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Algérie Bouteflika, es-tu là ? jeuneafrique.com

LE PLUS

de Jeune Afrique

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • no 2872 • du 24 au 30 janvier 2016

Économie La dette dans le sac

BÉNIN

Les jeux sont ouverts JEUNE AFRIQUE

GbaGbo

JEAN-PIERRE DE MANN/ROBERT HARDING/AFP

Gabon Jean Ping, sabre au clair

N O 2872 • DU 24 AU 30 JANVIER 2016

Spécial 22 pages

Les secrets

du procès L’ancien président ivoirien joue son destin devant les juges de la CPI à partir du 28 janvier. Spécial 8 pages

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Dossier

Mines DIamaNT

Partenaire privilégié du pays, le diamantaire sud-africain a revu sa stratégie. Ses activités de tri et de négoce s’organisent désormais depuis la capitale, Gaborone. Et tout le monde y gagne.

A

chrIsTophe Le Bec, envoyé spécial

u beau milieu du bush botswanais, le building moderne en verre teinté se dresse comme un mirage. Ce bâtiment ultrasécurisé, situé à deux kilomètres de l’aéroport de Gaborone, abrite la plus grande richesse du Botswana : ses diamants. En 2006, le pays a décidé de construire son propre centre de tri pour ces cristaux de carbone pur extraits de ses quatre mines alors en activité : Jwaneng (le gisement le plus riche au monde), Orapa (le plus vaste et le plus ancien du Botswana, exploité depuis 1971), ainsi que deux autres plus modestes, Damtshaa (dont la fermeture a été annoncée fin 2015, lire encadré) et Letlhakane. Au total, la production nationale représentait en 2014 plus de 24,2 millions de carats (ce qui la classait au deuxième rang mondial, derrière celle de la Russie) et 65 % de l’approvisionnement de la compagnie De Beers, partenaire privilégié du pays depuis son indépendance en 1966. Le groupe, né en Afrique du Sud, filiale d’Anglo American, est actionnaire à 50 % avec l’état de deux entreprises : Debswana, chargée de l’exploitation des quatre mines, et Diamond Trading Company Botswana (DTCB), fondée pour valoriser les diamants. 550 caméras. Pour franchir les grilles de la

DTCB, il faut montrer patte blanche. Chaque visiteur se fait scanner et fouiller dans un sas de sécurité ; il sera ensuite suivi en permanence par plus de 550 caméras, installées tout le long de l’itinéraire des diamants, mais aussi dans les bureaux des cadres, tous surveillés. Mieux vaut avoir prévenu longtemps à l’avance ses interlocuteurs de sa visite pour que le sacro-saint badge soit prêt. Sans ce sésame, impossible d’ouvrir la trentaine de portes sécurisées qui indiquent aux surveillants la position de chacun dans le bâtiment. Au premier étage, on pénètre dans une immense salle de quelque 500 m2 à l’épaisse l l l n o 2872 • du 24 au 30 janvier 2016

De Beers

une alliance


analyse

La bauxite guinéenne résiste

conjoncture

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Rien ne va plus !

et le Botswana

t La Diamond Trading Company Botswana (DTCB) est une coentreprise créée à 50-50 par De Beers et l’État.

© chris ratliffe/getty images

taillée sur mesure


118

Dossier Mines moquette bleue : le centre de tri et de valorisation des diamants. Plus de 230 trieurs – tous botswanais – y étudient en silence, penchés sur des loupes et des microscopes, des petits tas de diamants. « Chaque groupe de quatre trieurs reçoit une boîte en provenance de l’une des quatre mines botswanaises, qui contient autour de 7 200 carats de diamants bruts [non taillés], un carat pesant 0,2 g », explique doctement le chef trieur Kgosietsile Mosiman Ewapula, dans l’entreprise depuis vingt-trois ans. « Ils ont ensuite deux semaines pour les classer dans l’une des 250 catégories de diamants bruts instituées par De Beers en fonction des 4 C : carat [taille], clarté [transparence], couleur et coupe. » Le tri prend du temps : pierre grise, blanche, bleue ou rose, petite ou grande, translucide ou plus opaque… Chaque diamant est étudié avec soin pour être classé dans la bonne catégorie. Tous les trieurs sont passés par la Diamond Academy, une formation maison de six mois organisée sur le site. Pas question de perdre un seul carat de cette manne, qui représente autour de 40 % du PIB du Botswana. « Chaque matin et chaque soir, tous les diamants en cours de tri sont pesés au milligramme près. Pas un trieur ne sort de la pièce s’il en manque un seul », précise Kgosietsile Mosiman Ewapula. lll

Ventes mondiales de diamants bruts (en milliards de $)

15

10

5

De Beers Alrosa Dominion Diamond Rio Tinto Petra Diamonds Autre

SourceS : DTc, Bain, www DiamonD forecaST

passés en 2011 à la seconde étape de notre programme de valorisation locale, avec la commercialisation de diamants depuis le Botswana », se félicite le Britannique Kevin Goodrem,

Source : Bain

0

« sightholders ». « Après le tri, nous sommes

Un secteUr qUi a perdU son éclat

L

a baisse de la demande en joaillerie (liée au ralentissement de la croissance en Chine) couplée à la hausse de la production des mines russes et des diamants de synthèse, utilisés essentiellement dans l’industrie, n’est pas sans conséquence sur le continent. En particulier au Botswana, où, fin 2015, De Beers a annoncé la fermeture de sa mine de Damtshaa et la baisse de la production du site d’Orapa pour les trois prochaines années. Des décisions qui font suite à la vente par le leader du secteur de sa mine de Kimberley, en Afrique du Sud, exploitée depuis plus d’un siècle, et à la fermeture du site de Snap Lake, au Canada. La situation affecte aussi le secteur de la taille, notamment p ((sur treize) ont dû mettre en Namibie,, où neuf entreprises la clé sous la porte l’an dernier. À plus lo ong terme, les Mi-2011 : sous prix devraient néanmoins remonter puisque aucun l’effet de la demande chinoise, les prix gisement majeur n’a été découvert ces dernières atteignent un pic c.l.b. années. ● historique

1 200

Index du prix du diamant brut (1970 = 100) n o 2872 • du 24 au 30 janvier 2016

900

2015 : la baisse de la demande chinoise et la hausse de la production russe font chuter les cours

vice-président de la valorisation à De Beers. Depuis quatre ans, en effet, les diamants bruts qui sortent du centre de tri ne sont plus expédiés à Londres, mais taillés et vendus sur place sous la supervision de 82 sightholders venus s’installer à Gaborone. Ces derniers assurent en outre la formation de 92 Botswanais, qui dure de cinq à dix ans tant ce métier est complexe. Du temps où De Beers était en situation de quasi-monopole – du début du XXe siècle aux années 1970 –, ils organisaient les « vues » (sights en anglais), des rencontres au cours desquelles étaient présentés à une centaine de clients triés sur le volet des assortiments de diamants à prix fixe – à prendre ou à laisser. Alors que le marché s’est libéralisé et que l’entreprise n’en maîtrise plus que 30 %, talonnée par son principal concurrent, le russe Alrosa, les sightholders de la compagnie gardent toujours un rôle crucial d’appréciation de la conjoncture et de fixation des prix, qu’ils réévaluent toutes les cinq semaines, même si leurs clients peuvent se fournir ailleurs. « Chaque sightholder se spécialise sur un segment du marché défini par la nomenclature maison, qui compte 11 000 sous-catégories, des diamants taillés destinés à l’industrie, pour la découpe ou la gravure, et vendus autour de 30 centimes le carat, aux plus belles pierres de grande taille et de couleur rare, utilisées par la haute joaillerie, et dont le prix peut aller jusqu’à 1 million de dollars le carat », détaille Kevin Goodrem. Sachant que les 20 % des diamants les plus chers représentent 80 % de la valeur totale de la production. « Désormais, précise le responsable, les diamants triés issus de nos mines botswanaises, mais aussi de toutes nos mines en Namibie, en Afrique du Sud et au Canada, arrivent ici en avion et sont commercialisés à partir de Gaborone. » Car si l’installation au Botswana des sightholders a été encouragée par les autorités du pays, soucieuses de remonter la chaîne de valeur et de favoriser l’emploi local, elle répond aussi et surtout à une logique économique, logistique et sécuritaire pour De Beers. « Il est nécessaire de rassembler tous nos diamants bruts en un seul lieu avant de les commercialiser, afin que chaque sightholder dispose de l’ensemble des pierres de son segment de marché, explique Kevin Goodrem. Chaque mine, et même chaque pays, a un profil spécifique : on n’y extrait pas en même quantité les différents types de diamants. » Les deux tiers de la production provenant du Botswana, il était logique de choisir ce pays pour y rassembler les pierres : moins de trajets pour les diamants, c’est moins de dépenses, et un risque réduit de perte ou de vol. Le responsable de De Beers met également en avant les bonnes performances du pays en matière de gouvernance : placé au 31e rang mondial à l’Indice de perception de la corruption de Transparency International, jeune afrique


© Marc SHOUL/PaNOS-rEa

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il est le mieux classé du continent. Pour tirer profit de cet avantage, le pays a développé sa propre filière de tailleurs de diamants, appuyée depuis 2008 par un programme financé par De Beers et le gouvernement. Vingt-deux entreprises botswanaises, homologuées par la compagnie, se sont installées à proximité de l’aéroport ou dans le centre de la capitale. Mais si les pierres sont commercialisées depuis Gaborone, les tailleurs de diamants botswanais n’en sont pas moins en concurrence avec le monde entier. Après avoir montré aux clients les pierres brutes, le sightholder a toute latitude pour choisir le tailleur le plus adapté. morosE. Jadis dominé par Anvers, New York

et Tel-Aviv, le secteur de la taille de diamants est aujourd’hui disséminé. Si les anciennes places ont gardé ce marché pour les diamants les plus rares, l’Inde, la Chine et le Vietnam occupent désormais celui des pierres les moins onéreuses. Les tailleurs de Gaborone sont plutôt bien positionnés sur les pierres de 5 à 10 carats destinés à la joaillerie, pour lesquelles le coût de la maind’œuvre – plus élevé qu’en Asie – comptera pour une petite part de la valeur du diamant. Mais ce segment ne représente pas une grande part de marché, et moins de 10 % des diamants de De Beers sont taillés dans la capitale botswanaise. jeune afrique

p Au centre de tri et de valorisation de la DTCB, les cristaux bruts sont examinés puis classés dans l’une des 250 catégories maison.

« Avec la conjoncture morose actuelle, qui a vu les prix baisser de 17 % en un an, deux tailleurs ont dû mettre la clé sous la porte en 2015, même si d’autres candidats tentent de se faire une place dans ce secteur difficile », observe Kevin Goodrem. Dans ce contexte, la diversification de l’économie botswanaise s’avère plus que jamais nécessaire. Si l’industrie diamantifère a permis aux secteurs des services, de la finance, des transports et de l’immobilier de décoller à Gaborone, beaucoup reste à faire dans le pays. Or la production des gisements est en baisse et leur exploitation plus coûteuse, notamment à cause des sécheresses de 2014 et de 2015 et de l’ancienneté des mines. Les pierres les moins Le développement d’autres chères sont taillées en Inde, filières minières pourrait en Chine et au Vietnam. permettre de sortir de cette dépendance au diamant : le sous-sol du Botswana recèle en effet bien d’autres richesses, en particulier du cuivre, du fer, du charbon et de l’uranium. à condition d’améliorer les voies de communication et d’augmenter la production d’électricité nécessaire à leur exploitation. En octobre 2015, le président Ian Khama a fait un premier pas sur cette voie en annonçant que le pays allait puiser dans ses réserves de change pour investir dans les infrastructures et relancer l’économie. ● n o 2872 • du 24 au 30 janvier 2016


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Principaux gisements de bauxite En production En développement Compagnie

SÉNÉGAL Koundara

GUINÉE-B.

Guinea Alumina SMB

Sangaredi Boké

CBG

AMR Henan Chine

Fria

GUINÉE

Rusal

©Jean Claude MOSCHeTTI/Rea

Océan Atlantique

t Gisement de Sangaredi, où sont extraites 16 millions de tonnes par an. analyse

La bauxite guinéenne résiste Dans un contexte de crise des minerais, le pays, qui détient les premières réserves mondiales, bénéficie de la hausse de la demande chinoise.

T

andis que les cours de la quasi-totalité des minerais sont au plus bas, le prix de la bauxite, qui se vend de gré à gré, reste à des niveaux élevés, au-dessus de 55 dollars la tonne depuis 2014. Et ce bien que le cours de l’aluminium – produit à partir de la bauxite – ait lui plongé de 17,8 % ces douze derniers mois. Avec 25 milliards de tonnes de bauxite dans son sous-sol (la moitié des réserves mondiales connues), la Guinée tire son épingle du jeu, profitant des besoins de la Chine, où les usinesd’aluminiumtournentàplein régime. « Pékin importe des quantités beaucoup plus importantes de bauxite pour ses raffineries à cause de la mauvaise qualité et de l’épuisement de ses propres gisements. Résultat,lemarchédelabauxitedite tropicale, issue principalement de Guinée, d’Asie du Sud-Est et d’Australie, s’est agrandi », explique le Français Romain Girbal, président d’Alliance minière responsable n O 2872 • du 24 au 30 JanvIeR 2016

(AMR), qui développe un projet en Guinée maritime. « Avant, la plupart des grands groupes d’aluminium – occidentaux, moyen-orientaux et chinois – détenaient leurs propres gisements. Désormais, ils sont plus nombreux à acheter à des tiers », remarque-t-il. Mis à part les coûts de transport, élevés, vers l’empire du Milieu, « la Guinée est très intéressante : la qualité de ses gisements est bien meilleure vu la concentration des minerais, les quantités disponibles, et leur faible contenu en oxyde de silice, qui complique la transformation en aluminium », fait valoir le Sud-Africain William Morrell, vice-président d’Emirates Global Aluminium (EGA), qui mène pour cette compagnie de Dubaï le projet Guinea Alumina Corporation (GAC) dans la région de Boké (Nord-Ouest). La Guinée bénéficie aussi de la disparition de quelques concurrents de poids. Depuis 2014, elle

CONAKRY

50 km

profite notamment de l’interdiction par l’Indonésie (près de 50 millions de tonnes de bauxite produites en 2013) d’exporter ses minerais bruts. Les difficultés rencontrées en Malaisie, autre grand producteur, où l’extraction de bauxite a été interdite pour trois mois au moins début janvier en raison des risques sanitaires et environnementaux de cette activité polluante, lui sont également favorables. ebola. Dans ce contexte, il n’est

Lire aussi Swiss Bullion Company concurrencé à Bamako

pas étonnant que les géants de l’aluminium se soient penchés sur la Guinée. « Des projets ont émergé dans le pays, principalement dans la région de Boké, où la Compagnie des bauxites de Guinée [CBG, détenue par l’état et le consortium Halco Mining, qui regroupe Rio Tinto Alcan, Alcoa et Dadco] est active depuis 1973 », observe l’avocat Pascal Agboyibor, du cabinet Orrick, qui conseille le gouvernement guinéen sur les projets miniers. Pour le moment, seuls quatre gisements sont en production (voir carte) : les « historiques », ceux de la CBG, qui produit à Sangaredi quelque 16 millions de tonnes par an, et du géant moscovite Rusal, qui extrait de ses mines de Fria et de Kindia environ 4 millions de tonnes chaque année ; ainsi que celui de la Société minière de Boké (SMB), pilotée par China Hongqiao Group, qui a démarré l’exploitation Jeune afRIque


Dossier Mines en août 2015 et vise de 5 millions à 10 millions de tonnes par an. Plusieurs autres projets sont en développement, conduits par les émiratis d’EGA, les Français d’AMR et les Chinois de Henan International Mining et de China Power Investment. Tous se situent dans la région de Boké. Rusal négocie également avec l’état pour une exploitation à Dian-Dian. « Ebola et la présidentielle ont ralenti, voire gelé, l’avancement de ces projets ces deux dernières années, concède Pascal Agboyibor. Mais la déclaration, le 29 décembre, de la fin de l’épidémie, couplée à la nomination au poste de Premier ministre du minier Mamady Youla, ancien directeur général de Guinea Alumina Corporation, va les relancer.»Leconseillerdugouvernement escompte un regain d’intérêt pour la filière, notamment lors du salon Mining Indaba, qui se tiendra du 8 au 11 février au Cap et auquel se

rendra une imposante délégation guinéenne menée par Abdoulaye Magassouba, le nouveau ministre des Mines nommé le 5 janvier. Reste que la réussite de la filière dépendra avant tout de la mutualisation des infrastructures de transport du minerai, notamment dans la région de Boké, où la CBG gère la voie ferrée entre son gisement

de Sangaredi et la ville portuaire et industrielle de Kamsar, d’où elle fait partir ses bateaux chargés de bauxite. Pour pouvoir emprunter cette voie ferrée et optimiser leurs coûts, les responsables des projets émiratis, chinois, français et russes devront s’entendre avec le concessionnaire. Sera-t-il partageur ? ● Christophe Le BeC

Une goUvernanCe appréCiée De l’avis des groupes miniers internationaux interrogés, l’administration guinéenne fait preuve d’une bonne maîtrise technique des sujets et d’une certaine flexibilité dans les discussions. « Les Guinéens sont des “pros” de la bauxite, qu’ils exploitent depuis

des décennies », apprécie Romain Girbal, président d’Alliance minière responsable (AMR). « Même si cela a été difficile, l’abandon de notre projet de raffinerie d’alumine, finalement implantée aux émirats et non en Guinée comme initialement prévu, a été accepté par les autorités.

Elles ont compris que les coûts logistiques et d’électrification rendaient l’usine non viable, et ont tout fait pour que la mine de Guinea Alumina Corporation démarre malgré tout », apprécie William Morrell, vice-président d’Emirates Global Aluminium C.L.B. (EGA). ●

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Dossier Mines à Paris, une coalition représentant 4 000 milliards de dollars d’actifs a enjoint à Anglo American, Glencore et Rio Tinto de limiter l’impact de leur activité sur l’environnement. Mais pour l’heure, c’est davantage la baisse de la demande (notamment chinoise et peut-être bientôt indienne) qui pèse sur le secteur, en particulier en Afrique du Sud où il emploie plus de 90 000 personnes. Le charbon se négocie aux environs de 43 dollars la tonne. Ce contexte morose a poussé Glencore à vendre en décembre une de ses mines au groupe sud-africain Tegeta. Anglo American pourrait lui emboîter le pas.

ConjonCture

Rien ne va plus!

Des cours qui chutent, une demande mondiale en berne… Les minerais traversent une mauvaise passe. et le continent va en faire les frais.

L

année 2015 a vu les cours des matières premières fortement chuter, et le fléchissement de la croissance économique chinoise, en réduisant la demande mondiale, devrait continuer de déstabiliser le secteur extractif en 2016. En Afrique, suppressions d’emplois et cessions d’actifs sont au programme. Passage en revue des principaux minerais concernés.

Le platine dans la tourmente L’industrie du platine est durement affectée par le ralentissement de l’économie chinoise, et les scandales liés aux moteurs diesel (Volkswagen notamment) ne vont rien arranger. Le cours du minerai a chuté de plus de 30 % en un an, pour s’établir autour de 830 dollars (760 euros) l’once. Les plans de restructuration d’Anglo American, d’Impala Platinum et de Lonmin devraient porter en 2016 un coup sans précédent à ce secteur en Afrique du Sud. Afin de soulager les finances des miniers présents sur son sol, le Zimbabwe a de son côté décidé de baisser le niveau de ses prélèvements sur les ventes de platine.

L’or au plus bas

Malgré un léger rebond début 2016, le prix de l’or est à son niveau le plus bas depuis six ans : environ 1 100 dollars l’once. Le métal jaune a perdu ces derniers mois son profil de valeur refuge. En cause : l’augmentation par la Réserve fédérale américaine (FED) de ses taux directeurs, une première depuis 2006, mais aussi l’attractivité des marchés actions, qui détournent une partie des acheteurs potentiels, et la faiblesse de l’inflation en Europe et aux États-Unis. La baisse attendue de la production devrait néanmoins favoriser une remontée progressive du cours. En Afrique, les miniers réévaluent leur portefeuille, commeleprouveledésengagement de Randgold Resources, au Ghana, d’un projet qui devait être mené avec AngloGold Ashanti. Grâce à des coûts d’extraction moins élevés, les mines à ciel ouvert ouest-africaines sont moins touchées.

Le cuivre et le zinc, entre angoisse et optimisme Désormais échangé autour de 4 400 dollars la tonne, le cuivre poursuit sa chute. Les producteurs regardent avec une certaine angoisse le cours se rapprocher des niveaux plancher atteints il y a dix ans (entre 4 000 et 3 000 dollars). Même tendance pour le zinc, qui a perdu environ 30 % de sa valeur sur les douze derniers mois, pour se négocier à moins de 1500 dollars la tonne. En Afrique, cela se traduit par l’abandon de certains projets, à l’image de Glencore en RD Congo et en Zambie. Néanmoins, pour ces deux minerais, une partie des analystes conservent une dose d’optimisme:lademanderestantrobuste, ils prévoient déjà une remontée des cours. Mais peut-être pas avant 2017… ● Julien Clémençot

Le charbon, ce repoussoir Les groupes producteurs de charbon vont devoir compter avec des investisseurs récalcitrants. À l’occasion de la conférence des Nations uniessurleclimat(COP21),fin2015

Platine et or (en dollars/once)

Charbon (en dollars/tonne)

1 300

Cuivre et zinc (en dollars/tonne)

60

6 800 6 200

1 200

5 600 50

1 100

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Or

1 000

Cuivre

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3 200 2 600

900

2 000

Platine

800 Janv. 2015

Avril 2015

Juil. 2015

n o 2872 • du 24 au 30 janvier 2016

Oct. 2015

Janv. 2016

30

Janv. 2015

Avril 2015

Juil. 2015

Oct. 2015

Janv. 2016

Zinc

1 400 Janv. 2015

Avril 2015

Juil. 2015

Oct. 2015

Janv. 2016

jeune afrique

sources : boursorama, les Échos

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Vivre le progrès.

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