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RD Congo Que reste-t-il de la Belgafrique ?

Maroc La méthode M6

Dossier télécoms

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 58e année • n° 2965 • du 5 au 11 novembre 2017

jeuneafrique.com

6 pages

Harcèlement Et si les Africaines ne se taisaient plus…

MAURITANIE

L’AVENIR EN POINTILLÉ Spécial 12 pages

CÔTE D’IVOIRE

La forteresse

Soro

Depuis plusieurs semaines, les mouvementts de soutien au président de l’Assemblée nattionale fleurissent. Qui sont les hommes et les femmes qui gravitent autour de lui? Quels sont ses rréseaux? Quelle est sa stratégie politique? Enquête..

ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE

France3,80€•Algérie250DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe4,60€ Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 2000 F CFA • ISSN 1950-1285



Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI

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2e ÉDITION 3

FOUR SEASONS RESORT MARRAKECH, MAROC 27-28 NOVEMBRE 2017

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Inscrivez-vous 6

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info@caif2017.com #CAIF2017

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1. Moulay Hafid Elalamy, Ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique, Maroc 2. Zhang Guobao, Ancien Vice-Président, National Development & Reform Commission, Chine 3. Othman Benjelloun, Président-directeur général, BMCE Bank of Africa, Maroc 4. Liu Zheng Ming, Directeur Général, Silk Road Fund, Chine 5. Helen Hai, Ambassadeur des Nations Unies pour le développement industriel, Chine 6. Moustapha Ben Barka, Secrétaire Général Adjoint, Présidence, Mali 7. Issad Rebrab, Président-directeur général, Cevital, Algérie 8. Wang Yong, Vice-Président, China-Africa Development Fund, Chine 9. Aboubaker Omar Hadi, Président, Ports & Free Zones Authority, Djibouti

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CHINE-AFRIQUE : OUVRIR UN NOUVEAU CHAPITRE DU PARTENARIAT ÉCONOMIQUE

Développement des infrastructures, co-production industrielle, électrification du continent, relations avec l’Europe... Autant de sujets cruciaux abordés dans le cadre du Forum qui réunira plus de 400 décideurs chinois et africains.

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Dossier

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Télécoms

OPÉRATEURS

BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES

Vodacom élargit

N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

JEUNE AFRIQUE


STRATÉGIE

Le chinois transsion veut détrôner Samsung

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ses frontières La marque au logo rouge compte 39,4 millions d’abonnés dans son pays d’origine.

Avec l’acquisition de 35 % de Safaricom, le géant sud-africain compte diversifier ses sources de revenus. ERIN CONWAY-SMITH,

À

à Johannesburg (The Africa Report)

Johannesburg, depuis le toit de Ponte City, le plus haut bâtiment résidentiel d’Afrique subsaharienne, le logo rouge écarlate de Vodacom a longtemps brillé comme un phare sur tout le centre-ville. Avec plus d’abonnés que n’importe quel autre opérateur mobile d’Afrique du Sud, la firme règne sur le secteur – peut-être trop, selon l’autorité de la concurrence du pays, qui a annoncé le 4 octobre une enquête sur le contrat exclusif de fourniture de services que Vodacom a signé avec le gouvernement (lire encadré). Face à un marché intérieur saturé, paralysé par une économie en perte de vitesse, Vodacom regarde plus que jamais au-delà de ses frontières. En commençant par l’Afrique de l’Est, une région à la croissance rapide dont l’entreprise souhaite faire un pivot de sa stratégie de croissance. En août, Vodacom a acquis pour 34,6 milliards de rands (2,1 milliards d’euros) 35 % de Safaricom, l’opérateur mobile leader au Kenya, sous la forme d’un échange d’actions avec sa maison mère, le groupe britannique Vodafone. En contrepartie, le groupe sud-africain lui a transféré 226,8 millions de ses nouvelles actions, faisant ainsi passer la part de Vodafone dans Vodacom de 65 % à 70 %. Selon les termes de la transaction, Vodafone a conservé une participation de 5 % dans Safaricom, alors que le gouvernement kényan en détient 35 %. DEAL EXCITANT. Cette transaction signe une transfor-

mation historique pour Vodacom. « C’est une occasion unique de diversifier notre profil financier », indique à Jeune Afrique Shameel Joosub, directeur général de l’opérateur sud-africain. Le dirigeant souligne les succès au Kenya de Safaricom, qui y possède une part de marché de 71 %. « C’est un deal excitant, se réjouit-il. Il offre à nos actionnaires l’accès à un marché kényan très attractif, qui génère une forte croissance, une marge importante et beaucoup de cash. Cela va accroître aussi notre présence en Afrique de l’Est et fera de Vodacom un formidable acteur dans les services financiers sur le continent. » Le Kenya offre aussi une marge d’expansion, poursuit Shameel Joosub, JEUNE AFRIQUE

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Dossier Télécoms soulignant que le pays a un taux de pénétration du téléphone mobile de 88 % – bien au-dessous des 146 % de l’Afrique du Sud. Pour l’expert en télécoms Dobek Pater, directeur général du cabinet Africa Analysis, c’est face à des concurrents de la taille de MTN que Vodacom cherche à consolider sa position en Afrique. Bien que Vodacom soit la plus grande entreprise de téléphonie mobile en Afrique du Sud, avec 39,4 millions d’abonnés, elle est loin derrière MTN en nombre d’abonnés sur le continent. MTN en compte 231,8 millions en Afrique, contre 69,3 pour Vodacom. Selon Dobek Pater, « Safaricom réalise de bons chiffres d’affaires, de la profitabilité et de la trésorerie. Vodacom devrait en bénéficier ». Mais de même que Vodacom est dans le collimateur du régulateur pour sa position dominante sur le marché sud-africain, l’Autorité des communications du Kenya a commandé un rapport laissant entendre que Safaricom pourrait être scindé en deux à cause de son emprise trop importante sur le marché. Contrairement à son rival MTN, qui s’est imposé de manière offensive, particulièrement au Nigeria, Vodacom a adopté une approche plus prudente. Interrogé sur les cibles de son extension prochaine, Shameel Joosub évoque la discipline qui prévaut chez l’opérateur dans l’évaluation de nouveaux marchés. Pour lui, Vodacom est seulement intéressé par l’acquisition d’acteurs de poids à l’échelle du continent. « Ils essaient de rattraper le retard qu’ils ont pris dans l’expansion de leurs opérations en dehors de l’Afrique du Sud », estime Derrick Chikanga, un analyste du groupe de recherche International Data Corporation (IDC). Vodacom espère aussi que l’acquisition kényane l’aidera à conduire la croissance de M-Pesa, le service de mobile money que Safaricom a lancé il y a dix ans et qui compte désormais 19 millions d’utilisateurs actifs sur le continent. L’Afrique du Sud représente en effet une exception majeure à ce succès. La greffe n’y a pas pris auprès des consommateurs. M-Pesa a dû cesser son activité l’année dernière. « Les conditions du

VODACOM

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Les gros chantiers du nouveau DG de Vodacom RDC Après Orascom en Égypte et en Centrafrique et Airtel au Tchad et en Ouganda, Anwar Soussa est depuis septembre DG de Vodacom RDC. Il a confié à JA vouloir faire de l’élargissement de la couverture du réseau une de ses priorités. Compte tenu de l’instabilité politique, sécuritaire et monétaire, ce marché demeure pour l’opérateur un des plus difficiles. Il y revendique pourtant la place de leader (38,9 % de part de marché), plus de 10 millions d’abonnés GSM, 5 millions d’utilisateurs internet et 2 millions d’abonnés à M-Pesa. Sa clientèle a augmenté de 21,8 %, mais ses revenus ont baissé de 5,2 %, à 407 millions de dollars (rapport de mars 2017)

UNE POSITION CONTESTÉE EN AFRIQUE DU SUD

L

e 4 octobre, le prix de l’action de Vodacom a tremblé: la Commission de la concurrence sud-africaine annonçait l’ouverture d’une enquête contre l’opérateur. En 2016, à la suite d’un processus d’appel d’offres lancé par leTrésor public, Vodacom a gagné un contrat à 5 milliards de rands (347 millions d’euros) pour fournir d’ici à 2020 des services voix et data aux vingt départements les plus dépensiers du gouvernement. Dans un N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

communiqué, la Commission de la concurrence a déclaré que « le contrat exclusif pourrait renforcer davantage la position dominante de Vodacom ». Pour leTrésor public, le but était d’économiser de l’argent au lieu de négocier séparément différents contrats avec des départements du gouvernement. Vodacom déclare qu’il est confiant dans la suite des procédures et qu’il coopérera pleinement avec la commission. E.C.-S.

marché sud-africain sont différentes, à la fois dans le secteur financier et dans celui du mobile », analyse Dobek Pater. Selon lui, Vodacom devrait plutôt reproduire le succès de la plateforme de mobile money de Safaricom sur des marchés où les services de banque et de finance mobile connaissent déjà une croissance importante. « Safaricom a une expérience reconnue dans la monnaie électronique qui ne peut que nous profiter. Nous nous inspirons des meilleures pratiques et les adapterons au marché local », indique Anwar Soussa, directeur général de Vodacom RDC. En Afrique de l’Est, Vodacom conforte aussi sa position en Tanzanie, où il possède 65 % de sa filiale dans le pays, qui compte 12 millions de clients. Vodacom Tanzanie est entré en Bourse en août après que le gouvernement tanzanien a demandé aux opérateurs de télécoms travaillant dans le pays de vendre au moins 25 % de leur capital à la Bourse de Dar es-Salaam. Le but : renforcer l’emprise du pays sur un secteur à la croissance rapide. En attirant 40 000 investisseurs locaux, c’est devenu la plus grande introduction en Bourse réalisée à ce jour. COMPÉTITIVE. Si Vodacom paraît plus pressé que

jamais de diversifier ses revenus, c’est en raison de la situation de l’économie sud-africaine, affectée par la volatilité du rand. Par ailleurs, Vodacom, tout comme ses concurrents, fait face au déclin de ses revenus provenant des appels vocaux dans le mobile. Et alors que les services dans le data ont été profitables, l’opinion publique exerce une pression grandissante pour que leur prix baisse. Du côté de Vodacom, on se prépare à cette échéance en annonçant des forfaits data de meilleure qualité. « Nous nous sommes lancés dans une nouvelle politique tarifaire il y a trois ans, et nos clients ont bénéficié d’une baisse de 44 % du prix dans le data et de 42 % du coût des appels vocaux sur cette période », rappelle Shameel Joosub. « Nous connaissons une augmentation de 45 % de la demande dans le data. Aussi avons-nous besoin d’étendre la couverture de la 4G, ajoute-t-il. Les deux ont un coût, et nous avons investi près de 32,7 millions de rands au cours des quatre dernières années. Le manque d’accès à de nouvelles fréquences nous empêche de réduire le coût des infrastructures et, en conséquence, de baisser les tarifs. » « Du point de vue des opérateurs, on préférerait garder des prix relativement hauts dans le data pour préserver un retour sur investissement rapide. Fournir ces services coûte cher », analyse Pater. « L’industrie des télécommunications devient extrêmement compétitive. Beaucoup d’opérateurs sont sous pression à cause du déclin des revenus tirés des appels vocaux. Ils voient que le data est le seul secteur qui va générer des revenus pour eux. C’est dans leur intérêt de s’étendre, particulièrement en Afrique de l’Est », conclut Chikanga. JEUNE AFRIQUE


2e

réseau bancaire de Madagascar

ACCÉLÉRATEUR DE CROISSANCE PARTAGÉE L’ÉNERGIE, POUR GAGNER EN AUTONOMIE Avec Électricité de Madagascar (EDM) et Jovenna, premier distributeur de produits pétroliers à Madagascar, Axian développe et modernise la production et la distribution d’énergie. Il contribue au désenclavement et à l’accès à une énergie abordable et durable pour tous.

LES TÉLÉCOMS, POUR S’OUVRIR AU MONDE Avec Telma, numéro 1 des télécoms dans l’océan Indien, et Towerco Of Madagascar (TOM), Axian a doté Madagascar d’un réseau télécom de dernière génération et permet aux populations comme aux entreprises de profiter pleinement des bénéfices du numérique. Des bénéfices qu’A xian souhaite étendre aux populations de l’océan Indien, à travers le rachat, avec Iliad, de l’opérateur Only à La Réunion et à Mayotte, et la création de Telco SA aux Comores, avec NJJ Capital.

LES SERVICES FINANCIERS, POUR DOPER L’INVESTISSEMENT Avec la prise de participation dans la banque BNI Madagascar et le lancement du service de mobile banking MVola, Axian investit le secteur financier, véritable catalyseur de croissance, et contribue au développement des entreprises, à la bancarisation et à l’inclusion financière des populations.

L’IMMOBILIER, POUR RENFORCER L’ATTRACTIVITÉ DE LA RÉGION Avec First Immo, Axian propose une offre immobilière industrielle et professionnelle répondant aux standards internationaux les plus exigeants. Une offre qui contribue au développement des entreprises à Madagascar et à l’attractivité de la région pour les investisseurs étrangers.

axian-group.com

3,5

MILLIONS d’abonnés mobile dans l’océan Indien

8 800 KM

de fibre optique posée

1er

réseau de stations-service à Madagascar

N1 O

de la distribution de produits pétroliers à Madagascar

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MILLIONS de transactions via le mobile banking chaque mois

9 000

TPE et PME clientes

4 000

collaborateurs


Dossier Télécoms

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CHINE NOUVELLE/SIPA

C’est sous le nom de Tecno que le groupe privé a été fondé. Ici, une boutique du centre-ville de Nairobi.

STRATÉGIE

Le chinois Transsion veut détrôner Samsung Le fabricant de téléphones mobiles est devenu en 2016 numéro un en Afrique sur le segment des appareils basiques, devant le sud-coréen. Et est en passe de le devancer sur celui des smartphones.

B

ien que, dans le ciel de Shenzhen, sa tour côtoie celle des géants des télécoms Huawei, Lenovo, TCL ou encore ZTE, Transsion reste peut-être le moins connu des fabricants chinois de téléphones dans l’empire du Milieu. Et pour cause : sa présence y est insignifiante. « L’Afrique est notre plus grand marché. C’est en 2008 que nous avons décidé d’y concentrer notre stratégie, avant de la reproduire sur d’autres marchés émergents comme l’Inde, où nous nous sommes implantés en 2016 »,

explique Arif Chowdhury, viceprésident de Transsion. Le groupe privé, fondé en 2006 sous le nom de Tecno, compte 15000 employés (4 000 en Afrique), deux usines en Chine et une en Éthiopie, à AddisAbeba. Il s’articule autour de trois marques de téléphones d’entrée et de milieu de gamme (iTel, Tecno et Infinix), les accessoires (Oraimo) et les applications (Afmobi). Quand d’autres acteurs comme Motorola, Alcatel, Nokia ou BlackBerry ont périclité ou disparu, Transsion a connu en une décennie une croissance prodigieuse,

passant de 1 million de combinés vendus en 2007 dans le monde à 50 millions en 2015… et presque 80 millions en 2016. En Afrique, ses marchés phares sont le Nigeria – où il a commencé ses activités en y réalisant jusqu’à 50 % de son chiffre d’affaires –, le Kenya, l’Éthiopie et, plus récemment, le Cameroun. Selon les chiffres du cabinet américain International Data Corporation (IDC), Transsion s’adjuge désormais 38 % des parts de marché dans le mobile sur le continent. Le fabricant y devance ainsi son compatriote Huawei. Mais il n’a désormais plus qu’une seule cible en tête, son concurrent sud-coréen Samsung, leader du marché, qui a toutes les raisons d’en avoir peur. Car, toujours selon IDC, le chinois l’a, cette année, doublé pour la première fois avec sa marque low cost iTel sur le segment des téléphones mobiles basiques (appelés aussi feature phones, aux fonctions limitées), en capturant 60 % des parts de marché au premier trimestre de 2017. Compte tenu du ralentissement économique observé dans certains

Alors que des acteurs mondiaux ont périclité, le groupe a connu en dix ans une croissance prodigieuse. pays et de l’arrivée importante de primo-utilisateurs, la vente de ces téléphones basiques a connu en 2016 sa première hausse depuis six ans (14 %, selon le cabinet Counterpoint Research) face

LA BATAILLE SINO-CORÉENNE S’INTENSIFIE AU MAROC

E

n 2011, c’est avec 2 000 euros et un diplôme en marketing en poche que le Franco-Marocain Mounir Boukali, aujourd’hui âgé de 33 ans, arrive à Shenzhen. Après plusieurs stages, il est le premier étranger à être embauché parTranssion. Des N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

relations publiques au marketing digital d’Afmobi, la filiale chargée des applications, Mounir Boukali y occupe différents postes. Il vit la période oùTranssion entame sa transition du téléphone basique vers le smartphone. Sa mission :

améliorer l’image du fabricant en Afrique, souvent associé aux produits chinois de mauvaise facture. C’est en août de cette année qu’il rejoint le numéro trois chinois, Vivo, filiale de BBK Electronics, également maison mère du numéro un,

Oppo. Il a installé un bureau au Maroc en septembre, qui sera opérationnel dès 2018. C’est depuis le Maroc que Vivo entend attaquer Samsung en Afrique. Dans le royaume, Samsung détient 70 % de part de marché. R.D. JEUNE AFRIQUE



Dossier Télécoms

LE REGAIN DES TÉLÉPHONES BASIQUES

215,33 millions

de téléphones portables vendus en 2016 sur le continent

119,97 millions

95,37 millions

de téléphones basiques

de smartphones

soit 56 % de l’ensemble des mobiles vendus (contre 53 % en 2015)

+ 10,1 %

+ 3,4 %

par rapport à 2015

+ 16,1 %

par rapport à 2015

par rapport à 2015

27 %

TOP 5 DES VENTES DE SMARTPHONES EN 2016 (en nombre d’unités)

26 millions SOURCE : IDC

12 %

11,5 millions

Samsung

Tecno

N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

8%

6%

7,7 millions

8 millions

Huawei

Itel

3%

5,7 millions Infinix

en ligne, mais cela aurait demandé beaucoup d’efforts », témoigne Mounir Boukali. Le fabricant abandonne alors cette piste et signe un partenariat avec Jumia, le leader africainducommerceenligne,pour y écouler ses Infinix, disponibles au départ par ce seul biais. « Jumia a offert une visibilité plus importante àInfinixqu’auxautresmarques.Ilen a quasiment fait sa propre marque. Et ça a bien marché car le produit, avec notamment un appareil photo de meilleure qualité, était adapté aux besoins des consommateurs africains », indique Mounir Boukali. A N S S IO N

aux smartphones. Un regain meilleur réseau, doivent jongler inattendu puisqu’on pensait le entre les opérateurs et, donc, se basculement vers ces derniers munir de deux téléphones. irréversible… Outre iTel, Transsion a, dès Le succès des téléphones iTel 2013, fait reposer sa stratégie sur visant au départ à concurrencer les marques Tecno et Infinix, toutes les téléphones sans marque qui deux destinées à concurrencer les smartphones de Samsung et de s’écoulent dans le circuit informel Huawei. « Chez Transsion, tout ne relève pas que d’une conjoncture favorable, mais le monde doutait de aussi, et surtout, de Dans le delta la réussite de cette son angle d’attaque. stratégie. À l’époque, de la rivière « Quand Samsung Samsung était encore des Perles, frileux, ne croyait pas pratiquait des prix élevraiment dans l’avevés, Transsion a voulu son succès prendre le marché en nir du smartphone en commence proposant des appaAfrique », se souvient à faire reils de même qualité Mounir Boukali. Mais, mais moins chers », souligne-t-il, « pour des jaloux. témoigne Mounir Transsion c’était aussi Boukali, ancien directeur général une question d’image. Il fallait montrer que l’on pouvait faire Afrique de Transsion, aujourd’hui directeur de la marque chinoise autre chose que du basique et convaincre de la qualité de nos concurrente Vivo en Afrique, qu’il produits, dont le design est d’ailentend lancer depuis le Maroc dès l’année prochaine (lire encadré leurs français ». « On veut être p. 102). accessible sans compromis sur la qualité, en misant aussi sur le SANS COMPROMIS. Après avoir service après-vente » confirme étudié le marché, Transsion se Arif Chowdhury, évoquant les concentre sur ce qui représente cinq usines de réparation dont il dispose sur le continent. un réel besoin sur le continent : le téléphone à double carte SIM. En Très vite, les dirigeants de effet, un appel qui transite entre Transsion sentent le potentiel du deux réseaux y est souvent coûe-commerce pour y distribuer les teux. Et les Africains, s’ils veulent smartphones Infinix. « Nous vouéviter ce surcoût et disposer d’un lions créer notre propre plateforme

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Une réussite née d’un premier échec Le fabricant Transsion a été fondé en 2006 par l’ingénieur en télécoms chinois George Zhu, qui en a nommé Arif Chowdhury, originaire du Bangladesh, vice-président. Les deux dirigeants ont d’abord travaillé dans la coentreprise montée dans les années 2000 par le français Sagem et le chinois Ningbo Bird, qui s’est soldée par un échec en 2007. C’est fort d’avoir arpenté le continent africain et d’en avoir évalué les potentialités qu’ils ont, à la suite de cette expérience, créé Tecno, rebaptisé par la suite Transsion

CRAINTES. Transsion doit main-

tenant faire basculer vers un smartphone les usagers de ses feature phones. Il dispose pour cela d’une arme secrète. Il a intégré sur ses téléphones basiques son application Palmchat, qui permet d’envoyer des messages par internet, une alternative aux coûteux SMS. Grâce à cette application – une sorte de WhatsApp devenu un réseau social –, le fabricant a pu fidéliser ses usagers. « C’était aussi une volonté des opérateurs d’augmenter la consommation de data », ajoute Mounir Boukali. Et la stratégie est payante. Car bien que Samsung continue de dominer le marché africain du smartphone en 2016, avec 27 % de part de marché (en baisse de 2,5 %) et 26 millions d’unités vendues, Transsion en est le numéro deux avec 21 %, loin devant les 8 % de Huawei, avec 20 millions d’appareils écoulés. Mais si Transsion dépasse en volumes Samsung et Huawei, « son chiffre d’affaires [non communiqué], relève Mounir Boukali, ne s’en ressent pas encore, prix bas des téléphones oblige ». Dans le delta de la rivière des Perles, dans le sud de la Chine, son succès africain commence pourtant à faire des jaloux. Ses compatriotes Oppo et Vivo, qui en Chine ont damé le pion à Huawei et à Apple, lorgnent eux aussi l’Afrique. Donnant à Transsion quelques raisons de craindre de voir sa puissance à son tour ébranlée. RÉMY DARRAS, envoyé spécial à Shenzhen JEUNE AFRIQUE


LA PERFORMANCE VOUSOUVRE

LE MONDE GROUPE MAROC TELECOM

Le Groupe Maroc Telecom, leader des solutions télécoms en Afrique, et Teddy Riner, double champion olympique de judo et 9 fois champion du monde, partagent tellement de valeurs de respect, de confiance et de générosité qu’ils ne pouvaient que se rencontr er. Nous visons les mêmes objectifs : transmettre notre savoir-faire et notre modèle unique de réussite pour que chacun puisse eindre att l’excellence. Nous construisons un même rêve : donner à chaque africain le pouvoir de réaliser ses projets, d’apprendre, de se comprendre, d’entreprendre et de réduire les distances entre les pays et les hommes.


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