Tunisie Ennahdha : fini le grand méchant look ?
Hebdomadaire international indépendant • 56e année • n° 2875 • du 14 au 20 février 2016
Dossier eau
Spécial 8 pages
jeuneafrique.com
Bénin Un fauteuil pour cinq
ProCÈs HaBrÉ Afrique Quand ll’Afrique juge (enfin) l’Afriqu ue
EXCLUSIF
« Le destin du monde se joue en Égypte »
Une interview du président Abdel Fattah al-Sissi
édition internationale et maghreb & moyen-orient France3,80€•Algérie220DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285
Dossier
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Eau
Dieter telemans/Cosmos
AssAinissement
Comment l’Afri rattraper son re n o 2875 • du 14 au 20 février 2016
jeune afrique
interview
Ali Fassi-Fihri DG de l’Office national
de l’électricité et de l’eau potable (Maroc)
infographie
L’eau en bouteille, un marché émergent
distribution
Au Burkina, la belle remontée de l’Onea
Au sud du Sahara, le traitement des eaux usées demeure sous-développé, faisant peser sur les pays un coût sanitaire et économique exorbitant. Mais, sous l’impulsion des bailleurs de fonds, les principaux blocages commencent enfin à être levés.
E
Marion Douet
p La station d’épuration de Fès, d’une capacité de 115 000 m3 par jour, en service depuis novembre 2014.
que peut tard jeune afrique
n 2012, la Banque mondiale s’alarmait de l’impact économique exorbitant, sur le continent, du manque d’assainissement : les lacunes de ce secteur, qui comprend l’évacuation des eaux pluviales ainsi que la collecte et le traitement des eaux usées, coûteraient à une vingtaine de pays 1 % à 2,5 % de leur PIB annuel. Soit, au total, près de 4,2 milliards d’euros, si l’on ne tient compte « que » des conséquences sanitaires directes sur les populations (décès prématurés, dépenses de santé, etc.). Et il faut ajouter à ce bilan des effets à long terme plus difficiles à évaluer, comme l’apparition d’épidémies, le mauvais développement infantile ou la dégradation de l’environnement. Si quelques pays (en particulier le Maroc et la Tunisie) se distinguent très largement et que d’autres, en Afrique subsaharienne (le Burkina Faso, le Sénégal, le Rwanda et le Gabon, notamment), font des efforts malgré un accès limité aux financements, la situation est loin d’être satisfaisante. Environ 30 % des Subsahariens avaient accès à l’assainissement en 2010. Ce chiffre reste inchangé. C’est même l’un des seuls Objectifs du millénaire pour le développement de l’ONU, dont le cycle s’achevait en 2015, dans lesquels quasiment aucune progression n’a été constatée, s’inquiète Jean-Michel Ossete, directeur adjoint du département eau et assainissement de la Banque africaine de développement (BAD). « Cela ne veut pas dire que rien n’a été fait, tempère-t-il. Mais la croissance démographique est telle que les investissements n’arrivent pas à suivre. » éduquer les populations – des villes, surtout – quant aux risques liés au déversement des eaux usées en plein air ou dans les canaux réservés aux eaux pluviales est un premier enjeu commun à tous les pays. Mais il n’est pas le seul, et plusieurs autres obstacles doivent être surmontés. n o 2875 • du 14 au 20 février 2016
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dossier eau
Une planification qui se met lentement en place Tous les spécialistes interrogés s’accordent là-dessus : le secteur a longtemps souffert d’un manque devolontépolitique.«Malgréleursrecettes pétrolières, le Nigeria, le Congo, la Guinée équatoriale, l’Angola et la RD Congo sont tous de mauvais élèves, constate un expert. Le Congo, par exemple, a connu quatre années d’excédent budgétaire, au cours desquelles rien n’a été fait pour l’assainissement. Aucune structure n’est dévolue à ce service; les mairies sont censées le gérer mais ce n’est pas du tout opérationnel. » « Le plus gros obstacle est institutionnel », confirme Cassilde Brenière, chef de la division eau et assainissement de l’Agence française de développement (AFD). La Côte d’Ivoire ne s’est dotée d’une société chargée de l’assainissement qu’en 2011; le Mali n’en possède toujours pas. Or la mise en place d’un cadre juridique et d’une planification prenant en compte les grandes tendances, comme l’évolution démographique, est prioritaire, estime la spécialiste de l’AFD : « Il faut une vision avant de décider d’un tarif et de sa collecte. » Dans ce domaine, une amélioration commence cependant à se faire sentir. Ainsi, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Cap-Vert et le Bénin travaillent chacun à la rédaction d’un schéma directeur – une première étape essentielle. « Beaucoup de gouvernements africains ont pris conscience, ces dernières années, de la nécessité de développer l’assainissement pour améliorer la santé, le cadre de vie et la productivité », confirme Mamadou Dia, directeur eau et assainissement du groupe Eranove (présent en Côte d’Ivoire avec la Sodeci, au Sénégal avec
l’exCeption algéRienne en péRil ?
A
vec 100 % de sa population ayant désormais accès à l’eau potable, Alger a, avec l’appui de Suez, fait de remarquables progrès dans ce domaine ces dernières années. Mais la capitale algérienne se distingue aussi par la qualité de son assainissement : plus de 60 % des eaux usées sont aujourd’hui collectées et traitées, contre à peine 6 % il y a dix ans. Les 370 millions d’euros apportés par les autorités algériennes sur la période 2006-2011 ont permis d’améliorer considérablement la situation, notamment grâce à l’agrandissement des stations d’épuration. Mais l’équilibre n o 2875 • du 14 au 20 février 2016
du secteur de l’eau, qui dépend des financements publics (près de 40 milliards d’euros alloués, au niveau national, sur la période 2010-2019), est mis en péril par la baisse du prix des hydrocarbures, première source de revenus de l’état. Pour cette année, le FMI prévoit un déficit budgétaire équivalent à 11,4 % du PIB. Touchée par la baisse des subventions sur l’énergie, l’Algérienne des eaux, actionnaire à 70 % de la Société des eaux et de l’assainissement d’Alger, a annoncé début février se trouver dans une situation financière difficile. ● Chloé Rondeleux
la Sénégalaise des eaux et temporairement en RD Congo avec la Regideso). Dakar, qui dispose d’une station d’épuration depuis plus de vingt ans, s’apprête en outre à lancer un vaste programme de dépollution dans la baie de Hann : autrefois paradisiaques, ce bassin naturel et sa plage sont aujourd’hui asphyxiés par les tonnes de déchets domestiques et industriels qui sont déversés dans les canaux normalement réservés aux eaux pluviales… à l’amélioration des conditions de vie des habitants s’ajoute ici un autre enjeu, économique : celui de redonner à la baie son potentiel touristique d’antan.
Des financements de plus en plus accessibles L’assainissement est encore trop peu souvent prioritaire dans le budget des états. « Il est évident que si l’état a 1 euro à dépenser, il va aller à l’eau potable en priorité », souligne Jean-Yves Gadras, directeur du développement pour l’Afrique et le Proche-Orient au sein du groupe Suez. Or, fait-il remarquer, faciliter l’accès à l’eau signifie aussi augmenter les volumes d’eaux usées à traiter… Les banques de développement se sont emparées de ce sujet. Ainsi l’AFD a consacré en 2014 près de 200 millions d’euros à des projets d’assainissement bénéficiant à 1,1 million d’habitants sur le continent. Les bailleurs de fonds conjuguent leurs efforts pour prendre en charge la plus grosse partie des investissements, comme les stations d’épuration et les complexes réseaux collectifs de tout-à-l’égout. à Djibouti, par exemple, où 25 % de la population est raccordée aux infrastructures d’assainissement, l’AFD finance, à hauteur de 5,2 millions d’euros, l’installation d’un réseau collectif dans le quartier central de Balbala, tandis que l’Union européenne a permis l’inauguration, en mars 2014, d’une station de traitement des eaux usées (13 millions d’euros). Rares sont les pays qui, comme l’Algérie (lire cicontre), parviennent à financer eux-mêmes leurs projets de A à Z. Mais certains participent dans la mesure de leurs moyens. L’état gabonais apporte ainsi, aux côtés de l’AFD, près de la moitié du financement d’un réseau d’écoulement des eaux pluviales à Libreville (soit 31,7 millions d’euros). Plus modeste, l’office burkinabè de l’eau potable (Onea) a pris la mesure du problème dès les années 1990. « L’Onea investit sur fonds propres 1,2 milliard de F CFA [environ 1,8 million d’euros] dans le réseau d’égouts ainsi que dans les stations de traitement et de vidange de la capitale, s’enorgueillit Hamado Ouédraogo, directeur général de l’Onea. Un montant qui s’élève à 4 milliards de F CFA par an en comptant les projets d’extension en cours. » Si les moyens débloqués demeurent modestes au regard des besoins, l’assainissement a ● ● ● jeune afrique
Dossier Eau
p Sur le site d’Iduapriem, au Ghana.
veolia
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veolia mise sur les eaux industrielles S’il reste difficile à financer (au-delà de l’investissement initial) dans les villes, l’assainissement devient beaucoup plus rentable lorsqu’il s’agit de traiter les eaux usées découlant d’une activité industrielle. Pour Veolia, miniers et pétroliers sont ainsi devenus une cible prioritaire sur le continent à mesure que les pays adoptent des législations sur
Près de
700
millions
de Subsahariens n’ont pas accès aux services d’assainissement, soit
70 %
de la population SoUrce : oMS, 2015
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l’environnement plus contraignantes. En 2014, le groupe français a décroché au Ghana un contrat pour le traitement des eaux usées d’Iduapriem, la mine d’or d’AngloGold Ashanti. D’autres accords pourraient être passés au Mozambique et en Angola. Dans les pays francophones, les opportunités en matière de lutte contre la pollution
● ● ● l’avantage de pouvoir être mis en place par étapes. « On peut se limiter d’abord à une partie de la chaîne : par exemple, à l’échelle d’une ville côtière, commencer par un système de collecte qui se déverse dans la mer avant d’envisager une station de traitement », souligne Jean-Yves Gadras, de Suez. à Casablanca, dans le quartier de Sidi Bernoussi, le groupe français a inauguré en mai 2015 une usine opérant un premier traitement des eaux usées, doublée d’un « émissaire », une canalisation qui les rejette en mer, loin de la côte. La capitale économique marocaine prévoit de mettre en place, dans un second temps, un traitement plus avancé.
Un modèle économique encore à trouver C’est le dernier gros problème. Si les consommateurs sont prêts à payer pour de l’électricité ou de l’eau potable, l’assainissement ne bénéficie à personne en particulier… sinon à la communauté tout entière. Trouver un modèle économique permettant de couvrir les coûts d’exploitation des
industrielle sont encore limitées, faute d’une réelle volonté politique. « Les états devront s’y mettre, car plus il y aura de projets, plus les risques environnementaux seront grands », estime un expert. Objectif de Veolia : réaliser, d’ici à 2020, 15 % de son chiffre d’affaires africain grâce aux services rendus aux entreprises. ● Julien Clémençot
ouvrages (notamment celui des stations, grandes consommatrices d’électricité) est une équation complexe. Certains pays n’en facturent qu’une partie. « Au Burkina Faso, où, en dehors de l’hypercentre de Ouagadougou, équipé du tout-à-l’égout, subsiste un système de fosses, ce sont les habitants qui paient les vidanges, illustre Cassilde Brenière. De plus, 10 % à 15 % de la facture d’eau servent à payer l’assainissement. » Ce n’est pas suffisant, mais le pays parvient à observer, selon la BAD, un taux de recouvrement de plus de 80 % des factures, ce qui permet déjà d’assurer le service. « La tarification doit être à la fois compatible avec le niveau des revenus de la population et cohérente avec la qualité du service », souligne Jean-Michel Ossete, citant l’exemple tunisien où les factures atteignent le montant « acceptable » d’une quarantaine de dinars (environ 20 euros) par mois pour une grande habitation. Là où l’eau et l’électricité sont gérées par un même opérateur, comme au Gabon ou dans certaines villes marocaines, le service le plus rémunérateur (l’électricité) peut financer le plus déficitaire (l’eau) via une péréquation tarifaire, afin d’assurer ce service public à un prix plus abordable. ● jeune afrique
Dossier Eau interview
Ali Fassi-Fihri
Directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable
« Les tarifs pratiqués au Maroc sont parmi les moins chers du monde » Depuis quinze ans, il gère la question de l’eau dans le royaume. Mais comment mener sa mission à bien alors que l’institution qu’il dirige est fortement endettée ? Éléments de réponse.
E
au, assainissement, électricité… Ces services de base, Ali Fassi-Fihri en est le premier responsable au Maroc. En 2001, il a été nommé à la tête de l’Office national de l’eau potable (Onep), bien avant son regroupement avec l’Office national d’électricité (ONE) qui a donné naissance, en 2008, à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (Onee). En récupérant la branche électricité, le nouvel établissement a aussi hérité de dettes colossales, au point que les pouvoirs publics ont dû voler à son secours : un contrat-programme a été conclu avec l’État en mai 2014 pour renflouer cette entreprise publique qui a frôlé la faillite. jeune afrique : vous avez signé avec l’État un contrat-programme sur la période 2014-2017. Suffirat-il pour permettre à l’Office de dépasser ses difficultés ? ali faSSi-fihri : Le contrat-
programme est d’une importance capitale dans la mesure où l’Onee est appelé à répondre à une forte croissance de la demande en électricité, en eau potable et en assainissement. Il permet à l’Office de réaliser ses engagements et de surmonter progressivement ses difficultés. Le programme prévoit des investissements de 50 milliards de dirhams [environ 4,6 milliards d’euros], dont près de 20 milliards pour l’eau potable et l’assainissement. n o 2875 • du 14 au 20 février 2016
© AlexAndre dupeyron pour J.A.
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p Depuis Rabat, le haut fonctionnaire garde un œil sur les activités de l’établissement au sud du Sahara, notamment au Cameroun. Où en êtes-vous dans l’exécution de ce contrat, particulièrement pour la branche eau ?
Les engagements sont globalement atteints. En matière de généralisation de l’accès à l’eau potable en milieu rural, les réalisations sont en phase avec les objectifs, avec un taux d’accès de 95 % à fin 2015. Concernant l’assainissement liquide, 22 stations d’épuration des eaux usées ont été réalisées, cumulant une capacité de près de 90 000 m3 par jour. Ces différents projets ont nécessité un investissement de plus de 8 milliards de dirhams. Et les efforts consentis en matière d’amélioration des performances ont permis à la branche eau d’économiser près de 800 millions de dirhams sur les exercices 2014 et 2015. le gouvernement a suspendu la hausse des prix de vente de l’eau pour 2016. Cela ne perturbe-t-il pas les objectifs fixés par l’État ?
L’augmentation du tarif de l’eau potable actée dans le
l’Onee en chiffres* Effectif 16 650 employés Production 1,1 milliard de m3 d’eau Chiffre d’affaires 29,6 milliards de dirhams Dettes 53,9 milliards de dirhams Investissements 13,2 milliards de dirhams prévus en 2016 * données 2014
contrat-programme concerne le tarif de production, c’est-à-dire le prix de vente aux distributeurs, soit 80 % du chiffre d’affaires de l’Onee. Quant à la répercussion de cette augmentation au niveau de la distribution, aussi bien sur la clientèle directe de l’Office [2 millions d’abonnés] que sur celle des autres distributeurs, elle n’a concerné que les plus gros consommateurs [tranches 3 et 4 et création d’une cinquième tranche], ce qui a permis de maintenir l’équilibre financier du secteur sans pénaliser les ménages modestes. Environ 85 % des clients directs de l’Onee n’ont enregistré aucun impact sur leur facture. Devrons-nous nous habituer à payer l’eau plus cher au Maroc ?
Les tarifs pratiqués au Maroc aussi bien pour l’eau potable que pour l’assainissement restent parmi les moins chers du monde. Pour les ménages, les factures d’eau constituent 2 % à 3 % du budget seulement. Et, pour les industries, le jeune afrique
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poidsdelafactured’eauestinférieur à 1 % du chiffre d’affaires. La dernière augmentation des tarifs aussi bien à la production qu’à la distribution date de 2003 et n’a même pas couvert l’effet de l’inflation. Entre 2014 et 2015, l’Onee a levé près de 200 millions d’euros auprès de la Banque européenne d’investissement [BEI] et de la Banque mondiale pour des projets liés à la production et à la distribution de l’eau. Cela ne risque-t-il pas d’alourdir l’endettement déjà inquiétant de l’Office ?
Le taux d’endettement de la branche eau avoisine 50 %, ce qui reste tolérable. Quant à la relation avec les bailleurs de fonds, elle est généralement matérialisée par des conventions financières que l’Office respecte rigoureusement.
Après plusieurs années de présence de l’Onee au Cameroun, le pays en est à peine à 35 % de desserte en eau potable. Quelles difficultés rencontrez-vous sur place?
Depuisledémarragedesesactivités,laCamerounaisedeseaux[CDE] a mené plusieurs programmes de branchement subventionnés. Ces actions ont permis de porter le nombre d’abonnés de 230 000 en 2008 à près de 400000 en 2015, soit une hausse de 73 %. Les principaux problèmes résident dans la planification des projets de renforcement des capacités de production et d’extensions du réseau de distribution. Des avancées importantes ont été enregistrées récemment dans ce sens, et nous prévoyons de grandes améliorations à court et moyen termes du taux de desserte et du service en général.
ALTAIR, AURIGA et IZAR
© artush - Fotolia.com
Solutions intelligentes pour une gestion responsable de l’eau
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Avec sa situation financière délicate, l’Onee peut-il se permettre une expansion en Afrique ?
Actuellement, l’Office apporte son assistance technique dans des pays partenaires tels que la Guinée, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso et le Mali. D’autres projets d’assistance technique et de transfert d’expertise sont mis en œuvre avec le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Toutes ces activités sont financées par les bailleurs de fonds dans le cadre de la coopération bilatérale, triangulaire ou multilatérale. L’Onee n’engage généralement pas d’investissement à partir de ses fonds propres, sachant que le contexte actuel est marqué par la multiplication des initiatives d’aide financière publique au développement en faveur des pays africains. ● Propos recueillis par FAhd IrAQI
l’eau en bouteille, un marché émergent
Au sud du Sahara, en 2012,
de la population n’avait pas accès, pour l’usage alimentaire, à de l’eau traitée 1,12
11% par an
Ce contexte favorise le développement du marché de l’eau en bouteille. Ainsi, au Nigeria, il devrait progresser de
40%
Une consommation encore modeste, sauf en Tunisie
sur la période 2014-2019
Des leaders souvent locaux (en part de marché)
France (2011)
Tunisie
0,37
(2014)
111
0,72
Maroc
0,35
24
Algérie
(2013)
Les Eaux minérales d’Oulmès
0,83*
30
Sénégal Kirène
Cameroun Source Tangui
Algérie Ifri
Nigeria
Eva (Coca-Cola)
70% 70% 64% 30% 20%
Maroc (2013)
Nigeria
(2015)
Les marques gagnent du terrain
1,10
(en milliards de litres)
7
8,5
6
Consommation (en litres, par personne et par an)
Eau de marque
5
Eau vendue sans marque
4
Prix moyen d’une bouteille d’eau de 1,5 litre (en dollars, en 2014, sauf *2013)
3
Afrique du Sud
(2011)
8,3
2 1 0
2010
2011
2012
2013
2014
2015
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Dossier Eau distribution
Au Burkina, la belle remontée de l’Onea Dans les années 1990, la société publique était au bord du dépôt de bilan. Aujourd’hui, c’est un modèle en matière de gestion de l’eau : dans les villes, le taux de raccordement est de 90 %.
E
n lançant, le 8 décembre, les travaux de la seconde phase du projet Ziga (d’un montant total de 104 milliards de F CFA, soit 159 millions d’euros), l’Office national de l’eau et de l’assainissement (Onea) du Burkina entend remédier rapidement à une situation préoccupante. Ouagadougou, dont la population croît à un rythme de 6 % par an, connaît en effet un déficit journalier de 25 000 m3 d’eau potable. Ces travaux, qui dureront vingtdeux mois, doivent porter la capacité de traitement de la société publique à 7 500 m3 par heure, afin d’assurer les besoins en eau de la capitale à l’horizon 2030. Le projet prévoit aussi 160 bornes fontaines, dont la gestion sera confiée à des partenaires privés, et 52 000 branchements sociaux. Objectif : couvrir les besoins de 4,5 millions de personnes. En attendant la finalisation du projet Ziga, l’entreprise multiplie les initiatives. « Nous avons n o 2875 • du 14 au 20 février 2016
© Renaud Van deR MeeRen pouR Les Éditons du JaguaR
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augmenté la capacité de production de la station de Paspanga [dans le centre de Ouagadougou] et nous travaillons à raccorder directement une centaine de forages au réseau de distribution des zones déficitaires », explique Hamado Ouédraogo, directeur général de l’Onea. référence. Si, au Burkina,
l’approvisionnement en eau n’est pas encore idéal, la société publique garde le contrôle de la situation. En 2015, le taux d’accès à l’eau dans les villes était estimé à 90 %, une performance rendue possible par les branchements sociaux (raccordement au prix de 30 000 F CFA, contre 200 000 F CFA normalement), qui ont permis d’améliorer cet accès dans les zones périphériques. « L’Onea est devenu une référence en Afrique en matière d’innovation au service du client », s’enorgueillit l’ingénieur. Une réputation de sérieux construite patiemment et qui lui vaut même, aujourd’hui, le respect
p L’Office souhaite porter sa capacité de traitement à 7 500 m3 par heure.
de ses concurrents privés, comme le groupe français Veolia. Pourtant, au milieu des années 1990, l’entreprise publique était au bord du dépôt de bilan. Un personnel pléthorique, des errements en matière de maintenance des équipements et de gestion de la clientèle… L’Onea est remise sur les rails grâce à un plan triennal lui permettant de stabiliser son management, d’ajuster ses tarifs et de limiter la mainmise de l’État, qui l’obligeait à intervenir dans les zones peu rentables. En faisant auditer régulièrement ses résultats annuels et en améliorant, tout au long des années 2000, son taux de recouvrement des factures (98 % des clients privés en 2013), la société a su instaurer un climat de confiance avec ses partenaires. Ainsi, entre 2006 et 2014, l’Onea (35 milliards de F CFA de chiffre d’affaires en 2014) a réussi à mobiliser plus de 108 milliards de F CFA auprès de bailleurs de fonds comme l’Agence française de développement (AFD). « Notre modèle de planification prévoitdesinvestissementsde4milliards à 5 milliards de F CFA par an », souligne Hamado Ouédraogo. À l’occasion du contrat triennal 2016-
le directeur général veut mettre l’accent sur la mobilisation des eaux de surface. 2018, dont le budget est estimé à 119 milliards de F CFA mais qui n’a pas encore été voté, le directeur général continuera de mettre l’accent sur la mobilisation des eaux de surface(80%du territoireestpauvre en eaux souterraines). Tout en plaidant auprès des pouvoirs publics pour que les besoins des industriels et des agriculteurs ne passent pas avant ceux de la population. ● nadoun coulibaly, à Ouagadougou jeune afrique