Pdf ja 2985 du 25 au 31 mars 2018 gf gabon

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POURQUOI L’AFRIQUE EN EST SI FIÈRE

TENDANCE Vive les barbes afro !

CAMEROUN Laurent Esso : et si c’était lui ?

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 2985 DU 25 AU 31 MARS 2018

Législatives, dialogue politique, renouvellement des cadres, retour de la croissance… Longtemps paralysé par une crise postélectorale sans précédent, le pays veut retrouver une nouvelle dynamique. Spécial 18 pages

Un autre Gabon ?

ÉDITION GABON France 3,80 €.Algérie 290 DA.Allemagne 4,80 €. Autriche 4,80 €.Belgique 3,80 €.Canada 6,50 $ CAN. Espagne 4,30 €.Éthiopie 67 birrs.Grèce 4,80 €. Guadeloupe 4,60 €.Guyane 5,80 €.Italie 4,30 €. Luxembourg 4,80 €.Maroc 25 DH.Martinique 4,60 €.Mauritanie 1 200 MRO.Mayotte 4,60 €. Norvège 48 NK .Pays-Bas 4,80 € . Portugal cont. 4,30 €.Réunion 4,60 €.RD Congo 6,10 $ US. Royaume-Uni 3,60 £.Suisse 6,50 FS.Tunisie 3,50 DT. USA 6,90 $ US.Zone CFA 2 000 F CFA.ISSN 1950-1285


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LES BOUQUETS

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GRAND FORMAT

LE GABON

DAVID IGNASZEWSKI POUR JA

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

d’après

Depuis 2016, entre la contestation des résultats de la présidentielle et la croissance atone, le climat était pesant. Enfin la relance s’amorce, et une partie de l’opposition accepte de dialoguer avant les législatives. Assez pour reprendre confiance? jeuneafrique no 2985 du 25 au 31 mars 2018

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82 ENJEUX

L’heure de vérité

85 En débat

À quoi sert le Sénat ?

Marwane Ben Yahmed

88 Entretien avec

Éric Dodo Bounguendza

marwaneBY

Secrétaire général du Parti démocratique gabonais

92 L’important,

Un autre Gabon ? t si, finalement, la crise postélectorale de 2016 avait été un mal pour un bien ? Bien sûr, les scènes de violence auxquelles nous avons assisté au lendemain de ce détestable scrutin doivent être fermement condamnées, et la mémoire des victimes saluée. Mais depuis la présidentielle, malgré d’évidentes tensions qui ne sont pas encore toutes dissipées, le Gabon sort peu à peu de la paralysie. Comme s’il avait fallu toucher le fond pour parvenir à rebondir. Sur le plan politique, déjà, les différents acteurs se préparent à des législatives cruciales. Une partie de l’opposition se met en ordre de bataille pour prendre sa revanche dans les urnes quand l’autre, autour de Jean Ping, ne veut pas entendre parler d’autre chose que de boycott. Malgré tout, les fils du dialogue sont peu à peu renoués. Du côté du Parti démocratique gabonais, les leçons des errements de 2016 semblent avoir été tirées. Lors du congrès tenu par la formation en décembre, nous avons assisté à un vaste renouvellement des cadres, par ailleurs considérablement rajeunis. Les militants ont été remis au centre des priorités tandis que la plupart des anciens caciques, qui n’ont guère brillé lors de la présidentielle, ont été écartés. Un rajeunissement qui concerne également la plupart des nominations au sein des institutions, du cabinet du chef de l’État Ali Bongo Ondimba comme des grandes entreprises publiques. La direction des impôts, celles du budget, des douanes ou de la dette, la Caisse des dépôts et consignations, l’Office des ports et rades du Gabon, l’agence du tourisme, la Société équatoriale des mines ou la Société nationale du logement social ont, par exemple, tous changé de tête. Cela ne garantit pas de meilleurs résultats, mais c’est déjà un premier pas et la marque d’une volonté réelle de changement.

E

c’est de participer

93 Interview de

Jean-Christophe Owono Nguema

Sur le plan économique également, les choses bougent enfin. Règlement d’une grande partie de la dette intérieure – ce qui devrait permettre de redonner confiance aux chefs d’entreprise du pays, de relancer la croissance et la création d’emplois, rationalisation des dépenses publiques, développement de l’agriculture, transformation locale accélérée, nouveau port d’Owendo, projet de futur aéroport à Libreville : le patient gabonais reprend des couleurs, aidé dans sa convalescence par une meilleure tenue des cours des matières premières, notamment le pétrole et le manganèse. Attention cependant, tout cela reste bien fragile.

Rien d’insurmontable

Vice-président du Sénat, sénateur Union nationale d’Oyem

96 ÉCONOMIE Merci patrons !

98 Entretien avec Alain Bâ Oumar

Président de la Confédération patronale gabonaise

100 Décryptage Un début de retournement

102 Entrepreneuriat

Incrusté dans une Afrique centrale qui ne brille guère par son dynamisme, le Gabon a toutes les cartes en main pour devenir un véritable hub et une nation prospère. Il pourrait, par exemple, miser sur les nouvelles technologies et le numérique. Devenir une destination touristique prisée, tant son potentiel, notamment dans l’écotourisme, est évident. Cet écrin de verdure, niché au cœur du bassin du Congo, le deuxième poumon de la planète après l’Amazonie, constellé de fleuves et de rivières, qui abrite une faune et une flore relativement préservées, est quasiment sans équivalent sur la planète. Il pourrait également accélérer la transformation – et donc la diversification – de son économie, encore trop dépendante des hydrocarbures. Ou mettre en place une vraie stratégie d’industrialisation. La liste des chantiers à ouvrir pour devenir un pays de cocagne, dont il n’a il est vrai pour l’instant que l’apparence, est longue, mais elle n’a rien d’insurmontable. À condition que les politiques gabonais de tous bords parviennent à mettre leurs ego de côté pour se consacrer à l’essentiel…

Les cubes solaires de Solar Box font mouche

103 Initiative

Petits pots de l’Ogooué, belle affaire

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Grand format GABON

ENJEUX

L’heure de vérité

Dix-huit mois après le début du nouveau septennat, certains leaders de l’opposition radicale ont accepté de parler des législatives avec l’exécutif, les comptes commencent à se redresser, la croissance repart… Mais les incertitudes demeurent. 82

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Ali Bongo Ondimba lors du congrès du PDG, le 10 décembre 2017, au stade d’Angondjé, dans la banlieue de Libreville.

GEORGES DOUGUELI, envoyé spécial

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STEVE JORDAN/AFP

O

n le sait, lorsque Pierre Akendengue monte sur scène, il n’y va pas que pour un concert. Il n’a pas dérogé à la tradition, le 12 janvier dernier, à l’Institut français de Libreville. Ce ne fut pas une fête mais une catharsis. Ce monument de la musique africaine, qui a toujours eu le courage de ses idées, a réuni la classe moyenne et l’élite de la capitale gabonaise pour livrer une prestation empreinte de sagesse politique. Le poète et auteur-compositeur-interprète de 74 ans a présenté son nouveau single, Gabon, éveil de la conscience patriotique (lire p. 84), il a invité ses compatriotes à réfléchir à la situation de crise des valeurs que traverse le pays et à conjurer les démons

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Grand format GABON ENJEUX

de la violence qui ont pris possession de l’espace politique, il a égrené les noms des victimes des querelles fratricides qui l’ont meurtri pour que nul ne les oublie, prôné l’unité nationale… Akendengue peut le faire, lui dont le talent et la stature ne souffrent aucune contestation. Il n’est pas sûr, en revanche, que les acteurs de la vie politique gabonaise réunis le temps d’un concert aient accepté de faire la paix pour autant. Certains sont allés trop loin dans l’invective érigée en seul argument de campagne dans leur combat sans merci pour déloger le chef de l’État. Lorsque les partisans de Jean Ping ont décidé de prendre la rue pour faire respecter leurs « résultats » et déclarer élu leur champion, l’exécutif leur a opposé la force, d’une manière que les opposants ont qualifiée de disproportionnée. C’est ainsi. Depuis lors, les uns et les autres se rencontrent lors des mariages et des enterrements, se croisent au supermarché, se côtoient dans les concerts, s’en tiennent aux civilités d’usage, sans oser crever l’abcès. Réconcilier les Gabonais reste le défi majeur, dix-huit mois après le début du deuxième septennat d’Ali Bongo Ondimba. Comment restaurer le prestige abîmé des institutions alors que les querelles politiciennes entravent la bonne marche des affaires de l’État ? Certes, un dialogue a été organisé du 28 mars au 26 mai 2017: le dialogue politique d’Angondjé. Même si l’opposition radicale, notamment la coalition soutenant Jean Ping, a refusé d’y prendre part

Dans Gabon, éveil de la conscience patriotique, son single sorti en décembre 2017, Pierre Akendengue exprime son affection pour son pays et dit chanter « l’annonce d’une ère nouvelle pour le Gabon et les Gabonais ». Le premier titre, « Gabon Nyango Nyango », appelle à la douceur de l’unité, nyango nyango signifiant à la fois « union », « tendresse » et « protection », en myènè. Le second titre, « Myè Kawo Powe », évoque et invoque l’oiseau powe, dont le chant à marée basse annonce la pluie, tel un sortilège.

(lire p. 92 et p. 93), des résolutions ont été discutées, approuvées et ont abouti à une modification de la Constitution, adoptée par le Congrès le 10 janvier dernier. L’opposition pro-Ping continue de dénoncer ce texte, et notamment une « monarchisation du pouvoir », le nombre de mandats présidentiels successifs restant illimité.

Retour des deux tours

L’autre défi du Gabon est de remettre toutes les institutions en état de marche. En ce qui concerne le Parlement, il est désormais probable que les élections législatives, dont le premier tour est prévu le 28 avril, soient reportées,


pour la troisième fois depuis décembre 2016 : les membres du Centre gabonais des élections (CGE, lire p. 92) – qui doit remplacer la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) – ne sont pas encore nommés, la liste électorale n’est pas encore révisée, et la question du financement du scrutin n’est pas réglée. « Le retour à un scrutin à deux tours implique une augmentation des charges, explique le ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha. Cela signifie plus de cachets, plus d’encre indélébile… Au vu de la préparation des législatives, on s’attend à ce qu’il y ait beaucoup de candidats, et donc beaucoup de bulletins, alors il faudra que chaque isoloir soit équipé d’une tablette pour que l’électeur ne soit pas gêné dans son choix, ce qui entraîne aussi un coût supplémentaire en matériel. » Autant d’arguments plaidant pour le report, sur lequel la Cour constitutionnelle se prononcera dans les prochains jours ainsi que, quand il sera installé, le CGE. La principale inconnue demeure dans le camp de l’opposition, de plus en plus nettement divisée entre participation et boycott. Jean Ping, leader de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), ne cesse de différer sa décision. Ce qui agace, y compris ses partisans. « En 2016, en se désistant au profit de Ping, Casimir Oyé Mba et Guy Nzouba-Ndama ont privilégié les intérêts du peuple. Pourquoi Ping s’obstine-t-il à privilégier les siens, alors que toutes les analyses nous incitent à aller aux élections ? » lance un sénateur de l’opposition.

En finir avec la sinistrose

Le troisième grand défi à relever pour l’exécutif est d’apaiser les tensions sociales. Grèves et manifestations sont le quotidien des jeunes, confrontés au chômage et au sous-emploi. Et pour cause : l’État n’a plus les moyens de les recruter. Selon le FMI, la masse salariale publique a progressé de 70 % entre 2010 et 2015, soit un taux de croissance moyen de 11 % par an. Il n’est pas raisonnable de continuer ainsi. Pour compenser, en plus du Plan de relance économique 2017-2019 (PRE), l’État compte sur le secteur privé pour créer de l’emploi et s’active à faciliter la vie des patrons. Le 31 décembre 2017, Ali Bongo Ondimba a annoncé une batterie de mesures pour inciter les entreprises à recruter, dont l’exonération temporaire de cotisations sociales pour toute création nette d’emploi, et ce dès le 1er janvier 2018. « Réservé à l’embauche de Gabonaises et de Gabonais dans tous les secteurs d’activité », ainsi que l’a précisé le chef de l’État, ce dispositif pourrait permettre de créer 10 000 emplois par an. Début février, il a annoncé le règlement de 77 % de la dette due par l’État aux entreprises privées (lire pp. 96-97 et p. 98). De quoi sauver beaucoup de PME et d’emplois, en créer de nouveaux et relancer les investissements dont le pays a tant besoin. Il n’en reste pas moins que, pour en finir avec la sinistrose et redonner confiance aux Gabonais, patrons compris, il faudra que les politiques arrêtent de raviver la défiance et les tensions en jouant à qui perd gagne.

EN DÉBAT

À quoi sert le Sénat ? GEORGES DOUGUELI

L

e 23 février, le gouvernement a décidé de réduire le nombre de sénateurs de 102 à 52. Certains, parmi lesquels des sénateurs, voulaient purement et simplement supprimer la seconde chambre. « Son existence ne se justifie pas dans un pays comme le nôtre. Cette institution, dont la vocation première est de représenter les collectivités locales et de défendre leurs intérêts, n’a jamais daigné faire de la décentralisation son cheval de bataille, alors qu’elle a adopté une loi qui y est relative. N’est-ce pas là une preuve de son inutilité ? » interroge son vice-président, l’opposant Jean-Christophe Owono Nguema (lire p. 93). Un sénateur proche du pouvoir pense lui aussi que, dans un système jacobin, nul besoin de bicaméralisme. « C’est une émanation anglo-saxonne plus adaptée aux États fédéraux, dit-il. Dans un système centralisé, il ne sert à rien. Si on le supprimait, personne ne s’en rendrait compte. Mieux, les lois seraient votées plus vite et on économiserait de l’argent public. » D’autres estiment que le Sénat est nécessaire, car il représente le pays profond, par opposition à une caste de privilégiés qui en sont coupés.

Pourtant, selon un politologue, le système actuel est injuste car il privilégie la représentation des provinces comportant beaucoup de départements, sans rapport avec la densité de leur population. Ainsi, le Haut-Ogooué, moins peuplé que l’Estuaire mais doté de plus de circonscriptions, dispose de onze sénateurs, alors que l’Estuaire, qui concentre plus de la moitié de la population du pays, n’en compte que huit. « L’instauration du bicaméralisme [en 1997] visait à contrecarrer l’influence de l’Assemblée nationale, qui, dans son double rôle de législateur et de censeur de l’action gouvernementale, avait considérablement réduit la marge de manœuvre de l’exécutif au lendemain de la conférence nationale », explique le chercheur Ladislas Nze Bekale. Pour mieux assurer au Sénat ce rôle de contrepoids, le PDG a d’ailleurs tout fait pour y avoir une majorité écrasante, soit 81 sièges sur 102 aux dernières sénatoriales, en décembre 2014. Reste qu’en acceptant de réduire à ce point le nombre de ses élus – et, partant, son coût – l’exécutif reconnaît implicitement l’importance toute relative de l’institution.

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L’OFFICE DES PORTS ET RADES DU GABON OUVRIR L’AFRIQUE AU MONDE L’Office des Ports et Rades du Gabon (OPRAG) est créé le 30 mars 1974. La nouvelle structure prend le relais de l’établissement public « Port de Libreville », qui succédait lui-même à la Chambre de Commerce, gérante des installations portuaires gabonaises, sous le contrôle du ministère des Travaux publics, jusqu’à la fin des années 1960. L’État gabonais délègue ses pouvoirs à l’OPRAG sur l’ensemble des installations portuaires du Gabon : il est chargé de la gestion, de l’exploitation et du développement de l’ensemble des ports et rades du pays. À ce titre, l’OPRAG a pour mission, entre autres, de gérer et contrôler la coordination générale des activités portuaires, l’accueil et l’assistance aux navires, la construction, le développement et l’entretien des infrastructures et des équipements. L’ensemble portuaire

géré se décline en deux ports de commerce, un port cargo, deux ports-môles et deux ports minéraliers. Près de 7 millions de tonnes de marchandises par an transitent par ces ports, qui s’appuient sur plus de 25 hectares d’espaces d’entreposage et un hangar de plus 8 000 m². C’est le ministère des Transports qui supervise les activités de l’OPRAG. Ce dernier est administré par un Conseil composé selon un principe d’équilibre des pouvoirs : les représentants des ministères et des administrations concernés d’une part, et les représentants des usagers d’autre part. Le personnel est lui aussi représenté par deux délégués, l’un rattaché au port de Libreville et l’autre à la Direction régionale de Port Gentil. Le Conseil se réunit au moins deux fois par an. Les délibérations sont rendues exécutoires par un arrêté du ministère de tutelle.

LA VISION STRATÉGIQUE L’OPRAG a défini plusieurs axes de développement, selon une vision stratégique rationnelle et réaliste. L’un des défis de l’organisation consistera à désenclaver l’arrière-pays et à desservir les pays limitrophes grâce à l’aménagement des ports secs et autres zones logistiques (notamment à Franceville,


PUBLI-INFORMATION

Leconi, Meyo-kye, Eboro et Ndendé) en constituant des circuits d’approvisionnement d’urgence efficaces. Un projet crucial pour le développement économique du Gabon. L’OPRAG travaille également à la construction et l’aménagement de deux nouveaux ports, l’un en eaux profondes à Mayumba, l’autre à Mangali.

L’OPRAG travaille également à la certification des ports gérés, afin de les rendre conformes aux standards du commerce international sur les plans du management, de la sécurité et de la protection de l’environnement. La mise en place des plans d’urgence de lutte contre l’incendie et la pollution, du plan d’urgence pour les événements de mer dans les eaux portuaires et du plan d’organisation des secours, ainsi que l’implémentation d’un guichet unique multimodal pour la facilitation des procédures s’inscrivent dans cette optique.

MISSIONS COMPLÉMENTAIRES Outre ses missions de gestion et de régulation des activités portuaires, l’OPRAG a aussi vocation à veiller à l’optimisation de l’utilisation de l’outil portuaire, au respect de la libre concurrence dans l’exploitation des activités portuaires. Il est également chargé d’arrêter la liste des activités à exploiter et le nombre d’autorisations et des concessions à accorder.

Monsieur le Directeur Général de l’OPRAG Sayid ABELOKO

L’OFFICE DES PORTS ET RADES DU GABON B.P. 1051 Libreville (Gabon) Tél. : (+241) 01 70 17 59 - (+241) 01 70 17 98 Fax : (+241) 01 70 37 35 Port-Gentil (Gabon) Tél. : (+241) 01 55 38 12 Fax : (+241) 01 55 53 03

©DIFCOM - PHOTOS : D.R.

La viabilisation et l’assainissement du domaine portuaire font partie des priorités de L’OPRAG pour les années à venir. La délimitation, le revêtement et la dotation en voirie et réseaux divers des lots, la réhabilitation des voies de circulation pavées et bitumées et la signalétique et adressage du domaine portuaire devront offrir une efficience accrue des installations portuaires.


Grand format GABON ENJEUX

AFRIKIMAGES AGENCY POUR JA

seuls responsables du choix des membres du bureau politique, ce qui est normal car ces derniers sont censés organiser l’animation dans les circonscriptions. Il en sera de même pour le choix des membres du conseil national et du comité central. Et sur le plan idéologique ?

Vie des partis

Éric Dodo Bounguendza

Secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG)

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SI NOUS NE CHANGEONS PAS ALORS QUE NOTRE SOCIÉTÉ ÉVOLUE, NOUS SERONS ANACHRONIQUES. 88

Propos recueillis à Libreville par GEORGES DOUGUELI

’est à cet universitaire originaire d’Oyem, docteur ès lettres et fin linguiste, qu’ont été confiées les rênes du Parti démocratique gabonais (PDG), à l’issue d’une réunion du comité permanent convoquée au Palais du bord de mer le 15 août 2017, cinq jours après la démission de Faustin Boukoubi, secrétaire généralde la formation. Éric Dodo Bounguendza, 56 ans, jusqu’alors directeur du centre d’études politiques du PDG, a pour mission de donner un nouveau souffle au parti, alors que l’ex-machine à gagner créée en mars 1968 par Omar Bongo Ondimba peine à se relever de l’une des plus graves crises de son histoire.

C

Jeune Afrique: Qu’est-ce qui va changer au sein du PDG ? Éric Dodo Bounguendza : Dans la nou-

velle vision du président du parti, la prise en considération de la base est une priorité. Nous avons voulu remettre la démocratie au cœur du parti. Auparavant, les responsables étaient nommés sur proposition de certains hiérarques. Désormais, les militants seront

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Nous travaillons à un retour aux valeurs cardinales. Le PDG n’est pas qu’une machine électorale, c’est aussi un parti qui s’intègre dans une mission de socialisation et de réarmement moral. Nous allons revenir à plus de patriotisme, de responsabilité, et lutter contre la corruption. Contre ce fléau qui gangrène notre société, nous venons d’adresser au président Bongo Ondimba deux notes d’étude que nous avons finalisées. Nous essaierons en outre de renforcer la formation des militants. Les élections internes organisées fin 2017 ont-elles été un test concluant?

Je dois vous avouer ma surprise au regard de l’engouement qu’elles ont suscité. Nous avons enregistré des milliers d’adhésions, car certains compatriotes ont apprécié qu’on leur propose de choisir leurs leaders et d’exprimer librement leurs préoccupations. Évidemment, comme pour toute réforme profonde, il y a eu des résistances de certains camarades. Mais, progressivement, ils ont fini par s’y faire, et nous sommes allés au terme de ce processus. Le plus important était de commencer à consolider cette culture démocratique au sein du parti. Dans quelques semaines, la base se prononcera pour élire les responsables des fédérations et des autres structures du parti. Ensuite, on élira nos candidats pour les scrutins à venir. Le PDG est-il prêt pour les législatives?

Les étapes que nous avons franchies, à savoir les élections provinciales et le congrès du parti [respectivement en novembre et en décembre 2017], vont dans ce sens. Un parti qui se veut responsable doit se tenir prêt. S’il y a des aléas, on s’adaptera. Les cadres élus à la tête des conseils provinciaux siègent au bureau politique. Serontils automatiquement investis?

Non, et c’est une spécificité de la réforme: être élu au bureau politique ne fait pas de vous un candidat. D’autres élections vont être organisées pour choisir ceux qui nous


représenteront aux législatives. Elles seront ouvertes à tous les militants. Mais, attention, pour être candidat, il y a des critères, dont les qualités morales, le dynamisme, la connaissance du fonctionnement du parti, le dévouement à ses idéaux et la loyauté. Ce sont donc des primaires?

Nous n’avons pas voulu utiliser ce mot, mais, oui, c’est presque cela. Des primaires peuvent être à double tranchant, affaiblir les candidats…

C’est juste, les coups peuvent voler bas. Je peux même vous assurer que nous envisageons le pire. Cependant, le principe est d’amener nos militants à s’habituer au vote. C’est aussi une façon de lutter contre l’abstention.

Qu’en est-il des démissionnaires qui souhaitent réintégrer le parti?

Beaucoup de ceux qui nous avaient quittés sont revenus à grands pas, et nous avons soldé le passé, nous leur ouvrons la porte. Le président veut que nous soyons ouverts. C’est d’ailleurs ce qui explique que nous ayons, au sein du directoire, un secrétaire

BIBLIOGRAPHIE NON EXHAUSTIVE

Dictionnaire des gabonismes Éditions L’Harmattan (France), 2008 Wongo, le guerrier wandji Éditions Ntsame (Gabon), 2010 Diagnostic du français du Gabon Éditions Ntsame, 2010 Regards neufs sur le Parti démocratique gabonais Éditions Ntsame, 2011 Dictionnaire du parler toli-bangando. Argot des jeunes Gabonais Éditions Ntsame, 2013 15 leçons de linguistique générale Éditions Jets d’Encre (France), 2016

général adjoint issu d’un parti allié [Éloi Nzondo, lire p. 90]. Nous avons dépassé le conservatisme rétrograde pour nous inscrire dans une trajectoire progressiste. Certains souhaitaient que le nom du parti change aussi, pourquoi l’avoir conservé?

Le nom posait moins de problèmes que nos méthodes et nos idées. Or la vision du président a créé les conditions d’éclosion de nouvelles intelligences riches en idées neuves, d’un rajeunissement des équipes, d’une audace nouvelle. C’est suffisant pour redonner du lustre au nom PDG. Après la crise postélectorale de 2016, comment réconcilier les Gabonais?

Nous, les politiques, avons une lourde responsabilité. Il est impératif de tourner le dos aux querelles de personnes, qui attisent les animosités. Parlons des idées ! Au Gabon, deux ménages sur trois ont accès aux médias audiovisuels internationaux. Ils regardent ce qui se passe ailleurs. Si nous ne changeons pas et persistons à rester dans les invectives alors que notre société évolue, nous serons anachroniques. C’est pourquoi je crois en la réconciliation.

Du sang neuf pour le PDG

Mi-décembre, au terme de trois jours de congrès, le parti présidentiel, affaibli par la crise postélectorale de 2016, a renouvelé et rajeuni ses cadres. Brice LACCRUCHE ALIHANGA

La vigie

ex-banquier de 37 ans, qui dirige le cabinet présidentiel depuis le 25 août 2017, est désormais chargé de contrôler la sincérité et la régularité des comptes du PDG, en tant que commissaire aux comptes du parti. Une responsabilité de plus pour ce fils d’une Française et d’un Gabonais originaire du HautOgooué. Son fauteuil au sein de l’exécutif du PDG fait de lui les yeux et les oreilles du président. Il en profitera pour intégrer « ses jeunes », pour la

plupart issus de la pépinière dont il est le président-fondateur: l’Association des jeunes émergents volontaires (Ajev). Successivement commissaire aux comptes au sein du cabinet PwC, directeur général de BGFIBank Gabon, puis directeur central de la Banque gabonaise de développement, Laccruche Alihanga était à la tête de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) jusqu’à sa nomination au Palais. G.D.

DR

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Éloi NZONDO

Le transfuge

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Marius ASSOUMOU NDONG

L’atout jeune et collectif

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e 10 décembre 2017, l’ancien international de basket a été nommé secrétaire général adjoint du PDG chargé de l’Union des jeunes (UJPDG), dont il était membre du bureau national. Le 10 janvier, il a par ailleurs été nommé conseiller du directeur général de l’Office des ports et rades du Gabon (Oprag). Originaire du Woleu-Ntem (Nord), ex-pivot et joueur star des Panthères, l’équipe nationale de basket (meilleur marqueur, avec 147 points en six matchs, lors de la Coupe d’Afrique des clubs champions, en 2002), Marius Assoumou, alias Kemp, 33 ans, est titulaire d’un bachelor en management des affaires obtenu à Rabat. C’est dans la capitale marocaine qu’il crée son entreprise de textile sportif (Olas), en 2008, et s’intéresse à la politique. Il prend en main la fédération locale du PDG et, en 2009, se positionne comme soutien d’Ali Bongo Ondimba. Son objectif à la tête de l’UJPDG est d’inciter les jeunes qui se sont détournés du parti à revenir prendre part à la dynamique qui se construit autour de l’entrepreneuriat des jeunes et de la démocratie à la base.

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G.D.

Chantal MEBALEY

La dynamique féminine

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ative de l’Ogooué-Ivindo, Chantal Abengdang Mebaley n’est pas une inconnue du sérail PDGiste. À 44 ans, l’ex-ministre déléguée à l’Économie forestière chargée de la Pêche (2015-2017) est devenue la nouvelle patronne de l’Union féminine (UFPDG) et la secrétaire générale adjointe du PDG, chargée de l’encadrement de l’animation, des projets et des adhésions des femmes. Elle remplace Annie-Chrystel Limbourg Iwenga, l’influente secrétaire générale du ministère des Transports. G.D.

DR

G.D.

(jusqu’en août 2017), le député Nzondo a démissionné du CLR en octobre pour prendre sa carte au PDG. Ralliement récompensé deux mois plus tard par sa promotion au sein du secrétariat général du parti.

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e nouveau secrétaire général adjoint du PDG chargé des relations extérieures, des relations avec les partis de la majorité et les mouvements associatifs est déjà très solidement ancré dans le 3e arrondissement de Libreville, dont il a été élu conseiller municipal sous la bannière du Centre des libéraux réformateurs (CLR), un satellite du PDG. Lors des législatives partielles de mai 2015, c’est grâce à lui que le CLR, dont il était vice-président, est parvenu à conserver son siège dans la circonscription. Cependant, après avoir été pendant dix mois ministre du Travail, de la Formation professionnelle et de l’Insertion des jeunes


MESSAGE

LA DOUANE AU CŒUR DE LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS AU GABON POUR OPTIMISER LA POSITION DE VOTRE ENTREPRISE À L’INTERNATIONAL… …LA DOUANE GABONAISE E OFFRE O : Des régimes économiques et privilégiés Les régimes économiques et privilégiés en douane correspondent aux quatre fonctions clés de votre entreprise : le stockage (régime de l’entrepôt), la circulation (régime du transit), l’utilisation (régime de l’admission temporaire) et la transformation (régimes du perfectionnement actif et de la transformation sous douane, à l’importation, et du perfectionnement passif, à l’exportation).

Un statut d’opérateur économique agréé (OEA) La mise en place d’un dispositif d’OEA est un élément clef du partenariat douane-entreprises. Un OEA est un opérateur du commerce international jugé digne de confiance dans le cadre des opérations douanières qu’il accomplit sur l’ensemble du territoire national, et qui, par conséquent, est autorisé à bénéficier d’avantages liés à la simplification des procédures douanières aux fins de réduire substantiellement le temps de délivrance de la mainlevée.

« Nous mettons un point d’honneur sur la transparence et l’efficacité ». Raymond OKONGO Directeur général des Douanes et des Droits indirects

Le développement de votre activité en zone économique à régimes privilégiés (ZERP) La ZERP de Nkok est proche de Libreville, la capitale cosmopolite du Gabon. C’est dans cet environnement entièrement consacré au développement des affaires que votre entreprise va croître et prospérer.

« 80 entreprises nationales et internationales déjà installées ».

De nombreuses industries clés y sont actuellement représentées : è Bois, métallurgie, recyclage, génie civil et construction ; è Cosmétique et pharmaceutique ; è Télécommunications ; è Hydrocarbures ; è Services tertiaires.

Un accompagnement personnalisé dans l’accomplissement de vos démarches L’une des missions de l’Agence Nationale de Promotion des Investissement du Gabon (ANPI) est la simplification des formalités administratives, ainsi que la réduction des délais et des coûts de création, afin de satisfaire les investisseurs et proposer un service de qualité. Pour ce faire, elle dispose notamment d’un guichet de l’investissement. Ce dernier vise à améliorer le climat des affaires au Gabon. Il a la particularité de rassembler en un seul lieu tous les services qui interviennent dans le processus de création et de gestion d’une entreprise, avec pour but de faciliter les démarches administratives. Direction Générale des Douanes et Droits Indirects Z.I. d’Oloumi, B.P. 40 Libreville E-mail : facilitation@douanes.ga Numéro court : 1118 (appel local)

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Grand format GABON ENJEUX

L’important, c’est de participer Dans l’opposition, certains sont décidés à se présenter aux législatives, d’autres à les boycotter. Entre les deux, ceux qui espèrent encore faire front commun attendent un signe de Ping. GEORGES DOUGUELI

ormée autour de Jean Ping pour éviter l’éparpillement des voix lors de la présidentielle d’août 2016, la Coalition pour la nouvelle République (CNR) ne tient plus qu’en apparence. Et pour cause, ses membres ne parviennent pas à se mettre d’accord sur sa participation, ou non, aux législatives. Certains, pragmatiques, n’ont pas attendu la bénédiction du chef de file pour préparer les investitures de leurs candidats, élaborer des budgets de campagne et discuter de pactes de non-agression. Ainsi, depuis plusieurs mois, l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba-Ndama, ne cache plus qu’il compte aligner des candidats aux couleurs de son parti, Les Démocrates, avec ou sans l’accord de la CNR. « Faire partie d’une coalition, indique-t-il, ne veut pas dire abdiquer sa liberté. » Le 7 mars – pour la première fois depuis la présidentielle de 2016 –, avec Zacharie Myboto, le président de l’Union nationale (UN), et Michel Menga, le secrétaire général du Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), il s’est entretenu avec le ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha, lors d’une réunion visant à préparer les législatives et,

SAMIR TOUNSI/AFP

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Jean Ping, Casimir Oyé Mba (à sa gauche) et Zacharie Myboto (en gris), le 24 septembre 2016.

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Le Centre gabonais des élections (CGE), créé en 2017 lors du dialogue politique d’Angondjé entre la majorité et une partie de l’opposition, est chargé d’établir le calendrier des scrutins. C’est lui qui annoncera la date des législatives et leur éventuel report s’il estime que les délais sont trop courts d’ici au 28 avril. Étant donné qu’à la mi-mars le CGE n’est pas encore opérationnel, il est plus que probable qu’elles soient reportées, pour la troisième fois.

notamment, la composition et l’installation du bureau du Centre gabonais des élections (CGE). En février déjà, le très madré Zacharie Myboto, sans dire ni oui ni non à la participation de l’opposition au scrutin, avait laissé filtrer sa volonté d’y prendre part dans un long discours prononcé à l’occasion du 8e anniversaire de l’UN, en présence de Jean Ping. Ce dernier a bien entendu saisi le message subliminal que lui adressait le « doyen » des leaders de la coalition. Et sa réaction n’a pas tardé : le 15 février, à sa demande, ceux de la CNR qui prônent le boycott sont montés au créneau pour faire barrage au projet qui risquait de l’isoler, et l’Alliance démocratique et républicaine de Didjob Divungi Di Ndinge, soutenue par de petits partis de la CNR, a rendu publique une déclaration plaidant pour le boycott.

Avaler la pilule

Les fidèles de Jean Ping, arrivé en deuxième position à la présidentielle, poursuivent leur combat pour l’alternance. Celui qui se fait appeler « président élu » a déposé une requête, le 13 février, devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). Il y demande l’ouverture d’une période d’intérim – qui serait assurée par la présidente du Sénat, Lucie MilebouAubusson – et un nouveau scrutin dans la province du Haut-Ogooué. En attendant la décision de la CADHP, le contentieux postélectoral s’éternise. En 2011, les opposants avaient boycotté en bloc les législatives, arguant d’un « déficit de transparence électorale ». Aujourd’hui, dans leur conquête du pouvoir à marche forcée, certains sont déterminés à y prendre part pour obtenir un maximum de sièges et, pourquoi pas, la majorité parlementaire. Leur stratégie devrait être la même qu’en 2016 : se coaliser contre le PDG, miser sur la fraîcheur des candidats, faire campagne sur le thème du changement. Il leur reste un mois pour faire avaler la pilule à Jean Ping et le convaincre d’y participer.


Jean-Christophe Owono Nguema Vice-président du Sénat, sénateur Union nationale (UN) d’Oyem

Propos recueillis à Libreville par GEORGES DOUGUELI

nspecteur des postes, ancien député du PDG passé à l’opposition et élu sénateur d’Oyem, sa ville natale, en 2014, sous la bannière de l’Union nationale, Jean-Christophe Owono Nguema n’a pas la langue dans sa poche. Il veut incarner la nouvelle opposition face à Ali Bongo Ondimba, avec lequel, précise-t-il, il n’a « aucun problème personnel ».

I

POURQUOI DIRE QUE LA SÉPARATION DES POUVOIRS N’EST PLUS EFFECTIVE ?

« Elle ne l’est pas quand Ali Bongo Ondimba convoque les parlementaires de son parti au Palais pour les sermonner. Ni lorsqu’un membre du gouvernement se permet de s’ingérer dans l’instruction d’une affaire pendante au cabinet d’un magistrat du siège sans être repris par le chef de l’État. »

Jeune Afrique : Après la contestation des résultats de la présidentielle de 2016, le pays est-il enfin apaisé ? Jean-Christophe Owono Nguema : La

formulation de votre question suppose que la contestation de ces résultats est terminée. Ce qui n’est pas vrai. La Coalition pour la nouvelle République continue de les contester, car ils ne sont rien d’autre qu’un coup d’État militaro-électoral du pouvoir en place pour violer la souveraineté du peuple gabonais, qui, le 27 août 2016, a sans ambiguïté aucune porté son choix sur le président Jean Ping, candidat unique de la Coalition, à plus de 60 % des suffrages exprimés. La contestation n’est donc pas terminée. Le pays n’est donc pas apaisé. Et je ne pense pas qu’il le sera tant que la lumière ne sera pas faite sur ces résultats, ainsi que sur les crimes et exactions commis par le pouvoir pour étouffer la contestation du peuple, qui l’a clairement rejeté par son vote. Le climat social actuel le démontre et il porte un sérieux coup au vivre-ensemble, ainsi qu’à l’économie de notre pays. L’Union nationale n’a pas pris part au dialogue engagé par le PDG et le

VINCENT FOURNIER/JA

« Il faudrait tirer les leçons des précédents boycotts » gouvernement. Que préconisez-vous pour réconcilier les Gabonais ?

La paix n’est pas synonyme d’absence de guerre. Avez-vous l’impression, dix mois après ces assises, que leur objectif de paix et de cohésion nationale a été atteint, lorsque des membres de l’opposition continuent d’être enlevés et séquestrés arbitrairement à la prison centrale de Libreville et que d’autres sont portés disparus? André Mba Obame avait appelé à une conférence nationale souveraine [en 2012, alors qu’il continuait de revendiquer la victoire de la présidentielle de 2009] afin de permettre aux Gabonais de redessiner les contours de leur vivre-ensemble. En 2015 et en 2016, le Front de l’opposition pour l’alternance et d’autres partis de l’opposition avaient renouvelé cet appel, pour éviter à notre pays de revivre des lendemains électoraux tumultueux. Ali Bongo Ondimba et son clan ont donné une fin de non-recevoir à ces appels. L’opposition doit-elle participer aux législatives ou les boycotter ?

On ne crée pas un parti pour ensuite se placer en marge de la vie politique du pays. Les Gabonais devraient tirer des leçons du boycott des législatives de 1990, de 2011 et des locales de 2013. Que la coalition que conduit Jean Ping boycotte des élections n’empêchera pas les partis de l’opposition ayant participé au dialogue d’Angondjé d’y prendre part. Dans ces conditions, quel sens donnerions-nous à ce boycott ? À mon humble avis, il faut s’organiser pour affronter cette échéance unis et solidaires et la gagner, afin de confirmer le rejet du système et démontrer au monde que Jean Ping avait gagné le 27 août 2016.

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93


STRATÉGIE POUR LA VISION DE LA CNAMGS DE DEMAIN En 10 ans, la CNAMGS a permis aux Gabonais économiquement faibles d’accéder aux soins de santé de qualité, à moindre coût. Plus de la moitié de la population gabonaise est assurée à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale et bénéficie de la couverture maladie. Depuis le mois de novembre 2017, le Gouvernement a procédé au renouvellement de la direction de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS). Aujourd’hui la nouvelle administration, conformément aux instructions du Président de la République, Ali Bongo Ondimba, a pour objectif d’améliorer l’offre des soins des gabonais en liaison avec les partenaires (publics en particulier) et la qualité de service offerte aux assurés. Il s’agit plus précisément d’être le pilier solide, garant d’une qualité de soins de santé pour tous et de l’aide sociale au Gabon. Cette vision a permis de mettre en place un plan stratégique quinquennal 2018-2022 qui permet d’élaborer la vision de la CNAMGS de demain.

Ainsi, au bout de ces cinq prochaines années, il s’agit principalement de : ❍ Universaliser la couverture maladie, sécuriser la trésorerie des opérateurs de la filière de garantie. Ceci passe par l’augmentation du nombre d’assurés CNAMGS qui doit passer de 1 million en 2017 (au bout de 10 ans) à 1 900 000, en 2022 (au bout de 5 ans) ; la disponibilité des médicaments pour passer de 45 % en 2017, à 90 % de médicaments disponibles dans des pharmacies ; le raccourcissement des délais de remboursement qui doit passer de 3 mois à 15 jours ; Enfin l’équipement des centres médicaux des capitales provinciales qui doit passer de 45 % en 2017, à 100 % en 2022. ❍

Zéro papier, 100 % numérique.

Un objectif qui va permettre non seulement de réaliser des économies de l’ordre de 2 milliards par an, mais également de s’arrimer aux normes écologiques de production. ❍ Mieux cibler les allocations sociales vers les catégories les plus vulnérables à la pauvreté et sortir d’une logique d’aide qui maintienne dans la dépendance pour des dispositifs d’autonomisation.

DR

Le pilier solide, garant d’une qualité de soins de santé pour tous et de l’aide sociale au Gabon.

Il s’agit notamment de la prise en charge pour une autonomisation de 100 000 filles mères d’ici 2022 et la prise en charge en milieu rural de 25 000 personnes du 3ème âge dépendantes. Les allocations ne seront plus versées directement. Elles serviront à payer, chez les filles-mères, les frais de crèche et les frais d’inscription en enseignement général ou formation pour faciliter le retour à la scolarisation/formation des filles mères ; et chez les personnes âgées, elles serviront à remettre des produits d’approvisionnement de base et à une assistance psycho-sociale permanente.


LE PLAN D’ACTIONS DE LA CNAMGS POUR ATTEINDRE CES OBJECTIFS EN 5 ANS

GRATUITÉ DES SOINS AUX FEMMES ENCEINTES

1 - Équilibrer les finances :

Suite à la mesure relative à la gratuité des soins et au suivi des femmes enceintes dans les structures sanitaires publiques annoncée par le Chef de l’État, lors de sa présentation de vœux à la Nation, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, en tant que bras séculier de la politique sociale du Gouvernement, lance une vaste campagne d’immatriculation systématique des femmes enceintes.

Augmentation des produits (sécuriser les recettes des fonds 2 et 3 et créer les recettes du fond 4) et une maîtrise des charges (filialisation de l’office Pharmaceutique Nationale, réforme des contrats des prestataires d’évacuation sanitaire et zéro papier). 2 - Améliorer les soins et universaliser la couverture : Rénovation des plateaux techniques, mise en place des pharmacies hospitalières, approvisionnement régulier des pharmacies conventionnées sur tout le territoire, évaluation et régulation des performances sanitaires des services hospitaliers et cliniques. 3 - Optimiser l’organisation et les processus : Convention avec le ministère de l’intérieur pour intégrer la CNAMGS au projet IBOGA, démarche zéro papier, interconnexion entre la CNAMGS et ses partenaires pour le remboursement et réduction des délais, lancement d’une démarche qualité pour certification ISO 9001. 4 - Renforcer l’aide sociale : Réforme des modalités de versement des allocations pour moins de transfert de cash et plus de services à valeur ajoutée, recentrage des allocations sur deux catégories cibles (personnes âgées en milieu rural et les filles-mères célibataires), recours accru à des assistances psycho-sociales, déploiement du SAMU social sur le territoire national, distribution de kits premiers secours dans les écoles, remise en état et distribution de médicaments dans les écoles équipées de pharmacies scolaires.

CNAMGS - Siège Social Boulevard de l’indépendance, BP. : 3999 Libreville, Gabon www.cnamgs.net

Cette mesure est inscrite parmi les actions concrètes qui traduisent la Décennie de la femme que le Chef de l’État a lancé en mars 2015. La CNAMGS entend accompagner cette politique de la natalité prônée par le Chef de l’État, tout en encourageant la scolarisation des filles mères célibataires. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la prise en charge pour une autonomisation de 100 000 filles mères d’ici 2022, figure parmi les objectifs majeurs du plan stratégique quinquennal qui définit la vision de la CNAMGS de demain. Ainsi, la décision de la gratuité des soins aux femmes enceintes vise, selon le Chef de l’État, Ali Bongo Ondimba :

« Non seulement à réduire le taux de mortalité infantile, mais à soulager les familles, face aux dépenses, souvent lourdes, liées à la naissance d’un bébé ».

©DIFCOM - PHOTOS : D.R. & STOCK.ADOBE.COM

COMMUNIQUÉ


Grand format GABON

ÉCONOMIE

STEVE JORDAN/AFP

Le nouveau port d’Owendo, inauguré le 14 octobre 2017, a été construit par la filiale gabonaise du groupe singapourien Olam, pour un investissement de 276 millions d’euros.

Merci patrons !

L’État a décidé de régler sa dette aux entreprises privées. De quoi regagner leur confiance et, surtout, leur donner les moyens de relancer la croissance et de créer des emplois. 96

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GEORGES DOUGUELI

L

es entreprises gabonaises s’apprêtent à encaisser de l’argent frais. Pour relancer l’économie du pays, minée depuis deux ans par la chute des cours du brut, l’État expérimente les vertus du paiement de la dette intérieure afin de restaurer la confiance et de stimuler l’investissement, en espérant que les patrons respecteront leur engagement à réinvestir dans l’économie et à créer des emplois. Le 9 février, la présidence a en effet annoncé que l’État décidait de régler 77 % de la dette publique intérieure, soit 310 milliards de F CFA (472,6 millions d’euros). « C’est un signal fort envoyé au


L’UNE DES PRIORITÉS DU PLAN DE RELANCE ÉCONOMIQUE EST D’ACCÉLÉRER LA DIVERSIFICATION.

par les créanciers de l’État et présidé par Henri-Claude Oyima, le PDG de BGFI, l’établissement bancaire partenaire de l’opération. « Normalement, lorsque le Budget ordonnançait une dépense, l’entreprise avait la capacité, grâce à son avance de paiement, d’aller se refinancer auprès des banques, rappelle Jean-Fidèle Otandault, le ministre d’État chargé du Budget et des Comptes publics. La banque finançait alors le projet, l’État payait l’avance-démarrage, l’entreprise livrait le projet et l’État soldait la créance. Tout le monde était gagnant. Mais il y a eu une rupture de confiance entre ces trois parties: l’entreprise n’avait plus confiance en la signature de l’État, et la banque n’avait plus confiance dans celle de l’entreprise. » Le retour de cette confiance va « stimuler les rouages de l’économie », selon Jean-Fidèle Otandault. Après avoir traqué les failles du système financier gabonais à la tête de la direction générale du contrôle des ressources, puis de la DGBFIP, c’est lui qui, depuis août 2017, rationalise les dépenses.

Miser sur l’agriculture

secteur privé, qui retrouve ainsi de la marge pour investir et reprend confiance dans la parole de l’État, qu’il peut considérer comme un partenaire économique fiable », a souligné le directeur de cabinet de la présidence, Brice Laccruche Alihanga (lire p. 89). Mais le chemin a été long pour arriver à cet apurement des trois quarts de la dette intérieure – qui s’élève au total à plus de 405 milliards de F CFA, la dette extérieure étant d’un montant similaire. Il a d’abord fallu recenser l’ensemble des créances et vérifier que les prestations, chantiers et services étaient bien réels. « Nous avons procédé à cet audit au sein d’un comité ad hoc, explique Fabrice Andjoua Bongo Ondimba, nommé à la tête de la direction générale du Budget et des Finances publiques (DGBFIP) fin septembre 2017. Pendant près de sept mois, nous sommes allés sur le terrain pour nous assurer que les marchés avaient bel et bien été réalisés, ce qui nous a permis d’expurger du dossier toute la mauvaise dette. Ensuite, d’un commun accord, nous avons arrêté une enveloppe globale. » Laquelle sera donc versée en deux tranches (lire p. 98) aux 177 entreprises réunies au sein du Club de Libreville, le groupement d’intérêt économique constitué

Cet effort participe au Plan de relance économique (PRE) 2017-2019, dont l’une des priorités est d’accélérer la diversification. Le gouvernement entend faire progresser la part des recettes budgétaires non pétrolières à 16,3 % en 2019, contre 12,5 % en 2017. Il mise surtout sur l’agriculture, dont la contribution au PIB est désormais d’environ 5 %, grâce notamment aux investissements du singapourien Olam dans l’hévéa et le palmier à huile, et au développement du programme Graine (Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés), lancé fin 2014. Le PRE s’inscrit aussi dans la ligne des recommandations émises à l’issue du sommet de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac) du 23 décembre 2016. Parmi les objectifs des pays membres, tous dans la tourmente financière liée à la chute des cours du baril: ramener leur dette publique au-dessous de la barre des 40 % du PIB d’ici à 2019. Un objectif que le Gabon n’atteindra pas dans les temps. Car les indicateurs macroéconomiques s’améliorent, mais encore très timidement (lire p. 100). Le taux de croissance devrait remonter à 2,7 % cette année, mais est descendu au-dessous de 1 % en 2017; la dette publique totale du pays a été réduite à 59 % du PIB, contre 64,2 % en 2016, mais reste encore loin des 40 % préconisés par la Cemac. Une loi de finances rectificative devrait être examinée en avril pour tenir compte de la conjoncture. Dans ces impératifs de recadrage, l’exécutif a cependant veillé à préserver les dispositifs en faveur des « Gabonais vulnérables » et les emplois aidés pour les jeunes. « Ces mesures seront financées, elles sont prises en compte dans le budget, rassure Fabrice Andjoua Bongo Ondimba. Les lampadaires solaires et les ambulances sont en cours de livraison, nous avons signé les conventions. Et l’État a lancé des appels d’offres pour engager les chantiers de construction d’un millier d’écoles. » Qui permettront aussi aux PME gabonaises de travailler.

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Grand format GABON ÉCONOMIE

Alain Bâ Oumar Président de la Confédération patronale gabonaise (CPG)

« Le gouvernement doit accélérer la mise en place des réformes » LE HAUT CONSEIL POUR L’INVESTISSEMENT A-T-IL CHANGÉ QUELQUE CHOSE ?

a CPG regroupe près de 300 entreprises, qui contribuent à plus de 80 % du PIB et emploient 90 % de la main-d’œuvre formelle du secteur privé. Élu à sa présidence il y a un an, le PDG d’IG Telecom apprécie la décision prise en février par les autorités de régler la dette publique due aux entreprises, tout en revenant sur les réformes qui doivent être menées à bien si l’on veut, vraiment, changer le climat des affaires.

L

Jeune Afrique: Partagez-vous le diagnostic du gouvernement selon lequel les principaux freins juridiques auxquels le secteur privé est confronté sont l’absence d’un centre d’arbitrage et les problèmes dans la délivrance des titres de propriété et des permis de constru construire? Alain Bâ Oumar : Le climat des

affaires au G Gabon mérite d’être amélioré sur d de nombreux points, dont ceux qu ue vous évoquez et la qualité des d décisions de justice, mais qui ne se e résument pas à cela. Parafiscalité, c concurrence déloyale de l’infformel, corruption, coût é élevé des facteurs de production, coût et complex ité des procédures d’exp portation de nos produitts, offre énergétique insuffisante, inadéquatio on formation-emploi, né écessité de renforcer la a politique en faveur des PME, respect du code des marchés p publics… La liste des sujets qui méritent plus d’attention de lla part du gouvernement est longue. DR

« La création, en mars 2017, de ce cadre d’échange permanent entre le gouvernement et les entreprises a permis de répertorier de manière consensuelle un chapelet de réformes à prendre dans divers domaines pour améliorer progressivement le affaires climat des affaires. Maintenant, le gouvernement doit accélérer leur mise en œuvre. »

Propos recueillis par OMER MBADI

98

Le 9 février, l’État a annoncé le règlement des trois quarts de la dette intérieure, avec le concours des banques, soit 310 milliards de F CFA [472,6 millions d’euros], dont une première tranche de 160 milliards dans l’immédiat. Qu’en pensez-vous?

Quelles qu’en soient les modalités, le paiement de la dette due aux entreprises ne peut qu’avoir un impact positif pour la relance de notre économie, qui en a bien besoin. Cela permettra de stimuler la consommation, de stabiliser, voire de sauver, beaucoup d’entreprises qui souffrent et de relancer l’investissement. Nous espérons donc recevoir bientôt le règlement promis de la première tranche et avons d’ores et déjà négocié, avec une banque de premier plan, un mécanisme de rachat global des créances publiques de nos entreprises membres concernées par la deuxième tranche de 150 milliards de F CFA. Le gouvernement s’apprête à créer un compte séquestre sur lequel seront placées les recettes destinées au remboursement des crédits de TVA. Est-ce la bonne direction?

L’accumulation des arriérés de remboursement de TVA observée depuis le début de la crise, en 2014, tient à deux facteurs : le détournement par le gouvernement des recettes de TVA pour assurer d’autres dépenses urgentes et le trop grand nombre de mesures d’exonération fiscale, entre 2009 et 2014, pour encourager les investissements directs. Sanctuariser à nouveau les recettes de TVA dans un compte séquestre à la Banque centrale et, comme le gouvernement vient de le décider, rationaliser les dépenses fiscales devrait permettre un retour progressif vers l’équilibre du mécanisme de la TVA. Pour accélérer ce processus, la CPG préconise une généralisation des compensations fiscales.


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DÉCRYPTAGE

Un début de retournement ALAIN FAUJAS

L

e président Ali Bongo Ondimba a promis dans son allocution du 31 décembre 2017 « un changement radical de gouvernance ». Une promesse de bon aloi dont on espère qu’elle ne sera pas oubliée avec l’amorce de reprise en cours, tant le malade gabonais a besoin de se purger de ses mauvaises habitudes. Car la descente aux enfers de son économie, qui avait nécessité sa mise sous perfusion par la BAD, la Banque mondiale, le FMI et l’Agence française de développement, semble stoppée. C’est Tao Zhang, le directeur général adjoint du FMI, qui le dit: « Bien que la situation économique demeure délicate, certains signes laissent entrevoir un retournement de la tendance. » Les chiffres le confirment. La croissance, tombée à + 0,8 % en 2017, devrait remonter à + 2,7 % en 2018 grâce à une meilleure tenue des cours du pétrole et de ceux des matières premières, comme le manganèse. Sous l’effet des mesures

de rigueur, tels la suppression de la plus grande partie des subventions aux carburants et le report des investissements publics les moins pertinents, le déficit budgétaire se réduit. La balance courante s’améliore grâce à une reprise des exportations non pétrolières et à un retour des investissements étrangers. La dette publique devrait cesser de croître à la fin de cette année. Certes, les entreprises continuent de souffrir. La « réquisition » par le gouvernement de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), filiale du groupe Veolia, en témoigne. Reste que le groupe singapourien Olam investit toujours massivement dans le pays: après l’huile de palme et l’hévéa, la zone d’activités de Nkok, les engrais à Port-Gentil, le terminal minéralier d’Owendo, il s’est lancé dans la construction du nouvel aéroport de Libreville, pour 400 millions de dollars (323,6 millions d’euros). Une preuve de confiance. Pour autant, n’oublions pas que « la situation économique demeure délicate » et que les agences de

Tableau de bord macroéconomique Indicateurs

2015

Estimations

Projections

2017

2018

0,8 1,7

2,7 3,0

3,0

2,8

2016

PIB réel, à prix constant PIB non pétrolier

3,9 3,8

2,1 3,3

Inflation

-0,1

2,1

Solde budgétaire global(1) Recettes totales et dons Dépenses totales et prêts nets dont dépenses d’investissement

Dette publique totale Investissement fixe brut dont privé

Investissements directs étrangers

(En % du PIB)

-1,0 21,1 22,1 5,0

-5,0 17,1 22,1 4,9

-2,3 17,6 19,8 3,4

-1,2 17,8 19,1 4,2

44,7

64,2

59,0

59,1

34,8 29,8

34,2 29,3

31,9 28,5

32,7 28,5

6,9

8,9

8,4

10,6 (1) Base engagements

100

jeuneafrique no 2985 du 25 au 31 mars 2018

Sources : autorités gabonaises et FMI

(En %)

notation Fitch et Moody’s ont, l’an dernier, dégradé la note de la dette du pays. Durant le deuxième semestre de 2017, l’État a connu une nouvelle crise de liquidités, et ses arriérés de paiement – sa maladie chronique – ont repris une courbe ascendante. La gouvernance des finances gabonaises laisse à désirer. Les administrations fiscale et douanière ne font pas leur travail pour apporter à l’État les recettes qui lui reviennent. Par exemple, les exonérations illégales de droits de douane le privent de l’équivalent de 0,3 % du PIB, et les arriérés fiscaux, de l’équivalent de plus de 5 % du PIB! Et ce n’est pas parce que les agents des impôts ont multiplié les grèves.

Sur la réserve

Autre menace, la quasi-faillite des trois banques publiques: la Banque gabonaise de développement, la PostBank et la Banque de l’Habitat du Gabon (mise en liquidation en juin 2017). Leur restructuration pourrait coûter à l’État plus de 100 milliards de F CFA (152,5 millions d’euros). On attendait pour le mois de mars le plan d’assainissement que le gouvernement ne mettait aucun empressement à décider. Si l’on ajoute à ces constats que les statistiques gabonaises sont trop médiocres pour permettre un pilotage économique efficace, que les promesses de diversification hors du secteur des hydrocarbures tardent à se concrétiser, que les arriérés de remboursement de TVA ne seront pas soldés avant 2020 et, surtout, que la situation politique est loin d’être stabilisée, on comprend que le secteur privé, sans lequel il n’y aura pas de saine reprise, demeure sur la réserve.



Grand format GABON ÉCONOMIE

SANPI

mouvement. En concevant des panneaux sous la forme de cubes solaires utilisant la réfraction de la lumière et agissant comme une parabole, Aubin Ngoua a résolu ce problème. Le dispositif a aussi l’avantage de produire trois fois plus d’énergie qu’un panneau photovoltaïque classique, grâce au pouvoir réfléchissant des rayons ricochant sur les parois. Dès sa création, en 2016, la start-up s’est distinguée en décrochant le deuxième prix au concours Startupper de l’année, organisé par Total-Gabon, qui lui a rapporté 12 millions de F CFA (environ 18 300 euros), de quoi importer les matériaux et composants nécessaires depuis la Chine pour fabriquer ses premiers kits.

Entrepreneuriat

Cube photovoltaïque et onduleurs-batterie, avec radio, sorties 220 V et USB intégrées.

Solar Box sort de sa boîte

Deux ans après sa création, la PME spécialisée dans les cubes solaires prend son envol. Sa technologie et ses offres ont fait mouche. Les abonnements se multiplient. OMER MBADI, envoyé spécial

ette année va marquer un tournant pour Solar Box. Alors que la start-up gabonaise comptait une soixantaine de clients début 2018, elle compte atteindre les 150 abonnés (particuliers et entreprises) d’ici à quelques semaines. Son objectif: passer la barre des 200 clients, ce qui lui permettra de faire face à ses charges. « Nous allons surtout investir pour augmenter notre stock de matériel afin de pouvoir produire plus de kits et d’élargir notre clientèle », explique Aubin Ngoua, fondateur et administrateur de l’entreprise. Ingénieur diplômé en génie électrique de l’École polytechnique d’Agadir (Maroc), c’est lui qui a conçu, développé et breveté la technologie des cubes solaires. Les panneaux solaires conventionnels, disposés de manière plane, ont l’inconvénient de ne pas pouvoir capter en permanence les rayons du soleil, en perpétuel

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EN UTILISANT LA RÉFRACTION DE LA LUMIÈRE, SES KITS PRODUISENT TROIS FOIS PLUS D’ÉLECTRICITÉ QUE DES PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES CLASSIQUES.

Ampoules antidélestages

Les cubes Solar Box (50, 100 et Premium) sont utilisés comme source d’énergie principale ou en appoint pour remplacer les groupes électrogènes, plus chers et plus polluants. Avec les différents développements conçus par la start-up, les utilisateurs peuvent aussi bénéficier, dans un seul boîtier, d’options telles que la radio, des ampoules LED antidélestages (de 7 ou 9 W) ou encore des sorties USB et des prises 220 V pour, par exemple, brancher une télévision et un ventilateur. Comme Aubin Ngoua l’avait prévu et voulu, 80 % de la clientèle actuelle de la société se situe dans les zones rurales. Et, alors que ses concurrents locaux font le choix de la vente, la PME mise surtout sur la location mensuelle (avec versement préalable d’une caution), la maintenance et la commercialisation d’options. « Nous devons accompagner le client en permanence, dans la mesure où cette technologie est nouvelle pour lui, et cela nous permet aussi de le conserver à long terme », argumente Aubin Ngoua. Pour cela, il travaille en partenariat avec un réseau d’électriciens, payés à la tâche, qui assurent la maintenance et le recouvrement, ce qui permet à l’entreprise d’être présente et réactive sur tout le territoire gabonais. La PME, qui emploie en outre huit personnes, compte porter son chiffre d’affaires à 60 millions de F CFA en 2018, contre 45 millions en 2017. Et, d’ici à 2020 au plus tard, Aubin Ngoua prévoit de s’attaquer aux marchés camerounais, burkinabè et sénégalais, puisque, comme il se plaît à le rappeler : « Le soleil brille partout en Afrique! » C.Q.F.D.


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ien ne prédestinait Jessica Medza Allogo à vendre Allogo se fournit directement auprès de producteurs indéde la confiture. Rien, si ce n’est l’amour des fruits, pendants et de coopératives en ananas, mangues, fruits un goût immodéré pour le risque… et une prede la passion, atangas, papayes, pamplemousses, oranges mière vie dans le pétrole. Ingénieure formée à tropicales… Polytechnique Montréal, Jessica Allogo a en effet travaillé pendant dix ans pour Total-Gabon, dont deux en Elle raconte une histoire expatriation en Birmanie. Le jour où la jeune femme quitte Pendant six mois, la PME se fait connaître par les réseaux le pays pour rentrer au Gabon, un ami birman lui offre un sociaux – notamment par sa page Facebook, qui lui percadeau qui va changer le cours de sa vie : 40 kg de manmet de prendre des commandes via un service de mesgues, qu’elle fait embarsagerie cryptée, le client quer dans l’avion qui la étant livré ensuite dans ramène à Port-Gentil, un point de retrait par non sans se demander ce un prestataire. Depuis qu’elle va bien pouvoir en juin 2017, elle dispose faire. À l’arrivée, sans surd’un réseau de distribuprise, les fruits sont trop tion dans des boulangemûrs. Elle décide tout ries, des supermarchés, naturellement d’en faire des stations-service… Car de la confiture, qu’elle si l’atelier des Petits Pots conditionne joliment de l’Ogooué se trouve à dans de petits pots de Port-Gentil, le gros de son verre et offre à son entoumarché est à Libreville. rage, jusqu’à ce qu’un colLa PME a désormais une lègue s’étonne qu’elle ne capacité de production les vende pas. L’idée fait de 3 000 pots par mois, compte trois salariés à son chemin. Quelques temps plein plus quelques mois plus tard, lors de la autres à temps partiel et a Journée internationale réalisé un chiffre d’affaires des droits des femmes, de 60 millions de F CFA en elle prend un stand pour 2017. présenter sa confiture Aujourd’hui, l’objectif maison. En une heure, la de la chef d’entreprise quinzaine de pots qu’elle est d’augmenter sa proavait apportés est venduction afin de pouvoir due. Ceux réservés à la répondre à la demande dégustation continuent de partenaires étrangers d’être très appréciés. Les séduits par sa « colleccommandes affluent. Les tion » de dix confitures jours suivants, de nouartisanales et par son veaux clients appellent. concept : un art de vivre Et voilà notre ingénieure gabonais. Avec les fruits debout à 4 heures du du terroir, un travail sur matin pour concocter les saveurs, la texture, sa confiture artisanale GEORGES DOUGUELI les mélanges et un pac– devenue son « prokaging à la fois simple et duit » – avant de filer au raffiné, elle raconte une travail, quelques heures histoire. Pour financer ses futurs investissements, qu’elle plus tard. estime à 66 millions de F CFA, Jessica Allogo discute avec En décembre 2016, Jessica Allogo finit par démissionner les banques mais pense avoir peu de chances de décrocher de chez Total pour se consacrer à plein temps à son entreun crédit, car le taux d’intérêt (16 %) est trop élevé pour une prise, baptisée Les Petits Pots de l’Ogooué. Son indemnité PME de ce type. Alors elle participe à des concours pour de départ lui permet de préserver son train de vie – encore obtenir des crédits à taux zéro, espère que le fonds d’inaujourd’hui, elle ne se verse qu’un petit salaire – et, surtout vestissement pour les PME qui vient d’être annoncé par le de développer sa PME, dans laquelle elle investit environ gouvernement sera bientôt opérationnel et, en attendant, 50 millions de F CFA (76 000 euros). Les fruits qu’elle utivend ses petits pots comme des petits pains. lise sont exclusivement gabonais. Pour s’en assurer, Jessica

INITIATIVE

Petits pots, belle affaire

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RÉPONDRE AUX ENJEUX ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX Afin d’accroître et démultiplier l’action publique, le Gabon a fait le choix à travers la Caisse des Dépôts et Consignations, comme d’autres pays, de se doter d’un investisseur institutionnel public, capable de répondre aux enjeux économiques et sociaux de l’État. La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) du Gabon est une institution financière publique investie des missions d’intérêt général en appui des politiques publiques conduites par l’Etat et les collectivités locales en matière de développement. Elle jouit d’une autonomie de gestion administrative et financière tout en étant placée sous la tutelle du Ministère en charge de l’Économie.

PROJET DE CONSTRUCTION DE CENTRALES SOLAIRES FUEL SAVE Le projet consiste en la construction de systèmes solaires « Fuel Save » de production d’électricité visant à réduire la consommation en carburant des groupes électrogènes actuellement utilisés pour assurer l’électrification de villes moyennes qui ne sont pas raccordées au réseau interconnecté d’électricité.

Des missions spécifiques liées aux politiques publiques lui ont été confiées à sa création, pour répondre à des besoins structurants et à des priorités nationales, notamment la mission première de mobilisation de l’épargne et sa sécurisation, et d’exercer la prérogative de tiers de confiance qui lui est dévolue dans ses textes fondateurs. À ce titre : ξ Elle assure la conservation et la gestion des dépôts à vue réglementés : dotations et ressources affectées des régies de recette et d’avance, des projets et programmes publics, dépôts des administrations en autonomie de gestion (entreprises et établissements publics); ξ Elle protège l’épargne réglementée. À ce titre, elle doit mobiliser les dépôts réglementés composés des fonds détenus par les professionnels du droit agissant en qualité de séquestre, les fonds admis en consignation, et l’épargne de la caisse de retraite des fonctionnaires. La Caisse des Dépôts et Consignations exerce des activités bancaires et financières et est notamment en charge de gérer : ξ Les dépôts réglementaires des notaires, des huissiers, des mandataires judiciaires, et des autres professions juridiques; ξ Les dépôts correspondants aux subventions et ressources publiques affectées des organismes publics et privés; ξ Les dépôts reçus au titre des consignations et cautionnements d’origine judiciaire ou administrative;

Cette solution technique appelée aussi Fuel save réduit la consommation de fuel en journée en même temps qu’elle maximise le taux de pénétration photovoltaïque. C’est une solution de mix-énergétique qui réalise un dosage optimal, en fonction de la puissance installée et l’appel de charge, entre énergie d’origine solaire et énergie produite par les groupes électrogènes. La première phase du projet vise à équiper 8 villes du Gabon en centrales Fuel Save dimensionnées selon les caractéristiques de la demande énergétique locale. En matière de bilan carbone, la mise en œuvre de ce projet devrait permettre de réaliser une économie carbone annuelle de l’ordre de 15000 tonnes de CO2. La Caisse des Dépôts joue son rôle d’accompagnateur des pouvoirs publics dans la mise en œuvre des politiques publiques, en favorisant notamment la transition vers une économie résiliente et faible en carbone, et qui participe à l’atteinte des objectifs nationaux d’une puissance installée totale de 1 200 Méga Watt avec 80 % en énergies renouvelables (hydrauliques et énergies nouvelles) et 20 % en thermique, principalement gaz à l’horizon 2025.

ξ Les revenus de certaines participations de l’État, les ressources affectées des correspondants du Trésor public, les ressources du fonds de péréquation des collectivités locales, les fonds de la réassurance, les fonds de contrepartie des projets et programmes publics, et les mandats spéciaux qui peuvent lui être confiés. ξ Les fonds et valeurs confiés aux comptables publics et à leurs mandataires ;


COMMUNIQUÉ

PROJET DE COMMERCIALISATION DE KITS SOLAIRES

Les kits se composent d’un assemblage de panneaux solaires photovoltaïques, une batterie, une lampe baladeuse, 4 ampoules, une radio, une télévision à écran plat, une antenne télé, un chargeur adaptateur pour différents modèles de téléphones. Le fonctionnement des kits est testé depuis 8 mois dans une localité en périphérie de Libreville avec des résultats satisfaisants qui permettent aujourd’hui de généraliser cette solution. Elle sera offerte aux populations moyennant une redevance mensuelle La première phase vise le déploiement de 5 000 kits solaires en 2 ans ; la cible globale étant constituée de 225 000 personnes ou 45 000 foyers en zone rurale. Avec l’acquisition de kits solaires susceptibles d’alimenter des appareils électroménagers, la CDC et son partenaire technique national la SETEG devraient impacter d’autres domaines notamment ceux de la santé avec la possibilité de conservation des médicaments dans les centres de santé.

ξ Les fonds correspondants aux financements locaux et extérieurs des projets et programmes publics; ξ Les régies d’État et des collectivités locales. Elle a en outre pour missions d’assurer : ξ Les services bancaires à sa clientèle et le refinancement bancaire ; ξ Le financement de l’inclusion bancaire, et de la création des petites et moyennes entreprises (PME) innovantes ; ξ Le financement et la prise de participations dans les secteurs stratégiques ou porteurs ; ξ Le financement des projets des collectivités locales ; ξ Le financement du logement social ; ξ Les opérations de marché de capitaux ; ξ La gestion d’actifs et de portefeuille pour le compte de tiers ; ξ La réalisation d’investissements pour son propre compte ou pour le compte de tiers ; ξ Le soutien à la création d’entreprises et d’emplois; ξ La gestion active de la trésorerie. De ces missions originelles, découle l’obligation qui lui est faite de transformer ses dépôts en emplois productifs, et d’accroître le produit de ses activités. Ces exigences conduisent naturellement la CDC à s’impliquer dans d’autres métiers d’investisseurs et de prêteurs. Le caractère d’investisseur en fait un accompagnateur tout désigné des stratégies et des plans de développement des politiques publiques. Ainsi, elle a vocation à contribuer au développement économique et donc à intervenir dans tous les nouveaux secteurs d’activités ou peu mâtures, que son intervention peut contribuer à structurer et dynamiser.

Herman NZOUNDOU BIGNOUMBA Administrateur Directeur Général Dans son plan stratégique 2018-2021, la CDC a donc fait le choix d’accompagner la politique de transition énergétique souhaitée par le Chef de l’État et portée par le Gouvernement. Nous avons adapté notre organisation en conséquence, en mettant en place une Direction dédiée au Développement Durable et à l’Énergie.

La CDC a fait le choix d’accompagner la politique de transition énergétique

Nous accompagnons le leadership du Président Ali Bongo Ondimba, qui a un engagement fort dans la lutte contre les effets du changement climatique, et qui assure la présidence du Comité des Chefs d’État et de gouvernements africains sur les changements climatiques (CAHOSCC).

Soucieuse de développer cet axe stratégique adressant les métiers du développement durable et de la finance climat, la CDC a, dès la fin de l’année 2016, entamé en collaboration avec le Conseil National Climat, une démarche en vue d’être partenaire de prestation dans la gestion des ressources du Fonds Vert Climat (Green Climate Fund) affecté au Gabon. Elle a reçu en gestion un don de 300 000 USD pour définir le programme pays et rendre opérationnel le Conseil National Climat. Une deuxième étape de cette démarche a été franchie avec la réalisation par les services du GCF d’un Audit de conformité visant à faire de la CDC une entité accréditée permettant de gérer des fonds compris entre 50 millions et 250 millions USD au bénéfice de projets d’atténuation et d’adaptation de l’impact négatif des changements climatiques. Parallèlement, la CDC travaille depuis le début de l’année à la structuration et la mise en œuvre de deux projets énergétiques ayant un fort impact en matière d’économie carbone : les kits solaires individuels et les centrales solaires photovoltaïques. Le développement de ces projets s’inscrit dans la dynamique des actions déployées par la CDC en appui à la politique publique de développement durable, élément central du pilier Gabon Vert du PSGE (Plan Stratégique Gabon Émergent). Ces projets qui portent sur l’usage des énergies renouvelables contribuent à l’atteinte des engagements pris en matière de réduction du recours aux sources d’énergies fossiles.

CDC

CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS Imm. Orchidia, rue Jean Ndende BP 8820 Libreville - Gabon. Tel. : (+241) 01 77 01 15

www.cdc-gabon.ga

©DIFCOM - PHOTOS : D.R.

Ces solutions d’autonomie énergétique s’adressent prioritairement aux populations vivant dans des localités non connectées au réseau public d’électricité. Elles constituent une alternative à l’usage des énergies fossiles (pétrole lampant et fuel notamment) et demeurent une solution d’électricité fiable et écologique ; par ailleurs à un coût abordable.




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