Maroc Dans les prisons secrètes de Hassan II jeuneafrique.com
Hebdomadaire international indépendant • 56e année • n° 2890 • du 29 mai au 4 juin 2016
Cameroun Justice : Biya fait-il pencher la balance ? Bourguiba La statue du Commandeur
Spécial
24 pages
Dossier Finance Spécial 8 pages
gambie
Yahya Jammeh
Dictateur et fier de l’être
Rencontre décoiffante et entretien exclusif avec l’inénarrable maître de Banjul, l’autocrate le plus fantasque du continent.
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LE PLUS
de Jeune Afrique
PANORAMA Kaboré entre en scène
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POLITIQUE Le CDP est-il fini? INTERVIEW Rosine Coulibaly, ministre des Finances SOCIÉTÉ Au faso dan fani, citoyens!
Changement d’ère JEUNE AFRIQUE
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STÉPHANIE TETU/PICTURETANK
BURKINA FASO
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Le Plus de Jeune Afrique
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Prélude
Marwane Ben Yahmed
De Tunis à Ouaga
JEUNE AFRIQUE
N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
PANORAMA Kaboré entre en scène p. 58 INTERVIEW Salif Diallo, président de l’Assemblée nationale p. 68 VIE DES PARTIS Le CDP est-il fini ?
p. 70
Banc d’essai municipal p. 72 Confidences de Zéphirin Diabré, président de l’UPC, chef de file de l’opposition p. 74 ÉCONOMIE Paysage après la tempête
p. 76
Entretien avec Rosine Coulibaly, ministre des Finances p. 79 Bouffée d’oxygène pour Sonabhy
p. 83
Élie Justin Ouédraogo, un homme en or… p. 84 Quand les industriels de Bobo racontent leur convalescence p. 86 LOISIRS Une plage au Sahel
p. 90
SOCIÉTÉ Au faso dan fani, citoyens !
p. 92
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insi vont les « révolutions ». et les strapontins de ses affidés n’étaient Au départ, un soulèvement pas disponibles, tout est à conquérir. contre un homme fort, réputé On rase gratis, on égrène les promesses comme les perles d’un chapelet, on indéboulonnable, qui, soit en s’évertue à effacer les étapes de son voulant se maintenir au pouvoir, soit en passé, quitte à détourner l’attention en brusquant la société ou le jeu politique, désignant à la vindicte populaire son a fait le geste de trop. De ces gestes qui suscitent l’ire du peuple et qui, comme voisin, son ancien ami, son cousin, son collaborateur. une étincelle, mettent le feu au pays. Les digues s’effondrent. La peur jusque-là visOn vante les mérites des pères fondacérale cède à l’envie, finalement, de renteurs, parés subitement de toutes les ververser la table. Trop, c’est trop… Pourquoi tus et dont on oublie trop facilement les aujourd’hui et pas hier ? Pourquoi pour errements ou l’autoritarisme – Sankara tel acte et pas tel autre ? Pourquoi ici et au Burkina, Bourguiba en Tunisie (lire pas ailleurs ? L’Histoire regorge de ce pp. 36-39), par exemple – d’autant plus type de mystères insondables. Personne facilement que leurs successeurs désorne peut fournir la moindre explication mais honnis ont tout fait pour les effacer rationnelle et acceptable. Peu importe. de la mémoire collective. La suite ? La « révolution » dont on Ceux qui remportent les élections se rengorge. Sur le moment, tout est historiques qui scellent le retour ou l’avènement de la démocratie après beau, le peuple reprend son destin en les phases de transition sont presque main, bravo ! Puis vient le temps de la transition, entre cet hier forcément abhorré et ce Lors des révolutions, les bilans demain dont nul ne sait à sont sans nuances. Hier c’était quoi il ressemblera. C’est l’enfer, demain, ce sera le paradis… aussi celui de la chasse aux sorcières, pendant toujours issus de l’ancien régime. Dès laquelle tous ceux qui sont plus ou moins apparentés au régime précéle lendemain, fini les flonflons, la fête est terminée. Parvenir au pouvoir est dent en prennent pour leur grade, celle aussi durant laquelle les « résistants une chose, assumer ce dernier en est de la vingt-cinquième heure » font du une autre. zèle, sans doute pour éviter que l’on ne s’intéresse à leur propre parcours. Le plus dur commence. Face à tant Généralement, passage par la case d’attentes et après une plus ou moins prison pour les plus emblématiques. longue période d’incertitude et de paraGénéralement aussi, retour à la vie lysie économique, impossible de ne point décevoir. Et l’on s’aperçoit qu’être chef publique, avec ou sans condamnation, d’État, dans ces pays où l’exigence des après tout de même une sévère période populations est à son paroxysme, n’est au purgatoire, quelque temps plus tard. L’époque est aux bilans sans nuances, pas une sinécure. C’est arrivé à Tunis hier, les bébés sont jetés avec l’eau du bain : cela se passe au Burkina aujourd’hui. avant, c’était l’enfer, demain, ce sera le Morale de l’histoire ? S’inspirer de paradis. Promis… ceux qui vous ont précédés pour éviter les erreurs commises et gagner du Après l’éphémère, le transitoire, la temps. Pour que, véritablement, les fruits passent la promesse des fleurs remise à plat, la bataille pour le pouvoir. de la « révolution »… ● Après tant d’années où le fauteuil du chef
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BURKINA FASO
Kaboré entre BENJAMIN ROGER, envoyé spécial
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l savait que la tâche serait immense, difficile, et qu’il n’aurait pas droit à l’erreur. Des travaux d’Hercule qui l’attendaient au palais de Kosyam, il n’ignorait rien. Mais Roch Marc Christian Kaboré n’avait pas prévu un tel baptême du feu. Le 15 janvier, dans le centre de Ouagadougou, l’attaque perpétrée par un commando d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) fait 30 morts au restaurant Le Cappuccino et à l’hôtel Splendid. Confronté dès son entrée en fonction au pire attentat de l’histoire du pays, le président a dû changer son fusil d’épaule et répondre dans l’urgence à une nouvelle donne : celle de la menace terroriste, qui, après avoir longtemps plané sur le Burkina, s’est brutalement transformée en une réalité sanglante.
« Nous avons évidemment été perturbés par cet attentat et contraints de mettre l’accent sur la sécurité, au détriment des premières mesures économiques et sociales que nous avions prévues », confie un proche du chef de l’État. Face au péril jihadiste, les patrouilles des forces de sécurité se sont multipliées dans la capitale, des opérations de ratissage sont régulièrement organisées le long des frontières, et la mise sur pied de la nouvelle Agence nationale de renseignements (ANR) a été précipitée. Autant de mesures qui ont nécessité des efforts budgétaires imprévus. Après l’union nationale qui a un temps prévalu, les premières critiques n’ont pas tardé à fuser. Son gouvernement ayant été nommé le 13 janvier, soit plus de deux semaines après son investiture, Roch JEUNE AFRIQUE
en scène Kaboré a été taxé de lenteur par ses adversaires. Un départ jugé poussif par beaucoup, à l’instar de Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition, qui dénonce une période « d’hésitation et de tâtonnement » (lire interview pp. 74-75). Des critiques que le camp présidentiel balaie d’un revers de main. Selon son entourage, Kaboré n’a nullement traîné, il a juste pris le temps de nommer une équipe composée de personnalités irréprochables en matière de gouvernance. « Il n’est pas là pour faire du copinage, confie l’un de ses conseillers. Il ne fera de cadeau à personne en cas de faute, pas même à ses plus fidèles collaborateurs. » Se sachant observés de près par une population excédée de voir depuis des années la JEUNE AFRIQUE
Confronté à un défi sécuritaire majeur, le président burkinabè doit renflouer les caisses et restaurer l’autorité de l’État tout en répondant aux attentes sociales de ses compatriotes. Pas évident…
corruption gangrener tous les rouages de l’État, le président et le gouvernement ont adopté une batterie de mesures en faveur de la transparence et de la bonne gestion des deniers publics. Les ministères ont été priés d’alléger leurs frais de fonctionnement, et une vaste opération « mains propres » a été lancée pour faire la lumière sur des soupçons de faits de corruption survenus durant la période de transition, notamment à travers un audit réalisé par l’Autorité supérieure de contrôle d’État (ASCE). Dévoilées fin avril, ses conclusions révèlent que de nombreuses « irrégularités » ont été relevées en matière de commandes publiques, ouvrant la voie à des « risques élevés de collusion, de corruption, d’enrichissement illicite et de gaspillage des
p Roch Marc Christian Kaboré le jour de son investiture, à Ouagadougou, le 29 décembre 2015.
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Le Plus de J.A. Burkina Faso Enfin, plusieurs dossiers chauds pourraient devenir encombrants. Outre le cas des koglweogo, ces milices d’autodéfense qui se sont multipliées en milieu rural et remettent en question l’autorité de l’État, les prolongements de l’enquête de la justice militaire sur le putsch manqué du général Gilbert Diendéré, à la mi-septembre 2015, semblent tout aussi délicats à gérer. Considérant que l’instruction est quasi bouclée, le président souhaite rapidement en finir avec cette affaire, qui tient en haleine l’opinion publique depuis des mois. Après avoir, fort de son titre de ministre de la Défense, limogé le procureur du tribunal militaire et un juge d’instruction chargé du dossier, il espère désormais qu’un procès se tiendra d’ici à la fin de l’année. Dernière ombre au tableau : les relations tendues avec le voisin ivoirien. En janvier, la justice militaire n’avait pas hésité à émettre un mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, suspecté d’avoir soutenu les putschistes, provoquant un imbroglio diplomatique avec la Côte d’Ivoire. Malgré des déclarations apaisantes devant micros et caméras, la méfiance subsiste. L’entourage présidentiel se dit convaincu de la culpabilité de Soro et ne digère pas qu’Alassane Ouattara protège Blaise Compaoré et l’accueille à Abidjan. « Aussi longtemps qu’il sera là-bas, nous avons intérêt à ne pas dormir à poings fermés », confie un membre du premier cercle de Kaboré. Décidément, l’ombre de son ancien patron n’a pas fini de planer dans les couloirs du palais de Kosyam. ●
ressources budgétaires ». Directement visé dans ce rapport, Yacouba Isaac Zida, l’ancien Premier ministre, est soupçonné d’enrichissement illicite et accusé d’avoir acquis de manière irrégulière des terrains dans le quartier chic de Ouaga 2000, dans le sud de la capitale. Actuellement au Canada auprès de sa famille, il n’est pas rentré au Burkina, malgré les injonctions des autorités. Les cadres du nouvel exécutif sont par ailleurs prompts à dénoncer les manquements budgétaires de leurs prédécesseurs, qu’ils accusent d’avoir vidé les caisses de l’État ou fait des promesses qu’ils ne pouvaient tenir. « Quand nous sommes arrivés, la nuit de noces a été décevante : la mariée était plus maquillée que belle. Nous avons eu de mauvaises surprises en cascade », déplore un intime de Kaboré.
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SEYDOU ZAGRÉ 53 ans Directeur de cabinet du président, avec rang de ministre plénipotentiaire, l’ancien maire de Koudougou est le fidèle bras droit de Roch Kaboré. Il était déjà son directeur de cabinet lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale (20022012), puis pendant la campagne présidentielle en 2015
MATHIAS TANKOANO 41 ans L’ancien magistrat devenu avocat en juin 2015 est conseiller spécial au palais de Kosyam. Président de la section burkinabè de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), il a été membre de la Ceni (de 2011 à mi-2015), avant de s’engager au côté du candidat Kaboré
MATHIAS SOMÉ 67 ans Nommé fin mars directeur du Bureau de suivi du programme présidentiel, ce médecin, membre du bureau exécutif du MPP, était coordinateur du programme électoral de Roch Kaboré en 2015
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Un quatuor de confiance
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PAILLOTE. Obligée de composer avec une lourde dette intérieure et des ressources limitées (lire pp. 76-83), l’équipe présidentielle affirme d’ores et déjà que, pour l’exercice 2016, elle ne pourra faire que du « saupoudrage ». L’un des premiers chantiers du gouvernement sera donc de trouver des solutions pour augmenter les recettes de l’État d’ici à la fin de l’année, par exemple en élargissant l’assiette des contribuables ou en améliorant la collecte des taxes douanières. Malgré ces difficultés financières et après s’être concentré, au premier trimestre, sur les impératifs sécuritaires, le gouvernement est très attendu sur le terrain économique et social. Au Burkina, peut-être plus qu’ailleurs dans la sous-région, l’impatience de la population est palpable dans tous les domaines : emploi, énergie, santé, justice… Les promesses de « Roch » – comme la fin des écoles sous paillote d’ici à cinq ans ou l’accès généralisé à l’eau potable – devront rapidement se concrétiser si le président veut contenir la grogne sociale. « Le programme du gouvernement n’est pas clair, il parle de relance économique et annonce des objectifs, mais sans dire comment il compte les atteindre », déplore l’avocat Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen. Sur le plan politique, Kaboré entend marquer la rupture avec le régime Compaoré en faisant adopter une nouvelle Constitution, qui déboucherait sur une Ve République (lire p. 62). Le projet de texte devrait faire l’objet d’un référendum d’ici à la fin de l’année. Le président et son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), viennent aussi de réussir leur premier test électoral depuis qu’ils sont au pouvoir en remportant les municipales du 22 mai (lire p. 72). Largement vainqueurs face à leurs adversaires de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ils ont désormais toutes les cartes en main pour appliquer leur programme sur l’ensemble du territoire.
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FRANÇOIS OUÉDRAOGO 53 ans Aide de camp de Kaboré lorsqu’il présidait l’Assemblée nationale, ce colonel de gendarmerie a toute la confiance du chef de l’État, qui l’a nommé, le 9 mars, directeur de l’Agence nationale de renseignements, créée fin 2015 dans le cadre du renforcement du dispositif sécuritaire JEUNE AFRIQUE
Le Plus de J.A. Burkina Faso
Fini la loi du plus fort
Le projet de Constitution est en cours d’élaboration. Objectif : rééquilibrer les pouvoirs et marquer la rupture avec le régime Compaoré.
À
chacun de ses meetings, le candidat Kaboré promettait d’en faire l’une de ses priorités de président. Cinq mois après son investiture, il entend tenir parole et faire aboutir ce que les Burkinabè considèrent comme « la » grande réforme politique de ce début de mandat : l’adoption d’une nouvelle Constitution et, donc, l’avènement d’une Ve République. Le 16 mars, le gouvernement a annoncé la création d’une commission constitutionnelle composée de représentants de la majorité, de l’opposition et de la société civile. Elle sera chargée d’élaborer un avant-projet de texte qui, une fois approuvé, sera soumis aux députés, puis à référendum. « L’objectif est d’avoir une nouvelle Constitution fin 2016-début 2017 », indique Salif Diallo, le président de l’Assemblée nationale (lire interview pp. 68-69). Ce changement de loi fondamentale, qui figurait déjà dans la Charte de la transition, adoptée après la chute de Blaise Compaoré, est éminemment symbolique. Comme le déclarait Roch Kaboré lors de sa campagne, il vise à « tourner définitivement la page Compaoré ». Exit la Constitution de 1991, taillée sur mesure pour l’ancien homme fort de Ouaga, et bienvenue dans la Ve République, née de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Certains restent toutefois circonspects et s’interrogent notamment sur la priorité accordée à ce projet alors que le pays croule sous les urgences économiques, sociales et sécuritaires. « Pour construire une belle maison, il faut des fondations solides. Cette Constitution établira la nouvelle base de travail dont nous avons besoin », rétorque un proche de Kaboré. « FAUX DÉBAT ». Reste à définir les contours de ces fondations. Si tout le monde s’accorde sur la nécessité de rééquilibrer les pouvoirs au sein d’un système jugé trop présidentialiste, la nature du futur régime est loin de faire l’unanimité. « Le débat sur le caractère présidentiel, semi-présidentiel ou parlementaire est un faux débat, tranche l’avocat Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen. La N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
Constitution doit avant tout être le fruit d’un consensus. » Pour élaborer son avant-projet, la commissionconstitutionnelledevraits’appuyer sur les bases jetées par la Charte de la transition. Certains militent aussi pour que le nouveau texte introduise des dispositions novatrices. Ainsi, Luc Marius Ibriga, professeur de droit et contrôleur général de l’Autorité supérieure de contrôle d’État
et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), plaide pour que « des valeurs cardinales comme l’intégrité, la solidarité et le respect de la parole donnée soient constitutionnalisées ». Enfin, plusieurs questions importantes devront être tranchées, comme celles de la création d’une chambre haute du Parlement ou de la composition du Conseil constitutionnel. ● BENJAMIN ROGER
QUE DIT LE PRÉSIMÈTRE ?
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p Le chef de l’État répond en direct aux citoyens, sur la RTB, le 26 avril.
À
l’image des plateformes numériques de veille citoyenne mises en place en Afrique de l’Ouest, comme le « Mackymètre » au Sénégal ou le « Buharimètre » au Nigeria, un portail de suivi et d’évaluation des politiques publiques burkinabè a été lancé début mars: le presimetre.bf. À l’origine de cette initiative, l’ONG Diakonia et la Convention des organisations de la société civile pour une observation domestique des élections (Codel). Ce groupement
d’organisations de la société civile avait déjà créé une plateforme de surveillance citoyenne pour suivre les élections présidentielle et législatives de novembre 2015. Le dispositif, interactif, permet aux citoyens de s’exprimer ou de participer aux sondages par SMS, tweets, sur Facebook ou en direct sur la plateforme. Objectif : « Être un contre-pouvoir, pas contre le pouvoir. » Par le biais du site ou de l’application, les Burkinabè sont invités à répondre à des questions
portant sur les engagements pris par Kaboré durant sa campagne et sur sa gouvernance. Ses cent premiers jours au pouvoir ont ainsi fait l’objet début avril d’une première enquête (« le Rochmètre ») sur quinze thèmes: éducation, jeunesse, sécurité, indépendance de la magistrature, transparence, mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, etc., dont les résultats détaillés (par région, genre et catégorie socioprofessionnelle) sont publiés sur le site. ● B.R. JEUNE AFRIQUE
La loNab, entreprise citoyenne au service du développement durable
C
réée le 10 mai 1967, la Lopolitique de développement des Régions terie Nationale Burkinabè et ce à travers la commémoration de la (LONAB) est une société fête de l’Indépendance. d’État spécialisée dans l’organisation Soucieuse d’offrir des services de qualité des jeux de hasard au Burkina Faso. à sa clientèle et au regard de la responSa mission principale, soutenir l’État sabilité sociétale, la LONAB compte dans burkinabè dans la promotion du les prochains jours mener une camlucieN carama, développement socio-économique, pagne de sensibilisation de la force de directeur géNéral éducatif, culturel et sportif en vue vente et des clients au jeu responsable. de la loNab. de lutter efficacement contre la L’objectif étant d’une part, de bien les pauvreté par la collecte et la redistribution de informer sur les impacts négatifs de l’adduction l’épargne sur toute l’étendue du territoire national. au jeu ; et d’autre part, de renforcer la crédibilité de la Nationale des jeux vis-à-vis des populations. C’est ainsi que depuis 49 ans bientôt, la LONAB contribue au bien-être des populations, son slogan En rappel, la LONAB est certifié au jeu responsable « les lots aux heureux gagnants, les bénéfices niveau 2 de la WLA (World Lottery Association), elle à la Nation entière ! » le traduit si bien par des envisage l’obtention de la certification niveau 3 en 2016. dons d’ambulances, de médicaments, de vivres, de construction et d’équipements de centres médicaux, la construction de forages, la participation à la lutte contre l’insécurité alimentaire, le soutien aux grands événements culturels comme la SNC, le SIAO, le FESPACO, le SITHO, les NAK etc…
La Nationale des jeux renfloue les caisses de l’État par l’apport de dividendes, d’impôts et de taxes. En outre, elle contribue à la création de nombreux emplois directs et indirects. Depuis 2013, la LONAB s’est inscrite dans la dynamique d’accompagnement de l’État dans sa
ci-deSSuS, QuelQueS eXemPleS de doNS de la loNab : le ceNtre médical de bomboroKuY, uNe ambulaNce…
SIègE SOCIAL :
436 rue du Grand marché 01BP - 68 Ouagadougou 01, Burkina Faso Tél : (+226) 25 30 61 21/ 22/ 23 Fax : (+226) 25 31 19 42/ 25 31 28 16 Serveur vocal : (+226) 25 49 38 00/ 03 E-mail : lonab@lonab.bf www.lonab.bf - www.facebook.com/lonab.bf
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
Au plan sportif, elle soutient les fédérations de sports et est présente également aux grandes compétitions d’envergure nationale telles que la Coupe du Faso, le Championnat national, le Tour du Faso en cyclisme, la boxe etc.
Burkina Faso Le Plus de J.A. OPINION DAMIEN GLEZ
Tout reste à inventer
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uatorze mois. C’est le laps de temps durant lequel le Burkina Faso a été confronté à lui-même, à la réécriture de son destin de nation déshéritée où les militaires prenaient la politique en otage. Quatorze mois durant lesquels la volonté d’un peuple désireux d’affranchir la démocratie de ces entraves n’a pas failli. Quatorze mois pour évacuer l’abcès formé par l’ambition anticonstitutionnelle de Blaise Compaoré, jusqu’à l’élection au suffrage universel direct de Roch Marc Christian Kaboré. Passé les soubresauts parasites d’une histoire burkinaboburkinabè – l’obstination d’un homme, le soulèvement d’un peuple, le pronunciamiento d’un séditieux –, voici venu le temps de relever le défi de la gouvernance. Aux heures grisantes de la révolution succèdent celles, triviales, de la gestion quotidienne du pays. Fin d’une parenthèse.
Après avoir été face à lui-même, le Faso doit faire face au monde. Un monde qui a été illuminé par l’exception burkinabè, mais où l’empathie diplomatique n’autorise plus les gouvernances approximatives. Son virage historique plutôt bien négocié, le Pays des hommes intègres emprunte aujourd’hui une autoroute sur laquelle il n’est pas permis d’aller à un train de sénateur. Afin de répondre au « plus rien ne sera comme avant ! » scandé lors de l’insurrection d’octobre 2014, tout est désormais prioritaire pour le personnel politique. Qui est justement le même qu’« avant »… Dans chaque domaine,
chaque dossier de chaque ministère se retrouve comme pris dans un étau, coincé entre le passif national (retards accumulés en matière de gouvernance, d’infrastructures, points de croissance, etc.) et les exigences internationales. En matière de sécurité, le pays subit la double pression du banditisme local (dont il est tentant de déléguer l’éradication à des comités d’autodéfense, les koglweogo) et du terrorisme régional, qui se nourrit de la déshérence identitaire. Pour ne rien arranger, le Faso peine à sortir du paradoxe de l’œuf et de la poule que lui inspirent les menaces pesant sur sa sécurité : l’hébergement de forces occidentales est-il l’une des causes de ce climat troublé ou une solution pour y remédier ? En matière sociale, un militantisme soudainement fécond a enfanté une grogne subitement impatiente. Nouveau casse-tête pour ceux qui tiennent les cordons de la bourse, coincés entre les « largesses » du régime de transition et le diktat de l’austérité ; entre la nécessaire normalisation du recouvrement douanier et la déprime d’investisseurs qui prisaient le système D ; entre le besoin de réseaux de télécommunications plus performants et le déficit énergétique qui les plombe ; entre la nécessité de relancer un or blanc sans OGM et celle de rationaliser l’exploitation d’un or jaune dilapidé en Suisse via leTogo. En matière de justice, alors que les « dossiers pendants » se sont accumulés, il conviendra de s’accommoder d’une vérité parfois tronquée et de sentences forcément polémiques, en espérant atteindre une réconciliation nationale qui aille au-delà d’un pardon feint. En matière de culture, l’affable Faso se trouve, là encore, coincé entre le succès d’estime de tel festival ou de tel artiste et les règles d’une industrie culturelle mondiale peu portée sur les sentiments. Et ce dans un contexte où le secteur touristique souffre d’une paranoïa sécuritaire légitime. Puisque tout est à inventer, le Faso ne devrait pas souffrir du déjà-vu. Le héros national,Thomas Sankara, ne disait-il pas que tout ce qui sort de l’imagination de l’homme est réalisable par l’homme ? Les citations de cette icône révolutionnaire étant sur toutes les lèvres, l’heure est venue de rendre sa pensée immortelle. Ou de l’enterrer à jamais. ●
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Amadou Hama Maïga, Directeur Général de 2iE Diplômé de l’École nationale d’ingénieur de Bamako et Docteur de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), Amadou Hama Maïga a intégré 2IE en 1986 comme enseignant-chercheur, avant d’occuper plusieurs postes stratégiques, dont ceux de Directeur de la Recherche et de Directeur Général Adjoint. Directeur Général depuis septembre 2014, il lance aujourd’hui la campagne de recrutement des élèves pour la rentrée 2016-2017.
pour 5 ans – c’est le maximum possible. Nous avons réalisé tous les objectifs fixés par le plan d’orientation stratégique 2011-2015. Finalement, cette crise a démontré la robustesse du dispositif académique et scientifique sur lequel repose 2iE et qui fait sa réputation d’excellence. Nous travaillons à la renforcer, avec le soutien du Conseil d’Administration et de l’Assemblée Générale, dans le cadre de notre plan de développement stratégique 2016-2020. ■ Qu’en est-il des partenariats internationaux ? A.M. : Les partenaires financiers ont poursuivi, voire renforcé, leur soutien à 2iE et nous avons même signé de nouveaux accords de financement. La Banque mondiale, la Banque africaine de développement, l’Union européenne, la Coopération suisse, française, allemande, canadienne, britannique et bien d’autres soutiennent 2iE. De même, les partenariats stratégiques portant sur les échanges d’étudiants et d’enseignants, ainsi que les programmes de recherche conjoints ont été renforcés. C’est le cas avec l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne et d’autres universités suisses. C’est aussi le cas avec l’Université d’Hokkaido, au Japon, avec l’INSA de Lyon, l’Université de Montpellier, ou encore l’EPF Sceaux pour un programme de Cours préparatoire d’entrée aux grandes écoles pour filles. Nous avons même signé plus d’une dizaine de nouveaux partenariats, par exemple avec the Pensylvania State University, l’Université du Mississippi, ainsi que l’École des Ingénieurs de la Ville de Paris…
2iE rEstE fidèlE à sa réputation d’ExcEllEncE
■ Les journaux se sont fait l’écho de tensions au sein de 2iE. Comment les expliquezvous ? Amadou Hama Maïga : 2iE connait depuis 2012 une crise institutionnelle et financière qui a conduit en 2013 au départ de mon prédécesseur. Face à cette situation, nous avons fait le nécessaire pour apaiser les tensions et remettre le personnel en confiance, ainsi que les partenaires. Nous avons travaillé à optimiser le management des ressources humaines, maîtriser nos charges et améliorer la performance des activités pédagogiques et de recherche. Dès le début de 2014, les points de revendication soumis par le personnel contre l’ancienne équipe ont trouvé une solution. Mais nous avons dû prendre des décisions difficiles. Elles ont parfois été mal comprises par une partie du personnel d’accompagnement ou encore par des étudiants en situation d’échec. ■ Le dispositif académique et scientifique de 2iE est-il maintenu ? A.M. : Le personnel administratif, les enseignants et les chercheurs sont restés soudés et engagés. Les programmes de formation et de recherche se sont déroulés correctement. L’accréditation de nos diplômes d’ingénieur par la Commission française des Titres d’Ingénieurs (CTI) a été renouvelée en 2015 MESSAGE
Quel intérêt pour les étudiants ? ■ A.M. : Par exemple, une jeune Bachelière en sciences qui entre à 2iE en septembre en classe préparatoire aux grandes écoles pourra, dans deux ans, intégrer une grande école d’ingénieurs en France ou en Afrique. Dès le niveau Bachelor, un étudiant de 2iE a la possibilité de profiter de programmes de mobilité pour poursuivre ses études en master à l’INSA de Lyon ou à l’Université de Montpellier. Il peut aussi effectuer son stage à Penstate, à l’Université du Mississippi, à l’EPFL, à Hokkaido ou dans l’une des universités françaises parmi la dizaine qui sont partenaires de 2iE. Enfin, chaque étudiant doctorant inscrit à 2iE bénéficie d’une cotutelle de thèse et donc de mobilité dans les universités partenaires en Europe, aux États-Unis, en Suisse, au Japon et bien sûr en Afrique, y compris anglophone.
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Le Plus de J.A. Burkina Faso INTERVIEW
Salif Diallo « Nous n’avons pas mené de chasse aux sorcières » Nouvelle Constitution, milices koglweogo, Blaise Compaoré… Le président de l’Assemblée nationale – et du parti au pouvoir – fait le point sur les dossiers brûlants.
J
uriste de formation et longtemps éminence grise de Blaise Compaoré, jusqu’à ce qu’il devienne dissident et qu’il démissionne, début janvier 2014, du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), SalifDiallo,59ans,estl’undesmembresdu trio fondateur du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), avec Roch Marc Christian Kaboré et Simon Compaoré, désormais ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité. Élu président de l’Assemblée nationale le 30 décembre 2015, au lendemain de l’investiture de Roch Kaboré, Salif Diallo est l’un des hommes clés du nouveau régime: il est le deuxième personnage de l’État, il assure l’intérim de la présidence du MPP et il est incontournable sur les questions de politique intérieure… Au point que certains le considèrent comme le « vice-président » du Faso.
chômage des jeunes –qui s’impatientent, comme toute la population. Il faut trouver des réponses rapides.
JEUNE AFRIQUE: Comment se sont déroulés les cinq premiers mois d’exercice du pouvoir du chef de l’État et, plus largement, de votre majorité ? SALIF DIALLO : Le début de mandat a été
Roch Marc Christian Kaboré vous consulte-t-il sur les questions de politique intérieure ?
difficile car nous avons rapidement été confrontés à des problèmes de sécurité. Pour la première fois de notre histoire, le 15 janvier, une attaque jihadiste s’est produite en plein cœur de notre capitale. Cela a choqué les populations. Nous avons aussi dû faire face aux soubresauts de l’ancienne garde prétorienne du régime défunt, qui a tenté de s’emparer des dépôts de munitions et de déstabiliser le pays. Tout cela a contraint le chef de l’État à consacrer les premiers jours de son mandat au renforcement de nos structures sécuritaires. Quels sont les objectifs à atteindre d’ici à la fin de l’année ?
Il faut renforcer la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire, améliorer la surveillance à nos frontières et, surtout, engager des projets sociaux, en s’attaquant notamment au N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
Allez-vous rester président par intérim du MPP, malgré votre mandat de président de l’Assemblée nationale ?
Lors de sa création, le parti était dirigé par Roch Kaboré, et j’en étais le premier vice-président. Aujourd’hui, j’ai hérité de la direction du parti. Le MPP tiendra un congrès cette année, qui en décidera. Mais je ne vois ni d’inconvénient ni d’incompatibilité à cumuler ces fonctions. Peut-on parler de la mise en place d’un « État MPP » ?
Non. Et nous avons des adversaires politiques dans le système institutionnel, car nous n’avons pas mené de chasse aux sorcières, comme certains le laissaient supposer.
un texte pour les interdire, mais cela aurait créédes problèmes. Leskoglweogodoivent agir dans le cadre strict de la loi, être des auxiliaires – et rien que des auxiliaires – de la police, de la gendarmerie et de la Justice. Ils ne doivent en aucun cas les remplacer, ni rendre la justice ni sévir contre la population. C’est dans cet esprit que nous tolérons leur présence. Le projet de nouvelle Constitution va-t-il passer par la voie parlementaire ou serat-il soumis à un référendum ?
Les deux. Le projet élaboré par la Commissionconstitutionnelleseradéposé sur le bureau de l’Assemblée nationale, qui sollicitera une loi pour convoquer un référendum. Il faut qu’il y en ait un, nous ne pouvons pas adopter une nouvelle Constitution en catimini. La future Constitution doit-elle instaurer un régime présidentiel ou parlementaire?
L’enjeu n’est pas tant son appellation que le dispositif constitutionnel que nous allons mettre en place pour équilibrer
La naturalisation ivoirienne de Blaise Compaoré? Je la trouve indécente. Bien sûr. Le chef de l’État me consulte en ma qualité de président par intérim du MPP. Comment qualifieriez-vous vos relations?
Elles sont bonnes. Nous nous connaissons depuis les mouvements étudiants. Certains s’évertuent à voir des différences entre nous, mais nous avons fondamentalement la même vision politique et idéologique. Le gouvernement a-t-il été assez ferme sur la question des koglweogo, ces milices d’autodéfense accusées d’atteintes aux droits de l’homme ?
Oui. Le gouvernement a surtout été visionnaire : il aurait été facile d’adopter
les pouvoirs. Il faut instaurer des contrepouvoirs à tous les niveaux pour empêcher les abus. Nous pensons qu’un régime semi-présidentiel ou semi-parlementaire conviendrait à notre pays. Les relations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire se sont-elles améliorées ?
Elles doivent et ne peuvent que s’améliorer, à tous points de vue. Le Burkina et la Côte d’Ivoire partagent une longue histoire commune. Le peuple burkinabè et le peuple ivoirien sont des peuples frères. Les accusations qui visent Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, soupçonné d’avoir soutenu le coup d’État de la mi-septembre au JEUNE AFRIQUE
Changement d’ère
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u Le jour de son élection à la présidence de l’Assemblée nationale, le 30 décembre.
Burkina, peuvent-elles constituer un obstacle ?
La justice burkinabè travaille sur ce dossier et va se mettre en rapport avec la justice ivoirienne. L’objectif n’est pas de détruire nos relations bilatérales. Nos pays doivent collaborer, pour le bien-être de nos deux peuples, malgré les soubresauts de l’Histoire. En tant que président de l’Assemblée nationale, vous serez probablement amené à croiser Guillaume Soro. Que lui direz-vous ce jour-là ?
Bonjour, mon frère.
Les partisans de l’ancien président Compaoré vous accusent d’être le principal artisan de sa chute. Quel a été votre rôle durant l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ?
Blaise Compaoré est le principal responsable de sa chute. Il a refusé tous les conseils. Il a tenu jusqu’au bout à modifier
la Constitution, contre l’avis du peuple, qui s’est mis en travers de son chemin « monarchique ». N’avez-vous pas encouragé les manifestants, d’une manière ou d’une autre ?
Je suis un élément du peuple. Comme d’autres, et comme la majorité des Burkinabè, je me suis opposé à cette volonté de modifier la Constitution. Pourquoi les membres du clan Compaoré vous considèrent-ils comme l’homme à abattre ?
Je ne sais pas, mais j’aimerais le savoir. Il faudrait leur poser la question.
Que vous inspirent l’exil de Blaise Compaoré et sa naturalisation en Côte d’Ivoire ?
Je trouve indécent qu’il ait adopté la nationalité ivoirienne pour tenter d’échapper au jugement du peuple burkinabè. Il devrait avoir le courage de venir répondre
de ses actes dans son pays. Ce n’est pas parce qu’il a pris la nationalité ivoirienne que la justice burkinabè ne va pas le poursuivre ! Nous allons demander à la Côte d’Ivoire d’appliquer les accords en vigueur entre nos pays pour nous « ramener » Blaise Compaoré. A-t-il joué un rôle dans le putsch raté de la mi-septembre 2015 ?
Je ne peux l’affirmer, faute de preuves. Mais compte tenu du déroulement des faits et des acteurs en cause, il est évident que la galaxie Compaoré est derrière cette tentative de coup d’État. Considérez-vous toujours Compaoré et ses proches comme une menace ?
Tant qu’ils adopteront des positions antidémocratiques et continueront de ramer à contre-courant de l’Histoire, ils représenteront des éléments de déstabiPropos recueillis lisation du pays. ● à Ouagadougou par BENJAMIN ROGER
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p Députés du CDP (dont l’ex-ministre Juliette Bonkoungou), à l’Assemblée nationale, le 3 mai. VIE DES PARTIS
Le CDP est-il fini? Affaibli par la chute de Blaise Compaoré et en délicatesse avec les autorités durant la période de transition, le Congrès pour la démocratie et le progrès se remet en ordre de bataille.
I
ls n’avaient jamais connu ça depuis la création de leur parti, en 1996. Toujours vainqueurs, toujours majoritaires, les cadres du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) étaient habitués aux ors de la République. Mais depuis la chute de leur mentor, Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014, les choses ont bien changé pour les barons de l’ancien régime. Arrivé troisième aux élections législatives du 29 novembre 2015 (avec 18 députés sur 127, voir infographie), le parti se retrouve dans l’opposition pour la première fois de son histoire. Ce résultat honorable était pourtant loin d’être assuré. Depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, l’exparti présidentiel était voué aux gémonies. Plusieurs de ses responsables, dont Assimi Kouanda, son secrétaire exécutif national, avaient été arrêtés au début du régime de transition. Accusés de corruption ou de malversations, certains croupissent toujours en prison. Les militants, eux, rasaient les murs. N 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016 o
Alors qu’il tentait difficilement de remonter la pente, le CDP a subi un nouveau coup dur, en avril 2015, lorsque la transition a réformé le code électoral pour exclure plusieurs de ses membres des élections présidentielle et législatives à venir. Six mois plus tard, à la miseptembre, le général Gilbert Diendéré et les putschistes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ont justifié leur tentative de coup d’État par leur volonté
d’empêcher cette mesure d’exclusion électorale. Immédiatement, l’ancien parti majoritaire a été suspecté d’être derrière ce putsch manqué, qui a failli mettre un coup d’arrêt à la transition à seulement trois semaines des élections. « Sous prétexte que ce coup d’État nous était favorable, certains en ont profité pour dire que nous l’avions préparé, alors qu’aucun de nos membres n’était impliqué », se défend Achille Tapsoba, vice-président du CDP, qui ne nie cependant pas l’existence de liens étroits entre certains responsables de son parti et le RSP (Fatoumata Diendéré, l’épouse de Gilbert Diendéré, est par exemple une figure historique du CDP). S’ils démentent toute responsabilité dans ce coup d’État, sa rapide mise ● ● ●
Une majorité MPP, mais pas absolue
Répartition des sièges de l’Assemblée nationale à l’issue des législatives du 29 novembre 2015
33
Union pour la renaissance-Parti sankariste (Unir-PS)
5 total
127
Union pour le progrès et le changement (UPC) Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP)
18 55
Mouvement du peuple pour le progrès (MPP)
16
Autres (10 partis, qui ont obtenu entre 1 et 3 sièges chacun) JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de J.A. Burkina Faso ● ● ● en échec n’a pas arrangé les affaires des dirigeants de l’ex-formation présidentielle. Les avoirs du CDP ont été gelés et sa nouvelle hiérarchie, accusée de complicité avec les putschistes, arrêtée, à commencer par son président, Eddie Komboïgo, et l’un de ses vice-présidents, Léonce Koné. C’est donc un CDP très affaibli qui s’est présenté aux scrutins du 29 novembre 2015. Privé de candidat à la présidentielle, il a tout de même montré à l’occasion des législatives qu’il avait gardé un certain poids dans les campagnes. « Nous sommes toujours là. La transition n’a pas réussi à nous achever. Elle nous a porté des coups mortels, mais nous avons survécu », souligne l’un de ses cadres. Ironie de l’Histoire, les « cédépistes » se retrouvent aujourd’hui dans l’opposition au côté de leur ancien rival, Zéphirin Diabré, le président de l’Union pour le
progrès et le changement (UPC) (lire son interview pp. 74-75), qui avait été à la pointe de la contestation contre le régime Compaoré. Ensemble, ils bataillent dans l’hémicycle contre leurs nouveaux ennemis communs : Roch Marc Christian Kaboré et le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). SÉRÉNITÉ. Avec ses principaux ténors
en fuite ou sous les verrous, le CDP est désormais dirigé par d’anciens seconds couteaux montés en grade. Loin de vouloir couper le cordon avec Blaise Compaoré – victime, selon eux, d’une campagne de dénigrement –, ils affirment que le parti s’est engagé dans « une nouvelle forme de lutte politique » et semblent regarder l’avenir avec sérénité. « Le MPP ne s’est pas lancé dans la chasse aux sorcières que certains prédisaient, nous sommes même plus libres qu’avant, affirme Achille Tapsoba. Nos libertés
d’opinion, d’expression et de réunion sont respectées, ce qui n’était pas le cas pendant la transition. » Comme lors des dernières législatives, le CDP est arrivé en troisième position, derrière le MPP et l’UPC, aux élections municipales du 22 mai. « C’est devenu un parti de losers », ironise une figure de l’opposition. Malgré ces critiques, l’exparti présidentiel entend s’appuyer sur sa base électorale rurale pour remonter progressivement la pente et redevenir un jour, pourquoi pas, la première formation politique du Burkina. « Nous sommes confiants. Nous avons renoué avec notre électorat, et le climat politique est apaisé », pronostique l’un de ses dirigeants. Autre motif d’espoir pour le CDP : il peut à nouveau compter sur des moyens financiers importants, la justice ayant annoncé, début avril, la fin du gel de ses avoirs. ● BENJAMIN ROGER
Des lauriers pour le MPP Les municipales du 22 mai ont donné clairement l’avantage au parti présidentiel. Elles confirment aussi le statut de l’UPC comme première formation de l’opposition.
L
escadresduMouvementdupeuple pour le progrès (MPP) redoutaient ce scrutin – le premier depuis leur arrivée au pouvoir. Après leur large victoire à la présidentielle et aux législatives, ils savaient que le défi des élections municipales du 22 mai serait tout autre. Enjeuxlocaux,bonneimplantationdeleurs adversaires en milieu rural, vote sanction après cinq mois d’exercice du pouvoir… Tous ces éléments auraient pu transformer ce premier test électoral en piège pour le MPP. Il n’en a rien été. Sur 364 communes,
Trio de tête
(% de sièges obtenus au sein des conseils municipaux) Résultats du scrutin municipal du 22 mai 2016 validés par la Ceni pour 364 communes sur 368, soit 19 113 sièges pourvus sur un total de 19 174
Autres 17,46 % CDP 10,74 % UPC 15,56 %
N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
MPP 56,24 %
De son côté, l’Union pour le progrès le parti de Roch Marc Christian Kaboré en et le changement (UPC), de Zéphirin aremportéplusde250,dontOuagadougou et Bobo-Dioulasso, les deux premières Diabré, a confirmé son statut de premier villes du pays. parti d’opposition. Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a, Une nette victoire, donc, qui doit lui, rappelé, après ses résultoutefois être relativisée: le taux tats honorables aux légisde participation n’a été que En latives du 29 novembre de 47,6 %, alors qu’il avait novembre 2014, les 2015, qu’il avait encore dépassé les 70 % lors des autorités de la transition dernières municipales, un certain poids dans avaient dissous les les campagnes. en décembre 2012. « Les conseils municipaux. Burkinabè font face à « C’est une très large Depuis, les communes étaient administrées beaucoup de difficultés victoire sur nos adverpar des délégations saires, jubile l’un des quotidiennes depuis des spéciales mois, qui ne trouvent pas dirigeants du MPP. Nous allons pouvoir approfondir encore de réponse concrète. Ils s’étaient mobilisés pour la le processus de décentralisation présidentielle, mais, cette fois, ils ont et le transfert de compétences aux boudé les urnes », explique un membre collectivités locales. » Après avoir conquis de la Commission électorale nationale la présidence, l’Assemblée nationale et indépendante (Ceni). Cette lassitude à la majorité des communes, Kaboré et le l’égard de la politique se double d’autres MPP ont désormais toutes les cartes en main pour appliquer leur programme. préoccupations:l’hivernageadébutédans certaines régions rurales, où nombre de Ce que leurs adversaires ne manqueront pas de leur rappeler s’ils échouent à paysans étaient davantage concentrés sur redresser le pays. ● leurs travaux agricoles que sur les enjeux électoraux. B.R. JEUNE AFRIQUE
LA MINE D’ESSAKANE Date d’acquisition : 25 février 2009
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Production commerciale : 16 juillet 2010
Une vue d’ensemble de l’usine d’Essakane .
IMPACTS SUR L’ÉCONOMIE BURKINABÈ Emplois directs (fin 2015) : 2 226 emplois (95 % burkinabè) Contribution économique directe 2011-2015 (taxes, impôts et redevances) : 223milliards de F CFA Achats locaux (fin 2015) : 110 milliards de F CFA auprès de 500 fournisseurs de biens et services burkinabè.
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Zéphirin Diabré « Je ne suis pas fatigué d’être dans l’opposition » Candidat malheureux à la présidentielle en 2015, le patron de l’Union pour le progrès et le changement s’emploie désormais à renforcer la présence de son parti sur le terrain. JEUNE AFRIQUE : Comment jugez-vous les cinq premiers mois au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré ? ZÉPHIRIN DIABRÉ : Nous avons assisté
à une période d’hésitation et de tâtonnement. L’opinion s’attendait à plus de célérité dans la nomination du Premier ministre et du gouvernement. Et, une fois ce dernier nommé, nous avons encore senti des lenteurs dans l’administration. Enfin, nous nous sommes rendu compte que plusieurs mesures présentées comme des « composantes du programme présidentiel d’urgence » étaient en réalité héritées du régime précédent. Quelle devrait être la priorité du chef de l’État pour l’année en cours ?
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM
C’est à lui de le décider, pas à moi. Il y a beaucoup de questions sur la table : la relance de l’économie, la sécurité, la dette intérieure, qui plombe les entreprises… Il y a aussi, évidemment, les nombreuses revendications sociales et les prix des denrées de première nécessité qui flambent. Des choix budgétaires seront nécessaires. Faut-il renforcer la sécurité au détriment d’autres secteurs ?
p Dans son bureau, à Ouagadougou, en 2015.
A
rrivéendeuxièmepositionàla présidentielledu29novembre 2015 avec 29,7 % des voix, contre 53,5 % à Roch Marc Christian Kaboré (vainqueur au premier tour), revoilà Zéphirin Diabré chef de file de l’opposition. Le président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), parti qu’il a fondé lors de son retour à la vie politique en 2010, occupait déjà cette fonction avant la chute de Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014. À l’issue des législatives de décembre 2012, en effet, l’UPC s’était imposée N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
comme la deuxième force politique du pays, avec 19 députés sur 127, contre 70 pour le Congrès pour la démocratie et le progrès(CDP,del’ex-présidentCompaoré). Il confirme sa position dans la nouvelle législature, cette fois avec 33 sièges, contre 55 pour le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, majorité présidentielle) et 18 pour le CDP. Affirmant avoir surmonté sa défaite à la présidentielle, Diabré entend renforcer son parti et jouer pleinement son rôle d’opposant durant les cinq prochaines années.
Nous sommes obligés de tout faire en même temps. C’est malheureusement le sort de notre pays : tout est prioritaire. Cependant il est clair que, dans la situation actuelle, il faut faire en sorte que davantage de ressources financières soient allouées à la sécurité. Soutenez-vous le projet de nouvelle Constitution ?
Oui, sur le principe. Dans mon programme, j’avais d’ailleurs avancé cette proposition. Maintenant, il faut se pencher sur le contenu.
Le président vous a-t-il proposé d’intégrer le gouvernement ?
Nous n’avons pas eu d’échange à ce sujet. JEUNE AFRIQUE
Changement d’ère N’est-ce pas lassant de se retrouver une nouvelle fois chef de file de l’opposition?
Non. J’ai endossé cette fonction il y a trois ans. Comment voulez-vous que je sois fatigué alors qu’une personnalité comme François Mitterrand s’est maintenue vingt-trois ans dans l’opposition et que d’autres, comme Alpha Condé, y sont restés plus de quarante ans ? Vous êtes désormais dans le même camp que le CDP. Cette alliance avec vos anciens rivaux n’est-elle pas difficile ?
Ce n’est pas une alliance, le terme n’est pas approprié. Nous sommes dans l’opposition parce que, selon la loi, sont opposants tous ceux qui n’appartiennent pas au gouvernement. Comme eux, nous avons des griefs à l’encontre du régime en place. Quelle leçon tirez-vous de votre défaite à la présidentielle ?
La première, c’est que nous avons besoin d’une très bonne implantation
locale. Nous avons fait un travail remarquable en seulement cinq ans [l’UPC a été créée en mars 2010], mais nous nous sommes retrouvés face à un « nouvel ancien » parti qui, lui, est là depuis trente ans : en effet, lorsqu’il a été créé en janvier 2014, le MPP a vidé 80 % des structures du CDP de leurs cadres et militants… S’il était parti de zéro, comme
une très bonne chose sur le principe. Nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de gens intègres, mais qui n’avaient ni l’expérience, ni les ressources financières, ni la notoriété pour attirer des électeurs. C’est bien d’avoir misé sur un nouveau personnel politique, mais nous aurions dû le compléter par du personnel ancien.
Les premiers mois de Kaboré? Une période d’hésitation et de tâtonnement. nous l’avons fait, avec des novices en politique, il n’aurait pas atteint ce score. Il a hérité d’une machine, celle de l’ancien CDP. Avez-vous commis des erreurs que vous regrettez ?
Oui. Au moment de la création de l’UPC, nous avons joué la carte du renouvellement du personnel politique. C’est
Je peux le dire maintenant : même au cours des événements qui ont suivi la chute de Compaoré, je voyais bien que notre parti n’avait pas encore le poids qu’il fallait sur le terrain. Nous sommes certes montés en puissance, mais il faut continuer à nous implanter à travers tout le pays. C’est un travail immense. ● Propos recueillis à Ouagadougou par BENJAMIN ROGER
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Le Plus de J.A. Burkina Faso DÉCRYPTAGE Alain Faujas
Paysage après la tempête
L
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économie burkinabè en panne ? « Faux ! » s’exclameront ceux qui lisent sur le compteur de la croissance des chiffres très honorables : + 4 % en 2014 comme en 2015, années perturbées s’il en fut, et + 5,2 % annoncés par le FMI pour 2016. Et c’est vrai, les secteurs du BTP et des mines se portent bien. Le premier est porté par un ciment en plein boom, le second par la mise en exploitation de nouveaux gisements aurifères et par un dollar fort. Malgré ces bons indicateurs, le premier trimestre 2016 a été quasiment à l’arrêt, comme le prouve un investissement public paralysé par l’adoption tardive du budget et par la révision des procédures de passation des marchés publics. Les crédits consentis au secteur privé sont eux aussi en chute libre, faute de confiance. « Ce n’est pas avant 2017 que le Burkina Faso renouera avec son potentiel et pourra afficher 6 % de croissance », prédit un expert. Ce qui justifie cet optimisme, c’est le sérieux avec lequel les autorités ont entrepris de corriger les déficits provoqués par les soubresauts politiques et par une météo qui a nui à la récolte de coton. Les économies sur les dépenses d’investissement et les gros efforts réalisés pour améliorer les recettes fiscales grevées par une fraude importante ont permis de contenir à 3 % le déficit budgétaire. Un résultat qui classe le Burkina parmi les bons élèves de l’UEMOA. « Ce pays est solide parce que ses habitants sont travailleurs et patriotes, et que ses institutions fonctionnent, explique un observateur. Ce n’est pas le Burkina qui achèterait un avion dans le dos des institutions de BrettonWoods, comme l’a fait l’un de ses voisins ! Le Burkina est un peu l’Ouganda de l’Afrique de l’Ouest. »
reprendront le chemin de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Le nouveau pouvoir doit relever trois défis. D’abord, mettre de l’ordre dans les nombreux projets d’aménagements et d’infrastructures. Le Plan national de développement économique et social (PNDES), tout juste entériné, doit établir très vite des priorités entre « pôles de croissance », routes, voies ferrées, mines, irrigations, électrifications, etc. Et qu’il ne compte pas, à court terme, sur la fameuse boucle ferroviaire du groupe Bolloré ou sur l’exploitation du manganèse deTambao qui en dépend.Trop aléatoire. Le deuxième défi, c’est le coton. Le Burkina vient de renoncer à cultiver une variété transgénique Bt car elle dégradait la qualité du coton en réduisant la longueur de la fibre. Problème, le retour au coton classique suppose l’emploi de plus grandes quantités d’engrais, que le budget de l’État ne permet pas de financer. À moins que le Burkina n’obtienne d’importants dommages et intérêts de Monsanto, le fournisseur du Bt… Là aussi, très aléatoire. Le troisième défi, c’est la restructuration du secteur de l’énergie. Les nombreuses coupures d’électricité sont insupportables aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Les deux sociétés d’État, Sonabel (électricité)
Infrastructures, énergie, coton : trois chantiers sur lesquels il faut se pencher en priorité.
Pour satisfaire la jeunesse, le gouvernement est naturellement tenté de créer des emplois à grand renfort de subventions. Malheureusement, les caisses sont vides, et l’État est donc forcé de se rallier à l’avis des bailleurs de fonds, pour lesquels il n’est de salut et de création d’emplois que dans le développement du secteur privé. Paul Kaba Thieba, le Premier ministre, l’a compris, et s’occupe personnellement d’améliorer le climat des affaires afin de réduire le nombre d’embûches susceptibles de paralyser les entreprises. C’est à ce prix que les capitaux étrangers N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
et Sonabhy (hydrocarbures), se renvoient la responsabilité de cette pénurie, la première étant redevable de quelque 66 milliards de F CFA (plus de 100 millions d’euros) à la seconde, qui rechigne à lui fournir le combustible pour faire tourner ses centrales. Le gouvernement a décidé le principe d’une remise à niveau du capital de Sonabel. Son plan de redressement prévoit aussi la fin des subventions aux carburants et la mise en place d’une structure rationnelle des prix de l’énergie, qui ménage les finances de l’État, des opérateurs, des particuliers et des entreprises. Il devra mettre la main à la poche pour assainir durablement le secteur. Et une aide internationale serait la bienvenue pour réussir cette opération délicate, car politiquement risquée. ● JEUNE AFRIQUE
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FOrMAtIOn COntInUE (LICEnCE, MASTER ET DOCTORAT)
• Licence professionnelle en Marketing, Management de la qualité, Communication, Développement local et décentralisation, Finance et comptabilité, Transport et Logistique, Banque finance/Micro finance, Management des ressources humaines, Management des Projets.
MBA Et DOCtOrAt En CO-DIPLOMAtIOn
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La Méthode pédagogique est fondée sur l’accompagnement de l’étudiant. Chaque enseignement est assuré au moyen de cours magistraux et de travaux dirigés et pratiques. La conception des programmes repose sur l’alternance entre enseignement magistral et stages.
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Changement d’ère
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SOPHIE GARCIA | HANSLUCAS.COM POUR J.A.
q L’économiste a fait la majeure partie de sa carrière à l’ONU.
ÉCONOMIE
Rosine Coulibaly « Notre premier défi: renouer avec une croissance soutenue » Orienter les investissements vers des projets structurants, rationaliser les dépenses, améliorer les rentrées fiscales… Pas facile de relancer une machine grippée. La ministre des Finances s’y attelle.
R
enouer avec une croissance de plus de 5 % dès cette année : c’est l’objectif que s’est fixé le Burkina postinsurrectionnel. Pour y parvenir, le gouvernement compte doper ses dépenses d’investissement en augmentant ses recettes, qui, selon les projections du ministère de l’Économie et des Finances, devraient atteindre plus de 21,5 % du PIB, contre 19 % en 2015. Principal artisan de cette stratégie, Hadizatou Rosine Sori-Coulibaly. Titulaire d’une maîtrise en économie de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Ucad) et d’un diplôme de troisième cycle de l’Institut des Nations unies pour le développement économique et la JEUNE AFRIQUE
planification, Rosine Coulibaly, 58 ans, a fait une grande partie de sa carrière à l’ONU, pour laquelle elle a été en poste en Mauritanie, au Burundi, au Togo et au Bénin, où elle a été représentante du Pnud et coordinatrice résidente du Système des Nations unies d’août 2014 jusqu’à sa nomination à la tête du ministère de l’Économie, des Finances et du Développement, le 13 janvier dernier. Poignée de main chaleureuse, à l’aise sur ses dossiers, la ministre n’occulte pas les problèmes auxquels le Burkina est confronté depuis la crise politique de 2014, les quatorze mois de transition qui ont suivi, sans oublier les attaques terroristes de janvier dernier. Elle sait que,
pour relancer l’économie et la transformer en profondeur, le cap sera difficile à tenir. Pourtant, les réformes qu’elle a engagées – « sans pression politique », précise-telle – semblent porter leurs fruits. JEUNE AFRIQUE: Comment va l’économie burkinabè ? ROSINE COULIBALY : Elle pourrait aller
mieux. Nous avons hérité d’une situation délicate, marquée par un contexte international morose. Un temps porté par des vents favorables, notre taux de croissance, qui s’établissait à 6,4 % en moyenne entre 2009 et 2013, s’est malheureusement affaissé à 4 % à la fin des années 2014 et 2015. Nous avons donc un N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
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Le Plus de J.A. Burkina Faso gigantesque défi à relever, d’autant que la population, elle, croît de plus de 3 % par an, ce qui réduit encore les marges.
une hausse de 1,2 point. Pour cela, nous voulons dynamiser les investissements structurants, comme ceux réalisés pour le Bagrépôle et pour les autres projets Quelles sont vos priorités ? de pôles de croissance, pour le nouvel Je dois m’assurer, d’une part, que notre aéroport de Donsin, le réseau routier, etc. stratégie de développement est bien Outre le Programme de dévelopconçue et que nous prenons les pement intégré de la vallée de mesures nécessaires pour Samandéni [Ouest], sur lequel Le PNDES table qu’elle ait un impact durable nous travaillons, nous vousur une hypothèse sur la vie des populations. lons réaliser des aménagede croissance Je dois veiller d’autre part ments hydroagricoles sur moyenne de 20 000 ha d’ici à la fin de à la cohérence de nos polil’année. tiques fiscale et budgétaire, et à ce que nous engagions de 2016 à 2020 des réformes audacieuses Qu’entendez-vous par « diversifier l’économie » ? pour atteindre les objectifs fixés. Le premier d’entre eux est Les secteurs porteurs de croisde renouer avec une croissance assez sance ne pourront se développer que soutenue afin d’infléchir la courbe de si l’on crée des chaînes de valeur en la pauvreté [dont le taux est estimé à transformant davantage nos produits et, environ 40 %] et de diversifier l’économie. donc, en soutenant le secteur de l’énergie, Nous tablons sur une prévision de puisque ses déficits freinent encore notre compétitivité. croissance de l’ordre de 5,2 % en 2016, soit
7,3 %
Par ailleurs, la baisse des cours de nos principaux produits d’exportation – l’or et le coton – prouve qu’il est indispensable de diversifier notre économie si l’on veut améliorer sa résistance aux chocs exogènes. Pour cela, nous avons besoin d’identifier les filières et produits qui peuvent se substituer à l’or et au coton. Notre stratégie de croissance « inclusive » vise aussi à encourager le secteur privé à investir dans des marchés, des services ou des produits de niche. En revanche, c’est à nous, pouvoirs publics, qu’il incombe de bien évaluer et d’identifier les projets pour éviter les surcoûts, de repérer les secteurs porteurs, de choisir les bonnes mesures d’accompagnement, de nous assurer de la bonne gestion des finances publiques… Bref, de tout mettre en œuvre pour que les investissements portent leurs fruits. Pour financer ces projets structurants, nous comptons à la fois mobiliser les ressources nationales et organiser des levées de ● ● ●
Sylvie a tout pour plaire! Derrière ce suave prénom se cache un guichet numérique unique pour les opérations d’import-export. Parmi ses atouts, l’allègement des formalités, la lutte contre la fraude et de meilleures rentrées fiscales.
O
pérationneldepuis février, le Système de liaison virtuelle pour les opérations d’importation et d’exportation (Sylvie) est un guichet numérique unique réunissant touslesacteurschargésdedélivrer les documents requis pour le dédouanement des marchandises. Cette plateforme allège donc considérablement les formalités. Elle est aussi l’un des meilleurs moyens pour lutter contre la fraude, qui pénalise à la fois les entreprises et l’État. Dès cette année, elle devrait permettre aux douanes de collecter entre 20 et 25 milliards de F CFA (environ 30,5 à 38 millions d’euros) supplémentaires et, selon les prévisions, de porter leurs recettes à 508 milliards de F CFA en 2016. Inspiré du guichet électronique sénégalais Gaindé 2000, Sylvie assure l’interconnexion N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
entre les services publics et privés délivrant les documents exigés pour les opérations d’import-export. Sont notamment reliées au système la Banque centrale, les treize banques commerciales et les sociétés d’assurances du pays, sans oublier Cotecna, l’institution chargée de l’inspection et de la certification des marchandises (l’un des leaders mondiaux du secteur). L’accès à la plateforme est conditionné au paiement d’un abonnement annuel de 800 000 F CFA pour les banques, de 354 000 F CFA pour les opérateurs économiques et de 296000,00 F CFA pour les transitaires. MORATOIRE. Le système
permet d’assurer la traçabilité, de réduire les lenteurs administratives en simplifiant les procédures (le nombre de
documents à fournir passe à 7, contre plus de 10 auparavant pour une opération d’importation) et les coûts liés à la délivrance des actes relatifs aux formalités de dédouanement. « D’ici au début de l’année prochaine, grâce à Sylvie, l’obtention de ces
mais le secteur formel n’en souffre pas. Au contraire, c’est un outil efficace. Évidemment, comme Sylvie permet de rétablir la juste valeur des marchandises pour la liquidation des droits douaniers, cela ne satisfait pas ceux qui sousévaluent leurs importations »,
La plateforme devrait permettre de collecter entre 20 et 25 milliards de F CFA supplémentaires cette année. documentspourrasefairesous vingt-quatre heures, contre une semaine actuellement », explique Adama Sawadogo, directeur général des douanes. Si les industriels applaudissent, certains commerçants importateurs exigent un moratoire d’au moins trois mois avant de se plier au nouveau système. « On sent que le lancement de la plateforme présente quelques difficultés,
commente Lassine Diawara, président du syndicat des importateurs et exportateurs. Autre conséquence, pour les consommateurs cette fois: les coûts de dédouanement se sont répercutés sur les prix de certains produits, qui ont donc augmenté. Une poussée inflationniste qui n’est que le résultat du recul de la concurrence déloyale. ● NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou JEUNE AFRIQUE
CAMEG
La santé pour tous !
Dr Jean Chrysostôme KADEBA, Directeur général de la CAmEg.
La satisfaction du consommateur : Notre devoir
Pour y arriver, la CAMEG met à jour ses outils de gestion et son système de management à l’aune des derniers référentiels internationaux et des nouvelles pratiques en vigueur dans le secteur pharmaceutique. Ainsi, la Nationale des médicaments génériques a bâti sa démarche autour d’un plan stratégique revu en 2016 pour les cinq ans à venir. Ce plan renforce la position de l’institution dans sa mission principale de grossiste pharmaceutique national leader du pays. Siège social : ZAD 01 BP 4877 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél. : +226 25 37 37 50 / 51 Fax : +226 25 37 37 57 E-mail : cameg@cameg.bf
www.cameg.com
Site CAMEG de Tengandogo.
Une mission qui entend faire de la CAMEG une centrale d’achat, de stockage et de distribution de produits pharmaceutiques et d’équipements de santé pour les structures publiques et privées intervenant au Burkina Faso et à vocation de service public. La CAMEG se donne dans le plan stratégique la vision qui fera d’elle d’ici 2020,
une entreprise pérenne, d’utilité publique et leader des médicaments essentiels et de consommables médicaux au Burina Faso. Cette vision est soutenue par les valeurs qui sont le sens de la responsabilité, l’efficience, l’innovation et la solidarité. Véritable référence en matière d’achat, de stockage et de distribution de produits pharmaceutiques et d’équipements de santé pour les formations sanitaires publiques et privées au Burkina Faso, la CAMEG est attachée à son rôle social et de service public, dont le but ultime est de faire en sorte que tous les Burkinabè puissent se soigner avec des médicaments de qualité sur toute l’étendue du territoire national. C’est pourquoi, tout est mis en œuvre à la CAMEG pour garantir la qualité des médicaments distribués, depuis le fournisseur jusqu’au patient. Et c’est aussi dans cette logique que le Directeur général s’est engagé dans la démarche qualité de la Centrale, à trouver avec l’ensemble du personnel les voies et les moyens nécessaires, pour que le système de management demeure conforme aux exigences des référentiels et normes applicables, pour que la CAMEG soit reconnue comme un centre collaborateur de l’OMS et pour qu’enfin, la Nationale des MEG du Burkina Faso obtienne la certification ISO 9001, version 2015.
PUBLI-INFORMATION
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
L
a Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) affiche ses nouvelles ambitions au service des populations du Burkina Faso. Il s’agit de recentrer toutes ses actions pour la satisfaction du consommateur. En effet, la disponibilité des produits pharmaceutiques essentiels de qualité sur toute l’étendue du territoire s’associe à une recherche permanente de la satisfaction de la clientèle, à travers la qualité du service rendu.
Le Plus de J.A. Burkina Faso
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● ● ● fonds auprès de la diaspora, sous la forme de « diaspora bonds ».
La Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (Scadd) est remplacée par un Plan national de développement économique et social (PNDES 2016-2020), adopté par le gouvernement le 11 mai. Pourquoi changer de cadre de développement ?
Le PNDES marque le retour à la norme du cadre des politiques économiques. Il n’y a point de vent favorable pour celui qui ignore où il va : telle une boussole, le PNDES donne le cap que nous devons tenir et trace la route que nous allons suivre ces cinq prochaines années. Il marque aussi le passage à une démarche transversale. La restructuration de mon ministère répond d’ailleurs à cet impératif : il n’y a plus de dichotomie entre ceux qui conçoivent et ceux qui mettent en œuvre les programmes de développement. Cela permet d’identifier aisément les priorités et les stratégies à appliquer pour atteindre les objectifs.
60 % à 70 % du volume de financement la mise en place du scanner à Ouaga attendu seront comblés par les inves Inter [principal poste de douane de la capitale] et les attestations de vérifica tissements publics et privés burkinabè, tion Cotecna [lire p. 80] sont autant de le reste étant pourvu par les bailleurs et investisseurs étrangers. réformes qui vont optimiser nos Dans ce cadre, nous rentrées financières. comptons réunir pro Par ailleurs, l’introduc Au 1er trimestre de 2016, tion de la facture norma chainement une confé les régies de recettes lisée, pour les impôts, rence des bailleurs de de l’État ont perçu fonds pour présen et du scanner fixe ter nos politiques pour les opérations de de développement prédédouanement des de F CFA (414,67 millions à court terme et à marchandisescommen d’euros), soit 10 % moyen terme, ainsi centàporterleursfruits.À de recettes de plus q ue no s p r ior ités lafind’avril,lemontantdes que prévu actuelles, telles que la recettescollectéesdépassait nos prévisions de 23 %. sécurité. Par ailleurs, nous allons organiser un dialogue Nous avons un potentiel d’envi avec les acteurs nationaux ainsi qu’avec ron7000entreprises,detoutestailles,enre les amis du Burkina, pour recueillir leur gistrées dans le pays. Pourtant, moins de la moitié d’entre elles font l’objet d’un suivi avis sur la stratégie du gouvernement et, nous l’espérons, leur adhésion. de la part des impôts. Nous allons donc réorganiser les services pour combler cette lacune. Il n’est pas question d’augmenter Vous tenez à ce qu’au moins 60 % du les impôts et les taxes, mais d’améliorer PNDES soit financé par des investissements burkinabè. Comment compleur recouvrement. Et nous avons prévu tez-vous mobiliser les ressources des dispositifspourdissuader les tricheurs.
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nécessaires? En augmentant les impôts? Quel est le coût du PNDES et qui le financera ?
Nous l’évaluons à 12 008 milliards de F CFA [environ 18,3 milliards d’euros], ce qui représente un investissement de 2401 milliards par an. Nous espérons que
Afin d’améliorer la fluidité de l’infor mation, nous allons passer à un système intégré de gestion des régies de recettes. Le lancement de la plateforme Sylvie [Système de liaison virtuelle pour les opé rations d’importation et d’exportation],
J’ai les coudées franches pour mener ces réformes. Je ne subis aucune pression. q Dans son bureau, le 27 avril.
Et du côté de l’État ?
Parallèlement, je travaille à rationa liser la dépense publique en ramenant la masse salariale de l’État à 35 % de ses ressources propres, au lieu de 45 % actuellement. Nous comptons aussi économiser quelque 600 millions de F CFA sur les baux administratifs, qui nous coûtent environ 5,2 milliards par an. J’ai les coudées franches pour engager ces réformes, c’est important. Je ne subis aucune pression politique. Quel sort réservez-vous aux entreprises publiques criblées de dettes, comme la Société nationale d’électricité du Burkina (Sonabel) ou la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (Sonabhy) ?
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR J.A.
Nous sommes en passe d’établir une liste des sociétés à capitaux publics en difficulté susceptibles d’être privatisées. Cela étant, l’endettement de Sonabel visà-vis de Sonabhy [lire p. 83], dont nous avons hérité, est si important que nous préparons une convention avec Sonabhy. Et nous sommes en discussion avec les deux entreprises pour voir comment apurer cette dette [environ 66 milliards de F CFA de créances] et ce que l’État peut récupérer. ● Propos recueillis à Ouagadougou par NADOUN COULIBALY N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
JEUNE AFRIQUE
Changement d’ère
Grande purge dans les cuves Lourdement endettée, la Société nationale des hydrocarbures espère bientôt apurer ses comptes. En réduisant ses charges et, surtout, en récupérant les créances qui lui sont dues.
M
algré un chiffre d’affaires de 520 milliards de F CFA (environ 793 millions d’euros) en 2015 et une croissance qui devrait atteindre 10 % pour l’exercice en cours, la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (Sonabhy) croule sous le poids de la dette. « Nos indicateurs financiers sont au rouge. Nous avons une trésorerie négative de plus de 100 milliards de F CFA, et cela aurait pu être pire si nous n’avions pas bénéficié de la baisse des prix du pétrole », reconnaît Gambetta Nacro, le directeur général de l’entreprise publique. Cette dette est imputable aux impayés de la Société nationale d’électricité du Burkina (Sonabel), son principal client (qui lui doit 66 milliards de F CFA), et à ceux de l’État (40 milliards de F CFA de
subventions), ce qui a empêché Sonabhy de régler ses frais bancaires. En outre, compte tenu de la hausse du dollar, elle n’a pu bénéficier de taux de change avantageux auprès de ses fournisseurs internationaux comme Addax et Trafigura ou la société béninoise de stockage de produits pétroliers Octogone, alors que, dans le même temps, les délais de paiement de ses clients passaient de soixante à quatre-vingt-dix jours… « Nous avons dû recourir à des découverts bancaires onéreux, dont le montant a atteint plus de 30 milliards de F CFA pour la seule année 2015 », déplore Gambetta Nacro. Pour remettre l’entreprise à flot, la priorité est donc de réduire les coûts. Sonabhy s’est engagée à diminuer ses charges de fonctionnement de 20 %. Surtout, elle fait jouer la concurrence, en invitant un
plus grand nombre de multinationales à souscrireàsesappelsd’offres:unestratégie qui lui a permis de négocier ses achats d’hydrocarbures à 20 dollars la tonne, soit deux fois moins que la limite maximale fixée par l’État. Mais ce qui devrait radicalement changer la donne, c’est le contrat de plan quinquennal que la société a signé en juin 2015. Calqué sur celui de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (Onea), il prévoit que l’État assume ses responsabilités en s’acquittant des frais qui lui sont imputables. Le nouveau gouvernement prépare une convention dans ce sens. Une vraie bouffée d’oxygène pour Sonabhy, qui pourra enfin réaliser les investissements indispensables, estimés à 100 milliards de F CFA. Les plus emblématiques ? L’achèvement de la construction d’un centre de dépôt d’hydrocarbures à Péni, en banlieue de Bobo (d’un coût de 20 milliards de F CFA, il devrait être opérationnel dès janvier 2017) et l’extension des capacités des réservoirs de super et de gasoil d’un autre dépôt, à Bingo, à 60 km de Ouaga. ● N.C.
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INDUSTRIES EXTRACTIVES
Un homme qui parle d’or Le code minier a été révisé en 2015. Reste à définir ses modalités d’application. Élie Justin Ouédraogo, président du principal syndicat professionnel du secteur, mène les négociations.
I
l ne pense plus qu’à ça, ou presque. À l’approche de la fin de son mandat de président de la Chambre des mines du Burkina (CMB), le principal syndicat professionnel du secteur, Élie Justin Ouédraogo, par ailleurs directeur national et président du conseil d’administration de Semafo-Burkina, conduit les ultimes négociations avec le gouvernement en vue de l’adoption des textes d’application du code minier, révisé l’an dernier. Des discussions aussi essentielles que délicates, dans un contexte de baisse des cours mondiaux. Engagée en 2010 sous l’effet haussier des cours de l’once d’or, qui frôlaient alors les 1 900 dollars, la réforme du code minier a abouti sous le régime de transition, dans une conjoncture bien
riveraines et ceux des sociétés minières, de sorte qu’aucun acteur de ce triptyque n’ait l’impression d’avoir été floué. » Né en août 1952 à Boromo, dans la Boucle du Mouhoun (Ouest), Élie Justin Ouédraogo obtient son doctorat en sciences économiques à l’université de Picardie - Jules-Verne d’Amiens (nord de la France) en 1982. Son thème : « L’investissement minier et les problématiques de l’industrialisation en Afrique de l’Ouest. » Passionné par ce secteur, il y fera toute sa carrière. D’abord en tant
différente. Les cours se sont effondrés (en moyenne à 1200 dollars l’once au premier trimestre 2016, avec des prévisions à la baisse pour le deuxième trimestre), ce qui remet en question des projets aurifères au Burkina Faso. Les revenus du secteur sont Le nouveau projet de ce passés de 191 milliards à businessman discret et prospère ? un peu moins de 168,5 milliards de F CFA (de 291,2 Une centrale solaire de 20 MW. à 256,9 millions d’euros) que directeur national de la Société de entre 2013 et 2015, et les investissements recherche et d’exploitation minière du de certains projets ont été revus à la baisse. « Il est très difficile de légiférer Burkina (Soremib), qui exploitait le gisedans un secteur aussi volatil, explique ment aurifère de Poura jusqu’à sa fermeÉlie Justin Ouédraogo. Pourtant, nous ture à la suite de l’effondrement des cours devons parvenir, en toute transparence, de l’or, en 1999. Ministre de l’Énergie et à trouver un équilibre entre les intérêts des Mines de 1995 à 2000, il prend la direction d’un nouvel établissement public du gouvernement, ceux des populations
SOPHIE GARCIA / HANSLUCAS.COM POUR J.A.
q Dans son bureau à la Chambre des mines du Burkina, à Ouagadougou, le 9 mai.
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JEUNE AFRIQUE
Changement d’ère burkinabè, le Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (Capes), de 2001 à 2005. Il est ensuite nommé administrateur exécutif de l’Institut de formation et de recherches démographiques (Iford), un organisme international basé à Yaoundé, au Cameroun, poste qu’il occupera jusqu’en janvier 2007. À la faveur du renouveau minier, Élie Justin Ouédraogo revient à son secteur de prédilection, et à Ouagadougou, en tant qu’administrateur et directeur pour le Burkina du groupe canadien Société d’exploitation minière en Afrique de l’Ouest (Semafo). En 2009, il prend les commandes du Groupement professionnel des miniers du Burkina, devenu Chambre des mines du Burkina en 2011. À sa réputation d’expert du secteur minier s’ajoute celle du chef coutumier qu’il est devenu, en 2011, sous le nom de Naaba Baoogo de Gourcy, dans la province à fort potentiel aurifère du Zandoma (Nord). Si Élie Justin Ouédraogo a toujours été discret sur ses affaires, il est considéré comme un patron prospère. « Je ne dirais pas que j’ai fait fortune
ENDEAVOUR SE RECENTRE
L
e canadien Endeavour Mining, dont l’actionnaire majoritaire est le magnat égyptien Naguib Sawiris et qui, depuis le 9 mai, est dirigé par le Français Sébastien de Montessus (ancien directeur général de la division mines d’Areva), croit au potentiel du sous-sol burkinabè. Fin avril, le groupe a lancé les travaux de développement de la mine d’or de Houndé (à 250 km au sud-ouest de Ouagadougou), une concession de 23 km2 pour laquelle le gouvernement de transition lui a octroyé un permis début 2015. Un investissement estimé à 200 milliards de F CFA (304,9 millions d’euros), pour une mise en exploitation prévue à la fin de 2017. En mars, Endeavour a par ailleurs pris le contrôle de son compatrioteTrue Gold Mining, qui détient 90 % de la mine de Karma, dans le nord du pays (les 10 % restant appartenant à l’État), et cédé ses parts dans le gisement deYouga (Sud-Est), pour 25,3 millions de dollars (plus de 22,3 millions d’euros), au groupe turc MNG Gold, déjà détenteur d’un projet aurifère dans le site voisin CÉCILE MANCIAUX de Balogo. ●
dans l’or, mais plutôt que j’ai vendu mes compétences en matière de gestion d’une société minière », relativise-t-il. Propriétaire de quelques biens immobiliers, il est directeur général de Windiga SA, un développeur de solutions solaires créé en 2011, qui travaille à un projet de centrale solaire de 20 MW. Un
investissement estimé à 25 milliards de F CFA, dont Élie Justin Ouédraogo espère boucler le financement d’ici peu. « C’est là que je veux aller désormais, confie-t-il. Le solaire est plus gratifiant [que l’or], et le secteur de l’énergie est essentiel pour le développement de nos pays. » ● NADOUN COULIBALY
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Le Plus de J.A. Burkina Faso
t SAP Olympic tourne au tiers de sa capacité. ENTREPRISES
Bobo panse ses plaies Après deux années de crise, la plupart des grandes usines de la capitale économique tournent au ralenti. Mais fini les plans de survie, place aux stratégies de redéploiement.
S
ur les routes qui mènent à la zone industrielle de BoboDioulasso, où sont installées les plus grandes sociétés du pays, le cortège de poids lourds n’a pas repris. L’activité tourne encore au ralenti. À l’évidence, la capitale économique peine à se remettre des effets de la crise politique de 2014. Entre autres… Parmi les premières victimes de cette morosité, la Société de fabrication industrielle du Burkina (Sofib), spécialisée dans laproduction d’huileetdesavon,propriété de l’homme d’affaires Djanguinaba Barro, quiadûmettrelaclésouslaporteaprèsque son usine a été saccagée, en octobre 2014, lors de l’insurrection populaire. Elle est partie rejoindre les fantômes de la Société industrielleduFaso(Sifa)etdeSavana,qui, disparuesdanslesannées2000,continuent N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
Si certaines entreprises ont été épargnées, comme le brasseur Brakina ou le cigarettier Mabucig, la situation est beaucoup plus préoccupante pour la plupart des industriels de l’agglomération. « L’état du tissu économique bobolais me désole. Beaucoup d’entreprises ont dû fermer, et celles qui survivent ont une santé précaire », déplore Hayouba Niaoné, le directeur général de la Société africaine de pneumatiques (SAP Olympic). Créée en 1974, la SAP est l’un des fleurons industriels de la capitale économique. À l’instar de sa voisine Winner Industrie
de hanter l’esprit des patrons comme celui des ouvriers de la cité de Sya. « La situation économique est toujours morose à Bobo, confirme Abdoulaye Nabolé, le directeur général de la Filature du Sahel (Filsah). Comme toutes les entreprises, nous subissons le contrecoup de la crise et Chez SAP Olympic, un mouvement avons vécu des tensions social avait entraîné une baisse de sociales qui ont dégradé 40 % du chiffre d’affaires en 2015. notre situation financière. » Pas question pour autant de baisser les bras. En 2015, pour éviter la (fabrication de piles et chargeurs), elle tourne au tiers de sa capacité. faillite, Filsah a débloqué 200 millions de F CFA (environ 305 000 euros), et l’entreConsidérée aujourd’hui comme l’une prise est sur le point de boucler un prodes plus fragiles parmi les grandes unités gramme d’investissement de 1,5 milliard industrielles de la capitale économique, de F CFA, censé lui permettre d’acquérir Winner Industrie a accumulé de lourdes de nouveaux équipements destinés à la pertes, qui l’empêchent d’importer en fabrication de fil pour le marché local. nombre suffisant la trentaine de ● ● ● JEUNE AFRIQUE
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PUBLI-INFORMATION
SONAPOST Société Nationale des Postes
La SONAPOST, une entreprise postale exemplaire
DIFCOM/DF - PHOTO : DR.
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a Société nationale des Postes (SONAPOST) s’est bien comportée en 2015 malgré un environnement difficile. Elle a réalisé, au titre de l’année 2015, un résultat net de plus d’un milliard et demi de F CFA. Ce qui représente une bonne performance. Ces chiffres sont à mettre à l’actif du dynamisme des services financiers et une bonne maitrise des charges en interne.
transferts financiers, nationaux et internationaux entre les agents économiques, généralement ceux disposant de revenus modestes et exclus du système bancaire classique ; • une mission de collecte, de mobilisation et de promotion de l’épargne nationale particulièrement auprès des couches les moins favorisées de la population.
En rappel, la Société nationale des Postes (SONAPOST) est une société d’État dotée de la personnalité morale et jouissant d’une autonomie de gestion. Créée par décret n° 94-414/PRES/MCC du 21 novembre 1994, elle a un capital social de deux milliards cinq cent quatre vingt dix millions (2 590 000 000) F CFA détenu entièrement par l’État. Elle est placée sous la triple tutelle : • du ministère du développement de l’Économie numérique et des Postes pour la tutelle technique. Ce ministère veille à ce titre, à ce que l’activité de la SONAPOST s’intègre dans le cadre global des objectifs fixés par l’État ; • du ministère de l’Économie, des Finances et du Développement qui assure la tutelle financière ; • du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat qui assure la tutelle de gestion.
Malgré l’ouverture du secteur postal à la concurrence, la poste burkinabè maintient sa position de leader du secteur courrier et des services financiers postaux au Burkina Faso. Elle tient une place honorable sur l’échiquier des institutions postales mondiales.
Elle a trois missions fondamentales : • une mission de service public postal (collecte, acheminement et distribution de courriers, paquets et colis sur toute l’étendue du territoire national) ; • une mission de facilitation des règlements et
En novembre 2015, M. Ambroise OUEDRAOGO, administrateur des services postaux et financiers a été appelé à la tête de l’entreprise. L’une de ses priorités a été de travailler à apaiser le climat social de sorte à créer une véritable synergie au sein de l’entreprise. C’est donc dans une dynamique de collégialité que la SONAPOST s’est engagée en cette année 2016 pour consolider davantage sa place de leader au Burkina Faso, dans le domaine du courrier et des services financiers postaux.
SONAPOST
M. Ambroise OUEDRAOGO, Directeur général de la SONAPOST.
Sise sur l’Avenue de la Nation, au Rond-point des Nations Unies Ouagadougou - Kadiogo - 01 BP 6000 - Burkina Faso Tél. : (226) 25 30 64 20 / 25 30 87 43 / 25 30 64 23 / 25 31 27 61 - Fax : (226) 25 33 51 51
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QUALITÉ-PRIX. Non loin de là, les entre-
pôts de la société SAP Olympic débordent de plus de 1 million de pneus et de chambres à air pour deux-roues, l’obligeant, elle aussi, à ralentir sa production. Compte tenu de cette baisse d’activité, et pour réduire les charges, seule une équipe sur trois travaille chaque jour, de 6 heures à 14 heures. « Nous ne parvenons pas à écouler nos stocks parce que nous
« Nos produits restent appréciés pour leur qualité irréprochable. Si nous parvenons à produire davantage et à vendre à un prix compétitif, notre objectif de revenir à un chiffre d’affaires de 4 milliards de F CFA est réalisable. » HAYOUBA NIAONÉ, DR
● ● ● composants entrant dans le processus de fabrication des piles. L’an dernier, l’entreprise a dû mettre ses machines à l’arrêt pendant trois mois d’affilée. Son chiffre d’affaires est passé sous la barre du milliard de F CFA en 2015 (contre 1,6 milliard en 2013), elle a été contrainte de réduire de 70 % ses importations de composants, même si elle reste le leader local de son secteur, avec 17 % de part de marché. Malgré un prix relativement élevé (entre 150 et 175 F CFA l’unité, selon le type de pile), les produits de Winner Industrie se vendent bien. « Le problème vient des difficultés d’approvisionnement et de la fraude [des importateurs indélicats], ce qui fait tomber le volume de production en deçà du seuil de rentabilité [soit 2 millions de piles par mois] », lâche, dépité, Ousmane Ouedraogo, le directeur financier de l’entreprise. Résultat : seule une poignée d’ouvriers s’active dans l’usine, et, malgré des commandes en attente, l’immense dépôt de stockage des piles est désespérément vide.
directeur général de SAP Olympic
évoluons dans un marché malsain, où nous sommes confrontés à la concurrence déloyale des importateurs », regrette Hayouba Niaoné. En septembre 2015, Isabelle Garango, la directrice générale de l’époque, confiait à Jeune Afrique qu’elle se battait pour la survie de son entreprise. Pendant près de quatre mois, de janvier à mai 2015, les salariés de la SAP, en grève, avaient bloqué l’entrée de l’usine pour négocier uneaugmentationdes salaires. Ce mouvement social a entraîné une baisse de 40 % du chiffre d’affaires, passé de 4 milliards de F CFA en 2014 à 2,5 milliards en 2015. SAP Olympic a cependant dégagé un bénéfice de 23 millions de F CFA (contre
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p En 2015, Winner Industrie a dû mettre ses machines à l’arrêt trois mois d’affilée. N o 2890 • DU 29 MAI AU 4 JUIN 2016
230 millions, lors de l’exercice précédent). Pour équilibrer les comptes, Hayouba Niaoné, qui a pris ses fonctions en mars dernier, mise sur la valorisation du rapport qualité-prix. « Nos produits restent appréciés pour leur qualité irréprochable, et, pour déstocker, nous avons baissé les prix de vente, précise le directeur général. Nous espérons être en mesure d’engager rapidement une deuxième, voire une troisième équipe, pour jouer sur les coûts de production en faisant des économies d’échelle. » SAP Olympic entend également développer sa branche d’activités techniques. « Si nous parvenons à produire davantage et à vendre à un prix compétitif, je pense que notre objectif de revenir à un chiffre d’affaires de 4 milliards de F CFA est réalisable », conclut Hayouba Niaoné. Cela fait beaucoup de conditions, mais avec le retour à la paix sociale et le lancement d’un nouveau produit pour les deux-roues – dans un Burkina où le parc de motos dépasse 1,5 million d’engins et enregistre 90 000 nouvelles immatriculations chaque année –, cet objectif semble à portée de main. À Bobo, le malaise est encore palpable, mais sans aller jusqu’à l’optimisme, les stratégies de redéploiement ont désormais pris le pas sur les plans de survie. Signe du retour de la confiance, la filiale burkinabè du français Olvea, déjà présent dans la ville, a inauguré le 19 avril une nouvelle unité de fabrication de beurre de karité, d’une capacité de traitement de 12 000 tonnes de noix par an, pour une production de 7 000 t de beurre bio, soit un investissement de 2 milliards de F CFA. ● NADOUN COULIBALY, envoyé spécial JEUNE AFRIQUE
Air BurkinA c’est 49 ans d’existence sans interruption Une compagnie expérimentée
M. Abdérahmane BERTHE, Directeur général d’AIR BURKINA.
AIR BURKINA fêtera l’année prochaine 50 ans d’existence sans aucune interruption d’exploitation Créée en 1967 sous l’appellation Air Volta, les activités de la compagnie aérienne AIR BURKINA ont démarré avec le CHEROKEE 6300 (6 places) et le NAVAJO en 1970 (8 places), puis le BANDEIRANTE (20 places) en 1978. La flotte de la compagnie s’est agrandie en 1983 avec l’arrivée du Fokker 28 de 85 places. La même année, son réseau s’est densifié avec la desserte de plusieurs capitales en Afrique de l’Ouest. En 49 ans d’existence, l’exploitation de la compagnie ne s’est jamais interrompue. AIR BURKINA est la plus ancienne compagnie aérienne de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Aujourd’hui la compagnie emploie 230 salariés avec des bureaux dans les villes d’Afrique de l’ouest : Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Abidjan, Cotonou, Lomé, Niamey, Accra, Bamako et Dakar.
Après la privatisation en 2001, le capital de la compagnie est majoritairement détenu par le Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED), l’État du Burkina Faso et des actionnaires privés. Au fil du temps, AIR BURKINA a développé une réelle expertise humaine, notamment au niveau de la maintenance des avions ainsi que des opérations au sol et en vol. AIR BURKINA est l’une des rares compagnies d’Afrique noire francophone à détenir depuis 2010 la certification IOSA. L’obtention de ce label international est la reconnaissance de notre engagement à respecter les standards de qualité et de sécurité exigés par la règlementation internationale. AIR BURKINA est admis membre IATA depuis février 2016.
À l’écoute de vos besoins
geurs bénéficient de plus d’opportunités et de destinations. • La modernisation de la flotte en 2015 avec l’acquisition de deux EMBRAER 170 du constructeur brésilien. • Un programme de vols avec des possibilités de correspondances à Ouagadougou. • Une amélioration considérable de la régularité et de la ponctualité des vols. • Un produit et un service innové pour mieux répondre aux attentes de la clientèle. • Un service de qualité sur tous les vols. • La mise à disposition des ta-
blettes iPad en business class contenant toutes l’actualité nationale et internationale ainsi que des programmes de divertissement. • Le relookage des agences de vente et représentation. • L’ouverture de la 3e agence de vente de Ouagadougou sise à l’Avenue Dimdolobsom : Agence Baobab.
Un personnel hautement qualifié Ainsi, fidèle à son histoire, AIR BURKINA s’adapte au nouvel environnement fortement concurrentiel par la mise en œuvre des outils essentiels à sa pérennisation et à son développement : • Un réseau adapté à sa clientèle. • Des avions adaptés à son réseau. • Un personnel bien formé et de bonne qualité. • De nouveaux outils de pilotage commercial plus performants.
Cabine de l’EMBRAER 170.
Depuis avril 2013, AIR BURKINA a entamé une grande restructuration à plusieurs niveaux : • Le réseau traditionnel est désormais recentré sur la desserte de l’Afrique de l’Ouest avec des vols directs entre les principales capitales. • AIR BURKINA offre également à ses voyageurs un réseau plus élargi grâce à ses accords de partenariats. Ainsi les voya-
01 BP 1459 immeuble Air BurkinA 29 avenue de La nation Ouagadougou, Burkina Faso Tél. : +226 25 49 23 25
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AIR BURKINA VOUS REMERCIE POUR VOTRE CONFIANCE ET VOTRE FIDÉLITÉ
Le Plus de J.A. Burkina Faso LOISIRS
Week-end au bord du lac À l’est de Ouaga, en plein Sahel, le charme du Lagon Lodge de Loumbila rappelle celui des hôtels kényans ou sud-africains. En l’espace d’un an, il a su conquérir une clientèle en quête de sérénité.
SOPHIE GARCIA/HANS LUCAS.COM POUR J.A.
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sécuritaire sahélien, pour leur assurer un séjour en toute quiétude, des fouilles obligatoires ont été instaurées à l’entrée du complexe hôtelier, et des équipes de gendarmerie patrouillent en permanence dans la zone. Le prix de la nuitée varie de 30 000 F CFA en chambre simple à un maximum de 49 000 F CFA en chambre double, petit déjeuner compris. Des tarifs raisonnables adaptés à une clientèle de classe moyenne, tout comme les prix affichés au bar ou au restaurant, qui sert une cuisine toute simple (poulet bicyclette sauté à l’ail, accompagné de bananes plantains, pizzas, salades, etc.).
PLAGE ARTIFICIELLE. « C’est un bel endroit, calme et reposant, qui donne l’impression d’être en bord de mer », savoure Mohamed, qui dirige une agence bancaire à Ouaga, et séjourne en famille au Lagon Lodge pour le weekp Piscine, palmiers, bungalows climatisés… Une véritable oasis de fraîcheur. end. L’établissement affiche complet du vendredi au dimanche, mais désemplit de se détendre le week-end », explique le reste de la semaine. Pour y remédier, 25kmàl’estdeOuagadougou, sur la route de Ziniaré, au le promoteur de l’hôtel. Antyme Thiombiano envisage d’exploiter milieu d’un paysage vierge, L’entrepreneur, qui travaillait aupaune salle de réunion équipée, et d’améle domaine du Lagon Lodge ravant dans les télécoms, a investi nager de manière plus fonctionnelle les Hôtel s’étend sur 2,5 hectares entière1,5 milliard de F CFA (près de 2,3 milespaces extérieurs comme intérieurs. ment arborés. L’établissement dispose lions d’euros), financés par Coris Bank, « Nous aimerions également développer la fréquentation en semaine, en attipour réaliser ce projet qui lui tenait à d’une grande piscine bordée d’une vaste rant davantage de séminaires », confie cœur depuis longtemps. Celui d’améterrasse, qui offre une vue panoramique la gérante du lieu, Bernadette Anglade. nager, sur les bords du lac de Loumbila, sur le lac artificiel de Loumbila, des bungalows sur pilotis entourés d’un jardin un complexe hôtelier qui s’inspire du Compte tenu du succès rencontré après « tourisme nature » des lodges kényans une première année d’exercice, Antyme verdoyant planté de dizaines d’essences, parmi lesquelles des cocotiers, des palou sud-africains. Les seize chambres Thiombiano espère rapidement pouvoir miers et des bambous importés des pays doubler la capacité d’accueil. côtiers. Un paysage qui donne au visiteur Il envisage par ailleurs d’améUn espace de bien-être nager une plage artificielle le sentiment d’être sur une plage de Lomé, et de remise en forme devrait d’Accra ou d’Abidjan. « C’est impresbordée de cocotiers, avec sionnant, ça donne envie de revenir ! » voir le jour d’ici à la fin de 2016. du sable transporté depuis le Sahel. Mais en attendant, résume Wenkouni Yameogo, agent de fret d’ici à la fin de 2016, il compte créer un au décor contemporain, donnant sur à l’aéroport de Ouagadougou, visiblement séduit par son premier séjour. le jardin ou sur le lac, sont bâties avec espace de bien-être et de remise en forme. Ce dimanche matin, comme à son « Ce projet est conçu avec un groupe des matériaux locaux (principalement de médecins et de pharmaciens, préen bois et briques cuites) et équipées habitude, Antyme Thiombiano, le maître des lieux, sillonne son oasis de verdure, cise l’hôtelier. Il comprend une salle de de climatiseurs solaires, tout comme le massage, des espaces de relaxation, de bar de l’établissement. rafraîchie par quelques jets d’eau et brumisateurs. Il salue ses hôtes, s’assure de Ouvert en janvier 2015, le Lagon gym et de kinésithérapie. » De quoi offrir Lodge Hôtel attire de plus en plus de aux Ouagalais bien plus qu’une simple leur bien-être, contrôle l’aire de jeux des parenthèse de tranquillité. ● enfants. « En créant ce cadre exotique, j’ai Ouagalais en quête de sérénité, de verdure et de plage. Compte tenu du contexte NADOUN COULIBALY voulu attirer les Burkinabè qui ont besoin
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JEUNE AFRIQUE
PUBLI-INFORMATION
L’essor continu de la recherche à l’Université Aube Nouvelle
M. Isidore G. Kini, Président Directeur Fondateur de l’U-AUBEN.
Université Aube Nouvelle Ex ISIG-International 2 campus : Ouagadougou et Bobo Dioulasso Siège à Ouagadougou : 06 BP 9283 Ouagadougou 06 Burkina Faso Tél. : (+226) 25 36 24 99 / 25 36 39 75 Fax : (+226) 25 36 09 19 Campus de Bobo-Dioulasso : 01 BP234 Bobo Dioulasso 01 Burkina Faso Tél. : (+226) 20 98 04 42 E-mail : info@u-auben.org www.u-auben.org
Résolument engagée dans la promotion des activités de recherche, l’Université Aube Nouvelle a organisé courant février 2016, son deuxième colloque international sur la thématique : « Entreprenariat et développement durable en Afrique ». Cette action complète les missions à l’étranger du Président Directeur Fondateur de l’U-AUBEN, M. Isidore G. Kini, à la recherche de partenaires d’envergure internationale pour soutenir la recherche au sein de l’Université. Il a notamment effectué une mission aux États-Unis en décembre 2015, qui a permis la signature d’une convention de partenariat entre l’U-AUBEN et l’Université de Floride classée parmi le top 10 des universités américaines. Cette mission a aussi débouché sur la visite d’un professeur de George Mason University à l’U-AUBEN et sa participation au colloque. Son compte-rendu a été concluant et la signature de la convention de partenariat entre cette université de Washington et l’U-AUBEN est prévue pour juin 2016. Cette ouverture vers les universités américaines vient s’ajouter à des partenariats avec des établissements d’enseignement supérieur de renom en France, on peut citer entre autres, les partenariats signés avec l’Université de Nantes et l’école supérieure Centrale Lille. Une convention avec l’Université de Montpellier permet aussi à l’U-AUBEN d’offrir des formations en C2i dans le domaine de l’informatique et de l’internet.
Une deuxième école doctorale à l’Université Aube Nouvelle Le 18 décembre 2015, l’U-AUBEN a également signé une convention avec l’Institut Supérieur de Droit International et des Droits de l’Homme, basé à Ouagadougou, dans le but d’ouvrir de façon conjointe une école doctorale en Droit. Ce partenariat permet de réunir les étudiants des instituts et universités du Burkina en droit dans l’objectif de leur donner la possibilité de faire des recherches doctorales et d’aboutir à des soutenances de doctorat. Dans un autre domaine, la rentrée 2016-2017 à l’Université Aube Nouvelle sera notamment marquée par l’arrivée de la première promotion de doctorants des Masters en informatique option réseau et sécurité et option génie logiciel. Sont également attendus, à cette même rentrée universitaire, la première cohorte de doctorants issus d’une part des Masters de l’Unité d’Enseignement et de Recherche (UFR) Sciences économique et de gestion (SEG), et d’autre part des Masters de l’UFR Sciences juridiques et politiques (SJP). Dans sa stratégie de développement de la recherche, l’U-AUBEN a décidé de renforcer ses capacités de formation au niveau des Masters recherche en vue de former un solide vivier de futurs doctorants et enseignantschercheurs dans divers domaines importants pour le développement du Burkina et de l’Afrique. Dans cette optique, un atelier de travail tenu les 26 et 27 avril 2016, avec des experts de hauts niveau venant du Burkina et d’autres pays africains, a permis de réviser les programmes des Masters des filières suivantes :
Eau Hygiène et Assainissement, Agronomie, Géologie Appliquée et Mine, Bioanalyse et Assurance Qualité, Industrie Agroalimentaire. Cette révision des programmes permet à l’U-AUBEN de se donner les moyens d’offrir le meilleur de la formation universitaire à ses étudiants, afin de continuer à cultiver l’excellence.
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L’
Université Aube Nouvelle (U-AUBEN) consacre une part de plus en plus importante à la recherche. Il y a un an, Jeune Afrique annonçait la soutenance de la première thèse de doctorat dans cette jeune et dynamique université. Une deuxième soutenance a eu lieu fin octobre 2015, en cotutelle avec l’Université de Nantes, en France. La soutenance d’une troisième thèse de doctorat est programmée en juin 2016 et de nombreux autres projets sont en cours.
Lire aussi: Changement de mode : êtes-vous quatre ou deux-roues?
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Aux pagnes, citoyens! Port du faso dan fani, surconsommation de musique nationale et de spécialités culinaires locales… La tendance est à l’élan patriotique. Réelle fierté collective ou sankarisme de pacotille ?
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es paroles sont martiales, mais et alors que le secteur du coton se réorle rythme chaloupé. Le texte est ganise, les couturiers tentent d’innover, celui du Ditanyè (« Hymne de de revisiter le pagne traditionnel et redéla victoire »), l’hymne national couvrent ses vertus. « Il a des qualités depuis la révolution sankariste. La mélonaturelles adaptées au climat sahélien, die, elle, est reggae. Diffusé très réguliècomme sa douceur sur la peau et son rement sur plusieurs radios du Burkina caractère hydrophile », souligne la styFaso, le tube Ma patrie, de Jah Verity, liste Safi Ouattara, directrice générale de n’est pas la provocation sacrilège d’un l’école de couture Nas Mode, à Ouaga. Les artistes s’en emparent, comme le Gainsbourg burkinabè. Bien au contraire. rappeur Art Melody, qui le porte sur Elle est le signe d’une mode patriotique, scène par militantisme. « Nous devons dans un pays qui a réussi son printemps politique après l’insurrection populaire être ce que nous sommes par notre land’octobre 2014. Les « hommes intègres » gage, par notre habillement, par tout ce sont désormais des hommes fiers. que nous consommons, souligneFiers de cette exception burkit-il. De même que les rythmes nabè citée en exemple à tranationaux font partie de ma musique, ils ont influencé vers le continent et au-delà. L’étendard de ce sursaut ma vie et mon style. » patriotique n’est autre que le faso dan fani (FDF, INCANTATION. Le phé« pagne tissé de la patrie », nomène dépasse le cadre S de la mode vestimentaire. endioula).ThomasSankara, qui en avait fait le symbole Au c u n e p e r s o n na l i t é publique soumise à un de sa révolution et de l’iden« Mon questionnaire de Proust tité nationale, aimait répéter gouvernement n ’o s e p l u s ré p o n d re que « porter le faso dan fani a encouragé « attiéké » ou « cassoulet » est un acte économique, culturel et politique de défi le port du faso lorsqu’on lui demande à l’impérialisme ». quel est son plat préféré. dan fani dans Que l’on soit hypocrite ou le cadre du sincère, il est de bon ton VERTUS. Depuis la chute de développement de proclamer son appétit Blaise Compaoré en 2014, la tenue traditionnelle a de pour les plats nationaux, le du potentiel nouveau la cote. Les plus tô (pâte à base de farine de économique hauts dirigeants du nouveau mil, de maïs ou de sorgho) du pays. » régime l’arborent si ostenou le dégué (dessert à base siblement que celui qui ne de yaourt et de semoule LE PREMIER MINISTRE, suit pas le mouvement est de mil). PAUL KABA THIEBA, critiqué, comme a pu le Même constat côté dans son discours musique. Fin février, la constater à ses dépens Paul sur l’état de la nation, le 6 mai 2016 Coalition pour la renaisKaba Thieba lors de sa première intervention devant sance artistique au Burkina Faso (Cora-BF) a déposé une requête les députés, le 5 février. À sa décharge, le Premier ministre a été déraciné du Faso auprès du Conseil supérieur de la communication (CSC) visant à exiger un pendant plus de vingt ans: il a fait presque toute sa carrière à Dakar, au sein de la quota de 90 % de musiques locales sur Banque centrale des États de l’Afrique l’ensemble des radios et des télévisions de l’Ouest, de 1993 à 2014. du pays. Naviguant entre l’inclination spontanée et l’incantation politique, À l’heure de la « séparation de corps » la mode de la culture made in Faso a entre le Burkina et la société Monsanto, OP
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aussi ses jusqu’au-boutistes. « Il faut une dictature culturelle pour imposer la promotion des rythmes burkinabè », proclamait ainsi dans sa rubrique « Nè Wendé ! » le journal en ligne Les Échos du Faso, ulcéré par l’omniprésence de la musique ivoirienne dans les maquis et dancings de Bobo-Dioulasso en pleine Semaine nationale de la culture (SNC, biennale dont l’édition 2016 s’est tenue du 26 mars au 2 avril à Bobo). FOLKLORIQUE. Cet engouement du
peuple burkinabè pour sa culture et ses symboles nationaux ne sera-t-il qu’un feu de paille ? La « tendance FDF » pourrait, pour sa part, se heurter à trois écueils. Le premier est d’ordre économique, comme on a pu l’observer à l’occasion de la dernière célébration de la Journée de la femme. Alors qu’à l’approche du jour J le gouvernement appelait à n’acheter que les tissus « 8 mars » cousus traditionnellement, les femmes se sont ruées sur une version made in China, nettement moins chère. Avec les 7 000 F CFA (10,70 euros) JEUNE AFRIQUE
Changement d’ère une grande « Nuit du faso dan fani », le 4 juin 2016, à Asnières, en banlieue parisienne. Le thème : « Faire du FDF un facteur d’unité et de cohésion sociale. » Enfin, un volontarisme forcené pourrait être contre-productif. Pendant la révolution, c’est par décret que le régime de Thomas Sankara avait imposé aux fonctionnaires le port du pagne traditionnel. Surnommée « Sankara arrive », ladite tenue dormait le plus souvent dans les tiroirs, pour être hâtivement revêtue en cas de visite inopinée des autorités.
t Le chanteur Art Melody, vêtu du FDF, en concert au P’tit Bazar, à Ouaga, avec Stevo Atambiré.
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MÉLOMANES. Une « dictature cultu-
nécessaires à l’achat d’un seul FDF, elles pouvaient acheter trois pagnes industriels. De plus, Safi Ouattara rappelle que la qualité du fil et la performance des équipements de production gagneraient à être améliorées… Le succès du faso dan fani pourrait également être pris au piège d’une mode « roots » peu exportable : s’il ne s’habille
qu’en cotonnade traditionnelle depuis son investiture, c’est en effet en costume-cravate que le président du Faso a foulé le gravier de la cour de l’Élysée, le 5 avril. Peur d’afficher une allure folklorique dans la capitale de la mode ? Pour la deuxième année consécutive, l’Association des créateurs burkinabè de France (ACBF) organisera tout de même
relle », fût-elle légitime, ne nourriraitelle pas une forme de résistance ? Le rappeur Smarty, par exemple, refuse de se plier à une mode politiquement téléguidée. « Porter le FDF ne me fera pas plus Burkinabè qu’un autre ! Sur scène, je veux être le plus à l’aise possible et je ne veux pas tricher », explique le chanteur, qui ne conçoit pas non plus que l’on impose des quotas de musique burkinabè dans les médias. « On ne peut forcer les mélomanes à choisir notre musique, poursuit-il. C’est à nous, artistes, de nous efforcer de proposer des compositions qui les amènent à nous écouter. » Et le souffle sankariste, dans tout ça ? À l’évidence, le vecteur de cet élan patriotique fait davantage florès dans le vocabulaire et l’imaginaire collectif que recette dans les urnes. Lors de l’élection du 29 novembre 2015, la première présidentielle jugée « ouverte », le candidat du mouvement, maître Bénéwendé Sankara, a recueilli 2,77 % des suffrages exprimés. ● DAMIEN GLEZ, à Ouagadougou
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Des réformes majeures pour une Institution toujours plus solide !
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uite à la dissolution de l’Assemblée Consulaire de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso (CCI-BF) intervenue en décembre 2014, une Délégation Spéciale a été mise en place par le Gouvernement de Transition. Sa mission : gérer les affaires courantes, relire les textes régissant la CCI-BF et organiser de nouvelles élections consulaires. Après plus d’une année d’activités, d’importants résultats ont été obtenus. Des réformes majeures ont été opérées et les élections consulaires se profilent déjà à l’horizon et devraient se tenir courant le dernier semestre 2016. Dès leur installation, les cinq (05) membres de la Délégation Spéciale ont travaillé à préserver les acquis de l’Institution en lui garantissant un fonctionnement régulier. Mus par les principes du dialogue et de la cohésion, ils ont engagé des concertations avec des personnes de ressource et plus d’une centaine d’associations et de groupements professionnels d’opérateurs économiques à Ouagadougou, BoboDioulasso et dans les onze (11) autres Régions administratives du Burkina Faso. Les préoccupations recueillies au cours de ces concertations ont été prises en compte au cours de la relec-
ture des statuts de la CCI-BF menée suivant une démarche à la fois inclusive, dynamique et participative. Ainsi, les projets de statuts élaborés par la Délégation Spéciale ont été soumis à l’approbation du Gouvernement qui les a adoptés en Conseil des Ministres.
Les principales innovations portées aux statuts 1. L’accroissement du nombre des élus consulaires dans le but d’améliorer la représentativité des milieux d’affaires au sein de la chambre consulaire. L’effectif passera ainsi de cent vingt-trois (123) à cent cinquante et un (151). 2. L’entrée de nouveaux acteurs au sein des instances consulaires afin de réduire les écarts existants et équilibrer la représentation des catégories (Commerce, Industrie et Services) au sein de la CCI-BF. 3. Le déploiement de l’Institution dans les régions administratives du Burkina Faso pour assurer une bonne représentation des milieux d’affaires locaux à l’Assemblée Consulaire.
Siège social de la CCI-BFà Ouagadougou.
4. La participation des élus à l’animation consulaire à travers la création de Délégations Consulaires Régionales (DCR) animées par des Assemblées Consulaires Régionales (ACR) composées par les élus de la région.
PUBLI-INFORMATION
La CCI-BF, un investissement toujours renouvelé au service des entreprises ! Pour un secteur privé prospère, la CCI-BF s’investit également dans la réalisation d’infrastructures économiques.
garantir un choix démocratique, libre et transparent des membres consulaires et des membres du Bureau consulaire. Les règles de bonne gouvernance favoriseront l’alternance et une meilleure gestion des conflits d’intérêts. Enfin, les milieux d’affaires seront mieux représentés à la CCI-BF et ainsi, ils s’impliqueront davantage dans la réalisation des missions de l’Institution.•
Dans la perspective des élections consulaires, ces réformes devront permettre de Direction Régionale de la CCI-BF à Bobo-Dioulasso.
Avenue de Lyon - 01 BP 502 - Ouagadougou 01 - Burkina Faso Tél. : +226 25 30 61 14 /+226 25 30 61 15 - Fax : +226 25 30 61 16 E-mail : info@cci.bf - www. cci.bf
www.cci.bf
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5. L’instauration du principe de l’alternance et le renforcement de la démocratie au sein de l’Assemblée Consulaire : aucun membre du Bureau consulaire ne pourra occuper le même poste pendant plus de deux (02) mandats consécutifs ; le cumul de poste au sein du Bureau Consulaire ne sera pas autorisé ; tout candidat au poste de Président de la CCI-BF devra présenter un programme de mandature ; l’élection des membres du Bureau consulaire se fera à bulletin secret ; les candidats au poste de Président de la CCI-BF ou d’une Délégation Consulaire Régionale, devront être âgés de 21 à 75 ans à la date des élections. 6. L’amélioration de la gouvernance : une charte d’éthique et de déontologie sera soumise à la signature de tout élu consulaire dès le début de la mandature.