCENT FOURNIER/JEUNE AFRIQUE

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Bruno Koné Porte-parole du gouvernement,

ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Poste

« Il n’y a pas de froid entre les présidents Ouattara et Bédié »

D

epuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, en 2011, jamais une année n’avait été aussi difficile à négocier pour le gouvernementivoirien.Grèves,mutineries à répétition… Dès les premières semaines de 2017, le mécontentement social s’est fait sentir, avec, en toile de fond, de premières inquiétudes économiques liées à la baisse du prix du cacao (lire p. 80). Un contexte qui a favorisé les tensions entre le Rassemblement des républicains (RDR) et son allié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et qui a aussi exacerbé les rivalités au sein du parti présidentiel. Pour le chef de l’État, arrivé à la moitié de son deuxième quinquennat, les défis restent nombreux. S’il le reconnaît, Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement, JEUNE AFRIQUE

assure cependant que les embûches appartiennent au passé. JEUNE AFRIQUE : Les attentes des Ivoiriens restent nombreuses. On l’a vu avec les manifestations des militaires, celles des étudiants, les grèves des fonctionnaires… À mi-parcours du deuxième mandat d’Alassane Ouattara, quelles sont les priorités du gouvernement ? BRUNO KONÉ: Il est primordial d’hono-

rer les promesses qui ont été faites. Le président Ouattara entend les Ivoiriens, il entend les récriminations : la population veut voir ses conditions de vie s’améliorer, elle veut manger à sa faim, envoyer ses enfants à l’école. C’est légitime. C’est pourquoi nous travaillons à une plus grande redistribution des richesses.

La grogne sociale s’est particulièrement fait entendre cette année. La comprenez-vous ?

Les Ivoiriens constatent que la situation économique s’améliore, et chacun veut en profiter. Mais il faut prendre conscience qu’il y a des urgences partout et que nos ressources sont limitées. Pour satisfaire toutes les attentes, il nous faudrait multiplier le budget de l’État par quatre ou cinq… C’est impossible ! Depuis 2011, le budget de l’État a tout de même plus que doublé, passant d’environ 3 000 milliards à 6 700 milliards de F CFA [d’environ 4,5 milliards à 10 milliards d’euros]. C’est une capacité de mobilisation deux fois plus importante qu’auparavant, mais avec des besoins désormais bien supérieurs. N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017


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Le Plus de JA Côte d’Ivoire La sécurité semble se dégrader. Après les mutineries en début d’année, il y a eu plusieurs attaques de postes de police, des caches d’armes ont été découvertes… Le gouvernement est-il dépassé ?

Absolument pas. Les réseaux sociaux donnent l’impression qu’il y a plus de problèmes que par le passé, mais les statistiques montrent qu’en réalité la sécurité ne se dégrade pas. On parle par exemple beaucoup des « microbes » [surnom donné aux jeunes rassemblés au sein de gangs violents, qui multiplient les vols, agressions, braquages, en particulier à Abidjan], or il ne s’agit que d’une délinquance semblable à celle observée dans toutes les grandes villes. On dit qu’elle est le fait d’enfants, mais, lors de la dernière opération Épervier, 5 000 personnes ont été arrêtées, dont seules trois ou quatre étaient mineures. Certes, on dénombre davantage d’agressions à l’arme blanche, mais il y a moins d’armes à feu en circulation. Pour revenir aux mutineries du début d’année et aux problèmes dont souffre l’armée ivoirienne [lire p. 77], pourquoi la réforme annoncée depuis des années n’a-t-elle pas encore été mise en œuvre?

personne. Cela dit, nous attendons bien entendu de ceux qui ont accepté des postes toute la loyauté possible. Autre grand dossier : la création du parti unifié. Le président l’a annoncée pour la fin de l’année, mais tout indique qu’elle sera encore reportée. Est-ce une arlésienne ?

Ce parti unifié est l’une de nos priorités. Dernièrement, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ont fait avancer les choses en annonçant la mise en place d’un comité de haut niveau. Cet organe sera chargé d’élaborer les statuts et le règlement du futur parti. Nous n’étions jamais allés aussi loin dans le processus. Pourtant, les relations entre les deux présidents s’étaient rafraîchies ces derniers mois…

Non. Il n’y a pas de froid entre eux. Les médias extrapolent tout, le moindre mot, le moindre silence ! Les présidents Ouattara et Bédié s’entendent parfaitement et, sur les questions essentielles, ils finissent toujours par se retrouver.

Nous n’en avons jamais douté. Et tous les membres du RHDP ont intérêt à travailler ensemble. Même s’il y a des tiraillements ici et là, sur l’essentiel, nous nous entendrons toujours.

Depuis qu’une cache d’armes a été découverte, en mai, au domicile de son directeur du protocole, la rupture avec Guillaume Soro est-elle consommée ?

Certaines figures du RDR se sont récemment prononcées en faveur d’un troisième mandat d’Alassane Ouattara. L’envisage-t-il ?

Un poste de vice-président du RDR a été octroyé à Guillaume Soro. Mais y a-t-il encore toute sa place ?

C’est à lui de l’apprécier. Le parti pense qu’il a les qualités pour y jouer un rôle et que sa place est en son sein. Le RDR est le parti du vivre-ensemble, donc il n’exclut N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

L’un des points faibles du bilan du gouvernement, c’est la réconciliation. Ce dossier a-t-il été mis de côté ?

Il souffre surtout des campagnes de récupérationduconceptderéconciliation, laquelle a toujours été une priorité pour le président de la République. C’est pour cela qu’il a mis en place la Commission dialogue, vérité et réconciliation [CDVR], qu’il a appelé les exilés à revenir au pays, qu’il a dégelé des comptes, qu’il tient toujours un discours rassembleur, etc. Que peut-on faire de plus ? Ceux qui parlent aujourd’hui de réconciliation réclament invariablement la même chose : la libération de tous les prisonniers. Mais comment libérer des gens qui ont attaqué des commissariats, ont commis des meurtres

La création du parti unifié reste l’une de nos priorités.

Il y a une dizaine d’années, des promesses ont été faites à des combattants, et elles n’ont pas été tenues. À seulement quelques années de la fin du deuxième mandat du président Ouattara, ces anciens membres des Forces nouvelles ont légitimement voulu recevoir leur dû et ont fini par le manifester plus violemment. Mais, aujourd’hui, ce problème est derrière nous. Quant à la réforme, elle a été adoptée par le gouvernement et commence à être mise en œuvre.

Non, il n’y a pas de rupture. Le chef de l’État et le président de l’Assemblée nationale se rencontrent et échangent chaque fois que cela est nécessaire.

a dit dernièrement qu’il fallait attendre 2020, donc attendons !

L’alliance du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) peut-elle tenir jusqu’en 2020 ?

J’ai moi-même eu l’occasion d’interroger le président sur ce sujet et je n’en ai jamais eu l’impression. C’est un homme pressé de passer la main, mais il veut le faire dans des conditions qui assurent la continuité de ce qu’il a accompli. Et si ces conditions ne sont pas remplies ?

Le chef de l’État travaille pour passer le relais à des gens qui sauront préserver le pays et continuer de le faire avancer. Il

ou sont aux mains de la justice internationale ? Certains veulent tout simplement faire du concept de réconciliation un fonds de commerce. Le président Ouattara a promis qu’il n’y aurait pas d’impunité et que dans les deux camps, pro-Gbagbo comme pro-Ouattara, des gens seraient jugés. Ce n’est toujours pas le cas…

Le chef de l’État ne contrôle pas le pouvoir judiciaire. Il revient donc à la justice d’accomplir son devoir.

Après une année agitée, comment envisagez-vous celles à venir ?

Pendant cette année, l’exécutif n’a jamais été déstabilisé, même au moment des mutineries. N’oubliez pas que ces mouvements n’ont eu à aucun moment pour but de s’en prendre au pouvoir en place, il ne s’agissait que de revendications syndicales et ciblées. Donc nous n’avons aucune crainte. Tous les jours, nous travaillons pour le bien des Ivoiriens, et je n’ai pas l’impression que nous ayons échoué dans cette tâche. Le pays est en paix, l’économie se porte bien, la confiance est de mise partout. Les choses avancent, et elles iront sans doute de mieux en mieux. Propos recueillis à Abidjan par ANNA SYLVESTRE-TREINER JEUNE AFRIQUE


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Directeur Développement


Le Plus de JA Côte d’Ivoire

AFP

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Alassane Ouattara à la tribune du 3e congrès du RDR à Abidjan, le 9 septembre.

À vos marques!

POKER MENTEUR. Pourtant, en coulisse,

À mi-parcours du second quinquennat, la course pour la présidentielle de 2020 est déjà lancée, qui fait naître rivalités et tensions jusqu’au plus haut sommet de l’État.

L

a nuit est en train de tomber, ce mardi 31 octobre, lorsque la Mercedes noire d’Alassane Ouattara pénètre dans la propriété abidjanaise d’Henri Konan Bédié. Devant les flashs, les sourires sont appuyés. Même la pluie qui s’invite est de bon augure, dit-on. La rencontre a été minutieusement préparée par les proches des deux chefs. Rien ne doit venir gâcher la mise en scène de la réconciliation entre le président du Rassemblement des républicains

(RDR) et celui du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Cela fait alors plus de six mois que les deux hommes ne se sont pas vus. Six mois de crispations et d’incompréhension. Le contact a même été complètement coupé pendant plusieurs semaines. « L’année 2017 a été éprouvante », reconnaît ce soir-là Alassane Ouattara. À plusieurs reprises, le chef de l’État a confié sa colère et son agacement à son entourage : il regrette que la course à la présidentielle ait été lancée si tôt.

D’UN CONGRÈS À L’AUTRE Pour les trois partis dominant la vie politique ivoirienne, l’année prochaine s’annonce décisive dans la course à la présidentielle de 2020. Après le RDR, en septembre 2017, le PDCI et le FPI préparent l’un et l’autre leurs congrès pour 2018. Au PDCI, plusieurs cadres laissent entendre que le rendez-vous N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

sera l’occasion d’un vaste remaniement de la direction, avec un nouvel organigramme qui pourrait permettre de « mettre en orbite » le candidat du parti pour 2020. La frange du FPI dirigée par Pascal Affi N’Guessan, qui avait annulé son congrès prévu en août 2017, promet également de le tenir courant 2018. De même que l’aile

Encouragés par les difficultés sociales et les mutineries du début d’année, les appétits n’ont cessé de s’aiguiser et les alliances ont menacé de céder. Pour le président, les mots de trop ont été lâchés, en juin dans les colonnes de JA (lire l’interview d’Henri Konan Bédié dans JA no 2945, du 18 au 24 juin 2017, pp. 26-30). « En 2020, le candidat du RHDP [Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix] sera issu de mon parti », assurait alors le « Sphinx de Daoukro », enjoignant à son « frère cadet » de respecter ses promesses. Après avoir aligné le PDCI derrière Alassane Ouattara dès le premier tour en 2015, Henri Konan Bédié attend que le RDR fasse de même avec un candidat de son parti lors de la prochaine présidentielle. Un renvoi d’ascenseur supposé sur lequel le président Ouattara évite soigneusement de se prononcer publiquement.

Sangaré du parti : trois ans après le congrès extraordinaire de Mama (qui avait remis Laurent Gbagbo à sa tête et exclu Affi N’Guessan), le camp des « Gbagbo ou rien » devrait cette fois se réunir à Moossou, la ville natale de Simone Gbagbo, dans la résidence de l’expremière dame. A.S.-T.

les cadres du RDR ne se privent pas de multiplierlescommentaires.«Uncandidat en 2020, c’est bien, mais y a-t‑il seulement quelqu’un au PDCI qui ait une stature présidentielle ? » raille l’un. « En 2015, ils n’auraient pas fait plus de 20 %, leur alliance avec nous les a sauvés », s’exclame un autre. Le RDR ne pourra néanmoins pas gagner sans son allié. Éléphant de la politique ivoirienne et habile tacticien, Henri Konan Bédié sait que chacun de ses gestes est scruté. « Il est particulièrement difficile de lire dans son jeu », admet un diplomate établi à Abidjan. À force de bluff et de tâtonnements, une grande partie de poker menteur a ainsi débuté dans le pays. Ainsi, alors que les relations de Guillaume Soro avec Alassane Ouattara se sont notoirement dégradées, les régulières visites du président de l’Assemblée nationale au chef du PDCI ont exaspéré dans les couloirs du palais présidentiel, où les tensions entre Guillaume Soro et son rival Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre – considéré comme le préféré du chef de l’État dans l’optique de 2020 –, ne sont plus un secret. « Ingrat » contre « déloyal », depuis plusieurs mois, les attaques fusent. Cependant, le 2 novembre, deux jours après la rencontre entre les chefs du RDR et du PDCI, l’entretien d’Alassane Ouattara avec Guillaume Soro, au palais présidentiel, a permis d’éviter l’escalade. « C’est la décrispation ! » répétaient à l’envi les communicants de part et d’autre. Sans JEUNE AFRIQUE


2020, c’est déjà demain cacher pour autant qu’il ne s’agit là que d’une façade. « Ouattara ne peut se passer de Soro pour l’instant, car le président de l’Assemblée nationale pourrait représenter une menace pour lui. À l’inverse, avec le rapprochement entre Ouattara et Bédié, Soro n’a plus d’espace politique et n’a d’autre choix, pour l’instant, que de rentrer dans le rang au sein du RDR », analyse un observateur étranger. De fait, si Soro a été nommé, mi-novembre, vice-président du partiprésidentiel,sesprochesassurentqu’il n’est pas question pour lui de renoncer à 2020. D’offensives sur les réseaux sociaux en animations de groupes de soutien, « le

jeune homme » – comme l’a surnommé Ouattara – se prépare. LÉGION. Soro et Gon Coulibaly au RDR,

Kablan Duncan, Koffi Diby, Billon ou encore Niamien N’Goran au PDCI : au sein de la coalition au pouvoir, les candidats potentiels à la présidentielle de 2020 sont légion. Des ambitions d’autant plus nombreuses que peu d’entre ces prétendants envisagent que l’opposition soit capable de reprendre un poids suffisant d’ici à trois ans. Affaibli par l’arrestation de son leader, Laurent Gbagbo, divisé par les luttes

internes, le Front populaire ivoirien (FPI) est pourtant décidé à ne plus jouer les secondsrôles.Aprèsl’aileduFPIdirigéepar Pascal Affi N’Guessan, c’est celle emmenée par Aboudramane Sangaré (aile « Gbagbo ou rien »), qui a décidé de faire son retour dans le jeu électoral. Si elle veut s’assurer la présidence pour un nouveau quinquennat en 2020, la coalition au pouvoir va donc devoir s’efforcer de rester unie, raison pour laquelle elle a relancé son projet de « parti unifié ». Mais à peine sa création avait-elle été annoncée pour ce mois de décembre qu’elle a été reportée sine die. ANNA SYLVESTRE-TREINER, envoyée spéciale

En débat

E

n Côte d’Ivoire, il y a des phrases qu’il vaut mieux ne pas prononcer, comme si elles demeuraient taboues. Le jeune Richard Kouassi Koffi en a fait l’amère expérience, lui qui fut condamné à quinze jours de prison pour avoir, entreautres,brandiunebanderole « Libérez Gbagbo » lors du match de football Côte d’Ivoire-Maroc le 11 novembre dernier. Cela faitsixansquel’ex-président est enfermé dans sa cellule de Scheveningen, la prison de la Cour pénale internationale (CPI). Six ans qu’Abidjan bruisse des moindres rumeurs évoquant son possible retour au pays. Faut-il libérer Gbagbo ? La Côte d’Ivoire se déchire autour de la question. La réponse des autorités, portée notamment par les avocats français de l’État ivoirien, est sans équivoque. Sa place est à La Haye. « Le procès de Laurent Gbagbo doit se dérouler normalement à la CPI sans tentative de pressions ou d’instrumentalisation de quelque nature qu’elle soit », déclarait à JA Me Jean-Paul Benoit, l’un des deux conseils de la Côte d’Ivoire. À Abidjan,

JEUNE AFRIQUE

Faut-il libérer Gbagbo?

de nombreux proches du président Ouattara sont persuadés que le camp Gbagbo ne rêve que de ce fameux « match retour ». Pour eux, toute amélioration du sort de l’ancien président donnerait du grain à moudre aux plus extrêmes. Les années

passent, les rancœurs demeurent, une partie de la Côte d’Ivoire faisant toujours de sa sortie de prison un gage de réconciliation. D’autres voix s’élèvent alors, rappelant qu’on ne peut brimer un camp,

porter en triomphe un autre et espérer réconcilier les âmes. « Si Laurent Gbagbo bénéficiait d’une remise en liberté provisoire, cela ferait bouger les lignes, résume l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny. Chaque fois que je regarde une retransmission de son procès, je ne peux m’ôter de l’esprit que c’est mon pays qui est jugé. » Sans minimiser l’importance d’un tel événement, faut-il pour autant penser que le processus de réconciliation ne dépend que du sort d’un homme? Les comptes de la crise en seront-ils pour autant soldés ? Les procès achevés comme ceux en cours semblent montrer le contraire et n’ont pas, pour le moment, permis aux Ivoiriens d’apaiser totalement leurs rancœurs, d’écrire une histoire commune de ce long et tragique épisode. Encore aujourd’hui, les témoignages livrés à La Haye sont retranscrits dans la presse de manière radicalement différente selon les camps. Deux versions de la crise pour une seule et même histoire. VINCENT DUHEM N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

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Lire son portrait : Un « houphouétiste » chez les pro-Gbagbo

Le Plus de JA Côte d’Ivoire

Georges Armand Ouégnin

Depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo en 2011, il semble que l’opposition ne parvienne pas à se relever. En 2016, une partie a boycotté les législatives, l’autre y a participé, mais elle n’a recueilli que trois sièges.

Président d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS)

« La croissance, les Ivoiriens n’en voient pas la couleur »

I

ssu d’une famille historiquement liée auPartidémocratiquedeCôted’Ivoire (PDCI)etfrèredel’anciendirecteurde protocoleduFélixHouphouët-Boigny, GeorgesArmandOuégninapourtantchoisi l’opposition. Ce professeur de médecine, ancien ministre de Laurent Gbagbo, viceprésident du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage (RPPP), a pris la tête, en avril dernier, de la nouvelle coalition de l’opposition, Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS). Cette plateforme politique regroupe une dizaine de formations, dont la puissante frange du Front populaire ivoirien (FPI) menée par Aboudramane Sangaré (lire pp. 74-75). JEUNE AFRIQUE: L’année a été socialement agitée en Côte d’Ivoire. Pourtant, l’opposition est restée très discrète… GEORGES ARMAND OUÉGNIN: Pas du

tout, nous avons donné de la voix, fait des déclarations, des manifestations… Nous ne cessons de dénoncer le manque de redistribution, dans un pays où l’on nous parle d’une extraordinaire croissance mais où le panier de la ménagère ne se remplit pas. Cette croissance, ces richesses, les Ivoiriens n’en voient pas la couleur. La grogne a été marquée par les mutineries d’ex-membres des Forces nouvelles N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

ISSAM ZEJLY POUR JA

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intégrées à l’armée, en mai et juin derniers. Avez-vous compris leurs motivations?

Ce que nous avons compris, c’est que les mutins réclamaient des primes de guerre pour avoir renversé Laurent Gbagbo en 2011.Ils’agitlàd’unedetteprivée.Pourtant, c’estavec l’argent public qu’elle a étépayée. C’est totalement anormal. Le gouvernement a même été obligé de contracter des emprunts tant cela a coûté. Quand on

Nous sommes bien présents et profondément convaincus de pouvoir remporter les prochaines élections. Lors des derniers scrutins, nous avons appelé au boycott car les conditions d’élections justes n’étaient pasréunies.Nousnesommespaslesseulsà le dire. En 2016, la Cour africaine des droits de l’homme a estimé que la commission électorale était déséquilibrée et a exigé qu’elle soit réformée. Mais rien n’a été fait! À nos yeux, cette instance est donc illégale. Voilà notre combat, car il ne peut pas y avoir de réelle démocratie sans élection transparente et sans réconciliation. Cela impose aussi la libération de Laurent et Simone Gbagbo et de Charles Blé Goudé [lire p. 75]. Allez-vous participer à la présidentielle, en 2020?

Nous considérons que la voie des urnes est la meilleure pour parvenir au pouvoir. Nous participerons aux prochains scrutins à condition que des élections équitables soient organisées: 2020 ne doit pas être une répétition 2015. Des alliances pourraient-elles se constituer, notamment avec des membres du PDCI?

Enpolitique,rienn’estfigé.Donc cen’est pas exclu, même si ce n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour.

Nous sommes là pour reconquérir le pouvoir et restaurer la démocratie. pense qu’au même moment les fonctionnaires réclamaient le règlement d’arriérés de salaires et qu’ils ne parvenaient pas à se faire entendre, on se rend compte de l’injustice. La plateforme EDS, que vous présidez, a été créée en avril. Pourquoi mettre sur pied une nouvelle coalition alors qu’il en existe déjà plusieurs?

Nous avons estimé qu’il était nécessaire de rassembler tous ceux qui se reconnaissent dans le combat de Laurent Gbagbo.Noussommeslàpourreconquérir le pouvoir et restaurer la démocratie.

Et avec Guillaume Soro?

Ilestvice-présidentduRDR,partiauquel nous sommes opposés… La question me paraît surprenante. Avez-vous récemment eu des nouvelles de Laurent Gbagbo?

Je l’ai rencontré en août dernier à La Haye. J’ai trouvé un homme digne dans l’adversité. Lui et Charles Blé Goudé sont victimes d’injustice. J’ai en permanence un pincement au cœur, car la place du président Gbagbo n’est pas dans une cellule de 8 m2. Propos recueillis par ANNA SYLVESTRE-TREINER JEUNE AFRIQUE


2020, c’est déjà demain

TRIBUNE

Quelles solutions apporter aux crises des forces de sécurité ?

ARTHUR BANGA Historien, enseignantchercheur à l’université Félix-HouphouëtBoigny d’Abidjan

JEUNE AFRIQUE

L

année 2017 en Côte d’Ivoire a été marintensification des exercices, alliée aux opérations quée par une succession de mutineries extérieures, est la clé pour renforcer les capacités dévastatrices et révélatrices des maux opérationnelles et favoriser le développement qui minent la défense. Après analyse, d’un esprit de corps. il apparaît que sa première faiblesse réside dans Il ne faut pas non plus perdre de vue un autre ses ressources humaines. En effet, le format facteur essentiel, celui des sanctions. Le retour actuel de l’armée ivoirienne résulte de la crise de la discipline passe par une application plus postélectorale. Les Forces armées des Forces stricte du code militaire : retards, absences et insubordination doivent être rigoureusenouvelles [FAFN, ex-rébellion] ayant combattu ment punis, conformément à ce que prévoient pour le président Alassane Ouattara ont intégré l’armée nationale et en ont pris fort logiquement les textes. les rênes. Or, la plupart de ces soldats, formés uniquement et précipitamment à la bataille, ont Parallèlement, l’amélioration du cadre de vie un faible niveau d’instruction générale et une des soldats doit être prise à bras-le-corps. Les méconnaissance de la déontologie militaire. casernes et autres camps militaires en état de Dès lors, il faut résoudre en priorité la question délabrement total ne peuvent qu’être des terreaux des hommes, en s’intéressant en urgence aux de mutinerie. De même, les griefs des soldats issus des Forces de défense et de sécurité [FDS, effectifs, à la formation (tant initiale que continue), appellation de l’armée sous Laurent Gbagbo], aux sanctions et au recrutement. L’une des solutions est de valoriser les notamment en matière de départs volontaires à la responsabilité et d’avancement, doivent être pris en retraite. C’est la première Docteur en relations compte afin d’éloigner le mesure de la loi de programinternationales et en histoire des stratégies militaires, mation militaire qui doit être spectre d’une armée à double Arthur Banga, 33 ans, est aussi adaptée et appliquée au vitesse. chercheur rattaché à l’Institut plus tôt. Par ailleurs, il est important de recherche stratégique de de réfléchir à la structuration l’École militaire (Irsem) de Paris L’innovation en matière de des forces, à leurs effectifs et analyste au sein du Réseau formation reste un enjeu et à leurs équipements, qui de réflexion stratégique sur la majeur. L’objectif est de dondoivent être adaptés aux sécurité au Sahel (2r3s). ner aux hommes en armes, nouvelles menaces que sont le terrorisme et la piraterie. en plus de l’aptitude phyAu demeurant, la défense ivoirienne doit se sique, l’esprit militaire et une bonne instruction générale. Pour ce faire, des stages adaptés doter d’un outil de réflexion stratégique dynamique. Il pourrait appuyer les autorités dans s’imposent. Tout soldat qui n’a pas suivi la formation commune de base (FCB) doit se voir l’analyse et la prise de décision en favorisant les études prospectives et les décryptages d’experts imposer un stage équivalent, dont les notes et d’universitaires. seront déterminantes pour son avancement. Il faut créer des modules notés dans les différents Enfin, le lien armée-nation. Fragilisé par une stages consacrés au civisme, à l’alphabétisation et à la discipline militaire. décennie de crise, le peu de confiance renaissant a rapidement volé en éclats face à ces mutineries La multiplication des entraînements physiques en cascade. Les forces publiques doivent se mettre au service de la population, et non le reste l’un des meilleurs moyens de professionnaliser les troupes. Des semaines en bivouac contraire; quant aux leaders politiques, ils doivent – où activités physiques, stages tactiques et les tenir éloignées de leurs propres batailles et, exercices de tir sont le quotidien des hommes – tous, intégrer le fait qu’elles sont l’outil de la doivent régulièrement être exigées des comRépublique et ne peuvent être celui d’un camp. mandants d’unité. Il faut prévoir d’y ajouter tous Tout cela est d’autant plus important que ces les deux ans des exercices grandeur nature esquisses de solutions ne peuvent prospérer que dans un environnement national apaisé par mobilisant des milliers de combattants sur une la justice, la démocratie et la réconciliation. bonne partie du territoire national. Cette N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

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Orange Côte d’Ivoire, partenaire de la formation d’excellence et de l’entreprenariat en Côte d’Ivoire L’opérateurn°1enCôted’Ivoirepoursuitsesinitiativesréussiesauprofitdel’éducation et de l’entreprenariat. Son programme d’entreprise engagée et responsable l’encourage à promouvoir et participer activement, à tout projet de performance durable en Côte d’Ivoire. Orange Data Science Institute lancé à Yamoussoukro

D’une durée de deux ans, ce Master homologué par l’État de Côte d’Ivoire propose un cursus d’excellence de niveau international. Il a pour objectif de former des experts dans le domaine de la statistique, de l’intelligence artificielle et du big data. Les cours seront dispensés au sein du Data Science Institute de l’INPHB, par une équipe pédagogique composée de professeurs de l’INP-HB, de l’ENSEA, de l’école Polytechnique X, ainsi que des professionnels experts dans leur domaine. 14 étudiants (10 garçons et 4 filles) ont intégré la 1ère promotion du Data Science Institute Côte d’Ivoire ; après l’obtention du diplôme, ils pourront occuper des postes d’administrateur de données, d’ingénieur big data, d’analyste statisticien, de chargé d’études data mining, de data analyst ou de data scientist.

▲ Coupure de ruban avec MM Bruno Koné et Stéphane Richard

Le 23 novembre 2017, le 1er Master en Data Science de Côte d’Ivoire a été inauguré lors d’une cérémonie parrainée par Messieurs Stéphane Richard, Président Directeur Général du groupe Orange, Bruno Koné, Ministre de la Communication, de l’Économie Numérique et de la Poste, Porte-parole du Gouvernement de Côte d’Ivoire et Frank Pacard, Directeur de l’Enseignement et de la Recherche à l’École Polytechnique X. Il a été réalisé avec le soutien de partenaires académiques importants que sont : ● l’Institut National Polytechnique Houphouet Boigny (INP-HB), l’École Nationale Supérieure de Statistique et d’Économie Appliquée (ENSEA) pour le compte de la Côte d’Ivoire ; ● l’École polytechnique (X) et la Fondation de l’École polytechnique (FX) pour la France.

▲ M. Stéphane Richard a exprimé sa fierté pour ce partenariat emblématique d’Orange avec l’enseignement supérieur français et ivoirien

En ouvrant ses portes à la jeunesse, Orange Côte d’Ivoire ouvre ses portes à l’Avenir ; car une jeunesse bien formée aura des répercussions profondes et positives sur la vie de la Côte d’Ivoire.

▲ Baptême de la 1ère promotion du Master Data Science

▲ Vue du public


COMMUNIQUÉ

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Changement de rythme

I

ALAIN FAUJAS

l était inévitable que le « miracle » ivoirien pâlisse un peu. On ne maintient pas pendant cinq ans un taux de croissance à 9 % sans que ce rythme effréné affronte des vents contraires venus de l’extérieur ou de l’intérieur. Selon les prévisions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), la baisse de régime qui s’annonce devrait ralentir progressivement le rythme ivoirien un peu au-dessous de 7 % d’ici trois ans. C’est un taux plus qu’honorable mais qui n’est pas en ligne avec les prévisions du gouvernement, lequel table sur une croissance de 8 % par an pour mener à bien son Programme national de développement 2016-2020.

premières, les spéculateurs ont en partie retiré leurs fonds du cacao pour les placer dans le café ou l’anacarde. D’où l’inversion de la tendance, qui a pénalisé la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de la filière. Autre facteur du freinage, la grogne sociale exprimée début 2017 par les mutineries et les grèves à répétition des fonctionnaires. Dans les deux cas, les négociations ont débouché sur l’acceptation par le gouvernement de leurs revendications. Même si le paiement des arriérés de salaires des fonctionnaires, soit 249 milliards de F CFA (380 millions d’euros), doit être étalé jusqu’en 2026, ces ponctions financières affectent les comptes de l’État.

Première cause de cette inflexion, la chute des cours du cacao, entamée en 2016 et qui a infligé un choc important à l’économie. Ce sont pas moins de 6 millions de personnes qui, de près ou de loin, vivent de cette filière. Pour ne pas faire exploser les comptes du secteur cacaoyer, le gouvernement a été contraint de baisser le prix garanti aux planteurs. Cette baisse des cours est d’origine spéculative. Les investisseurs avaient misé sur la fève durant le fort recul des prix des matières premières depuis 2015 et elle a été l’un des rares produits de base à résister à la déprime mondiale. Avec la petite reprise en cours des autres matières

Cacao et agitation sociale ont contribué à aggraver le déficit budgétaire, qui atteindra pour 2017 un pic de 4,5 % du produit intérieur brut (PIB), contre 2,9 % en 2015. En cette fin d’année, la dette totale devrait dépasser les 42,5 % du PIB enregistrés fin 2016, mais son risque demeure modéré. Le gouvernement entend remédier à ces dérapages dès l’an prochain et il semble avoir convaincu les marchés et les bailleurs de sa bonne foi. La France a promis 2 milliards d’euros de crédits à taux privilégiés, notamment pour financer le métro d’Abidjan. Les États-Unis ont octroyé une aide de 500 millions de dollars (plus de 420 millions d’euros) pour aider à combattre la pauvreté et à stimuler la croissance. En juin, la Côte d’Ivoire a collecté sans difficulté 1,25 milliard de dollars et 625 millions d’euros en euroobligations (eurobonds). Et le FMI continue à 2020 débourser par tranches les 899,2 millions de dollars prévus au titre de ses programmes de crédit.

Tableau de bord macroéconomique Indicateurs

2015

2016

2017

Estimations

2018

2019

Projections

(en %)

PIB réel (à prix constants)

8,8

7,7

7,11

7,2

7,1

6,7

PIB réel par habitant

6,3

5,1

4,5

4,6

4,5

4,1

Inflation

1,2

0,7

2,0

2,0

2,0

2,0

(en % du PIB)

Investissements bruts

18,2

19,6

20,2

21,3

22,4

23,8

Administration centrale

7,9

8,3

8,8

9,1

9,3

9,7

Hors administrations

10,3

11,4

11,4

12,2

13,1

14,2

Solde budgétaire global*

– 2,9

– 4,0

– 4,5

– 3,7

– 3,0

– 3,0

Recettes totales et dons

20,2

19,9

20,2

20,6

20,9

21,1

Dépenses totales

23,1

23,8

24,8

24,4

24

24,1

Dette publique totale

47,8

48,5

48,7

47,4

46,4

44,5

Dette publique extérieure

29,8

28,6

31,6

31,2

31

29,9

* Dons inclus, base ordonnancement N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

SOURCES : AUTORITÉS IVOIRIENNES ET FMI, JUIN 2017

80

Ces renforts indiquent que la confiance règne, mais le gouvernement ivoirien ne pourra pas faire l’économie d’« une rationalisation des dépenses », c’est‑à-dire la remise à flot d’institutions bancaires comme la Caisse nationale des Caisses d’épargne, ou d’entreprises publiques comme la Société ivoirienne de raffinage. Il lui faudra aussi améliorer ses recettes en élargissant l’assiette des impôts et en limitant les exonérations fiscales. Ajoutons que l’économie ivoirienne se heurtera encore longtemps à deux handicaps structurels qui freinent sa croissance : un niveau de vie très bas (46,3 % des Ivoiriens vivaient au-dessous du seuil de pauvreté en 2015, et cela ne s’est guère amélioré en deux ans) et le manque de compétences né de la déshérence du système éducatif durant la décennie 2000. Il conviendrait de conduire ces deux chantiers avec la même opiniâtreté qu’en matière de production d’électricité, laquelle a toutes les chances de doubler entre 2016 et 2020, conformément aux vœux de l’exécutif. JEUNE AFRIQUE


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Bou levard de

Boulevard Principal

estuninvestissementmassif de 505 milliards de F CFA Forêt du Banco (770 millions d’euros) ADJAMÉ sur quatre ans, financé Autoroute d Au uN par la Banque africaine de développeto r or d o u te du ment (BAD), qui devrait transformer le visage de la capitale économique et, plus encore, la vie des Abidjanais d’ici à décembre 2021, date prévue de livraison des différents chantiers. Outre la gestion aP aix des déchets et l’évaluation de la qualité YOPOUGON COCODY de l’air, ce programme comprend nombre Baie du Banco de projets routiers, avec la réhabilitation de feux tricolores, la construction de 6 échangeurs et celle de 87,9 km de voies rapides, dont un chantier phare: une voie express de 7,5 km intégrant un nouveau LE PLATEAU pont de 1,4 km pour enjamber la baie du Banco. Un ouvrage qui va enfin désenclaATTÉCOUBÉ ver la populaire commune de Yopougon (Ouest), dite Yop City, la plus peuplée du TREICHVILLE Azito district, en la reliant, via Attécoubé, à celles d’Adjamé et du Plateau (Est), les principaux pôles Avec 1km d’affaires. Cet ensemble de projets va permettre Futurs ponts « d’améliorer la fluidité Île Boulay Limites des communes du trafic, de réduire le nombre d’accidents de est la commune la plus premier semestre, « les route 2×2 voies traversera d’ouest en la route, de renforcer la peuplée d’Abidjan choses devraient avanest plusieurs quartiers de la commune gestion urbaine, d’améet du pays. cer rapidement à partir liorer la qualité de l’air, (Sideci, Saguidiba, Toit-Rouge, NouveauQuartier, Locodjoro) et un échangeur de 2018 », assure une source de réduire les gaz à effet de vers le quartier populaire de Boribana proche du dossier. serre, de valoriser les déchets et d’augmenter les revenus des ménages », (commune d’Attécoubé), jusqu’au nouexplique Amadou Oumarou, directeur veau pont de franchissement de la baie PÉAGE. En août, l’Agence de gestion des des transports et des technologies de du Banco, qui devrait être livré en 2020. routes (Ageroute) a lancé un appel à canl’information et de la communication didatures afin de préqualifier les entreSur l’autre rive, à Adjamé, trois échande la BAD. preneurs ou sociétés pour la construction geurs et bretelles seront construits pour de la voie express entre Yopougon et le traverser le boulevard de la Paix, ainsi Si les travaux, censés commencer en Plateau, via Attécoubé et Adjamé, dont qu’un carrefour giratoire sur le boulemars 2017, ont été retardés par les grèves vard Nangui-Abrogoua (sur lequel un le chantier doit commencer début 2018. et mutineries qui ont perturbé les activiaménagement est prévu au-dessus du tés administratives et économiques au Partant du centre de Yopougon, cette Ga

e ull

2 millions d’habitants, « Yop City »


2020, c’est déjà demain tunnel de la future ligne de métro DabouAbidjan-Bingerville), et la nouvelle voie express aboutira, au niveau du boulevard de l’Indénié, aux portes du Plateau. Coût total du projet : 155,8 milliards de F CFA, entièrement financés par la BAD et par un don du Fonds pour l’environnement mondial (FEM). « Le pont et les voies d’accès qui lui sont associées faciliteront les déplacements quotidiens de centaines de milliers d’Abidjanais et participeront à désengorger les voies existantes. On estime que ce quatrième pont d’Abidjan sera emprunté quotidiennement par plus de 70 000 véhicules par jour », précise Jean Noël Ilboudo, ingénieur des transports, coordinateur du projet au sein de la BAD. Les autorités ont prévu d’y installer un péage, qui sera le deuxième d’Abidjan après celui du pont Henri-Konan-Bédié, mis en service en décembre 2014. GRANDES FORTUNES. En plus de ces chantiers financés par la BAD, toujours à Yopougon, le projet du pont d’Azito (ou pont de l’île Boulay) va enfin prendre corps et devrait, lui aussi, être à péage.

Conçu en 2008, sous Laurent Gbagbo, dans le cadre du plan d’élargissement du Port autonome d’Abidjan (PAA), il a été profondément remodelé entre 2012 et 2014, sous la présidence d’Alassane Ouattara. Cet ouvrage d’une longueur de plus de 969 m va permettre de franchir la lagune Ébrié entre le quartier d’Azito et l’île Boulay, qui abrite la célèbre « Baie des Milliardaires », cité lacustre huppée où ne résident que de grandes fortunes. Le chantier, dont le coût est estimé à 25 milliards de F CFA, est notamment financé par la Banque ouest-africaine

de développement (Boad) à hauteur de 14 milliards de F CFA et par la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC), qui consacre 4,5 milliards de F CFA au projet. « Les choses avaient un peu traîné jusque-là parce qu’il était demandé aux entreprises intéressées par l’appel d’offres de proposer une variante dans la conception par rapport au projet original », confie une source à l’Ageroute. Mais les entreprises qualifiées devraient être connues tout début 2018 et les travaux pourront dès lors débuter. ANDRÉ SILVER KONAN, à Abidjan

BON POINT AUSSI POUR LE FRET Aujourd’hui, pour aller deYopougon à Adjamé, il faut emprunter l’unique et fameuse « autoroute du Nord » traversant l’agglomération – systématiquement saturée aux heures

Nous sommes ouverts, Nous vous attendons.

de pointe – et l’ancienne route du Banco. L’objectif de la future voie express Yopougon-AttécoubéAdjamé-Plateau est aussi de faciliter le trafic de marchandises entre, d’une part,

le sud de la ville, où sont implantés le port autonome et la zone industrielle de Vridi, et, d’autre part, les nouvelles zones d’activité situées dans les quartiers ouest et nord de la métropole.

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Le Plus de JA Côte d’Ivoire ENTREPRISE

Nasco mise sur la dynamique high-tech Avec son partenaire Samsung, le groupe ivoiro-libanais Sociam lance une gamme de smartphones sous sa propre marque. Et ce n’est là qu’un pan de sa nouvelle stratégie continentale.

S

pécialisé dans la fabrication et la distribution de produits électroménagers (réfrigérateurs, machines à laver, climatiseurs, téléviseurs, hi-fi, etc.), Sociam, le représentant exclusif du sud-coréen Samsung Electronics en Côte d’Ivoire, vient d’y lancer la commercialisation de smartphones de sa propre marque, Nasco. Depuis 2000, cette marque d’entrée de gamme permet au groupe de capter une large clientèle et de s’octroyer 65 % des parts de marché dans l’électroménager, loin devant Whirlpool et Panasonic – seul le sud-coréen LG lui résiste encore. Créé en 1984 et déjà présent en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Liberia, au Bénin, au Gabon, au Cameroun et en RD Congo, Sociam compte s’implanter dans de nouveaux pays d’Afrique de l’Ouest en 2018, notamment au Sénégal et au Nigeria, un marché extrêmement dynamique sur le créneau de la téléphonie mobile, où, malgré la présence de redoutables concurrents chinois, comme Infinix ou

Tecno, le groupe compte faire la différence avec la qualité, conjuguée à des prix raisonnables, de ses appareils.

L’objectifdeSociamestd’ouvrirplusieurs grandes surfaces Nasco (2000 m2) dans le pays, où il présentera exclusivement les produits de sa marque, tout en poursuivant l’extension de son réseau au niveau national pour le porter à 300 showrooms, comme celui qu’il a ouvert fin 2016 au sein du centre Abidjan Mall, dans le quartier Riviéra-Bonoumin, à Cocody. Le groupe

EXTENSION. Plus de 30 000 exemplaires du Nasco Smartphone – fabriqués dans les usines sud-coréennes de son partenaire Samsung, avec les mêmes innovations technologiques Android que le Galaxy S8 – viennent d’être mis sur le marché ivoirien par « C’est un projet que l’on Sociam. préparait minutieusement Ses propriétaires, les frères depuis des années. » Ali Pixie et Nasser Séklaoui, NASSER SÉKLAOUI, PDG comptent sur leur réseau direct de 200 points de vente entend également augmenter le nombre pour écouler le stock d’ici à la fin du de ses magasins à l’étranger, notamment mois de décembre. « C’est un projet que au Ghana, son premier marché extérieur. l’on préparait minutieusement depuis Enfin, d’ici à cinq ans, si l’amélioration des années. Mais nous continuerons à du cadre fiscal et douanier le lui permet, collaborer avec Samsung pour l’élecil envisage d’ouvrir une usine à Abidjan, troménager », confie Nasser Séklaoui, le PDG du groupe, qui compte environ où seront fabriqués des téléviseurs, clima2 500 employés sur le continent, dont tiseurs et téléphones Nasco. 1 600 en Côte d’Ivoire. BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

Dans le showroom du groupe, à l’Abidjan Mall. N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

JEUNE AFRIQUE

ISSAM ZEJLY POUR JA

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MINISTÈRE DES TRANSPORTS

CÔTE D’IVOIRE LA MOBILITÉ POUR TOUS

PUBLI-INFORMATION

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romise pour 2020 par le président Alassane Ouattara, l’émergence économique de la Côte d’Ivoire, se concrétise de jour en jour, par l’intermédiaire des vastes chantiers de modernisation et de développement des infrastructures et des services, à travers le pays. C’est notamment le cas dans le secteur des transports. Depuis janvier 2017, d’importantes avancées ont pu être constatées dans ce domaine, du routier à l’aérien, en passant par le ferroviaire et le maritime. Secteur transversal de l’économie, le transport a un effet structurant sur l’ensemble des activités, grâce notamment à l’acheminement des matières premières depuis les régions de production vers les zones de transformation, de commercialisation et de consommation. Il stimule la compétitivité ivoirienne, tout en favorisant l’investissement privé. Le transport est donc un secteur vital pour le pays. Il représente environ 7 % du PIB ivoirien.


MINISTÈRE DES TRANSPORTS

CÔTE D’IVOIRE LA MOBILITÉ POUR TOUS

ALASSANE OUATTARA ET SON HOMOLOGUE FRANÇAIS, EMMANUEL MACRON, ONT LANCÉ, LE 30 NOVEMBRE 2017, LES TRAVAUX DE CONSTRUCTION DE LA LIGNE 1 DU FUTUR MÉTRO D’ABIDJAN. Longue de 37,4 kilomètres, cette infrastructure doit relier Anyama à Port-Bouet, pour un investissement de 918 milliards de F CFA. Elle comptera 20 stations, qui desserviront les principales communes de la capitale économique ivoirienne est dimensionnée pour transporter près de 500 000 passagers jour. Une révolution, « qui va fluidifier le transport urbain àAbidjan»,s’estfélicitélechefdel’État ivoirien, pendant qu’Emmanuel Macron y voit un symbole des bonnes relations entre les deux pays, la France apportant son appui financier et technique au projet. Réalisé avec le concours du groupe Bouygues, cette première ligne doit être livrée pour 2022. Un autre grand projet ferroviaire a également été engagé, celui de la réhabilitation et de la modernisation du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou-Kaya. Amadou Koné, le ministre ivoirien des Transports et son homologue burkinabè, Souleymane Soumala, ont procédé au démarrage de la première phase des travaux à Abidjan, le 4 décembre. D’une longueur totale de 1210 kilomètres, pour un coût de 262,4 milliards de F CFA, la ligne doit être modernisée afin de permettre le développement des services de transport de marchandises et de voyageurs. Chaque année, à partir de 2021, il permettra de transporter plus d’un million de tonnes de fret et 250 000 passagers. Cet équipement doit également contribuer à la croissance de certains projets miniers régionaux, à commencer par celui de la mine de manganèse de Tambao, au Burkina-Faso. Ce projet, dont l’objectif est de souligner le dynamisme entre la Côte d’Ivoire et ses

voisins, porte sur la rénovation de 180 kilomètres de voie ferrée, la modernisation de 51 ouvrages d’art et la mise en place de 30 gares. Il s’inscrit dans le cadre du traité d’amitié et de Une révolution coopération (TAC) signé entre lancement des travaux du les États ivoirien et burkinabè futur métro de la capitale en 2013. Moins polluant et économique ivoirienne moins couteûx que la route, il constitue surtout un instrument sans pareil pour l’émergence des deux pays et au-delà, de toute la sous-région.

LE CHANTIER DU MÉTRO D’ABIDJAN C’EST :


Ivoire Taxi

100 premiers véhicules déjà en circulation

Abidjan, plus précisément dans la commune d’Adjamé. Les travaux ont débuté il y a quelques jours, en commençant par le déplacement des différents réseaux existants sur le site (électricité, eau, téléphonie...).

Port d’Abidjan et de San Pedro

850 milliards de F CFA décaissés pour engager pour travaux

PUBLI-INFORMATION

© JACQUES TORREGANO POUR JA

SUR LE PLAN DU SECTEUR ROUTIER, EN PLUS DE S’ATTAQUER À LA RÉHABILITATION ET À LA CONSTRUCTION D’INFRASTRUCTURES DE QUALITÉ, les pouvoirs publics ivoiriens ont décidé de miser sur un renouvellement du parc automobile. La Société des transports abidjanais (Sotra) avait moins d’un centaine d’autobus en ce début d’année 2017. Elle dispose aujourd’hui de 500 nouveaux bus et devrait en acquérir un total de 2 000 d’ici à 2020, en raison de 500 par an. Un contrat a aussi été passé avec le constructeur indien Ashok Leyland West Africa pour la livraison de 3600 véhicules, toutes catégories confondues, dans le cadre du vaste programme de renouvellement financé par un prêt accordé par l’Eximbank India. Cette opération va rajeunir un parc automobile très vieillissant, composé de véhicules en circulation âgés de 10 ans à 20 ans, voire plus. Cette politique de renouvellement de la flotte a été inaugurée le 26 novembre, avec la présentation officielle des nouveaux taxis à compteurs horokilométriques, dits « taxis de seconde génération ». Également dénommés « Ivoire Taxi », les 100 premiers sont déjà en circulation. Leurs atouts ne sont pas négligeables, puisqu’ils sont pourvus d’un système de paiement électronique et d’un véritable compteur qui permet aux clients d’avoir accès aux informations de tarification. Également équipés d’un système GPS, permettant leur géolocalisation, ces taxis flambants neufs sont conduits par des chauffeurs confirmés, au professionnalisme reconnu. Pour accompagner cette réforme, le gouvernement a mis en œuvre le Plan stratégique national de la Sécurité routière, dont la campagne va s’accentuer au fil des mois. Poursuivant cette politique de renouvellement du parc automobile, deux décrets ont été pris le mercredi 6 décembre 2017 pour limiter l’âge des véhicules d’occasions importés. Pour améliorer le cadre de travail des transporteurs, et satisfaire les voyageurs, le gouvernement a décidé la construction d’une gare routière moderne à

DES EFFORTS IMPORTANTS ONT ÉGALEMENT ÉTÉ CONSENTIS DANS LES DOMAINES PORTUAIRE ET MARITIME, afin combler le déficit d’investissement constaté depuis plus de deux décennies sur les terminaux d’Abidjan et de San Pedro. Pour redonner toute leur place aux ports ivoiriens, dans la desserte de la sous-région, de nombreux chantiers ont été lancés. Plus de 850 milliards de F CFA ont été décaissés pour engager les travaux d’élargissement des accès portuaires, qui doivent permettre aux quais d’Abidjan et de San Pedro d’accueillir les géants des mers qui sillonnent aujourd’hui la côte ouest-africaine.


MINISTÈRE DES TRANSPORTS

CÔTE D’IVOIRE LA MOBILITÉ POUR TOUS

Air Côte d’Ivoire

accueille son second Airbus A320

LE SECTEUR AÉRIEN N’EST PAS EN RESTE. LÀ ENCORE, À ABIDJAN COMME À SAN PEDRO, LES AÉROPORTS SONT EN PRO FONDE RÉFECTION, avec d’importants travaux de réhabilitation et d’extension. Celui de San Pedro, entièrement relooké, sera livré dès décembre 2017, quelques mois avant l’inauguration de celui d’Abidjan. La Côte d’Ivoire pourra ainsi disposer des aéroports nécessaires censés accompagner son émergence à la date annoncée. Pour s’en assurer, une visite gouvernementale a eu lieu, en novembre, sur le chantier de l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan. Le coût total du projet s’élève à 42 milliards de F CFA, décaissés entre 2017 et 2019. Cet

équipement, unique dans la sous-région, facilitera le développement de la compagnie. Air Côte d’Ivoire qui vient d’accueillir son second Airbus A320 enregistre environ 800 000 voyageurs par an. L’accord qu’elle a récemment signé avec Ethiopian Airlines devrait étoffer les destinations accessibles par vol direct depuis Abidjan, en particulier vers les États-Unis. En décidant de faire les efforts nécessaires sur l’ensemble des secteurs du transport, les pouvoirs publics ivoiriens démontrent leur volonté d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés en matière d’émergence économique. Avec l’ambition, plus que jamais attendue pour 2020, de mettre en place les différents services et dispositifs qui contribueront à améliorer la mobilité de la population et des biens à travers le pays.

Service communication du Ministère des Transports Contact : communication.transports@yahoo.fr Tél. : (+225) 20 34 48 69 / (+225) 20 34 48 75 / (+225) 20 34 48 57 / (+225) 20 34 48 66

DIFCOM- PHOTOS : © Ministère de la République de Côte d'Ivoire sauf mention.

PUBLI-INFORMATION

Cette action s’inscrit dans la vision globale des pouvoirs publics d’améliorer la compétitivité des ports du pays afin de faire de la Côte d’Ivoire un hub sous-régional. Dans le même temps, le gouvernement a libéralisé le transport de passagers sur la lagune Ébrié. En plus des services de la Sotra dans le domaine lagunaire, deux autres compagnies ont démarré leurs propres liaisons pour faciliter la mobilité de la population : la Société des transports lagunaires (STL) et la Compagnie ivoirienne des transports (Citrans).


Le Plus de JA Côte d’Ivoire

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TRIBUNE

Union, discipline, travail : les maîtres mots de l’émergence EMMANUEL YAO N’GORAN Sociologue et essayiste, ancien fonctionnaire international (ONU)

P

ris individuellement et collectivement, les trois mots « union, discipline, travail », qui font la devise de notre pays, sont des principes d’action, des programmes et des fondations, sur lesquels la nouvelle société ivoirienne devrait se construire pour amorcer sa renaissance. Or, depuis des années, les éléments de ce triptyque, valeurs charnières de la nation, ont été galvaudés, mésestimés et presque abandonnés. Ils ont été sujets d’incantations, ont donné lieu à des proclamations, sans réelle prise sur les actions engagées dans notre pays pour y créer un élan de rassemblement, d’organisation et de création de richesses.

plutôt que de travailler avec abnégation et ardeur pour nous engager vers des horizons prometteurs de progrès et de prospérité. Parce que nous n’avons pas su nous unir, nous avons laissé le mur se lézarder jusqu’à permettre à la haine de faire son lit en notre sein. Notre pays a marché sur la tête, pris dans la violence d’une guerre fratricide qui a consumé nombre de nos frères et sœurs et laissé des plaies béantes dans la conscience publique de la nation ivoirienne… en nous éloignant de l’union. Parce que nous n’avons su nous unir, nous courons aujourd’hui derrière une réconciliation que nous avons de la peine à saisir.

Parce que nous n’avons pas su nous unir pour gagner ensemble de nouvelles batailles de progrès et de développement, nous avons installé notre pays dans des chicanes politiques sans fin. Nos divisions nous ont plongés dans des abysses de désolation, et, dans l’indiscipline, la confusion, l’égoïsme, nous

Indisciplinés, nous l’avons été et le sommes encore. Nous avons laissé nos pulsions prendre la place de la raison dans la résolution de nos différends. Dans l’impatience, nous avons privilégié nos intérêts (individuels ou de clan) aux intérêts de notre pays, de la collectivité, de toutes ses filles et de tous ses fils, quels que soient leurs horizons culturels divers. Et cette indiscipline continue de nous « réguler », sur nos routes, dans les espaces publics ou, même, vis‑à-vis de nos devoirs. Réapprenons la pratique de la discipline, individuellement et collectivement, pour que la Côte d’Ivoire retrouve pleinement le chemin du progrès et du développement.

Emmanuel Yao N’Goran a fait toute sa carrière au sein des Nations unies (1982-2013) en tant que spécialiste des affaires sociales. Il a notamment été responsable du groupe de la société civile et des relations publiques de la division du développement social de l’organisation, à New York. Il a publié une trilogie : Les Chantiers de la réconciliation ivoirienne, suivis de Prémonitions d’un conflit fratricide (Québec, Éditions dhArt, 2011) et de Côte d’Ivoire, le socle humain de la réconciliation et de la reconstruction (Abidjan, éditions L’Encre bleue, 2013).

avons laissé s’installer dans notre pays la haine de certains de ses filles et fils les uns envers les autres. Nous avons arrêté de travailler pour laisser éclore la division et l’indiscipline. Cependant, nous avons continué de chanter, et, à défaut de le faire à l’unisson, de proclamer l’union pour marquer notre quête de rassemblement. Nous avons clamé que nous travaillions, alors que tout en nous sonne l’abandon du labeur de la construction ! Nous avons été plus prompts à nous mettre en quête du fruit du travail que du travail luimême. Comme la cigale nous avons chanté JEUNE AFRIQUE

Si nous le voulons et si nous nous attelons à faire les sacrifices que cela requiert, l’union et la discipline de nos énergies, de nos génies et de nos talents se réaliseront pleinement et largement dans le travail productif, en vue de bâtir la patrie de la vraie fraternité ! Il n’y a que le travail ardu, l’ennoblissant labeur, pour nous porter vers les sommets de l’autoréalisation. Il n’y a que la convergence de nos forces pour donner de l’élan au développement de notre pays, au bénéfice de tous. Le travail, dans l’union et la discipline, de toutes les Ivoiriennes et de tous les Ivoiriens nous permettra de reconstruire notre pays. C’est la voie royale pour que la patrie des Éléphants s’inscrive à nouveau dans la dignité et la gloire où Félix Houphouët-Boigny l’avait inscrite le 7 août 1960. N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017



Le Plus de JA Côte d’Ivoire

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Couleur locale

B

Petit lexique de la débrouille

ien plus qu’une simple capitale (économique), Abidjan est redevenue « la » grande métropole ouest-africaine. Démesurée, tourbillonnante, elle envoûte autant qu’elle fatigue ses habitants. Dans les artères embouteillées du Plateau, sous les chics palmiers de Cocody ou au gré des rues de la trépidanteYopougon, les Ivoiriens et leurs soixante langues se mélangent à nombre de voisins venus de pays de la sous-région, aux Européens, aux Libanais, aux Chinois, etc. De l’ébrié au dioula et au bété en passant par le français et l’anglais, le vocabulaire y est sans cesse mixé et mouvant, avec pour star le nouchi, un argot issu d’un mélange de plusieurs langues qui donne aux conversations ivoiriennes toute leur saveur. Et pour qui vit ou vient dans la capitale économique, l’« abidjanais » est un langage qu’il vaut mieux maîtriser, sous peine de passer pour un gaou!

Akwaba!

Depuis les panneaux publicitaires jusqu’à vos premières rencontres, chacun vous souhaitera ainsi la « bienvenue » en terre Ébrié. À Abidjan, l’hospitalité est légendaire.Vos vieilles connaissances ne manqueront d’ailleurs pas de vous faire remarquer que « Cela fait deux jours! » d’un ton teinté à la fois de joie et de reproche – comprenez: « Cela fait longtemps! » Si vous arrivez seul, nul doute que, sitôt après avoir quitté l’aéroport ou être descendu de votre gbaka, le minibus abidjanais, vous n’aurez d’autre choix que de demander votre chemin. « C’est en bas là-bas », vous répondrat‑on souvent en accompagnant ces mots d’un vague geste de la main… Il vous sera généralement difficile d’avoir une indication plus précise pour affronter le dédale de rues et l’étendue de la ville. Bonne arrivée!

Kpakpatoya

Des rues les plus chics aux glôglôs, les quartiers populaires, les Ivoiriens a d o r e n t l e s k p a k p a toya , c e s JEUNE AFRIQUE

commérages qui rythment les journées. « On dit quoi ? » vous demandera-t-on régulièrement pour savoir comment vous allez. « Ya foye! » faut-il répondre pour dire qu’« il n’y a rien » (c’est‑à-dire que tout va bien). Attention tout de même à ne pas chercher de palabre, par exemple en estimant que la go d’un autre est kpata (« la fille d’un autre est belle »). Même s’il s’agit d’un compliment, un compagnon jaloux pourrait mal le prendre. Si vous l’entendez dire « je vais le dja » (« je vais le tuer »), il sera temps de quitter (« partir ») au plus vite, car vous aurez compris que ya drap (« il y a un problème »).

S’enjailler

La réputation des Abidjanais n’est plus à faire: ici, on aime s’enjailler. Dès la tombée de la nuit, les maquis, petits restaurants, sortent chaises et tables en plastique. Autour d’un poulet sauce ou d’un poisson braisé, d’alloco (bananes frites) et d’attiéké (semoule de manioc), tout le monde sirote des bières: la 66 (en référence au nombre de centilitres) est l’une des plus prisées, mais les grands buveurs s’arrachent la Drogba, du nom de la superstar du football

ivoirienne, qui est évidemment la plus grande des bouteilles (1 litre). Plus tard dans la soirée, il faut aller danser sur du coupé-décalé, ce désormais célébrissime genre musical ivoirien qui tire son nom de la réputation sulfureuse de ses premiers chanteurs (au début des années 2000), considérés comme des bandits qui coupent (« arnaquent ») avant de décaler (« s’enfuir »). Afin de passer une bonne soirée, mieux vaut choisir un lieu choco (« chic »), qui ne ment pas (« bien fait »), plutôt qu’un endroit gâté. Il est également important de ne pas être moisi, donc d’avoir de l’argent. Vous pourrez alors admirer les boucantiers sapés comme jamais.

C’est doux, dêh!

Après quelques semaines, nul doute que vous maîtriserez sans peine le vocabulaire local. Vous pourrez ainsi compétir avec de vrais Abidjanais (« vous mesurer à eux »). Il sera peutêtre alors temps pour vous de demander la route. Pour cela, nul besoin de carte ou de GPS, l’expression signifie « partir ». Mais vous reviendrez vite, car Abidjan est doux, dêh! ANNA SYLVESTRE-TREINER N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017


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