Exclusif Simon Mann: confessions d’un mercenaire
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • no 2947 • du 2 au 8 juillet 2017
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GABON
SECOND SOUFFLE
Spécial 16 pages
Chine-Afrique Qui gagne ? Qui perd ?
ENQUÊTE
Chefs d’État, ONG, business, droits de l’homme… Comment le milliardaire ambigu a tissé sur le continent un réseau d’influence unique en son genre, aussi redoutable qu’efficace.
SOROS L’AFRICAIN ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE
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RD Congo Miracle ou mirage ?
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • no 2922 • du 8 au 14 janvier 2017
BEAC Les confidences de Lucas Abaga Nchama
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Algérie À la (re)conquête de l'Afrique Portfolio 2016 en images
Bénin Talon au pas de charge
AFRIQUE-FRANCE
Quel avenir ? Le sommet – le dernier de François Hollande – qui se tient à Bamako les 13 et 14 janvier est l’occasion de dresser le bilan des relations entre Paris et le continent. Mais aussi d’envisager leur évolution. Spécial 14 pages ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE France3,80 €• Algérie 250DA•Allemagne 4,80€• Autriche4,80€• Belgique3,80€• Canada6,50$CAN•Espagne4,30€• Éthiopie67birrs •Grèce4,80€• Guadeloupe 4,60€ Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285
RD Congo « Kabila, Katumbi, Isabel et moi » Les confidences de Sindika Dokolo jeuneafrique.com
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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • no 2923 • du 15 au 21 janvier 2017
Algérie Ali Benflis : « Le système est à bout de souffle »
Festival de
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France Montebourg : « En Afrique, Paris doit changer de logiciel »
z e t r o p m E toute l’Afriquere t o v s n a d ! e n o h p t smar ARMÉE IVOIRIENNE
Attention, malaise !
Au-delà du coup de colère des sans-grade de Bouaké : enquête sur un grand corps fragile et sur les moyens mis en œuvre pour le guérir.
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LE PLUS
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ENJEUX En quête de relance
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INTERVIEW Emmanuel Issoze-Ngondet, Premier ministre OPPOSITION Les grandes manœuvres ont commencé ÉCONOMIE Sur le fil du rasoir
Second souffle JEUNE AFRIQUE
N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
© BAUDOUIN MOUANDA POUR JA
GABON
Le Plus de Jeune Afrique
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de Jeune Afrique
Prélude Georges Dougueli
GABON
Au travail!
JEUNE AFRIQUE
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par le dialogue. Mais alors pourquoi les u Gabon, on peut dire tout et son contraire. Qu’il a la beauté du partisans de l’opposition, mus par la colère diable. Que sa puissance est inveroulafrustrationd’avoirétédéclarésperdants, sont-ils descendus dans la rue pour s’en sement proportionnelle à la taille de sa population. Que sa richesse est à la prendre aux édifices publics et aux biens de fois une bénédiction et une malédiction. la population? Les forces de l’ordre leur ont Que son or noir lui cause bien des nuits opposé une réaction jugée disproportionnée blanches. Que les caisses de l’État sont et ayant entraîné plusieurs morts. Assez pour souvent aussi pleines que la bourse des radicaliser les activistes pro-Ping expatriés qui, après avoir jeté toute urbanité dans ménages est vide. Que les églises éveillées y sont ferventes mais la quête obsessionl’Ogooué, ont tenté d’inverser le cours de l’Histoire par la violence verbale, et même nelle de l’argent reste le quiétisme le mieux partagé… On peut aligner les exemples parfois physique, contre les membres du à l’infini sans épuiser les paradoxes qui gouvernement en visite à l’étranger. Preuve singularisent l’identité de ce pays. de la confusion, la Cour pénale internatioPour faire fonctionner cet ensemble nale a été saisie à la fois par le gouvernement hétéroclite, certains fondamentaux n’adet par l’opposition, qui s’accusent mutuelmettent pourtant aucune contradiction. lement des pires exactions. Le premier d’entre eux est la stabilité. Cet Pourtant, depuis l’avènement du multiéquilibre constitue le socle sur lequel repose partisme dans les années 1990, les acteurs l’architecture institutionnelle qui fait tenir l’édifice lorsque les passions menacent d’en politiques gabonais se sont toujours retroudétruire les fondations. Pour autant, cette stabilité est régulièL’un des pivots du pays est le rement mise à l’épreuve lorsque recours à la sagesse africaine vient l’heure de la remise en jeu des mandats électoraux. dans la résolution des conflits. Ainsi de la dernière parenthèse électorale, qui tarde à se refermer tant les vés pour dialoguer de l’avenir du pays et, controverses sont vives, les oppositions éventuellement, se partager le pouvoir. frontales, les opinions tranchées et les Comme cela a été le cas lors des accords de esprits des uns peu enclins à accepter la Paris négociés en 1994, à la suite du différend critique des autres… électoral résultant des conditions d’organisation et de la proclamation des résultats du scrutin présidentiel du 5 décembre 1993. L’autre pilier du Gabon demeure l’étonnante conscience nationale qui habite les Aujourd’hui, cette pratique est quelque peu hommes et femmes de ce peuple. Cette galvaudée, Jean Ping, le principal challenger fierté d’appartenir à un pays est souvent du chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, ayant le garde-fou qui empêche d’aller trop loin. refusé de dialoguer avec le pouvoir. Fierté pourtant fortement bousculée par Il va pourtant bien falloir revenir à ces fondamentaux qui ont permis au Gabon les démagogues qui, pendant la campagne électorale, ont construit leur candidature de préserver son unité. D’autant que le pays en cherchant à expulser leurs concurrents est entré dans une période de dégrisement économique après plusieurs décennies de la communauté nationale et, partant, de la confrontation électorale. de prospérité pétrolière. S’il veut réussir la Un autre pilier, lié au vivre-ensemble, nécessaire diversification qui lui permettra est le recours à la sagesse africaine dans la de sortir de sa dépendance à l’or noir, alors le résolution des conflits. Une sagesse matépayssedoitdesurmonterses contradictions, pour vite se remettre au travail. rialisée dans la recherche du consensus JEUNE AFRIQUE
N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
ENJEUX En quête de relance
© BAUDOUIN MOUANDA POUR JA
Second souffle N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
p. 58
INTERVIEW Emmanuel IssozeNgondet, Premier ministre p. 62 OPPOSITION Les grandes manœuvres ont commencé p. 66 Confidences de Guy Nzouba-Ndama, président du parti Les Démocrates p. 67 ÉCONOMIE Sur le fil du rasoir
p. 71
Industrie : la filière bois en bonne voie p. 72
DÉCOUVERTE L’appel de la forêt
p. 74
TENDANCE Maggaly Nguema, docteur en sapologie p. 78 Petit frère deviendra grand : le rap version Amenem p. 80
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Le Plus de Jeune Afrique
Ali Bongo Ondimba et son épouse, Sylvia, le 28 mars 2017, pendant le dialogue avec l’opposition au palais présidentiel.
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ENJEUX
En quête de relance Secoué par une double tourmente politique et financière en 2016, le Gabon, bien que convalescent, semble désormais en mesure de surmonter la crise protéiforme à laquelle il est confronté.
GEORGES DOUGUELI, envoyé spécial
STEVE JORDAN/AFP
A
près l’orage, la tempête. Depuis d’institutions fiables et pérennes qui donneraient un an, le Gabon ploie sous les de notre pays une image plus positive », a estimé éléments. Aux rigueurs provoIssoze-Ngondet, satisfait des conclusions issues quées par la crise financière des assises (lire p. 60). qui a menacé la stabilité du cadre macroéconomique du ENGAGEMENTS. Cette crise politique en voie de résolution survient alors que l’économie gabopays s’est ajoutée une crise postélectorale de longue durée. En août 2016, l’élection présidennaise traverse une mauvaise passe due à la baisse continue des prix du pétrole. Décélération de la tielle s’est terminée sous une pluie de projectiles et un panache de gaz lacrymogène au cours d’une croissance et creusement des déficits – dont ceux bataille de rue meurtrière entre les militants de du budget et de la balance des paiements – sont l’opposition et les forces de l’ordre. Dix mois susceptibles de remettre en question la viabilité après ces violences consécutives au résultat du des finances publiques et la stabilité macroscrutin, les parties ont renoué le économique du pays. Face à ce dialogue, et les lignes bougent risque, le gouvernement a donc Des institutions mis en œuvre un plan de relance légèrement, même si les ultras des économique, avec le soutien du deux camps rejettent toujours les fiables et FMI (lire p. 71). Le 19 juin, l’insinitiatives à même de normaliser pérennes sont titution financière a approuvé un la situation. indispensables. prêt de 642 millions de dollars Ainsi, au sein du noyau radicalisé qui entoure l’opposant Jean (573 millions d’euros) au Gabon Ping, personne n’a accepté de prendre part au au titre de son mécanisme élargi de crédit, avec dialogue national convoqué par le pouvoir et un premier décaissement immédiat de 98,8 millions de dollars. placé sous l’égide du Premier ministre, Emmanuel Issoze-Ngondet (lire pp. 62-63). « Les parties prePour continuer à bénéficier de l’appui des différents bailleurs de fonds, le Gabon doit impérativenantes s’étaient engagées à prendre des décisions qui marqueraient l’histoire politique du pays. Il y ment tenir ses engagements. « Certains ont pensé avait cette volonté de ne pas laisser les réformes à tort que le plan de relance prévoyait la mise en place de politiques keynésiennes, consistant à reposer sur des questions de personnes, mais bien sur la nécessité pour l’État gabonais de se doter injecter de la dépense dans l’économie. Ce n’est N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
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Le Plus de JA Gabon pas le cas », insiste le ministre de l’Économie, Régis Immongault. Au contraire, dans l’esprit de ses concepteurs, il s’agit surtout de contenir l’endettement. Représentant 20 % du PIB, la dette intérieure pèse lourd, tandis que la dette extérieure, située à hauteur de 37 % du PIB, doit impérativement être contrôlée. Autre priorité, la réduction du train de vie de l’État, avec la maîtrise des grands postes de dépenses publiques qu’elle implique, notamment en matière de masse salariale. « Nous avons décidé non pas de baisser les salaires mais d’envisager une réduction des effectifs », ajoute le ministre de La réduction du train de vie l’Économie. Le plan préde l’État s’impose comme voit également de mieux une priorité absolue. mobiliser les ressources intérieures, à travers l’élargissement de la base fiscale et la suppression des exonérations et autres incitations qui ont pu être accordées à certains secteurs de l’économie mais entraînent une érosion certaine des recettes. Il n’est cependant pas question de toucher au régime de la zone économique spéciale (ZES) de Nkok, qui conserve ses avantages. DIVERSIFICATION. Pour augmenter les ressources, l’État va devoir moderniser sa fiscalité. Le gouvernement a donc décidé de fusionner l’administration de la douane avec celle des impôts en vue de créer l’Office gabonais des recettes (OGR).
« Nous pensons qu’en mutualisant les efforts de l’Administration nous obtiendrons de meilleures performances », espère Régis Immongault. Aucune de ces mesures ne devrait entraver la diversification, en cours, de l’économie. Au contraire, le plan d’urgence met l’accent sur les secteurs non pétroliers porteurs de croissance, à l’instar des activités de transit mais aussi et surtout du bois : la réforme de ce secteur constitue l’une des plus évidentes réussites du dernier septennat (lire p. 72). En 2009, les grumes constituaient toujours l’activité principale du secteur et représentaient 68 % des exportations du pays. L’interdiction d’exporter le bois brut, entrée en vigueur en 2010, a contraint les forestiers à construire des unités de transformation : leur nombre est passé de 95 en 2012 à 130 en 2014, soit une augmentation de 37 %. Dans la foulée de ce développement industriel, en six ans, la filière a créé plus 7 000 emplois. Et le gouvernement s’attend à de meilleurs résultats encore. Toujours dans le domaine agro-industriel, les plantations de palmiers à huile du groupe singapourien Olam sont entrées en production tandis que la Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés (Graine), projet sur cinq ans lancé à la fin 2014 pour assurer la sécurité alimentaire, est en cours de développement, tout comme la transformation des produits de la pêche, encouragée par les autorités. RÉSILIENCE. Le gouvernement veut également
Un dialogue enfin constructif
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endant près de deux mois, du 28 mars au 26 mai 2017, le pouvoir et une partie de l’opposition ont discuté de l’avenir du Gabon et des réformes politiques réclamées par les perdants de la dernière présidentielle. Les deux camps se sont entendus pour opérer quelques changements majeurs, à commencer par l’élection présidentielle, qui sera désormais organisée en deux tours. L’opposition a aussi obtenu la suppression de la disposition qui exigeait que les candidats à ladite élection soient âgés d’au moins 40 ans. Le pouvoir a également accepté de saborder la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap). À sa place, un Centre gabonais des élections (CGL) doit être mis en place. Le ministère de l’Intérieur voit son rôle réduit, N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
puisque c’est justement au CGL qu’incombera la mission d’annoncer les résultats électoraux. L’autre modification importante concerne les juges de la Cour constitutionnelle. Les sages ne disposeront plus à l’avenir que d’un mandat unique de neuf ans, quand, par le passé, ils étaient nommés pour une durée renouvelable de sept ans. Le gouvernement a également entériné l’augmentation du nombre des députés, dès les prochaines législatives prévues cette année ; en revanche, celui des sénateurs sera restreint, de même que la durée de leur mandat, ramenée à cinq ans, contre sept aujourd’hui. Enfin, les élus du peuple (députés, sénateurs, élus locaux) pourront cumuler leurs mandats. G.D.
renforcer les nouveaux mécanismes de financement, comme les partenariats public-privé (PPP), qui permettent d’impliquer plus largement le secteur privé dans le développement de l’industrie et des infrastructures. Un forum de dialogue entre le secteur privé et le chef de l’État lui-même a été mis en place dans ce but. Placé sous le patronage du Haut Conseil pour l’investissement (HCI), il œuvrera à renforcer l’attractivité de l’économie gabonaise et à favoriser l’insertion des opérateurs économiques. Crises politique et économique ont engendré des perturbations sociales. Les grèves se succèdent dans l’Administration et les entreprises du secteur privé : enseignants, magistrats, douaniers… Tous réclament une amélioration de leurs conditions de travail et le paiement de plusieurs mois d’arriérés de primes. Pour des raisons de pouvoir d’achat, le puissant syndicat du secteur pétrolier observe régulièrement des arrêts de travail. Car ces tensions sociales sont exacerbées et justifiées par la vie chère. Le gouvernement mise pour l’instant sur la résilience de l’économie, en attendant que passe la conjoncture défavorable. Mais il semble plus que jamais urgent pour le pays de sortir de sa dépendance aux hydrocarbures et de diversifier son économie, dans le tertiaire notamment. JEUNE AFRIQUE
PUBLI-INFORMATION
GPC, catalyseur de l’investissement dans le potentiel énergétique Gabonais
EN EXCLUSIVITÉ, ENTRETIEN AVEC
Akim Daouda Directeur Général Adjoint de GPC, Directeur des Investissements FGIS
Gabon Power Company (GPC) est la société d’investissement créée par le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) pour développer des projets dans le secteur de l’Énergie au Gabon et à l’étranger. GPC développe actuellement un portefeuille de projets d’un montant de plus de 1 milliard de dollars.
AKIM DAOUDA : Cette belle réussite est due à trois éléments majeurs qui attirent et rassurent les investisseurs. Tout d’abord, le cadre juridique et financier mis en place par le Gouvernement Gabonais dans le secteur de l’Énergie est propice aux Partenariats Public-Privé. Ensuite, il convient de rappeler que GPC capitalise sur son appartenance à la Galaxie FGIS. C’est l’occasion de rendre hommage à l’ensemble de l’équipe et surtout à son administrateur Directeur Général M. Serge Thierry Mickoto qui a su construire un réseau de partenaires institutionnels et bâtir cette image qui rassure les investisseurs privés. Enfin et surtout, les projets sur lesquels se positionne GPC sont des projets de qualité. Deux d’entre eux ont d’ailleurs reçu le prix EMEA Finance Best Water Deal 2016 : il s’agit des projets des centrales hydroélectriques de Dibwangui et de Ngoulmendjim. Quels sont les besoins en termes d’électricité au Gabon ? A.D. : L’offre d’électricité à ce jour est de 658MW. Selon les hypothèses de croissance de la demande, le déséquilibre offre-demande d’ici à 5 ans est estimé à une fourchette allant de 100 à 150 MW. Les projets actuels et futurs développés par GPC permettront à terme de résorber ce déficit et de participer à l’atteinte des objectifs du Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE) qui sont de l’ordre de 1200 MW de puissance installée d’ici à 2025.
L’essentiel de vos projets en cours sont liés à l’hydroélectricité, est-ce une volonté de votre part ? A.D.: Tout à fait. La réduction progressive des énergies fossiles dans le mix énergétique gabonais est un des principaux objectifs du PSGE. Le potentiel hydroélectrique non exploité du Gabon est estimé à 10 000 MW. L’hydroélectricité constitue donc la voie royale pour conduire cette mission notamment en raison de son attrait lié principalement au prix kWh qui est le plus attractif de toutes les sources d’énergie existantes au Gabon. Notre mission première est d’augmenter la production d’électricité durable, compétitive et accessible aux populations et de permettre le développement des industries pour lesquelles cette énergie électrique est indispensable. Que pouvons nous attendre de GPC dans les prochains mois ? A.D. : Nous menons des réflexions avec des partenaires et le Gouvernement pour le développement de capacités de production d’électricité additionnelles y compris à partir de l’énergie solaire, de la biomasse et du gaz naturel. Nous intervenons également dans le secteur de l’eau potable et de l’assainissement. GPC se veut donc être le catalyseur des nouveaux projets dans le secteur de l’énergie au Gabon aux côtés des investisseurs nationaux et internationaux et du Gouvernement.
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GPC a permis la multiplication des partenariats en 2016 et 2017 entre des investisseurs étrangers et la République Gabonaise, comment expliquez-vous une telle réussite ?
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Le Plus de JA Gabon INTERVIEW
Emmanuel Issoze-Ngondet « La crise a mis en lumière la nécessité de revitaliser notre démocratie » Le Premier ministre affiche sa satisfaction quant au déroulement du Dialogue politique et détaille les multiples réformes engagées par son gouvernement ces derniers mois.
P
endant les assises du Dialogue politique dont il conduisait les travaux, il n’était pas rare de voir arriver Emmanuel Issoze‑Ngondet au stade de l’Amitié d’Angondjé avec les yeux fatigués de celui qui dort peu. Dans le bureau aménagé pour la circonstance, son téléphone vibrait sans arrêt. C’est qu’à l’évidence, au cours de ce dialogue, des liens se sont tissés avec certains adversaires qui, hier encore, faisaient partie de l’opposition la plus radicale. Avec les journalistes, c’est autre chose. Sa parole est pesée et contrôlée. Nommé Premier ministre le 28 septembre 2016, c’est-à-dire en pleine contestation post-électorale, il veut pouvoir travailler pour le Gabon. Mais l’entreprise est délicate. Ce diplomate madré de 56 ans, passé à la politique depuis son entrée au gouvernement en 2009, essaie donc de dire les choses sans langue de bois mais il rencontre un succès relatif. Pourtant, l’auteur du roman Un ascète dans la cour, publié en 2007 (L’Harmattan), ne manque pas de profondeur, lui qui fait dire à son héros que « la pratique du pouvoir reste pri‑ sonnière de l’esprit de cour »… JEUNE AFRIQUE : Le Dialogue politique d’Angondjé s’est clos le 25 mai dernier. Ses conclusions sont-elles susceptibles de sortir le Gabon de la crise politique qu’il traverse ? EMMANUEL ISSOZE-NGONDET : La
crise postélectorale née de la contes‑ tation violente des résultats de l’élec‑ tion présidentielle du 27 août 2016 par certains candidats n’a pas pour autant précipité le pays dans une crise politique. Ni institutionnelle ni de régime, encore moins dans une révolte populaire. Néanmoins, les violences postélecto‑ rales ont permis de mettre en lumière l’urgente nécessité d’une revitalisation N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
profonde de notre démocratie, en y fai‑ sant contribuer l’ensemble des forces vives de la nation. C’est le sens du Dialogue politique convoqué par le pré‑ sident de la République, qui a marqué les retrouvailles entre des acteurs qui ne s’étaient plus réellement parlé depuis des mois, voire des années. Comme dit l’adage : « Il n’y a pas deux personnes qui ne s’entendent pas, il y a seulement deux personnes qui n’ont pas discuté. »
sur un mode de fonctionnement qui vient renforcer la participation paritaire de la majorité et de l’opposition et, en conséquence, l’intégrité et la transpa‑ rence des scrutins. À Angondjé, nous avons travaillé à nous accorder sur les mesures visant à conforter le peuple dans son rôle de source de légitimité du pouvoir, à ren‑ forcer les conditions de transparence des scrutins et à améliorer la représen‑ tativité politique des citoyens. La pleine application de ces réformes contribuera certainement à l’apaisement du climat politique, afin de préparer au mieux les prochaines échéances électorales.
Il faut sanctionner les acteurs économiques qui contournent la réglementation. Après une élection très disputée, et les tumultes qui en ont résulté, il nous fallait bien discuter du présent et de l’avenir de notre pays. De manière générale, estimez-vous que ces conclusions comportent une plusvalue démocratique ?
Incontestablement ! À l’instar de la Conférence nationale de 1990, des accords de Paris de 1994, des accords d’Arambo de 2006, ce Dialogue poli‑ tique fera date dans l’histoire de notre pays. Je voudrais souligner l’impact de certaines réformes sur l’évolution de notre démocratie. Je pense notamment à la réforme des scrutins politiques, à la non-fixation d’un âge plancher, autre que celui de la majorité politique [18 ans], pour la participation aux élections et l’accès aux responsabilités exécutives. C’est une ouverture notable en faveur de la jeunesse, notamment. Je pense également à la réforme des organes chargés de la gestion des élections. Le nouvel organe proposé à la place de la Commission électorale nationale auto‑ nome et permanente [Cenap], le Centre gabonais des élections [CGE], reposera
Y a-t‑il un calendrier pour la mise en œuvre des mesures issues du Dialogue politique ?
Le protocole d’accord prévoit, en son article 256, la mise en place d’un nou‑ veau gouvernement chargé notamment de mettre en œuvre les actes du Dialogue politique. De même qu’il sera mis en place, selon l’article 259 dudit protocole, une commission ad hoc paritaire chargée du suivi-évaluation de cette mise en œuvre. Nous nous attelons à satisfaire très prochainement à ces deux exigences. Tout le reste en dépend. Que dites-vous aux absents, à ceux qui ont boudé ces assises ?
D’abord un constat : la participation a été suffisante pour faire oublier les absents. Mais la possibilité est offerte à ces derniers d’adhérer aux accords, dans la mesure où la démarche qui a présidé à la convocation du Dialogue politique privilégie la recherche collective des solutions aux problèmes du Gabon, par conséquent l’adhésion de l’ensemble de la société aux réformes proposées. L’économie gabonaise souffre de la JEUNE AFRIQUE
Second souffle des recrutements de fonctionnaires, à l’exception des secteurs prioritaires : éducation et santé. Le troisième programme consacre le renforcement de la compétitivité des filières motrices de croissance: BTP et habitat, forêt et pêche, mines, numérique, tourisme, agriculture et énergie. Le quatrième programme est axé sur l’amélioration du cadre des affaires pour faciliter l’initiative privée. Enfin, le cinquième programme concerne l’amélioration de la qualité des services aux citoyens, d’où la réforme de la gouvernance du système de santé et la mise en œuvre d’un plan d’urgence de l’eau et de l’énergie.
Dans les locaux de Jeune Afrique, le 26 janvier 2015.
JACQUES TORREGANO POUR JA
La vie chère est-elle une fatalité au Gabon ?
baisse des prix du baril. Comment compte-t‑elle rebondir ?
Cette baisse, amorcée courant 2014, a des effets négatifs sur notre économie, en particulier le taux de croissance, le niveau du déficit budgétaire, le volume de la dette, le déséquilibre de la balance des paiements courants et, dans une certaine mesure, l’état de nos réserves de change. Il en a résulté un ralentissement disruptif de la mise en œuvre du Plan stratégique Gabon émergent [PGSE]. Pour y faire face, le gouvernement a entrepris, dès 2015, d’accélérer le rythme des réformes structurelles afin de récréer une dynamique de croissance inclusive. C’est pour donner une nouvelle impulsion au rythme desdites réformes qu’il a été décidé d’élaborer un plan de relance économique (PRE) pour la période 2017-2019, adopté le 19 mai et présenté à l’Assemblée nationale le 27 juin 2017. Quelles sont ses articulations ? Quelles initiatives le Gabon va-t‑il mettre en JEUNE AFRIQUE
œuvre dans les prochains jours ?
Les principales mesures visent à améliorer la gestion des finances publiques et l’ajustement budgétaire, la poursuite du développement des infrastructures et la promotion du secteur privé comme leviers de la diversification et de la transformation de l’économie, à travers la promotion de l’investissement privé dans les filières porteuses de croissance. Ce plan de relance comporte cinq programmes. Le premier vise à optimiser les ressources et à créer les conditions pour un financement optimal de l’économie, à travers l’élargissement de l’assiette fiscale, et la réforme des administrations fiscale et douanière pour améliorer la performance. D’où la création à terme d’un Office gabonais des recettes. Le deuxième programme porte sur la maîtrise des dépenses publiques, en ramenant le niveau des dépenses liées à la rémunération des agents publics de 65 % à moins de 40 % des recettes fiscales. Il y aura par exemple un gel
Il n’y a aucune fatalité en la matière. Des mesures fortes ont été prises récemment, aussi bien par les pouvoirs publics que par certains opérateurs économiques, en particulier pour baisser les coûts portuaires. Une nouvelle liste de produits a été arrêtée pour y faire appliquer une baisse significative des coûts de l’ordre de 15 %. Les effets positifs sont attendus dans un ou deux mois. Une campagne de sensibilisation s’avère nécessaire, ainsi que l’application des sanctions contre les opérateurs qui contournent la réglementation, à l’instar de tous ceux qui ont pris prétexte de l’instauration d’une nouvelle taxe [la contribution spéciale de solidarité] pour augmenter le prix des denrées alimentaires dans des proportions déraisonnables. Les licenciements se poursuivent à Port-Gentil. Comment le gouvernement compte-t‑il limiter la casse ?
L’ampleur y est plus marquée du fait d’une dépendance très forte de l’économie locale au secteur pétrolier. Mais ces licenciements concernent aussi d’autres localités. Dans l’immédiat, nous comptons sur l’effet de levier de l’amélioration de la trésorerie des entreprises consécutive à l’apurement des arriérés dus au titre du remboursement de la TVA [87 milliards de F CFA, soit près de 133 millions d’euros] et des instances du Trésor [249 milliards de F CFA], et ce grâce à l’appui des partenaires techniques et financiers. À moyen et long termes, tout repose en réalité sur le retour d’une croissance forte. Propos recueillis par GEORGES DOUGUELI N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
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LE PORT GÉNÉRAL CARGO
DÉVELOPPÉ PAR GSEZ A PERMIS DE RÉDUIRE LES COÛTS PORTUAIRES DE 30%, DEUX MOIS APRÈS SA MISE EN ACTIVITÉ
PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ GSEZ, RÉPUBLIQUE GABONAISE & AFC
GSEZ Ports SA annonce le début des opérations de son port de commerce ultra-moderne de 18 ha situé à Libreville au Gabon Véritable outil au service du développement des infrastructures de transport, ce port, construit en 18 mois, a été créé pour améliorer les capacités offertes par le Gabon et dans le même temps réduire les coûts des importations avec un impact direct sur le panier de la ménagère. A date, les tarifs des services du Port général GSEZ, notamment les frais de passage, sont de 30% moins chers que les tarifs pratiqués au Gabon jusque-là. Cette baisse conséquente se poursuivra au fil des mois et permettra de contribuer considérablement à la réduction du coût de la vie au Gabon. D’une capacité de 3 millions de tonnes par an, le port permettra d’étendre les capacités portuaires, d’accélérer les trafics et d’augmenter la compétitivité du Gabon pour les activités d’import-export avec l’apport de nouvelles techniques (moyens de manutention modernes) qui permettront de gagner en efficacité.
C’est un outil logistique moderne doté de grandes capacités d’entreposage, notamment de silos à grains (capacité de 10 000 tonnes), de cuves de stockage pour l’huile de palme produite par Olam Palm Gabon (capacité de 8 000 tonnes) et d’autres aires de stockage pour les clients privilégiés de la Zone Économique Spéciale de Nkok (également développée par GSEZ).
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Le Plus de JA Gabon POLITIQUE
Les grandes manœuvres ont commencé Les législatives, qui doivent se tenir avant la fin de l’année, verront s’affronter nombre de formations, dont certaines viennent de se constituer. Si les forces d’opposition sont déterminées à remporter le scrutin, leurs divisions pourraient profiter à la majorité présidentielle.
«
C
’est fini. Nous avons perdu la présidentielle. Il faut maintenant préparer l’avenir », affirme Mesmin Ngabikoumou Wada, 40 ans, qui vient d’entrer en politique. Encarté chez Les Démocrates, parti récemment créé par Guy Nzouba-Ndama (lire interview ci-contre), il envisage, avec d’autres, de se portercandidat auxlégislatives. Sespropos traduisent l’état d’esprit qui règne au sein de la coalition qui a soutenu Jean Ping, le « candidat unique » de l’opposition. Ngabikoumou et son mentor, Nzouba – un ex-président de l’Assemblée nationale qui a démissionné du perchoir pour se présenter à la présidentielle avant de se désister –, se sont éloignés de la ligne imposée par Ping depuis que ce dernier a estimé que l’élection lui avait été volée. Il refuse toujours de reconnaître la victoire d’Ali Bongo Ondimba (ABO) et ne participera aux législatives qu’à la condition qu’elles soient organisées par ses soins, après le départ d’ABO. Les Démocrates ne sont pas les seuls à contester l’intransigeance de Ping. Casimir Oyé Mba prend également le large. Lui qui s’était désisté à
quelques semaines du scrutin pour soutenir Jean Ping a organisé une conférence de presse le 26 mai dernier pour rappeler toutes les parties à leurs devoirs. « C’est à [ABO et Jean Ping] de prononcer les mots, de faire les gestes, de poser les actes qui
exigences du moment. Ils doivent l’un et l’autre faire des sacrifices pour sortir le Gabon de l’impasse », a exhorté l’ancien Premier ministre. Dans la salle, Moukagni Iwangou, Paulette Missambo, François Ondo Edou et quelques autres poids lourds de l’opposition sont venus en renfort. La coalition est proche de La coalition est proche l’implosion, et la décomposition de l’explosion, tandis que des partis traditionnels s’accélère. la décomposition des partis traditionnels s’accélère. À l’image de l’Union nationale enclencherontdanslesespritsleprocessus (UN) de Zacharie Myboto, secouée par de l’apaisement et de la sortie de crise. Ils les départs successifs de ses cadres et doivent pour cela fermer leurs oreilles aux militants. Dernière démission en date, incitations de leurs “faucons” respectifs. celle de Mike Jocktane, quatrième viceIls doivent dépasser leur propre personne président du parti, qui a décidé, contre pour s’élever et se hisser au niveau des
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l’avis des instances de sa famille politique, de prendre part au dialogue politique convoqué par ABO. Cet ex-lieutenant d’André Mba Obame a claqué la porte avant la tenue du conseil de discipline convoqué pour statuer sur son cas. Avant lui, Estelle Ondo avait déjà été exclue par cet organe couperet. On reproche à celle qui était alors l’une des vice-présidentes du parti d’avoir accepté d’entrer au gouvernement formé par Emmanuel Issoze-Ngondet au lendemain de la présidentielle. La ministre de l’Économie forestière, de la Pêche et de l’Environnement a attaqué la délibération au tribunal, non pas pour conserver sa carte de membre mais pour mettre en évidence le caractère « rétrograde » de ses dirigeants. En attendant l’issue de la procédure, elle réfléchit à créer un nouveau parti politique avec Mike Jocktane. Mais le temps presse, d’autant que ce dernier envisage de se présenter aux législatives dans le 2e arrondissement de Port-Gentil. Ceux qui restent au sein de l’UN n’ont pas moins l’intention de participer au scrutin, quitte à s’attirer les foudres de l’ex-cacique du parti au pouvoir, devenu l’un des partisans les plus radicaux de la ligne dure imposée par Jean Ping. IRRÉVERSIBLE. Quant à l’autre grand parti
d’opposition, l’Union du peuple gabonais (UPG), sa partition semble irréversible. Patron de la tendance « légaliste », arrivé en troisième position avec 0,53 % des suffrages exprimés ors de la présidentielle, Bruno Ben Moubamba a été bombardé par ABO vice-Premier ministre en charge de l’Urbanisme, de l’Habitat social et du Logement. Fort de cette légitimité « décrétale », il a opéré, le 15 octobre dernier, la mutation de « son » UPG, désormais désignée Alliance pour le changement et le renouveau (ACR). En revanche, Moukagni Iwangou, lui, est plus que jamais « upégiste », désormais seul héritier du sigle. Les deux formations politiques devraient se livrer une lutte sans merci pour le contrôle de l’électorat fidèle à la mémoire de Pierre Mamboundou, le fondateur de l’UPG, décédé en 2011. De nombreux partis devraient donc participer à ces élections. Alliances éphémères et naissance de nouvelles formations annoncent une recomposition du paysage politique en fonction du poids des uns et des autres au sein de la nouvelle Assemblée nationale. GEORGES DOUGUELI JEUNE AFRIQUE
VINCENT FOURNIER/JA
Second souffle
Le 16 juin, à Paris.
Guy Nzouba-Ndama « Il faut savoir discuter avec son adversaire » Fidèle à son bagage philosophique, cette figure incontournable de l’opposition décrypte les récents événements et les enjeux des prochaines échéances électorales.
A
ncien du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), candidat à la présidentielle puis rallié à Jean Ping en 2016, Guy Nzouba‑Ndama, 70 ans, a repris ces derniers mois un peu de distance avec l’ancien président de la Commission de l’Union africaine. Certes, il a refusé, comme lui, de participer au dialogue national voulu par Ali Bongo Ondimba. Mais il n’en a pas moins lancé son propre parti, Les Démocrates, espérant donner une nouvelle impulsion à l’opposition dans l’optique des législatives.
simple: il a gagné la présidentielle dans les urnes. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut pousser Ali Bongo Ondimba à accepter de sortir par la grande porte et de se séparer d’une cour qui le berce d’illusions sur sa popularité. Bien sûr, nous avons aussi nos divergences, notamment lorsque Jean Ping dit qu’il ne discutera jamais avec le camp d’Ali Bongo Ondimba. Je considère pour ma part que, même s’il y a des conditions à poser, on ne peut pas faire de politique sans accepter de discuter avec son adversaire.
JEUNE AFRIQUE : Beaucoup qualifient la stratégie de Jean Ping de radicale. Ont-ils raison ? GUY NZOUBA-NDAMA : Je ne sais
Pourtant, contrairement à certaines personnalités de l’opposition et à la société civile, vous avez refusé de prendre part au dialogue national. Pourquoi ?
pourquoi on la qualifie de radicale. Autour de Jean Ping s’est constituée une galaxie qui repose sur un principe
Car on ne peut pas non plus dissocier la politique de la morale. Je
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Le Plus de JA Gabon considère qu’il y a eu une faute morale de la part du président et du gouvernement, qui n’ont pas pris la mesure de la violence meurtrière qui a suivi l’élection de 2016. Par respect pour les familles endeuillées, je ne pouvais pas aller à ce dialogue. D’ailleurs, il n’y a pas réellement eu de discussions entre le pouvoir et la galaxie autour de Jean Ping. En son temps, Omar Bongo Ondimba avait envoyé des émissaires auprès de ses opposants pour obtenir « la paix des braves ». De son côté, ABO a choisi de se comporter en prince et a dit : « J’ai gagné. Venez me reconnaître. » Beaucoup y sont allés pour l’argent et non pour l’intérêt général. Selon vous, ce dialogue est donc un écran de fumée ?
Je n’irai pas jusque-là. Il faut attendre de voir ce qu’il en sortira. Mais le président avait-il besoin d’organiser un dialogue pour lancer des réformes constitutionnelles ? Non. Il pouvait le faire avec sa majorité à l’Assemblée nationale et montrer qu’il avait compris les aspirations des Gabonais pour des élections à deux tours, une limitation de mandats présidentiels… Cela aurait coûté moins d’argent. Quelle est votre position sur le débat entre le quinquennat et le septennat ainsi que sur la limitation des mandats?
Il faut éviter le mimétisme avec les pays développés. Dans le cas du Gabon,
je ne crois pas que cinq ans suffisent, si l’on considère le temps d’adaptation et l’éventuelle préparation à une réélection. Ne suivons pas l’effet de mode, ou nous aurons des États constamment en ébullition électorale. Un septennat me paraît plus approprié, renouvelable une seule fois. Mais il faut aussi comprendre que le problème ne réside pas uniquement dans la loi, mais également dans les hommes. Dès lors qu’on aura une forme de privatisation du pouvoir, le problème restera entier.
lancer mon parti pour recommencer à travailler sur la conscience des Gabonais et tenter de leur redonner confiance en leur bulletin de vote. Est-ce un parti fondé pour aller aux législatives ?
Nous devons participer à la vie politique et donc aux élections. Mon parti a donc la volonté d’aller aux législatives, dans le plus de circonscriptions possible, à partir du moment où on ne nous dira pas qu’elles auront lieu dans dix-huit mois ou dans deux ans. Nous ne pouvons pas
Il est important d’éviter le mimétisme avec les pays développés. Vous avez lancé récemment votre parti, Les Démocrates. Est-ce un signe de dissension par rapport à Jean Ping ?
Non, l’opposition n’est pas un parti unique. Depuis la fin du processus électoral, tout est figé. On ne fait plus de politique, et quiconque aspire à diriger ce pays ne peut l’accepter. Nous n’avons jamais vécu une telle situation économique, qui est le résultat de la mauvaise gestion d’Ali Bongo Ondimba. Cela n’est pas dû à la baisse des cours du pétrole. Bien avant, tous les chantiers étaient à l’arrêt. Il faut que la politique reprenne ses droits, pour le vivre-ensemble. J’ai voulu
fonctionner avec une assemblée illégitime et devons donc tenir ces élections en 2017, sans céder à certains dans la majorité qui ne voudraient pas les organiser par peur de les perdre. Certaines voix autour de Jean Ping parlent d’un boycott.
Ce serait pour moi une erreur. Nous n’avons pas vocation à passer notre vie dans l’opposition. Et si Jean Ping appelait au boycott ?
Je ne le suivrais pas.
Propos recueillis à Libreville par MATHIEU OLIVIER
CONTRE BONGO, LES MARCHEURS DU TROCADÉRO
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ous les samedis, ils convergent vers le parvis des Droits-del’Homme, sur la place parisienne du Trocadéro, d’où part leur marche contre le pouvoir gabonais. À l’exemple du carrefour Rio, haut lieu historique des manifestations de l’opposition à Libreville, le Trocadéro est devenu le rendez-vous des contempteurs d’Ali Bongo Ondimba. Ils se rassemblent vêtus et grimés aux couleurs du drapeau national, chantent N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
des slogans hostiles au régime dans un joyeux désordre, avant de s’ébranler vers l’ambassade de leur pays jouxtant le parc du Ranelagh, à quelques encablures de là. Avec une persévérance remarquable, les activistes de la diaspora manifestent depuis plus de neuf mois. Ils cèdent parfois à la violence, poursuivent à l’occasion l’ambassadeur lorsque ce dernier a le malheur de croiser leur chemin, harcèlent les ministres et les directeurs
généraux de passage en France… Les militants de la communauté gabonaise de France essaient également de mettre la pression sur les autorités françaises. Le 21 septembre dernier, ils s’étaient invités dans la campagne pour la primaire de la droite et du centre, perturbant le meeting de Nicolas Sarkozy à Marcqen‑Barœul (Nord). L’esplanade du Trocadéro est aussi un lieu de légitimation des leaders de la majorité ou
de l’opposition séjournant dans la capitale française. En avril dernier, Bruno Ben Moubamba, opposant récemment rallié à la majorité, est venu y prôner l’apaisement, rappelant devant un maigre public qu’« il n’y aura au Gabon ni vainqueur ni vaincu ». Jean Ping y est accueilli en « président élu », tandis que la relève ambitieuse, à l’instar d’Alexandre Barro Chambrier, vient y soigner son image dans la perspective des prochaines échéances. G.D. JEUNE AFRIQUE
GABON TELECOM, LʼOPÉRATEUR DE L’INTERNET TRÈS HAUT DÉBIT AU GABON Gabon Telecom matérialise son ambition de promotion de l’Internet très haut débit en développant 3 axes principaux : Elargissement de notre connectivité à l’internationale : Augmentation de la bande passante de 3.5 Gbps en 2012 pour atteindre 60 Gbps en 2017. Migration de l’infrastructure internet vers un réseau Full IP : Extension de la capacité Backbone IPMPLS, lancement de la 4G+, lancement de la technologie FTTH et déploiement en masse de la fibre optique. Politique d’investissements soutenus : 75 Milliards de Francs CFA sur les 3 dernières années.
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Gabon Le Plus de JA DÉCRYPTAGE Alain Faujas
Sur le fil du rasoir
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doit être contenu à 4,6 % du PIB dès cette année, e Fonds monétaire international (FMI) a et un déficit du compte courant réduit à 3 % du approuvé, lundi 19 juin, un prêt pour la période 2017-2020 de 642 millions de dollars (573 milPIB, contre 10 % aujourd’hui. La dette devra revenir de 64 % à 50 % du PIB en cinq ans. lions d’euros) au Gabon. Il était temps : le prix Pour cela, des économies sont indispensables. du pétrole a reculé de plus de 15 % en un mois. En matière de recettes, les exonérations fiscales Si Libreville a été obligé, toute honte bue, de seront revues. En matière de dépenses, de nomsouscrire pour la première fois un plan de sauvetage breux efforts sont programmés dans la loi de auprès du Fonds, c’est que la crise était devenue finances rectificative 2017 en cours d’adoption. insupportable. Une croissance en berne (+ 4,4 % en Les investissements publics, diminués des deux 2014, mais + 2,1 % en 2016, selon le FMI), des soldes budgétaires qui ont viré au rouge (+ 2,3 % en 2014, tiers depuis 2013, feront l’objet d’une surveillance mais – 6,6 % en 2016), une dette publique qui a accrue et d’une analyse coûts-bénéfices systémadoublé (33 % du PIB en 2014, mais 64 % en 2016), tique pour les projets supérieurs à 20 milliards des réserves de change tombées en trois ans de de F CFA. 5,3 mois d’importations à 1,4 mois… La situation exigeait de vigoureusement redresser la barre. La masse salariale de la fonction publique sera « L’effondrement des recettes budgétaires en réduite de 0,5 % du PIB (environ 70 millions de provenance du pétrole et du manganèse, qui reprédollars) sans réduction d’effectifs: le gouvernement sentent la moitié des recettes de l’État, a provoqué jouera sur les 1 200 départs à la retraite prévus à l’horizon 2020, qu’il compensera par l’embauche d’importantes difficultés dans la trésorerie publique », de débutants moins payés. Les promotions ne explique Yves Picard, directeur au Gabon de l’Agence française de développement (AFD). Le FMI n’a pas préconisé une médication sévère, « Il n’y avait plus rien dans car le Gabon doit servir d’exemple à la Cemac. les caisses, et les grèves se sont multipliées dans les seront plus automatiques, mais fondées sur le douanes, les impôts ou la justice, poursuit-il. Les investisseurs ne viennent plus. La Banque africaine mérite, et l’attribution de bourses pour les étudiants de développement (BAD) a fourni 200 millions poursuivant des études à l’étranger connaîtra le d’euros et doit en apporter 300 millions d’ici à la fin même sort. de l’année, mais l’accord avec le FMI était indispenLa lancinante question des quelque 800 milliards sable. Cet accord lui donne trois ans de répit pour de F CFA d’arriérés de paiement de l’État sera réglée de la façon suivante : le gouvernement attendre une remontée des cours du pétrole et pour s’engage à apurer dès 2017 les 165 milliards de ne pas réduire brutalement les déficits. » dette extérieure, et le paiement des 638 milliards de dette intérieure sera, lui, étalé sur quatre ans. « Le Gabon ne vit pas une crise de solvabilité, et Les fournisseurs de l’État peuvent espérer touil n’y a pas de risque de défaut imminent, souligne cher d’ici à la fin de 2018 les 250 milliards qui leur Stéphane Colliac, économiste senior Afrique chez sont dus par le Trésor, et tout le secteur privé Euler Hermes. Mais la crise de liquidités oblige la devrait être remboursé de 348 milliards d’avance Banque centrale à mettre en place un contrôle des de TVA en quatre ans. capitaux sans le dire ; les entreprises ont beaucoup de mal à se faire payer par l’État et à obtenir des Apparemment, le FMI n’a pas préconisé une devises. D’autre part, la crise politique a entamé la médication sévère, car le Gabon doit servir d’exemple aux cinq autres pays de la Cemac qui réputation du pays. Il fallait donc le FMI, son argent mais aussi son assistance technique pour ajuster connaissent les mêmes difficultés. Reste à savoir le budget. » comment le gouvernement « vendra » ce plan de Le programme arrêté avec le Fonds prévoit, en sauvetage à sa population et comment celle-ci 2020, une disparition du déficit budgétaire, qui – notamment les fonctionnaires – réagira…
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Le Plus de JA Gabon TRANSFORMATION
Touchons du bois La filière bénéficie des réformes engagées en 2010, mais l’État et les industriels ont encore du pain sur la planche pour atteindre les objectifs fixés, qui sont aussi ambitieux que le pays est vert.
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égis Immongault, ministre de l’Économie, de la Prospective et de la Programmation du développement, est catégo‑ rique : il faut se féliciter des mesures mises en œuvre depuis 2010 en vue de l’industrialisation de la filière bois. Selon les chiffres de son ministère, le produit intérieur brut de l’industrie forestière et le nombre d’emplois directs ont déjà augmenté, notamment du fait de l’inter‑ diction d’exportation des grumes en 2010. Alors que la mesure avait été accueillie plus que froidement en 2010, les indus‑ triels étant alors incapables de trans‑ former le bois au Gabon, la filière est aujourd’hui en bonne santé. Elle est le deuxième pourvoyeur d’emplois dans le pays, en particulier chez les jeunes, derrière la fonction publique. « Sa partici‑ pation au PIB retrouve son niveau d’avant la crise internationale de 2009‑2010, et le nombre d’emplois y a doublé », explique Sylvie Dossou, représentante de la Banque mondiale au Gabon. Le pays a donc en partie remporté son pari. Et l’efficacité est au rendezvous : alors que l’industrie forestière consommait entre 1,2 et 1,5 million de mètres cubes de grumes par an avant N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
Turquie ». Le pays compte pourtant plus de 400 essences d’arbre, dont l’okoumé, un bois utilisé dans la fabrication du contreplaqué et qui représente 25 % des ressources forestières du Gabon. « De nombreux défis restent à surmon‑ ter », reconnaît le ministre de l’Économie. Formation du personnel, renouvelle‑ ment des équipements, soutien aux opérateurs de la filière via de nouvelles zones économiques spéciales (ZES)… les chantiers sont nombreux, tout comme les attentes. « La ZES de Nkok [construite par l’État et le groupe Olam à partir de 2010 à 25 km de Libreville] est une réussite, mais elle doit encore servir d’exemple pour l’incitation des entreprises et la création d’usines de transformation et d’emplois qualifiés », explique un industriel.
THREE LAYER. La Banque mondiale a d’ores et déjà prévu un programme d’aide d’un peu plus de 90 millions de dollars (80 millions d’euros) sur dix ans. La ministre de l’Économie forestière, Estelle Fabrication de contreplaqué Ondo, a inauguré en février une unité dans une usine du français de transformation d’un genre nouveau, Rougier, à Owendo. baptisée Three Layer, au sein du com‑ plexe industriel Rain Forest Management (RFM) de Mbomao, dans le département 2010, elle peut en transformer au moins 2,5 millions en 2017. de la Lopé. Cette unité repose sur un Tous les voyants ne sont cependant concept d’assemblage de trois bois en un seul, en vue de mieux rentabiliser la pas au vert. D’abord, les recettes fiscales directes et indirectes, ressource et de réduire le taux de déchets du bois notamment en taxes à l’exportation, se seraient ainsi que son rendement. Une filière « Cette technologie effondrées, jusqu’à 80 % en bonne voie participe à la formation de baisse dans le sec‑ Émissions de gaz à effet de des jeunes Gabonais », teur entre 2008 et 2014, serre évitées depuis 2010 : se réjouissait alors la pour les plus pessimistes. ministre, en prévoyant Ensuite, « le temps d’adap‑ millions un partenariat avec tation des entreprises a de tonnes de CO2 l’École nationale des provoqué licenciements et exode rural dans cer‑ eaux et forêts. Des usines Évolution du volume de grumes transformées taines régions », confie similaires devraient s’ou‑ localement entre un professionnel. vrir dans le Woleu-Ntem 2006 et 2017 : et la Ngounié. Avec une D É B O U C H É S. Enfin, superficie forestière de « il aurait fallu créer des 22 millions d’hectares débouchés nationaux dont plus de la moitié est Évolution du nombre pour les produits trans‑ exploitable, le Gabon ne de personnes employées manque pas de poten‑ formés, explique l’analyste entre 2009 et 2017 : gabonais Mays Mouissi. tiel. L’objectif de la filière bois est de contribuer à Au lieu de cela, pour l’un des rares programmes 10 % du PIB, soit plus du immobilierslancés,legou‑ triple de ce qu’elle repré‑ Objectif : vernement a préféré des sente actuellement. logements dont les maté‑ MATHIEU OLIVIER, du PIB riaux ont été importés de envoyé spécial
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Le Plus de JA Gabon DÉCOUVERTE
L’appel de la forêt Dans les environs de Libreville se niche un parc spectaculaire, véritable emblème de la politique environnementale du pays. Bienvenue à l’arboretum Raponda-Walker.
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n y cherche le silence. Loin du tintamarre de la capitale. Loin des cris de la foule agglutinée sur les plages du rivage librevillois. Ici, la nature n’a pas encore totalement cédé ses droits. Le chant des oiseaux n’a pas été remplacé par le concert des klaxons, et les sifflements ne sont pas ceux de policiers en uniforme. Nous ne sommes pourtant qu’à une trentaine de minutes de voiture du centre de Libreville et de ses 850 000 habitants. En bordure de la route nationale s’étend l’arboretum Raponda-Walker, un espace forestier protégé où l’Agence nationale de la préservation de la nature a choisi de
tracer plusieurs sentiers de découverte de la faune locale, dans le bien nommé Bois des géants. « C’est un lieu idéal pour développer des activités de sensibilisation et d’éducation environnementale sur le thème de la forêt tropicale humide », explique la Fondation Nicolas Hulot, du nom du désormais ministre français de la Transition écologique et ancien représentant spécial de la présidence pour la protection de la nature. Créé en octobre 2011 sur décision du Conseil des ministres dans le cadre du projet « Arc émeraude » de Libreville (lire encadré), ayant pour objet la conservation
POUR UN ÉVEIL À LA NATURE
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rois aires protégées ont vu le jour dans la périphérie de la capitale: le parc national d’Akanda, celui de Pongara et l’arboretum RapondaWalker. Elles font toutes trois partie de la politique de conservation des ressources naturelles et de développement de l’écotourisme du Gabon, où 13 parcs nationaux ont été créés, couvrant plus de 10 % du territoire. Elles ont pour premiers objectifs d’être un rempart contre l’activité
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humaine, notamment via l’industrie du bois ou le braconnage, et de permettre au pays d’accueillir jusqu’à 100000 touristes par an à l’horizon 2020. Mais elles visent également à améliorer la connaissance et l’appropriation par la population des valeurs associées à leurs écosystèmes forestiers. Le projet « Arc émeraude », financé à 75 % par l’Agence française de
Tortue luth sur une plage du parc national d’Akanda.
développement (AFD) sous la forme d’un accord de conversion de dettes de 11 millions d’euros, participe de cette dernière volonté et a pour mission « de pérenniser les parcs nationaux en les installant dans le cœur des gens », expliquait Mathieu Ducrocq, assistant technique du programme, lors de son lancement. Sans surprise, ce sont donc les groupes scolaires qui devraient constituer le socle des visiteurs des sentiers de la découverte, dont le prochain permettra de se promener au cœur de la canopée de l’arboretum Raponda‑Walker. Une prime à la jeunesse pour éveiller la conscience écologique des futurs citoyens gabonais. M.O.
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et la valorisation à long terme des parcs nationaux et des écosystèmes forestiers qui ceinturent la capitale, le RapondaWalker est un symbole de la biodiversité gabonaise: exceptionnelle mais menacée. Sous la pression humaine matérialisée par l’extraction du sable, de la latérite, l’exploitation du bois, l’occupation illégale des parcelles et la chasse, la forêt de la Mondah, où se trouve aujourd’hui le parc, a en effet progressivement disparu. Sa superficie ne serait aujourd’hui plus que de 2 000 ha, quand elle en comptait 50 000 voici soixante ans. CATHÉDRALE. Quelque 39 espèces
endémiques, dont des épiphytes, qui poussent en se servant d’autres plantes comme support, y subsistent pourtant. Elles résistent encore et toujours à l’envahisseur, tout comme ce fromager de 60 m de hauteur, véritable roi de ce monde vert placé sous le patronage d’André Raponda-Walker, grand humaniste et écrivain, premier Gabonais à avoir été ordonné prêtre et qui, jusqu’à son décès en 1968 à l’âge de 97 ans, étudia la flore de son pays. On pénètre dans l’aire protégée comme dans une cathédrale, sur la pointe des pieds, en retenant quelque peu son souffle. Laissant le bruit, la lumière aveuglante et la chaleur d’un soleil de milieu de matinée derrière soi, on franchit alors les quelques mètres qui nous séparent d’une majestueuse nef au vert flamboyant, avec l’ambition de s’y fondre. À mesure que les souvenirs des quelques voitures s’estompent, ce sont les piliers de la terre, les ozigos, les okoumés, dont les troncs peuvent faire plusieurs mètres de diamètre, qui reprennent leurs droits. On s’attend à croiser une famille de chimpanzés y cassant paisiblement la croûte et on prête l’oreille, ravi, à l’accueil des oiseaux forestiers, tout en choisissant son parcours : bleu, rouge ou vert. SECRETS. Étrangement, ce dernier, le plus long, qui s’étend sur un peu moins de 5 km, est le plus difficile. Souvent escarpé, parfois glissant et boueux, il s’enfonce au cœur de la forêt équatoriale côtière tout en essayant d’en respecter l’intégrité grâce à quelques poubelles disséminées sur le parcours. À l’entrée des lieux, trois écogardes installés dans une cabane en bois au bord de la route d’accès y veillent également. Ce sont JEUNE AFRIQUE
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ARTER ARCHITECTS
Second souffle
PHOTO BY WARRIORWRITER
Au cœur du bois où s’étendra bientôt le Sentier des géants.
eux qui balisent les sentiers et s’assurent qu’ils sont praticables et préservés. Ils accompagnentparfoismêmedesgroupes, comme cette famille venue de Libreville en ce samedi matin. À l’instar de ce groupe d’amis expatriés, dont un couple et sa petite fille, elle souhaite découvrir quelques secrets relatifs aux multiples espèces végétales et animales, et ne goûte que peu les plages bondées de la capitale. La chaleur peutêtre. Le bruit et la foule sans doute. Le besoin de s’évader assurément. La piste verte est donc plus ardue qu’on ne l’imagine. Cours d’eau, troncs JEUNE AFRIQUE
renversés à escalader, mieux vaut être ingambe si l’on veut pouvoir admirer la canopée, où s’étendra bientôt le Sentier des géants. Prévu en 2018, celui-ci a été imaginé par une société française, Biotope, qui dispose déjà de nombreux bureaux en Afrique. PATRIMOINE. Avec une piste construite sur caillebotis et un chemin aérien suspendu dans la canopée, il « constituera un remarquable support pédagogique pour communiquer, notamment auprès des enfants, sur la politique actuelle de protection et de conservation du pays, sur
la richesse du patrimoine qu’abrite cette forêt et sur les menaces qui pèsent sur elle », explique Julien Cordier, directeur Afrique de la société Biotope. Serpentant sous et dans ces arbres, dont certains font une quarantaine de mètres de hauteur, tout en instruisant les promeneurs, il « permettra au visiteur de percevoir la forêt du point de vue d’un oiseau […] à travers une approche multisensorielle », ajoute-t‑il. Les panneaux explicatifs et les douze stations d’interprétation sur la faune et la flore sont d’ailleurs déjà en partie en cours de réalisation. « L’idée est de proposer quelque chose de ludique aux visiteurs, facile d’accès, notamment pour les familles », explique l’un des concepteurs du projet. En effet, les sentiers existants ne regorgent pas d’informations, hormis quelques écriteaux indiquant l’espèce de tel ou tel arbre. Le visiteur est davantage un randonneur qu’un simple curieux avide de parfaire ses connaissances sur la canopée. Au pas de charge et avec un bon équilibre, le chemin vert se laisse finalement avaler en un peu moins d’une heure, sans profiter des sentiers descendant vers les plages désertes. Certains préféreront toutefois prendre leur temps, flâner, observer, écouter, voire se prélasser sur les quelques plages accessibles par layons, là où le bleu de l’Atlantique rejoint l’émeraude de la forêt. Il leur faudra ensuite reprendre la route de Libreville, sans nul doute apaisés mais surtout plus riches et conscients des trésors infinis que recèle la nature gabonaise. MATHIEU OLIVIER N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
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LIBREVILLE EN ROUTE VERS LA SMART CITY
Initiée par la République Gabonaise, dans le cadre du Schéma National des Infrastructures en 2012, le Projet de la Baie des Rois est un ambitieux projet de renouvellement urbain de 4O Ha du front de mer de Libreville. Construit sur des remblais de sable gagnés sur l’estuaire, en plein cœur de la capitale gabonaise, le projet est porté depuis 2015 par la société d’aménagement FMCT, filiale du FGIS.
Les travaux continuent
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ntre les eaux douces du fleuve Komo et l’immensité de l’Océan Atlantique, le chantier de la Baie des Rois avance. Les travaux de terrassement maritimes sont terminés sur la zone Nord du projet. On aperçoit sans peine, depuis la barricade, les 10 Ha de terrains prêts-a-bâtir de la
zone Nord du projet. Aujourd’hui en plein processus de réception et de contrôle des travaux, la société FMCT va enclencher, dans les prochaines semaines, les travaux de viabilisation ainsi que la commercialisation des premières parcelles.
Quartier durable et connecté
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atrimoines historiques et environnementaux d’exception, aménagements urbains de qualité, zones de loisir, prise en compte des problématiques sociales et environnementales… Le nouveau quartier de Libreville sera une véritable Smart City.
« La Baie des Rois a été conçue pour répondre aux nouvelles problématiques urbaines, technologiques et environnementales » explique Emmanuel EDANE, Directeur Général de FMCT.
matique. L’objectif est de faire de Libreville un hub régional et international participant au développement économique et à la création d’emplois. Ses 360 000 m2 de bâtiments en bord de mer en feront l’un des plus grands centres d’affaires de la sous-région répondant aux standards internationaux. Une gamme diversifiée de logements et de commerces y seront mis en place. Parc hôtelier, Mall commercial et Tours de bureaux sont quelques uns des produits phares qui seront développés par des promoteurs immobiliers sur le Projet. Rien n’est laissé au hasard pour attirer les investisseurs et permettre aux entreprises de s’implanter tout en améliorant la qualité de vie des Librevillois.
Première phase de la rénovation de Libreville, La Baie des Rois est un projet emblé-
B.P. : 879 LIBREVILLE • Tél : +241 01 76 39 84 • Mail : contact@fmct-gabon.com • www.fmct-gabon.com
Emmanuel EDANE, Directeur Général de FMCT
Le Plus de JA Gabon TENDANCE
Docteur en sapologie Ex-Miss Gabon et Miss Cemac, Maggaly Nguema est devenue créatrice et femme d’affaires. En 2016, elle a lancé sa marque, Yélé, et ses premières collections font fureur.
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on père la voulait docteur d’unicréateurs et des défilés. Maggaly décide versité, comme lui. Il aurait donc de poursuivre son rêve. aimé être un « docteur, père de docteur ». Mais, parfois, si BLACK BARBIE. Depuis qu’elle est adola pomme ne tombe pas forcément loin lescente, la jeune fille dessine. D’abord de l’arbre, elle s’évertue tout de même à des personnages, puis, plus tard, des rouler loin du tronc. Maggaly Nguema accessoires et des vêtements. Elle a même est de celles-là. Bonne élève au collège appris quelques rudiments de couture et au lycée, elle obtient le baccalauréat sur la machine de sa grand-mère. Sa voie à 17 ans. est donc toute trouvée : elle décide de lancer sa marque et de faire fructifier ses Elle se lance ensuite dans une licence de sciences du langage. Le paternel y contacts dans le monde de la mode. Elle la croit donc encore. Mais sa fille le sait baptise d’abord Black Barbie, son surnom déjà : elle n’a pas particulièrement le goût des études. Certes, elle ne La styliste déteste pas apprendre, au milieu de ses créations. mais elle ne collectionne pas les diplômes. Et la jeune fille se laisse surtout convaincre par des amies de se lancer dans d’autres concours, ceux de beauté. Candidate au titre de Miss Gabon 2014, sans véritablement d’ambitions, elle se prend au jeu. Tant et si bien qu’au soir de l’élection, le 30 novembre 2013, elle occupe la première place du podium, décrochant la fameuse écharpe. « L’un de [ses] plus beaux souvenirs », affirme-t-elle aujourd’hui. La voilà partie pour un an de tournée, d’actions caritatives (elle choisira de sensibiliser à la maladie de la lèpre) en défilés de mode. En novembre 2014, elle est même élue, en Pologne, deuxième dauphine de Miss Supranational, l’un des nombreux concours de beauté intercontinentaux, avec Miss Univers ou Miss Monde. Difficile, dès lors, d’accepter de revenir à une vie « normale » après avoir côtoyé l’univers des N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
lorsqu’elle était plus jeune, puis opte pour Yélé, terme qui désigne une jeune femme persévérante et respectée, en langue kota. « Cela correspond à ce que je veux que la marque représente », expliquet-elle. Et d’ajouter : « En plus, Black Barbie n’aurait pas vraiment convenu à des vêtements mixtes. Je ne suis pas sûre que des hommes auraient accepté de la porter ! » Avec sept couturiers au Gabon et au Cameroun, Maggaly dessine et confectionne sa première collection : chemises, robes ou simples accessoires, mélangeant influences européennes et matières africaines. CLIPS. « Je voulais une marque moderne,
pas seulement étiquetée gabonaise ou africaine », détaille l’ancienne Miss. Elle la vend aujourd’hui en ligne sur internet, au rythme de quelques dizaines d’articles par mois, et l’expose dans un magasin partenaire de Libreville, tout en espérant ouvrir prochainement sa propre boutique. « L’idéal serait quelque chose dans le centre commercial Mbolo. Dès que l’on peut avoir un stand et exposer, on multiplie facilement nos ventes », assure-t-elle. Autre piste : le monde de la musique, puisqu’elle a récemment dessiné un ensemble pour le rappeur Amenem (lire p. 80), qui le porte dans l’un de ses derniers clips. L’objectif est désormais d’organiser des défilés, de conquérir les prochaines Miss Gabon, d’ouvrir son magasin et de lancer sa marque à l’international, via les grands hôtels de Libreville ou directement en Europe, avec la diaspora. Certes, sa famille est encore dubitative, mais la jeune ambitieuse ne manque pas de soutiens. Avec ses six frères et sœurs derrière elle, et l’avenir qui lui tend les bras, l’ex-Black Barbie de l’Estuaire a largement de quoi rêver, encore, tout en gardant les pieds sur les podiums. DAVID IGNASZEWSKI POUR JA
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MATHIEU OLIVIER JEUNE AFRIQUE
COMMUNIQUÉ
Signature de l’accord de partenariat avec Zarubezhneft JSC en présence du Ministre du Pétrole et des Hydrocarbures.
La société publique Gabon Oil Company se restructure et accroit ses prérogatives pour mieux remplir ses missions, dans le secteur pétrolier, au service des Gabonais. La Société nationale des hydrocarbures du Gabon, plus connue sous le nom de Gabon Oil Company (GOC), opère une mue profonde pour garantir la pérennité de ses activités. Objectif à moyen terme, sous l’égide de M. Arnauld Calixte Engandji-Alandji, nommé en janvier 2016 à sa tête : devenir une entreprise performante à même de rivaliser, mais aussi de s’associer, dans tous les domaines du secteur pétrolier, avec les plus grandes Majors.
Nous visons une optimisation du portefeuille de l’État dans le secteur pétrolier avec la mise en place d’un département d’audit interne et l’autonomisation du département HSE, et sur les finances, avec la renégociation des contrats et la diminution de la masse salariale et des frais de fonctionnement. L’entreprise a également lancé les activités de sa filiale Gabon Oil Marketing en septembre dernier, une entité spécialisée dans la commercialisation des produits pétroliers. À plus long terme, GOC repense sa stratégie avec en vue la signature de partenariats stratégiques, l’amélioration de ses ressources et la capacité à se projeter sur des opérations complexes.
GOC est désormais en charge des participations de l’État dans le pétrole gabonais. Comment ce processus se déroule-t-il ? En créant en 2011 la Société Nationale des Hydrocarbures du Gabon, le souhait des autorités était de renforcer le rôle de l’État dans les hydrocarbures. Au titre de l’article 28 du Code des hydrocarbures, la SNHG est d’ailleurs chargée de promouvoir et défendre ses intérêts, conformément au Plan Stratégique Gabon Émergent. Dans un soucis d’efficacité, les autorités ont décidé du transfert à GOC de toutes les participations de l’État dans le capital social des entreprises pétrolières ainsi que ses parts dans les différents permis pétroliers. Ce nouveau rôle nous permettra d’assurer un meilleur contrôle des dépenses, des investissements et des coûts de fonctionnement. À terme, nous visons une nette diminution des coûts de production au Gabon, ainsi qu’une optimisation de la gestion du portefeuille des actions de l’État dans le secteur pétrolier.
Plusieurs partenariats ont déjà été signés avec des entités internationales… GOC est devenu en 2012 opérateur du champ pétrolier de la Remboué, dont les réserves sont estimées à environ sept millions de barils. Mais du fait de la complexité de son exploitation et de la morosité des cours de l’or noir, nous avons suspendu son développement, devenu trop couteux. Afin que cette ressource puisse être exploitée sans peser sur GOC, nous avons signé en mars 2017 un accord préalable pour la cession de
Vue des installations de la Remboué.
1586 avenue Paul Moukambi B.P. 635 - Libreville, Gabon - Tél. : +241 01 48 41 00 - contact@gabonoil.com
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR SAUF MENTION.
ARNAULD CALIXTE ENGANDJI-ALANDJI : La restructuration a déjà donné un nouvel élan à la compagnie. On observe un changement dans l’état d’esprit des employés et dans les relations que GOC entretient avec ses partenaires, institutionnels comme privés. Cette restructuration a porté sur l’organisation,
nos participations avec Touchstone Oil & Gas, pour un montant de 23 millions de dollars américain, une société canadienne spécialisée dans les activités amont qui cumule 150 ans d’expérience dans le pétrole et le gaz en Afrique subsaharienne. Lors du Forum Economique International de St Pétersbourg, qui s’est tenu du 1er au 3 juin 2017, nous avons signé, en présence de S.E. Monsieur Pascal HOUANGNI AMBOUROUE, Ministre du Pétrole et des Hydrocarbures, un Memorandum of Understanding (MOU) avec l’entreprise Zarubezhneft JSC pour réaliser conjointement des projets pétrolier et gazier au Gabon.
© JEAN NOEL LANTHIEZ
Quelles étapes ont été franchies et lesquelles restent à réaliser dans le cadre de la restructuration de GOC ?
Le Plus de JA Gabon
L’artiste fait déjà le buzz en Afrique de l’Ouest.
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Petit frère deviendra grand Étoile montante de la scène hip-hop, Amenem incarne un rap simple, plein d’humour et proche des gens. À 27 ans, il vient de créer son propre label, Dynastie.
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ne voiture immaculée aux vitres teintées, un grand gaillard tout de blanc vêtu, quelques touches d’or autour du cou, une ambiance sonore fleurant bon la côte ouest des États-Unis… Pas de doute, dans la moiteur d’un début de soirée pluvieux de Libreville, Jeune Afrique a trouvé son homme : Amenem, l’un des meilleurs représentants de la scène rap gabonaise. Christopher Nguema Obame, de son vrai nom, aurait pourtant pu ne jamais se lancer dans le hip-hop. Certes, il est un adolescent danseur, mais le déclic ne vient que plus tard, lorsque son frère part faire ses études aux États-Unis à 18 ans, en laissant à son cadet sa chambre… et ses (très) nombreux albums de rap américain. Les stars Dr. Dre, Jay-Z et, surtout, Eminem, entrent dans la danse. Au lycée, où il participe à des battles face à d’autres bandes, dans les quartiers N 0 2947 • DU 2 AU 8 JUILLET 2017
Boss Playa, société de production située en Côte d’Ivoire mais active au Gabon. Il y reste jusqu’en 2013, tout en faisant des allers-retours aux États-Unis pour rendre visite à son frère. En 2015, il sort le single Tobghe Si, qui fait le buzz au Gabon mais aussi en Afrique de l’Ouest, comme en Guinée. Un succès qui en appelle d’autres, notamment lorsqu’il écrit un texte sur la star nationale du football Pierre‑Emerick Aubameyang, le décrivant comme Ballon d’Or. Prophétique ? L’attaquant obtient effectivement le Ballon d’Or africain la même année et embarque Amenem dans une tournée au pays. STUDIO. Le temps de la célébrité, des concerts avec Youssoupha, Akon ou Booba, est venu. Mais il n’immunise pas contre les coups durs. Christopher perd sa mère en 2015. « Je voulais tout plaquer, mais ma grande sœur, Georgia, a fini par me convaincre qu’il fallait que je me remette en selle », confiet-il aujourd’hui. Il décide de changer son environnement et de lancer son propre label. « J’en ai beaucoup discuté avec des références du milieu, comme Snoop Dog ou 50 Cent, et ils m’ont tous donné le même conseil : créer ma propre structure », explique-t-il. Amenem achète du matériel aux États-Unis et monte son studio de production en 2016 avec un nouveau partenaire, Fenix, tout en poursuivant des études dans le domaine des douanes. « Les ambitions changent, la vision n’est plus la même. Je peux avancer à mon rythme, enregistrer tous les jours, mieux gagner ma vie et me faire davantage respecter », estime le rappeur, qui vient de sortir deux nouveaux titres, 2 %
de Libreville ou à la plage, le rap devient son mode de vie, et son surnom, Eminem, commence à circuler. Au début des années 2000, il fait déjà partie des jeunes qui montent. En 2004, il remporte même un concours de quartier organisé par une célèbre marque de bière brune. Le prix : quelques goodies et une caisse de bouteilles que son père, qui travaille aujourd’hui Il entend un jour son père au Sénat aux côtés de l’anécorcher le nom d’Eminem. cien Premier ministre Jean Eyeghé Ndong, s’empresse Son « blaze » est né. aussitôt de s’approprier. Le paternel découvre le rap dans la et Sorcier. Deux pierres de plus à un vie de son fils, ainsi que son surnom édifice qu’il espère continuer à bâtir à la manière d’un Booba, dont il admire Eminem, qu’il écorche toutefois quelque le professionnalisme et la progression. peu: Eminem devient Amenem. Le jeune rappeur poursuit son apprentissage, Prochaine étape de cet itinéraire sans fausse note ni temps mort : conquérir notamment auprès du label Eben, où se côtoient notamment Franck Ba’Ponga les scènes étrangères et exporter son ou Black Kôba, des « grands frères » de flow made in Gabon. MATHIEU OLIVIER la scène gabonaise. Il signe en 2010 avec JEUNE AFRIQUE
Transformer l’agriculture de fond en comble
De la culture du riz au Nigeria à la culture du cacao et des noix de cajou en Côte d’Ivoire, Olam est engagée en Afrique depuis près de 30 ans. Nous avons investi 1,89 milliard de dollars de Singapour et mis sur pied un réseau de 2,5 millions de petits exploitants dans 25 pays qui nous fournissent en coton, sésame et café. Nos 31 usines de transformation sont réparties sur le continent nous permettent de transformer nos récoltes en ingrédients entrant dans la composition de produits tant locaux qu’internationaux. Nous fournissons des boulangeries commerciales en farine nous sommes responsables de grandes marques alimentaires comme Tasty Tom, Royal Aroma (riz), King Crackers, Mama Gold, Bua (pâtes) et Dona (huile de palme). 21 000 employés à plein temps et 26 000 saisonniers fixes ou temporaires nous aident à atteindre nos objectifs. Non seulement ils sont les catalyseurs de notre succès, mais ils continuent de nous convaincre du potentiel de l’Afrique.
Olam, né en Afrique, fidèle à l’Afrique. @olam @olam_international olamgroup.com