ALGÉRIE
CÔTE D’IVOIRE Bouaké la rebelle
QUE VEUT ET QUE VAUT L’OPPOSITION ?
GRAND FORMAT BURKINA
CAMEROUN L’Église face à Biya
Spécial 24 pages
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 2989-2990 DU 22 AVRIL AU 5 MAI 2018
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ORGANISATEUR
PARTENAIRE
Dossier Finance
Avant de rejoindre KCB, en juillet 2013, Samuel Makome a travaillé à Citibank, Standard Chartered Bank et Equity Bank.
INTERVIEW
Samuel Makome « 80 % de nos clients utilisent la banque mobile »
KCB GROUP
Directeur opérationnel de Kenya Commercial Bank
En pariant sur le numérique, le plus grand groupe bancaire kényan est parvenu à tenir son rang. Son responsable revient sur les étapes qui ont conduit à cette transformation. Propos recueillis par JOËL TÉ-LÉSSIA ASSOKO, envoyé spécial à Abidjan
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année 2017 a été dure pour les banques kényanes. Depuis septembre 2016, une nouvelle loi plafonne autour de 14 % les taux de crédits (six points au-dessous des moyennes précédentes). Une pression sur les marges accentuée par une sévère sécheresse et des élections générales interminables. « Les onze banques cotées au Kenya ont enregistré une baisse moyenne du bénéfice de base par action de 0,8 %, contre une hausse de 4,4 % en 2016 », selon les analystes de Cytonn Investments, à Nairobi. Dans ce climat difficile, Kenya Commercial Bank (KCB Group), première banque du pays et de la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA) avec 16 millions de clients et un bilan de 646,7 milliards de shillings (5,2 milliards d’euros), est parvenu à tenir son rang. Ses revenus comme l’encours de crédit ont crû d’environ 10 %, respectivement à 71,4 milliards et 422,7 milliards de shillings. Le groupe a maintenu son bénéfice autour de 19,7 milliards de shillings. À l’origine de cette résilience: le pari numérique résolument pris par cette banque au milieu de la décennie, en s’alliant à Safaricom, premier groupe de télécoms du pays et leader africain du mobile money. La hausse du chiffre d’affaires est due à une croissance remarquable (+ 16 %) des honoraires
et des commissions, elle-même portée par une exceptionnelle progression de l’activité hors réseau bancaire. KCB réalise désormais neuf transactions sur dix sur mobile et sur internet, à travers les 5 000 commerçants qui acceptent ses solutions de paiement et via ses 15000 agents, qui effectuent des transactions pour les clients de la banque parallèlement à leurs autres activités. KCB n’est pas seul à avoir adopté le modèle de banque digitale. D’autres pionniers comme Equity Bank, deuxième banque du pays, ont également bien résisté aux secousses de 2017. Des banques étrangères comme Barclays ou le panafricain Ecobank ont également lancé leurs solutions mobiles au Kenya. Mais, pour KCB, dont les origines remontent au XIXe siècle, l’adaptation au modèle digital n’était pas évidente. Interrogé par Jeune Afrique à la fin de mars à Abidjan
durant le Africa CEO Forum, Samuel Makome, directeur opérationnel de Kenya Commercial Bank, est revenu sur les étapes de cette transformation, les choix stratégiques de l’institution et ses ambitions sur le reste du continent. Jeune Afrique : Vous avez réalisé il y a dix ans votre tournant digital. Quel bilan en tirez-vous? SamuelMakome: Il y a dix ans, nous
créions KCB Connect pour transférer de l’argent d’un compte bancaire à un portefeuille mobile. Il y a cinq ans, nous avons créé KCB Mobi, avec le produit M-Benki, pour ouvrir un compte, épargner et emprunter de l’argent à partir d’un téléphone portable… Cela nous a permis d’ouvrir 1 million de comptes en 2013 et de prendre la mesure du potentiel du mobile. En 2015, nous avons lancé KCB M-Pesa en partenariat avec
QUEL AVENIR POUR LE PLAFONNEMENT DES INTÉRÊTS ? Dans un rapport préliminaire publié à la mi-mars, Central Bank of Kenya tire la sonnette d’alarme sur l’impact du plafond des taux de crédit (à 4 points au-dessus du taux de référence, actuellement de 9,5 %) sur l’accès au financement
des PME. Elle indique qu’il affecte également son indépendance en matière de politique monétaire. Le régulateur ajoute sa voix à celles des banques, du FMI et de certains députés kényans qui demandent l’abrogation ou la modification
de cette loi. Le 16 mars, le ministre des Finances, Henry Rotich, par ailleurs administrateur de KCB, a admis que ce plafond n’était pas « soutenable ». Son cabinet est en discussion avec les banques. J.T.-L.A.
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SIMON MAINA/AFP
Dossier Finance INTERVIEW
« Les agences ne disparaîtront pas. Elles deviendront des lieux de développement des relations, pour les PME, pour le conseil », assure Samuel Makome. Ici, le siège de Kenya Commercial Bank, à Nairobi.
NOUS UTILISONS NOS OUTILS NUMÉRIQUES POUR SURVEILLER LES TRANSACTIONS CONTRE LE BLANCHIMENT ET LA FRAUDE. 84
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Safaricom. Ce service permet aux clients du premier groupe kényan de télécoms d’ouvrir un compte et de contracter un emprunt. Avec M-Benki, nous n’utilisons que les données bancaires. Grâce à ce nouveau partenariat, nous pouvons également utiliser les données télécoms et évaluer à l’avance la qualité de crédit du client en vérifiant son identité avec l’IPRS [Integrated Population Registration System], le système d’identification mis en place par le gouvernement. Tout le monde au Rwanda et au Kenya est inclus dans ce système d’identification, en cours de déploiement en Ouganda et en Tanzanie. En lançant KCB M-Pesa, nous avons chang é d’é chelle p our atteindre rapidement plus de 10 millions de clients, avec des services supplémentaires comme le remboursement des prêts immobiliers. Nous sommes passés de 2 millions de clients il y a quelques années à plus de 15,7 millions en 2017, dont 80 % qui utilisent la solution mobile. S’agit-il vraiment de nouveaux clients ou d’anciens clients qui passent aux solutions mobiles?
Même les anciens clients utilisent aujourd’hui les services bancaires numériques. Je suis banquier depuis vingt ans, et je m’y suis mis aussi. Ce
matin même, j’ai crédité un autre compte à partir de mon téléphone portable. Avec nos solutions mobiles, on peut payer une facture, faire des achats et obtenir des prêts en utilisant les smartphones et les téléphones réguliers. Aujourd’hui, la technologie mobile permet l’inclusion financière. Nous utilisons nos outils numériques pour identifier nos clients, évaluer les risques et surveiller les transactions contre le blanchiment et la fraude. Une solution bancaire internet est consacrée aux entreprises, ce qui leur permet d’interconnecter leurs systèmes de paiement et leurs solutions avec les nôtres, afin de diriger les paiements vers les comptes mobiles de particuliers. Cela se traduit-il dans vos résultats?
En 2017, près de 30 milliards de shillings de prêts mobiles ont été décaissés: 22 % via KCB Mobi et 78 % via KCB M-Pesa. Nous recevons des intérêts sur les prêts accordés sur mobile et des commissions sur les transferts et les paiements. Nous pouvons aller plus loin, faire plus de prêts, plus de règlements de factures, plus de paiements marchands, viser l’assurance… Il y a tellement de valeur à ajouter dans cet écosystème.
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Dossier Finance INTERVIEW
En quoi vos offres diffèrent-elles decequefontdesconcurrentscomme Equity Bank par exemple?
D’autres ont choisi de lancer un opérateur de réseau mobile virtuel [MVNO], pas nous. Ces autres options peuvent être très coûteuses. La nôtre est beaucoup plus facile à mettre en œuvre. Comment sontdéveloppéesvosoffres mobiles?
SVEN TORFINN/PANOS-REA
Nous avons une équipe de services financiers numériques en lien avec le directeur général du groupe, Joshua Oigara. C’est un choix stratégique. Nous avions planifié KCB M-Pesa, il y a cinq ans, via notre pôle commercial ordinaire. Plus tard, nous avons décidé de mettre en place un service financier numérique axé sur le mobile et les nouvelles technologies.
À la fin de janvier, le pays comptait 37,8 millions de comptes bancaires mobiles.
LE KENYA S’OUVRE À L’INTEROPÉRABILITÉ Le 10 avril, après des années de résis tance, notamment de la part du leader, Safaricom (80 % du marché), l’inter opérabilité des services financiers de téléphonie mobile a été actée. Les abonnés peuvent désormais envoyer et recevoir des fonds quel que soit leur opérateur. La banque centrale a accordé des licences à Safaricom Plc, Airtel Networks Kenya Limited et Telkom Kenya Limited. À la fin de janvier, le pays comptait 37,8 millions de comptes de mobile money, pour 323 milliards de shillings échangés durant ce mois.
Les transactions en agence ont chuté de 10 % entre 2015 et 2017. Est-ce la fin de ce modèle?
Les agences bancaires ne vont pas disparaître, malgré leur coût élevé. Mais elles deviennent davantage des lieux de développement de relations, pour les PME, pour le conseil… Comptez-vous rester dans votre bastion est-africain?
Nos solutions mobiles sont disponibles aussi en Tanzanie, au Rwanda et en Ouganda, mais avec différents niveaux de services. La solution que nous utilisons au Kenya est unique, mais nous continuons à déployer des programmes ailleurs. Au Rwanda, nous utilisons MTN. En Tanzanie, nous travaillons avec plusieurs acteurs, dont Tigo. Si notre priorité est d’offrir le maximum de valeur en l’Afrique de l’Est, nous sommes très
intéressés par une expansion dans d’autres parties de l’Afrique. Nous recevons des propositions que nous examinons. Nous voulons absolument aller sur ces marchés, mais nous le ferons seulement avec un plan clair, qui aura de la valeur pour nos clients et pour notre franchise. Être dans cinquante pays et tirer son bénéfice de dix d’entre eux n’a pas beaucoup de sens… JP Morgan Chase a annoncé au début de 2018 son intention de s’installer au Kenya. Société générale y a ouvert un bureau. Êtes-vous préoccupés par ces arrivées?
Nous ne sommes intimidés par personne. Il y a quinze ans, les banques dominantes au Kenya étaient toutes internationales [Barclays, Standard Bank, etc.]. Aujourd’hui, les trois premières banques du pays sont locales. Ce sont les banques internationales qui devraient être préoccupées. C o m m e n t e x p l i q u e z - vo u s c e renversement?
Il y a vingt ans, les banques étrangères avaient l’avantage technologique. Aujourd’hui, les banques locales ont accès à ces nouveaux outils et développent leurs propres solutions! De plus, elles ont développé des cadres qualifiés – certains d’entre nous ont travaillé dans des banques internationales. Enfin, nous connaissons mieux les acteurs et les marchés. Une entreprise avec une très bonne cote de solvabilité peut se voir refuser un prêt parce que la maison mère d’une banque internationale, à Londres ou à Paris, ne veut plus financer tel secteur en raison de développements sur les marchés mondiaux. Ce n’est pas notre cas : nous prenons nos décisions sur place. Cela fait toute la différence.
COMMUNIQUÉ
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Dossier Finance
SIA KAMBOU/AFP
CONSOLIDATION
Examen réussi pour Coris Bank Dix ans après sa fondation, le groupe burkinabè, centré sur les PME, a acquis la maturité suffisante pour aborder de nouveaux marchés et se lancer dans le digital. NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou
n janvier, C oris B ank International (CBI) soufflait avec faste ses dix bougies. Fondé en 2008 sur les cendres de la Financière du Burkina, un établissement de crédit alors en pleine difficulté, le groupe a connu un développement rapide aussi bien au Burkina, son principal marché (+ 20 % des parts) que dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ragaillardie par une croissance domestique soutenue durant la période 2008-2013, où le bilan total est passé de 237 milliards de F CFA en 2010 à plus de 885 milliards (de 361 millions à 1,35 milliard d’euros) en 2016, la banque a poursuivi son expansion régionale, même si elle a échoué à racheter la
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BIA au Niger. « Coris a pour objectif de mettre en place une banque panafricaine. À partir de la réussite au Burkina, les actionnaires ont, dès 2013, entériné l’implantation en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, nous sommes présents dans cinq pays. C’est un parcours historique qui témoigne de la confiance que les clients et les partenaires portent à la banque », se
CBI AURAIT APPORTÉ DURANT LA DERNIÈRE DÉCENNIE PLUS DE 2 000 MILLIARDS DE F CFA DANS LE FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE DU BURKINA.
félicite Diakarya Ouattara, à la tête de CBI-Burkina. Cette poussée régionale s’est faite sous la houlette de Coris Holding, qui chapeaute les filiales implantées dans les autres pays. L’an dernier, le groupe a réalisé au Burkina un résultat net d’environ 19 milliards de F CFA, confirmant la forte rentabilité de l’établissement sur son marché domestique. « C’est une croissance accélérée et maîtrisée en ce sens que notre stratégie repose sur des piliers solides avec un contrôle parfait des risques [4,6 % de créances douteuses en 2017] », assure le directeur général. Pour ce fidèle compagnon de l’homme d’affaires Idrissa Nassa, patron et emblématique fondateur du groupe bancaire, le leitmotiv demeure intact : « Les PME restent notre cœur de cible ; 60 % de nos financements sont dirigés vers ces acteurs, que nous considérons comme le socle du développement. » La banque indique avoir apporté en dix ans plus de 2000 milliards de F CFA dans le financement de l’économie burkinabè. « Nous allons pérenniser ces acquis afin que Coris soit un instrument de financement de l’économie et booste le développement des entreprises », insiste Diakarya Ouattara.
Note d’investissement BBB
Ces dernières années, Coris Bank s’est hissé parmi les leaders de la place financière de Ouagadougou, tout en déployant une stratégie d’expansion régionale. Le groupe est aujourd’hui présent en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Mali, au Togo et au Sénégal. L’agence de notation West Africa Rating Agency (Wara) avait salué ce parcours en lui attribuant en décembre 2017 la note d’investissement BBB. Un test qui conforte l’organisation et la solidité financière de Coris
CHANGEMENT DE GOUVERNANCE L’assemblée générale des actionnaires de Coris Bank International (CBI) a entériné l’an dernier la suppression du poste de présidentdirecteur général, détenu jusqu’alors par son fondateur et principal actionnaire, Idrissa Nassa. La création d’un poste de président du conseil d’administration et d’un poste de directeur général a été approuvée, afin « d’instaurer un double contrôle de l’action du management et de moderniser la gouvernance » du leader du secteur
bancaire burkinabè, coté à la BRVM (20 %). Les actionnaires de CBI, parmi lesquels figurent la Caisse nationale de sécurité sociale burkinabè et l’assureur Sonar, ont demandé à Nassa « d’accompagner la nouvelle direction et d’assurer la continuité » en présidant le conseil d’administration. Conservant son influence au sein du groupe, il supervise le projet d'expansion tout en dénichant les gros financements. Ce changement a abouti à la nomination de Diakarya Ouattara, alors directeur
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Avec un résultat net de 16,4 milliards de F CFA en 2016 (+ 9,2 % sur un an), les activités bancaires sont prépondérantes au sein du groupe. Au 31 décembre 2017, CBI avait atteint les 1 130 milliards de F CFA de total bilan, contre 885 milliards engrangés un an plutôt (+ 28 %), confortant ainsi sa place de première banque du pays.
Diakarya Ouattara, nommé DG de CBI en 2017.
général adjoint de CBI. Outre le changement de gouvernance, l’assemblée générale a décidé de porter le capital social de la banque à 32 milliards de F CFA par l’émission de 150000 actions gratuites, d’une valeur nominale de 5000 F CFA, distribuées aux actionnaires. N.C.
Dossier Finance CONSOLIDATION
–Holding, chargé des filiales, et qui prépare son ouverture à de nouveaux marchés.
Renforcer l’assise
« Nous avons voulu la notation pour tester l’organisation et la solidité financière de notre holding par rapport aux standards internationaux. Nous sommes très satisfaits du résultat, comparable à celui de l’État du Burkina. On a donc une structure solide », a déclaré à Jeune Afrique Idrissa Nassa, qui contrôle 56 % du
capital du groupe (contre 70 % en 2016, avant l’introduction en Bourse de 20 % du capital). Il faut dire que cette note d’investissement est située un cran au-dessus de la note acceptée par le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF), régulateur régional, pour émettre des obligations sans garantie. Présent dans divers métiers de la finance (banque, assurance, Bourse, conseil et gestion d’actifs), le groupe se jauge avant ses prochaines échéances. « Nous allons
continuer de nous développer, d’aborder de nouveaux marchés en consolidant l’assise de l’Union économique et monétaire », assure Idrissa Nassa, qui a fait ses armes dans le négoce des pièces détachées et des produits de grande consommation comme le riz. Dans son viseur figurent ainsi le Gabon et la Guinée. Le groupe prévoit aussi le lancement en mai d’une offre digitale en partenariat avec la fintech française TagPay, qui travaille déjà avec la sénégalaise Cofina et la congolaise (RDC) Trust Merchant Bank.
Microfinance Des ressources pérennes et moins coûteuses Six réseaux ouest-africains de microcrédit lancent un établissement de crédit sous-régional qui leur permettra de s’affranchir de la dépendance des banques commerciales. NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou
Six réseaux ouest-africains de microcrédit (Réseau des Caisses populaires du Burkina, Kafo Jiginew et Nyèsigiso au Mali ou encore Pamecas au Sénégal) préparent le lancement d’ici à juillet des activités d’un établissement de crédit qui a vocation à devenir une banque sous-régionale. N’agissant pas comme une banque de détail, la Financière de l’Afrique de l’Ouest (Finao), implantée à Dakar, va démarrer avec 4,5 millions de clients et 800 points de vente, selon les informations de Jeune Afrique. En 2016, l’épargne collectée par ces six institutions a franchi le cap de 400 milliards de F CFA, contre quelque 300 milliards de F CFA de crédits octroyés. L’excédent de
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ressources ainsi dégagé, soit 100 milliards de F CFA, sera mis à disposition de la Finao pour une intermédiation directe au profit de ses fondateurs et des institutions de microfinance de la sous-région.
Intermédiation
« L’agrément confère à Finao la possibilité d’opérer sur deux segments: les prêts et les paiements. Il s’agit de répondre aux besoins des membres en ressources longues et de compléter la gamme des services au profit de nos membres », explique Daouda Sawadogo, directeur général de la Faîtière des Caisses populaires du Burkina,
l’actionnaire majoritaire du futur établissement. Son capital initial, 5 milliards de F CFA, est apporté par ce dernier (47 %), par le suisse Éléphant vert (45 %), actif dans l’agriculture bio, et les 8 % restants par la Confédération des institutions financières de l’Afrique de l’Ouest. L’établissement entend favoriser une intermédiation directe entre les institutions financières décentralisées de la sous-région et diversifier l’offre de services. Le nouvel établissement prévoit d’offrir son concours à un taux de 5,5 % pour des opérations de courte échéance (moins de deux
FINAO PROPOSERA DES PRÊTS AVEC UN TAUX D’INTÉRÊT DE 5,5 %, CONTRE 8 % POUR DES ORGANISMES CLASSIQUES.
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ans), 7,5 % pour les maturités comprises entre trois à cinq ans. Une offre nettement plus intéressante comparée aux conditions actuelles, où les taux proposés par les banques commerciales varient entre 8 % et 12 % pour le court terme. Pour le moyen terme, les interventions sont faibles voire quasi inexistantes. L’établissement va également lever des ressources auprès de partenaires. « Finao va non seulement offrir aux réseaux membres des ressources à moyen et long terme, qu’ils ont du mal à avoir sur le marché. Mais nous espérons aussi baisser le coût du crédit pour les clients des systèmes financiers décentralisés en Afrique de l’Ouest », a indiqué le Togolais Éric Ekué, spécialiste de la microfinance. Finao va faciliter l’accès des institutions de microfinance à des ressources à terme et à des systèmes modernes de paiement à des conditions avantageuses. « Les promoteurs de Finao affichent l’ambition de concourir activement à l’accélération de l’inclusion financière », conclut-il.
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réseau bancaire de Madagascar
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LES TÉLÉCOMS, POUR S’OUVRIR AU MONDE Avec Telma, numéro 1 des télécoms dans l’océan Indien, et Towerco Of Madagascar (TOM), Axian a doté Madagascar d’un réseau télécom de dernière génération et permet aux populations comme aux entreprises de profiter pleinement des bénéfices du numérique. Des bénéfices qu’A xian souhaite étendre aux populations de l’océan Indien, à travers le rachat, avec Iliad, de l’opérateur Only à La Réunion et à Mayotte, et la création de Telco SA aux Comores, avec NJJ Capital.
LES SERVICES FINANCIERS, POUR DOPER L’INVESTISSEMENT Avec la prise de participation dans la banque BNI Madagascar et le lancement du service de mobile banking MVola, Axian investit le secteur financier, véritable catalyseur de croissance, et contribue au développement des entreprises, à la bancarisation et à l’inclusion financière des populations.
L’IMMOBILIER, POUR RENFORCER L’ATTRACTIVITÉ DE LA RÉGION Avec First Immo, Axian propose une offre immobilière industrielle et professionnelle répondant aux standards internationaux les plus exigeants. Une offre qui contribue au développement des entreprises à Madagascar et à l’attractivité de la région pour les investisseurs étrangers.
axian-group.com
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3,5
MILLIONS d’abonnés mobile dans l’océan Indien
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N1 O
de la distribution de produits pétroliers à Madagascar
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10
MILLIONS de transactions via le mobile banking chaque mois
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9 000
TPE et PME clientes
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4 000
collaborateurs
Dossier Finance
JACQUES TORREGANO POUR JA
BOURSE
Les équipes de la Bourse régionale ont lancé leur initiative en décembre 2017.
À Abidjan, des PME qui ont la cote Avec son nouveau compartiment, la BRVM entend renforcer les capacités des entreprises avant leur arrivée sur les marchés boursiers. BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan
a Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) s’est engagée dans une véritable course contre la montre pour rendre assez vite opérationnel son nouveau compartiment consacré au financement des petites et moyennes entreprises (PME). Mais l’initiative, lancée officiellement en décembre 2017, ne sera pas aisée à mettre en œuvre. La BRVM a d’ores et déjà élaboré un plan d’action pour éviter que ce compartiment ne soit contre-performant ou ne devienne une coquille vide. Des scénarios qu’ont vécus certaines Bourses africaines avec le lancement de dispositifs similaires. La BRVM a donc établi une série de critères très exigeants : les entreprises doivent
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présenter un bilan excédentaire sur cinq ans et avoir distribué des bénéfices sur au moins trois exercices, disposer d’un capital minimum de 100 millions de F CFA (152 000 euros) et être dotées d’un plan stratégique triennal. Une fois ces critères remplis, les PME devront céder au moins 10 % de leur capital, soit environ
500 000 titres, à l’occasion d’une offre publique de vente à la Bourse. Un niveau d’actions qui permettra d’assurer la liquidité sur le compartiment. « Nous voulons des entreprises qui disposent d’une vision stratégique, qui connaissent le marché financier et ses différents modes de financement », confie à Jeune Afrique Carole Stéphanie Ahoua, la directrice du développement de la BRVM. U n e d i z a i n e d ’e n t r e p r i s e s jugées solides ont d’ores et déjà été répertoriées dans la zone de l’Uemoa. On compte ainsi Agetip et Imprimerie Tunde au Bénin ; Dafani Sa au Burkina ; Groupe Cofina, Hyperaccess Systems, Mata Holdings, Petro Ivoire Sa et PKl Sa, en Côte d’Ivoire ; Azalaï Hotels, au Mali ; et Sodigaz, au Togo. Le programme Elite BRVM Lounge, dont font partie ces entreprises qui ont atteint un niveau de gouvernance et de croissance appréciable (leur chiffre d’affaires est évalué entre 1,5 et 88 milliards de F CFA), leur permettra de bien préparer leur arrivée à la cote. Développé en partenariat avec les Bourses de Casablanca et de Londres, ce programme contribuera au renforcement de leurs capacités et les reliera à tout un réseau mondial de PME. Cependant, pour rendre plus flexible le nouveau compartiment, la BRVM permet à certaines PME d’accéder directement au programme Elite sans avoir à y adhérer. Edoh Kossi Amenounve, le directeur général de la BRVM, mise sur ce nouvel outil pour attirer les investisseurs et trouver des solutions durables aux besoins de financement.
EN QUÊTE DE NOUVEAUX PARTENARIATS
La BRVM a repris cette année le chemin de son roadshow pour attirer plus d’investisseurs sur sa place financière. Ses équipes se sont ainsi arrêtées
à Johannesburg, Londres et New York. En outre, elle envisage d’étendre ses partenariats en ciblant les investisseurs chinois,
notamment ceux de la Bourse de Shanghai. Les États-Unis représentent 10 % des investisseurs, et l’Uemoa, 76 %.
MONÉTIQUE
HPS cherche à mieux profiter du potentiel africain Très développée à l’international, l’entreprise marocaine spécialisée dans les services informatiques bancaires se heurte à la sous-bancarisation sur le continent.
ondée en 1995 par un noyau d’ingénieurs en informatique, la start-up HPS (560 millions de dirhams de chiffre d’affaires en 2017, soit 50 millions d’euros), spécialisée dans les services informatiques bancaires, est devenue en deux décennies leader sur son segment. « Nos revenus sont générés quasi exclusivement par les licences de nos solutions de paiement, et nos prestations de services conçues par plus de 450 ingénieurs et experts », précise Mohamed Horani, président et cofondateur du groupe. Les solutions fournies par HPS sont utilisées dans 85 pays par plus de 350 institutions, dont de grandes banques, démarchées par ses filiales à Casablanca, Dubaï, Paris, Aix-en-Provence, Londres, Omaha et Singapour. En Afrique, HPS est présent sur 39 marchés, en Libye, au Ghana ou encore dans les pays de l’Uemoa. L’entreprise marocaine a aussi, en 2015, fait son entrée en Afrique du Sud, à travers un contrat signé avec la First National Bank (FNB), l’un des plus grands établissements du pays. Une activité continentale qui a représenté l’an dernier 34 % de son chiffre d’affaires global. « Ce qui est faible comparé au potentiel que représente l’Afrique », estime un analyste financier casablancais. Et le management de HPS semble conscient des efforts qu’il reste à déployer pour poursuivre la conquête du continent.
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très important. « L’entreprise peut accompagner ce chantier de bancarisation grâce à l’expérience acquise dans des régions mieux structurées », observe l’analyste. Le continent a vu naître le mobile money, qui couvre 80 % du continent, avec
UNE CROISSANCE AU SERVICE DE L’INVESTISSEMENT
HPS est l’une des rares entreprises marocaines à enregistrer des taux de croissance à deux chiffres depuis quelques années. « En moyenne, le chiffre d’affaires progresse de 20 % par an depuis 2012, et cette dynamique devrait se poursuivre », prévoit un analyste. C’est cette accélération qui permet à HPS de prévoir des investissements colossaux.
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EL MEHDI BERRADA, à Casablanca
plus de 280 millions d’utilisateurs. La Fondation Bill et Melinda Gates prévoit que plus de 2 milliards de personnes des régions sous-bancarisées utiliseront quotidiennement les paiements mobiles d’ici à 2030, et 40 % seront africains. « Malgré la quasi-saturation de certains marchés, les services financiers mobiles ont largement la possibilité de se développer en Afrique », analyse Mohamed Horani, dont l’entreprise est déjà active sur ce segment. Pour les observateurs, le défi pour ces pays face à ce succès est d’assurer l’interopérabilité. Pour anticiper les évolutions de l’industrie, « plus de 12 % des revenus annuels sont consacrés à la recherche et au développement », explique Horani, qui a présidé le patronat marocain entre 2009 et 2012. Des engagements qui permettent au groupe d’avoir une avance sur les habitudes de consommation et qui rassurent les investisseurs. C’est certainement pour cela que HPS a tapé dans l’œil de Morgan Stanley. En mai 2017, la banque américaine a déboursé 15,5 millions de dirhams pour en prendre 5,71 % du capital.
Assurer l’interopérabilité
Sauf que la sous-bancarisation des pays africains représente un handicap
D’ici à 2030, 2 milliards de personnes utiliseront le paiement mobile, parmi lesquelles 40 % d’Africains.
jeuneafrique no 2989-2990 du 22 avril au 5 mai 2018
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