Pdf ja 2965 plus mauritanie

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RD Congo Que reste-t-il de la Belgafrique ?

Maroc La méthode M6

Dossier télécoms

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 58e année • n° 2965 • du 5 au 11 novembre 2017

jeuneafrique.com

6 pages

Harcèlement Et si les Africaines ne se taisaient plus…

MAURITANIE

L’AVENIR EN POINTILLÉ Spécial 12 pages

CÔTE D’IVOIRE

La forteresse

Soro

Depuis plusieurs semaines, les mouvementts de soutien au président de l’Assemblée nattionale fleurissent. Qui sont les hommes et les femmes qui gravitent autour de lui? Quels sont ses rréseaux? Quelle est sa stratégie politique? Enquête..

ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE

France3,80€•Algérie250DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe4,60€ Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 2000 F CFA • ISSN 1950-1285



LE PLUS

de Jeune Afrique

ENJEUX Aziz en position de force

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INTERVIEW Boydiel Ould Houmeid, président d’El Wiam DÉCRYPTAGE Quelques bons augures macroéconomiques TOURISME Retour aux sources sahariennes

MAURITANIE

L’avenir en pointillé

ÉRIC LEBLOND

Croissance et grands chantiers sont de retour. Après le référendum constitutionnel, les réformes s’engagent. Pourtant, à un an des législatives, ultime test avant la présidentielle de 2019, l’horizon est incertain.

JEUNE AFRIQUE

N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017


ENTRETIEN

François Auclair Président & CEO

Notre projet de Tijirit s’est révélé très prometteur et nous allons investir en 2018 plus de US $20 millions de dollars supplémentaires dans l’étude de faisabilité qui doit conduire à confirmer la viabilité économique d’une mine d’or à haute teneur, à laquelle seront affecté des investissements directs et indirects de plus de US $100 millions de dollars. La Mauritanie a été un choix gagnant et nous allons continuer à y investir.

F.A. : Nous avons acquis le projet minier de Tijirit en mars 2016 et avons mis en évidence son extraordinaire potentiel en seulement quelques mois en réalisant plus de 50 000 mètres de forages.

❝LAA ÉTÉMAURITANIE UN CHOIX GAGNANT ET NOUS ALLONS CONTINUER À Y INVESTIR

Au vu des excellents résultats et des études techniques et environnementales préliminaires que nous avons présentés au Gouvernement mauritanien, ce dernier nous a octroyé un Permis d’Exploitation sous condition de remise d’une étude de faisabilité avant fin Décembre 2018. Parallèlement, Algold poursuit son programme de forage afin d’augmenter les ressources du projet. Nous pensons pouvoir démarrer la construction de la mine fin 2018 pour une mise en production fin 2020.

QUEL SERA SON IMPACT SUR LE PAYS ? F.A. : L’État mauritanien possèdera 15 % de TIREX SA, société minière exploitante du gisement de Tijirit, et recevra une royauté dont le taux sera variable en fonction du cours de l’or. La mine devrait produire quelques 100 000 onces par an durant les 8 premières années d’exploitation, hors projets d’expansion, et elle créera près de 300 emplois directs ainsi que pratiquement autant d’emplois indirects. Par ailleurs, Algold va dépenser des sommes importantes auprès de fournisseurs et prestataires mauritaniens tout au long des phases de construction et d’exploitation du projet. Nos actionnaires, récemment rejoins par notre partenaire mauritanien Wafa Mining & Petroleum SA qui a acquis 10 % des actions en bourse d’Algold Resources Ltd, ont investi dans un projet minier de classe mondiale et à fort potentiel d’expansion. Nous pensons que l’ouverture d’une seconde mine d’or en Mauritanie incitera d’autres sociétés minières à investir dans ce secteur-clé pour le pays. ■

www.algold.com

DIFCOM - PHOTO : AGRON DRAGAJ

PUBLI-INFORMATION

François Auclair : Nous avons acquis un premier permis d’exploration minière en 2013 (Kneivissat) car nous pensions que la Mauritanie possédait un très fort potentiel géologique, un excellent code minier et un cadre légal conforme aux attentes des investisseurs. Nous avons pu constater sur le terrain que l’État considérait le secteur minier comme prioritaire et qu’il menait une stratégie concrète de soutien aux entreprises internationales. Nous avons donc acquis un second projet d’exploration fin 2013 (Legouessi) puis un troisième en 2016 (Tijirit). Depuis 2013, Algold a dépensé près de US $20 millions de dollars en exploration.

QUAND EST-CE QUE LA MINE DE TIJIRIT ENTRERA EN PRODUCTION ?

ALGOLD RESOURCES EST UNE SOCIÉTÉ MINIÈRE CANADIENNE COTÉE À LA BOURSE DE CROISSANCE DE TORONTO. POURQUOI LA MAURITANIE COMME PREMIER PROJET MINIER ?


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LE PLUS

de Jeune Afrique

Prélude

MAURITANIE

L’avenir en pointillé

Bios Diallo

Un concentré de Mauritanie

À

Ici, on empiète sans gêne ni sanction sur bientôt 60 ans, la capitale ressemble l’espace public. On investit un bout de parc toujours à une petite fille à laquelle il faut tenir la main. Des robes à pour y construire une dépendance, quelques ajuster, des pas à assurer, un lanmètres carrés d’une chaussée pour y poser sa boutique. On érige un dépotoir au nez gage à surveiller. Une tête hirsute. Nouakchott (« là où souffle le vent », en berbère) paraît et à la barbe de ses voisins. On se branche encore tout droit sortie de ce terrain vague aux réseaux d’eau et d’électricité en toute illégalité. entre la mer et le désert naissant qui fut choisi parce qu’éloigné des velléités d’annexion Les feux rouges ? Personne ne s’y arrête. des voisins de la vaste terre de sables qu’est Les rares automobilistes auxquels vient cette la Mauritanie. Ni Nouadhibou, proche du folle idée, non contents de se faire doubler royaume chérifien, ni Rosso, ni Kaédi, sur par leurs congénères, ne manquent jamais la rive du fleuve Sénégal, ne rassuraient. En d’être salués par une rafale de klaxons et d’insultes. 1957, le vice-président du Conseil de gouvernement, Moktar Ould Daddah (qui deviendra le premier président du pays, en 1960), décida Côté ambiance, la ville change et s’ouvre. donc d’ériger en capitale ce qui n’était encore Outre l’espace Camara, l’Institut français, les qu’un bourg de 500 habitants. centres culturels marocain et égyptien, de Alors conçue pour accueillir quelques cennouveaux espaces ont été créés dans presque taines d’âmes supplémentaires par an, la ville tous les quartiers par la Communauté urbaine et le ministère de la Culture. en recensait déjà 8000 en 1980. Elle en compte Les Nouakchottois sortent. Le weekaujourd’hui 950000, soit le tiers de la population du pays. Une succession end, les avenues grouillent de monde. Les familles se d’événements a bouleversé les À son rythme, détendent dans les parcs. prévisions. Nationalisation des Nouakchott Mines de fer (1974), guerre du Les femmes investissent les Sahara occidental (1975) et, hammams et les salons de coifentre dans surtout, rude sécheresse (1970le monde animé fure sans attendre l’occasion 1978) : les familles fuyant les d’un mariage ou d’un bapdes « grandes tême. Malgré les délestages pâturages étrécis et les combats trouvèrent refuge dans la jeune et le faible débit d’internet, les villes ». jeunes organisent des soirées capitale – et pitance, grâce à la pêche. S’ensuivirent trente ans d’urbanisation vidéo, filment leurs sorties et s’échangent les bons plans sur les réseaux sociaux. Le pays sauvage, au cours desquels se sont multipliées au million de poètes ne dérogeant pas à sa les «gazras» (zones d’occupation illégale, non viabilisées) et leurs baraques en tôle. réputation, on se retrouve pour déclamer des vers, dire des textes ou slamer. Et quand la nuit La capitale est aujourd’hui bien mieux tombe, dans les restaurants et cafés des quarlotie. Elle s’est dotée d’infrastructures: réseau tiers du palais des Congrès, de Tevragh-Zeina d’eau potable, routes goudronnées, feux de et de Basra, sur la route de Nouadhibou, dans signalisation… Peut-on dire pour autant la rue de l’Espoir et jusqu’au pied des dunes, qu’elle est moderne ? Pas sûr. Étant l’une des on refait le monde autour d’un savoureux plus jeunes capitales de la sous-région, la mélange de griots, de rappeurs, de poètes, ville aurait pu profiter de l’expérience et des de conteurs et de musiciens. erreurs de ses aînées. Pourtant, elle accuse Souvent considérée comme sans âme à encore un déficit en matière d’assainissement. cause de son absence de monuments, de réel centre névralgique, mais aussi de sa culture Certains déplorent le manque de rigueur dans la conduite des ouvrages, d’autres les comde retenue, Nouakchott entre, à son rythme, plaisances qui engendrent du laisser-aller et dans le monde animé des « grandes villes ». Lui reste à trouver son code. incitent les Nouakchottois à ne rien respecter. JEUNE AFRIQUE

N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

ENJEUX Aziz en position de force

p. 72

INTERVIEW Boydiel Ould Houmeid, président du parti El Wiam p. 76 SÉCURITÉ Renaissance d’une armée

p. 78

DÉCRYPTAGE Quelques bons augures macroéconomiques p. 80 TOURISME Retour aux sources sahariennes p. 82 STRATÉGIE Maro Hadya Diagana, la self-made-woman qui défie les hommes p. 84

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Le Plus de Jeune Afrique

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Aziz en posi ENJEUX

Affaibli par le très modeste taux de participation au référendum constitutionnel du 5 août, qui s’est pourtant soldé par une victoire du oui, le président Mohamed Ould Abdelaziz n’en demeure pas moins maître du jeu face à une opposition divisée.

M.P

ALAIN FAUJAS,

envoyé spécial

L

e 12 mai, le sénateur Mohamed Ould Ghadda, membre de la majorité mais opposé au référendum constitutionnel et à la suppression du Sénat, causait le décès de deux personnes lors d’un accident sur la route de Rosso. Il est condamné à six mois de prison avec sursis pour homicide involontaire en juillet. Ses téléphones, saisis lors de son arrestation, sont analysés par la gendarmerie. Selon des fuites en provenance


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tion de force des autorités, leur contenu mettrait en lumière une conspiration pour faire échouer le scrutin référendaire, discréditer le pouvoir et provoquer des manifestations. Le cerveau présumé de ce complot, toujours selon le régime mauritanien : l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, en exil volontaire à Marrakech depuis 2010. Celui-ci est l’ennemi du président, qu’il accuse de despotisme et de détournement de fonds. En août, le sénateur Ould Ghadda est à nouveau

incarcéré, cette fois pour corruption. Un mandat d’arrêt est lancé contre Bouamatou et son bras droit, Mohamed Ould Debbagh. Douze sénateurs, quatre journalistes et deux syndicalistes sont placés sous contrôle judiciaire. L’opposition dénonce des procédures destinées à la museler. Elle y voit la dérive autoritaire d’un président qui se préparerait à se succéder à lui-même, contrairement à ce que prévoit la Constitution. La guerre entre Bouamatou et Aziz, jadis

Meeting du chef de l’État, le 1er août, à Nouadhibou.


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Après lui, qui? Alors que la vie politique se cristallise autour de la présidentielle de 2019 et que l’opposition n’a pour l’heure ni programme, ni argent, ni candidat commun, l’une de ces figures de la majorité pourrait être bien placée pour l’emporter. Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Ould Ghazouani (60 ans)

I

Chef d’état-major des armées et général de division (lire pp. 78-79), il est l’homme le plus proche – « un frère » – du président Ould Abdelaziz, avec lequel il a réussi le coup d’État d’août 2005 (de Vall contre Ould Taya). Il est respecté M A dans tous les camps politiques en raison de sa modestie et de son ouverture. Mais il n’a guère envie de se lancer dans la course à la présidentielle.

Yahya Ould Hademine (63 ans)

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Ingénieur de formation, le Premier ministre rêve d’être choisi pour dauphin par Ould Abdelaziz. Il pourfend l’opposition avec ardeur, a mené une campagne vigoureuse pour le référendum constitutionnel du 5 août, mais, bien que le oui l’ait emporté, à 85,6 %, la faible S C participation a irrité le président. Ould Hademine est réputé N P H OTO /EVA pour son absence de diplomatie.

UN

Moulaye Ould Mohamed Laghdaf (59 ans)

AP

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Lui aussi ingénieur de formation et, surtout, longtemps ambassadeur auprès de l’Union européenne, l’ex-Premier ministre vient de perdre son poste de ministre-secrétaire général de la présidence. On le dit en disgrâce – peut-être I IN à cause de son indécision –, mais il a toujours été l’agent de FRA KL NK FRAN liaison du président avec l’opposition, et sa légendaire affabilité le remet chaque fois en selle. I/

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Moctar Ould Diay (43 ans) Le ministre de l’Économie et des Finances est le jeune loup qui monte. D’un insubmersible optimisme, même quand le prix du fer reste médiocre, l’ancien statisticien et ex-directeur général des impôts clame depuis plusieurs semestres que la crise est finie, ce qui plaît à ses partisans, qui veulent qu’il soit nommé à la primature. Son activisme DR auprès du président lui vaut de nombreux et puissants ennemis.

Cheikh Ould Baya (61 ans) Ami du chef de l’État, ce colonel à la retraite, qui préside l’Association des maires de Mauritanie, a un œil sur les deux richesses du pays : édile de la capitale du fer, Zouerate, il négocie avec les grévistes de la Société nationale industrielle et minière (Snim) et est aussi le R D négociateur en chef des accords de pêche (deuxième ressource du pays) avec l’Union européenne. Adepte des propos à l’emporte-pièce, il a l’art de soulever des polémiques. Dernière en date, en juillet : afin de convaincre les électeurs de voter pour la modification de l’hymne national, il a déclaré qu’il avait été composé par un goumier de l’armée française en 1924, suscitant l’indignation générale. N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

proches, est déclarée. Elle s’annonce d’une violence extrême. Si Mohamed Ould Bouamatou avait pour objectif de déloger son cousin du pouvoir ou, à tout le moins, de lui en compliquer l’exercice, c’est raté. SOUS SURVEILLANCE. De fait, l’opposition mauritanienne est en miettes. Sa politique de boycott systématique des scrutins l’a marginalisée. L’un de ses chefs historiques, Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), aura 75 ans en décembre et ne pourra plus être candidat à la magistrature suprême. L’ancien président Ely Ould Mohamed Vall, qui aurait pu fédérer autour de son nom, est mort début mai. Et on voit mal les partis d’opposition réunis au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) s’entendre sur un programme plus consistant que leur envie farouche de faire partir le chef de l’État ou sur le nom d’un candidat commun à la présidentielle. Encore moins au sein du « G8 », regroupement encore plus vaste au sein duquel coexistent des ennemis : l’IRA et les islamistes de Tawassoul. Enfin, l’opposition ne peut plus compter sur la générosité de Bouamatou, dont les canaux de financement sont fermés depuis la mise sous surveillance de ses entreprises mauritaniennes. Or, comme l’explique un responsable de l’opposition : « Nous pouvons remporter Nouakchott et Nouadhibou sans argent, mais il en faut beaucoup pour gagner à l’intérieur, et nous n’en avons pas. » Que va faire le chef de l’État de la relative position de force dans laquelle il se trouve désormais ? La pression judiciaire sur le sénateur Ould Ghadda comme sur les personnes placées sous contrôle judiciaire devrait être maintenue afin de dissuader d’autres potentiels mécènes de financer l’opposition. Cette menace latente convaincra aussi les membres de la majorité de ne pas tenter une rébellion, comme celle à laquelle se sont risqués certains sénateurs, et de rester unis derrière le président, bien que celui-ci fasse moins peur à ses troupes depuis qu’il a juré qu’il ne se présenterait pas pour un troisième mandat. FLAMBEAU. Ce maniement du bâton est délicat, car

il ne faut pas irriter la communauté internationale. On peut voir dans le refus d’incarcérer la totalité des comploteurs supposés et leur placement sous simple contrôle judiciaire une tentative de rassurer sur l’État de droit en Mauritanie. On frappe, mais avec mesure… Ainsi ressoudée (et financée), la majorité serait en bonne posture pour aller aux élections régionales, municipales et, surtout, législatives, prévues en octobre-novembre 2018. Restera à mener à bien deux chantiers majeurs. Le premier est domestique, puisqu’il faut réussir JEUNE AFRIQUE


L’avenir en pointillé la décentralisation régionale adoptée via le référendum du 5 août (lire ci-contre), dont le pays a grand besoin pour associer les populations à la gestion de leur quotidien. Le second, c’est la participation à une force combattante du G5 Sahel pour venir à bout, au niveau régional, du terrorisme, que la Mauritanie a pour l’instant dompté sur son territoire. Le président Mohamed Ould Abdelaziz est sur la même longueur d’onde que son homologue français Emmanuel Macron : il faut au préalable que tous les pays effectuent leur travail sécuritaire, notamment le Mali, qui sait où se trouvent les jihadistes mais les combat mollement. Ensuite, pas question d’envoyer des soldats mauritaniens hors des frontières s’il n’y a pas de budgets adéquats. « Si nous y allons, ce ne sera pas pour adopter une posture défensive comme la Minusma au Mali, qui se contente d’encaisser les coups derrière ses fortifications, mais pour écraser l’ennemi, explique un ministre. Et, pour cela, il nous faut des moyens supplémentaires. » Quand ces deux chantiers seront en bonne voie, en 2019, Mohamed Ould Abdelaziz est censé passer le flambeau à son dauphin. Sait-il lui-même qui il choisira pour lui succéder ? Rien n’est moins sûr.

LES TROIS PILIERS DE LA RÉGIONALISATION

L

a plus importante réforme constitutionnelle adoptée par référendum, le 5 août, concerne la décentralisation et, plus particulièrement, la régionalisation. Le gouvernement travaille à la rédaction des projets de loi et décrets d’application qu’elle nécessite. Un membre du gouvernement a expliqué à JA les trois piliers de cette réforme pilotée par le chef de l’État.Tout en requérant l’anonymat, étant donné qu’un certain flou persiste, notamment sur le nombre des futures régions et leur découpage… • Le rôle des régions sera économique. Elles seront formées sur la base de leur spécificité (agriculture, pêche, tourisme, culture sous palmeraies, élevage, mines, etc.) de façon à pouvoir développer ces atouts et être viables. • Leur autonomie sera réelle. Les conseillers régionaux seront élus

au suffrage universel (et non nommés, comme le souhaitaient les « conservateurs ») et éliront leur président. Il sera tenu compte de l’échec de la création des communes et, si les régions se verront transférer des recettes de l’État, elles pourront aussi lever des impôts et faire appel à l’emprunt, ce qui suppose une personnalité juridique. • Les régions seront distinctes des 15 wilayas actuelles (divisions du territoire administrées par des walis – gouverneurs – nommés, et subdivisées en départements), et il faudra répartir les compétences et les services entre régions, wilayas et communes. Commentaire de notre interlocuteur : « On gère mieux à proximité, et 1 000 ouguiyas (environ 2 euros) seront mieux dépensés à l’intérieur de la Mauritanie qu’à Nouakchott. » A.F.

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Le Plus de JA Mauritanie

Boydiel Ould Houmeid Président du parti El Wiam

« Nous nous opposons aux programmes, pas aux personnes »

B

oydiel Ould Houmeid, 64 ans, ancien syndicaliste, a gravi tous les échelons de l’administration, jusqu’aux portefeuilles ministériels parmi les plus stratégiques (sous la présidence Maaouiya Ould Taya). Il a successivement été chef de service ecteur du budget et des de la solde, directeur comptes, contrô ôleur d’État, directeur du Trésor et de la comptabilité publique, puis de la Sociétté mauritanienne pour la commercialisatiion de poissons (SMCP), commissaire à la sécurité alimentaire, directeur général de la Caisse nationale maladie (qu’il a portée d’assurance m sur les fonts baaptismaux) et plusieurs fois ministre : Commerce, Artisanat Développement rural, et Tourisme ; D Pêches et Écono omie maritime ; Santé et Affaires sociaales ; Finances ; et, enfin, ministre--secrétaire général à la présid ence. Ancien national pour cadre du Pacte n la démocratie et le développement (Adil, l’ex-partiÉtat), qu’il a quittté en 2010 El Wiam, pour cofonder E présidencandidat à la p tielle de 2014, lee députémaire de Ndiaggo (dans le Trarza, Sud-Oueest) occupe nale sur un une place origin échiquier politiq que polarisé entre le pouvoiir et l’opposition. Tout en siégeant sur les bancs de ceette dernière, il accepte de dialoguer avec uld Abdelaziz, le président Ou prônant « un e opposition responsable ».

l’opposition… Pas mal pour un mouvement créé en 2010, non ? Mais nous formons une opposition responsable et républicaine. Nous combattons des programmes, pas des personnes. Nous respectons ceux qui sont élus et, donc, le président Ould Abdelaziz.

Qu’est-ce qui vous sépare de ce dernier?

Il est arrivé au pouvoir par un coup d’État contre le président élu Sidi [Sidi Ould Cheikh Abdallahi, seul président civil du pays, élu en avril 2007 et destitué par le putsch du 6 août 2008]. Ensuite, je suis très réservé sur son programme d’étatisation d étatisation de l’économie. l écon Nous l’avions libéralisée avec le prrésident Maaouiya et, lui, il a effectué un retour en arrière en nationalisant et en n créant des sociétés d’État. Sur le plan social, trop de Mauritaniens sont très t pauvres et ne peuvent envoyer leurrs enfants à l’école. Et qu’est-ce qui vou us sépare de l’opposition « radicale », » qui boycotte les élections depuis des s années ?

Je suis contre le bo oycott, qui a contribué à marginaliserr cette opposition. Par le dialogue, nous avons de notre côté obtenu en n 2011-2012 que la Commission éélectorale nationale indépendantte [Ceni] n’ait plus rien à voir avvec le ministère de l’Intérieur, que la proportionnelle soit instituée i et que les femmes soient mieux représentées dans nos assemblées. Le « dia alogue » d’octobre 2016 au uquel vous avez participé a-t-il été positif ?

Ou ui, le Sénat a été supp primé. J’ai toujours con nsidéré que cette Asssemblée était un luxxe que notre pays ne pouvait se permettre. p E plus, son colEn lège électoral très r restreint était plus faciile à corrompre que le suffrrage universel qui désigne les députés…

JEUNE AFRIQUE : Certains vous ne pas être un reprochent de n au président. vrai opposant a Est-ce vrai ? LD HOUMEID : BOYDIEL OUL

utés, douze Avec dix dépu maires et 600 conseillers municipaux , El Wiam est le troisièmee parti du pays et le deuxxième de N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

Où en est e l’autre réforme constittutionnelle, créant des co onseils régionaux ?

M.P

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Nou us travaillons à ses textes d’application. d Ces JEUNE AFRIQUE


L’avenir en pointillé conseils seront élus par le peuple et non par les conseillers municipaux. Ils se consacreront au développement économique. Il faudra que l’État les assiste et qu’ils aient les moyens financiers de leurs missions. S’ils travaillent dans les mêmes conditions difficiles que les communes, cette réforme ne servira à rien. L’opposition « radicale » affirme que ces réformes sont des préparatifs pour un troisième mandat présidentiel d’« Aziz », aujourd’hui inconstitutionnel. Qu’en pensez-vous ?

Après des déclarations maladroites de ses proches, le président Ould Abdelaziz m’a appelé dans son bureau pour me dire qu’il ne se représenterait pas. Il l’a répété à de nombreuses occasions. Je le crois.

Croyez-vous que l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou ait tenté de corrompre élus, journalistes et syndicalistes, comme l’affirme le pouvoir ?

C’est un dilemme. S’il a essayé d’entraver le fonctionnement démocratique en les achetant, c’est condamnable. En revanche, si le pouvoir cherche par ce

moyen à le mettre dans de sales draps, comme le disent ses amis, ce n’est vraiment pas une attitude à encourager. La justice fera la lumière, mais je crois que Bouamatou, entrepreneur qui a réussi, doit jouer un rôle en Mauritanie. Estimez-vous que les Haratines sont défavorisés par rapport aux Maures blancs dans la fonction publique, l’armée et la police ?

sont toujours un peu discriminés, et il faut que les recrutements soient effectués en fonction des compétences. La montée du parti islamiste Tawassoul vous inquiète-t-elle ?

Je suis hostile à l’utilisation de la religion en politique. Les autres partis ne sont-ils pas tout autant musulmans que Tawassoul ? En fait, il ne correspond pas aux traditions malékites mauritaniennes,

Le chef de l’État a maintes fois répété qu’il ne se représenterait pas. Je le crois. Dans ma jeunesse, j’ai milité dans le parti haratine de l’époque pour faire reconnaître nos droits. Mais lorsque le multipartisme a été institué, en 1991, je l’ai quitté car il ne faut pas conserver de partis ethniques. Créer des partis wolof, soninké, pulaar ou arabe, c’est le meilleur moyen de disloquer le pays! Le président Maaouiya a été le premier à nommer un Haratine ministre. J’ai été trésorier général et ministre. Mais les Haratines

et il n’aurait pas percé s’il n’était financé par l’extérieur. Vous présenterez-vous aux prochaines élections municipales, régionales, législatives, présidentielle ?

Aux municipales et aux législatives, oui. En ce qui concerne la présidentielle, notre parti décidera s’il présente un candidat ou s’il soutient une autre personnalité. Propos recueillis à Nouakchott par ALAIN FAUJAS

La grande tradition d’un nouvel art de vivre

A

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Le Plus de JA Mauritanie SÉCURITÉ

Renaissance d’une armée Après que les forces militaires ont essuyé de cuisantes défaites face aux jihadistes, des réformes ont été engagées, et des moyens mobilisés. Pour quels résultats ?

P

armi les armées du G5 Sahel unies dans la lutte contre le jihadisme (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), deux se distinguent tout particulièrement : la tchadienne et… la mauritanienne. Car elle est de création récente, puisque sa mise à niveau et sa combativité datent de moins de dix ans. Ce redressement s’est effectué selon la volonté du président, qui en a donné les moyens, et sous la houlette de son chef d’état-major, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Ould Ghazouani (lire p. 74). Il suscite aujourd’hui les éloges des Américains et des Français qui l’ont épaulé. À vrai dire, l’armée mauritanienne a d’abord connu les affres de la défaite. Lorsque le président Moktar Ould Daddah se partage le Sahara occidental avec le roi du Maroc, en 1975, il dispose de moins de 5 000 soldats pour combattre celui qui le leur conteste : le Front Polisario. Il enrôle à tour de bras de jeunes recrues que l’on envoie guerroyer en plein désert sans formation ni ravitaillement, avec pour seules armes des pétoires ; 2 000 y perdent la vie. Les défaites et une économie nationale mise à mal par le conflit, qui paralyse l’exportation du fer, convainquent des généraux,

en 1978, de déposer le président, puis, en 1979, de signer un accord de paix avec le Polisario. Et l’on va s’apercevoir un quart de siècle plus tard que cette troupe de 15 000 hommes ne fait pas le poids face aux jihadistes. Ainsi que le résume un observateur, « ils ont alors juste assez d’essence pour garder le troupeau de chèvres de leur colonel ». Le 4 juin 2005, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), venu du Mali et conduit par Mokhtar Belmokhtar, attaque le camp de Lemgheity, dans l’extrême Nord mauritanien. Surprise en plein sommeil, la garnison ne peut résister : quinze de ses membres sont tués, et l’agresseur repart avec des prisonniers, des véhicules et de l’armement. C’est la première défaite des forces mauritaniennes face à un adversaire mobile et motivé qui, au fil des années, s’enhardit jusqu’à tuer des touristes français et un Américain, puis à enlever des Espagnols. Le rallye Paris-Dakar ne peut plus traverser la Mauritanie faute de sécurité et abandonne l’Afrique. L’armée se montre plus efficace pour organiser des coups d’État. Le 14 septembre 2008, c’est le massacre de Tourine (lire encadré). Trop, c’est trop. Le général Ould Abdelaziz, qui a pris le

LE MASSACRE DE TOURINE : UN ÉLECTROCHOC

D

ans la nuit du 14 au 15 septembre 2008, une patrouille de six véhicules de l’armée mauritanienne tombe dans une embuscade à Tourine, dans une zone désertique située à 80 km au sud de la cité minière de Zouerate. L’attaque est menée par Aqmi, qui revendique la capture de 12 prisonniers et la prise de 3 véhicules tout-terrain. Les 11 militaires et leur guide N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

seront retrouvés décapités. Faute d’une chaîne de commandement digne de ce nom, ce n’est que tardivement que l’état-major apprend le désastre. Les supérieurs dont dépendait la patrouille attaquée sont totalement désemparés. L’armée n’ayant pas les moyens d’envoyer des renforts importants, elle se tourne vers des chefs d’entreprise

mauritaniens pour l’aider à reprendre pied dans le Nord. L’un fournit 10 pick-up, un autre les pneus nécessaires, et la fédération nationale des transports achemine le ravitaillement dans les garnisons isolées. Le traumatisme est immense dans tout le pays, qui découvre, à l’occasion de ce drame, que son armée n’en est pas une. A.F.

pouvoir un mois plus tôt, et son camarade le général Ould Ghazouani décident de réformer une armée misérable et qui a le moral au plus bas. Les salaires, très bas (quelques dizaines d’euros par mois pour un colonel), sont augmentés petit à petit. Le logement et le système de santé militaires sont améliorés. Les budgets sont gonflés. « À la différence des civils, nos hommes ne peuvent pas compléter leur solde par une activité extérieure. Il faut qu’ils gagnent assez pour vivre convenablement et qu’ils n’aient pas de souci à se faire pour leur famille quand ils sont en opération à plus de 1000 km de chez eux », explique Mohamed Ould Ghazouani. Il est décidé à faire l’impasse sur la hiérarchie en place, même si cela pose des problèmes de jalousie chez les colonels d’active. SUSCEPTIBILITÉS. « Nous avons formé des groupements spéciaux d’intervention [GSI] commandés par de jeunes capitaines célibataires afin d’établir un esprit offensif, tourné vers le mouvement, raconte le général. Parallèlement, nous avons musclé notre deuxième bureau pour disposer de renseignements fiables sur Aqmi. » Tout pour l’opérationnel, donc, sans considération pour les JEUNE AFRIQUE


L’avenir en pointillé d’une population qui n’a pas d’eau, pas de nourriture et ne peut pas prendre le moindre cachet de nivaquine, faute de centres de santé. Dans la mesure du possible, nos hommes lui apportent des services et des provisions… Il ne peut pas y avoir une armée riche et une population pauvre. » Aujourd’hui, les troupes mauritaniennes disposent d’avions Super Tucano et d’un appui tactique au sol formé à Atar par les Français. Les Américains leur ont prêté des équipements qui ont fait merveille. Elles ont des mitrailleuses, des munitions, du carburant, des véhicules tout-terrain pour ces GSI, qui ont un moral d’acier. Elles alignent 20 000 hommes dans sept régions militaires comportant chacune deux bataillons. FREDERIC REGLAIN/ASK IMAGES

Le président (à dr.) et le général Ould Ghazouani sur une base militaire du désert mauritanien, le 23 novembre 2015.

susceptibilités de corps. « Quand on vient me dire que le Bataillon de la sécurité présidentielle [Basep] demande que nous lui donnions des mitrailleuses, je réponds que nous ne leur en donnerons que lorsque nous en aurons en trop, et, aujourd’hui, ce n’est pas le cas », poursuit-il. Quand on sait combien le BSP (que commandait l’actuel président) est choyé, on mesure l’autonomie dont dispose le chef d’état-major pour assurer ce qu’il considère comme le bien de la nation. En accord avec Bamako, ces GSI interviennent au Mali avec l’appui d’un ULM. Les troupes mauritaniennes remportent une victoire significative sur Aqmi, qui laisse quinze morts dans la forêt de Wagadou, en territoire malien, le 24 juin 2011. Et quand Aqmi veut attaquer une garnison mauritanienne frontalière pour venger cette défaite… « Nous les attendions ! raconte le général avec un petit sourire. Ils ont perdu l’émir qu’ils avaient fait venir d’Algérie pour les commander et, pour la première fois, ils ont été obligés de laisser leurs morts sur le terrain. Nous avons obtenu de précieuses informations sur leurs caches d’armes. » Aqmi n’a plus jamais tenté de s’en prendre à la Mauritanie. JEUNE AFRIQUE

FÉMINISER. Quelles améliorations le

général pourrait-il souhaiter ? « Il nous faut une salle d’opérations moderne et informatisée où convergent en temps réel les informations sur les actions en cours, répond-il. Nous devons aussi nous doter d’une nouvelle cartographie, car nos cartes ne correspondent plus au terrain. Victoire sur toute la ligne ? Pas vraiEnfin, il faut relever notre niveau éducatif pour disposer d’hommes compétents ment, car si les troupes mauritaniennes et maliennes, appuyées par l’opération et formés aux technologies modernes. française Barkhane, ratissent le terrain Certes, nous avons des collèges et des de façon coordonnée de part et d’autre lycées d’excellence et aussi ce qui est de la frontière, les jihadistes se sont devenu notre École polytechnique, mais réinstallés dans la forêt de Wagadou, quand nous présentons cinq candidats d’où ils attaquent les villages que l’arau brevet de pilote, un seul le réussit. Les mée malienne convalescente n’a pas les autres sont obligés de devenir mécanos ou de se rabattre sur les transmissions. moyens de protéger. Quand on souligne Ce n’est pas satisfaisant. » que l’armée mauritanienne est devenue Et l e g é n é ra l Ould Ghazouani d’exprimer un Des améliorations ? Une nouvelle ultime vœu. « J’aimerais cartographie, des hommes formés féminiser l’armée, dit-il. En effet, je vois que, lors de nos aux technologies modernes… missions sous mandat de un vrai outil de combat sous sa resl’ONU, les populations (centrafricaines par exemple) sont plus en confiance ponsabilité, le général Ould Ghazouani demande qu’on ne jette pas la pierre à quand elles sont en présence de milises prédécesseurs, qui n’avaient pas de taires femmes. Le problème est que notre personnel féminin préfère une moyens du tout. « Oui, concède-t-il avec modestie, nous avons fait des progrès affectation dans la capitale et, un peu comme dans l’armée française, n’est grâce aux capitaines, aux commandants, aux colonels, aux généraux et, surtout, pas très attiré par l’opérationnel. Nous au président, qui nous en a donné les réfléchissons au moyen de remédier à moyens, mais c’est loin d’être parfait. » cela. » Rien de surprenant quand on Il ne se fait pas d’illusion sur l’efficacité sait que le général est fils du chef de la tribu maraboutique des Ideiboussat, de l’action militaire. « L’action de l’armée donc ouvert et libéral. ne suffit pas, dit-il. Il faut du développement, lutter contre l’extrême pauvreté ALAIN FAUJAS N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

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Le Plus de JA Mauritanie Décryptage

De bons augures pour battre le fer

Alain Faujas

L

es chantiers sont de retour à Nouakchott. Symbole de cette reprise, la tour de la Société nationale industrielle et minière (Snim), longtemps à l’arrêt, est en cours de finition. Les statistiques du FMI confirment ce regain: la croissance s’était effondrée de + 6,1 % en 2013 à + 0,9 % en 2015, sous l’effet de la chute du cours du minerai de fer. Elle repart à + 1,7 % en 2016 et + 3,8 % sont annoncés en 2017. Une fois de plus, c’est le secteur minier qui tire l’économie. Le cours du fer, qui était tombé à 40 dollars la tonne début 2016, oscille désormais autour de 60 dollars. Le canadien Kinross vient d’annoncer un investissement de 590 millions de dollars dans sa mine d’or de Tasiast et prévoit que sa production quadruplera d’ici à 2021-2022, passant de 200000 à 800000 onces par an. Les autorités ont plutôt bien géré la crise. Collecte fiscale améliorée, chasse aux dépenses et réduction des subventions aux carburants ont permis de diminuer le déficit budgétaire. La Mauritanie a accru ses emprunts auprès du monde arabe. La Banque centrale a laissé glisser le cours de l’ouguiya de 16 % face au dollar depuis 2014, freinant ainsi les importations. Enfin, l’État a gagné son bras de fer avec le FMI – certains de ses experts lui demandaient de fortement dévaluer l’ouguiya afin d’améliorer la compétitivité des produits.

Le gouvernement les a convaincus que, le pays n’exportant pas grand-chose hormis des matières premières, une telle dévaluation n’améliorerait pas la balance commerciale et risquait de déclencher une forte inflation. Il ne faut pas pour autant se mettre à rêver. Le cours du fer a peu de chances de dépasser les 70 dollars à moyen terme. Les défis que le pays doit affronter demeurent donc multiples et redoutables. Même si la pauvreté a reculé de 11 % depuis 2008, un tiers des Mauritaniens vit avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté. La dette publique extérieure est montée au niveau dangereux de 72 % du PIB. Ajoutons que l’agriculture demeure très vulnérable aux phénomènes climatiques, comme le prouve la mauvaise saison des pluies en cours, qui va contraindre le Programme

L’État doit garantir que les ressources tirées du champ gazier Tortue profiteront aussi aux générations futures.

Repères macroéconomiques

2015

2016

2017** 2018**

en %

PIB réel (à prix constants)

0,9

1,7

3,8

3,0

PIB du secteur extractif

– 6,7

– 1,4

10,3

– 3,5

PIB des secteurs non extractifs

2,1

2,2

2,9

4

en % du PIB

Solde budgétaire global

– 3,4 – 0,3

– 0,6

– 2,1

Recettes et dons

32,5

31,8

30,8

30,3

Dépenses et prêts nets

36,3

32,2

31,5

32,8

Investissements directs étrangers (IDE, net)

32

16,3

25

11,1

Dette publique intérieure*

77,8

78,3

77,7

80,8

Dette publique extérieure*

68,1

72,2

71,2

73,9

Réserves officielles

5,6

5,5

4,3

3,7

Production de fer

11,6

13,3

14,5

16

(En mois d’importations, hors extractif) (En millions de tonnes)

* À l’exclusion de la dette passive envers le Koweït, en cours de négociation ** Projections N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

SOURCES : AUTORITÉS MAURITANIENNES ET FMI, AOÛT 2017

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alimentaire mondial (PAM) à accroître son soutien aux populations. Il faudra qu’un jour le gouvernement prenne à bras-le-corps le problème foncier qui empêche l’agriculture de se développer au nord du fleuve Sénégal, alors qu’au sud le territoire sénégalais est devenu un riche grenier. Le développement de la rive mauritanienne éviterait que quelque cinq camions de fruits et légumes arrivent chaque jour du Maroc… Classée au 160e rang sur 190 pays dans le rapport « Doing Business 2017 » de la Banque mondiale, la Mauritanie a gagné 16 places en deux ans. Mais ses banques privées sont peu robustes et ne financent que l’immobilier et l’import-export, empêchant le développement d’un tissu entrepreneurial, la diversification des activités et la création d’emplois. D’autre part, son économie demeure handicapée par l’omniprésence de l’État ou, plutôt, des pouvoirs. Les marchés comme les licences sont attribués de façon opaque, souvent sur la base de relations politiques ou tribales. Quand l’américain Kosmos Energy a confirmé en août que le champ gazier Tortue, au large des côtes mauritaniennes et sénégalaises, pourrait entrer en production en 2021-2022, beaucoup se sont mis à fantasmer sur ce pactole… qui risque de cannibaliser l’économie nationale, d’alimenter une spéculation immobilière effrénée et de multiplier les comportements prédateurs. La Mauritanie a quatre ans pour mettre en place les garde-fous (fonds souverain, compte spécial à la Banque centrale, etc.) afin de garantir que cet argent sera géré de façon rationnelle, en toute transparence, et qu’il profitera aussi aux générations futures. JEUNE AFRIQUE


Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie

Ensemble développons l’énergie d’entreprendre

Une nouvelle vision pour mieux répondre aux besoins du tissu économique local De nouvelles prestations d’appui aux entreprises Depuis le début de l’année courante, la CCIAM en partenariat avec la CCI Marseille-Provence a lancé de manière progressive sa nouvelle gamme de services articulée autour de trois catégories de services : ✔ La création d’entreprises : destinée aux porteurs de projets ; ✔ Le Développement d’activités : la CCIAM soutient les entreprises dans leur processus de développement à l’échelle nationale et Internationale ; ✔ L’Information : à travers sa bibliothèque économique dont l’inauguration est imminente, la CCIAM envisage de mettre à disposition du secteur privé des informations économiques, réglementaires et juridiques. La formation, garantie d’un développement solide Suite à une enquête menée pour identifier les besoins prioritaires du tissu économique local en matière de formation professionnelle, la CCIAM a développé des programmes de formation destinés aux dirigeants des PME mauritaniennes. C’est ainsi que onze (11) formateurs, ont été sélectionnés et formés sur les techniques andragogiques. Plus de 54 dirigeants de PME locales ont pu bénéficier de ces formations.

▲ Lancement officiel de la réunion de travail ConfiAfrica à Nouakchott

La CCIAM un partenaire sûr pour un développement inclusif La CCIAM attache un intérêt particulier au développement des moyens et actions susceptibles de contribuer à promouvoir des relations de coopération fructueuses entre les hommes d’affaires mauritaniens et leurs homologues d’autres pays et à attirer les capitaux étrangers. Ainsi, la Chambre est parvenue à tisser un réseau de relations denses à travers la signature de 86 protocoles de coopération. Par ailleurs la CCIAM a abrité en avril 2017 le Forum économique mauritano tunisien sous le thème : « Pour un partenariat gagnant-gagnant entre les opérateurs économiques mauritaniens et tunisiens » et signé, le 2 Mai 2017 un protocole d’accord de partenariat avec la CCI Saoura- Bechar (Algérie). Enfin, la CCIAM a accueilli du 17 au 20 Octobre 2017, une réunion de travail de ConfiAfrica, un projet de coopération internationale pour les PME, impliquant plusieurs entités des Iles Canaries-Espagne la CCIA de Mauritanie, la CCIA de Dakar- Sénégal et la CC du Cap-Vert.

Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie (CCIAM) ▲ Cérémonie de remised’attestations de formation destinée aux dirigeants des PME mauritaniennes

PUBLI-INFORMATION

303, Avenue de l’Indépendance – Nouakchott / Mauritanie Tél : (+222) 45 25 22 14 E-mail : info@chambredecommerce.mr

www.chambredecommerce.mr

DIFCOM - PHOTO : D.R.

La Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie (CCIAM) principale interface public-privé a pour principales missions d’encadrer et de représenter les intérêts économiques des entreprises commerciales, industrielles, agricoles, de pêche et de prestation de services auprès des pouvoirs publics.


Lire aussi Nouakchott accueille la 8e édition des Traversées mauritanides

Le Plus de JA Mauritanie TOURISME

Retour aux sources sahariennes du cadre de réserve Marc Foucaud, ancien commandant de l’opération Serval au Mali, est intervenu gracieusement « parce que le tourisme dans ces contrées est le premier rempart entre Paris et Nouakchott, la capitale, contre la poussée de l’islam radical » et mais aussi de vols directs entre Paris que « la Mauritanie dispose d’un appareil sécuritaire cohérent et solide, son et Atar, dans la vallée Blanche, porte réseau de renseignement permettant d’entrée du massif de l’Adrar. d’anticiper les problèmes ». Selon ses partenaires français, la ministre mauPETIT PRINCE. En première ligne, ritanienne du Commerce, de l’IndusMaurice Freund, fondateur-baroudeur trie et du Tourisme, Naha Mint Hamdi de l’agence Point-Afrique, devenu PointVoyages, qui a défriché les itinéraires Ould Mouknass, a joué ce jeu collectif et sahélo-sahariens du Burkina Faso, du apporté les garanties demandées. De son côté, le Pnud finance la formation sur Niger et de la Mauritanie pendant plus la sécurité que l’armée mauritanienne de vingt-cinq ans. Pas complètement dispensera aux guides locaux à partir retiré des affaires, ce fou de Sahel a fait du 6 novembre. le siège du Quai d’Orsay pour rouvrir « Cette destination est un peu notre une destination qu’il avait inaugurée en 1996. Il a même engagé financièidéal, puisque le tourisme y fonctionne rement la coopérative Point-Afrique comme une manne de développement, explique Kevin Girard, président de développement dans l’aventure. Point-Voyages. Les hommes ne sont L’ambassade de France a fait le tour plus obligés de s’expatrier à des hôpitaux de la région – pour vérifier que les pépins évenNouadhibou [la capitale écotuels ne tourneraient nomique, sur le littoral Prêts pas au drame – et des nord-ouest] pour faire à partir ? services de sécuvivre leur famille. En rité – pour s’assuencadrant un nomaDurée des circuits : 6, 8 ou 15 jours rer de l’absence disme touristique Nombre maximum de participants : 15 Prix : de 800 euros à 1 200 euros de risque terrocontre des rémunéchez Point-Voyages. De 995 euros à riste. Le général rations honorables, 1 300 euros chez Terres d’aventure ils reviennent aux (selon les périodes et la durée) sources. » Bonne condition physique Lionel Habasque, requise PDG de Terres d’aventure et vice-président de Voyageurs du monde, se dit tout aussi « ravi de pouvoir redémarrer la marche » dans le désert. « Jusqu’aux Printemps arabes, expliquet-il, les amoureux du Sahara représentaient un tiers de nos clients et ils ont été frustrés de ne plus pouvoir y randonner. Nous sommes déjà complets pour Noël et, si ce succès se confirme, l’an prochain, nous fonctionnerons d’octobre à avril. » Un conseil à ceux qui rêvent de retrouver le Petit Prince qu’apprivoisa Antoine de Saint-Exupéry dans ces solitudes enchantées : posez votre sac de couchage au sommet d’une dune et choisissez une étoile au firmament.

En décembre, les voyagistes vont reprendre leurs randonnées pédestres et chamelières entre les dunes, gueltas, canyons et oasis de l’Adrar. Et les premiers circuits affichent déjà complets !

L

es amoureux du Sahara seront de retour pour les fêtes de fin d’année dans l’oasis de Toungad, au pied de la dune monumentale de Zire Mint Leboudi et dans l’antique bibliothèque de Chinguetti. Grâce aux vols de la compagnie française ASL Airlines affrétés par une dizaine de voyagistes spécialistes de la randonnée à partir du 16 décembre et jusqu’à la mi-mars, à raison de quatre à six heures de randonnée chamelière par jour, ils renoueront avec les hommes aux semelles de vent qui hantent cet océan de sable et ont été privés de visiteurs depuis sept ans pour cause d’insécurité. Il n’a pas été facile de sortir ce beau désert de la zone rouge que le ministère français des Affaires étrangères avait peint sur la totalité de la Mauritanie après les attentats des années 2000. Zone rouge qui signifiait la fin des vols charters et le refus des assurances de couvrir le moindre voyageur. Toute une équipe a œuvré pour, début 2017, faire virer à l’orange cette funeste couleur et autoriser la reprise des vols charters

NICOLAS THIBAUT/PHOTONONSTOP

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Bivouac dans la vallée d’Azougui, près d’Atar. N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

ALAIN FAUJAS JEUNE AFRIQUE


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BECHIR MALUM POUR JA

À 31 ans, la jeune femme a créé le Mauritanian Business Center.

STRATÉGIE

Maro défie les hommes Si elle est « fille de », Maro Hadya Diagana est avant tout une self-made-woman. Fondatrice de Consulting et formation en entreprise, elle vient d’ouvrir un centre d’affaires à Nouakchott.

C

est qu’il n’est pas mal du toutceMauritanianBusiness Center (MBC). Simple, fonctionnel et au cœur de Nouakchott, à la fois centre d’affaires pour PME et incubateur de start-up, il offre bureaux et wifi aux jeunes entrepreneurs, salles de réunion ou de réceptions, mais aussi formations, coaching et même un petit restaurant pour ses membres. Aux commandes de ce complexe, Maro Hadya Diagana, 31 ans, débordante d’énergie, bien décidée à prouver qu’une femme peut être un chef d’entreprise de talent et à « défier les hommes » sur ce terrain. Cette longue jeune femme, dont les voiles colorés semblent sortis d’un Sahara idéal, est à la fois « fille de » et self-madewoman. Son père, Hadya Kaou Diagana, est le fondateur de la première entreprise privée de Mauritanie (HKD, devenue Ciprochimie, spécialisée dans les pesticides agricoles et ménagers) – il avait commencé sa carrière en vendant des bouteilles qu’il remplissait de désinfectant. Maro est rebelle à tout embrigadement familial : résolue à devenir entrepreneuse, comme ses frères, mais sans rien devoir à son père. Maro Hadya Diagana commence donc par travailler à l’Unicef pour économiser un petit capital, se forme à distance avec les Leaders pour l’Afrique de demain de N 0 2965 • DU 5 AU 11 NOVEMBRE 2017

Sciences-Po Paris et se dit qu’il existe bon nombre de diplômés certes très forts en théorie, mais sans bagage pratique et, donc, peu opérationnels. En 2012, la jeune femme crée Consulting et formation en entreprise, qui propose aux sociétés des formations en finance, en langues, en informatique et en gestion. Ce qui lui permet de tisser des partenariats au Maroc et au Sénégal. COACHING. « Nous avons vu venir des

jeunes qui demandaient un appui pour la création de leur entreprise, racontet‑elle. Nous avons décidé d’accompagner les start-up innovantes et les PME en difficulté et, en 2015, nous avons lancé le premier centre d’affaires de Mauritanie. » Avec sa dizaine de salariés et une centaine de consultants, l’entreprise assiste les porteurs de projets dans leurs démarches administratives comme dans la recherche de financement et conseille ses membres en difficulté. « Nous sommes aussi équipés pour organiser des événements, poursuit Maro Hadya Diagana. Par exemple, quand une ambassade souhaite organiser une rencontre entre des entrepreneurs mauritaniens et des investisseurs de son pays. » Le MBC, ouvert en mars, redouble d’ambitions. « Notre objectif est d’aider plus de jeunes à créer leur propre emploi

et d’épauler les PME mauritaniennes dans leur recherche de partenaires dans la sous-région », explique la jeune femme. Pourtant, les débuts n’ont pas été roses. « Au début, les clients voulaient tout gratuitement », se souvient-elle. Il a fallu calculer un tarif pour ceux qui ne savent pas si leur idée va marcher et qui se contentent d’une domiciliation et d’un bureau partagé – 21 500 ouguiyas (50 euros) par mois –, un autre pour ceux qui souhaitent disposer en propre de locaux plus vastes – 110 000 ouguiyas. Si Maro Hadya Diagana a d’abord refusé toute aide de son père, elle a accepté, mais uniquement une fois que son projet a été « sur les rails », qu’il mette un immeuble à sa disposition pour y installer ses bureaux. C’est peut-être en mémoire de ce père admiré – disparu en 2013 – qu’elle se soucie des difficultés de CiprochimieHKD, la société familiale. Les magouilles administratives, notamment, l’ont mise à mal, et elle cherche des partenaires afin de lui donner un nouveau départ. De Paris à New York en passant par Dakar et Casablanca, Maro Hadya Diagana tisse sa toile. Son originalité ne réside pas tant dans cette activité débordante – les Mauritaniennes sont réputées pour leur indépendance visà-vis du père comme du mari et pour leur savoir-faire commercial – que dans le fait d’avoir innové en optant pour les domaines de la formation, du coaching et de l’événementiel. Un choix qui lui permet de se tenir au large des mines, de l’immobilier, des banques et de l’importexport, où les prédateurs pullulent, au détriment du pays. ALAIN FAUJAS JEUNE AFRIQUE


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