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Côte d’Ivoire 2020, c’est déjà demain

Spécial 16 pages

Proche-Orient Ce que prépare la « bande des quatre » par Béchir Ben Yahmed

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 58e année • n° 2970 • du 10 au 16 décembre 2017

jeuneafrique.com

ALGÉRIE Khaled Nezzar

Hassan II Boumédiène Kadhafi Chadli

Ben Bella…

et moi L’ancien ministre algérien de la Défense et général à la retraite publie le premier tome de ses Mémoires. L’occasion, enfin, de dévoiler quelques secrets d’Histoire.

ÉDITION INTERNATIONALE ET MAGHREB & MOYEN-ORIENT France3,80€•Algérie290DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe4,60€ Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 2000 F CFA • ISSN 1950-1285


PUBLI-INFORMATION

L’APCCI AU SERVICE DE LA CONSTRUCTION EN CÔTE D’IVOIRE Xavier Saint-Martin-Tillet, son président, nous présente l’APCCI et nous parle de son domaine d’intervention. Depuis 2015, les producteurs de ciment ont constitué l’Association des Producteurs de Ciments de Côte d’Ivoire pour relever ensemble les défis majeurs de leur industrie.

L’association est composée des 4 cimentiers en activité du pays, SCA, LafargeHolcim CI, SOCIM et CIMAF qui génèrent environ 2000 emplois directs et indirects. En 2016, nous avons réalisé un CA de 200 milliards de F CFA de chiffres d’affaires, 40 milliards de F CFA de Valeur Ajoutée et 10 milliards de F CFA de contribution fiscale. L’APCCI a pour objet principal de promouvoir la compétitivité de l’industrie nationale du ciment dans le strict respect des lois et règlements applicables particulièrement en matière de législation relative à la concurrence. Les premiers résultats sont visibles : en partenariat avec les Pouvoirs Publics, notre association a réussi à étendre les standards de qualité de la norme ivoirienne aux ciments d’importations. C’est un progrès considérable pour le consommateur. Ce travail de veille et de concertation avec les pouvoirs Publics doit se poursuivre pour répondre aux nouveaux défis de l’émergence

de la Côte d’Ivoire en fournissant les produits nécessaires pour la réalisation des infrastructures et pour la construction de logements. Quelle est la situation actuelle de l’industrie du ciment en Côte d’Ivoire notamment en termes de satisfaction de la demande, de défis et de perspectives ? Pour répondre à la hausse de la demande du ciment, nos membres se sont engagés dans de vastes programmes d’investissement en vue d’accroître leur capacité de production.

Nous terminons l’année 2017 avec une capacité de production annuelle de 6,15 millions de tonnes contre 2,99 millions de tonnes en 2015, ce qui couvre largement les besoins du marché national estimés à 4 millions de tonnes. Il est toutefois important de relever que cette offre globale de ciment reste fortement conditionnée par l’évolution des infrastructures portuaires qui font actuellement défaut et sont à l’origine de surcoûts énormes pour nos entreprises. Les navires de clinker attendent en moyenne 5 à 6 semaines dans le port avant d’être déchargés. Cela nous impacte à double titre. D’une part, nous payons des surestaries très élevées aux armateurs, environ 6 millions USD pour le seul mois d’octobre 2017, d’autre part, cette incapacité à bénéficier des intrants réduit considérablement nos efforts pour servir le marché malgré les nouvelles capacités installées.

Résidence SANDRA,4e étage, Lot 154,Rue du Dr Calmette NVF, Abidjan -Marcory Zone 4C. 01 BP 8373 Abidjan 01 Tél : (+225) 21 24 62 00 - Fax : +225 21 24 61 98

Email : apcci@apcci.ci

Par ailleurs, avec 4 millions de tonnes de capacité supplémentaires annoncées par des nouveaux acteurs, notre industrie sera dangereusement en surcapacité de production : le taux d’occupation moyen de la capacité de production des usines sera inférieur à 50 % à l’horizon 2019. L’urbanisation des villes, les programmes de construction massive de logements et d’infrastructures créent pourtant de nouvelles opportunités… Oui bien entendu. Nous avons investi plus de 70 milliards de FCFA rien que ces 2 dernières années pour être à la hauteur de ces défis qui sont nombreux mais qui restent pour beaucoup à être concrétisés encore aujourd’hui. La grande capacité de production de notre industrie nous donne l’opportunité de faire la promotion de nouvelles applications telles que les routes en béton, qui demeurent une solution robuste et économique mise en œuvre dans de nombreux pays. Nous avons ouvert cet important chantier il y 1 an et sommes en pourparlers avec les Autorités compétentes. Il est important pour nous que la priorité et les moyens en termes d’infrastructures soient donnés aux industries locales pour qu’elles développent leurs activités dans un environnement plus serein afin d’apporter, valablement, leur contribution à l’édification de la Côte d’Ivoire. Je vous remercie.


Prochaine édition

Abidjan

26-27 MARS 2018

Shaping the future of Africa

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• Le plus grand rendez-vous des décideurs et des financiers du secteur privé africain

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Énergies renouvelables

PAUL LANGROCK/ZENIT-LAIF-REA

Focus

Centrales hybrides Une solution d’avenir?

La centrale thermosolaire d’Ain Beni Mathar, au Maroc, génère une puissance de 472 MW, dont 20 MWc de photovoltaïque.

Inexistants il y a deux ans, ces sites sont appelés à se multiplier, mais les bailleurs de fonds hésitent encore à les financer. JULIEN WAGNER

L

e développement des centrales hybrides en Afrique est à la fois embryonnaire et à très fort potentiel. » Jean-Jacques Ngono, associé principal chez Finergreen, un cabinet de conseil financier spécialisé dans les projets d’énergies renouvelables (ENR), a tout dit… ou presque. L’attrait naissant pour ces infrastructures qui couplent sources d’énergie « classique », fossile ou hydraulique, aux énergies renouvelables pourrait bien venir révolutionner le marché d’ici à « trois ans ». C’est que cette solution permet à la fois de réduire l’empreinte JEUNE AFRIQUE

années, souvent de taille beaucoup environnementale des centrales, d’écoplus modeste, comme en Égypte, sur le nomiser des énergies fossiles et de dimisite de Kuraymat (140 MW au total), en nuer les coûts, tout en palliant l’un des Mauritanie avec la centrale thermosoprincipaux défauts des installations ENR: laire de Kiffa (5 MW et la variation du débit. À l’heure actuelle, il n’en 1,3 MWc), au Sénégal, en Ces projets existe que quelques-unes Tanzanie, au Mali ou au ont connu une de ce type sur le continent. Burkina Faso, à travers de accélération Le cas le plus emblémamini-réseaux hybrides. tique est certainement « On a senti une véritable depuis la chute accélération de ces procelui d’Ain Beni Mathar, au des cours du Maroc, centrale thermojets à partir de la chute pétrole. solaire (452 MW pour le des cours du pétrole puis de la COP21 », observe gaz, 20 MW-crête pour le Thierry Barbaut, responsable digital de photovoltaïque, sa puissance maximale) l’Agence Micro Projets, qui développe mise en service en 2010. Mais d’autres des projets d’énergies renouvelables ont également vu le jour ces dernières N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

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Focus en Afrique. « Parmi les initiatives soud’être aisément arrêtées et rallumées mises aux grands bailleurs internatiopour passer d’une énergie à une autre, naux actuellement, près de 50 % sont contrairement aux centrales à charbon des projets hybrides. C’est l’avenir. » par exemple. Des contraintes physiques peuvent D’autant plus que les nouvelles centrales ne constituent pas l’unique débouché. malgré tout empêcher ce déploiement. L’hybridation pourrait aussi bientôt venir Notamment « l’espace disponible autour bouleverser les centrales existantes. Le des sites de production, fait remarquer 27 novembre dernier, l’entreprise franChristophe Fleurence. Pour le solaire, il çaise Eren Renewable Energy (Eren RE) faut même compter 1,5 hectare par MW ». L’espérance de vie entre également en a annoncé avoir bouclé un financement ligne de compte. « Une centrale au fioul de 16,5 millions de dollars (13,9 millions avec une durée de vie de d’euros) pour un projet moins de quinze ans ne d’installation de pandisposerait pas du temps neaux photovoltaïques au nécessaire pour amortir Burkina Faso. A priori, rien de révolutionnaire. Sauf l’investissement », calcule La durée de vie d’une centrale au fioul Jean-Jacques Ngono. « Et qu’au même endroit existe déjà une centrale au fioul encore, on peut très bien de 40 MW qui alimente imaginer qu’il soit renla mine d’or d’Essakane, table de réhabiliter une exploitée par l’industriel centrale au fioul pour L’amélioration du IAMGold. La production allonger sa durée d’activité rendement que peut solaire ne va pas venir en et d’y adjoindre une insespérer une centrale au supplément mais en comtallation ENR », veut croire fioul après hybridation, d’après Eren RE Christophe Fleurence. pensation. L’industriel n’a pas besoin de plus d’énerFACTURE. Mais, si ces gie. Il a simplement jugé solutions n’ont pas déjà que, compte tenu de la envahi le continent, c’est baisse du coût du photoLa part de l’Afrique qu’il existe aussi des voltaïque (– 85 % sur les dans les émissions de contraintes « légales et/ dix dernières années) et de CO2 dans le monde, selon le cabinet Aera l’économie de carburant ou de financement, selon Group Jean-Jacques Ngono. Un générée (près de 6 millions de litres de fioul par an), le industriel qui souhaiterait jeu en valait la chandelle. hybrider sa centrale n’est Un exemple tout à fait reproductible selon pas toujours en droit de le faire. La légisChristophe Fleurence, vice-président lation du pays où il est installé n’a pas d’Eren RE chargé du développement forcément prévu de tels cas de figure, commercial en Afrique : « Il existe des notamment la revente des surplus de dizaines d’unités sur le continent qui production au niveau national. » Autre peuvent être hybridées. Particulièrement point de friction possible : les prêts. « Du des centrales au fioul. » En effet, cellespoint de vue du financement, les proci sont suffisamment « flexibles » pour jets d’hybridation sont souvent d’assez être candidates, c’est-à-dire capables petite taille et dépassent rarement les

20 à 30 ans 10 % 4%

10 millions d’euros. Ils n’intéressent donc pas les grandes banques de développement. De l’autre côté, les structures bancaires locales n’ont ni encore l’expérience ni les outils pour financer de tels projets sur le long terme. » Malgré cela, le conseiller financier reste très confiant, en particulier pour ce qui concerne l’industrie : « Il y a un vrai potentiel. En Afrique, en dehors des villes, il est difficile d’accéder à l’électricité. Les industriels sont à la recherche de solutions “off grid” [hors réseaux] et rentables puisqu’ils sont souvent obligés de créer leur propre source d’énergie. » Et sachant qu’ils pourraient « réduire leur facture d’énergie de 10 à 30 % suivant les durées de contrat et les cours du pétrole », d’après Christophe Fleurence, leur prudence pourrait rapidement disparaître. Les secteurs des mines et du ciment, particulièrement énergivores, se penchent de plus en plus sur la question. Un groupe comme le cimentier Dangote est par exemple le premier producteur d’énergie privé du Nigeria. Au Sénégal, le groupe Lafarge produit de l’électricité et revend même à l’État. Le rapport de l’Africa-EU Renewable Energy Cooperation Programme (RECP) comptabilisait, en 2016, pas moins de 2 GW d’hybridation possible pour le seul Nigeria. Vertigineux. Et les progrès technologiques ouvrent des perspectives inédites : « Il existe différents concepts de centrale hybride à l’étude, s’enthousiasme Christophe Fleurence, comme coupler le solaire à l’hydraulique avec des panneaux photovoltaïques flottants installés sur la retenue d’eau des barrages. Surtout, l’avènement de batteries de stockage plus efficaces et plus économiques permettra bientôt de démultiplier le potentiel d’hybridation. » À l’entendre, l’avenir est tout vert.

DE PLUS EN PLUS DE PROJETS SOLAIRES Parmi les énergies renouvelables (vent, soleil, biomasse, eau), le solaire rayonne. Selon le rapport 2017 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), en 2016, les capacités photovoltaïques mondiales ont augmenté de 50 %. Le solaire « entre dans une nouvelle ère, devenant le N 0 2970 • DU 10 AU 16 DÉCEMBRE 2017

leader incontesté de la croissance de la capacité de production mondiale d’énergie renouvelable », indique même l’agence. Une tendance que confirment les chiffres sur le continent. Au Kenya (lire p. 112), dont 25 % de l’électricité proviennent des ENR, le photovoltaïque

représente 80 % de ces nouvelles sources d’énergie. En Afrique de l’Ouest, s’il existe un potentiel éolien intéressant comme au Cap-Vert, il demeure faible comparé au solaire, qui prend une part significative des nouvelles installations et des projets d’hybridations. Il est ainsi

très difficile de trouver des exemples de site de production hybride vent-fioul par exemple. On peut au moins citer un cas : en Mauritanie, la centrale éolienne-diesel de Nouadhibou (sur la côte littorale nord), mise en service en 2013. J.W. JEUNE AFRIQUE


Énergies renouvelables

Hydraulique La Guinée souhaite exploiter pleinement son potentiel L’entrée en production du barrage de Souapiti, fin 2019, permettra-t-elle de couvrir les besoins du pays et d’alimenter en électricité les États riverains du fleuve Gambie ?

Mais, pour le moment, avant l’arrivée du réservoir de Souapiti, 275 fois plus grand, Kaléta fonctionnera en tant que centrale « au fil de l’eau ». « Pendant la saison des pluies, elle produira à sa puissance maximale (240 MW). Mais, en saison sèche, elle ne fonctionnera qu’à environ 15 % de ses capacités, car son réservoir est très réduit (23 millions de m3) », détaille l’ingénieur. POTENTIEL. Surnommée le château

AMADOU OURY DIALLO

d’eau de l’Afrique de l’Ouest du fait de ses énormes ressources hydrauliques, avec un réseau fluvial de 6 250 km, la Guinée fait aujourd’hui le pari d’exploiter son potentiel de production hydroélectrique, estimé à 7000 MW. « Même lorsque Souapiti fonctionnera, on sera à moins de 10 % de notre capacité de production », indique Gabriel Curtis, directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements privés (Apip-Guinée). Désormais, les objectifs de Conakry, à Le site de la future centrale, sur le fleuve Konkouré. travers la promotion d’une énergie propre, abondante et bon marché, sont clairs. e loin, on peut déjà apercevoir période à plein régime, avec l’eau qui sera Il s’agit de réduire la dépendance aux l’activité intense rythmant le partiellement stockée derrière le barrage sources d’énergie polluantes, comme le de Souapiti, en construction », explique gigantesque chantier. Des pétrole ou le charbon, et de résorber le camions-bennes déversent Diallo Oury Dadhi, chef du département leurs chargements dans les centrales génie civil du projet, réalisé sous la forme déficit énergétique chronique dont souffre le pays. Selon l’expert guinéen Mansour à béton. Des travailleurs guinéens et d’un partenariat public-privé avec le gouKaba, ancien ministre, « avec le démarchinois s’affairent autour des pièces vernement guinéen. rage de Souapiti, la Guinée diminuera d’une gigantesque grue jaune en monLes caractéristiques techniques du barses émissions de CO2 de 623 370 tonnes tage. Exécuté pour un montant de 1,4 milragedeSouapiti,implantéà6kmenamont par an ». liard de dollars (1,2 million d’euros) par de celui de Kaléta, sont impressionnantes: China International Water and Electric 1 148 m de longueur, 120 m de hauteur, Laproductiondevraitcouvrirlesbesoins Corporation (CWE) – également maître en électricité du pays et 6 milliards de mètres cubes même permettre d’approd’œuvre du barrage de Kaléta (240 MW) –, de retenue d’eau. Elle est la Le pays l’ouvrage hydroélectrique de Souapiti troisième infrastructure de visionner la Guinée-Bissau, diminuera (550 MW), qui sortira des eaux du fleuve ce type, érigée en cascade la Gambie et le Sénégal, ses émissions sur le Konkouré, après Konkouré, à 135 km au nord de Conakry, via le réseau interconnecté sera mis en service entre la fin de 2019 et de lignes à haute tension Garafiri (75 MW) et Kaléta. de CO2 de Complémentaire de celle le début de 2020 (ses travaux ont débuté de l’Organisation pour la 623370 tonnes de Kaléta (opérationnelle mise en valeur du fleuve en 2015). Il est censé alimenter essentielpar an. depuis septembre 2015), Gambie (OMVG). Enfin, lement les très énergivores mines de bauSouapiti devra, à terme, xite, dont le pays est l’un des principaux « la Guinée entend appropermettre à cette dernière de disposer fondir sa politique de mix énergétique réservoirs mondiaux, et son exploitation d’une puissance garantie de 100 MW grâce à des projets de construction de démarrera en deux temps. « Avant la mise en marche des groupes électrogènes de fermes solaires, dont le développement pendant toute l’année, même en période d’étiage. Comment ? « Les centrales de est assez avancé en Haute-Guinée, plus Souapiti en 2020, cela permettra d’amélioKaléta et de Souapiti auront toutes les rer la desserte en électricité durant l’étiage ensoleillée que les autres régions », conclut 2019-2020 [période où le débit du fleuve Gabriel Curtis. deux pour seul réservoir celui qui sera AMADOU OURY DIALLO, est au plus bas]. Et ce grâce aux groupes de créé par le barrage de Souapiti », indique Diallo Oury Dadhi. envoyé spécial à Souapiti Kaléta, qui fonctionneront pendant cette

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Solaire Le kényan M-Kopa veut offrir plus que de l’électricité Fondée en 2011, la start-up a fourni des panneaux photovoltaïques individuels à 500000 ménages en Afrique de l’Est. Et mise à présent sur la diversification de ses produits.

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M-Pesa, a su en tirer profondé sur le financement ujourd’hui,prèsde5millionsde fit pour sa propre entred’actifs est très efficace et foyerskényansnesonttoujours 30 millions prise. En six ans, M-Kopa permet un taux de rempas reliés au réseau électrique de dollars a connecté 500 000 maiboursement très élevé. » national, tout comme 600 milLa dernière estimation faite En effet, si un client ne lions d’Africains. Au fur et à mesure que sons à l’électricité, ce qui par Bloomberg du chiffre paie pas, le système, qui l’on s’éloigne de Nairobi, la capitale, les a permis de réaliser une d’affaires de M-Kopa en poteaux électriques se raréfient. Dans les économie de plus de repose sur l’« internet des 2015. L’entreprise n’a pas villages reculés de l’ouest du pays et de objets » (IOT), arrête de 625000 tonnes de dioxyde souhaité communiquer la vallée du Rift, ainsi que dans les zones de carbone. L’entreprise fonctionner. Selon leur ses derniers résultats désertiques proches de la Somalie, les affirme accorder de noucote de crédit, les clients ni ses prévisions. habitants s’éclairent à la lampe à pétrole peuvent ensuite obtenir veaux prêts à 500 familles ou à la bougie et utilisent des piles pour des prêts similaires pour chaque jour, leur permetleursdifférentsappareils.Pourcesménages tant d’économiser en moyenne 630 euros d’autresproduits,commedessmartphones qui ne gagnent généralement pas plus durant les quatre années suivantes. Un ou des cuisinières. de 2 dollars par jour, les dépenses énersuccès fondé sur un système très innovant, gétiques annuelles s’élèvent souvent à DÉFI. « À moyen terme, M-Kopa contipourl’analystefinancierGeorgesWaithaka, fondateur de la société de conseil GH plus de 200 dollars. Là, les fondateurs de nuera donc de connaître une forte croisCapital: « M-Kopa est plus un organisme M-Kopa, Jesse Moore, Nick Hughes et sance, estime Georges Waithaka. Mais Chad Larson ont vu un marché. « Nous demicrocréditqu’unesociété.Sonmodèle, dans la durée, les efforts du gouvernement nous sommes dit qu’il y avait kényan pour électrifier le pays forcément un moyen de fourpourraient mettre l’entreprise Quelque 47 % des nir une énergie verte à moindre en difficulté. De plus, le système Kényans ne sont toujours prix. Et nous avons développé actuel dépend du paiement par pas reliés au réseau électrique national. notre solution solaire, avec un téléphone mobile, ce qui représystème de paiement par télésente un défi pour le développhone portable qui permet à pement dans des pays où ce nos clients d’améliorer leurs système n’est pas généralisé comme en Afrique de l’Est. » conditions de vie tout en faisant Aujourd’hui, les kits solaires des économies », explique Jesse Moore, spécialiste de la technoM-Kopa sont présents au Kenya, logie mobile. La start-up offre à en Ouganda et en Tanzanie, et ses clients des kits comprenant l’entreprise mise sur la diversiun panneau solaire de 8 watts fication de ses produits. « Les qui alimente trois lampes, un besoins de nos clients évoluent et dépassent le simple accès à chargeur de téléphone portable et une radio. Le tout peut être l’électricité. Nous voulons donc acquis pour 25 euros lors d’un améliorer notre offre en propopremier paiement, suivi de sant des panneaux solaires plus puissants, de l’électroménager 40 centimes d’euros par jour et de nouveaux produits finanpendant un an, envoyés via le ciers », conclut Jesse Moore. service de paiement mobile En octobre, M-Kopa a obtenu M-Pesa. Aujourd’hui, 80 % des un financement par dette à adultes kényans possèdent un hauteur de 80 millions de téléphone portable, et près dollars (67 millions d'euros), d’un tiers de l’économie du dans le but de fournir des kits pays transite par la plateforme solaires à un million de foyers du géant des télécommunicasupplémentaires dans les protions Safaricom. Nick Hughes, chaines années. un ancien de chez Vodafone LAURE BROULARD, à Nairobi qui a participé au lancement de WALDO SWIEGERS/BLOOMBERG/GETTY IMAGES

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