JA 3090 DU 28 JUIN 2020 GF CAMEROUN

Page 1


GRANDFORMAT

LINTAO ZHANG/GETTY IMAGES

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

CAMEROUN État stationnaire

Entériné à l’issue du Dialogue national, le processus de décentralisation a abouti à l’organisation d’élections locales en février. Mais la pandémie de Covid-19 a gelé la mise en place des autres mesures, laissant l’opposition sur sa faim et compliquant un peu plus encore la situation économique. no3090 – JUILLET 2020

167



170 ENJEUX

ÉDITORIAL

Georges Dougueli

176 Interview

Il faut saisir la balle au bond

D

une crise l’autre, le Cameroun plie mais ne rompt pas. Avant que l’épidémie de coronavirus ne se dissémine sur son territoire, le pays subissait déjà de plein fouet une crise économique due à la baisse de ses recettes d’exportation. Il était également affaibli par la persistance des exactions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord et par des troubles sociopolitiques dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L’heure est à la lutte contre le virus tueur, mais, une fois celui-ci vaincu – à très brève échéance, espérons-le –, le Cameroun doit transformer ce péril (et les autres) en opportunités. Une réalité saute aux yeux : l’économie n’a pas été en capacité de tenir en apnée dans un confinement généralisé. Le gouvernement n’a d’ailleurs pas osé mettre en place cette mesure pourtant expérimentée dans les pays voisins. Même les restrictions adoptées, à l’instar du couvre-feu après 18 heures, ne sont restées en vigueur que trois semaines, en dépit de la progression des contaminations. Sans dispositif d’accompagnement, il fallait faire repartir l’économie pour ne pas risquer des troubles sociaux. Une leçon pour l’avenir : il est urgent de mettre en œuvre les innovations technologiques indispensables afin de dématérialiser les transactions et de mettre à jour le logiciel camerounais pour l’adapter aux besoins des entreprises du XXIe siècle. Il est tout aussi urgent de

Décentralisation en suspens

numériser les services publics pour limiter les contacts entre les usagers et les agents de l’État. Cette évolution aurait en plus l’avantage de contribuer à réduire le cancer de la corruption, ce qui devrait aider à améliorer l’attractivité du pays. Le confinement a également jeté une lumière crue sur les inégalités sociales. Les confinés des beaux quartiers en télétravail n’ont jamais paru aussi éloignés de ceux de la ville pauvre, ces journaliers obligés de sortir de chez eux pour pouvoir faire bouillir la marmite. Pourtant, tous vivent dans un pays qui prévoyait, avant le Covid-19, 4,1 % de croissance du PIB en 2020. Mais celle-ci est loin d’être partagée, car le modèle de redistribution de la richesse nationale est obsolète depuis des lustres. Là encore, l’État devrait y voir matière à réformer. Outre le Covid-19, le Cameroun a encore le temps de saisir l’opportunité de la crise anglophone pour mettre en place une vraie décentralisation. Tout comme il peut se saisir de la guerre contre Boko Haram pour rééquilibrer sa politique d’aménagement du territoire en redoublant d’efforts dans les régions septentrionales. Des mesures qui contribueront à créer davantage de richesses. Car l’un des enseignements de cette pandémie est que l’État est impuissant à protéger les Camerounais si ne s’affirme pas un secteur productif performant. Sans celui-ci, la résilience tant vantée n’est qu’un vain slogan.

David Abouem A Tchoyi Consultant du cabinet Agora Consulting

180 Opposition

Cabral Libii, un jeune loup aux dents longues

182 ÉCONOMIE Au régime sec

188 Agro-industrie

Emmanuel Néossi, nouveau roi de la fève

190 SOCIÉTÉ

CAN ça veut pas !

194 Musique

Le bilinguisme en haut des charts

198 Tribune

Crise d’identités Hemley Boum, romancière camerounaise

Suivez toute l’actualité du Cameroun sur www.jeuneafrique.com

no3090 – JUILLET 2020

169


GRAND FORMAT CAMEROUN

ENJEUX

Décentralisation en suspens Contrarié par la pandémie, le processus d’autonomisation régionale lancé par le président Paul Biya devra attendre une amélioration durable de la situation sanitaire pour reprendre son cours.

170

no3090 – JUILLET 2020

S MATHIEU OLIVIER

a parole est d’or, en cela qu’elle est particulièrement rare. Quand le président Paul Biya commence son discour s an nuel, en ce 31 décembre 2019, chaque Camerounais l’écoute, quasi religieusement. Il faut dire que l’ancien séminariste vient de traverser une bien mauvaise année. Le conflit dans les régions anglophones s’est aggravé, apportant son lot de victimes, de déplacés et de réfugiés. La crise politique née de la présidentielle contestée


d’octobre 2018 a divisé le pays entre partisans de Maurice Kamto et fidèles du chef de l’État, sans oublier les querelles entre Bamilékés (majoritairement de l’Ouest et considérés comme des soutiens de l’opposant) et Bulus (Camerounais du Sud vus comme des membres du « système Biya »). Enfin, autour du « patron », des clans se sont formés avec le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, la première dame, Chantal Biya, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, et le directeur de cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo. Au terme de cette annus horribilis, le Sphinx d’Etoudi se sait donc attendu. En octobre 2019, il a demandé à son Premier ministre, Joseph Dion Ngute, d’organiser un

MABOUP

Grand Dialogue national afin de trouver une solution à la crise qui sévit dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Un message adressé à ses compatriotes mais aussi aux partenaires étrangers, notamment la France et les États-Unis, qui prennent plus ou moins ouvertement leurs distances. Dans son allocution, Paul Biya dresse le bilan de l’année écoulée. Il annonce « un Cameroun nouveau », « un Cameroun adapté au temps présent », « un Cameroun qui regarde vers l’avenir ». « Pour en arriver là, nous avons connu bien des épreuves. Comme par le passé, ensemble, nous les avons toutes surmontées. […] Le Grand Dialogue national nous a ouvert la voie pour avancer résolument sur le chemin de la paix, de l’unité nationale et du progrès, valeurs qui ont toujours fait la grandeur de notre pays », conclut le chef de l’État. Plusieurs lois viennent alors d’être adoptées par l’Assemblée nationale : le texte sur la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, le 10 décembre, et celui qui porte sur une décentralisation accrue, le

La séance de clôture du Grand Dialogue national, le 4 octobre 2019, à Yaoundé.

no3090 – JUILLET 2020

171


GRAND FORMAT CAMEROUN

ENJEUX

15 décembre, notamment en ce qui concerne le statut des élus locaux, le fonctionnement des assemblées locales et l’attribution de ressources financières aux régions. À ces lois s’ajoute un nouveau « statut spécial » pour le Nord-Ouest et le Sud-Ouest qui doit prendre en compte les spécificités des sous-systèmes éducatif et juridique anglophones. La mesure porte également la création d’une Assemblée régionale (composée d’une Chambre des représentants et d’une Chambre des chefs traditionnels) et d’un conseil exécutif régional. Ce régime, explique le gouvernement, permettra aux régions anglophones de participer à la formulation des politiques nationales relatives à l’éducation, au développement et aux problèmes des chefferies dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Une autonomie accrue, donc – qui n’est pas sans faire grincer des dents dans les régions du Nord, de l’Adamaoua et de l’Extrême-Nord –, tandis que le fédéralisme fait toujours figure de ligne rouge au palais présidentiel.

SI LES RÉGIONS ANGLOPHONES ONT OBTENU UNE AUTONOMIE ACCRUE, LE FÉDÉRALISME FAIT FIGURE DE LIGNE ROUGE À LA PRÉSIDENCE.

Soutien de Paris

172

no3090 – JUILLET 2020

Les cinq piliers de la décentralisation Fait

En cours

Loi adoptée mais application en cours

Suppression du poste de délégué gouvernemental et élection de « super-maires »

Création d’un ministère

Promotion du bilinguisme et du multiculturalisme Instauration d’un statut spécial pour le Nord-Ouest et le Sud-Ouest Création d’une assemblée et d’un conseil exécutif régionaux

SOURCE : JEUNE AFRIQUE

Autre innovation importante : la suppression du poste de délégué gouvernemental, désigné par l’État pour les quatorze plus grandes villes du pays, qui est désormais remplacé par un « super-maire » élu par le conseil municipal. Ce dernier devra toutefois être un « autochtone » de la région où sa ville se situe. « Il y a un risque de repli identitaire ethnico-tribal », affirme-t-on au sein de l’opposition, tandis que le pouvoir affirme vouloir favoriser une meilleure représentativité et satisfaire aux recommandations du Grand Dialogue national. Le 9 février, les électeurs de Yaoundé, Douala, Garoua, Maroua, Bafoussam, Limbe, Nkongsamba, Kumba, Edéa, Kribi, Ebolowa, Ngaoundéré, Bamenda et Bertoua ont élu, au suffrage indirect, leur super-maire. Il n’y aura toutefois eu aucun suspense. Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), de Maurice Kamto, ayant boycotté les scrutins, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) a remporté 316 communes sur 360, ne laissant qu’une grande ville, Ngaoundéré, tomber dans l’escarcelle d’un de ses alliés, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), du

ministre du Tourisme, Bello Bouba Maigari. « Avant, nous avions des délégués nommés par l’État. Maintenant, nous avons des maires ‘‘élus’’ par le RDPC, lui-même piloté depuis la présidence. Malheureusement, cela risque de ne rien changer », déplore un cadre de l’opposition. « De plus, les habitants des régions anglophones n’ont pas pu voter en raison de l’insécurité, ce qui les a une nouvelle fois exclus de la politique nationale », ajoute-t-il. « L’opposition a boycotté les élections législatives et municipales et, maintenant, elle va nous reprocher de tout contrôler. C’est un peu trop facile », rétorque un responsable du parti au pouvoir. « Nous sommes dans la phase de mise en œuvre des réformes de la décentralisation », rassurait un diplomate camerounais chargé de prêcher la bonne parole lors du dernier sommet de l’Union africaine, en février. Cette initiative semble efficace puisque AddisAbeba conserve sa confiance à Paul Biya, tout comme Paris. Malgré quelques impatiences, le président français, Emmanuel Macron, qui a encore échangé par téléphone le 1er mars avec son homologue camerounais, soutient en effet le processus de réformes. « Nous attendons depuis plusieurs mois mais rien n’est fait. Le gouvernement doit donner à ses citoyens anglophones des



GRAND FORMAT CAMEROUN

ENJEUX

motifs de croire en sa bonne foi », résume Éric Chinje, ancien journaliste qui a participé au Grand Dialogue national. Cela sera-t-il suffisant ? Maurice Kamto, sans désavouer le projet, estime que celui-ci arrive « trop tard ». D’autant que la pandémie de Covid-19 (plus de 6 500 cas confirmés au début de juin) est

encore venue doucher certains espoirs: pour la seconde année consécutive, la dotation budgétaire aux communes et aux régions, annoncée en mai par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, plafonne à environ 50 milliards de F CFA (plus de 76 millions d’euros), au grand dam du ministre de la Décentralisation et du Développement local, Georges Elanga Obam, qui espérait une enveloppe dixfois supérieure.

Le leader de l’opposition, à Paris, le 30 janvier.

LA STRATÉGIE MÉDIATIQUE DE KAMTO Ayant proclamé sa victoire à la présidentielle d’octobre 2018, Maurice Kamto s’appuie en particulier sur la communication pour occuper le terrain face à un président Paul Biya si avare d’apparitions médiatiques. Très soutenu par la diaspora en Europe et aux États-Unis, où il s’est rendu en tournée en début d’année, et entouré d’une équipe de communicants très active sur les réseaux sociaux, il reste le véritable chef de l’opposition, même si son parti, le MRC, et lui ont choisi de boycotter les dernières élections législatives et municipales, abandonnant les sièges de maires et de députés au RDPC (au pouvoir), à ses alliés et aux autres partis d’opposition. M.O.

174

no3090 – JUILLET 2020

STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

« Non-événement »

Les séparatistes, quant à eux, ont perçu le Grand Dialogue national comme un non-événement et restent attachés à leur lutte pour l’indépendance. « Le Palais joue la montre », déplore un diplomate de la capitale. « Paul Biya met en avant une réforme pour plus d’autonomie des régions. Mais il a déjà fait cette annonce en 1996 ! », rappelle notre source. Coincé entre les sceptiques et les optimistes, le Cameroun a ajouté une division de plus à son quotidien. Sur le plan économique, la croissance devait atteindre 4,1 % du PIB en 2020, selon Fitch Solutions Macro Research, d’autant que deux décaissements du Fonds monétaire international (FMI), de 76,2 millions de dollars (67,5 millions d’euros) en juillet 2019 puis de 76,1 millions de dollars en janvier 2020, avaient donné de l’air à l’économie. Mais la crise du Covid-19 est passée par là : elle pourrait coûter trois points de croissance au pays, dont l’activité pâtit toujours de l’impact de la crise anglophone et d’un climat des affaires dégradé – la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC), l’Office marocain de l’eau potable (Onep) ou encore le groupe Bolloré sont récemment entrés en conflit avec le gouvernement. « Il y a urgence à donner une réalité aux mesures issues du Grand Dialogue national », confie un cadre du RDPC. Le parti au pouvoir assurait d’ailleurs que le calendrier devait s’accélérer sitôt passé l’épisode électoral des législatives et des municipales de février. Il faudra désormais attendre que la situation sanitaire s’améliore durablement. « Nous avons renouvelé notre assemblée et des nouveaux maires ont été élus. C’est aussi à eux qu’incombe la mise en place de la décentralisation », ajoute notre source, qui précise que l’État a prévu d’y consacrer 15 % de son budget. Et un autre fidèle du président Biya de conclure : « Il faut faire confiance au peuple camerounais, qui saura choisir entre la violence et la barbarie des Ambazoniens, et la mesure et le professionnalisme du chef de l’État. »



GRAND FORMAT CAMEROUN

INTERVIEW

David Abouem À Tchoyi Consultant du cabinet Agora Consulting

« Aucun dialogue ne peut réussir sans compromis ni renoncement »

L’ex-gouverneur des régions anglophones a animé la sous-commission sur la décentralisation lors du Grand Dialogue national. Neuf mois plus tard, il fait le point sur les engagements pris.

Jeune Afrique : Vous étiez l’un des vice-présidents de la sous-commission sur la décentralisation lors du Grand Dialogue national (GDN). Près de neuf mois plus tard, les promesses de changement sont-elles tenues ?

D av i d Ab o u e m À Tc h oy i : Certaines recommandations sont applicables à court terme, d’autres à moyen terme et à long terme, d’autres encore à très long terme. Il se trouve qu’à sa toute première session après le GDN – un mois plus tard à peine – le Parlement a adopté une loi portant code général des collectivités territoriales décentralisées. Nombre de recommandations du GDN ont été prises en compte. On peut citer : la reconnaissance d’un statut spécial aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’affectation d’au moins

176

no3090 – JUILLET 2020

À CE STADE, TOUT JUGEMENT DE VALEUR SUR LE STATUT SPÉCIAL REPOSERAIT SUR DES ÉLÉMENTS PARTIELS.

JA

C

ISS U PO UR

«

’est l’un des rares francophones à jouir d’un immense respect chez nous, les anglophones, surtout auprès des anciens qui l’ont vu à l’œuvre en tant que gouverneur des provinces du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », lâche un avocat installé à Douala. À 76 ans, celui qui a aussi été ministre et secrétaire général de la présidence (1984-1985) s’est reconverti depuis trois décennies dans le conseil. Pour Jeune Afrique, il commente le processus de décentralisation engagé à l’issue du Grand Dialogue national.

15 % des recettes de l’État à la dotation générale de la décentralisation, l’adoption du principe de l’élection du « maire de la ville » à la tête de la communauté urbaine en lieu et place du délégué du gouvernement nommé par le pouvoir central, la création d’une école spécialisée dans la formation des cadres administratifs et techniques au profit des collectivités décentralisées, l’affirmation de l’exclusivité de l’exercice par les collectivités des compétences qui lui sont transférées, l’adoption d’un statut pour les élus régionaux et locaux, etc. Nous pouvons donc affirmer que les promesses de changement sont progressivement tenues.

FE RN AN D KU

PROPOS RECUEILLIS PAR OMER MBADI, À YAOUNDÉ


COMMUNIQUÉ

« Groupe BGFIBank Partenaire de mes réussites » Entretien avec Abakal MAHAMAT, Directeur Général BGFIBank Cameroun

tout est mis en œuvre afin que le renforcement de la qualité de service et l’innovation soient des éléments clés de notre réussite.

Sept mois après votre nomination au poste de Directeur Général, comment se porte BGFIBank Cameroun ? BGFIBank Cameroun surfe actuellement sur une vague de croissance se traduisant par une nette amélioration de tous les indicateurs concourant à la détermination du produit net bancaire. Nous disposons de la confiance renouvelée de nos clients, et notre capital humain est motivé, rompu à la tâche et prêt à relever tous les défis. Les challenges sont nombreux mais tous les ingrédients sont réunis pour y faire face.

Quelles sont vos ambitions à court et moyen terme ? Ma vision est de faire intégrer à BGFIBank Cameroun le top 5 des banques au Cameroun à l’horizon 2022. Diverses enquêtes de satisfaction nous remontent des informations encourageantes sur notre réputation, et

Quelle est l’approche de BGFIBank Cameroun à la relation client ? Nos professionnels sont à l’écoute des clients pour leur apporter un conseil personnalisé et leur proposer des offres taillées sur mesure, sur des gammes variées d’épargne, de crédit, d’assurance, de banque à distance et de monétique. Nous disposons aussi d’un volet de banque privée spécialisé dans la valorisation et la diversification de patrimoine.

Sur le plan macroéconomique, quelle est votre implication dans les projets structurants ? Dès le début BGFIBank Cameroun s’est positionnée comme un acteur clé du financement de l’économie camerounaise dans des projets d’envergure tels que le plan d’urgence triennal, le refinancement de la SONARA, la construction des stades de la CAN etc. Notre engagement reste ferme à accompagner le gouvernement camerounais dans ses chantiers au service de l’émergence 2035.

Bénin - Cameroun - Congo - Côte d'Ivoire - France - Gabon - Guinée Equatoriale - Madagascar- République Démocratique du Congo Sâo Tomé et Principe - Sénégal

www.groupebgfibank.com

JAMG - Photos : D.R.

Inaugurée en mars 2011, BGFIBank Cameroun s’est peu à peu imposée comme un acteur significatif du secteur bancaire camerounais. En effet, la filiale du Groupe BGFIBank applique à la perfection la politique qualité instituée par la maison mère et orientée vers la satisfaction des clients et l’amélioration continue des performances.

2020 a été placée sous le signe de la transformation et de la performance. Nous nous focaliserons sur une approche optimisée des risques et des coûts, une extension de notre maillage territorial, une gestion renforcée de nos talents et le développement d’offres innovantes pour chaque segment de notre clientèle.


GRAND FORMAT CAMEROUN

INTERVIEW

Faudra-t-il aller plus loin dans le transfert de compétences aux collectivités décentralisées en permettant, par exemple, aux grandes villes de s’endetter directement pour accélérer leur aménagement ?

Toutes les communes, et singulièrement les grandes villes, ont déjà la possibilité de recourir à l’emprunt pour compléter le produit de la fiscalité et les dotations de l’État. Elles peuvent aussi s’engager dans différents partenariats (public-public, public-privé, avec des organisations de la société civile ou des organismes de pays étrangers). Les outils juridiques nécessaires à l’accélération de leur aménagement sont donc en place. Bien évidemment, on pourrait en améliorer le rendement ou en imaginer d’autres. Les maires et les présidents de région bénéficient-ils d’une vraie marge de manœuvre vis-à-vis des préfets et des gouverneurs ?

Leur marge de manœuvre est grande. La plupart des actes qu’ils prennent sont exécutoires de plein droit, après transmission aux représentants de l’État. Ils peuvent même saisir le juge administratif en cas de désaccord avec le préfet ou le gouverneur. Les domaines dans lesquels l’approbation préalable de l’administration est requise sont énumérés: par exemple le budget, les emprunts, les affaires domaniales, le recrutement du personnel, les conventions de coopération internationales, les plans communaux et régionaux de développement ou d’aménagement du territoire. Le rôle du représentant de l’État consiste surtout à assurer le contrôle de légalité en vue du fonctionnement régulier et du développement harmonieux des collectivités. Cette marge de manœuvre ne pourrait être réduite que par des dysfonctionnements condamnables ou par des pratiques anormales. Les régions anglophones bénéficient en principe d’un statut spécial. Cela répond-il aux aspirations de la majorité de leur population ?

178

no3090 – JUILLET 2020

L’adoption d’un statut spécial pour le Nord-Ouest et le Sud-Ouest a été saluée par la grande majorité des populations de ces deux régions comme une reconnaissance de leurs spécificités. Le code général en a dessiné les premiers contours, notamment en ce qui concerne leur organisation, leur fonctionnement et les compétences supplémentaires qui leur sont conférées. Ce sont là des avancées réelles. Des textes particuliers viendront préciser le contenu des spécificités et des particularités

s’entendre pour apporter des solutions à leurs problèmes. Les Camerounais francophones regardent-ils toujours cette crise anglophone « de haut », comme vous le constatiez il y a trois ans ?

Le Cameroun sous tutelle française (Cameroun oriental) a accédé à l’indépendance près de deux ans avant le Cameroun sous tutelle britannique (Cameroun occidental). Il a, de surcroît, une superficie et une population plus importantes. Si, pour tous les Camerounais, la réunification du 1er octobre 1961 s’analyse comme des retrouvailles fraternelles, la primogéniture du Cameroun oriental à la souveraineté internationale a laissé dans le subconscient de certains que le Cameroun occidental était « venu les rejoindre ». D’où certains réflexes ou attitudes pouvant ressembler aux comportements d’un grand frère à l’égard d’un petit frère. C’est contre cette propension inconsciente que je mettais en garde. Aujourd’hui, tout le monde a une claire conscience de ce problème.

LA LOGIQUE VOUDRAIT QUE CEUX QUI SOULÈVENT DES PROBLÈMES PARTICIPENT À LA RECHERCHE DES SOLUTIONS. du système judiciaire et du système éducatif. On peut donc penser que ces textes iront plus loin que le code général actuel. En conséquence, à ce stade, tout jugement de valeur sur le statut spécial reposerait sur des éléments partiels. Pour trouver une solution à la crise anglophone, le gouvernement peut-il faire l’économie d’un dialogue qui implique les leaders séparatistes ?

La logique voudrait que ceux qui soulèvent des problèmes participent à la recherche des solutions à y apporter, dans un esprit de compromis. Le président Paul Biya a déclaré qu’aucune question n’était taboue. Le Premier ministre a renchéri en affirmant qu’on peut discuter de tout, « sauf de séparation ou de sécession ». Il faut donc une dose suffisante de bonne volonté, d’ouverture, de réalisme et un esprit de compromis. La propension à l’extrémisme ou au jusqu’au-boutisme n’est pas la voie de la sagesse, car aucun dialogue ne peut réussir sans compromis ni renoncement. Je demeure convaincu que les Camerounais peuvent se parler, s’écouter, se pardonner, se réconcilier,

Des leaders anglophones tels que John Fru Ndi et Akere Muna, rejoints en cela par Maurice Kamto, continuent de militer pour le fédéralisme. Cette option est-elle pertinente pour le Cameroun ?

Le Cameroun a vécu dans un système fédéral pendant plus de dix ans. C’est pour des raisons économiques que, depuis 1972, il est devenu un État unitaire, avant d’être transformé en État unitaire décentralisé. La bonne démarche ne consisterait-elle pas à présenter, sur tous les plans, les points forts et les points faibles de chacun ? C’est à cet effort que devraient s’astreindre les experts, pour en déduire l’option qui comporterait le plus d’avantages et le moins d’inconvénients. C’est sur cette base et sur celle des expériences étrangères que le peuple souverain se déterminerait en toute connaissance de cause.



GRAND FORMAT CAMEROUN

OPPOSITION

Cabral Libii, un jeune loup aux dents longues

Grâce à une campagne particulièrement habile, l’ex-leader estudiantin s’est fait élire député en février, confirmant sa percée lors de l’élection présidentielle de 2018.

L

sur l’ensemble du territoire national. « Nous avions des candidats, entre autres à Kai-Kai, dans le septentrion ; à Kribi, dans le Sud ; à Galim, dans l’Ouest; dans le Centre et dans l’Est », se satisfait-il. Pour sa propre candidature, il a opté pour son département d’origine, le Nyong Ekelle, fief de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Créé en 1947 par Ruben Um Nyobe, ce parti, qui s’est engagé en 1953 dans la lutte armée pour l’indépendance, conserve localement une forte audience. Le leader du

FRANCK FOUTÉ, À YAOUNDÉ

180

no3090 – JUILLET 2020

Faire entendre sa voix

FERNAND KUISSU POUR JA

ors de l’élection présidentielle d’octobre 2018, Cabral Libii, 40 ans, rêvait d’être le « Macron camerounais ». C’est finalement à l’occasion des législatives de février, couplées aux élections locales, que le leader du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) a recueilli les fruits de sa popularité naissante. Dans un paysage politique où la gérontocratie est la règle, l’entrée de l’ancien activiste estudiantin à l’Assemblée nationale représente une vraie gageure. En dépit d’une surprenante troisième place en 2018, lors du scrutin qui a vu Paul Biya décrocher un huitième mandat, de nombreux observateurs prédisaient son échec. L’un des premiers défis à relever pour Cabral Libii fut de se doter d’un appareil politique à même de porter sa candidature. Prosper Nkou Mvondo – le président du parti Univers, qui l’avait investi à la présidentielle – ayant refusé de l’installer à la vice-présidence de son mouvement, Cabral Libii a décidé de lancer sa propre formation politique. En février 2019, il a annoncé la création du parti Les Citoyens, déclinaison du mouvement 11 Millions de citoyens, qu’il avait créé un an auparavant. Mais face à la lenteur dont a fait preuve l’administration pour enregistrer sa formation, Cabral Libii a rapidement changé son fusil d’épaule et opté pour un rapprochement avec le PCRN, un petit parti qui n’avait jamais réussi jusque-là à exister sur la scène nationale. Le 11 mai 2019, il en a pris la présidence au cours d’une convention express. Cette étape passée, Cabral Libii a choisi d’implanter le PCRN

PCRN a alors bénéficié d’un coup de pouce inattendu lorsque Elecam, l’organe chargé des élections, a disqualifié les différents candidats se réclamant de l’UPC. La raison : un même mouvement ne peut, selon la loi électorale, présenter plusieurs listes dans la même circonscription. Opportuniste, Cabral Libii en a alors profité pour surfer sur la popularité toujours forte de Ruben Um Nyobe, mort pourtant depuis près de soixante-deux ans. « Nous avons le droit de revendiquer son héritage, car c’est un patrimoine national », justifie-t-il.

IL RESTE RÉALISTE SUR SA CAPACITÉ À FAIRE BOUGER LES LIGNES, COMPTE TENU DU POIDS DU RDPC À L’ASSEMBLÉE.

Malgré les critiques de l’UPC, la formule porte ses fruits. En février, Cabral Libii est élu, tandis que le PCRN remporte quatre autres sièges de député. Ce qui fait de ce parti la deuxième force d’opposition à l’Assemblée nationale, ex aequo avec le Front social démocrate (SDF, cinq députés), en l’absence du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), de Maurice Kamto. Le PCRN décroche aussi 206 conseillers municipaux à travers le pays. Au Parlement, Cabral Libii reste réaliste sur sa capacité à faire bouger les lignes, compte tenu du poids du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), avec ses 152 élus sur 180. Mais il compte bien faire entendre sa voix sur des sujets comme la révision du code électoral, la crise anglophone et la décentralisation. « Nous allons travailler autant que nous le pourrons pour montrer à ceux qui nous ont mandatés qu’ils ont fait le bon choix. Et si cela ne suffit pas, ils sauront qu’il faudra nous donner plus de pouvoir dans cinq ans », veut croire Cabral Libii.


COMMUNIQUÉ

Innover en permanence pour assurer une meilleure expérience client

Depuis 2017, Ecobank Cameroun s’est inscrite dans une vaste campagne de digitalisation et continue d’améliorer son offre digitale. Notre application Mobile Version 4.0 offre un écosystème plus robuste et plus intuitif pour répondre aux besoins grandissants et aux comportements changeants de notre clientèle.

ENTRETIEN AVEC madame Gwendoline ABUNAW, Administrateur Directeur Général de Ecobank Cameroun

Cette version de notre application Mobile apporte les changements suivants : 1. Transfert de compte à compte à travers des numéros de téléphones et les adresses emails des clients bénéficiaires « finies les frustrations liées à l’oubli du numéro de compte ». 2. La création d’une carte virtuelle en temps réel, pour mitiger les risques liés à l’exposition des cordonnées de nos cartes principales en ligne. Ceci sert aussi bien pour l’utilisation à titre individuel que pour offrir à ses proches un moyen de paiement. 3. La possibilité de partager les moyens de paiements d’une facture par voie électronique avec l’option de partage des factures (« split payment »). 4. La fonction “request funds» pour les appels de fonds chez ses proches. 5. L’approvisionnement des cartes prépayées en ligne.

Les clients entreprise sont-ils également pris en compte ? Oui, la migration de notre système bancaire apporte davantage de flexibilité dans la gestion de tous nos clients. Pour nos clients Entreprises et PME, nous avons mis à jour OmniPlus et développé Ecobank OmniLite, une plateforme de paiement accessible en ligne et sur le téléphone portable. Ces outils permettent une gestion efficace des cycles de trésorerie des clients entreprises et facilitent la communication efficace des clients avec Ecobank.

Comment Ecobank Cameroun a-t-elle contribué en 2019 à la croissance des investissements et de l’économie du Cameroun en général ? Ecobank Cameroun est agréée en tant que Spécialiste en Valeurs de Trésor. Nous sommes donc les intermédiaires agréés pour l’achat des titres publics du Trésor, émis sur le marché monétaire. Nous avons bien mené notre responsabilité d’animer le marché des titres au Cameroun avec des propositions de produits d’investissements variés. Nous étions donc au premier plan des projets d’investissements et de levée des fonds de l’État. La formidable contribution d’Ecobank Cameroun a conduit le ministre des Finances à lui décerner le prix de meilleure banque et de banque la plus active sur le marché des valeurs mobilières du Cameroun pour l’année 2019.

6. Enfin, la possibilité de partager son expérience client en ligne ou d’inviter de nouveaux utilisateurs par recommandation électronique.

En plus de cette distinction nationale, vous avez également reçu à l’international un autre prix et pas des moindres.

Ces nouvelles fonctionnalités ont pour but d’élargir notre champ d’action stratégique, de favoriser l’inclusion financière en facilitant l’accès aux services financiers et d’offrir une flexibilité et une meilleure qualité de services.

Notre transformation digitale ainsi que notre stratégie d’inclusion financière ont été reconnues à l’échelle mondiale. En effet, nous avons été désignés et avons reçu le prestigieux prix de la meilleure banque de l’année 2019 à Londres par The Banker (Financial Times).

JAMG - PHOTOS : D.R.

Pouvez-vous nous présenter la toute récente mise à jour de l’application Ecobank Mobile 4.0 ?


GRAND FORMAT CAMEROUN

ÉCONOMIE

Au régime sec

Dans l’attente de la mise en œuvre du dernier programme avec le FMI et de la nouvelle stratégie de développement, tous deux différés par la crise du Covid-19, l’État n’a eu d’autre choix que d’entamer une cure d’austérité drastique.


L

JULIEN CLÉMENÇOT ET OMER MBADI, À DOUALA e texte donne la mesure de l’impact de la pandémie de Covid19. Le 3 juin, le président Paul Biya a pris une ordonnance modifiant le budget de 2020. La nouvelle enveloppe s’élève à 4 409 milliards de F CFA (6,7 milliards d’euros), en recul de 542 milliards de F CFA par rapport aux 4951 milliards actés en décembre 2019. Ce budget initial avait pourtant déjà été sous-évalué, accusant une baisse de plus de 260 milliards de F CFA par rapport à celui de 2019, dans l’attente de l’intégration de nouveaux appuis budgétaires à la suite de la signature annoncée d’un deuxième programme consécutif avec le Fonds monétaire international (FMI). Las! La pandémie a rebattu les cartes. Le rendez-vous avec le FMI devra attendre. Entretemps, le pays a reçu 135 milliards de F CFA de l’institution de Bretton Woods pour faire face à la crise. Il programme une somme de 180 milliards de F CFA pour lutter contre le Covid-19 et ses effets socio-économiques.

DEAGOSTINI/GETTY IMAGES

Vents contraires

Ce climat d’incertitude repousse également à un horizon inconnu la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement 20202030, qui n’a toujours pas été publiée. Ce document doit synthétiser les prochains axes de développement qui permettront au pays d’atteindre l’émergence en 2035 et, surtout, de rattraper le retard accusé par les contre-performances du précédent plan, le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE). Ce programme doit également enclencher un nouveau régime de croissance après le quasi-achèvement des infrastructures de première génération. « Il y a encore trois, quatre ans, les grands travaux de barrages, la construction des stades prévus pour la CAN tiraient la croissance. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. On attend un nouveau cap de la part du gouvernement », espère Vincent Kouete, directeur du département économie du Groupement

Vue aérienne du port de Douala, sur le fleuve Wouri.

inter-patronal du Cameroun (Gicam). D’autant que cette politique a fait grimper l’endettement du pays en quelques années (plus de 40 % du PIB). « Le plus inquiétant n’est pas le volume global de la dette, mais la capacité du pays à rembourser le service de la dette. Le Cameroun connaît de ce point de vue un risque élevé », confirme le représentant local du FMI, Fabien Nsengiyumva. Depuis 2015 et la chute brutale du prix du baril, le pays affronte effectivement des vents contraires. Et la pandémie de Covid-19 ne peut qu’aggraver la situation. « Non seulement les prix du pétrole et des matières premières (cacao, bois…) chutent, mais les volumes exportés vont aussi baisser. Sans compter le ralentissement de secteurs comme l’hôtellerie. Enfin, on s’attend à des ruptures de stock de produits finis et semi-finis en provenance de Chine », détaille Fabien Nsengiyumva. Initialement annoncée à 4,1 % pour 2020, la croissance (– 1,2 %, selon les dernières estimations du FMI) plongera le pays dans la récession et ne permettra pas d’améliorer la vie des populations. Sa performance est bien sûr limitée par les effets des crises sécuritaires : dans le nord du pays en raison de la présence de Boko Haram et, surtout, dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, deux régions secouées par des affrontements sanglants entre les séparatistes ambazoniens et l’armée régulière. Dans ces zones, les Camerounais sont en plus pénalisés par des taux d’inflation bien supérieurs à la limite de 3 %, critère de convergence imposé aux pays de la Cemac.

Audit des sociétés publiques

Si l’État a pu tenir ses engagements au cours des dernières années (remboursement de sa dette, paiement des fonctionnaires, renflouement des réserves de devises), il le doit en partie à l’appui de ses partenaires extérieurs. À la fin de janvier, le FMI a validé un nouveau décaissement d’environ 76,1 millions de dollars (près de 44 milliards de F CFA), portant à 590 millions de dollars le total injecté par l’institution depuis la signature d’un accord triennal en 2017. « L’appui du FMI a été une

no3090 – JUILLET 2020

183


Chambres - Suites - Appartements - Restaurant/Bar - Salles de banquet Salle de fitness - Piscine - Hammam - Massage Bonapriso Avenue Njo-Njo BP: 5300 Douala Cameroun TĂŠl :+(237) 233 43 99 12 / 656 00 64 44 E-mail: reservations@lafalaisebonapriso.com www.lafalaisebonapriso.com


GRAND FORMAT CAMEROUN

ÉCONOMIE

DES EMPRUNTS NON CONCESSIONNELS PLUS RARES

Dette totale

Sous l’impulsion du FMI, le Cameroun a limité le recours de prêts à des taux non concessionnels (nouveaux emprunts publics, comparaison 2017-2020, milliards de F CFA) Emprunts non concessionnels concessionnels

1 115,8 435,6

350

2017

(3,5 % du PIB)

293,3

300 2020

ENDETTEMENT PUBLIC EN FORTE AUGMENTATION Avant la crise du Covid, la dette extérieure représentait 29 % et la dette domestique, 12,5 % du PIB.

Pression du fisc

Cette nouvelle approche budgétaire s’est naturellement traduite par une plus forte pression sur les entreprises du secteur formel. « Plus de 400 contrôles fiscaux ont été déclenchés sur les deux premiers mois de l’année », peste le patron d’un groupe local. Brasseurs, planteurs, cimentiers, forestiers ont accusé le coup, mais doivent également une fière chandelle à l’actuelle pandémie, qui, en provoquant des reports de charges, leur permet de respirer. Au-delà des ajustements du régime général, l’État cherche à supprimer les régimes dérogatoires. La méthode déplaît fortement aux investisseurs habitués à obtenir de longues périodes d’exonération. À la fin de 2019, les autorités reconnaissaient paradoxalement une baisse des recettes fiscales (– 2,2 %) sur les neuf premiers mois de l’année, baisse liée aux difficultés conjoncturelles des opérateurs économiques. « L’incendie de la Sonara, à la fin de mai 2019, a aussi privé l’État d’un gros contributeur », précise Fabien Nsengiyumva. Reste que le redressement des comptes publics ne suffira pas pour provoquer le choc de compétitivité attendu, estime le Gicam. « Le pays a besoin d’une réforme foncière afin de développer son agriculture. Actuellement, il valorise seulement 20 % de ses terres arables. Il faut aussi augmenter la production d’énergie et régler les problèmes de pertes sur le réseau de transport d’électricité », avance Vincent Kouete. C’est à ce prix que le pays pourra redonner du souffle à son secteur industriel, dont la contribution à la richesse nationale (25,68 % du PIB) a baissé de 13 % entre 2008 et 2018. Adopté il y a deux ans, son plan directeur d’industrialisation tarde à tenir ses promesses.

795

milliards de F CFA

41,5 %

39,5 % 37,7 %

*du PIB

33,3 %* Déc. 2016

Déc. 2017

Déc. 2018

Sept. 2019

216,4

LES PRÊTEURS AU SOUTIEN DU GOUVERNEMENT Sur la période 2017-2020, les partenaires du pays auront apporté 1 226 milliards de F CFA au gouvernement pour lui permettre d’équilibrer son budget (en milliards de F CFA).

BAD

FMI

282

387

151,7 Banque mondiale 285 France

UE*

197

74

*Union européenne

SONARA : UNE DETTE ABYSSALE (en milliards de F CFA)

84,1

À l’arrêt depuis la destruction de ses installations en mai 2019, la société nationale de raffinage fait peser un risque important sur le secteur bancaire.

Dettes

banques locales préfinancement

fournisseurs dettes fiscales

49,5 autres

SOURCES : FMI, AUTORITÉS CAMEROUNAISES

bouffée d’oxygène pour le pays », reconnaît Vincent Kouete. En retour, le Cameroun s’est engagé à limiter ses dépenses, à augmenter ses recettes fiscales, à payer ses arriérés et à limiter le recours aux prêts non concessionnels. L’institution internationale a d’ailleurs félicité Yaoundé pour sa discipline. En début d’année, le gouvernement a annoncé le déblocage de 100 milliards de F CFA pour régler une partie de sa dette intérieure. Les évaluations se poursuivent pour chiffrer le montant des arriérés que l’État devra prendre en charge. Pour disposer d’une vision exhaustive de ses engagements, celui-ci doit lancer des audits des principales entreprises publiques: Camtel, Camwater, Camair-Co et le Port autonome de Douala.

no3090 – JUILLET 2020

185


PRENONS LA ROUTE ENSEMBLE

Une Nouvelle Identité pour un acteur majeur du secteur énergétique

OLA Energy Cameroon SA, avec AG,

anciennement dénommée Libya Oil Cameroon, a fait sa mue le 29 novembre 2018 pour se présenter sous la nouvelle marque OLA Energy. Notre entreprise vise ainsi à renforcer la proximité avec une clientèle informée et exigeante à la fois, tout en restant pionnière et novatrice dans la manière de la satisfaire. Notre nouveau logo symbolise une représentation de l’Afrique, ce continent qui façonne notre identité. Nous sommes aussi le 1er groupe énergétique d’origine 100 % africaine en charge de la commercialisation des carburants et des lubrifiants de haute qualité. Nos couleurs accompagnent et matérialisent nos ambitions. Le bleu reflète la technologie, l’excellence et la qualité ; l’orange traduit l’énergie et la vitalité ; quant à la couleur blanche, elle représente les routes que nous empruntons pour mener nos clients vers l’excellence. Acteur historique du secteur énergétique depuis 1952, la commercialisation de carburants, lubrifiants, produits spéciaux et gaz domestique est l’activité principale d’OLA Energy Cameroon SA. Sous la houlette de OLA Energy Holdings Ltd., OLA Energy Cameroon SA a mis en place SHEMS (Safety, Health & Environment Management System), un système dédié à la gestion des opérations par la mise en place de politiques rigoureuses en matière de sécurité, de sûreté, de santé et de protection de l’environnement. SHEMS fait de nous l’une des meilleures entreprises citoyennes du secteur et est reconnu par l’institut Lloyds comme l’équivalent ISO 14001. Cérémonie de lancement de la nouvelle identité visuelle OLA Energy et des carburants O’ptimium en présence de SE le Ministre de l’Eau et de l’énergie, SE le Ministre des Mines de l’Industrie et du développement technologique, SE le Ministre Secrétaire Général Adjoint à la Présidence de la République, Mr le Président du Conseil d’Administration de la SCDP (Société Camerounaise des dépôts pétroliers) et le Regional Business Officer de OLA Energy Group. ƒ

€ Cyrine DRAIF, Administrateur Général de OLA Energy Cameroon.

Le succès d’OLA Energy Cameroon SA n’aurait pu se réaliser sans une très forte intégration locale et une volonté de présence sur le long terme. Tout au long de son histoire, l’entreprise a accompagné le développement du pays en véritable partenaire du progrès. En effet, OLA Energy Cameroon a créé sur ses points de vente, des espaces verts et a planté des arbres à forte capacité d’absorption des composés organiques volatiles (COV). De plus, OLA Energy Cameroon SA a contribué lors de Journée Internationale de la Femme par une action d’émancipation de la femme Camerounaise à travers une formation sur le contrôle des niveaux liquides des véhicules et à la vérification des pneus pour une conduite en parfaite sécurité.

Notre vision Notre vision est de devenir l’acteur incontournable de la commercialisation des carburants et des lubrifiants d’excellente qualité au Cameroun, tout en redessinant, comme l’entrevoit notre groupe, le secteur de l’énergie et en valorisant l’auto-prospérité du continent.

Une offre aussi complète que diversifiée Notre offre de produits et services ne cesse de s’élargir pour répondre à l’essentiel des besoins de nos clients tout en nous adaptant aux évolutions du marché par des innovations régulières. Nos stations-services sont pensées d’abord comme des lieux de vie. Elles sont dotées d’une offre complète de produits et de services axés essentiellement sur la satisfaction de notre clientèle. Nos gammes d’huiles moteur Accel et DeoMAX nous permettent d’offrir des solutions et services de lubrification adaptés à tous les segments du marché. Nos


COMMUNIQUÉ

Le mot de l’Administrateur Général

•Le 8 mars 2020 : contribution à l’émancipation de la femme camerounaise à travers une formation à l’entretien automobile pour une conduite en parfaite sécurité.. lubrifiants et services après-vente associés couvrent les besoins des particuliers, l’agriculture, le BTP, les mines, les transports et flottes commerciales, les industries, la marine et l’aviation Nos laboratoires fixes et mobiles sont à la pointe de la technologie. Ils permettent un accompagnement technique dédié et sur-mesure que nous sommes seuls à offrir exclusivement à nos clients.

Pour nous au Cameroun, la croissance, c’est avant tout savoir écouter les besoins de nos clients et leur proposer des offres en ligne avec leurs préoccupations. En effet, face à des clients mieux informés et de plus en plus exigeants, OLA Energy Cameroon SA place la satisfaction client au cœur de sa stratégie, tant au niveau du déploiement de la nouvelle enseigne mais aussi de l’offre de nouveaux produits et services. Il est indéniable aujourd’hui que nos priorités sont connues et définies car concentrées sur la diversité de notre offre et la qualité de nos produits. À l’instar de la mise sur le marché des carburants additivés Optimium, nous avons également introduit le nouveau concept O’Lab. Ce laboratoire mobile d’analyse de qualité des carburants et lubrifiants sillonnera nos stations ainsi que les sites clients B2B sur tout

O’card est notre offre carte qui est disponible à travers l’intégralité de notre réseau de stations-service. O’card est la solution par excellence pour contrôler et maitriser les budgets carburants, tant pour les professionnels et flottes commerciales que pour les automobilistes particuliers. S’agissant de l’offre carburants, nous avons récemment lancé O’ptimium Super et Diesel. Ce sont des carburants additivés dont les capacités de nettoyage permettent aux moteurs non seulement de garder leurs circuits de combustions propres, mais aussi de rester en meilleur état plus longtemps. Ainsi, nos clients peuvent garder un moteur plus propre pour une longévité accrue. La vision et le changement insufflés par notre nouvelle identité visuelle riment également avec croissance et développement. Nous les avons bâtis autour d’un important programme d’investissement soutenu par lequel nous poursuivons notre politique d’expansion réseau et de développement accentué de nos activités B2B à travers toutes les régions du pays.

• O’Lab : lancement du laboratoire mobile, innovation exclusive d’OLA Energy Cameroon SA.

le territoire du Cameroun. Des audits énergétiques sont également prévus pour nos clients B2B afin de réduire leurs OPEX et de leur permettre de réaliser des gains sur leurs consommations énergétiques. D’autres innovations sont à venir… et nous travaillons ardemment à d’anticiper les besoins de nos clients et à assurer l’excellence en matière de sécurité et de respect de l’environnement, mais aussi de performance et de qualité des produits et des services que nous offrons. Grâce à nos talents et compétences 100 % camerounais, nous comptons bien réaliser notre ambition !

•Station OLA Energy NJO- NJO.

OLA ENERGY CAMEROON S.A.

en bref

La Société Camerounaise équatoriale de Fabrication des Lubrifiants.

OLA ENERGY CAMEROON S.A. SIÈGE SOCIAL 144, rue Joffre Akwa - B.P 4058 - Douala Tél. : + 237 233 43 51 00 / 237 677 09 12 19 / 691 85 25 46 E-mails : cmr.sales.marketing@oilibya.com info.cameroun@olaenergy.com (version française) info.cameroon@olaenergy.com (version anglaise) 6 autres bureaux et sites dans les principales villes du pays : Yaoundé, Douala, Bafoussam, Garoua, Bertoua.

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

• 77 stations-services dans les 10 régions • 2 dépôts aviation en JV • 1 usine de fabrication de lubrifiants en JV


GRAND FORMAT CAMEROUN

AGRO-INDUSTRIE

Emmanuel Néossi, nouveau roi de la fève

Déjà producteur et exportateur de cacao, ce self-made-man a fait irruption il y a un an dans le secteur de la transformation. Et nourrit plus que jamais des ambitions continentales.

ocalité banale à près de 200 km au nord-ouest de Douala, bordée par la rivière Nkam, qui donne son nom au département situé dans la région de l’Ouest, Kekem a connu son heure de gloire le 26 avril 2019. Ce jour-là, le Premier ministre Joseph Dion Ngute fait le déplacement pour inaugurer une usine de transformation de fèves de cacao de 32 000 tonnes. « La plus moderne du monde », s’avance son promoteur, Emmanuel Néossi, patron de Neo Industry, en vantant la technologie du groupe suisse Bühler, spécialiste de l’industrie mécanique. Grâce à un investissement de 54 milliards de F CFA (plus de 82 millions d’euros), le natif de Kekem a été propulsé sur le devant de la scène économique nationale. « Nous avons réussi à bousculer le monopole dans la transformation du cacao au Cameroun », se réjouit-il. Unique acteur sur ce créneau depuis près de six décennies, SIC Cacaos (filiale du groupe Barry Callebaut) a depuis réagi à cette nouvelle concurrence en augmentant ses capacités de traitement. D’autant que l’Ivoirien Bernard Koné

EN SIGNE DE GRATITUDE, LE SOUVERAIN DU PAYS BAMILÉKÉ LUI OCTROIE LE TITRE DE « MFEUDA », C’EST-À-DIRE DE « LEADER DE LA JEUNESSE ». 188

no3090 – JUILLET 2020

Dossongui s’apprête à lancer sa propre usine de transformation de 48 000 t dans la zone portuaire de Kribi.

Frénésie de projets

À 46 ans, Emmanuel Néossi, père de huit enfants, peut mesurer le chemin parcouru depuis 1993, lorsqu’il met un terme à sa formation en comptabilité au lycée technique de Kekem pour se lancer dans la cacaoculture. Il acquiert une parcelle et bénéficie quelques mois plus tard du coup de pouce de sa mère pour porter la superficie de sa plantation à 50 hectares. Une décennie s’écoule avant qu’il se lance dans l’achat et la revente de l’or brun aux exportateurs. L’américain ADM, tombé en 2015 dans le giron du singapourien Olam, lui offre en 2012 sa première opportunité à l’international. Pour gérer cette nouvelle activité, l’entrepreneur crée d’abord la société Producam, puis élargit progressivement son périmètre d’intervention. Il est aujourd’hui également présent dans l’immobilier (SCI Neo & Co.), le transit (All Logistics Transport) et la distribution alimentaire (Neo Food Distribution). Avec les succès vient la reconnaissance du pays bamiléké. Son souverain lui octroie le titre de mfeuda, c’est-à-dire de « leader de la jeunesse ». Ce self-made-man, qui se définit aussi comme un « grand membre du RDPC », le parti au pouvoir, vient par ailleurs de lancer la réhabilitation d’un marché (Neo Congo Mall), en partenariat avec la mairie de Douala, pour près de 28 milliards de F CFA. Pour autant, la transformation (Neo Industry) et l’exportation de la fève – Producam a réalisé un chiffre

MABOUP

L

OMER MBADI, À DOUALA

d’affaires de 260 millions d’euros en 2018, se classant troisième exportateur de cacao du pays derrière Telcar Cocoa de Kate Fotso et Olam – restent le cœur de l’activité de son groupe, dont le holding Neo Group est en cours de constitution. En attendant le doublement des capacités de l’usine de Kekem, Emmanuel Néossi s’est associé avec le groupe français CIOA (immobilier et conseil) pour créer Neo Real Estate, une coentreprise dans laquelle il détient 51 % des parts, afin de prendre pied dans le logement social et la construction routière. « Nous allons débuter par un projet pilote de 100 logements à Kekem, qui va ensuite être porté à 360 unités pour loger des ouvriers. L’objectif à long terme est de construire 25 000 logements dans les dix régions du pays grâce au savoirfaire de notre partenaire », détaille Serge Noutcha, le directeur du développement du groupe. Cette frénésie de projets préfigure l’ambition continentale d’Emmanuel Néossi, qui se rêve déjà en géant africain capable de tenir la dragée haute à Olam ou à Barry Callebaut.


COMMUNIQUÉ

AVIS D’EXPERT

Group Magil Construction 1655,rue de Beauharnois Ouest H4N1 Montréal, Québec Canada Email : international@magil.com

www.magil.com

Le Cameroun est une excellente plateforme pour développer notre activité en Afrique Pouvez-vous vous présenter ? La société Magil Construction a été créée en 1948 par Louis B. Magil et a démarré son activité dans la construction de maisons unifamiliales. Au fil des années, son activité a été élargie aux bâtiments non résidentiels et aux travaux publics. En 2009, la société a été rachetée par le groupe français Fayolle. Pour quelles raisons vous êtes-vous intéressés à l’Afrique ? Il y a cinq ans, la société a décidé de travailler à nouveau à l’international. En 2017, nous avons remporté un contrat significatif : la modernisation et l’agrandissement du Stade de la

ration commerciale canadienne) et le ministère des Sports. Nous avons été en charge de la réalisation du projet, en partenariat avec des fournisseurs et des sous-traitants notamment camerounais. Le Stade a été réalisé en respectant

Ing. Chef de la Direction Group Magil Construction

le délai prévu et il n’y a pas eu de dépassement de coûts. Suite à ce premier contrat, les autorités camerounaises nous ont confié en 2019 l’achèvement de deux autres projets : le Complexe sportif d’Olembé, près de Yaoundé ; et la pénétrante Est de Douala (9,8 km) ainsi qu’un second pont sur le fleuve Dibamba.

Nous sommes très satisfaits de la qualité et de l’excellent niveau de productivité des travailleurs camerounais Réunification à Douala, dans la pers-

Quel premier bilan tirez-vous ?

pective de la tenue de l’édition 2019 de

Nous avons travaillé dans un climat

la Coupe d’Afrique des Nations (CAN),

de transparence, d’intégrité et de

qui a ensuite été reportée à 2021.

confiance avec le maître d’ouvrage. Les responsables de Magil Construc-

Ce projet a consisté à porter la capacité

John MARCOVECCHI,

tion sur place ont pu constater la

du stade de 22000 à 40000 places et

qualité et l’excellent niveau de produc-

à le mettre aux normes de la FIFA. Le

tivité des travailleurs camerounais qui

contrat a été signé par la CCC (Corpo-

représentent 95% de la main d’œuvre

utilisée.Nous sommes également très satisfaits des prestations fournies par nos partenaires locaux. Le bilan est positif de tous les points de vue. Comment avez-vous fait face au Covid-19 ? Nous avons fourni à notre personnel les équipements de protection nécessaires (masques,visières,gel,etc.).Des mesures d’hygiène drastiques ont été mises en place (distanciation, lavage des mains, nettoyage des machines plusieurs fois par jour, etc.). Nous avons pu ainsi mener à bien notre activité : je tiens à saluer l’engagement de nos salariés camerounais dans cette épreuve difficile. Quels sont vos projets ? En dehors de l’Amérique du Nord et des Caraïbes,l’Afrique est le continent de l’avenir et nous voulons être des acteurs de ce développement en participant aux projets d’infrastructures.Le Cameroun est notre plateforme pour déployer notre activité en Afrique.


GRAND FORMAT CAMEROUN

FOOTBALL

Après s’être vu retirer l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations 2019, le pays a fait le nécessaire pour pouvoir accueillir l’édition 2021, mais la pandémie de Covid-19 pourrait conduire au report de la compétition à 2022.

CAN ça veut pas! 190

no3090 – JUILLET 2020


L

FRANCK FOUTÉ, À YAOUNDÉ

Le stade d’Olembe, à Yaoundé, où doivent se tenir, notamment, le match d’ouverture et la finale.

MABOUP

MABOUP

e chantier du stade d’Olembe échappe au confinement. De jour comme de nuit, le millier d’employés mobilisés pour la construction de la plus grande infrastructure sportive de Yaoundé continue de s’activer. Et ce malgré les mesures sanitaires prises par le gouvernement pour enrayer la propagation du Covid-19 dans le pays. En cette mi-mai, les ouvriers poursuivent le « piquetage du gazon » sur l’aire de jeu, laquelle laisse désormais apparaître un tapis verdoyant. Selon Franck Mathière, le vice-président de Magil construction, l’enStade treprise canadienned’Olembe chargée des travaux, le au complexe sportif sera Cameroun totalement opérationnel en octobre, soit trois mois avant le début de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), prévue du 9 janvier au 6 février 2021. Sauf que la pandémie de Covid-19 est passée par là, avec son lot d’incertitudes. Alors que toutes les compétitions internationales sont suspendues jusqu’à nouvel ordre par la Fifa, la Confédération africaine de football (CAF) doit impérativement organiser d’ici à la fin de l’année les quatre journées qualificatives qu’il reste aux différentes équipes pour espérer jouer la phase finale au début de l’année prochaine. Ce qui paraît peu réaliste dans le contexte actuel. Le Championnat d’Afrique des nations (CHAN), qui était programmé au Cameroun du 4 au 25 avril dernier et devait faire office de répétition générale avant la CAN 2021, est également dans l’expectative, aucune nouvelle date n’ayant été adoptée après son report en mars. Du côté de la CAF, la prudence est de mise. Son président, Ahmad Ahmad, affirme ne pas souhaiter « prendre une décision hâtive » pour la compétition continentale. Mais bien que l’instance dirigeante du football africain n’ait pas officiellement reporté l’événement, cette probabilité grandit au fil des jours.

En attendant, loin des cogitations du comité exécutif de la CAF, les chantiers progressent. Pour tourner la page du fiasco de 2019 – quand l’organisation de la compétition avait été retirée au Cameroun pour cause de retards dans les travaux d’infrastructures – et se projeter vers la CAN 2021, les autorités ont pris des mesures fortes. La principale fut de résilier, en novembre 2019, le contrat du groupe de BTP italien Piccini, chargé des travaux du complexe sportif d’Olembe après en avoir remporté, en décembre 2015, le marché de 160 milliards de F CFA (244 millions d’euros). Celui-ci a alors été réattribué à Magil construction pour donner un coup d’accélérateur au projet. L’entreprise canadienne venait d’assurer, à Douala, la lourde réhabilitation du stade de la Réunification et avait repris le chantier de la route PénétranteEst à une entreprise chinoise défaillante.

Inspection des infrastructures

Pour rassurer la CAF sur l’avancée des travaux dans les six sites retenus pour la CAN 2021, Narcisse Mouelle Kombi, ministre des Sports et président de la Commission d’organisation de la CAN (Cocan), a entamé le 2 juin une tournée d’inspection des infrastructures sportives, hôtelières et routières réservées à la compétition. Ce qui lui a permis de vérifier que tous les chantiers préparatoires étaient sur de bons rails. Ainsi, Douala affiche deux stades flambant neufs, et seules les voies d’accès de la ville sont encore en travaux. Idem à Bafoussam, où la voirie connaît un renouvellement intégral en vue des compétitions à venir. À Garoua, la construction du stade Roumde Adja est terminée, tandis que la rénovation du principal hôtel de la ville est sur le point de s’achever. Le stade de Limbe, qui a déjà accueilli en 2016 la CAN féminine, n’attend plus que le ballet des équipes et des supporteurs, tout comme le deuxième site retenu à Yaoundé, celui de Mfandena. À la fin de l’ensemble des travaux, le Cameroun devrait ainsi mettre à la disposition de la CAF sept stades de compétition et 25 terrains d’entraînement. Si l’hypothèse d’un report se confirmait dans les prochaines semaines, le Cameroun devrait sans doute patienter jusqu’en 2022 avant d’accueillir la compétition continentale. Cela lui permettrait d’organiser en janvier 2021 le Championnat d’Afrique des nations, initialement prévu en avril 2020. La CAN pourrait alors se tenir à l’été 2022, quelques mois avant la Coupe du monde au Qatar, annoncée du 21 novembre au 18 décembre.

no3090 – JUILLET 2020

191


Au service de l’industrie métallurgique et du développement national Avec la mise en route des grands projets structurants, le Cameroun a fait de l’acier un produit de consommation courante, de par la place privilégiée qu’il occupe dans la réalisation de ces ouvrages. Prometal qui célèbre ses 10 ans d’existence cette année, s’inscrit dans la vision du Chef de l’État camerounais à savoir, la promotion du « Made in Cameroon » contribuant ainsi, au développement structurel du pays, grâce à son apport dans le secteur de la métallurgie.

L

e Gouvernement du Cameroun s’est doté en 2009, d’une vision de développement à long terme du Cameroun, contenue dans le document « Cameroun-Vision 2035 ». Ce texte, qui définit une représentation du pays à l’horizon 2035, a pour ambition de faire du Cameroun un pays émergent ayant pour socles, la consolidation du processus démocratique et le renforcement de l’unité nationale. Cette stratégie globale requiert l’existence d’un secteur industriel fort et compétitif pour que le pays atteigne le statut de Nouveau Pays Industrialisé (NPI). L’objectif est que la production manufacturière représente 24% du PIB et que les produits manufacturés prennent une place importante dans la structure des exportations. Le Gouvernement a ainsi élaboré en mars 2017, un Plan Directeur d’Industrialisation (PDI). Celui-ci vise à structurer les priorités nationales pour que le statut visé ci-haut soit atteint.

DES ÉQUIPEMENTS PERFORMANTS Ce nouvel élan économique promeut par conséquent depuis plus d’une dizaine d’années, un tissu industriel particulièrement dynamique, dont l’objectif

est d’accompagner les grands projets structurants, porteurs de l’émergence du Cameroun d’une part et d’autre part, de mettre à la disposition de la demande nationale, une offre compétitive tant qualitative que quantitative, calquée sur les standards internationaux. C’est dans ce contexte qu’a été créée la société Prometal SARL (Prometal Aciérie), industrie lourde de transformation de l’acier en produits finis, semi-finis et finis destinés au bâtiment, aux travaux publics, à la construction métallique et à l’agriculture. Quatre métiers d’acier composent l’activité industrielle de la société : le laminage à chaud (fer à béton, etc.), le profilage (tubes, TPN, tôles toiture, etc.), le tréfilage (pointes et fils tréfilés, etc.) et le matériel agricole (machettes, brouettes, limes, etc.). Prometal dispose de trois sites de production et d’un quatrième en construction dont l’estimation d’achèvement est projetée à Décembre 2020. La société s’est dotée en 2016 d’un four à arc électrique, le premier du type en Afrique centrale et de l’ouest, hors Nigeria. Grâce à son système de traite-

ment thermomécanique (TMT) et à sa forte capacité de production (environ 200 000 tonnes/an), cet équipement permet de donner aux produits, les caractéristiques souhaitées par le client tout en répondant à son attente qualitative ; il permet ainsi de proposer des produits de qualité mais aussi en quantité.

UNE ENTREPRISE DE STANDARD INTERNATIONAL Prometal est un exemple réussi de contribution au développement du tissu économique camerounais sur la base d’une offre compétitive, qui permet de réduire les importations, d’économiser les devises, d’étoffer la trésorerie nationale mais surtout de valoriser le « Made in Cameroon » si cher au Chef de l’état. L’offre de la société répond aux standards internationaux grâce aux reconnaissances obtenues notamment ISO 9001 dans sa version en vigueur (première société métallurgique certifiée ISO 9001-2015 en Afrique subsaharienne) ; et Anor depuis 2014 (réglementation camerounaise). Dans ces conditions, le métier de l’acier n’est plus une exclusivité asiatique ou


COMMUNIQUÉ

2

3

européenne. L’industrie de la métallurgie fait la preuve de son existence et de sa compétitivité au Cameroun avec un impact au-delà des frontières nationales, l’entreprise étant considérée comme la mamelle nourricière en acier de la sous-région CEEAC.

UNE CONTRIBUTION AUX GRANDS CHANTIERS STRUCTURANTS La relance de l’économie camerounaise donne lieu à de grands investissements qui, pour la plupart, du fait de cahiers des charges exigeants, requièrent des données d’entrées garantes de la pérennité et de la sécurité des ouvrages liés à ces investissements. La qualité de l’offre de Prometal s’apprécie entre autres, au regard de la contribution aux grands chantiers structurants et emblématiques du Cameroun, notamment : le 2e pont sur le Wouri, les barrages hydroélectriques de Lom-Pangar et Memve’ele, les stades de football d’Olembé (Yaoundé) et Japoma (Douala), certaines autoroutes, les logements sociaux etc.

4

L’ENGAGEMENT SOCIÉTAL AU CŒUR DE LA CULTURE DE L’ENTREPRISE Le savoir-faire de la société repose sur une forte expertise humaine : près de 1 200 emplois œuvrent au quotidien dans le but de pérenniser et surtout labelliser ce fleuron de l’économie nationale. Pour disposer de telles ressources, Prometal a établi des partenariats avec des grandes écoles et des universités camerounaises afin de capter les talents nécessaires à son ambition. Le personnel est constamment formé ou mis à niveau afin de rester compétitif sur le plan international. Consciente que son évolution est arrimée à celle des communautés qui l’entourent, Prometal fait de leur accompagnement un engagement non négociable de sa stratégie globale. L’amélioration de leur qualité de vie, de leur santé et de leur éducation, sont des sujets indexés dans un plan d’action suivi et dont les réalisations ne se comptent plus dans l’arrondissement de Douala 3 e.

1 Four à arc électrique, seule technologie de ce type en Afrique Subsaharienne. 2 Fer à béton de Prometal en grade 50 dont les diamètres vont de 08 à 32. 3 Complexe multisports, dans la localité de Japoma près de Douala, à environ 20 kilomètres du centre urbain. 4 Travaux de construction de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen qui permettra de fluidifier la circulation dés sa livraison.

Z.I Magzi – Bassa. BP 3061 Douala – Cameroun Tél. : +237 233 37 85 85 / 95 Fax : +237 233 37 85 80 info@prometal-cm.com

www.prometal-cm.com

JAMG - PHOTOS : D.R.

1


GRAND FORMAT CAMEROUN

MUSIQUE

C

FRANCK FOUTÉ, À YAOUNDÉ

est la nouvelle coqueluche de la musique urbaine camerounaise. À 27 ans, la chanteuse Kameni – de son vrai nom Ebude Kate Kameni – est devenue une incontournable des playlists, et les DJ jouent ses tubes en boucle dans les clubs. À Douala, à Yaoundé ou encore à Kribi, la voix percutante de la jeune artiste séduit un public de plus en plus nombreux. Pour certains observateurs, elle incarne même la nouvelle génération, totalement décomplexée et fière d’une « camerounité » encore balbutiante. Kameni est surtout une artiste aux influences culturelles multiples, et ses chansons l’illustrent à souhait. La native de Limbe, dans le Sud-Ouest (ses parents sont des francophones originaires de Bafang, région de l’Ouest), a choisi de composer ses chansons en français, en anglais et en pidgin (un créole à base lexicale anglaise). Un style qui fédère la jeunesse, qu’elle soit francophone ou issue de la partie anglophone du pays. Signe d’une recette qui marche, Nayo-Nayo (« doucement-doucement »), le dernier single de la chanteuse, a été la deuxième chanson camerounaise la plus vue sur la plateforme YouTube au premier trimestre de 2020, selon des statistiques de la compagnie américaine.

ALAIN NGANN

Renaissance

La chanteuse Blanche Bailly.

Le bilinguisme en haut des charts Au cœur du débat sur l’héritage linguistique colonial, le français et l’anglais ont trouvé dans la chanson un terrain d’entente: un grand nombre d’artistes mêlent désormais les deux langues dans leurs morceaux, et ça marche! 194

no3090 – JUILLET 2020

La montée en puissance de Kameni n’est cependant que le dernier exemple d’une tendance déjà bien établie chez les artistes urbains camerounais. Depuis quelques années, les chanteurs et chanteuses locaux choisissent de mêler dans leurs morceaux le français, l’anglais et leurs dérivés. La formule séduit et a même enclenché une forme de renaissance de la scène musicale camerounaise. Les talents s’exportent à nouveau, les spectacles s’enchaînent, labels et sponsors ont refait surface. L’un des précurseurs du mouvement, le rappeur Stanley Enow, est aujourd’hui à la tête de son propre


Longtemps considéré comme une langue marginale, le pidgin est la nouvelle mode sur la scène musicale camerounaise. Vulgarisé dans le milieu francophone dans les années 1990 par Lapiro de Mbanga, un artiste engagé combattu par le pouvoir de Yaoundé, cet argot né d’un mélange d’anglais et de langues locales séduit de plus en plus de jeunes chanteurs. Blanche Bailly, Daphne, Jovi, Mr Leo… La nouvelle garde a brisé un tabou, au grand plaisir des fans, toujours plus nombreux. F.F.

Y

GRAPH

H OTO

Le rappeur One Love.

surprenait le public en cosignant une chanson de l’album de la superstar américaine Beyoncé The Lion King : The Gift. Le titre « Water », issu de cette collaboration et sur lequel apparaît aussi Pharrell Williams, autre grosse pointure de l’industrie musicale américaine, a figuré parmi les plus téléchargés de cet opus. L’exposition internationale dont jouissent à nouveau les artistes camerounais n’est cependant pas encore accompagnée de gains à la hauteur de leur popularité. Le rappeur Tenor n’aurait reçu que 27 000 euros pour une année de distribution de ses œuvres, lorsque des artistes nigérians annoncent des contrats bien plus importants. La grogne des chanteurs concernant leurs rémunérations alimente d’ailleurs régulièrement la presse people. « Le problème se trouve dans la nature des contrats qui sont signés par nos artistes », estime à ce sujet Franck Ghislain Onguene, critique musical. Et de poursuivre : « En s’engageant à cent pour cent, les artistes perdent l’importante source de financement que sont les shows privés tels que les mariages ou les anniversaires. Il faut juste revoir les conditions de ces contrats. » Compte tenu de la montée en puissance de la scène camerounaise, ça ne saurait tarder. EET P

Vivendi, a fait du Cameroun l’une de ses principales sources de talents. À ce jour, pas moins de sept artistes et acteurs de la scène musicale camerounaise ont rejoint cette écurie. En juillet 2019, Salatiel Sala’a, l’un des chanteurs les plus populaires,

TE STR

IL Y A UN AN, SALATIEL SALA’A SURPRENAIT LE PUBLIC EN COSIGNANT UN TITRE DE L’ALBUM DE LA SUPERSTAR BEYONCÉ.

DITES-LE EN PIDGIN

LABRU

label, Motherland Empire. En 2013, son premier single, Hein père, faisait le tour du continent, raflant au passage le titre de révélation de l’année lors des MTV Africa Music Awards, devant un certain Burna Boy. Depuis, la liste des artistes qui ont suivi la tendance avec succès ne cesse de s’allonger. Locko, Ko-C, Mimie, Blanche Bailly, Magasco ou encore Daphne font partie des plus en vue. Apprécié des francophones comme des anglophones, le bilinguisme leur permet non seulement d’être diffusés sur l’ensemble du territoire camerounais, mais surtout de proposer au reste du continent des contenus pouvant rivaliser avec ceux de l’industrie musicale du géant nigérian voisin. « C’est une opportunité d’ouverture », estime à cet effet la journaliste Irène Fernande Ekouta, spécialiste de musique. « Il s’agit de l’expression de l’influence d’une culture mondiale qui s’anglicise, avec une touche camerounaise. Dans les faits, il y a une meilleure présence de l’anglais sur la scène urbaine, même si on a l’impression qu’avec ce choix l’essence de la musique camerounaise – traditionnellement en français pour les francophones et en pidgin pour les anglophones – est un peu diluée », ajoute-t-elle. Après un passage à vide au cours des années 2000, la cote des artistes camerounais est repartie à la hausse. Depuis 2017, le label Universal Music Africa (UMA), filiale du groupe français

no3090 – JUILLET 2020

195


Olam célèbre

son investissement dans le développement du Cameroun D

epuis qu’Olam s’est établie au Cameroun en 1995, la compagnie et le pays n’ont eu de cesse d’approfondir leur partenariat. C’est l’histoire d’une entreprise impliquée dans la croissance économique du pays, pour créer des emplois destinés à une mains d’œuvre jeunes et dynamiques, ainsi que pour proposer des produits alimentaires de qualité à ses clients et ses consommateurs camerounais. « Nous employons près de 1 000 personnes mais notre relation avec le Cameroun est bien plus profonde, en soutenant les petits exploitants agricoles et en assurant l’approvisionnement de nos clients et par conséquent de l’ensemble des 26 millions de Camerounais », déclare Venkataramani Srivathsan, directeur général d’Olam, responsable pour l’Afrique et le Moyen-Orient. Les exportations de fèves de cacao et les importations de céréales et de riz sont les fondements de la relation entre Olam et le Cameroun sur les 25 dernières années. Elle a contribué à assurer la sécurité alimentaire du pays, en lui garantissant deux des aliments de base les plus consommer localement. Olam importe chaque annéjusqu’à 140 000 tonnes de riz et 130 000 tonnes de farine de blé, pour se classer parmi les trois principaux importateurs du marché camerounais sur ces deux matières premières essentielles. Dans le sens des exportations, Olam contribue de façon significative aux échanges commerciaux du Cameroun en l’aidant à faire du cacao la troisième source de revenus du pays, derrières les secteurs miniers et pétroliers. En 2019, l’entreprise a enregistré les crois-

sances de volume les plus importantes de la filière selon les Douanes camerounaises.

Soutenir Olam dans sa croissance future Avec son investissement sur le long terme et son importance dans la croissance globale du groupe, Olam Cameroun se devait de faire coïncider son 25ème anniversaire avec le nouveau modèle de développement initié par Olam International. En janvier de cette année, Olam International a annoncé un vaste plan de réorganisation, avec la création de deux entités aux activités bien distinctes : Olam Food Ingredients (OFI) et Olam Global Agri (OGA). Cette nouvelle structure doit permettre de répondre aux principales tendances constatées sur le marché alimentaire mondial, ainsi qu’à l’augmentation de la demande en nourriture, en aliments pour bétail ou en fibres dans les économies émergentes en forte croissance. Cette décision doit renforcer le plan stratégique soigneusement défini par Olam International pour les années 2019-2024. Au sein de cette nouvelle organisation, Olam Cameroun est parfaitement positionné pour apporter une contribution conséquente dans le développement à venir d’OFI et d’OGA.

Le Cacao camerounais, un ingrédient essentiel au succès Le dynamisme et les promesses du secteur cacaoyer camerounais sont une des principales raisons de la venue d’Olam dans le pays en 1995. L’approvisionnement et l’exportation de fèves de cacao ont tou-

jours constitué une activité essentielle de l’entreprise au niveau local pour lui permettre de s’établir comme l’un des deux acteurs de premier plan dans l’exportation de fèves de cacao, avec un volume annuel de 65 000 tonnes. Olam Cocoa a également été la première compagnie à investir au Cameroun dans la construction de nouveaux fours pour résoudre le problème du cacao fumé. L’une des principales initiatives prise par Olam Cameroun pour ses 25 ans, prévoit le lancement de la plateforme AtSource dans le pays. AtSource répond à de multiples objectifs sociaux et environnementaux et garantit une traçabilité en permettant à ses clients internationaux de suivre chaque étape du trajet réalisé par leurs produits.

Nourrir le Cameroun, un rôle crucial pour le bien-être du pays Bien que sa mission commence auprès des fermiers du « premier kilomètre », Olam est un acteur majeur sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, en particulier dans l’importation et la distribution de farine de blé et de riz. L’engagement d’Olam Cameroun envers les

besoins du pays en matière de céréales s’est traduit en 2012 par la construction à la périphérie de Douala, d’une minoterie dernier cri, d’une capacité de 500 tonnes par jour. Cette usine largement automatisée produit les aliments à base de farine de blé demandés par le marché local, du beignet à la baguette standard. La division riz d’Olam Cameroun est deve-


MESSAGE

Olam est une compagnie locale mais notre empreinte est mondiale. Nous sommes très optimistes

Olam Cameroun possède sa propre compagnie de manutention portuaire, CREST, en charge de la logistique – réception et distribution – de 150 000 tonnes de riz par an. Elle fournit également de l’emploi direct et indirect à plus de 300 Camerounais.

Un engagement vers le futur Olam Cameroun recherche constamment de nouveaux moyens pour contribuer à l’économie, au bien-être du pays et de sa population. Depuis 2017, Olam Cocoa a mis en place un programme de développement durable, avec le but essentiel d’aider les fermiers à améliorer leurs conditions de vie, en augmentant les rendements à l’hectare et en apportant de meilleures pratiques post-récoltes ; en assurant l’accès aux ser-

vices et aux équipements sociaux de base ; en formant les fermiers aux procédures basiques de commercialisation ; en contribuant à une amélioration générale du niveau de vie des communautés paysannes. Aujourd’hui, la compagnie a déjà créé une trentaine de coopératives travaillant avec plus de 7 000 fermiers au total. La certification UTZ, label standard dans l’industrie agroalimentaire soutenable, a été apportée à plus de 2 000 exploitants en 2019, pour un budget de 150 millions de francs CFA. En collaboration avec la Fair Labor Association, Olam est la première société à avoir mis en place un programme de lutte contre le travail des enfants au Cameroun, en s’assurant que ses approvisionnements de cacao n’impliquent pas une telle pratique et ne proviennent pas de zones forestières protégées.

concernant le futur de l’agroindustrie au Cameroun et Olam s’est engagé à améliorer ses investissements et son implication dans le pays. Nous continuerons de regarder toutes les opportunités qui se présenteront pour Olam ainsi que pour les Camerounais.”

Mr Rahul Mittal,

directeur général d’Olam Cameroun

L’entreprise a également enregistré d’excellents progrès dans sa lutte contre le gaspillage alimentaire. En multipliant les décisions sensées telles que l’utilisation de sacs plus solide et de palettes de qualité, l’équipe en charge du secteur riz au Cameroun a sauvé plus de 2 500 tonnes de riz comestible entre 2012 et 2016. Cela équivaut à 50 millions de portions de riz, ce qui est suffisant pour nourrir chaque Camerounais deux fois au cours de ces cinq années.

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

nue l’un des plus importants contributeurs aux efforts du pays pour assurer sa sécurité alimentaire. En tant qu’importateur et distributeur de riz leader sur le marché camerounais, la compagnie dispose d’un solide réseau qui aide le pays à répondre aux besoins des communautés dans les différentes régions. En se concentrant sur la qualité et le goût, ses différents marques – Riz Mémé, Riz Bijou, Royal Feast et Lune d’Afrique – sont devenues des références reconnues et appréciées dans tout le pays. Riz Bijou et Riz Mémé Cassé ont été récompensés respectivement en 2016 et 2018 comme étant les meilleures marques de riz du Cameroun et elles continuent d’être aujourd’hui encore parmi les plus prisées des consommateurs.

Les 25 dernières années ont assisté à l’établissement d’une relation unique entre le Cameroun et Olam. Mais il faut toujours faire plus et mieux. années.

Olam Cam SA Avenue D L Udeac Zone Portuaire Douala, Cameroun Cameroon@olamnet.com Tél. : +237 233426815

www.olamgroup.com


GRAND FORMAT CAMEROUN

Tribune

Crise d’identités Hemley Boum

Romancière camerounaise

L

e Cameroun s’enorgueillit de 200 ethnies différentes. Votre patronyme suffit à vous situer dans la géographie complexe du pays. Vous reliant à l’histoire, aux us et coutumes supposés de votre groupe ethnique, il vous y assigne aussi. Même dans une ville aussi cosmopolite que Douala, toutes les sphères de la vie sociale prennent en compte ces appartenances. Aussi est-il normal de se l’entendre rappeler dans toutes sortes de plaisanteries omniprésentes dans le quotidien. Longtemps, j’ai pensé que la pluralité assumée de nos identités nous protégeait des déchirements dont les conflits ethniques sont le prétexte dans d’autres pays d’Afrique. Mais au Cameroun, ces dernières années, une colère sourde et un long désenchantement, qui peinent à s’exprimer sur la place publique, prennent le chemin d’absurdes détestations. Dans une perception irrationnelle du malaise et de l’inconfort, qui sont le lot commun, certains éprouvent le besoin de rejeter sur l’autre et ses supposées tares la responsabilité des désordres dont ils sont victimes. Plus inquiétant mais pas surprenant, le rejet génère sa propre logique dévastatrice. Chacun finit par s’approprier les défauts que l’autre lui impute, jusqu’à en faire une composante de sa construction identitaire. La tribu, le village sont perçus au Cameroun comme le refuge ultime, dans une société où la solidarité nationale est gangrenée par la corruption et le népotisme. Dans ce contexte, les crises génèrent une recrudescence des replis identitaires, avec leur corollaire de crispations ethniques. Les tensions ont été nombreuses ces trois dernières décennies, et elles connaissent un apogée mortifère avec la crise anglophone, les désordres dus au terrorisme dans l’Extrême-Nord, les désaccords électoraux et la lutte impitoyable pour la succession d’un pouvoir en fin de règne. Les invectives continuelles en référence aux appartenances tribales finissent par se traduire en actes. Les allégeances et les prises de position des personnalités publiques sont lues au travers de ce prisme déformant. Les groupes ethniques sont encouragés à se penser en forteresse assiégée, à instaurer un cercle pervers de rétorsion sauvage.

198

no3090 – JUILLET 2020

La pléthore de peuples coexistant dans ce pays rend incompréhensibles aux étrangers les différentes ramifications, les rancunes anciennes et les trahisons récurrentes qui mutilent le tissu social. Reste que la question tribale pollue les débats et fragilise toute tentative de conciliation. De même constate-t-on que l’exacerbation des différends ethniques est le fait des élites, qu’elles soient politiques, universitaires, artistiques, religieuses ou économiques. Celles-ci théorisent et conceptualisent des partis pris discutables censés inscrire leur passé victimaire dans une perspective historique, ce qui, de facto, transformerait leur propre communautarisme malsain en nécessaire résistance.

Des élites disqualifiées

Omniprésentes dans les médias, les réseaux sociaux, avec la visibilité et la puissance conférées par leur statut, les élites camerounaises ont essentialisé leurs adversaires. En lui offrant une tribune, une justification, des arguments, en manipulant les symboles et les croyances, en faisant taire sans ménagement toutes les voix qui tentaient l’apaisement, elles ont légitimé le tribalisme. Le fait n’est pas nouveau. La guerre d’indépendance a été largement discréditée de cette manière, et les nouveaux pouvoirs ont compris l’intérêt d’asseoir leur domination sur l’instrumentalisation des différences. Dans ce cas particulier, les outils modernes de l’information ont démultiplié la propagation du mal. Le biais cognitif est tel que chacun n’entend et ne voit plus que ce qui vient conforter ses convictions, mais aussi ses angoisses. Effet boomerang inattendu, ces élites se sont elles-mêmes disqualifiées. Incapables de convaincre au-delà des groupes qui leur sont déjà acquis, elles ont perdu la crédibilité nécessaire pour porter un projet inclusif, un « en commun » crédible. Leur assise fragmentée et fragile contribue à aggraver une conjoncture sociale déjà fort tendue. La diversité des langues, des paysages, la richesse des cultures et des croyances ont longtemps fait dire aux Camerounais qu’ils étaient l’Afrique en miniature. Les conflits qui déchirent le pays évoquent encore une certaine Afrique, mais pas celle dont on peut être fier.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.