JA 3092 du 30 août 2020 GF CI

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SEPTEMBRE 2020

MALI LE RÉCIT EXCLUSIF DE LA CHUTE D’IBK NO 3092 – SEPTEMBRE 2020

CONGO

LE COMPTE À REBOURS

1960

L’ANNÉE OÙ L’AFRIQUE S’EST RÉVEILLÉE

14 pages

RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE

NOS ENTREPRISES FACE AU COVID-19 8 pages

BURKINA

GILBERT DIENDÉRÉ, UN PRISONNIER COURTISÉ

2011-2020

JEUNE AFRIQUE N O 3 0 92

le vrai bilan

Modernisation des infrastructures, de l’économie et des institutions, mais aussi persistance des inégalités et retour des tensions politiques… Enquête sur les quinquennats d’Alassane Ouattara et sur les défis du futur exécutif, à quelques semaines de la présidentielle. Spécial 24 pages Algérie 420 DA • Allemagne 9 € • Belgique 9 € Canada /A 12,99 $CAN • Espagne 9 € • France 7,90 € Grèce 9 € • DOM 9 € • Italie 9 € • Maroc 50 MAD Pays-Bas 9,20 € • Portugal continental 9 € • RD Congo 10 USD Suisse 15 CHF • Tunisie 8 TND • TOM 1 000 XPF Zone CFA 4800 F CFA • ISSN 1950-1285





GRANDFORMAT

DE AGOSTINI VIA GETTY IMAGES

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

CÔTE D’IVOIRE

Ce qui a changé, ce qui doit changer Modernisation du pays, de ses institutions, de son économie, mais aussi persistance de la pauvreté et des tensions sociopolitiques… Le point sur les deux quinquennats d’Alassane Ouattara et sur ce que devront être les priorités du futur exécutif, quel qu’il soit, à l’issue de la présidentielle des 31 octobre et 28 novembre. no3092 – SEPTEMBRE 2020

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Sourire au savoir

Opérateur Digital Engagé


ÉDITORIAL

André Silver Konan @andresilverkona

Qui n’exige rien n’a rien

L

a plupart des Ivoiriens, quels que soient leur bord politique ou leur activisme citoyen, sont unanimes : bien des choses doivent changer dans leur pays. Que ce soit du côté de la classe politique – tant dans le camp de la majorité que dans celui de l’opposition – ou du côté de la société civile. Le 6 août, à la veille de la célébration des 60 ans de l’indépendance, Alassane Ouattara a dressé un bref bilan de ses deux mandats à la tête du pays, notant des avancées majeures et relevant les réglages à opérer. « J’entends également renforcer les actions de rassemblement et de réconciliation de tous nos compatriotes », a-t-il souligné. À deux mois de la présidentielle et alors que des violences préélectorales ont éclaté, le besoin de réconciliation est particulièrement prégnant dans un pays qui a connu une grave crise entre décembre 2010 et avril 2011 (au moins 3 000 morts). L’institutionnalisation du processus de réconciliation, à travers la création de structures qui ont été dissoutes par la suite, a montré ses limites. Résultat : le pays a vu émerger divers conflits communautaires, très souvent alimentés par des antagonismes partisans. En l’occurrence, s’il est un sujet sur lequel toute la classe politique ivoirienne est d’accord, c’est bien celui de la nécessité d’une réconciliation nationale. D’une vraie réconciliation nationale.

En panne de propositions

Au-delà de celle-ci, la réflexion doit surtout porter sur une vision globale pour la Côte d’Ivoire. « Qu’est-ce que nous voulons réellement pour elle ? Que voulons-nous que soit ce pays dans

le concert des nations ? » s’interroge l’écrivain Charles Pemont. De fait, il est affligeant de constater l’absence de propositions nouvelles. À l’orée de la présidentielle, les trois principaux partis du pays, à savoir le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti au pouvoir), le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, d’Henri Konan Bédié) et le Front populaire ivoirien (FPI) – les deux branches du parti confondues, celle favorable à Laurent Gbagbo et celle favorable à Pascal Affi N’Guessan –, n’ont pas encore dévoilé leur programme pour les cinq années à venir. Ce qui laisse supposer que ces projets de société sont encore soit en cours d’élaboration, soit en cours de validation. Dans un cas comme dans l’autre, il y a de quoi s’inquiéter tant l’impréparation et les tâtonnements dans la gouvernance peuvent nuire au pays dans les années à venir.

Projets de société

Les Ivoiriens comme les observateurs étrangers sont unanimes : si on en est arrivé à reléguer la question des programmes politiques et des projets de société au second plan, c’est bien parce que les citoyens ne manifestent pas assez d’intérêt à leur égard. « Soixante ans après l’indépendance, dont trente en tant que pays ouvert au multipartisme, les Ivoiriens devraient être de plus en plus exigeants envers leurs dirigeants. Que ce soit dans les domaines culturel, économique, social ou politique, explique le politologue Sylvain N’Guessan. Si le changement est réclamé et porté par les masses, les élites seront contraintes de changer. Le contraire n’est pas évident. »

168 ENJEUX

La décennie Ouattara

174 CHANTIERS

Bilan et perspectives, en dix dossiers phares 175 Réformes des institutions et nouvelle Constitution 176 Réconciliation 178 Sécurité 182 Restructuration de l’économie 184 Agroalimentaire 186 Modernisation du pays 188 Énergie 191 Aménagement urbain 194 Santé 195 Éducation

198 SOCIÉTÉ Babi nostalgie

1960-2020… Balade dans l’Abidjan d’hier et d’aujourd’hui 206 Musique

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GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

ENJEUX

La décennie Ouattara


À tout juste deux mois de la présidentielle, l’heure est venue de dresser le bilan du chef de l’État sortant. Mais depuis qu’il s’est déclaré candidat à sa succession, les analyses sont devenues partisanes, et l’ambiance s’est tendue.

L

VINCENT DUHEM, À ABIDJAN

ISSOUF SANOGO/AFP

Le président et son épouse, Dominique Ouattara, à Dabou, en août 2015.

e destin d’un homme politique peut basculer au moment d’une décision, d’une action ou d’un discours. Alassane Ouattara (ADO) aurait pu être le premier chef de l’État ivoirien à mettre son pays sur les rails d’une alternance pacifique. Et on aurait pu analyser sereinement le bilan de ses deux mandats successifs, en prélude à l’élection de son successeur, quel qu’il soit. On aurait alors salué sa décision de se retirer, mis en avant les forces et les faiblesses de son action, les acquis légués à une nation en reconstruction après une décennie de crise politico-militaire, les grands chantiers encore à parachever. À la tête de sa fondation pour le climat et la bonne gouvernance, ADO, lui, aurait parcouru les conférences internationales, joué le rôle de sage à l’occasion de médiations continentales. Mais sa décision de briguer un troisième mandat, intervenue après le décès brutal, le 8 juillet, d’Amadou Gon Coulibaly, son Premier ministre et candidat désigné du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a tout changé. « ADO a d’ores et déjà manqué sa sortie. Quel que soit le scénario, son image sera écornée pour quelques années », estime Arthur Banga, enseignant-chercheur à l’université FélixHouphouët-Boigny d’Abidjan, qui, comme de nombreux observateurs, craint que le choix du chef de l’État de se représenter n’entraîne un retour de la violence. « L’élection se déroulera sans encombre. Et s’il perd, Alassane

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GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

ENJEUX

Ouattara quittera le pouvoir comme l’a fait Abdoulaye Wade au Sénégal en 2012 », tempère l’entourage du chef de l’État. Reste que sa candidature – la façon dont elle a été orchestrée, puis annoncée lors d’un discours à la nation, le 6 août, à la veille de la fête nationale – est aussi le symbole d’une façon de gouverner: une volonté de tout contrôler, un sentiment d’être indispensable, une réticence à ouvrir le débat et une certaine confusion entre le parti et l’État. Après les premiers mouvements de contestation, le 13 août, qui auront fait six morts, ADO a par ailleurs interdit toute manifestation sur la voie publique jusqu’au 15 septembre.

Des résultats concrets

À son arrivée au pouvoir, en avril 2011, après vingt années de lutte politique, ADO a suscité d’importantes attentes. Son parcours respecté au FMI et à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest rassurait. Son premier mandat fut maîtrisé. Bénéficiant d’un bloc politique fort, d’une opposition quasi inexistante et du soutien des partenaires extérieurs, Alassane Ouattara est parvenu à faire redémarrer l’économie (lire p. 182) et à rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire (pp. 178-179). « La forte croissance et la bonne gestion des finances publiques ont permis à la Côte d’Ivoire d’avoir un accès important aux marchés internationaux, ce qui a facilité le financement des grands projets », estime un homme d’affaires. Des résultats concrets, et globalement salués, sur lesquels le chef de l’État s’est appuyé pour se faire réélire très facilement en 2015. En faisant alors de « l’Ivoirien nouveau » son grand thème de campagne, promettant d’axer ses efforts sur la transformation de l’économie, sur les jeunes et les femmes, sur la lutte contre la corruption et sur la réconciliation (lire p. 176). Mais après une première année consacrée à la mise en place de la nouvelle Constitution (p. 175), les tensions politiques et sociales ont resurgi. Mutineries dans l’armée, grèves dans la fonction publique, crise du secteur du cacao et tensions au sein de la coalition RHDP au pouvoir ont rythmé l’année 2017. Des soubresauts qui ont mis en lumière certaines insuffisances. « Alassane Ouattara a construit sa stratégie de sortie de crise sur le socle d’une croyance quasi mystique dans le pouvoir transformateur de l’économie libérale. Une croyance profondément ancrée, mais qui aura montré ses limites », écrivait le sociologue Francis Akindès en décembre 2017 dans un numéro de la revue Politique africaine. « Le discours triomphaliste

sur les performances économiques contraste avec la résurgence des problèmes non résolus et la dénonciation de la corruption de la classe politique, poursuivait le sociologue. Dans un pays où l’on sent monter la fièvre d’une aspiration collective à un changement qualitatif des conditions de vie, combien de temps encore pourra durer la tolérance à l’augmentation des inégalités sociales, politiques et économiques? » En parallèle, l’alliance politique qu’il avait mise en place s’est effritée. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), d’Henri Konan Bédié, fut le premier à s’éloigner, suivi par plusieurs figures importantes de son dispositif : Guillaume Soro, Marcel Amon Tanoh et Daniel Kablan Duncan, qui a démissionné de la vice-présidence en juillet. ADO l’économiste s’est peu à peu mué en chef de parti, maniant la carotte et le bâton pour tenter d’imposer ses vues. Ces dernières années, de nombreux cadres du PDCI et des proches de l’ex-président de l’Assemblée ont ainsi été limogés de leurs postes dans l’administration. Les condamnations qui ont frappé Soro, Blé Goudé et l’ancien président Gbagbo ont de leur côté renforcé le sentiment d’une justice à sens unique, qui n’aura pas fait la preuve de son indépendance. Pour le politologue Gilles Yabi, fondateur du think tank Wathi, « le deuxième mandat d’ADO a aussi été marqué par une volonté de se maintenir au pouvoir par tous les moyens. C’est symptomatique d’une façon de gouverner. On prend des risques importants lorsque le pouvoir politique est déterminant pour l’accès aux opportunités économiques. Les acteurs politiques sont alors prêts à tout pour rester au pouvoir. » Un comportement qui n’est certes pas nouveau, mais qu’Alassane Ouattara ne sera pas parvenu à rectifier. « Toute l’action gouvernementale – la poursuite des travaux d’infrastructures (lire p 186), les mesures pour lutter contre la pauvreté, etc. – a été noyée dans les intrigues politiques », déplore de son côté un proche d’Alassane Ouattara, qui fait grief à l’opposition de n’avoir jamais adopté une démarche réellement constructive. C’est dans ce contexte marqué par un fort antagonisme que se prépare donc l’élection présidentielle. Un scrutin de tous les dangers, qui, dix ans après la fin de la crise postélectorale, inquiète désormais de Ouagadougou à Paris, en passant par Dakar, Accra, Bamako et Abuja.

ADO L’ÉCONOMISTE S’EST PEU À PEU MUÉ EN CHEF DE PARTI, MANIANT LA CAROTTE ET LE BÂTON POUR TENTER D’IMPOSER SES VUES.

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AU CŒUR DE L’INVESTISSEMENT EN CÔTE D’IVOIRE

CEPICI, le guichet unique de l’investissement en Côte d’Ivoire Créé en 1993 et restructuré en Septembre 2012 par le Décret N° 2012-867 du 06 septembre 2012 qui en fait, le GUICHET UNIQUE DE L’INVESTISSEMENT EN COTE D’IVOIRE, le CEPICI est un véritable outil gouvernemental de promotion des investissements privés et de développement du secteur privé. Il fédère, coordonne et rationalise l’ensemble des initiatives et actions gouvernementales en matière de promotion des investissements et de développement du secteur privé. Il contribue de ce fait, à la mise en œuvre des Plans Nationaux de Développement (2012-2015) et (2016 – 2020). Maillon essentiel de la promotion du Secteur Privé, cet outil de développement du pays a enregistré les performances ci-dessous : • Contribution aux objectifs d’attraction des investissements privés du PND (2012 – 2015) à hauteur de 42 %, avec une prévision de 41 % sur la période (2016 – 2020) ; • Coordination des actions qui concourent à l’amélioration de l’environnement des affaires, aussi,

la Côte d’Ivoire fut-elle, trois années (2014 ; 2015 et 2019) dans le top dix des pays les plus réformateurs en matière de climat des affaires ; passant ainsi de la 177 e place en 2012 à la 110 e place en 2019, soit 67 places gagnées ; • Facilitation du processus de création d’entreprises avec un Guichet Unique qui voit, croître année après année le taux de création d’entreprise soit une moyenne de + 45 % d’une année à une autre ; • Accompagnement des jeunes entrepreneurs, notamment grâce à son programme Start Up.

… Avec un nouveau code des investissements incitatif La Côte-d’Ivoire a adopté un nouveau code des investissements à travers l’Ordonnance N°2018-646 du 1er août 2018. Ce nouveau dispositif vise à renforcer les objectifs de promotion des investissements productifs et socialement responsables, de valorisation du contenu local et de renforcement de la compétitivité des entreprises.

Ce code se caractérise par les innovations suivantes : - Une catégorisation des secteurs ; - Une répartition du territoire national en trois (03) zones et durée des avantages accordés ; - Le renforcement des incitations par l’utilisation des éléments liés au contenu local que sont le recrutement de cadres nationaux, la sous-traitance, la participation des nationaux au capital de l’entreprise créée ; - Le seuil d’éligibilité de l’agrément ; soit un seuil minimum de 200 millions FCFA pour les grandes entreprises et un seuil maximum de 50 millions FCFA pour les PME.

Un climat des affaires en constante amélioration Engagé dans une dynamique de renforcement de son secteur privé, la Côte d’Ivoire a fait de l’amélioration constante de l’environnement des affaires, une priorité. Ainsi, depuis le début du processus initié en 2013, de nombreuses réformes ont été mises en œuvre et il convient de noter qu’elles ont eu pour objet de renforcer la solidité des institutions juridiques, réduire les coûts, les délais et les procédures administratives, lever les entraves et complexi-


COMMUNIQUÉ

Ces réformes réalisées portent entre autre, sur les indicateurs Doing Business suivants : • La c ré a ti o n d ’ e n tre p ri s e s ; l’octroi du Permis de Construire ; • Le tra n s fe r t d e p ro p r i é té ; le raccordement à l’électricité ; • L ’ exé c u t i o n d e s c o n t ra t s ; le paiement des impôts et taxes.

… À l’ère de la dématérialisation En outre, il importe de souligner que le Gouvernement ivoirien, s’inspirant des bonnes pratiques d’amélioration de l’environnement des affaires, a adopté le 23 juillet 2015, la Charte pour l’amélioration de l’environnement des affaires qui manifeste son engagement irrévocable à la dématérialisation des services publics avec pour objectif : • avoir des procédures simplifiées et connues de tous ; • agir avec célérité ; • agir dans la transparence ; • être facilement accessible ;

> Un portail unique des services à l’investisseur en Côte d’Ivoire : 225 INVEST Accessible à l’adresse www.225invest.ci le portail a été conçu pour centraliser et faciliter les formalités des entreprises. Il fédère l’ensemble des services administratifs dématérialisés disponible sur le territoire.

Conformément à cette ordonnance, toutes les entreprises en activité, créées avant le 04 octobre 2018, ont l’obligation légale de disposer d’un numéro d’identifiant unique IDU, avant le 1er Janvier 2021, pour toutes leurs formalités administratives et leur activités économiques. Site web : www.idu.ci Contact : +9901 / +225 22 01 79 17 22 01 79 18 - 22 01 79 19 Autre contact : le centre opérationnel.

> L’identifiant unique (IDU), le numéro de châssis des entreprises ivoiriennes Le numéro d’identification (IDU) remplace les numéros habituellement générés lors de la création d’une entreprise, à savoir le Registre du Commerce, le numéro de Compte Contribuable et le numéro CNPS. L’application de ce nouveau numéro d’immatriculation des entreprises exerçant en Côte d’Ivoire est entrée en vigueur depuis le 04 octobre 2018.

M. Esmel Emmanuel Essis, Ministre de la Promotion de l’Investissement Privé, Directeur Général du CEPICI.

CEPICI,

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tés liées au processus administratifs, et d’induire la transparence et une meilleure efficacité dans les processus administratifs.

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GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

DIX CHANTIERS PHARES

Retour vers le futur

NABIL ZORKOT

Réformes institutionnelles, apaisement de la vie politique, aménagement du territoire, modernisation du pays, progrès sociaux… Les changements opérés depuis 2011 sont tangibles dans de nombreux domaines. Même si beaucoup reste à faire.

Vue aérienne de la capitale économique et de l’autoroute du Nord.


Dessine-moi une Constitution

L

BAUDELAIRE MIEU, À ABIDJAN

LUC GNAGO/REUTERS

aboutissement du vaste chantier des réformes relatives à la réorganisation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaire s engag é e s sous la présidence d’Alassane Ouattara est sans conteste la nouvelle Constitution, adoptée par référendum le 30 octobre 2016 et promulguée le 8 novembre suivant. Pour le chef de l’État, cette Constitution devait consacrer l’entrée du pays dans sa IIIe République, pour l’installer durablement dans la paix, la stabilité, la modernité, et renforcer sa cohésion. En mars, l’Assemblée nationale et le Sénat, pour la première fois réunis en Congrès, à Yamoussoukro (le Sénat ayant lui-même été créé par la nouvelle Loi fondamentale), ont adopté la première révision de la Constitution depuis son entrée en vigueur. L’un des principaux amendements concernait la suppression du ticket présidentiel, qui avait été calqué sur le modèle américain lors de la création de la fonction de vice-président, en 2016, prévoyant que ce dernier soit choisi par le candidat à la magistrature suprême et « élu en même temps que lui ». Cette mention est désormais caduque : ce sera au président, une fois élu et en accord avec le Parlement réuni en Congrès, de nommer son vice-président, qu’il pourra limoger à tout moment. Ces réaménagements ont exacerbé les tensions entre Alassane Ouattara et Daniel Kablan Duncan, son vice-président, qui a fini par démissionner le 8 juillet. Outre la création de la fonction de vice-président, la Constitution de 2016 a introduit de nouvelles conditions d’éligibilité à la magistrature suprême, qui seront donc appliquées pour la première fois lors du scrutin présidentiel du 31 octobre prochain : celle-ci comporte notamment la

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Alassane Ouattara, présentant le projet de nouvelle Loi fondamentale à l’Assemblée nationale, le 5 octobre 2016.

suppression de la limite d’âge maximal de 75 ans, l’abaissement à 35 ans de l’âge minimal pour se présenter et l’évacuation du concept d’« ivoirité », qui a miné la stabilité du pays pendant plus de dix ans.

Continuité parlementaire

La Constitution de 2016 a également permis de rationaliser l’organisation et le fonctionnement des instances judiciaires et juridictionnelles. Ainsi, la Cour de cassation et le Conseil d’État, qui faisaient auparavant partie de la Cour suprême, deviennent indépendants, comme la Cour des comptes. Leurs présidents et membres nommés, ces nouvelles institutions de la République sont désormais en fonction. Installée depuis novembre 2019 et dirigée par la magistrate Nanaba Chantal Camara, la Cour de cassation a par ailleurs repris les prérogatives de la Cour suprême, qui a donc été supprimée lors de la révision constitutionnelle

de mars 2020… Laquelle a également permis de garantir la continuité parlementaire en disposant qu’en cas d’impossibilité d’organiser des élections législatives ou sénatoriales les chambres restent en fonction jusqu’à l’organisation du scrutin suivant. Les parlementaires de l’opposition ont boycotté une partie des travaux de la révision, car ils étaient sceptiques, tout comme une partie de la société civile ivoirienne, sur l’opportunité de procéder à de tels amendements, en mars, alors que tous les esprits étaient préoccupés par la lutte contre la pandémie de Covid-19. Beaucoup y ont vu une tentative de manipulation de la majorité pour accroître son contrôle sur les systèmes exécutif, législatif et judiciaire, et sur le déroulement des prochains scrutins Pour l’exécutif, il s’agissait d’assurer un meilleur fonctionnement des institutions et, au contraire, de renforcer la démocratie et le climat de stabilité.

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GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

DIX CHANTIERS PHARES

À quand le grand pardon?

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La sphère politique est accusée de partialité, l’institution judiciaire de complaisance, l’administration de lenteur… Le bilan du processus de réconciliation nationale reste mitigé.

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BENJAMIN ROGER

ès le soir de l’arrestation de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, Alassane Ouattara annonçait qu’il mettrait sur pied une commission chargée de « faire la lumière sur tous les massacres, crimes et autres violations des droits de l’homme » commis en Côte d’Ivoire durant la crise postélectorale. Il en fait « une priorité » de sa présidence, et, quelques mois plus tard, crée la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR), dirigée par un ex-Premier ministre de Laurent Gbagbo, Charles Konan Banny. Le démarrage des travaux de la CDVR est laborieux. Son mandat initial prolongé de deux ans, elle remet son rapport final en 2014, après l’audition de plus de 70 000 victimes.

En quête de vérité

SIA KAMBOU / AFP

Afin de dédommager ces dernières, le gouvernement débloque un fonds de 10 milliards de F CFA (environ 15 millions d’euros) et crée un nouvel organe, la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv), présidée par Mgr Paul Siméon Ahouana, l’archevêque de Bouaké. Chargée d’enquêter sur les crimes commis entre 1990 et 2011, la Conariv recense plus de 300 000 victimes. Mais elle disparaît à son tour en 2017, et ses attributions sont confiées au ministère de la Solidarité. Selon le gouvernement, le processus d’indemnisation, toujours en cours, a permis de distribuer 3,8 milliards de F CFA aux ayants droit de 4500 victimes.

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On est encore loin du compte. En parallèle, dès 2011, une cellule spéciale d’enquête et d’instruction (CSEI) composée de juges d’instruction et d’officiers de police judiciaire est mise en place afin de poursuivre en justice les auteurs de violences commises durant la crise postélectorale de 2010-2011. Mais les opposants à Alassane Ouattara critiquent avec virulence une « justice des vainqueurs » qui, selon eux, ne se pencherait que sur les crimes commis par les forces loyales à Laurent Gbagbo. Exemple: le massacre de Duékoué, où 300 à 800 civils ont été tués à la fin de mars 2011. À l’époque, la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) avait imputé la plupart de ces morts aux Forces républicaines d’Alassane Ouattara et à leurs supplétifs. « Où sont les coupables? Qui a été jugé pour ce massacre ? Personne. Seuls des pro-Gbagbo ont été poursuivis pour des violences durant la crise postélectorale. La réconciliation nationale ne peut se faire sans vérité et sans

En août 2018, Simone Gbagbo est amnistiée par une ordonnance présidentielle.

justice. Ce qui a été fait depuis dix ans est un échec total », s’indigne Franck Anderson Kouassi, porte-parole du Front populaire ivoirien (FPI). « Certains essaient de politiser la justice, rétorque Sidi Touré, le porte-parole du gouvernement. Depuis son arrivée au pouvoir, le président Ouattara n’a ménagé aucun effort pour la réconciliation nationale, comme le montrent les différents dispositifs mis en place depuis 2011. Il a aussi pris plusieurs initiatives de décrispation. » La plus remarquée a été la signature, en août 2018, d’une ordonnance présidentielle amnistiant 800 détenus poursuivis pour des crimes en lien avec la crise post­ électorale de 2010-2011, parmi lesquels l’ex-première dame, Simone Gbagbo, et plusieurs autres caciques du FPI. Mais ceux qui réclament un geste fort à l’égard de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, désireux de rentrer à Abidjan depuis l’allègement, en mai dernier, de leur régime de liberté conditionnelle pas la Cour pénale internationale (CPI), n’ont pour l’instant pas été entendus. Dans un rapport publié en 2019 à l’issue d’une enquête d’opinion menée pendant dix-huit mois dans cinq régions du pays, l’ONG Action pour la protection des droits de l’homme (APDH) indiquait que près de un Ivoirien sur deux considérait que la volonté politique d’aller à la réconciliation était faible, voire inexistante. Plus généralement, face au bilan mitigé du processus engagé depuis 2011 et à l’approche de la présidentielle, nombre d’Ivoiriens et d’observateurs sont inquiets.



GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

DIX CHANTIERS PHARES

Entre le marteau jihadiste et l’enclume factieuse

3

Désormais confrontée à la menace terroriste, l’armée va devoir rapidement adapter son dispositif. Un défi d’autant plus difficile à relever qu’elle est toujours en phase de reconstruction.

I

BENJAMIN ROGER

ls ont attaqué par surprise, au milieu de la nuit. Le 11 juin dernier, aux alentours de 3 heures du matin, une trentaine d’individus ont pris d’assaut le poste mixte de la gendarmerie et de l’armée à Kafolo, à quelques kilomètres de la frontière avec le Burkina Faso. Bilan : 12 militaires tués. Certes, il y a eu l’attentat de Grand-Bassam en mars 2016 (19 morts, 33 blessés). Mais jamais le pays n’avait connu une telle saignée contre ses forces de défense et de sécurité. Désormais, les soldats ivoiriens sont visés au même titre que leurs frères d’armes maliens ou burkinabè. À Abidjan, l’attentat de Kafolo a provoqué une véritable onde de choc. Même si elle n’a malheureusement rien d’une surprise. Depuis la tuerie de Grand-Bassam, première et jusqu’alors unique attaque du genre

en Côte d’Ivoire, la menace jihadiste n’a cessé de croître. Outre plusieurs projets d’attentats déjoués dans la capitale économique, c’est surtout dans le nord frontalier du Mali et du Burkina que l’inquiétude est palpable. Les cellules jihadistes qui y sont implantées, tel le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), n’en font pas mystère : l’un de leurs objectifs est d’étendre leur rayon d’action aux pays côtiers du golfe de Guinée. Et ils y parviennent, lentement mais sûrement.

Frontière étanche

En juin 2019, plusieurs personnes suspectes ont été signalées par la population aux autorités dans la zone de Ouangolodougou. Puis d’autres, cette fois vers Nasian. L’armée a alors déclenché son opération Frontière étanche et dépêché des renforts dans le Nord pour tenter d’empêcher toute infiltration sur son territoire. Mais les

SIA KAMBOU / AFP

Opération de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), à Yopougon (Abidjan), en avril 2015.

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jihadistes y ont poursuivi leur patient travail d’installation. En particulier un petit groupe d’une cinquantaine de combattants dirigé par un Burkinabè, Rasmane Dramane Sidibé, alias Hamza, lié à la katiba Macina, du Malien Amadou Koufa. Établie des deux côtés de la frontière, sa cellule a été la cible, à la mi-mai 2020, d’une vaste opération de ratissage menée conjointement par les armées ivoirienne et burkinabè. A-t-elle attaqué le poste de Kafolo en représailles ? Cela semble probable, même si aucune revendication n’a été formulée. À la mi-juin, l’armée ivoirienne a annoncé l’arrestation d’une trentaine de personnes suspectées d’être impliquées dans cette attaque, dont l’un des lieutenants burkinabè de Hamza, Ali Sidibé, dit Sofiane, présenté comme le chef du commando de Kafolo. « Désormais, l’un des principaux enjeux est de savoir si des Ivoiriens sont membres de cette cellule. Si c’est le cas, alors la menace est endogène et devient bien plus complexe à gérer », explique le chercheur Lassina Diarra, spécialiste du terrorisme en Afrique de l’Ouest. Difficile, par ailleurs, d’imaginer que les assaillants aient mené cette opération sans complicités locales. « Ils ont constitué un réseau d’informateurs et de logisticiens sur place », poursuit une source sécuritaire. Face à cette menace accrue, les forces armées de Côte d’Ivoire (Faci) vont devoir rapidement adapter leur dispositif, mais aussi gagner l’entière confiance des populations locales – un paramètre déterminant dans la lutte contre les groupes jihadistes. À la mi-juillet, le gouvernement a annoncé la création d’une


« zone opérationnelle » dans le Nord, qui disposera d’un commandement unique pour les opérations militaires et aura pour objectif « d’empêcher toute infiltration de groupe armé » sur le territoire.

Nouvelle planification

Le défi est d’autant plus grand pour l’armée ivoirienne qu’elle est toujours en phase de reconstruction. Dix ans après la crise postélectorale et cinq ans après l’achèvement du processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), le clivage entre militaires de carrière et ex-rebelles des Forces nouvelles reste marqué. La place importante prise par certains comzones et ex-rebelles au sein de la grande muette depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir fait grincer des dents. Après l’attentat de Grand-Bassam, certains hauts gradés ont ainsi milité auprès du chef de l’État pour qu’il replace

DIX ANS APRÈS LA CRISE POSTÉLECTORALE, LE CLIVAGE ENTRE MILITAIRES DE CARRIÈRE ET EX-REBELLES RESTE MARQUÉ. des « professionnels » aux postes de commandement stratégiques. En interne, ces divisions restent perceptibles, et des observateurs évoquent encore volontiers une armée à deux vitesses. Au début de 2017, des mutineries menées par d’ex-éléments des Forces nouvelles ont éclaté dans plusieurs villes du pays et relancé le débat sur leur intégration au sein de l’armée ivoirienne. Au cœur de ces poussées de fièvre, une nouvelle fois, la revalorisation des salaires, le paiement des primes, la révision du système d’avancement dans les grades… Les mutins

ont obtenu gain de cause, ce qui a creusé un peu plus le fossé avec le reste des troupes. Après cette nouvelle secousse, Alassane Ouattara a nommé Hamed Bakayoko au portefeuille de la Défense en juillet 2017, avec pour mission de remettre de l’ordre au sein des Forces armées. C’est également Bakayoko qui a été chargé de piloter la loi de programmation militaire 20162020. Une vaste réforme, dotée d’un budget de 2 254 milliards de F CFA (plus de 3,4 milliards d’euros), dont l’objectif est de réduire progressivement les effectifs des Faci à environ 40 000 hommes, à travers un programme de départs volontaires pour 4400 militaires. L’une des priorités du nouveau quinquennat sera de poursuivre et d’intensifier la modernisation des Forces armées ivoiriennes, notamment en travaillant à une nouvelle planification de la défense pour la période 2020-2025.

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DIX CHANTIERS PHARES

Un volontarisme économique payant

L

e redressement de la Côte d’Ivoire a été spectaculaire. Son économie, exsangue au lendemain de la crise postélectorale, avec un taux de croissance de – 4,9 % en 2011, s’est relevée à un rythme moyen de + 8,5 % par an de 2012 à 2019, jusqu’à devenir l’une des plus solides d’Afrique, puisque la Côte d’Ivoire sera l’un des rares pays africains à ne pas basculer dans la récession cette année sous l’effet de la pandémie. Selon les projections réalisées par le FMI en juin, la croissance devrait se maintenir à + 1,8 % pour 2020 et rebondir à + 6,2 % dès 2021. S ous l’impulsion d’Alassane Ouattara, qui s’est souvenu des grands principes du FMI, où il a occupé d’importantes responsabilités, le gouvernement a pratiqué une véritable orthodoxie budgétaire et financière. Le déficit (3 % en 2019), l’inflation (moins de 2 %) et la dette (52,7 % du PIB, contre 69 % en 2011) ont été maîtrisés malgré de vastes plans d’investissements publics dans les infrastructures. La prudence a donc payé. D’autant plus qu’elle s’est accompagnée d’un volontarisme réformateur. « L’accélération de la croissance a aussi été favorisée par une série de mises à jour, souligne Bakary Traoré, analyste Afrique au Centre de développement de l’OCDE. Nouveau cadre pour l’administration, lutte renforcée contre la corruption, réformes du code des investissements et du code minier ont notamment valu à la Côte d’Ivoire une progression de 25 places dans le classement “Doing Business” de la Banque mondiale – le pays est passé du 147e rang en 2014 au 122e en 2019 – et un grand progrès en matière d’attractivité. La

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no3092 – SEPTEMBRE 2020

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Le centre commercial Cosmos Yopougon, à Abidjan, a ouvert à la fin de 2018.

réforme de la part du planteur de cacao portée à 60 % du prix mondial a été majeure et symbolique dans le domaine agricole. » Technique, mais très importante pour attirer les investissements étrangers, la réforme fiscale a permis de commencer à apurer les arriérés et à simplifier le nombre des taxes et leurs procédures de recouvrement.

Passer le relais au privé

Les Ivoiriens ne sont pas pour autant au bout de leurs peines, car le rattrapage postconflit est terminé. L’investissement public, qui était le principal moteur de croissance, ne peut continuer à son rythme effréné et doit commencer à passer le relais au secteur privé. « Il y a des progrès à faire dans le domaine des permis de construire ou de la protection des actionnaires minoritaires, explique Bakary Traoré. En matière fiscale, il faudrait élargir la base imposable pour que ce ne soit pas toujours les mêmes entreprises,

les plus importantes, qui paient l’impôt. » Le secteur agricole est toujours handicapé par la question foncière. « La Côte d’Ivoire jouit de plusieurs cultures pérennes, comme le café, le cacao, l’anacarde ou l’hévéa, mais les planteurs ne disposent pas des titres de propriété ni des baux qui leur permettraient d’obtenir des financements bancaires ou d’établir des partenariats avec leurs acheteurs, regrette Bakary Traoré. Il faut prendre exemple sur le Vietnam ou le Kenya, qui ont créé des titres d’une durée de dix, vingt ou quarante ans. » L’analyste conseille aux autorités de ne pas trop se focaliser sur le cacao, qui crée peu d’emplois en comparaison de l’anacarde et même du manioc, et de se souvenir que la Côte d’Ivoire a des atouts dans le domaine des boissons, de l’assemblage du petit matériel agricole ou dans l’industrie pharmaceutique. Restera à faire profiter tout le pays de ces améliorations, car, aujourd’hui, 80 % du revenu national est produit dans la région d’Abidjan.

OLIVIER POUR JA

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DIX CHANTIERS PHARES

Produits agricoles: emballez, c’est coté!

A

NADOUN COULIBALY

u siège de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), à Abidjan, les installations où seront centralisées les cotations virtuelles sont prêtes. Une révolution en marche en matière de transactions agricoles, qui va signer la fin des marchés de gré à gré, puisque vendeurs et acheteurs fixeront désormais les prix en un seul lieu, de manière transparente. La Bourse des matières premières agricoles (BMPA) de Côte d’Ivoire est en effet techniquement prête à démarrer ses activités, en attendant de former les premiers opérateurs et les courtiers, d’identifier les stocks à négocier et de trouver les banques de règlement. Dotée d’une Autorité de régulation des récépissés d’entreposage (Arre), dirigée par Justin Koffi, la BMPA dispose de 200 centres qui permettront d’éviter les pertes postrécoltes et de conserver la qualité des produits.

5

L’aboutissement de ce projet résulte du Plan national d’investissement agricole (PNIA), dont la première phase (2012-2017) a permis d’injecter 1 622 milliards de F CFA (près de 2,5 milliards d’euros) pour la relance de l’agriculture. Une politique qui a porté ses fruits, puisque le taux moyen de croissance des productions a été de 8 % par an, et celui du revenu des producteurs, de 14 % par an, et que 1,9 million d’emplois ont été créés dans le secteur. Par ailleurs, l’insécurité alimentaire a été ramenée de 12 % en 2009 à 10 % en 2018. Le PNIA 2 (2018-2025) vise à consolider ces acquis en mettant l’accent sur la transformation locale et la logistique de commercialisation des produits. Son montant est estimé à 2 400 milliards de F CFA, dont plus des deux tiers pour la période 2018-2020, qui englobe la création de la BMPA, celle de la plateforme de commercialisation des fruits et légumes, le financement de cinq agropôles et de projets relatifs à la digitalisation du secteur, ainsi que l’accès des petits producteurs aux services financiers et bancaires.

Unité de production de barres de chocolat du groupe Cemoi, à Abidjan.

Dynamiser la filière cacao

La Bourse des matières premières agricoles démarrera ses activités avec seulement trois produits : le maïs, la noix de kola ainsi que la noix de cajou, dont le pays est le premier producteur mondial. Les autorités ivoiriennes espèrent d’ailleurs qu’elle contribuera à assainir la filière anacarde. « La Bourse va nous permettre de faire la commercialisation des produits sans recourir aux vieilles pratiques, qui consistent à les acheter à moindre prix et à aller les commercialiser à l’extérieur », précise le ministre. L’État a par ailleurs créé un fonds doté de 10 milliards de F CFA pour soutenir les transformateurs locaux de fèves de cacao, encore très peu nombreux, et, en 2018, pour dynamiser l’aval de la filière, à travers le Conseil du café-cacao (CCC), il a créé Transcao, spécialisée dans le broyage des fèves. Mais lors de la campagne 2019-2020, sur 2,2 millions de tonnes de fèves récoltées, seulement 550 000 t ont été broyées localement, soit 25 %, un objectif très éloigné de celui de 50 % qui avait été fixé.

VENDEURS ET ACHETEURS FIXERONT DÉSORMAIS LES PRIX EN UN SEUL LIEU, DE MANIÈRE TRANSPARENTE.

JACQUES TORREGANO POUR JA

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« La BMPA va réduire considérablement les pertes des produits agricoles, explique le ministre ivoirien de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani. L’une de nos difficultés est que 30 % de nos productions n’arrivent pas sur le marché faute de conservation. Aujourd’hui, avec la Bourse, nous savons où se trouvent les produits, et, avec les transactions qui vont être menées, ils peuvent être achetés au bénéfice des populations. »

no3092 – SEPTEMBRE 2020


COMMUNIQUÉ

Aux côtés des entreprises ivoiriennes pour la compétitivité et la croissance économique Institution centenaire, créée en 1908, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire oeuvre au développement du secteur privé ivoirien.

L’institution consulaire a quatre missions principales : la représentation, l’appui et le conseil aux entreprises, la formation, et la gestion d’infrastructures et de services d’intérêt général.

W

Hôtel Consulaire de la CCI-CI, inauguré en 1927

Au nombre de ses actions, nous pouvons citer :

La certification des poids Le gouvernement a autorisé la CCI-CI à effectuer, de façon exclusive, le pesage systématique des marchandises générales destinées à l’exportation. Depuis 2016, avec l’activité de pesage de tout conteneur avant exportation (convention SOLAS), la CCI-CI contribue à améliorer la sécurité du transport maritime.

Le Transit Routier Inter-État (TRIE) Il s’agit d’un régime douanier créé en 1982 par la CEDEAO et destiné à faciliter le transit routier des marchandises en suspension de droits, taxes et prohibition à destination des pays de

Le Programme de normalisation et de sécurisation des factures L’organisme consulaire assure la production et la distribution des factures normalisées pour l’ensemble des contribuables sur l’étendue du territoire national, selon les recommandations de la Direction générale des impôts.

L’appui et le conseil aux entreprises

TOURÉ FAMAN

Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire l’hinterland. Le dispositif s’appuie sur un système novateur de suivi électronique permettant d’observer, en temps réel, la progression des véhicules chargés vers les frontières et de noter tous les incidents de parcours rencontrés. La CCI-CI assure la responsabilité de caution nationale.

La CCI-CI accompagne le gouvernement dans la mise en œuvre de sa politique économique dont l’un des axes majeurs est de faire du secteur privé, le moteur de la croissance. A ce titre, elle mène des projets et programmes d’assistance et d’accompagnement des entreprises, afin de leur permettre d’affronter les défis liés à un environnement des affaires en constante mutation, au plan national et international.

La chambre de Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire entend poursuivre son œuvre d’appui au développement d’un secteur privé ivoirien encore plus performant. FORMATION : UN DISPOSITIF COMPLET La CCI-CI est fortement engagée dans le développement du capital humain à travers l’activité de formation au profit des entreprises. Au plan de la formation initiale, elle dispose d’une école supérieure de commerce, l’École pratique de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (EPCCI), créée en 1938 et certifiée ISO 9001/2008. Sa mission est de mettre à la disposition des entreprises des ressources humaines compétentes ayant des profils correspondant aux besoins du monde économique. Quant à la formation professionnelle, elle est mise en œuvre grâce au Centre de formation professionnelle continue d’Abidjan et son laboratoire de langues. À cela s’ajoute le pôle de développement des entreprises de Bouaké, la deuxième ville de Côte d’Ivoire.

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La CCI-CI représente le secteur privé ivoirien dans toutes ses compétences et regroupe près de 20 000 entreprises ressortissantes sur l’ensemble du territoire national. La CCI-CI, présidée par TOURÉ FAMAN, son organisation repose sur une assemblée générale de 102 élus, un bureau de 16 membres, 18 délégations régionales et 9 commissions techniques. La Chambre dispose d’une administration dotée d’un effectif de 362 employés permanents.


GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

DIX CHANTIERS PHARES

En route pour la modernisation

La politique de grands travaux a mis l’économie et la société ivoiriennes sur les rails du développement. Mais d’importants écarts persistent entre les territoires.

JACQUES TORREGANO POUR JA

L’autoroute entre Abidjan et Yamoussoukro.

A

NADOUN COULIBALY, À OUAGADOUGOU

u lendemain de la crise postélectorale, Alassane Ouattara a pris les rênes d’un pays certes relativement bien doté en infrastructures de base comparé à ses voisins ouest-africains, mais dont les ouvrages et les équipements n’en étaient pas moins tous vieillissants, largement insuffisants en nombre et mal répartis sur le territoire. La mise à niveau du pays en la matière était donc une priorité: amélioration des capacités de production et de distribution d’électricité (lire p. 188), construction d’un troisième pont à Abidjan (lire p. 191), aménagement de routes et de zones d’activité à travers le pays… « Le bilan économique du président Ouattara est plutôt positif. Les bonnes performances macroéconomiques ont été portées

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no3092 – SEPTEMBRE 2020

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par ce que j’appellerais un rattrapage, avec, pour socle, des investissements massifs dans les infrastructures », souligne l’économiste et analyste politique béninois Gilles Yabi, fondateur du think tank ouest-africain Wathi.

De quoi doper l’activité

d’environ 12000 km de pistes à travers le pays. Pour accompagner le développement du secteur aérien, les chantiers d’extension et de modernisation de plusieurs aéroports stratégiques ont été engagés, comme ceux d’Abid­ jan (lancé en 2017 pour un montant estimé à 42 milliards de F CFA) et de Bouaké. L’État a également mobilisé 68 milliards F CFA pour les aéroports régionaux de San Pedro, de Séguéla, de Korhogo et de Kong. Afin de doper l’essor de l’activité économique, un programme piloté depuis 2013 par l’Agence de gestion et de développement des infrastructures industrielles (Agedi) a été mis en place pour moderniser les zones industrielles (ZI) existantes et en créer de nouvelles. Il concerne une dizaine d’agglomérations, dont Bouaké, Bonoua, Korhogo, Odienné, Séguéla et Yamoussoukro. En matière de création, le plus grand chantier en cours est celui de la ZI d’Akoupé-Zeudji (PK 24), au nord d’Abidjan, et en matière de rénovation, citons celle de la ZI Yopougon, dans la périphérie nord-ouest de la capitale économique, dont l’opération d’extension-modernisation s’est achevée au début de 2018, ainsi que celles de Koumassi et de Vridi, dans le port d’Abidjan, en cours de réaménagement. « Il est incontestable que de grands travaux, comme le troisième pont d’Abidjan, ont abouti. Mais la critique que l’on peut faire est qu’ils ne correspondent pas tous à une volonté de décentraliser les lieux de création de richesse, constate Gilles Yabi. Lorsque vous voulez réduire les inégalités territoriales dans un pays, le choix des investissements est important pour donner le sentiment à toute la population qu’elle compte. Or on n’a pas eu le sentiment, dans les décisions des gouvernements de Ouattara, qu’il y avait une volonté de privilégier des régions ayant souffert des longues années de crise, comme Duékoué. Pour la majorité des Ivoiriens, le ressenti est que la politique des grands travaux n’a pas eu d’impact sur la réduction des inégalités, ni même sur la réconciliation nationale. »

En 2011, les besoins en financement pour la remise en état du réseau routier prioritaire, qui comprend notamment 1 500 km de routes internationales et 8000 km de nationales, ont été évalués à 1 500 milliards de F CFA (2,3 milliards d’euros). En 2018, un nouveau programme d’investissements a été adopté pour la modernisation des infrastructures routières, d’un montant de 3 750 milliards de F CFA sur cinq ans. Il vise la construction de ponts, d’autoroutes et d’ouvrages hydrauliques. Par ailleurs, un fonds doté de 100 milliards de F CFA par an est désormais chargé de l’entretien


Façonner un environnement durable dès maintenant, en alimentant rapidement en eau potable les villes de la Côte d’Ivoire. SUEZ accompagne les autorités ivoiriennes dans le cadre du programme national « Eau pour Tous ». La population de 32 villes moyennes en déficit d’eau potable bénéficiera d’une alimentation rapide grâce à l’installation de 40 unités compactes UCD® qui produiront 92 000 m3 d’eau potable par jour. Les UCD®, solutions décentralisées de SUEZ, sont des stations de traitement d’eau préfabriquées et standardisées. Elles permettent une installation rapide dans un espace réduit et la production d’une eau de qualité avec des technologies fiables et robustes.

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Travaux d’interconnexion électrique entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.

De l’énergie à revendre

E

BAUDELAIRE MIEU

n moins de dix ans, la Côte d’Ivoire a considérablement augmenté ses capacités de production d’électricité et confirmé son statut de fournisseur régional d’énergie, puisqu’elle alimente désormais en électricité plusieurs de ses voisins, comme le Burkina Faso, le Mali, le Liberia, le Ghana, le Togo et le Bénin. Grâce au programme de renforcement de son parc énergétique, qui a représenté 7 000 milliards de F CFA (plus de 10 milliards d’euros) d’investissements entre 2011 et 2017, la puissance installée du pays a en effet augmenté de 60 %, passant de 1 391 à 2 229 mégawatts (MW). L’objectif est d’atteindre une capacité de 4000 MW à court terme et de 6 000 MW à l’horizon 2030, avec un mix énergétique constitué à plus de 40 % d’énergies renouvelables (dont au moins 6 %

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no3092 – SEPTEMBRE 2020

de photovoltaïque), qui devraient drainer des investissements estimés à 9 milliards de dollars d’ici à 2030.

Plus de 80 % de thermique

Depuis la découverte du gaz naturel au début de la décennie 1990, le pays a longtemps misé sur le thermique, qui constitue encore plus de 80 % de son parc de production, avec plusieurs centrales fonctionnant au gaz naturel développées par le français Eranove (Ciprel) et les britanniques Globelecq (Azito) et Aggreko (Vridi). L’hydraulique représente moins de 20 % de la capacité installée, même si la part de cette ressource a augmenté en 2018 avec la mise en service du complexe hydroélectrique de Soubré (275 MW). Avec des partenaires privés, le gouvernement pilote actuellement plusieurs projets d’extension de centrales existantes et projette la construction de nouvelles unités de production.

7

La libéralisation du secteur de la production d’électricité engagée en 1993, sous la présidence d’Henri Konan Bédié, a permis de doter le pays d’infrastructures énergétiques considérées depuis longtemps comme étant parmi les plus performantes d’Afrique de l’Ouest, ainsi que l’a encore salué un rapport publié par la Banque mondiale le 23 juillet. Surtout, les investissements massifs réalisés dans le secteur ces dernières années ont permis d’augmenter l’accès des Ivoiriens à l’énergie, passé de 34 % à la fin des années 2000 à 94 % aujourd’hui. « Nous voulons encore aller plus loin pour permettre aux industriels et aux populations d’avoir un accès moins coûteux à l’énergie », explique Abdourahmane Cissé, le ministre du Pétrole, de l’Énergie et du Développement des énergies renouvelables, qui précise que plus de 1 million de ménages bénéficient de tarifs sociaux. Parallèlement aux investissements dans la production, près de 200 milliards de F CFA sont mobilisés pour restructurer et renforcer les réseaux de distribution afin de limiter la durée des coupures de courant et de réduire le niveau des pertes à environ 10 %.


MESSAGE

Facilitation des échanges et du commerce transfrontalier ll

Portail unique transactionnel ll

Simplification et harmonisation des formalités et procédures ll

Réduction des coûts et délais ll

Sécurisation des recettes

L’ÉTAT DE CÔTE D’IVOIRE RENFORCE SON DISPOSITIF POUR LA DÉMATÉRIALISATION DES PROCÉDURES DU COMMERCE EXTÉRIEUR Le Guichet Unique du Commerce Extérieur de Côte d’Ivoire (GUCE) est la plateforme Web permettant aux opérateurs qui participent au Commerce et au Transport, de communiquer des informations et de délivrer au moyen de procédures simplifiées et dématérialisées, des documents normalisés en un seul point d’entrée, afin de satisfaire toutes les formalités requises pour les importations, les exportations et le transit.

La plateforme du GUCE interconnecte l’ensemble des parties prenantes du Commerce Extérieur et offre de nombreuses fonctionnalités sous forme de modules qui permettent entre autres, la soumission des dossiers de demande d’importation, la gestion des autorisations préalables d’importation, la soumission de la valeur et des documents d’importations aux Douanes ivoiriennes, la gestion des assurances, la gestion des autorisations et engagements de change, le paiement des frais et bien d’autres services.

Le processus engagé depuis lors a un effet direct sur le volume du commerce extérieur qui est en constante augmentation depuis quelques années et estimé à plus de 12 000 milliards de francs CFA en 2018 selon les statistiques révélées par le Ministre du Commerce et de l’Industrie, Monsieur Souleymane DIARRASSOUBA. n

Le GUCE en Chiffres 100 % des transitaires utilisent le GUCE 90 % des consignataires utilisent le GUCE 100 % des demandes de transfert de devises se font via le GUCE

La vision du Gouvernement ivoirien est de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent, dont l’un des socles est le développement du commerce extérieur à travers la facilitation des échanges avec les partenaires extérieurs et les investisseurs attirés par le pays. Dans le cadre de la reprise en main totale de l’activité par l’État de Côte d’Ivoire, la nouvelle société GUCE CI sous la tutelle du Ministère en charge du Commerce, a amorcé depuis le début de cette année 2020, un programme de renforcement des capacités à travers le recrutement de plusieurs ingénieurs informatiques ivoiriens de haut niveau afin d’assurer les missions confiées qui sont :

- de 2 heures délai moyen de traitement d’une Fiche de Déclaration

• l’exploitation technique du GUCE • le traitement de tous les flux d’informations et de contrôle des entrées et sorties de marchandises ; • l’appui à l’administration des Douanes.

de 91 000 demandes d’autorisation de change

ÉQUIPE DIRIGEANTE GUCE CI Issouf FADIKA, Président du Conseil d’Administration Guy Serge MANOUAN, Directeur Général Inza CISSE, Directeur Général Adjoint

d’Importation (FDI) après accord des banques

100 % des demandes de FDI se font via le GUCE 100 % des demandes de certificats de valeur se font à travers le GUCE + de 6 640 utilisateurs depuis 2013 (769 supplémentaires en 2019) + de 140 000 FDI en 2019 + de 60 000 demandes d’engagement de change et plus + de 23 000 licences délivrées en 2019

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Mis en place graduellement depuis 2013 par la société Webb Fontaine Group dans le cadre d’une délégation de service de 5 ans, les activités du GUCE ont été reprises en Juillet 2019 par la société GUCE CI SA, société à participation financière publique majoritaire.


La CIE résolument engagée dans l’ère de la transformation digitale en Côte d’Ivoire depuis 30 ans, la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE), filiale du groupe Eranove, s’est résolument orientée vers de nouveaux défis technologiques. La CIE est liée à l’État de Côte d’Ivoire par une convention de concession lui confiant l’exploitation des ouvrages de production, de transport et de distribution ainsi que la commercialisation, l’importation et l’exportation de l’énergie électrique sur l’ensemble du territoire ivoirien et dans la sous-région ouest-africaine. C’est la première entreprise du secteur de l’électricité en Afrique à être certifiée ISO 9001 version 2000, puis version 2015. La Compagnie a abordé une nouvelle phase de son développement, qui consiste à intégrer toutes les innovations, notamment la digitalisation, dans l’ensemble de ses services.

COMMUNIQUÉ

Première étape, l’utilisation de compteurs électroniques de type intelligent. Les clients bénéficient de nombreux services tels que, par exemple, le suivi quotidien des consommations et l’optimisation des délais de dépannage. Ce nouvel outil a permis à la CIE d’améliorer son efficacité opérationnelle tout en améliorant sa qualité de service.

d’éclairage public facilite la maintenance. En 2019, « Téré » a ainsi géré à distance 506 025 foyers lumineux sur l’ensemble du territoire. Ensuite l’installation de capteurs intelligents, positionnés sur l’ensemble des composantes du réseau de transport et de distribution (postes sources, télé conduite du réseau, postes HTA/BT, etc.), fournit des informations à forte valeur ajoutée. Il est possible désormais d’identifier, en temps réel, les dysfonctionnements et de garantir une supervision plus efficace du réseau concédé. La CIE a amélioré la relation avec sa clientèle (2,6 millions de clients basse tension), grâce au lancement, en novembre 2019, d’une e-agence

et de l’application mobile « Ma CIE en ligne ». Cette agence virtuelle permet au client d’effectuer des opérations sans se déplacer : accès aux factures, suivi de la consommation, etc. Avec plus de 100 000 utilisateurs, l’application figure parmi celles qui ont été les plus téléchargées en Côte d’Ivoire. Enfin, la CIE offre la possibilité d’effectuer le paiement électronique par téléphone mobile, l’internet, les distributeurs automatiques (DAB et GAB) ou l’utilisation d’un terminal de paiement électronique. Avec 76,70 % de taux d’utilisation des paiements digitaux, c’est un pari réussi. Avec à sa tête le Directeur Général Ahmadou Bakayoko, la CIE s’illustre à travers l’innovation. Elle se positionne comme une entreprise compétitive et attractive, qui s’inscrit dans la performance durable et s’engage résolument dans l’amélioration continue de la satisfaction de ses clients.

Le déploiement de ces compteurs a contribué à transformer profondément la gestion du réseau d’éclairage public à travers le programme « Téré » Soleil en Malinké. La remontée, en temps réel, d’informations, sur les foyers

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Opérateur privé en charge de la fourniture de l’électricité


GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

DIX CHANTIERS PHARES

Métamorphose urbaine

L

BAUDELAIRE MIEU

a stabilité et la croissance économique enregistrées ces dernières années ont donné au pays les moyens d’aménager ses villes, grandes et petites, condition sine qua non à l’amélioration du niveau et de la qualité de vie de leurs habitants. Opérations d’éradication des constructions informelles et de l’habitat insalubre, modernisation et développement de la voirie, des réseaux d’assainissement, d’eau, d’électricité et de transports, aménagement de zones d’activité, d’espaces commerciaux et de loisirs, programmes immobiliers résidentiels portés par l’État, notamment pour le développement du parc de logements sociaux, mais aussi par des promoteurs privés… Autant d’avancées qui ont déjà permis de changer le visage des villes ivoiriennes, mais qu’il va falloir poursuivre pour continuer d’accompagner leur croissance économique et démographique, et pour contribuer à leur développement. Les chantiers les plus visibles et les plus emblématiques

ISSAM ZEJLY POUR JA

Nouveaux quartiers résidentiels à Bingerville.

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restent ceux entrepris à Abidjan. À commencer par celui du pont HenriKonan-Bédié, inauguré à la fin de 2014, qui relie le sud (Marcory) et le centre (Cocody) de la capitale économique, et celui du quatrième pont, en cours de construction, entre la commune populaire de Yopougon et celle du Plateau, le centre des affaires de la métropole. Sans oublier la ligne 1 du métro aérien, qui traversera Abidjan du nord au sud sur 37 km, pour un coût estimé d’environ 1,5 milliard d’euros. Le chantier commence cette année, et la mise en service d’un premier tronçon est prévue pour 2023. « Nous sommes en plein dans la vision d’un nouveau développement du pays, qui sera très inclusif », confie Issac De, le nouveau secrétaire général adjoint de la présidence, qui, jusqu’en juillet, était le ministre chargé de la coordination des grands projets auprès du Premier ministre. Dans le nord du Plateau, le gouvernement a d’ailleurs prévu d’ajouter une sixième tour (la tour F) aux cinq (A à E) qui composent déjà la Cité administrative : ce gratte-ciel de 64 étages répartis sur 283 m de hauteur sera le

plus haut du pays. Enfin, parmi les nouveautés marquantes de l’agglomération abidjanaise, cinq centres commerciaux comprenant nombre de grandes enseignes, de commerces et d’espaces de loisirs ont ouvert depuis 2013 (Cap Nord, PlaYce Marcory et PlaYce Palmeraie, Abidjan Mall et Cosmos Yopougon), ainsi que les salles de cinéma du groupe Majestic (Ivoire, Sococe, Prima et Figayo). Côté loisirs, en juillet 2018 ont commencé les travaux d’aménagement d’un grand parc d’attractions – dont la première phase s’étend sur 100 hectares – situé près de l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny, dans le sud d’Abidjan.

Complexes hôteliers

D’autres villes ont bénéficié d’opérations d’aménagement, notamment en matière de rénovation et de construction de voirie, de zones d’activité et de logements, comme Korhogo (Nord), Bouaké (Centre), Daloa (CentreOuest) et San Pedro (Sud-Ouest), de même que les cités balnéaires de Jacqueville, de Grand-Bassam et d’Assinie. À l’instar de certaines villes de l’intérieur du pays, ces dernières ont ouvert de nouveaux complexes hôteliers et accueillent désormais des touristes locaux qui viennent, en famille ou entre amis, se détendre et découvrir le pays, le temps d’un week-end ou de quelques jours de vacances.

À ABIDJAN, CINQ CENTRES COMMERCIAUX AVEC DE GRANDES ENSEIGNES ET DES ESPACES DE LOISIRS ONT OUVERT DEPUIS 2013.

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LE PORT AUTONOME D’ABIDJAN

Plus de 60 ans au service de l’économie nationale Canal de Vridi élargi et approfondi, possibilité d’accueillir des navires transportant jusqu’à 10 000 TEU

La Côte d’Ivoire, indépendante depuis le 7 août 1960, a su se doter très tôt, d’infrastructures structurantes pour soutenir son développement. Mais bien avant l’accession à la souveraineté, la Côte d’Ivoire, alors colonie française, profitant de sa position géographique favorable sur la Côte Ouest de l’Afrique, s’était déjà ouverte au monde en 1951, par la création de son premier port à Abidjan. Inauguré le 5 février 1951 par le Président de l’Assemblée Territoriale Ouest Africaine, l’ivoirien Victor Capri Djédjé, et M. François Mitterrand, Ministre Français des territoires d’Outre-Mer, en présence du médecin Félix Houphouët-Boigny (Président de la République de Côte d’Ivoire de 1960 à 1993), le Port d’Abidjan est né de l’ouverture du canal de Vridi dont les travaux ont débuté en 1938. C’est en s’appuyant en grande partie sur cette infrastructure, que les premières autorités de la Côte d’Ivoire indépendante vont réaliser ce qu’il a été convenu d’appeler le miracle ivoirien dans les années 1970, essentiellement basé sur l’exportation d’importants volumes de matières premières agricoles, principalement le cacao et le café. Maillon essentiel des échanges commerciaux avec le reste du monde, et pôle industriel et de services, le port d’Abidjan fait partie des infrastructures économiques les plus importantes du pays. Qualifié de « poumon de l’économie nationale », le port d’Abidjan enregistre plus de 76 % des échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et l’extérieur, soit 70 % du Produit Intérieur Brut, et génère plus de 75 % des recettes douanières. Sur son site, sont installées 50 % des unités industrielles les plus importantes de

la Côte d’Ivoire.Toutes ces activités génèrent environ 55 000 emplois directs et indirects. Depuis son ouverture, le port a été progressivement aménagé pour répondre aux besoins de développement de la Côte d’Ivoire. Ainsi, trois grands plans directeurs stratégiques ont permis de doter le port d’infrastructures essentielles au nombre desquelles un terminal à conteneurs, un terminal fruitier, un port de pêche, un terminal à bois, etc.

Ainsi, avec l’appui du gouvernement dont le Plan National de Développement (PND) accorde une place importante au secteur des transports, plusieurs projets ont été lancés par la Direction Générale du Port Autonome d’Abidjan : > La construction d’un môle au terminal à pêche : L’ouvrage mis en exploitation en septembre 2015, offre désormais des tirants d’eau de 10 mètres pouvant accueillir les plus grands chalutiers. En outre, cinq hectares de terre-pleins ont été aménagés et mis à la disposition des industriels. > Les travaux pour élargir et approfondir la passe d’entrée du Canal de Vridi, ont été lancés en 2015. Inauguré le 21 février 2019, le canal de Vridi élargi et approfondi,permet aujourd’hui au port d’Abidjan d’accueillir aisément des navires de 16 m de tirant d’eau sans limitation de longueur.

Après plus de soixante-cinq ans de fonctionnement, face à la concurrence des ports de la sous-région et aux nouvelles exigences de développement économique national, l’Autorité Portuaire, pour renforcer la compétitivité et consolider le leadership du port d’Abidjan, a engagé à partir de 2012, des travaux de développement et des réformes. La priorité étant de corriger rapidement certains handicaps tels que les limites de la passe d’entrée du canal de Vridi et des quais en termes de tirant d’eau, l’encombrement des quais, des terre-pleins et des voies de circulation, le déficit d’espaces de stationnement, la vétusté de certaines infrastructures et le déficit d’espaces industriels et de stockage des marchandises.

Inauguration officielle du port d’Abidjan en 1951

Direction Générale du Port Autonome d’Abidjan - BP V85 Abidjan, Côte d'Ivoire - Tél. : (+225) 21 23 80 00 / (+225) 21 23 80 80 - Email : info@paa.ci - Facebook : facebook.com/portabidjan


PUBLI-INFORMATION

Vue du port d’Abidjan avant les projets

le principal hub pour la redistribution des céréales qui sont importées en grandes quantités chaque année par les États de la sous-région pour les besoins de consommation des populations. Outre la modernisation des infrastructures, l’Autorité Portuaire a également mis l’accent sur d’autres réformes toutes aussi importantes telles que l’amélioration continue de la qualité des prestations par la certification des processus d’accueil navires et de protection de l’environnement, respectivement aux normes qualité ISO 9001 et 14001 version 2015.

> La réalisation d’un second terminal à conteneurs (TC2) dont les travaux de construction des infrastructures sont totalement achevés : La phase d’équipement qui revient au concessionnaire est en cours. Ce nouveau terminal à conteneurs est un atout majeur dans la stratégie de positionnement du port d’Abidjan sur le marché du transbordement au niveau de la région ouest -africaine et centrale. > L’optimisation du domaine portuaire par la création de terrains supplémentaires par remblaiement de la baie lagunaire : Une première phase de 40 hectares a été déjà réalisée. Ce projet vise à augmenter la capacité de stockage du port d’Abidjan avec

la possibilité d’installer de nouvelles unités industrielles. > La construction d’un Terminal Roulier opérationnel depuis mars 2018 : Il dispose de 8 hectares de terre-pleins et de 2 postes à quai avec 14 mètres de tirant d’eau. Avec cette infrastructure, le Port d’Abidjan ambitionne d’être la première plateforme logistique pour le transit des engins roulants à destination des pays sans littoral de la sous-région ouest africaine, avec une perspective de trafic estimée à 70 000 véhicules par an. > La construction d’un terminal céréalier dont les travaux lancés le 16 janvier 2020, devraient durer 26 mois : A terme, l’ouvrage permettra au Port d’Abidjan de devenir

Les efforts ainsi entrepris ont abouti à une croissance régulière du trafic global des marchandises qui s’est établi à plus de 25,738 millions de tonnes en 2019, soit une hausse de 54,7 % par rapport à 2011. Un autre chantier de ces réformes, a consisté à améliorer la gouvernance financière de l’entreprise, qui s’est soldée par la note A+, attribuée consécutivement au cours des trois dernières années par l’agence de notation Bloomfield Investment Corporation. Cela est un atout pour renforcer la confiance des partenaires financiers et des investisseurs. Tous ces investissements et réformes sont la preuve de la volonté des autorités gouvernementales et portuaires de doter le port d’Abidjan de moyens adéquats, en termes d’infrastructures et d’équipements, pour soutenir davantage la croissance d’une économie nationale bien engagée sur la voie de l’émergence. •

www.portabidjan.ci

JAMG - Photos : D.R.

Vue du 2e Terminal à Conteneurs et du Terminal Roulier


GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

DIX CHANTIERS PHARES

approvisionne les hôpitaux en médicaments et en matériels mais qu’ils sont volés, et si rien n’est entretenu, on fait du sur-place. »

OLIVIER POUR JA

Mise en place progressive de la CMU

Bloc opératoire à l’Institut de cardiologie, au CHU de Treichville.

Cette santé encore fragile

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FLORENCE RICHARD, À ABIDJAN

«

n 2010, j’avais pris l ’e n g a g e m e n t d e construire et de réhabiliter 5 hôpitaux et 100 centres de santé. Nous avons construit 10 nouveaux hôpitaux généraux et réhabilité 22 centres hospitaliers généraux, 78 hôpitaux généraux et 233 centres de santé urbains et ruraux », énumérait Alassane Ouattara devant les parlementaires réunis à Yamoussoukro, le 5 mars. Ces réalisations ont permis d’améliorer nettement le taux d’accès aux services de santé, qui est passé de 44 % en 2012 à 69 % en 2019, et de fournir à certains établissements des services et des plateaux techniques de pointe. Cependant, le service public de santé ivoirien est encore loin de répondre aux besoins de la population. Et pour mettre le pays à niveau, il va falloir poursuivre la politique d’investissements massifs – qui ont été estimés par l’actuel exécutif à

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Programme social phare du deuxième quinquennat d’Alassane Ouattara, la mise en place de la couverture médicale universelle (CMU) est entrée dans sa phase opérationnelle le 1er octobre 2019, après trois ans de phase pilote et divers reports. Désormais, tous les Ivoiriens relevant du régime général de base (contributif ) doivent s’acquitter de la cotisation mensuelle de 1 000 F CFA, qui leur assure une prise en charge à 70 % de leurs frais médicaux par la Caisse nationale d’assurance maladie (créée en 2014). Bien qu’elle soit « obligatoire » depuis le 1er janvier 2020, la généralisation du dispositif ne pourra se faire que progressivement et nécessitera des adaptations. À la fin du premier trimestre de 2020, seulement 2,2 millions d’Ivoiriens étaient enregistrés, sur une population de 24 millions d’habitants, et, selon le porte-parole du gouvernement, un peu moins de 1,7 million de cartes avaient été produites, dont 1,1 million distribuées.

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1 650 milliards de F CFA (plus de 2,5 milliards d’euros) pour la période 2020-2024.

Inégalité territoriale et vols de médicaments

Il reste beaucoup à faire en matière de formation et de valorisation des métiers de la santé. Mal rémunérés, sous-dotés en matériels (ce qui oblige souvent les familles des patients à payer eux-mêmes le nécessaire requis… quand elles le peuvent), ils souffrent aussi de sous-effectifs majeurs: en 2016, selon les données du ministère de la Santé, le pays comptait 5 professionnels de santé pour 10000 habitants, très loin de la norme de 23 pour 10000 requise par l’OMS. Le prochain exécutif devra également s’atteler à une meilleure répartition géographique de ces professionnels, dont plus de la moitié se concentrent aujourd’hui dans le Grand-Abidjan, créant d’immenses déserts médicaux ailleurs. « Il faudra aussi mettre fin à l’impunité, insiste un professionnel. Si l’État

Bonne gestion de la pandémie

Après un premier cas confirmé le 10 mars, un plan de riposte de près de 96 milliards de F CFA a été annoncé par Alassane Ouattara dès le 23 mars. Le pays a rapidement construit des centres de dépistage gratuits et triplé le nombre de ses respirateurs. Malgré quelques couacs au démarrage (notamment une quarantaine imposée mais fort peu respectée), la réactivité des autorités ivoiriennes et les mesures qu’elles ont imposées (comme l’isolement du Grand-Abidjan, le couvre-feu, la fermeture des frontières ou encore le port du masque obligatoire) ont permis de contenir l’épidémie dans l’agglomération du Grand-Abidjan et de limiter le nombre de contaminations – moins de 15 000 cas déclarés et environ 90 décès au 20 juillet.


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Une éducation à refaire epuis 2015, l’école est devenue obligatoire pour tous les enfants ivoiriens âgés de 6 à 16 ans. C’était une priorité d’Alassane O uattara depuis s on accession à la présidence, mais, avant de pouvoir rendre l’école obligatoire pour les élèves du primaire et les collégiens, encore fallait-il aménager assez de salles de classe et recruter assez d’enseignants pour les accueillir. Dotée pour sa mise en œuvre d’un budget de 700 milliards de F CFA (plus de 1 milliard d’euros), cette politique de scolarisation obligatoire (PSO) visait à « donner à toutes les filles et à tous les fils » de Côte d’Ivoire « le droit à l’éducation et à une formation de qualité ». « En cinq ans, nous avons ouvert davantage de classes qu’au cours des vingt années précédentes », soulignait Alassane Ouattara en 2018.

À deux vitesses

Les données fournies par la ministre de l’Éducation nationale, Kandia Camara, ont cependant révélé que 30 % des enfants âgés de 6 à 11 ans demeuraient hors du système scolaire en 2017. Pour cette même année, le « Rapport sur le développement humain 2018 » du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) indique que la durée moyenne de scolarisation d’un Ivoirien âgé de 25 ans et plus n’est encore que de 5,2 ans, au lieu d’une durée attendue de 9 ans… Un résultat toutefois similaire à la moyenne observée pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne (5,6 ans au lieu d’une durée attendue de 10,1 ans). Les données du Pnud montrent par ailleurs que le taux d’alphabétisation en Côte d’Ivoire reste bas, à 43,9 % (contre 59,9 % en Afrique subsaharienne et 77 % au Ghana voisin), même s’il est supérieur chez les 15-24 ans, pour lesquels, grâce à la scolarisation,

il dépasse 53 %. Malgré les investissements réalisés, les écoles, souvent vétustes et mal équipées, ne parviennent pas à absorber les nouveaux « contingents » d’élèves. Toujours en 2017, le Réseau ivoirien pour la promotion de l’éducation pour tous (RIP-EPT) déplorait ainsi des effectifs pléthoriques par classe, le fait que les kits scolaires gratuits n’étaient pas toujours distribués aux élèves les plus démunis comme ils auraient dû l’être, un manque de cantines dans les écoles primaires et d’internats dans les établissements secondaires. « L’éducation est à deux vitesses, constate un enseignant. Les personnes qui en ont les moyens mettent

POUR LA PÉRIODE 2018-2020, UN BUDGET DE 3 805,4 MILLIARDS DE F CFA A ÉTÉ ALLOUÉ POUR AMÉLIORER « LA QUALITÉ DES APPRENTISSAGES ».

leurs enfants dans de bonnes écoles privées. Et le seul critère qui semble prévaloir pour le gouvernement n’est malheureusement pas celui de la qualité de l’enseignement, mais celui des grèves: s’il n’y a pas de grèves, c’est un critère de performance. » Afin, justement, de s’atteler à « l’amélioration de la qualité des apprentissages », l’exécutif a alloué un budget de 3 805,4 milliards de F CFA au secteur de l’éducation pour la période 2018-2020. De nombreux professeurs ont été recrutés, dont 10 300 enseignants contractuels dans le primaire et le secondaire en 2019, mais leur formation et les critères de recrutement sont encore loin d’être satisfaisants. « Si les enseignants sont mal formés, ils formeront mal les enfants, et le système se nourrira de sa propre médiocrité », confie un professeur du supérieur qui plaide pour un « audit de l’enseignement ». Dans cet esprit, à la mi-juillet, le gouvernement a annoncé qu’il souhaitait procéder à la nomination de 135 inspecteurs de l’enseignement pour renforcer l’encadrement, le suivi, le contrôle et l’évaluation du rendement pédagogique.

L’école Jean-Delafosse-des220-Logements, à Abidjan.

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GUILLAUME BINET / MYOP POUR JA

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FLORENCE RICHARD

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Nouvelle installation de déchargement automatisée des vracs ciment et engrais par convoyeurs aériens au Port de SAN PEDRO...

DÉVELOPPEMENT DE SEA-invest en CÔTE D’IVOIRE et au SÉNÉGAL Le groupe SEA-Invest est un des leaders mondiaux de la manutention et de la logistique des vracs solides, liquides et de la chaîne de froid. Il opère dans 25 ports (huit pays) pour un tonnage annuel manutentionné de plus 130 millions de tonnes et plus de 100000000 m² de stockage et compte 4500 employés. Fortement présent en Europe notamment en Belgique et en France, ainsi qu’en Allemagne, en Pologne et aux Pays-Bas, SEA-Invest s’engage, aux côtés des Autorités Portuaires, activement dans le développement de plusieurs ports en Afrique de l’Ouest notamment au Sénégal (Dakar) et en Côte d’Ivoire (Abidjan et San Pedro) mais également en Afrique du Sud. Le Terminal Vraquier Abidjan vient d’achever les travaux d’approfondissement de ses 3 quais d’une longueur de 700 m, avec un tirant d’eau de 12 m permettant d’accueillir des navires de plus de 50 000 tonnes.

www.sea-invest.com

ACTIVITÉS EN CÔTE D’IVOIRE En Côte d’Ivoire, le groupe est actif depuis une décennie. Plusieurs filiales réparties par secteur d’activité dans le pays : - Terminal Vraquier d’Abidjan (TVA) spécialisée dans les activités d’entreposage avec 35 000 m2 d’entrepôts sous douane en zone de VRIDI. - SEA INVEST SHIPPING AGENCY (SISA) qui fournit des services d’agence maritime et d’assistance aux navires, pour environ 250 escales de navires par an. - SEA TRUCK met à disposition une flotte de 72 camions tracteurs et 74 camions bennes pour le transport de produits miniers avec plus 300 000 tonnes transportées chaque année. - PETRO-SEA LOGISTICS (PSL) spécialisée dans la logistique pétrolière au service de la filière offshore à travers la gestion d’une base supply de 5 hectares en joint-venture avec la compagnie nationale pétrolière (PETROCI). - ABIDJAN MANUTENTION spécialisée dans la Manutention, l’Ensachage et l’Entreposage de produits agri bulk tels que les engrais et les produits agroalimentaires.


... La porte d’entrée du nouveau corridor logistique pour les marchandises industrielles à destination de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Guinée et du Libéria.

- SEA INVEST LOGISTIQUE Yopougon en charge de la gestion de la future base logistique ultra moderne de 16 ha au PK23 sur l’autoroute du Nord où 60 000 m2 d’entrepôts seront érigés. - SAN PEDRO MANUTENTION (SPM) en charge du traitement des matières premières en vrac (engrais, ciment) dans la région de San Pedro. - San Pedro Logistique (SPL) avec un projet en cours de construction d’une base logistique de 2,4 hectares spécialisée dans le traitement des engrais industriels. En Côte d’Ivoire, les développements réalisés se chiffrent à hauteur de 100 milliards de FCFA et plus de 66 milliards de FCFA sont en cours d’investissement et 1000 emplois directs et indirects ont été créés.

PRÉSENCE AU SÉNÉGAL Au Sénégal, SEA INVEST est présente depuis 2012 à travers 4 filiales actives dans le secteur portuaire : - SEA INVEST SÉNÉGAL AGENCY (SISA) qui propose des services de consignation de navires pétroliers et vraquiers.

Base pétrolière PETRO-SEA LOGISTICS (PSL).

- SEA-INVEST SÉNÉGAL qui assure des activités de manutention portuaire dont le traitement des navires à l’export d’ilménite. - TERMINAL PETROLIER DE DAKAR (TPD) spécialisée dans la gestion du déchargement des navires pétroliers dans le port de Dakar dont les récents investissements réalisés font de cette plateforme un des terminaux les plus modernes de la sous-région. - TERMINAUX VRAQUIER DU SÉNÉGAL (TVS) en charge de la gestion de plus de 4 millions de tonnes de vracs industriels par an (charbon, ilménite, attapulgite, intrants à la fabrication du ciment, engrais, souffre). Au Sénégal, le groupe a investi 33 milliards de FCFA depuis 6 années et un programme ambitieux d’investissement est en cours de déploiement à l’horizon 2020. La filiale compte 800 emplois directs et indirects.

Une politique d’investissements soutenue couplée à un savoir-faire dans la gestion de terminaux portuaires et une volonté de faire émerger une expertise locale sont au cœur de la stratégie de développement du groupe sur le continent.

Manutention Logistique Skaldenstraat 1 / 9042 Ghent - Belgium - Tél. : +32(0) 9 255 02 11 - Fax : +32(0) 9 259 08 94 Email : info@sea-invest.be

JAMG © SEA-INVEST

San Pedro Logistique (SPL) et sa base logistique en construction de 1,6 ha, dédiée au traitement des engrais.


GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

SOCIÉTÉ

Babi nostalgie Du palais présidentiel à la Pyramide, en passant par la cathédrale Saint-Paul et la tour de l’Hôtel Ivoire, balade dans l’Abidjan d’hier et d’aujourd’hui, au gré des lieux emblématiques de ses glorieuses années 1960-1970.


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FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

ans une célèbre scène de La Pyramide humaine, l’un des films les plus populaires du réalisateur français Jean Rouch (sorti en 1961, mais tourné en 1959), on aperçoit deux amis, une jeune femme blanche et un jeune homme noir, rouler tranquillement à vélo le long de la lagune Ébrié, puis traverser Treichville après avoir franchi le nouveau pont (FélixHouphouët-Boigny) pour se rendre à la plage. À l’époque, la ville n’avait pas besoin de pistes cyclables, les voitures y étaient rares, et les rues, bien asphaltées, n’étaient pas encore des autoroutes. Le 1er mai 1959, quand Félix Houphoüet-Boigny prend officiellement la tête du gouvernement ivoirien, il est aussi, depuis 1956, le premier maire de la commune de plein exercice d’Abidjan. Lorsqu’il devient le premier président du pays, en novembre 1960, il s’attelle à faire de « sa » petite capitale d’à peine 200 000 habitants la vitrine de l’Afrique de l’Ouest. L’écrivain et journaliste Venance Konan n’a pas oublié ses premiers pas dans le « Babi » des années 1960-1970. « Houphouët voulait éliminer certaines traces de la colonisation, c’est pour cela qu’il a fait démolir l’ancien palais du gouverneur pour construire à la place un palais présidentiel moderne et plus africain. Il ne voulait plus d’une petite ville de province à la française, il rêvait d’une capitale africaine digne de ce nom, calquée sur le modèle américain. »

Vue du Plateau, avec, au premier plan, la cathédrale Saint-Paul.

NABIL ZORKOT

Houphouët le bâtisseur

En effet, c’est à la demande expresse du président-fondateur de la République de Côte d’Ivoire qu’un palais présidentiel est érigé – sur des fonds français –, en moins de deux ans, par l’architecte Pierre Dufau. Construit dans la commune du Plateau, avec de nombreuses vues sur la lagune Ébrié, cet ensemble inauguré en 1961 comporte plusieurs bâtiments : le palais présidentiel, la résidence officielle du chef de l’État, ainsi que des cabinets ministériels. De forme rectangulaire et très moderne, mêlant structure à angle droit et toit légèrement incurvé, la silhouette générale du

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GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

SOCIÉTÉ

bâtiment principal n’est pas sans rappeler celle du palais présidentiel de Brasília, dessiné par Oscar Niemeyer et inauguré en 1958. Dans la foulée, Houphouët fait construire un deuxième ouvrage pour franchir la lagune Ébrié, le pont Général-de-Gaulle, qui sera inauguré en 1967. C’est également à son initiative que l’architecte italien Aldo Spirito a bâti la cathédrale Saint-Paul, qui surplombe le Plateau et la baie de Cocody. Le pape JeanPaul II a béni la première pierre de l’ouvrage en mai 1980, lors de sa première visite pastorale en Côte d’Ivoire, et il est revenu à Abidjan en août 1985 pour consacrer l’édifice achevé.

Cosmopolite et futuriste

JACQUES TORREGANO POUR JA

De 1960 jusqu’au début des années 1980 – après lesquelles la prospérité sera mise à mal par la crise économique mondiale, puis, à partir des années 1990, par les crises politiques successives –, la Perle des lagunes est en plein boom économique et culturel. L’explosion des cours du cacao permet aux Ivoiriens de voir les choses en grand, en politique, en urbanisme comme en musique. L’un des bâtiments les plus emblématiques de la métropole ivoirienne est sans aucun doute le prestigieux Hôtel Ivoire, inauguré en 1963, et sa tour de 107 mètres de hauteur construite trois ans plus tard. Houphouët en a rêvé après un séjour à l’hôtel Ducor, à Monrovia, en 1960. Et Moshe Mayer, l’architecte israélien

Le Sofitel Ivoire. Construit en 1963, l’établissement a rouvert après rénovation en 2015.

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du Ducor, lui a donné vie. Posé à l’extrémité ouest de la baie de Cocody, le palace voit Abidjan à ses pieds : en face, les buildings du Plateau, les ponts Félix-Houphouët-Boigny et Général-de-Gaulle; à gauche, le quartier chic de Marcory et l’historique Treichville; tout autour, la lagune Ébrié. Témoin de l’histoire glorieuse et tourmentée du pays, il a été rénové après la crise politico-militaire de 2010-2011 et a rouvert en 2015 sous l’enseigne Sofitel. On y croise de nouveau chefs d’État et stars en visite dans la sous-région (lire le reportage: « Voyage Ivoire, mon beau miroir », sur jeuneafrique.com). Autre symbole du style houphouétiste, « maçonnique » et teinté de grandiloquence: la Pyramide. Conçu en 1968 par l’italien Rinaldo Olivieri et achevé en 1973, cet immeuble haut et original incarnera le miracle économique et culturel ivoirien. « Houphouët rêvait de faire d’Abidjan le Manhattan de l’Afrique, se souvient Venance Konan. C’était pour nous, jeunes Africains de l’intérieur, une ville du futur, avec ses buildings, la lagune Ébrié, où l’on pouvait encore se baigner et où les fils de riches Ivoiriens faisaient du ski nautique avec les Français. La tour de l’Hôtel Ivoire, la Pyramide: c’était futuriste. Et le président avait une vision bien précise d’Abidjan, il avait façonné une ville cosmopolite, où tout le monde parlait le même “français abidjanais”. »

Carrefour culturel

La ville donne d’ailleurs son nom à l’hymne national, adopté en juillet 1960: L’Abidjanaise, un chant patriotique composé par l’abbé Pierre-Michel Pango sur des paroles écrites par le père Pierre-Marie Coty (évêque de Daloa de 1975 à 2005, il est décédé le 17 juillet 2020). La vie est belle à Abidjan. On y danse dans les maquis. À la radio, les refrains des sœurs Comoé louent la paix, la solidarité et la liberté de la femme. De jeunes formations musicales y jouent leurs premiers tubes, comme l’Orchestre du Conseil de l’Entente, de Mamadou Doumbia (lire pp. 196-197), et l’Ivoiry Band d’Anoman Brouh Félix. La capitale


VÉRITABLE PARTENAIRE DU SECTEUR DE LA PLASTURGIE EN CÔTE D’IVOIRE 3 questions à Abbas BADREDDINE

sanitaires et hospitaliers, qui sont presque tous importés des pays d’Europe et d’Asie. Un de nos atouts est le positionnement sur des segments de niche par la stratégie de différenciation. Il s’agit de secteurs très peu développés sur nos marchés africains ou nous ambitionnons d’être les précurseurs d’ici la fin de l’année 2020 ainsi que le déploiement de nos activités dans la sous-région pour être plus proche de nos clients par la création de filiales. Cette ambition s’accompagne également de notre souci permanent de satisfaire nos clients en leur offrant une gamme diversifiée de produits avec des volumes adaptés à leurs besoins, par l’accroissement progressive de notre capacité de production.

Directeur Général de PLASTICA Pouvez-vous nous présenter votre entreprise PLASTICA ?

PLASTICA est une entreprise industrielle créée en 1999 en Côte d’ivoire et qui opère dans le domaine de la plasturgie. D’une petite unité d’extrusion dans les années 2000, PLASTICA a amorcé son développement en investissant dans de nouvelles activités pour faire face à la demande de ses clients. À la faveur du décret n. 2013-327-du 22 mai 2013 relatif à l’interdiction des sachets plastiques, la société a présenté un plan de reconversion de 2015 à 2020 qui a connu une excellente réalisation. Ainsi, aujourd’hui, notre activité se compose en différents pôles. L’extrusion et la coextrusion (film et emballages), l’injection (articles de ménages et de jardin, Casiers, bidons, et autres contenants,…) et le PP RAFFIA (toile et sacs en polypropylène). La société est aussi dotée d’une unité de recyclage. Nous-nous présentons sur le marché en tant qu’apporteur de solutions en offrant à nos clients une gamme de produits innovants et diversifiés. Notre flexibilité au niveau des décisions d’investissements nous permet de répondre favorablement aux préoccupations de nos clients en leur proposant un accompagnement dans leurs projets de croissance. Nous couvrons les pays de l’Afrique Occidentale et Centrale.

PLASTICA c’est plus de 2000 collaborateurs de toutes nationalités, travaillant en trois-huit. Quelles sont vos ambitions en Côte d’ivoire, en sous-région et à l’international ? Nos ambitions se résument en trois grands axes qui sont le développement par l’acquisition de nouvelles sociétés opérant ou non dans nos activités classiques. C’est ainsi que depuis mars 2020, nous avons repris la société SES France qui est devenue PLASTICA France. L’objectif de cette acquisition est de pouvoir exporter notre expertise Africaine sur le marché Européen et également en retour bénéficier de la technicité de certains produits de PLASTICA France qui pourraient répondre aux besoins de nos marchés Africains, notamment dans les emballages

Avec l’amélioration continue de l’environnement des affaires que nous appelons de tous nos vœux, nos entreprises pourront se hisser à un niveau acceptable de compétition sur le marché international.

Nous avons un savoir-faire qui sait s’exporter !

Recyclage

Impression

PP Raffia

Injection

Coextrusion

Extrusion

Notre politique qualité en vigueur depuis 2017 prévoit un objectif qui adresse les besoins et attentes des parties intéressées et pertinentes. Ce sont notamment celles que constituent les acteurs qui influencent nos relations avec ces parties et nos aspects environnementaux. Les obligations de conformité qui en émanent sont identifiées, suivies, et améliorées en permanence. Nous avons trois services qui nous permettent la prise en charge efficace de nos enjeux environnementaux. Ils prennent en compte nos relations avec les autorités en charge des questions de règlementation environnementales ; notre présence en tant que membre et force de proposition sur les questions de protection de l’environnement dans les organisations patronales et les faitières ; la maîtrise des aspects environnementaux issus de nos activités, produits et services sur l’écosystème. Ce dernier comprend le recyclage en usine des matières rebutées par nos process, la collecte (via notre partenaire) et le recyclage de tous les casiers de boissons que nous fabriquons qui sont ensuite distribués dans toute la Côte d’Ivoire. Et enfin la gestion de nos relations avec les communautés locales et la collectivité (politique RSE). Nos performances environnementales sont surveillées via un tableau de bord de conformité règlementaire, des visites d’agences étatiques spécifiques et des plans d’actions correctives et d’amélioration.

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COMMUNIQUÉ

JAMG

À l’ère où les enjeux environnementaux font l’actualité, comment à votre niveau répondez-vous à cela à travers votre charte qualité ?


GRAND FORMAT CÔTE D’IVOIRE

SOCIÉTÉ

militants pro-Gbagbo et militaires français de l’opération Licorne, autour de l’Hôtel Ivoire, achèvent de faire trembler sur son socle la statue du père de la nation – jugé « trop proche des Français ». Symbole de la prospérité du Plateau, la Pyramide n’est plus que l’ombre d’elle-même. Il faut attendre la fin de la crise politicomilitaire et l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara – l’un des nombreux « fils spirituels » d’Houphouët –, en 2011, pour voir de grands projets urbains refleurir au cœur de la capitale économique : construction d’immeubles de bureaux futuristes au Plateau, chantier de la première ligne de métro, de deux nouveaux ponts sur la lagune, réaménagement de la baie de Cocody, etc. Sans oublier la réhabilitation de plusieurs bâtiments emblématiques de l’houphouétisme, comme l’ancienne résidence du chef de l’État, à Cocody, ainsi que les travaux d’extension de la présidence, sous la houlette de Pierre Fakhoury, l’architecte qui a conçu et bâti Yamoussoukro. Plus qu’un symbole, un retour en grâce pour Abidjan.

devient un carrefour culturel incontournable, où séjournent tous les grands artistes du continent, en particulier les musiciens, comme le saxophoniste camerounais Manu Dibango, appelé pour diriger l’orchestre de la RTI en 1975, qui s’y installe pendant quatre ans. L’Américain James Brown, lors de son premier voyage en Afrique, en 1968, y donne un concert privé pour le président Houphouët-Boigny.

Lustre retrouvé

En 1983, la décision de faire de Yamoussoukro, ville natale du président, la capitale politique et administrative du pays scelle le divorce entre « Nanan Boigny » et Abidjan (lire ci-contre). Après la mort du « Vieux », survenue en 1993, le manque d’entretien des bâtiments, des infrastructures et de la lagune, la croissance exponentielle de la population (1,5 million d’habitants au début des années 1980, 5 millions aujourd’hui) et les crises subies par le pays font perdre à la métropole le lustre dont elle bénéficiait pendant les vingt premières années de l’indépendance. En 2004, les violentes et meurtrières échauffourées entre

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SOCIÉTÉ

NORIMITSU ONISHI/THE NEW YORK TIMES/REA

La basilique Notre-Damede-la-Paix n’est pas sans rappeler celle de Saint-Pierre de Rome… en plus grand.

Yamoussoukro, village capitale

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air de rien, cette ville est peut-être, avant tout, l’un des premiers symboles ivoiriens de l’anti­ colonialisme. En 1901, N’Gokro, 500 habitants, n’était qu’un tranquille village de paysans cacaoculteurs, jusqu’à ce qu’en 1909 éclate une violente révolte entre populations locales akouès et représentants de l’Administration française. Pour sécuriser la région, le calme revenu, l’administrateur Simon Maurice décide de transférer le poste militaire français à N’Gokro, qu’il rebaptise Yamoussoukro en hommage à la reine baoulée Yamoussou, tante de Kouassi N’Go, qui dirigeait alors le village. C’est là qu’en 1905 est né Dia Houphouët (qui, dix ans plus tard, se fera baptiser Félix). Petit neveu de Yamoussou, il prend la

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tête de la chefferie en 1939 et fait de la bourgade sa tribune. Ses discours à la tête du Syndicat agricole africain, mouvement anticolonialiste qu’il fonde en septembre 1944 (et qui donnera naissance au PDCI-RDA), sont remarqués. Un an plus tard, Houphouët entre en politique et ajoute à son nom celui de Boigny, « le bélier », symbole de sa ténacité et de son rôle de meneur. En 1960, Yamoussoukro prend son essor dès lors qu’Houphouët-Boigny devient président de la République. En 1964, plans à l’appui, ce dernier ne cache pas son ambition d’en faire la nouvelle capitale : une métropole au cœur du pays, loin de l’exiguïté d’Abidjan, qui permettra de décentraliser le pouvoir pour une meilleure stabilité politique, qui aura été choisie par les Ivoiriens et non par les

colons, comme le furent Grand-Bassam (1893-1900), Bingerville (1900-1933) et Abidjan (1933-1983).

Lieu de symboles

En mars 1983, Yamous­ soukro devient officiellement la capitale politique et administrative du pays. De grands travaux sont entrepris pour y faire construire les nouveaux symboles de la jeune nation : le palais présidentiel (réalisé par l’architecte OlivierClément Cacoub) et son fameux lac aux Crocodiles, la gigantesque pyramide de l’Hôtel des députés, l’aéroport international, sans oublier la basilique Notre-Dame-de-la-Paix. Conçue par l’architecte Pierre Fakhoury, elle reste considérée comme l’édifice religieux catholique le plus large au monde. Y seront célébrées les obsèques grandioses du « Vieux »,

en février 1994, deux mois après son décès. Depuis, si elle est devenue une ville de sommets grâce aux infrastructures héritées d’Houphouët, l’agglomération de 400 000 habitants n’a jamais réussi à s’imposer comme la véritable capitale du pays, malgré les promesses des présidents successifs et malgré les symboles : c’est à Yamoussoukro que le Parlement se réunit en Congrès, qu’Alassane Ouattara a été investi en 2011, que le siège du Sénat a été installé en décembre 2019… En dépit du « travail important » réalisé ces dernières années, le président Ouattara a d’ailleurs concédé, lors de l’inauguration du bâtiment, qu’il regrettait « de n’avoir pas pu transférer la capitale à Yamoussoukro comme [il] l’avait promis ». FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

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MUSIQUE

La bande originale de Mamadou Doumbia

Auteur, compositeur, guitariste et chanteur phare des années 1960-1980, le fondateur de l’Orchestre de l’Entente était aussi un formidable découvreur de talents. Vingt ans après sa disparition, son empreinte sur de grands noms de la scène musicale actuelle demeure vivace.

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FLORENCE RICHARD, À ABIDJAN

es souvenirs d’Amy sont confus. Les dates se mélangent, les noms et les lieux sont parfois approximatifs, mais elle est sûre d’une chose : ces années-là étaient heureuses et festives. Et c’est en souriant qu’elle raconte « ses » années 1960 passées à parcourir la Côte d’Ivoire du sud au nord et à écumer les scènes des pays voisins à la rencontre d’un public conquis d’avance qui dansait jusqu’au bout de la nuit. Amy est la première femme de Mamadou Doumbia. Star ivoirienne de la chanson des années 1960 à 1980, ce dernier est considéré comme le père de la musique mandingue moderne avec son groupe Trio de l’Entente. Il avait entraîné Amy dans cette aventure. Elle, la Ghanéenne qui n’avait jamais imaginé devenir musicienne. « Je jouais des maracas dans le groupe », dit-elle en mimant le geste, assise sur une chaise, dans la pénombre de son modeste salon de Yopougon Terminus-40 (surnom du quartier de Yopougon-Kouté), au cœur d’Abidjan.

d’un mauvais œil les talents de guitariste, de compositeur et d’interprète de son fils. « Ça a été difficile ! Sa mère n’y était pas opposée, mais son père ne voulait pas qu’il soit musicien. Il estimait que la musique ce n’était pas pour eux. Il voulait mieux. C’était une question de caste », explique Didier Depry, journaliste culturel dans les années 1990-2000 et ami très proche du musicien, qui l’appelait « fils ». Peine perdue pour ses parents : Mamadou Doumbia embrassera la carrière d’artiste. À son retour en Côte d’Ivoire, des cousins l’aident à acheter du matériel et des instruments. En 1962, il crée le Trio de l’Entente (renommé plus tard Orchestre de l’Entente) et, en 1963, écrit son premier titre en dioula, sa langue maternelle : « Le destin est comme une ardoise sur laquelle on écrit et qu’on ne peut effacer ». La même année, Mamadou Doumbia signe son premier tube, Super bébé, superbe berceuse, également chantée en dioula sur de doux rythmes afro-cubains, idéale pour endormir les enfants… et faire danser les parents. Parmi ses fans de la

C’est au Ghana, dans son pays natal, qu’Amy fait la connaissance de Mamadou Doumbia. Le jeune homme originaire d’Odienné (nordouest de la Côte d’Ivoire) gagne sa vie comme mécanicien. Il se passionne pour les arts plastiques et pour la musique, qu’il apprend en autodidacte. Son père, chef spirituel, voit

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DR

Super bébé, super berceuse

première heure, Félix HouphouëtBoigny, dont l’un des titres préférés, composé un peu plus tard, était Ne Mousso Masse. « Le président Houphouët-Boigny était un mécène, il a beaucoup aidé les artistes », rappelle Didier Depry. Pendant plus de vingt ans, ce soutien permettra de voir fleurir les formations musicales, comme le Yapi-Jazz, de Yapi René, ou l’Ivoiry Band, d’Anoman Brouh Félix, et à l’Orchestre de l’Entente, de Mamadou Doumbia, d’aller enregistrer un album à New York, dans les années 1980. « À l’époque, il vivait dans le centre d’Abidjan, à Adjamé, et tout le quartier était sorti pour lui souhaiter bon voyage », se souvient l’un de ses fils, lui-même nommé Mamadou Doumbia.

Salsa et rythmes mandingues

Le nom de l’orchestre fait-il référence au Conseil de l’Entente, créé en 1959, la doyenne des institutions régionales ouest-africaine, devant laquelle l’orchestre joua, lors de l’un des sommets du Conseil, à l’invitation de Félix Houphouët-Boigny ? Amy explique que le nom a été trouvé par un cousin du musicien. « Mamadou Doumbia était panafricaniste, très rassembleur, et il n’y avait pas que des Ivoiriens dans son orchestre. Personnellement, je pense donc que son nom vient de cette vision-là », estime Didier Depry. Bazo se souvient d’un homme « très gentil, qui aimait tout le monde ». Lui aussi cherche à rassembler les morceaux de cette vie


d’enregistrement et, là-bas derrière, c’était la salle de répétition », sourit Tantie Céline. « Tiken Jah Fakoly a enregistré sa première maquette dans ce studio », intervient un autre fils de l’artiste, Moses Doumbia, qui, depuis 2002, possède lui aussi son propre studio, une modeste pièce décorée de photos de son père. Des tirages sépia où l’on voit Mamadou Doumbia tout sourire, posant seul ou en compagnie de ses musiciens, toujours très chic et coiffédesonincontournable chapeau. « Il aimait être entouré d’autres artistes. Tout le monde se retrouvait à la maison. Et il aidait les jeunes à se lancer dans la musique. Alpha Blondy a pris le micro pour la première fois avec lui », se souvient Moses.

« IL AIDAIT LES JEUNES À SE LANCER. ALPHA BLONDY A PRIS LE MICRO POUR LA PREMIÈRE FOIS AVEC LUI », SE SOUVIENT SON FILS MOSES.

ISSAM ZEJLY POUR JA

« Toute une époque »

Moses, l’un de ses fils, dans son studio d’enregistrement, à Yopougon.

passée aux côtés de la star, dont il a été le choriste pendant de longues années. Depuis la mort du « Vieux », Bazo vit avec sa famille à Yopougon, chez Amy. « Tout le monde aimait sa musique. Quand il arrivait dans une ville, tous les habitants s’appelaient pour se prévenir les uns les

autres et accouraient pour le rencontrer », renchérit Tantie Céline, la seconde épouse de l’artiste, qu’elle a rencontré au milieu des années 1970 lors d’un concert à Man, grande ville de l’Ouest ivoirien. Un rectangle en Plexiglas est incrusté dans le mur du salon familial. « Ici, c’était le studio

« Malheureusement, la jeune génération l’a oublié. À sa mort, en 2000 [il est décédé au CHU de Yopougon de complications liées à un diabète], le zouglou était en vogue, et les jeunes ne se reconnaissaient plus dans sa musique », regrette Didier Depry. Le journaliste aurait aimé un hommage national. « Je regrette que l’État ivoirien n’ait rien organisé. Ça me fait mal. Quelqu’un qui a été aussi important pour la vie du pays aurait dû avoir des obsèques à la hauteur de ce qu’il a apporté et représenté. » De grands artistes continuent cependant de s’inspirer de sa musique et reprennent ses titres, comme ses compatriotes Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, ou comme le compositeur, tromboniste et chanteur béninois Michel Pinheiro, avec son African Salsa Orchestra. Plusieurs proches et membres de sa famille travaillent à la création d’un festival autour de l’héritage musical de Mamadou Doumbia, pour que jamais ne meure la bande-son de « toute une époque », laquelle, tous l’assurent, fut très belle.

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