Pdf ja 2882 du 3 au 9 avril 2016 plus guinée conakry

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Rwanda Kagame contre-attaque interview exclusive jeuneafrique.com

Le pLus

de Jeune Afrique

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • no 2882 • du 3 au 9 avril 2016

Burkina Règlements de comptes à Ouaga

Le patient guinéen Spécial 28

pages

TCHAD

Le dernier

combat?

Au pouvoir depuis plus de 25 ans, Idriss Déby Itno a rarement connu pareille contestation. Si sa réélection le 10 avril a des allures de formalité, les Tchadiens sont de plus en plus nombreux à exiger un changement dans la gouvernance du pays. Et le président n’a pas d’autre choix que de les écouter…

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GUITER Mining

G

uiter Mining S.A fondée en 2001 a atteint sa vitesse de croisière depuis peu grâce à l’acquisition d’une partie de la concession minière d’AREDOR FIRST CITY à Banankoro, dans Kérouané le 25 Octobre 2010 (localisée dans le bassin moyen de la rivière Baoulé).

PUBLI-INFORMATION

Activités diAmAntifères Un résumé du monde du diamant en Guinée, nous conduit à revoir les textes déjà publiés sur le potentiel diamantifère de la République de Guinée, qui depuis le temps colonial fait l’objet de recherches et de travaux d’exploitation accrue aux bénéfices des puissances coloniales, de l’État guinéen et ses partenaires, et des populations locales, permettant à chacun de tirer le maximum de profit de cette activité. On n’aime rappeler le temps d’Aredor, car plus que cette société, nulle autre n’a autant

GUITER SA a décidé d’étendre ses activités sur l’exploitation du diamant et de l’or, en donnant à GUITER Mining un sens des responsabilités face au développement socioéconomique de Guinée.

© NANA KOFI ACqUAh

Au début des années 2000, Guiter SA a élargi ses activités vers le secteur des mines et se positionne aujourd’hui comme une entreprise performante en moins d’une décennie d’exploitation. Guiter Mining fait aujourd’hui la fierté de l’État et du Gouvernement guinéen.

brillé sur les mines de diamants en Guinée, surtout à Banankoro, où on constate une grande capacité de production des plus belles pierres du pays. C’est pourquoi Guiter SA s’est investie ces dernières années, pour valoriser cette exploitation en Guinée. En effet, c’est dans la région de Banankoro qu’on localise les plus grosses et les plus belles pierres. Plus au nord, la région de Kindia recèle aussi quelques trésors. En 1989, deux pierres exceptionnelles de 250 et 180 carats furent découvertes. Début 1993, on découvre dans la mine d’Aredor une pierre de 284 carats. Malgré les contrôles des sociétés minières et du gouvernement, le principal fléau guinéen reste la contrebande par quelques 5 000 à 20 000 mineurs. Déjà au début des années 1960, plus de 30 000 mineurs venus de Sierra Léone pillaient littéralement les sites d’Avili, de Feredou… La firme Aredor évaluait alors la perte annuelle à plus de 80 millions de dollars. Voici un colossal travail qui revient aujourd’hui à Guiter Mining, héritière de cette exploitation pour contrecarrer la contrebande. Avenir et perspectives Pour pérenniser la société minière Guiter Mining filiale de Guiter SA, nous devons retenir qu’après s’être entièrement engagée pour la réalisation des routes et franchissements du pays et dans la sous-région, les décideurs de Guiter SA ont décidé d’explorer le monde minier, à travers une des plus grosses exploitations minières du Pays. Plus exactement dans le domaine du diamant et qui dit diamant en Guinée, pensez directement à sa plus célèbre mine de tous les temps : Banankoro. Une région qui vit naître Aredor sous la première République, mais qui n’eut pas la chance de prospérer comme elle l’aurait mérité. Préoccupation majeur pour de la direction générale de la société, Guiter SA a décidé d’étendre ses activités sur l’exploitation du diamant et de l’or, en donnant à Guiter Mining un sens des responsabilités face au développement socioéconomique du pays tout en s’investissant dans les ressources humaines et équipements de valeur. 


GUITER SA

27 ans d’expérience au service de la construction

G

Notre vocation : assurer la qualité Forte de son expertise et de l’efficacité de ses équipes, notre entreprise s’est hissée au rang des acteurs majeurs de l’économie guinéenne. Mieux, elle est devenue un symbole de valorisation et de promotion du made in Guinée, une société qui oeuvre pour le développement de notre pays. « C’est en forgeant qu’on devient forgeron », dit l’adage. À Guiter SA, nous nous attachons à intensifier nos activités, nos réalisations tant sur les routes que dans les mines et carrières. Rien ne vaut plus que la pratique au quotidien d’efforts louables pour booster les performances d’une entreprise. Pour ce qui nous concerne, l’expertise des ressources humaines, le matériel de dernière génération et les moyens y afférent constituent des priorités pour la compétitivité de nos prestations. Il en est de même pour les dossiers à défendre chaque jour auprès de nos partenaires. Le dialogue social en interne et avec les populations qui bénéficient directement de nos prestations revêt à nos yeux un caractère primordial. Pour les Guinéens, les réalisations de notre entreprise sont de réels motifs de fierté. Leur soutien constant renforce notre détermination à pérenniser notre label d’entreprise citoyenne engagée pour l’émergence de la Guinée.

Ansoumane Kaba PdG de Guiter sA

AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT

Nous sommes fiers d’être partie prenante du développement de la Guinée et nous désirons continuer à servir le marché guinéen et d’ailleurs.

uiter SA est une société anonyme (SA) de droit guinéen, créée en 1989. Elle évolue dans le secteur des travaux publics. Au fil des années, GUITER SA est devenue une des compagnies les plus performantes dans son domaine, en République de Guinée. Forte d’une expérience riche et variée, elle a réalisé de nombreux ouvrages à travers le pays. L’approche de GUITER SA lui permet de répondre aux besoins de projets à moindre coût et dans le temps imparti tout en assurant les normes de qualité. Elle produit également l’agrégat, l’asphalte, le béton, permettant ainsi d’améliorer le service apporté aux clients. Les projets de GUITER SA comprennent des routes interurbaines et urbaines, le développement et l’exploitation des mines et carrières. Les solutions proposées incorporent la conception traditionnelle et la gestion de programme, comme fast-track et conception/ projet de construction. La société GUITER SA emploie une équipe multinationale composée d’experts Espagnols, Cubains, Tunisiens, Ivoiriens, Maliens, Burkinabés, Béninois, sousrégionaux et Guinéens. À ce titre, elle peut réaliser des projets dans divers domaines et les exécuter conformément aux normes CEDEAO et internationales.

Depuis 1988 les hommes et les femmes professionnels de GUITER SA ont littéralement préparé le terrain pour des centaines de projets publics et privés qui ont soutenu le développement des infrastructures en Guinée. GUITER SA est aujourd’hui la société de construction routière, des mines la plus compétitive de la place. Son personnel expérimenté, sa flotte d’équipements modernes et un approvisionnement en matériaux de construction de qualité placent GUITER SA dans une position solide pour faire face à la compétition accrue. 

GUITER Mining - GUITER SA SIèGE SOCIAL : Cité Chemin de Fer,

Immeuble Labé, 1er étage, droite BP : 2075 - Conakry,République de Guinée, Tél. : (+224) 628 42 39 39 / 628 25 60 43 E-mail : guitersa@yahoo.fr - www.guitersa.com

DIFCOM/DF - PhOTOS : DR SAUF MENTION.

LE MOT DU PRÉSIDENT


Quai Alumine

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PUBLI-INFORMATIONS

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Port autonome de Conakry Symbole de la liberté et de l’économie de notre pays, la Guinée…

I

l n’y a pas d’indépendance politique sans indépendance économique. Pour cette raison, et pour son importance dans l’économie de la Guinée, à travers les échanges commerciaux maritimes, le Port autonome de Conakry est rattaché au portefeuille du département des Transports depuis l’accession du pays à l’indépendance, le 2 Octobre 1958. De nombreux cadres du pays se sont succédé à sa tête jusqu’à la nomination, en août 2008, de Mamadouba Sankhon pour coordonner à son tour les activités du port.

Depuis, le Directeur Général du Port autonome de Conakry a multiplié les actions afin d’offrir une image de marque à ce port qui était devenu une structure considérée comme peu respectueuse des échanges commerciaux, avec des vols fréquents de marchandises en provenance de l’étranger. Ces comportements avaient fini par décourager bon nombre d’hommes d’affaires

locaux et étrangers. Parmi les solutions permettant de redonner confiance à ces opérateurs économiques et engager le redressement économique du Port Autonome de Conakry, figurent : doter le Port de Conakry d’espaces et d’équipements capables de faire face aux développements de l’économie nationale ; faire du port de Conakry, un port de transbordement pour couvrir un certain nombre de ports voisins, comme Bissau, Freetown ou encore Monrovia, ainsi que la mise en concession du terminal à conteneurs, confiée au groupe Bolloré. Aujourd’hui, l’ordre semble être rétabli depuis l’inauguration du quai flambant neuf dénommé « Poste 12 » par les autorités portuaires. D’une longueur de 340 m et d’une profondeur de 13 m, opérationnel depuis novembre 2014, il permet au Port autonome de Conakry d’être plus compétitif dans la sous-région

PORT AUTONOME DE CONAKRY 2014, année particulièrement faste ! La Direction générale du Port autonome de Conakry organise à la fin de chaque année, une grande cérémonie pour l’ensemble de ses travailleurs. L’objectif visé est de faire non seulement le bilan de l’année écoulée, mais aussi de parle de perspectives d’avenir pour une amélioration des services. À la fin de cette année 2014, la cérémonie a été particulièrement faste pour célébrer les nouvelles perspectives d’avenir du Port avec l’entrée en service du nouveau terminal à conteneurs. Tout d’abord, le Directeur administratif chargé des ressources humaines, après avoir dépeint la situation liée à l’épidémie à virus Ébola au cours de l’année 2014, a loué les efforts et sacrifices consentis par les autorités portuaires pour maintenir le cap sur le plan de la modernisation des infrastructures du port. De son côté, le secrétaire général de la section syndicale, après avoir sollicité une amélioration permanente des conditions de vie et de travail, a salué la mise à la disposition des travailleurs de nouveaux moyens de locomotion susceptibles de réduire au maximum, leur calvaire lié à leur mobilité. Pour terminer, le Directeur Général, Mr. Mamadouba Sankhon, a pris la parole pour saluer les travailleurs (plus d’une dizaine) appelés à faire valoir leur droit à la retraite en cette fin d’année 2014. « La retraite est une suite logique après plusieurs années de service rendu à la nation. Mais sachez que le port aura toujours besoin de certains d’entre vous et de vos expériences pour accompagner des jeunes gens qui n’en ont pas encore assez. » I.T.C


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Remorqueur en activité

Portiques PAC 2015

ouest-africaine en accueillant les grands navires appelés Africamax. Ce nouveau quai est dédié uniquement aux conteneurs et l’ancien terminal accueillera les navires navires-rouliers (Ro-Ro). Le dispositif sera complété à terme par l’aménagement du port sec de Kagbélen, sur une superficie de 140 ha. Situé à 40 km de la presqu’île de Kaloum, il sera relié au port maritime par voie ferrée.

I.T.C

Comment Mamadouba Sankhon a relevé le défi L’un des agents clé de la mise en concession du terminal à conteneurs du Port autonome de Conakry, Mamadouba Sankhon se dit très satisfait à l’allure où vont les choses. Depuis sa nomination, lui et son équipe font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire du Port autonome de Conakry une plateforme de transbordement, un domaine d’attraction pour la Guinée et pour les autres pays frères de la sous-région ouest-africaine. Lors de l’inauguration du nouveau quai de Conakry Terminal, opérationnel depuis novembre 2014, qui entre dans le cadre de sa stratégie, il exprimait sa satisfaction. « J’ai signé cette convention le 11 mars 2011 et nous avons procédé à la pose de la première pierre au mois de décembre 2012. Nous sommes là ce matin pour accueillir le premier navire à ce nouveau quai. Je veux dire aux Guinéens que je n’ai jamais vu un investisseur aussi sérieux, qui respecte ses engagements comme Bolloré. Je le dis avec fierté, puisque le groupe Bolloré est en train de faire des choses extraordinaires pour le port de Conakry et j’en suis sûr qu’il fera autant dans d’autres secteurs. À partir d’aujourd’hui, on ne parlera plus de congestion au port, encore moins de temps d’attente des navires en rade. » I.T.C

Port Autonome de Conakry Corniche Nord, Commune de Kaloum BP: 805, Conakry, République de Guinée E-mail : infopac@portconakry.org Tél: 655 80 00 80 - www.portconakry.org

DIFCOM / CaC

Le Port autonome de Conakry (PAC) joue un rôle clé dans les échanges économiques du pays. Plus de 90 % des échanges commerciaux transitent par le PAC, 80 % des recettes douanières y sont collectées. Rappelons qu’en termes de recettes, la douane contribue à plus de 45 % du budget national, l’on comprend aisément la place qu’occupe le Port de Conakry dans l’économie nationale. Le partenariat avec le groupe Bolloré dans ce contexte, en est illustratif avec l’augmentation des capacités du parc à conteneurs. Interface privilégiée entre deux maritimes de la Guinée, le Port autonome de Conakry est bel et bien le symbole de l’indépendance économique de la Guinée.

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Le « Poste 12 », dont la construction a débuté en janvier 2012, a nécessité 660 jours de travail sans relâche, englouti 1 280 blocs de béton de 110 tonnes chacun et employé plus de 150 travailleurs guinéens pendant la réalisation. Le rêve séculaire devenu une réalité. Le port autonome de Conakry se porte de mieux en mieux, et même malgré l’impact socio-économique très négatif de la fièvre à virus Ébola. La bonne tenue des affaires au niveau du port durant les trois dernières années du pouvoir d’Alpha Condé est en soi une parfaite illustration de l’esprit du changement enclenché par les autorités à tous les niveaux.

PARTENARIAT AVEC LE GROUPE BOLLORÉ


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LE PLUS

de Jeune Afrique

PANORAMA Pas le temps de reprendre haleine

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INTERVIEW MamadyYoula, Premier ministre POLITIQUE Ralliements, divisions et résistances PORTRAIT Antonio Souaré, président du Horoya AC

Le patient guinéen JEUNE AFRIQUE

YOURI LENQUETTE

Passé la réélection d’Alpha Condé, puis l’annonce de la fin de l’épidémie d’Ebola qui a isolé le pays pendant deux ans, la Guinée prend un nouveau départ. Mais le redémarrage s’avère plus laborieux que prévu.

N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016


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Le plus de Jeune Afrique

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Le pLus

de Jeune Afrique

Prélude François soudan

l

orsqu’il passe par Paris, qu’il bref, à se mêler de ce qui, pensait-il, le connaît comme le fond de la regardait – c’est-à-dire tout ou presque – poche de son boubou, Alpha jusqu’à l’excès et à l’épuisement, ne Condé descend invariablement pourra ni ne devra rester le même. à l’hôtel Raphael, un cinq-étoiles pasContinuer ainsi sonnerait d’ailleurs sablement suranné du « triangle d’or » comme un constat d’échec : cela signiqui n’est ni le plus chic ni le plus cher fierait qu’Alpha Condé n’est toujours des palaces, et le seul de la capitale pas parvenu à doter son pays d’instifrançaise à demeurer encore sous pavil- tutions fiables et d’une classe de geslon tricolore. tionnaires capables de prendre leurs Dans cet établissement très vin- responsabilités. Fort heureusement, tage, hanté par le souvenir de Serge tout indique le contraire : le gouverneGainsbourg et d’une pléiade de stars ment formé à l’issue de la présidentielle américaines des années 1950, le pré- d’octobre 2015 est composé de femmes sident guinéen a ses habitudes. Il y reçoit et d’hommes compétents et désireux en jean et chemise Pathé’O, sandales de faire leurs preuves. aux pieds et pieds sur la table basse du salon, ses téléphones à portée de main. La place d’Alpha II est donc, désorLe soir, tout aussi invariablement, cet mais, ailleurs que sur la chaîne des OS homme qui déteste dîner seul invite de la politique, les mains maculées de au restaurant – chinois, français, algé- cambouis. Il a d’ores et déjà pris de la rien, c’est selon – une petite tribu de hauteur et de la distance par rapport à vieux amis des années Sciences-Po, de journa- Lui qui a passé le plus clair de son listes et de fidèles, triés premier mandat à décider de tout sur le volet. Tutoiement de rigueur, cravate ne pourra ni ne devra rester le même. proscrite et coups de fil incessants du chef, qui picore plus la gestion quotidienne, appris à déléqu’il ne mange et ne perd pas un mot guer et à faire confiance. On le sent plus de ce qui se dit. arbitre, plus investi dans le contrôle de Cet Alpha Condé-là, simple, convi- l’action que dans l’action elle-même, vial, taquin, réactif, militant, étonnam- moins politicien en état d’urgence et ment jeune pour ses 78 ans, ne changera plus agrégateur de la nation au-dessus jamais. Ainsi était-il lorsqu’il usait ses de la mêlée. pantalons pattes d’eph’ sur les bancs Lui manque encore, faute d’avoir de la Sorbonne. Ainsi demeurera-t-il trouvé le temps nécessaire pour l’acquéjusqu’à son dernier jour. rir, une vraie dimension continentale. Ce ne devrait pas être trop difficile. L’autre Alpha, chef d’État élu et réélu Militant anticolonial, puis antidictade la Guinée, doit et va changer. Lui tures, partie prenante des luttes de qui a passé le plus clair de son premier libération africaines, démocrate passé mandat à tout décider, tout contrôler, par la case prison et par deux scrutins parer à toutes les urgences politiques, présidentiels pluralistes : qui d’autre que économiques, sociales et sanitaires, lui peut se prévaloir d’un tel pedigree ? ● jeune afrique

n o 2882 • du 3 au 9 avril 2016

Le patient guinéen Youri lenquette

Alpha II

jeune afrique

n o 2882 • du 3 au 9 avril 2016

PANORAMA Pas le temps de reprendre haleine

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INTERVIEW Mamady Youla, Premier ministre

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EXÉCUTIF Quintet de choc

p. 72

POLITIQUE Ralliements, divisions et résistances p. 76 QUESTIONS À Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG p. 78 ÉCONOMIE Petite convalescence p. 80 Après Ebola, les campagnes reprennent des couleurs p. 82 Saliou Diallo, du four au moulin

p. 84

Le roi du bitume vit à Kankan

p. 88

FORMATION Plongée dans le bain numérique p. 92 URBANISME Opération coup de balai à Conakry p. 96 FOOTBALL L’ambition africaine d’Antonio Souaré, président du Horoya AC p. 107


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Le Plus de Jeune Afrique

GUINテ右

Pas le temps de


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reprendre haleine CHRISTOPHE BOISBOUVIER

Réélu au premier tour de la présidentielle en octobre 2015, Alpha Condé n’a connu depuis aucun répit. Après deux années de crise sanitaire, la situation économique et sociale est tendue. Comment va-t-il y répondre?

«

U

n coup KO », mais pas d’état de grâce… Alpha Condé a été réélu dès le premier tour de la présidentielle, le 11 octobre 2015, avec 57,84 % des suffragesexprimés.LefondateurduRassemblement du peuple de Guinée (RPG) a donc gagné son pari d’envoyer au tapis son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFGG), qui a été crédité de 31,45 % des voix. Pourtant, après cette victoire, le chef de l’État n’a visiblement pas bénéficié de la fameuse « parenthèse enchantée » de cent jours. Le 15 février, la Guinée a été paralysée par une grève générale. La première depuis l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé, il y a plus de cinq ans. Pourquoi un tel paradoxe ? D’abord parce que cette très large victoire d’« Alpha » ne convainc pas tout le monde. Certes, elle a été validée par la Cour constitutionnelle. Mais, outre l’opposition, qui parle de « hold-up électoral » (lire pp. 76-78), l’Union européenne (UE) s’interroge. Dans son rapport final rendu public le 6 février à Conakry, la mission d’observation électorale de l’UE relève, à propos des taux de participation et du pourcentage de bulletins nuls, « des disparités fortes pour certaines régions, dont celle de Kankan (taux de participation élevé et taux de bulletins nuls faible), pouvant y questionner sur les modalités du vote ». Deux lignes plus loin, le document souligne que la région de Kankan est « le fief » d’Alpha Condé. Par ailleurs, la situation économique n’est pas bonne (lire p. 80). Avec un taux d’à peine 1 % en 2014 et de 0 % en 2015, la croissance économique ne suit pas la croissance démographique (2,5 % par an) et les Guinéens s’appauvrissent. Certes, le premier quinquennat d’Alpha Condé a été marqué par des réussites. Grâce à l’inauguration, en septembre 2015, du grand barrage de Kaléta, les habitants de Conakry ont enfin pu s’éclairer à l’électricité, et cette bonne nouvelle explique sans doute, deux semaines plus tard, la percée électorale du président sortant dans la capitale guinéenne. « Les gens ont apprécié, c’est certain », reconnaît l’ex-candidat de l’opposition, Sidya Touré, aujourd’hui haut représentant du chef de l’État. Mais faute de relance économique, les caisses sont vides. Et, cette année, le budget de l’État recule de 5 % par rapport à celui de 2015.

LEE GOTTEMI

CALAMITÉ. À qui la faute? « Au virus Ebola », affirment tous les dirigeants.

t Le président guinéen au Forum économique mondial, à Davos, le 21 janvier.

« Nous avons vécu deux années d’épidémie, avec des effets négatifs parfois supérieurs à ceux qu’un pays en guerre aurait subis », n’hésite pas à déclarer le porte-parole du gouvernement, Albert Damantang Camara. « Les investissements se sont arrêtés, poursuit-il. Nous avons perdu plus de 1 000 milliards [de francs guinéens, soit environ 120 millions d’euros] de recettes. » Du côté de l’opposition, on cherche au contraire à minimiser l’effet Ebola. Cellou Dalein Diallo critique la mauvaise gouvernance et, notamment, la multiplication des contrats de gré à gré, qu’il évalue à quelque 800 millions de dollars sur la période 2014-2015. Ebola a évidemment fait beaucoup de mal. Quand le virus est apparu, de nombreux partenaires de la Guinée ont plié bagage. Le Sénégal, N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016


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Le Plus de J.A. Guinée la Guinée-Bissau et la Côte d’Ivoire ont fermé leurs frontières avec le pays pendant de longs mois. Autre calamité nationale : la corruption. « L’unicité des caisses de l’État a porté un rude coup à ce fléau [de la corruption], mais il y avait des failles dans lesquelles se sont glissés les malfrats », reconnaît le président Alpha Condé lui-même (J.A. no 2856, du 4 au 10 octobre 2015). « Il y a encore des marchés de gré à gré. Et, aussi, un mauvais suivi de l’exécution des contrats après leur signature. Il est urgent de réformer la politique des marchés publics », confie Sidya Touré. Autre cause de la crise actuelle : le ralentissement de l’économie chinoise, qui provoque la chute des cours Une croissance à plat de la bauxite et du fer guinéens. (Évolution du PIB, en %)

1,9

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JOKER. Pour redresser l’écono-

mie, Alpha Condé a formé un gouvernement de combat. « Je 0 ne me préoccupe pas de la politique pour le moment. La preuve, 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 je n’ai pas choisi les membres SOURCE : ESTIMATIONS FMI du gouvernement au sein de mon parti. J’ai pris des gens qui peuvent nous faire faire des sauts qualitatifs pour la relance de notre économie », a-t-il déclaré en janvier, lors de la nomination de son équipe. Outre un Premier ministre jusqu’alors quasi inconnu du grand public, Mamady Youla (lire pp. 68-69), qui dirigeait depuis dix ans l’un des grands groupes miniers privés du pays, son ex-épouse, Kanny Diallo (lire pp. 72-73), qui a fait toute sa carrière au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement, a intégré l’équipe de ses

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nouveaux ministres-experts. Aujourd’hui, la voilà ministre du Plan. Pourquoi ce choix ? Beaucoup plus par souci d’efficacité que pour des raisons sentimentales. Évidemment, quand il affirme qu’il ne fait pas de politique « pour le moment », Alpha Condé en fait quand même. En « débauchant » Sidya Touré, l’ex-numéro deux de l’opposition, pour lequel il a créé le poste de haut représentant du chef de l’État, le président a réussi un joli coup. Non seulement « Sidya » apporte à la majorité présidentielle le renfort de l’Union des forces républicaines (UFR) et de ses dix députés, mais l’ancien Premier ministre de Lansana Conté, réputé bon gestionnaire, est aussi le nouveau joker d’« Alpha » sur le terrain social. « Pour l’instant, on ne peut pas baisser le prix du carburant, car la taxe sur le pétrole est l’une des seules recettes qui nous restent », a expliqué Sidya aux syndicalistes médusés, à la veille de la grève générale du 15 février. CÔTÉ GAUCHISTE. Alpha II est-il différent

d’Alpha I ? « Il a évolué », répond Sidya Touré, son nouveau complice que d’aucuns voient déjà – un peu vite ? – comme son dauphin pour 2020. « Son côté gauchiste, il le garde. C’est sa culture. Il a toutefois compris que la politique ne règle pas tout et que les lois du marché s’imposent à tout le monde, continue l’ancien Premier ministre. Il a mûri, mais, vous savez, quand je voulais bousculer un peu le “vieux” général Lansana Conté, il me répliquait : “Moi je suis comme du bois mort. Si tu veux le redresser, tu vas tout casser !” » Alpha II sera-t-il plus souple qu’Alpha I ? Ce second mandat étant son dernier, beaucoup espèrent qu’il sera plus serein et plus à l’écoute. ●

ÇA GRONDE AU RPG

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epuis le début du second mandat d’Alpha Condé, un vent de contestation souffle dans les rangs du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel), le parti présidentiel. Le 9 janvier, plusieurs dizaines de militants ont barricadé le siège national du parti, à Conakry, pour protester contre la formation du gouvernement de MamadyYoula. Objet du courroux des « frondeurs »: la sousreprésentation des cadres de leur formation dans la nouvelle équipe, avec, pour 33 portefeuilles, seulement 4 ministres considérés comme étant des membres du RPG originel. « Plusieurs membres du gouvernement ont été nommés grâce à leurs relations dans l’entourage présidentiel mais n’ont aucun lien avec le parti. Pis, N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

certains étaient nos ennemis quand nous étions dans l’opposition. Ce n’est pas normal! » tonne un ancien du RPG. Comme lui, ils sont nombreux dans le parti majoritaire à avoir du mal à digérer de ne pas avoir été remerciés pour les longues années de lutte passées aux côtés d’Alpha Condé. Désormais, ils le considèrent comme un autocrate qui les a trahis au nom de ses intérêts personnels. « Il n’y a aucune démocratie au sein du RPG, personne n’a son mot à dire. C’est à se demander si Alpha Condé a envie que le RPG lui survive », critique une figure du parti, qui réclame une grande réforme interne et l’élection de nouvelles instances dirigeantes, « afin de redonner le pouvoir aux militants » et d’« en finir avec le système de cooptation au sein

du comité central ». Si le malaise est réel, son ampleur et sa durée sont difficiles à évaluer. En effet, aucun baron du RPG n’ose incarner cette contestation qui semble avant tout portée par les sections de jeunes du parti à Conakry. « Certains réclament des postes, mais ils n’ont pas les compétences. Être membre du parti ne saurait suffire pour exercer de hautes fonctions », explique Amadou Damaro Camara, président du groupe RPG Arc-en-ciel à l’Assemblée nationale. De leur côté, les proches d’Alpha Condé minimisent le phénomène, l’un d’entre eux évoquant une « petite crise de croissance d’un parti en évolution », et promettent qu’un débat sera bientôt ouvert sur son fonctionnement. ● BENJAMIN ROGER, envoyé spécial à Conakry JEUNE AFRIQUE



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Le Plus de J.A. INTERVIEW

Mamady Youla « Les Guinéens sont les seuls à pouvoir résoudre leurs problèmes » Quasi inconnu du grand public avant sa nomination, en décembre 2015, le Premier ministre, issu du secteur privé, a pour mission de relancer l’économie.

L

a voix est basse, presque timide. Elle trahit le profil d’un homme peu habitué à l’exercice des interviews et aux joutes politiques. Choisi par Alpha Condé le 26 décembre 2015 pour conduire le premier gouvernement de son second quinquennat, Mamady Youla, 54 ans, était quasi inconnu du grand public avant sa nomination. Après un passage par la Haute Administration sous la présidence de Lansana Conté en tant que conseiller au ministère des Ressources naturelles, puis des Mines (1997-2003), et, enfin, du Premier ministre (2003-2004), cet homme discret spécialiste des questions minières et économiques a ensuite rejoint le secteur privé. Directeur général de la compagnie Guinea Alumina Corporation (GAC) de 2004 jusqu’à sa nomination à la primature il y a trois mois, il présidait la Chambre des mines de Guinée depuis 2012. Présenté comme un technocrate compétent, Mamady Youla a aujourd’hui la lourde tâche de redresser la situation économique et sociale du pays, fragilisée par deux années de crise sanitaire.

notamment le barrage hydroélectrique de Souapiti, de même que d’autres projets d’infrastructures, comme les routes de désenclavement, qui permettront aux activités économiques de se développer en milieu rural. Certains reprochent à votre équipe de manquer d’expérience, d’être composée de jeunes technocrates. Que leur répondez-vous ?

Rien n’est jamais parfait. Si le président avait reconduit la même équipe, on l’aurait sûrement accusé d’immobilisme. Il a fait le choix d’amener du sang neuf avec des gens qui ont fait leurs preuves dans leurs parcours respectifs. Ce gouvernement est un « mix » entre de jeunes ministres et d’autres, plus expérimentés, qui sont là depuis le premier quinquennat. Cette critique vous est aussi adressée personnellement, vous qui avez fait l’essentiel de votre carrière dans le privé et n’avez jamais exercé de fonction politique…

Le chef de l’État est un homme d’action qui aime s’impliquer personnellement. JEUNE AFRIQUE : Quels sont les principaux chantiers de votre gouvernement? MAMADY YOULA: Nous avons vécu deux

années extrêmement difficiles avec l’épidémie d’Ebola. L’une de nos priorités est de sortir de ce marasme ambiant. Au-delà des pertes en vies humaines et de l’impact social, les conséquences sur l’économie ont été très lourdes. Dans l’immédiat, nous avonsdoncmisenplaceunplanderelance post-Ebola, dans lequel nous avons défini un certain nombre de priorités. Les grands chantiers du domaine de l’énergie vont aussi se poursuivre, avec N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

Je ne suis pas si jeune. J’ai près de vingt ans d’expérience et j’ai travaillé plus d’une dizaine d’années dans l’Administration guinéenne avant d’aller dans le secteur privé. Je ne pense pas que ce soit le profil de quelqu’un d’inexpérimenté. Une administration, un ministère ou un État, cela se gère.Pouravoirdesréussiteséconomiques, il faut avoir des capacités de gestion. Peut-on être un bon chef de gouvernement sans être un bon politicien ?

Nous sommes dans un régime présidentiel. Le chef de l’exécutif, c’est le

président de la République. C’est avant tout un homme politique. Il a souhaité se faire accompagner par une équipe qui mette l’accent sur la gestion de nos administrations et de nos ministères. Ce qui est cohérent puisque l’un de nos principaux problèmes est la faiblesse de notre gouvernance, qui se ressent dans de nombreux domaines. Est-ce facile d’être le Premier ministre d’un président omniprésent comme Alpha Condé ?

Le chef de l’État est un homme d’action. Il aime s’impliquer et a du mal à se retenir: quand il voit des problèmes, il veut les résoudre. Au-delà de sa personnalité, ma mission, à moi, est très claire: rationaliser et améliorer la gouvernance. Je dois faire en sorte que notre Administration se mette en ordre de marche pour atteindre les objectifs fixés par le chef de l’État. Êtes-vous, comme on l’entend à Conakry, aussi proche des leaders politiques de la majorité que de ceux de l’opposition?

J’aime bien me décrire comme un homme de consensus. Je ne suis pas forcément un adepte de la confrontation… Au cours de ma carrière, j’ai eu à rencontrer personnellement la plupart des différents leaders politiques et j’ai eu avec eux des relations tout à fait normales et courtoises. Et ceux qui m’ont connu alors ne peuvent certainement pas dire que je suis une personne difficile. Sidya Touré a rejoint le camp de la majorité, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) est en crise depuis la grâce présidentielle accordée à Bah Oury… Alpha Condé a visiblement réussi à affaiblir l’opposition. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Pour son second mandat, le chef de l’État a souhaité instaurer un climat d’apaisement et envoyer des messages de rassemblement aux Guinéens, pour que le pays puisse travailler dans la quiétude. C’est comme cela qu’il faut comprendre ses décisions. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’intentions malicieuses destinées à affaiblir qui que ce soit. JEUNE AFRIQUE


Le patient guinéen

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Quel doit être le rôle de Sidya Touré en tant que haut représentant du chef de l’État, un poste qui n’existait pas jusqu’à présent ?

Il est désormais un allié du président. Mais il ne fait pas partie de l’équipe gouvernementale que je dirige. En tant que haut représentant du chef de l’État, il effectuera les missions que ce dernier voudra bien lui confier. Quel regard portez-vous sur la crise au sein de l’UFDG ?

Je serais tenté de vous dire que c’est le problème de l’UFDG, mais je ne veux pas m’arrêter là parce qu’il s’agit du principal partid’opposition.Commedansn’importe quelle formation politique, il peut y avoir des dissensions et des courants différents. Je suis cependant mal placé pour exprimer un avis tranché sur cette question. Comment faire pour compenser l’impact de l’épidémie d’Ebola sur l’économie ?

C’est une question majeure. Il faut bien comprendre qu’au cours des deux JEUNE AFRIQUE

dernières années des régions entières de la Guinée ont été désertées de toute activité économique. Toutes les sociétés, notamment étrangères, qui y évoluaient ont purement et simplement arrêté de fonctionner pendant deux ans. Imaginez le coût que cela représente pour une économie fragile comme la nôtre. Nous avons présenté notre plan de relance 2015-2017 aux principales instances internationales de soutien au développement, mais il n’est financé qu’en partie. Nous lançons donc ici un appel à la communauté internationale pour le soutenir. 2016 est-elle une année d’austérité pour la Guinée ?

Si année d’austérité il y a, ce n’est pas de la volonté du gouvernement. Comme je vous l’ai dit, les deux années de crise Ebola ont eu des conséquences désastreuses pour notre économie. Nous avons eu des manques à gagner très importants sur les recettes fiscales et les revenus extérieurs.

Comment interprétez-vous le déclenchement d’une grève générale, la première depuis qu’Alpha Condé est au pouvoir, quelques semaines seulement après le début du second mandat ?

Il faut que les Guinéens comprennent que nous sommes les seuls à pouvoir résoudre nos problèmes. J’ai utilisé cette formule en m’adressant aux syndicalistes: il vaut mieux essayer de se battre pour agrandir la taille du gâteau plutôt que de se battre pour le partager. Ce gâteau, c’est notre PIB. Je pense que nous devons trouver un consensus pour accroître ce PIB plutôt que de continuer à nous battre entre nous. Cela fait plus de dix ans que nous sommes dans un cycle de grèves qui n’en finit pas. Chaque année ou presque, nous avons des mouvements sociaux, des grèves, des mouvements politiques… Accroître le PIB, c’est accroître la richesse nationale et, donc, accroître la possibilité pour la Guinée d’améliorer l’éducation, la santé, etc. Nos efforts doivent aller dans cette direction. ● Propos recueillis à Conakry par BENJAMIN ROGER N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016


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Vue partielle de l’usine CBG à Kamsar.

Un partenaire de poids de l’économie guinéenne COMpagnie DeS BauXiteS De guinÉe

60 000 70 000 à tonnes par jour

La bauxite de Guinée traverse : - le Canada, - les USA, - la France, - la Chine, - l’Inde, - l’Espagne, - l’Irlande du Sud Détenue à 49 % par l’État guinÉen

La production minière représente aujourd’hui 18 % du PIB de la Guinée, dont 14 % pour la seule contribution de la CBG. La Guinée possède deux tiers des ressources bauxitiques du monde et la CBG détient environ 70 % des ressources bauxitiques du pays. La CBG est le fleuron de l’économie guinéenne depuis 40 ans. En effet, 80 % des devises de la Guinée proviennent des résultats de l’entreprise qui a apporté au pays autour de 150 millions de dollars au titre de l’année 2015. Depuis

quelques années la CBG atteint une vitesse de croisière en terme d’expédition. L’année 2015 a été la meilleure année pour la CBG depuis plus d’une quarantaine d’années avec une performance exceptionnelle : 15 300 000 tonnes de bauxites expédiées à 3 % d’humidité. À ceci s’ajoute une autre performance historique depuis 2006 en matière de coût de production. Cette performance a été réalisée au moment où la Guinée vivait Ebola. La CBG a déployé d’énormes efforts dans le cadre de la lutte contre Ebola.

Des projets de développement majeurs Depuis trois ans, la CBG a entrepris un vaste programme d’extension en plusieurs phases, pour doubler à terme sa capacité de production. Phase 1 : passer la production de 15 à 18,5 voire 19,5 millions tonnes par an à l’horizon 2018 Phase 2 : augmenter la production à 23,5 millions tonnes par an à l’horizon 2019-2020 Phase 3 : atteindre une production de 28,5 millions de tonnes par an à l’horizon 2023

Ce projet qui requiert un investissement de plus d’un milliard de dollars sera financé par des institutions internationales telles que IFC, OPIC, UFK, BNP PARIBAS, Société Générale et certaines banques locales telles que Bicigui et SGBG. Le projet d’extension de la production de la CBG permettra d’augmenter les capacités de production de la mine, du chemin de fer, de l’usine de traitement, du port, des centrales électriques, de générer des emplois et d’accroitre les revenus de l’État Guinéen.


La bauxite est stockée, avant d’être transportée par les roue-pelles.

Plus de 10 km de tapis pour acheminer la bauxite vers les bateaux.

La CBG charge des bateaux de 70 000 tonnes en 24h.

La CBG assume sa responsabilité sociétale La CBG participe à des projets de développement des communautés autour de Kamsar, dans les préfectures de Boké, de Télimélé et de Gaoual. Au titre de ces projets la CBG construit chaque année des écoles, dispensaires, infrastructures routières et sanitaires. La CBG réalise tout cela en partenariat avec les communautés rurales

qui identifient les projets locaux qu’elles souhaitent réaliser. Elle les aide ensuite à réaliser des appels d’offres. Ces projets sont octroyés à des sociétés locales et la CBG en assure le suivi de la réalisation. Une fois le projet réalisé, la CBG reçoit le rapport des maires et des préfets. La compagnie a également mis en place des équipes dédiées aux relations avec les différentes communautés rurales. n

Siège de la CBG

MR nAMORY COnDe, Directeur général de la CBG

Contact :

Action de soutient aux communautés dans la lutte active contre Ebola.

Mail : infocbg@cbg-guinee.com

Kamsar : Tél. : (+224) 30327202 / 30327203 / 30326000 / 30326010 www.cbg-guinee.com La CBG, élue meilleure société minière 2014 dans la lutte contre Ebola.

DIFCOM/FC - Photos : DR

Conakry Tél. : (+224) 30415018


Le Plus de J.A. EXÉCUTIF

Quintet de choc Cinq femmes ont fait leur entrée dans le gouvernement formé en janvier. Et, une fois n’est pas coutume, à des ministères clés.

Malado Kaba 44 ans, ministre de l’Économie et des Finances lle est la benjamine du gouvernement et dirige pourtant l’un des portefeuilles les plus stratégiques: celui de l’Économie et des Finances. Quadra au profil plus technocrate que politique, Malado Kaba est probablement celle qui incarne le mieux la nouvelle équipe gouvernementale nommée par Alpha Condé pour débuter son second mandat. Spécialiste de macroéconomie et des questions de développement, Malado Kaba était directrice pour la Guinée de l’Africa Governance Initiative (AGI), la fondation de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, depuis juin 2014. Elle avait auparavant

passé l’essentiel de sa carrière à la Commission européenne, pour laquelle elle a notamment travaillé en Jamaïque et en Afrique du Sud. « Ma nomination a été une surprise, confie-t-elle en souriant. Je vais désormais essayer d’introduire une culture du résultat et de la performance au ministère. » Chargée de relancer l’économie nationale après deux années d’épidémie d’Ebola, elle entend rapidement actionner les leviers qui permettront « de tirer tout le reste vers le haut », comme la mise en place de financements innovants ou le développement du secteur privé. ●

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Kanny Diallo 63 ans, ministre du Plan et de la Coopération internationale

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lle était sur le point de s’installer au Canada, à Ottawa, lorsqu’elle a été rappelée à Conakry, en mai 2015, par le président Alpha Condé pour devenir sa conseillère économique principale. Originaire de Labé, dans le centre de la Moyenne Guinée, cette femme d’expérience a visiblement convaincu son ex-mari, puisqu’il l’a nommée à la tête du ministère du Plan et de la Coopération internationale un peu plus de six mois plus tard, en janvier 2016. Économiste de formation, spécialiste des questions de développement, Kanny Diallo a effectué la quasi-totalité de sa carrière au sein de la Banque africaine de développement (BAD), où elle a occupé différents postes pendant près de trente ans. « Mon objectif est de centraliser le processus de planification du développement au sein du ministère. Il faut mettre en place une structure plus rationnelle pour éviter l’éparpillement et le gaspillage des ressources », explique celle qui entend « mettre de l’ordre dans ce domaine » et devenir l’interlocutrice principale des partenaires étrangers de B.R. la Guinée. ● JEUNE AFRIQUE


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Makalé Camara 59 ans, ministre des Affaires étrangères

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lle est la seule à avoir déjà occupé un poste de ministre. C’était sous Lansana Conté, de 1994 à 1996, à la tête d’un portefeuille bien différent: celui de l’Agriculture, de l’Élevage et des Forêts. Vingt ans plus tard, Makalé Camara revient aux affaires en tant que chef de la diplomatie. Ancienne secrétaire générale du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires en Guinée (Refamp-G), au sein duquel elle s’est notamment investie dans les questions de paix et de sécurité, cette native de Mamou (dans le sud de la Moyenne Guinée) est entrée dans le corps diplomatique en 2002, d’abord au poste d’ambassadeur de Guinée au Sénégal (2002-2007), puis en France (2007-2011). En tant que ministre des Affaires étrangères, elle entend maintenir la politique panafricaniste de la Guinée. « Cela a toujours été dans l’habitude de notre pays de venir en aide à nos voisins. L’Afrique est un tout indivisible », confirme-t-elle, tout en soulignant que l’engagement du contingent guinéen au Mali ne sera pas remis en question, malgré les récentes pertes en vies humaines. ● B.R.

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Christine Sagno 59 ans, ministre de l’Environnement, des Eaux et des Forêts

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ée à N’Zérékoré, en Guinée forestière (Sud-Est), Christine Sagno a fait toute sa carrière dans le domaine de la protection de l’environnement. Elle a d’abord travaillé dans une ferme agropastorale, à Kissidougou, et s’est ensuite consacrée à la protection des chimpanzés de Guinée, avant d’être nommée directrice nationale des Eaux et Forêts (2004-2011), puis inspectrice générale adjointe au ministère de l’Environnement, dont elle a pris la tête en janvier. Mais elle n’y passe pas pour autant le plus clair de son temps. « Je suis une femme de terrain. Au cours de ma carrière, j’ai arpenté toutes les forêts de Guinée, martèle Christine Sagno. La défense de l’environnement ne se fait pas dans un bureau, il faut aller constater la réalité sur place. » En attendant la campagne de reboisement du territoire, qui débutera en juin, au début de l’hivernage, la ministre a déjà commencé à faire la tournée des unités industrielles du pays (notamment les sociétés minières, cimenteries, unités de transformation du bois) pour contrôler leur impact écologique, la conformité de leurs procédures et de leurs équipements avec les normes environnementales, mais aussi s’assurer qu’elles respectent bien les mesures de compensation, c’està-dire qu’elles s’acquittent des redevances et taxes dues à l’État et aux collectivités. ● BENJAMIN ROGER

Oumou Camara 56 ans, ministre des Travaux publics

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est la « Madame Route » du gouvernement Youla. Ingénieure des ponts et chaussées, Oumou Camara a consacré toute sa carrière au développement du secteur routier en Guinée. Native de Siguiri, dans la région de Kankan (nord-est du pays), après plusieurs années en tant qu’enseignant-chercheur au département génie civil de l’université Gamal-Abdel-Nasser de Conakry, cette universitaire réservée a été chargée des programmes d’infrastructures et des services de base au sein de la délégation de l’Union européenne (UE) en Guinée, de 2003 à 2014. Elle a ensuite rejoint le ministère des Travaux publics, dont elle était la secrétaire générale avant d’en être nommée ministre début janvier. « Je connais parfaitement le secteur routier, dans lequel j’ai passé vingt-cinq ans. Je souhaite aujourd’hui mettre cette expérience au service de mon pays », explique-t-elle. La quasi-totalité des transports s’effectuant par la route, elle veut d’abord améliorer le réseau entre Conakry et les principales villes de province. ● B.R.

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POLITIQUE

Condé le rusé En attirant dans son camp certains de ses adversaires et en graciant le vice-président de l’UFDG, le chef de l’État est parvenu à semer la zizanie au sein de l’opposition.

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iviser pour régner… La tactique théorisée par Machiavel fonctionne depuis des siècles sous toutes les latitudes. En Guinée, elle est appliquée avec un certain succès par Alpha Condé, qui, en quelques mois, est parvenu à juguler les élans d’une opposition jusqu’alors très énergique. Souvent décrit comme un « animal politique », y compris par ses proches, le chef de l’État a procédé méthodiquement, étape par étape. Il a d’abord, avant ou après sa réélection, le 11 octobre 2015, attiré dans son camp certains de ses adversaires. Quelques semaines avant le scrutin, après des années à fustiger le régime d’Alpha Condé, l’Union des forces démocratiques (UFD), de Mamadou Baadiko Bah, annonçait qu’elle soutenait sa candidature. Pour le président sortant, cette alliance était surtout un moyen de gagner des électeurs peuls dans le Fouta-Djalon, région traditionnellement acquise à l’opposition. Une fois réélu, le président a réussi un second coup, dont la portée politique est encore plus significative : obtenir le ralliement de Sidya Touré, leader de l’Union des forces républicaines (UFR), deuxième force de l’opposition après l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), de Cellou Dalein Diallo N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

(lire p. 78). Au début de décembre 2015, celui qui déclarait six mois plus tôt qu’Alpha Condé « bafouait les lois » annonçait qu’il basculait dans le camp présidentiel. Nommé haut représentant du chef de l’État (un poste créé pour lui) le 2 janvier, Sidya Touré affirme qu’il a avant tout pris cette décision pour se mettre au service de son pays. « Nous n’avions pas de stratégie commune dans l’opposition. Cinq ans ont passé sans que l’on apporte quoi que ce soit. Je souhaitais être dans une logique plus positive et constructive », explique-til, soulignant qu’il a fini par trouver un

de l’UFDG (37). À en croire l’entourage d’Alpha Condé, ce rapprochement s’inscrit dans sa volonté d’apaisement après les tensions politiques qui ont émaillé son premier quinquennat. « Le temps est venu pour le président de dépasser les bagarres partisanes, assure l’un de ses proches collaborateurs. Il souhaite rassembler tous les Guinéens pour faire avancer le pays. Nous n’allons pas fermer la porte à ceux qui veulent nous rejoindre. » R I VA L I T É S. Ce serait dans cette

même logique de pacification politique que le chef de l’État a décidé, le 24 décembre 2015, de gracier l’un de ses plus farouches adversaires : Bah Oury, désormais ex-vice-président de l’UFDG. Cet opposant avait fui le pays à la suite de l’enquête menée sur la tentative d’assassinat contre Alpha Condé (le 19 juillet 2011), avant d’être condamné par contumace à la perpétuité pour « atteinte à la sécurité de l’État ». Exilé en France depuis quatre ans, Bah Sidya Touré, patron de l’Union Oury a été autorisé à rentrer à des forces républicaines, est Conakry, où il est arrivé à la désormais haut représentant fin de janvier. du président. Son retour a immédiatement provoqué de vives tensions au terrain d’entente avec Alpha Condé à la sein de l’UFDG, dirigée par son meilleur suite de longues discussions qu’ils ont ennemi, Cellou Dalein Diallo. Accusé de eues après la présidentielle. tenir des propos critiques et contraires à la ligne du parti, Bah Oury a été exclu Pour le pensionnaire de Sékoutoureya, et démis de son titre de vice-président, c’est un choix qui lui confère au passage une confortable majorité à l’Assemblée décision qu’il n’a jamais acceptée. Le 5 février, la rivalité entre ces deux nationale, l’UFR disposant du troisième ténors de l’opposition a fini par dégégroupe parlementaire avec 10 sièges sur 114, derrière celui du parti présidentiel, nérer lorsqu’un journaliste a été tué par balle devant le siège du parti. Depuis, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel, 53 députés), et celui les relations sont exécrables entre les JEUNE AFRIQUE


Le patient guinéen Le 29 février, à l’issue d’une réunion des principaux dirigeants de l’opposition. Au micro, leur porte-parole, Aboubacar Sylla (page de gauche).

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Alpha Condé (ci-contre, à g.) et Sidya Touré.

deux hommes. Cellou Dalein Diallo accuse Bah Oury d’avoir pactisé avec Alpha Condé en échange de sa grâce pour faire imploser l’UFDG, tandis que l’ex-exilé reproche à son concurrent d’être autoritaire, fermé au dialogue et de refuser toute remise en question de son leadership à la tête du parti.

Qu’il s’agisse d’une manœuvre d’Alpha Condé pour annihiler l’opposition ou d’une bataille d’ego entre deux leaders aux ambitions antagonistes, le résultat est là : l’UFDG est aujourd’hui minée par des dissensions internes. Dans le camp présidentiel, certains boivent du petit-lait. « Nous n’allons quand même pas nous

excuser de faire éclater le parti de nos adversaires », ironise un cadre du RPG. Au sein de cette opposition affaiblie, de nouveaux visages commencent à émerger, comme celui de Faya Millimono, président du Bloc libéral (BL), arrivé quatrième à la dernière présidentielle. De son côté, Moussa Dadis Camara est toujours tenu à l’écart du jeu politique national. Après avoir annoncé qu’il comptait se présenter à la magistrature suprême, l’ancien chef de la junte, qui jouit d’une popularité certaine dans son fief de Guinée forestière, a été empêché de rentrer à Conakry et reste exilé à Ouagadougou, au Burkina Faso. Face à des rivaux « neutralisés » ou trop occupés à régler leurs comptes, Alpha Condé a désormais le champ quasiment libre. En ce début de second mandat, ses principaux adversaires pourraient d’abord être les syndicats, qui ont lancé à la mi-février la première grève générale (bien suivie) depuis qu’il est arrivé au pouvoir, en décembre 2010. ● BENJAMIN ROGER

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Le Plus de J.A. Guinée Questions à

Cellou Dalein Diallo

Président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG)

« La population va devoir payer, mais elle dit non »

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riginaire de Labé, dans le FoutaDjalon, économiste de formation et de profession, Cellou Dalein Diallo, 64 ans, a occupé plusieurs postes ministériels de 1996 à 2004 (Transports, Télécommunications, Environnement, Travaux publics, Pêche), jusqu’à sa nomination en tant que Premier ministre (décembre 2004-avril 2006). Depuis qu’il s’est incliné face à Alpha Condé au second tour de la présidentielle de 2010, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, parti social-libéral) est l’un des plus farouches adversaires du chef de l’État. JEUNE AFRIQUE: Comment jugez-vous le début du second mandat d’Alpha Condé ? CELLOU DALEIN DIALLO: Difficile! La

crise sociale et économique est très sérieuse. La pauvreté a augmenté, le chômage aussi. L’endettement de l’État auprès des banques s’est accru de 1860 milliards [de francs guinéens, soit environ 220 millions d’euros]… Aujourd’hui, le gouvernement veut faire payer cette facture à la population en augmentant laTVA et en l’étendant aux biens de première nécessité. Il a aussi refusé d’appliquer le principe de la flexibilité du prix du carburant. À quel point la situation économique et le climat social vous inquiètent-ils?

Tous les indicateurs sont au rouge. En 2014 et en 2015, l’État a conclu des contrats de gré à gré pour près de 800 millions de dollars [713 millions d’euros], alors que ces dépenses n’étaient pas inscrites dans le budget. Naturellement, cela s’est traduit par une hémorragie dans les réserves de

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change, une augmentation de la masse monétaire et une forte dépréciation de notre monnaie nationale. Le FMI et la Banque mondiale ont exigé que l’État rembourse chaque mois à la Banque centrale l’équivalent de 170 milliards de francs guinéens. Pour y parvenir, il faut augmenter les recettes et contenir les dépenses. Et c’est la population qui va devoir payer, mais elle dit non. Si encore cette situation était liée à la conjoncture ou à des facteurs externes… Mais tout cela est le résultat d’une mauvaise gouvernance. Celle d’Alpha Condé, qui a financé sa mascarade électorale en faisant marcher la planche à billets. Où en est le bras de fer qui vous oppose à Bah Oury depuis son exclusion de l’UFDG ?

Il est exclu du parti, dont il n’a

respecté ni les statuts ni le règlement intérieur. L’ensemble des fédérations, de nos députés et tous les membres du conseil politique ont soutenu la décision de la direction nationale. Il n’y a plus de problème Bah Oury. Le parti poursuit ses activités, nous continuons à tenir nos bureaux exécutifs et nos assemblées générales, et nous préparons les élections locales. Ne craignez-vous pas des représailles de Bah Oury à la suite des événements du 5 février devant le siège de l’UFDG (lire pp. 76-77) ?

Je n’exclus pas qu’il tente une action en justice. Mais je pense que la justice, malgré tous les préjugés qu’on peut avoir sur elle, fera son travail conformément à la loi. Si c’est le cas, nous n’avons rien à craindre. ● Propos recueillis à Conakry par BENJAMIN ROGER


Votre concessionnaire Caterpillar en Afrique de L’Ouest « Toujours plus proche pour vous accompagner toujours plus loin » JA Delmas, partenaire Caterpillar depuis plus de 80 ans, est présent dans douze pays d’Afrique de l’Ouest, avec deux représentations en Guinée : Manutention Guinéenne (Conakry) et Mines équipements et Services (Sangaredi). Les domaines d’activité des sociétés du réseau couvrent : Les Mines : La distribution de la plus grande gamme d‘équipements miniers et un support produit « sur mesure » sont assurés pour l’ensemble des applications : diagnostic, réparation, maintenance préventive et curative, suivi opérationnel des matériels. Mines Équipements et Services accompagne la Compagnie des Bauxites de Guinée sur Kamsar et Sangaredi depuis le début de l’exploitation. La Construction et la Forêt : Les équipements et solutions Cat font chaque jour leurs preuves sur les chantiers et dans des conditions aussi variées que difficiles : • Constructions et projets BTP : bâtiments, terrassements, routes et pistes, infrastructures... • Carrières : production de concassés, cimenteries... • Exploitations forestières et agricoles • Activités industrielles : agro-industrie, manutention portuaire...

Les équipements industriels : Conseils et expertise pour la manutention (Hyster, Utilev) et l’air comprimé (Sullair) dans divers domaines : l’industrie portuaire, l’agro-alimentaire, les brasseries, les sociétés de service… Le réseau JA Delmas propose un ensemble complet de solutions après-vente : • les garanties constructeur pièces et main d’œuvre • l’assurance d’obtenir des pièces détachées d’origine au meilleur prix, dans les meilleurs délais et dans la durée • une assistance technique experte : des techniciens formés et équipés pour apporter le meilleur support, de la simple maintenance aux opérations de réparation ou de reconditionnement • des contrats après-vente : entretien, maintenance ponctuelle ou formule Full Service • des nouvelles technologies embarquées permettent d’optimiser la gestion du parc machines • des solutions de location et du matériel d’occasion certifié Caterpillar.

L’entreprise Guiter fait ainsi confiance à la fiabilité des équipements Cat présents sur ses chantiers, suivis sur site par des techniciens de Manutention Guinéenne.

Pour répondre aux exigences toujours croissantes d’un marché en évolution, un nouvel atelier va voir le jour à Conakry.

La production d’énergie : Du groupe de secours à la centrale électrique, du particulier aux grands sites industriels, Manutention Guinéenne conçoit et met en œuvre les solutions de production électrique sur-mesure adaptées à tous les contextes : • Groupes électrogènes à moteur diesel ou gaz • Centrales de production électrique complètes • Énergies renouvelables : solutions hybrides diesel/ solaire ou diesel/batteries • Moteurs industriels et marins.

« L’esprit de service reste un atout majeur pour JA Delmas et son réseau dans l’accompagnement de ses clients, à chaque étape de leurs projets. »

La centrale du terminal portuaire de Conakry, avec le groupe Bolloré Africa Logistics, est sur le point d’être livrée afin d’alimenter les nouveaux portiques portuaires. Contacts Guinée Olivier Mennegaut

Alain Bize

; mennegaut@manuguinee.com

; bize@mes-guinee.com

Directeur des opérations de Manutention Guinéenne

Chef de Site Mines Equipements et Services

Contact Réseau Philippe Menanteau

Responsable zone & animation réseau ; menanteau@resdelmas.com

MEMbRES Du RéSEau


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Le Plus de J.A. Guinée DÉCRYPTAGE Alain FAUJAS

Petite convalescence

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a Guinée a vécu en 2015 une annus horribilis. L’épidémie d’Ebola et la chute des cours des matières premières – notamment ceux de l’or et de l’alumine, qu’elle exporte – ont étouffé sa croissance. Celle-ci a décliné de 2,3 % en 2013 à 1 % en 2014 pour tomber à 0 % l’an dernier. La croissance démographique s’élevant à 2,5 % par an, cela signifie que, depuis trois ans, la pauvreté gagne du terrain dans un pays où l’inflation est toujours vive (+ 9 % environ) et où le PIB par habitant (545 dollars) est inférieur à celui d’Haïti. Il est frappant de constater que, malgré son fort potentiel agricole, hydraulique et minier, la Guinée se redresse moins vite que son voisin, le Liberia, qui n’était pas moins en lambeaux. Malgré tout, le pays est entré en convalescence. L’attentisme qui a précédé l’élection présidentielle du mois d’octobre a certes donné lieu à une nouvelle dégradation de son déficit budgétaire, mais sans que ce soit gravissime. Le gouvernement vient de promettre au Fonds monétaire international (FMI), mécontent que la Guinée n’ait pas atteint ses objectifs de réformes pour 2015, qu’il mettrait de l’ordre dans ses dépenses. Quand on sait les dégâts qu’une élection peut provoquer dans l’économie d’un pays africain, ce dérapage mineur et l’absence de troubles durant le scrutin et après la réélection d’Alpha Condé sont des signes encourageants ! À Conakry, on se risque dans certaines sphères à parler d’émergence. Le rapport « Doing Business » 2016 de la Banque mondiale, qui classe 189 pays selon leur climat des affaires, a en effet fait passer la Guinée de la 171e à la 165e place. Il est vrai qu’il est désormais possible d’y créer une entreprise en huit jours, ce qui lui a valu un bond de 49 places sur ce segment.

Dans les orientations du gouvernement, il y a du bon et du moins bon. Le bon, c’est l’effort en faveur de l’électricité, qui est le préalable indispensable à l’éducation comme à l’industrialisation. Comme l’a rappelé Kassory Fofana, conseiller à la présidence, devant les investisseurs réunis à Londres le 24 février, chaque dollar investi dans la production de courant crée 18 dollars d’activités nouvelles. Inauguré en septembre 2015, le nouveau barrage de Kaléta (240 MW) et sa ligne électrique de 186 km amélioreront l’approvisionnement de la capitale en électricité. Le barrage de Souapiti devrait suivre. Le moins bon, c’est le tropisme de la Guinée pour son sous-sol. Bien sûr, l’entrée en production à la fin de 2015 d’une mine de bauxite exploitée par le groupe chinois Hongqiao apporte une bouffée d’oxygène au budget et à l’économie. Malheureusement, il semble que le président et son gouvernement demeurent obnubilés par la « montagne de fer » du Simandou, dont ils espèrent que l’exploitation par Rio Tinto créera des milliers d’emplois et apportera des centaines de millions de dollars dans les caisses de l’État. Outre le contentieux avec l’homme d’affaires israélien Beny Steinmetz, qui s’estime évincé de ce projet de 15 ou 20 milliards de dollars – on ne sait trop –, les obstacles qui se dressent apparaissent insur-

La Guinée se redresse moins vite que son voisin, le Liberia, qui n’était pas moins en lambeaux.

Cependant, se laisser aller à l’optimisme est bien prématuré, car la réputation du pays auprès des investisseurs demeure mauvaise, comme le prouve le dernier classement annuel du magazine américain Forbes, publié en décembre 2015, qui place la Guinée au deuxième rang des pires pays pour les affaires (143e sur 144 pays classés), après le Tchad. Elle a encore des progrès à faire dans le domaine de l’octroi des permis de construire, du transfert de propriété, de l’obtention de prêts et de la protection des actionnaires minoritaires. Si elle réalise la croissance de plus de 4 % que lui prédit le FMI pour 2016, cela sera un mieux, pas un résultat mirobolant. N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

montables à brève échéance. L’effondrement du prix de la tonne de minerai de fer à 40 dollars au début de 2016 (quatre fois moins qu’en 2011 !) et la mauvaise santé de Rio Tinto qui s’est ensuivie ne permettent pas d’ouvrir une mine dont la production nécessite, en plus, la construction d’une voie ferrée de 650 km et d’un port en eau profonde. Il ne faut pas rêver. Depuis huit ans que la Banque mondiale a fait son mea culpa et reconnu qu’elle avait eu tort d’oublier l’agriculture comme outil de développement, on sait que l’agriculture vivrière, tout comme les cultures d’exportation, sont de puissants instruments pour lutter contre la pauvreté dans une Afrique subsaharienne où la population rurale représente entre 65 % et 80 % de la population totale. Qu’attend le « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest » pour redevenir « le grenier » de la région ? ● JEUNE AFRIQUE



Le Plus de J.A. AGRICULTURE

Les campagnes reprennent des couleurs L’épidémie d’Ebola laisse derrière elle un désastre économique, surtout dans le monde rural. Malgré la réapparition du virus dans le sud-est du pays, les producteurs espèrent rapidement remonter la pente.

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endant la crise sanitaire, rien n’allait plus. Je ne pouvais me rendre ni au Sénégal ni en France. On ne pouvait plus exporter nos produits nulle part. Avec la fin de l’épidémie, nous espérons gagner beaucoup d’argent… S’il y avait de la musique, je danserais ! » se réjouit Mariama Camara, en esquissant quelques pas au milieu de son champ de pommes de terre de Timbi-Madina (près de Pita), à 350 km au nord-est de Conakry, au cœur du massif du FoutaDjalon. Comme elle, beaucoup d’agriculteurs guinéens sont optimistes et redoublent d’énergie pour compenser les pertes qu’ils ont subies. Depuis l’annonce officielle de l’épidémie d’Ebola, le 23 mars 2014, jusqu’à ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare la Guinée « exempte de

transmission du virus », le 29 décembre 2015, les frontières du pays étaient fermées, et ses produits agricoles interdits d’exportation. Pendant vingt et un mois, les acheteurs sierra-léonais et bissau-guinéens avaient déserté le marché Madina, le plus grand de Conakry, où ils s’approvisionnaient habituellement. « Lorsque la crise sanitaire a commencé, nous avions

« Il y a évidemment eu un important manque à gagner et une diminution drastique des revenus, qui ont eu un impact sur la capacité des paysans à réinvestir. Ceux qui ont résisté et sont parvenus à maintenir leur production en 2015 n’ont pas réussi à la vendre, parce que les frontières étaient toujours fermées », poursuit Diallo, qui évalue les pertes subies par ses 12 000 membres à 45 milliards de francs guinéens Durant deux ans, les frontières (plus de 5 millions d’euros). ont été fermées et les produits « Déjà, en temps normal, agricoles interdits à l’exportation. le marché national ne peut pas absorber toute la prodéjà des stocks importants qui n’ont pas duction de pommes de terre, qui s’élève à été écoulés », explique Thierno Balla 35000 tonnes par an, renchérit Mamadou Diallo, responsable de la plateforme de Diallo, coordinateur de l’équipe technique de la Fédération des paysans du Foutastockage et de la commercialisation. Entre Djalon (FPFD), à laquelle appartient début 2014 et fin 2015, nous n’en avons Mariama Camara. écoulé que 20 000 t. »

© YOURI LENQUETTE POUR J.A.

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p En Guinée forestière, l’une des principales régions agricoles du pays. N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

JEUNE AFRIQUE


Le patient guinéen Les producteurs du sud-est du pays ont été encore plus durement touchés. Région agricole par excellence, la Guinée forestière, où il pleut neuf mois sur douze, a en effet été l’épicentre de l’épidémie. « Lorsque la crise sanitaire s’est intensifiée, les semis avaient déjà été faits [en avril-mai 2014], et des villages entiers ont dû abandonner leurs champs… Il y a eu des semailles, mais pas de récoltes », déplore la ministre de l’Agriculture, Jacqueline Sultan. Les activités agricoles ont certes repris, mais les producteurs restent inquiets. En effet, à la mi-mars, le virus est réapparu dans la région de N’Zérékoré, et cinq morts y ont été recensés. Ce qui a conduit le Liberia (où la fin de l’épidémie n’a été déclarée que le 14 janvier) à fermer sa frontière avec la Guinée forestière du 22 au 25 mars, par mesure de précaution. SOLUTION. Dans les régions moins affectées par la crise sanitaire, les exploitants ont tous subi de plein fouet la fermeture des frontières. Et, pour tous, la surabondance sur le marché national

a fait chuter les prix et les revenus des confie un riverain. Mais la ministre de producteurs. l’Agriculture l’assure : « Les travaux vont À quelque chose malheur est bon. suivre, l’usine verra bien le jour. » Elle Pour combler le manque à gagner à annonce par ailleurs l’engagement imminent d’une autre mesure de l’export induit par la fermeture des frontières, il a fallu trouver une solution : la relance : « les pistes Ebola ». Doté d’un transformation. En septembre 2015, en budget de 3 millions de dollars, ce projet tournée préélectorale dans la région, vise à accélérer le désenclavement des Alpha Condé a posé la zones de production affecSelon la Banque mondiale, première pierre d’une tées par la crise sanitaire. tous secteurs confondus, unité de transformation « De notre côté, nous le montant global, pour le de pommes de terre et de avons engagé une camproduit intérieur brut (PIB) manioc à Timbi-Madina, pagne de sensibilisation de la Guinée, des pertes dont l’investissement est à l’intention des producliées à l’épidémie d’Ebola estimé à 14 millions de teurs, explique le président s’élève à de la FPFD, Moussa Para dollars (12,5 millions d’euros), entièrement financé Diallo. L’épidémie d’Ebola par l’État. Autonome en leur a certes porté un grand millions de dollars coup, mais ils doivent énergie, l’usine produira reprendre courage. Et, de la fécule, ainsi que du compost et de l’eau fertilisante pour dans cette optique, nous sommes en train de redynamiser notre structure l’irrigation, et doit être opérationnelle de commercialisation afin de garanfin 2018 – délai que le chef de l’État aimerait voir écourté. tir l’écoulement de leurs produits. » Cependant, passé la cérémonie de Une action qui, il l’espère, sera soutepose de la première pierre et la présinue par ses partenaires, dont l’Union européenne. ● DIAWO BARRY, à Conakry dentielle, « le site est redevenu désert »,

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Le Plus de J.A. Guinée SUCCESS-STORY

Du four au moulin De simple vendeur de pain chaud dans les rues de Conakry, Saliou Diallo est devenu PDG de Sonoco, un groupe qui réalise un chiffre d’affaires de plusieurs millions de dollars.

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omme beaucoup de ses camarades, Mamadou Saliou Diallo estarrivéàConakryàl’âgede14 ans, sans aucun bagage, depuis Kégnéko, une bourgade des environs de Mamou, en Moyenne Guinée. C’était au milieu des années 1970. Aujourd’hui, à 54 ans, « Saliou Kégnéko », comme on le surnomme, est PDG de la Société nouvelle de commerce (Sonoco), un groupe composé de cinq filiales spécialisées dans la minoterie (Les Moulins d’Afrique, LMA), le transport et la logistique (AM Transit), la métallurgie(MétalImport),laconstruction et l’immobilier (Global Investment and Construction, GIC) et la finance (Nouvelle Compagnie d’investissement, NCI). Son poids : 800 emplois directs et un chiffre d’affaires de plusieurs millions de dollars. Le patron de Sonoco n’est pas complexé par son parcours d’autodidacte, bien au contraire. « Le prophète Mohammed fut un messager de Dieu alors qu’il était analphabète », se plaît-il à rappeler, avant de souligner qu’il n’ignore pas pour autant la valeur ajoutée des études et qu’il a su s’entourer de gens bien formés, parmi lesquels son fils aîné, Abdoul Karim Diallo. Directeur général adjoint du groupe depuis 2009, ce dernier est diplômé en marketing et communication de l’Institute for Leadership and Communication Studies (ILCS) de Rabat et a suivi un cursus en management et stratégie à la Columbia Business School de New York. « En 1984, se souvient Mamadou Saliou Diallo, j’arpentais les ruelles de Conakry, où je revendais du pain chaud fraîchement sorti du four. Je comptais chaque jour mes quelques centimes de bénéfice et passais la nuit à la porte des boulangeries pour être servi le premier, avant l’aube… Je connaissais la plupart des fours de Conakry ! » Alors N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

En 1992, il fonde la Société guinéenne d’investissement (SGI), active principalement dans l’importation de farine de blé et la logistique, laquelle, en 2004, donne naissance au groupe Sonoco. En partenariat avec son fournisseur marocain, Les Moulins Lahal, Mamadou Saliou Diallo crée LMA, dont la minoterie a été inaugurée en mars 2014 à Conakry, dans une zone industrielle de la commune de Matoto. Le complexe comprend deux moulins, qui peuvent produire jusqu’à 900 tonnes (t) de farine de blé par jour,

sur le point de retourner au village (« ce qui aurait été synonyme d’échec et de découragement », confie-t-il), le jeune homme parvient à diversifier ses activités grâce à « une somme insignifiante » que lui prête Ses maîtres mots : respecter sa belle-mère. « J’ai touché la parole donnée et ne jamais à tout, sauf à des activités illicites, s’empresse-t-il de se mêler de politique. préciser. Par exemple, j’ai une unité d’emballage et une chaîne de vendu des médicaments, mais dès qu’on a commencé à dire : “Celui-là est bon, tel production de son destiné à l’alimentation autre est mauvais”, j’ai préféré abandonanimale (6 500 t/mois). ner. » Pour importer des marchandises, il multiplie alors les voyages dans la sousÉTHIQUE. « Nous avons commencé il y région, en Angola, puis à Singapour et à a plus de vingt ans avec l’équivalent de seulement 14 000 euros, et aujourd’hui Djakarta. Jusqu’à ce qu’il ait les reins assez solides pour quitter le secteur informel. nous sommes à la tête d’un moulin qui représente plus de 25 millions d’euros d’investissement », se félicite Mamadou Saliou Diallo, qui envisage déjà de développer les capacités de la minoterie afin d’exporter dans la sous-région. Pour l’heure, le grand chantier de Sonoco, via sa filiale GIC, est celui de l’Hôtel Niger, un immeuble de 11 étages (190 chambres), en construction sur une concession de l’État à Kaloum, le quartier des affaires de Conakry. Les trois conseils de Saliou Kégnéko à ceux qui veulent entreprendre : respecter l’éthique et la parole donnée, avoir une relation de confiance avec ses partenaires et ne pas se mêler de politique, même si l’on est amené à en côtoyer les acteurs. « L’homme d’affaires est comme le militaire, il doit servir chaque régime de la même façon, explique-t-il. Je travaille honnêtement, avec tout le monde, en restant apolitique. » ● © SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

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DIAWO BARRY

t « L’homme d’affaires est comme le militaire, il doit servir chaque régime de la même façon. » JEUNE AFRIQUE



Le Plus de J.A. Guinée

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t Ci-contre, pont colonial sur le Milo, et ci-dessous, la grande mosquée.

CARNET DE ROUTE

Parenthèse historique et culturelle dans la capitale de la Haute Guinée.

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ituéeà 680 km à l’est de Conakry, Kankan, capitale de la Haute Guinéeetdeuxièmevilledupays par sa population (473500 habitants), était l’un des 24 villages de la province du Batè : 12 habités par les Peuls du Wassoulou et 12 par les Maninka Mori, ou marabouts du Malinké, venus depuis l’empire du Ghana (IIIe-XIIIe siècle) via celui du Mali (XIIIe-XVIe siècle). Batè signifie en malinké « entre-deux fleuves » : le Djoliba (nom local du Niger), qui coule à 40 km au nord de la ville, et son affluent, le Milo, qui traverse d’est en ouest la ville de Kankan, nom qui désigne la porte ou son battant, que les artisans locaux fabriquaient à partir des joncs poussant au bord du Milo. Jadis ville étape sur la route qui menait à Tombouctou, Kankan était aussi reliée à Bamako par bateau. Aujourd’hui, le Milo n’est plus navigable, ensablé à cause de l’activité des nombreuses briqueteries artisanales qui envahissent les berges, mais Kankan est resté un grand centre de négoce, de production agricole (coton) et de transformation (jus de fruits, matériaux de construction). TERRE D’ACCUEIL. La cité a été fondée au tout début du XVIIe siècle par Daouda Kaba, un Mandingue originaire de Djafounou (Mali) dont la famille s’était installée à Diankana, un village voisin. Grâce à l’amitié que Fodé Moudou Kaba, N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

son père, entretenait avec Fodé Moudou Condé, le chef des Condés, ces derniers ont accepté de céder une partie de la terre qui leur appartenait à Daouda Kaba. « Pour venir la cultiver, Daouda devait chaque matin remonter le fleuve Milo et le redescendre chaque soir jusqu’à son village. C’est pour cela qu’il aurait fini par s’y établir et créer Kankan », raconte le journaliste et historien Fabou Koulibaly. Au XVIIIe siècle, après des guerres de territoires, les Kaba se réfugieront au Fouta-Djalon, en Moyenne Guinée. Un repli tactique depuis lequel, avec l’aide de leurs hôtes peuls, ils reconquirent définitivement leurs anciennes terres. Ce qui explique que des quartiers de Kankan portent le nom des capitales politique et religieuse du Fouta théocratique, Timbo et Fougoumba (devenu Kabada). À son retour du Fouta-Djalon, en 1751, Alpha Kabinet Kaba, grande figure histo-

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Kankan, la vénus du Milo des sages »), ont ainsi permis de construire entre autres des mosquées et la morgue de l’hôpital régional. L’une des particularités des sèdès est la mamaya, une danse organisée pendant la fête de la Tabaski et les jours suivants, à laquelle peut prendre part toute la communauté mandingue de Kankan et de sa région, mais aussi tous ses ressortissants, y compris ceux qui se sont expatriés à l’autre bout du monde. Ancrée dans l’identité culturelle de Kankan, la mamaya a inspiré nombre d’artistes, comme la Guinéenne Dianka Diabaté et la Malienne Amy Koïta (les voisins maliens se joignant d’ailleurs régulièrement à la fête).

CHÉRIFS. Principal centre culturel islamique de la Haute Guinée, la ville abrite de nombreuses mosquées et écoles coraniques. Surtout, elle a sa famille de chérifs (sages érudits considérés comme des descendants directs du Prophète). El Hadj Amadou Chérif, 88 ans, Spécialité locale : la mayama, est le dixième et le plus âgé des qui se danse pendant la fête filsvivantsdeCheikhFantamady de la Tabaski. Chérif (qui fut le marabout de l’ex-président ghanéen Kwame rique de la ville, a donné à Kankan son Nkrumah), auquel il a succédé à la tête du surnom de Nabaya (« terre d’accueil », en kabila(« clan»). ElHadj Amadou Chérifest malinké). Il a aussi divisé sa population en à ce titre le secrétaire de la Ligue islamique cinq groupes d’âge et de gestion – corresrégionale de Kankan, maître à bénédiction pondants aux cinq prières musulmanes et grand médiateur en cas de conflits, de la journée – appelés sèdès ou sérès (en compte tenu de la neutralité de la famille malinké: « lutter », « se mesurer », « souffrir Chérif – laquelle a renoncé à l’imamat (au ensemble »), et qui, aujourd’hui encore, profit des autochtones Kaba), ainsi qu’à la fonction de Sötikèmö, auprès duquel participent au développement de la ville. elle a un représentant. ● Les cotisations de leurs membres, dont le plus éminent est le Sötikèmö (« le doyen DIAWO BARRY, envoyé spécial à Kankan JEUNE AFRIQUE


PUBLI-INFORMATION

SOGEAC AÉROPORT DE CONAKRY

L’AÉROPORT INTERNATIONAL DE CONAKRY-GBESSIA fin prêt pour la reprise économique en Guinée Malgré la crise sanitaire qui a touché la Guinée en 2014 et 2015, la SOGEAC et ses partenaires sont parvenus à réaliser d’importants travaux à l’aéroport international de Conakry-Gbessia, appuyant la politique d’ouverture du Président de la République, le Professeur Alpha Condé, et de son Gouvernement. ■ Rénovation du côté ville de l’aérogare internationale : la zone d’enregistrement, la zone arrivée, le Salon VIP arrivée, la salle de livraison bagages, de nouveaux bureaux ainsi qu’une climatisation centralisée améliorent le confort des passagers et des autres usagers. La capacité de l’aérogare internationale a été portée de 600 000 à 1,1 million de passagers par an.

DIFCOM/AQ - PHOTOS : DR

■ Construction d’un bâtiment point de rencontre dans le parking pour abriter des intempéries le public qui accompagne et accueille les passagers. Au sein de ce bâtiment se trouvent les trois principaux opérateurs téléphoniques pour la vente de cartes SIM et d’autres services, quatre banques avec des distributeurs automatiques de billets, une pharmacie, une bijouterie, un service cafétéria et une restauration rapide, ainsi qu’un salon privé haut de gamme.

Depuis l’annonce de la fin de la crise sanitaire le 29 décembre 2015, l’aéroport international de Conakry-Gbessia s’inscrit dans la reprise des activités économiques en Guinée, et celle du trafic aérien, avec l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes qui avaient déjà pris contact pour la desserte, telles que Turkish Airlines. La SOGEAC et ses partenaires vont poursuivre le programme des travaux de modernisation de l’aéroport de Conakry afin de le hisser au niveau des meilleurs aéroports de la sous-région ouest-africaine en termes de qualité de service et de connectivité, avec davantage de compagnies aériennes. Nous voulons exprimer notre reconnaissance et nos remerciements à Monsieur le Président de la République, le Professeur Alpha Condé, et à son Gouvernement, pour le soutien durant la crise qu’a traversé la Guinée. Nous exprimons également notre reconnaissance à Air France, Brussels Airlines, Royal Air Maroc et DHL, qui ont maintenu leurs dessertes durant cette période difficile et ce malgré les pressions de toutes parts. Nous remercions également les autres compagnies aériennes qui ont repris rapidement les vols pour rendre, chaque jour, Conakry une destination attractive.

SOGEAC

AÉROPORT DE CONAKRY

SOCIÉTÉ DE GESTION ET D’EXPLOITATION DE L’AÉROPORT DE CONAKRY BP 3126 – Conakry, République de Guinée Tél. : (+224) 656 99 90 10 - E-mail : contact@sogeac-conakry.com www.aeroportdeconakry.com

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Le Plus de J.A. ENTREPRISE

Le roi du bitume Si son siège est à Conakry, Guiter concentre le gros de ses forces et de ses chantiers dans l’est du pays. Reportage dans le fief du leader guinéen des travaux publics.

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est dans le quartier de Kankan-Koura, sur la rive sud du fleuve Milo, qui traverse la commune urbaine de Kankan, en Haute Guinée (lire p. 86), que la Guinéenne de terrassement routier (Guiter SA) a établi sa base logistique – tout près de l’usine de jus de fruits et du « projet coton » qui se sont éteints avec Sékou Touré, au milieu des années 1980, et qu’Alpha Condé tient à réanimer. Parc d’engins, centrale d’enrobage, laboratoire d’analyse des matériaux, bureaux du personnel… Le gros des forces de Guiter semble concentré à Kankan, bien que le siège de l’entreprise se trouve à 690 km à l’ouest, à la Cité Chemins-de-Fer de Kaloum, dans le centre-ville de Conakry. Le leader guinéen du BTP, dont les principaux chantiers de terrassement et de bitumage se trouvent en Haute Guinée, a en effet déployé l’essentiel de ses moyens matériels et humains à Kankan et dans sa région. Notamment à Balandou et à Sanfina, localités situées respectivement à 18 km au sud et à 17 km à l’est de la capitale régionale, où Guiter a installé une bonne partie de son arsenal logistique : une centaine

de camions-bennes fraîchement sortis d’usine, une centrale à béton, des citernes, des bulldozers, des excavateurs, des compacteurs, des bétonneuses de dernière génération, etc. Sans oublier de nouveaux bâtiments, qui vont bientôt accueillir des bureaux et des logements pour les employés de la société, sa « base vie ». Fondée en 1989 par Ansoumane Kaba, son PDG, Guiter a racheté en 1996 les équipements et infrastructures de la Brigade routière, une société établie à Kankan et spécialisée dans le désenclavement des zones de production cotonnière de Haute Guinée. L’entreprise s’est donc naturellement développée dans la région, où elle a élargi ses activités à travers Guiter Route, puis Guiter Carrières, qui fournit la matière première à son aînée, principalement du granit. Et, depuis vingt ans, elle terrasse la savane, bitume les routes et asphalte les rues des villes de Haute Guinée. « Guiter existait déjà et avait des marchés longtemps avant qu’Alpha Condé accède au pouvoir et longtemps avant qu’il épouse Djénè Kaba », tient à souligner le conseiller en communication de l’entreprise, Mory

BANCO DIAMANTIFÈRE À GBENKO

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i Guiter a fait ses premiers pas dans le secteur minier en 2001 avec la création de sa filiale Guiter Mining, c’est surtout à partir de 2010 que cette dernière s’est développée, après avoir fait l’acquisition d’une partie de la concession d’AredorFirst City Mining Company à Gbenko (236 km2), près de Banankoro, dans la région de Kankan (préfecture de Kérouané), située dans N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

le bassin moyen de la rivière Baoulé, réputé pour ses kimberlites diamantifères. Après deux années de recherches, Guiter Mining a rétrocédé près de la moitié de sa concession, comme le prescrit le nouveau code minier guinéen, et poursuit désormais ses activités de recherche et d’exploitation sur une zone de 170 km2. Afin d’optimiser et, surtout, de sécuriser sa production, ses unités

de traitement ont été mises à niveau par le sud-africain Consulmet, pour environ 3 millions de dollars (2,7 millions d’euros). Selon le rapport publié en décembre 2015 par le bureau local de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (Itie-Guinée), Guiter Mining a déclaré avoir exporté un volume de 6 745 carats de diamants en 2013. ● D.B.

Kaba, agacé par certaines rumeurs selon lesquelles l’entreprise se verrait attribuer des marchés de gré à gré sous prétexte que son PDG et la première dame du pays sont cousins (et tous deux originaires de Kankan). QUALITÉ OPTIMALE. « Les trois grands projets sur lesquels Guiter Route travaille actuellement sont le chantier de la nationale 7 [N 7] entre Kankan et Mandiana, la réhabilitation de la nationale 1 [N 1] entre Kouroussa et Dabola, ainsi que la construction de la nouvelle base de la société à Balandou et à Sanfina », explique Oumar Kaké, le directeur des ressources humaines. L’entreprise emploie un personnel mixte de nationaux et d’expatriés, des salariés permanents, d’autres en travail temporaire, et des sous-traitants, soit un total d’environ 1 000 personnes, dont 225 dans ses activités minières (lire encadré). Parmi les expatriés : des Espagnols, des Cubains, et un Tunisien, Mohamed Ali Yahiaoui, directeur technique et des opérations chez Guiter depuis novembre 2015. Ingénieur en génie civil et ancien cadre de la Société tunisienne de défoncement (Sotudef ), qu’il a quittée pour JEUNE AFRIQUE


Le patient guinéen t Travaux de voirie à Kouroussa, en Haute Guinée.

calvaire pour ses usagers comme pour ses riverains, plongés dans des nuages de poussière (ou noyés sous des trombes d’eau, selon la saison) à chaque passage de véhicule. Préfinancés par Guiter à hauteur de 1 500 milliards de francs guinéens (environ 175 millions d’euros), « ces travaux de réhabilitation devraient être achevés au plus tard en juin, avant les grandes pluies », assure Mohamed Ali Yahiaoui, qui annonce par ailleurs l’obtention « presque certaine » d’un financement de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque islamique de développement (BID) qui permettra de reprendre les dimensions sur certaines portions de la nationale Kouroussa-Dabola, notamment pour permettre aux conducteurs de négocier les virages à 80 km/h. BITUMAGE. Autre grand domaine

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d’activité de Guiter : l’aménagement et l’entretien des routes en milieu urbain. Pendant la transition militaire (décembre 2008-décembre 2010), l’entreprise a remporté les marchés de bituLa construction de la N 7, soit 100 km, partant du PK zéro (au carrefour avec la mage de l’ensemble de la voirie dans huit N 1), à Kankan-Koura, pour aller jusqu’à villes de Haute Guinée (Kankan, 33 km ; Siguiri, 11 km ; Dabola, 8 km ; Kouroussa, la rivière Sankarani, à Mandiana, représente un coût global de 185 millions 8 km ; Mandiana, 5 km ; Faranah, 10 km ; d’euros et doit être financée par le budKissidougou, 8 km ; et Dinguiraye, 9 km), get national d’investissement. Pour le soit un total de 92 km déjà livrés, y compris les caniveaux pour l’évacuation moment, seul un montant de 35 millions d’euros est disponible, qui permet de des eaux usées. Ses équipes travaillent réaliser 40 km d’ouvrage (la « tranche actuellement à Kérouané (à 145 km au sud de Kankan), où les travaux sont exéTous les matériaux passent par cutés à plus de 60 %, le laboratoire de dernière selon Mohamed Ali génération construit par le groupe. Yahiaoui, qui explique que les chantiers ont ferme »). La deuxième partie des travaux pris du retard à cause du mauvais état de (« tranche optionnelle »), qui porte sur la N 1 entre Kankan et Kérouané. les 60 km restants, est encore en attente. Enfin, dans le cadre des infrastructures « La fin des travaux de la tranche ferme prévues pour accueillir les cérémonies qui célébreront l’indépendance du pays est annoncée pour avril », précise l’Espa(le 2 octobre), organisées cette année à gnol Marc Dalmau, directeur technique, Kankan, Guiter procède au bitumage ajoutant que l’État guinéen et Guiter trade 18 km de voirie dans la commuvaillent d’arrache-pied pour trouver des nauté urbaine. Parmi ces nouvelles financements afin de réaliser la tranche optionnelle. infrastructures, une « contournante » de 2 × 2 voies (très rare en Guinée en Deuxième chantier de taille : la moderdehors de Conakry) permettra d’éviter nisation de la N 1 entre Kouroussa et Dabola, (au nord-ouest de Kankan), un le centre-ville. ● tronçon de 160 km qui est un véritable DIAWO BARRY

créer son bureau d’études, Supervision et Assistance technique (SAT), Mohamed Ali Yahiaoui a pour mission « d’améliorer la qualité du service ». Laquelle commence par les matériaux utilisés par Guiter sur ses chantiers : bitume, asphalte, pavés, agrégats, béton. Tous passent par le laboratoire de dernière génération que l’entreprise a fait construire sur son site de Kankan-Koura. Les échantillons des matières premières minérales extraites des carrières de la région (granit) et du fleuve Milo (latérite, sable, gravier) sont analysés et testés dans le laboratoire (essais de résistance et de comportement), puis sur les chantiers (analyse de rugosité, compacité…), « jusqu’à ce que l’on obtienne la formule d’enrobé qui permettra d’assurer une qualité optimale aux ouvrages », explique le chef du laboratoire, Lazare Pépé Grovogui, un jeune cadre originaire de N’Zérékoré, en Guinée forestière, en montrant un énorme objet noir de forme cylindrique. Un échantillon d’enrobé fabriqué à partir de bitume importé d’Europe et de granit extrait de la carrière de Morignoumaya (dans la préfecture de Kouroussa, la voisine de l’Ouest) et destiné au chantier en cours de la N 7. JEUNE AFRIQUE

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E

n un temps record, dans la transparence et le respect du nouveau code minier guinéen, la Société minière de Boké a lancé ses activités pour exporter chaque mois un million de tonnes de bauxite. Cela fait déjà de cet employeur de poids l’un des principaux contributeurs au Trésor public.

Plateau minier.

Une entreprise citoyenne pour l’économie guinéenne

Le minerai de bauxite.

La Société minière de Boké est née de la volonté de trois entreprises de créer un consortium capable, rapidement, d’exploiter et d’exporter de la bauxite depuis la Guinée vers la Chine. Il s’agit de Winning (40 %), le plus grand transporteur de bauxite vers ce pays et l’un des plus puissants groupes maritimes d’Asie, de United Mining Supply (27 %), principal logisticien minier de la sous-région, qui compte plus de vingt ans de présence en Guinée, et de Wei Qiao (22 %), l’un des plus importants producteurs d’aluminium au monde.

Les géologues réunis autour du DG de la SMB.

5000 emplois directs pour les Guinéens Le Projet va créer environ 5000 emplois directs et 10 000 emplois indirects, grâce à l’implication des entrepreneurs guinéens qui va aller croissant à chaque étape de la production (transport, restauration, chargement…). En termes de recrutement, la SMB fait plus que respecter le code du travail, qui veut qu’à compétence égale, un national ait la priorité sur un expatrié. Le président de son conseil d’administration est guinéen, alors que son directeur général, établi en Guinée depuis de longues années, est en voie d’être naturalisé. Le directeur financier, le responsable de la logistique, le responsable de la construction et de l’entretien routier, les responsables communautaires et les constructeurs de la base vie et des ateliers de l’entreprise sont tous des nationaux. Progressivement, les expatriés ne compteront plus que pour 0,2 pour cent dans le personnel de la SMB.

Grâce à leurs compétences et à leurs moyens, aux côtés de l’État guinéen, actionnaire de 10 % de SMB comme le veut le code minier, ces sociétés ont financé et monté en moins de 2 ans un projet intégré depuis le producteur jusqu’au consommateur. Il inclut aussi bien la chaîne logistique terrestre que maritime. Toutes les étapes pour constituer l’entreprise ont été respectées, de l’autorisation de recherche à la réalisation des études de faisabilité et d’impact environnemental et social, jusqu’à l’obtention du permis d’exploitation. Plateau minier.


PUBLI-INFORMATION

 165 millions de tonnes de bauxite exportées en 5 ans

 Transparence et bonne gouvernance

La SMB a commencé sa production commerciale en juillet 2015. Grâce à un port fluvial entièrement construit sur les fonds de ses actionnaires (voir encadré), elle exporte chaque mois depuis janvier dernier un million de tonnes de bauxite vers la Chine. Les capacités de transport ou encore de chargement du consortium, en croissance, devraient lui permettre d’exporter de 12 à 15 millions de tonnes de minerais en 2016 et jusqu’à trente millions de tonnes en 2017. Au total, 165 millions de tonnes de bauxite devraient êtres exportés en cinq ans.

Le chargement de la bauxite exportée est réalisé en présence de la douane et de la société de contrôle SGS. Le paiement des taxes se fait ainsi dans une totale transparence. Avec la volonté d’être à la pointe de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) et de la coalition « Publiez ce que vous payez », la SMB a choisi un organisme international, PricewaterhouseCoopers, pour certifier ses paiements au Trésor public.

La SMB exporte près d’un million de tonnes...

... de bauxite par mois...

 L’un des principaux contributeurs au Trésor public

... grâce au port fluvial de Katougouma.

À toutes les phases de l’exploitation de la bauxite, les normes environnementales et sécuritaires telles qu’édictées par le nouveau code minier sont respectées par la SMB. La société a construit un centre de santé, un centre de formation et plusieurs écoles pour les collectivités locales. Après avoir compensé financièrement les terres occupées, elle a aménagé de nouvelles zones de cultures.

Le port fluvial de Katougouma C ’est via le por t fluvial de Katougouma, à Boké, que la SMB exporte sa production vers la Chine. Ce port a été construit par les actionnaires de la SMB réunis dans « Winning Africa Port » (WAP), pour un coût supérieur à 100 millions de dollars. Le port commercial, qui pourrait à l’avenir être utilisé par d’autres acteurs économiques, a été conçu pour exporter jusqu’à vingt millions de tonnes de minerais par an, avec une capacité d’extension à trente millions de tonnes. Il s’étend sur quarante hectares et répond aux normes pour devenir un port international. SMB transporte son minerai jusqu’aux bateaux minéraliers stationnés au large de la Guinée, car les ports de Conakry et de Kamsar ne sont pas en mesure d’accueillir les navires de plus de 175 000 tonnes.

Des employés de la SMB construisent...

... une base vie de la société minière.

Société minière de Boké (SMB) Immeuble Siguri, Cité chemin de fer BP 2162 Conakry, République de Guinée E-mail : contact@smb-guinee.com

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

La SMB n’a pas négocié de convention avec l’État. Cela signifie qu’elle ne déroge à aucune de ses obligations fiscales telles qu’inscrites dans le nouveau code minier guinéen. À ce titre, l’État perçoit 2,5 dollars sur chaque tonne exportée, ce qui correspond à environ 2,5 millions de dollars par mois. Au total, la SMB contribuera directement au Trésor public à hauteur de 500 millions de dollars, soit autant que le montant des investissements qu’elle compte réaliser. Par ailleurs, les effets induits par le rapatriement des devises pour soutenir les opérations de la société se chiffreront à plus de 3,5 milliards de dollars.

 Respect des communautés locales et de l’environnement


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Le Plus de J.A. FORMATION ET TECHNOLOGIES

Djoliba au secours des bacheliers Un portail unique permet aux étudiants de s’inscrire à l’université en toute simplicité. Et au gouvernement de faire des économies.

F

ini les files d’attente, les passe-droits et les dates aléatoires pour s’inscrire à l’université, dans les écoles ou les instituts. Djoliba, un portail internet unique, regroupe toutes les formations post-bac du pays et simplifie les démarches d’orientation et d’inscription dans l’ensemble des institutions de l’enseignement supérieur et des établissements d’enseignement technique et de formation professionnelle (IESEETFP), publics et privés. Pour l’année académique en cours, il a été ouvert du 12 novembre 2015 au 12 janvier 2016. Bien que l’on soit pleinement dans l’ère des technologies de l’information et de la communication (TIC), certains des nouveaux bacheliers ont trouvé la rupture un peu douloureuse. Obligation d’avoir un e-mail personnel et un numéro de téléphone portable (Orange, MTN ou Cellcom), problèmes de connexion, difficulté à comprendre comment remplir le formulaire… Pendant ses premiers jours d’ouverture, le portail a soulevé un concert de protestations. Mais, finalement, les problèmes de surcharge du site et de connexion du début ont rapidement été dissipés, chacun s’est plié aux exigences de la modernité, et le premier test grandeur nature de Djoliba s’est plutôt bien passé.

forêt amazonienne, ils peuvent s’inscrire ! » fait remarquer un cadre du ministère de l’Enseignement supérieur. Le projet a été conçu par Banki Technology, une entreprise guinéenne spécialisée dans le développement de solutions numériques. « Les étudiants rencontraient d’énormes difficultés dans leurs démarches d’inscription, à cause des déplacements, parce que les orientations ne se faisaient pas selon le mérite, explique le directeur général de la société, Mamadou Bah [27 ans]. De son côté, l’État ne maîtrisait pas les effectifs, ce qui l’empêchait d’anticiper et d’investir au mieux pour répondre aux besoins des établissements. C’est à la suite de ce constat que, en seulement trois semaines, Banki Technology a conçu un prototype qu’il a présenté au ministère de tutelle. » MAÎTRISER. Une bonne opé-

PROVINCIAUX. « On ne peut

pas transformer les choses s’il faut toujours attendre que tout le monde soit prêt », tranche le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdoulaye Yéro Baldé. D’ailleurs, la plupart des bacheliers surfaient déjà sur internet avec leurs téléphones portables avant Djoliba, y compris ceux de l’intérieur du pays, puisque les premiers à N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

s’inscrire en ligne étaient des provinciaux. L’autre avantage pour les lauréats du baccalauréat est qu’ils ne sont plus obligés de passer leurs vacances chez eux en attendant de savoir quand aura lieu la période d’orientation-inscription. « Désormais, qu’ils soient à Kuala Lumpur ou dans la

ration pour l’État puisque la plateforme Djoliba, dont la conception ne lui a coûté que 150 millions de francs guinéens (environ 18 000 euros), a déjà permis de maîtriser l’effectif et l’orientation des nouveaux étudiants (ils sont 25 000), mais aussi de faire des économies. Selon le ministère, le coût des inscriptions pour l’État est en effet passé de 1 milliard de francs à 345 millions. Chaque étudiant s’est quant à lui acquitté de ses « frais d’orientation » – 15 000 francs, soit 1,75 euro (lire encadré) – par l’intermédiaire d’Orange Money, service de transaction mobile de l’opérateur français, qui a remporté le marché pour son implantation dans 33 villes-préfectures du pays, où il dispose de plus de 1 600 points de vente. Pour la prochaine rentrée universitaire, l’objectif du ministère et de Banki JEUNE AFRIQUE


Le patient guinéen Technology est d’avancer l’ouverture des préinscriptions au mois de septembre et d’intégrer dans la base de données Djoliba tous les étudiants inscrits dans les établissements. ÉLÈVES FICTIFS. Du côté des mécontents,

quelques représentants d’associations de la société civile considèrent que l’on confisque aux étudiants leur liberté de choix. « Le bachelier choisit, dans un délai déterminé, la formation qu’il souhaite suivre. À partir de là, on l’oriente en fonction de sa moyenne dans les domaines où il veut se spécialiser et de la capacité d’accueil des établissements qu’il a choisis », explique Mamadou Bah. « Si pour êtreenmédecineilfautavoirunemoyenne générale de 14 et que le nombre de places est limité, ajoute Abdoulaye Yéro Baldé, il va sans dire qu’on prendra les meilleurs. » Par ailleurs, si Djoliba a fait grincer des dents certains chefs d’établissements, c’est aussi parce qu’il empêche la fraude. « La plateforme aurait dû être lancée en novembre 2014, mais le ministère a

commis l’erreur de présenter le projet aux responsables d’IES, confie le patron de Banki Technology. Parmi eux, quelquesuns avaient l’habitude de créer des étudiants fictifs. Et ce n’est plus possible. » En 2014, le ministère de l’Enseignement

supérieur avait ainsi détecté plus de 4 000 étudiants « imaginaires » au sein de plusieurs établissements. Un moyen pour eux de gonfler leurs subventions et les factures qu’ils présentaient à l’État. ● DIAWO BARRY

COMMENT ÇA MARCHE ÉTAPE 1 Chaque nouveau bachelier doit s’enregistrer en ligne pour constituer son dossier numérique. ÉTAPE 2 À partir des listes recensant l’ensemble des formations et des établissements publics et privés existants dans les différentes villes du pays, il doit formuler ses choix de cursus et de lieu d’enseignement, par ordre de préférence (jusqu’à 15 vœux). ÉTAPE 3 L’étudiant doit valider cette « liste de candidature » en s’acquittant par SMS du paiement des « frais d’orientation », fixés à 15 000 francs guinéens (1,75 euro). Un identifiant national étudiant (INE) qui le suivra tout au long de ses études lui est alors attribué. ÉTAPE 4 Il est informé (une dizaine de jours plus tard), par e-mail et/ou par SMS, du résultat de son orientation: si elle n’est possible dans aucun des cursus ou des établissements qu’il préférait, il peut formuler de nouveaux choix; si l’un de ses vœux est satisfait, il reçoit instantanément les informations nécessaires pour procéder à son inscription définitive dans l’établissement concerné. ●

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Le Plus de J.A. Guinée

À vos écrans!

Depuis octobre 2005, le ministère de l’Enseignement supérieur et des partenaires privés distribuent une tablette numérique spécialement conçue pour les étudiants guinéens.

L

a tablette numérique Sincery (du nom d’une montagne de Dabola, préfecture du centre de la Guinée), dont les contenus et interfaces pédagogiques et documentaires ont été spécialement conçus pour les étudiants guinéens, est une autre innovation de l’année académique 2015-2016. Conçues par la société française EVI et assemblées en Chine, ces tablettes sont commercialisées par Guico Multiservices International (GMI), une filiale de Guicopres (le groupe de l’homme d’affaires Kerfalla Person Camara). Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) et l’institution de microfinance Jatropha, à l’origine de l’opération, ont déjà passé commande. Et la Sincery a mobilisé des partenaires aux profils bien différents. Les premières ont été distribuées début octobre 2015 à l’université Gamal-AbdelNasser de Conakry (Uganc) par le chef de l’État, Alpha Condé, dans le cadre de l’opération « Un étudiant, une tablette », l’une des actions de l’« Initiative présidentielle pour les technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement ». Le coût d’une tablette est de 150 dollars (environ 135 euros), subventionné pour moitié par l’État. Pour l’acquérir, les étudiants doivent souscrire un crédit-bail sur une durée de deux années universitaires (dix-huit mois) auprès de Jatropha,

© SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

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p Pour acquérir Sincery, les étudiants souscrivent un crédit-bail de 2,90 euros par mois pendant dix-huit mois.

auquel ils remboursent 25 000 francs guinéens (2,90 euros) par mois.

vec les investissements réalisés dans la 3G et, depuis 2012, le déploiement vers l’intérieur du pays, à Conakry, des 14 000 km de fibre optique à partir du point d’atterrissage du câble sous-marin ACE (Africa Coast to Europe), l’accès au réseau s’améliore. Le taux de pénétration de l’internet est passé 0,9 % en 2010 à 17 % en 2014, et son nombre d’utilisateurs de 30 000 à 1,8 million, selon le rapport publié en 2015 par l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT). Sur la même période, le taux de pénétration de la téléphonie mobile est passé de 40,4 % à 88,5 %, et le nombre d’abonnés de 4,2 à 10 millions, avec un taux d’accessibilité à la 3G allant de 95 % à 99,4 % chez les trois opérateurs détenteurs d’une licence 3G fin 2014. ●

Sincery), une plateforme financée par l’ambassade de France afin de numériser des livres et de concevoir des cours, dont la diffusion auprès des étudiants se faisait sur CD. « Ce support n’était pas assez adapté, constate Alpha Bacar Barry. C’est ainsi que l’on a pensé à le remplacer par Sincery. Le défi était de concevoir des tablettes résistantes, plus grandes que la moyenne et moins coûteuses. C’est le quatrième prototype qui a été validé. » Soit une tablette Android de 32 gigaoctets (Go), dotée d’un accès internet en wifi de 3G et d’un écran de 7 pouces. « On ne peut pas y installer tous les cours, mais elle s’accompagned’unecléUSB,etlamémoire est extensible. Nous avons aussi créé des MOOC [massive open online courses : “cours en ligne ouvert à tous”], et nous y ajouterons progressivement l’ensemble des ressources pédagogiques et documentaires guinéennes et étrangères, ainsi que des liens avec notre mooc principal. C’est l’aspect le plus important de l’innovation », précise le directeur général de Jatropha. En effet, dans certaines universités guinéennes, faute de salles, de places et d’enseignants en nombre suffisant, les étudiants n’ont que deux cours par semaine. Avec les MOOC et la tablette, ils pourront en avoir tous les jours, avancer à leur rythme grâce à des contenus pédagogiques validés par la chambre des enseignants de rang magistral (un service du MESRS) et accéder à 100000 ouvrages numériques. Afin de les familiariser avec ce nouvel outil, des agents techniques organiseront des « clubs Sincery » dans les établissements à la prochaine rentrée. ●

CÉCILE MANCIAUX

DIAWO BARRY

MOOC. La livraison du premier lot de 25000 tablettes au sein des 17 universités et établissements d’enseignement supérieur et technique du pays a pris du retard, mais ce sera réglé « avant la fermeture des classes, fin juillet », assure le directeur général de Jatropha, Alpha Bacar Barry. « On attend juste que le financement [10 millions de dollars, environ 9 millions d’euros] soit bouclé », ajoute le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdoulaye Yéro Baldé. À partir de l’année prochaine, l’assemblage des 75 000 tablettes du deuxième lot se fera non plus en Chine, mais à l’Institut supérieur de technologie de Mamou, où une unité d’une capacité de production de 300 unités par jour est en cours d’installation. L’idée est venue de réflexions menées sur l’Espace numérique universitaire et scolaire(Enus,devenupartenaireduprojet

Se déployer pour mieux surfer

A

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JEUNE AFRIQUE


PUBLI-INFORMATION

promesses d’avenir et partenariat durable

En 2018, GuinEa alumina Corporation Sa (« GaC »), unE filialE à 100 % d’ÉmiratES Global aluminium (« EGa »), CommEnCEra à ExploitEr unE dES pluS GrandES minES dE bauxitE du payS. un partEnariat GaGnant-GaGnant à touS pointS dE vuE.

Construire un futur fait d’espoir, d’opportunités et de fierté pour la Guinée La construction du Terminal à Conteneurs de Kamsar (« KCT ») est déjà bien avancée. Une fois terminé, le Terminal à Conteneurs de Kamsar permettra aux navires transportant jusqu’à 10 000 tonnes d’importer des matériaux nécessaires à Kamsar pour la réalisation des travaux sur le chemin de fer, les travaux

routiers et divers grands travaux de construction. Le KCT sera une infrastructure importante pour le port de Kamsar au cours de la phase opérationnelle du projet et bien au-delà. En 2022, l’achèvement de ces infrastructures permettra la construction d’une raffinerie d’alumine à Sangarédi (première étape de la transformation de la bauxite en aluminium) d’une capacité initiale de 2 millions de tonnes par an. Le projet GAC induira d’importantes transformations pour la Guinée qui, jusqu’à maintenant, n’a eu qu’une seule mine de bauxite d’importance significative depuis son Indépendance. Afin de disposer de cadres locaux aux compétences adaptées, GAC a développé un programme de formation et de renforcement des compétences guinéennes dans les installations d’EGA aux Émirats Arabes Unis (EAU) pour un redéploiement ultérieur en Guinée, avec le premier groupe de 16 candidats ayant terminé leur formation en 2015. Au mois de mars 2016, le deuxième groupe de 15 candidats s’est rendu aux EAU dans le cadre du même programme de formation. Dans le cadre de ses responsabilités sociales, GAC est pleinement engagé à améliorer la qualité et le niveau de vie de ceux qui sont affectés par et à proximité

de ses opérations. Les initiatives et projets entrepris à ce jour comprennent la construction d’infrastructures et les interventions publiques et communautaires dans les domaines de la santé, l’éducation et le développement des compétences : Neuf écoles construites bénéficiant plus de 3 000 élèves ; des programmes d’alphabétisation des adultes dans les villages avec 1 600 participants; la rénovation du Centre de Formation Professionnelle (CFP) de Boké dont plus de 300 jeunes ont été formés et équipés dans les compétences artisanales et professionnelles par le soutien de GAC ; Six postes de santé primaires construits au profit d’une population locale

l’UNICEF dans le cadre de la lutte contre Ébola ; trois centres communautaires construits, 23 puits d’eau développés, et deux ponts construits. Autre préoccupation essentielle, le rapport sur l’Étude d’Impact Environnemental et Social (« EIES ») réalisé par le cabinet de conseil « Environnemental Ressources Management » (ERM) a été adopté par toutes les parties prenantes lors de la restitution publique le 8 février 2016 et, certifié par le Bureau Guinéen d’Études et d’Évaluation Environnementale (BGEEE), une étape importante qui permet la mise en œuvre des mesures décrites dans le rapport et d’entamer les travaux de construction du projet de mine.

 GAC est pleinement engagé à améliorer la qualité et le niveau de vie des Guinéens, notamment dans le domaine de l’éducation.

de 100 000 ; les formations de base pour les villageois dans les premiers soins, l’hygiène et la santé maternelle, des programmes de sensibilisation sur le paludisme, le VIH / SIDA, le virus Ébola et une aide substantielle au Gouvernement Guinéen à travers

Guinea alumina Corporation S.a. (« GaC ») immeuble Zein, 10e étage, Quartier almamya, Commune de Kaloum, pB 5090, Conakry république de Guinée www.ega.ae

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

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uand la Guinée, un pays riche en ressources minérales, abritant plus de 7 milliards de tonnes de réserves de bauxite (soit 27 % du total mondial) et comptant parmi les meilleures bauxites au monde, s’allie à Emirates Global Aluminium (« EGA »), l’un des premiers producteurs d’aluminium au monde, c’est l’exemple d’un partenariat sud-sud pour la valorisation des ressources du continent qui se concrétise. La décision d’investir en Guinée est une composante clé dans la stratégie d’EGA de sécurisation de ses approvisionnements. Avec un investissement étranger de près de cinq milliards de dollars pour un objectif de production de 12 millions de tonnes de bauxite par an à partir de 2018, le projet GAC contribuera à raviver l’économie de la région en créant plus de 14 000 emplois.


Le Plus de J.A.

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© SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

q Dans le quartier de Coronthie, des habitants démolissent leurs maisons avant l’arrivée des bulldozers (le 17 février).

AMÉNAGEMENT

La loi des bulldozers Fini les étals sur la voie publique et les maisons bâties sur les terrains appartenant à l’État. Le ministre de la Ville a lancé une opération coup de balai à Conakry. Y compris dans les beaux quartiers.

L

à où Louncény Camara passe, plus rien ne dépasse ! À la fin de l’année dernière, le ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire a déclaré la guerre à l’occupation illégale des domaines de l’État et de la voie publique dans la capitale. Depuis, aucune maison, boutique ou lieu de culte bâti sur un terrain public sans autorisation ne semble résister aux agents de sécurité et aux bulldozers qui accompagnent les descentes musclées du ministre dans les différents quartiers de Conakry. Pour montrer qu’il ne s’agit pas d’une plaisanterie, Louncény Camara a commencé son opération coup de balai au Kilomètre zéro de Kaloum, le centre administratif de la capitale, que tout le monde pensait jusqu’alors intouchable. À Almamya, Sandervalia, Coronthie, et au marché du Niger, situé en plein centre N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

de la commune, les étals encombrant les rues et des dizaines d’îlots d’habitations ont été déguerpis sans ménagement. Certains se sont même résolus à casser eux-mêmes les murs de leur maison ou de leur échoppe dès qu’ils y ont vu apposer, tel un ultimatum, la désormais célèbre croix rouge, accompagnée de quatre lettres capitales : « DATU » (pour Direction de l’aménagement du territoire

leurs tôles rouillées. Des constructions « précaires », souvent là depuis des décennies, dont la présence « en ville » (comme on appelle ici la presqu’île de Kaloum) n’a pas manqué de titiller l’attention du président turc, Recep Tayyip Erdogan, en visite à Conakry début mars. « Ce n’est pas le visage d’une capitale », a-t-il dit à son hôte, Alpha Condé. Une raison supplémentaire pour accélérer le programme d’amélioration du bâti et de mise à niveau urbaine de la presqu’île engagé par le chef de l’État au début de son second mandat.

BRISE MARINE. « C’est depuis la mer que l’on se rend compte de l’étendue des dégâts de ces constructions informelles, explique le ministre de la Ville. La première opéraCertains Conakrykas sont allés tion a été d’identifier les jusqu’à faire aménager des terredomaines publics occupés pleins sur l’océan pour construire. illégalement sur le littoral ou sur la mer [certains Conakrykas aisés sont allés jusqu’à faire et de l’urbanisme). Une manière de sauver quelques biens en devançant l’assaut aménager des terre-pleins sur l’océan pour construire, NDLR]. Et tous les trades bulldozers sur de vieilles baraques fragiles, dont les toits ne résistaient au vaux sur ces sites ont été suspendus. » vent que grâce aux pierres posées sur Plus de 70 % des opérations JEUNE AFRIQUE


Le patient guinéen d’éradication nécessaires dans la commune de Kaloum ont déjà été réalisées, selon Louncény Camara, qui se réjouit de pouvoir à nouveau sentir la brise marine dans les quartiers du centre-ville. « Le plus difficile, explique-t-il, a été de déguerpir les abords du marché Niger. Nous avions dû suspendre les opérations à cause du retard du budget 2016, mais nous allons les reprendre ce mois-ci, pour en finir avec le Kaloum actuel. » La grande halle du marché doit être modernisée. En attendant, le ministre a promis de « recaser » les vendeuses de condiments et de produits maraîchers. Les autres devront se débrouiller et s’installer ailleurs. Dans tous les quartiers de Conakry, chacun a compris que le grand ménage n’était pas un énième effet d’annonce. Et, a priori, personne ne fera exception à la règle. À Cobayah, sur les hauteurs de la capitale (dans le nord de la commune de Ratoma), la maison de Louncény Fall, l’ancien ministre des Affaires étrangères (2002-2004 et 2012-2016), est elle-même menacée de démolition. « Je ne savais ● ● ●

CITÉ VERTE LES PIEDS DANS L’EAU

E

ntre le port artisanal de Boulbinet et le Port autonome de Conakry, à la pointe sud de la presqu’île de Kaloum, l’État s’apprête à construire la Cité verte-Marina de Boulbinet, en partenariat avec des investisseurs marocains. Le projet a en effet été confié au consortium casaoui Africa in Progress (AIP), formé par la Société de projets d’investissement (Sopi, groupe Rahal), le cabinet d’ingénierie et d’architecture Baadi El Mokhtar et le

groupe Itqane. Ce dernier avait déjà décroché il y a cinq ans un contrat de rénovation de bâtiments de l’État guinéen, dont l’ex-Palais des nations, qui a accueilli le 40e sommet de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), en décembre 2013, et a été rebaptisé Palais Mohammed-V. Avant de passer à la construction, la plus lourde étape du projet est de créer sur la mer un terre-plein de plus de 20 ha. « Cette cité sera un poumon

vert en plein cœur de Conakry. Nous allons construire des résidences de grand standing pour accueillir des invités de marque, notamment lors de conférences ou de sommets au Palais Mohammed-V, tout proche. Et la marina permettra d’accueillir les plaisanciers et proposera, à quai, des espaces de restauration et de loisirs », explique le ministre de la Ville, Louncény Camara, qui compte sur une livraison du chantier dans trois ans. ● D.B.

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Drôle de silhouette

Bambéto Hamdallaye N1 Baie de Sangarea

2 km

Kalo ou m (cen ntre-villle)

même pas qu’elle était à lui, précise Louncény Camara. La maison est dans une “zone douteuse”, près d’un lac, qui est un bien public. J’ai donc demandé à ce qu’elle soit marquée pour signifier à l’intéressé qu’il l’a construite sur un domaine où il n’aurait pas dû le faire. » En l’occurrence, le plan de développement urbain prévoit qu’à cet endroit de la corniche passe une nouvelle route. « Ceux qui n’ont pas d’autorisation pour occuper un terrain appartenant à l’État, quels qu’ils soient, vont être déguerpis, martèle le ministre. Et ceux qui en ont une seront peut-être dédommagés », modère-t-il, conscient du fait que certains permis ont été accordés par des fonctionnaires « véreux », parfois aux précédents occupants. « Les agents de l’État complices de cession de domaine public seront sanctionnés, poursuit Louncény Camara. Dès qu’il y aura suspicion de fraude, dans un premier temps, ils seront suspendus de leurs fonctions. Et, le cas échéant, d’autres sanctions administratives suivront, qui pourront aller jusqu’à la radiation. » ●●●

Enfin, on reproche souvent aux pouvoirs publics de démolir sans reconstruire et d’expulser sans reloger. Ces deux prochaines années vont être l’occasion de vérifier, dans un quartier emblématique à cet égard, Kaporo Rails, dans la commune de Ratoma, si les choses changent. Il a en effet été entièrement rasé en février 1998 à la demande du président Lansana Conté pour bâtir une cité administrative et une autoroute qui n’ont jamais vu le jour. En revanche, le

Conakry est une bande de terre de 36 km de longueur sur 1 km à 5 km de largeur, traversée par deux principaux axes de circulation qui se rejoignent sur la presqu’île de Kaloum, extrémité ouest de la ville. Une forme atypique pour une capitale qui concentre 2,5 millions d’habitants.

un champ de ruines – et un repaire pour consommateurs de drogue. « À Kaporo Rails, nous avons signé une convention d’indemnisation des familles déguerpies et de celles restant à déguerpir, et le site sera aménagé », explique Louncény Camara. Fin juin 2015, le gouvernement a en effet établi une convention de partenariat avec le groupement 3GB, constitué de trois entreprises privées du pays: la Guinéenne de construction et de prestation (GuiCoPres, de Kerfalla Person Camara), la Guinéenne de terrassement routier (Guiter, Même la maison de l’ex-ministre d’Ansoumane Kaba, lire pp. des Affaires étrangères, Louncény 88-89) et Begec-TP (née de la Fall, est menacée de démolition. fusion de Belco Construction et d’Egec). Le groupement doit mobiliser les fonds nécessaires afin désarroi des nombreuses familles expulsées a marqué les esprits ; il a inspiré au d’organiser les opérations de déguerpisgroupe de rap Bunkaya Faya sa célèbre sement et de dédommager les ménages chanson Kaporo Rails. Depuis, hormis déplacés, puis de viabiliser le site en le la construction du siège de la Radio connectant aux réseaux urbains (assainisTélévision guinéenne (RTG, inauguré sement, eau potable, électricité) et, enfin, en 2006) et celui de l’ambassade des d’y bâtir le futur siège du ministère de la États-Unis, ce site de 250 ha, rebaptisé Ville et de l’Aménagement du territoire. Le tout en deux ans et demi. ● DIAWO BARRY Centre administratif de Koloma, est resté



Le Plus de J.A. Guinée

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p L’entrée du complexe.

CONSOMMATION ET LOISIRS

Au bonheur des Conakrykas On y trouve de tout : jouets, objets de décoration, vêtements, salle de sport, agences de voyages… Bienvenue au Prima Center, le premier centre commercial du pays.

I

l y a quelques mois, le Prima Center ressemblait à une forteresse sans décorum. Aujourd’hui, le gazon et les parterres arborés agrémentés de sculptures (éléphant, girafe, cheval…) alternent avec les allées dallées bordées de haies ou de cocotiers. La terrasse a été équipée d’une aire de jeux pour les enfants, et, un peu plus loin, des portraits de clients venus faire du shopping ornent la façade d’un bâtiment. À l’intérieur du centre commercial, le brouhaha des promeneurs et des clients a remplacé le bruit des pioches et des marteaux des ouvriers qui doublaient la cadence pour livrer le chantier à temps. Car même si l’inauguration officielle n’a pas encore eu lieu, les premières boutiques ont ouvert à la mi-décembre, avant les fêtes de fin d’année. Et, depuis janvier, le rythme s’accélère : magasins de décoration, de prêt-à-porter ou de jouets, confiseurs, boutiques photo, de téléphonie ou de gadgets high-tech, agences bancaires ou de voyages, cafés, sandwicheries et restaurants, salons de N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

coiffure, institut de beauté… et même la presqu’île de Kaloum, et propose un un service de navette en pinasse entre immense parking de 4 000 m2 – ainsi Conakry et les îles de Loos. qu’à travers son offre de commerces, de services et de loisirs. « Nous ciblons en Premier véritable centre commercial du pays, le Prima Center ne désemplit pas. particulier la classe moyenne émergente, Les services administratifs ont déménagé explique Michel Saadi. Des jeunes entre 25 du rez-de-chaussée à l’étage, et, pour renet 35 ans, qui ont envie de s’amuser, mais qui vont dépenser leur argent ailleurs. contrer Michel Saadi, le directeur général, il faut désormais passer par la sentinelle de la Il y en a pour tous les budgets. réception, où les comQue l’on gagne 1 million ou 10 millions merçants attendent leur de francs guinéens par mois. tour, qui pour régler les derniers détails de son installation, qui pour se renseigner sur C’est dommage. Nous voulons rapatrier le prix de la location ou la disponibilité leur pouvoir d’achat. » Et au Prima Center des boutiques. Début janvier, les deux il y en a pour tous les budgets, poursuit le tiers étaient déjà attribués. directeur, « de celui qui gagne moins de 1 million de francs guinéens [soit environ GLAMOUR. Construit par le groupe 115 euros] par mois à celui qui en gagne familial ivoirien Hyjazi pour un mon10 millions. En prêt-à-porter féminin tant de 16 millions d’euros, ce complexe par exemple, on recense déjà cinq boutiques, qui ont chacune leur créneau et de 14 600 m2 est accessible au plus grand leur gamme de prix ». nombre d’un point de vue pratique – il se Parmi elles, Malaïka et J&H, boutique situe en périphérie du centre-ville, loin des embouteillages monstres qui paralysent tendance et glamour qui s’adresse à ● ● ● JEUNE AFRIQUE


PUBLI-INFORMATION

Banque Centrale de la République de Guinée

Évolution du mobile Banking en Guinée

L

sion sur l’activité d’émission de mona BCRG est membre de naie électronique et les établissements l’Alliance for Financial Include monnaie électronique, la BCRG a sion (AFI) depuis juillet 2009 activement participé aux travaux du et de l’African Mobile Phone Groupe de travail de l ’African Mobile Financial Services Policy Initiative Ph one Fi na nc ia l S e r v i c e s P o l i c y (AMPI) en février 2013. Elle a ratifié Initiative (AMPI) pour faire progresser la déclaration de Maya le 30 septembre l’inclusion financière en Guinée. 2011 et elle s’est engagée à l’aménagement du cadre juridique des activités des IMF pour faire face aux mutations La mise en place du cadre régleintervenues et prévisibles dans le secmentaire a permis à la BCRG d’agréer Louncény NABE, teur, la protection et l’éducation des Orange Money qui opère avec Orange Gouverneur de la BCRG. consommateurs, l’amélioration des Guinée. Quant à MTN Mobile Money systèmes d’information et de gestion qui opère avec Ecobank–Guinée, la ainsi que la modernisation du fonctionnement des procédure d’agrément est en cours. institutions ayant recours aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ce qui perEn ce qui concerne la participation de la Banque Cenmettra d’améliorer le taux de bancarisation qui s’élève trale de la République de Guinée aux initiatives internaà 7,7 % de la population guinéenne (4 ,7 % à travers la tionales en faveur de l’inclusion financière, il faut citer : microfinance et 3 % pour les banques).

 Activités AFI

C’est dans ce cadre que l’Alliance for Financial Inclusion (A.F.I) a financé plusieurs voyages d’études en faveur de certains Cadres de la BCRG pour approfondir leur connaissance sur l’inclusion financière, ce qui a contribué à la mise en place de la réglementation sur l’activité d’émission de monnaie électronique en mars 2015. À travers la création de la commission de travail sur les services financiers mobiles et l’adoption de la déci-

1. Présence régulière au forum annuel sur l’inclusion financière de 2009 à nos jours ; 2. Ratification en 2011 de la déclaration de Maya.

 Activités AMPI 1. Participation aux travaux du groupe de travail sur les Services Financiers Mobiles ; 2. Partage de la réglementation sur l’émission de la monnaie électronique avec les pairs ; 3. Ratification de la déclaration de Zanzibar en 2013.

Situation des Services Financiers Mobiles au 31/01/2016 Au 31/01/2016

Nombre de clients

Prévision fin 2016

Volume de transactions

Prévision fin 2016

Nombre d’agents

Prévision fin 2016

Orange Money

985 000

1 500 000

GNF 209 Mds

GNF 600 Mds

2 600

5 000

MTN Mobile Money Guinée

53 000

1 950 000

GNF 35 Mds

GNF 229 Mds

1 117

3 000

Total

1 038 000

3 450 00

GNF 244 Mds

GNF 829 Mds

3 717

8 000

Banque Centrale de la République de Guinée www.bcrg-guinee.org

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR

NB : il faut souligner que diverses transactions sont réalisées via ces services. Il s’agit des dépôts, retraits et transferts d’argent, de l’achat de crédit, de paiement marchand, de paiement de salaires, paiement de frais d’inscription des étudiants (25 000 étudiants via Orange Money). En termes de création d’emplois, il faut souligner que la fabrication des kiosques Orange Money (5 000 prévues pour fin 2016) a été confiée aux entrepreneurs locaux. En outre des milliers d’emplois vont être créés dans le cadre de la mise en place du réseau d’agents par Orange Money et ses partenaires.


© SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

© SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

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p Une partie de billard au bar L’After (à g.) et quelques emplettes dans la boutique de prêt-à-porter J&H.

une clientèle très variée. « Nous avons beaucoup de visiteurs, se réjouit Nimré, la gérante. C’est nouveau, les clientes trouvent des modèles et des accessoires à leur goût, et elles en redemandent. Nos articles sont à la portée des Guinéens. Et puis le plaisir n’a pas de prix ! » L’Ivoirien Sadia Diomandé, lui, découvre le pays. Il est le manager de J&H, qui vend à des prix « imbattables » les marques du groupe espagnol Inditex (Zara, Pull & Bear, Bershka), mais pas seulement. « Nous avons aussi d’autres marques très abordables. On fait en sorte que nos produits soient accessibles et l’on réduit nos marges, mais nous ne sommes pas perdants parce que l’on vend beaucoup plus », précise-t-il. Le conseil de la direction générale semble suivi. « Je dis toujours à celui qui ouvre son commerce que si le client ne trouve pas son compte il ne reviendra pas, explique Michel Saadi. On ne s’immisce pas dans la politique des prix, mais on en tient compte dans la sélection des ●●●

locataires : on ne peut pas proposer que des boutiques chères. » FITNESS. Côté loisirs, le Prima Center abrite un club de sport et de fitness, un billard et une salle de jeux vidéo, que fréquente régulièrement Youssouf Koné, étudiant malien à l’université de Conakry. Son camarade Mamadou Traoré, lui, apprécie les snacks et les restaurants. « Les commerçants sont accueillants, lance-t-il, un hamburger à la main. Et je l’ai payé 30000 francs, c’est raisonnable. » Fadimata Belem, pour qui c’est la première visite au Prima Center, se montre tout aussi enthousiaste: « J’ai surtout aimé la salle de jeux d’arcade, les boutiques de vêtements et de bijoux… C’est très agréable ! » Parmi les principaux pôles d’attraction du Prima Center depuis janvier : sa salle polyvalente de 900 m2, qui accueille des sportifs ou des cours de danse lorsqu’elle n’est pas occupée par un événement. Les propriétaires n’ont pas souhaité la louer – même si elle avait trouvé un locataire

« prêt à mettre le paquet ». Ce n’est pas une question d’argent, insiste Saadi : « Le groupe a préféré garder la main sur la salle pour y proposer tout un éventail de loisirs: un concert tous les deux mois, des pièces de théâtre, des expositions, des foires valorisant l’artisanat guinéen, des fêtes… » Elle pourrait aussi accueillir Les 72 Heures du livre, un événement organisé chaque année en avril par la maison d’édition L’Harmattan, et être mise à contribution dès l’an prochain, puisque Conakry a été nomméeparl’Unesco«Capitalemondiale du livre » pour l’année 2017. L’un des derniers à emménager, et non le moindre, sera l’hypermarché de 2000 m2. La direction du centre est encore en discussion avec plusieurs distributeurs, en particulier avec le groupe espagnol Dia, troisième plus grand franchiseur européen du secteur alimentaire (déjà bien implanté au Sénégal voisin), qui souhaite installer son enseigne Citydia à Conakry. ● DIAWO BARRY

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PUBLI-INFORMATION

 Vue des pompes de refoulement d’eau traitée de la station de traitement du lac de Sonfonia

SEG SOCIÉTÉ DES EAUX DE GUINÉE Situation actuelle des installations existantes et des actions menées par la troisième République

La situation difficile que connait aujourd’hui le secteur urbain de l’Eau Potable, est le manque d’investissements majeurs de plus de vingt ans dans ce secteur vital et qui s’est traduit par une forte détérioration de l’existant et l’enregistrement d’un important déficit par rapport aux besoins.

POUR CONAKRY - Capacité de production disponible en 2014 : 167 000 m3/jour - Besoin en Eau Potable de la population estimé par la SEG en fin 2014 à : 308 000 m3/jour - Déficit de production en fin 2014, tenant compte des efforts de la troisième République : 141 000 m3/jour - Nombre de bornes fontaines publiques construites par la SEG dans les zones défavorisées des 5 communes de Conakry : 122 unités - Résultats des efforts fournis par la troisième République (de 2011 à 2015) : 33 600 m3/jour de production additionnelle - Nouvelles zones impactées par ces efforts : Kaporo Démoudoula, Sonfonia, Cimenterie 1 et 2, Bailobayah, Kokoma, différentes zones défavorisées à Conakry

POUR LESVILLES DE L’INTÉRIEUR - Nombre total de villes de l’intérieur équipées en systèmes d’AEP en fin 2015 : 25 - Capacité de production disponible en 2015 : 55 370 m3/jour - Nombre de bornes fontaines publiques construites par la SEG dans les zones défavorisées des communes urbaines de Siguiri, Kankan et Télimélé : 20 unités - Résultats des efforts fournis par la troisième République (de 2011 à 2015) : 9 430 m3/jour de production additionnelle

ACTIONS ENGAGÉES POUR LA PÉRIODE 2015-2020 ET LEURS IMPACTS POUR CONAKRY

POUR LES VILLES DE L’INTÉRIEUR

Réhabilitation des installations de production, de transport et de distribution d’eau potable datant de 1964 y compris la construction de nouveaux forages industriels sur financement acquis avec la BID et le Gouvernement Guinéen

Remplacement de la conduite de transport d’eau traitée en acier DN 700 mm datant de 1964, fortement fragilisée par une conduite en acier DN 1100 mm entre Sangoyah et Enta sur 3,5 km sur financement du Royaume du Maroc

• Remplacement de la conduite de transport

d’eau traitée en PRV DN 1100 mm, fortement fragilisée avec des casses répétitives, par une conduite en Fonte Ductile DN 1100 mm entre Sangoyah et Enta sur 3,5 km sur financement de la JICA

Renforcement des capacités de production, de transport, de stockage et de distribution d’eau dans le cadre du 4ème Projet Eau, sur un financement en cours de mobilisation : production additionnelle de 340 000 m3/jour ; ce qui permettra de résorber définitivement le déficit persistant et faire face aux besoins des populations jusqu’en 2030

DIFCOM/AQ - PHOTOS : DR

• Poursuite de la construction par la SEG

de bornes fontaines publiques dans les zones défavorisées de 5 communes de Conakry : 100 unités

 Abris des 14 filtres à sous pression de la station de traitement du lac de Sonfonia

Renforcement des capacités de production, de transport, de stockage et de distribution d’eau potable de la ville de Siguiri (production additionnelle de 10000m3/jourquipermettraderésoudre définitivement et durablement le problème d’eau à Siguiri)

• Adduction d’Eau Potable des 5 villes (Lola,

Yomou, Tougué, Lélouma et Gaoual) sur financement acquis auprès de la BADEA et de l’OFID/OPEP

Réhabilitation et renforcement des installations de production, de transport, de stockage et de distribution d’eau potable de la ville de Kankan sur un financement à mobiliser

• Adduction d’Eau Potable des 3 villes restantes (Beyla, Fria et Koubia) sur financement à mobiliser

• Poursuite de la construction par la SEG de bornes fontaines publiques dans les zones défavorisées des communes urbaines des villes de l’intérieur : 50 unités

Il faut noter qu’avec le développement exponentiel d’année en année de nos populations, les besoins en eau potable deviennent plus importants ; et sans investissements de développement, le déficit ne fera alors que croître.

SOCIÉTÉ DES EAUX DE GUINÉE - SOCIÉTÉ ANONYME À PARTICIPATION PUBLIQUE Siège Social - Almamya - BP : 150 - Conakry, République de Guinée Tél. : (+224) 657 22 00 58 - E-mail : info@segguinee.com

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Guinée Le Plus de J.A. MÉDIAS

Succès en chaîne

© SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

La journaliste et productrice guinéo-américaine Diaka Camara anime l’émission musicale Top 10, qu’elle a créée en 2011 pour la RTG et qui est désormais diffusée sur Espace TV.

u Au café Top 10, qui vient d’ouvrir au Prima Center.

D

iffusée par la Radio Télévision guinéenne (RTG) et, depuis 2014, sur la chaîne privée Espace TV Guinée, l’émission musicale Top 10 fait bouger le paysage audiovisuel guinéen dans tous les sens du terme. Classement des 10 chansons les plus écoutées du moment, clips, performances « en live », interviews d’artistes, de sportifs ou de personnalités du monde de la culture… Tournées dans un lieu différent à chaque numéro, les séquences s’enchaînent, rythmées par la baguette d’une maîtresse de cérémonie pleine de peps et d’assurance : Diaka Camara, une Guinéo-Américaine de 35 ans, à la fois productrice, journaliste et animatrice. Née à Bruxelles et élevée en Guinée par une mère juriste et un père chef d’entreprise, Diaka Camara entame ses études JEUNE AFRIQUE

secondaires au lycée français de Conakry, En 2011, Diaka Camara crée son entreles achève au Texas (États-Unis) et, en prise de production audiovisuelle, CBC 2006, sort diplômée en communication Worldwide, et lance l’émission musicale et journalisme de l’université de Houston. Top 10. « Lorsque j’étais petite, puis lors de En 2010, après un stage à Telemundo séjours à Conakry quand je vivais au Texas, TV (filiale de NBC), puis un emploi de les programmes de la télé guinéenne gestionnaire de compte à la Chase Bank (pour « On m’a reproché d’américaniser la un salaire annuel de télévision nationale. On voulait que 70000 dollars), elle abanje paie pour diffuser mon émission ! » donne sa vie américaine, y compris son mari, pour que je regardais laissaient vraiment à s’installer à Conakry avec, dans sa valise, quelques projets bien précis. « Telemundo désirer. Et, comme c’est mon domaine de voulait me garder après le stage, mais compétence, je me suis dit que je pouvais je me suis rendu compte que, quel que apporter ma contribution au changement soit ce que j’allais faire pour conquérir de l’audiovisuel guinéen, explique la jeune le monde, dit-elle en souriant, je voulais femme. Mon objectif est de concevoir des le faire depuis la Guinée ! À la fin, je me émissions “made in Guinea” qui puissent suis dit : “C’est chez moi”… » être vendues partout dans le monde. N O 2882 • DU 3 AU 9 AVRIL 2016

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Le Plus de J.A. Comme le feuilleton américain Côte Ouest dans les années 1980 ou la série ivoirienne Ma Famille dans les années 2000, sans parler de toutes les séries tournées à Nollywood, au Nigeria. » Le retour à Conakry n’a pourtant pas été simple. Au départ, l’émission était produite sur fonds propres et diffusée sur la RTG depuis les États-Unis, à raison de deux numéros par mois. « Le plus difficile, c’est de changer les mentalités. Je devais repartir chaque mois en Amérique et je faisais beaucoup d’efforts pour peu de reconnaissance. Quand Top 10 a commencé, confie-t-elle, on m’a reproché d’américaniser la télévision nationale. Certains voulaient même que je paie pour que l’émission passe à l’antenne! » Quand chaque diffusion lui coûtait 5000 dollars… MÉLANGE. Mais ses efforts ont porté leurs

fruits. « Au début, c’était du jamais-vu en Guinée, ne serait-ce qu’au niveau de la qualité de l’image, souligne Diaka. Les autres émissions de la RTG n’avaient pas de générique ni d’habillage qui leur

donnent une vraie identité. Depuis, on a imposé aux autres programmes de faire comme nous. » Désormais, le sponsoring et la publicité suffisent à couvrir les frais de production de Top 10. Devenue hebdomadaire, l’émission est diffusée tous les vendredis à 20 h 30 sur la jeune chaîne privée Espace TV (créée en 2013 par le groupe Hadafo Médias, de Lamine Guirassy),

les talents guinéens et exporter la culture nationale. » Principe qu’elle va appliquer à d’autres créateurs, ceux de la mode, dans Fashion, une nouvelle émission qu’elle prépare avec Espace TV. En 2014, pour participer à la lutte contre Ebola, CBC Worldwide a produit, en partenariat avec l’Unicef, le ministère de la Jeunesse et MTN Guinée, un documentaire de vingt-six minutes, 1 sauve 100, pour lequel Diaka Camara est allée « Je veux concevoir des émissions à la rencontre de vic“made in Guinea” qui puissent être times de l’épidémie à travers le pays. Traduit vendues partout dans le monde. » en plusieurs langues (pular, guerzé, malinké, soussou, kissi dont la ligne éditoriale correspond mieux à sa conception de l’audiovisuel. « À et toma), il était diffusé sur les chaînes Espace TV, c’est donnant-donnant. Ils nationales, dans les écoles et les maisons de jeunes. Avec l’appui de l’ambassade respectent la programmation, se félicite la productrice-animatrice. Top 10, c’est un des États-Unis, la productrice s’est engamélange d’africanité et d’occidentalité. gée dans un nouveau projet, cette fois La seule différence entre un Soul Bangs pour lutter contre l’excision. Elle espère [chanteur de R&B très populaire] et un ensuite pouvoir lancer une campagne Chris Brown, c’est que le premier est né contre l’analphabétisme. ● DIAWO BARRY en Guinée. Et je veux avant tout valoriser

P&M ENVIRON, un partage de VALEURS au service de la QUALITÉ P&M ENVIRON a instauré des valeurs fortes et constantes qui nous sont propres « Qualité », « Service », « Professionnalisme ». Dans une Guinée en mouvement, c’est notre degré de compétence, notre qualité d’adaptation et notre capacité à réagir qui conforte et confortera notre position. Nous avons toujours privilégié des échanges commerciaux, liés à une relation de proximité. Nous-nous appuyons aujourd’hui sur une équipe jeune et dynamique, efficace avec qui, le partage de nos valeurs reste une priorité. En Guinée le monde de la distribution de produits pétroliers est très concurrencé, nous recherchons des produits positionnés au meilleur rapport « Qualité/Prix » grâce à des fournisseurs efficaces qui soient à même de satisfaire également nos exigences en termes de fiabilité. Nos lubrifiants et nos additifs vous permettent dans tous les secteurs d’activité de générer des économies de consommation énergétique et de diminuer de façon importante et visible l’usure des organes lubrifiés. Le mot « Qualité », nous voulons aussi y voir notre capacité à vous apporter nos connaissances, nos expériences dans des domaines variés que sont les nouvelles technologies, les normes environnementales et la réglementation du secteur pétrolier. Nous suivons également l’évolution constante des produits afin de répondre le plus rapidement à vos attentes. P&M ENVIRON participe activement à la sauvegarde de l’environnement en commercialisant des équipements préventifs à la pollution de ses produits, avec également un réseau de collecte et d’élimination des huiles usagés de premier ordre. Route de la gare Almamya - Commune de Kaloum - Conakry, Rép de Guinée Tél. : (+224) 655 14 73 45 / 655 36 17 50 - www.pmenviron.com

DIFCOM / CaC - Photos D.R.

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Le patient guinéen Sport

L’ambition africaine d’Antonio Souaré pour assister à l’affrontement du Horoya Athlétique Club (Horoya AC ou HAC) contre les Sénégalais de l’AS Douanes, lors du tour préliminaire de la Ligue des champions de la CAF. Horoya en est sorti vainqueur (0-0 à l’aller, 4-0 au retour). Malheureusement, fin mars, le club s’est incliné en seizièmes de finale face aux Zambiens du Zesco United, malgré sa victoire au match retour (1-4, 2-0). Une déception pour Antonio Souaré, qui a fait de la Ligue des champions l’un des objectifs prioritaires du HAC. Mais ce n’est que partie remise : 13 fois champion de Guinée, vainqueur de 6 Coupes et de 2 Super Coupes nationales et de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe (devenue Coupe de la Confédération) en 1978, le Horoya est déjà multititré, et son président compte bien en faire l’un des meilleurs du continent.

Passionné de football, l’homme d’affaires préside le Horoya AC depuis 2011. Son club est champion en titre de Guinée, et il veut en faire l’un des meilleurs du continent. t À Paris, le 9 février.

© Vincent Fournier/J.A.

RESTRUCTURER. C’est en 2011 que le

C

était un mardi froid et pluvieux. À quelques mètres de son domicile parisien, dans un bar-restaurant du 18e arrondissement, Antonio Souaré pianotait sur l’un de ses deux smartphones. Sur le revers de sa veste, un pin’s de la Confédération africaine de football (CAF) rappelle qu’il est membre de la commission interclubs de l’instance. L’homme d’affaires, PDG du Groupe Business

Marketing (GBM) et de Guinée Games, revenait juste de Kigali. En tant que président de la toute nouvelle Ligue professionnelle de football (LFP) de Guinée, il y avait assisté au bon parcours du Sily : l’équipe guinéenne est arrivée quatrième au Championnat d’Afrique des nations (Chan) 2016 réservé aux sélections nationales locales (composées uniquement de joueurs évoluant sur le continent). Et il s’apprêtait à s’envoler pour Dakar,

PDG de GBM a été nommé président du Horoya AC, l’un des trois grands clubs de Conakry (avec le Hafia FC et l’AS Kaloum) au sein duquel il avait joué dans sa jeunesse. « Horoya n’existait plus que par son nom, explique Antonio Souaré. J’ai établi un projet d’investissement sur la période 2011-2017, avec, d’abord, la mise en place d’un cadre essentiel pour le restructurer : siège, administration, équipe, staff technique… » Il renouvelle aussi tous les équipements nécessaires aux joueurs et à l’encadrement : un bus tout confort exclusivement réservé aux déplacements de l’équipe, des lots de maillots, de shorts, de survêtements, de chaussures et de ballons, etc. La même année, le HAC est devenu champion de Guinée. Les résultats aidant, le président du club a continué de lui donner les moyens de s’installer au sommet du football national. « Nous avons remporté plusieurs titres de champion de Guinée [en 2011, 2012, 2013 et 2015], la Coupe [2013, 2014] ● ● ●

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Le Plus de J.A. Guinée

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DR

q Le Horoya AC avant la finale de la 56e Coupe nationale Guinée Games, le 13 septembre 2015.

et la Super Coupe [2012, 2013]. Si l’on veut faire grandir un projet, il est aussi nécessaire d’avoir de bons résultats. » Pour 2016, le club dispose d’un confortable budget de 3 millions de dollars (environ 2,7 millions d’euros) pour faire face aux dépenses locales, et 2 millions de dollars supplémentaires ont été dégagés pour préparer la Ligue des champions. « Cela permet de proposer de bons salaires aux joueurs », justifie Antonio Souaré. Et de recruter Victor Zvunka, un ancien international ●●●

français devenu un entraîneur reconnu et respecté, qui a signé avec le club fin décembre 2015. CENTRE SPORTIF. Très impliqué dans

la gestion quotidienne de son club, Antonio Souaré voit grand. Sur un terrain de 11 ha dont il est propriétaire, GBM est en train de faire construire le centre sportif de Yorokoguia, près de Dubréka, à une quarantaine de kilomètres au nord de Conakry. Les équipements de l’académie sont déjà terminés, notamment

les 4 grands bâtiments rouge et blanc, aux couleurs du club, abritant les dortoirs, où pourront être hébergés jusqu’à 80 apprentis footballeurs. Le centre de formation comprend également 4 terrains d’entraînement aux normes Fifa, dont 3 synthétiques, des locaux administratifs, des salles de cours et des salles de sport. Le grand stade sera quant à lui livré en 2017. « Il peut accueillir 5000 spectateurs, mais sa capacité sera portée à 15 000 places », précise Antonio Souaré. Par ailleurs, pour que ces infrastructures soient ouvertes à tous, un bâtiment, dont la construction n’a pas encore commencé, permettra d’héberger des clubs qui n’ont pas beaucoup de moyens. Situé au pied du mont Kakoulima (plus connu sous le nom de montagne du Chien qui fume), idéal pour les amateurs de randonnées, mais aussi proche du littoral et de la capitale, le centre bénéficie d’un emplacement privilégié. L’homme d’affaires veut donc également y ouvrir un complexe de loisirs haut de gamme, avec un hôtel 5 étoiles et un restaurant panoramique (en cours de construction), une piscine, un circuit sportif sécurisé… « Cela permettra d’accueillir de grands clubs ou des équipes nationales pour des stages, mais aussi des touristes », explique Antonio Souaré, qui espère un retour sur investissement. ● Alexis BILLEBAULT

Business et paillettes

N

é à Kindia le 10 mai 1952, Antonio Souaré a fait ses études supérieures à l’institut polytechnique de l’université Gamal-Abdel-Nasser (UGANC) de Conakry, au sein duquel, en tant que secrétaire aux sports et à la culture, il organisait les grands événements et s’occupait des étudiants sud-africains réfugiés en Guinée pour fuir le régime d’apartheid. Une fois diplômé, l’ingénieur en télécoms démissionne rapidement des PTT, où il a été affecté, pour suivre des formations en marketing et en management, en Europe et au Japon, qui lui permettent de devenir le n o 2882 • du 3 au 9 avril 2016

représentant de la marque automobile Mazda en Guinée. Parallèlement, il continue d’organiser des événements culturels et devient le manager de la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba. Avec elle, il ouvre en 1979 le premier night-club de Conakry, Le Zambézi (il créera ensuite L’Hexagone, en 1986), et, pendant des années, l’accompagne aux quatre coins du monde – « Elle me considérait comme son fils adoptif », se souvient-il. Même pendant ses tournées à l’étranger, Antonio Souaré a toujours gardé sa casquette de businessman ; c’est par exemple lors d’une série de

concerts en Amérique latine qu’il devient représentant de Mazda au Brésil. En 1992, il intègre le groupe international Oberthur Technologies, puis crée le Groupe Business Marketing (GBM) au début des années 2000 et rachète la société de paris sportifs Guinée Games au début de 2008. Aujourd’hui, la filiale, fleuron du groupe et accessoirement sponsor du Sily national et de la CAF, est présente dans 17 pays. Également actif dans la téléphonie mobile, l’agriculture et l’immobilier, GBM emploie 17 400 personnes en Guinée. « Cela fait de nous le deuxième employeur du pays », se

félicite Souaré. Lequel « n’a jamais eu la moindre ambition politique », souligne l’un de ses proches. Ce qui est assez rare ces temps-ci pour être signalé. L’homme d’affaires se diversifie dans les médias. Il est en train de finaliser le lancement de sa chaîne de télévision CIS-TV, consacrée au sport et à la culture, dont les débuts ont été retardés, l’an dernier, à cause de la crise sanitaire. En août 2015, GBM a par ailleurs pris une position majoritaire (51 %) dans le capital de la société de production sénégalaise Sen Média Prod, basée à Dakar. ● Alexis Billebault et Cécile Manciaux jeune afrique


PUBLI-INFORMATION

Ministère des Mines et de La GéoLoGie de Guinée Poursuivre l’assainissement du secteur minier pour en faire un véritable levier de développement

L

e secteur minier représentait en 2013 plus de 80 % des exportations de la Guinée, 19 % des recettes de l’État et 12,5 % du PIB. C’est pour relancer ce secteur stratégique que le Président de la République, Pr. Alpha Condé, a fixé au gouvernement de M. Mamady Youla, et notamment au nouveau ministre des Mines et de la Géologie, M. Abdoulaye Magassouba, la mission d’achever les réformes engagées et relancer l’activité minière.

La Guinée tire l’essentiel de ses ressources d’un secteur minier au potentiel conséquent. L’assainissement de son administration et l’amélioration du climat des affaires, en cours, doivent permettre d’attirer plus d’investisseurs dans une relation profitable à toutes les parties prenantes.

Ministère des Mines et de la Géologie de Guinée immeuble oFaB almamya, Kaloum - BP 295 Conakry, république de Guinée tél. : (+224) 631416042

Le Code minier promulgué en septembre 2011 et amendé en avril 2013 est plus attractif, moderne et efficace. Il améliore la transparence, la lutte contre la corruption et la protection des communautés locales et de l’environnement. L’élaboration de ses textes d’application est l’une des priorités du gouvernement. Parmi les avancées réalisées dans le cadre des reformes figurent :

La bauxite est l’un des minerais les moins touchés par la baisse mondiale des cours, au contraire du fer. C’est pourquoi le gouvernement a aidé sept entreprises à lancer ou à étendre leurs activités. La réalisation de leurs projets, dont la plupart sont portés par des sociétés « juniors », pourrait accroitre significativement la production qui est actuellement à 18 millions de tonnes par an. Le ministère des Mines a dans le même temps engagé des discussions autour de la restructuration des entreprises en difficulté.

• La revue des conventions et titres miniers signés avant 2011 : cette mission a été lancée au second semestre 2013 et devrait être finalisée en avril prochain. • La modernisation du cadastre : réalisée avec l’appui de la Banque mondiale, elle a démarré en 2014 pour renforcer la transparence dans la gestion des titres miniers en améliorant l’accès à l’information, notamment en ligne. • La réalisation d’un audit institutionnel : il a été réalisé en 2015 pour mettre en place une structure apte à relever les nouveaux défis du secteur minier guinéen. Les résultats de cet audit sont en cours de mise en œuvre. • La réforme de l’exploitation artisanale : une analyse de l’exploitation artisanale de l’or et du diamant, qui a causé des problèmes sociaux et environnementaux, est en cours. En plus de la qualité de vie des artisans, la réforme doit améliorer la mobilisation des recettes minières. • Le renforcement des capacités : le ministère des Mines bénéficie d’une assistance financière de la Banque africaine de développement pour améliorer les compétences de ses cadres dans le suivi de projets de plus en plus complexes.

Développement des grands projets miniers Après la signature et la ratification du cadre d’investissement du projet Simandou-Sud en 2014, la Guinée met en place un mécanisme de gestion des grands projets miniers. C’est le cas avec le Comité interministériel de suivi des projets miniers intégrés qui fera office de guichet unique. Avec l’appui de la Banque mondiale, le gouvernement a également mis en place un schéma directeur qui vise à mutualiser l’utilisation des infrastructures - ferroviaires et portuaires - connexes aux mines. Il travaille par ailleurs à l’amélioration de la compétitivité du secteur sur le marché international, à celle des capacités des PME/ PMI locales, à la transformation des minerais et à l’amélioration des relations entre les compagnies et les populations.

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

M. abdoulaye Magassouba, ministre des Mines et de la Géologie de Guinée.

Accroissement de la production à court terme : la bauxite mise en avant



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