France L’énigme Macron HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • no 2938 • du 30 avril au 6 mai 2017
jeuneafrique.com
Sénégal Khalifa Sall Un opposant est né
Côte d’Ivoire Cacao : plus dure est la chute
BURKINA FASO
Kaboré à l’épreuve du pouvoir Dossier spécial 30 pages
ÉDITION BURKINA France3,80€•Algérie250DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe4,60€ Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285
LE PLUS
de Jeune Afrique
ENJEUX Kaboré à l’épreuve du pouvoir
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OPINION Terrorisme, passe ton chemin ! par Damien Glez ÉCONOMIE Une embellie bien méritée ENTREPRENEURIAT Tour du Faso de l’innovation
BURKINA FASO
L’art du rebond
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS
Les réformes sont en marche et la croissance plus forte que prévu. Depuis que le tandem Kaboré-Kaba Thieba a pris ses fonctions, le pays fait montre d’une réelle dynamique. Pourtant, les Burkinabè attendent plus de résultats, en particulier sur le plan social.
JEUNE AFRIQUE
N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
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BURKINA FASO
L’art du rebond
Prélude Alain Faujas
Mais oui, ça bouge!
L
es habitants du Soum, qui Les start-up et les entreprises innovantes germent dans tous les secredoutent plus que jamais le terteurs. La capitale se restructure avec rorisme islamique, tout comme le concours des urbanistes du Grand leschômeursdeBobo-Dioulasso, Lyon et l’appui financier de l’Agence qui ne comprennent pas pourquoi ils ne trouvent pas de travail dans la capitale française de développement (AFD). Il économique du pays, s’impatientent lui faut être en mesure d’accueillir plus de ne pas voir d’amélioration dans leur convenablement la vague des 100 000 quotidien. Et pourtant, le Burkina Faso ruraux qui la rejoignent chaque année bouge, et l’année 2017 est appelée à le et qui, faute de ce volontarisme de la confirmer. municipalité, risqueraient de s’entasUne nouvelle Constitution soigneuser en périphérie dans des bidonvilles sement peaufinée devrait combler les sans eau ni électricité. « tombeurs » de Blaise Compaoré Pas de sécheresse ni de pandémie en matière de contre-pouvoirs et de à l’horizon. Les relations avec la Côte d’Ivoire reviennent progressivement garanties pour de futures alternances pacifiques. Une vigoureuse reprise à la normale. Les bailleurs de fonds et de l’activité économique commence à être percepCette nation pourrait bien tible. Le FMI classe, cette être l’une des rares à réussir année, le Faso à la sixième son « printemps ». place des économies qui seront les plus dynamiques du continent, ex aequo avec les ONG ne tarissent pas d’éloges sur le Rwanda. Les augures de Washington un pays qui pourrait bien être l’un des jugent même cette croissance assez rares à réussir son « printemps », parce robuste pour se prolonger au-delà de que sa culture le porte à une rigueur 2020. et à un goût du travail peu communs. L’État dispose de rentrées fiscales et douanières de plus en plus importantes et pérennes grâce aux progrès des textes réglementaires et au recours au numérique. Le projet de création d’une Caisse des dépôts et consignations laisse espérer que l’épargne et les fonds de retraite des Burkinabè seront bientôt mobilisés en toute sécurité pour financer, par exemple, l’amélioration de l’université et de la formation technique. Les mines produisent de plus en plus d’onces d’or. Les coupures de courant devraient être moins pénalisantes, à Bobo-Dioulasso avec la mise en eau du barrage hydroélectrique de Samendéni en juin, et à Ouagadougou avec l’entrée en service de la centrale solaire de Zagtouli en septembre. JEUNE AFRIQUE
En février et en mars, le succès des 104 films de la sélection officielle du Fespaco a fait un peu oublier les attentats de 2016 aux hôteliers ouagalais, qui ont rempli leurs établissements. « Le problème, soupire l’un d’eux, c’est que, hormis les grands événements tels que le Fespaco, l’activité demeure trop calme et que ce n’est pas la foule ! » « Trop calme », « trop lent », « trop peu » résume la perception dominante de la situation au pays des Hommes intègres. Et pourtant, celui-ci connaît un exceptionnel « alignement des planètes » en faveur d’un vrai décollage économique et social. Qui l’emportera, de l’impatience populaire ou d’une croissance enfin partagée ? N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
ENJEUX Kaboré à l’épreuve du pouvoir INTERVIEW Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères
p. 68
p. 74
OPINION Terrorisme, passe ton chemin !
p. 77
POLITIQUE La Ve République, c’est pour bientôt
p. 78
Entretien avec Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition p. 81 Au CDP, on prépare l’après
p. 84
ÉCONOMIE
Une embellie bien méritée
p. 88
Des affaires en or
p. 96
Tour du Faso de l’innovation
p. 104
TENDANCE Samira Sawadogo, actrice et businesswoman
p. 110
Marto réveille Ouaga
p. 112
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Le Plus de Jeune Afrique
ENJEUX
À l’épreuve du
Après la victoire électorale, le 1er décembre 2015, dans les rues de Ouaga. N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
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pouvoir S
BENJAMIN ROGER
esprochesassurentqu’iln’apaschangé. Qu’il est toujours resté le même, malgré le poids de la fonction. Qu’il n’a pas modifié ses habitudes. Il continue ainsi à résider dans sa demeure personnelle, se rend au palais de Kosyam chaque jour avec une escorte restreinte et aime aller à la messe avec les siens, tous les dimanches, comme il l’a toujours fait. S’il est resté ce personnage rond et affable, dont les qualités humaines sont louées même par ses plus farouches adversaires politiques, Roch Marc Christian Kaboré n’en est pas moins devenu le président d’un pays, et surtout d’un peuple, assoiffé de changement. Le 29 novembre 2015, son élection dès le premier tour de la présidentielle soulevait une vague d’espoir, après quasi trois décennies sous la férule de Blaise Compaoré et douze mois d’une transition éprouvante. Près d’un an et demi plus tard, l’euphorie est retombée. Roch Kaboré est le chef d’un État confronté à de multiples défis. C’est désormais à lui, et à lui seul, que l’on demande des comptes. Difficile de trouver des excuses ou de pointer du doigt tantôt les pro-Compaoré, tantôt les responsables de l’ex-transition – comme son entourage a parfois eu tendance à le faire.
Les premiers résultats des réformes engagées il y a un an sont plutôt positifs. Pourtant, Roch Kaboré doit encore relever des défis de taille pour répondre aux attentes sociales et rétablir la confiance entre l’État et les citoyens.
ISSOUF SANOGO/AFP
INQUIÉTUDE. Quelques jours seulement après sa prise
JEUNE AFRIQUE
de fonctions, le nouveau président fut confronté à ce qui sera probablement l’un des principaux enjeux de son quinquennat : la lutte contre le terrorisme (lire p. 77). Le 15 janvier 2016, pour la première fois dans l’histoire du Burkina, un commando d’Aqmi assassinait 30 personnes dans le centre de Ouagadougou. Depuis, les attaques terroristes contre les forces de sécurité sont régulières dans le Nord. En particulier dans la province du Soum, frontalière du Mali, où le groupe Ansarul Islam, dirigé par Ibrahim Malam Dicko, un prédicateur peul radicalisé, fait régner la terreur (lire encadré p. 70). Le 16 décembre 2016, ses hommes tuent douze soldats lors d’une attaque contre le camp militaire de Nassoumbou, au nord de Djibo, provoquant un nouvel électrochoc à Ouagadougou. Un renforcement du dispositif sécuritaire dans le Nord est décidé. Le général Pingrenoma Zagré est remplacé au poste de chef d’état-major général des armées par le colonel-major Oumarou Sadou, originaire de cette région. « Le présidentgèrececontextesécuritairetenduavecexpérience et sérénité. Nous avons rapidement entamé la riposte, et des troupes supplémentaires ont été déployées sur le terrain », assure l’un de ses collaborateurs. Iln’empêche.Uneinquiétudecertaineestaujourd’hui palpable au Burkina, longtemps épargné par le terrorisme et les groupes jihadistes. Plusieurs gradés ne cachent pas leurs craintes concernant la menace actuelle. « Depuis l’attentat de Ouaga, rien n’a été fait. Nous n’avons pas reçu de moyens supplémentaires. Nous avons surtout l’impression qu’il n’y a pas de volonté politique, voire que le problème n’est N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
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Le Plus de JA Burkina Faso
Kaboré en quatre temps
29 novembre 2015
Roch Marc Christian Kaboré est élu dès le 1er tour de la présidentielle avec 53,46 % des voix (il sera investi le 29 décembre). Aux législatives, le MPP obtient 55 sièges sur 127, l’UPC 33 et le CDP 18.
6 janvier 2016
Paul Kaba Thieba est nommé Premier ministre. Son gouvernement est formé le 12.
15 janvier 2016
Une attaque terroriste revendiquée par Aqmi frappe un bar-restaurant et un hôtel au cœur de Ouagadougou. Bilan : 30 morts.
20 février 2017
Remaniement du gouvernement, toujours dirigé par Paul Kaba Thieba. Roch Kaboré attribue le portefeuille de la Défense à Jean-Claude Bouda, ex-directeur général du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou.
pas encore suffisamment grave pour être traité », confie un officier. Par chance, cette dégradation sécuritaire n’a pas eu d’impact sur la croissance économique. En 2016, le PIB a crû de 6,2 % – plus que prévu – (lire pp. 88-89). Une bonne performance qui n’a pourtant pas enrayé la montée de la grogne sociale, ni empêché des grèves dans différentes branches du secteur public ces derniers mois : santé, médias, inspecteurs des impôts et des finances… Dans la rue, au quotidien, les Burkinabè ne perçoivent pas encore de changement concret et commencent à s’impatienter. La seule mesure saluée par tous est la mise en place de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans – une promesse de campagne de Kaboré. Pour le reste, les avis divergent. « Il est encore trop tôt pour évaluer l’œuvre de “Roch”, mais, pour l’instant, il ne se passe quand même pas grandchose », déplore un habitué du sérail ouagalais. Même tonalité du côté de l’opposition. Son chef de file et président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Zéphirin Diabré, considère que « 2016 a été une année perdue pour le Burkina ». Début février, pour le premier anniversaire du nouvel exécutif, il a publié un mémorandum acerbe. « Demandez aux commerçants et aux travailleurs, ils vous diront que 2016 n’a rien apporté de significatif dans leur quotidien », déplore le président de l’UPC. « ÉTAT-MPP ». Dans le camp présidentiel, on rétorque qu’il faut du temps et que le vrai bilan de Kaboré devra être dressé à la fin du quinquennat, en 2020. On rappelle aussi qu’en décembre 2016, à Paris, lors de la conférence des partenaires pour le financement des projets du Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020, le gouvernement est parvenu à récolter 12,2 milliards d’euros de promesses de dons de la part des bailleurs de fonds, auxquels s’ajoutent 16 milliards d’euros d’engagements d’investissement de la part du secteur privé. Un succès qui doit maintenant se concrétiser sur le terrain. Grand artisan du PNDES, le Premier ministre, Paul Kaba Thieba (lire pp. 72-73), a été confirmé
à la tête du gouvernement par le chef de l’État lors du remaniement du 20 février. Quelques jours plus tard, ce technocrate intégrait le bureau politique national du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti présidentiel, renforçant les critiques sur la mise en place d’un « État-MPP » façonné par Roch Kaboré et ses deux compagnons de route : Salif Diallo, le président de l’Assemblée nationale, désormais officiellement à la tête du parti, et Simon Compaoré, le ministre de la Sécurité, premier vice-président du mouvement. Les fondateurs du MPP entendent aussi tourner définitivement la page du régime de Blaise Compaoré – dont ils ont tous été des cadres importants avant de basculer dans l’opposition – en promulguant une nouvelle Constitution. Élaborée par une commission idoine, cette nouvelle loi fondamentale, hautement symbolique, devrait être soumise à référendum d’ici à la fin de l’année (lire p. 78). La question de la réconciliation nationale, thème porté par les partis de l’ex-majorité aujourd’hui réunis au sein de la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (Coder, lire p. 82), sera un autre grand enjeu du quinquennat. À l’international, le président burkinabè, réputé pour son sens du consensus, a globalement su séduire ses pairs, tant sur le continent qu’en Occident. « Il a surtout réussi à rétablir des relations apaisées avec la Côte d’Ivoire, ce qui est fondamental pour le Burkina Faso », explique Cynthia Ohayon, analyste au sein d’International Crisis Group pour ces deux pays (lire pp. 74-75). Toujours exilé à Abidjan, son prédécesseur, Blaise Compaoré, sera jugé par contumace par la Haute Cour de justice à partir du 4 mai pour son rôle dans la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014, la première audience, fixée au 27 avril, ayant été repoussée. L’ouverture de ce procès rappelle que deux autres dossiers judiciaires majeurs sont à l’arrêt, malgré la volonté affichée par Kaboré de les « solder » rapidement : celui du putsch manqué de septembre 2015 et celui, plus sensible, de l’assassinat de Thomas Sankara, il y a trente ans, qui sera commémoré le 15 octobre.
PEUR SUR LE SOUM
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ttaques régulières contre les forces de sécurité, assassinats de civils suspectés de collaborer avec les autorités, populations menacées et terrifiées… Depuis la fin de 2016, les hommes d’Ansarul Islam, le groupe d’Ibrahim Malam Dicko, ont transformé la province du Soum, frontalière du Mali, en zone de non-droit. N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
La situation y est aujourd’hui très préoccupante. Des écoles ont fermé, nombre d’enseignants ont fui, et les services publics de certaines localités tournent au ralenti – rappelant parfois la situation de certaines communes du centre du Mali voisin. « Le mal est profond, et le ver est déjà dans le fruit », s’inquiète le directeur d’une école
primaire, qui évoque un « sentiment d’abandon » au sein de la population. Début avril, Simon Compaoré, le ministre de la Sécurité, a effectué une tournée dans la province, au cours de laquelle il a tenu à rassurer les habitants en garantissant que « les choses [étaient] en marche » pour améliorer la situation. Des moyens
humains supplémentaires ont été déployés le long de la frontière, et des postes avancés ont été établis. La coopération avec la force française Barkhane a aussi été renforcée, comme l’a montré, début avril, une opération transfrontalière menée conjointement par des militaires français, burkinabè B.R. et maliens. JEUNE AFRIQUE
Le Plus de JA Burkina Faso
Lire aussi « Ce qu’il faut savoir de Paul Kaba Thieba »
SOPHIE GARCIA/HANS LUCAS POUR JA
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Paul Kaba Thieba, la force tranquille
Dans son bureau, à la primature.
Inconnu lors de sa nomination en janvier 2016, le Premier ministre semble avoir trouvé ses marques au sein de l’exécutif et a marqué des points dans l’opinion publique.
D
iscrètement mais sûrement, Paul Kaba Thieba imprime sa marque à la tête du gouvernement burkinabè. « L’opposition dit que je suis un “Premier ministre par défaut”, ce n’est pas ce que je constate. Mes relations avec Roch Marc Christian Kaboré comme avec le président de l’Assemblée, Salif Diallo, sont des plus détendues et des plus cordiales, et nous partageons la même vision », répond-il à ses détracteurs qui, il y a un an, pensaient qu’il serait totalement éclipsé par le trio Roch Kaboré-Salif Diallo-Simon Compaoré. N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
L’ancien haut fonctionnaire de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a vite appris la réalité du terrain et, s’il reste réservé, il se pose désormais en chef d’orchestre.
au travail et son esprit d’écoute, il a su surmonter son manque d’expérience du monde politique et a vite comblé les lacunes qu’il pouvait avoir quant à l’environnement économique. » Le président par intérim du Congrès pour la L’ancien haut fonctionnaire a vite démocratie et le progrès appris la réalité du terrain et se (CDP, ex-parti au poupose désormais en chef d’orchestre. voir), Achille Tapsoba, abonde dans le même « Les coups politiques reçus durant sa sens : « Quasi inconnu à son arrivée, première année à la tête du gouvernePaul Kaba Thieba était face à un défi difficile à relever. Mais il a réussi à ment l’ont aguerri, commente un habitué du palais de Kosyam. Par son ardeur s’adapter tant bien que mal à la situation JEUNE AFRIQUE
L’art du rebond sociopolitique. » « Si on lui donne du temps et s’il est entouré de collaborateurs compétents, pas trop politisés, il pourra donner la mesure de son talent dans le financement et la mise en œuvre du PNDES [Plan national de développement économique et social] », estime un homme d’affaires, rappelant avec insistance que « le Premier ministre a la confiance totale du chef de l’État ». Véritable bourreau de travail, selon ses collaborateurs, Kaba Thiéba aime tout comprendre. Il sait que, pour opérer une transformation structurelle de l’économie, il faudra s’armer de patience et de persévérance. Mais il se dit aussi convaincu de l’urgence qu’il y a à rendre opérationnel le PNDES 2016-2020, dont le coût global est évalué à 15 400 milliards de F CFA (23,5 milliards d’euros). « Ce plan, c’est la chance de transformer le Burkina. J’y pense chaque matin et chaque soir, je réfléchis à la façon de développer des investissements plus porteurs, d’identifier les réformes structurelles indispensables… » confie le Premier ministre. Après son sans-faute dans l’organisation de la Conférence des partenaires
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du Burkina Faso pour le financement du PNDES, les 7 et 8 décembre 2016, à Paris, où il a recueilli des promesses d’investissements pour 12,2 milliards d’euros des bailleurs internationaux (soit bien plus que le besoin affiché, de près de 8,5 milliards) et 16 milliards de la part du secteur privé, le chef du gouvernement a sans surprise été reconduit dans ses fonctions lors du remaniement ministériel du 20 février. « Sa compétence va
énergétique, amélioration du climat des affaires et de la compétitivité du secteur minier, développement de la transformation des produits agricoles, etc. « On ne relance pas une économie qui a autant de lacunes que la nôtre en si peu de temps, dit-il. C’est pourquoi nous nous attaquons aux bases de la reprise. » Grâce au rebond des productions agricole et minière, la croissance a été plus vigoureuse que prévu en 2016, à 6,2 %, soit 1 point de plus que les prévisions Après le succès de la Conférence de initiales (lire pp. 88-89). Paris, le chef du gouvernement est « Ce n’est pas assez ! Je vise une croissance à attendu sur le front des réformes. deux chiffres », assure Paul Kaba Thieba, qui compte ainsi se mesurer à l’aune de son aptitude à infléchir durablement la courbe de mobiliser les ressources nécessaires pour la pauvreté – laquelle affecte plus de exécuter ce plan. Désormais, on l’attend à mi-parcours, pour voir si les lignes ont 40 % des Burkinabè. Parmi les premières mesures, la gratuité des soins pour les bougé », reconnaît l’avocat Guy Hervé enfants de moins de 5 ans, les femmes Kam, porte-parole du Balai citoyen. enceintes et les personnes indigentes de plus de 65 ans, entrée en vigueur en LACUNES. Le Premier ministre est aussi attendu sur le front des réformes. Et mai 2016, va en tout cas dans le sens du développement humain. la liste est longue : remise à plat de la NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou politique fiscale, réduction du déficit
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Le Plus de JA Burkina Faso INTERVIEW
Alpha Barry « Nos relations avec la Côte d’Ivoire ne peuvent être quelconques » Après s’être employé à restaurer la confiance des partenaires, le chef de la diplomatie continue de les mobiliser autour des défis sécuritaires, démocratiques et économiques que doit relever le pays.
I
l fut un familier du Guinéen Sékouba Konaté, puis a conseillé son successeur, Alpha Condé, dont il est proche, comme il l’est des présidents togolais et nigérien Faure Gnassingbé et Mahamadou Issoufou… Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’extérieur est un homme deréseaux.Avantdes’engagerenpolitique, Alpha Barry, 47 ans, a fait carrière dans les médias. Diplômé en journalisme et en sociologiedel’universitédeOuagadougou, il a intégré l’équipe de la radio privée Horizon FM, puis celle du Journal du soir (1994-2000). Correspondant de Radio France internationale à Ouagadougou de 1997 à 2012, il a collaboré avec plusieurs rédactions panafricaines ou internationales (dont Jeune Afrique, France 24 et Reuters Télévision) et, en 2008, a fondé Radio Oméga, devenue l’une des stations burkinabè les plus suivies pour la qualité de leur information et leur couverture de l’actualité en temps réel.
Il officiait depuis 2011 comme conseiller spécial du président guinéen lorsqu’il a été appelé par le président Roch Kaboré pour prendre la tête de la diplomatie, le 12 janvier 2016. Entre les attentats terroristes perpétrés trois jours plus tard à Ouagadougou et la quasi-crise diplomatique avec le voisin ivoirien due aux mandats d’arrêt lancés contre Guillaume Soro et l’ex-président Blaise Compaoré, les dossiers brûlants ne manquaient pas. JEUNE AFRIQUE: Quel bilan dressez-vous de votre première année d’exercice ? ALPHA BARRY : Il est positif, car le
Burkina est de retour sur la scène internationale. Dès l’installation du gouvernement, nous avons travaillé à la relance économique,cequipassaitparlaremobilisation decertains partenaires occidentaux, arabes et asiatiques: partout où des projets étaient à l’arrêt, nous nous sommes attelés à les redémarrer, en expliquant aux uns et aux autres que le Burkina était un pays
RENDEZ-VOUS ENTRE AMIS
L
e 5e sommet duTraité d’amitié et de coopération (TAC), fin juillet 2016, à Yamoussoukro, a été un signal fort de la normalisation des relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, qui se sont d’ailleurs donné rendez-vous en juillet prochain, à Ouagadougou, pour une nouvelle conférence des chefs d’État. Les 30 et 31 mars, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, et son homologue ivoirien, Marcel Amon-Tanoh, se sont rencontrés à BoboDioulasso à l’occasion
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d’un comité d’évaluation et de suivi duTAC (une première depuis sa signature, en 2008), et plus particulièrement des accords bilatéraux conclus lors du 5e sommet. L’un des projets qui a le plus avancé est celui de l’autoroute AbidjanOuagadougou (1 000 km), pour lequel les deux pays doivent mobiliser 2 000 milliards de F CFA (plus de 3 milliards d’euros), dont 1 200 milliards pour la partie burkinabè. Selon Alpha Barry, pour la construction du premier tronçon, entre Ouaga et Koudougou
(110 km), l’étape de préqualification des entreprises est en cours, et le gouvernement espère aboutir à la signature d’un contrat de partenariat publicprivé dans les prochains mois, de façon à engager les travaux avant la fin de l’année. Les chefs de la diplomatie sont également convenus de réduire le nombre de points de contrôle, pour lutter contre les tracasseries policières qui gênent la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays. CÉCILE MANCIAUX
auquel ils pouvaient faire confiance. Ce travail a permis de relancer des projets routiers, la construction d’hôpitaux, les forages, etc. Il a aussi abouti au succès de la Conférence de Paris, en décembre 2016, avec des promesses de financement de 28 milliards d’euros exprimées par les bailleurs traditionnels et le secteur privé international. En outre, à la fin de la transition politique, le Burkina a été salué comme un modèle pour son insurrection populaire et pour la résistance de son peuple à la tentative de coup d’État du général Diendéré. Nous avons expliqué à nos partenaires que ce modèle démocratique a besoin de soutiens pour prospérer. Enfin, la sécurité a été l’un des piliers de notre action diplomatique. Nous avons défendu l’idée d’un renforcement de la Mission des Nations unies au Mali [Minusma] et, surtout, du retour du bataillon de la mission de maintien de la paix au Darfour pour renforcer notre dispositif sécuritaire. Nous avons aussi œuvré avec l’ONU pour le redéploiement de nos troupes à l’intérieur du Mali et le repositionnement du G5 Sahel auprès de la communauté internationale. Le Burkina de Blaise Compaoré s’illustrait par ses médiations. Comment le pays se positionne-t-il aujourd’hui ?
Le contexte a bien changé. Avant, le danger se situait ailleurs, dans d’autres pays où il fallait se rendre pour mener des médiations. Aujourd’hui, le danger est à nos portes, il est même chez nous. Nous devons nous concentrer sur nous-mêmes et sur la sécurisation de notre territoire pour y faire face. Comment avez-vous contribué à apaiser les rapports qui s’étaient extrêmement tendus avec la Côte d’Ivoire pendant la transition ?
Le réchauffement a été avant tout une volonté de nos deux chefs d’État. Juste après l’installation du gouvernement, fin janvier 2016, ils se sont rencontrés au JEUNE AFRIQUE
L’art du rebond
sommet de l’Union africaine, à AddisAbeba, et ont décidé de privilégier la diplomatie. Avec le mandat d’arrêt qui venait d’être émis par la justice burkinabè contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, et l’attaque de la poudrière de Yimdi [en banlieue de Ouaga, le 22 janvier 2016] par des soldats de l’exRégiment de sécurité présidentielle [RSP] réfugiés en Côte d’Ivoire, il est évident que les tensions étaient perceptibles. Les deux présidents ont choisi le dialogue, car l’interpénétration est telle entre nos pays qu’il ne pouvait en être autrement. D’autant que Roch Marc Christian Kaboré et Alassane Ouattara entretiennent des rapports privilégiés, qui ont facilité l’apaisement – entre eux, ils s’appellent « neveu » et « tonton » pour plaisanter, parce que le père du président Kaboré était un collègue d’Alassane Ouattara à la Banque centrale [Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest, BCEAO, dont Charles Bila Kaboré a été vice-gouverneur de 1975 à 1982, avant de passer le relais à Alassane Ouattara]. Je pense que, de toute façon, le Burkina Faso, qui compte 4 millions de ressortissants en Côte d’Ivoire, ne peut entretenir avec elle une relation quelconque, et viceversa. L’axe Abidjan-Ouagaest comparable au couple Paris-Berlin en Europe. JEUNE AFRIQUE
L’affaire des écoutes présumées impliquant Guillaume Soro et Djibrill Bassolé dans le putsch raté de mi-septembre 2015 est-elle définitivement close ?
Cette affaire relève de la justice. Nous n’en avons géré que les conséquences politiques et diplomatiques, mais n’interférons pas dans le dossier lui-même, au nom la séparation des pouvoirs. Nous avons toujours expliqué que ce mandat n’est pas une volonté du gouvernement contre les autorités ivoiriennes, mais
Nos amis ivoiriens nous ont donné des assurances. Nous nous en tenons à cela. Ces derniers mois, le pays est confronté aux attaques répétées de groupes terroristes dans le Nord. Comment y répondre ?
Le gouvernement organise la riposte, et les forces de défense se préparent activement pour mener cette guerre asymétrique. Petit à petit, avec les troupes du Mali et du Niger, notre armée met en
L’axe Abidjan-Ouaga est comparable au couple Paris-Berlin en Europe. la décision d’un juge. Et nous avons été plutôt bien compris par nos frères ivoiriens sur ce point. Cela a dépassionné le débat. Le Burkina considère-t-il toujours la présence de l’ex-président Blaise Compaoré au bord de la lagune Ébrié comme une source de menace ?
Écoutez… [Silence]. Nous n’avons pas l’intention de nous mêler des affaires de la Côte d’Ivoire. Le fait que Blaise Compaoré y soit réfugié ne nous empêche pas d’avoir d’excellentes relations avec ce pays frère.
place la force multinationale de sécurisation des frontières dans la zone du Liptako-Gourma. Cette force composée de 2000 hommes et placée sous commandement nigérien va mener des opérations conjointes aux frontières des trois pays, à l’image de celles qui sont organisées autour du lac Tchad. Et nous appelons la communauté internationale à coopérer, et à soutenir le G5 Sahel en matière de logistique, d’équipements, de moyens de renseignements et de surveillance. Propos recueillis à Ouagadougou par NADOUN COULIBALY N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
SOPHIE GARCIA | HANSLUCAS.COM POUR JA
Le ministre des Affaires étrangères est entré en fonction trois jours avant les attentats de 2016.
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OPINION Damien Glez
Terrorisme, passe ton chemin !
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u’est-ce que le Burkina Faso a fait au Bon Dieu? Ou plutôt qu’a-t-il fait aux démons d’un radicalisme prétendument religieux? Pourquoi, régulièrement dans sa partie septentrionale et plus ponctuellement sur le reste de son territoire, l’affable pays des Hommes intègres est-il la cible des jihadistes? Est-ce parce que les plus gourmands des théoriciens de l’Azawad revendiquent quelques villes burkinabè pour leur État virtuel? Est-ce parce que le Faso fournit des militaires à l’opération Barkhane et des zones de repli discrètes aux soldats français? Est-ce parce que l’ancienne HauteVolta prône avec succès la cohabitation débonnaire des confessions religieuses? Dans la soirée du 15 janvier 2016, un attentat revendiqué par la katiba Al-Mourabitoune faisait 30 morts au cœur de Ouagadougou. Le même jour, Arthur Kenneth Elliott et sa femme, Jocelyn, des Australiens, étaient enlevés dans la ville de Djibo. Depuis, plusieurs attaques terroristes ont frappé le nord du pays, à Tin-Akoff, Intagom, Nassoumbou ou encore Yorsala.
La résilience made in Faso. Certes, les populations du Sahel burkinabè sont légitimement inquiètes. Pourtant, le Burkina Faso n’a pas cédé à la psychose que voulaient susciter les extrémistes. Une résilience certaine est au rendez-vous. Pour Gaetan Santomenna, propriétaire endeuillé du Cappuccino, qui fut la cible principale de l’attentat de Ouagadougou, la réouverture du restaurant, sous le même nom, est « un devoir de mémoire ». Les travaux de réhabilitation ont d’ailleurs débuté le 30 juillet 2016. Le collectif créé pour la commémoration du rapt du « couple Elliott » (même si Jocelyn a entre-temps été libérée) a organisé, entre autres, une marche, des veillées de prières et un débat public sur les réponses à apporter au radicalisme violent. L’otage, toujours retenu, a été naturalisé burkinabè. À l’occasion du dernier remaniement gouvernemental, un ministère a été entièrement consacré à la Sécurité, et un JEUNE AFRIQUE
ministre de la Défense a été nommé à ce poste, occupé jusque-là par un président Roch Marc Christian Kaboré au four et au moulin. Vade retro radicalistes ! Le pays se veut celui de l’intégrité, mais aussi celui de la pondération dans la pratique des croyances. Dans son rapport « Burkina Faso : préserver l’équilibre religieux », publié en septembre 2016, l’ONG International Crisis Group rendait hommage à une singulière « exception de pluralisme religieux et de tolérance ». Le mois suivant, Roch Kaboré était invité au Vatican par le pape François, qui a salué « l’exemple de tolérance religieuse » du peuple burkinabè et le « modèle démocratique » qu’il représentait pour la région. Sur le terrain, l’Observatoire national des faits religieux et la Commission du dialogue islamo-chrétien interviennent patiemment pour que cette terre ne devienne pas un terreau du radicalisme. Bien sûr, l’environnement cultuel mondial semble démontrer qu’aucune foi n’est absolument incorruptible. En juillet 2016, au Burkina, la mosquée sunnite d’Orodara était saccagée pour une banale affaire d’auvent. Sans doute cette crise locale à cadre religieux est-elle l’exception qui confirme la règle de la cordiale cohabitation. Des voix murmurent cependant que la religiosité pacifique se muerait, petit à petit, en tentation de radicalisme. Nul ne minimise les tentatives de manipulation des esprits par des prédicateurs burkinabè comme Ibrahim Malam Dicko, fondateur du groupe salafiste Ansarul Islam et initiateur d’une attaque qui fit douze victimes à Nassoumbou. Mais ces prêcheurs de mauvais augure oublient l’histoire récente du Burkina Faso. Si le peuple a su se dresser contre les fossoyeurs politico-militaires d’une démocratie embryonnaire, son volontarisme profondément croyant et laïc saura réaffirmer un message clair: « Le terrorisme ne passera pas par moi. » N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
Le Plus de JA Burkina Faso POLITIQUE
La Ve République, c’est pour bientôt Symbole de la rupture avec l’ère Compaoré, la nouvelle Constitution doit être soumise à référendum avant la fin de l’année.
et la constitutionnalisation de certains droits sociaux, comme l’accès à l’eau potable, à la santé et au logement. « Ces droits fondamentaux devenant justiciables, l’État va devoir rationaliser ses choix pour faire face à ses obligations », souligne Luc Marius Ibriga. L’article 37 de la Constitution de 1991, dont le projet de modification a causé la chute de Blaise Compaoré, est remplacé par un article 59 qui limite l’exercice de la présidence à deux mandats de cinq ans, qu’ils soient ou non successifs. Cette disposition est verrouillée par l’article 192, selon lequel « aucun projet ou proposition de révision de la Constitution n’est recevable lorsqu’il remet en cause […] le nombre et la durée des mandats présidentiels ». Quant au nombre de mandats des députés, il sera limité à trois (successifs ou non). Il est précisé en outre que l’actuel chef de l’État et le président de l’Assemblée nationale, Salif Diallo, ne pourront « préLes Burkinabè vont devoir se prononcer sur le texte au second semestre de 2017. tendre qu’à une seule réélection » dans leurs fonctions respectives. e vous assure que vous [États-Unis, Canada] », explique Luc Le texte opte pour un régime semine serez pas déçus de présidentiel : le président ne pourra ni Marius Ibriga, le rapporteur général de nos propositions », décladésigner le Premier ministre, ni prola commission. rait mi-mars M e Halidou céder à des nominations aux grandes En avril, les comptes rendus des débats Ouédraogo, le président de la comfonctions de l’État, ni utiliser ses pouont été étudiés en séance plénière par mission constitutionnelle, à la veille voirs en temps de crise sans recevoir la commission, qui a rédigé un deude la présentation de l’avant-projet de xième avant-projet, lequel doit désorl’approbation de l’Assemblée nationale, Constitution dans les treize régions et il sera passible de destitution. En mais être soumis au président du Faso, du pays. Représentant l’exécutif, les matière de justice, le chef de l’État ne Roch Marc Christian Kaboré. Il disposera partis politiques, l’armée, les autorités ensuite de huit jours pour transmettre pourra nommer que 4 des 23 membres du Conseil supérieur de la magistrature religieuses et coutumières, les organisases remarques à la commission. Celle-ci (point qui ne fait a priori tions de la société civile, les opérateurs économiques ou encore les Burkinabè pas encore consensus). Le Certains droits sociaux, comme président et les membres de l’extérieur, les 92 membres de la coml’accès à l’eau, devraient être mission ont planché de fin septembre du gouvernement pourront à fin décembre 2016 sur une première être poursuivis devant la inscrits dans la loi fondamentale. chambre criminelle de la ébauche de nouvelle loi fondamentale, cour d’appel et ne bénéficieront plus qui a été rendue publique en janvier. se penchera une dernière fois sur le texte, qu’elle adoptera par consensus. Les d’une justice d’exception via la Haute Du 16 au 19 mars, le texte a fait l’objet d’un débat inclusif : 52 membres de la Cour de justice. citoyens burkinabè devront se prononcer commission ont été envoyés sur le terpar référendum d’ici à la fin de l’année Reste quelques pommes de disrain pour présenter le projet, entendre sur le projet de Constitution. corde, comme le tribunal militaire, les avis et recueillir les suggestions des qui avait d’abord été supprimé avant d’être réintroduit en décembre, populations. « Ces assises ont été orgaCRITIQUABLES. L’avant-projet présenté « dans des conditions des plus crinisées sur l’ensemble du territoire, mais lors des assises respecte les aspirations des mouvements sociaux et politiques tiquables », selon un membre de la aussi à l’étranger, dans les pays accueilqui ont contribué à la chute de Blaise commission, ainsi que la question de lant une importante diaspora burkinabè, Compaoré : une meilleure séparation l’abolition de la peine de mort, rejeen Afrique [Côte d’Ivoire, Mali, Ghana, Sénégal, Gabon], en Europe [France, et un rééquilibrage des pouvoirs, le tée par la communauté musulmane. renouvellement de la classe politique CHARLES BOUESSEL, envoyé spécial Belgique, Italie] et en Amérique du Nord SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM
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JEUNE AFRIQUE
PUBLI-INFORMATION
CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DU BURKINA FASO
Une vision d’un secteur privé pospère au Burkina Faso
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inq mois après sa prise de fonction à la tête de la
Chambre de Commerce et d’In-
dustrie du Burkina Faso (CCI-BF), Monsieur Mahamadi SAVADOGO n’a rien perdu de sa détermination et de son ambition d’opérer le « renouveau consulaire » tant souhaité par les acteurs du secteur privé burkinabè. Ce projet, il entend le réaliser dans une synergie d’actions. « Aucun acteur ne sera exclu », dit-il en substance. Il s’exprime également sur sa vision de la contribution du secteur privé à la mise en œuvre du Plan National de Développement Économique et Social (PNDES).
Dans votre programme de mandature, vous promettez d’opérer un « renouveau consulaire ». Que signifie ce renouveau et quels seront ses principaux éléments caractéristiques ? Mahamadi SAVADOGO : Le « renouveau consulaire » signifie tout simplement que « plus rien ne sera comme avant ». C’est cet esprit qui prévaut actuellement dans notre Pays. Et nous nous inscrivons, nousaussi, dans le même sillon. Nous voulons changer positivement les choses. Ce qui signifie que nous devons travailler pour innover ; nous devons travailler pour développer davantage l’économie du Burkina Faso. Le « renouveau consulaire » veut également dire que nous ne pouvons pas nous permettre des pratiques contraires aux règles en vigueur. La transparence et l’équité sont des valeurs que nous entendons promouvoir. Nous voulons renforcer les acquis de cette institution afin de la rendre plus proche des opérateurs économiques et permanemment à leur service. J’en profite pour lancer un appel à l’endroit de tous les acteurs économiques quel que soit leur taille ; si nous voulons que la CCI-BF soit performante, nous devons nous investir chaque jour à la rendre plus crédible et prospère. Les rencontres annuelles entre le Gouvernement et le secteur privé sont une tradition, mais il est aujourd’hui question de l’implication de ce dernier dans la mise en œuvre du PNDES. Comment vous entrevoyez ce partenariat avec l’État ? M.S. : Ces rencontres entre le secteur privé et le Gouvernement sont effectivement une tradition depuis une quinzaine d’années. Elles permettent à l’État et au secteur privé, qui sont des partenaires, de se concerter autour de leurs préoccupations mutuelles dans le but de trouver des solution l ti ns pour une économie prospère. Comme e dans tous les pays, le secteur privé burkinabè entend jouer toute sa partitio on. L’ambitieux programme de développement que le Chef de l’État a bien voulu mettre m en chantier en est la preuve. Nous soutenons pleinement ce projet comme nous l’avons dit à SEM. Roch Marc Christia an KABORE et à SEM. Paul Kaba THIEBA A. Il vous souviendra que le secteur
Les membres du Bureau Consulaire à l’issue d’une audience avec SEM. le Président du Faso.
privé burkinabè a fortement pris part à la table ronde des partenaires tenue à Paris en début décembre 2016. Nos entreprises ont pris l’engagement d’accompagner l’État à hauteur de plusieurs milliards de FCFA. Nous réfléchissons maintenant sur les conditions pour une mise en œuvre effective du PNDES. Quel message avez-vous à l’endroit des investisseurs étrangers ? M.S. : Les investisseurs étrangers seront toujours les bienvenus dans notre Pays. Il est évident qu’aucun pays ne peut se construire et se développer sans une ouverture vers les autres. Du reste, la table ronde de Paris visait principalement à présenter le PNDES aux partenaires et aux investisseurs internationaux. À ce niveau également, il y a eu d’importantes promesses de financement. Notre rôle, en tant que porte-parole institutionnel du secteur privé burkinabè, est de travailler permanemment à améliorer le climat des affaires pour ainsi, créer des conditions favorables à l’investissement. C’est dans cette optique que nous avons organisé, les 30 et 31 mars dernier, le forum ÉtatSecteur privé sur les Partenariats PublicPrivé (PPP). À cette occasion, nous avons formulé des recommandations à l’endroit des acteurs y compris l’État, dans le but de favoriser les partenariats entre les entreprises étrangères et celles du Burkina Faso. C’est seulement dans cette synergie d’actions que nous pourrons effectivement apporter une contribution efficace à la mise en œuvre du PNDES. J’invite donc les investisseurs étrangers à saisir cette opportunité...•
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Le Plus de JA Burkina Faso
Zéphirin Diabré Président de l’Union pour le changement, chef de file de l’opposition politique « La situation est très difficile pour les Burkinabè »
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR JA
À Ouagadougou, le 19 avril.
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ugeant décevante la gestion du président Kaboré, malgré un rebond de la croissance du PIB à 6,2 % en 2016, l’opposition hausse à nouveau le ton et a battu le rappel de ses troupes en organisant, le 29 avril, un « meeting d’interpellation de la majorité ». L’économiste Zéphirin Diabré, président du principal parti d’opposition, l’Union pour le changement (UPC), et chef de file de l’opposition politique (CFOP), explique les raisons de cette mobilisation. JEUNE AFRIQUE : L’opposition a fait sa rentrée politique le 29 avril avec un meeting populaire. Pourquoi ? ZÉPHIRIN DIABRÉ : La situation poli-
tique et socio-économique est très difficile pour les Burkinabè, à cause de l’échec de gouvernance du pouvoir actuel. Même les membres de la majorité ne se gênent plus pour le dire, dans des termes encore plus virulents que les nôtres. Il est du rôle de l’opposition de se faire le porte-parole des citoyens mécontents et, donc, d’interpeller JEUNE AFRIQUE
vigoureusement les gouvernants chaque fois que c’est nécessaire. Après le mémorandum critiquant sévèrement le bilan du gouvernement, que revendiquez-vous aujourd’hui ?
Nous réclamons un traitement diligent des maux qui assaillent les Burkinabè : chômage des jeunes et des femmes, faillite
Comment vous assurer que vos revendications soient prises en compte par le pouvoir ?
Pour une opposition républicaine comme l’est celle du Burkina, l’interpellation, sous toutes ses formes, est le principal moyen de se faire entendre. En prenant l’opinion à témoin, en la sensibilisant et en la mobilisant, on obtient toujours du pouvoir le plus sourd qu’il vous écoute.
Il n’y a aucun risque de crise politique qui puisse venir de l’action de l’opposition. dupetitcommerce,insécurité,insuffisance des soins de santé, corruption, politisation de l’administration, etc. Nos dirigeants ont été élus pour régler ces problèmes. Sur toutes ces questions, nous avons des attentes et des exigences, consignées dans une plateforme que nous avons rendue publique le 29 avril.
Entre la cherté de la vie, les divers mouvements sociaux et votre appel à la mobilisation, pensez-vous que l’on s’achemine vers une crise politique ?
Il n’y a aucun risque de crise politique qui puisse venir de l’action de l’opposition. Celle-ci est dans son rôle. Elle critique les échecs du gouvernement, lequel se défend avec ses arguments. C’est au rythme de ce jeu de ping-pong que vit toute démocratie. N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
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Le Plus de JA Burkina Faso La Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (Coder) déplore une justice sélective. Selon vous, peuton passer outre la justice au nom de l’urgence à se réconcilier ?
La question de la réconciliation n’est pas née de l’insurrection mais lui est antérieure. Pour moi, la réconciliation passe par la vérité et la justice. Sur ce plan, une sorte de consensus national se dégage. Encore faut-il que cette justice soit indépendante et équitable. Ce qu’il faut savoir maintenant, c’est comment rendre opérationnelle cette démarche de vérité, de justice et de réconciliation pour que les choses avancent. Êtes-vous prêt à vous impliquer dans cette démarche ?
Les partis membres de la Coder sont venus me demander de m’impliquer davantage sur cette question. J’ai donné mon accord de principe. Mais ce n’est pas facile, parce que l’opposition burkinabè est plurielle. Pour simplifier, elle comprend ce qu’on appelle ici des « insurgés », c’està-dire ceux qui étaient dans les manifestations d’octobre 2014, et des « brûlés », c’est-à-dire ceux qui ont été renversés par cette colère populaire. Il faut donc se concerter sérieusement pour dégager une vision commune.
Récemment, vous avez interpellé le gouvernement sur la situation du général Djibrill Bassolé. Que voulez-vous exactement ?
Nous avons été informés par son parti [la Nouvelle Alliance du Faso (Nafa)], qui est membre de l’opposition, que Djibrill Bassolé était malade et que sa situation nécessitait une prise en charge adéquate. Nous avons donc interpellé le gouvernement pour qu’il fasse diligence. Même prisonnier – d’ailleurs non condamné à ce jour –, le général Bassolé a droit à des soins médicaux.
CODER ACTIVE
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ix mois après sa création, la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (Coder), qui regroupe les partis de l’ex-majorité présidentielle, a profité du renouvellement de son bureau, le 20 avril, pour dresser un premier bilan de son action. Après Ablassé Ouédraogo, leader du Faso autrement, qui avait assuré en premier la présidence de la coalition, fin 2016, c’était au tour de Me Gilbert Noël Ouédraogo, le président de l’Alliance pour la démocratie et la fédérationRassemblement démocratique africain (ADF-RDA), de passer le flambeau, cette fois à Rasmané Ouédraogo, le patron de la Nouvelle Alliance du Faso (Nafa). AchilleTapsoba, président par intérim du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, lire p. 84), et Amadou Dabo, de
l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), ont été désignés vice-présidents. Gilbert Noël Ouédraogo a notamment fait le point sur les rencontres récemment organisées par les membres de la coalition, en particulier la visite rendue à l’ancien président Blaise Compaoré à Abidjan le 11 avril, qui, selon lui, était indispensable. « Le processus de réconciliation nationale doit intégrer tous les Burkinabè, et il faut aller vers chacun d’entre eux. Aller voir quelqu’un ne veut pas dire l’absoudre. Cela ne veut pas dire que la personne n’a pas de responsabilité dans ce qui se passe, a-t-il martelé. Il s’agit seulement de lui donner la liberté et la possibilité de s’exprimer […]. C’est l’ensemble des vérités mises en commun qui va permettre d’éclairer le peuple burkinabè et de
sortir la vérité. » Une délégation de la coalition avait d’ailleurs déjà rencontré, le 29 mars, Salif Diallo, le président de l’Assemblée nationale, entouré des présidents des groupes parlementaires, puis, le 3 avril, Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition. La Coder est en train de finaliser la rédaction d’un mémorandum sur les termes de référence et les moyens d’organiser une démarche collective de réconciliation nationale qui devrait être remis au chef de l’État et aux parlementaires très prochainement, selon Ablassé Ouédraogo. Les membres de la coalition espèrent que ce document aboutira à l’organisation d’un « forum préparatoire à la réconciliation nationale », qu’ils souhaitent voir convoqué par le président du Faso. CÉCILE MANCIAUX
Le 11 avril, une délégation de la Coder rendait visite à Blaise Compaoré, à Abidjan.
Avez-vous été entendus ?
A priori, je dirais que non, puisque rien n’a évolué depuis. Il faut que ce dossier reste purement judiciaire et ne donne pas lieu à des calculs politiques. Il est clair que la situation dans laquelle se trouve actuellement Djibrill Bassolé, dans l’incapacité d’animer son parti et de participer à des élections, arrange certaines personnes. Propos recueillis à Ouagadougou CODER
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par NADOUN COULIBALY N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
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© GARGONIA/FOTOLIA
S OCIÉTÉ B URKINABÉ DES F IBRES T EXTILES
(de gauche à droite)
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la cotonnière leader du Burkina Faso
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réée en 1979, elle a enregistré en septembre 2004 (année de la libéralisation de ladite filière), l’arrivée de deux nouvelles sociétés que sont la SOCOMA appartenant au groupe GEOCOTON qui exploite la culture du coton dans la zone Est du Burkina et FASO COTON, occupant la zone Centre du Burkina, avec pour actionnaire, Ivoire Coton, filiale du groupe Industrial Promotion Services (IPS). La SOFITEX constitue un acteur majeur de l’industrie cotonnière du Burkina Faso, au regard de son envergure mais surtout en tant que vecteur de monétarisation de l’économie et le levier puissant d’amélioration des conditions de vie des populations en milieu rural. Le coton permet à plus de 4 millions de ménages burkinabè de disposer d’importants revenus cotonniers et d’améliorer ainsi leurs conditions de vie. Premier produit agricole d’exportation, le coton fait véritablement partie des principaux leviers du développement socio-économique du Burkina. Il contribue pour environ 4 % du PIB et 17,5 % aux recettes d’exportations du Burkina et mobilise en amont et en aval de nombreux autres secteurs d’activités qui bénéficient directement ou indirectement de ses effets induits, tels que les huileries, les filatures, les assurances, les transports, les impôts, les hydrocarbures, les finances, les fournisseurs d’intrants agricoles, etc.
Nos missions • Approvisionnements des producteurs en intrants coton et appui-conseil. • Achat, transport et égrenage du coton graine. • Commercialisation de la fibre et des co-produits (graine huilerie et déchets linter). • Aide au développement de la culture cotonnière et des cultures associées par son appui technique, ses services et sa participation au financement des mesures nécessaires à la recherche et au développement de la production cotonnière. • Promotion des fibres textiles et du label coton burkinabè.
Nos défis Consciente de la place du coton dans l’économie du Burkina Faso, la Direction Générale de la SOFITEX s’inscrit en droite ligne des défis ci-après : • Logistique : parc des polybennes.
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nnel avec des semences • Agronomique avec le retour au 100 % du coton convention ayant un bon potentiel de germination et de production,, en lien avec les exigences du marché international et de la filature ; • Industriel, à travers le renforcement des capacités ttechniques et l’amélioration des performances du dispositif industriel ; ur un label du • Commercial pour du coton de qualité et partant pou coton burkinabè. • Du renforcement du partenariat avec les produccteurs, leurs organisations, ainsi que l’amélioration continue de la qualité des services rendus aux cotonculteurs.
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Le Plus de JA Burkina Faso
Au CDP, on prépare l’après Troisième force politique du pays, le parti de l’ex-président Compaoré reste divisé sur sa stratégie, et ses membres ne sont toujours pas parvenus à choisir un nouveau chef.
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ur l’avenue KwameNkrumah, l’une des principales artères du centre-ville de Ouagadougou, le siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) porte encore les stigmates des jours de colère d’octobre 2014. Tout un symbole. « Le CDP a été fortement affecté par la chute de Blaise Compaoré, la brusque perte du pouvoir et la fuite d’une partie de ses cadres, rappelle Cynthia Ohayon, analyste au sein de l’ONG International Crisis Group et spécialiste du Burkina. Il a aussi été affaibli par ses liens supposés ou réels avec la tentative de coup d’État du 17 septembre 2015. » En effet, accusée de complicité avec les putschistes, la nouvelle hiérarchie du CDP a été arrêtée dans les mois qui ont suivi le coup d’État : l’homme d’affaires Eddie Komboïgo, qui avait été désigné président du CDP le 10 mai 2015, a été incarcéré de janvier à mai 2016, et l’ancien ministreLéonceKoné,numéro deux du parti, d’octobre 2015 à juillet 2016. Ils ont été libérés mais sont encore inculpés de complicité d’atteinte à la sûreté de l’État, entre autres. Le CDP aperdunonseulementuntiers de ses cadres, mais aussi une bonne partie de ses soutiens financiers. Pourtant, Achille Tapsoba, le président par intérim du CDP, se montre plutôt optimiste. « Le parti se porte de mieux en mieux. Après les événements d’octobre 2014, N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR JA
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Achille Tapsoba, président par intérim du Congrès pour la démocratie et le progrès.
regroupe les partis de l’anpuis le putsch manqué de septembre 2015, il a traversé des cienne majorité présidentielle. turbulences, mais aujourd’hui « Les législatives ont montré il participe à l’animation de que le CDP n’a pas été fatalela vie politique. » Même si, ment touché par la chute de pour la première fois de son l’ancien chef d’État. Toutefois, histoire, il se trouve dans le parti est marqué par des disl’opposition, le CDP reste sensions internes et traversé par plusieurs courants, entre effectivement dans la course. À l’issue des législatives du ceux qui, n’ayant toujours pas 29 novembre 2015, il a obtenu digéré leur défaite, souhaitent 18 sièges sur 127, derrière le rester en marge du système Mouvement du peuple pour politique et ceux qui veulent le progrès (MPP, 55 élus) et jouer un rôle d’opposition l’Union pour le progrès et constructive afin de replacer le changement de Zéphirin le parti sur l’échiquier. Jusqu’à Diabré (UPC, La formation a perdu un 33 élus). Un score honorable qui l’a tiers de ses cadres et positionné comme une bonne partie de ses la troisième force soutiens financiers. politique du pays et la deuxième formation de l’opposition. Tendance présent, ces divergences l’ont qui s’est confirmée lors du empêché de désigner un président capable d’impulser le scrutin communal, le 22 mai 2016, où le CDP a remporté un renouveau », souligne Cynthia Ohayon. Parmi les favoris peu plus de 10 % des sièges au figurent Achille Tapsoba et sein des conseils municipaux. l’ex-Premier ministre Ernest Il a par ailleurs réussi à mettre sur pied la Coalition pour la ParamangaYonli. Même sicertains militants le disent fragidémocratie et la réconciliation (Coder, lire p. 82), qui lisé par son âge (69 ans) et par
son inculpation, Léonce Koné, qui avait dirigé le directoire au lendemain de l’insurrection populaire,fait figured’outsider, comme Juliette Bonkoungou, l’ex-ministre de la Fonction publique, ou encore Boureima Badini, l’ancien représentant de Blaise Compaoré dans la crise ivoirienne. RECONQUÊTE. Pour l’heure, le CDP s’attelle à rasseoir ses structures de base à travers le pays et à élaborer une stratégie de reconquête. Un comité a été constitué pour réorganiser les équipes locales et, surtout, préparer le parti à se doter d’une nouvelle direction à l’issue du congrès ordinaire prévu pour 2018. Une chose est sûre, Blaise Compaoré reste incontournable. Il pourrait même encore peser dans le choix du successeur d’Eddie Komboïgo. « C’est le fondateur du CDP, il est donc normal que nous lui rendions compte de l’état du parti et de ses perspectives », confirme Achille Tapsoba. NADOUN COULIBALY JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Burkina Faso TRANSPARENCE
Les mauvaises habitudes ont la vie dure Depuis la transition, la fin des privilèges et la lutte contre la corruption sont au cœur des préoccupations de l’exécutif comme des citoyens. Maître mot : vigilance.
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a fin de l’année 2016 a fait grincer des dents ceux qui croyaient à des lendemains plus intègres. Il y a d’abord eu, le 10 novembre, la remise aux députés, par le ministre de l’Économie numérique, de 130 tablettes offertes par le groupe chinois Huawei Technologies, auquel a été confiée la construction du réseau de fibre optique depuis la frontière ghanéenne jusqu’à Ouagadougou, un marché de plus de 4,8 milliards de F CFA (7,3 millions d’euros) – financé par la Banque mondiale. De nombreuses voix se sont élevées au sein de l’hémicycle et de la société civile pour dire que, à raison de 500 000 F CFA l’unité, ce don était contraire à la loi anticorruption votée sous la transition, qui interdit de recevoir un cadeau d’une valeur supérieure à 35 000 F CFA. Face au tollé suscité par cette affaire, le 5 décembre, les parlementaires ont décidé de restituer lesdites tablettes. Le 27 du même mois, nouveau scandale lorsque les Burkinabè ont appris que chaque député avait reçu 1 million de F CFA en guise de prime de fin de session. Un avantage inscrit « dans la pratique parlementaire », selon l’Assemblée. Pourtant, à l’instar de nombreuses associations de la société civile, Le Balai citoyen a jugé cette gratification « indécente », dans un contexte marqué par la morosité économique : « Le “plus rien ne sera comme avant” n’est valable que pour les autres ou dans les domaines autres que les avantages matériels », s’est insurgée l’organisation. ENQUÊTEURS. Pourtant, le pays a progressé en matière de gestion des finances publiques (lire pp. 88-91), de même qu’en N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
matière de transparence et de lutte contre la corruption. Il s’est d’ailleurs hissé en un an de la 76e à la 72e place sur 176 pays classés dans l’indice 2016 de perception de la corruption publié par Transparency International en janvier. Les résultats coïncident avec le renforcement de l’arsenal juridique, en particulier avec la loi du 3 mars 2015 sur la prévention
personnel [32 contrôleurs] devrait bientôt doubler, et nous allons recruter de nouveaux enquêteurs, explique Luc Marius Ibriga, le contrôleur général. Beaucoup d’anciens ministres ont déjà été mis en examen devant la Haute Cour de justice. Nous avons aussi fait l’audit de la transition, à la demande du président, et constaté des manquements qui ont fait l’objet d’un défèrement en justice lorsqu’ils dépassaient 1 million de F CFA. » PÔLES SPÉCIALISÉS. Le
et la répression de la corruption, l’élargissement des pouvoirs de l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) et la volonté de renforcer l’indépendance de la magistrature. L’ASCE-LC est notamment chargée de mener les enquêtes sur les cas de corruption et de vérifier les déclarations d’intérêt et de patrimoine des hauts fonctionnaires. Elle dispose désormais du statut de police judiciaire, qui lui donne le droit de dresser des procèsverbaux et de saisir le procureur. « Notre
secrétaire exécutif du Cadre de réflexion et d’action démocratique, Benjamin Sia, ne partage pas cet enthousiasme. S’il salue les progrès réalisés au niveau de l’arsenal législatif, il regrette l’absence de condamnation de certains anciens ministres épinglés pour corruption. « On peut avoir les plus beaux textes de loi, s’il n’y a pas d’application, ça ne sert a rien. Chaque mois, on constate de nouveaux cas, mais la justice n’avance pas », déplore-t-il. Si l’ASCE-LC a intensifié les contrôles et les enquêtes, elle n’a en effet pas le pouvoir de sanctionner. Le traitement des affaires devrait cependant bientôt s’accélérer avec l’installation au sein des tribunaux de grande instance de pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières, dont la création a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 19 janvier. « Jusqu’à présent, nos rapports tombaient dans les mains de juges qui devaient gérer des centaines de dossiers, sans ordre de priorité. Avec la chaîne spéciale anticorruption, cela va aller plus vite », assure Luc Marius Ibriga. CHARLES BOUESSEL JEUNE AFRIQUE
Le Fonds de Développement de l’Électrification (FDE)
L’ÉLECTRIFICATION POUR TOUS, LE FDE RELÈVE LE DÉFI
Yacouba CAMARA
QUEL BILAN PEUT-ON FAIRE À CE JOUR DE LA MISE EN ŒUVRE DES ACTIVITÉS DU FDE ?
Le FDE a électrifié depuis son opérationnalisation en 2005, une moyenne de 23 localités par an. Cela démontre une performance certaine dans l’atteinte de sa mission de promotion de l’électrification rurale. Sur les cinq dernières années, on constate que le nombre de localités électrifiées est passé de 88 en 2012 à 229 en 2016, soit un taux de de progression de 160% sur la période, permettant ainsi le raccordement de 32 579 ménages, repartis sur l’ensemble du territoire. Cette performance a été rendue possible grâce à la confiance que lui accordent l’État burkinabè et les partenaires techniques et financiers (PTF) dans sa capacité de mise en œuvre efficace des projets d’électrification rurale. Les bailleurs de fonds constituent, actuellement, les premières sources de financement d’envergure. À titre illustratif, sur les 229 localités électrifiées, 134 le sont du fait des financements des PTF que sont DANIDA, la Banque Mondiale, l’Union Européenne, le Conseil de l’Entente. Les 95 autres sont issues des financements nationaux que sont la Taxe de Développement de l’Électrification (TDE) et les divers appuis budgétaires de l’État burkinabè. Il faut préciser que la TDE est un prélèvement de 2 F CFA sur chaque kWh vendu par la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL). Ce prélèvement est reversé au FDE pour l’électrification de localités rurales. QUELLE EST LA SPÉCIFICITÉ DE L’ORGANISATION DE L’ÉLECTRIFICATION RURALE AU BURKINA FASO ?
Dès la création du FDE, l’approche coopérative d’électricité (COOPEL) a été privilégiée. Ce qui participe à la politique nationale de la décentralisation qui veut que les populations locales soient maîtresses du développement de leurs localités. Par conséquent, elles doivent y participer activement. Les valeurs de démocratie, d’égalité, d’équité et de solidarité sont fortement prônées au sein de ces coopératives d’électricité.
PUBLI-INFORMATION
Entretien avec Yacouba CAMARA, Directeur Général du FDE
Ce mode de gestion a pour avantage de regrouper les populations autour d’un intérêt commun qui est le bénéfice du service électrique tout en les rendant responsables de la pérennisation des installations. Ainsi, en tant que concessionnaire du réseau de distribution de service public, la Coopel se doit de garantir la bonne gestion des installations électriques. Elle est appuyée techniquement par un exploitant, appelé fermier. QUELLE PLACE ACCORDEZ-VOUS AUX ÉNERGIES RENOUVELABLES ?
Les énergies renouvelables constituent une des options pour la réalisation des objectifs en matière d’accroissement de l’offre électrique. Pour cette raison, l’énergie solaire occupe aujourd’hui une place importante dans tous les projets d’électrification et particulièrement dans les projets d’électrification rurale. Après une expérience réussie dans le mix énergétique en 2011, le FDE est depuis maintenant plus de 5 ans, résolument tourné vers les énergies renouvelables. On note la construction de 3 mini centrales mix (diesel/ PV), la distribution de plus de 5000 kits solaires de type Solar Home System-SHS ; soit au total 80 kWc de réalisation.
(Banque Mondiale, Union Européenne, TDE, Appui budgétaire de l’État, Conseil de l’Entente, BID, IRENA), ce qui permettra au FDE de doubler le nombre de localités électrifiées d’ici à 2018. Par ailleurs, le FDE envisage introduire non seulement des compteurs à prépaiement dans les localités d’électrification rurale, mais aussi un modèle à prépaiement de kits solaires individuels de nouvelle génération. À la faveur de la grande mobilisation des partenaires techniques et financiers pour la mise en œuvre du Plan National de Développement Économique et Social (PNDES), le FDE soumettra bientôt des requêtes de financement qui sont essentiellement orientées vers l’accès aux services électriques à base des énergies renouvelables, conformément à la vision du gouvernement. Toutes ces activités qui permettront, d’ici à 2020, de relever le défi de l’accès aux services électriques à plus d’un million de ménages qui est l’objectif du programme présidentiel de son Excellence le Président Roch March Christian KABORE, dans le domaine de l’énergie électrique.
QUELLES SONT LES PERSPECTIVES DU FDE ?
Au titre des objectifs à atteindre d’ici à 2020, il s’agit de contribuer à améliorer le taux d’électrification nationale par l’électrification d’au moins 500 nouvelles localités, conformément au projet de société du Président du Faso, traduit dans le PNDES. Le FDE s’emploiera à renforcer le plaidoyer pour l’élargissement des interventions des PTF et pour le financement durable des investissements dans le domaine de l’électrification rurale. L’année 2017 sera une année charnière pour le FDE avec l’engagement de travaux d’électrification dans plus de 250 localités, toutes sources de financement confondues
De gauche à droite : • Système du câble de garde isolé (SCDGI) à Sabou (Boulkiemdé). • Dispositif solaire à Sampopo (Kossi).
Le Fonds de Développement de l’Électrification (FDE) Ouaga 2000 - av. El Hadj Salifou Cisse 01 BP 545 - Ouagadougou 01 Burkina faso
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
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Objectif d’ici 2020 : Contribuer à l’accès aux services électriques à plus d’un million de ménages
Le FDE a été créé en 2003. Il est l’Agence chargée de la facilitation, du financement et de la mise en œuvre de la politique de l’électrification rurale au Burkina Faso. Il assure par conséquent, la gestion du domaine de l’électrification rurale telle que cela est consacré dans la loi n°053-2012/AN du 17 décembre 2012 portant réglementation générale du sous-secteur de l’électricité au Burkina Faso, actuellement en relecture, la nouvelle loi offrira plus d’ouverture au secteur privé.
Le Plus de JA Burkina Faso
AHMED OUOBA POUR JA
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L’agriculture reste le premier contributeur au PIB burkinabè. Ici, rizières près de Bagré.
ANALYSE
Une embellie méritée Tout va mieux sur le plan économique. Le gouvernement a saisi la balle au bond et investi en priorité dans les infrastructures et la formation. Reste à transformer l’essai.
Q
ue la croissance du Burkina Faso ait, en 2016, atteint 5,4 %, comme l’a calculé le FMI, ou 6,2 %, comme l’a annoncé le Premier ministre Paul Kaba Thieba (lire pp. 72-73) lors de son discours sur la situation de la nation, le 14 avril, importe peu. Ce qui compte, c’est que la machine économique burkinabè soit repartie plus vite qu’escompté – malgré l’attentat de janvier – après son coup de mou à 4 % en 2015. Les causes de cette embellie sont multiples. L’agriculture se porte mieux ; le prix de l’or est remonté au moment où deux nouvelles mines d’or vont entrer en exploitation (lire pp. 96-103) ; la bonne santé de la Côte d’Ivoire bénéficie N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
d’autant plus au Faso que près de 4 millions de Burkinabè y résident et envoient de plus en plus d’argent chez eux ; le prix du pétrole demeure sage ; le bâtiment et les services sont en forme grâce au vigoureux programme d’investissements publics. J O UA B L E . Le gouver-
et d’électricité (Sonabhy et Sonabel) ont été recapitalisées, ce qui leur a permis d’apurer 40 milliards de F CFA (près de 61 millions d’euros) d’arriérés. La mise en service, en septembre, des 130 000 panneaux solaires de la cen-
Sur la période 2016-2020, le gouvernement entend atteindre une croissance de 7,7 % par an.
nement y est aussi pour quelque chose. Les impôts et taxes rentrent mieux : leur total a progressé de plus de 16 % l’an dernier (lire pp. 90-91). Le paiement des factures publiques est plus rapide – il demande vingt-trois jours, contre cinquante-neuf jours en 2015. Les entreprises publiques d’hydrocarbures
trale de Zagtouli fournira 4 % d’électricité supplémentaire pour un coût du kilowattheure de moins de 40 F CFA, au lieu de 139 F CFA en moyenne. La Sonabel devrait réduire ainsi de moitié ses pertes annuelles ! JEUNE AFRIQUE
L’art du rebond Le Burkina Faso tient donc ses promesses. Mieux, avec son Plan national de développement économique et social (PNDES) quinquennal, le gouvernement entend atteindre un taux de croissance de 7,7 % par an sur la période 20162020, créer 50 000 emplois par an et faire tomber le taux de pauvreté de 40,1 % en 2014 à moins de 35 % en 2020. Au vu des résultats de 2016, cela semble jouable. À condition que les choix des investissements publics soient rigoureux. Le Premier ministre ne semble pas hésiter le moins du monde quant à ses priorités puisqu’il parle d’énergie et d’éducation-formation dans tous ses discours. NATIONAL. Reste à trouver l’argent,
et notamment celui qui a été promis lors de la table ronde de Paris, les 7 et 8 décembre 2016. En tout, 42 conventions de financement multilatérales et bilatérales ont été signées au cours de l’année 2016, pour environ 655 milliards de F CFA. Ce n’est pas assez, comme le souligne le Premier ministre, qui a déclaré à Jeune Afrique : « L’accès aux financements est l’une de nos principales contraintes au
Toutefois, cette sage gouvernance et moment où nous avons besoin d’invesce volontarisme réel sont soumis à des tissements structurants. » Aussi poussealéas qui peuvent en affecter les résultats. t-il à la création d’une Caisse des dépôts et consignations (CDC) nationale, avec Le premier est, bien sûr, le terrorisme, l’appui technique de son homologue car la paix est l’ingrédient essentiel du développement. française et l’aide financière de l’Agence française de développement (AFD). FRUSTRATIONS. Le second aléa est LeprojetdeloiestsoumisauParlement. Il s’agirait que les fonds des caisses de social. L’exemple de la riche Côte retraite publiques et privées, l’épargne d’Ivoire voisine, où le climat social est déposée sur les livrets de la Sonapost, médiocre, doit rappeler aux responles dépôts de garantie des notaires et sables burkinabè que de bons indicales réserves des banques soient confiés teurs macroéconomiques ne remplissent à la nouvelle institution, placée sous le contrôle Une Caisse des dépôts pourrait du législateur, à l’instar permettre au pays de financer de la CDC française. La future institution burkises propres investissements. nabè transformerait ces dépôts à vue ou à court terme en invespas les estomacs et ne font pas taire tissements de long terme. les frustrations. Pour maintenir la paix Avec ces fonds, qui pourraient sociale, il y a d’autres moyens que les embauches généralisées de fonctionatteindre 500 milliards de F CFA, la CDC pourrait lever des sommes cinq ou six naires et leurs augmentations salariales. fois supérieures pour investir en capital Les gouvernants doivent trouver les mots dans l’énergie renouvelable, les routes, et les gestes d’équité susceptibles de faire prendre patience à leurs compal’université, l’urbanisme, les transports, triotes sans compromettre les finances etc. L’argent national pour financer les publiques. infrastructures nationales : un idéal peu ALAIN FAUJAS, envoyé spécial souvent réalisé en Afrique…
Samendéni en eau dès le mois de juin
A
près avoir pâti des crises ivoirienne et burkinabè, puis avoir été suspendu après les manifestations de contestation menées par les représentants des 6 000 ménages déplacés ou affectés par l’ouvrage, le chantier du barrage de Samendéni est bel et bien relancé. Grâce à un accord négocié en 2016 par un comité interministériel et les chefs de village, les riverains ont enterré la hache de guerre : l’État a débloqué pour les dédommager une enveloppe de plus de 22 milliards de F CFA (33,5 millions d’euros), incluant la viabilisation des terrains sur les sites de relocalisation. Conçu sur le même modèle que le Bagrépôle (Centre-Est), le programme JEUNE AFRIQUE
de développement intégré de agro-industriel dans la vallée. Environ 21 000 ha de terres Samendéni (PDIS) s’étend sur vont être irrigués. Près de la région des Hauts-Bassins 40 % des parcelles aménaet la boucle du Mouhoun gées seront attribuées aux (Ouest), et vise à créer un petits exploitants familiaux, deuxième pôle de croistandis qu’une sance. Démarrée aire agro-indusen 2010 (initialement pour quaLes riverains trielle de 100 ha sera installée. rante-deux mois), ont enterré « Il s’agira d’une la construction la hache de zone franche, d u b a r rag e a alimentée par repris et la mise guerre, et le l’é n e r g i e q u e en eau de l’ouchantier est produira le barvrage est prévue bel et bien rage. Les induspour le mois de triels vont donc juin. Installé à relancé. bénéficier d’un 40 km à l’ouest tarif de l’électricité aborde Bobo-Dioulasso, l’ouvrage dable, explique Abdoulaye comprend un lac artificiel de Ouédraogo, coordonnateur plus de 1,3 milliard de m3 et du PDIS. Pour la sélection une centrale électrique d’une des investisseurs, nous capacité de 18 gigawattheures allons suivre la même propar an. Il va permettre l’émergence d’un pôle de croissance cédure que pour le Bagrépôle.
L’engouement est réel et les projets envisagés dans la vallée intéressent aussi bien des investisseurs nationaux que des étrangers, notamment des groupes indiens. » D’un coût total estimé à plus de 80 milliards de F CFA, dont environ 50 milliards pour le barrage et 5 pour la centrale, le chantier est financé par huit bailleurs, parmi lesquels la Banque ouest-africaine de développement, la Banque islamique de développement ou encore les fonds koweïtien et saoudien pour le développement. Une fois opérationnel, Samendéni doit contribuer à environ 2 % de la croissance du PIB sur une période de vingt ans et générer près de 100 000 emplois directs et indirects. NADOUN COULIBALY N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
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Le Plus de JA Burkina Faso
Les bonnes recettes de Rosine Coulibaly Pour financer son plan de développement sans trop s’endetter, l’État doit augmenter ses ressources propres. La ministre de l’Économie semble avoir trouvé la solution.
C
oncoctée par Rosine SoriCoulibaly, la ministre de l’Économie, des Finances et du Développement (Minefid), pour lutter contre les faux et la fraude fiscale, la facture normalisée est entrée en vigueur le 1er mars. Depuis cette date, toutes les entreprises dont le chiffre d’affaires
est supérieur à 50 millions de F CFA (76 000 euros) doivent émettre des factures comportant l’ensemble des mentions légales requises (raison sociale, montant de la TVA…) assorties d’un « sticker » de sécurité pour en assurer la traçabilité numérique. Ce nouveau système, dont la gestion est assurée par
À LA VEILLE, CITOYENS ! Lancé pendant la transition pour restaurer la confiance à l’égard des institutions, le Projet de gouvernance économique et de participation citoyenne (PGEPC) est entré dans sa phase opérationnelle fin mars. Selon l’accord signé entre le Minefid et la Banque mondiale (BM) en avril 2016, il est financé par la BM, à hauteur de 30 millions de dollars (près de
27 millions d’euros) pour la période 2016-2021, et par l’État (environ 700000 euros). En 2017, l’investissement prévu est de 7,6 millions d’euros. Ce programme a pour objectif de renforcer les mécanismes existants pour assurer une meilleure gestion des finances publiques (accès à l’information, simplification des
mesures fiscales et douanières, gouvernance de proximité, etc.) et de faciliter la veille des citoyens. Un « fonds de réponse rapide » vient d’être créé pour l’octroi de subventions, sur une base concurrentielle, aux organisations de la société civile qui s’engagent dans le suivi de la gestion des finances publiques. CÉCILE MANCIAUX
la Direction générale des impôts (DGI), qui promet de procéder à des contrôles, devrait permettre de récolter 720 milliards de F CFA supplémentaires dès 2017. Le ministère poursuit par ailleurs l’informatisation et l’interconnexion des régies financières (directions et centres des impôts, des douanes, du Trésor et de la comptabilité publique) et veille à l’application des réformes engagées depuis le début de 2016: élargissement de l’assiette fiscale, création de la direction des enquêtes et de la recherche fiscales, installation du mécanisme de suivi de la gestion des restes à recouvrer, du Système de liaison virtuelle pour les opérations d’importation et d’exportation (Sylvie, lire ci-dessous) ou encore de caisses enregistreuses homologuées dans les moyennes entreprises… L’objectif de toutes ces mesures est de doper les ressources propres de l’État afin de pouvoir répondre aux besoins de financement du Plan national de développement économique et social (PNDES), évalué à 15 400 milliards de F CFA sur cinq ans (2016-2020), dont 63 % (9 830 milliards de F CFA) de ressources propres.
Sylvie et Sydonia dans le même bateau
O
pérationnel depuis février 2016, le Système de liaison virtuelle pour les opérations d’importation et d’exportation (Sylvie) affiche un bilan très positif. Ce guichet numérique unique pour les opérations d’import-export réunit tous les acteurs publics et privés chargés de délivrer les documents requis pour le dédouanement des marchandises. Y sont notamment reliées les banques, les sociétés d’assurances ou encore la Cotecna, société suisse chargée de l’inspection et de la certification des marchandises. « Au début, nous avons rencontré quelques difficultés, mais, à force de sensibilisation N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
et de dialogue, tous les acteurs ont compris son intérêt et adhérent aujourd’hui à la plateforme », explique Daouda Garané, le directeur général de la Société de gestion de la plateforme Sylvie (Sogesy). Le système allège le quotidien desopérateurs de nombreuses paperasses ou formalités et s’avère efficace pour réduire la fraude et la concurrence déloyale qui pénalisent l’État et les entreprises. Il a permis de récolter plus de 20 milliards de F CFA (30,5 millions d’euros) supplémentaires en 2016. « L’administration exige maintenant un délai de s o i x a nt e - d ou ze h e u re s pour le dédouanement des marchandises [contre une
semaine auparavant], mais nous comptons le raccourcir encore », annonce Daouda Garané. Pour que le séjour en douane n’excède plus les
L’accès à la plateforme est conditionné au paiement d’un abonnement annuel de
800 000
F CFA (1 200 euros) pour les banques,
354 000 296 000
F CFA pour les opérateurs et
F CFA pour les transitaires
vingt-quatre heures, d’autres acteurs intervenant dans la délivrance d’autorisations nécessaires au dédouanement vont bientôt intégrer la plateforme, dont les directions du médicament et des services vétérinaires, du laboratoire national de santé publique et du centre de contrôle des véhicules automobiles. « À terme, poursuit le patron de la Sogesy, la dématérialisation des formulaires délivrés par toutes ces administrations va nous permettre d’interconnecter Sylvie et Sydonia [le système douanier], de sorte que les documents produits sur l’un soient disponibles sur l’autre, et vice versa. » N.C. JEUNE AFRIQUE
L’art du rebond Les réformes engagées par le Minefid ont permis d’accroître les recettes fiscales de
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La grande argentière du pays.
15,53 % 16,08 %
et les ressources propres de l’État de
pour l’exercice 2016, par rapport à celui de 2015
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR JA
Selon Rosine Coulibaly, moins d’un an après leur mise en œuvre, ces réformes structurelles et ces dispositifs ont contribué à une augmentation des recettes propres de plus de 16 % en 2016, avec un total recouvré de 1 231,25 milliards de F CFA, soit 170,53 milliards de plus qu’en 2015. Cette performance tient essentiellement aux progrès réalisés dans le recouvrement des recettes fiscales, qui ont bondi de 15,53 % par rapport à 2015. La DGI a en effet collecté 617,39 milliards de F CFA en 2016, soit 145,3 milliards de plus qu’en 2015, ce qui représente un taux de réalisation de 95,84 % par rapport aux prévisions. Si celles-ci n’avaient pas été revues à la hausse par la loi de finances rectificative d’avril 2016, ce taux de réalisation dépasserait même les 100 %. N.C.
Bienvenue à bord et bonne lecture. Retrouvez-nous sur vos compagnies aériennes préférées.
Lire aussi : Qui est Mahamadi Savadogo ?
Le Plus de JA Burkina Faso SECTEUR PRIVÉ
« Kadhafi » et les défis de la CCI Élu en novembre 2016 à la tête de la Chambre de commerce et d’industrie, Mahamadi Savadogo veut que l’institution, les grands groupes et les PME participent tous pleinement à la relance.
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR JA
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d’Accra, de Cotonou et de Lomé, soit un budget de plus de 16 milliards de F CFA (24 millions d’euros). L’attend aussi le chantier d’extension du port sec de Bobo-Dioulasso, à qui il ne manque plus qu’un partenaire financier pour être lancé, ainsi que la construction de celui de Ouagadougou, dont les études en cours détermineront le montant des investissements à réaliser. Il devra aussi lancer la décentralisation des organes consulaires prévue par les nouveaux textes de la CCI-BF. « Dans le même temps, nous nous efforçons d’alléger les contraintes qui pèsent sur le secteur privé, car beaucoup d’entreprises ont souffert des turbulences politiques qui ont ébranlé le pays », explique Mahamadi Savadogo. La chambre évalue le coût de la casse durant la période de crise, en 2014 et 2015, à près de 200 milliards de F CFA et elle estime que le total des arriérés, incluant la dette intérieure, atteint environ 500 milliards de F CFA. « Aucun opérateur économique victime de ces pillages n’a été encore indemnisé », déplore le patron de Smaf. FORMALISATION. La chambre fina-
lise aussi son plan quinquennal. Selon son président, le document stratégique consacreune largeplaceàlaformationdes Le PDG du groupe Smaf doit son surnom à ses années d’études en Libye. PME: 9000 petites entreprises vont bénéficier de cours et de conseils en matière est finalement le PDG du à 1982, Mahamadi Savadogo a renoncé de gestion, de fiscalité ou encore sur les procédures relatives à la commande groupe Savadogo Mahamadi à suivre des études supérieures de commerce à Londres pour remplacer son et frères (Smaf) qui a été élu publique. « C’est une première en Afrique fin novembre 2016 à la préfrère, tombé subitement malade, en tant de l’Ouest, souligne Mahamadi Savadogo. sidence de la Chambre de commerce et Cette initiative, soutenue par la BAD, a que directeur commercial de l’entreprise pour objectif d’accélérer d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) pour familiale. Discret, habile et succéder à Alizéta Ouédraogo, qui avait doté d’un véritable sens la formalisation du secteur 9 000 petites pris la fuite à la suite de l’insurrection de l’écoute et du négoce, informel. » entreprises populaire d’octobre 2014. L’organisme il s’est tourné vers la sousAfin de résoudre les proconsulaire avait depuis été placé sous région, l’Europe et l’Asie vont bénéficier blèmes d’accès au financedès le début des années ment des PME, la CCI-BF délégation spéciale du patron des patrons, d’un dispositif a déposé une demande Birahima Nacoulma, chargé d’en réformer 1980. Une approche proacde formation. d’agrément pour créer un les statuts et de gérer la transition jusqu’à tive qui lui a permis de hisl’élection d’un nouveau bureau. ser Smaf parmi les groupes établissement de microfiNatif de Ouahigouya (Nord), comme privés les plus importants et les plus nance : la Société d’accompagnement et Salif Diallo, le président de l’Assemblée diversifiés du pays – il est actif dans le de financement des entreprises (Safin), nationale, Mahamadi Savadogo, 54 ans, BTP, l’immobilier, la distribution, les au capital initial de 2 milliards de F CFA. s’est fixé deux objectifs prioritaires : « Je hydrocarbures et l’imprimerie. « Quand nous aurons l’agrément, ce capiveux aider le secteur privé à prendre tal sera rapidement porté à 5 milliards », une part importante dans la relance de CASSE. À la tête de la CCI-BF, il va s’emassure Mahamadi Savadogo, qui annonce l’économie burkinabè et réconcilier le dans le tour de table des partenaires tels ployer à rétablir la confiance, à la fois au monde des affaires avec lui-même. » sein de l’organe consulaire et avec ses que la Caisse nationale de sécurité sociale, partenaires. Un chantier essentiel étant La mission sied particulièrement à son la Caisse autonome de retraites des fonctionnaires (Carfo) et la Loterie nationale tempérament. Surnommé « Kadhafi » par donné que l’institution est chargée, entre ses compatriotes parce qu’il a effectué du Burkina. autres, de gérer les emplacements alloués NADOUN COULIBALY au Burkina Faso sur les ports d’Abidjan, son cursus secondaire en Libye, de 1978
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JEUNE AFRIQUE
Le Plus de JA Burkina Faso COTON
Gountiéni Damien Lankoande
Secrétaire exécutif du Groupe de recherche et d’analyse appliquées pour le développement (Graad)
« Il faut s’attendre à une chute de la production à court et à moyen terme »
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DR
près huit ans de partenariat, le divorce entre Monsanto et le Burkina est consommé. En octobre 2016, le pays n’a pas renouvelé son contrat avec la firme américaine (rachetée un mois auparavant par le groupe allemand Bayer) et a abandonné le coton transgénique. La campagne qui s’achève est plutôt bonne, avec une récolte d’environ 600000 tonnes, équivalente aux précédentes. Mais selon Gountiéni Damien Lankoande, secrétaire exécutif du Groupe de recherche et d’analyse appliquées pour le développement (Graad, organisation indépendante dont le siège se trouve à Ouagadougou) et enseignant-chercheur à l’université de Koudougou, la filière risque de traverser quelques années difficiles. JEUNE AFRIQUE : Pourquoi le pays a-t-il mis fin à son partenariat avec Monsanto? GOUNTIÉNI DAMIEN LANKOANDE :
Le coton génétiquement modifié Bt fourni par Monsanto [depuis 2008] était perçu comme la solution idéale pour lutter contre le ver et la mouche blanche qui détruisaient les plantes. Le
coton conventionnel requiert six traitements par campagne quand le Bt n’en demandait que deux, ce qui permettait de réduire les quantités de pesticide dispersées dans la nature. On estime que jusqu’à 140 000 petits producteurs l’avaient adopté.
Dès 2010, l’espoir suscité par le coton Bt s’est estompé, après que l’on eut constaté un raccourcissement de la fibre d’environ 0,8 mm. Résultat : le taux de qualité est passé de 42 % à 30 %. Au lieu de regarder le problème en face, certains ont attribué cela aux aléas climatiques ou à une mauvaise application des procédés prescrits. En outre, avec le temps, les insectes sont devenus plus résistants, poussant les cultivateurs à repasser à trois, voire quatre traitements, et les charges d’exploitation ont recommencé à augmenter. Beaucoup perdaient plus que ce qu’ils gagnaient, les semences de coton Bt coûtant 27 000 F CFA/ha (41 euros) alors que celles du coton conventionnel sont vendues 1 050 F CFA/ha. L’arrêt de la production du coton Bt a été décrété l’an dernier, mais celui-ci n’est pas encore totalement abandonné. Quelques producteurs ont voulu continuer. Quant aux compagnies, elles visent une production « zéro Bt » en 2018. Comment s’annonce la prochaine récolte ?
La rupture avec Monsanto est effective depuis octobre 2016.
JEROMINE DERIGNY/ARGOS/PICTURETANK
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JEUNE AFRIQUE
L’art du rebond C’est encore trop tôt pour le dire. La longueur de la fibre est variable et liée à plusieurs facteurs. Pour le moment, les insectes ravageurs ne posent pas d’inquiétudes particulières. En revanche, je pense qu’on va assister à une baisse de la production à court et à moyen terme. D’abord à cause du découragement des producteurs : beaucoup sont passés à des filières jugées plus sûres, comme le
notamment les mines. Ces travailleurs ne reviendront pas du jour au lendemain. Cela risque de peser sur la production. Pensez-vous qu’il y aura d’autres conséquences, à plus long terme ?
Les insectes sont devenus plus résistants et seront encore plus virulents avec le coton conventionnel. Le coton Bt a aussi pu influer sur la pollinisation et sur la biodiversité. Même si pour l’instant aucun test scientifique ne prouve de lien entre ces phénomènes, les colonies d’abeilles dans l’Est ont fortement diminué et certains éleveurs affirment avoir perdu un nombre inhabituel de têtes de bétail depuis l’introduction du Bt dans leur localité. En outre, la composition minérale des sols a pu changer. L’Institut de l’environnement et de recherches agricoles [Inera] travaille déjà sur ces questions d’impact et nous aurons bientôt de premiers résultats.
Beaucoup de producteurs ont préféré passer à des filières a priori plus sûres, comme le maïs. maïs. Certaines sociétés peuvent tenter de remotiver les cotonculteurs en proposant des prix plus rémunérateurs, mais beaucoup de stocks restent invendus à cause de leur mauvaise qualité. Ensuite, la diminution du nombre de traitements entraînée par la culture du coton Bt a contribué au transfert de 30 % à 40 % de la main-d’œuvre vers d’autres secteurs,
Propos recueillis à Ouagadougou par CHARLES BOUESSEL
PERTES ET PROFITS L’Association interprofessionnelle du coton au Burkina (AICB), qui regroupe les trois principales sociétés cotonnières et le syndicat de producteurs, réclamait à Monsanto 48 milliards de F CFA (plus de 73 millions d’euros) pour compenser la baisse de qualité du coton burkinabè et, par conséquent, de son prix. Mi-mars, l’AICB et Monsanto sont parvenus à un accord : les producteurs burkinabè conserveront 75 % des redevances dues au semencier pour les campagnes de 2014-2015 et 2015-2016 (11,3 milliards de F CFA), les 25 % restants (3,7 milliards de F CFA) revenant à Monsanto. CÉCILE MANCIAUX
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Le Plus de JA Burkina Faso MINES
Des affaires en or Dans la filière aurifère, l’extraction industrielle est en plein essor. En cinq ans, huit nouveaux sites sont entrés en exploitation. Canadiens, Russes, Turcs, Australiens… Les investisseurs sont au rendez-vous.
À
la fin de l’année, une nouvelle mine d’or industrielle entrera en production dans le Tuy (à 100 km à l’est de Bobo-Dioulasso). Il s’agit de Houndé Gold Corporation, détenue à 90 % par le canadien Endeavour Mining et à 10 % par l’État burkinabè. Le groupe a investi 162 milliards de F CFA (247 millions d’euros) dans le développement de ce site de 23 km2, achevé aux deux tiers, pour une production attendue de 190 000 onces, soit plus de 5,39 tonnes d’or par an sur dix ans. Toujours à Houndé, le projet de Bouere-Dohoun, dont les réserves estimées sont de 7,8 tonnes d’or, a obtenu en décembre 2016 son permis d’exploitation. Pour son redéploiement au Burkina Faso, Endeavour avait racheté en mars 2016 les 90 % de participation de son compatriote True Gold Mining dans le gisement de Karma (Nord), déjà en
exploitation, avec des réserves prouvées l’australien Golden Rim, pour 10 millions de 1,1 million d’onces. Après avoir relancé de dollars, le gisement de Balogo (Centrel’extraction en octobre 2016, le groupe Ouest). L’extraction a commencé fin 2016, table sur une production de 100 000 à et les minerais sont convoyés à Youga. En 110 000 onces pour 2017 et, grâce à de décembre 2016, MNG Gold a par ailleurs nouveaux forages, devrait prolonger la obtenu un permis d’exploitation pour sa durée d’exploitation du site – à l’origine filiale Netiana Mining Company, sur un de moins de neuf ans – à plus de dix ans. À Houndé, Endeavour prévoit NOUVEAUX VENUS. En
de produire 5,39 tonnes par an pendant dix ans.
revanche, Endeavour a vendu en février 2016, pour plus de 25 millions de dollars (22,9 millions d’euros), sa participation de 90 % dans Burkina Mining Company (BMC), la société qui exploite le gisement de Youga, dans le sud-est du pays – 45 000 onces y ont été produites en 2016. L’acquéreur n’est autre que le groupe turc MNG Gold, qui avait déjà investi en 2015 au pays des Hommes intègres, en rachetant à
site proche de Balogo, à Guiaro (CentreSud), dont les réserves sont estimées à 2,3 tonnes d’or. La mine devrait entrer en production d’ici à la fin de l’année, ce qui portera à dix le nombre de sites industriels exploités dans le pays, avec celui de Houndé. Parmi les nouveaux venus, Roxgold Sanu, filiale locale du canadien
Une centrale thermique d’une puissance de 57 MW alimente le complexe d’Essakane, exploité par Iamgold.
IAMGOLD
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N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
JEUNE AFRIQUE
La CARFO, pour une nouvelle vision de la Sécurite Sociale des agents de l’État et des Collectivités territoriales réée le 7 mai 1986, la Caisse Autonome de Retraite des Fonctionnaires (CARFO) a pour mission la gestion du régime de retraite et du régime de prévention et réparation des risques professionnels des agents de l’État et ceux des collectivités territoriales.
Siège social de CARFO.
Au titre du régime de retraite, la CARFO sert : la pension de retraite, la pension d’invalidité, la pension de survivants (veuves/ veufs et orphelins) et les remboursements des retenues pour pension.
PUBLI-INFORMATION
Pour ce qui est du régime de prévention et de réparation des risques professionnels, elle prend en charge d’une part, les soins médicaux, la fourniture, l’entretien, le renouvellement et la réparation des appareils et prothèses, la rééducation professionnelle et réadaptation fonctionnelle, et d’autre part, le paiement des rentes et des allocations d’incapacité.
Outre les activités liées à son objet social, la CARFO assure également la liquidation et le paiement des capitaux décès pour le compte de l’État. Par ailleurs, la CARFO mène plusieurs activités dans le domaine social visant l’amélioration de la qualité de vie de ses pensionnés. On peut citer entre autres : • l’octroi de bourses d’étude aux orphelines et aux orphelins d’agents publics de l’État décédés ; • l’octroi de vivre aux veuves et orphelin : dans le prolongement de l’opération d’octroi de bourses, la CARFO, face à la paupérisation qui caractérise la majeure partie des veuves et des orphelins qui sont le plus souvent, abandonnés à leur propre sort procède chaque année à la remise de vivres aux orphelins boursiers de la CARFO ; • l’organisation d’une visite médicale annuelle gratuite au profit des pensionnés et ce conjointement avec de la Caisse nationale de sécurité sociale du Burkina Faso (CNSS-BF) ; • l’octroi de prêts aux pensionnés pour la scolarisation de leurs enfants ; • la participation à la journée de solidarité. Malgré ces acquis et afin de pérenniser ces succès et continuer à avoir la confiance de ses assurés, il reste encore à la CARFO des défis à relever notamment l’amélioration du taux de remplacement ainsi que l’efficacité et efficience de la gouvernance. ■
SIÈGE SOCIAL DE CARFO 01 BP 5569 - Ouagadougou 01, Burkina Faso Tél. : (226) 25 37 69 85-88 / 25 37 69 90 Fax : (226) 25 37 42 24 / 25 37 42 22
www.carfo.org
Mme EdwigeMarie Evéline Yameogo, Directrice générale.
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
C
Le Plus de JA Burkina Faso
NORDGOLD
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Le russe NordGold s’est hissé au rang de deuxième producteur dans le pays depuis l’entrée en exploitation du projet de Bouly, fin 2016.
Roxgold. Un an après avoir obtenu son permis d’exploitation à Yaramoko (Ouest), elle y a investi 180 millions de dollars et a lancé la production en juillet 2016, avec un objectif de 100000 onces par an sur dix ans. Le groupe détient par
ailleurs cinq permis de recherche dans le pays : à Houko (près de Yaramoko), à Solna, Teyanga et Yantara (Nord-Est) et à Boussoura (Sud-Ouest). Enfin, la Société des mines de Sanbrado (Somisa), filiale de la junior australienne
Manne appréciable En 2016
En 2000
POIDS LOURDS. Pour le moment,
Le Burkina Faso exportait à peine
Production d’or
Contribution au PIB
Recettes d’exportation
1 tonne
38,17
8,3 %
1 022,8
d’or
tonnes contre 36,3 t en 2015
milliards de F CFA contre 908,5 en 2015
contre 6,8 % en 2015
Recettes fiscales
189,9
En 2009, avec
milliards de F CFA contre 168,4 en 2015 et 191,4 en 2013 (avant la baisse des cours)
11,6 tonnes
exportées, l’or détrônait le coton en tant que principale source de devises du pays
Afrique du Sud Ghana
Mali
Tanzanie
5e Burkina Faso
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West African Resources, a obtenu mi-janvier un permis d’exploitation industrielle pour la mine à ciel ouvert de Sanbrado (ex-projet Tanlouka). Couvrant une superficie de près de 26 km2, elle devrait entrer en exploitation en 2019 pour une durée de sept ans, avec une production attendue de 150 000 onces par an.
producteur d’or du continent
les trois poids lourds en matière de production sont les filiales du canadien Iamgold à Essakane et de son compatriote Semafo à Mana, ainsi que celle du russe NordGold à Bissa. L’investissement le plus important reste celui de Iamgold Essakane SA, dans le Nord-Est : 408 milliards de F CFA, dont 228 milliards pour le développement du projet en 2009 et 180 milliards pour son extension en 2013. La mine a produit 377 000 onces d’or en 2016. Pour ce site, la réduction des coûts de production et la révision à la hausse des estimations de réserve contrebalancent l’épuisement des réserves existantes. Pour optimiser ses dépenses, Iamgold Essakane va notamment opter pour des économies d’énergie : l’entreprise vient de signer un accord avec African Energy Management Platform (AEMP) et Eren Renewable Energy pour ajouter une composante solaire de 15 MW à la centrale électrique au fioul de la mine. JEUNE AFRIQUE
Le Plus de JA Burkina Faso Le russe NordGold s’est hissé au rang de deuxième producteur d’or du pays avec la mise en exploitation du projetdeBouly,enseptembre2016,un investissement de 140 millions de dollars (extraction par lixiviation). Située à 85 km au nord de Ouagadougou, cette nouvelle mine, dont la production attendue est de 120000 onces par an pendant dix ans, est une extension du gisement de Bissa, que le groupe exploite depuis 2013 (186 000 onces en 2016). NordGold vient par ailleurs d’allonger la durée de vie du site qu’il exploite depuis 2007 à Taparko, dans le Namantenga (Centre-Nord), via sa filiale, la Société des mines de Taparko (Somita). Grâce à l’entrée en exploitation de la mine de Bouroum, située à moins de 50 km et dont les minerais sont traités à Taparko, la Somita affiche une production de 111 200 onces en 2016, en hausse de 34 % par rapport à 2015. Une évolution qui devrait se poursuivre puisque NordGold a obtenu mi-janvier un permis d’exploitation industrielle pour trois ans sur un autre projet satellite dans la même zone, à Yeou.
Tidiane Barry « Nous sommes vecteur d’énormes attentes et de préjugés à la fois » Pour le nouveau président de la Chambre des mines, l’avenir du secteur est assuré à moyen terme, mais sa croissance est encore freinée par des contraintes structurelles.
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR JA
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EXPLORATION. Quant à la filiale
du canadien Société d’exploitation minière en Afrique de l’Ouest, Semafo-Burkina, elle détient la mine d’or de Mana, dans la province du Balé, à 260 km au sud-ouest de Ouagadougou. Troisième du pays par sa production, l’usine de Mana a livré 240 200 onces en 2016. En décembre, le groupe a obtenu le permis d’exploitation pour une durée de sept ans de son projet de Natougou, dans la Tapoa (Est), et a engagé dans la foulée les travaux de développement, dont le coût total est évalué à 219 millions de dollars. Passées les premières coulées d’or, attendues dans le courant du second semestre de 2018,la productionannuellemoyenne prévue est de 226000 onces à partir de 2019 (pour des réserves estimées de plus de 36 tonnes). Semafo poursuit par ailleurs ses activités d’exploration sur ce site et à proximité de son complexe de Mana afin d’identifier des gisements satellites, ainsi que dans le secteur de Kongolokoro, dans le sud-ouest du pays, où il compte quatre permis de recherche. CHARLES BOUESSEL N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
Pour le cadre de Iamgold Essakane SA, la stabilité institutionnelle est primordiale dans les décisions d’investissement.
L
ors de leur assemblée générale, le 16 janvier, les membres de la Chambre des mines du Burkina (CMB) ont élu à leur tête Tidiane René Barry, le directeur des approvisionnements et des affaires corporatives (affaires générales) de Iamgold Essakane SA (lire p. 98). Ils ont également adopté à l’unanimité une charte d’éthique selon laquelle ils s’engagent notamment à privilégier les fournisseurs locaux et à promouvoir la formation. Cette volonté passe aussi par le projet d’École des mines, que la CMB souhaite créer avec différents partenaires, parmi lesquels l’Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole (ICM), dont le bureau local est également présidé par Tidiane Barry. Après une licence en administration des affaires à l’École des sciences de
la gestion de l’université du Québec à Montréal (1999) et un master à la Pittsburg State University (2002), aux États-Unis, le Burkinabè a commencé sa carrière au Canada en tant qu’analyste financier chez Bombardier Aéronautique (2003-2005), puis chez Orezone Resources (2005-2007), où il finalise les études et dossiers d’autorisations préalables à la mise en activité de la mine d’Essakane. En 2007, il rentre au Burkina en tant que directeur administratif de la filiale d’Orezone qui exploite le gisement et, dans le cadre de l’acquisition de cette dernière par Iamgold, intègre le groupe. JEUNE AFRIQUE : Quelles sont les priorités de votre mandat ? TIDIANE BARRY : Notre objectif
est d’accompagner les efforts du
JEUNE AFRIQUE
« Nous souhaitons contribuer au développement socio- économique du Burkina Faso »
F
ondée en 1974 en Tunisie, la Société de Routes et de Bâtiments (SOROUBAT), qui rayonne dans plusieurs pays d’Afrique, est présente au Burkina Faso depuis février 2012, suite à l’attribution du marché concernant la construction de la route DédougouNouna-Djibasso-frontière du Mali (143,7 km). SOROUBAT-BF totalise en plein régime plus de mille employés, cadres expatriés et locaux, ingénieurs, agents de maitrise et ouvriers.
ENTRETIEN
M. Salem Romdhane, Directeur Général de SOROUBAT-BF Avec quels atouts SOROUBAT-BF a-t-elle remporté l’appel d’offres portant sur la construction de la route Dédougou-Tougan(26 milliards de F CFA), au centre-ouest du Burkina Faso, en avril dernier ? L’attribution de ce marché est le résultat conjugué de notre expertise, de notre professionnalisme et de multiples atouts qui nous ont permis de proposer une offre compétitive. Nous disposons d’une carrière d’exploitation de granite à Yankasso, au centre-ouest du Burkina Faso, la zone dudit projet. Nous gérons également des parcs matériels à Ouagadougou et dans plusieurs villes du Burkina, avec une gamme complète d’équipements modernes et performants, sans parler de nos ressources humaines, mobilisées et prêtes à exécuter le projet. Quelle est la portée sous-régionale de ce projet ?
04 BP 4406 Zone d’Activités Diverses (ZAD) Ouagadougou, Burkina Faso Tél. : (226) 25 37 14 65
www.groupesoroubat.com
Pour un pays enclavé comme le Burkina Faso, sa réalisation est d’une importance capitale. Le développement des échanges commerciaux devrait être renforcé avec la Côte d’Ivoire et le Mali notamment. Le projet permettra d’accroitre le trafic de transit, de
réduire les coûts généralisés du transport et d’améliorer la sécurité routière. SOROUBAT est également active dans l’immobilier, l’élévage ou l’arboricullture fruitière. Au Burkina Faso, l’entreprise a-t-elle d’autres ambitions que dans le BTP ? Nous souhaitons diversifier nos activités, notamment dans la promotion immobilière, afin de contribuer au développement socio-économique du Burkina Faso et d’accompagner le gouvernement dans sa politique d’urbanisation. Quelle est l’implication sociale de SOROUBAT auprès des populations locales ? La recherche du bénéfice n’est pas notre seul objectif, c’est pourquoi l’implication de notre société dans le développement socio-économique des populations est essentielle. La SOROUBAT a mené plusieurs actions sociales et environnementales à la fin de chaque projet, telles que la réalisation d’infrastructures socio-économiques au profit des populations, notamment de centres de santé et de promotion sociale (CSPS), d’infrastructures communautaires ou d’aménagement de points d’eau. Ces actions citoyennes font parties de la politique sociale et environnementale pour laquelle nous nous sommes engagées.
PORTEFEUILLE DE RÉALISATION ET DE COMMANDE DE SOROUBAT-BF
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
COMMUNIQUÉ
" Construction de la route Dédougou-Nouna-Djibasso-frontière du Mali, 143,7 Km, inaugurée le 31 mai 2014 " Réhabilitation de la route communautaire CU9 Koupéla–Tenkodogo-Bittou-Cinkansé–frontière du Togo et la bretelle de Mogande, 124 Km (lot 1 et 3), 74,4 milliards de F CFA, délai d’exécution de 24 mois à compter du 20 février 2015 " Lot 2 du même projet, Tenkodogo-Ouada, 28 Km, 10,6 milliards de Francs CFA, durée de 12 mois à partir du 30 janvier 2017 " Construction de la RN10 Dedougou-Tougan, 91 Km, 20 milliards F CFA, lancement officiel le 31 mai 2016 pour une période de 24 mois.
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Le Plus de JA Burkina Faso gouvernement pour que l’industrie minière reste compétitive et prospère, et qu’elle participe au développement du pays. Le principal enjeu est de maintenir une dynamique de compétitivité, en tenant compte de l’enclavement du Burkina et de l’aspect sécuritaire, qui est un véritable défi pour la sous-région. Je veux aussi améliorer la communication du secteur, qui suscite énormément d’attentes et est victime de préjugés.
avantage non négligeable, car la stabilité institutionnelle et le climat des affaires jouent beaucoup sur la décision d’investir.
Et comment se porte ce secteur ?
Le rapport relève effectivement des défaillances dans les mécanismes de contrôle, et certains points méritent d’être approfondis. Il faut cependant souligner que ce ne sont pas les sociétés minières industrielles qui sont particulièrement pointées par ce rapport : l’extraction illégale et la fraude concernent surtout l’activité artisanale. L’État va d’ailleurs dans le bon
Il connaît une bonne croissance depuis 2008. En 2016, la production d’or a dépassé 38 tonnes, cinq permis d’exploitation ont été accordés, et plusieurs projets sont désormais à un stade avancé. Certains sont en cours de développement, d’autres en recherchedefinancement.Grâceàces nouveaux projets, le futur de l’industrie est assuré à moyen terme. Et avec 405 permis de recherche en cours, on peut dire que le secteur est dynamique. Le nouveau code minier, révisé en 2015, est-il satisfaisant ?
La création d’une agence chargée de réguler l’orpaillage va dans le bon sens.
Son dispositif de levier fiscal est moins attractif que celui du code de 2003, mais la plupart des sociétés en exploitation ont déjà réalisé leurs investissements et ont la garantie que les conditions prévues au moment de la signature de leur permis ne seront pas touchées par ces changements. Nous tenons à cette stabilité des règles, elle est primordiale pour le climat des affaires. C’est sur le moyen et le long terme que l’on mesurera les résultats de ce nouveau texte. Parmi les projets qui en sont à un stade avancé, j’en connais deux ou trois qui ont des difficultés à lever des fonds à cause de la baisse de rentabilité et de l’allongement des délais. Pour qu’ils puissent être menés à bien, il faudra donc peut-être réfléchir à des aménagements et à des mesures d’accompagnement. Cela étant dit, la gouvernance générale du secteur minier au Burkina Faso est plutôt saine comparée à d’autres pays. C’est un N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
Le rapport publié en octobre 2016 par la commission d’enquête parlementaire sur la gestion des titres miniers et la responsabilité sociale des entreprises dresse un état des lieux mitigé : mauvaise gouvernance, spéculation, dégradation de l’environnement, etc. Qu’en pensez-vous ?
sens avec la création d’une agence chargée de réguler l’orpaillage et de juguler ses impacts négatifs sur l’environnement. Quant à la taxation des transferts de titres miniers, elle permet de limiter la spéculation. Il faut aussi relativiser le sujet des exonérations fiscales, que certains considèrent comme un manque à gagner pour l’État. Il est normal qu’il y ait des incitations pour investir, ce qui est valable dans tous les secteurs, pas seulement dans l’industrie minière. Enfin, sur le sujet de la pollution, des mécanismes existent, comme le Plan de gestion environnemental et social. Le défi est de le rendre pratique. Par exemple, au lieu d’accumuler dans un fonds de réhabilitation de l’argent qui n’est débloqué qu’en fin d’exploitation, on pourrait mettre en place un dispositif qui privilégie une réhabilitation progressive des sites. Propos recueillis à Ouagadougou par CHARLES BOUESSEL
Un portefeuille à part entière Jusqu’alors rattachées à l’Énergie, les Mines et les Carrières ont désormais leur propre ministère, confié à un ingénieur issu du privé.
«
C
ompte tenu des ambitions du Burkina dans le cadre du PNDES [Plan national de développement économique et social], il semblait important qu’un ministre se concentre sur l’énergie tandis qu’un autre prenait en charge les mines », explique Oumarou Idani, qui, en attendant la livraison de ses nouveaux locaux, officie depuis un bureau provisoire. Lors du remaniement du 20 février, le vice-président de la commission du développement économique, de l’environnement et du changement climatique de l’Assemblée nationale a été nommé ministre des Mines et des Carrières, un portefeuille jusqu’alors rattaché à celui de l’Énergie. Originaire de Kantchari, dans la Tapoa (Est), cet ingénieur en génie rural a été directeur de cabinet du ministre de l’Environnement et du Tourisme, puis du ministre chargé des Relations extérieures (1983-1984) et directeur général de la société nationale d’électricité (Sonabel, 1984-1987). Il a poursuivi sa carrière dans le privé, à la tête de son propre cabinet d’ingénierie, Ergeci-Développement, en tant qu’administrateur de diverses sociétés (dont Sunu Assurances) et, en novembre 2015, a été élu député du Gourma (Est) sous la bannière du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). ENQUÊTE. Dès le mois de mars, Oumarou
Idani a présenté en Conseil des ministres un rapport sur les recommandations de l’enquête parlementaire d’octobre 2016. Il y reconnaît que le nouveau code minier ne règle qu’une partie des problèmes et que certains décrets d’application font encore l’objet de discussions. « Nous sommes en train d’aplanir tout cela », assure-t-il. Ses priorités : rendre le secteur plus compétitif et sa croissance plus inclusive, purger l’orpaillage artisanal de ses fraudes et développer « un partenariat gagnant-gagnant durable JEUNE AFRIQUE
L’art du rebond
CHARLES BOUESSEL POUR JA
pas vite, un projet peut être bouleversé. » La création d’un cadastre minier numérique, bientôt accessible sur internet, va dans ce sens (avec des mises à jour en temps réel qui permettent de gagner en transparence), et le Bureau des mines et de la géologie du Burkina (Bumigeb) doit réaliser une carte géologique et minière du pays.
Oumarou Idani a pris ses fonctions fin février.
avec les opérateurs, y compris avec les entreprises privées du pays qui, elles aussi, ont une certaine expertise », précise Oumarou Idani.
Pour relever ces défis, il veut du professionnalisme et de la modernité. « Il faut que les dossiers miniers soient traités avec célérité, car si les choses n’avancent
AUTRE VIE. Le ministre n’oublie pas l’aspect sécuritaire. « Dans une autre vie, j’ai travaillé dans le tourisme », rappelle Oumarou Idani, qui a aussi été concessionnaire d’une réserve de chasse dans la Tapoa (Kondio Safari Prestige). « Je connais le niveau de retentissement, en Europe notamment, des problèmes sécuritaires auxquels nous pouvons être confrontés », poursuit-il. L’Office national pour la sécurisation des sites miniers (Onasim) est désormais opérationnel et a été doté d’une force hybride composée de policiers, de gendarmes et de militaires, dont les procédures et interventions sur le terrain ont été harmonisées. C.B.
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Le Plus de JA Burkina Faso
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR JA.
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Dans les locaux de La Fabrique, incubateur d’entreprises sociales.
ENTREPRENEURIAT
Tour du Faso de l’innovation Depuis quelques années, les dispositifs d’appui aux start-up se multiplient à Ouaga. Et le succès est au rendez-vous, dans tous les domaines. responsable de l’entrepreneuriat au sein du technopôle de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE). La structure, qui accompagne actuellement huit créateurs d’entreprise, a déjà levé plus de 235 000 euros et permis de lancer dans la cour des grands des start-up devenues emblématiques, comme FasoPro. Fin 2014, la jeune entreprise de Kahitouo Hien a commencé à commercialiser (sous la marque Toumou’Délice) ses produits alimentaires à base de chenilles de karité, qui permettent de lutter contre la malnutrition. Plus de 100 000 articles,
tous produits confondus (chenilles cuites ou crues conditionnées, gâteaux, etc.), ont été écoulés en 2016. Primée en novembre 2016 par l’initiative « La France s’engage au Sud », parrainée par l’Élysée, elle est en passe de stabiliser son business model. TRIÉS SUR LE VOLET. « Nous accom-
pagnons des créations d’entreprise qui ont un impact social fort. L’entrepreneur nous sollicite à un moment où il a un besoin de compétences pour avancer mais n’en a pas les moyens, explique Lisa Barutel. Il trouve chez nous un réseau
© Vincent Fournier/JA
I
l règne au Faso une saine émulation en matière d’innovation. Ces dernières années, des start-up et applications développées par de jeunes Burkinabè se sont régulièrement fait remarquer, au niveau continental comme international, et de nouvelles pousses, tout aussi prometteuses, marchent déjà dans leurs pas, soutenues par des dispositifs d’accompagnement publics ou privés de mieux en mieux organisés. C’est le cas de La Fabrique, un incubateur pour entrepreneurs sociaux créé en décembre 2014 à Ouagadougou par la Française Lisa Barutel, ancienne
Chaque soir sur TV5MONDE
20h30 heure de Dakar et 21h30 heure de Tunis En partenariat chaque mardi avec
www.tv5monde.com
Lire aussi notre focus sur le nouveau fonds Burkina Start-Up
RÉCUPÉRATION. Évidemment, le Burkina
compte son laboratoire de fabrication numérique, ou Fablab : le OuagaLab, qui compte une cinquantaine de membres à travers le pays et une dizaine de permanents au siège, à Ouagadougou. Son cofondateur et président, Gildas Guiella, un ingénieur en réseau informatique et télécoms de 33 ans, en a eu l’idée lors du forum InnovAfrica, organisé en décembre 2011 dans la capitale burkinabè. Ouvert à tous, le collectif a déjà concrétisé plusieurs projets depuis cinq ans, dont une Carto-malaria (carte interactive des zones à risque), une plateforme d’information agricole fondée sur la technologie GSM ou encore une éolienne à base de pièces de récupération. Il organise par ailleurs des formations de tous niveaux en électronique, informatique et programmation, ainsi que de nombreux ateliers de fabrication. Devant cet engouement, le gouvernement est entré dans la danse. Le 31 mars, il a annoncé la création de Burkina startup, un fonds doté de 2 milliards de F CFA (plus de 3 millions d’euros) par an sur cinq ans, qui démarrera ses activités dès le début du mois de mai. « L’objectif est d’encourager, en les finançant, des créateurs d’entreprise et des PME qui portent des projets innovants et structurants », explique Blaise Parfait Semdé, directeur du Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES). Le fonds agira via deux modes de financement : la prise de participation (de moins de 10 %) et le crédit participatif, avec un plafond fixé à 10 millions de F CFA par société. NADOUN COULIBALY JEUNE AFRIQUE
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Nafa Naana De l’écologie dans la cuisine
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est en 2010 que Sayouba Guira, économiste de formation, a fondé Nafa Naana (« le bénéfice est arrivé », en dioula), avec le soutien de l’ONG française Entrepreneurs du monde. Son objectif : concevoir et distribuer des lampes et kits solaires, ainsi que des équipements ménagers économes pour les populations pauvres, dans les régions où le déficit en électricité est le plus élevé. Alorsquelapréparation des repas se fait majoritairement sur des réchauds à bois ou à charbon, la
Sayouba Guira.
jeune entreprise se propose de contrer les effets nocifs de ce type de combustion grâce à des foyers améliorés qui limitent la consommation de bois et à des cuisinières à gaz. En outre, pour rendre ses produits accessibles à tous, Nafa Naana a tiré les prix vers le bas et mis en place des facilités de paiement. Et la réussite est au rendez-vous, les ventes ne cessant de progresser. De 4 596 articles vendus en 2013, la société est passée à plus de 12600 en 2016. Présente dans trois régions du pays – Centre, Hauts-Bassins et
Sud-Ouest –, la start-up revendique désormais plus de 60 000 clients et compte bien s’étendre encore. Son directeur général estime avoir permis d’économiser 20 815 tonnes de bois et d’éviter 37 514 tonnes d’émission de carbone, soit un gain cumulé de plusieurs milliards de francs CFA et un plus pour l’environnement. L’équilibre des comptes n’est pas encore atteint, mais Sayouba Guira garde le cap : il estime pouvoir assurer la viabilité de son entreprise d’ici à 2019. N.C.
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR JA
de partenaires stratégiques, financiers et mêmes médiatiques. Et nous l’aidons à lever des fonds. » L’incubateur ouagalais ne pouvant accompagner qu’un petit nombre de projets, les candidats sont triés sur le volet par un comité de professionnels (en 2018, il compte en accueillir six nouveaux). Le Beoogo Lab, centre d’entrepreneuriat numérique, a quant à lui été créé en 2013 par Mahamadi Rouamba. Depuis l’année dernière, il travaille en partenariat avec l’ONG suédoise Diakona, dans le cadre de l’appel à projets qu’elle a lancé pour accompagner l’entrepreneuriat des femmes dans des domaines aussi divers que les TIC, l’eau et l’assainissement, l’hygiène et les cosmétiques et les énergies renouvelables.
L’art du rebond
Le Plus de JA Burkina Faso
FasoSoap Un savon antipalu bientôt homologué par l’OMS? SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR JA
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n 2013, le Burkinabè Moctar Dembélé et le Burundais Gérard Niyondiko, encore élèves de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) de Ouagadougou, ont créé la start-up FasoSoap, du nom du savon qu’ils ont mis au point. Utilisé pour l’hygiène corporelle, mais aussi pour la lessive, ce dernier permet de lutter contre le paludisme grâce son odeur repoussant les moustiques et à ses propriétés larvicides, qui empêchent la propagation de l’anophèledansleseauxstagnantes.Letoutàun prix accessible pour les populations: alors que les traitements contre la malaria sont onéreux, le pain de FasoSoap ne coûterait pas plus cher qu’un savon « classique ». Dès sa création, le projet a remporté le Grand Prix de la Global Social Venture Competition de la célèbre université de Berkeley, aux États-Unis. En 2014, resté seul à la tête du projet, Gérard Niyondiko a travaillé avec le laboratoire cosmétique français iTech (université de Lyon) pour optimiser l’effet répulsif du savon – dont la composition,
Gérard Niyondiko.
qui comprend notamment de la citronnelle et du karité, reste secrète. Fin 2015, FasoSoap a reçu 5 000 dollars de la fondation de l’homme d’affaires nigérian Tony Elumelu, ce qui lui a permis de reprendre les travaux de recherche et de développement. Les derniers tests pratiqués sur les substances répulsives se sont avérés concluants : l’effet perdure au-delà de six heures. « Nous sommes très satisfaits de ce résultat, qui est une avancée scientifique majeure pour nous », se félicite Franck Langevin, responsable des opérations au sein de l’entreprise. C’est aussi une phase décisive, qui permet
de passer à l’étape d’encapsulation de la substance répulsive dans le savon. Soutenu par des partenaires comme Deloitte et la fondation Caritas, FasoSoap a par ailleurs réussi à lever 70000 euros en 2016, grâce à sa campagne de crowdfunding sur la plateforme Ulule. L’entreprise estime ses besoins d’investissement pour lesdeuxprochainesannéesà180000euros. C’est désormais l’association 100000 Vies, créée en janvier, qui porte le projet auprès de l’Organisation mondiale de la santé pour que le FasoSoap soit homologué en tant que produit de lutte antivectorielle. N.C.
Icivil Bébés à déclarer!
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dama Sawadogo, 39 ans, révolutionne l’enregistrement des naissances. Ce consultant en sécurité documentaire a mis au point, avec l’aide du Français Francis Bourrières, une application qui commence à faire ses preuves. En 2015 et après trois ans et demi de recherche
et développement, les deux ingénieurs ont lancé Icivil, une solution technologique fondée sur une application mobile qui permet d’enregistrer les naissances sans avoir à se déplacer. Pour signaler l’arrivée d’un nouveau-né, les agents de santé doivent scanner un QR code et entrer les
Token, le bracelet de naissance intelligent. SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM POUR JA
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informations relatives à l’enfant sur une interface mobile (une connexion internet n’est pas nécessaire). Un SMS crypté est alors envoyé sur le serveur du centre national d’état civil, générant automatiquement un acte de naissance authentique et contrôlable. Celui-ci pourra être obtenu sur présentation du bracelet dénommé Token, mis au poignet du bébé à sa naissance, dans tout centre d’état civil qualifié du pays. Près de 1 600 enfants ont ainsi été enregistrés via la plateforme, toujours expérimentée dans un centre médical de la capitale. Seule contrainte : pour qu’Icivil puisse fonctionner, les centres médicaux doivent être équipés de smartphones et de bracelets – ceux qui sont utilisés sont fournis par un fabricant français.
« D’après l’Unicef, 230 millions d’enfants sont sans état civil et plus de 2,4 milliards d’individus dans le monde ne disposent pas d’acte de naissance. En Afrique, près de la moitié de la population est sans existence légale, faute de déclaration à la naissance. C’est en prenant conscience de l’ampleur de ce défi que j’ai conçu Icivil. C’est une solution technique qui répond à la problématique avec des moyens simples et dans le respect des contraintes juridico-techniques », se félicite Adama Sawadogo, qui a décidé de céder les droits de sa licence à l’État burkinabè. Icivil Africa,lasociétédegestiondela plateforme, affirme être entrée en négociation avec une vingtaine de pays pour évoquer une implantation de son dispositif à grande échelle. N.C. JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Burkina Faso
Bifasor L’e-rendez-vous des professionnels de la logistique
JACQUES TORREGANO POUR JA
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ondée par le Burkinabè Zakaria Daboné (36 ans), la plateforme Bifasor se développe pour le moment depuis Paris et aspire à devenir l’Uber des logisticiens africains. La jeune société veut en effet révolutionner la filière en mettant en relation les clients et les différents intervenants (commissionnaires, transitaires, transporteurs ou même mécaniciens et garages). Une manière d’éviter de passer par les courtiers informels, aux tarifs souvent élevés. Le service doit permettre à ses utilisateurs de trouver et de contacter en quelques clics, depuis un ordinateur, un smartphone ou une tablette, des partenaires ou clients, qu’il s’agisse de trouver des marchandises, de les stocker ou de les livrer. « Une manière de rationaliser les opérations, en trouvant le bon
Zone de fret routier en Côte d’Ivoire.
service au juste prix, tout en construisant des relations d’affaires durables », laisse entendre la communication de l’entreprise. Bifasor a démarré ses activités en 2016 avec une équipe de cinq personnes et un site bilingue (français et anglais). Ses dirigeants espèrent passer d’ici à
la fin de l’année le cap des 50 000 utilisateurs, principalement au Burkina, en Côte d’Ivoire et au Ghana, et promettent « pour bientôt » un accès à la plateforme en portugais et en arabe. Pour développer ses activités, la société estime ses besoins d’investissement à environ 300 000 euros. N.C.
Jacigreen Quand le nuisible devient doublement utile
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est après une licence enbiodiversitéet gestion de l’environnement à l’université de Niamey, sa ville natale, que Mariama Mamane a intégré l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) de Ouagadougou, en 2013. Désormais en fin d’études, l’élève ingénieure de 26 ans consacre la plus grande partie de son temps à sa startup, Jacigreen. En juin 2016, son projet a remporté le premier prix du concours Parcours entrepreneurs du 2iE, ce qui lui permet de développer sa petite entreprise au sein du Technopôle-2iE, l’incubateur de l’école. Son projet est fondé sur la jacinthe d’eau, une plante néfaste pour la biodiversité aquatique, qui envahit les cours d’eau et les lacs ouestafricains. Mariama Mamane projette de transformer la plante en engrais naturel par un compostage en anaérobie. Le biogaz issu de ce processus N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
est lui aussi utilisé : il est récupéré pour être transformé en énergie électrique. « C’est un projet éco-innovant, qui contribueàl’assainissementde nos plans d’eau et rivières et à la promotion d’une agriculture écologique, tout en comblant le déficit énergétique, explique la jeune Nigérienne. Nous entendons produire 280 kWh, que nous rétrocéderons à la société nationale d’électricité au terme d’un accord tarifaire, commercial et technique. »
Jacigreen est dans la phase de modélisation des prototypes de biodigesteurs pour la fabrication de l’engrais. Parallèlement, une étude est en cours pour mieux cerner ses futurs clients, les producteurs du Burkina Faso, du Niger et de la Côte d’Ivoire. « Notre premier marché sera celui des maraîchers et des petits exploitants familiaux, dont nous voulons préserver la santé », précise la jeune femme.
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La jacinthe d’eau, la plante la plus invasive du monde.
Une fois que les travaux de recherche et développement, notamment sur l’efficacité du biogaz, seront terminés, elle installera sa bioraffinerie. Dès la première année d’activité, prévue pour 2018, Jacigreen entend produire 30 000 sacs de 50 kg. « Nous estimons nos besoins d’investissement à 88 millions de F CFA [un peu plus de 134 000 euros], dont 68 millions pour l’acquisition des équipements nécessaires au démarrage de la raffinerie », préciseMariamaMamane.Son projet a déjà été très remarqué. En octobre 2016, elle a été le « coup de cœur » du jury des African Rethink Awards organisés par Land of African Business (LAB), un think tank créé à Paris en 2015 en marge de la COP21. En février, elle a reçu le prix de l’entrepreneuriat féminin décerné par la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, lors du salon Sahel Innov, qui s’est tenu dans la capitale nigérienne. N.C. JEUNE AFRIQUE
Dr Charlemagne Gnoula, Administrateur provisoire
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a Centrale d’achat des
médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG), créée en 1992, est un outil stratégique de la politique sanitaire burkinabè.
CAMEG, levier de la mesure de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans au Burkina Faso. Il faut noter que la CAMEG, association à but non lucratif créée en 1992 par décret présidentiel, suite à l’initiative de Bamako, est un outil de la politique nationale sanitaire. A ce titre, elle a pour vocation de contribuer au succès des politiques publiques en matière de santé particulièrement dans le domaine pharmaceutique. C’est pourquoi notre Centrale a fait de la disponibilité du médicament, de sa qualité et de son accessibilité géographique et financière, les fondamentaux de sa mission. C’est dire que déjà, la CAMEG était dans la logique de la politique du gouvernement. Et dès l’annonce de la mesure de gratuité des soins de santé chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, la Nationale des médicaments génériques,
Aujourd’hui, tous nos produits sont systématiquement soumis au contrôle qualité par le Laboratoire national de santé publique, avant distribution. La CAMEG dispose d’une politique qualité traduite dans son Manuel d’assurance qualité. La démarche qualité de la CAMEG a fait d’elle, à l’issue de son évaluation au prisme du Système modèle d’assurance de la qualité pour agences d’approvisionnement (MQAS) de l’OMS en octobre dernier, la première en tête de 10 centrales africaines. Elle avait été placée au niveau II de conformité au MQAS de l’OMS. En outre, la CAMEG a reçu le 20 mars dernier à Paris, la distinction « International Trophy For Quality » de Global Trade leaders ’Club, en reconnaisTrophée décerné sance de la qualité de ses produits et à la CAMEG services. Ce n’est qu’un début mais le 20 mars 2017 notre objectif d’ici 2018, est de pouen reconnaissance de la qualité voir offrir un service qui répond aux de ses produits normes ISO 9001 version 2015 au et services. bénéfice de nos clients.
Elle a pour vocation de contribuer au succès des politiques publiques en matière de
Disponibilité, qualité et accessibilité des médicaments sont les fondamentaux de la CAMEG
santé, en particulier pharmaceutique.
de concert avec le Ministère de la Santé, a réadapté sa stratégie pour le succès de cet important volet social du programme du Président du Faso. Ainsi, nous avons mis l’accent à court terme sur les commandes d’urgences, le renforcement des livraisons des produits concernés par la mesure, la sensibilisation du personnel à ce nouveau défi et la mise en place d’une organisation efficace et efficiente pour y faire face. Nos équipes ont été disponibles en permanence et le sont encore aujourd’hui, dans les concertations nécessaires aux échanges d’informations, de stratégies et de données statistiques entrant dans le cadre de la gestion et le suivi de la mesure. Je peux vous rassurer que la CAMEG ne ménage, et ne ménagera aucun effort pour que la politique de la gratuité ait son impact escompté auprès des populations, et répondre aux attentes de nos plus hautes autorités. C’est du reste, sa raison d’être.
La CAMEG est engagée dans un vaste processus pour garantir la qualité des médicaments et de ses services La question de la qualité est primordiale à la CAMEG. Nous y avons consacré un département à part entière avec une équipe de pharmaciens qui y travaillent. Les enjeux sont énormes étant donné que nos produits sont consommés par un grand nombre de personnes.
PUBLI-INFORMATION
La crise à la CAMEG est désormais un mauvais souvenir La CAMEG a traversé une crise assez éprouvante. Mais ce qui est important de retenir, est que le service n’a jamais été rompu. Le personnel a fait preuve d’une détermination exemplaire dans le travail qui a permis à ce qu’on continue malgré un contexte qui était difficile, à approvisionner tout le pays en MEG. Aujourd’hui, un nouvel administrateur a été nommé pour doter la CAMEG d’un statut et d’un mode de gouvernance à même de la mettre à l’abri des conflits y relatifs. Plus que jamais la Nationale des médicaments du Burkina et son équipe s’engagent à servir la population. ●
SIÈGE SOCIAL, SOCIAL ZAD 01 BP 4877 Ouagadougou 01, Burkina faso Tél.: (+226) 25 37 37 50 / 51 Email : cameg@cameg.bf camegbf@gmail.com
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dans le domaine
Le Plus de JA Burkina Faso murmure-t-elle, le regard espiègle. En attendant, elle s’apprête à passer un casting pour un nouveau rôle. « Comme le cinéma ne nourrit pas son homme, ni sa femme, je dois me diversifier. Ce qui ne me dérange pas : j’adore le métier d’entrepreneur ! » lance la jeune femme de 34 ans entre deux coups de fil et l’envoi d’un mail à un client. En véritable businesswoman, la fondatrice et directrice de l’agence Amazone déteste l’inaction.
TENDANCE
L’actrice se double d’une businesswoman Révélée par la série Commissariat de Tampy, la comédienne Samira Sawadogo dirige une agence spécialisée dans l’accueil en entreprise.
Le 11 avril, à Ouagadougou.
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eaucoup de gens continuent de l’appeler « inspectrice Mouna », du nom du personnage qu’elle incarnait dans la série Commissariat de Tampy, qui l’a révélée aux téléspectateurs de la chaîne publique RTB (et de YouTube). Tourné de 2004 à 2012 à Gounghin, un quartier populaire de la capitale, ce feuilleton policier réalisé par Missa Hébié et produit par Faso Films a suivi pendant trois saisons le quotidien d’une enquêtrice à la forte personnalité, brillante et incorruptible, qui, tout en poursuivant son doctorat en criminologie, démêlait les affaires avec son jeune coéquipier, l’inspecteur Rock, un véritable don Juan joué par Sékou Oumar Sidibé. Entre 2012 et 2016, Samira Sawadogo s’est surtout consacrée à son travail d’agent commercial et à la création de son entreprise. Mais depuis 2016, la voilà de retour devant la caméra. En septembre, elle a tenu le rôle principal d’Odyssée (Taman Djan, en bambara), d’Issa Traoré de Brahima, et celui de la N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
secrétaire de Michel Bohiri (acteur de la série ivoirienne Ma famille) dans la nouvelle fiction de Missa Hébié, Entre le cœur et la raison. Elle a aussi joué dans Ça tourne à Ouaga, un court-métrage de vingt-six minutes plein d’humour sur une équipe de tournage, réalisé par la chorégraphe Irène Tassembédo. Sorti en mars, il a été sélectionné pour le festival Vues d’Afrique 2017, à Montréal. LA RELÈVE. « Même si elle essaie de
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CONVAINCUE. Titulaire d’un BTS en gestion commerciale, Samira Sawadogo a travaillé pendant huit ans en tant que conseillère chez l’opérateur de téléphonie mobile Telecel Faso. « Cela a été une formidable expérience sur les plans professionnel et humain, qui m’a permis d’étoffer mon carnet d’adresses et, surtout, d’affiner mes compétences », dit-elle. Tout en jonglant entre son emploi et les tournages de la série, l’actrice a en outre créé Amazone, une agence de communication spécialisée dans l’accueil en entreprise et l’organisation d’événements, qui propose notamment un service d’hôtes et d’hôtesses bilingues. C’est en octobre 2014 qu’elle a décidé de voler de ses propres ailes et de quitter Telecel pour se consacrer à son agence. Mais un événement politique inattendu a chamboulé ses plans. « Quelques jours après ma démission, l’insurrection populaire est arrivée. Mes proches se sont alors demandé pourquoi je ne retournais pas à mon ancien poste, mais j’étais convaincue de faire le bon choix, explique-t-elle. Même si les débuts n’ont pas été faciles, j’ai tenu. Et aujourd’hui, je peux dire que ça prend. » En effet, avec de grands clients tels qu’Africa Mining, Bank of Africa-Burkina ou encore la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce, sa société, qui compte une vingtaine de
se lancer dans les affaires, Mouna a réussi à s’imposer L’ex-inspectrice de fiction en tant qu’actrice et elle fait concocte son prochain partie de la relève du cinéma « coup » cinématographique. burkinabè », estime le journaliste culturel Alassane Kéré, qui collaborateurs, parvient à dégager des suit son évolution depuis une dizaine d’années. L’ex-inspectrice de fiction marges et un chiffre d’affaires annuel d’enconfie d’ailleurs concocter « un coup » viron 25 millions de F CFA (38 000 euros). cinématographique qui, s’il se concréFière d’être désormais membre du Club tise, devrait lui permettre de franchir des hommes d’affaires franco-burkinabè, « inspectrice Mouna » espère séduire un nouveau palier. « On travaille sur un projet pour produire une série… Mais je d’autres grands groupes internationaux. ne vous donnerai pas plus de détails », NADOUN COULIBALY JEUNE AFRIQUE
Le Plus de JA Burkina Faso
Marto réveille Ouaga Le peintre franco-burkinabè déride les rues de la capitale. Signes particuliers: une patte sarcastique, une culture métissée… Et des projets sans frontières.
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our le meilleur ou pour le pire, les murs sont à la mode. Au MoyenOrient ou en Amérique, de nouveaux remparts obstruent l’horizon des nomades. Au cœur du Sahel, Marto, lui, maquille les briques ouagalaises comme si le trompe-l’œil lézardait joyeusement les murailles. Dans un environnement à l’architecture minimaliste ou improbable, farci de monuments kitsch et lissé par la patine brune de la latérite, les vrais paysages ont toujours été les foules, aussi multicolores que fugaces. Le peintre urbain semble les attraper au vol pour les immortaliser sur les murs de la capitale burkinabè, non sans les passer à la moulinette de son graphisme sarcastique. À l’arrière d’une bicoque, une mama attache dans son dos un toubab moustachu devenu poupon africain. Dans un « six-mètres » (petite rue non goudronnée, théoriquement de 6 m de large), un enfant en surpoids promène en laisse un curieux animal de compagnie : son téléphone portable. Sur un muret, un poisson fumeur pêche un pêcheur… PLEINE LUMIÈRE. Né à Besançon, dans l’est de la France, il y a trente-cinq ans, le Franco-Burkinabè Grégory Dabilougou se nourrit des œuvres du caricaturiste français Siné, du graphiste activiste britannique Banksy et du graffeur vidéaste italien Blu. Il étudie aux Beaux-Arts de Cambrai et à la faculté des arts d’Amiens, dans le nord de l’Hexagone, à l’école d’art de Helsinki (Finlande), puis poursuit sa métamorphose en « Marto », qui le conduit, en 2009, à l’atelier Hangar 11, dans le quartier Kologh-Naba de Ouagadougou. Progressivement, il pose ses valises dans la capitale burkinabè et fait infuser sa sensibilité artistique. « Au début, je ne connaissais pas bien la culture locale. Avec le temps, mes créations ont commencé à s’africaniser. » Avec la plasticienne Poko, il fonde le studio El Faso. Le goût de Marto pour la 2D et le talent de Poko pour la 3D se conjuguent. Les deux artistes lancent N 0 2938 • DU 30 AVRIL AU 6 MAI 2017
OLYMPIA DE MAISMONT
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Avec La Tantie de la liberté, l’artiste rend hommage à l’insurrection populaire du 30 octobre 2014.
à l’insurrection populaire qui fit plier le une gamme de goodies : tee-shirts, sacs, régime de Blaise Compaoré. Avec cette coussins, cartes postales ou encore canafresque, le peintre des grenouilles burris customisés. Ils s’apprêtent d’ailleurs à inaugurer leur boutique. lesques et des messages subliminaux affirme un engagement plus net. Depuis six ans, dès qu’il le peut, Marto Puisque les murs sont des tremplins investit son terrain de jeu favori : la rue. artistiques plus que des digues, Marto « Pour moi, la finalité d’un dessin est de projette à nouveau son œuvre au-delà se retrouver sur un mur, pas sur une toile ou un tableau », explique-t-il. Pas de pochoirs sauvages pour Il considère les murs comme réalisations dans la clandestides tremplins artistiques nité. Il demande des autoriplutôt que comme des digues. sations et travaille en pleine lumière, prisant l’interaction des frontières ouagalaises. En mars, il avec un public moins blasé que celui a commencé une résidence artistique d’Europe. « J’aime le fait d’avoir une sorte d’atelier dans l’espace public, de berlinoise, qui enfantera un roman gracréer du lien avec les gens. » phique d’ici à quelques mois, en lien avec l’ONG Correctiv et sa rédaction. JEU DE PISTE. Deux jours après l’attenEnsuite, il partira travailler avec les artitat de Ouagadougou, en janvier 2016, à sans marocains de Meknès, où doit se quelques centaines de mètres du lieu tenir, en octobre, la deuxième édition du drame, il entreprend son œuvre des Rencontres du carnet de voyage. monumentale, La Tantie de la liberté. Que les Ouagalais patientent. Aussi Au « verso » d’un immeuble de l’avemobile que « ses » murs sont immobiles, nue Kwame-Nkrumah, il peint une Lady Marto reviendra au Burkina en fin d’anLiberty tropicalisée de huit mètres de née pour dérouler encore son chapelet hauteur; la robe en pagne, la peau d’ébène de fresques. Ils pourront reprendre, avec lui, le jeu de piste urbain. et la tablette, sur laquelle est gravée la date du 30 octobre 2014, rendent hommage DAMIEN GLEZ, à Ouagadougou JEUNE AFRIQUE
PUBLI-INFORMATION
La LONAB : 50 bougies, 50 ans d’investissement au profit de la Nation
De son plan stratégique 2016-2025, on retient une nouvelle vision, la LONAB a désormais pour mission de mobiliser les ressources financières par l’organisation et l’exploitation des jeux de hasard et toute autre activité connexe afin de contribuer au développement du Burkina Faso. Pour donner davantage satisfaction à sa clientèle et répondre efficacement à sa mission, six axes stratégiques ont été déterminés à savoir : • le renforcement de la gouvernance et le développement de la performance organisationnelle ; • le développement des ressources humaines ; • l’expansion de l’action commerciale ; • la transformation numérique intégrale de la LONAB ; • l’optimisation des ressources financières ; • l’accroissement de la responsabilité sociétale de la LONAB. La LONAB commercialise deux gammes de produits : les paris sur les courses hippiques qui comportent deux lignes de produits : Le Pari Mutuel Urbain Burkinabè (PMU’B) et les Espaces Course en Direct (ECD). Les produits à grattage ou instantanés qui comportent trois lignes à savoir, la
Tombola Minute Plus (TMP), la Tranche Commune Entente (TCE), et Télé-Fortune. Les bénéfices générés par l’exploitation des jeux servent au développement humain durable par la construction d’écoles, de centres de santé, les dons d’ambulances, la contribution au FONER à hauteur de 250 millions par an etc. Elle contribue également à la création de nombreux emplois directs et indirects.
La LONAB 50 ans, une nouvelle vision Mai 1967- Mai 2017, la LONAB fête cette année ses cinquante ans d’existence. La commémoration de ce Jubilé d’Or a pour objet de marquer un arrêt afin de jeter un regard rétrospectif, pour mieux envisager l’avenir avec plus de sérénité. Dans le souci de marquer d’une pierre blanche ce cinquantenaire, la LONAB entreprendra dans les mois à venir (de mai à octobre 2017), des activités commémoratives culturelles, sportives sans oublier la construction d’infrastructures et les divers dons au profit des populations burkinabè. Lucien Carama, Directeur Général de la Lonab.
SIÈGE SOCIAL 436 rue du Grand marché - 01BP - 68 Ouagadougou 01, Burkina Faso - Tél : (+226) 25 30 61 21/ 22/ 23 Fax : (+226) 25 31 19 42/ 25 31 28 16 - Serveur vocal : (+226) 25 49 38 00/ 03 - E-mail : lonab@lonab.bf www.lonab.bf - www.facebook.com/lonab.bf
LES LOTS AUX HEUREUX GAGNANTS, LES BÉNÉFICES À LA NATION ENTIÈRE
DIFCOM/DF - PHOTOS : © LONAB.
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a Loterie Nationale Burkinabè (LONAB) a été créée le 10 mai 1967 sous la forme d’un Établissement Public à Caractère Industriel et Commercial (EPIC). Elle est spécialisée dans l’exploitation et la commercialisation des jeux de hasard et d’argent au Burkina Faso.
La LONAB participe au développement humain durable à travers la construction d’infrastructures et les dons au profit des populations burkinabè pour la santé et l’éducation.
600 femmes des communautés locales améliorent leurs revenus et l’état nutritionnel de leurs familles, grâce au développement d’une activité maraîchère soutenue par la mine Essakane !
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