UN AUTRE BÉNIN ? Spécial 22 pages
ALGÉRIE Chakib Khelil, les secrets d’un retour
DOSSIER MINES
NOUVELLE FORMULE
8 PAGES
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 2976 DU 21 AU 27 JANVIER 2018
Un quart de siècle après la mort du Vieux, ses descendants continuent de se disputer son héritage politique, mais aussi – et surtout – son fabuleux héritage financier. JA lève le voile sur les secrets d’un clan mythique.
Les Houphouët
Enquête sur une famille en or ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE
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France3,80€ Algérie290DA Allemagne4,80€ Autriche4,80€ Belgique3,80€ Canada6,50$CAN Espagne4,30€ Éthiopie67birrs Grèce4,80€ Guadeloupe4,60€
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Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mauritanie 1 200 MRO Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 6,50 FS Tunisie 3,50 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2000 F CFA ISSN 1950-1285
BENIN
COMMUNIQUÉ
BC
CONTROL Benin Control
« Nous partageons avec la Douane des objectifs communs et ambitieux »
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epuis le 3 avril 2017, la société Benin Control est chargée par le Gouvernement béninois de la mise en œuvre du Programme de Vérification des Importations (PVI) de nouvelle génération. Ce programme a pour but le renforcement de la sécurisation des recettes douanières et l’amélioration de la compétitivité du Port de Cotonou grâce à des procédures plus fluides et plus transparentes. Ainsi, afin d’honorer ses engagements vis à vis de l’État du Bénin et des autorités portuaires, la société travaille en étroite collaboration avec les services de la Douane, dont elle doit contribuer au renforcement des capacités et à la modernisation. Kojori Adjinda d’Almeida, Directrice Générale de Benin Control, explique comment l’entreprise, en déployant une technologie de pointe et près de 400 employés qualifiés, contribue à rendre le Port de Cotonou plus compétitif et attractif.
Quelles sont les principales missions de Benin Control ?
s’assurer que les marchandises « en transit » sortent du territoire. Pour ce faire, elle organisait jusque-là des escortes physiques à travers Les principales missions de Benin Control des départs programmés. Aujourd’hui, dès la sont avant tout la sécurisation des recettes déclaration en transit effectuée, une balise douanières et l’accompagnement des services GPS est apposée sur le camion qui peut et doit des Douanes dans la modernisation et la démaprendre la route immédiatement. Nous surveiltérialisation de leurs procédures. Pour ce faire, lons 24h/24 depuis une salle de contrôle, avec nous accompagnons aujourd’hui la Douane la Douane, les déplacements en temps réel de béninoise par la mise en place de plusieurs tous les camions. En cas d’arrêt services distincts mais complénon autorisé ou de changement mentaires. Le tracking permet d’itinéraire, nous recevons une de localiser en temps réel toutes alerte automatique. Les délais de les marchandises en transit sur transit sont strictement contrôlés le territoire. Le scanning permet pour garantir à nos partenaires la visualisation au rayon X d’un de l’Hinterland des temps de certain volume de conteneurs transport réduits, aucun déou marchandises ciblés ou aléasagrément sur la route et des toirement sélectionnés. D’autres formalités facilitées au poste services à valeur ajoutée pour la de Douane de sortie. Enfin, il Douane sont également mis en faut souligner que l’intervention œuvre, comme par exemple, le Mme Kojori Adjinda d’Almeida, de Benin Control a contribué suivi électronique des véhicules Directrice Générale. à l’amélioration des recettes d’occasion en transit, la certifidouanières de près de 20 milliards de F CFA cation des valeurs des marchandises importées sur l’année 2017. sous le régime de mise à la consommation et la certification des quantités de marchandises Comment Benin Control, une entreprise débarquées en vrac au port de Cotonou, etc.
M. Gwendal Euzen, Directeur Général Adjoint.
Quels sont les avantages des outils utilisés par Bénin Control ?
Les outils de Benin Control ont pour avantage d’être modernes, connectés, et incorruptibles. Le scanner, par exemple, permet l’inspection complète d’un conteneur de 40 pieds en quelques secondes. Fini les opérations de dépotage qui sont parfois longues, coûteuses et pas forcément efficaces. Tout port compétitif souhaite la célérité des opérations, mais la Douane doit s’assurer que les recettes sont préservées et que les risques sécuritaires sont maîtrisés et contrôlés. Le scanner concilie ces deux objectifs. Le tracking est lui aussi un outil fantastique. La Douane, afin de garantir une saine compétition sur les marchés, doit
privée, s’y prend- t-elle pour travailler en symbiose avec la Douane, une structure publique ?
C’est assez simple. Notre mission est de renforcer les compétences de la Douane et de lui transférer à terme les technologies développées. Pour joindre les actes à la parole, des employés des deux structures travaillent en binômes dans nos services. Nous nous rencontrons régulièrement et siégeons ensemble dans de nombreux comités. Enfin, nous cherchons au maximum à intégrer nos systèmes, afin de dématérialiser nos procédures et nos process. La collaboration informatique est la clé de notre réussite. Nous avons chacun nos contraintes, mais nous partageons des objectifs communs et ambitieux qui se fondent dans la volonté du Gouvernement. ■
BENIN CONTROL SA - Lot 4233, Parcelle F, Zongo, Zone Résidentielle - 01 BP 150 - Cotonou, République du Bénin Tél.: +229 21 31 70 70 / 71 - Fax : +229 21 31 70 30 - info@benincontrol.com - www.benincontrol.com
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
En salle de contrôle, tracking en temps réel des mouvements des camions sur les différents corridors.
GRAND FORMAT
J.TORREGANO
Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays
Un autre
BÉNIN ?
Vie politique, économie, société… Ce qui a changé depuis l’élection de Patrice Talon, en 2016, ce qui va changer en 2018, et ce qu’en pensent les Béninois. jeuneafrique no 2976 Du 21 au 27 janvier 2018
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HOLDING S.A
AKAD ITHIEL
OCEAN AKAD INTERNATIONAL FZCO
AKAD, facilitateur d’échanges Grâce au dynamisme de ses filiales et à une politique de développement maîtrisé, le Groupe AKAD International s’est imposé comme le leader béninois de l’import-export et de la distribution de produits pétroliers. Aujourd’hui, le groupe entame une phase d’expansion régionale et continentale.
Arnauld AKAKPO, CEO du Groupe AKAD International.
SIÈGE SOCIAL
Quartier wansirou, Parcelle 191 - Lot : 351 BP : 1334 - PARAKOU République du Bénin Tél. : 97 50 27 23 Fax : 23 61 42 46 E-mail : secretariatakadpa rakou@groupeakad.com
lus importante métropole du Nord Bénin, idéalement située sur l’axe routier majeur du pays... ce n’est pas un hasard si c’est à Parakou qu’a choisi de s’installer le Groupe AKAD, spécialiste de l’import-export, de la distribution et du tourisme. En dix ans,AKAD a su faire évoluer ses savoir-faire et s’inscrire dans une dynamique régionale. Important pourvoyeur d’emplois au Bénin, AKAD s’appuie sur plus 1500 salariés (directs ou indirects) qui oeuvrent aujourd’hui au développement du groupe. Les nombreux prix internationaux remportés par AKAD récompensent la fiabilité de ses services et l’expansion continue de ses activités. Le groupe AKAD s’est renforcé grâce à certaines sociétés supports qui sont : AKAD & ITHIEL Holding SA basée à Casablanca (Maroc) qui s’occupe de la gestion opérationnelle des filiales, OCEAN AKAD INTERNATIONAL FZCO basée à Dubaï qui est la centrale d’achat du groupe et s’occupe du trading et de l’approvisionnement des filiales et SOCOTEB qui assure le transit pour le Groupe.
Véritable locomotive du groupe, la filiale JNP (Jehovah Nissi Petroleun SA) lancée en 2007 s’est imposée très vite comme un acteur national et régional majeur de l’importation, la réexportation, le stockage et la distribution de produits pétroliers et dérivés. les chiffres parlent d’eux-même : depuis sa création le capital de la société JNP SA est passé de 25 millions FCFA en 2007 à 1 milliard F CFA aujourd’hui. JNP a multiplié par 50 sa capacité de distribution de produits pétroliers,avec une centaine de stations-services et plus de 500 boutiques et kiosques
Le 25 Novembre 2017 à Cotonou, inauguration de la station service Prestige JNP.
Centre de remplissage de bouteilles de gaz domestique à Parakou.
répartis sur tout le territoire béninois. La société s’est engagée dans une politique exigeante d’entretien et de modernisation de son vaste réseau. En 2017, JNP a inauguré à Parakou un centre emplisseur de gaz qui lui permet de desservir en temps réel toute la région septentrionale du Bénin, et a mis en service 12 nouvelles stations modernes dans Cotonou. JNP commercialise aussi bien du carburant d’aviation que du Mogaz, du gasoil, du pétrole, du butane, du fioul, du bitume et les lubrifiants de marque ENOC (Emirates National Oil Company), qu’elle représente également dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Grâce à une autre filiale du groupe, SBTF (Société Béninoise de Transport et Fret),Akad assure le transport de produits pétroliers et peut s’appuyer sur un parc de plus d’une centaine de camions citernes et autres véhicules spécialisés. La vision à long terme des dirigeants d’Akad est marquée par la vocation régionale, et à terme continentale, du groupe. En plus de renforcer en continu ses capacités d’import-export et de distribution, AKAD a entrepris de diversifier son offre en se tournant vers un secteur en pleine expansion à l’échelle africaine : le tourisme. La SBTF Tours fournit aux voyageurs billets d’avion, services d’assurances, voitures en location et se charge des différentes formalités de voyage. Le souci constant des meilleurs prix pour ses clients est au centre de la démarche de SBTF Tours. Fort de ces succès, AKAD prend aujourd’hui son rôle d’acteur économique responsable très à cœur. Le groupe s’engage à distribuer des produits toujours plus respectueux de l’environnement pour offrir à tous la possibilité de vivre dans un cadre sain. Le développement de ses activités dans toute l’Afrique de l’Ouest contribue au dynamisme économique des pays où AKAD s’implante. Symbole de ce fort engagement social, la mise sur pied en 2011 de la Fondation Arnauld Akakpo (à but non lucratif, laïque et apolitique). Elle permet à AKAD de financer des projets éducatifs, environnementaux et médicaux, ainsi que des activités sportives, artistiques et culturelles destinées aux enfants les plus démunis. COMMUNIQUÉ
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
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Fiacre Vidjingninou fiacrevi
Révolution de palais e président Talon n’a pas été long à imprimer sa marque et à imposer un nouveau style de gouvernance. L’homme se montre peu sur le devant de la scène, ses discours se font rares. Aussi, pour des Béninois habitués ces dernières années à l’hyperprésidence de son prédécesseur, c’est une véritable révolution de palais. Ses mots, savamment choisis, empruntent beaucoup au répertoire du new public management: vision, objectifs, stratégie, réforme, résultat… Une ritournelle inspirée du vocabulaire du secteur privé, au nom d’un rêve, répété à l’envi, celui d’un « grand dessein pour le Bénin ». Confronté dès son investiture à une situation socio-économique délicate, Patrice Talon a pris le temps d’établir un diagnostic avant d’élaborer le Programme d’actions du gouvernement (PAG), soit un ensemble de 77 réformes prioritaires et de 45 projets phares, bâti autour de sept axes stratégiques, pour relever trois défis : la consolidation de la démocratie, de l’État de droit et de la bonne gouvernance ; la transformation structurelle de l’économie ; l’amélioration des conditions de vie des populations. Les enjeux sont à la hauteur de l’enveloppe financière prévue: 9000 milliards de FCFA (13,7 milliards d’euros) mobilisés, de 2016 à 2021, pour donner corps au désir de modernité d’un président qui ne craint pas de bousculer les habitudes. Déguerpissement dans les espaces publics, assainissement des finances de l’État, lutte contre la corruption et l’impunité… Si sa feuille de route fait grincer des dents une partie de la société, le président, fidèle à sa politique du résultat, avance tête baissée, résolu. Le style peut parfois paraître suicidaire, mais nombre de Béninois semblent désormais de plus en plus nombreux à être
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108 ENJEUX
Le grand tournant
convaincus que cette méthode, toute impopulaire qu’elle est, est indispensable pour changer le pays en profondeur. En vingt et un mois de mandat, Patrice Talon est devenu le maître incontestable de la scène politique nationale. Pourtant, élu sans étiquette et sans l’aide des partis traditionnels, il n’a pas eu besoin de créer un mouvement – contrairement à ses prédécesseurs – pour s’allier une soixantaine de députés sur les 83 qui siègent à l’Assemblée. Celui qui n’hésite pas à se comparer à Nelson Mandela a une obsession pour le Bénin : « Planter durablement les graines de [son] essor politique. »
Le pain et la paix
Échaudé, en avril 2017, par l’échec de son projet de révision constitutionnelle, le président Talon a cependant compris que l’audace, seule, ne suffirait pas à faire de son mandat une réussite. Celle-ci suppose qu’il entretienne une relation régulière et surtout dynamique avec sa majorité parlementaire. En point de mire: une victoire aux législatives de 2019, qui le renforcerait. Il devra cependant faire face à son ancien soutien, Sébastien Ajavon, arrivé troisième à la dernière présidentielle, avec lequel l’idylle a été de courte durée. Le chef de l’État a promis aux Béninois de « surgir, d’agir et de disparaître », mais sa maîtrise du jeu politique national lui offre une occasion inédite de marquer l’histoire du pays. Se contentera-t-il d’un unique mandat, comme il l’a maintes fois assuré ? Peu de Béninois croient encore en cette promesse électorale. Ils se contentent d’espérer que, au-delà du nombre de ses mandats, son action apportera le pain et la paix, dans un pays qui, pour l’heure, n’a pratiquement que sa « vétuste démocratie » pour seul produit d’exportation.
113 Interview de
Romuald Wadagni Ministre de l’Économie et des Finances
116 Un échiquier
politique bouleversé
118 Entretien avec
Léonce Houngbadji Président du Parti pour la libération du peuple
119 Opinion
Par Prudent Victor Topanou, ex-garde des Sceaux
122 ÉCONOMIE
Jamais sans Lagos
126 Une noix
qui prend du poids
130 Le parc national
de la Pendjari revisité
134 SOCIÉTÉ
La bataille des diplômes
136 Chérif Riwanou, presse-made-man
138 Regard sur les courbes africaines
Suivez toute l’actualité du Bénin sur www.jeuneafrique.com
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Grand format BÉNIN
ENJEUX
Le grand tour Deux ans après l’élection de Patrice Talon, 2018 sera marquée par le lancement de chantiers d’envergure, très attendus. Le temps de la fameuse « rupture » annoncée lors de la campagne présidentielle ? VINCENT DUHEM, envoyé spécial à Cotonou
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a nuit est déjà tombée sur Cotonou. Un ministre proche du chef de l’État arrive au pas de course. Il s’excuse pour le retard, son programme a été bouleversé par un décès qui l’a obligé à se rendre dans l’intérieur du pays. Il lui faut poursuivre ses audiences tard dans la soirée. Puis, à l’aube, reprendre la route vers le département des Collines, où il doit participer à une opération de sensibilisation au recensement lancé par les autorités. En cette fin d’année 2017, Patrice Talon – bien qu’absent du pays – met son gouvernement à rude épreuve. « Depuis sa double opération chirurgicale en juin, le président est encore plus exigeant. Il n’a plus peur de rien et semble encore plus déterminé », raconte l’un de ses collaborateurs. Élu en avril 2016, il s’était donné cinq ans pour être porté en triomphe par les Béninois. Si le contexte n’est plus le même – après avoir annoncé qu’il ne ferait qu’un mandat, il maintient désormais le suspense –, l’heure tourne et le temps presse. D’autant plus que les Béninois s’impatientent. Aux champs comme sur les marchés, les critiques concernant la gestion de Talon s’intensifient. Annoncée comme étant celle de la « rupture », l’élection de l’ancien homme d’affaires a certes bouleversé l’ordre établi et chamboulé l’échiquier politique (lire encadré p. 110 et pp. 116-117). En revanche, près de deux ans plus tard, aucun des grands projets prévus ne s’est encore concrétisé. Talon sait que le mécontentement s’accroît. Il est conscient que ceux qui ont voté pour lui sont aujourd’hui déçus. Pourtant, il se veut particulièrement confiant, assurant que, dans deux ans, tout le monde aura changé d’avis.
Une stratégie saluée par le FMI
« Nous avons réalisé de longues études d’impact et il nous fallait rassembler les financements suffisants avant d’engager les projets. C’est désormais le cas. L’année 2018 sera celle des grands chantiers », assure un proche de l’exécutif, qui précise que l’asphaltage de 600 km de routes dans les grandes villes doit bientôt débuter. Autres projets, la construction du nouvel aéroport international de Glo-Djigbé (lire p. 114) et
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Le chef de l’État et Christine Lagarde, directrice générale du FMI, à Cotonou, le 11 décembre 2017.
PR BÉNIN
nant
Grand format BÉNIN ENJEUX
Maître du jeu
Les relations avec les syndicats sont tendues, l’exécutif ayant choisi de présenter un projet de loi supprimant le droit de grève des personnels de la santé, de la justice et de la sécurité, qui a été adopté le 28 décembre et a entraîné des mouvements de grève. Talon a également donné le sentiment de sous-estimer son administration, notamment en créant plusieurs agences rattachées à la présidence et chargées de gérer les dossiers importants. Sa reprise en main du secteur du coton, dont il a accentué la privatisation, est pour le moment un succès (lire p. 127). D’après les chiffres de l’International Cotton Advisory Committee (Icac), après une année 2015 catastrophique, où la production de coton fibre (après égrenage) avait reculé de 38 %, celle-ci a connu un rebond spectaculaire de + 67 % en 2016, passant de 104000 à 174000 tonnes, issues d’une récolte de 453000 t de coton graine. Un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2005 (171 000 t), et ce alors même qu’étaient supprimées les subventions que l’État versait aux producteurs. Une réussite néanmoins ternie par d’incessants soupçons de conflits d’intérêts. Avant de devenir
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président, Patrice Talon a en effet fait fortune dans la filière, dont il était le principal acteur. Aujourd’hui, s’il a officiellement abandonné toute participation dans ses anciennes sociétés, ses proches sont cependant en position de force. « Ces personnes étaient déjà présentes dans le secteur avant l’élection de Talon. Pourquoi ne devraient-elles plus l’être maintenant? » répond-on à la présidence. Maître du jeu sur la scène politique, Talon gouverne sans parti, mais s’appuie sur une large majorité à l’Assemblée nationale, regroupée au sein du Bloc de la majorité parlementaire (BMP, lire p. 116). Celui qui aime rappeler à ses visiteurs du soir qu’il a le pouvoir, l’argent, et qu’il peut donc écraser quiconque le gênera, a pour le moment réussi à écarter ses rivaux politiques. Pour combien de temps? Le chef de l’État devrait être tranquille pendant encore au moins un an estime un observateur. Il lui faudra ensuite organiser les législatives de 2019 – qui, selon nos informations, pourraient être couplées avec les municipales, les communales et les locales. Or, au Bénin, les polémiques sont telles pendant les périodes électorales que faire avancer le moindre dossier risque de se révéler impossible à partir de l’année prochaine.
JACQUES TORREGANO POUR JA
celle de la Cité de l’innovation et du savoir (lire p. 135) démarreront aussi cette année. Le défi est de taille. Avec la chute du cours du naira nigérian, c’est tout un pan de l’économie béninoise, jusqu’alors arrimée au puissant voisin, qu’il faut restructurer (lire p. 122). Au sein du gouvernement, on met en avant l’effort consenti pour assainir les finances publiques et la mise en place de réformes structurelles censées dynamiser l’économie (lire p. 124). Une stratégie saluée par Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, mais perçue différemment au sein d’une population qui se plaint, comme ailleurs sur le continent, que « l’argent ne circule plus ». « Sous les présidents précédents, les fonds publics étaient accaparés au profit d’une élite. Le chef d’État Mathieu Kérékou pouvait acheter des voitures à ses collaborateurs, et son homologue Thomas Boni Yayi remettait facilement 10 millions de F CFA [plus de 15000 euros] à chacune de ses audiences. Aujourd’hui, tout cela a été considérablement réduit. Les hommes d’affaires qui avaient l’habitude d’obtenir des marchés publics n’ont plus rien. Certains pensent à s’exiler », explique un homme du sérail. En bon chef d’entreprise, Talon donne le sentiment d’être au centre de tout. Méticuleux, il va jusqu’à relire les communiqués des Conseils des ministres, qui n’ont tout simplement pas lieu quand le patron n’est pas là. « Le chef de l’État s’implique dans tout, car il veut que les délais soient respectés », explique Aurélien Agbénonci, son ministre des Affaires étrangères. « Le président a de grandes ambitions, mais il ne se rend pas compte qu’à en avoir trop il risque de tout perdre. Surtout, sa méthode pose question. Il est trop radical. Dès que quelque chose ne fonctionne pas ou ne lui plaît pas, il contourne l’obstacle. Il n’a aucun sens de l’État. Plusieurs décisions de la Cour constitutionnelle n’ont pas été respectées par le pouvoir », juge un ancien haut fonctionnaire.
Siège du Parlement, à Porto-Novo.
BIG BANG POLITIQUE
La proposition de loi portant charte des partis politiques, soumise au début de décembre 2017 à l’examen du Parlement, a notamment pour objet de limiter le nombre de partis existants (environ 150 actuellement) et de s’assurer que ceux « qui survivront » auront une base représentative. Les critères de financement devraient ainsi être drastiques. « Ne peuvent bénéficier du financement public que les partis politiques ayant obtenu, lors
des élections législatives précédant l’exercice au cours duquel le financement est acquis pour la durée de la législature, un nombre de députés correspondant au minimum à un cinquième de l’Assemblée et provenant au moins d’un tiers du nombre total des circonscriptions », dit le texte. Autre disposition contraignante : l’obligation pour tout parti de participer aux élections nationales et locales sous peine de perdre son statut juridique. V.D.
HUILE ET TOURTEAU DE COTON ET DE SOJA, BEURRE DE KARITÉ ET NOIX DE CAJOU
DEPUIS
FLUDOR BÉNIN SA CRÉATEUR DE RICHESSE CRÉATEUR D’EMPLOIS CAPITAL DE 5 100 000 000 F CFA
DIRECTION GÉNÉRALE : Avenue Steinmetz. Cotonou, Bénin
Tél. : (+229) 21.31.65.31/32 - Fax. : (+229) 21.31.65.29 info@fludorbenin.com - www.fludorbenin.com
DIFCOM/DF - PHOTOS : © J.TORREGANO SAUF PHOTO DE FOND : ©D. BOKUCHAVA /FOTOLIA
1996
ADEOTI La route pour vocation, le continent pour ambition
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epuis vingt-cinq ans, ADEOTI œuvre à l’entretien et à la construction du réseau routier béninois. Forte de ce savoir-faire, l’entreprise étend aujourd’hui ses activités à toute l’Afrique de l’Ouest. Un dynamisme guidé par une stratégie à long terme. C’est en 1992, après dix ans d’expérience en tant que chef de projet de l’unité piste du CARDER Atlantique, que Yaya ADEOTI Salami, ingénieur de l’équipement rural béninois, fonde sa société de construction Entreprise ADEOTI Sarl. Elle se consacre d’abord à l’entretien de pistes rurales dans les régions littorales du Bénin.
L’acquisition de matériel moderne de nivellement permet à ADEOTI d’étendre ses activités et de remporter en 1998 des contrats de construction de pistes dans le cadre du Programme Sectoriel des transports initié par le gouvernement béninois. Une étape décisive pour ADEOTI, qui renforce encore ses capacités et s’imposera en leader béninois des travaux publics. Dans une même logique de développement maîtrisé, ADEOTI commence en 2003 à entretenir des routes revêtues. L’entreprise se prépare ainsi à l’étape suivante de son évolution : l’aménagement et le bitumage sur l’axe Djougou-Natitingou). ADEOTI diversifie ses activités et inaugure en 2004 sa première carrière de concassage de granite et sa première centrale d’enrobé. Son dynamisme permet à l’entreprise de s’installer parmi les grandes entreprises béninoises de travaux routiers.
2008 est une année faste pour ADEOTI : la société obtient la confiance de grands groupes internationaux (Maersk, Bolloré, Atral), qui lui commandent des travaux de construction et d’extension de terminaux à containers. Outre les travaux de réhabilitation et de bitumage réalisés dans les plus grandes villes béninoises, la société participe à l’aménagement et au renforcement des routes sur le corridor Lagos-Abidjan. ADEOTI participe ainsi activement au développement économique régional. En 2011, la capitale togolaise Lomé bénéficie de son savoir-faire en matière de réhabilitation des voies urbaines et de bitumage. En partenariat avec la société La Route africaine, ADEOTI aménage des tronçons de routes ivoiriennes en 2013. Les dirigeants voient plus loin et cherchent maintenant à étendre les activités d’ADEOTI à l’Afrique sub-saharienne. Sa filiale Cheetah, créée en 2014 et consacrée au transport routier de matériaux de construction, permet au groupe d’étoffer encore son offre. Pour répondre à la demande croissante des secteurs des travaux publics et de l’immobilier, ADEOTI lance en 2015 Okouta Carrières SA, société d’exploitation et de commercialisation de granite. Une stratégie qui s’inscrit dans une vision à long terme : la société entend aussi diversifier ses activités dans le secteur immobilier. ADEOTI n’en oublie pas pour autant son cœur de métier. Pour permettre à l’État béninois d’élargir rapidement son réseau routier et fort de ses capacités techniques et financières, le groupe s’est engagé dans un partenariat public-privé pour financer la construction de nouvelles routes. Grâce à ce mode de financement, 40 km de routes bitumées sont déjà réalisées et 101 km en cours de réalisation, dans le cadre du Programme d’action du gouvernement béninois. C/2021 Zogbohouè - 03 BP 0022 Cotonou Bénin - Tél : +229 21 38 10 07 Fax : +229 21 38 53 91 E-mail : info@entreprise-adeoti.com
www.entreprise-adeoti.com COMMUNIQUÉ
Grand format BÉNIN ENJEUX
POLITIQUE
Romuald Wadagni
Ministre de l’Économie et des Finances
« Il n’y aura aucune concession sur la corruption »
Propos recueillis à Cotonou par FIACRE VIDJINGNINOU
ors de sa nomination, en avril 2016, au portefeuille de l’Économie et des Finances, les Béninois avaient été surpris par sa jeunesse. Homme à poigne, Romuald Wadagni est aujourd’hui une pièce maîtresse dans le dispositif de réformes engagé par le chef de l’État et son gouvernement. Le grand argentier du pays revient sur la stratégie à mettre en œuvre pour relever ses défis économiques et financiers. Sans oublier quelques commentaires plus politiques.
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Romuald Wadagni : L’objectif est de doter le Bénin d’un système de gestion des finances publiques transparent, performant, conforme aux standards internationaux, respectueux de la répartition constitutionnelle des prérogatives entre les institutions, et mettant résolument les finances publiques au service du développement du pays et de ses citoyens. C’est un ensemble de 175 actions qui touchent des domaines comme la budgétisation, la mobilisation des ressources financières et la qualité des dépenses publiques. Ce plan apporte des réponses à une double exigence : l’impulsion des réformes et une approche novatrice pour leur mise en œuvre. Vous avez récemment dénoncé la corruption qui continue de gangrener l’État, notamment au Trésor et aux Impôts. Quel est votre plan d’action en la matière?
Plus qu’un engagement, la lutte contre la corruption et l’impunité représente
FIACRE VIDJINGNINOU POUR JA
Jeune Afrique : Le Bénin s’est doté, en mai 2017, d’un plan global de réformes de lagestiondesfinancespubliques.Pourquoi un tel document?
À 41 ans, l’expert financier est devenu une pièce maîtresse du plan de réformes.
pour nous un impératif. À ce jour, plus de 200 milliards de F CFA (près de 305 millions d’euros) ont pu être économisés à la suite de nos opérations anticorruption. Et nous n’avons pas l’intention de ralentir la cadence. Pour assurer le développement du Bénin, aucune concession n’est possible. Le président Talon a été très clair sur la question. Après avoir relevé le défi de la stabilité démocratique, le pays doit maintenant réussir celui de la gouvernance. Sinon, les fruits attendus de ces réformes et de leurs investissements pourraient être compromis.
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Grand format BÉNIN ENJEUX
COUP DE POUCE CHINOIS
En juin 2017, le pays a conclu un accord avec la Chine portant sur
une aide sans contrepartie de 26 milliards de F CFA
(39,64 millions d’euros) pour le financement des projets phares du PAG
De lourds soupçons pèsent sur le président Talon lui-même, accusé d’accaparer certains secteurs vitaux de l’économie, comme le port de Cotonou ou la filière coton…
Hier, Patrice Talon était un homme d’affaires, aujourd’hui il est président. Il a fait de son intégrité et de la prospérité de son pays une obsession. Toutes ses décisions sont prises en fonction de leur intérêt pour le Bénin. Les premières actions engagées dans le secteur cotonnier ont permis d’avoir un niveau de production record – plus de 450000 tonnes en 2017 – avec un respect des engagements vis-à-vis des producteurs qui redonne confiance et espoir à la base. Le plus important, c’est notre détermination à faire en sorte que tout se fasse dans la transparence et dans le respect des règles de passation des marchés publics. Et cela dans tous les domaines. Le projet de budget de l’État pour 2018 est en baisse de 150 milliards de F CFA. Soit une chute de 10 %. Pourquoi ?
Parce que nous nous appuyons davantage sur le secteur privé pour la réalisation de nos grands projets d’infrastructures. Nous avons commencé dès l’an dernier à
tisser ces partenariats public-privé (PPP). Et les résultats seront très prochainement visibles. Cette baisse n’aura-t-elle pas un impact négatifsurlamiseenœuvreduProgramme d’action du gouvernement (PAG), qui nécessited’importantsmoyensfinanciers?
Aucun. Plus de 227 projets sont inscrits dans le programme d’investissement public de 2018, pour plus de 470 milliards de F CFA investis. Les études de faisabilité réalisées en 2017 vont, pour la plupart, se transformer en chantiers dans les douze prochains mois, notamment dans le secteur routier et dans la production d’énergie. Deux centrales sont en construction pour un investissement de 100 milliards de F CFA. Leur puissance installée totale sera de 85 MW et viendra s’ajouter aux 120 MW de la centrale thermique de Maria-Gléta. Une seconde phase va par ailleurs démarrer cette année autour de projets dont les études sont finalisées et les financements, bouclés – comme ceux de l’aéroport de Glo-Djigbé (lire ci-dessous) ou de la cité administrative d’Abomey-Calavi, destinée à désenclaver Cotonou. Enfin, les travaux de protection de nos côtes vont se pour-
C’est l’un des huit projets d’infrastructures que l’exécutif béninois veut boucler dans le cadre du Programme d’action du gouvernement (PAG) 2016-2021 et certainement le plus stratégique dans le domaine des transports. Cité comme « chantier phare » par les précédents exécutifs – depuis 1974! –, il n’a jamais été aussi près de voir le jour. D’ici à trois ans, le nouvel aéroport international de Glo-Djigbé, à une vingtaine de kilomètres de Cotonou, devrait donc remplacer l’aéroport Cardinal-Bernardin-Gantin de Cadjéhoun, situé dans
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le centre de la capitale économique. Dès son premier voyage en Chine, en septembre 2016, le président Talon a pu faire avancer le financement du projet, estimé à 360 milliards de F CFA (près de 550 millions d’euros), dont 145 milliards de financement public et 215 milliards provenant du secteur privé. Le chantier est confié au holding public Aviation Industry Corporation of China (AVIC), assisté techniquement par Aéroports de Paris ingénierie (ADPI), depuis la revue des dossiers de conception et études de faisabilité
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jusqu’à la mise en service de l’aéroport, en passant par sa réalisation. Lancés le 10 mars 2017, les travaux préliminaires sont presque tous bouclés. Les enquêtes foncières et administratives terminées, leurs résultats ont été validés à la mi-septembre. Parallèlement, des assises ont été organisées pour recueillir les accords des personnes sinistrées et aborder le calcul des montants de dédommagement, commencer à les payer et libérer progressivement le périmètre (3 028 ha, dont 1600 pour l’aéroport). Le chantier de l’aéro-
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Compte à rebours pour l’aéroport
port proprement dit, dont la livraison est prévue à la fin de 2020, comprend la réalisation d’une piste (de 4 250 m de long et 60 m de large), d’un terminal
suivre de manière intensive. L’État a prévu de dégager plus de 100 milliards de F CFA pour mettre un terme à l’érosion du littoral. L’opposition vous reproche d’étrangler les classes populaires…
Depuis notre arrivée, nous n’avons supprimé aucune des mesures déjà mises en œuvre par nos prédécesseurs, et des efforts ont été faits sur la question de l’emploi des jeunes et avec le Fonds pour la prévention et la protection en cas de catastrophes. Le modèle social béninois sera encore renforcé, dans la foulée de la dotation budgétaire des ministères chargés des Affaires sociales, de l’Emploi et de la Promotion de l’entrepreneuriat. En 2018, les dépenses sociales prioritaires passeront de 160 milliards (l’an dernier) à 180 milliards de F CFA. Le secteur de l’éducation représentera 26,33 % du budget contre 19,76 % en 2017. La cantine gouvernementale sera étendue à toutes les écoles, et les subventions aux mesures de gratuité seront renforcées à partir de la prochaine rentrée. Dans le secteur de la santé, plusieurs réformes structurelles sont en cours, au moment où l’État apure ses dettes vis-àvis des hôpitaux.
Quelles sont les perspectives économiques pour 2018?
Lire aussi sur le PAG : « Quatre ans, huit chantiers, 2,8 milliards d’euros…» sur www.jeuneafrique.com
Querépondez-vousàceuxquiestimentque le niveau d’endettement du pays a explosé en très peu de temps?
LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION POURRAIT ÊTRE REDISCUTÉE DANS LES PROCHAINS MOIS.
Esquisse du futur aéroport, dont la livraison est prévue pour fin 2020.
voyageurs d’une capacité de 1,6 million de passagers par an (900 en heure de pointe), d’une aérogare fret pouvant traiter 12 000 tonnes par an, de
Notre objectif global est de relancer le développement économique et social. Nous nous appuyons sur le PAG 20182021, soutenu par le FMI au titre de la Facilité élargie de crédit. L’accélération attendue de la croissance sera essentiellement portée par la réalisation de nos projets structurants dans le cadre des PPP, accompagnée par la modernisation des différentes régies financières. Le gouvernement espère ainsi mieux maîtriser son déficit budgétaire, qui s’établirait, pour 2018, autour de 4,5 % du PIB.
voies de sortie rapides et de bretelles de raccordement. Depuis le 28 août 2017, l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), qui assurait l’exploitation et la gestion de l’aéroport de Cadjéhoun, s’est officiellement retirée, conformément à la décision prise par le gouvernement six mois auparavant d’en confier la gestion à un concessionnaire privé (qui pourrait être ADP Management, lire p. 123), comme ce sera le cas, aussi, pour le futur complexe de Glo-Djigbé. FIACRE VIDJINGNINOU, à Cotonou
Que leur attaque n’est pas fondée. Le taux d’endettement public est actuellement de l’ordre de 52 %. Il est inférieur à la norme communautaire de 70 % imposée par l’Uemoa. L’État dispose donc d’une marge confortable pour un endettement encadré. Le pays règle ses dettes et n’accuse aucun arriéré de paiement au titre du service de sa dette publique vis-à-vis de ses créanciers. Ce n’est pas nous qui le disons. Le FMI, qui a séjourné au Bénin en septembre, a confirmé que la dette publique du pays n’était pas un problème, ni à court ni à moyen termes, car nos ratios sont inférieurs aux seuils fixés au niveau international. Certaines réformes prévues par le gouvernement nécessitent une révision de la Constitution, dont le Parlement a rejeté l’examen. Que comptez-vous faire?
Il convient de distinguer l’obligation de réformer et l’appui politique qui est nécessaire pour accompagner les réformes. Le projet de révision que nous avions présenté n’a pas provoqué de débat sur le fond. Une minorité de parlementaires s’est juste contentée de bloquer le processus sans discuter de ce fond. Pour le prochain train de réformes, nous allons communiquer davantage, afin de solliciter une plus grande adhésion. Comme l’a confirmé le chef de l’État lors de son discours annuel devant le Parlement, la révision constitutionnelle reste un impératif pour le pays. Elle pourrait donc faire à nouveau l’objet de discussions dans les prochains mois.
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Vie des partis
Un échiquier bouleversé
Démissions, ralliements, scissions : au sein de la majorité comme de l’opposition, les cartes ont été complètement redistribuées. Et ce n’est pas fini…
PR BÉNIN
Éternel recommencement
ANDRÉ SILVER KONAN, envoyé spécial
n ce mois de novembre, au siège du Parlement à Porto-Novo, les mines sont graves. L’hommage funèbre rendu par les députés à Joseph Adjignon Kèkè, ancien ministre de la Justice, y est bien sûr pour quelque chose. Mais pas seulement. Derrière le deuil se cache également un drame politique: la « mort » de plusieurs groupes parlementaires. L’avènement de Patrice Talon a en effet provoqué une redistribution des cartes au sein du Parlement et plus généralement dans l’échiquier politique. Les députés issus des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE, coalition ayant soutenu l’ex-président Boni Yayi) ont démissionné en masse, pendant que la Renaissance du Bénin (RB, parti fondé par Rosine Vieyra Soglo) s’enfonçait dans la crise et que la coalition l’Union fait la nation (UN), de Bruno Amoussou, et le Parti du renouveau démocratique (PRD), d’Adrien Houngbédji, président de l’Assemblée nationale, choisissaient tous deux de faire
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allégeance au chef de l’État. Au Parlement, un nouveau Bloc de la majorité parlementaire (BMP) regroupant soixante députés, dont les transfuges des FCBE, a vu le jour. Quant à l’opposition parlementaire, issue à la fois de l’ancienne mouvance présidentielle et des frustrés de l’ère Talon, elle est désormais menée par un groupe de 22 députés conduits par Garba Yaya et Issa Salifou. Ce sont eux qui, en avril 2017, usant de leur minorité de blocage, ont fait échec au projet de révision constitutionnelle voulue par le président. Ils ont rejoint le Front pour le sursaut patriotique (FSP), créé en mars 2017 « afin de préserver les acquis démocratiques » et de lutter « contre toutes atteintes aux libertés fondamentales et toutes velléités de restauration de l’autocratie », selon son porte-parole, Jean Kokou Zounon.
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Message du président sur l’état de la nation devant l’Assemblée nationale, le 22 décembre 2017.
Toutefois, sans véritable leader, le FSP peine à mobiliser. Certains opposants verraient bien Sébastien Ajavon, troisième homme de la présidentielle de 2016 et ancien allié de Talon, prendre la tête de l’opposition. Mais, empêtré dans des scandales politicojudiciaires, l’homme d’affaires, qui a plus ou moins le même parcours que le président, se fait discret. Même prudence chez Candide Azannaï. L’ancien ministre de la Défense de Talon préfère laisser le soin à son suppléant, le jeune député Guy Dossou Mitokpè, de porter les critiques incisives contre le gouvernement. D’autres pensent à Komi Koutché. Reste que l’ancien argentier de Yayi est aujourd’hui hors du pays, où il prépare son PHD en économie et sans doute son retour sur la scène politique béninoise. En attendant, un autre jeune, jadis proche de Yayi, est sur tous les fronts médiatiques: Léonce Houngbadji, président du Parti pour la libération du peuple (PLP, lire p. 118). Et, tandis que Léhady Soglo, exclu de son parti, la RB, et destitué de la mairie de Cotonou, reste en exil en France, et que le syndicaliste Laurent Metognon demeure en prison pour placement présumé hasardeux de ressources
publiques, Eugène Azatassou, coordonnateur des FCBE, tente de sauver une coalition qui n’existe plus que de nom. Qu’en disent les anciens présidents NicéphoreSogloetBoni Yayi?Le premierest en conflit ouvert avec l’actuel chef de l’État. Le second ne s’est pas exprimé depuis 2016. « Il sait plus que quiconque qu’au Bénin de nombreuses personnalités ayant trempé d’une façon ou d’une autre dans des affaires seraient prêtes à tout pour que le pouvoir leur épargne des tracasseries judiciaires », indique un juriste. Pour le moment, l’opposition attend un déclic, une erreur du pouvoir qui viendrait faire basculer l’opinion en sa faveur. « La météo politique est très imprévisible au Bénin, explique le député
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ous sommes le 7 octobre, à Paris. P a t r i c e Ta l o n rencontre la diaspora béninoise et se prête au jeu des questions-réponses. Une voix s’élève dans la salle : « Un seul mandat sera-t-il suffisant pour mettre en place toutes ces actions dont vous nous parlez depuis deux heures et demie? » La réponse de celui qui avait fait de son mandat unique « une exigence morale » nécessaire à la bonne gouvernance a bien évolué depuis son accession à la magistrature suprême. Surtout depuis que le projet de réforme constitutionnelle censée instaurer ce quinquennat unique a été retoqué par le Parlement, en avril 2017. Le chef de l’État laisse désormais planer le doute. « Je continue de penser que ce serait une bonne chose. J’aurais bien voulu que cette réforme commence par moi-même, répond-il ce jour-là à Paris. Je n’ai pas dit que je serais un mauvais président si je dois aller chercher un deuxième man-
Nourénou Atchadé. Le fait qu’il n’existe pas une coalition forte contre le chef de l’État ne signifie pas que l’opposition soit morte. Dans ce pays, ce sont les grands enjeux qui font naître les grandes frondes contre le pouvoir. Chaque chose arrive en son temps. » En attendant, l’exécutif, lui, renforce son organisation politique. Pour fédérer les soutiens au président Patrice Talon, Jean-Baptiste Hounguè, président de l’Alliance pour une alternative républicaine (AAR) et membre de la puissante Unité présidentielle de suivi des projets (UPS), rêve de diriger une large coalition au sein de « Bénin en route », créée en août 2017 et calquée sur les… FCBE. Au Bénin, l’histoire est un éternel recommencement.
EN DÉBAT
Un mandat et puis s’en va ? VINCENT DUHEM
dat. Mais la réforme n’ayant pas été adoptée, il n’y a pas de raison que je continue de proclamer haut et fort que, pour faire un bon mandat, il faut que je ne sois pas candidat à un deuxième. » Et d’ajouter: « La question d’une candidature en 2021 est pour le moment indécente. Je viens de subir une
opération qui me fait voir la vie autrement; 2021 est trop loin, ce que je ferai à cet instant-là relève de mon opinion personnelle, de ma vie, de mes ambitions, de mes challenges. » Élu en mars 2016 pour cinq ans, Patrice Talon peut, conformément à la Constitution, rempiler
SANS VÉRITABLE LEADER PRÈS D’UN AN APRÈS SA CRÉATION, LE FRONT POUR LE SURSAUT PATRIOTIQUE PEINE À MOBILISER.
une fois. Mais, s’il passait à l’acte, la sincérité de ses intentions initiales pourrait être remise en question. Le mandat unique n’aurait-il été qu’une vaine promesse de campagne ? Dans le même temps, cette nouvelle posture contraint l’opposition, arroseur arrosé, à critiquer un positionnement qu’elle a indirectement entraîné. « Tous ceux qui ont l’intention de se présenter ont désormais en face d’eux, non pas un président de la République, mais un candidat en 2021. C’est vraiment dommage qu’on en soit arrivé là », a d’ailleurs déclaré Eugène Azatassou, coordonnateur des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE). Finalement, la morale de l’histoire pourrait bien être que, mandat unique ou non, le jeu politique reste le même. Et, surtout, qu’il ne dépend que de ceux qui l’animent de mettre le peuple au centre de leurs actions, plutôt que la préservation de leurs intérêts.
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Léonce Houngbadji Président fondateur du Parti pour la libération du peuple (PLP)
« Critiquer l’action du gouvernement est devenu un délit » Propos recueillis à Cotonou par ANDRÉ SILVER KONAN
UNE OPPOSITION DIVISÉE ?
outien de l’ancien président Boni Yayi, Léonce Houngbadji a créé le Parti pour la libération du peuple en août 2016, au moment de l’investiture du nouvel exécutif, dont il est l’un des plus farouches détracteurs. Il joue la carte de l’opposition systématique, se pose volontiers en victime de « la dictature Talon » et a mené une campagne active contre le projet de réforme constitutionnelle, dont l’examen a été rejeté par l’Assemblée nationale en avril 2017. À 34 ans, il se dit à même d’incarner l’aspiration des jeunes générations à dépasser les clivages gauche-droite pour renouveler la classe politique.
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« Au contraire, elle s’organise ! Nous avons créé le Front pour le sursaut patriotique [en mars 2017], qui réunit 31 forces politiques, syndicales et sociales. Nous travaillons avec une vingtaine de députés patriotes, nos acquis sont concrets – comme l’échec de la révision de la Constitution, et le pouvoir ne parvient pas à nous déstabiliser parce que nous sommes soudés. »
Jeune Afrique : Quel bilan dressez-vous de la présidence de Patrice Talon ?
À la mi-décembre, l’exécutif a pourtant reçu le satisfecit du FMI (lire p. 124) pour ses réformes structurelles et ses efforts en matière d’assainissement des finances publiques…
C’est de la propagande pure et simple. Le FMI ne soigne que des pays malades en leur prescrivant des réformes douloureuses et souvent inefficaces. Notre déficit budgétaire serait passé de 7 % en 2016 à 12,4 % fin 2017, selon les données de la BAD, sans que
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JACQUES TORREGANO POUR JA
Léonce Houngbadji : Son élection à la tête du pays a été l’erreur du siècle. Les fortes espérances qu’elle a suscitées se sont vite évaporées dans l’air de la mal-gouvernance. Deux ans après, la déception se lit sur tous les visages. Chômage, création d’emplois, économie, santé, éducation, autonomisation des femmes, grands travaux, énergie, sécurité, promotion de l’excellence, justice, démocratie, État de droit, égalité… Sur nombre d’indicateurs clés, les résultats sont désastreux.
l’on puisse expliquer cette aggravation et sans que cela chatouille le FMI. Selon les statistiques de la BCEAO en août 2017, avec un taux actuellement de 3,5 %, le Bénin est le seul pays de l’Uemoa dont le taux d’inflation est supérieur à la norme régionale [3 %], ce qui a encore percé davantage le panier de la ménagère, déjà bien vide. Vous dénoncez un recul de la démocratie. Sur quoi vous fondez-vous ?
Aujourd’hui, critiquer l’action gouvernementale devient un délit sévèrement sanctionné. Soit le pouvoir vous met en arrêt de rigueur jusqu’à soixante jours, suivis de trois mois sans salaire et vous radie de la fonction publique (c’est ce qui est arrivé au capitaine Patrice Trèkpo, le secrétaire général du Syndicat des eaux, forêts et chasse, révoqué en décembre), soit il vous jette en prison sur la base de montages grossiers. Depuis le 6 avril 2016, des mesures urgentes exceptionnelles sont prises pour restreindre les libertés individuelles: perquisitions, comme celles des domiciles du maire de Cotonou, Léhady Soglo, ou de Laurent Mètongnon [ex-président du conseil d’administration de la Caisse nationale de sécurité sociale], interdiction du sit-in des journalistes dans les locaux de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication pour protester contre la fermeture d’une dizaine d’organes de presse ou encore le piratage de radios privées et de sites internet.
Lire aussi l’interview de Guy Dossou Mitokpè www.jeuneafrique.com
OPINION
Énigme politique L
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e modèle démocratique du Bénin est régulièrement cité sation a débuté au Bénin ont eu pour conséquence de placer en exemple en Afrique noire francophone avec celui du les partis politiques sous la tutelle des bailleurs privés, avec Sénégal. Il offre une alternance régulière et sans heurts au pour résultat une certaine criminalisation de la vie politique. sommet de l’État, ainsi qu’une régularité satisfaisante dans Dans ce contexte, le financement public, sous certaines l’organisation des élections, qu’elles soient nationales, comconditions, apparaissait comme la solution miracle, et des munales, municipales ou locales. La Constitution n’a jamais voix de plus en plus nombreuses se sont élevées au milieu été révisée, offrant ainsi aux acteurs politiques, des années 2000 pour en demander l’instauéconomiques, sociaux et culturels, nationaux ration. Jusqu’au milieu des années 2010, un comme étrangers, un cadre juridique stable et tel financement était encore perçu comme un sécurisé. Cette stabilité profite également au approfondissement même de la vie démopouvoir judiciaire, qui a eu le temps d’impocratique du pays. Depuis 2016 et l’entrée en ser ses jurisprudences en matière constitutionpolitique de certains des principaux bailleurs nelle, judiciaire et administrative. privés des partis, elle apparaît désormais Mais, dans le même temps, tous les anacomme une vieille recette, déjà dépassée par lystes et observateurs sont unanimes pour le contexte en vigueur. souligner la faiblesse du système partisan qui Prudent Victor constitue le principal point noir de la démoujourd’hui devenus des acteurs politiques, Topanou cratie béninoise. En effet, depuis 1991 que ni Patrice Talon ni Sébastien Ajavon n’ont Ancien garde des les Béninois élisent leur président de la Répubesoin de l’argent public pour financer et entreSceaux (2009blique, aucun parti politique, aussi connu et tenir les partis politiques qu’ils seront amenés à 2011, 2008-2010) structuré soit-il, n’a jamais réussi seul à faire créer. Idem pour l’ancien président de la Répuet membre de élire son candidat à la magistrature suprême. blique Boni Yayi, si jamais ce dernier voulait la commission Tous les présidents de la République élus ont continuer à être influent dans la vie politique chargée des été des candidats indépendants, soutenus par nationale. D’autres personnes, toutes aussi forréformes politiques des coalitions hétéroclites. Il s’agit d’une véritunées, pourraient leur emboîter le pas. L’État, il et institutionnelles table « énigme politique », en même temps faut bien l’admettre, n’était pas préparé à une mise en place par que d’une véritable « exception démocratique mutation aussi profonde. La problématique du Patrice Talon en 2016 béninoise ». renforcement du système partisan béninois ne se pose plus aujourd’hui en termes de financee même, aucun parti politique n’a jamais ment public, mais bien davantage en termes de gagné les élections législatives sur la base lutte contre les conflits d’intérêts au sommet de d’un programme de législature. Tous les députés élus l’ont été l’État. Un champ nouveau de réflexion s’ouvre ainsi, auquel il dans le cadre d’alliances de partis, formées à la veille des élecconvient de trouver des solutions pratiques si l’on veut éviter le tions, sur la base d’affinités personnelles qui disparaissent au risque d’un affaiblissement durable de l’État. lendemain des scrutins. Pis, ils le sont plus à titre individuel qu’à titre partisan et donc, collectif. Patrice Talon est le premier président de la République à Prudent Victor Topanou est l’auteur fixer comme priorité la résolution de cette énigme politique d’Introduction à la sociologie en vue du renforcement de la démocratie béninoise. Il est politique du Bénin (L’Harmattan, très tôt apparu que l’absence de financement public a mis les 2013) et de Boni Yayi ou le grand partis politiques dans une situation de subordination, voire malentendu. Le quatrième président de mendicité, vis-à-vis des bailleurs privés, qui ne sont ni des du renouveau démocratique mécènes ni des philanthropes. Les circonstances historiques et les difficultés économiques dans lesquelles la démocratibéninois (L’Harmattan, 2012)
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ÉCONOMIE
Jamais sans Lagos
Le pays tire 20 % de son PIB des échanges avec le géant nigérian, son voisin. Mais ce dernier est en train de bouleverser sa stratégie. Il va donc falloir s’adapter. JULIEN WAGNER
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après la Banque mondiale, le commerce informel entre le Bénin et le Nigeria représenterait 20 % de son PIB. Un chiffre par nature très difficile à déterminer – certaines études de terrain estiment même qu’il pourrait en fait atteindre 50 %. Issue essentiellement de la réexportation de véhicules d’occasion, de produits congelés, de boissons ou de riz, cette source de revenus est en tout cas considérable. D’après la Banque mondiale, « plus de 90 % de la population active » béninoise travaille dans l’informel. Mais ce modèle est aujourd’hui en plein bouleversement. Au moins d’un côté de la frontière. Au-delà de la crise conjoncturelle qu’a traversée le Bénin en 2015 (croissance en baisse, à 2,1 %) à la suite de la chute du naira, toute une série de changements internes interviennent au Nigeria. « Les conditions mêmes qui ont présidé aux volumes de ces échanges sont en train de changer », indique Paul Melly, journaliste-chercheur à l’institut Chatham House, qui a mené différentes études de terrain sur le sujet. « Certains choix politiques en matière de commerce et d’investissements dans de nouvelles infrastructures conduiront inéluctablement à la diminution des exportations informelles vers le Nigeria. » Ainsi, l’entrée en vigueur progressive, depuis le 1er janvier 2015, du tarif extérieur commun (TEC) de la Cedeao en lieu et place du TEC de l’Uemoa constitue une étape majeure dans la mise en place d’une union douanière
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commune intégrant le gigantesque marché nigérian et ses 180 millions de consommateurs. « Auparavant, observe Paul Melly, le régime tarifaire des importations au sein de l’Uemoa était plus concurrentiel qu’au Nigeria. Ce n’est plus le cas avec le nouveau TEC. » Et ce n’est pas tout. Longtemps, les deux terminaux portuaires de Cotonou ont possédé des avantages logistiques vis-à-vis de leurs concurrents nigérians de Tin Can Island et d’Apapa (dans le sud de Lagos). Mais ce temps pourrait bientôt être révolu avec l’avènement du train à conteneurs Lagos-Kano (qui devrait être achevé en 2021), accompagné d’un port sec à Kano, en cours de réalisation, et, surtout, la construction du nouveau terminal de Lekki, au sud-est de Lagos, d’ici à 2019. Et selon Paul Melly, « il existe aussi des plans pour construire un port à conteneurs à Badagry, juste à la frontière avec le Bénin. À terme donc, tous les problèmes d’infrastructures que connaît aujourd’hui le Nigeria seront considérablement réduits. »
Chaînes de valeur
Sur le plan de la politique industrielle ensuite, comme l’explique l’économiste béninois Shegun Adjadi Bakari, « le Nigeria s’est engagé depuis 2012-2013 dans une politique très volontariste en faveur de la production locale, notamment dans le domaine automobile, avec une taxe de 75 % sur les importations de véhicules puis, début 2017, avec l’interdiction de ces dernières par voie terrestre ». Si cette mesure n’est pas encore véritablement appliquée, car contestée par le Sénat, elle démontre malgré tout la détermination de l’État central. Or, en 2015, cette filière contribuait au PIB béninois à hauteur de 9 %, pourvoyant plus de 15000 emplois directs et près de 100000 autres de manière indirecte. « Le modèle économique traditionnel ne peut plus survivre, assène Paul Melly. Tous les économistes béninois sont d’accord : il faut en trouver un nouveau fondé sur l’économie formelle. » Shegun Adjadi Bakari a son idée sur la question : il faut approfondir la relation entre les deux voisins. « Nous n’avons pas vraiment le choix à vrai dire. Si nous ne nous adaptons pas, nous subirons. Le Nigeria est conscient de sa force, liée à sa taille. Il va partir à la conquête de ses marchés proches. Il faut agir avant cela, en se demandant comment intégrer ses chaînes de valeur, en se spécialisant dans des niches. Nous pourrions par exemple développer une industrie automobile. Le Nigeria fait aujourd’hui du montage, mais peut-être que demain il remontera la chaîne de valeur. À nous de nous préparer. » Des préconisations qui restent pour l’heure encore lettre morte.
Le port de Cotonou.
JACQUES TORREGANO POUR JA
PAI SUR LE PONT
Conséquence de l’arrivée de Patrice Talon à la présidence, le gouvernement béninois a décidé d’externaliser la gestion des sociétés d’État portuaires et aéroportuaires, pour les confier au privé. Au nom de la rentabilité. Le Conseil des ministres du 22 décembre a entériné la décision d’ouvrir les négociations avec le groupe ADP Management pour la gestion de l’aéroport Cardinal-Bernardin-Gantin de Cotonou et a, surtout, autorisé le contrat de gestion, à titre temporaire, signé entre le Port autonome de Cotonou et la société Port of Antwerp International (PAI), filiale à 100 % de l’Autorité portuaire du port flamand. « Notre tâche principale consistera à moderniser l’administration sur le plan de l’organisation, de rénover les installations obsolètes ainsi que de préparer l’extension du port », a déclaré Kristof
Waterschoot, le directeur général de PAI, qui va également s’occuper de l’informatisation des quais et de la formation des personnels, via le Centre de formations maritimes d’Anvers et de Flandre (Apec), autre filiale du port anversois. Le contrat porte sur une première période d’études et de réflexion de trois ans devant aboutir à une deuxième phase d’exécution, prévue sur deux fois trois ans. PAI
n’est pas un inconnu sur les terminaux béninois, puisque ses experts accomplissent, depuis plusieurs années déjà, des missions de conseil auprès du port autonome. Premier port européen tourné vers l’Afrique, Anvers tisse encore davantage sa toile le long de la côte ouest-africaine, après avoir déjà signé un accord de partenariat en 2011 avec le port ivoirien de San Pedro. OLIVIER CASLIN
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DÉCRYPTAGE
L’impatient béninois ALAIN FAUJAS
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atrice Talon a parfaitement résumé la situation économique de son pays. Le 11 décembre 2017, en présence de Christine Lagarde, directrice générale du FMI, le président a déclaré: « La situation demeure difficile, et nos compatriotes sont légitimement impatients parce que l’arbre de la renaissance ne porte pas encore de fruits. Mais la floraison est bien là. » Reprenons les termes de son diagnostic. « La floraison est bien là. » C’est exact. Les bonnes récoltes du coton se confirment avec quelque 500000 tonnes de coton-graine en 2017 contre 260000 en 2015. L’économie nigériane, dont dépend 20 % du PIB béninois, se redresse lentement. Le Programme d’actions du gouvernement et ses 45 projets phares commencent à produire leurs bienfaits, notamment dans le BTP. La croissance s’est donc accélérée (voir tableau de bord). Du coup, le revenu moyen des Béninois s’améliore timidement. Après le creux de
786 dollars par habitant en 2015, il est remonté à 833 dollars (695 euros) en 2017. Le gouvernement a pu sans trop de casse redresser la situation budgétaire que son prédécesseur avait laissée dériver pour cause de présidentielle en 2016. Il a taillé dans les projets et rationalisé les procédures. Par exemple, le paiement sur comptes bancaires des salaires des fonctionnaires, des créances publiques et des bourses a permis d’économiser 100 milliards de F CFA (152,45 millions d'euros), selon Romuald Wadagni, ministre des Finances. Le déficit budgétaire, qui a connu un pic à 8 % du PIB en 2015, a pu être ramené à 6,1 % en 2017, et le gouvernement espère le réduire à 4,5 % en 2018, et à 1,8 % en 2019. « La situation demeure difficile. » Effectivement, malgré une frénésie de réformes, les maux archiconnus du Bénin sont toujours là. Quelque 40 % de la population vivait au-dessous du seuil de pauvreté en 2015, et ce pourcentage n’a guère baissé. L’hypertrophie du secteur informel, qui emploie 90 % de la population active selon la Banque mondiale,
Tableau de bord macroéconomique Indicateurs
2015
2016
Projections
2017 En %
2018
2019
2020
8,4 2,5
9,1 2,8
9,6 2,8
PIB réel, à prix constant Inflation
2,2 0,3
3,7 – 0,8
6,0 0,6
Investissement brut
25,6 7,7 17,9
24,6 5,9 18,7
28,6 9,3 19,2
28,3 8,6 19,7
26,3 6,3 20,1
26,9 5,9 21,0
Recettes totales Dépenses et prêts nets
– 8,0 16,7 25,3
– 6,0 14,7 21,4
– 6,1 16,8 24,4
– 4,5 17,5 23,6
– 1,8 17,4 21,0
– 0,6 18,0 20,2
Dette publique totale
42,4
49,5
55,5
56,0
53,3
48,7
Public Privé
Solde budgétaire global*
En % du PIB
* Base engagement, dons compris
124
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SOURCES : AUTORITÉS BÉNINOISES ET FMI, DÉCEMBRE 2017
Estimations
aggrave les inégalités en privant l’État des ressources fiscales nécessaires. L’économie dépend toujours des aléas météorologiques et financiers du coton (80 % des exportations et 60 % du tissu industriel). Les investissements étrangers souhaités pour diversifier l’industrie agricole et accélérer la mise à niveau des infrastructures continuent de se faire attendre.
Mauvais pilotage
Les pesanteurs administratives et la corruption compliquent la vie des entrepreneurs, comme le prouve la mauvaise place du Bénin au classement « Doing Business » 2018 de la Banque mondiale sur le climat des affaires, où le pays pointe encore au 151e rang. En décembre, Christine Lagarde a souligné l’un des défauts béninois: le mauvais pilotage des projets publics. « Nous estimons que le Bénin pourrait augmenter l’efficacité de ses investissements de 55 % en moyenne, avec le même montant investi, en améliorant la gouvernance de ses projets d’infrastructures », a-t-elle déclaré. C’est énorme, car cela veut dire que les nouveaux kilomètres de routes, par exemple, pourraient être augmentés de moitié avec le même budget! « Nos compatriotes demeurent légitimement impatients. » Le lent redémarrage de l’économie et les fortes attentes suscitées par l’élection de Patrice Talon rendent les Béninois très impatients. L’amélioration de la distribution électrique ou la hausse des prix inférieure à 1 % ne les satisfont guère. Pas plus que le taux de croissance les nouvelles routes « ne se mangent». Le président devra prendre garde que la grogne née de cette impatience ne se fixe sur ses possibles conflits d’intérêts dans la filière coton et au port de Cotonou, les deux piliers de l’économie nationale, où il détient à titre privé des positions stratégiques.
L’usine de Fludor à Zogbodomey, inaugurée mi-2016.
Agroalimentaire
Le pari de l’anacarde Pour se doter de filières à forte valeur ajoutée, le pays mise sur la noix de cajou. Avec des investissements massifs, comme ceux réalisés par Fludor, filiale du nigérian TGI.
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FIACRE VIDJINGNINOU
’est à Zogbodomey, dans le Zou, à 100 km au nord de Cotonou, qu’a été inaugurée fin juillet 2016 l’usine de décorticage d’anacarde de Fludor Bénin. Filiale locale du holding nigérian Tropical General Investment (TGI), le groupe est présent depuis plus de vingt ans au Bénin dans l’industrie des oléagineux à base de coton et de karité. Son nouveau petit bijou de la filière cajou a nécessité un investissement de 7 milliards de F CFA (plus de 10,67 millions d’euros), dont 3 milliards sur fonds propres. La capacité de production de l’usine a déjà doublé entre 2016 et 2017, passant de 6 000 à 12 000 tonnes, et doit être portée à 18 000 t en 2018. Quant aux volumes décortiqués, s’ils n’atteignent pas encore cette capacité installée, ils sont déjà passés de 3 500 t en 2016 à 7 500 en 2017 et devraient s’élever à 15 000 t en 2018. L’usine mobilise 1 040 personnes, dont 870 femmes, en temps normal, et jusqu’à 1 350 personnes, dont 1 150 femmes, en période de pointe. Elle a déjà permis de sti-
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C
muler la production nationale de cajou et de relever le défi de la transformation locale, deux objectifs prioritaires du Programme d’actions du gouvernement (PAG), qui veut faire de cette noix le deuxième produit d’exportation du pays après le coton.
Prix plancher
Les mesures prises par l’État en janvier 2017 visent à porter la production de cajou à 300 000 t d’ici à 2021, sachant que le Bénin est encore un poids plume de la filière. Il ne représentait que 8 % de la production ouest-africaine en 2016, soit 125 000 t, sur un volume régional de 1,7 million de t, loin derrière la Côte d’Ivoire (47 %) et la Guinée-Bissau (14 %). Puisqu’il fait partie des pays les moins avancés (PMA), le Bénin bénéficie de mesures de non-taxation à l’export vers certains pays de ses noix brutes de cajou (NBC), pour lesquelles la demande internationale est très forte. Cela les rend plus compétitives que celles d’autres concurrents tels que la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria. Toutefois, depuis avril 2017, pour que cette compétitivité ne porte pas préjudice à la transformation locale, l’État béninois a augmenté (de 10 F CFA à 50 F CFA/kg) les prélèvements en douane sur les exportations de NBC et en a par ailleurs interdit l’export par voie terrestre. Enfin, il a fixé le prix plancher d’achat au producteur à 500 F CFA/kg pour la campagne 2017 (contre 300 en 2016), un tarif plus motivant que les 440 F CFA/kg fixés, par exemple, en Côte d’Ivoire.
JACQUES TORREGANO POUR JA
Grand format BÉNIN ÉCONOMIE
Guerre de cultures en perspective
« Le coton draine toutes les autres cultures », s’enorgueillit le secrétaire exécutif de la Fédération nationale des coopératives villageoises des producteurs de coton, Souhaïbou Gambari. Au Bénin, l’or blanc est la culture de rente par excellence. Celle qui rapporte des liquidités aux agriculteurs en décembre, en janvier, voire en février. La production a atteint des records pour la saison 2016-2017 (453 000 t de coton-graine récoltées et 170000 t de coton-fibre), revigorée par un meilleur accès aux intrants, après une année 2015 marquée par un fort retard de la livraison des engrais sur site. La campagne 20172018 s’annonce aussi sous
les meilleurs auspices : l’Association interprofessionnelle du coton table sur une production dépassant les 500 000 t, avec une augmentation des surfaces ensemencées correspondantes. La réorganisation de la filière, chère à Patrice Talon, le « roi du coton », est loin d’y être étrangère.
Plus de marge
Mais ce succès peut aussi avoir ses revers, en détournant les agriculteurs des cultures vivrières. « La production de coton peut entraver celle des autres filières dans la mesure où c’est elle qui rapporte le cash. Les agriculteurs ont tendance à privilégier ce qui leur apporte le plus de
marge », reconnaît Lionel Guezodje, président de la Coopérative de distribution des intrants et de commercialisation des produits agricoles, installée à Abomey. Pour conserver l’équilibre, les autorités comptent sur la réforme agricole engagée fin 2016 et qui régionalise la production agricole en sept zones agroécologiques spécialisées dans la riziculture (vallée du Niger), le coton (Alibori, Borgou et Kandi-Kouandé-Péhunco), la diversification agricole (deux zones regroupant Atacora, Borgou Sud, Donga et le département des Collines), l’arboriculture vivrière (Zou et Couffo), le palmier à huile (Plateau)
et, enfin, la pêcherie et le maraîchage (Ouémé, Atlantique et Mono). « Chaque zone doit bénéficier d’un accompagnement et d’intrants spécifiques », recommande Lionel Guezodje, lui-même agriculteur. Des mesures permettant d’encourager les exploitants à respecter ce nouveau découpage, mais qui risquent de se faire attendre. Les livraisons d’engrais sur le marché international s’effectuent généralement dix-huit mois après la commande. L’or banc a encore de beaux jours devant lui. JULIEN WAGNER
Lire aussi : « Au Bénin, la filière coton reprend sa marche en avant » sur www.jeuneafrique.com
Grand format BÉNIN
Esprit planteur P
J.TORREGANO POUR JA
résenté par Patrice Talon en décembre 2016, le Programme rapporte actuellement la filière coton, sur la base d’une prod’actions du gouvernement (PAG) 2016-2021 fait du secduction de 450 000 t de coton-graine. teur agricole l’un des principaux leviers de développement Cette forte augmentation de la contribution de la filière économique, de création d’emplois et de richesse. Et il met cajou au PIB aurait un profond impact sur l’ensemble des acun accent particulier sur l’essor des filières agricoles à haute tivités du pays, depuis les banques (qui devraient financer les valeur ajoutée, dont la filière anacarde, retenue parmi les investissements et crédits), jusqu’aux opérateurs portuaires et 45 projets phares identifiés pour relancer la croissance. Le maritimes, en passant par les sociétés d’assurance, de logisprojet BéninCajù a été engagé dès juin 2016 pour le dévetique, de transit, de télécoms, etc. Il est clair que l’anacarde loppement intégré et accéléré de la filière cajou [financé par constituerait donc le troisième pilier de l’économie nationale, le département américain de l’Agriculture], dont les maîtres aux côtés du port de Cotonou et du coton. d’œuvre sont TechnoServe et Catholic Relief Services, deux Pour soutenir ce choix de l’État en faveur de la filière anaONG américaines. Puis, le 16 février 2017, le carde, nous pensons qu’il est indispensable, président a installé un Comité consultatif karité d’une part, de mobiliser les Béninois et les anacarde chargé d’établir une feuille de route autres acteurs potentiels pour qu’ils créent de pour le développement de ces deux filières, nouvelles plantations et/ou en réhabilitent sous la houlette du Bureau d’études et d’appui d’anciennes avec des standards modernes au secteur agricole (B2A), dont le responsable, de rentabilité élevée et, d’autre part, d’inciter Gaston Dossouhoui, a été nommé ministre de l’État à accompagner ce mouvement. l’Agriculture lors du remaniement du 27 octobre dernier. nfin, nous estimons qu’il est indispensable Le Conseil des investisseurs privés au Bénin de faire naître chez nos concitoyens une (CIPB) organisait quant à lui le 19 mai 2017 nouvelle mentalité, un « esprit planteur », Roland Riboux un atelier-débat intitulé : « La filière anacarde, comme celui qui prévaut en Côte d’Ivoire, Président du Conseil troisième pilier de l’économie béninoise. » insufflé par le président Houphouët-Boigny. des investisseurs L’étude présentée lors de cette rencontre a À l’époque, s’ils voulaient avoir de l’avanceprivés au Bénin confirmé que la filière constitue un enjeu ment, les fonctionnaires avaient intérêt à être (CIPB), PDG de majeur pour l’avenir du pays. Si le Bénin fait propriétaires d’une plantation de cacao ou de Fludor Bénin passer sa production annuelle à 300 000 café au village. C’est ainsi que la Côte d’Ivoire tonnes de noix brutes de cajou (NBC), dont est devenue le premier producteur mondial de la moitié sera transformée, d’ici à 2021, cela cacao. Un exploit qu’elle vient de réitérer avec générera des revenus, pour les producteurs et l’anacarde. Sa production de noix brutes est transformateurs, estimés à 285 milliards de F CFA [près de passée en cinq ans de 200 000 à 700 000 t, soit 25 % de la 435 millions d’euros]. Soit 120 milliards liés à l’exportation de production mondiale, et son objectif est d’atteindre 1 million 150 000 t de NBC, auxquels s’ajoutent 165 milliards tirés de d’ici à 2020. Cela n’aurait pas été possible si « l’esprit planl’exportation des amandes issues du décorticage de 150 000 t teur » n’avait pas été inscrit dans la mémoire collective des de NBC. Ivoiriens. L’espoir de voir la production tripler en quelques années au ieux, si l’on prend en compte la valorisation de la Bénin ne pourra se réaliser sans que cet esprit ne soit ancré pomme et du charbon végétal issu de la carbonisation dans les mentalités. C’est dans le seul objectif de le faire gerdes coques, ainsi que la vente du baume de cajou extrait de mer que le CIPB a lancé le mouvement « Cajou demain » et la coque (qui peut être utilisé dans l’industrie aéronautique), souhaite que le président Talon soutienne officiellement son le montant total des revenus de la filière pourrait s’élever à initiative, afin qu’un maximum de Béninois s’y impliquent, 300 milliards de F CFA – bien au-dessus des 170 milliards que pour leur plus grand profit, et celui de tous.
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LOTERIE O R NATIONALE A ONA DU BÉNIN ÉN N Les secrets d’une performance inattendue La Loterie Nationale du Bénin est une entreprise publique ayant pour mission la collecte de l’épargne nationale pour le financement d’infrastructures à caractère social,
L
a LNB, sous l’égide de son conseil d’administration, entreprend de profondes réformes au sein de l’entreprise. La dynamique novatrice a consisté à aller à l’assaut du marché par des actions soutenues tout en prévenant l’addiction des parieurs et en veillant à la protection des mineurs, deux socles majeurs du principe de jeu responsable très cher à toutes les sociétés de loterie. Pour opérer cette mutation, l’équipe dirigeante de la LNB œuvre à poser les bases de cette évolution qui s’opère résolument. La Direction Générale de la LNB travaille minutieusement à soigner l’image et à améliorer la respectabilité de l’entreprise à travers divers canaux de communication. Elle œuvre notamment à rapprocher davantage les produits des clients et à diversifier les jeux.
culturel et sportif. Depuis quelques mois,
substantielle de la part du bénéfice dévolue aux œuvres sociales, culturelles et sportives. Des actions sociales en cohérence bien entendu avec le programme d’actions du gouvernement.
Les lots aux gagnants, les bénéfices à toute la Nation Comme le stipule son crédo, « les lots aux gagnants, les bénéfices à toute la Nation », la mission de la Loterie Nationale du Bénin, au-delà de ce qu’elle fait d’heureux gagnants, est de contribuer au bien-être de la communauté à travers la réalisation d’œuvres sociales, sportives et culturelles. Il s’agit en clair d’un puissant outil de développement. Au titre des appuis financiers, les performances enregistrées par l’entreprise lui ont permis d’augmenter sa capacité d’intervention dans le domaine du sport et de la promotion de l’excellence. A titre illustratif, on peut citer, pour le compte de l’année 2017, l’augmentation de l’appui : • au Fonds National pour le Développement des Activités de Jeunesse, Sport et Loisirs (FNDAJSL) ; • à l’Institut National de Mathématiques et de Sciences Physiques pour l’organisation du concours national de Mathématiques et de Sciences Physiques.
elle fait peau neuve.
UN CENTRE DE JEUX DE LA LOTERIE NATIONALE DU BÉNIN..
L’accessibilité des produits aux clients La Direction Générale de la LNB s’est engagée dans la création de centres de jeux attractifs et confortables. Ces centres offrent un véritable confort aux clients qui, non seulement peuvent prendre leurs paris, mais également peuvent suivre des courses hippiques et bien d’autres manifestations sportives, de quoi se relaxer après une journée de travail intense.
Sur le front social, en vue de renforcer le tissu économique et social local, la LNB a installé une unité de transformation de manioc à ToriAvamè. L’arrondissement de Mèdédjonou, dans la commune d’Adjara, a bénéficié d’un centre des Arts et Métiers construit par la LNB et ses paires des pays du Conseil de l’Entente.
La diversification des gammes de produits
Angle Avenue Clozel et Boulevard de France 01 BP 998 - Cotonou, Bénin Tél.: +229 21 31 43 00 Fax : +229 21 31 22 58 COMMUNIQUÉ
L’UNITÉ DE TRANSFORMATION DE MANIOC À TORI-AVAMÈ.
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR;
LOTERIE NATIONALE DU BÉNIN
Tout en préservant et en développant ses acquis, la Loterie Nationale du Bénin a décidé de s’arrimer à l’évolution technologique qui a cours dans le secteur des jeux et à divertir davantage ses clients. Pour ce faire, plusieurs nouveautés ont été enregistrées au niveau des gammes de produits qu’elle offre. Ces différentes réformes soutenues par l’ensemble du personnel ont porté leurs fruits avec des performances commerciales dignes des sacrifices consentis. Les résultats ont eu comme conséquence directe l’augmentation
LE CENTRE DES ARTS ET MÉTIERS DE MEDEDJONOU.
Grand format BÉNIN ÉCONOMIE
Tourisme
Seconde vie pour la Pendjari
Géré par l’ONG African Parks depuis mai 2017, le parc national bénéficie d’un programme de réhabilitation, de sécurisation et de recherche et développement… Forcément durable. assure Peter Fearnhead, directeur général d’African Parks. C’est une approche durable, essentielle pour le futur du site. » Le gouvernement a créé, en août 2017, une brigade spéciale composée de rangers et d’opérateurs radio chargée de la sécurité. Elle sera progressivement dotée d’un système de communication et de géolocalisation ainsi que d’avions ultralégers pour soutenir les opérations antibraconnage au sol. Un inventaire de la faune et de la flore est en cours, et certaines espèces emblématiques telles que les éléphants, les guépards et les lions bénéficieront d’un suivi télémétrique. La collaboration sur site entre chercheurs béninois et certains organismes et programmes internationaux est également à l’ordre du jour. Ce lifting du parc national de la Pendjari est un projet auquel le président Talon tient beaucoup : il l’a inscrit en tête des 45 projets phares du Programme d’action du gouvernement (PAG) 2016-2021.
ANDRÉ SILVER KONAN
ans quelques mois, le Parc national de la Pendjari, dans le nordouest du pays, ne ressemblera plus à ce qu’il était il y a encore un an. Depuis que l’État en a confié la gestion à African Parks, en mai 2017, la grande réserve de biosphère de la Pendjari dévoile peu à peu son nouveau visage. Le gouvernement a passé un contrat d’affermage avec l’ONG internationale en vue de réhabiliter et d’enrichir ce sanctuaire qui, sur 5000 km2, abrite l’un des plus grands écosystèmes de savanes protégées d’Afrique de l’Ouest. Coût du contrat : 15,6 milliards de F CFA (23,8 millions d’euros) dont 3,6 milliards pris en charge par l’État béninois et 12 milliards par différents bailleurs de fonds. Le projet, qui va s’étendre sur dix ans, tourne autour de quatre actions stratégiques : développement des infrastructures, sécurité, conservation de la biodiversité et recherche scientifique. Pour ce faire, le gouvernement prévoit de réhabiliter l’axe routier Tanguiéta-Sampéto, qui dessert la zone, et mise sur le développement des infrastructures hôtelières, dont la gestion a également été confiée à African Parks. Autre investissement prévu : la construction de trois terrains d’aviation.
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Attirer, enseigner, surveiller
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En amont et à sa façon, la Banque mondiale soutient la future Cité internationale de l’innovation et du savoir (Ciis, lire p. 135), Sèmè City, avec un Challenge Fund pour la conception et le lancement à grande échelle de solutions et de services innovants, réels ou dématérialisés, liés à l’essor du tourisme au Bénin: visite virtuelle et immersive, plantation d’arbres géolocalisés, construction durable pour éco-séjour original, réseau social pour voyageurs souhaitant partager leurs expériences sur la culture vaudoue… D’un montant global de 3 millions de dollars, le fonds financera cinq projets à hauteur de 500000 dollars au maximum chacun. Le dépôt des dossiers de candidatures étant bouclé (4 décembre-20 janvier), les noms des entreprises, ONG ou porteurs de projets lauréats seront révélés lors du forum « Innover, entreprendre, mobiliser » les 29 et 30 mars à Cotonou, de façon que l’incubation des projets démarre dès le mois d’avril à Sèmè City. CÉCILE MANCIAUX
JORGE SERPA
Tous ces travaux devraient permettre la création de 400 emplois et attirer à terme 9000 touristes par an, contre 6500 actuellement. Le gouvernement veut aussi améliorer les conditions de vie des 50 000 habitants installés dans les 24 villages situés à l’intérieur du parc et cible prioritaire de la campagne de sensibilisation contre le braconnage. « Nous avons emmené des élèves d’écoles locales au parc de Pendjari afin de leur enseigner le patrimoine national de leur pays et la protection de la faune,
UN FONDS SPÉCIAL VOYAGE
Un inventaire de la faune et de la flore est en cours.
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i 30 % de la superficie du Bénin est encore couverte par la forêt, environ 100 000 hectares de ce vert patrimoine sont dévorés chaque année, le petit pays affichant le quatrième taux de déforestation le plus fort du monde après le Honduras, le Nigeria et les Philippines, et juste devant le Ghana. Mais trois jeunes entrepreneurs sont peut-être en train d’offrir une planche de salut aux arbres et, au pays, une chance de quitter ce triste palmarès. Tout a commencé en 2011. À 24 ans, les jumeaux Franck et Francis Zanhoudaho, rejoints par un ami, Calixte Eloh, décident de créer leur activité. Sans formation académique, partageant un goût certain pour la terre, ils se lancent dans le maraîchage et cultivent des légumes, qu’ils commercialisent. Face à la demande croissante, la jeune pousse grandit, gagne en notoriété, redouble d’ardeur pour élargir son offre et produire plus, jusqu’à ce que ses promoteurs se trouvent confrontés à un premier problème : la conservation de leurs produits. Ils le résolvent dans la foulée en cuisant une
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INITIATIVE
L’âtre qui sauve la forêt FIACRE VIDJINGNINOU
partie des légumes récoltés, qu’ils vendent surgelés. Re-succès. Et nouveau problème… La cuisson à grande échelle se révèle très gourmande en combustible. Qu’il s’agisse de bois, de charbon ou de gaz, cela constitue un coût insoutenable sur la durée. Pas de quoi désarçonner le trio, qui a déjà fabriqué une petite chaîne
pour la transformation des amandes de palme en huile rouge et une ligne automatique pour mettre les jus de fruits en bouteille. Il imagine donc un foyer n’utilisant ni bois, ni charbon, ni gaz domestique, mais carburant aux coques de noix de palme carbonisées (qui se consument sans dégagement de fumée) et équipé d’un dis-
positif électrique alimenté par un panneau solaire, deux sources d’énergie renouvelables aussi économique qu’écocompatibles. Baptisé Atingan (« l’arbre est sauvé », en langue fon), ce foyer permet de réduire les temps de cuisson et est doté d’un accumulateur qui lui confère une autonomie d’au moins quarante-huit heures. En 2012, l’invention est brevetée. L’année suivante, Atingan Solutions est créée et, depuis, ses trois promoteurs ont vendu plus de 800 exemplaires de foyers écologiques. Récompensés par nombre de prix régionaux et internationaux qui leur ont permis de perfectionner leurs modèles, ils ont été reçus deux fois par le président Talon, qui, en octobre 2017, a promis « d’accompagner » leur projet, et notamment leur quête de partenaires. La petite entreprise cherche en effet à mobiliser les 100 millions de F CFA (moins de 152 500 euros) qui lui sont nécessaires pour construire une unité de production capable de fabriquer jusqu’à 25 foyers écologiques par jour. De quoi sauver la forêt au Bénin. Et au-delà.
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Les Douanes béninoises Le Une administration en pleine mutation
Photo de famille avec les homologues nigérians.
Le personnel féminin lors des défilés du 1er août 2017.
L
’année 2016 a été difficile pour l’Administration des douanes béninoises en termes de recouvrement des recettes au profit du Trésor Public (303 milliards de F CFA mobilisés) dans un contexte de ralentissement des activités économiques dans la sous-région. Cependant, l’adoption d’une nouvelle politique douanière et la mise en œuvre de plusieurs réformes en 2017 ont permis de relever cette tendance baissière. U performance Une rremarquable en 2017, malgré lla crise économ mique mondiale
Nommé Directteur Général des D Douanes et Droits Indirects par intérim le 25 janvier 2017, le jeune commandant des Douanes, Charles Inoussa SACCA BOCO a été confirmé le 13 avril 2017 en Conseil des Ministres. Un choix qui s’est révélé positif comme en témoignent les visites de travail du nouveau Directeur Général avec son homologue des Douanes nigérianes afin de trouver des solutions aux difficultés qui entravent la libre circulation entre les deux Éats et d’insuffler un nouveau dynamisme aux relations bilatérales entre les deux pays.
Dans sa volonté d’améliorer les prestations et de redorer l’image des douanes béninoises, le Directeur Général, appuyé par le Ministre de l’Économie et des Finances, Romuald WADAGNI, a posé les grandes lignes de sa politique : l lutte contre les mauvaises exécutions de services et les tracasseries ; l modernisation de l’institution ; l maintien de la coopération avec les pays voisins en particulier le Nigéria ; l amélioration des recettes douanières pour atteindre voire dépasser les prévisions budgétaires. La mise en œuvre de cette feuille de route a permis d’atteindre une performance remarquable qui correspond à un taux de réalisation de 98,23%. L’amélioration des recettes douanières est donc un pari gagné pour le tandem Romuald WADAGNI et Charles Inoussa SACCA BOCO.
Les douanes béninoises au cœur des réformes Depuis une décennie, l’Administration des Douanes béninoises a engagé de nombreuses réformes sur la base de plans stratégiques périodiques minutieusement élaborés. Des progrès remarquables ont été enregistrés en matière d’automatisation des procédures de dédouanement. Dans la même logique, le Programme de Vérification des Importations (PVI) déployé en 2011, mais suspendu après quelques mois de mise en œuvre à cause des dysfonctionnements, a été remis en selle en avril 2017. Parmi les changements, la question de l’inspection avant embarquement a été réglée. L’intervention de la société Bénin Control (partenaire technique de la douane) se limite à une vérification documentaire à destination. Les intentions d’importation sont désormais recueillies en ligne. L’objectif est de parvenir à une dématérialisation totale de la liasse docu-
PUBLI-INFORMATION
mentaire. Il convient de noter que tous les volets du Programme (le suivi électronique des véhicules d’occasion en transit, la gestion du vrac (gazeux et solide) par la Certification des valeurs et des poids, le tracking des marchandises en transit, le scanning des conteneurs et autres chargements, et la gestion automatisée des Magasins et Aires de dédouanement (MAD), des Magasins et Aires d’Exportation (MAE) et des Terminaux à Conteneurs (TAC) ont connu une avancée significative dans leur mise en œuvre avec une adhésion totale du secteur privé. C’est dans ce cadre que, sur initiative du Directeur Général des Douanes, trois Opérateurs Economiques et trois sociétés de transit ont été identifiés sur des critères bien définis et récompensés pour leur remarquable collaboration avec l’Administration des Douanes dans la mise en œuvre des réformes. L’installation des scanners a par exemple permis en quelques mois, de noter non seulement une fluidité et une célérité accrues dans la procédure d’enlèvement des marchandises mais aussi de relever plusieurs cas de fraudes. Le déploiement du Contrôle Mobile (application développée par les informaticiens de la Douane) permet aux Agents
de contrôler depuis leurs Smartphones la régularité des formalités douanières accomplies par les cargaisons et les véhicules en circulation.
Faire de l’Administration des douanes béninoises l’une des plus modernes de la sous-région à l’horizon 2021 Les actions de réformes engagées ces dernières années au sein de l’Administration des douanes béninoises n’ont pas permis d’atteindre tous les objectifs fixés. C’est pour répondre à ces difficultés que le Président Patrice Guillaume Athanase TALON a décidé de faire de cette Administration l’une des plus modernes à l’horizon 2021, pour profiter pleinement de la position stratégique du Port de Cotonou. Plusieurs insuffisances rendent impératives la refonte du cadre institutionnel et informatique : renforcement des capacités, révision de l’organisation, valorisation des services, amélioration de la communication interne, adaptation des procédures à un environnement moderne en constante mutation. Dans le cadre du renforcement du partenariat Douane/Entreprises, un Programme National des Opérateurs Economiques Agréés (OEA) est en cours d’élaboration. Des benchmarks ont été réalisés auprès des douanes marocaines et ivoiriennes. Des Accords de Reconnaissance Mutuelle entre le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Maroc sont prévus.
La remise du Certificat ISO 9001 au DGDDI.
Une Administration douanière certifiée ISO Sous le leadership de Charles Inoussa SACCA BOCO, l’année 2017 a également été marquée par une réforme majeure : l’engagement de l’Administration des douanes béninoises dans une démarche qualité couronnée par la Certification Iso 9001:2008, devenant ainsi la seule régie financière et la seule force de sécurité publique à être certifiée ISO. C’est l’aboutissement d’un long processus entamé depuis plusieurs mois sous la houlette du Cabinet DEKRA, organisme certificateur et d’audit basé en France. Le site Web des douanes béninoises (www.douanes-benin.net) a été entièrement rénové et mis à jour avec l’intégration d’un système de gestion interactive des plaintes.
Enfin, pour mieux maîtriser le flux des marchandises sur le territoire national, sept nouvelles unités douanières ont été créées. Scanner mobile installé au port de Cotonou.
Les perspectives pour 2018 L’année 2018 sera celle de la confirmation des résultats de 2017. Cela passera par la poursuite de la mise en œuvre de tous les volets du PVI, l’informatisation du Contentieux douanier, le renforcement de l’Analyse de risque et la mise en place d’un système efficace de lutte contre la fraude douanière. En somme, les quatre prochaines années seront consacrées à la mise en œuvre des réformes institutionnelle et informatique, y compris la création d’un Guichet Unique de Commerce Extérieur (GUCE) pour une réelle dématérialisation des procédures de dédouanement. Le prestataire retenu pour la mise en œuvre desdites réformes est le Groupe WEBB FONTAINE.
Direction Générale des Douanes et Droits Indirects 01 BP 400 - Cotonou, Bénin Fax : +229 21 31 67 86 Tél. : +229 21 31 55 48 E-mail : douanes_béninoises@yahoo.fr
www.douanes-benin.net
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SOCIÉTÉ
Pour contrôler la qualité des formations, l’État reprend la main sur les examens. N’en déplaise aux universités privées qui ne sont pas à la hauteur. FIACRE VIDJINGNINOU
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«
nfin, nous avons des diplômes crédibles », se satisfait Théophane Ayi, responsable de l’UATM Gasa Formation, qu’il a créé il y a une vingtaine d’années, et président du Forum des grandes écoles et universités du Bénin. « Les parents triment pour payer les frais de scolarité de leurs enfants, qui finalement restent en marge de tous les concours de la fonction publique en raison de la qualité douteuse des diplômes délivrés dans les universités privées », regrette cet informaticien qui a milité pendant de nombreuses années pour que les pouvoirs publics organisent les examens de fin de cycle. C’est chose faite depuis la rentrée de 2016 et les réformes engagées par
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Marie-Odile Attanasso, la ministre de l’Enseignement supérieur « pour rendre crédibles les diplômes ». Jugée impopulaire après avoir annoncé la fin de la gratuité des inscriptions dans les universités publiques, cette économiste de formation a été confirmée dans ses fonctions en octobre 2017. Dès sa nomination en avril 2016, la ministre a engagé un bras de fer avec les universités privées qui offrent des formations sans l’agrément des pouvoirs publics. Seul un tiers des 146 établissements autorisés au niveau licence et master pouvaient alors prétendre à la cosignature de leurs diplômes avec l’État. La publication dans la presse d’une liste épurée était un premier avertissement pour ceux qui n’étaient pas cités et, surtout, une contre-publicité à destination des parents. « Nous demandions depuis longtemps que le ménage soit fait », confie Théophane Ayi, dont l’or-
SPIRALE COMMUNICATION
La bataille des diplômes
Théophane Ayi, fondateur de l’UATM Gasa Formation, et ses étudiants.
ganisme de formation occupe la tête de liste des établissements recommandés. La reprise en main par l’État des examens doit permettre de vérifier et de valider l’enseignement proposé par les universités privées. Une période transitoire de trois ans est prévue, le temps que ces dernières se mettent en règle pour ainsi éviter « l’impossible coût social que provoquerait la fermeture des établissements indélicats », soutient la ministre.
Autres tempêtes
Le gouvernement peut déjà se rassurer avec les résultats obtenus par les étudiants en septembre 2017, lors de la première édition de cette « réorganisation ». Sur les 2 201 inscrits en licence, 87,91 % ont décroché leur sésame! « C’est la rigueur dans la sélection des candidats qui explique une telle réussite », tempère Dodji Amouzouvi, directeur des établissements privés d’enseignement supérieur. D’abord méfiants, les étudiants ont aujourd’hui compris le bienfondé de la réforme. « Ces examens facilitent la reconnais-
sance de nos diplômes par l’État », confirme Hervé, étudiant en informatique de gestion. « C’est une bonne chose pour notre insertion professionnelle. Auparavant, nous ne pouvions pas postuler à un emploi public parce que l’État ne voulait pas entendre parler de nos diplômes », confirme Myriam, qui a décroché sa licence chez UATM Gasa Formation. L’impétueux vent de changement qui souffle sur les universités privées annonce d’autres tempêtes, de la suppression du BTS en faveur du système licence-master-doctorat (LMD) à la création d’une agence publique chargée de veiller à la qualité des enseignements… Autant d’actions qui risquent encore d’égratigner la popularité de Marie-Odile Attanasso auprès des responsables de l’enseignement privé. Mais la ministre ne semble pas s’en émouvoir.
Lire aussi : « La gratuité à l’université, c’est fini » sur www.jeuneafrique.com
Sèmè City, capitale du savoir
Jadis surnommé Quartier latin de l’Afrique de l’Ouest, le pays compte devenir, d’ici à 2030, son principal carrefour en matière de recherche et d’entrepreneuriat.
Non loin de la frontière avec le Nigeria, à Sèmè-Kpodji, l’État engage un chantier inédit : celui d’une Cité internationale de l’innovation et du savoir (Ciis), qu’il veut être un modèle de centre d’excellence régional pour la formation, la recherche scientifique et l’entrepreneuriat. L’objectif de ce projet phare du Programme d’actions du gouvernement « Bénin révélé » est de favoriser l’éclosion de champions nationaux et ouest-africains dans des domaines innovants, qui répondent aux défis du pays et du continent. Baptisée Sèmè City, cette cité-campus de plus de 100 hectares sera articulée autour de trois pôles d’activités – enseignement supérieur, recherche et incubation –, intégrant cinq grappes disciplinaires: sciences, technologie, ingénierie et mathématiques ; arts, design, sciences humaines et sociales; agriculture, nutrition et ressources naturelles; santé et sciences de la vie; management, administration et entrepreneuriat. Multilingue, l’offre de formation comprendra des cursus diplômants de
haut niveau (licence-master-doctorat) ainsi que des programmes de formation professionnelle et technique (y compris continue). Ils seront ouverts aux 4 millions d’étudiants potentiels des 15 pays d’Afrique de l’Ouest et aux entrepreneurs ou porteurs de projets innovants, qui trouveront au sein des incubateurs (évidemment interconnectés avec les établissements de formation et laboratoires de recherche du campus) les conseils et ressources nécessaires à leur développement.
Zéro déchet
L’aménagement se fera en plusieurs phases, à partir de cette année, de façon qu’au moins 130 000 étudiants sortent diplômés des écoles et universités de Sèmè City d’ici à 2030, date à laquelle la Ciis est censée être opérationnelle. Elle devrait générer 48 000 emplois directs et indirects (190000 à terme), dont un tiers créés par les diplômés et porteurs de projets incubés. Le projet comprend également des programmes immobiliers résidentiels, commerciaux et
de loisirs, l’aménagement d’espaces verts, sans oublier des réseaux et services d’assainissement, de transports en mode doux sans émission de CO2 et d’énergies renouvelables. Il respectera une politique « zéro déchet ». Les résultats de l’appel international à projets pour le développement de la Ciis, lancé en juillet 2017 par la présidence béninoise et l’Agence de développement de Sèmè City, seront connus le 31 janvier. Un partenaire stratégique y est d’ores et déjà associé: le singapourien Surbana Jurong, leader mondial en matière de planification de smart cities. F.V.
FINANCEMENT REQUIS
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milliards de F CFA (environ 645 millions d’euros), dont 207 milliards financés par le secteur public et 216 milliards par le privé jeuneafrique no 2976 du 21 au 27 janvier 2018
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Médias
Presse-made-man En 2014, il lançait le quotidien Matin libre. Trois ans plus tard, Chérif Riwanou dirige l’un des groupes privés les plus dynamiques du pays sur son créneau.
34 ans, Chérif Olatoundji Riwanou est l’un des plus jeunes patrons de presse du Bénin. En trois ans, le directeur général de Matin libre a construit, autour du quotidien éponyme, un véritable groupe de presse, aujourd’hui parmi les leaders des médias privés du pays. Titulaire d’un master de gestion obtenu à la Haute École de commerce et de management (HECM) de Cotonou, il est le prototype du self-made-man, lui qui n’était encore il y a quelques années que stagiaire au sein de la radio cotonoise Océan FM. Il a ensuite été journaliste à La Gazette du Palais et au quotidien Le Matinal, pour lequel il est devenu commercial. C’est là qu’il s’est découvert le sens des affaires et surtout le goût de l’entrepreneuriat. « Le Matinal a été créé par des jeunes qui ont voulu s’affranchir de la tutelle de leurs aînés. Comme eux il y a plus d’une vingtaine d’années, à Matin libre, nous nous sommes rapidement imposés, dans un contexte – et c’est une des différences majeures – où tout le monde nous disait qu’il n’y avait plus de place », raconte celui qui est désormais considéré comme l’un des patrons les plus en vue de la presse béninoise.
FIACRE VIDJINGNINOU POUR JA
Lors d’une conférence de rédaction, à Cotonou.
FIACRE VIDJINGNINOU
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À
Créé en août 2014, Matin libre est un quotidien d’informations et d’analyses politiques, économiques, culturelles et sportives. « C’est dans la façon de traiter l’information que nous faisons la différence, en proposant un support soigné, avec un style direct et accessible au grand public. L’objectif est de toujours contribuer à l’épanouissement de la démocratie et du développement national », explique Chérif Riwanou. « Dans le traitement de l’information, surtout politique, Matin libre s’est imposé en apportant des éléments de controverse, susceptibles d’enrichir le débat public », souligne Modeste Kanhonou, commentateur politique dans divers organes de presse à Cotonou.
Réseaux sociaux
Outre le succès de sa version papier, le quotidien est aussi le plus connecté du pays, avec un site internet adapté aux différents supports numériques et une édition digitale. Chaque jour, matinlibre.com totalise plus de 1 000 visites uniques, pour plus de 2 000 consultations d’articles, et il est également présent sur les réseaux sociaux. Le groupe, qui a aussi créé un mensuel, Matin libre magazine, n’a pas lésiné sur les moyens pour se démarquer. Alors que la plupart des journaux béninois sont concentrés à Cotonou, Matin libre a développé une politique de régionalisation, concrétisée par l’installation de deux bureaux, à Porto-Novo, la capitale, et à Para akou, dans le Nord, où une seconde imp primerie a vu le jour. Il est ainsi le seul jourrnal béninois présent à la fois dans la méttropole du Borgou et dans les capitales, adm ministrative et économique. A Autre particularité du titre, il est aussi le seul organe de presse béninois à s sonder régulièrement la population s les grands sujets de société. « Un sur investissement lourd », selon Chérif Riwanou, mais qui constitue, avec son classement du Who’s Who, une vraie carte de visite pour le journal, notamment auprès des personnalités politiques et économiques du p pays. « Nous voulons mettre la barre trrès haut », confie le patron de presse. Sa priorité du moment ? La consolidatiion du journal, avec le parachèvement de rédactions papier et web. des
SOBEMAP LA FORCE D’UN PARTENAIRE !
a société Béninoise des Manutentions Portuaires (SOBEMAP) est une société d’État à caractère commercial et industriel dotée d’une autonomie financière forte d’une expérience de 48 ans sur la plate-forme portuaire de Cotonou. Elle exerce dans trois domaines d’activités stratégiques qui sont, la manutention (la manutention bord et la manutention terre), le transit port et aéroport et la consignation maritime. Elle est certifié à la norme ISO 9 001 version 2008 depuis mars 2015.
PERSPECTIVES
1 - Engins et équipements
• Faire certifier la SOBEMAP aux normes ISO 9001 version 2015, ISO 14001 version 2015 et OSAS 18001 version 2007 ;
de Manutention affectés au trafic conventionnel de la SOBEMAP
INFRASTRUCTURES • Cinq magasins cales d’une 18 478 m2 ; • Sept terre-pleins d’une superficie de 17.253,47 m2 ; • Un Parc à Tampon Unique sur la bande des 200 mètres d’une superficie de plus de 2 ha ; • Un parking pour les camions gros porteurs 35 tonnes et plus sur la bande des 200 mètres d’une superficie de 60 000 m2 ; • Un domaine de 40 000 m3 sur la bande des 200 mètres mis à la disposition du PAC pour le lancement des activités du corridor ;
COMMUNIQUÉ
ÉQUIPEMENTS
• Chariots élévateurs à fourches ; • Tracteurs (Pousseurs) ; • Grues à flèche télescopique ; • Chargeuses ; • Bennes preneuses ; • Trémies ;
• Développer une culture d’amélioration continue au niveau de tous les travailleurs de la Société ; • Se repositionner sur la plateforme forme portuaire de Cotonou et de la sous-région.
• Pelle scavatrice.
2 - Engins et équipements de Manutention affectés au trafic à Conteneurs de la SOBEMAP • Chariots élévateurs à fourches ; • Tracteurs de quai ; • Remorques (20’ et 40’) ;
• Parcs à conteneurs 105.708 m2 dans l’enceinte portuaire ;
• Palonniers (20T, 32T et 40T) ;
• Un parc de dépotage et d’empotage 50 000 m2 sur la bande des 200 mètres.
• Chariots élévateurs à spreader à prise frontale ;
• Tracteurs agricoles ;
• Chariots à spreader.
SO.BE.MA.P SOCIÉTE BÉNINOISE DES MANUTENTIONS PORTUAIRES 01 BP 35 - Cotonou, Bénin Tél.: +229 21 31 36 07 / +229 21 31 40 06 Fax : +229 21 31 53 71 E-mails : sobemap@intnet.bj dircomark@sobemap.com
www.sobemap.com
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
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Grand format BÉNIN SOCIÉTÉ
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u début du mois de juillet 2017, sur l’esplanade intérieure du stade de l’Amitié de Cotonou, ses photographies exposées sur le thème « Érotisme du regard » étaient l’une des curiosités de l’édition 2017 des Journées Médias Bénin. Du 8 au 20 mars 2018, ses clichés feront l’objet d’une exposition sur le corps féminin baptisée « Belle, ronde et fière », à Cotonou. Et du 19 au 25 mars, il sera l’invité spécial du premier Festival africain de la photographie de nu à l’hôtel Eldorado. Depuis plus de vingt ans, Erick-Christian Ahounou fait le tour de l’Afrique et du monde avec ses photographies qui mettent en lumière les courbes des hommes et des femmes du continent. Pour le photoreporter béninois de 55 ans, la passion de la photographie est née très tôt, sur les bancs de l’école, dans un pays où cette discipline est avant tout considérée comme un refuge pour élèves ratés. Mais le véritable déclic s’est produit en 1992 : le jeune homme né à Cotonou est invité à participer à sa première grande manifestation, à Arles, en France. La même année, il décide de se perfectionner davantage et de faire de sa passion son métier, pour la vie. En stage à Pertuis, dans un laboratoire de portraits du sud de la France, il se spécialise dans le traitement de la pellicule et du tirage papier. Il est ensuite recruté par l’Agence France Presse (AFP). Commence alors
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COULEUR LOCALE
Regard sur les courbes africaines par ANDRÉ SILVER KONAN
pour lui une aventure professionnelle qui le conduira de la Côte d’Ivoire (Marché des arts du spectacle africain d’Abidjan) à la Finlande en passant par la France, le Mali (première édition des Rencontres africaines de la photographie à Bamako), la Mauritanie ou encore le Togo. C’est en mai 1998 qu’il expose pour la première
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fois sa passion pour le nu artistique à la Médiathèque des diasporas de Cotonou. La société béninoise étant encore réputée conservatrice à cette époque, son audace est alors diversement interprétée. Mais face aux critiques qui assimilent le nu des femmes photographiées à de la pornographie, sa ligne de défense
n’a jamais varié. « Il faut que les gens sachent que le nu est un genre photographique, explique-t-il. Je pense que mes photos ne sont pas vulgaires, et c’est la raison pour laquelle je demande qu’on les regarde avec élévation d’esprit ». Ce sont ses modèles, pour la plupart amateurs, et avec lesquels il ne signe aucun contrat, qui témoignent le mieux de son art. « Tout de suite, j’ai été séduite par l’idée de poser pour lui, se souvient Angèle. Sans hésiter, il a organisé la séance de shooting un dimanche après-midi. Durant la séance, j’ai pris différentes postures. C’était très sportif, très sérieux et en même temps, drôle. » En noir et blanc, en couleur, contrastes et délicatesse, il photographie au fil du temps des centaines de corps et de contours. Au nu artistique, il ajoute des accessoires de séduction sur le thème « Scarifications et tatouages du Bénin », tout aussi apprécié par le grand public. Erick-Christian Ahounou, en tant que photographe de presse, couvre l’actualité du Bénin et de la sous-région. En 2005, son travail de reporter a été consacré : il a reçu le premier prix du prestigieux Fujifilm African Press Photo Awards, dans la catégorie News. Vivant aujourd’hui entre Cotonou et Dakar, il nourrit un nouveau projet : écrire des livres de poésie illustrés par ses plus célèbres photos pour immortaliser à jamais la beauté de la femme africaine.
COMMUNIQUÉ
PORT AUTONOME DE COTONOU UN NOUVEAU RÈGLEMENT D’EXPLOITATION ET DE POLICE EN VIGUEUR POUR UNE NOUVELLE DYNAMIQUE
Le Port de Cotonou, le poumon de l’économie béninoise, l’un des grands bénéficiaires de ces réformes a aussi un rôle important à jouer quant à sa participation aux initiatives de relance de l’économie nationale. Le regard attentif du Chef de l’État a l’égard de ce secteur, a permis d’inscrire dans le Programme d’Action du Gouvernement, de grands projets pour l’intérêt du Port de Cotonou. Il s’agit notamment : • De la réhabilitation des voies de contournement pour les camions gros porteurs ; • La construction d’une tour pour abriter un Centre d’affaires maritimes ;
• La construction de nouveaux quais et la réhabilitation des quais nord ; • Et de grands travaux d’assainissement. En attendant ces grandes réformes, on peut déjà noter quelques acquis pour le compte du PAC : il s’agit fondamentalement de : La reprise totale du système de Gouvernance Informatique en cours avec pour premier avantage une maitrise totale des indicateurs de gestion, la traçabilité de l’information et des divers flux. En effet grâce aux reformes informatiques le PAC a su maîtriser le système de facturation lequel système était jadis, le maillon faible des gouvernances antérieures. Les fuites de recettes étaient fréquentes et la corruption était monnaie courante sur la plateforme.
DOCUMENT PAG : PROGRAMME D’ACTIONS DU GOUVERNEMENT 2016-2021
PROJETS IMPORTANTS À RÉALISER POUR LE PORT AUTONOME DE COTONOU
On peut noter également au titre de ces reformes informatiques une révolution dans la gestion des entrées et sorties des camions au Port de Cotonou ; le port n’est plus engorgé comme autrefois et les délais d’embarquement et de déchargement sont désormais conformes aux normes acceptables. La gestion des quais est plus rationnelle et surtout le bassin a été dragué pour accueillir des navires de nouvelle génération.
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ISO 14001 version 2015 et celle relative au management de qualité, ainsi que d’autres distinctions décernées par ses paires de l’AGPAOC, tel que le prix du meilleur port de transit des économies sous régionales. Dans le Bénin révélé, le Port Autonome de Cotonou a pris l’engagement de procéder à une gestion plus rationnelle des dépenses publiques,elle a pu donc maîtriser les différentes charges au cours de l’année 2017.
Le Port de Cotonou s’est illustré comme une entreprise citoyenne respectueuse de l’environnement Les nouveaux règlements d’exploitation et de police ont été élaborés et adoptes, en remplacement des précédents, vieux d’un demi-siècle environ. Socle indispensable de toute gestion portuaire ce document qui est la bible de toutes activités portuaires a été repris et validé. De nouvelles dispositions y sont insérées pour booster la compétitivité. Les partenaires portuaires et autres usagers pourront aisément en tirer profit et avantages. Le port de Cotonou vient donc de prendre le pas sur la concurrence. De même, le Port de Cotonou s’est illustré comme une entreprise citoyenne respectueuse de l’environnement à travers l’obtention de la certification
Une maitrise des charges de gestion qui confirme la place du PAC au plan national, ainsi dans la grande marche vers les reformes, le PAC règle les préalables et se positionne comme une entreprise leader. Les bases sont jetées, Amélie Huguette AMOUSSOU et son équipe avec le soutien du Chef de l’État prépare le nouveau visage du port de Cotonou. Cyr KOTY nouveau ministre des Infrastructures et des Transports ayant sous sa tutelle le port, est instruit pour conduire sans faille les différentes reformes en cours dans le secteur. Plus technique que politique, discret et très efficace, il est connu pour sa maîtrise de l’administration béninoise qu’il a pratiquée des années durant.
PORT AUTONOME DE COTONOU Avenue de la marin - Cotonou, Bénin - Tél. : +229 21 31 52 80 / +229 21 31 28 90 - Email : contact (@) pac.bj - www.portdecotonou.com
DIFCOM/DF - PHOTO : © PAUL/CODJIA SAUF MENTION.
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a réforme économique, est une priorité dans le PAG du gouvernement du Président Patrice TALON, pour l’intérêt du plus grand nombre de béninois.
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