Pdf ja 2960 plus sénégal

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Crise du Golfe OPA sur l’Afrique

Burkina Diendéré : Ma vérité sur le coup d’État le plus bête du monde

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • n° 2960 • du 1er au 7 octobre 2017

jeuneafrique.com

BUSINESS Le classement Choiseul des

100 leaders de demain

Le patron Comment Macky Sall entend continuer à réformer le Sénégal. SPÉCIAL 20 PAGES ÉDITION AFRIQUE CENTRALE France 3,80 € • Algérie 250 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € • Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1 200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 2 000 F CFA • ISSN 1950-1285


MESSAGE

91 ans au service du Sénégal et de l’Afrique

Depuis 1926, EIFFAGE Sénégal travaille sur tous les projets développés au Sénégal. Son savoir-faire, acquis pendant toutes ces années, est aujourd’hui démontré dans tous ses corps de métiers, du Bâtiment au Génie Civil, en passant par les Travaux Maritimes, l’Électricité et l’Assainissement.

Autoroute de l’avenir, le 1er PPP d’Afrique subsaharienne C o n ç u e p a r E I F FAG E e n p a r t e n a r i a t ave c l ’ A P I X , représentante de l’Autorité concédante, construite et exploitée par SENAC SA, filiale d’EIFFAGE, l’Autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIBD a été inaugurée le 1er août 2013. Longue de 42 km, elle permet un gain de temps d’environ 1h30 à tous les usagers du trajet DAKAR / Banlieue. Son exploitation comprend tout un ensemble de services : • Entretien et maintien du patrimoine routier ; • Service de gestion des accidents et de remorquage ; • Système de péage opérationnel 7jours /7 et 24heures/24 et sa maintenance ; • Surveillance du réseau via des patrouilles régulières ; • Intervention lors des évènements programmés ou aléatoires.

Train Express Régional Dakar-AIBD : pour une revitalisation des territoires Dans le cadre de la modernisation des transports ferroviaires, le Gouvernement du Sénégal a confié au Groupement formé par Eiffage Rail Sénégal, Eiffage Sénégal, L’Entreprise sénégalaise CSE et Turc YAPI Merkezi l’exécution du Marché 1 : « Travaux de conception et de réalisation d’une nouvelle ligne de Train Express Régional (TER) », entre le centre de Dakar et Diamniadio pour un montant de 373,5 millions d’euros (245 milliards de Francs CFA). Le TER constituera la première liaison ferroviaire électrique, rapide du Sénégal. La première phase du projet consiste en: • La mise en service de 3 voies et d’une réserve foncière pour la construction d’une 4ème voie ultérieurement ; • Un parc de matériel roulant bi-mode fonctionnant en traction électrique mais permettant aussi la circulation des trains en mode diesel ;

Travaux de recalibrage et d’endiguement du Diawel (Fleuve Sénégal)

Dépose de voie sur le chantier du TER

Acteur majeur de la RSE au Sénégal EIFFAGE a fêté en 2016 ses 90 ans au Sénégal. Cette présence est marquée par de nombreux partenariats, noués avec les acteurs économiques locaux, ainsi qu’une imprégnation active dans la vie du pays. EIFFAGE Sénégal applique une démarche citoyenne depuis plus de 27 ans et confirme son engagement dans les domaines de la santé, de l’environnement, de l’éducation ou du cadre de vie. L’Entreprise est également très impliquée dans la préservation du Patrimoine culturel et bâti de l’État du Sénégal.

• Un parc global de 13 rames ; • Une desserte de 14 arrêts impliquant la rénovation des gares de Dakar et de Rufisque et la construction d’une nouvelle gare pour desservir le pôle urbain de Diamniadio ; • Un site de maintenance du matériel roulant à Colobane et un second pour les infrastructures à Rufisque • Une quarantaine de passerelles piétonnes et une trentaine d’ouvrages d’art (ponts divers et ouvrages particuliers). Le TER a vocation à se substituer au PTB (Petit Train de Banlieue) et constituera un véritable «train social» pour les banlieues très peuplées de Dakar.

Centrale solaire, un important potentiel en matiere de renouvelable EIFFAGE développe, au sein Marathon Eiffage de l’Autoroute de du groupement TEN MERINA Dakar les 13 et 14 février 2016 NDAKHAR SA, un projet de centrale photovoltaïque d’une capacité de 30 MWc, à Mérina Ndakhar dans la région de Thiès. Sa construction, sur environ 50 hectares, est assurée par des filiales du groupe EIFFAGE (RMT Industrie, RMT Sénégal et EIFFAGE Sénégal) pour un montant de 43 M€. Le projet TEN MERINA permettra, à termes, à la SENELEC, qui a signé un contrat d’achat d’électricité de 25 ans, de répondre à la demande de consommation annuelle de 200 000 habitants, pour un tarif plus compétitif que celui des centrales thermiques du pays. L’entretien et la maintenance seront assurés par EIFFAGE Services, RMT (filiale d’EIFFAGE) et Solairedirect (filiale d’Engie) pour une durée de 25 ans.

Vue aérienne de la centrale photovoltaïque de TEN MERINA (région de Thiès)

DIFCOM - PHOTOS : DR.

EIFFAGE Sénégal : la filiale inter-branche

Autoroute à péage Dakar - Diamniado - AIBD

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Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie Numérique, Maroc Joseph Choi, Président Directeur-Général, Hsin Chong, Chine Daniel Kablan Duncan, Vice-Président, Côte d’Ivoire

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des partenariats industriels et commerciaux avec des entreprises chinoises

Comprendre

les implications financières de la nouvelle route de la soie pour l’Afrique

Chaque année, le China-Africa Investment Forum réunit pour deux jours de conférences et de rencontres d’affaires les principaux acteurs du commerce et de l’investissement entre la Chine et l’Afrique pour promouvoir Définir la création de partenariats à forte valeur ajoutée, une nouvelle vision pour l’industrie africaine notamment industrielle.


GROUPE FUTURS MEDIAS

DE YOUSSOU NDOUR

EN QUÊTE DE NOUVEAUX MARCHÉS EN AFRIQUE

Lancé en 2003 par la star sénégalaise, le Groupe Futurs Médias (GFM) a fait du chemin avant de s’installer sur le sommet de la pyramide médiatique sénégalaise, voire de la sous-région. À la tête de la Direction le Duo Mamoudou Ibra Kane Journaliste de renom dans le milieu de la Presse Sénégalaise et Africaine et Birane Ndour fils ainé du chanteur Sénégalais Gestionnaire de formation et titulaire d’un BBA à l’Américan Business School de Paris depuis 2005, et vient d’obtenir son Exécutive Master à la prestigieuse école de Science PO promotion 2016-2017 en « Politiques et Management du Développement Potentiel Afrique », tous deux ambitionnent de faire monter encore plus haut le groupe sur le continent.

Monsieur Birane Ndour, peut-on dire que le Groupe Futurs Médias se porte comme un charme, quinze ans après sa naissance ? On peut le dire. GFM a fait du chemin et plutôt bien. L’aventure a commencé avec la radio Sports FM, elle s’est renforcée avec RFM en 2003. Elle est devenue la première radio du pays, ensuite il y a eu le quotidien l’Observateur puis la chaîne de télévision TFM en 2010. Aujourd’hui, notre groupe comptabilise plus de 500 emplois. C’est une fierté.

Notre ambition n’est plus seulement d’être le premier groupe de presse dans notre pays, mais encore celui de la sous-région. Cela est possible au regard des informations que nous avons et qui sont confortées par vous même dans une de vos livraisons et par l’Organisation internationale de la francophonie qui place l’Observateur au premier rang des tirages en langue française en Afrique subsaharienne. Nous pouvons nourrir des ambitions et proposer de nouvelles offres.

Aux dernières nouvelles d’autres chaînes thématiques et produits seraient en gestation. GFM connaît effectivement un développement avec le lancement en début d’année de sa radio musicale King FM et la chaîne tv religieuse TFM religion. Nous attendons Olé, une chaîne tv de l’événementiel, de programmes culturels et sportifs. D’autres produits sont en attente dans le cadre de l’audiovisuel et de la presse écrite. Nous sommes dans l’acquisition d’une roto pour optimiser nos objectifs dans le cadre du développement que nous a fixé le Président du conseil d’administration, M. Youssou Ndour.

Cela semble facile pour vous ? Pas du tout. Au contraire. Comme tous les groupes de presse privée, GFM fait face à des difficultés. C’est pour cette raison que nous visons des marchés sous régionaux. La tension est réelle, la concurrence rude, nos charges élevées. Pour la survie de notre groupe, il nous faut plus de perspectives et de prospectives. Nous lancerons prochainement l’une des plus grandes unités d’imprimerie numérique offset et packaging de l’Afrique subsaharienne. Nous serions heureux si l’État du Sénégal travaillait pour l’allègement de la fiscalité. La presse n’est pas un secteur où on gagne de l’argent. Dans un pays où la presse privée se dispute les parts de marché avec la presse publique qui arrache plus de 50% de l’enveloppe des annonces, on ne peut que souhaiter que l’Etat opte pour des subventions conséquentes et des lois qui mettraient à l’aise et à l’abri des groupes de presse qui exercent aussi des missions de service public.

Cela ne fait-il pas beaucoup pour un pays qui compte 14 millions d’habitants ? Si nous restons dans la perspective uniquement sénégalaise, cela peut sembler beaucoup, mais il faut dire que nous comptons aller au-delà des frontières de notre pays, notamment dans la sous-région. Nous pensons pouvoir atteindre cet objectif dans les 5 prochaines années.

DIFCOM - PHOTOS : DR

COUP DE PROJECTEUR SUR LE GROUPE DE PRESSE LEADER AU SÉNÉGAL AVEC MONSIEUR BIRANE NDOUR



Le rendez-vous des futures dirigeantes d’entreprise UNE JOURNÉE EXCEPTIONNELLE DÉDIÉE AU LEADERSHIP FÉMININ 300 participantes, cadres ambitieuses et entrepreneures à fort potentiel auront accès à :

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de Jeune Afrique

ENJEUX Nouvelle donne et vieilles recettes

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INTERVIEW El Hadj Amadou Sall, ancien ministre, membre du PDS TRIBUNE L’analyse du Pr Ahmadou Aly Mbaye, économiste COULEUR LOCALE Petit lexique arabo-wolofrançais

SÉNÉGAL

2019 c’est déjà demain…

Le soul man saint-louisien Faada Freddy. JEUNE AFRIQUE

N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

YOURI LENQUETTE

La majorité vient de remporter les trois quarts des sièges à l’Assemblée, le bilan du gouvernement présente d’indéniables résultats en matière de croissance, mais, à seize mois de la présidentielle, beaucoup reste à faire pour améliorer le quotidien.


SDC Holding,

Mohamed Moctar Chleuh, Président Directeur Général

une ambition régionale pour le riz local

Le groupe importe, chaque année, entre 150 000 et 200 000 tonnes de riz. Le plus souvent du riz parfumé, très apprécié dans la sous-région, mais également très cher. SDC Holding a donc développé, avec ses partenaires, la commercialisation de riz américain, produit au Brésil, afin de proposer sur le marché un riz intermédiaire, de très grande qualité, et pour un prix très compétitif par rapport au riz parfumé. Deux marques ont été lancées, « Bongou » pour le riz 100 % brisure et « Samba » pour le riz 25 % brisure. Mais le gros projet du moment pour SDC Holding consiste à promouvoir le riz paddy local, à l’améliorer et à le transformer, pour

le distribuer, à termes, sous la marque « Bongou », dans toute la sous-région. Mohamed Moctar Chleuh et ses partenaires financiers, ambitionnent d’investir un peu plus de 9 milliards de FCFA (14 millions d’euros), pour construire une usine de décorticage du riz de dernière génération, dotée d’une grande capacité de production quotidienne. Un site de 4 hectares a déjà été identifié le long du fleuve Sénégal, dans le Nord du pays. Ce projet s’inscrit dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE). Si de nombreuses banques locales et sousrégionales ont déjà décidé de soutenir son projet, Mohamed Moctar Chleuh cherche toujours des investisseurs pour boucler les 70 % de budget qui lui manquent encore. Partenaires financiers et fonds de pension sont les bienvenus dans le tour de table, le promoteur du projet souhaitant juste conserver la majorité du capital.

DIFCOM - PHOTOS : DR

V

oilà 30 ans,que la Société de distribution et de commerce (SDC Holding) plante son grain de riz. L’entreprise, basée à Dakar, est aujourd’hui leader dans la distribution et la commercialisation du riz et d’autres céréales, dans toute la sousrégion. Après 35 ans passés dans le secteur des matières premières, le fondateur et aujourd’hui président directeur général de SDC Holding, Mohamed Moctar Chleuh, a su développer et entretenir de nombreux partenariats avec des distributeurs locaux installés au Sénégal, au Mali, en Guinée et en Guinée Bissau, tout en tissant une collaboration très étroite avec le géant du négoce international, Groupe Louis Dreyfus.

Avec l’arrivée de cette infrastructure de dernière génération au Sénégal, SDC Holding et son responsable espère contribuer à résoudre la récurrente question de l’autosuffisance en riz dans la sous-région. D’autres usines devraient suivre, notamment dans le Mali voisin. Pour que la sécurité alimentaire, soit assurée dans l’ensemble de l’UEMOA, grâce à un riz local de qualité et accessible à des prix très compétitifs.

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Le Plus de Jeune Afrique

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Prélude Mehdi Ba

Émergence sous assistance

L

e 22 août décédait Aliou Sow, à l’âge de des professionnels et opérateurs des aéro83 ans. Ce self-made-man avait fait de ports du Sénégal en constatant que l’AIBD, la Compagnie sahélienne d’entreprises tant attendu, avait laissé sur le bas-côté les (CSE), qu’il avait fondée en 1970, l’un entreprises nationales. Et depuis l’arrivée, en des fleurons du BTP au Sénégal et dans toute septembre, du Français Philippe Bohn, ancien la sous-région. Son fils Yérim Sow a su lui aussi de Total et d’Airbus, à la tête de la nouvelle propulser le groupe Teyliom, créé en 2001, au compagnie Air Sénégal SA, la presse sénégafirmament de l’hôtellerie, de l’immobilier et laise se déchaîne quotidiennement, sous divers des télécoms. Comme la famille Sow, d’autres motifs, comme pour exorciser un sentiment Sénégalais ont constitué des entreprises per- d’ingérence vécu comme humiliant. formantes, reconnues au-delà des frontières « On assiste à un retour en force de l’ex-puissance coloniale. Les intérêts sénégalais sont nationales. Mais alors que le président Macky Sall a sacrifiés au profit de l’étranger », nous confiait fait du Plan Sénégal émergent (PSE) l’alpha récemment un cadre de l’opposition, oubliant et l’oméga de sa gouvernance économique et peut-être un peu vite que, sous Abdoulaye sociale, des critiques – qui ne feront probable- Wade, la concession du terminal à conteneurs ment que s’amplifier jusqu’à la présidentielle du port de Dakar avait été confiée à Dubai Ports de 2019 – s’élèvent : le taux de croissance (en World, la maîtrise d’œuvre du Monument de hausse constante) et l’émergence annoncée bénéficieront-ils au secLa quasi-totalité des marchés liés teur privé sénégalais ou avant tout au nouvel aéroport a été raflée par à des multinationales venues d’ailleurs, qui rapatrieront chez elles leurs des entreprises non sénégalaises. bénéfices ? À lui seul, l’examen des concessions attri- la renaissance africaine à des Nord-Coréens et buées dans le cadre de l’emblématique chan- celle de l’AIBD aux Saoudiens de SBG. Mais, à tier de l’aéroport international Blaise-Diagne l’approche de la prochaine présidentielle, nul (AIBD) et de ses extensions est édifiant. La doute que ce procès en défaut de patriotisme construction du nouvel aéroport (engagée en fera rage pendant la campagne. 2007), la société chargée de son exploitation, Si les régimes alternent, le constat reste celle qui détiendra le monopole de l’assistance en escale, la concession du parking, identique : le secteur privé sénégalais, pris celle de la galerie marchande, le chantier de dans son ensemble, n’est pas encore à la haul’autoroute reliant Diamniadio à l’AIBD, celui teur de « l’émergence » à laquelle Macky Sall du train express régional censé le desservir aspire, malgré diverses réformes saluées par depuis Dakar en 2019, la quasi-totalité de ces les partenaires du pays. Prédominance du marchés a été raflée par des entreprises non secteur informel, taux de mortalité précoce sénégalaises : le Saudi Binladin Group (SBG), des entreprises, difficultés d’accès des PME puis les turcs Summa, Limak et Yapi Merkezi, à la commande publique et au financement l’allemand Fraport, les français Eiffage, Engie, bancaire, sans parler de pratiques souvent Thales, SNCF, RATP, etc. népotiques et d’une expertise parfois défaillante – ardu, par exemple, dans un pays quaLe problème est ancien, mais l’ampleur siment dépourvu de chemin de fer, de trouver des grands chantiers lancés par Macky Sall les compétences pour construire un train dans le cadre du PSE ne fait qu’exacerber sa express régional. perception par le grand public. Mi-septembre, Pour qu’émergence cesse de rimer avec le Conseil national du patronat sénégalais assistance, il faudra donc davantage que le adressait ainsi à la ministre des Transports volontarisme d’un chef d’État : une révolution aériens un mémorandum exposant l’amertume des mentalités et des mœurs. JEUNE AFRIQUE

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ENJEUX Nouvelle donne et vieilles recettes

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INTERVIEW Interview d’El Hadj Amadou Sall, ancien ministre, membre du comité p. 74 directeur du PDS TRIBUNE Sénégal-Gambie, deux pays, un destin commun, par Fatou Jagne Senghor, directrice régionale de l’ONG Article 19 p. 81 ÉCONOMIE Des performances confirmées et des essais p. 84 à transformer Infrastructures : l’AIBD enfin paré au décollage ? p. 86 Stratégie : Sedima et ses poules aux œufs d’or p. 90 DÉCRYPTAGE Notre pays a-t-il tort de refuser le « CFA-exit » ? par Ahmadou Aly Mbaye, p. 93 économiste SOCIÉTÉ À Dakar, la pub s’affiche p. 96 à tout-va Drôle d’endroit pour une expo (l’ancien palais de justice du cap Manuel) p. 98 COULEUR LOCALE Petit lexique arabo-wolofrançais p. 101


Le Plus de Jeune Afrique

ENJEUX

Nouvelle donne et vieilles recettes

Alors que Macky Sall semble mieux placé que jamais pour rempiler en 2019, ses anciens « frères » du Parti démocratique sénégalais tirent sur lui à boulets rouges. Quitte à oublier que c’est à leurs côtés qu’il a appris l’art de l’endurance en politique. MEHDI BA, à Dakar

J

«

’ai été accueilli par des millions de personnes. […] Macky Sall sait qu’il a déjà perdu ! » La modestie n’a jamais été la qualité première d’Abdoulaye Wade. Et l’ancien chef de l’État se damnerait pour un bon mot : « Je peux prêter mon avion à Macky Sall pour qu’il quitte le pays », ironisait-il dans l’effervescence de son retour à Dakar, le 10 juillet, pour y être intronisé tête de liste nationale de la Coalition gagnante Wattu Senegaal (opposition). Mais il en va de l’esbroufe comme de l’écume : elle a tôt fait de se dissiper. Au lendemain des législatives du 30 juillet, les fanfaronnades du roué nonagénaire avaient laissé place à une potion plus amère que le gingembre. En obtenant 49,5 % des suffrages et 125 des 165 sièges à l’Assemblée nationale, la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY), emmenée par le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, a assommé ses adversaires, qui invoquent depuis un « sabotage » électoral pour expliquer leur défaite (lire pp. 74-76). N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

Cinq ans et demi après son élection, il serait exagéré de dire que Macky Sall bénéficie toujours d’un état de grâce. Dans les rues, les taxis, les maquis ou les dibiteries, de nombreux Sénégalais bougonnent, critiquent, voire boudent ouvertement celui qui avait fait naître tant d’espoirs, en mars 2012, en prenant la place du Roi-Soleil sénégalais – exilé depuis à Versailles, après avoir brigué le mandat de trop. Néanmoins, à seize mois de la prochaine présidentielle, les prédictions sur son déclin inexorable que profèrent les leaders de l’opposition semblent relever de la méthode Coué. POTS CASSÉS. « Imbattable ? », avait titré Jeune Afrique au lendemain des législatives du 30 juillet, provoquant quelques grincements de dents à Dakar. Un rapide survol des dernières échéances électorales suffit pourtant à étayer la pertinence de l’interrogation. En février 2012, au premier tour de la présidentielle, l’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade s’était qualifié sans peine, surclassant ses concurrents avec plus de 26,5 % des suffrages. Son parti, l’Alliance pour la

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Le chef de l’État, au palais présidentiel.


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Le Plus de JA Sénégal République (APR), n’avait pourtant été créé que trois ans plus tôt. Au second tour, soutenu par l’ensemble des candidats malheureux, Macky Sall avait terrassé le président sortant en réunissant pas moins de 65,8 % des suffrages exprimés. Les législatives de juin 2012 furent une simple formalité. La coalition présidentielle BBY avait concentré 53 % des voix et remporté 119 des 150 sièges à l’Assemblée nationale. En juin 2014, les élections locales allaient tourner, elles aussi, en faveur de la mouvance présidentielle. Avec quelques pots cassés toutefois: Dakar lui a échappé au profit de Khalifa Sall (lire p. 78), ce qui a valu à la Première ministre, Aminata Touré, tête de liste dans la capitale, d’être sèchement congédiée. Une poignée de ministres, défaits dans leur circonscription, ont dû eux aussi faire leurs valises. Mais au niveau national, BBY remportait la mise à l’échelon des collectivités territoriales. Le troisième test arrive en février 2016. Et cette fois, Macky Sall part avec un sérieux handicap. Un mois avant le référendum constitutionnel de mars, le chef de l’État apprend à ses compatriotes qu’il ne réduira pas la durée de son premier mandat de sept à cinq ans, comme il l’avait promis urbi et orbi. Certes, le Conseil constitutionnel a émis un avis défavorable, mais ce revirement réveille de mauvais souvenirs. Et chacun de faire le parallèle avec le wax waxeet (« dire, puis se dédire ») d’Abdoulaye Wade, qui avait tenté un passage en force en 2012 après avoir fait inscrire dans la Constitution la limitation des mandats présidentiels à deux successifs. Malgré un vaste « front du non » qui entendait faire payer au président sa volte-face par le verdict des urnes, l’issue du référendum tourne en faveur de ce dernier : la réforme est adoptée à 62,5 %. Ultime échéance avant la présidentielle de février 2019, les législatives du 30 juillet ont fini de paver la route vers une réélection que Macky Sall ne s’est jamais caché de revendiquer. Pour lui et sa garde rapprochée, la défaite n’est pas une option. CONCEPT INÉDIT. L’opposition a beau vitupérer,

accusant de tous les maux l’actuel président, ses anciens camarades du Parti démocratique sénégalais (PDS) sont pourtant bien placés pour savoir que Macky Sall, subitement renié en 2008 par Abdoulaye Wade, a tiré profit des leçons apprises aux côtés de son père en politique. N’a-t‑il pas été, notamment, son directeur de campagne en 2007, lorsque Wade fut réélu dès le premier tour ? Les recettes qu’il a appliquées depuis cinq ans pour conforter son assise rappellent à bien des égards celles que son prédécesseur avait lui-même mises en œuvre après sa première élection, en 2000. D’abord, s’assurer la loyauté des principaux leaders politiques non ralliés au PDS ou au Parti socialiste (à l’époque : Moustapha Niasse, Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily), afin de remporter N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

Les législatives ont fini de paver la route vers une réélection que « Macky » ne s’est jamais caché de revendiquer.

confortablement les législatives et de neutraliser leurs velléités de s’opposer à son régime. Puis, comme le résumait Momar-Coumba Diop dans son ouvrage Le Sénégal sous Abdoulaye Wade. Le Sopi à l’épreuve du pouvoir (paru en 2013), construire « l’hégémonie du PDS » en usant de deux ficelles, « le clientélisme, qui est une donnée fondamentale de la vie politique sénégalaise, et la transhumance politique ». En 2012, à l’identique, Macky Sall a absorbé dans BBY la majorité des partis historiques, à commencer par ceux dont le poids électoral faisait des alliés de choix: l’Alliance des forces de progrès (AFP) de Moustapha Niasse et le Parti socialiste (PS) d’Ousmane Tanor Dieng. Le premier a obtenu en échange le perchoir de l’Assemblée nationale, auquel il vient d’être reconduit pour la nouvelle législature. Le second a casé deux de ses camarades au gouvernement, avant d’être nommé en 2016 à la tête du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT), fraîchement créé. Pour satisfaire ses nouveaux alliés, Macky Sall a par ailleurs généralisé le concept inédit de « ministre-conseiller ». Un terme généralement réservé à la diplomatie (où il désigne le numéro deux d’une ambassade) mais que la présidence de la République sénégalaise a institutionnalisé. D’après un récent décompte effectué par le site sénégalais Pressafrik, pas moins de 83 personnes disposeraient ainsi du statut de ministre, entre les membres du gouvernement, les ministres d’État sans portefeuille et les conseillers érigés au rang de « ministres-conseillers ». Le 24 septembre,

UNE PRÉCAMPAGNE SANS POIDS LOURDS

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i Macky Sall a su se comporter en habile tacticien depuis 2012, l’opposition lui a par ailleurs facilité la tâche. Difficile en effet de trouver en son sein un leader déclaré susceptible de l’inquiéter en 2019. En guise de challengers possibles, deux noms reviennent avec insistance : Khalifa Sall, le maire de Dakar (lire p. 78), et Karim Wade, l’ancien « ministre du Ciel et de laTerre ». Mais ni l’un ni l’autre ne se sont officiellement déclarés candidats et, outre le fait qu’ils observent un silence médiatique durable qui cadre mal avec une ambition présidentielle, tous deux ont maille à partir avec la justice : le premier risque une condamnation à une peine de prison ferme et le second, gracié

en 2016, doit toujours s’acquitter d’une amende colossale. Idrissa Seck, le président de Rewmi, semble prêt à tenter sa chance pour sa troisième présidentielle d’affilée. Mais depuis plusieurs années, il se fait étonnamment discret, au risque de se faire oublier. De plus, le résultat décevant de la Coalition MankoTaxawu Senegaal lors des législatives est de mauvais augure – notamment sa défaite dans le département deThiès, fief électoral d’« Idy ». Restent divers leaders politiques dont le poids électoral, dans le cadre d’une présidentielle, est plus qu’incertain. Car au Sénégal, si les candidats sont toujours pléthore, rares sont ceux à même de dépasser la barre M.B. des 10 %. JEUNE AFRIQUE


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Le Plus de JA Sénégal Mamadou Ndoye, l’ancien secrétaire général de la Ligue démocratique, jetait un pavé dans la mare à propos de cette pratique, dans une interview à la radio Sud FM : « Quand j’ai été élu secrétaire général, je suis allé, dans le cadre de l’alliance [BBY], me présenter au président de la République. Il m’a proposé ceci : “Mamadou, je te donne un poste de ministre-conseiller, ou bien, comme je le fais pour d’autres, je te donne 4 millions [de F CFA, soit 6 100 euros] par mois.” » L’intéressé affirme avoir décliné l’offre. HÉMORRAGIE. En matière de transhumance, là aussi, Macky Sall a su remettre au goût du jour d’anciennes recettes. Au lendemain de la première alternance, en 2000, « les nouvelles autorités se lancèrent dans une véritable entreprise de débauchage des dirigeants du PS », rappelle Momar-Coumba Diop. Macky Sall a fait de même avec un certain nombre de barons du PDS ou d’autres ténors de l’opposition, au nom d’une philosophie assumée qu’il a exprimée en 2015 lors d’une conférence de presse : « Lorsque vous avez une majorité, il faut chercher à la consolider en allant chercher dans le camp adverse, dans l’opposition. […] Amenez des gens, d’où qu’ils viennent, par n’importe quel moyen ! Nous allons réduire l’opposition à sa plus simple expression. » « De tous les anciens Premiers ministres d’Abdoulaye Wade, plus aucun n’est aujourd’hui dans nos rangs », constate avec un sourire ironique un membre du comité directeur du PDS, qui

SEYLLOU/AFP

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L’ex-président Abdoulaye Wade, tête de liste de la Coalition gagnante Wattu Senegaal, lors de son retour à Dakar, le 10 juillet, dix jours avant les législatives.

PAS PRÈS DE TROUVER UN CONSENSUS… Le 2 septembre, Macky Sall a appelé à l’ouverture d’un dialogue sur l’amélioration du système électoral, faisant référence aux critiques de l’opposition sur l’organisation des législatives. Outre que le grand nombre de listes présentées (47) crée la confusion, le mode de scrutin (à un seul tour et mixte) est complexe et pose un problème en matière de représentativité : 105 députés sont élus au scrutin majoritaire de liste dans les circonscriptions et 60 au scrutin proportionnel de liste au niveau national (avec répartition selon le système du quotient simple). Réuni le 26 septembre sous la houlette de son secrétaire général

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national, Abdoulaye Wade, le comité directeur du PDS dit ne pas croire à la sincérité de cet appel au dialogue et le rejette. Il « exige » la réalisation d’un audit indépendant du fichier et du processus électoral, l’installation d’une commission électorale nationale autonome vis-à-vis de l’administration, d’une haute autorité neutre pour l’organisation des élections et, enfin, la proclamation des résultats définitifs par des juges indépendants et non par « un Conseil constitutionnel inféodé au pouvoir », dont le PDS réclame par ailleurs de désigner au moins un voire deux membres. CÉCILE MANCIAUX

s’attend que l’hémorragie se poursuive jusqu’à la présidentielle. C’est notamment le cas de Souleymane Ndéné Ndiaye, le dernier Premier ministre de Wade, qui a rejoint Macky Sall et BBY avant les législatives. Quelques mois plus tôt, l’ancien ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom avait suivi le même chemin. ARME DE DISSUASION. Au nombre des recettes concoctées par Abdoulaye Wade après son accession au pouvoir, une autre semble avoir été recyclée par l’actuel chef de l’État : suspendre au-dessus de la tête de potentiels gêneurs une épée de Damoclès judiciaire susceptible de les inciter à faire profil bas. Après son accession au pouvoir, rappelle MomarCoumba Diop, Abdoulaye Wade avait ainsi brandi la menace d’un « audit des entreprises publiques et, plus généralement, de la gouvernance socialiste » avec, à la clé, cette alternative posée à ses cadres : « rester au PS et aller en prison ou migrer vers le PDS et conserver leur liberté, avec la possibilité de rester dans les ors du pouvoir ». Depuis 2012, à en croire plusieurs responsables de l’opposition, la traque aux biens mal acquis a été fort sélective, servant davantage d’arme de dissuasion que d’outil de répression (seuls Karim Wade et un ancien directeur du cadastre, Tahibou Ndiaye, ont fait les frais d’une condamnation). Selon l’état-major du PDS, plusieurs défections enregistrées dans ses rangs pourraient ainsi s’expliquer par les menaces judiciaires qui pesaient sur les intéressés. Et dans l’entourage de Khalifa Sall, on se dit convaincu que les ennuis judiciaires du maire de Dakar doivent tout à son refus d’entrer dans le moule BBY. Reste à Abdoulaye Wade, jamais avare de saillies assassines envers son ancien disciple, au risque de le sous-estimer, à méditer ce proverbe wolof : « On ne peut enseigner ce qu’on n’a pas appris. » JEUNE AFRIQUE



Le Plus de JA Sénégal POLITIQUE

El Hadj Amadou Sall

Ancien ministre, membre du comité directeur du Parti démocratique sénégalais (PDS)

« L’opposition est sociologiquement majoritaire au niveau national »

I

l est l’un des derniers grognards de l’empereur vieillissant de l’opposition sénégalaise. À 62 ans, Me El Hadj Amadou Sall, militant de lapremière heure du Parti démocratique sénégalais (PDS), a été de toutes les campagnes aux côtés de son mentor, Abdoulaye Wade. Dans le

salon de sa villa des Mamelles, à Dakar, où trône en bonne place sur la table basse un livre à la gloire de l’ancien chef de l’État, il nous indique que Macky Sall, dans une autre vie, a eu l’occasion de s’asseoir à l’endroit même où il nous propose de prendre place. Si l’ancien ministre de la

Justice et porte-parole d’Abdoulaye Wade, aujourd’hui président de la commission communication du PDS, dit conserver son amitié à « Macky », son ancien camarade de parti, c’est sans concession qu’il instruit son procès politique, deux mois après des élections législatives qu’il qualifie de « sabotage ».

Le 22 septembre, à Dakar.

JEUNE AFRIQUE : Pourquoi l’opposition a-t‑elle contesté la sincérité du scrutin du 30 juillet ? EL HADJ AMADOU SALL: Son organisa-

tion a été marquée par un tel chaos qu’il n’est pas possible d’invoquer l’incompétence. Le gouvernement disposait du temps nécessaire pour que ces législatives se déroulent dans de bonnes conditions. Et le signal d’alarme avait été tiré de longue date par les partis politiques comme par la société civile, face à la rupture du consensus qui prévalait depuis 1993 en matière d’élections. Sachant cela, l’ampleur des manquements est alarmante. Partout, hormis dans les bastions où la majorité présidentielle se considérait en position de force, l’installation du matériel électoral a été tardive. Dans certains bureaux, le vote n’a même débuté qu’à 18 heures, pour s’achever une heure plus tard. Tout cela nous fait dire qu’il s’agissait d’un sabotage délibéré. En quoi ces dysfonctionnements, notamment l’incapacité de l’État à fournir à temps la totalité des cartes d’électeur biométriques, avantageaient-ils plutôt le camp présidentiel ?

CLÉMENT TARDIF POUR JA

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Tout a été fait pour que les nouveaux inscrits – essentiellement des jeunes – ne puissent pas voter. D’après Macky Sall lui-même, 20 % des électeurs inscrits, soit 1,2 million de Sénégalais, n’ont pas pu recevoir leur carte. L’objectif du camp au pouvoirétaitd’éviterunetropgrandeparticipation. Quand on regarde les résultats du référendum constitutionnel de 2016, on se rend compte que la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar [BBY] avait recueilli autour de 1,5 million de voix. La majorité JEUNE AFRIQUE



Le Plus de JA Sénégal avait tenu compte de l’abstention et tablé sur une participation d’environ 3 millions d’électeurs, qui devait lui permettre de faire le plein de voix [l’abstention a atteint 61,4 % et le nombre de votants 2,2 millions, dont 62,7 % ont voté oui]. N’est-ce pas une manière pour l’opposition de diluer son échec face à la coalition BBY – qui a en effet recueilli près de la moitié des suffrages et remporte 125 sièges sur 165 à l’Assemblée nationale ?

Il s’agit d’une non-élection. Comment pourrions-nous en apprécier les résultats? Au Sénégal, les inscriptions sur les listes ne sont pas totalement spontanées. Ce sont les militants, à la base, qui incitent les gens à s’inscrire. En Occident, on considère que les autorités ne peuvent connaître les intentions de vote des citoyens: mais ici, c’est différent. Dans le moindre village, on sait qui vote pourqui.Lesgensassumentleursopinions politiques et, dès lors que le régime n’est pas mû par des intentions démocratiques, il fait le nécessaire pour privilégier tel ou tel groupe dans la distribution des cartes. Au retour d’Abdoulaye Wade à Dakar, nombreux étaient les jeunes venus l’accueillir. C’est cette catégorie, en particulier, qui a été privée de son droit de vote.

Un hémicycle acquis à plus de 75 % à BBY Sur un total de 165 sièges (contre 150 lors de la précédente législature), dont 69 femmes (41,82 %) Benno Bokk Yakaar (BBY) Coalition gagnante Wattu Senegaal (coalition de la majorité présidentielle)

Abdoulaye Daouda Diallo a été remplacé par Aly Ngouille Ndiaye. Le premier est membre de la direction du parti au pouvoir, le second aussi. Tous deux sont maires de leur commune. Tous deux étaient et restent ministres. C’est juste un tour de passe-passe. Depuis 1993, avec l’appui de la société civile et l’assistance de nos principaux partenaires internationaux, la classe politique était parvenue à un consensus. Celui-ci a permis deux alternances non contestées en douze ans, preuve de son efficience. Mais depuis l’élection de Macky Sall, il a été remis en question par des tripatouillages unilatéraux du code et du fichier N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

Coalition Manko Taxawu Senegaal (dont Parti socialiste, Grand Parti, Rewmi)

19

Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) 7 3 2 9

Coalition Convergence patriotique-Kaddu Askan Wi Autres*

* 9 formations ou coalitions ont chacune obtenu un siège : Parti pour la vérité et le développement (PVD) ; coalition Manko Yeesal Sénégal ; Union citoyenne-Bunt Bi ; Convergence patriotique pour la justice et l’équité-Nay Leer (CPJE-Nay Leer) ; coalition AND-Saxal Liggéey ; Oser l‘avenir ; coalition Pôle alternatif-3e voie Senegaal Dey Dem ; coalition Alternative du peuple-Ndawi Askan Wi ; Initiative pour une politique de développement (IPD).

électoraux. C’est cela que nous critiquons. Qu’on fasse un audit indépendant et qu’on en revienne au consensus antérieur ! L’opposition semblait prête à se regrouper sur une liste unique, mais l’opération a capoté in extremis. N’est-ce pas cet échec qui est avant tout à l’origine de la victoire de BBY ?

La majorité présidentielle n’avait pas la majorité absolue en matière de suffrages et, pourtant, elle obtient une majorité écrasante en nombre de députés. Si nous avions scellé cette alliance, nous dispose-

Karim est notre candidat pour 2019. Son retour n’est qu’une question de calendrier. Au lendemain des législatives, le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, que l’opposition vouait aux gémonies, le considérant trop partisan pour superviser les élections, a été remplacé. N’est-ce pas un motif de satisfaction ?

(dont PDS, AJ-PADS, Tekki, Convergence démocratique Bokk Guis Guis)

125 SOURCE : ASSEMBLÉE NATIONALE, 14/9/2017

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rionsaujourd’huid’unemajoritéàl’Assemblée, car la coalition au pouvoir a en effet recueilli moins de 50 % des voix… Donc l’opposition est sociologiquement majoritaire au niveau national. Nous regrettons, bien sûr, de n’avoir pas été en mesure d’aller unis aux élections. Depuis 2012, Abdoulaye Wade reste le secrétaire général national du PDS, mais il est âgé de 91 ans et vit le plus souvent en région parisienne. Oumar Sarr, le numéro deux, gère les affaires courantes à Dakar avec le comité directeur. Et Karim Wade est officiellement votre candidat pour 2019, mais il est « exilé » au Qatar et ne s’est pas exprimé depuis sa libération, en juin 2016. Qui dirige le PDS ?

Dans les grands partis, il est toujours difficile de succéder au fondateur, a fortiori si celui-ci l’a dirigé quarante années durant. Naturellement, le président Abdoulaye

Wade n’est plus aujourd’hui dans la même position ni dans les mêmes perspectives qu’il y a une vingtaine d’années. À nos yeux, il est désormais un inspirateur, un modèle. C’est nous qui faisons le voyage, mais il nous accompagne. Lors des législatives, sa présence a pesé dans la balance. Pour l’heure, le PDS n’a plus un leadership centralisé mais un groupe soudé – son comité directeur –, et c’est très bien ainsi. Karim Wade est-il toujours votre candidat pour la présidentielle de 2019 ?

Karim a été désigné candidat en mars 2015, à la veille de sa condamnation et alors qu’on s’attendait que la présidentielle ait lieu début 2017. Le contexte a changé mais, au niveau du PDS, il est toujours notre candidat. Il demeure au Qatar dans le cadre d’un exil forcé, auquel il est temps pour nous de mettre un terme. Cette injonction à l’exil était un acte politique imposé par le pouvoir en échange de sa libération et de celle de ses coaccusés. Y mettre un terme est un acte politique que nous poserons le moment venu. À titre personnel, je regrette qu’il n’ait pas été parmi nous pour la campagne des législatives. Cela nous aurait apporté un plus. Confirmez-vous que, avant la présidentielle de février 2019, Karim Wade sera de retour au Sénégal pour briguer la présidence ?

Il est évident que le candidat du PDS se doit de venir ici pour y battre campagne. À quelle victoire pourrions-nous prétendre s’il le faisait depuis l’étranger? Karim Wade étant notre candidat, son retour au Sénégal n’est donc, pour nous, qu’une question de calendrier. Propos recueillis à Dakar par MEHDI BA JEUNE AFRIQUE



Le Plus de JA Sénégal

Annus horribilis pour Khalifa Sall Élu député le 30 juillet, le maire de Dakar demeure incarcéré malgré l’immunité qu’il revendique. Et le scénario de sa candidature à la présidentielle de 2019 paraît plus incertain que jamais.

YOURI LENQUETTE POUR JA

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Le 7 mars, lors de son arrivée au palais de justice, convoqué par le doyen des juges d’instruction.

L

e 14 septembre, la rentrée parlementaire s’est faite sans lui. Bien qu’élu député un mois et demi plus tôt, le numéroundelalistede lacoalitionManko Taxawu Senegaal, Khalifa Sall, 61 ans, dort toujours à la prison de Rebeuss, où il est en détention préventive depuis sept mois. En août, invoquant son immunité parlementaire fraîchement acquise, ses avocats avaient déposé une requête visant à obtenir de la justice sa libération d’office. Sans succès. À la veille de la séance inaugurale de la nouvelle Assemblée nationale, ils se sont tournés vers son président pour lui demander de faire respecter par ses pairs « la volonté du peuple souverain ». En vain. Incarcéré depuis le 7 mars, inculpé pour détournement de deniers publics et faux et usage de faux dans le cadre de la gestion d’une régie d’avance servant de longue date (sans justificatif comptable) à diverses dépenses urgentes, le maire socialiste de la capitale – qui considère avoir simplement fait usage de « fonds politiques », autrement dit d’une caisse noire tolérée par l’État – se trouve dans l’impossibilité de siéger dans l’hémicycle. Malgré la mobilisation de ses proches et N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

de vie politique, Khalifa Sall se trouve en fâcheuse posture. C’est depuis sa cellule de Rebeuss qu’il assume, tant bien que mal, ses fonctions de maire. Son mandat de député semble en revanche sérieusement compromis. Quant à un éventuel destin présidentiel, dont lui-même n’a jamais confirmé explicitement l’ambition, il paraît à ce jour hors d’atteinte. En refusant, in extremis, de former une liste commune aux législatives de juillet avec la Coalition gagnante Wattu Senegaal, emmenée par l’ancien président Abdoulaye Wade, Khalifa Sall a pris le risque de voir l’opposition aller aux urnes en ordre dispersé. Mal lui en a pris. Bien qu’allié au Grand Parti de Malick Gackou et au Rewmi d’Idrissa Seck au sein de Taxawu Senegaal, le frondeur socialiste – dont le parti demeure l’allié de Macky Sall – s’est classé en troisième position avec un score de 11,7 % et 7 sièges. Loin, très loin de la coalition gouvernementale, Benno Bokk Yakaar (BBY), qui rafle le jackpot avec 49,5 % et 125 élus, et deux bonnes longueurs derrière l’autre coalition d’opposition, Wattu Senegaal, constituée autour du chef historique du Parti démocratique sénégalais (PDS), Abdoulaye Wade, qui est parvenue à récolter 19 sièges. Pis, le maire de Dakar s’est laissé devancer de quelques milliers de voix dans son bastion dakarois par BBY. Lourde addition pour celui qu’on donnait, il y a peu, imbattable dans sa capitale.

sympathisants, en dépit des divers recours introduits par ses avocats, « l’affaire Khalifa Sall » est pour l’heure enlisée. Elle n’a encore abouti ni à un non-lieu ni à un procès. Selon ses avocats, le maire de Dakar « a toujours contesté le bien-fondé des poursuites et considéré qu’elles sont motivées par une volonté de l’écarter du jeu politique ». Une interprétation rejetée par les autorités, qui opposent l’indépendance totale la C’est depuis sa cellule de Rebeuss justice sénégalaise vis‑à-vis qu’il assume, tant bien que mal, de cette affaire. Pourtant, dans le camp de Khalifa ses fonctions à la Ville. Sall, on fait remarquer que À seize mois d’une présidentielle que le rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) à l’origine des poursuites avait été Macky Sall, conforté par cette récente transmis au procureur avec une célévictoire, entend bien remporter haut la rité inhabituelle par la présidence de la main, le scénario d’une candidature de République, autorité de tutelle de l’IGE. Khalifa Sall ne paraît plus qu’un lointain souvenir. En mal de soutiens, privé de LOURDE ADDITION. Enfant chéri des liberté et sous le coup d’une possible condamnation, le maire de Dakar aura édiles des grandes métropoles africaines, adulé de Paris à Montréal par ses pairs manifestement besoin d’un coup de pouce du destin pour revenir à temps de l’Association internationale des maires francophones, dont il est le secrétaire sur le devant de la scène. général, après plus de quatre décennies MEHDI BA JEUNE AFRIQUE



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Le Plus de JA Sénégal

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TRIBUNE

DR

Deux pays, un destin

FATOU JAGNE SENGHOR Directrice régionale de l’ONG Article 19

S

énégal et Gambie. Un peuple uni par une géographie, des traditions et une histoire communes. Une confédération prématurément avortée à la fin des années 1980 et deux régimes politiques, dont une dictature qui a isolé la Gambie pendant plus de vingt ans. Comment aller de l’avant aujourd’hui en tenant compte de cette histoire, des enjeux sécuritaires, des intérêts économiques? Le Sénégal et la Gambie vont devoir relever ces défis. Avec l’élection inattendue d’Adama Barrow à la présidentielle de décembre 2016, le peuple gambien a tourné le dos au régime deYahya Jammeh, lequel, pris au dépourvu par ce rejet, a accepté le verdict des urnes avant de se rétracter quelques jours plus tard, menaçant d’entraîner le pays dans le chaos. Une mobilisation régionale et internationale sans précédent s’est alors organisée pour soutenir la démocratie gambienne naissante. Le Sénégal y a joué un rôle prééminent, au sein de la Cedeao et du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a accueilli les milliers de Gambiens inquiets qui fuyaient leur pays. Et c’est à Dakar que le président élu Adama Barrow a prêté serment le 19 janvier avant de pouvoir rentrer à Banjul. Aujourd’hui encore, la sécurité du pays est assurée par l’Ecomig, la mission d’intervention en Gambie de la Cedeao, dans laquelle le Sénégal joue un rôle clé.

Il faut une vision collective claire et des intérêts économiques partagés. Libérée de vingt-deux ans de dictature, la Gambie a subi un isolement qui aura d’énormes conséquences sur sa reconstruction. Et ses lendemains sont incertains. Comment s’opèrent les réformes de l’armée et des forces de sécurité ? Quel rôle pour ses leaders politiques depuis l’éclatement de la coalition en avril? Cette fragile Gambie est désormais ouverte au business. S’il n’est pas bien encadré, des flux d’affairistes risquent de se mobiliser, à l’intérieur comme depuis l’extérieur, dans l’Administration comme dans les milieux économiques, qui pourraient tirer profit de la situation, causer des frustrations, faire ressurgir le vieux démon de la corruption et la suspicion d’interventions opaques du grand frère. L’un des meilleurs moyens de juguler ce risque est de développer un partenariat JEUNE AFRIQUE

« gagnant-gagnant » et des politiques publiques conjointes. Le Secrétariat permanent de la Sénégambie, si on lui en donne les moyens, pourrait être le creuset des réflexions sur la construction de cette dynamique de coopération bilatérale, qui serait sans conteste un ancrage pour le progrès, la stabilité et la paix. Cette paix passe par l’intégration, la transparence dans la gestion des deux économies, la sécurité et les valeurs partagées, dont l’une des plus importantes est le respect des droits humains et l’acceptation de la démocratie. Pour répondre à la particularité de la situation sénégambienne, pour s’unir et coopérer dans la franchise et le respect réciproque des populations, il faut les mêmes valeurs, une estime et une confiance mutuelles, un leadership fort et visionnaire. Il faut une vision collective claire et des intérêts économiques partagés. Pour le Sénégal, ces intérêts s’articulent, entre autres, autour de la paix en Casamance, de la sécurité, de la traversée sans encombre des biens et des populations vers le sud du pays, du libre accès au marché gambien. Pour la Gambie nouvelle priment la sécurité et le développement de l’économie, en partie tributaire du Sénégal. Il est temps que des réflexions sérieuses, dépassionnées et objectives soient menées pour que la rhétorique du « c’est le même peuple » puisse enfin devenir une réalité et que les bases d’une coopération équitable soient établies, de façon que les acteurs économiques et administratifs coopèrent et que les populations vaquent à leurs occupations sans tracas. La réussite de cette intégration, par laquelle ceux que l’histoire et la géographie ont rassemblés vont renouer et consolider leurs liens, sera évidemment bénéfique pour le reste de la région et accélérera la coopération sous-régionale. Il est temps que les gouvernements sénégalais et gambien s’engagent activement pour donner l’orientation stratégique, fournir le cadre et les ressources nécessaires à la mise en place de ce processus, auquel la société civile, en particulier les jeunes et les femmes, doit impérativement être associée. Elle devrait être consultée et impliquée à tous les niveaux de ce processus, afin qu’il devienne un « cours naturel » et ne soit pas imposé aux populations qui, de part et d’autre de la frontière, au Sénégal comme en Gambie, vivent en harmonie, de manière étroitement conviviale. N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017


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Le Sénégal doit passer d’une gestion à une économie des déchets

3 QUESTIONS À …

Fort d’une expérience de 17 années dans le secteur urbain, Ibrahima Diagne occupe depuis 2011 la tête de l’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides (UCG), avec la mission, confiée par le gouvernement du Sénégal, d’accompagner les collectivités locales. Renforcement des compétences techniques et humaines, développement des infrastructures, gestion participative et responsable du secteur, formation et information de tous les acteurs… les missions confiées à l’UCG et son Coordonnateur sont aussi multiples que fondamentales. Sur un dossier classé au rang de priorité nationale par Macky Sall, le président sénégalais.

UNITÉ DE COORDINATION DE LA GESTION DES DÉCHETS SOLIDES Cité Keur Gorgui, Dakar, Sénégal Tél. : +221 33 869 02 62 Email : pngd@pngd.org

www.pngd.org

Ibrahima Diagne, responsable de l’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides (UCG) Quelles sont les responsabilités confiées à l’UCG, et pour atteindre quels objectifs ?

L’État du Sénégal cherche à renforcer la démocratie locale et la décentralisation, pour donner les capacités techniques, financières, logistiques, organisationnelles et managériales, nécessaires à la prise en charge des questions de salubrité publique par les collectivités locales. C’est dans cette perspective que l’UCG a développé le Programme national de gestion des déchets (PNGD), arrimé au Plan Sénégal émergent (PSE), pour améliorer le cadre de vie, tout en répondant à la forte demande sociale en matière de création de richesses et d’emplois. Ce plan nous apporte un cadre harmonisé d’intervention, pour une gestion durable et intégrée des déchets. Les dernières lois et textes juridiques fondamentaux du secteur datent de plus de 40 ans. Le type des déchets à évoluer, ainsi que les enjeux en termes de développement durable. Il fallait donc une mise à jour du cadre légal, réglementaire et institutionnel. Et c’est ce qui a été fait. Nous avons également dû investir dans des infrastructures modernes et normalisées. Les premiers systèmes municipaux et modernes de gestion des déchets ont vu le jour dans 4 communes. Nous avons également renforcé les capacités des différents acteurs et mieux sensibiliser les populations. L’UCG a, élaboré un plan national de formation sur les métiers liés à la gestion des déchets solides, avec la création d’une « école des déchets » destinée à former plus de 20 000 personnes sur 5 ans. 21 modules seront disponibles, portant sur 99 métiers. Nous travaillons également sur la mise en œuvre d’une

stratégie de communication pour sensibiliser les populations à avoir un comportement responsable. Un projet d’éducation environnementale a aussi vu le jour, en collaboration avec le ministère de l’Éducation, pour que soient enseignées, dès l’école, les meilleures pratiques en matière de gestion des déchets. Enfin, nous voulons développer un système d’information, à la pointe de la technologie, permettant de suivre les différents indicateurs du secteur. Tout cela répond à la vision du président de la République, Macky Sall, qui a érigé la salubrité publique au rang de priorités pour le pays. Dakar est aujourd’hui un bon exemple de cette volonté. Comment avez-vous réussi à « nettoyer » la capitale ? En reprenant, en novembre 2015, le Programme de Gestion des déchets solides urbains (PGDSU) de la région de Dakar, l’UCG a pu faire un état des lieux de la situation qui lui a permis de constater que 40 % des zones urbaines n’étaient pas collectées, ainsi qu’une quasi-absence de balayage des voies publiques. Près de 660 dépôts sauvages ont également pu être identifiés et localisés. Pour faire face à cette situation, l’UCG a mis en œuvre le Programme d’urgence de propreté (PUP), pour améliorer le cadre de vie en mobilisant tous les acteurs locaux. Il a concerné l’ensemble des 52 communes de la région de Dakar, sur une durée de 5 mois, jusqu’en avril 2016. Les résultats obtenus ont été très satisfaisants, puisque plus de 500 km de voirie ont été balayés, désensablés et 96 ronds-points nettoyés, alors que les dépôts sauvages ont été éradiqués. Près de 85 000 tonnes de déchets ont été collectées et mis dans des décharges


MESSAGE autorisées. Dans le même temps, la collecte journalière de plus de 2000 tonnes de déchets est toujours assurée. Il faut maintenant pérenniser les acquis du PUP, pour faire entrer la capitale dans le cercle fermé des villes les plus propres du continent. C’est la raison pour laquelle l’UCG a restructuré les systèmes de collecte, pour passer d’un taux global de couverture de 60 % à 78 %, et de balayage des rues, qui atteignent 51 % dorénavant contre 20 % auparavant. Nous avons également proposé une réorganisation des activités de pré-collecte, en cartographiant les interventions des opérateurs et en les professionnalisant. Nous avons aussi impulsé une initiative citoyenne, intitulée « Quartier zéro déchet », pour accompagner les Organisations communautaires de bases (OCB) dans la gestion intégrée et durable des déchets solides, selon une dynamique d’innovation sociale et d’économie circulaire. Nous avons enfin engagé un processus de requalification de la décharge de Mbeubeuss, après avoir analysé les risques environnementaux et sociaux qu’elle a généré. L’objectif est de supprimer les sources de contamination et de réintégrer le site dans son environnement, en discutant avec les partenaires techniques et financiers. L’Agence française de développement (AFD) se montre intéressée. La Banque mondiale s’est déjà engagée à soutenir les autorités sénégalaises

sur ce dossier ainsi soixante millions (60 000 000) de dollars sont prévus pour lancer les travaux sur la décharge et pour la mise en œuvre des mesures de réinsertion socio-économique des personnes affectées. Quelles sont les prochaines étapes dans les différents processus pilotés par l’UCG ? Notre premier objectif est d’achever le train de réformes qui nous permettra de disposer d’un cadre législatif satisfaisant. Nous espérons faire adopter rapidement la loi d’orientation pour la gestion intégrée et durable des déchets, ainsi que les décrets et arrêtés qui réglementeront le secteur. Nous devons également publier les résultats de la campagne nationale de caractérisation des déchets, qui vise à déterminer leurs flux et leurs typologies. En parallèle, le PGDSU (encadré cidessous), sera bouclé avec la réception prochaine des infrastructures. Nous tâcherons ensuite de capitaliser sur les expériences et les savoirs pour changer de paradigme. Le pays doit passer d’une gestion à une économie des déchets. Et pour renforcer la prise de conscience de la population, transmettre un message éco-citoyen, nous comptons nous appuyer sur les guides religieux et coutumiers, ainsi que sur la parution d’un lexique en wolof, sur le thème de la gestion des déchets. !

▲ Pose première pierre de la construction des infrastructures du PGDSU à Touba par son excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République.

17,5 milliards la contribution, en F CFA, de la Banque islamique de développement (BID), au PGDSU

2 000 tonnes la collecte de déchets journaliers acheminée à la décharge de Mbeubeuss

60 millions de $ montant mobilisé par l’État du Sénégal avec l’appui de la Banque mondiale pour prendre en charge la requalification de la décharge de Mbeubeuss

RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL Un Peuple – Un But – Une Foi

MINISTÈRE DE LA GOUVERNANCE LOCALE, DU DÉVELOPPEMENT ET DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

L’État du Sénégal est appuyé par la Banque islamique de Développement (BID) pour la mise en œuvre du Projet de Gestion durable des déchets solides urbains (PGDSU), au bénéfice des communes de la région de Dakar, de Tivaouane, de Touba et de Kaolack, pour un montant de 17,5 milliards de FCFA. Il vise à mettre en place un système municipal de gestion des déchets avec la construction d’infrastructures

Point de regroupement normalisé (PRN).

modernes de gestion et traitement des déchets, l’acquisition d’équipements de pré-collecte et collecte des déchets, le renforcement de capacités des acteurs, la sensibilisation et la communication. Trois catégories d’installations innovantes sont en construction. Trente-deux points de regroupement normalisé (PRN), sont destinés à recevoir et trier les déchets provenant de la pré-collecte et

de l’apport volontaire de la population. 3 ce nt re s d e re g ro u p e m e n t e t d e commercialisation (CRC) se chargent du conditionnement des déchets et de leur vente. En bout de chaîne, 3 centres intégrés de valorisation des déchets (CIVD) trient, retraitent, valorisent ce qui peut l’être et enfouissent le reste. Des aires de compostages et des unités de productions d’énergies sont également implantées au sein de ces centres.

Centre de regroupement et de commercialisation (CRC).

Centre intégré de valorisation des déchets (CIVD).

DIFOCM/DF - PHOTOS : DR;

Des infrastructures innovantes de gestion des déchets solides municipaux


Le Plus de JA Sénégal ÉCONOMIE

Des performances confirmées et des essais à transformer Le Sénégal est sur une trajectoire de croissance soutenue. Mais pour tenir le cap, il faut renforcer la compétitivité du privé, en soutenant les PME-PMI et en remobilisant l’investissement direct étranger.

E

ntre la réduction du déficit budgétaire, la maîtrise de l’inflation sous la barre des 2 % ou encore la hausse des investissements, la solidité du cadre macroéconomique sénégalais se confirme (voir « repères » ci-dessous). Selon les données publiées par le Fonds monétaire international (FMI) fin juin, à l’issue de la quatrième revue de l’accord au titre de l’instrument de soutien à la politique économique du pays, le taux de croissance, passé de 6,5 % en 2015 à 6,7 % en 2016, devrait s’établir à 6,8 % en 2017 et poursuivre sa progression pour passer le cap des 7 % à partir de 2018. Principaux facteurs de croissance : la hausse de la production agricole, soutenue par une pluviométrie favorable et des investissements dans les filières clés (arachide, riz, horticulture), ainsi que les bons résultats des industries

Repères macroéconomiques

2015

2016

extractives, notamment avec l’exploitacontribué à redresser la Société natiotion du site d’ilménite de Diogo (région nale d’électricité et à réduire le déficit énergétique. de Thiès), dont la production a augmenté de 400 % de 2014 à 2016. La hausse de celle du groupe Industries chimiques EMPLOIS. Cette croissance ne se ressent du Sénégal (ICS), principal pourvoyeur encore que faiblement dans le quotidien des Sénégalais, notamment en ce qui de devises, a également été détermiconcerne les emplois décents et l’aménante, avec 1,6 million de tonnes de lioration des services essentiels (santé, phosphates, 431 000 t d’acide phosphorique et 100 000 t d’engrais produites en assainissement, électricité, etc.). Cela n’a 2016. Par ailleurs, la vitalité des entreprises spécialisées dans le La pauvreté affecte encore BTP et les matériaux (en particu6,8 millions de personnes, soit lier les cimenteries) a été dopée par de grands chantiers comme environ 45 % de la population. ceux de l’autoroute Thiès-Touba ou du nouvel aéroport international de rien d’anormal quand on sait qu’un pays Diass (lire pp. 86-87), mais également doit enregistrer une croissance comprise entre 8 % et 10 % pendant une dizaine par d’importants investissements dans le d’années pour espérer réduire de façon secteur de l’énergie, avec la construction significative la pauvreté, qui touchait de nouvelles centrales thermiques et solaires (lire p. 88), qui ont par ailleurs encore 6,8 millions de Sénégalais en 2016,

2017*

2018*

Deuxième meilleure croissance de l’Uemoa

en %

PIB réel (à prix constants)

6,5

6,7

6,8

7,0

Inflation

0,3

1,1

1,9

1,9

Côte d’Ivoire

en % du PIB

Solde budgétaire global

–4,8

– 4,2

– 3,7

– 3,0

Recettes et dons

28,0

29,6

27,7

28,4

Dépenses et prêts nets

29,9

31,0

28,8

28,7

Investissement intérieur brut

25,2

26,9

27,1

27,4

Public

6,8

7,5

7,5

7,6

Privé

18,4

19,3

19,6

19,8

Dette publique totale

56,9

60,6

62,1

60,6

Dette publique intérieure

15,8

14,6

12,1

12,8

Dette publique extérieure

41,1

46,0

50,0

47,7

* Projections N O 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

Pour 2016, en %, évolution du PIB réel à prix constants Projections pour 2017

6,85 6,70 6,80

Sénégal

5,40 6,10

Burkina Faso

5,37 5,20

Mali

5,20 5,00

Guinée-Bissau Togo

5,00 5,00

Niger

4,60 5,18

Bénin

7,52

4,03

SOURCE : FMI, JUILLET 2017

84

5,40 JEUNE AFRIQUE


selon le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) de Dakar, soit environ 45 % de la population. Le programme d’actions prioritaires inscrit dans le Plan Sénégal émergent (PSE) 2014-2018, censé remplir ses objectifs à l’horizon 2035, repose sur une transformation structurelle de l’économie. Son objectif est d’accélérer l’industrialisation de façon que le pays transforme localement les produits de base, crée de la valeur ajoutée et des emplois. Cette stratégie suppose que soit mise en œuvre une série de réformes permettant notamment la formation de ressources humaines de qualité et adaptées et le développement d’un environnement des affaires favorable à la naissance d’un tissu de PME solide, à la mobilisation des investissements nationaux et étrangers. PÔLE INDUSTRIEL. L’une des voies

choisies par l’État pour y parvenir a été de relancer la création de zones économiques spéciales intégrées. Ce n’est pas un coup d’essai, puisque Dakar a accueilli sa première zone franche industrielle (ZFI) en 1974, mais sans obtenir les résultats escomptés. Plusieurs sites sont en cours d’aménagement pour former la zone économique spéciale de Dakar. Si les chantiers ont pris du retard et la « zone économique intégrée de Diass », jouxtant le nouvel aéroport international BlaiseDiagne, est encore à l’état embryonnaire, non loin de là, à une quarantaine de kilomètres de la capitale, le premier pôle de la plateforme industrielle intégrée de Diamniadio (P2ID) est fin prêt, selon Aliou Mara, administrateur délégué des zones économiques spéciales au sein de l’Agence sénégalaise de promotion des investissements et grands travaux (Apix). La P2ID est un partenariat entre les gouvernements sénégalais et mauricien, via le Fonds souverain sénégalais (Fonsis) et le Mauritius Africa Fund. La première phase du parc (13 ha sur 53 ha à terme) a nécessité un investissement de 25 milliards de F CFA (plus de 38 millions d’euros). Une trentaine d’entreprises locales et étrangères devraient s’y installer dès l’année prochaine, parmi lesquelles le groupe textile chinois C&H Garment Company, qui a réservé un terrain pour y implanter son usine, dans laquelle il prévoit d’investir 25 millions de dollars (21 millions d’euros) et de créer 2 000 emplois directs. AMADOU OURY DIALLO JEUNE AFRIQUE

N O 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017


Lire aussi « Philippe Bohn veut mettre Air Sénégal sur orbite »

Le Plus de JA Sénégal INFRASTRUCTURES

L’AIBD enfin paré au décollage? Après dix ans de travaux, l’aéroport international Blaise-Diagne devrait être inauguré début décembre. Les derniers réglages sont en cours, avec de nouveaux partenaires.

À

moins d’un énième aléa et sous réserve que l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) ne reporte son autorisation à début 2018, le nouvel aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) devrait entrer en service le 7 décembre, après dix ans de travaux, de péripéties et plus de 400 milliards de F CFA (environ 610 millions d’euros) d’investissements. Cette inauguration officielle aura sa guest star : le premier appareil à décoller de l’AIBD devrait être l’un des deux ATR 72-600 d’Air Sénégal, le tout nouveau pavillon national, qui succède à Sénégal Airlines. Un an avant la présidentielle, la réussite ou le report de cette double mise en exploitation de la nouvelle compagnie

et du nouvel aéroport sénégalais va compter dans le bilan de Macky Sall et de son Plan Sénégal émergent (PSE), dont l’un des volets vise à faire du pays un hub régional. Situé à Diass, à 15 km de la ville nouvelle de Diamniadio, à 30 km de Mbour et de la station balnéaire de Saly Portudal et à 50 km du centre de Dakar, ville à laquelle il est relié par l’autoroute à péage – dans moins de deux ans, il le sera par le train express régional (TER) –, l’AIBD doit aussi contribuer au rééquilibrage démographique et économique entre la presqu’île du Cap-Vert et la région de Thiès. Le transfert progressif vers l’AIBD des trafics de passagers et de fret, ainsi que des activités qui leur sont liées, depuis l’aéroport international Léopold-Sédar-Senghor (près de

2 millions de passagers et 34 000 t de fret en 2016) arrivé à saturation et enclavé dans le nord de la capitale, va en effet décongestionner Dakar au profit du nouveau triangle urbain Diamniadio-ThièsMbour, au cœur duquel est implanté le nouvel aéroport. REPRIS EN MAIN. Cinq fois plus grand que l’aéroport Léopold-Sédar-Senghor, l’AIBD est doté d’une capacité de 5 millions de voyageurs par an (3 millions pour la première année) pour le terminal passagers et de 50 000 tonnes pour le terminal fret. Afin de se démarquer de ses concurrents dans la bataille des hubs aéroportuaires ouest-africains, la société d’exploitation de l’AIBD a misé sur la construction, à Diass, d’un centre d’entretien et de maintenance aéronautiques de dernière génération – soit un investissement supplémentaire estimé à près de 35 milliards de F CFA. Ce type de pôle de compétence est rare sur le continent (les plus réputés sont ceux d’Ethiopian Airlines, à Addis-Abeba, et de Royal Air Maroc, à Marrakech-Menara) et n’existait plus au Sénégal depuis la disparition d’Air Afrique en 2002.

Dernières finitions dans le terminal voyageurs. N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

JEUNE AFRIQUE

YOURI LENQUETTE

86


87

AMADOU OURY DIALLO, à Dakar

Lagos

Trafic passagers des principaux aéroports ouest-africains

MurtalaMuhammed

En 2016, en millions de voyageurs (évolution 2015-2016)

– 8,18 %

6,32

Kano

MallamAminu

4,33

Accra

Kotoba

+ 5,68 %

3,11

SÉNÉGAL

+ 2,02 %

1,99

CÔTE D’IVOIRE

+ 6,84 %

NIGERIA

TOGO GHANA

Dakar

Léopold-SédarSenghor

1,83

0,76 + 9,47 %

+ 19,86 % SOURCE : ACI AFRICA 2017

Projet emblématique de la présidence d’Abdoulaye Wade, le chantier de l’AIBD a été engagé en décembre 2007 sous la houlette du Saudi Binladin Group (SBG), géant saoudien de la construction. En 2015, à la suite de divergences avec l’État sénégalais, auquel il réclamait un nouvel avenant de 63,84 milliards de F CFA, SBG a abandonné le chantier. Il a été repris en main début 2016 par le consortium turc Summa et Limak Holding, désormais propriétaire de 66 % du capital de LAS SA, la société gestionnaire de l’aéroport, via un contrat de concession de vingtcinq ans. Alors que les travaux de finition s’achèvent dans le terminal passagers, un nouveau partenaire devrait contribuer à rendre un peu plus « glamour » les heures d’attente des voyageurs internationaux. Début septembre, LAS SA a attribué la gestion exclusive des boutiques de l’aéroport (une zone duty free de 1 000 m2 et un point de vente Relay de 100 m2) au groupe français Lagardère. Un contrat grâce auquel Lagardère Travel Retail, sa filiale spécialisée déjà présente dans plus de trente pays, fait son entrée en Afrique de l’Ouest.

Lomé

LoméTokoin

Abidjan

Abuja

NnamdiAzikiwe

FélixHouphouëtBoigny

4,19 – 2,57 %

LABOSOL - AGTS SA

MINES, LABORATOIRES, INGÉNIERIE GÉOTECHNIQUE, ESSAIS & MESURES

Études de sol • Topographie • Prospection minière • Études hydrogéologiques • Formation • Géophysique • Bathymétrie • Études environnementales Les projets phares

Plus de 200 études géotechniques réalisées chaque année 120 collaborateurs dont 23 ingénieurs

• Projet du train express régional TER • Projet de la ligne Bus Rapide Transit BRT de Dakar • Projet du Pont à péage de Foundiougne • L’érection de la nouvelle ville de Diamniadio

• L’extension du port Freetown • Le projet de chemin de fer Blue Line • Le métro d’Abidjan • Le Port Minéralier de Bargny • Le Parc Industriel de Diamniadio • La mine de phosphate de Farim en Guinée Bissau Fa

2 agences au Sénégal et 1 filiale sœur en Guinée Conakry Interventions dans plus de 17 pays

PRIX D’EXCELLENCE/DIAMANT OSCAR NATIONAL DE LA QUALITÉ 2016 LAURÉAT PRIX SPÉCIAL RÉALISATION DU PRODUIT PRIX UEMOA DE LA QUALITÉ 2016 LAURÉAT PRIX SPÉCIAL ORIENTATION DES PARTIES INTÉRESSÉES PRIX CEDEAO DE LA QUALITÉ 2017 ENTREPRISE LA PLUS DYNAMIQUE ET LA PLUS INNOVANTE DU SECTEUR DE L’INGÉNIERIE DU SÉNÉGAL PRIX ECOFINANCES 2017

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Le Plus de JA Sénégal

Mix énergétique à l’heure solaire Associant fonds d’investissement et groupes sénégalais ou étrangers spécialisés dans le renouvelable, les parcs photovoltaïques montent en puissance. Et ce n’est pas fini.

E

n moins d’un an, le pays a inauguré trois centrales solaires dont la plus récente, Senergy, a été mise en service en juin à Santhiou-Mékhé, près de Méouane (région de Thiès), à une centaine de kilomètres au nord-est de Dakar. Dotée d’une puissance installée de 30 MW, elle est pour l’heure l’une des plus importantes en activité en Afrique de l’Ouest, après celle de Zagtouli, près de Ouagadougou (33 MW), au Burkina Faso, entrée en production en septembre. Installé sur une superficie de 64 ha et composé de 92000 panneaux photovoltaïques, le parc solaire de Santhiou-Mékhé peut alimenter 300 000 foyers, selon la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec), qui a passé un contrat d’achat d’énergie avec Senergy PVSA, la société promotrice du projet. Cette grande ferme solaire est le fruit d’un partenariat public-privé associant le fonds d’investissement français Meridiam (53 %) et son compatriote Solairedirect (filiale d’Engie) – qui a construit le parc et assure sa maintenance –, ainsi que le Fonds souverain sénégalais (Fonsis, 32 %), Senergy PVSA et Proparco (15 %). Filiale de l’Agence française de développement pour le secteur privé, Proparco a financé la quasi-totalité du projet à travers un prêt

de 22 milliards de F CFA (33,5 millions 20 milliards de F CFA (100 ha, 86 000 pand’euros), sur un investissement global neaux, pour une puissance de 22 MW et 9 000 foyers approvisionnés). estimé à 27 milliards de F CFA. L’entrée en production de ce parc succède à celle de la centrale Senergy II, TEN MARINA. Le développement d’autres en octobre 2016 (20 MW, 77 000 panunités photovoltaïques est prévu dans neaux installés sur 50 ha, 9 000 foyers différentes régions, notamment à Kahône (près de Kaolack, 20 MW) et Sakal (près alimentés). Installée à Bokhol, dans le de Louga, 20 MW), dont les centrales nord-ouest du pays, elle a été financée seront opérationnelles avant par la plateforme française la fin de l’année. Le projet GreenWish Partners et a le plus avancé est celui nécessité un investisdu parc de Ten Marina sement de 17 mil(30 MW), implanté à liards de F CFA. Sa construction 10 km du site Senergy et sa gestion ont de Santhiou-Mékhé. été confiées au À l’instar de ce derfrançais Vinci nier, le parc de Ten É n e r g i e s, av e c Marina, qui devrait lequel la Senelec être opérationnel au 31 octobre, est porté a signé un contrat des Sénégalais par Meridiam, associé d’achat d’électricité n’ont pas accès pour la construction et pour une durée de vingt à l’électricité ans. Quant au parc de l’exploitation du projet à ses Ce taux tombe à compatriotes Solairedirect Malicounda, près de Mbour, et Eiffage. Ils ont obtenu un sa première phase a été inauprêt de 34,5 millions d’euros de gurée en novembre 2016 et en milieu urbain, Proparco et de la Société belge la seconde en juillet 2017 par mais atteint d’investissement pour les pays la Senelec et un groupe d’inen développement (BIO), pour vestisseurs italiens, avec pour en zone rurale partenaire principal Solaria, un financement total estimé à qui a financé sa construction 43 millions d’euros. pour un montant estimé à AMADOU OURY DIALLO

45 % 20 %

60 %

PRODUIRE PLUS ET PLUS VERT POUR PAYER MOINS CHER

L

e Plan Sénégal émergent (PSE) a fixé un objectif de 20 % du mix électrique d’origine renouvelable à la fin de 2017. Plus largement, cette mesure vise à assurer la couverture des besoins du pays et l’accessibilité d’un plus grand nombre de foyers à l’électricité (notamment en zone rurale), à faire baisser les coûts de production et d’achat du kilowattheure (kWh) – et donc les subventions allouées à la Senelec –, mais aussi à diminuer la N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

dépendance aux fluctuations des marchés internationaux, en même temps que les émissions de CO2. Pour réduire le lourd déficit en électricité, la politique des gouvernements qui se sont succédé depuis 2012 a été d’accélérer la libéralisation de la production. Résultats : la capacité électrique installée est passée d’environ 660 MW en 2010 à 1 000 MW à la mi-2017 (avec un objectif de 1 260 MW en 2019).

Sévèrement déficitaire jusqu’en 2014, la Senelec exporte désormais son excédent au Mali, et le coût de production est passé de 97 F CFA/kWh (15 centimes d’euro) en 2012 à 44 F CFA/ kWh en 2016. Mieux, l’augmentation de la production d’électricité et en particulier de celle d’origine photovoltaïque (dont le prix d’achat du kWh coûte environ 40 % moins cher à la Senelec que celui des centrales thermiques) a permis au gouvernement

d’honorer la promesse faite par Macky Sall dans ses vœux aux Sénégalais pour 2017 : depuis mars, le prix de l’électricité a baissé de 10 % pour les usagers de la Senelec, soit un allégement estimé à 30 milliards de F CFA sur la facture globale annuelle des particuliers et des entreprises… qui ne fait cependant pas oublier que les tarifs de l’électricité au Sénégal restent parmi les plus élevés de la sous-région. A.O.D. JEUNE AFRIQUE



Le Plus de JA Sénégal AGROALIMENTAIRE

Sedima et ses poules aux œufs d’or

Pour faire face à la concurrence, le leader national de l’aviculture diversifie ses activités et ouvre de nouvelles unités industrielles.

SEDIMA

90

Au couvoir de Ndiakhirate, près de Dakar, qui peut produire jusqu’à 1,75 million d’œufs par an.

E

n propulsant sa fille Anta Babacar Ngom Bathily à la direction générale de l’entreprise familiale en janvier 2016, tout juste quarante ans après la création de celle-ci, le fondateur de Sedima, Babacar Ngom, savait que les bases de son groupe étaient plus que solides. En dépit de la vive concurrence qui règne désormais dans la filière, avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 32 milliards de F CFA (48,8 millions d’euros) et un effectif d’environ 780 employés, Sedima est le leader sénégalais et ouestafricain de l’aviculture, son cœur de métier. Il assure ainsi plus de 20 % de la production nationale de poussins (commercialisés pour la ponte et la chair). « Ces dernières années, le groupe a multiplié les investissements afin d’être présent sur toute la chaîne de valeur de la filière », explique Anta Babacar Ngom Bathily. Pionnier dans la production N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

industrielles et a attiré les investisseurs locaux et étrangers. Une évolution qui a incité Sedima à prendre un virage stratégique. En 2011, Babacar Ngom crée Batix, une filiale spécialisée dans l’immobilier institutionnel et haut de gamme, ainsi que dans la construction d’installations et de bâtiments industriels. L’entreprise a notamment réalisé le nouveau siège régional de Bank of Africa (BOA), dans le très chic quartier dakarois des Almadies, ou encore celui de Total Sénégal. Le groupe a également pris des participations dans le capital de certaines banques comme BOA Sénégal et, plus récemment, de Mansa Financial Group (MFG), établi à Abidjan et présidé par l’Ivoirien Serge Bailly. En 2014, Sedima fait son entrée parmi les minotiers, déjà en surchauffe, rejoignant dans leur cœur de métier ses principaux challengers sur le segment alimentation volaille (GMD, NMA Sanders et FKS). Sa minoterie dispose d’une capacité de production annuelle de 70 000 tonnes de farine de blé tendre. Quatre décennies après le début de son aventure dans un petit poulailler de Keur Massar, dans les faubourgs de Dakar, le géant sénégalais de l’aviculture nourrit aujourd’hui des appétits continentaux. Sedima prépare en effet l’ouverture de filiales au Mali, au Congo et en Guinée

d’aliments pour volailles (depuis 1989), il vient de compléter son offre avec le lancement d’une nouvelle gamme pour les ruminants et s’est lancé depuis quelques années Le groupe prépare l’installation dans la culture de maïs et de filiales au Mali, au Congo de sorgho, aliments de base pour la provenderie. De et en Guinée équatoriale. l’autre côté de la chaîne, il a ouvert cette année un abattoir induséquatoriale. Pour ses implantations, il triel, doté d’une capacité de traitement prévoit l’installation de complexes avide 6 000 poulets par heure. La boucle coles dotés de trois pôles d’activité (des est bouclée. fermes, un couvoir et une unité de production d’aliments) au Mali, de quatre VIRAGE STRATÉGIQUE. Si le groupe, pôles en Guinée équatoriale (des fermes, un couvoir, une usine d’aliments pour fort de sa longévité et de son savoirfaire, continue de dominer le marché volailles et un abattoir) et de cinq pôles au avicole sénégalais, il n’y est plus seul. Congo-Brazzaville, où le groupe compte En pleine croissance depuis le gel par également établir une minoterie. Enfin, Sedima est en discussion avec l’État des importations de produits avicoles en 2005 (afin de protéger le pays l’américain KFC afin d’ouvrir très prochaide la pandémie de grippe aviaire), la nement un restaurant franchisé à Dakar. filière a vu émerger de grandes fermes AMADOU OURY DIALLO JEUNE AFRIQUE


COMMUNIQUÉ

La Renaissance d’un hôtel mythique Entretien avec Daniel Karbownik Directeur Régional Sénégal et Côte d’Ivoire AccorHotels et Directeur Général du Pullman Dakar Teranga. Le Pullman Dakar Teranga a vécu depuis 2016 une rénovation profonde. Pouvez-vous nous en dire plus ? Comme vous le dîtes, Le pullman Dakar Teranga a vécu une rénovation totale et profonde. Cet hôtel mythique 5 étoiles avait 44 ans, il était temps de le revoir de fond en comble. Tout a, en fait, été revu, changé, amélioré : ce qui est visible comme le lobby, les restaurants, les chambres, les suites avec notamment la création d’une suite présidentielle, l’espace meetings avec les salles de réunion et la création d’une board room….Mais aussi ce qui est moins visible mais tout aussi important : la cuisine, la climatisation, la plomberie, l’électricité etc… C’est donc quasiment un nouvel hôtel qui aujourd’hui vous accueille. Encore plus important que la structure peut être, L’ADN PULLMAN « Our World is your playground » a également trouvé sa place avec la « Connectivity by Pullman » qui se concrétise par un wifi 100 mo gratuit dans tous les espaces et les Imac en libre-service dans le « Junction » (le lobby by Pullman), mais aussi tout le domaine du bien être avec l’ouverture d’un étage entier dédié au wellbeing . Un Pullman Spa, un Pullman Fit et une « healthy Pool » vous y accueillent tous les jours de 1Oh à 22h pour le spa et H24 pour le Fitness. Enfin au travers de notre fameux Junction et de nos bars et restaurants, nous faisons vivre le « ArtistPlayground » avec le concept Store de Aissa Dione et les différents événements artistiques que nous y organisons. Tout cela est bien entendu porté par une équipe de 200 collaborateurs qui vous accueillent chaque jour avec ce fameux sens de la Teranga sénégalaise. Chez Pullman et chez Accor en général, nos collaborateurs sont, comme nos clients, au cœur de tous nos projets et organisations. Quels sont à votre avis les points forts de la destination DAKAR ? Il y en a beaucoup. A 5h des capitales européennes, 3h de Casablanca ou d’autres capitales africaines, c’est une métropole facile d’accès. La stabilité politique du pays joue également en sa faveur, il n’y a aucun trouble dans le pays. Elle jouit d’un climat agréable toute l’année et Dakar a cette façade Atlantique qui permet d’allier travail avec détente et plaisir ! Le service hôtelier s’y est beaucoup amélioré, la gentillesse et le sens de l’accueil des sénégalais n’est plus à prouver. Ce plaisir de faire plaisir et cette volonté de faire de votre séjour une expérience inoubliable n’est pas présente dans tous les pays. En termes d’infrastructure, de nombreux hôtels 5 étoiles disposent de salles de séminaire, nous proposons avec AccorHotels 600 chambres et 20 salles de séminaire sur 3 hôtels : un 3 étoiles avec Ibis, un 4 étoiles avec Novotel et donc un 5 étoiles avec ce Pullman Dakar Teranga. Enfin, nous attendons pour fin 2017 le nouvel aéroport international Blaise Diagne. PULLMANHOTELS.COM

Quelle est la part d’après vous entre tourisme d’affaires et de loisirs au Sénégal aujourd’hui ? Le tourisme au Sénégal se cantonne principalement depuis quelques années sur le tourisme d’affaires. C’est à mon avis dommage. Le Sénégal a des arguments à faire valoir pour attirer une clientèle loisirs. Il faut pour cela, à mon avis, un vrai plan d’actions pour relancer ce tourisme et capitaliser sur les points forts du pays : sa stabilité politique, son climat, le sens de l’accueil sénégalais, ses parcours de découverte que ce soit dans l’art, la musique, le sport, les régions etc.. Quelles sont pour vous les nouvelles tendances de l’hôtellerie ? Comme tous les domaines, l’hôtellerie est en perpétuelle évolution. Le temps où le voyageur recherchait un lit et un petit déjeuner est bien résolu. Aujourd’hui nos clients veulent vivre des expériences. L’homme d’affaires veut travailler et se détendre. Work Hard..Play Hard ! Avoir toutes les commodités pour travailler efficacement mais pouvoir aussi se détendre à la piscine et au spa et profiter d’une soirée concert ou d’une exposition photo. Les hôtels sont des lieux de vie s’adressant aux clients de l’hôtel mais également aux habitants de la ville. Le service, l’accueil, les prestations sont bien sûr des incontournables mais il est intéressant pour un voyageur de pouvoir découvrir dans l’hôtel un peintre, un photographe, une créatrice d’artisanat, des musiciens, des écrivains au travers de rencontres ou d’expositions, de concerts etc.. Enfin l’hôtel doit être pour les habitants d’une ville comme Dakar un lieu d’échanges, de rencontres, de découvertes. C’est ce que nous essayons de faire au Pullman Dakar Teranga. Nous essayons d’en refaire le « lieu incontournable » de Dakar. Pour cela il faut le confort, les facilités, le service et la connectivité d’un hôtel 5 étoiles de chaîne internationale mais il faut aussi la richesse humaine de son staff et la certitude qu’il s’y passe toujours quelque chose. Il faut pour cela créer l’événement, provoquer des rencontres, accueillir des artistes, des talents afin d’offrir des expériences vibrantes et en phase avec les tendances actuelles. Vos ambitions pour cette fin d’année et pour 2018 ? Comme j’ai essayé de vous l’expliquer, notre ambition est de faire du Pullman Dakar Teranga l’hôtel et le lieu de vie incontournable de la Ville. The « Place In tune, In style » de Dakar. Nos clients sont au centre de nos préoccupations et nous souhaitons qu’ils vivent parfaitement l’expérience Pullman qui est résumée par cette phrase : Our World is your playground… Notre monde est votre terrain de jeu. Le pullman Dakar entièrement rénové avec ses nouveaux services veut être le terrain de jeu privilégié des voyageurs faisant une halte à Dakar, mais aussi des dakaroises et des dakarois.

dakar.meetingsreservation@accor.com



Le Plus de JA Sénégal

93

TRIBUNE

DR

Notre pays a-t‑il tort de refuser la sortie de la zone franc ? AHMADOU ALY MBAYE Doyen honoraire de la faculté des sciences économiques et de gestion, université Cheikh-Anta-Diop (Ucad) de Dakar

L

e débat sur la sortie ou non de la zone franc fait couler beaucoup d’encre. Souvent brouillé par la quantité de passions qu’il cristallise, il débouche presque sur une opposition frontale entre les partisans du pour et ceux du contre. Opposition qui n’épargne pas les chefs d’État, la position duTchadien Déby contrastant nettement avec celle affichée par ses homologues ouest-africains, notamment les présidents Ouattara et Sall. Comment peut-on jeter un regard plus lucide sur cette question ? Les partisans de ce que d’aucuns n’hésitent plus à qualifier de « CFA-exit » associent la zone franc au faible accès au crédit bancaire, au niveau jugé élevé des taux d’intérêt débiteurs et à la prédominance des crédits à court terme (notamment ceux à la consommation) sur les prêts à plus long terme destinés à financer l’investissement. Un autre argument sur lequel ceux-ci s’appuient est la surévaluation du CFA, supposée découler de son arrimage à l’euro. Enfin, le CFA est accusé de favoriser la sortie illicite des capitaux et le système qui en découle, à savoir la constitution de réserves de change oisives – alors qu’elles pourraient venir financer les énormes besoins en infrastructures publiques des pays. Ces arguments sont d’un attrait populaire certain. Ils n’en demeurent pas moins techniquement très faibles et fort peu en phase avec la réalité économique des pays africains.

Le CFA est accusé de favoriser la sortie illicite des capitaux. Les performances des pays de la zone franc, en matière de financement de l’économie, ne sont pas plus mauvaises que celles des autres pays africains. Selon les données du FMI, en 2015, la masse monétaire rapportée au PIB atteignait 34 % dans l’Uemoa, contre 19 % au Nigeria et 33 % au Ghana. En outre, le niveau du crédit bancaire à l’économie rapporté au PIB était plus élevé dans nombre de pays de la zone franc que dans des pays non membres (38,89 % au Sénégal, 23 % au Nigeria). Le crédit au secteur privé national, qui a atteint 33,3 % au Sénégal, n’était que de 14,8 % en Guinée et de 14,2 % au Nigeria. Quant au taux d’intérêt débiteur, qui n’était que de 6,3 % en Côte d’Ivoire, il atteignait 10,4 % au Cap-Vert et 16,8 % au Nigeria. Il reste vrai que certains secteurs d’activité comme l’agriculture, la pêche et l’habitat social JEUNE AFRIQUE

connaissent des difficultés particulières d’accès au financement. Cela semble en grande partie lié aux difficultés que les banques ont toujours eues pour recouvrer les créances faites à ces secteurs, difficultés qui les ont progressivement poussées à adopter une attitude d’extrême prudence. L’histoire du Sénégal indépendant est édifiante à ce sujet. La décision du président Senghor de mettre en place le fameux « compte K2 » pour développer une bourgeoisie sénégalaise capable de concurrencer le capitalisme français – lequel contrôlait alors l’essentiel du tissu industriel national – a très vite montré ses limites. On ne compte plus le nombre de fois où l’État a dû octroyer des remises de dette aux paysans qui ne parvenaient pas à honorer leurs engagements. Encore aujourd’hui, les créances non performantes (celles pour lesquelles les clients n’arrivent plus à rembourser leurs emprunts normalement) représentent jusqu’à 20 % de l’ensemble des prêts bancaires dans la zone Uemoa, selon la BCEAO. Autant dire que le risque systémique est encore largement présent. Or, même pour le financement de ces acteurs à risque, les pays de la zone franc ne font pas forcément moins bien que les autres. Ainsi, au Bénin, en 2015, 15,6 % des PME ont eu accès à un prêt bancaire ou à une ligne de crédit, contre 12 % au Nigeria. Enfin, si l’on considère la compétitivité internationale, les membres de la zone franc ne sont pas dans une situation défavorable comparativement à celle des pays africains non membres. Ces derniers ont en effet des niveaux d’appréciation de leur monnaie parfois plus sévères que ceux de la zone CFA, justement du fait de la difficulté qu’ils ont à maîtriser leurs prix. En conclusion, les arguments techniques mis en avant pour justifier la sortie des pays africains de la zone franc ne semblent guère convaincants. D’autant que nous ne savons pas ce qui sera proposé à la place. Va-t‑on sortir de la zone en groupe ou en ordre dispersé? Envisage-t‑on de laisser la monnaie flotter ou de mettre en place un autre système de change fixe, comparable à ce qui existe déjà ? S’il est clair que la zone CFA a besoin de réformes, il serait très dangereux de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ses avantages devraient être consolidés et ses insuffisances corrigées. Ce qui suppose plus de lucidité et moins de passion. N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017


Baba Danpullo Group UNE AMBITION AU SERVICE DE L’AFRIQUE

Le président du Sénégal, Macky Sall a décoré, de l’ordre national du Lion, Baba Ahmadou Danpullo, le 27 juillet dernier.

Baba Ahmadou Danpullo Group (BAG SA) Créée en 1977, avec l’ambition de devenir un acteur économique incontournable, au Cameroun, Baba Ahmadou Danpullo Group (BAG SA), a toujours contribué à l’essor du pays. Héritière d’une tradition familiale, l’entreprise s’appuie sur sa culture de l’excellence et son respect des valeurs humaines, pour bâtir les fondations de sa réussite. Elle opère dans des secteurs aussi variés que l’immobilier, l’agro-industrie, le transport

La holding Bag SA compte de nombreuses sociétés, présentes au Cameroun, en Afrique du Sud, au Nigéria et en Suisse. Baba Ahmadou Danpullo, l’instinct qui le caractérise, ne compte pas s’en tenir là. Invité au Sénégal le 27 juillet 2017, Baba Ahmadou Danpullo a été reçu en audience par le président Macky Sall, qui l’a décoré de l’ordre national du Lion. Au cour de l’audience qui a suivi la cérémonie, le président Sénégalais a déclaré qu’il serait heureux de voir le groupe BABA investir au Sénégal dans divers domaine, notamment l’agroindustrie, l’élevage et la pêche, les mines et le transport. Très touché par l’accueil et la confiance placée en lui par le président Macky Sall, El Hadj Baba Danpullo s’intéresse de très près au Programme pour l’émergence du Sénégal (PSE), afin de voir dans quel secteur il pourrait intervenir au mieux.

aérien, les télécommunications, les médias et le négoce. NeXttel, opérateur de téléphonie mobile au Cameroun compte parmi ses « success story », les plus récentes.

PUBLI-INFORMATION

À l’issu de cette visite, il s’est ensuite envolé vers la Guinée-Bissau, rencontrer José Mario Vaz, le chef de l’État, qui souhaite voir BAG SA investir dans son pays pour participer à son développement économique. Une perspective en parfaite cohérence avec la vision de leader mondial que souhaite acquérir l’entreprise sur ses secteurs d’activités.


Bestinver

Star Away Airlines

Une ambition dans l’immobilier

Priorité à la sécurité Basée au Cap, en Afrique du Sud, cette compagnie aérienne à vocation régionale garantit à ses clients des conditions de sécurité optimales. Chaque aspect opérationnel a été conçu et développé sur la base de normes de qualité telles que celles appliquées dans l’Union européenne. Elle possède une filiale spécialisée dans le fret.

NOTRE MISSION

Sodecoton Une valeur sûre dans le coton

Cameroon Tea Estates (CTE) et Ndawara Highland Tea Estate (NHTE) Une télévision proche du peuple Dan Broadcasting System (DBS) est une chaîne de télévision lancée à Douala en 2006 et qui émet depuis 1er juin 2009. Elle a vocation à traiter de l’information économique, des faits politiques et de société. Dans un souci de proximité, elle propose des programmes en fufulde, haoussa, douala, pidgin, ewondo, bassa et certaines autres langues locales.

Un fleuron de l’industrie meunière

Pionnier de la 3G au Cameroun

Spécialisée dans la fabrication de farine de blé, cette société dispose d’une capacité de production de 400 t par jour. Elle propose de la farine boulangère avec pour spécificité l’incorporation d’additifs. Elle produit également de la farine spéciale destinée à la préparation de beignets. Le blé est importé d’Allemagne tandis que l’assistant technique et fournisseur d’additif est le groupe Ait Soufflet, premier meunier en France et premier exportateur de céréale en Europe.

Dernier-né des trois opérateurs de téléphonie cellulaire sur le marché camerounais,Viettel Cameroun a lancé ses activités commerciales le 12 septembre 2014, sous le nom de Nexttel. Troisième opérateur de téléphonie et pionnier de la technologie 3G au Cameroun, Nexttel revendique aujourd’hui 3,6 millions d’abonnés, a créé plus de 1 000 emplois directs et plus de 60 000 emplois indirects. L’opérateur a investi 250 milliards de F CFA en deux ans de présence sur le marché.

Sodelco

Elba Ranch Ltd.

La passion de l’humanitaire

L’élevage intensif visant l’autosuffisance alimentaire

avoir un impact positif sur la vie des populations en contribuant à l’émergence des économies où nous sommes présents.

Avec 11 % du capital, Baba Ahmadou Danpullo Group, à travers sa filiale Smic SA, est l’un des actionnaires de la Sodecoton, société créée par le gouvernement camerounais pour superviser les activités de la culture et du commerce du coton au Cameroun. Basée à Garoua, dans la partie nord du Cameroun, Sodecoton est une société agro-industrielle de référence dans la sous-région.

DBS

Viettel Cameroun S.A

Une agro-industrie de nos métiers Ces deux compagnies sont spécialisées dans la production de thé noir. Les plantations s’étendent sur une superficie de plus de 10 000 ha, divisées en quatre unités théicoles, disséminées sur trois régions du Cameroun. La capacité de production est de 8 000 t/ an, dont 80 % sont destinées à l’exportation (thé en vrac de 20 kg et 40 kg) et 20 % vendues sur le marché local (infusettes et thé en sachet). Compte tenu de la demande croissante, le groupe envisage de proposer rapidement du thé vert à sa clientèle.

Cette ONG a pour vocation de développer des projets dans les domaines de l’éducation, de la santé, des infrastructures, du sport et même de l’environnement. Elle veille, dans le respect des valeurs du groupe, à fournir une valeur ajoutée et des technologies dans les pays concernés ; à respecter des normes environnementales similaires à celles appliquées dans l’union européenne ; à respecter les lois, notamment en matière sociale et fiscale, desÉtats dans lesquels elle investit ; à contribuer au développement social des communautés locales.

Fondéeen1976,cetteentreprisecomptetrois ranchssituésàNdawara,EsuetBatcham,dans leNord-Ouestcamerounais.Ellepossèdeenviron 20000têtesdebétail,dontdesracesdebœuf d’originefrançaise,àsavoirdescharolaiseset desblondesd’Aquitaine.Lafermepossède également3000chevaux,dontdesespèces d’Andalousie(Espagne)etdesspécimensarabes. Elleestégalementl’undesplusgrandséleveurs d’ovinsetdecaprinsd’Afriquecentrale,espace danslequellesproduitsd’élevagesontvendus.

NOS VALEURS Intégrité, dans la satisfaction de nos clients et l’exigence de nos prestations ;

Authenticité en s’appuyant sur nos traditions pour nous ouvrir au monde ;

Travail, avec pour objectif l’accomplissement par le travail bien fait ;

Leadership,à affirmer dans tous nos secteurs d’activités, ainsi que dans le développement des communautés ;

Amélioration continue, en contribuant au développement personnel et collectif grâce à une culture d’excellence.

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

À travers cette filiale de droit sud-africain, BAG SA possède des actifs immobiliers à divers endroits au Cameroun, au Nigeria, en Afrique du Sud, en Europe et aux États-Unis. Les actifs comprennent des entrepôts, des appartements, des centres commerciaux et des immeubles à usage commercial.

Société Moulin Coq Rouge (MCR)


Le Plus de JA Sénégal considérablement développé ces dernières années. Et les opérateurs, de plus en plus nombreux, rivalisent pour assurer la promotion de leurs produits ou services et attirer le chaland, quitte à s’en charger eux-mêmes. Alors que l’APRPS compte une vingtaine de membres, une myriade de pseudo-afficheurs hissent leurs annonces dans les lieux les plus passants et les plus stratégiques. « Aujourd’hui, des entreprises du secteur de l’agroalimentaire ou des écoles supérieures de commerce font directement leur publicité et n’hésitent pas à disposer leurs propres panneaux où bon leur semble », constate Mohammed Badiane, qui regrette qu’à l’absence de réglemen-

VIE EN VILLE

À Dakar, on affiche à tout-va Partout dans la capitale, les panneaux publicitaires prolifèrent dans la plus parfaite anarchie. Au grand dam des riverains et des professionnels, qui réclament une réglementation. En vain.

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e long des principales artères menant au centre-ville, aux abords des sites touristiques, dans les quartiers périphériques, affiches, pancartes et panneaux sont omniprésents. Vantant qui un magasin, qui un service, qui un événement, la plupart se dressent au mépris de toute réglementation. Et hérissent le poil des Dakarois. « Jadis considéré comme faisant partie du “mobilier urbain”, l’affichage à Dakar est devenu totalement anarchique », déplore Cheikh Ahmed Tidiane Niang, le patron de Carat, une agence spécialisée dans l’achat d’espaces publicitaires. Outre la pollution visuelle et les problèmes de sécurité (il n’est pas rare qu’un panneau s’effondre lors d’intempéries), cette prolifération menace désormais la viabilité des professionnels de la publicité. Plus précisément, de ceux dont c’est l’activité officielle. Ces derniers considèrent que ceux dont ce n’est pas le métier exercent une activité informelle qui vient court-circuitercelledesagenceslégalementagréées par le ministère de la Communication.

Tous dénoncent l’absence de réglementation ou, plutôt, de son application. Car il existe bel et bien une loi (no 83-20 du 28 janvier 1983), censée encadrer le secteur de la publicité. Sauf que, trentequatre ans après son adoption, celle-ci n’a toujours pas été suivie d’un décret d’application. « La loi prévoit la mise en place d’une “entité centrale” chargée d’encadrer les activiLes opérateurs, de plus tés publicitaires, à l’instar de en plus nombreux, rivalisent l’Agence malienne de presse et de publicité [Amap] ou du pour faire leur promotion. Conseil supérieur de la publicité [CSP] en Côte d’Ivoire. Dans ces pays, tation s’ajoute le manque de volonté polipersonne n’ose plus faire de publicité tique: « Nous avons rencontré le ministre de la Communication, notre autorité de sans passer par les agences, dont les activités sont bien réglementées », explique tutelle, celui des Collectivités locales, le Mohammed Badiane, le porte-parole de Premier ministre, le préfet, l’Association l’Association professionnelle des régies des maires du Sénégal… Rien n’y fait. » publicitaires du Sénégal (APRPS). Le problème s’est complexifié avec l’avènement de l’acte III de la décentraliSÉSAME. Dopé par le dynamisme écosation, en 2014, instituant des communes nomique et la montée en puissance de de plein exercice. Auparavant, la mairie la classe moyenne, vivier de consomcentrale de Dakar délivrait les autorisamateurs, le marché de la publicité s’est tions et percevait les taxes publicitaires, désormais chacune des dix-neuf communes d’arrondissement gère l’attribution de ce sésame et encaisse la redevance qui va avec – autant dire qu’elles ne sont pas très regardantes et rechignent rarement à le délivrer. AlorsquenombredeDakaroiss’avouent excédés, le temps est semble-t‑il venu de prendre des dispositions, non plus seulement pour rendre concrète et applicable une loi adoptée en 1983 mais pour l’adapter à la fois aux règles élémentaires de l’urbanisme, aux nouvelles réalités de la société de consommation et à celle du marché de la communication. « Il suffirait juste de créer un cadre réglementaire qui définisse les clauses d’attribution des emplacements, les distances et les formats à respecter », martèle Cheikh Ahmed Tidiane Niang, qui estime qu’au-delà de cette problématique il serait bon que les pouvoirs publics et les professionnels se penchent sur l’élaboration d’un code de la publicité. YOURI LENQUETTE

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Une pollution visuelle qui envahit le paysage. Ici, devant le phare des Mamelles. N 0 2960 • DU 1ER AU 7 OCTOBRE 2017

AMADOU OURY DIALLO JEUNE AFRIQUE



Le Plus de JA Sénégal

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ANTOINE TEMPÉ

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Le péristyle de l’édifice, avant et pendant la biennale d’art contemporain Dak’Art, en 2016. TENDANCE

Senghor (il sera le dernier condamné à mort exécuté au Sénégal, en 1967). C’est ici encore qu’en 1988, au lendemain À l’abandon depuis plus de vingt ans, l’ex-palais de justice du cap d’une présidentielle contestée, se tint Manuel reprend officiellement du service, sous le sceau de la culture. le procès à grand spectacle de l’éternel opposant Abdoulaye Wade. Dans cerest un vaste bâtiment où taines pièces, des milliers d’archives qui ont, pendant plus de trois décenle temps semble s’être figé nies, siégé en ces murs. laissées à l’abandon gardent la mémoire de ces affaires, grandes ou petites. au jour de sa fermeture, en Inauguré en 1958 par Pierre Messmer, Il faudra attendre vingt-quatre ans alors Haut-Commissaire général de la 1992, après que des fissures pour que le bâtiment en déshérence eurent laissé craindre son effondreRépublique en Afrique-Occidentale ment. Laissé sans vie, l’ancien palais française, le palais de justice du cap trouve une nouvelle destination. En 2016, de justice se dresse pourtant toujours les organisateurs de la biennale d’art Manuel avait succédé au modeste tribucontemporain Dak’Art obtiennent des à la pointe méridionale de la presqu’île nal qui, aujourd’hui, abrite le ministère autorités d’en faire leur principal du Cap-Vert, adossé aux terminus des des Affaires étrangères, place de l’Indépendance. « Le bus Dakar Dem Dikk. Sur le parking, en site d’exposition. Débarrassée La rénovation site avait été choisi pour de ses gravats et de sa fin d’après-midi, de jeunes Libanais du complète du bâtiment, Sénégal y rivalisent d’adresse, enchaîfaciliter sa sécurisapaperasse empoussiérée, estimée à la salle des pas perdus nant les roues arrière sur leur scooter, tion, parce qu’il est milliards laisse pour un temps tandis que les élèves d’une auto-école à la pointe sud de la de F CFA place à d’audacieuses s’entraînent à effectuer des créneaux Corniche et qu’une (6,9 millions d’euros), entre deux rangées de pneus. seule voie y conduit », installations. Et met en précise Mamadou nécessiterait un investissement conjoint lumière une évidence : Si, de l’extérieur, le bâtiment semble de l’État, de l’Unesco, ainsi que de Guèye, directeur des quelconque, sa majesté se dévoile dès l’ancien palais de justice mécènes et de partenaires que l’on passe ses imposantes portes. du cap Manuel a toutes constructions des palais internationaux de justice au ministère de les qualités requises pour On se surprend alors à partager le sendevenir une friche culturelle. timent de l’archéologue décrit par l’hisla Justice. L’homme entretient avec l’édifice fantôme une relation torien Jean-Pierre Bat, chargé d’études Début 2017, le président Macky Sall teintée d’affection et de fascination. Il Afrique aux Archives nationales de entérine sa mutation en l’allouant offiest vrai que plusieurs procès embléciellement au ministère de la Culture. France, « la découverte de ruines dans matiques se sont tenus en ces murs. Quelques semaines plus tard, la chanlesquelles il pourrait s’avancer comme s’il déambulait directement dans le teuse Imany consacre la renaissance de passé ». Au rez-de-chaussée, la salle DÉSHÉRENCE. C’est ici que l’ancien ces fascinants vestiges en y tournant, des pas perdus est tapissée de feuilles Premier ministre Mamadou Dia fut avec le danseur Lil Buck, le (somptueux) mortes. Perforée par 99 colonnes en clip de son titre Lately. De leur côté, les condamné à la prison à perpétuité, en marbre, elle encadre un magnifique mai 1963, pour une présumée tentative organisateurs de Dak’Art espèrent réédipuits de lumière au centre duquel, en de coup d’État, au terme d’un procès de ter l’expérience de 2016 et faire en sorte guise de chêne de la justice, trône un Moscou qui dévoila les zones d’ombre que ce palais, où nombre de serpents imposant manguier. Les salles d’audu président d’alors, le vénéré Léopold avaient trouvé refuge, serve d’écrin aux œuvres de la prochaine biennale, du Sédar Senghor. C’est ici que fut aussi dience ont été dépouillées de la plupart 3 mai au 2 juin 2018. jugé Moustapha Lô, reconnu coupable de leur mobilier, mais on peut encore y MEHDI BA deviner la configuration des juridictions de tentative d’assassinat contre le même

Drôle d’endroit pour une expo

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JEUNE AFRIQUE


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COULEUR LOCALE

Petit précis de vocabulaire arabo-wolofrançais Nombre de termes utilisés au pays de la Teranga viennent de l’arabe ou du français. Formules incontournables ou expressions détournées : pour les néophytes, un décodage s’impose.

[ INCH ALLAH ]

Étant donné que c’est Dieu qui décide de tout et que toute chose se fait, ou pas, selon « Sa » volonté, un Sénégalais qui se respecte agrémentera chacune de ses prévisions ou de ses promesses d’un Inch Allah, qui fait office d’assurance tous risques.

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reuset multiculturel influencé par la diffusion de l’islam dès le VIIIe siècle puis par les colonisations portugaise et française entre les XVe et XVIIe siècles, le Sénégal a de tout temps intégré dans son lexique des expressions venues d’ailleurs qu’il a faites entièrement siennes. Certaines gardent le même sens que dans leur langue d’origine, la plupart en préservent l’esprit tout en s’adaptant au wolof et aux habitudes. Quelques-unes, en revanche, peuvent désarçonner les visiteurs non avertis.

[ BISMILLAHI ! ]

« Au nom de Dieu ! » Cette formule consacrée par le Coran pour être prononcée en théorie avant d’effectuer toute chose est utilisée au quotidien pour exprimer la bienvenue à un visiteur qui vient d’arriver, mais aussi avant le départ d’un taxi-brousse ou le décollage d’un avion, afin de conjurer un éventuel accident.

[ATTAYA (ou CHAÏ) et NAANAA ]

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Le cérémonial du thé à la menthe, véritable religion nationale, est généralement appelé attaya (qui vient des dialectes maghrébins : atay au Maroc et etay en Algérie) ou, plus rarement, chaï (tiré de l’arabe moderne). Élément indispensable de l’attaya, naanaa, le terme consacré pour désigner la menthe fraîche, est lui aussi issu de l’arabe (n’ana).

[YANGUI NOCE ? ]

En langage familier, cette forme de salutation signifie littéralement : « Est-ce que tu fais bien la noce ? » et, par extension, se traduit généralement par: « Alors, en forme ? » JEUNE AFRIQUE

[WALLAHI ]

« Par Dieu » – de même que ses dérivés, billahi et tallahi – se prononce la main sur le cœur pour assurer de sa bonne foi. C’est en quelque sorte l’équivalent sacré de « la vérité si je mens » ou de « sur la tête de ma mère ».

[ BAGOTS ]

Chacun l’aura remarqué, les Africains n’ont pas pour habitude de voyager avec une seule valise standard. Le mot « bagage » se décline toujours au pluriel au Sénégal, où l’on voyage donc avec « des bagots ».

[ SALAM ALEYKOUM/ ALEYKOUM SALAM ]

« Que la paix soit sur vous/Que la paix soit avec vous ». Du nord au sud, d’est en ouest, cette salutation en arabe est la formule introductive incontournable pour s’adresser à quelqu’un au pays de la Teranga.

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Chacun connaît la salutation usuelle des Wolofs, « Nangadef ? » (signifiant littéralement « comment tu fais ? »), qui appelle généralement la réponse « Mangui fii rekk ! » (« je suis là seulement »). Aussi ne soyez pas surpris si, pour répondre à la même question posée en français (« Ça va ? »), votre interlocuteur réplique : « On est là ! »

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[ ÊTRE LÀ ]

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Le Plus de JA Sénégal

Le terme wolof wañi est « francisé » en « diminuer ». On l’utilise aussi bien pour demander à un chauffeur de taxi de revoir à la baisse son tarif ou le volume de son autoradio que pour suggérer à celui qui prépare le thé d’y mettre moins de sucre.

[ESTATION, ESPORTIF, ETC. ]

Les mots français commençant par la lettre s suivie d’une autre consonne posent un problème de prononciation. Aussi, à l’oral, certains y ajoutent un e initial.

[ ENCEINTER ]

Mettre une femme enceinte, généralement hors mariage.

[ MONTER ET DESCENDRE ]

« Monter » signifie « se rendre au travail » et « descendre » qu’on en revient.

[ PIED ]

En wolof, le mot tank désigne la jambe, indifféremment du haut de la cuisse au pied. Une synecdoque que les Sénégalais transposent en français. Ainsi, même si vous avez une attelle au genou, on vous demandera : « Comment va ton pied ? »

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[ DIMINUER ]

[ QUATRE HEURES MOINS ]

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Les Sénégalais sont toujours décontenancés par l’obsession des toubabs pour le minutage perpétuel : lorsque à Paris il est quatre heures moins vingt-cinq, à Dakar il est simplement « quatre heures moins ».

[THIOF ]

Ce mot désigne en wolof le mérou, poisson à la chair tendre et fine prisé pour cuisiner le tiéboudienne. Mais les Sénégalaises l’ont détourné pour parler d’un homme particulièrement attirant.

[VENANTS ]

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Chaque jour, dans le port de Dakar, une multitude de conteneurs déversent des milliers d’objets recyclés venus d’ailleurs, de l’électroménager aux voitures d’occasion. Les « venants » désignaient autrefois les marchandises venues de France ; désormais, ils peuvent faire référence à tous les biens importés. MEHDI BA

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JEUNE AFRIQUE


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