ÉLECTIONS
LIBERIA George Weah : « Nos caisses sont vides »
L’AFRIQUE PROGRESSE-T-ELLE ?
Un entretien avec le nouveau président
CÔTE D’IVOIRE À quoi servira le Sénat
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 2982 DU 4 AU 10 MARS 2018
Lassés des tensions politiques, les Guinéens exigent du changement en matière de pouvoir d’achat, d’accès aux services de base et, surtout, d’emploi des jeunes. Comment Alpha Condé entendil répondre à ces impatiences? Spécial 27 pages
GUINÉE
Le choc social ÉDITION GUINÉE
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France3,80€ Algérie290DA Allemagne4,80€ Autriche4,80€ Belgique3,80€ Canada6,50$CAN Espagne4,30€ Éthiopie67birrs Grèce4,80€ Guadeloupe4,60€
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Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mauritanie 1 200 MRO Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 6,50 FS Tunisie 3,50 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2000 F CFA ISSN 1950-1285
SMB, UN PARTENAIRE INDUSTRIEL POUR LA GUINÉE
Le consortium SMB-Winning a annoncé son projet de construction d’une raffinerie d’alumine en Guinée ainsi que d’une ligne de chemin de fer destinée à désenclaver le corridor de Boffa et à acheminer la bauxite vers la raffinerie et le port de Dapilon.
L’investissement total prévu pour ce double projet est estimé à 3 milliards de dollars (USD). La phase de construction devrait créer 10000 emplois. À plus long terme, cette raffinerie promet de catalyser le développement de toute une région.
SMB Building - B.P. : 2162 Tombo 1, Kaloum, Conakry contact@smb-guinee.com
DIFCOM © SMB
Société minière de Boké (SMB)
En plus de ses activités de formation et de développement communautaire, le Consortium SMB Winning a créé sa Fondation dénommée « Fondation SMB-Winning Consortium ». Cette fondation s’est donnée pour mission de promouvoir et de soutenir les projets culturels guinéens, de donner un rôle majeur à la culture en Guinée, de participer activement au développement local et communautaire, d’initier et promouvoir des actions d’entraide et de solidarité.
PUBLI-INFORMATION
Fondation SMB-Winning
Prochaine édition
Abidjan
26-27 MARS 2018 Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire
Shaping the future of Africa
100
speakers
1200
Le plus grand rendez-vous des décideurs et des financiers du secteur privé africain
participants
700
CEOs
63
pays représentés
Inscription
55
www.theafricaceoforum.com ORGANIZERS
médias internationaux CO-HOST
INSTITUTIONAL PARTNERS
DIAMOND
NATIONAL INSTITUTIONAL PARTNERS
PARTNERS
@africaceoforum #ACF2018 PLATINUM
GOLD
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BOURSE REGIONALE DES VALEURS MOBILIERES
Afrique de l’Ouest
OFFICIAL CARRIER
MEDIA PARTNERS
GRAND FORMAT
GUINÉE
YOURI LENQUETTE POUR JA
Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays
Génération impatiente
La croissance est forte et soutenue. Les revendications sociales le sont aussi en matière de pouvoir d’achat, d’accès aux services de base et, surtout, d’emploi des jeunes. Les Guinéens veulent du changement. Et ils le font savoir. jeuneafrique no 2982 du 4 au 10 mars 2018
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LA NOUVELLE HOTELLERIE AFRICAINE HAUT DE GAMME Située en bord de mer, à Kaloum, le coeur économique de Conakry 187 chambres et Suites design Centre de Convention Restaurant et Lounge Bar Pool Bar et piscine à débordement Salle de Fitness
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INSPIRED HOTELS
94 ENJEUX
Une année sous tension
98 Entretien avec
François Soudan
Mamady Youla Premier ministre
102 Élections
Rendez-vous manqué Kaloum choisit « la fille de Sékou »
Tu l’aimes ou tu la quittes… ’est un phénomène qui devrait, bien plus que les querelles électorales, préoccuper l’ensemble de la classe politique. Aux portes de la forteresse Schengen, le nombre de demandeurs d’asile originaires de Guinée est en augmentation régulière. En France, mais aussi en Belgique, au Portugal et en Italie, les ressortissants guinéens figurent dans le top cinq des nationalités africaines demandeuses du statut de réfugié. Certes, il en va des Guinéens comme des Ivoiriens, des Sénégalais, des Maliens, des Nigérians ou des Gambiens : beaucoup d’entre eux sont en réalité des migrants économiques fuyant la pauvreté et non pas (ou plus) les persécutions politiques ou ethniques. Mais c’est cela, justement, qui interpelle : l’hémorragie continue d’une jeunesse de plus en plus éduquée, suffisamment sortie de la précarité pour réunir les moyens nécessaires au grand voyage vers l’Europe (plusieurs milliers d’euros) et disposant d’un ancrage familial au sein de la diaspora, risque à terme de saigner à blanc le développement de la Guinée. Le gouvernement en est conscient et le président Alpha Condé au premier chef: à Conakry comme dans toutes les capitales de la région, l’emploi des jeunes est une absolue priorité, à la mesure de l’exception démographique africaine. Entre 2010 – année du départ des militaires et de l’accession d’Alpha Condé au pouvoir – et aujourd’hui, la Guinée a gagné vingt places au classement « Doing Business » de la Banque mondiale, mesurant la facilité à y faire des affaires, seize dans celui de Transparency International,
C
105 Interview
de Faya Millimouno Président du Bloc libéral
108 ÉCONOMIE Relance sous surveillance
douze dans l’index de Reporters sans frontières. Négatif il y a huit ans, son taux de croissance navigue aujourd’hui entre 6 % et 7 %. Sur fond de progrès en matière de libertés, les fondamentaux d’un bond en avant économique et social existent donc, même si, en matière de développement humain, le rang qu’occupe encore ce pays qui, avant son indépendance, fut l’un des plus prometteurs d’Afrique de l’Ouest est indigne de ses potentialités.
Rendez-vous avec l’Histoire
La période qui s’ouvre, jusqu’à la présidentielle de 2020 en passant par les législatives prévues pour la fin de cette année, est hélas plus propice aux divisions qu’à la mutualisation des efforts en faveur de la jeunesse, ainsi que viennent de le démontrer les troubles qui ont accompagné les élections communales de février. Il est pourtant un rendez-vous avec l’Histoire qui se devrait en toute logique d’être fédérateur et propice à une réflexion commune : le 2 octobre 2018, la Guinée indépendante aura 60 ans. Dans ce pays de 12 millions et demi d’âmes, où l’âge médian est de 19 ans, seuls 4 % des habitants étaient nés quand Sékou Touré lança son célèbre « non » à de Gaulle. Parmi eux figurent les trois principaux leaders politiques guinéens : Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré. S’ils ne font pas de cet anniversaire un moment de psychothérapie collective et s’ils ne parviennent pas, par leur exemple, à donner à cette jeunesse l’envie d’aimer la Guinée plutôt que de la quitter, qui d’autre le fera à leur place?
112 Agriculture
Businessmen des villes, businessmen des champs
114 Industries extractives Investissements lourds dans la bauxite
118 Médias
Antonio Souaré parie sur l’audiovisuel panafricain Entretien avec Rachid Ndiaye, ministre de la Communication
121 Tribune
Sansy Kaba Diakité Commissaire général de Conakry Capitale mondiale du livre
124 SOCIÉTÉ
Balade à Bel-Air
126 Spectacle vivant Le fabuleux destin du Terya Circus
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Grand format GUINÉE
ENJEUX
Une
Reprise bien amorcée et aura internationale retrouvée, le pays affichait ces deux dernières années un front plutôt serein. Mais depuis janvier, la grogne sociale monte. Quant au climat politique, après les locales et avant les législatives, en septembre, il est de nouveau agité. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND, envoyé spécial
S
ur un écran d’ordinateur, avec ses courbes et diagrammes dynamiques, la Guinée semble avoir retrouvé la forme. Une croissance de plus de 6 % depuis deux ans, un déficit budgétaire maîtrisé, une inflation réduite à 8 %, contre 21 % en 2010… La plupart de ses indicateurs sont au vert. Après deux années de crise sanitaire, puis deux autres marquées par une conjoncture internationale difficile, chamboulée par la chute des cours des matières premières, l’économie guinéenne va mieux et, sur le papier, ses perspectives semblent bonnes. Pour preuve, le nouveau programme triennal conclu en décembre avec le Fonds monétaire international (lire pp. 108-110). Peu à peu, les investisseurs reviennent. Plusieurs hôtels de grand standing se sont construits en bord de mer. En se promenant à Kaloum, dans le centre-ville d’un Conakry en chantier, sous les immenses grues qui zèbrent le ciel et dans le bruit incessant des bétonneuses, on se prend à imaginer la capitale du futur. Sur la côte, les tours jumelles Weily Kakimbo et leurs vingt-cinq étages qui abriteront bientôt un centre commercial, un hôtel et des bureaux ont certes un côté « bling-bling » mais montrent aussi que la capitale aspire à changer de siècle.
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CELLOU BINANI/AFP
Un réel malaise
Il y a quelques semaines, alors qu’il était encore à la tête de l’Union africaine, le président Alpha Condé devait se réjouir de tous ces bons signaux. Mais à peine a-t‑il passé la main à son homologue rwandais au sommet d’Addis-Abeba qu’il retrouve un pays de nouveau déchiré et tiraillé par ses vieux démons. Les violences post électorales consécutives aux communales du 4 février résonnent comme un ultimatum. Après une campagne qui n’a ni passionné ni mobilisé les foules – alors qu’il s’agissait des premières élections locales depuis 2005 –, le déroulement du scrutin et
année sous tension Alpha Condé le 4 février, jour du scrutin communal.
Grand format GUINÉE ENJEUX
ses résultats partiels se sont transformés en prétexte pour extérioriser un réel malaise et attiser quelques frustrations sociales. Les ténors de l’opposition, Cellou Dalein Diallo en tête, ont dénoncé des fraudes. D’autres, comme Faya Millimouno (lire p. 105), ont soulevé la question de la pertinence d’un tel scrutin cette année, au regard du coût de son organisation – environ 800 milliards de francs guinéens (plus de 70 millions d’euros). Les coupures d’électricité, le mauvais état des routes, les problèmes de ramassage d’ordures ou encore les arrestations de journalistes (lire p. 120) ont fini d’enfoncer le clou. Sans parler des récurrentes rumeurs sur un hypothétique troisième mandat présidentiel du « vieux » – 80 ans le 4 mars. C’est toute une génération qui s’impatiente. « Une bonne partie de la population, en particulier la jeunesse, ne profite pas des fruits de la croissance, considère Abdourahmane Sanoh, le président de la Plateforme des citoyens unis pour le développement. Tant que les inégalités seront fortes, on connaîtra des crises cycliques. » En résumé, pour les plus critiques, cette croissance positive en partie dopée par le secteur minier (lire pp. 114-116) profiterait surtout, voire seulement, à quelques investisseurs étrangers. S’il se réjouit d’une meilleure concertation entre l’État et le privé, notamment à travers le Guinée Business Forum, mis en place fin 2017, Madani Dia, le secrétaire exécutif de la Plateforme de concertation du secteur privé guinéen, tire lui aussi la sonnette d’alarme. « Il faut laisser respirer le secteur privé et lui donner la possibilité de créer de l’emploi. Aujourd’hui, le taux de chômage réel des jeunes dépasse les 80 %. Si on continue comme ça, nous allons droit à la catastrophe, martèle-t‑il. Le gouvernement l’a compris et fait des efforts, mais on doit aller plus vite et plus loin, en mettant d’urgence la priorité sur les investissements à haute intensité de main-d’œuvre, par exemple pour paver les rues des villes, construire et bitumer les routes, etc. Il faut donner un but et un revenu à tous ces jeunes, en attendant de les former et de leur offrir d’autres perspectives. »
économique et social (PNDES) 2016-2020. Il fait des efforts pour sortir l’économie du « tout minier » en la diversifiant, notamment grâce au redéploiement de l’agriculture (lire p. 110 et pp. 112-113), très prometteur, et à la relance de filières générant plus de revenus et de devises (café, cacao, palmier à huile et anacarde). « C’est bien beau de développer ces filières, mais il faut aussi y intéresser les jeunes, nuance Madani Dia. C’est sûr, vendre des mouchoirs le long des rues de la capitale, ça ne fait pas rêver. Alors, si on leur donne de vraies opportunités, ils retourneront à la campagne. Mais que fait-on pour les attirer dans les villages ? Pense-t‑on à la création de logements en milieu rural ? » Autant de questions qui pourraient trouver un écho positif à l’oreille du président Alpha Condé, qui, depuis toujours, veut miser sur le désenclavement, la décentralisation et transformer le potentiel du milieu rural. « C’est la priorité du gouvernement : investir massivement dans les campagnes, confirme le ministre de la Jeunesse, Moustapha Naité. Pour créer des opportunités économiques et redonner espoir aux jeunes, notre idée – et nous y œuvrons déjà à travers le PNDES – est de reproduire les avantages du milieu urbain dans les campagnes. C’est pour ça que nous misons sur le développement des technologies, notamment à travers les nombreux chantiers que nous avons engagés pour développer la fibre optique en milieu rural. Nous y améliorons aussi les transports. Quand ils sauront qu’on peut être aussi bien connecté à la campagne qu’en ville, plutôt que de tenter leur chance en Europe, nos jeunes partiront à l’aventure dans leur propre pays. » En Guinée, la nouvelle génération ne demande que ça. Mais elle ne se laisse plus séduire par de belles promesses.
UNE BONNE PARTIE DE LA POPULATION, EN PARTICULIER LA JEUNESSE, NE PROFITE PAS DES FRUITS DE LA CROISSANCE.
La ville à la campagne
Du côté de l’exécutif, on demande du temps. « Nous avons remis le pays sur les rails », explique le Premier ministre, Mamady Youla (lire pp. 98-99). Plus de 1 milliard d’euros ont déjà été investis pour améliorer la voirie à Conakry, remettre à niveau la route nationale 1 (Coyah-MamouDabola), construire la ligne électrique Linsan-Fomi, procéder à l’extension du port de Conakry… Autant de chantiers tangibles. Le gouvernement semble déterminé à relever les autres grands défis du Plan national de développement
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OBJECTIFS ET COLLECTIFS
Outre les manifestations postélectorales, la grogne sociale s’est intensifiée en février, surtout dans l’enseignement, où la grève paralyse les établissements scolaires publics et privés. La société civile n’est pas en reste. Plusieurs collectifs se sont formés, comme Troisième Dynamique 2020, pour promouvoir l’unité nationale et inciter l’État à investir dans la formation des jeunes. Objectif similaire pour Wonkhai 2020, « en marche pour 2020 » en soussou (lire p. 103), qui demande aux politiques de placer les jeunes au centre de leurs programmes et aux Guinéens de dépasser les clivages. Son slogan : « s’unir ou périr ».
COMMUNIQUÉ
SOGEAC
© D.R.
AÉROPORT DE CONAKRY
A
L’AÉROPORT INTERNATIONAL DE CONAKRY EN PLEINE CROISSANCE
Ces compagnies aériennes offrent aux voyageurs d’affaires et de loisirs de la Guinée une connectivité au sein de leurs réseaux respectifs vers plusieurs destinations en Afrique, en Europe, au Moyen Orient, en Asie de l’Ouest et d’Extrême Orient, avec des escales à travers les HUB de Paris, de Bruxelles, de Casablanca, de Dubai, d’Istanbul, de Lomé, d’Addis Abeba, d’Abidjan, de Tunis et Lagos.
La SOGEAC et toutes les parties concernées par le développement du Transport Aérien en Guinée, comptent poursuivre les campagnes de rencontres avec les compagnies aériennes qui fréquentent les pays voisins pour les demander de prolonger leur ligne à l’aéroport de Conakry.
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Nous avons enregistré également une augmentation des vols des compagnies régulières qui opèrent à l’aéroport de Conakry. Air France effectue un vol quotidien à destination de Paris via Nouakchott ou Freetown, Brussels Airlines effectue 3 vols par semaine à destination de Bruxelles via Dakar, Royal Air Maroc, effectue un vol quotidien à destination de Casablanca, Asky Airlines effectue 4 vols par semaines a destination de Lomé via Bamako, Air Côte d’Ivoire effectue un vol quotidien entre Abidjan, Conakry et Dakar, Mauritania Airlines effectue 6 vols par semaine, entre Nouackchott, Dakar Freetown et Conakry ; DHL effectue 6 vols par semaine pour le cargo et les colis Express, reliant Freetown, Conakry et Dakar.
La SOGEAC travaille avec un cabinet spécialisé pour la mise à jour du plan masse de l’aéroport de Conakry, dans le but d’augmenter la capacité d’accueil, évitant la saturation et en se donnant la possibilité de recevoir tout type de trafic, passager et fret. Ce qui se traduira par l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’investissements, de lancement de travaux d’extension des postes de parkings avions, des parkings automobiles, des zones de traitement des passagers et leurs bagages. Les aéroports sont en perpétuelle compétition, ainsi la SOGEAC est déterminée à travailler continuellement avec des projets d’amélioration de la qualité de service et des installations. Ces projets seront réalisés par phases successives suivant l’accroissement du trafic aérien.
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Ces nouvelles dessertes vont conduire les compagnies aériennes à se réorganiser pour multiplier leurs vols jusqu’à dépasser la fréquence d’un vol quotidien et à ouvrir la concurrence entre elles au bénéfice des voyageurs. Tout cela a été rendu possible grâce à la politique d’ouverture prônée par son Excellence Monsieur le Président de la République, le Professeur Alpha CONDÉ et son Gouvernement.
Les questions de Sûreté et de Sécurité sont indispensables pour le bon déroulement des opérations d’exploitation aéroportuaire, ainsi l’acquisition des équipements modernes de dernière génération et la formation des personnels aux mesures de sûreté et de sécurité demeurent nos priorités.
Grâce aux efforts conjugués de tous, l’aéroport de Conakry enregistre depuis le troisième trimestre 2016, un accroissement significatif de son trafic avec l’arrivée des nouvelles compagnies suivantes : Compagnie Aérienne
Date de début des vols
Nombre de vols par semaine
Parcours
GROUP TRANSAIR
17 septembre 2016
3 vols
Dakar-Conakry-Dakar
EMIRATES
30 octobre 2016
4 vols
Dubai-Conakry-Dakar-Dubai
TURKISH AIRLINES
30 Janvier 2017
2 vols
Istanbul-Ougadougou-ConakryOuagadougou-Istanbul.
ETHIOPIAN AIRLINES
02 février 2017
5 vols
Addis Abeba-Abidjan-Conakry-AbidjanAddis Abeba
TUNISAIR
27 mars 2017
2 vols
Tunis-Dakar-Conakry-Tunis Tunis-Conakry-Dakar-Tunis
MED VIEW AIRLINE
27 Octobre 2017
2 vols
Lagos- Abidjan-Conakry-Dakar-Lagos
Nous avons l’espoir que les compagnies Rwanda Air et d’autres Compagnies Aériennes, vont commencer la desserte courant 2018
SOGEAC AÉROPORT DE CONAKRY
SOCIÉTÉ DE GESTION ET D’EXPLOITATION DE L’AÉROPORT DE CONAKRY BP 3126 – Conakry République de Guinée Tél. : (+224) 656 99 90 10 E-mail : contact@sogeac-conakry.com www.aeroportdeconakry.com
DIFCOM - PHOTOS : YOURI LANQUETTE POUR JA SAUF MENTION - PHOTO D’EN-TÊTE : © RIKO BEST - STOCK.ADOBE.COM
fin de promouvoir la fréquentation de l’aéroport de Conakry, les différents acteurs du Transport Aérien de la Guinée (le Ministère des Transport, l’Autorité Guinéenne de l’Aviation Civile (AGAC) et la Société de Gestion et d’Exploitation de l’aéroport de Conakry (SOGEAC) ont mené des campagnes de rencontres avec les compagnies aériennes, au cours des années 2014 à 2016 pour que la Guinée soit mieux connectée au monde.
Grand format GUINÉE ENJEUX
Mamady Youla Premier ministre
« Notre défi est de passer du potentiel au concret » Propos recueillis à Conakry par FRANÇOIS-XAVIER FRELAND
ommé à la fin de décembre 2015 pour conduire le gouvernement du second quinquennat d’Alpha Condé, Mamady Youla, 56 ans, est un Premier ministre actif. Redéploiement des activités dans les secteurs minier, agricole et énergétique, mobilisation des investisseurs, amélioration de la gouvernance… Il tient la barre du Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020. Titulaire d’un DEA en macroéconomie de l’université FélixHouphouët-Boigny d’Abidjan, Mamady Youla a commencé sa carrière au sein de la Banque centrale de Guinée, avant de devenir conseiller du ministre des Mines (1997-2003), puis du Premier ministre (2003-2004). De 2004 jusqu’à sa nomination à la primature, il avait rejoint le secteur privé pour prendre la direction générale de Guinea Alumina Corporation et, depuis 2012, il présidait la Chambre des mines et la Plateforme de concertation du secteur privé guinéen, dont il est l’un des fondateurs.
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Cependant, les populations s’impatientent face aux récurrents problèmes de délestage,deramassagedesordures,aumauvais état des routes…
Jeune Afrique : Deux ans après son lancement, où en est le PNDES?
Mamady Youla : Il faut d’abord porter un regard rétrospectif sur la situation. Fin 2015, on sortait de deux années extrêmement difficiles, après l’épidémie d’Ebola, qui a durement affecté notre économie. Les investissements avaient été différés, la croissance avait chuté, le déficit budgétaire s’était dramatiquement creusé, l’inflation était à la hausse. Bref, les déséquilibres s’étaient installés. La Guinée avait dû rompre un certain nombre d’accords, notamment avec le FMI, car elle ne pouvait plus tenir ses engagements. Mon équipe et moi-même avons commencé par rétablir la confiance et le dialogue avec
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nos partenaires. De janvier à mars 2016, nous avons rétabli le programme en cours avec le FMI et, pour la première fois dans notre pays, l’avons conduit à son terme. Au début de ce plan, la Guinée avait bénéficié d’une réduction de sa dette extérieure, ce qui a posé les bases pour en préparer et en négocier un nouveau. Nous avons relancé la croissance, qui a atteint 6,6 % en 2016 et devrait s’établir à 6,7 % pour 2017 selon les estimations. Ces taux sont parmi les plus hauts du continent ces deux dernières années et sont les plus élevés en Guinée depuis quarante ans. Résultat, en assainissant notre économie, nous avons pu développer un cadre de référence : le PNDES 2016-2020. Et en novembre 2017, nous avons réuni à Paris nos partenaires, qui nous ont apporté un soutien franc et massif à hauteur de 21 milliards de dollars [environ 17 milliards d’euros, lire pp. 108-110].
LE PRÉSIDENT CONDÉ A RAMENÉ LA GUINÉE AU CENTRE DU JEU. NOUS SOMMES REDEVENUS VISIBLES ET ATTRACTIFS.
Je veux rappeler certaines choses. Nous sommes en 2018, c’est le 60e anniversaire de l’indépendance, et le chef de l’État est arrivé au pouvoir il y a sept ans, à la fin de 2010. Avec la mise en service du barrage de Kaléta cinq ans plus tard, la capacité installée du pays en matière d’hydroélectricité représente déjà plus du double de la capacité installée au cours des cinquante années précédentes. Et si l’on y ajoute les 450 MW de celui de Souapiti, en cours de construction, on aura atteint une puissance installée de 700 MW en dix ans, contre moins de 100 MW en plus de cinquante ans… Il ne faut pas oublier qu’un barrage, c’est long à réaliser. Si l’on avait trouvé un complexe comme Kaléta ou Souapiti en 2010, on se serait attelé à en construire d’autres et on aurait moins de problèmes aujourd’hui. D’autre part, nous savons que la Guinée doit faire face à un niveau élevé de pertes techniques sur le réseau d’électricité et à un problème de paiement des factures. Lorsque la société d’électricité [EDG] a voulu y remédier en posant des compteurs prépayés, elle a été confrontée à de fortes résistances. Enfin, qu’il s’agisse des routes ou du ramassage des ordures, la situation en 2010 n’était pas très brillante et, si, aujourd’hui encore, nous devons
l’Union africaine en 2017 – a clairement ramené la Guinée au centre du jeu. Nous sommes redevenus visibles et attractifs.
SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA
Pourtant, si Conakry dispose de plusieurs nouveaux hôtels haut de gamme, ceux-ci restent souvent à moitié vides…
nous occuper de ces questions, c’est bien parce qu’elles n’ont pas été prises en compte avant. Que dites-vous à ceux qui doutent de la bonne gouvernance?
À l’heure des réseaux sociaux, la moindre petite chose est amplifiée. L’exécution du PNDES implique la mise en œuvre de grands projets, avec des enjeux économiques et financiers qui nécessitent un relèvement du niveau des standards. Le premier pilier du PNDES porte justement sur « la promotion de la bonne gouvernance au service du développement ». En 2017, le gouvernement a d’ailleurs préparé et soumis au Parlement une loi anti-corruption qui a été adoptée. Désormais, le système judiciaire dispose des outils nécessaires pour se saisir des cas de fraude ou de corruption. Et c’est notre priorité, car les mauvaises pratiques nous retardent. En résumé, « Guinée is back soon »?
Cette belle formule du président Condé prend en effet tout son sens [sourire]. Dans les années 1960-1970, la Guinée était un phare pour nombre de pays africains. Elle avait envoyé ses troupes pour libérer la Guinée-Bissau, l’Angola, le Mozambique… Elle soutenait l’ANC de Nelson Mandela en Afrique du Sud. Dans les années 1990, elle a également participé à la stabilisation du Liberia et de la Sierra Leone. Pour jouer ce rôle-là, il fallait être un leader sur le continent, mais, depuis, toutes ses lumières s’étaient éteintes. Le président Alpha Condé – qui a d’ailleurs été élu à la tête de
L’AVENIR DES JEUNES EST ICI, DANS LEUR PAYS, ET NOUS ŒUVRONS À CRÉER LES CONDITIONS POUR QU’ILS Y CROIENT.
Autrefois, lorsque je travaillais dans le secteur privé, j’avais souvent du mal à loger les investisseurs que je recevais à Conakry. Depuis 2011, la capitale a été dotée d’importantes capacités d’accueil, qui se remplissent progressivement au gré du développement des activités. La Guinée dispose également d’un immense potentiel minier – avec les premières réserves mondiales de bauxite [lire pp. 114-116], du minerai de fer, de l’or, des diamants, etc. –, d’un fort potentiel agricole et de capacités hydroélectriques incontestables. L’objectif du PNDES est de passer du potentiel au concret, d’aller vers des réalisations tangibles. Nous invitons les partenaires chinois, russes, émiratis, français, britanniques et tous les autres à œuvrer avec nous au développement des capacités de production dans tous les secteurs de notre économie. La prise en charge des risques sécuritaires représente un défi supplémentaire. Nous mettons tout en œuvre pour rassurer les investisseurs locaux et étrangers, en particulier face à la menace qui a déjà touché certains pays voisins. Notre pays est engagé dans la lutte contre le terrorisme au Mali, avec plus de 800 hommes au sein de la Minusma. Quel est votre message aux jeunes qui partent vers l’Europe en quête d’emploi?
Nous voulons leur dire que leur avenir est ici, dans leur pays, et que nous œuvrons à créer les conditions pour qu’ils y croient. Nous travaillons notamment à la création d’occasions favorables concrètes dans l’agriculture, qui est un secteur porteur et à fort potentiel en matière d’emploi. En relevant les niveaux de production et les rendements, nous assurerons l’autosuffisance alimentaire et nous créerons par ailleurs des richesses à travers des filières de rente (cacao, café, banane, anacarde) et grâce à la transformation de ces produits sur place. Il n’y a pas que le tout minier! Et pour réussir ce pari, une autre de nos priorités est de relever le défi de la formation et de l’apprentissage.
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Électricité de Guinée Un redressement engagé, des améliorations encourageantes à l’arrêt ainsi qu’à la mise en service de nouveaux moyens de production, à Kankan, Mandiana, à Kouroussa, à Kérouané, à Boffa ou encore à Boké.
M. Abdenbi Attou, Administrateur Général de l’Électricité de Guinée (EDG).
ENTRETIEN AVEC
Abdenbi Attou Administrateur Général de l’Électricité de Guinée (EDG)
Fin 2015, l’État a signé un contrat de 4 ans pour lancer le redressement d’Électricité de Guinée (EDG) avec l’aide de la Banque Mondiale et du groupement français Veolia – Seureca. À mi-parcours, quel bilan faites-vous des réformes engagées ?
La pose massive et le raccordement de compteurs intelligents Sabou (70 000 en février 2018) ont quant à eux permis aux clients de mieux maitriser les consommations, de faire des économies et de réduire les problèmes de facturation au forfait.
De très grandes améliorations ont été enregistrées depuis octobre 2015 tant aux niveaux de l’exploitation technique et de la performance commerciale que sur le plan de la transformation de l’entreprise. Concrètement, nous avons augmenté de 57 % l’électricité produite et distribuée en Guinée grâce au renforcement des centrales de production et à la réhabilitation des réseaux de transports et de distribution. Dans le cadre du redressement du secteur de l’électricité soutenu par l’État, des moyens de production supplémentaires ont été mis en place. Nous avons procédé à la réhabilitation et à la mise en service de groupes hydroélectriques qui étaient PUBLI-INFORMATION
Pour stabiliser et améliorer la desserte d’électricité chez nos clients, un plan de maintenance des réseaux de transport et de distribution a été mis en place. Surtout, l’introduction de 70 nouvelles injections de transformateurs sur les réseaux a permis de résoudre les problèmes récurrents de surcharges dans les différents quartiers. Ainsi, nous avons enregistré une nette amélioration dans l’accès à l’électricité pour plusieurs milliers de nos clients dans la capitale, même si beaucoup reste à faire pour satisfaire la forte demande. En deux ans, les ventes sont en hausse de 40 % et les encaissements de 57 %. Le contrôle et la mise en conformité des compteurs chez les clients industriels et professionnels ou encore l’opération de recensement de l’ensemble du parc clientèle contribue à limiter les fraudes sur les réseaux et à augmenter les recettes d’EDG, ce qui est une bonne chose pour le secteur.
Enfin, la mutation d’EDG est aujourd’hui réelle et bien engagée avec une meilleure gestion des dépenses et un renforcement des équipes par un large plan de formation. Les charges de fonctionnement de l’entreprise (hors achat de carburant et d’énergie) ont ainsi baissé de 31 % entre 2015 et 2017 et le nombre d’heures de formation par agent a été doublé. 61 000 compteurs ont été posés et raccordés en 2017.
La contractualisation de marchés cadre avec les principaux fournisseurs, l’assainissement de la base de données
du personnel, l’audit et la certification des comptes sont des projets structurants qui ont fortement contribués à engager le processus de modernisation et de redressement d’EDG.
Quelles améliorations ont été apportées à la population, au quotidien ? Au quotidien, ces améliorations se traduisent par une baisse de 40% du temps moyen de coupures chez les consommateurs, par une amélioration de la qualité de la tension réseau et de la qualité du service au client avec la mise en place de nouveaux services pour faciliter les démarches avec EDG. Par exemple, un centre de dépannage « Allô EDG » disponible 24 h sur 24 et 7 jours sur 7 a été mis en place fin 2017 à Conakry pour réduire le temps d’attente dans la résolution de panne. Parallèlement, un nouveau service pour faciliter le paiement des factures a vu le jour à Conakry. Pour éviter à nos clients une attente trop longue en caisse, un système de paiement via un réseau tiers a été mis en place dans certains quartiers, donnant la possibilité à nos consommateurs de payer leurs factures à distance et par téléphone via un service mobile. Ce service est d’abord opérationnel dans certaines agences de Conakry pour à terme l’étendre dans tout le pays.
Vous vous êtes exprimés récemment sur les perspectives d’EDG, quels sont les programmes à déployer à court terme ? De nombreux projets sont en cours pour répondre aux objectifs du redressement selon les trois axes technique, commercial et transformation de l’entreprise. La réhabilitation et la mise en service de nouvelles centrales hydrauliques (celles du Samou), l’installation de nouveaux
Centrale thermique à Kaloum (Conakry).
Nous avons augmenté de 57 % l’électricité produite et distribuée en Guinée grâce au renforcement des centrales de production et à la réhabilitation des réseaux de transports et de distribution. + 57%
PRODUCTION 2015 : 1 118 gigawattheures (GWh) 2017 : 1 758 gigawattheures (GWh)
+ 67% VENTES
2015 : 524 milliards de GNF 2017 : 882 milliards de GNF
+ 78%
ENCAISSEMENTS 2015 : 407 milliards de GNF 2017 : 727 milliards de GNF
+100%
HEURES DE FORMATION 2015 : 20 heures par employé 2017 : 40 heures par employé
- 40%
TEMPS MOYEN DE COUPURE 2015 : 350 heures 2017 : 210 heures
- 31%
CHARGES DE FONCTIONNEMENT 2015 : 387 milliards de GNF 2017 : 265 milliards de GNF
Un gain de 122 milliards de GNF GNF : Francs guinéens
Électricité de Guinée Cité Chemins de Fer Immeuble Koundara BP 1463 - CONAKRY République de Guinée
groupes thermiques et l’extension du réseau de transport à l’intérieur du pays sont en cours pour assurer une production suffisante et une desserte de qualité. Le dispatching national actuellement en cours de construction est prévu d’être mis en service fin 2018, ce qui permettra de télécommander et de gérer à distance toutes les installations de production et de transport du pays et de préparer l’interconnexion de la Guinée à la sousrégion. De nombreux services aux clients verront le jour en 2018 comme la mise en place d’une agence grands comptes, d’un guichet unique promoteur pour permettre aux clients industriels et professionnels de s’adresser directement à un seul service pour leurs démarches. Un centre de service client, un nouveau système d’information clientèle et des services de paiement en ligne et à distance seront mis en place pour faciliter les démarches et améliorer notre service. Pour mieux améliorer les conditions d’accueil et mieux servir nos clients, nous avons prévu de rénover toutes nos agences commerciales. Pour moderniser nos outils de travail, nous avons entrepris l’informatisation de tous nos lieux de travail avec des logiciels de gestion performants. Nous allons continuer la généralisation de la pose des compteurs intelligents, télé relevables chez les grands clients et la pose de 160 000 compteurs Sabou chez les clients domestiques pour sécuriser les revenus d’EDG et permettre un meilleur service pour tous. •
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
Équipe d’intervention du centre de dépannage.
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Élections
Rendez-vous manqué Le scrutin local du 4 février a déçu nombre d’électeurs et d’observateurs, qui l’ont estimé trop politisé. Les partis vont-ils pour autant se remettre en question ? DIAWO BARRY, à Conakry
es élections communales et communautaire s, le s pre mières depuis 2005, ont eu lieu le 4 février. Beaucoup voyaient dans ce scrutin de proximité, le seul ouvert aux candidatures indépendantes, l’occasion de dépasser les clivages bipartisans et de mobiliser les citoyens. Mais les 6 millions d’inscrits ne se sont pas bousculés pour élire les 342 conseils communaux (plus de 46 % d’abstention) ; pis, beaucoup se disent fiers de n’avoir pas voté. La plupart regrettent que les deux semaines de campagne n’aient été qu’une succession de chants, de danses, de défilés et d’accrochages partisans, laissant peu de place aux débats de fond et aux projets de société des candidats, comme l’exprime
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Sidya Touré à l’issue de l’assemblée de l’UFR, le 17 février, au lendemain de la proclamation des résultats des communales.
Faya Millimouno, le président du Bloc libéral (lire p. 105), qui estime que « l’abstention a été le plus grand gagnant de ces élections parce que la classe politique est déconnectée des réalités que vivent les populations » et, comme l’a souligné Sékou Koureissy Condé, de l’African Crisis Group, « parce qu’elle a donné une allure de présidentielle à ce scrutin local ».
Monopole du RPG et de l’UFDG
La vie politique reste bipolarisée autour du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG-Arc-en-ciel), du président Alpha Condé, et de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), de Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition. Le RPG s’est imposé dans son fief de Haute-Guinée (Est) et en Guinée forestière (Sud-Est). L’UFDG est victorieuse en MoyenneGuinée (Centre). En Guinée maritime (Ouest), les résultats sont plus contrastés, les deux mastodontes se retrouvant au coude-à-coude dans plusieurs communes urbaines, dont Kindia et Boké, mais aussi Matoto (commune de Conakry). Pour
obtenir une majorité au sein de ces conseils municipaux, leurs élus devront s’allier avec ceux de l’Union des forces républicaines (UFR), troisième parti politique du pays. Quelques listes indépendantes ont mis à mal le monopole du RPG et de l’UFDG. Ainsi, celle conduite par Aminata Touré, la « fille de Sékou », s’est imposée à Kaloum (lire p. 104), où elle obtient 11 sièges, devant le RPG (7), l’UFR (6) et l’UFDG (4). Saidouba Kissing Camara, ex-président de la Chambre des huissiers de Guinée, a gagné dans sa ville de Boffa. Dans le Centre, à Faranah, le Mouvement indépendant pour le développement local de Faranah remporte 12 sièges, comme le RPG, et, plus au nord, à Dinguiraye, la liste Bhantal Dinguiraye décroche 9 sièges, autant que l’UFDG. Si les leaders et partisans de l’UFDG ont été les plus prompts et les plus virulents à contester le déroulement et les résultats du scrutin, ils ne sont pas les seuls. Alors
qu’il s’est rapproché d’Alpha Condé (qui, début 2016, l’a nommé haut représentant du chef de l’État) et alors que son parti a présenté une liste commune avec le RPG à Dixinn, Sidya Touré a lui aussi demandé l’annulation du scrutin – tout en appelant au calme – après que les jeunes de l’UFR avaient interrompu l’assemblée du parti, le 17 février, protestant contre « le vol de [leurs] suffrages ». Dans la foulée, l’ancien Premier ministre leur a promis de restructurer les instances de l’UFR. Le RPG reconnaît aussi la nécessité de se réformer, travail qu’il a confié à une commission de réflexion. « Beaucoup d’anomalies doivent être corrigées, et ce scrutin a un effet positif. Chaque responsable local a pu tirer les leçons sur la façon dont le parti doit se mettre en ordre de bataille pour les législatives [prévues en septembre] et la présidentielle [en 2020] », conclut M’Bany Sangaré, secrétaire général de la jeunesse du RPG.
SUCCESSION DE DANSES, DE CHANTS, DE DÉFILÉS ET D’ACCROCHAGES PARTISANS, LA CAMPAGNE A LAISSÉ PEU DE PLACE AUX DÉBATS DE FOND.
PORTRAITS CROISÉS HÉRAUTS DU CIVISME
Khalifa GASSAMA DIABY RIQ UE ; DR NIE R/J EU NE AF VIN CEN T FO UR
Il n’hésite à se rendre ni dans les quartiers acquis à l’opposition ni dans les fiefs du parti présidentiel. Son credo: sensibiliser ses compatriotes au civisme et au vivre-ensemble. Surtout, il ne prend pas parti: « On est ministre pour servir son pays, pas pour se mêler de politique », dit-il. Khalifa Gassama Diaby, ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté depuis janvier 2016, après avoir été celui des Droits de l’homme, suscite autant d’admiration que d’inimitiés jusqu’au sein du gouvernement, qui, en novembre, a boudé la Semaine nationale de la citoyenneté et de la paix, dont le budget n’a été disponible que 48 heures avant son lancement. Le chef de l’État n’y a fait qu’une brève apparition. Alpha Condé (parce qu’il le laisse travailler) est, avec Kanny Diallo, la ministre du Plan, l’un de ses rares soutiens. Suffisant pour motiver Gassama Diaby à poursuivre son combat « de l’intérieur » et à ne pas démissionner, même s’il a souvent été « à deux doigts de le faire ».
Djanii ALFA « Ici, les stars laissent la place aux artistes », lit-on sur le mur de son studio de production, en banlieue de Conakry. « Il s’agit de réveiller le côté citoyen des artistes, vrais représentants du peuple », précise Alpha Midiaou Bah, alias Djanii Alfa. Avec d’autres musiciens – Takana Zion, Singleton et Steeve One Locks –, le rappeur est l’un des leaders de Wonkhai 2020 (« en marche pour 2020 » en soussou). Ce collectif veut remettre au goût du jour les valeurs du civisme et inciter les futurs candidats à la présidentielle à placer les jeunes au centre de leur programme. Avec son slogan « s’unir ou périr », il veut « un Guinéen nouveau », qui connaît ses droits et s’acquitte de ses devoirs, et aspire à un rendez-vous électoral libéré des erreurs du passé, sans fraudes ni affrontements. « Trop de sang a été versé. Maintenant, nous voulons le progrès ! » martèle Djanii Alfa. Après G4Life (2012) et Rêves d’Afrik (2015), il prépare la sortie d’un double album, Sicario, en octobre. D.B.
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Grand format GUINÉE ENJEUX Voir le vidéo-reportage sur Aminata Touré sur www.jeuneafrique.com
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promettant « une ville propre et moderne ». « Kaloum, c’était le quartier de Sékou Touré, celui où mon grand-père avait une concession, celui où j’ai grandi, au palais présidentiel, rappelle-t-elle. Je rêve qu’il redevienne ce qu’il était. »
Dîners en famille
Kaloum choisit « la fille de Sékou »
La liste indépendante qu’elle conduisait dans l’une des plus stratégiques communes de la capitale est arrivée en tête aux municipales. Rencontre avec Aminata Touré. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND
lle est assise sur un canapé blanc, dans la cour d’un immeuble de Sandervalia. Des femmes vêtues et coiffées de pagnes aux couleurs chatoyantes se pressent autour d’elle. De nombreux jeunes tentent de se frayer un chemin pour la voir. Depuis un quart d’heure, des responsables du Parti démocratique de Guinée (PDG, ex-parti unique) se relaient pour la présenter, elle, « la fille de Sékou ». Sous les applaudissements, Aminata Touré se lève. Un verre tombe et se brise. Pour la petite foule désormais assise, c’est un signe. « Esprit Sékou, es-tu là ? » On regarde Aminata. Et on revoit Sékou. Même visage massif et « la peau bien noire », comme elle dit. Trente-quatre ans après la mort de Sékou Touré, l’aînée de ses trois enfants s’engage en politique, comme son cadet, Mohamed, qui a repris les rênes du PDG en 2010. Mais, à 64 ans, c’est à la tête d’une liste indépendante, Kaloum Yigui (« l’espoir de Kaloum »), qu’elle a choisi de se présenter aux communales et qu’elle s’est imposée. Pendant plusieurs semaines, accompagnée de ses proches conseillères et fidèles amies, dont Mamakalas Traoré, sa « dir cab », elle a défendu son programme. Elle a passé un pacte social avec les Kaloumkas, leur
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« JE SUIS UNE FEMME DE MON TEMPS. JE PENSE QU’IL FAUT DE LA LIBRE ENTREPRISE, SANS JAMAIS OUBLIER LE SOCIAL. »
Loin du brouhaha, dans son QG, près de la corniche, de vieux serviteurs de Sékou l’entourent, comme Anta Cheick Condé, coiffé du même calot blanc que celui qu’arborait le père de la nation. « Nous, nous l’appelons Sékou Aminata Touré, c’est sa digne héritière, une grande dame, elle ira loin », affirme-t-il. Comme son illustre père, qu’elle trouvait « beau dans ses grandes tenues blanches », Aminata Touré met un point d’honneur à être toujours élégante. Bien éloignées des discours marxistes-léninistes du Sékou des années 1960, ses idées correspondent plutôt à la phase libérale de la fin de son régime. « Je suis une femme de mon temps, réaliste. En tant que chef d’entreprise dans le BTP, je pense qu’il faut de la libre entreprise, mais il ne faut pas oublier le social, insiste-t-elle. C’est une fierté d’être la fille de celui qui a posé un acte fort le 2 octobre 1958, non seulement pour la Guinée, mais pour toute l’Afrique. » Et les purges, les disparus du camp Boiro? « L’Histoire jugera. Il faudra du temps pour savoir précisément ce qu’il s’est passé. » Elle retient surtout les bons souvenirs, comme « les dîners en famille au palais, très tard le soir ». Ou cette fois où « j’étais très malade et c’est papa lui-même qui m’a emmenée à l’hôpital en me portant dans ses bras ». Aminata Touré dit avoir surtout gardé les valeurs « de travail, d’humilité, d’intégrité » qu’il lui avait enseignées. « Mon père ne s’est jamais enrichi sur le dos des Guinéens. Quand nous étions petits, il nous obligeait, mes frères et moi, à aller à l’école à pied, on n’avait pas de chauffeur. Et on faisait des madeleines pour les enfants pauvres. » Quant aux pires moments, les tentatives de putsch, la prison, puis les années d’exil aux États-Unis après le décès de son père, en 1984, elle préfère ne pas en parler et regarder devant. Certains verraient d’ailleurs bien la tête de liste de Kaloum Yigui devenir l’espoir de tout un pays et, pourquoi pas, revenir un jour au palais présidentiel de Sékhoutouréya, « chez Sékou Touré », en soussou.
Faya Millimouno
Président fondateur du Bloc libéral (BL)
« Mon avantage? Je n’ai encore jamais gouverné » Propos recueillis à Conakry par FRANÇOIS-XAVIER FRELAND
55 ans, même s’il n’a jamais exercé de mandat électoral ni de fonction ministérielle, Faya Millimouno est loin d’être un novice en politique. Dès 1992, ce fils de planteur originaire de Guéckédou s’engage au sein du Parti guinéen pour le progrès alors qu’il est enseignant-chercheur à l’École normale supérieure de Manéah, où il a obtenu une licence en sciences de l’éducation. L’année suivante, grâce à une bourse de la Francophonie, il s’envole pour l’université de Montréal, dont il sort docteur en administration de l’éducation en 1999. Il devient ensuite consultant à la Banque mondiale, puis gestionnaire des pensions à l’université de Georgetown, à Washington. En 2010, à son retour en Guinée, il prend le secrétariat général de la Nouvelle Génération pour la République, avant de créer son parti en février 2013, quelques mois avant les législatives.
À
Jeune Afrique : Qu’est-ce qui vous distingue des autres leaders politiques ?
Faya Millimouno : Je défends des valeurs libérales, mais je ne suis pas pour
QUE FAUT-IL AMÉLIORER ? « La politique sociale! Alpha Condé a fait quelque chose de très bien en organisant la fête nationale chaque année dans une région différente, moyennant des investissements. Le problème est qu’on n’investit pas le même montant dans chacune d’entre elles. En outre, nous avons certes des ressources naturelles, nous exploitons la bauxite à Boké depuis des décennies, mais les populations attendent encore d’avoir de l’eau potable, de l’électricité, des écoles. C’est un échec de notre politique minière. »
un libéralisme sauvage. Je reste sensible aux questions sociales et mes convictions sont profondes, elles ne changent pas au gré des circonstances. J’ai eu beaucoup de propositions dans les années 19902000, à l’époque du président Conté. Il a fait des choses importantes pour le pays : il est le père de la liberté (de la presse, de mouvement…), il a engagé des réformes qui ont réveillé l’esprit entrepreneurial… Mais j’ai rapidement compris qu’on allait dans la mauvaise direction. Il y avait trop de corruption, aucun contrôle, et quand il a modifié la Constitution pour se présenter une troisième fois, tout a basculé. Son régime est devenu un cauchemar, le pays a sombré dans une période de terribles violences et est tombé en faillite. Revendiquez-vous une part de son héritage ?
Non. J’apprécie beaucoup de choses qu’il a faites, mais pas toutes. Tout comme avec Alpha Condé. C’était séduisant au début. À son arrivée en 2010, il promettait de lutter contre la mauvaise gouvernance… Mais il ne l’a pas fait, et tout semble indiquer qu’il tentera lui aussi de modifier la Constitution pour briguer un troisième mandat. Je trouve que notre démocratie est pervertie. On ne respecte rien, c’est le règne de l’impunité, des détournements de deniers publics, et cela laisse une grande partie des populations désœuvrée. Nous sommes le deuxième pays fournisseur de migrants après le Nigeria, alors que nous sommes un pays riche.
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Qui voyez-vous favori en 2020 ?
Moi, bien sûr ! Je n’ai jamais gouverné, ce qui est un gros avantage sur ceux qui ont déjà été au pouvoir. Avec le Bloc libéral, nous voulons montrer que nous serons différents. Aujourd’hui, les Guinéens s’intéressent davantage à la politique, mais il y a trop d’élections et pas assez de débats. Il faut sortir de la politique des tee-shirts et des couleurs, du folklore. Nous voulons amener les Guinéens à s’intéresser aux enjeux de fond !
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MINISTÈRE DES MINES ET DE LA GÉOLOGIE DE GUINÉE Entretien avec Abdoulaye Magassouba Ministre des Mines et de la Géologie de la République de Guinée
MINES.GOV.GN
“ Le véritable rôle du secteur minier est d’être un catalyseur de l’économie ” Quelle est l’importance du secteur minier dans l’économie de la Guinée ? Et plus encore dans la politique de développement du pays ?
De nombreux opérateurs chinois s’intéressent de très près à la bauxite guinéenne. Quels profits le pays doit-il en tirer ?
Le véritable rôle du secteur minier est d’être un catalyseur de l’économie afin de contribuer à la transformation économique du pays. Le secteur minier représente environ 15 % PIB et 80 % des exportations. Rien que le secteur de l’exploitation artisanale de l’or a permis de rapatrier plus de 800 millions de dollars US en 2017 contribuant ainsi à la stabilité de la monnaie guinéenne. Cette place qu’occupe le secteur, en particulier dans les exportations, démontre une dépendance de l’économie vis-àvis des mines. Les reformes entreprises depuis 2010 ont permis d’attirer des investissements sans précédent dans le secteur. Entre 2016 et 2020 il est attendu plus de 7 milliards de dollars d’investissement dont 3 milliards déjà acquis. Cela représente plus de la moitié des investissements directs étrangers. Tout cela doit servir au développement économique bien au-delà du secteur minier. La contribution du secteur à la transformation économique consiste, en effet, à assurer le développement des autres secteurs de l’économie avec les bénéfices tirés des mines, pour créer une économie nettement plus importante mais moins dépendante des mines. Cela est assuré grâce à une utilisation plus judicieuse des revenus miniers en investissant dans les infrastructures et dans les secteurs de développement durable comme l’agriculture. L’accord stratégique de 20 milliards de dollars avec la chine entre dans ce cadre, puisqu’il s’agit d’utiliser les revenus miniers futurs pour assurer le remboursement d’emprunts qui sont destinés au financement d’infrastructures socio-économique nécessaires au décollage économique et au développement du capital humain. Nous assurons aussi, la promotion du contenu local, à travers la main d’œuvre locale et les achats locaux. Entre 2016 et 2018 le secteur a créé plus de 10 000 nouveaux emplois directs qui sont importants plus par leur qualité (les compétences et normes élevées) que par leur nombre.
La stratégie de développement du secteur est de promouvoir l’investissement en provenance de partenaires crédibles, d’où qu’ils viennent, dans des projets commercialement viables participant au développement de la Guinée. Cette stratégie a été portée depuis 7 ans par le Président Alpha Condé qui, au-delà des réformes profondes réalisées dans le secteur, a agi en premier promoteur de l’investissement en Guinée, notamment dans le secteur minier, à travers de multiples voyages destinés à attirer des investisseurs de tous les horizons. La Chine est aujourd’hui incontournable, y compris pour les pays occidentaux avec lesquels elle entretient de fortes relations commerciales et dans lesquels elle investit. Actuellement, la Chine représente aussi le marché le plus important et le plus dynamique pour le secteur minier, sans compter ses capacités importantes de financement et de construction des infrastructures. Il est par conséquent naturel que la Guinée, en tant que pays à fort potentiel minier avec un besoin important en infrastructures, ait renforcé ses relations avec la Chine. Notre pays utilise cette opportunité pour accélérer le développement de son secteur minier et se doter d’infrastructures socioéconomiques de base. Il faut cependant noter que les projets Chinois se négocient et se développent conformément au code minier comme c’est le cas de tous les projets miniers en Guinée. Il est enfin important de souligner la grande diversité des acteurs dans le secteur minier guinéen. Nos plus grands gisements de bauxite sont en réalité concédés à des partenaires occidentaux, russes ou émiratis qui étaient pour la plupart présents en Guinée avant la dynamique actuelle d’investissements qui ne concerne pas que la Chine. Le nouveau code minier, la modernisation du cadastre minier, la création d’un Guichet, sont autant de reformes qui attirent les investissements en Guinée. En somme, les investissements chinois nous apportent une diversification de nos partena-
Ministre depuis 2016, Abdoulaye Magassouba connaît bien le secteur dont il a la charge. Entre 2013 et 2015, c’est lui qui conseillait le président Alpha Condé sur les grands projets miniers du pays. Formé au Maroc, cet économiste de 41 ans, ancien de chez KPMG, est conscient d’occuper un poste sensible pour son pays. Il dévoile la stratégie de développement pour le secteur, et au-delà, pour l’ensemble de l’économie guinéenne.
PUBLI-INFORMATION
transformation concerne aussi les autres minerais dans le cadre de la politique de diversification de notre production minière au-delà de la bauxite, de l’or et du diamant.
Quelles sont les capacités de négociation du gouvernement face aux puissantes compagnies minières ? Qui assure la coordination ? Nous faisons face à des enjeux que nous devons intégrer dans nos stratégies de négociation. Il s’agit notamment de notre faible connaissance géologique, de l’insuffisance d’infrastructures, de la nécessite d’une organisation institutionnelle solide avec une chaîne d’autorité claire et précise, et de la compétence des équipes de négociation. Nous sommes conscients de la différence de ressources (notamment humaines) et de l’asymétrie d’information entre un pays comme le nôtre et les grandes multinationales. Dès 2011, nous avons procédé à une révision du code minier pour l’adapter aux réalités actuelles et à notre politique de développement. En parallèle, il a été engagé un processus de revue de toutes les conventions minières. Pour réussir dans ce processus de revue, nous nous sommes donc entourés de quatre des plus grandes firmes internationales d’avocats grâce à l’appui de la Banque Africaine de Développement
riats, une opportunité d’accélérer le développement des mines et de développer nos infrastructures socioéconomiques. Tout investisseur crédible, avec un projet mutuellement bénéfique, est bienvenu en Guinée, et sera traité de façon équitable avec les autres investisseurs.
Les autorités guinéennes ontelles la volonté de développer la transformation locale des minerais ? Quelles sont les priorités en la matière ? La transformation locale de nos matières premières est l’une des priorités assignées au Ministère des Mines et de la Géologie afin d’accroitre la valeur ajoutée locale. Au-delà des emplois que cela pourrait créer, il y a une forte différence entre le prix de la matière première et celui du produit fini. Par exemple, l’aluminium peut être vendu au moins 40 fois plus cher que la bauxite brute. Nous travaillons pour améliorer les conditions de transformation locale à travers la réalisation d’infrastructures (énergétiques, ferroviaires, routières etc.), la formation de compétences locales, et la création d’un cadre général propice à l’investissement. Parallèlement, dans le secteur de la bauxite, nous avançons sur les 8 projets de raffinerie d’alumine en phase d’études. En plus de ces 8 projets, nous allons très prochainement relancer la production de l’usine d’alumine de Friguia avec la compagnie Rusal. Je tiens quand même à souligner que l’objectif prioritaire de transformation n’est pas, dans une certaine mesure, en contradiction absolue avec l’exportation de la production brute à moyen terme. La Guinée dispose des plus grandes réserves mondiales de bauxite sans pour autant avoir été parmi les plus grands producteurs mondiaux pendant des décennies. Le pays qui stagnait à 18 millions de tonnes de production par an jusqu’en 2014, a atteint 47 millions de tonnes en 2017. Nous avons pour objectif de poursuivre cette dynamique tout en accélérant le passage à la transformation. Cette
Ministère des Mines et de la Géologie de Guinée Immeuble OFAB Almamya, Kaloum BP 295 Conakry, République de Guinée Tél. : (+224) 631416042
à travers la Facilité Africaine de Soutien Juridique. Depuis, cet exercice , nous avons mis en place un programme formel de renforcement des capacités de nos équipes, même si nous utilisons encore systématiquement les services des cabinets d’avocats locaux et internationaux pour nous assurer que nous négocions avec les mêmes ressources que les multinationales. Les négociations impliquent souvent une équipe pluridisciplinaire et multisectorielle, sous la direction du Ministère des Mines et de la Géologie. Lorsque les conventions sont négociées, elles sont soumises à l’approbation du Conseil des Ministres, puis à l’Assemblée Nationale. Conformément au nouveau code minier, toutes nos conventions sont publiées sur un site internet créé à cet effet.
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ÉCONOMIE
Relance
soussurveillance Avec un nouveau plan stratégique, des dépenses maîtrisées et des investissements en forte hausse, la croissance est de retour et semble pérenne. Le grand défi, désormais, est qu’elle soit partagée.
SÉNÉGAL GUINÉEBISSAU
Bouméhoun Gaoual
MoyenneGuinée
Sériba
Labé
Sangarédi
Boké
Pita
Guinée maritime Fria
Kamsar Boffa
Dubréka
CONAKRY
Tougué
Diabola Mamou
Kaléta
Kindia
Coyah Forécariah
Océan Atlantique
Kissidougou Guinée forestière Macenta Sérédou
Centrales thermiques
Routes principales Voies de chemin de fer
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B
itumage d’axes routiers, nouvelles infrastructures dans les secteurs de l’énergie, des mines et de la logistique, construction de tours de bureaux à Conakry… Les chantiers se multiplient dans la capitale comme à l’intérieur du pays, preuve que l’économie guinéenne se relève progressivement de l’épidémie d’Ebola et de la chute des prix des matières premières qui l’ont frappée de plein fouet en 2014 et 2015. Le pays s’est doté d’un Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020, dont l’une des priorités est la transformation durable et inclusive de l’économie. Il mise en particulier sur l’énergie et l’agriculture, sur le capital humain, ainsi que sur le développement durable dans la gestion des ressources et du patrimoine naturels. Avec la hausse de la production de bauxite et d’or, la bonne résistance affichée par l’agriculture, ainsi que les invesMALI tissements dans les infrastructures, la croissance a atteint 6,6 % du PIB en 2016 (au lieu des 5,2 % prévus) et devrait s’établir à 6,7 % en 2017 (au lieu de 5,4 %), selon les projections des services HauteSiguiri du FMI après leur mission à Conakry en Guinée août 2017 (voir tableau de bord). Quant à la situation des finances publiques, elle Kouroussa s’est redressée grâce à une plus forte Mandiana mobilisation des recettes intérieures Kankan Faranah et à une réduction des dépenses publiques, qui a permis de réduire le déficit budgétaire.
SIERRA LEONE
Centrales hydroélectriques
AMADOU OURY DIALLO et CÉCILE MANCIAUX
LIBERIA
200 km
Kérouané Beyla
Lola Nzérékoré CÔTE D'IVOIRE
Chiches en main-d’œuvre
L’un des chantiers les plus emblématiques de cette relance est celui du barrage et de la centrale de Souapiti, dont la puissance installée sera de 550 MW. Sa mise en service partielle dès 2019 devrait permettre de résorber la totalité du déficit en électricité du pays, estimé à 400 MW, qui reste l’un des principaux
Projets structurants
Alors que le chômage augmente, en particulier celui des jeunes, et que le pays n’exporte encore presque exclusivement que des matières premières non transformées du secteur minier, l’une des priorités est de diversifier l’économie en s’appuyant sur le redéploiement de l’agriculture (lire p. 110 et pp. 112-113). Le secteur emploie plus de 50 % de la population active, et son potentiel est d’autant plus important que le pays est gâté par la nature : bonne pluviométrie, impressionnant réseau hydrographique, immenses réserves de terres arables, etc. Le total des dépenses nécessaires pour financer la cinquantaine de projets structurants inscrits dans le PNDES 2016-2020 a été fixé à 14,6 milliards de dollars (sur cinq ans), dont 32 % doivent être assurés par des investissements extérieurs… Et force est de constater qu’ils affluent
Tableau de bord macroéconomique (projections)
Indicateurs
2015
2016
2017
2018
PIB réel à prix constant Inflation
0,1
6,6
8,2
6,7
5,8
8,2
8,5
7,0
(en %)
(en % du PIB)
Solde budgétaire de base Recettes totales et dons Dépenses et prêts nets
Dette publique totale* dont dette publique extérieure*
- 8,1 19,3 28,3
- 0,7 21,1 21,3
- 0,6 20,5 21,2
- 3,0 20,8 23,8
50,7 25,8
52,1 27,1
49,2 28,3
48,7 30,4 * Dont FMI
Contribution au PIB par secteur 5,6
2,4
7,7 5,2
6,7
3,5
20,4
24,9 17,1
2008
10,9 0,4 6,8
2016
19,8
24,3
22,7
13,6
0,7 7,4
Agriculture, foresterie, pêche Activités extractives Fabrication Production/distribution d’électricité, de gaz et d’eau Construction Commerce, réparation automobile, hôtellerie-restauration Transports, logistique et communications Services financiers, immobilier, services aux entreprises Administration publique
SOURCES : AUTORITÉS GUINÉENNES ET FMI, OCTOBRE 2017
handicaps à son développement économique et humain. Le chantier est réalisé pour un montant de 1,4 milliard de dollars (1,14 milliard d’euros) par China International Water and Electric Corporation, déjà maître d’œuvre du complexe hydroélectrique de Kaléta (240 MW), entré en service en 2015. Dans le nord-ouest du pays, les investissements se multiplient aussi dans le développement, l’exploitation et, surtout, la transformation de la bauxite – l’industrialisation du secteur étant indispensable pour gagner en valeur ajoutée. C’est notamment le cas à Kamsar, dans la région de Boké, où Guinea Alumina Corporation, filiale guinéenne d’Emirates Global Aluminium, investit plus de 1,3 milliard de dollars dans son complexe minier de Sangarédi – dont les réserves sont estimées à 1,3 milliard de tonnes –, qui entrera en exploitation en 2019 et dont le volet logistique comprend le renforcement des installations ferroviaires de la Compagnie des bauxites de Guinée. À la fin de novembre 2017, la Société minière de Boké (lire pp. 114-116) a annoncé un investissement de 3 milliards de dollars pour la construction d’une raffinerie d’alumine et d’une ligne de chemin de fer pour acheminer la bauxite vers le port de Dapilon d’ici à 2022. Le mois suivant, le groupe chinois TBEA signait avec Conakry un accord d’investissement de 2,89 milliards de dollars pour développer une chaîne de production intégrée (de la bauxite à l’alumine) dans les préfectures de Boffa, de Télimélé et de Boké. Il comprend la construction d’une mine, avec un démarrage d’exploitation attendu en juin 2019, pour une production de 10 millions de tonnes de bauxite par an, d’une raffinerie d’alumine (1 million de tonnes/an, opérationnelle à la mi-2021) et d’une fonderie d’aluminium (200 000 t/an, opérationnelle d’ici à la fin de 2024), mais aussi d’une centrale thermique (75 MW) et d’un complexe hydroélectrique à Amaria (300 MW). Si ces projets miniers contribuent à la croissance du PIB, cette dernière reste trop peu inclusive, les industries extractives étant chiches en main-d’œuvre (3 % des emplois).
ces derniers mois. En septembre 2017, Conakry a obtenu un prêt de 20 milliards de dollars de la Chine, qui sera débloqué sur vingt ans en contrepartie de concessions minières (principalement dans la bauxite), dont un montant immédiatement disponible de 3 milliards de dollars. Fin octobre, l’Union européenne a octroyé 120 millions d’euros au gouvernement guinéen, dont 60 millions pour les villes de Conakry et de Kindia dans le cadre du Programme de développement et d’assainissement urbain (Sanita), et 60 autres millions pour le Programme d’appui à la consolidation de l’État. Afin de mobiliser les bailleurs internationaux et partenaires privés, l’exécutif guinéen a par ailleurs organisé un
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Grand format GUINÉE ÉCONOMIE Lire aussi « La Guinée souhaite exploiter pleinement son potentiel hydraulique » sur www.jeuneafrique.com
groupe consultatif à Paris, les 16 et 17 novembre 2017, avec l’appui de la Banque mondiale, qui lui a permis de récolter 20 milliards de dollars de promesses de financement, bien au-delà des 4,5 milliards de dollars espérés. Enfin, à la mi-décembre, le FMI a approuvé le nouvel accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit, soit une enveloppe de prêts non concessionnels de 650 millions de dollars sur la période 2018-2020, pour permettre au pays d’atteindre une croissance plus élevée, de diversifier son économie, de réduire les inégalités et de renforcer les filets de protection sociale – plus de 55 % des Guinéens
vivant encore sous le seuil de pauvreté. Ces objectifs ne pourront être atteints que si l’État poursuit ses réformes pour améliorer le climat des affaires afin de favoriser le développement du secteur privé, et s’il continue d’accroître ses investissements publics dans les infrastructures. L’une des difficultés majeures sera de maintenir, dans le même temps, une politique monétaire et une stratégie d’endettement prudentes, afin que la dette reste viable, l’inflation modérée et que le système bancaire dispose des liquidités nécessaires à une croissance saine du crédit au secteur privé.
Café et cajou pour doper les revenus (2 400 t/ha), Jackson-2 (2500 t/ha) et Rab-C15 (3 000 t/ha).
SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA
Deux grands bassins
En 2017, le pays a exporté 40 000 tonnes de noix de cajou brutes.
Depuis 2016, une double initiative présidentielle met l’accent sur deux cultures de rente : le café arabica (dans le Fouta et en Guinée forestière) et l’anacarde, alias noix de cajou (en Basse-Guinée et HauteGuinée). L’objectif est évidemment de déployer deux filières qui permettent aux exploitants guinéens de vivre de leur production et à l’État de faire rentrer des devises. Derrière le Centre de recherche agronomique de Bareng, entre Timbi-Madina et Timbi-Tounni (préfecture de Pita), une vingtaine d’hommes et de femmes arrosent, désherbent et transplantent des pousses de café dans des pots placés sous des abris en bambou et
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couverts de paille. Le chef de l’État a fait importer du Rwanda 1 tonne de semences d’arabica, confiées à l’Institut de recherche agronomique de Guinée, dont une petite partie sera cultivée, à titre pédagogique, à l’École nationale d’agriculture et d’élevage de Tolo (plus au sud, région de Mamou) et la quasi-totalité, sur la plaine de Bareng. « Selon les prévisions, à partir de juin prochain, 3 millions de plants devraient être cédés aux paysans producteurs à des prix abordables », explique Minthé Camara, le coordonnateur du projet dans le Fouta-Djalon. Le rendement à l’hectare dépend de la variété. La Guinée en a importé trois : BM-139 ou Bourbon-Mayaguez
Alpha Condé veut également doper la production de noix de cajou, qui était d’environ 10 000 t/an jusqu’en 2015. L’objectif, à l’horizon 2020, est de disposer d’un verger d’anacardiers de 1 million d’hectares et de produire 60 000 t/an de noix. Selon l’Association guinéenne des exportateurs d’anacarde (Agexana, créée en 2015), après que leur exportation par la route avait été interdite, 40 000 t de noix ont été exportées en 2017 par voie maritime (vers l’Inde et le Vietnam), contre 35000 t en 2016. « Cette culture vise surtout, outre des zones périphériques du Fouta et de la Guinée forestière, deux grands bassins de production de HauteGuinée et de Basse-Guinée », explique Aly Condé, directeur de l’Agence nationale de la promotion rurale et du conseil agricole (Anproca). Dans les préfectures de Boké, Fria, Dubréka, Boffa (Basse-Guinée), 204000 ha ont été plantés en 2016 et 175 000 autres en 2017. « Les populations locales sont les principaux acteurs de l’initiative. On leur apprend juste à travailler leurs terres et on les accompagne dans le choix des semences, la préparation du terrain et le suivi de l’évolution de la plantation », poursuit-il. Seul l’engrais est vendu, et à un prix subventionné. DIAWO BARRY
PUBLI-INFORMATION
S OCIÉTÉ DES E AUX DE G UINÉE l’accroissement démographique, la Société des eaux de Guinée (SEG) a initié un vaste plan de modernisation et d’extension des capacités de production et de distribution d’eau potable en Guinée. Elle peut s’appuyer sur des partenariats diversifiés avec différents acteurs internationaux.
Situation de la desserte en eau potable L’alimentation en eau potable de la ville de Conakry est assurée à 85 % par les eaux de surface et 15 % par les eaux souterraines provenant des différents sites de forages industriels implantés à Conakry. La capacité de production d’eau potable à partir de ces sources s’élève à près de 167 000 mètres cubes. L’eau en provenance du barrage des grandes chutes est traitée par trois usines à Yessoulou, à 60 km de la capitale. Le système de distribution d’eau de la ville de Conakry se faisant de façon gravitaire, plusieurs quartiers des hauteurs de la ville connaissent de fréquents problèmes d’alimentation en eau potable. À ce jour, sur les 33 centres urbains de l’intérieur du pays, 25 sont équipés de systèmes modernes d’alimentation en eau potable. Ces villes sont alimentées par des eaux souterraines ou des eaux de surface, qui représentent 10 % de la production totale de la Société. Cinq des huit villes restantes bénéficieront de nouvelles infrastructures dès 2019.
Les projets en cours Mamadou Diouldé DIALLO, Directeur Général de la Société des Eaux de Guinée
S OCIÉTÉ DES E AUX DE G UINÉE SIÈGE SOCIAL
Almamya - BP : 150 Conakry, République de Guinée Tél. : (+224) 657 22 00 58 E-mail : info@segguinee.com
www.segguinee.com
La SEG a conclu plusieurs partenariats internationaux pour remettre à niveau les capacités de production et de distribution d’eau potable en Guinée. À Conakry, le Royaume du Maroc, en collaboration avec l’Office national de l’Eau et de l’Énergie (ONEE), finance des travaux de remplacement de conduites. La BID s’est engagée à financer 90 % du vaste projet d’amélioration de la desserte en eau potable de la capitale guinéenne. Le Projet urbain Eau de Guinée, soutenu par la Banque mondiale et porté par le mi-
nistère de l’Énergie et de l’Hydraulique, a pour ambition d’engager les mesures et les réformes nécessaires au renforcement des capacités de production et de distribution d’eau potable de la Guinée. L’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) prend entièrement en charge la réhabilitation des stations de pompage des forages de Kobayah et de Kakimbo, ce qui améliorera sensiblement la desserte en eau potable des zones tributaires des ces deux sites de production. Les travaux seront achevés fin mars 2018. La JICA a également financé plusieurs actions prioritaires qui ont permis à la SEG d’améliorer la qualité de l’eau distribuée ainsi que la desserte dans les villes de Kouroussa, Kankan et Siguiri, notamment par la construction de dizaines de bornes fontaine publique. Dans le cadre du Projet de réalisation et de réhabilitation, les zones défavorisées de Conakry font l’objet d’un plan d’étude qui devra permettre d’entreprendre des travaux de forage et de raccordement au réseau d’eau.
Perspective pour 2018 Pour résorber entièrement le déficit et satisfaire les besoins en eau à moyen et long terme des populations de Conakry, il est indispensable d’entreprendre sans délai l’exécution du quatrième projet eau de la ville de Conakry dont les démarches pour la mobilisation du financement et l’exécution des travaux sont en cours. La SEG a initié et soumis au Dépar tement un programme intermédiaire sur financement de la Banque Mondiale pour un coût global de 30 millions de dollars, qui aura comme impact une production additionnelle de l’ordre de 86 000 m3/jour. Cette production va résorber au moins les 50 % du déficit actuel.
Vue du chateau d’eau d’Almamya
DIFCOM/DF - PHOTOS : D.R. SAUF MENTION.
© MAYER RICCARDO/FOTOLIA
Face au défi de
Grand format GUINÉE ÉCONOMIE
Agriculture
Businessmen des villes, businessmen des champs Avocats, médecins ou fonctionnaires la semaine, chefs d’exploitation le week-end… Enquête sur la double vie active de ces néoentrepreneurs qui font des affaires à la ferme. DIAWO BARRY
ls préfèrent qu’on les appelle « agripreneurs », contraction d’« agriculteurs » et d’« entrepreneurs ». Jeunes, actifs, urbains, âgés de 20 à 35 ans pour la plupart, ils mènent une double vie active. Fonctionnaires, avocats, banquiers, journalistes ou médecins à Conakry, ils sont aussi agriculteurs, planteurs ou éleveurs. Une vingtaine d’entre eux se sont rencontrés via Facebook et ont décidé, à la mi-2016, de créer la Plateforme d’agripreneurs pour l’émergence de la Guinée (Page), qui met en relation ces néoexploitants agricoles déjà installés, ou en passe de l’être, avec des propriétaires terriens, des commerciaux, des investisseurs, des formateurs ou des agronomes. L’objectif ? Créer le réseau le plus large possible et connecter les agripreneurs aux marchés national et sous-régional. À défaut de banque agricole spécialisée dans ce type de crédits, les agripreneurs recourent au financement participatif. Le journaliste Abdourahamane Diallo a ainsi mobilisé 150 millions de francs guinéens (environ 15000 euros), qui lui ont permis de financer sa Coopérative pour l’agriculture et la production animale (Capa). Il cultive du maïs et du riz – avec des premières récoltes de, respectivement, 750 kg et 700 kg –, mais aussidesharicots,desbananes,dumaniocet des ananas. Il envisage déjà d’organiser une nouvelle collecte de fonds de 50000 euros verslafindel’annéepourétendresonexploitation et projette également d’élever des petits ruminants dans une ancienne plantation coloniale de 125 hectares, à Kindia. Pour voir comment se développent ces exploitations, le temps d’un week-end, JA a suivi dans sa ferme le président-fondateur
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Directeur d’une société de microfinance, Alpha Bacar Barry préside la Plateforme d’agripreneurs pour l’émergence de la Guinée (Page).
de la Page qui, à la ville, est directeur général de Jatropha SA, un établissement de microfinance qu’il a créé en 2011 et qui s’est étoffé d’un incubateur, le Jatropha Hub, au sein duquel la plateforme des agripreneurs a établi son siège. Ce matin-là, Alpha Bacar Barry a troqué costume contre baskets, jean ettee-shirt,prêtàavalerles325kilomètresde routeentreConakryetDalaba,danslarégion de Mamou, sur les contreforts du massif du Fouta-Djalon – la « petite Suisse d’Afrique de l’Ouest ». Arrivé dans le centre de ce bourg touristique, il embarque Mamadou Diawara, son contrôleur de production, par ailleurs professeur à l’Institut supérieur des sciencesetdemédecinevétérinaire(ISSMV). Ils prennent la direction de Darou. Encore 33 km d’une piste en mauvais état tracée sur le flanc des montagnes qui ceinturent la petite ville de Ditinn. « J’aime venir aux champs le week-end pour me ressourcer »,
confie Alpha Bacar Barry entre deux secousses. Mamadou Diawara, lui, insiste sur la nécessité de former des alliances entre producteurs et entrepreneurs venus d’autres secteurs pour rendre la Guinée autosuffisante. Même avec peu de moyens au départ, on peut bien réussir. Le soleil se couche derrière les montagnes quand le véhicule pénètre dans la ferme de Darou, petite commune perdue dans un bas-fond, au milieu des buissons de quinquélibas. Quatre jeunes, de permanence au sein de l’exploitation, accourent. Tous sont issus de l’ISSMV de Dalaba et de l’Institut supérieur agronomique et vétérinaire de Faranah, et leur responsable, Mamadou Diallo, vient de l’École nationale d’agriculture et d’élevage de Koba (région de Boffa).
DES TOMATES TOUTE L’ANNÉE DANS LE FOUTA À Timbi-Madina (préfecture de Pita), au cœur de la Moyenne Guinée, Moussa Para Diallo expérimente la culture de tomates sous serre, qu’il a importée de France, de même que la semence de ses plants, venue de Marmande. Jusqu’à présent, les tomates ne pouvaient être cultivées que six mois par an, pendant la saison sèche et sur des périmètres réduits, dans des jardins longeant les cours d’eau. Désormais, il
Zébu, Holstein et ndama
YOURI LENQUETTE POUR JA
« Qu’est-ce qu’elles ont? » interroge Alpha Bacar Barry en désignant trois chèvres isolées de leurs congénères. La ferme en compte une vingtaine, et autant d’ovins. « Elles ont la PPR [peste des petits ruminants], répond Nicolas Tagbino, le vétérinaire. C’est une maladie virale contagieuse qui peut rapidement décimer le bétail. » Il a donc mis les bêtes en quarantaine et, le vaccin étant arrivé tardivement à cause de l’isolement de la ferme, il leur administre un traitement symptomatique à base d’antibiotiques. Tout le reste du cheptel est sauf, y compris les douze canards barbotant dans un bassin et, surtout, les quatre zébus récemment importés du Mali en prévision
peut en approvisionner le marché, même pendant l’hivernage (période de soudure). Si les conditions sont favorables, on peut faire trois récoltes par plant, chacun d’eux donnant des fruits sur trois niveaux différents au fur et à mesure de leur croissance. Président de la Confédération nationale des organisations paysannes de Guinée (CNOPG) et de la Fédération des paysans du FoutaDjalon, et à l’origine,
d’une insémination artificielle. Ils pâturent avec deux jeunes bovins, une femelle et un mâle de 5 et 7 mois, issus du croisement d’un zébu avec un taureau Holstein (race belge), lequel n’a malheureusement pas survécu aux conditions climatiques du terroir. En Guinée, les pasteurs peuls pratiquent un élevage itinérant et dit « de prestige » (pour celui que confère la possession de bovins), principalement avec des vaches ndama, une race résistante qui fournit au moins un litre de lait par jour et 200 à 300 kg de viande par tête. Alpha Bacar Barry veut quant à lui développer l’élevage commercial et créer une nouvelle race qui soit au moins aussi rentable que la ndama. Il a en revanche préféré laisser au repos les terres de ses ancêtres et acheter 16 ha à la confluence des rivières Tènèwol, Ditinnwol et Sadiowol, où il cultive du maïs et des haricots, des tomates et des piments, des papayes et des melons, et bientôt du riz. Alors que les premières étoiles scintillent dans le ciel de Darou, devant la maison, l’agripreneur et ses employés se retrouvent autour d’un bol de riz sauce arachide. L’occasion de faire la liste des besoins de l’exploitation: des traitements pour les bêtes et, pour les hommes, des pulls, des provisions… « Bientôt vous mangerez le riz que vous allez produire! » dit Alpha Bacar Barry en souriant.
entre autres, du succès de la pomme de terre labellisée Belle-deGuinée, Moussa Para Diallo espère inspirer d’autres producteurs. Dans son exploitation, sur 1 ha, sont désormais installées 20 serres de 56 m de long et 9 m de large, abritant chacune quelque 745 plants. En 2017, le rendement a été d’environ 35 tonnes, soit presque le double qu’en 2016, première année d’exploitation, où 16,8 t ont été récoltées. D.B.
À DÉFAUT DE BANQUE SPÉCIALISÉE, LES « AGRIPRENEURS » RECOURENT AU FINANCEMENT PARTICIPATIF.
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Industries extractives
Investissements lourds dans la bauxite La production du stratégique minerai est en plein essor dans l’ouest du pays, de même que les projets d’infrastructures logistiques et de raffineries. Comme ceux de la Société minière de Boké (SMB). DIAWO BARRY
e sous-sol guinéen abrite plus du tiers des réserves mondiales de bauxite – minerai à partir duquel on fabrique l’aluminium –, soit 25 milliards de tonnes, concentrées dans la région de Boké (nord-ouest du pays, voir carte p. 108). Depuis que l’Indonésie, en 2014, puis la Malaisie, en 2016, ont interrompu leurs exportations de bauxite vers la Chine, premier producteur et consommateur d’aluminium de la planète, la Guinée est devenue l’un de ses principaux fournisseurs. La filière s’y développe donc de façon fulgurante, avec des investissements de plus en plus lourds et des acteurs de plus en plus nombreux – Chinois, Russes, Émiratis, Français, Britanniques, etc. Parmi eux, la Société minière de Boké (SMB). Deux ans et demi après l’entrée en exploitation de son gisement, sa production est passée à 31 millions de tonnes en 2017, contre 12 millions en 2016, exportées en totalité vers la Chine via les ports fluviaux qu’elle a construits sur le Rio Nunez à Katougouma (rive nord, à environ 30 km de sa mine) et à Dapilon (rive sud, quelques kilomètres en aval). Consortium franco-sino-singapourien créé en 2014, la SMB, ou SMB-Winning, associe Winning Africa Port (filiale locale du singapourien Winning Shipping, le plus grand transporteur maritime d’Asie), UMS International Ltd (société de transport et logistique à capitaux français, leader en Afrique de l’Ouest), Shandong Weiqiao (numéro un de la production d’aluminium en Chine) et l’État guinéen, actionnaire à hauteur de 10 %. Elle devrait encore
L
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augmenter sa production cette année, notamment grâce à l’accord qu’elle a signé avec la junior française Alliance minière responsable, qui lui vend le minerai de son permis de Boké (entré en exploitation mi-décembre), pour lequel elle table sur une production de 6 millions à 10 millions de tonnes en 2018.
Responsabilités partagées
En décembre, la SMB a par ailleurs annoncé la construction d’une raffinerie d’alumine dans la zone économique de Boké, ainsi que d’une ligne de chemin de fer pour acheminer la bauxite vers le port, le tout pour un investissement estimé à 3 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros). Une fois les études de faisabilité et les analyses techniques réalisées, les travaux devraient commencer en 2019, et les nouvelles infrastructures devraient être opérationnelles d’ici à 2022. « Il ne s’agit pas de faire de la transformation pour faire de la transformation, mais d’avoir un produit compétitif tant pour l’export que pour les nouvelles industries qui pourront se créer aux alentours », explique Frédéric Bouzigues, le directeur général de la SMB. « La transformation reste l’un des principaux défis de la filière. Elle doit permettre
SUR LE PODIUM
APRÈS DEUX ANS ET DEMI D’EXPLOITATION, LA PRODUCTION DE LA SMB EST PASSÉE À 31 MILLIONS DE TONNES EN 2017, CONTRE 12 MILLIONS EN 2016.
La production nationale de bauxite devrait atteindre au moins 48 millions de tonnes en 2018, contre 19 millions en 2013, selon le ministre des Mines, Abdoulaye Magassouba. De quoi permettre à la Guinée de détrôner le Brésil (32 millions de t/an) pour se hisser au rang de troisième producteur mondial, derrière la Chine (65 à 70 millions de t/an) et l’Australie (80 à 85 millions de t/an).
NICOLAS CUQUEL/SMB
Frédéric Bouzigues estime pourtant à plus de 100 000 le nombre d’emplois directs et indirects créés par l’ensemble des sociétés du secteur opérant dans la région, dont 10000 pour la SMB. « Les attentes des communautés locales sont importantes et ne sont pas nouvelles. Et la répartition des efforts fournis par les acteurs publics et les entreprises privées, de même que la répartition des responsabilités, n’est pas toujours claire pour elles. Chacun doit assumer sa part. Nous, nous appuyons l’État, nous ne le remplaçons pas », rappelle Frédéric Bouzigues. Ce dernier évalue la contribution de la SMB au développement communautaire en 2016 et 2017 à environ 2 millions de dollars: travaux d’adduction d’eau, construction de deux écoles, de deux centres de santé, etc. Conformément au code minier, qui prévoit que 0,5 % du chiffre d’affaires de la société exploitante alimente un fonds de développement local.
Le terminal fluvial de Dapilon, construit par la SMB sur le Rio Nunez, est opérationnel depuis la fin 2016.
d’élargir l’assiette fiscale, d’avoir plus de devises et de développer l’emploi », souligne Amadou Bah, directeur exécutif de l’ONG Action mines Guinée. Un enjeu d’autant plus important que la région de Boké a été secouée, en 2017, par d’importants mouvements sociaux pour la création d’emplois et la fourniture de services sociaux de base. Il faut dire que, avec l’afflux de demandeurs d’emploi venus d’autres régions et de l’étranger, la population de la région a triplé ces dernières années.
Friguia réhabilitée
Trois autres grands acteurs sont présents dans la région. À commencer par l’opérateur historique, la Compagnie des bauxites de Guinée (détenue à 49 % par l’État guinéen et à 51 % par Halco Mining, coentreprise entre Alcoa, Rio Tinto Alcan et Dadco), qui exploite le gisement de Sangarédi, dont elle extrait 15 millions de tonnes par an de minerai. Vient ensuite Rusal, qui produit 3,5 millions de tonnes par an via la Compagnie des bauxites de Kindia. Il entend doubler ce volume à partir de 2019, avec l’entrée en exploitation de la première phase de son projet Dian-Dian (au nord de Sangarédi) – un investissement de 220 millions de dollars réalisé via sa filiale, la Compagnie de
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INITIATIVE Du sur-mesure, format XXL DIAWO BARRY
Tel père, tel fils. Le premier, Mouctar Yali Bah, fut l’un des premiers transporteurs de la Guinée indépendante. Il acheta son premier camion en 1949 pour transporter noix de cola, ananas et bananes vers le Sénégal et la Gambie, dont il rapportait du sel. Le second, Alimou Bah, alias Dr Bah Yali pour les affaires, a commencé par suivre une autre voie. En 1981, après avoir obtenu son diplôme en médecine vétérinaire, il entame, à 24 ans, une carrière de professeur de zootechnie à l’université de Labé… Il démissionnera au bout de trois mois pour seconder son père dans ses activités logistiques et commerciales. À la faveur du libéralisme instauré par Lansana Conté, père et fils quittent Labé en 1986 pour s’installer à Conakry. Ils y vendent de la farine et des céréales importées de France. En UNE SOLUTION 1988, Dr Bah crée la Société MADE IN GUINEA de transport du Nord (SotraNord) pour commercialiser QUI DEVRAIT ÊTRE « les premiers camions neufs EXPÉRIMENTÉE de marque Renault achetés par un Guinéen », avec la AU CAMEROUN, société Gica, alors concesAU GHANA, ETC. sionnaire de Renault Trucks dans le pays, qu’il rachètera en 2007. Profitant du désengagement de l’État, en 1992, le jeune patron investit le secteur du transport des hydrocarbures: il crée Transport guinéen des hydrocarbures (TGH Plus) et devient le premier transporteur de carburant de Shell. Aujourd’hui, la société dispose d’une flotte d’une centaine de véhicules, de deux bases logistiques à Conakry (à Matam et Matoto), emploie plus de 300 personnes et est leader sur le marché des véhicules industriels en tant que représentant à domicile et en Sierra Leone de Renault Trucks. Mais c’est surtout son sens du commerce et de l’initiative qui a attiré l’attention du groupe français. C’est en effet par la Guinée que Bruno Blin, PDG de Renault Trucks (intégré au suédois Volvo), a commencé son premier voyage sur le continent, en juillet 2017. Il venait voir la « Solution Mining » de TGH Plus Industries : un service taillé sur mesure pour les carrières bauxitiques de l’ouest du pays, où l’entreprise est liée à la Société minière de Boké par un contrat de vente de camions de transport de minerai. Au cours de leurs allers-retours entre la carrière et le port minéralier, les conducteurs peuvent s’arrêter à l’envi au garage installé par le concessionnaire pour une réparation, un nettoyage, un entretien de routine, un contrôle approfondi, etc. Une solution made in Guinea qui devrait être bientôt expérimentée au Ghana, au Cameroun et en Indonésie. 116
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bauxite et d’alumine de Dian-Dian, qui comprend la construction d’une voie de chemin de fer de 20 km et d’un port minéralier. Le géant russe achève par ailleurs les travaux de réhabilitation de son usine de Friguia (à Fria). La première raffinerie d’alumine du pays, qu’il avait rachetée en 2003, était à l’arrêt depuis 2012. « Tout se déroule conformément au calendrier prévu. Le chemin de fer est opérationneletl’usinedoitêtreremiseen route en avril 2018 », assure le ministre guinéen des Mines et de la Géologie, Abdoulaye Magassouba. Une échéance que semblent confirmer les employés du site.
Bouygues en contrat avec GAC
Enfin, Guinea Alumina Corporation (GAC, filiale d’Emirates Global Aluminium) poursuit le développement de son site à Sangarédi (1,3 milliard de tonnes de réserves). En juillet 2017, elle en a attribué le contrat d’exploitation et de construction des infrastructures minières au français Bouygues, qui devrait lancer la production au quatrième trimestre de 2018. Sur le volet logistique, le port minéralier de Kamsar est opérationnel et, selon la direction de GAC, la construction de la voie de chemin de fer Sangarédi-Kamsar devrait démarrer « dans quelques mois ». En revanche, aucune date n’a encore été fixée pour celle de la raffinerie d’alumine, dont le coût est estimé à 4 milliards de dollars. « Le projet, qui fait partie des engagements contractuels de GAC, est en phase d’étude », précise Abdoulaye Magassouba. D’autres gisements devraient être bientôt exploités, comme celui du britannique Alufer, près de Bel-Air, au troisième trimestre de 2018 (lire pp. 124-126), ou encore, près de Boffa, ceux du chinois Aluminium Corporation of China (Chinalco, prévu au quatrième trimestre) puis, l’an prochain, de ses compatriotes Henan-Chine et TBEA Group (lire pp. 108-110).
AVEC L’AFFLUX DE DEMANDEURS D’EMPLOI VENUS DES QUATRE COINS DU PAYS ET DE L’ÉTRANGER, LA POPULATION DE LA RÉGION A TRIPLÉ CES DERNIÈRES ANNÉES.
PUBLI-INFORMATION
Banque Centrale de la République de Guinée
Le Dispositif Interne de Lutte Contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme à la BCRG
A
Dans le même temps, le Gouverneur a, par la décision N°076/DGCP/LBCFT du 18 décembre 2017 relative au dispositif interne de LBC/FT, créé au sein de la BCRG un comité appelé « Comité LBC/FT », chargé de proposer et de mettre en œuvre la politique et la stratégie de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
près les chantiers de modernisation de l’infrastructure du marché financier, d’adaptation de son cadre comptable aux normes internationales de communication financière, et la mise en place d’un système d’information du crédit, les Autorités monétaires ont, par décision N°028/ DGSIF/DSB du 13 août 2014, lancé un nouveau projet se rapportant à l’organisation du dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Cette décision avait pour objet de mettre en place le dispositif institutionnel interne de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), en réponse aux exigences internationales d’intégrité des transactions financières. En raison de l’évolution des activités et des faiblesses constatées dans le fonctionnement de ce dispositif, les Autorités de la BCRG ont sollicité et obtenu du département légal du Fonds Monétaire International (FMI) une assistance technique sur cette problématique.
Louncény NABE, Gouverneur de la BCRG.
Ce Comité qui est entré en activité a déjà réalisé trois réunions mensuelles, et produit au titre de l’exercice 2018, un plan d’actions comportant cinq objectifs. Le Comité LBC/FT a également mis en place un système de reporting et de collecte d’informations pour l’élaboration de la cartographie des risques de blanchiment de capitaux et financement de terrorisme à la BCRG. Les récents développements permettent de constater la vulgarisation progressive d’une culture de conformité au sein de la BCRG. Ces avancées constituent la sauvegarde des bonnes relations avec les partenaires internationaux et ont permis, entre autres, d’obtenir un résultat satisfaisant lors du dernier exercice de mise en conformité de la BCRG au programme de sécurité CSP-SWIFT réalisé avec DATAPROTECT.
Cette mission qui doit durer trois ans (2017, 2018 et 2019) a permis aux équipes d’effectuer plusieurs déplacements sur Conakry et de produire un plan d’actions qui a été étendu à l’ensemble du dispositif national de LBC/FT.
Banque Centrale de la République de Guinée www.bcrg-guinee.org
Grand format GUINÉE ÉCONOMIE
Médias
Antonio Souaré parie sur l’audiovisuel panafricain Culture-Infos-Sport, la chaîne créée à Conakry par le patron de Groupe Business Marketing, prend ses marques et confirme sa vocation internationale. L’équipe de CIS TV prête à reprendre l’antenne en plateau après la diffusion d’un match en direct.
asiatiques ont une longueur d’avance sur la couverture des événements sportifs. Justement, CIS veut être « la panafricaine du sport et de la culture », comme l’affiche son slogan. Après plus de deux ans de test, elle est entrée dans sa phase active de diffusion grand public en 2016 (canal 242 pour la télé et 106.0 FM pour la radio). D’abord intégrée au bouquet Startimes, elle est disponible depuis le 1er février sur celui de Canal+. C’est d’ailleurs au sein du groupe français qu’Antonio Souaré est allé recruter le directeur général exécutif de CIS Médias: le journaliste sénégalais Aboubacry Ba, qui, en juillet 2017, a donc abandonné les plateaux parisiens de Canal+, où il officiait depuis 2012, afin de rejoindre Conakry. Pour l’ex-reporter sportif à la Radiotélévision publique sénégalaise, ce n’était pas une question de salaire. « J’avais le choix entre rester journaliste-reporter toute ma vie ou participer à la construction d’un groupe de presse, du côté du management, explique-t-il. Ce retour à la maison, pour mettre ma vision et mon expérience au service d’un média africain, est l’aboutissement d’un rêve. Ce que nous voulons avant tout, c’est donner au public une vision africaine du traitement de l’information sportive et culturelle. »
DIAWO BARRY
éjà président de l’un des plus grands groupes privés du pays, de la Fédération nationale de football et du club champion en titre du pays (le Horoya AC), Antonio Souaré est désormais à la tête d’un groupe de médias exclusivement consacré au sport et à la culture: CIS (pour Culture-Infos-Sport) Médias, qui comprend une chaîne de télévision (CIS TV) et une station de radio (CIS Radio), basées à Conakry, dans le quartier de Lambandji (Ratoma). Ce projet, qu’il a financé sur ses fonds personnels, est un pari de taille dans un pays et sur un continent où les chaînes occidentales, moyen-orientales et même
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YOURI LENQUETTE POUR JA
Droits de retransmission
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CIS Médias compte une centaine d’employés (guinéens, sénégalais, ivoiriens, béninois, rwandais, français) et s’appuie sur un réseau de correspondants en Afrique et en Europe. Depuis l’arrivée d’Aboubacry Ba, les rédactions radio et télé ont été fusionnées, la direction des informations du groupe a été confiée à un seul patron, Bah Lamine (jusqu’alors rédacteur en chef radio), et, à la mi-octobre, une nouvelle grille des programmes a été installée, parmi lesquels 70 % sont consacrés au sport et 30 % à la culture. « On se réveille
le matin avec du divertissement, des jeux et de l’actualité culturelle. À partir de midi, nous passons aux sports et, dans la tranche 17 heures-21 heures, nous avons beaucoup de directs », précise Bah Lamine. La chaîne compte désormais deux éditions d’information, à 13 heures et à 19 heures, et une rediffusion à 23 heures. Parmi les programmes culturels les plus suivis, Ary Show, un talkshow animé par Ary Sidibé, où sont reçus nombre de musiciens, comme le groupe guinéen Banlieuz’art, l’Ivoirien A’Salfo et le Congolais Koffi Olomidé. Mais l’émission phare de la chaîne, c’est la quotidienne Soir de sport. Les journalistes de la rédaction et leurs invités, en plateau et sur le terrain, abordent toutes les disciplines pratiquées sur le continent, mais y ayant peu de visibilité (notamment le handball, le basket-ball et la boxe), et, évidemment, le football. Le temps du Championnat d’Afrique des nations (Chan), du 13 janvier au 4 février derniers, Soir de sport est d’ailleurs devenu Soir de Chan : l’occasion de débriefer les matchs suivis dans les stades marocains par les envoyés spéciaux (jeu,
D’ABORD INTÉGRÉE AU BOUQUET STARTIMES, CIS TV EST DISPONIBLE DEPUIS LE 1ER FÉVRIER SUR CELUI DE CANAL+.
coulisses, réactions des joueurs, de l’équipe technique et des supporters), mais aussi d’analyser les causes de l’élimination du Sily national au premier tour en plateau, à Conakry, faute d’avoir obtenu les droits de retransmission des matchs. « Nous souhaitions diffuser le Chan, mais c’est la RTG [Radiotélévision guinéenne publique] qui en détient les droits exclusifs en Guinée. Alors, nous avons déployé une équipe importante au Maroc », explique Bah Lamine. À la mi-2017, le groupe a cependant acquis des droits pour diffuser en direct certains matchs de la Premier League anglaise, de la Liga espagnole et de la Série A italienne – et même de la NBA, pour le basket –, et il est en « discussion avancée » pour retransmettre les cinq grands matchs du championnat mauritanien. « Au bout d’un ou deux voyages sur le continent, certains s’autoproclament spécialistes du sport africain, mais ils le traitent à travers le prisme occidental, constate le directeur de l’information. Nous avons notre façon de vivre le sport et de l’exprimer. Et c’est cette particularité qui fera notre différence. »
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Grand format GUINÉE ÉCONOMIE
Rachid Ndiaye
Ministre de la Communication
« Les journalistes ont des droits, mais ils ont aussi des devoirs » ébut novembre, la radio privée Espace FM est suspendue pendant une semaine par la Haute Autorité de la communication (HAC) pour avoir consacré une émission aux forces armées nationales. À la fin du même mois, le chef de l’État menace de fermeture toute radio qui donnerait la parole à Aboubacar Soumah, leader syndical à l’origine de la grève qui secoue le secteur de l’éducation. Depuis, les relations entre les médias et l’exécutif sont tendues.
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Jeune Afrique : Dans une récente interview à JA, Lamine Guirassy, directeur d’Espace FM, estimait que les médias guinéens étaient davantage sous pression aujourd’hui que sous la junte de Dadis Camara…
Rachid Ndiaye: Ce jugement ne correspond en rien à la réalité. Nous avons dépénalisé les délits de presse et disposons d’un cadre légal qui permet aux journalistes d’exercer dans les meilleures conditions. Leur profession repose sur les principes de liberté et de responsabilité. Ils ont des droits, mais ils ont aussi des devoirs. Commentexpliquez-vousladécisionprise à l’encontre d’Espace FM?
La suspension d’une radio ne relève pas du gouvernement, mais d’une institution indépendante, la HAC. Principal organe de régulation des médias, celle-ci est chargée de leur rappeler leurs obligations. Tout ce qui relève de la sécurité de l’État, de la cohésion sociale ou de l’unité nationale mérite d’être pris en compte dans le traitement de l’information.
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Alpha Condé veut-il contrôler la presse?
Il y aurait donc des sujets dont on n’a pas le droit de parler en Guinée?
La loi détermine l’exercice de la profession de journaliste et prévoit un certain nombre de règles applicables à toute la presse. Cette loi va-t-elle trop ou pas assez loin? C’est un autre débat.
« Pas du tout. Nous avons une loi et des institutions chargées de la faire respecter. La règle du jeu est claire. En Guinée, le débat est permanent. Il arrive au président d’exprimer des idées sur un certain nombre de choses, mais il ne prend jamais de décisions visant telle ou telle catégorie socioprofessionnelle. »
Un chef d’État respectueux de la liberté de la presse peut-il menacer de fermeture des médias?
Le président a simplement donné son avis, laissant les groupes de presse prendre leurs responsabilités. L’idée était de leur rappeler l’importance du respect de la loi et des principes de déontologie pour ne pas offrir d’espace médiatique à des acteurs dont les propos pouvaient porter atteinte à la cohésion sociale ou à la paix civile. En décembre, Sabari et Djigui FM ont été fermées,officiellementpournon-paiement deleurredevance.N’est-cepasunmoyende faire taire certaines radios trop critiques?
VINCENT FOURNIER/JA/REA
Propos recueillis par BENJAMIN ROGER
Il y a des règles à respecter. C’est comme si une entreprise privée d’un autre secteur considérait qu’elle n’avait pas à payer ses impôts. Les radios privées reçoivent une subvention annuelle de l’État et sont assujetties au paiement de redevances pour l’utilisation de leurs fréquences. Finalement, elles se sont acquittées de leurs redevances et ont repris leurs activités. En tant qu’ancien journaliste, que pensez-vous de la gestion de cette crise?
Il ne s’agit pas d’une crise, mais de réalités à gérer sur le terrain. À l’ère des fake news, il est important de rappeler chacun à l’exercice de ses libertés et de ses responsabilités en matière de traitement de l’information.
Lire le portrait d’Aliou Sow, PDG des Éditions Ganndal, spécialisées dans les livres jeunesse www.jeuneafrique.com
TRIBUNE
La flamme est allumée es Petits Champions de la lecture, Les 72 Heures du livre et le prix du jeune écrivain des éditions L’Harmattan-Guinée, la première édition du Salon international du livre de jeunesse et les Défis-Lecture des éditions Ganndal, le festival Univers des mots de la compagnie Muse ou encore celui de bande dessinée de l’association Bulle d’encre… Durant un an, en participant à ces événements, les jeunes Guinéens ont démontré qu’ils aimaient lire. Ils se sont exprimés dans les quartiers, sur les murs de la ville, le street art transformant les rues en musée du livre. Ils étaient là durant des journées entières, parfois des nuits, pour prendre part aux centaines de rendez-vous organisés dans le cadre de Conakry Capitale mondiale du livre, confortant le choix de l’Unesco de faire de la capitale guinéenne la première ville francophone d’Afrique à accueillir cette manifestation internationale.
B
natal. Une manière de lui accorder enfin la reconnaissance due à son rang de pionnier de la littérature guinéenne. Sous l’égide du Centre international de recherche et de documentation de Conakry, la première édition du prix Williams Sassine a récompensé, le 9 février, quatre jeunes auteurs (sur 64 nouvelles reçues), en présence de l’écrivaine ivoirienne Véronique Tadjo, présidente du jury. Enfin, à l’initiative du ministère de la Culture, la direction du livre et de la lecture publique, en partenariat avec les acteurs de la chaîne du livre, a réalisé une étude diagnostique du secteur et une politique nationale du livre est en cours d’élaboration. Les professionnels – éditeurs, écrivains, libraires, bibliothécaires… – et les lecteurs comptent désormais sur les députés pour doter le pays d’outils de gouvernance pour l’avenir de la jeunesse. Les élus du peuple doivent aussi ratifier la convention de Florence et son protocole de Nairobi afin que soient réunies les conditions nécessaires au développement de l’industrie du livre et à la circulation de ce bien culturel. VINCENT FOURNIER/JA
L
onne nouvelle : Conakry comptera bientôt une cinquantaine de points de lecture, en plus de la nouvelle bibliothèque nationale et de la bibliothèque Professeur-DjibrilSansy Kaba Tamsir-Niane, dont les travaux s’achèvent et e 22 avril, Conakry va passer la main à Diakité qui sera inaugurée pendant la semaine de Athènes. Mais la métropole guinéenne traDirecteur de la clôture de l’année du livre, du 22 au 25 avril. vaille déjà à la création d’autres événements maison d’édition Conformément à un décret du chef de l’État, littéraires, dont un grand prix du livre africain, et de la librairie près de 2 millions de livres sont en train d’être qui débouchera sur l’organisation d’un festiL’Harmattan-Guinée, distribués dans les quartiers de la ville, ainsi val. Son objectif : devenir la capitale africaine commissaire général que dans tout le pays. du livre. de Conakry Capitale L’Association des écrivains de Guinée (AEG) Les jeunes doivent continuer dans cette mondiale du livre a enfin été dotée d’un siège, plus de trente ans dynamique. Le livre est leur avenir, parce après sa création. Cette Maison des écrivains, qu’il permet de nourrir l’esprit, d’apprendre, ouverte aux jeunes, leur permet de rencontrer de réfléchir, de s’épanouir, de voyager, de se des auteurs guinéens et étrangers et de participer à des ateconstruire pour transformer les rêves en réalité. La flamme liers d’écriture, des débats, des dédicaces, des projections de est allumée. Les parents doivent l’entretenir en privilégiant films ou encore des soirées de théâtre et de slam organisés l’achat d’ouvrages pour une formation de qualité qui garanpar l’association. tira un emploi. L’État, lui, doit en fournir aux établissements Les écrivains guinéens ont rendu un hommage à Camara d’enseignement, aux services publics, aux quartiers dans les Laye, le célèbre auteur de L’Enfant noir (1953), et des contacts villes et aux communes en milieu rural. Il est possible d’atdiplomatiques ont été pris avec le Sénégal pour faciliter le teindre l’émergence si nous nous en donnons les moyens. retour des restes de l’enfant de Kouroussa dans son pays Réussir demain passe par la lecture.
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GUINEA ALUMINA GU CORPORATION FONDÉE EN 2001 SOUS LE NOM DE GLOBAL ALUMINA DANS LE BUT D’EXPORTER DE LA BAUXITE EN PROVENANCE DE LA RÉPUBLIQUE DE GUINÉE, GUINEA ALUMINA CORPORATION EST L’UN DES PLUS IMPORTANTS ACTEURS EN MATIÈRE D’INVESTISSEMENT DEPUIS LES QUARANTE DERNIÈRES ANNÉES. ELLE EST UNE FILIALE EN PROPRIÉTÉ EXCLUSIVE DE LA SOCIÉTÉ EMIRATES GLOBALALUMINIUM QUI ENAACQUIS LA PLEINE PROPRIÉTÉ EN MAI 2013. ELLE DÉVELOPPE ACTUELLEMENT UNE MINE DE BAUXITE ET SES INFRASTRUCTURES D’EXPORTATION, EN RÉPUBLIQUE DE GUINÉE (RICHE D ’ U N E R É S E RV E D E P L U S D E 7 MILLIARDS DETONNES DE BAUXITE, SOIT UN QUART DES RESSOURCES MONDIALES).
LE PROJET GAC est un acteur majeur du secteur minier en république Guinée et contribue considérablement au développement du pays en créant des emplois, des opportunités économiques et améliorera une fois la phase d’exploitation débutée, la position de la Guinée parmi les pays exportateurs de bauxite dans le monde. Une fois que ses opérations auront atteint un état de fonctionnement stable, sa production de bauxite sera estimée à 12 millions de tonnes par an. GAC est en train de construire des boucles ferroviaires et un embranchement pour relier sa mine à la voie préexistante, elle construit également des installations portuaires, y compris une aire de déchargement et un quai d’exportation à Kamsar, qui est un port de bauxite bien établi sur la côte. En 2016, GAC a réalisé pour un cout de 49 millions de dollars, un quai à conteneurs à Kamsar, lequel est utilisé pour importer des machines et de l’équipement au cours du déploiement du projet. Cette dernière sera mise à disposition des autres entreprises et organismes à des fins commerciales.
INVESTISSEMENTS COMMUNAUTAIRES GAC apporte également diverses contributions en tant qu’entreprise citoyenne au-delà de son activité principale. Entre 2014 et 2016, GAC a dépensé 3,4 millions de dollars pour le développement communautaire local : elle a construit huit centres sanitaires, onze écoles scolarisant plus de cinq mille enfants, et assuré l’approvisionnement en eau potable grâce à la construction PUBLI-INFORMATION
de quarante-neuf puits. Elle a également mis en œuvre des campagnes de sensibilisation sur la santé, en dispensant une formation médicale fondamentale dans les domaines des premiers secours, de l’hygiène, du VIH/sida, de la santé maternelle et du cancer du sein auprès de cent soixante-quinze communautés. Pendant la crise de l’Ébola, GAC a fourni un soutien financier au programme de sensibilisation de l’UNICEF pour freiner la propagation du virus en Guinée. Elle a aussi aidé à renforcer les moyens des établissements sanitaires à Kamsar, afin d’aider l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à mieux gérer la crise d’Ébola. GAC a amélioré la sécurité alimentaire dans les communautés voisines par le biais de projets agricoles ainsi que par la formation de jeunes agriculteurs. Ainsi, des systèmes d’arrosage utilisant des dispositifs de pompage solaire, des clôtures, et d’autres améliorations pour les pratiques agricoles ont été développés. Plus de 3 000 arbres fruitiers ont été plantés dans le cadre de ces projets. Plus de 1 800 personnes ont participé à notre programme d’alphabétisation d’adultes et au programme d’aide financière que nous assurons pour les activités génératrices de revenus. Elle a dispensé des programmes de formation en informatique à plus d’une soixantaine de jeunes adultes et permis à douze autres de suivre une formation agropastorale durable à l’Institut d’agriculture de Koba. À l’échelle nationale, GAC a construit le premier centre médical guinéen de dépistage et d’information pour la drépanocytose qui touche une partie de la population guinéenne. Elle soutient également d’autres initiatives et investissements sociaux, notamment le parrainage du symposium des mines, le forum de mobilisation des ressources nationales, les dons à d’autres organisations caritatives locales…
© NATHANAN/123RF
Un projet aux ambitions multiples
© MAYER RICCARDO
Au-delà du support au développement des communautés locales et de la création d’emplois, GAC crée des opportunités économiques dans sa chaîne d’approvisionnement, et plus généralement, elle assure des recettes au gouvernement de la Guinée afin de lui permettre d’améliorer le financement de ses activités prioritaires.
La politique de Guinea Alumina Corporation est de fournir des produits durables à base de bauxite de la meilleure qualité possible, tout en se forgeant une réputation d’excellence et en construisant un avenir plein d’opportunités et de fierté pour la République de Guinée. Cette vision est légitimée par trois valeurs fondamentales : PROTÉGER – FOURNIR – PROMOUVOIR
ÉTHIQUE ET INTÉGRITÉ
Elle admet que le développement d’une chaîne d’approvisionnement locale compétitive et efficace est à la fois vital pour la croissance économique de la région de Boké ainsi que pour le succès à long terme de l’entreprise. Elle travaille avec des entrepreneurs locaux et le gouvernement pour se doter des moyens dont elle a besoin. Guinea Alumina Corporation privilégie, dans la mesure du possible, l’approvisionnement en produits et services locaux. Cela implique la population qui vit dans les environs immédiats de son exploitation, celle de la région de Boké, et par extension la population nationale. Plus de la moitié des contrats d’approvisionnement qu’elle octroie a été passée avec des entreprises guinéennes. Le coût total de ces contrats est estimé à plus de six millions de dollars.
GAC vise à mener ses opérations en toute intégrité selon les valeurs de Guinea Alumina Corporation et des lois qui lui sont applicables. Travailler de façon intègre lui permet de répondre aux attentes élevées de ses actionnaires, clients, partenaires commerciaux et communautés. GAC suit et adhère au code de conduite de sa société-mère, EGA. Elle opère une tolérance zéro pour les pots-de-vin et la corruption.
Immeuble Zein - 10e étage Quartier Almamya Commune de Kaloum PB 5090 - Conakry République de Guinée www.gacguinee.com
le reboisement, le dragage et l’élimination des déchets, la qualité de l’air et le contrôle du bruit et des vibrations. En 2016 et 2017, le Bureau guinéen d’études et d’évaluations environnementales a approuvé l’étude d’impact social et environnemental de GAC, par laquelle des engagements ont été pris pour la protection de l’environnement et pour garantir la responsabilité et l’engagement continus de GAC envers le développement social et les investissements communautaires. L’étude a ensuite été approuvée et validée par un groupe de prêteurs, notamment la Société financière internationale et la Banque africaine de développement, au moyen d’un processus d’évaluation par les pairs mené par leur ingénieur indépendant, Polaris Europe. Du fait qu’il y a des chimpanzés d’Afrique de l’Ouest présents dans la zone de sa concession minière, elle travaille avec la « Wild Chimpanzee Foundation » et a convenu avec le gouvernement de financer la création et la protection d’un autre site ailleurs en Guinée. Ce programme devrait faire augmenter la population totale de chimpanzés dans le pays.
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ÉVOLUTION DU PROJET ENVIRONNEMENT GAC souscrit aux normes de performance de la Société Financière Internationale sur la responsabilité environnementale et sociale et aux Principes d’Équateur. Ce sont des normes de performance de classe mondiale pour l’industrie minière pour lesquelles elle a un rôle important à jouer pour s’assurer que ces aspirations sont satisfaites. Les contrôles environnementaux de GAC comprennent ainsi des plans de gestion spécifiques pour la biodiversité, le contrôle de l’érosion et des sédiments, l’eau, la réhabilitation et
Construire un futur fait d’espoirs, d’opportunités et de fierté pour la Guinée.
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR SAUF MENTION.
CONTENU LOCAL
GUINEA ALUMINA CORPORATION S.A. (GAC)
Grand format GUINÉE
SOCIÉTÉ
Balade à Bel-Air À seulement 200 km de la capitale, en passant par Boffa et le lac de Koba, échappée belle jusqu’à la plus longue et la plus emblématique plage de sable blanc du pays.
La plage de Bel-Air, une bande de sable fin de 7 km bordée de cocotiers.
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Lire notre reportage : « Chasse au trésor dans l’archipel de Loos » sur www.jeuneafrique.com
FRANÇOIS-XAVIER FRELAND
S
ur le littoral de la Guinée maritime, les belles plages sont nombreuses, mais elles se méritent. Il faut d’abord franchir le mur de klaxons, de gaz d’échappement et de poussière à la sortie nord de Conakry pour rejoindre la célèbre RN3. Actuellement en réaménagement, ce tronçon en forme de goulot d’étranglement sera heureusement bientôt métamorphosé en 2 × 2 voies. Mais jusqu’à ce que les travaux s’achèvent, il faut affronter d’interminables embouteillages, pare-chocs contre pare-chocs avec les taxis et les camions débordants de marchandises. Passé la rudesse de cette urbanité conakryka, la RN3 est l’une des plus jolies routes du continent. Depuis la capitale jusqu’à Bel-Air en passant par Boffa, sur un axe de 200 km parfaitement goudronné, on découvre un étonnant décor où défilent à peu près tous les paysages d’Afrique de l’Ouest, voire de la planète… À l’imposante silhouette hollywoodienne du mont Kakoulima succèdent les tumultueuses rivières et leurs chutes d’eau amazoniennes, telles les cascades de la Soumba, où les enfants viennent se baigner. On peut se contenter de passer par Boffa pour filer vers le nord-ouest, mais la capitale régionale, lovée sur la rive droite du fleuve Fatala, à l’entrée de l’estuaire du Rio Pongo, vaut la peine qu’on y fasse étape – elle dispose d’ailleurs depuis 2016 d’une nouvelle gare routière, pour ceux qui souhaitent s’y rendre en car. On visitera notamment son port et ses quelques villas coloniales, ses vestiges de la traite négrière, sans oublier l’église Saint-Joseph, la plus ancienne du pays. Tout en brique rouge, elle fut érigée sous les ordres de Faidherbe sur un terrain que lui avaient cédé les fils de Coulon Katty, le roi du Rio Pongo, après sa mort. Alors qu’ils vivaient au Sénégal, ceux-ci avaient été convertis par le général français à la demande de leur père. Inaugurée en 1877, maintes fois incendiée et reconstruite à l’identique, elle accueille chaque année, en mai, l’un des plus grands pèlerinages marials d’Afrique de l’Ouest.
YOURI LENQUETTE
Eau calme et cristalline
La RN3 longe ensuite d’immenses palmeraies, traversées par les méandres des rivières et quelques rizières comme autant de traits d’union avec le littoral. À mesure que les embruns marins se font sentir, la végétation, elle, se fait luxuriante. Des femmes marchent le long du ruban de bitume, s’abritant du soleil sous des parapluies. Des carcasses de véhicules renversés sur les bas-côtés rappellent que, lorsque la route est en bon état, nombre d’automobilistes abusent malheureusement de la vitesse… Au bout d’une heure trente et 70 km d’une route presque toute droite, on arrive à la plage de Bel-Air, l’une des plus étendues et fréquentées du pays : une bande de sable fin et blanc de 7 km de long, bordée de cocotiers, de quelques dunes et, côté mer, d’une eau calme et cristalline aux courants chauds, idéale pour la baignade.
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Grand format GUINÉE SOCIÉTÉ
Au bout de la route, l’hôtel Bel-Air a été réquisitionné pour y loger les ingénieurs et ouvriers qui travaillent depuis un an près du village de Khoundidé, à seulement 2 km, pour construire la toute nouvelle mine de bauxite de Bel Air Mining (BAM), du britannique Alufer. Mais à proximité, Daniel, un enfant du pays, loue des chambres d’hôtes qu’il a aménagées dans de petites cases sommaires, installées face à l’océan. Il met à l’aise et en appétit, en cuisinant un poisson braisé ou un commando (petite langouste) fraîchement péchés. À l’autre extrémité de la plage, un nouvel hôtel vient d’ouvrir, qui loue des bungalows.
Escale à l’Auberge du lac
Reprendre la direction de la capitale, lorsque le soleil doucement décline, est un moment extatique. À mi-chemin entre Boffa et Conakry, quand les pêcheurs rentrent de leur journée en chantant, on aperçoit la forêt de mangrove qui, déjà, annonce la baie de Sangareyah. Au passage d’un véhicule, des visages souriants s’illuminent. Dans l’atmosphère douce et bleutée, le tracé orangé des chemins en latérite qui croisent la RN3 devient rouge sang. Il faut alors absolument quitter la nationale et s’accorder un petit détour de 30 km pour une escale à l’Auberge du lac de Koba. Une quinzaine de bungalows tout confort (avec climatisation et télévision), en dur et en forme de case, se succèdent le long de la rive. Construit il y a une dizaine d’années sur un domaine de 4 ha au bord d’un lac artificiel d’eau douce et à 5 km du littoral, ce complexe touristique est un véritable havre de paix à moins de deux heures de Conakry. Le matin, on y petit-déjeune sous les premiers rayons du soleil. On y « farniente » en chaise longue en regardant ceux qui sont déjà partis en pédalo sur le vaste plan d’eau fraîche, propre et limpide. Le soir, au bord du lac, au son du coassement des grenouilles, on y dîne au restaurant de la Paillotte. François Kaboré, son chef cuisinier depuis huit ans, vaut à lui seul le détour. Proche cousin de l’actuel président burkinabè, ce chef a été formé en Côte d’Ivoire et aurait servi Henri Konan Bédié avant de devenir le cuisinier de l’ancien Premier ministre guinéen Jean-Marie Doré en 2010, pendant la transition. À goûter absolument, son excellent calamar à la sauce provençale relevé de saveurs guinéennes, accompagné du « peps » d’un jus de gingembre. Une (très) bonne adresse, où l’on côtoie des familles conakrykas, sierra-léonaises et même américaines. Cette échappée belle peut s’achever en apothéose si, avant de rejoindre la RN3, on emprunte la petite route de Moussaya, qui contourne le lac pour se perdre dans les palmeraies. On y croise « le goudron » (la route bitumée) qui mène à l’ancienne demeure, désormais en ruine, de l’ancien président Lansana Conté, ainsi que le terrain de football où l’hélicoptère transportant sa dépouille avait atterri le jour de ses grandioses funérailles. Plus loin, la route suit une voie ferrée, qui ellemême longe une rivière, au bord de laquelle, les dimanches ensoleillés, les familles viennent déjeuner, les jeunes laver les motos, les couples s’asseoir pour sceller leurs amours… Loin de l’agitation de la semaine et de Conakry, le temps, ici, suspend son vol.
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Spectacle vivant
Le fabuleux
De Paris à Marseille, la compagnie poursuit sa tournée triomphale en France. Pendant ce temps, les athlètes et apprentis acrobates qui s’apprêtent à rejoindre la troupe s’entraînent à Conakry. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND
tade du 28-Septembre, 14 heures. Sous un soleil de plomb, surgit Bakala Ousmane Sory Camara. Le fondateur du Terya Circus tend une main ferme. « Les gars sont là, dit-il. Ils s’entraînent. » Passé le porche du célèbre stade conakryka, partout, des jeunes courent ou font des pompes le long de la voie qui mène aux studios du centre d’art acrobatique Keita Fodéba, établi depuis 1998 dans l’enceinte du stade. On dirait que toute la jeunesse de la capitale est là, qui s’entraîne. Et on se demande à quoi. Bakala Camara sourit. « Tous ces jeunes, qu’est-ce qu’ils vont faire si on ne leur propose rien ? Ils vont partir vers la Libye! Il faut leur donner les moyens de rester ici. Nous, au Terya Circus, on essaye de leur donner une place dans la société, une identité. » Devant un immense bâtiment en béton, six athlètes apparaissent. Ce sont « les gars » qui s’entraînent, avant d’aller remplacer d’autres membres de la troupe en tournée. Créée en 2008, la compagnie fusionne les acrobaties, la danse et les musiques guinéennes : un tourbillon de numéros originaux, une maîtrise confinant à la magie, une cohésion et un tonus époustouflants… Depuis 2015, avec son spectacle Boulevard Conakry, construit autour de la vie et de l’atmosphère parfois surréaliste des rues de la capitale, la
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se passer le témoin d’une génération à l’autre et d’assurer un « roulement » entre les artistes. Ceux qui s’entraînent ce jour-là rejoindront bientôt la tournée, pendant que d’autres membres de la troupe rentreront à Conakry. En attendant, la réalité est moins folichonne. À la fin de l’entraînement, les athlètes retrouvent leurs chambrettes, provisoirement aménagées dans des locaux jouxtant la salle de sport: des box construits avec des planches, où, derrière des pagnes faisant office de rideaux, s’entassent de vieux matelas en mousse et des vêtements entortillés en guise d’oreillers.
destin du Terya Circus
L’esprit de famille
Pendant ce temps, ceux qui restent à Conakry s’exercent. Dans la salle, des gaillards musclés s’échauffent. On les compare à des fauves bondissants, c’est dire l’énergie qu’ils dégagent. À l’image de ce cordiste qui virevolte sans plus jamais s’arrêter, comme un astre autour du Soleil. Quand il touche enfin le sol, on se rend compte qu’Abou Mangue Sylla, 23 ans, a bien les pieds sur terre. « J’ai toujours rêvé de faire ça. Je travaille dur pour être à la hauteur de mes grands frères du Terya Circus, faire comme eux des tournées et revenir ici pour aider les jeunes, dit-il. Et
puis, j’aimerais un jour travailler avec du bon matériel. Regardez là, tout est gâté. » Cordes élimées, cerceaux chinois bricolés avec de vieux tuyaux d’arrosage, tapis de sol usés… Sur l’un d’eux, un contorsionniste longiligne fait des nœuds avec son corps. Plus loin, deux jongleurs se renvoient leurs massues à une vitesse fulgurante. Depuis le fond de la salle, Bakala Camara les observe, distribuant quelques conseils. Lorsque cet ancien percussionniste a fondé le cirque Terya (« amitié », en mandingue) il y a dix ans, c’était pour prendre le relais du Circus Baobab, le premier cirque aérien de Guinée, créé en 1997 par le Français Pierrot Bidon (fondateur d’Archaos et grande figure du cirque contemporain), dont l’aventure venait de s’achever. « J’étais coordinateur général du Circus Baobab. Lorsque la compagnie s’est dissoute, je me suis dit qu’il fallait continuer, créer une troupe homogène, solidaire, et aller encore plus loin, raconte Bakala Camara. Je voulais aider ces jeunes qui ont eu la même enfance difficile que moi, car je viens aussi de la rue. Terya Circus, c’est l’esprit de famille. » Un principe aussi essentiel en terre africaine que dans le monde du cirque, où la règle est de
Une ribambelle d’enfants
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troupe enchaîne les représentations en Afrique et en Europe. Une tournée très remarquée, notamment en Belgique et en France, où, après s’être produit, entre autres, à la Fondation Louis-Vuitton, à Paris, à la Villa Arson, à Nice, et au Festival d’Avignon, Terya Circus a fait salle comble pendant trois semaines à Paris, cette fois au Musée du Quai-Branly, en décembre 2017, puis à Nantes, aux Machines de l’île, pour les fêtes de fin d’année, et mi-février à Marseille, lors de la Biennale internationale des arts du cirque (Biac).
Bakala Camara remonte dans sa voiture, direction la maison des jeunes de Dixxin, toute proche. « En Guinée, le cirque a toujours été un art et un spectacle de rue, explique-t-il. Autrefois, les enfants pauvres faisaient de petits shows lors des mariages pour gagner un peu d’argent. C’est là qu’est née la tradition, elle vient de la rue. D’où notre spectacle: Boulevard Conakry! » Le 4×4 s’arrête devant un grand bâtiment de deux étages. À l’intérieur, une ribambelle d’enfants font des pirouettes, saltos avant, arrière, d’autres jouent au football. « C’est ici que le cirque recrute ses futurs artistes, et c’est le cœur de notre projet. Avant, ces enfants dormaient dans la rue, maintenant ils couchent à l’étage, sur une natte. On les nourrit, on leur donne des cours, on leur enseigne les arts en général, on leur apprend même à coudre, dans l’atelier, avec les artisans. On nous a prêté cette salle, mais nous voulons construire notre propre centre, quand nous aurons les budgets. » Bakala Camara vit six mois de l’année à Conakry, les six autres à Marseille. « Les idées, c’est ici, les cachets, c’est là-bas, résume-t-il. Et c’est pour investir ici, pour que demain les jeunes n’aient plus besoin d’émigrer. Je ne suis pas socialiste, je ne fais pas de politique, j’essaye juste d’améliorer le sort des jeunes dans mon pays. Et tout le monde peut nous aider. » À bon entendeur.
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L’approche rigoureuse de GUITER SA lui permet de répondre aux besoins de projets à moindre coût et dans le temps
GUITER SA
Accompagner l’émergence guinéenne
D
epuis sa création en 1988, la société guinéenne GUITER SA se dédie aux
imparti tout en assurant les normes de qualité (Hygiène, Santé, Sécurité). Tous ces travaux sont supervisés par un cabinet de mission de contrôle, d’envergure internationale, Louis Berger. Les projets de GUITER SA comprennent des routes interurbaines et urbaines, le développement, l’exploitation des mines et carrières et la construction des barrages hydro-électriques.
travaux publics, à l’extraction des mines et
GUITER SA s’appuie sur une équipe
carrières, et à la production et distribution
multinationale composée d’experts es-
d’énergie. Au fil des années, GUITER SA
pagnols, cubains, tunisiens, ivoiriens, ma-
est devenue un des leaders du marché
liens, burkinabés, béninois et guinéens.
guinéen dans ces secteurs stratégiques.
À ce titre, elle peut réaliser des projets
Forte d’une expérience riche et variée, elle
dans divers domaines et les exécuter
a largement contribué à la construction
conformément aux normes CEDEAO et
d’infrastructures nationales.
internationales.
GUITER Mining
PUBLI-INFORMATION
Au début des années 2000, GUITER SA a élargi ses activités en investissant le secteur minier. En moins
d’une décennie, elle est devenue une société viable et pérenne. Secteur à forte valeur ajoutée s’il en est, l’exploitation diamantifère a toujours été stratégique en Guinée. C’est dans la région de Banankoro qu’on localise les plus grosses et les plus belles pierres. Plus au nord, la région de Kindia recèle aussi quelques trésors. En 1989, deux pierres exceptionnelles de 250 et 180 carats furent découvertes. Début 1993, on découvre dans la mine d’Aredor une pierre de 284 carats. Depuis sa reprise de la société Aredor en 2010, GUITER Mining s’est résolument engagée à contrecarrer la contrebande de diamant, véritable fléau en Guinée. La construction de routes et franchissements par la maison mère GUITER SA a permis à GUITER Mining d’augmenter sa productivité, et à prospecter et explorer d’autres ressources minières, dont l’or. Le souci du développement socio-économique de la Guinée, inscrit dans l’ADN de GUITER SA, est également au cœur des préoccupations de GUITER Mining.
la plus compétitive de la place. Son personnel expérimenté, sa flotte d’équipements modernes et un approvisionnement en matériaux de construction de qualité placent GUITER SA dans une position solide pour faire face à la compétition accrue.
Reconstruction routière des villes GUITER SA a effectué les travaux de GUITER Mining GUITER
SA
construction de nombreuses rues et ruelles du pays.
SIÈGE SOCIAL Cité Chemin de Fer Immeuble Labé, 1er étage droite BP : 2075 - Conakry République de Guinée, Tél. : (+224) 628 42 39 39 (+224) 628 25 60 43 E-mail : guitersa@yahoo.fr
Infrastructures
www.guitersa.com
rénovation profonde d’infrastructures
Parmi les projets d’infrastructures portés par GUITER SA, sont prévues la construction de nouvelles infrastructures et la existantes comme les routes, les trottoirs, les canalisations, les ponceaux, les
“
Le mot du président
Notre vocation : assurer la qualité
Forte de son expertise et de l’efficacité de ses équipes, notre entreprise s’est hissée au rang des acteurs majeurs de l’économie guinéenne. Mieux, elle est devenue un symbole de valorisation et de promotion du made in Guinée, une société qui œuvre pour le développement de notre pays. « C’est en forgeant qu’on devient forgeron », dit l’adage. Chez GUITER SA, nous nous attachons à intensifier nos activités, nos réalisations tant sur les routes que dans les mines et carrières. Rien ne vaut plus que la pratique au quotidien d’efforts louables pour booster les performances d’une entreprise. Pour ce qui nous concerne, l’expertise des ressources humaines, le matériel de dernière génération et les moyens y afférent constituent des priorités pour la compétitivité de nos prestations. Il en est de même pour les dossiers à défendre chaque jour auprès de nos partenaires. Le dialogue social en interne et avec les populations qui bénéficient directement de nos prestations revêt à nos yeux un caractère primordial. Pour les Guinéens, les réalisations de notre entreprise sont de réels motifs de fierté. Leur soutien constant renforce notre détermination à pérenniser notre label d’entreprise citoyenne engagée pour l’émergence de la Guinée.
barrages hydro-électriques, les systèmes d’alimentation en eau et les équipe-
Ansoumane Kaba
ments de systèmes d’égouts.
PDG DE GUITER SA & PRÉSIDENT DU CNP (CONSEIL NATIONAL DU PATRONAT) DE GUINÉE
Les grandes routes GUITER SA effectue les travaux de construction de routes dans le cadre de
ANS
projets de grande envergure. Les équipes
GUITER SA
rassement et la préparation de la base.
de GUITER SA effectuent le pavage, le ter-
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
GUITER SA est aujourd’hui la société de construction routière, des mines