Pdf ja 2889 du 22 au 280516 dossier auto

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Maroc Lalla Salma : portrait d’une première dame d’influence

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • n° 2889 • du 22 au 28 mai 2016

jeuneafrique.com

Côte d’Ivoire Une affaire de familles Histoire Les complots africains de la CIA Dossier Votre voiture et vous

Kabila

Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?

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Renault KADJAR Vivez plus fort.

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Dossier

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Automobile

© Lee Gotemi pour J.A.

témoignages

Votre voiture

n o 2889 • du 22 au 28 mai 2016

jeune afrique


interview

Bernard Cambier, directeur des opérations Afrique-Moyen-Orient-Inde de Renault

portrait

Rajaram Krishnamurthy, un Indien au volant de Daimler Trucks

Robustesse, esthétisme, confort, notoriété de la marque ou service après-vente… À chacun ses critères d’achat. Jeune Afrique a rencontré quatre automobilistes pour savoir ce qui a été déterminant dans leurs choix.

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Rémy DaRRas

«

es consommateurs veulent du musclé, du solide! » insiste Florence de Bigault, directrice d’Ipsos Africap. Quand il pousse la porte d’un concessionnaire automobile, c’est d’abord la robustesse du véhicule que regarde l’acheteur, l’espace dans l’habitacle pour y transporter sa famille, puis sa cote à la revente… Et comme « l’achat d’une voiture est un investissement, les clients exigent aussi des services en retour », poursuit l’experte. Ils sont donc attentifs à la réputation de la marque et veulent s’assurer qu’elle possède un réseau d’entretien étendu qui leur assurera un bon service après-vente. Autres critères de choix dans la balance, le coût d’entretien du véhicule, « plus élevé pour les modèles américains et européens », et le prix et la disponibilité des pièces détachées, « plus chères en général pour les marques chinoises ». Et, bien entendu, la consommation de carburant. maniables. Si le marché de l’occasion domine,

t Showroom d’un concessionnaire de voitures, à Dakar.

et vous jeune afrique

la part du neuf progresse : 1,6 million de voitures vendues en 2014, selon l’Organisation internationale des constructeurs d’automobiles. Au sud du Sahara, les acheteurs réclament avant tout des véhicules pratiques et maniables avec des mécaniques simples. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à se tourner vers des SUV (sport utility vehicules) et des pick-up urbains, élégants et sécurisés, sans pour autant délaisser les modèles tricorps (à malle arrière). La tendance est aussi l’apparition, en Afrique du Sud et au Nigeria, d’une nouvelle clientèle, féminine, attirée par des véhicules plus petits avec hayon arrière. Au Maghreb, et au Maroc en particulier, de plus en plus de conducteurs abandonnent l’occasion pour des low-cost, « souvent un peu plus gourmandes en carburant mais moins coûteuses en entretien », observe Florence de Bigault. Autre évolution notable, le recours au crédit auto, même si c’est encore un phénomène modeste par rapport à l’Europe. Jeune Afrique a recueilli les témoignages de quatre automobilistes africains sur leur récente acquisition. ● n o 2889 • du 22 au 28 mai 2016

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dossier automobile

Nassim Benzine

Volkswagen Polo

« Peu gourmande en carburant et bien insonorisée »

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© LouiZa-aMMi pour j.a.

Jean-Pierre Ndongo

epuis qu’il a opté pour Volkswagen, Nassim Benzine ne peut plus s’en passer. À 29 ans, ce commercial au look soigné, qui gagne 70 000 dinars par mois (environ 590 euros), roule depuis deux ans au volant d’une Polo noire, série limitée Team, dotée d’une motorisation de 1,4 litre et achetée 1,56 million de dinars. « Avant, s’étonne-t-il, j’avais l’ancienne Polo et je n’imaginais pas changer de modèle. » Célibataire, vivant et travaillant dans le centre d’Alger, Nassim ne voit que des qualités à sa récente acquisition. À l’intérieur, la citadine tient son rang avec ses sièges avant rembourrés. « Je conduis tous les jours, c’était important que je sois bien installé. » Outre son confort, Nassim apprécie l’insonorisation du véhicule. « On n’entend pas les bruits extérieurs, et la musique résonne bien », s’enthousiasmet-il, très attaché aux options « port USB » et « auxiliaire » lui permettant d’écouter ses morceaux préférés. Elle est aussi facile à garer et, surtout, peu gourmande en carburant. Au niveau de l’entretien, Nassim se dit pleinement satisfait de sa Polo, achetée grâce à la vente de son ancienne voiture et à ses économies. En dehors des révisions de routine, elle n’a nécessité aucune réparation. Malgré le récent scandale déclenché par la pose d’un logiciel désactivant le contrôle antipollution, la marque allemande a gagné un aficionado. Pour sa prochaine automobile, le jeune homme songe à une Golf : la gamme au-dessus, à l’image de son évolution personnelle et professionnelle. ● Chloé rondeleUx, à Alger

ToyoTa RaV4

« il domine la chaussée. Un sacré avantage au Cameroun ! »

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onctionnaire à la primature, Jean-Pierre Ndongo, 43 ans, a abandonné sa berline Tercel il y a trois ans pour une autre Toyota: un RAV4 gris en provenance d’Italie, acheté d’occasion 5,6 millions de F CFA (8500 euros) et qui affichait 85000 km au compteur. Confortable, spacieux, doté d’un système de freinage ABS et d’un airbag avant, le 4×4 domine la chaussée et franchit les obstacles sans encombre. « Un sacré avantage au Cameroun », se réjouit son propriétaire. Mais comme toutes les voitures d’occasion, le RAV4 doit parfois faire une halte au garage. Amortisseurs, rotules, pneus, cardans… Rien n’est épargné sur les routes de Yaoundé. Jean-Pierre regrettequela carrosserie ne soit pas plus résistante, mais ce qui lui donne le plus de souci ce sont les composants électroniques, qui rendent l’entretien de la voiture compliqué. Et pour faire face aux imprévus, il épargne en moyenne 10 000 F CFA chaque mois, en plus des 70 000 F CFA nécessaires à l’achat du carburant et de l’huile. ●

© fernand kuissu pour j.a.

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omer mbadi, à Yaoundé n o 2889 • du 22 au 28 mai 2016

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Mohamed Daouiha

loGan Dacia

« la climatisation, ce n’est pas un luxe »

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© hassan ouazzani pour j.a.

erveur dans un bistro casablancais, Mohamed Daouiha se fait appeler par ses clients « Tazi ». Un clin d’œil à la ville de la région d’où il est originaire, dans l’est du Maroc. Depuis 2009, il a l’occasion de s’y rendre plus fréquemment, à bord de sa Logan Dacia. « Je l’ai payée 90 000 dirhams [environ 8 200 euros], nous confie Mohamed.

Pour réunir cette somme, j’ai vendu mon ancien véhicule, investi mes économies, et même emprunté un peu d’argent auprès de membres de ma famille. » Il aurait pu se contenter de l’entrée de gamme (75 000 dirhams) de ce véhicule économique mis en circulation au Maroc en 2005, tout droit sorti des chaînes de montage de la Somaca, à Casablanca. Mais il a préféré une version avec plus d’options : « La climatisation, ce n’est pas un luxe lorsqu’on a des enfants en bas âge », explique ce père de famille. Au-delà de son coût abordable, la Logan Dacia présente d’autres avantages aux yeux de ce serveur dont le salaire est d’environ 8 000 dirhams par mois, pourboires compris. « Sa consommation en carburant est très raisonnable. Pour un allerretour Casa-Taza, soit un peu plus de 800 km, je ne dépense pas plus de 500 dirhams en essence. Et puis, ajoute-t-il en souriant, elle a une grosse malle arrière. C’est très utile quand on revient du bled chargé de cadeaux. » ● Fahd iraqi, à Casablanca

Isaac Gnamba Yao

ToyoTa 4×4 GreaT Wall

« J’ai fait le tour de la Côte d’ivoire sans la moindre panne »

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our Isaac Gnamba Yao, directeur général adjoint de La Poste de Côte d’Ivoire, le 4×4 Great Wall fut un vrai coup de foudre. Un choix surprenant pour une entreprise publique, alors que d'autres optent plus facilement pour BMW, Toyota, Peugeot ou Mercedes… Look similaire au Toyota Prado, intérieur cuir, caméra de recul, les atouts du véhicule acheté chez le concessionnaire Rimco, une entreprise du groupe ivoirien Yeshi, sont égrenés avec gourmandise par le quadragénaire. Mais c’est sur la route qu’Isaac a vraiment apprécié les qualités de son 4×4, dont le moteur est fourni par Mitsubishi. « Au début, mes amis se moquaient de ma voiture… Les chinoises ont mauvaise réputation. Mais j’ai déjà fait le tour des directions régionales de La Poste du nord au sud et d’est en ouest sans la moindre panne, quand autour de moi certains sont souvent chez le garagiste », explique-t-il avec fierté, soulignant que la marque a déjà participé cinq fois au rallye Dakar. ● Baudelaire Mieu, à Abidjan jeune afrique

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Dossier Automobile interview

Bernard Cambier

Directeur des opérations Afrique - Moyen-Orient - Inde de Renault

« Avec Hyundai et Toyota, Renault est dans le top 3 des constructeurs » Le français Renault, au coude-à-coude sur le continent avec ses principaux concurrents, veut se renforcer sur les marchés à fort potentiel : Nigeria, Angola, Kenya… avec quelles stratégies commerciales et industrielles ?

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ncien directeur commercial de Renault pour la France, Bernard Cambier, 62 ans, pilote depuis septembre 2014 la direction régionale Afrique - MoyenOrient - Inde, installée à Dubaï. Cette nouvelle zone, très hétérogène, constitue le deuxième marché du constructeur français, derrière l’Europe. Si l’Afrique du Nord, caractérisée par des volumes importants, apprécie les véhicules citadins, les marchés subsahariens, beaucoup plus limités, continuent de préférer les pick-up. Pour J.A., Bernard Cambier présente la performance du groupe français sur le continent et livre sa vision en matière de développement industriel. jeune afrique : renault restet-elle une marque phare en afrique? BernarD CaMBier : Sur le

continent, Renault – aidé par la marque Dacia – se place dans le top 3. Nous avons deux principaux concurrents, Toyota et Hyundai, les autres sont loin derrière. Nous sommes leader au Maroc et en Algérie, avec des parts de marché respectivement de 39 % et de 36 %. En Tunisie, nous sommes à 15 % mais ce marché représente des volumes moindres. En Égypte, nous avons connu une progression de 72 % de nos ventes en un an, ce qui nous a permis d’atteindre une part de marché de près de 8 %. Enfin, en Afrique subsaharienne, nous sommes autour de 8,5 % de part de marché, contre 10,5 % pour Toyota et 7,8 % pour Hyundai. n o 2889 • du 22 au 28 mai 2016

quels sont vos marchés prioritaires ?

Le volume prime. Nous ciblons donc d’abord le Maghreb, puis l’Égypte et ensuite l’Afrique du Sud. Nous visons aussi des pays à fort potentiel comme le Nigeria, l’Angola, le Ghana et le Kenya. Mais nous sommes lucides : leur décollage n’interviendra pas avant cinq à dix ans. Il dépendra notamment de la capacité des gouvernements à empêcher les importations illégales. Les ventes en algérie – deuxième marché automobile du continent après l’afrique du Sud – ont beaucoup baissé depuis deux ans. avoir une usine à Oued tlelat, près d’Oran, se justifie-t-il encore?

C’est vrai, la conjoncture a radicalement changé : en 2012, quand le marché caracolait à plus de 350000 voitures par an, nous avions l’espoir de dépasser les 450 000. En 2015, 200 000 voitures seulement ont été vendues, principalement du fait de la chute des cours du pétrole, dont dépend l’économie algérienne. Mais, entre-temps, l’État a adopté une politique de quotas d’importation très restrictive. Depuis mars 2016, plus aucun véhicule neuf n’a été importé. Du coup, cette usine – qui a assemblé 42 000 véhicules en 2015 et en produira environ 70 000 par an à terme – nous permet de limiter les conséquences de cette décision. Nous ne pourrions pas vendre autant de voitures dans ce pays si nous n’y disposions pas d’un outil industriel. Pourquoi les fournisseurs de vos usines de tanger Med et de Casablanca vont-ils investir 900 millions d’euros au Maroc ?

Le LOSange a La fOrMe En 2015, dans la région Afrique - MoyenOrient - Inde, les ventes de Renault sont en hausse de près de 17 % par rapport à 2014, avec 359 858 véhicules, soit une part de marché de 4,5 % (+ 0,7 point). Le groupe s’appuie sur deux marques : Renault et Dacia. Cette dernière n’est présente qu’en Afrique du Nord, tandis qu’au sud du Sahara tous les véhicules sont estampillés Renault, même les modèles Duster, Logan, Sandero et Lodgy. L’Algérie est le premier marché de la marque au losange sur le continent, avec 90 182 voitures vendues en 2015, et le Maroc, le second (50 369 véhicules écoulés). Le constructeur dispose de trois usines sur le continent, deux au Maroc (Tanger Med et Casablanca) et une en Algérie (OuedTlelat). ● C.L.B.

Aujourd’hui, l’intégration locale correspond à 40 % de la valeur des pièces du véhicule, hors motorisation. Nos achats au Maroc représentent 750 millions d’euros. Notre volonté est de passer à 65 % en 2023, avec au minimum 1,5 milliard d’euros d’achats locaux. De son côté, le Maroc promet de mettre en place un écosystème avantageux pour nous. C’est un accord gagnant-gagnant. renault envisageait des usines au sud du Sahara, notamment au nigeria. qu’en est-il aujourd’hui ?

Les usines que nous envisageons dans les pays porteurs – Nigeria, Ghana, Angola et Kenya – sont des implantations en DKD [disassembled knocked down, remontage de véhicules démontés] à petite jeune afrique


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© RENAULT

 À 62 ans, il pilote le deuxième marché du géant français, après l’Europe.

cadence de production, compte tenu des faibles volumes de ventes. Or nous n’avons jamais implanté de telles usines, que ce soit en Afrique ou ailleurs. Nous manquons d’expérience en la matière, ce qui explique une partie de nos difficultés au Nigeria, où le projet est arrêté. Nous devons revoir notre

stratégie industrielle et trouver un nouveau partenaire. Le Nigeria est le principal caillou dans notre chaussure en Afrique, le décollage du marché n’a pas été à la hauteur de nos attentes : malgré sa population immense [180 millions d’habitants], seules 40000 voitures neuves s’y sont vendues en 2015…

Sur quels véhicules misez-vous pour conquérir des parts de marché au sud du Sahara ?

Renault dispose d’une voiture « pépite », la Kwid, fabriquée en Inde [depuis septembre 2015] et qui est vendue 4 000 euros dans ce pays. C’est un véhicule fiable, robuste et peu cher, qui convient parfaitement aux marchés africains. Il sera commercialisé en Afrique du Sud à la fin de 2016. Nous songeons également à distribuer sur le continent notre pickup Oroch [sur une base Duster], fabriqué en Amérique du Sud. Avec ces deux modèles, en plus de ceux déjà vendus en Afrique, nous disposerons d’une gamme adéquate pour percer davantage au sud du Sahara. ● Propos recueillis par ChriStophe Le BeC

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Dossier Automobile portrait

Un Indien au volant de Daimler Trucks

En février, le groupe allemand a inauguré un centre régional à Nairobi. De là, Rajaram Krishnamurthy doit doper les ventes de camions dans 41 pays d’Afrique de l’Est, d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.

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l est essentiel que nous soyons sur place pour nous développer sur ces marchés », estime Rajaram Krishnamurthy. Cet Indien de 37 ans dirige le premier centre régional pour l’Afrique subsaharienne de Daimler Trucks, inauguré à Nairobi en février pour passer à la vitesse supérieure sur le continent et doper les ventes des différentes marques de son portefeuille: Mercedes-Benz, mais aussi Fuso. Diplômé en ingénierie mécanique à l’Institut de technologie de Coimbatore, en Inde, Rajaram Krishnamurthy a débuté sa carrière dans l’automobile à des fonctions de recherche et développement chez les géants indiens Tata Motors et Ashok Leyland, avant de rejoindre le français Renault puis, il y a huit ans, Daimler, d’abord en Inde. Il a rejoint Nairobi en mai 2015. À partir du tout nouveau centre régional, il pilote les ventes de camions, vans, pick-up et bus du constructeur allemand pour 41 marchés à cheval sur trois régions: Afrique de l’Est, Afrique de l’Ouest et Afrique centrale. En 2015, la firme a commercialisé 11 400 camions au sud du Sahara, dont plus de la moitié sur la zone désormais supervisée depuis le Kenya (l’Afrique australe étant quant à elle couverte par le centre régional de Pretoria, lui aussi inauguré récemment). Les camions Fuso connaissent un franc succès dans ces régions : environ 4 000 modèles de cette marque y ont été livrés l’an dernier. Et Rajaram Krishnamurthy accorde une attention toute particulière au Kenya, où le groupe a écoulé 500 camions en 2015. D’ailleurs, en mars, les premiers poids lourds Fuso sont sortis des chaînes de l’usine de Mombasa (ils étaient jusqu’à présent produits à Chennai, en Inde). n o 2889 • du 22 au 28 mai 2016

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Daimler Trucks peut s’appuyer sur la connaissance qu’a l’ingénieur du marché indien, dont les caractéristiques sont proches de celles des marchés subsahariens : les poids lourds circulent dans un environnement qui les met à rude épreuve, qu’il s’agisse des températures élevées, de la poussière ou du mauvais état des routes ; et les clientèles professionnelles sont semblables, avec une proportion importante de groupes miniers. Courant 2016, Daimler Trucks commercialisera d’ailleurs en Afrique des poids lourds Fuso « haute puissance », spécialement conçus pour répondre à des conditions extrêmes. r o b u s t e s. Mais Rajaram

Krishnamurthy envisage aussi de vendre des modèles low cost. Les véhicules d’occasion vont en effet peu à peu disparaître en raison de l’adoption en Europe de moteurs moins polluants, mais incompatibles avec la qualité des carburants africains. Cette évolution réglementaire pourrait pousser davantage de clients à se tourner vers des modèles à bas coût capables néanmoins de fonctionner avec le diesel vendu au sud du Sahara.

De l’Inde au Kenya 1978 Naissance 1998 Commence à travailler pour Tata Motors, Ashok Leyland et Renault 2008 Rejoint Daimler India 2013 Chef de projets de la branche indienne 2015 Prend la tête de Daimler Trucks pour 41 marchés d’Afrique 2016 Inaugure le centre régional de Daimler Trucks à Nairobi

Là encore, la recette a déjà été éprouvée en Inde avec, expliquet-il, « des véhicules BharatBenz, spécialement destinés aux marchés émergents, développés sur des plateformes Daimler, avec moins d’électronique embarquée et des technologies robustes ». Mais la principale mission du directeur régional consistera à rapprocher Daimler Trucks des besoins de ses partenaires – notamment les distributeurs CFAO, Tractafric Motors, DT Dobie et Simba Corp – et de ses clients des secteurs minier, agricole et de l’import-export. Jusqu’à présent, lorsque ceux-ci voulaient résoudre un problème technique ou commercial, il leur fallait contacter Tokyo (siège de Fuso) ou Stuttgart (Daimler Trucks) pour bénéficier d’une assistance. « L’implantation d’un centre régional à Nairobi nous permettra d’avoir un accompagnement après-vente complet et de progresser plus rapidement sur les marchés », commente Marc Hirschfeld, directeur pour l’Afrique de l’Est et le Maghreb (entre autres) de CFAO Automotive Equipment & Services, qui vend chaque année 1 600 camions Daimler dans huit pays africains. « Sur le plan de la formation, nous bénéficierons sur place de professionnels techniques, et sur le plan commercial, cela facilitera les négociations tarifaires », se réjouit le Français, invité par Rajaram Krishnamurthy à l’inauguration du centre régional. Daimler Trucks se place sur une stratégie « à dix ans » en Afrique, comme l’a indiqué en février Wolfgang Bernhard, son directeur général. Face à un marché actuellement pénalisé par la baisse des prix des matières premières (qui affecte les clients professionnels de Daimler Trucks), « la réussite de ce plan constitue un véritable défi », admet Rajaram Krishnamurthy. ● Rémy Darras jeune afrique


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