Ja plus mauritanie 2813 du 16 au 221114

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CAN 2015 le grand footoir jeuneafrique.com

Hebdomadaire international indépendant • 55e année • n° 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

REPORTAGE gUinÉe foreStiÈre : lÀ oÙ eBola eSt aPParU…

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Burkina

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Le pLus

de Jeune Afrique

Panorama Aziz, droit dans ses bottes Exécutif Du neuf avec du vieux économiE Beaucoup de rose, un peu de gris culturE Karim Miské, talent sans frontières

MAuritAnie

Cinq ans pour tout changer

Agron DrAgAj/ZUMA/rEA

Réélu en juin pour un dernier mandat, Mohamed Ould Abdelaziz a bien des atouts en mains pour atteindre ses objectifs. Même si plusieurs inconnues subsistent, à commencer par la menace terroriste ou la mise en place du dialogue avec l’opposition.

jeune afrique

n o 2810 • du 16 au 22 novembre 2014


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Le Plus de Jeune Afrique

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Prélude Mehdi Ba

P

lus puissant que jamais au sortir de deux années électorales qui auront vu son parti remporter haut la main, fin 2013, les scrutins législatifs et municipaux, avant que lui-même se fasse plébisciter à la présidentielle, mohamed Ould abdelaziz peut remercier ses opposants. en pratiquant de manière quasi unanime la politique de la chaise vide, les détracteurs du chef de l’État n’ont réussi qu’à conforter son assise. et à faire oublier un peu plus son passé sulfureux d’ancien putschiste, déjà légitimé par sa première élection en 2009.

mauritanien sort renforcé. aux élections locales de 2013, la percée du parti islamiste tawassoul, qui avait fait cavalier seul au sein de la coalition de l’opposition, avait pourtant permis de démontrer que, malgré les imperfections des opérations de vote, l’opposition aurait pu espérer renforcer son influence et faire entendre ses revendications. Tandis que mohamed Ould abdelaziz, président en exercice de l’union africaine, est cautionné par la communauté internationale pour son rôle pivot dans la lutte contre la menace jihadiste, le message de l’opposition mauritanienne hors des frontières de la République islamique est plus confus que jamais. D’autant qu’en 2009 les missions d’observation déployées par la communauté internationale s’étaient félicitées « du déroulement satisfaisant des procédures de vote ».

La posture atypique adoptée par l’ensemble des partis de l’opposition mauritanienne, désormais réunis au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FnDu), ne manque pas de paradoxes. lors des trois scrutins présidentiels organisés sous le règne de maaouiya Ould taya, entre 1992 et 2005, l’opposition a toujours fait Au moment où elle a de plus acte de présence, même grandes chances de succès, pour quelques miettes électorales. l’opposition zappe les élections. Mais alors que la libéralisation – certes imparfaite – du régime semble lui offrir de plus grandes chances de succès, surtout en cas de candidature unique, elle déserte le champ électoral. prétextant que sa participation reviendrait à cautionner une partie jouée d’avance, elle se prive pourtant de la possibilité de compter ses troupes et de modifier à son profit le rapport des forces avec le pouvoir. Drôle de stratégie, qui aboutit à consolider le mal dénoncé, à savoir la mainmise d’abdelaziz sur l’ensemble des rouages de l’État. Désormais réélu et disposant d’une majorité absolue à l’assemblée nationale, le président Jeune afrique

trop légaliste pour revendiquer dans la rue une destitution qui, contrairement au Burkina Faso, ne pourrait s’appuyer sur le prétexte d’un tripatouillage constitutionnel, l’opposition est également trop échaudée par les coups d’État militaires à répétition pour souhaiter un renversement du chef de l’État. Convaincue d’avoir choisi la meilleure option en refusant, par défiance envers le pouvoir, de participer aux élections, elle semble s’être aventurée dans une impasse, pendant que son principal adversaire file sur une autoroute dégagée de toute contestation. l n o 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

Panorama aziz, droit dans ses bottes p. 58 Exécutif Du neuf avec du vieux p. 62 oPPosition Le front du refus

p. 67

société

Laurent Prieur Pour J.a.

Drôle de stratégie

Entre les flam le torchon brûle économiE Beaucoup de rose, un peu de gris PêchE Plein d’arêtes dans le poisson

p. 72

p. 76

p. 81

BanquE une Bim en plein boom p. 84 EnvironnEmEnt Des déchets à la pelle p. 86 cuLturE Karim miské, talent sans frontières

p. 90


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Le Plus de Jeune Afrique

MAURITANIE

Aziz

droit dans ses bottes


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t Dans les rues de Nouakchott, en juin, quelques jours avant la présidentielle.

c

envoyée spéciale à Nouakchott

onfortablement réélu, le 21 juin, avec près de 82 % des voix, Mohamed Ould Abdelaziz, 55 ans, continue de montrer le même visage aux Mauritaniens. Celui d’un homme dont on ne parvient pas à percer les secrets. Le président accorde difficilement sa confiance et se laisse rarement aller à des confidences, même avec ses proches collaborateurs. Ses amis se comptent sur les doigts d’une main. Tout juste le sait-on proche de Mohamed Ould Ghazouani, le chef d’état-major et numéro deux du régime, considéré comme son alter ego. Consciencieusement, depuis son arrivée au pouvoir par le coup d’État du 6 août 2008, le général a imposé sa méthode. Et s’y tient. « Il s’inscrit dans la continuité, tout en donnant une impression de changement », analyse Moussa Ould Hamed, directeur de publication de l’hebdomadaire Biladi. Exemple : en août dernier, « Aziz » a surpris en se séparant de l’un de ses proches, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, son Premier ministre « de toujours ». Il a nommé à sa place Yahya Ould Hademine, ministre des Transports dans le gouvernement sortant et jusqu’alors peu connu de la plupart des Mauritaniens. Le nouveau gouvernement s’est, lui, révélé quasiment identique au précédent (lire p. 62). D’ailleurs, s’il prend le temps de discuter avec ses ministres, le président décide toujours seul. Par ailleurs, « il pense que l’administration est mauvaise, que le pays a été mal construit, explique Moussa Ould Hamed. Il évite donc de passer par des circuits qu’il juge inutiles et va droit au but ». Aziz a en effet fait table rase du système de Maaouiya Ould Taya [renversé en 2005], mais sans en installer un autre. Résultat, l’administration est devenue une coquille vide. Et, concrètement, lorsque l’on veut régler un problème, on se rend directement à la présidence…

joe penney/ReuteRs

Il ne s’en laisse pas conter, délègue peu et décide tout seul. Portrait d’un omniprésident qui semble décidé à faire de la lutte contre la pauvreté et la corruption son cheval de bataille. Reste à obtenir des résultats.

Justine sPieGel,

solitaire. C’est une autre caractéristique de la méthode Aziz : tout est centralisé. Une omnipotence louée par ses proches pour son efficacité et décriée par ses détracteurs, qui reprochent au chef de l’État son exercice solitaire du pouvoir. Peu lui importe. Il aime être présent sur tous les fronts. Il ne manque jamais une occasion de prendre la parole en public et, surtout, contrairement à ses prédécesseurs, il ne délègue rien. Hospitalisé à Paris pendant six semaines, en octobre et novembre 2012, après avoir été « accidentellement » blessé par balle, il a assuré avoir dirigé la Mauritanie depuis son lit d’hôpital. « J’ai continué à gérer le pays et à m’enquérir n o 2810 • du 16 au 22 novembRe 2014


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Le Plus de J.A. Mauritanie quotidiennement de la situation. Je n’avais pas à déléguer : j’étais conscient et en vie », confiait-il à Jeune Afrique en décembre 2012. En coulisses, on dit que c’est le général Mohamed Ould Ghazouani qui aurait en réalité pris les choses en mains depuis Nouakchott. Mais il s’est effacé dès que le président est rentré. De l’avis général, Mohamed Ould Abdelaziz est un homme d’action, toujours prêt. « C’est un pragmatique », témoigne un observateur. Visite d’une école, inauguration d’une route, d’un hôpital, pose d’une première pierre… Il aime se rendre lui-même sur le terrain ; depuis qu’il est au pouvoir, les chantiers sont nombreux à Nouakchott, ainsi qu’à l’intérieur du pays. Ce qui n’empêche pas le président de tenir toujours aussi fermement les cordons de la bourse : chaque dépense est minutieusement contrôlée. populaire. Avant son coup d’État, en août 2008,

il fustigeait les dirigeants, qu’il accusait de dilapider l’argent public : la fameuse « gabegie », à laquelle il voue une lutte sans merci – ce qu’il rappelle dans chacun de ses discours depuis six ans. En septembre dernier, le nouveau gouvernement a annoncé la création d’un Comité national de lutte contre la corruption et la gabegie (CNLCG), dont les quinze membres seront chargés de veiller au suivi de la « stratégie nationale de lutte contre la corruption ». En s’attaquant aux pratiques dispendieuses et aux fraudeurs, en prenant parti pour les plus faibles et en respectant scrupuleusement ses engagements, Aziz, « le président des pauvres », est vite devenu très populaire. En 2011, il a

coup et blessures 6 août 2008 Le général Mohamed Ould Abdelaziz réussit son putsch contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi 18 juillet 2009 Élu président de la République au 1er tour avec 52,47 % des voix 13 octobre 2012 Blessé par balle à la suite de tirs de l’armée ayant visé, par erreur, son véhicule 23 novembre et 4 décembre 2013 Reportées depuis deux ans, les élections locales et législatives sont boycottées par une grande partie de l’opposition 21 juin 2014 Mohamed Ould Abdelaziz est réélu au 1er tour de la présidentielle avec 81,89 % des voix

cependant dû faire face à un mouvement de colère des jeunes, dans le sillage du Printemps arabe, puis des militants antiesclavagistes et des Négro-Mauritaniens, lesquels continuent de contester les conditions du recensement, lancé en mai 2011 pour doter le pays d’un fichier d’état civil fiable fondé sur la biométrie. Avec l’opposition également, le fossé s’est creusé depuis son premier quinquennat. Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU, ex-Coordination de l’opposition démocratique, lire p. 67), qui compte dans ses rangs les partis de grandes figures de l’opposition telles qu’Ahmed Ould Daddah, Mohamed Ould Maouloud ou Jemil Ould Mansour, a refusé de prendre part aux législatives et aux municipales de novembre (hormis le parti d’obédience islamiste Tawassoul), puis a boycotté la présidentielle de juin. Même la Convention pour l’alternance pacifique (CAP) de Messaoud Ould Boulkheir, plus modérée, a fait le choix de ne pas participer au scrutin présidentiel. Aziz leur tendra-t-il la main, afin de tenter de renouer une énième fois le dialogue ? « Il peut aussi bien traiter avec l’opposition comme ne rien faire, remarque Moussa Ould Hamed. C’est une qualité chez lui… Il est capable de tout. » Imprévisible, en effet, il agit au jour le jour. Parfois selon son humeur, plutôt sanguine. Du côté de ses détracteurs, on continue donc de lui reprocher son manque de vision prospective. Qu’importe. Son nouveau mandat court jusqu’en 2019, et Mohamed Ould Abdelaziz ne semble pas disposé à dévier de la ligne qu’il s’est fixée. La sienne. l

diplomate SanS chichiS

t

out président en exercice de l’Union africaine qu’il soit, Mohamed Ould Abdelaziz continue de dire et de faire ce qu’il veut. « Aziz » est un électron libre. Pas de ronds de jambe diplomatiques – ce n’est pas le genre de l’ancien général –, encore moins de démonstrations d’amitié avec l’un ou l’autre de ses homologues. Alors que ses prédécesseurs s’étaient toujours efforcés de jouer les équilibristes entre les deux pays, il n’a jamais pris clairement position dans l’inimitié qui oppose l’Algérie et le Maroc. n o 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

Aujourd’hui, il semble plus proche d’Alger… Mais c’est surtout parce que ses relations avec le Maroc, où il n’a toujours pas mis les pieds depuis 2009, se sont dégradées. Il reçoit régulièrement les Sahraouis. Pis, en décembre 2012, il a convié au palais présidentiel le chef de la diplomatie du Polisario et ignoré le numéro deux du gouvernement marocain, Abdellah Baha, en visite à Nouakchott au même moment. S’il n’y a officiellement « aucun problème avec le Maroc », la Mauritanie n’a toujours pas nommé d’ambassadeur à Rabat.

Les relations d’Ould Abdelaziz sont également compliquées avec ses voisins sénégalais et malien, Macky Sall et Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), dont il a boycotté l’investiture, en septembre 2013. Ses tièdes rapports avec eux semblent s’être un peu réchauffés, puisque l’un et l’autre, ainsi que le GambienYahya Jammeh, le Bissau-Guinéen José Mario Vaz et leTchadien Idriss Déby Itno (celui avec lequel le courant semble le mieux passer) ont assisté, le 2 août, à son investiture. Le président mauritanien aurait sans doute aimé que quelques dirigeants du Nord,

notamment le président français, fassent aussi le déplacement au lieu de se faire représenter. Mais ses relations avec ses partenaires occidentaux, qui avaient fini par avaliser sa victoire à la présidentielle du 18 juillet 2009, n’en restent pas moins au beau fixe. Aziz demeure un allié incontournable dans la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) aux yeux de Paris, dont un détachement d’assistance militaire opérationnel (Damo) poursuit ses actions de formation auprès de l’armée mauritanienne sur la base d’Atar, dans le centre-ouest J.S. du pays. l jeune afrique


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Le Plus de J.A. Mauritanie

photos : watt

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p Yahya Ould Hademine, dans son bureau, à la primature. Exécutif

Du neuf avec du vieux Pas de jeunes, peu de femmes ou de nouveaux visages… Le gouvernement Hademine ressemble à s’y méprendre au précédent. À quelques exceptions près.

N

i la nomination de Yahya Ould Hademine, le 20 août, à la primature, ni celle de son gouvernement n’ont a priori provoqué de bouleversement majeur. Et ce sont surtout les 25-35 ans, qui avaient activement participé à la campagne du candidat « Aziz » et espéraient une petite place au sein de l’exécutif, qui ont été déçus. Ancien ingénieur à la Société nationale industrielle et minière (Snim), puis directeur général de sa filiale Assainissement, travaux,transportetmaintenance(ATTM), avant de devenir ministre de l’Équipement et des Transports dans l’équipe sortante, Yahya Ould Hademine est réputé pour être aussi discret et « bosseur » que son prédécesseur, Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf. Ce dernier, très proche d’Aziz et ancien ambassadeur en Belgique, a battu des records de longévité puisqu’il était Premier ministre depuis 2009. « Membre du bureau exécutif de l’Union pourlaRépublique[UPR],OuldHademine connaît bien la Mauritanie, ainsi que le fonctionnement de l’administration, note Abdelvetah Ould Mohamed, rédacteur en chef de Biladi. Et c’est un homme de confiance d’Ould Abdelaziz. » n o 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

Comme on s’y attendait, les principaux portefeuilles de son gouvernement, qui compte 27 membres, n’ont pas changé de titulaire. Ainsi, on retrouve Sidi Ould Zeine à la Justice, Sidi Ould Tah aux Affaires économiques, Amedi Camara à l’Environnement, Mohamed Ould Ahmed Raare à l’Intérieur et à la Décentralisation, Thiam Djombar aux Finances et Bâ Ousmane à l’Éducation nationale.

p Hindou Mint Ainina (en haut) et Diallo Mamadou Bathia.

déléguée chargée des Affaires maghrébines, africaines et des Mauritaniens de l’étranger. Cette ancienne journaliste de 49 ans a été la première rédactrice en chef du Calame, l’un des plus grands hebdomadaires du pays, et était conseillère en communication à la primature depuis 2007. Mais celui qui a fait le plus parler de lui est certainement Diallo Mamadou Bathia. L’ex-secrétaire général du gouvernement a en effet hérité du portefeuille de la Défense, devenant le premier NégroMauritanien à occuper cette fonction depuis Sidi Mohamed Diagana (de 1971 à 1975, sous Mokhtar Ould Daddah). Un poste d’autant plus stratégique que la sécurisation du pays est l’une des grandes priorités d’Aziz… Si ce n’est que, en Mauritanie, le ministre de la Défense travaille sous la tutelle du chef d’étatmajor des armées, le général Mohamed

physicieN. Parmi les neuf nouveaux entrants, quelques-uns ont cependant été remarqués. À commencer par deux personnalités proches de Mohamed Ould Abdelaziz : un Négro-Mauritanien détient Sidi Ould Salem, son exle portefeuille de la Défense. une directeurdecampagnepour la dernière présidentielle, première depuis les années 1970. physicien et ancien cadre du Rassemblement des forces démocraOuld Ghazouani, et n’a en réalité que très tiques (RFD), nommé à l’Enseignement peu de pouvoir. Par ailleurs, Ould Radhi, le supérieur et à la Recherche, et Isselkou prédécesseur de Diallo Mamadou Bathia, Ould Ahmed Izid Bih, qui a quitté la étant réputé proche du général Ould présidence de l’Union pour la République Ghazouani, numéro deux du régime, (UPR, parti au pouvoir) pour prendre les son départ a suscité beaucoup d’interrênes de l’Équipement et des Transports. rogations… C’est en effet la première Hindou Mint Ainina – l’une des sept fois qu’aucun « protégé » du chef d’étatfemmes du nouveau gouvernement – major des armées n’est présent au sein a quant à elle été nommée ministre du gouvernement. l JustiNe spieGeL jeune afrique


La Zone Franche de Nouadhibou

Investir pour le Présent et l‘Avenir Mot du Président Dès sa mise en place en 2013, l’Autorité de la Zone Franche de Nouadhibou (AN-ZF) travaille sur la concrétisation de la vision stratégique du Président de la République, Son Excellence, Monsieur Mohamed OULD ABDEL AZIZ, consistant à faire de Nouadhibou un véritable Pôle de croissance économique. En effet, l’année 2013-2014 était riche en événements liés à la promotion de la Zone Franche et à l’opérationnalité de son régime juridique, d’une part, et aux réalisations marquant la mise en exécution de son Schéma Directeur Opérationnel, d’autre part.

Monsieur Mohamed OULD DAF, Président de l’AN-ZF.

Les nombreuses sociétés agréées par l’AN-ZF après un an de son lancement, le volume d’activités menées et la qualité des investissements mis en œuvre illustrent l’attractivité du potentiel naturel de Nouadhibou et du régime dérogatoire de la Zone Franche. Déjà, les investisseurs installés à Nouadhibou bénéficient des avantages du cadre légal de la Zone Franche qui devra, progressivement, régir toute la vie économique et des affaires dans Nouadhibou. Aussi, la mise en œuvre du Schéma Directeur Opérationnel de la Zone Franche a commencé avec la réalisation de plusieurs infrastructures au moment où d’autres sont en phase de préparation. La création d’un pôle de compétitivité halieutique, la réalisation d’un Port en eaux profondes, d’un Aéroport et l’aménagement d’un Pôle touristique constituent le portefeuille prioritaire de projets structurants de la Zone Franche, à moyen terme, dont les études seront financées par la Banque mondiale dans le cadre d’un projet d’appui au développement de la Zone Franche et à la compétitivité.

Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed OULD ABDEL AZIZ lors du lancement des travaux pour l’extension de l’EPBR.

La volonté d’aller sur des investissements de long terme, l’adossement à des partenaires de renommée, la vocation citoyenne et l’expertise de son capital humain sont autant d’atouts qui font de la Zone Franche une terre d’accueil pour des investisseurs résolument tournés vers l’avenir, capables de faire la différence et d’enclencher une dynamique de croissance économique soutenue.

Environnement Exceptionnel

Nouadhibou, une région à fort potentiel Au point de connexion entre le littoral Nord de la Mauritanie et la frontière avec le Sahara Occidental, se découpe, sur l’océan, une péninsule de près de 45 km de long, pour une largeur

PUBLI-INFORMATION

-I-


Consolider le Partenariat Public-Privé Environnement Exceptionnel

moyenne de 7 km, avec une population actuelle estimée à 100 000 habitants. • Taille de la zone : 72 000 ha terrestre • Superficie de la surface maritime : 60 000 ha

Création de la Société Nouadhibou pour l’Investissement et le Développement (SONID) Objectifs • Stimuler et renforcer la prise de participation et l’investissement dans la Zone Franche Nouadhibou • Contribuer à la mise en place d’un pôle de développement attractif • Réaliser des projets structurants sur les fonds propres de l’Autorité ou dans le cadre de partenariats avec des investisseurs nationaux ou étrangers.

• Une façade maritime de 110 km • Une Zone Économique Exclusive de 230 000 km² • L’une des côtes les plus poissonneuses du monde (un potentiel actuel de 1 500 000 Tonnes/an) • Une activité minière en plein développement avec une capacité d’exportation de 12 Millions de Tonnes

Nouadhibou au carrefour des grandes routes maritimes internationales

• Des gisements en or en pleine exploitation • Des sites pétroliers et gaziers : Recherche offshore et champs de forage en cours d’exploration • Existence de mines de cuivre, de gypse et de sel.

Le Guichet Unique L’équipe du Guichet Unique cultive des valeurs de professionnalisme, d’écoute, de crédibilité, d’efficience et de disponibilité envers tous nos partenaires pour répondre à leurs attentes dans le cadre d’une relation de confiance totale.

Pourquoi investir à Nouadhibou • Position géographique stratégique • Climat doux et site naturellement privilégié • Réserve foncière disponible • Infrastructures existantes

• Le Guichet Unique a déjà délivré 165 agréments d’entreprises, dont quatre-vingt-douze déjà créées (opérationnelles) et 16 enregistrées (changement de régime).

• Cadre d’investissement incitatif, avantages fiscaux et douaniers

• 253 Investisseurs ont été reçus au niveau du Guichet Unique depuis le lancement de la Zone Franche.

• Garanties aux investisseurs

PUBLI-INFORMATION

• Solutions énergétiques disponibles

• Des potentialités économiques exceptionnelles • Liberté de transfert de capitaux.

Carte de Répartition des Zones d’activités

- II -


le Port Autonome de Nouadhibou Entité économique dynamique, le Port Autonome de Nouadhibou (PAN), en plus de disposer d’une réserve foncière importante et d’un énorme potentiel de développement, occupe une position géographique privilégiée et jouit à ce titre de conditions naturelles exceptionnelles qui le maintiennent, toute l’année, à l’abri des houles. Il occupe une place importante dans l’économie nationale et est le principal centre de développement de la ville de Nouadhibou dans les domaines de la pêche, du commerce et du transport maritime. Mohamed OULD HAIBA, Directeur Général du Port Autonome de Nouadhibou (PAN).

Le PAN qui connaît un développement constant dicté par la volonté de répondre aux exigences et besoins de ses partenaires et de ses usagers, vient d’achever de grands projets qui ont permis l’accroissement de sa capacité d’accueil (extension des ouvrages) et la réduction des risques liés à la navigation dans la rade (enlèvement des épaves). Dans ce même souci de développement constant, le PAN qui est certifié ISO 9001 version 2008 et ISPS, projette de réhabiliter son ancien quai de commerce, de renouveler ses moyens nautiques, de renforcer les capacités de sa nouvelle extension et de moderniser son système informatique et ses moyens de surveillance de la rade et des accès.

Une partie de l’extension du port inauguré le 07 avril 2014 par le président de la République, Son Excellence, Monsieur Mohamed OULD ABDEL AZIZ.

Afin de faciliter les démarches aux usagers, le PAN a mis en place un guichet unique où sont regroupés les services commerciaux, d’exploitation et financiers. Ces dispositions, en plus du renouvellement et de l’extension du système d’éclairage, ont permis d’améliorer considérablement la qualité des prestations et les résultats du PAN qui constitue actuellement la pierre angulaire de la Zone Franche de Nouadhibou. Le PAN met à la disposition de ses usagers deux quais de commerce, un quai dédié à la pêche, des aires de stockage et une importante réserve foncière.

Port Autonome de Nouadhibou

BP 236 - Nouadhibou, Mauritanie Tél. : +222 45 74 61 03 - Fax : +222 45 74 51 36 E-mail : contact@pan.mr www.pan.mr

Quai de commerce.

PUBLI-INFORMATION

- III -


Coopération et Partenariat La Banque Mondiale

Paris 28 mai 2014 : le Président de l’Autorité de la Zone Franche accompagné de son staff lors du Forum de l’investissement organisé au siège du MEDEF.

L’Autorité de la Zone Franche a engagé une coopération avec la Banque mondiale (BM) depuis le mois de septembre 2013. Cette coopération a permis d’évoluer vers la mise en place d’un projet en deux modes de financement IDA (Association Internationale de Développement) d’un montant prévisionnel de 20 millions de dollars US et le BIRD-enclave (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) pour 30 millions de dollars US.

La Société Islamique de Développement du Secteur Privé (ICD)

Portefeuille de projets prioritaires

Dans le cadre du développement du secteur privé pour en faire un pôle compétitif et innovant, le Président de l’Autorité a signé un protocole d’accord, posant les jalons d’un partenariat stratégique entre l’AN-ZF et l’ICD, le 28 avril 2014 à Djeddah. Les deux parties ont convenu de la mise en place d’un plan de développement global pour la promotion de la Zone Franche.

La réalisation de l’essentiel des infrastructures et la requalification urbaine permettront de renforcer considérablement l’attractivité et l’image de la Zone Franche.

Partenariat avec la Zone Franche d’Aqaba

L’aménagement d’un port en eaux profondes Positionné à l’intersection des lignes de transport maritime reliant l’Europe, l’Afrique et l’Amérique, ce projet renforcera la position géostratégique de Nouadhibou et catalysera son développement dans les différents secteurs économiques.

Restructuration du pôle halieutique L’ambition de l’AN-ZF est de développer l’activité de la pêche dans un but de débarquement et de valorisation d’un million de tonnes de produits à terme.

Nouvel aéroport international La création d’un nouvel aéroport est l’une des priorités du projet porté par l’Autorité de la Zone Franche de Nouadhibou qui vient s’inscrire dans une démarche de développement durable.

Développement du pôle hôtelier et touristique

PUBLI-INFORMATION

Un développement soutenu sur le court, moyen et long termes Une programmation au service d’une stratégie de développement • Inauguration de l’Extension du Port Autonome de Nouadhibou (PAN) • Pose de la première pierre pour l’extension de l’Établissement Portuaire de la Baie du Repos (EPBR) • Inauguration de la société chinoise de pêche Hong Dong International Fishery Développement Co.Ltd. • Projet de construction d’un chantier naval en cours de réalisation • Délivrance d’un agrément pour le groupe Marocain UNIMER pour l’implantation d’un complexe industriel de transformation et de valorisation des espèces pélagiques dans la Zone Franche • Projet d’aménagement et de viabilisation de la zone touristique.

Autorité de la Zone Franche de Nouadhibou

P5 - 485 à 488 - Nouadhibou - Mauritanie Tél. : +222 45 74 41 67 - Fax : +222 45 74 41 69 www.ndbfreezone.mr - IV-

DIFCOM/FC - Photos : DR

Le tourisme à Nouadhibou est en phase précoce de développement. Il offre ainsi aux investisseurs l’opportunité d’être les premiers acteurs du tourisme au sein d’une destination littorale et saharienne unique.

Le lundi 18 Août 2014, un mémorandum de coopération tripartite a été signé entre l’Autorité de la Zone Franche de Nouadhibou (AN-ZF), la Société Islamique pour le Développement du Secteur Privé (ICD) et l’Autorité de la Zone Économique Spéciale d’Aqaba (ASEZA).


Mauritanie cinq ans pour tout changer

dr

l’opposition, au profit d’El Hacen Ould Mohamed, de Tawassoul, mais il a aussi vu son parti perdre sa place à l’Assemblée nationale. En outre, à 72 ans, il peut désormais tirer un trait sur la magistrature suprême, l’âge limite pour être candidat à la présidentielle étant fixé à 75 ans par la Constitution. Même constat pour Messaoud Ould Boulkheir, 71 ans, le leader de l’Alliance populaire progressiste (APP, l’un des trois partis de la CAP) et ex-président de l’Assemblée nationale. Mais tout comme Ahmed Ould Daddah, le président du Conseil économique et social ne veut pas entendre parler de retraite. Et, de fait, aucun dauphin n’émergeaujourd’hui,niauRFD,niàl’APP.

p Messaoud Ould Boulkheir. opposition

Le front du refus Les principaux adversaires du régime ont boycotté le dernier scrutin présidentiel. Atteints par la limite d’âge, ils ne pourront se présenter en 2019. Et, pour le moment, aucun dauphin ne pointe son nez.

e

ntre Mohamed Ould Abdelaziz et les ténors de l’opposition, le fossé semble à nouveau infranchissable. Depuis la présidentielle du 21 juin, le premier et les seconds se regardent en chiens de faïence et ne montrent pas le moindre désir de se rabibocher. Les choses semblaient pourtant bien parties, au mois d’avril, quand tous s’étaient assis à la table des négociations pour débattre des conditions de l’organisation du scrutin. Hélas, le dialogue a encore une fois tourné court. Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU, ex-Coordination de l’opposition démocratique, ou COD) et la Convention pour une alternance pacifique (CAP) ont annoncé que, pour la présidentielle, ce serait sans eux. Et ils ont tenu parole, appelant même les Mauritaniens à ne pas voter. Leur objectif: contester la légitimité de la réélection du chef de l’État, qu’ils estimaient courue d’avance. De fait, « Aziz » a été confortablement élu, avec 81,89 % des suffrages. Quant au

jeune afrique

autocratique. Tous les regards se tournent donc vers une autre figure de l’opposition, Mohamed Ould Maouloud, 61 ans, leader de l’Union des forces de progrès (UFP). Ce dernier pourrait être désigné par le FNDU lors de la présidentielle de 2019 si l’idée d’une candidature unique était retenue. « Tout dépendra des circonstances et des alliances, répond l’intéressé à l’évocation de cette lointaine échéance. Aujourd’hui, notre participation reste théorique. La priorité du FNDU est avant tout de trouver une façon de résoudre la crise politique, de créer une alternative au pouvoir actuel et à sa gestion autocratique. » Depuis l’investiture d’Aziz, le 2 août, le FNDU n’a pas chômé. En plus de son « pôle politique », le Front a mis en place des commissions thématiques, chargées d’élaborer des propositions concrètes afin d’améliorer le système de santé, de réparer les violations des droits de

taux de participation, il s’est officiellement élevé à 56,55 %. Il n’empêche : pour l’opposition, le boycott a été parfaitement suivi. « Nous considérons qu’il n’y a pas eu d’élection, déclare Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, président du FNDU. Le pouvoir a refusé que la présidentielle soit transpasystème de santé, éducation, rente et, donc, que l’on s’y langues… Le FnDu ne chôme pas présente. Nous contestons et fait des propositions concrètes. toujours sa réélection. » pari risqué. En novembre 2013 déjà,

10 des 11 partis que comptait la COD (hormis les islamistes « modérés » de Tawassoul) avaient choisi de boycotter les élections législatives et municipales. Pour Ahmed Ould Daddah, chef de file du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) – l’un des 17 partis qui forment le FNDU, lequel compte aussi des syndicats, des organisations de la société civile et des personnalités indépendantes –, le pari était risqué. En effet, il a non seulement perdu son statut de chef de file de

l’homme (les exactions subies par les Négro-Mauritaniens à la fin des années 1980 et au début des années 1990), de travailler sur l’État de droit, l’éducation ou les langues (arabe, peul, wolof…). L’étape suivante consistera à sensibiliser la population à ces questions, à Nouakchott comme à l’intérieur du pays, et à fédérer d’autres mouvements. Notamment la CAP, à laquelle le FNDU continue de tendre la main. « Nous aurions pu nous afficher davantage ensemble », regrette Ould Babamine. l Justine spieGeL n o 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

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le Plus de j.a. Mauritanie t L’ancien président, chez lui à Nouakchott, en septembre.

se trame. D’abord, Mohamed Ould Abdelaziz renforce son parti pour remporter une confortable majorité, puis il négociera une élection à la Vladimir Poutine – en en portant un autre au pouvoir –, avant de revenir pour la présidentielle suivante. Donc, bien que cela reste envisageable, il n’a pas de raison de modifier la Constitution. ne lui reconnaissez-vous pas un bon bilan sécuritaire ? yero djigo

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interview

ely Ould Mohamed Vall « l’insécurité est flagrante, le pays est en ébullition » Le cousin et néanmoins grand rival du chef de l’État ne trouve rien de positif dans l’action du gouvernement. Et ne se prive pas de le faire savoir.

d

epuis plusieurs mois, l’exprésident de la transition (d’août 2005 à avril 2007) ne décolère pas. Ely Ould Mohamed Vall, 61 ans, dénonce « la mascarade électorale » de la présidentielle de juin, qui a reconduit au pouvoir son cousin germain, Mohamed Ould Abdelaziz, devenu son ennemi intime. S’il n’appartient à aucun parti, il est proche des leaders de l’opposition et se pose en allié de leur coalition, le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU). jeune afrique : Pourquoi n’avez-vous pas été candidat à la présidentielle ? ely Ould MOhaMed Vall: Le pouvoir

semblait clairement décidé à se maintenir en utilisant pour cela tous les moyens de l’État. Dans ces conditions, comment voulez-vous qu’on aspire à se présenter et, surtout, qu’une candidature comme la mienne puisse aboutir ? Dans un tel contexte, il n’y a pas d’alternance possible. l’opposition a-t-elle eu raison de boycotter le scrutin ?

Oui. Pendant plusieurs mois, ses représentants ont tenté par tous les moyens n o 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

de négocier une sortie de crise politique. Or on s’est progressivement aperçu que le pouvoir, en apparence ouvert à la discussion, n’avait en réalité aucune envie de négocier : dès le départ, il souhaitait organiser et remporter cette élection, que l’opposition y participe ou non. Celle-ci avait déjà fait l’erreur d’y participer en 2009, elle ne s’est pas laissée reprendre ! Croyez-vous à la relance du dialogue entre majorité et opposition ?

Je n’y crois pas, pas avec le pouvoir actuel, car il a prouvé qu’il n’avait aucune envie de discuter. Pour mettre définitivement fin à cet antagonisme et obtenir un consensus de la classe politique, il ne s’agit pas de négocier une légalisation du mandat actuel, mais de réorganiser des élections municipales, législatives et présidentielle transparentes. lors de son investiture, en août, Mohamed Ould abdelaziz a assuré qu’il ne modifierait pas la Constitution pour briguer un troisième mandat. qu’en pensez-vous ?

Je n’y crois pas du tout non plus. En fait, je vois déjà les prémices de ce qui

De quel bon résultat peut-on parler? Jusqu’en 2008, il n’y avait jamais eu d’attentat en Mauritanie. À partir du moment où il en a pris la tête, nous avons assisté au massacre de nos soldats à Tourine [en septembre 2008], à l’assassinat d’un Américain [en juin 2009], à un attentat près de l’ambassade de France [en août 2009], à plusieurs attaques d’Al-Qaïda, notamment contre des casernes [à Nema, en août 2010, à Bassiknou, en juillet 2011]… Sans compter que, durant cette période, Al-Qaïda au Maghreb islamique a recruté la moitié de ses hommes en Mauritanie. Aujourd’hui, il n’y a plus ni sécurité intérieure ni extérieure. Et le pays est en ébullition. entretenez-vous de bonnes relations avec l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou [cousin d’aziz, il a financé sa campagne en 2009, puis, brouillé avec le pouvoir, s’est exilé au Maroc en 2010] ?

C’est un ami de jeunesse, que je considère comme un frère. Je n’ai jamais eu de problème personnel avec lui. Il a choisi de soutenir l’actuel président lors de l’élection de 2009, à laquelle je m’étais présenté. Je respecte son choix et je ne lui en ai jamais voulu. Depuis, il a pris ses distances avec le régime et nos rapports sont redevenus amicaux. Je suis toujours en contact avec lui. Pourquoi vous exprimez-vous davantage aujourd’hui ?

Je n’ai jamais cessé de parler. Et que je marche ou que je coure, c’est toujours avec le même objectif : parvenir à une réelle solution politique pour le pays. Dès lors que le pouvoir a décidé d’organiser unilatéralement la présidentielle, j’ai décidé de m’opposer à lui jusqu’à son départ. Il n’y aura plus de pause. l Propos recueillis à Nouakchott par justine sPieGel jeune afrique


Cinq ans pour tout changer

Tribune

Opinions & éditoriaux

roulez jeunesse!

Ê Kane Limam monza Auteur-interprète, fondateur du festival Assalamalekoum

tre jeune, en voilà une chance pour nous autres. Forts, fiers et dynamiques… telle devrait être la donne. Hélas ! La vie est tout autre au pays du million de poètes. L’ancien général Mohamed Ould Abdelaziz entame cette année un second mandat, avec un programme largement tourné vers la jeunesse. justement, qu’en est-il réellement de la situation des jeunes en Mauritanie? À quoi aspirent-ils ? Ont-ils leur mot à dire concernant les affaires de la nation ? Que font les pouvoirs publics pour eux ? La société leur permet-elle de rêver ?

La Mauritanie est riche, elle a de nombreux atouts, assez pour prétendre se hisser au rang des grands pays. et pour relever ce défi elle a besoin de sa jeunesse. Comme le disait le père de la nation, Moktar Ould Daddah : « La Mauritanie de demain sera ce qu’en fera sa jeunesse d’aujourd’hui. » Or, depuis le 10 juillet 1978, le « syndrome du coup d’État » dit et dicte aux jeunes que le pouvoir peut s’acquérir par la force. Ces jeunes qui représentent désormais plus de la moitié de la population et qui, pourtant, ne sont pas réellement représentés dans les institutions politiques nationales… résultat, bon nombre d’entre eux ne votent plus, n’adhèrent plus aux partis politiques et ne lisent même plus les quotidiens nationaux. Par désengagement, par lassitude, par trop d’espoirs envolés.

Pourtant, inclure les jeunes dans la vie politique constitue un enjeu fondamental. C’est ce qu’ont démontré, en 2011, les manifestations populaires dans les rues de la capitale et à l’intérieur du pays, comme à Maghama, où a été tué le jeune Lamine Mangane, dans des circonstances encore non élucidées. Il est nécessaire d’engager un dialogue entre l’État, les élus locaux, la société civile et les partis politiques sur l’importance de cette participation des jeunes et sur les conséquences néfastes qui peuvent résulter de leur marginalisation : immigration, criminalité, toxicomanie, terrorisme. L’État mauritanien a toujours promis des infrastructures et du travail aux jeunes. Or le taux de chômage est d’environ 30 %, la jeu-

Ras-le-bol du chômage. Musique, arts plastiques, street wear, artisanat… Le salut passe par la création.

Les barrières traditionnelles, telles que le favoritisme ou le tribalisme, empêchent l’admission de la jeunesse dans la politique locale, et limitent aussi sa participation à la vie active. elle n’a plus aucune échappatoire. Pas d’emploi. Pas de formation. L’éducation souffre d’un manque de structuration et d’engagement responsable du corps enseignant. Il paraît difficile de parvenir à de bons résultats quand les professeurs désertent l’école publique pour aller donner des cours dans des écoles privées. Devant les consulats, les files d’attente s’allongent : les étudiants de premier et de deuxième cycle peinent à obtenir leur visa d’études. jeune afrique

nesse constituant 70 % des demandeurs d’emploi. Parmi eux, des illettrés, des ouvriers, des diplômés, des artisans, des artistes. Las d’attendre, ils ont décidé de se prendre en main. À Nouakchott, la jeunesse exprime son rasle-bol à travers le rap, qui est devenu très populaire. Les artistes ont monté leurs studios, leurs événements culturels et leurs propres boîtes de production. Surtout, ils ont pu accéder à l’emploi par la création : musique, arts plastiques, street wear, artisanat, tourisme, etc. Depuis 2008, les initiatives les plus en vue en Mauritanie, comme le festival Assalamalekoum, la jeune Chambre de commerce de Mauritanie, le festival nouakshort Film, La Marmite du partage, ou encore StartupWeekend nouakchott, ont été pensées et portées par des jeunes militants, investis et patriotes. Être jeune et mauritanien en 2014, c’est non seulement affronter le défi d’être seul face à ses propres responsabilités, mais c’est aussi le devoir de réussir, pour donner au pays ce qu’il n’a pas pu offrir à ses propres enfants. C’est écrire la musique que toute la jeunesse de Mauritanie rêve d’entendre. l n o 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

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ENTRETIEN

J. Paul Rollinson Président Directeur Général de Kinross Gold Corporation

J. Paul Rollinson : Tasiast représente une opportunité d’investissement attrayante alors que les gisements d’or à potentiel se raréfient. Si Tasiast est aujourd’hui une mine de taille moyenne avec une production d’environ 250 000 onces d’or en 2013, son potentiel de croissance est significatif. Ses réserves minérales sont de l’ordre de 9,6 millions d’onces dans une zone géologique intéressante.

PUBLI-INFORMATION

DEPUIS SON ACQUISITION DE TASIAST, KINROSS A INVESTI 3,1 MILLIARDS DE DOLLARS EN MAURITANIE. QUEL A ÉTÉ L’IMPACT DE CET INVESTISSEMENT ? J.P. R. : Lorsque nous avons acquis Tasiast, la mine consistait en une série de petites fosses à ciel ouvert avec peu d’infrastructures. Kinross avait une vision à long terme pour intégrer Tasiast dans ses opérations. Nous avons construit de nouvelles infrastructures telles qu’une conduite d’eau, une centrale électrique, une base de vie avec logements, réfectoires, mosquée et terrains de football. Parmi les premiers employeurs privés de Mauritanie, avec 1400 salariés permanents et 1350 contractuels à Tasiast, nous avons énormément investi dans la formation : hygiène et sécurité du travail, techniques industrielles. Résultat : la production a augmenté de 34 % avec un taux d’accident très faible et 88 % des employés sont Mauritaniens, dont de nombreux cadres. Les investissements de Kinross ont profité à l’économie mauritanienne : création d’emplois ; de 2010 à 2013 850 millions de dollars de biens et

services achetés localement, avec de nombreuses opportunités pour les entreprises mauritaniennes, et 290 millions de dollars de taxes, royalties et droit versés à l’État. On peut donc affirmer que la mine a un impact significatif sur le pays.

KINROSS “ENVISAGE D’INVESTIR 1,6 MILLIARD DE DOLLARS POUR L’EXPANSION DE TASIAST

diminuer de moitié, à près de 500 dollars l’once. L’enjeu du projet d’expansion est de transformer Tasiast, notre mine la plus coûteuse, en notre premier producteur avec des coûts parmi les plus bas. L’expansion créerait environ 300 emplois permanents et 1100 emplois contractuels pendant les trois années de construction. Ces emplois, l’augmentation des taxes pour l’État et des dépenses pour l’approvisionnement local devraient générer de 2018 à 2022 une contribution supplémentaire directe et indirecte au PIB de 1,9 milliard de dollars. KINROSS STATUERA EN 2015 SUR L’EXPANSION DE TASIAST. QUELS SONT LES FACTEURS CLÉS POUR UNE DÉCISION POSITIVE ?

KINROSS ENVISAGE D’INVESTIR 1,6 MILLIARD DE DOLLARS POUR L’EXPANSION DE TASIAST. QUE SIGNIFIE UN TEL INVESTISSEMENT POUR LA PRODUCTION, L’EMPLOI ET L’ÉCONOMIE ?

J.P. R. : Une éventuelle expansion de Tasiast génèrerait des bénéfices importants pour Kinross et pour les Mauritaniens. La production annuelle devrait tripler, à hauteur de 850 000 onces d’or pendant les 5 premières années d’exploitation, et les coûts de production

J.P.R. : Notre décision dépendra essentiellement de trois facteurs. Le premier concerne un climat d’affaires en Mauritanie propice à un tel investissement. C’est un engagement à long terme pour Kinross qui doit donc être absolument certain de pouvoir mener ses activités suivant des règles claires et fiables. Ceci comprend : des quarts de 12 heures pour les postes de travail comme dans nos autres mines ; une législation d’exonération de la TVA adéquate ; un traitement satisfaisant par le gouvernement du remboursement de la TVA due à la société. Ensuite nous devons sécuriser un financement de 700 à 750 millions de dollars auprès des bailleurs de fonds. Enfin, le troisième facteur, qui échappe à notre contrôle, concerne le cours de l’or, relativement bas et très volatile. Pour conclure, une éventuelle expansion doit être un projet bénéfique qui crée de la valeur aussi bien pour les actionnaires que pour les Mauritaniens. ■

DIFCOM/DF - PHOTO : DR.

POURQUOI KINROSS A ACQUIS TASIAST EN 2010 ?


Le Plus de J.A. Mauritanie

Laurent Prieur Pour J.a.

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Société

Entre les Flam le torchon brûle Un an après le retour au pays de leurs leaders, les militants de la cause négro-mauritanienne s’entre-déchirent. Faut-il intégrer un parti politique ou rester au sein de la société civile ?

«

F

aire des Flam un parti politique revient à légitimer le régime ! » Pour ce cadre en exil des Forces de libération africaines de Mauritanie (Flam), mouvement emblématique de la lutte des Négro-Mauritaniens face à un État qualifié de « raciste, esclavagiste et dictatorial », le congrès extraordinaire qui s’est tenu à Nouakchott les 29 et 30 août a des allures de renoncement. Malgré des oppositions internes, la dissolution de l’organisation a été entérinée, ainsi que sa mutation en parti politique, les Forces progressistes du changement (FPC). En 1986, trois ans après la création du mouvement radical, ses dirigeants publient le « Manifeste du NégroMauritanien opprimé ». Ils sont alors arrêtés, avant de s’exiler, comme la plupart de leurs militants. Longtemps hors la loi et diabolisé en son pays, le mouvement a bénéficié l’an dernier de mesures d’apaisement de la part du régime de Mohamed Ould Abdelaziz. Le 24 septembre 2013, Samba Thiam et Kaaw Touré, le président et le n o 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

porte-parole des Flam, débarquaient à l’aéroport de Nouakchott, foulant le sol mauritanien pour la première fois après vingt-trois années d’exil. Les précédant de quelques mois, Ibrahima Mifo Sow, le vice-président de l’organisation, avait préparé leur retour en posant les jalons d’une intégration officielle des Flam à la vie politique mauritanienne – dans le camp de l’opposition, cela va sans dire : « Une opposition hors système, mais une opposition responsable », selon les termes de Samba Thiam. IRRÉDUCTIBLES. Un an plus tard, l’option

légaliste défendue par la présidence du mouvement a accouché d’un schisme. « Les Flam sont un mouvement de libération nationale, il est prématuré d’en faire un parti politique comme les autres », analyse notre cadre en exil. Pour l’aile radicale des Flam, « les conditions préalables avant de se prêter au jeu politique ne sont toujours pas réunies : la démocratisation du pays n’est pas acquise, la question des réfugiés et celle de l’esclavage ne sont pas réglées, et l’enrôlement

p De g. à dr. : Kaaw Touré, porte-parole des Forces africaines de libération de la Mauritanie ; Samba Thiam, leur président ; et Ibrahima Mifo Sow, leur vice-président.

[recensement] des populations noires est toujours contesté. » En Mauritanie comme dans la diaspora, nombre d’irréductibles flamistes rejettent donc la dissolution, dénonçant un congrès illégitime, organisé sans respect des statuts du mouvement, et revendiquant la poursuite d’un militantisme radical déconnecté du jeu démocratique traditionnel. « Le congrès, qui devait se réunir depuis le mois de mars, s’est tenu dans les règles, rétorque Kaaw Touré. Une majorité s’est dégagée afin de poursuivre la lutte frontalement sur place plutôt que de maintenir l’organisation en exil. Les Flam ont été absents du terrain pendant vingt-sept ans, ils se doivent désormais de l’occuper. » Ce n’est pas la première fois dans l’histoire du mouvement que ses troupes divergent sur la conduite à adopter. Au lendemain du renversement de Maaouiya Ould Taya, en août 2005, une aile de l’organisation, considérant que la donne avait changé, avait prôné le retour des Flam au pays et leur intégration dans le jeu politique. Jeune afrique


Cinq ans pour tout changer Ces dissidents ont donné naissance aux Flam-Rénovation, lesquelles ont ensuite fusionné avec l’Alliance pour la justice et la démocratie (AJD) pour former, en 2007, l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la rénovation (AJD/MR), emmenée par Ibrahima Moctar Sarr. Fondateur et ancien membre des Flam, ce dernier a été candidat aux élections présidentielles de 2007, 2009 et 2014. SÉPARATISTES. Outre ces dissensions,

dont on ne peut aujourd’hui augurer des suites, le congrès des ex-Flam, désormais FPC, a formulé une proposition qui, elle aussi, suscite la polémique. En revendiquant l’autonomie des régions, les FPC se sont en effet attiré les foudres du régime. Ainsi, Sidi Mohamed Ould Maham, le nouveau président de l’Union pour la République (UPR, parti présidentiel), les a qualifiés de « séparatistes », rejetant fermement ce projet qui menace, selon lui, la cohésion du peuple mauritanien et l’intégrité territoriale du pays.

populations non arabophones dans les marges, tout en promettant, par la bouche même du président Ould Abdelaziz, de « garantir les droits de tous les citoyens, leur égalité devant la loi et devant les services de l’État », le mouvement d’émancipation des Négro-Mauritaniens apparaît plus éclaté que jamais. FPC, Flam dissidents, Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRAEn revendiquant l’autonomie Mauritanie, lire p. 47), AJD/ régionale, ils se sont attirés MR, Parti pour la liberté, l’égalité et la justice (Plej), les foudres du régime. Arc-en-Ciel, Touche pas à du congrès. Elle se fonde sur des critères ma nationalité… La question « raciale » objectifs, naturels, plus à même de réduire est aujourd’hui au cœur des préoccupations de nombre d’organisations qui les tensions ethniques récurrentes et de se sont jusqu’à présent abstenues de favoriser la cohésion sociale. À nos yeux, elle constitue juste une étape, transitoire fusionner au sein d’une coalition « commais nécessaire, vers la gestation de l’Étatmunautaire » et dont les approches resnation, qui ne se décrète pas. » pectives reflètent le dilemme qui agite Reste que, au moment où l’exécutif l’opposition depuis la fin du règne de entend promouvoir une arabisation Maaouiya Ould Taya : faut-il ou ne faut-il des correspondances de l’armée, décipas participer au jeu électoral ? l sion de nature à reléguer davantage les MEhdI BA, à Dakar Des critiques balayées par Samba Thiam, qui considère que « la Mauritanie possède une réalité tribale, ethnique et régionale têtue », sur laquelle les FPC ne sauraient fermer les yeux. « L’autonomie demeure un projet de réorganisation territoriale et administrative plus adapté à notre réalité socioculturelle, ethnique et tribale, sans plus, avait-il rappelé lors

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COMMUNIQUÉ

L’énergie l’émergence pour

L’

orientation stratégique structurante dans le domaine de l’énergie électrique mise en œuvre depuis 2009 vise, notamment, à permettre à la Mauritanie de s’assurer une indépendance énergétique complète à l’horizon 2018, ainsi qu’une réduction substantielle des coûts de production à travers des solutions énergétiques mettant à profit les ressources naturelles nationales, notamment le gaz et les énergies renouvelables, solaire et éolienne, dont le pays recèle des potentialités considérables. La généralisation de l’accès des populations aux services de l’électricité et l’amélioration de la qualité de la fourniture de l’énergie électrique est l’un des principaux objectifs de cette stratégie. La découverte du gisement de gaz naturel du champ de Banda dans l’offshore Mauritanien, représente une opportunité exceptionnelle pour la Mauritanie mais également pour les pays de la sous région pour diversifier leur approvisionnement en énergie primaire avec des coûts de production plus favorables. Dans le cadre de l’exploitation de cette source d’énergie, plusieurs projets de production d’électricité à partir

du gaz naturel et de construction de lignes de transport sont en cours d’exécution. En premier lieu, la centrale duale (pouvant fonctionner au gaz et au fuel) en cours de réalisation à Nouakchott. Elle sera construite en deux phases, 120 MW en 2014 et 60 MW supplémentaires en 2015. Dans un premier temps, la centrale duale fonctionnera au fioul lourd (HFO) puis au gaz naturel à partir de 2016, à la fin de la construction d’un gazoduc reliant ce site de production au gisement gazier. Elle contribuera à la sécurisation de la fourniture d’énergie électrique et à la couverture de la demande en électricité de la ville de Nouakchott et du réseau national interconnecté à court, moyen et long terme. Ce projet intègre une partie dédiée à l’exportation pour participer à la résolution des problèmes énergétiques que rencontrent les pays de la sous région à travers le réseau de l’OMVS existant. Un contrat de vente d’électricité portant sur une puissance de 20 MW dès la mise en service de la première tranche a déjà été signé en septembre 2014 avec la société d’électricité du Sénégal. Naturellement, l’augmentation des capacités de production est accompagnée d’un vaste programme de développement et de renforcement du système d’évacuation, de transport et de distribution de l’énergie électrique.

Centrale duale de 180 MW.


Les conditions d’exploitation des centres de production et des réseaux seront améliorées par la mise en place d’un centre national de conduite (CNC). Parallèlement, la SPEG (Société de Production de l’Électricité à partir du Gaz) s’attèle a développer une centrale à cycle combiné de 120 MW dont la mise en service est prévue en 2017 à Nouakchott. Cette centrale sera également alimentée par le champ de Banda et portera ainsi la puissance de la future centrale à gaz à 300 MW. À plus long terme, la construction d’autres parcs de production est envisagée : • une centrale à cycle combiné de 120 MW au site intermédiaire situé sur le tracé de la future ligne Haute Tension Nouakchott-Nouadhibou ; • une centrale à Zouérate liée à la construction d’un gazoduc vers la région minière. Dans le domaine du transport, une ligne d’interconnexion 225 kV de 423 km entre la Mauritanie et le Sénégal sera mise en service en 2017 de façon à porter à 250 MW la capacité de transit entre les deux pays, limitée actuellement à 80 MW. Elle permettra de développer les échanges d’énergie électrique et de renforcer le fonctionnement du réseau de transport de l’OMVS. Un projet de ligne 225 kV de 460 km entre Nouakchott et Nouadhibou au Nord du pays est en cours de développement permettant ainsi de sécuriser la desserte en énergie électrique des pôles industriels et miniers (pêches et minerais de fer à Nouadhibou, mines d’or.). Ce tronçon permettra également de se rapprocher du réseau Maghrébin en vue de l’intégration à un futur marché international de l’électricité.

Énergies renouvelables pour un développement durable…

Un autre important axe de politique énergétique vise l’intégration à grande échelle des Énergies Renouvelables pour la réalisation d’un mix énergétique national optimal permettant au pays de tirer profit d’abondantes ressources solaires et éoliennes jusquelà quasiment inexploitées et de réduire le coût de

production d’électricité ainsi que la dépendance vis à vis des hydrocarbures importés, onéreuses et polluantes. Ainsi, plusieurs projets EnR, totalisant une puissance installée de plus de 177 MW sont réalisés, en cours de réalisation ou envisagés. Nous pouvons en citer la centrale solaire PV 15 MW à Nouakchott raccordée au réseau et mise en service en 2013 ; le parc éolien de 30 MW en cours de construction au sud de la capitale et la centrale Hybride Solaire photovoltaïque, thermique diesel de Kiffa en cours d’adjudication et qui sera suivie par d’autres hybridations à l’énergie solaire des principales centrales de l’intérieur du pays. Un projet de centrale solaire photovoltaïque à Nouakchott de 30 MW ainsi qu’un projet de centrale éolienne de 100 MW à Boulenouar, dans la région de Nouadhibou, sont en cours d’étude. Ce dernier projet est en phase avec les perspectives de développement prometteuses de la zone franche de Nouadhibou et des opportunités offertes par la construction de la ligne 225 kV entre Nouakchott et Nouadhibou. En définitive, il s’agit d une véritable transition énergétique en passe de doter le pays d’une nouvelle configuration des systèmes électriques dont les principales caractéristiques seront la modernité, la fiabilité et l’efficience au service d’une économie nationale performante et compétitive.

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DIFCOM/FC - Photos : DR

Un autre important axe vise l’intégration à grande échelle des Énergies Renouvelables pour la réalisation d’un mix énergétique national optimal permettant au pays de tirer profit d’abondantes ressources solaires et éoliennes inexploitées et de réduire le coût de production d’électricité ainsi que la dépendance vis à vis des hydrocarbures importés, onéreuses et polluantes.

Parc éolien - déchargement des pales.


Le Plus de J.A. Mauritanie économie

Beaucoup de rose, un peu de gris Grâce à une croissance solide, à une inflation maîtrisée et à des projets audacieux, le pays a retrouvé des couleurs. Cependant, le taux d’endettement et la misère restent très élevés.

D

onateurs, hommes d’affaires et experts ne tarissent pas d’éloges. « Depuis l’arrivée du président Aziz, les choses se sont considérablement améliorées », affirme l’un. « Je n’en reviens pas du dynamisme de Nouakchott ; ce pays est sur une trajectoire de développement », dit l’autre. « Certes, pour la transparence des affaires, ce n’est pas la Suisse, mais c’est nettement mieux que le Cameroun, et même que le Maroc ! » renchérit un troisième. « Il possède une économie plus diversifiée que celle du Sénégal », s’étonne un quatrième. Effectivement, la croissance y est robuste. Au cours des dix dernières années, elle s’est établie à 3,6 % par an en moyenne puis s’est accélérée, pour atteindre 6,9 % en 2012, grâce aux pluies qui ont favorisé l’agriculture, et 6,7 % en 2013. Les augures lui prédisent encore

plus de 6 % en 2014. Des chiffres bien pour la région. Un guichet unique pour les entreprises a été créé et un tribumeilleurs que ceux des pays voisins, malgré la baisse du prix du minerai de fer nal de commerce se met sur pied. Pas et de l’or, et malgré certaines désillusions étonnant que cet État ait progressé de dans le domaine des hydrocarbures. vingt-quatre places en deux ans au palAvec une hausse des prix de 2,9 %, en marès de Transparency International. » août, l’inflation semble d’une sagesse La passation des marchés publics se remarquable. Les réserves en devises déroule de façon assez satisfaisante, et dépasseraient 1 milliard de dollars (780 millions au palmarès de transparency d’euros) : de quoi assurer international, nouakchott huit mois d’importations. a gagné 24 places en deux ans. La croissance démographique, elle, paraît se la concurrence n’est pas un vain mot, modérer, avec un taux de 2,49 % en 2013, quand celui des autres pays du Sahel comme le prouve un appel d’offres perdu oscille entre 3 % et 4 %. par l’entreprise de BTP Bouygues, et nullement sous des prétextes fallacieux. irrigation. Le climat des affaires aussi Surtout, la Mauritanie regorge de s’améliore. « Le pays va dans le bon projets. Certains sont en bonne voie, sens, explique Vera Songwe, directrice comme la mise en valeur de 10 000 ha des opérations de la Banque mondiale de terres supplémentaires dans la vallée

Des hauts… et des bas (estimations pour 2013) Contribution au PIB par secteurs

Taux d’inflation très raisonnable

(en %)

16,8

Agriculture et pêche

16,1

Industries extractives

Croissance du crédit au secteur privé (contre 14,6% en 2012)

Manufactures BTP et construction Services privés Services des administrations

26,4

Dette extérieure énorme

(en % du PIB, contre 89,5% en 2012)

Recul dans le classement IDH 2013

(sur 187 pays classés, en recul de 2 places

30,1 6,8 3,8

3%

15,3%

87,7%

161e

Espérance de vie limitée 61,6 ans

SourceS : MineFi - BcM - FMi, avril 2014 - Pnud 2014

76


du Sénégal grâce à l’irrigation. D’autres sont sur les rails, tel le transport vers le Sénégal de l’électricité produite à partir du gaz naturel extrait en haute mer, un projet de 1 milliard de dollars. D’ailleurs, les centrales électriques se multiplient, y compris les hybrides, qui auront recours aux énergies thermique et solaire. Après la ratification de l’accord sur la pêche avec l’Union européenne, en octobre 2013, des entreprises commencent à transformer le poisson sur place, à Nouadhibou. La Société nationale industrielle et minière (Snim) et Glencore Xstrata caressent l’espoir de quadrupler la production de fer. Il est même question d’exploiter des gisements de phosphate et de terres rares. Restent pourtant quelques ombres au tableau. Tout d’abord, la misère recule peu : 48 % de la population perçoit des revenus inférieurs au seuil de pauvreté, cette proportion s’élevant à plus de 60 % dans la vallée du Sénégal. À l’évidence, la belle croissance de la Mauritanie n’est pas « inclusive », comme disent les experts pour constater qu’elle ne profite pas au plus grand nombre. Signe de ce dénuement, le pays ne parviendra pas à atteindre, en 2015, les Objectifs du millénaire pour le développement fixés par l’ONU en matière de mortalité maternelle et infantile.

Croissance stable

feu vert. Mais le plus gros souci du pays, c’est sa dette. Certes, Mercedes Vera Martin, chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) pour la Mauritanie, certifie que la structure de cette dette est satisfaisante « car elle est surtout constituée de prêts concessionnels apportés par l’aide multilatérale et qu’il n’y a pas de problèmes avec la finance islamique ». « Une mission du FMI, ajoute-t-elle, permettra d’en analyser la soutenabilité » d’ici à la fin de l’année, ce qui débouchera éventuellement sur un appui financier du Fonds. Il n’empêche : cet endettement représente plus de 87 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, un taux inhabituellement élevé. « Cette mission sera la bienvenue, commente le représentant d’un organisme donateur, car la Mauritanie n’est plus sous programme du FMI depuis juin 2013, ce qui gêne considérablement l’action des bailleurs. Ceux-ci n’ont plus de visibilité budgétaire et financière et ne peuvent donc financer de nombreux projets comme

Investissements directs étrangers

jeune aFrIque

PIB (en milliards de $, en prix courants, éch. de gauche) Croissance (variation du PIB réel, en %, en prix constants)

5

3,5

4,1

4,5 6,8

4,2 6,7

3 2

7 6 5

4,3

1 0

8

4

3,9 2010

* estimations ** prévisions

2011

2012

2013*

2014**

3

SourceS : FMI, avrIl 2014

4

4 6,9

Investissements soutenus Total des investissements (en % du PIB) 38,16 35,77 24,72 16,15

2011

2012

2013*

(en millions de $) Flux entrants

131

Stocks

589

1 383

1 154

2 372

2 961

4 344

5 499

2010

2011

2012

2013* * estimations

ils le souhaiteraient, car il leur faut, au préalable, le feu vert du Fonds. Il y aurait des désaccords sur la façon de calculer la dette mauritanienne, faute d’une bonne perception des apports des fonds arabes. » Espérons que ce débat, qui n’est pas seulement technique, ne cassera pas l’élan que Nouakchott a su donner à sa machine économique. l AlAin fAujAs

SourceS : FMI, avrIl 2014 - cnuced, juIllet 2014

2010

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Le Plus de J.A. Mauritanie à réévaluer ses actifs miniers mauritaniens (hérités de sa fusion avec Xstrata) et repenser le modèle économique d’Askaf, ainsi que l’intérêt de ses autres permis miniers d’El Aouj (proche d’Askaf) et de Leibthenia (à 50 km de Nouadhibou), encore en phase d’étude de faisabilité. « Avec la signature de cet accord commercial, le projet d’Askaf est relancé », se félicite l’avocat Thierry Lauriol, du cabinet Jeantet, proche du dossier. « La question, cruciale, de l’accès à l’eau pour développer les projets dans cette région désertique a elle aussi été réglée entre les deux partenaires », précise cet avocat français, fin connaisseur du pays, qui concède qu’aucune date d’entrée en production n’a encore été annoncée.

Matières preMières

santé de fer ou petite mine? La Société nationale industrielle et minière (Snim) voit grand. mais la chute de 40 % des cours du minerai pourrait la contraindre à revoir ses ambitions à la baisse.

L

année2013auraétébonnepour la Société nationale industrielle et minière (Snim). Premier producteur de fer du continent, le groupe public en a exporté 13 millions de tonnes en 2013, soit 4 % de plus qu’en 2012. Quant à ses revenus, portés alors par un cours du fer soutenu, ils ont atteint 1,25 milliard de dollars (908 millions d’euros) l’an dernier, soit 8 % de plus qu’en 2012. Forte de cette progression, la direction de la Snim, sous la houlette de Mohamed Abdellahi Ould Oudaa, a présenté début 2014 son plan Nouhoudh (« transformation », en arabe), visant une production de 40 millions de tonnes en 2025. Pour y parvenir, le groupe veut d’abord renforcer ses infrastructures logistiques, en particulier la voie ferrée reliant Zouerate à Nouadhibou et son port minéralier. Il veut également relancer l’exploration

et développer son projet Guelb II, en construisant et en équipant une seconde usine d’enrichissement des minerais sur ce site. Dans le cadre de ce programme de développement et au-delà de sa propre montée en puissance, la Snim compte renforcer ses partenariats avec des morose. Pourtant, la chute des cours groupes internationaux. En juin, la société a d’ailleurs signé un accord commercial du fer (– 40 % depuis le début de l’année) de transport de minerai pour une durée pourrait remettre en cause le triplement de dix-huit ans avec Glencore, l’exploide la production prévu par la Snim et les tant de la future mine d’Askaf, dans la calendriers des différents projets des région de Fdérick (Nord-Ouest), qui, à opérateurs internationaux. La compagnie pleine capacité, devrait produire environ publique n’a d’ailleurs pas connu d’aug7,5 millions de tonnes de fer par an. La mentation majeure de sa production au signature de ce partenariat avec le géant premier semestre 2014 (6,7 millions de tonnes extraites). Un étalement du plan suisse des matières premières a mis fin Nouhoudh pourrait s’imposer. à une période d’incertitude quant La direction de la Snim, qui à l’avenir de ses projets dans En 2013, semble en pleine réflexion le pays. Glencore avait en le secteur sur le sujet, ne souhaite effet mis plus de six mois a représenté pas s’exprimer sur l’imq Site d’extraction de Zouerate, dans le Nord. pact de cette chute sur sa stratégie. Sa producdes recettes de l’État et tion annuelle pourrait plafonner à son niveau actuel, autour de 13 mildu PIB lions de tonnes, pendant trois ou quatre ans, jusqu’à ce que les cours du minerai remontent. Les partenaires de la Snim, Glencore, mais aussi le chinois Minmetals, le saoudien Sabic et le canadien Kinross, ont d’ores et déjà ralenti le rythme de développement de leurs projets. « Le pays, qui dispose d’un code minier très attractif et peu contraignant, car non soumis à un droit régional ouest-africain ou maghrébin, devrait garder la confiance des investisseurs qui y sont déjà implantés. Mais si elle veut en attirer de nouveaux, dans ce contexte morose, la Snim, qui reste le partenaire local incontournable, aurait intérêt à être transparente sur ses ajustements stratégiques liés à la chute des prix, et notamment sur la mise à niveau de ses infrastructures logistiques », estime Thierry Lauriol. l Christophe Le BeC

95 % 30 %

Photo12/EyE UbiqUitoUs

78

n o 2810 • dU 16 aU 22 novEmbrE 2014

jEUnE afriqUE



CHAMBRE DE COMMERCE, D’INDUSTRIE ET D’AGRICULTURE DE MAURITANIE

1ère réunion Bureau mandature de la CPCCAF 20122014. Nouakchott 25 au 27 février 2012.

Réunion de la 2ème AG des Chambres Économiques de l’UMA - Nouakchott 25 décembre 2012.

Pourquoi investir en Mauritanie ?

Ces ressources viennent d’être renforcées par de nouveaux instruments juridiques, cadre législatif réglementaire, Code d’Investissement, Guichet Unique.

La Mauritanie occupe, sans conteste, une position géographique stratégique à égal distance de la Grande Bretagne et de l’Afrique du Sud, des USA et de la RUSSIE et l’on sait que le pays a de tout temps constitué une terre de rayonnement culturel et civilisationel comme en témoignent les citées de CHINGUITTI, WALATA, TICHITT et WADANE, inscrites, par l’UNESCO, au patrimoine universel de l’humanité. Le pays possède aussi un sol et sous sol qui révèlent fréquemment des nouvelles ressources comme le phosphate, le cobalt, le gypse, l’uranium, le diamant, le lithium, les terres rares, entre autres.

De tels atouts et le tout nouveau cadre réglementaire favorables aux affaires, la création par l’Etat d’une zone franche à Nouadhibou, l’une des côtes les plus poissonneuses du monde, constituent sans nul doute, une réponse à la question Pourquoi investir en Mauritanie ? C’est dans ce contexte, qui prête a l’optimisme, que la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture (CCIAM), fidèle à sa vocation et soucieuse de jouer pleinement son rôle d’interface public-privé, s’est dotée d’instruments d’intervention. Dans ce cadre, elle

À ces atouts s’ajoutent une superficie de plus d’un million de Km2, faisant de la Mauritanie l’un des pays les plus vastes du monde arabe et du continent africain. Le pays dispose aussi de richesses halieutiques, agricoles, pastorales et touristiques qui en font un pays d’opportunités considérables et attractives plus que jamais encouragées par les nouveaux outils juridiques récemment mis en place par l’Etat.

a créé un centre spécialisé d’informations économiques (CCIAM-CIMDET), grâce auquel elle réalise des enquêtes d’ordre économique, gère sa bibliothèque, accueille des stages de formation et veille à la publication, tous les cinq ans, de l’annuaire : « QUI FAIT QUOI ? ». D’autre part, l’Institution Consulaire a créé un Centre International de Médiation et d’Arbitrage (CIMAM), un Site Web dynamique (www.chambredecommerce.mr) qui donne des informations utiles aux activités relatives au développement économique. De même, elle s’est enrichie de trois supports d’information que sont : « CHARAKA » (trimestriel), « CCIAMLETTRE » (mensuel) et d’un «Agenda RAMADAN» (annuel). À ces supports de promotion de l’économie nationale et de communication s’ajoutent 62 protocoles d’accords de coopération conclus, de 2004 à cette date, avec des Chambres Consulaires partenaires et par l’organisation périodique de stages de formation professionnelle, dont deux sont actuellement en cours d’exécution : le premier l’est, depuis 2012, en partenariat avec l’AFD, au profit des PME et le second, rela-

tif a un renforcement des capacités de la CCIAM, l’est en partenariat avec la R.P. de Chine, depuis un mois. ■

116ème Session Conseil UGCCIAPA, 30 mars 2014 à Erbil (Kirdistan-Iraq).

303, avenue de l’Indépendance - BP 215 Nouakchott – Mauritanie Tél. : (222) 45 25 22 14 / Fax : (222) 45 25 38 95 E-mail : cciam2009@yahoo.fr - Site Web: www.chambredecommerce.mr

DIFCOM/FC - Photos : DR

PUBLI-INFORMATION

Entretien avec Mohamedou OULD MOHAMED MAHMOUD, Président de la CCIAM, Président de l’Union Générale des Chambres de Commerce d’Industrie et d’Agriculture des Pays Arabes (UGCCIAPA), vice-président de la Conférence Permanente des Chambres Consulaires Africaines et Francophones (CPCCAF).


Mauritanie cinq ans pour tout changer t Tri de seiches, poulpes et calamars au port de Nouadhibou.

la Chine. « Jusqu’en 2006, il n’y avait aucune contrainte en matière de quotas et de zonage, les contrôles en mer étaient quasi inexistants, et les navires étrangers puisaient sans limite, rappelle Ahmed Yahya. Progressivement, des mesures sont venues encadrer ces pratiques. La pêche de fond a été limitée, et des quotas ont été définis pour certaines espèces. »

Christian LioneL-Dupont/DivergenCe

cApture. Un cap salutaire a été franchi

pêche

plein d’arêtes dans le poisson L’accord de 2013 avec l’Union européenne garantit la pérennité des ressources halieutiques tout en protégeant les intérêts des pêcheurs locaux. Sa renégociation donne lieu à d’âpres discussions.

A

«

vant, il était plus facile de prospérer dans la pêche, mais il y avait de quoi s’inquiéter quant à l’avenir du secteur ! » Pour Ahmed Yahya (Ahmed Ould Abderrahmane, avant la réforme de l’état civil), 38 ans, fondateur et directeur de l’Agence maritime mauritanienne (A2M), armateur et consignataire à Nouadhibou, les accords de partenariat de pêche (APP) signés en 2006 entre son pays et l’Union européenne (UE) ont

marqué une étape dans la gestion durable des ressources halieutiques nationales, jusqu’alors allègrement pillées. Après vingt années de règne de Maaouiya Ould Taya, il existait seulement des accords surnommés PPP (« payer, pêcher et partir »), qui ne s’embarrassaient guère des conséquences de la surpêche. Compte tenu du poids du secteur dans l’économie locale, les autorités devaient redéfinir la règle du jeu avec les partenaires, en particulier l’UE, la Russie et

en octobre 2013 avec la signature du nouvel APP pour la période 2012-2014 (appliqué de manière provisoire dès août 2012). « C’est le premier accord vraiment équitable, dont les dispositions permettent à la fois de préserver les intérêts des pêcheurs locaux et de garantir la pérennité des ressources halieutiques », et en particulier celle des poulpes, à forte valeur commerciale, dont la moitié des prises mondiales a lieu au large des côtes sénégalo-mauritaniennes. L’accord prévoit d’abaisser les quotas de capture et de réserver l’exclusivité de la prise des poulpes à la PAC (pêche artisanale et côtière) mauritanienne. Il oblige également les navires étrangers à embarquer au moins 60 % de nationaux dans leurs équipages (contre 37 % auparavant) et de débarquer leur marchandise dans les ports mauritaniens, la Commission européenne et les armateurs s’engageant à reverser 110 millions d’euros par an aux autorités (contre 90 millions dans l’accord précédent). Rien d’étonnant à ce que ce partenariat novateur ait donné lieu à d’âpres échanges avec l’Espagne et certains armateurs, hostiles notamment à l’interdiction de la pêche au poulpe… Ces derniers aimeraient bien revenir sur certains acquis à l’occasion de la renégociation du protocole, en cours depuis le mois de mai. l l l

yAhyA, le foot et lA ffrIM Ahmed YAhYA était encore étudiant lorsqu’il a participé, en 1999, à la création du FC Nouadhibou, dont il sera président délégué, puis président. Le club s’est rapidement imposé comme l’un des meilleurs du pays. « À Nouadhibou, on n’avait que ça : la pêche et le foot », sourit jeune afrique

l’armateur. en 2011, alors que les mourabitounes (surnom donné à l’équipe) sont en pleine traversée du désert, il décide de briguer la présidence de la fédération nationale (FFRIm). « Ce n’était pas évident, car mon travail dans la pêche me prend beaucoup de temps. mais,

à la surprise générale, j’ai été élu, se souvient AhmedYahya. Nous avons investi, puis bénéficié du soutien moral et financier de l’État pour nous professionnaliser et nous moderniser. » Nouveau siège, académie nationale gérée par une équipe technique espagnole, résultats encourageants

chez les juniors, qualification historique des mourabitounes au Championnat d’Afrique des nations (Chan) 2014… en trois ans, la sélection nationale a gagné plus de 60 places dans le classement Fifa, passant du 206e rang en 2012 au 140e en septembre 2014. l M.B. n o 2810 • Du 16 au 22 novembre 2014

81


82

Le Plus de J.A. Mauritanie Une filière de poids 40 % des recettes 30 % du budget

en devises

Ancien quai.

de l’État

PANPAPANPA

6 % du PIB

20 % des ressources du Trésor

L

e Port Autonome de Nouakchott dit « Port de l’amitié » (PANPA) est un établissement public à caractère industriel et commercial, créé et organisé par décret n° 87-253 du 15 octobre 1987. Premier port public commercial au sud du Sahara et carrefour entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Nord, le PANPA jouit d’une position géographique privilégiée qui le prédestine à jouer un rôle prépondérant dans le commerce international non seulement de la Mauritanie mais aussi des pays enclavés voisins. Le PANPA offre, grâce à un personnel expérimenté et qualifié, des services de qualité en matière de pilotage, de remorquage, de lamanage et de placement des navires. Privatisée en 1990, la manutention y est assurée, avec cependant obligation de service public, par des professionnels du secteur concurrentiel disposant d’un matériel adapté et performant, garantissant ainsi le traitement des navires dans les meilleures conditions de sécurité, de célérité et de coût. La sécurité et la sûreté des installations portuaires représentent un atout spécifique du port de Nouakchott, matérialisé par sa certification, depuis 2008, conforme au Code ISPS « International Ship and Port Facility code » adopté en 2002 par l’OMI (Organisation Maritime Internationale) dont la Mauritanie fait partie.

Source : MiniStère deS PêcheS et de l’ÉconoMie MaritiMe (MPeM)

Le dernier round de négociations entre Européens et Mauritaniens, les 9 et 10 octobre, à Bruxelles, s’est par ailleurs soldé par une suspension temporaire du processus. Les deux parties n’ont pu en effet surmonter leurs divergences portant sur le montant de la contrepartie financière due par l’UE et les armateurs, ainsi que sur l’utilisation par les autorités mauritaniennes du fonds de soutien au secteur. Et le bras de fer semble loin d’être terminé. Créée en 2001 pour répondre à la demande des armateurs européens (principalement espagnols) qu’un professionnel les représente au niveau local, A2M est rapidement devenu le consignataire de l’Association des armateurs céphalopodiers espagnols (Anacef ) et de la plupart des armateurs de cette branche opérant dans les eaux mauritaniennes. « Pendant quelque temps, j’ai même exercé un monopole sur le secteur, mais, aujourd’hui, je suis un consignataire parmi d’autres », explique Ahmed Yahya.

lll

délocalisation. En plus de ses activi-

n o 2810 • du 16 au 22 noveMbre 2014

Évolution du nombre de conteneurs (EVP) 140 000

PUBLI-INFORMATION

tés, A2M milite depuis sa création pour que ses partenaires européens s’intègrent à l’économie mauritanienne en délocalisant leurs opérations de déchargement et de logistique à Nouadhibou plutôt qu’à Las Palmas (Portugal) ou à Dakar. Elle a ainsi été la première société à décharger un céphalopodier espagnol dans le port autonome de Nouadhibou, en 2002. « En 2003, j’ai aussi “mauritanisé” une entreprise de pêche espagnole en en devenant actionnaire à 51 %, raconte Ahmed Yahya. Ensuite, mon activité de consignataire s’est étendue à celle d’armateur. » La prochaine étape pour A2M pourrait être d’investir dans la transformation industrielle du poisson, un secteur encore très peu développé dans le pays. l Mehdi Ba

120 000 100 000 80 000 60 000 40 000 20 000 0


Fiabilité • Compétitivité • SéCurité

Port Autonome de Nouakchott dit « Port de l’Amitié » (PANPA)

PANPAPANPAPPANPAPANPA

Évolution du trafic de 2000 à 2013

mille conteneurs équivalents vingt pieds à plus de 107 000 EVP. Pour accompagner le développement économique du pays et en anticiper les besoins en matière d’infrastructures portuaires, les travaux d’extension des ouvrages d’accostage, dont la pose de la première pierre a été effectuée par Son Excellence le Président de la République Islamique de Mauritanie, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz, le 25 septembre 2009, viennent d’être inaugure par Son Excellence le Président le 3 Août 2014. Ainsi, le port de Nouakchott dispose désormais de trois nouveaux postes à quai dragués à la côte -12,00

permettant d’y accueillir les navires porte-conteneurs de la troisième génération et des tankers de 40 000 tpl, et d’un appontement pétrolier pour des navires de 10 000 tpl, portant sa capacité totale à 7 postes à quai, au lieu de 3 actuellement. Le contrôle des travaux, assuré par une société de renommée internationale, est financé sur fonds propres du PANPA. Toujours dans le même ordre d’idées, les études pour la construction à moyen terme d’un terminal à conteneurs avancent normalement. Pour améliorer les services rendus aux navires et renforcer la sécurité et la sûreté de l’installation portuaire, il a été procédé à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance nationale, à la mise en service d’un «pilotboat» et du système de contrôle d’accès et de vidéosurveillance, acquis sur autofinancement ; de même, la livraison d’un remorqueur de 3300 CV est prévue pour fin 2014.

Le président de la République, Son Excellence Mohamed Ould Abddel Azize lors de l’inauguration de l’extension du Port, le 3 Août 2014.

à l’intérieur des eaux portuaires, il est prévu la mise en exploitation d’un VTS (Traffic Vessel Service) pour fin 2014. En termes de compétitivité, le coût de passage portuaire est nettement inférieur à celui des ports de la sous-région potentiellement concurrents. Enfin, le port de Nouakchott a repris la quasi-totalité du trafic précédemment détourné.

Extension du Port (nouveau quai).

D’autres actions dont on citera, notamment, la modernisation et l’accroissement de capacité de traitement d’information portuaire (SIP), également autofinancés, ont été achevés en 2011. Toujours en ligne avec la stratégie de mise en œuvre visant à diversifier les services et améliorer la sécurité de la navigation

Port Autonome de Nouakchott dit « Port de L’amitie »

BP 5103 - Nouakchott, Mauritanie Tél. : +222 45 25 38 59 Fax : + 222 45 25 16 15

www.panpa.mr

DF/DIFCOM : PHOTOS : DR.

Puisqu’il représente l’un des piliers de l’économie nationale, son trafic a connu une croissance exponentielle depuis sa mise en service en 1986, passant d’un peu plus de 400 000 tonnes en 1987 à plus de 3,5 millions de tonnes en 2012, au rythme moyen soutenu de 9 % par an. Le trafic conteneurisé est quant à celui, passé de 56.448 tonnes en 1988 à ~117000 EVP en 2013, soit une progression moyenne de 10 % par an. L’année 2012 aura été marquée par deux records historiques puisque le trafic global a franchi le seuil des trois millions à plus de trois millions et demi de tonnes métriques tandis que le trafic conteneurisé a dépassé les cent


Le Plus de J.A. Mauritanie

Yéro Djigo pour j.A.

84

p Mohamed Ben Othman dirige l’établissement depuis sa création. Finance

Une BiM en plein boom Elle n’a que trois années d’existence. Mais déjà, la Banque islamique de Mauritanie s’est fait une place dans le paysage bancaire national. Sa recette ? Des services pratiques et, surtout, halal.

D

ans le pays, elle est la toute première banque de ce type. Dirigée depuis trois ans par Mohamed Ben Othman, la Banque islamique de Mauritanie (BIM) a été créée en septembre 2011 par le holding Tamweel Africa, coentreprise de la Société islamique de développement du secteur privé (filiale de la Banque islamique de développement, 60 %) et de Bank Asya (la plus importante banque islamique de Turquie, 40 %). En 2013, elle a réalisé un bénéfice net de près de 300 millions d’ouguiyas (environ 800 000 euros), ce qui représente un doublement par rapport à 2012. « Après une première année d’exercice complet qui s’était soldée par un profit de 10 millions n o 2810 • Du 16 Au 22 novembre 2014

d’ouguiyas, nous sommes rapidement montés en puissance, mais de manière assez prudente », confirme Mahmoud Ba, directeur du risque et du crédit de la BIM. Avec de bons résultats, qui ont valu à l’établissement le trophée de « meilleure initiative en finance islamique »

quatrième agence à Nouakchott (sur la route de Nouadhibou), la banque se flatte de s’être taillé une part de marché de 2 %, avec un encours de crédit avoisinant 8 milliards d’ouguiyas et un stock de dépôt de près de 7 milliards. Une prouesse dans un secteur bancaire balkanisé, où l’on compte douze établissements pour un taux de bancarisation d’à peine 5 %. à l’aise. Mieux : plus de 70 % de la

clientèle de cette jeune banque est composée d’entreprises. « Nous travaillons essentiellement avec des PME, notamment sur des opérations la majorité des clients de financements commerciaux, de l’établissement n’avait la Mauritanie étant un gros jamais eu de compte bancaire. pays importateur », explique Mahmoud Ba. À ces entreprises (Best Islamic Finance Initiative 2014), importatrices, la BIM offre des produits décerné fin mai par African Banker, à relativement nouveaux. Exit le crédit Kigali, en marge des assemblées de la documentaire et les produits classiques Banque africaine de développement. de commerce extérieur. À la BIM, c’est Alors qu’elle s’apprête à ouvrir sa la Mourabaha (vente selon un profit jeune Afrique


cinq ans pour tout changer

sukuks. Pour le moment, les produits

que l’établissement propose aux particuliers se limitent au financement de la consommation et à la Mourabaha Auto. Car la BIM préfère se positionner sur des engagements à court terme. Elle pâtit en effet de l’inexistence d’un marché des sukuks, ces obligations islamiques dont

Des bénéfices en forte progression (en millions d’ouguiyas)

300

300

156

150

0

10 2011

2012

raffolent les banques « vertes » à travers le monde. Un blocage dont souffrent aussi les concurrents de la BIM, attirés par ce

8

Encours de dépôts

100 50

(en milliards d’ouguiyas)

Encours de crédits

250 200

Résultats en 2013

2013

Bénéfice net

7 0,3

As Sahiha (BMS), qui a lancé ses activités fin 2013 et a été créée par quatre jeunes hommes d’affaires : Ahmed Ould Hamdi Ould Mouknas, qui la préside ; Ahmed Salek la banque islamique préfère se Ould Bouh (Ciment de positionner sur des engagements Mauritanie) ; Houmeya Ould Tangi (Emap TP) ; et à court terme. Feil Ould Lahah (Nationale marché de niche. C’est le cas de la Banque pétrolière). Des nouveaux venus qui vont populaire de Mauritanie (BPM), fondée donner encore plus de poids à la finance en 2012 par Limam Ould Ebnou (groupe islamique en Mauritanie. l LOE), ou de la Banque Al Muamalat Mehdi Michbal

Source : BIM

convenu mutuellement) à l’import qui cartonne. « Le procédé est simple : la BIM achète la marchandise que souhaite le client et la lui revend, moyennant une marge commerciale », précise Mahmoud Ba. La BIM ne prête donc pas de l’argent, mais fait du commerce. Risqué, mais « halal » ! L’argument séduit aussi les particuliers, qui constituent aujourd’hui le tiers du portefeuille de la BIM et n’avaient, pour la plupart, jamais mis les pieds dans une banque. « La majorité de notre clientèle n’avait pas de compte bancaire auparavant, explique Mahmoud Ba. Chez nous, ils se sentent en confiance, à l’aise avec leurs principes et leurs valeurs. »

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Le Plus de J.A. Mauritanie

Yéro djigo

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p Enfant en quête de fer à revendre. environnement

Des déchets à la pelle

sont alors la plupart du temps incinérées sur place, à côté des habitations, ou enterrées un peu plus loin, dans les Depuis le mois de mai, le ramassage des ordures laisse dunes. C’est le cas dans le secteur de la à désirer à Nouakchott, devenu une véritable décharge prison de Dar Naïm, à l’est de la ville, qui à ciel ouvert. Face à ce désastre, des habitants se mobilisent. a pris des allures d’immense décharge à ciel ouvert. Aujourd’hui, l’entreprise ne peut plus Dans les quartiers, on essaie de s’orgaa belle carte postale qu’offrait ni travailler ni payer ce qu’elle doit à ses niser. Au Sebkha, à l’ouest de la capitale, la ville du désert est désormais salariés. « Nous cherchons une solution Bouboucar Demba Bilal, 34 ans, a créé bien écornée. Depuis plusieurs à l’amiable, confie-t-on chez Pizzorno. l’association Houb El Watan (« J’aime mois, des tonnes d’ordures pesNous demandons le règlement des arriémon pays »). Bien qu’encore non offitilentielles s’accumulent sur le bord des rés afin de régulariser nos paiements cielle, elle compte déjà 116 membres. routes de la capitale mauritanienne. aux fournisseurs et les salaires de nos « Notre pays nous appartient, à nous, Les chèvres, futurs repas de leurs pro1 243 employés. » jeunes Mauritaniens. Si le problème n’est priétaires, s’y ravitaillent. Les enfants pas réglé, on marchera sur les ordures, escaladent les détritus en quête d’un aLvéoLes. En attendant, la Communauté prévient ce père de quatre enfants. Alors peu de fer à revendre aux forgerons. Et des familles entières vivent à côté de ces urbaine de Nouakchott (CUN) a pris le on a décidé de les ramasser tous les ventas d’immondices. « Chacun amène sa relais. Mais ses employés, qui manquent à dredis, et on attend que la CUN vienne poubelle et la jette dans la rue, déplore la fois de formation et de matériel (caisses récupérer les sacs. » Boubacar et ses comAïcha, qui habite Mendes, en périphéde collecte et camions), ont bien du mal à pagnons s’équipent grâce aux dons des habitants et, à défaut de camions, louent rie de Nouakchott. En plus, on craint assurer le ramassage des 700 à 800 tonnes les maladies… On vit dans un quartier d’ordures produites quotidiennement par des brouettes à la journée. Leur souhait : mettre en place une « journée pauvre, mais on veut qu’il soit propre. » Depuis 2007, le ramassage des ordures Nouakchott propre »: « Chacun La communauté urbaine a bien était assuré par Dragui Transport aiderait à balayer les ordures, du mal à assurer la collecte des Mauritanie, une filiale du groupe franmoyennant 20 ouguiyas par çais Pizzorno. Jusqu’à ce que la société kilo ramassé et un sac de riz 700 à 800 tonnes quotidiennes. cesse provisoirement ses activités, le par tonne de déchets. » 23 mai, lasse, depuis décembre 2013, la capitale. Sans compter que, alors que Ils envisagent aussi de se rendre à l’intéd’accuser un retard de paiement de près Pizzorno déchargeait les poubelles dans rieur du pays, d’ici à l’année prochaine, de 5 milliards d’ouguiyas (13,3 millions le Centre d’enfouissement technique situé afin de sensibiliser les populations. En d’euros) et de réclamer en vain la révision à 25 km du centre-ville (où elles étaient effet, ces dernières années, beaucoup des prix prévue dans le cadre du contrat strictement contrôlées à leur arrivée, sont venus du désert pour s’installer à décennal signé avec les pouvoirs publics. puis ensevelies, sous le sable et sur des Nouakchott, mais sans intégrer les codes Le 1er juin, la société tente pourtant de alvéoles, dans le respect de l’environnede propreté qu’impose la ville, jetant les reprendre le travail, mais ses véhicules ment), les employés de la CUN, eux, ne ordures ici et là, sans se soucier des voisont immobilisés. Son matériel ainsi que vont pas jusqu’au « PK 25 ». Ils nettoient le sins. Sauf qu’à ce rythme-là la capitale ne ses comptes sont saisis par la justice, cœur de la ville, puis stockent les ordures pourra bientôt plus éviter une catastrophe et son contrat avec l’État est rompu. dans les quartiers périphériques. Celles-ci écologique et sanitaire. l Justine sPieGeL

L

n o 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

jeune afrique


BANQUE CENTRALE DE MAURITANIE Les reformes et politiques monétaires engagées par la BCM durant les 5 dernières années ont permis à l’économie nationale une croissance soutenue, une stabilité des prix, un développement du système financier et un renforcement des réserves internationales de change.

Système des paiements : En matière de paiement, la BCM modernise périodiquement la qualité des billets de banque en introduisant de nouvelles séries, répondant aux standards Internationaux de sécurité, incorporant plus d’éléments de sécurité et imprimée sur de substrats plus sûrs et plus durables. Le processus de modernisation de la série qui se poursuit a été lancé en 2011 avec le réduction du format des billets et l’utilisation du substrat hybride. Depuis 2013, les autorités ont engagé une réflexion

Sid’Ahmed Raiss Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie

pour l’introduction de nouveaux substrats permettant ainsi de finaliser le processus de modernisation des billets de banque. Secteur financier : Les efforts de modernisation et de renforcement de la stabilité du secteur financier se sont poursuivis en 2013, avec l’adoption de la stratégie de développement du secteur financier. Et l’augmentation du nombre de banques à capitaux étrangers qui est passé à cinq fin 2013. Les produits financiers islamiques se sont développés par la rentrée en activité de quatre banques islamiques au cours de ces dernières années. Cette dynamique a permis de rehausser le taux de bancarisation qui est passé de 4 % à 10 %, de faciliter l’accès aux services financiers, d’améliorer la qualité et de réduire les coûts. Aussi, le système financier a été préservé des effets de contagion de l’instabilité bancaire, grâce au passage d’une supervision de conformité à une supervision efficace et rapprochée basée sur le risque.

Modernisation : Le développement des activités du secteur bancaire et financier en Mauritanie a été accompagné par une politique d’expansion marquée par le lancement des projets de construction d’un nouveau siège social et trois agences régionales modernes. De même, un dispositif de centrale des risques été mis en place permettant ainsi une gestion en temps réel des incidents des paiements bancaires. Ressources Humaines : Les départs massifs à la retraite enregistrés ces quatre dernières années ont été une opportunité au recrutement de 41 jeunes cadres qualifiés. Ainsi, des reformes notoires en gestion des ressources humaines ont été engagées en vue de répondre aux exigences d’efficience et de performance édictées par le système bancaire et financier national et international. Relations internationales : La BCM a développé des relations de partenariat avec les banques centrales des pays de l’Afrique de l’ouest, de l’Afrique du nord et du moyen orient en matière d’échange d’expérience et de renforcement de capacité. Ses rapports avec les institutions financières internationales se sont consolidés en particulier le FMI et le FMA. La dernière revue du programme économique et financier appuyée par le FMI a été favorablement conclue en juillet 2013.

PUBLI-INFORMATION

Politique de change : Au cours rs des cinq dernières années la Banque Centrale trale de Mauritanie a mené une politique ue de change flexible et transparente te reflétant la réalité des forces du marché. La marge de change sur ur le marché parallèle a quasiment disparu paru et les opérateurs économiques et partenaires artenaires Agence Régionale de la BCM

Siège de la Banque Centrale de Mauritanie à Nouakchott. >

BANQUE CENTRALE DE MAURITANIE B.P. : 623 – Nouakchott, Mauritanie - Tél. (+222) 45 25 22 06 - Fax (+222) 45 25 27 59 - www.bcm.mr

DF/DIFCOM - PHOTOS : DR.

Politique monétaire : La mise en œuvre d’une politique monétaire prudente a permis de contenir l’inflation dans les limites de l’objectif de stabilité des prix ciblé par la BCM. L’évolution de la masse monétaire, estimée à 11 % à fin juillet 2014, a été en ligne avec l’objectif du programme monétaire de l’année et s’est reflétée sur l’objectif de stabilité des prix. C’est ainsi qu’à la fin du mois d’août 2014, l’inflation s’est établie à 2,9 % en glissement annuel et à 3,6 % en moyenne annuelle. L’absence de pressions inflationnistes et le souci de favoriser la croissance ont amené les autorités monétaires à maintenir le taux directeur et celui de la réserve obligatoire respectivement à 9 % et 7 %.

étrangers du pays ont regagné confiance. Cette politique de change a été rendue possible grâce à une politique de constitution des réserves extérieures qui a permis au pays pour la première fois de son histoire d’accumuler des réserves de change pouvant couvrir plus de six mois d’importations.


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YÉro djigo pour j.A.

Mauritanie cinq ans pour tout changer

p L’écrivain Bios Diallo à l’Institut français de Mauritanie, le 20 octobre. Littérature

les mots pour le lire Mi-décembre se tiendra la 5e édition du festival Traversées mauritanides à Nouakchott et à Nouadhibou. Une plongée au cœur des lettres francophones et arabophones.

c

omme une oasis en plein Sahara… Dans un pays où le secteur de l’édition est quasi inexistant, Moussa (dit Bios) Diallo permet aux lecteurs de venir, chaque année, s’abreuver des mots de grands auteurs francophones et arabophones. Lui-même poète et écrivain, ce passionné de littérature – rentré au pays en 2006 après une décennie d’exil en France – a lancé en 2010 la première édition du festival Traversées mauritanides, parrainé par le Sénégalais Cheikh Hamidou Kane. « Le projet est né d’une association qui cherchait à promouvoir la circulation du livre en milieu scolaire, explique Bios Diallo. Le festival s’est mis au service de cette ambition. » En cinq ans, le quadragénaire originaire de Sélibaby (dans le sud du pays, près de la frontière avec le Sénégal et le Mali) a creusé son sillon et installé ses Traversées mauritanides. Le rendez-vous, devenu incontournable dans la vie culturelle nationale, n’a pas renié pour autant sa

jeune Afrique

du même nom. En outre, à défaut d’un véritable réseau de diffusion et d’une économie permettant de mettre le livre à la portée de toutes les bourses, « on enseigne les auteurs occidentaux au détriment des écrivains mauritaniens et, plus généralement, des auteurs africains », regrette Bios Diallo. Il a donc voulu redonner aux littératures de son pays, d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb leurs lettres de noblesse. Chaque année, à la faveur des Traversées, son pays-mosaïque où cohabitent Maures, Halpulaar, Wolofs et Soninkés, où se côtoient l’arabe et le français voit défiler des écrivains venus d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, du Sénégal, du Mali… et des membres de la diaspora. « Notre ambition est de restituer à la Mauritanie son rôle de pivot sur le plan culturel et de rapprocher les peuples », souligne le directeur du festival. zone rouge. Après les migrations et les voyages en 2013, les Traversées se consacrent cette année au thème du retour de la diaspora sur ses terres (« Diaspora, entre écriture et construction »), que viendront alimenter, entre autres, les témoignages de la Sénégalaise Aminata Sow Fall, invitée d’honneur, de la Mauritanienne Mariem Derwich, de la Marocaine Siham Benchekroun, de l’Algérien Kamel Daoud (prix des Cinq Continents 2014 de l’Organisation internationale de la francophonie), du Malien Ousmane Diarra. Tous seront présents du 15 au 18 décembre à Nouakchott, avant de poursuivre leur trajet littéraire à Nouadhibou du 21 au 23 décembre…

vocation initiale : s’adresser en premier lieu aux élèves, du primaire à l’université. En liaison avec le corps enseignant, des extraits de livres des auteurs invités sont distribués, en français et en arabe, dans les écoles, collèges et lycées de Nouakchott et Nouadhibou. « Chaque matin, les écrivains interould ahmedou, diagana, ebnou… viennent en milieu scolaire le pays du million de poètes et parlent de leurs œuvres. L’après-midi est réservé aux ne manque pas d’auteurs. conférences, précise Bios Diallo. Et nous consacrons toujours une même si le classement récent de la journée spéciale à l’université. » Mauritanie dans la zone rouge des pays soumis au risque terroriste n’arrange librairie 15/21. Malgré une pépinière pas les organisateurs. La toile de fond prometteuse d’essayistes, de poètes et de de l’islamisme radical n’est d’ailleurs romanciers – Ousmane Moussa Diagana, pas étrangère à l’intention du fondateur Tène Youssouf Guèye, Moussa Ould du festival de s’adresser en priorité aux Ebnou, El Ghassem Ould Ahmedou… –, jeunes. « Les amener à la lecture, leur la Mauritanie n’avait pas de véritable ouvrir l’horizon de la littérature, c’est maison d’édition jusqu’à la création, en leur donner un moyen d’échapper à la 2010, des Éditions de la Librairie 15/21, tentation de la délinquance ou de la radipar Abdelaziz Ould Ahmed El Meky, calisation politico-religieuse », estime propriétaire de la librairie nouakchottoise Bios Diallo. l Mehdi ba, à Dakar n o 2810 • du 16 Au 22 novembre 2014

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t L’auteur d’Arab Jazz, dans la capitale française, le 16 octobre. CULTURE

Karim Miské, talent sans frontières Tantôt à Nouakchott, tantôt à Paris. Une caméra dans une main, un stylo dans l’autre. l’écrivain et documentariste franco-mauritanien explore depuis vingt-cinq ans les voies complexes du métissage.

l

a première fois qu’il a foulé le sol mauritanien, en 1979, il avait 15 ans. « J’ai grandi dans un rapport plus fantasmatique que réel à ce pays, qui a longtemps fait office de mirage », témoigne l’écrivain, scénariste et documentariste Karim Miské. Un an plus tôt, un coup d’État militaire avait déposé Moktar Ould Daddah, le premier président de la Mauritanie indépendante, mettant fin au bannissement du père de Karim, le diplomate et homme politique Ahmed Baba Miské. « Mes parents étaient des militants tiersmondistes et anticolonialistes. À partir de la fin des années 1950, mon père s’était retrouvé en conflit avec Ould Daddah, qui était vu comme pro-Français. » Un temps

incarcéré avant d’être nommé ambassadeur à Abidjan puis à Washington – histoire de l’éloigner –, Ahmed Baba Miské avait fini par prendre la route de l’exil, jusqu’à la fin du règne d’Ould Daddah. C’est donc à Abidjan qu’est né Karim, avant de rejoindre Paris où il a grandi dans sa famille maternelle, française. « J’ai été élevé du côté français tout en cultivant un lien fort avec l’Afrique », résume le quinquagénaire, pour qui cette attache avec le continent est avant tout politique. En bon fils de militants anti-impérialistes et d’un père qui flirta avec la presse (il a collaboré à Jeune Afrique à la fin des années 1960 et, avec Simon Malley, a fondé le magazine Africasia, futur Afrique Asie), Karim Miské a opté

documentairesii 1988 Économie de la débrouille à Nouakchott. Primé aux festivals Vues d’Afrique de Montréal et Tam-Tam vidéo de Rome 1994 Islamisme : le nouvel ennemi ? no 2810 • du 16 au 22 novembre 2014

2002 Contes cruels de la guerre (Congo-Brazzaville). Primé au Festival Cinema Africano de Milan 2009 Musulmans de France, trois documentaires de 52 minutes

2013 Juifs et Musulmans, si loin si proches, diffusé sur Arte

romanii 2012 Arab Jazz (éd. Viviane Hamy), Grand Prix de littérature policière 2012 et Prix du goéland masqué

pour des études de journalisme au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), à Dakar, avant de se lancer dans le documentaire. Il n’a que 24 ans lorsqu’il réalise un premier film très remarqué, Économie de la débrouille à Nouakchott (1988). Depuis, si les thèmes qu’il aborde en tant que réalisateur sont variés (la surdité, l’interruption volontaire de grossesse, la séduction en Mauritanie, le fondamentalisme religieux…), ce talentueux touche-à-tout ne cesse d’explorer les rapports complexes qu’il entretient avec les différentes composantes de son identité. « vilain petit canard ». « En Mauritanie, j’ai été très bien accueilli par la famille de mon père. Pour eux j’étais un Maure, un Mauritanien, et non un Français. » Pour le jeune Parisien, l’expérience est fondatrice: « Je ne comptais pas renier ce que je suis, cela m’a appris à me défendre et à me situer. » Porteur d’un métissage qu’aucune de ses deux cultures d’origine n’accepte naturellement, Karim Miské a assumé son statut de « vilain petit canard » : « Je suis français à l’intérieur, mais avec un faciès qui, en France, me renvoie à mon origine étrangère. Et en Mauritanie, où mon apparence me fait davantage ressembler aux gens du jeune afrique

Vincent Fournier/J.A.

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Cinq ans pour tout changer pays, je sais que je ne suis pas vraiment comme eux. » S’il a été invité, en 2013, au festival Traversées Mauritanides (lire p. 89) en tant qu’écrivain mauritanien, lui-même a du mal à endosser cette étiquette. En 2010, il tombe sur une vidéo dans laquelle un gesticulateur médiatique brode sur la France des clochers et son héritage chrétien, dans un discours plein de « poncifs identitaires ». Miské prend alors sa plus belle plume pour affirmer sa francité. « Tout à coup, je me suis senti dépossédé de mes églises, de ma France à moi », écrit-il. Une France qui peine selon lui à se départir de ses propres contradictions: « On y parle sans cesse de métissage, mais cette identité multiple n’y est toujours pas reconnue. On te renvoie en permanence à tes origines étrangères. » Cette racialisation de moins en moins rampante, Miské l’a pourfendue ces dernières années, notamment dans des tribunes publiées dans Le Monde ou sur Rue89. Celui qui se définit comme un « paria conscient » – en référence à la philosophe

allemande Hannah Arendt, naturalisée américaine – a puisé dans cette identité inclassable une certaine familiarité avec les cultures minoritaires. « J’ai toujours eu des amis juifs, témoigne-t-il. Ils avaient une expérience de l’altérité proche de la mienne. » Une proximité qui l’a amené notamment à réaliser Juifs et Musulmans,

multiculturel 19e arrondissement de Paris, où se croisent juifs orthodoxes, musulmans salafistes, témoins de Jéhovah… et un flic breton. Un livre inspiré par ses propres virées nocturnes. « Je me suis nourri de polars depuis l’âge de 13 ans, mais je ne suis pas adepte de la classification. Je voulais écrire un livre, mais pas forcément un policier », avoue-t-il tout en « J’ai toujours eu des amis juifs. qualifiant son style d’héIls ont une expérience de ritier « du roman social du XIXe siècle ». Français l’altérité proche de la mienne. » sans se limiter à cette seule si loin, si proches, diffusé en quatre épiidentité. Pas vraiment mauritanien – « je sodes sur la chaîne Arte en 2013 : « C’est connais les codes de cette société mais je une commande qu’on m’a proposée. Il n’ai jamais appris à parler le hassaniya, par fallait parvenir à faire un pas de côté, à exemple » –, Miské l’inclassable se définit faire preuve d’une certaine distance. » lui-même comme « un Afro-Européen, un peu à la façon des Afro-Américains aux Afro-EuropéEn. C’est encore le métisÉtats-Unis ». Il se consacre aujourd’hui sage identitaire qui sert de toile de fond à à l’écriture de nouvelles et de scénarios. Loin de la Mauritanie, où il est retourné son premier roman, Arab Jazz (éditions l’an dernier après six années d’absence. Viviane Hamy), couronné, en France, par le Grand Prix de littérature policière Mais avec dans le cœur cette Afrique à la en 2012 : un polar enraciné dans le très fois si lointaine et si proche. l MEhdI BA

91


COMMUNIQUÉ

DÉVELOPPEMENT DE LA SNIM

NOUHOUDH

Le temps des grands complexes miniers

L

a Société Nationale Industrielle et Minière (Snim) a annoncé la poursuite de ses projets de développement, révélant que ses ressources géologiques en magnétite ont

triplé entre 2012 et 2014 grâce à un large programme de

recherche ayant permis d’évaluer les réserves du site de

Tizerghafe à 1,2 milliard de tonnes de minerai magnétique. À l’occasion de la troisième édition du forum sur les secteurs minier et pétrolier de la Mauritanie, Le président de la République, M. Mohamed Ould Abdel Aziz posant la première pierre du nouveau culbuteur de wagons à Nouadhibou, le 25 juin 2013. À droite, l’ADG de la SNIM M. Mohamed Abdellahi Ould Oudaâ.

baptisé Mauritanides, en octobre dernier, M. Mohamed Abdellahi Ould Oudaâ, l’Administrateur Directeur Général de la Société a fait le bilan de l’avancement des projets prioritaires du programme stratégique Nouhoudh. Nouhoudh

constitue

un

ambitieux

programme

de développement grâce auquel la SNIM entend quadrupler sa production actuelle à l’horizon 2025 en passant de 12 Mt à 40 Mt. Il couvre plusieurs axes de Les travaux de recherche géologique à Tizerghafe, 50 Km au Nord de Zouerate.


Le nouveau port de la SNIM, mis en service en juin 2013. Il est capable de recevoir des navires de 250 000 tonnes.

Croissance progressive de la capacité de production de la SNIM Franchir le cap des 20 millions de tonnes dès 2017 35 30 25 20 15 10 5 0

14 13 Capacité actuelle

4 Guelb II, mise en exploitation 2015

34

3 F’derick Juin 2017

Tizerghafe I, mise en exploitation 2019

Total

développement dont notamment la recherche géologique, l’augmentation de la capacité, l’efficacité opérationnelle, la promotion des compétences, le développement durable. Les chantiers annoncés par la SNIM préparent notamment la mise en place d’un premier grand complexe minier de 14 millions de tonnes de concentrés enrichis d’ici à 2019 dans la zone de Tizerghafe, située à 50 km au nord de Zouerate.

poursuit dans le cadre de l’axe 1 du programme stratégique Nouhoudh, d’autres importants chantiers ont été lancés durant cette période. Il s’agit notamment de l’étude de préfaisabilité de l’exploitation d’une nouvelle mine à F’derick, à 25 km de Zouerate, pour la production 2,9 Mt/an de minerais naturellement riches à partir de 2017. ■

www.snim.com

Le président de la République, M. Mohamed Ould Abdel Aziz inaugurant le nouveau port minéralier à Nouadhibou, le 25 juin 2013. À droite, l’ADG de la SNIM M. Mohamed Abdellahi Ould Oudaâ.

SOCIÉTÉ NATIONALE INDUSTRIELLE ET MINIÈRE Siège Social : B.P. 42 Nouadhibou Mauritanie Tél. : +222 574 10 21 Fax : +222 574 53 96

Succursale de Paris, France : 7, rue du 4 Septembre 75002 PARIS Tél. : +33 01 42 96 80 90 Fax : +33 01 42 96 12 28/26 E-mail : contact@snim.com

DIFCOM/FC - Photos : DR

Parallèlement à ce travail de recherches qui se


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