Pdf ja 2946 plus niger

Page 1

TUNISIE Youssef Chahed, l’équilibriste

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • n° 2946 • du 25 juin au 1er juillet 2017

RD Congo Jusqu’où iront les sanctions ?

jeuneafrique.com

NIGER SUR TOUS LES FRONTS Spécial 14 pages

CATHOLIQUES

Crise de foi

Scandales financiers, affaires de mœurs, morts suspectes de prélats, tribalisme, irrésistible ascension des évangéliques… L’Église d’Afrique souffre en silence. Et pourtant, elle n’a jamais été aussi dynamique. Enquête sur l’autre grande muette.

ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE France 3,80 € • Algérie 250 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € • Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1 200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 2 000 F CFA • ISSN 1950-1285


FONDS DE SOLIDARITÉ AFRICAIN (FSA) Facilitateur de financement La création formelle du FSA date du 21 décembre 1976. Elle fait suite à la décision des chefs d’États réunis au Sommet France-Afrique de Bangui en 1975. La création du FSA visait alors à créer un cadre d’une solidarité agissante afin que les États les plus nantis apportent leur appui aux pays moins nantis. Devenu opérationnel en septembre 1979, le FSA a utilisé pendant longtemps trois techniques d’intervention : la garantie des prêts bancaires et des émissions d’emprunts obligataires, la bonification de taux d’intérêt et l’allongement de la durée des prêts par l’octroi d’avances de refinancement. À ces trois techniques, le FSA vise à ajouter d’autres mécanismes novateurs destinés à accroitre son impact sur les économies des États membres. SIÈGE SOCIAL DU FONDS DE SOLIDARITÉ AFRICAIN À NIAMEY.

M. Ahmadou Abdoulaye DIALLO,

Quels sont les domaines d’activités du Fonds de Solidarité Africain ? Le FSA intervient dans tous les secteurs de l’activité économique (à l’exception du négoce) : infrastructures de base, développement rural, agro-industrie, industrie, télécoms et nouvelles technologies de l’information et de la communication, mines, eau et énergie, tourisme et hôtellerie, immobilier, transport, santé, éducation, etc. Dites-nous, Monsieur le directeur général, quel bilan faites-vous des quarante années d’activités de votre Institution ?

COMMUNIQUÉ

Le bilan du FSA est satisfaisant. En termes de chiffres, le bilan des interventions du FSA ressort comme ci-après au 31 décembre 2016 : - des garanties octroyées pour un montant total de 383 milliards de F CFA ayant permis de mobiliser des ressources de plus de 772 milliards de F CFA. - des opérations de refinancement pour allongement de la durée des prêts (ADP) pour un montant total d’environ 5 milliards de F CFA ayant permis les remboursements des prêts de l’ordre de 30 milliards de F CFA. - des bonifications de taux d’intérêt de 17 milliards F CFA ayant permis de mobiliser des ressources financières en faveur des Etats et de leurs démembrements pour un montant total d’environ 287 milliards de F CFA. Je voudrais préciser que ces informations concernent les investissements de base dans les États membres, sans lesquels on ne pourrait envisager une croissance pérenne. Les secteurs concernés sont ceux relatifs à l’eau potable, à l’électricité, à la santé, aux infrastructures routières, etc. Le FSA compte actuellement quatorze États membres. Quel message adressez-vous aux jeunes porteurs de projets de ses États membres ? Notre message à l’endroit de la jeunesse de nos États membres est le suivant : Le FSA est et restera à vos côtés. Le Fonds est engagé à accompagner les projets des jeunes et à cheminer avec eux pour les

aider à contribuer de façon significative au développement de leurs pays. Le Fonds inscrit son action dans une Afrique qui gagne, une Afrique qui croit en son avenir. Les perspectives s’annoncent donc prometteuses. Nous savons au FSA que les jeunes sont porteurs de projets innovants qui requièrent généralement des montants relativement faibles de crédit et qui, dans le schéma traditionnel d’intervention du Fonds n’auraient pas pu être garantis par le Fonds. Pour remédier à cela, la Direction Générale du FSA met en œuvre une triple action : 1. Renforcer les fonds de garantie locaux (FNG) aussi bien par des apports financiers en capital et le déploiement d’une assistance technique afin que ces FNG soient capables d’accompagner de manière adéquate les projets des jeunes ; 2. Dynamiser fortement les interventions en refinancement pour allongement de durée de prêts et permettre à ce que les structures (TPE et PME/PMI) porteuses des projets de jeunes puissent bénéficier de ressources financières longues mieux à même de répondre aux besoins d’investissement ; 3. Nouer des partenariats financiers avec les banques locales à travers notamment l’octroi des lignes de refinancement et l’ouverture de comptes de dépôts à terme, de sorte que ces banques puissent disposer des ressources appropriées pour financer les projets d’investissement. Sous ce chapitre, le FSA a également entamé un chantier de mise en place progressive de la garantie de portefeuille qui est le type de garantie qui, si elle est mieux structurée, répond aux besoins de couverture en garantie pour les crédits en faveur des TPE et des PME/PMI. Je signale enfin que le FSA a même entamé des actions qui lui permettront à terme, d’intervenir en mobilisation ou en couverture, des financements charia-compatibles, autrement dit, des fonds islamiques.

FONDS DE SOLIDARITÉ AFRICAIN (FSA) • Niamey, Niger • www.fondsolidariteafricain.org

DIFCOM/DF - PHOTO : © SERGE BODJRENOU.

directeur général du Fonds de Solidarité Africain en parle plus avant…


LE PLUS

de Jeune Afrique

ENJEUX Le grand ménage

57

INTERVIEW Brigi Rafini, Premier ministre POLITIQUE L’opposition joue la carte de l’union DÉVELOPPEMENT Agadez dans l’Aïr du temps

NIGER

Sur tous les fronts

VINCENT FOURNIER/JA

Malgré une conjoncture économique et sécuritaire difficile, le pays conserve sa stabilité politique et maintient le cap vers le développement. Bilan de la première année du nouveau quinquennat.

JEUNE AFRIQUE

N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017



Le Plus de Jeune Afrique

59

Prélude Mathieu Olivier

Les flots tumultueux du Niger Il a été dit et écrit que Mahamadou Issoufou aurait les coudées franches lors de son deuxième mandat, commencé en avril 2016. Est-ce vraiment le cas ? Son principal opposant, Hama Amadou, n’a toujours pas quitté son exil parisien, Seyni Oumarou a rejoint la majorité, et Mahamane Ousmane se mure dans le silence. Mais, quand l’opposition est trop fragile et que les lieutenants ne parviennent pas (encore) à faire contrepoids, la rue prend le relais, avec tous les risques que cela comporte, comme lors des protestations au sein de l’université de Niamey, en avril.

À Niamey, les treillis français, alleDepuis plusieurs mois, les manifestamands, américains s’affichent, tout comme tions se multiplient et rassemblent pluà Agadez, la grande ville du Nord, minée sieurs milliers de personnes. Le camp par les trafics de drogue et de migrants. Des drones parcourent le ciel, et une force conjointe des La diplomatie internationale ne pays du G5 Sahel, comportant suffira pas à faire du deuxième 10 000 hommes, devrait se déployer prochainement, en mandat d’Issoufou une réussite. partie grâce aux efforts diploprésidentiel serre donc la vis. Il surveille matiques nigériens. Personne n’oserait les réseaux sociaux, scrute l’activité des aujourd’hui contester la volonté présidentielle d’en finir avec les jihadistes, qui ont militants de la société civile, qu’il considère, à tort ou à raison, comme des opposants largement mis sous pression les forces de défense nigériennes. politiques, et n’hésite pas à procéder à leur arrestation. Chacun finit par se défier de tous, y compris dans l’optique de la proCependant, la diplomatie internationale ne suffira pas à faire du deuxième mandat chaine présidentielle. Et la vie politique semble se résumer à des accusations de d’Issoufou une réussite. Si le président a la cote sur les rives de la Seine, de la Spree ou complot contre un régime accusé de dérive autoritaire. du Potomac, le fleuve Niger peut en effet se montrer plus tumultueux à mesure que les Personne ne sortira gagnant d’un jeu plans du chef de l’État tardent à porter leurs fruits. Certes, certaines infrastructures sont si dangereux. Face aux défis sécuritaires et sorties de terre, ce qui est un réel progrès économiques, les Nigériens et leurs reprécomparé aux deux dernières décennies, et sentants politiques seraient bien inspirés de les secteurs de l’éducation et de la santé sont ne pas devenir les fossoyeurs de leur propre devenus des priorités nationales. Mais les stabilité politique. Telle est la responsabilité coupures d’électricité perdurent, sa lutte des leaders de l’opposition et du président contre la corruption est encore jugée trop Issoufou, si ce dernier veut laisser à son timide, et la croissance, estimée à 5 % en successeur un pays sur les rails en 2021. « Fraternité, travail, progrès », préconise 2016, reste insuffisante, du fait notamment des indispensables dépenses sécuritaires la devise de la République nigérienne. Elle et d’une démographie incontrôlée. est plus que jamais d’actualité. JEUNE AFRIQUE

N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017

ENJEUX Le grand ménage

INTERVIEW Brigi Rafini Premier ministre

p. 60

p. 62

POLITIQUE L’opposition joue la carte de l’union p. 64 ÉCONOMIE Comment Niamey résiste aux chocs p. 66 ENTREPRENEURIAT Drone à tout faire

p. 68

DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL

FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA

T

aormina. Sicile. 26 mai 2017. Les chefs d’État des pays les plus puissants de la planète se réunissent au sein du G7. Parmi leurs invités : Mahamadou Issoufou. Le président nigérien serre des mains ; celle d’Emmanuel Macron, nouvellement élu en France, ou celle de l’Américain Donald Trump, à la poigne si redoutée. Anecdotique ? Loin de là. Depuis plusieurs mois, avec une crise sahélienne qui assaille le pays à chacune de ses frontières, la diplomatie nigérienne a retrouvé une place centrale sur l’échiquier sécuritaire mondial.

Agadez dans l’Aïr du temps

p. 70

TOUTE UNE HISTOIRE… Le Gaweye, à la recherche du temps passé p. 74


60

Le Plus de Jeune Afrique

ENJEUX

Le grand ménage Réélu en mars 2016, Mahamadou Issoufou semble avoir les coudées franches pour son second mandat. Gouvernance, sécurité, croissance et, surtout, lutte contre la corruption… Il est sur tous les fronts. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND, envoyé spécial


61

E

© VINCENT FOURNIER/JA

Le pont sur le fleuve Niger, à Niamey.

n pleine journée, la rue qui longe (lire pp. 70-72), à coups de grands travaux, pour le palais présidentiel est fermée à la désenclaver les régions et améliorer le sort des villes circulation. Et les taxis, mécontents, secondaires. Avec plus ou moins de succès selon les cas. Le 2 avril, Niamey a connu un événement n’ont d’autre choix que de contourner la zone ultrasécurisée des ministères. important qui symbolisait justement le retour d’un « Il a peur de quoi notre président? » État ambitieux. Le président Issoufou, qui avait fait de 2016 l’année de « l’électricité pour tous », n’était se plaint Aliou derrière son volant, pendant que pas peu fier d’inaugurer la centrale électrique de passe, interminable, le cortège présidentiel. Le chef de l’État vient de quitter son palais pour se rendre à Gourou Banda et ses 100 MW, situés à 5 kilomètres l’aéroport,escortéparunelonguefiledemotardsqui deNiamey.Celle-cidoitpermettrederésoudreenfin ouvrent la voie toutes sirènes hurlantes au convoi les problèmes de délestage dans la capitale. Mais de 4×4 blindés et autres chars d’assaut. Ainsi va la les fortes chaleurs et quelques couacs techniques vie dans un pays en guerre. « Les Nigériens sont au démarrage ont eu temporairement raison de cet enthousiasme présidentiel. Et, en avril et en devenus très professionnels pour assurer la protecmai, les innombrables coupures de courant ont tion de leur président. Sa garde rapprochée est sans doute la plus professionnelle et la plus disciplinée quelque peu exaspéré une population de plus en de la sous-région, assure un formateur militaire plus impatiente. français. Ils ont compris que sans président il n’y En février, des soupçons de malversations et de a plus de nation. » pots-de-vin dans la gestion publique de l’uranium ont mis le feu aux poudres ! Les manifestations Pris en étau sur trois fronts – Boko Haram au sud, contre la « mauvaise gouvernance » organisées Daesh au nord et Aqmi à l’ouest –, le Niger tient bon par la société civile, parfois violentes et souvent face aux coups de boutoir du terrorisme sahélien. « surmédiatisées », se sont succédé dans le centre Mieux, les visiteurs étrangers se sentent plus en sécurité à Niamey qu’à Paris, Londres ou Berlin. Et deNiamey.«Combattrelacorruption,laconcussion et le népotisme » est pourtant l’un la capitale, écrasée l’après-midi par la canicule, donne l’impression de des vœux du programme présidentiel On se sent vivre au rythme des chameliers qui Renaissance II, portant sur la période plus en 2016-2021. continuent d’emprunter ses grandes sécurité à artères. Étrange contraste entre le TRAQUE. À peine réélu, le président Niamey moderne et vrombissant des Niamey qu’à nouvelles rocades, des quatre-voies Issoufou avait lancé l’opération « Mai Paris, Londres fraîchement asphaltées et éclairées Boulala»(«frapperlemalàlaracine»). ou Berlin. par des lampadaires solaires, et la L’État a depuis pris des engagements importants en imposant des inspecbourgade paisible aux allures d’autretions tous les six mois au niveau des services de fois. Le Niger est à l’image de Niamey, un pays en l’État, et tous les rapports sont désormais transmis perpétuel devenir. Le représentant-résident du FMI à la justice. La Haute Autorité de lutte contre la à Niamey, Joseph Ntamatungiro, est optimiste: « On corruption et les infractions assimilées (Halcia), nous survend la réussite de certains pays en Afrique, créée en 2011, a les mains libres pour procéder comme celle du Rwanda ou celle du Maroc. Or le aux arrestations, prendre des mesures de garde à Niger, malgré les difficultés sécuritaires et humanivue, ordonner des perquisitions ou des saisies de taires, s’en sort bien. Lentement, sans faire de bruit, biens provenant de la corruption, même lorsqu’ils il pose les bases de son avenir et met en ordre son ont été convertis ou transformés. économie, modernise ses infrastructures énergéLa traque des gestionnaires frauduleux est en tiques, routières ou médicales, et enregistre des progrès sur le chapitre de la bonne gouvernance. » marche,avecdéjàdesrésultatsnotoires,notamment dans le secteur de l’Éducation nationale. Après deux COUACS. Selon les chiffres du FMI, après avoir mois d’une enquête menée dans cinq régions du culminé à 7 % en 2014, la croissance économique pays, la Halcia a découvert que plus de 1900 emplois du Niger est retombée à 3,6 % en 2015 en raison d’enseignantscontractuelsétaientfictifs.Etsitoutest loin d’être parfait dans ce pays où la corruption est des aléas climatiques et de la chute du prix des matières premières, avant de rebondir en 2016 aussi un problème culturellement ancré, la situation à 4,6 %. Une tendance qui devrait se poursuivre s’améliore, n’en déplaise à certains. Le Niger est ainsi passé, entre 2011 et 2017, de la 134e à la 101e place cette année, puisque l’institution monétaire prévoit du classement de Transparency International de une augmentation de 5,2 % pour 2017. Les perspecl’indice de perception de la corruption. Et après tives économiques sont relativement favorables, avoir annoncé en avril qu’il ne modifierait pas la grâce notamment au développement des industries Constitution pour briguer un troisième mandat, extractives et à l’augmentation des investissements le président Issoufou semble avoir les mains libres publics dans l’aménagement agricole et les transports. De Niamey à Diffa en passant par Zinder pour relever le défi de l’exemplarité de l’État, seule garante de la stabilité de la nation. et Agadez, l’administration centrale refait surface N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017


62

Lire notre article sur la police scientifique et technique : « Preuves à l’appui »

Le Plus de JA Niger INTERVIEW

Brigi Rafini « Seule la société pourra juguler la corruption » En fonction depuis 2011, le chef du gouvernement dresse le bilan de la première année du nouveau quinquennat.

B

rigi Rafini est considéré comme « un sage ». Natif d’Iferouane, dans la région d’Agadez, ce Touareg de 64 ans symbolise à lui seul l’unité du pays, notamment face à la menace terroriste. Homme de consensus, rationnel et ponctuel, il est un pur produit de l’École nationale d’administration de Niamey. Ancien sous-préfet de Dosso et de Keïta, rapporteur du Conseil des sages en 1996 (après le coup d’État de Maïnassara), vice-président du Conseil consultatif national au lendemain du putsch de 1999, il a toujours mis le dialogue au cœur de sa méthode. Nommé à la tête du gouvernement en avril 2011, reconduit au lendemain des législatives et de la présidentielle en mars 2016, Brigi Rafini semble bien parti pour rester en fonction jusqu’à la fin du deuxième mandat du président Issoufou. Il a reçu Jeune Afrique à la primature, entre deux réunions avec les syndicats de fonctionnaires. JEUNE AFRIQUE : Quel bilan faites-vous de votre action, un an après le début du nouveau quinquennat ? BRIGI RAFINI : Rien que pour l’an-

née 2016, des résultats très appréciables ont été enregistrés, notamment l’organisation réussie des élections générales, qui ont permis une stabilité politique, l’installation et le fonctionnement de toutes les institutions de la République, ou encore la maîtrise des incursions terroristes dans la région de Diffa et à la frontière avec le Mali. Nous faisons des investissements importants dans les infrastructures de base, le taux de croissance a été maintenu au moins au niveau de la moyenne africaine [5 %, lire p. 66], et le faible niveau d’inflation préserve le pouvoir d’achat des populations. En matière d’éducation, le taux d’admission au primaire a progressé l’an N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017

dernier de 4,6 points, et le taux brut de scolarisation de 2,5 points par rapport à 2015. En matière d’hydraulique villageoise, les nouveaux ouvrages réalisés équivalent à un total de 3 396 points d’eau modernes, qui ont permis de desservir 84 900 ménages supplémentaires. Dans tous les domaines sociaux la liste de nos réalisations est longue, comme l’annonçait le programme Renaissance du Niger [PRN], sur la base duquel le président Un parcours Mahamadou Issoufou a très politique été réélu. Pourtant, l’opposition déplore le manque d’investissements sur le volet social…

Il y a de petites luttes sur le plan politique. Le président a réussi à rassembler beaucoup de personnalités de l’opposition autour de son projet. Alors, forcément, une forme de désespoir s’installe chez certains. N’arrivant pas à s’imposer démocratiquement, ils sombrent dans les insultes et la caricature.

Ex-député d’Agadez et ancien maire d’Iferouane, sa ville natale, Brigi Rafini a été vice-président de l’Assemblée nationale de 2004 à 2009, année où il a quitté le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP-Jama’a), auquel il reprochait de soutenir le tazartché (« continuité » en haoussa, c’est‑à-dire le maintien au pouvoir de Mamadou Tandja), pour rejoindre le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDSTarayya) de Mahamadou Issoufou

Les citoyens, eux, se plaignent des délestages récurrents et des salaires trop bas. Que leur ditesvous ?

On peut comprendre leur impatience. Mais ces difficultés ne sont pas de notre seul fait. La récession touche de nombreux pays, et notre économie dépend de facteurs exogènes qui la mettent à rude épreuve, pèsent sur notre capacité à mobiliser des ressources, y compris des recettes fiscales, et, donc, réduisent nos marges de financement pour le développement socio-économique. Alors que

nous comptions beaucoup sur ces ressources pour alimenter notre budget, la chute du prix des matières premières, pétrole comme uranium, ne nous aide pas. Nous sommes aussi confrontés aux conséquences du changement climatique, qui créent régulièrement des tensions en matière de sécurité alimentaire. Même chose pour la sécurité « tout court », domaine pour lequel nous sommes contraints de faire de gros efforts financiers… Mais la stabilité et la paix n’ont pas de prix, elles sont le socle du développement socio-économique. Et nous sommes fiers des résultats de ces sacrifices, notamment à Diffa, où la reprise de l’activité est bien réelle. Les citoyens doivent comprendre que le Niger n’est pas ce pays riche qui, d’un coup de baguette magique, peut satisfaire toutes leurs aspirations. Nous devons JEUNE AFRIQUE


Sur tous les fronts grâce notamment à l’« Initiative 3N » [les Nigériens nourrissent les Nigériens]. Nous devons poursuivre les efforts pour promouvoir davantage le travail décent et l’accès aux services sociaux de base. Ces efforts vont aussi permettre la création de nouvelles perspectives pour les jeunes, la participation des citoyens à la gouvernance publique et un meilleur partage des bénéfices de la croissance.

Ce Touareg de 64 ans symbolise l’unité du pays.

TAGAZA DJIBO POUR JA

La région d’Agadez a connu des difficultés ces dernières années : menace terroriste, trafics en tout genre, transit des migrants, etc. Vous qui en êtes originaire, que pensez-vous du programme de développement que l’État vient d’y engager (lire pp. 70-72) ?

construire l’avenir ensemble. Les gens veulent souvent jouir des revenus de la croissance sans faire d’effort. Il va falloir se mettre au travail ! Que faites-vous pour améliorer le climat des affaires ?

La corruption est un réel problème au Niger. Mais de qui est-elle le fait ? Le plus souvent des citoyens qui viennent acheter des services, corrompre des administrations… Tant que cette culture existera dans l’esprit des Nigériens, nous aurons des difficultés à mettre nos performances au service de l’intérêt général. Cependant, notre pays a enregistré de réels progrès dans la lutte contre la corruption, comme le montre son évolution dans le classement de Transparency International [101e place sur 176 pays classés en 2016, selon le rapport publié fin janvier, contre 134e place sur 183 en 2011]. Nous allons continuer, mais il n’y a que la société qui puisse vraiment juguler ce fléau. Nous essayons donc de la sensibiliser pour que les mauvaises JEUNE AFRIQUE

habitudes disparaissent. Et, pour cela, il faut aussi plus d’éducation… Qu’est-ce qui peut être amélioré pour que la croissance soit plus inclusive ?

Le vœu le plus cher du chef de l’État est de passer le témoin en 2021 à un autre président que les Nigériens auront choisi

Je suis avant tout le Premier ministre du Niger. Certes, je suis de la région, mais pour moi voir Maradi ou Zinder se développer, c’est aussi important. Malheureusement, nous ne sommes pas en capacité de satisfaire pleinement les attentes de la population, car nos moyens font défaut. Agadez est pleine de ressources naturelles, il y a de l’or, de l’uranium, du charbon… L’objectif est donc d’investir dans des infrastructures pour rendre ses richesses plus accessibles et en faire profiter l’ensemble de la nation. C’est aussi permettre à la population du Nord, qui vit dans des zones difficiles en désertification, de bénéficier aussi de ces infrastructures. Et du développement qui va avec !

Un mot sur l’arrivée du nouveau président français et de son gouvernement « gauche-droite », un peu comme ici…

Nous nous félicitons de l’arrivée au pouvoir de celui qui fut aussi l’ancien ministre

Les gens voudraient jouir des revenus de la croissance sans faire d’effort! librement et de façon transparente. Son vœu est de laisser à son successeur un pays uni et en paix, sur le sentier de la croissance, un Niger où la sécheresse n’est plus synonyme de famine, où la population a accès à une éducation, à des soins de santé de qualité et à l’eau potable, en ville comme dans les campagnes. Dans les faits, la croissance est déjà inclusive au Niger, car elle est tirée par les richesses créées par le secteur agricole, qui emploie 80 % de la population active,

de l’Économie de François Hollande, grand ami du président Issoufou et du Niger. Emmanuel Macron montre qu’il veut avoir des relations objectives avec l’Afrique, fondées sur les intérêts vitaux et convergents des différents pays, le respect mutuel, des valeurs de solidarité et de coopération. Ce sont tout simplement des valeurs de civilisation que nous partageons. Propos recueillis à Niamey par FRANÇOIS-XAVIER FRELAND N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017

63


Le Plus de JA Niger

BOUREIMA HAMA/AFP

64

Manifestation contre le programme présidentiel, le 4 mars, à Niamey. POLITIQUE

L’opposition joue la carte de l’union Créé en août 2016 après le ralliement du MNSD-Nassara à la majorité présidentielle, le FRDDR, qui rassemble une dizaine de formations, surfe sur la vague du mécontentement populaire.

I

«

ls nous ont fait déguerpir pour construire de beaux hôtels qui profitent aux investissements de leurs amis. » En quelques mots, Adamou, qui tenait un petit kiosque de téléphonie mobile au grand marché, a résumé le sentiment de colère de certains habitants de Niamey. La violence avec laquelle les autorités ont remis de l’ordre dans le centre de la capitale nigérienne, dans le cadre du programme de rénovation « Niamey la coquette », a été vécue comme une

injustice. Il ne restait plus à l’opposition qu’à tendre la main pour en récolter les fruits. Entre février et mars, plusieurs manifestations organisées par les principaux partis qui la représentent et par des membres de la société civile ont rassemblé des milliers de personnes pour dénoncer pêle-mêle la mauvaise gouvernance, les difficultés du secteur éducatif et la présence des bases militaires étrangères. Un premier test réussi à l’heure de mobiliser les troupes et de compter

les partisans. « Les gens en ont globalement marre », confie le député Soumana Sanda, vice-président du Moden Fa Lumana Africa, du populaire ex-candidat à la présidentielle Hama Amadou. « Que ce soit les commerçants, les professeurs, les étudiants, tout le monde est en difficulté. Avec Issoufou, il n’y a que des investissements de prestige, qui ne profitent pas à la population mais à de petits intérêts privés. Alors qu’il continue, car l’opposition avance unie, et nous ferons front ensemble en 2021. »


Sur tous les fronts Unie ? Pas tant que ça depuis que le Mouvement national pour la société du développement (MNSD-Nassara), de Seini Oumarou, a rejoint la majorité présidentielle. À l’époque, cela avait été vécu comme un coup de maître de la part du président Issoufou dans sa stratégie de division du camp adverse. Mais, dans la foulée, la création à la fin d’août 2016 du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la République (FRDDR) – la nouvelle coalition qui regroupe une dizaine de formations, dont le Moden Fa Lumana et le Mouvement nigérien pour le renouveau démocratique (MNRD Hankuri) – a permis de clarifier le jeu politique au Niger « pour repartir sur de nouvelles bases et de bonnes bases », selon les propres paroles du leader du parti UDFPSawaba, Mounkaila Sanda. Lentement, l’opposition s’organise, de réunions plus

ou moins secrètes en marches de contestation plus ou moins suivies, quand elles ne sont pas purement et simplement interdites. « C’est une véritable vague », renchérit Soumana Sanda. « Une bonne partie des acteurs de la société civile adhère à nos préoccupations. Mieux,

l’ancien président Mahamane Ousmane (1993-1996), qui semble se terrer dans le silence des murs de sa grande villa « forteresse ». À 67 ans, celui que beaucoup considèrent comme le seul opposant de taille capable, après Hama Amadou, de s’imposer en 2021, refuse les interviews. Une attitude trop prudente, qui contraste avec la perLes voix de certains leaders, sonnalité charismatique du et non des moindres, tardent quadra Moussa Tchangary. À force de présence dans les à se faire entendre. manifestations, de discours avec la violation répétée des lois de la sur les ondes de sa radio, Alternative République, des petits partis non affiliés FM, l’homme donne l’impression de se construire lentement une étoffe de leader ont décidé de mener la lutte avec nous. » Pourtant, les voix de certains leaders révolutionnaire à la Thomas Sankara, qui de l’opposition, et non des moindres, trouve un certain écho, notamment dans tardent à se faire entendre. Si Hama le cœur d’une jeunesse de plus en plus Amadou, pris dans des démêlés judidubitative face à une classe politique vieillissante. ciaires, reste très discret depuis son exil FRANÇOIS-XAVIER FRELAND parisien, plus étonnante est l’attitude de

Questions à Moussa Tchangary Président de l’ONG Alternative Espace Citoyen

« Je suis pour une révolution démocratique pacifique »

D

e parents paysans kanouris, Moussa Tchangary est né à Nguimi en 1969. Bac littéraire en poche, il fait des études de philosophie à l’université de Niamey et milite dans le mouvement Organisation révolutionnaire pour la démocratie au Niger. Puis il devient journaliste à LaTribune du peuple et à la gazette satirique Moustique. C’est dans les locaux d’Alternative Espace Citoyen, le mouvement de la société civile qu’il dirige, qu’il nous a reçu. JEUNE AFRIQUE : Quel bilan faites-vous de la gouvernance de Mahamadou Issoufou ? MOUSSA TCHANGARY : Je déplore le bradage de notre

souveraineté. Je suis indigné que nos richesses profitent d’abord à de grands groupes extérieurs. Et le pouvoir est de plus en plus confisqué par un seul homme ! Il y a pourtant des élections libres, une opposition ? Le Niger est une démocratie encore très superficielle, qui n’est pas achevée. L’opposition est à la peine, elle essaie de se battre, mais le régime tente de la diviser. L’opposition, c’est donc la société civile ? Non. Nous avons juste un rôle de veille. Nous ne sommes pas là pour nous substituer aux partis politiques mais pour proposer des idées et défendre les droits de l’homme. JEUNE AFRIQUE

Que faut-il faire pour améliorer les choses ? Il faut que nos richesses profitent d’abord au pays. Il faut former des ingénieurs, chercher des partenariats équilibrés, solidaires… On peut nous montrer les choses, mais c’est à nous de nous prendre en main. Il faut surtout changer de modèle pour instaurer une démocratie participative qui assure une meilleure représentation et une meilleure participation des citoyens à la vie politique, avec un droit de révocation des élus, un pouvoir d’action sur les lois. C’est un vrai avantage sur la démocratie représentative telle que nous la connaissons au Niger, calquée sur le modèle français… Vous critiquez la démocratie nigérienne… Existe-t-il un système parfait ? Il faut redonner toute sa place au travail d’éducation et de conscientisation des pensées pour que le peuple redevienne acteur de son avenir. Certains vous voient en futur leader de l’opposition… J’essaie de faire ce que je pense être bon pour mon pays, mais je ne serai jamais un homme providentiel. Bien sûr, je peux être candidat en 2021, mais pas pour reproduire les mêmes erreurs. Il faut que l’action politique se renouvelle, dans ses manières, dans ses idées. Je suis pour une révolution démocratique pacifique. Propos recueillis à Niamey par F.-X.F. N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017

65


66

Le Plus de JA Niger ÉCONOMIE Alain Faujas

Comment Niamey résiste aux chocs «

M

algré un voisin nigérian en crise, une croissance mondiale faible, une situation sécuritaire difficile et des désordres climatiques fréquents, le Niger ne s’en sort pas trop mal », constate Arthur Minsat, chef du bureau Afrique du Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L’économie nigérienne est effectivement en train de repartir de l’avant, après être passée d’un taux de croissance de 7 % en 2014 à 4 % en 2015. Ce taux est remonté à 5 % en 2016 grâce à une bonne campagne agricole et à une reprise de la production pétrolière, et il pourrait dépasser 5,5 % cette année. La production manufacturière a battu des records l’an dernier (+160 % de septembre 2015 à septembre 2016) pendant que l’inflation était maîtrisée à 0,3 % en mars.

Ses handicaps ? Le poids du géant nigérian, entré en récession au troisième trimestre de 2016, une grave pénurie d’électricité, un terrorisme qui frappe quasiment toutes les semaines à l’ouest, avec les jihadistes venus du Mali, et à l’est, avec les résidus de Boko Haram. Ses atouts ? Une agriculture robuste malgré la sécheresse qui rode et, surtout, un exceptionnel volontarisme, visible dans les statistiques du FMI en matière d’investissements. Rapportés au PIB, ces derniers avoisinent 40 % au Niger, quand, en Afrique subsaharienne, la moyenne est de 19 %. Ce volontarisme est aussi perceptible dans les efforts du gouvernement pour maîtriser l’une des croissances démographiques les plus fortes du monde, soit 3,9 % par an et quelque sept enfants par femme. La moyenne d’âge du pays est de 15 ans… Rakiatou Christelle Kaffa-Jackou, ministre de la Population, tente de canaliser cette marée, faisant du Niger le seul pays d’Afrique de l’Ouest – avec le Burkina Faso – à avoir pris la mesure du péril démographique à venir.

Le talon d’Achille du Niger demeure ses finances publiques. L’effort militaire et la volatilité des cours des matières premières (pétrole, uranium) n’ont pas permis au gouvernement de réduire le déficit budgétaire comme il le prévoyait. Et la dette publique a enflé de 26 % du PIB en 2012 à 48 % à la fin de 2016. Le FMI continue pourtant à qualifier de « modéré » le risque de défaut de la dette extérieure. Il n’empêche que le Fonds suit de très près la stabilité financière du pays. Il a passé avec le gouvernement un accord au titre de la facilité élargie de crédit (134,04 millions de dollars) approuvé par son conseil d’administration, le 23 janvier. Ce programme 2017-2020 est centré sur la mobilisation des recettes intérieures et le renforcement de la gestion budgétaire pour contenir les déficits. Les chantiers du gouvernement sont nombreux : renforcement des contrôles fiscaux ; recouvrement des arriérés d’impôts ; limitations des exonérations fiscales, trop généreusement accordées ; surveillance des taxes douanières, qui rentrent moins bien que prévu – et pas seulement en raison de

Le gouvernement est plus déterminé que jamais à améliorer le climat des affaires.

La détermination nigérienne porte aussi sur l’amélioration du climat des affaires. « De 164e sur 190 en 2015 au classement “Doing Business” de la Banque mondiale, le Niger s’est hissé à la 150e place en 2017, souligne Arthur Minsat. Il vient de prendre quatre mesures pour faciliter la vie des entreprises : suppression du capital minimum et du recours au notaire pour les sociétés à responsabilité limitée (SARL), simplification des procédures pour la création d’entreprise, création de tribunaux compatibles avec le droit des affaires et restructuration du code minier. » N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017

l’insécurité aux frontières ; enfin, lutte contre la fraude sur le carburant. Le gouvernement a aussi promis de s’atteler à un programme de réformes structurelles afin d’améliorer la productivité et la transparence du secteur des ressources minières. Enfin, la diversification de l’économie et la réduction des inégalités passent par une plus grande participation de la femme nigérienne aux activités économiques. Si ces améliorations techniques et sociétales se concrétisent, le pays pourra bénéficier à plein de la longue liste des projets en cours ou en attente de réalisation : mine d’uranium d’Areva à Imouraren, mine de charbon de Sakadalma, boucle ferroviaire, cimenterie de Kao, complexe sucrier de Dosso, oléoduc desservant le champ pétrolifère d’Agadem. Sans parler des 151 permis de recherche minière et des 34 blocs de recherche pétrolière accordés par le gouvernement, qui ne devra pas pour autant oublier les oignons, les tomates, les poivrons ou le cuir, dont le monde agropastoral projette de multiplier la production et qu’il entend valoriser, pour peu qu’on l’épaule. Les potentiels sont là. À l’État de les faire fructifier. JEUNE AFRIQUE


Société de Patrimoine des Mines du Niger

La SOPAMIN fait le bilan de la décénnie 2007-2017 ✔ la prise de participation à hauteur de 20 % dans le capital de la nouvelle Banque de l’Habitat ;

✔ la prise de participation dans la Banque Agricole du Niger (BAGRI) ;

✔ la prise de participation dans le capital de la société

Siège social de la SOPAMIN

Depuis sa création, la SOPAMIN s’est principalement consacrée à la gestion des participations de l’État du Niger dans les sociétés minières et à la commercialisation de l’uranium. Les actions suivantes, pour ne citer que celles-ci, s’inscrivent dans son bilan de la décennie écoulée : ✔ la participation à la gouvernance des sociétés minières à travers le suivi et le contrôle de leurs activités ; ✔ la participation à l’élabboration i de l’Accord de Partenariat Stratégique entre l’Éttat du Niger et AREVA ✔ l’acquisition de 100 % des ac tions de AGMDC dans la SML (So ciété des Mines de Liptako) et la vente d’une partie, ont été menées par la a SOPAMIN, dans l’inté érêt du Niger ; ✔ la mise en place d’un comptoir de commercialisation d’or, doté des véhicules spécialisés et équipés de toutes les technologies et commodités de pointe pour assurer cette mission, sur les sites aurifères du Djado, du Tafassasset et du Liptako ;

en charge de la construction de l’immeuble de l’uranium ; ✔ En collaboration avec l’université Abdou Moumouni de Niamey, ◆ la réalisation de l’état des lieux sur les aquifères de la zone d’Arlit (hydrogéologie et hydrochimie) et d’autres parts ◆ la mise en place de la méthode spectro photomé trique de dosage de cyanure dans les matières environnementales ✔ Les actions de sponsoring qui traduisent un engagement en faveur du Sport, de la Culture et du développement du Niger. Perspectives : • Poursuite des enlèvements et commercialisation de l’uranium produit par les sociétés minières nigériennes, malgré le contexte difficile du marché ; • Diversification des produits miniers à commercialiser ; • Conception, exécution et exploitation de nouveaux proje ets, avec d’autres partenaires ; • Actions sociétales : en plus so nsoring inscrit au du spon bilan, un certain nombre d’acctions seront lanées dans les régions cé minières, et particum liièrement dans les domaines de la sand té et de l’éducation.

La SOPAMIN, si elle apte à la situation s’ada très difficile du marché de l’uranium,, en diversifiant ses activités, pourra continuer à jouer son rôle d’acteur sur le marché de l’uranium et dans le développement économique et social du Niger. n

SOCIÉTÉ DE PATRIMOINE DES MINES DU NIGER Siège social Niamey Quartie Goudel, Avenue des Ambassades, République du Niger - B.P. 11500 Tél. /Fax : +227 20 73 51 54/20 73 28 03 PUBLI-INFORMATION


Lire aussi le portrait de « Mahamane Sani Housseyni, joueur professionnel »

Le Plus de JA Niger

FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA

68

Il a 16 ans quand il crée son premier modèle réduit. ENTREPRENEURIAT

Drone à tout faire

subi de casse. » Il installe une petite caméra-appareil photo de type NDVI à son bord, puis il achète l’électronique, qu’il fait venir de France. C’est le début d’une grande aventure. « Au début, mes amis n’y croyaient pas. Ils ont arrêté de se moquer de moi lorsqu’ils ont vu passer mon drone dans le journal de 20 heures. » Tout ce qu’il gagne, Aziz le réinvestit dans de l’équipement, et les commandes s’accélèrent. En 2013, le jeune consultant indépendant fait des prises de vues des digues pour protéger les villages des inondations dans la région de Gaia, pour le compte de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Puis la coopération allemande lui commande des études environnementales et agroécologiques. Dans les prochains mois, DAS devrait même proposer ses premiers drones commerciaux, entre 20 000 et 40 000 euros pièce, caméra comprise. « J’ai la fibre patriotique, je veux créer des emplois en utilisant la main-d’œuvre locale. Nous avons déjà testé ce futur drone commercial dans des opérations de surveillance des forêts pour lutter contre le braconnage, et nous en sommes très satisfaits. » Certains d’entre eux seront désormais consacrés à l’environnement sécuritaire.

PEUR. En août 2016, DAS a d’ailleurs réalisé plusieurs missions pour l’UNHCR afin de cartographier les camps de réfugiés et de déplacés dans la région de Diffa, à la frontière avec le Tout a commencé il y a dix-sept ans. Nigeria, là où Boko Haram sévit réguAziz Kountché, tout jeune pilote d’ULM, lièrement. « J’ai eu très peur. Ce n’était fabrique des modèles réduits d’avions pas sans risque de travailler dans une dans sa chambre. Plus tard, pour payer zone de conflit. En plus, je n’ai pas ses études en marketing, il donne des eu de chance, j’ai cassé un drone lors de la première mission. Heureusement, les autres Cartographie en milieu extrême, ont tenu le coup. C’est le surveillance des aires protégées… risque de ce métier, on n’est jamais à l’abri d’une Et, bientôt, missions humanitaires. avarie technique. » cours particuliers de modélisme. Un DAS devrait bientôt, en accord avec jour, on lui demande s’il peut créer un une grande ONG internationale, parmodèle réduit capable de réaliser des ticiper à des opérations humanitaires photos du ciel. en larguant des médicaments dans des zones inaccessibles. « Le drone va PATRIOTIQUE. Aziz Kountché relève bouleverser notre monde, car c’est un le défi et fabrique son premier drone engin capable de réaliser énormément en 2011, le T 900. « J’ai dessiné les plans de choses, se félicite Aziz. Surtout des moi-même, j’ai acheté le bois sur le marbonnes, comme sauver des vies par ché de Katako. Curieusement, ce drone a exemple. » tout de suite bien fonctionné, il n’a jamais FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

Petit-fils de l’ancien président Seyni Kountché, Aziz Kountché est depuis 2016 à la tête de Drone Africa Service. Une start-up unique dans la région qui n’a pas tardé à trouver sa clientèle.

L

e prototype d’un immense drone rouge et jaune de plus de 3 mètres de longueur trône dans le salon de la villa familiale, pas très loin du palais présidentiel. Cette maison que fit construire son illustre grand-père, Seyni Kountché, qui dirigea le pays de 1974 à 1987. « Chez les Kountché, nous avons le sens de la discipline et du travail bien fait », s’enorgueillit aujourd’hui son petit-fils Aziz, 33 ans, PDG de Drone Africa Service (DAS). Créée en 2016, cette start-up ambitieuse et unique dans la sous-région affiche un chiffre d’affaires annuel avoisinant les 20 000 euros. DAS propose des services de cartographie en milieu extrême, des relevés d’inspection, de la surveillance des aires protégées, de la communication. Prix moyen d’une prestation : 500 euros la journée, bien moins chère que n’importe quelle entreprise européenne. N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017

JEUNE AFRIQUE


COMMUNIQUÉ

La NITRA et ses nouvelles ambitions...

Comment définissez vous le rôle de la Nitra dans l’économie Nigérienne ? La NITRA est certainement à l’avant garde des sociétés de transit et joue un rôle primordial dans le secteur au Niger. Un pays comme le Niger sans littoral et dont le port le plus proche est à plus 1 000 km, se doit de créer des structures viables lui permettant d’assurer le mouvement des marchandises en direction et au départ du Niger. La NITRA avec 43 ans d’expérience, peut prétendre valablement répondre aux préoccupations des Autorités et des opérateurs économiques. C’est pourquoi depuis 3 ans la société revient dans une logique de développe développement de ses activités à trravers une offre g lob ale à l’endroit de sses cclients c’est à dire le « Bout en Bout ».. Ce s services com mprennent l’enlèv veme ent de la m marchandise de-

puis chez fournisseur, incluant le transport maritime, les opérations portuaires, le transport terrestre, les formalités de dédouanement. La NITRA dispose également d’entrepôts à l'intérieur des zones portuaires de Lomé et Cotonou et au Niger des entrepôts fictifs sur l’ensemble du territoire national. Pour optimiser toutes ces activités et garantir la sécurité des marchandises sur mer en particulier, la NITRA a besoin au-delà de simples correspondants, de véritables groupes partenaires. C’est ainsi, que le Conseil d’Administration et l’Assemblée Générale ont accepté le principe d’ouvrir le capital de la société à tout partenaire stratégique. Il faut retenir que la NITRA a l’exclusivité de l’exportation de l’uranate, et une partie non négligeable du transit minier au Niger. Quelles sont vos perspectives horizon 2021 ? À court terme, la NITRA envisage de développer son volet manutention au Niger en se dotant de matériels de pointe complétant ainsi la gamme de ses services. Sur le long terme, la NITRA envisage d’étendre son réseau sur les ports d’Abidjan en Côte d’Ivoire et de Lagos au Nigeria. Elle se prépare également à renforcer sa présence au niveau des postes frontaliers des pays du Maghreb notamment la frontière Algérienne et libyenne dans le cadre des échanges Sud-Sud. Nous faisons donc appel a tout investisseur ou groupe dans le secteur du transport ou du transit de nous rejoindre dans cette belle aventure car le potentiel y est. ■

ACTIVITÉS • COMMISSIONNAIRE AGRÉÉ EN DOUANE • COMMISSIONNAIRE DE TRANSPORT • MANUTENTION • LIVRAISON ET ENTREPOSAGE • TIERCE DÉTENTION • LOCATION D’ENGINS • GESTIONNAIRE D’ENTREPÔTS • FRÊT MARITIME, AÉRIEN ET FERROVIAIRE.

REPRÉSENTATIONS COTONOU • PARAKOU LOMÉ • TEMA • GAYA NIAMEY • ARLIT ASSAMAKA • AGADEZ TORODI • MARADI ZINDER

Zone industrielle BP : 560 - Niamey, NIGER Tél. : (+227) 20 74 25 46 Fax : (+227) 20 74 29 28 Email : nitra_transit@yahoo.fr

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

L

a NITRA (SOCIÉTÉ NIGERIENNE DE TRANSIT), créée en juillet 1974 par l’État du Niger avec comme actionnaires des sociétés d’État et des partenaires privés, est considérée comme une des solutions pour palier aux effets négatifs de l’enclavement du Niger, ainsi que fluidifier, moderniser, faciliter et sécuriser les échanges commerciaux, comme l’explique Mr ALKASSOUM Sallé, son directeur général.


Lire le carnet de route « Quand une poignée d’or est un pactole »

Le Plus de JA Niger DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL

Agadez dans l’Aïr du temps Terrorisme et trafic de cocaïne avaient mis à mal sa réputation commerciale. L’État investit pour que la « porte du Sahara » retrouve tout son attrait.

FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA

70

V

ue du ciel, la large avenue principale récemment goudronnée qui traverse cette ville de sable prend des allures de mirage… Vue du sol, l’aérogare ManoDayak modernisée, avec sa longue piste bleu pétrole, impressionne. Désormais, Agadez n’est plus un petit comptoir de commerce anachronique, c’est une ville structurée, moderne, à l’image des nombreux ronds-points flambant neufs qui fluidifient la circulation sur les grands axes qu’éclairent le soir des lampadaires solaires. En un coup d’œil, avec son nouvel hôpital, sa récente université, l’impression est bien là. La principale ville de l’Aïr ressemble enfin à une capitale. Le nouveau stade d’Agadez, qui recevra bientôt les équipes régionales de handball et de football, est peut-être la meilleure illustration de cette renaissance : gradins rénovés pouvant accueillir jusqu’à 5 000 personnes, pelouse artificielle, lampadaires solaires. La Maison des jeunes et de la culture a elle aussi été rajeunie, et un centre informatique est sur le point d’être inauguré, qui accueillera bientôt tous les geeks de la ville. Le maire, Rhissa Feltou, N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017

élu du PNDS, la majorité présidentielle, n’est pas peu fier de sa ville : « Agadez se transforme, c’est la locomotive de la région. Paradoxalement, le commerce des migrants, l’arrivée d’orpailleurs des quatre coins de la région ont eu un impact démographique et économique.

vrombissent aux quatre coins de la ville, transportant femmes et enfants au marché ou à l’école. Ils étaient à peine 50 il y a trois ans, on en dénombre près de 1 000 aujourd’hui. « C’est vrai, il y a eu des efforts de faits en matière d’infrastructures. On n’avait pas vu cela depuis les années 1980 », admet même Rachid Kollo, coordinateur du très Il y a quelques années, la ville critique Collectif pour le recevait des paléontologues renouveau et l’innovation, de renom et des acteurs célèbres. avant de nuancer : « Mais ça n’est pas suffisant, nous De 80 000 en 2010, le nombre d’habitants manquons d’eau, d’électricité. Ça sert à est passé à 110 000 lors du dernier recenquoi d’ouvrir des hôpitaux s’il n’y a aucun sement, en 2012. Une population qu’on matériel médical à l’intérieur ? » estime aujourd’hui à 135 000. Tous ces nouveaux arrivés payeront bientôt des SÉCHERESSE. Pour pallier les nomtaxes. Cela enrichit nos capacités. » breuses coupures d’électricité, une cenPas moins de 61 millions d’euros ont trale hybride d’une puissance de 11,2 MW été dépensés par l’État dans le cadre du composée d’une partie thermique programme Agadez Sokni (« Agadez la de 5,6 MW et d’une partie photovoltaïque coquette »). Résultat : plus de 20 km de verra le jour prochainement, financée rues ont été asphaltés dans la ville, et en partie par l’Union européenne. Pour plusieurs quartiers ont été pavés ou le l’eau, qui manque cruellement dans seront bientôt. Symbole de cette effucette capitale régulièrement frappée par sion urbaine, les chauffeurs de « tchouk la sécheresse, un immense réservoir en tchouk » indiens, surnommés « adeytena », béton armé de 1 500 m3 a été érigé. JEUNE AFRIQUE



Neuf forages sont en cours dans la zone Kerboubou-Afara (à une trentaine de kilomètres de la ville d’Agadez). Sur le plan touristique, enfin, la ville pâtit toujours de sa mauvaise réputation, en partie à cause du trafic de cocaïne et de migrants, mais surtout en raison du risque sécuritaire. Depuis la rébellion touarègue de 2007 et les attaques terroristes d’Aqmi ces dernières années, « la porte du Sahara » n’attire plus. Les dix hôtels de la ville n’accueillent plus que des militaires américains ou européens, des humanitaires, et parfois des journalistes. « Ils ne viennent ici que pour parler des migrants, ils ne s’intéressent pas aux habitants d’Agadez », déplore Akly Joulia, directeur de l’auberge d’Azel, un bel hôtel tout en banco d’architecture néo-soudanaise. Juste à côté, le très vieux quartier historique, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2013, avec sa grande mosquée, son sultanat et ses vieilles maisons des XVe et XVIe siècles, est en cours de restauration. « Il faut arrêter de dire qu’Agadez est dangereuse », précise encore Akly, pilote de profession, qui propose aussi des virées en ULM.

FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA

Le Plus de JA Niger

Le soir, les grands axes sont éclairés par des lampadaires solaires.

« Il y a quelques années, nous recevions des paléontologues de renom, comme Paul Sereno, ou des acteurs célèbres comme Angelina Jolie, tous des amoureux du désert. Cette région a un potentiel énorme. » Agadez rêve de redevenir la porte des grandes expéditions en 4 × 4 et des méharées dans l’Aïr qu’elle était dans les années 1980. « Nous voulons refaire du circuit, mais plus encadré qu’avant, concentré sur quelques zones et sites sécurisés », confirme Ahmed Boto, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat. Une police touristique est d’ailleurs à l’étude, sur le modèle marocain.

Tourisme premières classes Ouvert en 2015, le LPHT est le seul lycée du pays consacré à l’hôtellerie. Avec l’accent sur l’accueil, la discipline, la politesse… et les langues.

T

rois bâtiments en U se font face sur un terrain vague à la périphérie d’Agadez. Dans la cour discutent quelques écoliers en uniforme, chemise blanche sur pantalon noir. Dans l’une des classes, au mobilier tout neuf, d’autres élèves font leurs devoirs. Le Lycée professionnel de l’hôtellerie et du tourisme (LPHT) a ouvert en 2015, et il est en pleine restructuration. La Banque mondiale devrait injecter 800 millions de F CFA (1,2 million d’euros) afin de moderniser les équipements et améliorer le niveau de formation, en recrutant notamment des professeurs venus N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017

de l’étranger, principalement du Maghreb. « Beaucoup de professionnels se plaignent encore du manque de personnel qualifié. Il est vrai que nos lycéens ont des lacunes dans le domaine des langues. Nous allons améliorer tout ça »,

L’établissement accueille 124 élèves, dont 23 filles.

« En matière de sécurité, on est déjà passés du rouge à l’orange », se réjouit Abou Harouna Baba, le directeur régional du tourisme et de l’artisanat. « Il faut que les touristes soient rassurés. Ici, ça n’est pas le Mali. Nos habitants ont profité autrefois du boom touristique, alors aujourd’hui ils collaborent tous avec les forces de police pour les voir revenir, en signalant les intrus. C’est comme ça qu’on arrive à lutter efficacement contre les jihadistes. » Agadez rêve tout simplement de redevenir ce qu’elle signifie en tamashek : « le lieu de rencontre et d’accueil ». FRANÇOIS-XAVIER FRELAND, envoyé spécial à Agadez

confirme Mme Abderamine, formatrice, titulaire d’un BTS de technique hôtelière obtenu à Alger. Le lycée accueille 124 élèves répartis dans 6 classes, dont 23 filles venues des quatre coins du pays, principalement de Niamey, Zinder et Maradi. Tafarisa Mohamed, 19 ans, est originaire d’Arlit. « Je suis touareg, fils de bijoutier. Ici, on met l’accent sur l’accueil, la discipline, la politesse. On étudie un peu

FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA

72

l’anglais, l’arabe, et l’année prochaine nous aurons des cours d’espagnol. » L’idée d’un lycée entièrement consacré à l’hôtellerie, le seul au Niger, a été lancée par un cabinet d’études tunisien à partir d’un constat simple : Agadez, ville charnière entre le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest, située aux portes du Ténéré, avec son centre historique, offre d’excellentes perspectives en matière de tourisme. Dès la rentrée prochaine, un centre d’information en ligne doit voir le jour. Et pour faire face aux décrochages, qui inquiètent Ilias Ajouel, le proviseur – « nous avons des problèmes d’abandon et d’assiduité, car certains élèves viennent de loin et ont du mal à se loger » –, deux dortoirs sont en construction. Malgré la crise sécuritaire, le Niger semble bien décidé à croire en son destin. F.-X.F. JEUNE AFRIQUE



Lire aussi « Musique : les Filles de Illighadad, divas tombées du ciel »

Le Plus de JA Niger TOUTE UNE HISTOIRE…

Le Gaweye, à la recherche du temps passé De grands présidents y ont séjourné, et le Paris-Dakar s’y est arrêté. Pour que ses quatre étoiles brillent de nouveau, l’établissement a été rénové à grands frais. En attendant sa privatisation ?

I

l fut un temps où la bourgeoisie locale se bousculait le week-end pour tremper un pied dans la piscine de l’hôtel Gaweye. C’était l’époque pas si lointaine des orchestres au bord de l’eau, avec vue imprenable sur le fleuve. Dans les années 1970, la découverte de nouvelles mines d’uranium dans le pays avait apporté des perspectives de prospérité. Construit en 1979, inauguré deux ans plus tard, juste en face du Musée national, le très luxueux hôtel Sofitel d’alors, conçu par un architecte français dans un style vaguement néo-soudanais, aux tons ocre sahéliens, offrait enfin à Niamey un palace digne de ce nom. Tous les grands présidents d’alors, d’Houphouët-Boigny à Abdou Diouf, y ont séjourné, les équipes

du Paris-Dakar s’y arrêtaient. La légende raconte même qu’en 1986 le chanteur Daniel Balavoine y passa sa dernière nuit, avant de disparaître dans le crash de son hélicoptère le lendemain, dans le Ténéré, avec Thierry Sabine, l’organisateur de la course. Jusqu’à la construction récente des nouveaux hôtels de luxe, bientôt inaugurés pour accueillir dignement le prochain sommet de l’Union africaine, le Gaweye, avec ses 200 chambres et ses 36 suites, a longtemps été le plus grand et le plus prestigieux hôtel du Niger. Aujourd’hui, vu de l’échangeur qui lui fait face, il ressemble davantage à une baleine échouée sur une plage. Le soir, les quatre étoiles ne clignotent plus car,

Il fut longtemps le plus grand et le plus prestigieux hôtel du pays.

depuis la crise sécuritaire dans le NordMali, le Niger n’est plus la destination touristique prometteuse qu’elle était à l’époque des méharées vantées dans les dépliants touristiques. Sanady Baba Ahmed a été nommé directeur général du Gaweye en 2010 pour relancer l’institution. Dans son bureau s’entasse une collection de prix et trophées sportifs, témoins d’un temps où l’hôtel parrainait des courses cyclistes et était le sponsor officiel de l’Olympic Football Club de Niamey. En 2003, l’établissement a été rénové pour plus de 2 milliards de F CFA (3 millions d’euros), mais les travaux, mal exécutés, ont plombé la trésorerie de l’hôtel. À L’ARRÊT. Après avoir rééquilibré les

comptes, le tonique et méthodique DG a alors lancé des travaux de réaménagement. Un nouveau groupe électrogène a été installé pour pallier les coupures d’électricité lors des délestages. L’éclairage et la climatisation ont été entièrement refaits, les chambres et les salles de restaurant ont été rénovées, et la sécurité a été renforcée. Enfin, de nouveaux minibus font désormais la navette avec l’aéroport. « Pour vous donner une idée, lorsque je suis arrivé, les ascenseurs étaient à l’arrêt. J’ai dû tout reprendre de A à Z. Résultat, nous sommes passés de 28 % de taux d’occupation en 2010 à 69 % en quelques années », s’enorgueillit le pimpant directeur général. « Nous avons fait cinq bonnes saisons, de 2011 à 2016, avec 2 à 3 milliards de F CFA

STUART FRANKLIN/MAGNUM PHOTOS

74

N 0 2946 • DU 25 JUIN AU 1ER JUILLET 2017

JEUNE AFRIQUE


Sur tous les fronts

TAGAZA DJIBO POUR JA

Après sa restauration, le taux d’occupation est passé de 28 % à 69 %.

de chiffre d’affaires annuel. L’année dernière a été plus difficile. Il y a eu des attaques un peu partout dans les hôtels de la sous-région. Les gens ont annulé au dernier moment. Il y a aussi moins d’investisseurs, moins de recherche minière… » L’immense hall, avec son

plafond en bois, ses fauteuils en cuir et ses tables basses, donne ainsi un sentiment de vide. Quelques délégués de différents ministères y déambulent encore, le regard méfiant. Et dans le couloir qui mène au bar les artisans s’endorment sur leur croix d’Agadez en

PARTENAIRE DE VOS PROJETS AU NIGER

Présentes depuis 60 ans au Niger, les équipes de Sogea-Satom ont participé à de nombreux projets de construction dans le pays tels que : la route Niamey-Namaro-Farié (67 km), la route Goudel Tondibia-Tondikoirey et le boulevard Askia Mohamed (18 km), les voiries urbaines de Niamey (21,8 km), l’unité de traitement d’eau de Yantala ou encore l’échangeur de Diori à Niamey.

attendant le client. Le projet de privatisation de l’établissement est plus que jamais d’actualité. Le bâtiment devrait rester propriété de l’État, avec une nouvelle concession privée pour la gestion et l’exploitation de l’hôtel. C’est le cabinet Mazars Sénégal qui va auditer l’ensemble des compartiments de l’établissement. Les pouvoirs publics cherchent un repreneur stratégique qui financera les 13 milliards de F CFA nécessaires et assumera le plan social qui concerne 206 employés, estimé à 3,1 milliards de F CFA. La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) s’est engagée à apporter les financements liés aux salaires et aux primes de départ des salariés et à la partie études et audit interne. Le groupe Azalai Hôtel fait partie des noms qui reviennent régulièrement pour assurer l’exploitation de l’établissement. Une chose est certaine, le Gaweye est bien décidé à retrouver son prestige d’antan. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

SOGEA-SATOM EN AFRIQUE Ê 90 ans de présence Ê 9000 collaborateurs Ê Plus de 20 pays Ê 672 M€ de CA 2016

www.sogea-satom.com Sogea-Satom Niger - Zone industrielle - Route des Brasseries - BP 139 - Tél. : +227 20 74 27 78 - Fax : +227 20 74 26 90

75


DEPUIS PLUS DE 15 ANS, AIRTEL CONNECTE LES NIGÉRIENS ET SE MET AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DU NIGER

O

pérateur historique des télécommunications au Niger, Airtel est crédité de la plus grande part du marché de son secteur (50,72 %) sur le plan national. Depuis sa création en 2001, cette entreprise a su rythmer la vie de l’évolution technologique des Nigériens à travers des offres et services qui visent à connecter les citoyens du pays entre eux pour ensuite les connecter au monde. Immersion au cœur d’une entreprise citoyenne qui a érigé l’accompagnement du développement au cœur de sa stratégie à travers des milliards d’investissement dans l’éducation, la santé, la culture et le sport afin de contribuer au bien-être des populations nigériennes.

M. Pierre Canton-Bacara, directeur général d’Airtel Niger.

le souci permanent de proposer des offres et services collant au plus près des besoins et des préoccupations de la population nigérienne. « Une politique de présence terrain de nos équipes sera le fondement des décisions de l’entreprise », a-t-il souligné. La vision d’Airtel Niger est ainsi déclinée : La proximité avec l’abonné à travers des offres et services qui résolvent au quotidien ses besoins en communication. Airtel se veut donc une entreprise qui développe ses activités en basant sa vision sur une empathie et une volonté d’être réellement au contact de ses clients. Cette vision passe par des investissements conséquents afin de renforcer son leadership tant en couverture qu’en qualité de réseau pour de meilleurs services dans le but de mériter cette confiance des abonnés

Première entreprise de télécommunications à s’être implantée au Niger aux débuts des années 2000, Air tel Niger a su gar der son leadership sur le marché malgré l ’arrivée de c o ncur r en t s qui auraient pu la vouer à l’obsolescence. L’entreprise s’est depuis posée en grand pourvoyeur d’emplois. Ainsi, 223 employés directs et plus de 45 000 employés indirects travaillent quotidiennement à donner vie à la vision d’Airtel. Et les acquis s’énumèrent en chiffres éloquents : une base de clientèle de plus de 4 millions abonnés, plus 670 sites pour la couverture réseau sur toute l’étendue du territoire, dont 274 sites pour la couverture 3G+ à travers le pays. En janvier 2017, Barthi Airtel fait appel à un expert des télécoms en nommant M. Pierre Canton-Bacara, directeur général d’Airtel Niger afin d’accélérer le développement de la marque tout en réaffirmant l’engagement d’Airtel au Niger. M. Canton-Bacara entend développer une politique de proximité avec Airtel Money (portefeuille mobile).

Le « SOCIAL IMPACT AWARD 2017 » décerné à Airtel lors du West Africa Mobile Award, en mai.

comme l’affirme M. Canton-Bacara : « Est-ce que nous méritons cette confiance des abonnés ? Ce n’est pas à moi d’en juger mais aux clients d’apprécier les efforts qu’au quotidien et en toute humilité l’ensemble des employés et partenaires d’Airtel fournissent pour la renforcer et la développer. Évidemment, depuis 15 ans, nous avons investi des centaines de milliards pour développer un réseau qui, aujourd’hui, est le plus dense du pays donnant un accès en zones rurales à un nombre considérable de Nigériens ». Il nous résume toute cette vision en trois axes majeurs, le premier étant l’hyper proximité qui met le client au cœur des décisions de l’entreprise. Le deuxième est spécifique aux vastes étendues nigériennes. Il s’agit du développement du réseau pour renforcer l’accessibilité des populations aux moyens de télécommunications et particulièrement à internet. Enfin, le troisième axe est l’innovation digitale à travers le renforcement des capacités d’Airtel sur des produits tel que Airtel Money (portefeuille mobile) et le développement de l’écosystème applicatif nigérien. Au vu des vastes étendues du territoire Nigérien et du faible maillage des réseaux bancaires conventionnels, l’inclusion financière ne se fera que grâce au mobile banking et en particulier à notre produit Airtel Money et ce afin de répondre à l’isolement des populations laissées au ban de l’économie formelle. Le dernier West Africa Mobile Award a su en cela


PUBLI-INFORMATION

souligner la qualité et la pertinence de notre solution en lui décernant le prix « social impact award 2017 ». La réalité de l’engagement citoyen d’Airtel au Niger est également largement démontré par les différentes reconnaissances de l’État et du gouvernement nigériens. Le 28 février 2017, à travers une cérémonie qui a connu la présence effective du Président de la République du Niger, son excellence M. Mahamadou Issoufou, et du Président de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), M. Gianni Infantino, l’État nigérien a tenu à reconnaître, féliciter et remercier Airtel Niger, à travers son Directeur Général, de son apport considérable au football dans le pays. En six années, Airtel a investi plus d’un milliard dans le sport à travers différents programmes et l ’organisation du Championnat national de Ligue D1. Un programme en par ticulier, dénommé « Air tel Jeunes Talents », a pour but d’offrir une plateforme structurée aux recruteurs, entraîneurs, autorités en charge du football et aux clubs internationaux pour explorer le vaste réservoir de futurs talents afin d’édifier des systèmes solides de développement de

toutes les sphères culturelles du Niger : « Mouryar Niger », « Africa Island Talent » et « Airtel Trace Music Star ». Ces concours ont permis l’éclosion de talents et de chanteurs sur le plan national et international.

UN GOUVERNEMENT SOUCIEUX DU DÉVELOPPEMENT DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

À l’heure où le gouvernement du Niger a publié son document « Perspectives 2016 – 2021 », Airtel est heureux de la vision de l’État nigérien dont les actions « visent à créer un environnement favorable à l’éclosion d’une Économie Numérique Nationale inclusive et compétitive » (Extrait du document Perspectives 2016 – 2021). L’annonce de l’amélioration de l’environnement fiscal et réglementaire qui régit l’industrie des télécommunications vient à point nommé, explique M. CantonBacara : « Cette vision de Renaissance du Gouvernement de la 7e République cadre parfaitement avec notre politique d’investissement qui permettra de relier les zones les plus reculées comme Fachi,située à 170 km de Bilma, au nord-est de ce vaste pays ». De cela découlera des résultats avantageux pour les populations isolées ainsi que pour le secteur de l’économie dans sa globalité. C’est donc un long chapelet de décisions salutaires prises par le Président de la République du Niger dont Airtel relève et salue la pertinence. Tout bien considéré, Airtel Niger est une entreprise dont le leadership sur le marché des télécommunications dans le pays se justifie par sa vision qui place l’abonné au centre de ses préoccupations et le développement du Niger comme objectif majeur de ses activités.

Airtel Niger.

www.africa.airtel.com/wps/wcm/connect/africarevamp/niger/

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

AIRTEL NIGER, UNE ENTREPRISE AVANT TOUT ENGAGÉE POUR LE DÉVELOPPEMENT DU NIGER

footballeurs talentueux pour les ligues et équipes nationales, voire au-delà. Ce programme a permis au Niger de disposer d’une équipe nationale de football des moins de 17 ans qui l’a représenté aux éditions 2015 et 2017 de la CAN. Cette même équipe vient inscrire une page d’or suite à sa qualification historique au Mondial de football 2017. Tous les joueurs de cette équipe sont issus de cette cuvée mise en place et rendue possible par la vision d’Airtel. Mais l’implication d’Airtel ne se limite pas au football. La lutte traditionnelle est également prise en compte à travers l ’organisation du championnat national « Airtel Kokowa » ou des actions de sponsoring, comme pour le « Sabre national ». L’éducation est tout autant un secteur majeur dans la vision sociale d’Airtel. Le programme « Une école / Une région », qui se chiffre à plus de 250 millions FCFA par an, touche plus de 5 095 élèves. La santé publique est également au cœur des actions de développement d’Airtel. Des dons de produits pharmaceutiques, de matériels sanitaires, une campagne de dépistage des cancers du col de l’utérus et du sein, en collaboration avec SOS Cancer, dans les 8 régions du Niger, des programmes de chirurgie réparatrice du bec de lièvre et de nombreuses autres actions sont menées. La culture et l’entreprenariat des jeunes ne sont pas en reste. Le Niger est un pays à forte pluralité ethnique, culturelle, linguistique avec une poulation jeune (54 % de la population). Depuis 2014, Airtel a créé et sponsorisé des concours télévisés de révélation et de promotion des talents musicaux de


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.