Gabon Bienvenue chez les Borgia
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 56e année • no 2905 • Du 11 au 17 septembre 2016
jeuneafrique.com
Mali IBK: président à vue
NIGER
État de chocs D’un côté, un contexte sécuritaire préoccupant. De l’autre, une économie fragilisée par la chute des cours des matières premières. Le pays saura-t-il relever ces défis ?
Spécial 20 pages ÉDITION NIGER France3,80€•Algérie250DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285
AREVA et le Niger : Un partenariat durable
Ces 50 ans d’activités uranifères de développement industriel et d’aventure humaine sont présentés aujourd’hui au sein du Musée national Boubou Hama à Niamey, qui symbolise toute la richesse du patrimoine du Niger, au travers de collections ethnographiques, de vestiges archéologiques remarquables mais aussi des savoir-faire industriels dans le secteur minier.
Rénové et inauguré en mai 2016, le Pavillon de l’uranium est l’opportunité pour le visiteur de découvrir l’ensemble du cycle de vie d’une mine uranifère : de l’exploration à l’extraction du minerai, de la production du yellow cake jusqu’au réaménagement d’un site minier, mais aussi l’évolution des technologies de production, les progrès réalisés dans la sécurité et le respect de l’environnement sur et autour des sites en exploitation de SOMAÏR et COMINAK. Le visiteur est invité à voir l’activité minière au travers des Hommes et des Femmes - plus de 99 % des postes occupés sont nigériens - qui contribuent chaque jour au dynamisme de cette industrie. Des thèmes tels que le développement économique et sociétal ainsi que le projet d’envergure de développement agro-pastoral Irhazer-Tamesna-Aïr complètent le panorama dressé sur l’uranium au Niger. En savoir plus : http://niger.areva.com http://museenationalduniger.ne
Crédit photos : © AREVA
Présent au Niger depuis plus de 50 ans, AREVA et les sociétés partenaires nigériennes SOMAÏR, COMINAK et IMOURAREN, dont le groupe est l’opérateur et l’actionnaire principal, mettent en valeur le potentiel uranifère du pays.
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ORGANISATEURS
Le poil à gratter de la République temps et l’argent pour mener mon combat. » Où réside-t‑il ? « Je change fréquemment de domicile à Paris », répond-il, énigmatique. Sur son entourage, il reste tout aussi évasif. Son fils, âgé d’une quinzaine d’années, est installé aux États-Unis et son épouse, Cécile Lucienne Le Roux, « américaine catholique convertie à l’islam », précise-t‑il, est d’une extrême discrétion. Quel rôle joue-t-elle ? « Elle s’occupe de ma communication à l’international », glisse-t‑il, sans plus de précisions. Mène-t‑il sa croisade de son propre chef ou est-il téléguidé par des officines étrangères, comme le soupçonnent certains ? « Qui va m’instrumentaliser ? s’amuse-t‑il. Les Marocains ? Les Américains ? Les Français ? Je suis libre intellectuellement et financièrement. Je ne dois rien à personne. » GALÉJADES. Le parcours politique de Nekkaz
peut prêter à sourire tant il ressemble à une succession de rendez-vous manqués, de galéjades et d’épisodes judiciaires pas vraiment glorieux. Candidat à la présidentielle française de 2007, il achète le parrainage d’un maire de Normandie, avant de le déchirer sur un plateau de télévision. En 2012, il récidive en monnayant des parrainages pour Marine Le Pen, ou encore pour Cindy Lee, une obscure strip-teaseuse qui avait fondé le Parti du plaisir. N’est-il pas gêné, lui qui rappelle que son père faisait partie de la Fédération de France du FLN pendant la guerre d’indépendance, de mettre son argent au service de la présidente du Front national, dont le père a de tristes antécédents remontant à la bataille d’Alger, en 1957, quand il était parachutiste dans l’armée française ? « C’était pour ridiculiser le système politique français, qui est corrompu », objecte Nekkaz. Mais le tribunal correctionnel de Paris ne l’a pas entendu de cette oreille. En décembre 2013, il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis pour achat de parrainage. Quatre mois plus tôt, il écopait d’une autre condamnation, cette fois du tribunal
500000 dollars
C’est le montant du don que Rachid Nekkaz aurait fait aux écoles de l’État de Borno, au Nigeria, fief du groupe terroriste Boko Haram, qui avait enlevé en 2013 la famille française MoulinFournier, à la libération de laquelle Nekkaz dit avoir contribué. Une rançon ? « Non, un don », soutient-il
d’instance d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Les juges lui reprochent d’avoir loué deux logements indignes situés dans le sous-sol d’un pavillon à Choisy-le-Roi. Accusé d’être un « marchand de sommeil », lui se dit au contraire un bienfaiteur. Les fréquentations de Nekkaz ne sont pas sans exhaler un parfum de scandale. Proche de l’avocat Karim Achoui, condamné en 2008 à sept ans de prison pour complicité dans l’évasion du braqueur multirécidiviste Antonio Ferrara, Nekkaz entame une grève de la faim en soutien à son ami et règle la caution de 50 000 euros qui permettra à Achoui de quitter la maison d’arrêt. D’où provenait l’argent ? On soupçonne le milieu du banditisme, avec lequel le sulfureux avocat frayait, d’avoir fourni les fonds. Nekkaz n’aime rien tant que les coups d’éclat, comme en juillet 2013, lorsqu’il annonce avoir renoncé à sa nationalité française au motif qu’il ne croit plus aux « valeurs de la République française ». Quelques mois plus tard, il se présente à la présidentielle algérienne de 2014 et sillonne le pays pour promouvoir une candidature qui relève davantage du folklore. Le soir de la remise des 60 000 signatures de parrainage au Conseil constitutionnel, lequel devait valider ou non sa candidature, le camion qui transportait les documents s’évanouit dans la nature. Un air de déjà-vu. En juin 2006, quand Nekkaz était candidat à la présidentielle française, son QG de campagne avait fait l’objet d’un mystérieux cambriolage, au cours duquel son ordinateur, qui contenait les parrainages des élus, aurait été subtilisé. « Rachid Nekkaz est un rigolo auquel les médias prêtent trop d’importance, maugrée un membre du sérail algérien. Les biens mal acquis ? C’est comme la burqa ou le burkini, une aubaine pour faire parler de lui et exister. » L’intéressé s’esclaffe quand on lui rappelle que ses détracteurs le prennent pour un farfelu. Et assure, avec l’aplomb qui le caractérise, qu’il mène de nouvelles enquêtes sur d’autres responsables qui posséderaient des biens à l’étranger.
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IMPRIMERIE
média
média
COMMUNICATION
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LE PLUS
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INTERVIEW Brigi Rafini, Premier ministre ÉCONOMIE Niamey tient le cap de la croissance CARNET DE ROUTE Zinder l’éternelle
VINCENT FOURNIER/JA
ISSOUF SANOGO/AFP
de Jeune Afrique
PANORAMA Issoufou, acte II
NIGER
État de chocs ISSOUF SANOGO/AFP
Malgré la situation au Mali et en Libye, malgré les agressions de Boko Haram depuis le Nigeria, le pays reste en paix. Et alors que les cours des matières premières chutent, il parvient à maintenir son économie à flot. Mais à quel prix? Et pour combien de temps?
JEUNE AFRIQUE
N 0 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
Le Plus de Jeune Afrique
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Prélude
François-Xavier Freland
L’union sacrée
L
e 20 août, quand l’hymne nigérien n’ont jamais paru aussi unis. Pour faire a retenti dans la salle de l’Arena front commun, le bureau de l’ancien parti unique du président Tandja, le MNSDCarioca 3 de Rio de Janeiro, le public brésilien a longtemps applaudi. Au Nassara, troisième force politique du pays, même moment, un concert de klaxons a d’ailleurs voté, le 14 août, en faveur de son ralliement à la majorité présidentielle. Face résonnait dans les rues de Niamey. Issoufou Alfaga Abdoulrazak, 22 ans, 2,05 m, venait de à la menace que constituent Aqmi au nordouest, et Boko Haram et Daesh au sud-est, décrocherlamédailled’argententaekwondo (catégorie des plus de 80 kg), quaranteune union sacrée s’est constituée. Et, dans quatre ans après l’unique médaille olyml’adversité, le Niger, longtemps tributaire pique nigérienne (bronze), remportée par le de l’aide extérieure, compte de plus en plus sur lui-même. boxeurIssakaDaboreàMunich.Enquelques minutes, le jeune sportif est non seulement Sur le plan social, l’initiative « 3 N » (les devenu une légende au Niger, mais il a fait Nigériens nourrissent les Nigériens), lanbriller sa nation sous l’œil des caméras du cée par le président Issoufou en 2012 pour monde entier. Une occasion unique pour mettre les populations à l’abri des crises son grand pays de près de 1,3 million de km2, trop souvent confondu avec son voisin alimentaires, commence à porter ses fruits. nigérian, d’offrir un autre visage que celui Sur le plan militaire, toujours dans l'attente de l’aide économique promise par l’Union de petit dernier du classement du Pnud. Malmené depuis plus de quarante ans par les coups d’État Face à la menace que constituent (1974, 1996, 1999, 2010) et les Aqmi, Boko Haram et Daesh, rébellions (1990-1996, 20072009) et nonobstant le tazartles Nigériens font front commun. ché (« continuité », en haoussa) européenne, l’État a modernisé seul, ou prôné pendant ses dix ans au pouvoir par presque, son appareil défensif. La victoire Mamadou Tandja, le Niger a longtemps des troupes, qui sont parvenues à libérer fait figure de pays instable. Ses querelles Damasak, au Nigeria, fin juillet, a permis internes l’ont empêché de sortir de la zone au pays de laver l’affront de Bosso, mais rouge en matière de développement, économique comme humain, malgré ses richesses aussi d’obtenir le respect de ses partenaires naturelles – uranium, or, fer, charbon et, au sein de la Force multinationale mixte. aujourd’hui, pétrole. Plus que jamais, les paroles de La Nigérienne, l’hymne national, sont Pourtant, depuis 2011, en dépit des difd’actualité. « Évitons les vaines querelles afin ficultés, notamment sécuritaires et finand’épargner notre sang / Et que les glorieux cières, le Niger connaît une réelle stabilité accents de notre race soient sans tutelle ! / politique. Certes, tout n’est pas encore S’élèvent dans un même élan jusqu’à ce ciel exemplaire – l’emprisonnement durant éblouissant / Où veille son âme éternelle la campagne présidentielle du principal qui fera le pays plus grand ! Debout ! Niger ! Debout ! […] Restons unis toujours, et que opposant, Hama Amadou, ou la tentative de coup d’État déjouée en décembre dernier chacun réponde à ce noble avenir qui nous assombrissent le tableau –, mais le Niger dit: en avant! » Plus que jamais, c’est l’union tient bon et semble avoir fait siennes les qui fera la différence et la force au Niger. règles du jeu démocratique. Avec l’espoir que, désormais, comme à Rio Mieux : face aux coups de boutoir de lors des derniers JO, son « chant s’entende aux quatre coins du monde ». À condition Boko Haram, notamment après l’attaque de la ville de Bosso, début juin, les Nigériens que personne ne se sente exclu. JEUNE AFRIQUE
N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
PANORAMA Issoufou, acte II
p. 58
INTERVIEW Brigi Rafini, Premier ministre
p. 62
POLITIQUE Être ou ne pas être (dans l’opposition)
p. 66
SÉCURITÉ Aux grands maux les grands remèdes
p. 68
ÉCONOMIE Niamey tient le cap de la croissance
p. 72
AGRO-INDUSTRIE La santé, clé du succès de la STA
p. 74
ENTREPRENEURIAT Des patrons à votre service p. 77
CARNET DE ROUTE Zinder l’éternelle
p. 80
PATRIMOINE Toute une histoire
p. 84
58
Le Plus de Jeune Afrique
NIGER
Issoufou,
Cinq mois après sa réélection, le président semble avoir les coudées franches pour engager la deuxième partie de son programme de « renaissance ». Mais entre les dépenses sécuritaires auxquelles l’État est contraint pour lutter contre les jihadistes et la chute des cours des matières premières, en aura-t-il les moyens ?
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acte II S
MATHIEU OLIVIER,
envoyé spécial
on parti n’a jamais été aussi fort, l’opposition est affaiblie – en particulier depuis que le Mouvement nigérien pour la société du développement (MNSD-Nassara), de Seini Oumarou, a décidé, mi-août, de rallier la majorité –, et la communauté internationale compte sur lui pour maintenir la stabilité dans une région sahélienne bouleversée par les crises libyenne, malienne et nigériane. En bref, Mahamadou Issoufou semble avoir toutes les cartes en main en ce début de second mandat. Pourtant, les défis sont nombreux. Et les obstacles légion. Premier chantier d’ampleur : la sécurité du pays (lire pp. 68 et 70). Depuis 2011, le chef de l’État peut se vanter d’être parvenu à préserver une relative paix intérieure, tandis que ses voisins libyen et malien se sont tour à tour embrasés et que les islamistes de Boko Haram se sont faits de plus en plus pressants à sa frontière sud-ouest. Le pays est aujourd’hui au cœur de la guerre menée par les États de la région contre les islamistes et il a déployé son armée le long de la frontière avec le Nigeria (sur le territoire duquel elle est récemment entrée) avec le soutien des Tchadiens et dans le cadre de la Force multinationale mixte (FMM, composée de contingents du Nigeria, du Tchad, du Cameroun, du Niger et du Bénin). L’objectif est de pousser les éléments de Boko Haram vers les îles du lac Tchad, où les armées nigérienne, tchadienne, nigériane et camerounaise les prendront en tenaille. « Les opérations se déroulent bien », confie Brigi Rafini, le Premier ministre nigérien (lire interview pp. 62-63).
BOUREIMA HAMA/AFP
Le chef de l’État lors de son investiture pour un second mandat, le 2 avril, au Palais des congrès de Niamey.
DÉGEL. Mais le Niger a-t‑il les moyens de mener cette guerre ? Depuis deux ans, les dépenses de sécurité, imprévues mais indispensables, ont évidemment un impact sur les priorités du programme présidentiel, en particulier sur les volets de la croissance économique et du développement (lire pp. 72-73). « Nous devons assumer le coût de la guerre contre Boko Haram, et nous sommes relativement seuls, puisque la communauté internationale n’est pas réellement mobilisée », déplore un haut fonctionnaire. Dans le même temps, la chute des cours du pétrole (dont le pays est devenu producteur en 2011) et, surtout, de ceux de l’uranium a retardé la mise en exploitation du site d’Imouraren, sur lequel comptait le gouvernement pour augmenter ses recettes. Celui-ci espère un dégel du projet à l’horizon 2019-2020. D’ici là, faudra-t‑il oublier certaines promesses ? Officiellement, pour son second quinquennat et la deuxième partie (2016-2021) de son programme de « renaissance du Niger », le chef de l’État a promis des investissements à hauteur de N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
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Le Plus de JA Niger 8 000 milliards de F CFA (près de 12,2 milliards 29 mars, neuf jours exactement après le second d’euros), soit 2 000 milliards de plus que sur la tour de la présidentielle, au cours duquel le période 2011-2016. Un acte I qui n’a d’ailleurs pas candidat Hama Amadou affronta le chef de l’État sortant… et à l’issue duquel ce dernier a été réélu été totalement achevé, même si les réalisations, avec plus de 92,5 % des suffrages exprimés, la coanotamment en matière d’infrastructures – routes, lition d’opposition qui soutenait Hama Amadou échangeurs, hôpital de référence régional, etc. –, sont indéniables. ayant appelé à boycotter le scrutin. Une large majorité, Pour le Premier ministre, le Niger C’est l’une des raisons pour lesquelles confortée par le récent est encore à un niveau acceptable l’opposition tire à boulets rouges sur ralliement du MNSD d’endettement et aura les moyens de un président dont elle n’a toujours pas ses ambitions. Mais pour Amadou reconnu officiellement la réélection. Mais Répartition des 171 sièges de l’Assemblée Boubacar Cissé, président de l’Union elle a cependant décidé de suivre les nationale à l’issue des législatives pour la démocratie et la République règles du jeu démocratique, puisqu’elle du 21 février 2016 a accepté de siéger dans l’hémicycle de (UDR-Tabbat), ministre du Plan entre 2011 et 2015 et candidat à la dernière l’Assemblée nationale à l’ouverture de PNDS-Tarayya MNRD-Hankuri / PSDN-Alheri la nouvelle législature (voir infographie élection présidentielle, la dette de l’État ci-contre). Dernier rebondissement en s’est d’ores et déjà envolée. « En 2011, Moden-Lumana MPN-Kiishin Kassa date : le 14 août, le bureau politique du nous avions prévu un plan qui nous garantissait que la dette ne se creuMNSD-Nassara, troisième force politique MNSD-Nassara ANDP-Zaman Lahiya serait pas, mais il n’a pas été suivi, et du pays, a dit « oui à la main tendue » du chef de l’État et voté presque à l’unaniaujourd’hui le gouvernement n’arrive MPR-Jamhuriya RSD-Gaskiya même plus à payer les salaires des mité (144 voix sur 148) en faveur de son fonctionnaires », déplore-t‑il. « Nous ralliement à la majorité présidentielle. Autres* Une décision qu’il dit motivée par sa avons effectivement beaucoup recruté volonté de sortir le pays de la crise dans dans la fonction publique [35 000 personnes], mais c'était nécessaire car laquelle il se trouve et de sceller l’unité 25 20 de la nation face au terrorisme. nos besoins sont énormes », rétorque 13 Brigi Rafini. Si le ralliement du MNSD est évidem75 6 ment une victoire pour la majorité, un 5 4 ARRESTATIONS. Autre chantier remaniement ministériel apparaît iné4 « nécessaire », celui de la lutte contre vitable dans les prochains mois, et les 19 la corruption, l’un des thèmes de camnégociations devraient être délicates. En effet, l’enjeu pour le Parti nigérien pour pagne de Mahamadou Issoufou en 2011 * CDS-Rahama, CPR-Inganci, RDP-Jama’a, la démocratie et le socialisme (PNDScomme en 2016. Officiellement, « il est Amen-Amin, 3 sièges chacun ; ARD Mutunci-Adalci, temps d’aller plus loin » pour assainir Tarayya, au pouvoir) et pour le chef de UDR-Tabbat, PSD-Bassira, 2 sièges chacun ; la vie politique et l’environnement des l’État est de ne pas brusquer les alliés de ADN-Fusaha, 1 siège affaires. Et, de fait, les arrestations et la première heure tout en « ouvrant » le SOURCE : ASSEMBLÉE NATIONALE, 31/3/2016 les instructions se sont multipliées gouvernement. fin 2015 et début 2016. « Quelles que soient les personnes en cause, la justice doit faire TOURNANT. À peine réélu, Mahamadou Issoufou son travail. D’ailleurs, les enquêtes en cours ne doit déjà négocier un premier tournant de son second quinquennat. Les scrutins locaux, qui touchent pas particulièrement ni exclusivement l’opposition. Des membres de la majorité sont devaient se tenir cette année mais ont été reporaussi concernés », explique un cadre du ministés à janvier 2017 (lire p. 66), pourraient pertère de l’Intérieur. Au point que les accusations mettre au PNDS-Tarayya de consolider les bons résultats qu’il a enregistrés aux législatives de d’autoritarisme pleuvent sur le chef de l’État. « La justice est indépendante. Il n’y a pas de février dernier. Le parti au pouvoir espère en effet raison que les enquêtes ne soient pas lancées conquérir des sièges dans les circonscriptions de Zinder et de Niamey, fiefs de l’ancien président dès lors qu’il y a abus de pouvoir, quelle que soit la personne visée », tranche Marou Amadou, le Mahamane Ousmane et de Hama Amadou, leaministre de la Justice. der d’un Moden-Lumana qui porte désormais une grande partie des espoirs de l’opposition. Le message est donc passé, notamment auprès de Hama Amadou, le leader du Mouvement Laquelle cherchera quant à elle à faire oublier ses démocratique nigérien pour une fédération récents échecs. En cas de nouvelle désillusion, africaine (Moden-Lumana, première force d’opelle devra attendre les prochaines élections légisposition avec 25 députés), soupçonné d’être latives et présidentielle, en 2021, pour affronter la majorité dans les urnes. Mahamadou Issoufou, impliqué dans un supposé trafic d’enfants. Arrêté qui assure que ce mandat sera le dernier, ne en novembre 2015, inculpé et incarcéré, l’ancien pourra alors pas se présenter, conformément à Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale a été remis en liberté provisoire le la Constitution. N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
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Le Plus de JA Niger INTERVIEW
Brigi Rafini « Le pays est sur orbite » Il est l’indéboulonnable Premier ministre de Mahamadou Issoufou. Ses priorités : la sécurité et le développement. Qui, l’une comme l’autre, nécessitent d’énormes budgets.
I
l s’exprime peu et ne fait pas partie du « premier cercle ». Pourtant, Brigi Rafini, 63 ans, est l’un des piliers du pouvoir de Mahamadou Issoufou. Natif d’Iferouane, ce Touareg du Nord a une longue expérience au service du pays. Diplômédel’Écolenationaled’administrationdeNiamey,ilaétésous-préfetdeDosso et de Keïta, d’où Seyni Kountché l’appela pour le nommer secrétaire d’État à l’Intérieur, en 1987. Rapporteur du Conseil des sages après le coup d’État de Maïnassara, en 1996, Rafini assura aussi la vice-présidence du Conseil consultatif national au lendemain du putsch de 1999. L’ancien député de la région d’Agadez et ex-maire d’Iferouane a été vice-président de l’Assemblée nationale de 2004 à 2009, annéeoùilaquittéleRassemblementpour la démocratie et le progrès (RDP-Jama’a), auquelilreprochaitdesoutenirletazartché (« continuité », en haoussa, c’est‑à-dire le maintienaupouvoirdeMamadouTandja), pour rejoindre le Parti nigérien pour la démocratieetlesocialisme(PNDS-Tarayya) de Mahamadou Issoufou. Ce dernier l’a nomméàlaprimaturelejourmêmedeson investiture, le 7 avril 2011. Unique Premier ministre du premier quinquennat, Brigi Rafini a été reconduit dans ses fonctions au lendemain des législatives et de la présidentielle de février-mars. JEUNE AFRIQUE: Le Niger est en guerre contre Boko Haram. Où en sont les opérations à la frontière avec le Nigeria? BRIGI RAFINI: Vous avez raison, le Niger
est en guerre. Depuis quelques semaines, la Force multinationale mixte [FMM] a pu être déployée, et les résultats sont plutôt bons. La communauté internationale n’a pas encore réagi de manière adéquate, nous faisons donc face avec nos propres moyens. Avec le Tchad, nous collaborons parfaitement, tout comme notre coopération avec les Nigérians est correcte et sincère. Ce sont surtout les problèmes de financement qui ont retardé la mise en place effective de la FMM. Aujourd’hui, N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
la situation se stabilise. Boko Haram est sérieusement affaibli, les populations ont repris confiance grâce au dispositif mis en place à l’intérieur et à l’extérieur du pays, notamment à Damassak, au Nigeria, et l’on est en train de nettoyer la région pour que le bassin du lac Tchad retrouve la paix [lire pp. 68 et 70]. Certains ont critiqué le manque de préparation de l’armée au lendemain de l’attaque de Bosso par Boko Haram, début juin. Le Niger a-t‑il les moyens de mener l’offensive?
À Bosso, il y a eu un effet de surprise, et notre dispositif, insuffisamment opérationnel, ne nous a pas permis de réagir à uneattaquemassive.Maislasituationaété maîtrisée, et nous en avons tiré les leçons qu’il fallait. Certes, il faut beaucoup de moyens, notamment aériens, et les nôtres sont limités, mais aujourd’hui nous avons les cartes en main. On ne se laissera plus surprendre.
Il était important de permettre à la Minusma d’aller plus loin dans le maintien de la paix, la sécurisation des populations et la lutte contre la circulation des mouvements armés. C’est à la communauté internationale et au gouvernement malien de prendre en main la situation et de faire appliquer les accords d’Alger. Les dissensions entre les factions vont s’estomper rapidement.Ilesttemps!Celafaitaumoins cinq ans que les populations du Nord n’ont pas bénéficié des services de l’État. À quel point la situation sécuritaire freinet‑elle vos objectifs de développement ?
Quand nous avons élaboré nos programmes de développement, il y avait des menaces, mais on ne pouvait pas les traduire en termes budgétaires. Aujourd’hui, la sécurité pèse massivement sur nos ressources. Cependant la communauté internationale a fait beaucoup d’efforts, ce qui a permis à notre développement de ne pas être trop lourdement compromis malgré les conflits et la crise des réfugiés. Nous y faisons face, c’est notre devoir et nous l’assumons, mais il est vrai que sans cela nous aurions atteint et même dépassé tous nos objectifs. Le pays va-t‑il être obligé de se surendetter ?
Non. Nous sommes endettés, mais comme tout pays viable dans l’économie moderne, et nous avons encore de la
Nous avons tiré les leçons de l’attaque de Bosso. On ne se laissera plus surprendre. La situation en Libye constitue-t‑elle une menace d’envergure pour le Niger?
Tant que la Libye ne sera pas stable, les États voisins ne pourront qu’être inquiets. Depuis 2011, nous avons affronté cette menace de « somalisation » de la Libye contre laquelle nous avions mis en garde… Et nous n’en sommes pas loin. Il y a tant de déchirures dans la société libyenne qu’il sera difficile de reconstruire un État viable parlaforce.Lacommunautéinternationale, dont la responsabilité est certainement engagée, doit travailler avec les États limitrophesàlarecherched’unconsensusentre lesdifférentsgouvernementsetParlements.
Comme le Niger l’avait demandé, la mission de l’ONU au Mali a été renforcée. Êtes-vous satisfait ?
marge. Le Niger a bien évolué depuis 2011. Grâce au programme Renaissance Niger, nous avons jeté les bases du changement durant le premier mandat : vous pouvez constater les progrès sur la modernisation de l’économie, dans la qualité de vie des populations ou encore sur la sécurité alimentaire. Il s’agit maintenant de les consolider et de les prolonger. Le Niger est sur orbite, prêt à entrer dans le club des pays émergents. C’est l’objectif du programme Renaissance II, pour lequel nous avons prévu de mobiliser 8 000 milliards de F CFA [près de 12,2 milliards d’euros]. Quelles sont les autres priorités du second quinquennat ?
Y figure toujours la bonne gouvernance. Cela inclut la lutte contre la JEUNE AFRIQUE
État de chocs
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DPA PICTURE-ALLIANCE/AFP
À Niamey, le 2 mai.
corruption, secteur dans lequel des progrès importants ont été faits, de même qu’en matière de liberté de la presse. Nous avons aujourd’hui un bon niveau de gouvernance et avons démontré nos capacités à relever les défis, par exemple pour l’organisation des élections. On a vite fait de vous accuser d’être une dictature ou, au contraire, un État faible. Nous devons être dans un juste milieu : gouverner avec autorité, fermeté, et de façon démocratique. Certains dénoncent des dérives autoritaires, déplorant arrestations et condamnations d’opposants. Que répondez-vous?
Nul n’est au-dessus de la loi. Certains opposants comme certains membres de la majorité ont commis des fautes et sont
en prison. Je pense que c’est normal. Vous voudriez qu’on emprisonne un voleur de chèvres et qu’on ferme les yeux quand un politique commet une infraction ? Le PNDS-Tarayya semble concentrer plus de pouvoirs aujourd’hui qu’il y a cinq ans [lire pp. 66-67]. L’ère de l’ouverture est-elle révolue ?
Je ne crois pas que le PNDS fasse davantage cavalier seul que durant le premier mandat. L’alliance présidentielle comprenait une trentaine de partis il y a cinq ans ; elle en compte une cinquantaine aujourd’hui. Le chef de l’État a toujours tendu la main. La relative prédominance du PNDS est liée à son poids électoral. C’est le jeu démocratique, il faut en accepter les résultats. Les états
d’âme des périodes électorales doivent être dépassés pour regarder vers l’avenir. On ne sait si Hama Amadou, leader du Moden-Lumana, deuxième force politique du pays, choisira de mettre fin à son exil avant les élections locales, fixées au 8 janvier 2017. Son retour est-il souhaitable, voire indispensable ?
Hama est un grand garçon, il est libre de revenir quand il le veut, dans le respect des règles qui régissent notre État. C’est la seule condition. Cependant, nul n’est indispensable. Comme le disait Clemenceau: « Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui ont tous été remplacés. » Les hommes passent, le Niger reste.
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Propos recueillis à Niamey par MATHIEU OLIVIER
LA NIGELEC à L’èrE dE L’émErGENCE De la couverture nationale en électricité à l’exportation
L
e développement des infrastructures électriques est l’une des priorités du programme de renaissance du Niger, Acte 2. C’est pourquoi le gouvernement accompagne la Société nigérienne de l’électricité (NIGELEC) dans la mise en œuvre de ses nombreux projets. Ceux-ci doivent permettre la couverture de la demande à court terme et le développement à court, moyens et long termes des réseaux de transport et de distribution de l’énergie. La satisfaction de la demande à moyen et long terme est prévue à travers les projets de barrage hydroélectrique de Kandadji (130 MW) et de centrale thermique à charbon de Salkadamna (200 MW extensible à 600 MW), mais l’édification de nombreuses autres infrastructures est attendue. Nous vous les présentons ici :
de 5 MWc à Gazaoua. Ces centrales ont été identifiées à l’issue d’une étude technico-économique circonstanciée, seul le financement de la centrale de 7 MWc de Malbaza est bouclé avec EximBank India.
Un réseaU de transport électriqUe modernisé M. Halid Alhassane, directeur général de la NIGELEC
BIO EXPRESS À la tête de NIGELEC depuis 2011, M. Halid Alhassane s’est fixé un but : faire du Niger un exportateur net d’électricité, le pays étant doté de
Une prodUction bientôt en forte haUsse
toutes les ressources concourant à la production de cette énergie (uranium, charbon, pétrole, potentiel hydraulique, soleil). Pour contri-
• La première étape de la construction de la centrale thermique diesel de Gorou Banda (100 MW), à Niamey, la capitale, est en phase d’essais de réception pour 80 MW. Le financement de la deuxième étape de 20 MW est en cours de bouclage avec la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la Banque Islamique de Développement (BID) et la Banque Africaine de Développement (BAD). • Le renforcement des centrales de Malbaza (6 MW) et Diffa (3 MW) sur fonds propres. • La construction d’une centrale thermique à cycle combiné de 60 MW sur le site NIGELEC de Soraz, dont le financement est en cours de recherche. • Les constructions des centrales solaires de 20 MWc à Gorou Banda, de 30 mégawattscrête (MWc) à Guesselbodi, près de Niamey, de 10 MWc à Lossa, de 7 MWc à Malbaza, de 10 MWc à Maradi, de 10 MWc à Zinder et
buer à l’atteinte de cet objectif, il s’appuie sur une formation solide
• Le poste de Gourou Banda en cours de finalisation - sur financement de la BOAD et de la BID - sera à terme le principal nœud du réseau Haute Tension de NIGELEC, avec l’arrivée des lignes en provenance de Kandadji et de Salkadamna, ainsi que de la dorsale Nord du West African Power Pool (WAPP). • Les lignes Soraz–Zinder et Maradi–Malbaza, également en cours de réalisation, vont permettre d’évacuer la production électrique vers Zinder et de renforcer l’ossature du réseau de transport de la zone Niger Centre Est, en vue d’offrir au bassin cimentier de Tahoua une meilleure alimentation en électricité. Ces lignes permettront d’assurer, plus tard, l’alimentation du Niger Centre Est à partir de la centrale de Salkadamna.
aussi bien en électricité, diplômé qu’il est de l’École Supérieure Interafricaine de l’Électricité (ESIE-Côte d’Ivoire), qu’en management et en économie (DESS en Stratégie et Gestion d’Entreprises d u Ce n t r e d ’ É t u d e s Fi n a n c i è re s, Éco no miques et Bancaires, France, et diplôme supérieur en Économie et Politique de l’Énergie de l’Université Pierre Mendès-France).
Vue du chantier de construction du nouveau poste de Maradi dans le cadre des Lignes 132 kV Maradi - Malbaza et Soraz - Zinder.
pUbli-information
Vue de la Centrale thermique 100 MW de Gorou Banda. Poste 132.66.20 kilovolts (kV) de Gorou Banda.
NIGELEC, uN PaRtENaIRE d’affaIRES fIaBLE Et SOLIdE La NIGELEC a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 78,1 milliards de F CFA (119 millions d’Euros), alors que le résultat d’exploitation de la société est régulièrement positif depuis vingt ans. Son niveau d’endettement est aussi mesuré que sa capacité de remboursement est bonne. Le rendement de son réseau de distribution est de 0,9 et celui de son réseau de transport de 0,91.
de plUs en plUs de ménages raccordés, en ville comme à la campagne • Les travaux de réhabilitation, de densification et d’extension des réseaux de distribution de Niamey, dans les sept capitales de régions, dans trente chefs-lieux de département et dans cinquante centres secondaires, sur financement de l’AFD, de l’IDA et de la BAD. • La réalisation imminente des travaux de construction des lignes HTA de liaison pour étendre le réseau interconnecté et stopper les plus grosses centrales diesel en fonctionnement continue, sur financement de l’AFD et de la BAD. • L’Agence nigérienne de promotion de l’électrification rurale (ANPER) est l’une des structures appelée à améliorer l’accès à
201, av. du Gal de Gaulle (PL 30) Plateau I, B.P. 11 202 Niamey, NIGER Tél.: + 227 20 72 26 92 Fax : + 227 20 72 32 88 E-mail : nigelec@intnet.ne facebook.com/nigelecofficiel www.nigelec.ne
l’électricité à la campagne. L’équipement de 200 nouvelles localités par an est ainsi prévu dans le cadre d’un programme dont le financement continue d’être recherché. • L’électrification imminente de 193 villages et communes rurales sur financements de l’AFD et de la BAD. • Le raccordement au réseau électrique de 171 000 ménages (soit 1 197 000 personnes), tant en milieux urbains et périurbains qu’en milieu rural, avec l’AFD, la Banque Mondiale et la BAD. • La mise œuvre du schéma directeur du réseau de distribution de Niamey dont le financement est à rechercher • Les études de schémas directeurs de distribution des capitales des régions et des chefs-lieux de département. • Le projet de renforcement de l’expansion du réseau interconnecté en vue de l’amélioration du taux d’accès des populations à l’énergie électrique.
Vue de la localité de Bagagi (Dogon Doutchi) électrifiée le 18 Janvier 2016.
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
• Le renforcement des postes de Niamey Nord et de Maradi sur financement de l’IDA (Banque Mondiale). • Le projet de construction de la ligne Birnin Kebbi (Nigeria)–Zabori (Niger)–Niamey (Niger) et de la bretelle Zabori–Malanville (Bénin). Cette ligne fait partir de la Dorsale Nord du réseau interconnecté du Système d’Échange de l’Énergie Électrique Ouest Africain (WAPP) qui reliera Kainji (Nigeria) à Niamey (Niger), ainsi que Ouagadougou (Burkina Fasso) et Malanville (Bénin). La recherche de financements pour ce projet est en cours. • Le projet de construction des lignes Malbaza–Keita–Tahoua pour renforcer l’alimentation des cimenteries de Keita et de Kao. Le financement de ce projet est à rechercher. • Le projet de construction d’un dispatching national à Niamey : le financement de l’étude, menée en 2017, est assuré par l’IDA. • La mise en exploitation du programme intégré de gestion permet de gérer sur une plateforme unique l’ensemble des centres d’exploitation de Nigelec.
Le Plus de JA Niger
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ISSOUF SANOGO/AFP
Seini Oumarou (à g.), du MNSD, et Amadou Boubacar Cissé, de l’UDR, à Niamey, le 23 février.
POLITIQUE
Être ou ne pas être (dans l’opposition) À l’approche des élections locales, dans chaque camp, les forces se réorganisent. Alors que le MNSD-Nassara rejoint la majorité, le front anti-Issoufou lance une nouvelle coalition.
A
près les législatives du 21 février, à l’issue desquelles le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya, au pouvoir) a remporté 75 sièges sur 171, l’opposition a subi une autre cuisante défaite, le 20 mars, au second tour de la présidentielle, remporté par Mahamadou Issoufou avec
92,5 % des suffrages exprimés. Depuis, elle peine à panser ses plaies et à penser à l’avenir. À moins de quatre mois des élections locales (lire encadré ci-dessous), les principaux partis semblent toujours à la recherche d’une stratégie. Le 31 août, certains se sont rassemblés au sein du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la République
(FRDDR), une nouvelle coalition composée de dix partis, dont le Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (Moden-Lumana), de Hama Amadou, et le Mouvement nigérien pour le renouveau démocratique (MNRDHankuri), sous les couleurs duquel l’ancien président Mahamane Ousmane était candidat à la présidentielle. Une façon de
UN CALENDRIER ÉLECTORAL QUI FAIT L’UNANIMITÉ
A
u début de la législature, le 21 avril, les députés ont adopté une proposition de loi qui a permis de proroger le mandat des élus locaux pour six mois (renouvelable une fois) et, donc, de reporter les élections municipales et régionales, initialement prévues le 9 mai 2016 – trop proches des N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
législatives et de la présidentielle. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) prévoyait d’organiser les scrutins le 10 juillet, mais a tenu compte de la crainte exprimée par les partis politiques de ne pas disposer de suffisamment de temps pour préparer les dossiers de
candidatures. Elle a également entendu la remarque des parlementaires qui estimaient que, s’ils se tenaient en juillet, les scrutins coïncideraient avec la saison des pluies, alors que la plupart des routes et des terrains sont impraticables et qu’une grande partie de l'électorat rural est occupée
par les travaux des champs. Un nouveau chronogramme a donc été adopté : les élections municipales et régionales se tiendront le 8 janvier 2017. La date limite de dépôt de déclaration de candidatures est fixée au 24 octobre, et la campagne électorale sera ouverte le 29 décembre. CÉCILE MANCIAUX JEUNE AFRIQUE
État de chocs rejeter la « main tendue » d’Issoufou, deux semaines après que le bureau politique du Mouvement nigérien pour la société du développement (MNSD-Nassara) s’est prononcé pour le ralliement à la majorité présidentielle. Seini Oumarou, le président du MNSDNassara, semblait hésiter depuis plusieurs semaines. L’ancien Premier ministre, qui s’était incliné face à Issoufou au second tour de la présidentielle de 2011 (avec près de 42 % des suffrages), n’a cette année pas pu passer l’étape du premier tour, avec 12,11 % des voix, contre 17,79 % pour Hama Amadou, qui a maintenu sa candidature malgré son incarcération au moment du scrutin. Après avoir lancé un audit du MNSD-Nassara en juin, Oumarou s’était fait discret… Il est désormais chargé par son bureau politique de négocier les conditions du ralliement du parti, notamment dans l’optique d’un remaniement ministériel qui, selon nos informations, ne devrait pas survenir avant la mi-octobre. L’hypothèse la plus probable : une réduction du nombre de ministres (qui passerait sous la barre des
30) et une recomposition qui permettrait d’offrir au MNSD-Nassara plusieurs portefeuilles stratégiques. ÉLAN. Le poids de l’opposition repose
qui étaient à l’époque respectivement directeur et directeur adjoint du cabinet de Hama Amadou à la primature. Surtout, alors que plusieurs cadres de l’opposition estiment aujourd’hui que son retour est « souhaitable » afin de donner un nouvel élan au front anti-Issoufou, le président du parti, Hama Amadou, vit toujours en exil depuis que la cour d’appel de Niamey lui a accordé fin mars la liberté
désormais en grande partie sur les épaules du Moden-Lumana. Le parti de Hama Amadou, qui détient 25 sièges à l’Assemblée, est la deuxième force politique du pays. Mais s’il conserve son influence, surtout dans la capitale, il est néanmoins fragilisé. Le Moden-Lumana de Hama Poursuivi notamment pour Amadou est désormais la « incitation à attroupement armé » et « trouble à l’ordre deuxième force politique du pays. public », le député Soumana Sanda, président du groupe parlemenprovisoire (lire pp. 58-60). Il voyage dans taire, a été condamné le 16 juillet à dix la sous-région, notamment au Burkina et mois de prison ferme et deux mois avec en Côte d’Ivoire, où il conserve un solide sursis. Bakary Seidou, autre député du réseau de relations, mais nul ne sait s’il Moden-Lumana, a quant à lui été placé prendra la décision de revenir battre le fer à Niamey, sur les terres de son parti, en détention provisoire. Il est soupçonné d’avoir organisé un détournement de avant les élections locales. D’autant que 6 milliards de F CFA (plus de 9 millions le dossier le concernant dans l’affaire de trafic supposé d’enfants devrait être d’euros) en vivres et en liquidités lors de rouvert dans les prochaines semaines. la crise alimentaire de 2004-2005 avec la complicité d’Ari Mala et d’Idé Kalilou, MATHIEU OLIVIER
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Le Plus de JA Niger
Lire aussi l’interview de Hassoumi Massaoudou, ministre de la Défense
SÉCURITÉ
Aux grands maux les grands remèdes Le pays déploie des moyens humains et financiers considérables pour lutter contre Boko Haram. Et ça paie.
A
vec 163 attaques meurtrières recensées entre janvier 2015 et juillet 2016 par le HCR, le Niger est devenu, après le Nigeria, le pays du Sahel le plus « ciblé » par Boko Haram. Le 3 juin, le raid mené par la secte islamiste contre la ville de Bosso, dans le sud-est du pays, au bord du lac Tchad, a fait au moins 26 morts du côté de l’armée nigérienne et une centaine de blessés parmi la population. Il a aussi provoqué un électrochoc. Représentants de la société civile, syndicalistes, étudiants… Passé les journées de deuil national, ils étaient encore des Militaires nigériens au poste frontalier de la région de Diffa, le 1er août. centaines à s’être rassemblés dans le Quelques jours plus tôt, ils ont libéré la ville de Damassak, au Nigeria. centre de la capitale, le 9 juillet, derrière la banderole « Tous unis contre Boko Haram » pour exprimer leur solidarité convergent vers la ville de Maiduguri, Les deux chasseurs Sukhoi basés à avec les Forces de défense et de sécurité dans le nord-est du Nigeria, où fut créée l’aéroport de Diffa – principale base (FDS). la secte au début des années 2000. de coordination de l’état-major de la Selon le HCR, depuis l’attaque, environ FFM – avaient préalablement « nettoyé » FIERTÉ. Cette guerre contre le groupe 60 000 personnes ont fui la région de la zone en pilonnant les positions ennejihadiste a un coût prohibitif pour le mies repérées par des Cessna de l’aviaBosso pour rejoindre les camps de réfupays, qui reste l’un des plus pauvres au tion nigérienne. Plus de 2 500 soldats giés et de déplacés en périphérie de Diffa, monde. Selon la dernière évaluation de nigériens de l’artillerie et des blindés la capitale régionale (qui en accueillaient Global Firepower, organisation amériont ensuite été déployés, tous en même déjà plus de 250000). Face à cette escalade caine spécialisée sur les questions de temps, avec leurs chars d’assaut et leurs et à l’angoisse des populations, l’État est plus que jamais décidé défense, le Niger est, par ses dépenses et les moyens humains et en équipements à en finir avec le groupe Le plan : prendre le groupe dont il dispose, la troisième puissance jihadiste, qui menace son jihadiste en tenaille avec les militaire d’Afrique de l’Ouest, derrière intégrité territoriale et la le Nigeria et le Ghana et devant la Côte vie des Nigériens et obère autres contingents de la FMM. d’Ivoire et le Mali. le développement écono« Historiquement, c’est un pays qui a canons de 125 mm, pour créer un effet mique et social du pays. de masse et de surprise. « À notre plus toujours misé sur la défense de son territoire, analyse Ange Amadou Chékaraou grand étonnement, nos militaires n’ont BASTION. La grande offensive contre Barou, consultant sur les questions de Boko Haram lancée en juillet par la pas rencontré de grosse résistance. C’est bien la preuve que Boko Haram est en Force multinationale mixte (FMM, qui développement. C’est une fierté nationale et, comme ce fut le cas sous Tandja au comprend aussi des troupes du Nigeria, déroute », se réjouit Mohamed Bazoum, moment de l’insurrection touarègue de du Tchad, du Cameroun et du Bénin) le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique (lire pp. 70). a permis à l’armée nigérienne de laver 2007, la classe politique fait corps derrière Alors que l’armée ratisse désormais le président Issoufou contre tout ce qui l’affront. Car, contre toute attente, ce sont le long de la frontière entre Damassak ses soldats qui en quelques jours, du 25 au peut déstabiliser le pays, même si cela se et le lac Tchad, le Niger promet d’autres 28 juillet, ont libéré Damassak : tombée fait au détriment des autres secteurs. » Au victoires, le plan étant de prendre Niger, tout le monde a bien conscience aux mains de Boko Haram en juillet 2015, Boko Haram en tenaille avec les autres que la bataille contre Boko Haram est cette ville nigériane de 10 000 habitants contingents de la FMM participant à une question de survie. était devenue l’un des bastions de la secte FRANÇOIS-XAVIER FRELAND, envoyé spécial cette grande opération et qui eux aussi dans la région. N 0 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
JEUNE AFRIQUE
FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA
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Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019
NIGER
Le Niger en Route pour 2019….
En décidant d’accueillir cette importante rencontre dédiée à l’Afrique et à son processus d’intégration et de développement économique et social, conformément à l’esprit de la vision 2063 de l’Union Africaine, le Niger vise aussi à accroître sa visibilité sur la scène africaine et internationale, à renforcer son action diplomatique et à permettre aux investisseurs nigériens de tirer profit des retombées de cet événement.
CommUNiqUÉ
À cette occasion, les capacités du Niger en infrastructures et organisation d’événements seront renforcées et mises à niveau, pour que notre pays puisse atteindre les standards en la matière et désormais accueillir convenablement les rencontres de haut niveau sans grande difficulté.
tion d’hôtels 4 et 5 étoiles, la construction de villas présidentielles et d’appartements grand standing, la rénovation de l’hôtel Gaweye, la construction, la rénovation et l’éclairage de plusieurs rues de Niamey, seront bientôt lancés. Un nombre important des voitures et d’équipements de sécurité, informatiques et accessoires seront également acquis par le Niger pour couvrir les besoins de la conférence. Par ailleurs, des actions de formation seront organisées à l’attention des centaines d’agents du protocole, de la sécurité, de l’hôtellerie et de la restauration pour améliorer la qualité des services. Le Niger compte essentiellement sur le secteur privé pour financer et réaliser les infrastructures. Le Niger est conscient que le défi d’organiser cette conférence est certes immense, mais il reste largement à sa portée. Le Président de la République, le Premier ministre et l’ensemble des membres du gouvernement sont engagés et mobilisés pour faire de la 33ème session de la conférence de l’Union africaine Niger 2019, un véritable succès.
Le Niger devra dans cette perspective se préparer à relever d’importants défis en termes de préparation, d’organisation et de planification afin de hisser les infrastructures d’accueil, d’hébergement et de conférence aux standards de l’Union Africaine et offrir aux 5 000 participants parmi lesquels une cinquantaine de Chefs d’État et de Gouvernement, des conditions optimales de séjour et de travail, dans la tradition d’hospitalité nigérienne.
Tenant compte des enjeux, le Président de la République a créé l’Agence Nationale pour l’organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019, placée sous son autorité, avec un conseil d’orientation et de contrôle comprenant les 13 ministres concernés et à sa tête un Directeur Général, monsieur mohamed Saidil moctar, actuel ministre, Conseiller Spécial du Président de la République.
Ainsi, de grand projets d’infrastructures notamment la rénovation et la modernisation de l’aéroport international Diori Hamani, la construction d’un centre de conférences international, la construc-
Les investisseurs et Hommes d’affaires intéressés par les projets sont invités à prendre contact avec l’Agence Nationale pour l’organisation de la conférence de l’Union Africaine, Niger 2019.
Mr Mohamed Saidil Moctar, Directeur Général de l’Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence de l’Union Africaine - Niger 2019
Connu pour sa rigueur, son professionnalisme et son intégrité, diplômé de l’École Nationale d’Administration de Niamey et de l’institut d’Administration des Entreprises de l’Université de Lyon 3 (France), monsieur Saidil moctar était fonctionnaire international à la Banque Africaine de Développement (BAD). Auparavant, il a servi à la fonction publique nigérienne et dans le secteur privé où il a occupé plusieurs postes de responsabilité. C’est à cet homme d’expérience en gestion des projets et de défis et à son équipe qu’il incombe désormais la lourde responsabilité de gagner le pari de 2019. L’homme dont on dit à Niamey, qu’il jouit de la confiance et du soutien du Président de la République mahamadou issoufou , dispose d’un important carnet d’adresses au plan international. Beaucoup de nigériens ont accueilli favorablement sa nomination et se félicitent du choix du Président issoufou.
Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence de l’Union Africaine Niger 2019 B.P.550 - Niamey – Niger Tél. : Bureau : +227 20 72 20 42 Emails : Agenceuaniger2019 @presidence.ne m.saidil@presidence.ne
DIFCOM/CCHVN - PHOTOS DR SAUF MENTION.
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a 25 ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine a retenu le Niger pour abriter en 2019 à Niamey, la 33ème Session de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine.
Le Plus de JA Niger
Lire aussi notre reportage à Diffa : « Malgré son repli, Boko Haram continue de traumatiser la population »
Mohamed Bazoum Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique « Nous aurons bientôt démantelé Boko Haram » La FMM a pris corps, son commandement unique est désormais opérationnel. En ce qui nous concerne, notre participation est modeste, car le gros des troupes est assuré par le Nigeria et le Tchad, mais la principale base de coordination de l’état-major se trouve au Niger, à Diffa [lire p. 68]. La grande offensive « Gama Aiki » est en cours, elle consiste à prendre en tenaille Boko Haram. Nos forces ont repris Damassak en juillet, elles convergent vers l’est, au Nigeria, en direction de Maiduguri, l’un des fiefs de Boko Haram. Nous aurons bientôt démantelé ce groupe terroriste.
VINCENT FOURNIER/JA
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Homme de confiance du chef de l’État, il a dirigé sa dernière campagne.
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e regard serein – quoiqu’un brin inquisiteur –, la moustache fine et bien taillée… À 56 ans, Mohamed Bazoum n’a rien perdu du style universitaire. Originaire de N’Guigmi, sur les rives du lac Tchad, dans la région de Diffa, l’ancien syndicaliste et ex-professeur de philosophie est l’homme de confiance du chef de l’État. Président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDSTarayya) depuis l’accession au pouvoir de Mahamadou Issoufou, le député de Zinder a été ministre des Affaires étrangères d’avril 2011 à février 2015. Alors promu ministre d’État à la présidence, il a dirigé la dernière campagne du candidat Issoufou, qui, depuis le 12 avril, lui a confié le portefeuille de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses. JEUNE AFRIQUE : D’un côté, Al-Qaïda au Maghreb islamique [Aqmi] avec ses complices de l’ex-Mujao ou d’Ansar Eddine ; de l’autre, l’État islamique avec Boko Haram… Le Niger doit faire face à deux fronts. Peut-il résister ? MOHAMED BAZOUM : Je n’ai pas de
craintes à cet égard, même si nous sommes mis à rude épreuve par la N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
situation qui prévaut au Mali. Car, de l’autre côté de notre frontière, nous n’avons pas un État, nous avons un no man’s land, une vraie passoire, où les bandits de tout acabit vont, viennent et s’organisent. Nous réfléchissons avec nos alliés du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad] pour nous mettre à l’abri de ces dangers que nous voyons s’esquisser. L’opération française Barkhane vous donne-t-elle satisfaction ?
Heureusement qu’il y a Barkhane ! Je suis convaincu que, sans cette opération,
Pourtant, depuis l’attaque de Bosso, le 3 juin, Boko Haram semble très actif…
À Bosso, nous avons été pris par surprise par des groupes terroristes qui étaient supérieurs en nombre. Mais aujourd’hui, c’est fini. Et en réalité, nous n’avons jamais perdu la maîtrise de notre territoire. Comment faites-vous pour lutter contre les complicités évidentes au sein de la population ?
Beaucoup de nos jeunes se sont laissé embrigader par Boko Haram non par conviction religieuse, mais parce qu’on leur avait fait miroiter de l’argent sur les butins. Ils ont été dévoyés et resteront longtemps un problème pour nous. Ensuite, il y a les réfugiés nigérians arrivés sur notre territoire. Afin de déjouer les infiltrations, j’ai moi-même ordonné la construction de nouveaux camps plus au nord et à l’ouest, loin de la zone où opèrent nos forces de sécurité. Cela met
Sans l’opération Barkhane, la situation au Mali aurait déteint sur le Niger. la situation au Mali aurait été pire et aurait déteint sur le Niger. Les effets de Barkhane ont réduit au minimum le trafic d’armes depuis la Libye et, quoi qu’on en dise, ont limité les actions terroristes. Et comment se passe la lutte contre Boko Haram dans le cadre de la Force multinationale mixte [FMM] ?
nos mouvements de troupes à l’abri des regards indiscrets. Ne craignez-vous pas des attentats, notamment dans les villes ?
Nous disposons de suffisamment de forces de sécurité intérieure pour pouvoir prévenir les actes terroristes. Propos recueillis par FRANÇOIS-XAVIER FRELAND JEUNE AFRIQUE
NIGER
Ministère de l’Agriculture
Le PMERSA–MTZ, fer de lance de lutte contre l’insécurité alimentaire 16 500 emplois, 52 000 T de production additionnelle
Le programme a permis la construction de 36 ouvrages de mobilisation des eaux (26 autres en cours).
CoMMuNIqué
Le PMERSA-MTZ, ou Projet de Mobilisation des Eaux pour le Renforcement de la Sécurité Alimentaire dans les régions de Maradi, Tahoua et Zinder, a été lancé à l’initiative du ministère de l’Agriculture du Niger et il est placé sous la tutelle de la Direction Générale du Génie Rural (DGGR). Ce projet d’un coût global de 30 milliards de F CFA est financé par le Programme mondial pour l’Agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP, 52 %), la Banque africaine de développement à travers le FAD (23 %), la coopération espagnole (24 %) et le gouvernement du Niger (1 %). Ce projet concerne 23 Départements et 69 communes. L’avancement du projet a connu ces deux dernières années de réels progrès en termes de réalisation d’aménagements hydro-agricoles, d’ouvrages de mobilisation des eaux ainsi que de mesures anti
érosives des bassins versants en amont des ouvrages. Citons notamment la construction de 22 seuils de protection contre l’érosion (22 autres en cours d’exécution), 655 puits maraîchers bétonnés (400 en cours), 2 070 mini forages agricoles (2 000 en cours), l’installation de 2 725 motopompes et de 136 250 ml de réseau californien. Le PMERSA-MTZ a également permis l’aménagement de 170 km de pistes de desserte de sites agricoles, de 6 mini barrages (4 autres en cours), de 120 ha de petits périmètres irrigués (165 ha en cours) et la récupération de 812 ha de terres .
> Les aménagements de berges limitent les effets des crues et protègent les sols de l’érosion.
Promotion des femmes et des jeunes En matière de renforcement des capacités des producteurs, le PMERSA-MTZ a formé 599 brigadiers et auxiliaires d’élevage, dont 30 % de femmes, ainsi que 232 producteurs en vie associative et gestion. Le projet a notamment appuyé les femmes et les jeunes en conduisant plusieurs activités génératrices de revenu. Ils ont été dotés de 600 charrettes, 105 kits d’entretiens des ouvrages, 11 550 ovins et caprins, 360 moulins et machines à coudre pour faciliter leur autonomisation.
Ministère de l’Agriculture BP : 12091, Niamey, Niger Tél. : (+227) 20 73 20 58/ 20 73 35 41 Fax : (+227) 20 73 20 08 Email : dagricole@yahoo.fr
PMERSA-MTZ BP : 478, Maradi, Niger - Tél. : (+227) 90 90 55 02 Email : pmersa2012@yahoo.fr
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
L
ancé en Juillet 2012 dans trois régions particulièrement vulnérables aux crises alimentaires (Maradi, Tahoua et Zinder), le PMERSA contribue à la réduction de la pauvreté par l’accroissement de la disponibilité des produits agricoles à traversla maîtrise de l’eauet ledéveloppement de l’irrigation à petite échelle.
En dépit de nombreuses contraintes, le bilan du PMERSA-MTZ peut être jugé globalement positif. Les productions agricoles ont augmenté de 52 000 tonnes (mil, maïs, oignons, tomates) en campagne pluviale et irriguée. Il a permis de créer (ou généré) 16 500 emplois permanents ; et a touché 89 000 bénéficiaires directes avec un revenu moyen de 463 000 F CFA chacun. Initiative originale, le PMERSA-MTZ est aujourd’hui partie intégrante de l’Initiative 3N (Les Nigériens nourrissent les Nigériens), lancée en 2011 par le Président Issoufou Mahamadou dans le cadre du Programme « Renaissance du Niger ».
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Le Plus de JA Niger ÉCONOMIE
Malgré les vents contraires, Niamey maintient le cap de la croissance Au cours du premier quinquennat d’Issoufou, le PIB a crû de 6 % par an, et les autres indicateurs sont plutôt bons. Mais l’État doit faire face à la chute du prix des matières premières et au coût de la lutte contre le terrorisme.
C
omment maintenir le cap sur hausse et que le site pourra être exploité le développement et la croisà l’horizon 2019, explique le Premier ministre, Brigi Rafini. Heureusement, sance quand, d’un côté, l’urad’autres possibilités vont être explorées, nium et le pétrole sont frappés par une baisse historique de leurs cours dans l’or et le pétrole. Ce ne sont pas les perspectives qui manquent. » sur le marché mondial et que, de l’autre, les dépenses d’investissements en matière de défense et de sécurité explosent? C’est OPTIMISME. Sans pour autant afficher un le casse-tête auquel l’État nigérien se optimisme béat, les autorités nigériennes et le FMI tablent sur une croissance de trouve confronté. Et force est de constater que les résultats macroéconomiques du 5,2 % pour 2016, qui devrait se stabiliser à Niger se révèlent plutôt bons. La situa6 % en moyenne de 2017 à 2019, à condition que les grands chantiers engagés tion budgétaire s’est même améliorée en début d’année. C’est ce qui ressort dans les secteurs des transports, de l’eau et de l’énergie se poursuivent, que la des conclusions de la mission du FMI raffinerie de Zinder redresse sa producà l’issue de son séjour à Niamey, début tion et que les conditions de sécurité ne mai, et de l’adoption, le 11 juillet, de la se détériorent pas. « Les perspectives à huitièmerevueduprogrammeappuyépar la facilité élargie de crédit (FEC, principal moyen terme demeurent favorables mais outil du FMI pour apporter un soutien sont sujettes à des risques intérieurs et financier à moyen terme aux pays à faible extérieurs considérables », rappelle l’économiste sénégalais Cheikh Anta Gueye, revenu, avec un taux d’intérêt à 0 %). Elle va permettre au Niger de bénéficier d’un qui a dirigé la mission du FMI à Niamey. Toujours du côté de l’économie réelle, décaissement de 10,28 milliards de F CFA (environ 15,7 millions d’euros) pour la l’inflation, qui était de – 0,9 % en 2014, a période 2016-2019. été contenue à 1 % en 2015, donc bien en Au cours du premier quinquennat de dessous du critère de convergence de 3 % fixé par l’UEMOA, et elle restera sous la Mahamadou Issoufou, de 2011 à 2015, la barre des 2 % pour 2016. La politique en croissance moyenne du PIB s’est établie à 6 %. Après une accélération à 7 % en 2014, tirée par l’agriLe pouvoir d’achat a augmenté culture (deuxième moteur grâce à de bonnes récoltes économique du pays après les industries extractives) et et au redressement des salaires. les services, elle est redescendue à 3,5 % en 2015. Ce ralentissement faveur de l’amélioration des rendements s’explique par un repli des productions agricoles (développement de l’irrigation), agricoles, en particulier de la pêche le programme d’aide alimentaire de l’État (essentiellement due à l’insécurité dans (vente de céréales à prix modérés, distrila région du lac Tchad), et par une baisse bution gratuite de produits, etc.) et la loi de la production pétrolière et minière, relative à la protection du consommateur ont permis de freiner la hausse des prix, alors que l’exploitation de la grande mine notamment ceux des céréales. d’uranium d’Imouraren (dans le sud du Sahara) est toujours suspendue. « Cela Par ailleurs, même si le Niger, avec plus reste un espoir mais, à l’heure actuelle, de 48,9 % de ses 18,5 millions d’habiImouraren fait surtout partie des aléas tants vivant au-dessous du seuil national de pauvreté, est classé au 188e rang sur qui ont porté un coup dur à la réalisation de notre programme. Nous espérons 188 pays étudiés dans le rapport sur le développement humain publié par le que le cours de l’uranium va repartir à la N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
Pnud en 2015, le pouvoir d’achat des ménages a augmenté grâce à de bonnes récoltes et au redressement du niveau des salaires. En revanche, en matière de finances publiques, la situation est tendue. Le déficit de base s’est creusé à 7,5 % en 2015, contre un objectif de 5,5 %. Selon la primature, il devrait toutefois être ramené à 3,8 % d’ici à la fin de l’année. En dépit du renforcement des capacités des régies financières, le montant des recettes recouvrées a été en effet plus faible que prévu (principalement en raison de la perturbation des flux commerciaux avec le Nigeria), et les investissements extérieurs ont ralenti. Parallèlement, les dépenses sur fonds propres ont augmenté (notamment pour faire face aux investissements pressants dans les secteurs sociaux), de même que celles liées à l’organisation des élections : compte tenu du retard dans la mobilisation du soutien des bailleurs de fonds, le gouvernement a dû apporter une contribution de 34 milliards de F CFA, alors qu’elle était évaluée initialement à « seulement » 18 milliards. ÉQUILIBRE. Mais c’est surtout l’augmen-
tation imprévue des dépenses de sécurité et d’aide humanitaire (matériel, paiement des salaires des forces de défense et de sécurité, assistance aux populations sinistrées et aux réfugiés, principalement nigérians…) qui a bouleversé l’équilibre du budget. « Nos moyens sont modestes et personne ne nous aide. Or nous faisons un immense effort financier pour combattre Boko Haram sur nos deniers propres. Depuis cinq ans, nous avons multiplié par quinze les dépenses d’investissements en matière de défense et de sécurité », explique le ministre de la Défense, Hassoumi Massaoudou. Sur le plan extérieur, le déficit du compte courant s’est lui aussi détérioré en 2015 (à 17,5 % du PIB, contre 15,1 % en 2014) à cause de la chute des prix des matières premières, de la baisse des JEUNE AFRIQUE
Lire aussi : De l’eau dans le gaz à la Soraz ?
État de chocs
volumes exportés de produits pétroliers tenu d’une petite relance des exportations raffinés et d’uranium et, plus généralemais aussi du retard de certains projets ment, du repli des exportations vers le lourds en importations (mine d’uranium Nigeria (– 17,3 %). Parallèlement, les d’Imouraren, champ pétrolier d’Agadem, pipeline Niger-Tchad-Cameroun, ligne importations ont augmenté afin de faire face à la situation sécuritaire (équipeferroviaire Niamey-Dosso-Cotonou). En ments militaires, produits de base pour outre, la réduction de l’aide extérieure devrait être compensée par une reprise les réfugiés), mais aussi à la poursuite des projets d’infrastructures. Enfin, même si des investissements locaux et étrangers. le risque de surendettement reste modéré, le pays doit La reprise des investissements surveiller la viabilité de sa tient notamment à l’amélioration dette extérieure, qui s’est considérablement accrue du climat des affaires. depuis 2009 en raison de Une relance qui tient notamment aux la participation de l’État au financement progrès réalisés pour rendre l’environdes projets dans le secteur des ressources nement des affaires plus favorable. naturelles. Elle est passée de 27 % du PIB en 2013 à 33 % en 2015 et devrait s’établir à 35 % en 2016. Cependant, la position FORMALITÉS. Dans le classement « Doing extérieure du Niger reste confortable Business » 2016 de la Banque mondiale avec, en août, une couverture de plus (publié en décembre 2015), le Niger s’est de quatre mois d’importations. Quant en effet hissé à la 160e place sur 189 pays au déficit de la balance commerciale, il étudiés, progressant de huit places par devrait se réduire cette année, compte rapport au « Doing Business » 2015. Parmi
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les principaux points d’amélioration : un accès facilité aux prêts bancaires (grâce à la réforme des établissements de crédit et à un meilleur système d’information), ainsi que la réduction du délai maximal (cinq jours, contre quinze auparavant) et du coût (10 000 F CFA au lieu de 59 000 F CFA) pour créer une entreprise. L’allégement des formalités douanières, avec une réduction du nombre de documents requis pour les importations (qui passe de huit à quatre) et pour les exportations (de dix à six), a également permis de faciliter le commerce transfrontalier. Bien que ce dernier se soit dégradé en 2014 et en 2015 du fait du climat sécuritaire dans la partie sud du pays, où s’effectue le gros des échanges, il devrait reprendre de plus belle dès la fin de l’année, si les opérations militaires en cours dans le cadre de la Force multinationale mixte (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun) permettent de « nettoyer » la zone des attaques de Boko Haram. CÉCILE MANCIAUX
Le secteur primaire, locomotive du Niger Une croissance encore fragile (évolution du PIB, en %, à prix constants)
Des reculs compensés par la diversification (croissance des principales filières, en %) 2014 2015
Agriculture 6,9
7
5,3 2,2
Élevage Sylviculture
2017**
Activités extractives
SOURCES : MINISTÈRE DES FINANCES, FMI – JUILLET 2016 – * ESTIMATIONS ** PROJECTIONS
2012
2013
2014
2015*
Activités de fabrication
L’agriculture en tête (en % du PIB, en 2015) Autres 7,6
2016**
-6,9
Product./distrib. électricité, gaz, eau
4,2 6,9
-5,5
- 1,6
0,3
6,3
- 5,3
5,8
Construction Tertiaire
Primaire 41,3
3
Transports, logistique, entreposage Hébergement et restauration
SOURCES : MINISTÈRE DES FINANCES, INS – AVRIL 2016
4,3 3,7 3,7 4,3 4,3
Immobilier et services aux entreprises Enseignement
4,7
Santé et action sociale
5 -8
-6
-4
-2
0
2
8,6
6,2
4,5
-10
6,6
5,8
Finance et assurances
Secondaire 14,7
JEUNE AFRIQUE
3,2
-1,5 -1,6
Commerce Tertiaire 36,4
11,9
2,9 2,3
Secondaire 2011
1,2
Pêche -10
3,5
9
1,4
4
SOURCES : MINISTÈRE DES FINANCES, INS – AVRIL 2016
Primaire
11,8
8,9 7,4 9 7,4
6
8
10
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N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
Le Plus de JA Niger AGRO-INDUSTRIE
La santé, clé du succès de la STA Depuis plus de dix ans, la Société de transformation alimentaire fabrique à Niamey des produits de prévention et de traitement de la malnutrition. Et c’est une réussite.
L
’
histoire de la Société de transformation alimentaire (STA) est celle d’une réussite familiale. S’il n’a que 35 ans, son directeur général, Ismaël Barmou, a largement contribué à la montée en puissance de la petite entreprise de production de farine créée par sa mère et quelques proches en 2001. Pharmacienne de quartier appréciée pour ses bons conseils aux jeunes mamans, « Madame Cissé » – c’est ainsi qu’il l’appelle – recommandait notamment le complément nutritionnel produit localement par Caritas Niger, « alors qu’il était bien moins cher que les autres », raconte Ismaël Barmou. Mais en 2001, l’Institut royal des tropiques (KIT) des Pays-Bas, principal bailleur de fonds de l’ONG, suspend ses subventions. Pour répondre à la demande toujours plus importante des mères du quartier, Madame Cissé crée alors une unité de production de farine. « En 2003-2004, les autorités nigériennes ont dû faire face à une très grave famine
avec Nutriset, la STA développe aussi le Grandibien, un produit riche en vitamines et en composants minéraux, pour prévenir la malnutrition et contribuer à l’amélioration de l’état nutritionnel de l’enfant. Le succès est immédiat. Et Madame Cissé la pharmacienne devient industrielle à plein temps. C’est alors que son fils, Ismaël Barmou, vient la seconder. Un temps attiré par la carrière militaire, le jeune homme a passé son bac au Prytanée militaire de Saint-Louis, au Sénégal, en 1999. Il a ensuite entamé des études en marketing et commerce à l’École supérieure de gestion et de commerce international de Paris, qu’il a poursuivies à l’université du Maryland, aux États-Unis, puis à Londres, avec un master en sciences du marketing. « Comme personne ne croyait au projet de ma mère, explique-t‑il, j’ai décidé de la rejoindre pour rationaliser tout ça en apportant un peu de fraîcheur et la culture du résultat. »
et elles ont cherché une réponse rapide. C’estlàqueMadameCisséestintervenue», poursuit Ismaël Barmou. Elle se lie d’amitié avec le directeur du groupe français Nutriset, qui lui présente un complément alimentaire. « Est-ce que ça vous intéresse d’avoir le brevet? » lui demande-t‑il. Après quelques tests, Madame Cissé décide de lancer la production de farine nutritionnelle à Niamey, en s’appuyant sur les petits moulins manuels de la banlieue. VITAMINES. En 2005, la STA intègre le
réseau de partage de technologie de Nutriset, qui détient désormais un tiers du capital de la société. Grâce à l’appui du centre de services et de compétences mis en place par le groupe français, l’entreprise commence à fabriquer localement un produit de traitement et de prévention de la malnutrition sous forme de pâte : le Plumpy’Nut (« noix dodue », en anglais). Avec évidemment un impact sur les activités de la filière locale de l’arachide, principal composant du produit. En partenariat
TAGAZA DJIBO POUR JA
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En partenariat avec le groupe français Nutriset, l’entreprise produit notamment le Plumpy’Nut, une pâte à base d’arachide. N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
MIL. Grâce à un prêt bancaire, en 2006, il faitl’acquisitiondenouveauxéquipements et d’une usine dans la zone industrielle de Niamey. De quoi faire passer la production annuelle de la société de 600 à 3000 tonnes entre 2006 et 2015. « Aujourd’hui, la STA a un effectif permanent de 115 employés, auxquels s’ajoutent 200 saisonniers. Et elle travaille avec l’Unicef, le PAM [Programme alimentaire mondial de l’ONU] et MSF [Médecins sans frontières] », se réjouit Ismaël Barmou. Résultat : outre un chiffre d’affaires annuel estimé à plusieurs milliards de F CFA (le jeune patron préfère rester discret sur le sujet) pour la seule année 2015, le Plumpy’Nut a contribué à sauver au Niger plus de 270000 enfants souffrant de malnutrition sévère. L’entreprise, qui fait désormais partie intégrante de la stratégie gouvernementale des 3N (« Les Nigériens nourrissent les Nigériens ») du président Mahamadou Issoufou, étudie de nouvelles lignes de produits à base d’ingrédients locaux, notamment de mil, pour la nutrition des femmes enceintes et allaitantes. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND JEUNE AFRIQUE
Ministère de la Renaissance Culturelle
NIGER
« Renaissance Culturelle »
Ensemble, transformons le Niger ! La Renaissance Culturelle est en marche au Niger. Le ministère qui lui est dédié, ainsi qu’aux Arts et à la Modernisation Sociale, a été créé pour promouvoir l’épanouissement des individus en faisant d’eux des citoyens au service d’une société plus harmonieuse. Il met en avant un développement artistique porteur des valeurs de solidarité, de tolérance, d’ouverture et de progrès, notamment pour engager une transition démographique nécessaire. M. Assoumana Malam Issa, en charge du nouveau ministère et porte-parole du gouvernement, explique comment. • Promouvoir le patrimoine culturel et la recherche anthropologique La valeur « travail » est déterminante dans le plan d’action intérimaire 2016-2017 que nous avons élaboré.
Comment comptez- vous mettre en œuvre toutes ces actions ?
CoMMuNIqué
Comment entendez-vous mettre en œuvre la Renaissance Culturelle ? La modernisation sociale, politique et économique est au cœur du programme tracé par le président de la République, SEM Issoufou Mahamadou. Nous devons orienter nos actions de façon à faire du Niger un pays qui exploite pleinement ses potentialités naturelles et humaines. À nous de créer les conditions de la promotion d’une culture à même de véhiculer les messages de changements que porte cette vision. Nous avons pour cela dégagé nos axes d’intervention prioritaires, en associant des expertises nationales multipolaires. Il s’agit pour nous de : • Promouvoir les valeurs axées sur le progrès commun et la resopnsabilité • Contribuer à la bonne gouvernance axée sur les résultats • Participer à l’amélioration de la qualité des services publics • Promouvoir les talents de la Nation et accompagner les nouvelles générations
Pour finir sur une note d’actualité, si je vous disais… Alfaga ! Abdoul Razak Issoufou, dit Alfaga, c’est la fierté de la Nation. Le médaillé d’argent des Jeux olympiques de Rio, le second de notre histoire, est déjà une icône des valeurs qui doivent guider les citoyens, notamment la jeune génération, et il arrive à un moment où la recherche des repères constitue une préoccupation pour nous. Les plus hautes autorités viennent d’administrer la preuve qu’elles sont déterminées à accompagner chacun pour que l’heureuse expérience de cette médaille olympique se renouvelle souvent.
Nous nous attelons dans la même logique à finaliser un plan stratégique sur cinq ans et un plan de communication qui nous servirons de boussole avec des indicateurs précis et simples. Pour devenir une réalité, la Renaissance culturelle devra être partagée par les citoyens et l’ensemble de la classe politique. En vue de sa mise en œuvre et de sa pérennisation, nous avons, en même temps que les axes stratégiques, identifié quatre principaux piliers pour garantir le succès de nos actions : • La communication et la sensibilisation, pour laquelle notre collaboration avec les medias, notamment les radios communautaires, sera étroites • La bonne gouvernance, associée à des formes de leadership exemplaires, efficaces et intègres, ainsi qu’à la promotion de la qualité de service et du mérite. • La Culture, les Arts et les loisirs, comme moteur de la Renaissance culturelle. • L’éducation et la recherche, qui sont incontestablement les plus importants leviers. Nous avons en charge un ministère à vocation transversale qui va développer une synergie avec l’ensemble du gouvernement et des institutions publiques, coutumières, privées, ainsi qu’avec le monde entier, en privilégiant la coopération sud-sud. Aucun
> Le ministre pose avec Abdoul-Razak Issoufou Alfaga, médaillé olympique du Niger aux J.O. de Rio 2016.
Ministère de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale du Niger BP : 2015, Niamey, Niger Tél. : (+227) 20 72 54 39 www.gouv.ne
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
> M. Assoumana Mallam Issa, porte-parole du gouvernement et ministre de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale.
citoyen ne doit rester à l’écart de la Renaissance culturelle, car chacun d’entre eux est un acteur de changement.
NIGER
Ministère des Mines et de l’Industrie
Le Niger, un pays aux multiples ressources minières Niamey diversifie cette industrie pour en faire le moteur de sa croissance
Le sous-sol nigérien regorge de ressources minérales et variées dont les réserves sont parmi les plus importantes au monde, même si jusqu’à présent, ce sont les réserves d’uranium, d’or et de charbon qui ont eu la faveur des investisseurs.
Uranium, charbon, or : les valeurs historiques
COMMuNIqué
Le Niger est le quatrième producteur mondial d’uranium avec 4 000 tonnes par an. Les réserves actuelles de cette subsistance, exploitée depuis plus de 40 ans, sont estimées à plus de 300 000 tonnes. Au total, le Niger
a produit 226 171 de tonnes de charbon en 2015. Ce minerai est exploité par une société, la Société Nigérienne de Charbon d’Anou Araren – SONICHAR, dont la production alimente les mines d’uranium et les villes du nord du pays. Les réserves actuelles sur le gisement exploité sont de l’ordre de 20 millions de tonnes. Récemment, un important gisement, dont les réserves sont évaluées à 70 millions de tonnes, a été découvert à Salkadamna, 80 km au nord-ouest de Tahoua.
Un environnement des affaires attractif Le Niger dispose d’un cadre législatif, réglementaire, institutionnel et fiscal très compétitif à travers le code minier de 2006, en cours de relecture afin d’être encore plus amélioré, de la même façon que l’est le Code des investissements. Le gouvernement assure également avec rigueur la sécurité des zones minières.
La Société des Mines du Liptako (SML) est aussi la seule entreprise qui opère dans le secteur de l’or. Elle exploite un gisement situé à environ 150 km à l’ouest de Niamey, la capitale, avec une production annuelle de 3 tonnes. Ses réserves actuelles sont estimées à 95 tonnes sur les 5 permis de recherche qui lui ont été attribués. Des traces de ce minerai découvertes il y a deux ans dans le nord du pays ont entraîné une véritable ruée, avec plus de 300 000 personnes qui y exercent des activités d’orpaillage, avec permis de recherche et autorisations d’exploitation artisanale. À l’heure actuelle, plus d’une trentaine de permis de recherche ont été attribués à des sociétés dans la zone Nord et il reste encore des permis à attribuer aussi bien dans le nord et dans le Liptako.
De nombreux minerais d’avenir Les réserves de fer (40-45 %) sont estimées à 1,2 milliard de tonnes sur deux gisements découverts à Say et à Kollo, dans la vallée du fleuve Niger. Le Niger compte d’importantes quantités de phosphates sur deux sites, celui du parc du W, dans le Liptako (1,255 milliard de tonnes à 23 % P2O5 ), et celui de Tahoua, dans le bassin Iullemenden (7 millions de tonnes). D’importantes quantités de calcaire et de gypse existent dans l’Ader Doutchi. Les réserves exploitables de calcaire sont évaluées à 20 millions de tonnes et celles du gypse à 48 000 tonnes. Trois projets de cimenterie sont en cours de réalisations. Plus de 6 milliards de m3 de saumure à 32 g par litre ont été identifiés dans la région d’Agadez. Deux gisements de cuivre ont été découverts, celui Kourki dans le Liptako (90 000 tonnes dont 54 000 tonnes de cuivre métal) et celui d’Agadez (70 000 tonnes de cuivre métal).
Ministère des Mines et de l’Industrie du Niger BP : 11 700, Niamey, Niger Tél. : (+227) 20 73 28 99 - www.gouv.ne
DIFCOM/DF - INFOGRAPHIE : DR.
L
e gouvernement nigérien poursuit l’assainissement et la relance de son industrie minière en investissant dans la recherche, l’exploration et l’exploitation. Il diversifie sa production, ainsi que ses partenaires, pour atténuer sa dépendance à l’uranium et à l’aide au développement.
Le Plus de JA Niger
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ENTREPRENEURIAT
À votre service! Transport aérien, sécurité, médias… Trois patrons d’un secteur tertiaire en plein développement nous ouvrent les portes de leurs sociétés.
Abdoul Aziz Larabou, 48 ans, PDG de Niger Airlines
«
À
19 ans, j’étais fasciné par l’atterrissage des avions sur la piste de l’aéroport d’Agadez, situé juste derrière l’École des mines de l’Aïr [Emair], où j’étudiais l’électromécanique », se souvient Abdoul Aziz Larabou. Il était alors loin d’imaginer qu’il prendrait les commandes de la principale compagnie aérienne du pays. Après avoir complété son cursus par une formation en sciences économiques et sociales à Liège, en Belgique, ce fils de petits commerçants originaire du village de Tchaolondi, dans le Tillabéri, est revenu au pays avec la ferme intention de se rendre utile et de faire des affaires. Il travaille un temps dans une entreprise de latex spécialisée dans les matelas, puis dans l’import-export en Côte d’Ivoire, à Abidjan, jusqu’à sa nomination, en 2008, au poste de directeur général de Sahel Airlines, qu’il sauve de la banqueroute. Parallèlement, il s’engage en politique et, en 2009, est élu député du Tillabéri pour la législature, sous la bannière du Mouvement national pour la société du développement (MNSD-Nassara). démissionné de Sahel Airlines, Abdoul Aziz Larabou cofonde Niger Airlines, en août 2012. « On est allés trop vite au début mais, depuis, nous avons cessé de louer un Boeing qui ne servait à rien et avons rationalisé l’entreprise pour que nos vols domestiques ne soient plus déficitaires, explique-t‑il. Avant, les gens avaient peur de l’avion. Mais face aux longues distances par la route, aux accidents et aux attaques, ils nous rejoignent. » Résultat : la compagnie affiche un chiffre d’affaires honorable d’environ 1,5 milliard de F CFA (près de 2,3 millions d’euros). Tous les mercredis, samedis et dimanches, deux ATR 72-200 et un Fokker 50 assurent les liaisons depuis Niamey vers Agadez, Zinder et Maradi JEUNE AFRIQUE
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NOUVELLES DESTINATIONS. Après avoir
(la desserte de Diffa est suspendue en raison du contexte sécuritaire). Niger Airlines vise un développement régional. Si tout se passe bien, deux Boeing 737500 de 128 places prêtés par Tunisair devraient assurer de nouvelles destinations dès la fin de cette année.
« Nous comptons desservir Cotonou, Ouagadougou, Bamako et Dakar dès le mois de décembre si l’Agence nationale de l’aviation civile [Anac] nous accorde enfin l’autorisation », espère Abdoul Aziz Larabou. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
Le Plus de JA Niger
Yacine Hassane Diallo
45 ans, directeur général de la Société nigérienne de sécurité
S
es hommes ont sauvé des vies à Niamey et à Zinder en janvier 2015, lors des violentes manifestations contre l’hebdomadaire français Charlie Hebdo. Au quotidien, les 1500 agents de la Société nigérienne de sécurité (SNS) protègent des avionscargos à l’aéroport d’Agadez, assurent les contrôles de sécurité d’entreprises et de banques à Niamey, escortent des hommes politiques en campagne, encadrent des personnels des Nations unies à Diffa… Des services qui font du fondateur de la SNS, Yacine Hassane Diallo, le « Monsieur Sécurité privée » du Niger. La dernière fierté de ce grand gaillard de 1,85 m ? L’application « bouton panic mobile » proposée par Tout pour la sécurité (TPS), sa filiale spécialisée dans la location de véhicules sécurisés. En cas d’incendie, d’accident ou d’attaque, elle permet au client de déclencher sur son téléphone portable une alerte géolocalisée directement reliée aux
agents du centre de contrôle de la société. Créé en 2008 à Niamey, son groupecompte2000employés, travaille dans tout le pays et réalise un chiffre d’affaires annuel de près de 1,5 milliard de F CFA (près de 2,3 millions d’euros). La limousine Lincoln de 10 m de long qui stationne dans la cour témoigne de la réussite de la société. « C’est la seule du pays », précise Yacine Diallo. Avec son costume bleu électrique et ses chaussures vernies, le quadra n’a aucun complexe à afficher le style bling-bling de ceux qui ont réussi à la force du poignet. C’est à Lyon, en France, alors qu’il préparait une maîtrise en sciences politiques à l’université Jean-Moulin, que ce fils d’un proche de l’ex-président Mamadou Tandja a suivi plusieurs formations en sécurité. D’abord par hasard, pour en faire une activité d’appoint, puis par passion. Il a ainsi suivi un cursus sur les risques terroristes dispensé par l’École nationale supérieure de la
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police. « Ensuite, en 2006, je me suisoccupédelaformationdes policiers municipaux en gestes et techniques professionnels d’intervention et j’ai créé un certificat de qualification professionnelle en sécurité. Mais le ministère de l’Intérieur a voulu reprendre cette activité à son compte, alors j’ai préféré rentrer au Niger », explique Yacine Diallo. Avec encore un peu d’amertume envers « cette
France ingrate », il a donné à l’École de formation professionnelle privée aux métiers de la sécurité (Efopprimes), qu’il a ouverte en 2013 à Niamey, le nom de « Campus Capitaine Amadou-Hassane-Diallo », en hommage à son oncle tirailleur qui, le 14 juillet 1959, reçut des mains du général de Gaulle le drapeau de la Communauté franco-africaine, symbole de F.-X.F. l’indépendance.
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Ali Idrissa, 45 ans, directeur général du groupe Radio et Télévision Labari
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li Idrissa sait qu’il a contribué au changement du Niger en donnant la parole à tout le monde, y compris aux opposants. Même si certains d’entre eux, passés dans la majorité, ne le lui rendent « pas forcément aujourd’hui », relève-t‑il. Et d’ajouter : « Je suis quelqu’un qui accompagne. Je ne prends pas le pouvoir, je tends mon micro. » Cofondateur (en 1999) de Croisade Niger, l’une des plus importantes organisations de défense des droits de l’homme du pays, et coordinateur national du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (Rotab), Ali Idrissa est connu pour être un représentant de la société civile très actif, en particulier dans la lutte contre la corruption et pour une meilleure répartition des revenus issus des industries extractives. En février 2010, après le coup d’État qui renversa le président Tandja, il participe au Parlement de transition en tant que représentant de la société civile. « On a tous soutenu Mahamadou Issoufou, qui promettait le changement », se souvient-il. À l’époque, il est directeur général adjoint de la chaîne indépendante Radio et Télévision Dounia. En 2012, à la création du groupe Labari, Ali Idrissa décide de rejoindre le groupe Radio et Télévision Labari (RTL Niger), « plus proche des gens »,
dit-il. Aujourd’hui, avec une chaîne de télévision, une radio et 60 employés, RTL Niger affiche une assez bonne santé et un chiffre d’affaires d’environ 115 millions de F CFA (175000 euros) pour 2015. Très populaires, ses programmes ne sont diffusés qu’à Niamey et dans sa périphérie. Ali Idrissa espère émettre un jour sur tout le territoire et même créer au Niger une chaîne internationale « comme Africa 24 ». « À l’étranger, on confond encore le Nigeria et le Niger, ajoute-t‑il. Un jour, j’ai été arrêté à l’aéroport d’Amsterdam car les policiers pensaient que j’étais un Nigérian, c’est‑à-dire, pour eux, un terroriste. Alors je me suis dit qu’il fallait vraiment faire connaître mon pays. » F.-X.F.
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CARNET DE ROUTE
Zinder l’éternelle
FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA
Un an et demi après les violentes manifestations contre le journal français Charlie Hebdo, la population de la deuxième ville du pays s’attache à retisser les liens entre chrétiens et musulmans.
L’église provisoire de la mission catholique.
À
la saison des pluies, le ciel prend des reflets mauves. L’ambiance est parfois irréelle lorsque les gros nuages plongent l’ancienne capitale du pays dans une semi-obscurité. Avec ses vieux bâtiments ocre de style mauresque, Zinder a des allures de carte postale… d’époque. Sur le bord de la chaussée, marchands d’artisanat et vendeurs de cartes téléphoniques s’époumonent, tandis que les petits gardiens de moutons tapent du bâton pour faire avancer leur troupeau. Deux ième ville du pays avec 320 000 habitants, Zinder a été fondée en 1812 sur la route commerciale des
caravanes transsahariennes qui, dès le XIe siècle, reliait le Maghreb à l’Afrique subsaharienne. La grande rivale de Niamey n’a rien perdu de son charme. Et l’atmosphère y est paisible. Un détail cependant : les ruelles du centre-ville, autrefois touristiques, sont désormais désertées par les étrangers. Quant au personnel des ONG, il s’est barricadé derrière d’immenses murs rehaussés de barbelés. « Les événements de janvier 2015 [des exactions commises lors de manifestations violentes contre l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo] nous ont fait une mauvaise publicité », constate
Issa Moussa, le nouveau gouverneur. Il vient de prendre ses fonctions avec la mission de relancer économiquement la région, affectée par la crise sécuritaire. Le vendredi 16 janvier 2015, une des manifestations contre le journal avait dégénéré. Plusieurs bâtiments de la ville, symboles de la France ou du christianisme, avaient été sauvagement attaqués à coups de cocktails Molotov et de pneus brûlés. VENDREDI NOIR. Dans la cour du Centre
culturel franco-nigérien (CCFN), le regard dissimulé derrière de grosses lunettes noires, Bawa Souley Kaoumi, le directeur, fait les cent pas. Devant lui, la grande
IL ÉTAIT UNE FOIS DAMAGARAM…
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ans leur uniforme rouge et vert, les gardes ont fière allure devant la porte principale du palais. C’est dans le quartier de Birni, ancienne cité fortifiée de Zinder, que réside le sultan de Damagaram. Sur son trône, sceptre d’argent à la main, entouré de sages, Aboubacar Sanda reçoit ses hôtes dans une immense pièce flanquée N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
de quelques portraits d’ancêtres et d’un majestueux chandelier. Fondé en 1736 par le marabout MalamYounous dan Ibram, le petit sultanat fut longtemps un État à part qui, au XIXe siècle, domina l’est de l’actuel Niger. « Au début de la colonisation, un capitaine français avait voulu entrer dans le palais sans
enlever ses bottes. Mon aïeul Amadou Kouran Daga refusa. Le capitaine fut assassiné quelques jours plus tard, et les Français partirent en courant », raconte, amusé, Aboubacar Sanda. Les soldats de la coloniale reprendront la ville en 1899, assassinant à leur tour le sultan, pourtant apprécié par son peuple pour son sens de l’équité.
Humaniste cultivé et francophile, à 65 ans, Aboubacar Sanda est lui aussi très apprécié et respecté par la population de sa région. Accusé à tort de complot contre l’autorité de l’État et de faits de corruption, dont il sera totalement blanchi, le sultan de Damagaram a été déchu de son trône et de ses JEUNE AFRIQUE
médiathèque entièrement calcinée, stigmate de ce vendredi noir. Ce jour-là, le directeur n’a pas hésité à se mettre en travers du chemin d’une centaine de manifestants qui avaient forcé le portail d’entrée. La plupart des casseurs étaient des jeunes sans emploi, issus des quartiers populaires de Zinder. « Comme il y avait un meneur, je lui ai demandé d’épargner les habitations où s’étaient réfugiées des familles », se souvient-il. Les bureaux ont eux aussi été finalement épargnés. Les violences se sont concentrées sur la médiathèque. Les pompiers n’interviendront que cinq heures après le début de l’incendie. Des milliers de
attributions pendant près de dix ans sous le régime de MamadouTandja puis réhabilité en 2011 par le président Mahamadou Issoufou. Depuis son retour aux affaires, le représentant du pouvoir coutumier et commandeur des croyants œuvre a faire revivre l’esprit de tolérance des fondateurs du sultanat. « Nous essayons JEUNE AFRIQUE
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livres, le matériel scolaire et le mobilier un hôtel. Il a tout perdu lors de ce jour de sont partis en fumée. colère. « Les choses vont mieux, je vais « Ce n’est pas un centre français mais bientôt rouvrir, annonce-t‑il. Et nous franco-nigérien, c’est‑à-dire financé aussi avons créé un comité entre musulmans et par le Niger, répète Bawa Souley Kaoumi. chrétiens pour échanger afin de résoudre Pourquoi s’en sont-ils pris à leur propre les problèmes. » pays ? Dans l’ancienne bibliothèque, il y FESTIVAL. Le père Ghislain, vicaire de avait aussi des livres de théologie, dont très la paroisse de Zinder, a échappé de juscertainement le Coran. C’est absurde. » tesse au lynchage. Désormais, depuis Les travaux de rénovation devraient comle départ du curé, chaque dimanche, mencer fin septembre. En attendant, une il célèbre la messe. Une foule s’entasse nouvelle bibliothèque, plus petite, a vu dans le petit bâtiment construit sur les le jour. « Des valises de livres nous sont envoyées de l’étranger, en signe de solidacendres de l’incendie qui a ravagé l’église, le presbytère et la mission. Sur une panrité », ajoute le vaillant directeur, comme rasséréné. carte sauvée des flammes et posée sur Dans son palais, Aboubacar Sanda, le le sol, il est écrit « 70 ans », l’âge de la sultan de Damagaram – village originel paroisse en janvier 2015. « Nous n’avions (lire encadré ci-dessous), dont le nom même plus de toit pour dormir, mais est couramment utilisé pour dès le lendemain de l’incenLes ruelles du die nous sommes revenus désigner Zinder –, déplore ces exactions. Apprécié et pour montrer que l’église centre-ville, respecté par la population était toujours là, raconte le autrefois pour sa simplicité et son père Ghislain. Beaucoup de touristiques, ouverture d’esprit, le comcroyants, la plupart togolais sont mandeur des musulmans de et béninois, avaient quitté le Zinder est aujourd’hui l’un pays, mais petit à petit on les désertées des plus actifs pour retisser a vus revenir. » par les Certaines familles de les liens entre communautés. étrangers. musulmans ont aussi « Notre cité abrite des chrétiens depuis le XIXe siècle, apporté leur soutien. Élégant dans son qamis blanc, Nasser fait partie rappelle le sultan. Des gens ont profité de de ceux-là. Il ne comprend toujours pas petites incompréhensions pour faire du comment les choses en sont arrivées sabotage. » Si la plupart des fauteurs de là : « On a tous des amis chrétiens ici. troubles ont été arrêtés, beaucoup ont été Les casseurs déshonorent ma religion », relâchés parmanquedepreuves. «Avecles chefs de quartier, nous avons sensibilisé peste-t-il. Signes que Zinder renaît de les populations pour suivre à la trace les ses cendres, deux grands restaurants étrangers et les protéger. Nous avons aussi ont rouvert dans le centre-ville et les 4×4 s’agglutinent de nouveau devant l’hôtel des réunions périodiques avec les imams pour éviter les mauvaises interprétations Gamzaki. La ville s’apprête même à orgadu Coran », explique Aboubacar Sanda. niser un festival de danse contemporaine Aymé Kemeka Goldwin, commerçant l’an prochain. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND nigérian, venait d’ouvrir un restaurant et
de réconcilier les gens. Nous sommes entre l’Administration et la population, donc le message passe mieux », explique le sultan, dont le rôle est de resserrer les liens entre les communautés haoussa, kanurie, arabe et touarègue, mais aussi de lutter contre le grand banditisme qui sévit F.-X.F. dans la région.
Le sultan Aboubacar Sanda.
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Dans la cour intérieure du palais du sultan.
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État de chocs
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Ministère de la Défense du Niger
> Défilé militaire lors de la Fête de l’Indépendance le 18 décembre 2015.
Forces de déFense et de sécurité du niger
Malgré les menaces régionales, le pays fait face
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epuis une demi-douzaine d’années, les forces de sécurité nigériennes sont en alerte pour rétablir et maintenir la paix dans le Sahel, mais aussi ailleurs en Afrique, en collaboration avec les forces armées voisines ainsi qu’avec l’Union africaine et les Nations Unies. Boko Haram au nord du nigeria, l’état islamique, Al Qaida au Maghreb islamique, Al Qaida en Libye, Al Mourabitoune au nord du Mali… La profusion de groupes terroristes dans l’espace sahélo-saharien, et particulièrement dans le Bassin du Lac tchad, constitue un risque pour la paix et la stabilité du niger et de la sous région.
si le pays parvient à faire face à cette situation, c’est d’abord grâce à la volonté politique de ses gouvernants, à la détermination de ses Forces de défense et de sécurité et à la bonne collaboration de niamey avec les pays amis. cette conjonction de volontés permet au niger, au prix de nombreux efforts, de préserver l’intégrité de son territoire.
La sécurité intérieure sous contrôle • Un déploiement aux quatre coins du Niger La formation du personnel a été une priorité du commandement de l’armée, notamment dans le domaine du droit international Humanitaire (diH) et de
la lutte anti-terroriste, avec l’appui des partenaires stratégiques du niger. Aujourd’hui, les Forces armées sont engagées dans plusieurs opérations de sécurisation intérieure conduites contre le terrorisme, le trafic de drogue, le trafic d’armes et le trafic de personnes. c’est le cas dans le cadre de : - l’opération N’Gaa (« bouclier »), dans la région de diffa, la plus grande jamais montée au niger ; - l’opération Djado, dans le nord de la région d’Agadez, du nom du Plateau situé dans le massif de l’Aïr ; - l’opération Zarmaganda, au nord de la région de tillabéri, à la frontière avec le Mali ; - l’opération Saki, à l’ouest du pays, le long de la frontière avec le Burkina Faso.
NIGER
• Une armée au service des citoyens en marge de ces opérations, les Forces de défense et de sécurité nigériennes (Fds) effectuent des Activités civilo-Militaires (AcM) périodiques pour renforcer le climat de confiance avec les populations. ces actions non stric-
tement militaires réalisées au profit de l’environnement civil contribuent à reconstruire le pays pour rétablir et maintenir la paix. Parmi ces activités, on peut citer les soins de santé, le ravitaillement en eau potable ou encore la distribution de vivres aux différents groupes de réfugiés et déplacés.
Le bassin du lac Tchad particulièrement touché La dégradation de la situation sécuritaire dans le Bassin du Lac tchad, ces deux dernières années, a entraîné un afflux important de réfugiés au niger, particulièrement dans la région de diffa, fragilisant davantage la sécurité dans cette partie de notre pays.
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Partout, la détermination du niger à lutter contre le terrorisme est inébranlable et elle se traduit par l’engagement sans faille de ses Forces de défense aux côtés des armées des pays amis, telles que celle du tchad autour du Lac éponyme. La menace terroriste étant asymétrique et transfrontalière, seule la coordination des efforts de nos pays permettra d’en venir à bout et de renouer avec la paix et la stabilité auxquelles nos populations aspirent.
Les Forces armées nigériennes sur le reste du continent Actuellement, trois contingents nigériens sont déployés respectivement en République de Côte d’Ivoire, au Mali et en République de Centrafrique pour le retour de la paix dans ces pays. À cela, il faut ajouter plusieurs dizaines d’observateurs et d’instructeurs militaires nigériens qui continuent à servir dans le cadre des opérations extérieures, notamment en République démocratique du Congo, au Burundi, en République de Côte d’Ivoire, au Mali, au Sud Soudan, en Somalie, en Haïti, au Liberia et en République de Centrafrique.
Ministère de la Défense du Niger BP : 625, Niamey, Niger Tél. : (+227) 20 72 20 73 www.defense.gouv.ne
DIFCOM/DF - PHOTOS : © VINCENT FOuRNIER / JA SAuF MENTIONS.
cela a poussé les autorités civiles à prendre des décisions temporaires drastiques, comme l’évacuation des populations des îles du lac tchad, qui représentent environ 25 000 personnes, ou la suspension du commerce de certains produits agricoles, en raison des risques que celui-ci représentait en termes de déplacements.
Le Plus de JA Niger
Long de 11 m, ce squelette d’un ancêtre du crocodile trône au milieu du parc. PATRIMOINE
Toute une histoire Sept pavillons, de l’ère des dinosaures à l’âge du nucléaire, un zoo et même un centre de formation : le Musée national Boubou-Hama est à la hauteur des ambitions qui entourèrent sa naissance, en 1959.
«
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’établissement est aussi ancien que le Niger indépendant », annonce fièrement Moussa, 36 ans, guide au Musée national Boubou-Hama (MNBH), à Niamey. Depuis douze ans, il arpente les pavillons de ce lieu riche en histoire(s), créé en 1959, ainsi que les allées du parc zoologique, où sont hébergées une cinquantaine d’espèces. Également artisan, spécialiste des peintures sur tissu à la cire, Moussa fait partie delacentainedepersonnesquidépendent de l’activité touristique du musée. En ce vendredi après-midi d’août, les visiteurs sont peu nombreux. Loin de l’affluence des week-ends et des jours de fête, comme la Tabaski, durant lesquels on peut à peine circuler. Ce jour-là, seuls quelques enfants déambulent sous le regard attentif de leurs parents. Pour eux, les animaux restent les vedettes incontestées de la sortie. Lions du Niger, hyènes tachetées ou rayées, babouins, chimpanzés d’Afrique centrale, aigles royaux, vautours, crocodiles… Dans leurs cages exiguës, les quelque deux cents pensionnaires du zoo ont tous les faveurs du public. Eux aussi semblent souffrir de la chaleur du jour N O 2905 • DU 11 AU 17 SEPTEMBRE 2016
– bien au-dessus des 40 °C. Depuis leur enclos, immergés jusqu’aux oreilles, les hippopotames semblent narguer les visiteurs. Peut-être sont-ils nostalgiques de leur Niger natal, tout proche. Le musée et son jardin s’étendent en effet sur un terrain de 24 ha jouxtant le fleuve, là où furent construites les premières habitations de la cité historique de Niamey. Aujourd’hui, l’une des entrées du MNBH donne sur une route goudronnée toute neuve et, de l’autre côté de la chaussée, sur l’hôtel Gaweye, construit sur la rive du Niger en 1980. L’entrée principale se situe quant à elle en face du Centre culturel franco-nigérien. TRADITION. Silemuséeabienétéinauguré
par le premier président du Niger indépendant, Hamani Diori, en 1959, il a été créé à l’initiative de Boubou Hama, alors directeur de l’Institut français d’Afrique noire (Ifan), soutenu par l’archéologue français Pablo Toucet (qui travaillait aussi au Musée du Bardo, à Tunis). Homme de sciences et de culture, linguiste et président de l’Assemblée nationale entre 1958 et 1974, Boubou Hama donna son nom au premier pavillon, ouvert en 1958, qui abrite les collections ethnographiques.
Inauguré quatre années plus tard, le pavillon Pablo-Toucet présente une architecture traditionnelle typique; y sont exposéslescostumesdedifférentsgroupes ethniques, dont un tissu brodé datant du VIIIe siècle. Viennent ensuite les pavillons des instruments de musique (1969), de l’art rupestre (1969), de la paléontologie et de la préhistoire (1973), et de l’archéologie (1980), lequel donne à voir les résultats des fouilles réalisées dans les régions du Dallol, du Liptako, de l’Aïr et du Ténéré (outils et statuaire funéraire). Avant d’atteindre le pavillon suivant, au cœur du parc, l’exposition des dinosaures ne manque pas de passionner les plus jeunes. Star de la collection, un squelette de tyrannosaure découvert dans la région d’Agadez par le paléontologue français Philippe Taquet et rapatrié depuis le nord du pays à l’occasion des Jeux de la Francophonie de 2005 (année où fut installée l’exposition). Il côtoie un congénère plus massif mais plus pacifique (un herbivore), originaire de la même région, ainsi qu’un crocodile long de 11 m. Quelques pas de plus et c’est le retour à l’époque moderne avec le pavillon de l’uranium. Construit en 1985 grâce au soutien de la Société nationale des transports nigériens et de la Cogema (devenue Areva NC Niger en 2006), il présente les activités de recherche et d’exploitation du minerai, ainsi que la vie dans les cités minières d’Arlit et d’Akouta. Enfin, outre les pavillons et les expositions en plein air, l’un des incontournables du musée est le mausolée de JEUNE AFRIQUE
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Lire aussi : « Rendez-vous au QG »
l’arbre du Ténéré : il abrite un ensemble d’habitations traditionnelles du pays et, surtout, les vestiges du vénérable végétal qui constitua pendant longtemps l’unique repère cartographié dans le désert du Ténéré… jusqu’à ce qu’il soit terrassé par un camionneur indélicat et que ses restes soient transportés au musée par les forces armées nationales, en 1974. CM2. Héritier de l’Ifan et anciennement
Musée national du Niger, l’établissement public d’administration prend le nom de Musée national Boubou-Hama du Niger en 2008. Trois ans plus tard, une loi lui confère le statut d’établissement public à caractère scientifique, culturel et technique, avec à la clé une augmentation de son budget et des objectifs plus ambitieux : contribuer à la collecte d’objets muséologiques ainsi qu’à la promotion et à la mise en valeur du patrimoine, et assurer la formation de jeunes grâce à un centre éducatif et artisanal. Désormais, le MNBH accueille un grand centre d’artisanat où travaillent
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une centaine de sculpteurs, tailleurs, davantage », déclarait en mai Assoumana couturiers et maroquiniers qui perpétuent Mallam Issa, le ministre de la Renaissance les traditions artistiques et techniques culturelle, en recevant des mains du styliste nigérien Alphadi le prix de préserdu Sahel et proposent leurs produits aux visiteurs. Tissus cousus main, sculptures vation du patrimoine décerné au MNBH réalisées sur commande, par le Musée d’art africain du bijoux… C’est un véritable Maryland, aux États-Unis. Des tarifs marché couvert. Les installations des pavilsur mesure Le musée abrite égalelons, dont beaucoup sont Les prix d’entrée vont ment un établissement scodéfraîchies, et celles du parc de 50 F CFA (moins de zoologique, qui accordent laire, qui accueille des jeunes 8 centimes d’euro) pour peu de confort à ses penâgés de 12 à 16 ans exclus les enfants et les publics du système traditionnel. Il sionnaires, méritent d’autant dispense un cursus d’ensei- scolaires à 200 F CFA pour plus d’être modernisées que les Nigériens adultes, gnement général de niveau l’établissement ne manque et jusqu’à 1 500 F CFA cours moyen (CM2) pour ni d’attraits ni de fréquenpour les étrangers (hors mettre les élèves au niveau tation. Le Musée national Afrique de l’Ouest). du certificat de fin d’études Boubou-Hama fait pleinedu premier degré, ainsi ment partie de la vie des qu’un cursus d’enseignement profeshabitants de Niamey : 100 à 200 visiteurs locaux, enfants et adultes, franchissent sionnel (du CM2 à la 3e). Au programme ses portes chaque jour, pour un nombre des spécialités: l’informatique, la couture, d’entrées oscillant entre 8 000 et 15 000 l’électricité, la plomberie, la mécanique, la soudure ou encore la menuiserie. par mois (selon les périodes de vacances), « Le musée national Boubou-Hama dont une centaine d’étrangers. MATHIEU OLIVIER est un joyau que nous devons entretenir
C Mine de Charbon
Communiqué
Centrale Thermique
réée le 28 avril 1975, la Société nigérienne du charbon, la Sonichar est une société anonyme (SA) ayant l’Etat du Niger comme actionnaire majoritaire. Elle a pour mission la production d’énergie électrique, issue du charbon minéral extrait de son site de Tchirozérine. Cette énergie est destinée à l’alimentation des deux sociétés minières SOMÏR et COMINAK (filières du groupe AREVA), et la NIGELEC (Agadez, Arlit, Akokan et Tchirozérine). En 1981, la centrale thermique qui comprend 2 tranches de 18,8MW, soit un total de 37,6 MW, couvrait largement les besoins des différents clients. 35 ans plus tard, la demande actuelle a atteint 45 MW pour une puissance nominale disponible de 32 MW maximum. Ce déficit a conduit la SONICAHR à initier un Projjet d’augmentation des capacités de production, avec la construction d’une nouvelle centrale de deux tranches thermiques de 25 MW chacune. Celles-ci couvriront, aussi bien les demandes actuelles que celles à venir, avec des clients comme IMMOURAREN (AREVA), GOVIEX (Canada), SOMINA (Chinois), ...
Sur le plan environnemental et social la SONICHAR Mr ALKABOUSS s’attelle à s’acquitter de ses Moussana responsabilités à travers, Directeur Général entre autres : L’autoremblayage de la mine où le charbon est extrait La mise en place d’une politique environnementale suivant les exigences de la Norme ISO 14001 La fourniture de l’eau pour la consommation humaine, l’abreuvage des animaux et le maraîchage La couverture sanitaire assurée à toute la population locale. En résumé, la SONICHAR est une entreprise qui assure convenablement sa responsabilité sociétale. website : www.sonichar.com E-mail : courrier@sonichar.ne Tél standard : (227) 20 44 03 42 / 20 44 04 45 Adresse postale : BP 78 TCHIROZERINE (NIGER)
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NNE LA SONICHAR UNE SOCIÉTÉ CITOYE
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