RD Congo Qui soutient encore Kabila ?
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 56e année • no 2907 • du 25 septembre au 1er octobre 2016
CONGO
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Économie SOS Gécamines
Moins de pétrole, plus d’idées ? Spécial 16 pages
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ORGANISATEURS
SOMMET SUR LA SÉCURITÉ ET LA SURETÉ MARITIMES ET LE DÉVELOPPEMENT EN AFRIQUE - LOMÉ, 15 OCTOBRE 2016
Un sommet sur la sécurité maritime et le développement
METTRE UN TERME AUX ACTES DE PIRATERIE La piraterie s’est accrue depuis une décennie au large des côtes africaines,
LA PÊCHE ILLICITE SIPHONNE L’ÉCONOMIE AFRICAINE La pêche illégale, non déclarée et non réglementée, appauvrit les stocks de poissons, détruit les habitats marins, engendre une distorsion de concurrence pour les pêcheurs formels et affaiblit les communautés côtières. Elle ferait perdre chaque année 170 milliards de FCFA de revenus rien qu’en Afrique de l’Ouest. Les trafiquants disposent d’importants moyens pour échapper aux services chargés de l’application de la loi.
d’abord celles de la Corne de l’Afrique, aujourd’hui dans le Golfe de Guinée, où 10 attaques et 44 prises d’otages ont été enregistrées rien qu’entre janvier et mars dernier. À ce phénomène s’ajoutent le trafic de drogue en direction de l’Europe, qui fait de l’Afrique de l’Ouest un lieu de transit, mais aussi toutes autres sortes de trafics illicites, dont le sommet de Lomé fait un enjeu primordial. Ces phénomènes requièrent des réponses globales comprenant un cadre juridique et des moyens de surveillance et d’intervention. Si un centre de coordination interrégional contre la piraterie et des centres régionaux ont été créés en 2013, leurs actions restent limitées, faute de moyens et de volonté politique.
Entièrement rénové, l’emblématique Radisson Blu Hotel 2 Février accueille le Sommet de Lomé.
DR
Piraterie, trafics en tous genres (drogue, armes…), pêche illégale, pollution et migrations… Autant de menaces qui pèsent sur le développement harmonieux des ports africains et, par contrecoup, sur celui des économies d’Afrique, puisque 90 % des importations et exportations africaines s’effectuent par voie maritime. Ce sont autant de thèmes livrés à la réflexion des 4 000 participants attendus à Lomé du 10 au 15 octobre 2016 à l’occasion du premier Sommet extraordinaire sur la sécurité maritime et le développement en Afrique, organisé à l’initiative du Président togolais Faure Gnassingbé.
© CLEMENT-TARDIF
PUBLI-INFORMATION
Lomé organise du 10 au 15 octobre un Sommet extraordinaire des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine sur la sécurité maritime. Son but : faire de la mer, affectée par la piraterie, les trafics et les risques environnementaux, un des leviers du développement économique du continent.
Une initiative portée par le Président du Togo « En matière de développement, la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 (Stratégie AIM 2050) sera au cœur des travaux de Lomé », explique le Président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé. Mise en œuvre dans le cadre de la Commission de l’Union africaine, la stratégie AIM 2050 vise à « créer une plus grande richesse issue des océans et des mers d’Afrique en développant une économie bleue, florissante, durable, sécurisée et respectueuse de l’environnement. Sous son impulsion, le Sommet de Lomé devrait déboucher sur une large et rapide ratification de la Charte de Lomé devant traduire dans la pratique la stratégie AIM 2050. » LE PRÉSIDENT TOGOLAIS FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ
MG
FAT
© J. TORREGANO
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C’est pourquoi les pays africains doivent investir pour acquérir du matériel de surveillance performant. Le Togo a déjà suspendu l’immatriculation de dizaines de navires de pêche et la délivrance de licences aux navires étrangers suspectés de trafic, de même qu’il travaille à l’élaboration d’un nouveau code de la pêche.
LA MER, UN LEVIER DE DÉVELOPPEMENT POUR L’AFRIQUE L’Afrique doit se préparer à une hausse sans égale de son commerce extérieur, notamment avec l’accueil de porteconteneurs de plus en plus nombreux et plus grands. Cela exige la construction de ports modernes, en mesure d’assurer une gestion efficace du trafic. Mais cette croissance attendue exige aussi des pays côtiers qu’ils anticipent et limitent l’impact environnemental de leurs ports et veillent à protéger la biodiversité des littoraux. La pollution menace la sécurité alimentaire de plus de 200 millions d’Africains et les sources de revenus de plus de dix millions d’entre eux.
LE PORT DE LOMÉ MONTRE L’EXEMPLE Plateformes incontournables du commerce extérieur, les ports africains sont des relais indispensables de la croissance économique du continent. Ils sont nombreux à bénéficier d’importants investissements, à l’image du Port autonome de Lomé. Préserver leur modernisation et leur dynamisme est l’un des objectifs de la conférence du 15 octobre. Poumon économique du Togo, le Port autonome de Lomé (PAL) est devenu une plateforme régionale au service des échanges maritimes
des pays voisins. Depuis 2011, des centaines de millions d’euros ont été investis dans la modernisation de ses infrastructures et de sa gestion. Résultat : son trafic global a doublé, passant de 8 millions de tonnes en 2010 à 15,4 millions en 2015. Son trafic conteneur a quant à lui été multiplié par trois, passant de 340 000 à 906 000 EVP (équivalents vingt pieds) sur la même période.
LES PLUS GRANDS PORTE-CONTENEURS Ces investissements se sont notamment traduits par l’inauguration en octobre 2014 du troisième quai du PAL pour un montant de 300 milliards de F CFA (457 millions d’euros). Son bassin atteint quinze mètres de profondeur et 450 mètres de longueur, ce qui lui permet d’accueillir des bâtiments de grande capacité. Le nouveau terminal de transbordement, entré en activité en octobre 2015, fait quant à lui déjà baisser les frais de transport régionaux. Avec son quai de 1 050 mètres et son tirant d’eau de 16,6 mètres, il accueille les plus grands porteconteneurs de la planète et génère d’importantes économies d’échelles.
MEILLEURE PRODUCTIVITÉ
La marine togolaise en patrouille au large de Lomé.
Chiffres clés
1/5
un acte de piraterie sur cinq dans le monde a lieu dans le Golfe de Guinée
90 %
des importations/exportations en Afrique sont effectuées par la mer
- 4,1 % par an
baisse des expéditions de marchandises en vrac à cause de l’insécurité maritime
en fonctionnement depuis 2014. Il offre un accès à une plateforme accessible 24h/24 par internet et réduit les coûts et délais des opérations commerciales et logistiques. Il simplifie les procédures à l’import, à l’export et en transit, tout autant qu’il améliore la gouvernance du PAL. Préserver sur le long terme ce développement, que l’on observe également dans d’autres ports africains, fait partie des objectifs fixés au Sommet extraordinaire sur la sécurité maritime et le développement en Afrique, qui se tient à Lomé le 15 octobre 2016.
Cette modernisation s’est accompagnée par l’équipement de portiques de dernière génération et de grues mobiles qui rendent possible d’opérer simultanément plusieurs navires. Quant à l’équipement du personnel par des terminaux informatiques, ils permettent aux clients de suivre la gestion en temps réel de leurs opérations. Le Guichet unique du commerce extérieur de Lomé est de son côté opérationnel depuis décembre 2015, alors qu’il était progressivement entré
Consulter le site du Sommet de Lomé : http://www.sommetdelome.org Port Autonome de Lomé Zone portuaire, Lomé, 1225 Tél. : (+228) 22 27 47 42 www.african-union-togo2015.com/fr/accueil togoport@togoport.tg
DIFCOM/DF - PHOTOS : SUIVANT MENTION.
Le port en eau profonde de Lomé, plateforme régionale en fort développement.
LE PLUS
de Jeune Afrique
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PANORAMA Comment sortir d’un monde de brut DÉVELOPPEMENT La Bouenza, laboratoire grandeur nature TECHNOLOGIES Yekolab parle Java et lingala AMÉNAGEMENT Promenade à l’anglaise sur la corniche
Moins de pétrole, plus d’idées?
JEUNE AFRIQUE
N O 2907 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2016
BAUDOUIN MOUANDA POUR JA
CONGO
Le Plus de Jeune Afrique
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LE PLUS
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de Jeune Afrique
Prélude Trésor Kibangula
Moins de pétrole, plus d’idées?
Nouveau Congo, vieux démons
JEUNE AFRIQUE
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JEUNE AFRIQUE
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PANORAMA Comment sortir d’un monde de brut
e 10 août, le Premier ministre à la terre. L’agriculture est de nouveau Clément Mouamba a convié la inscrite parmi les priorités nationales. classe politique congolaise à un Mais certains Congolais restent « cocktail du vivre-ensemble » sceptiques. Dans un passé récent, pluà Brazzaville. Quelques opposants ont répondu présent, mais beaucoup sieurs initiatives engagées dans le secteur ont boudé ce rendez-vous. Depuis la agricole sont restées à l’état de bonnes réélection controversée du président intentions, à l’instar du « programme Denis Sassou Nguesso, fin mars, le clid’autosuffisance alimentaire d’ici à l’an mat politique est de nouveau crispé 2000 » concocté à la fin des années 1990 dans le pays. Le processus de dialogue par le ministère du Développement piétine, alors que des bruits de bottes et quelques créPour relever ses défis, le pays pitements d’armes lourdes aura besoin de la paix et de la ont troublé ces derniers mois décrispation du climat politique. la tranquillité des habitants du Pool. Difficile entrée en matière pour la nouvelle République rural. Les périodes d’instabilité ont certes du Congo née de la promulgation, en perturbé sa mise en œuvre, mais l’abnovembre 2015, de la Constitution adopsence de politiques publiques claires en la matière a cultivé l’immobilisme. Une tée par référendum un mois plus tôt. décennie et zéro subvention plus tard, les petits paysans ne s’adonnent encore Le pays se trouve confronté à plusieurs autres défis, au premier rang desqu’à une agriculture vivrière incapable de répondre aux besoins alimentaires quels la dégringolade des prix du pétrole. du pays, en constante augmentation. Un coup dur pour ce petit État de 4,5 millions d’âmes qui tire l’essentiel de son L’État semble aujourd’hui décidé PIB des hydrocarbures. Conséquence : à donner les moyens à son agriculture en 2015, la croissance est restée positive de progresser. De même, il veut miser mais s’est contractée à 2,5 %, selon le FMI, alors qu’elle était estimée initiasur le développement des industries du lement à 6,2 %. Faut-il attendre les bras bois, des mines, des infrastructures, des croisés une probable amélioration de la services financiers et du tourisme. Mais situation d’ici à 2018, avec l’entrée en pour parvenir à relever ces énormes exploitation d’un nouveau gisement d’or défis, le Congo aura besoin de la paix et noir? Aujourd’hui plus qu’hier, sortir du de la décrispation du climat politique. Autrement dit, du retour du « vivretout-pétrole et se diversifier devient une ensemble » entre les filles et les fils du nécessité pour la survie de l’économie congolaise. Le gouvernement dit de pays. C’est la seule façon de ne pas res« rupture » l’a compris et prône le retour susciter les vieux démons. N O 2907 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2016
BAUDOUIN MOUANDA POUR JA
CONGO
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DÉVELOPPEMENT LOCAL La Bouenza, laboratoire grandeur nature p. 82 Une réussite pur sucre signée Princesse Tatie p. 84 TRANSPORT & LOGISTIQUE Le port de Brazza revient dans la course p. 86 ENTREPRENEURIAT Louis Farell Mankou, directeur général de Charden Farell, et Lynell Mbobi, directrice générale d’Adra p. 90 TECHNOLOGIES Yekolab parle Java et lingala
p. 92
AMÉNAGEMENT Promenade à l’anglaise sur la corniche p. 94
ANTONIN BORGEAUD/EDJ
Le Plus de Jeune Afrique
© MURIEL DEVEY MALU MALU POUR JA
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Comment sortir
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MURIEL DEVEY MALU MALU, envoyée spéciale
© BAUDOUIN MOUANDA POUR JA
ANTONIN BORGEAUD POUR JA
S
Les hydrocarbures sont une drogue dont l’économie congolaise voudrait se sevrer. Pour y parvenir, l’État promet de faire croître de nouvelles « grappes d’activité ». Alors que le Plan national de développement 2012-2016 touche à sa fin, JA dresse un premier bilan. JEUNE AFRIQUE
Et si l’informatique, le bois, les services et les loisirs, entre autres, prenaient le relais du pétrole ?
ans surprise, les hydrocarbures restent le poids lourd de l’économie congolaise. Leur contribution au PIB s’est cependant réduite de presque 10 % en cinq ans, pour s’établir à 57,4 % en 2015 (voir infographie p. 78). Mais c’est encore bien trop. D’autant que ce recul est davantage dû à la baisse de la production de pétrole et à celle des cours du baril qu’à une croissance soutenue des autres filières de l’économie. Et cette tendance devrait s’infléchir, puisque l’exploitation de nouveaux puits et le redéploiement de certains champs au large des côtes congolaises annoncent une relance de la production nationale de brut (317000 barils par jour attendus pour 2016, 377 707 en 2017, contre 250 246 en 2014). Ce qui devrait donc dès cette année redonner quelques points de croissance au secteur et des recettes supplémentaires à l’État. Resterait presque à espérer que les cours mondiaux des hydrocarbures ne remontent ni trop rapidement ni trop haut, pour que les Congolais ne soient pas enclins à se reposer de nouveau sur une rente qui a trop longtemps fait de l’ombre au développement des autres secteurs. Pourtant, dès le début des années 2000, l’État a planché sur une politique de diversification et d’industrialisation. Il a fallu attendre une petite dizaine d’années et le Plan national de développement (PND) 2012-2016 pour que cette stratégie prenne forme, autour de sept « grappes d’activités » porteuses de croissance: agriculture et agroalimentaire ; forêts et industries du bois ; hydrocarbures ; mines ; bâtiment et matériaux de construction ; tourisme et hôtellerie ; services financiers.
CONCERTATION. À trois mois de l’arrivée à échéance du PND 2012-2016, où en est-on ? L’exécution du plan en cours s’est parfois révélée compliquée. Malgré l’existence d’un comité de coordination interministériel, la concertation entre les différents ministères n’a pas toujours été la règle, de même que l’allocation des ressources financières publiques n’a pas toujours suivi les priorités définies par le PND. Enfin, l’attention portée aux moyens logistiques et financiers en amont et en aval des « grappes d’activités » n’a pas été assez soutenue. C’est le cas des services aux entreprises, surtout en matière de financement, qui restent insuffisants. En tout état de cause, les résultats de ce programme de développement diffèrent énormément d’une filière à l’autre, et certains se trouvent très éloignés des objectifs assignés par le plan. Parmi les facteurs qui ont contribué à la diversification dans les cinq dernières années, le plus tangible est le développement des infrastructures, N O 2907 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2016
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Le Plus de JA Congo en particulier dans les transports : renforcement du réseau routier, modernisation du port de Pointe-Noire et, dans une moindre mesure, des ports fluviaux, notamment celui de Brazza (lire pp. 86-88). S’y ajoute le renforcement de la production d’électricité (portée à 600 MW) et de l’accès à internet (lire p. 92). Ces réalisations ont permis de faire décoller certaines filières et d’améliorer les échanges dans le pays. La privatisation d’anciennes sociétés publiques, l’octroi de vastes concessions de terres à des opérateurs privés et le recours à l’investissement étranger ont également favorisé Une diversification timide le développement des activités mais en marche hors hydrocarbures. (part des principales filières dans le PIB, en %) Activités extractives
68,7 57,8
68,3
(dont pétrole brut et gaz naturel)
57,4
CACAOYÈRES. Pour l’agriculture et
l’agroalimentaire, le bilan est mitigé. Plusieurs filières ont commencé à décoller, mais l’aval, en parti3,4 Activités de fabrication 4,8 culier la transformation, n’a pas toujours suivi. On note cependant Production/distribution 0,5 que, dans certains départements, d’électricité, gaz et eau 0,9 2010 la diversification est en marche. 2015 Construction 3,9 6,55 Laissée à l’abandon pendant des décennies, la filière cacao a ainsi Commerce, 6,2 8,2 réparation de véhicules été relancée sous la houlette de la Congolaise industrielle des bois Transports, entreposage, 4,6 5,9 communications (CIB, filiale du géant singapourien Olam depuis 2011), en partenariat Finance, immobilier, 5,3 5,7 services aux entreprises avec le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage. Dans la Sangha et la Administrations, 3,8 5,5 défense, sécurité sociale Cuvette, les cacaoyères se multiSOURCES : ADMINISTRATIONS NATIONALES, BAD – MAI 2016 plient, la plupart détenues par des petits planteurs et des PME qui ont Un PIB fluctuant au gré des cours et bénéficié de semences gratuites. de la production d’hydrocarbures (évolution du PIB réel à prix constants, en %) Les résultats sont tangibles. 8,7 Même constat positif pour le maïs et le soja, dont les productions sont en nette augmentation 6 grâce au développement de PME telles que la Ferme agropastorale 4,7 42 4,2 Nzemba dans la Lékoumou, Tolona 3 8 3,8 3,4 3,3 dans la Bouenza (lire pp. 82-83), Samlo et Congo-Agriculture dans le 1,2 Niari. Concernant les oléagineux, la filière palmier à huile a été remise sur les rails par Eco-Oil Énergie, 2010 11 12 13 14 15* 16** 17** société à capitaux congolais qui SOURCES : FMI 2015 – * ESTIMATIONS ** PROJECTIONS a repris l’ex-Sangha Palm, dont la concession s’étend sur 44 000 ha au sud d’Ouesso. Cette entreprise a installé trois pépinières et lancé des opérations de plantation et de replantation dans la Sangha, la Cuvette et la Cuvette-Ouest. Dans son sillage, de petits producteurs se sont lancés sur ce créneau, avec de bons rendements. Eco-Oil Énergie a également racheté Huilka (arachide), dans la Bouenza, et a par ailleurs investi dans l’hévéaculture, avec la création d’une pépinière à Makoua (Cuvette). Agriculture, foresterie, chasse, pêche
3,7 4,7
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Après avoir repris des plantations de la station fruitière de Loudima, dans la Bouenza, elle se lance désormais dans la relance des vergers de mangues et d’agrumes. L’inconvénient des grands projets, basés sur le long terme, est qu’ils ne donnent pas de résultats significatifs rapides en matière de transformation (huileries, savonneries, production de jus de fruits, etc.). Les unités agro-industrielles, indispensables à la création de valeur ajoutée et d’emplois, sont pour le moment surtout le fait de PME-PMI. Pour preuve, l’augmentation de la production d’huile est à porter au crédit des petits et moyens producteurs. C’est le cas de la General Trading Company (GTC), installée dans le nord du département du Pool, qui produit de l’huile de palme pour le marché brazzavillois et compte investir dans une savonnerie. En revanche, la production à grande échelle, notamment par Eco-Oil Énergie, d’huile de palme, d’arachide et de jus de fruits n’a pas encore démarré. Pas plus que celle d’aliments pour bétail (indispensable au développement de l’élevage), à l’exception du projet de Tolona, qui investit dans une unité de production de farine de maïs. Quant à la filière bois, si les entreprises actives dans la Sangha et la Likouala ont fait un gros effort de transformation, dans le Sud, où dominent les investisseurs asiatiques, les essences sont presque totalement exportées à l’état brut, en grumes. CIMENTERIE. La branche des matériaux de construction affiche en revanche un bilan positif. Depuis 2013, deux usines de fabrication de fer à béton sont entrées en activité (celles du chinois Japan Metal Industrie à Brazzaville et du mauricien Samlo à Dolisie). Mieux : le pays, qui n’avait depuis 2003 qu’une seule cimenterie, la Société nouvelle des ciments du Congo (Sonocc, à capitaux majoritairement chinois), en a vu s’installer quatre depuis 2013 : celles du chinois Forspak International, à Dolisie, de l’indien Diamond Cement, dans le Pool, du marocain Ciments de l’Afrique (Cimaf, filiale du groupe Addoha), dans le Kouilou, sans oublier la méga-cimenterie de Dangote Industries Congo. Largement de quoi satisfaire la consommation nationale (estimée à 600 000 tonnes) et exporter dans la sous-région. Le climat est nettement plus morose dans le secteur minier, où la chute des prix mondiaux du fer a gelé le démarrage de quatre grands projets. Les seules filières qui tirent leur épingle du jeu sont celles des phosphates et de la potasse, où trois miniers ont obtenu des permis d’exploitation : MagIndustries Corp., contrôlé par le chinois Evergreen Industries, Sintoukola Potash, filiale de l’australien Elemental Minerals, et le chinois Luyuan des Mines Congo. Malgré une conjoncture difficile, la Société de recherche et d’exploitation minière (Soremi) s’apprête à sortir les premières cathodes de cuivre de son site de Mfouati, dans JEUNE AFRIQUE
Le Plus de JA Congo
© MURIEL DEVEY MALU MALU POUR JA
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Plantation de palmiers à huile à Kandeko, dans la Sangha (nord du pays).
Le nouveau plan devra donner la priorité aux services financiers et à l’agriculture.
la Bouenza. Quant au secteur du pétrole et des hydrocarbures, il se diversifie peu. Certes, le gaz n’est plus torché et alimente désormais une centrale électrique à Pointe-Noire, mais le projet de nouvelle raffinerie piétine. Dans le tertiaire, les résultats sont également inégaux selon les filières. Le parc hôtelier s’est renforcé, grâce au programme de municipalisation accélérée et aux Jeux africains de septembre 2015 (lire p. 95). Mais en dehors des grands événements, le taux de remplissage reste faible. D’où la nécessité pour le ministère du Tourisme et des Loisirs de trouver de nouveaux marchés, de faire connaître la destination et de donner envie de la découvrir. L’installation d’un bureau d’information touristique à l’aéroport de Maya-Maya, à Brazzaville, et la création de deux portails internet devraient y contribuer. Par ailleurs, plusieurs projets de développement touristique sont à l’étude, notamment autour du site historique de Loango, ancien port
d’embarquement des esclaves et actuel siège du royaume de Loango. Les services financiers apparaissent comme le parent pauvre de la diversification : le réseau bancaire s’est renforcé à l’intérieur du pays et la microfinance s’est développée, mais décrocher un crédit reste une gageure, sachant que les taux d’intérêt sont élevés et que les prêts sont accordés à court terme. Les fonds d’investissement sont par ailleurs quasi inexistants et, bien qu’une loi portant création du Fonds congolais d’investissement ait été votée en janvier 2014, ce dernier n’est toujours pas opérationnel. ENTREPÔTS. À quelques mois du lancement du
PND 2017-2021, qui devrait être finalisé d’ici à la fin de l’année, la diversification et la transformation structurelle de l’économie n’en sont qu’à leurs débuts. Le nouveau plan devra tirer les leçons du passé et se concentrer en priorité sur le développement des services financiers et de la « grappe » agriculture et agroalimentaire (lire encadré ci-dessous). Il devra également prêter plus d’attention aux petits et moyens producteurs ainsi qu’aux PME-PMI, qui, dès que leurs activités se développent, ont un impact immédiat sur la croissance et les revenus. Baisse des ressources financières oblige, l’État devra aussi revoir sa copie en matière d’infrastructures pour le prochain plan. Évidemment, il lui faudra poursuivre le renforcement du réseau routier et l’amélioration de l’accès à l’électricité, à l’eau et à internet. Il sera également nécessaire de construire des entrepôts, des silos, des chambres froides pour stocker les produits agricoles et halieutiques. Autant dire que les projets budgétivores et sans impact direct sur l’économie réelle, particulièrement à l’échelle locale, n’auront pas la cote auprès des populations.
PETIT EXPLOITANT DEVIENDRA GRAND
A
vec plus de 300 milliards de F CFA (457 millions d’euros) engloutis chaque année dans l’importation de denrées, le Congo est l’un des pays africains qui dépendent le plus de l’extérieur pour nourrir leur population. Que faire pour assurer la sécurité alimentaire du pays et rééquilibrer sa balance commerciale ? Les grandes sociétés agricoles qui investissent actuellement agissent sur le long terme, sans impact immédiat sur les volumes produits. D’où la
nécessité de miser sur les petits et moyens exploitants, dont l’activité a un effet plus rapide sur la production. À condition que ces derniers s’organisent en coopératives ou en groupements d’intérêt économique (GIE) et que des mécanismes financiers appropriés leur soient proposés. « Pourquoi ne pas émettre des bons d’achat pour régler les factures des fournisseurs, au lieu de subventionner directement les producteurs ? » suggère un opérateur.
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D’autres mécanismes financiers sont à l’étude : le Fonds de soutien à l’agriculture pourrait ouvrir une ligne de crédit dans des banques commerciales afin de financer les petits producteurs, avec des taux d’intérêt bonifiés. L’État envisage par ailleurs d’implanter des agences (gérées par des opérateurs privés) en milieu rural, afin d’aider les promoteurs de projets à préparer leurs dossiers de demande de prêt. Enfin, quelques bons
outils peuvent contribuer à doper la croissance de l’ensemble des filières agricoles, en amont comme en aval : la mécanisation, la recherche agronomique (lire p. 82) ou encore les études de marché (pour mieux orienter l’essor de certaines filières). Reste aussi à trouver des solutions pour faciliter la mise en relation entre l’offre et la demande, c’est‑à-dire entre producteurs, commerçants et industriels. MURIEL DEVEY MALU MALU JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Congo DÉVELOPPEMENT LOCAL
La Bouenza, laboratoire grandeur nature Territoire de transit entre Brazzaville et Pointe-Noire, avec ses PME et ses groupes industriels actifs dans l’agroalimentaire, les matériaux ou encore les mines, ce département mérite qu’on s’y arrête.
D
ernier département du Congo à bénéficier du programme de « municipalisation accélérée » engagé en 2004, la Bouenza est en chantier. C’est l’un des plus petits, des plus densément peuplés, mais aussi des plus urbanisés du pays. Et celui dont l’économie se diversifie le plus rapidement. Située dans le sud du Congo et adossée à la RD Congo, la Bouenza occupe une position stratégique, à mi-chemin entre Brazzaville et Pointe-Noire. Pendant des décennies, le réseau routier étant limité et dégradé, les liaisons entre les deux métropoles passaient par le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), qui traverse le département d’est en ouest, à l’instar de la route nationale (RN1). L’achèvement au début de l’année 2016 du dernier
tronçon de la RN1, désormais entièrement bitumée, permet au département de confirmer sa vocation en tant que région de transit. Ainsi, en quelques mois seulement, la route a déjà détrôné le rail, notamment pour l’acheminement des denrées agricoles (en particulier le sucre) vers les grands marchés urbains. La Bouenza est depuis longtemps considérée comme le grenier du Congo. Une particularité qu’expliquent la fertilité de ses sols – en particulier dans la vallée du Niari, dotée de terrains calcaires – mais aussi sa tradition en matière d’agro-industrie et de recherche en agronomie (lire encadré ci-dessous). « Manioc, arachide, banane fruit, banane plantain, haricot – la spécialité du district de Boko-Songho –, igname, patate douce, gingembre ou encore pois d’Angole : la
À LOUDIMA, LA RECHERCHE PORTE SES FRUITS
T
out le monde continue à l’appeler Cral. Pourtant, le Centre de recherche agronomique de Loudima a été intégré en 2012 à une nouvelle entité, l’Institut national de recherche agronomique (IRA), dont le siège est basé à Oyo (Cuvette). L’établissement, qui chapeautait jusqu’alors huit stations régionales réparties dans tout le pays, a vu son rayon d’action limité à la Bouenza et aux départements voisins du Niari et de la Lékoumou. Il reste cependant un pôle de référence dans son domaine. Installé à Maléla (district de Loudima) sur une concession de 1 500 ha, l’IRA-Loudima
emploie 23 personnes, dont sept chercheurs, et abrite sept laboratoires (biotechnologie, pédologie, phytiatrie, céréales, légumineuses, tubercules et plantes à racines), qui travaillent avec les organismes internationaux. Réputé pour son savoir-faire en matière de fruits, il a notamment mis au point dix variétés de manguiers de grande qualité, dont on peut voir des spécimens dans son verger. Parmi ses travaux en cours : le développement d’une nouvelle variété de manioc résistant à la mosaïque, un virus qui sévit dans tout le pays. « Notre mission est d’améliorer les cultures, explique le Dr César Raoul Kimpolo,
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directeur de l’IRALoudima. Nous venons en appui au développement agricole en fournissant des semences de base au ministère de l’Agriculture et faisons de l’expérimentation, de la sélection et de la certification. » Au-delà de sa mission auprès de l’État, l’établissement conseille également les opérateurs privés, qui peuvent lui acheter des plants et des semences. « Nous disposons d’une collection adaptée au Congo », précise le Dr Kimpolo, conscient de l’importance, pour l’essor des filières agricoles, du « matériel végétal » stocké dans les locaux et la chambre froide du centre. M.D.M.M.
gamme des cultures est particulièrement étendue ! confirme Jean Ignace Tendelet, directeur général du développement durable au ministère de l’Environnement. À Nkayi et à Bouansa, le maraîchage est très développé. Et nous sommes aussi un département d’arboriculture et d’élevage. » RAFFINAGE. Outre l’agriculture fami-
liale, on trouve dans la Bouenza des fermes communautaires et de grandes exploitations modernes, telles la Société agricole et de raffinage industriel du sucre (Saris, lire p. 84), qui a fait de Nkayi l’un des plus grands centres agroindustriels du pays, la ferme avicole du Domaine agropastoral et industriel de Loukelo (Dapil) ou encore Tolona, dans le district de Loudima. Créée par deux Espagnols et un Français, Tolona (« Nous plantons », en lingala) a obtenu en 2014 une concession de 20 000 ha, dont 1 000 ont déjà été plantés en maïs, pour l’alimentation du bétail, soit un investissement de 1,5 milliard de F CFA (près de 2,3 millions d’euros). Créée en 2013, Eco-Oil Énergie Congo, dont le capital est détenu en partie par la Société africaine de recherche pétrolière et de distribution (SARPD-Oil), a pour sa part repris l’ex-Huilka et la station fruitière de Loudima, avec pour objectif de produire de l’huile d’arachide et des jus de fruits à Kayes, près de Nkayi. Quant à l’entreprise chinoise Japan Metal Industrie, qui a installé depuis 2013 une usine de fer à béton dans le nord de Brazzaville, elle développe dans la région la riziculture et le maraîchage à grande échelle. Territoire de savanes, la Bouenza n’est pas un grand département forestier. Pourtant, elle abrite la première et la plus grande plantation d’eucalyptus à croissance rapide du pays, dans le district de Loudima. Son exploitation a été attribuée en juin 2016 à FL Groupe, société congolaise à capitaux chinois qui a déjà commencé la collecte de résine de pin (pour la confection de vernis et d’encre) et construit une unité de JEUNE AFRIQUE
Moins de pétrole, plus d’idées ?
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À Mfila, dans l’est du département, le nigérian Dangote s’apprête à ouvrir la plus grande cimenterie d’Afrique centrale.
fabrication de panneaux de particules de bois (agglomérés). En plus de sa réputation de grenier du pays, la Bouenza peut désormais se prévaloir d’accueillir d’importants projets industriels et miniers, dont l’essor est favorisé par la présence du complexe hydroélectrique de Moukoukoulou, d’une puissance installée de 74 mégawatts, qui alimente ses grands centres urbains. Ainsi, à Mfila, dans le district de Yamba (dans l’est du département), le groupe nigérian Dangote Cement a construit la plus grande cimenterie d’Afrique centrale : un investissement de près de 140 milliards de F CFA. Elle n’attend plus pour tourner que la construction du nouveau pont sur le Niari – capable de supporter le passage de camions de plus de 25 tonnes – soit achevée. « Nous allons produire 1,5 million de tonnes de clinker par an pour le marché congolais et nous exporterons du ciment vers le Gabon, la RD Congo, le Cabinda [Angola] et la Centrafrique », explique Alok Gaur, le coordinateur du projet. De JEUNE AFRIQUE
du département (gypse, polymétaux, argile), dans le nord (or et diamant) et dans la vallée du Niari (calcaire et pierre). Le point faible de la Bouenza, ce sont les services. Si la microfinance et le transfert de fonds y sont bien implantés – avec les agences des Mutuelles congolaises d’épargne et de crédit (Mucodec), de POINT FAIBLE. L’autre grand projet indusCharden Farell (lire p. 90) et de Maouéné –, le réseau bancaire reste embryonnaire. Les triel est l’usine de la Société de recherche et d’exploitation minière (Soremi), qui commerces et autres services modernes y sont rares et, malgré une Gypse, polymétaux, argile, diamant, légère augmentation des capacités ces derniers mois or, calcaire, pierre… Les activités à la faveur du programme de municipalisation accéde prospection se multiplient. lérée, le parc hôtelier reste modeste. Il devrait cependant s’étoffer exploite des gisements de polymégrâce à l’essor des activités industrielles, taux dans les districts de Mfouati et de qui attirent dans le département une Boko-Songho. L’entreprise, dont 60 % du clientèle d’affaires. Et si le secteur du capital est détenu par China National Gold Group Corporation, sortira les pretourisme se développe, la Bouenza pourmières cathodes de cuivre de son usine rait devenir une étape privilégiée pour de Mfouati avant la fin de 2016. Dans le les voyageurs, entre Brazzaville et la cité océane de Pointe-Noire. secteur des mines et carrières, les activités de recherche se multiplient dans le sud MURIEL DEVEY MALU MALU
quoi largement concurrencer la Société nouvelle des ciments du Congo (Sonocc, à capitaux majoritairement chinois), qui, en 2003, avait inauguré la première cimenterie du pays à Loutété (à quelques kilomètres plus au sud), dont la capacité de production est de 300 000 t/an.
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Une réussite pur sucre Principal employeur privé du département, la Saris écoule 85 % de sa production sur le marché intérieur. Et exporte le reste dans la sous-région.
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Les projets d’investissement ne manquent pas. À la suite de la sécheresse de 2012, la Saris a lancé un plan d’irrigation pour couvrir 1 150 ha de plantations. Afin d’optimiser les rendements et d’abaisser les coûts de production, elle s’apprête à mécaniser les activités de préparation des plantations et de coupe. Des bassins spéciaux vont être installés pour traiter les effluents de l’usine (jusqu’à présent déversés dans le fleuve Niari). Enfin, l’entreprise prévoit l’installation d’une unité d’ensachage pour fabriquer les enveloppes des bûchettes individuelles de sucre, actuellement importées du Cameroun.
nstallée à Moutéla, près de Nkayi, morceaux, il est commercialisé sous la la Société agricole de raffinage marque Princesse Tatie depuis 2010. Ses débouchés ? Principalement le Congo, industriel du sucre (Saris) est plus qu’une simple entreprise. un marché protégé dont la consommaC’est une véritable institution. Depuis tion est d’environ 60 000 t/an, avec deux des décennies, elle rythme la vie de la clients de poids : les Brasseries du Congo (Brasco, qui absorbent à elles seules Bouenza, et ses employés – cadres, ingénieurs, techniciens et ouvriers L’usine de la filiale de Somdiaa, spécialisés – sont réputés dans située à Moutéla, produit 70 000 tonnes par an. toute l’Afrique centrale pour leur savoir-faire. On se les arrache. Principal employeur de Nkayi et des villages environnants (700 emplois fixes et 4 000 temporaires), la Saris a été créée en 1991 avec pour principal actionnaire la Société d’organisation, de management et de développement des industries alimentaires et agricoles (Somdiaa), du groupe français Vilgrain, qui détient 66,04 % du capital social, aux côtés de l’État congolais (33,96 %). La présence au Congo de la famille Vilgrain remonte aux années 1950, avec la création par Jean Vilgrain de la Société industrielle et agricole du Niari (Sian). En 1970, sous le régime marxiste du président Marien Ngouabi, le vaste complexe, nationalisé, donne naissance à quatre sociétés, dont la Société industrielle et agricole du Congo (SIA-Congo), rebaptisée Sucrerie du Congo (Suco) en 1975. Mauvaise gestion, personnel pléthorique, effondrement de la production de sucre… autant de facteurs qui conduisent à la privatisation Roux, blond ou blanc, raffiné de la Suco en 1991. Son repreneur est ou non, en poudre ou en la Somdiaa. C’est ainsi que les Vilgrain morceaux, le sucre est vendu refont surface au Congo. SODAS. La Saris détient une concession
de 32 000 ha, dont environ 12 500 plantés de canne à sucre. Après un record de 700 469 tonnes de canne en 2013, la production s’est élevée à 622 823 t en 2015, alors que celle de sucre atteint environ 70 000 t/an. Roux, blond ou blanc, raffiné ou non, en poudre ou en N O 2907 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2016
BIOMASSE. En 2007, la Saris a acquis une usine de broyage de calcaire à Madingou. Sa production est utilisée, sous forme de poudre, pour enrichir les sols dans les champs de canne ou, sous forme de gravier, pour les travaux de génie civil. Ces dernières années, la société a poursuivi ses investissements dans de nouveaux créneaux, notamment la filière maïs. Objectif : produire de la farine (principalement pour les brasseurs) mais aussi des aliments pour le bétail. « Outre nos propres plantations, nous encadrerons de petits cultivateurs auxquels nous fournirons des semences », explique Joseph Banzoulou, le secrétaire général de la Saris. Installé d’abord à Pointe-Noire, le moulin (blé et maïs) sera ensuite établi à Nkayi. La société s’est également tournée vers la production d’énergie issue de la biomasse à base de bagasse (résidus fibreux provenant du broyage de la canne à sucre) et vient d’inssous la marque Princesse Tatie. taller un turboalternateur dont les premiers essais sont en cours. 15 000 t/an pour la fabrication de leurs L’énergie produite satisfera les besoins de limonades et sodas) et Rafraîchissants, la Saris, tandis que le surplus sera vendu Glaces et Eau du Congo (Ragec), pour à la Société nationale d’électricité (Snel). Dernier projet à l’étude : la fabrication l’élaboration de jus de fruits. Le reste de la production est distribué au Cameroun, de pains de bagasse, qui pourraient être utilisés comme bois de chauffe. au Tchad et en Centrafrique, ce dernier MURIEL DEVEY MALU MALU marché connaissant une forte expansion. © MURIEL DEVEY MALU MALU POUR JA
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CACOGES Cabinet d’Audit et Conseil en gestion
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Nos Bureaux - CACOGES, Société d’Expertise Comptable Agréée CEMAC N°SEC 061 • Brazzaville
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TRANSPORT ET LOGISTIQUE
Le port de Brazza revient dans la course Depuis bientôt deux ans, la filiale du français Necotrans redonne du souffle au fluvial. Même si les docks de la capitale sont loin d’avoir retrouvé leur lustre d’antan.
L
e long des quais de Brazzaville, quatre barges de grumes sont en cours de déchargement. Wengé, azobé, ayous… Les essences de la forêt tropicale descendent le long du fleuve Congo depuis les concessions du nord du pays jusqu’à la capitale, en fonction de la demande mondiale. Avec agilité, deux dockers se faufilent entre les billes de bois pour les arrimer une à une à la grue qui les déposera à terre. La chorégraphie est répétée des dizaines de fois, toujours avec la même minutie. Une seconde d’inattention et l’un des troncs, dont le poids peut dépasser 20 tonnes, pourrait les écraser ou tomber dans le fleuve. « Quand cela arrive, les gars sautent à l’eau pour repasser la chaîne autour de la grume avant qu’elle ne coule à pic », explique le chef d’exploitation des Terminaux du bassin du Congo (TBC), filiale du groupe Necotrans. Dans deux jours, les 1600 m3 de grumes auront été chargés sur les wagons du Chemin de
fer Congo-Océan (CFCO) stationnés sur le quai, destination Pointe-Noire. CORRIDOR. Près de deux ans après avoir
principalement utilisés pour acquérir des engins de levage performants. En parallèle, l’État assure sa part en soustraitant à la société chinoise Sinohydro la réhabilitation des quais et des rails. Ce chantier de 17 milliards de F CFA (près de 26 millions d’euros), réalisé aux trois quarts, devrait être terminé au premier semestre de 2017. Le corridor regagnant déjà en compétitivité, certains forestiers choisissent de transiter de nouveau par la capitale congolaise. « Après une longue absence, le groupe singapourien Olam [propriétaire de la Compagnie industrielle des bois, CIB] est de retour à Brazzaville », précise Antoine Bonnard, patron de la
décroché la concession du port fluvial de Brazzaville pour une durée de quinze ans au nez et à la barbe de son compatriote et concurrent Les vols de marchandises Bolloré, le français Necotrans ont cessé, et les quais ont été récolte les premiers fruits du travail de ses équipes. Le port débarrassés du marché informel. de la capitale a été débarrassé de son marché informel, les vols de marCongolaise d’affrètement fluvial (CAF). chandises ont cessé, et, depuis l’acquiSeul armateur privé du Congo, la société collabore aussi régulièrement avec le sition de deux grues mobiles de 40 t et groupe forestier autrichien Danzer. de 160 t, les cadences ont sensiblement Mais le port est loin d’avoir retrouvé augmenté. « La mise en concession nous toute son attractivité. Pour les profesbooste, elle nous permet de travailler plus efficacement », estime Pierre Bossoto, sionnels de la filière bois, c’est la concurdirecteur général du Port autonome de rence du corridor routier Bangui-Douala, entièrement goudronné au début des Brazzaville et ports secondaires (PABPS). Sur les 15 millions d’euros d’investisseannées 1990, qui a joué en sa défaveur. La ment promis, TBC en a déjà débloqué 8, guerre civile de 1997 n’a ensuite rien
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De nouvelles grues mobiles permettent d’augmenter les cadences.
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JEUNE AFRIQUE
Le réseau de destinations THE NETWORK Le réseau s’agrandit. De nouvelles destinations viennent s’ajouter aux villes de Pointe-Noire, Ollombo, Douala, Cotonou, Kinshasa, Libreville, Paris, Dubaï. The network is expanding. New destinations are being added to Pointe-Noire, Ollombo, Douala, Cotonou, Kinshasa, Libreville, Paris and Dubai.
LE HUB DE BRAZZAVILLE EN PLEIN ENVOL
Brazzaville
Pointe-Noire Bamako Paris Ollombo Kinshasa Bruxelles Douala Cotonou Libreville Dakar Dubaï BIENTÔT
Abidjan
Ouesso
Bangui
N’Djaména
Lire aussi : Score Congo à l’ère de l’hyper
Le Plus de JA Congo
arrangé. Alors qu’auparavant douze forestiers passaient par Brazzaville pour évacuer leurs grumes, ils ne sont plus que huit aujourd’hui. Plus que les temps de transport, c’est surtout le manque d’implication des pouvoirs publics dans la valorisation du port qui a découragé les industriels. Depuis les années 1950, très peu d’investissements ont été réalisés pour le moderniser : vétustes, ses grues de 30 t ne peuvent plus soulever que 12 t au maximum, et celles de 6 t, pas plus de 3 t. En 2017, en complément du matériel acheté par Necotrans, l’Union européenne devrait apporter des financements afin de moderniser les équipements. La gestion du chemin de fer a également été très préjudiciable au « hub » de Brazzaville. « De 120 wagons mis à Chaque semaine, des milliers de grumes sont acheminées depuis le Nord. disposition par le CFCO pour acheminer les grumes à Pointe-Noire chaque C’est au niveau des magasins de marsemaine, nous étions tombés à trois », pour fluidifier les démarches administrarappelle Antoine Bonnard avec amertives des armateurs. « À partir de janvier, chandises, dont la réhabilitation est prétume. Pendant des années, ce sont des les marchandises pourront être achevue une fois que les travaux de Sinohydro milliers de wagons grumiers qui ont minées directement d’un port comme seront achevés, que les dockers chargent ainsi été évincés des convois – à coups Le Havre [France] jusqu’à Brazzaville. le sucre, la farine, l’huile, mais aussi les Cet accord permettra de baisser le tarif vêtements et les matériaux de construcde bakchichs – pour privilégier le transd’au moins 10 % et de réduire le temps tion à destination de l’autre rive. « La port d’automobiles ou de ciment, plus de transit d’une dizaine de jours. C’est rentable. Mais la situation est en train logistique fluviale a un côté artisanal. On ne travaille pas avec des géants comme très important pour nos clients, car en de changer. Depuis la nomination au CMA CGM ou Maersk, qui sont presque portefeuille des Transports, en avril, Afrique le coût logistique représente entre à la minute près », reconnaît Alexandre 30 % et 40 % du prix de revient des marde Gilbert Mokoki (qui était ministre Fouret. Les délais de chargement sont chandises », détaille Alexandre Fouret. chargé des Voies navigables et de l’ÉcoCe partenariat est aussi d’autant plus aléatoires que la plupart des nomie fluviale dans le précédent gouvernement), décisif pour le CFCO. La transitaires n’utilisent généralement pas En 2015, le port 22 wagons grumiers sont compagnie ferroviaire de palettes pour ranger leurs produits, de Brazza c’est garantis chaque semaine doit gagner en compétipour charger les barges au maximum. tivité si elle veut concurOr, quand elles sont remplies de petits pour rallier les installations rencer la nouvelle route portuaires de la capitale cartons, il faut jusqu’à 50 dockers pour les tonnes g ou d ro n n é e e nt re l a économique. vider. « On fait de la sensibilisation, mais de marchandises capitale économique et la c’est long. Et puis en face, à Kinshasa, ils (hors grumes) capitale politique du pays oublient de nous rendre les palettes », CONTREBANDE. En atten(RN1), achevée début déplore par ailleurs le patron de TBC. dant que les forestiers soient 2016. Une émulation plus nombreux à redécouMais ce qui gêne encore plus le port millions de F CFA positive pour le corridor vrir l’intérêt de passer par de Brazzaville, c’est la contrebande entre de redevances Pointe-Noire - Brazzaville, Brazzaville, Alexandre les deux capitales. À quelques kilomètres payées à l’État qui, jusqu’à présent, se au nord, le port de pêche de Yoro sert Fouret, directeur général faisait damer le pion par de point de départ aux baleinières. Ces de TBC depuis le début de milliards de F CFA l’axe Matadi-Kinshasa, en jonques d’une douzaine de mètres l’année, cherche à dévelopde chiffre d’affaires peuvent charger jusqu’à 100 t de marper d’autres volets de son RD Congo. Environ 80 000 t chandises avant de lever l’ancre, une activité, à commencer par de fret, soit les deux tiers de l’activité du PABPS (hors grumes), tranla gestion de conteneurs. « Actuellement, fois la nuit venue. Pas sûr que Necotrans sitent en effet par le fleuve Congo entre nous stockons sous douane environ puisse rapidement éliminer cette concur250 boîtes équivalent vingt pieds [EVP], les deux pays, dont la plus grande partie, rence illégale, qui représenterait plus de 40 000 t par an. Mais Alexandre Fouret, désormais, de Brazzaville vers Kinshasa, mais dès que les travaux seront terminés qui sont distantes d’à peine 4 km. Un sur ce dossier comme sur d’autres, reste nous pourrons en accueillir 1 000. L’idée trafic qui devrait continuer de grossir si est de servir de plateforme logistique », optimiste. Il est convaincu que le temps la situation politique ne dégénère pas annonce le Français, qui vient de signer joue en sa faveur. JULIEN CLÉMENÇOT, envoyé spécial en RD Congo. un accord avec le CFCO et les douanes
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Affaires de familles Quand des frères et sœurs sont sur la même longueur d’onde, quand ils s’inspirent des besoins des consommateurs et du déficit de certains services, cela peut donner naissance à des PME à l’avenir prometteur.
Louis Farell Mankou Directeur général du groupe Charden Farell
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n a pris l’habitude de l’appeler Charden Farell, du nom de la société qu’il dirige. En fait, il se nomme Louis Farell Mankou et doit sa notoriété à la place qu’occupe désormais son entreprise sur le créneau du transfert d’argent et de la microfinance, avec plus de 600 employés et environ 80 agences implantées dans tout le Congo. Avant de présider aux destinées de Charden Farell, Louis Mankou avait déjà fait ses preuves. Dans le commerce surtout. Et pour cause. « Je suis né dedans, explique-t-il. Mon père était l’un des plus grands commerçants de Mouyondzi [ville de la Bouenza, dans le sud du pays, lire pp. 82-83]. Pendant les vacances scolaires, je passais mon temps dans sa boutique et j’y ai appris les ficelles du métier. Même durant mes études secondaires et supérieures, j’ai toujours fait du commerce avec mes frères et sœurs. J’ai même eu un petit taxi ! » Né en 1965 dans le village de Mouandi, où il passe les dix premières années de sa vie, Louis Farell Mankou a en effet grandi à Mouyondzi, chef-lieu du district du même nom et ville célèbre pour l’esprit d’entreprise de sa population, au point qu’on la surnomme MTR (« Mouyondzi travaille et ravitaille »). Il part faire ses études secondaires à Brazzaville, où il intègre ensuite l’université Marien-Ngouabi, dont il sort en 1989 avec un diplôme d’études supérieures (DES) en sciences économiques. « J’aurais préféré faire gestion, mais j’ai été orienté vers l’économie dès le lycée », regrette-t-il. Louis Mankou fait ses premiers pas dans la vie active en ouvrant un bar et une boutique à Mouyondzi, puis trois parfumeries à Dolisie (chef-lieu du N 0 2907 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE
département voisin du Niari), avec ses frères et sœurs, qui l’accompagneront dans toutes ses entreprises. Et avec le soutien financier et spirituel de sa sœur aînée – « Maman Céli », de son vrai nom Célestine Bibanzilha, « notre maman à tous ! » clame-t-il –, sa précieuse et indéfectible conseillère, sans laquelle il n’entreprend rien. En 1999, à la suite de la crise sociopolitique, Louis Farell Mankou se replie sur Pointe-Noire, où, toujours en famille, il ouvre un dépôt de boissons. Puis un deuxième, puis un troisième. De 2002 à
2007, il sera le distributeur numéro un des produits Brasco (Brasseries du Congo) dans la cité océane. AVERTIS. C’est en 2003 que la fratrie se
penche sérieusement sur l’idée de créer un établissement de microfinance. « Nous faisions du transfert d’argent pour aider la famille et les amis. Et puis nous nous sommes dit qu’il serait peut-être intéressant d’en faire une activité formelle. La situation politique était plus calme, et, grâce aux dépôts de boissons, nous disposions d’un capital », se souvient l’entrepreneur. Après plusieurs réunions avec « Maman Céli » et leur frère Jean-Paul Kiouari (actuel directeur général adjoint du groupe) pour étudier le marché, Louis Farell Mankou crée Charden Farell (associant le prénom de son frère aîné, Charden, et le sien) et lance ses opérations le 13 août 2003. Jusqu’à présent l’entreprise s’est concentrée sur le transfert d’argent, un métier qu’elle maîtrise désormais parfaitement. L’activité de microfinance est restée marginale et se limite à la partie sud du pays, mais le chef d’entreprise envisage de « développer davantage le volet épargne et crédit ». En commerçants avertis, les frèresetsœursn’ontjamaismis tous leurs œufs dans le même panier. Outre son dépôt de boissons, quelques caves (vente d’alcools et de vins importés) et une école privée à Pointe-Noire, Charden Farell a ouvert un hôtel à Madingou, dans la Bouenza. Enfin, « parce que l’agriculture, c’est l’avenir du Congo », le groupecomptecréerprochainement une ferme à Hinda, dans le Kouilou, à 30 km au nord-est de Pointe-Noire. © DR
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Moins de pétrole, plus d’idées ?
Lynelle Mbobi Directrice générale d’Assistance, dépannage, remorquage automobile (Adra) assureurs, et le bouche-à-oreille a bien fonctionné », explique Lynelle Mbobi. La société a même établi un partenariat avec les Assurances générales du Congo, qui proposent désormais un contrat d’assistance en complément de leur assurance automobile. En 2013, Adra a ouvert un bureau à Pointe-Noire et, aujourd’hui, avec quatre dépanneuses et cinq chauffeurs, la PME assure des interventions vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur « Pour faire connaître notre sept dans tout le territoire. service, nous sommes allées dans Le volume d’activités est tous les garages de la capitale. » régulier. Un succès pour le trio féminin, qui continue de automobile (Adra) est appelée en plein se démener pour développer l’entreprise. Pas toujours facile dans un secteur précentre-ville. C’est un véritable spectacle. tendument masculin. « Il a fallu former Toutlemondecommentelascène,croyant qu’il y a eu un accident, les taxis s’arrêtent les chauffeurs et s’imposer auprès d’eux, pour contempler la dépanneuse… reconnaît Lynelle Mbobi. Et nous savons « Pour faire connaître notre service, qu’il nous faut plus que les autres être nous sommes allées dans tous les crédibles, en tant que femmes et en tant garages, dans les casses automobiles que représentantes de la diaspora de de la capitale, nous avons contacté les retour au pays. » M.D.M.M. Il faudra deux ans aux sœurs, rejointes par Ysée Dappe, agent de maîtrise chez Axa, pour monter le projet et quitter la France pour s’installer au Congo. « Une fois le matériel acheté, la société créée et les bureaux loués, nous avons démarré notre activité à Brazzaville en 2011 », raconte la directrice générale. Pour sa première intervention, la dépanneuse d’Assistance, dépannage, remorquage
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DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
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out est parti d’un incident. En vacances au Congo en 2009, Lynelle Mbobi et sa sœur Sabrina se font arrêter par un agent de la circulation. Motif invoqué (et inventé): « Votre voiture n’a pas de feux de croisement, il faut que vous la conduisiez à la fourrière. » Plutôt que d’effectuer le trajet, les sœurs proposent de faire enlever la voiture pour la transporter jusqu’au fameux dépôt. « Mais il n’y a pas de dépanneuse au Congo ! » leur rétorque le policier. De cette découverte germe l’idée de créer un service de dépannage. Ancienne responsable d’équipe chez l’assureur Axa, enFrance, LynelleMbobisesouvient:«Ma sœur et moi avions acquis chez Axa un savoir-faire dans l’intervention d’urgence et l’assistance aux assurés. On nous appelait du monde entier pour tout type de problème, il fallait rassurer les clients, gérer les dossiers et connaître les procédures de chaque pays. Nous avions aussi géré des cellules de crise avec le ministère français des Affaires étrangères. »
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Le Plus de JA Congo TECHNOLOGIES
Yekolab parle Java et lingala Maîtrise des langages de programmation, administration de réseaux, conception de sites… En deux ans, le centre a déjà formé plus de 300 développeurs et permis à des logiciels innovants de voir le jour.
d’information, au développement d’applications (web ou mobiles) et à la maîtrise de Java Entreprises. Après un test de sélection, les candidats retenus, qui doivent justifier au minimum du niveau bac et de connaissances de base sur l’environnement web, suivent des cursus de six mois. Depuis 2014, environ 300 personnes ont été formées en accès libre et 60 ont été retenues pour suivre une formation certifiante. Signe d’une communauté soudée et dynamique, ce deuxième groupe a créé le « club RITC » (« Révolutionnaires des IT au Congo »). MANAGEMENT. Le deuxième créneau
© MURIEL DEVEY MALU MALU POUR JA
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Dans l’une des salles de cours, à Brazzaville.
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ondateur et directeur général de JCertif International – une communauté d’informaticiens et d’entrepreneurs passionnés de numérique désormais implantée dans onze pays (dont huit africains) –, le Congolais Max Bonbhel tenait à faire de Brazzaville une tête de réseau et un vivier de compétences. C’est ainsi qu’en janvier 2014 est né Yekolab, un centre de formation aux technologies de l’information et de la communication (TIC) qui enseigne en particulier le langage Java. D’où son nom, tiré de koyekola (« apprendre », en lingala). « Nous sommes à l’ère du numérique. Le
Congo ne pouvait pas être en marge de son époque », relève Derclin Bonbhel, responsable de la communication de Yekolab et frère du fondateur. Soutenu par l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (ARPCE), son principal sponsor, et par l’opérateur de téléphonie mobile MTN Congo, qui appuie l’association en fournissant la connexion à internet, le centre représente un investissement annuel de 418 millions de F CFA (environ 640 000 euros). Yekolab a plusieurs cordes à son arc. À commencer par la formation à la création de réseaux et de systèmes
du centre porte sur la « formation au leadership ». Sur 95 postulants, 18 candidats ont été retenus. « Par cette formation complémentaire, nous voulons encourager la création de start-up et l’acquisition de compétences en management », souligne Alban Besse, formateur à Yekolab et directeur général de Bevolus Consulting, un cabinet de formation, coaching et conseil. Le centre de formation est aussi un incubateur et un laboratoire. Il accompagne cette année six porteurs de projets (comme en 2015), mais aussi des entreprises en activité qui ont besoin de développer de nouveaux produits ou projets en mettant à leur disposition la logistique dont ils ont besoin et des formations ciblées. Dans le cadre de son Tech-Lab, Yekolab a conçu un programme permettant de commander un drone en lingala. Baptisé Kita Mata (« monter et descendre »), l’engin donnera aux agriculteurs et aux arboriculteurs la possibilité de survoler leurs exploitations pour en faire l’état des lieux. Reste à finaliser le développement du logiciel, en y intégrant davantage de mots et de fonctions, puis à le commercialiser. MURIEL DEVEY MALU MALU
LES ENTREPRISES SE FERONT-ELLES ENTENDRE ?
L
e Forum etTrophées d’excellence des entreprises congolaises (Foteec) est né en 2015, décrétée « année de l’entreprise » par le ministère congolais de l’Économie et des Finances. « Les résultats du rapport “Doing Business” nous ont amenés à organiser un forum dont l’objectif
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était de débattre de l’environnement des affaires avec les entreprises installées au Congo et d’attribuer des trophées à celles qui réussissent à sortir la tête de l’eau malgré un contexte contraignant », explique Michel Niama, le directeur général de l’Économie. La première édition s’est ainsi
tenue en novembre 2015. La deuxième édition, qui aura lieu les 17 et 18 novembre à Brazzaville, s’inscrit dans la même logique. Avec toutefois quelques aménagements, qui tiennent compte de la conjoncture et des préoccupations du Plan national de développement 2017-2021. « Le débat sera
repositionné en particulier sur l’agriculture et sur les problèmes de financement de l’entreprise, précise Michel Niama. Il faut trouver des pistes, proposer des solutions et amener l’État à édicter quelques règles qui rendraient l’environnement moins pénible pour les M.D.M.M. entreprises. » JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Congo
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Les jeunes ont rapidement pris possession des lieux.
© MURIEL DEVEY MALU MALU POUR JA
ne vienne vous arracher votre appareil. « Ici, les policiers sont sympas. Ils sont là pour la sécurité, pas pour nous embêter », fait remarquer Charen. On apprécie. Résultat: tout le monde en profite pour fairedesphotosdefamilleetdesselfiesaussitôt publiés sur Facebook. Évidemment, les mariés du week-end ne manquent pas non plus de venir immortaliser leur union devant les plates-bandes plantées de fleurs et d’arbustes de la corniche. AMÉNAGEMENT
Balade en mode tranquille Avec la route de la corniche et ses très larges trottoirs, les Brazzavillois se sont réapproprié la rive droite du fleuve. Un espace de détente unique dans la capitale. Ambiance.
«
C
’est trop cool! » s’exclame Préfina en s’illuminant d’un large et franc sourire. « Trop cool », « trop sympa », « trop classe »… Le vocabulaire des ados n’est pas toujours très riche mais le doute n’est pas permis : tous adorent « leur » corniche. Et ils ont d’autant plus vite adopté cette grande artère entièrement aménagée sur la rive droite du fleuve qu’elle est interdite à la circulation le dimanche de 6 heures à 18 heures. Du coup, débarquant de tous les quartiers, petits et grands, Congolais et étrangers, en famille, en bande (de jeunes) ou en amoureux, ils sont nombreux à s’y balader en fin de semaine, dans l’après-midi ou en soirée. Du côté vestimentaire, le maître mot est la détente : pagne ou pantalon pour les « mamans », tenue décontractée pour les pères de famille, legging ou jupe courte pour les jeunes filles, jean
et casquette (avec visière sur la nuque) pour les garçons. SELFIES. Depuis la corniche, chacun peut
BABIOLES. « Nous n’avions pas d’espace de distraction comme celui-là », confirme Pierre, un jeune Brazzavillois. Comme lui, le dimanche, lorsque les voies sont libres, de nombreux jeunes en profitent pour faire du jogging, de la bicyclette, du skateboard, du roller. D’autres se contentent d’une simple balade à pied. Autre petit bonheur : alors que Brazzaville a la fâcheuse réputation d’être envahie par le bruit, la corniche se révèle étonnamment calme. Il y a bien quelques rappeurs, mais pas de décibels assourdissants. Ce nouvel espace de loisirs n’a pas manqué de susciter des vocations commerciales. Vendeurs et loueurs viennent y
profiter de la vue exceptionnelle sur le fleuve Congo et sur Kinshasa, la capitale de la RD Congo voisine. Mais les Brazzavillois ne viennent pas là pour simplementadmirerl’eauquicouleetles On vient y faire du jogging, tours de la grande rivale de la rive de la bicyclette, du skateboard, gauche. D’autant qu’en matière d’architecture Brazzaville n’a plus ou simplement se promener. de complexes à avoir. Non, la corniche est d’abord un lieu de promenade et proposer leurs babioles ou leurs services: des ballons et des chapeaux gonflables à de loisirs. Le premier du genre dans la ville. 500 F CFA (0,75 euro) l’unité, des smart Sur les larges trottoirs, on peut marcher balances (sortes de skateboards élecsans risque de se faire heurter par une triques) à louer pour 1 000 F CFA les cinq voiture, s’asseoir sur des bancs abrités minutes ou 1 500 F CFA les dix minutes… d’auvents, profiter de l’éclairage de lampadaires design. C’est aussi le seul lieu de la Le top des attractions pour les enfants : les balades à cheval (500 F CFA les cinq capitale où l’on peut se faire photographier minutes). ou prendre des clichés sans qu’un policier Les photographes professionnels ont eux aussi compris le profit qu’ils pouvaient DE MAMI WATA À LA CASE DE GAULLE tirer du lieu, sans craindre la concurrence des amateurs et de leurs smartphones, La route de la corniche 545 m le long du palais phase, en cours, va car ils sont les seuls à pouvoir fournir a été aménagée sur présidentiel… Les permettre de prolonger un tirage papier sur le champ au client. 2,5 km, depuis le travaux ont été réalisés cet axe sur 5,2 km, Outre leurs appareils, ils apportent les restaurant Mami Wata de décembre 2014 à depuis la Case de ordinateurs, les imprimantes, les dynajusqu’à La Case de février 2016 par China Gaulle jusqu’au pont mos nécessaires pour en alimenter les Gaulle : chaussée Road and Bridge du Djoué, dans le sud batteries… En quelques minutes, miracle, 2 x 2 voies avec Corporation (CRBC), de la capitale. Coût la photo sort de l’imprimante. Et le client terre-plein central, sous le contrôle du total: 72,27 milliards repart, ravi d’avoir été immortalisé sur la de F CFA (plus de trottoirs de 4 à 10 m bureau d’études déjà célèbre promenade de la corniche. de large côté fleuve, 110 millions d’euros). français SGI pont haubané sur
Consulting. La seconde
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CÉCILE MANCIAUX
MURIEL DEVEY MALU MALU JEUNE AFRIQUE
Lire aussi : Arnold Bouka Moutou, un footballeur qui a pris son temps
La Concorde cherche sa place Le complexe sportif de Kintélé, au nord de la capitale, est impressionnant. Un an après avoir accueilli les Jeux africains, il n’a rien perdu de son éclat. Mais qui en profite ?
SECONDE VIE. L’établissement, qui a ouvert après les Jeux, en novembre 2015, est de loin le plus utilisé du complexe. Avec ses 100 chambres, ses deux auditoriums de 250 places et une salle pouvant accueillir jusqu’à 1000 personnes, il a déjà servi aux réunions de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa), à Interpol, à l’OMS, à la FAO ou encore à la fondation Perspectives d’avenir, fondée par Denis Christel Sassou Nguesso, le fils du chef de l’État. Mais l’hôtel, lui aussi, est loin d’afficher complet. JEUNE AFRIQUE
Le gouvernement avait pourtant promis que le complexe, dont le coût est estimé à 380 milliards de F CFA (environ 580 millions d’euros), aurait une seconde vie après la clôture des Jeux africains. En octobre 2015, la direction départementale des Loisirs a bien organisé une excursion touristique à Kintélé pour promouvoir le site, mais, pour l’heure, peu d’événements sportifs s’y sont tenus, en dehors d’un match entre les Diables rouges congolais et la Zambie en mars, pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2017. Ilfaudrasansdouteattendrel’organisation de l’Afrobasket, l’an prochain, dans le palais des sports, pour qu’un événement
international se déroule de nouveau à Kintélé. Par ailleurs, l’accès au complexe demeure compliqué. Il faut compter au moinsquaranteminutespours’yrendreen voiture depuis le centre-ville de Brazza, et ni les bus ni les taxis ne peuvent utiliser la nouvelle voie rapide qui y mène – certains chauffeurs peu habitués à ce type de route s’arrêtaient en plein virage, au risque de provoquer de terribles accidents. « Laissez-nous un peu de temps », répondent les autorités congolaises lorsqu’on les interroge sur l’utilité de ces infrastructures. Le Stade de France n’a pas trouvé sa vitesse de croisière en une année, rappelle d’ailleurs Innocent Dimi, patron de La Financière et conseiller du ministre des Finances. À Brazzaville, on se souvient surtout qu’avant l’organisation des Jeux africains le Congo avait rarement eu l’occasion de s’offrir une aussi belle publicité à l’échelle internationale. JULIEN CLÉMENÇOT
BAUDOUIN MOUANDA POUR JA
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el un nid doré, le stade de 60 000 places émerge au loin, majestueux, alors que l’on serpente dans les collines sur la vieille route venant de Brazzaville. Au moment où le taxi quitte les quartiers populaires de Kintélé, les autres équipements du complexe sportif de la Concorde se révèlent un à un : une piscine olympique et ses tribunes de 2 000 places, des terrains de tennis et de basket, un boulodrome, un palais des sports de 10 000 places… Comme pour préserver ces petits bijoux de toute pollution visuelle, pas une maison, pas une boutique ni même une cabane n’est sortie de terre le long de ce parc de 80 ha, clos par une imposante grille. À deux pas, des ouvriers mettent la dernière main au palais des congrès (construit par l’entreprise turque Summa), tandis qu’au loin, à flanc de vallée, on peut apercevoir les bâtiments de la future université, encore en travaux. Érigé pour accueillir la 11 e édition des Jeux africains en septembre 2015, le complexe ressemble aujourd’hui à un palais abandonné par sa cour. La vasque de béton tressée du stade se dresse toujours sur l’esplanade, mais la flamme de la compétition reste désespérément éteinte. Les infrastructures sont encore comme neuves, alors que la pelouse du terrain de football d’entraînement a poussé et jauni. Surtout, il n’y a dans cet immense complexe sportif pas âme qui vive en dehors de la piscine d’entraînement utilisée par les clients de l’hôtel de la Concorde.
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Le nouveau stade, parfaitement entretenu, n’est pratiquement pas utilisé.
DES ÉQUIPEMENTS LOUÉS À PRIX CASSÉS
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i le complexe sportif de la Concorde n’a pas encore trouvé son rythme de croisière après les Jeux, ce n’est pas à cause de tarifs prohibitifs. D’après un document que Jeune Afrique a pu consulter, les autorités congolaises font tout pour rendre la location des équipements attractive. Organiser un
spectacle dans le stade ne coûte que 1,5 million de F CFA (moins de 2300 euros) par jour pour un artiste local et 2,5 millions pour un étranger. La piste d’athlétisme se loue 200000 F CFA pour une compétition nationale et 1 million pour une manifestation internationale. Quant aux
simples visiteurs qui voudraient découvrir d’un peu plus près ces terrains de sport, ils ne devront débourser que 5000 F CFA, auxquels ils pourront ajouter 5000 F CFA supplémentaires pour vivre une expérience inoubliable: piquer une tête dans le bassin J.C. d’entraînement.
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Banque des États de l’Afrique Centrale
BEAC
Banque des États de l’Afrique Centrale
Acteur clé dans les relations financières internationales de la CEMAC L’année 2015 a vu la Banque Centrale consolider ses efforts de
Créée en 1972, la Banque des États de l’Afrique Cen-
redressement dans de nombreux
trale est la banque centrale commune aux six États qui
domaines. Mieux, je peux affirmer
constituent la Communauté Economique et Monétaire
aujourd’hui que la BEAC a retrouvé
de l’Afrique Centrale (CEMAC). La BEAC a pour mis-
toute sa crédibilité et se rapproche
sion de définir et conduire la politique monétaire et la
chaque jour des meilleurs standards
politique de change de la CEMAC. Elle émet la monnaie
internationaux. Le travail accompli
fiduciaire, le F CFA (franc de la Coopération Financière
depuis 2010 par le Gouvernement que je dirige, avec le soutien de l’ensemble du personnel, est gigantesque.
en Afrique), gère les réserves officielles de change des États-membres et supervise les systèmes de paiement et de règlement. À ces missions s’ajoute, la promotion de la stabilité financière. La BEAC joue un rôle important dans le paysage économique et financier d’Afrique Centrale et elle entretient d’excellentes relations avec les principales institutions
Lucas Abaga Nchama
Yaoundé, 3 février 2016
PUBLI-INFORMATION
financières internationales.
▲ Malabo, 14 août 2015, photo de famille de la 38ème session du conseil des Gouverneurs de l’ABCA.
De nombreuses rencontres bilatérales
Une crédibilité renforcée r
➢ Audience : le Gouverneur de la BEAC a été reçu par la Directrice Générale du Fonds Monétaire International (FMI), madame Christine Lagarde le 14 janvier 2014 ;
La crédibilité de la BEAC, en tant qu’Institution sousrégionale forte, a favorisé sa désignation par ses pairs pour accueillir plusieurs rencontres internationales :
➢ Visite : le Gouverneur a reçu la Directrice Générale du FMI dans le cadre de sa visite au Cameroun le 8 janvier 2016 ;
➢ Le Conseil des Gouverneurs de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA), à Malabo ;
➢ Diverses rencontres bilatérales avec plusieurs banques centrales d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie au cours desquelles plusieurs accords et partenariats ont été signés.
➢ La conférence pour la promotion de l’inclusion financonfér cière e en Afrique centrale organisée à Brazzaville ; ➢ Les 23èmes conférences des gouverneurs des banques centrales francophones à Malabo ;
Des relations internationales de plus en plus diversifiées
▲ Le Gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama et la Directrice Générale du Fonds Monétaire International (FMI), madame Christine Lagarde
Depuis 2010, la BEAC tisse et maintient des relations fortes avec les institutions internationales telles que le FMI, la Banque Mondiale ou la Banque Africaine de Développement (BAD) ainsi qu’avec d’autres banques centrales. La Banque Centrale entretient des relations privilégiées avec la Banque de France et la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), avec laquelle elle travaille à l’interconnexion des systèmes de paiement des deux sous-régions. Elle échange régulièrement avec la banque centrale du Maroc dans les domaines du contrôle interne, de gestion la des réserves de change ou de la gestion des ressources humaines. La BEAC a récemment signé des accords de coopération avec les banques centrales de Sao-Tomé et de la RDC et engagé des concertations avec la banque centrale du Brésil et la banque centrale de Chine dans le but de renforcer les échanges entre la CEMAC et ces régions. La BEAC apparaît donc comme l’institution phare de la sous-région à travers son rôle clé dans les relations financières internationales.
Banque des États de l’Afrique Centrale
BP 1917, Yaoundé, Cameroun Tél. : (+237) 222 23 40 30/222 23 40 60 - Fax : (+237) 222 23 34 68
www.beac.int
Réalisation DIFCOM - Photos : D.R.
➢ La BEAC a assuré la présidence de l’ABCA après en avoir assuré la vice-présidence.