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Maroc-ONU À deux doigts du divorce jeuneafrique.com

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • n° 2880 • du 20 au 26 mars 2016

Algérie Amar Saadani, l’homme du président

Djibouti Guelleh : « Le pays a toujours besoin de moi »

VOD Comment résister à Netflix

16

pages

côte d’ivoire

Après le choc Spécial 12 pages

Au lendemain du dimanche sanglant de Grand-Bassam, le pays est entré en résistance. Un seul mot d’ordre : même pas peur !

édition INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE France 3,80 € • Algérie 250 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € • Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1 200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1 900 F CFA • ISSN 1950-1285



Après 70 ans, nous faisons plus que jamais le tour de la Terre.

Ethiopian Airlines 1946-2016

Ethiopian Airlines dessert plus de villes africaines qu'une aucune autre compagnie dans le monde. Mais ce n'est pas tout. Nous desservons également plus de villes en dehors de l'Afrique que toute autre compagnie du continent. Ajoutez à cela notre qualité de membre Star Alliance, le premier réseau mondial aérien, et Ethiopian Airlines se situe clairement au sommet du secteur de l'aviation africaine.


CHEZ NOUS, CHAQUE DÉFI EST UNE VICTOIRE

Parce que nous apprenons de tous nos défis, nous travaillons chaque jour pour dépasser vos attentes, et devenir ainsi une référence en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Bienvenue chez nous, vous êtes chez vous.



Tourisme de luxe

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t L’Amelkis Golf Club, à Marrakech.

Ces spots africains qui attirent les multimillionnaires Avides d’expériences inédites, les riches dépensent sans compter pour des prestations taillées à leur mesure. RÉMY DARRAS

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u’ilschoisissentdeflânerdansla médina de Marrakech ou d’arpenter les plages d’Umhlanga, en Afrique du Sud, nombreux sont les super-riches qui passent leurs vacances sur le continent. Selon une récente étude du cabinet sud-africain New World Wealth, le continent a reçu,

JEUNE AFRIQUE

entre septembre 2014 et septembre 2015, touristes chinois et indiens, qui jugent 43 000 visiteurs dont la fortune dépasse l’Afrique du Nord trop dangereuse en 10 millions de dollars (plus de 9 millions raison de l’instabilité politique née des d’euros), contre 40 000 un an avant. Près printemps arabes, il conserve les faveurs d’un quart d’entre eux se des nantis du Golfe, de sont rendus en Afrique Turquie et d’Union Leurs pays du Sud en dépit de noueuropéenne. velles règles compliquant Suivent, ex aequo, le de villégiature l’obtention de visas. Les Botswana, le Kenya et favoris? Suisses, les Allemands et les Seychelles (3 000 touL’Afrique du Sud les Britanniques sont les ristes), puis la Tanzanie et et le Maroc. premiers à choisir la nation Maurice (2 000), et enfin Arc-en-Ciel. l’Ouganda, la Zambie, Deuxième destination le Mozambique et le favorite des multimillionnaires : le Maroc Nigeria (1 000). Du fait de sa situation (4000 visiteurs par an). Si le royaume pâtit géographique, l’Afrique de l’Est attire d’une image moins attrayante auprès des notamment les touristes asiatiques. N 0 2880 • DU 20 AU 26 MARS 2016

JACQUES SIERPINSKI/HEMIS

Focus


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Focus L’Égypte est le pays qui a payé le plus cher les craintes de ces touristes exigeants. Elle n’a accueilli que 2 000 très riches l’an dernier, contre 7 000 en 2010, avant le renversement du président Hosni Moubarak. Quant au Kenya, il accuse un léger recul de sa fréquentation après les attaques terroristes qu’il a subies ces dernières années.

navettes privées, cuisiniers privés, service vingt-quatre heures sur vingtquatre », poursuit Philippe Gauguier. Pour une facture qui s’établira en moyenne à 5 000 dollars par personne la semaine (hors billets d’avion), ils dépensent environ 300 dollars par nuit d’hôtel et 800 dollars dans un lodge, d’après Andrew Amoils, directeur des recherches de New World Wealth. Faute de visa régional, d’infrastrucLODGES. Si les standards du luxe sont tures suffisantes et de connexions identiques partout dans le monde, aériennes assez régulières, l’offre « c’est une certaine indépendance démarre timidement en Afrique de dans des offres exclusives, personnal’Ouest et en Afrique centrale. « Les lisables, privatisables que recherchent marinas et golfs y sont trop peu nomles clients fortunés en Afrique », anabreux. Pour ceux qui viennent en jet lyse Philippe Gauguier, associé chez privé [environ 2 000 euros l’heure Deloitte-In Extenso. de vol], les aéroports et salons de Il n’y a donc pas que des cinq-étoiles première classe sont peu adaptés, comme La Mamounia à Marrakech reconnaît Philippe Doizelet, associé (plus de 2 000 euros la nuit dans une hôtellerie France et Afrique de l’Ouest suite prestige, et autour de 8 000 euros chez Horwath HTL. Ces régions disdans le riad) ou le Twelve Apostles posent pourtant de sites dotés d’un très Hotel & Spa au Cap (au-delà de grand potentiel en tourisme de luxe 3 100 euros pour la qui ne sont pas exploisuite présidentielle) tés, comme les forêts qui intéressent les du Gabon et les plages En moyenne, la VIP. De grandes villas, de Pointe-Sarène, au facture s’élève à des étages privatisés, Sénégal. » 5000 dollars par des lodges comme le personne et par Ngorongoro Crater MANNE. « L’offre de en Tanzanie ou le luxe s’étoffe très lensemaine, hors Ngala Tented Camp tement car les hôteliers billets d’avion. en Afrique du Sud, attendent un plus gros ou des boutiquesdéveloppement du hôtels (moins de tourisme d’affaires haut 30 chambres) comme La Petite de gamme dans les capitales et hubs financiers », analyse le patron d’un Dauphine à Franschoek (Afrique du Sud) ou le North Island aux Seychelles groupe hôtelier en fort développement satisfont aussi aux exigences d’une en Afrique, rappelant que 95 % des clientèle aisée en quête de sites touristes du continent y effectuent exceptionnels. un voyage d’affaires ou y participent Parmi les spots préférés de cette à un congrès. caste de privilégiés : la réserve natuUne manne dont souhaitent profiter relle de Masai Mara (Kenya) et le delta des groupes internationaux dans les de l’Okavango (Botswana), appréciés cinq années à venir : Accor envisage pour leurs safaris, ou la forêt impéd’ouvrir une vingtaine de Pullman, nétrable de Bwindi (Ouganda). Se Starwood une trentaine d’hôtels et retrouver nez à nez avec un gorille à Carlson Rezidor trente-cinq. Le suisse dos argenté ou un lion reste un must, Mövenpick prévoit lui trois nouvelles même pour les plus riches (lire p. 102). implantations, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Kenya, d’ici à 2019. Quant En Afrique du Sud, un séjour dans l’un des six lodges sur pilotis du Singita, au à l’espagnol Pefaco, célèbre pour ses cœur d’un domaine de 15000 hectares machines à sous en Afrique francositué dans le parc Kruger, coûtera plus phone, il mise sur des complexes hôteliers de luxe. Deux sont déjà en de 1000 euros par personne et par nuit. « La prestation va ensuite s’orgaexploitation, à Lomé et à Brazzaville, niser autour d’une série d’exigences et deux autres sont en construction souvent identiques : jets privés, au Congo, dans la capitale et à Oyo. ● N 0 2880 • DU 20 AU 26 MARS 2016

Côté formation, Après Maurice, Madagascar et le Rwanda, l’école hôtelière française envisage de créer cinq nouveaux établissements en Afrique subsaharienne.

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n essaye de s’adapter à l’Afrique, dans chaque pays on apporte notre french touch tout en développant une expertise locale », affirme Renaud Azema, directeur général de l’école hôtelière Vatel ouverte à Maurice en 2009. Également chargé du développement de Vatel dans les pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe, il nourrit l’ambition de créer, d’ici à 2020, cinq nouvelles écoles à vocation régionale sur le continent. Plusieurs pays sont sur les rangs pour les accueillir : la Tanzanie, le Ghana, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Swaziland et le Kenya (où œuvre déjà, depuis un an, l’école suisse Alpine Center). « Nous évaluons le niveau de l’hôtellerie dans les pays concernés et l’état des besoins, tant en nombre de managers que de cuisiniers », poursuit-il. Un déploiement qui a déjà été amorcé par l’implantation de deux établissements: le premier à Antananarivo, en 2014, le second à Kigali, en 2015. STAGES. En attendant que le réseau

de Vatel s’étoffe sur le continent, beaucoup d’Africains choisissent de suivre un cursus à Maurice. Cette année, sur les 327 étudiants inscrits (ils étaient quinze il y a sept ans), 50 % viennent de Madagascar, des Comores, de Tanzanie, du Kenya, d’Afrique du Sud, du Nigeria, duBotswanaainsiquedesîlesfrançaises de La Réunion et de Mayotte. Ces futurs professionnels payent en moyenne 186 000 roupies mauriciennes par an (plus de 4 500 euros) pour bénéficier d’une formation postbac de trois ans mariant cours théoriques et stages dans les complexes hôteliers de luxe de l’île. Le cursus inclut également un stage à l’étranger pendant la seconde année. « Les étudiants sont très vite confrontés aux contraintes de l’hôtellerie », assure le directeur général, qui précise que JEUNE AFRIQUE


Tourisme de luxe

© VATEL

Vatel répond à l’appel des professionnels

chaque élève alterne entre expériences dans la restauration, l’hébergement et la réception. « Ils occuperont par la suite des postes spécifiques tout en ayant une très

l’école mauricienne profite du potentiel de croissance et de recrutement du secteur hôtelier mauricien : 1,15 million de visiteurs en 2015 (+ 10,9 % par rapport à 2014). Environ Cette année, 2 000 postes sont à pourvoir sur l’île en raison du grand le campus nombre de Mauriciens mauricien expatriés ou recrutés par accueille les croisiéristes. Un chiffre 327 étudiants, qui devrait croître avec la fin, en 2017, du gel de la contre 15 construction d’hôtels, insen 2009. tauré en 2015 pour rééquilibrer l’offre et la demande entre les capacités aériennes et hôtelières. « Il s’agissait de maintenir un service de qualité pour ne pas dévaloriser la desbonne connaissance de tous les autres tination », poursuit Renaud Azema, qui départements. » travaille étroitement avec les directeurs Soutenue par un réseau mondial de des ressources humaines des grands 31 établissements fondé en 1981 à Lyon, complexes hôteliers. ● RÉMY DARRAS

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Focus

Pour les nantis, un safari n’a pas de prix

Cette stratégie, payante, d’autres pays de la région l’ont eux aussi adoptée. Certes, tous n’ont pas des gorilles, mais ils peuvent miser sur les « big five » : lion, éléphant, rhinocéros, buffle et léopard – le must pour les touristes venant faire un safari en Afrique. « Nombreux sont les pays et les hôteliers qui ont compris l’intérêt du tourisme haut de gamme, par opposition au tourisme de masse », confirme Marie-Louise Moineau, directrice de l’agence Tselana Travel, à Paris. Le principe : augmenter les tarifs pour protéger l’environnement et ainsi pérenniser cette manne financière.

Éléphants, lions, rhinocéros… Les plus fortunés sont prêts à payer très cher un tête-à-tête avec les bêtes. Les pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe l’ont bien compris.

PRINCIER. « Nos clients sont en quête

d’un environnement naturel vierge, de safaris de qualité effectués dans le respect des animaux, de grands espaces, de beauté », explique Magali Pavard, d’Exclusif Voyages, une agence française dévolue aux touristes à hauts revenus. Le Kenya, autrefois destination privilégiée, a été délaissé ces dernières années à cause des attentats qui ont secoué le pays. Les touristes se sont redirigés vers la Tanzanie, la Namibie et l’Afrique du Sud. Ce dernier pays, en particulier, tire son épingle du jeu : selon une étude réalisée par New World Wealth, sur les 43 000 multimillionnaires s’étant rendus en Afrique entre septembre 2014 et septembre 2015, 11000 ont visité la nation Arc-en-Ciel. Mais ces pays, s’ils ont les infrastrucp Une famille de gorilles dans le massif des Volcans, au Rwanda. tures nécessaires pour accueillir les riches Pour avoir le privilège de la rencontrer, compter 750 dollars. touristes, n’ont pas uniquement misé sur le très haut de gamme, à la différence du Après concertation entre les secteurs l est 7 heures. Un café entre les Botswana. « Une visite du Botswana peut mains, une petite centaine de public et privé, nous avons décidé d’axer s’apparenter à un voyage princier tant la touristes s’apprêtent à affronter le notre stratégie sur le créneau du luxe. » destination est exclusivement tournée dénivelé du massif des Volcans, Une bonne nouvelle pour le gorille des vers le tourisme de luxe », écrit le guide dans le nord du Rwanda. Trois heures de montagnes, espèce en de voyage Lonely Planet. marche au cœur d’une jungle luxuriante voie de disparition qui Une nuit dans un lodge, pour accéder à la récompense: au détour ne supporterait pas le accessible en avion ou en Au Botswana, d’un bosquet, un « dos argenté » monte tourisme de masse. 4×4, coûte souvent plus une nuit dans la garde. Le guide le rassure d’un cri de 1 000 dollars en haute un lodge coûte guttural. Le gorille s’approche, jauge les « BIG FIVE ». Depuis, les saison. « Le Botswana souvent plus de intrus puis s’éloigne, rasséréné. « C’est hôtels et lodges de luxe modère la construction incroyable ! » souffle une touriste ausse sont multipliés au de lodges et maintient des 1000 dollars en tralienne en mitraillant le grand singe Rwanda. « Nous avons niveaux tarifaires élevés, haute saison. de son appareil photo. régulièrement des millimitant ainsi l’affluence, Ce bref tête-à-tête est réservé aux mieux liardaires qui viennent en ce qui permet de prénantis. Au Rwanda, il faut débourser jet privé, assure Faustin server les territoires et 750 dollars (environ 680 euros) pour Karasira. Nous avons investi dans un de protéger l’environnement vital des avoir ce privilège. « Jusqu’en 2003, nous hélicoptère capable de les prendre en animaux. La découverte demeure donc n’avions pas de véritable politique en charge dès leur arrivée. » Les revenus très authentique et intense », détaille matière de tourisme, se souvient Faustin du tourisme ont généré 317 millions de Magali Pavard. Exactement ce que les Karasira, responsable du tourisme au dollars de recettes en 2015, soit le premier riches recherchent. ● Rwanda Development Board (RDB). apport en devises étrangères du pays. THAÏS BROUCK, à Kigali CHRISTOPHE COURTEAU/BIOSPHOTO

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